• 0^3-
HARVARD UNIVERSITY
OF THE
213
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in 2016
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REVUE
HORTICOLE
60e ANNÉE — 4888
ORLÉANS, IMPRIMERIE DE GEORGES JACOB, RUE SAINT-ÉTIENNE, 8.
REVUE
HORTICOLE
JOURNAL D’HORTICULTURE PRATIQUE
%
C t; | Y LtU ( 1 V
Fondé en 1829 par les auteurs du Bon Jardinier
RÉDACTEURS EN CHEF: MM. E.-A. CARRIÈRE & ED. ANDRÉ
ADMINISTRATEUR : M. L. BOURGUIGNON
PRINCIPAUX COLLABORATEURS: MM.
Aurange, Dr Bâillon, Bailly, Baltet, Bardet, Batise, Bergman (Ernest)
Berthault, Blanchard, Boisbunel, Boisselot
Bouley (Louis), Briot, Bruno, Carrelet, Cte de Gastillon, Gatros-Gérand
Ghargueràud, Ghristachi, Chevallier, Courtois (Jules), Daveau (Jules)
Delabarrière, Delaville, Delghevalerie, de la Devansaye, Dubois, Dubreuil, Dumas
Ermens, Fissànt, Gagnaire, Giraud (Paul), Gitton, Glady, Godefroy, Hardy
Hauguel, Haueter, Houllet, Jadoul, Jolibois, Joly (Cii.), Joret (Henri), Kolb
Lambin, Dr Le Bêle, Lhérault (Louis), Maron, Martins, Métaxas
Morel (Fr.), Nanot, Nardy, Naudin, L. Neumann, d’Ounous
Poisson, Pulliat, Rigault, Rivoire, Rivoiron, Sahut, Sallier, Sisley (Jean)
Thays, Thomas, Thomayer, Truffault, Yallerand (Eugène), Vallerand (Jules)
Yerlot (Bernard), Yerlot (J. -Baptiste), Yilmorin, Weber, etc.
6(F ANNÉE. — 1888
3 PARIS
LIBRAIRIE AGRICOLE DE LA MAISON RUSTIQUE
26, RUE JACOB, 26
1888
REVUE
HORTICOLE
CHRONIQUE HORTICOLE
Le Mérite agricole : publication par le nouveau Ministre de l’Agriculture des nominations faites par
M. Barbe. — Société nationale d’horticulture de France : composition du bureau et du conseil pour
l’année 1888. — Le parc de la Liberté à Lisbonne. — Destruction des kermès. — Les semis de spores
de Fougères. — Le jardin des écoles primaires. — Les Vignes américaines à production directe.
— Exposition de cidres à Paris. — L’Épine-Vinette et la rouille des céréales. — Création probable de
jardins d’expérimentation au Brésil. — Nouveaux hybrides de Rhododendrons. — Nouvelle espèce de
Kœlreuteria. •— La culture de la Ramie. — Exposition internationale d’hoiticulture à Gand.
Le Mérite agricole : Publication par le
nouveau Ministre de V Agriculture, des
décorations décernées par M. Barbe. —
On n’a pas oublié avec quelle insistance la
Revue horticole a réclamé la publication
des décorations du Mérite agricole, au fur et
à mesure que ces récompenses étaient dé-
cernées par le Ministre de l’Agriculture.
M. Barbe n’a pas même cru devoir, en
quittant son poste, donner cette satisfaction
aux légitimes réclamations qui lui avaient
été adressées de divers côtés. Il a légué cette
besogne à son successeur.
' Le nouveau Ministre de l’Agriculture,
l’honorable M. Yiette, a voulu liquider au
plus vite cette affaire, et il a publié immé-
diatement au Journal officiel, la liste des
promotions et des décorations dans l’ordre
du Mérite agricole, faites par son prédéces-
seur depuis le 14 juillet dernier.
Nous relevons sur cette liste générale, les
noms suivants se rattachant à l’horticulture.
Ont été promus au grade d’officier :
' MM.
Latouclie (Émile-Victor), professeur d’agricul-
ture et d’horticulture de l’arrondissement de
Pontoise (Seine-et-Qise). Titres exception-
nels ; a rendu les plus grands services à l’agri-
culture. Chevalier du 2 janvier 1886.
Cauchin (Vincent), horticulteur à Montmagny
(Seine-et-Oise) - services rendus à l’horticul-
ture, a obtenu de nombreuses récompenses
dans les concours. Médailles d’or et diplômes
d’honneur. Chevalier du 28 décembre 1884.
Ont été nommés chevaliers du Mérite
agricole :
MM.
Bon (Antoine-Gaspard), horticulteur à Cannes
(Alpes-Maritimes). Lauréat de concours agri-
coles et horticoles. A contribué au dévelop-
pement de l’industrie florale sur le littoral de
la Méditerranée.
Coraux (Gustave), entrepreneur de jardins à
Montmorency (Seine-et-Oise). A rendu de-
grands services à la région comme secrétaire,
trésorier et professeur d’arboriculture de la.
Société d’horticulture et de botanique de
Montmorency, à laquelle il appartient depuis
vingt-deux ans.
Laguesse, docteur en médecine, professeur de
botanique à Dijon (Côte-d’Or). Professeur
depuis vingt-un ans, membre du comité de
vigilance contre le phylloxéra, auteur de
travaux remarquables concernant l’agricul-
ture.
Lennuyer (Achille), vice-président de la Société
d’agriculture et d’horticulture de Pontoise
(Seine-et-Oise). Cultivateur distingué, a pro-
pagé par son exemple, d’excellentes méthodes
dans l’arrondissement de Pontoise.
Seigneur (Denis-Constant), président de la So-
ciété d’agriculture et d’horticulture de Ma-
rines (Seine-et-Oise). Fondateur de la Société
d’agriculture et d’horticulture de Pontoise et
de celle de Marines. Lauréat des concours
agricoles et horticoles.
Raynaud, horticulteur â Gap (Hautes-Alpes).
Prend une part active aux travaux de la So-
ciété d’agriculture de Gap, dont il est secré-
taire. A obtenu plusieurs récompenses, et
(3
CHRONIQUE HORTICOLE.
notamment la prime d’honneur au concours
régional de Gap en 1884 ; vingt-sept ans de
services.
Vallerand (Eugène), horticulteur à Bougival
(Seine-et-Oise). A collaboré à plusieurs ou-
vrages d’horticulture. A obtenu un grand
nombre de récompenses dans les concours
agricoles et horticoles.
Nous n’avons pas à apprécier le mérite de
ces promotions et de ces nominations. Nous
applaudissons des deux mains à quelques-
unes d’entre elles, et nous avons été tout
particulièrement heureux d’y trouver le nom
de notre collaborateur Eug. Vallerand.
Mais tout le monde remarquera la gra-
cieuseté avec laquelle a été traité le dépar-
tement de Seine-et-Oise par M. Barbe, dé-
puté de Seine-et-Oise. Les deux croix d’offi-
cier et quatre nominations de chevalier, sur
sept, appartiennent à ce département.
Et cette faveur n’a pas été spéciale à
l’horticulture. Le Journal d’ Agriculture
pratique, qui a fait le dénombrement exact
de toutes les décorations, fait remarquer
que sur les soixante-six croix de chevalier
que comprend la liste générale, Seine-et-
Oise en a obtenu quinze, c’est-à-dire près
du quart, sans compter deux croix d’of-
ficier !
Le même journal fait suivre cette publi-
cation de quelques remarques qu’il nous
parait intéressant de reproduire :
D’après le décret du 10 juin 1887, dit M. de
Géris dans le Journal d9 Agriculture pratique
du 22 décembre dernier, il ne peut être attri-
bué chaque année plus de trente croix d’offi-
cier. Or, M. Barbe en a distribué douze à l’oc-
casion de la fête nationale du 14 juillet, et
vingt depuis le 21 juillet jusqu’au 13 décembre,
soit trente-deux en tout, c’est-à-dire deux de
plus qu’il ne pouvait légalement en donner.
Le décret du 7 juillet 1883, qui a institué
l’ordre du Mérite agricole, avait fixé à deux
cents le nombre des croix de chevalier qui
peuvent être accordées chaque année. Ge
nombre a été élevé à trois cents par l’article 2
du décret précité du 10 juin 1887. Et néan-
moins, il en a été accordé :
Quatre-vingt-quinze par arrêtés du 1er et du
3 janvier 1887 ;
Cent soixante-treize à l’occasion de la fête na-
tionale du 14 juillet ;
Soixante-six dans la dernière liste publiée.
Ce qui fait un total de trois cent trente-
quatre.
Et ce dénombrement n’est pas complet ; il
faudrait y ajouter les décorations qui ont été
conférées par des arrêtés en date des 8, 18,
24 janvier, 3 février, 26 mars, 5, 10, 18, 23,
27, 30 mai et 2 juin, dont nous ne connaissons
pas exactement le nombre, parce qu’elles ont
été insérées en bloc au Journal officiel du
5 juin avec d’autres nominations remontant au
second semestre de 1886. En admettant qu’il y
en ait douze seulement — une pour chaque ar-
rêté, — nous arrivons à un total général d’au
moins trois cent quarante-six croix de cheva-
lier du Mérite agricole distribuées en 1887,
quand le chiffre maximum est fixé à trois cents.
M. Barbe a donc contrevenu à l’article 2 du
décret du 10 juin 1887 rendu cependant, nous
le répétons, sur son rapport au Président de la
République. Il a également contrevenu à l’ar-
ticle 5 qui dispose que les promotions au grade
d’officier doivent être publiées par le Journal
officiel , et à l’article 3 portant que, pour être
élevé à la dignité d’officier, il faut compter
deux ans au moins de grade de chevalier, sauf
les cas de dispense pour services exceptionnels.
Ne sont-ce pas là de véritables abus de
pouvoir? Et n’avions-nous pas mille fois
raison de réclamer, comme nous l’avons fait
inutilement pendant six mois, la publica-
tion de ces listes de décorations ?
Nous sommes certains que l’honorable
M. Yiette ne suivra pas les traditions de
M. Barbe : l’empressement qu’il a mis à
publier la liste des décorations du Mérite
agricole décernées par son prédécesseur, et
à dégager ainsi sa propre responsabilité,
nous en est un sûr garant.
Société nationale d’horticulture de
France : Composition du bureau et du
conseil pour Vannée i888. — Dans sa
séance du 22 décembre dernier, la Société
nationale d’horticulture de France a, comme
elle le fait chaque année, procédé à des
élections partielles pour compléter son bu-
reau et son conseil. D’après cette élection,
le bureau et le conseil de la Société se
trouvent ainsi composés :
Président , M. Léon Say ;
Premier Vice-Président , M. Hardy ;
Vice-Présidents, MM. Henry, L. de Vil-
morin, J olibojs, Joly (Ch.), Jamin (Ferd.) ;
Secrétaire général , M. Bleu (A.) ;
Secrétaire général adjoint , M. Verlot (B.) ;
Secrétaires , MM. Delamarre (Eugène),
Lebœuf (Paul), Chargueraud, Bergman (Er-
nest) ;
Trésorier , M. Chouveroux (Alfred) ;
Trésorier- Adjoint, M. Huard ;
Bibliothécaire , M. Glatigny ;
Bibliothécaire- Adjoint, M. Hariot.
Conseillers.
MM. MM.
Truffaut (Alb.). Carrière.
Thibaut. Ciiatenay (Abel).
CHRONIQUE
HORTICOLE.
7
MM.
Tavernier.
Hébrard (Laurent).
Curé (Ch.).
Truffaut père.
Verdier (Eugène).
Vitry (Désiré).
MM.
Dybowski.
Lepère QAlexis).
Hébrard (Alexandre).
Michel.
Goulombier.
VlLLARD Th.).
Commission de contrôle.
MM. MM.
] Les semis de spores de Fougères. —
I Plusieurs fois déjà cette question a été
traitée par nos collaborateurs : elle n’a rien
perdu de son intérêt et de son actualité, car
les Fougères restent toujours les plantes fa-
vorites d’un grand nombre d’amateurs.
Un de nos abonnés, M. Em. Mouillère,
jardinier-chef au château de Frécbines
(Loir-et-Cher), nous écrit :
Brissac (Général). Finet.
Barre. Oudiné.
Delahogue-Moreau.
Le parc de la Liberté à Lisbonne. —
Nous espérions être en mesure de publier
aujourd’hui les résultats du concours ou-
vert par la municipalité de Lisbonne. L’ex-
position des plans a été fermée le 12 dé-
cembre. On croyait que la décision du jury
serait connue presque immédiatement, mais
il n’en a rien été, et les concurrents doivent
encore faire preuve de patience. Nos lec-
teurs peuvent être assurés que nous ferons
connaître le jugement dès qu’il sera rendu.
On sait que les trois prix sont, respecti-
vement, de 12,500, 7,500 et 5,000 fr. Vingt-
neuf projets ont été déposés à l’Hôtel-de-
Ville. L’exposition publique a duré huit
jours; elle a été visitée par près de dix mille
personnes. On évalue les dépenses que né-
cessitera l’exécution des travaux à 400 contos
de reis (plus de 2 millions de francs).
Destruction des kermès. — En faisant
savoir à nos lecteurs par quel moyen simple
(l’immersion prolongée) notre excellent col-
laborateur, M. Carrelet, se débarrasse des
kermès quand ils envahissent les Lauriers-
Roses ( Nerium Oleander), nous pensions
bien que quelques personnes avaient déjà
fait des expériences pour le même objet.
En voici une qui est particulièrement digne
d’attention, et que nous communique un
de nos abonnés, M. Urbain Lemotheux, de
Château-Gonthier (Mayenne) :
M. Ludovic Pelletier, professeur d’arbori-
culture à Angers, a soigné et guéri complète-
ment mes Pêchers en les faisant laver, au mo-
ment de la taille d’hiver, avec de la chaux
Bouchardat. Cette chaux est formée d’une
partie de chaux contre neuf parties d’eau.
Pour les Lauriers-Roses, c’est le même trai-
tement.
Divulguez ce procédé, dont je garantis l’effi-
cacité.
Nous remercions M. Lemotheux de sa
communication et pouvons lui assurer qu’il
ne manquera pas d’imitateurs.
Je vous écrivais l’année dernière, à la date du
6 décembre, les résultats que m’avaient donnés
des spores de Fougères, semées après avoir été
conservées une année en sachets.
Je viens aujourd’hui vous faire connaître les
observations que j’ai pu faire sur ces semis
dans le courant de l’année.
Gomme je le prévoyais, au début ces jeunes
plantes ont eu une végétation de vigueur
moyenne, plutôt faible que vigoureuse.
Cependant, quelques espèces et variétés ont
fait exception et sont aussi fortes que les
mêmes provenant de spores fraîches. Ce sont
les Adiantum Capillus Veneris , Alsophila
australis , Blechnum brasiliense , Cyrtomium
falcatum , Gymnogramme chrysophylla , les
Pteris tremula , cretica , serrulata var. cris-
tata et umbrosa.
D’autres, et c’est la plupart, ne sont arrivées
qu’aux deux tiers de la force des mêmes es-
pèces et variétés provenant de spores fraîches :
Adiantum pubescens , deflexum , tenerum , cu-
neatum, gracillimum ; Asplénium (NeopterisJ
australasica , Diplazium celtidi folium, Gym-
nogramme schizophylla , les Nephrolepis ses-
quipedalis et davallioides furcam , Nephro-
dium molle, Pleopeltis fossæ , Pteris argyræa ,
Polypodium aureum.
Quelques-unes sont restées très-faibles ; telles
sont les Aspidiumtrifoliatum, Asplénium fra-
grans , Lastrea varia , Pycnopteris Sieboldi.
Il y en a trois qui n’ont levé qu’en janvier
seulement, depuis fin de septembre qu’elles
étaient semées : Didymochlæna sinuata , Todea
Fraseri, et Platyloma cordata.
Enfin, quelques-unes n’ont pas levé du tout.
Ce sont : Adiantum Luddemannianum , Todea
superba , Dicksonia adiantoides , Gymno-
gramme peruviana.
Telles sont les observations que j’ai pu faire et
que je m’étais promis de vous faire connaître.
J’engage les cultivateurs spéciaux à faire de
nouveaux essais afin de fixer le public horti-
cole sur la vitalité des spores de Fougères,
comme on l’est, en général, sur les graines des
autres végétaux. E. Mouillère.
Notre collaborateur, M. Maron, poursuit
également des expériences sur le même
sujet, et nous espérons qu’il en sortira
aussi d’utiles enseignements pour la culture
et la multiplication de ces charmantes Cryp-
togames.
8
CHRONIQUE HORTICOLE.
Le Jardin des écoles primaires. —
Par une circulaire en date du 11 décem-
bre 1887, M. le Ministre de l’instruction
publique a rappelé aux préfets qu’aucun
plan d’école primaire rurale, pour la cons-
truction de laquelle le concours de l’État
est sollicité ne serait accepté, si ce plan ne
présentait pas de jardin.
Voici le texte même de cette circulaire :
Monsieur le préfet,
L’un de mes prédécesseurs, préoccupé de
développer par tous les moyens l’enseigne-
ment agricole et horticole dans les écoles
primaires rurales, avait décidé, en 1867, que
désormais aucun plan d’école primaire rurale
pour la construction de laquelle le concours
de l’État est sollicité ne serait accepté si ce
plan ne présentait pas de jardin soit annexé
à l’école, soit situé en dehors de l’école, mais à
proximité du maître et des élèves.
Je crois utile de vous rappeler cette pres-
cription, à l’exécution de laquelle notre admi-
nistration est résolue à tenir la main.
Il va de soi que l’exigence dont il s’agit,
et qui n’est point une innovation, ne saurait
entraîner aucune modification aux devis et
tarifs de la loi du 20 juin 1885 et du décret du
15 février 1886.
L’administration est résolue, parait-il, à
tenir la main à ce que cette prescription
soit observée; il est désirable que cette
bonne intention ne reste pas sans effets.
Les Vignes américaines à production
directe. — Un vigneron de la région lyon-
naise, M. P. Valin, cultive, à une altitude
de 300 mètres, des Vignes américaines
appartenant aux formes : Herbemont, Jac-
quez, Othello et Cynthiana , qui croissent
avec vigueur, et donnent une production
qui peut être évaluée à 100 hectolitres à
l’hectare.
M. Valin, qui a mélangé dans la même
cuve les Raisins provenant de toutes ces
Vignes, en a obtenu un vin riche en cou-
leur et en alcool, dont on lui a olïert 60 fr.
l’hectolitre, au sortir de la cuve.
Exposition de cidres à Paris. — Le
gouvernement s’occupe d’organiser, à Paris,
une Exposition de cidres qui aura à peu
près les mêmes bases et la même organisa-
tion que l’Exposition des bières.
C’est là une idée très-heureuse et dont il
faut hâter l’exécution. Nous l’avons souvent
dit, et nous le répétons : le cidre ne tient
pas, dans l’alimentation, à Paris surtout,
l’importante place qu’il devrait avoir. Cela
provient en grande partie de ce que, hors
la région ouest de la France, on n’est pas
habitué à en boire dans les repas.
Les cidres livrés aux consommateurs sont
souvent fabriqués avec des fruits séchés,
quelquefois aussi fatigués par le transport
ou détériorés par un état trop prolongé de
vidange en tonneau.
Il faut que des dépôts bien organisés
soient établis dans les régions de la France,
où le cidre est peu connu, que ce cidre, de
bonne provenance, soit livré dans des con-
ditions raisonnables de prix, et alors la
consommation prendra des proportions très-
importantes.
L’Exposition projetée avancera de beau-
coup la réalisation de ce progrès.
L’Épine-Vinette et la Rouille des Cé-
réales. — Le joli arbuste, aux grains de
corail, que l’on emploie si souvent, sous sa
forme verte ou pourpre, dans la composi-
tion des massifs, est actuellement menacé
d’une mise hors la loi dont voici la cause :
Il paraît que la rouille, Puecinia grami-
nis, qui produit des ravages si terribles
dans les champs de céréales et surtout de
Blé, prend le plus souvent naissance sur
des pieds d’Épine-Vinette.
Un rapport de M. Cornu, présenté à la
Société nationale d’agriculture, fait connaî-
tre les conclusions delà commission chargée
d’étudier cette importante question.
La Commission adopte le vœu de M. Péligot,
sur la destruction obligatoire de l’Épine-Vi-
nette, propose l’addition de l’Épine-Vinette à
l’énumération des plantes nuisibles, dont une
loi, soumise en ce moment au Sénat, permet
la destruction
C’est une condamnation en règle; mais
qui ne pourra avoir d’effet que sur les
Épines-Vinettes cultivées en pleins champs
soit en pépinière, soit en haies.
Il y a lieu d’espérer que les exemplaires
se trouvant à l’intérieur des parcs et jardins
échapperont à la loi de destruction.
Création probable de jardins d’expé-
rimentation au Brésil. — L’Empereur
du Brésil a récemment visité, à Antibes,
la villa Thuret, où notre collaborateur,
M.Naudin, poursuit sans relâche ses essais
de naturalisation. Au cours de cette visite,
S. M. don Pedro a paraît-il, favorablement
accueilli une suggestion à lui faite par
M. Naudin, et consistant à créer, au Brésil,
deux jardins d’expérimentation, l’un dans
le Nord, pour les plantes tropicales, l’autre
CHRONIQUE HORTICOLE.
9
dans le Sud, pour les plantes provenant de
régions tempérées.
Il serait très-désirable que cette heu-
reuse idée fût mise à exécution ; l’intro-
duction des espèces sud-américaines gagne-
rait certes énormément à ce qu’il fût créé
là-bas des sortes de pépinières où les exem-
plaires recueillis dans leurs pays d’origine
seraient cultivés et multipliés pour être
ensuite réexpédiés en Europe, en échange
des produits acclimatables au Brésil.
Nouveaux hybrides de Rhododen-
drons. — MM. Rovelli , horticulteurs à
Pallanza (Lac-Majeur, Italie), qui cultivent,
en plein air, une collection de Rhododen-
drons du Sikkim-Himalaya, désirant mo-
difier les fleurs, surtout en ce qui a rapport
à la couleur qui, assez souvent, est blanche
ou jaunâtre, eurent l’idée de les féconder par
des Rhododendrons arhoreum à fleurs
rouges. Leurs prévisions se sont déjà en
partie réalisées. Parmi les plantes qui ont
fleuri, on remarque d’importantes modi-
fications, tant pour la forme des fleurs
que par leur couleur, ce que nous avons
constaté sur des échantillons qu’ils nous
ont envoyés. Il y a donc là un grand pas
de fait, et nul doute que du mélange de ces
types si différents on obtiendra des inter-
médiaires qui viendront enrichir ces séries
déjà si intéressantes, mais qui, toutes deux,
laissent beaucoup à désirer tant au point de
vue de la rusticité qu’à celui de la tenue et
de la végétation des plantes. On le sait,
beaucoup de Rhododendrons de l’Himalaya
ont le grave défaut de s’élancer très-vite
sans se ramifier, par conséquent à se dé-
garnir de la base, et même lorsqu’on les
rabat de ne donner qu’un bourgeon qui,
bientôt, doit être rabattu à son tour. Cette
première série d’hybrides obtenus, il n’y
aura plus qu’à agir sur eux, mais cette fois
avec des variétés de Rhododendrons rus-
tiques, tels que les Rh. Catawbiense, par
exemple, pour obtenir des plantes rus-
tiques et remarquables, tant par les fleurs
que par le feuillage.
Nouvelle espèce de Kœlreuteria. —
Ce genre, qui était regardé comme mono-
type, c’est-à-dire représenté par une seule
espèce, le Kœlreuteria paniculata , vient
de s’enrichir d’une nouvelle espèce, le
K. bipinnata, Franchet. Tout aussi mé-
ritant que le premier par la beauté de ses
fleurs et par la grandeur considérable de ses
feuilles, il est de plus très-remarquable par
les dimensions qu’il atteint et qui, paraît-il,
excèdent parfois 20 mètres. La nature du
climat et les conditions dans lesquelles il
croît autorisent à penser que nous aurons
dans le K. bipinnata, un bel arbre d’orne-
ment pour nos parcs, en même temps
qu’une nouvelle espèce d’alignement pour
orner nos boulevards.
La culture de la Ramie. — On s’occupe
beaucoup, depuis quelques années, de la
culture de la Ramie ( Bœhmeria utilis) et
des essais d’acclimatation, entrepris sous
divers climats, n’ont pas donné partout des
résultats favorables.
Une commission spéciale a été nommée
au Ministère de l’Agriculture pour étudier
la question.
Dans sa séance du 28 novembre 1887,
après une discussion à laquelle ont pris part
MM. Frémy, Cornu, Favier, Sarlat et
Fuchs, cette commission a reconnu : 1° que
la Ramie blanche (B. nivea) peut être cul-
tivée partout, dans les pays tropicaux et
sub-tropicaux ; 2° que la Ramie verte
(B. utilis) peut être cultivée dans les pays
tropicaux ; 3° que la Ramie blanchâtre
(B. candicans) doit toujours être rejetée,
parce qu’elle ne donne que de mauvais
résultats. Dans sa séance du 5 décembre, la
commission, considérant que le moyen le
plus efficace de développer la culture de la
Ramie est de faciliter la vente de ce pro-
duit en provoquant le perfectionnement des
systèmes de décortication actuellement em-
ployés, a décidé qu’une exposition des ins-
truments destinés à cet usage serait pro-
chainement organisée.
Exposition internationale d’horticul-
ture à Gand. — La Société royale d’agri-
culture et de botanique de Gand, présidée
par M. le comte de Kerchove de Denter-
ghem, ouvrira à Gand, du 15 au 22 avril
1888, sa XIIe exposition internationale
d’horticulture. Ces expositions organisées
tous les cinq ans ont toujours attiré un
grand nombre de concurrents tant de la
Belgique que de l’étranger.
Il n’y a pas moins de 415 concours orga-
nisés par la Société de botanique. Aux lau-
réats de ces concours seront remis, outre
les médailles d’or données par le roi et la
reine des Belges, des oeuvres d’art, des
médailles d’or, de vermeil et d’argent.
Les amateurs et les horticulteurs de toutes
les nations sont admis gratuitement à
prendre part à ces concours.
E.-A, Carrière et Ed. André.
10
DEUX ANANAS RECOMMANDABLES. — LE ROI DES CORMIERS.
DEUX ANANAS RECOMMANDABLES
L’Ananas appartient à la famille des Bro-
méliacées. Il a été découvert, au Brésil,
en 1555, par un Français, Jean de Léry.
Les Ananas sont originaires non seulement
du Brésil, mais encore de la Guyane, de
la Martinique, de la Jamaïque, de Cuba, etc.
Le mot Ananas vient de nanas, nom que
les naturels de la Guyane donnent à cette
plante, qui a été d’abord importée en An-
gleterre, où elle a été cultivée pour la pre-
mière fois chez Sir Matthew Dicken, à
Richmond, où les premiers fruits furent
récoltés en 1715. Ge n’est que plus tard que
la culture s’en répandit en France, et encore
on ne le trouve pendant longtemps que dans
les jardins royaux et chez les grands sei-
gneurs. On rapporte, à ce sujet, que les
deux premiers Ananas qui aient mûri en
France ont été servis, en 1733, sur la table
du roi Louis XV.
Mais revenons au titre de notre article.
Les deux Ananas que nous recommandons
tout spécialement aux amateurs de cet ex-
cellent fruit sont les variétés Cayenne à
feuilles lisses et Charlotte de Rothschild.
Ge que l’on dit de l’un peut s’appliquer à
l’autre ; les fruits sont gros, bien faits,
d’une belle couleur jaune, juteux, et la chair
en est excellente et sucrée. On a obtenu à
Ferrières des fruits de l’une et de l’autre
variété pesant 6 kilogrammes chaque; ils
avaient été cultivés dans la mousse. Les
feuilles sont belles, longues et solides, les
plantes vigoureuses, et se mettant rapide-
ment et facilement à fruit.
L’Ananas Charlotte de Rothschild a été
introduit en France, il n’y a pas bien long-
temps, d’une façon assez bizarre. Le capi-
taine d’un des bateaux appartenant au
baron James de Rothschild lui rapporta de
Cayenne quelques œilletons d’Ananas, sans
se douter que ce fût une nouvelle variété.
Ces plantes furent remises à mon grand-
père, Jean Bergman; celui-ci les soigna, et,
lorsqu’ils fructifièrent, on s’aperçut que
c’était une nouvelle variété d’excellente
qualité et totalement inconnue en France.
Elle fut alors baptisée du nom de Charlotte
de Rothschild, aujourd’hui baronne Natha-
niel de Rothschild, propriétaire de l’Abbaye
des Vaux-de-Cernay, près Rambouillet.
Cette nouveauté fut mise au commerce, en
1845, par M. Gontier, primeuriste à Mont-
rouge, et elle est toujours considérée comme
une des meilleures.
Je n’ai jamais pu savoir en quelle année
l’Ananas Cayenne à feuilles lisses (Mahi-
Pouri ) a été introduit en Europe. Noisette,
dans son Traité du jardinage , édité en
1825, n’en fait pas encore mention. Il ne
faut pas confondre cette variété à feuilles
lisses avec d’autres également à feuilles
inermes, mais qui lui sont bien inférieures.
Cette variété a aussi un bien grand avantage
sur toutes les autres, c’est que ses feuilles
n’ont pas d’épines. Les personnes qui voient
les Ananas chez les marchands de comes-
tibles ou même encore sur la table, déjà dé-
coupés, ne se rendent peut-être pas compte
du grand avantage qu’il y a pour les jardi-
niers à cultiver un tel fruit plutôt qu’un
autre à feuilles épineuses.
Ces deux variétés combinent la beauté de
la plante avec la beauté et la bonté du
fruit, et méritent d’être dans toutes les
serres à Ananas, car, quoiqu’il y ait eu un
certain nombre de nouvelles introductions,
depuis quelques années, aucune n’a encore
pu détrôner ces deux favorites.
Ernest Bergman.
LE ROI DES CORMIERS
Bien que, dans une précédente chro-
nique (1), nous ayons dit quelques mots de
cette plante, nous croyons, à cause de ses
dimensions exceptionnelles, devoir en re-
parler.
Rappelons d’abord que le Cormier domes-
tique, Sorbus domestica, Linn. (Py rus Sor-
bus, Smith, Connus domestica , Spach),
(1) Voir Revue horticole , 1887, p. 435.
croît avec une lenteur extrême ; aussi, son
bois très-dur, d’un grain fin et excessive-
ment serré, était-il autrefois exclusivement
recherché pour faire les dents du « babil-
lard » des moulins, avant qu’on eût sup-
primé cette partie de la bluterie. Toutefois,
ce n’est pas pour son bois que le Cormier
est cultivé, mais pour ses fruits, qui res-
semblent à de petites Poires avec lesquelles
on fait une sorte de boisson ou de cidre
LETTRE DE NICE.
U
extrêmement alcoolique, beaucoup plus fort
que les meilleurs vins blancs, surpassant
même le poiré. Aujourd’hui on cultive peu
le Cormier, qui est même abandonné dans
beaucoup de localités où on le cultivait
autrefois.
Il y a plusieurs variétés de Cormiers, qui
diffèrent soit par la couleur, soit par la
grosseur du fruit; néanmoins, on n’en cul-
tive guère qu’un, celui à fruits plus ou
moins colorés en rouge. Toutes aussi sont
semblables au point de vue de l’aspect et du
faciès, et sont également ornementales par
leur feuillage, qui rappelle assez exactement
celui du Sorbier commun.
Le Roi des Cormiers, auquel nous con-
sacrons cet article, est planté dans la pro-
priété de M. Walker, au Mesnil-Longpont,
près Montlhéry. Cet arbre, probablement
unique par sa force, nous a présenté les
dimensions suivantes :
Hauteur, 18 mètres. Du sol aux pre-
mières branches, 5 mètres. Circonférence,
près du sol, 3m 20. Diamètre de sa ramure,
16 mètres environ. Sa tige, droite, très-
LETTRE
La saison hivernale a commencé ici par
l’ouverture d’un Congrès de géodésie. Des
fêtes splendides ont été offertes par M. Bis-
choffsheim, propriétaire de l’observatoire
construit sur le Mont-Gros, une des mon-
tagnes qui enserrent Nice, et située à l’est
de la ville. Pour les astronomes de tous les
pays d’Europe, il y a eu illumination et feux
d’artifice dans la vallée du Paillon, rivière
qui coule au pied du Mont-Gros, lumière
électrique projetant ses rayons sur les villas
de Cimiez, la ville et le château de Nice,
décoration florale splendide des salles de ré-
ception, etc., etc.
Lorsque les jardins du nord, à la suite
des premières gelées, se voient privés des
plantes à fleurs et à feuillage qui en font
le plus bel ornement, lorsque les arbres à
feuilles caduques se dépouillent de leurs
feuilles, ici, à la suite des premières pluies
de l’automne, le réveil de la végétation se
produit ; on sème les gazons, les Rosiers
montrent leurs premières fleurs ; on plante
les massifs en Œillets, en Primevères de la
Chine, Cinéraires, Échévérias, Agathea
cœlestis, Cyclamens, Agératum. Les Gail-
lardias semés en juillet fleurissent une
grande partie de l’hiver ; de même pour les
Bleuets, les Chrysanthèmes Comtesse de
régulière, forme un fût ou sorte de colonne
de 5 mètres au moins de hauteur et d’un
diamètre à peu près égal dans toute sa lon-
gueur. L’arbre est très-sain dans toutes ses
parties. Quant à sa tête, régulière et bien
fournie, elle forme une sorte de dôme ou de
demi-sphère dont le sommet serait atténué
en une pointe obtuse-arrondie.
Quel est l’âge de cet arbre ? Est-il le
Doyen des Cormiers existants ? Le Cormier
est un des arbres dont la croissance est des
plus lentes ; or, les personnes les plus âgées
des environs qui connaissent l’arbre dont
il est ici question nous ont affirmé qu’elles
l’avaient toujours vu tel qu’il est. On s’ac-
corde à lui donner au moins de cinq à six
cents ans. Mais aurait-il un peu moins que
cet âge que cet arbre n’en serait pas moins
respectable et mériterait bien encore le qua-
lificatif de Roi et de Doyen des Cormiers
que nous lui avons donné, quand nous l’a-
vons récemment mesuré en compagnie de
MM. Vallée, secrétaire de la mairie, à Mont-
lhéry, et Duchemin, jardinier à Vilbousin
commune de Longpont. E.-A. Carrière.
DE NICE
Chambord, Étoile d'or, qui se couvrent de
boutons et de fleurs. L’Héliotrope, à l’abri
d’un mur, est en fleurs tout l’hiver et de-
vient une plante grimpante ; les Pélargo-
niums zonals s’enlacent dans les haies de
Rosiers, ou s’enroulent autour des troncs
de Palmiers ; les Lantanas commencent
également à fleurir ; les Bouvardias sont
épanouis jusqu’à la fin de décembre. La
mosaïculture est également employée à
l’ornementation des jardins : les Achyran-
thes, Alternanthera et Coleus sont rem-
placés par les Evonymus pulchellus, E.
radicans fol. arg. varieg., Santolina
Chamæcyparissus , Myosotis alpestris,
Primula sinensis , Mesembryanthemum
roseum, Echeveria glauca, Gnaphalium
lanatum, et autres espèces.
Du mois de juin au mois d’octobre, nous
n’avons pas eu de pluie, aussi la végétation
est-elle en retard. Vers le 9 octobre, l’eau
est tombée en assez grande quantité ; ce
jour-là, nos cultivateurs étaient contents.
Malheureusement, nos montagnes se cou-
vraient de neige en même temps que nous
avions de la pluie ; le mistral, vent du
nord-ouest, se fit sentir pendant neuf jours ;
les nuits étaient très-froides, partant pas
de végétation. Le 28 octobre, le thermo-
ANTHURIUM LAWRENCEANUM.
12
mètre marquait un degré au-dessus de zéro ;
le 31, la pluie revenait de nouveau et en
abondance ; en ce moment, nous avons des
alternatives de pluie et de soleil avec un
temps très -doux.
Les envois de fleurs se font en grande
quantité pour le Nord ; le prix des fleurs a
été très-élevé jusqu’à présent.
Roses Safrano , 1 fr. 25 la douzaine.
Roses Maréchal Niel , 2 à 3 fr. la douzaine.
Roses Souvenir de la Malmaison , 2 fr. la
douzaine.
Œillets avec tige, 80 centimes la douzaine.
Œillets sans tige, 20 centimes la douzaine.
Giroflées, 25 centimes le petit paquet.
Tubéreuses, 1 fr. 50 la douzaine de tiges.
Réséda, 2 fr. 50 le kilo.
Fleurs d’oranger, 6 fr. le kilo.
Chrysanthèmes Étoile d’or , 25 centimes le
paquet.
Je vous tiendrai au courant des fluctua-
tions du marché, ainsi que des faits horti-
coles qui se produiront au cours de la sai-
son d’hiver dans laquelle nous entrons.
Fissant.
ANTHURIUM LAWRENCEANUM
Les croisements si rapides qui ont été
effectués entre Y Anthurium Andreanum
et d’autres espèces du même genre, —
puisque YAnth. ferrierense a fleuri pour la
première fois dix-huit mois après l’entrée
de cette première espèce à Ferrières, — ont
produit deux résultats presque constants :
augmentation de vigueur des hybrides et
affaiblissement de la couleur de la plante
type que j’ai introduite de la Nouvelle-
Grenade.
La nuance vermillon orange, ou rouge de
Saturne, que les deux Indiens qui m’ac-
compagnaient avaient comparée au bâton de
cire à cacheter que je leur avais montré, à
ce point qu’ils en avaient donné le nom à
ma plante ( matica de lacre), ce ton si
éclatant a partout disparu. Le rose carné,
violacé et les nuances voisines, où entre le
carmin, jusqu’au cramoisi, mais toutes de
la série cyanique , ont remplacé les rouges,
où le jaune se mélange et revient à la série
xanthique. C’est surtout aux fécondations
faites avec le secours des A. ornatum et
A. Lindigii que ces résultats sont impu-
* tables. L’emploi d’autres types à fleurs in-
signifiantes, à spathes étroites et vertes
pour la plupart, comme les A. magnifi-
cum , crystallinum, regale, etc., n’a rien
fourni d’intéressant dans le coloris des
fleurs.
Mais il n’en a pas été ainsi des hybrides
sortis de Y A. Andreanum et A. Veitchi.
Depuis une couple d’années, on les voit ap-
paraître de divers côtés, alliant la beauté
du feuillage aux grandes fleurs bien colo-
rées. De France, de Belgique et d’Angle-
terre, de très-belles plantes ont surgi et il
s’est même établi une lutte de priorité,
j’allais dire de nationalité, pour l’obtention
des plus remarquables parmi ces nouveaux
gains.
A leur tour, les plantes issues des pre-
miers croisements sont devenues porte-
pollen ou porte-graines, et il faut bien dire
que leurs produits ont différé toto cœlo de
leurs parents. La magnifique plante que
nous figurons aujourd’hui vient à l’appui
de cette assertion.
En effet, en 1884, MM. Chantrier frères,
de Mortefontaine, que l’on trouve toujours
au premier rang des hybridateurs, ont mis
au commerce une plante de leurs semis,
que j’ai décrite sous le nom d’A. Houletia-
nam. Elle provenait d’un A. magnificum ,
fécondé par VA. Andreanum. Ses spathes
étaient rose tendre et ses feuilles vert foncé
chatoyant (1).
Or, c’est à Y A. Houletianum , fécondé à
son tour par PA. Andreanum , que l’on
doit l’admirable plante que reproduit la
planche ci-contre. L’hybride a fleuri cette
année pour la première fois. MM. Chantrier,
les heureux obtenteurs, ont voulu qu’elle
rappelât le nom de Sir Trevor Lawrence, le
riche baronet anglais dont les collections
d’Orchidées sont presque sans rivales, et
qui ne s’attache guère moins aux belles
Aroïdées.
Voici la description de Y Anthurium
Lawrenceanum :
Plante élancée, d’un beau port dégagé. Gai-
nes basilaires des feuilles (cataphylles), les
unes ovales aiguës, faiblement embrassantes,
d’abord blanches transparentes, à carène
rose, les autres très-longues, brun violacé sa-
blé de points verts. Pétiole long de 40 à 50 cen-
timètres, vert, à gaines courtes, vertes, étroites
à la base, cylindrique, nerveux et fin, à articu-
lation allongée (3 centimètres), dressée ou un
peu courbée ; limbe de 35 centimètres et plus
de longueur, plan, cordiforme-oblong à som-
met aigu, décurve, à lobes postérieurs obtus
(1) Voir Revue horticole , 1884, p. 101.
Revue Horticole .
ChrovwLùîv. G-.Seoereÿns .
Lawreneeanmn
Anthurium
Godard, del.
ABRICOTIER SOUVENIR DE QUÉTIER. — CULTURE EN POTS.
13
et comme tronqués, à sinus profond, lyré-
aigu, à côte médiane et à nervures principales
saillantes sur les deux faces, insérées en des-
sus dans des dépressions du limbe, se rejoi-
gnant à partir de leur milieu en zone antémar-
ginale ; nuance de fond vert brillant foncé en
dessus, plus pâle en dessous ainsi que les
nervures. Hampe florale haute de 60 centi-
mètres, bien érigée, cylindracée, ferme, vert
finement lenticellé. Spathe d’une admirable
couleur vermillon carminé foncé, rose vif en
dessous, cordiforme, longue de 15 centimètres
et plus, large de 11 centimètres, étalée hori-
zontalement, régulière, à bords révolutés,
à lobes postérieurs rapprochés en un sinus
étroit, à sommet très-aigu, décurve, jaunâtre
en dessous, à deux nervures centrales, for-
mant un ovale parfait autour de la côte mé-
diane, les autres subparallèles et devenant
graduellement cloisonnées en approchant de
la base. Spadice dressé, robuste, long de
10 centimètres, cylindracé ou légèrement co-
nique, rouge carminé à points roses, à protu-
bérances blanchâtres, formées par les éta-
mines saillantes, à base étranglée et blanche.
L’Anthurium Lawrence anum , mis en
vente par MM. Chantrier, est appelé à une
grande faveur auprès des amateurs d’Aroï-
dées. Ed. André.
ABRICOTIER SOUVENIR DE QUÉTIER
Nous avons cru ne pouvoir mieux faire
pour la variété que nous allons décrire que
de la dédier à la mémoire de l’obtenteur, qui
fut non seulement un des plus habiles hor-
ticulteurs de son époque, mais un fidèle
collaborateur de la Revue horticole pen-
dant de longues années.
Du reste, son nom n’èst pas inconnu en
horticulture, et presque toutes les parties
du jardinage lui doivent l’obtention de va-
riétés méritantes. Celle dont nous allons
parler, l’Abricotier Souvenir de Quétier,
qui vient de fructifier cette année pour la
première fois, avait été semée par lui en
1875. En voici une description :
Arbre vigoureux. Tige à écorce finement
crevassée, formant des cicatrices nombreuses,
peu profondes. Scions vigoureux, à écorce lisse,
luisante, d’un très-beau rouge foncé. Feuilles
épaisses, coriaces, largement ovales-elliptiques,
brusquement atténuées à la base, courtement
rétrécies au sommet, bordées de dents très-
courtes. Pétiole court, rouge foncé, portant de
une à trois glandes très-petites, parfois presque
rudimentaires. Fruits cordiformes, légèrement
aplatis, régulièrement atténués au sommet,
atteignant 6 centimètres environ de longueur
et à peu près autant dans leur plus grand dia-
CULTURE
Peu de personnes, en dehors des gens
du métier, se rendent bien compte de la
différence qui existe entre la végétation des
plantes, suivant qu’elles sont en pots où
qu’elles vivent en pleine terre. Beaucoup
même, s’appuyant sur ce fait, que les
plantes en pleine terre ont une nourriture
et une étendue illimitées, en concluent que
les vases ne sont jamais assez grands, car
mètre, très-légèrement sillonnés d’un côté
seulement. Peau très-courtement velue, douce
au toucher, d’un beau jaune d’or roux,
légèrement lavé rougeâtre sur les parties om-
bragées, rouge vineux très-foncé et élégam-
ment marbré sur celles qui sont fortement
insolées, parfois longitudinalement bandelet-
tées jaune orange dans les parties moyennes.
Chair non adhérente au noyau, ferme quoique
fondante quand le fruit est bien mûr, jaune
foncé ou plutôt rouge orangé. Eau abondante
de saveur agréable. Noyau très-longuement
ovale-cordiforme, très-plat, régulièrement at-
ténué en pointe au sommet, à surface gris-
roux légèrement rugueuse.
L’Abricotier Souvenir de Quétier n’est
pas seulement méritant par la qualité et la
beauté de ses fruits, qui sont très-colorés ; il
l’est encore par leur hâtive té. Ainsi, cette
année 1887, où la maturité des fruits est
presque d’un mois en retard, ceux de la
variété dont nous parlons, bien que prove-
nant d’un arbre de semis qui fructifiait
pour la première fois, ont mûri dès
le 28 juillet, alors que les Abricots Pêche,
A. royal, etc., étaient encore tout verts.
C’est donc, ainsi qu’on le voit, une pré-
cieuse variété. E.-A. Carrière.
EN POTS
quels qu’ils soient, iis ne sont pas compa-
rables à la pleine terre, que ces plantes sont
dans des conditions d’autant meilleures que
le pot est plus grand, et, dans ce cas, qu’il y
a même une économie de main-d’œuvre
puisque l’on n’a guère à s’en occuper et qu’on
les arrose et rempote moins souvent. C’est là
une erreur profonde, excepté peut-être pour
quelques espèces très-vigoureuses et vivaces
14
ROSE MADAME GEORGES BRUANT.
qui ont beaucoup de racines ou dont la na-
ture particulière leur permet d’absorber
promptement et en grande quantité l’eau
des arrosages. En général, on ne réfléchit
pas à ce fait que les pots, quels qu’ils soient,
conservent toujours de l’humidité et qu’une
fois la terre saturée, si la plante n’absorbe
pas suffisamment, l’excédant d’eau décom-
pose le sol qui alors devient un foyer de
corruption très-préjudiciable à la plante et
la fait périr, où si l’on a affaire à une
espèce excessivement robuste, elle végète
faiblement et manifeste bientôt des signes
visibles de souffrance : elle jaunit et même
ses feuilles tombent en tout ou en partie, et
presque toujours cet état se termine par la
mort. Dans le cas où les plantes sont dans
de grands pots il faut les arroser avec beau-
coup de circonspection et avoir soin d’éviter
l’excès d’humidité, ce qui demande des con-
naissances et un tact plus rare que l’on ne
pense. Il en est tout autrement, si les plan-
tes sont dans des pots relativement petits
car, alors, leurs racines qui « tapissent »
promptement le vase, sont vivifiées par l’air
qui se renouvelle sans cesse. Dans ces condi-
tions, il est très-rare qu’un excès d’humidité
soit à craindre, l’inverse serait plutôt à re-
douter, aussi peut-on confier les plantes à
des mains inexpérimentées, la plupart des
gens étant plutôt disposés à trop arroser.
Une autre raison qui peut guider dans
ROSE MADAME (
M. Bruant, horticulteur à Poitiers, vient
de mettre au commerce une nouvelle Rose
issue de ses semis et bien distincte de
toutes les variétés connues. Elle a été ob-
tenue du Rosa rugosa, Thunb., fécondé
par une ancienne Rose bien connue et fort
belle, le Thé Sombreuil. D’autres hybrida-
tions avaient déjà eu lieu entre cette Rose
japonaise et quelques variétés d’origine
différente, mais elles ne paraissent pas avoir
donné de résultats décisifs. La plante de
M. Bruant, au contraire, semble inaugurer
une série nouvelle dans les produits du
Rosa rugosa. Nous l’avons vue en fleurs,
cette année et l’année dernière, chez lui, et
nous avons été frappé de sa beauté et de sa
grande floribondité. Elle n’a pas cessé de
fleurir jusqu’aux gelées.
Le Rosier Madame Georges Rruant est
d’une très-grande vigueur. Son feuillage,
qui rappelle celui du Rosa rugosa, est
cependant moins bullé, d’un beau vert sur
la pratique des arrosages, c’est de s’assurer
si les racines sont abondantes et si elles
entourent la motte. Si oui, et surtout si les
racines sont blanches, ce qui est un signe
de bonne santé, on peut arroser sans crainte,
car même un excès d’eau ne peut avoir de
conséquences fâcheuses. Si au contraire les
racines ne sortent pas de la motte, ou qu’on
les voit à peine sortir à sa surface, il faut
être très-prudent dans les arrosages, et dans
ce cas un excès en moins est, en général,
préférable à l’excès contraire.
Pour nous résumer disons, d’une manière
générale, que les plantes placées dans des
pots relativement petits, se portent mieux que
dans des vases trop grands, et qu’alors les
arrosages peuvent être plus fréquents et
plus copieux et même être donnés en excès
sans qu’il en résulte rien de fâcheux, sans
que la santé des plantes en soit altérée. Fai-
sons encore cette observation qu’en général
et toutes circonstances égales d’ailleurs, les
plantes non repiquées, c’est-à-dire dont les
graines ont été semées en vases, ont beau-
coup moins à souffrir de l’excès de gran-
deur de ceux-ci, parce que, les racines
n’ayant pas été rognées lors du repiquage,
leur vigueur est toujours plus grande, et
qu’alors elles ont moins à craindre des
excès d’humidité.
E.-A. Carrière.
ÎORGES RRUANT
les rameaux adultes, teinté de pourpre sur
les jeunes bourgeons. Le plus souvent les
feuilles adultes sont quadrijuguées; les
jeunes sont glabres en dessus, pubescentes
et rosées en dessous ainsi que les pétioles ;
les folioles sont oblongues-obtuses ou acu-
tiuscules, finement dentées en scie.
Les inflorescences forment des bouquets
terminaux, multiflores, dressés, bien en-
tourés de feuillage. Les pédoncules sont
poilus, glanduleux, accompagnés de brac-
tées ovales-aiguës ciliées de poils bruns
glanduleux. L’ovaire est globuleux, glabre.
Le calyce a les sépales ovales, acuminés,
cuspidés, ciliés, glanduleux, à pointe ob-
tuse ou denticulée, défléchis à l’anthèse,
soyeux et blancs en dedans.
Les fleurs sont bien épanouies, semi-
doubles, de 8 centimètres de diamètre, à
pétales blanc pur, largement obovales-
échancrés, les médians plus petits et iné-
gaux, à étamines en faisceau central com-
LES ORANGERIES DE BLIDAH.
15
pact, diffuses, ayant les filets blancs,
capillaires, inégaux, et des anthères jaunes
passant ensuite au brun.
Cette Rose charmante, surtout lorsqu’elle
est mi-éclose, exhale un parfum très-suave
et très-doux, d’un arôme tout particulier.
Parlant de la culture et de la multipli-
cation de cette variété, M. Bruant assure
que les tiges d’Églantier sur laquelle on la
greffe prennent en peu de temps un accrois-
sement considérable. « Elle emporte son
sujet », comme disent les horticulteurs. Les
têtes des Rosiers Madame Georges Bruant
deviennent donc rapidement énormes, et
comme elles fleurissent toute l’année sans
discontinuer, c’est une des meilleures acqui-
sitions que les jardins aient faites depuis
longtemps. E. Bruno.
LES ORANGERIES A RLIDAH
Dans un récent voyage en Algérie, deux
choses m’ont beaucoup intéressé : le commerce
des Oranges et des Mandarines à Blidah, puis
l’organisation du Syndicat établi pour l’irriga-
tion des territoires cultivés.
Nous avons, à Blidah, un compatriote des
plus honorables, M. Aug. François, membre
de la Société d’horticulture de France de-
puis 4869 : c’est le fils et le digne continuateur
de l’œuvre d’un colon installé là depuis 1832 ;
il exploite actuellement 15 hectares d’orange-
ries. Cet aimable collègue a bien voulu me
fournir les renseignements dont j’avais besoin
pour compléter cette note.
Blidah passe, avec juste raison, pour une
des plus jolies villes de l’Algérie. Située à une
cinquantaine de kilomètres d’Alger, sur le che-
min de fer d’Oran, à l’extrémité méridionale de
la Mitidja et aux pieds du Petit-Atlas qui
l’abrite du côté du midi, elle est entourée de
magnifiques orangeries qui sont irriguées par
les eaux des montagnes voisines. La ville a une
enceinte fortifiée et percée par six portes ; deux
rues principales la coupent à angle droit, et à
leur point de jonction se trouve la place
d’armes, dont la figure 1 donne une idée. Il
existe deux jardins publics : l’un créé par l’ini-
tiative deM. Borély; l’autre, « le Bois sacré »,
renferme de gigantesques Oliviers qui ont bravé
les injures des siècles et les ravages de la
guerre. Quelques-uns d’entre eux égalent les
plus beaux Chênes de nos forêts ; ce bois ren-
ferme un curieux tombeau ou kouba, but de
pieux pèlerinages (fig. 2).
Les plus belles orangeries s’étendent au nord,
et à l’est de la ville, sur plus de 400 hectares
et produisent plus de 50 millions de fruits.
Parmi elles se distingue celle du « Tapis vert »,
appartenant à notre collègue, M. Aug. François,
et servant en été de lieu de réunion.
Pour donner une idée de l’importance du
commerce des Oranges, Citrons et Mandarines,
je donne ici le tableau de leur importation en
France de 1884 à 1886.
IMPORTATION.
PROVENANCE.
1884
1885
1886
kil.
kil.
kil.
Citrons, Oranges
Espagne
43 387 407
33 586 680
43 957 824
et leurs
Italie
2 483 952
3 682 707
1 749 163
variétés.
Algérie
4 888 015
3 994 178
3 198 892
Autres pays. . . .
1 106 659
957 056
791 734
Tota
AJX. . .
51 866 033
42 220 621
49 697 414
Valeur en francs
11 929 188
16 888 608
19 878 966
Je laisse de côté à dessein tout ce qui con-
cerne les semis, la greffe et les soins de culture
de l’Oranger; cela m’entraînerait trop loin. Je
me contenterai de dire qu’il a besoin, non seu-
lement d’irrigations fréquentes pendant la sai-
son sèche, mais aussi d’abris faits quelquefois
avec le Cyprès pyramidal, sans quoi l’on s’ex-
pose à voir les fleurs arrachées ou brûlées et
les fruits jetés à terre par les vents.
Décrivons maintenant à grands traits la
récolte des Orangers à Blidah. La figure 3
donne l’idée d’une plantation ordinaire qui
rappelle celle de nos vergers du Nord.
La récolte des premières Oranges commence
du 10 au 25 octobre ; celle des Mandarines,
un mois après. On rencontre alors sur les
routes des bandes d’Arabes portant chacun
une échelle et un panier en osier à forme
ronde avec un crochet pour le suspendre aux
branches ou aux barreaux de l’échelle. — Les
corbeilles qui servent au transport des fruits
du jardin aux magasins, sont ovales et con-
L
Fig. 4. — Orangerie à Los Angeles (Californie).
LES ORANGERIES DE BLIDAH.
Fig. 3. — Plantation d'Orangers à Blidah,
18
LES ORANGERIES DE BLIDAH.
tiennent de 4 à 500 Oranges; elles pèsent de 50
à 60 kilog. une fois pleines, et elles sont, ainsi
que les paniers, garnies de forte toile à l’inté-
rieur pour préserver les fruits des meurtris-
sures.
Les Arabes employés à la cueillette sont
payés 2 francs par jour; les femmes qui tra-
vaillent dans les jardins sont payées 1 fr. 50 ;
elles ont de petits sécateurs faits exprès et
suppriment la queue du fruit en la coupant
très-ras, mais en ayant soin de laisser l’étoile.
Dans une bande de vingt cueilleurs il y a deux
ou trois porteurs, qui vont des cueilleurs à la
natte en palmier où sont versés les fruits en
tas et où sont assises les coupeuses qui les
mettent dans les corbeilles ; ces femmes sont
au nombre de quatre à cinq pour vingt cueil-
leurs.
Au commencement de la saison, le travail
de la cueillette ne se fait pas rapidement ; les
fruits ne sont pas mûrs régulièrement et les
cueilleurs sont souvent obligés de changer
leurs échelles de place ; mais lorsque l’on
« rase » une récolte, chaque homme arrive
facilement à ses 5,000 fruits; il faut alors six à
sept coupeuses habiles et un porteur pour cinq
hommes suffit à peine.
Le fruit arrive au magasin transporté sur
des camions à ressorts ; il est étendu sur de la
paille bien saine où il séjourne 4 à 5 jours
avant d’être trié. — Les trieuses (leur nombre
est à peu près celui des coupeuses) ont chacune
un jeu d’anneaux en fer blanc soudés ensemble
et sont assises sur la paille, ayant devant elles
autant de paniers en palmier que d’anneaux,
plus un panier ou une corbeille pour les rebuts.
— Un porteur va vider les paniers aux places
assignées d’avance à chaque numéro. Les
rebuts sans valeur marchande sont mis à part
et vendus à vil prix.
Le triage, qui demande une assez grande
habitude, a donc séparé les fruits par grosseurs
différentes variant du n° 1 au n° 6. — Les
n°s 1, 2 et 3 sont généralement papillotes et
mis en caisses de 240, 312 ou 420; ce sont les
caisses de choix. Le reste, du n° 4 au-dessous,
sert à faire les coffres ou caisses de 1,000. Les
fruits non papillotés sont mis en vrac dans de
grandes caisses à trois compartiments qui, une
fois pleines, pèsent de 110 à 115 kilogrammes.
L’Orange de Blidah est réellement délicieuse
aux mois de février, mars, avril, mai; à ce
moment, il en reste peu ici et on ne songe
plus guère à en expédier en France; les Espa-
gnols d’Oran les paient souvent sur place plus
cher qu’on ne les vend à Marseille.
La Mandarine demande plus de soins que
l’Orange, et occasionne plus de frais de main-
d’œuvre, non pour la cueillette et le triage,
mais pour l’emballage. On fait aussi plusieurs
numéros. Les quatre premiers sont toujours
papillottés et mis en petites caisses : les nu-
méros 1 et 2 en caisses de 25 à 100, les nu-
méros 3 en caisses de 50 à 200, et les nu-
méros 4 en caisses de 200 à 420. Les petites,
ainsi que touies celles qui, à cause de leurs
formes défectueuses, ont été séparées des
quatre premiers numéros au triage, sont mises
en grandes caisses de 1,000 à 1,500 et en vrac.
Les Mandarines de Blidah s’expédient presque
toutes à Paris, Lyon et Marseille; mais c’est
certainement le marché de Paris qui en écoule
le plus, car d«st là que non seulement les
villes voisines viennent s’approvisionner, mais
que l’Angleterre, la Belgique, la Prusse, etc.,
viennent faire leurs achats.
Un hectare d’orangerie donne, en moyenne,
120,000 fruits, et se paie, en moyenne,
1,500 fr.
Les achats de récoltes se font habituellement
en juin, juillet, août (quelquefois on achète à
la fleur) et l’acheteur a à subir tous les aléas :
brouillards qui font couler les fruits, siroco
qui les empêche de se nouer, grêle, etc., et,
plus tard, les coups de vent de novembre, dé-
cembre et janvier qui, dans certaines années,
réduisent la récolte d’un quart, d’un tiers et
quelquefois de moitié.
Les fruits de choix se vendent toujours assez
bien, mais les petits ont peu de valeur.
Les soins à donner à l’orangerie occasion-
nant une dépense moyenne de 300 fr. par hec-
tare, on peut compter sur 1,200 fr. de revenu
net ; certaines orangeries rapportent beaucoup
plus.
La saison des arrosages commence générale-
ment vers la fin de mars ponr finir en octobre,
si les pluies arrivent à cette époque.
On sait que les Orangers sont originaires des
Indes et de la Chine et que leur introduction
en France ne date que du XIVe siècle. Le pays
producteur par excellence, comme on l’a vu
par le tableau de nos importations, est toujours
l’Espagne.
Avec l’Espagne et le Portugal, l’Italie et sur-
tout la Sicile sont des centres de production
considérable. Là, on comprend sous le nom
A'agrumi, les Oranges, Citrons, Mandarines,
Cédrats, Bergamotes, etc. La culture en est
répandue partout où l’on peut créer un système
d’irrigation, car l’eau est, après le soleil, le
principal facteur de cette culture productive où
l’on utilise à la fois les feuilles, la fleur et le
fruit.
Après les côtes de la Méditerranée, le pays
qui est appelé à produire le plus d’Oranges est
la Californie, dont le climat est des plus favo-
rables à cette culture.
Toute la partie méridionale de la Californie,
c’est-à-dire depuis le 32e jusqu’au 37e degré de
latitude, de San Diego à Monterey, où les étés
sont chauds et secs et où se trouve le comté de
Los Angeles, on a planté des vergers d’Orangers
partout. Riverside, centre de ces cultures, est
un paradis terrestre : le climat, le sol, l’abon-
dance des eaux, tout favorise la culture. La
figure 4 représente une orangerie à Los An-
geles.
19
POIRIERS A QUI L’ESPALIER EST NÉCESSAIRE.
Gomme partout, sauf cependant dans les en-
virons de Riverside, les Oranges sont attaquées
par une foule de parasites végétaux et animaux,
dont les ravages tiennent tantôt à une mauvaise
culture, tantôt à un mauvais sol, une taille dé-
fectueuse, etc. Le professeur Riley recommande
surtout l’emploi des huiles lourdes en dissolu-
tion, pulvérisées et projetées avec force sur les
Orangers. Dans les plantations, entre chaque
rang d’arbres, on fait passer une voiture con-
tenant l’insecticide; le conducteur, avec une
pompe foulante, projette avec force le liquide
que deux hommes, par une double conduite,
dirigent au-dessus et au-dessous de l’arbre. On
a recours aussi à un autre procédé qui consiste
à couvrir l’Oranger par une tente mobile, dans
laquelle on insuffle des gaz insecticides, comme
nous le faisons aujourd’hui dans nos serres
avec du jus de tabac vaporisé.
Quelques chiffres donneront une idée du dé-
veloppement de l’arboriculture sur le Pacifique.
L’exportation de Raisins secs de Californie s’est
élevée de 1 ,800,000 livres en 1881 , à 14 millions
de livres, en 1886. Le nombre des arbres à
fruits s’élevait alors à 9 millions. Les exporta-
tions d’Oranges seules ont été de ‘25,906,830 li-
vres, et les envois d’Abricots, Poires et Pêches
se sont élevés de 200,000 caisses en 1884, à
450,000 caisses, en 1886. Quant aux fruits de
conserve, en boîtes, il en a été expédié
29,697,250 livres.
Si le climat se prête à une production énorme,
n’oublions pas qu’il y a là cinquante millions
de consommateurs, sans compter ceux de l’o-
céan Pacifique. R y a donc un brillant avenir
pour l’arboriculture aux États-Unis; mais si la
Californie est l’Italie de l’Amérique, n’oublions
pas que la France est le jardin de l’Europe, et
que dans cette grande lutte pour la production,
la victoire devra rester au plus laborieux et au
plus instruit.
Ch. Joly.
POIRIERS A QUI L’ESPALIER EST NÉCESSAIRE
Redisons-le, répétons-le sans nous las-
ser, c’est trop tard de ne s’occuper d’une
plantation que lorsqu’est venu le moment
de la faire. C’est plusieurs mois auparavant
qu’il y faut songer.
Nous indiquons comme une bonne
époque, celle qui suit la moisson, après
l’août. Faire une plantation est chose assez
complexe : les raisons de s’y préparer à
l’avance sont nombreuses et connues; si
l’on pèche en s’attardant ce n’est pas par
ignorance.
Cette époque est arrivée ; et l’un de ces
soigneux, de ces vigilants qui aiment la
bonne besogne, faite à l’avance plutôt qu’en
retard, un jeune amateur chartrain, ardent
comme un nouvel adepte, nous ayant dit
qu’il projetait une plantation pour l’au-
tomne et qu’ayant ouï dire que certaines
variétés de Poiriers ne venaient bien qu’à
l’espalier, il désirait les connaître, nous lui
avons donné les noms de huit Poiriers aux-
quels l’espalier est tout à fait indispensable :
Doyenné blanc, D. gris, D. d'hiver,
Beurré gris, Saint-Germain, Crassane,
Beurré d’ Hardenpont, Bon Chrétien d'hi-
ver. Disons de ce dernier, à qui l’on doit
la meilleure des Poires à cuire, qu’outre
l’espalier, l’exposition du midi lui est né-
cessaire.
Toute personne qui possède quelqu’une
de ces variétés, autrement qu’en espalier,
doit se hâter de l’arracher ou de la re-
greffer.
On peut noter que les huit variétés ci-
dessus nommées sont toutes anciennes. Les
deux qui le sont moins, le Doyenné d'hi-
ver et le Beurré d' Hardenpont, sont cités
dans les livres de la fin du siècle dernier,
ce qui ne fait pas connaître la date de la
mise en terre du pépin. Les . semeurs d’au-
jourd’hui se plaisent, au contraire, à nous
donner cette date ; ils peuvent même y
ajouter quelquefois, grâce à la fécondation
artificielle, le nom du père ou de la mère
qui ont produit le gain.
c( Nous admettons, on le sait, le vieillis-
sement des variétés », dit M. Paul de Mor-
tillet dans son livre : Les meilleurs fruits ;
et, poursuivant la même idée, il a formé,
dans son catalogue général, une série par-
ticulière qu’il désigne ainsi : « Série de va-
riétés anciennes, généralement en voie de
décadence, mais donnant encore d’excellents
fruits dans des conditions exceptionnelles ».
A ceci, nous ajoutons que, parmi ces con-
ditions, il en est une, la plus favorable de
toutes : c’est l’espalier.
Dans leur toute jeunesse, quelques-unes
de ces variétés donnent, pendant plusieurs
années, de beaux fruits ailleurs qu’en espa-
lier, mais bientôt se montrent les taches
noires de la tavelure, mal qui se perpétue
et sans remède jusqu’ici.
Six des huit variétés ci-dessus font partie
de ladite série ; mais on n’y voit ni le
Doyenné d'hiver, ni le Beurré d' Harden-
pont, deux variétés tout à fait dignes d’y
avoir leur place, sous notre climat, du
moins. J. Courtois.
20
BEGONIA LESOUDSII.
BEGONIA LESOUDSII
Parmi les nouvelles formes que l’ancien
Bégonia Rex a révélées, depuis qu’on l’a
croisé avec d’autres espèces ou variétés cul-
tivées, il n’en est aucune qui présente un
plus curieux aspect que la race issue de
cette espèce fécondée par le B. Diadema.
La gravure ci -jointe (fig. 5) montre une
de ces obtentions récentes, que M. Bruant
met au commerce sous le nom de B .
Lesoudsii.
La grandeur des feuilles, la solidité de
leur texture, leur vigueur, lui constituent
des qualités de premier ordre.
C’est par la « lobation » du limbe que la
plante se distingue du B. Rex ; elle a em-
prunté cette disposition au B. Diadema. La
couleur du fond est une nuance généra-
lement verte et bronzée, avec des bords
pourprés et de larges macules blanches for-
mant des zones auprès desquelles Se dé-
tachent des ponctuations et des marques
rondes argentées et velues. Ces beaux
limbes, bien étalés ou légèrement défléchis,
sont supportés par de vigoureux pétioles
d’un brun pourpre, écailleux et poileux.
Le B. Lesoudsii n’est pas isolé. D’autres
semis se sont montrés depuis sur divers
points de la France et peut-être de l’étran-
ger. Nous avons admiré, notamment, toute
une collection envoyée à l’Exposition de
Paris en mai dernier, par M. Schmitt, de
Lyon. Ces belles plantes seront l’objet d’une
étude spéciale dans la Revue horticole.
Ed. André.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE. — LILAS LUCIE BALTET.
21
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1887
Comité de culture potagère.
M. Charles Horat, jardinier chez M. Émile
Laveissière, au château de la Folie, à Draveil
(Seine-et-Oise), avait présenté une assiette de
gousses et des pieds de Haricot jaune de Cha-
landray , variété naine très-productive, n’attei-
gnant pas plus de 30 à 40 centimètres de hau-
teur; c’est la meilleure variété de Haricot
Flageolet à parchemin pour forcer pendant
les jours si courts de l’hiver, à utiliser très-
jeune.
Comité de floriculture.
MM. Thibaut et Keteleer avaient envoyé un
pied de Ruellia macrantha , très-jolie Acan-
thacée, dont la Revue a parlé plusieurs fois ;
cette plante était ornée de grandes fleurs rose
amarante tendre. C’est une belle espèce à cul-
tiver en serre tempérée. Elle est un peu dé-
laissée, parce qu’on prétend qu’elle fleurit
difficilement, ce qui n’est pas quand on la cul-
tive avec soin.
Mme Block, de Schaerbeck, près Bruxelles,
avait envoyé un Cattleya Loddigesii importé
par elle du Brésil en 1886. Les fleurs, assez
grandes, d’un beau blanc, prennent en vieil-
lissant un ton lilacé. C’est une espèce ancienne
qu’il est toujours intéressant de rencontrer en
bon état de floraison.
Comité d’arboriculture.
M. Hédiard exposait des Coings de Chine,
gros fruits du Cydonia sinensis , et divers
Cédrats d’Algérie en beaux exemplaires.
M. Lerosier, jardinier chez M. Villard, à Paris,
avait envoyé un rameau chargé de douze à
quinze fruits de l’Oranger à feuilles de Myrte,
dont les petites Oranges, connues sous le nom
de Chinois , sont employées dans la confiserie.
Des Kakis, et deux fruits d 'Arauja albens
Asclépiadée, grimpante à fleurs blanches exha-
lant une odeur très -suave, attiraient encore
l’attention.
M. Venteclaye, d’Argenteuil, exposait une
corbeille de Poires Passe-Crassane.
Ces fruits, d’une maturité anticipée, étaient
admirablement colorés.
Ch. Thays.
P. -S. — A la séance du 22 décembre, la
Société nationale d’horticulture de France a
procédé aux élections nécessaires pour com-
pléter son bureau et son conseil pour l’année
1888. On trouvera dans la Chronique du pré-
sent numéro le résultat de ces élections.
LILAS LUCIE BALTET
Cette variété, obtenue par MM. Baltet
frères, de Troyes, vient combler uneHacune
dans la série chromique des Lilas. En
effet, on y trouvait depuis le blanc pur jus-
qu’au rouge pourpre et rouge violet, en pas-
sant par toutes les nuances intermédiaires,
excepté celle de ce nouveau Lilas qui est
beau rose tendre et nacré avec des boutons
carminés. Comme, d’autre part, les nuances
varient considérablement, suivant l’état plus
ou moins avancé de la floraison, il en ré-
sulte une série de contrastes qui conservent
cependant un aspect général rosé. C’est une
variété très-méritante, que nous n’hésitons
pas à recommander.
L’arbuste, d’une vigueur moyenne, est
excessivement floribond ; sa tenue est bonne
et son feuillage très-abondant, courtement
pédonculé, est d’un vert un peu blond.
Grappe dressée, largement et gracieusement
pyramidale, arrondie au sommet, bien four-
nie sans pour cela être compacte, courte-
ment ramifiée, à ramifications bien garnies.
Fleurs très - rapprochées, ordinairement
réunies par petits groupes, plus rarement
solitaires, assez longuement et finement
tubulées, d’un beau rose carminé qui s’ac-
centue un peu avec la floraison, à 4 divi-
sions bien étalées, courtement arrondies,
obovales. Odeur fine et agréable sans être
trop forte.
La bonne tenue et surtout la floribondité
de cette variété la recommandent tout par-
ticulièrement pour les parterres. Traitée
ainsi qu’on le fait des Lilas Varin et Sau-
get, on pourrait la planter çà et là sur
les plates-bandes, qu’elle ornerait parfaite-
ment ; on pourrait également la cultiver en
pots et alors la faire concourir à l’ornemen-
tation des appartements. E. -A. Carrière.
22
LE HENNÉ.
LE HENNÉ <•>
La Lawsonie ou Henné appartient à la
famille des Salicariées ; elle est connue des
peuples de l’Asie et de l’Afrique depuis les
temps les plus reculés, comme plante tinc-
toriale. Cet arbrisseau est le Hacopher des
Hébreux, le Cypros des anciens Syriens, le
Kinna des Grecs modernes. En sanscrit,
on le nomme Lakachera, et en persan
Panna. Les Arabes le désignent sous le
nom de Hennech ou Alkenna, et les Égyp-
tiens, sous celui de Hennalis. De nos jours,
les Indiens le connaissent sous les noms de
Mehdi, Garanta et Avivanam. Il est ré-
pandu en Asie, en Égypte, dans les pro-
vinces de Charhyeh et Kélgaud, en Algérie,
en Chine, dans le Maroc, la Nubie, la
Guinée et dans les Indes orientales.
Les botanistes ont appelé la Lawsonie
Lawsonia inermis, L. alba et L. spi-
nosa, parce que ses rameaux présen-
tent, parfois, des épines. Cet arbrisseau
est glabre et à rameaux inermes, bien
qu’ils deviennent quelquefois épineux en
vieillissant; ses feuilles, d’un vert sombre,
sessiles et à pétioles courts, sont opposées,
ovales, lancéolées et entières ; ses fleurs sont
petites, blanches et jaunes, et disposées en
grappes terminales; elles sont portées par
des tiges rougeâtres ; ses fruits sont à
quatre loges contenant des graines angu-
leuses.
Les fleurs de cet arbuste dégagent une
odeur suave et pénétrante qui plaît beau-
coup aux Égyptiennes. A Luknow, dans
l’Inde, et à Tunis, on en extrait une huile
essentielle très-parfumée.
Le Henné demande un sol léger et pro-
fond, car il a des racines très-fortes et très-
longues. Il ne végète bien que lorsqu’on le
cultive sur un terrain substantiel ou abon-
damment fumé. On le propage par boutures
ou par semences.
Les semis se font, dans les Indes orien-
tales, pendant les mois de juin et juillet;
en Algérie et dans le Maroc, on les exécute
vers la fin de l’hiver. On fait tremper les
graines avant de les confier à la terre. C’est
lorsqu’elles commencent à germer qu’on y
mêle du sable fin et qu’on les répand un
peu dru, à la volée, ou, ce qui vaut mieux,
dans les rayons, distants les uns des autres
de 20 à 30 centimètres.
(1) Journ. d’Agric. pratiq ,, 1887, II, p. Cl.
En Algérie, on sème souvent le Henné sur
des carrés de terre arrosables que l’on couvre
ensuite A Alfa. On arrose tous les deux ou
trois jours, jusqu’à l’apparition de la troi-
sième ou quatrième feuille. Après cette
époque, on irrigue le terrain une fois par
semaine, pendant la première année, et
tous les quinze jours pendant la seconde.
Pendant la végétation du Henné, on exé-
cute les binages ou les sarclages nécessaires
afin de maintenir le terrain propre et
meuble. Il fleurit en Égypte au mois de
mai. Ses fleurs sont appelées Thamra.
La première année, on effeuille ou on
fauche les tiges pendant le mois de sep-
tembre; les pousses herbacées ont alors
30 centimètres en moyenne de hauteur.
Pendant les années suivantes, on coupe les
tiges deux ou trois fois; les deux premières
pousses ont chacune 50 centimètres de lon-
gueur, la hauteur n’excède pas, ordinaire-
ment, 20 centimètres. Ces diverses produc-
tions sont séchées au soleil aussitôt qu’elles
ont été récoltées. Elles conservent leur pou-
voir tinctorial pendant dix-huit à vingt-
quatre mois. D’après M. Chevreul, les
feuilles du Henné renferment trois prin-
cipes colorants ; l’un qui est jaune, l’autre
rouge et le dernier brun. « La couleur
du Henné, dit-il, fixée sur la laine, ex-
posée à la lumière, comparativement avec
la couleur de la Gaude et de la Garance cor-
respondante se soutient assez bien le pre-
mier mois, mais après trois mois d’exposi-
tion, la couleur du Henné est notablement
inférieure à l’autre.
Sur divers points du Maroc, on se borne
à récolter, deux ou trois fois par an, les
feuilles qui se développent sur les rameaux
qui ombragent le sol.
Les feuilles de la Lawsonie réduites en
poudre fine constituent le Henné qui, dé-
layé dans l’eau ou du jus de Citron, sous
forme de pâte ayant un peu de consistance,
sert aux Musulmanes, aux Israélites, aux
Égyptiennes et aux Brahamines, depuis le
Maroc jusque dans l’Inde, pour se teindre
les lèvres, les doigts, les ongles, la paume
des mains, la plante des pieds, les cheveux
et les sourcils en rouge-brun orangé. Cette
pâte est appliquée pendant cinq ou six
heures sur la partie du corps qu’on veut
teindre. La coloration ainsi obtenue persiste
sur la peau pendant plusieurs mois ; mais
ODONTOGLOSSUM CORON ARIUM.
CORRESPONDANCE.
23
appliquée aux ongles, elle ne disparaît
qu’avec ceux-ci. Le Henné donne aux yeux
des femmes de l’Afrique le regard des
houris des contrées asiatiques.
Les Arabes et les Persans utilisent aussi
le Henné pour teindre le cuir et la laine en
jaune orangé. Les chefs des villages au Sé-
négal l’emploient pour colorer la crinière et
la queue de leurs chevaux. Le cheval blanc
de parade du shah de Perse a les jambes,
le ventre et le bout de la queue teints avec
le Henné. Avec la couperose, cette poudre
verdâtre forme une couleur noire qui est
très-solide.
Le Henné est souvent employé, par les
peuples de l’Asie, comme médicament dans
les blessures, contusions, abcès, etc. Au
Malabar, on l’emploie contre les affections
de la peau. En Asie, on lui attribue une
vertu aphrodisiaque.
En Égypte, le Henné joue un rôle
important dans les cérémonies du ma-
riage.
La poudre de Henné se vend 2 à
4 tr. le kilogramme; elle donne lieu à
un commerce important dans les contrées
orientales.
Gustave Heuzé.
ODONTOGLOSSUM CORONARIUM
Cette espèce, rare dans les cultures, où
elle est même peu connue et que nous avons
vue récemment en fleurs, présente les ca-
ractères suivants :
Pseudo-bulbes plats, ovales, courtement ar-
rondis et comme tronqués. Feuilles largement
ovales, relativement grandes, épaisses, coriaces,
comme chagrinées et ridées, d’un vert gris,
rappelant par la forme celles de certains Cat-
tleya. Pétiole longuement engainant, d’une
consistance de cuir comme le limbe. Hampe
robuste, dressée, raide, nue, glabre, roux
marbré. Inflorescence dressée, courtement
compacte. Pédoncule ovarien gros, étalé, d’en-
viron 5 à 8 centimètres de longueur. Fleurs assez
grandes, largement étalées, régulières, à 5 di-
visions, de couleur roux foncé fauve, dont 2 di-
visions ont le centre et la base d’un jaune clair
sur lequel se montrent des stries d’un roux
fauve; à divisions pétaloïdes, obovales, fine-
ment et courtement érodées sur les bords.
Colonne charnue, en capuchon brunâtre. La-
belle étalé, petit, finement pédiculé, d’un
beau jaune clair.
L 'Odontoglossum coronarium est non
seulement rare, il est beau et surtout sin-
gulier par son aspect et sa végétation, qui,
à part ses pseudobulbes, le rapprochent de
certaines espèces robustes de Catleya. Nous
avons même remarqué, sur un pied, un
bourgeon stérile aplati, ensiforme, relati-
vement long, dont les feuilles distiques
étaient imbriquées de chaque côté par le
pétiole, qui, du reste, formait la plus grande
partie de la feuille. Dans ce cas particulier,
des racines aériennes sortaient de chaque
côté entre les feuilles distiques du rameau
plat, ce qui semblait indiquer que cette
plante est épiphyte.
Cette espèce, originaire de la Nouvelle-
Grenade où elle fut découverte en 1847 par
Funck et Schlim, dans l’Etat de Santander,
doit être cultivée en serre chaude humide,
dans du sphagnum pur ou additionné de
tessons de briques ou de monceaux de
charbon qui favorisent l’aération et s’op-
posent à un excès constant d’humidité. Elle
fleurit très-rarement et nous ne l’avons en-
core vue épanouir ses inflorescences que
dans quelques collections de choix.
E.-A. Carrière.
CORRESPONDANCE
N° 2307 {Gironde). — On se sert de fumier
de cheval ou de mulet pour établir les couches
à Champignons et on les arrose de temps en
temps. Il est évident que la production des
Champignons les affaiblit plus ou moins et que
le terreau de ces couches, dans l’état de dé-
composition où il est, doit avoir dans la culture
un effet prompt et de peu de durée ; ce terreau
convient surtout aux cultures potagères.
N° i 809 (Dordogne).— Le Brome de Schra-
der est un fourrage assez grossier, autour !
duquel on a fait beaucoup de bruit et qui a
donné plus de mauvais résultats que de bons.
Il n’est pas difficile sur les terrains. Il est pru-
dent de n’en faire l’essai qu’en petit ; la graine
coûte assez cher ; il en faut 50 kilogr. par
hectare.
No 4215 ( Indre j. — 1° Les moyens de des-
truction des vers blancs ne manquent pas.
Vous les éloignerez en répandant dans le jar-
] din de la tannée, de la suie, de la tourbe, du
I purin, de la vidange. Vous les détruirez, en
24
CORRESPONDANCE.
février-mars, par des injections de sulfure de
carbone à raison de 8 à 10 grammes par mètre
carré. Vous les attirerez, si vous fumez avec
des fumiers frais, aussi en jetant de place en
place dans des trous quelques pelletées de ce
fumier frais qu’on recouvre d’un peu de terre
et qu’on piétine ; on peut être assuré de trouver
là plus tard quantité de vers blancs. Les arro-
sages à l’eau phéniquée (1 gr. d’acide phénique
par litre d’eau) sont encore très-efficaces. Les
fumures avec des tourteaux sont aussi recom-
mandées.
2° Les courtilières ne résistent pas plus que
les vers blancs à l’action du sulfure de car-
bone, des engrais à odeur forte; elles aiment
aussi la chaleur et si, cet hiver, vous formiez
quelques petits tas de fumier de cheval dans le
jardin, vous y trouverez ces insectes rassemblés
au moment des froids.
Autre procédé : Mettre/ dans un arrosoir
d’eau un demi-verre à boire de pétrole, et,
avec le goulot de l’arrosoir, verser cette eau
dans les galeries que l’on peut découvrir.
No 3176 (Calvados), M. de C. (Ille-et-Vi-
laine) et à plusieurs autres abonnés. — Nous
regrettons de ne pouvoir vous dire encore où
vous pourriez trouver des greffes et des sujets
du Prunier Kelsey, dont la Revue horticole a
vanté les qualités et la prodigieuse fertilité sur
la foi des horticulteurs américains, mais cette
variété vient à peine d’arriver en Europe, et
nos horticulteurs l’ont déjà dans leurs collec-
tions. Il est très-probable qu’à l’automne elle
sera en vente dans plusieurs établissements.
N° 3572 (Marne). — La prohibition en Al-
gérie des plantes vivantes est absolue, pour
cause de phylloxéra toujours. Quelques greffes
envoyées par la poste dans du papier gommé
arriveraient très-bien et pourraient être gref-
fées avec succès sur de jeunes Pruniers Saint-
Julien ou autres, mais nous ne pouvons vous
donner le conseil de tenter une infraction à la
loi, quelle que soit l’inutilité des mesures édic-
tées, et bien que quelques greffons ne puissent
en aucune façon servir de véhicule au phyl-
loxéra. Il ne reste donc que l’envoi des graines
(noyaux), qui est autorisé, mais il ne faut pas
compter sur une reproduction exacte de la
variété par le semis. Lisez, d’ailleurs, la pré-
cédente correspondance en ce qui concerne la
Prune Kelsey.
N° 5352 (Belgique). — Nous ne pouvons en-
trer en aucune façon dans les discussions com-
merciales, ni agir auprès de la maison dont vous
nous parlez. C’est une raison sociale honora-
blement connue dans le commerce des graines
parisiennes; nous ne doutons pas que le mé-
compte dont vous nous entretenez ne pro-
vienne d’un malentendu que vous réussirez pro-
bablement à faire cesser. Écrivez à nouveau.
Pour la Prune Kelsey, nous vous renvoyons
à la correspondance qui précède.
Le moyen que vous indiquez pour la pro-
duction des variétés striées est empirique,
néanmoins nous vous conseillons d’essayer di-
verses combinaisons et vous obtiendrez peut-
être de bons résultats. Essayez, essayez sans
cesse (try try and try again) ; c’est la devise
anglaise, et c’est la bonne.
N° 3098 (Ardennes). — Votre Bégonia n’est
pas le B. castaneæ folia, type, mais une variété
qui se rencontre assez fréquemment dans les
cultures, et qui dérive de cette espèce.
Votre Dendrobium est le Dendrobium chry-
sotoxum , espèce originaire du Moulmein.
Si vos graines de Cattleya superba mû-
rissent bien dans leur gousse côtelée, atten-
dez le moment de la déhiscence, quand les
cloisons s’ouvriront et qu’il en tombera une
poussière très-abondante. Recueillez cette
poussière avec soin (ce sont les graines minus-
cules) et semez sur des sphagnum vivants et
tenu toujours frais dans la serre même où
cette plante a fleuri. Il vous faudra attendre
des années avant de voir les produits adultes,
si tant est que vos graines germent, ce qui n’ar-
rive pas toujours. Voyez, d’ailleurs, la mé-
moire de M. H. Veitch sur ce sujet, dont la
Revue horticole a donné une traduction avec
figures noires.
N°333I (Haute-Garonne). — Pour le compte-
rendu du Congrès horticole de 1887, adressez-
vous à la Société nationale d'horticulture de
France , 84, rue de Grenelle, à Paris. — Pour
la Société pomologique de France, adressez-
vous à M. Cusin, au palais des Arts, à Lyon.
N° 5362 (Espagne). — Il nous est impos-
sible de faire ce que vous demandez. La Revue
est un journal horticole et ne pourrait sans
sortir de son rôle publier une revue commer-
ciale et un prix-courant des denrées agricoles.
lmp. Qoorgea Jacob, — Orléans.
L’Adminù trate ur- Gérant : L. Bourguignon.
CHRONIQUE HORTICOLE.
25
CHRONIQUE HORTICOLE
Distinctions accordées à l’horticulture. — L’hiver en 1888. — Élection à la Société nationale d’ Agriculture
de France. — Production des vins et des cidres en 1887. — Vignes américaines pour les terrains
calcaires et marneux. — Échenillage. — Chenille bagueuse. — Préservation des Rosiers contre le
froid. — Un pied de Vigne remarquable. — Destruction du Mouron des oiseaux. — Les Tomates
lisses. — Laboratoire de pomologie. — L’Italie et la Convention de Berne. — Les graines et plantes
vivantes offertes par le Muséum d’histoire naturelle en 1888. — Emploi du Pitch-Pin dans le matériel
horticole. — Création en Belgique d’une société orchidophile. — Hommage à la mémoire de François
Lacharme. — Les acquisitions récentes du Muséum d’histoire naturelle. — Cours de botanique de
M. Van Tieghem. — Manuel de l’Acclimateur. — Exposition spéciale de Roses, à Anvers. — Nécrologie :
M. F. Chevalier.
Distinctions accordées à l’horticul-
ture. — Parmi les nominations faites à
l’occasion du 1er janvier, nous relevons
celles qui intéressent l’horticulture.
Par décret du 31 décembre, rendu sur la
proposition du Ministre de l’Agriculture, a
été nommé au grade de chevalier de la Lé-
gion-d’Honneur :
M. Baltet (Charles), horticulteur à Troyes.
Lauréat des plus hautes récompenses dans
les expositions universelles qui ont eu lieu
depuis 1867, tant en France qu’à l’étranger.
Auteur d’ouvrages classiques sur la greffe et
l’arboriculture.
Par arrêtés en date des 30 et 31 dé-
cembre, le Ministre de l’Agriculture a con-
féré la décoration du Mérite agricole à
trente-sept personnes, parmi lesquelles
nous devons mentionner :
MM.
Verlot (Jean-Baptiste), jardinier en chef en re-
traite de la ville, à Grenoble (Isère) ; cin-
quante-un ans de services.
Jeanninel (Christophe-Édouard), conseiller mu-
nicipal à Langres (Haute-Marne). Fondateur
de plusieurs pépinières et d’une école frui-
tière qui donnent les meilleurs résultats. A
obtenu de nombreuses récompenses dans les
concours régionaux.
Dahmen ben Ali, à Blidah (Algérie). A donné
un grand développement à l’arboriculture
fruitière dans le département.
A été nommé officier d’ Académie :
M. Loury, surveillant des serres au Muséum
d’histoire naturelle.
Parmi les trop rares distinctions accor-
dées, cette année, comme étrennes à l’hor-
ticulture, il en est une qui a droit à nos
sympathies particulières. C’est celle de
M. Charles Baltet, l’un des plus anciens et
des meilleurs collaborateurs de la Revue ,
et dont tous nos lecteurs connaissent les
nombreuses et toujours intéressantes publi-
cations horticoles.
L’hiver en 1888. — Le véritable hiver^
c’est-à-dire l’hiver froid, a commencé vers
le 26 décembre 1887, et a atteint son
maximum le 1er janvier 1888, où, suivant
les localités, le thermomètre a varié de 9 à
15 degrés au-dessous de zéro. Toutefois,
cela n’a pas duré, et, dès le lendemain, la
température était seulement à quelques de-
grés (2 à 5) au-dessous. Depuis, elle s’est
maintenue relativement douce.
Voici, relativement au froid de ce même
hiver, ce que nous écrit de Lisbonne notre
collaborateur, M. Daveau :
Nous avons déjà eu des froids très-sérieux
pour ce pays : — 2° 5 au thermomètre placé à
l’air, à lm 70 de hauteur, et — 8° la même
nuit, au thermomètre placé dans le gazon, ce
qui constitue un écart de 5° 5 entre les deux.
Les Agératum ont eu leurs pointes gelées :
c’est la première fois que j’observe ce fait à
Lisbonne.
A ce propos j’ai, avec succès, employé un
moyen de préservation contre les effets de la
gelée blanche (il serait plus exact de dire
contre les effets du soleil après une gelée
blanche). Ce moyen, scientifique, du reste, est
basé sur ce fait bien connu que, lorsque la
gelée blanche se fond graduellement, avant
que le soleil se montre, beaucoup de plantes
ne souffrent aucunement de ce phénomène.
Or, à Lisbonne, le soleil est très-chaud, même
à son lever, de sorte que beaucoup de plantes
qu’il a frappées, sont cuites par ce soleil sur-
venant après la gelée. Ainsi, l’an passé, avec
2 degrés seulement au thermomètre aérien,
mes Kentias furent grillés et n’ont montré,
toute la campagne dernière, que des feuilles
loqueteuses, d’un aspect désagréable. Cette
année je ne voulus pas les couvrir, mais
chaque matin, lorsqu’il a gelé, je fais bassiner
les plantes, qui, alors, n’éprouvent aucun mal.
J’ai fait de même pour beaucoup d’autres
espèces qui avaient souffert, l’an passé, par un
froid moindre et qui, jusqu’à présent, n’ont
nullement souffert. Il va de soi que l’on doit
employer de l’eau prise à l’air libre, dût-on
casser la glace pour la puiser, car, sans être
chaude, cette eau, qui est à une température
2
16 Janvier 1888.
26
CHRONIQUE HORTICOLE.
supérieure à celle de la gelée blanche, fait
fondre immédiatement celle-ci, cela sans dé-
sorganiser les tissus des plantes,
Cette pratique est déjà connue, mais elle
n’est guère en usage, malgré les nombreux
services qu’elle pourrait rendre dans une
foule de circonstances ; notre collaborateur,
M. Daveau, a eu raison de rappeler sur elle
l’attention des horticulteurs.
Élection à la Société nationale d’Agri-
culture de France. — Dans sa séance
du 28 décembre 1887, la Société nationale
d’agriculture a élu vice-président M. P. Du-
chartre, membre de l’Institut, secrétaire-
rédacteur de la Société nationale d’horti-
culture de France. M. Chevreul étant
président cette année, la présidence sera
dévolue de droit l’année prochaine à M. Du-
chartre.
Production des vins et des cidres
en 1887. — Le Bulletin de statistique et
de législation comparée , publié par le
ministère des finances, contient, dans sa
livraison de décembre qui vient de paraître,
les tableaux de la production des vins et des
cidres en 1887.
La récolte des vins est évaluée à 24 mil-
lions 333,284 hectolitres. Elle est inférieure
de 730,000 hectolitres à la récolte précé-
dente et de 10,664,000 hectolitres à la
moyenne des dix dernières années.
La récolte des cidres a été de 13,436,667
hectolitres en 1887, au lieu de 8,300,000
hectolitres en 1886. Elle se rapproche beau-
coup de la moyenne des dix dernières
années, qui est de 14,746,000 hectolitres.
Vignes américaines pour les terrains
calcaires et marneux. — M. P. Viala,
professeur à l’École nationale de Montpel-
lier, a, on le sait, été chargé au printemps
de 1887, par le Ministre de l’agriculture,
d’une mission spéciale dans l’Amérique du
Nord, dans le but de rechercher, dans leur
pays natal, les cépages réussissant dans les
terrains calcaires et marneux. Les essais de
plantation de Vignes américaines en France,
dans des terrains de semblable nature, ont
régulièrement échoué, et on conçoit quelle
importance il y aurait à reconnaître les
espèces pouvant s’en accommoder.
M. Viala, tout récemment rentré en
France, vient de publier son rapport (1),
dont voici les points principaux :
(1) Journal officiel , 21 décembre 1887.
Dans les calcaires crétacés du Texas se
développent trois formes de Vignes. Ce
sont : les Vitis Berlandieri , V. cinerea ,
V. cordifolia. Ces trois Vignes, très-résis-
tantes au phylloxéra, portent bien la greffe
dans les terrains pierreux. Elles présentent
l’inconvénient de reprendre difficilement de
bouture lorsqu’on les fait par les procédés
ordinaires ; on doit les multiplier par le bou-
turage à un œil, qui est très-usité en
Amérique.
Voici la conclusion du rapport de M. Viala :
En résumé, pour les terrains calcaires et
marneux, les Vitis Berlandieri, cinerea et cor-
difolia sont les porte-greffes qui offrent le plus
de chances de réussite. Ces conclusions sont
basées uniquement sur l’observation des mi-
lieux dans lesquels croissent ces Vignes aux
États-Unis. Il se pourrait donc que les faits
que je signale ne soient pas de même nature
lorsqu’on les multipliera en France, ce que je
ne pense pas. Il se peut aussi que, vu l’élasti-
cité que présentent parfois certaines espèces,
au point de vue de l’adaptation au sol, d’autres
formes, telles que les V. novo-mexicana , cor-
difolia - rupestris , Hybride - Champins , etc. ,
aient quelque valeur dans les terrains crétacés,
ce que je ne crois pas non plus...
Les très-intéressantes recherches de
M. Viala auront pour principal résultat
d’indiquer les formes américaines sur les-
quelles doivent être poursuivis les essais de
culture dans les terrains calcaires et mar-
neux, et de faire connaître le procédé de
multiplication qui leur convient le mieux.
Échenillage. — De même que les années
précédentes, la Préfecture de police, dans
une ordonnance spéciale, vient de rappeler
aux habitants qu’ils doivent enlever avec
soin tous les nids de chenilles qui se trouvent
sur leurs arbres, non seulement dans les
jardins, mais sur les arbres ou arbrisseaux
qui les avoisinent. Nous ne saurions trop re-
commander aux propriétaires, locataires, etc.,
de ne pas attendre le délai de rigueur in-
diqué pour faire cette opération. Il vaut
mieux agir dès maintenant, de manière à ne
pas être pris au dépourvu. A ce sujet, nous
rappelons qu’il ne suffit pas de couper les
nids, mais qu’il faut les ramasser avec soin
et les brûler, car, laissés sur le sol, l’humi-
dité combinée avec la chaleur suffît, pour
faire éclore les œufs qu’un froid, quelque
intense soit-il, ne fait jamais périr.
Chenille bagueuse. — Contrairement à
beaucoup d’autres espèces, cette chenille
ne fait pas de nids pour abriter sa progéni-
CHRONIQUE HORTICOLE.
ture, de sorte qu’on ne l’aperçoit que lors-
qu’elle éclot, au printemps, alors que les
bourgeons se développent. Dès la fin de
l’été elle disparaît après qu’elle a pondu ses
œufs, qui sont en grand nombre, forte-
ment agglutinés sur les branches qu’elles
entourent, formant ainsi des sortes d’an-
neaux ou de bagues, d’où le nom de che-
nille bagueuse. Scientifiquement, c’est le
Bombix neustria, L. Mais ce n’est pas
à ce point de vue que nous parlons de la
chenille bagueuse. Notre but, ici, est de la
signaler aux tailleurs d’arbres qui, pendant
la saison d’hiver, étant toujours autour de
ceux-ci, sont à même de voir les bagues.
Pour enlever celles-ci, il n’est pas nécessaire
de couper les branches, il suffit de les
fendre sur l’un des côtés et de les détacher
soit avec un couteau, la lame d’un greffoir
ou d’une serpette.
Une observation importante à faire rela-
tivement à ces bagues d’œufs, c’est qu’il ne
faut pas les jeter ou se contenter de mettre
le pied dessus pour tenter de les écraser,
car ces œufs, d’une dureté extrême, sont
presque « inécrasables » . Ils ont aussi cette
autre propriété de supporter les tempéra-
tures extrêmes les plus diverses, soit de
froid, soit de chaud, ainsi que l’humidité
et la sécheresse les plus grandes. Le
seul moyen de les détruire est l’incinéra-
tion.
Préservation des Rosiers contre le
froid. — Certaines séries de Rosiers, les
Thés , les lie Bourbon, etc., ne peuvent sup-
porter un froid intense. Pour les proté-
ger l’hiver, on les enveloppe souvent avec
de la paille, mais ce procédé est insuf-
fisant ; quelquefois aussi, on recourbe vers
le sol l’Églantier sur lequel le Rosier est
greffé, et on enfouit, à l’automne, la tête
dans une tranchée ouverte à cet effet. Ce
moyen présente un inconvénient : la tor-
sion que l’on fait subir à la tige du Rosier
distend et meurtrit les tissus ligneux et
fatigue considérablement la plante.
Le Jardinier Suisse relate ainsi qu’il
suit un système de protection qui, parait-
il, a fait ses preuves :
Après avoir débarrassé les Rosiers d’une
partie de leurs grands rameaux, en les taillant
à 25 ou 30 centimètres de la greffe, on enve-
loppe cette greffe et le bas des rameaux avec du
coton et des étoupes qui, préalablement, ont
été enroulés en forme de corde grossière, et
enduits de mastic à greffer. Il va sans dire que
l’on nè doit pas laisser d’intervalles entre les
27
spirales de cette garniture, qui garantit les ra-
meaux contre les froids intenses.
C’est là une précaution assez facile à
prendre, et nous la recommandons à nos
lecteurs.
Un pied de Vigne remarquable. —
Notre correspondant, M. Guilhot, nous
écrit de Tullins (Isère), une lettre intéres-
sante, d’où nous extrayons ce qui suit :
A quelques kilomètres d’ici, sur la rive
gauche de l’Isère, après avoir traversé le pont
de Saint-Quentin-d’Isère, se trouve, dans le
jardin de M. Guillet, un pied de Vigne Isabelle ,
planté depuis vingt-cinq à vingt-sept ans ; ses
rameaux, étendus sur des lattes horizontales,
couvrent une surface de 200 mètres carrés ; la
circonférence de son tronc est de 51 centi-
mètres sur 2m40 de longueur. En 1887, sa
production a été de 452 litres de vin ! Ce vin
n’est que rose, mais d’un bon goût, un peu
acidulé et d’un piquant agréable ; si la qualité
peut laisser à désirer, il n’en est pas ainsi de
la quantité.
Avec les nouvelles variétés qu’on commence
à planter ici, nul doute qu’on n’obtienne de
bons résultats.
Le Senasqua ira bien pour la plaine, je
crois, et, pour les coteaux, les plants greffés
permettront de réparer les dégâts du phylloxéra,
en conservant les qualités de vin que l’on
préfère.
Ce sont là des paroles rassurantes pour
l’avenir de la viticulture française; on est
toujours heureux de les enregistrer.
Destruction du Mouron des oiseaux.
— Cette plante, dans les terrains gras, lé-
gers et humeux comme le sont généra-
lement ceux où l’on cultive les légumes,
pousse en quantité telle qu’elle les envahit
très-promptement. Elle se montre surtout
là où l’on fume avec des immondices pro-
venant des balayures des rues et qui cons-
titue la gadoue. Aussi, dans les envi-
rons de Paris, où cet engrais est à peu près
général et même le seul usité, cette plante
est-elle un véritable fléau. Voici un moyen
très-prompt pour se débarrasser du Mou-
ron qui a poussé à l’automne, saison
où cette plante se développe avec une vi-
gueur vraiment inouïe. C’est, par une gelée
assez forte et sèche, de balayer fortement
le sol envahi. C’est le moyen employé aux
environs de Paris et qui est aussi infaillible
que prompt.
Rien que la plante soit à peu près partout
connue sous le nom de « Mouron », non
seulement elle n’appartient pas à fcè gêtire,
28
CHRONIQUE HORTICOLE.
mais elle est même d’une autre famille.
C’est le Stellaria media, Willd., ou Alsine
media, Linné, de la famille des Caryophyl-
lées. Le véritable Mouron, au contraire,
appartient au genre Anagallis et fait partie
de la famille des Primulacées.
Les Tomates lisses. — On commence
à faire à ces Tomates, que l’on a recher-
chées avec tant d’empressement, un re-
proche sérieux s’il était réellement fondé,
ce que nous n’avons pas encore vérifié.
Ce reproche, d’autant plus grave qu’il est
formulé par les ménagères, qui, en la
circonstance, sont assurément très-com-
pétentes, est que les sauces faites avec les
Tomates lisses sont beaucoup plus aqueuses,
plus claires , et qu’elles ont moins de
goût que les mêmes sauces faites avec des
Tomates côtelées. Il ne faut pas cependant
se prononcer trop vite, et- il convient d’at-
tendre les résultats d’une plus longue ex-
périence.
Le Laboratoire de pomologie. — L’im-
portante question de l’accroissement, en
France, des plantations d’arbres fruitiers à
cidre, est de tous côtés à l’ordre du jour.
Dans cette utile entreprise, le choix des
variétés à employer doit avant tout préoc-
cuper les planteurs, car la quantité et la
qualité du cidre à obtenir en dépendent.
Dans chaque région, des fruits locaux
existent, mais souvent les bases manquent
qui permettraient de comparer ces variétés
avec d’autres, souvent préférables.
Afin de remédier à cet état de choses et
de favoriser la sélection des meilleures va-
riétés à employer, M. Truelle, pharmacien
à Trouville (Calvados), a ouvert, dans cette
ville, un laboratoire où il analyse gratuite-
ment les échantillons de fruits, de cidres et
d’eaux-de-vie de cidre qui lui sont envoyés.
Les quantités à envoyer, pour examen,
sont :
Pour les fruits de pressoir, trois douzaines
de fruits ;
Pour les cidres, un litre ;
Pour les eaux-de-vie, un demi-litre.
Il va sans dire que les demandes de ren-
seignements doivent contenir l’affranchis-
sement de la réponse.
M. Truelle s’est précédemment distingué
par d’utiles travaux sur la pomologie. Le
laboratoire qu’il vient de fonder rendra
certainement de grands services à tous
ceux qui s’occupent de la culture et de
l’exploitation des arbres fruitiers à cidre.
L’Italie et la Convention de Berne. —
Il paraît que le Gouvernement italien a
présenté au Parlement un projet de loi
tendant à faire adhérer l’Italie à la Con-
vention de Berne.
Tous nos vœux sont pour la réalisation
de cette mesure, qui sera un acheminement
vers le trafic libre des végétaux autres que
la Vigne.
Les graines et plantes vivantes
offertes par le Muséum d’histoire natu-
relle en 1888. — M. Max. Cornu, pro-
fesseur de culture au Muséum, vient de
faire publier la liste des graines et plantes
vivantes que le Muséum met à la disposition
des établissements d’instruction agricole et
horticole.
Ce catalogue comprend des graines de
175 plantes pour jardins botaniques, et
de 69 plantes d’ornement annuelles, bisan-
nuelles et vivaces. Pour les plantes vivantes,
les espèces vivaces d’ornement sont au
nombre de 24 et les arbres et arbustes au
nombre de 110. Le Muséum peut disposer,
en outre, de greffons des meilleures variétés
de Poiriers et de Pruniers, et de plants de
Ramie.
Les demandes doivent être envoyées dans
le plus bref délai possible.
L’excellente mesure prise par M. Cornu
rendra certainement de grands services à
l’enseignement horticole en général.
Emploi du Pitch-Pin dans le matériel
horticole. — Le Pitch-Pin est, on le sait,
de plus en plus employé dans la menuiserie
et l’ébénisterie. Le bel aspect de ce bois, sa
légèreté et sa solidité, le font rechercher à
juste titre pour tous les travaux un peu
soignés.
On vient, en outre, de faire à Orléans
des expériences qui sembleraient démon-
trer que le Pitch-Pin serait préférable au
Chêne pour la construction des serres et des
coffres de châssis.
En effet, une Comission nommée par la
Société horticole du Loiret s’est réunie pour
procéder à l’examen de morceaux de Pitch-
Pin et de Chêne, que l’un de ses membres
avait enfouis, pendant six mois consécutifs,
dans du fumier chaud, et qu’il avait en-
suite laissés pendant trois mois au soleil et
à la pluie.
La Commission a constaté que le Pitch-
Pin était très-bien conservé, tandis que le
Chêne était détérioré, et a déclaré, à l’una-
nimité, que le premier de ces bois était
CHRONIQUE HORTICOLE.
29
préférable à l’autre pour la construction du
matériel horticole.
Cette expérience, bien qu’à notre avis on
ne doive pas encore la considérer comme
concluante, est d’un grand intérêt. Il est
désirable qu’elle soit renouvelée sur une
échelle plus vaste et dans des conditions de
milieux aussi variées que possible. Le ré-
sultat de ces essais permettra d’émettre une
opinion définitive.
Création, en Belgique, d’une Société
orchidophile. — Il vient de se fonder, à
Gand, un cercle ou société qui s’occupera
uniquement des Orchidées et qui, entre
autres nombreuses attributions, organisera
des expositions spéciales pour ces plantes
si intéressantes. Le premier secrétaire de
cette Société est M. A. de Meulenaere.
Hommage à la mémoire de François
Lacharme. — Nous avons récemment pu-
blié la liste des principales Roses obtenues
par Lacharme.
L’importance de cette liste, au double
point de vue de la quantité et du mérite
hors ligne de la plupart des variétés, permet
d’apprécier ce que les amateurs de Roses
doivent au célèbre semeur lyonnais.
Dans le but de faire élever, sur la tombe
de F. Lacharme, une marque de reconnais-
sance durable, deux comités se sont cons-
titués, l’un à Paris, sous la présidence de
M. Eug. Verdier; l’autre à Lyon, sous la
présidence de M. J. Liabaud. On peut en-
voyer les souscriptions à M. Pierre Cochet,
à Grisy-Suisnes (Seine-et-Marne) , ou à
M. Bernaix, cours Lafayette, 63, à Villeur-
banne, Lyon (Rhône). Pour les renseigne-
ments, s’adresser : à M. Lévêque, 69, rue
du Liégat, à Ivry-sur-Seine ; ou à M. Ni-
colas, marchand grainier, à Lyon.
Les acquisitions récentes du Muséum
d’histoire naturelle. — D’après de ré-
cents rapports de MM. les professeurs et
chefs de service de notre Muséum d’his-
toire naturelle de Paris, la section de la
chaire de classification et familles natu-
relles a reçu, en 1886, 45,220 objets, dont
un grand nombre sont remarquables par
leur valeur scientifique. Au nombre des
collections acquises se trouve, on le sait,
l’herbier de Lamarck, qui a été acquis
de l’Université de Rostock, et qui ne con-
tient pas moins de 10,000 échantillons.
Cours dehotanique de M.VanTieghem.
— M. Van Tieghem, professeur de bota-
nique (anatomie et physiologie) au Muséum
d’histoire naturelle, s’occupe spécialement,
cette année, de la classe des Champignons.
Ses cours ont lieu, les mardi, jeudi et
samedi de chaque semaine, à huit heures et
demie du matin, au Muséum. Le jeudi, le
cours est remplacé par une manipulation
portant sur les matières enseignées.
Manuel de LÂcclimateur (1). — En
attendant que nous donnions prochaine-
ment prochain numéro, une étude du nou-
veau et important ouvrage que notre savant
collaborateur, M. Ch. Naudin, vient de faire
paraître sous ce titre, nous l’annonçons avec
grand empressement.
En 1881, M. Ferd. Mueller, de Melbourne
(Australie), fit paraître ses Extra-tropical
plants , livre précieux pour tous ceux qui
s’occupent de l’acclimatation des végétaux.
Une traduction française du texte anglais
était nécessaire. Or ce n’est pas une traduc-
tion de cet excellent livre que M. Naudin
vient de nous donner, c’est même plus
qu’une adaptation, c’est un traité complet
de la matière, avec tous les développements
qu’elle comporte. Nous aurons grand plaisir
à dire, en détail, à nos lecteurs, le bien que
nous pensons de ce livre.
Exposition spéciale de Roses, à An-
vers. — Le Cercle des rosiéristes d’Anvers
prépare, pour la fin de juin de cette année,
une grande Exposition internationale de
Roses.
Le programme en est dès aujourd’hui
entre les mains de M. J. -R. Lenaerts, pré-
sident du Cercle, 60, rue des Fortifications,
à Anvers.
Ce programme sera adressé à toutes les
personnes qui en feront la demande.
Nécrologie : M. F. Chevalier. — Nous
avons le regret d’apprendre la mort de
M. François-Charles-Désiré Chevalier, offi-
cier d’Académie, arboriculteur à Montreuil,
décédé le 7 janvier dernier, à l’âge de
soixante-huit ans. M. Chevalier était l’un
de nos plus habiles praticiens et l’un de nos
professeurs d’arboriculture les plus éclairés.
E.-A. Carrière et Ed. André.
(1) Paris, Librairie agricole de la Maison rus-
tique, 26, rue Jacob. Prix : 7 fr.
30
INFLUENCE DE LA CULTURE SUR LES ORGANES SEXUELS DES PLANTES.
INFLUENCE DE LÀ CULTURE
SUR LES ORGANES SEXUELS DES PLANTES ET SUR LEUR PRODUCTIVITÉ
Le but de cet article est, comme le titre
l’indique, de fixer l’attention sur l’influence
de la culture sur les organes sexuels des
plantes et sur leur productivité. Cette in-
fluence est très-sensible et de la plus
grande importance, tant pour la botanique
que pour l’horticulture. Je suis étonné que
les auteurs qui ont traité ces deux sciences
n’en parlent que sommairement ou point
du tout.
Examinons l’affaire sous le point de vue
de l’horticulture, et tenons compte de la
grande différence qu’il y a entre la repro-
duction des plantes par graines et leur régé-
nération par boutures.
La reproduction par graines est le pro-
cédé que la nature a choisi pour nous
donner de nouveaux représentants des diffé-
rentes espèces du règne végétal. Les sujets
obtenus de cette façon sont évidemment des
plantes nouvelles et, comme autant d’en-
fants d’une même mère, elles peuvent dé-
vier légèrement des propriétés de celle-ci
et différer les unes des autres. Il est à re-
marquer qu’elles possèdent parfaitement la
faculté de porter des graines propres à la
germination, pourvu qu’elles se trouvent
dans les conditions que la nature leur a in-
diquées.
A leur tour ces graines, devenues plantes,
transmettent à leur postérité les mêmes fa-
cultés, et c’est ainsi que le règne végétal se
maintient.
Les plantes reproduites par boutures, au
contraire, nous montrent un état tout à fait
différent. Remarquons d’abord que, par la
reproduction par boutures, on n’obtient pas
une nouvelle plante. C’est toujours la même
plante à laquelle on donne de nouvelles ra-
cines, et elle ne fait que continuer la vie
qu’elle avait reçue jadis. Une plante revi-
vifiée de cette manière peut vivre conti-
nuellement, et il y a tout lieu de croire que
beaucoup de nos arbres fruitiers et de nos
plantes ornementales subsistent de la sorte
depuis bon nombre d’années, ou même de-
puis bien des siècles.
Nous voyons que les plantes reproduites
par boutures, éclats, marcottes, rhizomes,
ou autres parties qui ne sont pas les
graines, éprouvent à la longue une grande
altération dans leurs organes sexuels. On
ne s’en aperçoit pas à la première généra-
tion, si je puis donner ce nom au renouvel-
lement de la plante, mais si l’on continue la
culture de cette même façon, on ne tardera
pas à l’éprouver. Les anthères n’ont plus
cette surabondance de pollen qui caractérise
les plantes venues de graines et souvent
même le pollen est stérile, ou bien ils ne
contiennent pas de pollen du tout. Les éta-
mines ont une tendance à se changer en
pétales, et les ovaires restent dépourvus de
graines. Parfois, si les plantes ne sont pas
encore dénaturées jusqu’à ce point, elles
produisent des graines, mais en si petit
nombre et si rapetissées, qu’elles ne
peuvent pas être comparées avec celles de la
même espèce, récoltées sur une plante
poussée de graine.
Pour autant que les fruits produits par
ces plantes ont un péricarpe ou une pulpe,
cette pulpe est ordinairement d’une épais-
seur démesurée. On dirait que la sève, qui
ne trouvait pas de graine à nourrir, a servi
à augmenter la masse de pulpe. Tel est le
cas de plusieurs arbres fruitiers et autres
plantes exotiques. C’est surtout dans les
Orangers que l’on remarque ce fait. Les
Orangers, reproduits depuis bon nombre
d’années par le marcottage, qui est ici le
mode commun de reproduction, portent des
fruits sans ou avec peu de pépins. Mais ce
n’est pas seulement dans les Orangers que
l’on voit la disparition des facultés repro-
ductives.
La Canne à sucre nous en offre un exemple
encore bien plus remarquable. Cette Canne
est cultivée ici de temps immémorial, par
boutures, et actuellement on pourrait exa-
miner des millions de panicules de cette
espèce sans trouver une seule graine. Une
graine de canne à sucre est devenue un
objet de la plus grande rareté.
Un autre phénomène constaté dans la
Canne à sucre est que, dans le cours des
années, la masse de fibres textiles de ses
tiges a perdu beaucoup de son importance
en faveur des masses charnues, qui sont de-
venues plus considérables.
J’attribue ce changement dans les subs-
tances de la Canne à sucre également à la
POIRE BERGAMOTE D’HIVER.
31
reproduction par boutures. Qu’on ne pense
pas que la substance de la Canne a changé
parce que les planteurs n’ont pris des bou-
tures que sur les plantes qui leur semblaient
contenir moins de matières fibreuses et
plus de masse charnue. Non, ici la cul-
ture n’est pas encore si avancée que cela.
On prend les boutures telles qu’on les a, et
ce n’est que depuis peu de temps que l’on
importe des boutures d’autres contrées, où
elles ne sont pas mieux triées qu’ici.
Enfin, tout ce que je vois m’indique
qu’ici la reproduction par boutures et par
marcottes enlève aux végétaux, sinon entiè-
rement, du moins partiellement, leur faculté
génératrice.
Je serais fort étonné si, en Europe, les
plantes ne subissaient pas une altération
analogue, peut-être moins sensible, mais
pourtant essentielle. Si tel est le cas pour
la reproduction par boutures et par mar-
cottes, je ne vois pas pourquoi il en serait
autrement pour la reproduction par éclats
et par greffes, qui, évidemment, ne sont
que des boutures. En effet, les oignons sont
toujours cultivés ici d’éclats, et jamais on
n’en voit les individus en graines.
Le fait est de la plus haute importance
pour certaines cultures, par exemple pour
le Café et le Cacao. Je ne veux pas dire
qu’on a l’habitude de reproduire ces végé-
taux de boutures; je tiens seulement à
constater qu’il y aurait erreur à le faire,
car, ayant des plantes moins propres à
fructifier, on aurait des récoltes moins abon-
dantes.
Nous savons tous que, pour une quantité
d’arbres fruitiers et de plantes ornemen-
tales, le mode de reproduction à suivre est
juste le contraire; mais, dans ces plantes-
là, on ne cherche pas le développement des
graines. Si, pour reproduire les bonnes
Poires, Pommes, Pêches, etc., on se servait
de graines (pépins et noyaux), ces bonnes
espèces ou variétés bientôt n’existeraient
plus avec les mêmes qualités que nous ad-
mirons actuellement.
Je n’ai parlé de la culture que sous le
rapport du bouturage et des autres traite-
ments (greffage, marcottage, etc.), plus ou
moins de même nature, mais je suis tenté
de croire que toute taille des branches et
des racines et toute mutilation doit avoir
une certaine influence analogue.
F. de Rijk,
A Soerabaia (Java).
POIRE BERGAMOTE D’HIVER
Obtenue par M. A. Boisseîot, de Nantes,
la Poire Bergamote d'hiver , qui vient
d’être mise au commerce par M. Dauvesse,
pépiniériste à Orléans, va grossir encore le
nombre des bonnes Poires; les amateurs ne
s’en plaindront pas. Voici les caractères de la
variété en question :
Le pied-mère, qui mesure plus de trois
mètres de hauteur, forme une pyramide très-
régulière, bien qu’il n’ait jamais été taillé, ce
qui est d’un bon augure et semble démon-
trer que l’arbre se « fera » bien. Ses
branches vigoureuses, subdressées, sont suf-
fisamment espacées, de sorte que l’ensemble
forme une pyramide élégante quoique rela-
tivement serrée. Ajoutons à cela que cette
variété est extrêmement fertile, et que ses
fruits sont de toute première qualité. Fruit
surbaissé ou subsphérique, atteignant
6-7 centimètres, souvent plus, de diamètre,
ordinairement un peu moins haut que
large, rappelant assez, par son ensemble, la
Poire Olivier de Serres, et déprimé aux
deux bouts. Queue droite, plutôt effilée que
renflée à l’extrémité. Cavité pédonculaire
assez largement ouverte en entonnoir. Ca-
vité ombilicale large, peu profonde. Peau
d’un gris « crotté » par de larges taches qui,
par leur rapprochement, arrivent à couvrir
complètement le fruit et à lui donner un peu
l’aspect d’un Messire Jean (du moins comme
couleur). Chair très-fondante et abondam-
ment juteuse, sucrée, agréablement par-
fumée, finement musquée.
Par l’abondance et la qualité de ses fruits,
la Bergamote d'hiver est une sorte d’au-
tant plus précieuse au point de vue de la
spéculation, que l’arbre ne jachère pas et
que ses fruits, très-solidement attachés, ré-
sistent bien aux vents, ce qui fait que
cette espèce est aussi très-propre au verger.
La Poire Bergamote d'hiver mûrit ses
fruits à partir de fin novembre ; et la matu-
rité, suivant le cas, se prolonge jusqu’en
janvier, parait-il.
E.-A. Carrière.
32
LES MUSACÉES ORNEMENTALES ET ÉCONOMIQUES.
LES MUSACÉES ORNEMENTALES ET ÉCONOMIQUES
Les Musacées sont des plantes herbacées,
vivaces, à racines fibreuses, les unes acaules
quoique souvent d’une taille gigan-
tesque, les autres à tige plus ou moins déve-
loppée, demi-ligneuse et assez semblable à
un tronc d’arbre, mais ne se ramifiant
jamais. Leurs feuilles, longuement pétiolées
et engainantes à la base, glabres et très-
lisses, sont elliptiques ou oblongues, soute-
nues par une forte nervure médiane d’où
partent des nervures plus fines et toutes
parallèles, se dirigeant obliquement vers
les bords du limbe sans s’anastomoser entre
elles. Dans les Bananiers, ces feuilles peu-
vent acquérir 3 à 4 mètres de longueur en
y comprenant le pétiole. Ces végétaux sont
un des plus beaux ornements des serres
chaudes par leur feuillage et par le riche
coloris de leurs fleurs.
La famille des Musacées ne renferme qu’un
Fig. 6. — Musa Ensete.
Jeune plante de deux ans, au 20* de grandeur naturelle.
très-petit nombre d’espèces réparties dans
les genres Musa , Ravenala , Heliconia et
Strelitzia.
Genre Musa.
Le Bananier (Musa) est un genre qui a
donné son nom à la famille des Musacées,
dont il est le type le plus complet et le plus
important. Ces plantes sont des herbes de
dimensions colossales et que, pour cette rai-
son, on décrit comme des arbres. Leur axe,
très-court, porte des feuilles alternes mu-
nies d’une gaine large et longue, terminées
par un limbe très-développé, garni en des-
sous d’une nervure dorsale saillante à la-
quelle viennent aboutir des nervures secon-
daires obliques.
En s’emboîtant les unes dans les autres,
ces gaines simulent une tige uniquement
composée de parties appendiculaires et au
sommet de laquelle s’étalent les limbes ré-
fléchis des feuilles, ce qui donne à la plante
l’aspect et le port d’un Palmier. Pour com-
pléter l’analogie, du milieu des feuilles sort
un régime allongé et recourbé. C’est un épi,
chargé d’un grand nombre de bractées
alternes provenant d’une modification des
feuilles et qui contiennent dans leur aisselle
LES MUSACÉES ORNEMENTALES ET ÉCONOMIQUES.
33
des fleurs sessiles en nombre plus ou moins
considérable. Le fruit, surmonté d’une cica-
trice terminale, est une baie à graines sou-
vent avortées ou rudimentaires insérées sur
le placenta par un ombilic large et déprimé,
et renfermant sous leurs téguments, quand
elles sont bien développées, un embryon
entouré d’un albumen abondant. Après
avoir porté des fruits, la plante meurt, à
moins que sur sa souche, alimentée par dé
nombreuses racines adventives, ne se déve-
loppent des bourgeons qui servent à la re-
produire.
Les régions tropicales de l’Ancien Monde
paraissent être la patrie des Bananiers, dont
quelques-uns, à cause de leur utilité, ont
été répandus dans tous les pays où le climat
en permet la culture. Les espèces comes-
tibles abondent dans les deux Amériques,
en Afrique et en Océanie.
Fig. 7. — Muaa superba.
Plante fleurie, au 20* de grandeur naturelle.
Le genre Musa renferme environ une
vingtaine d’espèces, qui intéressent autant
l’horticulture que l’agriculture coloniale et
la botanique. Toutes appartiennent à la
zone intertropicale. La plupart sont asia-
tiques ; une est océanienne, une autre est
australienne et deux sont africaines. Les
espèces comestibles ont fourni un grand
nombre de variétés.
On peut diviser les Bananiers en deux
parties, savoir : les Bananiers à feuilles et
à fleurs ornementales, et les Bananiers à
fruits comestibles.
BANANIERS A FEUILLES ET A FLEURS
ORNEMENTALES.
Le type principal des Bananiers géants
est sans contredit le Musa Ensete, Gmel.,
d’Abyssinie (fig. 6). C’est en effet le plus
remarquable, le plus grand, le plus majes-
tueux des Bananiers. Cette herbe gigan-
tesque a été découverte en 1768, par James
34
LES MUSACÉES ORNEMENTALES ET ÉCONOMIQUES.
Bruce, lors de son expédition à la recherche
des sources du Nil. Ce Musa est originaire
de l’Abyssinie et des montagnes et hauts pla-
teaux voisins dans l’Afrique orientale. Il est.
introduit depuis une trentaine d’années dans
les jardins, où il est cultivé en pleine terre,
pendant l’été, sous le climat de Paris ; mais
il faut le rentrer en serre tempérée l’hiver.
Dans le Midi de la France (Marseille, Nice),
il passe l’hiver en pleine terre, et il com-
mence à donner des graines fertiles dans
cette région. En Algérie, ce Musa est vivace
et y produit des semences qui servent à le
reproduire, attendu qu’il ne donne pas de
rejetons à sa base.
La tige de cette plante, y compris les bases
engainantes des pétioles dont elle est en
majeure partie formée, a quelquefois près
de 3 mètres de tour à la base et sa hauteur
dépasse parfois 6 mètres, suivant la qualité
du terrain et les soins qu’on lui donne. Les
pétioles sont comparativement courts et
d’une belle teinte rouge, ainsi que la ner-
vure médiane qui leur fait suite (il arrive
parfois aussi que cette teinte rouge qui
orne la plante se trouve absente) ; les feuilles
atteignent 5 mètres de longueur sur lm 50
de largeur. L’inflorescence est proportionnée
au reste de la plante ; elle donne naissance
à des graines qui sont d’une couleur noire
et du volume d’une grosse Noisette; ces
semences sont comestibles en Abyssinie,
parce qu’elles contiennent une fécule qui
remplace le pain chez les indigènes de cette
contrée. Ce Bananier fructifie vers l’âge de
trois à quatre ans.
En Abyssinie, le bourgeon central de la
base de la tige, coupée avant que la plante
n’ait développé ses grandes feuilles est
mangé cuit et fournit à l’alimentation une
ressource importante. Voici, d’après le voya-
geur italien Bianchi et M. Antoine d’Abba-
die, qui ont voyagé chez les Gallas (Abyssi-
nie), des renseignements sur la manière
dont procèdent ces indigènes pour employer
le Musa Ensete comme plante alimen-
taire.
D’après Bianchi, lorsque- ce Bananier
est arrivé à l’âge de quatre, cinq ou au
plus six ans, il est entièrement développé ;
il mesure alors 4 à 5 mètres de hauteur ou
même davantage. Sans attendre qu’il fleu-
risse et fructifie, on le coupe au pied pres-
que ras de terre, et ensuite on en détache
toute la portion supérieure sur une lon-
gueur de 2 mètres. Cette portion supé-
rieure comprend les limbes de feuilles qui
servent surtout à la nourriture du bétail.
C’est de la partie restante et spécialement
des pétioles qu’on extrait la pâte alimen-
taire. Or, cette même partie est fournie par
des feuilles d’âges différents qu’on divise en
trois catégories pour en obtenir trois qua-
lités de pâtes. Dans le pétiole des feuilles
extérieures, qui sont par conséquent les plus
vieilles, la couche externe est épaisse et
très-fibreuse ; même les faisceaux qui par-
courent la portion médullaire plus interne
constituent des filaments assez résistants.
Aussi, lorsqu’on extrait cette moelle en ra-
clant après avoir fendu le pétiole, n’obtient-
on qu’une pâte grisâtre entremêlée des dé-
bris de ces filaments et de qualité tout à
fait inférieure, qui donnera seulement un
pain consommé par les pauvres gens. Les
feuilles plus intérieures, étant notablement
plus jeunes, ont leur limbe incomplètement
développé et blanc dans sa portion infé-
rieure, qui n’était pas encore venue au
jour. Leur pétiole offre, pour parler comme
Bianchi , une écorce plus mince et une
moelle plus blanche, moins spongieuse, et
en somme meilleure. On en fait un pain
plus acceptable, dont se nourrissent surtout
les esclaves et les soldats. Enfin les feuilles
tout à fait intérieures ont un limbe rudi-
mentaire. Leur jeune pétiole a eu à peine
le temps de se munir à l’extérieur de
quelques couches de filaments déliés et
tout le reste de sa substance est une
moelle pure, qui constitue une pâte blanche,
compacte, de première qualité. Le pain
qu’elle donne est la nourriture des maîtres,
et, en général, des personnes en bonne
position. Même au centre et vers la base de
la tige, la partie de laquelle émanent suc-
cessivement les feuilles naissantes forme
une masse cellulaire encore plus délicate,
que d’ordinaire on ajoute à la pâte de qua-
lité supérieure ; parfois aussi, coupée en
tranches et cuite sans autre préparation,
elle constitue un aliment assez insipide
tel qu’on le mange, mais susceptible, se-
lon le voyageur italien, de devenir assez
bon s’il était assaisonné. Les trois qualités
de pâte d’Ensète, dont on vient de voir la
nature et le mode d’extraction, ne sont
jamais mélangées; en outre, elles ne servent
^ que beaucoup plus tard à faire le pain. En
effet, après les avoir retirées des feuilles, on
creuse en terre trois fosses dont on couvre
le fond et les faces latérales avec une couche
de feuilles d’Ensète qu’on a soin de laisser
s’élever au delà des bords de l’orifice. On
dépose ensuite dans chacune des trois fosses
l’une des trois qualités de pâte, après quoi,
LES MUSACÉES ORNEMENTALES ET ÉCONOMIQUES.
35
appliquant sur cette provision alimentaire
la partie supérieure des feuilles qu’on avait
fait déborder, on forme a celle-ci une
bonne couverture qu’on maintient en place
en la chargeant de grosses pierres. Une fer-
mentation s’opère bientôt dans la matière
emmagasinée, qui, par suite, s’acidifie sen-
siblement, et qui, néanmoins, reste ainsi
enfermée le plus souvent pendant une
année, parfois aussi pendant deux et même
trois années.
C’est après cette longue conservation
qu’on en fait le pain. Pour cela, la pâte plus
ou moins fermentée, que les Gallas appellent
lett, est retirée des fosses en autant de mor-
ceaux qu’on veut faire de pains, et cela en
quantité proportionnée aux besoins journa-
liers. Elle ne subit aucune préparation ni
addition et elle est cuite immédiatement
dans des fours appelés mogogo. D’après
M. Antoine d’Abbadie, ces fours consistent
en deux sortes de cuvettes en terre cuite,
mesurant environ 75 centimètres de dia-
mètre, qu’on renverse l’une sur l’autre et
dont l’une, qu’on superpose à l’autre, est
plus fortement concave, de telle sorte qu’il
reste une cavité entre les deux. On étale
la pâte en couche mince sur la con-
vexité de la cuvette inférieure, sous laquelle
on fait du feu qui opère la cuisson du pain
ou, plus exactement, de la galette d’Ensète.
M. Antoine d’Abbadie ajoute que les Gallas
trouvent aussi un aliment dans les racines
de leur Bananier. La substance de ces ra-
cines a semblé à M. Antoine d’Abbadie in-
termédiaire pour la saveur entre une Pomme
de terre et une Patate, mais plus fine que
celle d’une Pomme de terre, et il a reconnu
qu’elle devenait d’autant meilleure qu’on la
prenait plus près de l’extrémité. C’est un
aliment préférable au pain d’Ensète, mais
beaucoup plus rare.
Pour multiplier leur unique plante ali-
mentaire, les Gallas emploient le procédé
suivant ; cette indication est fournie par
Bianchi. On a vu plus haut que les Gallas,
pour récolter leur Ensète, les coupent pres-
que ras de terre. Bs arrachent alors la par-
tie qui est restée dans le sol et en sup-
priment les racines. Us creusent ensuite en
terre des trous larges et profonds dont ils
ameublissent le fond et dans chacun des-
quels ils préparent une bonne couche. Bs y
plantent ces sortes de grosses boutures
ébarbées, qu’ils entourent de bonne terre
meuble et dont ils ont soin de laisser la sec-
tion peu au-dessus du niveau du sol. Bs
fument enfin tout autour avec du fumier de
vache. L’enracinement a lieu en peu de
temps ; après quoi tout autour de la section
restée un peu hors de terre apparaissent
des bourgeons en nombre variable, de dix à
vingt selon la grosseur et la vigueur du
tronçon bouture. Ces bourgeons, touchant
le sol par leur partie inférieure, émettent
bientôt des racines. Lorsqu’ils ont atteint
environ 30 centimètres de longueur, on les
détache de la mère et on les plante en pépi-
nière et en lignes, en les espaçant de 30 cen-
timètres en tous sens. Le tronc resté en
place ne tarde pas à périr. Au bout d’un an
de plantation, les jeunes pieds ainsi obte-
nus sont assez forts pour être transplantés
à leur place définitive. On en fait de grandes
plantations en les espaçant à 2 mètres
dans tous les sens. Ce sont les pieds ainsi
plantés qui après quatre, cinq ou au plus six
années de plantation, fournissent la matière
d’une récolte (1). En Abyssinie, le suc du
Musa Ensete passe pour un diaphorétique
puissant.
En 1884, j’ai introduit ce Bananier au
Sénégal ; plusieurs pieds ont été plantés
dans le jardin du Gouvernement à Saint-
Louis, ainsi que dans la pépinière du ser-
vice local, sise à Sor ; ces plantes ont très-
bien poussé tant que j’ai pu leur donner
des soins, mais ayant été obligé de rentrer
en France quelques mois après pour cause
de santé, il en résulta que, pendant mon
absence, ces plantes furent négligées, et à
mon retour dans la colonie en 1885, je ne
pus que constater leur mort; ce fait est
d’autant plus regrettable que ces végétaux
auraient pu se naturaliser dans ce pays et
étaient appelés à y rendre des services tant
économiques qu’industriels.
Le Musa superba, Roxburgh (fig. 7), est
une espèce des montagnes de la péninsule
de l’Indoustan ; il est cultivé au jardin bota-
nique de Calcutta et dans les serres d’An-
gleterre et de Belgique ; il égale presque, pour
la dimension de ses feuilles le Musa En-
sete, mais il a la tige plus basse et présente
un fruit ovoïde de la grosseur d’un œuf
d’oie, jaunâtre, presque sec, qui contient des
graines petites et très-nombreuses. Ce
Musa ne donne pas de rejetons au pied;
Roxburgh ne le signale pas et Hooker
affirme qu’il ne s’en produit pas. C’est une
(1) Ce procédé est tout à fait artificiel, parce
que la nature de cette plante n’est pas d’émettre
des bourgeons à ,sa base. Autrefois, ce moyen a
été employé au Jardin des Plantes de Paris, il y a
environ 25 à 30 ans, pour faire drageonner certaines
espèces de Bananiers.
36
GENISTA HISPANICA.
plante très -ornementale dont on devrait
essayer la culture en Algérie, aux Canaries,
en Espagne, en Portugal et autres climats
analogues.
Le Musa nepalensis, Wallich, serait une
variété locale du Musa superba, d’après
Horaninow.
Le Musa glauca , Roxb., est originaire du
Pégu, c’est-à-dire des provinces orientales
de l’Inde attenantes à la Birmanie. Sa tige,
haute de 3 à 4 mètres, est moins épaisse
que celle des espèces précédentes ; les feuilles
ont la dimension de celles du Musa ordi-
naire. Horaninow dit que les fleurs ressem-
blent à celles du Musa superba. Le fruit
est oblong, un peu trigone, coriace et sec à
la maturité; il est long de 12 à 15 centimè-
tres et renferme un petit nombre de graines
noirâtres, de la grosseur d’une Fève.
Musa Livingstoniana , Kirk. — Es-
pèce africaine très-voisine du M. Ensete ;
elle en diffère surtout par les graines, plus
petites et plus nombreuses. Cette plante a
été trouvée à Gorongozo par 19 degrés de lati-
tude sud, à Maravi, et 12 degrés de latitude
sud dans la région du Niger, où il croît en
groupe. Ce Bananier est arrivé au Jardin
des Plantes de Paris en octobre 1887.
Dans une note publiée sur le genre Musa
par M. le docteur Sagot, ce botaniste distin-
gué indique quelques modifications princi-
pales que peuvent exercer le climat et le
sol sur les Bananiers à grandes feuilles.
1 0 Sous un climat continuellement chaud
et humide, ces plantes s’élèvent beaucoup
plus haut et poussent plus rapidement.
Cependant leur floraison peut être plus tar-
dive à cause d’une prolongation de la pousse
foliacée très-vigoureuse ;
2° Sous un climat chaud et humide, dans
un sol stérile, il est possible et probable
même que leur végétation devienne lente,
misérable, languissante , que la floraison
se produise tardivement, incomplètement et
même pas du tout pour beaucoup de pieds,
qui montrent alors une fausse apparence de
plantes vivaces, comme l’a vu M. Sagot à la
Guyane, pour YUrania amazonica. Cela
expliquerait pourquoi certains auteurs
disent que la floraison du M. superba est
rare dans l’Inde, pourquoi Bojer ( Hortus
mauritianus) dit que le M. glauca fleurit
rarement dans le jardin botanique de Mau-
rice et qu’il est vivace. Cette influence
complexe de la chaleur, de l’humidité et de
la fertilité du sol explique les grandes iné-
galités de développement et de durée d’évo-
lution qui ont été remarquées sous divers
climats sur le M. Ensete et le M. superba.
La même espèce a fleuri à cinq ans, à deux
et à trois ans, a donné un régime portant
des fruits ou un régime constitué seulement
par des fruits stériles, a fleuri constamment
et facilement, ou n’a fleuri que rarement.
Ces contradictions physiologiques appa-
rentes sont fréquentes dans l’histoire des
Musacées.
Henri Joret.
GENISTA HISPANICA
Il est peu de plantes aussi ornementales
que celle-ci. Mais, outre ce mérite, elle a
celui d’être rustique et de supporter assez
bien le froid de nos hivers. Malgré cela elle
est peu répandue et même à peine connue
dans les cultures commerciales, dans les-
quelles, pourtant, elle est digne d’occuper
une place importante. En voici une descrip-
tion sommaire :
Plante naine, formant un large buisson un
peu déprimé, très-compact, régulier et ne
« s’emportant » jamais. Jeunes pousses foliées
non épineuses, à feuilles sessiles, ovales. Ra-
meaux ligneux, durs, aphylles, excessivement
épineux, très-ramifiés, rappelant assez exac-
tement ceux de l’Ajonc marin, mais plus petits
et dressés. Inflorescences terminales à l’extré-
mité des bourgeons, rappelant un peu celles
des Coronilles. Fleurs très-courtement pédicel-
lées, d’un très-beau jaune d’or foncé. Galyce à
divisions courtes, étroitement appliquées. Bou-
tons jaune roux bronzé, pétales cucullés, peu
ouverts.
Le Genista hispanica , L. (G. villosa,
Lam., Spartium hispanicum, Spreng.), se
couvre de fleurs à partir de la deuxième
quinzaine de mai ; ces fleurs, qui sont ex-
cessivement nombreuses et d’une longue
durée, forment, avec le vert foncé du reste
de la plante, un charmant contraste. Cou-
pées et mises dans l’eau, les ramilles con-
servent très-bien leurs fleurs et peuvent
alors servir à la confection des bouquets ou
autres ornements de table.
Culture et multiplication. — Bien que
les sols chauds et légers, plus ou moins cal-
caires, paraissent convenir tout particuliè-
rement au G. hispanica, cette espèce s’ac-
commode également de presque tous les
cvua F! ortU'oLc .
I
9 odaj'cL.cLd, .
Ckrovwbûtihj. G.SeoereAjns .
Genista hispamxxL .
37
LES QUALITÉS DU JARDINIER, SELON LIGER.
autres sols, pourvu qu’ils soient bien aérés
et fortement insolés. La multiplication se
fait par graines que l’on sème au printemps ;
on repique en pots afin de faciliter la re-
prise des plantes, quand, plus tard, on en
fera la transplantation. On peut aussi mul-
tiplier par boutures et par greffes. Pour
bouturer, on prend les jeunes bourgeons
semi-aoûtés, on les plante en terre de
bruyère en pots qu’on place sous cloche
dans la serre à multiplication. Quant aux
greffes, on les fait sur YUlex europæus ou
sur des espèces de Genêts appropriées pour
cet usage, que l’on a mis en pots. On greffe
en fente ou en demi-fente, et aussitôt l’opé-
ration terminée, on place les plantes sous
cloche, à froid ou à une température rela-
tivement basse. E.-A. Carrière.
LES QUALITÉS DU JARDINIER, SELON LIGER
Dernièrement, un de nos abonnés, M. Le-
quet jeune, horticulteur à Amiens, nous
écrivait :
J’ai lu récemment dans une serre cette belle
inscription latine :
Hic ver assiduum melius quam carmina flores
Inscribunt.
De quel poète est cette pensée si bien appro-
priée à la maison des fleurs?
J’ai cherché dans les classiques usuels et
n’ai rien trouvé.
11 m’est très-agréable de pouvoir rensei-
gner notre correspondant.
C’est dans un vieil ouvrage sur l’horti-
culture, Le Jardinier fleuriste , de Liger,
que se trouvent ces deux vers, dont la ci-
tation précédente ne relate qu’une partie.
D’ailleurs, le passage où ils se trouvent se
rapporte à un sujet qui intéresse de près
l’horticulture. Il s’agit des qualités re-
quises chez un vrai jardinier. On ne peut
résister au plaisir de citer les préceptes
si judicieux et si sages de Liger en cette
matière délicate; le morceau tout entier est
charmant (1) :
C’est une chose un peu rare qu’un jardinier
habile en son art ; la plupart ont plus de rou-
tine que de science, plus d’entêtement que de
raison, et plus de sotte présomption que d’es-
prit ; ils se persuadent tout savoir et ne savent
bien souvent que très-peu de choses.
Ce n’est pas à dire pour cela qu’il n’y en ait
pas qui entendent leur Métier, et qui, fondés
sur une expérience de longue main, ne réus-
sissent très-bien dans le Jardinage.
Les uns sont versés dans le potager, les
autres s’appliquent aux Pépinières, et les
autres font leur principale étude de la culture
des Arbres fruitiers ; celui-ci aime les Arbris-
seaux et l’autre les Fleurs ; mais, ne voulant
(1) Liger, Le Jardinier fleuriste , éd. 1754, p. 6
et suiv.
j ici parler que des deux derniers, on ne dira
I rien des autres.
Un Jardinier Fleuriste doit avoir en partage
un certain génie propre à la culture des Fleurs,
sans quoi le peu de talents qu’il peut avoir
d’ailleurs, sont de peu d’importance. Il faut
que celui qui embrasse cette Profession ne
donne point dans l’excès du vin ; il est rare
qu’un ivrogne excelle en son art. Ce Jardinier
doit être matineux, assidu à son travail, vigi-
lant, avoir beaucoup de soin de ce qui regarde
son ministère
Il est bon qu’il s’étudie à la connaissance
générale des Fleurs, pour les savoir distinguer,
les cultiver à propos, et les placer dans les
endroits qui leur sont propres... Il faut qu’il
soit robuste, pour résister aux fatigues que
donne la culture des Fleurs pendant toute
l’année.
Il doit les arroser, lorsqu’il le juge à propos;
sitôt qu’il est jour, il doit visiter ses plantes,
et voir s’il n’y en a point qui périssent ; pour
lors son emploi veut qu’il y remédie au plus
tôt, s’il est possible.
Il doit avoir aussi quelque connaissance
d’architecture pour former la figure d’un plan
et composer régulièrement les figures d’un
parterre.
Il faut qu’un Jardinier Fleuriste affecte une
certaine propreté, qui jamais ne doit aban-
donner son ouvrage. On demande dans lui de
l’invention, une connaissance particulière des
temps auxquels on doit semer et planter toutes
sortes de Fleurs, quand et comment il les faut
cueillir, plutôt le matin que le soir.
Jamais un Jardinier, du caractère dont on
parle ne doit manquer d’outils nécessaires à
sa profession ; il faut qu’il ait soin de les tenir
toujours en état de s’en servir au besoin, et
que sa vigilance s’applique à prendre garde
qu’il ne s’en gâte point.
Un Jardinier Fleuriste, qui, naturellement,
doit se piquer de curiosité, est obligé honnê-
tement de satisfaire celle des personnes qui lui
demandent à voir les fleurs de son jardin, per-
suadé qu’il doit être qu’elles se donneront bien
de garde d’en cueillir aucune; et pour pré-
venir ceux qui, moins honnêtes, y portent in-
discrètement la main pour en dérober à l’insu
8
CULTURE FORCÉE DES ARBRES FRUITIERS. — LES SERRES-VERCERS.
du Maître, il faut graver ces deux Vers sur la
Porte du Jardin :
Hic ver assiduum melius quam carmina flores
Inscribunt; oculis tu lege, non manibus (1).
Quand on parle ici de Jardiniers Fleuristes,
on entend ceux qui se plaisent à cultiver ces
productions de la nature qui n’exigent pas
moins de soins d’un homme qui n’en fera que
son plaisir que d’un autre qui s’en sera fait
une profession pour y gagner de quoi vivre.
Ainsi, les soins qui regardent le dernier ne
doivent pas porter le premier à de moindres
considérations.
Pourrait-on mieux dire aujourd’hui ? Ces
qualités, réunies chez un de nos jardiniers
actuels, sont vraiment l’idéal à atteindre
et on ne saurait demander autre chose.
Il y aurait avantage à reprendre, de
temps en temps, ces anciens préceptes de
nos pères. Ils sont le plus souvent excel-
lents sous leur forme simple et parfois
naïve. On y verrait, comme dans l’ouvrage
de l’abbé Legendre, curé d’Hénonville, —
un chef-d’œuvre de science horticole pra-
tique,— que nous n’avons pas tout inventé,
et que les temps qui ont précédé le nôtre
avaient aussi des maîtres dont les conseils
sont encore bons à. suivre.
Éd. André.
CULTURE FORCÉE DES ARRRES FRUITIERS. - LES SERRES-VERGERS
Il y a vingt-six ans que mon savant ami, | ticulture de l’État, à Gand, a fait paraître
M. Ed. Pynaert, professeur à l’École d’hor- son Manuel delà culture forcée des arbres
Fig. 8. — Serre à Vignes à deux versants.
fruitiers. C’était un petit volume de fort
bonne apparence, et qui contenait en germe
tous les développements qu’il a acquis plus
tard. Aussi la faveur du public alla sans
tarder à son jeune auteur.
A sa deuxième édition, l’ouvrage devint
les Serres- Vergers, titre qui traduit bien
le terme Orchard-Houses, usité depuis long-
temps en Angleterre pour la culture des
(1) Ces vers peuvent se traduire ainsi : « Ici les
fleurs, mieux que les plus beaux vers, ont gravé
un printemps éternel ; que ton œil seul les cueille
et ta main les respecte. » E. A.
arbres à fruits sous verre, culture néces-
sitée par un climat fort peu ensoleillé. La
quatrième édition vient de paraître (2) sous
la forme d’un beau volume in-8° de
468 pages, illustré de 134 gravures et de
4 planches noires hors texte.
Si le climat privilégié de la France lui
permet de cultiver les arbres à fruits en
plein air et d’amener leurs produits à la
perfection sur la plus grande partie de son
(2) Chez Ad. Hoste , éditeur à Gand (Bel-
gique).
CULTURE FORCÉE DES ARBRES FRUITIERS. — LES SERRES-VERGERS .
étendue, il n’en est pas de même de la Bel-
gique, de la Hollande, de L’Angleterre.
Même dans le Nord et dans l’Ouest de notre
pays, où le froid et les brouillards étendent
leur empire. Là, il conviendrait de suppléer
à l’insuffisance des étés par des abris vitrés
Fig. 9. — Serre à Vignes à un versant.
qui assureraient la production d’excellents
fruits, de la Vigne surtout. Le Raisin est
presque inconnu dans nos départements
septentrionaux, de même qu’en Bretagne et
en Normandie. C’est un grand tort de ne
pas corriger l’inclémence de ces climats.
Or, le livre de M. Pynaert, qui rassemble
en un traité complet tout ce que les spécia-
listes ont écrit sur cet intéressant sujet, tous
les exemples qui ont été donnés par les
Gontier, les Hardy, les L. de Lambertye, et
qui joint à ces observations l’expérience
personnelle déjà prolongée de l’auteur, est
destiné à ajouter de nouveaux services à
ceux qu’il a déjà rendus.
On croit trop souvent qu’il suffit d’une
40
CULTURE FORCÉE DES ARBRES FRUITIERS. — LES SERRES -VERGERS.
serre quelconque pour cultiver avec succès
les arbres fruitiers. Il n’en est rien. Sans
doute, on peut récolter des Raisins ou des
Pêches dans n’importe quelle serre, mais
pour obtenir une production régulière, rai-
sonnée, et non capricieuse et précaire, il
faut à la fois des constructions spéciales et
des soins spéciaux.
Voyez, par exemple, la serre à double
versant dont la figure 8 représente la coupe
en travers. Elle est consacrée spécialement à
la Vigne, d’après les bons modèles usités en
Belgique et en Angleterre. Le sol a été pré-
paré à l’avance, fumé, amendé, remué sur
une épaisseur d’un mètre. Les murs laté-
raux sont percés de place en place, dans
leur fondation, de manière à laisser le pas-
sage de la moitié des racines dans une plate-
bande extérieure également bien préparée.
Des carreaux d’aération A permettent d’in-
troduire abondamment l’air extérieur, qui
s’échappe par les vasistas G après s’être
échauffé sur les tuyaux B. Un plancher de
bois permet de parcourir la serre dans sa
longueur sans fouler le sol, et l’espace qui
reste jusqu’aux murs latéraux peut être
occupé par des arbres fruitiers en pots.
L’espace manque-t-il pour une serre de
ce genre et désire-t-on utiliser un mur à
bonne exposition, la serre adossée peut
suffire. Dans ce cas, au lieu d’employer le
chauffage aérien au thermosiphon, comme
dans la figure précédente, il est un autre
système que l’on peut préconiser, c’est
celui du chauffage souterrain en « culture
géothermique ». On a parlé de ce procédé
il y a quelque vingt ans, et on a même
tenté de l’appliquer à la culture en plein
air, mais sans succès, et tout ce bruit s’est
éteint rapidement. Il n’en est pas de même
de la « chaleur de fond » ( bottom heat)
appliqué aux serres à forcer. Les résultats
en sont excellents. On peut voir, dans la
figure 9, comment le sol peut être soutenu
par un plancher goudronné reposant sur
des briques entre lesquelles circule la cha-
leur d’un aérotherme. L’énorme dévelop-
pement radiculaire que peut prendre la
Vigne, et dont cette coupe donne bien l’idée,
peut s’exercer en toute liberté, et il en ré-
sulte une vigueur de sarments et une abon-
dance de fruits exceptionnelles.
Les Pêchers peuvent se cultiver en serre
de deux manières, soit en espalier, soit en
pots. La première méthode, dont on voit de
remarquables exemples à notre École natio-
nale de Versailles, placée sous la direction de
M. A. Hardy, donne des résultats plu ssatis-
faisants que la seconde, au point de vue de
l’abondance de la production et de la beauté
des fruits. Les arbres sont placés le long du
mur du fond et soumis aux diverses sortes
de taille usitées en plein air : carrée, en
éventail, en U, en palmette, etc., ou en
cordons verticaux le long du vitrage, comme
le montre la figure 10. Rien n’est plus sé-
duisant, à la fois pour l’œil et pour le goût,
que la récolte d’une serre de ce genre,
quand, au commencement de mai, elle se
présente sous la forme de milliers de fruits
appétissants.
Si l’on ajoute au produit considérable des
espaliers de Pêches et de Brugnons l’appoint
important des arbres fruitiers cultivés en
pots, et qui peuvent faire, aux tables de
luxe, une charmante et savoureuse décora-
tion, on doit convenir que des résultats de
ce genre, s’ils ont coûté quelques peines, ne
BÉGONIA HE
sont pas à dédaigner. Nous aurons d’ail-
leurs l’occasion prochaine de reparler de
cette culture en pots sous verre.
Mais il est encore d’autres serres qui
peuvent être affectées aux végétaux fruitiers
forcés. On en peut voir, par exemple, au
potager royal de Munich, qui sont spéciale-
ment aménagées pour la culture des Fram-
boisiers, des Fraisiers et des Champi-
gnons.
La culture forcée du Framboisier étant
peu pratiquée, nous citerons les points prin-
cipaux du système de culture recommandé
par M. Pynaert.
On plante, en pleine terre légère et sub-
stantielle, les touffes, composées de trois à
quatre tiges, à 75 centimètres les unes des
autres ; pendant l’été, on enlève les pan-
neaux et on arrose modérément, pour que
les tiges ne prennent pas trop de développe-
ment. On empêche les plantes de fructifier
et, à l’automne, les bourgeons radicaux fleu-
rissent. On remet alors les panneaux sur
la serre, et l’on chauffe progressivement
jusqu’à 16 et 18 degrés.
Dans le courant de novembre, les fruits
qui étaient déjà noués arrivent à maturité,
et la fructification se prolonge jusqu’en jan-
vier et même plus tard. La variété qui se
BÉGONIA HI
Voici une plante qui, au point de vue
ornementa], est certainement appelée à
jouer un rôle important. De plus, elle a le
mérite de la nouveauté, puisqu’elle n’est
pas encore au commerce. En voici une des-
cription :
Plante très-naine (15 à 25 centimètres), très-
ramifiée, excessivement floribonde. Tige et
rameaux glabres, rouge luisant, charnus.
Feuilles courtes, souvent pliées, presque régu-
lièrement ovales, subsessiles, luisantes, glabres,
vertes ou parfois légèrement lavées rose vineux
en dessous, rouge violacé à la face inférieure,
courtement denticulées, à dents très-aiguës et
spinescentes. Fleurs très-nombreuses sur un
pédicelle rose carné, les mâles plus abon-
dantes, à 4 pétales, les deux latéraux longue-
ment et très-étroitement obovales, les autres
beaucoup plus grands, à centre blanc plus ou
moins largement bordé de rouge vermillon très-
vif, couleur qui contraste très-agréablement
avec les parties blanc nacré des pétales. Les
fleurs femelles, beaucoup plus petites que les
mâles, sont rares et toujours stériles.
Le Bégonia H. Pineau a été obtenu par
M. Henri Pineau, jardinier, 3, rue de la
ri pineau. 44
prête la mieux à cette culture est le Large
fruited monthly.
Pour avoir une récolte plus tardive, on
emploie les variétés : de Hollande à gros
fruit rouge ou à gros fruit jaune, Falstaff,
de Chili, etc. On commence à les forcer
vers le 15 décembre ; la fructification a lieu
vers le 15 mars, c’est-à-dire trois mois plus
tard.
La petite serre placée en avant, sur la
même figure 11, montre que l’on peut
ajouter la culture forcée des Fraisiers en
pois à celle des Framboisiers, et que c’est
utiliser largement ainsi les serres basses
adossées à un mur au midi.
Ajoutons qu’à l’exposition opposée, c’est-
à-dire nord, on a utilisé, à Munich, le
local froid et sans soleil qui s’adosse à cette
serre pour y établir une champignonnière à
étages superposés.
On voit que les .études de M. Pynaert
embrassent des sujets très variés auxquels
la culture forcée peut s’appliquer. C’est
donner une idée bien sommaire de ce bon
livre que d’en parler ainsi en résumé, mais
cela suffit pour le recommander aux ama-
teurs de jardinage, à qui il rendra encore de
nombreux et signalés services.
Ed. André.
SRI PINEAU
Mûrie, au Pecq, près Saint-Germain-en-
Laye. C’est, dit-on, un hybride des B.picta-
vensis et B. Lemoinei. Il est très-différent
de ces deux plantes et se rapproche plutôt,
par ses caractères généraux, du B. semper-
florens rosea, dont il est encore différent.
Jusqu’ici la plante a toujours été stérile.
Au point de vue de l’ornementation, le seul
qui nous occupe, une seule chose est impor-
tante : c’est que la variété soit méritante. Elle
l’est, et même beaucoup. Outre sa floribon-
dité et la beauté de leurs fleurs, les plantes
sont naines, se tiennent bien et tallent beau-
coup, sans se dégarnir du centre. Quant
à la floraison, elle commence de mai
à juillet, suivant la force des plantes et le
traitement auquel on les a soumises, pour
ne s’arrêter qu’aux gelées. La culture et la
multiplication de ce Bégonia sont analogues
à celles que l’on applique à la plupart des
petites espèces de serre, telles que B. Lemoi-
nei, pictavensis, etc. Comme cette plante
ne donne pas de graines, on en conserve
quelques pieds que l’on rentre dans une
serre, sur lesquels on coupe des boutures,
42
SENECIO PULCHER.
qui reprennent, du reste, avec une très-
grande facilité et qui font de très-jolies
plantes que l’on met en pleine terre aussitôt
que les froids ne sont plus à craindre. On
peut aussi, vers la fin ou même dans le
courant de l’été, faire des boutures en pre-
nant le bois sur les rameaux foliacés;
plantées sous cloches dans une serre ou
même à l’ombre, dehors, ces boutures s’en-
racinent également très-bien et peuvent être
conservées pour la plantation du printemps.
E.-A. Carrière.
SENECIO PULCHER
Dès son apparition dans les cultures, la
Revue horticole (1877, p. 93) signalait le
Senecio pulcher à l’attention de ses lec-
teurs comme une plante des plus méritantes
et des plus propres à l’ornementation des
jardins. Il n’y avait dans ces assertions rien
d’exagéré ; aussi est-il au moins singulier
que cette espèce soit devenue si rare que
c’est à peine si, actuellement, on peut la
trouver dans le commerce. En voici la
description :
Plante vivace, très-vigoureuse, cespiteuse-
gazonnante et formant de fortes touffes par les
nombreux bourgeons qu’elle émet de sa souche.
Feuilles grandes, épaisses, charnues, glabres,
d’un vert intense, les radicales très-longuement
elliptiques, atténuées en un fort pétiole large-
ment canaliculé, irrégulièrement, mais très-
sensiblement dentées; les caulinaires sessiles,
largement semi-amplexicaules, longuement et
étroitement acuminées en une pointe obtuse,
irrégulièrement dentées, parfois comme ron-
cinées. Tige cylindrique, grosse, charnue,
atteignant 40 à 60 centimètres de hauteur,
ramifiée vers les deux tiers supérieurs, à ra-
milles florales axillaires, parfois munies de
bractées. Boutons gros, sphériques, couverts
d’écailles assez longuement linéaires, fortement
appliquées. Fleurs très-grandes, atteignant
jusqu’à 6 centimètres de diamètre, couronnées
extérieurement par une rangée de ligules très-
rapprochées, d’un rose purpurin violacé, ayant
à l’intérieur un grand disque jaune formé par
des fleurs courtes, tubulées.
Cette magnifique plante, qui fleurit à
partir d’octobre ou même de la fin de sep-
tembre, est très-ornementale; sa floraison
se continue jusqu’aux gelées et pourrait
même se prolonger pendant une partie de
l’hiver si la plante cultivée en pot était ren-
trée dans une serre, et surtout si l’on en
supprimait les fleurs au fur et à mesure
qu’elles passent. Coupées et mises dans
l’eau, les tiges à fleurs se conservent pendant
longtemps et leurs boutons continuent à
s’épanouir.
Originaire de l’Uruguay, du Brésil méri- |
dional, etc., le Senecio pulcher , Hooker
et Arnold, est relativement rustique puis-
qu’il supporte les hivers de Paris chez
M. Rougier-Chauvière, 152, rue de la Ro-
quette, où, chaque année, nous le voyons
fleurir. Néanmoins, il nous paraît prudent
d’abriter les pieds en les couvrant d’un peu
de litière ou de feuilles, ou, encore, d’en
mettre quelques pieds en pots et de les ren-
trer sous des châssis froids.
Culture et multiplication. — Il faut au
Senecio pulcher une terre légère bien
drainée, et, si possible, une exposition
chaude. Quant à sa multiplication, onia fait
par graines et par boutures. Les premières
qui, du reste, sont rarement abondantes, se
sèment au printemps en pleine terre légère,
recouverte de terre de bruyère et de ter-
reau, ou en terrine et en terre de bruyère,
si l’on a peu de graines. Les jeunes plantes,
qui ont dû être abritées l’hiver, se repi-
quent au printemps en pépinière ou bien
en pots si l’on en a peu. Adéfaut de graines,
on multiplie par bourgeons que l’on éclate
des pieds et que l’on repique en pots, que
l’on met sous cloche, où elles s’enracinent
facilement. Pendant l’été, on les arrose et
on les rempote si cela est. nécessaire, et
l’hiver — du moins cette première année —
on les rentre sous des châssis froids. Il va
sans dire que, sous les climats chauds
et même tempérés, les soins que nous
venons d’indiquer sont en partie superflus ;
on traite les jeunes individus comme des
plantes de pleine terre qui réclament quel-
ques soins particuliers pendant le premier
âge.
Le Senecio pulcher se cultive également
bien en pots, ce qui est même préférable
dans les pays froids, parce que dans ce cas
on peut le rentrer en serre froide, où
il fleurit pendant une partie de l’hiver.
Normalement, cette espèce commence à
fleurir en septembre et même à partir de la
fin d’août, et la floraison se prolonge pen-
dant très-longtemps, surtout si l’on a soin
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
PÊCHER PYRAMIDAL.
43
d’enlever les fleurs au fur et à mesure
qu’elles passent.
On peut se procurer le Scnecio pulcher
chez M. Rougier-Ghauvière, horticulteur,
152, rue de la Roquette, à Paris. Nous avons
vu parfois cette plante étiquetée Senecio ja-
ponicus, ce qui est un tort, la plante n’exis-
tant pas au Japon. E.-A. Carrière.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1887
Bien que cette séance ait été consacrée aux
élections partielles des membres du bureau et
du conseil de la Société, quelques présenta-
tions intéressantes ont été faites.
Gomité de floriculture.
M. F. Bergman, de Ferrières, avait apporté
une magnifique corbeille de fleurs d’Œillets,
disposée avec beaucoup de goût, et composée
de 250 fleurs appartenant à 24 variétés d’élite.
Ces fleurs étaient amples, bien colorées, et
d’une fraîcheur exquise.
A côté de cette corbeille se trouvaient deux
pieds d’Œillets en pots, trapus, vigoureux,
couverts de fleurs, dénotant le bon système de
culture auquel ils avaient été soumis.
Voici les principaux points du procédé em-
ployé par M. Bergman. Les boutures, que l’on
fait depuis décembre jusqu’à février, sont re-
piquées en pleine terre, sous châssis froids,
dans un compost léger et substantiel. On les
repique, au printemps, dans les mêmes condi-
tions, en les distançant les unes des autres de
15 à 20 centimètres dans tous les sens, et on
les laisse ainsi jusqu’à l’automne, où leur flo-
raison commence, pour continuer tout l’hiver.
Les plantes destinées à être transportées
sont repiquées en pots et soumises à la même
culture.
Parmi les variétés présentées par M. Berg-
man, et qui, toutes, s’accommodent très-bien
de cette préparation en vue de la floraison hi-
vernale, nous avons noté les suivantes comme
étant les plus jolies et les plus distinctes :
Docteur Raymond, rouge grenat ; Irma ,
rose vif; Baronne de Rothschild, jaune vif,
légèrement maculé de carmin ; Jean-Pierre
Hugues, vermillon foncé ; Souvenir de Fran-
çois Labruyère , rose carmin ; Hooper, jaune
soufre, régulièrement liseré carmin foncé.
M. Duval, du Muséum, présentait un Nan-
dina domestica chargé de fruits, provenant
des cultures créées à Pau par feu M. Tourasse,
et actuellement dirigées par M. Arraca.
Le N. domestica , originaire du Japon et de
la Chine, est un charmant arbuste, au feuillage
élégant, vert foncé, retombant. Le pied pré-
senté était littéralement couvert de grappes
érigées à fruits sphériques, d’un rouge de
corail très-intense.
Cette jolie plante d’orangerie et de serre
froide, rustique dans l’Ouest et dans le Midi de
la France, assez répandue dans les cultures il y
a cinquante ans environ, l’est trop peu aujour-
d’hui. Certes, les plantes qui supportent le
même régime comprennent des espèces à
feuillage plus ornemental, à fleurs plus bril-
lantes, mais le Nandina domestica, avec ses
feuilles légères et ses brillantes fructifications,
apportera toujours un élément bien caractérisé
dans un ensemble décoratif.
Mme Block, de Schaerbeck, près Bruxelles
(Belgique), avait envoyé deux exemplaires d’un
Lycaste Skinneri , rapporté par elle du Guaté-
mala, à fleurs assez grandes, d’un rose plus
pâle que dans l’espèce type. Cette forme est
peu intéressante.
Gomité de culture potagère.
M. Lefort, cultivateur à Meaux (Seine-et-
Marne), a obtenu une variété de Mâche, qu’il a
nommée Mâche à feuille de Laitue. Cette
plante forme des touffes très-volumineuses;
elle a les feuilles très-grandes, gaufrées, d’un
vert un peu pâle, et ne présente pas, paraît-il,
l’inconvénient de monter. C’est une bonne
acquisition.
M. Hédiard, place de la Madeleine, Paris,
en présentant une énorme Courge Carabacette
de Roufarik, rappelait que la pulpe abondante
de ce fruit a une saveur agréable, et qu’on la
mange soit en potage, soit sautée au beurre,
soit en compotes sucrées, etc.
Ch. Thays.
PÊCHER PYRAMIDAL
Arbre de moyenne vigueur, très-fertile,
à branches strictement dressées. Scions
relativement courts. Feuilles glanduleuses,
rapprochées, assez grandes, souvent un peu
tourmentées-cloquées vers le milieu, très-
finement et courtement dentées, d’un beau
vert luisant en dessus, vert glaucescent en
dessous. Glandes réniformes, parfois mixtes,
relativement petites, bien marquées. Fleurs
rosacées bien faites, de grandeur moyenne.
Fruit petit, légèrement ovale, à peine sil-
lonné d’un coté seulement. Cavité pédoncu-
44
l’horphelinat horticole de beaune.
laire étroite, relativement très-profonde.
Peau fortement et même assez longuement
velue, se colorant en rouge violacé sur les
parties fortement insolées, blanche ou à
peine lavée de rose sur les parties placées à
l’ombre. Chair non adhérente au noyau,
blanche, rouge violacé autour du noyau ;
eau abondante, légèrement aigrelette, assez
agréablement parfumée. Noyau assez lon-
guement et très-régulièrement elliptique,
osseux, très-dur, très-fortement renflé sur
les faces, à mucron aigu, à surface comme
perforée. — Maturité, deuxième quinzaine
de septembre.
Le Pêcher pyramidal n’est pas seule-
ment un arbre fruitier, c’est aussi un arbre
d’ornement qui, par sa taille petite et sur-
tout par sa forme, peut trouver place même
L’ORPHELINAT HOI
Dans un de ses précédents numéros, au
sujet d’un Orphelinat horticole de jeunes
filles à Haroué (Meurthe-et-Moselle), la Revue
horticole se plaît à faire ressortir l’avantage
et l’intérêt qu’offrent ces sortes d’établisse-
ments, dont la plupart sont créés et existent
par la charité, et elle exprime le désir, dans
le double intérêt de la morale et de la cul-
ture, que ce premier pas, si heureusement
fait dans cette voie, ne reste pas le dernier.
Je pense que peu de départements sont
aussi bien pourvus de ces genres d’insti-
tutions que celui que j’habite, la Côte-d’Or.
Indépendamment de la colonie agricole de
Citeaux, si célèbre et si universellement
connue, où plus de deux cents jeunes gens
sont occupés aux travaux de l’agriculture et
près d’une centaine aux travaux du jardi-
nage, il existe quatre autres Orphelinats
ruraux, dont deux de jeunes filles et deux de
garçons.
Trois de ces établissements sont, comme
celui de Citeaux, dirigés par des ordres reli-
gieux; un seul, celui de la ville de Beaune,
dont je vais m’occuper comme étant plus
spécialement et uniquement horticole et
d’une installation on peut dire modèle, est
dirigé depuis six ans par un personnel
laïque.
Cette école de jardinage dépend de l’un
des deux hospices de Beaune, si célèbres
déjà par leurs grands vins. Sa principale
subvention provient de legs faits à cet éta-
blissement, où se consomment une partie de
ses produits. L’État y contribue aussi depuis
quelque temps pour une large part en con-
sur les plates-bandes d’un jardin d’agré-
ment. Planté çà et là sur le milieu, il pro-
duirait un très-bel effet d’abord par son
port, puis par ses fleurs, et finalement par
ses fruits qui, placés tout le long des bran-
ches, constituent un ornement d’une nature
particulière. Dans le cas où le Pêcher pyra-
midal serait planté au point de vue de la
décoration, il faudrait faire en sorte qu’il ne
se dégarnisse pas et qu’il conserve sa forme
étroitement pyramidale, ce qui serait facile
à l’aide de pincements et de rapprochements
faits à propos. Du reste, sous ce rapport,
on agirait à peu près comme on le fait
lorsqu’il s’agit de Pêchers cultivés exclu-
sivement pour leurs fruits.
E.-A. Carrière.
’ICOLE DE BEAUNE
sidération des résultats heureux obtenus
et de l’enseignement qu’on y donne même
au public.
Les jardins, d’une surface d’environ deux
hectares, sont clos de beaux murs tous
parfaitement aménagés et plantés en espa-
liers.
L’administrateur est un homme bien
connu dans la viticulture et dans l’horticul -
ture, M. J. Ricaud, vice-président de la Com-
mission des Hospices, et président de la
Société vigneronne de Beaune.
Un peu collaborateur de l’œuvre, j’ai été
témoin des transformations successives de
cet établissement et des nombreux perfec-
tionnements qu’on a pu réaliser.
Le personnel se compose d’un chef jar-
dinier, d’un sous-chef et d’une quinzaine
d’élèves qui sont des jeunes garçons orphe-
lins, recueillis par l’administration des
hospices. Ceux-ci y reçoivent, jusqu’à l’âge
où ils peuvent se placer comme aides-jardi-
niers, en même temps que l’instruction
primaire, les notions élémentaires, théo-
riques et surtout pratiques, de l’art du jar-
dinage.
Outre le logement, la nourriture et l’ha-
billement, chaque élève reçoit une paye an-
nuelle variant de 40 à 120 fr., somme qui
est placée à la Caisse d’épargne. En plus
de cette somme, on leur donne selon leur
mérite une faible gratification mensuelle
dont ils disposent librement.
Les élèves sont groupés selon leur degré
d’instruction; et les plus anciens deviennent
chefs de section chargés d’instruire les
EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889 : PROGRAMME DES ONZE ÉPOQUES DE CONCOURS.
commençants. Pendant le mauvais temps,
ils sont exercés à la réparation et à la con-
fection du matériel horticole le plus usuel
ainsi qu’au greffage de la Vigne, opération
à laquelle l’état actuel du vignoble donne
la plus grande importance. Des herborisa-
tions, des excursions viticoles et horticoles,
faites les dimanches, initient les élèves aux
connaissances des plantes spontanées et à
la pratique des cultures locales.
Le jardin comprend une partie d’agré-
ment, genre paysager, où l’on cultive un
choix de plantes à grand effet décoratif et
les meilleures espèces pour la composition
des corbeilles ; dans les plates-bandes se
trouvent les collections de Rosiers, les es-
pèces vivaces florifères et les plantes an-
nuelles les plus ordinairement cultivées
pour leur belle floraison.
A l’école fruitière se cultivent les meil-
leures variétés de fruits, sous les formes
les plus recommandées. Pour donner une
idée de l’importance de cette branche de
culture, il me suffira de dire que plus de
1,200 mètres carrés de murs sont garnis
d’espaliers et de treilles et que les contre-
espaliers présentent au moins 1,600 mètres
de superficie.
Environ 100 ares sont consacrés à la
culture potagère de pleine terre et aux pri-
meurs.
Une école de botanique, classée d’après la
méthode de De Candolle, peut contenir en-
viron 250 espèces ayant de l’intérêt au
45
point de vue médical ou industriel. Quel-
ques petites pépinières destinées à la multi-
plication des végétaux ligneux complètent
l’ensemble des cultures. Dans le matériel et
dans les opérations horticoles, on a soin d’in-
troduire tous les perfectionnements reconnus
utiles et avantageux, tels qu’abris pour la
conservation des fruits, aspersions, badi-
geonnages et injections pour combattre
insectes et cryptogames; ainsi j’ai pu
constater les excellents résultats obtenus
par la bouillie bordelaise renforcée appli-
quée en hiver sur des variétés de Poires
sujettes à la tavelure, l’efficacité des simples
aspersions au sulfate de cuivre contre le
mildiou, etc., etc. Un pulsomètre, mû par
la vapeur, élève l’eau dans un réservoir,
d’où elle est distribuée dans toutes les par-
ties du jardin. Au centre du jardin se
trouve un observatoire pourvu de tous les
instruments usuels : thermomètre, baro-
mètre, pluviomètre, etc., de façon à initier
les élèves à ce genre d’observations météo-
rologiques.
Il est incontestable que des institutions
comme celle que je viens de décrire, où les
jeunes gens s’habituent au goût du travail
de la terre et apprennent à la cultiver avec
avantage, en devenant des ouvriers jardi-
niers dignes de ce nom, sont on ne peut
plus salutaires à tous les points de vue, et
méritent à tous égards d’être encouragées.
J. -B. Weber,
Jardinier en chef de la ville de Dijon.
EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889
PROGRAMME DES ONZE ÉPOQUES DE CONCOURS
PREMIÈRE ÉPOQUE
6-11 mai 1889.
CONCOURS PARTICULIER
CLASSE 79.
FLEURS ET PLANTES D'ORNEMENT
I. Plantes d’ornement.
Concours (à déterminer) suivant les demandes
des horticulteurs.
II. Plantes nouvelles.
Trois concours : dans tous les concours de végé-
taux exposés entre les plantes nouvelles inédites :
1. D’importation.
2. D’introduction.
3. Obtenues de semis.
Un concours : dans tous les genres de végétaux
exposés pour les plus belles plantes mises dans le
commerce depuis 1878.
III. Belle culture.
Un concours : dans tous les genres de végétaux
exposés entre les plus beaux exemplaires (l à 5 su-
jets par espèces ou variétés).
IV. Fleurs coupées. — Deux concours.
1. La plus belle collection générale.
2. La plus belle collection de variétés dans
chaque genre.
V. Ornementation en fleurs naturelles. —
Trois concours.
1. Les plus beaux bouquets.
2. Les plus beaux motifs ou sujets divers.
3. Les plus belles garnitures d’ornementation
diverses d’appartement, de table, etc.
VI. Corbeilles de plantes fleuries ou à
feuillages.
Un concours : entre les plus belles corbeilles de
plantes fleuries ou à feuillage.
46 EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889 I PROGRAMME DES ONZE ÉPOQUES DE CONCOURS.
VII. Gazons.
Un concours : entre les plus belles pelouses.
CLASSE 80.
PLANTES POTAGÈRES.
I. Plantes potagères.
Concours permanent entre tous les genres de
plantes potagères.
II. Plantes nouvelles. — Quatre concours.
1. Plantes nouvelles inédites d’importation,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
2. Plantes nouvelles inédites d’introduction,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
3. Plantes nouvelles inédites obtenues de semis,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
4. Les plus belles plantes mises dans le com-
merce depuis 1878.
4. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuillage
obtenues de semis et non encore dans le com-
merce.
5. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage obtenues de semis et dans le commerce de-
puis 1878.
III. Belle culture. — Quatre concours.
1. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuillage
que la bonne culture aura fait arriver le plus près
possible de son maximum de développement.
2. De quatre à dix plantes fleuries ou à feuillage
les plus remarquables par leur forme et leur déve-
loppement.
3. Le plus beau lot de 20 plantes à feuillage or-
nemental.
4. Le plus beau groupe de 20 plantes diverses
fleuries à quelque catégorie qu’elles appartiennent.
IV. Culture spéciale — Beux concours.
III. Belle culture. — Un concours.
1. Les plus beaux spécimens de plantes pota-
gères.
CLASSE 81.
FRUITS ET ARBRES FRUITIERS.
1. La plus belle collection de 50 plantes fleuries
ou à feuillage, cultivées en vue de l’approvisionne-
ment des marchés.
2* Le plus beau lot de plantes fleuries ou à feuil-
lage, cultivées en vue de l’approvisionnement des
marchés.
I. Fruits. — Cinq concours.
1. Collection de fruits frais conservés.
2. Collection de Citrons, Oranges, Bibaces et
autres fruits de la région du Sud.
3. Collection de fruits frais en maturité, récoltés
en plein air : Abricots, Cerises et fruits de la région
du Sud.
4. Collection de fruits forcés (Raisins exceptés)
cueillis ou exposés sur l’arbre.
5. Collection de Raisins forcés, cueillis ou expo-
sés sur la souche.
II. Fruits nouveaux. — Cinq concours.
1. Fruits nouveaux inédits d’arbres d’importation,
n'ayant pas encore été mis dans le commerce.
2. Fruits nouveaux inédits d’arbres d’introduc-
tion, n’ayant pas encore été mis dans le com-
merce.
3. Fruits nouveaux inédits d’arbres obtenus de
semis n’ayant pas encore été mis dans le com-
merce.
4. Les plus belles variétés mises dans le com-
merce depuis 1878.
5. Les meilleures variétés mises dans le com-
merce depuis 1878.
CLASSE 82.
GRAINES ET PLANTS D’ESSENCE FORESTIÈRE.
Pas de concours.
CLASSE 83.
PLANTES DE SERRE.
I. Plantes de serre.
Concours (à déterminer) entre les plantes de
serre qu’il y aurait impossibilité à présenter aux
concours généraux.
II. Plantes nouvelles. — Cinq concours.
1. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuillage
introduites le plus récemment en Europe.
2. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuillage
introduites directement en France.
3. Lot de plantes hybrides dont les parents seront
indiqués.
DEUXIÈME ÉPOQUE
24-29 mai 1889
CONCOURS GÉNÉRAL
CLASSE 79.
FLEURS ET PLANTES D’ORNEMENT
I. Plantes d’ornement.
Concours (à déterminer) suivant les demandes
des horticulteurs.
II. Plantes nouvelles.
Trois concours : dans tous les genres de végétaux
exposés, entre les plantes nouvelles inédites :
1. D’importation.
2. D’introduction
3. Obtenues de semis.
Un concours : dans tous les genres de végétaux
exposés pour les plus belles plantes mises dans le
commerce depuis 1878.
III. Belle culture.
Un concours : dans tous les genres de végétaux
exposés entre les plus beaux exemplaires (un à
cinq sujets par espèce ou variété).
IV. Fleurs coupées. — Beux concours.
1. La plus belle collection générale.
2. La plus belle collection de variétés dans
chaque genre.
V. Ornementation en fleurs naturelles. —
Trois concours.
1. Les plus beaux bouquets.
2. Les plus beaux motifs ou sujets divers.
3. Les plus belles garnitures d’ornementation
diverses d’appartement, de tables, etc.
VI. Corbeilles de plantes fleuries ou à
feuillage.
Un concours : entre les plus belles corbeilles de
plantes fleuries ou à feuillage.
EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889 : PROGRAMME DES ONZE ÉPOQUES DE CONCOURS. 47
CLASSE 80.
PLANTES POTAGÈRES
I. Plantes potagères
Concours permanent entre tous les genres de
plantes potagères.
II. Plantes nouvelles. — Quatre concours.
1. Plantes nouvelles inédites d’importation,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
2. Plantes nouvelles inédites d’introduction,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
3. Plantes nouvelles inédites obtenues de semis,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
4. Les plus belles plantes mises dans le commerce
depuis 1878.
III. Belle culture. — Un concours.
1. Les plus beaux spécimens de plantes pota-
gères.
CLASSE 81.
FRUITS ET ARBRES FRUITIERS.
I. Arbres à haute tige, à fruits de table, ou
d’économie domestique ou industrielle
(sauf les fruits à cidre J. — Dix-huit con-
cours.
1. Abricotiers
2. Amandiers
3. Cerisiers
4. Châtaigniers....
5. Noyers
6. Pêchers
7. Poiriers
8. Pommiers
9. Pruniers
Deux concours :
1° entre les jeunes sujets de
pépinière ;
2° entre les arbres formés.
VII. Fruits. — Cinq concours.
1. Collection de fruits frais conservés.
2. Collection de Citrons, Oranges, Bibaces et
autres fruits de la région du Sud.
3. Collection de fruits frais en maturité, récoltés
en plein air : Abricots, Cerises et fruits de la région
du Sud.
4. Collection de fruits forcés (Raisins exceptés),
ceuillis ou exposés sur l’arbre.
5. Collection de Raisins forcés, cueillis ou ex-
posés sur la souche.
VIII. Fruits nouveaux. — Cinq concours.
1. Fruits nouveaux inédits d’arbres d’importa-
tion, n’ayant pas encore été mis dans le com-
merce.
2. Fruits nouveaux inédits d’arbres d’introduc-
tion, n’ayant pas encore été mis dans le com-
merce.
3. Fruits nouveaux inédits d’arbres obtenus de
semis, n’ayant pas encore été mis dans le com-
merce.
4. Les plus belles variétés mises dans le com-
merce depuis 1878.
5. Les meilleures variétés mises dans le com-
merce depuis 1878.
CLASSE 82.
GRAINES ET PLANTES D’ESSENCE FORESTIÈRE
I. Arbres d’essences feuillues employés au
repeuplement des forêts. — Deux con-
cours.
1. La plus belle collection d’espèces et variétés.
2. Le plus beau lot d’espèces d’introduction ré-
cente.
II. Arbres à fruits à cidre. — Deux concours.
Poiriers et Pommiers :
1° Sujets greffés;
2° Egrains élevés à tige et destinés à recevoir la
greffe.
III. Arbres ou arbrisseaux fruitiers à tige
nue ou ramifiée. — Un concours.
Lot d’ensemble composé d’Azeroliers, Cognas-
siers, Cormiers et similaires, Cornouillers, Figuiers,
Mûriers, Néfliers et Noisetiers.
IV. Arbres et arbustes fruitiers de la région
du Sud. — Un concours.
Lot d’ensemble composé d’ Arbousiers, Biba-
ciers, Citronniers, Dattiers, Grenadiers, Jujubiers,
Oliviers, Orangers, Pistachiers, Plaqueminiers, etc.
V. Arbres et arbustes à basse tige. — Seize
concours.
1. Abricotiers \
2. Cerisiers J
3. Groseilliers I Deux concours:
4. Pêchers. f 1° entre les jeunes sujets de
5. Poiriers / pépinière;
6. Pommiers 1 2° entre les arbres dressés.
7. Pruniers ]
8. Vignes de jardin./
VI. Culture forcée. — Deux concours.
1. Lot d'arbres et arbustes élevés en pot pour la
culture forcée.
2. Lot de Vignes élevées en pot pour la culture
forcée.
II. Arbres d’essences résineuses utilisés
. pour le repeuplement des forêts. — Deux
concours.
1. La plus belle collection d’espèces et de va-
riétés.
2. Le plus beau lot d’espèces d’introduction ré-
cente.
III Arbustes, arbrisseaux et sous-arbris-
seaux. — Deux concours.
1. La plus belle collection d’espèces et de va-
riétés.
2. Le plus beau lot de sujets d’introduction ré-
cente.
IV. Arbres nouveaux. — Quatre concours.
1. Arbres nouveaux inédits d’importation, n’ayant
pas encore été mis dans le commerce.
2. Arbres nouveaux inédits d'introduction, n’ayant
pas encore été mis dans le commerce.
3. Arbres nouveaux inédits obtenus de semis,
n’ayant pas encore été mis dans le commerce.
4. Les plus beaux plants d’essence forestière»
mis dans le commerce depuis 1878.
V. Belle culture. — Un concours.
1. Les plus beaux sujets d’essences forestières.
CLASSE 83.
PLANTES DE SERRE
I. Plantes diverses. — Trente-sept concours.
Plantes de serre chaude : 1. La plus belle collec-
tion de 50; 2. La plus belle collection de 25.
48
CORRESPONDANCE.
Plantes de serre tempérée : 3. La plus belle col-
lection de 40.
Orchidées exotiques en fleurs, de serre tem-
pérée : 4. La plus belle collection : 5. La plus belle
collection de 30; 6. La plus belle collection de 12;
7. Le plus beau lot.
Cypripedium en fleurs, de serre tempérée : 8. La
plus belle collection; 9. Le plus beau lot de 12.
Ixoras : 10. Le plus beau lot.
Broméliacées fleuries ou non fleuries: 11. La
plus belle collection : 12. Le plus beau lot.
Fougères herbacées de serre: 13. La plus belle
collection : 14. Le plus beau lot.
Calcéolaires herbacées variées : 15. Le plus beau
lot de 80; 16. Le plus beau lot de 50.
Cinéraires simples variés : 17. Le plus beau lot
de 50 ; 18. Le plus beau lot de 25.
Cinéraires doubles : 19. Le plus beau lot de 25.
Amaryllidées fleuries de serre : 20. La plus belle
collection ; 21. Le plus beau lot.
Imantophyllums ou Clivias variés en fleurs: 22.
Le plus beau lot; 23. Le plus beau lot de 25.
Azalées de l’Inde : 24. La plus belle collection de
60 : 25. La plus belle collection de 40; 26. La plus
belle collection de 25.
Azalées de l’Inde, nouvelles variétés : 27. La plus
belle collection de 20.
Rhododendrons de Java et de l’Himalaya en
fleurs : 28. Le plus beau lot.
Plantes de la Nouvelle-Hollande : 29. Le plus
beau lot.
Araucarias: 30. La plus belle collection.
Conifères de serre : 31. La plus belle collection.
Plantes officinales de serre : 32. La plus belle
collection.
Anthuriums fleuris: 33. Le plus beau lot; 34. La
plus belle collection.
Ixias et Sparaxis en fleurs : 35. Le plus beau lot.
M. M. A. (Constantinople.) — La plante
dont vous nous avez envoyé les feuilles est une
Césalpiniée, appartenant probablement au genre
Cassia. Quand elle sera fleurie, l’été prochain,
nous pourrons vous dire son nom si vous nous
en envoyez un rameau fleuri.
N° 4641. [Calvados. J — Merci de votre
excellente communication sur les Pommiers à
cidre, qui paraîtra dans le prochain numéro
de la Revue. C’est un sujet que nous considé-
rons comme de premier ordre. Nous savons
qu’il intéresse particulièrement les horticul-
teurs marchands, dans les départements de
l’Ouest et du Centre principalement; les de-
mandes de Pommiers à haute tige ont décuplé
depuis quelques années, et leur vente est de-
venue l’objet d’un commerce important.
Bonapartéas et Dasylirions : 36. Le plus beau lot.
Primula sinensis en fleurs : 37. Le plus beau lot.
II. Plantes nouvelles. — Cinq concours.
1. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuillage
introduites le plus récemment en Europe.
2. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage introduites directement en France.
3. Lot de plantes hybrides dont les parents se-
ront indiqués.
4. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage obtenues de semis et non encore dans le com-
merce.
5. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage obtenues de semis et dans le commerce de-
puis 1878.
III. Belle culture. — Quatre concours.
1. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage que la bonne culture aura fait arriver le plus
près possible de son maximum de développement.
2. De 4 à 10 plantes fleuries ou à feuillage les
plus remarquables par leur forme et leur dévelop-
pement.
3. Le plus beau lot de 20 plantes à feuillage or-
nemental.
4. Le plus beau groupe de 20 plantes diverses
fleuries, à quelque catégorie qu’elles appartiennent.
ÏV. Culture spéciale. — Deux concours.
1. La plus belle collection de 50 plantes fleuries
ou à feuillage cultivées en vue de l’approvisionne-
ment des marchés.
2. Le plus beau lot de plantes fleuries ou à feuil-
lage cultivées en vue de l’approvisionnement des
marchés.
N° 5237 . M. F. L. — Dans le genre Anguloa,
le labelle n’est pas mobile comme dans d’autres
genres d’Orchidées, par exemple dans les Bol-
bophyllum, dont plusieurs espèces, comme le
B. barbigerum , de la côte occidentale d’Afrique,
ont une articulation si déliée que ce labelle
s’abaisse comme la mâchoire d’un magot
chinois.
Nous ne connaissons aucune espèce à’ An-
guloa proprement dite qui présente ce singu-
lier phénomène.
La citation latine que vous avez lue dans
une serre, et qui est, en effet, charmante
et bien appropriée à la situation, se trouve
dans un livre ancien sur le jardinage. Voyez, à
ce sujet, l’article que nous publions dans le
présent numéro (page 37.)
L’Administrateur-Gérant : L. Bourguignon.
Imp. Georges Jacob , — Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE.
49
CHRONIQUE HORTICOLE
Les plantations d’arbres fruitiers à cidre en bordure des routes. — Canna liliiflora. — Brugnon vineux
Henri de Monicourt. — Le phylloxéra et les parasites végétaux vaincus par l’hybridation. — Les
Vignes kabyles en Provence. — Un nouvel ennemi des Gattleyas. — École forestière de Nancy. — La
Société nationale d’horticulture de France et l’Art des jardins. — L’enseignement horticole dans les
écoles primaires. — Nouvelles contributions à la Flore de Madagascar. — Les concours régionaux
en 1888. — Grand concours international des sciences et de l’industrie à Bruxelles. — Exposition
de Barcelonne. — Société cactophile belge. — Orchidées et Colibris.
Les plantations d’arbres fruitiers à
cidre en bordure des routes. — La
Revue horticole s’est souvent occupée de
cette importante question, et, récemment,
elle faisait connaître un cas d’opposition
formelle de la part de l’Administration des
Ponts et Chaussées (1).
Il n’en est heureusement pas partout
ainsi , et un de nos correspondants,
M. Ausseur-Sertier, de Lieusaint, nous
écrit que, sur les routes de Brie-Comte-
Robert à Servon, et de Moissy-Cramayel à
Guignes, M. Aubrot, ingénieur du dépar-
tement (Seine-et-Marne), a fait exécuter
des plantations importantes de Pommiers à
cidre. Jusqu’ici, aucun inconvénient n’a
été signalé, et les arbres sont en très-bonne
voie de développement.
Ajoutons que ce même département est
largement entré dans la voie des plantations
d’arbres fruitiers à cidre, et que déjà une
cidrerie vient d’être construite auprès de
Brie-Comte-Robert.
Canna liliiflora. — Introduite vers
1854, par Warscewicz, de l’État de Véra-
guas (Amérique centrale), cette superbe
plante à fleurs blanches odorantes fut mise
en vente par L. Van Houtte, le célèbre hor-
ticulteur gantois. Elle se répandit lentement
dans les cultures. La raison était surtout la
difficulté de la conserver l’hiver, car sa vé-
gétation ne doit jamais être interrompue, ses
racines étant fibreuses et non tuberculeuses.
La plante disparut bientôt de presque
toutes les collections. Demandée par quel-
ques amateurs, on réussit à la retrouver, il
y a quelques années, grâce à la publicité de
la Revue horticole. On en obtint des
graines et des jeunes plantes.
Aujourd’hui, la même disette de Canna
liliiflora paraît se reproduire. On nous
demande d’indiquer où l’on peut se pro-
curer cette plante, et nous n’y réussissons
pas. Nous prions instamment ceux de nos
(1) Voir Revue horticole , 1887, p. 41o-
1er Février 1888.
lecteurs qui pourraient nous renseigner à
ce sujet de vouloir bien le faire.
Brugnon vineux Henri de Monicourt.
— Notre collaborateur, M. Gagnaire, de
Bergerac, rappelle en ces termes, dans une
lettre récente qu’il nous écrit, l’attention
des pomologues et des amateurs de fruits
sur cette variété de Brugnon :
Un jour de l’année 1872, à la veille des ven-
danges, M. de Monicourt parcourait ses vi-
gnobles, qui entourent son château de Chagnaud.
Chemin faisant, un arbre planté au loin dressait
sa tête chargée de fruits au-dessus des Vignes
et s’imposait par sa jolie forme à l’attention de
son propriétaire. Suivi de son homme d’affaires,
M. de Monicourt se dirige vers cet arbre,
cueille un fruit, puis deux, qu’il déguste soi-
gneusement, et reconnaît avoir à faire à un
Brugnon vineux à chair non adhérente, incon-
testablement dû au hasard. Quelques années
plus tard, notre savant rédacteur en chef,
M. E. A. Carrière, le décrivait dans la Revue
horticole (année 1885, page 55).
Ce bon et joli fruit mûrit ici dans la pre-
mière quinzaine de septembre, c’est-à-dire une
quinzaine de jours plus tard que les variétés
de Brugnon répandues dans le commerce, ce
que les amateurs savent apprécier. L’arbre qui
le porte est vigoureux et fertile, et se soumet
volontiers à la forme en plein vent comme à la
forme en espalier.
Indépendamment de ses bonnes qualités, le
Brugnon vineux H. de Monicourt comble une
importante lacune pomologique, puisqu’il est
au groupe Brugnon ce que sont les Pêches vi-
neuses au groupe Pêcher, la Poire vineuse au
genre Poirier, et la Pomme Museau de Lièvre
à chair sanguine au genre Pommier.
Le Brugnon vineux Henri de Monicourt a
sa place marquée dans toutes les collections,
quelle qu’en soit l’importance. Je recommande
ce fruit aux amateurs, parce qu’il est réelle-
ment méritoire, et si j’insiste en sa faveur au-
près des pomologues, c’est parce qu’il ne doit
pas passer inaperçu. Gagnaire,
Horticulteur à Bergerac.
Nous appuyons la recommandation de
notre collaborateur en faveur de ce nouveau
et bon fruit.
3
50
CHRONIQUE HORTICOLE.
Le phylloxéra et les parasites végé-
taux vaincus par l'hybridation. —
M. Millardet, l’inventeur de la bouillie bor-
delaise, le viticulteur qui, depuis de nom-
breuses années, n’a cessé de chercher,
souvent avec succès, les moyens de lutter
contre les nombreux ennemis qui s’achar-
nent sur la Vigne, vient, avec la collabo-
ration de cultivateurs distingués, MM. de
Grasset, Couderc et Ganzin, de terminer
une longue série d’expériences, desquelles
il résulte que les Vignes obtenues en
France par l’hybridation de cépages euro-
péens au moyen d’espèces ou formes améri-
caines, résistent absolument aux atteintes
du phylloxéra et des autres parasites végé-
taux.
M. Millardet vient de publier, à ce sujet,
dans le Journal d’ Agriculture pratique (1),
un article fort intéressant dont nous don-
nons ici une partie de la conclusion :
Ainsi, l’année 1887 marquera une date à
jamais mémorable dans l’histoire de nos dé-
sastres viticoles, de nos angoisses et de nos
luttes contre les fléaux formidables qui ont
accueilli notre viticulture depuis vingt ans.
Grâce à l’hybridation de nos cépages euro-
péens par diverses Vignes américaines, nous
sommes, à partir d’aujourd’hui, absolument
certains d’obtenir, dès la première génération,
soit des porte-greffes d’une résistance assurée
et d’une adaptation plus facile que ceux que
nous possédions jusqu’ici, soit des producteurs
directs, résistant au phylloxéra et aux para-
sites végétaux les plus dangereux, et capables
de produire, en même temps, des vins com-
plètement droits de goût. De plus, il est très-
possible que le semis des graines de ces hy-
brides de première génération nous conduise
à des résultats encore plus satisfaisants ; c’est
même à espérer. Mais il ne faudrait pas que
cet espoir flatteur nous fasse méconnaître
l’importance capitale du fait que je signale
aujourd’hui, puisque, à lui seul, il doit suffire
à nous tranquilliser sur l’avenir. Dès mainte-
nant, en effet, l’exactitude de la méthode qui
doit nous conduire au but doit être regardée
comme absolument démontrée. Ce qui a été
fait doit être fait encore, et, je dirai plus, le
sera certainement.
Les Vignes kabyles en Provence. —
M. Ghèdes, viticulteur à Aix-en-Provence,
vient d’adresser à M. le Président de la So-
ciété nationale d’ Acclimatation une lettre
d’où nous extrayons les passages suivants :
J’avais eu occasion, étant en excursion à
(1) Voir Journal d’ Agriculture pratique, 1888,
p. 22.
Milah (Algérie), de goûter au vin fabriqué
avec le produit des Vignes kabyles. Ce vin
rosé était excellent, et devenait supérieur
après deux ou trois années de bouteille.
J’ai eu l’idée, au commencement de l’année
1887, de me faire expédier, de Bougie,
1,530 boutures de Vignes de Kabylie.
Ces boutures, provenant de Vignes poussant
en liberté, grimpant, librement après les arbres
de la Kabylie, s’élançant d’un arbre à l’autre,
produisent de merveilleuses grappes dont le
poids varie de 2 à 5 kilogrammes ; elles me sont
parvenues en assez bon état.
Je les ai mises en terre deux ou trois jours
après leur arrivée, et, afin de faire un essai
aussi concluant, que possible, j’ai fait des pépi-
nières dans trois terrains différents :
Terre rouge, terre noire, terre blanche.
Les trois pépinières ont parfaitement réussi
et, chose remarquable, les pousses, qui dépas-
saient 50 centimètres pour la plupart, n’ont pas
été atteintes par le mildiou, pendant qu’à côté
des Vignes françaises et américaines résistaient
avec peine, même ayant subi jusqu’à quatre
injections de sulfate de cuivre.
Le même fait de résistance au mildiou
s’est produit chez trois cultivateurs aux-
quels M. Chèdes avait remis des plants de
Vignes kabyles ; il y a évidemment là
une forme robuste qui pourra apporter
un élément nouveau à la reconstitution
de nos vignobles.
On ne saurait trop insister sur la néces-
sité qu’il y a de rechercher partout les
moyens de contribuer à cette reconstitution.
Aussitôt qu’une possibilité est entrevue,
on doit s’en emparer, l’expérimenter par
tous les moyens dont on dispose, jusqu’à ce
que l’on soit arrivé à un résultat positif ou
négatif incontestable.
Un nouvel ennemi des Cattleyas. —
C’est le Isosoma Cattleyæ, Riley. D’im-
portation américaine, cet insecte, paraît-il,
a déjà ravagé beaucoup de serres en Angle-
terre, et après avoir passé la Manche, il est
actuellement sur le continent, c’est-à-dire
en France.
L’isosoma Cattleyæ appartient à la
famille des Eurytomides. C’est un Hymé-
noptère, voisin des Cynissoïdes.
Voici, à ce sujet, ce que nous apprend
M. Schneider, qui, dans l’établissement de
M. Veitch, en Angleterre, a eu maintes fois
l’occasion de voir cet insecte : « . . . Il sort
de son gîte vers dix heures du soir, pour
se répandre dans la serre, et c’est alors
qu’il pond ses œufs dans les écailles qui se
trouvent à la base des jeunes bourgeons,
lesquels œufs se transforment en larves qui
CHRONIQUE HORTICOLE.
51
creusent des galeries, et déterminent la mort
des bourgeons. »
L ’lsosomà Cattleyæ a déjà progressé
d’une manière effrayante dans les serres
d’Armainvilliers, où il a causé de sérieux
dommages sur les Cattleya. Se bornera-t-il
à ce genre ou n’attaquera-t-il pas les sortes
analogues ? Quoi qu’il en soit, sous ce rap-
port, au lieu de disserter sur ce point ce
qu’il convient de faire, c’est de s’attacher
tout de suite à la destruction de cet insecte.
Mais comment? Par les insecticides sous
les deux formes habituelles : fumigations ou
aspersions réitérées à différentes heures,
afin d’atteindre les insectes, soit à l’état par-
fait, soit à celui de larves.
École forestière de Nancy. — Une
importante modification vient d’être opérée
par le Ministre de l’agriculture dans le
mode de recrutement des élèves de l’École
forestière de Nancy. A l’avenir, tous les
élèves de l’école forestière seront pris parmi
les élèves diplômés de l’Institut national
agronomique, suivant le mode adopté à
l’École polytechnique pour le recrutement
de ses écoles d’application.
Pour être admis à l’École forestière, les
élèves diplômés de l’Institut agronomique
devront avoir eu vingt-deux ans au plus au
1er janvier de l’année courante. Le nombre
des élèves reçus, chaque année, ne pourra
être supérieur à 12.
Enfin, il est institué, annuellement, dix
bourses de 1,500 fr. chacune, en faveur des
élèves de l’École forestière. Ces bourses
peuvent être divisées en demi-bourses.
Les résultats les plus marqués de cette
œuvre seront de rendre les fonctions fores-
tières accessibles à tous ceux dont les con-
naissances et les aptitudes seront suffi-
santes, et aussi d’étendre les connaissances
agricoles de nos sylviculteurs, puisque
leurs études préparatoires, à l’Institut agro-
nomique, les auront fortement instruits
sous ce rapport.
La Société nationale d’horticulture
de France et l’Art des jardins. — Il
vient de se former, dans le sein de la So-
ciété nationale d’horticulture de France, un
comité de l’Art des jardins, dont le bureau
est déjà constitué et fonctionne.
C’est là une très-utile adjonction aux di-
verses sections que notre grande Société
comptait déjà, et, avec un champ d’opérations
aussi vaste que celui auquel se rapporte le
nouveau comité, il y a tout lieu d’espérer
qu’il saura rendre quelques services à l’archi-
tecture paysagère et à l’horticulture en gé-
néral.
Toutes communications ou demandes
d’indications seront favorablement accueil-
lies par le Comité de l’Art des jardins, et de-
vront être adressées à son secrétaire, 84, rue
de Grenelle-Saint-Germain, Paris.
L’enseignement horticole dans les
écoles primaires. — Le Ministre de l’ins-
truction publique a récemment pris une
mesure excellente. Il a décidé qu’en 1888
vingt médailles d’argent, accompagnées
chacune d’une somme variant de 50 à
300 fr., seraient décernées aux institu-
teurs et institutrices primaires qui auront
donné, avec le plus de zèle et le plus de
succès, d’une manière théorique et pratique,
l’enseignement agricole et horticole à leurs
élèves.
Il est évident que la culture des arbres
fruitiers, des légumes et des fleurs, tiendra,
à beaucoup près, la plus grande place dans
cette section de l’instruction primaire, et
les bons effets s’en feront rapidement sentir,
nous en sommes persuadés.
Nouvelles contributions à la Flore de
Madagascar (1). — Peu de personnes se
doutent de la richesse de la Flore de Mada-
gascar. En effet, la plus vaste partie de cet
immense territoire est encore inexplorée au
point de vue botanique, et les découvertes
que l’on y a faites sont d’une extrême abon-
dance.
M. J. -G. Baker, le savant botaniste de
Kew, a récemment étudié un envoi de
plantes de l’île africaine, parmi lesquelles
il a reconnu et décrit 7 genres nouveaux
et plus de 250 espèces nouvelles.
Les genres nouveaux sont ainsi dénom-
més : Gamopoda (Ménispermacées), Tri -
morphopetalum (Balsaminées), Rhodose-
pala (Mélastomacées), Amphorocalyx (Mé-
lastomacées) , Gomphocalyx (Bubiacées),
Astephanocarpa (Composées), Termolepis
(Composées).
Une grande partie des espèces nouvelles
appartiennent aux genres tropicaux : Gar-
cinia, Hibiscus, Bégonia, Vitis, Ficus.
Quelques représentants de la flore du Cap
viennent s’ajouter à celle de Madagascar.
Ils appartiennent aux genres Pélargonium,
(1) Further Contributions to the Flora of
Madagascar , J. -G. Baker. — Journal de la So-
ciété Linnéenne de Londres , vol. X"VII, Botanique,
pp. 441-560.
52
CHRONIQUE HORTICOLE.
Cineraria, Belmontia , etc. Enfin, certains
Strychnos, Dalbergia, Maceranga, Gar-
cinia , etc,, présenteront, paraît-il, un in-
térêt économique.
D’autre part, nous avons à signaler la
publication de la partie historique de Y His-
toire physique , politique et naturelle de
Madagascar , un bel ouvrage publié sous la
direction de M. Alf. Grandidier. Le premier
fascicule de Y Histoire naturelle des plantes,
faisant partie de ce cet ouvrage et dû à
M. H. Bâillon, comprend les figures de
quarante-sept espèces, presque toutes nou-
velles. Le texte de ce fascicule n’est pas
encore publié ; mais les espèces qui y sont
contenues sont décrites dans des publica-
tions antérieures, notamment dans le Bulle-
tin de la Société Linnéenne de Paris.
Les concours régionaux en 1888. —
Les concours régionaux auront lieu, cette
année, dans les villes et aux dates sui-
vantes : Auch et Nantes, du 21 au 29 avril ;
Laon, du 19 au 27 mai ; Châteauroux et
Nîmes, du 26 mai au 3 juin ; Autun, du
2 au 10 juin; Epinal, du 9 au 17 juin;
Alençon, du 16 au 24 juin.
Pour être admis à exposer dans ces con-
cours, la demande ou déclaration doit être
adressée au Ministre de l’agriculture, et
parvenir au ministère avant les dates dési-
gnées ci-après : Auch et Nantes, le 15 mars
1888; Laon, le 15 avril; Châteauroux et
Nîmes, le 20 avril ; Autun, le 25 avril ;
Épinal, le 5 mai ; Alençon, le 10 mai.
L’horticulture, l’arboriculture, sont, on
le sait, admises aux concours régionaux. Il
importe donc à nos bons cultivateurs, spé-
cialistes ou autres, de s’y faire représenter.
Grand Concours international des
sciences et de l’industrie à Bruxelles.
— Dans ce Concours, dont nous avons
parlé récemment (1), l’horticulture et ses
alliés joueront un rôle très-important. Elles
occupent, dans la classification générale, les
numéros d’ordre suivant :
Subdivision 24 a. — Matériel et technologie
horticoles.
Subdivision 24 b. — Floriculture. — Expo-
sitions permanente dans les jardins. — Expo-
sitions temporaires.
Subdivision 24 c. — Pomologie.
Subdivision 24 d. — Culture maraîchère.
Subdivision 24 e. — Graines et matériel.
Un Congrès horticole sera annexé à ces
exhibitions, et les nombreuses questions
(1) Voir Revue horticole, 1887, p. 433.
soumises à l’étude de ce Congrès sont déjà
publiées. Elles embrassent un champ très-
vaste, et sont pour la plupart d’un haut
intérêt horticole ou scientifique.
Nous ferons ultérieurement connaître les
diverses dates des Concours, mais dès
aujourd’hui les intéressés pourront se pro-
curer le programme détaillé de l’exposition
ainsi que la liste des questions qui seront
soumises au Congrès ou traitées à l’avance,
en s’adressant à M. Lubbers, secrétaire du
Comité n° 24 du grand Concours interna-
tional, à Bruxelles.
Exposition de Barcelone. — La ville
de Barcelone organise, en ce moment, une
vaste Exposition universelle, qui doit s’ou-
vrir le 8 avril 1888, et qui, avec ses jardins
et annexes, occupe une surface de près
de 47 hectares. Les intéressés pourront
prendre connaissance du programme dé-
taillé et des conditions d’admission en
s’adressant au siège de la Société natio-
nale d’ Acclimatation , 41 , rue de Lille ,
Paris.
Société cactophile belge. — Il vient
de se former, à Anvers, une Société (Vet-
plantenkring, Cercle d’amateurs de plantes
grasses) qui s’occupera exclusivement de
l’étude et de la culture des Cactées. Le se-
crétaire est M. J. Havermans, 46, rue Jésus,
à Anvers.
Orchidées et Colibris. — Sous ce titre
vient de paraître le premier fascicule d’une
splendide publication, format grand in-folio,
qui est destinée au plus grand succès ar-
tistique et horticole à la fois. L’auteur,
M. Paul de Longpré, est un peintre de
fleurs hors ligne. Il a traduit la nature
même sous la forme des plus belles Orchi-
dées, vues comme elles sont dans leur pays
natal, épiphytes sur les troncs d’arbre, en-
vironnées de Fougères, de Mousses, de
plantes variées, au milieu desquelles se
jouent, comme des pierres précieuses vi-
vantes, de délicieux oiseaux-mouches.
Les six premières compositions de M. de
Longpré donnent le portrait des six espèces
suivantes : Cattleya exoniensis , Odonto-
glossum Rossii (sous le nom de rubescens ),
Stanhopea Martiana, Phalænopsis Stuar-
tiana, Dendrobium Farmeri, et un bou-
quet de cinq espèces diverses. Nous repar-
lerons en détail de cette magnifique série
de planches coloriées.
E.-A. Carrière et Ed. André.
GUNDELIA TOURNEFORTII.
53
GUNDELIA TOURNEFORTII
Le Gundelia Tournefortii , L., ou Accoub
de Syrie (fig. 12), est d’une culture assez
difficile ; les pieds ne peuvent se diviser et
la transplantation en est impraticable ; c’est
par le semis seulement qu’on arrive à l’ob-
tenir, et ce n’est qu’au bout de trois ou
quatre ans que s’accomplit la floraison.
M. Paillieux a semé, fin mai, soixante-
quatre graines de G. Tournefortii, à raison
de deux graines par pot. Quarante jours
après, une
vingtaine
avaient levé,
puis une di-
zaine d’au-
tres. Mis en
pleine terre
avec la mot-
te, les pieds,
qui avaient
été recou-
verts de clo-
ches, ont
bien passé
l’hiver ;
ceux pour
lesquels
cette pré-
caution
avait été
négligée ont
pourri. Cet-
te plante
semble
craindre
beaucoup
l’humidité.
Ses capitu-
les fournis-
sent un légume agréable, égal à l’Asperge
et supérieur à l’Artichaut.
« Légume excellent ! Plante féroce !
s’écrie M. Paillieux dans une de ses lettres
sur l’Accoub, communiquées à la Société
d’ Acclimatation. Henri Yéniat, mon jardi-
nier, s’en est approché avec précaution, le
sécateur à la main; il en a détaché une
trentaine de boutons à fleurs.
« Ces boutons sont ronds et du volume
d’une grosse Fraise Ananas.
« J’ai coupé les épines dont ils sont gar-
nis, et je les ai jetés au fur et à mesure dans
l’eau fraîche.
« Au contact du fer, la section devient
noire comme celle de l’Artichaut.
« Les boutons ont été cuits à l’eau et
accommodés au beurre comme les Flageo-
lets, sans Persil.
« Le résultat a été parfaitement satisfai-
sants et ce n’est pas seulement l’avis de
l’amateur qui vous écrit, mais celui de sa
famille.
« Le goût du légume est également voisin
de celui de
l’Asperge et
de celui de
l’Artichaut.
« L’Ac-
coub serait
appelé aux
plus hautes
destinées
s’il n’était
le plus re-
doutab 1 e
des Char-
dons, et si
les cuisiniè-
res pou-
vaient l’ac-
cepter.
« Je vais
cependant
m’appliquer
à le multi-
plier, mais
il faut pour
cela que
Dieu me
prête une
longue vie,
car la plante
exige quatre ans pour atteindre son maxi-
mum de production. Elle est, il est vrai,
vivace et sa durée sera peut-être égale à
celle de l’Asperge,... ce que j’avoue igno-
rer.
« On récolte les boutons à fleurs nais-
sants à partir du 15 mai. On pourrait
encore en cueillir en ce moment. »
M. Paillieux fait des réserves en ce qui
concerne les vertus comestibles des racines
et des jeunes pousses, ne songeant d’ailleurs
pas à sacrifier, dès aujourd’hui, des pieds
obtenus au prix de grands efforts. Qu’il
suffise de savoir que l’art culinaire va
Fig. 12. — Gundelia Tournefortii.
54
TAILLE DES ARBUSTES.
trouver un nouvel élément dans la prépara-
tion des capitules du G. Tournefortii, qui
resteront un légume printanier de choix,
d’une délicatesse parfaite, mets d’amateur
s’il en fut. Ces qualités engageront l’hor-
ticulteur tant soit peu gastronome à en
essayer la culture.
Ed. André.
TAILLE DES ARBUSTES
Chaque année cette question générale se
présente : Faut-il tailler les arbustes, et si
oui, à quelle époque doit-on faire cette opé-
ration ? Cette question, en apparence si
simple, en renferme plusieurs autres, qui,
bien que secondaires, méritent pourtant de
fixer l’attention.
Forme et dimension à donner aux
arbustes. — Dépendantes de la nature des
plantes, des conditions où elles sont placées
et du but que l’on recherche, on ne peut
indiquer de règles absolues, sinon dans
quelques cas et encore d’une manière géné-
rale. Ce qu’alors l’on doit faire, c’est, de sur-
veiller les plantes afin qu’elles ne se dégar-
nissent pas et que les dimensions soient
maintenues dans des proportions relatives,
c’est-à-dire en rapport avec la force et la
forme des plantes.
Une chose importante relative à la forme,
c’est que, quelle que soit celle-ci, elle ait un
aspect naturel et non guindé, ainsi qu’on a
trop l’habitude de le faire, et alors ces végé-
taux rappellent des joujoux de Nuremberg
et semblent avoir été coulés dans un moule.
Certains de ces tailleurs vont même jusqu’à
couper les feuilles en deux afin d’avoir ce
qu’ils appellent une « belle régularité », ce
qui est d’un mauvais goût achevé. Cette
taille murale, qui ne peut être admise que
pour des haies ou pour des palissades qui
simulent des murs, se fait le plus sou-
vent avec des cisailles ; nous avons même
parfois vu de ces sortes de perruquiers hor-
ticoles, après avoir donné quelques coups de
ciseaux, se reculer, cligner de l’œil, puis
revenir sur leur ouvrage, et alors, à l’aide
de petits coups répétés, faire des hachures
ou sortes de copeaux jusqu’à ce que toutes
les inégalités aient disparu.
Jamais, au contraire, un véritable jardi-
nier ne doit se servir de cisailles, excepté
pour les bordures de huis, les haies ou les
palissades, qui doivent être droits et régu-
liers comme des murs. En dehors de ces
quelques sujets et des figurines faites à
l’aide d’ifs soumis à cette sorte de « coupe
de cheveux », on ne devrait jamais, dans
un jardin digne de ce nom, voir ces ar-
bustes étriqués qui semblent sortir de chez
un coiffeur.
Sans chercher l’irrégularité et tout en
conservant les formes gracieuses, on peut et
on doit éviter les formes dures, surtout quand
elles rappellent trop la main de l’homme,
qui, dans ces circonstances, doit autant que
possible disparaître. Pour cela, non seule-
ment dans ce cas, mais toujours, la taille
devra être faite à une bifurcation, de ma-
nière que l’extrémité du rameau se termine
par une partie feuillée, un œil ou un bour-
geon, mais jamais ou le plus rarement pos-
sible par la coupe de la partie supprimée. Il
est également entendu que cette coupe devra
être faite le plus proprement possible,
courte et arrondie, de manière à ne pas
présenter ces grands biseaux blancs ou
« coupes en sifflet ».
Époque de la taille des arbustes. —
Bien qu’il n’y ait pas lieu d’assigner une
époque précise à cette opération, on peut,
d’une manière générale, la partager en deux.
Il y aura une époque que nous nommons
hivernale , qui comprendra le temps entre
la défoliaison et la foliaison ou bourgeon-
nement. Elle devra toujours se faire avant
la floraison. La seconde époque, dite esti-
vale•, devra se faire aussitôt la floraison
terminée, de manière à provoquer le déve-
loppement immédiat de nouveaux bourgeons
qui devront fleurir l’année suivante. Pour
indiquer ces deux séries d’opérations, cer-
tains praticiens, partageant les arbustes en
deux catégories, ont dit : l’une comprend
toutes les espèces qui fleurissent sur le
jeune bois ou bois de Vannée ; l’autre ceux
qui, au contraire, fleurissent sur le vieux
bois. Cette expression est vicieuse et prête
à des confusions , car, à vrai dire, presque
toutes les plantes fleurissent sur du jeune
bois, tellement même que parfois ce bois,
à peine âgé de quelques jours, se confond
avec les fleurs. En effet, comme exemple de
fleurs se développant sur le vieux bois, on
ne connaît guère comme arbuste de plein
air que le Cercis siliquastrum ou cc Bois de
Judée ».
Quoi qu’il en soit, on considère comme
RÉSULTATS D’EXPÉRIENCES SUR
fleurissant sur le vieux bois les plantes dont
les fleurs printanières, plus rarement esti-
vales, naissent sur du bois qui s’est déve-
loppé l’année qui précède celle où les fleurs
s’épanouissent, et, au contraire, comme
fleurissant sur le jeune bois , les espèces
qui, taillées au printemps, poussent et fleu-
rissent pendant l’été.
Pour résumer les principes énoncés dans
cet article et en faire bien comprendre l’ap-
plication, nous croyons devoir rappeler les
catégories arbustives en indiquant pour
chacune quelques-unes des espèces les
mieux caractérisées qui en font partie.
Taille hivernale ou avant la floraison :
Hibiscus syriacus, Ceanothus americanus,
Genista hispanica, etc.
Taille estivale ou après la floraison :
Lilas, Boule-de-Neige, Groseilliers, Serin-
gats, Faux-Ébénier, etc., etc.
Taille sur le vieux bois : Cercis sili-
quastrum .
RÉSULTATS D’EXPÉRIENCES SUR
De même que les années précédentes,
MM. Vilmorin ont bien voulu nous faire
parvenir des graines de leurs légumes nou-
veaux qu’ils mirent pour la première fois
dans le commerce, au printemps de 1887.
Nous indiquons plus loin les avantages
et les qualités de ceux qui nous ont semblé,
après une série d’observations attentives,
devoir prendre rang parmi nos meilleures
plantes potagères.
Nous avons toujours considéré ces sortes
d’envois comme une bonne fortune pour
notre Jardin d’expériences : ils nous per-
mettent de suivre, pendant le courant de
la végétation, le développement de ces nou-
veautés, d’en étudier les caractères et de re-
connaître leur valeur au point de vue de
l’alimentation publique.
Gomme on devait s’y attendre, quelques-
uns ont, tout de suite, conquis une première
place dans le jardin potager ; d’autres n’ont
présenté que des qualités ordinaires ; mais,
dans ces sortes d’essais, il serait téméraire
de porter un jugement définitif, absolu, sur
chaque variété. Car le sol, le climat, peu-
vent faire que tel légume, qui n’a présenté
ici que des qualités ordinaires, pourrait
gagner, étant cultivé dans un autre sol et
sous un climat plus approprié à ses besoins
et à son tempérament, dans tous les cas
différents des nôtres, et que, du second rang,
il passe au premier sans trop de difficultés,
quelques légumes nouveaux. 55
Il est bien entendu que ce ne sont là que
des indications générales pouvant être
prises comme bases, qui pourront même
présenter quelques exceptions suivant le
climat, les conditions de végétation, d’expo-
sition, etc. C’est au praticien à en tenir
compte et à agir suivant les cas.
Une chose également très-importante
dans la pratique de la taille des arbustes,
c’est que l’on devra toujours conserver les
brindilles, à moins qu’elles soient trop
longues, trop nombreuses, qu’elles fassent
confusion ou nuisent à l’harmonie ou à la
beauté de l’ensemble ; car ces parties, tou-
jours relativement grêles, souvent plus ou
moins âgées, contiennent toujours des ra-
milles à différents états, que l’on peut com-
parera ce que, chez le Pêcher, on nomme
bouquet cochonnet ou bouquet de mai ,
et qui, toujours aussi, donnent des fleurs.
E.-A. Carrière.
QUELQUES LÉGUMES NOUVEAUX
dans un nouveau milieu, ou essayé dans
une année dont le climat a pu être différent.
Aussi, ne faut-il voir dans les lignes qui
suivent que le résultat de nos observations
personnelles dans une première année d’es-
sais et d’observations.
1° Céleri plein blanc d’Amérique.
C’est assurément l’une des plus belles va-
riétés de Céleri que nous ayons reçue jus-
qu’à ce jour. La plante est excessivement
vigoureuse et rustique. Ses côtes sont larges
et dressées ; l’ensemble est ramassé et trapu.
Au commencement de l’automne, les
feuilles sont teintées de blanc, et cette cou-
leur va en s’accentuant de plus en plus, au
fur et à mesure que les côtes se rapprochent
du sol et qu’on avance en saison. Dans cet
état, on peut déjà porter ce légume sur
le marché. Toutefois sa qualité sera supé-
rieure, et les parties utilisables plus tendres,
si, comme tous les Céleris d’ailleurs, on
le fait blanchir sur place ou dans la cave.
Sous notre climat et pour notre sol, on peut
considérer cette variété nouvelle comme
une plante potagère de premier mérite. On
peut employer les côtes aux mêmes usages
que les autres Céleris, c’est-à-dire crues ou
cuites .
2° Chou Express.
La forme de la pomme de ce Chou res-
56
RÉSULTATS D’EXPÉRIENCES SUR QUELQUES LÉGUMES NOUVEAUX.
semble à un petit cône court et trapu. Ses
feuilles sont amples, peu nombreuses.
Le pied est très-court,, moins haut que la
pomme. Celle-ci se forme de très-bonne
heure ; il a beaucoup d’analogie avec la race
des Choux d’York. Toutefois, bien qu’elle
soit moins franche, elle est de très-bonne
qualité.
La culture est la même que celle des
Choux d’York. Il faut le planter serré, car
il est de race très-naine.
Les climats frais et humides, ainsi qu’une
terre substantielle riche en engrais, lui con-
viendront tout particulièrement.
3° Chou hâtif de Rennes.
La pomme de cette variété est légèrement
oblongue, conique et assez grosse. Les
feuilles extérieures sont bien ouvertes, légè-
rement cloquées sur les bords. Son pied est
très-court. C’est une très-bonne et très-
belle race à cultiver, et aussi l’un des meil-
leurs Choux à consommer. Il est vigoureux
pour le groupe des Bacalan et surtout bien
franc.
Il se cultive comme les autres variétés, et
convient aussi très-bien pour la consomma-
tion pendant les mois d’août, septembre et
octobre.
C’est une variété de premier mérite et à
introduire dans notre région.
4° Concombre à Cornichons fin de Meaux.
Plante vigoureuse, à tiges fortes, ram-
pantes, atteignant jusqu’à 3 mètres de lon-
Sfueur. Feuilles d’un beau vert foncé,
grandes, entières, à lobes légèrement mar-
qués.
Très-florifère et très-fertile, ses fruits sont
longs et fins, plus ou moins cylindriques,
garnis de protubérances terminées par une
petite arête. Généralement, ils sont fort
bien faits, et grossissent très-vite. Aussi,
pour les avoir à point, faut-il les cueillir
tous les deux jours.
Le développement de la plante est parti-
culièrement rapide. Comme ses congénères,
ce Concombre se plaît dans un terrain
riche, léger et chaud. Ses fruits se man-
gent surtout confits au vinaigre. Cette race
est certainement appelée à remplacer l’an-
cienne. Avis aux amateurs et aux maraî-
chers.
5° Haricot beurre panaché à rames.
Plante assez vigoureuse et pouvant attein-
dre lm50 de hauteur. Très - remarquable
par ses gousses larges, presque toujours
droites, striées de carmin et contenant
quatre grains en moyenne. Ceux-ci sont
blancs, mouchetés de rouge lie de vin. Dans
le jeune âge, on peut consommer les gousses
comme celles des Mange-tout.
C’est un bon Haricot, de maturité et de
fertilité moyennes.
6° Haricot Flageolet beurre à rames.
Cette très-belle et bonne variété a les
tiges pâles, pouvant atteindre jusqu’à 2m 50
de hauteur. Les feuilles, unies, sont d’un
beau vert blond, lisses, et les fleurs de cou-
leur lilas très-clair.
Les gousses, qui sont très-nombreuses,
sont jaune pâle dans le jeune âge ; elles se
caractérisent en mûrissant et contiennent
de quatre à six grains.
A la maturité, ceux-ci sont courts, épais,
et de forme très-régulière. Ce Haricot est
excessivement fertile, et son grain est ex-
quis à l’état frais.
Reste à savoir si sa couleur rouge vif le
rendra d’un usage fréquent dans la consom-
mation comme grain sec, quoique dans cet
état il soit de très -bonne qualité. Dans le
jeune âge, c’est un excellent Mange-tout.
Car ses gousses, quoique avec filets, sont
franchement sans parchemin, tendres et
charnues, jusqu’à ce que le grain soit arrivé
aux trois quarts de sa grosseur.
Il se cultive comme tous les Haricots
beurre.
7° Haricot Cerise du Japon.
Très-vigoureuse et de très-haute taille,
cette remarquable variété peut atteindre près
de 3 mètres de hauteur. Les tiges, minces,
effilées, s’enroulent très-facilement autour
des échalas, mais mieux encore s’accrochent
volontiers sur des rames élevées et bran-
chues.
Les feuilles, nombreuses, grandes, lisses,
sont d’un vert très-foncé.
Les fleurs sont de couleur lilas pâle. Les
cosses, légèrement arquées, sont très-nom-
breuses, droites, minces, courtes et d’un
beau vert foncé. Elles contiennent de cinq
à sept grains très-courts, presque ronds et
très-serrés dans la cosse.
Ils sont d’un rouge clair très-luisant et
de bonne qualité.
Cette intéressante variété a, de plus, le
mérite d’être excessivement productive.
8° Haricot nain Mange-tout extra-hâtif.
Cette race est franchement naine et pré-
RÉSULTATS D’EXPÉRIENCES SUR
sente comme particularité précieuse d’être
excessivement hâtive.
Son feuillage est ample ; ses cosses, char-
nues et légèrement arquées, contiennent de
quatre à six grains. Ceux-ci sont courts,
légèrement ovoïdes et très-blancs. En ré-
sumé, la plante est particulièrement fertile ;
le grain est très -beau et de première qua-
lité ; aussi, nous sommes persuadé qu’il se
répandra très-vite dans les cultures de plein
champ, et que cette variété sera très -recher-
chée pour l’approvisionnement des marchés.
C’est assurément l’une des meilleures ac-
quisitions de 1887.
9° Pois Duc d’Albany.
Plante de lm20 à lm30 de hauteur, tige
assez forte, stipules larges, feuilles grandes
d’un vert pâle ; fleurs blanches, très-
grandes, quelquefois solitaires. Les cosses,
souvent difformes, sont très-larges et con-
tiennent de quatre à six grains qui sont
très-gros, irréguliers ; à la maturité, ils
deviennent verts et ridés.
Ce Pois est de première qualité, même
cuit très-gros. Malheureusement, il produit
peu, et c’est là un fâcheux inconvénient.
10° Pomme de terre Boursier ou Rickmaker.
Tubercules énormes, irréguliers, c’est-à-
dire couverts de nœuds ou de bosses par
suite de l’enfoncement des yeux. La chair
est jaune pâle et la peau rose clair. Les
tiges, très-vigoureuses, peuvent atteindre
un mètre de hauteur ; elles sont triangu-
laires, ailées, ramifiées et d’un vert clair.
Les feuilles sont grandes, à folioles moyen-
nes, striées et d’un vert très-foncé.
Les fleurs, lilas-violet, sont réunies en
bouquet de dix à douze.
Ici, c’est à la fois la plus productive et
l’une de celles qui ont le moins souffert de
la maladie.
Elle sera surtout cultivée pour la fécule-
rie et pour la nourriture du bétail.
Chez M. Vapillon, propriétaire à Crugny,
près Trismes (Marne), 4 kilog. plantés dans
un sol ordinaire ont produit des tubercules
énormes d’un poids total de 105 kilog.
MM. Vilmorin ont tenu, par reconnais-
sance, à lui donner le nom de M. Boursier
de Chevrières (Oise) (1 ), qui, l’un des pre-
(1) En même temps qu’il était cultivateur et
industriel, M. Boursier dirigeait le Comice agri-
cole de l’arrondissement de Compiègne, dont il
était président. Depuis, cet intelligent cultivateur
a trouvé la mort, avec sa charmante jeune fille,
dans l’incendie de l'Opéra-Comique.
QUELQUES LÉGUMES NOUVEAUX. 57
miers, en avait essayé et propagé la cul-
ture en France.
Le nom de Rickmaker, sous lequel elle
est connue en Angleterre, veut dire :
« Pomme de terre qui donne par mon-
ceaux. »
En résumé, cette variété est très-vigou-
reuse, très-rustique et extrêmement pro-
ductive. Toutefois, elle est assez tardive.
Nous ne saurions trop appeler l’attention
des cultivateurs sur la valeur et sur l’im-
portance de cette variété pour la nourriture
des animaux de la basse-cour.
11° Radis long (Rave) rose à bout blanc.
Racine très-longue et mince, atteignant
15 et 18 centimètres de long, sur 15 milli-
mètres de diamètre au sommet ; peau lisse,
rouge pâle ; saveur douce, croquante et
aqueuse, à peine piquante. Chair ferme,
transparente, d’un blanc légèrement rosé ;
feuillage très-développé, dressé et d’un vert
clair.
C’est une excellente variété à cultiver en
toute saison pour le marché et là où il y a
beaucoup de monde à nourrir.
Il est plus vigoureux et plus rustique que
les autres Radis ; néanmoins, il vient d’au-
tant mieux que ses graines ont été placées
dans un sol riche en éléments fertilisants,
plutôt substantiel et humide que léger et
sec. Il est très-tardif.
12° Tomate jaune grosse lisse.
Belle variété tardive et assez vigoureuse ;
les tiges, grêles, ont atteint ici lm50 de
hauteur. Les feuilles sont assez larges, den-
tées, légèrement crispées, un peu repliées
sur les bords et d’un beau vert foncé. Les
fleurs sont jaunes et au nombre de dix à
douze par bouquet ; elles « nouent » assez
irrégulièrement.
Le fruit est d’un beau jaune d’or, clair et
luisant, déprimé et à pourtour régulière-
ment arrondi. Ici, à l’arrière-saison, quel-
ques-uns se sont fendus.
La saveur est douce et légèrement acidu-
lée. Nous n’avons pas remarqué que cette
variété fût très-fertile.
D’ailleurs, malgré les qualités des To-
mates à fruits jaunes, leur emploi en France
ne se généralise guère, et, sur les marchés,
ils ne trouvent que difficilement des acqué-
reurs.
E. Lambin,
58
YRIESEA IMPERIALIS.
CULTURE DU POMMIER A CIDRE.
YRIESEA IMPERIALIS
Cette espèce, dédiée à l’empereur du Bré-
sil, qui l’a envoyée au Muséum de Paris
en 1887, est voisine du Vriesea Gla-
ziouana, dont elle est probablement une
forme. Comme celui-ci, elle atteint de très-
grandes dimensions, à en juger par les
échantillons qui viennent d’être envoyés du
Brésil et dont nous allons donner une des-
cription sommaire. Ces échantillons, au
nombre de deux, présentent les caractères
suivants :
Tronc très-gros, mesurant environ 50 centi-
mètres de diamètre, donnant naissance à un
ensemble large d’environ 1™ 50 et d’une hau-
teur à peu près semblable mesuré de la base
au sommet des feuilles. Feuilles gracieusement
imbriquées, dressées-étalées, légèrement ar-
quées au-dessus du milieu, canaliculées, s’at-
ténuant régulièrement de la base au sommet,
qui, dur, spinôscent, se sèche promptement et
forme une sorte d’épine, grosse et très-résis-
tante.
Ces feuilles lisses, très-unies, nullement
serrulées sur les bords, sont glabres, lui-
santes, d’un beau vert clair; leur base, qui
est brunâtre, forme un épais empâtement
de 25 à 30 centimètres de largeur. Ce sont
ces empâtements qui, en s’appliquant l’un
sur l’autre et en se recouvrant comme les
tuiles d’un toit, constituent ces énormes
troncs dont nous venons de parler.
Disons, toutefois, que ces plantes sont
certainement des exceptions rares. Rempo-
tées avec soin par M. Loury, chef des serres
au Muséum, elles paraissent ne pas avoir
souffert du voyage, de sorte que l’on peut
espérer d’en voir prochainement la florai-
son, ce qui permettra de les décrire et d’en
voir les caractères, de se prononcer enfin
sur le genre auquel ces plantes appar-
tiennent.
Ces deux sujets, aussi remarquables par
la beauté de l’ensemble que par les dimen-
sions, sont, très-probablement, les plus forts
qui existent jusqu’à ce jour dans les cul-
| tures. E.-A. Carrière.
CULTURE DU POMMIER A CIDRE
Aujourd’hui, l’usage du cidre se géné-
ralise et la culture du Pommier surtout
s’impose pour bien des raisons dans notre
pays, parce que ses produits trouvent un
écoulement facile, et dans d’autres, parce
que la Vigne ne produit plus assez. Dans
notre contrée, où les Pommiers sont plan-
tés généralement dans les prairies natu-
relles, ils sont tous à haute tige afin d’être
hors d’atteinte des animaux qu’on y nourrit ;
il n’y a pas d’autre forme que celle-là à
choisir dans les pays de pâturages.
Dans les pays vignobles, soit que la
Vigne ne donne plus un produit suffisant et
qu’on doive la remplacer tout à fait, soit
que, ne rapportant que médiocrement, on ne
veuille pas tout détruire d’un seul coup, ou
que l’on fasse une plantation nouvelle avec
des ceps nouveaux, la forme que nous trou-
vons la plus avantageuse, c’est-à-dire la
plus commode et coûtant le moins cher,
tout en donnant un rapport en proportion
aussi abondant que sous les autres formes,
est le baliveau, sorte de fuseau négligé.
Dans le cas de plantation neuve, le
terrain ayant été bien nettoyé, engraissé,
défoncé soit avec la charrue fouilleuse
comme pour planter la Vigne, soit à
la main par le défonçage à tranchées, sui-
vant l’importance de la plantation, on
pourra planter les sujets par rangées en
donnant environ 3 mètres d’intervalle entre
chaque rangée sur la longueur, avec une
distance à peu près égale entre chaque
Pommier. Dans le cas de repeuplement,
on remplacera les ceps arrachés par des
Pommiers, en les plantant, si l’on veut,
et pour ne pas nuire aux labours, à la
place qu’occupaient les pieds de Vignes. Ces
deux plantes étant de nature différente, le
Pommier trouvera un terrain neuf là où la
Vigne ne prospérait plus ; du reste, bien
qu’étant plantés sur la même ligne, ceux-là
ne se trouveront pas plantés aux mêmes
endroits que les précédents , puisqu’ils
seront plus espacés.
Dans le troisième cas, on alternera avec
un rang de Vignes et un rang de Pommiers
à cidre en leur réservant l’espace nécessaire
comme il a été dit plus haut. Toutefois, ces
distances sont données comme aperçu ; elles
seront augmentées ou diminuées suivant la
nature du terrain. Cependant celle de 2m 50
peut être considérée comme distance mi-
LE MANUEL DE l’ACCLIMATEUR.
59
nima pour la forme que nous préconisons.
Elle devra être augmentée si l’on plante un
rang de Vignes entre deux rangs de Pom-
miers afin d’éviter l’étouffement et assurer
une pénétration suffisante aux rayons du
soleil. Les Pommiers à cidre, eux, ne crai-
gnent pas l’étouffement, et la preuve, c’est
que dans notre pays les plantations dites les
plus chanceuses, sont toujours celles dans
lesquelles les arbres se touchent et s’entre-
mêlent même les uns avec les autres ; ces
arbres se garnissent de fruits régulièrement
chaque année, non seulement extérieu-
rement comme on pourrait le croire, mais
aussi intérieurement et donnent toujours
une production supérieure sans que la qua-
lité soit altérée.
Ces vergers sont dits plantés à fond
perdu , quoique le dessous, qui est en prai-
rie, serve à l’élevage des bestiaux ; le pâtu-
rage n’est pas aussi riche que s’il était
moins couvert, il est vrai, mais la compen-
sation est large avec le produit des arbres,
et ces vergers sont toujours très-utiles,
même presque indispensables en prévision
des années de sécheresse, les animaux
trouvant là une nourriture fraîche et abon-
dante, tandis qu’il n’y en a plus ailleurs.
Les jeunes arbres, plantés comme nous
LE MANUEL DE
Le nouveau livre de M. Ch. Naudin, dont
nous avons annoncé l’apparition dans notre
dernière chronique, est destiné à venir au
secours de ces nombreux expérimentateurs qui
cherchent des nouveaux types végétaux dont
ils puissent doter leur pays.
Il faut « chercher pour trouver et regarder
pour voir. » C’est un axiome banal qu’on ne
saurait trop répéter et surtout trop mettre en
pratiqne.
A ceux qui prétendent que nous sommes
bien assez riches, que nous avons déjà trop de
fruits, de légumes, d’arbres d’utilité, de plantes
d’ornement, il n’y a qu’un mot à répondre,
c’est qu’avec ce beau raisonnement, la Pomme
de terre serait encore à l’état sauvage sur les
hauteurs des Cordillères, le Quinquina ne se-
rait pas même employé par les Indiens du
Pérou, le Camellia ferait le bonheur des seuls
Japonais, nous mangerions des Poires à cidre
et les rosiéristes en seraient réduits à la Rose
des haies.
Marcher en avant, c’est la loi de l’humanité
tout entière et l’horticulture ne doit point y
(1) Un vol. grand in-8 de 566 pages, à la Li-
brairie agricole de la Maison rustique, 26, rue
Jacob, Paris. — Prix : 7 fr.
l’avons conseillé, auront les branches infé«
rieures taillées les premières années afin de
ne pas gêner les labours, pour guider la
végétation et arriver à la forme voulue;
toutefois, cette taille ne devra pas être assez
courte pour nuire à la production.
Lorsqu’après plusieurs années de tailles
successives des prolongements des branches
inférieures, ces branches, qui auront rap-
porté des fruits dès les premières années
de plantation de l’arbre, commenceront à
s’épuiser, les branches supérieures prenant
toujours plus de force, on pourra donc sup-
primer celles-là. On fera de même des
autres progressivement, de telle façon que
lorsque les arbres seront ainsi élevés sur
une tige jusqu’à une certaine hauteur, sans
branches (la hauteur d’une personne, par
exemple), on les laissera végéter sans au-
cune taille ; on n’aura plus qu’à engraisser,
nettoyer, etc., le terrain qui couvre les
racines.
Les arbres plantés serré se réuniront les
uns aux autres en s’abritant réciproquement
des gelées printanières, des coups de soleil,
des tempêtes, etc., ce qui nous fait con-
seiller de planter rapproché en terrain dé-
couvert. A. Letelller,
Horticulteur à Caen.
,’ACCLIMATEUR <*>
échapper, au contraire. Le monde n’a pag
encore été fouillé dans tous ses recoins, tant
s’en faut. Que de plantes utiles à l’alimenta-
tion, à la médecine, à l’industrie, que de fleurs
charmantes sont encore cachées à tous les
yeux dans leurs solitudes inexplorées !
Les voyageurs vont les conquérir; c’est au
cultivateur à les mettre en œuvre. Il ne suffit
pas de les introduire, même vivantes, après
que les herbiers les ont fait connaître à la
science. Il faut qu’on essaie leur culture et
leur emploi de diverses manières. Une espèce
qui languit dans la contrée inhospitalière où
elle aura d’abord été importée, prospérera peut
être dans une autre. C’est alors que le rôle de
l’importateur, de Vacclimateur (c’est le mot
aujourd’hui consacré) va commencer. Lorsque
notre compatriote, La Billardière, découvrit
V Eucalyptus Globulus à la terre de Yan Dié-
men, se doutait-il du rôle considérable que cet
arbre devait jouer un jour, comme essence fo-
restière à végétation rapide et comme assainis-
sant sur le littoral de la méditerranée ? L’arbre
fut introduit cependant à l’état vivant ; on le vit
longtemps dans les orangeries des jardins
botaniques, représenté par de maigres bâtons
dénudés qui n’en pouvaient former que l’idée
la plus inexacte.
60
DIOSPYROS WIESENERI.
M C’est donc par d’intelligents et d’incessants
échanges que l’on dote un pays des espèces vé-
gétales qui lui manquent, et que Ton augmente
la somme de bien-être et de jouissances de ses
habitants.
Ces échanges ont besoin d’être guidés. Le
guide, nous l’avons aujourd’hui par le beau
livre de M. Ch. Naudin.
En 1880, M. F. Mueller, le savant botaniste
de Melbourne (Autriche), qui a contribué plus
que personne à faire connaître scientifiquement
les productions végétales de son pays d’adop-
tion, fit paraître un livre qui parvint rapide-
ment à plusieurs éditions. C’était le Select
extra tropical plants readily eligible for in-
dustrial culture or naturalisation.
Une traduction française de cet ouvrage était
devenue nécessaire. M. Naudin voulut l’entre-
prendre. Nul mieux que lui ne pouvait le faire.
Sa science très-étendue, un long séjour dans
le Midi et sa connaissance parfaite de la végé-
tation exotique dans le bassin méditerranéen,
ses goûts particuliers pour l’expérimentation,
tout indiquait que le choix du traducteur était
excellent. Mais il arriva que ce travail le pas-
sionna, qu’il s’identifia avec le sujet et qu’il
eut l’idée d’étendre le travail en l’adaptant
d’une façon > plus large aux exigences et aux
desiderata de l’agriculture, de la sylviculture,
de l’horticulture françaises.
Les considérations générales sur l’acclimata-
tation des plantes, et ce qu’on doit exactement
entendre par là, commencent le volume.
M. Naudin montre quelles sont les conditions
favorables de translation des espèces végétales
d’un pays dans un autre.
Suit un résumé des plantes utilisées par
l’homme ou pouvant l’être par lui. Elles sont
classées par mode d’emploi : plantes alimen-
taires, médinales, tinctoriales, officinales, tex-
tiles, oléagineuses, gommifères, etc. Puis une
description rapide des familles naturelles et de
leurs produits.
La dernière partie de l’ouvrage, de beau-
coup la plus considérable, puisqu’elle ren-
ferme 460 pages, comprend l’énumération et la
description de toutes les plantes qui rentrent
dans les catégories que l’auteur veut aborder,
et dont il indique la famille, l’origine, les
usages, etc. C’est ce travail où l’on retrouve,
ajoutées aux études de M. Mueller, les émi-
nentes qualités d’observation de M. Naudin.
Son livre est de ceux qu’on aura sans cesse à
consulter, qui ne doivent guère quitter la table
de travail. Tout « acclimateur » digne de ce
nom devrait en avoir un exemplaire « interpa-
giné » en blanc et y consigner les observations
complémentaires que la pratique indiquera à
mesure que les essais se multiplieront et que
d’autres espèces s’ajouteront à celles dont ce
livre traite. Nous sommes certains que tous
les lecteurs de M. Naudin associeront étroite-
ment son nom à celui de M. Mueller dans la
louange donnée à cet infatigable pionnier de
la science.
Ed. André.
DIOSPYROS WIESENERI
Jusqu’à ce jour, et malgré tout l’intérêt
que l’on a porté aux Kakis (1), ils n’ont
guère été envisagés qu’au point de vue de
la pleine terre, c’est-à-dire comme des
arbres d’ornement ; plus rarement et même
exceptionnellement, et là seulement où le
climat le permettait, les a-t-on cultivés
comme arbres fruitiers. Tout un côté pra-
tique, en effet, bien qu’il soit très-impor-
tant, a été complètement oublié. Ce côté,
c’est la culture en vase, qui, pourtant, se-
rait très-avantageuse, puisqu’elle permet-
trait, même sous des climats très-froids, de
jouir de tous les avantages que ces plantes
peuvent procurer. On semble oublier que
(t) Scientifiquement, les Kakis sont des Diospy-
ros.Noms employons génériquement le terme Kakis
pour indiquer que les plantes auxquelles il s’ap-
plique sont japonaises pour la plupart, et surtout
qu’elles peuvent être considérées comme arbres
fruitiers ; de sorte que, botaniquement, le nom
kaki pourrait constituer une section particulière,
indiquant que cette section est formée, pour la
plus grande partie, de sortes japonaises, qui cons-
tituent les principaux arbres fruitiers de ce pays.
leur feuillage, qui est généralement très-
beau, tombe lorsqu’arrivent les premiers
froids, et même sans qu’il gèle. Mais, en
plus du feuillage, il y a les fruits, qui, de
toute beauté, pourraient, pendant très-
longtemps encore après la chute des feuilles,
produire un très-bel effet décoratif, et dont
on se ferait difficilement une idée exacte.
En effet, outre la couleur des fruits, qui
chez presque tous est d’un jaune orangé
brillant, il y a les formes et les dimensions,
qui sont aussi très-variables. Notons encore
ceci : que les fruits des Kakis , qui, en
plein air, restent sur les arbres jusqu’à ce
que des gelées relativement froides les
fassent tomber, pourraient, si les arbres
étaient abrités, rester aux branches pendant
tout l’automne et même une partie de l’hi-
ver, ainsi que cela a lieu sous les climats où
l’hiver est très-clément. C’est au point que,
un de nos collègues qui habite l’Algérie
nous disait que chez lui « les Diospyros
{Kakis), à l’automne et même pendant une
partie de l’hiver, étaient beaucoup plus
\ Revue Horticole
Go (lourd,. (Ut.
OxromjobJJv. G-.S&ueregrus .
Dwspyros Wïesenerv.
l’ébranchoir-émondoir miallet.
61
jolis que les Orangers », ce qui n’est pas
peu dire.
Pour jouir de tous ces avantages, qu’y
aurait-il à faire ? Presque rien : culti-
ver les Kakis en caisse, ainsi qu’on le fait
des plantes de serre froide : Grenadiers, Lau-
riers roses, Orangers, ce qui permettrait de
les rentrer l’hiver. La chose serait d’autant
plus facile que ces plantes viennent très-
bien en caisses et ne sont nullement
difficiles sur la qualité du sol. Un mélange
de terre franche légèrement siliceuse, ad-
ditionnée de terreau et au besoin d’un peu
de terre de bruyère. Avec cela des arrose-
ments donnés à propos pendant la végéta-
tion ; on pourrait même, quant à ceux-ci,
en modifier la nature en ajoutant à l’eau
des substances nutritives d’une dissolution
facile, ce qui, en un mot, s’appellle des
« engrais liquides ». Ces engrais se don-
nent surtout à des plantes qui ont « faim »,
que l’on ne peut ou ne veut pas rempoter,
ou bien que l’on tient à conserver dans de
petits vases.
Ainsi traités, les Kakis , outre qu’ils
peuvent rendre de grands services au point
de vue de l’ornementation, peuvent encore
être considérés comme des arbres fruitiers,
d’autant plus que, cultivées en vases,
les plantes peuvent être rentrées en serre
et alors mûrir complètement leurs fruits,
ce qui n’arrive qu’exceptionnellement dans
la plupart des localités et même jamais
dans le nord de la France. Gela ferait dis-
paraître ce reproche que l’on adressait aux
Kakis de ne pas mûrir leurs fruits.
Une des variétés les plus intéressantes
est certainement le Dîospyros Wïeseneri,
figuré ci-contre et dont voici la descrip-
tion :
Arbuste buissonneux, très-ramifié, à ra-
mifications courtes, petites, nombreuses.
Feuilles un peu variables de grandeur et
même de forme, généralement ovales, plus
rarement acuminées, coriaces, luisantes en
dessus, très-caduques, jaunissant à l’au-
tomne, et tombant brusquement et de bonne
heure. Pédoncule robuste. Fruits d’environ
45 millimètres de hauteur sur 40 environ de
diamètre, persistant longtemps sur l’arbre,
L’ÉBRANCHOIR-É
Puisque tout se tranforme aujourd’hui et
que, dans l’industrie, un outil trouvé bon se
trouve bientôt surpassé par un meilleur, il
doit en être de même en horticulture. Le
passant au jaune puis au rouge orangé plus
ou moins foncé suivant leur état de matu-
rité, obscurément côtelés, atténués au som-
met, qui porte un mucronule droit, large-
ment tronqués à la base qui, complètement
aplatie, repose sur un large calyce persis-
tant, qui en couvre toute la partie inférieure,
à 4 divisions courtement cordi formes et
comme trilobées, à lobe médian beaucoup
plus développé. Chair pulpeuse, jaune rou-
geâtre clair, très-fondante, sucrée, à saveur
fine très-agréable; eau très-abondante,
laissant un arrière-goût légèrement astrin-
gent mais non désagréable, à faisceau pla-
centaire central, conique, peu développé.
Graines complètement nulles, sans même
qu’il y ait de rudiments.
Le Diospyros Wieseneri a été introduit
directement du Japon par M. Wiesener, à
Fontenay-aux-Roses (Seine). G’est une va-
riété doublement précieuse, comme arbuste
à’ ornement et comme arbuste fruitier ; elle
constitue un petit buisson qui se charge de
fruits se colorant de bonne heure, persistant
sur la plante longtemps après la chute des
feuilles et où, jusqu’aux gelées, ils pro-
duisent un effet très-ornemental.
Si, avant que les fruits soient parfaitement
mûrs, on coupe les branches qui les portent
et qu’on les suspende dans un appartement,
outre qu’ils ornent celui-ci pendant une
partie de l’hiver, on a là une sorte de frui-
tier permanent d’où l’on peut, de temps à
autre, garnir la table d’un joli, bon et rare
dessert. Ajoutons que ces fruits sont de
longue garde.
Les fruits du Diospyros Wieseneri, outre
qu’ils sont bons à manger crus, peuvent
faire de l’excellente gelée ou une marmelade
aussi agréable que saine.
On peut le multiplier d’abord par la
greffe, ainsi que toutes les autres espèces et
variétés du genre, et aussi par couchages ou
par la séparation des bourgeons qui tendent
à pousser à la base, et dont on peut pro-
voquer l’enracinement en les recouvrant de
terre, et, au besoin, en les incisant, ainsi
qu’on le fait pour le marcottage en cépée.
E.-A. Carrière.
ONDOIR MIALLET
perfectionnement des outils, tout en facili-
tant le travail, est aussi bien souvent une
amélioration faite dans l’intérêt du végétal
qui subit l’opération.
62 EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889 : PROGRAMME DES ONZE ÉPOQUES DE CONCOURS.
Avec l’ancien Émondoir, appelé aussi
Echenilloir qui, nous le reconnaissons, rend
déjà de très-grands services, il arrive sou-
vent que, lorsqu’on opère sur une branche
verticale, la sec-
tion se fait avec
une plus ou moins
grande cassure ;
l’instrument se
trouvant posé de
façon à agir dans
le sens vertical,
il n’y a que les
branches horizon-
tales, ou à peu
près qui se pré-
sentent bien à la
lame.
M. Miallet, cou-
telier rue d’An-
tibes, 3, à Can-
nes, frappé de
cette imperfec-
tion, a apporté
une modification
très - ingénieuse
par l’outil qu’il a
inventé et qu’il
appelle Ébran-
choir - Émondoir
Miallet. Cet outil (fig. 13) mérite d’être
connu, puisqu’il coupe nettement toutes
les branches quelle que soit leur position.
Il a du reste été récompensé par le jury à
l’exposition horticole qui a eu lieu l’hiver
dernier à Cannes. L’avantage incontestable
présenté par cet outil réside surtout dans
la courbure de la tige principale, qui n’est
pas droite comme dans l’Émondoir ordi-
naire. Pour faci-
liter le jeu de la
lame, une poulie
folle se trouve
fixée au point où
la courbure com-
mence à se pro-
duire et, pour
assurer le jeu de
la corde et rendre
tout dérangement
impossible, la
poulie se trouve
enclavée dans un
petit rectangle en
acier qui ne per-
met pas à la
corde de se dé-
placer.
Ajoutons que
cet outil est d’une
fabrication, d’un
fini qui ne laisse
rien à désirer, et
enfin — ce qui
n’est pas à dédai-
gner — son prix peu élevé permettra à tous
les jardiniers et amateurs d’horticulture
d’en faire l’acquisition.
Léon Aurange.
EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889
PROGRAMME DES ONZE ÉPOQUES DE CONCOURS (1)
TROISIÈME ÉPOQUE
7-12 juin 1889.
CONCOURS PARTICULIER.
CLASSE 79.
I. Plantes d’ornement.
Concours (à déterminer) suivant les demandes
des horticulteurs.
II. Plantes nouvelles.
Trois concours : dans tous les genres de végé-
taux exposés, entre les plantes nouvelles inédites :
1. D’importation.
2. D’introduction.
3. Obtenues de semis.
Un concours : dans tous les genres de végétaux
exposés, pour les plus belles plantes mises dans le
commerce depuis 1878.
(1) Voir, pour le réglement général, Revue horti-
cole, 1887, pp. 481, 493, 523; et pour le programme
des époques de concours, voir Revue horticole ,
1888, p. 45.
III. Belle culture.
Un concours : dans tous les genres de végétaux
exposés entre les plus beaux exemplaires (1 à 5 su-
jets par espèce ou variété).
IV. Fleurs coupées. — Deux concours.
1. La plus belle collection générale.
2. La plus belle collection de variétés dans
chaque genre.
V. Ornementation en fleurs naturelles. —
Trois concours.
1. Les plus beaux bouquets.
2. Les plus beaux motifs ou sujets divers.
3. Les plus belles garnitures d’ornementation di-
verses d’appartement, de table, etc.
VI. Corbeilles de plantes fleuries ou à
feuillage.
Un concours : entre les plus belles corbeilles de
plantes fleuries ou à feuillage.
EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889 : PROGRAMME DES ONZE ÉPOQUES DE CONCOURS.
CLASSE 80.
PLANTES POTAGÈRES.
I. Plantes potagères.
Concours permanent entre tous les genres de
plantes potagères.
II. Plantes nouvelles. — Quatre concours.
1. Plantes nouvelles inédites d’importation,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
2. Plantes nouvelles inédites d’introduction,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
3. Plantes nouvelles inédites, obtenues de semis,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
4. Les plus belles plantes mises dans le com-
merce depuis 1878.
III. Belle culture. — Un concours.
1. Les plus beaux spécimens de plantes pota-
gères.
CLASSE 81.
FRUITS ET ARBRES FRUITIERS.
I. Fruits. — Quatre concours.
1. La plus belle collection de fruits frais (Abri-
cots, Cerises, Groseilles, Pêches, Poires, etc.).
2. La plus belle collection de fruits divers de la
région du Sud.
3. La plus belle collection de fruits forcés (Rai-
sins exceptés), par espèces ou variétés, cueillis ou
exposés sur l’arbre.
4. La plus belle collection de Raisins forcés,
cueillis ou exposés sur la souche.
II. Fruits nouveaux. — Cinq concours.
1. Fruits nouveaux inédits d’arbres d’importa-
tion, n’ayant pas encore été mis dans le commerce.
2. Fruits nouveaux inédits d’arbres d’introduc-
tion, n’ayant pas encore été rnis dans le commerce.
3. Fruits nouveaux inédits d’arbres obtenus de
semis, n’ayant pas encore été mis dans le com-
merce.
4. Les plus belles variétés mises dans le com-
merce depuis 1878.
5. Les meilleures variétés mises dans le com-
merce depuis 1878.
CLASSE 82.
GRAINES ET PLANTS D’ESSENCE FORESTIÈRE
Pas de concours.
CLASSE 83.
PLANTES DE SERRE.
I. Plantes de serre.
Concours (à déterminer) entre les plantes de
serre qu’il y aurait impossibilité à présenter aux
concours généraux.
II. Plantes nouvelles. — Cinq concours.
1. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lages introduites le plus récemment en Europe.
2. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage introduites directement en France.
3. Lot de plantes hybrides dont les parents se-
ront indiqués.
4. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage obtenues de semis et non encore dans le
commerce.
5. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage obtenues de semis et dans le commerce de-
puis 1878.
63
III. Belle culture. — Quatre concours.
1. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage, que la bonne culture aura fait arriver le plus
près possible de son maximum de développement.
2. De 4 à 10 plantes fleuries ou à feuillage les
plus remarquables par leur forme et leur dévelop-
pement.
3. Le plus beau lot de 20 plantes à feuillage or-
nemental.
4. Le plus beau groupe de 20 plantes diverses
fleuries, à quelque catégorie qu’elles appartiennent.
IV. Culture spéciale. — Deux concours.
1. La plus belle collection de 50 plantes fleuries
ou à feuillage, cultivées en vue de l’approvision-
nement des marchés.
2. Le plus beau lot de plantes fleuries ou à feuil-
lage, cultivées en vue de l’approvisionnement des
marchés.
QUATRIÈME ÉPOQUE
21-27 juin 1889.
CONCOURS PARTICULIER.
CLASSE 79.
FLEURS ET PLANTES D’ORNEMENT
I. Plantes d’ornement.
Concours (à déterminer) suivant les demandes
des horticulteurs.
II. Plantes nouvelles.
Trois concours : dans tous les genres de végétaux
exposés entre les plantes nouvelles inédites :
1. D’importation.
2. D’introduction.
3. Obtenues de semis.
Un concours : dans tous les genres de végétaux
exposés, pour les plus belles plantes mises dans le
commerce depuis 1878.
III. Belle culture.
Un concours : dans tous les genres de végétaux
exposés, entre les plus beaux exemplaires (1 à 5 su-
jets par espèce ou variété).
IV. Fleurs coupées. — Deux concours.
1. La plus belle collection générale.
2. La plus belle collection de variétés dans
chaque genre.
V. Ornementation en fleurs naturelles. —
Trois concours.
1. La plus belle collection générale.
2. La plus belle collection de variétés dans
chaque genre.
V. Ornementation en fleurs naturelles. —
Trois concours.
1. Les plus beaux bouquets.
2. Les plus beaux motifs ou sujets divers.
3. Les plus belles garnitures d’ornementation
diverses d’appartement, de table, etc.
VI. Corbeilles de plantes fleuries ou à
feuillage.
Un concours : entre les plus belles corbeilles de
plantes fleuries ou à feuillage.
64 EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889 I PROGRAMME DES ONZE ÉPOQUES DE CONCOURS.
CLASSE 80.
PLANTES POTAGÈRES.
ï. Plantes potagères.
Concours permanent entre tous les genres de
plantes potagères.
II. Plantes nouvelles. — Quatre concours.
1. Plantes nouvelles inédites d’importation,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
2. Plantes nouvelles inédites d'introduction,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
3. Plantes nouvelles inédites, obtenues de semis,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
4. Les plus belles plantes mises dans le com-
merce depuis 1878.
III. Belle culture. — Un concours.
1. Les plus beaux spécimens de plantes pota-
gères.
CLASSE 81.
FRUITS ET ARBRES FRUITIERS.
I. Fruits. — Quatre concours.
1. La plus belle collection détruits frais : Abri-
cots, Cerises, Groseilles, Pêches, Poires, etc.
2. La plus belle collection de fruits divers de la
région du Sud.
3. La plus belle collection de fruits forcés (Rai-
sins exceptés), par espèces ou variétés, cueillis ou
exposés sur l’arbre.
4. La plus belle collection de Raisins forcés,
cueillis ou exposés sur la souche.
II. Fruits nouveaux. — Cinq concours.
1. Fruits nouveaux inédits d’arbres d’importation,
n’ayant pas encore été mis dans le commerce.
2. Fruits nouveaux inédits d’arbres d’introduc-
tion, n’ayant pas encore été mis dans le commerce.
3. Fruits nouveaux inédits, d’arbres obtenus de
semis, n’ayant pas encore été mis dans le com-
merce.
4. Les plus belles variétés mises dans le com-
merce depuis 1878.
5. Les meilleures variétés mises dans le com-
merce depuis 1878.
CLASSE 82.
GRAINES ET PLANTS D’ESSENCE FORESTIÈRE
Procédés pratiques et économiques pour la
destruction des insectes et des parasites
végétaux nuisibles aux plantations fores-
tières ou arbres d’alignement. — Deux
concours.
1. Le meilleur procédé pratique et économique
pour la destruction des insectes nuisibles aux
plantations forestières ou aux arbres d’alignement.
2. Le meilleur procédé pratique et économique
pour la destruction des parasites végétaux nuisibles
aux plantations forestières ou aux arbres d’aligne-
ment.
CLASSE 83.
I. Plantes de serre.
Concours (à déterminer) entre les plantes de
serre qu’il y aurait impossibilité à présenter aux
concours généraux.
II. Plantes nouvelles. — Cinq concours.
1. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage, introduites le plus récemment en Europe.
2. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage, introduites directement en France.
3. Lot de plantes hybrides dont les parents se-
ront indiqués.
4. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage, obtenues de semis et non encore dans le
commerce.
5. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage, obtenues de semis et dans le commerce de-
puis 1878.
III. Belle culture. — Quatre concours.
1. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage que la bonne culture aura fait arriver le plus
près possible de son maximum de développement.
2. De 4 à 10 plantes fleuries ou à feuillage les
plus remarquables par leur forme et leur dévelop-
pement.
3. Le plus beau lot de 20 plantes à feuillage or-
nemental.
4. Le plus beau groupe de 20 plantes diverses
fleuries, à quelque catégorie qu’elles appartiennent.
IV. Culture spéciale. — Deux concours.
1. La plus belle collection de 50 plantes fleuries
ou à feuillage, cultivées en vue de l’approvisionne-
ment des marchés.
2. Le plus beau lot de plantes fleuries ou à feuil-
lage, cultivées en vue de l’approvisionnement des
marchés.
CINQUIÈME ÉPOQUE
12-17 juillet 1889.
CONCOURS GÉNÉRAL
CLASSE 79.
fleurs et plantes d’ornement
I. Plantes d’ornement.
Concours (à déterminer) suivant les demandes
des horticulteurs.
II. Plantes nouvelles.
Trois concours : dans tous les genres de végétaux
exposés, entre les plantes nouvelles inédites :
1. D’importation,
2. D’introduction,
3. Obtenues de semis.
Un concours : dans tous les genres de végétaux
exposés pour les plus belles plantes mises dans le
commerce depuis 1878.
III. Relie culture.
Un concours : dans tous les genres de végétaux
exposés entre les plus beaux exemplaires (un à
cinq sujets par espèce ou variété).
IV. Fleurs coupées. — Deux concours.
1. La plus belle collection générale.
2. La plus belle collection de variétés dans
chaque genre.
V. Ornementation en fleurs naturelles. —
Trois concours.
1. Les plus beaux bouquets.
2. Les plus beaux motifs ou sujets divers.
3. Les plus belles garnitures d’ornementation
diverses d’appartement, de tables, etc.
EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889 : PROGRAMME DES ONZE ÉPOQUES DE CONCOURS. 65
VI. Corbeilles de plantes fleuries ou à
feuillage.
III. Arbres-tiges d’alignement. —
Un concours.
Un concours : entre les plus belles corbeilles de
plantes fleuries ou à feuillage.
VII. Gazons.
Un concours : entre les plus belles pelouses.
CLASSE 80.
PLANTES POTAGÈRES.
I. Plantes potagères.
Concours permanent entre tous les genres de
plantes potagères.
II. Plantes nouvelles. — Quatre concours.
Le plus beau lot de 50 espèces ou variétés.
IV. Arbres nouveaux. — Quatre concours.
1. Arbres nouveaux inédits d’importation n'ayant
pas encore été mis dans le commerce.
2. Arbres nouveaux inédits d’introduction n’ayant
pas encore été mis dans le commerce.
3. Arbres nouveaux inédits obtenus de semis
n’ayant pas encore été mis dans le commerce.
4. Les plus beaux plants d’essences forestières
mis dans le commerce depuis 1878.
V. Belle culture. — Un concours.
1. Les plus beaux sujets d’essences forestières.
1. Plantes nouvelles inédites d’importation,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
2. Plantes nouvelles inédites d’introduction,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
3. Plantes nouvelles inédites obtenues de semis,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
III. Belle culture. — Un concours.
1. Les plus beaux spécimens de plantes pota-
gères.
CLASSE 81.
FRUITS ET ARBRES FRUITIERS.
I. Fruits. — Deux concours.
1. La plus belle collection de fruits frais en ma-
turité : Abricots, Amandes, Cerises, Framboises,
Groseilles, Pêches, Poires, Pommes, Prunes, Rai-
sins.
2. La plus belle collection de fruits divers de la
région du Sud.
II. Fruits nouveaux. — Cinq concours.
1. Fruits nouveaux inédits d’arbres d’importation,
n’ayant pas encore été mis dans le commerce.
2. Fruits nouveaux inédits d’arbres d’introduc-
tion, n’ayant pas encore été mis dans le com-
merce.
3. Fruits nouveaux inédits d’arbres obtenus de
semis n’ayant pas encore été mis dans le com-
merce.
4. Les plus belles variétés mises dans le com-
merce depuis 1878.
5. Les meilleures variétés mises dans le com-
merce depuis 1878.
CLASSE 82.
GRAINES ET PLANTS D’ESSENCE FORESTIÈRE.
I. Plants de pépinières. — Trois concours.
1. La plus belle collection d’espèces et de va-
riétés.
2. Le plus beau lot de 25 variétés parmi les plus
répandues.
3. Le plus beau lot de semis, boutons et greffes.
CLASSE 83.
PLANTES DE SERRE.
ï. Plantes de serre. — Treize concours.
Orchidées exotiques en fleurs:!. La plus belle
collection; 2. La plus belle collection de 30; 3. La
plus belle collection de 12 ; 4. Le plus beau lot.
Caladiums : 5. La plus belle collection ; 6. La
plus belle collection de 50; 7, La plus belle collec-
tion de 25.
Caladiums nouveaux: 8. La plus belle collection
de 20.
Gloxinias en variétés nommées : 9. La plus belle
collection ; 10 La plus belle collection de 30 ; 11.
Le plus beau lot de 100.
Tydæas, Nægélias, Achiménès et autres Gesné-
riacées (sauf les Gloxinias) : 12. La plus belle col-
lection; 13. Le plus beau lot.
II. Plantes nouvelles. — Cinq concours.
1. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuillage
introduites le plus récemment en Europe.
2 Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuillage
introduites directement en France.
3. Un lot de plantes hybrides dont les parents se-
ront indiqués.
4. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuillage
obtenues de semis et non encore dans le com-
merce.
5. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage obtenues de semis et dans le commerce de-
puis 1878.
IÎI. Belle culture. — Quatre concours.
1. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuillage
que la bonne culture aura fait arriver le plus près
possible de son maximum de développement.
2. De quatre à dix plantes fleuries ou à feuillage
les plus remarquables par leur forme et leur déve-
loppement.
3. Le plus beau lot de 20 plantes diverses fleu-
ries, à quelque catégorie qu’elles appartiennent.
4. Le plus beau groupe de 20 plantes diverses
fleuries à quelque catégorie qu’elles appartiennent.
IV. Culture spéciale — Deux concours.
II. Arbres-tiges d’ornement. —
Deux concours.
1. Le plus beau lot de 50 espèces ou variétés.
2. Le plus beau lot de 50 espèces ou variétés in-
troduites depuis l Exposition de 1878.
1. La plus belle collection de 50 plantes fleuries
ou à feuillage, cultivées en vue de 1 approvisionne-
ment des marchés.
2. Le plus beau lot de plantes fleuries ou à feuil-
lage, cultivées en vue de l’approvisionnement des
marchés. (A suivre.)
66
ÉCOLE D’ARBORICULTURE DE LA VILLE DE PARIS.
ÉCOLE D’ARBORICULTURE DE LA VILLE DE PARIS
La Revue horticole a déjà annoncé la
création de cette École alors que son orga-
nisation commençait; maintenant que son
installation est à peu près achevée, il est in-
téressant d’en faire connaître les détails aux
amateurs d’horticulture.
Créée en 1867, à Saint-Mandé, près la
Porte-Daumesnil, l’École d’Arboriculture de
la Ville de Paris (fig. 14) était primitivement
organisée en vue de l’enseignement de l’Ar-
boriculture fruitière. Maintenant, par suite
d’une décision de l’Administration munici-
pale et départementale, le but de l’ensei-
gnement est changé, et c’est l’Arboriculture
d’alignement et d’ornement qui a pris la
prédominance : c’est-à-dire que cette École
doit servir à un enseignement spécial en
vue des besoins réels des plantations d’ar-
bres des parcs, squares et jardins de la
ville de Paris et du département de la Seine.
Aussi, à un enseignement spécial nou-
veau, fallait-il une installation qui répondît
à cet enseignement et lui fournit des sujets
d’études et de démonstrations théoriques et
pratiques utiles pour atteindre le résultat
qu’on est en droit d’attendre. Cette nou-
velle École est placée sous l’habile direction
deM. Le Paute, inspecteur général des pro-
menades et plantations de la Ville de
Paris.
Les cours sont publics et le programme
comprend tout ce qui se rattache à l’horti-
culture ornementale et plus particuliè-
rement à l’installation et l’entretien des
plantations d’alignement et d’ornement , la
création, l’entretien et l’ornementation des
jardins, parcs, squares, etc.
Pour servir à cet enseignement spécial,
il a été réuni une collection assez complète
des principaux végétaux ligneux d’orne-
ment : arbres, arbustes et arbrisseaux;
puis une collection des principaux végé-
taux herbacés d’ornement.
U Arboretum comprend environ 400 ar-
bres et 1,500 autres végétaux ligneux :
arbustes ou arbrisseaux à feuilles caduques
ou persistantes. Tous ces végétaux sont
classés méthodiquement, par familles, et
dans les genres nombreux en espèces et
variétés, par pays d’origine ou sections na-
turelles, afin de faciliter l’étude et les re-
cherches.
Les arbres qu’il convient le plus géné-
ralement de choisir selon les circonstances
pour les plantations d’alignement dans les
villes sont plantés sur une avenue qui forme
l’entrée principale de cette école. Ces arbres
recevront l'i les soins de culture nécessaires
pour favoriser et entretenir une bonne végé-
tation ; il leur sera aussi appliqué la taille
utile en temps opportun pour donner et
maintenir à ces arbres une charpente con-
venable et bien appropriée à leur desti-
nation.
Les différentes installations complémen-
taires plus ou moins indispensables, selon
les circonstances, aux plantations d’ali-
gnement dans les villes se trouveront aussi
rassemblées sur cette avenue : les différentes
sortes de grilles, de corsets, et les divers
systèmes de drainages, etc., etc.
Perpendiculairement à cette avenue, on
a planté six lignes d’arbres choisis parmi
les espèces qui se prêtent le mieux aux di-
verses formes spéciales, pyramides, ri-
deaux, marquises, parasol, etc., formes qu’il
convient quelquefois d’imposer et de main-
tenir sur certains emplacements aux planta-
tions d’alignement dans les villes.
Les quelques arbres fruitiers, Poiriers,
Pommiers, Noyers, Pruniers, Cerisiers,
Châtaigniers, qui peuvent être plantés avan-
tageusement en bordures des routes dépar-
tementales et autres, seront aussi repré-
sentés.
Les espèces et variétés d’arbres les plus
généralement employés pour l’ornemen-
tation des parcs, jardins, etc., à cause
de leur forme particulière de végétation,
les arbres pleureurs, les arbres pyrami-
daux, sont rassemblés. Ainsi, les arbres
pleureurs : Frênes, Sophora, Sorbiers,
Gleditschia, Saules, etc., sont réunis en un
groupe important non loin duquel on re-
marque les arbres pyramidaux des genres
Peuplier , Robinier , Orme , Bouleau,
Chêne, etc.
Les arbres et arbustes recherchés à cause
de leur feuillage diversement coloré, pana-
ché, maculé, lacinié, etc., sont aussi réunis
et forment des massifs spéciaux; on y
trouve le Hêtre pourpre, le H. tricolore, les
Négundos, le Prunus Pissardi, les Érables,
le Bouleau pourpre, le B. lacinié, les
Chênes, Ormes, Catalpas, les Noisetiers, les
ÉCOLE D’ARBORICULTURE DE LA VILLE DE PARIS.
67
Sureaux, etc., tous végétaux cultivés pour I Les arbustes ou arbrisseaux au feuillage
la forme ou la coloration de leurs feuilles. I persistant, les Lauriers, Fusains, Troènes,
10 20 30 40 50
100
Fig. 14. — Plan de l’École d’Arboriculture de la Ville de Paris, à Saint-Mandé.
1. École d’arbres, arbustes et arbrisseaux d’ornement.
2. Collection d’arbres pleureurs.
3. — — pyramidaux.
4. Massifs composés d’arbrisseaux à feuillage persistant.
5. Collection de végétaux à feuilles persistantes.
6. Collection de végétaux grimpants sarmenteux.
7. Collection de Rosiers.
8. Avenue planlée des principaux arbres d’alignement.
9. Arbres soumis à des formes particulières.
10. Arbres fruitiers pour routes départementales.
11. Collection de plantes d’ornement de la Ville de Paris.
12. Collection de plantes vivaces d’ornement de plein
air.
13. Corbeilles composées pour exemple d’ornementa-
tion.
14. Massif de Conifères.
Aucubas, Houx, Buis, etc., ont aussi leur i verts : Âbies, Pinus, Thuya, Cupressus,
emplacement spécial, ainsi que les arbres | Taxus, etc.
68
LES MUSACÉES ORNEMENTALES ET ÉCONOMIQUES.
Les arbustes sarmenteux ou grimpants,
Clématites, Glycines, Cissus, Lonicera,
Tecoma, Menispermum, Lierres, etc., sont
successivement placés sur une longue plate-
bande qui forme encadrement à l’École
d’arbres.
Enfin, une collection de Rosiers, groupés
par sections et classés dans chaque section
par intensité de coloris, complète l’ensemble
des diverses collections des végétaux ligneux
d’ornement et d’alignement réunis dans
cette école. La floriculture ornementale a
aussi son installation spéciale.
En bordure de l’avenue principale, on a
créé deux plates-bandes qui reçoivent pen-
dant les saisons convenables toute la col-
lection (environ 250 espèces et variétés) des
plantes fleuries ou à beau feuillage cultivées
au Fleuriste de la Ville de Paris (à la
Muette).
On peut donc voir, réunies à Saint-Mandé,
toutes les plantes qui sont employées dans
l’ornementation des parcs, squares et jar-
dins de la ville pour la décoration du prin-
temps, de l’été et de l’automne. Toutes ces
plantes sont groupées par familles et bien
entendu étiquetées, ainsi, du reste, que
tous les autres végétaux. Parmi les plantes
fleuries, on voit figurer les nombreuses va-
riétés de Pélargoniums, Anthémis, Agéra-
tums, Pétunias, Silènes, Dahlias, etc.
Parmi les plantes à feuillage, les diverses
Solanées, les Bégonias, Goléus, Achyran-
thes, Hélichryses, Matricaires, etc. ; puis,
parmi les végétaux frutescents, les Lan-
tanas, Érythrines, Hibiscus, Eucalyptus,
Fuchsias, etc.
Enfin, environ 350 espèces ou variétés de
plantes vivaces d’ornement de plein air
forment une collection très -intéressante et
en rapport avec le nombre et l’importance
ornementale de ces végétaux rustiques, qui,
à notre avis, sont beaucoup trop délaissés
dans l’ornementation des jardins de Paris.
Pour ne rappeler que quelques-unes de ces
plantes et par ordre de floraison, nous
citerons les Roses de Noël, Adonides,
Hépatiques, Anémones, Renoncules, Pi-
voines, Iris, Œillets, Potentilles, Phlox,
Pyrètlires, etc. A l’aide de ces végétaux, qui
n’exigent pas d’abri l’hiver, on peut com-
biner une ornementation d’un charme tout
particulier.
Pour donner quelques exemples divers
d’ornementation à l’aide de plantes fleuries
ou à feuillage, il a été disséminé dans les
pelouses quelques corbeilles composées de
manière à montrer les différents effets qu’on
peut obtenir par la disposition des mêmes
plantes, qu’elles soient disposées en lignes
ou séparées.
Diverses pelouses, composées par diffé-
rents choix de Graminées ou autres plantes,
seront aussi des sujets d’études et de dé-
monstrations qui indiqueront le choix qu’on
devra faire parmi les diverses Graminées
et autres plantes susceptibles de consti-
tuer de beaux gazons selon la nature du
sol, son exposition à l’ombre ou en pleine
lumière, et pour les terrains secs ou hu-
mides.
Tels sont les principaux éléments d’é-
tudes et de démonstrations qui sont réu-
nis pour servir à l’enseignement spécial
donné dans la nouvelle école d’Arboricul-
ture de la Ville de Paris, et qui sont aussi
d’un intérêt général, cette école étant pu-
blique. A. Ciiargueraud.
LES MUSACÉES ORNEMENTALES ET ÉCONOMIQUES (1>
Genre Musa (suite).
Les Bananiers d’ornement à régime
dressé et à bractées d’une coloration bril-
lante sont peu nombreux. Ce sont :
Musa coccinea, Roxb. — Originaire de
la Chine méridionale. Loureiro l’a décrit
en 1790; il fut introduit, en Angleterre,
en 1792, et quelques années après dans les
serres du Jardin-des-Plantes de Paris. De-
puis cette époque, il est cultivé dans les
serres de l’Europe. La taille de cette belle es-
pèce est peu élevée ; elle est répandue dans
(1) Voir Revue horticole, 1888, p. 32.
les jardins de l’Asie méridionale. Son spa-
dice floral est très-court, dense, capité,
dressé. Les bractées sont du rouge éclatant
le plus brillant. En 1878, j’ai vu dans les
jardins de Rio-Janeiro et de Pétropolis
(Brésil) ce Bananier en fleur dans toute sa
beauté.
Musa ornata, Roxb. — Croît sauvage
dans l’Inde, notamment à Ghittagong ; il
est cultivé dans les serres d’Europe et en
Algérie ; son inflorescence est dressée, assez
longue ; les bractées sont d’une couleur
vive, rougeâtre-lilacée ; les fleurs sont d’un
jaune orange.
LES MUSACÉES ORNEMENTALES ET ÉCONOMIQUES.
69
Musa speciosa, Tenore. — Patrie origi-
nelle mal connue. Cultivé en Algérie et
dans quelques localités méridionales de
l’Europe. Inflorescence dressée, spathes
rougeâtre lilas.
Musa sanguinea, Hook. — Croît sau-
vage dans l’Inde, dans l’Assam, est cultivé
dans les serres de Kew. Inflorescence
dressée, pédonculée, très- courte ; bractées
rouge-pourpre, denses, serrées ; fleurs
jaunes.
Musa ro-
sacea, Jacq.
— Origi-
naire de
l’Inde ; il
donne des
drageons.
Ce Bananier
est cultivé
en pleine
terre, pen-
dant l’été,
dans les
squares de
la Ville de
Paris.
Musa vit-
tata. — Se-
rait une va-
riété du M.
sapientum
à feuilles
panachées
de blanc ;
elle a été
rencontrée
à la côte
occidentale
d’Afrique et
à l’ile Saint-
Thomas ; ne
donne pas
de fruits co-
mestibles.
Musa tex-
tïlis, Nees.
— Est une espèce qui produit une matière
textile qui provient de ses feuilles et de ses
gaines ; elles fournissent un linge d’un as-
pect soyeux, dont l’usage s’est multiplié aux
Philippines et en Europe. Cette matière
textile est connue en Europe sous le nom
de Chanvre de Manille ou d’Abaca. Ce
Musa ne donne pas de fruits comestibles;
il se multiplie de graines et de rejetons. Il
est cultivé à la Réunion, dans l’Inde, à la
Martinique, à la Guadeloupe.
Fig. 15. — Musa paradisiaca
Les Bananiers qui produisent des fruits
comestibles sont très-nombreux; il y en a
plusieurs espèces, qui ont fourni d’innom-
brables variétés. Ces Musa ont des rejets
nombreux à la base qui servent à les mul-
tiplier ; leurs grandes feuilles sont moins
fermes que celles des espèces ornementales
et leurs fruits charnus ne sont comestibles
qu’à la maturité. Deux Bananiers priment
tous les autres par leur importance ; ce sont
le M. paradisiaca, L., (fig. 15) et le M. sa-
pientum,
L. Le pre-
mier, au-
quel on rap-
porte les M.
mansaria ,
Moench., et
M. Cliffor-
tiana , est
plus connu
sous le nom
de Bananier
de Paradis
et Bana-
nier à gros
fruits, à
cause de ses
baies, qui
ont de 15 à
30 centimè-
tres de lon-
gueur. Ce
sont les Ba-
nanes ordi-
naires ou
proprement
dites appe-
lées Pom-
mes de Pa-
radis ou
Pommes
d’A dam.
Par suite,
cet arbre
porte les
noms de
Figuier d’Adam ou Figuier des Indes. On
le nomme Plantain en arbre, Plantanier,
Platano chez les Espagnols ; c’est le
Pisang des Indiens, le Meia des Tahitiens;
Pline l’appelait Ariema. Les légendes orien-
tales rapportent, en effet, que le Bananier est
« l’arbre de la science du bien et du mal »,
dont le fruit tenta Eve et dont les feuilles
servirent à nos premiers parents pour se
couvrir quand ils s’aperçurent qu’ils étaient
nus. Ses fruits se mangent cuits, car ils
70
LES MUSACÉES ORNEMENTALES ET ÉCONOMIQUES.
sont peu savoureux ; il est peu cultivé à
la Réunion. D’après le docteur Vieillard,
ce Bananier est cultivé et très-répandu à
la Nouvelle-Calédonie ; il existait dans cette
île avant l’occupation française ; il a fourni,
comme partout, de nombreuses variétés que
l’on désigne dans le nord sous les noms
indigènes de Poinda, Pâte , Païnou, Cabo,
Pounienboro , Do, Minda, Poindape, Pai-
nape , Poingaboïte , Tiguite, Bariendo,
Neine , Maicoucté , Poinguiouape, Poin-
gori, Pegolemboua, Poüo, Poindiali,
Stehiendape , Stehiabeou, etc. Ces diffé-
rentes variétés n’ont aucun caractère dis-
tinctif tranché ; elles se reconnaissent à la
grosseur des régimes et des fruits. Le
Musa paradisiaca est le Poigate des indi-
gènes de cette région.
L’autre espèce, le M. sapientum, L.,
Bananier des Sages, est, pour quelques au-
teurs, une variété du M. paradisiaca ; ses
fruits sont appelés Figues-Bananes ou
Figues-Bacoves ou encore petites Bananes ;
elles sont plus petites que dans l’espèce
précédente et ne renferment à la maturité
que de la matière sucrée. Ces fruits peuvent
se manger et sont alors très-savoureux. Ce
Bananier commence à se répandre à la
Nouvelle-Calédonie. La patrie de ces deux
espèces est l’Inde; elles se sont naturalisées
depuis longtemps au Sénégal.
M. Hooker dit qu’il faut probablement
rapporter aux variétés du M. sapientum
divers Musa cultivés dans les serres du
jardin de Kew, avec des noms locaux ou
provisoires. Ce sont les M. aurantiaca , M.
Champa, M. Dacca, M. Kantilly, M. mar-
tabanica, M. Martini, M. Raruchala, M.
violacea.
Pour parvenir à vérifier et estimer la di-
versité et le mérite horticole de ces diverses
races, il faudrait que des jeunes plants
fussent cultivés en pleine terre dans des ré-
gions chaudes, où l’on pourrait alors obtenir
la fructification. Depuis quelques années,
les serres du Muséum de Paris ont reçu
des échantillons assez nombreux de di-
verses races du M. sapientum.
Le docteur Vieillard cite une variété
singulière de la Nouvelle-Calédonie appelée
Banane Poieté. C’est le Musa oleracea,
Vieill., à fructification très-rare, presque
inconnue, à rejets très-nombreux, utilisée
par ses rejets souterrains que l’on mange
cuits ou grillés, comme les Ignames, dont
ils ont à peu près le goût.
Le Musa simiarum, Rumph. (M. acu-
minata, ZolL), originaire des montagnes
de Java, est une petite espèce naine à
feuilles très-petites en comparaison des
autres Musa; ses fruits, très-petits, sont
charnus et sucrés ; il mérite d’être intro-
duit dans les serres d’Europe.
Le Musa discolor est une espèce sup-
posée par le docteur Vieillard être originaire
d’Océanie, et connue à la Nouvelle-Calé-
donie sous le nom de Calaboute. Elle a été
transportée dans plusieurs localités des
pays chauds, à Rio-de-Janeiro, par exemple;
elle est cultivée dans les serres d’Europe et en
Algérie, où elle développe difficilement son
régime. La tige a 2 ou 3 mètres de hau-
teur ; les feuilles sont glauques, violacées
en dessous lors de leur déroulement ;
cette couleur disparaît avec l’âge, mais
persiste toujours sur la côte médiane. Les
fruits sont assez nombreux sur le régime ;
ils sont oblongs, arqués, un peu prisma-
tiques, peu serrés, d’abord d’un violet
pourpré, puis, à maturité parfaite, nuancés
de jaune ; la chair est un peu sèche, rougeâtre
violacée, d’un goût musqué particulier. Les
gaines des feuilles donnent des fibres tex-
tiles dont les indigènes se servent pour
faire leurs frondes et leurs filets de pêche.
Le Musa sinensis, Sweet (M. Caven-
dishii, Paxt.), a été trouvé en Chine et
au Japon ; il s’est depuis répandu dans les
pays chauds. Cette espèce est cultivée dans
les serres chaudes d’Europe en raison de sa
petite taille, qui ne dépasse guère lm 50;
c’est une plante basse et trapue dont les
larges feuilles sont portées sur de courts
pétioles ; ses fruits mûrissent très-bien ; ce
Bananier commence à se répandre en Nou-
velle-Calédonie, où il est cultivé dans cer-
taines tribus.
Le Musa Fehi, Bert., est une belle
et grande espèce océanienne, dont le tronc
atteint de 5 à 6 mètres de hauteur, de cou-
leur verdâtre avec des bandes violacées,
rempli d’un suc abondant d’un beau violet ;
le limbe des feuilles est très-ample et for-
tement nervé. Le fruit est jaune pâle à la
maturité, médiocre à manger cru, très-bon
à manger cuit. Il est de grand usage à
Taïti, où les indigènes vont chercher ses
fruits dans les vallées fertiles des premières
pentes des montagnes, à l’altitude de 1,000
ou 1,200 mètres, limite de l’habitat de la
plante ; dans des excavations d’un sol ro-
cheux moins fertile, on trouve parfois,
d’après les indigènes qui visitent rarement
ces hauteurs, quelques graines parfaites,
peu nombreuses, de couleur noirâtre. Le
docteur Vieillard a vu ce Musa dans la
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
71
vallée sauvage de Fatua, dans les monta-
gnes de Taïti et il l’a trouvé plus tard
dans le nord de la Nouvelle-Calédonie, où il
est rare et ne croît que sur quelques points
Le régime porte trente ou quarante fruits ;
ce fruit est grand, oblong, un peu anguleux,
long de 15 centimètres ou un peu plus et
large de 3 centimètres ; son écorce est un
peu épaisse et sa chair est un peu ferme.
Le nom indigène de ce Bananier est Daak.
Le Muséum de Paris a reçu, en 1887,
une souche vivante de ce Musa ; expé-
diée de Taïti par M. Gardey, elle a été
apportée et soignée dans le trajet par
M. Gardet, administrateur colonial. Cette
souche est entrée tout de suite en végétation
dans la serre; c’est la première fois que
cette plante arrive vivante en Europe. Le
suc violet que l’on retire des tiges par in-
cision sert à teindre en bleu. Ce Bananier
se multiplie de drageons et de graines. Les
indigènes se servent des gaines et des
feuilles comme fibres textiles pour fabri-
quer leurs frondes et leurs filets de pêche.
Le Musa aphurica, Rumph. (M. Berte-
roniana, Coll.), originaire des Moluques
est une espèce voisine des variétés du M.
sapicntum , à fruits gros et de qualité infé-
rieure, comestibles seulement après cuis-
son ; ces fruits atteignent de 0m20 à 0m22 de
longueur. Le nom aphurica vient du mot
malais « alfourou », qui veut dire sauvage,
soit que cette espèce se trouve sauvage dans
les bois, soit qu’elle ne soit cultivée que par
les peuplades sauvages, moins délicates sur
la qualité de leur nourriture.
Le Musa uranoscops, Rumph., est une
espèce à tige de moyenne hauteur, grêle,
dure ; elle donne des fruits rougeâtres.
Leur chair est jaune, visqueuse, d’abord
acide, ensuite assez douce à la maturité ;
son suc est rougeâtre. On ne mange point
son fruit cru parce qu’il irrite la bouche,
mais, cuit sous la cendre, il prend une
consistance visqueuse et une saveur qui le
rendent mangeable ; il provoque l’urine et
la teint en rouge. Cette plante croit aux
Moluques, à Amboine et à Céram.
Le Musa Banksii, F. Mueller, est une
espèce remarquable en ce qu’elle a été
trouvée en Australie; elle croît dans les
vallées boisées du mont Elliot et dans la
baie de Rockingham ; sa tige est de hauteur
moyenne ; les feuilles atteignent environ
2 mètres de longueur ; le fruit est oblong,
long de 15 centimètres et large de 2. Ce
Musa donne des graines assez petites et nom-
breuses, de couleur brune. Il est très-abon-
dant au nord de Port-Denison, où il consti-
tue une partie de la nourriture des habitants
qui y habitent. Ses fruits sauvages sont
utilisés comme alimentaires par les indi-
gènes, d’Australie qui trouvent à manger un
peu de pulpe crue ou cuite entre les jeunes
graines, avant le complet développement du
fruit. Cette plante donne des rejetons à la
base.
Parmi les Musa que l’on peut considérer
comme d’un effet ornemental encore non
apportés en Europe ou restés l’objet d’une
culture très-restreinte dans quelques serres
de grands jardins botaniques, on peut citer
les M. superha, nepalensis , glauca, ura-
noscops, simiarum, Chaoy da de Cochin-
chine, qui donne un régime très-long, le
Pisang keker de l’Inde, etc., etc.
On pourrait aussi répandre en Amérique
plusieurs races estimées de l’Inde, de l’ar-
chipel Malais, des Philippines et de l’Océa-
nie ; les Bananes que l’on pourrait encore
y introduire sont : la Figue-Banane mi-
gnonne de la Réunion, à peau jaune poin-
tillée de rouge ; la Figue-Banane très-parfu-
mée, dite aux Philippines Bangulan ; la
Figue-Banane à tige un peu naine, dite
à Taïti Neiné; la Figue-Banane à chair très-
douce, mais contenant quelques graines,
nommée en Cochinchine Chaoy-Mat.
Certaines Bananes, d’une chair plus ferme
et plus apte à se conserver dans le trans-
port par mer, auraient peut-être une valeur
particulière, même quand elles ne pourraient
se manger que cuites. Les Bananes bien
mûres, cuites à la graisse, sont en effet un
plat très-délicat et d’un goût spécial.
H. Joret,
Ancien Jardinier-Chef du Gouvernement, au Sénégal.
(A suivre).
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 12 JANVIER 1888.
Comité de floriculture.
M. Max. Cornu a conservé, dans les cultures
du Muséum, une vieille mais toujours char-
mante plante indigène de pleine terre, VEranthis
hyemalis , dont il présentait, à cette réunion,
quelques touffes en pleine floraison.
L’Ê. hyemalis porte, à cette époque de l’an-
née, une hampe haute de 4 à 5 centimètres, et
se terminant par une jolie fleur étalée, jaune
72
CORRESPONDANCE.
d’or, entourée d’une collerette verte, découpée,
formant involucre. Les feuilles, radicales, ar-
rondies, se développent après que la floraison
est terminée. C’est une plante précieuse, sur-
tout en raison de l’époque à laquelle elle
fleurit, et qui peut rendre de grands services
pour la confection de bordures, la garniture
de rochers, dans les parties ombrées.
Envoyés par M. Bleu, quelques fort beaux
exemplaires d’Orchidées : Sophronitis mili-
tarisa charmante espèce aux fleurs carmin vif;
Angræcum sesquipedale , aux grandes fleurs
blanc de cire ; Odontoglossum gloriosum , So-
phronitis violacea .
Comité d’arboriculture d’ornement.
Le Cratægus Carrierei est une forme pré-
cieuse, surtout à cause de l’abondance, de la
grosseur et de la jolie coloration orangée de
ses fruits, qui garnissent ses rameaux pendant
la presque totalité de l’hiver. Plusieurs bran-
N° 3785. (Rhône. J — Essayez pour vos Ro-
siers l’engrais qui est vendu par M. Lévêque,
horticulteur, rue du Liégat, à Yitry (Seine).
Cette substance fertilisante s’applique aussi
bien à la culture forcée des Rosiers en pots
qu’à la culture de plein air.
Les semis de Bégonias bulbeux se font au
premier printemps, en serre ou sous châssis,
en terrines remplies de terre de bruyère. On
sème les graines, qui sont extrêmement fines,
sur la terre, sans les recouvrir. Pour mieux
conserver la fraîcheur, on peut recouvrir la
terrine d’une lame de verre à vitre. La levée
se fait facilement. Pour ne pas laisser les
jeunes plantes s’étioler et fondre , on doit les
repiquer dans d’autres terrines aussitôt qu’elles
ont deux petites feuilles. C’est une opération
facile, mais délicate, et qui demande un peu
d’habitude à cause de la petitesse des plants.
N° 3054. (Allier. J — La maladie qui dé-
truit vos Bégonias est probablement produite
par un Champignon microscopique dont les
spores sont répandues depuis plusieurs années
dans votre serre, et qui attaque successivement
toutes vos plantes. C’est le « milieu » qu’il fau-
drait changer. En cultivant vos Bégonias sous
châssis, avec d’autre terre que celle qui a passé
par votre serre, vous obtiendriez probable-
ment de bons résultats. On peut encore vous
conseiller de débarrasser complètement votre
serre pendant l’été prochain, de la repeindre
et de chauler les murs, de la laisser ouverte
toute la belle saison, et d’essayer une nouvelle
culture à l’automne avec des terres neuves,
terre de bruyère et terreau de couches mé-
langés. Nous vous conseillons aussi de tenir
votre serre plus humide, et de planter vos Bé-
gonias dans la partie la plus ombragée.
ches, envoyées par M. Baltet, de Troyes, en
étaient littéralement couvertes.
M. Cornu présentait quelques rameaux de
Rhododendron dahuricum , espèce sibérienne
qui produit, dans le courant de janvier, en
plein air, de nombreuses et jolies fleurs carmin
foncé.
Comité de pomologie.
M. Bourgeois (Aimable), de Chambourcy
(Seine-et-Oise), présentait une corbeille de
Pommes Reinette de Canada superbes; M. Ja-
met, arboriculteur, dont les plantations sont
également situées à Chambourcy, des Poires
Relie de Berry , Doyenné d’hiver , des Pommes
Reinette de Canada de toute beauté.
Par M. Ruillé, de Beauchamp, des Poires
Saint-Joseph,. très-bonne variété à fruit moyen,
roux lavé de carmin ; chair jaunâtre, eau
abondante, saveur très-agréable.
Ch. Thays.
INDANCE
N° 3643. (Nièvre. J — Votre Plantain nous
paraît intéressant. Veuillez nous en envoyer
une plante vivante entière, que vous pourrez
adresser directement à M. Ed. André, rue
Ghaptal, 30, à Paris. Vous voudrez bien ajou-
ter les détails que vous croirez utile de nous
faire connaître sur la manière dont vous avez
obtenu et dont vous cultivez votre plante.
N° 4109. (Somme.] — L’insecte dont vous
vous plaignez nous paraît être le Coccus ado-
nidum. Il est commun dans les serres chaudes
et cause de grands dommages. On a recom-
mandé divers procédés pour le détruire. Les
fumigations de tabac agissent sur les petits
nouvellement éclos, mais laissent indemnes les
individus couverts de leur cocon cotonneux,
au moment Je la ponte surtout. Le meilleur
remède est encore l’application de l’alcool à
35 degrés, à l’aide d’un petit pinceau. La va-
porisation s’effectue rapidement, et l’insecte
est tué sans que la plante souffre.
N° 3609. ( Meurthe-et-Moselle .J — Parmi
les meilleures variétés de Raisins précoces,
nous pouvons vous recommander : Précoce de
Malingre . P. de Saumur , Madeleine royale ,
Chasselas Vihert. Si vous avez une exposition
de murs bien insolée, vous pouvez y ajouter le
Lignan blanc.
C. de Ch. ( Mayenne .) — Le Genista his-
panica est une plante encore peu répandue et
que l’on ne trouve guère que dans certains
jardins botaniques. Nous essaierons de savoir
où l’on peut s’en procurer et nous vous donne-
rons le renseignement demandé, si nous réus-
sissons.
U Administrateur-Gérant ; L. Bourguignon.
Imp. Georges Jacob, — Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE.
73
CHRONIQUE HORTICOLE
Les froids en France. — Le prix des fleurs à Nice. — Les plantations d’arbres fruitiers en bordure des
routes. — Résultats du concours du Parc public de Lisbonne. — Cours d’arboriculture fruitière de la
ville de Lille. — La Ramie. — Influence du sujet sur le greffon. — Cas de dichroïsme dans la floraison
d’un Rosier. — L'Acacia decurrens dans le midi de la France. — École de jardinage des Hospices de
Beaune. — Vigne Jacquez. — Les effets du brouillard sur les plantes. — Expositions annoncées. —
Nécrologie : MM. le docteur A sa Gray, J. Day, Grégoire Nélis, Chauvière.
Les froids en France. — Un froid in-
tense a généralement sévi en France, dans
les derniers jours de janvier et au commen-
cement de février.
A Paris, le thermomètre est descendu à
— 14°. De Sedan, on nous écrit que la
température a marqué : le 31 janvier,
— 22° ; le 2 février, — 22° 5 ; le 3,
— 18°.
Dans le Midi, le froid s’est également fait
sentir d’une manière assez vive. Notre cor-
respondant de Nice nous fait savoir qu’à
la même époque, on y a constaté jusqu’à
7 degrés de froid. Quelques végétaux ont
fortement souffert, à la villa Vigier, notam-
ment, où les Kentia , Areca, Seaforthia et
Dicksonia , qui sont plantés depuis quinze
ans sous un bois d’Oliviers, ont eu leur
feuillage très-endommagé. Il faudra que
plusieurs années s’écoulent avant que ces
plantes puissent être rétablies.
Nous donnerons prochainement des dé-
tails plus circonstanciés sur les effets de la
gelée sur notre littoral méditerranéen.
Heureusement, ces dégâts ne se sont pas
étendus au delà de cette région. Toute
la France était alors couverte d’un épais
manteau de neige, qui a protégé le prix
des végétaux trop faibles pour résister à
ces intempéries.
Le prix des fleurs à Nice. — Nous
recevons de Nice la liste suivante, in-
diquant les cours qu’y atteignent actuel-
lement les fleurs les plus demandées à
Paris.
Mimosa dealbata, très-beau cette année,
1 fr. 50 le kilo.
Violette de Parme, 8 fr. le kilo.
Anémones Capelan, 1 fr. 50 la douzaine.
Anémones du pays, 15 à 25 centimes la
douzaine.
Roses Safrano, 2 fr. 25 et 2 fr. 50 la
douzaine.
Roses Lamarque, 3 fr. 50 la douzaine.
Anthémis Étoile d’or, 60 centimes la
douzaine.
Réséda, 5 centimes l’épi.
16 Février 1888.
Giroflées, 15 à 35 centimes le paquet de
huit branches, selon la qualité.
Les plantations d’arbres fruitiers
en bordure des routes. — Nous rece-
vons de Sedan la communication suivante,
qui contribue à établir que, dans cer-
taines régions, les services de voirie, se-
condés par les Conseils généraux et les
administrations communales, mettent lar-
gement à exécution les plantations fruitières
en bordure de routes :
Comme vous en faites la remarque dans le
dernier numéro de la Revue horticole , toutes
les Administrations ne s’opposent, pas à la
plantation des arbres fruitiers en bordure des
routes, et j’ai le plus grand plaisir à vous
signaler une adjudication faite le mois dernier
par le service vicinal de notre département.
M. Charpentier, notre agent-voyer en chef,
s’est fort sérieusement occupé de cette ques-
tion, et, par suite de subventions demandées au
Conseil général et aux communes, il a pu ob-
tenir des crédits suffisants pour qu’une quan-
tité de près de 60,000 pieds d’arbres soit
plantée sur les chemins de grande communi-
cation et d’intérêt commun.
C’est, je crois, la première entreprise de cette
importance faite en France.
Les arbres fruitiers ne sont pas mis de côté,
loin de là, car on a prévu la plantation de
plus de 30,000 Pommiers et Poiriers à cidre
et de près de 10,000 Cerisiers, Pruniers et
Noyers.
Nul doute que le département ne trouve là,
d’ici quelques années, des ressources pré-
cieuses pour l’entretien et l’amélioration des
chemin vicinaux.
D’autre part, cette plantation fruitière de
40 kilomètres de chemins pourra donner la
meilleure preuve que les craintes que ce mode
de plantation inspire à quelques-uns sont
complètement chimériques.
Darbour,
Pépiniériste à Torcy-Sedan . Ardenne»)
Nous remercions vivement notre corres-
pondant de son intéressante communication,
qui favorisera sans nul doute le développe-
ment de ce genre de plantations.
4
74
CHRONIQUE HORTICOLE.
Résultats du concours pour le Parc
public de Lisbonne. — Les décisions du
jury pour cet intéressant concours sont enfin
connues.
Le premier prix (12,500 fr.) a été dé-
cerné à M. P. Lusseau, architecte-paysa-
giste, à Paris ; le deuxième prix (7,500 fr.),
à M. G. Duchesne, architecte-paysagiste, à
Paris, et le troisième prix (5,000 fr.), à
M. Eug. Deny, entrepreneur de parcs et
jardins, à Paris.
Nous sommes heureux d’applaudir au
beau succès de nos compatriotes, succès
d’autant plus remarquable que les concur-
rents, on le sait, étaient nombreux.
Trois mentions honorables ont été dé-
cernées : la première, à M. F. Morel, de
Lyon ; la deuxième, au projet ayant pour
devise : Licorne (l’auteur ne s’est pas fait
connaître jusqu’ici) ; la troisième, à M. Du-
rand, de Reims.
Nous nous proposons de consacrer pro-
chainement une étude au projet qui a rem-
porté le premier prix, et d’en donner le
dessin et la description.
Cours d’arboriculture fruitière de la
ville de Lille. — Ces cours publics et
gratuits, qui sont faits par M. Jadoul,
jardinier en chef de la ville de Lille, ont
commencé le dimanche 19 janvier et se
continueront les dimanches pour se ter-
miner le 5 août. L’ensemble peut se partager
en deux parties, l’une qui comprend toutes
les opérations dites d’hiver; l’autre partie,
dite d’été, commencera le 13 mai pour se
terminer le 5 août.
Le programme comprend toutes les opé-
rations, depuis la préparation du sol, l’exa-
men des sujets, ainsi que tous les soins et
traitements qu’exigent les arbres jusqu’à la
récolte des fruits.
La Ramie. — La Ramie ( Bœhmeria
utilis) est à l’ordre du jour. De tous côtés
on expérimente sa culture, et une commis-
sion, qui a été nommée au Ministère de
l’agriculture, s’occupe spécialement de cette
plante industrielle.
La commission a reconnu que ce qui
entrave surtout l’extension de la culture de
la Ramie, c’est l’imperfection actuelle des
moyens de décortication, pour l’extraction
dè la fibre ; elle a, pour tenter de faire ces-
ser cet état de choses, organisé pour les
années 1888 et 1889 des concours et exposi-
tions de machines et procédés de décorti-
cation, et, pour avoir sous la main, lors deâ
expériences qui seront faites, des tiges de
Ramie à l’état frais, elle a, sur une propo-
sition de M. Durand-Glaye, ingénieur en
chef des ponts et chaussées, décidé que des
plantations de Ramie seraient dès cette
année créées à Gennevilliers (Seine).
Ces plantations ne peuvent, bien entendu,
avoir qu’un but : fournir aux machines à
décortiquer exposées en 1889 les matériaux
nécessaires pour les expériences. La culture
pratique de la Ramie ne peut convenir, on
le sait, au climat de Paris.
Influence du sujet sur le greffon. —
Cette influence, affirmée par les uns, niée
par les autres, existe certainement ; mais
comme elle est relative, c’est-à-dire en rap-
port avec les sujets et avec les milieux, il
s’ensuit que, suivant les cas, les deux opi-
nions, bien que contraires, peuvent être
vraies. Ce sont donc les faits, et les faits seu-
lement, qui permettent de juger ; aussi est-
ce sur ceux-ci que nous allons nous ap-
puyer : en greffant un Groseillier à grappes
à fruits blancs ou rouges sur le Groseil-
lier Cassis , le fruit n’est pas modifié, mais
le feuillage l’est : au lieu d’être vert, il
prend une couleur bistrée qu’il conserve
jusqu’en août, puis il passe au rouge, et enfin
à la couleur rouge intense, qu’il conserve
jusqu’à la chute des feuilles.
Ce phénomène, que nous constatons de-
puis quelques années, se reproduirait-il par-
tout ? C’est ce que nous ne pouvons dire.
Quelle en est la cause ? On ne peut douter
que c’est la sève du sujet qui, en se combi-
nant avec celle du greffon, produit la cou-
leur rouge que prend celui-ci. Quant à la
loi qui détermine ce changement, nous
l’ignorons. Nous avons simplement voulu
signaler le fait.
Cas de dichroïsme dans la floraison
d’un Rosier. — Cet accident, signalé par
le Journal des Roses, s’est produit sur le
Rosier Mabel Morison, qui, sur seize fleurs,
en avait quinze d’un beau blanc, tandis que
la seizième était d’un magnifique rose dans
toutes ses parties. Greffé, ce rameau dissi-
dent a maintenu tous ses caractères, de
sorte que l’on a maintenant une variété à
fleurs roses produite spontanément par une
autre à fleurs complètement blanches.
L’Acacia decurrens dans le midi de la
France. — IL Acacia decurrens, originaire
d’Auslralie, réussit, on le sait, sur tout le
littoral méditerranéen, où il se développe
CHRONIQUE HORTICOLE.
75
avec vigueur dans les terrains les plus arides.
Cette espèce possède, ainsi qu’on vient de
le constater, des propriétés dont l’industrie
pourra tirer profit.
En effet, dans un rapport qu’il vient de
présenter à la Société nationale d’agricul-
ture, M. A. Levallois mentionne qu’un
échantillon d’écorce recueilli à la villa Thu-
ret sur un A. decurrens, par les soins de
M. Naudin, a donné à l’analyse 31 p. 100
de tannin. En Australie, cette proportion est
de 30 à 40 p . 100 pour la même espèce.
D’après des expériences récentes, on es-
time que 750 grammes d’écorce d’A. decur-
rens suffisent pour tanner 500 grammes de
cuir, tandis qu’il faudrait 2 kil. 500 grammes
d’écorce de Chêne pour tanner la même
quantité de peau.
Ce sont là des données de haut intérêt et
qui amèneront bien certainement de nou-
velles expériences.
Si ces qualités de l’écorce de VA. decur-
rens étaient confirmées, cette espèce pour-
rait peut-être être cultivée avec avantage
dans certaines parties de l’Algéri'e et de la
Tunisie, ainsi que dans celles de nos autres
colonies où le climat se rapproche de celui
de la Nouvelle-Hollande.
École de jardinage des Hospices de
Beaune. — Nous recevons de notre colla-
borateur, M. J. Ricaud, vice-président de la
Commission des Hospices de Beaune, la
lettre suivante, qui rend toute justice au
jardinier-chef de l’École de Jardinage dont
M. Weber a donné une très-intéressante des-
cription dans l’un de nos dernier numéros :
La Revue horticole , écrit M. Ricaud, vient
de publier une note fort exacte sur l’École de
Jardinage dépendant de l’un des Hospices de
Beaune. Les preuves d’intérêt que l’auteur de
cet article a déjà données à notre établisse-
ment, les nouvelles marques d’approbation
qu’il ne nous marchande pas dans votre
journal, nous sont d’autant plus précieuses
qu’elles émanent d’un juge éclairé; de sem-
blables appréciations ne peuvent que nous
encourager dans la voie que nous suivons.
Je vous demande la permission d’ajouter
quelques mots à l’exposé fait par M. Weber.
Mes fonctions de Vice-Président de la Com-
mission des Hospices de Beaune me donnent,
en effet, la direction administrative des diffé-
rents services qui en dépendent, et notamment
celle de l’Orphelinat; mais, en fait, la direction
pratique de notre École est confiée au jardinier-
chef, M. Edmond Vard, qui est plutôt un jar-
dinier-directeur, et qui s’acquitte de sa tâche,
souvent fort délicate, avec un zèle et une intel-
ligence que j’ai eu souvent l’occasion d’appré-
cier. Je dois dire aussi que, de son plein gré,
il donne des leçons publiques de taille d’arbres
qui sont fort goûtées.
Un mot, enfin, qui sera une réclame en fa-
veur de nos intéressants pupilles : nous avons
presque toujours des sujets à placer comme
aides-jardiniers. En s’adressant à nous, les
horticulteurs, amateurs ou chefs d’établisse-
ment, trouveraient de bons ouvriers, en même
temps qu’ils viendraient en aide à une bonne
œuvre.
Nos colonnes sont toujours ouvertes à
des communications de ce genre, aussi que
intéressantes pour la philanthropie pour
l’horticulture.
Vigne Jacquez. — Cette variété, dont la
Revue horticole a souvent parlé, est d’une
fécondité extraordinaire, on pourra s’en
faire une idée par le passage suivant d’une
lettre que nous adresse notre collègue
M. Barsac, jardinier à Bouliac (Gironde) :
J’ai dans mon jardin à Bouliac, chez M. Jus-
sine, un cep de Vigne américaine, de la variété
Jacquez , que j’ai planté il y a quatre ans. A sa
première année de pousse, il donna quelques
menues grappes ; à la deuxième, j’eus un peu
de mal à le préserver de la maladie commune,
le Mildiou, mais grâce à la bouillie bordelaise,
j’y réussis ; à la troisième j’eus beaucoup plus
de Raisins qu’à la première, mais à la qua-
trième la production fut énorme ; ce pied
me donna cent soixante-dix grappes magni-
fiques, à fruits gros, d’une maturité parfaite et
exemptes de toute trace de maladie. Pourtant
ce cep n’occupe qu’une petite étendue, puisque
ses deux bras étalés n’atteignent ensemble que
4 mètres de longueur.
Les effets du brouillard sur les
plantes. — En Angleterre, les brouil-
lards sont fréquents et de longue durée. A
Londres, surtout, ils sont d’une intensité
surprenante, et chargés de vapeurs sulfu-
reuses qui leur donnent une couleur jau-
nâtre.
Les végétaux de serres subissent d’une
façon plus ou moins marquée l’influence de
ces brumes, et voici, d’après le Journal of
horticulture , quelques remarques récem-
ment faites à ce sujet. A la suite d’un
brouillard d’assez longue durée, les Orchi-
dées et surtout les Phalœnopsis avaient
fortement souffert. Le feuillage des Azalea
indica était altéré comme par une forte
gelée ou une fumigation trop intense; cer-
taines variétés, cependant, étaient entière-
ment préservées de toute altération, sans
doute parce que le tissu de leurs feuilles
76
CHRONIQUE HORTICOLE.
était plus épais. L’Acacia Drummondi, et
beaucoup d’autres plantes de serre froide,
avaient également leur feuillage roussi ;
mais les Bouvardia étaient les plus atteints ;
certains exemplaires étaient presque morts,
de même que les Crotons et Gardénias.
La seule espèce qui n’ait aucunement
souffert du brouillard est le Boronia me-
gastigma.
Expositions annoncées (1). — Orléans,
du 24 au 21 mai. — La Société horticole du
Loiret tiendra à Orléans, du 24 au 27 mai,
sa sixième exposition horticole, compre-
nant les plantes de toutes sortes et les ob-
jets d’art se rattachant à l’horticulture.
Le programme de cette exposition comprend
cinq sections, divisées en soixante-deux con-
cours.
1° Pépinières. — Plantes de pépinières nou-
velles, conifères, arbustes à feuilles caduques
et arbustes à feuilles persistantes, Rhododen-
drons, Azalées, Rosiers, plantes pour reboise-
ments, fruits.
2° Arboriculture. — Jeunes arbres formés.
3° Culture maraîchère. — Légumes nou-
veaux, légumes forcés ou de saison, Melons,
Fraisiers, Asperges, Champignons.
4° Floriculture. — Plantes de toutes sortes,
nouvelles, de serre chaude, de serre tempérée,
à feuillage : Dracæna , Palmiers, Cycadées et
Pandanées, Azalea indica , Gloxinias, Achi-
menes , Galcéolaires, Verveines, Cinéraires,
Cactées, Fougères, etc., etc. ; collections de
graines, bouquets, corbeilles et parures.
5° Objets d’art et ustensiles de jardinage. —
Il a été institué aussi un concours entre insti-
tuteurs, pour les potagers et vergers les mieux
tenus, et un concours entre jardins d’écoles
cultivés par les élèves.
Adresser les déclarations, le 1er mai au plus
tard, à M. P. Transon, route d’Olivet, à
Orléans.
— Rouen, du 16 au 21 mai. — La So-
ciété centrale d’horticulture du département
de la Seine-Inférieure organise à Rouen, du
16 au 21 mai, une exposition des produits
de l’horticulture, qui sera tenue dans le jar-
din de l’Hôtel-de-Ville. Tous les produits
de l’horticulture, français et étrangers, sont
admis à concourir.
Les exposants sont divisés en trois classes :
amateurs, jardiniers marchands et établisse-
ments publics. Les instituteurs concourront
entre eux.
(1) La Revue horticole annonce toutes les expo-
sitions générales ou partielles dont le programme
est adressé aux Rédacteurs en chef, 26, rue Jacob,
Paris.
Cette exposition comprend : 1» la floricul-
ture : plantes de serre chaude, de serre
tempérée, de serre froide, de pleine terre,
plantes d’introduction nouvelle, plantes de se-
mis, bouquets ; 2° culture maraîchère ; 3° ar-
boriculture et fruits ; 4° produits de l’industrie
horticole.
Adresser les demandes au moins dix jours à
l’avance à M. A. Héron, président de la Société,
40, rue Saint-Lô, à Rouen.
Épinal, du 9 au 14 juin. — A l’occa-
sion du Concours régional agricole d’Épinal,
la Société d’horticulture et de viticulture
des Vosges organise, du 9 au 14 juin une
exposition de légumes, d’arbres, de fleurs,
de fruits et de Vignes, d’objets d’art et d’in-
dustrie, se rattachant à l’horticulture.
Des objets d’art seront décernés pour la cul-
ture maraîchère, les arbres et arbustes de pleine
terre et les fleurs. Les prix sont réservés aux
exposants domiciliés dans les départements fai-
sant partie de la circonscription du Concours
régional.
Adresser les demandes, avant le 10 mai, à
M. Ch. Lebrunt, président de la Société, à
Épinal.
Nécrologie : Le docteur Asa Gray. —
Les Etats-Unis viennent de perdre un bota-
niste des plus éminents, et le monde savant
un de ses membres les plus illustres. Les
derniers courriers d’Amérique nous ap-
prennent la mort du docteur Asa Gray.
Né en 1810, Asa Gray débuta dans la car-
rière au moment où la plupart des jeunes
gens sont encore élèves. En 1834, il écri-
vait son premier ouvrage contenant l’étude
et la description de plantes nouvelles rares
ou intéressantes (New, rare or otherwise
inter esting plants ), et à partir de cette
époque jusqu’à sa mort ses publications se
poursuivirent sans interruption. En 1836,
parurent ses Eléments of Botany et, vers
la même époque, plusieurs travaux sur la
bibliographie botanique et les autres bran-
ches de cette science. Déjà, il commençait
avec le docteur Torrey à rassembler les élé-
ments de sa Flore de V Amérique du Nord,
dont le premier volume fut livré à l’impres-
sion en 1838. Ce fut l’époque où commença
la réputation d’Asa Gray, réputation qui
ne fit que grandir par la publication du
second volume de sa flore et par cette bril-
lante suite d’écrits qui s’échelonnent de
1840 à 1880 et parmi lesquels The Bota-
nical Text-Book, The Manual of Botany
of Northern United States et les Relations
of the Japanese Flora to that of North
America sont les plus importants.
FLORAISON HIVERNALE DES HELIOTROPES.
77
La mort d’Asa Gray ne constitue pas seule-
ment une grande perte pour la botanique ;
elle en est une également pour l’horticulture.
Il a, en effet, pendant plusieurs années, été
directeur du jardin botanique de Cambridge
et s’est acquis des droits à la reconnaissance
de tous ceux qu’intéressent les plantes par
son ouvrage Field, Forest and Garden Bo-
tany, guide des plus utiles, qui donne la
description des végétaux communément
cultivés et est écrit avec une autorité et une
clarté remarquables.
Président de plusieurs sociétés savantes
dans son pays, Asa Gray faisait encore
partie, comme membre étranger, de la
Société royale de Londres et de l’Institut de
France.
M. J. Day. — Nous apprenons la mort
d’un amateur d’horticulture des plus dis-
tingués : M. John Day, qui avait réuni, à
Tottenham, près Londres, de magnifiques
collections d’Orchidées. Il avait parcouru les
Indes, la Jamaïque, le Brésil, Ceylan, etc.,
et avait rapporté de ses voyages les princi-
paux éléments de ses collections. M. Day
a rendu de grands services à l’horticul-
ture, et son nom sera perpétué par quel-
FLORAISON HIVERNA
Novembre, décembre et janvier sont cer-
tainement les mois où il est le plus difficile
d’avoir des plantes en fleurs ; c’est cepen-
dant une époque où, la nature ayant revêtu
sa tenue d’hiver, on aime à avoir, dans les
serres et dans les appartements, des fleurs
pour les égayer et contraster avec l’extérieur.
L’Héliotrope a l’avantage, en plus de sa fleur,
qui certes est jolie, d’avoir un parfum des
plus suaves.
Voici la manière de procéder pour avoir
des fleurs de cette plante pendant l’hiver
et obtenir une floraison aussi belle qu’en
pleine saison. On commence à bouturer
fin juin et commencement de juillet, en
plein châssis, à froid et en terre de bruyère
pure; on ne fait pas toutes les boutures
le même jour, mais on espace ce travail de
façon à faire plusieurs saisons, qui, se succé-
dant, donneront des fleurs du 1er novembre
au 31 janvier.
Les boutures, une fois bien reprises, su-
bissent un premier empotage en godets de
6 à 8 centimètres. Une dizaine de jours
après, c’est-à-dire quand la reprise a eu
lieu, on procède à un pincement. Une fois
les jeunes plantes bien ramifiées, on leur
que belles espèces d’Orchidées : Cypripe-
dium Dayanum , Masdevallia Dayana,
Lœlia pumila Dayana, Cœlogyne Daya-
na, etc.
M. Grégoire-Nélis. — Un arboriculteur
belge des plus distingués, M. Grégoire
Nélis, qui avait réuni, à Jodoigne, de re-
marquables collections fruitières, vient de
mourir. Il a obtenu de semis de nombreuses
variétés de Poires, parmi lesquelles nous
citerons : Bergamote de Jodoigne, Com-
missaire Delmotte, Jules d’ Air oies, Nar-
cisse Gaujard, Nouvelle Fulvie, etc.
M. Chauviere. — Un des doyens de l’hor-
ticulture française, M. Pierre Chauvière,
vient de mourir dans sa propriété, à Pan-
tin, le 3 février 1888, dans sa quatre-vingt-
neuvième année. C’était un horticulteur
très-distingué. Il s’était surtout adonné à la
culture des plantes herbacées que, dans
un langage imagé, il appelait « herbes à
lapin », telles que Pétunias, Verveines, Hé-
liotropes, Delphiniums, Pentstémons, etc.,
et tout particulièrement des Dahlias.
E.-A. Carrière et Ed. André.
,E DES HÉLIOTROPES
donne leur deuxième et dernier empotage
en godets de 12 centimètres. C’est dans ces
pots qu’elles devront fleurir. On leur don-
nera alors beaucoup d’air; le meilleur
moyen est de mettre le châssis sous lequel
elles sont sur quatre pots, c’est-à-dire un
à chaque coin; on obtiendra, de la sorte,
une aération complète en haut et en bas du
châssis. Au mois d’octobre, on fait une
petite couche tiède de 14 à 15 degrés centi-
grades, sur laquelle on met les pots en-
foncés dans du terreau. Les plantes com-
menceront alors à bien boutonner. Dès
qu’on voit qu’elles sont prêtes à fleurir, on
les rentre en serre tempérée, où elles don-
neront une bonne et abondante floraison;
on obtiendra de belles et grandes tiges fleu-
ries, garnies d’un beau feuillage, dont on
pourra se servir pour orner les vases dans
les appartements.
Nous conseillons de choisir des variétés
vigoureuses, et, de préférence, à fleurs fon-
cées ; le résultat est bien meilleur qu’avec les
fleurs claires.
On peut retarder la floraison en tenant
les plantes un peu plus au froid, ou, au con-
traire, l’avancer en donnant plus de cha-
78
QUATRE PLANTES NOUVELLES ü’ORNEMEXT.
leur ; mais il n’est pas prudent cependant
de dépasser 15 degrés centigrades, car,
alors, les fleurs perdent leur beau coloris
foncé ; elles sont non seulement plus pâles,
mais encore plus étiolées et se conservent
moins longtemps dans l’eau.
On peut obtenir aussi des fleurs sur les
vieux pieds, en leur faisant suivre le même
traitement ; mais les fleurs sont beaucoup
moins robustes et moins belles ; le bois en
est maigre et généralement court, d’où im-
possibilité de couper de longues tiges pour
les garnitures. Nous recommandons de
beaucoup la première manière.
Ernest Bergman.
QUATRE PLANTES NOUVELLES D’ORNEMENT
Solanum ciliatum, var. macrocarpum.
Tige sousfrutescente à la base, atteignant
50 à 60 centimètres de hauteur, ramifiée,
à ramifications éta-
lées, dressées, mu-
nies, ainsi que les
feuilles et leur pé-
tiole, de nombreux
aiguillons grêles,
inégaux, d’un blanc
jaunâtre. Feuilles
subcordiformes
dans leur contour,
ovales-sinuées, à
nervures princi-
pales très -proémi-
nentes et spines-
centes en dessous,
à cinq lobes ovales-
aigus et plus ou
moins ondulés, le
terminal plus
grand. Fleurs pe-
tites, blanchâtres,
solitaires, ou réu-
nies par deux, plus
rarement trois, au
sommet de pédon-
cules réfléchis mu-
nis d’aiguillons.
Galyce à cinq divi-
sions aiguës, spi-
nescentes. Fruits
réclinés, arrondis, atteignant le volume
d’une Pomme à’ Api, dont ils rappellent un
peu la forme, légèrement déprimés, lisses, à
peine marqués, à la base, de trois sillons lon-
gitudinaux, atteignant de 10 à 12 centimètres
de circonférence, d’un beau rouge orangé ou
rouge brique à leur maturité, qui a lieu
d’octobre à décembre.
Le Solanum ciliatum var. macrocar-
pum (fig. 16), est une plante toute nou-
velle , qui se recommande particulière-
ment par le volume et l’élégance de ses
fruits, qui rappellent un peu ceux d’une
petite Tomate plus ou moins méplate.
C’est une plante vivace et même sous-li-
gneuse en serre ou dans les climats chauds,
mais qui peut très-
bien être cultivée
comme annuelle.
Outre ses qualités
ornementales com-
me plante, on peut
faire servir ses
branches à la con-
fection des bou-
quets d’hiver. Voici
comment : on coupe
les parties garnies
de fruits mûrs, et
on les fait sécher.
Dans ces condi-
tions, elles conser-
vent tout leur éclat
et peuvent être em-
ployées, avec des
branches munies
de feuilles d’aspect
et de formes di-
vers, à la confection
de surtouts de ta-
bles ou de bou-
quets volumineux
pour la décoration
hivernale des ap-
partements.
La multiplica-
tion se fait par graines que l’on sème de
février à avril sur couche, en serre ou sous
châssis ; on repique en godets qu’on enterre
sous des châssis, près du verre, afin d’éviter
l’étiolement. Jl faut arroser et aérer au
besoin.
On livre ces plants à la pleine terre aus-
sitôt que les gelées paraissent ne plus être à
craindre.
Cette introduction toute nouvelle vient
d’être mise au com merce par la maison Vilmo-
rin-Andrieux, 4, ruede la Mégisserie, Paris.
EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ D’HORTICULTURE DE CANNES.
79
Primevère de la Chine double rose
ou spectabilis.
C’estune variété très-intéressante (fig. 17),
en ce sens que, outre que ses grandes fleurs
roses sont très-nombreuses et bien pleines^
à pétales finement frangés, ses feuilles am-
ples ont les bords encore plus élégamment
frisées que celles de la Malva crispa.
Lobelia Erinus.
Parmi les nombreuses variétés que com-
prend cette espèce
et qui toutes sont
si belles et si pro-
pres à l’ornemen-
tation des jar-
dins pendant l’été,
nous recomman-
dons particulière-
ment les deux sui-
vantes : Erinus Ma-
genta oculé blanc ,
Vilm., et Erinus
erecta Crystal Pa-
lace, Yilm. Outre
la couleur si jolie
des fleurs, la régu-
larité et la végéta-
tion des plantes les
recommandent
d’une manière par-
ticulière pour faire
des bordures ou
pour former des
groupes dans les
parterres.
Coreopsis hybride,
semi-double varié.
Les transforma-
tions physionomi-
ques déterminées par la duplicature des
fleurs chez ces plantes sont des plus cu-
rieuses. L’aspect général de la fleur rap-
pelle assez la Gaillardia picta variété Au-
rore boréale. Chez ces Coreopsis, qui
sortent du C. tinctoria, les fleurons, au lieu
d’être plans, sont tubulés et s’ouvrent seu-
lement vers l’extrémité. Sur chacun des
pétales se trouve irrégulièrement distribuée
la coloration jaune, avec un mélange de
rouge écarlate, qui donne à la plante un
aspect original.
Comme la transformation que nous avons
signalée sur les pétales n’a pas de limites et
| qu’elle se diversifie indéfiniment, il en résulte
un ensemble des
plus intéressants
au point de vue
scientifique , en
même temps que
singulièrement jo-
li. Ce sont donc des
variétés très-méri-
tantes au point de
vue de l’ornement.
Leur port est
dressé, et les plan-
tes, extrêmement
ramifiées, se cou-
vrent de fleurs
très-variées et ex-
cessivement nom-
breuses, qui se
succèdent pendant
plusieurs mois.
Les plantes varient
considérablement
pour la hauteur,
mais présentent
une grande ten-
dance à se fixer
et à constituer des
types. Quant à la
culture, elle est
absolument sem-
blable à celle que l’on donne au Coreopsis
tinctoria.
E.-A. Carrière.
Fig. 17. — Primula sinensis fimbriata spectabilis
flore pleno.
EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ D’HORTICULTURE DE CANNES
L’Exposition d’horticulture de Cannes a
été faite, comme l’année dernière, sur les
allées de la Liberté. Le kiosque de la mu-
sique formait à peu près le centre de rem-
placement choisi, qui était environ un tiers
plus grand que l’an dernier; le jardin avait
été dessiné par M. Aurange. L’Exposition,
assez réussie comme plantes (malgré l’ab-
sence de plusieurs grands horticulteurs).
tenait un espace un peu trop grand ; soit à
Cannes, soit à Nice, le même défaut existe
presque toujours. Nous allons avoir une-
Exposition à Nice le mois prochain ; c’est en
vain que l’on propose à la Commission d’or-
ganisation de faire établir une grande tente,
remplaçant les malheureux abris tout en lon-
gueur, ne se fermant pas, laissant à l’injure du
temps les fleurs coupées ou les plantes fleuries*
80
PITTOSPORUM TENUIFOLIUM.
Le groupement des plantes serait plus
facile; de plus, étant bien fermée, cette tente
aurait l’avantage d’abriter les plantes, en
évitant ce qui est arrivé à Cannes, dans la
nuit du vendredi 27 janvier au samedi,
où la plupart des plantes fleuries et des
fleurs coupées ont gelé. Cela n’empê-
cherait pas d’avoir un beau jardin pour
les Palmiers, Conifères ou autres végé-
taux ne craignant pas les intempéries.
La distribution des récompenses a failli
ne pas avoir lieu l’an dernier à Nice, à
cause du mistral ; jugez comme les pauvres
plantes devaient être belles.
L’Exposition de M. Solignac (hors con-
cours), à qui on a voté à l’unanimité
de vifs compliments, était très-belle :
Orchidées, environ 40 : Odontoglossum
Alexandræ, quelques O. Rossi, O. pulvi-
natum, O. triumphans, O. gloriosum ;
50 à 60 pots de Cypripedium insigne,
4 potées de la même plante ayant chacune
20 fleurs; Lælia albida , anceps, Cypripe-
dium Boxalli (belle plante), Oncidium
crispum, O. pulvinatum, O. Cavendis-
hianum, Lycaste Skinneri, etc., Anthu-
rium Scherzerianum, Dracæna, Croton,
plantes fleuries : Muguets, Azalées, Olivia
miniata, Lilas, un très-beau lot de Cycla-
mens. Un lot de bouquets, corbeilles, gerbes
très-bien faites en fleurs de choix, Roses
variées, Lilas, Muguets, Violettes, etc., etc.,
provenait du même exposant.
Le prix d’honneur a été décerné à
M. Chevrier, chef des cultures de l’Aube au
golfe Juan, pour son lot de Palmiers compre-
nant : Cocos Romanzoffiana, C. flexuosa,
C. australis, Latania borbonica ou Livis-
tona sinensis, Washingtonia robusta ,
Rhapis, Sabal, Phœnix canariensis,
Brahea Roezli. Très-bel apport.
M. Schwartz, jardinier chez M. le baron
Alphonse de Rothschild, a reçu une grande
médaille d’or pour sa collection de plantes
de serre chaude, toutes très- soignées, vi-
PITTOSPORUM
Un cimetière est loin d’être un établisse-
ment d’horticulture ; mais il arrive cepen-
dant qu’on y rencontre quelquefois des
végétaux remarquables par leur force ou
leur rareté, souvent plantés et conservés
dans ces lieux de repos par l’effet du hasard.
Certains exemplaires, qui vivent sans au-
cune gêne, baignés de toutes parts par l’air
et le soleil, arrivent souvent à atteindre des
goureuses et bien cultivées. Elle contenait
300 plantes un peu trop à l’étroit dans une
serre. On y remarquait 42 variétés de Cro-
tons, 30 variétés de Dracénas, 20 variétés
de Marantas, 35 variétés de Caladiums, des
Anthurium ferriercnse, Ataccia cristata ,
Olivia, Pandanus, Adiantum Farleyensc
et autres Fougères; un lot de Cypripe-
dium insigne, etc., etc. Une grande mé-
daille d’or à M. Tournaire, à la Croix des
Gardes (Cannes). Son lot d’Œillets était
bien cultivé en pots, dans les variétés Lyon-
naise, Alégatière, Jean Sisley et autres; de
plus, 25 à 30 plantes obtenues de semis par
le même exposant, toutes en belles variétés.
Grande médaille d’or à M. Courniaud, de
Nice, pour sa collection de fleurs coupées,
Réséda pyramidal à très-forts épis, Roses
variées, Giroflées en collection, Anémones,
Renoncules, Anthémis Étoile d'or ; le tout
venait de ses cultures de la Turbie (épar-
gnées par la neige et le froid).
Une médaille d’or à M. Pageot, jardinier
chez M. Pelouze, pour sa collection de
Roses Souvenir de la Malmaison, Isabelle
Nabonnand, Gloire de Dijon, etc., etc.
Une grande médaille d’or à M. Maria,
jardinier au château de Thorenc, pour sa
belle collection de légumes.
Une grande médaille de vermeil à
M. Rourdon, jardinier de M. le comte de
Chambrun à Nice, pour son lot de Primula
sinensis fimbriata alba , Meteore, rubra
violacea , le tout de très-belle culture.
Une grande médaille de vermeil à M. Na-
bonnand, pour un lot de Palmiers : Phœ-
nix, Latania, Cocos, et autres plantes. De
plus, une grande médaille de vermeil pour
un lot d’Œillets variés cultivés en pots.
M. Fulconis avait un lot d’Œillets de
semis très -remarquable, mais il n’a pu
obtenir qu’une médaille d’argent, la gelée
ayant endommagé les plantes destinées à
concourir.
Fissant.
TENUIFOLIUM
dimensions beaucoup plus considérables
que ceux de leurs congénères cultivés dans
des jardins à côté d’autres essences plus
vigoureuses, qui les gênent dans leur déve-
loppement. Le défoncement du terrain, qui
est une des premières conditions pour obte-
nir de bons résultats dans une plantation,
ne leur est pas ménagé dans les nécropoles
et contribue largement à leur croissance.
BÉGONIAS HYBRIDES REXDI-ADEMA.
81
Aussi l’observateur intelligent qui les ren-
contre en tire quelquefois des enseigne-
ments utiles, tant au point de vue de la
culture qu’à celui de l’acclimatation.
Le Pittosporum tenuifolium , Gaertn.,
est originaire de la Nouvelle-Zélande, où il
est connu vulgairement sous le nom in-
digène de Ratadouwi; il ne fut introduit
en Europe que vers le commencement de
notre siècle. Achille Richard l’avait classé
dans la famille des Méliacées et réuni au
genre Trichilia sous le nom de T. mono-
phylla. Plus tard, Hooker le replaça dans
le genre Pittosporum et lui appliqua le
nom spécifique de P. translucens. Il fut
longtemps cultivé comme plante d’étude
dans les jardins botaniques, d’où il se ré-
pandit dans le commerce sous le nom de
P. Mayi. Il se distingue à première vue
des autres espèces de ce genre par ses
feuilles alternes, ovales-elliptiques, obtuses
ou légèrement mucronées au sommet,
coriaces, glabres et luisantes des deux cô-
tés, ondulées sur les bords, vertes en des-
sus et blanchâtres le long des nervures,
plus pâles en dessous, et surtout par ses
fleurs noirâtres, solitaires au lieu d’êlre en
ombelle comme dans les autres espèces
cultivées.
Dans la région de l’Ouest, où les plantes
de la Nouvelle-Zélande passent facilement
l’hiver en pleine terre, on ne le rencontre
que très-rarement dans quelques jardins
du littoral, où il forme un petit arbuste
rameux, diffus, d’un aspect sombre, pous-
sant assez mal, ne fleurissant jamais, ne
s’élevant guère à plus d’un mètre de hau-
teur, et, pour cette raison, peu recherché
des amateurs.
Il en est autrement de l’exemplaire qui
fait le sujet de cette notice. Planté en 1867,
sur le point culminant du cimetière de
Brest, où l’air et la lumière lui arrivent de
tous côtés, il mit très-peu de temps à se dé-
velopper et à surpasser en hauteur les
autres végétaux à feuilles persistantes plan-
tés à côté et à donner une bonne idée de
l’effet décoratif qu’il pourrait produire dans
l’ornementation des jardins paysagers. Sa
hauteur totale est d’environ 6 mètres, et
son tronc ne mesure pas moins de 0m60 à
la base, dont les branches ont été suppri-
mées jusqu’à la hauteur de 2 mètres pour
faciliter la circulation autour des monu-
ments voisins; c’est probablement à cette
cause qu’il doit son élévation. Ce qui le
rend intéressant, c’est qu’il forme une jolie
pyramide de branches et de rameaux dres-
sés, garnis d’un élégant feuillage d’un
vert bronzé luisant, ni trop clair, ni trop
épais, rappelant parfaitement le caractère
des végétaux de l’hémisphère austral. En
mai et juin, ces rameaux se couvrent d’une
quantité prodigieuse de petites fleurs d’un
pourpre noir, inodores, solitaires ou termi-
nales, qui produisent un effet aussi bizarre
qu’ornemental.
Le P. tenuifolium est rustique dans nos
départements de l’ouest et dans ceux du
midi de la France, où il suffit de le planter
en terre légère et poreuse, exempte d’hu-
midité. On peut le placer isolément sur les
pelouses ou sur les plates-bandes bordant
les allées, et dans tous les endroits décou-
verts, car il ne craint ni le vent ni les tem-
pêtes ; il semble, au contraire, préférer l’air
salin de la région maritime à celui de l’in-
térieur des terres. Cultivé dans ces condi-
tions, il forme des buissons compacts et
d’une beauté ravissante. Dans le nord et le
centre de la France, il exige la serre tem-
pérée ou l’orangerie pour passer l’hiver,
mais alors il s’étiole et ne fleurit pas. Sa
multiplication s’opère au moyen de mar-
cottes, qui s’enracinent facilement, ou de
boutures faites à l’automne, sous cloche
en plein air et à l’ombre, qu’on met en
place la deuxième année. En un mot, nous
croyons que la culture du Camellia en plein
air est celle qui lui convient le mieux, et
qu’on peut le cultiver partout où ce dernier
prospère. J. Blanchard.
BÉGONIAS HYBRIDES REX-DIADEMA
En faisant connaître, dernièrement, l’une
des premières plantes issues de la féconda-
tion des Bégonia Rex et Diadema , nous
savions que les expériences faites avec
succès par M. Bruant ne constituaient pas
un fait isolé. En effet, un autre habile hor-
ticulteur, M. Schmitt, de Lyon, poursuivait
concurremment des hybridations similaires.
Fécondant indistinctement les diverses
formes cultivées de ces deux types spéci-
fiques les unes par les autres, il en a re-
cueilli soigneusement les graines, et les pro-
duits qu’il en a obtenus ont montré que les
fécondations inverses ont eu des résultats à
peu près identiques.
Les premiers beaux sujets issus de ces
82
LES PERFECTIONNEMENTS DE L’ANTHURIUM SCHERZERIANUM.
gains nouveaux ont été mis sous nos yeux,
au mois de mai dernier, à l’Exposition
d’horticulture de Paris ; le public a été d’ac-
cord avec le jury pour leur attribuer une
grande valeur ornementale. Une médaille
de vermeil a été leur juste récompense.
Le nombre de ces nouveautés est déjà
assez considérable. On peut en distinguer,
cependant, un huitaine de fort belles, dont
voici la description :
Monsieur Charrat. — Variété remarquable
par la finesse de son dessin. Centre de la feuille
d’un vert olive mélangé de parties vert éme-
raude s’insinuant dans une zone blanche formée
par de larges macules presque contiguës ; bord
du limbe vert foncé, très-finement pointillé de
blanc, et d’une finesse de dentelle.
Madame Françoise Alégatière. — Plante à
feuilles très-grandes, bien lobées ; nuance de
fond vert très-foncé zoné de blanc d’argent sa-
tiné; bord bien marqué, d’un vert noir poin-
tillé de blanc pur.
Monsieur Benoist. — Variété à feuilles de
moyenne grandeur, très-nombreuses, peu pro-
fondément lobées ; nervures d’un vert éme-
raude très-fin entourées de blanc pur et bril-
lant.
Adrien Schmitt. — Plantes à grandes
feuilles, fermes, bien étalées, d’une nuance de
fond vert foncé au centre et sur les bords,
clair au centre, avec macules et ponctuations
d’un blanc d’argent. Variété de haut mérite
pour sa beauté et sa rusticité, conservant tout
l’hiver ses feuilles dans leur éclat et leur
fraîcheur. Sera cultivée en grand pour le
commerce.
Madame Alamagny. — Feuilles grandes,
larges, profondément lobées, à centre irrégu-
lier, vert foncé, se détachant nettement sur le
fond général du limbe blanc pur verni.
Madame Isabelle Bellon. — Variété dont les
feuilles régulièrement lobées, finement décou-
pées et ondulées, à fond vert olive foncé,
portent une grande zone blanche devenant
rosée vers le centre de la feuille et entourée
d’une petite bordure noirâtre.
Madame Schmitt. — Cette plante, qui paraît
appelée à un grand avenir, est extrêmement
remarquable par ses feuilles très-grandes,
presque rondes, à lobes bien ouverts. Le fond
LES PERFECTIONNEMENTS DE
Les communications suivantes me sont
suscitées par l’article fort intéressant, et re-
lativement complet, de M. de la Devansaye,
dans le n° 19, 1er octobre 1887, de la
Revue horticole. Je crois pouvoir ajouter
quelques observations qui sont le résultat
du limbe est d’un ton vert gai maculé et poin-
tillé de blanc.
Madame Rival. — Variété à grandes feuilles
dont le centre, très-réduit, est d’un vert foncé
entouré d’une zone blanche à travers laquelle
passent les nervures, également foncées ; large
bordure vert émeraude très-frais parsemé de
points blancs.
Les nouveautés obtenues parM. Schmitt,
qui va les mettre incessamment au com-
merce, sont presque toutes remarquables
par le brillant de leurs feuilles, qui, sous
ce rapport, dépassent même celles des
B. Rex. Par la lobation de leurs limbes,
elles offrent un aspect original, plus gra-
cieux, moins raide, moins semblable à un
bouclier, que les feuilles ovales-obliques des
espèces et variétés à grands limbes de
nuances métalliques.
Pour le commerce, ces plantes offriront
un rare avantage, celui de pouvoir faci-
lement voyager, sans que leur feuillage
souffre. Nous avons été frappé de voir les
plantes exposées à Paris arriver dans un
parfait état de fraîcheur. Cette particularité
tenait certainement à la contexture des
limbes, qui sont moins épais et partant
moins cassants que dans les autres variétés
du B. Rex. Nous espérons que ces qualités
se confirmeront de plus en plus dans les
autres variétés que les semeurs ne vont pas
manquer d’obtenir rapidement.
Enfin, à en juger par ce que nous avons
déjà pu observer, les nouveaux Bégonias
hybrides Rex-Diadema seront d’un tem-
pérament robuste; cultivés en plein air,
sous des claies à ombrer, ils réussiront
très-bien, et le temps n’est, sans doute,
pas éloigné où nous les verrons, à l’ombre
des grands arbres, à l’abri des vents, former
de belles corbeilles pour la décoration esti-
vale des parcs et des jardins. Il ne nous
restera plus ensuite qu’à les admirer dans
le midi de la France, à Nice, à Cannes, où
ils résisteront aux hivers ordinaires, sur les
rochers ombrés et abrités, dont ils forme-
ront la parure la plus élégante et la plus
enviée. Ed. André.
, 'ANTHURIUM SCHERZERIANUM
des expériences exécutées dans notre éta-
blissement sur cette intéressante espèce.
Nous cultivons Y Anthurium Scherze-
rianum depuis son introduction par
M. Wendland, à qui nous avons acheté la
première de nos plantes. Disons tout
LES PERFECTIONNEMENTS DE L’ANTHURIUM SCHERZERIANUM.
83
d’abord que personne alors ne se douta de
l’importance relativement très-grande que
cette plante a acquise, dans les cultures
hortiooles, depuis que l’on a reconnu ses
qualités éminentes.
Je suis persuadé que les premières im-
portations de cette Aroïdée de Costa -Rica
différaient entre elles, de prime abord, par
un port plus ou moins rampant, des pé-
tioles plus ou moins longs, des feuilles plus
ou moins minces et larges, des spathes
petites, mais rondes, ou plus longues, en
forme d’étendard, ondulées ou enroulées.
Mes collègues se rappelleront encore que,
peu de temps après les premières introduc-
tions de M. Wendland, la maison Hugh
Low et Cie, de Clapton (Londres), avait
introduit une quantité considérable dM.
Scherzerianum, en rhizomes de 30 à
40 centimètres de long, complètement dé-
pourvus de racines et de feuilles. Eh bien,
j’ai la conviction que les aïeux de nos diffé-
rents beaux types de IM. Scherzerianum
datent de ces premières introductions.
Personne ne pensera que toutes les
formes à grandes spathes, que l’on trouve
maintenant chez les amateurs, soient sorties
d’un type uniforme à petite spathe; au
contraire, les types ont varié de qualité. On
a pu faire la même remarque à l’occasion
de l’introduction de IM. Andreanum. Là
aussi, la qualité des plantes introduites a
passablement varié; tels acheteurs ont eu
la bonne chance de tomber sur un beau
type, tandis que tels autres n’ont reçu que
des types bien inférieurs aux premiers
exemplaires découverts en Colombie et in-
troduits directement par M. Éd. André.
Par la sélection des plus beaux types, la
base pour les améliorations à obtenir était
donnée, et le choix judicieux des porte-
graines a aidé à faire ces rapides progrès,
qui ont dû paraître incompréhensibles à
ceux qui ne se sont pas occupés de ces tra-
vaux. Il faut remarquer qu’un semis pro-
venant d’une plante d’élite ne fera pas res-
sortir les qualités de ses parents avant qu’il
soit devenu d’une certaine force et qu’il ait
produit des feuilles bien caractérisées.
C’est une règle qu’il ne faut pas perdre de
vue; on ne doit pas rejeter ou juger un
semis avant que la plante ait pris de la
force, parce que la qualité des fleurs
augmente énormément au fur et à mesure
du développement général de la plante.
Le plus beau type de VA. Scherzeria-
num à spathes rouges est certainement la
variété Wardii, et, chose qui confirme
mon opinion sur les différentes qualités des
types reçus de Costa-Rica, les semis de
cette superbe variété la reproduisent si
fidèlement (pourvu que la plante ait été
fécondée avec du pollen de la même variété)
que l’on peut déjà, dès la deuxième année,
les distinguer parfaitement comme étant
des Wardii. Nous reconnaissons nos semis
aux feuilles, avant d’avoir vu les fleurs, et
nous sommes certain que M. de la Devan-
saye confirmera notre opinion. Ainsi, nous
avons fait des semis dM. Scherzerianum
Wardii et dM. Scherzerianum Vervae-
neum (blanc) et des hybridations entre ces
deux variétés, et nous pouvons, avec toute
assurance, classer les semis, d’après la
forme de leur feuillage, comme Wardii
semis et comme Vervaeneum semis.
Comme feu M. Rertrand, nous n’avons
jamais employé le type A. Scherzerianum
Williamsii (ou album) pour nos féconda-
tions, parce que cette plante ne vaut pas la
culture, étant trop chétive et trop insigni-
fiante.
Quant aux semis à deux spathes oppo-
sées, nous avons réussi à fixer une variété,
qui, depuis plusieurs années, présente fidè-
lement ce caractère de duplicature, de sorte
que nous l’avons mise en vente sous le nom
de A. Scherzerianum spatha duplici.
La variété surprenante obtenue à peu
près en même temps par MM. F. Rergman,
Rertrand et de la Devansaye, IM. Scherze-
rianum Rothschildianum, peut être consi-
dérée comme le point de départ de toute une
série de variétés de ce genre à spathes ta-
chetées, sablées, pointillées, qui ouvrent
une phase entièrement nouvelle.
Rectifions, à cette occasion, une erreur
dans l’article du 1er octobre dernier, rela-
tivement à la collection Rertrand. Comme
on le sait, les belles collections Anthu-
rium, de Eroméliacées et d’Orchidées de
cet amateur distingué ont été vendues l’été
dernier, mais le choix des Anthurium de
la série dite Bertrand, les 30 plantes dM.
Scherzerianum Madame Emile Bertrand ,
c’est-à-dire la collection complète des 20 va-
riétés à spathes blanches pointillées de
rouge, ou à spathes rouges pointillées de
blanc, n’a pas été « dispersée » dans la
vente des autres A. Scherzerianum. Elle
est restée intacte, sans qu’aucune plante en
ait été soustraite, et, devenue notre pro-
priété, elle se trouve bien établie dans nos
serres, à Zurich, où elle produit, au mo-
ment de la floraison, c’est-à-dire pendant
tout \e] printemps, réunie avec notre an-
84
ORONTIUM AQUATICUM.
cienne collection, un aspect merveilleux.
Cette collection, vraiment unique, renferme
des surprises dont les amateurs ne se
doutent pas encore. Elle contient, non seu-
lement tous les types de la belle planche
coloriée du 1er octobre, mais d’autres va-
riétés splendides, à spathes jaunâtres, ou
blanches lavées de rose, ou saumonées,
roses, ou unicolores d’un côté et complète-
ment différentes de l’autre, etc., etc.
La voie est ouverte maintenant pour
former, en peu d’années, des collections
composées uniquement de variétés d’A.
Sclier zerianum, et nous déclarons, dès
maintenant, que l’on obtiendra une telle
variation de formes, de coloris, de spathes,
même de spadices, qu’aux expositions fu-
tures on ouvrira des concours pour tant et
tant de variétés d’A. Sclier zerianum. Il ne
faut donc pas croire que la limite extrême
est atteinte par les variétés actuellement au
commerce; au contraire, nous commençons
seulement à voir clair dans cette voie, dont
nous avons cependant surmonté déjà les
plus grandes difficultés.
Nous supposons que le type blanc a été
introduit avec les rhizomes dont nous avons
déjà parlé, et que ce fait confirme la règle
générale, qu’une grande quantité de plantes
produisent spontanément3 mais très-rare-
ORONTIUM
Plante acaule, cespiteuse et très-envahis-
sante par les stolons qu’elle développe.
Feuilles toutes radicales, nageantes, c’est-à-
dire étendues sur l’eau, à pétiole embras-
sant à sa base, qui est profondément canali-
culée. Limbe longuement obovale, mince,
très-uni, doux au toucher, vert foncé en
dessus, d’un vert glaucescent en dessous,
atteignant 12 centimètres et même plus de
longueur, sur environ 4 à 5 centimètres de
largeur, très-atténué à sa base, à nervure
médiane très-saillante en dessous. Hampe
radicale roux piqueté brun, cylindrique,
se renflant vers le sommet pour former le
support des organes floraux s’élevant un
peu au-dessus de l’eau, où, sur le feuillage
qui recouvre celle-ci, elle produit un char-
mant effet. Spathe nulle. Spadice cylin-
drique fusiforme, renflé, longuement atté-
nué aux deux bouts, d’un très-beau blanc
mat dans sa moitié inférieure au moins,
jaune d’or légèrement verdâtre dans la par-
tie supérieure, sur laquelle se trouvent de
très-petites saillies verdâtres. A l’époque de
ment, des individus à fleurs blanches. Non
seulement les plantes vivaces de pleine terre
et les plantes alpines comptent un grand
nombre d’espèces qui présentent cette par-
ticularité, mais les Orchidées des tropiques
fournissent également de nombreux exem-
ples de variétés à fleurs blanches. Pourquoi
donc cette même anomalie n’aurait-elle pas
lieu dans un Anthurium à fleurs rouges?
La variété de l’A. Scherzerianum à fleurs
blanches est un accident qui se sera produit
dans les forêts de Costa-Rica, comme il s’est
montré chez M. Bertrand, sans qu’aucune
plante à fleurs blanches ait, chez lui, se-
condé la nature. C’est pourquoi les semis
obtenus sur les plantes à fleurs blanches
retournent généralement, mais non sans
exceptions, au type.
Nous aurons le plaisir, plus tard, de par-
ler de nos semis obtenus par fécondations
artificielles ; une bonne partie d’entre eux
fleurira ce printemps, une autre série au
printemps 1889, et ainsi de suite. Si
d’autres semeurs voulaient donner con-
naissance des efforts qu’ils ont faits dans
les perfectionnements de cette belle plante,
les amateurs — et nous — en serions bien
reconnaissants.
Otto Frœbel,
à Zurich.
AQUATICUM
la floraison, il se développe des sortes de
bractées ou papilles stigmatiques auxquels
succèdent des saillies gemmaires ou sortes
de bulbilles qui sont l’analogue de celles
qui se trouvent sur le spadice de Y Anthu-
rium Scherzerianum, et à l’aide desquelles
on peut aussi reproduire la plante.
Culture et multiplication. — On cultive
cette espèce dans des terrines ou des bas-
sins recouverts d’eau dans une terre forte
et vaseuse, en ayant soin que les plantes ne
soient pas trop profondément submergées
et que leurs feuilles et leur inflorescence
puissent facilement venir s’épanouir à la
surface. On multiplie la plante par la divi-
sion des touffes et par les stolons radicants
qu’elle produit en abondance. Elle se mul-
tiplie aussi d’elle-même, par les bulbilles
gemmaires qui se détachent du spadice et
qui germent dans la vase. Semées sur un
sol humide ou légèrement submergé, ces
bulbilles germent très-promptement et cons-
tituent des plantes.
L ’Orontium aquaticum, L. ( Potlios
Hernie Horticole
( h viüi i un aauati eu n i .
85
LES MUSACÉES ORNEMENTALES ET ÉCONOMIQUES.
ovata, Walt.), originaire de l’Amérique
septentrionale, est très-rustique et ne
souffre aucunement l’hiver; il fleurit dès
les premiers beaux jours et sa floraison se
succède pendant plusieurs mois. C’est une
plante aquatique très-curieuse et encore
très-rare. Nous ne l’avons vue qu’au Mu-
séum, où nous avons fait faire la figure colo-
riée ci-contre.
E.-A. Carrière.
LES MUSACÉES ORNEMENTALES ET ÉCONOMIQUES (1)
COMPOSITION CHIMIQUE ET USAGES DES BANANIERS ET DE LEURS FRUITS
Les feuilles des Bananiers sont riches en
sucs, qui, d’après Lherminier, ne sont
qu’une solution aqueuse d’acide gallique;
c’est ce qui explique leur emploi comme
astringents à la Guadeloupe. Fourcroy et
Vauquelin ont trouvé, dans le suc exprimé
des tiges de l’azotate et de l’oxalate de po-
tasse, ainsi qu’une matière colorante qui
pourrait marquer le linge.
D’après Cronier, ces tiges incinérées four-
nissent une cendre qui sert au Tonkin pour
raffiner le sucre. Les feuilles contiennent
dans leur pétiole une substance spongieuse
riche en sucre et en fécule qui est employée
à la nourriture de l’homme et des animaux.
Ces mêmes feuilles servent à couvrir les
habitations ; elles fournissent encore, après
avoir été soumises à l’action du battage et du
rouissage, une fdasse avec laquelle on fa-
brique des cordes et des vêtements. Les
feuilles des Bananiers, ainsi que celles des
Balisiers (Canna), servent, dans les pays où
ils croissent, à envelopper les viandes que
l’on veut faire cuire et donnent à ces der-
nières un goût très -recherché par les habi-
tants. Dans certaines colonies, les limbes
des feuilles servent, dit-on, aux pansements
des vésicatoires; en Cochinchine, on em-
ploie aussi les feuilles de Bananier coupées
en morceaux et séchées en guise de papier à
cigarette. Ces feuilles brûlent très-bien et
avec une sorte de crépitation légère; la
fumée qui s’en dégage est aromatique et
elle n’a rien de l’âcreté des produits de la
combustion du papier; il serait à désirer
que cet usage se répandît en Europe.
Voici, d’après MM. Fourcroy et Vauque-
lin, l’analyse du suc de Bananier, que ces
savants ont faite et qui a été publiée dans les
Annales du Muséum de Paris, en 1807.
1° Ce suc est un peu coloré, très-liquide
et nullement visqueux comme la plupart
des sucs des autres végétaux ;
2° Il n’est ni acide, ni alcalin; sa saveur
est légèrement piquante;
(1) Voir Revue horticole, 1888, pp. 32 et 68.
3° Il est abondamment précipité dans
l’eau de chaux sous la forme de flocons
blancs ;
4° Il est également précipité par le nitrate
d’argent en une substance qui n’est qu’en
partie redissoute par l’acide nitrique, ce qui
prouve qu’il y a dans ce suc deux acides
qui précipitent l’argent;
5° Soumis à l’évaporation, ce suc n’est
pas trouble comme ceux des autres végé-
taux ; il a seulement déposé quelques légers
flocons rougeâtres;
6° La liqueur, réduite en consistance de
sirop clair, a fourni une masse saline, cris-
tallisée confusément en aiguilles colorées
légèrement en jaune. Ces cristaux, égouttés
et mis sur les charbons allumés, ont fusé à
la manière du nitre ordinaire; mais ils
laissent un résidu charbonneux. Mille
grammes de ce suc ont donné environ quinze
grammes de ce sel, soit 1 1/2 p. 100;
7° Pour connaître la nature des subs-
tances salines contenues dans le suc de Ba-
nanier, on a redissous les cristaux dans
l’eau et on y a versé de l’eau de chaux jus-
qu’à ce qu’il ne se soit plus formé de préci-
pité; celui-ci, séché, pesait cinq grammes;
il avait toutes les propriétés de l’oxalate de
chaux ;
8° Ce sel, décomposé par le carbonate de
potasse et la liqueur saturée par l’acide
nitrique, a donné par l’évaporation 3 gr.
1/2 d’oxalate acidulé de potasse. Le résidu
était du carbonate de chaux qui se dissolvait
avec effervescence dans l’acide nitrique; ce-
pendant il contenait encore une petite quan-
tité d’oxalate de chaux ;
9° La liqueur d’où l’acide oxalique avait
été précipité par la chaux a été évaporée à
siccité, et le résidu traité par l’alcool à
trente degrés ; celui-ci, évaporé à siccité, a
fourni un mélange de potasse et de muriate
de potasse : ce qui ne s’est pas dissous dans
l’alcool redissous dans l’eau, et, abandonné
à l’air lire, a donné beaucoup de cristaux de
nitrate de potasse ; il y avait environ huit
grammes.
86
LES MUSACÉES ORNEMENTALES ET ÉCONOMIQUES.
Quant à la quantité de muriate de po-
tasse, elle n’a pas été déterminée. Le suc de
Bananier est donc composé :
1° De nitrate de potasse, qui forme la plus
grande partie des matières salines;
2° D’oxalate de potasse neutre, qui y est
aussi abondant;
3° De muriate de potasse en petite quan-
tité;
4° Une petite quantité de matière colo-
rante, qui se dépose pendant l’évaporation.
Le Bananier contient tant de ces sels que
son tronc, coupé par tranches et exposé à
l’air, offre sur chaque tranche en se dessé-
chant des efflorescences salines très-abon-
dantes. Il y a si peu de matière végétale
dans ce suc qu’on pourrait le regarder comme
une simple dissolution saline.
La Banane est sans contredit le plus usuel
et le plus inoffensif des fruits des pays
chauds; son goût et son parfum agréables,
sa digestibilité, ses propriétés nourrissantes,
lui assurent sur tous les autres une supé-
riorité incontestable; elle rentre dans les
habitudes du régime quotidien des Euro-
péens qui séjournent dans les pays chauds ;
ce fruit contient de la fécule, du sucre, un
principe acide et un arôme agréable. Cueil-
lies avant leur maturité, les Bananes sont
riches en fécule, et par la cuisson elles
prennent l’aspect farineux de la Patate ou de
la Pomme de Terre. Les principales espèces
de Bananes que l’on mange crues sont celles
des Musa sapientum et M. sinensis ; ces
deux espèces ont fourni un grand nombre de
variétés que l’on rencontre sous les Tro-
piques; celles qu’on mange à Bourbon et
aux Antilles sont très-bonnes, ainsi que
celles de Cochinchine, quoique ces dernières
soient peu soignées. Les grandes Bananes
(M. paradisiaca ), cuites avant maturité,
sont peu sucrées et constituent surtout un
aliment féculent; elles se mangent tantôt
bouillies ou frites, tantôt cuites au four ou
sous la cendre. Les nègres de la Guyane
ramollissent les fruits non mûrs dans l’eau,
les sèchent, les pilent dans des mortiers et
obtiennent ainsi un produit très-nourrissant
qu’ils appellent foo-foo. A la Guyane, les
fruits du M. parasidiaca, cueillis un peu
avant la maturation, fournissent une fécule
qui porte dans le commerce le nom d'arrow-
root de la Guyane. Pour préparer ce pro-
duit, on fend le fruit sur le côté , on le sèche
au soleil, et, quand il est bien sec, on le
pulvérise, puis on le passe au tamis. Ainsi
préparée, cette farine, légèrement rougeâtre,
dégage une odeur agréable de thé ; c’est à
cet état que les colons l’envoient en Europe,
où il suffit de la soumettre à un lavage pour
en retirer une fécule fine et très-blanche.
Avec les Bananes, on fait des confitures,
des marmelades, des compotes, de la li-
queur. M. Celle considère ce fruit comme
nuisible dans la saison chaude et humide et
lui attribue une certaine influence sur la
production des fièvres intermittentes et des
diarrhées.
M. Boussingault a analysé, en 1886, le
fruit et la sève du Bananier ; il a constaté
dans la sève la présence de l’acide gallique ;
quant à la Banane, il y a trouvé, indépen-
damment de ce même acide, qui colore en
noir le couteau avec lequel on la coupe, de
la gomme, de l’acide malique, de l’acide
pectique , de l’albumine végétale , etc. A
ces principes, il faut ajouter du sucre et
un arôme spécial. L’amidon n’existe dans
la Banane qu’avant la maturité. Quand le
fruit a pris cette coloration jaune et uni-
forme, cette mollesse et ce parfum qui in-
diquent qu’il est complètement mûr, la fé-
cule a disparu et s’est transformée en
gomme et en sucre. Les grandes Bananes
cuites avant maturité sont peu sucrées et
constituent surtout un aliment féculent.
Corenwinder a analysé la Banane mûre du
Brésil et lui a trouvé la composition sui-
vante :
Eau 73 900
Albumine végétale 4 820
Cellulose 0 200
Matière grasse 0 632
Sucre de Canne, sucre interverti, acide
organique, pectose, traces d’ami-
don 19 657
Acide phosphorique )
Chaux, alcalis, chlore, fer )
Total. . . 100 000
On ignore encore aujourd’hui si la Ba-
nane qui mûrit sur le Bananier ne contient
que du sucre de Canne. Le même chimiste
a examiné aussi la composition des cosses
de la Banane mûre ; il a trouvé leurs
cendres riches en potasse et en chlorures et
renfermant les éléments suivants :
Carbonate de potasse 47 98
— de soude 6 48
Chlorure de potassium 25 28
Phosphate de soude et de potasse, peu
de sulfate 5 66
Chaux, silice, phosphates terreux, fer. 7 10
Charbon 7 50
Total.. . . 100,00
Les cendres de cosses de Bananes ont été
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
87
recommandées en applications pour déter-
ger et modifier des ulcérations anciennes
(Geoffroy). L’analyse ci-dessus rend compte
de ce topique.
Dans son ouvrage sur la matière mé-
dicale , Pereira a consigné des détails
intéressants sur la fécule de Banane, dé-
tails qu’il tenait du docteur Shier, méde-
cin à la Guyane anglaise; il évalue à
17 p. 100 la quantité de fécule que contient
ce fruit ; cette matière est blanchâtre ; elle
offre au microscope quelque ressemblance
avec la fécule du Gingembre ; ses grains
sont elliptiques, le hile est placé vers la plus
petite extrémité; examinés à la lumière
polarisée, ils offrent la croix ordinaire ; ses
propriétés sont celles de toutes les autres
fécules. Dans les pays où ce fruit est en
abondance, on les fait sécher au four ou au
soleil ; lorsqu’on emploie ce mode de con-
servation, il faut enlever les cosses du
fruit, puis on le fend en deux, et alors il
devient un fruit de premier ordre alimen-
taire.
De ce qui précède, il résulte que les
Bananiers sont très-utiles à l’homme, qui
en tire de quoi se nourrir, se vêtir et
couvrir des habitations. Les Bananiers
produisent généralement dès la seconde
année, lorsque les soins de culture leur
sont donnés (j’ai fait cette observation
sur de jeunes sujets que j’ai cultivés au Sé-
négal). Il faut remarquer aussi la grande
abondance de nourriture qu’ils fournissent
dans une petite étendue de terrain, puisque
100 mètres carrés produisent 2,000 kilo-
grammes de Bananes, tandis que, sur le
même espace, on ne récolte que 15 kilo-
grammes de Blé et à peine 50 kilogrammes
de Pommes de terre. Un régime de Bananes
pèse de 13 à 14 kilogrammes, et, comme
chaque plant (1) produit trois régimes par
an, on admet qu’un hectare peut donner
40,000 kilogrammes de Bananes. D’après
les calculs faits par MM. de Humboldt et
Boussingault, on estime qu’en général,
dans de bonnes conditions de culture, un
plant de Bananier peut produire trois ré-
gimes par an, chacun du poids de 20 kilo-
grammes, ce qui donnerait, dans les régions
chaudes, 184,000 kilogrammes de Bananes
par hectare, et dans les pays situés à la
limite de la zone culturale, 64,000 kilo-
grammes, chiffre qui dépasse encore de
beaucoup le maximum de rendement de
nos plantes tuberculifères, d’ailleurs bien
moins nutritives à poids égal que la Banane.
H. Joret,
Ancien Jardinier-Chef du Gouvernement,
au Sénégal.
SOCIÉTÉ NATIONALE L’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 26 JANVIER 1888.
Comité de floriculture.
M. Gillard, horticulteur, rue Maître-Jacques,
à Boulogne-sur-Seine, avait envoyé quelques
beaux exemplaires de Cyclamens de Perse en
fleurs. Ces variétés étaient surtout intéres-
santes par leur feuillage ample, vert foncé,
régulièrement marqué de vert très-pâle. M. Gil-
lard s’attache surtout à accroître les qualités
ornementales des feuilles dans les Cyclamens
qu’il cultive.
M. Debrie, fleuriste, 12, rue des Capucines,
Paris, présentait un Lælia anceps , jolie
forme introduite en 1887, et ayant passé tout
l’été dernier en plein air, abrité seulement
contre les intempéries, coups de soleil, hâles,
pluies, par les feuilles de quelques Palmiers,
entre lesquelles il était placé.
Comité d’arboriculture fruitière.
M. Henry Prud’homme, propriétaire à Mon-
treuil-sous-Bois (Seine), avait envoyé de fort
beaux fruits : Pommes Calville blanc , Reinette
de Canada , Poires Passe-Colmar , Saint-
Germain- Vauquelin, Joséphine de Malines ,
Catillac , Bergamote Espéren, etc.
De même, M. Gautier, arboriculteur à
Meaux (Seine-et-Marne), avait des Poires José-
phine de Malines et Curé , des Pommes Rei-
nette dorée et Reinette de Canada, et M. Ber-
thault jeune, jardinier à Wissous (Seine-et-
Oise), avait des Pommes de Calville blanc ,
Reinette de Canada , des Poires Bergamote
Espéren de toute beauté.
Ch. Thays.
(1) On entend par plant, un bourgeon pou-
vant émettre deux ou trois tiges dans le cours
de son année, et dont chaque axe fournit un
régime.
88
PLATYCARYA STROBILACEA.
PLATYCARYA STROBILACEA
Ce curieux arbrisseau de la Chine (fig. 18),
connu aussi dans les rarr- collections où
on le trouve sous le nom de Fortunea si-
nensis, appartient à la famille des Juglan-
dées, à la fin de laquelle il se place par la
singularité de la structure de ses fruits.
Au Japon, où Siebold l’a rencontré, et
après lui Maximowiez, le docteur Sava-
tier, etc., il forme un petit arbre nommé
Fig. 18. — Platycaria strobilacea.
Rameau fructifère au 1/4 de grandeur naturelle.
Yama gurumi, Nire momi, No gurumi,
Nobou noki, tous noms barbares pour nos
oreilles européennes, mais intéressants à
reproduire pour les voyageurs qui pour-
raient rechercher d’autres espèces de ce
genre jusqu’ici monotype.
C’est dans la région des montagnes qu’on
rencontre le Platycarga, dans les bosquets
de Kiousiou, au nord, sur le mont Iligo San,
et au centre dans la province de Simabara.
Pendant des années, on ne connaissait de cet
arbre qu’un fruit en cône, apporté en
Europe, et que l’on croyait appartenir à
quelque Conifère. Mais R. Fortune retrouva
l’espèce sur les collines des îles de Ningpo
et de Chusan en Chine, et il en rapporta
des graines qui germèrent et fournirent
quelques exemplaires aux amateurs euro-
péens. C’est alors que Lindley y reconnut
une Juglandée qu’il dédia à R. Fortune (1),
sans savoir que la plante se plaçait déjà dans
le genre Plat g car g a créé par Siebold et
Zuccarini (2).
Cette espèce est rustique. Nous l’avons vue
cette année dans Y Arboretum de feu M. A.
Lavallée, à Segrez, où elle fructifie facile-
ment et où nous l’avons fait dessiner. Ses
feuilles sont pennées, longues de 25 à 30 cen-
Fig. 19. — Platycaria strobilacea.
Fructification aux 2/3 de grandeur naturelle.
timètres, avec 5 à 8 paires de folioles, d’une
odeur aromatique ; les pétioles, longs de 4
à 5 centimètres, et les rachis, sont pulvéru-
lents. Ces folioles sont ovales-la ncéolées-
acuminées, dentées en scie sur les bords,
sessiles, opposées, velues en dessous à la
naissance des veines secondaires. Les bour-
geons, stipités avant l’évolution, sont écail-
leux. Les fleurs sont verdâtres, dioïques ou
hermaphrodites ; les mâles sont accompa-
gnées d’une bractée lancéolée contractée au
milieu, glabre à la base et pubescente en
dedans ; les étamines sont au nombre de huit
à dix, à anthères glabres, à fdets courts cor-
nués en disque à la base. Les fleurs femelles
(fig. 19) forment une sorte de cône ou de
(t) Journ. Hort. Soc. Lond., I, 150, c. ic.
(2) Abhandl. der Münch. Acad., v. 3, p. 743,
t. V.
VRIESEA PULVERULENTA LINEATA.
89
strobile (d’où le nom spécifique) dont
l’ovaire et les ailes sont glabres. Le fruit, à
péricarpe indéhiscent, offre deux ailes laté-
rales, et contient une noix osseuse, bilocu-
laire.
Le Platycarya strobilacea, qui rappelle
assez le port d’un Sumac, requiert certains
soins sans être cependant difficile à culti-
ver. On fera bien de le tenir en terre de
bruyère quand il sort de multiplication,
jusqu’à ce qu’une bonne terre franche, pas
trop calcaire, lui permette de se développer
en toute liberté de montrer ses fruits sin-
guliers et élégants à la fois. Ed. André.
VRIESEA PULVERULENTA LINEATA
Le sujet que nous allons décrire est pro-
bablement unique, tant comme espèce que
comme dimensions. Il a été envoyé récem-
ment au Muséum de Paris par l’empereur
du Brésil. C’est une plante des plus inté-
ressantes, qui fera l’ornement des serres du
Muséum.
L’espèce en question (fig. 20), qui, par son
Fig. 20. — Vriesea pulverulenta lineata.
Port au 1/15 de grandeur naturelle.
port et son faciès général, rappelle le Vriesea
imperialis, est, comme ce dernier, d’origine
brésilienne. C’est une magnifique plante
très-ornementale, qui, espérons-le, entre les
mains de l’habile chef des serres du Mu-
séum, M. Loury, à qui elle est confiée, fleu-
rira bientôt, ce qui permettra d’en bien
déterminer les caractères organiques et
peut-être aussi d’en obtenir des graines à
l’aide desquelles on pourra la multiplier.
En attendant, nous allons en donner une
description.
Plante vigoureuse, à port et faciès des
Vriesea Glaziouana et imperialis , mais un
peu plus compacte par suite du plus grand
rapprochement de ses feuilles. Feuilles
subdressées puis légèrement étalées, cana-
liculées, très-régulièrement acuminées de
la base au sommet, qui est terminé par
une pointe aiguë, raide, très-élargies à la
base, qui, par les superpositions successives,
constituent la tige, qui peut devenir énorme,
d’un vert un peu pâle, farinacé pulvérulent,
très-élégamment marquée dans toute la
90 BAMBUSA VEITCHI. — L’HORTICULTURE A
longueur de lignes ou bandelettes jaunes
variant en nombre et en largeur et détermi-
nant de jolis effets.
Cette espèce paraît être très-rare, même
au Brésil. En Europe elle n’est probablement
représentée que par l’individu dont nous
parlons qui a été envoyé au Muséum en
Introduit du Japon par M. Maries, voya-
geur de la maison Veitch, cette espèce,
encore inédite est, nous en avons la convic-
tion, appelée à jouer un grand rôle dans
l’horticulture. Envoici la description :
Plante vivace, très-rustique, naine, traçante,
à tiges persistantes, presque suffrutescentes
avec l’âge, rentrant par sa nature et ses carac-
tères généraux, dans le groupe des Bambusa
Metake et Simoni. Tiges un peu penchées,
nombreuses, raides, d’abord glaucescentes-
farinacées, ensuite d’un noir roux. Bractées fo-
liaires longuement engainantes, persistantes sur
les tiges qu’elles embrassent et sur lesquelles
elles sèchent. Feuilles persistantes, très-rappro-
chées, subdistiques, très-courtement pétiolées,
à l’extrémité d’une très-longue gaine persistante
qui du vert farinacé passe au blanc grisâtre,
mutique, plus rarement très - légèrement et
courtement ligulé. Limbe épais, coriace, comme
strié-nervé, très-entier, long de 20 centimètres
et même plus sur environ 5 à 7 centimètres de
CONCOURS GÉNÉRAL AGRICOLE DE PARIS.
même temps que le V. imperialis (Rev.
hort. L c.J . Ce sujet mesure lm20 de hau-
teur du sol à l’extrémité des feuilles, plus
de 2 mètres de largeur ; quant à sa tige,
son diamètre formé par la superposition
des feuilles, elle a environ 40 centimètres
de diamètre. E.-A. Carrière.
VEITCHI
largeur, d’un beau evrt brillant en dessus,
glauque bleuâtre en dessous, surtout sur les
jeunes feuilles. A l’automne, de vertes qu’elles
étaient, les feuilles se bordent de jaune, ce
qui produit un joli effet ; quelquefois même
toutes les bandelettes ou nervures prennent
cette belle teinte dorée et l’on a, alors, des
feuilles élégamment panachées.
Le Bambusa Veitchi (B. palmata,
Hort.), nous paraît devoir rester nain, du
moins tant qu’il ne développe pas de tiges
florales. C’est alors une plante charmante,
très-fournie et propre à garnir des parties
ombragées et même à former des sous-
bois dans des grands parcs, jardins pay-
sagers, etc. Elle est également propre à
garnir des parties pittoresques telles que
rochers, cascades, etc. C’est en un mot
une espèce très-ornementale, susceptible de
nombreux emplois en horticulture.
E.-A. Carrière.
L’HORTICULTURE AU CONCOURS GÉNÉRAL AGRICOLE DE PARIS
L’horticulture, si elle n’est pas une des sec-
tions principales de l’agriculture générale, en
est du moins l’une des plus intéressantes.
Il était facile de se convaincre de l’exactitude
de cette assertion en visitant les salles réser-
vées aux plantes, au concours général agricole
qui vient d’avoir lieu à Paris. Une foule com-
pacte, représentant l’élite des propriétaires ru-
raux et des cultivateurs de toute la France,
se pressait pour voir en détail l’exposition hor-
ticole.
On avait bien prévu, au Ministère de l’agri-
culture, que les plantes et les fleurs constitue-
raient un attrait nouveau et reposeraient les
visiteurs de l’examen des animaux gras, des
fromages et des beurres.
Quelques-uns de nos bons spécialistes avaient
compris de leur côté quel intérêt ils pouvaient
avoir à montrer leurs produits à une clien-
tèle toute préparée, et nous sommes persuadés
qu’ils ne regrettent pas l’effort qu’ils ont dû
faire pour déplacer leurs végétaux en plein
cœur de l’hiver*
Sous la haute direction de M. E. Menault,
commissaire général du Concours, une vaste
salle bien éclairée et suffisamment chauffée,
malgré les 12 degrés de froid qui régnaient
au dehors, était réservée aux plantes de
serre.
M. Chantin exposait hors concours les ma-
gnifiques Palmiers et Cycadées, dont il a une si
belle collection. Nous avons principalement
remarqué : Cycas revoluta, tronc de 1 mètre ;
Kentia Forsteriana , Zamia horrida , Sabal
havanensis.
M. Rivière, directeur du Jardin d’essai du
Hamma, exposait quelques-uns de ces Palmiers
élevés en plein air, plus trapus, plus vigoureux '
que ceux de serre, mais qui n’ont pas toujours
l’élégance de ceux-ci. Ces Palmiers : Cocos
flexuosa , Latania , Phœnix canariensis , etc.,
étaient accompagnés d eStrelitzia, Cycas , Ficus ,
également d’une très-belle venue.
M. Dallé, horticulteur à Paris, avait un lot
tout à fait intéressant de Palmiers et d’Orchi-
dées en fleurs*
l’horticulture au concours
Citons parmi les Palmiers : Wallichia ca-
ryatoides , Pritchardia microcarpa , Glaziova
insignis , Sabal havanensis , Kentia Forste-
riana , Washingtonia robusta , Livistona Hoo-
gendorpi , Cocos australis , Areca lutescens
(Hyophorbe indicaj , Chamærops humilis , Sa-
Palmetto , Hyophorbe Verschaffelti , Acan-
thorhiza , stauracantha, Areca Baueri , Livis-
tona sinensis, le tout en plantes très-bien cul-
tivées.
Très-variées et bien choisies étaient les Or-
chidées fleuries du même exposant : Dendro-
bium Wardianum , Lælia albida , Cypripe-
dium Stonei, Cattleya Percivaliana , Oncidium
Krameri , Cypripedium Haynaldianum, etc.
Parmi les plantes ornementales diverses du
même lot : Tillandsia Lindeni vera fleuri,
Anthurium Crystallinum , Caraguata cardi-
nalis , Tillandsia splendens , etc., etc.
Dans le lot de M. Lange, horticulteur à
Paris, nous avons remarqué des plantes déno-
tant une culture très-bien comprise, entre
autres de beaux exemplaires de Cycas revo-
luta , Zamia Van Geerti , Dracæna Massan-
geana , etc.
Voici maintenant les plantes fleuries, de cul-
ture forcée ou plutôt avancée, qui faisaient
partie de la première période du Concours :
Lilas de Marly, blanc légèrement nuancé de
lilas, corbeille immense, exposée par MM. Le-
vêque et fils, d’Ivry ; Camellias en fleurs, des
mêmes exposants ; Rhododendrons fleuris de
M. Moser, de Versailles. Dans la seconde pé-
riode, M. Régnier, de Fontenay-sous-Bois, pré-
sentait une forte intéressante collection d’Or-
chidées, introduite par lui de la Cochinchine,
du Cambodge et de. Siam, entre autres les trois
Calanthe Regnieri , Stevensi et Augusti , trois
formes charmantes, aux fleurs blanches plus
ou moins nuancées de carmin.
MM. Vilmorin-Andrieux et Cie, sont arrivés,
on peut le dire, à un suprême degré de per-
fection dans la culture et la sélection des Ciné-
raires à grandes fleurs. Parmi les nombreuses
variétés qu’ils avaient exposées, et dont les om-
belles compactes mesuraient jusqu’à 40 centi-
mètres de diamètre, les plus jolies, à notre
avis, étaient la forme à fleurs bleu pâle , de
diverses nuances, les formes carmin foncé ,
dont chaque fleur avait 7 centimètres de dia-
mètre, et blanc pur , avec centres de diverses
couleurs.
Citons aussi les plantes bulbeuses de MM. Vil-
morin, Torcy-Vannier de Melun, où l’on re-
marquait surtout les ravissantes Tulipes Duc
de Thol , blanc rosé, blanc et jaune ; Tournesol
orange, Miltiade , blanc et rose, Le Blason ,
double blanc et rose. A signaler également, les
Cyclamens de Perse, de M. Forgeot ; les Oli-
via de M. Lange ; les Hellébores de M. Du-
gourd , de Fontainebleau, et les collections
de plantes médicinales, très-nombreuses, de
M. Gagnet, d’Aubervilliers.
Une section de l’exposition horticole perma-
GÉNÉRAL AGRICOLE DE PARIS. 91
nente comprenait les plantes de pleine terre à
feuillage persistant, Conifères et arbustes.
M. H. Defresne, de Vitry-sur-Seine, avait
réuni une collection remarquable : Abies com-
mutata glauca ( ParryanaJ , pyramide magni-
fique, haute de lm 50 ; Wellingtonia gigantea
pendula , espèce au port très-pittoresque ; Abies
Nordmanniana , exemplaires superbes par
l’intensité de la couleur vert noir du dessus
des feuilles, les reflets argentés de dessous, et
la régularité de leur branchage ; Lauriers de
Portugal, à feuilles de Myrte; Lauriers-Tins
pyramidal ; Alaternes variés ; Phyllirea Vil-
moriniana , Evonymus variés, etc.
De M. Croux, d’Aulnay : Abies concolor ma-
gnifique, bleu argenté, hauteur 3 mètres ; An-
dromeda japonica , Magnolias variés ; llex
aquifolium , laurifolium , Cerasus azorica, etc.,
toutes plantes remarquables par leur vigueur,
le choix des types bien caractérisé et la bonne
direction.
Les légumes de grande culture appartiennent
plutôt à la partie agricole du concours qu’à
celle qui nous intéresse. Nous devons cepen-
dant signaler la remarquable collection de
MM. Vilmorin, Andrieux et Cie, Forgeot et
Rigault, où d’innombrables variétés de Pommes
de terre, bien classées, permettent à tout cul-
tivateur de choisir la forme qui correspond le
mieux à son genre d’exploitation.
M. Buisson, cultivateur à Montreuil (Seine),
s’est fait, une spécialité des légumes blanchis .
Ceux qu’il exposait, et qui certes étaient très-
alléchants, ne comprenaient que des étiolats
blancs, jaunes, rose et carmin foncé, et apparte-
naient aux plantes suivantes : Chicorées Variées,
Pissenlits, Poirées, Scolyme d’Espagne, Cer-
feuil musqué, Bardane du Japon, et Raifort.
Nous recommandons les tiges étiolées de cette
dernière plante aux maîtresses de maison ; mé-
langées en petite quantité à une salade, elles
forment un assaisonnement très-agréable.
Citons également les Asperges forcées et
Champignons de couche de M. Chemin, d’Issy,
et les légumes variés de l’École d’agriculture
de Saint-Rémy.
Dans la section des fruits, nous retrouvons
les superbes collections de Raisins conservés et
forcés de M. Salomon, de Thomery, et celles,
également remarquables, de Pommes et de
Poires, envoyées par MM. Boucher, de Paris ;
Chevallier, de Montreuil (Seine) ; Raisins,
Pommes et Poires, de M. Rigault, de Thomery.
En résumé, l’annexion de l’horticulture au
concours général agricole s’est faite tout spé-
cialement cette année dans des proportions
importantes. La réussite a été complète sous
tous les rapports. On peut conclure de ce ré-
sultat que cette expérience n’est qu’un premier
pas dans une voie nouvelle, et que le concours
de l’an prochain réservera une place encore
plus importante aux produits de nos serres, de
nos vergers et de nos jardins.
Ch. Thays*
92
CONCOURS GÉNÉRAL AGRICOLE DE PARIS
CONCOURS GÉNÉRAL AGRICOLE DE PARIS
LISTE DES RÉCOMPENSES DÉCERNÉES A L’HORTICULTURE
MM.
Battut, 18, rue Quincampoix, à Paris. — Grande
méd. arg. (Pommes de terre).
Beaudouin, rue de Berry, à Paris. — Gr. méd. or
(Ensemble de l’exposition).
Bertrandus, à Igny (Seine-et-Oise). - Méd. br.
(Pommes et Poires).
Bignon (Louis), à Theneuille (Allier). — Méd.
arg. (Pommes de terre).
Boucher (Georges), 164, avenue d’Italie, à
Paris. — Méd. or. (Pommes et Poires).
Bourette (Mme), 43, rue Hallé, à Paris. — Méd.
br. (Pommes, Poires, Raisins).
Buisson (Henri), 47, rue Alexis-Pennon, à
Montreuil-sous-Bois (Seine). — Gr. méd. arg.
(Chicorée-Raifort).
Bure (Ad ), à l’Ouider, près Bône (Algérie). —
Méd. arg. (Oranges, Citrons) ; méd. arg. (Lé-
gumes de saison).
Chabrillat (Antoine), à Coudes(Puy-de-Dôme).
— Gr. méd. arg. (Pommes).
Chantin, 31, avenue de Chàtillon, à Paris. —
Dipl d'hon., hors concours (Plantes de serres).
Chemin (G.), 2, boulevard de la Gare-de-Gre-
nelle, à Issy (Seine). — Méd. or. (Asperges, Sa-
lades, Champignons).
Chevallier (Gust.), 16, rue Pépin, à Montreuil
(Seine). — Méd or. (Pommes et Poires).
Courtois (Edmond), à Chilly-Mazarin (Seine-
et-Oise). Gr. méd. arg. (Pommes et Poires).
Coûtant (Étienne), à Chamalières (Puy-de-
Dôme). — Méd. arg. (Pommes et Poires).
Crémont, aîné, rue des Noyers, à Sarcelles
(Seine-et-Oise). — Pr. d’hon. (Fruits forcés);
méd. or. (Ananas).
Crémont jeune, à Sarcelles (Seine-et-Oise). —
Méd. or. (Figuiers avec fruits; Pêchers en
fleurs).
Croux et fils, à la Vallée d’Aulnay, par Sceaux
(Seine). — Méd. or (Conifères, arbustes à
feuilles persistantes).
Dallé (Louis), 29, rue Pierre-Charron, à Paris.
— Méd. or (Palmiers, Dracénas, Fougères).
Defresne (Honoré), à Vitry (Seine). — Méd.
or (arbustes à feuilles persistantes).
Delahaye, 18, quai de la Mégisserie, à Paris. —
Méd. or (Céréales).
Dugourd, k Fontainebleau (Seine-et-Marne). —
Méd. arg. (Hellébores).
Forgeot et Cie, 7 et 8, quai de la Mégisserie, à
Paris. — Rappel de gr. méd. or (ensemble de
leur exposition); méd. or (Primevères, Violettes);
gr. méd. arg. (Cyclamens, Jacinthes) ; méd. arg.
(légumes forcés); méd. arg. (légumes de saison).
Fouquet, à Sinceny (Aisne). — Rappel des pré-
cédentes récompenses (Peupliers régénérés).
MM.
Garenne (Louis) fils, à Saint-Laurent-Perrigny,
par Gilly-sur-Loire (Saône-et-Loire). — • Méd. arg.
(Pommes de terre).
Hédiard, 21, place de la Madeleine, à Paris. —
Méd. or (Ananas, Bananes, Cédrats).
Lambert, 68, rue Chennevières, à Conflans-
Sainte-Honorine (Seine-et-Oise). — Méd. arg.
(Pommes, Poires).
Lange, 30, rue de Bourgogne, à Paris. — Gr.
méd. arg. (plantes vertes); méd. arg. (Clivias,
Primevères).
Lellieux, 23, rue Navier, à Paris. — Méd. verm.
(plantes de serre vertes).
Lévêque et fils, 69, rue Liégat, à Ivry-sur-
Seine (Seine). — Méd. or (Camélias, Azalées);
méd. or (Rosiers, Lilas).
Louis, à la Brosse-Montceaux (Seine-et-Marne).
— Gr. méd. arg. (Poires); méd. arg. (Raisins).
Michel, 12, rue de Sèze, à Paris. — Méd. or
(Ananas, Figues, Patates).
Moser, 1, rue Saint-Symphorien, à Versailles
(Seine-et-Oise). — Méd. or (Azalées, Rhododen-
drons, Magnolias).
Photius, directeur de l’École Fénelon, à Vaujours
(Seine-et-Oise). — Méd. br. Légumes de saison
(Betteraves, Carottes).
Place veuve, 145, rue Saint-Antoine, à Paris. —
Gr. méd. arg. (Ananas, Citrons).
Ragot, à Loudéac (Côtes-du-Nord). — Méd. br.
(Pommes).
Regnier, à Fontenay-sous-Bois (Seine). Méd. or
(Orchidées).
Rigault, place de l’Église, à Thomery (Seine-et-
Marne). — Méd. or (Pommes et Poires) ; gr. méd.
arg. (Raisins conservés).
Rigault, 66, rue de Paris, à Groslay (Seine-et-
Oise). — Rappel de méd. or (Pommes de terre
pour petite culture).
Rigault (Hyacinthe), 16, rue de l'Asile, à
Groslay (Seine-et-Oise). — Rappel de méd. or
(Pommes de terre potagères).
Rivière, directeur du jardin d’essai du Hamma
(Alger). — Dipl. d’hon., hors concours (Palmiers,
Musacées, Cycadées, etc.).
Salomon (Étienne), à Thomery (Seine-et-
Marne). — Rappel de prix d’hon. (Raisins).
Sevin, 28, rue du Montier, à Villejuif (Seine). —
Méd. or (Pommes de terre).
Torcy- Vannier, 12, rue de la Juiverie, à Melun
(Seine-et-Marne). — Méd. arg. (Tulipes); méd.
arg. (Pommes de terre).
Vilmorin, Andrieux et Cie, 4, quai de la
Mégisserie, à Paris. — Rappel de prix d’hon.
(ensemble de leur exposition) ; méd. or (légumes
de saison divers» ; méd. or (Jacinthes, Tulipes,
Muguets, etc.); méd. or (Primevères et Ciné-
raires); gr. méd. arg. (légumes forcés divers).
EXPOSITION' UNIVERSELLE DE 1889 : PROGRAMME DES ONZE ÉPOQUES DE CONCOURS.
93
EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889
PROGRAMME DES ONZE ÉPOQUES DE CONCOURS (1)
SIXIÈME ÉPOQUE
III. Belle culture. — Un concours.
2-7 AOUT 1889.
CONCOURS PARTICULIER
CLASSE 79.
FLEURS ET PLANTES D’ORNEMENT
I. Plantes d’ornement.
Concours (à déterminer) suivant les demandes
des horticulteurs.
II. Plantes nouvelles.
Trois concours : dans tous les concours de végé-
taux exposés entre les plantes nouvelles inédites :
1. D’importation,
2. D’introduction,
3. Obtenues de semis.
Un concours : dans tous les genres de végétaux
exposés pour les plus belles plantes mises dans le
commerce depuis 1878.
III. Belle culture — Un concours.
Dans tous les genres de végétaux exposés entre
les plus beaux exemplaires (l à 5 sujets par espèces
ou variétés).
IV. Fleurs coupées. — Deux concours.
1. La plus belle collection générale.
2. La plus belle collection de variétés dans
chaque genre.
1. Les plus beaux spécimens de plantes pota-
gères.
CLASSE 81.
FRUITS ET ARBRES FRUITIERS.
I. Fruits. — Deux concours.
1. La plus belle collection de fruits frais de
toutes sortes, en maturité, dont les noms suivent :
Abricots, Amandes, Cerises, Figues, Framboises,
Groseilles, Pêches, Poires, Pommes, Prunes et
Raisins.
2. La plus belle collection de fruits divers (es-
pèces et variétés) de la région du Sud.
II. Fruits nouveaux. — Cinq concours.
1. Fruits nouveaux inédits d’arbres d’importa-
tion, n’ayant pas encore été mis dans le com-
merce.
2. Fruits nouveaux inédits d’arbres d’introduc-
tion, n’ayant pas encore été mis dans le com-
merce.
3. Fruits nouveaux inédits d’arbres obtenus de
semis, n’ayant pas encore été mis dans le com-
merce.
4. Les plus belles variétés mises dans le com-
merce depuis 1878.
5. Les meilleures variétés mises dans le com-
merce depuis 1878.
CLASSE 82.
V. Ornementation en fleurs naturelles.
Trois concours.
GRAINES ET PLANTES D’ESSENCE FORESTIÈRE
Pas de concours.
1. Les plus beaux bouquets.
2. Les plus beaux motifs ou sujets divers.
3. Les plus belles garnitures d’ornementation
diverses d’appartement, de table, etc.
CLASSE 83.
PLANTES DE SERRE
I. Plantes diverses.
VI. Corbeilles de plantes fleuries ou à
feuillages. — Un concours.
Entre les plus belles corbeilles de plantes fleu-
ries ou à feuillage.
CLASSE 80.
PLANTES POTAGÈRES
I. Plantes potagères
Concours permanent entre tous les genres de
plantes potagères.
II. Plantes nouvelles. — Quatre concours.
1. Plantes nouvelles inédites d’importation,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
2. Plantes nouvelles inédites d’introduction,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
3. Plantes nouvelles inédites obtenues de semis,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
4. Les plus belles plantes mises dans le commerce
depuis 1878.
(1) Voir, pour le règlement général, Revue horti-
cole, 1887, pp. 481, 493, 523; et pour le programme
des époques de concours, voir Revue horticole ,
1888, p. 45 et 62.
Concours (à déterminer) entre les plantes de
serre qu’il y aurait impossibilité à présenter aux
concours généraux.
II. Plantes nouvelles. — Cinq concours.
1. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuillage
introduites le plus récemment en Europe.
2. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage introduites directement en France.
3. Lot de plantes hybrides dont les parents se-
ront indiqués.
4. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage obtenues de semis et non encore dans le com-
merce.
5. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage obtenues de semis et dans le commerce de-
puis 1878.
III. Belle culture. — Quatre concours.
1. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage que la bonne culture aura fait arriver le plus
près possible de son maximum de développement.
2. De 4 à 10 plantes fleuries ou à feuillage les
plus remarquables par leur forme et leur dévelop-
pement.
3. Le plus beau lot de 20 plantes à feuillage or-
nemental.
94 EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889 ! PROGRAMME DES ONZE ÉPOQUES DE CONCOURS.
4. Le plus beau groupe de 20 plantes diverses
fleuries, à quelque catégorie qu’elles appartiennent.
IV. Culture spéciale. — Deux concours.
1 La plus belle collection de 50 plantes fleuries
ou à feuillage cultivées en vue de l’approvisionne-
ment des marchés.
2. Le plus beau lot de plantes fleuries ou à feuil-
lage cultivées en vue de l’approvisionnement des
marchés.
SEPTIÈME ÉPOQUE
16-21 août 1889.
CONCOURS GÉNÉRAL.
CLASSE 79.
FLEURS ET PLANTES D’ORNEMENT.
I. Plantes d’ornement.
Concours (à déterminer) suivant les demandes
des horticulteurs.
II. Plantes nouvelles.
Trois concours : dans tous les genres de végé-
taux exposés, entre les plantes nouvelles inédites :
1. D’importation.
2. D’introduction.
3. Obtenues de semis.
Un concours : dans tous les genres de végétaux
exposés, pour les plus belles plantes mises dans le
commerce depuis 1878.
III. Belle culture.
Un concours : dans tous les genres de végétaux
exposés entre les plus beaux exemplaires (1 à 5 su-
jets par espèce ou variété).
IV. Fleurs coupées. — Deux concours.
1. La plus belle collection générale.
2. La plus belle collection de variétés dans
chaque genre.
V. Ornementation en fleurs naturelles. —
Trois concours.
1. Les plus beaux bouquets.
2. Les plus beaux motifs ou sujets divers.
3. Les plus belles garnitures d’ornementation di-
verses d’appartement, de table, etc.
VI. Corbeilles de plantes fleuries ou à
feuillage.
Un concours : entre les plus belles corbeilles de
plantes fleuries ou à feuillage.
CLASSE 80.
PLANTES POTAGÈRES.
I. Plantes potagères.
Concours permanent entre tous les genres de
plantes potagères.
II. Plantes nouvelles. — Quatre concours.
1. Plantes nouvelles inédites d’importation,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
2. Plantes nouvelles inédites d’introduction,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
3. Plantes nouvelles inédites, obtenues de semis,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
4. Les plus belles plantes mises dans le com-
merce depuis 1878.
III. Belle culture. — Un concours.
1. Les plus beaux spécimens de plantes pota-
gères.
CLASSE 81.
FRUITS ET ARBRES FRUITIERS.
I. Fruits. — Deux concours.
1. La plus belle collection de fruits frais de
toutes sortes, en maturité, dont les noms suivent :
(Abricots, Amandes, Cerises, Figues, Framboises,
Groseilles, Mûres, Pêches, Poires, Pommiers,
Prunes et Raisins).
2. La plus belle collection de fruits divers (es-
pèces et variétés) de la région du Sud.
II. Fruits nouveaux. — Cinq concours.
1. Fruits nouveaux inédits d’arbres d’importa-
tion, n’ayant pas encore été mis dans le commerce.
2. Fruits nouveaux inédits d’arbres d’introduc-
tion, n’ayant pas encore été mis dans le commerce.
3. Fruits nouveaux inédits d’arbres obtenus de
semis, n’ayant pas encore été mis dans le com-
merce.
4. Les plus belles variétés mises dans le com-
merce depuis 1878.
5. Les meilleures variétés mises dans le com-
merce depuis 1878.
CLASSE 82.
GRAINES ET PLANTS D’ESSENCE FORESTIÈRE
I. Graines et plantes d’essence forestière
exposées collectivement par les adminis-
trations, communes et sociétés. — Un con-
cours.
La plus belle collection de graines et plantes
d’essence forestière.
CLASSE 83.
PLANTES DE SERRE.
Plantes diverses. — Quarante concours.
Orchidées exotiques en fleurs: 1. La plus belle
collection ; 2. La plus belle collection de 30 ; 3. La
plus collection de 12 ; 4. Le plus beau lot.
Crotons : 5. La plus belle collection ; 6. La plus
belle collection de 25.
Dracénas : 7. La plus belle collection ; 8. La plus
belle collection de 25 ; 9. Le plus beau lot.
Marantacées : 10. La plus belle collection; 11. La
plus belle collection de 25.
Aroïdées à feuillage ornemental (à l’exception
des Caladiums) : 12. La plus belle collection; 13. La
plus belle collection de 25.
Fougères arborescentes : 14. La plus belle collec-
tion ; 15. Le plus beau lot.
Sélaginelles et Lycopodes : 16. La plus belle col-
lection.
Fougères translucides, Todéas, etc. : 17. La plus
belle collection.
Palmiers : 18. La plus belle collection ; 19. La
plus belle collection de 40 ; 20. La plus belle col-
lection de 25; 21. La plus belle collection de 15.
Cycadées : 22. La plus belle collection.
Népenthès: 23. La plus belle collection.
Plantes carnivores: Sarracénias, Cephalolus,Dio-
nœa, etc. : 24. La plus belle collection.
Cactées fleuries ou non fleuries : 25. La plus
belle collection.
EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889 I PROGRAMME DES ONZE ÉPOQUES DE CONCOURS 95
Cactées en fleurs : 26. Le plus beau lot.
Bruyères du Cap : 27. Le plus beau lot.
Plantes grimpantes de serres, fleuries ou non
fleuries : 28. La plus belle collection ; 29. La plus
belle collection de 25.
Plantes grimpantes de serre, à feuillage coloré :
30. Le plus beau lot.
Musas : 31. La plus belle collection.
Bégonias à feuillage ornemental: 32. La plus
belle collection de 50 ; 33. La plus belle collection
de 25.
Bouvardias : 34. La plus belle collection ; 35. Le
plus beau lot.
Bertolonias et Sonérilas : 36. La plus belle collec-
tion.
Anœctochilus et autres Orchidées à feuillage or-
nemental : 37. La plus belle collection.
Rhopalas : 38. Le plus beau lot.
Plantes aquatiques de serres : 39. La plus belle
collection ; 40. Le plus beau lot.
II. Plantes nouvelles. — Cinq concours.
1. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lages introduites le plus récemment en Europe.
2. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage introduites directement en France.
3. Lot de plantes hybrides dont les parents se-
ront indiqués.
4. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage obtenues de semis et non encore dans le
commerce.
5. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage obtenues de semis et dans le commerce de-
puis 1878.
III. Belle culture. — Quatre concours.
1. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage, que la bonne culture aura fait arriver le plus
près possible de son maximum de développement.
2. De 4 à 10 plantes fleuries ou à feuillage les
plus remarquables par leur forme et leur dévelop-
pement.
3. Le plus beau lot de 20 plantes à feuillage or-
nemental.
4. Le plus beau groupe de 20 plantes diverses
fleuries, à quelque catégorie qu’elles appartiennent.
IV. Culture spéciale. — Beux concours.
1. La plus belle collection de 50 plantes fleuries
ou à feuillage, cultivées en vue de l’approvision-
nement des marchés.
2. Le plus beau lot de plantes fleuries ou à feuil-
lage, cultivées en vue de l’approvisionnement des
marchés.
HUITIÈME ÉPOQUE
6-11 SEPTEMBRE 1889.
CONCOURS PARTICULIER.
CLASSE 79.
FLEURS ET PLANTES D’ORNEMENT
I. Plantes d’ornement.
Concours (à déterminer) suivant les demandes
des horticulteurs.
II. Plantes nouvelles.
Trois concours : dans tous les genres de végétaux
exposés entre les plantes nouvelles inédites :
1. D’importation.
2. D’introduction.
3. Obtenues de semis.
Un concours : dans tous les genres de végétaux
exposés, pour les plus belles plantes mises dans le
commerce depuis 1878.
III. Belle culture.
Un concours : dans tous les genres de végétaux
exposés, entre les plus beaux exemplaires (1 à 5 su-
jets par espèce ou variété).
IV. Fleurs coupées. — Deux concours.
1. La plus belle collection générale.
2. La plus belle collection de variétés dans
chaque genre.
V. Ornementation en fleurs naturelles. —
Trois concours.
1. Les plus beaux bouquets.
2. Les plus beaux motifs ou sujets divers.
3. Les plus belles garnitures d’ornementation
diverses d’appartement, de table, etc.
VI. Corbeilles de plantes fleuries ou à
feuillage.
Un concours : entre les plus belles corbeilles de
plantes fleuries ou à feuillage.
CLASSE 80.
PLANTES POTAGÈRES.
I. Plantes potagères.
Concours permanent entre tous les genres de
plantes potagères.
II. Plantes nouvelles. — Quatre concours.
1. Plantes nouvelles inédites d’importation,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
2. Plantes nouvelles inédites d'introduction,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
3. Plantes nouvelles inédites, obtenues de semis,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
4. Les plus belles plantes mises dans le com-
merce depuis 1878.
III. Belle culture. — Un concours.
1. Les plus beaux spécimens de plantes pota-
gères.
CLASSE 81.
FRUITS ET ARBRES FRUITIERS.
I. Fruits. — Trois concours.
1. Les plus belles collections de fruits frais en ma-
turité dont les noms suivants : Abricots, Amandes,
Cerises, Figues, Framboises, Groseilles, Pêches,
Poires, Pommes, Prunes, Raisins.
2. La plus belle collection de fruits divers (es-
pèces ou variétés) de la région du Sud.
3. La plus belle collection de fruits à cidre de
première saison, Poires et Pommes.
II. Fruits nouveaux. — Cinq concours.
1. Fruits nouveaux inédits d’arbres d’importation,
n’ayant pas encore été mis dans le commerce.
2. Fruits nouveaux inédits d’arbres d’introduc-
tion, n’ayant pas encore été mis dans le commerce.
3. Fruits nouveaux inédits d’arbres obtenus, de
semis, n’ayant pas encore été mis dans le com-
merce.
96
CORRESPONDANCE.
4. Les plus belles variétés mises dans le com-
merce depuis 1878.
5. Les meilleures variétés mises dans le com-
merce depuis 1878.
CLASSE 82.
GRAINES ET PLANTS D’ESSENCE FORESTIÈRE
Pas de concours.
CLASSE 83.
PLANTES DE SERRE
I. Plantes diverses.
Concours (à déterminer) entre les plantes de
serre qu’il y aurait impossibilité à présenter aux
concours généraux.
II. Plantes nouvelles. — Cinq concours.
1. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage, introduites le plus récemment en Europe.
2. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage, introduites directement en France.
3. Lot de plantes hybrides dont les parents se-
ront indiqués.
4. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage, obtenues de semis et non encore dans le
commerce.
5. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage, obtenues de semis et dans le commerce de-
puis 1878.
III. Belle culture. — Quatre concours.
1. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage que la bonne culture aura fait arriver le plus
près possible de son maximum de développement.
2. De 4 à 10 plantes fleuries ou à feuillage les
plus remarquables par leur forme et leur dévelop-
pement.
3. Le plus beau lot de 20 plantes à feuillage or-
nemental.
4. Le plus beau groupe de 20 plantes diverses
fleuries, à quelque catégorie qu’elles appartiennent.
IV. Culture spéciale. — Beux concours.
1. La plus belle collection de 50 plantes fleuries
ou à feuillage, cultivées en vue de l’approvisionne-
ment des marchés.
2. Le plus beau lot de plantes fleuries ou à feuil-
lage, cultivées en vue de l’approvisionnement des
marchés.
(La fin au prochain Numéro.)
CORRESPONDANCE
N° 361 A. (Meurthe-et-Moselle. J — Si vous
voulez bien préciser le concours dont vous
nous parlez, et nous dire exactement ce que
vous en savez, dans quelle publication vous en
avez lu les détails, nous pourrons peut-être
vous renseigner.
M. E. T. (Mauvers.) — Nous vous remer-
cions de vos renseignements sur les fruits de
Cydonia sinensis. Veuillez ne pas oublier de
nous en envoyer deux fleurs au printemps. Le
meilleur moyen est d’enterrer les petits ra-
meaux détachés au moyen de feuilles fraîches,
d’envelopper le tout d’ouate, et d’expédier dans
une petite boîte par la poste. Nous avons parlé
de vos fruits à un distillateur parisien qui a dû
vous écrire directement et vous faire des pro-
positions. Nous vous serons obligés de ne pas
attendre le printemps pour nous rendre compte
des résultats que vous avez obtenus par vos
essais de fabrication de cidre au moyen de ce
Cognassier de la Chine.
M. A. L. (Pau.) — Vous pourrez vous pro-
curer le livre de M. de Mortillet, Les meil-
leurs fruits, en vous adressant à l’auteur lui-
même, à sa résidence de La Tronche, près
Grenoble (Isère).
Pour tapisser votre mur avec une plante or-
nementale rustique, qui soit à l’abri de la dent
des animaux, nous ne voyons guère que le
Lyciet d’Europe (Lycium suropæumj , Solanée
dont le goût déplaît au bétail, et qui garnit
très-rapidement, par son abondante végétation
sarmentoso-grimpante, les murs ou rochers à
couvrir. Ses petites fleurs violettes et ses baies
rouges ne sont pas sans intérêt décoratif.
M. G. M. ( Paris .J — Pour avoir l’adresse de
la publication dont vous parlez, vous pourriez
vous adresser à M. Vaucher, directeur de
l’École d’horticulture de Genève (Suisse).
M. R. de C. (Chazeuil, Allier). — Vous
pourrez vous procurer l’Album de M. P. de
Longpré, Orchidées et Colibris, à la Librairie
agricole, 26, rue Jacob, Paris. Prix : 35 francs
l’Atlas de six planches, avec couverture en
couleur. VIsosoma Cattleyæ est un insecte qui
s’est déjà montré dans plusieurs serres d’Or-
chidées, non seulement à Armainvilliers,
comme nous l’avons précédemment annoncé,
mais en Belgique, à Namur surtout, et ailleurs.
La maladie se présente sous la forme d’une
grosseur anormale des pousses de Cattleya ,
dans lesquelles est creusée une galerie oû l’on
trouve de petites larves apodes, blanches, et
des nymphes qui donnent naissance à de petits
Hyménoptères noirs à abdomen pédiculé,
comme l’a reconnu M. le docteur Henneguy.
On suppose que cet insecte a été introduit avec
des Orchidées venant de l’Amérique du Nord
et ayant passé par un établissement horticole
anglais. Le seul remède efficace paraît être la
destruction et l’incinération des parties de la
plante infestées par l’insecte.
L’Administrateur-Gérant : L. Bourguignon.
Imp. Georgea Jaoob, — Orlfeua.
CHRONIQUE HORTICOLE.
97
CHRONIQUE HORTICOLE
Négundos panachés et Rosiers. — Prunier Kelsey. — Les Chrysanthèmes au Japon. — Rose Niphétos
panachée. — Mission horticole en Orient et dans l’Amérique du Nord. — Bambusa Castilloni. —
Oncidium Mantini. — Les Eucalyptus. — Société pomologique américaine. — Exposition de la Société
nationale d’horticulture de France. — Les leçons de choses. — Le Concours de Lisbonne. — Catalogue
des graines du jardin botanique de Montpellier. — Exposition d’instruments pour la reconstitution des
vignobles. — Exposition rétrospective d’horticulture à Gand. — Expositions annoncées. — Memento
des Expositions. — Nécrologie : M. Lhérault-Salbœuf. — Erratum.
Négundos panachés et Rosiers. —
L’emploi de l’Érable Négundo panaché
( Negundo fraxinifolium foliis variegatis)
est des plus fréquents, dans les petits jar-
dins surtout, où sa masse blanche, verte et
rosée forme une tache qui ne se relie
guère, ni comme couleur, ni comme forme,
aux autres plantes qui les avoisinent.
Il existe, cependant, une manière très-
heureuse d’utiliser les qualités décoratives
de cet arbre, en lui faisant jouer un rôle
qui lui convient bien, c’est-à-dire en le
disposant en corbeilles; alors, pour corri-
ger le défaut que nous avons signalé plus
haut, on lui adjoint le Rosier. Celui-ci, par
sa végétation irrégulière et sa floraison, ap-
porte à l’ensemble l’élégance et l’originalité
qui autrement lui manqueraient.
Voici de quelle manière il convient de
procéder : on plante, à environ 1 mètre les
unes des autres, de jeunes pyramides de
Négundos panachés, bien garnies de la
base. Dans le centre de la corbeille, entre
les Négundos, on disperse des Rosiers hy-
brides greffés rez-terre; on laisse ceux-ci se
développer à leur guise, et on enveloppe le
tout au moyen d’un double rang de Rosiers
du Bengale Cramoisi supérieur.
On maintient ensuite les Négundos au
moyen de pincements, afin d’éviter qu’ils
étouffent les Rosiers.
Prunier Kelsey. — Ce nouveau Prunier,
que la Revue horticole a été la première,
l’an dernier, à faire connaître en France (1),
entrera bientôt dans toutes les collections,
en attendant qu’il prenne rang, si sa pro-
duction chez nous répond à ce qu’elle est en
Amérique, parmi les arbres à cultiver en
grand pour la culture commerciale.
M. P. J. Berkmans, président de la So-
ciété pomologique américaine, vient tout
récemment de confirmer tout ce qui a été
dit sur les précieuses qualités de ce fruit.
Les exemplaires que plusieurs de nos pé-
(1) Voir Revue horticole , 1887, p. 560.
l«r Mars 1888.
piniéristes, notamment MM. Transon frères,
d’Orléans, avaient en réserve, sont épuisés;
mais les cultivateurs qui désireraient s’en
procurer pourront s’adresser directement à
M. Berckmans, à Augusta (Géorgie, U. S. A.),
qui a été, en Amérique, le vulgarisateur
de cette variété, et qui continue à la ré-
pandre dans les cultures.
Nous serons heureux si toutes les bonnes
choses que l’on nous dit de la Prune Kelsey
se confirment. Ce nouveau fruit a intéressé
d’une façon toute particulière le monde
horticole, à en juger par le nombre des
lettres que nous avons reçues à ce sujet.
Les Chrysanthèmes au Japon. — Qui
n’a pas admiré, dans les Expositions, ces
beaux Chrysanthèmes japonais, dont les
fleurs, de formes bizarres et élégantes, ont
des coloris de la plus grande originalité ?
Dans une note du Lyon-Horticole,
M. Viviand-Morel dit, comme nous l’avons
déjà fait remarquer nous-mêmes (Revue
horticole , 1887, p. 538), que toutes ces va-
riétés proviennent des cinq formes intro-
duites, en 1862, du Japon, par Robert
Fortune : laciniatum, striatum album,
grandiflorum, Gogo et Yelloiv Dragon.
M. Viviand-Morel ajoute que d’autres va-
riétés très-nombreuses existent certaine-
ment au Japon, et il cite, à l’appui de son
dire, la lettre suivante de M. Takasima,
un Japonais connaissant parfaitement les
choses en horticulture :
Dès la plus haute antiquité, les Chrysan-
thèmes furent en honneur au Japon; nos plus
anciens poètes les chantèrent et ils compo-
sent, avec les fleurs du Paulownia, les armes
du Mikado.
Je ne saurais préciser à quelle époque on a
créé tant de variétés ; mais je sais que depuis
trois siècles les Japonais s’adonnent beaucoup
à la culture de ces fleurs. Quant à moi, je pos-
sède des albums datant de 1830, sur lesquels un
artiste a peint un grand nombre de variétés
de Chrysanthèmes ; donc, quand R. Fortune est
allé au Japon, il en existait plus de cinq va-
5
98
CHRONIQUE HORTICOLE.
riétés, et actuellement ces variétés y sont plus
nombreuses qu’en France....
Notre confrère lyonnais fait observer que
tout récemment MM. Veitch, de Londres,
ont introduit quelques nouvelles variétés
japonaises ; mais il ajoute, avec non moins
de raison, que, si l’on pouvait continuer ces
importations, les amateurs auraient certai-
nement des surprises agréables.
Rose Niphétos panachée. — Les jour-
naux américains signalent l’apparition
d’une Rose nouvelle appartenant à la variété
Niphétos, et dont les pétales seraient très-
franchement panachés de blanc et de vert.
Nous parlerons plus tard, s’il y a lieu,
des qualités de cette nouveauté.
Mission horticole en Orient et dans
l’Amérique du Nord. — M. le comte H.
de Ghoiseul, qui possède des connaissances
très-étendues en horticulture, a reçu du
Gouvernement la mission d’accomplir, en
Asie et aux États-Unis, un voyage d’étude,
afin de réunir des observations sur les vé-
gétaux exotiques qui pourraient utilement
être introduits dans les colonies françaises.
Au cours de ce voyage, M. le comte H.
de Choiseul visitera l’Inde, l’Indo-Chine,
le Japon, etc. Il examinera non seulement
les végétaux indigènes de chaque contrée,
mais aussi les collections publiques et pri-
vées, où des essais d’acclimatation sont pra-
tiqués pour toutes les espèces utiles à un
point de vue quelconque.
Un voyage d’étude accompli dans ces
conditions ne peut manquer d’avoir d’im-
portants résultats.
Bambusa Castilloni. — Cette espèce,
dont la Revue horticole a parlé et donné
une description (1886, p. 513), n’est ni dé-
licate ni sensible au froid comme on avait
lieu de le craindre. Nous pouvons, comme
preuve, citer un pied directement introduit
du Japon par M. Viesener, et qui planté
dans sa propriété à Fontenay-aux-Roses,
forme aujourd’hui une touffe mesurant
plus de 60 centimètres de diamètre et com-
prenant un très-grand nombre de tiges dont
quelques-unes, cette année, ont atteint
1 m 60 et plus de hauteur. Cette plante n’a
jamais souffert des rigueurs des saisons.
Oncidium Mantini. — M. Godefroy-
Leheuf décrit, sous ce nom, dans le dernier
numéro de Y Orchidophïle , une jolie forme
nouvelle d’ Oncidium, qu’il croit être le
résultat d’un croisement spontané entre
l’O. Marshalli et les O. Gardneri ou Sar-
codes.
L’O. Mantini se rapproche de Y O. cris-
pum, dont il a les très-grandes fleurs ; mais
ses fleurs sont largement maculées et mar-
ginées de jaune canari vif sur le fond jaune.
Cette plante n’est actuellement représentée
que par un exemplaire qui se trouve dans
la collection de M. Mantin, au Bel-Air,
près d’Orléans.
Les Eucalyptus. — Notre excellent col-
laborateur, M. Félix Sahut, vient de pu-
blier, sous ce titre, une monographie très-
intéressante des Eucalyptus, ces arbres qui
jouent actuellement un rôle si important au
triple point de vue ornemental, industriel
et médicinal.
Aux remarques personnelles qu’il a pu
faire dans les belles collections qu’il a
réunies à Montpellier, M. Sahut a ajouté le
fruit de nombreux voyages de recherches
et d’études qu’il a faits dans toute la région
méditerranéenne, où les Eucalyptes ont
eu un sort un peu variable, il est vrai,
mais toujours de haut intérêt; il s’est éga-
lement servi des publications précédem-
ment faites par d’autres eucalyptographes,
en première ligne, M. F. von Muller,
M. Ch. Naudin, etc.
Société pomologique américaine. —
Nous apprenons avec plaisir que M. P. -J.
Berckmans, l’éminent arboriculteur nord-
américain, d’Augusta (Géorgie), vient d’être
élevé aux fonctions de président de la So-
ciété de pomologie américaine (. American
Pomological Society ), vacante depuis la
mort de M. Marshall Wilder.
Exposition de la Société nationale
d’horticulture de France, du 26 au
31 mai. — Le Conseil de la Société natio-
nale d’horticulture de France vient de déci-
der que l’Exposition générale des produits
de l’horticulture aura lieu, cette année, du
vendredi c26 au jeudi 31 mai, dans et près
le Pavillon de la Ville de Paris, aux Champs-
Elysées.
Les demandes d’admission à cette Expo-
sition devront être adressées à M. le Pré-
sident de la Société, 84, rue de Grenelle,
avant le jeudi 10 mai.
Les « leçons de choses ». — Sous ce
nom devenu à la mode dans l’enseignement
CHRONIQUE HORTICOLE.
99
primaire, M. Ernest Menault, inspecteur
général de l’Agriculture, qui a été chargé,
cette année, par le Gouvernement, d’orga-
niser le Concours général agricole du Palais
de l’Industrie, à Paris, a eu l’idée de
demander à plusieurs spécialistes des confé-
rences sur les divers produits exposés.
Ces conférences ont eu beaucoup de
succès. Malgré la température rigoureuse,
un nombreux public est venu écouter les
leçons des orateurs qui ont successivement
parlé dans les salles du Palais.
Le Ministère de l’Agriculture doit les
réunir en un volume qui sera prochaine-
ment publié, et dont nous donnerons un
compte-rendu analytique.
Le Concours de Lisbonne. — Notre
collaborateur et ami, M. Daveau, nous prie
d’insérer la note suivante suivante :
La Chambre municipale de Lisbonne, ayant
publié les résultats du Concours pour le parc
de Lisbonne, convie les auteurs des projets
primés pécuniairement à faire toucher le mon-
tant des primes à la Trésorerie de ladite
Chambre.
Ceux qui ont obtenu une mention honorable
sont priés de déclarer s’ils consentent à l’ou-
verture de leurs lettres pour que les diplômes
puissent leur être conférés.
Enfin, les auteurs de ces derniers projets,
ainsi que les auteurs des projets non récom-
pensés, sont invités à retirer leurs projets au
secrétariat de la Chambre municipale de Lis-
bonne.
M. Daveau nous prie de rectifier une
erreur qui s’est glissée dans l’énoncé des
mentions honorables. M. Durand, qui a
obtenu la troisième mention est de Paris, et
non de Reims.
Catalogue des graines du jardin bo-
tanique de Montpellier. — Voici un cata-
logue analogue à celui du Muséum, mais
contenant une innovation sur laquelle nous
devons insister. M. J.-E. Planchon, l’éminent
botaniste, directeur du jardin, critiquant
avec raison la mauvaise nomenclature de
beaucoup d’établissements de ce genre, leur
recommande, en prêchant d’exemple, de
bien étudier la flore de leurs régions respec-
tives, et de fournir pour les échanges des
graines exactement nommées, et de se
spécialiser dans l’étude approfondie de quel-
ques genres mal connus.
M. Planchon demande aussi où l’on pour-
rait se procurer le Saponarici officinalis hy-
brida, monstruosité cultivée au XVIe siècle,
et qu’on ne peut retrouver; et aussi des
graines de Planera aquatica, de Cabom-
bées, de Reaumuria, L imoniastrum; Vi-
viania, Biebersteinia. Lui adresser les
communications directement au Jardin bQr
tanique de Montpellier.
Exposition d’instruments pour la re-
constitution des vignobles. — Cette ex-
position, qui aura lieu à Ghâlon les 10 et
11 mars prochain, comprendra cinq caté-
gories principales :
1° Instruments, machines et outils destinés
à la préparation et au défoncement du sol ;
2° Arrache-Vignes à traction ou à mains,’
charrues vigneronnes.
3° Palissage et échalassement ;
4° Machines à greffer et ligatures ;
5° Pulvérisateurs,
Des médailles d’or, de vermeil et d’ar-
gent, ainsi qu’un certain nombre de primes
en argent, seront attribuées aux exposants.
Exposition rétrospective d’horticul-
ture, à Gand. — Les progrès de l’horticul-
ture, qui se manifestent à toute occasion
d’une manière si évidente, sont surtout
appréciables dans les expositions interna-
tionales, notamment aux grandes « flora-
lies » qui se tiennent, à Gand, tous les cinq
ans.
Cette année aura lieu le retour si impa-
tiemment attendu du cycle quinquennal.
La nouvelle Exposition, qui va être orga-
nisée, en avril prochain, par la Société royale
d’Agriculture et de botanique de Gand,
sera marquée par une idée originale et de
haut intérêt qu’ont eue les organisateurs.
Afin de faire apprécier, en quelques ins-
tants, les progrès réalisés en horticulture
depuis le commencement de ce siècle, on
répétera exactement la première Exposition
tenue à Gand par la même Société en 1809.
Les exemplaires représenteront les es-
pèces ou formes de plantes connues à cette
époque, et cultivées comme elles l’étaient
alors.
Voici, d’ailleurs, le programme de cette
Exposition, qui a été conservé et qui per-
mettra de la reconstituer exactement.
Exposition tenue en 1809 a Gand.
Liste des principales plantes, la plupart en
fleurs, exposées au jardin de Frascati, pendant
les journées des 6, 7, !
Erica triflora. Médaille
d’encouragement.
Carnellia japonica fl.
rubro. 1er accessit.
Cyclamen persicum.
2e accessit.
Arbutus Andrachne.
Carnellia japonica.
et 9 février 1809.
Dillenia scandens.
Jasminum glaucum.
Mimosa heterophylla ,
Cyclamen Coum.
Correa alba.
Aletris capensis.
Rosa portlandica.
Mimosa loncjiflora.
CHRONIQUE HORTICOLE.
100
Rhododendron ferru-
gineum.
— hirsutum.
Magnolia grandiflora.
— ferruginea.
— nova species.
1 1 licium parviflorum .
— floridanum.
Agave striata.
Viburnum Lantana.
Nerium Oleander.
Daphné odorata.
Rosa sinensis.
Daphné pur pur ea.
Jasmin de Valence à
fleurs doubles.
Scilla maritima.
Pancratium. amboi -
nense.
Cineraria cruenta.
Ledum latifolium.
— angusti folium.
Justiciapulcherrima.
Ceanothus discolor.
Andromeda lucida.
— axillaris.
Plumbago rosea.
Phylica ericoides.
— plumosa.
— spicata.
Eric a herbacea , fleurs.
Portlavdia rosea, fl.
Heliotropium peruvia-
num, en fleurs.
Arbutus Unedo, fl. pl.
Sparmannia africana.
Réséda arborescens, en
fleurs.
Lonicera tatarica, en
fleurs.
EXPOSITIONS ANNONCÉES (1).
Gand. Exposition quinquennale , du
15 au 22 avril 1888. — La Société royale
d’agriculture et de botanique ouvrira à
Gand, du 15 au 22 avril 1888, sa XIIe Ex-
position internationale d’horticulture. Ces
Expositions, organisées tous les cinq ans,
ont toujours attiré un grand nombre de
concurrents et de visiteurs tant de la Bel-
gique que de l’étranger.
La Société a organisé 417 concours; aux
lauréats de ces concours seront remis, outre
les médailles d’or données par le roi et la reine
des Belges, des œuvres d’art, des médailles
d’or, de vermeil et d’argent.
Les amateurs et les horticulteurs de toutes
les nations sont admis gratuitement à prendre
part à ces concours.
Les 417 concours sont répartis en 16 sec-
tions :
Plantes nouvelles. — Orchidées fleuries. —
Plantes de serre chaude. — Palmiers, Cyca-
dées, Pandanées. — Fougères. — Plantes or-
nementales et plantes de culture. — Plantes
fleuries. — Plantes bulbeuses, tubéreuses, etc.,
fleuries. — Azalées fleuries. — Camellias fleu-
ris. — Rhododendrons fleuris. — Concours
spéciaux. — Agave, Yucca, Aloès, etc., etc. —
Conifères. — Préparations pouvant servir à
l’enseignement de la botanique. — Arts et in-
dustries horticoles.
Les Exposants devront adresser leur de-
mande d’inscription et faire parvenir au
secrétaire-adjoint de la Société, M. Ed.
Claus, 20, rue Digue-de-Brabant, au plus
tard le 20 mars , terme de rigueur. La
liste nominative et complète des genres de
plantes et des objets qu’ils présenteront à
(1) La Revue horticole annonce toutes les expo-
sitions générales ou partielles dont le programme
est adressé aux Rédacteurs en chef, 26, rue Jacob,
Paris.
l’Exposition devra être ajoutée, ainsi que
les numéros des Concours auxquels ils
entendent prendre part.
Roubaix, du 23 au 25 juin. — Le suc-
cès considérable qu’a obtenu, à Roubaix,
la récente exposition de Chrysanthèmes, a
décidé les organisateurs à préparer une
nouvelle exposition spéciale, consacrée cette
fois aux Roses.
Cette exposition aura lieu du 23 au
25 juin 1888. Nous en ferons ultérieure-
ment connaître la date précise.
Roubaix, 17 novembre. — Nos con-
frères du Nord ne s’endorment pas sur
leurs succès. Nous venons d’apprendre que,
non contents de préparer leur Exposition
estivale de Roses, ils s’organisent déjà pour
une nouvelle exhibition de Chrysanthèmes,
qui aura lieu le 17 novembre 1888. Leur
programme est déjà publié, afin de per-
mettre aux concurrents de cultiver, dès le
début de la saison, en vue des concours
ouverts.
Pour recevoir le programme avec toutes
les explications désirables sur cette exposi-
tion, qui sera internationale et comprend
17 concours, on pourra s’adresser à M. le
Secrétaire de la Section florale de la Société
artistique, 7, rue des Lignes, à Roubaix
(Nord).
Nantes, du 25 au 29 avril. — A l’occa-
sion du concours régional, la Société nan-
taise d’horticulture organise une Exposition
générale des produits de l’horticulture; elle
aura lieu sur le cours Saint-André, du
25 au 29 avril.
Seront admis à cette Exposition : les végé-
taux utiles ou d’agrément, les arbres et ar-
bustes, les productions des espèces et variétés
fruitières. Tous les horticulteurs, amateurs et
jardiniers, sont invités à y prendre part.
Demander le programme détaillé des 63 con-
cours, et adresser les demandes d’admission à
M. P. Champenois, secrétaire de la Société,
16, rue Barrière-de-Couëron, à Nantes.
Autun, du 2 au 10 juin. — La munici-
palité d’Autun, à l’occasion du concours ré-
gional, organise une Exposition d’horti-
culture, qui aura lieu du 2 au 40 juin
prochain. Tous les horticulteurs-commer-
çants, amateurs ou leurs jardiniers, y sont
conviés.
Le programme de cette Exposition est divisé
en 7 sections : 1° culture maraîchère; 2° fruits;
CHRONIQUE
3° arboriculture; 4° plantes de serres chaudes
et tempérées ; 5° plantes vivaces et annuelles ;
6° fleurs coupées; 7° industrie horticole.
Adresser les demandes d’admission avant le
1er avril, terme de rigueur, au secrétaire gé-
néral du concours régional, à la mairie d’Autun
(Saône-et-Loire).
Marseille, du 2 au 11 juin . — La qua-
trième exposition horticole et industrielle
de l’Association horticole marseillaise sera
tenue à Marseille, du 2 au 15 juin, et ou-
verte à toutes les branches de l’horticulture :
Plantes de serre chaude, plantes de serre
tempérée et d’orangerie, arboriculture orne-
mentale et plantes de pleine terre, plantes va-
riées, fleurs coupées, plantes potagères, fruits,
arboriculture fruitière, objets ayant un rapport
direct avec l’horticulture.
Adresser les demandes, avant le 25 mai, à
M. A. Schwaller, secrétaire général de l’Asso-
ciation, 3, place du Change, à Marseille.
Meaux, du 1 au 9 septembre. — A l’oc-
casion du cinquantenaire de son président,
M. le vicomte d’Avène, la Société d’horti-
culture de l’arrondissement de Meaux fera
à Meaux, du 7 au 9 septembre prochain, une
grande Exposition générale d’horticulture.
Nous reviendrons sur cette solennité, qui
promet d’être splendide et exceptionnelle
comme le fait qu’elle est appelée à consa-
crer. En effet, M. le vicomte d’Avène aura
cinquante ans révolus de présidence et cela
sans aucune interruption. Ajoutons que
l’année dernière, lors de sa réélection, il a
été élu à l’unanimité.
Bordeaux, du 15 au 26 septembre 1888.
— La Société pomologique de France tien-
dra, cette année, sa 30e session à Bordeaux.
La Société d’horticulture de la Gironde
organisera, à cette occasion, une exposition
de fruits, légumes, fleurs d’automne et
plantes à feuillage ornemental.
Les grandes divisions de ce concours com-
prennent : l’arboriculture fruitière, la viticul-
ture, la culture potagère, les fleurs. En outre,
un concours de bouquets de tous genres, sur-
touts de table et garnitures diverses, aura lieu
le 23 septembre.
Les demandes d’admission devront être
adressées, avant le 20 août, à M. Alexandre
Vène, secrétaire général de la Société d’horti-
culture de la Gironde, 8, rue du Palais-Gallien,
à Bordeaux.
Tunis, du 27 avril au 6 mai. — Dans
le concours agricole qui aura lieu, à Tunis,
du 27 avril au 6 mai, entre produits de
HORTICOLE. loi
l’Algérie et de la Tunisie, les sections hor-
ticoles comprendront :
Les produits de l’horticulture et de l’arbori-
culture (fruits, légumes, Dattes, Oranges, Ci-
trons, etc.), et les expositions collectives des
Sociétés d’horticulture.
Adresser les demandes d’admission, avant le
15 mars, à l’Inspection de l’Agriculture de la
Régence, à Tunis.
Memento des Expositions. — Voici la liste
des Expositions précédemment annoncées.
L’indication entre parenthèses ( Chr . n0...) ren-
voie à la Chronique du N° de la Revue hor-
ticole où l’exposition a été annoncée avec
quelques renseignements sommaires. La men-
tion Exp. gén. indique qu’il s’agit d’une expo-
sition générale d’horticulture.
Épinal. — Exp. gén. (Chr. n» 4). 9 au 14 juin.
Orléans. — Exp. gén. (Chr. n° 4). 24 au 27 mai.
Rouen. — Exp. gén. (Chr. n» 4). 16 au 21 mai.
Nécrologie : M. Lhérault-Salbœuf. —
U n des vétérans de l’horticulture, M. Lhé-
rault-Salbœuf, vient de mourir à Argenteuil,
à l’âge de quatre-vingt-cinq ans. C’est à lui
que revient l’honneur des principaux perfec-
tionnements introduits dans la culture de
l’Asperge ; ce fut lui qui, le premier, en
1829, la cultiva dans cette localité. Il y a deux
ans, les bons et anciens services de M. Lhé-
rault-Salbœuf avaient été récompensés par
la croix du Mérite agricole.
Erratum. — A propos de la liste des ré-
compenses du Concours régional de Paris,
MM. Forgeot et Cie nous font remarquer
qu’ils ont obtenu un prix d’honneur pour
l’ensemble de leur exposition, et non un
rappel de grande médaille d’or. Nous don-
nons acte de cette rectification à MM. For-
geot et Cie, tout en faisant remarquer que
le catalogue des récompenses porte la men-
tion indiquée par nous.
Mais nous avons attribué à tort une mé-
daille d’argent aux Cyclamens et Jacinthes
des mêmes exposants, et une médaille d’or
à leurs Primevères et Violettes. Il fallait
dire : médaille d’or dans le premier cas, et
médaille d’argent dans le second.
Nous n’avons pas besoin d’ajouter que
ces sortes de rectifications sont toujours ac-
cueillies à la Revue horticole. Bien que le
travail de classement et de groupement des
récompenses décernées au même exposant
soit fait avec le plus grand soin, quelques
erreurs peuvent se glisser dans une classi-
fication faite à la hâte.
E.-A. Carrière et Ed. André.
LES ARBRES FRUITIERS EN 1887.
10 2
LES ARBRES FRUITIERS EN 1887
1° Pêches. — J’avais arrêté mon examen
au 30 juillet avec la maturité de Early
Haie (1). Les premiers jours d’aout ont vu
mûrir presque simultanément, avec dix à
douze jours de retard, la Pourprée hâtive,
la Pêche à bec, la Double de Troyes, la
Marguerite, la Jaune de Pourville, et
parmi les Brugnons Lord Napier, très-joli
et très-bon fruit et Hardwick Seedling.
Ils sont suivis par la Grosse mignonne
ordinaire , Madeleine striée , Madeleine à
moyennes fleurs, Madeleine de Courson,
de Franquieres, Docteur Hogg, Marie de
La Rochejacquelein, Çrawford’s Early et
autres bonnes Pêches de moyenne saison.
Elles ont donné leurs premiers fruits vers
le 12 août.
Nous cueillions dans les derniers jours
de ce mois la Mignonne tardive , celles de
Lep'ere, Belle impériale, Sanghaï, Daan,
le Brugnon Galopin, qui reste le plus
volumineux, et un de mes gains, le Bru-
gnon Celine, qui est presque aussi gros que
le Galopin et lui est supérieur en bonté.
La première semaine de septembre me
donne seulement trente-six variétés de
Pêches tardives que j’ai pu mettre à notre
Exposition du 8 septembre ; les plus méri-
tantes sont Baltet , Léopold Ier, Royale de
Chazotte, Superbe de Choisy, Belle de
Toidouse, Surprise de Pellaine, Pourprée
tardive, Tardive d’Oullins, Sea-Eagle.
Cette dernière, par son beau coloris, ses
fruits venant en trochets, m’a permis d’em-
bellir le mur de mon exposition de bran-
ches chargées de belles Pêches. C’est, je
dois le répéter, une variété précieuse pour
notre, midi, par sa bonté, sa beauté, la rus-
ticité de sa fleur, son abondante production
et sa tardiveté.
La Tardive Gros à chair jaune est de
même époque; je n’ai de plus tardif que
notre vieille Admirable jaune, toujours
bien bonne, mais à fruits moyens et peu
apparents. Sa fdle Salway n’était pas mûre
le 27 septembre ; elle a les défauts de sa
mère ; elle est plus belle, mais moins ju-
teuse.
Dans leur ensemble, les Pêches, cette
année, ont été très -bonnes et très-belles ; il
en est quelques-unes dont la grosseur a été
exceptionnelle et je dois citer en première
(1) Voir Revue Horticole, 1887, p. 108.
ligne Craivford’s Early, Villermoz, Mus-
cade de Montauban à chair jaune ; sa pa-
rente, Belle de Toidouse, les meilleurs
gains avec la Jaune de Pourville de la
pomologie du sud-ouest. La Surprise de
Pellaine m’a réellement surpris par sa
beauté et sa qualité. La Tardive d’Oullins,
généralement peu fertile, a donné de nom-
breux et beaux fruits. Comme la Chevreuse
hâtive et la Mignonne à bec , la Tardive
d’Oullins donne ses fruits au bout des
brindilles et serait improductive à la taille
ordinaire.
J’attribue à un apport de phosphate de
chaux et de potasse une partie de la beauté
de mes fruits, mais il est certain que les
abondantes pluies de l’automne de 1886 et
de l’hiver y ont surtout contribué.
2° Poires. — Les cent cinquante-six va-
riétés de Poires que j’ai apportées le 8 sep-
tembre à notre exposition de Marseille étaient
cependant moins grosses et moins colorées
que celles que j’ai admirées, au Pavillon de
Flore, à Paris, les 27, 29 et 30 du même
mois à l’Exposition de la Société nationale
d’horticulture. Nous n’avons rien qui puisse
être comparé aux corbeilles de Louise
bonne d’ Avr anches et de Beurré Clairgeau
qu’exposait l’asile Fénelon de Yaujours, et
qui ont valu une médaille d’or à cet établis-
sement.
En revanche, nos Poires sont plus su-
crées et plus parfumées que celles que j’ai
dégustées à Paris, dans ses environs et dans
l’est. Il y a cependant des exceptions; la
Duchesse d’Angoulême est plus fine et
meilleure chez MM. Baltet frères que dans
nos cultures en terre légère, où cependant
la plupart des Poires atteignent leur per-
fection.
3° Raisins. — Depuis deux ans les Rai-
sins ont en Provence une beauté et une
bonté exceptionnelles. La coulure a été rare,
et j’ai pu exposer deux cent cinquante-six
variétés, parmi lesquelles les grappes de 2
à 3 kilos n’étaient pas rares. Les plus belles
provenaient des Vignes greffées sur Vitis
Solonis ; la racine américaine a donné une
plus grande vigueur à la souche française
qu’elle porte, mais c’est le greffage qui aug-
mente la grosseur de la grappe et du grain ;
c’est lui aussi qui empêche la coulure ou la
diminue beaucoup ; j’aurais pu montrer à
ceux qui doutent de l’efficacité de cette
CATASET U M JJ L' NGEROTU 1 .
103
opération la différence qui existait entre les
grappes obtenues des variétés « coulardes »
sur les Vignes greffées et sur celles franches
de pied.
Le mildew n’avait apparu, , en 1886, que
le 4 octobre, où tombait le premier orage;
celui du 26 août 1887 a amené le premier
développement du Péronospora, qui a fait de
grands ravages le 8 septembre, après une
très-abondante pluie le 7. Les meilleurs
résultats pour en combattre les effets m’ont
paru obtenus par l’eau céleste ; les poudres
n’ont donné que des succès relatifs; je les
avais cependant appliquées préventivement
et à plusieurs reprises.
La chute d’une partie des feuilles a nui
à la maturité des Raisins extra-tardifs, de
ceux surtout à grosses grappes serrées. J’ai
dû en faire du vin, et avec l’apport de 2 de-
grés de sucre j’ai obtenu 700 litres d’un vin
faible en couleur, mais assez spiritueux et
agréable au goût.
J’ai eu plus de profit à en faire du vin
que nous consommons que de les vendre
CATASETUM
Établi par 1^. G. Richard, le genre Cata-
setum fut plus tard démembré par Lindley ;
il en fit les genres Mormodes, Monacan-
thus, Myanthus , qui semblent ne reposer
que sur des caractères d’ordre secondaire,
notamment sur la forme du labelle. Toute-
fois, nous ne nous étendrons pas sur ces
coupes génériques; notre but, ici, n’étant
autre que de parler seulement du Catct-
setum Bungerothi, qui, de toutes les es-
pèces du genre, est de beaucoup la plus
belle. Ajoutons qu’elle a cet autre mérite :
la nouveauté, qui, au point de vue com-
mercial, passe souvent avant tout autre.
Cette espèce, envoyée de l’Orénoque par
M. Chaffanjon, présente les caractères sui-
vants : *
Plante très-vigoureuse, rappelant un peu par
ses pseudobulbes, surtout lorsqu’ils sont dé-
pourvus de feuilles, certains Dendrobium.
Pseudobulbes fusiformes , d’abord feuillus.
Feuilles très-longuement elliptiques, à limbe
plantaginiforme, coriace, atténuées en un pé-
tiole amplexicaule, acuminées en pointe au
sommet, fortement nervées. Pseudobulbes
nus, longitudinalement sillonnés, blancs par
une pellicule mince, sèche, papyracée. Hampe
florale partant de la base du pseudobulbe,
sur le côté de celui-ci, nue, à l’exception
de quelques bractées courtement embrassantes,
terminée par une grappe de fleurs, pendante,
comme R.aisins de table. Les Moscatel, dont
tous les ports d’Espagne nous ont inondé
comme les années précédentes, nous ont
fait une concurrence qui rend onéreuse la
culture du Raisin de table. Et cependant
nos Chasselas , nos Bellino, nos Boudalais ,
étaient très-beaux et excellents.
Paul Giraud.
N. B. — Je dois, pour la bonne règle, rec-
tifier quelques erreurs de noms qui se sont
glissées dans l’un de mes derniers articles
(numéro du 1er novembre 1887).
1° C’est M. Nardy, d’Hyères, qui a introduit,
en France, la Pêche Amsden ;
2° Au lieu de Cerise Précoce de Mathéo , il
faut lire Précoce de Mathère ;
3° Le Cerisier le plus ornemental est la
Garcine de V Isère , et non pas la Garenne de
V Isère;
4° Enfin, le Bigarreau de Schehlam (et non
de Scheilau) donne des fruits plus gros que
ceux du Bigarreau Jaboulais , mais comme il
est un peu moins précoce, il ne lui est pas
préférable.
JTTATPT'T) ATTTT
pouvant atteindre 25 centimètres et même plus
de longueur. Pédoncule ovarien gros, long d’en-
viron 4 centimètres, à l’aisselle d’une bractée
fortement appliquée, linéaire -aiguë. Fleurs
très-grandes, finement et agréablement odo-
rantes, à divisions très-inégales, les supérieures
dressées, minces, papyracées, les deux laté-
rales étroitement linéaires, un peu contour-
nées, dépassant le labelle, acuminées en
pointe. Labelle très-grand, concave, épais, en-
tier, d’un blanc mat, d’environ 8 centimètres
de diamètre sur 5 centimètres de hauteur,
très-légèrement nuancé de rose vers le fond,
d’un très-beau jaune à l’extrémité de la cavité.
Colonne longuement et étroitement acuminée-
aiguë, concave ou en capuchon, portant sur
l’un des côtés un appendice étroit, pendant.
Le Catasetum Bungerothi , N.-E. Brown,
plante rare et d’une beauté tout à fait hors
ligne, a déjà fleuri plusieurs fois en Europe,
bien qu’il soit d’introduction récente : à
Londres , en 1887 , dans l’établissement
Veitch; en France, cette même année 1887,
chez M. Horace de Ghoiseul ; à Viry-Châ-
tillon, au Muséum, où cette espèce a été en-
voyée par M. Chaffanjon, et en Belgique.
Lorsque les plantes sont un peu fortes,
les hampes prennent un plus grand déve-
loppement. Ainsi celle qui a fleuri au
Muséum portait une grappe compacte de
fleurs qui n’avait pas moins de 25 centi-
CULTURE FORCÉE DES ARERES FRUITIERS. — LES SERRES-VERGERS.
104
mètres de longueur sur 10 de largeur.
Quant à la culture et à la multiplication,
elles sont les mêmes que celles des Dendro-
bium : serre chaude, beaucoup d’humidité
pendant la période active de la végétation,
moins pendant celle du repos. Gomme sol :
sphagnum et briques concassées pour aérer
les racines et éviter la stagnation de l’eau.
Lorsque les plantes sont très-fortes, on peut,
au sphagnum, mélanger quelques morceaux
grossiers de terre de bruyère très-fibro-
spongieuse.
E.-A. Carrière.
CULTURE FORCÉE DES ARBRES FRUITIERS
Dans notre récent article sur le livre de
M. Ed. Pynaert (1), nous avons examiné la
culture sous verre des arbres fruitiers livrés
à la pleine terre.
Fig. 21. — Serre à forcer à un seul versant pour arbres fruitiers cultivés en pots.
En poursuivant l’examen de cet intéres-
sant ouvrage, nous arrivons aux arbres
fruitiers cultivés en pots.
(1) Voir Revue horticole, 1888, p. 8.
On aurait tort de penser que c’est là une
simple culture de fantaisie. Outre qu’avec
un peu de soin on obtient de beaux produits
dont on peut orner les tables avant de
consommer les fruits, nombre de cultiva*-
CULTURE FORCÉE DES ARBRES FRUITIERS. — LES SERRES-VERGERS. 105
teurs, en Angleterre, en France et en Bel-
gique, tirent un sérieux profit de la vente
de ces arbres fruitiers couverts de fruits
mûrs dès le printemps. Nous en avons vu
souvent aux expositions de mai, à Paris,
qui non seulement emportaient les suf-
frages du jury et
du grand public,
mais que leurs
producteurs ven-
daient fort cher
aux grands res-
taurants ou à de
riches amateurs.
Afin de faciliter
ce genre de cul-
ture à nombre de
propriétaires qui
reculeraient un
peu devant la
construction de
serres spéciales,
M. Pynaert a en-
visagé le cas où
des serres orne-
mentales ordinai-
res, serres à Pé-
largoniums, par
exemple, seraient
converties en
serres à forcer, ce
qui peut se faire
sans aucune adap-
tation spéciale.
Dans une serre
à un seul versant
(fig. 21), on sup-
prime le gradin,
qui presque tou-
jours existait pré-
alablement, et on
le remplace par
une sorte de table
allongée, sur la-
quelle les arbres
de taille moyen-
ne, Abricotiers,
Amandiers, Pê-
chers, Pommiers,
Vignes non pa-
lissées, sont pla-
cés pour les rap-
procher du verre.
L’espace réservé entre cette table et le
mur de fond de la serre est conservé aux
arbres de dimensions un peu plus grandes :
Pruniers, Cerisiers, etc. Sur la tablette de
face, les Figuiers, Groseilliers, Framboi-
Fig. 23. — Jeune Brugnonnier de quatre ans
cultivé en pot.
siers et Fraisiers ont leur place toute mar-
quée.
Cette disposition de la serre adossée, la
plus fréquemment construite chez les ama-
teurs modestes, est des plus faciles à ob-
tenir.
Voici mainte-
nant (fig. 22) un
exemple d’utili-
sation d’une serre
à deux versants :
sur la tablette du
milieu, on dispose
quelques pieds de
Vigne en pots
dont les rameaux
sont palissés sur
des fds de fer
tendus longitu-
dinalement à 30
centimètres du vi-
trage. Les autres
parties de la serre
sont utilisées sui-
vant les dimen-
sions des arbres
fruitiers en vase
que l’on cultive.
En règle géné-
rale, M. Pynaert
recommande de
mettre en vase ,
à l’automne, de
jeunes sujets d’un
an de greffe. La
terre à employer
sera substantiel-
le, perméable, et
un peu argileuse,
quoique légère ;
la meilleure est
formée de la cou-
che supérieure
d’une prairie dont
on a laissé les
gazons se décom-
poser en tas plu-
sieurs mois d’a-
vance. On doit
l’additionner d’un
tiers de bouse de
vache bien dé-
composée ; pour
les arbres fruitiers à noyau, les boues de
rue pourront être employées avec avantage .
dans de la terre calcaire, en proportion
calculée, bien entendu.
Les pots employés devront être faits d’une
notes sur l’hiver 1887-1888.
106
matière poreuse et assez résistante ; les pots
vernis, soit intérieurement, soit extérieu-
rement, doivent être proscrits.
Ils seront plus étroits du bas que du
haut, et percés d’un ou de plusieurs trous
au fond. Les plus grands de ces pots ne dé-
passeront pas 0m50 de diamètre supérieur.
Les soins de pincement et de taille à
appliquer aux arbres fruitiers en pots dif-
fèrent peu de ceux usités pour les arbres
fruitiers de plein air.
Mais les autres opérations concernant la
tenue à l’air libre, la rentrée en serre et la
sortie, les arrosements, les engrais, le rem-
potage et la taille des racines, sont autant
d’articles spéciaux qui demandent à être
étudiés et bien compris.
Sous le climat de Paris, la Vigne, le Fi-
guier et le Mûrier peuvent être tenus toute
l’année en serre-verger; les autres arbres
fruitiers: Pêchers, Poiriers, Pruniers, Abri-
cotiers, Amandiers, Cerisiers, Pommiers,
devront être sortis après la récolte des fruits.
Citons maintenant, pour chaque essence,
les variétés qui s’accommodent le mieux de
la culture en pots :
Abricotiers : Gros hâtif, Royal, Abricot-
Pêche, Moorpark, Blenheim.
Amandier : Princesse.
Cerisiers : Impératrice Eugénie , Royale ,
Belle de Choisy, Belle de Magnifique , Reine
Hortense, Guigne pourpre hâtive, Bigarreau
Napoléon.
Figuiers : Blanche de Marseille, Grosse
verte, Bourjassotte grise, Brown Turhey.
Framboisiers : Perpétuelle à gros fruit
jaune. Perpétuelle à gros fruit rouge.
Groseilliers : Impériale blanche, de Hol-
lande à longue grappe.
Pêchers : Grosse mignonne hâtive, Made-
leine de Courson, Reine des Vergers s Téton de
Vénus , Brugnon Stanwich, B. Elruge.
Poiriers : Bergamote Crassane , Beurré
Chaumontel, B. Bachelier, B. Clairgeau, B.
Diel, Doyenné d’hiver , Duchesse d’Angoulême,
Louise bonne d’ Avr anches, Doyenné gris, etc.
Pommiers : Gros Api rouge, Calville blanc,
Courtpendu, Grand Alexandre , Reinette
dorée, R. du Canada , R. franche grise , Reine
des Reinettes.
Pruniers : Coë’s Golden Drop, Jefferson,
Reine-Claude hâtive, R.-C. verte , R.-C. de Ba-
vay, R.-C. diaphane, R.-C. violette.
Vignes : Frankenthal, Chasselas de Fontai-
nebleau, Madeleine royale blanche, Muscat
d' Alexandrie, M. de Hambourg .
La figure 23 montre, d’après une photo-
graphie, ce que l’on peut obtenir, après
quatre années de culture, d’un Brugnon-
nier ordinaire cultivé en vase.
Il serait facile de multiplier de tels
exemples, mais nous avons voulu montrer
simplement qu’il était facile de réussir, avec
quelque attention, dans une culture encore
peu répandue dans notre pays, et qui peut
donner à l’amateur les satisfactions combi-
nées de la vue et du goût. Ed. André.
NOTES SUR L’HIVER 1887-1888
PARIS, TOURS, SOISSONS, REIMS, LAON, MONTPELLIER, TOULON,
SAINT-RAPHAEL, CANNES, NICE
Le froid persiste: la neige continue à
tomber de toutes parts en France, et sus-
pend les travaux qu’il serait si nécessaire
d’avancer, à cette époque de l’année.
Aux environs de Paris, la neige a formé,
les 15 et 16 février, un manteau qui a atteint
jusqu’à 30 centimètres d’épaisseur, et qui
est resté longtemps sur le sol, au grand dé-
triment des travaux de la saison. Ajoutés à
ceux de la fin de décembre et de la fin de
janvier, ces rigueurs excessives de tempéra-
ture constituent un ensemble qui classera cet
hiver parmi les plus rigoureux et surtout les
plus prolongés. Les plus grands abaissements
de température constatés dans la région pa-
risienne paraissent avoir été de — 14°.
Les renseignements qui nous arrivent du
centre de la France, de la Touraine princi-
palement, concernant la neige et le froid,
se rapportent presque exactement à ce qui
a été observé dans les environs de Paris.
De son coté, notre collaborateur, M. Lam-
bin, nous adresse de Soissons l’intéres-
sante communication suivante, toute d’ac-
tualité dans l’hiver rigoureux que nous
traversons :
Nous espérions que l’hiver était à peu près
terminé, et que les gelées de la fin de décembre
et du commencement de janvier, qui avaient
atteint ici 15 degrés au-dessous de zéro, ne
seraient plus égalées.
Cependant, le 29 janvier, nous avions de la
neige en abondance avec un abaissement très-
sensible de la température.
Le 30 et le 31, le froid augmenta encore.
Dans la nuit du 31 janvier au 1er février, une
nouvelle tempête de neige envahit toute notre
région, et cela à un tel point que des trains res-
tèrent en souffrance pendant plusieurs heures.
notes sur l’hiver 1887-1888.
Dans la nuit du mercredi 1er février au
jeudi 2, le thermomètre descendit rapidement
à partir de minuit, d’abord à — 14 degrés, puis à
— 18, pour tomber à — 20, dans les jardins des
horticulteurs et maraîchers des faubourgs de
la ville.
Pendant toute cette journée, le froid fut
excessivement vif et, dans la soirée, il pa-
raissait vouloir s’accentuer encore ; à minuit,
il y avait déjà — 17 degrés. Nous avions les
plus vives craintes pour le reste de la nuit
quand, fort heureusement, vers deux heures
du matin, le temps s’est couvert, et, à partir
de trois heures, une détente s’est produite.
Actuellement, on commence à constater
dans les jardins situés dans les vallées les résul-
tats de cet abaissement subit de température.
Ici, notre collection de Rosiers tiges a beaucoup
souffert; les Thés , les Noisettes et les Ile-
Bourbon sont gelés. Beaucoup d’hybrides, tels
que : Baronne de Rothschild , Captain
Christy , etc., etc., sont très-endommagés. Les
Rosiers franc de pied ont été préservés par la
neige, à l’exception des branches qui étaient
au-dessus et qui ont été détruites.
Les Fusains, les Lauriers-Amandes, sont
fort atteints, ainsi que les Cèdres Déodara et
peut-être d’autres Conifères.
Les Céanothes sont gelés jusqu’à la hauteur
de la neige. Actuellement, il est encore difficile
de se prononcer sur l’importance du mal, qui
ne sera peut-être pas irréparable, parce que la
température de 20 degrés n’a guère duré plus
de trois heures.
A Reims, j’ai pu constater les mêmes
dégâts dans les squares et au Jardin-École de
la Société d’horticulture, où le thermomètre
est également descendu à — 20 degrés.
De même qu’en 1879, les hauteurs ont été
épargnées. A Laon, notamment, le thermo-
mètre n’a pas dépassé — 14 degrés.
D’abord, en 1870, puis, en 1879, une partie
de nos collections a été très-éprouvée ou dé-
truite. Et, lorsque nous les avons reconstituées,
alors qu’elles nous donnent les plus belles es-
pérances, voici que le même phénomène se
reproduit, anéantit nos efforts et nous oblige
à réparer, avec des ressources souvent bien
modestes, le mal fait par un hiver impla-
cable.
De Montpellier, M. F. Sahut nous envoie
les notes suivantes, qui donnent de pré-
cieux renseignements sur les effets du froid
de la fin de janvier dans cette partie de la
France :
L’extrême minima de la nuit du 30 au
31 janvier, a été de — 12°. Il a eu de tristes
effets surla végétation prolongée de nos Rosiers,
dont la floraison automnale se serait continuée
sans cela fort avant dans l’hiver. La plupart
des feuilles de nos Eucalyptus sont gelées et,
par conséquent, blanches. Il est vrai que la
gelée a été accompagnée de vent, ce qui est
107
une circonstance aggravante pour ces arbres.
Aussi, les mêmes sujets qui avaient supporté
— 13° l’an dernier, comme extrême minima,
mais pendant un moment et par un temps
calme, ont-ils souffert cette année avec un mi-
nima de — 12° survenant avec du vent et du-
rant plus longtemps.
Mes Jubæ aspectabilis ont supporté ces abais-
sements de température sans souffrir.
Cet aveu est bon à retenir en ce qui con-
cerne surtout le Jubæa spectabilis , Pal-
mier du Chili, dont la rusticité paraît aussi
bien acquise au climat du Languedoc qu’à
celui de la Provence.
De nouveaux renseignements, que nous
devons à l’obligeance de M. Ch. Joly, qui
les avait reçus de M. F. Sahut, nous mon-
trent que les dégâts ont été considérables
dans la région du Midi. Notre collaborateur
écrivait à la date du 24 février :
Nous sommes témoins depuis deux jours
d’un phénomène météorologique bien rare à
Montpellier. La neige est venue nous visiter
dimanche soir accompagnée de coups de ton-
nerre et d’éclairs qui se succédaient sans in-
terruption. C’était un contraste singulier et
jusqu’à présent sans précédent connu. La neige
n’a pas cessé de tomber pendant vingt-sept
heures consécutives, et ce matin il y en avait
plus de 50 centimètres sur le sol.
Mais ce qui est plus grave, c’est que nos
jardins en ont énormément souffert. Les arbres
et arbustes verts surtout sont mutilés, brisés
et parfois même déracinés sous le poids de la
neige qui s’était amoncelée sur leurs rameaux
feuillus. Mon jardin de Montpellier est dans un
piteux état ; mes grands Pins, que des peintres
parisiens avaient souvent admirés, quelques-
uns surtout dont les troncs penchés étaient cou-
verts de lierre, sont tous plus ou moins grave-
ment mutilés.
Ceux qui ont le moins souffert ont perdu
beaucoup de branches, qui tombant avec fra-
cas ont brisé de nombreux plants au-dessous.
Quelques autres n’ont conservé que le tronc, et
il en est qui ont été entièrement renversés ;
l’un d’eux même, dont le tronc parfaitement
sain avait bien 1 mètre de circonférence, a eu
ce tronc coupé par le milieu. On ne se doute
pas de la puissance de la neige ramassée sur
les têtes en parasol de ces arbres, et les écra-
sant de son poids...
A ces observations, sur les abaissements
de température constatés à Montpellier,
nous pouvons ajouter les quelques notes
suivantes, rédigées au cours d’un voyage
que nous venons de faire sur le littoral fran-
çais de la Méditerranée. Voici ce que nous
avons pu constater de visu de Marseille jus-
qu’aux Alpes-Maritimes, comme résultats
108
LA COURTILIÈRE.
frappants des froids inusités de la fin de
décembre et de la fin de janvier.
Avant d’arriver à Toulon, dès la station
de Bandol, on voit les Eucalyptus avec
toutes leurs feuilles brûlées et blanches. Les
Amandiers sont cependant en fleur, et la
note fraîche et rosée de ces charmants
c< bouquçts de mai » console un peu des
tristesses que la gelée a causées.
Dans la gare même de Toulon, les quel-
ques Eucalyptus maigres qui s’y dévelop-
paient depuis quelques années ont beau-
coup souffert ; les Acacia fiorïbunda du
même endroit sont perdus.
Dès qu’on arrive à La Pauline, on voit
combien les Eucalyptus Globulus ont été
maltraités, et l’on comprend sans peine ce
que la végétation d’Hyères a dû souffrir. Il
en sera d’ailleurs de même sur toute notre
route jusqu’au delà de l’Estérel.
Les premiers Orangers couverts de fruits
que l’on était heureux de voir en traversant
la vieille cité romaine de Fréjus ( Fretum
Julii) sont littéralement cuits, ainsi que les
feuilles des jeunes Dattiers {Phoenix dacty-
lifera).
Saint-Raphaël a subi de grandes pertes.
Dans le jardin même de la gare, non seule-
ment les Faux-Poivriers ( Schinus Molle),
les Eucalyptès ont perdu leur feuilles, mais
les Phoenix canariensis, dont le feuillage
est pourtant si résistant, ont eu leurs frondes
gelées. Cela n’a rien d’étonnant, car Saint-
Raphaël est ouvert à tous les vents, celui
du nord particulièrement. C’est décidément
une localité surfaite, et où il s’est agi plu-
tôt de faire monter le prix des terrains pour
la spéculation que de conseiller aux acqué-
reurs une station hivernale judicieusement
choisie sur le littoral parmi tant d’autres
bien mieux abritées qu’elle.
Dès qu’on a franchi les derniers contre-
forts de l’Estérel, et que s’ouvre devant
nous le golfe de la Napoule, on sent vrai-
ment que la température devient plus douce,
et la meilleure preuve en est fournie par
l’état actuel des jardins. Les feuilles des Eu-
calyptus ne sont plus grillées que dans les
jardins les plus exposés, et les pertes sont
insignifiantes.
Dans le jardin de feu M. Dognin, situé à
une altitude moyenne de 50 mètres supra-
marins, on a bien constaté que les Kentia,
les Fourcroya, les Areca, les Alsophila,
quelques Oreopanax , Ficus, Strelitzia,
Dammara, ont été sérieusement touchés
dans leurs extrémités, mais que d’espèces
heureusement restées indemnes, et qui
n’auraient pas résisté dans les localités que
nous venons d’énumérer !
Notre collaborateur niçois, M. Fissant,
nous résume ainsi les dégâts commis par
les froids survenus dans la région qu’il
habite :
L’orage de neige qui a sévi du 27 au 28 dé-
cembre a eu de déplorables résultats. Nous
avons eu à Nice, ce qui était tout à fait excep-
tionnel, de 20 à 25 centimètres d’épaisseur de
neige. Le 28 au matin, le thermomètre était à
— 4° ; dans la nuit du 28 au 29, à — 6°; du
29 au 30, à — 5°. Du 30 au 31, le temps s’est
radouci, et le 1er janvier, nous avions un dégel
complet.
Comme résultats, les Roses et autres fleurs
cultivées dehors furent complètement perdues.
La plupart des cultures d’Œillets et de Résédas,
malgré l’abri des paillassons, furent également
atteintes en partie.
Le manque d’eau pendant le mois de sep-
tembre, les pluies froides du milieu d’octobre,
la brusque arrivée de l’hiver, tout cela avait
retardé ou annihilé la végétation de l’automne,
et les Rosiers commençaient seulement à mon-
trer leurs boutons, à l’exception de quelques
endroits privilégiés où les récoltes avaient déjà
été faites. Maintenant tout est fini et ce
désastre est ruineux pour beaucoup de culti-
vateurs.
Non seulement les fleurs ont péri, mais
la récolte des Oranges et des Mandarines est
également compromise. Nombre de végétaux
ont souffert terriblement ; non pas qu’ils soient
perdus au point de vue ornemental, car ils se
referont, mais ils n’ont plus actuellement de
valeur commerciale.
Que de tristes constatations ! Il faudrait
longtemps pour réparer de si grandes pertes,
si l’on ne connaissait l’étonnante force de
reconstitution des végétaux sous l’influence
du soleil méridional.
Ed. André.
LA COURTILIÈRE
Il existe un proverbe allemand qui con-
seille à un charretier dont la voiture va
rouler, charge et attelage, dans un préci-
pice, d’écraser d’abord une courtilière qui
traverse le chemin, avant de songer à sau-
ver sa charrette. On ne peut, certes, signa-
ler d’une façon plus énergique à l’animad-
version publique un insecte nuisible. Cet
Jt.etui e Horticole
Ici Cburtdière
LA COURTILIÈRE.
109
ennemi des potagers, ce fléau de la culture
maraîchère est digne d’attirer notre atten-
tion; examinons donc ensemble la courti-
lière ou taupe-grillon.
Sa physionomie singulière suffirait à
faire reconnaître la courtilière, même de
loin, entre tous ses congénères de l’ordre
des orthoptères. Un aspect sordide est le
propre de ce travailleur souterrain que la
lumière du soleil surprend rarement hors
de son terrier compliqué. Si on le voit
errer le long de quelque chemin en plein
jour, sa physionomie poudreuse, son air
lourd, sa démarche empruntée, attirent tout
de suite sur lui l’attention. On dirait un
de ces ouvriers carriers, dont le costume
usé et miroitant en maintes places est re-
couvert d’une épaisse couche de poussière
grisâtre. Au reste, rarement le rencontre-
t-on dans le jour; il faut à ce noctambule
les paisibles clartés de la lune, le calme des
belles nuits de l’été, pour qu’il se risque
hors de sa sombre demeure; recherchant
alors ses semblables, il prélude à ses noces
par ses aigres stridulations.
Long de 4 à 6 centimètres, d’un roux
ocreux quelque peu velouté, surtout sur le
corselet, le corps de notre insecte paraît
toujours sale; on le dirait enduit de quelque
terre jaunâtre. La tête petite, le corselet
long et rétréci en avant, les pattes anté-
rieures énormes, fortement dentelées, font
ressembler l’avant de cette bête à celui
d’une écrevisse ; mais l’arrière-train est non
moins typique. Sans compter les pattes de
la troisième paire, robustes et à cuisses
renflées, le reste du corps mérite quelque
mention. Deux filaments grêles terminent
l’abdomen, que l’insecte traîne après lui en
sa démarche lourde et inégale.
Énorme est ce ventre imparfaitement re-
couvert par les courtes élytres membra-
neuses, ressemblant par leurs nervures à
deux feuilles sèches, et sous elles sont re-
pliées les ailes, roulées à leur extrémité en
filets tortillés reposant sur l’extrémité du dos,
semblables à quelque parapluie mal roulé.
Telle peut être la description sommaire
de cet être. trop connu des cultivateurs
pour qu’il soit utile de le dépeindre plus
longuement. Qu’il nous suffise de dire
ses affinités zoologiques. La courtilière ou
taupe-grillon ( Gryllotal'pa vulgaris) est un
insecte orthoptère sauteur de la famille des
gryllides ou grillons, et l’on peut ajouter
qu’il représente, par sa forme plutôt ter-
restre, le trait de passage entre les coureurs
et les sauteurs.
Son allure générale est, en effet, plutôt
une marche lourde, -entremêlée parfois de
sauts de peu de hauteur et de petites tenta-
tives de vol pendant lesquelles, ouvrant ses
ailes, l’insecte décrit une courte trajectoire.
Mais malgré ces essais de locomotion aé-
rienne, vestiges possibles d’une existence
antérieure peut-être différente, notre cour-
tilière indigène est bien un insecte ter-
restre, et des plus terrestres.
Quand nous parlons d’existence anté-
rieure, nous entendons par là qu’à une
époque sans doute fort éloignée, avant que
les cultures n’eussent, en se répandant, fa-
cilité la vie de cet insecte néfaste, la cour-
tilière menait une existence plus active et
plus difficile. Or, il existe, dans l’archipel
indien, une autre espèce plus petite, qui
vole excessivement bien et vient tournoyer
le soir autour des lampes. Il me souvient
avoir souvent observé cet insecte soit le
jour, dans les plantations où il pullule, —
par exemple à Sumatra, — soit le soir sur
les tables des vérandahs de l’habitation,
autour des lumières, avec tout un peuple
d’insectes de divers ordres, sauterelles, noc-
tuelles, etc.
Évidemment, au début, la courtilière ne
devait pas être aussi commune en nos pays
que maintenant. Une des conséquences de
l’expansion des défrichements et des cul-
tures est de donner à certains insectes une
facilité plus grande d’existence, d’où une
multiplication exagérée. C’est ainsi que le
hanneton, peu commun en certaines ré-
gions, y est devenu ensuite un véritable
fléau, après le défrichement et la culture
des terres où primitivement ses larves
ne trouvaient pas une nourriture suffi-
sante.
Les cultivateurs savent tous que les cour-
tilières creusent de préférence leurs gale-
ries dans les sols meubles et sablonneux et
qu’on ne les trouve que rarement dans les
sols gras et lourds. Cependant, les terres
humides ne paraissent pas être défavorables
au développement de l’insecte nuisible.
Maintes cultures maraîchères sur terrains
riches en eau donnent asile à cette déplo-
rable engeance, et. l’on peut y suivre, par
les plants flétris ou malingres, la route sou-
terraine suivie par les mineurs pernicieux
coupant toujours devant eux les racines qui
se trouvent sur leur passage.
Quels que soient les dégâts causés par cet
insecte, quelque grande que soit la colère
du maraîcher, quelque fondées que se pré-
sentent les plaintes des jardiniers, il con-
110
LA COURTILIÈRE.
vient de ne pas condamner la courtilière
sans l’entendre.
Il est deux grands ennemis souterrains
de la culture ; quoique différents tous deux
par la taille et l’organisation, ils ont cela de
commun qu’ils détruisent toutes les racines
traversant leurs couloirs : nous entendons
parler de la taupe et de la courtilière. On
peut dire que le second, l’insecte, présente
plus d’un rapport avec le mammifère insec-
tivore, dont il semble la caricature réduite.
Même existence cachée, mêmes larges
mains de travailleur, même aspect furtif et
mêmes habitudes nocturnes.
Recommencer un plaidoyer en faveur de
la taupe n’est pas ici de mise; les cultiva-
teurs bien avisés savent la part qu’il faut
faire entre les dégâts causés par cet animal
et les services qu’il rend en dévorant les
vers blancs. Je ne veux m’occuper ici que
du taupe-grillon, et le montrer sous son
véritable jour; présenter d’une manière im-
partiale ses titres à la reconnaissance ou à
l’anidmadversion publique, et demander
pour lui ce qu’on ne refuse pas au dernier
des hommes, un jugement motivé de tri-
bunal civil, et non la procédure sommaire
d’une cour martiale.
La vérité est celle-ci : les courtilières
sont à la fois mangeuses de racines, de tu-
bercules et d’insectes ; les observateurs les
plus autorisés avancent même que les par-
ties souterraines des plantes sont coupées,
mais non dévorées, par l’orthoptère mineur.
Un des plus récents travaux généraux dont
s’est enrichie notre entomologie est l’édition
française de V Histoire des Insectes , de
Brehm, dont M. Künckel d’Herculais a fait
une remarquable traduction. Je lui em-
prunte le passage suivant :
« L’opinion qui a prévalu jusqu’ici est
celle qui considère cet insecte (la courtilière)
comme se nourrissant de racines ; elle est
infirmée depuis quelque temps par plu-
sieurs observateurs qui l’ont vu choisir
pour aliment des vers, des larves, et même
sa propre progéniture ; d’après eux, il ne
rongerait que les racines des plantes situées
au-dessus de son nid et ne causerait de
préjudice à la végétation qu’en fouissant et
en ameublissant le sol à cet endroit. Ces
deux opinions peuvent être vraies l’une et
l’autre ; les taupes-grillons, comme d’autres
orthoptères, peuvent adopter une alimen-
tation végétale sans faire fi des autres in-
sectes qui viennent les approcher de trop
près. Ayant réuni un très-grand nombre de
ces orthoptères pour des recherches anato-
miques, j’en profitai pour étudier le con-
tenu de leur canal alimentaire, aussitôt
qu’ils étaient capturés, et pour rechercher
quel pouvait être leur mode d’alimentation
favori. A l’autopsie, je rencontrai dans
toute la longueur de leur tube digestif et
surtout dans leur intestin, des débris de
fourmis; pattes, antennes, têtes, étaient par-
faitement reconnaissables. Quant à ceux
que je gardai en captivité, il me fut aisé de
les conserver plusieurs semaines dans des
vases remplis de terre meuble, en les nour-
rissant avec des vers de farine et des vers
de vase sur lesquels ils se précipitaient avec
avidité, lorsqu’on les leur présentait au
bout d’une pince. Comme ils vivent presque
uniquement sous terre, ce sont les larves
souterraines qui deviennent leur proie;
mais les racines sont coupées lorsqu’elles
les gênent dans leurs explorations. »
Au reste, il est facile de se rendre compte
de l’extrême voracité de ces insectes ; il suf-
fit d’en enfermer un certain nombre dans
un même vase, avec de la terre et des ra-
cines. Au bout de quelques jours, les plus
faibles courtilières ont été dévorées par les
autres ; et les survivantes, couvertes de
blessures, attestent, par leur abdomen en-
taillé, que ce n’a pas été sans une lutte
terrible, que la victoire leur est restée.
La viande crue ne paraît pas non plus leur
déplaire, et souvent elles se jettent dessus
avec avidité ; c’est au point que l’on peut
l’employer comme appât pour les attirer et
les détruire.
Un fait vraiment remarquable, cité par
Nordlinger, à qui d’ailleurs nous en laissons
la responsabilité, prouve surabondamment la
voracité des courtilières. On avait coupé en
deux, d’un coup de bêche, un de ces in-
sectes; quelque temps après, le jardinier
retrouva le train de devant fort occupé à
dévorer le train de derrière. Peut-être le
taupe-grillon mutilé essayait-il de récupé-
rer, par assimilation, ce qu’il avait perdu
par amputation !
Nous avons dit que la courtilière creusait
des conduits souterrains à la manière de la
taupe; comme elle aussi elle rejette en un
petit tas, sorte de taupinière, les déblais de
son terrassement ; ces petites saillies indi-
quent à l’observateur le voisinage d’un nid.
L’entrée de cette habitation affecte d’abord
une direction horizontale, puis s’enfonce
plus ou moins verticalement dans la terre.
De ce primitif conduit rayonnent en di-
vers sens d’autres boyaux donnant à l’en-
semble du souterrain l’aspect d’une spire
LA COURTILIÈRE.
111
compliquée à laquelle s’adjoint un puits pro-
fond de plus d’un pied servant de dernière
retraite à la femelle en cas de danger. Tous
les terriers divergents sont autant de gale-
ries de chasse, ayant environ deux centi-
mètres de diamètre ; c’est par là que l’in-
secte s’enfonce dans la terre, coupant toutes
les parties souterraines des plantes qui s’op-
posent à son passage. On peut jalonner
sûrement de l’extérieur la direction de ces
galeries par l’aspect misérable des végétaux
lésés dans leurs organes essentiels. Les nids
de courtilières sont presque toujours situés
dans les terrains sablonneux ou légers, dé-
couverts, exposés au soleil.
On pourrait croire que la pluie inonde
facilement ces nids et en chasse les habi-
tants ; il n’en est rien cependant. Outre
l’habile disposition, presque horizontale, de
l’entrée, le puits profond est destiné aussi à
servir de réservoir où s’accumule l’eau des
pluies, et la terre a toujours absorbé le
contenu de ce réservoir avant qu’il ne
déborde.
La courtilière semble cacher ses amours
avec un soin jaloux et ne célébrer ses noces
qu’avec mystère, à la faveur des ombres de
la nuit. C’est de la seconde quinzaine de
juin à la première de juillet que les insectes
s’accouplent : à cette époque on entend les
mâles striduler et grésiller pendant les
belles soirées ; c’est là leur chant d’amour,
qui n’est pas sans rapport avec le cri du
grillon, mais plus faible.
La femelle fécondée prépare immédia-
tement un nid confortable où elle puisse
vaquer en paix aux devoirs de la maternité,
et c’est dans ses galeries contournées,
creusées avec art, qu’elle pond de deux
cents à trois cents œufs, d’un jaune ver-
dâtre, de la grosseur d’un grain de chènevis.
Cette ponte a lieu en plusieurs fois.
Certes, ce n’est pas chez les courtilières
qu’il faut aller chercher ces grands exem-
ples de dévouement maternel dont le moyen
âge s’est plu à exagérer la portée, en
donnant le pélican pour modèle. Les bons
sentiments des taupes-grillons sont main-
tenant bien connus et l’on sait que ces
mères dénaturées, loin de couver leurs œufs
comme le croyaient les anciens auteurs,
ne les considèrent en partie que comme
une réserve alimentaire pour les dernières
journées de l’automne, auxquelles elles ne
paraissent pas survivre. En effet, aussitôt
que, de toutes parts, une nombreuse progé-
niture sort des œufs autour de la mère
blottie dans son terrier, la créature vorace
dévore une bonne partie de la couvée et
laisse le reste se tirer d’affaire sans autres
soins. Quelques auteurs affirment cepen-
dant que ce n’est pas la mère qui dévore
ainsi ses propres enfants, mais bien les
mâles ou d’autres femelles qui rencontrent
ces petits sur leur passage.
Les petites larves sortent des œufs au
bout d’environ trois semaines et subissent
une première mue; alors le petit clan se
disperse et s’en va chercher fortune un peu
partout. Environ un mois après a lieu une
seconde mue, et à la fin de septembre les
jeunes insectes rejettent une troisième fois
leur défroque trop étroite. Ils ont alors une
longueur moyenne d’un peu moins de
3 centimètres. Gomme toutes les larves des
orthoptères, ces petites courtilières ressem-
blent beaucoup à leurs parents, à la taille
près, mais ne possèdent ni élytres, ni ailes.
Ce n’est qu’après l’hivernage qu’une qua-
trième mue les voit passer à l’état de
nymphes ; elles possèdent alors des rudi-
ments d’ailes et d’élytres. Ces rudiments
vont, dès lors, en augmentant d’importance,
et vers la fin de mai l’insecte paraît avec son
organisation entière et sa taille définitive ;
il est alors parfait , c’est-à-dire qu’il repré-
sente la forme apte à reproduire son espèce.
Destruction. — On a proposé divers
moyens pour combattre les courtilières, et
la destruction de ces insectes est assez ai-
sée, car ils sont volumineux et faciles à
poursuivre lorsqu’ils ont l’imprudence de
se montrer au dehors. Pour les attirer hors
de leurs retraites, on use de divers appâts.
Les uns préconisent l’exposition, pendant la
nuit, d’un morceau de viande crue autour
duquel les insectes voraces se réuniraient
et s’oublieraient aux premières heures du
jour comme des viveurs alourdis, surpris
par l’aurore autour d’une table bien servie.
Ce moyen est douteux ; il semble préférable
de disposer sur les terrains attaqués par les
taupes-grillons des tas de fumier sous les-
quels les insectes se réfugient, soit que la
chaleur dégagée les attire et les retienne,
soit qu’ils trouvent, dans les nombreuses
larves qui y abondent, un aliment à leurs
instincts carnassiers.
On recommande encore de déposer des
paillassons à plat, sur le sol préalablement
mouillé, lorsque vient la nuit, au prin-
temps et dans l’eté. On laisse le reste des
planches de légumes sans l’arroser, et le
lendemain matin on peut capturer facile-
ment les courtilières qui se sont réfugiées
en quantité sous cet abri.
112
LA VILLA VALETTA, A CANNES.
Dans les couches à Melons, ou dans les
planches de semis préparées pour les fleurs
de pleine terre, où chaque matin l’on constate
que ces redoutables insectes ont creusé des
galeries superficielles en tous sens, au grand
détriment des jeunes plants, voici comment
on opère la chasse aux courtilières. On se
munit d’un arrosoir et d’un entonnoir ; avec
le dos du doigt couché à plat et légèrement
enfoncé dans le sol, on suit les galeries
superficielles jusqu’à ce qu’on les sente
s’enfoncer verticalement. On pique alors
le doigt en terre, on élargit le trou, et
l’on applique l’entonnoir à l’orifice. Quel-
ques gouttes d’huile sont versées de-
dans, puis de l’eau en abondance. Cette
eau faiblement huilée parvient bientôt jus-
qu’à l’animal, qui remonte pour respirer et
vient mourir as phyxié à la surface du
sol.
Si l’on veut détruire l’ennemi dans son
fort, on peut rechercher la position des
nids et les inonder; puis, lorsque la
terre est bien imbibée, que l’eau arrive
presque au niveau des orifices, on verse de
l’huile lourde, de la benzine, du pétrole,
et c’est dans cette couche liquide que
vient expirer l’insecte fuyant l’invasion de
l’eau.
Une bonne pratique serait encore d’en-
terrer à fleur de terre des vases pleins
d’eau, où les courtilières tombent et se
noient au cours de leurs excursions noc-
turnes; mais ces pièges font également
des victimes parmi force animaux utiles qui
errent aussi pendant la nuit.
L’emploi du sulfure de carbone, expéri-
menté depuis quelques années seulement,
paraît avoir donné de bons résultats. On
peut faire tout simplement, de distance en
distance, de petits trous à l’aide d’un pieu,
et y verser un peu de sulfure de carbone ;
on tasse ensuite fortement la terre tout
autour du trou, pour empêcher l’évapora-
tion, qui se produira alors lentement à
l’intérieur du sol, et tuera les courtillières.
Mais ce procédé est un peu primitif, et
l’emploi du sulfure de carbone présente
toujours des dangers.
On a remplacé ce procédé direct par
l’emploi de capsules renfermant des quan-
tités déterminées de sulfure de carbone. La
Revue horticole en a, d’ailleurs, parlé à
plusieurs reprises. On enterre les capsules
à 10 ou 15 centimètres de profondeur dans
les plates-bandes envahies ; l’évaporation du
sulfure se fait graduellement, et l’on assure
que les courtilières ne résistent guère à ces
émanations.
Enfin, la Revue horticole a signalé, il y
a longtemps déjà (1), un piège spécial,
qui n’est autre qu’un petit tube, en bois ou
en fer, fermé à l’une de ses extrémités et
ouvert à l’autre, mais disposé de telle sorte
que la courtilière, une fois entrée, ne peut
plus sortir. Nous le signalons pour mé-
moire, et afin de mentionner tous les pro-
cédés de destruction, mais l’usage ne s’en
est pas répandu, et on est en droit de sup-
poser que les résultats n’ont pas été satis-
faisants.
En résumé, les tas de fumier, l’emploi
de l’huile et celui des capsules au sulfure
de carbone suffisent, avec beaucoup de
soins et de vigilance, pour débarrasser nos
cultures de ce redoutable ennemi.
Maurice Maindron.
LA VILLA VALETTA, A CANNES
Depuis la mort de son propriétaire, M. Do-
gnin, ce magnifique jardin, si admiré des
visiteurs du littoral méditerranéen, n’a pas
périclité entre les mains du jardinier en chef,
M. Riffaud. Au contraire, il semblerait que
les soins intelligents apportés à tant de ri-
chesses horticoles n’ont fait qu’augmenter.
Les amateurs de jardins ne pourront que
féliciter les héritiers de M. Dognin, d’avoir
tenu à honneur de conserver intacts tous
ces trésors.
Leur possesseur ne les montrait qu’à bon
escient. Il fallait lui être dûment présenté
pour pouvoir pénétrer dans la propriété, et
il tenait strictement à accompagner ses
visiteurs dans leur promenade. Chaque
plante était l’objet d’une dissertation. Tout
Palmier avait son histoire ; pas une Cyca-
dée ou une Fougère arborescente qui ne
donnât lieu à d’intéressantes observations
sur sa rareté, sa culture, sa résistance aux
intempéries, etc. On a critiqué cette passion
en apparence jalouse et minutieuse du pro-
priétaire; nous n’y voulons voir que l’a-
mour des plantes absorbant entièrement un
homme de loisir. Il charmait ainsi ses vieux
jours, et se reposait d’une longue carrière,
jadis passée dans les soucis du travail in-
(1) Voir Revue horticole , 1855, p. 447.
LA VILLA VALETTA, A CANNES.
113
PLAN
du Jardin de la villa Valetta
A CANNES
(Les chiffres entre parenthèses indiquent
les cotes d’altitude au-dessus du niveau de
la mer;)
Échelle de 0” ,00074 pour mètre.
LEGENDE.
1. Habitation principale.
2. Maison de concierge.
3. Poulailler et pigeonnier.
4. Kiosque.
1. Groupe de Chamœrops Fortunei .
2. Livistona chinensis.
3. Araucaria excelsa.
4. Groupe de Dracœna indivisa.
5. Groupe de Cocos botryophora.
6. Washingtonia filifera.
7 et 8. Araucaria excelsa.
9. Passage rocheux enveloppé de
Yucca aloe folia.
10. Washingtonia filifera.
11. Groupe d’ Araucarias divers.
12. Groupe de Chamœrops humilis.
13. Bosquet de Fougères arborescentes.
14. Sous-bois de Kentia variés et
d’Areca Bauer i.
15. Groupe d 'Opuntia, Aloe , Cereus,
Mamillaria, etc.
16. Groupe de Citronniers.
17. Groupe d’ Agaves.
18. Grands Magnolia grandifiora.
19. Grands Phœnix dactylifera.
20. Brahea nitida en fruits.
21. Groupe d 'Agave ferox.
22. Massifs de Rhododendrons.
23. Groude de Cocos variés, de grandes
dimensions.
24. Jubœa spectabilis.
25. Rocher garni deCycadées et plantes
très-diverses.
26. Groupe de Phœnix variés.
27. Washingtonia robusta.
28. Phœnix reclinata fort.
29. Sabal havanensis.
30. Groupe d 'Opuntia maxima.
31. Dasylirion longifolium.
32. Groupe de Washingtonia robusta.
33. Orangers à fruits doux.
34. Phœnix canariensis très-fort.
35. Sabal Blaclcburniana,
36. Corypha australis.
37. Groupe d 'Agave Salmiana varie-
gata.
38. Araucaria Bidwilli.
39. Phormium panachés variés.
40. Bambusa nigra, fortes touffes.
41. Groupe de Phœnix reclinata.
42. Groupe de Cocos Romanzoffiana.
43. Grand massif d’ Agaves en collec-
tion.
44. Groupe de Bambuza Mazeli.
45. Groupe de Bambusa mitis.
46. Groupe de Bambusa variés.
7. Groupe de Chamœrops et
gères.
48. Groupe d’Azalea indica.
49. Cocos divers de grande dimen-
sion.
50. Massif de Gardénias.
51. Massif de Palmiers, arbres et ar-
bustes divers.
52. Rhapis fiabelliformis.
53. Livistona australis.
54. Cocos australis.
55. Cocos Romanzoffiana.
56. Cocos botryophora .
57. Syagrus majestica.
58. Cocos Yatai.
59. Cocos Blumenavia.
60. Cocos fiexuosa.
61. Cocos Datil.
62. Brahea Roezlii.
63. Groupe d’Aralia Sieboldi.
64. Dracœna indivisa.
65. Grands Yuccas de diverses
pèces.
66. Araucaria excelsa glauca.
67. Phœnix leonensis.
68. Thrinax Chuco.
69. Brahea egregia.
70. Brahea calcarea.
71. Massif d’arbres et d’arbustes di-
vers.
72. Corbeilles et décorations florales.
73. Chamœrops Martiana.
74. Petite pépinière.
75. Jubœa Torallyi.
76. Groupe de Musa Ensete.
■r5*.48)
114
LA VILLA VALETTA. A CANNES.
dustriel où il avait légitimement acquis une
grande fortune.
Des deux villas de M. Dognin, l’une, pla-
cée au sommet du coteau sur le chemin dit
de la Californie, se nommait « Valetta », et
l’autre « Camille-Amélie », donnant sur la
route d’Antibes.
Nous ne nous occuperons aujourd’hui que
de la première.
Au cours d’une visite à la villa Valetta, le
promeneur restait sous le charme de ce qu’il
voyait ; il s’absorbait volontiers dans la con-
templation des jolis effets d’ensemble, du
groupement des feuillages exotiques, de la
grâce des vallonnements, du choix des végé-
taux, de la beauté et de la rareté des exem-
plaires. Le tout était rehaussé par le charme
des vues dirigées habilement sur de déli-
cieux lointains. A droite et en face, c’est-à-
dire à l’ouest, le massif de l’Estérel, la
ville de Cannes, la Croisette, Pile Sainte-
Marguerite couchée au milieu de la mer ; à
gauche, le cap d’Antibes, et tout au loin à
l’est, les cimes neigeuses des Alpes. Le ta-
bleau était vraiment la réalisation d’un
beau rêve, quand le ciel pur du midi,
éclairé par un chaud soleil, dorait et ré-
chauffait de ses rayons, en plein hiver, cet
incomparable paysage.
A la sortie, la réflexion venait. On se
demandait comment ce beau jardin était
dessiné. Cet invariable « tour du proprié-
taire », si charmant d’ailleurs, l’esprit n’en
retrouvait pas bien les éléments. On
n’aurait pas davantage pu dire la contenance
approximative du terrain, si habitué que
l’on fût à de semblables évaluations.
C’est qu’en effet, le tracé de ce jardin sor-
tait des données connues. Il avait été com-
biné avec un art consommé pour donner
l’illusion d’une plus grande étendue que sa
surface réelle. C’était comme le mytholo-
gique labyrinthe de Crète, mais avec cette dif-
férence que la longueur des contours ne fai-
sait nullement désirer un fil d’Ariane, quand
on errait dans ses méandres.
Nous nous étions souvent demandé quel
effet ce tracé produirait sur le papier, et
nous mettons enfin aujourd’hui, sous les yeux
de nos lecteurs, le plan exact de la villa Va-
letta (fig. 24). Il pourra intéresser les ama-
teurs et les dessinateurs de jardins, en don-
nant le secret des artifices employés dans
son dessin, pour obtenir cette curieuse
étendue fictive. Qui croirait, par exemple,
que la superficie totale du jardin n’atteint
pas 2 hectares, alors qu’aux yeux de tous
elle paraît occuper une surface de 5 à
6 hectares. Sa contenance exacte est de
18,871m12.
Suivons, si vous le voulez bien, l’itiné-
raire que le propriétaire faisait suivre à ses
hôtes, et l’explication se fera d’elle-même.
De son habitation, située au n° 1, M. Do-
gnin venait prendre ses visiteurs à la grille
d’entrée, près de la maison du concierge
(n° 2). Puis, se dirigeant vers la villa, entre
des massifs de Chamærops excelsa bordés
de Lauriers-Amandes, on tournait à droite,
et l’on suivait une charmante allée bordant
une pelouse semée de grands Araucaria
excelsa et de groupes de Washingtonia
filifera. Arrivé à un endroit ombragé par
de grands Magnolia grandiflora , une scène
de grandes Fougères arborescentes, de Ken-
tias abrités, de Gycadées, de Broméliacées
et d’une profusion de plantes variées, mon-
trait ce que peuvent produire des soins
judicieux appliqués à des plantes que l’on
voit rarement prospérer en plein air sur
notre littoral méditerranéen.
On tourne brusquement , et l’aspect
change du tout au tout. Se repliant sur elle-
même, l’allée traverse un petit paysage de
Cactées à l’aspect rébarbatif mais très-or-
nemental, et où les formes bizarres des tis-
sus charnus s’ajoutent à l’éclat des flo-
raisons.
Puis la promenade se continue à travers
de magnifiques Palmiers très-variés, parmi
lesquels d’énormès Phoenix canariensis
couverts de leurs énormes régimes dorés.
Près de l’habitation, qu’entourent des filets
délicats d ’ Ionopsidium acaule en fleurs,
une scène très-pittoresque se compose prin-
cipalement de grands Cocotiers variés, du
Brésil austral, groupés sur une pelouse qui
descend à la pièce d’eau bordée de roches
pittoresquement garnies de végétation.
Le ruisseau qui l’alimente court au mi-
lieu des grands Bambous de la Chine et du
Japon, des Azalées, des Camellias, des
Bruyères variées, et ramène le promeneur
dans un autre site accidenté, terminé par le
rond point n° 6. De là, encadrant admira-
blement les lointains déjà cités, la vue passe
entre des massifs de Conifères, de Palmiers
et surtout d’Agaves gigantesques groupés
en perfection.
En examinant la place avec un peu d’at-
tention, on remarquera que, de ce rond-
point, il n’y a pas de communication avec la
première partie de la promenade, si ce n’est
par le long détour obligatoire que nous
avons fait dès le commencement. Cette
disposition, combinée avec les différences de
PÊCHER HYBRIDE QUETIER.
niveau, dont on peut suivre le développement
sur les « cotes » duplan, est tout le secret
de l’illusion de surface dont nous parlions
précédemment. Mais cette illusion ne s’ob-
tient que si le visiteur est assez captivé
pour n’avoir pas la tentation d’abréger la
promenade, et de couper au court à travers
les pelouses. C’est ce résultat qui a été
obtenu très-complètement à la villa Va-
letta.
Ajoutons, à ces attractions diverses que la
tenue du jardin, sous lés ordres de M. Rif-
faud, est irréprochable, que les gazons sont
verts et fins, que les. plantes n’ont pas une
feuille meurtrie, que l’intérêt produit par
des floraisons ou des fructifications rares ne
cesse jamais dans le cours de l’année, et
115
l’on aura ainsi une idée des agréments de
ce séjour pour un ami des jardins.
Pour l’amateur de belles plantes, la lec-
ture de la légende de notre plan aura un vif
attrait. S’il songe que la plupart des espèces
citées dans cette liste, sont représentées par
de superbes exemplaires, il verra que la
visite à une pareille collection doit présen-
ter un intérêt de premier ordre.
Aussi est-il désirable que la propriété,
qui va être prochainement vendue, passe
entre les mains d’un acquéreur sachant
apprécier toutes ces belles plantes, désireux
de les conserver, d’en accroître le nombre,
et assez libéral pour en permettre, comme
par le précédent possesseur, l’accès au
public horticole. Ed. André.
PÊCHER HYBRIDE QUÉTIER
Si une plante mérite le qualificatif
hybride , c’est bien certainement celle dont
nous allons nous occuper, qui, comparati-
vement à la plupart «de celles qui portent
cette définition, pourrait être appelée un
superhybride. En effet, d’après la théorie
scientifique admise, V hybride est le ré-
sultat d'une fécondation faite entre deux
espèces différentes, d’où il s’ensuit que,
pour qu’une plante soit vraiment hybride,
ses parents doivent être du même genre,
mais d’espèce différente. Or, comme per-
sonne ne peut dire ce que c’est qu’une
espèce, il en résulte que l’hybride ne peut
être défini. Il en est tout autrement pour
la plante dont nous parlons, qui a pour pa-
rents deux genres différents : elle est née
d’une fleur de Pêcher Grosse-Mignonne,
fécondée par une à’ Abricotier-Pêche. Cette
opération a été faite par un praticien con-
sommé, feu Quétier, dont le nom est
bien connu en horticulture, et tout particu-
lièrement des lecteurs de la Revue horti-
cole, dont il était collaborateur. Voici les
principaux caractères que présente cette
très-remarquable plante :
Arbre de bonne vigueur. Scions à écorce
vert pâle, parfois légèrement violacée. Feuilles
planes, relativement courtes, ordinairement
un peu cloquées vers la nervure médiane,
très-courtement dentées. Glandes réniformes,
petites, souvent placées sur le pétiole. Fleurs
campanulées, très-courtes, à peine légèrement
ouvertes, de couleur gris terne ou lilas ar-
doisé ou vineux; divisions calycinales velues-
tomenteuses; pétales courts à étamines légè-
rement saillantes. Fruit de grosseur moyenne,
un peu aplati, profondément et largement
sillonné d’un côté, portant au sommet un petit
mucron conique. Peau sensiblement mais
courtement duveteuse, d’un vert jaunâtre,
marbrée, bandelettée sur les parties fortement
insolées. Cavité pédonculaire évasée, arrondie,
peu profonde. Chair très-fortement adhérente
au noyau, d’un blanc mat très-sensiblement
jaunâtre, ferme, coriace, d’une saveur parti-
culière ; eau assez abondante, mais manquant
un peu de sucre. Noyau très-dur, légèrement
rustiqué.
Cette variété, qui mûrit dans la pre-
mière quinzaine d’octobre, et qui peut se
conserver longtemps au fruitier, n’est pas
très-méritante, mais elle n’en est pas moins
précieuse au point de vue scientifique.
En ce qui concerne la qualité, il ne faut
pas se presser de conclure, par cette
double raison que le fruit est tardif, et que,
cette année, les Pêches qui avaient un re-
tard de trois semaines pour la maturité
étaient aussi de qualité médiocre, au
moins.
La Pêche hybride Quétier est très-inté-
ressante par les caractères intermédiaires
de son fruit qui, bien qu’ayant extérieure-
ment les caractères d’une Pêche, s’en dis-
tingue néanmoins par la couleur de sa
chair, qui rappelle un peu de celle d’un
Abricot. E.-A. Carrière.
116
LES MUSACÉES ORNEMENTALES ET ÉCONOMIQUES.
LES MUSACÉES ORNEMENTALES ET ÉCONOMIQUES (1)
LES RAVENALA, LES STRELITZIA, LES HELIGONIA.
Les Ravenala.
Les Musacées, si remarquables par les
proportions peu communes et la beauté des
plantes herbacées qu’elles contiennent, en
possèdent aussi quelques-unes qui de-
viennent de véritables arbres, comparables
à certains Palmiers par la hauteur et la
grosseur de leurs tiges, quoiqu’elles en
diffèrent essentiellement par leur feuillage.
La plus célèbre de ces Musacées arbores-
centes est le Ravenala madagascariensis,
Adans. (Ui'ania speciosa,'Wi\\d., U. mada-
gascariensis, Raeuseh., Voatfousi, Fla-
court). Sonnerat découvrit le premier cette
magnifique plante, qui est, de la famille des
Musacées, l’espèce la plus anciennement
connue et la plus anciennement introduite
dans les serres chaudes del’Europe. Elle
est originaire, comme son nom l’indique,
de la grande île de Madagascar; son nom
vulgaire est Ravenala, qui signifie « feuille
des forêts ».
Dans les pays tropicaux, cette plante de-
vient arborescente et atteint de 10 à 12 mè-
tres de hauteur ; elle est terminée par des
feuilles distiques, étalées en forme de gi-
gantesques éventails, d’un vert glauque, à
pétiole long, tubuleux, rayonnant autour
d’un axe unique. L’ensemble des feuilles
de cette Musacée contribue à son effet pit-
toresque au milieu des autres feuillages qui
l’environnent. Les fleurs sont disposées
en grappes axillaires, solitaires, étalées, et
sortent des aisselles des larges pétioles au
sommet de l’axe ; les spathes sont ovales-
aiguës, coriaces, naviculaires, renfermant
chacune à peu près dix fleurs; le périanthe
a six segments distincts, linéaires, dont
un plus petit ; les six étamines sont longues,
à anthères basifixes. Le fruit est subdru-
pacé, à épicarpe coriace, charnu, à endo-
carpe osseux, s’ouvrant en valves loculaires ;
les graines sont ombiliquées et enveloppées
dans une arille d’un bleu magnifique. Ces
graines contiennent de la farine que les
indigènes font cuire avec du lait, et qui
leur sert de nourriture; l’arille pulpeux
qui les entoure donne une huile volatile
abondante qu’ils emploient à divers usages.
(1) Voir Revue horticole , 1888, pp. 32, Q8 et 85.
D’après le révérend Ellis, le Ravenala
servirait dans toute la partie orientale de
file de Madagascar. Ses feuilles sont em-
ployées à couvrir les toits des maisons;
leurs robustes troncs et leurs pétioles, soit
entiers, soit fendus, sont employés à faire
des cloisons dans l’intérieur, quelquefois
même à construire les parois extérieurs des
habitations. L’écorce fibreuse du tronc,
après avoir été assouplie par le battage, sert
à parqueter les appartements. Le révérend
Ellis se rappelle avoir vu une vaste pièce
dont le parquet se composait de planches
de cette nature, larges d’au moins 50 centi-
mètres chacune, et longues de 6 à 10 mè-
tres. Le limbe de la feuille sert encore à
l’emballage de toutes sortes d’objets qu’il
garantit bien de la pluie. Enfin, il s’en vend
tous les jours de grandes quantités sur les
marchés pour divers usages domestiques,
par exemple, pour tenir lieu de nappes et
d’assiettes. Des fragments de ces feuilles,
pliées de diverses manières, servent même
de cuillers, de vases à boire et d’écopes
pour vider les embarcations.
Le Ravenala est très-commun dans la
vaste forêt d’Almazoatra.
Cette plante a été aussi nommée « Arbre
du voyageur », parce qu’on lui a attribué
la propriété de sécréter, de la base de ses
feuilles, une eau limpide qui serait une
ressource pour le voyageur altéré. Ces
feuilles, engainantes par leur base, et ser-
rées les unes contre les autres au voisinage
de leur insertion sur la tige, conservent
quelque temps, en effet, l’eau de pluie qui y a
découlé en suivant le pétiole. On peut la
faire jaillir en perçant la base de ce der-
nier. Quant à désaltérer le voyageur, il est
douteux qu’elle y ait jamais servi, car
l’arbre ne croit que dans les lieux où l’eau
abonde.
Cette plante est très-répandue dans les
jardins publics et particuliers au Brésil, où
elle a été depuis longtemps importée. Ce
fut à Rio-de- Janeiro que je vis, pour la pre-
mière fois, cette Musacée en pleine terre;
je la revis ensuite, en 1879, à Pétropolis,
ainsi que dans une propriété immense si-
tuée près d’une station de chemin de fer
entre Juiz de Fora et La Ma tiquera. Ce beau
domaine est traversé par une rivière sur
LES MUSACÉES ORNEMENTALES ET ÉCONOMIQUES.
117
les bords de laquelle sont plantés des Ra-
venala , qui produisaient, à cette époque
déjà, un effet merveilleux; aujourd’hui, ces
plantes, ayant acquis tout leur accroisse-
ment, doivent donner à ce parc un aspect
plus pittoresque encore, augmenté par la
réunion d’une foule de plantes indigènes
qui trouvent à développer, sous ce climat
tropical, une luxuriante végétation une flo-
raison splendide, ainsi qu’une production
abondante de fruits et de graines.
Cette plante a été importée aux Seychelles,
à la Réunion
et autres pays
tropicaux. Les
serres du Mu-
séum de Paris
possèdent, de-
puis long-
temps, un Ra~
venala mada-
gascariensis
qui mesure de
5 à 6 mètres
de hauteur.
Cette Musacée
ne se cultive
en Europe que
dans les serres
chaudes hu-
mides; elle se
multiplie de
graines semées
en terre de
bruyère sur
couche chaude.
Les Strelitzia.
Deux autres
Musacées ar-
borescentes,
qui ressem-
blent, par le
port et le feuil-
lage, au Ra-
venala, ont été, à une certaine époque,
importées de l’Afrique australe. Ce sont les
Strelitzia , représentés en Europe par de
grands échantillons qu’on y a même vus
fleurir plusieurs fois. L’un est le Stre-
litzia augusta, Thunb. ( Heliconia alba,
Lin.), découvert par Thunberg dans le
pays d’Anteniqua, près de la rivière Pisang;
l’autre est le .S Nicolai.
Le Strelitzia augusta est une espèce
qui s’élève à la hauteur de 6 à 8 mètres, et
qui diffère de ses congénères par la blan-
Fig. 25. — Strelitzia reginœ,
Au 1/10 de grandeur naturelle.
cheur de ses pétales. Le S. Nicolai est
semblable au précédent par la taille (1) et
la forme, mais ses pétales sont bleus. La
fleur de ce dernier rappelle presque entiè-
rement, par son coloris, où le bleu et
l’orange se réunissent, celle du S. reginæ.
D’autres espèces herbacées sont très-or-
nementales par leurs feuilles et leurs fleurs :
1. Strelitzia reginæ , Ait. (fig. 25), du cap
de Bonne-Espérance, introduit en Angleterre
en 1778. Les pétioles ont environ plus de
2 mètres; les sépales sont d’un beau jaune
orange, les pé-
tales d’un bleu
magni fique.
Le S. reginæ
a fourni les
variétés sui-
vantes : S. re-
ginæ flava ,
Hort., sépales
d’un jaune pâ-
le; S. reginæ
humilis, Hort.
(S. pumila),
taille plus nai-
ne, sépales
pâles.
2. S. ovata,
Hort., Kew.,
feuilles moins
élevées que
dans le S. re-
ginæ.
3. S. angus-
ti folia (junci-
folia], deman-
dant moins de
chaleur.
4. S. spa-
thidata, Hort.,
ou S. juncea.
5. S. parvi-
folia, Hort.,
et juncifolia,
qui sont des
variétés du S. angustifolia.
6. S. Nivenii, hybride du S. reginæ .
Les Strelitzia se cultivent comme les
Bananiers; ils demandent un sol frais et
substantiel, très-riche en fumure. La mul-
tiplication de ces belles plantes se fait par
la division de drageons.
(1) Il est souvent aussi beaucoup plus élevé.
Nous avons vu en 1869, dans les serres du Jardin
botanique de Saint-Pétersbourg, des Strelitzia
Nicolai dont les troncs mesuraient 28 mètres de
hauteur. Ed. A.
118
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
Les Héliconia.
Les Héliconia sont des plantes herba-
cées et 'vivaces qui croissent sous l’épais
rideau de verdure des forêts vierges de
l’Amérique tropicale. Une des plus belles
espèces de ce genre est Y Héliconia Bihai,
des Antilles, qui atteint une hauteur de
2 mètres. Ses feuilles sont elliptiques et
presque aussi grandes que celles des Bana-
niers ; son inflorescence est un grand épi
de bractées distiques, aiguës, de forme na-
viculaire, colorées de jaune et de rouge, à
l’aisselle desquelles sont des fleurs blan-
châtres et insignifiantes.
Les autres espèces sont :
Héliconia metallica ( angustifolia ou
bicolor ), à bractées florales rouge carmin,
avec une étroite bordure jaune ;
H. psittacorum, Lin. fils, de l’Amé-
rique méridionale (Grandes Antilles). Ses
fleurs sont d’un jaune orange ;
H. densiflora, Hort., fleurs à spathes
rouges ;
H. brasiliensis , Hook. ;
H. meridensis, KL, Colombie;
H. villosa, KL, Colombie;
H. pulverulenta , Lindl., Amérique mé-
ridionale;
H. humïlis, Jacq., Guyane;
H. speciosa, Hort. , Pérou ;
H. austro-caledonica, Vieil.; ses feuilles
sont passées au four pour leur donner plus
de mollesse et sont employées à faire des
bonnets ;
H. carïbœa, Lamck.; ses racines sont
diurétiques et ses fibres sont textiles.
Les Héliconia se cultivent en serre
chaude humide ; ils demandent un sol frais
et très-substantiel; les plus rustiques peu-
vent passer en pleine terre, pendant l’été,
comme les Balisiers. Ces plantes se multi-
plient par la division des drageons.
Henri Joret,
Ancien jardinier en chef du gouvernement au Sénégal.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1888.
Comité de l’Art des Jardins.
MM. H. Lusseau et Eug. Deny, qui ont
remporté le premier et le troisième prix au
concours ouvert pour la création du parc public
de Lisbonne, soumettent au Comité des photo-
graphies, dessins, devis et notices explicatives
de leurs projets respectifs.
Le président de ce Comité, M. Ed. André, a
rendu compte de ce résultat en séance géné-
rale, et a donné les noms des lauréats, aux
applaudissements de l’assemblée.
Comité d’arboriculture d’ornement.
M. Ed. André a rapporté de son jardin de la
villa Columbia, au Golfe Juan (Alpes-Mari-
times), et présenté au Comité :
1° Des rameaux fleuris $ Acacia dealbata,
espèce, dont les fleurs sont, en ce moment, et
sous le nom de Mimosa , l’objet d’un com-
merce si important dans les grandes villes. A
ce propos, M. André signale un perfectionne-
ment apporté par les cultivateurs de la région
méditerranéenne dans la production des ra-
meaux fleuris de cet arbre. En coupant ces
rameaux lorsque les boutons à fleurs sont
dans un état assez avancé de développement,
et en les soumettant ensuite, leur base bai-
gnant dans l’eau, à une température un peu
élevée, on parvient à avancer presque d’un
mois l’époque normale de la floraison. La
vente est alors beaucoup plus avantageuse, le
prix en gros de ces produits forcés s’élevant à
3 et 4 fr. le kilogramme, au lieu de 0f75 à
1 fr. 50 que ceux fleuris sur le lieu de pro-
duction atteignent ordinairement.
2° Des rameaux fleuris ou en boutons de
nombreuses espèces A Eucalyptus : calo-
phylla , Stuartiana , Globulus Victoria , ro-
busta , occidental is, marginata , siderophloia ,
obliqua , etc.
3° Des feuilles et des fruits d’un hybride nou-
veau de Dattier, qui existe dans une collection,
à Cannes, et qui produit des fruits comestibles,
de goût très-agréable, mais dont le noyau est un
peu gros. Les feuilles de cette plante sont in-
termédiaires entre celles des Phoenix dactyli-
fera et canariensis , ce qui indique quelle doit
être l’origine de la forme nouvelle.
4° Des feuilles de Washingtonia (Pritchar-
dia , BraheaJ filifera et robusta. La comparai-
son de ces feuilles établit, sans réserve, les
caractères bien différenciés de ces deux espèces,
et la supériorité de celle-ci sur celle-là. En
effet, le W. robusta est d’un port plus com-
pact, à feuilles plus étalées, bordées de larges
aiguillons brun doré, à limbe orbiculaire comme
les Lataniers et non flabelliforme comme dans
les Sabal et le W. filifera, enfin d’un beau vert
foncé et non jaunâtre comme celui-ci. La belle
feuille apportée parM. Ed. André mesurait 1 111 20
de pétiole et lm70 de diamètre du limbe. Elle
EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889 : PROGRAMME DES ONZE ÉPOQUES DE CONCOURS. 119
provenait d’un exemplaire en pot, haut de
50 centimètres, planté en 1883, et qui a par
conséquent aujourd’hui quatre ans. Ce Palmier,
le plus fort de son espèce qui existe aujour-
d’hui en Europe, a un tronc de lm 50 de circon-
férence à 30 centimètres du sol. Il porte
29 feuilles adultes; sa hauteur totale est de
3m80 et le diamètre de sa tête de 3m50.
De plus, et c’est un grand avantage, le W.
robusta s’accommode très-bien de la culture
en pot, ce qui est impossible pour le W. fili-
fera , et il forme de belles plantes pour appar-
tements.
Comité de culture potagère.
M. Berthault, de Rungis, présente de belles
touffes de Pissenlit amélioré et de Chicorée Wit-
loof, le tout en étiolats. Douze à quatorze jours
suffisent pour la production de ces feuillages,
en plaçant les racines sur couche, sous châssis
ombrés, un peu aéré, avec une température
de 22 à 25 degrés centigrades. Ch. Thays.
EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889
PROGRAMME DES ONZE ÉPOQUES DE CONCOURS (1)
NEUVIÈME ÉPOQUE
20-25 SEPTEMBRE 1889.
CONCOURS PARTICULIER
CLASSE 79.
FLEURS ET PLANTES D’ORNEMENT
I. Plantes d’ornement.
Concours (à déterminer) suivant les demandes
des horticulteurs.
II. Plantes nouvelles.
Trois concours : dans tous les genres de végétaux
exposés, entre les plantes nouvelles inédites :
1. D’importation,
2. D’introduction,
3. Obtenues de semis.
Un concours : dans tous les genres de végétaux
exposés pour les plus belles plantes mises dans le
commerce depuis 1878.
III. Relie culture.
Un concours : dans tous les genres de végétaux
exposés entre les plus beaux exemplaires (un à
cinq sujets par espèce ou variété).
IV. Fleurs coupées. — Deux concours.
1. La plus belle collection générale.
2. La plus belle collection de variétés dans
chaque genre.
V. Ornementation en fleurs naturelles. —
IVois concours.
1. Les plus beaux bouquets.
2. Les plus beaux motifs ou sujets divers.
3. Les plus belles garnitures d’ornementation
diverses d’appartement, de tables, etc.
VI. Corbeilles de plantes fleuries ou à
feuillage.
Un concours : entre les plus belles corbeilles de
plantes fleuries ou à feuillage.
CLASSE 80.
PLANTES POTAGÈRES.
I. Plantes potagères.
Concours permanent entre tous les genres de
plantes potagères.
(1) Voir, pour le règlement général, Revue horti-
cole, 1887, pp. 481, 493, 523; et pour le programme
des époques de concours, voir Revue horticole
1888, p. 45, 62 et 93.
II. Plantes nouvelles. — Quatre concours.
1. Plantes nouvelles inédites d’importation,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
2. Plantes nouvelles inédites d’introduction,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
3. Plantes nouvelles inédites obtenues de semis,
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
4. Les plus belles plantes mises dans le com-
merce depuis 1878.
III. Belle culture. — Un concours.
1. Les plus beaux spécimens de plantes pota-
gères.
CLASSE 81.
FRUITS ET ARBRES FRUITIERS.
I. Fruits. — Trois concours.
1. Les plus belles collections de fruits frais en ma-
turité dont les noms suivent : Abricots, Amandes,
Cerises, Figues, Framboises, Groseilles, Pêches,
Poires, Pommes, Prunes, Raisins.
2. La plus belle collection de fruits divers (es-
pèces ou variétés) de la région du Sud.
3. La plus belle collection de fruits à cidre de
première saison (Poires et Pommes).
IL Fruits nouveaux. — Cinq concours.
1. Fruits nouveaux inédits d’arbres d’importation,
n’ayant pas encore été mis dans le commerce.
2. Fruits nouveaux inédits d’arbres d’introduc-
tion, n’ayant pas encore été mis dans le com-
merce.
3. Fruits nouveaux inédits d’arbres obtenus de
semis n’ayant pas encore été mis dans le com-
merce.
4. Les plus belles variétés mises dans le com-
merce depuis 1878.
5. Les meilleures variétés mises dans le com-
merce depuis 1878.
CLASSE 82.
GRAINES ET PLANTS D’ESSENCE FORESTIÈRE.
Pas de concours.
CLASSE 83.
PLANTES DE SERRE.
I. Plantes diverses.
Concours (à déterminer) entre les plantes de
serre qu’il y aurait impossibilité à présenter aux
concours généraux.
II. Plantes nouvelles. — Cinq concours.
1. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuillage
introduites le plus récemment en Europe.
120
CORRESPONDANCE.
2. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuillage
introduites directement en France.
3. Un lot de plantes hybrides dont les parents se-
ront indiqués.
4. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuillage
obtenues de semis et non encore dans le commerce.
5. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage obtenues de semis et dans le commerce de-
puis 1878.
III. Belle culture. — Quatre concours.
1. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuillage
que la bonne culture aura fait arriver le plus près
possible de son maximum de développement.
2. De quatre à dix plantes fleuries ou à feuillage
les plus remarquables par leur forme et leur déve-
loppement.
3. Le plus beau lot de 20 plantes diverses fleu-
ries, à quelque catégorie qu’elles appartiennent.
4. Le plus beau groupe de 20 plantes diverses
fleuries à quelque catégorie qu’elles appartiennent.
IV. Culture spéciale — Deux concours.
1. La plus belle collection de 50 plantes fleuries
ou à feuillage, cultivées en vue de l'approvisionne-
ment des marchés.
2. Le plus beau lot de plantes fleuries ou à feuil-
lage, cultivées en vue de l’approvisionnement des
marchés.
(La fin au prochain numéro.)
CORRESPONDANCE
N° 3158 ( Bouches-du-Rhône ). — Il existe
certainement du Guano du Pérou vrai , et nous
pouvons vous renseigner exactement à cet égard.
La Société concessionnaire du guano est la
Compagnie commerciale française , 4, rue Le
Peletier, à Paris, représentée à Marseille par
MM. Cohen frères et Monteux, 29, rue Thu-
baneau. Depuis plusieurs années déjà, et sur-
tout en raison des grandes différences de qua-
lités fertilisantes que révèlent les guanos d’au-
jourd’hui, le guano est vendu sur dosages
garantis et exactement titrés.
Oui, le Chêne-Liège peut être greffé avec
succès sur le Chêne vert ( Quercus Ilex ). Nous
en avons vu de beaux échantillons prospérant
à merveille; mais nous ne connaissons aucun
établissement qui en ait en vente. L’empê-
chement de sa livraison à bon marché provient
sans doute de ce qu’il faut le greffer jeune,
sur sujets en pots et à l’étouffée, comme tous
les végétaux à feuilles persistantes. Il serait, en
effet, intéressant de voir le Chène-Liège ainsi
cultivé en grand dans des régions calcaires où
il ne vient pas sur ses propres racines.
M. de T. ( Avranches ). — Voyez notre ré-
ponse, au sujet de la Prune Kelsey , dans la
chronique de ce numéro.
La Pomme de terre Victor peut se trouver
chez MM. Vilmorin, Andrieux et Cîe, 4, quai
de la Mégisserie, à Paris, et chez tous les mar-
chands-grainiers bien approvisionnés.
M. T. (Tulle). — La plupart des amateurs
et, par conséquent, aussi des constructeurs ont
renoncé au chauffage à circulation de vapeur
libre. Il vaut encore mieux revenir au thermo-
siphon, à cause des nombreuses irrégularités
que présente l’emploi de la vapeur. Vous trouve-
rez, dans les annonces de la Revue horticole ,
les adresses des meilleurs constructeurs de
chauffage.
N° 3644 (Nièvre). — Pour le terreau et le
sable, vous pouvez vous adresser à M. Dor-
léans, 37, rue du Landy, à Glichy (Seine).
N° 3614 (Meurthe-et-Moselle). — L’adresse
de la Société des Agriculteurs de France , qui
a voté le concours pour les fermes fruitières,
est 21, avenue de l’Opéra, où vous trouverez
tous les renseignements qui vous sont néces-
saires.
Nous publierons votre intéressante commu-
nication sur la plantation des arbres à fruits en
bordure des routes.
N° 3896 (Seine-et-Marné). — Vos échantil-
lons sont trop incomplets pour être déterminés.
N° 4714 (Seine). — La question que vous
soulevez est d’un grand intérêt. Nous croyons
que, malgré l’apparence excellente de vos
arguments, les tribunaux vous donneraient
tort, et que la loi est formelle à cet égard :
vous ne pouvez planter à moins de 2 mètres de
l’héritage du voisin, à moins de coutumes ou
d’usages locaux constants. Toutefois, ces
usages ont donné lieu à des réglementations
diverses, dans les villes d’eaux ou bains de mer
particulièrement; mais le plus souvent la juris-
prudence dépend de la façon dont le magistrat
interprète la loi en se fondant sur les usages ;
mais les articles 471, 472 et 473 du Code civil
sont formels.
M. P. (Belfort). — Votre lettre se sera pro-
bablement égarée. Veuillez nous dire de nou-
veau ce que vous désirez savoir, et nous vous
répondrons sans retard.
N° 5371 (Espagne). — Vous pourrez vous
procurer les Musa dont vous parlez chez M. A.
Truffaut, horticulteur à Versailles (Seine-et-
Oise), ou chez M. Van Houtte, à Gand (Bel-
gique).
U Administrateur-Gérant : L. Bourguignon.
Imp. Georges Jacob, — Griéan*.
CHRONIQUE HORTICOLE.
121
CHRONIQUE HORTICOLE
Le temps. -- Loi sur la destruction des insectes et végétaux nuisibles. — Loi concernant la répression
des fraudes dans le commerce des engrais. — Congrès horticole de Paris. — Parc de la Liberté à
Lisbonne. — Les Vignes américaines en France. — La récolte du vin en Algérie. — Nouveau mode
d'emploi des fleurs de Jacinthe. — Un judicieux emploi de l’Épicéa. — Un Lilas pleureur. — Giroflée
jaune commune hâtive. — Influence des milieux sur la production des panachures. — Une école d’hor-
ticulture de jeunes filles en Angleterre. — Le plus fort Wellingtonia des environs de Paris. —
Les Vignes kabyles. — Dimorphisme de l 'Iris spectabilis. — Expositions annoncées. — Memento
des Expositions.
Le temps. — Les froids ont cessé, et
nous espérons bien qu’ils ne reviendront
pas. Les dégâts qu’ils ont faits sont consi-
dérables partout.
La Revue a résumé la situation générale
dans son dernier numéro. La lettre suivante,
que nous adresse de Bordeaux M. Catros-
Gérand, montre que sous ce climat, ordi-
nairement clément, les choses se sont pas-
sées à peu près comme ailleurs :
Le froid que vous signalez dans le dernier
numéro de la Revue horticole , dit notre corres-
pondant, a été également très-vif dans notre
région. Le 3 et le 5 février le thermomètre
a marqué 5 degrés au-dessous de zéro, puis
le dégel est arrivé, et comme les Rosiers
montraient déjà leurs premières feuilles et
qu’il y avait un réveil général dans la végéta-
tion, on se croyait sauvé, lorsque la neige a fait
irruption le 15 et a duré jusqu’au 19 ; ce dernier
jour, la terre en a été couverte de 30 centi-
mètres, ce qui existe encore dans toute la cam-
pagne. Le vent qui souffle du nord est très-vif ;
nous avons noté 7 degrés de froid le 24 et 10
et 11 degrés les 25 et 26.
Ainsi que vous devez le penser, les horti-
culteurs ont hâte de voir cesser ces froids
anormaux. Tous les travaux sont suspendus
dans les jardins ; cependant le temps marche et
il est à craindre que le dégel nous montre de
grandes pertes parmi les arbrisseaux et les
plantes potagères.
De beaucoup d’autres parties de la France
nous avons reçu des lettres analogues.
Mais si cette année l’Europe est mal par-
tagée sous le rapport des froids, il en est
autrement de l’Asie, ce dont nous informe
notre collaborateur, M. Metaxas, dans une
lettre qu’il nous adressait de Bagdad, à la
date du 2 février dernier :
... L’Europe, paraît-il, supporte un hiver
très-rigoureux ; c’est le contraire en Asie, sur-
tout dans la contrée que j’habite. Nous avons
eu, jusqu’à présent, un hiver très-doux avec des
pluies bienfaisantes; aussi toutes les cultures
se comportent-elles admirablement. Le ther-
momètre s’est toujours maintenu à une
46 Mars 4888.
moyenne de 6 degrés au-dessus de zéro. Les
journées sont tièdes et d’une douceur vrai-
ment printanière ; aussi la plupart des arbres
commencent-ils à bourgeonner. J’ai même
remarqué un phénomène rare, digne d’être
cité : des Jujubiers chargés de fruits verts nou-
vellement noués, fait dû à la température
extrêmement douce et à l’absence de froid. En
un mot, nous n’avons pas eu d’hiver cette
année.
Loi sur la destruction des insectes
et végétaux nuisibles. — Le Sénat vient
de prendre une très-utile mesure, en vo-
tant une loi sur la destruction obligatoire
des insectes et végétaux nuisibles.
Conformément aux dispositions adoptées,
le Préfet, après avoir pris l’avis favorable
du Conseil général du département et ob-
tenu l’approbation du Ministre de l’Agri-
culture, devra prescrire les mesures né-
cessaires pour arrêter ou prévenir les
dommages causés aux végétaux par des
insectes, des cryptogames ou autres végé-
taux nuisibles.
Les propriétaires, les fermiers, les colons
ou métayers, ainsi que les usufruitiers et
les usagers, seront tenus d’exécuter sur les
immeubles qu’ils possèdent et cultivent les
mesures prescrites par l’arrêté préfectoral.
L’État, les communes et les établisse-
ments publics et privés seront astreints aux
mêmes obligations sur les propriétés leur
appartenant.
En cas d’inexécution dans les délais fixés,
le contrevenant sera cité par qui de droit
devant le juge de paix, qui pourra ordon-
ner l’exécution provisoire de son jugement.
A défaut d’exécution dans le délai fixé
par le juge de paix, il sera procédé à l’exé-
cution d’office, aux frais des contrevenants,
par les soins du maire ou du commissaire
de police.
Les contraventions aux dispositions de
cette loi seront punies d’une amende de
6 à 15 francs.
En cas de récidive, l’amende sera doublée
i
122
CHRONIQUE HORTICOLE.
et une peine d’emprisonnement pendant
cinq jours au plus pourra être prononcée.
Cette loi armera suffisamment les auto-
rités locales, qui, jusqu’ici, étaient impuis-
santes contre la paresse ou la mauvaise
volonté calculée de certains propriétaires.
Il reste à souhaiter que la Chambre des dé-
putés ratifie à son tour cette loi, afin que sa
promulgation ne se fasse pas trop attendre.
Loi concernant la répression des
fraudes dans le commerce des engrais.
• — Par une loi promulguée à la date du
4 février 1888, il a été pris une mesure de
la plus grande utilité, et dont les bons effets
seront fortement appréciés par la culture
horticole et maraîchère.
Yoici les dispositions principales de cette
loi :
Seront punis d’un emprisonnement de six
jours à un mois et d’une amende de 50 à
2.000 fr., ou de l’une de ces deux peines
seulement :
Ceux qui, en vendant ou en mettant en vente
des engrais ou amendements, auront trompé
ou tenté de tromper l’acheteur, soit sur leur
nature, leur composition ou le dosage des élé-
ments utiles qu’ils contiennent, soit sur leur
provenance, soit par l’emploi, pour les dési-
gner ou les qualifier, d’un nom qui, d’après
l’usage, est donné à d’autres substances ferti-
lisantes.
En cas de récidive dans les trois ans qui au-
ront suivi la dernière condamnation, la peine
pourra être élevée à deux mois de prison et
4.000 fr. d’amende, etc.
D’autres dispositions importantes accom-
pagnent et complètent celles que nous
venons de citer.
Plusieurs abonnés nous ont demandé si
les falsifications dans les produits horticoles
vivants, comme celles qui ont été repro-
chées à certains horticulteurs nomades,
tombaient aussi sous l’application de la loi.
Sans aucun doute. Il est même du devoir
de tous de signaler à qui de droit ces falsi-
fications, ces ventes de plantes vulgaires
sous de faux noms ronflants : il y a trom-
perie sur la marchandise vendue.
Congrès horticole de Paris. — Ce
Congrès aura lieu en mai 1888, au siège de
la Société nationale d’horticulture de France,
84, rue de Grenelle, pendant la durée de
l’Exposition ; la séance d’ouverture est fixée
au lundi 28 mai, à deux heures.
Les questions qui doivent y être traitées
sont au nombre de vingt, dont treize sont
maintenues à l'étude, c’est-à-dire que,
ayant été proposées aux Congrès précédents,
elles n’ont pas été traitées ou l’ont été d’une
manière jugée insuffisante.
Nous donnons plus loin, en un article
spécial, le réglement de ce Congrès, ainsi
que l’énoncé des questions proposées.
Parc de la Liberté à Lisbonne. —
Nous avons donné les noms des trois lau-
réats du Concours international de Lis-
bonne, et nous avons eu la satisfaction de
constater qu’ils étaient tous trois français :
MM. Lusseau, Duchesne et Deny.
Nous espérions que l’un de ces messieurs,
au moins, serait chargé de diriger l’exécu-
tion des travaux ; le lauréat du premier
prix paraissait naturellement indiqué. Il en
est autrement. Nous venons de lire, dans le
Diario de Noticias de Lisbonne, une com-
munication officielle dont voici la traduction
sommaire :
La commission exécutive du Conseil muni-
cipal vient de décider que MM. les ingénieurs
Ressano, Garcia et Avellar, l’architecte Mon-
teiro seraient chargés, avec l’aide de M. Daveau
comme jardinier consultant, d’élaborer le pro-
jet définitif du Parc de la Liberté, y compris
voies, édifices et embellissements qui con-
viennent à ce genre de travaux. Ils combine-
ront les éléments des projets primés, en les
modifiant de manière à les harmoniser, et y
ajoutant au besoin des parties acceptables des
autres projets. Ils devront aussi proposer un
grand édifice pour expositions permanentes ;
un casino ou café concert qui sera loué au profit
de la municipalité.
Nous aurions compris que le Conseil mu-
nicipal de Lisbonne adjoignit aux lauréats
une commission choisie parmi les ingé-
nieurs et architectes portugais ; mais nous
regrettons l’élimination complète des au-
teurs des projets primés.
Il nous reste à espérer que les résultats
obtenus soient en rapport avec les espé-
rances conçues par le comité directeur du
Parc de la Liberté : la présence de M. Da-
veau qui a été adjoint à la commission, à
titre consultatif, est une garantie que la
partie spéciale horticole des travaux sera
convenablement conduite.
Les Vignes américaines en France.
— Nous avons souvent parlé de l’impor-
tance croissante des plantations de Vignes
américaines en France: pour fixer les
esprits, nous publions le tableau comparatif
des surfaces plantées en Vignes améri-
caines, dans les sept dernières années :
CHRONIQUE HORTICOLE.
123
1881 8,904 hectares.
1882 17,096 —
1883 28,012 —
1884 52,777 —
1885 75,262 —
1886 110,787 -
1887 166,517 —
Ce sont là des chiffres qui se passent de
tous commentaires.
Rappelons, à* ce propos, que la Commis-
sion supérieure du Phylloxéra a récemment
décidé qu’il n’y a pas encore lieu de décer-
ner le prix de 300,000 fr. pour un procédé
pratique de destruction de l’insecte para-
site, mais que ce prix est maintenu.
La récolte du vin en Algérie. — La
progression croissante de la production du
vin, en Algérie, est tout à fait encoura-
geante ; étant données les plantations nou-
velles que l’on y fait sans relâche, notre co-
lonie aura bientôt, de ce chef, un revenu
des plus importants.
Voici les chiffres de la production, depuis
huit années
Hectares.
Hectolitres.
En
1879. .
17.737
ont produit
346.000
En
1880. .
21.118
—
429.197
En
1881. .
27.337
—
486.213
En
1882. .
35.583
—
672.030
En
1883. .
41.791
—
815.287
En
1884. .
50.800
—
880.634
En
1885. .
66*403
—
951.949
En
1886. .
86.779
—
1.663.847
Il est grand temps que les vignobles
français et algériens entrent dans un état de
production laissant entrevoir, dans un ave-
nir prochain, la possibilité de suffire à notre
consommation !
Les importations de vins sont encore
écrasantes. En 1887, l’Italie seule nous a
envoyé 2.022.000 hectolitres de vin, tandis
qu’en 1885, elle ne nous en avait fourni
que 253.000 hectolitres.
Nouveau mode d’emploi des fleurs de
Jacinthe. — Les fleuristes parisiens, dont
le goût artistique n’en est plus à faire ses
preuves, utilisent actuellement les fleurs
de Jacinthe d’une manière très-intelligente
dans la confection des bouquets.
Les inflorescences de cette plante, si va-
riées de couleurs, sont d’un emploi difficile
par suite de la compacité des grappes et
du peu de longueur des pédicelles qui
supportent les fleurs.
Pour obvier à cet inconvénient, nos fleu-
ristes détachent chaque fleur, la montent
sur un fil de laiton, et réunissent par la base
un certain nombre de ces fils ainsi garnis,
de manière à former une nouvelle inflores-
cence, qui alors devient allongée et d’une
grande élégance.
Certains même accompagnent chacun de
ces fleurons d’un ramule ô! Adiantum, ce
qui est tout à fait gracieux.
Nous avons vu un certain nombre de
bouquets, composés de fleurs de Jacinthes
ainsi disposées, et auxquelles on avait asso-
cié des Violettes de Parme et des Lilas
blancs ; l’effet en était des plus charmants.
On pourrait craindre que les fleurs em-
ployées de la sorte ne se fanent très-rapi-
flement. Il n’en est rien. Le tissu épais des
fleurs de Jacinthes leur permet, lors-
qu’elles sont détachées de leur hampe, de
rester fraîches pendant plusieurs jours.
Un judicieux emploi de TÉpicéa. —
Au. cour . d’un voyage dans le Bourbonnais,
nous avons récemment observé un effet
paysager très-bien réussi, et obtenu d’une
manière des plus simples :
La ligne du chemin de fer, entre Moret
et Montargis, est souvent en tranchée
assez profonde, ce qui a motivé la construc-
tion de ponts de pierres franchissant la
voie à angle droit.
D’habitude les ponts ainsi disposés ne
sont accompagnés d’aucune plantation et
s’élancent brusquement des talus dénudés.
Dans le parcours dont nous parlons, au
contraire, les approches en ont été garnies,
sur les talus, de quelques Épicéas plantés
avec goût lors de la construction de la ligne.
Aujourd’hui, ces arbres forment des
groupes très-pittoresques, sur les pentes
assez brusques qu’ils garnissent, et s’as-
socient fort bien avec l’architecture très-
simple des ponts, dont on ne voit presque
plus que les arches élancées. L’aspect, désa-
gréable des talus est, de la sorte, interrompu
assez fréquemment d’une heureuse manière.
L’effet ainsi obtenu est très-réussi. On
pourrait le varier en employant, dans les
mêmes conditions, d’autres arbres résineux,
Pins, Sapins, Cèdres, Mélèzes, etc., qui
présenteraient les mêmes avantages.
Un Lilas pleureur. — On vient de
mettre au commerce, en Amérique, un
nouveau Lilas, d’origine chinoise, dont les
rameaux, lorsqu’il est greffé sur une es-
pèce à port érigé, retombent franchement
et très-gracieusement sur le sol.
Cette forme intéressante est éditée par
M. F.-L. Temple, Shady Hill Nurseries,
; Cambridge (Mass.), United States America.
CHRONIQUE HORTICOLE.
124
Giroflée jaune commune hâtive. —
Cette variété, qui n’est guère connue qu’aux
environs de Paris, présente cet immense
avantage de fleurir dès le mois de septembre,
ce qui, à Paris, est très-avantageux pour le
commerce des fleurs coupées, car, bien qu’à
cette époque les fleurs diverses ne manquent
pas, celles de Giroflées ne se rencontrent
guère. Aussi la Giroflée jaune hâtive se
vend-elle toujours relativement cher.
Influence des milieux sur la produc-
tion des panachures. — Un fait sur lequel
nous avons déjà appelé l’attention, c’est,
suivant les milieux, la panacliure et la dé-
panachure d’une même espèce. Ainsi,
tandis que, dans la plupart des localités,
YAspidistra elatior variegata, à feuilles
bien panachées de blanc, tend à perdre sa
panacliure et à revenir au type à feuilles
vertes, il y en a d’autres, beaucoup plus
rares, il est vrai, où le fait inverse se pro-
duit : par exemple, chez M. Rougier-
Chauvière, horticulteur, 152, rue de la
Roquette. Là, en effet, sans aucun traite-
ment et en les abandonnant à eux-mêmes,
tous les Aspidistra, quelque verts qu’ils
soient, deviennent panachés. Un fait ana-
logue se produit dans le jardin d’un de nos
amis sur le Dvacuncuhis vulgaris , Schott
{Arum Dracunculus, L.). Là, aussi, sans
s’occuper nullement de la plante, de verte
qu’elle est, elle passe rapidement au blanc
jaunâtre. Moins vigoureuse, elle est alors
sujette à la brûlure, dans toutes ses parties
décolorées.
Une École d’horticulture de jeunes
filles en Angleterre. — La Revue horti-
cole a précédemment parlé de l’utilité
qu’il y aurait à créer, en France, une Ecole
d’horticulture spécialement destinée aux
jeunes filles. N’y a-t-il pas, dans la profes-
sion horticole, un grand nombre de travaux
qu’une femme pourrait exécuter tout aussi
bien, au moins, qu’un homme? Citons, au
hasard, les rempotages, le greffage, le bou-
turage, la taille, le pincement, la confection
des bouquets, etc. Il convient d’ajouter que
dans un ménage de cultivateurs, une femme
ayant reçu une instruction préparatoire
spéciale viendrait largement en aide à son
mari, dans la surveillance des ouvriers, et
même dans l’exécution des travaux exigeant
de l’adresse plutôt que de la force.
En Angleterre, cette théorie va passer à
l’état de fait. Un amateur éclairé, Mme Loads-
tone, va créer dans sa propriété de Llanelly,
dans le pays de Galles, un institut horticole
pour jeunes filles, et nous sommes persua-
dés que les bons résultats en seront nom-
breux. En Allemagne, de semblables écoles
existent déjà, surtout pour ce qui concerne
la confection des bouquets.
Le plus fort Wellingtonia des envi-
rons de Paris. — Planté par M. Rertin,
dans sa propriété, 82, boulevard de la Reine,
à Versailles, ce magnifique arbre n’a pas
moins de 20 mètres de hauteur sur 1 m30
de diamètre à la base. Il forme une très-
belle pyramide conique très-garnie, excepté
tout à fait près du sol, où quelques branches
ont péri dans le grand hiver 1879-1880.
Les Vignes kabyles. — M. le comman-
dant Chédé (et non M. Chède, comme la
Revue horticole l’a imprimé par erreur)
nous informe que les personnes qui vou-
draient faire des essais de vignes kabyles
peuvent demander des plants à M. Maudet,
agent des ponts et chaussées, à Rougie
(Algérie).
M. le commandant Chédé ne veut céder
aucune bouture avant la réussite complète
de ses essais, que surveille un professeur
d’agriculture, lequel a fait des greffes don-
nant jusqu’à présent bon espoir de réus-
site.
Dimorphisme de l’Iris spectabilis.
— Un dimorphisme peu connu dans les
plantes bulbeuses est celui de l’Iris spec-
tabilis, Spach, qui est certainement la plus
jolie du groupe Xiphium , auquel elle appar-
tient. C’est une plante très-vigoureuse, de
haute stature et à très-grandes fleurs. Celles-
ci, qui sont de couleur bronzée, avec des
taches bleues nuancées roses, à reflets cha-
toyants, ne nous donnaient, chaque année,
que des variétés d’iris Xiphium, beaucoup
plus petites, à fleurs variées, mais n’ayant
aucun rapport avec leur mère, Y Iris specta-
bilis, que, malgré nos efforts, nous n’avons
pu conserver. Il est donc très-probable que
cette espèce est perdue aujourd’hui.
Quelque étonnants que ces faits puis-
sent paraître, ils n’ont cependant pas lieu
d’étonner, si l’on réfléchit qu’ils sont des
équivalents d’autres analogues qui se
montrent souvent chez les dicotylédonées.
En effet, si l’on réfléchit que chez les mono-
cotylédonées, le bulbe est le représentant
des tiges des dicotylédonées, il est donc tout
naturel que des dimorphismes s’y pro-
duisent.
CHRONIQUE HORTICOLE.
125
EXPOSITIONS ANNONCÉES (1).
Amiens, 2 au 4 juin. — La Société
d’horticulture de Picardie organise à Amiens,
du 2 au 4 juin, une exposition d’horticul-
ture à laquelle sont conviés tous les horti-
culteurs marchands ou amateurs et qui
comprend : fleurs, fruits, légumes, arbres
et arbustes, objets d’art et d’industrie se
rattachant à l’horticulture.
Se faire inscrire, avant le 15 mai, chez
M. Decaix-Matifas, président de la Société,
13, rue Debray, à Amiens.
Moulins, clu 31 juillet au 5 août. —
La Société d’horticulture de l’Ailier tiendra
sa 23e exposition à Moulins, du 31 juillet
au 5 août.
Les concours forment 5 sections : 1° Plantes
de serre chaude, serre tempérée, serre froide
ou châssis ; 2» Plantes de plein air ; 3° Arbo-
riculture ; 4° Culture maraîchère ; 5° Arts et
industries horticoles.
Adresser les demandes d’admission au
secrétariat de la Société, à Moulins, avant
le 15 juillet.
Strasbourg, 12 mai. — La Société d’hor-
ticulture de la Basse- Alsace tiendra à Stras-
bourg, le 12 mai et jours suivants, sa 45e ex-
position de fleurs, d’arbustes, de légumes,
de fruits et d’objets fabriqués se rattachant
à l’horticulture.
Vingt-quatre concours de floriculture sont
ouverts entre horticulteurs de tous pays et
cinq concours pour les fruits et légumes. Une
seconde série des mêmes concours est créée
entre amateurs et jardiniers de maisons bour-
geoises. Enfin l’industrie horticole forme une
troisième série et, s’il y a lieu, des médailles
seront décernées aux jardiniers de maisons
bourgeoises se recommandant par la bonne
tenue des serres.
Adresser les déclarations à M. J. Wagner,
secrétaire général de la Société, 49, route
du Polygone, Neudorf-Strasbourg.
Laon, du 23 au 21 mai. — La Société
d’Horticulture et de petite culture de Sois-
sons (section de Laon) tiendra, du 23 au
27 mai, une exposition d’horticulture an-
nexée au Concours régional.
Cette exposition comprendra tous les pro-
duits de la petite culture, de l’horticulture, de
l’apiculture, les objets d’art et d’industrie s’y
rattachant.
Les concours seront classés en 8 sections :
1° Obtention directe ou introduction de vé-
(1) La Revue horticole annonce toutes les expo-
sitions d’horticulture dont le programme est adressé
aux Rédacteurs en chef, 26, rue Jacob, Paris,
gétaux; — 2° Culture maraîchère; — 3° Arbo-
riculture, Viticulture et leurs produits ; —
4° Plantes de serres et Plantes ornementales;
5° Plantes de pleine terre en fleurs ; — 6° Fleurs
coupées, Bouquets montés, de soirées et à la
main, Surtouts de table et Coiffures en fleurs
naturelles ; — 7° Apiculture ; — 8° Art et in-
dustrie.
Adresser les déclarations à M. Rousseau,
président de la section, à Laon.
Paris, du 25 au 31 mai. — L’exposition
générale de produits de l’Horticulture orga-
nisée, au printemps de chaque année, par
la Société nationale d’Horticulture de
France, aura lieu, en 1888, du 25 au
31 mai, dans le Pavillon de la ville de
Paris et ses abords.
Cette grande exposition comprendra cinq di-
visions et 229 concours, plus une division spé-
ciale aux arts et industries horticoles formant
quatre sections :
R Plantes de serre : plantes nouvelles, belle
culture, culture spéciale, plantes en collections,
concours entre amateurs, ensemble 107 con-
cours;
2° Plantes de pleine terre : plantes nouvelles,
belle culture, culture spéciale, plante en col-
lections, concours entre amateurs, fleurs cou-
pées, bouquets et garnitures d’appartements,
ensemble 88 concours;
3° Arboriculture et fruits : 8 concours;
4» Culture maraîchère : 21 concours ;
5° Instruction agricole : 5 concours.
6° Arts et industries horticoles : 4 'sections.
Les demandes d’admission doivent par-
venir, avant le 19 mai, à M. le président de
la Société, 84, rue de Grenelle, à Paris.
Memento des Expositions. — Voici la liste
des Expositions précédemment annoncées. L’in-
dication entre parenthèses (Chr. n0...) renvoie
à la Chronique du N° de la Revue horticole
où l’exposition a été annoncée avec quelques
renseignements sommaires. La mention Exp.
gén. indique qu’il s’agit d’une exposition géné-
rale d’horticulture.
Autun. — Exp. gén. (Chr. n° 5), 2 au 10 juin.
Bordeaux. — Fruits, légumes, fleurs (Chr. n° 5),
15 au 26 septembre.
Épinal. — Exp. gén. (Chr. n° 4), 9 au 14 juin.
Marseille. — Exp. gén. (Chr. n°5), 2 au 11 juin.
Meaux. — Exp. gén. (Chr. n° 5), 7 au 9 septembre.
Nantes. — Exp. gén. (Chr. n° 5), 25 au 29 avril.
Orléans. — Exp. gén. (Chr. n° 4), 24 au 27 mai.
Roubaix. — Chrysanthèmes (Chr. n° 5), 23 au 25 j uin.
— Roses (Chr. n» 5), 17 novembre.
Rouen. — Exp. gén. (Chr. n° 4), 16 au 21 mai.
Gand. — Exp. intern. (Chr. n° 5), 15 au 22 avril.
Tunis. — Exp. sp. des produits locaux (Chr. n° 5),
27 avril au 6 mai.
E.-A. Carrière et Ed. André
426
ORNEMENTATION SPÉCIALE DES GRANDS JARDINS.
ORNEMENTATION SPÉCIALE DES GRANDS JARDINS
L’ornementation spéciale, dont nous vou-
lons donner ici les indications générales
consiste à grouper, à réunir, sur des empla-
cements déterminés et de manière à en
former un tout harmonieux, les végétaux
rustiques d’ornement et de pleine terre qui
fleurissent à une même époque.
Chacun des emplacements choisis, de di-
mensions et formes variables, selon les cir-
constances fournirait sa période de florai-
son, d’ornementation, qui correspondrait,
bien entendu, au moment de l’année où
tous les végétaux rassemblés sur un même
point seraient en fleurs.
Par un ordre de groupement suffisam-
ment bien établi pour toute l’année, chacun
des emplacements fournirait successive-
ment sa période pendant laquelle tous les
végétaux rassemblés seraient en fleurs.
Les premières fleurs qui apparaissent
dans les jardins sont toujours les bien-
venues; aussi quel plaisir on éprouve à la
vue de ces premières fleurs rustiques, qui
sont d’un attrait si particulier, et dont
l’effet ornemental, pour être différent, peut-
être moins brillant, que celui qui sera
produit à une autre saison par d’autres
végétaux, n’en sera pas moins des plus
agréables.
En parcourant les parcs et les jardins
pendant les longs mois où ils ne sont plus
ornés de leur brillante mais frileuse parure
de fleurs, nous avons bien souvent regretté
l’absence des végétaux rustiques dont nous
voulons ici recommander l’emploi en indi-
quant leur groupement.
Avec quelle satisfaction, pendant les pre-
miers beaux jours de l’année, en janvier-
février, par exemple, on se rendrait vers
l’emplacement du jardin où on serait cer-
tain de voir des plantes fleuries !
On pourrait, pour janvier et février,
composer une corbeille ou garnir une
plate-bande avec les plantes de pleine
terre qui fleurissent à cette saison. Autour
de cette corbeille, on pourrait réunir les
arbustes et arbrisseaux qui fleurissent
aussi à ce moment, ce qui permettrait
de constituer une ornementation d’en-
semble de l’emplacement choisi, emplace-
ment qui serait en rapport avec l’im-
portance qu’on voudrait donner à ce
genre d’ornementation; et l’arrangement,
le groupement des plantes serait, bien en-
tendu, fait selon les dispositions de l’empla-
cement.
Pour exemple de ce qui peut être fait,
nous indiquerons, comme devant consti-
tuer la première ligne ou bordure de la-
plate-bande, VEranthis liiemalis, cette
charmante petite plante à fleurs jaunes,
dressées, dont les feuilles vertes lobées ne
tardent pas à faire l’accompagnement ; puis
le Galanthus nivalis ou Perce-Neige, avec
ses fleurs déjà assez grandes en clochettes
blanches. Les Hellébores ou Roses de Noël
constitueront une partie importante de
la décoration. D’abord YHelleborus niger,
avec ses feuilles persistantes, d’un vert
sombre, sur lequel se détachent bien ses
grandes fleurs blanches, puis VH. orien-
talis à fleurs plus grandes, rosées; d’autres
variétés ou espèces à fleurs rouges pourpre
plus ou moins foncé : H. atrorubens et
purpurascens ; l’Hellébore à fleurs vertes,
mais très-odorantes, H. odorus, enfin toute
la série des nombreuses variétés se ratta-
chant plus ou moins à VH. fœtidus et
purpurascens, etc., série comprenant des
variétés très-remarquables par leur diversité
de coloris. Le Petasites fragrans ou Hé-
liotrope d’hiver, dont les fleurs ont une
odeur si agréable, devra avoir sa place
parmi ces petites plantes.
Les petits végétaux ligneux qui forme-
ront touffes ou buissons sont les Daphné
Mezereum, Daphné odora, à fleurs
blanches et à fleurs roses ; le D. Philippi ,
petite espèce pyrénéenne à fleurs vertes.
Un peu plus élevé, nous aurons le Jas-
minum nudiflorum, avec ses longs ra-
meaux sarmenteux tout couverts de fleurs
jaunes.
Le Rliododendrum dahw'icum, avec
ses fleurs violacées très-élégantes.
Le Galycanthe odorant, Chimonanthus
fragrans, arbrisseau dont les fleurs, assez
grandes, d’un jaune pâle, s’épanouissent
tout l’hiver pendant les beaux jours, et
répandent une odeur de Jacinthe des plus
agréables.
Enfin, un Chèvrefeuille formant buisson,
le Lonicera Standishii, avec ses petites
fleurs blanc rosé à odeur agréable, et le
L. fragrantissima , plus suave encore.
Si on veut compléter l’ensemble par des
végétaux plus grands, on choisira les Noi-
setiers, si curieux à cette époque de l’année
ORNEMENTATION SPÉCIALE DES GRANDS JARDINS.
127
avec leurs grands chatons pendants, jaunes
ou rouges selon les espèces ou variétés, et
aussi, bien qu’on ne puisse les voir que
d’assez près, les petits plumets rouges qui
émergent des boutons placés vers l’extré-
mité des rameaux ou brindilles. Ces plu-
mets rouges sont les pistils à la base des-
quels seront plus tard les fruits.
Comme grands arbres, nous aurons di-
vers Bouleaux et YAlnus incana , dont les
fleurs en chatons sont assez apparentes.
Cette énumération suffit pour démontrer
qu’il est possible de rendre très-agréable un
coin de jardin sur lequel ces végétaux, à
floraison tout à fait printanière, seraient
groupés en quantité suffisante et disposés
selon l’emplacement.
Devant succéder à ce premier groupe de
végétaux, pour continuer notre genre d’or-
nementation par période, on devra réunir,
sur un autre point du jardin, les végétaux
qui constitueront la seconde époque de flo-
raison.
Ces végétaux devront être choisis parmi
ceux qui fleurissent en même temps, en
mars et avril, par exemple.
Ici, notre plate-bande ou corbeille sera
garnie d’Anémones Hépatiques, Ilepatica
triloba; on rassemblera les variétés les plus
jolies, à fleurs blanches, roses, rouges,
violacées, à fleurs simples et à fleurs bleues
ou doubles ; la Corbeille d’argent, Arabis ctl-
pina, avec ses innombrables fleurs blanches,
les Saxifraga ornata, crassifolia à fleurs
roses, YAubrietia deltoidea à fleurs bleues,
Y Adonis vernalis à fleurs jaunes; la Cor-
beille d’or, Alyssum saxatile; les Violettes,
et un grand nombre d’autres charmantes
petites plantes de pleine terre, Orobus ver-
nus, Scilla bifolia et sibirica, le Plüox se-
tacea, les Primevères, les Pervenches, etc.
Parmi les petits végétaux ligneux, nous
aurons les Rïbes sanguineum et Gordo -
nianum à fleurs roses ou rouges et réunies
en longues grappes pendantes ; les Amyg-
dalus nana et orientalis, charmants arbris-
seaux se couvrant de myriades de fleurs du
plus beau rose ; le Prunus triloba, avec ses
fleurs d’abord roses, puis devenant blanches ;
le Prunus hiemalis, qui paraît être couvert
de neige lorsqu’il est en pleine fleurs; le
Cerasus Sieboldi, avec ses rameaux retom-
bants recouverts de fleurs roses ; le Cornus
Mas, avec ses nombreuses fleurs jaunes très-
élégantes, les Forsythia viridissima, F.
Fortunei , le Salix Caprœa, avec ses cha-
tons soyeux blancs, puis jaunâtres.
Parmi les grands arbres, on aura Y Acer
platanoides, dont les fleurs jaunes, réunies
en corymbes dressés, sont très-jolies, Y Acer
Opalus, etc.
Un troisième emplacement serait garni
par les végétaux qui fleurissent en mai,
juin et juillet. Pour cette époque de l’année,
on n’aura vraiment que l’embarras du choix.
Le point important sera de toujours ras-
sembler les végétaux qui fleurissent à la
même époque.
Bien que les jardins soient d’ailleurs res-
plendissants de fleurs, l’ornementation spé-
ciale que nous recommandons n’en sera
pas moins agréable à cette époque de
l’année, puisqu’elle ajoutera un charme de
plus aux jardins en constituant une agréable
diversité dans ce qui peut plaire.
Ce sont les Iris, les Pivoines, les Œillets
de toutes sortes, les Lis, les magnifiques
variétés de Delphinium à grandes fleurs,
les Ancolies, les Véroniques, les Renon-
cules, etc., qui composeront notre plate-
bande de fleurs vivaces.
Parmi les arbustes, nous aurons les nom-
breuses espèces de Spirées à fleurs blanches
et à fleurs roses, le Faux-Ébénier, Cytisus
Laburnum, avec ses grandes grappes de
fleurs jaunes, le curieux Cytisus Adami,
avec ses fleurs de couleurs différentes.,
quelquefois sur la même grappe.
Parmi les arbres, nous avons le Bois de
Judée, Cercis siliquastrum, à fleurs roses
et à fleurs blanches; le Paulownia, avec
ses grandes fleurs violacées, les Tilleuls,
dont les fleurs répandent une odeur si
agréable, le Catalpa, etc.
Août et septembre auront aussi leur em-
placement particulier.
On trouvera réunis les Anémones du
Japon, à fleurs blanches et roses, les Col-
chiques d’automne, Y Iiiypericum calyci-
num aux grandes fleurs jaunes, les Aster si
jolis et dont les espèces sont si nombreuses,
avec des fleurs de grandeurs si diverses et de
coloris si variés; les Soleils vivaces, He-
liant hus multiflorus et H. lætiflorus, aux
grandes fleurs jaunes, Y H. orgyalis, à tiges
plus élevées et terminées par des capitules
floraux très-nombreux, disposées en longues
grappes spiciformes, les Solidago ou Verge
d’or, etc.
Dans les arbrisseaux, nous aurons les
Ceanothus aux charmantes fleurs bleues,
roses ou blanches selon les variétés, Ylndi-
gofera Dosua aux nombreuses petites
fleurs roses, le Desmodium penduliflorum,
avec ses immenses panicules de fleurs
pourpres, etc.
428
PLANTATIONS D’ARBRES FRUITIERS EN BORDURE DES ROUTES.
Parmi les grands arbres, il y aura
encore le Sophora japonica et le S.
smensis, qui sont les deux derniers grands
arbres en fleurs à l’automne.
Enfin, pour les mois d’octobre, novembre
et décembre, on pourra encore avoir un
emplacement spécial sur lequel on a rassem-
blé les végétaux susceptibles de produire
un effet ornemental soit par la forme, soit
par la couleur de leur feuillage.
On réunira les arbres et arbustes dont
les feuilles, changeant de couleur à l’au-
tomne, nous fourniront les tons rouges ou
jaunes dont nous saurons tirer parti.
On y verra quelques Chênes d’Amérique,
dont lés larges feuilles deviennent d’un ton
rouge très-agréable ; le Rlius typhina nous
fournira aussi un ton rouge, ainsi que le
Liquidambar styracifiua, les Cissus ou
Vigne-Vierge, etc.
Les feuilles des Peupliers, des Négundos,
des Noyers d’Amérique, nous donneront
les nuances jaunes.
Puis nous aurons les arbres à fruits per-
sistants et d’ornement, les Cratœgus Car-
rier ei, Pyracantha Lalandei et plusieurs
autres du même groupe ; les Sorbus Aucu-
paria, etc., avec leurs fruits rouges, YHijipo-
phae rhamnoides, dont les rameaux restent
tout l’hiver chargés de petits fruits orangés.
Parmi les végétaux de plus petite taille,
on aura les Symphorines à fruits blancs et à
fruits rouges, enfin le très-petit Gaultheria
procumbens, dont les fruits, gros comme une
petite Cerise, couleur corail, se détachent
très-bien sur le ton vert sombre des
feuilles.
Les végétaux cités pour la formation des
groupes distincts ne sont pas, à beaucoup
près, les seuls qu’on pourrait réunir; le
champ est vaste, pour ne pas dire inépui-
sable.
Ce que nous voulons recommander, c’est
le principe de la réunion, par groupes spé-
ciaux, des végétaux de pleine terre qui
fleurissent simultanément, et pouvant con-
courir à l’ornementation d’ensemble des
grands parcs et jardins. Nous sommes
assuré, par des exemples, que cette orne-
mentation serait d’un bien grand attrait
pour les amateurs et les curieux.
A. Chargueraud.
PLANTATIONS D’ARBRES FRUITIERS EN BORDURE DES ROUTES
La Revue horticole a signalé, à diverses
reprises, tous les avantages que présentent
ces plantations. Les principaux sont : l’utili-
sation d’un terrain improductif et par consé-
quent inutile, et le remplacement d’arbres
ordinaires à grandes dimensions (Peupliers,
Ormes, Hêtres, etc.) répandant au loin sur les
champs voisins leur ombre funeste, par des
essences plus basses et donnant, un revenu
certain. Ces plantations fruitières sont de-
puis longtemps en faveur en Belgique et en
Allemagne. Chez nous, la plus forte ob-
jection que les agents du service vicinal et
des Ponts et Chaussées aient opposée à leur
introduction vient de ce que, disent-ils,
elles nécessiteraient de nombreux frais de
surveillance et de récolte, dont le rem-
boursement serait imparfaitement assuré
par l’incertitude de la production. Cepen-
dant, des essais fructueux, tentés en Seine-
et-Marne et ailleurs, sont venus démontrer
l’inanité de cette objection, et plusieurs
départements de l’Est, Vosges, Meurthe-et-
Moselle, Meuse, après des expériences cou-
ronnées de succès, viennent de donner à ces
plantations une grande extension.
Bans ces départements, les communes,
d’accord avec l’Administratipn vicinale, |
plantent, chaque année, plusieurs kilo-
mètres sur les routes départementales , les
chemins vicinaux et d’intérêt commun.
Les espèces fruitières que l’on choisit le
plus généralement varient suivant la région.
Bans les Vosges, c’est le Cerisier qui do-
mine. On prend dans les forêts de jeunes
plants provenant de semis du Cerisier des
bois ou Merisier. Le fruit est utilisé pour la
fabrication du kirsch. Il y aurait à res-
treindre la plantation de cette espèce, car la
cueillette des petites Merises est très-oné-
reuse.
Bans Meurthe-et-Moselle, les deux es-
pèces dominantes sont les Pruniers Mira-
belle et Quetsche.
Bans la Meuse, on a donné la préférence
aux Poiriers et aux Pommiers, dont on
cultive plusieurs variétés à fruits de table et
de marché; la plantation du Pommier à
cidre a commencé sur quelques points ;
c’est cette dernière qui, croyons-nous, est
appelée à donner les bénéfices les plus cer-
tains. La consommation du cidre, qui se
répand de plus en plus, offrira aux fruits un
écoulement facile; de plus, la Pomme à
cidre est un fruit peu savoureux, et, avec
lui, on évitera une perte que l’on aurait
LÉGUMES NOUVEAUX.
129
certainement avec des variétés plus succu-
lentes attirant l’œil et parfois la main des
passants.
Ces plantations sont données à l’entre-
prise et par adjudication faite à la sous-
préfecture; elles ont lieu sous le contrôle
des agents-voyers, aux frais des communes
intéressées.
L’élan est donné ; on plante un peu par-
tout sur les routes et chemins du ressort
départemental; les routes nationales font
seules exception.
Jusqu’ici les ingénieurs de l’État ont con-
servé sur ces dernières voies les anciens
arbres forestiers et leurs plantations récentes
se composent toujours des mêmes essences.
Nous espérons que le Gouvernement,
éclairé par l’exemple des départements et
des communes, comprendra enfin ses véri-
tables intérêts, et que, s’il ne fait pas dispa-
raître ses anciennes plantations, il laissera
aux arbres fruitiers une large part dans les
nouvelles.
Indépendamment du bénéfice qu’il y
trouvera, il donnera satisfaction aux pro-
priétaires riverains dont ses arbres dépré-
cient les champs; il contentera les voya-
geurs, pour lesquels c’est un véritable
plaisir de marcher, au printemps, entre
deux haies de fleurs, et, depuis l’été jusqu’à
l’automne, de contempler ce verger aux
fruits variés dont toutes les nuances se
jouent agréablement dans le vert du feuil-
lage.
Victor Didier,
Horticulteur à Nancy.
LÉGUMES NOUVEAUX
L’année dernière, en parcourant les
champs de légumes de MM. Vilmorin, à
Verrières, nous avons remarqué quelques
espèces, qui nous
ont paru méritantes
et dignes d’être re-
commandées. Nous
en donnons ci-des-
sous une description
sommaire :
Chicorée Reine
d’hiver. — C’est
une variété intermé-
diaire par son feuil-
lage entre les Chico-
rées frisées et la
Scarole. Elle sort
de l’ancienne Chi-
corée bâtarde de
Bordeaux , dont elle
a conservé la rusti-
cité. L’obtenteur est
M. Émile David, jar-
dinier à Savigny-
sur-Orge.
On pourra se faire
une idée de la rusticité de cette variété
quand on saura qu’elle a passé en pleine
lerre, sans aucun abri, la série d’années
comprise entre 1879 et 1886, ce qui justifie
son nom Reine d’hiver. Les feuilles de la
circonférence, relativement très-larges, rap-
pellent bien celles de la Scarole, tandis que
les centrales, étroites et frisées, rappellent
les feuilles des Chicorées frisées. Semée en
juillet, repiquée en septembre, elle donne
abondamment de décembre en mars, pourvu
qu’on lui apporte les soins ordinaires, c’est-
à-dire qu’on la garantisse contre les neiges
et les intempéries.
Chou de Bruxel-
les demi-nain de
la Halle (fig. 26). —
Cette variété, dont
la culture tend à se
généraliser aux en-
virons de Paris, -se
distingue des autres
Choux de Bruxel-
les,, non seulement
par sa taille relati-
vement naine, mais
aussi par la teinte gé-
nérale de la tige, des
feuilles et même des
Pommes, qui est plus
ou moins violette,
suivant l’état de dé-
veloppement, ce qui
l’a parfois fait appe-
ler Chou de Bruxel-
les violet. Le port de
la plante est droit et raide. Quant aux «Pom-
mes », qui sont très-rapprochées, elles sont
petites, d’abord légèrement déprimées, puis
à peu près sphériques à l’époque de la ma-
turité. C’est une variété rustique et très-
productive, à feuilles extérieures longue-
ment pétiolées. La tête du Chou, qui est
bien frisée, rappelle assez un Chou de Mi-
lan, ce qui tendrait à démontrer que ce
Chou pourrait bien provenir de ce groupe.
130
LÉGUMES NOUVEAUX.
Radis noir long d’été. — Variété dou-
blement précieuse ; d’abord par ses qualités,
qui rappellent celles de l’ancien Radis noir
bien connu et d’un usage si général ; l’autre
est de ne pas monter comme l’ancien, et,
alors, de pouvoir se cultiver pendant tout
l’été comme les petits Radis roses d’été, ce
qui est un avantage inappréciable. La racine
forte, bien faite, un peu obtuse, a la peau
d’un beau noir, mais un peu moins ru-
gueuse que celle de l’ancien Radis noir
long d’hiver. Quant à la chair, elle est d’un
très-beau blanc ; sa saveur, très-agréable,
est bien relevée sans être trop piquante
cependant.
Ainsi qu’on peut le voir, le Radis noir
long d’été est une précieuse nouveauté qui
permet d’avoir un condiment sain et
agréable à peu près partout et pendant toute
l’année. Alors, dans certains cas, et
faute de Navets qu’il est si difficile de se
procurer pendant l’été, ne pourrait-on con-
sidérer le Radis noir long d’hiver comme
un succédané du Navet, ne serait-ce au
moins que comme légume « à pot au feu » ?
Pomme de terre Canada (fig. 27).
— Variété d’une énorme productivité,
même sous des climats regardés comme
peu favorables à la culture des Pommes
de terre. Ainsi à Lunéville, chez M. Paul
Fig. 27. — Pomme de terre Canada.
Genay, à qui on doit la connaissance de la
variété en question, le rendement a été
supérieur à toutes les autres variétés aux-
quelles on l’a comparée, notamment à la
Pomme de terre Institut de Beauvais ,
regardée pourtant comme une des plus
productives. Gomme caractères, ceux de
la Pomme de terre Canada, se rappro-
chent de ceux de la Jeancé ou Vosgienne,
excepté qu’elle est à fleurs blanches. Ses
germes sont rosés. C’est une variété demi-
tardive, dont les tubercules Sont de facile
conservation. Elle appartient à la catégorie
des Pommes de terre à « grand rendement».
Ognon blanc petit extra-hâtif de Bar -
leta. — Cette variété, qui est un peu plus
petite que Y Ognon de la Reine, est la plus
hâtive de toutes celles connues. On admet
qu’elle devance de quinze à vingt jours les
sortes les plus précoces d’Ognons hlancs.
Son diamètre est d’environ 3 centimètres
sur un peu moins de hauteur ; ce tubercule
présente cette particularité d’être bien plat
au sommet, tandis qu’il se rétrécit brusque-
ment en cône à sa partie inférieure.
Haricot jaune hâtif de Fleuriel, Vilm.
— Variété rappelant un peu le II. jaune
du Canada, mais qui lui est supérieure
LÉGUMES
comme hâtiveté et productivité. Les cosses,
qui sont sans parchemin, peuvent être cueil-
lies presque à toutes les grosseurs, tout
en . conservant leur tendreté et leur bon
goût.
Le H. jaune hâtif de Fleuviel est un peu
plus nain que le H. jaune du Canada; son
grain, qui est de la même couleur, est un
peu plus petit et surtout plus sphérique.
Haricot Gloire de Lyon , Vilm. — Tout
particulièrement précieux pour cueillir en
vert, ce Haricot, bien que récemment obtenu,
s’est promptement répandu dans la culture
maraîchère, ce qui
suffirait presque
pour en indiquer le
mérite. Il est plus
hâtif que les Hari-
cots Bagnolet et
Solitaire , avec les-
quels il a quelques
rapports, surtout
par le grain. Par
son port ramifié et
trapu, 1 eH. Gloire
de Lyon rappelle
le H. Solitaire ,
tandis que ses « ai-
guilles» et son
grain le rappro-
chent du H. Ba-
gnolet.
Haricot Roi des
verts , Bonnemain.
— Plus hâtif que
le H. Merveille de
France dont il
sort, il est égale-
ment plus nain,
plus trapu et même
plus productif ; il
est aussi bien su-
périeur au H. Che-
vrier, et les sur-
passe également
par les qualités de
son grain.
Concombre vert long de Cardiff. — Cette
variété, qui est vigoureuse et très-produc-
tive, est également très-robuste, ce qui pro-
bablement permettra de le cultiver sous
notre climat comme Concombre de pleine
terre. Soumis à une bonne culture, ses
fruits viennent par groupe de trois à quatre.
Longs d’environ 30 à 40 centimètres, ces
fruits sont cylindriques, légèrement atté-
nués vers le pédoncule, à peau lisse et d’un
très-beau vert. C’est une variété productive
NOUVEAUX. 131
et bien franche, qui peut fournir deux
« saisons de cueille ».
Épinard paresseux de Catillon. — Le
qualificatif paresseux, employé ici, doit se
prendre dans le sens de lent à monter.
C’est, assure-t-on, de toutes les variétés du
genre, celle dont la cueillette peut se pro-
longer le plus longtemps lorsqu’arrivent les
chaleurs, si funestes, comme l’on sait, à la
production des feuilles d’Épinards. Celui-ci
a les feuilles épaisses, larges, succulentes, et
d’un beau vert. De plus, la plante est ro-
buste et compacte. Cette variété, qui est
très-méritan te,
présente la parti-
cularité physiolo-
gique très-curieuse
que voici : lorsque
la plante monte à
graines, on cons-
tate que presque
tous les pieds sont
monoïques, c’est-
à-dire mâles ou
femelles, au lieu
de voir les fleurs
mâles et femelles
sur un même pied,
mais alors sur des
branches différen-
tes, ainsi que c’est
la règle.
Fraise Souvenir
de Bossuet ( fig.28).
— Cette variété,
qui appartient à
la catégorie des
« Grosses Fraises »,
a été obtenue par
M. Ed. Lefort, se-
crétaire général de
la Société d’horti-
culture de l’ar-
rondissement de
Meaux, de graines
récoltées sur la va-
riété Général Chanzy. Quoique tout à fait
nouvelle, on a cependant pu se faire une
idée de ses qualités, qui sont telles qu’elles
lui assurent un favorable accueil de la part
des cultivateurs. Ses caractères généraux
sont les suivants :
Plante vigoureuse, robuste, très-productive.
Feuilles très-amples, bien nourries, garan-
tissant bien le centre (cœur) de la plante contre
les fortes chaleurs, et assurant le développement
des hampes, qui sont dressées, robustes, et
portent une grande quantité de fleurs _qui
Fig. 28. — Fraise Souvenir de Bossuet ,
de grandeur naturelle.
132
LES ODONTOGLOSSUM CRISPUM.
« nouent j> parfaitement. Les fruits, relati-
vement très-gros, sont courtement ovales, cor-
diformes, d’une belle couleur rouge vif qui,
suivant les circonstances, va même jusqu’au
rouge noir, ainsi, du reste, que le fait a lieu
pour la Fraise Général Chanzy. La chair, d’un
beau rouge pâle ou clair, est ferme, très-juteuse,
sucrée, légèrement mais très -agréablement
acide. C’est une plante très-fertile et de demi-
saison, bonne pour le commerce, tant pour la
beauté et les qualités de ses fruits que par la
fermeté de leur chair, qui en facilite le trans-
port.
La Fraise Souvenir de Bossuet , qui
vient d’être mise au commerce par MM. Vil-
morin et Cie, a présenté cette année une
particularité remarquable et à peu près
unique jusqu’ici, ou, du moins, que nous sa-
chions, qui n’a jamais été constatée. Ce carac-
tère, c’est la floraison de rosettes ou jeunes
pieds développés sur des « coulants » ou
stolons gemmifères. Ces bourgeons, âgés
seulement de quelques semaines, ont pro-
duit des fleurs bien constituées qui se sont
transformées en magnifiques fruits, abso-
lument semblables à ceux que portaient les
vieux pieds.
Ce caractère persistera-t-il, et est-il l’in-
dice d’une grosse Fraise remontante? Nous
ne pouvons le dire. Quoi qu’il en soit,
il nous a paru intéressant de le signaler.
E.-A. Carrière.
LES ODONTOGLOSSUM CRISPUM
Peu de plantes, même dans la vaste
famille des Orchidées, ont donné naissance,
à l’état spontané à une aussi grande variation
que cette espèce dans leurs fleurs. En effet,
toutes les variétés de Y Odontoglossum
crispum , aujourd’hui cultivées, viennent
d’importations directes; je n’en connais
aucune qui soit le résultat d’une fécondation
artificielle pratiquée de main d’homme.
La plupart de ces variétés sont connues
sous le nom d’O. Alexandræ. Il est bon
d’expliquer d’abord d’où vient ce nom.
En 1841-43, au cours d’un voyage entrepris
par Hartweg, pour la Société d’Horti culture
de Londres, ce vaillant collecteur de plantes
découvrit, près de Pacho, dans la Cordillère
orientale des Andes de la Nouvelle-Gre-
nade, cette charmante Orchidée, dont il rap-
porta seulement des échantillons d’herbier.
Dix ans plus tard, Lindley décrivit l’espèce
sous le nom d’O. crispum (1). Ce ne fut
qu’en 1863 que les collecteurs Weir, Blunt
et Schlim, envoyés respectivement par la
Société d’Horticulture de Londres, par
MM. Low et Clapters, et par M. J. Linden,
de Bruxelles, dont Schlim était le frère uté-
rin, réussirent à introduire les premiers
exemplaires vivants (2). C’est dans la col-
lection de M. John Day, de Tottenham
(le célèbre amateur mort récemment), que
(1) Ann. nat. Hist., 15, p. 256 ; Fol. Orch. Od.
n° 57 (1852). Il n’en est pas encore question dans
les Plantœ Hartwegianæ du même auteur, dont la
publication suivit de près le retour de Hartweg.
(2) On cite ce fait curieux, que les trois collec-
eurs se trouvèrent ensemble sur le même steamer,
embarqués pour la même destination, et avec le
même programme à remplir.
s’épanouit la première fleur en Europe.
Elle provenait de l’envoi fait par Blunt.
Envoyée à M. Beichenbach, qui n’y reconnut
pas F O. crispum de Lindley, elle fut publiée
par lui sous le nom d’O. Bluntii (1).
Presque en même temps, les plantes de
M. Weir fleurissaient également et M. Ba-
teman publiait la première qui s’épanouit,
également comme nouveauté, sous le nom
d’O. Alexandræ , la dédiant à la princesse de
Galles (2). La plante fit sensation. Grâce à
des introductions nouvelles qui ne se firent
pas attendre, ce dernier nom devint bientôt
populaire, et il restera longtemps encore,
dans le public horticole, plus connu que
celui d’O. crispum , le seul exact cependant,
de par la loi de priorité.
Nous énumérerons, tout à l’heure, quel-
ques-unes des variétés qui se sont suc-
cédées depuis ces premières introductions.
Le type général de l’espèce peut se décrire
ainsi :
Pseudo-bulbes ovales comprimés, à deux
feuilles linéaires-lancéolées, carénées, dilatées
au milieu, aiguës au sommet. Inflorescence en
grappe simple ou en panicule plus ou moins
rameuse. Fleurs à fond blanc, parfois jau-
nâtre, rose ou mauve, plus ou moins pourvu
de macules, points ou stries, roses, pourpres
ou bruns ; pédicelle égalant souvent le dia-
mètre des fleurs, accompagné de bractées
petites, ovales-lancéolées-aiguës, striées; sé-
pales lancéolés-aigus ; pétales presque égaux
aux sépales ou plus souvent plus larges,
ovales-lancéolés très-aigus, crispés, à décou-
pures membranacées ; labelle plus court que
(1) Gard. Chron., 1864, p. 1083.
(2) Bot. Zeit. 1864, n° 53.
Revue Horticole >.
CVrcvxoUVv (r.Seoereyrts .
Godard , dei..
Odontocflossiun crispum Goiwillmnum
LES ODONTOGLOSSUM CRISPUM.
433
les pétales, cun éi forme-h asté, onguiculé, à
bords crispés ou frangés, à sommet apiculé
recourbé en arrière ; lames de la crête bilaté-
rales plus ou moins calleuses ou allongées,
dentées-pectinées ; colonne arquée claviforme,
jaune à la gorge, plus ou moins colorée, à
ailes frangées ou lacérées.
Les dimensions des fleurs de l’0. cris -
pum varient considérablement. Entre les
premiers, échantillons d’herbier, qui mon-
traient des périanthes de 5 à 6 centimètres de
diamètre, et quelques beaux exemplaires de
certaines collections anglaises, qui mesurent
40 ou 42 centimètres, on voit que la marge
est notable. Non moindre est la variation des
couleurs. Aussi les dédicaces se sont-elles
multipliées, à cette occasion, sous la plume
des auteurs. C’est ainsi que M. Reichen-
bach a successivement décrit, comme autant
d’espèces distinctes, les simples variétés
suivantes : O. Bluntii, Andersonianum ,
limbatum , Ruckerianum, Jenningsia-
num (4). On voit qu’un peu d’indulgence
doit paraître nécessaire pour les descrip-
teurs de plantes nouvelles.
Parmi les plus saillantes d’entre les va-
riétés de Y O. crispum, formes dont les
descriptions sont éparses dans nombre de
publications, journaux, catalogues d’horti-
culteurs, etc., il en est une certaine quan-
tité que MM. Veitch, de Londres, ont très-
judicieusement mises en relief dans une
étude récente (2). Ce sont les suivantes :
O. c. Andersonianum et ses sous-va-
riétés angustatum, lobatum , tenue , Jose-
phinæ, obtusatum, pictum, M. Pollett.
O. c. Chestertoni.
O. c. Jenningsianum.
O. c. limbatum.
O. c. Ruckerianum.
Mais depuis l’apparition de cette der-
nière variété, en 4873, combien de nouvelles
formes ont fait leur apparition, la plupart
supérieures en beauté aux précédentes î Nous
ne voulons citer au passage que les sui-
vantes : O. c. apiatum, Ballantinei,
Sclirœderianum, fastuosum, flaveolum,
guttatum, Cooksoni, Raganum, Wilsoni ,
Stevensii, Duchess, Veitchianum , Duva-
lianum, etc.
Aux plus belles d’entre les variétés qui
viennent d’être énumérées, on peut ajouter
celle que nous figurons aujourd’hui et que
M. le comte Adrien de Germigny cultive
dans ses serres de Gouville (O. crispum de
(1) Bot. Zeit., 1864, n° 53; Gard. Chron ., 1868,
p. 599 ; 1870, p. 714: 1873, p. 105 : 1878, p. 366.
(2) Mann. Orch. pi. part. I, pp. 24 et suiv.
Gouville). La grandeur de ses fleurs et la
netteté de ses larges macules la placent au
premier rang des formes qui se rapprochent
de la variété fastuosum et la dépassent en
beauté.
Qu’on me permette d’ajouter à cette liste
la variété d’un blanc pur avec deux points
roses sur les sépales, que j’ai introduite,
en 4876, de la Nouvelle-Grenade, où je l’ai
trouvée près de Pasca, et que j’ai décrite
sous le nom de O. c. Mariæ (4).
J’ai déjà indiqué dans le Tour du Monde
(vol. XXV, p. 494) les principaux traits du
paysage bien particulier dans lequel j’ai ré-
colté cette jolie Orchidée :
« Dès que nous fûmes arrivés à 500 mè-
tres plus haut que Pasca, pauvre village de
la Cordillère orientale des Andes, à 40 kilo-
mètres environ de Bogotà, et à l’altitude de
2,434 mètres, les pentes devinrent plus
abruptes, et le « Paramo » (2) se montra
sous son voile de brume. Les mules furent
confiées à la garde d’un péon, et notre ascen-
sion commença.
« Après deux heures de marche au mi-
lieu de ces « lomas » ou prairies monta-
gneuses couvertes d’une herbe courte et des
rares buissons du Rubus bogotensis, nous
entrions dans la forêt des Orchidées. C’était
en pleine région froide. La végétation arbo-
rescente était maigre, effdée, couverte de
Mousses, de Lichens, d’Hépatiques, qui re-
couvraient tous les rameaux de tons verdâ-
tres, au milieu d’une perpétuelle humidité.
Pas de fleurs, à l’exception des admirables
grappes blanches ou rosées de YOdonto-
glossum crispum , établi à l’enfourchement
des branches et dont je fis une ample pro-
vision. A coup sûr, cette espèce est la reine
des Orchidées de la région de Pasca. »
On peut considérer cette dernière localité
comme un des points méridionaux extrêmes
où Y O. crispum croit abondamment dans
la Cordillère orientale. Au nord, la plante
se retrouve jusqu’au delà de Pacho, où
Hartweg l’a recueillie le premier, à 32 kilo-
mètres environ de Bogotà. C’est donc dans
un espace de moins de 3 degrés de latitude
que l’aire de distribution de cette espèce se
trouve circonscrite. Cette localisation géo-
graphique assez étroite n’est pas rare dans
les Orchidées.
Depuis dix ou quinze ans, les quantités
d’O. crispum importées vivantes de la Nou-
velle-Grenade ont atteint des chiffres pro-
(1) Illust. hort., 1878, p. 137, pl. 325.
(2) Paramo, région froide des hautes Andes, le
plus souvent couverte de brumes.
434
IMPATIENS CÔMORENSIS.
digieux. On peut dire que c’est par centaines
de mille qu’elles ont été arrachées aux forêts
de la Cordillère et qu’elles ont passé sous le
marteau de vente de Stevens, à Londres.
Ces plantes se vendent en bloc à des prix
très-modérés et se distribuent, aussitôt après
leur arrivée, entre de nombreux horticul-
teurs et amateurs. Bientôt après on en fait
un choix quand elles fleurissent, et il est
fréquent de voir des exemplaires achetés
1 shilling qui se revendent, l’année suivante,
à des centaines de francs, ou même davan-
tage.
Tout le monde connaît aujourd’hui la
culture de l’O. crispum. Serre froide,
beaucoup d’air et d’humidité, tel est en
deux mots le secret. Les plantes fleurissent
généralement depuis le milieu de février
jusqu’à la fin d’avril, quand elles sont bien
établies. Mais comme cette espèce peut
émettre des hampes à toute époque de
sa végétation active, il s’ensuit que, si
l’on en possède un assez grand nombre, on
obtient des fleurs presque toute l’année.
Ed. André.
IMPATIENS COIORENSIS
Plante extrêmement vigoureuse, ramifiée,
à ramifications dressées. Tige charnue,
glabre, rougeâtre, lisse, se dénudant faci-
lement par la base. Feuilles alternes, lon-
guement lancéolées, atténuées à la base,
acuminées au sommet, de 15 à 25 centi-
mètres et même plus de longueur sur environ
5 à 6 de largeur, glabres, d’abord courtement
dentées, ensuite comme spinulées. Fleurs
abondantes à l’extrémité des ramifications,
constituant des inflorescences largement
arrondies, relativement courtes et com-
pactes. Boutons sur un pédoncule rosé d’en-
viron 8 centimètres de longueur, carné, à
divisions externes fortement appliquées,
concaves, l’une d’elles se transformant en
éperon, qui, d’abord relevé, se contourne
en grandissant et devient pendant ; cet épe-
ron, qui est bifide, robuste, glabre, lui-
sant, d’un rose plus ou moins foncé, atteint
environ 5 centimètres de longueur. Corolle
à 5 divisions étalées-obovales, un peu iné-
gales, d’un rose nuancé de carmin, parfois
violacé, plus ou moins foncé, suivant l’état
de la floraison.
Introduite en 4886, par M. Humblot, qui
en envoya des graines au Muséum, Y Impa-
tiens comorensis , M. Cornu, est une es-
pèce relativement géante et d’une crois-
sance excessivement rapide. Nous en avons
vu des pieds, qui, bien que placés dans des
conditions peu favorables, avaient cepen-
dant une tige de 5 à 8 centimètres de dia-
mètre. C’est une plante qui nous paraît
devoir être cultivée en serre chaude, comme
Y Impatiens Sultani et autres espèces ana-
logues. Comme YI. Sultani, elle nous a
paru très-disposée à émettre des bourgeons
lorsqu’on la rabat. On la multiplie de
graines et de boutures ; les premières
doivent être semées en serre, et les plants
repiqués jeunes et même plusieurs fois,
afin d’éviter l’étiolement; le mieux serait de
placer les pots sur une petite couche près
du verre, sous des châssis, où il serait alors
facile de leur donner de l’air. Quant aux
boutures, on peut en faire pendant presque
toute l’année; en prenant des jeunes
pousses, la reprise, qui est certaine, se fait
très-promptement.
Les jeunes plantes destinées à l’orne-
mentation estivale des jardins devront être
plantées en pleine terre aussitôt que les
froids ne seront plus à craindre, dans un
sol bien préparé, fortement insolé et sur-
tout bien aéré.
Bien que l’on ne puisse encore rien affir-
mer quant au mérite de Y Impatiens co-
morensis, ce que nous avons vu autorise à
croire que ce sera une bonne plante d’orne-
ment; elle nous a paru très-floribonde, et
ses fleurs, assez grandes, bien faites, et
d’une teinte rose nuancé plus ou moins
violacé, tranchent agréablement avec le vert
clair du feuillage. Sa vigueur excessive et
sa tendance à se ramifier laissent croire
que ce sera une espèce précieuse pour la
confection des grands massifs, et tout par-
ticulièrement comme plante à isoler. Disons
toutefois qu’elle nous a paru très-disposée à
être envahie par la cochenille, du moins
lorsque les plantes sont cultivées en serre
chaude. On devra donc veiller avec soin
à faire disparaître ces insectes aussitôt
qu’il pourrait s’en présenter, afin de ne
pas mettre en pleine terre des plantes déjà
envahies.
E.-A. Carrière.
CONGRÈS HORTICOLE DE PARIS EN MAI 1888.
135
CONGRÈS HORTICOLE DE PARIS EN MAI 1888
I. - RÈGLEMENT
Article premier. — Un Congrès horticole,
organisé par la Société nationale d’horticulture de
France, se tiendra dans l’hôtel de la Société, rue
de Grenelle, 84, pendant la durée de l’Exposition,
qui aura lieu du 25 au 31 mai 1888.
Art. 2. — L’ouverture s’en fera le lundi 28 mai,
à deux heures de l’après-midi.
Art. 3. — Le Bureau de la Société dirigera les
travaux et les séances du Congrès, et réglera
l’ordre dans lequel les questions seront traitées. Il
pourra, avec l’assentiment de l'Assemblée, s’ad-
joindre des membres honoraires.
Art. 4. — Le Bureau sera saisi de toutes les
propositions, questions et documents adressés au
Congrès dont le programme ci-joint comprend des
questions d’horticulture, de science, de commerce
et d'industrie horticoles.
Art. 5. — Il peut être présenté au Congrès des
questions autres que celles du programme ; les
personnes qui désireraient les traiter devront, par
avance, en prévenir le Président.
Art. 6. — Les orateurs ne pourront occuper la
ribune plus d’un quart d’heure, à moins que l’As-
semblée n’en décide autrement.
Art. 7. — Les dames sont admises aux séances
et pourront prendre part à la discussion.
Art. 8. — Les personnes qui ne pourront assis-
ter aux séances, et désireraient cependant que leur
travail fût communiqué au Congrès devront l’adres-
ser, franc de port, au Président de la Société, rue
de Grenelle, 84.
Art. 9. — Toute discussion étrangère aux études
poursuivies par la Société est formellement inter-
dite.
Art. 10. — La Commission d’organisation re-
cevra, avec reconnaissance, les mémoires sur les
questions portées au programme que voudraient
lui adresser préalablement des membres du Con-
grès. Ces mémoires devront parvenir au siège de
la Société avant le 1er avril 1888. Ils seront impri-
més, s’il y a lieu, et distribués par les soins de la
Commission avant la réunion du Congrès.
Art. 11. — Les travaux généraux du Congrès
pourront être publiés par les soins de la Société.
Art. 12. — Il ne sera perçu aucune cotisation.
Art. 13. — Une carte d’admission pour les
séances du Congrès sera délivrée gratuitement à
tous les membres adhérents ne faisant pas partie
de la Société. Les membres de la Société entreront
sur la présentation de leur carte de sociétaire.
Art. 14. — Tout cas non prévu par le présent
règlement sera soumis au Bureau, qui statuera.
La Commission d'organisation ,
Hardy, président; Bergman (Ernest), secré-
taire; Dybrowski, Truffaut (Albert),
Verdier (Ch.), membres.
Approuvé en séance du Conseil.
Le Secrétaire-général, Le Président,
A. BLEU. Léon SAY.
N. B. — Pour faciliter l’organisation du Congrès,
on est prié de faire parvenir les adhésions au siège
de la Société, rue de Grenelle, 84, avant le 15 avril
prochain.
La Société a obtenu des Compagnies du chemin
de fer, comme les années précédentes, une réduc-
tion de moitié sur le prix des places, en faveur des
membres de la Société.
II. — QUESTIONS POSÉES
1° Examen des tarifs des Compagnies de chemins
de fer, pour : A, le transport des végétaux vi-
vants ; B, le transport des denrées horticoles.
Maintenue à V étude, sera traitée par M. A.
Truffaut.
2° L’aération de l’eau a-t-elle une influence sur
l’arrosage des plantes ?
Proposée par M. Dybowski qui la traitera.
3° L’enseignement de l’horticulture dans les écoles
de filles.
Proposée par M. Belair qui la traitera.
4° L’enseignement de l’horticulture dans les écoles
primaires rurales.
Proposée par M. Ch. Chevalier qui la traitera.
5° Le Pommier à cidre.
Proposée par M. A. Oudin qui la traitera.
6° Quelles sont les causes du dessèchement sur
les treilles de la rafle des grappes du Raisin de
table ? Connaît-on un moyen de l’empêcher de
se produire ?
Maintenue à Vétude.
7° Influence des engrais chimiques en horticul-
ture. Leur emploi.
Maintenue à Vétude.
8° De l’emploi des engrais liquides dans la culture
des plantes en pots ou en caisses.
Maintenue à Vétude.
9° Par qüel moyen pratique peut-on arriver à dé-
truire sûrement la cochenille qui attaque les
plantes de serre ?
Proposée par la Société.
10° Quelle explication peut-on donner de la diffé-
rence que l’on remarque dans la végétation et
la floraison des plantes vivaces multipliées par
le bouturage ou par la division des pieds ?
Maintenue à Vétude, sera traitée par M. Dy-
bowski.
11° Maladies du Pélargonium zonale.
Maintenue à l'étude.
12° Des appareils de chauffage pour serres en gé-
néral, et des avantages ou des inconvénients de
l’emploi de la fonte, du fer, de l’acier et du
cuivre dans la construction de ces appareils.
Maintenue à l'élude.
13° Utilité et mode d’organisation d’une exposition
de géographie botanique.
Maintenue à Vétude.
14° Quelle est la cause de la rouille des Rosiers ?
Moyens de la prévenir ou de la guérir.
Maintenue à Vétude.
15° La convention phylloxérique.
Maintenue à l'étude.
16° Les Pommes de Calville et de Canada pré-
sentent souvent sur la peau une tache de cou-
leur brune au-dessus de laquelle se produit une
décomposition de la pulpe qui se prolonge à une
136
BINEÜSE- RATISSEUSE À CHEVAL.
certaine profondeur. A quelle cause peut-on
attribuer cette sorte de maladie?
Maintenue à l’étude.
17° Les Vignes américaines et franco-américaines.
Maintenue à l’étude.
18° L’industrie de l’alcool des fruits au point de
vue national et industriel.
Maintenue à l’étude.
19° Des plantations fruitières commerciales et in-
dustrielles faites en grande culture au point de
vue de la production de fruits comestibles.
Proposée par M. Xavier Levrier, qui la
traitera.
20» La France pourrait-elle produire avantageuse-
ment toutes les graines pour semences dont elle
a besoin ? Ses différents sols et ses différents
climats se prêtent-ils à la culture des espèces
qu’elle reçoit ordinairement de l’étranger ?
Quelles peuvent être les causes climatériques,
culturales et économiques qui obligent notre
pays à tirer de l’étranger une «partie des se-
mences qui lui sont nécessaires ?
Proposée par M. Baillet, qui la traitera.
Pour la Commission d'organisation :
A. Hardy, président ; Ernest Bergman, secrétaire.
Approuvé en séance :
Le Secrétaire-général,
A. BLEU.
BINEUSE-RÂTISSEUSE A CHEVAL
Dans les propriétés de grande étendue,
l’entretien des voies non empierrées repré-
sente chaque année une dépense considé-
rable. Non seulement, pendant la belle sai-
son, la destruction des herbes qui se
développent continuellement demande de
fréquents binages; mais, en outre, pour
empêcher la surface de ces allées de durcir
et de devenir désagréable pour les prome-
nades à pied, il est nécessaire que l’on
remue, au moins une fois par semaine, jus-
qu’à une profondeur de 2 centimètres en-
viron, le gravier qui recouvre ces allées.
Le binage à la houe à main est coûteux
et doit naturellement être suivi d’un ratis-
sage qui augmente encore les frais.
Pour obvier à ces inconvénients, on peut
employer une bineuse-râtisseuse à cheval
dont nous donnons ci -contre le dessin
(fig. 29) et dont le prix d’acquisition est
très-rapidement regagné.
Elle se compose d’un avant-train dont la
hauteur peut-être changée, au moyen d’une
clavette, suivant la hauteur de l’animal,
cheval, mulet ou âne, que l’on y attèle ;
d’une lame presque horizontale que l’on
enfonce en terre, à la profondeur désirée,
au moyen de deux poignées qui servent à
diriger la charrue ; enfin, d’un rateau mo-
bile qui, par son propre poids, enlève les
herbes que la lame a coupées et les ramasse,
tout en tamisant et en régularisant la sur-
face du gravier.
La chaînette qui surmonte ce rateau per-
met à l’opérateur de le soulever lorsque les
herbes forment une masse d’un certain vo-
lume qui gênerait le bon fonctionnement
de l’appareil.
A l’aide de la bineuse-râtisseuse, un
homme, avec un petit cheval ou poney,
peut facilement mettre en état un hectare et
demi d’allées par jour.
Ajoutons que cette bineuse peut tout
aussi bien être employée pour les cultures
que l’on fait en grand : Vignes, Pommes
de terre, les pépinières, etc. Il convient
alors de compléter le travail ainsi exécuté
par un coup de binette à main que l’on
donne dans le rang entre les plants.
Ch. Thays.
PRUNUS CAPULI.
137
PRUNUS CAPULI W
Arbrisseau ou petit arbre très-ramifié.
Branches effilées, à écorce gris brun, lenti-
cellée et ponctuée de blanc. Bourgeons ténus,
à écorce glabre, légèrement colorée. Stipules
linéaires, rougeâtres, promptement cadu-
ques, excepté
celles de la
base des bour-
geons , qui ,
beaucoup plus
longues, sont
aussi p 1 u s
longtemps per-
sistantes.
Feuilles cadu-
ques, longue-
ment et étroi-
tement ovales-
ell iptiques ,
cou rtement
acuminées au
sommet, gla-
bres, luisantes
en dessus, d’un
vert glauque
en dessous, fi-
nement denti-
culées en scies.
Inflorescence
(fig. 30) en
épis à l’extré-
mité des jeu-
nes bourgeons,
rappelant assez
celle des Pci-
dus. Bractées
linéaires rouge
clair, dépas-
sant le bouton.
Boutons sphé-
riques, très-
élégants, bien-
tôt nus par
l’extrême ca-
ducité des bractées, sur un pédicelle d’en-
viron 1 centimètre. Fleurs solitaires, blanc
(1) On nous a fait récemment observer que l’es-
pèce dont nous entretenons aujourd’hui nos lecteurs
pourrait bien être autre chose que le véritable Pru-
nus Capuli du Mexique. Ce que l’on cultiverait
sous ce nom en Europe ne serait que le Prunus
serotina (Padus serotina), forme méridionale du
P. virginiana si répandu dans l’Amérique du Nord.
pur, à cinq pétales obovales, étalés, légè-
rement odorantes. Fruits rappelant des pe-
tites Cerises, rouges, pulpeux, sensiblement
acidulés.
Cette espèce, qui est très-commune dans
certaines loca-
lités du Mexi-
que où elle
croît à l’état
sauvage, y est
parfois cultivée
comme un ar-
bre fruitier.
Ses fruits sont
vendus, sur le
marché de
Mexico, sous le
nom de Capu-
linos , dénomi-
nation qui a
été adoptée par
les botanistes
comme quali-
ficatif de l’es-
pèce, en enle-
vant la ter-
minaison es-
pagnole.
Le P. Ca-
puli, Cav. (P.
Capollin,
Zucc .,Cerasus
Capuli, Se-
ringe), fleurit
dès les pre-
miers beaux
jours du prin-
temps, ce qui
compromet sa
floraison; aus-
si est-il pru-
dent de l’abri-
ter. C’est un
très-bel arbris-
seau d’ornement, suffisamment rustique
pour supporter l’hiver sous le climat de
Nous ne pouvons nous prononcer sur ce sujet déli-
cat. Qu’il nous suffise de décrire et de figurer au-
jourd’hui la plante qui nous a été montrée, soit au
Muséum, soit ailleurs, sous le nom de P. Capuli ,
en réservant toute enquête future sur l’exactitude
de la dénomination qu’elle porte en Europe.
( Rédaction .)
Fig. 30. — Prunus Capuli.
Rameau fleuri de grandeur naturelle.
138
NOUVEAU MODE D’EMPLOI DE l’àCACIA PARASOL.
Paris. Dans le midi de la France, ce sera
certainement une des jolies espèces à cul-
tiver et doublement intéressante : comme
arbre fruitier et comme arbre d’orne-
ment.
Le P. Capuli se multiplie par graines
et par boutures, ou par couchages si l’on
tient à le conserver franc, car, comme la
plupart de nos arbres fruitiers à noyaux,
les plantes tendent à varier lorsqu’on les
multiplie par graines. Si on voulait le gref-
fer, il faudrait prendre comme sujet le
P. Padus , L. (Padus racemosa , Lam.).
E.-A. Carrière.
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1888.
Comité de floriculture.
Apport de M. Dallé, horticulteur, 29, rue
Pierre-Charron : Quelques Orchidées en fleurs :
Odontoglossum maculatum , Oncidium Ca-
vendishianum , Sophronitis militaris, jolie
petite espèce à fleurs vermillon vif.
Ces Orchidées sont toujours agréables à re-
voir bien fleuries au milieu des frimats d’un
hiver aussi rude que celui que nous venons de
traverser.
Comité de culture potagère.
M. Berthault (Jean), jardinier à Wissous
(Seine-et-Oise) : des Fraisiers en pots, appar-
tenant aux variétés Marguerite Lebreton et
Vicomtesse Héricart de Thury et portant un
certain nombre de fruits mûrs.
M. Battut (François), négociant en primeurs,
18, rue Quincampoix, Paris : un lot assez im-
portant de primeurs, fruits et légumes, récoltés
au Cap d’Antibes (Alpes-Maritimes) et pré-
sentés dans un état de fraîcheur absolue :
Tomates, Haricots verts, Pois verts, Artichauts,
Fèves de Marais, etc.
Les cultures de primeurs du Cap d’Antibes
sont peu connues, et cependant elles sont
dignes du plus vif intérêt. On y remarque
surtout le traitement des Tomates sous châssis,
grâce auquel ces habiles primeuristes de cette
région obtiennent de remarquables fruits dans
une saison où cette Solanée est extrêmement
rare à Paris à l’état frais. Nous avons de-
mandé des détails sur ces cultures et nous
les ferons prochainement passer sous les yeux
des lecteurs de la Revue. Mais nous tenions
à prendre date en attirant l’attention sur une
spécialité culturale des plus intéressantes et des
moins connues dans nos régions septentrio-
nales.
Ch. Thays.
NOUVEAU MODE D’EMPLOI DE L’ACACIA PARASOL
C’est dans tous les champs de l’activité
humaine que « nécessité l’ingénieuse est
« mère de l’invention », une mère souvent
fâcheuse mais toujours féconde, qui se pré-
sente sans qu’on l’appelle, et dont les bien-
faits ne sont pas toujours accueillis comme
des faveurs.
Je ne songeais guère, pour ma part, à in-
voquer son intervention lorsque se produi-
sirent les circonstances qui m’ont fourni
l’occasion d’expérimenter un nouveau mode
d’emploi de l’Acacia parasol (Robinia
pseudo- Acacia umbraculifera] , que je si-
gnale à l’attention des horticulteurs et, plus
spécialement, des architectes-paysagistes.
J’étais appelé, en 1880, dans la partie la
plus montagneuse et la plus sauvage du
Haut-Beaujolais, pour disposer en parc
paysager des terrains accidentés situés au-
tour d’une construction qui commençait
seulement à s’élever, mais qui devait pren-
dre, avec ses dépendances et les communs
une importance considérable. Les terrains
à transformer consistaient en prés, bois et
terres labourées, mesurant ensemble une
superficie de plus de 100 hectares.
Toute la région dans laquelle ils se trou-
vent appartient, ainsi que la plus grande
partie du Beaujolais, au terrain granitique,
granités récents, syénitiques, porphyro-gra-
nitoïdes, etc.
Ces roches, composées de quartz, felds-
path et mica, se décomposent facilement en
gore et argile, et donnent des sols exclusi-
vement silico-argileux. Les parties les plus
élevées sont au contraire constituées par des
porphyres compacts d’une dureté sou-
vent très-grande; ils se décomposent très-
lentement, et la roche, traversée par de
nombreuses fissures, se divise en fragments
analogues aux éclats des roches calcaires.
Cette digression géologique m’a paru
nécessaire pour expliquer l’embarras dans
lequel je me suis trouvé plus tard, lorsqu’il
NOUVEAU MODE D’EMPLOI DE L’ACACIA PARASOL.
fallut trouver une essence pouvant vivre
et prospérer dans cette nature de sol, tout
en remplissant, d’autre part, des conditions
déterminées de taille et de développement.
L’aspect général du Haut-Beaujolais est
plutôt triste et monotone que pittoresque,
malgré un système oréographique assez
puissant pour soulever une vingtaine de
sommets à une altitude de 900 à 1,000 mè-
tres.
Mais la variété des formes et les richesses
de la végétation manquent à la fois à ces
longues chaînes de dômes arrondis, pelés à
la cime et peu boisés sur les flancs.
Toutefois on rencontre, dans la région la
plus élevée du massif qui sépare le bassin
du Rhône du bassin de la Loire quelques
sites agréables encadrés par des bois touffus
de Chênes et de Châtaigniers, ou de Hêtres
et de Sapins. Ils forment comme de fraîches
et plantureuses oasis au milieu des landes !
de Genêts et de Bruyères qui les entourent.
C’est dans une de ces oasis que je trouvai
le domaine dont j’avais à m’occuper.
On comprend que dans ces conditions les
vues panoramiques n’offrent aucun avan-
tage. A l’exception de quelques percées
bien encadrées que l’architecte-paysagiste
pourra diriger sur les points les plus inté-
ressants de l’horizon, il devra consacrer toute
sa sollicitude à bien choisir ou à composer le
paysage qui formera, à proximité de l’habi-
tation, une série de tableaux devant lesquels
il amènera successivement le visiteur.
L’emplacement de l’habitation à laquelle
je devais rapporter les scènes principales
dont la nature me fournissait les premiers
éléments avait été choisi avec discernement
à flanc de coteau, à l’abri du vent du nord.
Des prairies bordées par les lignes si-
nueuses des bois s’ouvrent au pied de la
façade principale ; puis les pentes, se rele-
vant tout autour, forment un vaste cirque
de montagnes qui portent, étagés sur leurs
flancs, des pâturages, des bois et des ro-
chers.
Le chemin d’accès que je trouvai établi à
mon arrivée n’avait pas été heureusement
tracé. Il réunissait, par un trajet trop court
et trop direct, la terrasse sur laquelle étaient
assis les bâtiments d’habitation, à la route
départementale qui passe au-dessus de ces
derniers.
Diverses acquisitions de terrains per-
mirent de développer à flanc de coteau une
allée de plus d’un kilomètre, et de gagner la
terrasse par une rampe très-douce. Du
même coup, la maison se trouvait placée
139
au sommet de la ligne de partage des eaux,
dominant décidément le parc.
Le terrain parcouru par la nouvelle voie
était des plus arides, orienté au plein midi,
composé de débris rocailleux ou de por-
phyre à pâte feldspathique compacte qui
nécessitait l’emploi de la mine. La planta-
tion, dans un sol de cette nature, ne pouvait
se faire qu’après y avoir apporté de notables
quantités de terre végétale. Mais il y avait
précisément dans les bas-fonds du domaine
des terres de tourbe, assises sur des cou-
ches d’argile dont le mélange pouvait four-
nir un sol propice à la végétation, pourvu
qu’on n’y épargnât pas l’épaisseur.
Déjà l’allée était percée et établie d’un
bout à l’autre, lorsque survint le krach de jan-
vier 1882, qui eut à Lyon des conséquences
particulièrement pénibles. A la suite de ce
malheureux évènement, l’économie s’im-
posa, et je dus me mettre à la recherche
d’une solution plus économique.
Que ne s’agissait-il simplement de boiser
des talus ! Je n’aurais pas eu à chercher bien
loin, ni longtemps : la route départementale
bordée de vigoureux Acacias communs me
fournissait un modèle que je n’avais qu’à
suivre.
Malheureusement, l’emploi de cette es-
sence aurait bien vite masqué, comme sur
la route, les beaux points de vue qui se
déroulent à cet endroit, et qui m’avaient
engagé à le choisir pour en faire l’entrée
principale du parc.
C’est une courbe étroite et profonde dont
le versant nord, opposé au nôtre, se dresse
tout noir de Sapins. Dans le fond, un ruis-
seau, le « Liseron », serpente avec la liberté
d’allures que comporte son nom ; bientôt
s’ouvre une première vue sur le chalet, qui
se présente alors sous son meilleur aspect,
assis contre un rocher couronné de Cèdres.
Au sommet d’un large vallon de prairies, il
disparaît ensuite et réapparaît tour à tour,
chaque fois sous un nouvel aspect.
Telles sont les vues qu’il était essentiel de
conserver.
En résumé, un sol ingrat, pierreux,
exposé au plus ardent soleil, des talus for-
més de débris granitiques et quartzeux ou
de roches décomposées et de gore, presque
sans terre végétale, voilà le substratum
sauvage sur lequel il fallait implanter une
végétation assez trapue pour laisser passer
la vue, et assez rustique et vigoureuse pour
couvrir ces terrains arides et brûlants d’une
verdure qui ne fût pas trop éphémère.
J’eus l’idée d’utiliser pour cet usage le
140
DAHLIA ZARTE ASTER.
port tout particulier et la rusticité éprou-
vée de « l’Acacia boule » ( Robinia pseudo-
Acacia umbraculifera). Pour cela je com-
plantai les talus, à quelques exceptions près
sur lesquelles je reviendrai tout à l’heure, de
jeunes plants d’Acacias à 1 mètre en tous
sens, comme s’il se fût agi de boiser une
ligne de chemin de fer. On les laissa pen-
dant deux ans croître en liberté. Au bout
de ce temps, comme ils étaient assez forts
pour être greffés, on recoupa tous les pieds
destinés à buissonner, non pourtant au
même niveau, mais à des hauteurs d ifférentes,
de manière à obtenir une surface ondulée.
Sur les emplacements où devaient s’élever
des massifs de haute futaie, un certain
nombre de tiges furent réservées dans toute
leur hauteur, soit pour être conservées
telles quelles en Robinier commun, soit
pour recevoir des greffes des variétés les
plus belles et les plus vigoureuses, par
exemple les Robinia monophylla (1) et mo-
nophylla pcndula , Bessoniana , macro-
phylla , Decaisneana, pyramidalis, remar-
quables par leur port et la beauté de leur
feuillage, ou les R. semperflorens, viscosa,
Decaisneana , que recommandent l’abon-
dance, le coloris ou la durée de leurs
fleurs. D’autres formes, d’un développement
plus contenu, furent greffées à mi-tige sur
les bords des massifs, comme Robinia
hispida , angustifolia, coluteoides, tor-
tuosa, etc.
Grâce aux nombreuses variétés du genre
Robinier, les massifs ainsi formés se pré-
sentent actuellement avec une variété d’as-
pect aussi tranché que s’ils étaient com-
posés d’essences diverses, et la floraison
y dure jusqu’à l’automne avec le R.
semperflorens , qui remonte naturellement,
et le R. hispida, que la taille pro-
voque à donner plus généreusement ses
belles grappes roses.
J’ai dit que quelques portions du talus
avaient été réservées pour être traitées diffé-
remment; c’étaient celles où le talus était
formé de gore pur, recouvert d’une mince
couche de terre végétale maigre et sili-
ceuse, mais néanmoins plus propice à la
végétation que les parties voisines. Elles re-
çurent une plantation composée, pour les
arbres à tiges, de Merisiers à grappes et de
Virginie (Padus racemosa et virginiana ),
que j’avais déjà vus prospérer admirable-
ment dans des conditions semblables, d’Or-
mes champêtres et de montagne ( Ulmus
campestris et montana ), de Rlius typhina
à fruits amarantes.
Le sous-bois fut composé surtout de for-
mes rustiques, Rhamnus rupestris, Colu-
tea arborescens et cruenta , Amorpha fru-
ticosa, Coriaria myrtifolia, auxquels
furent associées quelques espèces à feuilles
persistantes, principalement le Houx, qui
abonde à l’état spontané dans tout le Eeau-
jolais granitique, où il forme des arbres de
8 à 10 mètres de haut, ou bien de larges
buissons impénétrables.
Tel est le mode de plantation auquel la
nécessité m’avait obligé de recourir. Je n’ai
jamais vu signaler un emploi analogue de
Y Acacia parasol. Je le crois appelé à ren-
dre des services dans les contrées monta-
gneuses et arides où le bon sol fait défaut,
et où il n’est pas facile d’en transporter.
J’ai attendu, pour publier cette note, que le
résultat cherché fût complètement obtenu, et
c’est en voyant l’effet satisfaisant de cette
disposition, que je me suis décidé à en faire
connaître l’origine.
F. Morel,
Horticulteur à Lyon.
DAHLIA ZARTE ASTER
Il en est des Dahlias comme de beaucoup
d’autres plantes ; on a annoncé des quan-
tités de variétés toutes soi-disant plus belles
les unes que les autres, et beaucoup n’ont
obtenu que le succès de la nouveauté ; quel-
ques-unes seulement, très-peu même, sont
restées et ont eu ou doivent avoir les hon-
neurs de la culture en grand.
De plus, le Dahlia d’autrefois, dit « de
(1) Il est bien entendu que ces Robinia sont
pour la plupart des variétés du R. pseudo- Acacia,
et que c’est simplement pour la simplicité de l’énu-
mération que je ne répète pas le nom spécifique.
collection », a disparu de la plupart des
jardins. Il a été remplacé généralement par
les variétés à fleurs simples, dont la mode
s’est emparée avec une véritable fureur,
bientôt apaisée d’ailleurs. Il ne reste guère
aujourd’hui, parmi les Dahlias vraiment en
faveur, que les bonnes variétés naines, que
la décoration estivale des parcs et des jardins
réclame pour des effets d’ensemble ou pour
la fleur coupée.
Parmi ces dernières, il en est une qui
vraiment mérite d’être propagée parce
qu’elle peut rendre de grands services à
EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889 : PROGRAMME DES ONZE ÉPOQUES DE CONCOURS. 141
ceux qui recherchent les fleurs pour bou-
quets et pour couronnes. C’est la variété
lilliputienne Zarte Aster.
La fleur, petite, bien faite, bien pleine,
est d’un blanc très-pur. Mais ce qui en fait
surtout le mérite, c’est que les pétales ont
le bord finement lacinié, dentelé; aussi,
par suite de cette disposition originale, cette
variété trouve-t-elle grâce devant ceux —
et ils sont nombreux — qui ne veulent pas
de fleurs de Dahlias dans leurs bouquets.
A Lyon, cette belle variété a déjà fait son
chemin ; il n’est pas d’horticulteur qui n’en
possède « un carré », comme nous disons, et
là même où le Dahlia en général est honni,
celui-là est précieusement soigné; il a
droit de cité. D’ailleurs, on ne dit plus :
c’est un Dahlia, on dit : c’est un Zarte
Aster.
Nous croyons donc devoir recommander
la culture de cette charmante variété, cer-
tains que tous ceux qui l’emploieront lui
reconnaîtront une valeur décorative de pre-
mier ordre et tout à fait originale.
E. SCHMITT,
Horticulteur à Lyon.
EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889
PROGRAMME DES ONZE ÉPOQUES DE CONCOURS (1)
DIXIÈME ÉPOQUE.
4-9 OCTOBRE 1889.
CONCOURS GÉNÉRAL.
CLASSE 80.
PLANTES POTAGÈRES.
I. Plantes potagères.
CLASSE 79.
FLEURS ET PLANTES D’ORNEMENT.
Concours permanent entre tous les genres de
plantes potagères.
I. Plantes d’ornement.
Concours (à déterminer) suivant les demandes
des horticulteurs.
IL Plantes nouvelles.
Trois concours : dans tous les genres de vé-
gétaux exposés entre les plantes nouvelles iné-
dites :
1. D’importation.
2. D’introduction.
3. Obtenues de semis.
Un concours : dans tous les genres de végétaux
exposés pour les plus belles plantes mises dans le
commerce depuis 1878.
III. Belle culture.
Un concours: dans tous les genres de végétaux
exposés entre les plus beaux exemplaires (1 à 5 su-
jets par espèce ou variété).
IV. Fleurs coupées. — Deux concours.
1. La plus belle collection générale.
2. La plus belle collection de variétés dans
chaque genre.
V. Ornementation en fleurs naturelles. —
Trois concours.
1. Les plus beaux bouquets.
2. Les plus beaux motifs ou sujets divers.
3. Les plus belles garnitures d’ornementation
diverses d’appartement, de table, etc.
VI. Corbeilles de plantes fleuries ou à
feuillage.
Un concours : entre les plus belles corbeilles de
plantes fleuries ou à feuillage.
(1) Voir, pour le règlement général, Revue hor-
ticole, 1887, pp. 481 , 493, 523; et pour le programme
des époques de concours, voir Revue horticole,
1888, p. 45, 62, 93 et 119.
IL Plantes potagères. — Quatre concours.
1. Plantes nouvelles inédites d’importation
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
2. Plantes nouvelles inédites d’introduction
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
3. Plantes nouvelles inédites obtenues de se-
mis n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
4. Les plus belles plantes mises dans le com-
merce depuis 1878.
III. Belle culture. — Un concours.
1. Le plus beaux spécimens de plantes pota-
gères.
CLASSE 81.
FRUITS ET ARBRES FRUITIERS.
I. Fruits. — Trois concours.
1. La plus belle collection de fruits frais de
toutes sortes en maturité : Azeroles et fruits simi-
laires, Coings, Figues, Framboises, Groseilles,
Noisettes, Noix, Pêches, Plaquemines, Poires,
Pommes, Prunes, Raisins.
2. La plus belle collection de fruits divers (es-
pèces ou variétés) de la région du Sud.
3. La plus belle collection de fruits à cidre
(Pommes et Poires).
IL Fruits nouveaux. — Cinq concours.
1. Fruits nouveaux inédits d’arbres d’importation
n’ayant pas encore été mis dans le commerce.
2. Fruits nouveaux inédits d’arbres d’introduc-
tion n’ayant pas encore été mis dans le commerce.
3. Fruits nouveaux inédits d’arbres obtenus de
semis n’ayant pas encore été mis dans le com-
merce.
4. Les plus belles variétés mises dans le com-
merce depuis 1878.
5. Les meilleures variétés mises dans le com-
merce depuis 1878.
142 EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889 : PROGRAMME DES ONZE ÉPOQUES DE CONCOURS.
CLASSE 82.
GRAINES ET PLANTS D’ESSENCE FORESTIÈRE.
ï. Plans en relief et dessins de forêts et de
parcs. — Un concours.
II. Graines forestières. — Quatre concours.
1. La plus belle collection d’espèces et de va-
riétés de toutes essences.
2. Le plus beau lot de résineux en cônes.
3. Le plus beau lot de résineux en graines nettes.
4. La plus belle collection d’espèces et de va-
riétés d’essences feuillues, à feuilles caduques et à
feuilles persistantes.
CLASSE 83.
PLANTES DE SERRE.
I. Plantes diverses. — Quinze concours.
Orchidées exotiques en fleurs: 1. La plus belle
collection ; 2. La plus belle collection de 30 ;
3. La plus belle collection de 12 ; 4. Le plus beau
lot.
Araliacées : 5. La plus belle collection ; 6. La
plus belle collection de 25 ; 7. Le plus beau lot.
Cyclamens : 8. Le plus beau lot ; 9. Le plus beau
lot de 25.
Palmiers de serre froide : 10. La plus belle col-
lection; 11. La plus belle collection de 25 ; 12. Le
plus beau lot.
Palmiers cultivés en plein air dans le midi de la
France : 13. La plus belle collection; 14. La plus
belle collection de 20; 15. Le plus beau lot.
II. Plantes nouvelles. — Cinq concours.
1. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage introduites le plus récemment en Europe.
2. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuillage
introduites directement en France.
3. Lot de plantes hybrides dont les parents se-
ront indiqués.
4. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage obtenues de semis et non encore dans le
commerce.
5. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage obtenues de semis et mises dans le commerce
depuis 1878.
III. Belle culture. — Quatre concours.
1. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuillage
que la bonne culture aura fait arriver le plus près
possible de son maximum de développement.
2. De 4 à 10 plantes fleuries ou à feuillage les
plus remarquables par leur forme et leur dévelop-
pement.
3. Le plus beau lot de 20 plantes à feuillage or-
nemental.
4. Le plus beau groupe de 50 plantes diverses,
fleuries, à quelque catégorie quelles appartien-
nent.
IV. Culture spéciale. — Beux concours.
1. La plus belle collection de 50 plantes fleuries
ou à feuillage, cultivées en vue de l’approvisionne-
ment des marchés.
2. Le plus beau lot de plantes fleuries ou à feuil-
lage, cultivées en vue de l’approvisionnement des
marchés.
ONZIÈME ÉPOQUE.
18-23 octobre 1889.
CONCOURS PARTICULIER.
CLASSE 79.
FLEURS ET PLANTES D’ORNEMENT.
I. Plantes d’ornement.
Concours (à déterminer) suivant les demandes
des horticulteurs.
II. Plantes nouvelles.
Trois concours : dans tous les genres de végétaux
exposés entre les plantes nouvelles inédites :
1. D’importation.
2. D'introduction.
3. Obtenues de semis.
Un concours : dans tous les genres de végétaux
exposés pour les plus belles plantes mises dans le
commerce depuis 1878.
III. Belle culture.
Un concours dans tous les genres de végétaux
exposés entre les plus beaux exemplaires (1 à 5 su-
jets par espèce ou variété).
IV. Fleurs coupées. — Beux concours.
1. La plus belle collection générale,
2. La plus belle collection de variétés dans
chaque genre.
V. Ornementation en fleurs naturelles. —
Trois concours.
1. Les plus beaux bouquets.
2. Les plus beaux motifs ou sujets divers.
3. Les plus belles garnitures d’ornementation di-
verse d’appartement, de table, etc.
VI. Corbeilles de plantes fleuries ou à
feuillage.
Un concours entre les plus belles corbeilles de
plantes fleuries ou à feuillage.
Gazons.
Un concours entre les plus belles pelouses.
CLASSE 80.
PLANTES POTAGÈRES.
I. Plantes potagères.
Concours permanent entre tous les genres de
plantes potagères.
II. Plantes nouvelles. — Quatre concours.
1. Plantes nouvelles inédites d’importation
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
2. Plantes nouvelles inédites d’introduction
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
3. Plantes nouvelles inédites obtenues de semis
n’ayant pas encore été mises dans le commerce.
4. Les plus belles plantes mises dans le commerce
depuis 1878.
III. Belle culture. — Un concours.
1. Les plus beaux spécimens de plantes pota-
gères.
CLASSE 81.
FRUITS ET ARBRES FRUITIERS.
I. Fruits. — Trois concours.
1. La plus belle collection de fruits frais de
toutes sortes en maturité (Azeroles et fruits simi
BIBLIOGRAPHIE.
143
aires, Coings, Figues, Framboises, Groseilles,
Noisettes, Noix, Pêches, Plaquemines, Poires,
Pommes, Prunes, Raisins).
2. La plus belle collection de fruits divers (es-
pèces ou variétés de la région du Sud).
3. La plus belle collection de fruits à cidre (Pom-
mes et Poires).
II. Fruits nouveaux. — Cinq concours.
1. Fruits nouveaux inédits d’arbres d’importation
n’ayant pas encore été mis dans le commerce.
2. Fruits nouveaux inédits d’arbres d’introduc-
tion n'ayant pas encore été mis dans le commerce.
3. Fruits nouveaux inédits obtenus de semis
n’ayant pas encore été mis dans le commerce.
4. Les plus belles variétés mises dans le com-
merce depuis 1878.
5. Les meilleures variétés mises dans le com-
merce depuis 1878.
CLASSE 82.
GRAINES ET PLANTS D’ESSENCE FORESTIÈRE.
Pas de concours.
CLASSE 83.
PLANTES DE SERRE.
I. Plantes diverses.
Concours (à déterminer) entre les plantes de
serre qu’il y aurait impossibilité à présenter aux
concours généraux.
II. Plantes nouvelles. — Cinq concours.
1. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuillage
introduites le plus récemment en Europe.
2. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage introduites directement en France.
3. Lot de plantes hybrides dont les parents se-
ront indiqués.
4. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage obtenues de semis et non encore dans le com-
merce.
5. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage obtenues de semis et dans le commerce de-
puis 1878.
III. Belle culture. — Quatre concours.
1. Une ou plusieurs plantes fleuries ou à feuil-
lage que la bonne culture aura fait arriver le
plus près possible de son maximum de développe-
ment.
2. De 4 à 10 plantes fleuries ou à feuillage les
plus remarquables par leur forme et leur dévelop-
pement.
3. Le plus beau lot de 20 plantes à feuillage or-
nemental.
4. Le plus beau groupe de 20 plantes diverses
fleuries, à quelque catégorie qu’elles appartien-
nent.
IV. Culture spéciale. — Deux concours.
1. La plus belle collection de 50 plantes fleuries
ou à feuillage, cultivées en vue de l’approvision-
nement des marchés.
2. Le plus beau lot de plantes fleuries ou à feuil-
lage, cultivées en vue de l’approvisionnement des
marchés.
Paris, 5 octobre 1887.
Vu et présenté :
Le directeur général des travaux ,
Alphand.
Le directeur général de V exploitation,
G. Berger.
Vu et approuvé :
Le ministre du commerce et de l’industrie ,
commissaire général,
Lucien Dautresme.
BIBLIOGRAPHIE
Les Eucalyptus, par M. Félix Sahut (1). —
A peine connus en 1860 en Provence et en
Algérie, les Eucalyptus ont, dans les vingt-
huit dernières années, été l’objet de nombreux
essais d’acclimatation, dont la plupart ont été
couronnés de succès. Des espèces variées de ce
genre égayent maintenant les promenades, les
routes, les jardins de la région méditerra-
néenne, et, en Algérie, de vastes plantations de
ces arbres, entreprises en vue du reboisement
et de l’assainissement des contrées maréca-
geuses, ont donné les résultats les plus satis-
faisants. Précieux par leur croissance rapide,
leurs proportions énormes, la qualité de leur
bois, leurs propriétés hygiéniques et leur uti-
lité industrielle, les Eucalyptus sont une des
meilleures introductions d’arbres étrangers qui
aient été faites chez nous. En vue de les faire
mieux connaître et de mettre en évidence tous
(1) In-8 de 212 pages avec figures intercalées
dans le texte et une carte de la Tasmanie. A Paris,
chez A. Delahaye et Lecrosnier, 23, place de l’École-
de-Médecine, 1888.
les services qu’ils sont appelés à rendre, M. Sahut
vient d’écrire un livre des plus intéressants et
des plus utiles.
Dans les cinq premiers chapitres, l’auteur
nous promène à travers la curieuse végétation
de la Nouvelle-Hollande et de la Tasmanie.
Dans ce voyage géographique et botanique, il
nous dépeint chaque espèce d’Eucalyptus à
mesure qu’il la rencontre, nous dit ses quali-
tés, et, d’après ses conditions d’existence dans
sa patrie, juge de la façon dont on doit la traiter
chez nous. C’est une excellente leçon de géo-
graphie botanique appliquée à l’horticulture.
Nous revenons en Europe, au chapitre sui-
vant. Tous les pays dans lesquels la culture des
Eucalyptus a été tentée avec succès et où elle
pourrait l’être; par une judicieuse sélection des
espèces, sont passés en revue. L’auteur étudie
tour à tour, au point de vue de leur acclimata-
tion, la Provence, le Roussillon, la région de
Montpellier, l’Algérie, la Corse, l’Italie, l’Es-
pagne, le Portugal, l’ouest de la France, l’An-
gleterre, et différentes régions de l’Ancien et
du Nouveau-Continent.
144
CORRESPONDANCE.
L’utilité industrielle et les propriétés des
Eucalyptus , ainsi que leur culture, font l’objet
des derniers chapitres.
Ce livre est un guide indispensable pour tous
ceux que la culture des Eucalyptus intéresse
et qui ne veulent pas s’exposer à des essais in-
fructueux. Il offrira également aux botanistes,
sur l’aire de distribution de ces arbres, des do-
cuments intéressants et une lecture pleine d’at-
trait.
Autour de mon jardin , par Eugène de Du-
ren (1). — Sous ce titre modeste, M. de Duren
vient de publier un livre charmant. Ce n’est pas
un guide à l’usage des horticulteurs ou proprié-
taires que l’auteur a eu l’intention d’écrire ; il
a voulu, comme il le dit lui-même, parler des
plantes « en jardinier ». C’est un jardinier fort
intéressant que M. de Duren ; non seulement il
connaît les fleurs et a étudié avec sollicitude
tous les soins que réclament ces belles capri-
cieuses ; mais il les aime avec passion, et la
poésie qu’elles éveillent en lui se reflète dans
des pages exquises.
Après une courte introduction où il expose
l’origine et le but de son livre, l’auteur passe
en revue les conditions physiques de la végéta-
tion, et les besoins des plantes dans le milieu
où elles sont appelées à vivre, le sol , Y air et
Veau.
Ce serait avoir peu fait que d’avoir mis la
plante en état de prospérer, si, par des soins
continus, on n’entretenait les heureux effets
d’une savante préparation. Tous les instruments
qui en cette occasion viennent en aide aux jar-
diniers sont décrits à grands traits. Puis l’au-
teur aborde la question du plan et de l’orne-
mentation des jardins.
Dans les deux derniers chapitres, nous
voyons défiler la légion des insectes, oiseaux,
rongeurs, parasites, cryptogames, etc., amis
ou ennemis des plantes.
Ce livre ne sera pas seulement un guide sé-
rieux en horticulture ; ce sera également un
régal pour ceux qui prisent la simplicité du
style et sa délicatesse.
Ed. André.
CORRESPONDANCE
N° 3115 ( Calvados J. — Nous vous conseil-
lons de feuilleter les dernières années de la
Revue horticole pour trouver divers modèles
d’ornementation de jardins et de parcs. Nous
vous recommandons aussi, pour les effets de
massifs et corbeilles à grand feuillage, dans
une région où les vents de mer sont assez vio-
lents, d’employer les Balisiers (Canna), les
Maïs panachés, les Dahlias de la section des
gracilis , la variété Étoile du diable , quelques
Solanums résistants comme les S. robustum et
marginatum , les Amarantus salicifolius , spe-
ciosus , bicolor, melancholicus,tricolor , les Bé-
gonias dans les endroits abrités. On obtient
aussi de jolis effets en cultivant les Fuchsias,
Lantanas, Héliotropes, en fortes plantes bien
distancées et élevées à tige ou en pyramide.
Les combinaisons de ces plantes peuvent varier
à l’infini. Essayez aussi, comme nous l’avons
fait depuis deux ans avec succès, une corbeille
de Solanum Poortmani, que vous pourriez vous
procurer chez M. Bruant, à Poitiers; vous plan-
terez ces plantes à 1 mètre au moins les unes
des autres.
A. C. (Oise). — Votre plante est le
Cœlogyne cristata , Orchidée originaire du
Népaul, et classée parmi les plus belles
espèces de serre tempérée, dont la florai-
son hivernale est des plus précieuses. Bien
que la plante soit d’un prix très-modéré en
(1) Librairie Gilon, 11, Pont-Saint-Laurent, à
Verviers (Belgique).
jeunes exemplaires, elle atteint une valeur
considérable lorsque les sujets sont de dimen-
sions exceptionnelles. La Revue a cité des
exemplaires qui avaient atteint, en vente pu-
blique, à Londres, le prix de mille francs et
même davantage.
N° 4194 (Yonne). — Veuillez demander à
MM. Vilmorin-Andrieux et Gie, 4* quai de la
Mégisserie, à Paris, les variétés de Laitues qui
conviennent le mieux aux cultures spéciales
que vous vous proposez. Elles diffèrent suivant
les climats et suivant qu’il s’agit de la produc-
tion pour le marché ou pour maison bour-
geoise.
Quant au procédé de démastiquage, ce tra-
vail est facilité en faisant chauffer le couteau à
démastiquer que l’on emploie d’ordinaire.
No 3026 (Aisne). — Nous avons mis à
l’étude vos feuilles de Chrysanthèmes ( Chrysan -
themum frutescens). Elles sont attaquées par un
Champignon qui appartient probablement au
genre Erysiphe. Dès que nous serons fixés sur
son identité et sur les moyens curatifs à em-
ployer, nous vous en aviserons.
M. D. (Niort). — Vous trouverez les Dios-
pyros Kaki que vous désirez chez M. Ettore
Berti, pépiniériste à Turin, à qui vous pourrez
vous adresser de notre part. S’il ne peut vous
les fournir à cause de la loi sur le phylloxéra,
veuillez les demander à M. Sahut, pépiniériste
à Montpellier (Hérault).
L’Administrateur- Gérant : L. Bourguignon.
Imp. Gtttorg^a Jacob , — Qrléana.
CHRONIQUE HORTICOLE.
145
CHRONIQUE HORTICOLE
Primevères de la Chine à fleurs doubles. — Le Cœlogyne cristata de Waddon-House. — L 'Isosoma
Orchidearum. — Nouveaux Anthurium Scherzerianum. — Guérison de la « Toile ». — Cinéraires à
cœur jaune. — Cytisus proliferus. — Traitement du « Rouge » du Pin sylvestre. — Faux Prunus
Pissardi. — Un fort exemplaire de Camellia. — Les semis de plantes alpines. — La culture des
Concombres en Amérique. — Qualités insecticides de la poudre de Pyrèthre. — Destruction de la
Fougère. — Les exportations et importations de plants d'arbres en France. — Le Meeting ou Congrès
international horticole de Gand en 1888. — Le Parc de la Liberté à Lisbonne. — Garden and Forest.
— Memento des Expositions. — Nécrologie: M, Briot.
Primevères de la Chine à fleurs dou-
bles. — S’il est impossible d’indiquer la
cause première de la duplicature des fleurs,
il n’est guère plus facile d’expliquer leur
propagation et surtout leur influence dans
la formation des races. Sans nous étendre
aujourd’hui sur les faits au point de vue
théorique, bornons-nous à l’énumération
de quelques-uns des plus en vue, à ceux qui
portent sur les Primevères de la Chine.
Comme fait simple, rappelons qu’il y a à
peine une vingtaine d’années, on ne connais-
sait qu’une Primevère de la Chine à fleurs
doubles; tandis qu’aujourd’hui il est peu de
variétés qui n’en présentent, ce que nous
avons pu constater récemment, . en visitant
les remarquables collections de MM. Vilmo-
rin et Cie. En effet, non seulement on voit
tous les jours apparaître des variétés à
fleurs plus ou moins pleines, dans les an-
ciennes races, mais on en remarque aussi
dans les nouvelles.
Le Cœlogyne cristata de Waddon-
House. — On peut actuellement voir en
pleine floraison, dans la collection de
M. P. Crowley, à Waddon-House, Croydon,
un superbe exemplaire de Cœlogyne cris-
tata, qui porte à la fois 104 grappes de
chacune 6 à 9 fleurs. C’est donc un total de
800 fleurs qui se trouvent simultanément
épanouies sur la même plante.
On conçoit aisément qu’au point de vue
de la spéculation, une semblable Orchidée
puisse donner des bénéfices considérables;
en évaluant la valeur de chaque grappe à
4 francs, ce qui est un minimum, on pour-
rait, tout en conservant une partie des
fleurs, en vendre chaque année pour une
somme représentant le triple des frais de
chauffage, de soins, etc. Il est donc bien
naturel que les horticulteurs français, de la
région parisienne surtout, se réjouissent de
la faveur croissante dont les fleurs coupées
d’Orchidées sont l’objet depuis quelque
1er Avril 1888.
temps. C’est pour eux une source de beaux
et légitimes bénéfices.
L’Isosoma Orchideareum. — Voici sur
cet insecte, sur lequel la Revue horticole
appelait récemment (1) l’attention de ses
lecteurs, de nouveaux détails que nous
devons à l’obligeance de M. Künckel d’Her-
culais, aide-naturaliste au Muséum, prési-
dent de la Société entomologique de France,
à qui nous avions écrit pour avoir quelques
renseignements sur ce destructeur d’Or-
chidées :
Je suis justement occupé à préparer un
Mémoire sur l’insecte qui attaque les Orchidées
du genre Cattleya et dont vous me signalez la
présence, et je puis, par conséquent, vous four-
nir les renseignements que vous désirez.
J’ai donné à ce sujet une courte note dans le
Bulletin de la Société entomologique de
France , du 8 février 1888.
En voici la substance :
« Les Cattleya sont attaqués en Amérique,
en Angleterre, en Belgique et en France, par
les larves d’un Hyménoptère de la famille des
Eurytomides et de la grande tribu des Chalci-
diens. C’est Y Isosoma Orchidearum, Weswood.
Originaires du Brésil, ces larves détruisent les
bourgeons floraux et attaquent également les
tiges et les feuilles; elles s’y creusent des loges,
où elles vivent en famille... »
Sur l’invitation de M. Jacob, nous nous
sommes rendus, M. Gazagnaire et moi, dans
les serres de M. Edmond de Rothschild, pour
étudier les plantes attaquées et rechercher les
moyens d’atténuer les ravages causés par les
Isosoma , qui, non contents de détruire les bour-
geons floraux de l’année, peuvent anéantir les
bourgeons de réserve situés en arrière, et, par
là, causer un préjudice considérable en privant
de la floraison pendant plusieurs années.
M. Gazagnaire a proposé, pour atteindre les
larves dans leur retraite, de se servir d’une fine
aiguille triangulaire à dissection; en faisant une
simple incision longitudinale, on gagne la ca-
vité que se sont creusée les larves, et, alors,
(1) Revue horticole , 1888, p. 50.
7
146
CHRONIQUE HORTICOLE.
retournant plusieurs fois le « glaive dans la
plaie », on est certain de tuer tout ou au moins
de mutiler ces larves, ainsi que l’a montré
l’examen des bourgeons ainsi traités.
Les plantes soumises à ces opérations de
chirurgie botanique sont actuellement en ob-
servation ; nous espérons que la réparation des
tissus se fera rapidement et que les plantes
seront sauvées. On peut tenter d’user de ce
procédé au lieu de pratiquer le procédé plus
radical que préconise M. Jacob et qui consiste
à couper les bourgeons attaqués.
Jules Künckel d’Herculais.
Le traitement recommandé et pratiqué
par MM. Gazagnaire et Künckel nous pa-
raît des plus rationnels ; aussi engageons-
nous les horticulteurs à le suivre. Peut-
être même que l’on pourrait le compléter
en trempant l’aiguille dans une substance
légèrement corrosive, soit alcaline, soit acide,
qui puisse, sans altérer le tissu des plantes,
faire périr les insectes qui l’attaquent.
Toutefois nous croyons qu’il n’y a pas lieu
de s’alarmer outre mesure, car cet insecte
ne nous paraît pas si nouveau qu’on semble
le croire : si nos souvenirs ne nous trom-
pent pas, il nous semble qu’il y a long-
temps que nous l’avons aperçu sur certaines
espèces, et qu’alors l’on se bornait à enlever
et à brûler les bourgeons attaqués. Cela ne
doit pas arrêter ni même restreindre la
vigilance des cultivateurs d’Orchidées, qui,
par toutes sortes de moyens, devront faire
une guerre à mort à ces bestioles brési-
liennes et les empêcher d’élire domicile
dans nos serres, où déjà pullulent tant
d’ennemis des plantes.
Nouveaux Anthurium Scherzerianum.
— M. A. de La Devansaye vient d’obtenir
trois nouveautés de cette belle espèce, et il
nous en a envoyé de jolis exemplaires :
1° A. S. nebulosum, double spathe,
fond blanc nuageux, finement sablé ou
chiné de rose ;
2° A. S. Souvenir de Morren ;
3° A. S. Souvenir de Nice.
Nous n’avons pas encore les descriptions
de ces deux dernières formes, qui sont bien
distinctes des précédentes et sur lesquelles
nous donnerons prochainement des détails.
Mais on voit que les gains se multiplient,
et que les semeurs semblent se livrer à un
vrai steeple-chase pour obtenir un bon rang
dans l’obtention des plus belles productions
nouvelles de cette précieuse Aroïdée.
Guérison de la « toile ». — Nous rece-
vons la lettre suivante de l’un de nos abon-
nés, M. Daujas, jardinier au château de
Yors (Isère), à propos de cette maladie :
Ayant semé dernièrement des graines du
Cobæa scandens , les plants étaient à leurs pre-
mières feuilles après les cotylédons, le 3 mars au
matin. Je les visitai, et fus surpris de trouver
les plants à moitié couchés : c’était la toile. Je
m’empressai de repiquer ceux qui étaient res-
tés debout ; et je pris tous ceux qui étaient
coupés par la toile. J’en fis des boutures et les
plaçai sous cloche, en serre à multiplication.
Aujourd’hui, 7 mars, j’ai visité ces boutures;
quelle fut ma surprise de voir tout le long de
petites tiges grêles ; le tout était garni de pe-
tites racines naissantes. En repiquant ces bou-
tures, j’aurais plutôt pensé qu’elles pourriraient
que de s’enraciner.
Si le fait se produisait sur d’autres plantes
auxquelles on tiendrait beaucoup, en agissant
ainsi le mal pourrait être évité, en s’y prenant
à temps. Il ne faut pas attendre que les plants
soient trop fanés. J.-M. Daujas.
Il faut avoir l’attention sans cesse en éveil
contre cette terrible affection des plantes
multipliées en serre ou sous châssis, et le
remède partiel recommandé par M. Daujas
méritait d’être signalé à nos lecteurs.
Cinéraires à cœur jaune. — Ce nou-
veau type, en voie de formation, et dont
nous connaissons déjà de remarquables va-
riétés, se distingue surtout par la couleur
des fleurons (fleurs tubulées centrales), qui
est jaune. Plus ou moins nombreux, ces
fleurons constituent au centre des fleurs
une sorte de disque, qui, avec les ligules si
variés de coloris qui forment autour des
fleurs une sorte de couronne, produit de
charmants effets.
Cytisus proliferus. — M. Naudin s’oc-
cupe actuellement de l’acclimatation en
Provence d’un arbuste originaire des mon-
tagnes des Canaries, le Cytisus proliferus ,
dont les rameaux, couverts d’un feuillage
abondant, constituent un aliment recherché
pour les bestiaux.
Il paraît que cet arbuste, dont la culture
pourrait être d’une grande utilité dans cer-
taines régions du midi de la France, de
l’Algérie et de la Tunisie, contient certains
principes toxiques. M. Cornevin, professeur
à l’école vétérinaire de Lyon, pour obtenir
une certitude à ce sujet, a récemment
nourri, pendant un mois, deux moutons, l’un
en lui donnant exclusivement des feuilles
de C. proliferus, et l’autre également des
feuilles de la même plante, mais ayant subi
une fermentation assez prononcée.
CHRONIQUE HORTICOLE.
147
Les résultats de ces expériences, joints à
ceux déjà constatés aux Canaries, ont per-
mis à M. Cornevin d’affirmer que le Taga-
sate (nom vulgaire de la plante en ques-
tion) peut être donné en nourriture aux
ruminants, qui le digèrent et se l’assimilent
d’autant mieux qu’il a subi une fermen-
tation.
Les rameaux qui ont servi aux expérien-
ces de M. Cornevin provenaient des Canaries.
Traitement du « Rouge » du Pin syl-
vestre. — ' Le pépiniériste et le forestier
savent quels ravages accomplit souvent,
dans les semis de Pins, surtout de Pins syl-
vestres, une maladie appelée le rouge , qui
fait jaunir ou rougir les feuilles, lesquelles
tombent ensuite, précédant ainsi de peu la
mort des jeunes plants.
Cette maladie est due aux ravages d’un
cryptogame, que MM. Bartetet Vuillermain
viennent d’étudier, à la pépinière forestière
de Bellefontaine, près Nancy. Ces messieurs
ont établi que le cryptogame en question
est le Leptostroma Pinastri, et, après avoir
essayé de nombreux moyens pour arriver
à le combattre, ils ont reconnu que la bouil-
lie bordelaise, que l’on emploie contre le
mildiou, détruit complètement le parasite,
sans endommager en quoi que ce soit les
jeunes plants ou leurs feuilles.
Les badigeonnages doivent être exécutés
à plusieurs reprises, pendant la période de
développement des feuilles.
Faux Prunus Pissardi. — Beaucoup de
gens ont douté et doutent même encore
qu’il y ait deux variétés ou formes de Pru-
nus Pissardi. Cela est pourtant tout à Lût
exact, et nous l’avons encore constaté cette
année chez M. Paillet, horticulteur à Châ-
tenay-les-Sceaux (Seine). L’une des deux
variétés a les feuilles d’un pourpre noir
luisant et l’écorce des bourgeons d’une
belle couleur pourpre foncé. L’autre, au
contraire , a les feuilles d’un roux cui-
vré, couleur qui va constamment en s’at-
ténuant à mesure qu’on avance dans la
saison. Ce n’est pas tout; outre ces diffé-
rences, qui déjà sont très -sensibles, les
fruits en présentent d’autres non moins
importantes. Ainsi, tandis que la forme à
feuillage fortement coloré a des fruits d’un
rouge vineux ou cuivré et d’un goût peu
agréable, la variété à feuilles rouge brique
ou rouge terne a des fruits un peu plus
petits et d’excellente qualité rappellant assez
ceux de la Prune Mirabelle.
Cette dualité n’a rien de surprenant ; elle
se rencontre même fréquemment dans les
plantes exotiques introduites par des voies
différentes. Le Prunus Pissardi à feuilles
très - pourpres a été introduit de Téhéran
par M. Pissard, alors qu’il était jardinier en
chef du Schah de Perse ; tandis que l’autre,
venu postérieurement, nous est arrivé par
l’Allemagne. Nos lecteurs sont avertis.
Un fort exemplaire de Camellia. —
B existe en Italie, soit sur les bords de la
Méditerranée, soit auprès des Lacs Majeur,
de Corne, etc., des Camellias livrés à la
pleine terre et ayant acquis des dimensions
assez grandes. Mais les plantes cultivées en
serres ou orangeries, dans les contrées
moins favorisées par le climat, sont actuel-
lement d’un développement beaucoup plus
modeste. Nous ne pensons pas qu’il en
existe dans ces conditions qui surpassent,
sous ce rapport, le Camellia japonica
alba plena que l’on remarque dans la col-
lection de J. Latham, à Eddisburg, près
Liverpool. Cet exemplaire, importé directe-
ment de Chine, a été récemment mesuré.
La circonférence de sa tige est de 85 cen-
timètres environ. Le diamètre et la hauteur
de la masse feuillue atteignent presque
7 mètres.
Enfin, le produit annuel de la vente des
fleurs coupées de cette plante remarquable
a très-fréquemment atteint le chiffre très-
respectable de 500 fr.
Les semis de plantes alpines. — Nos
lecteurs connaissent la croisade qui s’est
faite depuis quelques années, en Suisse,
contre la destruction des plantes alpines.
On a prouvé que les plantes montagnardes
provenant de semis s’acclimatent plus faci-
lement que les exemplaires adultes arra-
chés de leur home , et pendant que les
collections d’amateurs se créent ou s’aug-
mentent de tous côtés, les déprédations
qui s’exercaient jadis deviennent de plus en
plus rares. Le récent Bulletin que vient
de publier l’Association pour la protection
des plantes alpines rappelle que le semis
de ces charmantes plantes, totalement diffé-
rentes dans leur aspect, dans leurs habi-
tudes, des végétaux plus généralement cul-
tivés, réussit le mieux lorsqu’on l’opère en
mars-avril.
Les semis peuvent être faits en pleine
terre, dans un sol léger, poreux, perméable
et bien drainé ; mais il est cependant pré-
férable de semer en pots ou terrines, drainés
148
CHRONIQUE HORTICOLE.
avec du coke cassé, dans un compost ainsi
préparé :
1/3 terre de bruyère ;
1/3 terreau de feuilles ;
1/3 sable et sphagnum.
Les semis se font sur couche froide
avec arrosages réguliers, en pluie fine. Les
repiquages se font en pots ou terrines, à
des distances variant suivant la vigueur de
chaque espèce.
La culture des Concombres en Amé-
rique. — La ville de Frederiksburg (Vir-
ginie) occupe le centre d’une région où la
culture du Concombre se fait dans des pro-
portions vraiment surprenantes.
On y relève des faits de production
comme les Américains du Nord seuls nous
ont habitués à en constater.
Ainsi on y a récolté, la saison dernière,
30,000,000 de Concombres, qui se sont
vendus, en moyenne, à Fredericksburg, à
raison de 50 cents (2 fr. 50) par 1,000.
Qualités insecticides de la poudre
de Pyrèthre. — Nous relevons, dans une
notice sur cette plante industrielle, que
M. P. de Tartaglia, vice-consul de France à
Spalato (Dalmatie), vient de publier dans le
Journal d’ Agriculture pratique une re-
marque fort intéressante au sujet du degré
d’intensité des qualités insecticides de la
poudre de Pyrètlire, suivant le lieu de pro-
venance.
La Dalmatie et le Monténégro sont les
deux régions d’où provient la presque tota-
lité des fleurs de Pyrèthre livrées au com-
merce. Cette culture est très-rémunératrice.
En effet, un hectare produit environ
4,000 kilogrammes de fleurs qui, après
dessiccation, ne pèsent plus que 1,000 kil.
Or, le prix de la fleur non réduite en poudre
varie de 480 fr. à 520 fr. les 100 kilo-
grammes, ce qui donne, pour un hectare,
un produit brut de 4,800 à 5,200 fr.
Alléchés par la perspective d’un bénéfice
aussi important, des cultivateurs se livrèrent
en Italie et en Amérique à des essais
dans des proportions assez vastes. Les
résultats, au point de vue de la grande pro-
duction, furent avantageux ; mais on s’aper-
çut bientôt que la poudre provenant des
fleurs récoltées ainsi n’avait presque pas de
pouvoir insecticide, et l’on dut renoncer à ce
genre de culture.
Aussi, aujourd’hui, toutes les demandes
de fleurs sèches sont-elles adressées au Mon-
ténégro et à la Dalmatie, pour qui cette
spécialité de production est la source de re-
venus importants.
Destruction de la Fougère. — Il est
difficile de détruire la grande Fougère com-
mune ( Pteris aquilina ), qui, lorsqu’on a
défriché un terrain depuis longtemps in-
culte, continue à ' se développer, chaque
année, au détriment des plantations ou
semis nouvellement exécutés.
Dans les massifs, on atténue cet incon-
vénient en donnant de fréquents binages,
qui permettent aux arbustes récemment
plantés de prendre le dessus ; mais, sous les
parties converties en prairies ou en pe-
louses, on ne sait souvent comment se
débarrasser de cet ancien occupant du sol,
qui ne veut pas céder la place.
Un procédé de destruction, des plus sim-
ples et des plus ingénieux, vient d’être in-
diqué par M. Mounier, cultivateur dans la
Charente-Inférieure.
Il consiste à ensemencer en Luzerne les
parties envahies, après avoir amendé le sol
au moyen d’un engrais chimique spécia-
lement préparé en vue du but à atteindre.
L’engrais employé par M. Mounier, et
qui lui a, dans trois séries d’expériences,
parfaitement réussi, se composait, pour un
hectare, de 400 kilogrammes de superphos-
phate titrant 12 p. 100 d’acide phosphorique
soluble dans l’eau et de 400 kilogrammes
de sulfate de chaux cuit et moulu.
Il est à remarquer que les sels de potasse
n’ont pas été introduits dans cette compo-
sition, et ce, afin que la Luzerne s’empare
de la potasse qui nourrit la Fougère dans le
sous-sol.
Les luzernières ainsi créées par M. Mou-
nier ont poussé avec vigueur, et les Fou-
gères ont totalement disparu.
Il est toujours facile, plus tard, de dé-
truire la Luzerne et de la remplacer par une
culture quelconque, de la prairie ou du
gazon, par exemple.
Les exportations et importations de
plants d’arbres en France. — Malgré les
entraves nombreuses et pour la plupart
peu justifiées que notre commerce horticole
avec l’étranger a subies depuis quelques
années, les transactions internationales ont
encore une certaine importance, ainsi que
l’on peut en juger d’après le tableau ci-
dessous, qui donne les chiffres des expor-
tations et importations d’arbres en France
dans les trois dernières années :
CHRONIQUE HORTICOLE.
149
Exportation. Importation.
4885 1,319,456 fr. 1,494,974 fr.
1886 1,602,034 1,515,988
1887 1,899,322 1,486,344
On remarque, en considérant ces chiffres,
que nos exportations, qui, en 1885, étaient
inférieures aux importations, ont augmenté
d’une façon très-appréciable, alors que,
dans la même période, les importations ont
diminué.
Le Meeting ou Congrès international
de Gand, en 1888. — La Chambre syndi-
cale des horticulteurs de Gand a décidé
qu’un Congrès serait tenu, cette année, à
Gand, du 14 au 22 avril. Cette réunion
coïncidera avec l’Exposition quinquennale
internationale que la Revue horticole a
précédemment annoncée.
Les botanistes, horticulteurs et amateurs
de toutes nationalités, sont invités à prendre
part aux travaux de ce Congrès. Une carte
spéciale sera adressée à chacun des adhé-
rents, et leur facilitera la jouissance des
avantages attachés à son adhésion, entre
autres une réduction de 50 p. 100 sur le
voyage et transport sur le réseau des che-
mins de fer belges. Adresser les adhésions
et communications quelconques à M. le Pré-
sident du Meeting international des horti-
culteurs, en 1888, à Gand, Belgique.
Parc de la Liberté, à Lisbonne. — Nous
avons publié dans le dernier numéro de la
Revue une communication officielle du
Conseil municipal de Lisbonne, relative à
l’élaboration, par une commission spéciale
d’architectes et d’ingénieurs portugais, d’un
projet définitif, dont les éléments seraient
pris dans les différents projets primés, et
nous en avions conclu que cette même com-
mission devait être chargée de l’exécution
du nouveau projet.
Nous sommes heureux d’apprendre que
cette commission est uniquement chargée
de recomposer les projets en un seul, c’est-
à-dire qu’au projet de M. Lusseau, le lau-
réat du premier prix, on adaptera certaines
dispositions prises dans les autres projets,
afin d’en constituer un projet unique.
Quant à l’exécution des travaux, rien
n’est encore décidé jusqu’à ce jour.
Garden and Forest. — Nous avons reçu
les deux premiers fascicules du journal
nord-américain Garden and Forest, et
nous avons pu constater que ce recueil
tient largement tout ce que permettaient
d’espérer les hautes connaissances de son
rédacteur en chef, le professeur Gh. Sar-
gent, directeur de l’Arnold Arboretum,
Harward University, Cambridge (Massa-
chusetts).
En effet, l’arboriculture d’ornement frui-
tière et forestière, l’horticulture, l’archi-
tecture paysagère, les études scientifi-
ques, etc., se partagent en bonnes propor-
tions le contenu de chaque numéro, et la
façon sérieuse et élevée dont chaque ques-
tion y est traitée fait prendre dès aujour-
d’hui à ce journal une des premières places
dans la presse horticole.
Memento des Expositions. — Voici la liste
des Expositions précédemment annoncées. L’in-
dication entre parenthèses ( Chr . n°...) renvoie
à la Chronique du N° de la Revue horticole
où l’exposition a été annoncée avec quelques
renseignements sommaires. La mention Exp.
gén. indique qu’il s’agit d’une exposition géné-
rale d’horticulture.
Amiens. - — Exp. gén. (Chr. n° 6), 2 au 4 juin.
Àutun. — Exp. gén. (Chr. n° 5), 2 au 10 juin.
Bordeaux. — Fruits, légumes, fleurs (Chr. n° 5),
15 au 26 septembre.
Épinal. — Exp. gén. (Chr. n° 4), 9 au 14 juin.
Laon. — Exp. gén. (Chr. n° 6), 25 au 27mai.
Marseille. — Exp. gén. (Chr. n° 5), 2 au 11 juin.
Meaux. — Exp. gén. (Chr. n° 5), 7 au 9 septembre.
Moulins. — Exp. gén. (Chr. n° 6), 31 juillet au
5 août.
Nantes. — Exp. gén. (Chr. n° 5), 25 au 29 avril.
Orléans. — Exp. gén. (Chr. n° 4), 24 au 27 mai.
Paris. — Exp. gén. annuelle (Chr. n° 6), 25 au
31 mai.
Roubaix. — Chrysanthèmes (Chr. n°5), 23 au 25 juin.
— Roses (Chr. m> 5), 17 novembre.
Rouen. — Exp. gén. (Chr. n° 4), 16 au 21 mai.
Gand. — Exp. intern. (Chr. n° 5), 15 au 22 avril.
Strasbourg. — Exp. gén. (Chr. n° 6), 12 mai.
Tunis. — Exp. sp. des produits locaux (Chr. no 5),
27 avril au 6 mai.
Nécrologie : M. Briot. — Un des doyens
de l’horticulture française, M. Pierre-Louis
Briot, jardinier en chef honoraire des pépi-
nières, parcs et jardins de Trianon, vient
de mourir en son domicile à Rueil (Seine-
et-Oise), dans sa quatre-vingt-quatrième
année. Après plus de cinquante ans de
service actif dans l’administration des do-
maines, comme jardinier en chef, il fut
nommé jardinier en chef honoraire, et
maintenu dans son logement de Trianon,
qu’il abandonna volontairement en 1886.
C’était un praticien très-habile, aimant
passionnément les plantes, qu’il connaissait
parfaitement. B était chevalier de la Légion-
d’Honneur et du Mérite agricole.
E.-A. Carrière et Ed. André.
150
RESTAURATION DES ARBRES FRUITIERS.
RESTAURATION DES
Il est un vieux proverbe qui dit « qu’il
vaut mieux entretenir que bâtir ». Est-ce
vrai ? Oui, lorsque les fondations sont
bonnes. Non dans le cas contraire, car
alors la restauration pourrait coûter plus
cher qu’une nouvelle édification.
Appliquant ces préceptes aux arbres frui-
tiers, nous disons que la première chose à
faire, ce sont de bonnes fondations, c’est-à-
dire de bons sujets. Quelques mots sur
ceux-ci :
On nomme sujet, en horticulture, tout
végétal sur lequel une espèce quelconque
est appelée à vivre. C’est donc, en réalité,
une sorte de sol. Toutefois, il est bien en-
tendu que dans ces circonstances il n’y a
rien d’absolu, et que, devant vivre dans des
conditions très-diverses, les sujets pourront
également être de nature dissemblable, non
seulement avec les espèces qu’ils recevront,
mais pour la même sorte, suivant les con-
ditions dans lesquelles elles sont placées.
Ce sont là, du reste, des détails pratiques,
dont nous n’avons pas à nous occuper
ici.
Le choix des sujets étant fait, l’essentiel
est de les bien planter, travail important
auquel on ne saurait apporter trop d’atten-
tion puisque, dans beaucoup de cas, l’avenir
de l’arbre en dépend. La plantation termi-
née, reste l’examen des opérations à faire
pour restaurer un arbre malade. Pour cela
nous devons poser des bases, c’est-à-dire
supposer les cas les plus fréquents où un
arbre montre des signes de souffrance ;
puis, après en avoir reconnu les causes,
nous essayerons d’en indiquer les effets.
Notons d’abord que, quelles que soient
ces causes, elles sont de deux sortes : in-
ternes ou externes, c’est-à-dire qu’elles
portent sur les racines ou sur la charpente
de l’arbre. Dans le premier cas, le mal peut
également dépendre de causes diverses :
provenir de la carie des racines, ou bien de
la mauvaise nature du sol, ce qui, de beau-
coup, est le cas le plus général. Presque
toujours, en effet, le mal est occasionné par
un sol impropre à la nature de l’arbre.
Très-souvent aussi il arrive que le mal est
une conséquence des deux causes et l’expé-
rience est en pareil cas le meilleur guide.
Mais, quelle que soit la cause du mal, il faut
y remédier. C’est ce que nous voulons exa-
miner.
ARBRES FRUITIERS
Changement du sol. — Cette opération,
que, du reste, on pratique très-fréquem-
ment en arboriculture, est rarement bien
comprise; aussi est-elle presque toujours
mal faite. En général, en effet, dans la
crainte de fatiguer les arbres, on se borne à
les déchausser et à enlever une partie de la
terre de la superficie du sol, que l’on rem-
place par d’autre ; quelquefois même on se
contente de mélanger la terre du dessus
avec une autre appropriée à la circonstance.
Mais, d’une façon comme de l’autre, le ré-
sultat est nul ou à peu près, car aucun
de ces moyens ne guérit le mal, de sorte
que c’est une dépense inutile et du temps
perdu. Quand on veut obtenir un bon ré-
sultat, voici comment il faut opérer : sur
un des côtés de l’arbre et .à une certaine
distance de celui-ci en rapport avec sa na-
ture et ses dimensions, on ouvre une tran-
chée plus ou moins large et profonde ; on
enlève toute la terre en coupant toutes les
fortes racines, mais non le chevelu ; on des-
cend ainsi jusqu’au niveau et même au-
dessous des dernières racines, de manière
que toutes celles qui pousseront se trouvent
dans la terre neuve que l’on aura rapportée.
La tranchée terminée, ainsi qu’il vient
d’être dit, on la remplit avec une terre
appropriée à la nature de l’arbre. Au besoin
même on fait un compost ou mélange de
terres en y ajoutant des substances azotées
ou autres. Il va de soi que si, outre la
nature du sol, l’arbre souffrait d’une autre
cause, par exemple d’un excès d’humidité,
on profiterait de cette opération pour prati-
quer une sorte de drainage. La tranchée
remplie avec la terre qui a dû être suffi-
samment foulée au fur et à mesure, afin
d’éviter un fort tassement, on donne une
bonne mouillure s’il est nécessaire.
Si l’opération avait été par trop radicale
et qu’on eût à craindre que l’arbre en souf-
frît, on ne ferait le travail que partiellement,
c’est-à-dire sur un ou deux côtés seulement,
et l’on attendrait pour faire le reste que le
ou les côtés opérés aient produit des racines
dans le sol rapporté.
Il va sans dire aussi que si l’année était
très -sèche et si l’arbre opéré était placé
dans des conditions arides où sa végétation
pût en souffrir, on pourrait, de temps à
autre, donner un arrosage plus ou moins
copieux et même, au besoin, recouvrir le
LE PARC DE LA LIBERTÉ A LISBONNE.
151
sol d’un bon paillis, ou à défaut de celui-
ci, le remplacer par une couche de pierres
qui maintiendrait l’humidité en empêchant
l’évaporation. Il est également entendu que
dans l’année où aura été fait ce travail, il
faudra veiller à ce que l’arbre ne soit pas
trop chargé de fruits, et même ne pas en
laisser du tout s’il manifestait quelque
souffrance dans sa végétation.
Dans le cas où la tranchée aurait circons-
crit l’arbre, ou qu’ayant coupé beaucoup de
racines on aurait à craindre que cet arbre
fût ébranlé par le vent, il serait prudent, à
l’aide de corde ou de fil de fer, d’amarrer la
tige en la fixant à des arbres voisins ou à un
piquet placé ad hoc.
Il nous reste à examiner les causes ex-
ternes de maladies des arbres : celles-ci,
beaucoup plus nombreuses, sont aussi infi-
niment plus complexes.
Nous venons de voir qu’en ce qui con-
cerne J a partie souterraine, pour les arbres
malades, la principale opération consiste à
modifier le sol, et, à ce sujet, nous avons
succinctement et d’une manière générale
indiqué quels sont les travaux à faire, ainsi
que la manière de les opérer.
Nous avons vu qu’il faut toujours
prendre de bons sujets et les bien planter,
cela pour cette raison importante de n’avoir
pas, autant que possible, besoin de rem-
placer, car à moins de grands soins et
précautions exceptionnelles, une plantation
succédant à une autre de même nature ne
donne ordinairement que des résultats mé-
diocres, et même très-souvent mauvais.
Puisqu’il est pratiquement reconnu qu’il
faut éviter les replantations, il n’y a donc
moyen de sortir de là qu’en plantant de
bons sujets, sur lesquels on pourra compter
et revenir par une nouvelle greffe, dans
le cas où la partie externe vient à être
malade. Pour faciliter ce regreffage, il faut
avoir soin de planter un peu plus élevé
qu’on ne le fait ordinairement, de manière
à pouvoir même, au besoin, les regreffer.
Toutefois encore, avant d’employer ce
moyen, le regreffage du sujet, il y en a
LE PARC DE LA LH
L’emplacement choisi par la municipalité
de Lisbonne occupe une surface de 38 hec-
tares et demi environ. C’est un terrain
(1) Extrait du rapport lu à la Société nationale
d’horticulture de France par M. Ch. Thays, secré-
taire du Comité de l’Art des Jardins.
d’autres également propres à la charpente
des arbres et qui s’opèrent sur celle-ci.
Nous allons indiquer les principaux.
Traitement des branches malades. —
Quand une branche malade par épuisement
ou par toute autre cause menace de dispa-
raître, il faut penser à en opérer le rempla-
cement, qui peut se faire de deux manières :
par la greffe ou à l’aide d’une branche que
l’on a préparée pour cet usage. Si la branche
à remplacer est jeune, on peut parfois la
greffer en écusson; le plus généralement
c’est le contraire, et, alors, c’est la greffe
en fente qu’il convient d’employer. Dans
tous les cas, la greffe doit être faite sur
une partie saine, c’est-à-dire au-dessous de
celle qui est malade.
Le greffon que l’on applique peut être de
la même variété que celle qu’on remplace,
ou appartenir à une autre. Ceci est une
question que seule le praticien ou l’inté-
ressé peut résoudre. Lorsqu’au contraire la
branche malade doit être remplacée par une
autre du même arbre, on laisse pour cet
usage se développer au bas de la branche
malade ou dans son voisinage un gour-
mand, c’est-à-dire un bourgeon vigoureux,
dont on aide même le développement en
ne le palissant pas, mais en le laissant
librement à l’air, ou en se bornant à le
maintenir lâchement pour l’empêcher de
se rompre. Lorsque ce bourgeon est assez
fort, on le serre contre la branche qu’il
doit remplacer, de manière à éviter un
coude ; on peut même l’attacher le long de
la branche, qui, alors, sert de tuteur. Si
la branche de remplacement ne pouvait
être prise sur celle qu’elle doit rempla-
cer, on en choisirait une autre dans les
environs et on la dirigerait vers la base de
celle-ci, sur laquelle on la grefferait en
approche. Alors, on laisserait pousser en
ayant soin de protéger les parties rem-
plaçantes, et en pinçant plus ou moins
sévèrement les parties à remplacer, que,
suivant les circonstances, on peut même
supprimer.
E.-A. Carrière.
ÏRTÉ A LISBONNE m
très - accidenté , complètement dépourvu
d’arbres ou d’arbustes, depuis longtemps
laissé à l’état de friche et limité, de tous
côtés, par des avenues importantes.
Sa forme est celle d’un parallélogramme
allongé, dont le grand axe traverse exacte-
Fig. 31. — Projet de M. Lusseau, premier prix du Concours institué pour la création du parc de la Liberté, à Lisbonne.
PRIMEVÈRE DE CHINE BLANCHE DOUBLE.
153
ment, dans son centre, la grande place cir-
culaire terminant l’avenue de la Liberté,
qui, de la ville, donne un axe au parc.
C’est là une disposition très-heureuse,
qui facilitait, dans une certaine mesure, les
études des concurrents.
Projet présenté par M. Lusseau
Premier 'prix.
Lorsqu’on examine le plan d’ensemble de
ce projet (fig. 31), on remarque tout de suite
que son auteur ne s’est pas maintenu dans
cet article du programme remis aux concur-
rents qui exigeait qu’une avenue large de
35 mètres fit le tour du parc. Il a prévenu
la monotonie relative de cette immense voie
en renversant la direction de son axe tantôt
à droite, tantôt à gauche, et aussi en
réunissant ses parties opposées et presque
parallèles par deux larges avenues trans-
versales dès que la configuration du sol lui
a permis de le faire.
De ce réseau principal partent les allées
secondaires et les sentiers, les unes et les
autres peu nombreux, mais en quantité
suffisante, d’un tracé harmonieux, et con-
duisant d’une manière toute naturelle aux
différents motifs d’intérêt que nous allons
rapidement examiner.
En face de l’entrée principale du parc, et
tout auprès de la grande avenue de cein-
ture, se trouve le lac, aux contours acci-
dentés, ayant une surface d’environ 1 hec-
tare et demi, et à une extrémité duquel est
ménagée une île dont la silhouette est très-
pittoresque; une passerelle unique donne
accès à cette île.
Le lac est alimenté par un cours d’eau
qui suit, en serpentant, une vallée naturelle
conservée, et prend sa source presque à
l’autre extrémité du parc, au pied d’une
large cascade donnant une chute d’eau de
plus de 12 mètres de hauteur, et largement
accompagnée de masses de rochers qui se
perdent dans la verdure.
Cette masse imposante, très-décorative,
PRIMEVÈRE DE CHI
Les Primevères de Chine ont été telle-
ment travaillées depuis un certain nombre
d’années, que l’on est arrivé à des obten-
tions vraiment remarquables. Toutes les
parties de la plante ont été modifiées
dans un sens avantageux pour sa beauté ;
le feuillage s’est amplifié, découpé, crispé ;
est surmontée d’un ensemble de ruines re-
présentant les restes simulés d’une antique
abbaye.
Les eaux proviennent d’une nappe d’eau
souterraine existante; M. Lusseau, dans
son projet, les élevait au moyen d’un moulin
à vent, et les emmagasinait dans de vastes
réservoirs, pour les utiliser ensuite aux
heures où les cascades devraient fonc-
tionner.
Parmi les nombreux autres points déco-
ratifs principaux du projet de M. Lusseau,
le plus important est situé sur les contours
de gauche du parc et auprès de la grande
avenue de ceinture. Il consiste en un en-
semble architectural assez important et
très-orné qui réunit un café concert, une
salle de théâtre, un restaurant, une salle de
jeu, etc. Ces diverses constructions, de
style mauresque, sont symétriquement
groupées sur une terrasse très-élevée, d’où
la vue s’étend librement sur les diverses
parties du parc.
Presque en face, et de l’autre côté de la
vallée, à un niveau presque aussi élevé, se
trouve une vaste place circulaire plantée
d’arbres, avec vues dans toutes les direc-
tions, et au centre de laquelle est placé le
kiosque de musique.
Citons encore la ferme et la laiterie.
Celle-ci serait séparée de l’étable par d’im-
menses glaces sans tain, de manière que les
consommateurs pussent se rafraîchir sans
qu’aucune émanation désagréable parvînt
à leur odorat.
Tels sont les caractères principaux du
projet de M. Lusseau. Ajoutons que ce
projet nous a semblé très-bien conçu pour
le groupement des plantations et l’aména-
gement des vues.
Son exécution totale, d’après les devis,
aurait atteint le chiffre de 2,503,000 fr.,
compris la construction des égouts, la cana-
lisation du gaz et des eaux. Les terrasse-
ments proprement dits nécessiteraient une
dépense de 1,139,485 fr. 75, et la planta-
tion 102,641 fr. 16. Ch. Thays.
E BLANCHE DOUBLE
les fleurs se sont élargies, leurs coloris
se sont perfectionnés au delà de toute
espérance, puisqu’on arrive à rencontrer
dans la même fleur le. jaune et le violet,
deux couleurs qui s’excluent le plus souvent.
Enfin, on a obtenu des variétés doubles
d’une grande valeur ornementale. Mais
154
PRIMEVÈRE DE CHINE BLANCHE DOUBLE.
quelle que soit la beauté de toutes ces va-
riétés donnant des graines, le Primula
prænitens ctlbaplena (qui n’en produit pas)
les surpasse toutes par l’ensemble de ses
caractères.
Cette variété diffère peu par son aspect
général des autres du genre ; son feuillage
est même un peu grêle ; mais, si l’on con-
sidère la fleur, quelle perfection ! Elle est
d’un blanc pur, un peu plus petite que dans
les variétés simples, mais absolument pleine :
c’est un Gardénia en miniature, une rosette
de satin blanc. Ajoutons, comme un
comble de perfection et pour lui attirer tous
les suffrages, que ces fleurs sont très-solides
et de longue durée : la corolle se fane dans
le calyce et n’est pas caduque comme cela a
lieu dans le type, de sorte que l’on peut
employer les fleurs dans les vases et les bou-
quets, et même les monter. Ainsi, non
seulement nous avons en elle la plante d’or-
nement pour garniture, mais encore une
productrice généreuse de fleurs coupées. On
a donc lieu d’être surpris de ne pas voir
cette plante cultivée en grand chez nous.
Il en est tout autrement chez nos voisins
les jardiniers anglais, qui la cultivent
par quantités énormes pour alimenter
ce gouffre toujours béant de Covent-
Garden ; ils en sont tellement satisfaits qu’un
horticulteur des environs de Londres, chez
lequel j’étais quelque peu surpris de voir une
serre de 40 mètres de long entièrement pleine
de cette plante, me disait : « Je ne sais pas
vraiment comment nous fournirions aux
demandes de fleurs coupées pour Noël et le
jour de l’an, si nous n’avions pas cette Pri-
mevère. » Enfin, ajoutons comme complé-
ment que la culture de cette variété n’est
pas difficile, ainsi qu’on va en juger.
Quand on désire avoir des fleurs en hiver,
comme c’est généralement le cas, on pro-
cède- à la multiplication dès que la floraison
est terminée, en février- mars. Mais comme
la plante ne donne pas de graines, on a
alors recours aux procédés artificiels de
multiplication : le marcottage et le boutu-
rage. Le premier de ces procédés se recom-
mande surtout aux personnes qui cultivent
un nombre restreint de plantes, quoiqu’il
soit quelquefois employé en grand. Pour le
pratiquer, on attend que la végétation soit
redevenue active, ce qui a lieu après le séjour
d’une semaine au moins des plantes dans la
serre à multiplication ; alors, on nettoie bien
la base des tiges, en enlevant les restes des
feuilles mortes, ce qui doit se faire avec
grand soin à cause de la fragilité des sujets ;
puis on ôte également la terre de la surface
du pot, que l’on remplace par un compost
très-léger ou de la mousse humide, en
remplissant jusqu’au bord supérieur du vase.
Environ un mois après, il y aura assez de
racines sur les marcottes pour qu’on puisse
les rempoter et les habituer successivement
à une température plus basse.
Quant aux boutures, on les obtient de
la manière suivante : on coupe les rami-
fications aussi long que possible, et on les
habille comme on le fait d’habitude, en ne
laissant que deux ou trois feuilles au sommet ;
elles sont ensuite piquées isolément dans de
petits godets remplis d’un sol très-léger, ou
même de sciure de bois, et maintenues verti-
cales au moyen d’un petit tuteur auquel on les
fixe. Inutile de dire qu’on n’enterre pas l’œil
terminal. Après les avoir bien mouillées avec
un arrosoir à pomme très-fine, on les place
sous cloche ou dans les châssis à multiplica-
tion; là, elles seront visitées attentivement
tous les jours, découvertes pendant une heure
environ, bassinées et ombrées au besoin, de
manière qu’elles ne se flétrissent pas. Quand
elles ont émis des racines, ces boutures
reçoivent de l’air graduellement ; puis elles
sont découvertes et placées dans une partie
de la serre, où elles reçoivent beaucoup de
lumière. On continue a les ombrer et à les
bassiner autant que cela est nécessaire,
afin qu’elles ne se fanent jamais. Lorsque les
plantes sont bien enracinées, on les rem-
pote dans des godets de 8 centimètres de dia-
mètre, en employant un sol très-léger,
formé en grande partie de terre de bruyère
additionnée de terreau, de sable, de petits
fragments de pots cassés et de charbon de
bois ; les Anglais y ajoutent du loam( 1), mais
nous devons faire remarquer que leur cli-
mat permet d’employer cette nature du sol
dans des circonstances où, chez nous, elle
serait nuisible.
Après qu’elles ont été bien arrosées, les
plantes sont remises à la lumière, et une
fois bien « établies », il est inutile de leur
donner de la chaleur de fond.
Le second rempotage des jeunes plantes
est fait dans des pots de 12 centimètres,
bien drainés, après quoi on cesse les
bassinages. On leur fait passer la saison
d’été dans des châssis à froid, privés
de soleil d’une manière absolue ; on
enlève dès leur apparition les inflores-
cences qui se montrent, et par des bas-
(1) Le loam employé en Angleterre est com-
posé de terre fibreuse produite par des mottes de
gazon lentement décomposé.
RECÉPAGE DES SEQUOIA SEMPERVIRENS.
155
sinages faits sur le sol et sur les côtés des
coffres, on maintient l’air légèrement hu-
mide, afin d’empêcher les plantes de durcir
et aussi pour éviter la grise.
A l’époque de la floraison, on transporte
ces Primevères dans une serre dont la tem-
pérature varie de 10 à 12 degrés centigrades.
C’est à ce moment qu’il faut prendre le
plus grand soin pour les arrosages, de ma-
nière à éviter la pourriture ; non seulement
on aura dû mettre au fond des pots un drai-
nage épais, mais on devra encore avoir bien
soin de ne pas mouiller le cœur des plantes,
et, si possible, d’aérer la serre après avoir
arrosé.
L’abondante floraison qui se produit
alors récompense le jardinier de tous ses
soins. Dès qu’elle est finie, on devra re-
commencer le travail, c’est-à-dire faire des
boutures ou des marcottes de manière à
toujours avoir de jeunes sujets. Quoi qu’on
fasse, à leur deuxième floraison les plantes
sont toujours beaucoup moins belles.
Em. Rivoiron.
RECÉPAGE DES SEQUOIA SEMPERVIRENS
Les rigueurs de l’hiver de 1879-1880,
qui ont eu de si désastreuses conséquences
sur une quantité considérable de plantes,
arbres et arbustes d’ornement, ont surtout
fait sentir leurs terribles effets sur la fa-
mille des Conifères. Des vétérans de
cette famille, plusieurs fois séculaires, ont
péri des suites de ces froids exceptionnels.
C’est ainsi que, dans plusieurs localités des
environs de Paris, et particulièrement à
Bougival, les Cèdres du Liban, les Cèdres
Deodara, plusieurs espèces de Pins, de Sa-
pins, de Cyprès, les Ifs, les Wellingtonia, les
Araucaria imbricata, et un grand nombre
d’autres genres et espèces, ont succombé,
laissant, pour de longues années, des vides
considérables.
Parmi les genres qui appartiennent aux
Conifères, peu, on le sait, ont l’avantage de
se soumettre à la taille, c’est-à-dire de na-
ture à former de nouvelles tiges, aux sec-
tions que l’on pratique sur leurs branches.
Cependant, les Ifs et les Séquoia se prêtent
parfaitement à cette opération, et, sous ce
rapport, chacun connaît les formes bi-
zarres que l’on peut donner aux Ifs. Le
Séquoia sempervirens, Endl. ( Taxodium
serrvpervirens, Lamb.) peut également être
soumis à la taille. Cet arbre conifère, qui
atteint des dimensions gigantesques en Amé-
rique, d’où il est originaire, peut égale-
ment, sous notre climat, former un bel
arbre d’ornement, quoique restant dans des
proportions plus restreintes, et l’on peut
s’étonner qu’il soit aussi rare dans nos parcs.
La rapidité de sa croissance, la légèreté
et l’élégance de ses rameaux inclinés, de
son feuillage glauque-argenté en des-
sous, devraient assurément plus attirer
l’attention des amateurs, et surtout des
architectes-paysagistes. Sans être aussi
rustique que certaines espèces de Sapins, de
Pins, de Thuyas, etc., il a supporté 21 degrés
centigrades de froid en 1871-1872, et
les 27 degrés que nous subissions pen-
dant l’hiver 1879-1880, non sans souffrir
toutefois. La plupart des sujets avaient
perdu toutes leurs branches, mais ils se ré-
tablirent promptement et donnèrent de
nouvelles ramifications sur les parties dé-
nudées.
A cette époque, nous en possédions un
exemplaire assez beau, au tronc droit et
élancé, qui mesurait de 18 à 20 mètres
d’élévation ; sa forme et son port étaient
majestueux et plusieurs horticulteurs et
amateurs de Conifères nous assuraient alors
que c’était un des plus beaux échantillons
que l’on rencontrait aux environs de Paris.
Seulement, comme la plus grande partie de
ses congénères qui ornaient les jardins de
Bougival, il fut atteint par le froid, et
bien que son tronc donnât encore quel-
ques signes de vie au printemps, je le
fis couper par le pied, dans l’espérance
d’en faire naître un buisson. Cette espé-
rance ne fut pas déçue, car, dans le cou-
rant de l’été qui suivit, il sortit sur la
souche une grande quantité de jeunes scions
(40 à 50) qui se développèrent avec une
extrême vigueur. Depuis, cette végétation
vigoureuse ne s’est jamais ralentie, et les
années suivantes, une dizaine de tiges
s’élancèrent au-dessus des autres. Aujour-
d’hui, une, d’elles seulement, domine ces
dernières de quelques mètres, et forme un
nouveau tronc qui atteint 9 mètres de hau-
teur, ce qui représente en moyenne, pour
chaque année, un développement de 4m 10,
au moins.
Les autres tiges ont de 5 à 7 mètres de
hauteur, et le tout réuni forme aujourd’hui
un magnifique groupe du plus élégant effet,
s’étendant sur un diamètre de 6 mètres,
soit 18 mètres de circonférence.
Eug. Vallerand.
156
CENTAURE A CANDIDISSIMA.
POIRE BELLE PICARDE.
CENTAUREA CANDIDISSIMA
Presque universellement connu par les
services qu’il rend à l’horticulture pour la
décoration des jardins pendant l’été, ce
n’est pas à ce point de vue que je vais
parler du Centaurea candidissima, mais
à celui de l’ornementation des apparte-
ments, où cette plante est appelée à jouer
un important rôle. Voici comment j’ai eu
l’occasion de le constater.
Dans la vaste propriété du Val, où c’est
par milliers de pieds que, chaque année,
nous employons le Centaurea candidis-
sima, c’est toujours avec peine que l’on voit
arriver le moment où l’hiver va les mois-
sonner. A l’automne dernier, alors que
nous admirions ces belles plantes, l’idée
nous vint d’essayer d’en tirer parti comme
garniture d’appartement, ce que nous n’a-
vions jamais fait jusque-là ; pour cela nous en
enlevâmes quelques pieds en motte, qui
furent mis dans des pots relativement pe-
tits, de manière à pouvoir être utilisés
facilement pour les garnitures. On les mit
pendant quelque temps sous châssis froids
et privés d’air, pour favoriser la reprise,
qui, du reste, se fit très-promptement, et
sans que les plantes manifestassent la plus
légère souffrance. Notre but, en agissant
ainsi, était d’employer ces plantes pour les
appartements. A dire vrai, nous n’avions
dans la réussite de cette tentative qu’une
très-médiocre confiance, étant données les
conditions dans lesquelles elles étaient ap-
pelées à vivre. En effet, les salons où, pen-
dant l’hiver, doivent être placées un grand
nombre de jardinières garnies de plantes
et qui, peu éclairés, sont encore assombris
par d’épaisses tentures et chauffés par des
appareils qui dessèchent l’air, constituent
un milieu spécial des plus défavorables
à la végétation. Eh bien, à notre surprise
et à notre satisfaction, c’est l’inverse qui
se produisit ; les Centaurées se main-
tinrent très-bien, beaucoup mieux même
que d’autres espèces qui les accompagnaient.
Pendant les mois d’octobre et novembre,
jusqu’à l’arrivée des Primevères de la Chine,
nos Centaurées nous ont été d’une très-
grande utilité ; non seulement elles se
soutiennent et poussent dans ces conditions
si mauvaises, mais elles supportent parfai-
tement la sécheresse, et même lorsque, par
suite de celle-ci, les feuilles de la base des
plantes sont desséchées, elles ne sont pas
encore trop désagréables parce que, au lieu
de prendre cette teinte gris sale ou noirâtre
à peu près particulière à toutes les feuilles
qui sont sèches, les feuilles de la Centau-
rea candidissima conservent l’aspect blan-
châtre particulier à cette espèce qui la rend
précieuse pour faire des décorations, par
suite des nombreux contrastes que l’on peut
en obtenir. Quant aux choix des plantes
pour faire ces oppositions, il est facultatif
et doit être approprié aux lieux et aux
conditions dans lesquels on se trouve placé.
Toutefois, il va de soi que les couleurs fon-
cées, le rouge surtout, seront toujours pré-
férables.
Johanni Sallier.
POIRE BELLE PICARDE
La Poire qui fait l’objet de cette note, et
à laquelle on a donné le nom de Belle Pi-
carde, est une variété dont la naissance n’a
pas été enregistrée. Nous en devons la
connaissance à M. Félix Garlier, proprié-
taire à Conflans-Sainte-Honorine, qui l’a
importée dans son jardin, où nous avons
pu l’étudier et prendre les fruits qui ont
servi à faire la chromolithographie ci-
contre.
M. Garlier lui a donné le nom de Belle
Picarde. G’est, en effet, au village de
Charmes (Aisne), que le pied mère a été
remarqué il y a une dizaine d’années.
Le Poirier Belle Picarde est vigoureux
et fertile. L’arbre se tient bien et est très-
propre pour le verger, ce qui ne veut pas
dire que cette variété ne puisse être cul-
tivée en espalier, au contraire. Quant à son
feuillage et à ses fleurs, ils ne présentent
rien de particulier. Le fruit est gros et
même très-gros ; il rappelle un peu celui du
Colmar d’ Arernb erg , mais il est plus allongé,
atteignant 32 centimètres et même plus de
circonférence, sur 11 à 12 de hauteur, et
très-légèrement bossué. Peau luisante, à fond
d’un très-beau jaune d’or, lavée et plus ou
moins fouettée de rouge vermillonné, parfois
même d’un rouge assez intense. Queue
moyenne insérée un peu obliquement dans
eoue
> Horticole
Go(ùud-,d<Z.
ÜzrQinûhJjv. G-.S&uereyi
Poire Belle Picarde
L’HORTICULTURE AU CONGO.
157
un léger enfoncement. Œil dans une cavité
largement évasée, assez profonde, grande,
sensiblement ouverte, dénudée après la
chute des divisions calycinales. Chair
blanche, cassante, très-sucrée, ayant çà et
là, dans le tissu, des concrétions qui res-
sortent promptement sur les surfaces cou-
pées. Eau assez abondante, très-sucrée, de
saveur agréable bien que faible. Maturité
décembre à mai-juin.
La Belle Picarde est une variété qui
sera avantageuse au point de vue commer-
cial, car ses fruits, très-gros et très-beaux,
outre qu’ils ne sont pas à dédaigner comme
Poire à couteau, sont délicieux comme fruit
à cuire. On peut en faire aussi d’excel-
lentes compotes, gelées ou marmelades.
Comme dessert, cette Poire est admirable,
outre qu’on la mange avec plaisir de février
à mai, époque où les Poires font presque
toutes défaut. Si l’on en pose des boutons à
fruits (greffe Luizet) sur des variétés vigou-
reuses telles que Beurré d’ Amanlis, Beurré
Diel, Curé, Triomphe de Jodoigne, etc.,
on obtient des fruits d’un volume et d’une
beauté extraordinaires. E.-A. Carrière.
L’HORTICULTURE AU CONGO
La Commission organisatrice du Con-
grès international de botanique et d’horti-
culture tenu à Anvers en 1885, dans le
but d’avoir des renseignements sur la Flore
et l’horticulture du Congo, avait adressé,
par l’intermédiaire de l’Association inter-
nationale du Congo, aux agronomes atta-
chés aux diverses stations de ce pays, une
note comprenant un certain nombre de
questions. Plusieurs des personnes ainsi
interrogées ont répondu et leurs communi-
cations très-intéressantes ont jadis été im-
primées dans les Rapports préliminaires
du Congrès de 1885. La récente publica-
tion des Actes du Congrès d'Anvers vient
de nous apporter de nouveaux éléments
d’information sur ces régions si peu con-
nues et sur les introductions des végétaux
utiles qui y ont été faites ou qui pourraient
y être tentées avec succès. Retenant seule-
ment le côté horticole de la question, nous
avons cru qu’il serait intéressant pour nos
lecteurs de connaître dans quelles condi-
tions peuvent se développer certains végé-
taux d’Europe sous le soleil torride de ces
régions, et qu’il serait peut-être utile à quel-
ques-uns de savoir quel avenir était réservé
à des introductions utiles, judicieusement
faites.
L’émigrant qui arrive dans ces contrées
sauvages apporte, avec lui, malheureuse-
ment, les goûts que la civilisation lui a in-
culqués. C’est à son point de vue, surtout,
que la culture des plantes potagères est in-
téressante. « Nous qui faisons, dit M. Wit-
mack (1), une consommation journalière de
légumes, nous n’y prêtons pas une grande
attention ; mais là où l’on ne consomme
(1) A des du congrès international de Botanique
et d'horticulture d'Anvers, en 4885, p. 23.
ordinairement que des viandes de conserve,
si l’on manque de légumes, l’estomac eu-
ropéen se débilite tout à fait, les forces de
l’homme s’en vont et il lui est bien difficile
de vivre. »
Il faut donc, autant que possible, que
l’estomac du colon n’entre pour rien dans
ses motifs de nostalgie. On connaît l’his-
toire des Hébreux et des Ognons d’Egypte.
L’Association internationale du Congo,
dans le but de créer une situation aussi
bonne que possible à ses colons, avait confié,
à chacun des agronomes des diverses sta-
tions, une certaine quantité de graines
potagères. Voici les résultats que les semis
ont donnés :
Les Laitues, Choux-Raves, Fèves, Hari-
cots, germent bien et se développent dans
des conditions normales ; il en est de même
des Ognons, Ciboules et généralement de
toutes les plantes potagères à racines bul-
beuses ou à souche vivace.
Les espèces à racine pivotante, charnue :
Carottes, Navets, Betteraves, Salsifis, de-
viennent ligneuses et sont de mauvaise
qualité.
La Pomme de terre est d’un rendement
médiocre. Mais deux plantes indigènes à
tubercules, connues sous les noms de
Nguombou et d ’Helmias, et qui ne sont,
sans doute, pas autre chose que des
Ignames, peuvent la remplacer avantageu-
sement.
La Tomate donne des fruits superbes et
innombrables, et rend aux colons des ser-
vices inappréciables par ses vertus rafraî-
chissantes.
Les Melons et les Courges fournissent des
produits supérieurs à ceux d’Europe.
Quant aux Céréales, elles ne prospèrent
que moyennant des arrosements fréquents.
158
/
L’HORTICULTURE AU CONGO.
Ces premiers essais serviront de point de
départ pour l’amélioration des cultures à
venir, et fourniront de précieuses indica-
tions aux colons qui émigrent vers ces ré-
gions ou des contrées analogues. Ce sont à
peu près les seules cultures potagères qui
aient été faites jusqu’ici. Il est probable
que, par des tentatives réitérées et des
soins plus savants, par des sélections ou
des croisements judicieux, on parviendra à
acclimater dans ces régions une bonne
partie de nos légumes d’Europe.
En exposant ces heureux résultats, nous
n’avons pas l’intention de déterminer
quelque habile maraîcher à aller fonder un
potager au Congo, pour faire apprécier aux
sauvages, contre espèces sonnantes, la su-
périorité de ses légumes améliorés sur les
Ignames ou les Arachides. Il ne couvrirait
probablement pas ses frais de voyage. Ces
essais de culture ne sont intéressants qu’au
point de vue de l’acclimatation des Euro-
péens et du bien-être qu’ils procurent aux
colons. Cependant, il est certain qu’un jar-
dinier trouverait là-bas un champ d’une
grande richesse à exploiter.
Arrosé par des pluies périodiques, en-
graissé par le débordement des rivières, le
sol est d’une fertilité extraordinaire, et la
luxuriante végétation sauvage dont il se
couvre est un garant de sa fécondité.
Parmi les plantes indigènes que leur
emploi dans l’industrie ou leur importance
commerciale recommandent à l’attention de
ceux qui voudront entreprendre l’exploita-
tion des richesses végétales du Congo, nous
trouvons un Acacia fournissant une très-
bonne gomme, l’Arachide, les Ananas, une
espèce de Caféier, un arbre rappelant le
Camphrier, la Canne à Sucre, le Cacaoyer,
le Dattier, l’Indigotier, le Poivrier, le Ta-
bac qui donne dans certaines régions du
Congo des produits comparables à ceux de
la Havane. Quand la Flore du pays sera
mieux connue, cette liste s’allongera cer-
tainement beaucoup, et peut-être même les
forêts nous réservent- elles la surprise de
quelque matière végétale nouvelle et pré-
cieuse.
C’est surtout par l’introduction des
plantes utiles de la Flore équatoriale que la
fertilité et l’immensité du Congo sont appe-
lées à donner des bénéfices importants.
MM. Bâillon, Triana et autres botanistes
ont développé, devant le Congrès d’Anvers,
leurs appréciations sur le choix des plantes
étrangères dont l’acclimatation est à souhai-
ter au Congo. Nous donnons ci-dessous le
résumé de quelques notes fournies par leurs
communications.
Pour les essences tinctoriales, indépen-
damment des végétaux indigènes comme
l’Indigotier, on pourrait retirer profit de
Y Æschynomene sensitiva du Brésil et des
Tournesolia ou Crozophora qui donneront
des produits analogues au Tournesol en
pains.
Les matières grasses seront fournies
abondamment par les Arachides, les Pal-
miers, le Sesamum indicum, les Ricins.
Quant aux résines et gommes, on en
obtiendrait de très-bonnes par l’acclimata-
tion du Garcinia Hanburyi , renommé
pour les gommes-guttes qu’il produit en
Annam et au Cambodge; et surtout par
celle de certaines Apocynacées telles que les
Vcihea, dont le suc donne des caoutchoucs
très-estimés.
La Gutta-Percha, dont l’emploi dans l’in-
dustrie prend tous les jours de l’extension,
sera la source de revenus importants. Plu-
sieurs Sapotacées asiatiques, océaniennes et
américaines, seront au Congo d’une accli-
matation facile et produiront cette matière
en abondance.
On obtiendra des cotons de premier choix
par la culture du Gossypium barbadense.
Les plantes officinales pourront également
devenir le sujet d’une exportation considé-
rable. Plusieurs R.ubiacées indigènes four-
niront des écorces fébrifuges analogues à
celles des Quinquinas ( Cinchona ). C’est
surtout à la culture des Remijia de l’Amé-
rique du Sud, qui sont très-rustiques et
produisent des quinquinas supérieurs, que
l’on devrait s’adonner, suivant M. Triana.
Les Quassiées ne devront pas être oubliées
dans les introductions à faire.
Il est inutile de dire de quelle richesse
seront la source les bonnes espèces de
Caféier et de Cacaoyer si on parvient à les
faire prospérer au Congo.
La question a été posée de savoir si les
Vignes du Soudan à souche tuberculeuse,
autour desquelles on a fait tant de bruit,
ne pourraient pas être cultivées avantageu-
sement au Congo. D’après M. J.-E. Plan-
chon, les Vignes du Soudan et la plupart
des Vignes tropicales ne doivent pas être
rangées dans le genre Vitis, mais former
un genre à part auquel il a donné le nom
d ’Ampelocissus (1). Les fruits des Ampelo-
(1) Le Vitis capensis, dont la Revue a récemment
publié une description avec une figure coloriée,
rentrerait dans ce genre Ampelocissus .
Ed. A.
LES CERISIERS A KIRSCH.
159
eissus sont parfois très-gros et comestibles;
mais, étant peu riches en alcool, ils sont
impropres à produire un vin de bonne qua-
lité. Il serait peut-être possible de décou-
vrir, au Congo, certaines espèces indigènes
dont le fruit pourrait être employé à faire
du vin et, dans tous les cas, quelques es-
pèces européennes ou américaines y se-
raient, sans doute, assez facilement accli-
matées.
On voit par cette rapide énumération des
principales richesses végétales à exploiter
au Congo quelle importance s’attache à la
colonisation de cette contrée. L’Association
internationale du Congo a déjà établi de
nombreuses stations d’émigrants dans ce
pays. Suivant son exemple, plusieurs so-
ciétés se sont fondées ; des commerçants et
des industriels se sont réunis pour fonder
des plantations et construire un chemin de
fer d’exploitation. Les résultats obtenus
déjà donnent les plus grandes espérances
pour l’avenir et nous ne pouvons qu’applau-
dir à ces tentatives hasardeuses, qui, lors
même qu’elles ne réussissent pas, ont tou-
jours l’honneur d’avoir contribué aux pro-
grès de la science et de la civilisation.
Ed. André.
LES CERISIERS A KIRSCH
La question si importante de la plantation
des arbres à fruits en bordure des routes, à
laquelle la Revue horticole a ouvert ses
colonnes, mérite d’attirer tout spécialement
l’attention du public. Après avoir parlé des
avantages de ces sortes de plantations, nous
venons aujourd’hui indiquer sommairement
les variétés de Cerisiers pouvant servir à
fabriquer le kirsch.
La fabrication du kirsch a pris nais-
sance, il y a bien longtemps (plusieurs
siècles), dans quelques-uns des nombreux
villages disséminés à travers le vaste massif
montagneux que nous appelons la Forêt-
Noire (l’ancienne Sylva Martiana des Ro-
mains), et qui touche presque à nos
Vosges.
Les premiers kirschs ont, sans doute, été
faits avec le fruit du Cerisier sauvage ou
Merisier des bois ( Cerasus avium). Peu
à peu d’autres variétés, améliorées par des
semis successifs et par la culture, rempla-
cèrent la Merise, parce que leurs fruits,
plus gros, plus en chair et souvent plus su-
crés, donnaient un produit plus abondant
et plus rémunérateur.
Les variétés cultivées dans cette partie de
l’Allemagne pour la fabrication du kirsch
sont nombreuses. Oberdieck, dans son Ma-
nuel illustré de Pomologie, cite dans ce
sens plusieurs centaines de variétés de Ce-
risiers, et beaucoup de ces variétés pour-
raient être cultivées avantageusement pour
la fabrication du kirsch.
Il serait très -utile que nos pomologues
étudiassent quelques-unes des meilleures
variétés et les fissent connaître à nos plan-
teurs, avec leurs noms français. Là-bas, les
meilleurs kirschs sont ceux produits avec
les variétés à fruits plus ou moins gros, à
noyaux généralement petits et à pulpe
épaisse et le plus sucrée possible.
Cette question mérite d’être prise en
grande considération par nos agronomes, et
surtout par nos cultivateurs des Vosges.
Encore quelques années de négligence, et
notre massif vosgien ne produira que peu
ou point de kirsch. L’Allemagne nous en
fournit aujourd’hui près des huit dixièmes.
Notons bien que la plus grande partie de
ces kirschs germains sont livrés à la con-
sommation comme de provenance vos-
gienne.
Nos économistes ne s’en doutent même
pas. Qui donc se dévouera pour secouer
cette apathie de nos cultivateurs et proprié-
taires vosgiens? Nous avons cependant,
dans les Vosges, des industriels fabricants
de kirsch puissamment riches. Il est pénible
de voir leurs maigres « ceriseraies » conte-
nant à peine quelques centaines de Cerisiers
sauvages, pour des milliers de litres de
kirsch vendus.
Cependant la place ne nous manque pas
pour faire des plantations. Non seulement
nous avons notre beau massif des Vosges,
où le sol et l’altitude offrent des garanties
de succès comme nulle part ailleurs, mais
aussi les contreforts de ces montagnes, qui
s’étendent sur une grande partie du dépar-
tement de Meurthe-et-Moselle. A part l’al-
titude, la plupart des crêtes non boisées et
des plateaux incultes ou de peu de rapport
pour l’agriculture seraient d’un bon rende-
ment plantés en Cerisiers, au point de vue
de la fabrication du kirsch.
Mais il y a toujours la routine. Son milieu
le plus tenace est encore dans nos adminis-
trations. Depuis quelques années, nos che-
mins et nos routes départementales se
160
GRENADIER DES ANTILLES.
bordent d’arbres fruitiers. Dans le départe-
ment des Vosges, notamment, on a planté
quantité de Cerisiers.
Or, le croirait-on? Le Cerisier sauvage
est employé généralement, pas une seule
variété cultivée n’est plantée.
Le kirsch provenant du fruit du Cerisier
des bois est bon, même très-bon, assuré-
ment; mais le rendement est presque nul.
La cueillette est fort difficile et fort longue,
par conséquent très-dispendieuse ; de là le
prix élevé des kirschs nouveaux, qui attei-
gnent 5 et 6 fr. le litre sur place.
De plus, ce kirsch est très-dur, presque
imbuvable avant quinze ou vingt ans d’âge,
sans doute à cause de la quantité d’acide
cyanhydrique qu’il contient.
Le kirsch fait avec beaucoup de nos va-
riétés cultivées est bien plus moelleux; il
peut se déguster et se boire après quelques
années, quatre à six ans, par exemple. Le
rendement est bien plus abondant. La cueil-
lette est plus facile, par conséquent moins
onéreuse.
Il y a donc tout profit pour le cultivateur
et pour le consommateur. Je regrette de ne
pouvoir, aujourd’hui, conseiller telle ou telle
autre variété, ne connaissant pas ou con-
naissant mal leurs noms allemands.
La plus grande partie des variétés que je
plante sur notre ferme du Bois-Coupé ont
été entées avec des greffons provenant de la
Forèt-Noire. A la dégustation, ces fruits
ressemblent beaucoup à nos variétés fran-
çaises. Leurs similaires se trouvent, je
crois, dans nos Guignes et nos Bigarreaux.
Je m’adresse, en toute confiance, aux sa-
vants rédacteurs en chef de la Revue hor-
ticole, en les priant de faire connaître, dans
les colonnes de ce journal, les noms des
variétés de Cerisiers à chair épaisse et très-
sucrée propres à la fabrication du kirsch,
et pouvant se trouver chez nos pépiniéristes
français. Victor Didier,
Horticulteur à Nancy.
GRENADIER DES ANTILLES
Bien que très-ornementale et déjà an-
cienne dans les cultures, cette plante, que sa
facilité de 'culture
met à la portée
de tout le monde,
est pourtant peu
répandue ; elle
n’est guère con-
nue en dehors des
marchés de Paris,
où on la trouve
de temps à autre,
grâce à quelques
horticulteurs qui
ont conservé la
bonne habitude
de la cultiver. Ses
fleurs, qui par la
forme et l’aspect
général sont
exactement celles
du Grenadier
commun, sont
très - nombreuses
et se succèdent
toute l’année. La
forme des feuilles
et leur disposi-
tion rappellent
exactement aussi
celles de l’espèce commune. Il en est à peu
près de même de la rusticité, car, bien
qu’on le dise originaire de l’Amérique mé-
ridionale, d’où il aurait été importé vers
1720, le Grena-
dier des Antilles
est à peu près
aussi rustique que
l’espèce commune
(. Punica Grana-
tum). En voici
une description :
Grenadier des
Antilles ( Punica
nana, L.) (fig.
32). — Arbuste
pouvant pourtant
atteindre jusqu’à
2 mètres de hau-
teur, à ramifica-
tions ténues,
dressées , nom-
breuses. Feuilles
opposées, très-
rapprochées, ca-
duques, bien que
beaucoup plus
longtemps persis-
tantes que celles
de l’espèce com-
mune, minces,
longues de 2 à
3 centimètres, larges de 8 à 12 millimètres,
brusquement et courtement rétrécies au
Fig. 32. — Grenadier des Antilles.
Ramille florifère.
POMMES CELLINI ET ANTONOWKA.
161
sommet, atténuées à la base en un très-
court pétiole. Fleurs dressées, ordinaire-
ment solitaires à l’extrémité des ramilles,
d’un rouge foncé très-vif. Fruit (Grenade)
très-petit, d’un rouge plus ou moins foncé
suivant son état de développement.
Culture et Multiplication. — La culture
du Grenadier des Antilles est tout à fait sem-
blable à celle de l’espèce commune, quoique
dans sa jeunesse il soit un peu plus délicat
et nécessite pendant l’hiver quelques soins
particuliers. Du reste, comme c’est une
plante d’orangerie ou de serre froide sous
notre climat, on est dans l’habitude de
la cultiver dans des caisses que l’on rentre
pendant l’hiver. Quant à la multiplication,
on la fait par greffe en demi-fente ou à
la Pontoise , en employant comme sujet
le Grenadier commun. On place les pots
ou les caisses sur couche dans des coffres
que l’on maintient hermétiquement fermés
jusqu’à la reprise, ensuite on donne un peu
d’air, puis davantage. Enfin, on les traite
absolument comme s’il s’agissait d’Oran-
gers.
Le Grenadier des Antilles ne présente
aucune variété, ce qui semble démontrer
qu’il n’a jamais été multiplié par graines. Il
s’allonge peu et n’a pas besoin d’être taillé.
Abandonné à lui-même, il forme des buis-
sons assez régulièrement sphériques. Cul-
tivé en caisse et bien soigné, il peut servir
à la décoration ainsi que l’espèce commune.
Il est même de beaucoup préférable à celle-
ci, car, outre que ses fleurs, d’une couleur
rouge très-brillante, sont infiniment plus
nombreuses, elles se succèdent sans inter-
ruption jusqu’aux gelées. Ses feuilles se con-
servent également plus longtemps, et l’arbre
se dépouille plus tardivement. Comme le
Grenadier commun, le Grenadier des An-
tilles se contourne en vieillissant.
On peut se le procurer chez Mme veuve
Jamain, horticulteur, rue de la Glacière, 217,
Paris.
Planté en plein air, dans les rochers un
peu abrités, le Grenadier des Antilles cons-
titue un des plus jolis arbrisseaux, qui ne
cesse de fleurir qu’à l’arrivée des froids.
E.-A. Carrière.
POMMES CELLINI ET ANTONOWKA
Depuis quelque temps déjà, nous culti-
vons le Pommier Cellini et nous le recom-
mandons aux amateurs d’arbres vigoureux,
résistant aux grands hivers, se ramifiant
bien et produisant, en abondance, un fruit
de bonne grosseur moyenne, souvent gros,
de forme régulière, ayant l’épiderme vert
d’eau ou blanc crémeux couvert de stries
rose carminé ou rouge fin ciré de ponceau.
La chair, ferme, est juteuse, d’un goût sucré
et acidulé, fort agréable au palais. Sa ma-
turité arrive en septembre et en octobre.
L’épiderme, lent à se flétrir, lui assure une
plus longue période de vente au marché et
d’utilisation dans le ménage.
Dans son Select Kitchen apples, Thomas
Rivers classe la Pomme Cellini comme mû-
rissant en septembre et octobre.
Le Guide pratique de l’amateur de
fruits, par O. Thomas, la place dans la
deuxième série de mérite avec cette men-
tion : « Fruit de toute première qualité.
Arbre sain, très-vigoureux et très-fertile.
Variété très-estimée en Angleterre. »
Et notre Traité de culture fruitière
commerciale et bourgeoise dit en termi-
nant la description : « Arbre trop précoce
dans sa fertilité pour être greffé sur Para-
dis. Bon fruit de dessert et d’économie
ménagère. »
Quelle est l’origine de la variété? Nous
l’ignorons. Et ce nom de Cellini est-il bien
le sien? C’est là l’objet de cette note.
On trouve la même variété de Pommier,
dans la Russie septentrionale, sous la simple
dénomination d ’ Antonowka, c’est-à-dire
Pomme Anthony ou Antoine. Il y a cinq
ou six ans, le gouvernement du Canada
chargea M. Ch. Gibb, d’Abbottsford, d’ex-
plorer le nord de la Russie pour étudier
les espèces fruitières qui peuvent y croître
et fructifier et chercher à les acclima-
ter dans les vastes plaines canadiennes.
M. Gibb a publié le récit de ses explora-
tions, en indiquant les arbres les plus ré-
pandus et les plus robustes au froid. Parmi
les Pommiers, il recommande tout d’abord
Antonowka , Anisowka, Titowka.
D’après ce voyageur, la première serait
la plus importante, la « reine » de cette vaste
région de prairies qui s’étend de Toula au
sud de Kharkof, et de Koslof à Kiew, im-
mense plaine réputée pour sa fertilité; elle
y occupe le premier rang.
Sous le climat non moins rigoureux de la
Russie centrale, le Pommier Antonowka
162 SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRA
est le plus rustique et le plus fécond. Il a
résisté aux — 45 degrés de l’hiver 1867, la
gelée succédant subitement à un temps
doux et pluvieux.
De Moscou à Saratow, de grands vergers,
composés en partie des quelques variétés
ci-dessus cultivées par sujets en buissons
groupés 'par trois, — les groupes espacés
de « douze pieds », — envoient des char-
retées de fruits aux marchés des grandes
villes.
M. Gibb signale douze villages expédiant
pour 100,000 roubles de Pommes aux
marchés de Nij ni -Novgorod et de Kazan ;
puis, en descendant le Volga, par 54° 5 de
latitude, où le mercure se solidifie quelque-
fois, une plantation de 12,000 arbres qui
avait requis l’emploi de 300 personnes pour
cueillir les fruits et de 80 autres pour les
empaqueter; ce verger aurait fourni mille
tonnes de Pommes à l’ancienne capitale de
toutes les Russies.
L ’Antonowka est recherchée pour la
consommation directe, les préparations
culinaires, le séchage, la boisson, etc.
SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRA
SÉANCE DU
Comité de floriculture.
M. Maron, jardinier-chef chez M. P. Dar-
blay, au château de Saint-Germain-lès-Corbeil,
a présenté à cette réunion un hybride qu'il a
obtenu par le croisement d’un Pitcairnia in-
déterminé et du P. corallina , et qu’il a nommé
P. Darblayana. Ses principaux caractères,
bien distincts, sont les suivants : plante vigou-
reuse, de haute taille, à feuilles lancéolées-
aiguës, érigées, à hampes florales atteignant
lm 50 à 2 mètres de hauteur ; fleurs rouge
ponceau carminé ; ces fleurs triangulaires sont
parmi les plus grandes du genre. Ce bel hybride
s’ajoute au P. Maroni , que la Revue a déjà
figuré et décrit, pour placer à l’actif de
M. Maron deux très-belles obtentions de Bro-
méliacées hybrides.
Par M. Albert Trufïaut, horticulteur à Ver-
sailles, présentation des plus intéressantes : un
Olivia miniata , forme nouvelle obtenue par le
présentateur en croisant les C. intermedia
splendens et Madame Marie van Houtte , et
nommée par lui C. m. Léon Say. Cette plante
a les fleurs très-grandes et d’un coloris rouge
feu foncé que nous n’avons pas encore re-
marqué dans d’autres variétés; un Anthurium
obtenu par le présentateur par l’hybridation
des A. Scherzerianum et Williamsi } et qui
Æ D’HORTICULTURE DE FRANCE.
Il en est de même à Varsovie, où cette
variété flatte le paysan par la résistance et la
longévité du sujet, sa fertilité précoce, qui
se continue dans la vieillesse de l’arbre.
Maintenant, nous possédons ces fruits du
Nord ; déjà ils ont fructifié dans nos pépi-
nières. Mais à la récolte, nous avons re-
connu l’identité entre YAntonowka des
Russes et la Cellini des Anglais.
Une correspondance échangée entre
MM. Goegginger, de Riga, et M. Lucas, de
Reutlingen, ayant trait à sa synonymie, a été
close parM. Regel, qui tient au nom adopté
dans l’Ukraine, Antonowkci ou Antonovka,
sous lequel cette variété a été importée
vers la Baltique et dans les environs de
Valaam, au nord de la province de Saint-
Pétersbourg.
Charles Baltet,
Horticulteur à Troyes.
P. -S. — La Titowka, plus précoce en
maturité, également populaire sur les mar-
chés du Volga, se rapproche étonnamment
de notre belle Pomme Saint-Germain.
Æ D’HORTICULTURE DE FRANCE
3 MARS 1888.
rappelle les gains de M. de La Devansaye,
sans atteindre à leur développement ; un Ni-
dularium Innocenti, aux bractées énormes; un
autre Nidularium provenant d’un croisement
entre le N. Meyendorffi ou splendens et le
N. princeps , belles plantes bien colorées ; un
Cœlogyne cristata , variété de Ghatsworth, à
bulbes allongés, très-gros fleurs de forme et
couleur semblables à celles de l’espèce type,
mais beaucoup plus grandes ; quelques beaux
exemplaires d’Orchidées fleuries : Miltonia
W arscewiczi , Cattleya Trianæ alla, etc.
Par M. Éd. André, un énorme et magni-
fique exemplaire de Olivia miniata , mesurant
2 mètres de diamètre, et portant à la fois
27 tiges florales au même degré d’épanouisse-
ment; puis un exemplaire fleuri de Dendro-
chilum glumaceum , charmante Orchidée de
Java, dont les inflorescences, disposées en
longs épis retombants, de couleur blanche, rap-
pelant d’assez près des épis de Blé, présentant
cette singularité analogique de répandre un
léger parfum qui ressemble beaucoup à l’odeur
de la fleur du blé.
Par M. Bühler, architecte-paysagiste, à
Paris, une sommité fleurie de Rhododendron
argenteum. Cette espèce liimalayenne, assez
ancienne déjà, produit des corymbes énormes
de fleurs ayant la forme et la disposition de
MATRICARIA EXIMIA &RANDIFLORA AUREA.
163
celles d’un Gloxinia. Ces fleurs, d’une apparence
cireuse, sont blanches et légèrement lavées de
violet à la base. Cette espèce est de serre
froide sous le climat de Paris, et rustique sous
celui de Cherbourg.
Par M. Bréauté, jardinier chez M. Finet, à
Argenteuil, un fort exemplaire de Cœlogyne
cristata , mesurant près de 1 mètre de dia-
mètre, et une belle touffe fleurie de Cattleya
Trianæ.
Comité d’arboriculture fruitière.
M. Hédiard, négociant en produits exotiques,
2, place de la Madeleine, Paris, avait apporté
des fruits ou tubercules de plusieurs plantes
exotiques dont la culture devrait avoir en
Algérie, suivant le présentateur, une impor-
tance beaucoup plus grande que celle qu’elle y
occupe aujourd’hui : Dioscorea bulbifera
(Igname Pousse-en-V air , Tabatière double ),
qui, de très-bonne qualité, est consommée
comme la Pomme de terre, soit cuite au four,
soit frite, etc.; Igname dite Couscousse , dont
les tubercules pèsent de 4 à 500 grammes et
germent avec une grande facilité ; Caladium
esculentum ( Taro ou Chou Caraïbe ), racines
qui, par le râpage, donnent une pulpe blanche
à laquelle on ajoute un peu de farine et de lad
et qui forme ainsi une pâte avec laquelle on
fait d’excellents beignets, en y ajoutant du
poivre, un peu de piment et du sel; des
Oranges de Bahia, jaune pâle, excellentes; des
fruits de Bananier, à écorce rouge foncé : ces
fruits ont une saveur plus fine que les Ba-
nanes ordinaires, et sont, en même temps,
d’un aspect plus agréable : à recommander
pour les cultures algériennes; des fruits d’ Avo-
catier ( Persea gratissima ), dont la chair a la
consistance et un peu la saveur du beurre.
M. Hédiard rappelle que cet arbre est cultivé
avec succès en Algérie, quoique dans des pro-
portions trop restreintes ; ses fruits se vendent
en moyenne de 4 à 5 fr. et jusqu’à 8 fr. la
pièce.
Comité de l’Art des Jardins.
Cette séance du Comité a été surtout con-
sacrée à l’examen des projets envoyés au con-
cours pour la création d’un parc public à
Lisbonne.
Le présent numéro de la Revue horticole
contient la partie du rapport fait par le Comité
sur le projet ayant obtenu le 1er prix, celui de
M. H. Lusseau. Ch. Thays.
MATRICARIA EXIMIA GRANÜIFLORA AUREA
Le groupe auquel appartient la plante
dont nous parlons compte déjà un bon
nombre d’espèces, toutes méritantes ; au-
cune pourtant n’est comparable à celle-ci
au point de vue ornemental. On paraît
ignorer son origine, ce qui, du reste, n’a
rien qui doive surprendre puisqu’on ignore
non seulement celle du groupe eximia,
mais même du Mcttricaria parthenioides,
qui, très-probablement, est le type primitif
d’où sort le sous-groupe eximia.
Ce que nous savons relativement à la
plante qui nous occupe, c’est qu’elle est
toute nouvelle, et qu’elle est venue d’Alle-
magne. Le Matricaria eximia grandiflora
aurea est une plante de premier mérite et
qui devra trouver place dans tous les jar-
dins. En effet, elle est naine, très-flori-
bonde, se tient bien, est rustique, peut se
cultiver comme annuelle, bisannuelle ou
même vivace, et s’accommode de presque
tous les terrains comme de toutes les expo-
sitions. En voici une description, prise
sur le vif, dans les cultures de MM. Vil-
morin et Cie, à Verrières :
Plante dressée, raide, ramifiée, atteignant
de 35 à 40 centimètres de hauteur, à rami-
fications également dressées, terminées par
de nombreuses inflorescences capitées, très-
pleines, fortement bombées, de 2 centimètres
de diamètre, et portant à la circonférence des
ligules blanches qui entourent chaque capitule
d’une collerette d’un blanc pur contrastant
très-agréablement avec la partie centrale, qui
est d’un très-beau jaune. Feuilles alternes,
pennatiséquées-lobées, à segments irréguliers,
obtus-dentés. Fleurs externes relativement
très-grandes, ligulées ; les internes excessive-
ment nombreuses, tubulées, très-petites, ré-
gulières, à cinq dents très-courtes.
Culture et multiplication. — Toutes les
terres, à peu près, conviennent à la plante
dont nous parlons, qui, du reste, n’est pas
plus exigeante que la Matricaire Mandiane
(M. parthenioides ), qui se ressème d’elle-
même et croît pour ainsi dire spontané-
ment, quand une fois elle est introduite
dans un jardin. On la multiplie par graines
et par éclats. On sème du commencement de
février à avril, et l’on repique en pépinière,
puis on met en place, et si ces plantes sont
bien soignées, elles fleurissent la même
année; on sème une deuxième fois, de juillet
à septembre, et l’on repique en pépinière, le
long d’un mur à bonne exposition. Là où
l’on aurait à craindre des froids très-rigou-
reux, on pourrait abriter les plants ou les
repiquer à froid sous des châssis où on
leur donnerait presque continuellement de
164
PLANTATION ET TUTEURAGE DES ARBRES A HAUTE TIGE.
l’air. Ces plantes, mises en place dès les pre-
miers beaux jours, fleuriraient depuis mai-
juin jusqu’aux gelées. La multiplication par
éclats se fait à partir de la fin d’août au
moyen de pieds qu’on a dû rabattre afin de
leur faire émettre des drageons qu’alors on
éclate et plante en pépinière. Dans le cas
où l’on voudrait avoir une floraison de très-
bonne heure, on mettrait quelques belles
plantes en pots qu’on hivernerait sous des
châssis froids.
Le Matricavia eximia gvandiflora au -
rca peut être employé pour bordures, pour
la confection des massifs ou comme plante
propre à isoler sur les plates-bandes. Dans
toutes ces conditions, c’est une plante très-
méritante et d’un bel effet ornemental.
On peut en prolonger la floraison et
rendre celle-ci plus belle et plus abondante,
en enlevant au fur et à mesure les fleurs
qui sont passées. Mais dans ce cas on ne
récolterait pas de graines, et il faudrait en
conserver quelques pieds intacts sur les-
quels on trouverait les semences.
E.-A. Carrière.
PLANTATION ET TUTEURAGE DES ARBRES A HAUTE TIGE
De toutes les opérations que comprend
l’arboriculture, la plantation est certaine-
ment la plus im-
portante.
Des conditions
dans lesquelles
elle est effectuée
dépend l’avenir
de l’arbre mis en
place. Mieux vau-
drait assurément
planter un sujet
faible et peu vi-
goureux, avec les
précautions né-
cessaires, que
l’arbre le plus
robuste, si l’on
ne prend, en vue
de sa bonne re-
prise et de son
développement
futur, que des
soins insuffisants.
Examinons d’a-
bord comment les
choses se passent
dans la grande
majorité des cas :
on prépare un
trou de dimen-
sions quelcon-
ques, et l’on dé-
pose sur le bord
les terres qui en
proviennent, sans
les diviser en plu-
sieurs tas, sui-
vant leurs quali-
tés respectives. Ceci fait, on place la base
de l’arbre dans le trou, soit en l’enfonçant
très profondément, soit en élevant quel-
quefois le collet un peu au-dessus du niveau
futur du sol, en
prévision du tas-
sement des terres
remuées ; les ra-
cines sont en-
fouies grossière-
ment et la plupart
du temps leur ex-
trémité la plus
éloignée de l’ar-
bre est rebrous-
sée en l’air par
les parois du trou
trop étroit.
On enfonce
alors, au hasard,
un tuteur, en
souhaitant, d’une
façon platonique,
que sa pointe ne
rencontre pas une
racine maîtresse;
lorsque ce tuteur
a pénétré de 25
ou 30 centimètres
dans le sol, on
s’arrête, on fait
la ligature, et tout
est dit.
Quelques jours
plus tard, le tu-
teur, qui n’a pas
un point d’appui
solide, obéit peu
à peu aux mou-
vements divers
occasionnés par
le vent, de l’arbre qu’il devrait maintenir;
il se balance avec lui, usant assez rapide-
Fig. 33. — Plantation et tuteurage des arbres
à haute tige.
PLANTATION ET TUTEURAGE DES ARBRES A HAUTE TIGE.
165
ment les liens d’osier et les tampons de
mousse qui séparent le sujet de son tuteur.
L’écorce alors s’entame ; des blessures se
produisent; et comme il est très-difficile
de prévoir exactement la hauteur de
l’abaissement résultant du tassement des
terres, le collet de la plante se trouve, en fin
de compte, ou enfoui dans le sol, ou hors
terre, ce qui est autant à craindre l’un que
l’autre.
La plantation et le tuteurage, pour être
bien faits, ne demanderaient ni une dépense
supérieure à celle qu’entraîne une mauvaise
opération, ni plus de temps.
Voici comment il convient de procéder :
en piochant le trou, on divisera par qualités
diverses les matériaux qui en proviennent ;
si faire se peut, on enlèvera les mauvais pour
les remplacer par des terres dont la nature
pourra varier suivant l’essence de l’arbre.
Si cette substitution est impossible, on
devra, en plantant, mettre la bonne terre
Fig. 34. — Tuteurage des arbres.
Ligature rationnelle d’osier.
autour des racines, et placer les autres par-
dessus. Dans les terrains humides, on
devra se préoccuper de la question du drai-
nage, question un peu trop complexe pour
que nous nous en occupions ici.
Avant de mettre la base de l’arbre dans
le trou qui lui est destiné, on placera le tu-
teur, en l’enfonçant de 30 à 40 centimètres
dam le terrain solide , au-dessous du
trou, comme cela est indiqué dans la
figure 38.
Sur ce tuteur, on fera une ligne hori-
zontale au niveau de la surface naturelle du
terrain ; on approchera l’arbre du tuteur, au-
dessus du trou vide, en mettant le collet à la
hauteur de la raie dont nous venons de parler.
Puis on fera deux ou trois ligatures, de
manière que l’arbre soit rigoureusement
fixé contre son soutien.
Alors seulement on remblaiera le trou,
par petites couches de terre légèrement
foulées sans compacité, en faisant pénétrer
la terre la plus meuble entre les racines,
qui doivent toujours être dans une position
de plus en plus étalée, à mesure qu’elles
s’éloignent du collet. On doit éviter avec
soin que ces racines ne soient recourbées,
lorsqu’elles s’approchent des parois du trou ;
il faut, si ce fait se produit, entailler ces
parois, afin que les racines conservent tou-
jours leur direction initiale.
On conçoit qu’ainsi tout balancement et
tout affaissement de l’arbre transplanté
seront évités. La terre s’affaissera peu à
peu ; mais le collet restera invariablement
au point désigné. Si, au premier printemps,
on constatait que le tassement du sol a pu
laisser quelques vides entre les racines, il
serait facile de les regarnir de terre meuble
que l’on ferait pénétrer avec l’aide d’un
bâton à bout arrondi.
Nous n’avons pas à rappeler ici quels sont
les autres soins nécessaires à la plantation,
tels que le nettoyage des racines, le pail-
Fig. 35. — Tuteurage des arbres.
Ligature d’osier perfectionnée.
lage du sol, la protection contre les coups
de soleil avant la reprise complète, etc.;
ces détails sont connus de tous ; mais nous
allons préciser quelles sont les deux mé-
thodes, à notre avis préférables, pour opérer
les ligatures.
Dans les pépinières, on emploie de préfé-
rence l’attache que représente la figure 34,
à l’aide d’un Osier plat ou rond, dont la
force varie avec celle de l’arbre ; on fait
d’abord un tour complet sur le tuteur ; on
pratique ensuite un second tour, qui, cette
fois, enveloppe l’arbre et le tuteur, et l’on
noue. On peut mettre un peu de paille ou
de mousse entre la tige et l’osier, pour éviter
le froissement de l’écorce.
Les forestiers se servent de préférence de
la ligature que nous reproduisons ci-des-
sous (fig. 35).
L’osier est d’abord placé autour de l’arbre ;
on fait ensuite deux ou trois torsions dans
le même sens, et enfin on enveloppe le
166
LA MALADIE DES PELARGONIUM ZONALE ET INQUINANS HYBRIDES.
tuteur, sur lequel on assujettit fortement le
tout.
Par ce second procédé, l’arbre est fixé
d’une manière peut-être un peu moins
intime ; mais on n’a jamais ainsi la possi-
bilité d’un frottement de l’arbre contre le
tuteur ; les torsions intermédiaires de l’osier
s’y opposent.
Nous pouvons assurer nos lecteurs qu’en
prenant les précautions que nous venons
d’indiquer pour la plantation et surtout pour
le tuteurage des arbres à haute tige, dans les
jardins, les vergers et les parcs, la moyenne
de la reprise sera supérieure à celle que l’on
obtient d’ordinaire en employant d’autres
procédés, Ed. André.
LA MALADIE DES PELARGONIUM ZONALE ET INQUINANS HYBRIDES
Comme bien des plantes, le Pélargonium,
zonale est sujet à diverses maladies. Une
d’entre elles a, depuis quelques années,
trop attiré l’attention des amateurs et hor-
ticulteurs pour qu’il ne soit pas opportun
d’en dire maintenant quelques mots. Nous
exprimerons notre manière de voir, notre
théorie, si l’on veut, ensuite notre traite-
ment basé sur celle-ci, autrement dit, le
côté intéressant, la pratique. Peut-être
d’autres amis des fleurs, enhardis par notre
exemple, viendront, dans les colonnes de
cette Revue bienveillante, exprimer leurs
opinions, se rappelant que c’est du choc des
idées que jaillit la lumière.
I. — Définition des caractères.
Cette maladie est appelée « Pourriture
sèche » ou, plus laconiquement, « Maladie
des Pélargoniums » ; tant il est vrai que les
autres maladies ne sont rien auprès de
celle-là. Et de fait, toute plante contaminée
est perdue, et toute bouture, coupée sur
cette plante, est neuf fois sur dix vouée à la
mort.
Au début, le faciès extérieur ne présen-
tant rien d’anormal, le diagnostic n’est par
conséquent pas très -sûr; le marchand
peut, de bonne foi, vendre une plante ayant
tous les airs de santé et susceptible d’ètre
morte quelques jours après. On voit bien
que la tige est fluette, comme amaigrie,
avec un épiderme quasi-desséché, grisâtre,
ridé, sillonné par places ; la tète, quoique
très-verte, se fane et se penche au premier
rayon du soleil. Mais le symptôme le plus
caractéristique, c’est la « palpation ».
Lorsqu’avec le pouce et l’index, appuyés
sur la tige, on peut rapprocher les deux
parois corticales, on a, comme diraient les
disciples d’Esculape, le signe pathognomo-
nique. La plante est bonne à jeter. Toute-
fois, si avant de faire cette douloureuse
opération, vous procédez à l’autopsie, vous
remarquerez, d’abord, que la moelle a perdu
sa résistance, parce que ses cellules ont
subi une désorganisation. Les vaisseaux dé-
truits, en tout ou en partie, sont plongés
dans une bouillie noirâtre. Jusqu’au prin-
temps, la plante atteinte continue de vé-
géter tant bien que mal, parce que, en
hiver, les Pélargoniums vivent plus des
parties supérieures que du pied.
Nous avons dit que par la compression
on fait sortir une pulpe foncée, semi-
liquide, qui constitue la cc pourriture hu-
mide ». Pourquoi avoir appelé, alors, la
maladie « pourriture sèche »? Probable-
ment ce nom fut donné par ceux qui ne
virent la maladie que quand elle avait com-
mis ses ravages, c’est-à-dire au printemps,
quand les branches s’affaissent et les feuilles
se ramollissent. En effet, ce phénomène se
perçoit surtout à partir du mois de mars.
L’eau s’est évaporée par exosmose au
dehors des écorces malades, le foyer de la
dégénérescence médullaire s’est éteint et
résorbé ; il ne reste plus que des matières
mi-sèches et granuleuses qui constituent
les résidus, l’état ultime de la pourriture
humide.
Nous devons ajouter que certaines varié-
tés anciennes, comme Mademoiselle Nilsson
(Malet), Madame Vaucher (Babouillard),
Gloire de Corbeny (Bah.), Mistress Pol-
lock (Henderson), etc., sont particulière-
ment infestées. Nous avons connu certains
amateurs qui ont perdu jusqu’à deux tiers
de leurs sujets de ces variétés. Nous avons
vu souvent, au mois d’avril, de ces belles
touffes de Pélargoniums qui faisaient l’ad-
miration par leurs nombreux boutons et
attendaient impatiemment le premier temps
doux pour aller étaler dans le jardin leur
éclatante parure. Quelques jours après, la
plupart étaient morts.
II. — Causes.
Décrire une maladie, ce n’est pas la
guérir. Par les caractères, on peut pronos-
LA MALADIE DES PELARGONIUM ZONALE ET INQUINÀNS HYBRIDES.
tiquer où elle aboutira. Par les causes
seules on peut savoir d’où elle vient et ce
qu’on peut faire contre elle. Si l’on arrive à
empêcher d’agir ces causes ou à les détruire,
la maladie qui en découle ne se produira
plus. Enlevez la cause, le mal est supprimé.
Puisque le vent est aux microbes et que
la grande théorie de Pasteur s’impose, nous
soutenons que le mal des Pélargoniums est
dû à un microbe. En effet, nous avons af-
faire à une pourriture humide. Or, la théo-
rie pastorienne nous apprend que les putré-
factions, les fermentations putrides, si l’on
veut, sont produites par différents petits
êtres.
M. Maxime Cornu, si compétent dans la
question, a examiné, en juin 1884, des
sujets attaqués par cette maladie et a dé-
claré n’y avoir surpris ni insectes, ni cham-
pignons ; néanmoins, il déclara qu’un
examen plus minutieux pourrait fournir
d’autres renseignements. Eh bien ! ce que
nous observons là est causé ailleurs par un
organisme parasitaire; on le trouvera si
l’on cherche bien. Ainsi, les moisissures
ordinaires qui commencent par l’extérieur
sont le travail d’un microbe appelé Mucor
Mucedo. D’autre part, on sait que la blettis-
sure ou le blettissement, ce dernier degré de
maturation remarqué facilement dans les
Poires sauvages, les Poires d 'Angleterre, les
Nèfles, Sorbes, Olives, est de même une pour-
riture, d’après l’autorité de Davaisne ; mais,
à l’inverse de la précédente, elle entreprend
toujours le centre du fruit et s’étend à la
périphérie. On a encore attribué ce dernier
phénomène à une Mucorinée. La pourriture
externe peut être conjurée, mais la biettis-
sure interne ne peut être entravée.
D’après la façon dont est mené le travail
destructeur et d’après la partie du végétal
où il a lieu, on peut inférer, avec de grandes
probabilités, de quel mode vit le microbe
du Pélargonium. La pourriture marche de
la moelle par les rayons médullaires vers les
couches ligneuses et respecte longtemps
l’écorce, où ne se manifeste souvent aucune
tache. Le mal s’est développé du bas de la
plante jusque plus ou moins haut dans la
tige, mais surtout dans la partie privée de
feuilles lors du bouturage, partie qui, nous
le répétons, devient grisâtre et rugueuse.
Ce vibrion est « anaérobie y> (qui vit sans
air), c’est-à-dire qu’il ne se nourrit pas de
l’oxygène de l’air ambiant, mais de celui de
la plante ; il ne s’avance que bien tard dans
les parties foliacées ou franchement vertes,
en d’autres termes, dans les organes où
167
s’accomplissent les fonctions chlorophyl-
liennes, la fixation du carbone.
Telle est la nature probable de cet agent
meurtrier. Comment pénètre-t-il dans l’in-
térieur de la plante ? Est-ce à l’état de
spore, par la section de la base qui est pra-
tiquée au moyen de la lame du greffoir
quand on fait la bouture, ou latéralement,
par la suppression des feuilles avariées et
inutiles, ou encore par une simple écail-
lure, ou par les stomates ? Pénètre-t-il seul
l’épiderme, puisque d’autres Champignons
de sa famille le font ? Ce Champignon peut
rester, faire son incubation jusqu’à la sai-
son propice; il se met alors à développer
son mycélium , analogue du rhizome, dans
les tissus intérieurs. La circulation de la
sève n’en sera pas trop enrayée, parce
qu’elle se fait par le cambium, entre
l’écorce et l’aubier. Cette circonstance ex-
plique l’enracinement de la bouture et son
air de belle venue jusqu’au moment où sera
attaqué le cambium. Alors la plante de se
faner, de tomber et de mourir.
Où était la spore du microbe avant de
s’introduire dans la victime ? Certainement
dans la terre, sous la forme d’oospores qui
subsistent en hiver dans le sol des massifs.
Le contact d’une terre humide et échauffée
les fait entrer en germation et les aide à
produire ce mycélium si terrible. Les
branches qui se mettent alors à pousser
vigoureusement, ramollies par les arrosages
diurnes et les rosées abondantes de la nuit,
offrent un ensemble de conditions de récep-
tivité où le parasite trouve un substratum
convenable.
III. — Traitement.
Voilà le mal. Quel sera le remède ? La
maladie a deux causes : l’une, prochaine,
directe, agissante, c’est le microbe; l’autre,
éloignée, indirecte, prédisposante, c’est le
terrain, ou plutôt le milieu.
Si l’on voulait agir contre la cause mi-
croscopique, on devrait employer des para-
siticides.
Peut-être des inoculations avec un virus
préparé, comme Davaisne le fit pour des
Aloès atteints d’une pourriture spéciale,
amèneraient-elles des succès? On ne l’a pas
essayé ; du reste, pour la culture en grand,
ces moyens seraient peu pratiques et
courraient risque de rester expériences de
laboratoire.
Pour détruire ou atténuer la maladie, il
serait nécessaire de stériliser le terrain qui
168
LA MALADIE DES PÉLARGONIUM ZONALES ET INQUINANS HYBRIDES.
a produit la plante ou la branche putréfiée.
Comment faire jouer en pleine terre et au
mois d’août ces deux agents stérilisateurs,
l’oxygène ou l’air pur et la dessiccation par
la chaleur, ou l’air surchauffé, puisque,
d’une part, les plantes sont généralement
en touffes serrées et que les pluies de l’équi-
noxe amènent une seconde sève ordinai-
rement mal élaborée avec des tissus très-
mous?
Dans leur patrie, au Cap de Bonne-
Espérance, les Pélargoniums sont soumis à
une sécheresse prolongée due à l’excessive
chaleur du sol. Imitons donc la nature;
nous aurons, ainsi, bien vite réalisé cet état
de siccité qui détruit ou paralyse l’existence
de la bactéridie.
Pendant l’été, nous laissons en serre nos
pieds-mères réservés pour la multiplication,
sous les vitres, bien aérés, pas trop arrosés.
Nous obtenons ainsi un bois aoûté, court,
des feuilles moins larges, moins flasques et
ne craignant rien des jours caniculaires. Les
boutures prises sur de pareils spécimens ne
« boudent » pas un instant. Au bout de
quelques semaines, les individus qui en
proviennent sont trapus et tallent déjà
du pied.
Cette ligne de conduite, que nous suivons
depuis quelques années, est tout à fait sûre ;
depuis lors, nous n’avons plus constaté le
mal. Nous avons donc supprimé le milieu
humide par la culture en pots, sous abri,
pendant l’été et par la conservation sur gra-
dins durant l’hiver, avec arrosements mo-
dérés, deux grandes conditions qui four-
nissent un bois moins aqueux et mieux
aoûté.
Au lieu d’attendre le mois de septembre,
nous bouturons déjà en juillet et en août,
toujours pour avoir un bois plus conve-
nable. D’octobre jusqu’en mars, on nettoie
fréquemment et on ne laisse pas dans les
serres une seule feuille gâtée.
Durant la mauvaise saison, pour toutes
les plaies de mauvaise nature, il faut re-
courir à l’obturation. Nous nous trouvons
bien du raclage jusqu’au vif, suivi d’une
application de poudre de charbon de bois.
Ces précautions ferment la porte à l’en-
nemi.
Dans les journées brumeuses, une petite
(( chaude » enlève l’excès d’humidité et
procure une atmosphère saine.
Jamais nous ne prenons de boutures sur
une « mère » malade, ces boutures fussent-
elles vertes et bien portantes. Il n’y a pas
de macules annonçant la pourriture, c’est
vrai, mais le mycélium du Champignon
peut y avoir déjà des ramifications invi-
sibles. Jeter la plante dans le feu, qui détruit
tout, est ce qu’il y a de mieux à faire.
Dans les nouveaux Pélargoniums, il y a
plus de résistance contre la maladie. Les
variétés nouvelles sont une régénération de
la plante par le semis, cette fontaine de
Jouvence sur le frontispice de laquelle est
inscrite cette belle maxime : Omne vivum
ex ovo. Quand la vie périclite dans un
être, ramenons-le boire à cette fontaine.
Cette voie à suivre n’est pas si contournée
qu’elle en a l’air. Au résumé, la cure ne
consiste qu’en précautions hygiéniques
dans l’observation desquelles il faut mon-
trer une persévérance raisonnée.
Le Pélargonium, la pièce de résistance
de nos jardins d’été, ne périra pas, parce
qu’il sera soigné, non par des admirateurs
qui le graissent de terreau et le « poussent
à l’eau », mais par des observateurs qui
s’efforceront de lui prodiguer, chez eux, les
bienfaits d’une seconde patrie.
Fernand Lequet fils,
Horticulteur à Amiens.
Avis aux Abonnés. — Ceux de nos Abonnés qui auraient égaré un ou plusieurs numéros
de i887 et qui désireraient compléter leur collection sont priés de nous adresser le plus tôt
possible la liste des numéros qui leur manquent , en ayant soin de joindre à leur demande i fr .
pour chaque numéro.
Il nous arrive quelquefois de recevoir, sans pouvoir y satisfaire, des demandes de numéros
très- anciens, aujourd’hui complètement épuisés. Il serait préférable défaire cette révision à la fin
de chaque année , et de compléter chaque année sa collection.
Il nous reste un très-petit nombre d’exemplaires des années précédentes : chaque année brochée
en un volume avec table des matières, coûte , 20 fr.
(Note de l’Administration.)
L’Administrateur-Gérant : L. Bourguignon.
Imp. Georges Jacob, — Orléana.
CHRONIQUE HORTICOLE.
169
CHRONIQUE HORTICOLE
Effets de l’hiver de 1887-88 dans le Midi. — L’hiver et les fleurs de Pêchers. — La statue de Parmentier.
— Une nouvelle maladie du vin en Algérie. — Les oiseaux et les boutons à fruits. — Protection des
semences contre les oiseaux, les insectes et les rongeurs. — Le phylloxéra en Russie. — L’arbre à
huile. — Les ravages exercés par les lapins en Californie. — Herbier général analytique. — Réduc-
tion de prix sur les tarifs de chemins de fer à l’occasion du Congrès horticole de 1888. — Session
extraordinaire de la Société botanique de France en 1888. — Expositions annoncées. — Memento
des expositions. — Nécrologie : M. J.-E. Planchon.
Effets de l’hiver de 1887-88 dans le
Midi. — Nous avons vu récemment com-
bien le long et froid hiver que nous venons
de traverser a été désastreux pour quel-
ques plantations du Midi. Certaines es-
pèces que l’on se plaisait à considérer
comme complètement rustiques et qui
avaient résisté aux froids de 1879-1880 ont
été détruites, ou ont beaucoup souffert.
D’autres plantes, au contraire, d’introduc-
tion récente ou sur la rusticité desquelles
on avait certains doutes, se sont montrées
complètement insensibles au froid.
Sur ce sujet, les renseignements que vient
de publier M. Naudin dans le Bulletin de la
Société d’ Acclimatation sont désolants. A
la villa Thuret, dont il est directeur, comme
on le sait, et où le doux climat d’Antibes
était vanté jusqu’ici à juste titre, les Aloès,
les Euphorbes et, en général, les plantes
grasses ont été très-éprouvées. Plusieurs
Acacia, Aberia , Myoporum, Rhus, Poly-
gala ont perdu leurs feuilles. Le Phoenix
spinosa, le Livistona australis, les Euca-
lyptus Raveretiana, maculata, citrio-
dora et filicifolia ont été cruellement at-
teints. Par contre, les Eucalyptus
viminalis, urnigera , rostrata, crebra,
resinifera, linearis, Muelleri, cordifolia,
gomphocephala et microtheca sont com-
plètement indemnes. Les Eucalyptus Glo-
bulus, cornuta, melliodora, rudis, tereti-
cornis, goniocalyx, le Washingtonia fili-
fera ont très-largement souffert. Le Jubæa
spectabilis et les Phoenix canariensis de
forte taille ont été insensibles à la gelée.
Les effets de l’hiver de 1887-88 seront un
bon critérium à consulter pour le choix
des plantations futures de la région du lit-
toral français de la Méditerranée, si on ne
veut pas s’exposer à de nouvelles décep-
tions. Cependant, les dernières notes que
nous avons publiées dans la Revue (1), sur
ce sujet, ont démontré que certains points
de cette côte étaient beaucoup plus favo-
(1) Revue horticole , 1888, p. 108.
16 Avril 1888.
risés que d’autres, sous le rapport de la
résistance au froid, et nous avons constaté,
entre autres, que Cannes et surtout le
Golfe Juan avaient été bien moins éprouvés
que la presqu’île d’Antibes, située en face,
mais non abritée, comme ces localités, par
les hautes montagnes.
L’hiver et les fleurs de Pêchers. —
Est-ce isolément le froid de l’hiver, sa longue
durée, les gelées humides, les gels et dé-
gels, etc., ou cet ensemble de circonstances
qui, en exerçant successivement leur action
sur les boutons à fleurs de Pêchers, en ont
désorganisé les tissus, puis, déterminé la
chute? On ne pourrait le dire, car le fait est
certainement complexe. Aussi, au lieu d’en
chercher l’explication qui, du reste, ne pour-
rait toujours être qu’hypothétique, croyons-
nous plus simple de le constater et de faire
remarquer que, sur les Pêchers aussi bien à
Montreuil que dans les communes voisines,
un grand nombre de boutons à fleurs
sont très-fatigués et tomberont probable-
ment avant de s’épanouir ; fort heureu-
sement le nombre de boutons étant géné-
ralement très-grand, il en restera encore
assez pour avoir une récolte passable. Tou-
tefois, nous croyons bon de profiter de cette
circonstance pour faire remarquer l’utilité
des auvents. On remarque, en effet, que
partout où on en a mis, surtout si on les a
placés de bonne heure, c’est-à-dire avant
l’arrivée des mauvais temps, le mal est
moindre et souvent même peu appréciable.
La statue de Parmentier. — L’inaugu-
ration de la statue élevée par la ville de
Neuilly à Parmentier vient de donner lieu
à une imposante solennité dans laquelle
plusieurs discours rappelant l’œuvre du
grand philanthrope ont été prononcés.
L’éloge de Parmentier n’est plus à faire ;
tout le monde sait que c’est à lui que nous
devons de voir répandue la culture du pré-
cieux tubercule connu partout sous le nom
de Pomme de terre. Il ne fallut pas à
8
170
CHRONIQUE HORTICOLE.
Parmentier moins de vingt années d’efforts,
scondés par une année de disette et l’influence,
du roi Louis XYI pour amener le peuple à
comprendre l’importance du présent qu’on
lui faisait. Introduite en Europe en 1590, la
Pomme de terre ne fût guère admise dans
nos cultures que deux siècles plus tard.
Les difficultés qu’eut à vaincre Parmen-
tier, rapprochées dans le discours prononcé
par M. Geoffroy Saint-Hilaire, des longs
efforts tentés de nos jours par M. Ramel,
pour la vulgarisation de Y Eucalyptus Glo-
bulus, qui deviendra bientôt une des prin-
cipales richesses du Midi, inspirent d’amères
réflexions sur les obstacles que les meil-
leures choses ont à surmonter pour s’impo-
ser à l’attention publique.
Une nouvelle maladie du vin en
Algérie. — On sait l’extension considérable
que prennent actuellement, en Algérie, les
plantations de vignobles.
Mais là encore certaines difficultés se pré-
sentent : on vient de découvrir, notamment
aux environs d’Alger, une maladie qui
amène rapidement l’acétification du vin, au
point de le rendre imbuvable. M. Bordas,
ancien élève de l’Institut agronomique, dans
un rapport qu’il a adressé à l’Académie
des sciences, émet la supposition que la
cause de cette maladie est un ferment in-
connu jusqu’ici, qui se propage rapidement
et atteint le tartre qu’il transforme en acides
tartronique et acétique.
Il faut espérer que des études plus appro-
fondies feront bientôt connaître les moyens
de combattre cette nouvelle maladie, dont
les mauvais effets, heureusement, sont jus-
qu’ici peu importants.
Les oiseaux et les boutons à fruits.
— On sait que de toutes parts on demande
aide et protection pour les oiseaux : notre
correspondant, M. Gouveno, jardinier-chef
à l’Ecole pratique d’agriculture et de laite-
rie de Coigny (Manche), ne paraît pas les
aimer beaucoup, et trouve que les services
qu’ils peuvent rendre sont largement com-
pensés par les dégâts qu’ils commettent.
On en jugera par la lettre suivante que
nous avons reçue :
L’hiver s’est fait sentir, cette année, avec
une persistance que l’on ne connaissait plus
depuis longtemps. La Normandie, où d’ordi-
naire cette saison est peu rigoureuse, était
encore, au milieu de mars, entièrement cou-
verte de neige.
Les arbres à fruits, bien que leur végéta-
tion ait été retardée par le mauvais temps,
promettaient cependant une assez belle récolte
malgré tout. Mais à peine la neige avait-elle
couvert la terre que les oiseaux de toutes
sortes, moineaux, mésanges, merles, pin-
sons, etc., se sont précipités sur les boutons à
fruits avec avidité. Ils en ont dévoré la plus
grande partie. On peut dire, sans crainte de se
tromper, qu’ils ont détruit, dans la contrée, les
neuf dixièmes au moins de la récolte. Ils se
sont attaqués à tous les arbres en général,
Poiriers, Pruniers, Cerisiers, Pêchers, etc.
Les Pommiers seuls ont été respectés. En dépit
de ce que pourront dire lés membres de la
Société protectrice des animaux, ceci prouve-
rait que les oiseaux, considérés comme les
auxiliaires du cultivateur, doivent être regardés
souvent par les jardiniers comme des ennemis
et traités en conséquence.
Avec les oiseaux sont venus- les mulots.
Ceux-ci nous ont fait la guerre à leur façon.
C’est par la racine qu’ils ont attaqué nos arbres
fruitiers, les Pommiers surtout. La pépinière
de l’École de Coigny compte plus de deux
mille petits Pommiers destinés à être greffés
qui sont morts victimes de la voracité de ces
rongeurs dangereux.
J’ajouterai que, cette année, les mulots pa-
raissent s’être multipliés d’une manière consi-
dérable. On a beau leur faire une guerre
acharnée, ils reparaissent toujours aussi nom-
breux.
Avec de pareils ennemis et les mauvais
temps que nous avons eus cet hiver, il est im-
possible de compter sur une récolte passable.
Si les autres parties de la France ont été aussi
malheureuses que nous, à ces différents points
de vue, les récoltes de fruits seront bientôt
faites l’automne prochain.
Ch. Gouveno,
Jardinier-Chef à l'École pratique d’agriculture
et de laiterie de Coigny (Manche).
La question des animaux utiles et nui-
sibles restera ouverte longtemps encore. En
cela, comme en tout le reste, il n’y a rien
d’absolu. Les oiseaux mangent les chenilles,
mais ils ne paraissent pas non plus dédaigner
les boutons à fruits ; et nous n’en voudrons
pas à notre correspondant de se défendre
contre leurs rapines.
Protection des semences contre les
oiseaux, les insectes et les rongeurs. —
La Revue de l’horticulture belge rappelle
qu’un moyen des plus simples pour dé-
fendre contre les animaux qui les recher-
chent les graines que l’on confie au sol,
consiste à tremper ces dernières dans un
bain composé de 75 à 80 centièmes d’eau
et de 25 ou 20 centièmes d’huile minérale ;
la proportion d’huile varie naturellement
CHRONIQUE HORTICOLE.
171
dans le même sens que la grosseur des
graines. C’est une affaire d’appréciation
facile, ainsi d’ailleurs que la durée de l’im-
mersion. Voici, pour ce dernier point,
des indications qui peuvent servir de base :
les graines de légumineuses, Pois, Hari-
cots, etc., doivent tremper pendant douze
heures ; les pépins de Pommes, de Poires,
pendant vingt-quatre heures.
Les graines lines peuvent être soumises à
une immersion dans un liquide amer quel-
conque, solution de Quassia amarct, de
Gentiane, etc. Enfin, celles qui sont d’une
grande ténuité , seront saupoudrées de
camphre en poudre.
Le phylloxéra en Russie. — Bien que
placée dans des conditions géographiques et
topographiques particulières qui semblaient
devoir la préserver du phylloxéra, la Russie,
dans plusieurs de ses parties, n’en a pas
moins été visitée par le très-redoutable in-
secte, qui a occasionné des dégâts considé-
rables. De même que tous les autres pays
qui ont été atteints par ce terrible fléau, la
Russie a dû faire de grands sacrifices afin
de le combattre. Malgré que les procédés de
défense aient présenté quelques variantes,
en général c’est le moyen radical, c’est-à-
dire l’arrachage des Vignes, qui a été adopté,
et, bien que dans beaucoup de cas les soldats
aient été appelés à prêter leur concours, les
dépenses ont été assez fortes.
C’est vers 1880 que la première invasion
phylloxérique a été constatée. Depuis ce
moment, les dépenses supportées par l’État
ont dépassé 500,000 roubles (1). Toutefois
l’on constate que, malgré les efforts déployés
et toutes les mesures prises, le système
d’extinction n’a pas eu le succès que l’on
espérait. Aujourd’hui l’insecte sévit parti-
culièrement en Bessarabie et dans l’arron-
dissement de Kouban. Les frais pour 1888
paraissent devoir augmenter. Ainsi, en
Bessarabie, on évalue les dépenses pour le
vignoble de Kichénieff à 80,000 roubles et
30,000 roubles pour l’arrondissement de
Kouban et le vignoble de Soukoum, et,
enfin, à 100,000 roubles ponr la Crimée.
On le voit, le régime de l’extinction radi-
cale, c’est-à-dire l’arrachage des Vignes
contaminées, n’a, pas plus en Russie qu’en
France, donné des résultats satisfaisants;
aussi est-il probable qu’on va l’abandonner
(1) La valeur du rouble-papier qui a varié long-
temps de 2 fr. 40 à 2fr. 60, n’est plus actuellement
que de 2 fr. environ.
et, comme en France, que l’on reviendra à
l’emploi des insecticides mais surtout aux
plantations de cépages résistants sur les-
quels on greffera les bonnes et anciennes
Vignes à vins.
L’arbre à huile. — M. Maxime du
Mont a recommandé récemment d’essayer
en Algérie et dans le Midi de la France, la
culture de Y Aleurites cor data, Euphorbia-
cée originaire de Chine, et qui, par son
port et son feuillage, rappelle un peu le
Figuier comestible ( Ficus carica).
Le fruit de cet arbre a la grosseur d’une
Orange moyenne ; c’est une capsule formée
par la réunion de plusieurs coques renfer-
mant chacune une grosse graine à tégu-
ments épais et quelquefois verruqueux.
Ces graines, qui constituent un purgatif
très-violent, ne peuvent être mangées ;
mais elles fournissent jusqu’à 41 pour 100
de leur poids d’un huile limpide, peu
fluide, incolore, inodore, presque insipide
et possédant des qualités siccatives très-
développées.
L’huile extraite de Y Aleurites cor data
est largement utilisée, concuremment avec
celle du Rhus vernicifera, pour la fabri-
cation des laques de Chine et du Japon. On
l’emploie aussi pour rendre les tissus im-
perméables, et elle n’altère aucunement
leur élasticité.
Elle sert également, en Chine et au
Japon, pour la peinture en bâtiment, afin
de rendre le bois et le fer inaltérables, pour
l’éclairage, etc.
L ’ Aleurites cordata peut, paraît-il, lors-
qu’il est âgé de cinq ou six ans, donner
une récolte moyenne de 450 à 200 kilo-
grammes de fruits. Il se plaît surtout dans
les terrains calcaires ou siliceux, en pente
légèrement inclinée. A Toulon, il a résisté à
un froid de 6 degrés au-dessous de zéro.
L’ensemble des qualités que présente cet
arbre tentera certainement les acclimateurs,
et nous serons heureux d’enregistrer les
résultats de leurs essais.
Les ravages exercés par les lapins en
Californie. — La façon prodigieuse dont
les lapins se sont multipliés à l’état sau-
vage, en Californie, en a fait, pour les cul-
tures de ce pays, un fléau aussi redoutable
que les invasions de sauterelles le sont
pour certaines régions du nord de l’Afrique
et, sous ce rapport, la Californie n’a rien à
envier à l’Australie.
Cette calamité a pris un tel développe-
CHRONIQUE HORTICOLE.
172
ment, que le Gouvernement des États-Unis
a offert un prix de 600,000 fr. pour la dé-
couverte d’un procédé de destruction effi-
cace et prompt.
M. Ch. Joly, en relatant ce fait, dans une
récente brochure, rappelle que les Améri-
cains ont déjà employé de nombreux procé-
dés : la poudre, les poisons et pièges de
toutes sortes, le sulfure de carbone, le gaz
acide carbonique injecté dans les terriers ;
la mise en liberté de carnassiers destruc-
teurs : martes, furets, fouines, putois, etc.,
mais rien jusqu’ici n’a donné de résultats
véritablement satisfaisants.
Le procédé même proposé par M. Pas-
teur, et qui consiste à inoculer le choléra
des poules à un certain nombre de lapins
qui le communiqueraient à leurs congé-
nères, ne peut être employé utilement, car
la putréfaction des innombrables individus
qui succomberaient de ce fait, produirait
des émanations pernicieuses.
L’importance du prix offert, en encou-
rageant les chercheurs d’idées nouvelles,
amènera, il faut l’espérer, la découverte
d’un procédé pratique d’extermination.
Herbier général analytique. — Sous
ce titre, M. Buysman, de Middelburg (Hol-
lande), a entrepris la publication d’un her-
bier plus complet que ceux qui ont été
jusqu’à présent livrés aux botanistes.
A côté de l’échantillon composé d’une
plante entière ou d’une partie de plante,
M. Buysman ajoute : 1° les organes néces-
saires à l’analyse desséchés avec un soin
minutieux ; 2° dans les plantes à organes
charnus, des parties conservées dans l’al-
cool; 3° des fruits ou des graines dans
l’alcool ou dans de petites boîtes.
L’Herbier se compose de plantes sub ou
intertropicales et extratropicales ; il com -
prend les plantes utiles, médicinales, four-
ragères, industrielles, ornementales, etc.
On peut souscrire pour l’une ou l’autre de
ces catégories, ou pour toutes à la fois.
Cet herbier est appelé à rendre de grands
services dans l’enseignement, en permet-
tant au professeur de mettre sous les yeux
des élèves des échantillons complets et non
déformés.
Réduction de prix sur les tarifs de
chemins de fer à l’occasion du Congrès
horticole de 1888. — A l’occasion du
Congrès horticole qui sera tenu à Paris au
mois de mai prochain, les compagnies de
chemins de fer ont accordé aux membres de
la Société nationale d’horticulture de France,
une réduction de 50 p. 100 sur les tarifs
ordinaires.
Pour bénéficier de cette faveur, il suffit
d’informer, avant le 1er mai, au plus tard,
le secrétaire général de la Société d’horti-
culture, 84, rue de Grenelle-Saint-Germain,
du désir de se rendre au Congrès.
Les personnes qui seraient admises à
faire partie de la Société d’horticulture
avant le jeudi 26 avril, pourront béné-
ficier de la demi -place accordée par les
compagnies de chemins de fer.
Session extraordinaire de la Société
botanique de France en 1888. — La
Société botanique de France a décidé, dans
sa séance du 23 mars dernier, que la ses-
sion extraordinaire de cette année serait
consacrée à l’exploration du massif monta-
gneux des Corhières, et s’ouvrirait à Nar-
bonne le 9 juin.
Les herborisations auront lieu dans un
pays relativement peu connu, ayant le
double avantage de présenter à la fois les
plantes de la région méditerranéenne et les
plantes de montagne ; elles présenteront
donc un grand intérêt.
Les membres de la Société qui désireront
prendre part aux travaux de la session
extraordinaire de 1888, bénéficieront pro-
bablement, comme les années précédentes
d’une réduction de 50 p. 100 sur les tarifs
de chemins de fer. Les demandes d’admis-
sion doivent être adressées au secrétaire de
la Société botanique de France, 84, rue de
Grenelle-Saint-Germain, à Paris.
EXPOSITIONS ANNONCÉES I
Sens, du 16 au 25 juin. — La Société
d’agriculture de l’Yonne et le comice de l’ar-
rondissement de Sens organisent une expo-
sition horticole qui sera ouverte du 16 au
25 juin.
Tous les produits se rattachant à l’horti-
culture et à la sylviculture y seront admis.
Adresser les demandes avant le 15 avril
à M. Robert-Rozay, secrétaire de la commis-
sion d’organisation, à Sens.
Lausanne, du 20 au 25 septembre. —
La Société d’horticulture du canton de Yaud
tiendra cette année sa dixième exposition
générale horticole à Lausanne.
Cette exposition aura lieu du 20 au 25 sep-
tembre 1888 ; elle sera ouverte à toutes les
branches de l’horticulture dans l’ordre sui-
vant :
CHRONIQUE
Plantes cle serre chaude ; plantes de serre
tempérée et d’orangerie; Heurs coupées ; plan-
tes vivaces et annuelles de pleine terre ; arbori-
culture ornementale et fruitière ; fruits ; plantes
potagères; objets ayant un rapport direct avec
l’horticulture.
Les demandes d’admission devront parve-
nir, avant le 25 avril, au bureau de la So-
ciété d’horticulture du canton de Vaud, à
Lausanne (Suisse).
Saint-Cloud, du 29 avril au 21 mai. —
La ville de Saint-Cloud organise, dans le
magnifique parc du château, une exposition
générale horticole et industrielle, qui du-
rera du 29 avril au 21 mai.
L’Exposition d’horticulture proprement
dite comprendra deux concours, qui se tien-
dront aux époques suivantes :
Le 1er, du dimanche 6 mai au jeudi 10
(jour de l’Ascension).
Le 2e, les dimanche et lundi de la Pente-
côte (20 et 21 mai).
L’Exposition industrielle ouvrira le di-
manche 29 avril et se prolongera jusqu’au
31 mai.
Les demandes d’admission doivent être
adressées au plus tôt à la Direction générale
de l’Exposition, 8, rue Taitbout, à Paris, ou
à M. Carette, secrétaire de la mairie de
Saint-Cloud (Seine).
Valognes, du 1er au 4 septembre. —
L’exposition annuelle de la Société d’horti-
culture de Valognes aura lieu dans cette
ville du 1er au 4 septembre.
Cette exposition, qui comprend les lé-
gumes et fruits, plantes et fleurs, arts et
industries horticoles, est spéciale à l’arron-
dissement. Des médailles sont néanmoins
mises à la disposition du jury pour les ex-
posants étrangers à l’arrondissement.
Adresser les demandes, avant le 1er août,
à M. O. Crosville, secrétaire de la Société, à
Valognes (Manche).
Anvers, fin juin. — Le Cercle des rosié-
ristes d’Anvers organisera, vers la fin de
juin, une exposition internationale de Roses.
Le programme de cette fêle sera prochaine-
ment arrêté.
Memento des Expositions. — Voici la liste
des Expositions précédemment annoncées. L’in-
dication entre parenthèses ( Chr . n0...) renvoie
à la Chronique du N° de la Revue horticole
où l’exposition a été annoncée avec quelques
renseignements sommaires. La mention Exp.
gèn. indique qu’il s’agit d’une exposition géné-
rale d’horticulture.
Amiens. — Exp. gén. (Chr. n° 6), 2 au 4 juin.
AUtun. — Exp. gén. (Chr. n<> 5), 2 au 10 juin.
HORTICOLE. 173
Bordeaux. — Fruits, légumes, fleurs (Chr. no 5),
15 au 26 septembre.
Épinal. — Exp. gén. (Chr. n° 4), 9 au 14 juin.
Laon. — Exp. gén. (Chr. n° 6), 25 au 27mai.
Marseille. — Exp. gén. (Chr. no 5), 2 au 11 juin.
Meaux. — Exp. gén. (Chr. n® 5), 7 au 9 septembre.
Moulins. — Exp. gén. (Chr. no 6), 31 juillet au
5 août.
Nantes. — Exp. gén. (Chr. n° 5), 25 au 29 avril.
Orléans. — Exp. gén. (Chr. n° 4), 24 au 27 mai.
Paris. — Exp. gén. annuelle (Chr. n® 6), 25 au
31 mai.
Roubaix. — Chrysanthèmes (Chr. n»5), 23 au 25 juin.
— Roses (Chr. n° 5), 17 novembre.
Rouen. •— Exp. gén. (Chr. n° 4), 16 au 21 mai.
Gand. — Exp. intern. (Chr. n° 5), 15 au 22 avril.
Strasbourg. — Exp. gén. (Chr. no 6), 12 mai.
Tunis. — Exp. sp. des produits locaux (Chr. n° 5),
27 avril au 6 mai.
Nécrologie : M. J.-E. Planchon. —
Nous avons à déplorer la perte d’un des
plus célèbres botanistes de l’Europe ;
M. J.-E. Planchon, professeur de botanique
à la Faculté de médecine de Montpellier,
vient de s’éteindre à l’âge de soixante-cinq
ans. Sa perte sera très-vivement ressentie
dans le monde horticole.
En dehors de ses remarquables contribu-
tions à la botanique générale, M. Planchon
a publié un grand nombre de travaux spé-
ciaux qui lui ont valu une place au premier
rang de la botanique contemporaine.
Pendant un grand nombre d’années, il a
collaboré très-activement à la Flore des
Serres où ses descriptions de plantes, faites
avec une grande exactitude, dans un style
charmant, étaient remarquées à juste titre.
Nous n’oublierons pas, pour notre part, la
monographie des Araliacées qu’il a écrite
spécialement pour la Revue horticole (1), en
collaboration avec M. J. Decaisne, et qui
peut être citée comme un modèle. Ce tra-
vail a été si remarquable que MM. Bentham
et Hooker dans leur Généra plantarum,
ont accepté toutes les divisions proposées
par MM. Planchon et Decaisne.
La viticulture lui est redevable de nom-
breux travaux. C’est lui qui, avec MM. F.
Sahut et J. Bazille, découvrit le Phylloxéra
vastatrix. Il s’occupa beaucoup de la ques-
tion des Vignes américaines et dirigea tous
ses efforts vers la régénération de nos vi-
gnobles. Savant émérite, écrivain érudit et
poétique, professeur distingué, homme ai-
mable et du commerce le plus liant.
M. Planchon emporte avec lui les regrets
de tous ceux qui l’ont connu et la bota-
nique et l’horticulture perdent en lui une
de leurs plus vives lumières.
E.-A. Carrière et Ed. André,
(1) Voir Revue horticole , 1854, p. 104.
174
PLANTATIONS D’ARBRES FRUITIERS SUR LES ROUTES.
PLANTATIONS D’ARBRES FRUITIERS SUR LES ROUTES
Les plantations d’arbres fruitiers sur les
routes ne semblent pas jouir, en France,
d’une faveur bien marquée, et, cependant
les essais tentés ont donné de bons résultats,
chaque fois qu’ils ont été faits par des
hommes compétents.
Nous sommes heureux de constater, d’a-
près les derniers renseignements publiés
par la Revue horticole , que depuis quelque
temps des agents de l’administration des
ponts et chaussées commencent à planter
des arbres fruitiers sur les accotements des
routes.
En France, on cite des Poiriers, plantés
sur des routes, qui produisent, par arbre,
deux hectolitres de Poires, vendues à raison
de 6 fr. 25 l’hectolitre ; des Pruniers, qui
produisent 80 kilogr. de fruits, vendus
0 fr. 15 le kil. Les Cerisiers dits « à kirsch »,
acquièrent tous les jours une grande valeur
sur les routes de la Haute-Savoie, de la
Meuse, des Vosges, du Jura, du Doubs et
de la Haute-Saône. Les sujets, âgés de 20
à 50 ans, produisent de 30 à GO kil. de
fruits, qui se vendent de 15 à 40 francs les
100 kilogr., suivant l’abondance de la ré-
colte.
De l’autre côté du Rhin, les résultats ob-
tenus sont encore plus beaux. En Saxe, le
revenu provenant du fermage de la récolte
des arbres fruitiers plantés sur les routes a
été, en 1884, de 110,000 francs, sans comp-
ter 15,000 francs de bois ; ce revenu est net
de tous frais. Dans la Souabe, le Prunier
est l’arbre le plus généralement employé
pour planter les routes.
Aux environs de Mulhouse, on cite des
Cerisiers, en bordure des routes, qui ont
payé, dès la première récolte, les frais d’a-
chat et d’entretien occasionnés jusque-là.
En Allemagne et en Autriche, les plan-
tations routières, composées d’arbres frui-
tiers, sont déjà très étendues ; elles gagnent
sans cesse en importance. Un horticulteur
autorisé, le Dr Lucas, prétend que, sur
quelques points de la province de Hanovre
et du grand-duché de Bade, les frais d'en-
tretien des routes sont presque couverts
par les produits des arbres; dans d’autres
régions, les recettes seraient de 50 à 100 fr.
par kilomètre. Ces derniers chiffres sont
des minima qui s’élèveront, évidemment,
avec l’âge des plantations et l’instruction
spéciale des cantonniers. Il arrive souvent
qu’on accorde des allocations assez impor-
tantes aux personnes chargées de ces plan-
tations, afin de leur permettre de suivre les
cours pratiques des écoles d’horticulture, et
de les encourager au succès des plantations
fruitières sur les routes.
Les plantations d’arbres fruitiers sur les
routes offrent les avantages suivants :
1° La vente des fruits est susceptible de
donner de plus beaux bénéfices que celle du
bois d’œuvre produit par des arbres fores-
tiers, constamment torturés par l’élagage que
l’on est forcé de leur appliquer pour faciliter
la circulation sur les routes;
2° Elles permettent de faire connaître,
quand elles sont dirigées par des arboricul-
teurs compétents, les variétés de choix, qui
sont malheureusement inconnues dans cer-
taines campagnes ;
3° Les arbres fruitiers, qui atteignent géné-
ralement de moins grandes dimensions que
les arbres forestiers, ne nuisent pas autant
aux récoltes des champs voisins, parce qu’ils
projettent moins d’ombre et parce que leurs
racines tracent et drageonnent moins que
celle des Robiniers, des Ailantes, des Peu-
pliers, etc. Pour être convaincu que les
arbres forestiers à grand développement,
comme les Peupliers de la Caroline du Sud,
causent de grands dommages aux récoltes
voisines, il suffit de lire l’article de M. Bé-
ranger, publié dans le Journal d’agricul-
ture du 16 février 1888, et intitulé : « In-
convénients des plantations d’arbres à haute
tige. »
L’administration des Ponts et Chaussées
n’encourage pas les plantations fruitières
pour les raisons suivantes :
1° Le produit de la vente des fruits n’at-
teindra pas celui de la vente du bois d’œuvre
des arbres forestiers, parce que les fruits
seront volés. — Il est certain que, si on se
contente de planter une centaine d’arbres,
surtout aux voisinages des centres popu-
leux, ce résultat se produira souvent; mais
nous sommes convaincu qu’il en serait tout
autrement, si presque toutes les voies pu-
bliques produisaient d’abondantes récoltes,
et si, surtout, on avait soin de planter, au
voisinage des villes, des fruits à cidre, à
sécher ou à distiller. L’administration ne
sera pas obligée de transformer les canton-
niers en gardes-champêtres pour conserver
ses récoltes, si elle vend, aux habitants de
MACARANGA PORTEANA.
175
la contrée, les fruits sur l’arbre, aussitôt
après la floraison.
2° Les ingénieurs reprochent aux arbres
fruitiers de croître plus lentement que les
essences forestières et d’exiger, en général,
un sol de meilleure qualité. — Nous répon-
drons que si les arbres fruitiers étaient
plantés avec soin, dans les sols et aux situa-
tions qui leur conviennent, ils croîtraient
assez vite pour embellir le paysage et pour
procurer suffisamment d’ombre aux voya-
geurs. Les arbres fruitiers viennent dans
presque tous les sols; mais, pour obtenir
un bon résultat, il ne faut pas planter un
Poirier à racines pivotantes là où il faudrait
un Prunier à racines traçantes, et, comme
sur la route nationale n° 21 (dans la Haute-
Vienne), les Pommiers dans les sols secs,
et les Cerisiers dans les terrains humides.
3° Les frais de plantation des arbres frui-
tiers sont plus élevés que ceux nécessités
par les arbres forestiers. — En effet, un
arbre forestier planté sur l’accotement d’une
route, coûte le plus souvent 2 fr. 50, ainsi
détaillés :
Creusement du trou . . 0 fr. 25
Achat de l’arbre ... 1 50
Plantation 0 25
Tuteur et épines ... 0 50
Total 2 fr. 50
Tandis que pour planter un arbre fruitier
assez fort pour résister aux causes de des-
truction ' et dans un sol bien préparé, il
faudrait dépenser au moins 4 francs, ainsi
détaillés :
Creusement du trou . . 0 fr. 75
Achat de l’arbre ... 2 »
Plantation 0 25
Tuteur et épines. . . 1 »
Total 4 fr. »
Il est certain que, pour planter dans de
bonnes conditions un arbre fruitier, il fau-
dra dépenser un peu plus que pour planter
une espèce forestière. Mais nous répon-
drons que ces frais seront promptement
remboursés, et au delà, par les premières
récoltes.
En résumé, nous sommes partisan des
plantations d’arbres fruitiers sur les routes,
parce que les nombreux avantages qu’elles
offrent dépassent de beaucoup les quelques
inconvénients qu’elles présentent.
Sous le climat de Paris, les arbres frui-
tiers à planter sur les routes sont les sui-
vants : Pommier, Poirier, Prunier et Ceri-
sier. A ces espèces, il faut ajouter le Noyer
et le Châtaignier, dans les contrées où le
sol et le climat sont favorables à ces es-
sences, et, pour certaines régions du Midi,
l’Olivier.
Voici les conditions que doivent remplir
les variétés à planter :
Donner de bons fruits;
Être très vigoureuses, fertiles et assez
rustiques pour supporter les intempéries
du climat ;
Former de grands arbres à cime élancée,
constituée par des branches ascendantes et
non retombantes;
Fleurir tardivement, quand elles doivent
être placées dans des situations où les gelées
printanières sont à redouter ;
Donner, quand elles doivent être plantées
près des centres populeux, des fruits non
comestibles à l’état frais, mais bons pour
fabriquer du cidre, pour sécher ou pour
distiller.
Dans chaque contrée, on devra préférer
les variétés locales qui ont fait leur preuve,
pourvu qu’elles remplissent les conditions
de vigueur, de rusticité, etc., et, de plus,
dont l’écoulement sur les marchés voisins
est assuré. J. Nanot,
Chef de service des plantations d’alignement
de la Ville de Paris.
MACARANGA PORTEANA
La magnifique Euphorbiacée qui fait le
sujet de cet article, a été découverte par le
voyageur botaniste français Marius Porte,
dans les forêts des Philippines, qu’il a
explorées de 1860 à 1865, et où il a fait de
riches découvertes végétales. L’horticul-
ture ne devra jamais oublier que c’est lui
qui découvrit cette splendide Orchidée, le
Phalænopsis Schilleriana, véritable « fleur
de l’air » dont la beauté n’est égalée jus-
qu’ici par aucune de ses congénères. C’est
encore à lui que nous devons les Pha-
lænopsis Lüddemanniana , Aerides Thi-
bautiana, Ficus Porteana, F. Legrellei,
F. nobilis, Cycas Riuminiana, Dracænà
Porteana , Pandanophyllum humile, P.
Porteanum, Pinanga maculata , Schizo --
casia et Homalonema Porteana , Alocasia
zebrina , et tant d’autres plantes dont le
Muséum d’histoire naturelle de Paris eut la
176
MACARANGA PORTEANA.
primeur. On croit que certaines de ces
plantes nous sont venues de l’étranger ; il
n’en est rien, et nous devons revendiquer,
pour Marius Porte, l’honneur d’en avoir
d’abord fait profiter le premier établisse-
ment botanico-horticole de son pays.
Parmi ces introductions de l’Extrême-
Orient (nous ne parlerons pas ici de ses re-
marquables découvertes au Brésil), se trou-
vait une Eu-
pborbiacée
qui fut con-
servée avec
soin dans
les serres
du Muséum.
Elle y reçut
le nom pro-
visoire de
Mappa
Porteana.
Mais il
convient de
faire ren-
trer la plan-
te dans le
genre
car a n g a ,
de Dupetit-
T h o u a r s ,
dont les
Mappa ne
forment
qu’une sim-
ple section à
étamines en
nombre in-
déterminé,
à anthères
quadri val-
ves mêlées
de quelques-
unes tri val-
ves, à pis-
tils le plus
souvent di-
mères, rarement trimères, à feuilles et à
styles variables (1).
Nous nommerons donc la plante Maca-
ranga Porteana (fig. 36).
En voici la description :
Arbre à tige dressée, cylindracée, marquée
de cicatrices triangulaires par la chute des an-
ciennes feuilles. Stipules larges, ovales-lan-
céolées, longuement acuminées, d’un blanc
jaunâtre, rapidement flétries et réunies au
(1) Benth. et Hook., Gen. plant., 111, p. 321.
sommet. Feuilles fortement peltées ; pétioles
longs de 50 à 60 centimètres, robustes, de
forme comprimée, les inférieurs horizontaux,
les supérieurs dressés-étalés ; limbe presque
orbiculaire ou un peu ovale, atteignant à peu
près la longueur du pétiole, arrondi à la base,
acuminé au sommet, à bords ondulés, ciliés-
d entées, à dents écartées, calleuses, jaunâtres,
hérissées ; page supérieure couverte d’une pu-
bescence rare, aranéeuse, opprimée; page infé-
rieure ponc-
tuée de noir,
pubescente
sur les ner-
vures princi-
pales et se-
condaires, à
veines héris-
sées ; ner-
vures très-
saillantes sur
les deux fa-
ces ; inflo-
rescences...
En atten-
dant que la
plante ait
fleuri et
permette de
compléter
cette des-
cription sur
le vif, c’est
comme es-
pèce à feuil-
lage orne-
mental que
nous la re-
commande-
rons d’une
manière
spéciale.
Peu de vé-
0 gétaux de
serre chau-
de peuvent
rivaliser
avec elle de
noblesse et de beauté.
Depuis de longues années, nous voyons
le Macaranga Porteana dans les serres du
Muséum, où un seul pied permettait de
conserver l’espèce, ressource précaire qui la
mettait à la merci d’un accident, sans qu’on
ait jamais multiplié la plante. Cette éventua-
lité n’est plus à craindre, grâce à M. Loury
qui a pris soin de la bouturer et à obtenu
ainsi une bonne quantité de jeunes exem-
plaires bien venants.
Dès l’année prochaine, vraisemblable-
Fig. 36. — Macaranga Porteana,
Port au 1/14 de grandeur naturelle.
RESTAURATION DES ARBRES FRUITIERS.
177
ment, le Macaranga Porteana pourra être
répandu dans les grandes serres chaudes de
l’Europe. Si on le plante en pleine terre,
avec assez de chaleur, d’eau et d’engrais
pour que son ample feuillage se développe
dans toute sa gloire, il pourra lutter avec
les espèces les plus décoratives qui soient
cultivées, et il sera classé parmi les plus
beaux végétaux de la famille des Euphor-
biacées. Ed. André.
RESTAURATION DES ARERES FRUITIERS
Notre article précédent (1) ayant été con-
sacré à la restauration des arbres fruitiers
ou par le mode interne , c’est-à-dire par
l’amélioration du sol, ou le mode externe,
par la modification de la charpente, soit en
regreffant les branches malades, soit en les
remplaçant à l’aide de branches jeunes et
saines qui avaient été préparées à cet effet,
il nous reste, pour compléter ce que d’une
manière générale nous nommons restaura-
tion des arbres fruitiers, à parler de la
reconstitution de la charpente à l’aide du
regreffage du sujet.
Suivant l’âge, la nature, la disposition des
arbres et la hauteur où ils ont été plantés,
cette opération peut s’effectuer différem-
ment, parfois à l’aide de modes différents
de greffe, bien que le plus généralement ou
presque toujours, lorsqu’il s’agit de Pêchers,
on ne pratique guère d’autre greffe que
celle en écusson. Mais, dans ce cas, comme
il s’agit d’arbres déjà vieux et que les sujets
sur lesquels ils ont été greffés sont générale-
ment trop gros pour être greffés en écus-
son, il faut d’abord procéder au rajeunisse-
ment du sujet, afin de se procurer du
jeune bois. On y arrive en rabattant le
sujet, opération parfois délicate si l’arbre a
primitivement été greffé très-près du sol;
car, dans ces conditions, il arrive parfois
que ce sujet ne pousse pas. Du reste, cette
habitude que l’on a de greffer très-près du
sol, afin de ne pas voir le bourrelet, n’est
pas avantageuse pour la végétation, au con-
traire.
Si le recépage a réussi, alors on choisit
les plus belles pousses, que l’on protège
même et qui, plus tard, seront greffées en
écusson. Gomme en général il s’agit d’un
vieil arbre, qui a une forte souche et que
l’on a intérêt à former très-vite la char-
pente afin d’avoir promptement des fruits,
on peut, de cette souche rabattue, conser-
ver plusieurs branches qui, greffées, cou-
vriront de suite une grande surface de
murs ; elles produiront des fruits en grande
quantité, ce qui, en la circonstance, est le
(1) Voir Revue horticole , 1888, p. 150.
but à atteindre. Si cependant on tenait à
avoir de beaux arbres, d’une forme déter-
minée, la chose serait d’autant plus facile
que l’on aurait des parties vigoureuses à
traiter suivant les formes que l’on désirerait
obtenir, en employant les procédés appro-
priés.
A Montreuil, où le but à atteindre est
la prolongation et la plus grande produc-
tion des arbres, voici, en général, comment
l’on procède :
Au lieu de rabattre les sujets, qui pour
les Pêchers sont toujours des Amandiers, on
greffe les bourgeons ou gourmands qu’ils
développent et l’on intercale ces nouvelles
productions là où il y a des vides. En l’ab-
sence de ceux-ci, il est bien rare qu’il n’y
ait pas quelque branche faible ou qui me-
nace ruine et qu’alors on remplace par ce
nouveau bourgeon. Il n’est pas rare de voir
de très-vieilles souches d’Amandiers dont
les bourgeons ou « redrugeons », comme
on les appelle une fois greffés, ont été trans-
formés en branches charpentières : celles-ci,
depuis longtemps, ont remplacé des bran-
ches de première formation et ont re-
garni les murs, qui, chaque année, sont
couverts d’une abondante récolte.
Grâce à ce procédé pratique, on voit par-
fois de ces souches presque séculaires don-
ner des produits magnifiques et abondants
là où des remplacements, même plusieurs
fois répétés, n’auraient donné que des arbres
chétifs et d’une courte durée, et qui au-
raient à peine compensé les frais qu’ils
auraient occasionnés.
Bien que très - incomplets , les détails
dans lesquels nous sommes entrés ont pu
donner une idée assez nette de ce que,
d’une manière générale, nous avons nommé
« restauration des arbres fruitiers », en
indiquant les principaux procédés à l’aide
desquels on peut opérer cette restauration.
Résumons ces choses, de manière à rap-
procher les faits, en les enchaînant plus
étroitement, pour faciliter la conception et
favoriser l’application des procédés.
Rappelons d’abord que le remplacement
des arbres, surtout si les remplaçants sont
178
LES MEILLEURES CERISES A KIRSCH.
de la même nature que ceux qu’ils doivent
remplacer, est une opération qui, quoique
bien faite et par conséquent dispendieuse,
ne donne souvent que des résultats mé-
diocres ; lors même qu’elle parait réussir,
la durée des arbres est toujours relati-
vement courte. Pour remédier à cela, il n’y
a qu’un moyen : la prolongation des pre-
mières plantations, ce qui, comme consé-
quence, exige de bons sujets plantés dans
des conditions favorables de végétation. Cela
fait, il n’y a plus qu’à surveiller la formation,
puis le maintien de la charpente des arbres.
Ces moyens, ainsi que nous l’avons dit, sont
le remplacement des parties malades ou dé-
fectueuses à l’aide soit de la greffe, soit de
parties saines et vigoureuses prises sur
l’arbre même, là où elles se trouvent.
Quelquefois aussi, dans des cas particu-
liers, par exemple lorsqu’il s’agit de réparer
LES MEILLEURES
On aurait tort de croire que le kirsch
( Kirschen wasser, eau de Cerises) se
fabrique seulement avec des Merises sau-
vages. C’est bel et bien une Cerise cultivée,
greffée, qui est la base de cette liqueur si
hautement réputée dans nos pays vosgiens,
jurassiens et comtois.
En dehors de toute nomenclature pomo-
logique, en l’absence de toute cidture com-
parative, la même variété porte des noms
différents.
Dans Le Verger, Alph. Mas a décrit et
recommandé la Cerise Rouge des Vosges et
la Noire des Vosges pour l’industrie du
kirsch ; ce sont les plus répandues.
La région du kirsch comprend , en
France, les départements des Vosges, du
Doubs, du Jura, de la Haute-Saône et de la
Meuse. La Haute-Savoie peut y être ajoutée.
Il n’y a donc rien d’étonnant que les cultiva-
teurs, en l’absence de tout lien, aient donné
à leur « fruit » une dénomination dont on
chercherait en vain l’origine et la synonymie.
Ici, on nous recommande la Rouge amère,
la Journée, la Rouge grande queue, la Fro-
mentel, la Tinette parmi les fruits rouges;
plus loin, c’est la Noire basset, la Raissarde,
la Noisette, la Haut-Château, que les ama-
teurs de fruits noirs semblent préférer.
La Franche-Comté qui produit, à elle
seule, 12,000 hectolitres de kirsch, a la
Noire dure, la Rouge douce , la Rouge dure,
la Taquette, la Clochette, la Nicotine, la Ra-
gotine, la Pavillarde ; mais la Marsotte ou
un accident arrivé à une branche, ou bien si
celle-ci manque de vigueur et si les procédés
de remplacement dont nous avons parlé ne
sont plus applicables, on a recours à un autre
arbre planté à proximité des parties défec-
tueuses contre lesquelles, à l’aide de la greffe
en approche, on fixe la partie étrangère qui,
alors, comme une sorte de nourrice, transmet
sa sève à un individu qui jusque-là lui était
étranger. C’est une sorte de transfusion.
Outre ces divers procédés de restauration
qui sont tirés de la charpente même de
l’arbre, reste celui qui consiste à regreffer
le sujet primitif, afin de former une nou-
velle charpente; nous l’avons également
décrit en indiquant les principales particu-
larités qu’il présente et qui sont applicables
suivant les cas, la nature des sujets et les
conditions dans lesquelles on se trouve
placé. E.-A. Carrière.
ERISES A KIRSCH
Marchotte tient le haut du pavé à Vuilla-
fans, à Lude, à Mouthier, à Ornans, etc.
L’arbre qui produit la Marsotte est assez
dur à la gelée et d’une grande production. Le
fruit, de grosseur moyenne, à peau noire, avec
un pédoncule demi-long, teinté de violet à son
extrémité, se fait remarquer par une pulpe
épaisse, juteuse, extrêmement sucrée, et par
un arôme fin, bien caractérisé. La saveur du
fruit est telle que les personnes chargées de
la cueillette s’en méfient ; si on s’y laissait
entraîner, le cerveau s’en ressentirait.
Il faut dix-sept livres et demie de Cerises
Marsotte pour faire un litre de kirsch.
Cette « eau de Cerises » pure ou vierge, est
vendue, par le propriétaire, de 6 à 8 fr. le
litre. Mais, hélas ! combien cette « virginité »
est de courte durée, et combien de sophis-
tications ce mot ne vient-il pas couvrir !
Le commerce n’a pas cessé un instant de
répondre aux commandes, et cependant, à la
suite du grand hiver de 1879-1880, où les
plantations dans les vallées ou sur le flanc
des collines ont été si fortement ravagées,
les caisses du Trésor ont vu diminuer de
80,000 fr., dans le seul département des
Vosges, le revenu produit par la distillation
de la Cerise, sans compter, bien entendu,
les bénéfices réduits ou anéantis des pro-
priétaires.
Nous avons parcouru ces contrées, nous
sommes en relations avec les cultivateurs de-
puis Ancerville jusqu’au Val d’Ajol, à Aune-
gray, Clairgoutte ou Audornais, crûs res-
ODONTOGLOSSUM TRIUMPHANS VOLUBILE. — CATTLEYA LOB ATA.
pectés, ou dans les vallées de Fougerolles,
de La Loue, de Luxeuil, ou sur les coteaux
de Mouthier, de Plombières, de Lure, de
Brouvelieures, de Xertigny, etc. L’éducation
des arbres y est primitive : le sujet est greffé
sur place ou élevé provisoirement dans
une Vigne et planté définitivement en-
suite.
Le greffage se pratique sur le Merisier
( Cerasus avium), en haute tige, et une fois
planté, l’arbre ne subit aucune taille, aucun
traitement.
Nous avons pu importer dans nos pépi-
nières, les deux variétés les plus méritantes :
la Rouge des Vosges (fruit rouge), et la
Marsotte (fruit noir) ; l’une et l’autre rentrent
dans les Guigniers. Leur arbre est d’une
végétation superbe ; il convient au verger
179
de grande culture et aux plantations sur
friche ou routières.
Jusqu’alors, partout et toujours, le Ceri-
sier à kirsch constitue un revenu assuré,
prompt et durable.
Le Cerisier à kirsch doit occuper, avec le
Pommier à cidre et le Prunier à pruneau,
une des premières places de l’arboriculture
économique et créer un chapitre important
des revenus de la ferme ou de toute autre
exploitation rurale.
Nous n’entrerons pas dans le détail indus-
triel de la culture de l’arbre, de la récolte et de
la distillation du fruit (1). Nous tenions sim-
plement à fournir le renseignement demandé
le 1er avril 1888 par M. Victor Didier dans
la Revue horticole. Charles Baltet,
Horticulteur à Troyes.
0D0NT0GL0SSUM TRIUMPHANS YOLUBILE
Cette espèce, qui est presque inconnue,
est une de ces plantes comme il y en
a tant, dont il est difficile d’indiquer l’ori-
gine et que l’on pourrait presque dire d’in-
troduction clandestine , qui se sont trouvées
dans des envois d’autres espèces et dont
la présence n’ayant pas été constatée ne
sont remarquées que lorsqu’elles fleurissent,
si toutefois elles présentent des caractères
particuliers, et surtout méritants. Cette
nouvelle venue est arrivée chez M. Rougier-
Chauvière, dans un envoi d’Orchidées
venant d’Ocana (Nouvelle-Grenade). .
En praticien consommé, M. Rougier ne
tarda pas, d’après la végétation et l’aspect
de la plante, à reconnaître une forme
toute particulière d ’ Odontoglossum trium-
phans, ce que, du reste, lui confirma la
floraison, qui, en effet, était complètement
différente de celle qui est propre à l’espèce.
Au lieu d’une hampe grosse, raide, suppor-
tant en assez grand nombre et rapprochées
l’une de l’autre des fleurs grandes, « étof-
fées », à divisions relativement larges,
brusquement et courtement accuminées, la
nouvelle espèce a une hampe florale forte et
très volubile-sarmenteuse, atteignant lm30
et même beaucoup plus de longueur. Ses
fleurs, très distantes l’une de l’autre, bien
que grandes, sont beaucoup plus maigres
dans toutes leurs parties que celles de
PO. triumphans ; les divisions, beaucoup
plus étroites, sont aussi plus aiguës et
plus longuement acuminées ; la couleur
des fleurs est également moins foncée,
le jaune et le brun sont plus fauves. Quant
à la plante, elle est également très-dif-
férente de Y Odontoglossum triumphans
type ; les feuilles, plus allongées, sont plus
étroites. Somme toute, l’on peut dire que,
sans être une mauvaise planté, PO. volubile
est d’un mérite moindre que P O. trium-
phans, surtout que la belle variété, car
cette espèce présente déjà plusieurs formes
de valeur très -différente.
Mais si la plante en question est moins
jolie que le type, elle a pourtant sur lui
un certain avantage, celui d’avoir une
odeur suave, assez forte, et excessivement
agréable; de plus, la floraison se prolonge
pendant très-longtemps. Quant à la culture
et à la multiplication, elles sont les mêmes,
que celles qu’on emploie pour le type.
E.-A. Carrière.
CATTLEYA LOBATA
Plante très-vigoureuse, relativement naine,
formant de fortes touffes assez compactes.
Pseudobulbes très-longuement et réguliè-
rement fusiformes, assez gros, terminés par
une feuille très-épaisse et fortement ca-
rénée, longue et étroite, du centre de
laquelle sort la fleur. Hampe robuste, courte,
ne s’élevant pas beaucoup au-dessus du
(1) Ces questions ont été traitées dans le Jour-
nal d'agriculture pratique , nos des 5 août 1886 et
25 août 1887.
180
LE DATTIER DES CANARIES.
feuillage, et portant des fleurs alternes dis-
tiques. Fleurs très-grandes, très-élégantes,
et d’un beau rose lilacé à divisions ex-
ternes longuement atténuées en pointe, les
internes de la même couleur mais beaucoup
plus larges et ondulées-frangées sur les
bords. Labelle grand, de forme régulière, de
nuance un peu plus foncée que les autres
divisions, à bords contournés-frisés, lar-
gement marqués de violet strié, couleur qui,
avec le rose nuancé des autres parties de la
fleur, produit un charmant contraste.
Cette espèce, qui a pour nom syno-
nymique Lælia Boothiana, est une plante
hors ligne par la beauté de ses fleurs;
le seul reproche que l’on pourrait peut-être
lui adresser, c’est de fleurir peu lorsque
les plantes sont jeunes. Elle est assez rare
dans les collections; le pied, dont cette
LE DATTIER ]
Pendant de longues années, les jardins
du littoral français de la Méditerranée ne
connaissaient guère, en fait de Palmiers,
que le classique Dattier [Phoenix dactyli-
feraj. D’Ollioules à Vintimille, de beaux
exemplaires se montraient çà et là dans la
noblesse toute saharienne de leurs hauts
stipes annelés et rugueux. Ceux de la place
publique d’Hyères sont restés célèbres; à
San Remo, à Bordighera, près de la fron-
tière italienne, on les cultive pour l’exploi-
tation des frondes blanchies et tressées, qui
sont l’objet d’un grand commerce pour le
dimanche des Rameaux.
Bientôt quelques autres espèces se ris-
quèrent timidement sur la côte. Les
Phœnix reclinata, du Cap, PU. spinosa,
de l’Afrique occidentale, essuyèrent des
hivers alternativement doux ou rigoureux,
en montrant une rusticité insuffisante.
Mais, vers 1862, année où le beau jardin
de M. le vicomte Vigier fut planté à Nice,
on vit apparaître une nouvelle espèce qui
se révéla tout de suite comme une merveille
végétale. De jeunes pieds avaient été
achetés en Belgique sous les appellations
variées de Ph. reclinata , Ph. tennis , Ph.
canariensis, et enfin de Ph. Vigieri, du
nom de l’heureux possesseur des plus
beaux exemplaires de cette plante cultivés
en plein air. En peu d’années ils devinrent
de remarquables sujets. Douze ans plus
tard, nous mesurions un des troncs de ces
superbes Dattiers ; il avait 1 mètre de dia-
mètre à la base. A mesure qu’ils prenaient
année encore nous avons admiré les fleurs
au Muséum, a été envoyé à cet établis-
sement par l’Empereur du Brésil. C’est une
plante de serre chaude dont on peut avancer
facilement la floraison en lui faisant subir un
temps d’arrêt dans son développement, de
manière à produire une sorte d’hivernage
factice, en la privant un peu d’eau et sur-
tout en l’aérant fortement pendant la période
de repos.
Quant à sa culture et à sa multiplication,
elles ne présentent rien de particulier :
terre de bruyère spongieuse, fibreuse, gros-
sièrement concassée, à laquelle on peut mé-
langer quelques morceaux de briques pour
faciliter l’aération en formant une sorte de
drainage. On multiplie la plante par la divi-
sion des touffes.
Lebas.
ES CANARIES
de l’âge, ces arbres affirmaient des qualités
ornementales de premier ordre et leur
grande rusticité. Bientôt ils fructifièrent
abondamment; il ne fut plus nécessaire
alors de recourir à des importations de se-
mences d’outre-mer, et de nombreux semis
vinrent augmenter le nombre des exem-
plaires cultivés dans les jardins de la région
méditerranéenne.
Mais d’histoire, de nom exact, de patrie
certaine, point. Les horticulteurs gantois,
qui recevaient les graines des Canaries, ne
pouvaient ou ne voulaient fournir sur l’ori-
gine, aucun renseignement précis. En con-
sultant le grand ouvrage de Webb et Ber-
thelot [Histoire naturelle des lies Cana-
ries), on ne trouvait absolument rien qui
différenciât une espèce quelconque des Dat-
tiers cultivés dans les îles de Ténériffe, de
la Grande-Canarie, de Fuerta ventura et de
Lancerote. Et cependant, on avait affaire à
une espèce très-distincte, à un végétal de
haut intérêt, acquis à la culture de notre
côte méditerranéenne au point d’y fructi-
fier régulièrement et d’être en passe d’y de-
venir un des plus beaux arbres pour les
promenades publiques.
Il fallut qu’un voyage récent de M. Bolle
et du docteur Christ, de Bâle, vînt dissiper
tous les doutes et fixer la géographie bota-
nique de ce magnifique végétal. Ces explo-
rateurs l’ont enfin trouvé à l’état sauvage,
loin de toute terre cultivée. Son habitat est
donc aujourd’hui nettement défini.
Chose étrange ! le Phœnix canariensis,
Remie Horticole .
Phœn i.r canaricnsir
181
CONDITIONS GÉNÉRALES DE h\
Hort., qui peut porter aujourd’hui légiti- j
mement ce nom, est cantonné uniquement
dans l’archipel des Canaries, entre 27° et
29° de latitude nord. Il n’existe ni à Madère,
ni aux Açores, îles qui en sont pourtant
voisines. Nulle indication ne nous est par-
venue sur son existence continentale. Le
retrouvera-t-on dans les régions côtières du
Sahara et du Maroc, par exemple dans le
Semmor et le Djézoula, lorsque des explo-
rations botaniques sérieuses auront fait la
lumière sur ces contrées encore à peine
connues? C’est ce que l’avenir nous appren-
dra. En attendant, il est curieux de consta-
ter l’habitat restreint d’une si belle espèce
au sein de ces « Iles Fortunées », seuls
vestiges de la réelle ou mythologique Atlan-
tide, dont les légendes sont arrivées jusqu’à
nous à défaut de certitude historique.
Le Phoenix canariensis — tel qu’il se
présente aujourd’hui à nos yeux charmés,
lorsqu’il nous est donné de contempler des
exemplaires comme celui dont nous don-
nons aujourd’hui le portrait, pris dans la
villa de feu M. Dognin, à Cannes — forme
un arbre d’une très-grande vigueur, à base
énorme produite par l’imbrication des pé-
tioles à hase épaisse et dilatée. Ses feuilles
robustes (frondes), d’abord dressées, puis
largement étalées, sont d’un beau vert bril-
lant et non d’un ton glaucescent comme
celles du Ph. dactylifera. Leur base em-
brassante se rétrécit bientôt en un rachis
subtriangulaire à dos arrondi, portant de
vigoureux aiguillons, rudiments spines-
cents des pinnules ou folioles géminées,
sessiles, qui deviennent de plus en plus dé-
veloppées, étagées, pliées, aiguës au som-
met, renflées à leur insertion ; elles attei-
gnent jusqu’à 3 mètres de longueur sur
les plus forts spécimens. L’inflorescence,
d’abord dressée, puis penchée, se couvre de
ACCLIMATATION DES PLANTES.
| fleurs blanchâtres ne différant guère de
celles du Dattier ordinaire ; elle se produit
sur des plantes jeunes encore, et souvent
à une hauteur de moins d’un mètre du
sol. Le pédoncule commun ou rachis, long
d’un mètre, d’un beau jaune, est très-com-
primé et profondément sillonné ; les pédi-
celles solitaires, géminés ou ternés, sont
longuement dénudés à la partie inférieure
tuméfiée et terminés par un épi fructifère
portant des drupes serrées, sessiles, presque
globuleuses ou oléiformes, de la grosseur
d’une noisette, à peau dure, d’un jaune
pâle. Le sarcocarpe est peu développé, à
peiné charnu, non comestible ; le noyau est
oblong, arrondi aux extrémités et non aigu
fusiforme ; il est marqué d’un profond sil-
lon longitudinal.
Grâce à son abondante fructification, le
Ph. canariensis se popularise de plus en
plus. Il est expédié, maintenant, dans les
grandes villes comme plante de serre
froide ou d’appartement. Rien n’est plus
décoratif que ce beau et solide Palmier dans
les salons, les vestibules, surtout s’il est
représenté par de beaux échantillons. Nous
nous rappelons le temps, encore peu éloi-
gné de nous, où un exemplaire haut de
2 mètres coûtait 300 fr. à Nice; le même
serait obtenu, maintenant, sur place, à un
prix dix fois moindre.
Planté en lignes sur les boulevards, les
places, les quais des villes du littoral,
comme il l’est déjà à Nice, à Cannes, à
Hyères, etc., cet arbre va produire de su-
perbes effets d’ici à peu d’années, surtout
si l’on a soin de l’alterner avec d’autres
Palmiers à frondes flabelliformes, comme
les Washingtonia lilifera et W. robusta,
deux introductions d’une égale valeur pour
ce beau pays du soleil.
Ed. André.
CONDITIONS GÉNÉRALES DE L’ACCLIMATATION DES PLANTES
PRÉFACE DU MANUEL DE L’ÀCCLIMATEUR
On a beaucoup disputé sur la possibilité de
l’acclimatation, les uns la déclarant illusoire,
parce que les espèces, disent-ils, sont immua-
bles de leur nature et soumises à un ensemble
de conditions climatériques hors desquelles
elles ne peuvent exister, les autres professant
au contraire que les espèces peuvent se modi-
fier et se plier à la longue à tous les climats.
Des deux parts il y a exagération. Il est certain
que, dans l’ordre naturel, c’est-à-dire ce que
nous appelons Y état sauvage , les espèces sont
enfermées dans des aires géographiques, tantôt
larges, tantôt étroites, où elles trouvent les
conditions les plus favorables à leur développe-
ment et d’où elles ne s’écartent jamais d’elles-
mêmes. Personne, en effet, n’ignore que la
végétation présente des aspects fort divers, sui-
vant les régions du globe, que les plantes des
pays chauds ne sont pas celles des pays tem-
pérés, encore moins celles des pays froids ;
mais on sait aussi que, par le fait de l’industrie
humaine, une multitude de plantes ont été
182
CONDITIONS GÉNÉRALES DE L’ACCLIMATATION DES PLANTES.
transportées bien loin des lieux où la nature
les a fait naître, et qu’elles ont manifesté, sous
l’influence de la culture, des flexibilités de
tempérament qu’au premier abord on n’aurait
pas soupçonnées. Toute l’agriculture en porte
témoignage, car presque nulle part les végé-
taux qu’elle exploite ne sont indigènes du lieu
même où elle les cultive. Ce sont donc des vé-
gétaux acclimatés, c’est-à-dire convenablement
modifiés pour le but qu’on se propose.
Ces modifications sont tantôt le fait de la
nature elle-même, qui n’a pas jeté dans un
même moule tous les individus d’une même
espèce, mais qui a, au contraire, établi entre
eux de nombreuses et remarquables diversités;
tantôt, et le plus souvent peut-être, elles sont
le résultat de la culture, à laquelle il faut bien
reconnaître le pouvoir, sinon d’altérer les ca-
ractères des espèces, du moins de mettre en
évidence des aptitudes cachées à l’état sauvage.
Non seulement la culture, surtout lorsqu’elle
a été longtemps continuée, a considérablement
amélioré les plantes et leurs produits ; elle a
encore fait naître et pour ainsi dire créé des
races artificielles très différentes les unes des
autres par la figure, les dimensions, le tempé-
rament, la précocité, et si l’on veut nous passer
ce néologisme, par la climatéricité. C’est ainsi,
pour n’en citer qu’un exemple entre mille,
qu’elle a tiré d’une seule espèce de Vigne, le
Vitis vinifera de l’ancien continent, des varié-
tés presque innombrables qui diffèrent lès unes
des autres par la qualité du fruit, leur préco-
cité et leurs aptitudes à se plier à diverses na-
tures de sols et de climats, les unes ne pouvant
mûrir leurs Raisins que dans les parties les
plus chaudes du midi de l’Europe, les autres
donnant encore un vin potable jusque sous le
50e degré de latitude et même au delà. Le
Blé, le Maïs, le Riz, toutes les céréales en un
mot, nos arbres fruitiers et beaucoup d’autres
plantes, nous fourniraient des exemples sembla-
bles.
La naturalisation, que l’on confond assez
souvent avec l’acclimatation proprement dite,
en diffère en ce que certaines plantes se pro-
pagent loin du lieu de leur origine sans le con-
cours de l’homme, ou du moins sans que
l’homme se donne la peine de les cultiver, sou-
vent même malgré les efforts qu’il fait pour en
arrêter la diffusion. Dans ce nombre, en effet,
se trouvent beaucoup d’espèces nuisibles, de
celles qu’on nomme mauvaises herbes. Depuis
la découverte de l’Amérique, une foule de ces
plantes, en quelque sorte cosmopolites, parties
d’Europe avec les graines des céréales, se sont
naturalisées dans le nord et dans le sud de ce
vaste continent. Le même fait s’observe en Aus-
tralie, et plus encore à la Nouvelle-Zélande, où
la végétation indigène est tenue en échec et
graduellement supplantée par une végétation
exotique. A l’île Sainte-Hélène, la flore primi-
tive a presque totalement disparu devant des
plantes arrivées du sud de l’Afrique, de l’Inde
et de l’Europe. En France même, les botanistes
signalent un certain nombre de plantes étran-
gères, la plupart mexicaines, qui se partagent
le sol avec celles qui l’occupent de temps im-
mémorial. Presque toutes ces naturalisations
spontanées sont fâcheuses au point de vue de
l’agriculture; quelques-unes, cependant, sont
réellement utiles, telles, par exemple, que celle
de l’Oranger, retourné à l’état sauvage en Flo-
ride, et celle du Manguier ( Magnifera indica)
à la Jamaïque. Peut-être pourrait-on ranger
aussi parmi ces naturalisations utiles celle de
la Vigne, qui, sans doute échappée des lieux
cultivés, s’est propagée d’elle-même sur beau-
coup de points du midi de l’Europe, même en
France, et y est retournée à l’état sauvage.
Quelque idée, du reste, qu’on se fasse de ces
naturalisations, elles n’en prouvent pas moins
que les plantes ne sont pas nécessairement et
irrévocablement fixées dans le lieu même de
leur création, qu’elles peuvent se déplacer et
prospérer sous des conditions climatériques
qui, sans s’éloigner beaucoup de celles de leur
centre d’origine, ont cependant bien des dis-
semblances avec elles.
Le but que poursuit l’acclimateur n’est pas
de naturaliser des plantes étrangères au pays
qu’il habite, en prenant le mot naturaliser dans
le sens indiqué plus haut, mais d’y introduire
et d’y faire vivre telle espèce de plante, qui
rendra des services sous la condition que les
soins du cultivateur ne lui manqueront pas.
C’est, d’ailleurs, le cas de la plupart de nos
végétaux économiques. Ils se maintiennent et
durent indéfiniment, tant qu’on les protège
contre les diverses causes de destruction ;
livrés à eux-mêmes, presque tous disparaî-
traient, en un temps plus ou moins long, de
nos jardins et de nos champs.
Les adversaires que rencontre une plante
exotique dépaysée sont de plus d’une sorte.
Non seulement elle se trouve aux prises avec
le climat, qui est déjà un ensemble très com-
plexe d’influences, et avec la nature du terrain,
qui varie presque à l’infini ; elle a encore
contre elle la végétation indigène déjà maîtresse
du sol et qui le lui dispute presque toujours
avec avantage. Même lorsqu’elle est appropriée
au climat du lieu où elle est transplantée, elle
a toutes les chances de périr affamée et étouffée
par la végétation environnante. C’est cette lutte
sans merci, bien plus que le climat, qui arrête
la propagation spontanée des espèces au delà
des limites entre lesquelles elles sont actuelle-
ment cantonnées. Il suffit, pour assurer la vic-
toire d’une plante sur une autre, qu’elle soit,
même dans la plus faible mesure, mieux
adaptée au terrain, au site, au degré de la cha-
leur, de lumière solaire, d’humidité, etc... Si
la plante étrangère faiblit sur quelqu’un de ces
points, elle dépérit et ne laisse pas de postérité.
Autant donc l’intervention de l’homme est né-
cessaire pour modifier les influences climaté-
riques dans un sens déterminé, autant elle l’est
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
183
pour extirper du sol les plantes indigènes, qui
nuiraient à celles qu’il veut leur substituer.
L’acclimatation n’est donc, ainsi que nous
venons de l’expliquer, que la culture des
plantes dans des pays nouveaux pour elles. Le
nombre de celles qui sont déjà acclimatées
dans ce sens est considérable ; mais ce n’est
ensbre qu’une faible partie de ce qui nous
reste à utiliser, et on en sent le besoin à me-
sure que se multiplient les rapports entre les
peuples de haute civilisation aussi bien qu’avec
ceux qui sont moins avancés; à mesure, en un
mot, que les peuples de race blanche étendent
au loin leurs conquêtes et fondent de nouvelles
colonies. Exploiter les multiples produits du
globe et les faire servir à de nouveaux progrès
semble être leur mission providentielle et le
gage de leurs développements futurs.
11 ne faut pas croire, cependant, que l’ac-
climatation soit toujours chose facile. Ceux de
nos ancêtres, qui ont les premiers tenté la
culture des céréales, de la Vigne, ’des arbres
fruitiers et des légumes de nos jardins, ont eu
à lutter contre des obstacles dont nous n’avons
aujourd’hui aucune idée. C’est merveilleux
qu’à une époque où la science n’existait pas,
ils aient eu la main assez heureuse pour faire
de telles découvertes, et non moins merveilleux
qu’ils aient amélioré des espèces sauvages au
point d’en faire les races perfectionnées que
les siècles nous ont transmises. Guidés par une
sorte d’instinct, mais peut-être après bien des
tentatives infructueuses, ils ont reconnu le
pouvoir modificateur de la sélection persévé-
ramment appliquée. A chaque génération, ils
ont éliminé ce qui s’éloignait de leur idéal, et
concentré leurs efforts sur les races et variétés
qui leur paraissaient y répondre le mieux. C’est
effectivement la règle à suivre aujourd’hui
comme aux anciens temps, et cette règle n’est
autre que le procédé de la nature elle-même,
qui, partout et sans cesse, travaille à faire dis-
paraître les faibles pour laisser le champ libre
aux plus forts. Ch. Naudin,
Membre de l’Institut.
(La fin au prochain numéro.)
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 22 MARS 1888.
Comité de floriculture.
M. Lemoine, horticulteur à Nancy, présen-
tait des rameaux fleuris de Lilas à fleurs
doubles des variétés Maxime Cornu , à grappes
très-grosses, fleurs lilas pâle ; et Lemoineiy
petites fleurs blanc lilacé. Cette présentation
avait pour but de montrer que les variétés à
fleurs doubles se soumettent très-bien au
forçage. Les rameaux appartenant à la pre-
mière de ces deux variétés étaient d’un très-
joli effet.
Par M. Dugourd, horticulteur à Fontaine-
bleau, une collection de 40 variétés d’Hellébores,
(Rose de Noël) obtenues par lui de semis, et
dont quelques-unes, blanches, roses, rouges et
grenat foncé, ont une couleur bien franche.
La Revue horticole donne, dans le présent nu-
méro, la description de ces dernières.
Par M. Bullier, amateur, 29, avenue de
l’Observatoire, à Paris, un exemplaire fleuri
d'Ortgiesia tillandsioides , jolie Broméliacée
dont la hampe florale rose est garnie d’élé-
gantes bractées rouge brique. Cette espèce, assez
ancienne d’ailleurs, reste très longtemps en
fleur dans les appartements.
Par MM. Vilmorin-Andrieux et Cie, mar-
chands grainiers, 4, quai de la Mégisserie,
Paris, des fleurs coupées de quelques-unes
des jolies variétés de Cinéraires hybrides à
grandes fleurs, qu’ils ont obtenues. Certaines
de ces fleurs, d’une grande richesse de coloris,
mesuraient jusqu’à 10 centimètres de diamètre.
Par M. Battut, rue Quincampoix, à Paris,
une remarquable collection de Jacinthes jaune
paille, carmin et blanc, qui sont cultivées par
M. Brémont, d’Ollioules (Var), et des branches
fleuries de Camellias cullivés en plein air sur
le littoral méditerranéen.
Comité d’arboriculture d’ornement.
Par M. Maurice de Vilmorin, quelques
rameaux fleuris d'Eucalyptus amygdalina ,
cette curieuse espèce qui, en Australie, atteint
120 mètres de hauteur. L'E. amydalina
diffère de VE. viminalis en ce que ses fleurs
sont très-nombreuses (15 à 20) dans chaque
inflorescence, tandis que la seconde espèce a
les fleurs réunies par 3 seulement.
En parlant de cet arbre gigantesque, M. de
Vilmorin a été amené à dire quelques mots
des forêts californiennes où d’autres arbres
atteignent aussi, on le sait, des proportions
surprenantes.
Il a rappelé que ces forêts se composent
presque uniquement de Wellingtonia gigan-
tea , de Pinus Lamhertiana , de P. ponderosa ,
d ’Abies Douglasii et aussi d’A. concolor. Les
Wellingtonias atteignent 100 mètres de hau-
teur environ, et leur tronc mesure jusqu’à
30 mètres de circonférence. Quelques-uns
semblent, d’après le nombre de couches
ligneuses, avoir 2,700 ans environ.
Il paraît qu’en Californie les Wellingtonias
supportent une température de 25° sans en
souffrir. En France et en Angleterre ils gèlent
avant que le froid ait atteint cette intensité,
parce que l’humidité du climat diminue consi-
dérablement leur robusticité.
Comité de culture maraichère.
Par M. Hovat, jardinier chez M. Laminière,
à Draveil (Seine-et-Oise), des fruits forcés et
184
TRAITEMENT DES MALADIES CRYPTOGAMIQUES DE LA YIGNE.
bien colorés des Fraises Marguerite Lebreton
et Docteur Morère.
Par M. Battut, à Paris, des Asperges ré-
coltées à Guyotville (Algérie), et qui, par
leur belle apparence, font envisager la pos-
sibilité d’une concurence sérieuse, contre les
asperges forcées obtenues aux environs de
Paris.
Par M. Laizier, maraîcher à Clichy-la-
Garenne, une botte de Carottes Grelot , qu’il
obtient par la culture suivante : en juillet, il
sème en planches en plein air ; lorsque les
jeunes plants ont une force suffisante, il les
repique sous châssis, et, dans tout le courant
de l’hiver, il récolte des Carottes de très-bonne
qualité et bien faites. Ch. Thays*
TRAITEMENT DES MALADIES CRYPTOGAMIQUES DE LA YIGNE
Parmi les divers instruments employés
pour la pulvérisation des liquides propres
à préserver les Vignes des affections cryp-
togamiques, le rénovateur Albrand mérite
une attention toute spéciale.
Cet appareil (fig. 37) se compose d’un
Fig. 37. — Rénovateur Albrand.
récipient d’une capacité de 14, 16, 20 et
25 litres, mais n’ayant, en réalité, qu’une
contenance utile de 12, 14, 18 et 23 litres
à cause de l’espace nécessaire pour établir
la pression d’air.
Sur l’un des côtés^ dans le haut de l’ap-
pareil et en dehors, est placée la pompe à
air comprimé mise en mouvement par le
balancier et la tringle à poignée qui se
trouve à portée de la main de l’opérateur.
Cette pompe à air, simplement construite
et peujsujette aux dérangements, comprime
TRAITEMENT DES MALADIES CRYPTOGAMIQUES DE LA VIGNE.
185
l’air dans le récipient, agite le liquide à
chaque coup de piston et fournit la pression
nécessaire à l’écoulement et à la dispersion
de ce liquide.
A droite du récipient, et dans le bas, se
trouve un robinet auquel est adapté un
tuyau de caoutchouc muni d’une lance, dont
l’extrémité est terminée par un pulvéri-
sateur réduisant les liquides en une pluie
de fines gouttelettes. Grâce à un système de
dégorgeoir instantané et très-ingénieux,
aucun engorgement n’est possible, même
avec les dissolutions épaisses.
Pour se servir de ce rénovateur, on
charge l’appareil en laissant deux litres
de vide, l’opérateur le place sur ses
épaules, l’assujettit au moyen des cour-
roies qu’il croise sur sa poitrine, puis il
donne sept coups de piston pour obtenir
la pression nécessaire. Il ouvre ensuite
le robinet placé à droite du récipient et
dirige la lance sur les souches ou les
plantes à asperger. La pression donnée
par les premiers coups de piston est suffi-
sante pendant cinq à six minutes, après
quoi on réactionne la pompe ou, mieux
encore, on donne de temps en temps un
seul coup de piston pour maintenir la
pression. L’opérateur n’a, pour ainsi dire,
qu’à diriger d’une main le jet pulvérisateur,
l’autre est presque toujours libre, il s’en sert
pour écarter les obstacles. Le travail est de
la sorte facile, peu fatigant, expéditif. Ainsi,
au concours international de Béziers qui a eu
Fig. 38. — Soufreuse Phénix à grand travail.
lieu en 1886, le rénovateur a traité en une
heure 1,235 larges souches, en opérant en
dessus et en dessous, et malgré un grand
vent. Par un temps calme, et en ne pulvé-
risant que le dessus des souches, on traite-
rait aisément 3 hectares par jour.
L’entretien de l’appareil est fort simple.
Le soir, après chaque opération, on y passe
de l’eaU. Le lendemain matin, avant de
procéder à de nouvelles pulvérisations, on
graisse, avec de l’huile ou du saindoux, les
cuirs du piston de la pompe. En fin d’année
186
TRAITEMENT DES MALADIES CRYPTOGAMIQUES DE LA VIGNE.
et avant de mettre l’appareil en resserre, on
le graisse partout et on le range en lieu sec.
Pour nettoyer les clapets, on dévisse les
deux écrous du tube agitateur qui descend
dans le récipient, on essuie bien ces cla-
pets sans graisser et on les remet en place.
Le prix du rénovateur Albrand vendu
par MM. Yallotton et Cie, 170, cours La-
fayette, à Lyon, varie, suivant la capacité,
entre 60 et 75 fr. Il est en cuivre rouge la-
miné à froid, et résiste admirablement aux
effets corrosifs des liquides cupriques, avan-
tage que ne possèdent pas bon nombre
d’appareils ayant même destination.
La soufreuse Phénix à grand travail
(fig. 38) est un récipient porté à dos et
muni d’un soufflet ventilateur et d’une
lance. Cet appareil peut contenir 7 kilogr.
de soufre sublimé ou 12 kilogr. de soufre
trituré, quantités suffisantes au traitement
de 4,000 pieds de Vignes correspondant à
peu près à un hectare dans le Midi.
La distribution de la matière peut être
réduite ou augmentée à volonté, grâce à un
agitateur distributeur et au moyen d’un
simple déplacement d’écrou. Cet agitateur
distributeur est une sorte de sirène qui
tourne sous un croisillon et tamise les ma-
tières avant qu’elles ne tombent dans la
tuyère. Un coup de soufflet les projette en_
Fig. 39. — Soufreuse Simplex.
suite avec violence, et la diffusion est cons-
tamment parfaite et assurée. Pendant l’in-
sufflation, aucune parcelle de matière ne
pénètre dans la tuyère ; il n’y a donc aucune
déperdition de force de l’air aspiré et re-
foulé et la poudre peut ainsi être projetée
jusqu’à 4 mètres de hauteur.
Le soufflet est mû par un levier placé à
gauche et arrivant à portée de la main, la
manoeuvre est semblable à celle d’un souf-
flet de forge. L’ensemble est d’une solidité
et d’une rusticité à toute épreuve. Toutes
les pièces de cette soufreuse se démontent
facilement et la vérification se fait en
quelques minutes, avantage qui n’est pas à
dédaigner. L’appareil coûte 25 fr. chez
MM. Vallotton et Cie.
Voici enfin, pour les vignerons qui re-
cherchent l’économie, la soufreuse Simplex
(fig. 39) qui a le grand mérite de ne coûter
que 4 fr. Cette soufreuse n’est, d’ailleurs,
qu’un diminutif de la soufreuse Phénix;
elle en a tous les organes essentiels, mais
elle se manœuvre à la main, comme les
soufflets ordinaires. Il est à remarquer,
toutefois, que la distribution de la matière
se fait plus exactement qu’avec un soufflet
quelconque, car, à chaque mouvement,
l’agitateur distributeur donne régulièrement
dans la tuyère A la même quantité, avan-
tage qu’aucun soufflet ventilateur n’avait
pas encore réalisé. La contenance de la sou-
freuse Simplex est de 1 kilogr.
A. Lesne.
(Journal d’ Agriculture pratique.]
CIRCULATION DE LA SÈVE.
187
CIRCULATION
La question de la sève a soulevé d’ar-
dentes polémiques il y a une vingtaine d’an-
nées. La production et la circulation de ce
fluide ont été l’occasion de nombreuses et
violentes discussions dans les journaux de
botanique et d’horticulture, dans les livres
et dans les sociétés savantes au milieu des-
quelles la question a été abordée. Depuis, soit
lassitude des combattants, soit réflexion de
leur part sur la fragilité de leurs armes, une
sorte d’apaisement s’est fait ; mais il est assez
difficile de distinguer de quel côté a été la
victoire. Les traités de botanique publiés de-
puis cette époque n’ont pas jeté beaucoup de
lumière sur cette partie de la physiologie vé-
gétale; on y sent un immense inconnu et la
préoccupation de leurs auteurs d’échapper
à la responsabilité de théories imprudentes.
Nous n’avons pas la prétention de faire la
lumière absolue dans une question où les
savants les plus autorisés ne marchent qu’à
tâton. Cependant, quelques-uns de nos lec-
teurs nous ont demandé (cette partie de la
physiologie végétale intéressant au plus
haut point l’horticulture) de les renseigner
au sujet des diverses théories émises sur la
sève, et, avant de leur répondre, nous avons
voulu, à défaut d’expériences précises, en-
tourer notre opinion des meilleures garan-
ties, par l’étude des auteurs les plus recom-
mandables.
D’abord, qu’est-ce que la sève ?
Certains horticulteurs, emportés par la
chaleur de la discussion, sont allés jusqu’à
dire que la sève n’existe pas (1). Ce n’est là
qu’une affaire de mots ; tout le débat se li-
mite à ceci : savoir si les éléments qui com-
posent la sève sont absorbés isolément dans
le sol (2), et forment, par leur réunion dans
le végétal, ce qu’on est convenu d’appeler la
sève , ou s’ils le sont conjointement avec de
l’eau qui les tient en dissolution. Les opi-
nions sont partagées. La plus répandue est
la dernière : c’est celle de M. P. Duchartre (3).
« La sève des végétaux, dit-il, n’est autre
chose que de l’eau absorbée par les racines
dans la terre où ce liquide avait pris une
faible proportion de substances solubles
diverses. » C’est également l’avis de M.
(1) Koch, Bulletin de la Fédération des Sociétés
d'horticulture de Belgique. 1876. — Compte rendu
du Congrès botanique horticole , p. 71.
(2) Ed. Morren. loc. cit. p. 66.
(3) Éléments de Botanique , 1867, p. 711.
DE LA SÈVE
Sachs (4) qui donne à la sève le nom d’eau
de végétation.
Sans parler en ce moment des causes qui
les provoquent, il est hors de conteste qu’à
chaque instant il y a des déplacements de
sève dans la plante. Les botanistes et les
horticulteurs, d’accord sur l’existence de
ces mouvements, ont chacun leur théorie
sur la route qu’ils suivent, l’étendue de
chemin qu’ils parcourent et la force qui les
produit. Certains auteurs, considérant ces
mouvements de sève comme à peu près
analogues aux mouvements du sang chez
les êtres animés, leur ont donné le nom de
circulation. Quelques-uns sont allés plus
loin : Lahire et Tournefort ont voulu voir
dans les végétaux un cœur, un estomac, etc.;
la science a depuis longtemps fait justice de
ces théories surannées. Mais la circulation
a de nombreux partisans et cette théorie a
été le sujet de grands débats entre ces der-
niers et ceux qui nient l’existence de cou-
rants descendants. On peut, en lisant le
Bulletin de la Fédération des Sociétés
d’horticulture de Belgique , en 1876, voir le
compte-rendu des discussions passionnées
que cette question a soulevées parmi les
membres du Congrès, et se faire une idée
des divisions qui existent sur presque tout
ce qui se rattache à ce phénomène de la
végétation.
Tout le monde admet que la sève absor-
bée par les racines monte. Mais quelles par-
ties du végétal suit-elle dans son mouvement
d’ascension ? M. Sachs nous dit : « Le cou-
rant a son siège exclusif dans les faisceaux
vasculaires (5), et la preuve, c’est que si
vous plongez dans une dissolution colorée
une branche fraîchement coupée et pourvue
de feuilles en transpiration active, vous
verrez que la coloration est exclusivement
localisée dans le bois des faisceaux vascu-
laires. » M. Duchartre est du même avis,
sous la réserve que l’aubier dans certains
bois durs, ainsi que les fibres, dans quelques
arbres, sont le siège du courant. C’est un fait
incontestable, et qui s’appuie sur des expé-
riences nombreuses (6). La sève est arrivée
au sommet de l’arbre par son courant prin-
(4) Traité de Botanique , traduction de M. Van
Tieghem, p. 781.
(5) Id., loc. cit. j p. 790.
(6) Duchartre, Éléments de Botanique , p. 722. — »
Sachs, l. c.} 1. 790.
188
NOUVEAUX SUCCÉDANÉS DES ÉPINARDS.
cipal, et à l’extrémité des rameaux par des
courants secondaires. Alors que devient-elle?
Elle s’élabore dans les feuilles, disent les par-
tisans de la sève descendante ; puis, chargée
de sucs nourriciers, elle descend par l’écorce
jusqu’aux racines et, en passant, distribue
aux organes en voie d’accroissement les élé-
ments dont ils ont besoin.
Jamais la sève ne descend, disent les
adversaires de cette théorie; la sève brute
est par elle-même un élément nourricier;
en montant, elle porte aux organes qui en ont
besoin, par une série de petits canaux bran-
chés sur le courant principal, les matières
nécessaires à leur développement ou à leur
conservation.
M. Duchartre (1) professe une opinion
intermédiaire. Il admet en principe la
théorie de la sève ascendante et descen-
dante, mais il convient que les sucs nour-
riciers ne descendent pas toujours.
Nous ne pouvons ressusciter j la vieille
querelle qui eut lieu jadis entre les parti-
sans de la sève ascendante et descendante
et ses adversaires, ni placer sous les yeux
de nos lecteurs les arguments que chacun
mettait au service de sa cause, et qui ser-
virent souvent d’armes aux deux camps dans
des luttes fort animées. Chaque théorie a
ses défenseurs et ses détracteurs sérieux, et
nous ne pouvons qu’indiquer à nos lecteurs
l’état de la question dans ce résumé suc-
cinct.
C’est surtout au point de vue de la force
qui provoque l’ascension de la sève dans la
plante que les avis sont le plus divisés.
Fabri a cru que le mouvement d’ascension
était produit par « un feu intérieur »; certains
l’on rapporté à la dilatation de la sève par la
chaleur ; Davy a vu en lui un résultat de la
force capillaire ; Dutrochet l’a attribué à
Yendosmose (2), c’est-à-dire à la puissance
d’absorption que possède un liquide plus
dense sur un moins dense.
M. Trécul, dans l’impossibilité d’expli-
quer ce phénomène, dit qu’il est simplement
provoqué « par la vie » (3) ; enfin, plusieurs
l’ont expliqué par une combinaison de plu-
sieurs de ces forces.
Un autre (4) donne comme principe de
ce mouvement la « force vitale », la chaleur
qui provoque l’évolution des bourgeons, et
les bourgeons eux-mêmes « qui, en aspi-
rant la sève pendant leur développement,
constituent une sorte d’appareil de succion,
une sorte de pompe aspirante ».
D’après M. Sachs (5), le mouvement
d’ascension est le résultat de l’accroisse-
ment de la nutrition des organes et de la
transpiration des feuilles agissant à l’instar
des bourgeons de la théorie précédente, de
la pression des racines, et de la dilatation et
de la contraction de l’air contenu dans la
plante.
M. Duchartre (6) l’attribue à des causes
inhérentes aux tissus, à la succion par les
parties jeunes des racines, à la capillarité,
à l’imbibition des parois des cellules et des
vaisseaux, aux variations de température, à
la transpiration des feuilles.
Le thème varie avec chaque auteur et
nous ne faisons qu’exposer une faible partie
des opinions émises sur cette matière.
Il paraît donc assez difficile de rendre un
compte exact du mouvement de la sève
dans les végétaux en face de ce nombre
considérable de théories contraires. Mieux
vaudrait, pour le moment, attendre le ré-
sultat de nouvelles études et d’expériences
plus concluantes, que de prêter l’oreille à
une de ces voix isolées qui parlent dans la
nuit. Ces effets, que chacun cherche à expli-
quer à sa façon, ont peut-être une cause
très-simple, qui pour le moment nous
échappe, mais qui, il faut bien l’espérer,
sera un jour éclairée par des faits inatten-
dus. La question des mouvements delà sève
n’est pas plus complexe que celle de la cir-
culation du sang. Ne perdons jamais l’espé-
rance, croyons plutôt qu’un nouveau Har-
vey, traitant de la circulation de la sève, est
déjà né, et que le temps n’est pas éloigné où
sa découverte fera la lumière sur cette ques-
tion si controversée. Ed. André.
NOUVEAUX SUCCÉDANÉS DES ÉPINARDS
Nous n’avons pas à rappeler combien il
est difficile d’avoir des Épinards pendant
(1) Duchartre, loc. cit., p. 731.
(2) Mémoire pour servir à l'histoire des vé-
gétaux.
(3) Cêmptes rendus de l'Académie des sciences ,
vol. XLV, p. 402.
les grandes chaleurs, ni l’impossibilité abso-
lue d’en récolter pendant l’été. En effet, à
peine germées, les plantules montent à
graines, et c’est souvent à peine si l’on peut
(4) Hortic. franc. , 1866, p. 115.
(5) Sachs, loc. cit ., p. 781-786.
(6) Duchartre, loc. cit., p. 725-728.
VARIÉTÉS NOUVELLES D’HELLÉBORES.
189
faire une maigre cueillette. En présence de
cette impossibilité d’avoir des Épinards, on
a cherché à leur trouver des succédanés,
par exemple dans la famille des Chénopo-
dées, à laquelle appartient l’Épinard. C’est
surtout parmi le genre Chenopodium que
l’on a cherché. Bien que plusieurs espèces
de ce genre puissent être employées, il
n’en est pourtant aucune qui donne des ré-
sultats satisfaisants. Rappelons aussi que les
feuilles de Bettes et de Betteraves peuvent
également être employées comme Épinards.
Quelques autres plantes, appartenant à la
famille des Ficoïdes, ont aussi été essayées ;
une seule a donné d’importants résul-
tats. C’est une espèce de la Nouvelle-
Zélande, la Tétragone étalée ( Tetragonici
expansa , Ait.), plante excessivement vi-
goureuse, abondamment pourvue de grandes
feuilles, épaisses, charnues, et qui pousse
d’autant plus vite que la chaleur est plus
considérable. Bien qu’elle ait pour ainsi
dire toutes les qualités, on la rejette ou au
moins on la néglige parce que, légèrement
mucilagineuse, on la trouve douce, trop
peu sapide, reproches un peu fondés, mais
qu’il est facile d’atténuer en ajoutant à cette
plante quelques feuilles d’Oseille commune.
11 est encore une autre espèce de Chéno-
podée dont nous n’avons pas parlé, et qui
pourtant peut être substituée à l’Épinard.
Cette plante, qui dans certains pays est
même employée comme légume « à pot au
feu », c’est-à-dire pour donner du goût
au bouillon, est l’Arroche ou Belle-Dame
(Atriplex hortensis , L.). Elle produit assez
abondamment de larges feuilles qui, cuites
et accommodées au jus et diversement
assaisonnées, constituent d’excellents lé-
gumes à l’instar des Épinards. Il y en a
plusieurs espèces qui diffèrent par la cou-
leur et la dimension des feuilles. Ces lé-
gumes doivent être semés en terrains sub-
stantiels et gras, car leur tempérament étant
un peu celui des Épinards, ils montent
assez vite à graines, de sorte qu’il faut en
semer plusieurs fois afin de ne pas en être
dépourvu.
Dans le genre Oseille, il existe plusieurs
espèces, appartenant au groupe Patience
(Rumex Pcitientia), dont les feuilles peu-
vent être consommées comme on le fait des
feuilles d’Épinards. Elles cuisent très-bien,
sont émollientes et même onctueuses, sans
être grasses, pourtant. Quelques personnes
les préfèrent aux Épinards ; nous ne
sommes pas de cet avis, et les préférons
seulement quand elles sont additionnées de
quelques feuilles d’Épinard, et augmentées
des feuilles de l’Oseille des jardins ( Rumex
acetosa).
La plante dont nous allons parler n’a
aucun des caractères propres à l’Épinard ;
la qualification, ici, ressort exclusivement
de l’appropriation que l’on en fait pour
l’usage culinaire. Il s’agit, en effet, d’une
plante de la famille des Crucifères, du
Navet commun. Pour cet usage, voici com-
ment nous opérons. Nous semons très-
serrés des Navets d’été, que nous éclaircis-
sons au fur et à mesure du besoin et quand
les feuilles ont atteint environ les trois
quarts de leur grandeur naturelle. Cuites et
assaisonnées comme on le fait des Épi-
nards, ces feuilles constituent un excellent
plat, ne rappelant pas exactement les Épi-
nards, et ayant sur ceux-ci l’avantage d’être
plus savoureux. Il va de soi que, parmi
les Crucifères, les feuilles de Navets ne
sont pas les seules dont on pourrait tirer
parti ; d’un grand nombre d’autres espèces
pourraient être employées au même usage.
Il suffirait pour cela que, à part leur di-
mension, ces feuilles fussent glabres ou
à peu près, c’est-à-dire dépourvues de
poils. Quant à la saveur, elle varie peu
chez les Crucifères. Du reste, il ne faut pas
perdre de vue que dans cette circonstance il
s’agit surtout d’essais à faire, d’expériences
culinaires à tenter. C’est un travail d’écono-
mie domestique, pour lequel le jardinier et
la ménagère doivent s’entendre, le premier
pour innover dans le choix des légumes, la
seconde pour les accommoder.
Delabarrière.
VARIÉTÉS NOUVELLES D’HELLÉBORES
Nous avons eu l’occasion de parler, à plu-
sieurs reprises, des Hellébores hybrides (1),
et de l’importance qu’ils acquièrent à une
(1) Voir Revue horticole , 1883, p. 84 ; — 1884,
p. 127 et 564.
époque de l’année où, dans nos régions, les
jardins sont complètement dépourvus de
fleurs. M. Dugourd, de Fontainebleau, qui
s’est voué à la culture de ces plantes et en
poursuit l’amélioration avec un succès de
plus en plus marqué, avait exposé à la
190
LE MURIER EN MÉSOPOTAMIE.
réunion de la Société d’horticulture du
22 mars dernier, un nombre considérable
de variétés du plus grand mérite. Nous en
avons choisi quelques-unes qui nous ont paru
les plus belles parmi les belles et nous les
citons ci-dessous en les accompagnant d’une
courte description.
Comtesse de Paris. — Feuilles d’un vert
clair. Fleurs moyennes ; sépales imbriqués,
à onglet blanc verdâtre, à limbe blanc sur
les bords, sablé de violet depuis le centre
jusqu’à la naissance de l’onglet ; pétales
vert jaunâtre ; étamines jaune soufre pâle ;
styles verts lavés de violet.
Madame Sertier. — Feuilles d’un vert
sombre. Fleurs grandes, bien ouvertes ; sé-
pales largement imbriqués, à onglet court
d’un blanc verdâtre, limbe d’un rose violacé
veiné de violet foncé; pétales vert jaunâtre;
étamines d’un blanc passant légèrement au
jaune ; styles verts lavés de violet.
Souvenir de Victor Hugo. — Tige,
feuilles, pétioles, bractées et pédoncules
d’un brun violacé. Fleurs petites. Sépales
contigus ou très-légèrement imbriqués, à
onglet blanchâtre, à limbe grenat lavé de
noir ; pétales d’un vert foncé lavé de violet ;
étamines à blets blancs légèrement teintés
de violet, à anthères d’un blanc jaunâtre.
Styles verts lavés de violet.
LE MÛRIER El
Dans toute la région de l’Euphrate et du
Tigre, le Mûrier croît spontanément; mais
c’est surtout dans les contrées sablonneuses
et les plaines formées par des dépôts d’allu-
vion qu’on le rencontre fréquemment. Il
s’étend depuis le 36e dégré de latitude
nord, dans toute la zone dite subtropicale,
jusqu’aux plateaux arrosés par les rivières
qui traversent les montagnes limitrophes
de la Perse.
Il n’y a pas de jardin dont une partie ne
soit plantée de Mûriers. Ordinairement on
en forme des haies autour des murs, car c’est
un arbre qui vient très-bien et qui sert à
confectionner certains meubles solides dans
un pays complètement dépourvu de bois.
Le Mûrier est. appelé dans le pays Touth.
Voici les espèces ou variétés que j’ai
rencontrées :
1° Fahâl (mâle). — C’est le sauvageon,
arbre à bois gris, à rameaux grêles et
souples, ordinairement pendants, à feuilles
alternes, laciniées, finement découpées, lui-
santes en dessus, ayant presque la forme
Pourpre national. — Plante très-vigou-
reuse. Tige, feuilles, pétioles, bractées et
pédoncules légèrement teintés de pourpre.
Fleurs très-grandes, ouvertes; sépales large-
ment imbriqués, à onglet blanc verdâtre, à
limbe rouge violacé marqué de points plus
foncés, surtout vers la base ; pétalesjaunes ;
étamines d’un blanc jaunâtre; styles pur-
purins.
Lutea sulphurata. — Feuillage d’un
vert gai. Fleurs petites ; sépales contigus ,
d’un jaune pâle uniforme ; pétales jaunes ;
étamines d’un blanc passant légèrement au
jaune; styles verts.
Beatrix de Circourt. — Feuilles d’un
vert clair. Fleurs moyennes; sépales , con-
tigus ou très-légèrement imbriqués, à onglet
blanc verdâtre, à limbe rose pâle, abondam-
ment pointillé de carmin ; pétales d’un
vert pâle ; étamines d’un blanc jaunâtre ;
styles verts.
Ce ne sont pas les seules variétés qui,
dans l’énorme bouquet présenté par M. Du-
gourd, méritaient de fixer l’attention, mais
ces plantes nous ont paru, par la beauté de
leurs formes et de leurs couleurs, dignes
d’une mention spéciale et seront certaine-
ment appréciées de tous les amateurs.
Ed. André.
MÉSOPOTAMIE
des feuilles d’Érable. Joli arbre à feuillage
ornemental dont on ne connaît pas le fruit
et que l’on emploie comme sujet à greffer.
2° Aén el bezoûn (Œil de chat). — C’est le
Mûrier blanc ou commun , connu en
Europe, où, quoi qu’on en dise, il a été im-
porté de la Chine, puisqu’aucun des auteurs
anciens n’en parle. C’est un arbre pouvant
atteindre de 8 à 10 mètres de hauteur,
à bois grisâtre, à feuilles découpées, pal-
mées ou cordiformes. Ses fruits, qui sont
blancs, très-petits, sont tachetés d’une mul-
titude de petits points noirs, d’où son sur-
nom œil de chat. Il se propage facilement de
lui-même par ses graines. La variété Na-
ringhi (citriforme) a les feuilles plus
grandes, plus serrées et plus nombreuses
que celles du précédent.
3° Touth abiadh (Mûrier blanc). — Variété
améliorée du précédent, que l’on greffe sur
des sauvageons à cause de ses fruits recher-
chés dans le pays. Port du précédent, mais
à feuilles claires, à pétioles longs, grandes,
peu épaisses, luisantes, cordiformes, lan-
BIBLIOGRAPHIE.
191
céolées. Fruit assez gros, succulent, mûris-
sant en avril-mai et se vendant sur les mar-
chés aussi bien que les Fraises en Europe.
4° Hamri (rouge). — Arbre à bois blan-
châtre, à branches vigoureuses, élancées,
montant en candélabre ; feuilles grandes,
épaisses, luisantes, cordiformes, dentelées,
à nervures gaufrées ; fruit rouge foncé,
aigrelet, agréable au goût, aussi gros que
le précédent, très estimé dans le pays.
5° Touth Shâmy (Mûrier de Damas). —
Mûrier noir à bois blanc, à rameaux gros et
courts, à bourgeons ou à yeux bruns ;
feuilles épaisses, plataniformes, pubes-
centes, scabres, coriaces. C’est l’espèce
dont les naturalistes grecs et latins parlent.
On le dit ordinairement originaire de la
Perse, mais ici, paraît-il, on le croit importé
de Damas.
La culture du Mûrier pour l’industrie
séricicole n’est plus dans le pays aussi flo-
rissante qu’aux siècles précédents. Les soie-
ries et les foulards colorés de Bagdad étaient
autrefois appréciés pour leur solidité et
leur bonne qualité ; mais depuis un demi-
siècle, la sériciculture languit surtout à
cause de la pébrine et de la flâcherie qui ra-
vagent les vers à soie. Des graines du pays
étudiées en Europe furent rejetées comme
Les mélanges de graines fourragères,
pour obtenir les plus forts rendements de bonne
qualité ; par le Dr F. -G. Stebler, directeur de la
Station de contrôle des semences à Zurich ; tra-
duit par C. Denaiffe. — Un volume de 179 pages
et 21 figures, 1 fr. 50 à la Librairie agricole de
la Maison rustique , 26, rue Jacob. Paris.
Il serait superflu d’insister sur l’importance
de jour en jour plus grande de la production
fourragère.
L’auteur du livre que nous annonçons s’est,
depuis longtemps, voué tout entier à l’étude
des plantes fourragères, ainsi qu’à celle de la
culture et des soins d’entretien des prairies na-
turelles artificielles.
Dans cet écrit, l’auteur explique, en un style
simple et intelligible à tous, de la manière la
plus détaillée et la plus complète, comment il
importe de procéder pour constituer des prai-
ries d’un rendement considérable. Ses pré-
ceptes sont fondés sur une grande quantité
d’observations scientifiques qu’il a recueillies
en sa position de directeur de la station helvé-
tique de contrôle des semences, ainsi que sur
les expériences agricoles faites avec ses mé-
langes de graines fourragères dans les condi-
tions les plus diverses.
« La partie la plus considérable de ce
impropres à la culture. Le système Pasteur
est complètement inconnu dans ce pays, où
la science n’a pu faire encore aucun pas ;
c’est à peine si depuis quelque temps on
a eu la bonne idée d’importer des graines
de France et de pratiquer la sériciculture
dans les provinces de Brousse et de Smyrne,
qui, du reste, se trouvent en communica-
tion commerciale constante avec l’Europe.
Malheureusement pour les provinces de
l’intérieur, il n’en est pas de même. Peu de
gens s’occupent sérieusement de cette cul-
ture et le Mûrier n’est considéré que comme
arbre à fruit et à bois, rendant, il est vrai,
les plus grands services à la menuiserie
indigène. Du reste, il n’y a que les variétés
du Mûrier commun et du Mûrier blanc
dont les feuilles sont bonnes pour nourrir
le ver, car les feuilles des autres espèces,
fixant beaucoup de matière solide, sont
indigestes, et l’on a même remarqué que
lorsqu’elles ne sont pas repoussées par l’in-
secte, elles occasionnent sa mort. Plus la
feuille est fine, mieux elle vaut pour cet
insecte, qui est aussi délicat et aussi pré-
cieux que son produit.
C. G. Métaxas,
Directeur du domaine de Belledirouz,
à Bagdad.
traité, dit l’auteur dans sa préface, com-
prend les résultats d’expériences pratiques con-
tinuées pendant bien des années avec l’aide
de beaucoup d’agriculteurs, ainsi que ceux
d’essais scientifiques entrepris dans mon labo-
ratoire. Je me suis efforcé, au prix d’études
soutenues, de ramener mes expériences et mes
observations à des principes définis, d’une ap-
plication certaine, et le but de cette publication
est de les faire connaître, apprécier et utiliser
par les agriculteurs pratiques ».
Tout cultivateur soucieux de ses intérêts fera
donc bien d’étudier la composition des mé-
langes qui sont exposés dans ce livre, en ayant
soin de ne pas les prendre comme des recettes
invariables, mais comme des exemples propres
à l’éclairer sur la matière et à lui apprendre à
composer lui-même les mélanges les mieux
appropriés aux conditions locales dans les-
quelles il travaille. L. Bideaux.
Catalogue descriptif des fruits adoptés
par le Congrès pomologigue.
Sous ce titre, la Société pomologique de
France a publié un intéressant volume, avec de
nombreuses figures au trait placées dans le
texte. La publication de ce travail, dont l’utilité
192
BIBLIOGRAPHIE.
ne peut être contestée, avait été décidée en
1880 au Congrès de Moulins.
Dès l’année 1880, dit la préface, l’assemblée géné-
rale réunie à Moulins avait demandé qu’il fût dressé
une liste des fruits jusqu’alors adoptés parle Congrès
pomologique. Le catalogue, publié en 1873, n’était
plus au niveau du progrès de l’arboriculture frui-
tière en France ; bon nombre de variétés avaient
été admises comme recommandables qui ne pou-
vaient plus ligurer à côté des nouvelles adoptions ;
ces variétés, la plupart anciennes, étaient descen-
dues à un rang inférieur lorsqu’on les considérait
aux divers points de vue dont l’ensemble constitue
un fruit de premier mérite. Pour conserver le sou-
venir de toutes les adoptions qui ont été faites par
le Congrès, les variétés éliminées figurent dans ce
livre avec les descriptions données au catalogue
de 1873 et forment une liste à part.
Ce qui précède non seulement explique,
mais justifie les radiations qui ont été faites
en montrant que celles-ci n’ont été opérées
que pour faire place à des variétés plus méri-
tantes. De sorte que le travail dont nous par-
lons s’est encore amélioré et devient un guide
à peu près certain pour l’amateur qui, en s’y
conformant pour faire ses plantations, est à
peu près sûr d’avoir de bons fruits.
Outre les descriptions dans lesquelles sont
indiqués les caractères des arbres, ce livre com-
prend 354 figures, dont 14 se rapportent aux
Abricots, 28 aux Cerises, 2 aux Coings, 36 aux
Pêchers à chair non adhérente, 9 aux Bru-
gnons, 1 aux Nèfles, 140 aux Poires, 66 aux
Pommes, 33 aux Prunes, 39 aux Raisins. Ii va
sans dire que les autres catégories de fruits
qui ne comprennent pas de figures, tels que
Figues, Noix, Amandes, Groseilles, etc., sont
également passés en revue et décrits, et ont été
l’objet d’une étude spéciale.
Ce Catalogue est donc à la fois un guide
pour le planteur et une sorte de Vade mecum
presque indispensable au pomologiste qui trouve
là un complément aux ouvrages de MM. de
Mortillet, André Leroy, Mas, etc.
Éléments d’arboriculture fruitière. — Un
volume in-8° de 150 pages, à la librairie G. Mas-
son, 120, boulevard Saint-Germain, Paris.
Nos lecteurs savent que, dans un concours
ouvert par le Cercle d’arboriculture de Bel-
gique pour la production du meilleur traité
d’arboriculture fruitière, le lauréat fut un de
nos compatriotes, M. Louis Henry, ancien élève
de l’École d’horticulture, aujourd’hui chef des
cultures de plein air au Muséum. Ce remarquable
ouvrage fut publié in extenso dans les Bulle-
tins d'arboriculture de Belgique. Le livre de
M. Henry a été édité en France, et sa clarté, les
indications complètes qu’il contient rendront de
grands services à tous ceux qui s’occupent soit
d’instruction horticole, soit d’arboriculture pra-
tique. E.-A. Carrière.
L’Art de greffer, par Ch. Baltet, 4° édition,
à la librairie G. Masson, 120, boulevard Saint-
Germain, Paris. — Prix : 4 fr.
M. Charles Baltet, dit M. de Cherville, dans
le journal Le Temps, vient de publier une
quatrième édition de son Art de greffer ; cette
fois, la formule traditionnelle, revue, corrigée
et augmentée, serait insuffisante, car c’est
presque un nouvel ouvrage que le savant hor-
ticulteur offre aux intéressés, au moment où la
nécessité de sauvegarder nos précieux cépages,
en les faisant vivre sur des souches résistantes,
donne à ce grand art de la greffe plus d’impor-
tance encore que par le passé. M. Baltet l’a
fort bien compris en faisant dans son livre une
large part à toutes les méthodes de greffage de
la Vigne.
Du reste, il n’existe certainement pas dans
notre langue, il n’y a peut-être pas à l’étranger
un traité de greffage aussi rationnel, aussi
précis, aussi complet que celui-là, où tous les
procédés se trouvent décrits avec une clarté,
une lucidité qui diminueront singulièrement les
difficultés de l’exécution ; nous disons aussi
complet, car l’exposé s’étend à tous les végé
taux d’ornement, qu’ils soient de pleine terre-
de serre chaude ou de serre tempérée.
Le chapitre de l’application du greffage aux
arbres et arbustes fruitiers, forestiers ou d’a-
grément, augmenté de nouvelles observations
pratiques sur le surgreffage, restera toujours la
partie caractéristique du livre. La réfection des
arbres déformés et la restauration des arbustes
gelés formant un complément utile que tous
les praticiens apprécieront. L. B.
U Administrateur-Gérant : L. Bourguignon.
lmp. Georges Jacob, — Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE.
193
CHRONIQUE HORTICOLE
Distinctions à l'horticulture — Exposition quinquennale d’horticulture, à Gand. — Les corbeilles de
Jacinthes dans les jardins de Paris. — Installation de l’horticulture au Trocadéro, pour l’Exposition
de 1889. — Anthurium Chamberlaini. — Les Roses forcées en Amérique. — Culture des Quinquinas
dans l’Afrique centrale. — Rusticité de YEucalyptus urnigera. — Concours de machines à décor-
tiquer la Ramie. — École d’horticulture de l’État, à Gand. — Cas d’empoisonnement par les
escargots. — Baromètre économique. — Exposition internationale de géographie botanique, en 1890.
— Expositions annoncées. — Memento des expositions. — Nécrologie : J.-M. Gonod.
Distinctions à l’horticulture. — Le
Journal officiel vient de publier une liste
de nominations de chevaliers de l’ordre du
Mérite agricole. Nous y trouvons les sui-
vantes, qui intéressent l’horticulture :
MM.
Catelain fils, secrétaire général de la Société
d’horticulture de Picardie.
Cautant (Pierre), architecte paysagiste à Pa-
ris. Chargé de l’organisation des jardins dans
les concours généraux agricoles depuis 1866.
Nombreuses créations de parcs et jardins.
Lhérault (Emmanuel), agriculteur à Argen-
teuil (Seine-et-Oise). Amélioration de la cul-
ture de l’Asperge. Auteur de plusieurs publi-
cations. Nombreuses récompenses; 25 ans de
services.
Lucet, professeur du cours municipal d’ar-
boriculture au jardin des plantes de Rouen
(Seine-Inférieure). Conférences publiques et
gratuites sur l’arboriculture et la culture ma-
raîchère, 16 médailles dans différents concours;
23 ans de services.
Mari (Antoine), propriétaire du Parc-aux-
Roses, à Nice (Alpes-Maritimes). Fondateur de
l’établissement horticole et floral du Parc-aux-
Roses et d’une école d’oliviculfure, créateur
d’une société importante pour la vente directe
des huiles d’olives. Nombreuses récompenses.
Reboul, horticulteur-pépiniériste à Monté-
limar (Drôme). Dirige depuis cinq ans des
écoles de greffage à Montélimar. Nombreuses
récompenses; 26 ans de services.
Exposition quinquennale d’horticul-
ture, à Gand. — On verra plus loin,
dans notre compte-rendu de cette grande
solennité horticole, quelles admirables col-
lections ont été mises sous les yeux du jury
international et de tous les visiteurs émer-
veillés. Nos lecteurs trouveront intéressant
de connaître les noms des principaux lau-
réats; les victoires obtenues empruntent
surtout leur valeur à l’importance de la lutte
et à la qualité des concurrents.
Nous nous en tiendrons aux premiers
prix :
20 plantes nouvelles fleuries ou non fleuries. —
MM. Jacob-Makoy et Cio, à Liège.
1er Mai 1888.
iO plantes nouvelles fleuries ou non fleuries. —
MM. Desbois et Gio, à Mont-Saint-Amand.
6 plantes nouvelles fleuries ou non fleuries. —
MM. Jacob-Makoy.
i plante nouvelle fleurie. — M. J. Ilye-Leysen, à
Gand.
Plante nouvelle fleurie de serre chaude. —
MM. L. Jacob-Makoy et Cie, de Liège.
Plante nouvelle non fleurie de serre froide, de
semis. — M. G. Vandercruyssen, de Gand.
Plante nouvelle fleurie de pleine terre de se-
mis. — M. Ch. Vuylsteke, de Loochristy.
Orchidées exotiques. — Prix spéciaux : M. A.
Peeters, de Bruxelles; M. Ch. Vuylsteke; M. James
Bray, de Gand.
Orchidées exotiques. — (Entre amateurs.) M. J.
Hye-Leysen, de Gand. — (Entre horticulteurs.)
M. A. Van Geert, de Gand.
Orchidées exotiques. — (Entre amateurs.)
M. Metdepenningen, de Gand. — (Entre horticul-
teurs.) M. Van Geert, de Gand.
Cypripedium et Selenipedium. — (Entre ama-
teurs.) M. Hye-Leysen.
Odontoglossum. — M. Charles Vuylsteke.
Lœlia et Cattleya. — (Entre horticulteurs.)
M. L. Desmet-Duvilier, de Mont-Saint-Amand.
Orchidée exotique. — MM. E. Vervaet et Cio, de
Gand.
Orchidée nouvelle de semis. — M. Raymond Le-
moinier, de Lille.
Orchidées de pleine terre de la région tem-
pérée. — M. L. Van Houtte, de Gand.
Plantes de serre chaude à feuillage panaché ,
marbré, strié ou coloré. — M. A. Dallière, de
Ledeberg.
Anœctochilus, P hy surus et genres analogues.
— (Entre amateurs.) M. L. Vandendriessche, de
Gand. — (Entre horticulteurs.) M. Dallière.
Sonerila et Bertolonia. — M. Bleu, de Paris.
Nepenthes. — M. L. Van Houtte, M. Dallière.
Aroïdées, à l'exception des Caladiums. — (Entre
amateurs.) M. le comte Paul de Hemptinne, de
Gand. — (Entre horticulteurs.) M. Ad. d’Haene.
Aroïdée remarquable. — Mrae la comtesse de
Kerchove de Denterghem.
Aroïdée nouvelle ou d'introduction récente. ■—
MM. Jacob-Mackoy et Ci0.
Dieffenbachia. — M. Dallière.
Caladium. — M. L. Van Houtte.
Anthurium en fleurs. — M. Louis de Smet, de
Ledeberg; M. L. Desmet-Duvilier, de Mont-Saint-
Amand.
Anthurium remarquable par sa culture , sa flo-
raison et son développement. — MM. Boelens
frères, de Ledeberg.
Anthurium de semis. — Prix de la Devansaye.
M. Desmet-Duvilier.
Dracœna. — (Entre horticulteurs.) Société hor-
ticole gantoise.
9
194
CHRONIQUE HORTICOLE.
Dracœna Lindeni . — M. E. Van Coppenolle, de
Meirelbeke.
Dracœna cannœfolia. — M. B. Spae, de Gand.
Dracœna Massangeana. — M. S tory fils, de
Gand.
Dracœna nouveau. — M. A. Van Geert, de Gand.
Dracœna remarquable 'par sa culture et son dé-
veloppement. — M. Paul de Schryver, de Gand.
Broméliacées. — (Entre amateurs). M. le comte
de Hemptinne, de Gand. — (Entre horticulteurs)-
MM. L. Jacob-Makoy et Cio.
Broméliacée remarquable pour sa beauté et sa
culture. — M. E. Crousse, de Liège.
Broméliacée nouvelle. — M. le comte de
Hemptinne.
Aralia et Bhopala. — M. Dallière.
Plantes exotiques officinales et utiles. — M. L.
Van Houtte.
Bégonias rhizomateux. — M. Metdepenningen,
de Gand.
Euphorbes cactif ormes. — M. L. Desmet.
Palmiers. — M. Ghellinck de Walle, de Won-
delgem; M. L. Van Houtte, de Gand; Mme Block, à
Schaerbeek-lez-Bruxelles ; M. L. Spae-Vander-
meulen, de Gand ; MM. Petrick et Weygandt, de
Mont-Saint-Amand ; M. Dumon de Menten, de
Bruges; M. E. Pynaert van Geert, de Gand.
Ken,tia. — M. Em. de Cock, de Gand; Mm0 la
comtesse de Kerchove, de Gand.
Les corbeilles de Jacinthes dans les
jardins de Paris. — On peut voir, en ce
moment, à Paris, au parc Monceau, au
square de la Trinité, et en d’autres endroits,
de ravissantes corbeilles en pleine floraison,
et composées uniquement de Jacinthes.
Ces plantes ont été mises en place, déjà
un peu épanouies, de sorte que l’on a pu
former certaines combinaisons de couleurs
des plus réussies. Il y a des corbeilles com-
posées de variétés à coloris pâle, blanc,
blancrosé, bleu clair; d’autres, au contraire,
n’ont reçu que des formes de couleurs in-
tenses, bleu de Prusse, violet foncé presque
noir, carmin vif, etc., de sorte que les
effets sont très variés, et d’une intensité de
coloration qu’atteignent à peine les plantes
estivales recherchées pour la décoration des
jardins : Pélargoniums zonales, Fuchsias,
Agéfatums, etc.
Installation de l’horticulture au Tro-
cadéro, pour l’Exposition de 1889. —
Cette installation est entrée dans la voie de
l’exécution. Déjà, de hautes palissades en
planches entourent presque complètement
chacune des quatre grandes parties de cette
promenade. Seuls, les parterres du centre
qui s’étendent entre le Palais et la Seine ne
supportent aucune modification, et rece-
vront leur décoration florale habituelle.
Les massifs sont entièrement dégarnis
des arbustes et arbrisseaux de petites di-
mensions, et les arbres seuls sont conservés.
De nouveaux massifs sont en grande partie
formés, et on refait les pelouses, pour
qu’elles se raccordent aux massifs anciens
et nouveaux. Le compte-rendu de la Société
nationale d’horticulture, dans le présent
numéro, donne quelques indications com-
plémentaires à ce sujet.
Anthurium Chamberlaini. — Les An-
thuriums peuvent certainement être clas-
sés parmi les plantes dont les fleurs et le
feuillage présentent les couleurs les plus
vives, les formes les plus variées et les plus
surprenantes.
Le docteur Masters, dans le Gardeners ’
Chronicle, vient de signaler l’apparition
d’une nouvelle et très intéressante espèce,
originaire, paraît-il, du Vénézuéla, et qui,
bien distincte de celles précédemment in-
troduites, présente, dans sa fleur, une dis-
position toute nouvelle.
En effet, la spathe, très grande, puisqu’elle
mesure environ 20 centimètres de longueur
sur 15 centimètres de largeur développée,
est régulièrement naviculaire, c’est-à-dire
que cette spathe se relève régulièrement et
assez brusquement de chaque côté, dans le
sens de la longueur, de manière à présenter
la forme d’une nacelle, qui est complétée par
un brusque rapprochement des bords de la
spathe, vers l’extrémité supérieure, qui se
termine en pointe comme un court mât de
beaupré. Cette spathe est rouge vif, et en-
toure un spadice long de 18 centimètres,
gros, régulier, blanc d’ivoire.
Les feuilles, qui atteignent 1 mètre de
longueursur 65 centimètres de largeur, sont
cordiformes, avec les lobes de la base très
développés.
Les Roses forcées en Amérique. — La
vogue immense que les fleurs ont actuelle-
ment chez nous, aussi bien en plein hiver
que pendant la belle saison, n’est pas spé-
ciale à l’ancien continent. Les Américains
ont aussi marché à très -grands pas dans
cette voie.
La liste suivante donnera une idée du
prix que les Roses forcées atteignent aux
États-Unis, et indique en même temps les
variétés qui y sont les plus recherchées.
Les prix portés sont ceux que la vente en
gros a donnés pendant les mois de décembre,
janvier et février derniers.
Safrano et Bon Silène : 40 fr. le cent
de fleurs.
Perle des Jardins , Niphétos : 100 fr. le
cent.
_j CHRONIQUE
Catherine Mermet, la France : 150 fr.
le cent.
Cornélia Cook , Général Jacqueminot :
450 fr. le cent.
American Beauty, Madame Jamain :
500 fr. le cent.
Cette dernière variété a meme été ven-
due, en décembre, au taux de 1,250 fr. le
cent, soit 12 fr. 50 l’une.
New- York consomme en moyenne 75,000
roses par jour ; Philadelphie, 50,000 ; et
Boston, environ 40,000.
Culture des Quinquinas dans l’A-
frique centrale. — - Voici un fait qui inté-
resse l’avenir du Congo français.
Le consul des territoires d’Ayassa (Afrique
centrale) a récemment fait savoir que des
plantations de Cinchona créées dans ces ré-
gions, il y a trois ans, ont jusqu’ici parfai-
tement réussi. Les plantes ont déjà atteint
une hauteur de deux mètres.
Nous espérons que M. de Brazza fera
essayer, dans notre nouvelle colonie, la
culture du Cinchona , et nous pensons que
les expériences devraient surtout porter sur
les C. succirubra, Calisaya et autres à
écorces les plus riches en alcaloïdes.
Rusticité de l’Eucalyptus urnigera.
— L'Eucalyptus urnigera , originaire des
montagnes de la Tasmanie, où il atteint,
sur les montagnes, 50 mètres de hauteur de
tige, est une espèce qui a fait ses preuves
sous le rapport de la rusticité. Le Garde -
ners ’ Chronicle publie le dessin d’un exem-
plaire, qui est planté dans le comté de
Preston, à Whittinghame, et qui a déjà
atteint une hauteur de 20 mètres.
Il convient cependant de dire qu’en 1860,
cet arbre alors tout jeune avait été dé-
truit par le froid jusqu’au niveau du sol.
Un bourgeon de collet a reformé la plante,
qui présente aujourd’hui une immense
masse de verdure.
Concours de machines à décortiquer
la Ramie. — Ce concours, pour lequel la
Chambre a voté un crédit de 30,000 fr.,
aura lieu à Paris, le 15 août prochain. On
sait que la matière première nécessaire pour
l’essai des machines et procédés présentés
au concours proviendra des cultures de
Ramie créées à Gennevilliers. Il sera inté-
ressant de suivre les différentes phases de
cette culture, et d’examiner ce que, dans la
même période de temps, le génie des inven-
teurs aura découvert.
horticole. 195
École d’horticulture de l'État à Gand.
— Nous apprenons que M. Ém. Rodigas
vient d’être nommé directeur de l’École
d’horticulture de l’État, à Gand. Depuis la
mort de M. Kickx, ce poste important n’avait
pas été rempli. Nul mieux que M. Rodigas,
ancien élève, puis professeur à cette école
célèbre, ne pouvait être appelé à une direc-
tion où il apportera les qualités de sa longne
expérience, de son savoir si étendu, de son
talent d’administrateur et d’écrivain horti-
cole.
Cas d’empoisonnement par les escar-
gots. — On a signalé récemment des cas
d’empoisonnement par des escargots qui,
peu avant d’être recueillis, avaient mangé
des herbes vénéneuses. Ce fait n’a pas lieu
de surprendre, puisque l’escargot absorbe
les parties herbacées de la Ciguë, de la
Belladone, de l’Hellébore noir, de la Jus-
quiame, etc. ; mais il convient de le signaler,
afin que personne ne néglige la très utile
précaution qui consiste à laisser les escar-
gots jeûner pendant plusieurs jours avant
de s’en servir pour l’alimentation.
Baromètre économique. — Les baro-
mètres sont encore d’un prix relativement
assez élevé, et c’est pourquoi tous les jardi-
niers ne peuvent en avoir un, alors que cet
instrument leur serait d’une grande utilité.
Pour en confectionner de très-économiques,
on peut employer le procédé suivant qui
est connu depuis de longues années.
Faire dissoudre dans 60 grammes d’al-
cool :
Camphre 8 grammes.
Salpêtre 2 —
Sel ammoniac ... 2 —
et introduire le mélange ainsi obtenu dans
un tube de verre pouvant se boucher aux
deux extrémités, ou, plus simplement, dans
une bouteille étroite.
La clarté complète du liquide indique le
beau fixe, de petites étoiles blanches dis-
persées çà et là annoncent un changement
de temps; enfin, le trouble complet de la
dissolution indique un temps orageux.
Exposition internationale de géogra-
phie botanique en 1890. — Voici une
initiative très heureuse, due au Cercle floral
d’Anvers, qui vient de décider, sur la pro-
position de M. Ch. de Bosschere, qu’une
exposition internationale de géographie bo-
tanique aurait lieu dans cette ville, en 1890.
496
CHRONIQUE HORTICOLE.
On conçoit aisément l’intérêt immense
que présentera cette exposition et les ser-
vices qu’elle pourra rendre.
Les diverses parties qu’elle comprendra
seront, nous l’espérons du moins, préala-
blement étudiées dans les congrès botani-
ques et horticoles qui se tiendront d’ici-là,
en Belgique et en France.
EXPOSITIONS ANNONCÉES :
Exposition d'horticulture de Paris.
— Nous rappelons à MM. les horticulteurs,
amateurs, industriels, etc., qui désirent
participer à l’Exposition générale des pro-
duits de l’horticulture qui aura lieu, du
25 au 31 mai, dans le pavillon de la Ville de
Paris, aux Champs-Elysées, qu’ils doivent
adresser leurs demandes à M. le président
de la Société centrale d’horticulture, 84, rue
de Grenelle, avant le il 0 mai.
Nîmes, du 26 mai au 3 juin. — A
l’occasion du Concours régional agricole
qui doit avoir lieu du 26 mai au 3 juin
4888, une Exposition générale de produits
botaniques, horticoles, maraîchers, sylvi-
coles et des industries qui s’y rattachent,
aura lieu à Nîmes, à la même époque.
A cette Exposition seront admis tous les
produits qui se rattachent de près ou de
loin à la botanique, à l’horticulture florale
et maraîchère, à l’arboriculture et à la syl-
viculture.
Le programme comprend huit sections : Bo-
tanique. — Horticulture florale. — Arboricul-
ture florale. — Arboriculture et pomologie. —
Horticulture maraîchère. — Sylviculture. —
Instruments. — Ornements de jardin. — In-
dustries se rattachant à l’horticulture.
Cette exposition se tiendra au jardin de
la Fontaine et les emplacements seront gra-
tuits.
Pour être admis à exposer, on doit en
faire la déclaration au secrétariat de la
mairie de Nîmes (bureau du concours).
Les déclarations devront être parvenues
le 45 mai au plus tard, terme de rigueur.
On peut se procurer les règlements, des
programmes et des déclarations d’exposants
à la mairie de Nîmes (bureau du concours).
Bougival, du 29 août au 3 sep-
tembre 1888. — La Société d’horticulture
de Bougival tiendra, dans l’enceinte du bal
des Canotiers (île de Bougival), du 29 août
au 3 septembre 4888, une exposition des-
tinée à recevoir tout ce qui se rattache à
l’horticulture.
Il y aura 88 concours ainsi répartis : plantes
d’introduction et de semis; belle culture;
plantes de serre chaude ; plantes de serre tem-
pérée ; plantes de pleine terre ; fruits et arbres
fruitiers ; légumes ; fleurs ; industries horticoles.
Les personnes qui voudront prendre
part à cette Exposition devront adresser
à M. Jarles (Louis), secrétaire général,
42, rue de Mesmes, à Bougival, avant le
45 août, délai de rigueur, une demande d’ad-
mission donnant la liste des objets qu’elles
se proposent d’exposer, en y mentionnant
leurs nom, prénoms, qualités et domicile.
Memento des Expositions. — Voici la liste
des Expositions précédemment annoncées. L’in-
dication entre parenthèses ( Chr . n°...) renvoie
à la Chronique du N° de la Revue horticole
oû l’exposition a été annoncée avec quelques
renseignements sommaires. La mention Exp.
gén. indique qu’il s’agit d’une exposition géné-
rale d’horticulture.
Amiens. — Exp. gén. (Chr. n° 6), 2 au 4 juin.
Autun. — Exp. gén. (Chr. n° 5), 2 au 10 juin.
Bordeaux. — Fruits, légumes, fleurs (Chr. n° 5),
15 au 26 septembre.
Épinal. — Exp. gén. (Chr. n° 4), 9 au 14 juin.
Laon. — Exp. gén. (Chr. n° 6), 25 au 27mai.
Marseille. — Exp. gén. (Chr. n» 5), 2 au 11 juin.
Meaux. — Exp. gén. (Chr. n° 5), 7 au 9 septembre.
Moulins. — Exp. gén. (Chr. n° 6), 31 juillet au
5 août.
Orléans. — Exp. gén. (Chr. n° 4), 24 au 27 mai.
Paris. — Exp. gén. annuelle (Chr. n° 6), 25 au
31 mai.
Roubaix. — Chrysanthèmes (Chr. n°5), 23 au 25 juin.
— Roses (Chr. no 5), 17 novembre.
Rouen. — Exp. gén. (Chr. n° 4), 16 au 21 mai.
Saint-Cloud. — Exp. gén. (Chr. n° 8), 29 avril au
21 mai.
Sens. — Exp. gén. (Chr. n° 8), 16 au 25 juin.
Valognes. — Exp. locale (Chr. n° 8), 1er au 4 sep-
tembre.
Anvers. — Roses (Chr. n° 8), fin juin.
Lausanne. — Exp. gén. (Chr. no 8), 20 au 25 sep-
tembre.
Strasbourg. — Exp. gén. (Chr. n« 6), 12 mai.
Tunis. — Exp. sp. des produits locaux (Chr. no 5),
27 avril au 6 mai.
Nécrologie : J.-M. Gonod. — Les rosié-
ristes de la région lyonnaise viennent de
voir encore une de leurs sommités dispa-
raître. J.-M. Gonod est mort tout récemment
à Montplaisir-Lyon.
Depuis près de trente années, il s’était,
adonné à la culture du Rosier, et il avait
obtenu un grand nombre de variétés inté-
ressantes. C’est à lui que l’on doit, notam-
ment, l’hybride remontant Vicomtesse
Douglas , hile-Bourbon Céline Gonod et
nombre de charmantes Roses qui ont popu-
larisé son nom.
E.-A. Carrière et Ed. André.
RHODODENDRON ARGENTEUM.
197
RHODODENDRON ARGENTEUM
Port élégant, longues et superbes feuilles
à dos argenté, fleurs très-nombreuses,
grandes, d’un blanc pur, surmonté de cu-
rieuses bractées lavées de rose, le Rhododen-
dron argenteum (fig. 40) a tout pour plaire.
Découvert, en
1847, par sir
Joseph Hoo-
ker, près de
Darjeeling,
dans les mon-
tagnes de
l’Himalaya, à
l’altitude de
2,600 mè-
tres, il fut
salué avec en-
thousiasme à
son arrivée
en Europe,
dès l’année
suivante.
Malgré les
espérances
qu’elle fit
concevoir dès
sa m'ise au
commerce,
en 1859, cette
espèce ne
s’est
beaucoup ré-
pandue jus-
qu’ici. C’est
que, comme
presque tou-
tes ses con-
génères des
montagnes
du nord de
l’Inde, elle
est assez dé-
licate, avare
de ses fleurs,
et semble avoir conservé sous notre climat
la nostalgie des brumes de son pays natal.
En 1862, elle fleurit pour la première fois
en France, en serre, chez MM. Thibault
et Keteleer, à Paris. Dans l’Ouest, à Cher-
bourg, par exemple, où elle a fleuri pour la
première fois en 1867, chez M. Le Vionnois,
l’exemplaire portait des inflorescences de
50 centimètres de circonférence.
De belles floraisons, obtenues dans ces
derniers temps, nous font espérer que cette
espèce de premier ordre obtiendra bientôt la
place qu’elle mérite dans nos cultures. Lais-
sée en plein air, elle supporte mal nos hivers
et fleurit peu ; mais si on a le soin de la ren-
trer à l’au-
tomne, en
mottes, dans
une serre
froide ou une
orangerie,
elle donne,
dès le pre-
mier prin-
temps, des
fleurs abon-
dantes. A
l’une des
séances de
mars de la
Société d’hor-
ticulture,
nous avons
pu en admi-
rer de magni-
fiques exem-
plaires venus
de Cher-
bourg, et
nous-même
en avons reçu
de superbes
rameaux en-
voyés par
M. Foucaud,
jardinier à
Frileuse.
M. Foucaud
nous informe
qu’il possède
une certaine
quantité de
jeunes semis
de cette plan-
te, actuellement âgés de quatre ans.
Pour ceux de nos lecteurs qui ne con-
naîtraient pas le Rhododendron argen-
teum, en voici une courte description :
Arbre pouvant atteindre 10 à 13 mètres
dans son pays natal, à feuilles très-grandes
(30 à 40 centimètres de long), coriaces,
obovales-oblongues, atténuées en pétiole
épais, glabres sur les deux faces, ar-
gentées en dessous, à côte et nervures
198
OLEARIA FORSTERI.
proéminentes ; bractées caduques, épaisse-
ment soyeuses, pédoncules courts, épais,
pubescents ; inflorescence en gros capitules ;
calyce très-court, obscurément lobé ; corolle
blanche, campanulée, teintée de vert jau-
nâtre et de rose extérieurement ; segments
du limbe courts, bilobés ; 10 étamines à filets
glabres; ovaire à 16 loges pubescentes;
style flexueux, épais ; stigmate dilaté.
On connaît plusieurs formes du R. ar-
genteum : l’une nommée R. a. verum,
qui a des feuilles longues d’environ 30 cen-
timètres, et qui paraît être le type décrit par
sir J. Hooker; l’autre, R. a. vulgare,
est plus répandue et se distingue par des
feuilles plus petites, plus rudes et plus ri-
dées, à surface inférieure plus sombre.
Cette plante paraît un peu plus rustique
que la précédente; elle a supporté des mi-
nima de — 11° soit en Écosse, soit en
France, sans que son feuillage en souffrit;
ses jeunes bourgeons seuls sont touchés par
les gelées d’avril quand ils se développent
hâtivement.
JOLEÀRIA
Le genre Aster , tel qu’il a été établi par
Linné, se compose d’un grand nombre
d’espèces annuelles ou vivaces, herbacées
ou ligneuses, habitant les régions tempé-
rées des deux hémisphères. Celles de la ré-
gion boréale sont généralement des plantes
herbacées à souche vivace comme les Asters
proprement dites, les Tripolium, Riotia
Galatella, etc. Les genres Eurybia, Olea-
via et quelques autres analogues sont des
espèces sous-ligneuses ou ligneuses appar-
tenant à la région australe.
Pour ne rien changer aux règles scien-
tifiques établies depuis longtemps, nous di-
rons seulement que l’espèce qui nous oc-
cupe appartient à l’un de ces deux genres,
qu’elle fut découverte en Nouvelle-Zélande
par Forster et décrite par lui en 1786, sous
le nom de Schaavia paniculata ; Hooker la
rangea dans le genre Eurybia et en fit VE.
Forsteri. Plus tard, Sir J. Hooker lui ayant
reconnu des caractères différents de ceux
du genre précédent, la rapporta au genre
Olearia, sous le nom d 'Olearia Forsteri.
Enfin, dès les premiers temps de son appa-
rition dans les cultures, les horticulteurs,
lui ayant trouvé beaucoup de ressemblance
avec les Éléagnées, et surtout avec VE. re-
fiexa , la nommèrent E. crispa, nom er-
Mais il ne faut pas demander au R. ar-
genteum et à ses grands congénères de
l’Himalaya : R. Falconeri, Dalhousiæ,
Hodgsoni, Auklandiæ, etc., de devenir un
ornement rustique de nos jardins de la
France moyenne; ils ne viennent décidé-
ment bien que dans les presqu’îles nor-
mande et bretonne, région soumise au cli-
mat doux et humide que nous devons à
l’influence bienfaisante du Gulf stream.
Le procédé indiqué plus haut devra être
mis en pratique, partout où l’on ne peut,
comme à Kew, dans le vaste « Tem-
perate House », par exemple, cultiver cette
belle espèce en pleine terre dans la serre
froide. Il suffira donc de la planter dehors
pendant la saison chaude, et de la relever en
motte ou en bac plat à l’approche des
grands froids, pour l’hiverner en orangerie.
On obtiendra ainsi des floraisons printa-
nières de toute beauté, qui récompenseront
dignement l’amateur des soins qu’il aura
pris pour les obtenir.
Éd. André.
FORSTERI
roné qu’elle conserve encore dans le com-
merce.
La sécheresse que nous avons eue l’été
dernier en Basse-Bretagne a favorisé la
floraison de quelques espèces de végétaux
qui ne montrent que très-rarement leurs
fleurs sous le climat de Brest, et parmi ces
rares floraisons se trouvait celle de VE.
crispa, qui nous a permis de l’étudier et de
reconnaître que c’est une véritable Com-
posée appartenant au genre Olearia et dont
voici la description :
Arbuste de 4 mètre à lm 50, à écorce
grise, rugueuse, se fendillant et se déta-
chant par plaques au printemps, d’un port
pyramidal, dressé, toujours vert, très-ra-
meux, à rameaux arrondis, couverts d’une
écorce d’un noir terne, comme feutrée.
Feuilles alternes, pétiolées, coriaces, à limbe
ovale, oblong, d’un vert clair, lisse et lui-
sant supérieurement, tomenteux, grisâtre
en dessous, grossièrement ondulé-crispé
sur les bords, obtus au sommet. Inflores-
cence en panicule thyrsoïde peu fournie,
axillaire, rameuse, à rameaux munis d’une
bractée à leur base. Capitules axillaires ou
terminaux, ne renfermant qu’une ou deux
fleurs tubuleuses, d’un blanc rosé, herma-
phrodite; demi-fleurons très-petits ou avor-
EXPOSITION INTERNATIONALE
tés. Style à branches allongées, dressées,
obtuses. Graine couronnée par une aigrette
sessile, unisériée, légèrement plumeuse.
Involucre à écailles oblongues imbriquées,
coriaces, membraneuses. Floraison en no-
vembre et décembre.
Dans nos départements de l’Ouest, Y Olea-
ria Forsteri , qui est encore rare, forme
un des plus élégants arbustes qui puisse se
cultiver en pleine terre. Bien qu’assez in-
signifiantes, ses fleurs ne le déparent pas,
comme cela arrive pour certains arbustes
dont les panicules sèches restent longtemps
sur la plante après la floraison. Son joli
feuillage crispé forme un contraste admi-
rable parmi les autres végétaux ; sa forme
pyramidale, régulière, est encore un motif
qui permet de le planter isolément, soit sur
les pelouses, au milieu des corbeilles de
fleurs ou sur les plates-bandes bordant les
allées. Il redoute la taille et le retranche-
ment de ses branches. Une terre légère
sablonneuse, bien préparée par des défon-
cements, est celle qui lui convient le mieux,
et si à cela on ajoute le grand air et la lu-
mière, on se fait difficilement une idée de
l’effet que peut produire ce bel arbuste qui,
certainement, mérite d’être beaucoup plus
d’horticulture de gand. 199
répandu dans les jardins, partout où il peut
supporter la température à l’air libre.
Dans les départements du Centre et du
Nord, c’est une plante d’Orangerie éga-
lement très-ornementale, et relativement
très-rustique, qui peut être employée à dé-
corer les jardins d’hiver, vérandas, encoi-
gnures de vestibules, salons, etc.
L ’Olearia Forsteri ne peut supporter plus
de 5 à 6 degrés de froid ; passé cette tem-
pérature, ses feuilles roussissent, tombent
pour la plupart et la plante perd beaucoup
de son charme. Dans les pays où le froid
est plus rigoureux, on fera bien de le ga-
rantir des neiges et des verglas au moyen
de paillassons, car il repousse difficilement
du pied. On le multiplie facilement de bou-
tures faites au printemps sous cloches et
sous châssis, ou simplement placées sous
cloches pendant la belle saison. A l’au-
tomne, on rempote ces boutures pour les
faire hiverner en serre froide; au printemps
suivant, on les livre à la pleine terre, ou on
les rempote de nouveau dans des vases plus
grands qu’on enterre en pépinière, jusqu’à
la plantation définitive.
J. Blanchard.
EXPOSITION INTERNATIONALE D’HORTICULTURE DE GAND
La douzième exposition internationale
qui vient d’avoir lieu à Gand avait fait
naître de grandes espérances. Elles ont été
de beaucoup dépassées. Quiconque n’a pas
vu ces grandes « assises de l’horticul-
ture européenne » ne saurait s’en faire
une idée, même approchante. Ce n’est pas
une Société organisant une exposition : c’est
tout un peuple en fête, fier d’une de ses
gloires nationales, gloire pacifique et en-
viable entre toutes.
Pour assurer la réussite de cette solen-
nité, nul effort n’est trop considérable.
L’esprit d’association des Belges se ré-
vèle dans toute sa force et ses féconds
résultats. Les mesquines rivalités, les ja-
lousies de métier se taisent devant l’intérêt
commun, devant la nécessité d’assurer le
succès de l’œuvre entreprise. On a dit spi-
rituellement que, lorsque trois Belges se
trouvaient réunis, ils se formaient d’abord
en société, nommant un président, un se-
crétaire et un trésorier. Eh bien ! cette
prétendue fantaisie est une réalité. Au
XVe siècle, trois bons buveurs de bière
s’étant ainsi associés, voulurent faire
approuver leurs statuts par l’autorité com-
munale. On leur demanda leur titre :
« Nous sommes une Société sans nom,
mais non sans cœur, répondirent-ils. »
Aujourd’hui, à la fin du XIXe siècle, on
peut encore constater, à Gand, l’existence
de la Société « Sans nom , mais non sans
cœur », et ses nombreux adhérents comp-
tent bien que leur association durera
quelques siècles encore.
On comprend donc que le public horticole
de tous les pays ait plaisir à visiter la grande
« cité des fleurs » et à venir applaudir aux
résultats que cette union si féconde montre
brillamment à chaque période quinquennale.
Les 140 jurés qui, de toutes les contrées
de l’Europe, ont été conviés pour juger les
concours de l’Exposition de 1888, ont été
émerveillés. Tous avaient répondu, avec
empressement, à l’appel qui leur avait été
fait par la Société d’ Agriculture et de Bo-
tanique de Gand , et les apports ont été si
abondants qu’ils ont dû être répartis en
21 sections qui ont élu chacune leur Prési-
200
EXPOSITION INTERNATIONALE D HORTICULTURE DE GAND.
sident et leur Secrétaire. Le Président gé-
néral du Jury, choisi suivant l’usage par le
Conseil de la Société, a été, cette année,
M. le professeur Reichenbach, de Ham-
bourg, et le secrétaire général, M. Ed.
André. Cet honneur, en ce qui me con-
cerne, doit être en grande partie reporté
sur la vieille et solide réputation de la
Revue horticole, et j’aurais aimé à le voir
conférer à mon excellent maître et ami,
M. Carrière, s’il avait pu se rendre à Gand.
L’Exposition, comme celles qui l’ont pré-
cédée, a été tenue dans les vastes locaux
couverts et les jardins du Casino. Elle a été
inaugurée, le samedi 14 avril, par la visite
officielle du Roi des Relges, qui, pendant
deux heures, l’a examinée dans tous ses
détails avec satisfaction, en véritable ama-
teur d’horticulture.
Du sommet du grand escalier qui do-
mine le vaste « hall » du Casino, le coup
d’œil était réellement féérique. Les collec-
tions, qui s’y pressaient avec une si grande
abondance que le public y circulait avec
difficulté dans l’encombrement du premier
jour, présentaient un éclat extraordinaire,
et les plantes fleuries se détachaient admi-
rablement sur un cadre de grandes .plantes
à feuillage ornemental : Palmiers, Cyca-
dées, Fougères, du plus grandiose effet.
Parmi les triomphateurs de cette magni-
fique exhibition, il est juste de citer au pre-
mier rang, M. Van Iioutte, avec ses nom-
breux apports, notamment ses collections de
plantes variées en superbes exemplaires
d’une culture irréprochable. Nous y avons
admiré surtout les espèces suivantes : An-
thurium Veitchii, Licuala grandis, Aca-
lypha macrophylla, Cochliostema Jaco-
bianum, Pliyllotænium Lindeni, Anthu-
rium Gustavi , A . regàle, Dracæna
Douceti , Asparagus tenuissimus, Croton
Disraeli, C. albo-violaceum, Phœnicopho-
rium Sechellarum , Philodendron Mamei,
P. gloriosum, etc.
Le lot de plantes fleuries du même éta-
blissement ne le cédait pas en beauté au
précédent ; il comprenait des Rhododen-
dron Countess of Haddington, Oncidium
sarcodes, Strelitzia reginæ, et plantes
nombreuses de serre froide, pendant que le
lot voisin de M. Van Driessche-Lays, mon-
trait de resplendissants Acacia paradoxa,
Azalea, Correa, Hebeclinium atrorubens,
Rhododendron Gibsoni, R. fragrantis-
simum , R. Prince Camille de Rohan,
Cytisus elegans, Toxicophlæa Thunbe'rgii,
Anthurium Andreanum, Dianella cseru- I
lea, Sparmannia af ricana, etc., formant
d’énormes sujets couverts de fleurs, véri-
table tour de force de la culture après un
hiver si long et des jours si peu lumineux.
Un nouveau venu dans la carrière des
grands concours de plantes fortes, M. Van
den Aheele, exhibait une collection de tout
premier ordre comme belle culture, et nous
y avons noté spécialement les Alpinia vit-
tata, Schismatoglottis Ræbelini, Gy cas
celebica, Phyllanthus mimosæfolius, Phi-
lodendron Selloivianum, P. corsianum,
superbe hybride, Anthurium Andreanum,
A. carneum, Dracæna indivisa albo-li-
neata , plante de grand avenir par la netteté
et la grandeur de sa panachure blanche;
Licuala grandis, Alocasia Tliibautiana,
Maranta Kerchoveana , Cocos Weddel-
liana, etc., etc.
Les Dracénas du même exposant, ses
Grotons, ses Palmiers et ses Gycadées, dé-
notaient également une culture non moins
belle que le choix des espèces et variétés.
Nous ne pouvons oublier le magnifique
envoi de Miscellanées, fait collectivement
par les horticulteurs anversois, et consti-
tuant un très-beau groupe dans le centre de
la grande salle du haut, sous le titre de
Cercle floral d’Anvers, ni les apports su-
perbes de la Société horticole gantoise.
On est toujours certain de trouver M. de
Ghellinck de Walle à la tête des amateurs
de Palmiers. Avec une collection de toute
beauté, qui s’enrichit sans cesse, il montre
aux yeux des palmophiles les plus gros
exemplaires qui se puissent voir dans les
expositions. Que dire de ses Ceroxylon
andicola géant, Chamærops Martiana,
Kentia gracilis , Pritchardia pacifica,
Kentia Mooreana, Tlirinax graminea,
Rrahea dulcis, Ceroxylon niveum, Sabal
umbraculifera, si ce n’est qu’il serait diffi-
cile de leur trouver des égaux. Cependant,
M. Van Houtte, M. d’Haene, M. Rernard
Spae, M. de Cock, exhibaient aussi de très-
beaux échantillons de la flore palmique, et
luttaient même victorieusement avec leur
concurrent pour la rareté et la beauté de
certaines espèces, auxquelles il convient
d’ajouter le précieux appoint de leurs re-
marquables Fougères en arbre, Gycadées et
plantes variées.
Nous avons beaucoup admiré le beau
Corypha Gebanga de M. Pynaert Van
Geert, les Cocos, Corypha et Kentia de
M. Spae-Vandermeulen, les Fougères ar-
borescentes de MM. de Ghellinck et de Smet
frères, et les Gycadées de ces derniers.
EXPOSITION INTERNATIONALE D’HORTICULTURE DE GAND.
201
On est toujours heureux de retrouver
M. Dallière, triomphant comme toujours
dans la belle culture. Sa collection de Dief-
feribachia était fort belle; nous y avons
compté douze variétés distinctes. Dans ses
plantes variées, à beau feuillage, on remar-
quait : Philodendron Sodiroi, Phrynium
Lubbersii, Phyllotænium Lindeni, Panax
Victoriæ, Phrynium variegatum (nou-
veau), Vriesea Leopoldi (plante unique,
variété panachée du V. Glaziouana ), Til-
landsia tessellata, Bégonia aureo-mar-
morata (variété panachée du B. manicata),
Cissus porphyrophyllus , Anthurium
crystallinum, etc.
M. Dallière a également apporté ses
soins à collectionner les Anthurium à spa-
thes brillantes, et nous avons remarqué les
variétés AA. Scherzerianum et plusieurs
A Andreanum, ainsi que les nouveaux hy-
brides, le tout très-bien fleuri.
Les Broméliacées, que nous examinons
toujours avec une prédilection particulière,
nous ont révélé un lot de MM. Jacob-Makoy
et Cie, de Liège, très-attachant comme
choix de plantes rares et comme culture. Il
faudrait tout citer, dans les trente espèces
qu’ils exposaient ; nous les retrouverons
dans une étude ultérieure.
Rien de mieux amené à perfection que
les Dracæna à feuillage coloré de M. de Smet-
Duvivier, si ce n’est le joli apport de ses
Anthurium Andreanum avec tous les hy-
brides que cette plante a déjà produits, et
quelques nouveautés de ses semis. Celui
qu’il a nommé A. A. de Smetianum, à
spathes rouge de sang veineux, et un
autre à spathes rose tendre délicieux, A. A.
Mademoiselle de la Devansaye , sont deux
gains de premier ordre qui feront leur
chemin.
Les Azalées ont été plus belles que
jamais. Au centre de la grande salle,
d’énormes et éblouissantes gerbes de ces
arbustes arrachaient des exclamations admi-
ratives aux visiteurs. Voici quels ont été
les heureux lauréats dans cette section :
Mme la comtesse de Kerchove de Denterghem,
M. Vuylsteke, M. Maurice de Ghellinck de
Walle.
Mais nous montons dans les salles du
premier étage et nous voici au milieu des
plantes bulbeuses hors de pair. Ce sont
d’abord les Amaryllis de MM. Veitch, de
Londres, en quatre-vingt-dix variétés mer-
veilleuses de formes, à périanthes étalés et
non tubuleux, à couleurs si vives que dans
un certain nombre d’entre elles la nuance
verte a totalement disparu. Noté les variétés
suivantes : Perfection , Fair Maid of
Perth, Ovid, Her Majesty, Splendent ,
Valida , Gigantea, Diomède , Apollon ,
Virgile.
En face, les Cyclamens de M. Williams,
de Londres, conservaient une supériorité
que tous les connaisseurs s’accordent à leur
reconnaître.
On a décerné les premières récompenses
pour les Jacinthes hollandaises de M. Kers-
ten, celles de M. Byvoet, de Haarlem, et ses
Tulipes précoces, les Amaryllis de M. Boe-
lens et de M. Vulysteke. Toujours la même
supériorité dans ces cultures, pour les-
quelles les Belges ont fait des progrès qui
les font aller de pair actuellement avec leurs
confrères néerlandais.
Les plantes nouvelles ne nous ont pas
apporté les mêmes jouissances d’amateurs
que plusieurs des expositions précédentes. Il
semblerait que la faveur diminue pour les
explorations lointaines, à l’exception des
Orchidées toutefois. Le temps des grands
combats internationaux pour les plantes
d’introduction directe semble passé. Cepen-
dant, nous avons applaudi aux succès des
lauréats suivants, exposant des plantes nou-
velles :
MM. Jacob-Makoy et Cie. — Pour les :
Curmeria Leopoldi , NidulariumMakoya-
num, Inga Glaziouana, Alocasia O. de
Kerchove , Brocchinia Andreana, Aphe-
landra Louisæ, Alocasia Leopoldi , Ca-
raguata Peacockii, Canistrum leopar-
dinum , Nephthytis picturata ;
M. Pynaert van Geert : Tradescantia
tœniensis, Bégonia Lubbersii et Palmiers
nouveaux ; Corypha décora, Calamus Sik-
kimensis, C. trinervius , Arenga Xiphias ,
G. australis, etc.;
M. Desbois : Canistrum Sallieri, Boro-
nia heterophylla, Polygonatum multi -
florum albo-striatum ;
M. D. Vervaene père : 2 variétés, san-
guine et cochléiforme, A Anthurium Scher-
zerianum;
M. Jules Hye-Leysen : Cypripedium
Laurenceanum Hyeanum ;
M. Van Houtte : Tillai'Msia Lindeni la -
tispatha ;
M. (n° 210) : Caraguata hieroglyphica
vittata ;
M. (n° 215) : Vriesea tessellata varie-
gcita ;
M. Bleu : Bertolonias nouveaux, char-
mants, que nous décrirons en détail posté-
rieurement.
202
l’evonymus pulchellus pour
M. A. de la Devansaye : ses nouvelles
et très-belles variétés de Y Anthurium
Scherzerictnum, déjà décrites par la Revue
horticole ;
M. Courtauld, de Braintree (Angleterre) :
Fleurs coupées d’une fort belle variété de
Cattleya Trianæ avec large bande plus
foncée au milieu des sépales et des pétales.
Nous arrivons aux Orchidées, qui au-
raient dû commencer ce compte-rendu s’il
avait fallu classer les plantes exposées par
ordre d’importance, — disons-mieux, —
de splendeur. C’est, qu’en effet, jamais ces
adorables favorites du jour n’ont été si lar-
gement, si magnifiquement représentées à
Gand. Un salon spécial avait été décoré
pour elles, avec beaucoup de goût et de sens
juste de leur beauté, que des places habile-
ment combinées faisaient mieux ressortir.
D’autres salles, d’autres serres en conte-
naient encore.
Parmi les brillants vainqueurs dans les
nombreux concours d’Orchidées, nous de-
vons citer : MM. Peeters, de Bruxelles;
M. Desmet -Duvilier, M. Hye-Leysen,
Mme Block, de Bruxelles; MM. James Bray,
Ad. d’Haene, Vuylsteke, Aug. Van Geert,
de Gand. L’importance de ces collections
était telle qu’elle devra motiver un article
spécial dans la Revue horticole.
Dans l’annexe du jardin, dans les serres
séparées, non loin de cette curieuse exposi-
tion rétrospective qui reproduisait la pre-
mière tentative de ce genre faite en 1809,
se trouvaient encore de fort belles collections.
M. Van Houtte y charmait les regards par
ses éblouissants A zaleapont ica et A. mollis ,
L’EYONYMUS PULCHELLUS POU]
Encore une espèce qui possède toutes les
principales qualités ornementales et que
pourtant on utilise à peine ; le seul reproche
qu’on pourrait peut être lui adresser, c’est
de ne jamais fleurir. En effet, dans aucun
pays, sous aucun climat et quelle que soit
aussi la culture à laquelle on a soumis cette
plante, jamais elle n’a fleuri ni même n’a
montré d’apparence de fleur, de sorte que
c’est seulement par son aspect général qu’on
l’a jugée appartenir au genre Evony mus, et
qu’on l’a considérée comme se rattachant au
type japonais dont la plante serait une va-
riété. Certains auteurs, tout en la laissant
dans le groupe des JE. japonicus, l’ont néan-
moins considérée comme une espèce particu-
lière à laquelle ils ont donné le qualificatif
l’ornementation hivernale.
MM. L. de Smet, Pynaert Van Geert,
d’Haene, Vuylsteke, Dallière, par leurs
beaux Rhododendrons forcés; MM. J. Ver-
vaene, Jean de Kneef, Vervaene-Verhaert,
V. Houtte, Aug. van Geert, de Schryver,
parleurs délicieuses Azalées ; MM. Vilmorin
et Cannell, par leurs Cinéraires doubles;
MM. Van Houtte et Van Drietsche-Leys,
par leurs arbustes forcés; M. Fr. Burvenich
père, par 100 beaux exemplaires de Coni-
fères et tous ceux qui ont également
contribué au succès de cette merveil -
leuse exposition et que nous regrettons de
ne pouvoir tous nommer.
Que pourrions-nous ajouter, que nos
lecteurs ne connaissent déjà, sur l’hospi-
talité proverbiale des horticulteurs gantois
pour leurs visiteurs, pour les membres du
jury surtout, qui ont remporté de cette
mémorable excursion dans les trésors
végétaux de Gand les meilleurs souve-
nirs, et qui tous espèrent les revoir encore
quand une nouvelle période 'quinquennale
en aura ramené le cycle impatiemment at-
tendu.
Pour terminer par un dernier souhait —
comme une femme met sa pensée la plus
secrète et la plus chère dans le post-scrip-
tum de sa lettre — que le digne président
de la Société qui se distingue par de telles
manifestations horticoles, M. le comte
Oswald de Kerchove de Denterghem, puisse
longtemps encore présider à ces fêtes,
et recevoir les applaudissements qui sont
dus à ses efforts, à son éloquence et à sa
communicative cordialité.
Ed. André.
L’ORNEMENTATION HIVERNALE
pulchellus, tandis que d’autres l’ont consi-
déré comme une variété à petites feuilles, de
cette même espèce et en ont iAtY Evonymus
japonicus microphyllus.
Lorsque la plante est arrivée dans les cul-
tures, elle a été considérée comme apparte-
nant au genre Eurybia et alors cultivée en
serre ; ce n’est que plus tard que l’on
s’aperçut qu’elle était complètement rus-
tique. Malgré cela on n’en fit qu’un usage
restreint, et même aujourd’hui, encore,
la plante est peu utilisée dans les jar-
dins de Paris. Pourtant, et nous n’hésitons
pas à le dire, à part les fleurs et comme
plante verte, il n’est guère d’espèce qui
pourrait rendre plus de services à l’ornemen-
tation extérieure et intérieure, c’est-à-dire
MOYEN D’AUGMENTER LES PRODUITS D’UN JARDIN.
203
pour les jardins et pour les appartements,
surtout comme garniture d’hiver. Elle est
toujours naine et très -compacte, très-
rustique, et ne se dégarnit jamais, pourvu
qu’on lui donne beaucoup d’eau. Dans les
jardins, on peut la planter de distance en
distance sur les plates-bandes qu’elle orne
très-bien par les contrastes qu’elle forme
avec les plantes à fleurs avec lesquelles, du
reste, elle s’harmonise parfaitement ; elle
produit un joli effet pendant l’hiver alors
que toute végétation a disparu.
Culture et multiplication. — Bien que
cette espèce soit robuste et s’accommode de
tous les terrains, il est bon, vu ses petites
dimensions et la lenteur relative avec la-
quelle elle croît, de lui donner une terre
légère et consistante et surtout beaucoup
d’eau, malgré qu’elle supporte très-bien la
sécheresse. On la multiplie par boutures
qui s’enracinent promptement et avec une
facilité peu commune. On plante en pépi-
nière, en pleine terre, à des distances en
rapport avec la force des sujets. Du reste,
les plantes se relèvent en motte avec la plus
grande facilité et sans en éprouver aucune
souffrance ; on peut donc, de temps à autre,
les « remanier » en les écartant plus ou
moins suivant leur force. Chaque fois que
l’on fait ce travail, il est bon de donner un
bon arrosage, et, si l’on peut, recouvrir le
sol d’une couche de paillis.
Les plantes destinées aux garnitures d’hi-
ver devront être mises en pots où, du reste,
elles vivent très-bien. On pourrait aussi les
laisser en plein air en enterrant les pots et
les prendre là au fur et à mesure du besoin ;
pourtant il serait préférable de les considé-
rer comme des plantes de serre froide, et
alors de les rentrer de manière à les avoir
sous la main, afin de pouvoir s’en servir à
volonté pour les décorations d’hiver. Nous
allons terminer cet article par une descrip-
tion botanique, au moins sommaire, de la
plante qui en fait l’objet.
Evonymus pulchellus (E . japonicus mi-
crophyllus , Hort., Eurybia spec ., Hort.
aliq., E. nanus, Hort., aliq., non Bie-
berst). Arbuste dressé, atteignant à peine
1 mètre de hauteur, formant un buisson
très-compact. Branches dressées, extrême-
ment ramifiées, à ramifications opposées-
décussées, courtes, elles-mêmes très-rami-
fiées. Feuilles très-rapprochées, épaisses,
luisantes, légèrement canaliculées, étroite-
ment lancéolées, linéaires, très-longtemps
persistantes, courtement denticulées, lon-
guement atténuées à la base, retrécies-
arrondies au sommet, qui est obtus.
Cette plante, nous ne saurions trop le
répéter, est très-propre à la décoration;
nous la recommandons même comme plante
verte de marché.
E.-A. Carrière.
MOYEN D’AUGMENTER LES PRODUITS D’UN JARDIN
Les petits jardins, les jardins insuffi-
sants, sont certainement les plus communs,
fait d’autant plus regrettable que, le plus
souvent, c’est un mal sans remède. Aussi
arrive-t-il fréquemment que des amateurs
de plantes potagères n’ont pas à leur dispo-
sition le terrain nécessaire pour cultiver,
je ne dirai pas une nombreuse collection
de produits alimentaires , mais même les
quelques espèces qui leur sont indispen-
sables. Nous étant trouvé dans le cas pré-
cité, nous allons faire connaître, avec les
procédés que nous avons employés, les es-
pèces et variétés soumises à l’expérience.
Choux de Milan et variétés. — Non seu-
lement c’est le Chou que nous préférons,
mais c’est aussi celui qui se prête le mieux
à ce traitement. Si nous jugeons que cin-
quante Choux sont nécessaires pour notre
consommation, nous en plantons seulement
dix, et encore afin de parer aux éventua-
lités et à la non réussite de quelques-uns.
Lorsque la première pomme est bonne à
être employée, nous détachons une à une
toutes les feuilles, à partir de la base, en ne
conservant que la petite rosette centrale,
dite cœur. Au bout de quatre à six se-
maines, suivant la variété et les soins qu’on
a donnés aux plantes, une nouvelle pomme
s’est reformée et est bonne à cueillir. Pen-
dant ce temps, les neuf autres pieds de
Choux ont pu fournir facilement à l’appro-
visionnement de la cuisine.
On peut procéder de la même manière, et
suivant le besoin, quatre ou cinq fois sur
chaque plante, ce qui fait une économie de
quatre à cinq fois la surface de terrain que
l’on aurait dû employer pour la culture de
cinquante Choux, ainsi qu’une durée beau-
coup plus longue dans la récolte. Il va sans
dire que ces Choux, dont on exige un pro-
duit quatre à cinq fois plus considérable
204
CHRYSANTHÈMES NOUVEAUX.
que celui qu’ils fournissent normalement,
doivent être soutenus par des engrais plus
abondants, chimiques ou autres. D’autre
part, nous croyons inutile de dire que le
procédé que nous recommandons, qui peut
convenir à une famille qui a un petit jardin
où on plante quelques légumes pour la con-
sommation du ménage, ne conviendrait pas
à un cultivateur-marchand.
Betteraves . — Qu’elles soient rouges ou
jaunes, les variétés potagères de Betteraves
présentent les mêmes avantages. Voici com-
ment nous opérons :
Dans un sol bien préparé et surtout
bien fumé, de l’année précédente si l’on
emploie du fumier de ferme, au contraire
de la même année si l’on se sert d’engrais
liquides ou chimiques, nous semons sur
place et nous éclaircissons au besoin. Lors-
que les feuilles ont atteint la moitié ou les
Les succès obtenus par M. S. Délauxdans
la culture des Chrysanthèmes, s’affirment
de plus en plus. Ceux de nos lecteurs qui
ont assisté aux expositions spéciales de
Chrysanthèmes organisées en France et à
l’étranger, ont pu admirer la diversité et la
pureté de formes, la fraîcheur et la beauté
de coloris des produits exposés par cet ha-
bile semeur. A la liste des nombreuses va-
riétés déjà obtenues, M. Délaux vient d’en
ajouter une douzaine de nouvelles du plus
grand mérite dont nous devons la commu-
nication à son obligeance.
Ce sont :
Baronne Alph. de Rothschild (Chrysan-
thème japonais). — Blanc mat, nuancé et
flammé rose sur les bords, centre crème.
Madame veuve Meunier (Chr. japonais).
Pétales frisés rose violet granité blanc,
centre nankin saumoné.
Baron Alphonse de Rothschild (Chr. ja-
ponais). — Cramoisi écarlate foncé, poin-
tillé jaune foncé.
Charles Brevet (Chr. japonais). — Blanc
d’argent, extrémité des pétales rose tendre
sur fond blanc, granité rose carminé.
Baron d’ Avène (Chr. à fleurs Pivoine
incurvées). — Rose mousseline violacé sur
léger fond crème, centre plus clair.
Antoinette Farez (Chr. à fleurs Pivoine
incurvées). — Rouge sang flammé et
nuancé saumon, pointillé jaune.
Mademoiselle Valentine Farez (Chr.
trois quarts de leur développement, nous
les enlevons, moins celles qui forment la
petite rosette centrale, en répétant l’opéra-
tion cinq ou six fois, ainsi qu’il vient d’être
dit pour les Choux. Cuites à l’eau salée et
accommodées au beurre ou avec du jus de
viande, comme on le fait pour les Épinards,
on obtient de ces feuilles un mets vraiment
fort bon . Les pétioles et la grosse nervure
médiane, préparés et accommodés de la
même façon, fournissent également des
plats de légumes excellents, et nous aurons
en dernier lieu la ressource des racines.
Toutefois, nous devons reconnaître qu’il
y a des cas où les racines sont, dans ces
conditions, plus filandreuses, plus sèches,
moins succulentes, mais alors elles sont très-
bonnes, meilleures même, pour les animaux,
parce que, moins aqueuses, elles sont plus
nutritives. Del ab arrière.
:s NOUVEAUX
pompon, hybride Renoncule). — Violet
pourpré, argenté extérieurement. Nouvelle
forme.
Robert Awey (Chr. alvéoliforme). —
Blanc de neige, fleur très-grande. C’est la
première variété du groupe à fleur d’un
blanc pur qui ait été obtenue.
W. et G. Drover (Chr. Anémone). —
Carmin pourpré, alvéolé, pointillé or.
Jeanne Marty (Chr. alvéoliforme). —
Fleur très-grande. Fleurons de la circonfé-
rence blanc d’argent légèrement éclairé de
rose. Centre blanc nuancé d’or.
M. Lévêque (Chr. japonais). — Très-
longs pétales frisés en spirale, fond blanc
lavé de rose tendre, fleurs très-grandes.
Jules Marigny (Chr. japonais). — Pé-
tales frisés, rose violet glacé blanc, blanc
d’argent extérieurement.
Cette variété ainsi que la précédente est à
floraison très-hâtive.
Anatole Cordonnier (Chr. japonais). —
Fleur, une des plus grandes connues dans
le genre, par 5 ou 6 réunies en bouquets ;
nombreux et larges pétales retombants,
contournés, amarante carminé éclairé de
pourpre, argentés extérieurement parfois
ponctués de blanc au centre de la fleur. Une
des plus belles variétés. Cette plante faisait
partie d’un groupe mis en vente le 1er fé-
vrier dernier par son heureux obtenteur.
Quant aux autres variétés dont nous avons
donné les descriptions succinctes, elles vont
Repu e- Horticole- .
ira- , de..
Chroincliith . G’.S&verenns .
Chrysanthèmes nouveaux; .
1 . Baron d A vène .- 2. Jules Bariqnu .
PLANTATIONS D’ARBRES FRUITIERS SUR LES ROUTES.
205
être incessamment livrées au commerce si
elles ne le sont déjà.
Nous sommes heureux de constater que
les nouveaux gains de nos compatriotes sont
de plus en plus appréciés à l’étranger, no-
tamment en Angleterre, où la culture et les
collections de Chrysanthèmes sont devenues
une véritable passion. La plupart des belles
variétés ont été obtenues en France, et
M. Délaux tient à honneur de soutenir
vaillamment une réputation légitimement
acquise. Ed. André.
PLANTATIONS D’ARBRES FRUITIERS SUR LES ROUTES 1
Choix des sujets. — Pour planter sur les
routes, il faut rechercher des sujets vigou-
reux et assez développés pour résister aux
chocs, aux vents, à la malveillance des voya-
geurs, etc., par exemple: les arbres dont
la tige mesure de 14 à 18 centimètres de
circonférence à 1 mètre au-dessus du collet,
et au moins 2m 50 de hauteur jusqu’à la
naissance des branches inférieures de la
tête. Ces arbres doivent avoir une tige bien
droite, terminée par des rameaux vi-
goureux, et une racine constituée par de
nombreuses ramifications, munies d’un
bon chevelu ; les sujets qui n’ont pas bon
pied reprennent difficilement ou restent sou-
vent languissants pendant longtemps. Les
organes aériens et souterrains doivent être
en bon état, avoir une écorce saine, vive et
lisse et non durcie ou ridée, et être exempts
de plaies, de chancres et d’exostoses.
Place des arbres. — D’après une circu-
laire ministérielle du 17 juin 1851, lorsque
la largeur de la route, mesurée entre les
arêtes extérieures des accotements, est infé-
rieure à 10 mètres, on ne doit pas planter
d’arbres; les têtes trop rapprochées procu-
reraient un couvert épais, qui entretien-
drait l’humidité sur la chaussée, et déve-
lopperaient de nombreuses branches basses
qui pourraient gêner la circulation.
D’après la même circulaire, les arbres
doivent être placés sur une zone limitée par
deux lignes parallèles à l’axe, l’une qui en
est distante de 4m 50 et l’autre éloignée de
0m50 de l’arête extérieure de l’accotement.
Quand cette zone a, par exemple, 2 ou 3m de
largeur (elle est représentée par une ligne
sur les routes de 10m), il faut éloigner le plus
possible les arbres des champs voisins, afin
que les racines ne nuisent pas aux récoltes.
On ne peut planter deux lignes d’arbres,
sur le même accotement, que lorsque cette
zone a une largeur égale ou supérieure à
5m 50, car il faut que deux lignes soient
séparées par un intervalle de 5m 50 au
moins, d’après la circulaire.
(1) Voir Revue horticole , 1888, p. 174.
Une circulaire ministérielle, du 9 août
1850, fixe à 10 mètres la distance à con-
server entre les arbres, sur les lignes de
plantation.
Préparation du sol. — Quand la route
est ancienne et. que le sol est tassé, il faut,
à chaque place où l’on doit planter, creuser
un trou de dimensions bien supérieures à
celles exigées par la racine au moment de
la plantation, afin que les nouvelles racines,
rencontrant les années suivantes un sol
meuble, s’accroissent librement et s’en-
foncent profondément, pour trouver la fraî-
cheur et la nourriture nécessaires à une
bonne végétation.
Si l’on pouvait faire ces trous de défon-
cement. trois ou quatre mois avant la plan-
tation, ce serait une très-bonne opération,
mais, malheureusement, sur les routes, à
cause des nombreux accidents qui pour-
raient en résulter, on ne fait ces trous
qu’un mois avant ; au voisinage des villes,
on réduit même ce temps à quinze jours.
Les plantations devant s’effectuer en
novembre, excepté dans les sols très-hu-
mides, où on les fait après l’hiver, on devra
donc creuser les trous en octobre.
Plus le sol sera mauvais, compact et im-
perméable, plus il faudra creuser des trous
larges et profonds.
Dans les sols mauvais et compacts, il faut
faire des trous circulaires de lm 50 à 2 mè-
tres de diamètre et de 1 mètre de profon-
deur; dans les terrains bons et perméables,
on pourra réduire la largeur à 1 mètre et la
profondeur à 0,60 ou 0,80 centimètres.
En faisant les trous, on dépose sur le
pourtour, d’un côté, la bonne terre, et de
l’autre côté, le sous-sol. En remblayant,
quand le sous-sol n’est pas mauvais, on le
mélange avec la terre végétale ; mais quand
il est pauvre, il faut bien se garder de faire
ce mélange. Ce qu’il y aurait de mieux à
faire, ce serait de l’enlever et de le rem-
placer par de la terre rapportée. Quand on
ne pourra pas faire cette dépense, on le
remettra à sa place, au fond du trou, et on
conservera la bonne terre pour placer à la
206
PLANTATIONS D’ARBRES FRUITIERS SUR LES ROUTES.
surface, là où se trouveront les racines pen-
dant la reprise des arbres.
Plantation. — Au moment de planter,
on fait l’habillage de la racine et de la tige
des arbres. Sur la racine, on coupe, avec
une serpette, l’extrémité inférieure des
quelques grosses racines (a, fig. 41) et les
ramifications brisées, chancreuses ou dessé-
chées ( b , ù, fig. 41), un peu au-dessus
du point où se termine la désorganisa-
tion des tissus. Sur la tige, on supprime les
ramifications inutiles et on raccourcit très-
légèrement les rameaux, afin de donner à
l’ensemble de la tête la forme d’une pyra-
mide. On ne saurait trop combattre la
mauvaise habitude que les cantonniers ont
de chicoter tous les rameaux, ou mieux de
couper toutes les têtes à une même hauteur,
afin qu’après cette opération les arbres res-
semblent aux jalons employés par les chefs
pour tracer la route.
En mettant les arbres en place, il faut
avoir soin de recouvrir les racines avec un
sol meuble, qui pénètre bien entre les rami-
fications, de bien étaler ces dernières, et de
ne pas les blesser, en tassant légèrement
la terre avec les pieds. Le collet des arbres
doit être enterré de 2 ou 3 centimètres
dans les sols frais, et de 8 à 10 centimètres
dans les sols secs, mais jamais de 30 à
40 centimètres, comme le font souvent les
cantonniers, pour que les arbres ne soient
pas exposés à être renversés. Si la terre
n’est pas tassée, on met le collet à 8 ou
10 centimètres au-dessus du niveau qu’il
doit occuper définitivement.
Tuteurage. — Les arbres nouvellement
plantés doivent être munis de tuteurs pour
que le vent ne les renverse pas, et pour
leur faire prendre une bonne direction.
Gomme tuteur, on emploie souvent des
perches en châtaigniers, en chêne ou en
acacia, de 2m 50 à 4 mètres de hauteur, et
de 15 à 18 centimètres de circonférence.
Pour ne pas blesser les racines, on plante
les perches-tuteurs avant de recouvrir les
racines, ou mieux, avant de mettre l’arbre
en place.
Fig. 42. — Tuteurage d’un arbre.
Il faut placer le tuteur sur la face de la
tige qui regarde le sud-ouest, afin que
l’écorce des arbres soit abritée contre les
coups de soleil, de midi à trois heures, et
que les vents dominants du sud-ouest frap-
pent directement le tuteur. La perche doit
être plantée verticalement (et non oblique-
ment) le plus près possible de l’arbre, afin
que l’on puisse appliquer sa face la plus droite
contre l’arbre à maintenir ou à redresser.
Fig. 43. — Collier Durand.
Pour attacher l’arbre au tuteur, on em-
ploie de l’osier, ou mieux du fil de fer n° 10.
Il faut placer des coussinets en paille entre
l’écorce de l’arbre et le fil de fer, (B, fig. 42)
et, de distance en distance, entre l’arbre
et son tuteur ( p , fig. 42).
Les ligatures en fer sont avantageuse-
ment remplacées par le Collier Durand
(fig. 43), qui se compose d’une cravate de
jonc tressé, renforcée extérieurement par
une lame de zinc ou de fer galvanisé.
PLANTATIONS D’ARBRES FRUITIERS SUR LES ROUTES.
207
Un fil de fer double, tordu et galvanisé sert
à attacher le collier autour de l’arbre.
Quand les arbres sont exposés à recevoir
des chocs ou à être entamés par la dent des
animaux, il faut les protéger, au moyen de
rameaux épineux (fig. 44) ou d’armures
faites avec des lattes ou des pieux en bois.
Au tournant des routes, il est prudent de
faire, près des arbres, de petits bourrelets
en terre appelés chasse-roues.
Élagage. — L’élagage est nécessaire pour
faire développer une tige droite suffisam-
ment élevée, afin que la tête des arbres
n’entrave pas la circulation des attelages,
Fig. 44. — Arbre entouré de rameaux épineux.
pour faire prendre et conserver à la tête une
forme régulière, afin que les ramifications,
chargées de fruits, ne soient pas brisées par
les grands vents, et pour supprimer les
bois morts qui engendrent la carie et les
branches basses qui pourraient gêner les
piétons.
Il faut commencer à élaguer un ou deux
ans après la plantation, lorsque les arbres
sont bien repris.
L’élagage doit être pratiqué tous les
hivers, pendant les cinq ou six premières
années qui suivent la plantation, et, ensuite,
tous les trois ans. Si on laisse écouler un
trop grand espace de temps entre chaque
élagage, les branches à supprimer étant
très grosses, il en résulte de grandes plaies
qui, au lieu de se cicatriser, engendrent la
pourriture.
C’est en hiver, pendant le repos de la vé-
gétation, lorsque le bois n’est pas gelé, qu’il
faut élaguer.
Plusieurs modes d’élagage peuvent être
appliqués aux arbres fruitiers plantés sur
les accotements des routes. Nous nous con-
tenterons de décrire Y élagage en forme de
pyramide , qui a le grand avantage d’exiger
peu de main-d’œuvre, d’être facile à exé-
cuter et de convenir à presque toutes les
essences, mais principalement aux Poiriers,
aux Merisiers, aux Bigarreautiers et aux
Guigniers, arbres à branches presque verti-
cales. Cet élagage, appliqué aux Pommiers,
Pruniers, Cerisiers proprement dits et aux
Griottiers, arbres à branches semi-verti-
cales, procurera une tête arrondie, moins
pyramidale que précédemment, mais suffi-
samment élancée pour ne pas gêner la cir-
culation.
Dans la plupart des cas, les arbres
nouvellement plantés présenteront une con-
formation analogue à celle des sujets repré-
sentés par les figures 45 et 46. Dans le
premier cas, on appliquera, après la reprise,
le premier élagage décrit ci-dessous ; dans le
deuxième cas, on aura recours au deuxième
élagage décrit à la suite du premier.
Premier élagage. — 1° Les ramifications
latérales a a (fig. 45) sont coupées rez-tronc
jusqu’à 3 mètres de hauteur, si la por-
tion de tige où elles sont insérées est suffi-
samment grosse, par exemple si elle a un
diamètre de 3 à 4 centimètres. Dans le cas
où cette portion de tige serait faible, c’est-
à-dire si elle n’avait pas la grosseur que
nous indiquons, il faudrait, pour activer
son accroissement en diamètre, conserver
ces ramifications latérales pendant un ou
deux ans, en se contentant de les tailler à
une longueur de 15 à 20 centimètres ;
2° Coupez en c, à 3m 50 de hauteur, la
flèche, afin de faire développer, sur la por-
tion de tige comprise entre 3 mètres et 3ra 50,
des rameaux vigoureux qui deviendront
les branches principales de la base de la
pyramide.
Deuxième élagage (un an après le pre-
mier). — 1° Coupez le rameau terminal
en d (fig. 46), pour faire développer en
b c d e (fig. 47) des rameaux vigoureux in-
sérés immédiatement au-dessus de a b c.
INSECTES ET CRYPTOGAMES.
208
Voici les dimensions qu’il faut conserver
à la flèche : si elle est vigoureuse, qu’elle
atteigne 1 mètre de longueur et plus, et si
les rameaux inférieurs sont également vi-
goureux et bien développés, on coupe, en d ,
à 75 centimètres environ au-dessus de la
taille c, pratiquée l’année précédente. Mais
si la flèche est faible, qu’elle n’ait que 40 à
50 centimètres, on doit la tailler beaucoup
plus court, à 25 centimètres environ au-
dessus de c ;
2° On taille les extrémités des rameaux
inférieurs abc (fig. 46) de manière à leur
conserver une longueur égale au tiers ou
Fig. 45.
Pyramide
l1'0 taille.
^7^777%?
Fig. 46.
Pyramide
2° taille.
Fig. 47.
Pyramide
3° taille.
aux deux cinquièmes de la portion de tige
a d , située au-dessus de leur insertion.
La forme en pyramide que l’on donne à
la tête favorise la croissance en hauteur.
Troisième élagage. — On répète les
opérations précédentes : coupez la flèche en
lui conservant une longueur proportionnelle
à sa vigueur; taillez les branches latérales
à une longueur comprise entre le tiers et
les deux cinquièmes de la portion de tige
située au-dessus de leur insertion, afin de
faire prendre la forme pyramidale à l’en-
semble de la tête.
Après avoir ainsi établi, au moyen de j
trois à quatre élagages, répétés tous les |
hivers, les branches principales de la py-
ramide (fig. 48), on se contente d’appli-
quer, tous les deux ou trois ans, un élagage
d’ entretien , qui consiste à :
1° Raccourcir, en taillant au-dessus d’un
tire-sève, les extrémités des branches laté-
rales qui poussent démesurément et qui
déforment la pyramide ;
2° Tailler les branches inférieures, qui
deviennent retombantes, en les coupant au-
dessus d’une ramification secondaire, qui
prend une direction redressée ;
Fig. 48. — Poirier en pyramide.
3° Tailler les branches brisées au-dessus
de la cassure, en ménageant à leur extré-
mité une branche d’appel ;
4° Supprimer rez-tronc les chicots et les
branches mortes ;
5° Ébourgeonner le tronc de l’arbre.
Deux ou trois jours après l’élagage,
lorsque les plaies sont sèches, on applique
à leur surface du goudron végétal, qui em-
pêche les agents atmosphériques d’apporter
les germes destructeurs des tissus ligneux.
J. Nanot,
Chef de service des plantations d’alignement
de la Ville de Paris.
INSECTES ET CRYPTOGAMES
Les cryptogames parasites qui s’atta-
quent à la vie animale sont innombrables.
L’homme lui-même n’est pas à l’abri de
leurs atteintes, et il se découvre de nouveaux
ennemis à mesure que les limites de sa
science reculent. Il n’est pas jusqu’aux
poissons de nos rivières et de nos étangs
qui ne peuvent avoir confiance dans l’élé-
ment au sein duquel ils vivent pour les
préserver ; ils ont à redouter l’invasion du
Saprolegnia ferox qui les tue.
Les insectes n’ont pas à compter sur
INSECTES ET CRYPTOGAMES.
209
leurs ailes et sur leur existence mouve-
mentée pour éviter le péril créé par les
cryptogames parasites ; les spores malfai-
santes les suivent à travers les airs, s’atta-
chent à eux, s’enfoncent dans leurs tissus,
y germent et ne les abandonnent pas même
après leur mort. Souvent le parasite n’at-
tend pas que les insectes soient développés
et il les attaque dans leur larve. Ces êtres
légers qui, par leur vie aérienne et tenant
si peu de place, sembleraient devoir être
exempts des misères de la terre, sont ceux
qui ont le plus à souffrir des ravages de la
végétation cryptogamique. Quelquefois, on
voit voleter de malheureuses abeilles ou
des papillons traînant avec eux la maladie
attachée à leur corps sous forme de petits
filaments jaunes. Les mouches sont déci-
mées à l’automne par un petit Champignon
microscopique, YEmpusa muscæ, dont
les spores font de petites taches rondes,
bien connues, sur les vitres ou sur les
meubles où leur victime a trouvé la mort.
Les Champignons qui se développent sur
les insectes vivants ou morts appartiennent
généralement à la famille des Hypoxylons
ou à celle des Exidiées.
La famille des Hypoxylons renferme un
nombre considérable d’espèces très-varia-
bles d’aspect. On rencontre depuis les
formes caulescentes jusqu’aux formes pul-
vérulentes. Les spores sont renfermées
dans des thèques, petits sacs qui en con-
tiennent un nombre indéterminé, et les
thèques sont elles - mêmes emprisonnées
dans une seconde enveloppe ( conceptacle )
hermétiquement close d’abord, mais qui
ensuite s’ouvre par une fente longitudinale
ou par plusieurs fissures parallèles, ou par
plusieurs fentes qui divergent à partir d’un
centre commun. Parfois la partie supé-
rieure de cette enveloppe s’enlève par une
déhiscence semblable à celle qui s’opère
dans la capsule du Mouron ( Anagallis
arvensis ) ; ou bien elle est pourvue d’une
ouverture vers le sommet. Ces différents
modes de déhiscence sont les caractères
sur lesquels sont fondées les tribus de cette
vaste famille. Les genres les plus curieux
appartiennent à la tribu des Sphœriées,
dans laquelle la déhiscence s’opère par un
opercule situé au sommet du conceptacle.
Le nombre des spores renfermées dans ce
dernier est incalculable, et leur ténuité est
telle qu’il en faudrait des millions pour cou-
vrir un centimètre carré. C’est à cette tribu
qu’appartiennent les plus cruels ennemis des
insectes, les Hypoxylon et les Cordiceps.
Ces deux genres affectent la forme cau-
lescente que nous avons mentionnée plus
haut, et sont quelquefois réunis sous
le nom de Cordiceps ou de Torrubia. Les
fructifications colorées qui se groupent au
sommet de la tige les font ressembler à de
petites Prêles ( Equisetum ). Dans le Cordi-
ceps militaris, espèce assez commune en
Europe, la partie noueuse, semblable à une
racine en chapelet qui prolonge la tige,
est formée par les cadavres de chrysalides
sur lesquels le parasite s’est implanté. Géné-
ralement ce Champignon choisit son siège
sur le sommet de la tête de la larve ou de
l’insecte et sa position habituelle, jointe à sa
forme qui rappelle assez celle d’un panache,
lui a valu son nom de militaris. Un autre
Cordiceps ou Hypoxylon , qui croît en
Nouvelle-Zélande sur les larves de YHepialus
virescens , est très-remarquable. Voici ce
que Payer (1) dit au sujet de cette espèce,
nommée Hypoxylon Robertsii :
« On la rencontre en abondance au mois de
novembre, c’est-à-dire au commencement du
printemps de la Nouvelle-Zélande, sur les
feuilles de deux espèces indigènes de Convol-
vulus et sur les fleurs du Rata ( Metrosideros
robusta). A la fin de février, elle quitte les
feuilles sur lesquelles elle vivait et s’enfonce
dansda terre jusqu’à près de 2 décimètres de
profondeur pour y subir ses métamorphoses.
Mais, au lieu d’un papillon, on voit souvent
apparaître, vers le milieu du mois d’août, à la
surface de la terre, dans l’endroit où s’est,
enfoui YHoteté (nom vulgaire donné à YHe-
pialus virescens ), un Champignon claviforme
qui est YHypoxylon Robertsii , et, si on enlève
la terre avec précaution tout à l’entour, on
s’aperçoit qu’il sort de la tête de la chrysalide
de l’Hoteté. La végétation de ce Champignon
dure tant que le tissu graisseux de la chrysa-
lide, aux dépens duquel il se nourrit, n’est pas
complètement absorbé. Chaque année, l’extré-
mité supérieure du réceptacle commun se dé-
truit, et à sa place il s’en développe un autre
qui se détruira de même. En sorte qu’un
Hypoxylon Robertsii âgé offre, à la base de la
partie fructifère du réceptacle commun, les ci-
catrices des rameaux précédents, et il est facile
de calculer son âge sur le nombre de ses cica-
trices. »
Près de Nurrambidgee , croît, d’après
Berkeley, un Cordiceps beaucoup plus gros
que le Robertsii et qu’on a coutume de
rencontrer sur une énorme larve.
Comment ces Champignons arrivent-ils à
pénétrer sous terre, quelquefois à une pro-
fondeur de 1 à 2 décimètres, pour s’implan-
(1) Botanique cryptogamique, p. 96.
210
INSECTES ET CRYPTOGAMES.
ter sur la tête d’une chrysalide? On sup-
pose que la larve, en s’enfonçant dans le
sol, emporte avec elle une spore du parasite
qui germe, vit à ses dépens et lui donne la
mort.
On ne rencontre pas les Cordiceps seu-
lement sur les insectes ; certaines espèces
croissent sur des plantes et sur d’autres
Champignons, sur la Truffe en particulier.
Nous autres, Européens, nous ne voyons
pas trop ce que les Cordiceps sont venus
faire en ce monde ; mais les Chinois sont
extrêmement reconnaissants à Bouddah
d’avoir créé ces Champignons. On vend,
dit-on, sur les marchés de Chine, les Cor-
diceps, soigneusement arrachés avec les
chrysalides sur lesquelles ils vivent, en
petits paquets liés avec des fils de soie.
C’est un régal pour les palais asiatiques qui
en font des soupes délicieuses, mais dont
la recette est encore inconnue chez nous et
serait, croyons-nous, fort peu appréciée.
La famille des Excidées ou Exosporées
est tout aussi redoutable pour les insectes
que le groupe des Hypoxilon que nous
venons de passer en revue.
Les Excidiées sont caractérisées par un
réceptacle celluleux d’où part une quantité
plus ou moins grande de filaments terminés
chacun par une spore. La tribu la plus
remarquable est celle des Isariées, dont le
type est le genre Isaria. Les Champignons
de ce genre s’attaquent de préférence aux
papillons et aux abeilles. Lorsqu’ils ont
fini par les tuer, il se passe un fait curieux.
De toutes les articulations du malheureux
insecte sortent des filaments semblables au
chevelu des racines. Il semblerait que l’ani-
mal a changé de règne et s’est métamor-
phosé en végétal.
Il n’est pas rare que l’imagination popu-
laire s’empare de ces analogies et passe à
la conclusion d’une transformation com-
plète. La fable de l’animal-plante se re-
trouve dans plusieurs pays.
Voici, dans cet ordre d’idées, et au su-
jet d’un curieux Isaria de l’Amérique du
Sud, quelques notes publiées dans ma re-
lation de voyage (1) :
« Arrivé à San Pablo, village situé sur la
route de Tuquerrès à Barbacoas, j’avais
installé mes pénates chez un nommé Gas-
paro Rosero. Bientôt on s’empressa autour
de moi et on se mit à examiner les plantes
que j’avais cueillies dans les forêts envi-
ronnantes. Tout à coup Rosero me dit:
(1) Tour du Monde, liv. 987, p. 358.
« Et le Cuso , l’avez-vous trouvé ? »
J’ouvris de grands yeux.
« Oui le Cuso , l’animal- plante ? »
Et comme mon étonnement croissait :
« Le Cuso, dit-il, est un gros ver blanc
à tête noire et à six pattes. Il vit dans le
sol. Quand il va mourir, ou plutôt se trans-
former, il s’enfonce profondément. Ses
pattes deviennent autant de racines et sa
tête une tige couverte de feuillage et de
fleurs. L’arbuste, que vous devez avoir ren-
contré, a reçu le nom de l’insecte. »
Je demandai si l’on pourrait me pro-
curer un ou plusieurs échantillons de
Cuso.
« Rien de plus facile, me dit Rosero.
Je vais envoyer mon gendre à la décou-
verte. »
Cette assurance me confondait. J’attendis
avec impatience le retour de l’envoyé, qui
arriva au bout de deux heures, en disant
que, par une fatalité inexplicable, il n’avait
rien trouvé. Je commençais à croire qu’on
me mystifiait et je pris un grand parti.
« Cent piastres fortes (500 fr.), dis-je, à
celui qui me rapportera un Cuso avec des
racines aux pattes et des feuilles sur la
tête ! »
L’annonce fit sensation. Tout le pueblo
fut bientôt sur pied. Le reste de la journée
se passa en recherches, mais on ne m’ap-
porta que ce que j’attendais, à savoir une
larve d’insecte mort, ressemblant beaucoup
à celle de notre hanneton ou du « rhinocé-
ros » (Or y des nasicorne) et pourvue aux
pattes d’appendices qui me donnèrent le
mot de l’énigme. Une moisissure indiquant
un commencement de décomposition cou-
vrait la surface de l’insecte. Chacune de ses
pattes se prolongeait en une sorte de tube
cylindrique, renflé en massue à l’extrémité,
et que je reconnus pour un de ces Champi-
gnons du genre Isaria qui croissent sou-
vent, même en Europe, sur les cadavres
d’hyménoptères.
Comme il faut une explication à tout
phénomène de ce genre, je trouvai celle qui
pouvait convenir au conte bleu de nos in-
terlocuteurs : le Cuso vit des racines de la
plante (Rubiacée à feuilles dorées en des-
sous, à fleurs blanches, qui porte ce nom).
La tête de quelqu’un de ces insectes reste
parfois engagée dans la souche après sa
mort ; elle semble faire corps avec la plante
et les prolongements singuliers des pattes
simulent de véritables racines. Il n’en faut
pas plus pour exercer l’imagination d’un
peuple superstitieux. »
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
211
Ainsi peuvent s’expliquer la plupart des
légendes concernant les prétendus animaux-
plantes. Il serait intéressant de les recher-
cher toutes, en divers pays, et de fixer
ainsi scientifiquement les causes des pré-
jugés qui résistent souvent aux démons-
trations les plus convaincantes, tellement
le besoin du merveilleux est ancré dans
notre faible nature humaine.
Ed. André.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 12 AVRIL 1888.
Comité de floriculture.
MM. Vilmorin- And rieux et Cie avaient envoyé
une collection de Gynéraires hybrides à grandes
fleurs. Ces plantes étaient superbes. Elles
réunissaient toutes les qualités recherchées :
les bords des pétales se recouvrant bien et les
variétés à centre blanc ayant cette macule bien
tranchée; enfin, les coloris étaient de nuances
pour la plupart franchement nouvelles.
Nous avons surtout remarqué les variétés
suivantes : Rose carminé , grandes fleurs uni-
coiores, Grenat foncé , fleurs unicolores, coloris
éblouissant ; Rouge sang ; Rose Solferino , etc.
Comité de culture potagère.
Très intéressante communication de M. Hé-
diard au sujet de Pommes de terre nouvelles,
provenant les unes d’Algérie et les autres des
îles Madère. Les premières, qui appartenaient
à la variété de Hollande blanche , étaient très-
belles, et aux Halles, où il en est vendu ac-
tuellement environ 3,000 kilog. chaque jour,
leur prix atteint de 50 à 60 francs les 100 kilog.
Les secondes, qui se rapprochaient beaucoup
de la Early rose , variété peu estimée dans le
commerce, étaient d’une apparence médiocre :
leur prix, aux Halles, ne s’élève qu’à 18 ou
20 fr. les 100 kilog.
La rapidité des communications entre l’Al-
gérie et Paris est un grand avantage pour les
produits de notre colonie.
On ne sâurait donc trop faire connaître les
résultats signalés par M. Hédiard. Ils ne peu-
vent que favoriser le développement de la
culture primeuriste, qui pourrait être, pour nos
colonies nord-africaines, l’objet d’une produc-
tion beaucoup plus importante et des plus ré-
munératrices.
M. Hédiard avait également apporté quel-
ques Tomates provenant de Madère ; ces fruits
étaient à moitié développés; encore verts et
d’un placement presque impossible.
Comité d’arboriculture fruitière.
M. Hédiard présentait des Oranges manda-
rines récoltées à Blidah, et de toute première
qualité. Il a expliqué à ce propos que les Man-
darines d’Espagne occupent encore une place
assez importante dans la consommation fran-
çaise. Ce fait résulte uniquement de l’insuffi-
sance des envois d’Algérie; la production de ce
pays pourrait augmenter dans de très-larges
proportions sans qu’il en résultât une baisse
dans les cours. Les arrivages d’Espagne seraient
supprimés, tout simplement.
M. Caubert, propriétaire à Pierrefitte (Oise),
avait envoyé quelques beaux fruits : Poires
Doyenné d’hiver; Pommes Reinette de Canada
et Calville blanc.
Comité d’arboriculture d’ornement.
Deux charmants arbrisseaux à floraison
presque hivernale sont présentés par M. Groux,
d’Aulnay, près Sceaux. Ce sont V Andromeda
japonica , au feuillage vert foncé, persistant,
sur lequel se détachent de lourdes et gra-
cieuses grappes de fleurs blanches, retom-
bantes, et 1 e Rhododendron indicum aux nom-
breuses fleurs rose foncé.
On composerait, à l’aide de ces deux espèces,
des corbeilles et plates-bandes, qui produi-
raient leur maximum d’effet en mars et avril,
époque où les jardins sont totalement dépour-
vus d’arbustes fleuris. On devrait alors planter
les Rhododendrons dans le milieu des cor-
beilles et les entourer de un ou deux rangs
d’Andromèdes.
Comité de l’art des jardins.
Séance presque entièrement consacrée à
l’examen du plan définitivement adopté pour
l’installation de l’horticulture au Trocadéro,
dans l’Exposition universelle de 1889.
En voici les dispositions principales. Les
massifs existants seront entièrement dégarnis
des arbustes et arbrisseaux qui les composent ;
chacun de ces massifs, dont les grands arbres
actuels seront le fond, en même temps qu’ils
serviront d’abri pour les plantes exposées,
formera un lot spécial qui pourra quelquefois
être divisé entre plusieurs exposants. De nou-
veaux massifs seront créés en nombre suffisants
pour répondre à toutes les demandes d’empla-
cements. Ces travaux sont déjà en voie d’exé-
cution.
La surface, actuellement prévue pour les
lots d’arbres et d’arbustes, est de 21,072 mètres
carrés. Les plantes vivaces, Rosiers, etc., ont
une réserve de 5,556 mètres. Deux immenses
212
CONDITIONS GÉNÉRALES DE L’ACCLIMATATION DES PLANTES.
tentes recouvrant presque entièrement le pro-
longement des avenues d’Iéna et Delessert, qui
traverse le parc, fourniront une surface cou-
verte de 3,000 mètres pour les plantes un peu
fragiles et les concours périodiques. Les cor-
beilles de fleurs, proprement dites, ne repré-
sentent actuellement que 590 mètres superfi-
ciels. Les plantes alpines et aquatiques ont leur
place réservée dans les rochers et auprès des
cours d’eau. Enfin, les plantes de serres, et
celles de terre de bruyère, seront installées au
Champ s-de-Mars .
Les grands tapis verts (4,000 mètres super-
ficiels), qui s’étendent entre le Palais du Troca-
déro et la Seine, seront consacrés aux concours
pour compositions de gazons. Ch. Thays.
CONDITIONS GÉNÉRALES DE L’ACCLIMATATION DES PLANTES
PRÉFACE DU MANUEL DE L’ACCLIMATEUR (1)
L’acclimatation est essentiellement une
œuvre de patience autant que d’intelligence,
et son point de départ est, avant tout, un choix
judicieux des espèces, races ou variétés les
mieux appropriées au but qu’on veut atteindre.
Ce choix fait, il y a à considérer les procédés
à suivre, et qui peuvent se résumer dans les
préceptes suivants :
4° Tenir compte des conditions climaté-
riques du pays d’origine des plantes à intro-
duire dans des pays nouveaux. Le succès sera
d’autant plus assuré que ces conditions seront
moins dissemblables ; car si flexible que soit
le tempérament des plantes, cette flexibilité a
cependant des limites. Ainsi, par exemple,
une plante de la région équatoriale, où la tem-
pérature moyenne varie de 28 à 30 degrés
centigrades, aura encore chance de prospérer
dans les lieux situés plus loin de l’équateur et
où la température serait de 4 à 5 degrés plus
basse, les autres conditions restant les mêmes ;
mais sa culture serait beaucoup plus incer-
taine à la hauteur des tropiques, à moins
qu’elle n’y donnât quelque race ou variété
nouvelle moins exigeante, ce qui est souvent
arrivé. Il en est ainsi' des plantes de tous les
autres climats, car toutes peuvent, dans des
mesures diverses, s’accommoder d’un peu plus
ou d’un peu moins de chaleur, quelques-unes
même endurent des variations très-considé-
rables de température. Il ne faut d’ailleurs pas
oublier que les lignes isothermes ne sont pa-
rallèles ni à l’équateur ni entre elles, qu’elles
subissent des écarts parfois énormes, suivant
les régions du globe qu’elles traversent, et
qu’elles ne correspondent pas davantage avec
les lignes isothères et les lignes isochimènes.
Quiconque s’est occupé de météorologie
générale sait que le voisinage des grandes
mers atténue également la chaleur de l’été et
les froids de l’hiver, ce qui a conduit à distin-
guer des climats marins, relativement doux et
tempérés, et des climats continentaux qui sont
excessifs tant par la rigueur du froid que par
l’ardeur du soleil ; on sait de même que la partie
orientale des continents est ordinairement plus
froide que la partie opposée, que la tempéra-
ture décroît avec l’altitude, et que, même sous
(1) Voir Revue horticole , 1888, n° 8, p. 181.
l’équateur, les très-hautes montagnes se cou-
vrent de neige. Outre ces causes générales, il
en est d’autres, de diverses natures, qui
agissent plus localement pour modifier les
climats, indépendamment des latitudes; ce sont
tantôt les vents dominants dans le pays,
tantôt le voisinage de montagnes qui, suivant
leur hauteur et leur orientation, modifient
le climat des plaines avoisinantes, toutes ces
particularités météorologiques sont sans doute
familières à la plupart des acclimateurs ;
il est cependant un point, que nous vou-
lons leur rappeler, parce qu’il a son impor-
tance, c’est que les accidents topographiques,
les reliefs du sol, donnent souvent lieu à des
climats locaux très-circonscrits et très différents
du climat général du pays auquel ils sont quel-
quefois très-supérieurs. C’est, entre autres
exemples à citer, le cas de la Provence mari-
time, qui, abritée contre les vents du nord par
de hautes chaînes de montagnes dirigées de
l’est à l’ouest, jouit d’un climat presque com-
parable, par la douceur, à celui de la côte
africaine, située de l’autre côté de la Médi-
terranée.
Le climat d’un pays n’est pas tout entier
dans la température qui y règne ; il comprend
en outre la quantité d’eau pluviale qui y tombe
dans une année moyenne, ainsi que la répar-
tition de la pluie, suivant les saisons. Ce point
est à considérer presque autant que la tempé-
rature et la lumière solaire, car si les plantes
ont besoin de ces deux éléments, elles ne peu-
vent pas davantage se passer d’eau. Sous ce
rapport aussi, elles présentent entre elles les
plus grandes différences. Il en est qui ne
peuvent vivre que submergées ou le pied dans
l’eau ; il en est d’autres qui ne prospèrent que
dans les terres arides ; pour l’immense majo-
rité, c’est l’état intermédiairè entre ces deux
extrêmes qui réunit les meilleures qualités ;
mais sur cette échelle, il y a encore de nom-
breux degrés, dont le cultivateur doit tenir
compte. Citons comme exemple le Thé et
la Vigne, deux plantes agricoles de première
valeur et source de richesse pour les peuples
qui les cultivent ; mais, tandis que le Thé ne
donne ses produits que là où l’été est à la fois
chaud et très-pluvieux, la Vigne ne donne les
siens que dans les pays chauds et secs en été.
CONDITIONS GÉNÉRALES DE L’ACCLIMATATION DES PLANTES.
213
Ces deux cultures sont en quelque sorte les
antipodes l’une de l’autre. Sur tout le globe,
les différences pluviométriques influencent pro-
fondément le caractère de la végétation. Les
pays pluvieux se couvrent d’une épaisse ver-
dure et nourrissent de vastes forêts ; les pays
arides n’ont qu’une végétation pauvre et clair-
semée, ou même en sont totalement dépour-
vus, si cette aridité est poussée à l’extrême.
2° Il faut aussi tenir compte de la nature
minéralogique du sol. Beaucoup de plantes
y sont indifférentes ou presque indifférentes ;
mais il en est pour lesquelles elle est une ques-
tion de vie ou de mort. Quelques-unes dépé-
rissent invariablement dans les terrains où la
matière calcaire domine, d’autres succombent
si elle y est en trop faible proportion ; d’autres
plantes encore ne vivent que dans les sols
siliceux. Pour le plus grand nombre, la terre
la plus convenable est celle qui résulte du
mélange, en proportions à peu près égales, de
chaux, de silice et d’alumine comme éléments
principaux, de phosphates et de potasse comme
éléments accessoires. Ce qui ajoute considéra-
blement à la puissance de la terre, et cela
pour la presque universalité des plantes,
c’est l’humus ou terreau, qui résulte de la
décomposition de matières organiques, c’est-à-
dire de débris de plantes et d’animaux. Cet
humus, riche en azote, fournit aux plantes un
des éléments les plus essentiels à la formation
de leurs organes, en même temps qu’il rend
le sol plus meuble et plus perméable à l’air et
à l’eau des pluies. Nombre de plantes ne peu-
vent vivre que dans ce terreau, soit seul, soit
mélangé à la terre ordinaire. Tout le monde
sait l’emploi que font les jardiniers de la terre de
bruyère, qui est un humus mêlé à une plus ou
moins forte proportion de sable siliceux. Ce
compost si utile est souvent fabriqué artifi-
ciellement à l’aide de feuilles d’arbres décom-
posées.
Outre les plantes qui croissent directement
dans le sol, il en est qui vivent appliquées sur
le tronc des arbres ou suspendues à leurs
branches, sans communiquer avec la terre.
Celles-là s’alimentent exclusivement des maté-
riaux gazeux contenus dans l’air et des subs-
tances dissoutes dans l’eau des pluies et la
rosée. Ce sont les plantes dites épiphytes,
presque toutes intratropicales, et aujourd’hui
largement représentées dans les serres des
amateurs fleuristes par les Orchidées et les
Broméliacées. D’autres plantes ne vivent que
submergées ou flottantes à la surface de l’eau,
tantôt libres, tantôt fixées au fond vaseux par
leurs racines ; un nombre plus considérable
encore habite les sols marécageux, les terres
souvent inondées, les bords des lacs et des
rivières ; quelques-unes mêmes ne trouvent
leurs conditions d’existence que dans l’eau de
la mer, les lagunes, les terrains salés des
rivages de l’Océan. Toutes ces particularités
doivent être connues de l’acclimateur, puis-
qu’il n’a chance de réussir qu’en reproduisant
avec plus ou moins de bonheur les conditions
naturelles auxquelles chaque espèce de plante
est assujettie.
3® Savoir choisir les climats, les sites conve-
nables et les terrains n’est pas le tout de l’art
de l’acclimateur. Il faut qu’il y ajoute une
suffisante connaissance des procédés de la cul-
ture, qu’il sache semer, bouturer, marcotter et
greffer, élever le jeune plant, le protéger
contre les vicissitudes atmosphériques ou les
attaques des insectes, le transplanter dans la
saison convenable, l’arroser quand la nécessité
s’en fait sentir, etc., toutes opérations qui
demandent une certaine instruction théorique
et tout autant d’expérience pratique.
Nous n’avons pas à entrer dans ces détails,
qui sont exposés au long dans tous les traités
d’agriculture et de jardinage, et dont les règles
n’excluent pas l’initiative individuelle ; mais
nous croyons utile de rappeler au lecteur cer-
taines particularités souvent oubliées dans les
livres dont nous parlons, et qui sont relatives
à la production des graines, et, par suite, à la
propagation des plantes.
Presque tous les végétaux connus sont
sexués, c’est-à-dire pourvus d’organes mâles
et d’organes femelles, dont le concours est
nécessaire pour la production des graines.
Tantôt les organes des deux sortes, les éta-
mines et l’ovaire, sont réunis dans la même
fleur, qui, alors, est hermaphrodite ; tantôt ils
sont portés par des fleurs différentes, les unes
mâles, les autres femelles, suivant qu’elles
contiennent les étamines ou l’ovaire, et ces
fleurs peuvent être situées soit sur le même
individu, soit sur deux individus distincts et
plus ou moins éloignés l’un de l’autre. Elles
sont dites monoïques dans le premier cas,
dioïques dans le second. On comprend sans,
peine que, lorsque les fleurs sont hermaphro-
dites ou bisexuées, la fécondation de l’ovaire
par le'pollen des étamines est beaucoup plus
assurée que lorsque les sexes sont sur des
plantes différentes et par conséquent plus éloi-
gnés l’un de l’autre. Dans ce dernier cas, sur-
tout si les fleurs sont dioïques, la fécondation
ne peut s’opérer qu’avec le concours d’agents
extérieurs. Le vent, qui soulève le pollen et le
dissémine au hasard, souvent sans résultat ; les
insectes, qui, attirés par les exsudations sucrées
des fleurs, le transportent inconsciemment
d’une fleur sur une autre ; et enfin l’homme,
qui, intentionnellement, le dépose sur les stig-
mates des fleurs femelles. C’est la fécondation
artificielle, à laquelle on est souvent obligé de
recourir, pour assurer la fructification et la
production des graines. On sait que, de temps
immémorial, les Arabes fécondent les Dattiers
femelles, en répandant sur leurs fleurs le pol-
len des Dattiers mâles, et que, sans cette pré-
caution, leurs arbres resteraient stériles. Cet
exemple suffit pour faire voir combien est im-
portante l’intervention de l’homme dans cette
214
LES ÉPHÉMÉRIDES HORTICOLES DE LA VILLE DE GAND.
phase de la vie des plantes, qui est le point de
départ des générations nouvelles.
Il n’est pas toujours facile, ni même possible,
d’opérer la fécondation artificielle, surtout
lorsqu’il s’agit de grands arbres à fleurs dioï-
ques ; mais alors, comme par une prévoyance
toute providentielle, le pollen se produit sur
les arbres mâles avec une telle abondance, et
il est si fin, si pulvérulent et si léger, que le
moindre souffle d’air en soulève des nuages et
le transporte souvent à de grandes distances.
Si, sur son parcours, il rencontre des arbres
femelles de même espèce et en fleurs en ce même
moment, il y a de grandes chances pour que
ces fleurs reçoivent quelques graines de pollen
et soient fécondées. Néanmoins, la fécondation
est ici livrée au hasard ; elle est beaucoup plus
assurée si les arbres des deux sexes sont rap-
prochés l’un de l’autre, et davantage encore,
s’ils croissent en nombre sur le même coin de
terrain. Peu d’amateurs d’arbres et autres
plantes, en créant leurs collections, ont songé
à la nécessité de posséder à la fois les deux
sexes des espèces dioïques et à les tenir rap-
prochés l’un de l’autre. Il en résulte que beau-
coup d’arbres exotiques, introduits dans les
jardins et dans les parcs, et qu’il y aurait grand
intérêt à multiplier et à propager, restent sté-
riles, par défaut de fécondation.
On donne le nom de croisement à la fécon-
dation artificielle, lorsqu’elle est appliquée à
des plantes d’espèces différentes, mais appar-
tenant au même genre naturel. Si ces espèces
ont entre elles une certaine affinité, si, en
d’autres termes, elles sont assez voisines par
leurs caractères botaniques, la fécondation
adultérine réussit assez souvent et donne nais-
sance à ce qu’on appelle des hybrides, sorte de
mulets végétaux, qui sont souvent stériles,
mais qui, quelquefois, produisent des graines
et peuvent laisser une postérité, dont la durée
est plus ou moins longue.
On a beaucoup exagéré, dans ces dernières
années, futilité des croisements entre espèces
distinctes ; mais les croisements entre races et
variétés d’une même espèce ont donné des ré-
sultats importants en floriculture. Par eux, beau-
coup de plantes d’ornement ont produit des va-
riétés supérieures, et il est à noter que les formes
métisses ainsi obtenues se conservent quelque-
LES ÉPHÉMÉRIDES HORTICI
Gand est un des centres les plus im-
portants du commerce horticole européen.
Cette situation remonte à de nombreuses
années. Elle résulte principalement du goût
très-développé qu’ont les Belges pour tout
ce qui concerne l’horticulture, du soin qu’ils
apportent dans leurs travaux, et aussi des
facilités qu’ils ont trouvées chez eux pour la
construction et le chauffage des serres.
fois identiques à elles-mêmes dans une longue
suite de générations. Faisons toutefois observer
que les croisements n’ont pas toujours de bons
résultats; nous en avons la preuve dans nos races
de légumes, qui, le plus souvent, dégénèrent
quand elles sont croisées les unes avec les
autres. Le fait est surtout remarquable dans
l’espèce du Melon, dont les nombreuses et ex-
cellentes variétés s’abâtardissent presque inva-
riablement par le mélange de leurs pollens.
Une plante est dite rustique lorsqu’elle endure
sans dommage toutes les vicissitudes climaté-
riques du pays où elle se trouve ; on la dit
tendre ou frileuse lorsqu’elle n’y résiste pas ou
n’y résiste qu’incomplètement.
Toutes les plantes sont rustiques dans les lieux
où elles croissent naturellement et dans ceux où
elles sont transportées, quand elles y trouvent
un climat analogue à celui qu’elles ont quitté. Il
arrive cependant que, dans des hivers excep-
tionnellement rigoureux, les plantes indigènes
elles-mêmes sont atteintes par le froid. Ce sont
des cas rares sans doute, mais dont on peut
citer des exemples dans bien des pays. Nous
en avons été témoins en France dans l’hiver
de 1879-1880, où la gelée a fait périr non seu-
lement une multitude d’arbres et d’arbris-
seaux exotiques cultivés dans les parcs et les
jardins, mais une grande quantité de Chênes et
de Hêtres dans les forêts. Ces altérations mo-
mentanées du climat ne sont pas d’ailleurs ex-
clusivement propres aux pays tempérés; elles
se produisent de même dans ceux qu’on ap-
pelle communément les pays chauds, par
exemple en Égypte, où l’on a vu plus d’une
fois le Nil pris de glace; au centre du Sahara,
en Australie, au voisinage du tropique, en
Floride, au Mexique, dans l’Amérique du Sud.
Plusieurs météorologistes affirment même que
la gelée et la neige ne sont pas tout à fait in-
connues en Afrique, sous l’équateur.
Il est indispensable, pour quiconque se pro-
pose de cultiver des plantes étrangères au pays
qu’il habite, d’avoir des notions générales de
météréologie. C’est pour avoir méconnu cette
nécessité qu’on a eu à signaler tant de mé-
comptes et de découragements dans les tenta-
tives d’acclimatation faites par les gouverne-
ments et par les particuliers, ch. Naudin.
Membre de l’Institut.
LES DE LA VILLE DE GAND
A l’occasion de l’exposition quinquennale
qui vient d’avoir lieu à Gand, la Revue de
V Horticulture belge a recherché les faits re-
culés marquant pas à pas les progrès du jar-
dinage en Belgique, et nous en avons extrait
les suivants, très-intéressants au point de
vue de l’histoire générale de l’horticulture.
1366. — Les échevins rendent, le 1er mars
1366, une ordonnance enjoignant aux mar-
LES ÉTIQUETTES EN BOTANIQUE ET EN HORTICULTURE.
215
chands de fleurs de stationner avec leurs
échoppes, au marché des grains.
Les jardiniers ne formaient pas à Gand une
corporation spéciale. On croit qu’ils étaient affi-
liés à la corporation des fruitiers. A Bruges, il y
avait une corporation de jardiniers-maraîchers.
1464. — Le capitaine gantois, Hector de
Costere, à son retour de la croisade contre les
Turcs, rapporte d’Ascalon les premières Écha-
lotes, ainsi que le Convolvulus tricolor.
1518. — Isabelle, femme de Christian II, roi
de Danemarck, et sœur de l’empereur Charles-
Quint, envoie dans ce pays des jardiniers gantois,
pour apprendre aux Danois l’ensemencement
des terres et la culture des plantes et des fleurs.
1537. — Après la conquête de la Tunisie,
Charles-Quint envoie à Gand, pour être plan-
tées dans son jardin de la cour du Prince, une
collection de Tulipes de Gappadôce et une de Ro-
siers, parmi lesquels la Rose pourpre de Tunis.
1569. — Un frère mineur, du nom de P. de
Rijcke, rapporte de l’Amérique du Sud une
grande quantité de plantes rares et nouvelles.
1596. — Les Fritillaria (Couronne impé-
riale) et Lilium candidum sont introduits et
cultivés pour la première fois à Gand.
1598. — Willem de Blasere, échevin de la
ville de Gand, qui possédait une des plus belles
collections d’Orangers connues au XVIe siècle,
introduit à Gand la semence du Concombre
(Cucumis sativa) ; il crée les premières serres
vitrées et chauffées dont l’histoire fasse mention
dans les pays du Nord.
1600. — Lors de l’entrée solennelle des ar-
chiducs à Gand, en 1600, ceux-ci reçoivent de
l’abbé d’Eename, avec d’autres présents, deux
magnifiques Cliamærops humilis. Ces deux
arbres furent placés plus tard dans le jardin
botanique, où l’un d’eux existait encore au
commencement de ce siècle.
Son tronc servit à Gh. Morren à démontrer le
cours des faisceaux vasculaires dans les stipes
des Palmiers ; il se trouve encore au labora-
toire de botanique de l’Université de Liège.
1675. — Un grand amateur de fleurs, le
moine Reyntkens, de l’abbaye de Saint-Pierre,
à Gand, se rend à Lille pour y acheter des
plantes. On lui demande plus de soixante-cinq
francs, somme énorme à cette époque, pour un
Cyclamen persicum .
Dans un de ses ouvrages, Reyntkens écrit
que la lune fait monter la sève dans les arbres
et dans les plantes.
1742. — Nous trouvons dans la Gazette de
Gand la première annonce d’une vente publique
de plantes à Gand. On y vendit des Anémones,
des Renoncules, des Jacinthes et des Tulipes.
1749. — Un pépiniériste français, d’Orléans,
vient tous les ans à Gand, avec une collection
très-variée d’arbres fruitiers.
1763. — Le Rhododendron ponticum , im-
porté de Gibraltar, est planté pour la première
fois dans les jardins de Gand.
1772. — Un jardinier, du nom de Tontje
Verstuyft, vient un dimanche du mois de
juin 1772 à la place d’ Armes avec quelques
pots de fleurs qu’il expose en vente. Il revient
le dimanche suivant, et son exemple est suivi
par d’autres jardiniers.
C’est de cette époque que date le marché de
plantes et de fleurs qui se tient, pendant la
saison d’été, tous les dimanches, à la place
d’ Armes.
1773. — Les ventes publiques de plantes et
de fleurs, qui continuaient à se tenir réguliè-
rement à Gand, n’attiraient guère que les hor-
ticulteurs et les amateurs de la ville. En 1774,
le jardinier gantois, Judocus Huytens, fait un
voyage en Angleterre, d’où il rapporte une
grande quantité de plantes nouvelles. D’autres
horticulteurs, après lui, vont également acheter
des plantes en Angleterre.
1797. — Fondation du Jardin botanique de
Gand. Sur le rapport présenté au gouverne-
ment et à la municipalité par Charles van Hul-
them et par le docteur Bernard Coppens, le
Jardin botanique est établi sur l’emplacement
occupé par le potager des moines Bénédictins
de l’abbaye de Baudeloo.
Il serait intéressant de réunir des maté-
riaux similaires pour établir l’histoire des
commencements de l’horticulture française.
Les éléments ne manquent pas, et il serait
facile, avec un peu de persévérance, de les
rechercher, de les coordonner, d’en tirer des
conclusions qui montreraient notre jardi-
nage national sous de curieux aspects, à son
origine. Ed. André.
LES ÉTIQUETTES EN BOTANIQUE ET EN HORTICULTURE
Les étiquettes rentrent chaque année,
pour une assez forte somme, dans les frais
généraux des jardins botaniques et des éta-
blissements d’horticulture. La question de
se procurer des étiquettes élégantes, solides,
durables et à bon marché, n’est donc pas
sans importance. Malheureusement, il est
difficile de trouver à la fois toutes ces qua-
lités réunies. Au sein du Congrès de bota-
nique et d’horticulture d’Anvers, dont le
compte-rendu vient seulement d’être pu-
blié, on a longuement discuté sur les divers
systèmes d’étiquetage employés, et il ne
semble pas que l’on ait encore trouvé une
étiquette satisfaisant à toutes les exigences.
Les étiquettes en bois, fichées en terre
ou attachées aux plantes, sont les moins
coûteuses, mais sont de courte durée, peu
216
LES ÉTIQUETTES EN BOTANIQUE ET EN HORTICULTURE.
élégantes ; de plus, les inscriptions qui y
sont laites sont peu apparentes. Les lima-
çons et les guêpes laissent sur leurs faces
des trainées malpropres, et les noms de
plantes s’effacent vite. On peut cependant
diminuer une partie de ces inconvénients
en les peignant en blanc et en trempant le
bout pointu dans du goudron.
Les étiquettes en porcelaine sont très-jo-
lies, mais elles coûtent cher et sont fragiles.
Elles supportent mal les hivers en plein
air, et, par les grands froids, elles se cre-
vassent et éclatent.
Les étiquettes en fer émaillé sont moins
cassantes, mais plus chères que celles en
porcelaine ; elles sont aussi plus lourdes
et plus sensibles au froid que ces der-
nières.
Les étiquettes en fer, fer-blanc ou zinc,
recouvertes d’une couche de peinture à
l’huile, ont, sur les deux derniers systèmes,
l’avantage de pouvoir être utilisées pour une
inscription nouvelle quand la plante dont
elles portent le nom meurt. Malheureuse-
ment, elles ont des inconvénients. Elles
sont vite salies par les oiseaux ; la peinture
se soulève en certains endroits, et la rouille
ronge le métal aux places écaillées. De plus,
les inscriptions palissent assez vite et finis-
sent par disparaître au bout d’un certain
temps. C’est surtout dans les serres chaudes
que ce dernier inconvénient s’accentue ;
dans les serres à Orchidées, au bout d’un
an, les noms deviennent illisibles sur les
étiquettes en zinc. Cependant ces étiquettes
sont bonnes pour les pépinières ; leur légè-
reté et leur bon marché les rendent recom-
mandables. Celles fabriquées à Clermont-
Ferrand, par la maison Gérard-Col, et dont
la surface a été rendue mate par un acide,
sont généralement préférées aux autres. On
a également fait l’essai, dans certains jar-
dins botaniques, d’étiquettes en zinc, avec
lettres imprimées en creux; mais la gra-
vure s’altère et finit par disparaître au bout
de quelques années.
Les meilleures étiquettes semblent être
celles en métal fondu avec lettres saillantes
analogues aux plaques portant les noms des
rues. Elles ne sont cependant pas parfaites.
Un choc assez violent les brise, et elles ne
résistent pas toujours aux variations de tem-
pérature.
On a préconisé différents autres sys-
tèmes d’étiquetage plus ou moins recom-
mandables.
Au jardin botanique de Leyde, on se sert
de tubes en verre, à l’intérieur desquels
est glissé un papier portant le nom de la
plante. Ce procédé peut être utile dans une
serre, mais dans un jardin de botanique,
ces tubes sont très-fragiles et servent de
cible aux enfants. On peut en dire autant
des étiquettes en verre portant, à la face in-
férieure, le nom de la plante gravé sur
papier ou sur émail et recouvertes d’un
cadre en émail ou en vernis ; elles sont
très-jolies, mais se cassent trop facilement.
Suspendues au-dessus de l’eau, elles sont
très-bonnes pour l’étiquetage des plantes
aquatiques dans une serre.
Les étiquettes en carton-pierre trempées
dans une certaine huile, puis enduites d’une
première couche de vernis qui reçoit l’ins-
cription, et ensuite d’une deuxième couche,
paraissent devoir donner de bons résultats.
On a essayé également des étiquettes en
plaquettes de terre cuite, sur lesquelles on
inscrit le nom de la plante avec un crayon
à base de noir de fumée. Elles sont lourdes
et fragiles.
Les morceaux de plomb portant un nu-
méro que l’on enroule aux branches des
arbres ne sont pas, à proprement parler,
des étiquettes, puisqu’on est obligé, pour
connaître le nom du végétal qui le porte,
de se reporter à un catalogue.
Les différents genres d’étiquettes dont
nous venons de parler, qu’elles soient fixées
sur des tiges ou suspendues, doivent être
portées par des fils de cuivre ou de zinc ; les
clous ou vis servant d’attache seront égale-
ment faits de l’une de ces deux matières.
On peut leur substituer du fer galvanisé,
qui, s’il est bon, produira des résultats
aussi satisfaisants, et a l’avantage d’être
beaucoup moins cher.
Ém. Bruno.
U Administrateur-Gérant : L. Bourguignon.
Imp. Georges Jacob, — Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE,
217
CHRONIQUE HORTICOLE
Légion-d’Honneur. — Mérite agricole. — Exposition d’horticulture de Paris. — Congrès et concours de
l’Association pomologique de l’Ouest. — Cours de culture au Muséum. — Floraison tardive des Poiriers
à Nantes. — Les pelouses. — Skimmia rubella. — L’irrigation par les eaux d’égout, à Gennevliliers.
— La culture du Céleri dans le Michigan. — L’Épine-Vinette et la rouille des céréales. — Les Oranges
d’Australie. — La culture de la Morille. — Le sulfate de cuivre employé contre les oiseaux et les
limaçons. — Le « Fromage » de Soja. — L’album des Orchidées de Mme de Nadaillac. — Vœu du
Comice de Narbonne. — La vente des jus de tabacs. — Expositions annoncées. — Memento des expo-
sitions. — Nécrologie : M. Alfred- Augustin Durand-Claye.
Légion -d'Honneur. — Nous avons le
plaisir d’enregistrer la nomination de
M. Millardet, professeur à la Faculté des
sciences de Bordeaux, au grade de chevalier
de la Légion-d’Honneur. Tous les viticul-
teurs connaissent ses remarquables travaux
sur le mildiou et les moyens de le détruire.
Ils ne manqueront pas d’applaudir à cette
haute distinction accordée à un savant qui
s’est occupé avec tant de persévérance de-da
reconstitution de nos vignobles.
Mérite agricole. — Parmi les récentes
nominations faites dans l’ordre du Mérite
agricole, nous avons à signaler la suivante,
qui intéresse l’horticulture :
Roudier (Pierre) , jardinier en chef du
jardin des plantes de Montpellier (Hérault).
Travaux météorologiques. Nombreuses récom-
penses; 42 ans de services.
Exposition d’horticulture de Paris. —
L’Exposition générale annuelle organisée
par la Société nationale d’horticulture de
France ouvrira ses portes le 25 mai, et se
prolongera jusqu’au 31 du même mois.
Tout permet de prévoir qu’elle sera, cette
année encore, à la hauteur de la réputation
qu’elle a su conquérir. Les demandes sont
nombreuses. Les Orchidées et les fleurs
coupées auxquelles le public accorde une si
légitime faveur seront largement repré-
sentées; des emplacements spéciaux leur
seront réservés.
Plusieurs dispositions nouvelles seront
adoptées ; c’est ainsi que, dans le Pavillon
de la Ville, disposé en jardin à la fran-
çaise, les murs seront cachés par d’élégants
treillages.
La Société a pensé qu’il était utile de
profiter des moyens d’instruction que fournit
une semblable exposition, en inaugurant,
cette année, une série de conférences faites
par des personnes dont les connaissances
spéciales sont une garantie de succès. C’est
un excellent moyen d’instruire et d’intéres-
ser le public aux progrès de l’horticulture.
16 Mai 1888.
Congrès et Concours de l’Association
pomologique de l’Ouest. — L’Association
pomologique de l’Ouest, présidée par M. Le-
chartier, tiendra sa prochaine session à
Saint-Brieuc dans le courant du mois d’oc-
tobre.
Les questions proposées aux études du
Congrès sont les suivantes :
1° Du choix des porte-greffes ou intermé-
diaires dans l’élevage du Pommier;
2° De la fermentation du cidre, du nettoyage
des tonneaux, de la conservation du cidre, de
ses maladies ;
3° Conventions à intervenir entre le pro-
priétaire et le fermier lors d’une plantation
d’arbres à fruits à cidre en terres affermées,
afin de sauvegarder équitablement tous les
intérêts ;
4° Rôle des Syndicats dans la vente et
l’achat des fruits à cidre;
5° Des moyens pratiques pour déterminer
rapidement la valeur réelle des fruits à cidre ;
6® Des moyens pratiques pour caractériser
et contrôler la valeur d’un cidre lors de son
achat et de sa réception ;
7° De la destruction du puceron lanigère,
des divers parasites du Pommier et en particu-
lier de l’Anthonome des fleurs du Pommier;
8° Adaptation au sol et au climat des meil-
leures variétés de fruits.
Pour faire une étude complète des meil-
leurs fruits à cidre et établir un diction-
naire de synonymie comprenant les espèces
de Pommes les plus connues dans les di-
verses régions de la France, l’Association
pomologique de l’Ouest engage vivement les
Sociétés d’agriculture à adresser au Con-
cours qui se tiendra en même temps que le
Congrès :
1° Celles des variétés suivantes qui sont
cultivées dans la circonscription :
Première saison. — Blanc-Mollet , Doux-
Év êque, Girard , Gros-Muscadet.
Deuxième saison. — Joly-Rouge , Gros-
Doux, Frêquin , Amer-de-la-Vieuville , Rouge-
Bruyère.
Troisième saison. — Bramtot, Bédan ou
Bédange , Marin- Auf ray , Argile, Binet.
10
218
CHRONIQUE HORTICOLE.
2° Une collection de vingt variétés de
Pommes à cidre les plus estimées dans la ré-
gion, choisies en nombre à peu près égal parmi
les fruits doux et amers, et comprenant :
1/5 en variétés de première saison,
2/5 en variétés de deuxième saison,
2/5 en variétés de troisième saison.
La description des fruits à cidre et la cons-
tatation de leurs qualités doivent être complé-
tées par des renseignements sur leur emploi
dans la pratique et sur les qualités ou défauts
des arbres qui les portent, en particulier sur
les époques de floraison et de maturité , la
fertilité , la rusticité , la forme et la vigueur
de l’arbre , la nature du sol dans lequel il
est planté , la qualité qu’on reconnaît à la
Pomme pour la fabrication du cidre.
Ces divers renseignements ne peuvent être
observés que sur les- arbres mêmes, et c’est
pour ce motif que l’Association pomologique
demande à chaque Société de les fournir aussi
complets que possible.
La commission d’étude demande une
dizaine de fruits pour chaque variété. Elle
recommande que les fruits soient choisis
non véreux, ni tombés, ni déformés, mais
sains, vraiment mûrs, ou presque mûrs,
normaux et représentant bien le type moyen
de la variété.
Cours de culture au Muséum. —
M. Maxime Cornu, professeur, a commencé
son cours vendredi dernier, dans l’amphi-
théâtre de la galerie de minéralogie, et le
continuera les mercredis et vendredis sui-
vants, à neuf heures du matin.
Ce cours a pour objet l’étude des végé-
taux cultivés dans les régions chaudes du
globe (plantes alimentaires, économiques,
industrielles, etc., usitées, et celles dont la
culture mériterait d’être tentée), l’exposé
des principales variétés utilisées et les mé-
thodes de culture employées dans les colo-
nies françaises.
Des démonstrations pratiques auront lieu,
à la suite du cours, au laboratoire, dans des
conditions qui seront indiquées ultérieure-
ment.
Floraison tardive des Poiriers à
Nantes. — M. Boisselot nous écrit de
Nantes qu’il n’a pas encore vu les Poiriers
fleurir si tard que cette année :
Depuis plus de vingt-cinq ans, nous dit-il
d’après ses notes, les Poiriers étaient en pleine
floraison au 5 avril , et cela quelles qu’aient été
les variations de l’atmosphère. Cette année, ils
ont à peine commencé à fleurir à la fin d’avril.
Quand mûriront les Poires de la Saint-Jean?
La Vigne ne s’est mise à végéter qu’au com-
mencement de mai. Je crois que c’est un bien
et j’espère que ce long hiver aura détruit bien
des ennemis des végétaux.
Nous souhaitons vivement de voir le pro-
nostic de M. Boisselot se réaliser, mais les
insectes sont bien malins, et ils savent joli-
ment se protéger contre le froid.
Les pelouses. — Les pelouses , qui
jouent un rôle si important dans l’arrange-
ment des jardins et des parcs, doivent être
l’objet de nos constantes préoccupations.
L’harmonie du coup d’œil, ce but toujours
visé, se rompt inéluctablement dès que les
pelouses laissent à désirer.
Les Anglais sont passés maîtres dans la
culture des gazons, et, si le climat d’Albion
est une des causes premières de la beauté
de leurs pelouses, il faut reconnaître cepen-
dant que celles-ci sont très-parfaitement
entretenues au point de vue de l’engrais, du
roulage et du fauchage. Chez nous, qui
n’avons pas les brumes de la Grande-Bre-
tagne, il importe que ces trois opérations
soient exécutées avec le plus grand soin,
mais encore faut-il parvenir à remplacer les
brouillards qui nous manquent.
En France, ce n’est guère qu’en Norman-
die, oû les pluies sont très-abondantes, que
l’on rencontre de beaux tapis de gazon ;
presque partout ailleurs, les pelouses que
l’été jaunit ne sont plus, alors, que de
véritables paillassons du plus lamentable
aspect.
Bappelons quelles conditions doivent être
remplies pour avoir et conserver les pelouses
en bon état.
Commencer par défoncer et nettoyer le
sol, l’engraisser si besoin est, le piétiner
alors qu’il renferme encore un peu d’hu-
midité. Semer, recouvrir les graines d’un
bon centimètre de terreau. Quand le gazon
est bien levé, faucher à la machine aussitôt
que faire se pourra, une ou deux fois par
semaine pendant l’été, et durcir ce gazon
autant que possible. Bassiner le soir s’il ne
pleut pas à temps, « puriner » de temps à
autre par les temps pluvieux, fumer chaque
hiver avec engrais consommé.
Ce n’est qu’au prix de tous ces soins que
l’on obtiendra de belles pelouses. Si l’on ne
fauche pas, si l’on ne roule pas et surtout
si l’on n’arrose pas suffisamment durant
l’été, toutes les peines qu’on se sera don-
nées seront perdues, et le « paillasson roux »
continuera à se substituer au velours vert de
la pelouse.
CHRONIQUE HORTICOLE.
219
Skimmia rubella. — Chaque année,
après l’hiver, nous appelons l’attention sur
le Skimmia rubella , comme étant l’un des
arbustes à feuilles persistantes de pleine
terre les plus méritants.
Sa rusticité est des plus grandes, on peut
même dire complète, puisque la plante ne
gèle jamais, et ses feuilles, qui sont nom-
breuses, n’éprouvent jamais non plus la
moindre fatigue. Ses fleurs, qu’il donne
en grande quantité, sont également très-
rustiques, puisque jamais non plus elles
n’éprouvent la moindre souffrance, bien
qu’elles soient formées avant l’hiver ; de
sorte que, pendant la saison rigoureuse,
ces fleurs augmentent encore l’effet décoratif
de la plante qui les porte.
L’irrigation par les eaux d’égout, à
Gennevilliers. — Il y a actuellement, à
Gennevilliers, 600 hectares irrigués à l’aide
de l’eau d’égout. La quantité d’eau déversée
annuellement par hectare atteint le chiffre
formidable de 42,000 mètres cubes. Il pa-
raît même que la commune de Gennevilliers
trouve ce chiffre insuffisant et désirerait
qu’il fût porté à 50,000 mètres cubes.
On a souvent, en parlant de légumes
cultivés dans ces terrains, mis en doute
leur propreté et leur sanité. On craint, en
effet, que certaines espèces, dont les feuilles
sont plus ou moins en forme de cornets,
n’emmagasinent des détritus organiques.
Ce grave inconvénient n’est pas à craindre
parce qu’à Gennevilliers les arrosages d’en
haut et les immersions n’ont pas lieu. Les
cultures sont disposées sur des plates-
bandes en huttes, larges de 60 centimètres
et hautes de 30 à 40 centimètres, de sorte
que l’humidité et les matières nutritives
parviennent par imbibition aux racines, et
ces matières n’ont aucun contact avec les
parties aériennes. Pour les légumes ra-
cines, tels que Carottes, Navets, etc., il est
évident qu’un bon grattage superficiel
enlève les corps étrangers aussi petits qu’ils
puissent être.
On a parfois, dans l’emploi de l’eau
d’égout, constaté des résultats fâcheux :
Fraises fades et ne se conservant pas ;
Choux-Fleurs présentant les mêmes incon-
vénients, etc.; mais cela provenait d’une
mauvaise installation : les eaux se trouvaient
plus ou moins en contact avec la partie
aérienne des plantes. Avec la culture sur
buttes, ces faits ne se produisent pas.
La culture du Céleri dans le Mi-
chigan. — Parmi les causes qui permettent
aux Américains de produire en quantités
immenses des fruits et des légumes qui
vont, dans toutes les contrées du monde,
se disperser à bas prix, la spécialisation des
cultures tient une des premières places. Des
exemples ont souvent été cités, dans ce
sens, et on peut constater qu’en France ils
sont déjà suivis en maints endroits.
En Amérique, les proportions des cul-
tures s’accroissent de jour en jour, et pour
en donner une idée, voici quelques indi-
cations sur les cultures de Céleri établies à
Kalamazoo, dans l’État de Michigan (États-
Unis).
Ces exploitations occupent une surface de
deux mille acres, soit huit cents hectares
environ. Dix-huit cents personnes y sont
continuellement employées, et plus de trois
mille cinq cents personnes en vivent, plus
ou moins directement.
Pendant la saison de vente, qui com-
mence vers le 1er juillet pour finir fin dé-
cembre, jusqu’à cinquante tons, c’est-à-
dire plus de 5000 kilogrammes, sont expé-
diés chaque jour.
En 1887, les prix étaient avantageux :
en moyenne, la douzaine de pétioles se
vendait, sur place, 15 cents, soit: 75 cen-
times.
On comprend sans peine l’économie
énorme de main-d’œuvre qui peut résulter
d’une organisation semblable.
L’Épine-Vinette et la rouille des cé-
réales. — Malgré le grand désir que nous
aurions de voir réhabiliter l’Épine-Yinette,
qui, soit l’été, par son épais feuillage vert
pâle ou grenat et ses jolies fleurs jaunes re-
tombantes, soit à l’automne, avec ses grap-
pes aux grains de corail, rend des services
assez fréquents dans la composition des
massifs, nous devons enregistrer le fait sui-
vant.
Dans une récente séance de la Société
nationale d’agriculture de France, M. Heuzé
a communiqué à ses collègues une lettre de
M. Serph, député de la Vienne, confirmant
le rôle attribué à cet arbuste dans la propa-
gation de la rouille.
Il parait que, dans ce département, cer-
taines communes, précédemment exposées
au fléau, n’en ont présenté aucune trace
depuis que les haies d’Épine-Vinette ont
été détruites.
L’été prochain, des constatations dans un
sens ou dans l’autre seront certainement
faites, qui permettront de décider en der-
220
CHRONIQUE HORTICOLE.
nier ressort sur l’accusation portée contre
le Berberis vulgaris.
Les Oranges d’Australie. — Il paraît
qu’un envoi assez important d’Oranges, fait
récemment d’Australie en Angleterre, est
arrivé à destination en bon état.
Le Bulletin de la Société d’acclimatation,
qui mentionne ce fait, remarque que, les
saisons étant renversées dans l’hémisphère
sud, les Oranges d’Australie mûrissent à
l’époque où les Oranges d’Algérie, d’Es-
pagne, de Portugal, etc., ont cessé de
donner, ce qui pourrait présenter de grands
avantages pour cette production nouvelle.
Un savant de Sydney aurait constaté que
les Oranges se conservent indéfiniment
quand on les emballe dans de la sciure de
bois, ou bien si on les enveloppe dans du
papier enduit d’une préparation antisep-
tique.
La culture de la Morille. — Ce pro-
blème, depuis si longtemps à l’étude, est-il
enfin résolu?
M. Ozou, horticulteur à Falaise, faisait,
depuis plusieurs années, des recherches au
sujet des conditions de sols, de milieux et
de température, pouvant, avec l’aide d’un
procédé de multiplication dont il désire
conserver le secret, produire des Morilles.
Déjà, M. Ozou avait réussi à obtenir de
petites Morilles; mais, comme celles-ci attei-
gnaient à peine 1 centimètre de hauteur, il
était impossible de considérer le but comme
atteint. Cette année, cependant, bien avant
que ces cryptogames se soient développés en
plein air, M. Ozou a récolté, en serre, dans
les cultures qu’il poursuivait, un certain
nombre de Morilles très-belles, atteignant
10 centimètres et demi de hauteur sur
4 centimètres de diamètre à la base.
L’avenir nous apprendra si le secret de la
culturè de la Morille est découvert. Nous ne
doutons aucunement des assertions de
MM. Ozou et Brière; mais nous avons assez
fréquemment vu des Morilles s’étant déve-
loppées spontanément dans la terre de
plantes en pots, à de très-grandes distances
de forêts, et il est permis de supposer que
ce fait a pu, une fois de plus, se produire.
Le sulfate de cuivre employé contre
les oiseaux et les limaçons. — On con-
naît les ravages que les bouvreuils et les
mésanges exercent sur les boutons de nos
arbres fruitiers au commencement du prin-
temps. M. Magny, président de la Société
d’horticulture de Coutances, a employé avec
succès, contre leurs déprédations, une
bouillie composée des éléments suivants :
chaux, 2 kilog. dans 4 litres d’eau, sulfate
de cuivre, 1 kilog. dissous à chaud dans
12 litres d’eau ; suie, 500 grammes ; le tout
mélangé et additionné d’argile.
En augmentant un peu la proportion du
sulfate de cuivre, M. Magny a obtenu, avec
cette bouillie, d’excellents résultats contre
les limaçons, qui sont, on le sait, très-
friands des Brugnons.
Le « Fromage » de Soja. — La fécule
de Soja est quelquefois employée pour la
préparation d’un fromage.
Ce qui empêche ce produit de se répandre
dans la consommation, c’est, paraît-il, qu’il
possède un goût assez prononcé de Haricot
crû.
La Société d’ Acclimatation vient, sur la
proposition de M. Paillieux, de fonder un
prix de 500 fr., qui sera accordé à la per-
sonne ayant trouvé un procédé pratique pour
débarrasser le fromage de Soja, frais ou
affiné, de ce goût désagréable.
L’album des Orchidées de Mme de Na-
daillac. — Toutes les personnes qui s’inté-
ressent directement aux choses de l’horti-
culture de serre ont, au moins, entendu
parler des remarquables collections d’Or-
chidées possédées par M. de Nadaillac.
Mme de Nadaillac, on le sait également,
était un peintre de fleurs d’un très-grand
talent, et cette artiste a pu reproduire en
aquarelle plus de trois cents espèces ou va-
riétés de ces plantes.
Nous apprenons avec une vive satisfac-
tion que ces aquarelles, rassemblées en
quatre gros volumes, viennent d’être offertes
au Muséum d’histoire naturelle par M. De-
lessert, à qui elles appartenaient.
Par suite de l’acceptation de ce don, le
précieux album de Mme de Nadaillac fait
actuellement partie de la bibliothèque du
Muséum.
Un vœu du Comice de Narbonne. — Le
Comice agricole de Narbonne, sur la pro-
position de M. Louis de Martin, et, après
lui, les Conseils généraux du Gard et de
l’Hérault, ont émis le vœu suivant :
Le Comice agricole de Narbonne, vu les
services rendus à la viticulture européenne par
M. le professeur Planchon, tant par ses études
sur le phylloxéra que par ses recherches sur
les Vignes américaines ;
CHRONIQUE
Vu qu’il est de l’honneur d’une nation de
remercier par des récompenses exceptionnelles
ceux de ses enfants qui ont grandi à la fois la
richesse matérielle du pays et sa renommée
scientifique ;
Considérant, d’ailleurs, qu’il est de notoriété
publique que cet éminent botaniste, laissant de
côté toute idée mercantile, ne s’est jamais
occupé que du côté scientifique;
Considérant que, par le fait, il a enrichi les
autres en s’oubliant lui-même;
Émet le vœu que le gouvernement accorde à
Mme veuve Planchon, à titre de récompense
nationale, une pension de dix mille francs ré-
versible sur ses enfants.
Le présent vœu sera communiqué à
toutes les Sociétés agricoles, et aux Con-
seils généraux des régions viticoles de
France.
La vente des jus de tabacs. — On sait
combien les jus de tabacs sont employés en
horticulture, mais on sait aussi combien il
était difficile de s’en procurer. Le ministre
des finances vient d’arrêter les dispositions
nouvelles d’après lesquelles ces jus seront
livrés au public.
Nos lecteurs en trouveront l’exposé dans
un article spécial sur lequel nous appelons
leur attention.
EXPOSITIONS ANNONCÉES.
Bourbonne-les-Bains, du 11 au 21 juin. —
Un Concours spécial de pulvérisateurs et une
Exposition de produits maraîchers, plantes en
pots et fleurs coupées, aura lieu à Bourbonne-
les-Bains du 17 au 21 juin. L’Exposition est
limitée ; les horticulteurs, jardiniers et ama-
teurs du département et des départements
limitrophes, ainsi que les membres de la So-
ciété d’horticulture de la Haute-Marne, sont
seuls invités à y prendre part.
Mézidon, 16 septembre. — La Société d’hor-
ticulture de Mézidon fera dans cette ville, le
16 septembre, une exposition générale com-
prenant fleurs, fruits et légumes, ainsi que les
objets d’art ou d’industrie horticoles.
Se faire inscrire avant le 2 septembre, der-
nier délai , chez M. Loutreul, président de la
Société, à Bayeux (Calvados).
Le programme détaillé de l’Exposition sera
adressé aux personnes qui en feront la de-
mande.
Orléans, 13 au 18 juin. — La Société
d’horticulture d’Orléans et du Loiret organise
une exposition de légumes, fleurs, fruits et
objets d’art concernant l’horticulture. Cette
Exposition, à laquelle sont conviés tous les hor-
ticulteurs et amateurs français et étrangers,
horticole. 221
aura lieu du 13 au 18 juin. Le programme
comprend vingt-quatre concours.
Adresser les demandes d’admission, le 8 juin
au plus tard, au président de la Société, 58, rue
de la Bretonnerie, à Orléans.
Saint-Germain-en-Laye, du 26 au 29 août.
— La Société d’horticulture de Saint-Germain-
en-Laye tiendra dans cette ville, au manège
militaire, et du 26 au 29 août, une Exposition
générale des produits de l’horticulture et des
objets se rattachant à l’industrie horticole.
Les horticulteurs marchands et les amateurs
concourront séparément.
Adresser les demandes d’admission à M. Sal-
lier fils, secrétaire général de la Société, châ-
teau du Val, par Saint-Germain-en-Laye (Seine-
et-Oise).
Memento des Expositions. — Voici la liste
des Expositions précédemment annoncées. L’in-
dication entre parenthèses ( Chr . n°...) renvoie
à la Chronique du N° de la Revue horticole
où l’exposition a été annoncée avec quelques
renseignements sommaires. La mention Exp.
gén. indique qu’il s’agit d’une exposition géné-
rale d’horticulture.
Amiens. — Exp. gén. (Chr. n° 6), 2 au 4 juin.
Autun. — Exp. gén. (Chr. n° 5), 2 au 10 juin.
Bordeaux. — Fruits, légumes, fleurs (Chr. n° 5),
15 au 26 septembre.
Bougival. — Exp. gén. (Chr. n° 9), 29 août au
3 septembre.
Épinal. — Exp. gén. (Chr. n° 4), 9 au 14 juin.
Laon. — Exp. gén. (Chr. n° 6), 25 au 27 mai.
Marseille. — Exp. gén. (Chr. no 5), 2 au 11 juin.
Meaux. — Exp. gén. (Chr. n° 5), 7 au 9 septembre.
Moulins. — Exp. gén. (Chr. 6), 31 juillet au
5 août.
Nîmes. — Exp. gén. (Chr. n° 9), 26 mai au 3 juin.
Orléans. — Exp. gén. (Chr. n» 4), 24 au 27 mai.
Paris. — Exp. gén. annuelle (Chr. n° 6), 25 au
31 mai.
Roubaix. — Chrysanthèmes (Chr. n°5), 23 au 25 juin.
— Roses (Chr. no 5), 17 novembre.
Rouen. — Exp. gén. (Chr. n° 4), 16 au 21 mai.
Saint-Cloud. — Exp. gén. (Chr. n° 8), 29 avril au
21 mai.
Sens. — Exp. gén. (Chr. n° 8), 16 au 25 juin.
Valognes. — Exp. locale (Chr. n° 8), l°r au 4 sep-
tembre.
Anvers. — Roses (Chr. n» 8), fin juin.
Lausanne. — Exp. gén. (Chr. n° 8), 20 au 25 sep-
tembre.
Nécrologie : M. Alfred- Augustin Du-
rand-Claye. — Nous avons à déplorer la
mort de M. Alfred-Augustin Durand-Claye,
ingénieur en chef et professeur à l’École des
ponts et chaussées. M. Durand-Claye s’était
surtout rendu utile à l’agriculture par ses
travaux sur l’utilisation des eaux d’égout.
Les horticulteurs et maraîchers de la plaine
de Gennevilliers n’oublieront pas les ser-
vices importants qu’il leur a rendus.
I E.-A. Carrière et Ed. André.
CORBEILLES ORNEMENTALES.
OOO
CORBEILLES ORNEMENTALES
DISPOSITIONS NOUVELLES
1° Corbeille de plantes isolées.
On reproche souvent, et cela avec raison,
aux corbeilles de plantes à fleurs, d’être
trop compactes; les fleurs, se touchant
presque, ne laissent plus voir le feuillage,
les effets d’ombre ne se produisent plus,
Fig. 49. — Corbeille de plantes isolées.
1 . Cordyline australis.
2. Cannas Président Wayvre avec Glaïeuls.
3. Pélargoniums Bijou.
4. Alternanthera atropurpurea.
5. Mesembrianthemum cordiforme.
6. Gnaphalium tomentosum, tiges.
7. Fuchsias à haute tige ou pyramides.
8. Lantanas tige.
9. Santolina chamœcy par issus.
TO. Sempervivum californicum.
11. Agave salmiana.
Plantes isolées sur le fond iF Alternanthera (n° 4),
Pélargoniums zonales, Agératums, Glaïeuls, Sauges,
Bégonias, Chrysanthèmes, etc.
l’air ne circule pas; bref, l’élégance a tota-
lement disparu; et alors, dans ce genre
de décoration, les corbeilles ainsi disposées
pourraient presque être remplacées par des
tapis épais, aux couleurs brillantes.
Pour éviter cette défectuosité, nous avons
Fig. 50. — Coupe transversale de la corbeille.
expérimenté depuis quelques années, dans
les jardins publics de la ville de Prague,
un nouveau genre de décoration florale dont
nous avons été entièrement satisfait.; voici
en quoi il consiste :
Sur un fond de plantes tapissantes telles
PLANTATIONS LE LONG DES PROPRIÉTÉS RIVERAINES.
que Alternanthera, Sempervivum, Me-
rambrianthemum, etc., on dispose, dans
un ordre symétrique indiqué sur la figure
ci-contre (fig. 49), des plantes de développe-
ments différents, et distancées suffisamment
les unes des autres pour que, alors qu’elles
ont atteint toute leur grandeur, elles soient
encore séparées entre elles et laissent voir
les plantes formant fond, dont les couleurs
ont été choisies de manière à faire ressortir
en vigueur les plantes isolées.
2° Corbeille à relief.
Nous appelons corbeilles à relief celles
dont la surface a reçu, avant la mise en
223
place des plantes, certains renflements des-
tinés à augmenter l’effet désiré.
Dans l’exemple que nous donnons ci-
contre (fig. 51), la partie centrale jusqu’à la
bordure intérieure n° 4 a été fortement
bombée au-dessus du niveau général de
la corbeille, et, de plus, les ornements en
festons ont une saillie aussi forte que pos-
sible.
Pour faire tenir la terre ainsi disposée,
car elle se dégraderait si on la laissait à
elle-même, on y repique un gazon de Sem-
pervivum, qui suffit à la maintenir avec
une pente presque verticale.
Les deux genres de décorations florales
Fig. 51. — Corbeille à relief.
1. Fourcroya Roezli.
2. Echeveria Scheideckeri.
3. Teleianthera versicolor.
4. Gnaphalium lanatum.
5. Antennaria dioica.
6. Sempervivum Delessonii.
7. Alternanthera Van Houttei.
8. — aurea nana compacta.
9. Echeveria agaveoides.
10. Alternanthera amœna, centre Yucca filifera varieg.
11. Alternanthera aurea compacta nana.
12. Sagina astilboides aurea, avec Yucca fol. variegata
au milieu.
13. Alternanthera amœna , avec Festuca glauca à l’ex-
trémité.
•14. La ceinture, les deux lignes à l’extérieur en Herniaria
glàbra, l’intérieur en Sagina astilboides aurea, ou
en Mesembrianthemum cordifolium aureum.
15. Sempervivum californicum.
16. Echeveria metallica glauca.
que nous venons d’indiquer nous ont donné,
nous le , répétons, d’excellents résultats, et
nous engageons vivement les lecteurs de la
Revue horticole à en faire l’application. Ce
sera deux nouvelles applications de déco-
rations florales, qui pourront présenter
quelque intérêt.
F. Thomayer,
Jardinier-Chef de la ville de Prague
(Autriche).
PLANTATIONS LE LONG DES PROPRIÉTÉS RIVERAINES
Divers pépiniéristes des environs de
Paris nous ont récemment transmis leurs
doléances à l’occasion des tracasseries qui
leur sont créées par des cultivateurs rive-
rains de leurs plantations. Ces derniers in-
voquent la loi et réclament souvent l’appui
de la justice contre les planteurs d’arbres à
haute tige, de 2 mètres et au-dessus, qui
sont situés à moins de 2 mètres de leurs
propriétés.
Dans un département comme celui de la
Seine, où la propriété est très-morcelée, ces
chicanes ne sont pas sans inquiéter beau-
coup certains pépiniéristes, quand ils ont
224
BEGONIA LUBBERSII.
une surface considérable dû sol qui se
trouve ainsi inutilisée.
On nous écrit à ce sujet :
« Pensez-vous que la loi nous concerne,
nous qui ne faisons que des élevages de
plantes n’ayant aucun rapport, au point de
vue que la gêne qu’ils peuvent causer aux
voisins, avec des arbres qui, plantés à de-
meure pendant cinquante ans et plus, s’éten-
dent sur les riverains? »
Évidemment, ces jeunes plantations ne
s’élevant jamais bien haut, destinées à dis-
paraître tous les trois ou quatre ans, dont
l’ombre est insignifiante et les racines com-
plètement inoffensives, ne peuvent être com-
parées à des arbres établis définitivement et
dont l’accroissement futur inquiète les voi-
sins ; nous trouvons donc absolument blâ-
mables les vexations que l’on fait subir de
ce fait aux pépiniéristes des environs de
Paris. Malheureusement le législateur n’a
fait aucune distinction entre les arbres à
demeure fixe qui peuvent devenir nuisibles
par leur accroissement et ces plantations
passagères.
Les textes de loi qui régissent cette ma-
tière intéressant un grand nombre d’hor-
ticulteurs, sont les articles 671, 672 et 673
du Code civil ; nous les citerons en entier :
Art. 671. — Il n’est permis d’avoir des
arbres, arbrisseaux et arbustes près de la
limite de la propriété voisine qu’à la dis-
tance prescrite par les règlements particuliers
actuellement existants , ou par des usages
constants et reconnus , et, à défaut de régle-
ments et usages, qu’à la distance de 2 mètres
de la ligne séparative des deux héfitages pour
les plantations dont la hauteur dépasse 2 mètres,
et à la distance d’un demi-mètre pour les
autres plantations.
Les arbres, arbustes et arbrisseaux de toute
espèce peuvent être plantés en espaliers, de
chaque côté du mur séparatif, sans que l’on
soit tenu d’observer aucune distance, mais ils
ne pourront dépasser la crête du mur.
Si le mur n’est pas mitoyen, le propriétaire
seul a le droit d’y appuyer ses espaliers.
Art. 672. — Le voisin peut exiger que les
arbres, arbrisseaux et arbustes, plantés à une
distance moindre que la distance légale, soient
arrachés ou réduits à la hauteur déterminée
dans l’article précédent, à moins qu’il n’y ait
titre, destination du père de famille ou pres-
cription trentenaire.
Si les arbres meurent ou s’ils sont coupés ou
arrachés, le voisin ne peut les remplacer qu’en
observant les distances légales.
« Art. 673. — Celui sur la propriété duquel
avancent les branches des arbres du voisin
peut contraindre celui-ci à les couper. Les
fruits tombés naturellement de ces branches
lui appartiennent.
Si ce sont les racines qui avancent sur son
héritage, il a le droit de les y couper lui-même.
Le droit de couper les racines ou de faire
couper les branches est imprescriptible.
Les seuls conseils que nous puissions
donner aux pépiniéristes contre lesquels ces
textes de loi sont invoqués, c’est :
1° De réclamer l’application des régle-
ments particuliers ou des usages cons-
tants et reconnus , s’il en existe dans leur
localité qui leur soient favorables ;
2° A défaut de ces réglements ou usages,
de planter le terrain inutilisé en fortes
touffes ne dépassant pas 2 mètres qu’ils ont
le droit de placer à 50 centimètres du voisin,
que ce procédé rendra peut-être plus tolérant ;
3° De provoquer, par des associations, des
écrits, des protestations collectives, une agi-
tation en vue d’une réforme de la législa-
tion actuelle.
Pour s’appuyer sur des précédents de na-
ture à les aider à obtenir satisfaction, les
intéressés peuvent invoquer la coutume en
usage dans certaines villes d’eaux, stations
de bains de mer, localités de villégiature
urbaine, etc.
Ainsi, par exemple, les villas du midi de
la France, sur le littoral méditerranéen,
comme Cannes, Nice, Menton, sont l’objet
de tolérances librement consenties, partout
acceptées, qui permettent souvent de plan-
ter d’énormes Eucalyptus à 50 centimètres
du riverain. La raison est que l’ombrage et
l’abri étant un bien recherché dans cette
région du chaud soleil, on est heureux de
se prêter ainsi un mutuel secours.
Il ne serait pas très-difficile de réglemen-
ter équitablement, dans ce sens, les cultures
qui peuvent être faites à moins de 2 mètres
des riverains, sans porter préjudice à l’in-
dustrie des pépiniéristes. Ed. André.
BEGONIA LUBBERSII
Chaque plante a son histoire, souvent des
plus intéressantes, et le charme particulier
qu’elle présente est encore augmenté par les
péripéties qui, fréquemment, ont accompa-
gné sa découverte. — Telles espèces n’ont
pu être importées vivantes en Europe qu’a-
BEfiONIA LUBBERSII.
225
près des tentatives nombreuses et pénibles,
quelquefois marquées par la mort du pre-
mier collecteur parti à leur recherche. Cer-
taines d’entre elles, après avoir vécu quelque
temps dans nos serres, ont disparu par suite
de causes ignorées, et leur réintroduction a
nécessité de nouveaux voyages lointains, de
nouveaux périls encourus.
D’autres plantes, au contraire, ontpénétré,
pourrait - on
dire, clan-
destinement
dans les cul-
tures, et le
Bégonia
Lubbersii ,
figuré ci-con-
tre, est de ce
nombre. Voi-
ci son his-
toire.
En
M. Petro Bi-
not, l’horti-
culteur col-
lecteur bien
connu , de
Pétropolis
(Brésil), fit
au Jardin bo-
tanique de
l’État, à Bru-
xelles, un en-
voi de plantes
parmi les-
quelles se
trouvaient
des Fougères
en arbre. M.
Lubbers,chef
des cultures
de cet établis-
sement, aper-
çut, accroché
dans les aspé-
rités qui gar-
nissaient un
stipe d ’Also-
phila elegans, un fragment de tige qu’il
reconnut pour provenir d’un Bégonia. Ce
fragment n’était pas complètement dessé-
ché, et, à force de soins, M. Lubbers réussit
à le conserver à la vie; le regretté profes-
seur Ed. Morren étudia la jeune plante qui
en provint et la déclara nouvelle.
Aujourd’hui, le Bégonia Lubbersii a fait
ses preuves. C’est une forme très-jolie qui,
depuis les quelques années] qu’on la sur-
veille, a progressivement justifié les espé-
rances que, dès le principe, c’est-à-dire dès
que ses premières feuilles se furent déve-
loppées, on avait basées sur elle.
Il se rapproche un peu du B. maculata,
Daddi (B. argyrostigma , Fisch), mais la
forme et la dimension de ses fleurs, la dispo-
sition apointie de la partie supérieure de la
feuille à limbe pelté, les stipules persistantes,
la disposition
des nervures
et des ma-
cules l’en font
différer com-
plètemen t .
Sur une
petite tige
assez vigou -
reuse, le B.
Lubbersii
développe des
feuilles pel-
tées, termi-
nées en poin-
te à leurs
deux extré-
mités, la page
supérieure
vert foncé
maculé de
blanc grisâ-
tre argenté,
nervures vert
clair ; la page
inférieure est
entièrement
roux bronzé.
Les fleurs,
d’un blanc
pur, sont
grandes, à
deux pétales
étalés, me-
surant 4 cen-
timètres de
longueur sur
une largeur
égale . Les
deux pétales latéraux sont beaucoup plus
petits et redressés; les sépales sont très
grands, blanc légèrement verdâtre, lavé
de blanc. Les étamines forment au centre
de la fleur une touffe compacte et régulière,
jaune très pâle.
Le Bégonia Lubbersii est une nouveauté
de haut intérêt, et fera bientôt partie de
toutes les bonnes collections.
Ed. André.
LE PÊCHER EN DOUBLE U.
226
LE PÊCHER EN DOUBLE U
Parmi les nombreuses formes auxquelles
on soumet le Pêcher, l’une des plus avan-
tageuses et des plus agréables à l’œil est
certainement la forme en double U (fig. 53).
C’est, il est vrai, une palmette à branches
verticales, mais dont le double coude auquel
les branches sont soumises ralentit un peu la
sève, l’empêche de se porter avec trop de
force vers les extrémités, et qu’il est alors
plus facile de gouverner. D’un autre côté,
il est également facile d’établir et de
maintenir l’équilibre des quatre bran-
ches, par ce fait qu’elles ont un point de
départ commun, ce qui n’est jamais pos-
sible avec la palmette Verrier, la branche
du milieu absorbant toujours une trop
grande quantité de sève au préjudice des
branches latérales, qui alors restent mai-
gres.
Cette forme en double U devrait être plus
souvent adoptée qu’elle l’est dans les jar-
dins bourgeois qui n’ont pas une grande
étendue de murs à consacrer aux Pêchers ;
elle occupe peu de place, 2 mètres de lar-
geur seulement, ce qui permet de cultiver
un plus grand nombre de bonnes variétés,
et, si le mur a 3 mètres de hauteur, on ob-
tient une surface de A 2 mètres de branches,
ce qui est déjà quelque chose.
Nous ne savons qui a inventé cette forme ;
plusieurs arboriculteurs prétendent se l’at-
tribuer ; ce que nous savons, c’est que ce
système n’est pas nouveau, puisqu’il a été
recommandé par feu Alexis Lepère, père,
il y a déjà une trentaine d’années, et nous-
mêmes l’avons appliqué avec avantage dans
notre jardin. On peut encore l’admirer dans
les jardins de l’École d’horticulture de Ver-
sailles, et constater les bons résultats que
l’on peut en retirer avec des variétés produc-
tives et de moyenne vigueur.
Bien que le Pêcher en double U soit
facile à obtenir et à diriger, nous devons
donner quelques indications à ce sujet :
Il faut préalablement dessiner sur le mur
l’emplacement des branches, soit au moyen
de la craie, si on doit palisser à la loque,
soit avec des baguettes d’osier ou de jonc,
si on doit palisser sur treillage. Toutefois,
ces baguettes ne sont nécessaires que pour
former les parties cintrées à la base des
branches, puisque ensuite celles-ci suivent
verticalement les montants du treillage.
Rappelons, en passant, que ces montants
doivent être espacés de 8 à 10 centimètres
au plus, afin que l’on puisse facilement pa-
lisser les rameaux fruitiers.
Puis, d’octobre à décembre, suivant le
climat ou les conditions où l’on se trouve,
on plante le jeune Pêcher (greffé de quinze
mois), avec tous les soins ordinaires ; on
dispose la tige de manière à avoir, à 25
ou 30 centimètres au-dessus du sol, un
œil par-devant. Si on plante plusieurs
Pêchers sur la même ligne, tous ces yeux
de devant doivent se trouver au même
niveau, parallèlement à la direction du ter-
rain.
Dans le courant du mois de février qui
suit la plantation, on rabat les jeunes Pê-
chers sur l’œil situé immédiatement au-
dessus de celui qui a été placé en avant.
Dès que cet œil de devant commence à
pousser et qu’il a atteint une longueur de
un demi-centimètre environ, on le coupe
par la moitié avec la lame du greffoir, en
ayant soin de ne pas blesser sa base. Peu
après, on voit, de chaque côté de cette base,
deux nouveaux yeux dont on surveillera et
protégera le développement et auxquels on
fait prendre la direction indiquée par le
dessin. Pendant ce temps, la pousse termi-
nale, qui n’a été conservée que comme tire-
sève, est maintenue et pincée de manière à
concentrer cette sève sur les deux branches
latérales. L’œil qui a été coupé s’annule
ordinairement de lui-même; mais si par
hasard il repousse, on le supprime et l’on
fait de même de toutes les autres pousses
LAGERSTROEMIA INDICA.
227
qui auraient pu se développer sur la base de
la tige.
Vers le mois de juillet, le bourgeon ter-
minal est rabattu, avec la portion de tige
qui le porte, jusqu’à la naissance des bran-
ches latérales ; alors celles-ci se développent
vigoureusement et leur empâtement re-
couvre bien vite la plaie qui avait été
faite.
Ces deux premières branches ayant été
formées en demi-cercle remontent ensuite
verticalement ; elles doivent avoir un écar-
tement de 1 mètre pour former plus tard la
base du double U.
L’année suivante, c’est-à-dire la deuxième
année de plantation, on taille chacune de
ces branches de la même manière que le
scion de la première année, soit à un œil
situé au-dessus d’un autre œil placé de face,
à la hauteur voulue (de 50 à 60 centimètres
au-dessus du sol), et l’on répète sur chacun
de ces yeux la même opération que celle
faite l’année précédente. C’est ainsi que l’on
En disant que le Lagerstroemia indica
est l’une des plus jolies espèces que l’on
puisse voir, nous sommes sûrs de n’être pas
contredit par ceux qui connaissent cette
plante. Mais, comme ceux-ci sont en infime
minorité, nous croyons devoir en parler, la
décrire, et surtout faire ressortir l’immense
avantage que l’on peut en tirer au point de
vue de l’ornementation.
Bien qu’originaire de l’Inde, le Lagers-
troemia est relativement rustique. C’est
une plante d’orangerie et même d’orangerie
froide. (Jn cellier, une cave ou tout endroit,
même obscur, où il ne gèle pas, suffit pour
conserver les Lagerstroemia. La culture
des Grenadiers, dont, au reste, ils ont à
peu près la rusticité, leur convient parfaite-
ment. Leurs caractères généraux sont les
suivants :
Arbrisseaux atteignant 3 à 4 mètres de
hauteur, buissonneux, mais pouvant cepen-
dant s’élever sur une petite tige très-rami-
fîée, à écorce pelucheuse, se détachant en
plaques minces, irrégulières. Bourgeons
anguleux, tétragones. Feuilles caduques,
courtement et largement ovales, plus ou
moins acuminées au sommet. Inflorescence
plus ou moins volumineuse, suivant la vi-
gueur des parties, ramifiées, à ramifications
dressées. Fleurs nombreuses, assez grandes,
à pétales ondulés, crispés, variant, suivant
obtient un double U (fig. 53), dont les bran-
ches remontent verticalement et se trouvent
espacées de 50 centimètres entre elles, ce qui
est suffisant pour le palissage du Pêcher.
La manière que nous venons d’indiquer
n’est certainement pas la seule à employer
pour obtenir le double U, mais celle dont
nous parlons nous a paru l’une des plus
faciles. Elle a été préconisée, il y a quelque
vingt ans, par un enfant de Montreuil,
M. Ajalbert, et nous en avons toujours été
très-satisfait. En opérant ainsi que nous
l’avons rapporté, les branches charpentières
se trouvent très-régulièrement opposées ; et
la plaie formée par la coupe de la branche
centrale se recouvre parfaitement. Aussi
n’hésitons-nous pas à recommander cette
forme, qui non seulement est jolie, mais qui
donne de très-beaux résultats pour la
production, surtout si l’on a choisi de
bonnes variétés telles que les Pêchers Ams-
den, Mignonne hâtive , Bonouvrier, etc.
Ch. Chevallier.
iia INDICA
les variétés, du rouge vif, ou violet, au
blanc plus ou moins pur.
Culture, multiplication. — Sous le cli-
mat de Paris, la culture des Lagerstroemia
est tout à fait analogue à celle des Grena-
diers et des Erythrines. On peut donc les
cultiver en pleine terre, à bonne exposition,
et les y laisser, en les abritant plus ou
moins pendant l’hiver, ou bien, à l’époque
des froids, en les relevant en mottes pour
les placer dans un cellier, dans une serre
froide, sous des gradins ou même dans une
cave saine, d’où on les retire pour les plan-
ter de nouveau en pleine terre. Ainsi trai-
tés, ils fleurissent de juillet à août et même
septembre.
Les Lagerstroemia fleurissant sur le
jeune bois, il faut les tailler court au prin-
temps, afin d’obtenir des bourgeons vigou-
reux. Quant à la multiplication, on la fait :
1° à l’aide de bourgeons semi-aoûtés, qu’on
plante en terre de bruyère, et que l’on
étouffe sous cloche, dans la serre à multi-
plication ; 2° à l’aide de graines que l’on
sème de suite ou bien au printemps en ter-
rine et en terre de bruyère. On repique les
plants lorsqu’ils ont atteint 6 à 10 centi-
mètres de hauteur, ou plutôt on les sépare
l’année suivante, un peu avant qu’ils entrent
en végétation ; on les met alors dans des
pots, et on les traite comme des plantes
228
NOUVEAUX GLAÏEULS HYBRIDES. — ALLIUM K ARATAVIENSE.
d’orangerie. Mais, sous un climat plus
doux, où l’hiver est très-clément, on re-
pique en pleine terre.
Outre les divers traitements dont il vient
d’être question, les Lagerstroemia peuvent
être cultivés en caisses; on les traite abso-
lument comme s’il s’agissait de Grenadiers,
et, comme ceux-ci, ils servent à la décora-
tion des terrasses, des cours, des devan-
tures de maisons, etc. Cultivés en pots ou
en petites caisses, ces plantes, qui fleu-
rissent abondamment chaque année, peu-
vent aussi concourir à l’ornementation des
appartements et faire de magnifiques
« plantes de marché ». Nous recommandons
même tout particulièrement cette culture,
qui, nous en avons la certitude, serait très-
goûtée du public. Mais, sous quelle que
forme que ce soit, nous signalons surtout
cette espèce aux amateurs de belles et bonnes
plantes.
E.-A. Carrière.
NOUVEAUX GLAÏEULS HYBRIDES
Nous avons eu plusieurs fois l’occasion de
parler, dans la Revue horticole , des re-
marquables Glaïeuls hybrides obtenus par
M. Lemoine. Nous rappellerons que la race
créée par cet habile horticulteur a été ob-
tenue par un croisement du Gladiolus pur-
pureo auratus avec les variétés du G. gan-
dctvensis. Les hybrides qui sont issus de ces
parents si remarquables ont presque tous
comme caractères communs de larges ma-
cules sur les deux pétales inférieurs, ce qui
les fait ressembler à certaines Orchidées. Le
n° 1 de notre planche coloriée représente
un de ces aspects orcliidiformes qui justifie
la comparaison qu’on a faite des Glaïeuls de
M. Lemoine avec les favorites de nos serres.
Ces hybrides, en dehors de leur supériorité
de coloris, ont sur les autres Glaïeuls l’avan-
tage d’être rustiques et de pouvoir suppor-
ter le froid des hivers ordinaires. Le succès
qui avait accueilli les Glaïeuls de M. Le-
moine à leur apparition n’a fait que s’affir-
mer depuis et s’étendre, par l’obtention de
nombreuses variétés. Nous avons la bonne
fortune de pouvoir en présenter trois nou-
velles à nos lecteurs, qui verront quelle
beauté de forme, quel éclat, quelle diversité
de couleurs on peut obtenir dans des varié-
tés voisines et même dans une même fleur.
Voici une courte description de ces trois
plantes :
Boussingault. — Sépales à fond blanc lavé
de rose. Les deux pétales inférieurs ovales-aigus,
jaune d’or à l’extrémité, largement maculés de
rouge sang de la base jusqu’au-dessus du mi-
lieu ; le supérieur en casque blanc rosé, maculé
de rouge à la base.
L. van Houtte. — Fleurs grandes, bien ou-
vertes, sépales jaune pâle saumoné, taché au
milieu par une longue bandelette longitudinale
interrompue, rouge sang. Sépales à fond de la
même couleur que les sépales ; le supérieur
large, les deux inférieurs plus petits, largement
maculés de rouge foncé velouté.
Oriflamme. — Fleurs grandes en long épi,
à fond rouge écarlate maculé de velours rouge.
Ces trois remarquables variétés faisaient
partie d’un groupe présenté à la Société na-
tionale d’horticulture, en 1887, et la planche
que nous en publions aujourd’hui nous dis-
pense de les recommander autrement à nos
lecteurs. Ed. André.
ALLIUM KARATAVIENSE
Cette espèce, qui est certainement la plus
curieuse et l’une des plus jolies du genre,
a été découverte par M. Albert Regel au
Turkestan, dans les montagnes de Karatau,
où elle croît à l’état sauvage. Nous avons
pu l’étudier dans toutes les phases de son
développement, chez M. Godefroy-Lebeuf,
horticulteur à Argenteuil. En voici une
description :
Plante robuste, naine, atteignant 25 à
35 centimètres de hauteur. Bulbe solide,
déprimé, de 40 à 45 millimètres de largeur
sur 3 centimètres de hauteur, blanc mat et
comme cireux, luisant, très-uni, recouvert
d’une pellicule mince d’un gris brun, plat
en dessous, légèrement et très-courtement
conique en dessus. Tige grosse. Feuilles peu
nombreuses, largement amplexicaules, éta-
lées-révolutées, atteignant 30 centimètres
et plus de longueur sur environ 10 à 12
de largeur, arquées et courtement arrondies
au sommet, épaisses, et comme légèrement
côtelées, unies cependant, d’un vert glauque.
Hampe relativement forte, d’un roux glau-
Uvue Horticole;.
Nouveaux, Glaïeuls .
7 . Boussuwciult. 2. Louis Van HouÜe 3 Oriflamme.
ChrovwUrfv. GSevereyfis,
UNE BONNE POMME A PROPAGER.
229
cescent ou violacé. Inflorescence sphérique,
atteignant de 10 à 12 centimètres de dia-
mètre. Fleurs longuement pédicellées, très-
nombreuses, légèrement odorantes, à divi-
sions linéaires. Étamines saillantes, à fdets
blancs. Anthère rose-vineux. Ovaire trigone.
Loges 3, relativement grandes. Graines pe-
tites, noires.
L ’Allium karataviense, Regel, présente
dans sa végétation deux phases particulières
que nous croyons devoir signaler : la pre-
mière, qui se manifeste dès le début du dé-
veloppement, est relative à la couleur. Pen-
dant cette phase de la végétation, tige et
feuilles sont d’un violet rosé, d’aspect un
peu métallique, qui donne à la plante un
cachet original et spécial, et qui dure même
assez longtemps. L’autre phase est relative
à la fleur et se manifeste quelque temps
après la première floraison. A ce moment,
il sort çà et là dans l’inflorescence d’autres
! fleurs qui, un peu plus longuement pédon-
j culées, s’élèvent au-dessus des premières,
i et donnent à l’inflorescence un aspect sin-
I gulier, un faux air d’Échinocacte ou plutôt
j de Mamillaire.
Cette espèce, qui est très-rustique, fleu-
rit de février à mars-avril, suivant les con-
ditions dans lesquelles elle est placée. Bien
qu’elle ne soit pas délicate sur le sol, elle
s’accommode néanmoins plus particulière-
ment des terrains qui sont légers et chauds,
et, autant que possible, bien ensoleillés.
E.-A. Carrière.
UNE BONNE POMME A PROPAGER
Nous venons parler ici de la Pomme
London pippin, Pépin ou Reinette de
Londres, répandue en France sous les noms
de Calville du roi et de Citron d’hiver.
L’arbre de cette précieuse variété est de
vigueur modérée, ramifié et d’une bonne
fertilité. Pour le grand verger, il sera
greffé à haute tige sur un sujet vigoureux,
de pied franc; au jardin fruitier, la culture
sur doucin entretiendra ses bonnes dispo-
sitions végétatives et fructifiantes.
Le fruit a l’aspect d’une Pomme de Cal-
ville blanc, aussi gros, plus large et moins
côtelé. L’épiderme, blanc d’ivoire ou jaune
cireux, est parfois éclairé de rose et se flé-
trit rarement. La chair, légèrement teintée,
est assez ferme, bien juteuse, réellement
exquise par son sucre et son arôme.
La maturité commence en décembre et
finit en mars. Un de mes amis la conserve
plus longtemps encore en enveloppant le
fruit d’une feuille de papier avant de l’en-
fermer dans un tiroir de commode.
En somme, c’est un dessert excellent et
un fin manger.
Les ouvrages anglais, américains et ger-
maniques font le plus grand éloge de cette
variété en lui attribuant des synonymies :
Five crown Pippin (Pippin à cinq côtes),
Royal Sommerset, New London Pepping,
Londoner grosse Reinette, etc.
En 1820, George Lindley, dont la compé-
tence faisait autorité, déclarait dans les
Transactions de la Société d’horticulture
de Londres que le Comté de Norfolk,
pays originaire de notre Pomme, en four-
nissait aux marchés des grandes villes de
la région pendant tout l’hiver, et qu’il est
peu de fruits aussi méritants.
Maintenant, pourquoi certains amateurs
ont-ils décrit la London pippin sous la
dénomination de Calville du roi et de
Citron d’hiver ? Nous comprenons que la
forme et le parfum du fruit pourraient
excuser cette synonymie, sans cependant
la justifier; le nom primitif a toujours la
priorité.
Mais le Citron d’hiver catalogué, en 1628,
par Le Lectier, procureur du roi à Orléans,
cité par don Claude Saint-Étienne, en 1670,
décrit par l’auteur hollandais Hermann
Knoop et l’allemand Jean Mayer, quelques
années plus tard, est un tout autre fruit.
Quant à la désignation de Calville du
roi, nous en demandions le motif à un
pépiniériste de l’Ouest, non loin du pays
qui vit naître la Poire Royale quand
même. — Mais, nous fut-il répondu, il y a
bien le Calville des femmes...
En tout cas, nous avons constaté la double
synonymie, lors du Congrès pomologique
de Rouen, devant les riches collections
anglaises ; nous le répétons à chaque
session du Congrès, et... personne ne nous
répond.
Il est de fait que nous n’avons pas encore
trouvé un contradicteur.
Charles Baltet,
Horticulteur à Troyes.
230
LE CENTENAIRE DES FUCHSIAS.
LE CENTENAIRE DES FUCHSIAS
S’il est un genre de plantes ayant
atteint le maximum de la popularité, on
peut dire à juste titre que c’est le genre
Fuchsia. Tout le monde connaît, même au
fond des campagnes les plus reculées, ces
arbrisseaux élégants aux corolles et aux
calyces richement nuancés, pendants au
bout de longs pédoncules si déliés qu’on di-
rait des fleurs aériennes. L’hiver, on les
rencontre dans les orangeries et dans les
serres ; ils garnissent nos appartements au
printemps ; l’été, ils font le charme de nos
plates-bandes, ils agrémentent nos par-
terres, ils sont à toutes les fenêtres.
Il y a juste un siècle que le premier
Fuchsia a été introduit en Europe.
C’est, en effet, en 1788 que la première
espèce fut introduite sous le nom de Fuch-
sia coccinea. Depuis, les voyageurs qui ont
parcouru les montagnes de l’Amérique tro-
picale en ont observé de nombreuses
espèces dont ils ont rapporté des échantil-
lons secs ou des spécimens vivants.
A. de Candolle, dans le Prodromus ,
mentionnait 26 espèces; ce nombre était
porté à 40 par Dietrich dans son Synopsis
plantarum , et actuellement on en compte
une cinquantaine d’espèces bien distinctes.
Quant au nombre des variétés qui sont
issues du croisement des espèces cultivées,
il nous est impossible de le fixer même ap-
proximativement. M. Porcher, dans la
4e édition de son ouvrage sur le Fuchsia,
publié en 1874, décrit ou mentionne plus
de 300 variétés prises parmi les plus belles;
et si l’on signalait toutes celles que la cul-
ture a produites, on arriverait à un chiffre
prodigieux, peu de plantes se prêtant autant
à l’hybridation que les Fuchsias. Nous ne
pouvons entrer, au sujet de ces variétés,
dans des détails de description ni même de
citation qui prendraient des volumes; mais
nous avons cru qu’il serait intéressant pour
certains de nos lecteurs de connaître, pour
les variétés qu’ils cultivent, le type primitif
qui les a produites ou au moins à quels
groupes elles appartiennent; c’est pourquoi
nous donnons ci-dessous un aperçu des di-
verses sections sous lesquelles les auteurs
rangent les Fuchsias sauvages et de courtes
descriptions de toutes les espèces intro-
duites.
Ces espèces ont été partagées en divers
groupes par les auteurs.
De Candolle a adopté le classement sui-
vant :
PREMIÈRE SECTION.
Tube du calyce cylindrique ou obconique,
atténué au-dessus de l’ovaire ou comprimé ;
feuilles opposées ou verticillées, très-rarement
presque alternes ; ovaires disposés sur 2 rangs
dans chaque loge.
§ 1. Breviftorœ. — Fleurs à partie tubuleuse
libre du calyce plus courte que les lobes ou égale;
étamines incluses.
§ 2. Macrostemoneœ. — Fleurs à partie tubu-
leuse libre du calyce plus courte que les lobes ou
égale ; étamines exsertes.
§ 3. Lorujiflorœ. — Fleurs à partie tubuleuse
libre du calyce deux ou trois fois plus longue que
les lobes.
DEUXIÈME SECTION.
Tube du calyce ventru bosselé à la base au-
dessus de l’ovaire; ovules très-petits réunis
sans ordre autour d’un placenta central : feuilles
alternes.
Cette section ne renfermait qu’une seule
espèce, V excorticata, à l’époque où de Can-
dolle publiait ses Œnotheracées .
M. B. Hemsley, en 1877 (1), a proposé
un autre groupement fondé sur les analo-
gies qui existent, à peu d’exceptions près,
entre toutes les espèces d’une même con-
trée.
A. — Espèces américaines ayant des pétales.
Sous cette section, il comprend :
1° Les espèces de Bolivie, du Pérou, de
l’Équateur, de la Nouvelle-Grenade, etc., qui
ont généralement le tube du calyce plus long
que les sépales, des étamines dépassant rare-
ment les pétales, des pétales souvent plus
courts que les sépales, mais plus larges;
2° Les espèces du Brésil, ayant des sépales
aussi longs ou plus longs que le tube et des
étamines dépassant beaucoup les pétales ;
3° Les espèces du Chili et de la Patagonie,
dont les caractères rentrent dans la catégorie
de ceux des espèces du Brésil pour le Fuchsia
magellanica , et sont communs aux Fuchsias
du Mexique dans les autres espèces ;
4° Les espèces du Mexique et du Guatémala,
renfermant des Fuchsias à très-petites fleurs
dont le F. microphylla est le type ; un petit
groupe se rattachant au Fuchsia splendens , et
le curieux Fuchsia arborescens.
(1) Tlie Garden, 1877, p. 70.
LE CENTENAIRE DES FUCHSIAS.
231
B. — Espèces américaines n’ayant pas de
pétales.
Cette section comprend des Fuchsias origi-
naires des montagnes du Nord-Ouest de l’Amé-
rique du Sud, manquant de pétales, mais ayant
des fleurs très-remarquables, les plus grandes
du genre. Ils ont l’aspect de plantes épiphytes,
croissent sur les rocs et les arbres, et quelques-
uns d’entre eux produisent leurs fleurs avant
l’apparition des feuilles ou avant le complet dé-
veloppement de ces dernières.
C. — Espèces de la Nouvelle-Zélande.
Cette section est composée de trois ou quatre
espèces distinctes de toutes celles qui croissent
en Amérique. Elles ont des feuilles alternes
et pas de pétales ou de très-petits.
Le groupement établi par M. Hemsley,
s’il n’est pas fondé sur les principes scienti-
fiques sur lesquels on s’appuie ordinaire-
ment dans les subdivisions de genres, a le
mérite de faire connaître presque sûre-
ment, sans autres indices, la patrie des es-
pèces du genre Fuchsia.
Endlicher a proposé le classement sui-
vant reproduit par MM. Bentham et Hooker
dans leur Généra plantarum :
1° Eucliandra. — Fleurs polygames, pé-
tales étalés, étamines très-courtes, baie oligos-
perme ;
2° Fuchsia. — Fleurs bisexuées, pétales
roulés, étamines exsertes, baie polysperme ;
3° Skinnera. — Fleurs bisexuées, pétales
petits, graines très -petites. Espèces de la
Nouvelle-Zélande.
Suivant le classement adopté par de Can-
dolle, nous allons passer une revue rapide
des espèces groupées sous chaque para-
graphe.
PREMIÈRE SECTION.
§ I. Breviflores. — Ce groupe, qui corres-
pond à une partie des paragraphes 3° et 4° de
M. Hemsley, se compose de Fuchsias à petites
fleurs presque tous cultivés.
1° Espèces cultivées.
F. microphylla , H. B. K., arbuste charmant par
ses dimensions exiguës, ses rameaux nombreux,
divariqués, et les minuscules fleurs rouges dont il
se couvre à profusion.
F. lycioides, Andrews, une de nos plus vieilles
espèces, apporté du Chili par Menzies vers 1796.
Sa culture est à peu près abandonnée.
F. thymifolia , H. B. K., espèce voisine du mi-
crophylla, mais moins estimée; distincte de ce
dernier par ses feuilles pubescentes à peine den-
tées et par ses sépales verdâtres.
F. bacillaris , Lindley, jolie petite espèce à
fleurs d’un rose vif, à pétales très-larges en compa-
raison des sépales.
F. cylindracea, Lindley, dont le nom suffit pour
indiquer la forme des fleurs.
F. acinifolia, Scheidweiber, plante à toutes pe-
tites feuilles, introduite vers 1840 et disparue des
cultures.
2° Espèces non introduites.
F. tetradactyla, Lindley, Guatémala.
F. Notarisii , Lehmann, Mexique.
F. spinosa, Presl., Chili.
§ II. Macrostémonées. — Dans ce groupe,
sont comprises un petit nombre d’espèces cul-
tivées ; il est assez pauvrement représenté dans
la nature.
1° Espèces cultivées.
F. magellanica, Lamark. ( macrostemma , Ruiz
et Pav.), espèce introduite la première sous le nom
de F. coccinea. Plusieurs variétés sauvages en ont
été décrites comme espèces par les auteurs, et ont
été répandues dans les cultures. De ce nombre
sont les :
F. conica, Lindley, auquel la forme de son ca-
lyc.e a valu son nom.
F. globosa, Lindley, ainsi nommé de ses fleurs
globuleuses dans le bouton. D’après Don, dont
M. Hemsley cite l’opinion (1), ce Fuchsia serait
né de graines du F. conica. Il est possible, si ce
Fuchsia n’est qu’une variété, qu’il ait été obtenu
accidentellement, mais il existe à l’état sauvage.
D’après l’assertion de certains auteurs, il a été
trouvé au Chili, et nôus-même l’avons rencontré
en mai 1876, près d’Ipiales (Nouvelle-Grenade).
C’est la seule forme du Fuchsia magellanica que
nous ayons remarquée à l’état sauvage; il y a donc
de fortes raisons de penser qu’il n’est pas le pro-
duit d’une hybridation, et la constance de ses ca-
ractères parviendra peut-être à le faire reconnaître
unanimement comme espèce.
Fuchsia discolor, Lindley; Fuchsia gracilis,
Lindley, et sa variété F. decussata. Ruiz et Pav. ;
Fuchsia recurvata , Bot. Mag.; Fuchsia araucaria
Philippi, sont encore considérés comme des varié-
tés spontanées du F. magellanica dont les
hybrides obtenus par la culture ne se comptent
plus .
F. coccinea , Ait., espèce brésilienne figurée
dans le Botanical Magazine , t. 5740, qui a long-
temps été confondue avec le F. magellanica.
F. arborescens, Sims., ressemblant à tout plutôt
qu’à un Fuchsia. Les F. racemosa et syringæflora
sont des variétés de cette espèce, laquelle est ori-
naire du Mexique .
F. alpestris, Hooker, importé du Brésil, espèce
à larges feuilles, mais à fleurs peu brillantes.
Rare.
F. paniculata, Lindley, voisin de V arborescens,
introduit du Guatémala en Europe en 1856; ne
s’est pas répandu.
2° Espèces non introduites.
F. ovalis, Ruiz, et Pav., Pérou.
F. pubescens , Saint-Hilaire, Brésil.
F. integrifolia , Camb. (F. pyrifolia, Presl.).
F. radicans (Bot. Beg., 1841, t. 66), Brésil.
F. verrucosa , Hartweg, Nouvelle-Grenade.
§ III. Longiflores. — Groupe le plus nom-
breux de tous, composé en grande partie de
(1) L.c., 1877, p. 72.
LE CENTENAIRE DES FUCHSIAS.
232
Fuchsias du Nord-Ouest de l’Amérique du Sud
et qui correspond presque entièrement à la pre-
mière section de M. Hemsley et au sous-genre
Fuchsia de Endlicher.
1° Espèces cultivées.
F. corymbiflora, Ruiz et Pav., espèce à grand
feuillage, à grappes terminales de fleurs d’un rouge
foncé uniforme. On en a obtenu une variété à
fleurs blanches.
F. boliviana, Rœzl, espèce voisine du corymbi-
flora, introduite en Angleterre il y a une douzaine
d’années et sur laquelle on ne sait rien de bien
précis.
F. fulgens , Sesse, brillante espèce mexicaine
à grandes feuilles dentées et à longues fleurs
d’un rouge vermillon pendantes à l’extrémité des
rameaux.
F. dependens, Hooker, voisin du corymbiflora ,
mais à feuilles plus petites, verticillées par quatre.
F. apetala , Ruiz et Pav., espèce à fleurs sans pé-
tales, moins belle et moins connue que la suivante.
F. macrantha, Hooker, trouvé au Pérou par
Mathews, et en Colombie par Lobb, qui l’envoya
en Europe. Ses fleurs sans pétales à calyce rouge
pourpre foncé très-long sont des plus belles ; mal-
heureusement la plante est délicate.
F. petiolaris, H. B. 3U (miniata, Planchon et
Linden), originaire de la Nouvelle - Grenade , à
fleurs axillaires, à calyce vermillon pourpré clair et
à pétales petits, d’un rouge minium-
F. venusta , de Candolle, espèce voisine de la
précédente, à pétales vermillon orangé, ondulés,
rencontrée par Humboldt et Bonpland dans la
Nouvelle-Grenade.
F. serratifolia, Ruiz et Pavon, bel arbuste à
fleurs axillaires d’un rose carmin vif. Cette espèce
du Pérou a fourni à nos jardins plusieurs variétés.
F. spectabilis, Veitch, introduit de l’Équateur en
Europe vers 1848, remarquable par la longueur de
ses fleurs, à tube calycinal atteignant jusqu’à
10 centimètres de longueur, d’un rouge pourpre,
et à pétales étalés, d’un rouge vermillon.
F. splendens , Zuccarini, espèce mexicaine, à
tube calycinal très-comprimé à la base, d’un rouge
pourpré, à sépales verts et à pétales jaunâtres.
F. cordifolia , Benth., récolté par Hartweg dans
le Guatémala et introduit par lui. Voisin du splen-
dens, il s’en distingue par ses feuilles cordées et
ses fleurs plus longues.
F. penduliflora, espèce récemment introduite, 4
fleurs en grappes axillaires et terminales, à tube
du calyce cramoisi lavé de marron.
F. sessilifolia, Benth , bel arbuste à longues
grappes de fleurs pendantes et à feuilles oblongues,
lancéolées, sessiles. Colombie.
F. simplicicaulis , Ruiz et Pav., espèce qui prend
place près des F. corymbiflora et dependens. Tube
du calyce rose vif, pétales coccinés.
F. triphylla, Lin., la plus ancienne espèce de
Fuchsia connue. Fleurs axillaires et en grappes
terminales d’un rouge cocciné uniforme. Feuilles
verticillées par trois.
F. caracasensis, Gardn. (F. nigricans, Flore
des serres), n’est plus cultivé.
F. ampliata, Bth., superbe espèce péruvienne,
à grandes fleurs rouge vermillon.
2° Espèces non introduites.
F. conferti folia, Gardner, Pérou.
F. Hartwegi , Bth., près de Huambia.
F. hortella , H. B. K., Colombie.
F. sylvatica, Bth., Équateur.
F. umbrosa , Bth., Équateur.
F. canescens, Bth., Colombie et Pérou.
F. scabriuscula , Bth., Pérou.
F. agavacensis , H. B. K., Pérou.
F. ampliata, Bth., superbe espèce du Pérou non
introduite.
F. quindiuensis, H. B. K., Quindio.
F. longiflora , Benth., Andes de Quito, rare.
Très-belle espèce à introduire.
F. loxensis, H. B. Iv., Pérou.
F. corollata , Bth., Colombie, plante très-orne-
mentale.
F. curviflora , Bth., Colombie.
F. denticulata, Ruiz et Pav., Pérou.
F. insignis, Hemsley, Équateur.
F. hirsuta, Hemsley, Pérou.
F. memlezanacea , Hemsley, Caracas.
F. salicifolia, Hemsley, Pérou.
DEUXIÈME SECTION.
Dans cette section, une espèce a été long-
temps seule connue; elle a été cultivée sous le
nom de Fuchsia excorticata. Sa fleur bizarre
offrait plutôt une curiosité qu’un attrait, et elle
a été délaissée ou à peu près.
A cette espèce s’en est depuis ajoutée une se-
conde sous le nom de F. procumbens , offrant
également un intérêt de curiosité.
Ces deux espèces sont originaires de la Nou-
velle-Zélande.
Une forme intermédiaire entre le F. excor -
ticata et le F. procumbens , trouvée égale-
ment dans la Nouvelle-Zélande et nommée par
Hooker F. Colensoi , n’a pas été introduite.
Ce dernier Fuchsia clôt la liste des espèces
connues.
En parcourant les montagnes de l’Amé-
i riques du Sud, ce pays de prédilection des
j Fuchsias, j’ai rencontré un certain nombre
! des espèces citées plus haut.
. Pendant le cours de ce voyage, j’ai
pu récolter de nombreux échantillons se
rapportant à 22 espèces. Sur celles-ci,
16 avaient été recueillies avant moi par
d’autres voyageurs, 2 sont nouvelles, et
4, représentées par des échantillons incom-
plets, n’ont pu être encore déterminées.
Il m’a été donné de pouvoir récolter toutes
les espèces trouvées par Humboldt et Bon-
pland dans leur célèbre voyage et une
grande partie de celles observées par
Hartweg.
Voici la liste des récoltes en Fuchsias
que j’ai pu faire :
F. corollata , Benth. Localités nom-
breuses, Ecuador et Colombie.
F. venusta , H. B. K. Entre Villeta et
Fucatativa, et Colombie.
l’aulne utilisé comme plante d’économie générale.
233
F. caracacensis , Fieldand Gartner. Alto
de San-Juan et Salento (Colombie).
F. dépendons, Hooker. Près de Pasto
(Colombie).
F. ayavacensis , H. B. K. Localités nom-
breuses dans l’Écuador et la Colombie.
F. triphylla, Lin. (Andes centrales de
l’Ecuador).
F. sessilifolia , Benth. Buenavistal (Co-
lombie).
F. globosa, Lindley. Ipiales (Colombie).
F. scabriuscula, Benth. Corazon, Mindo
(Ecuador).
F. hirtella, IL B. K. Mediacion (Co-
lombie).
F. verrucosa, Hartweg. Fusagasuga,
Barroblanco (Colombie).
F. quindiuensis, H. B. K. Alto del Ta-
bano (Colombie).
F. ampliata , Benth. Corazon. Mindo
Tuza (Ecuador).
F. longiflora, Benth. Mindo (Ecuador).
F. corymbiflora, Pvuiz et Pav. Alto San
Antonio (Colombie).
F. petiolaris, H. B. K. La Cejadel Quin-
dio, Ibagué (Colombie).
F. vulcanica, Ed. André, sp. n.
Rameaux, feuilles et pédoncules couverts
d’une pubescence courte, épaisse, blanche,
hérissée. Rameaux arrondis, à entre-nœuds
courts. Feuilles sessiles ou subsessiles, ter-
nées ou quaternées, elliptiques ou obovales,
courtement aiguës, lâchement dentées. Fleurs
peu nombreuses, solitaires, axillaires; pédon-
cule court (10-12 millimètres), ovaire oblong,
hérissé. Galyce cocciné, hérissé -surtout dans
les jeunes fleurs; tube légèrement courbé,
graduellementr élargi de la base au sommet,
long de 4 centimètres ; lobes ovales-triangu-
laires-acuminés, 1 centimètre et demi de long,
5 millimètres de large à la base. Corolle
.glabre, vermillon cerise vif; pétales arrondis,
suborbiculaires, un tiers plus courts que les
sépales. Étamine et style saillants.
Volcan de l’Azufral (Colombie).
Par les caractères de ses fleurs, ce Fuchsia
se place à côté de Y ampliata, dont il se dis-
tingue par une pubescence remarquable, peut-
être unique dans le genre Fuchsia, par ses
feuilles sessiles et d’autres nombreux carac-
tères.
L’AULNE UTILISÉ COMME PL
F. Scherffiana , Ed. André, sp. n.
Rameaux arrondis, finement hérissés, feuilles
opposées ou ternées, pétiole courtement hé-
rissé, long de 1 centimètre environ, limbe
adulte lancéolé oblong, acuminé, 9 à 10 cen-
timètres de long, 2 centimètres de large, très-
obscurément denté, cilié, courtement hérissé
en dessus sur la nervure médiane et les ner-
vures secondaires, et en dessous sur la nervure
médiane, presque glabre ailleurs. Fleurs peu
nombreuses, solitaires, axillaires, pédoncule
grêle, long de 2 centimètres, couvert, ainsi que
l’ovairet de quelques poils courts. Ovaire
oblong, long de 8 millimètres. Calyce presque
glabre, rouge orangé ; tube étroit et cylindrique
de la base jusqu’au-dessus du tiers inférieur,
puis graduellement élargi et de nouveau cylin-
drique, long de 45 millimètres ; lobes ovales-
lancéolés, longuement acuminés, longs de
1 centimètre, larges de 5 millimètres à la base.
Corolle coccinée; pétales oblongs-elliptiques, à
sommet arrondi cuspidé, un peu plus courts
que le calyce. Étamines et style saillants.
■«S': “ U"
Espèce intermédiaire entre le F. petio-
laris et le F. triphylla ; distincte du pre-
mier par ses feuilles assez courtement
pétiolées, très-allongées, son ovaire oblong
(non presque globuleux), les sépales moins
larges, les pétales glabres et non parsemés
de quelques poils. Du F. triphylla , elle
diffère par ses feuilles plus allongées, ses
fleurs peu nombreuses, plus grandes et non
en grappes à l’extrémité des rameaux.
Souvent, pendant le cours de notre
voyage, quelques-uns de ces arbrisseaux
élégants, dont les branches fîexueuses lais-
saient pendre au-dessus de notre tète de
charmants bouquets, nous ont pénétré d’ad-
miration. La douce émotion qu’ils nous
ont procurée nous a donné une sympa-
thie secrète pour leurs fleurs si merveil-
leuses de grâce, et nous voudrions voir
leur culture encore plus répandue. Par de
nouveaux croisements entre les espèces
sauvages, on obtiendrait certainement des
hybrides dignes d’intérêt, et l’on rajeunirait
les anciennes variétés, dont les caractères
tournent à peu près toujours dans le même
cercle.
Ed. André.
I D’ÉCONOMIE GÉNÉRALE
Cette espèce a contre elle : 1° le grand
défaut de ne pas être rare ; 2° d’avoir été
recommandée comme arbre particulière-
ment propre au boisement des lieux hu-
mides ou même susceptibles d’être inondés,
d’où l’on a conclu qu’elle devait être exclue
des jardins. C’est un tort, et même un très-
grand, puisque, au contraire, elle s’accom-
mode de presque tous les terrains quelles
qu’en soient la nature et la situation, et
ABRI VITRÉ MOBILE POUR ESPALIER.
234
que non seulement elle est toujours vigou-
reuse, mais qu’elle se couvre d’un abondant
et beau feuillage, qui, de plus, n’est jamais
attaqué par les insectes.
De plus, non seulement par son port et
par ses dimensions, l’Aulne commun peut
être employé comme arbre d’alignement,
mais il présente encore ce précieux avan-
tage de bien s’accommoder de la taille et
alors être conduit sous les formes les plus
diverses : fuseaux, tables, colonnes, rideaux,
têtards, etc., et même sous celle de haies.
Ajoutons que la plante est rustique et
qu’elle supporte sans en souffrir les séche-
resses les plus grandes, lors même qu’elle
est plantée dans des terrains secs et légers.
Au point de vue économique, l’Aulne
n’est pas non plus sans mérite, tant s’en
faut ; son bois, qui est rouge nuancé,
noueux, a une longue durée et est suscep-
tible d’un beau poli, aussi peut-il être em-
ployé dans diverses industries comme
« bois d’œuvre ». Cultivé comme têtard,
il fournit, en abondance, soit des rames,
soit des tuteurs. Comme arbrisseau ou ar-
buste d’ornement, l’Aulne peut-être em-
ployé dans une foule de circonstances ou
de conditions dont peu d’autres essences
s’accommoderaient. L’Aulne se prête d’au-
tant mieux à toutes ces combinaisons
qu’on peut le couper, le tailler ou le rap-
procher autant que cela est nécessaire,
suivant le but qu’on recherche. Ajoutons
encore que l’arbre conserve longtemps ses
feuilles, qui ne tombent que très-tardive-
ment, et qu’au printemps des effluves bal-
samiques s’échappent de ses bourgeons
résineux, et pendant l’été se dégagent
de ses jeunes feuilles, qui, à cette phase
de leur développement, sont légèrement
visqueuses. Prises en infusion, les feuilles
d’ Aulne sont fébrifuges. Donc, à tous les
points de vue, l’Aulne a sa place marquée
dans les jardins, où, par sa facilité à se
prêter à toutes les formes, on pourra tou-
jours l’utiliser. Au point de vue sanitaire,
cette espèce doit trouver une place princi-
palement dans le voisinage des habitations,
qu’elle contribuera à assainir et à rendre
salubres. Nous ne saurions trop la recom-
mander, soit pour l’ornementation des
squares, soit comme arbre d’alignement
pour les places et jardins publics.
E.-A. Carrière.
ABRI VITRÉ MOBILE POUR ESPALIER
Il y a parfois nécessité absolue de proté-
ger les arbres fruitiers cultivés en espalier,
par des auvents ou abris, contre les gelées
blanches, la grêle, la pluie, la neige, etc.
Ces abris, qu’un cultivateur expérimenté,
M. Jamet, de Chambourcy, a eu l’heureuse
idée de doubler, en les plaçant un à mi-
hauteur du mur et l’autre sous les tuiles
Fig. 54. — Abri pour espalier.
Vu de face.
Fig. 55. — Abri pour espalier.
Vu de profil.
faîtières (1), sont habituellement construits
en planches, plus rarement en paille.
Alors, la partie des arbres située immé-
(1) Voir Revue horticole, 1887, p. 531.
diatement au - dessous de l’abri se trouve
privée de lumière et de soleil, ce qui em-
pêche, ou tout au moins retarde, la matura-
tion des fruits compris dans cette zone.
LA VENTE DES JUS DE TABACS.
Le système d’abri, que représente la
figure 54, remédie à cet inconvénient, le vi-
trage laissant passer librement la lumière,
et augmentant encore la concentration des
rayons solaires.
Ces panneaux sont fixés au mur, à leur
partie supérieure au moyen d’une sorte de
charnière, qui permet de les rapprocher plus
ou moins des arbres qu’ils doivent pro-
téger.
C’est là une amélioration importante,
grâce à laquelle on peut laisser les fruits
sur l’espalier, lorsqu’ils ne sont pas encore
tout à fait mûrs, et que les premières ge-
lées d’automne sont à craindre. On baisse
alors le vitrage, et l’on obtient une sorte
de serre qui permet de retarder souvent
d’un mois la cueillette des fruits.
Les abris vitrés mobiles, dont l’invention
est due à M. Brochard, de Paris, sont cons-
truits par panneaux de quatre travées me-
surant chacune 50 centimètres de largeur,
ce qui en rend la manœuvre très-facile.
Ils présentent deux améliorations bien mar-
quées sur les procédés connus jusqu’ici, et
nous en recommandons l’essai aux arbori-
culteurs.
Ch. Thays.
LA VENTE DES JUS DE TABACS
On connaît suffisamment l’efficacité des
jus de tabac comme insecticides, et bien
des fois les Conseils généraux et les So-
ciétés d’agriculture se sont faits l’écho des
plaintes des cultivateurs et des horticulteurs,
sur le peu de facilités accordées au public
pour se procurer ces matières.
La crainte de tentatives de fraude ayant
été jusqu’ici le principal obstacle à ce qu’il
fût donné satisfaction aux réclamations,
l’administration a recherché s’il ne serait
pas possible de mélanger aux jus une subs-
tance inoffensive capable de les rendre im-
propres à la préparation de tabacs factices.
A la suite d’essais, il a été reconnu que le
goudron de Norwège mélangé aux jus dans
la proportion de 1 p. 100 satisfaisait à cette
double condition.
Dans cette situation, le Ministre des
finances a arrêté, pour la vente des jus de
tabacs, de nouvelles dispositions, en vertu
desquelles on peut se procurer des jus, soit
directement dans les manufactures de ta-
bacs, soit par l’intermédiaire des entrepôts
de tabacs fabriqués.
Les jus purs sont délivrés aux pharma-
ciens, droguistes, horticulteurs, éleveurs
de bestiaux, etc., sur là simple constatation
de leur identité.
Quant aux jus dénaturés , ils sont déli-
vrés sans formalité aucune à toute per-
sonne qui en fait la demande ; toutefois, les
demandes de cette espèce de jus ne sont
reçues qu’autant qu’elles correspondent à
Une perception de 3 fr. 75 au moins (ce qui
représente, par exemple, un achat de 10 li-
tres à 12° 1/2). Les récipients destinés à
contenir les jus doivent être fournis par
l’acheteur.
Livraisons par les manufactures de tabacs.
Toute personne qui voudra prendre li-
vraison de jus dans une manufacture se
présentera avec son récipient et formu-
lera sa demande en indiquant le degré
de concentration des jus qu’elle désire ; il
lui sera remis un bulletin à l’adresse du
receveur principal des contributions indi-
rectes de la localité, qui percevra le prix de
la quantité de jus inscrite sur cette pièce et
en délivrera un récépissé, sur la présenta-
tion duquel les jus seront livrés par la ma-
nufacture.
Les récipients seront enlevés aussitôt
après avoir été remplis ; l’enlèvement s’ef-
fectuera par les soins et à la charge de
l’acheteur.
Livraisons par l’intermédiaire des entrepôts
de tabacs fabriqués.
Il n’est pas établi d’approvisionnements
de jus dans les entrepôts de tabacs fabri-
qués. Ces établissements servent simple-
ment d’intermédiaires entre la manufac-
ture et l’acheteur. Celui-ci remet sa demande
à l’entreposeur, et adresse franco à la ma-
nufacture qui lui est désignée les réci-
pients destinés à renfermer les matières.
L’entreposeur, de son côté, transmet la
demande à la manufacture, reçoit les jus
et les remet au destinataire contre paye-
ment de leur valeur et remboursement des
frais de transport de la manufacture à l’en-
trepôt.
Afin d’éviter tout risque d’altération en
cours de transport et pour réduire les frais
d’envoi qui sont à la charge de l’acheteur,
236
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
on ne délivre que des jus d’une densité
fixée uniformément à 12 1/2.
Dépositaires de jus goudronnés pour la
vente au détail.
Le commerce de détail des jus dénaturés
est absolument libre. Des dépôts de cette
espèce de jus peuvent être établis, à leurs
risques et périls, par les syndicats agri-
coles, les horticulteurs, éleveurs de bes-
tiaux, pharmaciens, épiciers, et, en géné-
ral, chez toute personne désirant en faire
commerce. Ainsi mis à la portée immé-
diate du public, ils pourront être achetés
sans perte de temps et par quantités en
rapport avec les besoins de chacun.
Localités où il existe des manufactures de
tabacs fabriqués.
Les manufactures de tabacs où l’on peut
se procurer directement des jus sont si-
tuées à :
Bordeaux, Châteauroux, Dieppe, Dijon,
Le Havre, Lille, Lyon, Le Mans, Marseille,
Morlaix, Nancy, Nantes, Nice, Orléans,
Paris (Gros-Caillou), Riom, Tonneins,
Toulouse.
Les entrepôts de tabacs fabriqués, par
l’intermédiaire desquels on peut se procurer
des jus à 12° 1/2 purs ou dénaturés, ont
leur siège dans tous les chefs-lieux df arron-
dissement, ainsi qu’à Bourgoin, Cusset,
Honfleur et Souillac.
Les prix sont fixés comme suit :
Jus
Jus purs, goudronnés.
Jus
marquant 5° à l’aréomètre
Baumé, le litre..
0.20
0.15
Jus
à 10°, le litre
0.40
0.30
Jus
à 12°5, le litre
0.58
0.375
Jus
à 15°, le litre
0.60
0.45
Soit 3 à 4 centimes par litre et par degré,
selon qu’il s’agit de jus purs ou de jus dé-
naturés.
A noter : les jus de 12° et au-dessus
sont seuls susceptibles de se conserver in-
définiment, à la condition d’être mis en
vases bien bouchés.
On peut se procurer ces jus soit directe-
ment dans les manufactures, soit par l’in-
termédiaire des entrepôts de tabacs manu-
facturés.
Emploi de jus de tabacs.
Ajoutons que les arrosages au jus de tabac
doivent être faits au moyen de jus très faibles,
marquant de 1/2 à 1 degré au maximum,
que, par conséquent, les jus à 12 ou 15 de-
grés doivent être étendus de 15 à 20 fois leur
volume d’eau ; qu’il faut opérer le soir, ja-
mais pendant la grande chaleur du jour, et
laver les plantes le lendemain matin par un
nouvel arrosage à l’eau pure.
Les fumigations de jus de tabac ne se
pratiquent que dans les serres, avec des jus
concentrés que l’on répand sur des plaques
de fonte ou de tôle échauffée à haute tempé-
rature.
Enfin, on utilise les jus de tabac pour la
destruction des parasites des animaux :
poux, puces et acares des diverses gales.
On opère dans ce cas avec des jus à 5 de-
grés, appliqués en lotions réduites à de
petites surfaces, et on renouvelle plusieurs
fois l’opération. Il ne faut pas employer les
jus de tabac quand les affections à traiter
ont déterminé sur la peau des plaies ou des
érosions.
A. Lesne.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 27 AVRIL 1888.
Les derniers préparatifs que faisaient, à cette
époque, les horticulteurs, pour l’Exposition
générale, avaient nui à l’intérêt de cette
séance. Les apports étaient fort peu nom-
breux.
Comité de floii culture.
M. Jolibois, jardinier chef au Palais du
Luxembourg, avait envoyé un Cypripedium
obtenu par lui en fécondant le C. Harrisianum
par le C. insigne Chantini. La nouvelle forme,
qui est nommée C. Joséphine Jolibois , se rap-
proche, par la partie inférieure de la fleur, d’un
de ses ancêtres, le C. insigne , et par la partie
supérieure du C. insigne Chantini , mais l’éten-
dard est plus développé et plus blanc que dans
ESSAI SUR LA COMPOSITION DES BOUQUETS.
cette dernière variété. La fleur, dans son en-
semble, a de grandes dimensions.
Comité de culture potagère.
De M. Cottereau, maraîcher, rue Desnouettes,
à Paris, des Poireaux de Carentan , mesurant
9 centimètres de diamètre, et de M. Bassière,
rue Pont-Martin, à Lisieux, quelques pieds de
Laitue Georges , venus à froid, sous châssis,
assez bien pommés, larges. Variété à recom-
mander pour ce genre de culture.
Comité d’arboriculture d’ornement.
Présenté par M. Maurice de Vilmorin, des
rameaux de Berberis trifoliata , jolie espèce
mexicaine que l’on cultive dans le Midi, et qui
pourrait être employée dans les régions tem-
pérées de la France, puisqu’elle a résisté à un
froid de 20 degrés.
Cette plante, dont le feuillage est très-
élégant et persistant, se couvre de jolis
fruits rose orangé, et présente ce grand avan-
tage de résister complètement aux conditions
nuisibles des grandes villes : fumée, manque
237
d’air, etc. A Londres, on l’emploie beaucoup
avec succès.
Du même présentateur, un rameau de Gri-
selenia littorulis , plante de la Nouvelle-
Zélande, à feuilles persistantes, assez grandes,
ondulées, d’un joli vert brillant, très-employée
dans le midi de la France pour la composition
des massifs.
Comité des arts et industries horticoles.
M. E. Maître, d’Auvers-sur-Oise, avait ap-
porté plusieurs échantillons d’un appareil in-
venté et fabriqué par lui, et destiné à pré-
server la Vigne, ou toutes plantes de petites
dimensions, contre les gelées printanières.
Cet appareil, qu’il nomme Paragel , se
compose d’une toile assez épaisse, mesurant
environ 30 centimètres de hauteur sur 25 de
largeur, et que deux tigelles de bois, fixées
des deux côtés, maintiennent, avec l’incli-
naison nécessaire, au moyen de leur prolon-
gement que l’on enfonce dans le sol , au-
dessus des végétaux que l’on veut protéger.
Les paragels, d’un emploi très-facile, ont
l’avantage de ne coûter que 12 fr. 50 le cent.
Ch. Thays.
ESSAI SUR LA COMPOSITION DES BOUQUETS
Il est toujours agréable de lire ou d’en-
tendre dire quelque chose des fleurs; mais,
quand la personne qui parle ou écrit est
une femme, son langage a un charme par-
ticulier.
Mme Lacoin, dans un Essai sur la com-
position des bouquets (1), vient de nous
montrer une fois de plus combien, en ce
qui concerne les fleurs, les femmes excellent
dans l’art de composer et de dire des choses
charmantes.
C’est ce petit traité, Art poétique dans
son genre, que nous voulons résumer pour
en mettre les préceptes sous les yeux de nos
lecteurs. On n’a pas toujours un fleuriste
sous la main, et bien des personnes seront
heureuses d’avoir des conseils sur une
matière qui a son utilité, et qui, dans tous
les cas, constitue un des plus agréables
passe-temps.
L’art de disposer harmonieusement les
fleurs dans un bouquet est régi par cer-
taines lois reposant sur les contrastes, la
forme, les couleurs.
Les contrastes existent partout, dans la
nature et dans les arts ; un objet ne ressort
jamais mieux que lorsqu’il est mis en oppo-
(1) Journal de la Société nationale d'horticul-
ture, 1888, p. 97.
sition avec un objet tout différent. En com-
posant un bouquet, on doit donc se préoc-
cuper des avantages que l’on peut retirer de
la loi des contrastes. On obtiendra de bons
effets en réunissant des fleurs de formes
complètement différentes, en opposant, par
exemple, des fleurs en épi, comme les
Glaïeuls, les Pieds-d’ Alouette, aux fleurs en
boule, comme les Pivoines, les Roses ; des
formes légères aux formes volumineuses;
les formes simples aux formes compliquées,
par exemple une Tulipe à une grappe de
Lilas.
Aux oppositions de formes, on joindra
l’opposition des couleurs. On aura soin,
pour la satisfaction des yeux, de juxtaposer,
autant que possible, les couleurs complé-
mentaires (1).
(1 ) On compte trois couleurs simples : le rouge ,
1 e jaune et le bleu. Les couleurs composées sont :
l 'orangé, produit par le rouge et le jaune; le vert,
résultant du bleu et du jaune et le violet , combi-
naison du bleu avec le rouge. Ces couleurs mixtes
prennent des tons variés suivant les proportions
relatives des couleurs simples qui les composent;
ce sont les nuances. La couleur complémentaire
est celle qui, ajoutée à deux couleurs combinées,
reforme les trois couleurs simples et réciproque-
ment; par exemple : le vert est complémentaire
du rouge, l’orangé est complémentaire du bleu, le
violet est complémentaire du jaune.
238
ESSAI SUR LA COMPOSITION DES BOUQUETS.
La forme du bouquet ne doit pas être
absolument régulière, mais il faut que
toutes ses parties soient bien proportion-
nées. Les fleurs ne doivent pas être serrées
les unes contre les autres, de façon à cacher
complètement les tiges et les feuilles.
Quant à la position que chaque espèce de
fleurs doit prendre dans le bouquet, « leur
forme, dit l’auteur, indique la place qu’elles
devront occuper. Un bouquet doit être
construit comme un édifice, comme un
château gothique. On mettra au bas et au
centre les fleurs les plus lourdes ; elles se-
ront comme les assises solides sur lesquelles
sont posées les parties plus légères de
l’édifice. Les fleurs en épi et les fleurettes
légères qu’on mettra au-dessus représentent
les tourelles et les clochetons. On obtiendra
ainsi une impression de stabilité qui satis-
fera la vue. On pourra mettre, si l’on veut,
quelques fleurs légères au bas entre les
grosses fleurs comme un ornement. »
Suivant que le vase auquel les fleurs sont
destinées sera de forme svelte ou massive,
on fera le bouquet avec des fleurs légères
ou avec toute espèce de fleurs.
La combinaison des couleurs la plus par-
faite est, comme nous le disions, celle des
couleurs complémentaires. « Cependant,
dit Mme Lacoin, quelquefois, certaines cou-
leurs complémentaires forment un contraste
très-dur; pour l’adoucir, il est bon de ne
pas employer deux nuances de même in-
tensité. Si on oppose l’orangé au bleu, il
est préférable de mettre le bleu clair auprès
du brun et les nuances thé avec le bleu
foncé. L’orange intense est une couleur
difficile à employer, comme le rouge vif.
Dans un bouquet d’une certaine dimension,
on doit mettre plusieurs nuances de cha-
cune des couleurs. L’opposition la plus vive
doit être au centre et accompagnée de teintes
dégradées qui viennent en adoucir la dureté.
Il ne faut pas mettre une égale quantité des
deux couleurs qu’on oppose ; la couleur la
plus vive doit se trouver en plus petite
quantité. »
On peut faire un bouquet d’une seule
couleur, alors les contrastes ont lieu dans
la différence d’intensité des nuances. Le
contraste principal doit être au centre du
bouquet; on peut, par exemple, opposer
une Rose Baronne de Rothschild à une
Rose Empereur du Maroc. Les teintes
claires sont accompagnées de teintes de
plus en plus foncées, à mesure que l’on
approche du bord extérieur du bouquet, et
les nuances foncées sont entourées de tons
plus clairs. On égaiera la monotonie du
bouquet composé d’une seule couleur en
joignant au contraste principal qui occupe
le centre certains autres contrastes moins
frappants, disposés çà et là dans les autres
parties du bouquet.
Près du bouquet d’une seule couleur se
place le bouquet composé de couleurs diffé-
rentes, mais entre lesquelles la transition
n’est pas violente. Telles sont les couleurs
qui vont du jaune au rouge. On peut, par
l’opposition de ces couleurs, obtenir de très-
brillants effets.
Les bouquets composés de toutes sortes
de couleurs peuvent être très-beaux, mais
sont d’une confection difficile. Certaines
couleurs ne peuvent être réunies sans se
heurter, et il faut entre elles des transitions
qui nécessitent une certaine place et font
que ces sortes de bouquets doivent toujours
être très-grands. Pour que ces couleurs ne
choquent pas l’œil, il faut mettre entre
elles toutes les nuances qui leur servent de
transition, ou une seule teinte qui soit
complémentaire du total de ces deux cou-
leurs. <( Par exemple, pour faire accorder
ensemble un violet bleuâtre et un rouge
violacé, qui, réunis, formeraient un violet
franc, il faudrait les séparer par une nuance
jaune, qui est la couleur complémentaire
du violet. »
Dans un bouquet de toutes couleurs, les
nuances les plus claires doivent occuper le
centre ; au-dessous, les teintes très-foncées
doivent former une opposition très-forte,
tandis qu’au-dessus s’étageront des nuances
moyennes.
« Au centre, on mettra des Pivoines
herbacées d’un rose pâle, et d’autres, roses
avec le milieu soufré, puis des Roses Thé de
différentes nuances. En opposition avec ces
teintes claires, on placera au-dessous, un
peu à droite, des Pivoines rouges, puis des
Roses grenat foncé ou des Œillets de poète
de la même nuance, le rouge se trouvant
au-dessous du rose et le grenat correspon-
dant aux nuances Thé et Soufre. Au-dessus
des Roses Thé on mettra des Ancolies et des
Digitales jaune soufre, qui se détacheront
sur un fonds de Pieds-d’Alouette vivaces de
différentes nuances de bleu et de lilas qui
formeront le sommet du bouquet. Les
nuances les plus claires se trouveront en
avant, et derrière les bleus foncés on pourra
mettre quelques fleurs rouge foncé qui
s’apercevront en transparence. Faisant suite
aux Pieds-d’Alouette, on mettra d’autres
fleurs d’un lilas plus rose: Campanules,
PLANTES NOUVELLES, DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. 239
Pentstémons, Digitales ou autres, se rap-
prochant de plus en plus du rose comme
teinte et qui combleront l’espace entre le
centre et le haut du bouquet sur la gauche.
De la sorte, on aura, au centre, un con-
traste très-accentué dans la différence d’in-
tensité des teintes, à droite, une opposition
de couleurs complémentaires entre les
nuances de thé à jaune et les bleus et lilas,
et à gauche, une gradation de teintes re-
liant le rose au bleu en passant par le
lilas. »
La couleur et la forme du vase ne sont
pas indifférentes. Les vases d’une seule
teinte douce, un peu éteinte, sont ceux
qu’on doit choisir de préférence.
Nous venons de passer en revue l’en-
semble des règles qui doivent présider à la
composition du bouquet. Tout le monde
pourrait-il, au moyen de ces préceptes,
composer du premier coup un bouquet ir-
réprochable? Nous en doutons. La lecture
de Y Art poétique , de Boileau, a bien pu
faire éviter quelques erreurs de composi-
tion, mais n’a jamais fait de poètes. De
même, dans l’art difficile d’arranger la
fleur, le petit traité, en quelques pages, de
Mme Lacoin, sera un guide pour les per-
sonnes inexpérimentées et les aidera à faire
des combinaisons sinon savantes, du moins
toujours harmonieuses.
P. CûRNUAULT.
REVUE DES PLANTES NOUVELLES
DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES
Anthurium Mooreanum , N.-E. Brown.
Aroïdées. (Gard. Chron ., 1886, vol. 2, p. 230.)
— Espèce nouvelle, dont la patrie est inconnue.
Pétioles longs de 50 centimètres environ ;
limbe sub-hasté, acuminé-cuspide, long de 30
à 40 centimètres, large de 24 à 30 en travers
des lobes de la base, qui sont oblongs; page
supérieure vert brillant, l’inférieure est vert
blanchâtre; pédoncule long de 50 centimètres;
spathe réfléchie ou étalée, longue de 12 à
15 centimètres, large de 1 1/2 à 2 centimètres,
linéaire-oblongue, convolutée-acuminée à l’ex-
trémité, vert pourpré; spadice courtement sti-
pité, long de 15 à 18 centimètres, olive brun.
Zygopetalum Leopardinum, H. -G. Rchb. f.
Orchidées. (Gard. Chron., 1886, vol. 2,
p. 166.) — Hybride récemment obtenu par
M. Seden, dans les cultures de MM. Veitch,
de Londres. Sépales et pétales jaune verdâtre
clair, à nombreuses petites taches cinnamo-
mon; callus jaune d’ocre à arête et dents
mauve.
Clavija Ernstii, J. D. Hooker. — Myrsinées.
Caracas (Bot. Mag., tab. 6928). — Les Cla-
vija sont des arbres ou arbustes originaires de
l’Amérique tropicale et surtout remarquables
par l’ampleur de leurs feuilles. La présente
espèce atteint à peine 75 centimètres de hau-
teur. Ses feuilles, oblongues lancéolées, aiguës
entières, ont 30 centimètres de longueur sur
10 à 15 de largeur; ses grappes sont retom-
bantes, longues de 5 à 10 centimètres, portant
des fleurs petites, assez nombreuses, rou-
geâtres, à calyce verdâtre.
Heuchera sanguinea, Engelmann. — Saxi-
fragées. Nouveau-Mexique et Arizona. (Bot.
Mag., tab. 6929). — Charmante petite plante
vivace, rustique, dont les feuilles ressemblent
à celles d’une Primevère de Chine et qui pro-
duit d’élégantes panicules érigées, peu com-
pactes, de fleurs retombantes, rouge vif.
Chrysanthemum multicaule, Desfontaines.
— Composées. Algérie (Bot. Mag., tab. 8930).
— Plante herbacée; feuilles assez épaisses, d’un
vert glauque ; fleurs solitaires longuement pé-
donculées, d’un jaune doré, de 5 centimètres
de diamètre.
Hedysarum microcalyx, Baker. — Légumi-
neuses, Himalaya (Bot. Mag., tab. 6931). —
Jolie Papilionacée ressemblant au Sainfoin et
originaire de l’Himalaya; elle convient aux
contrées tempérées et fournit de nombreuses
grappes de fleurs rouge violacé, très-ornemen-
tales.
Momordica involucrata, Meyer. — Cucur-
bitacées. Natal. (Bot. Mag., tab. 6932). — Cette
espèce grimpante, originaire des environs de
Durban, vient de fleurir et de fructifier dans
les serres de Kew. Ses tiges sont glabres,
élancées, très-ramifiées et garnies de feuilles
orbiculaires lobées et dentées, larges de 5 cen-
timètres. Les fleurs mâles, à l’extrémité des
tiges, sont d’un jaune pâle et portent à la base
des pétales une tache vert foncé ; elles sont
assez ornementales. Le fruit est très-curieux
et très-joli : il est d’un rouge écarlate et a la
forme d’une Poire portant çà et là quelques
aspérités.
Xanthorrhæa Preissii, Endlicher. — Junca-
cées. Australie (Bot. Mag., tab. 6933). — C’est
une espèce originaire de l’Australie sud-occi-
dentale et qui vient de fleurir dans les serres
de Kew. Le tronc a environ 30 centimètres de
hauteur. De la touffe de feuilles, longues de
1 mètre à lm 30, linéaires-canaliculées, gra-
cieuses, retombantes, s’élève une hampe flo-
rale longue de 2 mètres à 2m 40 portant un
long épi compacte de fleurs jaune verdâtre
pâle.
Aristolochia ridicula, N.-E. Brown. — Aris-
tolochiées. Brésil (Bot. Mag., tab. 6934). —
Ce nom a été donné à cette espèce à cause de
240
CORRESPONDANCE.
la curieuse disposition des pétales de la fleur,
allongés et étroits, et qui donnent à sa
partie supérieure l’apparence d’une tête d’es-
cargot à très grosses tentacules. La plante est
vigoureuse et garnie de poils étalés, dressés ;
les feuilles sont orbiculaires réniformes pubes-
centes, couvertes de quelques poils courts à la
partie supérieure et finement tomenteuses à la
partie inférieure, dont les nervures sont très-
saillantes et réticulées ; la partie tubuleuse des
fleurs est jaunâtre, large de 5 centimètres et
marquée de nervures purpurines ; le limbe
allongé et étroit est d’un jaune vif tacheté de
rouge pourpre.
Disporum Leschenaultianum , D. Don. —
Liliacées. Inde méridionale et Ceylan. (Bot.
Mag ., tab. 6935.) — Plante herbacée de serre
froide, à tige dichotome ramifiée, de 50 centi-
mètres de hauteur, garnie de feuilles raides,
ovales, acuminées et portant 3 ou 4 fleurs
campanulées, blanches, de 2 centimètres de
diamètre, à l’aiselle des feuilles extrêmes ; son
fruit est une baie d’un bleu foncé, de la gros-
seur d’une petite Cerise.
Pleurothallis insignis , Rolfe. — Orchidées.
Caraccas (Bot. Mag ., tab. 6936). — Plante de
serre froide, à fleurs très-grandes pour le
genre ; sépales au nombre de deux, longs de
8 centimètres, très-étroits, blanc crème légè-
rement jaunâtre, longitudinalement veinés de
pourpre; pétales blanc crème, à partie infé-
rieure courtement oblongue, puis s’allongeant
en partie très-étroite, aussi longue que les
sépales. Les feuilles sont linéaires-oblongues,
rétrécies à la base.
Billbergia décora , Pœpp. et Endl. — Bro-
méliacées. Vallée de l’Amazone. {Bot. Mag.,
tab. 6937.) — Superbe espèce ancienne, re-
marquable par son feuillage transversalement
rayé de blanc et ses épis retombants de fleurs
entourées de très-grandes bractées rose vif.
Oxera pulchella , Labill. — Verbénacées.
Nouvelle-Calédonie. (Bot. Mag., tab. 6938.) —
Très-jolie plante grimpante, découverte par
Labillardière au cours de son voyage à la re-
cherche de La Pérouse. Elle produit des
feuilles longues de 5 à 12 centimètres, oblon-
gues-lancéolées, obscurément crénelées, gla-
bres, courtement pétiolées, et porte de lourds
paquets de grandes fleurs blanches, en clo-
chettes retombantes, longues de 5 centimètres,
desquelles s’élancent deux longues étamines
blanches, à anthères jaune roux. C’est une
plante ligneuse d’un grand intérêt au point de
vue ornemental.
Ed. André.
CORRESPONDANCE
N° 4i30. M. l’abbë C. — En procédant au
rempotage de vos Chamærops et de tous autres
Palmiers en général, il faut bien vous garder
de couper les racines. La seule chose que vous
puissiez faire, pour éviter d’avoir à employer
des pots ou caisses trop grandes, c’est de déga-
ger avec précaution, avant que la plante n’entre
en végétation, une partie de la terre usée,
entre les racines, et de remplacer cette terre
par un compost très-substantiel.
Vous pourrez vous procurer le Traité d’ar-
boriculture fruitière que vous désirez avoir, en
vous adressant à la Librairie agricole, 26, rue
Jacob, Paris.
N° 3422 (Loir-et-Cher). — La Bineuse ra-
tisseuse à cheval figurée dans notre numéro
du 16 mars dernier se vend chez M. Adrien
Senet, 10, rue Fontaine-au-Roi, Paris.
M. P. (Yonne). — C’est l’Otiorhynque de
la livèche (Otiorhynchus ligustici, L.) qui
ronge les feuilles de vos Fraisiers, et n’en
laisse subsister que le pétiole. Ce charançon
s’attaque à beaucoup de cultures : Trèfles,
Luzernes, Vignes, jardins fruitiers et potagers
sont chaque année l’objet de ses dégâts. 11
aime surtout les terres légères, se tient de jour
de préférence blotti au pied des arbres ou au
collet des plantes, et lorsqu’arrive la nuit,
sort de sa retraite et ronge fleurs, feuilles et
jeunes pousses. Souvent, recouvert d’un en-
duit terreux, il se dissimule non seulement au
regard de l’homme, mais aussi à celui de l’oi-
seau, son plus grand ennemi.
Son mode de vie et ses habitudes nocturnes
donnent eux-mêmes le moyen de le détruire.
On dépose une poignée de Mousse au pied de
chaque plante attaquée. Le jour, les Otio-
rhynques viennent se réfugier dessous, et alors,
si l’on passe avec un seau d’eau, que l’on
secoue chaque petit las de Mousse au-dessus
du seau, on détruira bon nombre des insectes
malfaisants. Vous arriverez par ce procédé,
tout au moins à diminuer considérablement le
nombre des ravageurs.
L ’ Otiorhynchus ligustici mesure 10 à 12 mil-
limètres de longueur. Sa couleur est d’un noir
grisâtre, gris pommelé sur les élytres. Celles-
ci sont ovales et très-bombées, bien plus larges
que le corselet qui est granuleux.
Il sera répondu ultérieurement à votre de-
mande, relative aux anomalies végétales.
No 3986 [Seine-et-OiseJ. — Vous trouverez
la Giroflée jaune hâtive soit chez MM. Vilmo-
rin-Andrieux, 4, quai de la Mégisserie, soit
chez M. Forgeot, 14, quai de la Mégisserie, à
Paris.
L’ Administrateur-Gérant : L. Bourguignon.
lmp. Georges Jacob, — Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE,
241
CHRONIQUE HORTICOLE
Exposition de la Société nationale d’horticulture de France. — Récompenses à l’horticulture dans les
concours régionaux. — L’hiver de 1887-1888 et les Tritoma. — Protection des vignobles français. —
Levée de la prohibition des plantes, fruits et légumes de provenance italienne. — Les massifs d’or-
nement. — Le greffage des Poiriers. — Le Psiadia rotundifolia de l’ile Sainte-Hélène. — Plantations
fruitières en bordure des routes. — L’herbe aux kangurous. — Remède à expérimenter contre le
chancre des arbres. — Missions scientifiques dans l’Amérique équatoriale. — Production des Choux-
Fleurs du Léon (Finistère). — Plantation des terrains salés dans les régions tropicales. — Expositions
annoncées. Memenfo des expositions. — Nécrologie : M. Dupuy-Jamain.
Exposition d’horticulture de Paris.
— Cette Exposition, dont la Revue donnera
un compte-rendu détaillé dans son prochain
numéro, s’est ouverte le 25 mai, dans et
près le Pavillon de la Ville de Paris, aux
Champs-Elysées. Elle a été, comme tou-
jours, fort admirée des visiteurs; les Or-
chidées ont eu, comme l’an dernier, les
honneurs de la journée d’ouverture. Bril-
lamment récompensées par le grand prix
d’honneur, les magnifiques collections de
M. Sander n’ont pas cessé de faire l’admi-
ration d’un public nombreux qui se pressait
autour d’elles.
Nous devons cependant reconnaître que
les apports ont été, en général, moins nom-
breux cette année que les années précé-
dentes; mais si les lots étaient en plus
petit nombre, ils étaient tout aussi remar-
quables, et témoignaient d’une rare perfec-
tion de culture.
Voici la liste des principales récom-
penses :
Grand prix d’honneur, offert par M. le
Président de la République : M. Sander,
pour sa collection d’Orchidées.
Prix d’honneur. — Médaille de M. le
Ministre de l'agriculture : M. Verdier (Ch.),
pour ses Rosiers.
— Médaille de M. le Préfet de la Seine:
M. Duval, pour sa collection d’Orchidées.
— Médaille de M. le Ministre de V agricul-
ture : M. Moser, pour ses Rhododendrons et
Azalées.
— Médaille du maréchal Vaillant : M. Bleu,
pour Bertolonias, Caladiums et Bégonias.
— Médaille de M. le docteur Andry : MM. Vil-
morin-Andrieux et Cie, pour plantes an-
nuelles.
— Médaille de M. de Vilmorin : MM. Le-
vêque et fils, pour collection de Rosiers.
— Médaille des Dames patronnesses : M. De-
brie (maison Lachaume), pour bouquets et
garnitures.
— Médaille de la Société : MM. Vilmorin- An-
drieux et C‘e, pour culture maraîchère.
1er Juin 1888.
— Médaille de M. Massange de Louvrex :
M. Chantin, pour Palmiers et Cycadées.
— Médaille de la Société : Mm° Block, pour
Palmiers et Dracænas.
Le Jury a adressé ses plus vives félicita-
tions à M. Laforcade, jardinier en chef de
la Ville de Paris, pour les beaux végétaux
de serre et de plein air qui ont concouru à
l’ornementation de l’Exposition.
De vives félicitations ont été aussi adres-
sées à M. Jolibois, jardinier en chef du
jardin du Luxembourg, pour sa collection
de Broméliacées.
La Revue publiera, dans son prochain
numéro, l’ensemble de toutes les récom-
penses décernées.
Récompenses à l’horticulture dans
les concours régionaux. — On sait que
des récompenses sont aujourd’hui attribuées
à l’horticulture et à l’arboriculture dans les
concours régionaux. Voici le résultat des
concours de Nantes et d’Auch.
Concours régional de Nantes.
HORTICULTURE.
Prime d'honneur : Pas de concurrent.
ARBORICULTURE.
Prime d'honneur : M. Ghatelier (Félix), hor-
ticulteur à Nantes.
Médaille de bronze : M. Bahuaud, horticul-
teur-pépiniériste à Nantes.
Concours régional d’Auch.
HORTICULTURE.
Prime d'honneur : Non décernée.
Médaille d'argent : M. Labat (Orner), horti-
culteur à Auch.
ARBORICULTURE.
Prime d'honneur : M. Dupouy, jardinier à
Lectoure.
Médaille de bronze : M. Fronton (François),
11
CHRONIQUE HORTICOLE.
242
à Samatan. — M. Lapoutge, horticulteur-pépi-
niériste à Mirande.
Mention : M. Labat (Orner), horticulteur à
Auch.
L’hiver de 1887-1888 et les Tritomas.
- — Ces plantes étant considérées comme rus-
tiques par certains horticulteurs et par
d’autres comme sensibles au froid, le long
hiver que nous avons eu cette année semble
avoir résolu la question en faveur des pre-
miers, et montré que, sous le climat de
Paris, les Tritomas peuvent supporter la
pleine terre en prenant cette seule précau-
tion de garantir un peu la souche, soit par
quelques feuilles, soit par un peu de grande
litière que l’on jette sur elle à l’approche
de l’hiver pour le cas où, comme rigueur,
celui-ci dépasserait la moyenne. C’est sur-
tout pour les jeunes plantes dont la souche
peu développée n’aurait pas acquis son com-
plet degré de résistance que cette précau-
tion est nécessaire. Et même, s’il s’agit
de plantes de semis, il est prudent d’en
mettre en pots pour les rentrer pen-
dant l’hiver. Faisons toutefois remarquer
que cette rusticité est relative, et qu’il y a
des variétés plus rustiques que d’autres.
Le Tritoma cctulescens , par exemple (1),
si particulièrement remarquable par sa végé-
tation, si ornemental par son aspect géné-
ral, est, on peut dire, très rustique ; en
effet, planté dans les mêmes conditions que
toutes les formes acaules, il n’a pour ainsi
dire pas soulïert ; seules quelques tiges ont
pourri, mais alors dans la partie tout à
fait aérienne, qui, dépourvue de feuilles, a
été alternativement et pendant plus d’un
mois soumise à toutes les intempéries de
gel, de dégel, de neige, etc., etc. Donc plus
de doute pour le Tritoma caulescens, qui
devient une plante d’ornement de premier
ordre et est probablement appelé à jouer
un important rôle dans les jardins.
Protection des vignobles français. —
On sait qu’une loi récente avait exonéré de
l’impôt foncier les terrains nouvellement
plantés en Vignes dans les départements
ravagés par le phylloxéra.
Un décret vient de réglementer l’exécu-
tion de cette loi, l’article 1er de ce décret
fait savoir que tout contribuable qui veut
jouir de l’exonération temporaire d’impôt
foncier doit adresser à la préfecture, pour
l’arrondissement chef-lieu, et à la sous-
préfecture, pour les autres arrondisse-
(l) Voir Revue horticole, 1887, p. 132.
ments, une déclaration contenant l’indi-
cation exacte des terrains par lui nouvelle-
ment plantés ou replantés en Vignes.
Les déclarations doivent être établies sur
des formules imprimées spéciales qui se trou-
vent dans toutes les mairies à la disposition
des intéressés.
Levée de la prohibition des plants,
fruits et légumes de provenance ita-
lienne. — Un décret, en date du 16 juillet
1887, a prohibé l’importation en France des
plants, des fleurs coupées et en pots, des
fruits, des légumes frais et en général de
tous les produits horticoles et maraichers
de provenance italienne. Mais depuis cette
époque, l’Italie ayant adhéré à la convention
phylloxérique internationale de Berne, ce
pays devait, dès lors, bénéficier des mêmes
avantages que les autres pays contractants.
En conséquence, un décret en date du
15 mai vient de rapporter le décret du
16 juillet 1887.
Les massifs d’ornement. — C’est pen-
dant la période où la végétation est en
pleine vigueur, c’est-à-dire depuis la fin de
mai jusqu’à l’automne, que l’on doit étudier
d’après nature les différents effets que l’on
peut obtenir au moyen des plantations.
Avec une observation raisonnée, on verra
rapidement quels sont les groupements
réussis et ceux qui ne le sont pas. Et à l’aide
des notes prises ainsi, on évitera plus tard
des tâtonnements et des erreurs, les uns et
les autres fort regrettables et auxquels on
peut difficilement remédier.
A ce propos, nous avons tout récemment
observé, au Parc Monceau, un massif dont
la composition fort simple pourrait, dans
des situations semblables, être pris souvent
pour modèle. Ce massif est situé à côté de
la pyramide de pierre.
Ce qui charme, dès le premier instant,
dans la masse harmonieuse qu’il forme,
c’est que l’air passe librement entre les
arbustes garnissant le sous-bois et les
cimes des arbres à haute tige. A travers le s
masses feuillues, des espaces assez grands
laissent apercevoir le ciel de place en place,
et quelques arbrisseaux de développement
intermédiaire émaillent d’une façon très
sobre l’intérieur du massif de leur floraison
printanière: Épines variées, Pommiers fïo-
ribonds, Merisiers à grappes, Cytises Faux-
Ébéniers, etc.
Les arbres à haute tige sont des Marron-
niers, des Érables sycomores et des Frênes,
CHRONIQUE HORTICOLE.
243
trois essences dont le feuillage diffère bien
de l’une à l’autre. Le sous-bois et les bor-
dures sont plantés de Troènes de Chine, de
Lilas variés, de Ribes stérile , Cotoneaster
nepalensis, Fusains du Japon à petites
feuilles, etc.
Le greffage des Poiriers. — Notre col-
laborateur, M. Boisselot, nous écrit à ae
sujet :
II y a des personnes qui préconisent les Poi-
riers greffés sur franc ou même francs de pied.
Il serait bon d’avertir les novices en horticul-
ture que cela n’est pas avantageux dans tous
les terrains. Ici, généralement, ces Poiriers
francs donnent moins de fruits et ces fruits sont
moins gros et moins bons. J’ai été victime de
cette erreur, il y a bien des années. Ayant
planté, à la campagne, dans une terre de jardin
excellente, mais forte, des Poiriers greffés sur
franc, tous étaient bons à mettre au feu après
quelques années.
Ici, lorsqu’un Poirier sur Coignassier s'af-
franchit, il est condamné.
A ce sujet, un fermier de mon père ayant
pris des greffes dans le jardin et les ayant pla-
cées sur des sauvageons dans les haies, toutes
les variétés n’ont jamais donné que des fruits
âcres, pierreux et petits ; tandis que, dans les
mêmes conditions, les fruits à cidre réussissent
très-bien.
Les seules variétés à couteau qui viennent
bien ici, dans les haies des environs de Nantes,
sont le Bezi de Quessoy et le Bezi D’Héry.
Il est vrai que ces deux variétés sont origi-
naires de nos cantons.
A propos du Bezi D'Héry, aucune variété
ne peut rivaliser avec lui pour les confitures ou
Poires tapées. Cette Poire est toujours onc-
tueuse, grasse, sans pierres, avec un petit
arôme des plus suaves. Il serait bien avanta-
geux que, dans les cantons où l’on tape les
Poires, on la substitue à ces mauvaises variétés
toutes pierreuses qui se trouvent chez les épi-
ciers.
Ce Bezi D’Héry date de loin, car, d’après la
chronique, lorsque le roi Henri IY fit son en-
trée dans la ville de Nantes, on lui en offrit un
panier. Mais, comme c’était au mois de mai, il
est probable qu’elles étaient confites. Les
Poires à couteaux s’éloignant trop du type
sauvage, il me semble que généralement elles
ne réussiront pas dans les haies ou les champs
non cultivés.
On a essayé également de greffer les Poiriers
sur Aubépine ; le peu que j’en ai vu en tant
que Poires à couteaux avaient un goût un peu
âcre. Mais dans certain canton, près Nantes,
, on se trouve bien des Poiriers à cidre sur épine.
Nous remercions notre collaborateur de
ses intéressantes observations ; nos lecteurs
en feront leur profit.
Le Psiadia rotundifolia de l’île Sainte-
Hélène. — Le Gardeners’ Chronicte signa-
lait récemment l’existence, dans l’ile Sainte-
Hélène, d’un arbre dont l’espèce est repré-
sentée par cet exemplaire unique, paraît-il,
dans le monde entier.
Le Psiadia rotundifolia , Hook., de
Sainte-Hélène, forme un arbre de 6 à
7 mètres de hauteur. Il appartient à la
famille des Composées, qui pourtant ne
comprend presque que des plantes herba-
cées. Ses rameaux, dénudés dans leur partie
inférieure, sont contournés, et forment par
leur rapprochement à leur partie supérieure
une cime étalée assez compacte, que sur-
montent d’énormes panicules de petites
fleurs ressemblant à celles d’un Aster.
Il paraît qu’autrefois il existait une grande
quantité d’arbres de cette espèce sur l’île
Sainte-Hélène, mais ils ont été successive-
ment tous détruits, soit par les hommes,
soit par les chèvres, et le pied survivant au-
jourd’hui ne doit sa conservation qu’à cer-
tains souvenirs se rattachant à la captivité
de Napoléon Ier.
Il parait que des graines de cet arbre his-
torique ont été rapportées à Kew, par M.D.
Morris-; mais tous les essais tentés pour en
obtenir la germination ont échoué jus-
qu’ici.
Plantations fruitières en bordure des
routes. — Un de nos correspondants,
M. Joseph Sommen, jardinier à Vander-
vange, près Saarlouis, nous écrit que dans
cette région toutes les routes sont bordées
de plantations d’arbres fruitiers à cidre, en
pleine voie de prospérité.
M. Sommen nous fait observer que là-
bas, et ce avec raison, on emploie unique-
ment les variétés de Pommiers et de Poiriers
à cidre dont la tête se forme en pyramide,
et qui donnent par suite suffisamment
d’ombre, sans occasionner sur les chaussées
une humidité trop grande, qui en hâterait
la détérioration.
L’herbe aux kangurous. — On a beau-
coup parlé, ces dernières années, d’une Gra-
minée, YAnthistiria australis , R. Br. (A.
cïliata, Linn.), qui, abondante en Australie
et en Tasmanie, dans l’Afrique australe,
aux Indes orientales, aux Philippines, etc.,
est très- recherchée par le bétail, par les
chevaux principalement, qui sont mieux
soutenus, même en travaillant, par ce four-
rage, que par toute autre plante des mêmes
régions.
244
CHRONIQUE HORTICOLE.
L’A. australis, vulgairement appelé
Herbe aux kangurous, avait attiré l’atten-
tion du gouvernement de l’Algérie, à cause
de la résistance dont elle fait preuve contre
les sécheresses prolongées.
M. Ch. Rivière, directeur du Jardin
d’essai du Hamma, près Alger, reçut en
1880 des graines de cette plante, et la cul-
ture qu’il a pu ainsi en faire pendant plu-
sieurs années consécutives lui a permis
d’établir les conclusions suivantes à la suite
d’un rapport présenté par lui à la Société
nationale d’acclimatation :
L 'Herbe aux kangurous ne me semble pas
encore être la graminée utilitaire d’extension
ou de culture facile dans nos contrées chaudes
et sèches de l’Algérie, car elle est loin de s’y
comporter comme dans les nombreuses sta-
tions qu’elle occupe sur le globe. Non seule-
ment elle ne me paraît pas vouloir se déve-
lopper sous notre climat, s’y étendre naturelle-
ment ; mais encore sa culture ne se ferait pas
avec simplicité et les résultats acquis n’auraient
aucun caractère économique, en ce sens qu’avec
les mêmes procédés culturaux on obtiendrait,
d’autres graminées connues, un rendement
plus grand et plus assuré.
Ces observations paraissent concluantes
pour l’Algérie ; mais nous avons d’autres
colonies dont le climat conviendrait peut-
être mieux à cette plante fourragère.
Remède à expérimenter contre le
chancre des arbres. — Les arbres sont
fréquemment atteints de chancres, dont la
cause est le Nectria ditissima , cryptogame
parasite, et qui déprécient considérablement
les bois d’œuvre.
M. Prillieux, se basant sur ce fait que ce
Champignon a beaucoup d’analogie avec le
Sphacelonia ampelinum, pense que le
traitement au sulfate de fer, qui réussit
très-bien contre ce dernier parasite, ne
serait pas sans efficacité contre le Nectria
ditissima.
Nous engageons vivement les arboricul-
teurs, forestiers ou autres, à faire des expé-
riences dans ce sens.
Voici de quelle manière M. Prillieux
conseille de procéder :
Entailler les chancres, de façon à enlever
la partie nécrosée, et frotter le bois ainsi
mis à vif avec un pinceau ou un chiffon
préalablement trempés dans une solution
concentrée de sulfate de fer.
Missions scientifiques dans l’Amé-
rique équatoriale. — Le gouvernement
vient de charger M. le docteur Morisse d’en-
treprendre un voyage dans les bassins du
Haut-Orénoque et de l’Amazone, pour y
faire des études médicales et d’histoire na-
turelle.
M. F. Gay est chargé d’une mission dans
le Nicaragua, la Colombie et le Vénézuéla,
à l’effet d’y faire des recherches d’histoire
naturelle, et d’y réunir des collections scien-
tifiques destinées à l’État.
Espérons que ces voyages auront des ré-
sultats pour la botanique et l’horticulture.
Production des Choux-Fleurs du Léon
(Finistère). — Nous trouvons à ce sujet,
dans le Bulletin de la Société des Agri-
culteurs de France, une note due à M. des
Jouars de Kéranrouë, dont nous publions
l’extrait suivant, qui ne manquera d’inté-
resser nos lecteurs :
Depuis quinze jours, il est embarqué, tous
les jours, dans les gares de Saint-Pol-de-Léon,
de Roscofî et de Plouénan, pour tous les points
de la France et de la carte Nord-Europe, de 17
à 18 wagons de Choux-Fleurs pesant un mini-
mum de 4,000 kil. , l’un. Année moyenne, cela '
dure deux mois. D’où le calcul suivant : quatre
tonnes de Choux-Fleurs X 17 wagons =68 ton-
nes, par jour X 60 jours = 4,080 tonnes. Or,
1,000 pieds de Choux-Fleurs font environ une
tonne (1,000 kilog.) et se vendent, par champ,
selon les années, de 70 fr. à 100 fr. aux mar-
chands en gros qui achètent les récoltes des
maraîchers, trois, quatre et cinq mois à l’avance.
D’où vente moyenne des 1,000 kilog. de Choux-
Fleurs sur pied 85 fr. D’où 4,080 tonnes
X 85 fr. = 346,800 fr.
Les marchands en gros revendent ces Choux-
Fleurs de 2 fr. 50 à 4 fr. la douzaine. Or, la
tonne contenant 1,000 pieds de Choux-Fleurs,
4,080 tonnes X 1,000 pieds = 4,080,000 pieds :
12 = 340,000 douzaines X 3,25, prix moyen de
vente de la douzaine = 1,105,000 fr.
Les éléments de ce calcul ne sont pas exa-
gérés, car les chargements par 17 et 18 wa-
gons, par jour, sans compter les apports par
voitures sur les différents marchés de Bretagne
et aux bateaux de Bordeaux, du Havre et de
Veymouth, à Morlaix, durèrent trois mois,
en 1887.
Les revendeurs débitent les Choux-Fleurs au
détail et, au début et en fin de saison, vendent
la tête, dit-on, jusqu’à 0 fr. 70.
M. des Jouars de Kéranrouë termine sa
communication par d’intéressantes observa-
tions sur les écarts entre les prix de vente
par les maraîchers et ceux obtenus par les
courtiers. C’est toujours la même question
des intermédiaires, qu’il est plus facile de
supprimer sur le papier qu’en pratique.
CHRONIQUE HORTICOLE.
Plantations des terrains salés dans
les régions tropicales. — Nous trouvons,
dans le Gardeners’ Clironicle , de précieuses
indications sur ce sujet de haut intérêt :
M. Maries, surintendant des jardins du
Maharajah, à Durbhunga, rend compte
d’expériences intéressantes faites dans l’Inde
sur des plantations en terrains salés. D’après
le rapport de M. Maries, lorsqu’il vint, il y .
a six ans, à Durbhunga, il ne savait que
faire du sol d’une saline où pas une herbe
ne poussait. Il défonça le sol à une profon-
deur de 60 centimètres et le planta, au com-
mencement de la saison pluvieuse, d’arbres
élevés en pots atteignant la hauteur d’un
mètre environ. Au bout de trois ans, le sol
était garni de racines. L’année dernière,
lorsqu’on éclaircit les arbres, en ne conser-
vant que les meilleurs, le sol était dans de
bonnes conditions.
Des expériences semblables ont été faites
à d’autres places et maintenant M. Maries
possède de splendides plantations où na-
guère ne pouvait pousser aucune herbe.
Les meilleures essences employées furent
YInga Sctman et YAlbizzict procera. Le
premier est surtout excellent, car il produit
une énorme quantité de racines, et celles-ci,
mourant vite, laissent sur le sol un riche
dépôt végétal.
EXPOSITIONS ANNONCÉES.
Lyon, du 13 au 11 septembre. — L’Asso-
ciation horticole lyonnaise tiendra à Lyon, du
13 au 17 septembre, une Exposition générale
d’horticulture, de viticulture et des objets d’art
et d’industrie qui s’y rattachent.
Adresser les demandes d’admission, avant
le 1er septembre, ‘ à M. Viviand-Morel, secré-
taire général de l’Association, 61, cours La-
fayette prolongé, à Villerbannes-lès-Lyon.
Périgueux, 3 au 5 août. — La Société d’hor-
ticulture et d’acclimation de la Dordogne tien-
dra, du 3 au 5 août prochain, à Périgueux,
une Exposition horticole, viticole et d’oiseaux
de luxe et d’ornement, et arts et industries qui
s’y rattachent.
Toulouse, 21 au 30 septembre. — Une Expo-
sition de culture maraîchère, de culture orne-
mentale et d’arboriculture fruitière aura lieu, à
Toulouse, du 27 au 30 septembre, sous le patro-
nage de la Société d’horticulture de la Haute-
Garonne.
Toulouse, 15 au 18 novembre. — La même
Société organise également une seconde Expo-
sition comprenant les mêmes divisions géné-
rales, du 15 au 18 novembre.
Pour tous renseignements complémentaires,
s’adresser au président de la Société, M. le doc-
teur D. Clos, à Toulouse.
Gand, 2 et 3 septembre. — La Société royale
d’agriculture et de botanique de Gand a orga-
nisé, pour les 2 et 3 septembre, une Exposition
de plantes et fleurs diverses, fleuries ou cou-
pées, réservée aux sociétaires. Les amateurs et
horticulteurs non sociétaires seront, néanmoins,
admis et il pourra leur être décerné des dis-
tinctions spéciales.
Adresser les demandes pour exposer avant
le 28 août à M. Ed. Claus, 20, rue Digne-de-
Brabant, à Gand.
Gand, 18 au 22 novembre. — La même So-
ciété organise une Exposition spéciale de Chry-
santhèmes qui aura lieu du 18 au 22 novembre.
Se faire inscrire avant le 22 novembre chez
M. Ed. Claus.
Memento des Expositions. — Voici la liste
des Expositions précédemment annoncées. L’in-
dication entre parenthèses ( Chr . n0...) renvoie
à la Chronique du N° de la Revue horticole
où l’exposition a été annoncée avec quelques
renseignements sommaires. La mention Exp.
gén. indique qu’il s’agit d’une exposition géné-
rale d’horticulture.
Amiens. — Exp. gén. (Chr. n° 6), 2 au 4 juin.
Autun. — Exp. gén. (Chr. n° 5), 2 au 10 juin.
Bordeaux. — Fruits, légumes, fleurs (Chr. n° 5),
15 au 26 septembre.
Bougival. — Exp. gén. (Chr. m> 9), 29 août au
3 septembre.
Bourbonne-les-Bains. — Produits maraîchers,
plantes en pots et fleurs coupées (Chr. n° 10),
17 au 21 juin.
Épinal. — Exp. gén. (Chr. n° 4), 9 au 14 juin.
Laon. — Exp. gén. (Chr. n° 6), 25 au 27 mai.
Marseille. — Exp. gén. (Chr. n° 5), 2 au 11 juin.
Meaux. — Exp. gén. (Chr. n° 5), 7 au 9 septembre.
Mézidon. — Exp. gén. (Chr. n° 10), 16 septembre.
Moulins. — Exp. gén. (Chr. n° 6), 31 juillet au
5 août.
Nîmes. — Exp. gén. (Chr. n° 9), 26 mai au 3 juin.
Orléans. — Légumes, fleurs, fruits (Chr. nü 10),
13 au 18 juin.
Roubaix. — Chrysanthèmes (Chr. n°5), 23 au 25 juin.
— Roses (Chr. n° 5), 17 novembre.
Saint-Germain-en-Lave. Exp. gén. (Chr. n° 10),
26 au 29 août.
Sens. — Exp. gén. (Chr. n° 8), 16 au 25 juin.
Valognes. — Exp. locale (Chr. n° 8), lor au 4 sep-
tembre.
Anvers. — Roses (Chr. n° 8), fin juin.
Lausanne. — Exp. gén. (Chr. n° 8), 20 au 25 sep-
tembre.
Nécrologie :M. Dupuy-Jamain. — Un
nouveau vide vient de se faire dans l’horti-
culture française par la mort d’un de ses fer-
vents disciples, M. François-NarcisseDupuy-
Jamain, décédé dans sa propriété, à Loches
(Indre-et-Loire), le 9 mai 1888, dans sa
soixante-onzième année. C’était un horticul-
teur distingué, possédant des connaissances
pratiques dans toutes les branches de l’hor-
ticulture, en arboriculture notamment.
E.-A. Carrière et Ed. André.
LES FUSCICLADIUM ET NOS VERGERS.
246
LES FUSCICLADIUM ET NOS VERGERS
Nous avons, à différentes reprises dans
ces dernières années, reçu communication
de diverses contagions sévissant sur nos
Poiriers et nos Pommiers. Depuis quelque
temps, les ravages des cryptogames qui
s’attaquent à ces arbres fruitiers semblent
avoir pris une extension croissante. Voici
ce que nous écrit, à ce sujet, un de nos
abonnés du centre :
« J’ai l’honneur de vous adresser quelques
branches de Poirier atteintes d’une maladie qui
sévit sur une partie des sujets de mon jardin.
Cette maladie, en détruisant successivement le
nouveau bois, rend impossible la mise à fruits
de ces arbres, qui, pourtant, dans l’ensemble,
sont forts et vigoureux
« Les Pommiers de plein-vent de nos pays
sont aussi attaqués de la même maladie, surtout
dans les terrains secs ou humides, et depuis en-
viron cinq ans nous n’avons pas eu de Pommes.
En été, dès la fin de] juillet, toutes les feuilles
tombent et l’arbre reste complètement nu. Que
pourrait-on tenter pour remédier à ce mal? »
Comme la question semble devoir inté-
resser un certain nombre de nos lecteurs,
nous allons essayer de la traiter, en leur
indiquant la nature de l’ennemi auquel ils
ont affaire, et les préservatifs ou les traite-
ments qui nous semblent les meilleurs.
Nous avions cru, tout d’abord, qu’il
s’agissait du chancre , maladie qui sévit
depuis longtemps sur nos arbres fruitiers
et y manifeste ses ravages par la dessiccation
des branches et des rameaux ; mais l’exa-
men des échantillons de Poiriers conta-
minés, envoyés par notre abonné, nous a
permis de relever des symptômes tout diffé-
rents de ceux auxquels cette contagion
donne naissance. Le chancre, en effet, s’at-
taque toujours au vieux bois et de préfé-
rence aux bifurcations de l’arbre, où il
forme d’abord une tumeur, puis une cre-
vasse, et, enfin, une série de bourrelets
circulaires successifs qui se ferment de plus
en plus à mesure qu’ils rongent le tissu
ligneux. Le dernier aspect sous lequel il se
montre, son œuvre de destruction accom-
plie, est celui d’une rosace au centre de la-
quelle se dresse le court tronçon de la
branche ou du rameau disparu.
Dans la maladie qui nous occupe, rien de
semblable ne se passe. Ici, en effet, ce n’est
pas seulement aux vieilles branches que le
fléau s’attaque : vieux bois, jeunes pousses, :
feuilles, fruits, l’arbre tout entier est
envahi.
Observée depuis longtemps, cette ma-
ladie a été étudiée plus spécialement, dans
ces dernières années, en France et à
l’étranger, notamment par M. Ed. Prillieux,
qui l’a décrite très-exactement dans les
Annales de l’Institut national agrono-
mique (1).
Vous avez pu souvent remarquer, surtout
sur de vieux sujets, parfois aussi sur des
jeunes, des Poires mal développées, mar-
quées à la surface de taches noirâtres, des
Pommes piquées de points rouges, d’aspects
divers ; les fruits sont alors dits atteints de
tavelure. Parfois, chez les Poires, le mal
prend des proportions plus accusées et se
présente sous forme de fentes, de sillons
profonds se croisant en tous sens ; ce sont
les crevasses.
Si, du fruit, vous passez à l’examen de
‘ l’arbre qui le porte, vous remarquerez que
ce dernier n’ést pas indemne du fléau. Les
feuilles sont couvertes de nombreuses taches
noires, identiques à celles qui attaquent
l’épiderme des fruits ; les rameaux sont ru-
gueux et, à certaines places, d’un brun
noir ; l’écorce s’est gercée, fait saillie et
présente des crevasses plus ou moins pro-
fondes. C’est en cet état que se montrent à
nous les échantillons que nous avons reçus.
Crevasses et tavelures sont également
nuisibles aux fruits, qu’elles gâtent ou dé-
précient, et à l’arbre, dont elles désorga-
nisent les tissus. Elles sont produites par
un petit Champignon du genre Fuscicla-
dium (F. pyrinum). On prétend que le
Fuscicladium du Pommier est une espèce
distincte de celle qui attaque le Poirier ;
dans tous les cas, leur nature et leurs
moyens de destruction sont les mêmes ; ce
que nous dirons pour l’un s’applique donc à
l’autre. Prenons un Fuscicladium pyri-
num à son origine et suivons-le dans son
développement.
Le terrible ennemi de nos vergers ne vit
pas encore ; il tient tout entier dans une
spore microscopique que le hasard a déposée
sur une feuille. Qu’un autre hasard mette à
côté de cette spore une goutte de rosée ou
de pluie, aussitôt le développement du para-
(1 ) A nnales de V Institut national agronomique ,
1877-78, n° 2.
LES NOUVELLES VIGNES DE LA CHINE.
247
site commence. Ail bout de quelques
heures, la spore émet un tube blanc qui
s’allonge, se ramifie, rampe à la surface du
corps sur lequel il repose, et finit par péné-
trer dans l’épiderme de ce dernier. Une fois
dans la place, il s’y installe et s’y fortifie.
Sa présence est aussitôt annoncée par la
teinte brune que prend l’organe envahi. Au
moment de la reproduction, le Fuscicla-
diurn gagne la surface des organes et émet,
à l’extérieur, de petites tiges ramifiées qui
portent les spores, et donneront naissance à
de nombreux rejetons. C’est à cette période
de son évolution qu’il convient d’attaquer
ce parasite, pour arrêter sa propagation.
Biep que les Fuscicladium exercent
depuis longtemps leurs ravages dans nos
jardins et dans nos vergers, il n’a pas, que
nous sachions, été préconisé contre eux
de remède certain. On pourrait, croyons-
nous, les combattre avantageusement par
les solutions cuivriques. L’époque la meil-
leure pour le traitement serait assurément
le premier printemps. Les feuilles et les
fruits, en se détachant à l’automne, ont
dispersé la plus grande partie des spores des
Fuscicladium. Leurs dernières colonies,
cantonnées sous l’écorce des jeunes ra-
meaux, vont, sous les pluies de mars, se
préparer à la reproduction. Il faut abso-
lument les détruire avant l’évolution des
feuilles de l’arbre, autrement les surfaces
contaminées seraient centuplées et le résul-
tat du traitement deviendrait bien incer-
tain. Au moment de la taille, si l’arbre est
médiocrement atteint, on peut le rajeunir
par l’ablation des parties malades.
A ces moyens d’attaque directe, on peut
joindre un préservatif dont on obtiendra les
meilleurs effets. Nous avons dit que les
Fuscicladium avaient absolument besoin
d’eau pour se développer, et l’expérience
confirme chaque jour cette vérité. Les
arbres en plein vent sont, en effet, beau-
coup plus atteints que les arbres en espa-
liers ; et, parmi ces derniers, ceux qui sont
exposés à l’Ouest, dont les vents apportent
le plus souvent la pluie, sont beaucoup plus
sujets à être attaqués que les autres. En
abritant les arbres malades, on arrêterait
donc la propagation des Champignons en
empêchant la germination des spores, et,
placés dans des conditions défavorables à
leur accroissement, les Fuscicladium
adultes ne pourraient s’opposer au dévelop-
pement normal des fruits.
En terminant, nous recommanderons aux
personnes qui n’ont pas encore l’ennemi
chez elles d’éviter avec le plus grand soin
de l’y introduire, soit par des greffons, soit
par des arbustes tirés de pépinières conta-
minées. Ed. André.
LES NOUVELLES VIGNES DE LA CHINE
Plusieurs fois, dans ce journal, nous
avons parlé de quelques Vignes particu-
lières découvertes dans diverses parties de
la Chine par le révérend père Armand
David, et une étude particulière en a été
publiée dans le Journal de la Société na-
tionale d'horticulture de France.
Bien que sommaire, cette étude est
pourtant assez étendue pour donner sur
les caractères de ces plantes des détails assez
précis pour permettre d’en opérer une sorte
de classement.
La première découverte de ces Vignes
ayant été faite vers le commencement de
l’année 1880, on ne pouvait donc, vu la
longueur de temps nécessaire aux Vignes
de semis pour fructifier, espérer pouvoir
encore de longtemps les décrire et en
faire connaître les principaux caractères.
Fort heureusement sous ce rapport nos
prévisions ont été trompées, et aujour-
d’hui, 1er mai, la plupart des ceps que
nous possédons montrent des fleurs encore
non ouvertes. Quelles seront celles-ci :
mâles, femelles, polygames ? A ce sujet,
rappelons que beaucoup de Vignes sau-
vages sont unisexuées, et qu’alors elles
ne donnent jamais de Raisin, malgré
qu’elles fleurissent abondamment chaque
année. Ce qui, ici, semble justifier cette
crainte que nous émettons au sujet des
Vignes chinoises, c’est que déjà, dans
l’étude que nous en avons faite, nous
avons cherché à attirer l’attention sur
l’analogie d’aspect et de végétation qu’elles
présentent avec un grand nombre d’autres
dites américaines et qui, unisexuées, ne
produisent jamais de fruits. Espérons que
nous serons bientôt renseignés, que, sur
ce point encore, nous serons avantageuse-
ment surpris, et que bientôt à nos excellents
cépages on pourra en ajouter quelques au-
tres de l’Extrême -Asie qui, présentant
des propriétés, particulières viendront gros-
248
DÉCORATION FLORALE.
sir le nombre de nos Vignes et pour-
ront peut-être même être utilisées soit
pour la fabrication des vins, soit pour
être consommées directement dans l’ali-
mentation.
En terminant cette notice sur ces es-
pèces, que, d’une manière générale, nous
qualifions de « Vignes de la Chine », rap-
pelons, comme détail complémentaire, qu’il
s’agit des quelques plantes qui sont dési-
gnées par les horticulteurs sous les appella-
tions de Vitis Davidiana et Romanetiana.
E.-A. Carrière.
DÉCORATION FLORALE
Les deux types de corbeilles de plantes à
fleurs et à feuillage ornemental que la
Revue horticole a donnés dans le précé-
dent numéro témoignaient d’une certaine
recherche dans le dessin dans le choix
des espèces, et aussi dans la forme donnée
au sol même, pour certaines parties de ces
corbeilles ( Corbeilles à relief ).
Ce genre de décoration, qui convient par-
faitement à un parc public ou à un jardin
particulier de grande dimension, surtout si,
dans ce dernier cas, on l’emploie auprès de
l’habitation principale, serait un peu trop
compliqué pour une propriété d’étendue
restreinte.
Nous donnons aujourd’hui un modèle
Fig. 56. — Corbeille d’été avec plantes isolées.
1. Cannas.
2. Coleus Verschaffelti.
3. Gnaphalium lanatum, tiges et boules.
4. Centaurea candidissima et Agératum cœles-
tinum.
5. Bégonia semperflorens et Pélargonium zonale.
6. Echeveria Scheideckeri.
7. Echeveria secunda ou Mesembrianthemum
cordifolium aureum.
8. Herniaria glabra.
9. Ajuga reptans fol. atropurpur. ou Alternan-
t liera ensi folia.
10. Sempervivum Delessonii.
11. Echeveria rosacea.
plus simple, que nous avons expérimenté,
en 1887, au Parc de Prague dans une
situation d’importance secondaire, et qui a
produit largement l’effet que nous en at-
tendions.
Cette corbeille formait une ellipse de
8 mètres de longueur sur 4 de largeur;
mais ces dimensions peuvent être agrandies
ou restreintes suivant les proportions de
l’endroit que l’on désire orner.
Le fond (9), sur lequel se détachent les
plantes à développement grand ou moyen,
doit être fait, autant que possible, avec
Y Ajuga reptans , qui, outre son joli feuil-
lage pourpre foncé, donnera, dès les pre-
miers jours de l’été, de très-nombreuses
fleurs d’un bleu de ciel éclatant. La large
bordure (8) est composée d 'Herniaria
glabra et séparée de Y Ajuga reptans par
un feston d’ Echeveria rosacea.
DICHORISANDRA PUBESCENS T.KNIENSIS.
249
Cette corbeille produit tout son effet si
on a soin de distancer suffisamment les
plantes isolées qui en garnissent le centre.
Ainsi que nous l’avons dit dans notre pré-
cédent article, il faut que l’air circule libre-
ment, que les plantes isolées ne se touchent
pas entre elles, et que tout autour de cha-
cune d’elles, on aperçoive la garniture qui
recouvre le sol. On obtiendra ainsi de pré-
cieux effets d’ombre et de lumière, et une
compacité trop grande ne viendra pas dé-
truire en partie le charme des plantes em-
ployées. F. Thomayer,
Jardinicr-chef de la ville de Prague (Autriche).
DICHORISANDRA PURESCENS TÆNIENSIS
Cette élégante plante de serre chaude,
qui vient d’obtenir à l’Exposition quinquen-
nale de Gand le deuxième prix dans le
Concours pour plantes d’introduction ré-
cente, a été introduite en Belgique d’une
façon accidentelle. Elle est originaire du
Brésil (province de Rio). Elle a paru spon-
tanément en 1885, au Jardin botanique de
Fig. 57. — Dichorisandra pubescens tœniensis .
(Demi-grandeur naturelle.)
Bruxelles, dans la terre d’une caisse où se
trouvait planté un Cocos Weddelliana im-
porté par M. P. Binot.
Cette nouveauté horticole a été soumise
à l’examen du savant botaniste, M. le doc-
teur Maxwell T. Masters, qui en a fait lu
description suivante :
« Plante charnue à tiges érigées, légèrement
pubescentes, mais davantage à la partie su-
périeure, entre les fleurs. Pétioles longs d’en-
250
LA CULTURE DU CRESSON.
viron 2 centimètres, ornés d’une frange de
poils à l’extrémité supérieure. Feuilles longues
d’environ 10 centimètres et larges de 25 milli-
mètres, obliques à la base, largement lan-
céolées, acuminées, légèrement pubescentes
sur les deux faces, plus ou moins purpures-
centes à la page inférieure, vertes à la page
supérieure et marquées des deux côtés, entre
le milieu et le bord, de larges bandes paral-
lèles alternant avec des stries vertes plus
étroites, qui donnent à la plante un aspect
très-attrayant.
« Rarement, une plante à feuillage possède
des fleurs remarquables ; celle-ci fait exception
à la règle. Ses fleurs, d’un bleu foncé, sont
disposées en un racème compact à l’extrémité
de la tige. Chaque fleur est accompagnée d’une
bractée en forme de bateau. La fleur elle-
même a environ 2 centimètres de diamètre
avec trois sépales oblongs, obtus, presque gla-
bres, trois pétales plutôt plus longs que les sé-
pales, obtus et d’un bleu de cobalt foncé. Éta-
mines 6, anthères érigées, bleues, plus longues
que les filaments et s’ouvrant au sommet par
deux pores; ovaire presque rond, trilobé, avec
un long style et un stigmate tripartite court.
« Les matériaux dont j’ai pu disposer pour
déterminer la plante n’étaient pas très-bons,
mais, avec l’aide de la gravure coloriée, j’ai pu
l’identifier avec le D. pubescens Martius, et,
plus particulièrement , avec un spécimen de
Burchell dans l’herbier de Kew (n° 3666), qui
a les mêmes feuilles striées que la plante
cultivée. Ce spécimen avait été trouvé dans la
Sierra da Cubatao. »
L’imperfection des échantillons que nous
LA CULTURE
Il est bien entendu que nous allons parler
de la culture du Cresson, non au point de
vue de la grande industrie des cresson-
nières, mais seulement au point de' vue de
la petite culture. Il s’agit ici non d’une en-
treprise commerciale qui, pour être lucra-
tive, exige des conditions qu’on ne trouve
pas réunies partout, mais de donner tout
simplement une suffisante satisfaction aux
amateurs.
Commençons par choisir notre terrain.
Celui qui est trop sableux ne convient pas,
parce qu’il laisse perdre l’eau ; celui qui est
très-calcaire ne convient guère, parce que le
Cresson n’y trouve pas la nourriture dont il
a besoin. Le meilleur est la terre à Blé, que
nous nommons argilo-siliceuse.
Maintenant que nous avons la terre con-
venable, cherchons une eau qui convienne
aussi. Or, toute eau de source ou de rivière,
bonne à boire, peut servir à l’établissement
avons communiqués à M. le docteur
Masters provient de ce que nous ne con-
naissions pas le mode de végétation du
Dichorisandra tæniensis.
Tous les exemplaires que nous en pos-
sédons se sont mis à fleurir à la fois en
décembre dernier. La floraison a été brus-
quement suivie du repos des plantes, ac-
compagné du dessèchement complet des
tiges. Nous n’oserions certifier que ce repos
n’a pas été provoqué par une cause acci-
dentelle; mais, en tout cas, il est survenu
si rapidement que c’est à peine si nous
avons pu cueillir une extrémité de tige
encore fleurie, pour la soumettre à l’examen
du savant botaniste.
Ce repos s’est prolongé jusque vers la fin
du mois de février. A cette époque, les tu-
bercules sont rentrés en végétation, au
moins en partie. D’autres ne se sont
mis en mouvement que vers la fin de
mars.
Les boutures s’enracinent très vite, mais
il faut les faire assez tôt dans la saison. Les
boutures faites tardivement, à l’arrière-
saison, n’ont pas formé de souche. Comme
culture, la plante n’exige pas de soins spé-
ciaux. Nous l’avons cultivée avec succès
dans la serre chaude ordinaire (12 à 14°
centigrades). Nous lui donnons une bonne
terre légère, formée d’un mélange de ter-
reau de feuilles et de terreau de couche.
Éd. Pynaert.
DU CRESSON
d’une cressonnière. Fraîche, elle vaut mieux
que douce. On évitera les eaux qui ont
coulé sur la tourbe, parce qu’elles donnent
un goût de marais au Cresson ; on évitera
les eaux trop calcaires, à cause des dépôts
qu’elles formeraient sur le Cresson ; on évi-
tera de même les eaux chargées de plâtre
ou gypse.
Pour ce qui est de la quantité d’eau né-
cessaire, on estime, d’après M. Chatin et
d’après les plus habiles cressonniers, qu’il
faut donner 10 centimètres d’eau. Nous
n’avons pas besoin d’ajouter que le fond de
la fosse doit offrir une pente douce, et que
l’eau doit se renouveler constamment, mais
lentement. Pour 80 mètres de longueur, la
pente doit être de 5 pouces, c’est-à-dire de
135 millimètres.
Rien n’empêche assurément de faire des
fosses de 10, 20, 30 ou 40 mètres. L’essen-
tiel est qu’elles n’aient pas plus de 80 mètres,
LA CULTURE
parce que, durant le parcours, l’eau perd de
sa fraîcheur, et que le Cresson de la queue
ne vaudrait pas celui de la partie rapprochée
de la source ou de la prise d’eau. La pro-
fondeur de la fosse doit être de 50 à 60 cen-
timètres.
Si le fond des fosses n’était pas de bonne
nature, on le recouvrirait de 7 à 8 centi-
mètres de terre végétale ou d’un mélange
de terre végétale et de terreau de couches,
d’après la recommandation d’Héricart de
Thury, mais on se dispense aujourd’hui de
cette précaution; on se contente d’y faire
courir l’eau quelques heures avant la plan-
tation, afin de bien mouiller le fond, puis
on retire l’eau en question.
C’est en mars et en août qu’on plante le
Cresson. La plantation d’août doit être pré-
férée à la première quand on s’approvi-
sionne de plants dans une fosse en plein
rapport, mais quand on crée une seule fosse
et qu’on s’approvisionne hors de chez soi, on
peut planter en mars aussi bien qu’en août ;
la production se fera attendre un peu plus,
voilà tout.
Aussitôt que le fond de la fosse est bien
mouillé et qu’il ne reste plus d’eau cou-
rante, on prend les plants de Cresson qu’on
a dû se procurer dans le proche voisinage
afin de les avoir bien frais, et on les dispose
en lignes, par petites touffes, sur le fond
mouillé, en laissant entre les touffes des in-
tervalles de 8 à 10 centimètres. Les touffes
posées à terre sont inclinées de façon que
le sommet des plantes regarde la source
ou la prise d’eau. Il s’ensuit que le haut
des tiges du second rang se trouve cou-
ché sur les racines du premier rang, et
ainsi jusqu’au bout de la fosse. Le Cres-
son s’attachera de lui-même à la terre
humide, et au bout de quatre ou cinq
jours, l’enracinement sera fait et les plantes,
aidées par un courant à rebrousse-tige, se
relèveront.
La plantation n’est donc pas une planta-
tion dans toute la rigueur du mot : c’est un
simple couchage. Cependant rien n’em-
pêche de planter. Lorsque le Cresson s’est
redressé et a pris racine, on le baigne de
5 centimètres d’eau ; quatre ou cinq jours
après on met entre les lignes, sur le pied
des plantes, une bonne fumure avec du fu-
mier de vache très-pourri que l’on fixe au
moyen d’une petite planchette à laquelle on
a adapté un manche obliquement. Une fois
le fumier placé et foulé par la planchette,
on donne de l’eau jusqu’à la hauteur de 10
à 12 centimètres.
DU cresson. 251
Voilà toute l’opération, et certes elle ne
présente aucune difficulté.
La cueillette du Cresson n’est pas plus
difficile que la plantation. On met une
planche en travers de la fosse, on s’age-
nouille sur cette planche, on saisit la plante
de la main gauche, on la tire un peu à soi,
et de la main droite on la coupe avec une
serpette.
Chaque fois que l’on a cueilli le cresson,
on doit placer du fumier de vache entre les
pieds et fouler avec la planchette qu’on
appelle schuële dans la langue des cresson -
niers, et qui consiste en un bout de planche,
épaisse et large de 6 à 8 centimètres.
Plus on fumera, plus on récoltera.
Dans la grande culture du Cresson, on ne
se contente pas du schuëlage ; on promène,
en outre, dans les fosses des rouleaux parti-
culiers, afin d’enfoncer le Cresson davan-
tage et de rempiéter le Cresson soulevé.
Une cressonnière bien conduite doit for-
mer un tapis serré : n’y laissez jamais de
vides. Quand il s’en produit un, il faut le
boucher de suite avec des pieds de Cresson
qu’on refoule au moyen de la planchette.
Sans cela, les mauvaises herbes prendront
la place inoccupée et chercheront à envahir
la cressonnière. Ces mauvaises herbes sont,
la plupart, des plantes aquatiques, et notam-
ment les Lentilles d’eau et les Véroniques.
On se débarrasse des premières en inon-
dant la cressonnière ; les Lentilles montent
à la surface et on les enlève facilement.
Quant aux autres plantes, il faut les enlever
par de fréquents sarclages.
Parmi les insectes, le plus redoutable
pour le Cresson est l’altise ( Altica sysimbrii ,
de Fabricius). On s’en débarrasse aussi par
l’inondation, et dès qu’elles sont noyées, on
les pêche avec un filet de grosse toile qui les
ramasse parfaitement.
Une cressonnière peut durer plusieurs
années ; mais quand on la veut belle et de
bon rapport, il convient de la renouveler
tous les ans. A cet effet, on enlève l’eau, le
Cresson, et on nettoie la fosse. M. Billet, un
cressonnier en réputation, soulève son Cres-
son et le roule comme un tapis, en plusieurs
morceaux bien entendu; lorsque la fosse
est nettoyée, il replace le tapis et le déroule.
D’autres prennent du plant dans le vieux
Cresson sorti de la fosse et le replantent à
la manière que nous avons indiquée tout à
l’heure.
Plus la végétation est rapide, plus les
cueillettes doivent être multipliées afin
d’éviter la floraison.
252 CYPRIPEDIUM CALLOSUM. — LE MUSSÆNDA BORBONICA, SUCCÉDANÉ DU CAFÉ.
Il peut arriver que les cressonnières gè-
lent en hiver. Dans une petite culture, on
réussira à prévenir cet accident en faisant
monter l’eau de 6 à 8 centimètres au-dessus
du Cresson. L’eau se congèle la nuit et la
plante, protégée par la glace comme par une
voûte, se maintient bien et continue de
pousser. P. Joigneaux.
CYPRIPEDIUM CALLOSUM
La jolie espèce nouvelle que nous figu-
rons aujourd’hui a été découverte dans les
forêts deSiam par [notre compatriote, M. A.
Régnier.
C’est une des plantes les plus intéres-
santes parmi celles déjà nombreuses que
nous devons à cet habile introducteur.
Elle croissait, à l’état sauvage, à une
altitude d’environ 1,500 mètres, et les
larges touffes qu’elle formait là, sur des
rochers recouverts de mousses et de détritus
de feuilles, étaient constamment humectées
par les éclaboussures d’une cascade voisine.
Si nous ajoutons à cela que la tempéra-
ture à cet endroit élevé descendait le matin
à 15 degrés centigrades, on pourra en con-
clure que cette plante s’accommode de la
culture en serre tempérée-chàude, humide,
dans un compost léger et substantiel, ce qui,
d’ailleurs, a été justifié par l’expérience.
Le Cypripedium callosum, Rchb. f., a
les feuilles d’un vert de plusieurs nuances,
maculé de gris argenté foncé. Le sépale su-
périeur, très-large, transversalement ellip-
tique, a le fond blanc, longitudinalement
rayé de vert et de pourpre foncé. Les pétales
latéraux sont aigus et renversés à ce point
qu’ils se touchent quelquefois par leur extré-
mité inférieure. Ces sépales, verts à leur
sommet, puis blancs plus ou moins rayés de
vert et de rose, sont garnis sur leurs bords
de verrues noires, de forme conique, ci-
liées, très-nombreuses. Ces verrues se re-
trouvent quelquefois sur le disque, ce qui
n’est représenté dans aucune autre espèce
de Cypripedium. Le labelle est semblable à
celui du C. superbiens, c’est-à-dire qu’il
est vert en dessous, rose plus ou moins ré-
ticulé de roux dans la partie la plus appa-
rente. Le staminode rougeâtre, marbré de
vert, est bilobé à son sommet et garni à son
milieu d’une petite apicule foncée.
L’espèce est vigoureuse ; sa floraison,
abondante, commence dès le mois de no-
vembre, et se prolonge pendant presque
toute l’année.
Nous n’insisterons pas sur la valeur hor-
ticole de la plante de M. Régnier. Nous
avons fait connaître son origine, son tempé-
rament et ses principaux caractères ; une
simple inspection de la figure ci-contre fera
mieux apprécier la beauté de sa fleur qu’une
description plus minutieuse.
Ch. Thays.
LE MUSSÆNDA BORBONICA, SUCCÉDANÉ DU CAFÉ
M. Lapeyrère, pharmacien en chef de la
marine, a fait à la Société d’ Acclimatation
une très-intéressante communication sur
un arbuste de la Réunion. Ce végétal ap-
partient au genre Mussænda ; il ressemble
par ses fleurs à un Oranger ou à un Caféier,
et couvre dans l’île de grands espaces, cons-
tituant de véritables forêts.
L’espèce est connue depuis longtemps. Le
Clerc la célèbre dans son ouvrage sur les
plantes médicinales de la Réunion. Richard,
Yinson, Linné, Endlicher, semblent l’avoir
eue en vue dans certaines descriptions de
Mussænda ; mais, en présence du peu de
conformité de leurs descriptions avec les
caractères de la plante, M. Lapeyrère a cru
devoir lui donner un nom nouveau et l’a
appelée Mussæ?ida borbonica.
D’après les caractères que M. Lapeyrère
a relevés sur le vif, c’est un arbrisseau
s’élevant à 3 mètres au plus, à tronc court
et à rameaux nombreux. Les feuilles, à sti-
pules multifides engainantes, soudées au-
tour de la tige, sont opposées, ovales-lan-
céolées, pétiolées, très-entières, légèrement
sinueuses, persistantes, glabres et d’un
vert luisant. Le calyce, d’un blanc verdâtre,
la corolle blanche, à long tube divisé au
sommet en cinq lobes ovales-la ncéolés, pré-
sente les caractères généraux des Mus-
sænda. La baie arrondie, légèrement com-
primée au sommet, est d’un vert bleuâtre
ou violacé à la maturité et de la grosseur
d’une Cerise. Sa section transversale laisse
voir deux loges accolées, entourées d’une
pulpe assez épaisse. Chaque loge contient
Revive Horticole' .
ChromoUxh/. G~.Seoerajns .
\Onda/:i,a<Z
Cypripediwn callosum .
LES PODOCARPUS NERIIFOLIA.
une graine convexe, sillonnée du côté ex-
terne, plane et pourvue d’un sillon médian
plus marqué du côté interne.
Cette graine, qui rappelle par sa forme la
graine du Café, s’en rapproche beaucoup
par sa constitution chimique. Des analyses
qui ont été faites, il résulte qu’elle contient
de la caféine, une essence aromatique, des
huiles essentielles, enfin, en des proportions
plus ou moins grandes, les diverses subs-
tances qui composent les grains de café.
Le Mussænda borbonica pourrait donc
remplacer le Caféier dans une certaine me-
sure.
M. Lapeyrère estime, d’après ses ana-
lyses, que les propriétés des fruits du pre-
mier équivalent aux deux tiers de celles des
produits du second. Il y aurait un grand
avantage, en ce moment où les importations
de Café ne peuvent suffire à la consomma-
tion, à substituer à la chicorée, aux Glands
doux et aux autres substances que l’on mé-
lange journellement à cette denrée coloniale,
253
des graines de Mussænda, dont la Réunion,
à elle seule, pourrait fournir actuellement
3,000,000 de kilogr.
Ce n’est pas seulement à ce point de vue
que l’étude de M. Lapeyrère est intéressante.
On sait que les Caféiers de la Réunion
sont en partie détruits par les plantes para-
sites et une maladie à laquelle on n’a pas
encore trouvé de remède. En vue de régé-
nérer les plantations de cette île, M. Lapey-
rère a essayé de greffer le Caféier sur le
Mussænda. Un sujet sur lequel il avait
pratiqué une greffe avait produit des feuilles
de deux centimètres de longueur, lorsqu’il
fut détruit par la malveillance.
M. Lapeyrère conseille d’user de ce pro-
cédé, dont il attend le plus grand succès.
Nous ne pouvons, qu’encourager les tenta-
tives faites dans cette voie, et nous avons
l’espoir que le greffage reconstituera nos
plantations de Café, comme il a régénéré
nos vignobles français.
L. de Rergy.
LES PODOCARPUS NERIIFOLIA
En publiant cet article, notre but n’est
pas de décrire uniquement telle ou telle
espèce du genre Podocarpus, mais d’appe-
ler l’attention sur celui-ci au point de vue
général de l’ornementation.
Sous ce rapport, ces plantes sont loin
d’avoir été suffisamment étudiées pour
pouvoir bien les apprécier, et il en est au
contraire un bon nombre qui pourraient
être utilisées non seulement comme plantes
de serre, mais pour la décoration des massifs
de pleine terre dans certaines parties de
la France. On a plutôt jugé les Podocarpus
par présumance que par expérience, et
alors, de ce que certains n’ont pas résisté
aux froids des hivers de Paris, on a conclu
que ces plantes sont délicates et ne pour-
raient être cultivées en pleine terre, ce
qui est une erreur, partielle du moins :
nous allons essayer de le démontrer.
Notons d’abord que dans le très-grand
nombre d’espèces que comprend le genre
Podocarpus, il en est de nature et de tem-
pérament très-différents, choses qui sont
peu connues, puisque ce que l’on en a dit
ne repose que sur des hypothèses, tandis
qu’ici l’expérience seule peut servir de
guide.
D’une autre part aussi, ce qui peut trom-
per au sujet de l’opinion que l’on émet sur
la rusticité des plantes, c’est que, en l’ab-
sence de l’expérience, seid critérium de la
vérité, on se base sur leur origine et qu’alors
le jugement est susceptible des plus grands
écarts. L’espèce qui fait tout particulière-
ment l’objet de cet article, le Podocarpus
neriifolia, Don, nous en fournit un exemple.
Ainsi, malgré qu’elle soit originaire de cer-
taines parties chaudes de l’Inde, par exemple
de Singapour, elle n’en est pas moins rela-
tivement très-rustique, puisque nous l’avons
vue croître et se développer, sans souffrir
aucunement , dans diverses localités du
département des Pyrénées-Orientales, no-
tamment à Amélie-les-Rains, où, pourtant,
elle a supporté des froids de 5 et même
7 degrés au-dessous de zéro. Nous n’igno-
rons pas que dans cette circonstance on
pourra nous objecter le rôle considérable
que peut jouer l’influence du milieu et
s’appuyer sur celui-ci pour expliquer la
rusticité dont nous parlons. En la circons-
tance, pourtant, nous pourrions, comme
critérium comparatif, invoquer des faits
d’une grande valeur à l’aide desquels on
pourrait se faire des choses une idée exacte.
Ce critérium, c’est la présence d’espèces
diverses de végé taux dont on connaît le
tempérament et la rusticité, qui alors per-
mettent de juger par comparaison, chose
très-facile à la villa Marie, à Amélie-les-
Rains, où, à côté des Rambous, des Euca-
LES SAUGES.
254
lyptus globulus et autres, de certains
Palmiers et d’Orangers, considérés comme
semi-rustiques et qui néanmoins ont sout-
fert, on voit en grande quantité des Podo-
carpus neriifolia de 4 à 6 mètres de hauteur,
formant d’énormes buissons compacts qui ne
souffrent nullement dans aucune de leurs
parties, et qui fructifient même lorsqu’on
possède les deux sexes, ce qui, pour le cas,
est indispensable, cette espèce étant dioïque.
C’est en présence de ces faits que l’idée
nous est venue d’écrire un article sur le
Podocarpus neriifolia , qui, outre sa rusti-
cité , présente un aspect singulièrement
ornemental. D’une autre part, cette espèce
étant peu connue, même scientifiquement,
nous croyons devoir en donner une des-
cription.
Arbre dioïque, variant un peu dans son
aspect suivant les conditions dans lesquelles il
croît, formant le plus communément une pyra-
mide très-compacte. Branches et rameaux vert
jaunâtre, profondément cannelés-sillonnés par
suite du rapprochement considérable des
feuilles. Feuilles alternes de 10-16 centimè-
tres de longueur, larges de 6-15 millimètres,
lancéolées, courtement rétrécies au sommet,
très-longuement atténuées à la base en un
court pétiole qui, par son prolongement, forme
une nervure médiane saillante dans toute la
longueur de la feuille, coriaces, très-épaisses,
presque indéfiniment persistantes, ordinaire-
ment plus ou moins falquées, d’un vert plus
pâle à la face inférieure. Chatons mâles axil-
laires, solitaires, munis d’écailles qui, par leur
ensemble, forment une sorte d’involucre brac-
téiforme. Pédoncule fructifère d’une longueur
à peu près égale à celle du réceptacle, qui,
oblong, très-développé, est obliquement lobé,
accompagné de bractées tubulées, légèrement
oncinées. Fruits drupacés, charnus, de saveur
douce, un peu sucrée.
Cette espèce, qui se rencontre dans di-
verses parties du Népaul, supporte parfois
l’hiver sous le climat de Paris, où, néan-
moins, il est bon de la planter dans des
lieux un peu abrités ; il est même prudent
d’en cultiver en pots que l’on rentre en serre
tempérée ou froide, et où les plantes ne
souffrent nullement.
Les exemplaires que l’on soumet à ce der-
nier traitement présentent encore cet autre
avantage de pouvoir être employés pour les
décorations d’hivers, soit pour les apparte-
ments, soit pour garnir les plates-bandes
ou les massifs dont les plantes ont été enle-
vées pour les soustraire à la gelée, ou après
que celle-ci les a fait périr.
Faisons toutefois remarquer que le Podo-
carpus neriifolia n’est pas la seule espèce
du genre que l’on puisse soumettre au trai-
tement que nous venons d’indiquer et qu’il
en est certainement une grande quantité
d’autres auxquelles il conviendrait égale-
ment. On serait même presque autorisé à
croire que le plus grand nombre s’en ac-
commoderait très-bien, malgré que, pour-
tant, l’on ne puisse rien affirmer à ce sujet.
Culture, multiplication. — D’une ma-
nière générale, les Podocarpus peuvent être
considérés comme des plantes de serre
froide, surtout lorsqu’on a affaire à des
jeunes sujets. Une terre légèrement humide,
plus ou moins consistante, argilo-siliceuse,
leur convient ; plus tard, suivant l’espèce,
la vigueur et les conditions climatériques où
l’on se trouve, on leur donne une terre
spéciale. On les multiplie par boutures et
par graines ; pour faire les premières, on
se sert de ramilles qu’on plante en terre de
bruyère et que l’on fait enraciner sous
cloche. Plus tard, après qu’elles ont été
rempotées et qu’elles sont suffisamment
fortes, on les met en pleine terre en les pla-
çant dans des conditions appropriées à la
nature des espèces et à leur tempérament.
E.-A. Carrière.
LES SAUGES
Utiles par leurs propriétés médicinales
et condimentaires, remarquables par la
beauté et la variété de leurs fleurs, il est
peu de plantes aussi intéressantes que les
Sauges. D’après MM. Bentham et Hooker (1),
on en connaît plus de 450 espèces dissé-
minées dans toutes les parties du monde,
mais principalement dans l’hémisphère du
nord. Elles affectionnent particulièrement
les contrées méditerranéennes et les mon-
tagnes du Mexique et de la Cordillère des
Andes. On en compte, en France, une
douzaine d’espèces indigènes.
Le Salvia pratensis est bien connu, sur-
tout dans la région du centre, où, jusqu’à
la fenaison, il émaillé les herbages secs
de milliers d’épis du plus beau bleu vio-
lacé.
Sur les coteaux, le S. verbenaca, à fleurs
moitié plus petites que le précédent et plus
(1) Gen. pl. II, 1195.
LES SAUGES.
255
rare, étale ses rosettes de feuilles ovales et
dresse ses petits épis purpurins.
Le S. Sclarea, vivant rarement en com-
pagnie, se rencontre çà et là dans les cal-
caires, où on le distingue facilement de ses
congénères par sa haute taille et ses larges
bractées membraneuses et colorées de rose
lilacé.
Ces trois Sauges sont les seules espèces
répandues qui dépassent vers le nord la
latitude de Lyon. Au sud de cette latitude
croissent plusieurs autres espèces intéres-
santes :
Le S. sylvestris, à épis longs et grêles
et bractées colorées ;
Le S. Œthiopis, aux touffes laineuses et
aux fleurs blanches ;
Le £. glutinosa, que ses corolles jaunes
distinguent de toutes les Sauges françaises ;
Le S. verticillata, dans lequel les fleurs
petites font contraste avec les feuilles très-
larges ;
Et enfin le S. officinalis , que tout le
monde connaît pour l’avoir vu dans les jar-
dins. C’était une plante salutaire par excel-
lence dans l’ancienne pharmacopée, et
celui qui la cultivait y trouvait un brevet de
longue vie :
Cur moriatur homo
Cui Salvia crescit in horlo !
Le rare -S. Horminum a, de ses chaudes
stations méridionales, poussé une pointe
jusqu’à Nice ; mais il s’y cantonne et ne
semble pas disposé à affronter de climats
plus froids.
Son Sosie, le S. horminoides a élu do-
micile en Corse et dans quelques départe-
ments du Midi.
Parmi ces espèces indigènes, les S. pra-
tensis, Sclarea, Horminum, sont bien
connus des horticulteurs, qui font grand cas
de leur rusticité, de la variété et de la durée
de leurs fleurs; et tous les jardins de cam-
pagne recèlent quelques touffes de S. offici-
nalis que nos paysans emploient à la fois
comme ornement et comme condiment.
Les qualités décoratives des Salvia ont
été appréciées depuis fort longtemps et il
est peu de genres qui aient fourni autant
de plantes précieuses à l’horticulture. Sweet,
dans son Hortus britannicus, donne les
noms de 141 espèces cultivées. Ce nombre
a bien diminué depuis la publication de
Sweet ; mais les Sauges comptent encore
parmi les genres les mieux représentés dans
nos jardins et dans nos serres.
En dehors des espèces indigènes que
nous avons mentionnées plus haut, nos bor-
dures et nos plates-bandes se parent d’un
assez grand nombre de Sauges de pleine
terre empruntées aux flores étrangères.
L’Espagne fournit à nos bordures la
Sauge argentée (S. patula) aux feuilles
soyeuses et aux fleurs blanches.
La Sauge coccinée (S. coccinea ), venue
de la Floride, décore nos plates-bandes par
ses corolles d’un rouge écarlate qui se suc-
cèdent tout l’été.
L’Amérique nous a encore procuré deux
de nos plus charmantes Sauges de pleine
terre :
Le S. azurea, remarquable par ses lon-
gues grappes du plus beau bleu ;
Et le S. Rœmeriana publié par M. J.
Decaisne sous le nom de S. porphy-
rantlia (1).
Plusieurs botanistes pensent que le
S. Rœmeriana et le S.porphyrantha sont
deux espèces distinctes, et que le véritable
S. Rœmeriana est une plante non encore
introduite. En France, on continue à con-
sidérer ces deux noms comme synonymes,
et V Index Seminum Musæi parisiensis de
1887 conserve à la plante décrite par
M. Decaisne le nom de Rœmeriana .
Le S. Candelabrum, que ses inflores-
cences paniculées à trois branches distin-
guent de ses congénères, est considéré, en
Angleterre, comme espèce de pleine terre ;
s’il existe en France, il y est peu répandu.
Les trois espèces suivantes, plantes d’oran-
gerie sous le climat de Paris, supportent
parfaitement, en pleine terre, les hivers
doux de la Provence et de certaines loca-
lités du Midi. Ce sont les :
S. Pitscheri, sous-arbrisseau à longues
inflorescences d’un bleu clair ;
S. farinacea, à touffes fournies, tomen-
teuses, à grappes terminales d’un bleu amé-
thyste ;
S. camphorata, dont le nom rappelle
l’odeur. Ses feuilles et ses tiges blanches
surmontées de panicules lilas sont d’un
charmant effet.
Les autres Sauges que nous possédons
ne peuvent supporter nos hivers et doivent
être considérées comme plantes d’orangerie,
de serre tempérée ou de serre chaude. Leur
nombre est considérable. Il est assez diffi-
cile d’en déterminer exactement le chiffre ;
car beaucoup d’espèces, dont la beauté
n’est pas assez grande pour que leur cul-
ture s’impose nécessairement aux ama-
(1) Revue horticole , 1854, p. 16.
256
LES SAUTERELLES EN ALGÉRIE.
teurs, suivent les fluctuations du goût et,
dans les alternatives de délaissement qui
succèdent à celles de l’engouement, finissent
parfois par disparaître. Quelques-unes de
ces dernières, par suite de la facilité que
leur rusticité fournit à leur introduction,
reparaissent souvent à des intervalles plus
ou moins longs, de sorte qu’à un moment
précis il est assez difficile de dresser une
liste de toutes les espèces cultivées. Nous
nous bornerons à énumérer celles que leurs
qualités décoratives recommandent plus
spécialement à l’attention. Dans cet ordre
d’idées nous pouvons citer comme Sauges
pouvant être avantageusement cultivées en
orangerie, et parfois en plein air, dans les
localités privilégiées de l’ouest, et surtout
du littoral méditerranéen :
S. Grahami, arbuste importé du Mexique
vers 1830, à odeur de Citron, qui fournit
depuis juillet jusqu’aux gelées des grappes
grêles d’un pourpre rosé ;
S. aurea, un des plus beaux arbrisseaux
importés du Cap. Ses rameaux nombreux,
couverts de fleurs grandes, d’un jaune doré,
suffisent à le distinguer de ses congénères
cultivés, parmi lesquels la couleur jaune est
une exception ;
Sx pemi-atrata, du Mexique, auquel sa
lèvre inférieure tachée de pourpre noir a
valu son nom ;
S. Leonuroides, appelé la « belle Sauge»
par L’Héritier, à cause de ses grandes
Heurs d’un rouge écarlate. Ses corolles à
lobes latéraux, oblongs, réfléchis, se suc-
cèdent tout l’été.
Parmi les Sauges auxquelles l’atmos-
phère plus douce de la serre tempérée est
nécessaire, nous pouvons noter :
S. involucrata, aux feuilles veloutées et
aux fleurs velues enveloppées dans de
grandes bractées d’un rouge violacé;
S. oppositiflora (et non oppositi folia,
comme il est nommé dans quelques publi-
cations), dont les grandes fleurs d’un rouge
vermillon terminent des rameaux dressés,
pubescents ;
Et surtout le superbe S. patens, une de
nos plus jolies Sauges. Ses corolles du plus
beau bleu que l’on puisse rêver ses longs
épis à grandes fleurs, en font un ornement
indispensable des plates-bandes pendant
l’été, partout où sa culture est possible, car
elle est parfois assez délicate au soleil.
Les espèces qui réclament la serre
chaude ne sont pas nombreuses ; mais ce
sont les plus remarquables. Deux surtout
sont bien connues des horticulteurs. Leurs
noms seuls indiquent l’impression que leur
beauté fit sur leurs parrains.
La première, S. splendens, est une ma-
gnifique plante, originaire du Brésil, qui
produit à la fin de l’automne des grappes
terminales arquées et pendantes où les
bractées, le calyce, la corolle, rivalisent en
éclat et se colorent du plus beau rouge.
La seconde, S. fulgens , importée du
Mexique en Espagne vers la fin du dernier
siècle, se distingue du précédent par ses
fleurs du plus vif écarlate, son calyce d’un
brun violacé et ses feuilles d’un blanc laineux.
On cultive encore en serre chaude, mais
moins fréquemment, le 5. iantliina à brac-
tées, corolle et calyce violets.
On trouve, figurées dans les publications
horticoles ou botaniques, des Sauges de la
plus grande beauté, qui, jadis introduites,
ne se sont pas répandues, ou dont on a
perdu la trace dans les cultures. Parmi ces
espèces, on peut citer les S. dichroa et
S. tricolor , publiées, la première, par le
Botanical Magazine, la seconde, par la
Flore des serres. Elles ont jadis été culti-
vées en Angleterre; mais il est probable
qu’elles ont disparu comme beaucoup
d’autres espèces recommandables. Nous
sommes loin, maintenant, des 141 espèces
mentionnées par Sweet.
Et cependant que de belles espèces atten-
dent encore, dans leurs solitudes des Andes
ou du Mexique, qu’une main amie les trans-
porte de leurs contrées natales dans nos
jardins! Nous avons eu la bonne fortune de
les admirer dans la première de ces régions
et nous aurions voulu trouver plus souvent
des graines mûres pour doter nos serres et
nos jardins des plus jolies d’entre elles.
Par le peu de soin qu’elles réclament, la
variété, la durée, l’abondance et la beauté
de leurs fleurs, les Sauges sont cependant
des plus intéressantes pour l’horticulture et
nous voudrions constater que le cercle de
leur culture s’étend, au lieu de le voir se
rétrécir. Ed. André.
LES SAUTERELLES EN ALGÉRIE
L’Algérie vient d’être de nouveau dévas-
tée par une invasion de criquets. Les arron-
dissements de Sétif, de Constantine et de
Batna ont été plus particulièrement envahis,
LES SAUTERELLES EN ALGÉRIE.
257
à tel point que les trains de chemin de fer
ont été souvent arrêtés par l’accumulation
de ces insectes sur la voie. C’est dire qu’en
un instant toute la région visitée par les
criquets a été absolument mise à nu, que
les plus belles moissons ont été anéanties
aussitôt, que toute trace de végétation a
disparu.
On a pris immédiatement des mesures
pour lutter contre le fléau .
Une commission spéciale a pensé qu’on
obtiendrait de bons résultats en cherchant à
arrêter les criquets dès qu’ils commence-
raient leur marche vers le Nord.
Pour combattre le fléau, on a mis en
œuvre un appareil qui a été employé avec
succès en Orient, et qui consiste en bandes
de toiles, que l’on oppose aux criquets en
marche et qui servent à les conduire dans
des fosses creusées de distance en distance,
où on les enfouit.
Cette méthode de destruction, incontesta-
blement ingénieuse, nous a paru assez inté-
ressante pour être décrite.
Nous extrayons ce qui suit d’une ins-
truction publiée à ce sujet par Y Algérie
agricole.
Principe de la' méthode suivie. — La mé-
thode suivie pour la destruction des criquets
repose sur ce principe que ces insectes, tou-
jours réunis en bandes serrées, parfois très-
considérables, suivent dans leur marche une
Fig. 58. — Toile tendue en vue d'arrêter les invasiuns des criquets.
direction unique, qui est sensiblement celle i
du sud au nord. Si donc on dresse un obstacle
infranchissable, par exemple une toile (fig. 58),
sur le front de la colonne en marche, celle-ci, en
cherchant à le contourner, viendra nécessaire-
ment, par ce mouvement, tomber dans les
fosses creusées au préalable au pied même de
l’obstacle. Lorsque les criquets ont rempli ces
fosses, il est facile de les y étouffer en les re-
couvrant d’une épaisse couche de terre.
Description de l’appareil employé. —
L’obstacle artificiel que l’on emploie pour
arrêter les criquets dans leur marche en avant
et les amener dans les fosses où ils seront
enfouis, est formé tout simplement d’une
bande en toile de 85 centimètres de hauteur,
que l’on dresse verticalement sur le front de la
colonne de criquets que l’on se propose de dé-
truire. Cette bande de toile est maintenue
| dans la position verticale au moyen de pieux
enfoncés dans le sol à des intervalles égaux de
3 mètres, et auxquels elle est fixée en deux
points par une double paire de liens cousus
sur la toile du côté opposé à celui faisant face
aux criquets. Chaque bande a une longueur de
50 mètres.
Pour que l’obstacle soit infranchissable, on
a, au préalable, et du côté faisant face aux cri-
quets, garni le bord supérieur de la toile, ainsi
que ses deux extrémités latérales, d’une bande
de toile cirée de 10 centimètres de largeur.
Cette toile cirée doit être aussi lisse que pos-
sible, afin de n’offrir aucune prise aux pattes
de l’insecte.
Choix de l’emplacement pour l’installation
de l’appareil. — L’obstacle artificiel doit être
disposé en avant de la bande de criquets que
l’on veut attaquer, à une distance de son front
258
LES SAUTERELLES EN ALGÉRIE.
telle que l’on ait le temps de terminer l’instal-
lation de l’appareil avant que la tête de colonne
n’arrive au pied.
Il suffira d’ordinaire de se porter à 100 mè-
tres en avant de la bande de criquets. Toute-
fois cette distance pourra être augmentée, si,
plus loin, le terrain se prêtait mieux à l’instal-
lation de l’appareil ou à la confection des
fosses.
Avant de poser l’appareil, il sera nécessaire
de reconnaître sur quelle longueur s’étend la
tête de la colonne, afin de déterminer combien
il faudra disposer de toiles bout à bout pour
l’envelopper sur son front et sur ses ailes.
Installation de V appareil. — On commence
d’abord par nettoyer le terrain sur une largeur
d’un mètre environ et sur toute la longueur
que devra occuper l’appareil. Ce nettoyage doit
se faire en demi-cercle, et de façon à circons-
crire en partie la bande de criquets.
On déroule ensuite les toiles sur le terrain
nettoyé en prenant soin de mettre par-dessus le
côté portant la toile cirée. Il faut, en effet,
éviter que celle-ci ne frotte sur le sol, et, par
suite, ne s’éraille. Cette toile cirée doit tou-
jours être maintenue en parfait état de propreté
et rester aussi glissante que possible. Aussi,
tous les matins, on l’essuie avec un linge sec,
et l’on passe ensuite dessus un tampon légère-
ment imbibé d’huile.
Quand les toiles sont déroulées, on dépose
dessus, et à plat sur le sol, des pieux en bois,
que l’on répartit de distance en distance, tous
les 3 mètres, en face des liens au moyen des-
quels la toile sera plus tard dressée verticale-
ment.
Cela fait, un ouvrier enfonce les pieux verti-
calement, bien exactement en face de la double
paire d’attaches et sur le bord extérieur du
terrain nettoyé, tandis qu’un second ouvrier,
soulevant la toile de façon que la bande cirée
soit placée en haut et en face des criquets, fixe
l’appareil aux pieux au moyen des doubles
attaches.
L’opération se continue ainsi d’un bout à
l’autre de l’appareil.
Enfin, au fur et à mesure que le travail
avance, un troisième ouvrier relie les pieux les
uns aux autres au moyen d’une corde fixée à
leur partie supérieure. Ainsi consolidé, l’en-
semble de l’appareil peut résister aux vents les
plus violents, si l’on prend soin de rattacher
la toile à la corde au moyen d’un lien disposé
à cet effet sur le bord supérieur de cette toile
et à égale distance des deux pieux voisins.
La toile ne doit pas être fixée trop haut sur
les piquets, mais au contraire assez bas pour
que son bord inférieur traîne sur le sol d’envi-
ron 20 centimètres. La partie de la toile qui
porte sur le sol est recouverte de terre et de
pierres afin qu’elle épouse bien les inflexions
du sol. Ainsi, il est impossible aux criquets de
passer par-dessous et de s’échapper.
Disposition des fosses. — On creuse perpen-
diculairement à la face intérieure de l’obstacle,
et aussi près que possible de sa base, des
fosses qui ont généralement 1™ 80 ou 2 mètres
de longueur, 70 centimètres à 1 mètre de lar-
geur et 90 centimètres à 1 mètre de profon-
deur. Les fosses terminées et leurs parois
ayant été taillées bien à pic, on place sur leur
bord, et de façon à faire saillie au-dessus de la
cavité, des plaques de zinc préparées à cet
effet. Ces plaques arrêtent les criquets, qui,
tombés au fond de la fosse, tenteraient d’en
sortir.
Le nombre des fosses à creuser ne saurait
être déterminé à priori : il varie suivant la
quantité des criquets à enfouir. De plus, il
augmente quand les insectes ont atteint tout
leur développement. Dans ce dernier cas, le
volume occupé par un même nombre de cri-
quets est treize fois plus considérable que peu
après l’éclosion.
Remplissage des fosses. — Les premiers
criquets qui arrivent au pied de l’obstacle
essaient de le franchir : mais comme ils ne
peuvent y arriver à cause de la surface glissante
que présente la toile cirée, ils se mettent à
marcher latéralement le long de l’obstacle et
vont tomber dans les fosses, ainsi que tous
ceux qui les suivent.
Lorsque les fosses sont remplies de criquets,
on les recouvre d’une couche de terre de 50 à
60 centimètres que l’on dispose en dos d’âne.
Dans les régions habitées, pour éviter les dan-
gers que présente la putréfaction d’une grande
quantité de matières organiques, il sera pru-
dent de se servir de substances anti-septiques.
L’usage de la chaux est à recommander tout
particulièrement.
Lorsque la destruction d’une bande de
criquets est achevée, on déplace les appa-
reils pour les reporter plus loin.
Cinquante mille mètres de ces toiles avec
leurs piquets sont mis par l’administration
à la disposition des Algériens.
Le Conseil général de Constantine a voté
150.000 fr. pour les travaux de défense
contre les sauterelles. Le département d’Al-
ger, moins menacé, a voté 50,000 fr. Enfin
le conseil des ministres a résolu de de-
mander aux Chambres un crédit de
500.000 fr. Il s’agit, en effet, de sauver les
populations de la ruine et, suivant l’expres-
sion du gouverneur général de l’Algérie, de
préserver la colonie d’une crise redoutable.
On a donc entrepris vigoureusement la
lutte contre les envahisseurs. C’est bien
pour aujourd’hui, on ne pouvait faire plus ;
mais c’est à prévenir le mal qu’il faudrait
songer. Est-ce possible ? Telle est la ques-
tion que se pose M. Victor Meunier, et il y
répond.
Ce qu’il faut, c’est aller combattre le mal
LES MÉLASTOMACÉES.
259
à sa source ; ce qu’il faut, c’est nommer une
commission scientifique chargée d’étudier
les conditions d’existence, de multiplication
et d’émigration des criquets.
Tout ce qu’on sait jusqu’ici sur les inva-
sions en Algérie, c’est que les bandes de
criquets viennent du Sud par fortes colonnes
qui ont jusqu’à 50 kilomètres de long et
comme un nuage orageux. Quand la nuée
crève, les criquets pleuvent comme grêle et
brisent même les branches sur lesquelles ils
s’abattent. Tout est détruit, et, l’œuvre de
destruction accomplie, la colonne repart.
Les plus grandes invasions dont l’Algérie
ait conservé le souvenir sont celles de 1780,
1799, 1816, 1845, 1866 et 1877. Celle de
1888 devra être ajoutée à la liste.
Les Américains, eux aussi, ont eu à lut-
ter contre les criquets, mais ils ont cherché
de prime abord à détruire le mal à sa source;
le gouvernement des États-Unis a nommé
une commission permanente ‘ composée de
MM. Riley, Packard et Cyrus Thomas, trois
naturalistes distingués qui ont pris leur
mission à cœur et ont fait l’histoire des
criquets.
D’après ces savants, les criquets occupent
successivement pour ainsi dire trois ré-
gions; la première est comme leur mère-
patrie; elle est habitée d’une façon perma-
nente ; ils s’y multiplient tant qu’ils trouvent
à subsister et on les y rencontre toujours.
La seconde région est celle d’émigration,
où la mère -patrie verse son trop-plein, et
c’est là que, grâce à la reproduction, se
forment les armées d’invasion qui, de temps
à autre, viennent désoler les troisièmes ré-
gions, comme le fait se produit en Algérie.
Ceci posé, il est évident qu’il ne faut pas
attendre les criquets dans la troisième région,
où leur puissance est irrésistible ; il faut
aller au foyer de production les combattre
à l’état naissant.
On a agi de même dans la Russie méri-
dionale ; on a commencé par déterminer les
centres de production.
En Chypre, les Anglais ont mis à prix les
œufs de criquets au prix de 15 centimes la
livre (ils sont gros comme des têtes d’épin-
gles). En six mois, il en fut livré 1,350 ki-
logr. et on dépensa 1 million 1/2 en quatre
ans. Comme résultat, un simple service de
surveillance suffit aujourd’hui. R faut que
nous fassions de même en Algérie.
M. Kunckel d’Herculaïs, président de la
Société entomologique de France, est en ce
moment dans le département de Constan-
tine ; il a visité les chantiers de destruction
et constaté que l’acridien de l’invasion
actuelle n’est pas YAcridium peregrinum
de 1866 et 1877, mais une espèce de petite
taille, plus redoutable, qui peut se propager
de proche en proche, s’étendre sur toute
l’Algérie et y rester un grand nombre d’an-
nées.
Du fait de cette constatation, la question
de destruction a donc un plus grand intérêt
encore, et nous espérons qu’on va s’en
occuper activement.
A. Lesne.
LES MÉLASTOMACÉES
Les Mélastomacées, cette admirable fa-
mille dont les espèces à fleurs brillantes
sont répandues sur toute la surface du
globe, mais principalement dans les régions
tropicales du Nouveau-Monde, ont été de-
puis quelques années l’objet de travaux im-
portants. M. Naudin en a publié jadis une
remarquable monographie; après lui, M. J.
Triana, qui eut à les étudier pour la déter-
mination des espèces de son herbier, en a
fait une révision complète et, dans ces der-
niers temps, M. A. Gogniaux a ajouté des
études considérables aux travaux de ses
prédécesseurs.
Ce botaniste, qui traite les Mélastomacées
dans le Flora brasiliensis , vient de publier
successivement quatre études sur des espèces
américaines récoltées dans ces dernières
années :
Plantæ Lehmannianæ in Guatemala, Gos-
tarica et Colombia collectæ. (1) — Sous ce
titre sont comprises les Mélastomacées et les
Gucurbitacées récoltées par M. Lehmann. Les
Cucurbitacées ne sont qu’au nombre de 3, mais
les Mélastomacées sont représentées par de
nombreuses espèces dont 16 sont nouvelles.
Ce sont :
Tibouchina pendula , Monochætum Kraenz-
linii , Axinœa Lehmannii , Leandra Lehmannii,
Miconia Kraenzlinii , M. densiflora , M. atro-
sanguinea , M. pergamentacea , M. grandi -
ftora, M. quintup linerv ia , M. multiplinervia,
M. stricta, M. violacea , M. Lehmannii , Hen-
riettella hispidula.
Melastomaceæ et Cucurbitaceæ portori-
censes (2). Cette notice renferme les Mélasto-
(1) Botanische Jahrbucher , t. VIII, pp. 17-31.
(2) J ahrbucher d. Kœnigl. botan. Gartens. d.
botan. Muséums zu Berlin, t. IV, pp. 276-285.
LES MÉLASTOMACÉES.
260
macées et les Cucurbitacées recueillies à Porto-
Rico, par M. P. Sintenis, en 1884-85. Les
Mélastomacées sont au nombre de 41, dont 9
nouvelles. Ce sont :
Calycogonium biflorum , C. squamulosum ,
C. Krugii , Tetrazygia Urbanii , T. Stahlii ,
Miconia pachyphyllci, M. foveolata , M. Sin-
tenisii , Heterotrichum Eggersii.
Bouquet de Mélastomacées brésiliennes
dédiées à S. M. dom Pedro II, empereur du
Brésil (1). — Ce fascicule est un témoignage
de reconnaissance envers le souverain du
Brésil qui a contribué puissamment à la publi-
cation de la Flore de son pays. Les espèces
comprises dans cette publication sont au
nombre de 6. Ce sont les :
Chœtostoma Petronianum , Tibouchinci Pe-
troniana et T. imperatoris, Miconia Petro-
niana , Belluccia imperialis , Mouriria Petro-
niana.
Notice sur les Mélastomacées austro-
américaines de M. Ed. André (2). — M. A. Co-
gniaux vient de publier sous ce titre les
Mélastomacées que M. Ed. André a récoltées
en 1875-1876 dans son exploration de l’Amé-
rique du Sud (Nouvelle -Grenade, Écuador,
Pérou).
Sur 103 espèces de Mélastomacées récoltées
par M. Ed. André, 19 espèces et une va-
riété étaient inconnues avant la notice de
M. Cogniaux. Ces 103 espèces se répartissent
entre les genres les plus divers et sont
décrites très-longuement par le savant mo-
nographe. Beaucoup sont de la plus grande
beauté, et leur introduction intéresserait au
plus haut point l’horticulture. Certains Tibou-
china , Meriana , Brachyotum et surtout
Blakea , dont, malheureusement, on ne peut
admirer les charmes que sur des échantillons
desséchés, compteraient parmi nos plantes de
serre les plus recherchées.
Une des espèces du dernier genre que nous
venons de nommer, le Blakea Andreana , est
absolument délicieuse par ses larges fleurs d’un
blanc rosé et ses grandes feuilles gracieusement
nervées.
Indépendamment de ses qualités comme
plante ornementale, elle, est également d’une
grande importance comme échantillon d’her-
bier. Elle a, en effet, prouvé à M. Cogniaux
que le genre Amaraboya , créé d’après
des données insuffisantes, n’offrait aucun
caractère distinct des Blakea , et qu’une aqua-
relle n’est pas un document sérieux pour
fonder un genre. C’est ainsi que les explora-
(1) Extrait du Flora brasiliensis. Verviers, 1887,
in-4°, 5 planches.
(2) Notice sur les Mélastomacées austro-améri-
caines de M. Ed. André , par M. A. Cogniaux,
professeur à l'École normale de l’État à Verviers. —
Bruxelles, chez F. Ilayez, rue de Louvain, 108.
tions nouvelles font souvent la lumière sur les
points obscurs de celles qui les ont précé-
dées.
Au point de vue de la famille des Mélasto-
macées, le voyage de M. André, en dehors des
plantes nouvelles qu’il a fournies à la science,
a permis de compléter la diagnose de beaucoup
d’espèces rares qui n’étaient connues que par
quelques échantillons incomplets, récoltés dans
les explorations antérieures. Malgré les mis-
sions, officielles ou autres, qui, depuis le com-
mencement du siècle, se sont succédé dans
la Colombie, l’Équateur et le Pérou, il reste
encore bien des découvertes à faire dans ces
pays, dont la végétation est si riche.
Les noms des plantes nouvelles récoltées
par M. Ed. André sont : Buquetia glutinosa ,
var. rosea, Ernestia ovata , Tibouchina ar-
throstemmoides , T. Andreana , Brachyo-
tum rotundi folium, B. Andreanum, Cen-
tronia tomentosa , Monolena ovata , Miconia
decipiens , M. chlorocarpa, M . Andreana , M.
majalis , M. scabra , M. radula , M. suborbi-
cularis , M. cardiophylla , M. nodosa , M. co-
rymbiformis , Blakea Andreana , Topobea An-
dreana.
D’après les recherches que nous avons
faites jusqu’à la date de 1877, voici le
compte approximatif des Mélastomacées ré-
coltées par les principaux voyageurs bota-
nistes dans la Colombie, l’Ecuador et le
Pérou :
MM. Triana 158 espèces.
Éd. André 103 —
Pavon 62 —
Mathews 57
Spruce 50 —
Humboldt et Bonpland 44 —
Funck et Schlim. . . 38 —
Linden 37 —
Jameson 33 —
Pœppig 27 —
Goudot 26 —
Lechler 21 —
Seemann 20 —
Hartweg 15 —
Ces chiffres sont instructifs et leur com-
paraison indique assez bien la prédiction
plus ou moins marquée que les divers explo-
rateurs avaient pour une famille qui se
place parmi les plus brillantes du règne
végétal.
Les investigations comme celles que nous
venons de citer font de mieux en mieux
apprécier par la botanique et par l’horticul-
ture cette intéressante famille des Mélasto-
macées.
P. Cornuault.
PARASOL POUR ROSIERS. — PÊCHE TONDU.
261
PARASOL POUR ROSIERS
La floraison des Rosiers est souvent plus
ou moins compromise par les fortes cha-
leurs du commencement de l’été. L’année
dernière, notamment, le fait s’est produit
presque partout en France. L’Exposition
spéciale de Roses, qui a eu lieu à Troyes,
s’en est ressentie d’une manière très-mar-
quée ; les apports n’ont été ni aussi impor-
tants ni aussi brillants que dans une année
favorable.
L’exquise délicatesse
des pétales est la cause
de ce grave inconvé-
nient, et l’ardeur des
rayons directs du soleil,
jointe à la sécheresse de
l’atmosphère, brûle les
fleurs ouvertes et ar-
rête l’épanouissement des
boutons.
En Touraine, l’été der-
nier, la sécheresse a été
excessive, et nous avons
réussi à maintenir une
collection de Rosiers en
bon état de floraison au
moyen de l’appareil fi-
guré ci-contre (fig. 59).
Ce parasol , d’une
grande légèreté, se com-
pose d’une armature en
gros fil de fer galvanisé,
recouverte d’une toile
d’emballage un peu forte.
On augmente encore son
efficacité en le plongeant,
au moment où le soleil acquiert son maximum
de force, dans un baquet ou un seau rem-
plis d’eau. La toile ainsi imbibée se dessèche
assez lentement; il en résulte un léger abais-
sement de la température autour de la tète
du Rosier, et aussi une humidité chaude très-
favorable au bon épanouissement des fleurs.
Un procédé très-simple permet d’enlever
et de remettre le parasol, et d’exhausser
plus ou moins sa position au-dessus des
fleurs. Les dimensions restreintes de notre
dessin ne nous ont pas permis de rendre
très-compréhensibles ces détails de fixation
de l’appareil sur le tuteur ; mais nous
savons, par expérimentation directe, que le
fonctionnement ne laisse rien à désirer.
Une question assez importante se présente
naturellement ici. Quel est le prix de re-
vient du parasol pour Rosiers? En effet,
les Rosiers, dans les jar-
dins d’une certaine im-
portance, sont toujours
en collections assez nom-
breuses, ce qui obligerait
à acquérir l’appareil par
plusieurs centaines à la
fois.
Cette question est ré-
solue d’une manière assez
satisfaisante. Le serru-
rier qui a fabriqué les
parasols dont nous nous
sommes servi cette an-
née, M. Paul Guilbert, à
Rléré (Indre-et-Loire),
peut les livrer à 50 cen-
times la pièce, ou à 40 fr.
le cent environ.
Il va sans dire que ces
petits appareils ne doi-
vent être employés que
dans le cas où la séche-
resse et la chaleur sont
excessives ; il n’y a pas
lieu d’y recourir si la
saison est normale et si
l’épanouissement des roses se fait sans dif-
ficulté. Il est bien évident que l’aspect de
tous ces parasols dans un massif de Rosiers
n’a rien d’agréable à l’œil, et qu’il ne faut
s’en servir qu’en cas de nécessité. D’ail-
leurs, toutes les variétés de Roses ne sont
pas également délicates, et il suffira d’abri-
ter celles que l’on serait certain de voir
perdues par l’aridité de l’atmosphère.
Ed. André.
Fig. 59. — Parasol pour Rosiers.
PÊCHE TONDU
La variété à laquelle on a donné ce qua-
lificatif Tondu a été remarquée dans le
jardin d’un propriétaire de ce nom, habi-
tant Montreuil vers 1878. C’est donc ce
qu’on est dans l’habitude d’appeler un
ce fruit de hasard », ce qui n’en enlève
aucunement les qualités. Par son aspect
général et surtout par ses fruits, cette va-
262 PLANTES NOUVELLES, DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES.
riété a assez de rapport avec la Pêche
Reine des Vergers. En voici une descrip-
tion :
Arbre vigoureux et productif, ramifiant faci-
lement. Scions moyens ou même petits, à écorce
roux verdâtre. Feuilles sensiblement dentées,
relativement courtes, brusquement acuminées
au sommet, qui est souvent un peu arqué.
Glandes réniformes, petites, assez rares. Fruit
gros, un peu oblong ou obovale, souvent plus
haut que large, généralement un peu inéqui-
latéral (à joues inégales), de là, sensiblement
sillonné d’un côté, non mucroné. Cavité pé-
donculaire petite, peu profonde. Peau très-
sensiblement duveteuse, épaisse, rouge foncé
presque sur toutes les parties, excepté quand
les fruits sont tout à fait cachés par les feuilles.
Chair blanche, rouge autour du noyau, dont
elle se détache bien en laissant cependant
parfois quelques faisceaux fibreux ; eau abon-
dante, sucrée, parfumée. Noyau oblong, roux,
fortement sillonné-rustiqué.
Cette variété, qui est productive, à beaux
et bons fruits, a toutefois le défaut de
mûrir fin de septembre et commencement
d’octobre, par conséquent à une époque où
les Pêches sont encore communes. D’une
autre part, et ainsi que nous l’avons dit,
ses caractères généraux la rapprochent de
la Reine des Vergers, belle et bonne va-
riété d’avant-dernière saison.
E.-A. Carrière.
REVUE DES PLANTES NOUVELLES
DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES
Æchmea myriophylla , Morren. -- Bromé-
liacées. Amérique tropicale. (Bot. Mag ., tab.
6939.) — Espèce acaule, à feuilles longues,
étroites, canaliculées, dentées en scie sur leurs
bords, retombantes et formant une touffe
arrondie, au centre de laquelle se développe
une inflorescence en cime érigée ; le calice est
rose, la corolle moitié rose, moitié violet
foncé.
Carex scaposa , C.-B. Clarke. — Cypéracées.
Chine méridionale. (Bot. Mag., tab. 6940.) —
Espèce très-intéressante, découverte dans les
montagnes Lo-fau-shan, sur la côte chinoise,
en face l’île de Hong-Kong, à une altitude
de 1,000 mètres environ. Cette plante a les
feuilles radicales, longues de 30 centimètres,
larges de 3 à 5 centimètres, elliptiques-lancéo-
lées, et produit de grands épis peu compacts.
Pultenœa rosea, F. Muell. Légumineuses.
(Bot. Mag., tab. 6941.) Australie. — Petit ar-
buste ayant le port d’une Bruyère, à feuilles
linéaires, étroites étalées. Fleurs papilionacées,
roses, assez jolies, en capitules terminaux
sessiles.
Iris Vartani, Forster. Iridées. (Bot. Mag.,
tab. 6942.) — Iris bulbeux nouveau, dernière-
ment introduit du nord de la Palestine. Cette
plante se distingue de ses congénères par un
stigmate à longs et larges appendices, et son
périanthe à divisions extérieures munies de la
base jusqu’au milieu d’une crête jaune et cré-
pue. Les fleurs grandes, d’un violet lilas déli-
cieux, seront fort appréciées.
Lonchocarpus Barteri , Benth. Légumi-
neuses. (Bot. Mag., tab. 6943.) — Bel arbuste
grimpant découvert dans l’Afrique tropicale,
par M. Barter, et introduit probablement par
Gustave Nam. Il a fleuri dernièrement à Kew.
En voici une courte description : Feuilles pétio-
lées à 5-7 folioles elliptiques oblongues-acumi-
nées. Inflorescence en grappes allongées for-
mant presque une panicule. Fleurs fasciculées
brièvement pétiolées roses, calyce globuleux à
cinq crénelures, corolle papilionacée à éten-
dart orbiculaire, fruit linéaire oblong-aigu,
atténué à la base.
Alpinia Zingiberina , Scitaminées. (Bot.
Mag., tab. 6944.) — Cette plante fut exposée
en 1884 en Angleterre, parmi les produits de
Siam, sous le nom de Gingembre. Mais quel-
ques rhizomes ayant été mis en terre, ils
produisirent des tiges de lm 50 avec des
fleurs que l’on reconnut appartenir au
genre Alpinia. Les rhizomes sont très-aroma-
tiques et vendus comme le Gingembre. Les
fleurs en longues grappes, à calice bilabié et à
corolle trilobée, ne manquent pas d’éclat.
Tillandsia Jonghei, K. Koch. (Encholirion
Jonghei , Libon; Vriesea Jonghei, Ed. Morren,
in Belg. hort.). (Bot. Mag., tab. 6945.) — Cette
remarquable Broméliacée fut envoyée du Bré-
sil en 1865. Feuilles en rosette dense, flexibles,
longues de 30 à 50 centimètres, deltoïdes-cus-
pidées au sommet ; pédoncule robuste de
30 centimètres de long, garni de nombreuses
bractées. Fleurs 10-20, grandes, horizontales,
en épi distique ; bractées plus courtes que le
calice ; calice à sépales oblongs-obtus gluti-
neux ; corolle presque deux fois plus longue
que le calice, à pétales blancs lavés de brun.
Corydalis Ledebouriana , Kav. et Kiril.
Fumariacées. (Bot. Mag., tab. 6946.) — Gra-
cieuse petite plante connue seulement dans
quelques jardins botaniques d’Europe. Elle fut
découverte dans le Turkestan. Sa racine est
formée d’un gros tubercule ; ses fleurs en épi
lâche sont petites , mais très-agréablement
nuancées.
Strobilantes flaccidifolius, Nees. Acantha-
cées. (Bot. Mag., tab. 6947.) — Très-répandu
PLANTES NOUVELLES, DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. 263
dans la Chine et dans l’Inde, où il est cultivé
pour ses produits connus dans le commerce
sous le nom d’indigo de Room ou d’Assam.
C’est un arbuste de lm20 à 1 1,1 50 de hauteur.
Les feuilles, opposées, elliptiques-ovales ou lan-
céolées, acuminées, dentées en scie, atténuées
longuement en pétiole à la base, se trans-
forment sous l’épi en bractées sessiles, obtuses,
caduques. Les fleurs, grandes, en épi court, à
calyce petit, pubérulent, et à longue corolle in-
fundibuliforme, lilas-pourpre, font de cet ar-
buste utile une plante ornementale intéres-
sante. Il a fleuri dernièrement à Kew.
Rhododendron grande, Wight., var. roseum.
Éricacées. (Bot. Mag., tab. 6948.) Himalaya
Oriental. — Cette belle plante est plus connue
dans les cultures sous le nom de Rhododendron
argenteum (1). Il résulte des déclarations de
M. J.-D. Hooker, qui lui a donné le dernier
nom, qu’on doit l’appeler grande , nom sous
lequel elle fut publiée par le docteur Wight un
an avant de l’être sous celui d 'argenteum. Un
spécimen de cette espèce vient de présenter un
fait curieux de végétation. On sait que les
fleurs du Rhododendron en question sont cou-
leur crème avec une légère teinte verte, et que
les boutons sont rose pâle. Un sujet (un de
ceux qui furent les premiers introduits en
Angleterre), ayant déjà fleuri de nombreuses
fois, n’avait jamais présenté de différence sen-
sible entre son coloris et celui qui est connu
dans l’espèce, si ce n’est peut-être un rose un
peu plus foncé dans les boutons. L’année der-
nière, la plante montra soudain des boutons
d’un rouge foncé et des corolles d’un beau
rose, veinées de noir sur les lobes, et tachées
de brun sur le tube.
Escallonia revoluta, Persoon. Saxifragacées.
(Bot. Mag., tab. 6949.) Chili. — Arbuste très-
rameux, à feuilles brièvement pétiolées obo-
vales-aiguës ou cuspidées, dentées au-dessus
du milieu. Fleurs en grappes lâches, briève-
ment pédicellées ; tube du calyce presque glo-
buleux ; corolle blanche à tube long, cylin-
drique, et à limbe très-court.
Narcissus cyclamineus, Haworth. Amaryl-
lidées. (Bot. Mag., tab. 6950.) Portugal. —
Cette plante fut très-anciennement connue et
figurée en 1623 par Pierre Vallet, puis en
1637. Depuis on la perdit de vue, et on en
nia même l’existence. On retrouva en 1885,
près d’Oporto, ce Narcisse curieux que les di-
visions extérieures de son périanthe, réfléchies
à la façon d’un Cyclamen, distinguent de tous
ses congénères.
Alseuosmia macrophylla, A. Cunn. Capri-
foliacées. (Bot. Mag., tab. 6951.) Nouvelle-
Zélande. — Cette plante répand un parfum dé-
licieux. Les bois dans lesquels elle croît
exhalent, paraît-il, une suave odeur qui se fait
sentir à une distance considérable. Après plu-
sieurs essais infructueux, elle a été introduite
(1) Voir Revue horticole, 1888, p. 197.
en Angleterre en 1884, et a fleuri pour la pre-
mière fois l’année dernière. C’est un arbuste
robuste, à rameaux dressés, à feuilles ellip-
tiques-lancéolées, brièvement pétiolées, den-
tées en scie. Les fleurs, assez grandes, en petits
paquets axillaires, sont d’un rouge obscur ou
d’un blanc crème rayé de rouge obscur. La co-
rolle, d’environ 3 centimètres de long, à tube
cylindrique et à lobes dentés en scie fimbriés,
dépasse six ou sept fois le calice oblong à lobes
ovales-aigus.
Ipomœa Robertsii, Hooker. Convolvulacées.
(Bot. Mag., tab. 6952.) Queensland. — Espèce
voisine de VI. velutina. Tige volubile, velue,
tomenteuse ; feuilles longuement pétiolées,
ovales en cœur, acuminées entières, couvertes
en dessus et en dessous d’une pubescence
étoilée ou écailleuse. Fleurs superbes, solitaires,
longuement pédonculées ; calice à lobes
oblongs arrondis ; corolle grande infundibuli-
forme, blanche avec cinq rayons roses. Cette
nouvelle et magnifique espèce vient de fleurir
à Kew.
Hillebrandia sandwicensis, Oliv. Bégonia-
cées. (Bat. Mag., tab. 6953.) Iles Sandwich. —
Le genre Hillebrandia fut fondé en 1865, sur
les caractères de la plante dont le Botanical
Magazine vient de publier une planche. L’ Hil-
lebrandia sandwicensis est la seule espèce
connue. C’est une plante herbacée succulente,
à feuilles très-grandes, profondément cordi-
formes, à lobes nombreux et courts, triangu-
laires, aeuminés, dentés en scie. Les fleurs des
cimes rameuses sont composées de cinq sé-
pales et de cinq petits pétales cucullés. Ces
fleurs sont d’un blanc rosé ; et la plante, consi-
dérée dans son ensemble, peut lutter avec les
meilleures espèces de Bégonias dont elle a le
port. Elle a fleuri dernièrement à Kew.
Barleria repens, Nees. Acanthacées. (Bot.
Mag., tab. 6954.) — Est de l’Afrique tropicale.
— C’est un arbuste commun dans la région ci-
dessus indiquée. Ses tiges, étalées sur le sol,
atteignent au plus 60 centimètres de longueur.
A travers ses feuilles petites, opposées ovales
ou obovales, brillent çà et là quelques fleurs
solitaires axillaires d’un rose pâle ou plus
souvent d’un rouge obscur.
Cœlogyne corymbosa, Lindl. Orchidées.
(Bot. Mag., tab. 6955.) Himalaya et montagnes
de Khasia. — D’après M. Hooker, la planche
du Botanical Magazine représente le véri-
table Cœlogyne corymbosa, plante litigieuse,
dont plusieurs espèces voisines décrites par les
auteurs : C. ocellata, maxima, C. brevifolia,
C. ochracea , ne seraient que des formes ou
des variétés.
Primula obtusifolia, Royle. Primulac.ées.
(Bot Mag., tab. 6956.) Himalaya. — Plante
acaule, remarquable surtout par ses corolles
d’un rouge pourpre foncé. Elle vient de fleurir
en Angleterre.
Iris Kingiana, Forster. Iridées. (Bot. Mag.,
tab. 6957.) Himalaya central. — Iris inter-
264
CORRESPONDANCE.
médiaire entre YI. pumila et VI. tectorum.
Feuilles en rosette, 10-15 centimètres. Pédon-
cule très-court ; tube du périanthe allongé,
cylindrique, vert ; limbe des divisions exté-
rieures d’un lilas foncé, maculé de lilas plus
clair, onglet à crête formée de filaments blancs
à la base, jaunes au sommet ; divisions inté-
rieures du périanthe oblongues, unguiculées
d’un lilas pâle.
Ed. André.
CORRESPONDANCE
N° 4720 (Seine). — Nous vous donnons ci-
dessous la liste de vingt-quatre variétés de
Rhododendrons à floraison hâtive et simulta-
née. Vous avez bien raison de vous préoccuper
d’obtenir une floraison d’ensemble. La plupart
du temps les massifs de cette belle plante sont
composés sans aucune précaution sous ce rap-
port. Qu’arrive-t-il alors? La floraison a lieu
d’une façon irrégulière : deux ou trois variétés
par ci, d’autres par là, puis, lorsque celles-ci
sont peu défleuries, d’autres s’épanouissent, etc.
L’effet ainsi obtenu est presque nul et tout à
fait incomparable à celui qui résulte du grou-
pement de variétés fleurissant en même temps.
Rhododendrons fleurissant du 1er au 15 mai.
Comte de Gomer, blanc carné, bordé rose car-
miné.
William Anotin , amarante brillant, maculé de
brun.
Scipio, rose carminé.
Onslowianum , blanc lilacé.
Madame Rosenthal, rose clair, maculé d’orangé.
Roseurn novum, rose vif.
Old Port, lilas pourpré.
Sapho , rose carminé.
Madame Cachet, centre blanc, bordé violet
foncé.
Vesuvius, cerise feu.
The Gem, carné, bordé rose vif.
Tom Pouce, lilas azuré.
Limbatum , rose purpurin.
Delicatum , blanc pur.
Blandyanum , rouge pourpré.
Mrs. Heneage, rose purpurin, centre blanchâtre.
Bylsianum , fond blanc carné, bordé cerise.
Verschaffeltii, blanc rosé.
Atro-rubrum, rouge clair.
Everestianum, rose lilacé.
Titian , rose brillant.
Bouquet de Flore, rose pourpre.
Madame Wagner, centre blanchâtre, bordé lilas
carminé.
Michel Waterer, rouge laque, maculé de noir.
N° 2854 (Eure-et-Loir). — Les chaleurs
sont venues, et chaque été vous pâtissez du
manque d’eau fraîche, vous ne possédez pas
de glacière et vous désirez connaître le moyen
de vous en procurer.
Vous obtiendrez très facilement de l’eau très-
fraîche par l’emploi de l’azotate d’ammoniaque.
Ce sel se vend chez tous les marchands de pro-
duits chimiques. Dans un seau en tôle plus
haut que large, capable de contenir une carafe,
on met un tiers d’eau ordinaire, puis on y
place la carafe remplie de l’eau à refroidir. On
verse ensuite dans l’eau du seau la valeur de
trois verres à boire de sel d’azotate d’ammo-
niaque. Ce sel se dissout et, en se dissolvant,
il détermine un abaissement de température
d’autant plus énergique que l’on en a jeté une
plus grande quantité dans l’eau. L’eau du seau
devient extrêmement fraîche en trois minutes,
et le froid se communique à la carafe.
Le sel employé n’est pas perdu, on verse le
liquide dans des cuvettes plates qu’on expose
au soleil, l’eau s’évapore et le sel se régénère.
On peut ainsi s’en servir indéfiniment.
No i4i2. (Saône-et-Loire). — La culture de
l’Iris de Florence ne se fait industriellement
que sur le littoral de la Méditerranée et aussi
dans l’Ain où on en récolte chaque année 15 à
16,000 kilos. Mais ce n’est pas seulement l’Iris
de Florence qu’on vend aux pharmaciens et
aux parfumeurs ; on vend aussi en Toscane
l’Iris germanique et l’Iris pâle, les trois varié-
tés s’y vendent indifféremment sous le nom de
Glaïeuls. Dans nos pays, on se trouverait sans
doute bien de l’espèce commune ou Iris ger-
manique.
Pour ce qui est des procédés de culture, ils
sont très-élémentaires : à l’automne, dans un
terrain bien ameubli, planter en fosses et à
30 centimètres de distance des portions des
rhizomes qui resteront en terre pendant trois
ans ; comme soins d’entretien, sarcler en mars
et en octobre.
La troisième année, depuis juillet jusqu’en
octobre, arracher les Iris à la houe en ayant
soin de ne pas briser les rhizomes ; une femme
suit, ramasse ces rhizomes, les débarrasse des
feuilles, les nettoie avec une brosse de bruyère
et les jette dans un baquet d’eau. Puis on les
retire, on les laisse se ressuyer au soleil et à
l’air, et on les livre au commerce qui se charge
de la dessiccation.
Si on veut les faire sécher, on les expose au
soleil dans des corbeilles plates pendant plu-
sieurs jours, après quoi on le porte à l’étuve.
Dans l’Ain, le rendement d’un hectare planté
en Iris, est évalué de 30 à 35 quintaux, et le
prix de revient des rhizomes secs à 40 fr. les
100 kilos.
L’Administrateur- Gérant : L. Bourguignon.
Imp. Georges Jacob, — Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE.
265
CHRONIQUE HORTICOLE
Nomination dans l’Ordre du Mérite agricole. — Les Pêches à Montreuil, en 1888. — Effets de l’hiver
1887-1888, à Marseille. — Concours agronomiques. — L’érinose de la Vigne. — Le phylloxéra. — Le
cépage américain Elvira. — L 'Oïdium et les Vignes en chaintres à Smyrne. — Une maladie des
Pêchers. — Les Pêchers sous châssis. — Sensibilité des plantes. — Asperges mâles et femelles. —
Les Chrysanthèmes à Toulouse. — Expositions annoncées. — Memento des Expositions. — Errata. —
Nécrologie : MM. Martineau, l’abbé Lefèvre.
Nomination dans l’ordre du mérite
agricole. — Par décret, en date du 25 mai,
rendu sur la proposition du Ministre de
l’agriculture, a été promu au grade d’offi-
cier du Mérite agricole :
M. Lambin, professeur d’horticulture à
Soissons (Aisne). Conférencier distingué. Che-
valier du 23 novembre 1883.
Nos lecteurs connaissent de longue date
notre collaborateur, M. Lambin ; ils se ré-
jouiront avec nous de cette nouvelle distinc-
tion que le Ministre vient de lui décerner
en récompense de ses importants services.
Les Pêches à Montreuil, en 1888. —
Est-ce à l’hiver, sinon très-rigoureux, mais
très-irrégulier, et qui a provoqué des alterna-
tives de gel, de dégel, de sécheresse, d’hu-
midité, etc., ou bien à la fatigue que la
grêle si forte de l’année dernière avait fait
éprouver aux arbres, que l’on doit attribuer
la pénurie dans laquelle les cultivateurs vont
se trouver, relativement à la prochaine ré-
colte des Pêches en cette année 1888, ou
bien encore est-ce à l’influence de toutes ces
choses que ce fait est dû? On ne peut le
dire. Il est cependant utile, après avoir
constaté les faits, d’examiner les conditions
dans lesquelles ils . se sont produits, et,
alors, de voir s’il n’y a pas là des coïnci-
dences qui pourraient guider pour l’avenir
au point de vue de certaines précautions
culturales.
Notons d’abord ce fait, que ce sont sur-
tout les espaliers au levant et au couchant
qui paraissent être les plus éprouvés et où
les fruits manquent, que ceux exposés au
midi ont moins souffert, et que c’est là
surtout que l’on fera encore un peu de ré-
coltes. Une autre remarque dont il serait
bon de tenir compte, c’est que, en géné-
ral, ce sont les vieilles variétés, surtout si
elles sont tardives , qui ont le plus souffert.
Ainsi, les variétés plus nouvelles, et surtout
à maturité hâtive , par exemple, presque
tous les Pêchers Early, ont conservé des
16 Juin 1888.
fruits, plus ou moins, toutefois, suivant
l’état et la position des arbres.
Mais, quoi qu’il arrive, on peut considé-
rer la récolte des Pêches comme devant être
au-dessous de la moyenne. Quant aux
autres fruits, on ne peut encore rien affir-
mer, excepté pourtant en ce qui concerne
les Abricots, qui feront complètement dé-
faut. Au contraire, les Vignes se préparent
très-bien, et partout où le bois était bon,
les grappes se montrent en grande quantité.
Il parait en être de même des Cerises et
des Prunes, surtout chez les variétés ou
races locales qui, généralement, sont culti-
vées en franc de pied.
Effets de l’hiver 1887-1888 à Mar-
seille. — Nous avons à plusieurs reprises
mentionné les effets désastreux de l’hiver
dernier dans la région du littoral méditer-
ranéen. Chaque jour nous recevons de
nouveaux détails sur les dégâts causés par
les froids rigoureux qui se sont abattus sur
cette contrée. A Marseille, presque tous les
Dracæna de pleine terre ont été détruits ;
les Phoenix ont été plus ou moins atteints
dans leurs feuilles qui tombent ou sont
grillées ; les Agave americana ont eu, en
grand nombre, le cœur gelé. Les Chamæ-
rops excelsa et humilis, les arbustes à
feuilles persistantes, au sujet desquels on
avait conçu quelques craintes, ne se sontpas
montrés incommodés de la rigueur de la
saison. En résumé, les effets de l’hiver der-
nier dans la région marseillaise ont causé
des dommages sensibles dans les jardins,
mais moins désastreux que ceux que l’on
pouvait craindre.
Concours agronomiques. — La Société
des agriculteurs de France a mis au Con-
cours les sujets suivants :
Destruction du mildiou. — Un prix agro-
nomique, consistant en un objet d’art, sera
décerné, durant la prochaine session de la So-
12
266
CHRONIQUE HORTICOLE.
ciété, en 1889, à l’auteur du meilleur procédé
curatif contre le Peronospora viticola.
Les mémoires devront être remis, avant le
1er janvier 1889, au siège de la Société.
Traitement contre V anthracnose. — Un prix
agronomique, consistant en un objet d’art, sera
décerné pendant la prochaine session, en 1889,
à l’auteur du mémoire indiquant le meilleur
procédé curatif contre l’anthracnose.
Les mémoires doivent être adressés à la So-
ciété avant le 1er janvier 1889.
Fermentation du cidre. — Un prix sera dé-
cerné, durant la session de 1890, pour le meil-
leur mémoire sur la fermentation du cidre.
La récompense pourra être élevée jusqu’au
prix agronomique, consistant en un objet d’art.
Les manuscrits devront être* adressés au
siège de la Société avant le 1er août 1889.
Plantations d'arbres fruitiers. — Un prix
sera donné, durant la session de 1891, pour la
plus importante et la meilleure plantation
d’arbres fruitiers, faite dans les terrains in-
cultes ou impropres à l’agriculture.
La récompense pourra être élevée jusqu’au
prix agronomique, consistant en un objet d’art.
Les demandes de Concours devront être
adressées au président de la Société, accom-
pagnées d’une note explicative, avant le
1er août 1888.
Création de fermes fruitières. — Un prix
agronomique, consistant en un objet d’art, sera
décerné, durant la session des agriculteurs de
France, en l’année 1892, pour la création de
fermes fruitières en fruits de table.
Pour la désignation du lauréat, on prendra en
considération :
1° L’importance de la plantation :
2° Les soins pour assurer la réussite ;
3° Le choix des espèces et variétés qui de-
vront être appropriées au sol et au climat et
déterminées au point de vue de l’emploi assuré
des fruits, soit pour le marché, soit pour l’usage
industriel;
4° Les plantations intercalaires, telles que
celles de Groseilliers, Framboisiers, légumes et
autres végétaux alimentaires pouvant donner
un produit avant les arbres.
Les mémoires devront être remis au siège de
la Société, au plus tard le 1er août 1891, terme
de rigueur.
L’érinose de la Vigne. — Nous avons,
l’année dernière, signalé l’envahissement
de nos vignes du centre par l’érinose ou
erineum . Cette année, nous avons reçu de
divers côtés, surtout des environs de Paris,
des feuilles atteintes de cette maladie in-
quiétante pour les propriétaires, qui croient
souvent avoir affaire au mildiou. La dis-
tinction des deux affections est bien facile.
Dans les Vignes attaquées par l’érinose
comme dans celles attaquées par le mildiou,
la maladie se manifeste par des dépôts blan-
châtres qui se groupent à la partie inférieure
de la feuille; mais, dans la première affec-
tion, les feuilles sont, aux points atteints,
boursouflées à la face supérieure, tandis
que dans la seconde, la même face reste
absolument plane. De plus, les dépôts pro-
duits par l’érinose sont complètement adhé-
rents, tandis que ceux provoqués par le
mildiou s’enlèvent facilement avec le doigt.
Nous renvoyons, pour tout ce qui a rapport
à ces deux maladies, nos lecteurs à la Revue
horticole de 1887 (1), où deux planches colo-
riées leur feront reconnaître au premier
coup d’œil s’ils ont affaire à l’érinose, affec-
tion, en général, peu grave, ou au mildiou,
fléau qu’il faut combattre sans* retard.
Le phylloxéra. — Des divers comptes-
rendus des travaux du service du phylloxéra
en 1887, publiés par le Ministère de l’agri-
culture, il résulte que la situation de nos
vignobles s’est améliorée dans un grand
nombre de départements. Dans le compte-
rendu du récent congrès d’horticulture,
nous résumerons en quelques lignes les
bonnes nouvelles qui nous ont été apportées
du Midi. Malheureusement les vignobles de
la vallée delà Loire viennent d’être envahis
par le terrible insecte, qui'y fait des progrès
rapides. La Touraine, l’Anjou, le pays
nantais, sont fortement éprouvés, et les vi-
gnerons ne font rien ou presque rien pour
combattre le fléau. L’exemple du Midi, qui
a lutté si courageusement et qui commence
à entrevoir des jours moins sombres, devrait
cependant engager nos vignerons de l’Ouest
à faire quelques efforts.
Le cépage américain Elvira. — Le
Journal d\ Agriculture pratique recom-
mande chaudement aux viticulteurs le cé-
page américain Y Elvira, dont la culture est
encore peu répandue, malgré l’introduction
de vieille date de cette Vigne.
Si le vin qu’elle produit n’est pas de
qualité supérieure, on attribue ce fait à ce
que le cep n’a pas encore été suffisamment
modifié par les influences de notre sol et de
notre climat. En revanche, Y Elvira donne
des eaux-de-vie de premier ordre.
Ce cep a encore en sa faveur sa rusticité
et l’abondance de sa production.
L’Oïdium et les Vignes en chaintres à
Smyrne. — Les Vignes grecques ne sont pas
plus favorisées du côté de l’Ôïdium que les
(1) Érinose de la Vigne, p.180; Mildiou, p. 227.
CHRONIQUE HORTICOLE.
267
Vignes françaises. Cependant, de diverses
communications faites au Journal d’ Agri-
culture pratique , par M. Gennadius, direc-
teur de l’agriculture à Athènes, il résulte que
la Vigne cultivée en chaintres est à peu près
indemne à Smyrne. La plupart des Vignes
cultivées suivant cette dernière méthode ont
très peu souffert, tandis que les autres sont
plus ou moins fortement atteintes, malgré
les soufrages dont elles sont l’objet.
Une maladie des Pêchers. — Les viti-
culteurs de la vallée de la Garonne, cruelle-
ment éprouvés l’année dernière par les
attaques du Black-Rot, voient cette année
leurs Pêchers en partie détruits. La mala-
die est causée par le Coryncum Beije-
rinckii. Ce n’est pas la première fois que l’on
observe cette affection; les plantations de
Pêchers de Montreuil en ont beaucoup souf-
fert il y a deux ans. M. Prillieux, qui a cons-
taté la maladie sur les Pêchers de la vallée de
la Garonne et a cherché les remèdes à y ap-
porter, propose le traitement des branches
du Pêcher avec une dissolution de sulfate de
fer acide. Pour être efficace, ce traitement
devrait être pratiqué vers la fin de l’hiver.
Les Pêchers sous châssis. — Les Pê-
ches du Midi, de la variété Amsden, sur-
tout, ont paru à Paris depuis plus d’un mois
déjà. Les premiers envois ont été faits par
un horticulteur d’Antibes, M. Nigan, qui
possède une plantation préparée pour être
couverte de châssis. Ceux-ci sont posés dès
le commencement de janvier. Les pêchers
ainsi abrités donnent leur récolte un mois
au moins avant les autres. La dépense oc-
casionnée par les châssis est bien compensée
par la valeur que leur précocité donne aux
fruits, qui se vendent en moyenne 1 franc
la pièce. — M. Nigan a vendu cette année
environ 4,000 Pèches à ce prix.
Sensibilité des plantes. — Tout le
monde sait que les végétaux, dans diverses
circonstances, par exemple dans leurs alter-
natives de sommeil et de veille, sous un
attouchement, dans les variations de tempé-
rature, présentent certains mouvements qui
ont fait croire à leur sensibilité et ont fait
comparer certains d’entre eux aux derniers
représentants du règne animal. Les nervo-
sités de la Sensitive, l’adresse des plantes
dites carnivores pour saisir leur proie, ont
depuis longtemps été citées par les par-
tisans de la théorie qui voit dans les végé-
taux des êtres sensibles. M. Bâillon vient
de découvrir un nouveau fait à l’appu1
de cette théorie. Les vrilles sont un des
sièges les plus ordinaires des manifestations
de l’espèce de sensibilité que l’on constate
dans les plantes. Celles du Cissus discolor ,
que le savant professeur de la Faculté de
médecine a observées, présentent un grand
intérêt. Si on opère le moindre frottement
sur une des branches de la vrille, il se pro-
duit aussitôt une courbure qui devient le
point de départ d’un enroulement.
D’un autre côté, M. F.-W. Oliver vient
d’observer, dans le labelle du Masdevallia
muscosa, dont un échantillon a fleuri l’année
dernière à Ivew, des mouvements extrême-
ment curieux : le labelle montre dans cer-
taines parties une irritabilité telle, qu’il
suffit, pour lui faire prendre des positions
tout à fait opposées à celles qu’il occupe
dans l’état habituel, de l’attouchement d’un
cheveu ou de l’aile d’un insecte.
Asperges mâles et femelles. — Dans
un rapport communiqué à la Société d’hor-
ticulture de France, M. Beurdeley soumet à
l’appréciation des horticulteurs le résultat
d’expériences faites comparativement sur
des plants d’ Asperges mâles et femelles. Des
conclusions de son rapport, il ressortirait
que les plants mâles sont plus productifs
que les plants femelles. Sur les 12 pieds
femelles choisis pour l’expérience, 76 As-
perges ont été récoltées, soit environ 6 1/2
par pied ; sur les 20 pieds mâles, il fut re-
cueilli 244 Asperges, soit environ 12 par
pied. Les constatations n’ont été poursui-
vies que pendant le cours d’une année, et il
serait bon que les expériences fussent re-
prises pour bien établir un fait qui inté-
resse tous les horticulteurs.
Les Chrysanthèmes à Toulouse. —
M. Astié, secrétaire général de la Société
d’horticulture de la Haute-Garonne, nous
fait remarquer que la seconde Exposition
horticole, qui doit avoir lieu à Toulouse
du 15 au 18 novembre, a principalement
pour objet des spécialités, et parmi elles les
Chrysanthèmes, qui comptent aujourd’hui
tant de fervents amateurs.
Je ne peux m’empêcher de rappeler, ajoute
M. Astié, que Toulouse fut la première ville
où aient été instituées des expositions spéciales
pour les Chrysanthèmes, et que, dans celle qui
eut lieu, il y a trois ans, figuraient plus de
6,400 sujets en fleurs. Il y a donc lieu d’espé-
rer que les chrysanthémistes accueilleront avec
intérêt l’annonce de notre prochaine exposition.
268
CHRONIQUE HORTICOLE.
EXPOSITIONS ANNONCÉES.
Bar-sur-Aube, du 6 au 10 juillet. — La
Société horticole, vigneronne et forestière de
l’Aube ouvrira sa quatorzième exposition géné-
rale du 6 au 10 juillet prochain, à Bar-sur-Aube.
Adresser les déclarations avant le 25 juin à
M. Darnandre, secrétaire général de la So-
ciété, àTroyes, ou à M. Robert Baltet, commis-
saire général de l’exposition, à Bar-sur-Aube.
Saint-Mandé, du 16 au 23 septembre. —
La Société régionale d’horticulture deVincennes
fera du 16 au 23 septembre une exposition gé-
nérale de tous les produits de l’horticulture et
des arts et industries qui s’y rattachent.
Les demandes d’admission devront être
adressées, avant le 1er septembre, à M. A. Hé-
brard, secrétaire général, avenue Marigny, 25,
à Fontenay-sous-Bois.
Memento des Expositions. — Dans le mé-
mento des expositions, une transposition de
lignes a fait attribuer à la ville de Roubaix une
exposition de Chrysanthèmes pour le mois de
juin et de Roses pour le mois de novembre.
C’est le contraire qui est vrai. Nos lecteurs au-
ront fait d’eux-mêmes cette petite rectification.
Voici la liste des Expositions précédemment
annoncées :
Bordeaux. — Fruits, légumes, fleurs (Chr. n° 5),
15 au 26 septembre.
Bougival. — Exp. gén. (Chr. n° 9), 29 août au
3 septembre.
Bourbonne-les-Bains. — Produits maraîchers,
plantes en pots et fleurs coupées (Chr. n° 10),
17 au 21 juin.
Lyon. — Exp. gén. (Chr. n° 11), 13 au 17 septembre.
Meaux. — Exp. gén. (Chr. n° 5), 7 au 9 septembre.
Mézidon. — Exp. gén. (Chr. n° 10), 16 septembre.
Moulins. — Exp. gén. (Chr. n° 6), 31 juillet au
5 août.
Orléans. — Légumes, fleurs, fruits (Chr. no 10),
13 au 18 juin.
Périgueux. — Exp. horticole et viticole (Chr. n° 115),
3 au 5 août.
Roubaix. — Chrysanthèmes (Chr. n° 5), 17 novembre.
— Roses (Chr. n° 5), 23 au 25 juin.
Saint-Germain-en-Laye. Exp. gén. (Chr. n° 10),
26 au 29 août.
Sens. — Exp. gén. (Chr. n° 8), 16 au 25 juin.
Toulouse. — Exp. de culture maraîchère, culture
ornementale et arboriculture fruitière
(Chr. n° 11), 27 au 30 septembre.
— Même Exp. et spécialement Exp. de
Chrysanthèmes (Chr. n° 11), 15 au
18 novembre.
Valognes. — Exp. locale (Chr. n° 8), l°r au 4 sep-
tembre.
Anvers. — Roses (Chr. n° 8), fin juin.
Gand. — Exp. de lloriculture (Chr. n° 11) 2 au 3 sep-
tembre.
— Chrysanthèmes (Chr. n° 11), 18 au 22 no-
vembre.
Lausanne. — Exp. gén. (Chr. n« 8), 20 au 25 sep-
tembre.
Errata. — Nous attachons une si grande
importance à l’exactitude de la nomencla-
ture dans la Revue horticole , que nous
n’hésitons pas à faire des rectifications spé-
ciales pour les fautes d’impression que nous
découvrons après la publication du numéro,
malgré l’aridité apparente que peuvent pré-
senter ces errata pour quelques-uns de nos
lecteurs.
Chrysanthèmes. — Deux fautes d’impression
ont été faites dans la liste des Chrysanthèmes
nouveaux de M. Délaux, publiée par la Revue
dans son numéro du 1er mai dernier. Au lieu
de Madame veuve Meunier , il faut lire Madame
veuve Menier. — Au lieu de Jules Marigny, il
faut lire Jules Barigny.
Fuchsias. ■ — Dans l’étude sur les Fuchsias
publiée dans le numéro du 16 mai, on devra
lire :
Page 231, 2e colonne, ligne 3, Scheidweiler,
au lieu de Scheidweiber.
P. 232, lre col., lig. 14, Moc. et Sess., au lieu
de Sesse.
P. 232, 2e col., lig. 6, ayavacensis, au lieu
de agavacensis.
P. 232, 2e col., lig. 19, membranacea, au
lieu de memlezanacea.
P. 232, 2e col., lig. 59, Facatativa , au lieu
de Fucatativa.
P. 233, lre col., lig. 1, caracasensis, au
lieu de caracacensis, Fieldand.
P. 233, 2e col., après la 23e ligne, ajouter
Patrie : Cordillère centrale de l’Équateur.
P. 232, 2e col., lig. 7, dans la section des
espèces non introduites, supprimer F. am-
pliata ; il est dit d’ailleurs à la colonne précé-
dente, ligne 65, que cette espèce est cultivée
dans les jardins de l’Europe.
Nécrologie. — M. Martineau. — Ce vé-
téran de l’horticulture parisienne, qui a
rendu des services à la Ville de Paris
comme jardinier-chef du Parc Monceau,
depuis sa transformation (1862) jusqu’à ces
derniers temps, vient de mourir. Tous les
visiteurs de ce beau parc public ont pu
apprécier les soins particuliers avec lesquels
il était entretenu. Nous devions, au nom
du public, un souvenir reconnaissant à ce
brave horticulteur et à cet honnête homme.
M. Vabbé Lefèvre. — Arboriculteur dis-
tingué, praticien apprécié de tous ceux qui
ont suivi ses leçons, M. l’abbé Lefèvre est
mort récemment à l’âge de 64 ans. Il est
l’auteur d’ouvrages estimés, parmi lesquels
il faut citer en première ligne un Manuel
d'arboriculture , qui a eu un succès mé-
rité.
E.-A. Carrière et Ed. André.
LES SINGULARITÉS DE LA NOMENCLATURE DES POIRIERS.
269
LES SINGULARITÉS DE LA NOMENCLATURE DES POIRIERS
Plusieurs auteurs ont essayé d’établir
une classification des principales variétés
de Poires par ordre de mérite. La Quin-
tinye l’a fait pour presque toutes celles
connues de son temps, avec sa prolixité
habituelle; il ne lui a pas fallu moins
de 90 pages in-4° pour terminer sa liste.
Le bonhomme procède par voie de con-
cours : les variétés concurrentes sont per-
sonnifiées ; chacune se fait valoir et prend
des airs avantageux pour être admise en
bonne place à partir du second rang, le
premier étant réservé au Bon-Chrétien
d’hiver, « quelles que plaintes que puis-
sent faire les autres Poires de n’avoir pas
été pour le moins entendues devant que de
leur donner l’exclusion ».
Depuis lors, les catalogues se sont consi-
dérablement enrichis. On peut estimer à
treize ou quatorze cents le nombre des va-
riétés de Poires. La plupart sont confinées
dans leurs provinces. La Normandie a des
Suprême et des Caillot- Rosat ; la Brie a la
Poire de la Carrière, celle à Bassin (à bas-
sine, c’est-à-dire à cuire), le Chat brûlé ; en
Bretagne, on trouve beaucoup de Pain-
Vin ; dans le Périgord j’ai vu des Leschas-
serie que je ne connaissais que de nom.
Ces fruits et beaucoup d’autres ne sont
guère connus en dehors de leur zone. Quel-
ques variétés ont disparu. Qui connaît au-
jourd’hui la Poire Crocmifagus qui figure
sur des catalogues du XVIIe siècle ? D’au-
tres ont vu leur nom s’altérer par l’action
que les savants nomment métonomasie, qui
est le passage d’une langue dans une autre.
Le cas Je plus récent est celui de la Pêche
Amsden. Je ne la connais que depuis peu,
grâce à un voisin aimable, en vacances près
de Montauban. Le nom américain est
Amsden’ s june-peach ; le nom français
devrait être Pêche Amsden de juin, comme
nous disons Poire Doyenné de juillet ,
Besi de mai. En la présentant sous le nom
de Pêche Amsden’ s june, on prête à rire
aux Anglais, car cela signifie Pêche Juin
d’ Amsden. Je soumets humblement cette
observation à M. Nardy avec toute la grati-
tude que lui a méritée son heureuse impor-
, tation. Les noms les mieux faits n’échap-
pent pas non plus à la corruption. Si vous
demandez, sur nos marchés aux fleurs, une
Coronille, vous risquerez de n’être pas
compris ; vous ne le serez que si vous dites
Caroline. C’est le cas de la Poire Girogile.
Elle figure pour la première fois sous ce
nom, dans le catalogue de Le Lectier,
en 1638. Elle est assez peu connue ; cepen-
dant on la rencontre dans toutes les expo-
sitions, chez les grands collectionneurs,
Dans les livres comme sur les étiquettes,
vous lirez toujours Gilles ô Gilles. C’est
l’effet d’une légende enfantine qui met cette
exclamation dans la bouche d’un prélat en
extase devant l’abondance de fruits que por-
tait un arbre, et qui appelait son jardinier
Gilles pour l’en complimenter. Mais le nom
Girogile a pour lui l’antériorité et la vrai-
semblance. C’est une forme commune aux
localités où les moines de Saiiff-Denis pos-
sédaient des bergeries. De même que Altum
ogilum est devenu Altogile, puis Altoileet
finalement Auteuil; Bonogïle, Bonneuil ;
Argentogile, Argenteuil, de même Girum
ogilum est devenu Girogile, et, plus tard,
Gireuil ou Girou, comme Briogilum a fait
Breuil ou Brou.
La légende s’est attaquée aussi à l’une de
nos Poires les plus répandues. Pendant
cinquante ans, je l’ai entendu nommer
Louise-Bonne, mais il paraît qu’il faut dire
Bonne-Louise. C’est le nom usité mainte-
nant chez les raffinés de la pomologie. Le
vulgaire des jardiniers s’en tient au nom
primitif, qui est le vrai. Le renversement
des termes me paraît être une invention de
MM. les Belges; au moins ne le trouvai-je
pas à une date antérieure à celle de leurs
annales de pomologie (1858). On connaît la
légende avranchine sur le baptême d’une
nouvelle Poire en 1788 (1). J’ai souvenir
que quelqu’un du pays l’a contée dans la
Revue horticole. Mon scepticisme ne s’en
accommode guère. Je vois bien Le Berryais
à table chez M. de Longueval ; je vois qu’on
apporte, au dessert, une Poire inédite;
mais alors, j’entends Le Berryais s’écrier:
« Eh ! c’est une Louise-Bonne ! » Cette
exclamation que je suppose au madrigal
que la tradition nous a conservé, devait
sortir naturellement de la bouche du cha-
(1) La scène n’a pu se passer en 1780, comme on
le dit généralement. J’ai sous les yeux l’ouvrage de
Le Berryais, magnifiquement édité par Le Court,
à Avranches, en 1785. Il n’y est question que de
l’ancienne Louise-Bonne. Or, comment Le Berryais
n’eût-il pas dit un mot de la nouvelle s’il l’eût bap-
tisée lui-même cinq ans auparavant?
270
LES SINGULARITÉS DE LA NOMENCLATURE DES POIRIERS.
noine. J’en appelle à ceux qui connaissent
les deux variétés et ont pu les comparer.
Pour moi, qui les possède côte à côte, j’ai
toujours été frappé de leur ressemblance.
On ne m’ôtera pas de l’idée que la Louise-
Bonne seconde, celle dite d ’Avranches,
soit issue d’un pépin de la Louise-Bonne
première. Même tenue de l’arbre, même
aspect frisotant des feuilles, même silhouette
du fruit; plus de saveur dans le nouveau
et plus de précocité, pédoncule plus gros
et moins long que dans le nouveau, voilà
tout ce qui les distingue. Leur filiation est
aussi évidente que celle de la Crésanne
et de la Bergamote Espéren.
Il était encore assez habituel à cette
époque de rattacher les fruits nouveaux à
un type connu. On les classait par groupes,
comme en botanique pure on classe par
familles. On avait ainsi les types Doyenné ,
Bergamote , Calebasses , Oignons , etc., etc. ;
toutes les Poires en gourdes étaient des
Bon-Chrétien. Cela facilitait les détermi-
nations. On a pris aussi en considération
la saveur ; de là sont nées les fondantes et
les beurrés si nombreux. Ce qui a brouillé
le système, c’est l’adoption de noms empha-
tiques, superlatifs et trop longs. Ce sont
par-dessus tout les dédicaces. Ouvrez une
pomologie un peu complète, vous serez
étonné de la quantité de noms propres
qu’elle contient. Toutes les têtes couronnées
ou aspirant à l’être, tous les princes et
princesses de France et des pays voisins qui
ont vécu dans ces dernières cinquante
années, y figurent suivis d’uii cortège de
ducs, de généraux, de châtelains, de bour-
geois. On y compte même des ménages. A
défaut de statue, on a sa Poire. On a aussi
sa Rose, mais quelle différence ! Les rosié-
ristes (1) en ce parrainage ont beau jeu ;
rien de désobligeant chez eux ; tout est
grâce et parfum. Aussi un baptême de Rose
est-il une fête pour les parents, pour les
amis. Les deux dernières ont été, m’a-t-on
dit, consacrées dans un banquet solennel,
avec cortège, musique, santés et dragées.
Prêter son nom à une Poire est une autre
affaire. Imaginez ce que doit éprouver une
dame, lisant dans une pomologie, son nom
accolé à ce signalement :
Vicomtesse ***. — Est bossue et ven-
(1) Je dis rosiériste, pour me conformer à l’usage,
mais je sais bien qu’il faut dire rosiste. Il est
encore temps de se reprendre. C’est ainsi que na-
guère on disait grainetier ; mais il s’est trouvé
quelqu’un de la profession qui a fait prévaloir le
mot juste grainier, mieux encore granier. I
true ; sa peau, d’un jaune sale, est semée de
taches squammeuses. A été trouvée dans un
bois. Mûrit sur la paille.
La fleurette est-elle assez mignonne?
Il y a des Poires dynastiques. Elles ont
leurs destins. En voici une, très-connue,
sous le nom de Napoléon. Née en 1804, en
même temps que l’empire, elle suivit la
fortune du nouveau souverain, devint suc-
cessivement Gloire de V Empereur, Captif
de Sainte -Hélène, Roi de Rome, et prit,
sous la Restauration, le nom de Charles X.
Avec plus de raison, on a appelé, au Mu-
séum, cette variété sans conviction, Bon-
Chrétien doré. C’est un nom qui ne con-
tentera peut-être pas encore tout le monde,
mais qui, à mes yeux, a le -mérite d’impli-
quer un signalement. A ce seul énoncé, je
me représente une Poire en gourde et d’un
jaune éclatant.
Pour conclure, je conseillerai de choisir
des noms clairs, sonnant bien, faciles à re-
tenir, bien français et donnant une esquisse
sommaire des fruits auxquels ils s’ap-
pliquent. Ils échapperont ainsi aux fluc-
tuations de l’avenir et aux inconvénients de
la synonymie. Les dédicaces n’ajoutent rien
à la renommée de ceux qui ont su en acqué-
rir, et ne sauvent pas les autres de l’oubli.
Il faut surtout éviter les longueurs. Révé-
rence parler, je citerai comme réunissant
tous les défauts, la Poire Vingt-cinquième
anniversaire du roi des Belges.
Trop riche dans les traités spéciaux, la no-
menclature se simplifie étonnamment dans
le commerce. La science pomologique des
fruitiers de Paris n’embrasse pas plus de
cinq ou six variétés qui prêtent leurs noms
à des Poires quelconques. D’août en octobre,
toute Poire de taille moyenne est une Ama-
dis (c’est le nom qu’on donne aux Amanlis) ;
puis viennent les Duchesses, qui ont une
durée bien invraisemblable, et enfin les
Williams que je vois figurer encore sur
une mercuriale du 16 janvier ! Tout ce qui
est petit est réputé Poire commune et se
vend au poids, si bien que parmi des fruits
immangeables vous trouverez, suivant la
saison, des Brandywine, des Suzette de
Bavay, ou ce délicieux fondant au citron
qu’on nomme Zéphyrin Grégoire. Les
fruits se jugent à la taille ; le Doyenné du
Comice, où se combinent les parfums de la
Fraise et de l’Abricot, est primé par le
Beurré magnifique, qui a juste la saveur
d’un Navet, et l’abominable Belle Angevine
obtient les honneurs du marché.
A. Messager.
EXPOSITION OE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
271
CONTRE-ESPALIER RE POMMIERS ET ROSIERS
Il arrive fréquemment que, pour diviser
entre elles diverses parties d’un jardin, par-
dessus lesquelles la vue doit librement
s’étendre, on cherche un genre de palissade
destinée non pas à former une clôture pro-
prement dite, mais plutôt une délimitation
bien nette. En pareil cas, on doit, autant
que possible, se servir de végétaux qui,
tout en remplissant le but désiré, se per-
dent dans l’ensemble, lorsqu’on les voit
d’une certaine distance.
Nous avons récemment remarqué, dans
les jardins de l’École d’arboriculture de Ver-
sailles, un type de plantation de cette na-
ture, qui réunit, croyons-nous, tous les
avantages que l’on peut rechercher en sem-
blable circonstance (fig. 60).
C’est un contre-espalier de Pommiers
nains dirigés en forme de V, et alternant
avec des Rosiers à haute tige, dont la tête
seule dépasse en hauteur la palissade.
Trois rangées de fil de fer, supportées par
Fig. 60. — Contre-espalier de Pommiers et Rosiers.
Échelle de 0,03 pour mètre.
des montants en fer distancés à 6 mètres
les uns des autres, servent à palisser les
Pommiers et à maintenir les Rosiers.
Ces derniers, dont la tige a lm 20 de hau-
N teur, sont plantés à lm 50 d’espacement
entre eux.
Au printemps, les Heurs des Pommiers
donnent à ce contre-espalier un attrait qui
suffirait à en motiver la création. La flo-
raison des Rosiers vient ensuite, et il reste
encore, pour l’automne, la production des
fruits, dont nous n’avons pas à souligner
l’importance.
Nous avons souvent vu des haies ou palis-
sades se rapprochant un peu du type que
nous venons de décrire, mais aucune
d’elles ne réunissait des qualités aussi bien
combinées. Ed. André.
EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
Parmi les coutumes auxquelles le monde, à
Paris surtout, est assujetti, celle qui consiste
à assister à l’ouverture d’une exposition quel-
conque, comme à une première représen-
tation, et, le plus souvent, à s’en tenir là, est
l’une des plus absurdes. Pour les fleurs, plus
que pour toute autre chose, cette manière de
faire a des résultats déplorables.
En effet, les personnes qui, le premier jour,
se trouvent absolument entassées dans les
allées de l’Exposition, ne peuvent avoir aucune
idée exacte de la beauté, du mérite des spéci-
mens assemblés là.
Nous avons entendu, le 25 mai, quelques
observations, prononcées par certains visi-
teurs, et qui pourraient se résumer en celle-ci :
272
EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
« C’est joli, mais c’est toujours la même
chose. »
Quelle erreur!
Mais, avant de porter un jugement sem-
blable, regardez donc de près et sans dis-
traction lés plantes et les fleurs qui s’ofïrent,
ravissantes, à vos regards. Cherchez donc un
moment à vous rappeler de quelle manière les
mêmes genres étaient représentés, il y a dix
ans, quelles étaient les espèces et variétés
d’alors !
Réfléchissez donc, en examinant ces su-
perbes Orchidées importées, ces Broméliacées
aux floraisons rutilantes, ces Aroïdées dont les
énormes feuilles à reflets métalliques ont des
formes à la fois lourdes et d’une suprême
élégance, à l’émotion que vous ressentiriez si
vous en découvriez vous-même seulement
une à l’état sauvage !
Il convient d’ajouter que cette habitude
qu’a le public d’examiner d’une manière trop
superficielle les produits qui lui sont soumis
provient en partie de ce que les exposants ne
mettent pas assez en relief les espèces d’intro-
duction récente, ainsi que les formes nouvel-
lement obtenues par les semis.
Ces dernières même devraient être, aussi
souvent que possible, accompagnées de celles
dont elles proviennent directement. On cons-
taterait ainsi à première vue les résultats ob-
tenus, et, chose très-intéressante, les per-
sonnes peu initiées encore aux détails de
l’hybridation végétale verraient ce que toute
plante nouvelle a reçu de chacun de ses pa-
rents.
Actuellement, il faut être expert en la
matière pour distinguer rapidement les nou-
veautés, perdues qu’elles sont au milieu de
lots presque tous beaucoup trop compacts.
Pour notre part, cette année, nous avons
visité à l’exposition chaque jour et durant toute
la matinée, et, peu gêné par les visiteurs,
dans une atmosphère fraîche et délicieusement
parfumée, nous avons chaque fois découvert
des plantes de haut intérêt que la veille nous
n’avions pas aperçues.
Cette année, la rigueur de l’hiver, et aussi
les préparatifs des horticulteurs pour l’an
prochain, avaient nui à l’importance, au point
de vue numérique, de l’Exposition. D’autres
raisons encore avaient fait s’abstenir certains
de nos bons spécialistes, et, malgré cela, l’en-
semble de l’Exposition était des plus satisfai-
sants, résultat dû, en partie, à l’importance des
envois anglais et belges.
L’arrangement général était tout à fait
réussi : la commission d’organisation, présidée
par M. Villard, avait très-heureusement tiré
parti des éléments mis à sa disposition.
Le motif central, réservé aux Orchidées,
était notamment arrangé d’une manière char-
mante.
Il formait un massif (fig. 61) très-élevé et sur-
monté d’énormes Fougères arborescentes, aux
stipes noirs et hirsutes, et dont les larges fron-
daisons s’étalaient gracieusement au-dessus
des fleurs. Du sommet du massif, des ruis-
selets retombaient en légères cascades, don-
nant aux Orchidées une fraîcheur fortifiante et
produisant un murmure charmant.
Une très-légère critique : l’espace qui s’étend
entre l’entrée principale et celle du Pavillon
de la Ville n’annonçait en rien une Exposition
de plantes. A part quatre ou cinq pieds d’An-
thémis, il n’y avait là que deux kiosques
posés à nu sur le sol, et une collection de
bancs de toutes les formes et de toutes les
couleurs.
Quelques arbustes verts et la moindre gar-
niture de plantes vivaces ou autres auraient
donné un peu d’harmonie et de gaîté à cette
partie sacrifiée.
Comme innovation heureuse, citons les
grands panneaux de treillages décoratifs qui
cachaient en partie la nudité des parois inté-
rieures du Pavillon.
Les plantes nouvelles . étaient représentées
d’une manière intéressante.
M. Bleu a obtenu de ravissants hybrides de
Bertolonia ; parmi les formes assez nom-
breuses qu’il avait placées là, dans une sorte
d’écrin, comme les bijoux de la végétation, les
plus jolies étaient : B. Marie-Thérèse de la
Devansaye , feuilles ovales, vert bronzé, ner-
vures et ponctuations carmin à reflets métal-
liques : Madame Aug. Van Geert, feuilles cor-
diformes, vert bronzé, nervures et ponctuations
blanc d’argent lavé de rose nacré ; Souvenir de
L. Van Houtte, feuilles très-grandes, allon-
gées, vert brun foncé, nervures très-larges ; ces
nervures, ainsi que les ponctuations, sont
blanc d’argent diversement lavé de carmin.
Les Caladiums bulbeux nouveaux de M. Bleu
sont : Comtesse de Brosse , ravissant feuillage
rose pâle, sillonné de carmin foncé ; Louis B.
Van Houtte , limbe rouge cuivré, nervures vio-
let foncé ; Mistress Harry Veitch , magni-
fique variété rouge intense à reflets dorés.
Du même présentateur, deux nouveaux et
fort jolis Bégonia Bex : Jeanne Laforge, feuille
allongée, acuminée, centre violet entouré de
vert émeraude, zone extérieure parsemée de
taches violet argenté ; Mademoiselle Louisa
Viault , feuille orbiculaire acuminée, centre
brun foncé, le reste argenté.
M. E. Piret, d’Argenteuil, qui a rapporté de
l’Amérique centrale de nombreux Cattleya
Mossiæ , présentait : le Cattleya Mossiæ varia-
bilis , forme originaire de Caracas, à fleurs
grandes, blanc légèrement rosé, labelle blanc à
gorge jaunâtre largement maculée de rose vio-
lacé ; — le C. M. Beineckeana , représenté par
deux formes très-jolies, originaire du Yénézuela,
à fleurs blanc pur; le labelle a les bords frisés,
ondulés, blanc pur, et le centre largement mar-
qué de carmin.
L’horticulture belge était très-dignement
représentée par Mme Block, de Bruxelles ;
Fig'. (31. — Le massif central d’Orchidées, à l’Exposition d’horticulture de Paris.
274
EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
dans un envoi très-nombreux, dont nous au-
rons occasion de reparler plus loin, les plantes
nouvelles ci-après indiquées attiraient l’atten-
tion des connaisseurs : Alocasia Président
Oswald de Kerkhove , joli hybride obtenu par
le croisement des il. Putzeysii et Thibautii; la
feuille, longue actuellement de 75 centimètres,
a le fond vert foncé, sur lequel se détachent
de larges nervures d’un blanc laiteux ; Anthu-
rium Scherzerianum albo-lineatum , forme â
caractère bien nouveau ; la spathe est marquée
longitudinalement de bandes blanc pâle ; une
magnifique Broméliacée non nommée, dont le
port rappelle de très-près celui d’un Vriesea ,
à feuilles longues de 80 centimètres, larges de
18, très-épaisses, vert violacé en dessus, vio-
let en dessous; Dracæna Knausei , à feuilles
larges, nombreuses, vert bronzé panaché de
rouge carmin et de blanc rosé.
Dans le remarquable lot d’Orchidées de
M. Sander, de Londres, qui a obtenu le grand
prix d’honneur de l’Exposition, quelques nou-
veautés: Cypripedium Carnianum, fleurs de
dimensions moyennes, étendard à fond blanc,
rayé-strié de rose et de carmin violacé, sépales
latéraux roux violacé, labelle violet; un Cat-
tleya non nommé, voisin des C. dolosa et no-
bilior , à pétales non ondulés, non frangés,
violet pâle, labelle carmin vif, très-court, à
extrémité arrondie, jaune pâle, très-légère-
ment rosé aux extrémités, colonne grosse,
blanc pur ; quelques formes très-jolies d’O-
dontoglossum vexillarium , fleurs grandes,
quelques-unes presque entièrement carmin
foncé.
Parmi les autres nouveautés intéressantes, il
convient de citer les jolis Bégonias hybrides
du Rex-Diadema de M. E. Cappe, du Yésinet;
un Agave americana aurea de M. Simon, à
feuilles vert pâle, marquées longitudinalement
de jaune d’or ; YEvonymus pulchellus foliis
variegatis , de M. Moser, de Versailles, jolie
variété naine et compacte, à feuilles très-nom-
breuses, longues de 1 centimètre et demi, vert
foncé, à liseret blanc, plante précieuse pour
faire des bordures , et Ylmpatiens Sultani
à feuilles panachées, de M. G. Thénard, de
Bello-y.
Cette année encore, les honneurs de l’Expo-
sition ont été pour les Orchidées : M. Sander,
de Londres, n’avait pas craint de faire voyager
une collection immense. Citons, pour en don-
ner une idée, une touffe de Cattleya guttata
Leopoldi , haute de 1™ 25, large de l'n 50, et
comptant plus de cent tiges ; un Lælia pur-
purata haut de 80 centimètres, abondamment
fleuri; d’innombrables formes d ’Odontoglos-
sum crispum , O. vexillarium , de Cattleya
Mossiæ , Mendeli , Odontoglossum Harrya-
num , etc.
Les Orchidées introduites par M. Régnier
lui ont valu la plus haute récompense du
premier Concours. Quoi de plus beau, en effet,
que ces élégantes formes de Phalænopsis ama-
bilis , aux inflorescences étalées, retombantes,
chargées de larges fleurs aux épais et larges
pétales, d’un blanc mat ?
Remarqué, dans la collection de Mme Block,
de Bruxelles, un énorme pied de Cypripedium
Lawrenceanum , avoc trente hampes fleuries ;
un Cymbidium Lowii large de 2m 50, en pleine
floraison, de nombreux Cattleya Mossiæ , Men-
deli, etc. Dans le lot de M. Finet, d’Argen-
teuil, le ravissant Odontoglossum Roezli , dont
la fleur, d’un blanc pur, est marquée au
centre d’une large macule carmin et jaune
d’or. MM. Bleu, Duval, Chantin, avaient égale-
ment des collections d’Orchidées que nous re-
grettons de ne pouvoir décrire. Il nous suffira
de dire qu’elles étaient dignes d’eux.
M. Mantin, d’Olivet, près Orléans, consacre,
on le sait, une bonne partie des soins qu’il
donne aux Orchidées aux espèces pouvant
passer l’hiver en pleine terre sous le climat de
Paris. Il exposait une collection de soixante-dix
de ces espèces, toutes en parfaite floraison.
Que de précautions éclairées il a fallu pour ame-
ner toutes ces variétés à épanouir leur floraison
à la même époque !
Nous avons indiqué la disposition très-favo-
rable donnée au massif principal d’Orchidées ;
l’ossature de ce massif et les ruisselets qui le
parcouraient en tous sens avaient été cons-
truits par M. Ghassin.
Voici les représentants, provenant de toutes
les parties du monde, des plantes carnivores.
MM. Veitch, de Londres, nous montrent des
spécimens excessivement rares de ces végé-
taux, qu’à première vue, par leur couleur
presque toujours fauve et rouge, leurs formes
toutes spéciales, on devine être les pieuvres du
règne végétal. Cette plante velue, en touffe
haute de 35 centimètres, aux longues tenta-
cules recourbées, est le Drosera dichotoma,
de Bornéo. Quelle recherche de singularité la
nature n’a-t-elle pas apportée dans la formation
de ces Sarracenia flava Fildesii , aux longs
cornets allongés, vert clair; Sarracenia X me-
lanorhoda , vert et rouge; S. purpurea nana ,
forme arrondie, naine, vert et rouge; Sarra-
cenia X Courtii , plante couchée sur le sol,
rouge sang; Nepenthes Curtisii , de Bornéo,
au feuillage bronzé, urnes très-grandes, rouge
sang taché de jaune; Nepenthes Mastersiana ,
feuilles vert clair, urnes rouge intense.
Les plantes en collections de nos habiles
spécialistes de la région parisienne sont bien
représentées. Citons, parmi les variétés qui
forment la crème de chaque lot :
Galadiums bulbeux de M. Bleu : Madame
Wülaume , limbe blanc, presque transparent,
nervures vert noir ; Sofia , feuilles singulière-
ment arrondies, nervures roses, sur limbe
blanc pur ; Aurore boréale , feuilles très-
grandes, rouge clair, nervures rouge sang ;
Lulli, limbe vert, à nervures rouges, mar-
qué de larges taches blanches marbrées de
vert, etc.
EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
275
Bégonias tuberculeux de M. Robert, du
Vésinet : Roi des rouges , fleurs énormes,
rouge sang ; Beauté des parterres , fleurs
énormes, rose foncé, pétales fortement on-
dulés, étamines jaune d’or, en gros paquets
très-apparents ; variétés non nommées : fleurs
très-grandes, vermillon intense, jaune canari
vif, blanc pur, etc.
Bégonias tuberculeux à fleurs doubles, de
M. Loyson, de Dreux : n° 44, fleurs très-dou-
bles, grenat intense ; n° 37, rose saumoné ;
n° 40, fleurs très-grandes, rose lavé de ver-
millon ; n° 22, cramoisi, très-double ; n° 52,
blanc très-légèrement lavé de jaune.
Gloxinias de MM. Vallerand et Foucard,
formes nombreuses, toujours très-belles.
Pélargoniums zonales de M. Poirier, de
Versailles: Constance , rose vif; Aurore bo-
réale, vermillon; Avalanche, blanc pur ; Secré-
taire Cusin, blanc et rose chair ; Mistress
Strutt , rose foncé, très-légèrement carminé.
Lot très-bien disposé. Les variétés que nous
venons de citer, les meilleures de la collection,
étaient représentées chacune par un certain
nombre de pieds formant corbeille, ce qui
permettait de juger l’effet qu’on peut en obte-
tenir pour la décoration estivale des jardins.
Cinéraires doubles, de MM. Vilmorin-An-
drieux et Cie, variétés de plus en plus par-
faites, fleurs très-grosses, boules compactes,
coloris intenses très-variés.
Cinéraires simples, des mêmes exposants :
Bleu d’azur , grande fleur d’un coloris ravis-
sant et tout à fait nouveau ; Blanc à centre
violet, énormes fleurs à pétales étalés, d’un blanc
laiteux, centre très-large, violet foncé.
Calcéolaires herbacées de M. Leuret, d’Ar-
cueil, très-belles plantes, fleurs très-grandes,
très-nombreuses, coloris nombreux et bien
francs ; Velours pourpre, Jaune d’or, ponctué
de grenat, Rouge vif, tigré de jaune d’or, Car-
min foncé , etc.
Pensées de M. Falaise, de Billancourt.
Plantes annuelles : exposition de premier
ordre sous tous les rapports. Dans l’exposition
de MM. Vilmorin-Andrieux et Cie, on remar-
quait dans les milliers de plantes ravissantes
composant ce groupe : Lobelia Erinus , bleu
foncé presque noir ; Agératum blanc nain,
Phlox de Drummond blanc nain, Lobelia
Erinus Lindleyi, fleurs rose violacé. Des
mêmes exposants, de beaux lots de Calcéolaires
hybrides à grandes fleurs et de Calcéolaires à
petites fleurs, hybrides du C. rugosa.
Dans la même section, M. Forgeot, de
Paris, avait un lot très-bien disposé: les plantes
annuelles qui le composaient indiquaient une
sélection très -judicieuse des porte -graines.
M. Forgeot avait également envoyé quelques
pieds du Phytolacca decandra albo-variegata,
jolie plante à feuillage largement panaché,
qui fera de jolis groupes, l’été, dans les jardins.
Plantes vivaces, de M.Yvon, de Malakoff
(Seine);: ravissante collection qui rappelle que
les plantes si variées qui la composent ne sont
pas à beaucoup près aussi souvent employées
qu’elles devraient l’être. Remarqué : Convalla-
ria majalis foliis striatis, Muguet à très-
grandes feuilles vert noir, rayées en long de
blanc pur ; Cypripedium parviflorum, bourse
jaune d’or, Saxifraga granulata flore pleno,
inflorescence blanc pur, rappelant de très-près
une Giroflée à fleurs doubles.
Rhododendrons de M. Moser, de Versailles :
Madame Carvalho, fleurs blanc pur ; Schiller,
violet maculé noir, Princess Mary of Cam-
bridge, blanc rosé, bordé carmin, Ch. Dickens
carmin vif.
Vives félicitations à M. Moser, pour l’impor-
tance et le bon arrangement de son lot :
d’énormes exemplaires à hautes tiges (jusqu’à
4 mètres de hauteur) rompaient la régularité
que présentent trop souvent ces belles plantes
lorsqu’elles sont disposées en massif.
Rhododendrons de M. Croux, de Sceaux :
John Walter , rose cramoisi, H. Hunnewell,
très-grande fleur rouge cocciné, Lady Rolle,
blanc pur, maculé de cramoisi , Michael Waterer,
rouge laque tigré de noir ; Sir Thomas Se-
bright, violet purpurin, etc. Kalmias, du même
exposant, touffes compactes, couvertes de fleurs
blanc rosé, magnifiques.
Azalées de pleine terre, de MM. Croux et
Moser : Imperialis, rouge orange éblouissant ;
François Luppin, délicieux rose saumoné ;
W. E. Gumbleton, jaune paille; Alph. La-
vallée, rose orangé ; Ebenezer Pyke, vermillon
pâle, etc.
Clématites à grandes fleurs, de M. Christen,
Madame Furtado Heine , nouveauté à fleurs
rose vif, pétales étalés, arrondis, étamines
blanc pur. Cette belle variété sera mise cette
année au commerce. Marie Boisselot, fleurs
semi-doubles, blanc pur; Duchesse de Camba-
cérès, fleurs très-grandes, pétales étalés, violet
pâle uniforme ; Star of India, pétales larges,
violet foncé, etc.
Rosiers grimpants, du même exposant,
collection très-nombreuse et bien choisie.
Ma Capucine, simple, rouge capucine ; Beauty
of Glazenwood, fleurs demi-doubles, énormes,
jaune rosé ; Robusta, fleurs moyennes, carmin
foncé, etc., etc.
Rosiers variés. Jamais nous n’avons eu une
exposition de Rosiers plus belle que cette
année. Je crois que, sans exagérer, on peut
évaluer à cinq mille le nombre des magni-
fiques exemplaires exposés par MM. Charles
Verdier, Lévêque et fils, Margottin et Roth-
berg. Si l’on voulait donner la liste dés superbes
variétés que l’on y remarquait, quatre pages
de la Revue horticole ne suffiraient pas.
Les plantes à feuillage ornemental étaient
représentées par les magnifiques exemplaires
de M. Chantin, de Paris, de Mme Block, de
Bruxelles, par la belle collection de Bromé-
liacées et de plantes diverses de M. Jolibois,
jardinier-chef au Palais du Luxembourg, au
276
PÊCHE ROUGE DE MAI.
milieu desquelles le magnifique Hœmanthus
puniceus , au large feuillage ondulé, aux énormes
houppes rouge orangé éblouissant, attirait tous
les regards.
A signaler encore une très-intéressante
collection de plantes fleuries, pour les marchés,
présentée par M. Landry, de Paris : les
Cactées de M. Simon, et, du même expo-
sant, un groupe d ’Aloe spinosa à feuilles
vert foncé, à longue hampe de fleurs rouge
vermillon ; plantes qui, groupées par masses
sur un rocher, produisent un magnifique effet ;
les énormes pieds d’ Anthémis Comtesse de
Chambord , de M. Gillard.
Les plantes vivaces et à ognons étaient re-
présentées par les magnifiques Pivoines en
arbre de M. Paillet, de Sceaux. Citons, parmi
les plus belles variétés : Reine Élisabeth , très-
grande fleur, rouge brillant ; Jeanne d'Arc, fleur
énorme, rosé saumon ; Louise Mouchelet, fleur
énorme, couleur chair; Osiris , marron noir;
Lord Marcartney , rouge coquelicot, etc.; les
collections de M. Forgeot, où se faisait surtout
remarquer la Tulipe double jaune d’or.
Celles de M. Thiébaut, Tulipes superbes,
Renoncules Turban blanc pur , Turban car-
min; le Muguet Fortin, au feuillage, grappes
et fleurs énormes de M. Paillet ; les Iris de
M. Ch. Verdier.
Nous n’avons pas encore parlé d’une des
parties les plus intéressantes de l’exposition :
la confection de bouquets et autres objets de
décoration florale.
M. Lachaume a montré un réel talent artis-
tique dans ce genre, dont nous reparlerons
PÊCHE ROI
Si pour cette Pêche le qualificatif Rouge
de Mai est toujours forcé, c’est surtout
pour l’année 1887, puisque ses premiers
fruits, aux environs de Paris, n’ont pas
mûri avant le commencement d’août. Mais
en admettant même que la tardiveté excep-
tionnelle de l’année passée ait été de trois
semaines, cette Pêche, qui, disait-on, avait
mûri en mai, ne pouvait guère, norma-
lement, mûrir avant la seconde quinzaine
de juillet. Toutefois, ce n’en est pas moins
une variété méritante au point de vue de la
culture comme sorte hâtive. En voici une
description :
*' Arbre d’une bonne vigueur moyenne, produc-
tive, à scions couverts d’une écorce olivâtre ou
rougeâtre. Feuilles dépourvues de glandes, gran-
des, planes, courtement pétiolées, à bords fine-
ment denticulés, serrés. Fleurs rosacées assez
grandes, d’un beau rose. Fruits subsphériques,
légèrement aplatis, largement et irrégulière-
ment arrondis, sensiblement sillonnés d’un
côté, portant au sommet du fruit un mucron
conique court, mais relativement fort, attei-
très-prochainement ; et Mme Jeangirard, dont
l’établissement est situé aux Halles centrales,
a prouvé que là aussi on sait tirer parti d’une
manière très-heureuse des monceaux de fleurs
qui arrivent chaque nuit. A signaler également
les compositions en fleurs et Graminées sèches
de M. F. Parent.
En dehors des publications spéciales pério-
diques, l’instruction horticole était peu repré-
sentée.
Citons cependant la collection de plantes arti-
ficielles de M11® Marie Fortier, avec échantillons
très-bien imités, comprenant, pour chaque es-
pèce, un rameau avec feuilles, fleurs et fruits;
l’herbier de M. Jolly, où tous les échantillons
ont conservé leurs couleurs, pour les fleurs et
pour le feuillage (M. Jolly nous a dit qu’il ob-
tenait ce résultat en empoisonnant, non pas
les plantes elles-mêmes, mais le papier sur
lequel elles sont appliquées. Les insectes sont,
paraît-il, éloignés de la sorte d’une manière
suffisante, et les coloris ne sont pas altérés) ;
et les belles collections d’insectes utiles et nui-
sibles de MM. Ramé et Chevalier.
Nous publions plus loin la liste complète des
récompenses décernées à l’Exposition de la So-
ciété nationale et centrale d’horticulture de
France. Au lieu de suivre la nomenclature offi-
cielle, par concours, avec les diverses récom-
penses décernées dans chacun d’eux, nous avons
pensé qu’il était préférable de donner par ordre
alphabétique la liste de tous les exposants ré-
compensés, avec le détail de toutes les récom-
penses obtenues par chaque lauréat dans les
divers concours. Ch. Thays.
GE DE MAI
gnant 6-7 centimètres de diamètre sur environ
55 millimètres de hauteur. Peau rouge sang
vineux, très-foncé, presque sur toutes les par-
ties, même sur celles qui sont ombragées, qui,
alors, sont fortement marbrées, courtement
velues, se détachant très-facilement de la
chair, qui est parfois légèrement colorée sur la
peau. Chair blanche plus ou moins adhérente
au noyau, fine, fondante, extrêmement juteuse ;
eau sucrée légèrement acidulée, très-abon-
dante. Noyau roux, assez courtement rustiqué,
renflé sur les deux faces, courtement mais
sensiblement mucroné.
Sans être aussi hâtif que semble l’indi-
quer son nom, le Pêcher Rouge de Mai
fait néanmoins partie de la première série
et vient avec les variétés Cumberland,
Waterloo, Downing, Musser et même
Amsden et Alexander; seulement, elle
nous a paru un peu plus forte et plus co-
lorée, bien faite, en un mot, pour être une
excellente variété de commerce, avanta-
geuse au point de vue de la spéculation.
E.-A. Carrière.
GocbxrcL, del-.
Pêche roiuje
de Mai.
Remise Horticole >
Chrov boHûo. G-.Severeyiit .
CHOU DE BRUXELLES DEMI-NAIN DE LA HALLE.
277
CHOU DE BRUXELLES DEMI-NAIN DE LA HALLE
A mesure que la culture de chaque sorte
se perfectionne, les races se spécialisent et
par suite le nombre des variétés augmente.
C’est ce que chacun remarque en voyant les
catalogues des marchands s’allonger d’année
en année, et de là vient le reproche d’exa-
gération qu’on leur adresse souvent en
disant que trois ou quatre bonnes races va-
lent autant que douze ou quinze médiocres.
Ce serait juste si c’était vrai, mais cette
critique tombe à faux, comme beaucoup
d’autres qui, pour prendre des airs sen-
tencieux et plausibles, n’en sont pas moins
parfaitement injus-
tes. D’abord, il n’y
a pas de raison pour
que les douze ou
quinze variétés soient
moins bonnes que
les deux ou trois, et
ensuite il y a place
pour toutes, et pour
d’autres en plus qui
ne sont pas encore
nées , dans l’im -
mense multiplicité
des conditions où
sont placés les cul-
tivateurs.
Considérez, par
exemple, l’approvi-
sionnement de Pa-
ris. Il se fait, d’une
part, au moyen des
produits de la ban-
lieue, d’abord forcés,
puis obtenus en sai-
son, puis enfin retardés pour prolonger la
vente ; d’autre part, au moyen des mêmes
produits cultivés dans des centres plus éloi-
gnés de la capitale et expédiés par chemin de
fer. A chacun de ces modes de culture, à
chaque saison et à chaque localité, corres-
pondra une race spéciale qui y donnera les
meilleurs résultats et qui, si elle est bien fixe
et vraiment remarquable, a chance de deve-
nir une variété connue, recherchée et répan-
due par le commerce pour être cultivée dans
des conditions analogues à celles où elle a
pris naissance. Multipliez le nombre de ces
variétés locales par la diversité des goûts
des consommateurs et vous serez étonné
qu’au lieu de cinquante Choux, vingt Lai-
tues et dix Epinards, les catalogues spé-
ciaux ne vous en offrent pas quatre fois
autant. Toutes auraient leur utilité et leur
emploi, et c’est seulement le peu d’impor-
tance de la consommation qui empêche
beaucoup de variétés légumières de figurer
sur les listes commerciales ou d’y faire
autre chose qu’une apparition passagère.
Il y a quelques années, à l’un des Con-
cours agricoles du mois de février, au Palais
de l’Industrie, un cultivateur des environs
de Paris n’avait pas présenté moins de cinq
variétés distinctes de Choux de Bruxelles,
différant les unes des autres seulement par la
hauteur de leur tige.
La plus haute attei-
gnait environ lm 30,
tandis que la plus
basse dépassait à
peine 25 centimètres.
C’est à peu près vers
le milieu de cette
série de Choux de
Bruxelles qu’il faut
placer la race dont
nous présentons au-
jourd’hui la figure
aux lecteurs de la
Revue. Elle s’élève,
en effet, à 70 ou
80 centimètres, avec
un port ferme et
dressé, des feuilles
creusées en cuiller,
d’un vert grisâtre
et terne, avec une
teinte lilacée assez
marquée sur les pé-
tioles et aux aisselles des feuilles. Comme
tous les Choux de Bruxelles cultivés aux
environs de Paris et pour la consommation
parisienne, cette race a les jets petits et bien
serrés. Soit par tradition, soit par bon goût
naturel, nous avons conservé à Paris la pré-
férence qu’ont les Bruxellois pour les
Pommes petites, fermes, bien pleines et
nombreuses. Ce n’est pas sur nos marchés,
ni dans nos expositions que l’on ferait ad-
mirer les races anglaises dont les Pommes
atteignent presque le volume d’une bille de
billard, ou s’efforcent au moins de l’at-
teindre. Bien loin de constituer un progrès
véritable, cet accroissement du volume des
jets fait perdre au Chou de Bruxelles son
principal mérite, qui est de donner des bou-
Fig. 02. — Chou de Bruxelles demi-nain
de la Halle.
278 LES LÉGUMES A L’EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE.
chées toutes préparées, et il change les pe-
tites Pommes, si nettes et de grosseur si
bien mesurée, en de gros paquets de feuilles,
qu’il faut couper à la fourchette et qui sont
aussi peu agréables à voir que disgracieux
à manger.
Rien de semblable avec le Chou de
Bruxelles demi-nain de la Halle (fig. 62). Les
jets n’en sont pas plus gros que l’extrémité du
doigt et ils sont très-fermes, se développent
graduellement de bas en haut sur les tiges ;
ils se succèdent pendant plusieurs semaines
sur chaque pied, et, en échelonnant les
LES LÉGUMES
DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE
C’est surtout aux produits maraîchers que
l’hiver interminable que nous avons eu cette
année a été préjudiciable. C’est ce qui explique
le petit nombre des exposants qui, cette
fois, ont fait des envois au Pavillon de la Ville
de Paris.
Heureusement, les cultivateurs de premier
ordre étaient là, et ce qu’ils soumettaient à
l’appréciation du jury, à l’examen des visiteurs,
comporte largement une étude spéciale.
La maison Vilmorin, And.rieux et Cie venait
en première ligne. Ses produits, comme d’ail-
leurs la plupart de ceux des autres exposants,
sont cultivés en pots, ce qui leur permet de
rester en très-bonne condition toute la durée
de l’exposition et facilite l’examen de leurs di-
verses qualités. Nous avons surtout remarqué
une collection de Laitues. Ne pouvant pas par-
ler de toutes, nous allons citer les plus inté-
ressantes. C’est d’abord, pour la culture forcée,
la Laitue Gotte à graine noire; la Laitue
Georges , pour côtière, et la Laitue de la Pas-
sion blanche , forme excessivement rustique ;
puis, pour l’été, les Laitues Lorthois , Grosse
Normande , Palatine rousse , Merveille des
quatre saisons.
Dans les Romaines, les plus recomman-
dables étaient la Romaine verte maraîchère , la
R. grise , l’une et l’autre pour forcer, et, pour
la culture normale, la R. blonde.
Rien à dire des Radis, si ce n’est qu’il y en a
maintenant de toutes les couleurs, ce qui ne
peut être qu’agréable aux maîtresses de mai-
son, pour donner un aspect plus attrayant aux
hors-d’œuvre servis sur leurs tables.
Le Navet Marteau est encore à notre avis
supérieur à toutes les autres variétés, ainsi
que, dans un autre genre, la Pomme de terre
Rigault. A placer en première ligne égale-
semis pendant les mois d’avril, mai et juin,
on peut prolonger de beaucoup la période
de production de cet excellent légume.
La variété que nous décrivons aujourd’hui
a été mise au commerce l’hiver dernier par
MM. Vilmorin, Andrieux et Cie, qui ont bien
voulu nous en prêter la figure. Nous croyons
ce Chou de Bruxelles appelé à se répandre,
parce que, très-rustique, productif et facile
à cultiver, il répond bien, par la nature de
son produit, aux goûts du public français.
Ed. André.
1 L’EXPOSITION
D’HORTICULTURE DE FRANCE
ment, le Concombre vert long anglais, le Con-
combre blanc , le Cornichon fin de Meaux , la
Tomate grosse lisse , le Chou-Fleur Alleaume,
l’Aubergine violette longue et le Piment
Tomate.
Dans une collection assez nombreuse de
Mâches, les deux préférables nous ont paru
être la Mâche d 'Italie et la M. ronde à grosse
graine.
Les Pois Express à rames et nain vert hâtif
réunissent toutes les qualités que l’on peut
demander à ce légume, qui ne supporte pas la
médiocrité. Citons encore le Haricot Bonne-
main et le H.’ Flageolet Beurre.
M. Cousin, de Gennevilliers, présentait un
joli lot varié. Ses Fraises Docteur Morère , sir
Joseph Paxton , étaient superbes de forme, de
parfum et de maturité. Remarqué également
dans son lot : Tomate Princesse des Tomates ,
Chou-Fleur demi-dur , Melon Prescott.
La Société de secours mutuels des maraî-
chers de la Seine avait envoyé un lot fort res-
pectable caractérisé par une culture irrépro-
chable et une sélection très-entendue des
variétés.
M. Forgeot, grainier à Paris, présentait
également un lot assez important où nous
avons retrouvé la plupart des variétés remar-
quées chez MM. Vilmorin, et aussi : les Hari-
cots Chevrier , Merveille de France , à la Reli-
gieuse ou Saint-Esprit , les Pois Beck’s Gem , et
Alaska à rames.
Comme spécimens atteignant des proportions
de plus en plus extraordinaires, on remarquait
les Asperges de M. Lhérault, d’Argenteuil ;
celles de M. Auguste Renard, de Suresnes, et
les Poireaux de M. Joseph Rigault, de Groslay
(Seine-et-Oise).
A. Duvillard.
LA DESTRUCTION DES MOUSSES PAR LE SULFATE DE FER.
279
LÀ DESTRUCTION DES MOUSSES PAR LE SULFATE DE FER
Les usages du sulfate de fer en horticul-
ture se rapportent à ces deux propriétés
distinctes : 1° destruction des Mousses et
des autres parasites du sol ; 2° action
comme engrais.
Nous nous occuperons aujourd’hui de la
première, ce point intéressant plus spécia-
lement les lecteurs de la Revue horticole.
Les notes suivantes sont le résumé des
résultats obtenus par M. Muntz, profes-
seur à l’Institut national agronomique, par
M. Lambin, professeur de la Société d’hor-
ticulture de Soissons, et d’autres personnes,
qui l’ont également employé sur nos indi-
cations; nous y joindrons les résultats de
nos expériences personnelles.
La destruction des Mousses par le sulfate
de fer est fondée sur ce principe que ce
corps, engrais à dose modérée, est poison à
dose élevée. Cette dose correspond à une
absorption, par les végétaux, d’une quantité
d’oxyde de fer telle que leurs cendres en
contiennent plus de 10 p. 100 de leur poids.
Ainsi deux plantes dont les poids sont dans
des rapports de 100 à 10 étant traitées par
la même dose de sulfate de fer, la première
se développera énergiquement, la seconde
périra, le même poids de fer correspondant
à ^ du poids total pour la première, et à
-73- pour la seconde.
Les Mousses étant un organisme plus
faible que les herbes des pelouses, la dose
de sulfate de fer qui tuera les unes est infé-
rieure à celle qui pourrait nuire aux autres.
Il faut bien se pénétrer de ce principe pour
éviter les insuccès ; sur son application est
fondée toute la méthode ; on peut la résu-
mer ainsi : répandre sur les gazons assez de
sulfate de fer pour tuer la Mousse, pas assez
pour nuire à l’herbe.
Ceci dit, nous examinerons successive-
ment : 1° les doses à employer ; 2° le mode
d’emploi ; 3° l’époque d’utilisation ; 4° le
mode d’action ; 5° les résultats.
1° Doses ci employer. — Elles varieront
évidemment avec la force de l’herbe; à un
gazon jeune conviennent des doses faibles,
à un gazon plus vieux, plus compact, des
doses plus énergiques.
La dose moyenne est 300 kilog. par hec-
tare, soit 3 kilog. par 100 mètres carrés;
les limites extrêmes sont généralement 200
et 600 kilog. Sur un gazon feutré- comme
celui du jardin de la Société d’horticulture j
de Soissons, on mettra 500 kilog. par hec-
tare. Sur d’autres plus vieux encore et plus
forts, cette dose de 500 kilog. a même été
insuffisante ; une nouvelle dose de 300 kil.
a dû être répandue sur certaines parties
plus chargées de Mousse que les autres.
D’ordinaire, il vaudra mieux procéder par
deux applications successives à quinze jours
ou trois semaines d’intervalle en commen-
çant par 300 kilog., et redoublant ensuite
par une dose égale si l’effet est incomplet,
ou par une dose plus forte si les Mousses
reprenaient avec trop de vigueur. Pour de
premiers essais surtout, nous engageons
vivement à procéder ainsi ; quand on se
sera rendu maître du procédé par une
petite application à dose modérée, on abor-
dera directement les doses plus élevées.
Il est très-important de se rendre bien
compte de la surface à traiter : un proprié-
taire ayant éprouvé un insuccès, l’enquête
faite avec lui montra qu’on avait employé
en une seule fois 400 kilog. sur une surface
mal mesurée qui se trouva être de 10 ares;
cette dose correspondait donc à 4,000 kilog.
à l’hectare; c’était plus du double de celle
nécessaire.
2° Mode d’emploi. — Le meilleur mode
d’emploi est l’emploi en dissolution ; c’est le
plus sûr moyen d’arriver à l’épandage régu-
lier ; il n’est pratique pourtant que sur de
petites surfaces, mais pour le jardinage il
ne saurait être trop recommandé.
La dissolution se fera en ajoutant
500 grammes de sel à 10 litres d’eau ou
5 kilog. par hectolitre. Pour faciliter le tra-
vail, on peut préparer une liqueur concen-
trée avec 40 kilog. de sel dans un hectolitre
d’eau pure, prendre un litre et quart de la
liqueur ainsi formée, qu’on mettra dans
chaque arrosoir de 40 litres.
La dissolution doit se faire dans un vase
en bois, un vieux tonneau par exemple ; dans
l’arrosoir on mettra l’eau pure d’abord, la
liqueur ensuite ; la jauge sera un petit seau
en bois ou un vase en poterie vernissée, le
robinet du tonneau sera également en bois.
Avec un arrosoir de 40 litres de liquide
ainsi formé, on devra couvrir :
45 m. carrés pour représenter 300 kil. parhect.
40 m. carrés — — 500 kil. —
Autant que possible, faire cette dissolution
J dans de l’eau de citerne et au moment de
280
LA DESTRUCTION DES MOUSSES PAR LE SULFATE DE FER.
s’en servir, la dissolution en vieillissant
perd de sa force; elle perd aussi de sa qua-
lité si elle est préparée avec des eaux très-
calcaires ; dans ce cas forcer la dose de quel-
ques kilog. par hectare.
Pourtant cet emploi en dissolution n’est
nullement indispensable. A son défaut, on
fera un mélange intime du sel avec six à
huit fois autant de terre, de sable, de ter-
reau, de plâtre, etc.
Pour obtenir ce mélange intime, on
mettra d’abord sur le sol quelques centi-
mètres du sable ou de la matière servant au
mélange, puis sur cette terre on répandra
une première couche de sulfate de fer, on
ajoutera dessus une seconde couche de terre,
puis une seconde partie du sulfate de fer et
ainsi de suite jusqu’à complet épuisement
des quantités de terre et de sulfate ; le
tout sera ensuite réuni en un tas homogène
et retourné deux ou trois fois.
L’épandage du mélange ainsi obtenu se
fera à la pelle, en lançant chaque pelletée
presque verticalement pour obtenir un
épandage régulier.
Cette dernière méthode n’est pas plus
indispensable à suivre qu’aucune autre pou-
vant assurer un épandage régulier. Ainsi,
quelques jardiniers préfèrent semer simple-
ment le sel à la main, comme on sème le
blé ou toute autre semence.
Il est bien entendu que pour obtenir dans
les deux cas un effet satisfaisant, il faut
employer le sulfate en poudre ou en cristaux
fins de la grosseur environ du sel de cui-
sine.
3° Époque d’utilisation. — La végéta-
tion sur les pelouses ayant lieu toute l’an-
née, on peut y employer le sulfate de fer à
toute époque de la végétation presque indif-
féremment.
Nous avons fait des essais l’année der-
nière tous les mois, depuis février jusqu’à
novembre, et toujours avec succès; nous
étudions, en ce moment, si une époque de
l’année est réellement préférable à l’autre,
mais dans l’état actuel de nos expériences
aucun fait ne milite en faveur d’une date
plutôt que d’une autre; tout au plus peut-on
dire qu’il y aurait quelque avantage à opé-
rer en mars ou en avril au moment des
pluies, surtout quand on n’emploie pas le
sulfate à l’état de dissolution. Dès qu’on est
décidé à faire l’essai, le plus tôt est le meil-
leur.
Quand on n’a pas fait l’emploi en mars
ou en avril, il conviendra généralement d’at-
tendre pour les gazons la première coupe.
4° Mode d’action. — L’effet du sulfate
de fer se traduit par le noircissement des
Mousses, qui se desséchent et tombent en
poudre.
Ce point est intéressant à noter parce
qu’il indique quand on a bien opéré et sur-
tout quand la dose a été convenable. Si elle
a été insuffisante, la Mousse devient seule-
ment grise ou roussit ; elle renait alors en
partie au bout de quelque temps ; il est né-
cessaire, dans ce cas, de faire une seconde
application sur les points ainsi incomplète-
ment atteints.
Quelquefois les deux traitements de la
première année sont insuffisants, et il faut
recommencer l’année suivante.
5° Résultats. — M. Heuzé, dans le rap-
port lu par lui sur ce sujet à la Société na-
tionale d’agriculture en 1887, dit qu’il y a
lieu d’attendre deux ans avant de se pro-
noncer.
On peut déjà tirer quelques conclusions
des résultats de deux essais faits l’année der-
nière au jardin de la Société d’horticulture
de Soissons; l’essai exécuté en 1887 a été
assez satisfaisant pour que cette année le
traitement ait été appliqué sur toute la sur-
face des pelouses.
Quant aux pièces traitées par nous, sur
une partie (plus de la moitié de la surface
d’essai), l’opération, répétée deux fois l’an-
née dernière, en avril et en juillet, a pro-
duit un effet absolument complet; cette
partie est aujourd’hui totalement débarrassée
de Mousse, et. l’herbe y est remarquable-
ment vigoureuse; sur l’autre nous avons dû
faire un second traitement double aussi cette
année, fin de mars et commencement de mai,
et tout fait espérer qu’il sera suffisant. Une
surface égale, contiguë à celle ayant servi à
ces expériences et qui n’a reçu aucun trai-
tement, reste absolument rongée par la
Mousse.
La méthode semble donc avoir fait ses
preuves.
Il est bien entendu que, le développement
des Mousses indiquant généralement une
terre appauvrie, il sera nécessaire, après
leur destruction, de répandre sur les pe-
louses les engrais nécessaires, plâtre, phos-
phate, nitrate de soude ou terreau ; on ne
peut demander au sulfate de fer de fournir
aux plantes l’acide phospliorique, la chaux
ou l’azote, si le sol en est dépourvu.
P. Margueritte Delacharlonny,
Ingénieur des atts et manufactures
à Urcel (Aisne).
LES ARTS ET INDUSTRIES HORTICOLES A L’EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE. 281
LES ARTS ET INDUSTRIES HORTICOLES
A L’EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
Depuis l’Exposition internationale de 1885,
celle de cette année a été la plus remarquable
par la richesse de ses produits et son excellente
disposition; elle a été favorisée, le jour de l’ou-
verture et les suivants, par les plus magni-
fiques journées de printemps dont nous ayons
encore joui.
L’industrie horticole n’était pas restée en
arrière, et si la splendide réunion d’Orchidées
formant le massif central de la grande salle a
excité l’admiration des visiteurs, la construc-
tion rustique de M. Ghassin était digne de la
recevoir; elle représentait un rocher ovale
dont la partie supérieure, ombragée de grands
Palmiers et de Fougères arborescentes, laissait
échapper entre les roches quatre petits ruis-
seaux sinueux, qui étaient les limites de
quatre magnifiques lots d’Orchidées, ét dont
les eaux limpides, courant sous les feuillages et
les fleurs, faisaient de petites cascades : on
avait créé là une ceinture fraîche et pitto-
resque à la plus charmante collection de
plantes rares qui ait jamais été réunie.
Les statues et le vase exposés par le "Val
d’Osne, qui formaient le centre des magni-
fiques corbeilles de l’entrée de la salle, bien
qu’en fonte bronzée, produisaient un effet ar-
tistique accompagnant très-gracieusement ces
richesses horticoles.
Les parois du Pavillon de la Ville étaient,
cette année, décorées de jolis treillages de
divers styles par MM. Simard, Groseil et fils,
qui exposaient aussi de beaux kiosques en bois
rustique; ils ont obtenu des premiers prix bien
mérités.
Gomme les années précédentes, l’avenue ré-
servée à l’industrie horticole proprement dite
était très-remplie, mais sans offrir rien de bien
nouveau.
Les constructeurs de serres et châssis s’ap-
pliquent à perfectionner leur travail et surtout
à le produire à bon marché, parce que les
propriétaires sont souvent, pour ce genre de
construction, préoccupés surtout de la question
d’économie.
Il y avait beaucoup de grandes et belles serres,
dont quelques-unes en bois; les expositions de
MM. Cochu, André, Bergerot, Grenthe, Izam-
bert, Guillot-Pelletier, Beuzelin, étaient dignes
de la réputation bien établie de ces maisons.
Les appareils de chauffage de serres ou ther-
mosiphons étaient également nombreux et
très-bien compris ; ils reviennent à peu près tous
au même principe, appliqué par récipients
horizontaux ou verticaux, en cuivre ou en fer;
aussi de nombreux constructeurs, parmi les-
quels MM. Lebœuf, Martre, Mathieu, Lusseau,
ont obtenu des médailles de vermeil et d’argent.
Une médaille de vermeil a été attribuée à
une invention nouvelle pour le chauffage des
petites serres, vérandahs, etc. G’est le poêle
thermosiphon mobile de M. Paul Lebœuf qui
réalise, pour ces serres ou salons de fleurs
accompagnant aujourd’hui les appartements,
tous les avantages de mobilité du Ghoubersky,
mais avec la chaleur douce et régulière du
thermosiphon ; son prix peu élevé le met à la
portée de tous.
L’industrie des claies et paillassons était re-
présentée par de nombreux apports, parmi
lesquels nous citerons ceux de MM. Lusseau,
Anfroy, Dorléans, Lebœuf.
Les spécimens de pompes et appareils d’ar-
rosage avaient été apportés par les meilleurs
fabricants, tels que : MM. Beaume, Debray,
Broquet, Carré, Raveneau, etc. ; mais, encore
de ce côté, rien de bien nouveau. On ne peut
toujours changer; cette industrie est arrivée à
un tel degré de perfectionnement que le mieux
pourrait être quelquefois l’ennemi du bien.
Une industrie nouvelle, celle des vaporisa-
teurs et pulvérisateurs, a produit des appareils
bien remarquables, notamment le tanatophore
de M. Martre, qui a l’avantage de diviser à
l’infini les parties volatiles du tabac, qui pé-
nètrent ainsi dans les moindres interstices des
fleurs et des feuilles, de permettre de faire
l’allumage et la combustion en dehors de la
serre et de mouvoir facilement l’appareil en
réglant son action, enfin, de ne pas dessécher
ni altérer les plantes délicates. M. Ricada a
aussi construit un appareil obtenant les mêmes
résultats.
Les meubles de jardins les plus jolis, les
plus confortables, étaient exposés par les meil-
leurs fabricants : MM. Yisseaux, Perret,
Couette, etc. ; nous avons remarqué le petit
tabouret pliant portatif de M. Villain, très-com-
mode, léger et solide ; il applique avantageuse-
ment le même principe à d’autres meubles de
campagne pour l’usage des artistes et des cam-
pements.
Parmi les plus jolis objets d’ornementation
des jardins, il faut citer toujours les belles
faïences de M. Duval, qui reproduit si bien les
vases vieux Rouen et autres ; les vases en
fonte émaillée de MM. Pâris, Lajourdie et Ni-
colas, plus solides, mais moins élégants. Les
charmantes jardinières et cache-pots en porce-
laine et faïences de M. Lavoivre et les belles
statues et vases en béton agglomérés de
M. Dubos.
Nous citerons en passant les réservoirs en
ciment de M. Monier fils, de M. Deniau, très-
solides et économiques dans les jardins.
De très-belles grilles en fer forgé construites
LA BATAILLE DE FLEURS AU BOIS DE BOULOGNE.
‘282
par MM. Michelin, Bergeotte, Louet, étaient
placées à l’entrée et aux principaux points de
l’enceinte de l’Exposition. Il y avait aussi de
jolis kiosques et ponts en fer, des grilles éco-
nomiques pour communs ; ces ouvrages, bien
que ressortissant plus de la serrurerie de bâ-
timent que de l’horticulture, complètent bien
l’aménagement d’une belle propriété de cam-
pagne.
Les principaux fabricants de bacs et caisses
avaient exposé des modèles les plus variés
pour la forme, l’ornementation et les prix.
Nous citerons parmi eux MM. Javelin, Lau-
rin, Figus, Ancelin et MU« Loyre.
La coutellerie et la quincaillerie horticoles
étaient au complet; cette industrie est arrivée
à un grand degré de perfectionnement, sous
les deux rapports de la bonne fabrication et
du bon marché. Outre les expositions de
M. Borel, de M. Métenier, citons celle de
M. Aubry, dans laquelle nous avons remarqué
les échenilloirs et ébrancheurs d’un nouveau
système, ainsi que son coupe-sève pour l’inci-
sion annulaire. M. Rousseau exposait sa sar-
cleuse-bineuse d’un emploi si utile et si pra-
tique. Tous ces instruments ont été, d’ailleurs,
précédemment décrits dans la Revue horticole.
Il y avait à remarquer un assortiment de
petits objets bien variés, bon marché et pou-
«
LA BATAILLE DE FLEUR
Depuis plusieurs années, dans la semaine
qui précède le Grand Prix, un comité or-
ganise, au Bois de Boulogne, une fête des
fleurs dans le genre de celles qui ont lieu,
chaque hiver, à Nice.
Jusqu’ici, le mauvais temps était venu
contrecarrer toutes les dispositions prises,
et les résultats n’avaient été que peu satis-
faisants.
Cette année, au contraire, un soleil ra-
dieux a donné à cette fête un entrain indes-
criptible, et la réussite a été complète.
Pour donner une idée à peu près exacte
des proportions qu’a prises le combat, il
nous suffira de dire que 63 fleuristes, qui
avaient installé leurs boutiques provisoires
aux abords de l’endroit où la bataille avait
lieu, ont vendu chacun environ cent bou-
quets mesurant en moyenne 20 centimètres
de diamètre, et dont le prix, fixé à l’avance
entre eux par une sorte de syndicat, était
de 0 fr. 50.
Les munitions se composaient en outre de
toutes les fleurs apportées dans leurs voi-
tures par les combattants eux -mêmes et
d’une multitude de petits bouquets de
0,10 centimes vendus par des enfants et des
jeunes filles qui couraient entre les voitures.
vaut être très-utiles, fabriqués par M. Pesclieux
pour tuteurs de Fraisiers, Œillets, porte-pots,
gradins et étagères, pliants ou tournants.
La cueilleuse de M. Dubois intéresse tou-
jours vivement les visiteurs.
M. Éon, fabricant d’instruments d’optique et
de météorologie, avait exposé ses thermo-
mètres et baromètres perfectionnés à minima
et maxima avec indicateurs électriques, et ses
hygromètres, pluviomètres, alcoomètres et
pèse-liquides. Une médaille d’argent lui a été
décernée pour son thermométrographe de
Belloni, qu’il a rendu d’une application plus
facile et d’un prix plus accessible.
En terminant, mentionnons les insecticides
de M. Remilly, les engrais horticoles de
M. Marguerite-Delacharlonny, dont les études
spéciales sur l’emploi du sulfate de fer en hor-
ticulture ont été plusieurs fois relatées dans la
Revue; enfin, le mastic, aujourd’hui presque
classique, de M. Lhomme-Lefort.
En résumé, l’Exposition des arts et indus-
tries horticoles était dès plus complètes et des
mieux réussies; elle était l’annexe indispen-
sable de l’Exposition horticole, car l’admira-
tion des amateurs pour les belles plantes
entraîne le besoin d’acquérir l’outillage néces-
saire pour les produire et les conserver.
Dormois.
I AU BOIS DE BOULOGNE
Les bouquets-projectiles se composaient
presque uniquement de Pivoines, Roses,
Boules - de - neige , Bluets et Anthémis
blanches.
Après un défilé, durant lequel les com-
battants s’observent, et où l’on peut admirer
dans toute leur fraîcheur quelques voitures
ornées avec goût, dont nous reparlerons
plus loin, les premières hostilités com-
mencent; on se jette, de voiture à voiture,
de piéton à voiture et réciproquement,
quelques Boses ou Bluets; peu à peu, le
combat s’anime, les Pivoines entrent en
ligne, et c’est par gros paquets que l’on
les lance bientôt avec force. Si quelqu’un,
touché un peu trop fortement, réclame, il
est perdu : Pif! paf! vlan! de tous côtés
les bouquets pleuvent dru sur lui; il ne
sait plus que faire, il se protège à l’aide des
coussins de sa voiture, quelquefois il ri-
poste et sort alors du passage dangereux
avec les honneurs de la guerre.
Les mêmes fleurs, les mêmes bouquets,
sont jetés, ramassés et renvoyés vingt fois.
Ceux-là seuls qui tombent en dehors de la
chaussée, sur les trottoirs couverts d’une
foule compacte, ne rentrent plus dans la
circulation ; ils grossissent les innombrables
ODONTOGLOSSUM PULCIIELLUM.
283
gerbes qui se confectionnent là avec tous
les projectiles perdus. Nous verrons tout à
l’heure plus de mille personnes rentrer
triomphalement à Paris avec une moisson
lleurie ainsi faite.
La bataille, commencée vers quatre
heures, ne prend fin qu’à sept heures et
demie; une véritable litière de fleurs flé-
tries, écrasées, couvre le sol sur une sur-
face de 5,000 mètres environ.
Ce n’est pas une quantité négligeable, et
les petits marchands de fleurs voudraient
bien qu’il y eût, chaque jour, une rencontre
semblable.
Autre chiffre intéressant : la fête des
fleurs a rapporté net, pour la Caisse des
victimes du Devoir, la somme de 98,303 fr.
Les voitures ornées étaient peu nom-
breuses : il convient de citer entre elles :
Un cabriolet de haut style, entièrement
garni, ainsi que les harnais du cheval
noir, de Bluets, de Roses et de grappes de
Faux-Ebéniers ;
Un coupé disparaissant sous les Bluets
et Anthémis Etoile-d’Or ;
Une calèche garnie, ainsi que le cheval, de
Heurs d’ Anthémis Comtesse de Chambord ;
Un coupé attelé de deux chevaux noirs,
Originaire du Guatémala, cette espèce
est vigoureuse et robuste; elle constitue des
potées assez compactes et bien garnies. Ses
pseudo-bulbes, légèrement anguleux, com-
primés-dressés, d’un vert glaucescent, sont
surmontés de feuilles (ordinairement 2) iri-
diformes, étroites, dressées, puis gracieuse-
ment arquées, atteignant environ de 30 à
35 centimètres de hauteur, et formant des
touffes régulières d’un aspect ornemental
des plus élégants, surtout lorsque, pendant
deux et même trois mois, elles sont ornées de
hampes terminées par une inflorescence
spiciforme, dont les fleurs sont d’un beau
blanc. Dans ces conditions, vues à distance,
les plantes simulent assez bien des touffes
de Muguet. En voici une description :
Plante relativement vigoureuse, cespi-
teuse-gazonnante par le rapprochement des
pseudobulbes, qui, nombreux et dressés, se
maintiennent très-longtemps sans se rider.
Feuilles iridiformes, minces, planes,
étroites, arquées, d’un vert gai. Hampes
florales ténues, dressées, un peu moins
élevées que les feuilles, terminées par une
inflorescence spiciforme. Fleurs (6 à 7) sub-
ie tout couvert, les raies des roues com-
prises, de Pivoines rouge foncé, de la même
variété.
Une voiture d’enfants , léger panier
traîné par un poney, et disparaissant sous
une garniture élégamment composée de
fleurs des champs : Bluets, Pâquerettes,
Graminées, etc.
Autant ces voitures et d’autres étaient
brillantes avant le combat, autant leur
aspect est triste au retour. Quelques fleurs
froissées, fanées, pendent seules çà et là;
c’est que, une fois la provision épuisée,
les garnitures ont elles-mêmes servi de
projectiles, aussi bien pour les occupants
des voitures que pour leurs assaillants.
Mais, empressons - nous de le dire, le
combat s’est passé, du commencement à la
fin, au milieu d’une gaieté générale et bien
franche, et [d’une camaraderie qui s’était,
dès le principe, établie entre tous les assis-
tants, bien qu’ils appartinssent à toutes
les classes de la société.
Les batailles de fleurs se font, à Nice,
d’une façon plus réservée; mais elles ne
procurent peut-être pas la somme de
plaisir qui s’est dépensée à Paris à la fête
du 2 mai. Ch. Thays.
I PULCHELLUM
distiques, sur un pédoncule blanchâtre,
arqué, assez gros, d’un blanc pur avec le-
quel le labelle, qui est d’un très-beau jaune
d’or, produit un charmant contraste. Ajou-
tons que ces fleurs, dont la durée est très-
longue, dégagent une odeur très-suave.
L’ Odontoglossum pulchellum, Bateman,
originaire du Guatémala, est une plante de
serre tempérée; une température de 8 à
15 degrés lui suffit; si, au contraire, la
température est plus élevée, les plantes
s’allongent, s’élancent, fleurissent moins, et
la floraison, toujours moins belle, est d’une
durée moins grande. On la cultive dans du
sphagnum auquel on mélange quelques
mottes très-fibreuses de terre de bruyère,
en y ajoutant des tessons de pots, ou plutôt
des morceaux de brique pilée, qui, en fa-
cilitant l’aération des racines et l’écoule-
ment de l’eau, s’opposent à sa putréfaction,
qu’il faut toujours éviter. Quant à la multi-
plication, on la fait par la division des
plantes, à l’époque de la végétation, c’est-à-
dire au moment où de nouveaux pseudo-
bulbes vont se former.
E.-A. Carrière.
284
CORRESPONDANCE.
CORRESPONDANCE
M. F. de B. ( Udine ). — Il vous faudra
attendre à l’automne pour vous procurer le
Prunier Kelsey, que vous trouverez chez
MM. Transon frères, à Orléans; Baltet, à
Troyes; Croux, à Sceaux. Toutes nos re-
cherches pour trouver encore des sujets ou
des greffes disponibles à cette saison tardive
ont été infructueuses, et c’est ce qui explique
le retard de notre réponse.
N° 3026 (Aisne). — Le Solanum albid,um
Poortmani produirait des graines, si on le re-
levait de pleine terre à l’automne, et si on
hivernait les vieux pieds en serre pour les
faire fleurir et fructifier. Mais ce moyen de re-
production peut être remplacé par le boutu-
rage, qui se fait, pour cette espèce, avec la
plus grande facilité.
Nous ne pouvons vous conseiller que des
aspersions à l’eau nicotinée pour combattre la
maladie des Anthémis (ou Chrysanthemum
frutescens).
N" 4346 (Haute-Vienne). — Après les
études publiées par la Revue horticole sur le
chancre des arbres fruitiers, vous avez pu
voir si vos arbres étaient atteints de cette ma-
ladie. Si vous y avez reconnu, au contraire, les
caractères des Fuscicladium , comme nous le
pensons, veuillez nous le faire savoir. La
question, comme vous l’avez vu, est d’un in-
térêt général, et nous sommes disposés à con-
tinuer les études sur ce sujet, même après
l’article publié dans notre numéro du 1er juin.
MM. E. H. K. (Hollande). — Nous avons
reçu et admiré vos Tulipes. La Revue aura
l’occasion d’y revenir.
JVo 548 7 (Russie). — L’établissement d’une
aspergerie pour l’exploitation commerciale
vous serait grandement facilitée par la lecture
des ouvrages publiés sur ce sujet par divers
auteurs. Celui que M. Vauvel a écrit récem-
ment (1) et que la Librairie agricole pourrait
vous faire parvenir, sur votre demande, nous
paraît bien remplir le but que vous vous pro-
posez. Dans la Toscane et le sud de l’Italie, on
cultive l’Asperge entre des rangs d’arbres
fruitiers à formes basses, et cette disposition
paraît favorable à la culture, mais on ne l’em-
ploie pas à Argenteuil, ni, en général, dans les
pays du Nord.
M. M. P. (Yonne). — Nous pensons que les
Anomalies végétales peuvent être en partie
provoquées par une alimentation anormale, et
nous vous engageons fortement à faire des
expériences à ce sujet, en vous priant de nous
(1) Culture de V Asperge à la charrue.
rendre compte des résultats que vous aurez
obtenus.
M. J. S. (Saarlouis). — Votre communica-
tion est très-intéressante, et nous en donne-
rons la substance dans la prochaine chronique
de la Revue. Nous acceptons bien volontiers
votre offre de nous envoyer vos nouvelles obser-
vations. L’Oranger panaché existe déjà dans
les cultures, mais si la variété dont vous nous
avez envoyé une feuille est bien franche, nous
vous engageons à la multiplier et à la ré-
pandre.
N° 3129 (Aude). — Les Chamærops excelsa
mâles ne se distinguent des femelles qu’au
moment de la floraison. Les fleurs mâles ont
un calyce à trois sépales, une corolle à trois
pétales, six étamines insérées à la base de la
corolle. Les fleurs femelles n’ont pas d’éta-
mines ou n’en ont que des rudiments impar-
faits ; elles sont pourvues au centre d’un ovaire
ovoïde-trigone, couronné de stigmates courts
et recourbés. La forme de l’inflorescence pani-
culée est la même dans les deux sexes. La
plante appartient en réalité au genre Trachy-
carpus , de Wendland, tandis que le Palmier
nain d’Afrique est un vrai Chamærops (Ch.
humilis).
M. G. (Ain). — Il faudra remettre à l’année
prochaine l’examen de votre nouveau Lilas,
qui paraît fort beau, mais dont les échantil-
lons nous sont arrivés en mauvais état.
M. J. S. (Lyon). — Votre proposition de
planter des Rosiers sarmenteux est très-
bonne, et leur aspect est charmant quand ils
sont employés à propos. Nous l’avons signalé
il y a déjà longtemps, notamment en recom-
mandant la plantation des Bengales rouge
foncé, B. Hermosa , B. cramoisi supérieur ,
Gloire des rosomanes , Aimée Vibert, etc., dont
les rameaux couverts de fleurs forment le plus
heureux contraste avec le feuillage des ar-
bustes.
Toutes nos recherches n’ont pu aboutir à
trouver un seul Canna liliiflora. Cette belle
plante serait-elle perdue? Cela serait très-re-
grettable, car les hybridateurs de Cannas ont
enfin réussi à féconder le C. iridiflora avec
d’autres espèces et variétés, et ils obtiendraient
de bien plus belles choses encore avec le G.
liliiflora à fleurs blanches si délicieusement
parfumées.
N° 5329 (Canada). — Le Catalogue des-
criptif des fruits adoptés par le Congrès po -
mologique est en vente chez M. Cusin, 6 rue
Octavio-Mey, à Lyon (Rhône). Son prix est
de 6 fr.
PLUMBAGO CAPENSIS ALBA. — SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE. 285
PLUMBÀGO CAPENSIS ALBA
Cett® plante, qui a été mise récemment
au commerce par M. B. S. Williams, de
Upper Hollovay (Londres), mais sans dé-
signation d’origine, est-elle bien une variété
de l’an cien type, si méritant et si bien
connu, le Plumbago cctpensis, ainsi que
son nom semble l’indiquer? On pourrait
presque, en comparant les deux plantes,
émettre des doutes sur leur similitude. En
effet, tandis que le Plumbago capensis est
très-volubile et susceptible de grimper et de
garnir des espaces considérables, celle qui
nous occupe, très-compacte, tend à former
des buissons épais, très-garnis. Déplus, ses
feuilles sont plus larges et plus courtement
arrondies. Yoici ce qu’en dit notre collègue
M. Lemoine, de Nancy, à qui nous devons
les renseignements suivants sur cette es-
pèce :
... C’est une plante se formant en touffes
très-compactes, basses (50 centimètres environ
de hauteur), se couvrant de fleurs. Celles-ci
sont nombreuses, disposées en épis corymbi-
formes ou subhémisphériques, d’un magnifique
blanc de neige, ainsi que les étamines.
Cette nouveauté pourra rendre de grands
services aux horticulteurs qui cultivent la fleur
coupée, car la blancheur transparente de l’om-
belle produit un des plus jolis effets décora-
tifs.
Le Plumbago capensis flore albo est supé-
rieur au type à fleurs bleues, non seulement
à cause de la belle couleur blanche de ses
fleurs, mais aussi par son port beaucoup plus
compact et son ensemble plus ramassé.
Ses ramifications, presque horizontales, sont
aussi beaucoup plus courtes que celles du
Plumbago capensis type, et, comme consé-
quence, les touffes sont souvent complètement
couvertes par les fleurs. Nous avons actuelle-
ment (12 octobre) un pied de cette nouveauté
qui vient d’être rentré dans une serre, dont il
cache entièrement le fond. C’est tout simple-
ment splendide.
De ce qui précède, on peut conclure que
l’on aura dans le Plumbago capensis alba
une plante doublement précieuse : comme
sujet propre à orner les serres, et, tout par-
ticulièrement, pour la décoration des jardins
pendant l’été, comme le fait le type à
fleurs bleues, avec lequel cette espèce for-
mera le plus harmonieux contraste. Quant
à la culture et à la multiplication, elles sont
identiques chez les deux plantes.
E.-A. Carrière.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 24 MAI 1888.
Comité d’arboriculture d’ornement.
M. Maurice de Vilmorin présentait un
énorme bouquet de Cylisus albus multiflorus,
charmant arbuste dont l’espèce type est origi-
naire du Portugal, et qui a les rameaux
littéralement couverts de charmantes fleurs
blanc très-légèrement jaunâtre.
Cette variété est d’une multiplication d’ordi-
naire assez difficile. M. de Vilmorin indique de
quelle manière il a réussi à en obtenir un assez
grand nombre d’exemplaires. Possédant un fort
pied, il le rabattit très-près du sol. Un grand
nombre de bourgeons se développèrent au-
dessous du collet, prirent racine, et quand ils
eurent une force suffisante, ils furent détachés
du pied mère, auquel ils n’étaient plus que fai-
blement reliés.
MM. Baltet, de Troyes, présentaient un cer-
tain nombre de bouquets composés chacun des
rameaux fleuris de l’un des nombreux et si
jolis arbustes dont l’épanouissement a lieu
à cette époque.
On ne saurait se figurer l’éclat, la délica-
tesse des coloris, le charme de cette présenta-
tion. Voici quelques-unes des plantes, bien
connues, qui composaient cet apport : Kerria
japonica flore pleno, Cytisus sessiliflorus ,
Épines doubles : blanches, roses, cramoisies.
Cytise Faux-Ébénier, Spirœa Van Houttei ,
S. Reewesiana flore pleno , Rhodotypos Ker-
rioides , Staphylea colchica , Chamæcerasus
tatarica , Tamarix tetrandra , Beutzia gra-
cilis , etc.
Comité de culture maraîchère.
Par M. Georges Chemin, cultivateur à Issy :
des Concombres vert anglais et blanc court
énormes et d’une jolie forme, bien régulière.
Ces deux variétés sont tout à fait recomman-
286 LISTE DES RÉCOMPENSES DE L’EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE.
dables pour la culture forcée ; des Carottes
Grelot , et des Choux Coeur de Bœuf.
L’examen même des noms des variétés que
cultivent les plus habiles spécialistes de la ré-
gion parisienne est une indication précieuse
pour les cultivateurs moins expérimentés.
Par M. Berthault, cultivateur à Wissous
(Seine-et-Oise), des Tomates naine hâtive , ve-
nues sur couches, sous châssis, et couvertes de
beaux fruits absolument mûrs, d’un rouge in-
tense.
Ch. Thays.
LISTE DES RÉCOMPENSES
DE L’EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
HORTICULTURE.
Battut (François), 18, rue Quincampoix, Paris.
— Gr. méd. arg. (fruits frais conservés) ; gr. méd.
arg. (Asperges).
Bleu, 48, avenue d’Italie, Paris. — Prix d’hon-
neur (Caladiums, Orchidées) ; méd. or (plantes de
serres obtenues de semis) ; méd. or (Orchidées
exotiques en fleurs); méd. or (Caladiums); méd.
verm. (plantes de serres obtenues de semis).
Block (Mme), 9, place Masui, Bruxelles. — Prix
d’honneur (Dracénas, Palmiers) ; méd. or (Dra-
cénas) ; méd. or (Palmiers) ; gr. méd. verm. (Or-
chidées exotiques en fleurs); méd. or (Palmiers) ;
gr. méd. verm. (Orchidées exotiques) ; méd. verm.
(Orchidées exotiques en fleurs) ; gr. méd. arg. et
méd. arg. (Plantes de serres d’introduction nou-
velle).
Boyson (James), Caen (Calvados). — Gr. méd.
arg. (Roses coupées).
Cappe (E.), au Vésinet (Seine-et-Oise). — Méd.
arg. (Bégonias de semis).
Chabrillot-Durier, 15, avenue Croix-Morel,
Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). — Méd. br.
(fruits frais conservés).
Chantin (A.), 32, avenue de Chàtillon, Paris.
— Prix d’honneur (Palmiers, Cycadées) ; méd. or
(Palmiers) ; gr. méd. verm. (Fougères arbores-
centes) ; gr. méd. verm. (Palmiers); méd. verm.
(Orchidées exotiques); gr. méd. arg. (Fougères
herbacées).
Ghristen (Louis), 6, rue Saint-Jules, Versailles*
(Seine-et-Oise). — Gr. méd. verm. (Clématites) ;
gr. méd. arg. (Rosiers grimpants).
Cogneau (Ch.), jardinier chez M. Cavaroc,
Bièvres (Seine-et-Oise). — Méd. br. (Bégonias de
semis).
Cousin, route d’Asnières, Gennevilliers (Seine).
— Méd. or (légumes forcés et de la saison).
Crémont jeune, Sarcelles (Seine-et-Oise). —
Gr. méd. verm. (Ananas en maturité).
Croux et fils, vallée d’Aulnay, près Sceaux
(Seine). — Méd. or (Rhododendrons) ; gr. méd.
arg. (Kalmias).
Dauvissat, jardinier-chef chez M. M.Chandon
et Cie, à Épernay (Marne). — Gr. méd. verm. (Ca-
ladiums).
Debrie, 52, rue de la Chaussée-d’Antin, Paris.
— Prix d’honneur (bouquets) ; gr. méd. verm.
(ornementation en fleurs); gr. méd. verm. (garni-
ture de table) ; gr. méd. arg. (vases de fleurs);
méd. arg. (bouquets).
Delahaye, grainier, 18, quai de la Mégisserie,
Paris. — Gr. méd. arg. (Anémones et Renoncules
coupées) ; gr. méd. arg. (plantes bulbeuses di-
verses).
Duval (Léon), 8, rue de l’Ermitage, à Ver-
sailles (Seine-et-Oise). — Prix d’honneur (Orchi-
dées).
Élie (A.), horticulteur, 93, rue Pelleport, Paris.
— Méd. arg. (Fougères herbacées) ; méd. arg. (Sé-
laginelles).
Falaise aîné, maraîcher, 129, rue du Vieux-
Pont-de-Sèvres, Billancourt (Seine). — Gr. méd.
verm. (Pensées variées).
Forgeot et Cie, 6 et 8, quai de la Mégisserie,
Paris. — Méd. or (légumes forcés et de la saison) ;
gr. méd. verm. (plantes bulbeuses coupées) ; gr.
méd. verm. (corbeille de plantes fleuries); gr.
méd. verm. (Anémones et Renoncules coupées) ;
méd. verm. (Caladiums); méd. br. (Calcéolaires) ;
méd. br. (Pensées variées).
Fulconis, horticulteur-fleurisle, au Cannet,
près Cannes (Alpes-Maritimes). — Gr. méd. arg.
(fleurs du Midi coupées).
Gentilhomme, 146, rue de la Maladrerie,
Vincennes. — Méd. verm. (Éricas).
Gillard, 4, rue Maitre-Jacques, à Boulogne-sur-
Seine. — Gr. méd. arg. (Chrysanthèmes).
Girardin (E.), horticulteur, 3, rue Gaillon,
Argenteuil (Seine-et-Oise). — Gr. méd. arg. (As-
perges).
Hédiard, 21, place de la Madeleine, Paris. —
Méd. verm. (fruits exotiques) ; méd. arg. (légumes
exotiques).
îsabeth (V.), château de Courcelles, par
Presles (Seine-et-Oise). — Gr. méd. arg. (légumes
forcés et de la saison).
Jeangirard (Mme), 72, rue de Rambuteau,
Paris, méd. or (ensemble de son exposition); gr.
méd. arg. (ornementation en fleurs); méd. br.
(bouquets); méd. br. (bouquets pour garniture
de table).
Jourdain père, à Maurecourt, par Andresy
(Seine-et-Oise). — Gr. méd. verm. (fruits frais
conservés).
Landry, 92, rue de la Glacière, Paris. — Méd.
verm. (plantes fleuries ou à feuillage pour les
marchés) ; méd. arg. (plantes vertes d’ornementa-
tion).
Lelieux, 23, rue Navier, Paris. — Gr. méd.
verm. (plantes fleuries ou à feuillages pour les
marchés).
Leuret, route d’Orléans, à la Croix-d’Arcueil
Arcueil (Seine). — Gr. méd. verm. (Calcéolaires).
Lerosier, jardinier de M. Villard, propriété
des Kermès, Carqueiranne (Var). — Gr. méd. arg.
(fleurs du Midi coupées) ; méd. arg. (légumes 'du
Midi).
Lévêque et fils, 69, rue du Liégat, Ivry-sur-
Seine. — Prix d’honneur et gr. méd. verm. (Ro-
siers); méd. or (Rosiers fleuris); méd. or et méd.
verm. (Rosiers haute tige en fleurs) ; gr. méd.
verm., méd. verm. et gr. méd. arg. (Rosiers
basse tige en fleurs).
Lhérault (Louis), 29, rue des Ouches, Argen-
teuil (Seine-et-Oise). —Gr. méd. verm. (Asperges);
méd. verm. (Fraises).
LISTE DES RÉCOMPENSES DE L’EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE. 287
Loison, 12, rue du Louvet, Dreux (Eure-et-
Loir). — Méd. verm. (Bégonias tubéreux doubles).
Mantin (Georges), 54, quai de Billy, Paris. —
Méd. verm. (Orchidées de pleine terre).
Michel, 12, rue de Sèze, Paris. — Gr. méd.
arg. (fruits exotiques).
Moron (Narcisse), rue de Sèvres, Boulogne
(Seine). — Méd. arg. (Pétunias).
Moser, 1, rue Saint-Symphorien, Versailles.
— Prix d’honneur (Rhododendrons, Azalées); méd.
or (Rhododendrons) ; gr. méd. verm. (plantes de
serre tempérée) ; méd. arg. (Azalées) ; méd. br.
(Fusains).
Nabonnand et fils, au Golfe Juan (Alpes-
Maritimes). — Gr. méd. arg. (Roses coupées) ; gr.
méd. arg. (fleurs du Midi coupées).
Pageot, Cannes-Éden, Golfe Juan (Alpes-Mari-
times). — Gr. méd. verm. (Fraises) ; méd. arg.
(fleurs du Midi coupées).
Paillet (L.), pépiniériste, Châtenay, près Paris.
— Gr. méd. verm. (Pivoines coupées) ; méd. arg.
(Muguet).
Piret (E.), 39, rue de Sannois, Argenteuil
(Seine-et-Oise). — Méd. or (Cattleyas) ; méd. br.
(plantes de serre d’introduction nouvelle).
Place (L.), 145, rue Saint-Antoine, Paris. —
Gr. méd. arg. (fruits exotiques); méd. arg. (lé-
gumes exotiques).
Poirier (A.), 10, rue de la Bonne-Aventure,
Versailles (Seine-et-Oise). — Méd. arg. ( Pélargo-
nium zonale et P, inquinans, doubles); méd. arg.
(Pélargonium).
Régnier (A.), 44, avenue de Marigny, Fonte-
nay-sous-Bois (Seine). — Gr. méd. verm. (Orchi-
dées) ; méd. verm. (plantes de serres d’introduc-
tion nouvelle).
Renard (A.), 7, rue du Four, Suresnes (Seine).
— Méd. verm. (Asperges).
Rigault (Joseph), 66, rue de Paris, Groslay
(Seine-et-Oise). — Méd. arg. (Poireaux).
Robert (D.),52, avenue des Pages, au Vésinet
(Seine-et-Oise). — Méd. or (Bégonias tubéreux
simples); méd. verm. (Cactées); méd. verm.
( Aloe ); gr. méd. arg. (Bégonias tubéreux doubles).
Rothberg, 2, rue Saint-Denis, Gennevilliers
(Seine). — Gr. méd. verm. (Rosiers en fleurs);
méd. verm. (Rosiers Thés haute tige en fleurs) ; gr.
méd. arg. (Rosiers basse tige en fleurs) ; gr. méd.
arg. et méd. arg. (Rosiers basse tige en fleurs).
Sander, Saint-Albans (Angleterre). — Grand
prix d’honneur (Orchidées).
Simon (Ch.), rue Lafontaine , Saint-Ouen
(Seine). — Méd. arg. (Euphorbes cactiformes).
Société de Secours mutuel des maraî-
chers de la Seine. — Méd. or (légumes forcés
et de la saison).
Thiébaut aîné, 30, place de la Madeleine,
Paris. — Gr. méd. verm. (Anémones et Renoncules
coupées); méd. verm. (plantes bulbeuses coupées).
Torcy-Vannier, Melun (Seine-et-Marne). —
Gr. méd. arg. (Caladiums).
Vallerand (J.), 29, rue de la Procession, Bois-
Colombes (Seine). — Gr. méd. verm. (Gloxinias).
Verdier (Ch.), Villa des Roses, 32 et 34, rue
Barbés, Ivry (Seine). — Prix d'honneur (Rosiers);
méd. or (Rosiers en fleurs); gr. méd. verm. (Pi-
voines coupées); gr. méd. verm. (Rosiers haute
tige en fleurs) ; gr. méd. verm. (Rosiers Thés
haute tige en fleurs); 2 gr. méd. verm. (Rosiers
basse tige en fleurs) ; gr. méd. arg. (Rosiers nou-
veaux de semis); méd. arg. (belle culture de
Rosiers).
Vilmorin- Andrieux et Cie, 4, quai de la
Mégisserie, Paris. — Prix d’honneur (plantes an-
nuelles) ; 2 prix d’honneur (légumes forcés et de
la saison) ; méd. or (plantes fleuries) ; méd. or
(corbeille de plantes fleuries): méd. verm. (Cal-
céolaires) ; gr. méd. arg. ( Calceolaria rugosa
hybride) ; méd. arg. (Cinéraires doubles).
Yvon (J. -B.), 44, route de Châtillon, Malakoff
(Seine). — Gr. méd. verm. (plantes vivaces).
X... de Gand (Belgique). — Méd. verm. (plantes
de serre).
ARTS ET INDUSTRIES HORTICOLES.
Abondance et Cie, 265, rue de Paris, Taver-
ny (Seine-et-Oise). — Méd. br. (treillages en bois).
André (O.), 11, rue de Sablonville, Neuilly-
sur-Seine (Seine), — Méd. verm. (serre à nouveau
système de vitrage).
Aubry (J. -J.) et Cie, 8, rue Château-Landon,
Paris. — Gr. méd. arg. (moteur à vent).
Barbou fils, 52, rue Montmartre, Paris. —
Méd. arg. (porte-fruits).
Beaume, 66, avenue de la Reine, Boulogne-
sur-Seine (Seine). — Rappel de gr. méd. arg. (ap-
pareils d’arrosage).
Bergeotte et Dauvillier (Ancienne maison
J. Roy), 44, avenue de la Grande-Armée, Paris. —
Méd. verm. (grilles en fer).
Bergerot, 76, boulevard de la Villette, Paris.
— Méd. br. (serres).
Blanquier, 20, rue de l’Évangile, Paris. —
Méd. arg. (chauffage de serres).
Boissin, 115, rue de Bagnolet, Paris. — Gr.
méd. arg. (serres).
Borel, 10, quai du Louvre, Paris. — Méd. arg.
(quincaillerie horticole).
Bouet (Georges), 30, quai du Louvre, Paris. —
Gr. méd. arg. (kiosques, volières) ; méd. br. (outils
horticoles); méd. br. (jardinières).
Brochard (François-Alphonse), 5 et 7, rue
Sauvai, Paris. — Méd. arg. (châssis); méd. br.
(colliers pour arbres).
Bros (Alphonse), 18 bis, rue Amélie, Paris. —
Méd. br. (meubles de jardin).
Bué fils, 7, rue du Plessis-Piquet, Fontenay-
aux-Roses. — Méd. br. (outils de jardin).
Carré et fils aîné, 127, quai d’Orsay, Paris.
— Méd. arg. (appareils d’arrosage).
Chamrion, 2, rue Saint-Denis, Paris. — Méd.
br. (bacs et caisses).
Charpentier et Brousse, 9, avenue de la
Défense-de-Paris, Puteaux (Seine). — Méd. br.
(grilles en fer).
Chassin (H.), 151, rue de Bagnolet, Paris. —
Diplôme d’honneur (rocher artificiel).
Chevalier (Louis), 38, rue de Lisbonne, Paris.
— Méd. verm. (collection d’histoire naturelle pour
l’enseignement horticole).
Cochu (Eugène), 19, rue d’Aubervilliers, Saint-
Denis (Seine). — Méd. or (serres en bois, à nou-
veau système d’aération).
Couette (Armand), 119, rue de Montreuil,
Paris. — Méd. arg. (meubles de jardin).
Debray, 15, rue des Trois-Bornes, Paris. —
Méd. br. (appareils d’arrosage).
Deflers (Alfred), 20, rue de Cambrai, Paris. —
Méd. arg. (abris de jardin).
Delaunay (H.), 60, rue Thiers, Bernay (Eure).
— Méd. arg. (coutellerie horticole).
Demagny (J.), Le Pecq (Seine-et-Oise). — Méd.
arg. (meubles de jardin).
288 LISTE DES RÉCOMPENSES DE L’EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE.
Deniau, 57, rue Thiers, Billancourt (Seine). —
Rappel de méd. verm. (travaux en rustique).
Desenne, 19, rue de Paris, Courbevoie (Seine).
— Méd. arg. (appareils d’arrosage).
Dreux (Louis), 106, rue de Paris, Presles, près
Beaumont (Seine-et-Oise). — Méd. br. (kiosques
en fer).
Dubos (Paul) et Cie, 92, rue Miromesnil,
Paris. — Méd. or (ornements de jardin polychromes
en béton aggloméré).
Dumand, 14, quai du Halage, Billancourt
(Seine). — Gr. méd. verm. (treillages).
Duval fils, 43, rue de Paradis-Poissonnière,
Paris. — Gr. méd. arg. (faïences pour jardin).
Duydt, 128, rue de Longcliamps, Paris. — Gr.
méd. arg. (kiosques).
Éon, 13, rue des Boulangers, Paris. — Méd. arg.
(optique horticole).
Figus (Ulysse), 121, rue de Charonne, Paris. —
Méd. verm. (bacs et caisses).
Fortier (Mlfo), 20, boni. Poissonnière, Paris. —
Méd. or (herbiers artificiels pour l’enseignement).
Fournier (Jean-Baptiste), Taverny (Seine-et-
Oise). — Méd. br. (claies, paillassons).
Grenthe, Pontoise (Seine-et-Oise). — Méd. br.
(serres).
Groseil et fils, 97, avenue d’Orléans, Paris.
— Méd. or (décoration en treillage artistique).
Hirt (X.) aîné, 12, rue de Lancry, Paris. —
Méd. arg. (appareils d’arrosage).
Izambert, 89, boulevard Diderot, Paris. —
Gr. méd. verm. (serres).
Japy frères, Beauc.ourt (Haut-Rhin français),
et 7, rue du Château-d’Eau, Paris. — Méd. br.
(pulvérisateurs).
Javelier-Laurin, Gevrey-Chambertin (Côte-
d’Or). — Gr. méd. verm. (bacs coniques).
Jollivet, Saint-Prix (Seine-et-Oise). — Gr.
méd. arg. (porte-fruits mobiles).
Jolly (A.), 5, boulevard de Port-Royal, Paris.
— Gr. méd. arg. (herbiers).
Jubelin, 12 bis, boulevard Poissonnière, Paris.
— Méd. arg. (grilles de jardin).
Laj ourdie et Nicolas, 89, boulevard Ri-
chard-Lenoir, Paris. — Rappel de gr. méd. arg.
(décoration de jardins).
Lavoivre (E.), 71, rue du Bac, Paris. — Méd.
br. (jardinières et cache-pots).
Leblond fils, rue Le Laboureur, Montmo-
rency (Seine-et-Oise). — Gr. méd. arg. (serres).
Lebœuf (Paul), 7, rue Vésale, Paris. — Gr.
méd. verm. (chauffage de serres).
Lebœuf frères, 7, rue Vésale, Paris. — Gr.
méd. arg. (claies, paillassons).
Le Tellier, 8, rue du Débarcadère, Paris. —
Gr. méd. arg. (grilles en fer).
Louet (Casimir), Issoudun (Indre). — Gr. méd.
arg. (châssis, ponts).
Lusseau (Pascal), 57, Grande-Rue, Bourg-la-
Reine (Seine). — Méd. arg. (chauffage de serres) ;
méd. arg. (claies, paillassons); méd. arg. (colliers
pour arbres).
Mansion-Tessier, 19, rue de Versailles,
Bougival (Seine-et-Oise). — Gr. méd. arg. (claies,
paillassons).
Marceau et Bertrand, 32, rue Duret, Paris.
— Ment. hon. (brouettes). |
Martin, 16, rue de Jessaint, Paris. — Ment,
hon. (quincaillerie horticole).
Martre et ses fils, 15, rue du Jura, Paris. —
Rappel de gr. méd. verm. (pulvérisateurs) ; gr.
méd. verm. (chauffage de serres).
Mathian (C.), 123, avenue de Saint-Ouen, Pa-
ris. — Gr. méd. arg. (chauffage de serres).
Mathieu, 16, rue de la Tour-des-Dames, Paris.
— Ment. hon. (poterie de jardins).
Maurice (Alfred), Château-du-Loir (Sarthe). —
Méd. br. (bacs et caisses).
Merle, 7, rue Chariot, Paris. — Méd. br. (jar-
dinières).
Michelin, 174, avenue de la République, Pa-
ris. — Gr. méd. verm. (grilles en fer).
Monier fils, 126 et 151, avenue de Paris, La
Plaine Saint-Denis (Seine). — Méd. verm. (ci-
ments moulurés).
Moreau, à Courtenay (Loiret). — Méd. arg.
(collection d’bistoire naturelle pour l’enseignement
horticole).
Mottet (S.), 16, quai d’Orléans, Paris. — Méd.
br. (herbier).
Moutier, 13, rue des Coches, Saint-Germain-
en-Laye (Seine-et-Oise). — Méd. arg. (serres).
Nègre et Cie, 57, avenue du Maine, Paris. —
Méd. arg. (appareils d’arrosage).
Ozanne, 11, rue Marqfoy, Paris. — Méd. arg.
(serres); méd. arg. (kiosques enfer).
Parent, 13, avenue de l’Opéra, Paris. — Méd.
br. (jardinières).
Perret (Alfred), 33, rue du Quatre-Septembre,
Paris. — Rappel de gr. méd. arg. (meubles de
jardin).
Perrier fils, 164, rue Michel-Bizot, Paris. —
Méd. verm. (chauffage de serres); gr. méd. arg.
(châssis).
Personne, 8, rue Royale, Paris. — Méd. br.
(faïences d’ornement).
Poiré, 16, rue Pierre-Levée, Paris. — Méd.
arg. (jardinières).
Prudon et Dubost, 208, boulevard Voltaire,
Paris. — Méd. arg. (appareils d’arrosage).
Ramé (A.), 19, rue Berlioz, Paris. — Gr. méd.
arg. (collection d’histoire naturelle pour l’ensei-
gnement horticole).
Ricada, 26, rue du Vieux-Versailles, Versailles.
— Méd. arg. (chauffage de serres); méd. arg (pul-
vérisateurs).
Rivière (Albert), 36, rue de la Roquette, Paris.
— Méd. br. (poterie de jardin).
Simard, 4 bis, avenue Mélanie, Bellevue
(Seine-et-Oise). — Diplôme d'honneur (décoration
en treillage artistique).
Stœckel frères, 17, rue du Buisson-Saint-
Louis, Paris. — Méd. arg. (serres).
Thiriot, 92, rue Amelot, Paris. — Gr. méd.
arg. (décoration de jardins).
Vayriot et Farny, Lunéville (Meurthe-et-
Moselle). — Méd. arg. (châssis).
Visseaux, 43, rue de la Roquette, Paris. —
Gr. méd. verm. (terres cuites).
Wiriot fils, 29, boulevard Saint-Jacques, Pa-
ris. — Méd. arg. (poterie de jardins).
Yvert, Mareil-Marly, par Saint-Germain-en-
Laye (Seine-et-Oise). — Méd. arg. (pulvérisa-
| teurs).
U Administrateur-Gérant ; L. Bourguignon.
Imp. Georges Jaoob, — Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE.
289
CHRONIQUE HORTICOLE
Académie des sciences. — Institut de France. — Floraison des Vignes en 1888. — Ligue des hor-
ticulteurs hollandais contre la vente des fleurs de Jacinthes, Tulipes, etc. — Les arbres fruitiers
en bordure de routes en Alsace. — La culture des Azalées de l’Inde sans pincement ni taille.
— Heliconia choconiana. — Myosotis dissitiflora alba. — Nouveaux Rhododendrons de serre. —
La vente des produits du Potager de Versailles. — Récompenses décernées par la Société des
Agriculteurs de France. — Distinction à l’horticulture. — La culture du Noisetier dans la province
d’Avellino. — Le Tyleuclius putrefaciens. — Les vers blancs en Seine-et-Marne. — Les Asperges
comme culture de grand rapport. — Empoisonnement des volailles par le Muguet. — VOtiorhyn-
chus sulcatus. — Le nouveau Todea du Muséum. — L’horticulture au Trocadéro. — Le pain de
Soya. — Le parc public de Lisbonne. — Exposition internationale de géographie botanique. —
Expositions annoncées. — Memento des expositions.
Académie des Sciences. — M. Millar-
det, professeur à la Faculté des sciences de
Bordeaux, et dont les fructueuses recherches
sur les moyens de combattre les maladies de
la Vigne sont connues de tout le monde,
vient d’ètre nommé membre correspondant
de l’Académie des sciences, pour la section
debotanique, en remplacement de M. Bois-
sier, décédé.
Institut de France. — Nous avons le
plaisir d’annoncer la nomination du docteur
Masters comme membre correspondant de
l’Institut de France, à la place de M. le pro-
fesseur Asa Gray. M. Masters est directeur
du Gardeners’ Chronicle , un des princi-
paux journaux d’horticulture d’Angleterre,
et l’auteur de travaux remarquables en bo-
tanique physiologique et descriptive. Nous
sommes heureux du choix que vient de
faire l’Institut, et nous sommes certains
que la place de l’illustre et regretté sa-
vant américain sera dignement occupée.
Floraison des Vignes en 1888. — Bien
que l’on ait gagné quelque peu sur le retard
de la saison du printemps, l’écart est néan-
moins encore très - sensible. Au 15 juin,
c’est à peine si quelques Vignes hâtives
et bien exposées montraient quelques fleurs
épanouies ; des pieds de Précoce Mcdingre,
placés le long d’un mur, à bonne exposi-
tion, n’ont ouvert leurs premières fleurs
que le 14 juin dernier, et des Chasselas,
diverses Madeleines , regardés comme
hâtifs, étaient encore en boutons. Nous
devons toutefois signaler une exception,
mais il est vrai de dire qu’elle s’est montrée
sur des Vignes encore inédites, découvertes
récemment par le R. P. Armand David
dans des parties de la Chine très-éloignées
et peu connues. Cette fois la différence est
1er Juillet 1888.
énorme en faveur de ces dernières. En
effet, sur un certain nombre de variétés, il
en est deux dont les grappes, déjà très-
développées, portent des Raisins. En atten-
dant que nous puissions nous prononcer,
nous croyons devoir en dire quelques mots
au point de vue de leurs caractères de végé-
tation, mais tout particulièrement de la
forme de leurs feuilles, qui rappellent assez
exactement celles des Ampélopsis ou Cissus.
Il y a là, nous en avons la presque certitude,
des avantages considérables et qui serviront
à la fois la science et la pratique. Nous nous
bornons pour aujourd’hui à ces quelques
détails, notre but étant de signaler le fait
de hâtiveté qui, certainement, sera apprécié
comme étant de premier ordre : des types
nouveaux de Vignes extraordinaires par leur
végétation rustique et très-productive, et, de
plus, présentant sur nos Vignes cultivées
une avance de plus de quinze jours pour la
maturité des Raisins, tels sont, en perspec-
tive, les principaux avantages que les Vignes
en question font pressentir.
Ligue des horticulteurs hollandais
contre la vente des fleurs de Jacinthes,
Tulipes, etc. — Les horticulteurs hollan-
dais, estimant que la vente des fleurs cou-
pées des plantes bulbeuses est préjudi-
ciable au commerce des bulbes, ont formé
entre eux une sorte de Ligue et signé un
contrat par lequel ils s’engagent mutuel-
lement à ne plus livrer au commerce de
fleurs coupées. Presque tous les horticulteurs
de Hollande ont adhéré à cette Ligue et une
sorte de quarantaine est édictée contre les
récalcitrants. Quels avantages le commerce
de la Hollande retirera-t-il de cette prohi-
bition ? Ils nous semblent assez incertains.
Néanmoins, une mesure prise avec autant
d’ensemble produira sans doute les résultats
qu’on en attend.
13
CHRONIQUE HORTICOLE.
290
Les arbres fruitiers en bordure des
routes en Alsace. — D’après des rensei-
gnements officiels, le nombre des arbres
fruitiers cultivés en Alsace, sur les routes,
s’élevait en 1883 à 306,597 ; le nombre des
arbres fruitiers sauvages se trouvant dans
les mêmes conditions était de 458,270.
Il paraît que depuis cette époque, ces quan-
tités n’ont que peu augmenté, par suite
d’hivers rigoureux qui ont détruit bon
nombre d’exemplaires, et rendu plus élevé
le prix des jeunes plants.
La culture des Azalées de l’Inde sans
pincement ni taille. — Le Garden publie
à ce sujet une note très-intéressante, accom-
pagnée d’un dessin qui représente une Aza-
lée à fleurs blanches qui s’est librement dé-
veloppée. L’aspect en est charmant, bien
plus élégant que celui des mêmes plantes,
lorsqu’elles sont taillées en boules régu-
lières, et les fleurs, entre lesquelles l’air cir-
cule, et qui laissent passer par-ci par-là un
rameau de verdure, en paraissent plus jolies.
Le port naturel de ces Azalées est d’ail-
leurs très-gracieux ; leur rameaux légers et
retombant légèrement leur donnent une
élégance toute spéciale, bien préférable à la
forme régulière et lourde qu’on leur impose
habituellement.
Heliconia choconiana. — Jolie plante-
nouvelle, qui vient de fleurir à Cambridge,
et sera certainement remarquée parmi le
genre si décoratif des Heliconia. L’es-
pèce a reçu le nom de choconiana, parce
qu’elle orne avec beaucoup de ses congé-
nères les rives des cours d’eau dans la pro-
vince du Choco (Colombie). C’est une plante
atteignant environ 1 mètre de hauteur, à
feuilles sessiles, assez grandes et à fleurs
longues, jaune pâle, en fascicules à l’aisselle
de grandes bractées écarlates.
Myosotis dissitiflora alba. — On si-
gnale, en Angleterre, l’obtention d’un
Myosotis dissitiflora à fleurs blanches.
Cette variété se reproduit, dit-on, de
graines. Ce sera un appoint de plus pour la
formation des corbeilles printanières.
Nouveaux Rhododendrons de serre.
• — MM. Veitch, de Londres, ont obtenu par
hybridation quelques nouvelles et fort jolies
variétés de Rhododendrons, dont voici la
description sommaire : n° 31, provenant
des R. Tcysmani et multicolor, fleurs cha-
mois et rose; n° 32, issu des R. Princcss
Royal et multicolor ; n° 35, issu des
R. jasminiflorum et Curtisii ; n° 348, des
R. javanicum et multicolor, orange-écar-
late, feuillage du javanicum; n° 55, jaune,
d’une nuance charmante, feuillage large,
joli port.
Ces nouvelles formes sont certainement
destinées à jouer un rôle important dans
les collections de plantes de serre froide.
La vente des produits du Potager de
Versailles. — Le Ministre de l’Agriculture
a décidé que les produits de l’École natio-
nale d’horticulture, établie au potager de
Versailles, seraient vendus directement au
public.
On pourra se procurer ces produits, con-
sistant en fruits de primeur et de saison,
légumes, plantes variées de plein air et de
serres, fleurs, etc., en s’adressant verba-
ment, ou par lettre affranchie, au directeur
de l’École, qui fera connaître les conditions
de la vente.
Cette mesure donnera certainement de
meilleurs résultats que le système des adju-
dications qui avait été jusqu’ici appliqué, et
on ne peut qu’approuver le Ministre de
l’Agriculture de laisser à l’honorable Direc-
teur du potager de Versailles le soin de tirer
de ses produits le meilleur parti possible.
Récompenses décernées par la So-
ciété nationale d'Agriculture de France.
— Dans sa séance publique annuelle, la
Société nationale d’Agriculture de France,
présidée par M. Duchartre, vice-président,
remplaçant M. Chevreul retenu par une in-
disposition, a attribué un certain nombre
de récompenses, parmi lesquelles nous indi-
querons les suivantes, qui intéressent plus
particulièrement l’horticulture :
Section des cultures spéciales.
Grande médaille d'or à M. Truelle, phar-
macien àTrouville-sur-Mer (Calvados), pour ses
recherches analytiques sur les fruits à cidre.
Médaille d'or à l’effigie d’Olivier de Serres
à M. Goudère, propriétaire à Aubenas (Ar-
dèche), pour son étude sur l’hybridation artifi-
cielle de la Vigne.
Médaille d’argent à M. Félix Sahut, vice-
président de la Société d’horticulture de l’Hé-
rault, pour son ouvrage sur les Eucalyptus ; à
M. Eug. Grignon, pharmacien à Paris, pour
son ouvrage intitulé : Le Cidre.
Section de sylviculture.
Médaille d’argent à M. Émile Mer, attaché
à la station des recherches de l’École nationale
forestière, pour deux études sur l’élagage et
‘ sur la formation du bois parfait.
CHRONIQUE
Distinction à l'horticulture. — M. F.
Bergman vient de recevoir de l’empereur
d’Autriche l’ordre de François-Joseph. Le
haut mérite du chef de culture de Ferrières
le rend, en tous points, digne de cette haute
distinction.
La culture du Noisetier dans la pro-
vince d’Avellino (Italie). — Le Bulletin
de la Société toscane d’horticulture évalue
à 700 hectares la surface de terrain qui,
dans le territoire de la ville d’Avellino, est
consacrée à la culture des Noisetiers.
La production totale de la province est de
80,000 hectolitres, dont 65,000 sont ex-
portés.
L’Aveline, représentée par diverses va-
riétés, compose presque uniquement ces
importantes plantations.
Les Noisettes destinées à l’exportation
sont séchées, soit au soleil, soit à la fumée.
Les premières sont plus recherchées, parce
qu’elles se conservent mieux, et aussi
parce que leur péricarpe ne perd rien des
propriétés qui la font rechercher pour la
teinture en marron. Les Noisettes sont
exportées en France, en Autriche, en Amé-
rique ; en 1880, leur prix s’est élevé jusqu’à
106 fr. les 100 kilog. à l’état vert. La ré-
colte de 1887, très-abondante, s’est vendue
à raison de 50 fr. les 100 kilog. environ.
Le Tyleuchus putrefaciens. — Ce nom
et l’animalcule qui le porte ne sont pas une
nouveauté pour la science. Depuis longtemps
le Tyleuchus putrefaciens était signalé
comme un ennemi terrible de nos Ognons
pour lesquels ses morsures sont une cause
de pourriture immédiate. On avait pensé
que le parasite était aidé dans sa tâcbe dé-
vastatrice par des vers appartenant aux
groupes des Leptoptères et des Pélodères,
que l’on trouve souvent en sa compagnie.
Dans une récente communication faite à
l’Académie des sciences, M. Chatin dégage
la responsabilité de ces derniers, qui n’ont
que le tort de fréquenter une mauvaise
société, et établit que les ravages exercés
sur les Ognons doivent être attribués au
seul Tyleuchus putrefaciens.
Les vers blancs en Seine-et-Marne.
— L’an passé, les vers blancs ont fait dans
la Brie des dégâts considérables : les Avoines
et les Betteraves ont surtout été atteintes ;
mais, sous leur forme ailée, c’est-à-dire
comme hannetons, ces coléoptères se dépla-
cent facilement, et les jardins, les forêts et
horticole. 291
les pépinières ne tarderont pas, dans cette
région, à être attaqués.
Émus de cet état de choses, les membres
du Syndicat agricole de l’arrondissement
de Meaux viennent, en assemblée générale,
d’émettre le vœu que des mesures sérieuses
soient prises pour combattre les ravages de
cet insecte, qu’on peut appeler, avec juste
raison, le phylloxéra du nord de la
France. — Ils demandent :
1° Que la Société nationale d’agriculture de
France, qui comprend, parmi ses membres,
les naturalistes les plus distingués, veuille bien
s’occuper de la recherche des moyens de des-
truction de cet animai, soit à l’état de hanne-
tons, soit à l’état de larves, pour les indiquer aux
cultivateurs.
2° Que le département de Seine-et-Marne
veuille bien augmenter, l’année prochaine, la
prime accordée pour la destruction des hanne-
tons ;
3° Que l’État intervienne dans l’augmentation
de cette prime, pour donner des subventions
aux départements qui font des sacrifices à ce
sujet.
Les Asperges comme culture de grand
rapport. — D’un article publié parM. Van
Huile dans le Bulletin d’arboriculture,
de floriculture et de culture potagère, il
semble ressortir que le rapport de l’Asperge
cultivée en grand a été singulièrement exa-
géré dans les brochures ou articles publiés,
sur ce sujet, dans les dernières années.
D’après certains publicistes, la culture de
l’Asperge rapporterait environ cinquante et
une fois celle du Froment. Voici comment
le rédacteur du Bulletin cité plus haut
établit, pour la Belgique, le prix de revient
et de rendement :
Prix de revient par hectare.
1° Frais de premier établissement :
Loyer du terrain pendant trois ans . 540 f.
Contribution foncière 00
Achat de griffes à 25 fr. le mille en
moyenne. 250
Ouverture des rayons et préparation
de la terre 45
Plantation 50
Fumure 750
Entretien 300
Ensemble 1.985 f.
Soit 2,000 fr. à amortir en dix ans, ce qui
donne, par an, la somme de 200 fr.
2° Frais d’entretien :
Coût du fumier 250 f.
Contributions 20
Travaux de fumure 125
Travaux de buttage 125
Ensèmble 520 f.
292
CHRONIQUE HORTICOLE.
Ces 520 fr. ajoutés au 200 fr. de l’annuité
pour l’amortissement du capital de premier
établissement, donnent une dépense totale de
720 fr.
Prix de rendement.
Moyenne de la récolte des Asperges, par
hectare, 2,000 kilos, qu’il faut compter, au
plus, à 75 centimes le kil. , ce qui donne un
total de 1,500 fr. Si de ces 1,500 fr. on re-
tranche le prix de revient, il restera un béné-
fice de 780 fr., qui ne laisse pas d’être rému-
nérateur, mais qui est loin d’atteindre le
chiffre exorbitant qu’on a fait espérer dans
certaines publications. Les chiffres que nous
donnons, établis pour la Belgique, subissent
nécessairement chez nous quelques variations,
mais sont cependant assez près de la vérité
pour qu’il y ait intérêt à les connaître.
Empoisonnement des volailles par
le Muguet. — M. Roullier, directeur de
l’école d’aviculture de Gambais, en re-
commandant aux éleveurs de bien choisir,
pour le pâturage des volailles, des champs
où la Ciguë et d’autres plantes vénéneuses
n’existent pas, cite le cas d’empoisonnement
suivant:
La semaine dernière, la femme d’un cultiva-
teur jetait au fumier un bouquet de Muguet,
qui avait déjà séjourné dans un verre d’eau ;
le bouquet fut aussitôt dévoré par un troupeau
de dix petits oisons, plus le père et la mère ;
quelques minutes après, neuf des oisons étaient
morts, et le père et la mère très-malades ;
ceux-ci ont été sauvés, ainsi que le dixième
oison, par l’absorption forcée de lait trait sur-
le-champ. Ce remède réussit presque toujours,
s’il est administré à temps.
Avis aux ménagères, elles se souvien-
dront de ce conseil l’année prochaine, au
moment de la floraison du Muguet.
L’Otiorhynchus sulcatus. — Nousavons,
à différentes reprises (1), présenté à nos lec-
teurs cet ennemi de nos jardins et de nos
serres. Moins terrible que beaucoup d’autres,
ce coléoptère s’attaque surtout à notre luxe.
C’est en effet sur les plantes de serre qu’il
exerce principalement ses déprédations.
Larve, il dévore les racines des Primevères,
des Cyclamens, des Fougères, etc. ; insecte
parfait, il ronge les parties vertes des mêmes
végétaux. Vous vous apercevez que les
feuilles de vos plantes, au lieu de prendre
du développement, se rétrécissent de jour
en jour, ravagées par des dents invisibles;
vous fouillez les recoins de votre serre, vous
(t) Voir Revue horticole, 1881, p. 311 et 1884,
p. 92.
ne voyez pas ombre de malfaiteur. Cepen~
dant le lendemain vous constatez de nou-
velles déprédations. C’est que l’Otiorhynque
est prudent ; il sait le châtiment qui l’at-
tend s’il tombe entre vos mains, aussi ne
sort-il que la nuit. Si vous arrivez de grand
matin dans votre serre, à l’heure où le jour
commence à poindre, vous le trouverez
encore occupé à sa sinistre besogne. C’est le
moment de l’attaquer, et voici le procédé
qu’indique pour cela le Garden.
Étendez sous la plante sur laquelle vous
soupçonnez sa présence une feuille de papier
blanc, et donnez brusquement une vive
lumière : l’Otiorhynque, pris en flagrant
délit, se laissera tomber d’effroi, et vous
l’écraserez à votre aise.
Contre la larve de l’insecte, nous ne
connaissons qu’un moyen efficace : le rem-
potage des plantes précédé du nettoyage des
racines.
Le nouveau Todea du Muséum. — Le
Muséum vient de recevoir une énorme
touffe de Todea rivularis. M. le baron von
Mueller, de Melbourne (Australie), bota-
niste officiel ( state Botanist ), a fait re-
cueillir cette plante à 322 kilomètres dans
l’intérieur, et l’a fait conduire à ses frais
jusqu’à la côte.
C’est un cadeau magnifique : la plante
mesure lm 50 de diamètre et 1 mètre de
hauteur. Elle est arrivée en parfait état de
vie et de santé.
M. le baron von Mueller envoie depuis
de longues années des grandes plantes aus-
traliennes à tous ses correspondants. Il est
l’auteur d’un grand nombre de publications
de botanique pure et appliquée; c’est un
ardent propagateur de végétaux de la nou-
velle Hollande et un botaniste de haute
valeur.
Il a enrichi l’herbier du Muséum d’un
nombre énorme de plantes d’Australie. Ce
sont des faits trop peu connus et qui mé-
ritent d’être signalés.
L’horticulture au Trocadéro. — L’ins-
tallation des produits horticoles, en vue de
l’Exposition universelle de 1889, est déjà
commencée sur plusieurs points des jardins
du Trocadéro. Citons d’importantes col-
lections d’arbres d’ornement à haute tige,
d’arbres à rameaux retombants (pleureurs),
d’arbustes en touffes à feuilles caduques,
d’arbustes à feuilles persistantes taillés en
boule ou en pyramide sur tiges hautes de
1 à 2 mètres, On remarque des massifs de
293
CHRONIQUE HORTICOLE.
Hêtres pourpres et de Négundos panachés,
de Prunus Pisscirdi, de plantes aqua-
tiques, etc. Le tout est bien repris et en
bonne état de végétation. Ces végétaux sont
tous plantés dans les parties du parc
paysager qui avoisinent la rue Le Nôtre,
du côté de Passy.
Dans les parterres qui sont dans l’axe,
entre le Palais et la Seine, on a déjà placé
de belles pyramides de Magnolia gy'andi-
flora, hautes de 4 mètres. On les a proté-
gées contre les ardeurs du soleil par des
abris en toile d’emballage.
Les horticulteurs qui ont ainsi pris les
devants en recueilleront de signalés avan-
tages. L’année prochaine, leurs plantes ne
se ressentiront plus de la transplantation ;
leur végétation, leur floraison soront par-
faites, et. elles pourront ainsi prendre part à
la lutte dans toute leur beauté.
Le pain de Soya. — Nous avons parlé
dernièrement dans la Revue horticole de la
fécule de Soya et de son emploi pour la
fabrication des fromages. La farine de cette
légumineuse vient de recevoir une nouvelle
application. Par suite de sa composition chi-
mique, le Soya peut être utilisé avec succès
dans le traitement des diabétiques. Malheu-
reusement, sa farine présente un goût âcre
qui plaît peu au palais des malades et qui
jusqu’ici avait été un obstacle à sa vulga-
risation. M. Lecerf vient de réussir à débar-
rasser le Soya de ce goût désagréable et
fabrique avec sa fécule un pain excellent,
dont il a présenté des spécimens à l’Acadé-
mie des sciences.
Le parc public de Lisbonne. — Le
succès que nos compatriotes ont remporté
au concours de Lisbonne, s’accentue de jour
en jour. La Chambre municipale de cette
ville vient de décider l’acquisition du projet
de M. F. Morel, de Lyon, à qui la première
mention avait été décernée.
Il paraît que la non observation d’un des
points du programme : l’emploi d’une
échelle un peu trop réduite, avait placé lors
du concours, M. Morel en état d’infériorité
vis-à-vis de ses concurrents.
Exposition internationale de géogra-
phie botanique. — Le Cercle floral d'An-
vers a décidé, en principe, sur la proposi-
tion de M. Charles de Bosschere, d’organi-
ser, dans le courant de 1890, une exposition
internationale de géographie botanique. Le
programme sera conçu d’après les idées
émises dans le rapport sur le mode et Futi-
lité d’une exposition de ce genre, présenté
par M. Ch. de Bosschere au Congrès horti-
cole de Paris, en 1886.
Toutes nos sympathies sont acquises à
une œuvre qui rendra les plus grands ser-
vices à la botanique et à la science horti-
cole. Les explorateurs enverront à cette
exposition les plantes qu’ils ont découvertes,
les études qu’ils ont faites, les résultats di-
rects de leurs travaux ; et le public, éclairé,
pourra ainsi juger de leur valeur réelle.
A ce titre seul, sans compter tous les
avantages que l’horticulture en retirera, la
science qui nous est chère à tous devrait
des remercîments aux instigateurs de l’Ex-
position internationale de géographie bota-
nique d’Anvers, en 1890. Nous souhaitons
à cette entreprise tout le succès qu’elle mé-
rite.
EXPOSITION ANNONCÉE
Bourges, 2 au 5 août. — Une exposition de
tous les produits de l’horticulture et viticulture
et des industries qui s’y rattachent aura lieu à
Bourges, du 2 au 5 août.
Adresser les demandes d’admission àM. An-
cillon, président de la Société d’horticulture
du Cher, à Bourges, avant le 20 juillet.
Memento des Expositions.
Voici la liste des Expositions précédemment
^annoncées :
Bar-sur-Aube. — Exp. gén. (Chr. n° 12), 6 au
10 juillet.
Bordeaux. — Fruits, légumes, fleurs (Chr. n° 5),
15 au 26 septembre.
Bougival. — Exp. gén. (Chr. n° 9), 29 août au
3 septembre.
Lyon. — Exp. gén. (Chr. n° 11), 13 au 17 septembre.
Meaux. — Exp. gén. (Chr. n° 5), 7 au 9 septembre.
Mézidon. — Exp. gén. (Chr. n» 10), 16 septembre.
Moulins. — Exp. gén. (Chr. n° 6), 31 juillet au 5 août.
Périgueux. — Exp. horticole et viticole (Chr. n°ll),
3 au 5 août.
Roubaix. — Chrysanthèmes (Chr. n° 5) , 17 novembre,
Saint-Germain-en-Laye. Exp. gén. (Chr. n° 10),
26 au 29 août.
Saint-Mandé. — Exp. gén. (Chr. n° 12), 16 au
23 septembre.
Toulouse. — Exp. de culture maraîchère, culture
ornementale e t arboricul ture fruitière
(Chr. no 11), 27 au 30 septembre.
— Même Exp. et spécialement Exp. de
Chrysanthèmes (Chr. n° 11), 15 au
18 novembre.
Valognes. — Exp. locale (Chr. n° 8), lor au 4 sep-
tembre.
Anvers. — Roses (Chr. no 8), fin juin.
Gand. — Exp. de lloriculture (Chr. n° 11) 2 au 3 sep-
tembre.
— Chrysanthèmes (Chr. n° 11), 18 au 22 no-
vembre.
Lausanne. — Exp. gén. (Chr. no 8), 20 au 25 sep-
tembre.
E-A. Carrière et Ed. André.
294
UN PLÉBISCITE POUR LES PLUS BELLES ROSES.
UN PLÉBISCITE POUR LES PLUS BELLES ROSES
A plusieurs reprises la presse anglaise, et
principalement le Journal of horticulture,
a organisé des consultations populaires,
de véritables plébiscites, à l’effet de faire
connaître les Roses qui réunissent les plus
nombreux suffrages.
La même idée a été reprise en France
par le Journal des Roses, et avec un grand
succès. Nos confrères étaient là sur leur
propre terrain, et les opinions exprimées
avaient une grande valeur.
Voici que la Rosen Zeitung, à son tour,
soumet les Roses au suffrage universel des
amateurs. Comme pour les précédentes ten-
tatives, nous en faisons connaître les résul-
tats à nos lecteurs, en indiquant seulement
les plus belles variétés pour chaque caté-
gorie.
Roses Thé jaunes.
Maréchal Niel. — Perle des jardins. — Ma-
dame Eugène Verdier. — Étoile de Lyon. — Belle
Lyonnaise.
Roses Thé blanches.
Niphëtos. — Grande-duchesse Mathilde. — Ma-
dame Bravy. — Étendard de Jeanne d’ Arc. —
Marie Guiltot.
Roses Thé jaune lavé de rouge.
Madame Bérard. — Marie Van Houtte — Gloire
de Dijon. — Francisca Krüger. — Aclrienne Chris -
tophle.
Roses Thé blanc lavé de rose.
Marie Van Houtte. — Souvenir de Paul Neyron.
— Grâce Darling. — Madame Bravy. — Madame
de Watteville.
Roses Thé rouges.
Reine Marie -Henriette. — André Schwartz. —
Souvenir de Thérèse Levet. — Alphonse Karr. —
Madame Lombard.
Roses Thé recommandables pour leur
maintien, leur aspect.
Maréchal Niel. — Catherine Mermet. — Perle
des jardins. — Marie Van Houtte. — Gloire de
Dijon. — Madame Bérard. — Belle Lyonnaise.
— Grande-duchesse Mathilde. — Souvenir d'un
ami. — Sombreuil.
Roses Thé recommandables pour leur
parfum.
Maréchal Niel. — Gloire de Dijon. — Perle des
jardins. — Souvenir d'un ami. — Devoniensis. —
Madame Eugène Verdier. — Belle Lyonnaise. —
Comtesse Riza du Parc. — Adam. — Reine Na-
thalie de Serbie.
Roses Thé les meilleures pour forcer.
Perle des jardins. — Maréchal Niel. — Niphè -
ios. — Madame Falcot. — Gloire de Dijon. —
Safrano. — Souvenir d'un ami. — Grande-du-
chesse Mathilde. — Marie Van Houtte.— Madame
Chédane Guinoiseau.
Roses Thé les plus florifères.
Gloire de Dijon. — Belle Lyonnaise. — Niphë-
tos. — Perle des jardins. — Madame Bérard. —
Homère. — Madame Falcot. — Madame Chédane
Guinoiseau. — Madame Lombard. — Safrano .
Roses Thé les plus rustiques.
Gloire de Dijon. — Madame Bérard. — Belle
Lyonnaise. — Homère. — Reine Marie-Henriette.
— Sombreuil . — Francisca Krüger. — Beauté de
l'Europe. — Madame Lombard. — Madame Émile
Dupuis.
Roses Thé pour forcer avant l’hiver.
Safrano. — Niphëtos. — Madame Falcot. —
Gloire de Dijon. — Madame Chédane Guinoi-
seau. — Devoniensis. — Grande-duc hesse Ma-
thilde. — Coquette de Lyon. — Perle des jardins.
— Souvenir d'un ami.
Roses Thé pour forcer après l’hiver.
Maréchal Niel. — Perle des jardins. — Marie
Van Houtte. — Grande-duchesse Mathilde. — Ni-
pliétos. — Perle de Lyon. — Catherine Mermet.
— B elle Lyonnaise. — Francisca Krüger. — Gloire
de Dijon.
Hybrides remontants pour forcer avant
l’hiver.
Anna Alexieff. — Triomphe de l'Exposition. —
Jules Margottin. — John Hopper. — Horace Ver-
net. — Captain Chris ty. — Général Jacqueminot.
— Louise Odier. — Fisher Holmes. — Victor
Verdier.
Hybrides remontants pour forcer après
l’hiver.
Baronne de Rothschild. — Marie Baumann. —
Captain Christy. — Louis Van Houtte. — Alfred
Colomb. — Merveille de Lyon. — John Hopper.
— Magna Cliarta. — Horace Vernet. — Madame
Victor Verdier.
Les meilleurs hybrides remontants
pour floraison d’automne.
Général Jacqueminot. — Jules Margottin. —
Alfred Colomb. — Boule de neige. — Pierre Not-
ting. — Marie Baumann. — Madame Victor Ver-
dier. — Prince Camille de Rohan. — Victor Ver-
dier. — ' Sénateur Vaïsse.
Les plus florifères et d’un port nain.
Souvenir de la Malmaison. — La France. —
Hermosa. — Cratnoisi supérieur. — Marie Bau-
mann. — Crimson Bedder , — Ducher. — Lady
Marie Fitz William. — Mignonnette. — Captain
Christy.
Les cinq plus beaux hybrides
remontants blancs.
Merveille de Lyon. — Boule de neige. — Mabel
Morrison. — Élise Boclle. — Impératrice Eugénie.
Les plus beaux hybrides remontants
à fleurs roses.
Baronne de Rothschild. — John Hopper. —
Eugénie Verdier. — Paul Neyron. — Magna
Cliarta. — Anna de Diesbach. — Madame Marie
Finger. — Victor Verdier. — Madame Gabriel
Luizet. — Queen of Queens.
Les plus beaux hybrides remontants
blanc teinté de rose.
Captain Christy. — Julius Finger. — Merveille
de Lyon. — Élisa Boëlle. — Catherine Soupert.
Les plus beaux hybrides remontants
rouges.
Marie Baumann. — Alfred Colomb. — Madame
Victor Verdier. — Fisher Holmes. — Sénateur
TRITOMA CANARI.
295
Vaïsse. — Souvenir de Spa. — Charles Lefebvre.
Général J acqueminot. — Alfred K. Williams.
Ulrich Brunner fils.
Les plus beaux hybrides remontants
rouge foncé.
Prince Camille de Rohan. — Van Houtte.
Souvenir de William Wood. — Jean Liabaud. —
Empereur du Maroc. — Monsieur Boncenne. —
Pierre Notting. — Xavier Olibe. — Abel Carrière.
— Eugène Fürst.
Les plus belles Roses Thé hybrides,
Lady Mary Fitz William. — La France. — Duke
of Connaught — Cheshunt liybrid. — Madame
Julie Weidmann.
Les plus belles Roses Ile-Bourbon.
Souvenir de la Malmaison. — Baron Gonella.
— Louise Odier. — Madame Pierre Oger. — Mis-
tress Bosanquet .
Les plus belles Roses Noisette.
William Allen Richardson. — Céline Forestier.
— Aimée V'ibert. — Rêve d'or. — Bouquet d'or.
Les plus belles Roses mousseuses.
Centifolia muscosa. — Cristata. — Eugène
Verdier. — Reine Blanche. — Little Gem.
Les plus belles mousseuses remon-
tantes.
Soupert et Notting. — Blanche Moreau. — Eu-
génie Guinoiseau. — Salet. — Deuil de Paul
Fontaine.
Les plus belles panachées.
Belle des jardins. — Perle des panachées. —
Tricolore de Flandres. — Panachée d'Orléans.
— Panachée du Luxembourg .
Les Roses grimpantes les plus
vigoureuses.
Beauty of the prairies. — Belle de Baltimore.
— Félicité- Perpétue. — Duc de Constantin. —
Alba.
Les Roses grimpantes les plus
florifères.
Belle de Baltimore. — Fëlicitè-Perpètue. — Po -
lyantha. — Madame Viviand Morel. — Madame
de Sancy Parabère.
Gomme il faut une sanction à toute opi-
nion, nous croyons utile de conseiller à nos
lecteurs l’examen attentif de l’énumération
qui précède, et de se rendre compte des
changements que les amateurs français de
Pmses pourraient y apporter s’ils étaient
consultés. Sans aucun doute, ces change-
ments seraient considérables. Nous n’en
voulons pour preuve que cette exquise Rose :
La France , qui réunit tous les mérites :
nuance, parfum, floraison perpétuelle, et
que les plébiscites des rosistes anglais ont
toujours placée au premier rang. Dans les
listes données par la Rosen Zeitung, elle
est nommée parmi les Rosiers florifères et
d’un port nain, ainsi que dans les thés
hybrides, mais en compagnie d’autres va-
riétés qui auraient pu être mieux choi-
sies.
Quoi qu’il en soit, il est intéressant de
connaître les divers jugements des amateurs
de Roses, suivant les latitudes et les « cir-
constances », et, à ce titre, il n’était pas
inutile de porter devant notre public les
listes qui précèdent.
Ed. André.
TRITOMA. CANARI
Cette plante, que nous ne savons trop à
quelle espèce rapporter, et dont le qualifi-
catif Canari peut donner une idée quant à
la couleur des fleurs, vient faire une heu-
reuse diversion dans le groupe des Tritoma
en y introduisant la nuance jaune, qui y
manquait jusqu’ici. Elle est encore rare
dans les cultures, et, comme nous l’avons
vue récemment en fleurs chez M. Godefroy-
Lebœuf, horticulteur à Argenteuil, nous
croyons devoir la faire connaître et en don-
ner la description que voici :
Plante d’une bonne vigueur, touffue par
les nombreux bourgeons qu’elle émet. Feuilles
d’un vert clair, triquètres, relativement courtes,
souvent un peu contournées. Hampe glabre,
vert roux, parfois çà et là courtement feuillue
ou munie de bractées. Inflorescence forte, en
large pompon. Corolle penchée, d’abord légè-
rement rougeâtre, bientôt jaune, et alors à
tube corollaire gros, parcouru de quelques
lignes légèrement colorées. Étamines longue-
ment saillantes à filet rougeâtre.
Par sa couleur particulière, le Tritoma
Canari vient apporter un élément nou-
veau d’ornementation, en le plantant al-
ternativement avec des variétés de nuances
et de coloris différents.
D’autre part, il est probable que ses
graines produiront des variétés; et, ce qui
est également probable, c’est que des fécon-
dations faites entre cette forme à fleurs jaunes
et d’autres de couleurs différentes donne-
ront naissance à des intermédiaires, peut-
être même à une série qui embrassera
toutes les couleurs intermédiaires entre le
blanc et le jaune d’or.
On peut aussi espérer que, outre les
couleurs, la variation portera sur les formes
de l’inflorescence, et qu’alors, au lieu de
l’uniformité constatée jusqu’ici, on obtien-
drait également de ce côté des variations
plus ou moins grandes.
E.-A. Carrière.
296
l’ornementation florale a l’exposition de paris.
L’ORNEMENTATION FLORALE A L’EXPOSITION DE PARIS
« La fleur n’est réellement belle que
lorsqu’ elle est portée par la plante qui
l’a produite. » Cet axiome a évidemment
inspiré ce conseil sentimental bien connu :
Laissons les Roses aux Rosiers !
Mais il n’en est pas moins, à notre avis,
absolument faux.
Il serait plus juste de dire que les fleurs
ne possèdent toute leur élégance et la pléni-
tude du charme particulier à chacune d’elles,
que lorsqu’on les observe sur les plantes qui
les ont produites, et surtout si ces plantes se
sont développées dans leurs conditions na-
turelles.
Fig. 63. — Jardinière avec support en bambou, forme croissant.
Mais il n’est pas donné à tout le monde
de pouvoir aller dans les Andes de Co-
lombie, par exemple, pour admirer, au mi-
lieu des forêts vierges, se balançant légère-
ment au-dessous des arbres entrecroisés et
couverts de Mousses épaisses, ces ravissants
Odontoglossum crispum aux longues
hampes florales élégamment recourbées, ou
bien d’explorer les montagnes desséchées
du Mexique pour y surprendre, au mo-
ment de l’épanouissement de leur florai-
son, certains Cactus aux couleurs éblouis-
santes.
Il est beaucoup plus pratique, puisque
nous le pouvons, de profiter de tout ce qui
a été fait avant nous, pour rassembler
presque côte à côte les floraisons du monde
entier. Ceci étant posé, il ne reste plus qu’à
tirer, par des dispositions artistiques, le
meilleur parti possible des nombreux élé-
ments que la nature et l’homme ont mis,
sous ce rapport, à notre disposition.
L ORNEMENTATION FLORALE A L EXPOSITION DE PARIS.
297
Nous n’avons pas
l’intention de parler,
aujourd’hui, de la
confection des bou-
quets. Cette question
a récemment été trai-
tée, d’une manière
complète, par une
personne dont le
sentiment artistique
et les connaissances
horticoles se sont
ainsi hautement ma-
nifestés (1). Nous
allons examiner ce
qui se fait actuelle-
ment à Paris, pour
l’emploi des plantes
et fleurs en jardiniè-
res, corbeilles, etc.,
en laissant à nos
lecteurs le soin d’ap-
précier le goût de
nos fleuristes.
Lorsque, dans une
(1) Voir Revue horti-
cole, 1888, p. 237.
• r <1 — j
1
ITo
Fig. 64. — Jardinière avec support en bambou,
forme cadre.
promenade dont la
durée n’est pas bien
longue, on contem-
ple successivement
les vitrines des La-
brousse, des Nils-
son, des Debrie-La-
chaume, des Ber-
nard, et de quelques
autres fleuristes, on
constate immédiate-
ment qu’ils n’ont
fait que peu de con-
cessions à cette mode
absurde d’ensevelir
les fleurs sous des
paquets de rubans
énormes, aux cou-
leurs éclatantes. La
pénurie de fleurs,
en plein cœur de
l’hiver, autorise
seule à employer
quelques rubans peu
larges, aux tons effa-
cés, pour donner
plus d’importance
aux compositions
298
CONGRÈS HORTIGOLE DE PARIS.
préparées, sans nuire aux coloris des co-
rolles et feuillages.
Quant à la forme des corbeilles, jardi-
nières, et autres ustensiles destinés à rece7
voir où à supporter les plantes et les ra-
meaux fleuris, elle est des plus variées, et
Ton en fait actuellement en osier et en jonc
tressé, d’autant plus jolis qu’ils sont plus
simples.
Les figures 63 et 64 reproduisent deux
types de décoration florale, présentés par
M. Debrie-Lachaume à la récente exposi-
tion de la Société nationale d’horticulture.
La première (fîg. 63) se compose d’une
petite jardinière, au centre de laquelle est
dressé un support en Bambou noir, d’une
forme très-gracieuse. La jardinière ren-
ferme quelques Anthurium Scherzeria-
num, Lycaste Skinneri, au milieu des
feuilles jonciformes de Y Iris Xyphium. Sur
le Bambou ont été fixées des inflorescences
de Lælia purpurata , Selenipedium cau-
datum, Cypripedium variés, Masdevcillia
Harryana, Odotonglossum crispum va-
riés, etc., le tout entremêlé de brindilles
A Asparagus plumosus et d 'Adiantum
cuneatum.
La seconde jardinière (fig. 64), établie
d’après le même principe, présente une
disposition, en cadre, bien différente.
Composée avec les mêmes fleurs, à peu
près, elle est surtout destinée à être placée
devant une glace, une fenêtre, une che-
minée non employée, et est également
d’une grande élégance.
La ligure 65 représente une petite jardi-
nière remarquée chez M. Nilsson.
Le panier, en forme de losange, avec
arêtes bien nettes, est fait de joncs tressés
ayant conservé leur couleur gris-verdâtre. B
est destiné à être placé soit sur un guéridon,
soit au milieu d’une table de repas.
Bans le bas, et au centre, un Bégonia
Rex au large feuillage; au-dessus, un Cat-
tleya Mossiæ formant la masse principale
montre ses belles fleurs blanc et rose vif ;
à droite et à gauche, des Odontoglossum
crispum, de diverses variétés, élancent leurs
panicules tigrées ; quelques Anthurium
Scherzerianum et Cypripedium Law-
renceanum, mêlent çà et là leur floraison
brillante et singulière.
Des rameaux ou feuilles A Asparagus
pluynosus et A Adiantum Farleyense com-
plètent cette gerbe sans lui donner la
moindre apparence de lourdeur.
Dans cette jardinière, le Cattleya, le Bé-
gonia, le Cypripedium et Y Anthurium,
sont des plantes en pots, dont la floraison,
dans un appartement, peut se prolonger
plus d’un mois. Les fleurs et feuillages cou-
pés sont renouvelés une ou plusieurs fois,
et c’est un moyen de faire varier légèrement
l’aspect obtenu.
Les Orchidées, on le voit, jouent le
rôle principal dans les types de décoration
florale que nous venons de citer. C’est
qu’elles sont très en faveur actuellement à
Paris, où on les emploie jusque dans la
coiffure des femmes, et aussi pour la garni-
ture du corsage.
Les fleuristes parisiens ont une réputa-
tion universelle, bien justifiée. B nous a paru
intéressant de choisir, parmi leurs compo-
sitions les plus récentes, quelques types
bien caractérisés, permettant d’apprécier le
talent qu’ils apportent dans leurs compo-
sitions florales, pour l’arrangement harmo-
nieux des formes et des couleurs.
Ch. Thays.
CONGRÈS HORTICOLE DE PARIS
Le Congrès a été ouvert le lundi 28 mai,
sous la présidence de M. Léon Say, qui offre
la présidence d’honneur à M. Georges Berger,
l’un des directeurs de l’Exposition univer-
selle.
Prennent place au bureau MM. Hardy, Bleu,
Ch. Joly, Jamin, Ch. Verdier, Dybowski, Le-
bœuf et E. Bergman, secrétaire.
La séance commence par un remarquable
discours de M. Georges Berger, dans lequel il
s’étonne, lui « profane », de se voir porté à la
présidence de l’assemblée par les maîtres de
l’horticulture. Il les en remercie chaudement
et il n’oubliera pas l’honneur qui lui est fait. II
s’efforcera de donner à l’horticulture, dans
l’Exposition de 1889, la large place qu’elle mé-
rite, et il convie tous les horticulteurs au Con-
grès de 1889.
La question des transports par chemin de
fer des végétaux et des denrées horticoles est
la première à l’ordre du jour. MM. Desbordes,
Simon, Nardy, Muller, Vitry, Millet, Duval,
Verdier, Jamin, Forgeot, prennent successive-
ment la parole. II y a deux ans, nous nous
souvenons d’avoir entendu, sur la même ques-
tion, les plaintes et les revendications d’un
nombre d’orateurs au moins égal.
M. Dybowski communique ensuite le résultat
CONGRÈS HORTICOLE DE PARIS.
299
d’expériences qu’il a faites sur l’arrosage des
plantes et desquelles il résulte que l’aération
de l’eau servant à l’arrosage est indifférente à
la végétation.
Ce ne sont pas les seuls faits intéressants
que M. Dybowski ait recueilis de ses observa-
tions. Dans une étude sur le bouturage des
plantes qu’il a publiée dans les Mémoires pré-
liminaires du Congrès, il posait en principe
que le bouturage des plantes vivaces peut ré-
duire la dimension des individus et en retar-
der la floraison, et que ce double effet de ré-
duction et de retard est d’autant plus accentué
que le bouturage est fait plus tardivement.
De ce fait découlent un grand nombre d’ap-
plications pratiques que tout le monde saisit
facilement.
La séance du lendemain a été est ouverte à
deux heures, sous la présidence de M. Hardy.
La question de l’enseignement de l’horti-
culture dans les écoles ne cesse pas de préoc-
cuper ceux qui s’intéressent à ses progrès.
M. Bellair demande que l’on donne aux
jeunes filles une instruction horticole qui leur
permette, plus tard, d’aider leurs maris dans
les travaux du jardinage.
M. Chevallier voudrait que l’instruction
commençât par le maître ; à cet effet, il renou-
velle la proposition de création, dans chaque
canton, de jardins modèles dans lesquels les
professeurs d’horticulture auront sous la main
les éléments nécessaires pour faire aux institu-
teurs des cours pratiques.
M. Thirion se! plaint de l’insuffisance des ma-
nuels élémentaires d’horticulture, et l’assem-
blée renvoie à la Société centrale d’horticul-
ture un vœu tendant à ce qu’il soit institué
un prix pour engager les auteurs à publier un
manuel répondant aux besoins existants.
Le Congrès appelle de tous ses vœux la ré-
vision de la convention pliylloxérique, et, sur
la proposition de M. Leroy, appuie une pro-
position tendant à ce que le gouvernement
français soit invité à laisser les végétaux fran-
çais, sauf la Vigne, pénétrer librement en
Algérie.
M. Nardy nous apporte de bonnes nouvelles
du Midi. De grands espaces de Vignes détruites
ont été replantés et sont en pleine production.
Les porte-greffes américains auxquels les viti-
culteurs du Midi s’adressent de préférence
sont le Riparia et le York-Madeira. Le Ri-
paria donne aux greffons une vigueur consi-
dérable, mais il faut avoir soin de ne pas
greffer sur le Riparia des espèces françaises à
trop gros bois, car autrement l’assimilation
complète entre le sujet français et le sujet amé-
ricain est compromise. Cette Vigne ne s’ac-
commoderait pas d’un sol absolument calcaire
ou très-humide. C’est sur le York-Madeira
que sont greffés presque tous les Chasselas. Le
Jacquez , que l’on a beaucoup vanté, résiste
moins bien que les autres porte-greffes aux
attaques du phylloxéra. On plante encore
dautres espèces; on plante beaucoup; la re-
constitution des vignobles va très-vite, et,
d’après M. Nardy, on pourra encore dire, dans
quelques années, que la France est « la cave
de l’Europe ».
Après quelques aperçus sur la question des
engrais chimiques, les plantations fruitières et
la brûlure du Poirier, M. le Président ajourne
le Congrès à l’année prochaine.
Voici, en résumé, les vœux émis par le Con-
grès horticole de 1888 :
1° Que les Compagnies du Nord, de Paris-Lyon-
Méditerranée et Ouest, veuillent bien faire passer
les arbres vivants et les plantes de la première à la
deuxième série par expédition de 1,000 à 4,000 ki-
los, soit avec un rabais de 12 p. 100 environ.
2° Que la Compagnie d’Orléans accorde le même
classement que ci-dessus, et de plus étende le bé-
néfice du wagon complet de 4,000 kilos à tout son
réseau.
3° Que les Compagnies de l’Est et du Midi : sup-
priment la majoration; classent à la deuxième
série des expéditions de 1,000 à 4,000 kilos; et le
wagon complet de 4,000 kilos à la troisième série,
comme le font les autres Compagnies.
4° Que les délais ne soient pas allongés en raison
de ces réductions de prix.
Il est bien entendu que pour jouir du bénéfice de
ces tarifs réduits, il en faut faire la demande sur la
déclaration d’expédition.
5° Que la différence du prix de transport entre les
légumes et les fruits venant du Midi disparaisse
des tarifs de la Compagnie P.-L.-M.
6° Que les Compagnies de chemins de fer fran-
çais créent des colis-postaux de 5 kilos.
7° Que les maisons étrangères ne soient plus
admises à soumissionner pour les fournitures de
graines dans les adjudications françaises.
8° Que l’enseignement du jardinage soit organisé
sérieusement et rendu obligatoire dans les écoles
rurales des deux sexes.
9° Que cet enseignement soit au moins facultatif
dans les établissements de l’enseignement secon-
daire des jeunes filles.
10° Qu’au lieu d’enseigner les sciences pures, on
donne aux jeunes filles des notions d’histoire natu-
relle, de physique, de chimie appliquées au jardi-
nage, à l’économie domestique, à l’hygiène, etc.
11° Que quant à présent, il soit créé dans chaque
canton rural un jardin type, qui servira de modèle
à tous les jardins d’école de ce canton, et que dans
ce jardin soient organisés des cours spéciaux d’hor-
ticulture pour les instituteurs des environs, et que
l’enseignement en soit surtout pratique.
12° Que des carrés d’expériences comparatives
soient organisés dans le but de connaître les prin-
cipes fertilisants les plus indispensables pour pro-
duire des récoltes plus élevées en légumes, en
fleurs et en fruits.
13p Que l’analyse comparative de ces diverses
sortes de végétaux soit faite dans le but de préciser
les éléments fertilisants nécessaires pour obtenir
une croissaftce normale de chacune de ces plantes.
14° Que le gouvernement français ne prohibe
pas, sans nécessité, l’entrée de nos propres pro-
duits en Algérie.
15° Que les porte-greffes applicables aux arbres
fruitiers soient recherchés et cultivés avec un soin
300
NYMPHÆA CASPARYI ALBA.
ROSE GLOIRE DE MARGOTTIN.
tout particulier, afin d’obtenir une production à la
fois plus rapide et plus belle.
16° Que le gouvernement français fasse faire la
plantation d’arbres fruitiers sur les routes départe-
mentales.
Voilà bien des vœux, mais combien seront
exaucés ?
Il nous semble que le Congrès horticole
aurait d’autant plus de chances d’arriver à un
résultat pratique que le nombre des questions
posées serait moins considérable, le nombre
des vœux émis plus restreint et leur réalisation
poursuivie avec plus de persévérance.
P. CORNUAULT.
NYMPHÆA CASPARYI ALBA
Cette haute nouveauté, tout récemment
obtenue, se rapproche beaucoup du type
(Nympkæa Caspavyi ), dont, à vrai dire,
elle ne diffère que par la couleur des fleurs,
qui est d’un très-beau blanc pur, rappelant
celle du Nénuphar commun ( Nymphæa
alba]. C’est à M. Fournier, horticulteur,
49, rue Basse-Saint-Pierre, à Montreuil,
qu’on doit l’obtention de cette variété. Elle
provient de graines qu’il avait récoltées et
qu’il a semées en 1883. Sa première florai-
son a eu lieu en 1887, mais le pied, alors
encore faible, n’a produit que deux fleurs;
cette année, au contraire, les fleurs se suc-
cèdent, ainsi, du reste, que cela a lieu pour
les Nymphæa en général.
A quoi est due la production spontanée
de cette variété? Est-ce « un pas en avant »,
c’est-à-dire une évolution directe, diver-
gente, progressive, qui est la loi générale
en vertu de laquelle se forment les nou-
veaux types par l’extension des anciens? Ou
bien faut-il voir là un fait d’atavisme, c’est-
à-dire le retour d’une variété au type dont
elle était sortie? Ces deux hypothèses peuvent
être admises, et nous ne voyons pas qu’il
y ait lieu de se prononcer plutôt pour l’une
que pour l’autre. Aussi, sous ce rapport,
nous bornons-nous à signaler le fait, lais-
sant à chacun le soin d’en tirer les consé-
quences. L’essentiel ici, et quelle que soit
la cause, c’est la production d’une plante
aquatique d’ornement, rustique, qui viendra
prendre place dans les bassins ou cours
d’eau, à côté des autres espèces à fleurs
blanches qui, par l’opposition des couleurs,
produiront un charmant contraste. Les ca-
ractères du Nymphæa Caspavyi alba sont
exactement ceux du type ; la fleur est d’un
rouge vineux, les pétales, d’un blanc pur,
ont les étamines jaunes. Quant à la culture
et à la multiplication, ils sont absolument
les mêmes que pour toutes les autres es-
pèces du genre. E.-A. Carrière.
ROSE GLOIRE DE MARGOTTIN
Les amateurs de Roses qui ont visité l’ex-
position d’horticulture de 1887 ont déjà
reconnu, à la seule vue de la planche colo-
riée que nous donnons ci-contre, une des
beautés de cette exposition. La Rose Gloire
de Margottin eut alors un succès très-vif
dû à la finesse de sa fleur et à son coloris
rouge clair des plus brillants (1).
Cette variété a été obtenue en 1882 par la
fécondation de la Rose Gloire des Roso-
mancs avec plusieurs sortes de Roses Thés ,
(1) C’est par erreur que la plante coloriée porte
le nom Triomphe de Margottin au lieu de Gloire
de Margottin. Afin d’éviter des erreurs de nomen-
clature qui pourraient se produire plus tard, nos
abonnés pourront faire sur la planche la rectifica-
tion nécessaire. Nous n’avons malheureusement
constaté cette erreur qu’au moment de l’expédi-
tion du journal, et nous n’avons pu par consé-
quent faire faire nous-mêmes cette rectification.
{Note de la rédaction .)
parmi lesquelles le Thé G oubault a joué le
principal rôle.
Voici les caractères de cette superbe
variété, qui fait grand honnneur à M. Mar-
gottin père, ce vétéran des rosiéristes qui
a déjà paré nos jardins de tant de mer-
veilles.
Arbuste très-vigoureux, à rameaux vert
clair ; aiguillons courts assez nombreux ;
feuilles à 5 ou rarement 7 folioles ; pédon-
cules ordinairement réunis par 3-7, longs ;
boutons très-allon'gés, s’ouvrant bien, en-
tourés par les sépales lâches ; fleurs de
9 à 12 centimètres de diamètre, pleines,
globuleuses; pétales arrondis d’un rouge
clair éblouissant.
Par la vigueur de sa végétation, la forme
de son bouton, la précocité de sa floraison,
la Rose Gloire de Margottin tient sa place
pqrmi nos meilleures variétés. La beauté de
Reuiw Horticoles.
'Oodarci, del.
Rose Triomphe de, Mcircjotiui
DESTRUCTION DU CHANCRE DES ARBRES PAR LE SULFATE DE FER.
sa fleur, la rareté et l’éclat de son coloris,
en font une plante précieuse pour le com-
merce des fleurs coupées. Elle offre à l’ama-
teur ce caractère spécial et bien rare de ne
pas tourner au violacé en vieillissant, de
sorte que cette fleur charmante conserve
301
son éclat exceptionnel jusqu’au moment où
elle s’effeuille.
Tous les amateurs de Roses devront une
fois de plus, à M. Margottin père, l’habile
et fortuné semeur, de chaleureux remercî-
ments. Ed. André.
DESTRUCTION DU CHANCRE DES ARRRES
ET DES AUTRES PARASITES DES PLANTES PAR LE SULFATE DE FER
Dans le dernier numéro de la Revue hor-
ticole, nous avons parlé de l’emploi du sul-
fate de fer pour la destruction des Mousses ;
mais la destruction des Mousses n’est pas le
seul effet du sulfate de fer : il peut être aussi
utilisé contre la maladie des Pommes de
terre, les chancres des arbres fruitiers, la
tavelure des Poiriers, la gomme des Pruniers
et des Cerisiers, la cloque des Pêchers, la
cuscute, les pucerons des Rosiers, etc.
L’action du sulfate de fer sur ces autres
parasites n’est pas, au point de vue des
dosages, aussi bien étudiée ; elle demandera
donc quelques essais préliminaires ; il serait
par suite fort intéressant que sur les indi-
cations suivantes, quelques-uns des lecteurs
de ce journal, se trouvant en présence de
l’un de ces parasites, voulussent bien y pro-
céder, et personnellement nous serons re-
connaissant à ceux qui, les ayant exécutés,
voudraient bien nous en communiquer les
résultats.
L’action du sulfate de fer contre la mala-
die de la Pomme de terre (. Peronospora in-
festais) a été signalée déjà par M. Bouquet
à M. Ponsard, président du Comice agricole
de Châlons-sur-Marne; elle a été à nouveau
indiquée par M. le docteur Griffiths. Nous
pensons, à défaut d’indications précises,
qu’une dose de 100 à 200 kilog. par hectare
doit être suffisante; il y aurait intérêt à
essayer des doses variables, surtout si les
attaques de la maladie sont violentes, ou
plutôt l’application de doses répétées de
100 kilog.
La destruction des chancres des arbres,
dont nous nous occupons plus spécialement
aujourd’hui, parait pouvoir s’obtenir par
l’épandage au pied des arbres d’une cer-
taine quantité de sulfate de fer par mètre
carré présumé occupé par les racines.
La question vient de prendre un très-
grand intérêt, puisque l’honorable M. Pril-
lieux, si connu par ses travaux sur les or-
ganismes microscopiques, pense qu’il y a
peut-être dans le sulfate de fer un moyen
de combattre les chancres des arbres; il en
a fait la déclaration à l’une des dernières
séances de la Société nationale d’agriculture
de France.
Voici d-’ abord les faits :
1° Dans le jardin de l’une des fermes de
Clermont (Aisne), des Poiriers étaient dé-
vorés par des chancres; la peau crevassée et
rongée indiquait que le mal était ancien ;
après deux ans de traitement par le sulfate
de fer, ils ont repris une peau lisse et bril-
lante, et une grande partie des plaies an-
ciennes faites par les chancres a déjà dis-
paru.
A côté d’eux, des Pruniers ayant environ
15 centimètres de diamètre, traités de la
même manière depuis deux ans, se débar-
rassent aussi très-visiblement, de leurs pa-
rasites; l’épiderme se transforme d’une
manière très-nette. Pourtant, ces arbres
déjà vieux végétaient mal depuis long-
temps.
Ces faits, je les ai vus, et quiconque
voudrait les contrôler peut s’adresser à
M. Chavée-Leroy, qui exploite cette ferme.
2° Dans un jardin situé à Urcel (Aisne),
le même résultat a été obtenu sur des Poi-
riers.
Ici, la maladie était moins invétérée;
l’action a été immédiate et très-sensible dès
la première année .
3° Des Peupliers, dont le tronc était cou-
vert de chancres, transportés dans un ter-
rain recevant des infiltrations d’eaux légè-
rement chargées de sulfate de fer, en ont
été débarrassés complètement au bout de
deux ou trois ans.
L’explication de cette action du sulfate de
fer est donnée par M. Prillieux dans sa
communication à la Société nationale d’a-
griculture. D’après ce savant, le chancre du
bois est causé par le Nectria ditissima,
dont le genre de vie est analogue à celui du
Champignon de l’anthracnose, le Sphace -
302
DESTRUCTION DU CHANCRE DES ARBRES PAR LE SULFATE DE FER.
loma ampelinum ; or, ce dernier ne résiste
pas à l’action du sulfate de fer; aussi
M. Prillieux propose-t-il d’entailler les
chancres de façon à enlever la partie né-
crosée et de frotter la plaie avec un pinceau
ou un chiffon imbibé de la solution con-
centrée de sulfate de fer.
Le mode d’emploi que je conseille est
différent, mais je pense qu’il est aussi sûr :
c’est un traitement interne au lieu d’un
traitement externe ; il a de plus pour effet
de donner à la végétation de l’arbre un dé-
veloppement remarquable; il a d’ailleurs
déjà des preuves à son actif.
Quant à son mode d’action, il est dû,
suivant moi, à l’absorption du sulfate de
fer en nature. M. le docteur Griffiths dit
l’avoir constatée sous le microscope. Elle a
été reconnue ici d’une autre manière. Une
Fougère commune ayant été arrosée avec
une dissolution de sulfate de fer en quantité
un peu forte, le sel est venu effleurir à la
surface des feuilles; il avait donc été aspiré
en dissolution par les racines et s’était ré-
pandu dans tout l’organisme végétal.
Sous cette action, les feuilles finirent par
périr; il est évident qu’il ne faut pas em-
ployer une dose à ce point exagérée, mais
pour des végétaux ayant un développement
aussi important que les arbres, les doses de
sulfate de fer, pour être nuisibles, doivent
être très-grandes.
D’une façon générale, on peut dire que la
quantité employée doit être suffisante pour
faire périr le parasite qui végète à ses
dépens sans nuire à l’arbre. C’est le même
principe que pour la destruction de la
Mousse dans les prairies.
On emploie généralement la solution de
sulfate, sans inconvénient, au dosage de
100 grammes par 10 litres, mais la quan-
tité de dissolution pour les petits végétaux
doit être seulement de 60 à 100 centimètres
cubes par plante et par application : on la
renouvelle trois ou quatre fois à huit jours
d’intervalle. Pour les arbres fruitiers, elle
doit être proportionnelle à leur force ; mais,
n’ayant pas vu d’expérience faite avec la so-
lution, je m’abstiens de donner des chiffres.
Je me permettrai d’ajouter à ces explica-
tions une observation : le sulfate de fer ainsi
employé doit contrebalancer l’action des
matières organiquès en excès, qui jouent
un rôle si important dans cette question.
Il suffit de rappeler que les organismes
inférieurs se développent dans l’eau chargée
de matières organiques beaucoup plus ra-
pidement que dans les autres.
N’est-ce pas de même dans les terres for-
tement chargées de matières organiques
que se rencontrent les arbres atteints par
les 'maladies cryptogamiques? Il suffit de
citer, comme exemple, les Peupliers dans
les vallées marécageuses, les Pommiers
dans les prairies où les matières organiques
dominent, les Poiriers et autres arbres
fruitiers dans les jardins largement amendés
par le fumier, et peu par les substances mi-
nérales.
J’ai relevé, à l’appui de cette action des
matières organiques, deux observations di-
rectes : une Vigne, dont les feuilles étaient,
depuis longtemps, absolument saines, a été
attaquée par l’érinose dès qu’on a appliqué
à ses racines du fumier en abondance, et
l’attaque a été d’autant plus énergique que
la dose de fumier employée a augmenté;
deux Vignes voisines, qui n’ont jamais reçu
de fumier, en ont été et en sont toujours
absolument dépourvues.
Dans le jardin de M. Chavée-Leroy, une
Vigne, dont les racines puisaient leur nour-
riture dans une terre de couche, a été
atteinte de maladies cryptogamiques; on en
a guéri une partie en l’empêchant, par une
tranchée, d’y puiser des aliments de cette
sorte en trop grande abondance.
Le sulfate de fer, par son action assimi-
latrice de l’acide phosphorique et par lui-
même, tend à accroître la minéralisation de
la plante, et par suite à combattre l’absorp-
tion trop considérable des matières orga-
niques.
La sève, moins riche en ces substances,
n’offre plus aux organismes inférieurs un
champ aussi bien préparé pour leur déve-
loppement.
Ces observations n’expliqueraient-elles
pas aussi pourquoi les maladies cryptoga-
miques se développent actuellement avec
une bien plus grande énergie qu’autrefois,
pourquoi aussi leur nombre est plus grand?
Quand on obtenait des récoltes moins abon-
dantes sur des plantes moins gorgées d’en-
grais, celles-ci n’offraient-elles pas aux
organismes inférieurs un terrain moins
favorable à leur développement? L’équilibre
de la végétation n’était-il pas aussi plus fa-
cilement atteint? Aujourd’hui, l’emploi
souvent insuffisamment calculé des engrais
ne donne-t-il pas alors des plantes déséquili-
brées, qui sont une proie facile pour leurs
parasites ?
Dans les climats insalubres où régnent
les organismes de ce genre, les hommes
anémiques ou trop sanguins périssent éga-
303
DESTRUCTION DU CHANCRE DES ARBRES PAR LE SULFATE DE FER.
lement, ceux qui sont doués d’une constitu-
tion bien pondérée résistent seuls; tout
excès y livre leurs auteurs aux microbes qui
pullulent. N’en est-il pas ainsi des plantes,
vis-à-vis des végétaux cryptogamiques qui
les menacent?
Mais, laissant ce grave sujet d’études
pour revenir à la question présente, je ter-
minerai en indiquant le mode de procéder,
afin que des essais multipliés permettent de
contrôler les premiers résultats que j’ai cités :
1° L’épandage doit être fait au pied des
arbres à la dose de 1 kilogr. environ par
arbre, c’est-à-dire de 100 à 150 grammes
par mètre carré présumé occupé par les ra-
cines.
L’indication que nous donnons par rap-
port à la surface présumée des racines a
pour but de montrer que les doses doivent
varier avec la force et l’âge des arbres.
La dose de 1 kilogr. par arbre est un
maximum qu’il ne faut pas dépasser, du
moins jusqu’à nouvelles expériences ; elle
correspond, dans les expériences qui ont
servi de base aux conclusions que nous
avons données, à des Poiriers en quenouille
ayant environ 3 mètres de haut., et dont les
bra:p£hes couvrent une surface d’environ
lm 50 de diamètre.
On diminuera la dose proportionnellement
à l’âge des arbres d’après ces données.
Il est bien entendu, et nous croyons utile
de le rappeler, que le sel, dans ce cas, ne
doit pas être employé en dissolution , mais
en poudre et répandu à la surface du sol.
2° Le sulfate de fer doit être simplement
répandu à la surface du sol et enfoui par
un léger binage.
3° L’emploi doit être fait au moins pen-
dant deux ans ; ce n’est souvent qu’à la se-
conde année que l’effet est bien nettement
constaté.
4° On doit appliquer ce traitement, si
possible, en avril, en tous cas, avant ou
après une pluie, par un temps doux. Rien
n’empêche, je pense, de faire un essai, même
au mois de juin, surtout si la végétation est
en retard.
5° L’emploi en deux fois à quinze jours
ou un mois d’intervalle est préférable à
celui en une seule fois.
Il est bien entendu qu’il ne s’agit pas de
répéter deux fois le même traitement à la
même dose , mais d’employer cette dose de
1 kilogr. par arbre en deux fois, soit 500 gr.
par chacune des deux applications.
6° On peut employer aussi le sel en dis-
solution ; celle-ci ne devra pas contenir plus
de 40 grammes de sulfate de fer par litre;
les quantités à répandre au pied des arbres
devront être modérées et proportionnelles
à leur force. Pour les petites plantes, les
doses à appliquer sont de 60 à 100 centi-
mètres cubes de la liqueur ainsi formée,
ces applications étant renouvelées trois ou
quatre fois. On se servira de ces indica-
tions pour faire des essais en prenant ces
doses pour les arbres de quatre à cinq ans
et en les augmentant ensuite suivant l’âge
des arbres.
Mêmes doses et même mode d’application
au pied des arbres pour la tavelure des Poi-
riers, la gomme des Pruniers et des Cerisiers
et la cloque des Pêchers.
La guérison de l’anthracnose de la Vigne
s’obtient par des badigeonnages avec une
solution à 50 p. 100 de sulfate de fer sur les
sarments de Vigne.
Pour la destruction de la cuscute, on pro-
cède ainsi : on fauche la Luzerne et on ar-
rose avec une dissolution à 15 ou 20 gram-
mes par litre, en répétant les arrosages deux
ou trois fois jusqu’au résultat complet.
Au sujet des pucerons des Rosiers,
M. Griffiths cite ce fait, que les Rosiers
arrosés avec une dissolution de sulfate de fer
n’ont pas souffert de l’attaque de ces insectes,
mais les doses ne sont pas indiquées ; on
peut, à titre d’essai, employer une dissolu-
tion de 15 ou 20 grammes par litre et répé-
ter deux à trois fois l’arrosage.
M. Prillieux, ayant remarqué les ana-
logies existant entre la maladie de l’an-
thracnose de la Vigne et celle des chancres
des Pommiers, s’appuye sur les heureux
effets du sulfate de fer contre l’anthracnose
pour indiquer l’emploi du sulfate de fer
contre les seconds ; de même sans doute ce
sel pourra encore servir à combattre plu-
sieurs autres maladies dues à des parasites
analogues à ceux précédemment cités.
Nous rappelons de nouveau en terminant
que nous n’avons pas la prétention d’indi-
quer des chiffres définitifs. L’emploi du
sulfate de fer est encore à l’étude; il donne
des résultats variables suivant la nature des
sols ; on ne sera fixé qu’à la suite d’expé-
riences comparatives, que nous engageons
vivement nos lecteurs à exécuter.
Dans un prochain numéro, nous ren-
drons compte des résultats obtenus par le
sulfate de fer sur les légumes, Carottes, Pois,
Haricots, etc., et sur les plantes d’ornement,
P. Marguerite-Delagharlonny,
Ingénieur des arts et manufactures
à Urcel (Aisne).
304
ÉCHELLE DOUBLE ET DENDROSCOPE POUR LA TAILLE DES GRANDS ARBRES.
ÉCHELLE DOUBLE ET DENDROSCOPE
POUR LA TAILLE DES GRANDS ARBRES SUR LES BOULEVARDS
L’échelle double, de 9 mètres de hauteur,
représentée par la figure 66, a été cons-
truite pour élaguer les grands arbres des
boulevards et avenues de la quatrième sec-
tion de la ville de Paris. Elle offre de nom-
breux avantages sur les échelles ordi-
naires.
Description. — Elle se compose de trois
parties : un
chariot, une
échelle pro-
prement dite
et une plate-
forme.
Le chariot,
formé par
quatre ma-
driers en sa-
pin, assem-
blés à tenons
et mortaises,
est supporté
par deux es-
sieux en fer
munis de
quatre petites
roues.
Un bran-
card peut être
adapté à vo-
lonté à l’avant
ou à l’arrière,
afin de pou-
voir avancer
ou reculer
l’échelle sans
être obligé de
lui faire faire
demi-tour ,
mouvement qui s’exécuterait assez difficile-
ment, le chariot n’étant pas monté sur
avant- train. Un avant-train aurait rendu
l’échelle trop mobile et susceptible de verser.
A la face supérieure des quatre angles
du chariot se trouvent des armures mobiles
qui servent à fixer, au moyen d’écrous, les
pieds des montants de l’échelle. Cette dis-
position permet de remplacer l’échelle par
une autre, plus longue ou plus courte, sui-
vant. la hauteur des arbres à tailler.
L’échelle proprement dite est- formée par
deux échelles simples de forme trapézoïdale,
fixées en haut à une plate-forme et posées
en bas sur le chariot.
Les montants sont en bois de Sapin ; des
perches de Frêne, d’une aussi grande lon-
gueur, auraient été trop flexibles. Les
échelons sont en bois de Cornouiller.
La plate-forme se compose d’un plancher
entouré d’un rebord de 10 centimètres pour
empêcher les
hommes de
glisser, et
d’une galerie
de 1 mètre
de hauteur,
en fer cor-
nière, pour
que les éla-
gueurs soient
libres de leurs
mouvements
et puissent se
pencher sans
être exposés
à tomber.
Dessous le
plancher se
trouvent
deux axes
parallèles, en
fer, qui re-
présentent les
échelons su-
périeurs des
échelles sim-
ples; ce sont
eux qui main-
tiennent la
plate-forme
au sommet
de l’échelle.
Avantages. — Cette échelle procure une
grande économie de main-d’œuvre, permet
de faire un bon travail, diminue les causes
d’accidents, et fatigue beaucoup moins les
ouvriers que l’échelle ordinaire.
1° La main-d’œuvre est sensiblement di-
minuée ; en effet, l’élagueur ne perd pas la
moitié de son temps à descendre ou à mon-
ter chaque fois qu’il a besoin de changer
son échelle de place. Un homme qui reste à
terre, en faisant rouler le chariot, transporte
l’élagueur et l’échelle près de l’arbre voisin.
Fig. 66. — Échelle double et dendroscope,
pour la taille des grands arbres sur les boulevards.
ÉCHELLE DOUBLE ET DENDROSCOPE POUR LA TAILLE DES GRANDS ARBRES. 305
Pour transporter une échelle non montée
sur chariot de 8 mètres de hauteur, il
faut quatre hommes.
Pour amener notre échelle sur le chan-
tier et pour la rentrer au dépôt, il n’est pas
nécessaire de la démonter et de la charger
sur une petite voiture, deux hommes attelés
au brancard la roulent très-facilement.
L’ouvrier, étant beaucoup plus à son
aise sur la plate-forme qu’à cheval sur
l’échelon supérieur des autres échelles,
travaille beaucoup plus rapidement. Dans
beaucoup de cas, deux hommes peuvent
travailler en même temps, comme sur la
figure 66.
2° Le travail est mieux fait; l’élagueur,
ne dépensant pas la plus grande partie de
ses forces à se tenir sur son échelle et étant
plus libre de ses mouvements, taille mieux
les branches et fait des coupes planes et
non contuses ou déchirées; il atteint une
plus grande hauteur, car il peut se pencher
et se dresser sur les pieds, grâce à la gale-
rie qui lui sert de point d’appui.
Sur notre échelle de 9 mètres, un ouvrier
coupe la tête d’un jeune arbre, avec son
croissant ou son échenilloir, à 11 mètres
de hauteur. Cette facilité de tailler les
branches à une grande hauteur n’ohlige
pas les hommes à grimper dans les arbres
avec les griffes d’élagueur, instruments
qui déchirent l’écorce et engendrent des
plaies.
3° Les causes d’accidents sont aussi dimi-
nuées. L’échelle, fixée au chariot assez lourd,
est presque inversable. Les ouvriers, retenus
par la galerie de la plate-forme, sont très-
peu exposés à tomber. Ils ne se blessent pas
les organes sexuels, comme quand ils sont à
cheval sur les échelles ordinaires.
4° Enfin, les ouvriers se fatiguent beau-
coup moins. On comprend facilement qu’il
est moins pénible de faire rouler cette échelle
que de la transporter sur son dos. Les éla-
gueurs ne dépensent pas une grande partie
de leurs forces à se maintenir en équilibre
sur l’échelle, et enfin ils ne sont pas obligés
de monter et de descendre constamment.
Pour tailler les grosses branches latérales
des arbres déformés, lorsque nos ouvriers
sont inexpérimentés, nous employons le
Dendroscope du comte Des Cars.
Le raccourcissement des branches laté-
rales est utile pour donner à la tête une
forme à peu près régulière et un aplomb
qui permettent aux arbres de résister aux
grands vents ; pour équilibrer les diverses |
branches, afin de ne pas avoir, comme disent
les arboriculteurs, un arbre épaulé , c’est-à-
dire dont une partie latérale est presque
avortée, lorsque l’autre, au contraire, est
très-développée ; pour raccourcir les bran-
ches qui s’avancent trop près des maisons
ou qui viennent, sur la chaussée, gêner la
circulation des grands attelages ; et enfin
cette opération de raccourcissement est
utile pour développer, en abondance, des
organes feuillus, qui constituent une cime
compacte, projetant beaucoup d’ombre.
Le dendroscope se compose d’une feuille
de zinc, dans laquelle on a découpé un
ovoïde semblable à celui que doit repré-
senter la tête de l’arbre après la taille. Deux
ouvriers, travaillant ensemble, sont néces-
saires pour élaguer avec le dendroscope. Le
premier, qui est sur le trottoir, et qui tient
l’instrument de la main gauche (fig. 66), se
place à 8 à 10 mètres de l’arbre, de manière
à avoir devant lui la branche à tailler, dans
un plan parallèle à celui représenté par son
instrument; ensuite, il élève ou abaisse et
rapproche ou éloigne le dendroscope, de
manière à ce que deux rayons visuels, par-
tant de son œil, passent, l’un par le haut, et
l’autre par le bas de l’ovoïde de son instru-
ment, et par le haut et le bas de la tète de
l’arbre. Dans cette position, il indique, avec
la main droite, au deuxième ouvrier perché
sur l’arbre ou sur une échelle, le point où la
branche doit être coupée.
On comprend facilement que le porte-
dendroscope est obligé de se déplacer cons-
tamment, de faire le tour de l’arbre, pour
avoir toujours les branches à couper dans
un plan parallèle à celui représenté par son
instrument.
Avec un dendroscope, sur les boulevards
de Paris, deux hommes taillent 8 à 12
grands arbres par jour, suivant leur gros-
seur. Le dendroscope n’est employé que
pour couper les grosses branches de la tète;
les petites ramifications doivent être taillées,
si elles en ont besoin, à vue d’œil, et sans
chercher à les couper à la périphérie de
l’ovoïde; en effet, si tous les arbres d’une
avenue étaient tondus régidi'erement, ils
formeraient un ensemble monotone et
disgracieux. La forme ovoïdale, obtenue
par l’emploi du dendroscope, est quelque-
fois un peu trop régulière, mais elle dispa-
raît après deux ou trois ans.
J. Nanot,
Chef du service des plantations d’alignement
de la Ville de Paris.
306
UNE HERBORISATION A MALESHERBES.
UNE HERBORISATION A MALESHERBES
Lecteur, j’ignore si vous êtes botaniste,
mais, si vous ne l’êtes pas, tâchez de le de-
venir; vous ouvrirez votre vie à une foule
de douces émotions dont vous ne soupçon-
nez pas l’existence ; vous vous créerez une
charmante compagne de voyage qui vous
suivra partout, sans jamais vous importu-
ner. Demandez aux personnes qui assis-
taient, ces jours derniers, à l’herborisation
organisée par M. Bureau, le savant profes-
seur de botanique du Muséum, quels plai-
sirs elles échangeraient contre les suaves
jouissances qu’elles ont goûtées pendant la
journée consacrée à l’étude de la végétation
de la riche localité de Malesherhes! Toutes
les herborisations des environs de Paris
sont suivies avec intérêt, mais celle de Ma-
lesherhes est une fête. C’est, avec Fontai-
nebleau, une localité unique, le rêve de tous
les botanistes parisiens. Parmi ces derniers,
plus d’un, sans doute, a résolu d’y planter
sa tente, si jamais la fortune lui est favo-
rable. Comment, en effet, trouverait-on un
pays semblable? Plus de cent raretés s’y
sont donné rendez-vous, et, tous les ans, de
nouvelles découvertes viennent s’ajouter aux
anciennes ; toutes les espérances y sont
permises, même celle de rencontrer, comme
le poète américain, la mystérieuse petite
fleur bleue qui tourne sans cesse et res-
semble au cœur humain, qui tourne tou-
jours !
Cette année, l’herborisation favorite avait,
comme par le passé, attire un grand
nombre d’amateurs. Le départ est fixé à
sept heures du matin, mais, dès six heures
et demie, les impatients sont déjà au ren-
dez-vous, et bientôt nous comptons 40 boites
parmi les plus... fines et les plus voyageuses
de Paris.
Le train qui doit nous emporter longe le
quai ; nous nous précipitons à l’assaut des
portières. Pour le botaniste en voyage, la
portière est tout ; s’il ne peut avoir un œil
pour le talus, l’autre œil pleure.
Charenton, Maisons- Alfort, sont déjà loin ;
le train roule entre des haies garnies de
Liserons, de Sauges, de Composées variées,
de Coquelicots éclatants. Les prairies étalent
leur tapis bigarré, que la Seine raye d’une
écharpe ondoyante ; les bois détachent,
dans le lointain, sur le vert de l’herbe,
leurs masses plus sombres. Pour animer le
paysage, de nombreux pêcheurs, échelonnés
au bord de l’eau, nous font, vus du train,
l’effet de gros hérons avec leur bois de ligne
qui se recourbe comme un long cou au
bout de leur corps immobile. Dans le
wagon, on rit, on déjeune, on escompte les
découvertes de la journée. Nous avons
passé Juvisy, Corbeil; de gros rochers
de grès nous rappellent le voisinage
de la forêt de Fontainebleau; un arrêt:
nous sommes à Malesherbes.
Notre première visite est pour la butte
classique de « la Justice », distante d’envi-
ron 1 kilomètre de la gare. Sur le bord de
la route, les moissons sont émaillées du
peu rare mais admirable Specularia Spé-
culum ; les Adonis , les Caucalis dau-
coides et Turgenia latifolia mêlés à de
nombreux Coquelicots ( Papaver Rliœas),
forment, sous les épis barbus, des groupes
charmants. Voici la butte qui commence ; le
Linum Lionii nous souhaite la bienvenue ;
le Cytisus supinus s’étale paresseusement
sur le sol calcaire brûlant; de nombreux
Orobanche Epithymum paraissent vivre
grassement aux dépens des maigres Serpo-
lets. On entend crier : « Par ici ! YAlthæa
hirsuta! » Une voix de stentor jette dans
les airs le nom du rare Inula hirta, tandis
qu’en même temps, de la trompette qui
nous rallie à chaque découverte nouvelle,
sortent, sous bois, des sons retentissants.
On n’y tient plus ; on court dans toutes les
directions, on a peur d’arriver trop tard; on
entasse fiévreusement les échantillons dans
les boites ; on arrache les plantes sans s’ar-
rêter. « Où est Y Inula hirta ? — Par ici,
monsieur! — Tenez, sous vos pieds, Car-
duncellus mitissimus ! — Avez-vous YAl-
thæa hirsuta? — Non. Il était là ! —
Trop tard!!! » Tout cela est dit d’une voix
essoufflée, tandis- que les regards anxieux
fouillent le gazon.
Le pillage est terminé; les boîtes sont
déjà bondées. Chez le botaniste, la boite
arrive rarement à la grandeur des désirs.
Maintenant, pour recevoir les plantes nou-
velles, on est obligé de se débarrasser d’une
partie de l’ancienne cargaison ; on herborise
en jetant du lest.
Nous montons toujours; nous voici sur
le haut de la butte. Là nous attend une
charmante surprise. Des Sauges des prés se
sont réunies pour former une corbeille na-
turelle où nous comptons plus de dix va-
UNE HERBORISATION A MALESHERBES.
307
riétés. On ne voit rien, dans les parterres,
de plus joli que ce groupe, et j’aurais voulu
tenir ici beaucoup d’horticulteurs dédai-
gneux de cette plante superbe qui arrache
aux étrangers des cris d’admiration. Nous en
distinguons une variété absolument remar-
quable, à lèvre inférieure blanche, légère-
ment lavée de pourpre, et, sur la proposi-
tion de M. Duval, chef de l’École de bota-
nique au Jardin-des-Plantes, elle est dédiée
à M. Loury, chef des serres du Muséum.
Cette Sauge sera désormais cultivée au
Jardin-des-Plantes sous le nom de Salvia
pratensis Loury ana. Avant de descendre
de la colline, une autre surprise nous
attend encore. La butte de la Justice était,
autrefois, un lieu de supplice; or, sur l’em-
placement où se dressaient les potences,
s’est établie une colonie d’Orchis-homme-
pendu ( Aceras anthropophora). Voilà ce
qu’on peut appeler de l’à-propos.
Nos estomacs commencent à s’apercevoir
que le temps coule. Nous retournons à
Malesberbes, où le déjeûner nous attend.
Bien restaurés, notre après-midi nous con-
sacrons à l’exploration de marais tourbeux
formés par l’Essonne. Jardiniers, qui distri-
buez aux plantes la terre et l’eau, allez dans
les champs prendre des leçons de la nature.
Vous y verrez combien les mœurs de vos
délicates pensionnaires sont variables, et
combien il importe de connaître leurs tem-
péraments. Les habitudes des fleurs sau-
vages, que vous dédaignez trop, ne vous
apprendront pas les besoins des plantes
exotiques dont vous entreprenez l’acclima-
tation, mais elles vous convaincront de la
nécessité d’étudier les exigences des végé-
taux avant de les nourrir, et, à défaut de
savoir, dans certains cas, vous agirez avec
plus de circonspection.
Des plantes que le matin nous ren-
contrions abondamment sur les coteaux cal-
caires, presque aucune ne nous a suivis.
C’est que là-haut elles sont à leur aise,
le terrain est sec, il fait chaud, et ici
l’on se mouille continuellement les pieds ;
nous nous en apercevons par intervalles.
Nous n’avançons qu’avec précaution sur ce
sol qui garde l’empreinte profonde de nos
pas, à travers les hautes herbes dont les
dessous obscurs nous inquiètent. Ouf!
c’est quelqu’un qui vient de sentir une
de ses jambes engloutie; il veut en opérer
le sauvetage, il noie la seconde. Nous
rions, tout à l’heure nous serons dans le
même cas.
En présence de la riche flore qui s’épa-
nouit sous nos yeux, chacun prend brave-
ment son parti de ces petites mésaven-
tures. Les exclamations de la matinée se
reproduisent. Quelques éclaireurs rappor-
tent le Trifolium elegans. Le gros de la
troupe, les mains pleines de Carex, entoure
le professeur, qui donne obligeamment aux
heureux possesseurs d’espèces de ce genre
difficile le nom des plantes qu’ils ont ré-
coltées. Dans la même prairie, nous ren-
controns : Pinguicula vulgaris, Utricu-
laria vulgaris et intermedia, Folygala
austriaca, Anagallis tenella, Sparganium
minimum , etc. Plus loin, l’Essonne se
montre à nous couverte d’une nappe
blanche de Ranunculus fluitans et cirei-
nalis. Plusieurs enragés veulent se jeter à
la nage ; on a beau leur rappeler qu’Alexan-
dre-le-Grand est mort pour avoir pris un
bain dans l’Indus, ils vont accomplir leur
funeste dessein, quand heureusement le
bruit se répand qu’on vient de trouver un
Liparis Lœselii. Renoncules, Alexandre,
Indus, tout s’évanouit; les lèvres ne ré-
pètent plus qu’un mot, les esprits ne re-
muent plus qu’une pensée : Liparis
Lœselii. Cette plante est une Orchidée à
peine haute comme le doigt, ; à fleurs ver-
dâtres, petites, peu brillantes; mais elle
est très-rare; son exiguité et son manque
d’éclat sont pour elle une sauvegarde, et
bien des chercheurs dont elle hante les
songes ne l’ont jamais récoltée.
Si vous n’êtes pas botaniste, si vous n’avez
jamais senti l’émoi qui vous saisit en face
d’une fleur que vous voyez pour la première
fois, vous ne comprendrez pas qu’une plante
comme celle que je viens de vous décrire
puisse passionner à ce point des hommes
intelligents. Cependant, lecteur, il en est
ainsi, je vous l’assure; voilà pourquoi je
vous ai dit que si vous vouliez éprouver des
sensations ignorées, il fallait apprendre la
botanique.
Pendant que nous nous absorbons dans
la recherche à peu près stérile de spécimens
plus nombreux de la rarissime Orchidée, le
soleil a peu à peu décliné. On sent que
l’heure du départ approche, on explore les
profondeurs de l’herbe avec une activité
fébrile. Victoire! un heureux chercheur
met la main sur une touffe de Carex
dioica ; c’est un pied femelle. Une, deux,
trois, quatre, cinq, six touffes, sont décou-
vertes presque au même instant; ce sont
toujours des femelles. « Cherchons des
pieds mâles ! » On cherche, on cherche
encore, les yeux ne quittent pas la terre, en
308
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
voilà trois touffes, on continue à regarder...
c’est tout. Alors les possesseurs de femelles
.s’adressent aux possesseurs de mâles; les -
échanges s’établissent sur le pré. « Qui
veut une femelle pour un mâle? » On
trouve preneur; mais bientôt les mâles di-
minuent sur le marché. Dernière cote :
deux femelles pour un mâle.
L’heure du départ est arrivée ; nous re-
venons à Malesherbes. Nous avons marché
presque tout le jour, sans nous arrêter,
mais la science a fait oublier la fatigue.
Après dîner, M. Bureau nous retrace, en
quelques paroles, les incidents de la
journée, et, dans un étude remarquable,
nous fait sentir l’influence du terrain sur la
végétation ; puis nous revenons à Paris, en-
chantés de notre excursion, rapportant de
l’air pur pour huit jours, et des souvenirs
pour longtemps. P. Cornuault.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE ERANCE
SÉANCE DU 14 JUIN 1888.
Comité de flo ri culture.
M. Piret, d’Argenteuil, cultive un grand
nombre de formes de Cattleya Mossiæ , qu’il a
rapportées de l’Amérique centrale, et dont une
bonne partie sont de la plus grande beauté. 11
présentait à cette réunion le C. Mossiæ , var.
Piret, ravissante variété nouvelle, entièrement
blanc pur, sauf le labelle, qui est largement
maculé de jaune d’or. Les pétales, très-larges,
ondulés, ont le bord très-élégamment frisé.
M. Régnier, de Fontenay-sous-Bois (Seine),
avait envoyé une gerbe d’inflorescences de
Phalœnopsis amabilis , provenant d’une se-
conde floraison de cette ravissante Orchidée.
De M. Paillet, de Châtenay, près Sceaux,
une fort belle collection de Pivoines herbacées.
M. Dallé, horticulteur, rue Pierre-Charron,
à Paris : quelques Orchidées fleuries, Cypri-
pedium Lawrenceanum, Odontoglossum vexil-
Larium roseum , Oncidium Krameri ( Papilio ),
Cattleya Mossiæ , C. M. bogotensis.
M. David (Émile), jardinier à Savigny-sur-
Orge : deux jolies variétés nouvelles de Pélar-
goniums, l’une blanc très-légèrement lavé de
carmin pâle, petites macules carmin vif; l’autre
rose carné vif, très -largement maculé de
pourpre noir.
Comité d’arboriculture d’ornement.
M. Pavard, à qui, on le sait, sont confiées
les remarquables collections dendrologiques de
Trianon, présentait : 1° des rameaux fleuris
des beaux Magnolia macrophylla et Thom-
psoni; 2° un Kalmia à fleurs très-grandes,
carmin foncé, variété magnifique et de grand
avenir, obtenue de semis successifs par le pré-
sentateur ; 3U des rameaux fleuris de Syringa
(Lilas) Josikea , espèce originaire de Pologne,
et devenue rare dans les collections.
M. Vauvel, jardinier-chef à l’École Saint-
Philippe, à Fleury-Meudon (Seine), y a créé
une remarquable collection de Rosiers grim-
pants, qui comprend actuellement 230 variétés.
M. Vauvel avait apporté à cette réunion un
certain nombre de paquets de fleurs, des plus
belles et plus floribondes de ces variétés. Nous
avons remarqué entre elles : Reine Olga de
Wurtemberg , Climbing Ed. Morren , Caly-
pso, Waltham Climber (3 variétés) , Max
Singer , Madame Sancy de Par obère , etc.
Auprès des fleurs de cette dernière variété,
M. Vauvel avait placé celles du R. Morletii
inermis, mis postérieurement au commerce,
afin de démontrer que ces deux plantes n’en
sont réellement qu’une seule, qui doit porter
son premier nom, c’est-à-dire Madame Sancy
de Parabère. Les rosiéristes présents, entre
autres MM. Lévêque et Verdier, ont été éga-
lement de cet avis.
Comité de culture potagère.
De M. Lefort, de Meaux, deux assiettées de
Fraises énormes et de goût délicieux, apparte-
nant aux variétés Sharpless et R.eine-Marie-
Henriette , toutes deux très-recommandables
pour leurs nombreuses qualités et leur préco-
cité.
Comité d’arboriculture fruitière.
De M. Battut, primeuriste, rue Quincampoix,
avait envoyé une collection nombreuse de
fruits provenant du Var : Abricots, Prunes,
Figues, Cerises, Bigarreaux, etc., et quelques
Pommes de Calville blanc, magnifiquement con-
servées. Voici le procédé employé par M. Battut
pour la conservation des Pommes et Poires ; il
les enveloppe d’abord dans un papier de soie,
puis il les place côte à côte dans une boîte de
sapin remplie de fins copeaux de sapin, en
ayant soin que les copeaux enveloppent com-
plètement chaque fruit.
M. Charles Margottin fils présentait des
Pêches des variétés Alexander , Amsden ,
Wilder, Waterloo , obtenues sous vitrages,
aussi mûres, aussi colorées que celles récol-
tées en pleine saison.
Comité de l’art des jardins.
M. Henry Lusseau, architecte-paysagiste,
fait une intéressante communication sur la
Junqueira, jolie propriété située dans les fau-
bourgs de Lisbonne. Nous y relevons les quel-
LA VENTE DES FLEURS AUX HALLES CENTRALES DE PARIS.
309
ques indications suivantes, au sujet des res-
sources que la végétation ardente de cette
région offre aux amateurs de belles plantes et
aux architectes-paysagistes.
Des Eucalyptus globulus , semés en 1882,
ont actuellement 15 mètres de hauteur; des
Araucaria excelsa , semés en 1884, mesurent
3m 15 de hauteur et ont 14 couronnes de
branches, ce qui établit d’une façon certaine
que cette espèce peut développer plusieurs
couronnes chaque année ; des Pritchardia fi-
lifera , semés en 1882, ont 3m 45 de hauteur,
et comptent 35 feuilles par exemplaire, etc., etc.
Citons également, parmi les transplanta-
tions ayant parfaitement réussi : un Casuarina
equisetifolia, mesurant 12 mètres de hauteur
et lm 12 de circonférence de tronc à la base;
un Phoenix dactylifera haut de 16m 50, et
amené, à l’aide d’un chariot traîné par
16 bœufs, d’une distance de trois kilo-
mètres, etc.
M. Ed. André cite les principales observa-
tions qu’il a pu faire, au point de vue de l’art
des jardins, dans un récent voyage en Italie.
L’espace dont nous pouvons disposer ici ne
nous permet pas de rendre compte de cet
exposé, que la Revue horticole publiera, d’ail-
leurs, avec le développement qu’il comporte.
Ch. Thays.
LA VENTE DES FLEURS AUX HALLES CENTRALES DE PARIS
Paris est vraiment la ville des merveilles.
Il n’a pas une industrie, et c’est chez lui
que viennent s’approvisionner tous les
commerçants du monde ; la mer bat loin de
ses murs et c’est sur ses marchés que l’on
trouve les poissons les plus rares et les plus
exquis ; il n’a que quelques arbres d’agré-
ment sur ses promenades et à chaque coin
vous rencontrez les fruits de tous les cli-
mats ; son sol ne nourrit que quelques
herbes insignifiantes, qu’en un jour de fan-
taisie un botaniste a décrites, et chaque
jour il étale dans ses magasins et dans ses
rues des montagnes de fleurs. Paris est
certainement le coin du monde où s’ef-
feuillent le plus de corolles, où s’exhalent le
plus de parfums. Hiver ou été, chaque
matin la grande cité s’éveille fleurie.
A qui n’est-il pas arrivé, en voyant cir-
culer dans Paris, chargées sur des hottes ou
dans des voitures à bras, ces innombrables
bottes de fleurs, aussi fraîches, aussi bril-
lantes que sur pied, de se demander de
quelle manière on pouvait arriver à un sem-
blable résultat? Cette question est particu-
lièrement intéressante et nous allons y ré-
pondre, pour ce qui concerne la vente
actuelle, c’est-à-dire les fleurs provenant
de la région parisienne.
Ces fleurs sont coupées le soir, et aussi-
tôt placées, par bottes compactes et serrées,
dans des paniers ou mannes d’osier, longs
de 80 centimètres, larges de 60, hauts de 45.
Ces paniers, dont le transport se fait par
voiture, arrivent aux Halles centrales avant
trois heures du matin ; les vendeurs les
disposent par longues fdes, sur le carreau
c’est-à-dire dans les larges avenues cou-
vertes qui séparent les uns des autres les
divers pavillons des Halles, et où l’Admi-
nistration leur fait payer un droit de 40 cen-
times par jour pour une surface mesurant
1 mètre de façade et 2 mètres de profon-
deur.
Dans une promenade que nous avons
faite aux Halles, un de ces derniers ma-
tins, nous avons pu compter 386 de ces
mannes, ce qui, à raison de 50 bottes de
fleurs par manne en moyenne, fait un total
de 19,300 bottes.
Ce jour-là, les Roses représentaient à peu
près la moitié des fleurs apportées.
Vers quatre heures, la vente commence;
à cinq heures, les grandes fleuristes arri-
vent et choisissent de ci, de là, les plus
belles fleurs, qu’elles payent relativement
très-cher. Puis, la vente moyenne s’établit,
pour les fleuristes de second ordre et les
revendeurs. Les prix varient chaque jour,
suivant l’importance des apports et celle des
demandes.
Le jour de notre visite, voici quels étaient
les prix moyens :
24 Roses Paul Neyron 4f »
— La Reine. 1 25
— Général Jacqueminot .... 1 »
— Madame Falco t 1 »
— Souvenir de la Malmaison . . 1 »
— Mousseuses » 60
Héliotrope, botte de 30 centimètres de
diamètre 1 »
Myosotis, botte de 20 cent, de diam. . » 60
Gypsophylle, botte de 40 cent, de diam. » 50
Œillet Mignardise blanc, botte de 40 cent.
de diam » 25
Réséda, botte de 25 cent, de diam. . . » 75
Œillets de poète, botte de 40 cent, de
diam » 40
Hoteya, botte de 60 cent, de diam ... » 40
Campanules bleues, botte de 50 cent,
de diam » 40
310
BIBLIOGRAPHIE.
Seringat odorant, botte de 50 cent, de
diam » 75
Pensée, bleu foncé, botte de 30 cent.
de diam » 30
Giroflée grecque rouge, 24 têtes. ... 2 »
Giroflée quarantaine, naine double,
24 têtes » 75
Iris anglais, 12 fleurs » 10
Lilas blanc, 25 rameaux 2 50
Marguerite des champs, botte de 15 cent.
de diam » 06
Bluet des champs, botte de 15 cent.
de diam » 20
Coquelicot des champs, botte de 15 c.
de diam » 15
Œillets (venant de Nice et d’Ollioules)
12 fleurs » 12
Fleurs d’Oranger non montées, le cent. 4 »
Mais, voici qu’il est bientôt huit heures ;
la cloche va donner l’ordre de débarrasser
immédiatement l’espace occupé par les
mannes, qui débordent jusque sur les voies
non-couvertes. C’est alors qu’apparaissent
les revendeurs de la dernière catégorie qui
traitent avec les marchands à des conditions
les plus variables.
Certes, ils n’ont pas le premier choix,
tant s’en faut; mais ils profitent d’occa-
sions quelquefois surprenantes. Nous avons
vu vendre, ainsi, de magnifiques Roses
Général Jacqueminot, sur rameaux longs
de 40 centimètres, à raison de 10 centimes
la botte de 24 Roses !
A huit heures dix, tout est parti. Quel-
ques fleuristes, locataires des stalles, res-
tent seules installées à l’intérieur des pavil-
lons, et, en attendant la clientèle, confec-
tionnent des bouquets avec les fleurs qu’elles
viennent d’acheter.
Pendant ce temps, les marchands des
Quatre-Saisons promènent dans Paris leurs
voitures odorantes ; les revendeurs au pa-
nier étalent au coin des rues leur marchan-
dise et attirent les passants par leur éternel
« fleurissez-vous » ; le gamin accoste les
promeneurs et leur offre ses. petits bouquets
de deux sous. Tout ce monde vit de ce petit
commerce et remercie la Providence d’avoir
donné à la Parisienne le culte des plantes
et d’avoir fait que les fleurs se fanent.
Ed. André.
BIBLIOGRAPHIE
Manuel pratique pour le traitement des
maladies de la Vigne, par Pierre Viala et
Paul Ferrouillat, professeurs à l’École d’agri-
culture de Montpellier. Chez Delahaye et
Lucrosnier, libraires, 23, place de l’École-
de-Médecine, Paris. 1 volume, 135 pages,
prix : 2 fr.
Depuis que la Vigne est attaquée par des
parasites dont le nombre et les terribles ra-
vages vont en augmentant sans cesse, il devient
indispensable à tous ceux que la culture du
précieux arbuste intéresse à un titre quel-
conque, de connaître ces maladies et les
moyens de les combattre. Nul ne doit s’affran-
chir du besoin d’acquérir ces connaissances ; et
la raison que, sous notre climat de Paris, plus
d’un de ces fléaux sont encore épargnés à la
Vigne, ne nous donne pas le droit d’espérer
que nous n’aurons pas à lutter bientôt contre
leurs effets.
Cependant, les cultivateurs de profession
n’ont pas toujours le temps de lire les gros
traités spéciaux publiés le plus souvent dans
un but purement scientifique.
C’est ce qu’ont bien compris MM. Viala et Fer-
rouillat, professeurs à l’École d’agriculture de
Montpellier, et le manuel qu’ils offrent aujour-
d’hui au public vient combler une véritable
lacune.
Un texte clair, rendu plus clair encore par
de nombreuses illustrations, des indications
précises sur le traitement de toutes les mala-
dies, la description scrupuleuse de leurs ca-
ractères extérieurs permettent, même aux
moins expérimentés, de se rendre un compte
exact des parasites auxquels ils auront affaire,
et leur donneront, par suite, le moyen de les
combattre avec succès. L’ouvrage se termine
par un calendrier indiquant, mois par mois,
quels sont les travaux de traitement qu’il con-
vient d’appliquer à la Vigne.
C’est donc un ouvrage complet et en même
temps peu volumineux : cette double qualité le
recommande à la lecture de tous.
J. Dybowski.
Les plantes d’appartement, par Rivoiron. Li-
brairie Le Bailly, 15, rue de Tournon, Paris.
Sous ce titre, un collaborateur de la Revue
horticole , M. Rivoiron, ancien élève de l’École
d’horticulture de Versailles, vient de publier un
opuscule qui, malgré son exiguité, est appelé
à rendre de réels services dans cette culture
toute spéciale dont on parle souvent, mais pour
laquelle, en général, on manque de renseigne-
ments pratiques. L’opuscule en question vient
précisément combler cette lacune.
L’ouvrage comprend deux parties. La pre-
mière traite de la décoration florale des ha-
bitations et du choix des meilleures plantes
d’appartement à feuillage ou à fleurs.
La deuxième partie s’occupe des vases d’ap-
partements, jardinières, suspensions, etc.,
ainsi que des traitements et des soins qu’il
BIBLIOGRAPHIE.
311
convient de donner aux plantes, suivant la
nature des espèces et le milieu où elles sont
placées. On trouve là, en un petit nombre de
pages, toutes les indications nécessaires pour
cultiver les plantes et orner soi-même les
appartements. E.-A. Carrière.
Les Amaryllidées, par M. J. -G. Baker.
( Handbook of the Amaryllideæ , by J. -G.
Baker.) 1 vol. in-8°, chez George Bell et
Sons, London.
Depuis vingt-trois ans, M. Baker, le savant
botaniste qui a tant publié de travaux de bota-
nique descriptive, étudie à Kew toutes les
Amaryllidées qui ont pu lui passer par les
mains. A ce labeur ininterrompu, il est devenu
le monographe tout indiqué pour cette admi-
rable famille. Aussi a-t-il mis au jour récem-
ment, sous le titre trop modeste de Manuel
(Handbook), un excellent traité de toutes les
plantes connues dans les Amaryllidées. Nous
ne pouvons donner, aujourd’hui, qu’une indi-
cation sommaire de l’apparition de ce bon
livre., auquel la Revue horticole aura souvent
l’occasion de faire d’utiles emprunts.
Ed. André.
Le Parc de la Liberté a Lisbonne, par
M. Ch. Joly. Typographie Georges Cha-
merot, 19, rue des Saints-Pères, Paris, 1888.
L’honorable vice-président de la Société
d’horticulture de France a eu l’heureuse idée
de rassembler dans une charmante petite bro-
chure, éditée à ses frais, quelques notes sur
les divers projets soumis par les lauréats fran-
çais au jury de Lisbonne pour la création du
Parc de la Liberté. Outre les plans d’ensemble
de MM. Lusseau, Duchêne, Deny et Durand,
l’ouvrage de M. Joly contient plusieurs vi-
gnettes intéressantes représentant les parties
les plus importantes ou les plus pittoresques
de chaque projet. Cet opuscule sera certai-
nement fort bien reçu de ceux que l’architec-
ture paysagère intéresse. Ed. André.
Flore illustrée des îles de l’Océan Paci-
fique. Librairie G. Masson, 120, boulevard
Saint-Germain, Paris.
Le quatrième fascicule de la remarquable
publication de M. Drake del Castillo vient de
paraître. Il contient la description de neuf
plantes originaires des îles Sandwich, dont
quatre espèces nouvelles : Lipochæta Apreval-
liana , L. peduncularis , L. flexuosa, Bidens
Remyi ; cinq espèces anciennes : Erigeron Re-
myi, E. tenerrimus, Lipochæta labuta , L. suc -
culenta , Bidens Micrantha ; et d’une espèce de
l’île de Taïti : Bidens paniculata.
Ed. André.
Conduite du rucher ou Calendrier de l’api-
culteur mobiliste, par Ed. Bertrand. Prix :
2 fr. 50. Librairie agricole de la Maison
rustique, 26, rue Jacob, Paris.
Dans la première partie de cet ouvrage,
le savant rédacteur de la Revue internationale
d’apiculture a réuni et classé par mois tous
les renseignements utiles aux apiculteurs pour
la bonne conduite d’un rucher. Aucun détail
ne lui a échappé, sa longue pratique et son
expérience sont les meilleurs garants de l’excel-
lence de ses conseils et l’apiculteur commen-
çant qui consultera ce livre ne pourrait avoir
un meilleur guide.
La seconde partie traite des différentes races
d’abeilles, des reines, des mâles, des ouvrières,
des rayons et cellules diverses. L’outillage de
l’apiculteur, les machines à fabriquer les cires
gaufrées, les extracteurs, les purificateurs à
cire, les cadres des meilleurs systèmes de
ruches y sont décrits et figurés avec leurs
dimensions exactes. Viennent ensuite les diffé-
rents types de ruches avec trois planches
donnant les plans et dimensions des ruches
Dadant, Layens et Burki-Jeker, qui permettront
aux amateurs familiarisés avec l’usage de la
scie et du rabot de construire eux-mêmes leur
matériel.
L’ouvrage se termine par une instruction
sur la fabrication de l’hydromel, de l’eau-de-
vie de miel et du vinaigre, ressources impor-
tantes offertes aux apiculteurs dans les régions
où la Vigne n’est pas cultivée et quand le miel
se vend mal.
Aucune occupation rurale, dit l’auteur,
n’est mieux à la portée de tous que la culture
des abeilles et ne demande une mise de fonds
plus modique.
L’amateur trouve dans cette culture un
intéressant objet d’étude, la satisfaction de ses
goûts pour l’abeille si industrieuse ; l’habitant
des campagnes, riche ou pauvre, sans négliger
ses autres occupations, y trouvera une agréable
distraction de ses travaux ordinaires et s’in-
téressera de plus en fplus à la prospérité de
ses colonies. Sans qu’il y songe, sans s’en
douter, le cultivateur peu fortuné suivra
l’exemple que lui donnent ses abeilles, il sera
actif, industrieux, il ne se laissera pas abattre,
il ne se plaindra pas de la mauvaise fortune,
il ne songera pas, en un mot, à déserter les
champs pour la ville. Ce n’est pas là, on en
conviendra, le moindre des avantages que
procure l’éducation des abeilles.
A. Leblond.
312
CORRESPONDANCE.
CORRESPONDANCE
N° 3185 {Cantal). — Les demandes de sels
dénaturés pour le bétail et comme engrais
ne se font pas à moins de 500 kilos. La de-
mande doit être accompagnée d’un certificat du
maire de la commune, constatant que M. X.,
agriculteur de sa commune, exploite tant d’hec-
tares de terres, tant d’hectare de pré, qu’il
nourrit tant de têtes de bétail et que, par con-
séquent, telle quantité de sel (en quintaux) lui
est nécessaire pour ses bestiaux, la préparation
des engrais et l’amendement de ses terres.
— Les usines de Saint-Nicolas, à Yarangeville,
par Saint-Nicolas-du-Port (Meurthe-et-Moselle),
vendent les sels dénaturés à l’absinthe à raison
de 3 fr. 75 les 100 kilos et ceux dénaturés aux
tourteaux oléagineux à 4 fr. 75, emballage
compris. Les frais de port sont, bien entendu,
à la charge de l’acheteur. Envoyer mandat de
poste en faisant la commande. — L’acquit à
caution qui accompagnera la marchandise devra
être remis au bureau de la régie exerçant
dans votre localité.
N° 3380 {Indre). — Désireux d’essayer le
sulfate de fer pour détruire la Mousse de vos
pelouses, vous nous aviez demandé quelques
renseignements pratiques sur son emploi.
L’article de M. Marguerite - Delacharlonny ,
publié dans le dernier numéro, vous aura
donné pleine et entière satisfaction.
Mme jv. c. {Moscou). — Les taches blanches
de vos Rosiers sont produites par un Cham-
pignon microscopique du genre Erysiphe; il
peut être détruit par des aspersions d’eau ni-
cotinée.
Les excroissances couleur orangée sont for-
mées par les conceptables d’un autre Champi-
gnon : YÆlcidium grossulariæ. Pour s’en dé-
faire, il faut couper les feuilles qui en sont
atteintes et les brûler, afin d’empêcher les
spores de se répandre.
Nous étudions les autres altérations que vous
nous avez soumises et nous pourrons peut-être
vous renseigner bientôt à leur sujet.
N° 3191 {Charente). — La question de la
toile dans les serres offre toujours un grand
intérêt. Nous insérerons prochainement notre
communication, et nous vous prions de conti-
nuer les observations sur ce sujet, en n’ou-
bliant pas de nous informer des résultats que
vous aurez obtenus, surtout si votre procédé
vous réussit toujours.
No 3301 {Finistère). — Le criocère de l’As-
perge est un insecte dont on ne peut se débar-
rasser, suivant l’opinion de M. Lhérault et
d’autres spécialistes d’Argenteuil, qu’en re-
cueillant les insectes et les détruisant. On se
sert pour cela d’un parapluie renversé, dans
lequel on secoue les tiges d’Asperges au
mois de juin. Le docteur Boisduval, dans son
Entomologie horticole , n’a pu indiquer de
meilleur remède. La chaux en poudre pourrait
détruire une partie des larves, mais dès que
l’insecte est devenu adulte, il échappe à son
action.
M. S. H. L. (Brésil). — Nous acceptons bien
volontiers votre proposition, et les renseigne-
ments que vous nous annoncez seront bien
accueillis des lecteurs de la Revue horticole.
Sans aucun doute, la création de ces deux jar-
dins d’expériences exercera la plus heureuse
influence sur la science botanique et sur l’hor-
ticulture pratique dans nos contrées.
N° 40 74 {Somme). — Nous pensons que
vous avez affaire au mildiou ( Peronospora vi-
ticola ), mais l’état de vos feuilles, amollies
par la végétation en serre et par l’obscurité où
elles sont restées pendant le voyage, ne nous
permet pas de l’affirmer avec exactitude.
Essayez toujours l’arrosage avec l’eau céleste
ou avec la bouillie bordelaise additionnée
d’eau, les tissus de ces feuilles étant plus
mous que si elles avaient poussé dehors. Vous
trouverez d’ailleurs les renseignements néces-
saires dans l’étude très-complète que la Revue
horticole a publiée l’an dernier sur le mildiou.
N° 5412 {Italie). — Nous n’avons pas reçu
les dessins dont vous nous parlez. Ils peuvent
avoir été égarés à la poste. Si vous pouvez
nous en envoyer une copie, nous nous mettrons
volontiers à votre disposition pour vous donner
les renseignements que vous désirez.
N° 4626 {Algérie). — Votre plante bulbeuse
est un Ornithogalum , difficile à déterminer
avec de simples fragments de fleurs, mais qui
semble bien être l’O. narbonense.
U Administrateur- Gérant : L. Bourguignon.
Imp. Gtoorges Jacob, — Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE.
313
CHRONIQUE HORTICOLE
École d’arboriculture de la Ville de Paris. — Le retard dans la végétation. — Les sauterelles en
Algérie. — Récompenses à l’horticulture dans les concours régionaux. — Raisin Gros-Colmar. —
Traitement de l’érinose. — Pêches et Brugnons. — Les Eucalyptus les plus rustiques. — Todea
rivularis. — Lourya paniculata. — La plantation des corbeilles de plantes à fleurs. — Rosier des
Quatre-Saisons. — Les hybrides bigénériques d’Orchidées. — Un singulier remède contre le
phylloxéra. — Une statue au professeur Planchon. — Les expéditions de légumes de Roscoff en
Angleterre. — Expositions annoncées. — Mémento des expositions. — Rectification.
École d’arboriculture de la Ville de
Paris. — Conformément au réglement de
l’École municipale et départementale d’ar-
boriculture, dirigée par M. Chargueraud,
les examens dê fin d’année des élèves qui
ont suivi le cours pendant la période de
1887-88 ont eu lieu les 25 et 26 juin.
Le Jury, nommé parM. le Préfet de la Seine,
sur la proposition de M. le Directeur des Tra-
vaux de Paris, était composé de :
MM.
Hardy, directeur de l’École d’horticulture de Ver-
sailles, président.
Allard, directeur de la Voie publique et des Pro-
menades.
Carrière, rédacteur en chef de la Revue horticole.
Cornu, professeur de culture au Muséum.
Hétier, ingénieur en chef du département de la
Seine.
Jamin, pépiniériste.
Laforcade, jardinier en chef de la Ville de Paris.
Rivet, professeur de sylviculture à l’Institut agro-
nomique.
Verlot, ex-chef des cultures au Muséum.
Voici, par ordre de mérite, les onze élèves
qui ont obtenu le certificat d’aptitude :
1. Cornier (Joseph).
2. Morignat (J.-B.).
3. Bussienne (Octave).
4. Dufresne (Jean).
5. Schœpfer (Pierre).
6. Sellier (Paulin).
7. Coron (Antoine).
8. Samier (Ernest).
9. Cosset (Alphonse).
10. Buffetville.
11. Sanson (Guillaume).
Le retard dans la végétation. — L’hi-
ver a été long, rigoureux et maussade ; il a
présenté une succession d’intempéries défa-
vorables à la végétation. Mais à part ce fait,
qui a été préjudiciable à certaines cultures,
ces contre-temps ont produit un retard qui,
contrairement aux prévisions, n’a pas encore
été regagné. La floraison de la Vigne, même
dans les variétés très-hâtives et placées à
bonne exposition, c’est-à-dire le long des
murs, n’a guère commencé à Paris que vers
le 15 juin. Les Vignes à vin, dans le bassin
de Paris, ont commencé à peine à entrer en
floraison le 20 juin, et, comme ce fait est
général, il en résulte que dans beaucoup de
16 Juillet 1888.
vignobles on est inquiet pour la maturité
des Raisins, ce qui est d’autant plus regret-
table que cette année les grappes sont
généralement d’une abondance extrême. Il
faut attribuer ce retard à la température,
qui, actuellement, est encore relativement
peu élevée. On nous a même assuré que les
17 et 18 juin des Tomates ont eu leurs
feuilles « frisées » par suite de l’abaissement
du thermomètre à près de zéro.
Les sauterelles' en Algérie. — C’est
surtout dans la province de Constantine
que les ravages causés par les sauterelles
ont pris cette année des proportions inu-
sitées. On ne peut encore évaluer l’impor-
tance du désastre, mais il est immense.
Le gouvernement a voté une somme de
500,000 fr. destinée principalement à sub-
ventionner les cultivateurs les plus éprou-
vés. Cela est très-bien, mais ce qui sera
également très-utile, c’est la nomination
d’une commission composée d’entomolo-
gistes distingués et d’agriculteurs, qui étu-
dieront ce fléau dès son origine, et cherche-
ront le moyen, s’il existe, d’empêcher le
retour de ces invasions.
Récompenses à l’horticulture dans
les Concours régionaux.
Concours régional de Laon.
HORTICULTURE.
Prime d'honneur: M. Lefèvre (Antoine-
Paul), horticulteur à Ardon-Laon.
Médaille d'or et 500 fr. : M. Gosse (Léon),
horticulteur à Château-Thierry.
ARBORICULTURE.
Prime d'honneur : M. Fouquet, aboriculteur
à Sinceny.
Médaille d'or et 400 fr. : M. E. Godin, ar-
boriculteur à Guise.
Médailles d'argent: M. Roger, chef de cul-
ture chez M. Fouquet ; M. Moroy, chef de cul-
ture chez M. Godin.
Médaille de bronze et i 00 fr. : MM. Lemaire
et fils, pépiniéristes à Suzy.
14
314
CHRONIQUE HORTICOLE.
Concours régional d’Autun.
ARBORICULTURE.
Prime d'honneur : Un objet d’art et 200 fr. :
M. Béraud-Massard, pépiniériste à Montceau-
les-Mines.
Prime de 300 fr. : M. Martin-Gilbert, pépi-
niériste à Vindecy.
Concours régional de Châteauroux.
Aucune récompense n’a été décernée, ni à
l’horticulture, nï à l’arboriculture, faute de
concurrents.
Concours régional d’Épinal.
ARBORICULTURE.
Prime d’honneur : Un objet d’art : M. J. F.
Vaudray-Evrard, horticulteur à Mirecourt.
Médaille d’or grand module : M. A. Étienne,
à Épinal.
Médaille d'or : M. Léon Millot, à Mandres-
sur-Vair.
Médaille d’argent grandmodule : M. Blandel,
instituteur, à Chamagne.
Médaille d’argent : M. Louis Antoine, insti-
tuteur à Moyemont.
Médaille de bronze : M. Augustin Colin, à
Saint-Dié.
HORTICULTURE.
Prime d’honneur : Un objet d’art : M. Jean-
Baptiste Couchoux, à Épinal.
Concours régional de Nîmes.
HORTICULTURE.
Prime d’honneur: M. César (Joseph), à Alais.
Médaille de bronze et 350 fr. : M. Dupret,
à Saint-Laurent-d’Aigouze.
Médaille de bronze et 200 fr. : M. Prades, à
Bagnols-sur-Cèze.
Médailles de bronze et iOO fr. : M. Cadière,
à Nîmes ; M. Bourdon, à Calvisson.
ARBORICULTURE.
Prime d'honneur : M. Gourdin (Albert), à
Saint-Hippolyte-du-Fort.
Médaille de bronze et 300 fr. : M. Fabre, à
Aym argues.
Médailles de bronze et 200 fr. : M. Michel
(Charles), à Nîmes ; M. Tabus, à Alais.
Médaille de bronze et 150 fr. : M. Broche,
à Bagnols.
Concours régional d’Alençon.
HORTICULTURE.
Prime d'honneur : M. Caplat (Victor), au
Printemps, commune de Damigny.
Médaille d’argent et 300 fr. : M. Lemée-
Rocheron, à Alençon.
ARBORICULTURE.
Prime d’honneur : M. David, à La Charpen-
terie.
Médaille d'or et 250 fr. : M. Chappey, à
Alençon.
Médaille d’argent et 500 fr. : M. Demende,
à Alençon.
Raisin Gros-Colmar. — A propos de
ce Raisin, M. Ernest Bergman nous a fait
remarquer qu’il se perpétue en France,
dans le monde horticole, une erreur qu’il
voudrait arrêter s’il en est temps encore.
Certains auteurs, nous écrit M. Bergman,
appellent ce Raisin Colman , et donnent pour
raison que c’est un Raisin d’origine allemande
et appelé Grosse Kôlner , d’où la traduction de
Gros Colman. Nous nous permettrons à notre
tour de leur dire que la traduction, pour être
exacte, devrait être Gros Colonais , Kôln étant
le nom allemand de la ville de Cologne.
Cette variété a été envoyée par M. Vibert,
d’Angers, à M. Thomas Rivers, le grand arbo-
riculteur anglais, et cela dès 1847. M. Rivers
est lui-même persuadé que c’est un commis qui,
peu familiarisé avec la langue française, a, en
transcrivant le nom, mis un n au lieu r, et cela
d’autant plus facilement que Colman est un
nom anglais, ce qui explique son retour en
France sous le nom de Colman au lieu de Col-
mar. Nos voisins, du reste, semblent avoir
maintenant reconnu leur erreur, et nous le
trouvons toujours, à bien peu d’exceptions
près, écrit Colmar, dans les catalogues ou
journaux anglais.
Ma conclusion est donc que nous devrions
nous servir du nom qui paraît être le plus lo-
gique. Il me semble d’autant plus utile de le
faire que c’est un Raisin que l’on commence à
trouver assez fréquemment en France chez les
amateurs et chez les horticulteurs. C’est un des
plus gros Raisins noirs ; sa qualité n’est pas, il
est vrai, à la hauteur de sa beauté, c’est du
reste ce qui arrive avec tous les gros fruits en
général ; mais c’est cependant une variété que
nous engageons nos amateurs à avoir dans
leurs serres, ne serait-ce qu’un pied ou deux.
La grappe n’est pas fort grosse (une moyenne
de 2 kilos environ), mais les grains en sont
énormes, de vraies Prunes; quelquefois ils attei-
gnent jusqu’à 10 centimètres de circonférence;
ils sont ronds, d’un beau noir bleu pruineux.
M. Bergman ajoute que le Raisin Gros
Colmar est une variété tardive, dont la chair
est très-ferme et la peau épaisse, bonne
quand le grain est bien mur. Elle est vigou-
reuse et prolifique, et d’une culture facile ;
mais si l’on veut avoir de grosses et bonnes
grappes, elle demande longtemps à mûrir,
et beaucoup de chaleur, dans le genre des
Muscats dont elle demande en partie le
traitement. Il ne faut laisser qu’une certaine
quantité de grappes sur le pied, et cela selon
sa vigueur, naturellement ; le ciselage de-
mande aussi un certain soin. Mais un bon
cultivateur de Vignes arrive bien vite à
traiter le Gros Colmar selon sa végétation,
et à avoir une récolte aussi belle que celles
que l’on constate en Angleterre.
CHRONIQUE HORTICOLE.
315
Traitement de l’érinose. — Nous avons
publié, l’année dernière, les expériences
couronnées de succès auxquelles s’était
livré notre collaborateur, M. Glaret, de
Semur, sur YErineum vitis. Voici la nou-
velle lettre qu’il veut bien nous adresser
sur le même sujet :
Dans la Revue horticole de 1887, vous avez
bien voulu publier une communication que je
vous avais faite au sujet du traitement de
l’érinose.
Cette maladie, qui, l’année dernière, faisait
peu de ravages, s’est montrée cette année —
au moins dans ces pays-ci — avec un redou-
blement de vigueur inattendu autant que dé-
plorable.
Je continue à la combattre avec le plus com-
plet succès, mais je crois utile de faire con-
naître à vos lecteurs que, par suite d’essais
nouveaux, j’ai pu simplifier le traitement que je
vous indiquais en 1887. J’ai supprimé, dans la
formule que je vous ai envoyée, l’alcool amy-
lique, et j’emploie simplement, avec un pulvé-
risateur, une solution de 35 grammes de savon
noir pour un litre d’eau.
La destruction de l’érinose est un peu moins
rapide et n’est complète qu’en quarante-huit
heures à peu près, au lieu d’être presque
immédiate, comme par ma première formule.
La pulvérisation doit se faire par un temps
couvert, ou le soir en évitant le grand soleil, et
le jet du pulvérisateur doit être dirigé en des-
sous des feuilles , les boursouflures de ces der-
nières indiquant de suite quelles sont celles qui
doivent être traitées. J. Claret,
Propriétaire à Semur.
Tous nos remercîments sont adressés à
M. Claret. Il est déjà un peu tard cette
année pour que nos lecteurs fassent leur
profit de sa communication, mais nous leur
conseillons fortement de la mettre en réserve
pour l’année prochaine.
Pêches et Brugnons. — Si nous par-
lons ici des Pêches et des Brugnons, ce n’est
pas pour discuter la valeur de ces deux
genres, mais seulement pour constater un
fait qui, affirmé par les uns, a été nié par
d’autres. Certains ont affirmé que les Bru-
gnonniers se reproduisaient de noyaux ;
d’autres, qui ont soutenu le contraire, invo-
quaient à l’appui de leurs dires que les
Brugnonniers, étant sortis des Pêchers, ten-
daient constamment à revenir à ceux-ci. Si
nous étions appelé à nous prononcer, nous
hésiterions d’autant plus que les deux opi-
nions peuvent être soutenues. En effet, quand
on a semé pendant longtemps des noyaux
de Pêches et des noyaux de Brugnons, on
est en position de répondre à la question.
Voici ce que nous avons vu encore cette
année : des noyaux de Brugnons nous ont
donné des Pêchers, tandis que des noyaux
de Pêchers nous ont donné des Brugnon-
niers. Toutefois il faut reconnaître que ce
dernier fait est infiniment plus rare.
Les Eucalyptus les plus rustiques. —
On sait avec quelle persévérance M. Ch.
Naudin poursuit, depuis de nombreuses
années, l’étude et la classification des diffé-
rentes espèces à’ Eucalyptus découvertes et
introduites jusqu’à ce jour.
Un des résultats les plus utiles de cette
culture comparative a été de déterminer les
espèces les plus rustiques. M. Naudin vient
de les faire connaître : ce sont les Euca-
lyptus coccifera, urnigera et cordata.
Ces indications, assez peu connues, sont
cependant très -précieuses. Elles permet-
tront d’accomplir avec plus de chances de
succès les essais d’acclimatation, dans le
midi et l’ouest de la France et dans beau-
coup de nos colonies, de ces arbres, dont la
végétation est si rapide et dont le pouvoir
de désinfection a été si souvent constaté.
Todea rivularis. — Voici quelques
détails complémentaires sur cette plante,
dont nous avons annoncé l’arrivée à Paris,
au Muséum dans notre dernier numéro.
Son poids est d’environ 1,000 kilogr.
L’ensemble constitue une masse homogène,
d’au moins 2 mètres de longueur sur lm20
de largeur et lm30 de hauteur, le tout sur-
monté de 60 bourgeons produisant chacun
un grand nombre de frondes, à divisions
ténues, d’un très-beau vert. Comme il n’est
pas rare que des bourgeons se développent
sur les côtés, il en résulte une masse qui
rappelle un peu un tombeau antique, dété-
rioré par le temps, que des végétaux tendent
à envahir.
Cet exemplaire de Fougère est proba-
blement le plus fort de tous ceux qui existent
en Europe ou qui y aient jamais été intro-
duits.
Lourya paniculata. — Établi par M. le
professeur H. Bâillon, ce nouveau genre est
dédié à M. Loury, l’habile chef des serres
du Muséum. L’unique plante de ce genre
que possède cet établissement est originaire
du Cambodge. Sans être d’un grand mé-
rite ornemental, les fleurs de cette espèce
n’en sont pas rfioins remarquables par
leurs caractères, qui sont intermédiaires
entre ceux des Amaryllidées et des Lilia-
316
CHRONIQUE HORTICOLE,
cées. Elle paraît se placer entre les Helio-
santhes et les Tupistra.
La plantation des corbeilles de
plantes à fleurs. — Tout récemment
encore, les jardiniers français, au moment
de garnir une corbeille de plein air, tra-
çaient, au moyen d’une tringle quelconque,
des lignes régulières, laissant entre les ran-
gées de plantes un intervalle de largeur
uniforme.
Ce procédé est aujourd’hui abandonné,
et avec raison. Après avoir tracé le seul
rang extérieur et aussi, dans les corbeilles
à compartiments, les lignes de plantes qui
doivent former les séparations, on dispose
aujourd’hui le remplissage d’une façon ir-
régulière, de manière à ne pas former de
lignes, tout en distançant à peu près éga-
lement les plantes les unes des autres.
On évite ainsi l’effet désagréable, que tout
le monde a souvent constaté, de ces lignes
concentriques qui ne disparaissent qu’à
l’arrière-saison.
Cette année, la presque totalité des cor-
beilles, dans les promenades de Paris, ont
été plantées d’après cette méthode.
Rosier des Quatre-Saisons. — On a
dit que cette plante était originaire « d’O-
rient », ce qui n’est pas démontré. Au
point de vue de sa valeur spécifique, le
doute est permis. Le Rosier des Quatre-
Saisons n’a jamais été soumis à l’expérience
du semis, ce qui, du reste, eût été difficile,
la plante ne donnant pas de graines. Sa
qualité de « toujours fleuri », qui pourrait
être considéré comme le véritable crité-
rium, le seul qui ait quelque valeur, est
presque toujours négative, si les plantes sont
abandonnées à elles-mêmes, puisque alors
elles ne fleurissent plus. Au lieu d’un sem-
perflor&ns , c’est-à-dire une plante qui est
toujours en fleurs, on a une plante qui ne
fleurit plus. Pour avoir un Rosier des
Quatre-Saisons, il faut le soumettre à
un traitement particulier, qui consiste à
laisser souffrir les plantes, puis à les tailler
aussitôt qu’elles ont fleuri, de manière à
obtenir de jeunes pousses, sur lesquelles
apparaîtront les fleurs.
Les hybrides bigénériques d’Orchi-
dées. — M. Seden, l’habile semeur de la
maison Veitch, de Londres, a réussi, parmi
tant d’autres succès, à hybrider ensemble le
Zygopetalum crinitum et le Colax ju -
gosus.
On sait que ces deux Orchidées ont cha-
cune un aspect bien différent de l’autre.
L’hybride obtenu, nommé Zygocolax Veit-
chii, par M. Rolfe, tient le milieu, par la
forme de sa fleur, entre les deux parents;
la coloration de cette fleur se rapproche
davantage de celle du porte-graine, tandis
que l’androcée a surtout de l’analogie avec
la plante porte-pollen.
On remarquera que M. Rolfe a créé pour
cette plante un nom générique dont les
deux premières syllabes appartiennent au
Zygopetalum, et les deux dernières au
Colax. C’est un moyen ingénieux pour rap-
peler l’origine de cet intéressant hybride.
Partant de ce principe, M. Rolfe propose
de nommer, de la manière suivante, les
hybrides bigénériques d’Orchidées précé-
demment obtenus : Phajocalanthe (. Phajus
X Calanthe), Læliocattleya(LæliaX Cat-
tleya), Sophrocattleya ( Cattleya X So-
phronitis), Anæctomaria ( Anætochilus
X Hæmaria), Macomaria ( Macodes X Hæ -
maria), Bossinimaria ( Dossimia X Hæ-
maria).
Ce système de dénomination a précédem-
ment été appliqué par le docteur Maxwell
T. Masters, lorsqu’il a appelé Philageria
l’hybride résultant du croisement du La-
pageria rosea par le Philesia buxifolia, et
par M. Ed. André, pour le genre Serico-
bonia, dont les parents étaient le Serico-
graphis Ghiesbreghtii et un Lïbonia Penh-
rosiensis.
Un singulier remède contre le phyl-
loxéra. — M. P. Joigneaux signale, dans
la Gazette du Village, le procédé qu’a em-
ployé un cultivateur des Hautes-Alpes,
M. Joseph Ronnafoux, pour redonner de la
vigueur à ses Vignes, très-atteintes par le
phylloxéra.
M. Bonnafoux a fait bouillir ensemble
des feuilles de Noyer, d’Hellébore, des
bulbes de Colchique, de la Digitale et de la
Ciguë ; puis, avec ce bouillon « infernal »,
il a arrosé un compost formé de chaux
grasse, de cendres de bois, de crottes de
mouton, de goudron, de sel de cuisine, de
boues de rivière, de soufre, d’huile de pé-
trole, de sulfate de cuivre et de savon noir
(excusez du peu !), en ayant soin de bien
mélanger le tout, et en arrosant de temps
en temps, toujours avec le même liquide,
jusqu’à ce que le tas ne s’échauffât plus.
M. Bonnafoux a fumé au printemps der-
nier ses Vignes à l’aide du compost ainsi
préparé, et, par surcroît de précaution, il a
CHRONIQUE HORTICOLE.
317
versé au pied de chaque cep, 4 litres d’urine
de porc. La réussite a été complète, les
Vignes ont poussé avec vigueur, et sont
actuellement couvertes de Raisins.
Tout en reconnaissant que la préparation
de M. Bonnafoux n’est pas d’une simplicité
extrême (!), M. Joigneaux pense qu’il y au-
rait peut-être quelque chose à prendre dans
cette idée, et qu’un compost dans lequel
entreraient du fumier, de la terre de bonne
qualité, des boues, et que l’on arroserait
avec des décoctions de plantes vénéneuses,
rendrait peut-être leur vigueur aux Vignes
phylloxérées, en éloignant le terrible in-
secte.
Une statue au professeur Planchon.
Nous apprenons que l’on doit élever, à
Ganges (Hérault), une statue de bronze à la
mémoire de J.-E. Planchon.
C’est un juste tribut de reconnaissance
qui sera payé à la mémoire de ce savant
désintéressé ; il y a tout lieu de féliciter les
auteurs de cette idée, qui perpétuera le sou-
venir de ce travailleur opiniâtre, au milieu
même de la région la plus attaquée jadis par
le Phylloxéra vastatrix , que M. J.-E. Plan-
chon a découvert le premier en compagnie
de MM. F. Sahut et G. Bazille. Chacun
connaît les travaux de M. Planchon pour ar-
river à la connaissance précise de cet insecte
et pour guérir son pays des ravages qui ont
mis notre viticulture à deux doigts de sa
perte.
Les expéditions de légumes de Roscoff
en Angleterre. — Dans un rapport que le
consul d’Angleterre à Brest a présenté à
son gouvernement, l’agent britannique fait
ressortir l’activité que les cultivateurs bre-
tons déploient pour faire pénétrer leurs
produits dans l’intérieur du Royaume-
Uni.
A Roscoff seulement, il existe 22 compa-
gnies, composées de 406 membres, qui
s’occupent tout spécialement du commerce
d’exportation.
Le Journal of horticulture , où nous
trouvons ces indications, ajoute que, pour
l’année 1885, les exportations du seul port
de Roscoff pour l’Angleterre ont compris :
11.107 tonnes de Pommes de terre, 4.060
tonnes d’Oignons, 4.000 tonnes de Choux-
fleurs, et 1.800 tonnes d’Artichauts.
En même temps que ces légumes, les
envois de Roscoff comprennent des œufs,
dont le prix total annuel de vente dépasse
400.000 fr.
EXPOSITIONS ANNONCÉES.
Paris, 22 au 25 novembre. — Un concours
de Chrysanthèmes d’automne s’ouvrira, dans la
grande salle de l’Hôtel de la Société d’horti-
culture, rue de Grenelle, 84, à Paris, le
22 novembre, jour de la distribution solennelle
des récompenses décernées à la suite de l’Ex-
position générale horticole qui a eu lieu du 25
au 31 mai dernier. — La même Société orga-
nise pour le 23 novembre et dans le même local
un concours de fruits, qui resteront exposés,
ainsi que les Chrysanthèmes, jusqu’au 25 no-
vembre.
Fontainebleau, 25 au 27 août. — La So-
ciété d’horticulture de Melun et Fontainebleau
tiendra sa 34e exposition générale, à Fontaine-
bleau, du 25 au 27 août. Adresser les déclara-
tions, quinze jours au moins avant l’exposition,
à M. Bourges, secrétaire général de la Société,
30, rue de F Arbre-Sec, à Fontainebleau.
Memento des Expositions.
Voici la liste des Expositions précédemment
annoncées :
Bar-sur-Aube. — Exp. gén. (Chr. n° 12), 6 au
10 juillet.
Bougival. — Exp. gén. (Chr. n° 9), 29 août au
3 septembre.
Bourges. — Exp. gén. (Chr. n» 13), 2 au 5 août.
Lyon. — Exp. gén. (Chr. n° 11), 13 au 17 septembre.
Meaux. — Exp. gén. (Chr. n° 5), 7 au 9 septembre.
Mézidon. — Exp. gén. (Chr. n° 10), 16 septembre.
Moulins. — Exp. gén. (Chr. n° 6), 31 juillet au 5 août.
Périgueux. — Exp. horticole et viticole (Chr.n°ll),
3 au 5 août.
Roubaix. — Chrysanthèmes (Chr. n° 5) , 17 novembre.
Saint-Germain-en-Laye. Exp. gén. (Chr. n° 10),
26 au 29 août.
Saint-Mandé. — Exp. gén. (Chr. n° 12), 16 au
23 septembre.
Toulouse. — Exp. de culture maraîchère, culture
ornementale et arboriculture fruitière (Chr.
n° 11), 27 au 30 septembre.
— Même Exp. et spécialement Exp. de Chrysan-
thèmes (Chr. n° 11), 15 au 18 novembre.
Valognes. — Exp. locale (Chr. n° 8), lor au 4 sept.
Gand. — Floriculture (Chr.n0 11), 2 au 3 septembre.
— Chrysanthèmes (Chr. n° 11), 18 au 22 nov.
Lausanne. — Exp. gén. (Chr. n° 8), 20 au 25 sept.
Rectification. — Dans la liste officielle
des récompenses décernées à la dernière
exposition de Paris, une erreur a été com-
mise au préjudice de M. Simon, horticul-
teur, rue Lafontaine, à Saint-Ouen (Seine),
et cette erreur s’est trouvée tout naturelle-
ment reproduite dans la liste publiée par
la Revue horticole. C’est M. Simon qui a
obtenu la médaille de vermeil attribuée au
60e concours, pour la plus belle collection de
soixante Cactées , et la médaille de vermeil
attribuée au 99e concours pour le plus beau
lot d ’Aloe en fleurs.
E.-A. Carrière et Ed. André.
TRANSPLANTATION DSS GROS ARBRES.
818
TRANSPLANTATION DES GROS ARBRES
Les avantages offerts par la transplanta-
tion des gros arbres, au point de vue de
la création ou de rembellissement des jar-
dins publics, des parcs, des avenues, sont
si évidents que la plupart des nations l’ad-
mettent aujourd’hui. Cependant, si tous les
peuples civilisés sont d’accord sur l’utilité
du procédé, ils apportent certaines variantes
dans les méthodes d’emploi.
La transplantation donne lieu à diverses
opérations qui sont : l’arrachage de l’arbre,
son transport et sa replantation. En exami-
nant les procédés employés par la Ville de
Paris, nous ferons connaître les différences
qui existent entre eux et les divers systèmes
adoptés à l’étranger.
La première opération, pour enlever un
gros arbre en motte, consiste à lier ses
branches si elles sont basses, puis à faire
une tranchée circulaire creusée de façon à
laisser, autour des racines, une motte de
terre variant de 1 mètre àlm 50, et de 1 mètre
à lm 30 de profondeur, suivant la grosseur
de l’arbre et la force du chariot qui est des-
tiné à le recevoir. En Amérique, avec un
chariot employé à Brooklyn Park, près de
New-York, on a transporté des mottes ayant
de 12 à 14 pieds de diamètre, et pesant, avec
l’arbre, de 12 à 14 tonnes. L’habileté du
terrassier consiste à maintenir, autant que
possible, les côtés de la motte verticaux.
Les grosses racines sont coupées rez de terre ;
le chevelu est conservé avec soin. Quand la
tranchée est arrivée à profondeur, on mine
au-dessous de la motte pour la dégager, et
l’on glisse deux madriers sous les racines.
Le contour de la masse est alors consolidé
avec des fascines autour desquelles on fixe
des cordages.
Dans la transplantation des Conifères *,
on remplace avantageusement les fascines
par des voliges que l’on glisse entre la
motte et une ficelle lâche passée autour du
sommet de ces dernières. Ces voliges sont
serrées au moyen d’une presse de tonnelier,
puis consolidées par un cercle de Châtai-
gnier ou de feuillard (forte tôle) qui les
embrasse et est cloué sur chacune d’elles.
On passe ensuite une ficelle au-dessus de
la base, on la serre de la meme façon que la
supérieure, et, sur les voliges, on cloue de
nouveau un cercle. Sous la motte, préala-
1 Voir Ed. André, Art des jardins, p. 644.
blement minée et inclinée, on adapte un
fond préparé d’aA^ance, fait de planches
assemblées, et on le fixe sur le voligage
vertical au moyen de deux agrafes de tôle.
Dans un système empl©yé par M. F.
Bergmann, en 1849 *, les fascines étaient
remplacées par une caisse quadrangulaire,
composée de plusieurs pièces de menui-
serie s’emboîtant les unes dans les autres,
et s’ajustant sur la motte, taillée en pyra-
mide quadrangulaire renversée.
En Angleterre, quand la terre est molle,
on ajoute souvent aux madriers passés sous
les racines un fond de sapin ; les fascines
sont presque toujours remplacées par une
toile grossière ; entre les cordes et la toile,
on glisse des douves en bois, analogues à
celles qui sont employées par la Ville de
Paris pour la transplantation des Conifères.
Aux États-Unis, dans les plantations qui
furent pratiquées en 1868, au parc de
Brooklyn, on transporta les arbres avec les
mottes complètement, nues, et cela n’em-
pêcha pas les plantations faites ainsi de
donner de bons résultats. Il est vrai que le
sol argileux était dur et compact, et que les
distances de transport étaient assez petites.
En Bavière, pour éviter la main-d’œuvre
nécessitée par le garnissage des mottes, et
les frais de traction occasionnés par les
chariots, on a quelquefois recours à un
expédient assez bizarre, qui est exposé par
Y lllustrierte Monastshefte 2 de Munich :
Au commencement des grands froids, on
creuse une tranchée autour des mottes que
l’on veut transplanter, et on mine aussi
loin que l’on peut, au-dessous des racines,
pour rendre à peu près nulle l’adhérence de
l’arbre au sol. On taille ensuite, dans la
berge, un chemin destiné à faciliter la
sortie de l’arbre du trou; puis on aban-
donne la motte à l’action du froid, jusqu’à
ce qu’elle soit complètement gelée. Gela de-
mande souvent de quatre à six semaines.
On revient alors, et, plaçant sous la motte
de fortes poutrelles munies de crochets, on
la traine avec des chevaux ou des bœufs,
ou bien on la fait avancer graduellement
sur des madriers avec des crics. Des Châ-
taigniers transportés par ce système ont,
paraît-il, parfaitement réussi. Les Érables,
1 L. c., p. 646.
2 1888, p. 87.
TRANSPLANTATION LES GROS ARBRES.
les Tilleuls, les Ormes et les Conifères aux-
quels ce procédé a été appliqué ne s’en sont
pas montrés incommodés.
Une fois la préparation de la motte ter-
minée, il faut aviser aux moyens de la
sortir du trou et de la transporter. Voici
comment on procède à cette opération : on
continue à miner en dessous des racines du
côté opposé à celui où les madriers ont été
placés, et l’on glisse de ce côté deux nou-
veaux madriers. Ces madriers, ainsi que
ceux déjà placés, sont maintenus par les
chaînes ou les câbles destinés à soulever la
motte. On ajoute souvent, sous ces ma-
driers, un rang de fascines destinées à
maintenir la terre ; ces fascines remplacent,
chez nous, le fond de sapin que les Anglais
emploient dans le même but; la seule diffé-
rence qui existe entre les deux systèmes,
c’est qu’en Angleterre on place le fond de
sapin entre les madriers et la motte. On
doit ainsi obtenir un meilleur résultat que
nous avec des fascines qui ne sont pas im-
médiatement en contact avec la terre.
Quand l’arbre est destiné à être trans-
porté au chariot, on fait reculer celui-ci,
soit sur de forts madriers, soit sur le sol, si
la largeur des roues dépasse la largeur du
trou. Ces chariots ont généralement une ou
plusieurs traverses postérieures mobiles ;
tel est le chariot adopté par la Ville de
Paris; tels également ceux inventés par
M. W. Barron, de Borrowash (Angleterre),
ou par feu M. Mac Nab, d’Edimbourg.
Quelquefois, l’avant et l’arrière se séparent
en deux parties, comme dans la machine em-
ployée à Brooklyn. Dans l’un ou l’autre cas,
les roues doivent être amenées de façon à ce
que le tronc de l’arbre occupe à peu près
le centre du chariot. Les parties séparées
sont ensuite remises en place; prenant les
câbles ou les chaînes passées sous la base de
la motte sur des cylindres, on les enroule
au moyen de leviers ou de manivelles, et
l’on soulève doucement la plante.
En Angleterre, on emploie plusieurs
sortes de chariots très-bas et qui n’ont pas
d’appareils destinés à soulever la plante.
Dans ce cas, pour sortir l’arbre du trou, on
crée dans la berge une banquette suffisante
pour recevoir la motte ; on attache les
cordes passées sous la base à deux forts le-
viers qui forment une sorte de brancard au-
dessus de la motte. Celle-ci, suivant sa
grosseur, est hissée, d’abord sur la ban-
quette, par deux, quatre ou six hommes,
puis de là sur la berge. Là, cette motte est
chargée à plat sur un chariot bas, ou bien,
319
si l’endroit où doit avoir lieu la replantation
n’est pas éloigné, elle est portée au moyen du
brancard avec lequel on l’a sortie. Quand la
motte est trop lourde pour que ce système
puisse être employé avec succès, on crée un
chemin dans la berge et l’on amène le
chariot jusqu’à la motte. On la charge
au moyen de rouleaux et de leviers, ce qui
est relativement facile, la hauteur de ces
chariots ne dépassant pas 50 centimètres.
Bien qu’il y en ait une grande variété,
comme force et grandeur, leur forme est
presque toujours la même. Bs se composent
tous d’une forte charpente en bois ou en fer
reposant sur des roues très-basses soigneu-
sement ferrées. Quelques-uns même, comme
ceux que les Anglais nomment « Frame-
rollers », ont des roues formées par des
cylindres en bois cerclés de fer et traversés
par des essieux en fer.
Parmi les chariots économiques et de
faibles dimensions, la Revue horticole a
décrit et figuré un ingénieux appareil de
ce genre imaginé par M. Marcel L Ces cha-
riots bas sont très-employés quand on peut
rouler les arbres verticalement sur des ma-
driers ; ils ne seraient donc pas bons pour
de longs trajets. Bs ne présentent pas égale-
ment les avantages des chariots de la Ville
de Paris, de M. Mac Nab et de ceux du parc
de Brooklyn, au point de vue de la facilité de
déchargement de la plante dans le trou qui
lui a été préparé. Avec les chariots bas, en
effet, pour peu que l’arbre soit un peu
lourd, on est obligé de créer un chemin
d’accès pour la décharge, comme il en a
été préparé un pour la charge; tandis
qu’avec les trois chariots précités, on n’a
qu’à amener le chariot au-dessus du trou
destiné à la replantation et à laisser douce-
ment reposer, en desserrant, les câbles, la
motte à la place qu’elle doit occuper.
Pour dégager la motte des madriers
qu’elle porte en dessous, on peut la laisser
reposer sur une grosse pierre ou sur un
petit monticule de terre qu’on fait dispa-
raître ensuite. Cette opération terminée, il
ne reste plus qu’à enlever les fascines, à re-
mettre les racines en place, à remplir le
trou de terre meuble et à arroser.
Tels sont les procédés principaux usités
pour la transplantation des gros arbres à
notre époque. Ceux employés dans les temps
anciens ont aussi leur intérêt et seront
l’objet d’une étude ultérieure.
Ed. André.
1 Voir Revue Horticole, 1884, p. 66.
320
STYRAX JAPONICUM.
STYRAX JAPONICUM
Bien que très-méritant et introduit en
France depuis un certain nombre d’années,
le Styrax japonicum (fig. 67), Siebold et
Zuccarini, est encore très-rare dans les cul-
tures. En voici une description :
Arbuste buissonneux, pouvant atteindre de
2 à 4 mètres de hauteur. Branches courtes,
très-ramifiées, à ramifications ténues. Feuil-
les caduques, alternes, entières ou très-lé-
gèrement dentées,
ovales -elliptiques,
longuement acumi-
nées au sommet et
comme cuspidées,
minces , glabres ,
luisantes. Écorce
furfuracée , gris-
roux, parfois un peu
brunâtre. Fleurs
nombreuses, fine-
ment et agréable-
ment odorantes,
pendantes, sur un
long pédoncule très
ténu. Boutons légè-
rement ovales, très-
ornementaux, mê-
me pendant long-
temps , rappelant
un peu ceux des
fleurs d’Oranger,
s’épanouissant en
mai -juin. Fruits
nombreux, ovoïdes, •
d’un vert glauces-
cent, longs d’envi-
ron 15 millimètres
sur une largeur un
peu moindre, en-
tourés d’une pelli-
cule mince, de na-
ture coriace, sèche,
non déhiscente.
Galyce à divisions
fortement appliquées. Graine unique, osseuse,
ovoïde, roux brunâtre. Fruits mûrissant en
septembre-octobre.
Voici ce qu’en disent Siebold et Zucca-
rini dans leur Flora japonica , p. 58 :
Le Styrax japonicum porte au Japon le nom
de Tsisjano-ki , en Chine, celui de Sei-ton -
Kwa. C’est un des plus beaux arbrisseaux du
Japon, qui se trouve fréquemment sauvage
dans les contrées méridionales de ce pays, où il
prospère, surtout sur les collines, dans des
broussailles et au bord des bois, à une éléva-
tion de 3 à 1,200 pieds au-dessus du niveau de
la mer. Il y atteint à peu près 4 à 6 pieds de
hauteur, fleurit en mai et ses fruits mûrissent
en automne. C’est pour ses fleurs blanches,
abondantes, odoriférantes, qu’on le plante or-
dinairement dans les bois qui entourent les
temples et dans les jardins de plaisance, où il
devient alors beaucoup plus haut et plus vigou-
reux qu’à l’état sauvage.
Le bois de cet arbrisseau, dur et blanc
comme il est, sert à faire des sortes de sculp-
tures. Sur les jeunes branches se développe
souvent une espèce
de Noix de Galle.
Culture et mul-
tiplication. — Le
Styrax japoni-
cum redoute les
terrains calcaires,
dans lesquels
même, lorsqu’il
pousse, il est tou-
jours chétif et
jaune. A défaut de
terre de bruyère,
il s’accommode de
terre franche sili-
ceuse, plutôt fraî-
che que sèche ;
les sols humides
mêmes ne lui dé-
plaisent pas, lors-
qu’ils sont sains
et drainés et que
l’humidité n’est
pas stagnante. Si
l’on manque de
graines, on le
multiplie par bou-
tures, que l’on fait
à l’aide de jeu-
nes pousses semi-
aoûtées et qu’on
place sous cloche à froid , si elles ont été
coupées à V air, dans la serre à multipli-
cation si, au contraire, elles ont poussé en
serre. Quant aux graines, elles doivent être
semées, aussitôt qu’elles sont mûres, en
terre de bruyère que l’on tient constam-
ment et légèrement humide. Les jeunes
plants sont repiqués en terre de bruyère et
soignés à peu près comme on le fait pour
ceux des Azalées de plein air.
On peut se procurer le Styrax japoni-
cum chez MM. Thibaut et Keteleer, horti-
culteurs à Sceaux.
E.-A. Carrière.
Fig. 67. — Styrax japonicum.
Rameau fructifère.
LE FIGUIER EN MÉSOPOTAMIE.
321
LE FIGUIER EN MÉSOPOTAMIE
Le Figuier abonde en Orient, grâce à
sa culture facile et à cause de ses fruits,
qui, pendant une époque de l’année,
nourrissent une grande partie de la popu-
lation. Il est vénéré par les musulmans
avec l’Olivier, et il est cité dans le Coran
comme un des principaux arbres du paradis
islamique. L’arbre et le fruit s’appellent
en arabe tinn, nom qui leur vient de l’hé-
breu ancien teenah, qui désigne la Figue
dans l’Ancien-Testament. Il paraît que cet
arbre fut introduit de la Grèce ou de la
Palestine en Mésopotamie, puisque d’Hé-
rodote et de Xénophon, qui visitèrent
cette contrée, le premier dit qu’il n’exis-
tait pas et le second ne le mentionne nulle
part. Les rois de Perse, du reste, es-
timaient et recherchaient beaucoup les
Figues grecques, au dire d’ Athénée, ce
qui prouve la rareté de ce fruit dans leur
vaste royaume.
Cet arbre, cependant, devait exister en
Syrie et en Palestine, depuis les temps les
plus reculés, ainsi que l’attestent les cita-
tions et les paraboles de la Bible ; et nous
pensons que les Figues des bords de la
Syrie, de l’Asie-Mineure, des Iles de l’Ar-
chipel et de tout le littoral méditerranéen
fournissaient un article très-important au
commerce d’alors, comme cela a lieu encore
de nos jours.
En Mésopotamie, quoique le Figuier soit
cultivé partout où il y a des irrigations, il ne
suffit pourtant qu’à la consommation locale
et se réduit à peu de variétés; ce qui
prouve que les pays décrits par Pline, qui
désigne vingt-neuf variétés de Figues,
étaient plus favorisés que la Mésopotamie.
Voici une description sommaire des six
variétés que l’on distingue dans le pays :
1. Fahâl (mâle). — Arbre dont les Figues
paraissent en même temps que les feuilles et
qui ne porte que des Figues-Fleurs. Ce sont
les Erineos de Théophraste, lesquels, de son
temps, étaient employés pour la fécondation
des autres variétés. De nos jours, dans plu-
sieurs pays orientaux, on les suspend sur les
branches des Figuiers, pour assurer ainsi une
récolte abondante de fruits. En Mésopotamie,
cet arbre n’est guère cultivé que pour sa pré-
cocité , car, dans certaines conditions, il retient
le quart de ses fruits, qui, toutefois, ne sont
pas de bonne qualité. On donne à ces fruits le
nom de lâche.
2. Abiadh (blanc). — L’arbre atteint de 5 à
6 mètres; c’est une variété quelquefois bifère
à fruit moyen, rond, blanc, à chair jaunâtre.
Mûrit en juillet-août. Rassemble à la Figue
blanche d’Argenteuil. Sous-variété : Veziri (de
Vizir), deux fois plus grosse et plus mielleuse;
la plus estimée de toutes les Figues dans la
contrée.
3. Hamri (violet). — Variété médiocre;
fruit moyen, à chair rouge sang, mûrissant en
juillet-août : la plus hâtive des Figues colorées.
La moitié de ses fruits tombent avant leur ma-
turité. Ces figues sont appelées Tinn hava
(Figues de Vent, Figues-Fleurs).
4. Adjemi (de Perse). — Sous -variété de la
précédente, mais à fruit parfois rayé et un peu
supérieur en goût.
5. Eswed (noir). — Arbre bifère, plus élevé
et plus fort que le précédent; fruit de grosseur
moyenne, de couleur noir bleuâtre extérieu-
rement, rose en dedans. Mûrit ses fruits en
août. Se rapproche de la Bourjassotte de
France.
6. Bouhrouzi (de Bouhrouz). — Le plus
beau des Figuiers du pays. Arbre très-haut,
très-large, très-fort. Donne quatre fois par an
des fruits ; la première en juin-juillet, la se-
conde en août-septembre, la troisième en
octobre et la quatrième en novembre jusqu’en
plein hiver. On peut dire qu’il est d’une fructi-
fication perpétuelle. C’est surtout la dernière
récolte qui donne les plus grosses et les meil-
leures Figues. Fruit très-gros, sphérique, d’un
noir bleu foncé, délicieux à manger.
Le Figuier est d’une culture facile dans
tous les districts de la Mésopotamie. A
Bagdad et ses environs, il est cultivé dans
les jardins irrigués par les fleuves, et, aus-
sitôt planté, on lui donne la forme de fais-
ceau ; de même tout le long du Chott-el-
Arab jusqu’à Bassorah. Au Kurdistan,
pays montagneux, il doit aussi abonder,
puisque sur les marchés de Kerkouk et de
Souleymanié, les Figues fraîches se vendent
à un sou le kilo. Il exige des arrosements
copieux et fréquents, ce qui prouve la véra-
cité du proverbe : le Figuier veut avoir le
pied dans l’eau et la tête au soleil; autre-
ment, sa végétation s’arrête, ses feuilles
sèchent et ses fruits tombent avant de
mûrir. Après la cueillette des fruits, on le
taille et on enlève une partie de ses branches
pour lui donner plus de vigueur. On lui
administre des fumures et des engrais et on
entoure ses racines de cendres de lessive,
qui sont très-nutritives et le tiennent
constamment humide. Cet engrais est em-
322
LE PUCERON LANIGÈRE.
ployé dans la plupart des pays orientaux où
le Figuier réussit le mieux.
Les Figues, en Mésopotamie, se vendent
fraîches sur place. On ne les dessèche pas
comme en Asie-Mineure et en Grèce. Mais
ce mode de conservation et de transport est
employé dans les pays méridionaux de la
Perse d’où l’on exporte une grande quantité
de Figues desséchées et passées dans un
jonc arrondi en cercle.
On multiplie facilement le Figuier de re-
jetons et de boutures. Le marcottage est
inconnu dans ce pays, et, quant à la greffe,
elle n’est pas usitée, les boutures fructifiant
la seconde année, de leur plantation.
G. -G. Métaxas,
Directeur du domaine de Belledirouz, à Bagdad.
LE PUCERON LANIGÈRE
Avant de résumer l’histoire de l’un des
plus dangereux ennemis du Pommier, le pu-
ceron lanigère, nous ne croyons pas inutile
de tracer largement les caractères des puce-
rons.
On enveloppe sous le nom général de pu-
cerons ou aphidiens un groupe d’insectes
hémiptères ou rhynchotes du sous-ordre
des Phytophthires.
Les pucerons sont des insectes de taille
toujours petite, souvent minuscule : leur
corps mou, à abdomen comme vésiculeux
et soufflé, se montre avec ses segments
boursouflés comme quelque saucisson ficelé
trop serré. L’aspect général du corps de ces
bestioles nous représente quelque chose de
malsain et de pustuleux. La facilité avec
laquelle ils s’écrasent entre les doigts en les
tachant de rouge ou de vert indique la
mollesse extrême de leurs téguments.
Groupés en familles innombrables sur les
tiges des plantes qu’ils épuisent par leurs pi-
qûres, ils forment à la surface de l’écorce des
taches qui semblent formées par des mousses
ou des lichens. La plupart de ces êtres
exsudent des miellats sucrés dont les 'four-
mis se montrent avides, et il est curieux de
voir celles-ci occupées attentivement à lécher
le suc suintant de tubercules situés à l’ex-
trémité du corps de ces pucerons, dont le
ventre tronqué carrément en arrière semble
quelque fontaine ambulante terminée par
deux robinets verticaux.
L’existence de ces êtres nuisibles est d’ail-
leurs loin d’être dépourvue de soucis : les
fourmis les entraînent dans leurs fourmi-
lières, où elles les enferment dans des étables
souterraines; les coccinelles ou bêtes à bon
Dieu vivent de pucerons aussi bien à l’état
de larve qu’à celui d’insecte parfait; les
larves de mouches du genre Syrphe rampent
comme des sangsues diaphanes parmi ce
peuple et dévorent les aphidiens par cen-
taines. Ce sont encore les larves des héme-
robes dont le corps en forme de bourse se
termine par des mandibules recourbées hap-
pant les hémiptères misérables et inermes,
dont elles sucent les liquides nourriciers et
rejettent sur leurs dos les dépouilles, se fai-
sant encore un vêtement des tristes restes
des phytophthires vidés. Ainsi les sauvages
indiens ou les Dayaks de Bornéo s’ornent
des chevelures de leurs ennemis tués.
De petits ichneumons font aussi la guerre
aux aphidiens; ils appartiennent notam-
ment au genre Aphidius, et leurs larves
se développent dans le corps des puce-
rons.
Une des particularités les plus remar-
quables que présente la vie des pucerons
est cette série de phénomènes que l’on
observe dans leur reproduction.
En automne apparaît le plus souvent une
génération de femelles ailées, ou aptères,
c’est-à-dire non ailées, en même temps que
des mâles ailés ; ces femelles après accouple-
ment pondent des œufs fécondés. Mais il
existe aussi des générations vivipares, géné-
ralement ailées, apparaissant au printemps
et en été, et dont les femelles vierges pro-
duisent de petits pucerons sans avoir été
fécondées. C’est ainsi que Bonnet avait pu,
au siècle dernier, observer neuf générations
successives d’aphidiens vivipares issues sans
interruption les unes des autres1.
Les générations des pucerons ovipares et
vivipares alternent ordinairement d’une
façon régulière. Il existe des œufs d’hiver,
c’est-à-dire des œufs pondus en automne et
qui, après un hivernage, éclosent au prin-
temps, donnant le jour à des pucerons vivi-
pares produisant des formes également vivi-
pares qui se reproduisent ainsi pendant
toute la belle saison. C’est seulement à
l’automne qu’apparaissent des mâles et des
femelles ovipares qui s’accouplent. Il est
cependant des femelles vivipares qui passent
l’hiver et qui sembleraient produire au
1 Claus, Traité de Zoologie, Paris, 1883.
LE PUCERON LANIGÈRE.
323
printemps des individus sexués, mais sans
ailes ni trompe.
Ainsi peut être ramené à sa formule la
plus simple le cycle de développement de la
plupart des pucerons.
I
C*est un travers de l’esprit humain de
toujours chercher chez les autres l’origine
de ses malheurs ou de ses fautes. Il y a déjà
longtemps que c’est la mode d’accuser l’Amé-
rique de nous avoir dotés de beaucoup des
fléaux dont nous souffrons. On lui reproche
de nous avoir fait le funeste cadeau du phyl-
loxéra ; et voici que bien des savants sou-
tiennent que le puceron lanigère nous vient
du Canada.
Dans un travail récent, fait avec le soin
scrupuleux qu’apportent les Suisses en leurs
publications 4, MM. Mühlberg, professeur
à Aarau, et Kraft, horticulteur à Schaf-
fhouse, ont donné, sur le puceron lanigère,
les renseignements les plus complets. Parti-
san de l’origine américaine du puceron,
M. Mühlberg nous montre le funeste insecte
introduit en Europe, à la fin du siècle der-
nier, « à l’insu et sans la volonté de
l’homme, mais cependant en suite de l’im-
portation intentionnelle d’arbres fruitiers
étrangers ». On savait déjà qu’au début de
notre siècle il avait apparu en Angleterre ;
en 1810 on le signale à Jersey, en 1814 il
existe en Normandie et en Bretagne ; on en
parle aussi èn Belgique, et en 1820 il appa-
raît dans les environs de Paris. Il continua
à se répandre ainsi du nord au sud et vers
l’est. De l’Allemagne du Nord il passa dans
le reste de la terre germanique. Son appa-
rition en Suisse est toute récente. Certains
auteurs avancent qu’on le connaît en cette
région depuis une dizaine d’années ; d’après
M. Kraft, le fléau n’aurait commencé à
sévir d’une manière certaine qu’en 1880.
M. Mühlberg nous apprend encore que le
puceron lanigère a fait plus récemment
invasion en d’autres pays ; c’est ainsi que
des greffes de Pommier de France ont
répandu le dangereux insecte en Crimée, où
il fait de grands dégâts. La facilité, mainte-
nant exagérée et dépourvue de tout contrôle,
de communications entre divers pays, nous
fait craindre que, dans un avenir plus ou
moins rapproché, tous les pays à Pommiers
ne soient infestés du pernicieux puceron.
1 Le puceron lanigère, sa nature, les moyens
de le découvrir et de le combattre, par Mühlberg
et Kraft. Paris, 1885 Librairie agricole de la Mai-
son rustique ; prix : 2 fr.
II
Par son aspect général, par sa petite
taille, le puceron lanigère peut se confondre
facilement avec bien d’autres pucerons ou
avec des mites de la division des acariens
présentant également un duvet cotonneux
blanchâtre. Ainsi se présente un puceron
du Pommier ( Lecanium mali ), qui cepen-
dant est plus grand et moins saupoudré de
blanc, etc. Il convient donc de donner les
caractères nets et précis du puceron lani-
gère dans une complète et succincte des-
cription. La planche ci-contre, bien exécutée
par M. Clément, d’après les meilleurs ou-
vrages ou d’après nature, nous aidera dans
cette partie du travail.
Sous le nom de Schizoneura (du grec
skizos, fendu, et neuron, nerf ou nervure),
Hartig a différencié un genre de pucerons
que Blot a nommé Mizoxylus (du grec mi-
sos , ennemi, et xulon, bois), et que d’autres
auteurs ont désigné sous le nom d ’Erio-
soma (du grec erion, laine, et soma, corps).
Les pucerons du genre Schizoneura sont
représentés par plusieurs espèces, ainsi le
Schizoneura lanuginosa qui vit sur les
Ormes. Les caractères du genre sont :
Antennes à sept ou six articles; ailes à
nervure costale partant du milieu du
stigmate ou point épais de V aile, nervure
sous-costale bifide ; abdomen sans corni-
cules.
Nous savons qu’il existe chez les puce-
rons diverses formes dans une même
espèce ; examinons donc les divers indi-
vidus du puceron lanigère ( Schizoneura
lanigera, Hausman, ou Eriosoma pyri ,
Fitch).
Pour cette étude nous prendrons, en
l’abrégeant toutefois, l’excellente descrip-
tion de M. Mühlberg.
La forme aptère et asexuée, celle que
l’on trouvé pendant toute l’année sur les
diverses parties des Pommiers, excepté sur
les feuilles, atteint une longueur maximum
de 2 millimètres 1/4 à 2 millimètres 1/2,
sur une largeur de 1 millimètre 1/2 (fig. 1,
2, 3, 4 et 6 de la pl. col.). Pendant l’hiver,
elle est recouverte d’un duvet d’un blanc
bleuâtre dont les touffes augmentent de
beaucoup sa taille. Lorsque le duvet manque,
l’insecte est d’un brun foncé variant ou jau-
nâtre; plus les pucerons sont jeunes, plus
ils sont de couleur claire. Quand on les
écrase, ils teignent les doigts en rouge va-
riant du brun gris au rouge carmin.
D’aspect piriforme, le corps se divise en
324
LE PUCERON LANIGÈRE.
treize anneaux plus ou moins distincts, sui-
vant que le corps est ou non gonflé par les
œufs. La tête forme le premier de ces an-
neaux ; elle est munie en avant de deux
antennes courtes et à cinq articles chez les
jeunes, à six chez les adultes. Le dernier
article des antennes (fig. 10 de la pl. col.)
est atténué à l’extrémité et muni de poils.
Les yeux, situés derrière les antennes,
sont noirs ou rouges, suivant l’âge ; ils se
composent chacun
de trois facettes
bombées. Les pièces
de la bouche sont
construites pour la
succion. Sans entrer
dans la description
détaillée des organes
qui la constituent,
disons qu’elle se
compose essentielle-
ment de suçoirs
situés dans le sillon
d’une autre pièce, le
rostre , qui semble
se raccourcir à me-
sure que les puce-
rons deviennent plus
vieux. Le dernier
article est muni,
surtout chez les jeu-
nes, de poils courts,
rigides et divergents.
« Gela prouve, dit
M. Mühlberg, que le
rostre ne peut pas,
comme le prétendent
certains auteurs ,
servir à pénétrer
dans l’écorce en
même temps que les
suçoirs. Cette pro-
priété appartient ex-
clusivement à ces derniers organes, qui,
pendant la perforation et la succion, sont
placés dans le sillon du rostre, dont les bords
libres se referment alors sur eux, évidem-
ment pour qu’ils se tiennent plus fermes et
ne puissent pas s’écarter. En outre, ils sont
comprimés dans le sillon, à leur base, par la
pointe du labre, qui s’y appuie fermement
(fig. 68). L’extrémité du rostre se trouve
alors, grâce à une articulation, tournée du
côté de la plante nourricière afin de donner
aux suçoirs une position convenable. Ceux-
ci, réunis à leur sommet en un tube droit
et pointu, font une
saillie assez pronon-
cée, chez les vieux
insectes, de toute la
longueur du rostre,
toutefois jamais de
plus d’un millimètre.
Lorsque l’insecte est
occupé à sucer, c’est
seulement ce stylet
qui pénètre dans
l’écorce de la plante
nourricière (fig. 69).
Ce fait est très-im-
portant, car il dé-
montre que les ani-
maux ne peuvent
arriver qu’à travers
une écorce très-
mince jusqu’à la
couche où se trouve
la sève, et s’y établir
à demeure. »
Les trois anneaux
suivants forment le
thorax : le premier
est le prothorax, le
second le mésotho-
rax, le troisième le
métathorax. Chacun
porte une paire de
pattes dont la fig. 7
de la planche colo-
riée montre la structure.
L’abdomen est composé par les neuf au-
tres anneaux. Au sixième existe, de chaque
Fig. G9. — Tête et rostre
vus de face, grossis
trente fois. — Les sty-
lets pénètrent dans
l’écorce de la plante
nourricière.
Fig. 68. — Puceron la-
nigère. Tète et rostre
vus de côté, avec les
stylets sortis du rostre
ouvert.
Fig. 70. — Coupe transversale d’un insecte à duvet
montrant la disposition des touffes.
EXPLICATION DE LA PLANCHE COLORIÉE
1. Jeune insecte asexué vu par la face ventrale, grossi
10 fois.
2. Insecte à duvet avec une gouttelette miellée, grossi
18 fois.
3. Insecte adultç asexué vu par la face dorsale, grossi
10 fois.
4. Insecte adulte asexué commençant à produise son
duvet, grossi 18 fois.
5. Ramuscule de Pommier attaqué.
6. Insecte adulte asexué vu de côté, ayant dans son
corps des petits visibles par transparence au mo-
ment de la ponte ; un des petits sort.
7. Patte postérieure gauche.
8. Insecte sexué mâle, très-grossi.
9. Insecte sexué femelle, très-grossi, avec œuf unique.
10. Antenne.
11. Nymphe avec les étuis des ailes.
12. Insecte ailé.
13. Insecte asexué, de forme large et aplatie, vu par des-
sous.
N. B. — Les insectes au trait, au-dessous ou au-dessus
des insectes en couleur, représentent la grandeur natu-
relle. — Une erreur a été commise par l’imprimeur dans
le nom du dessinateur de la planche coloriée, il faut
y substituer le nom de M. Clément, l’artiste bien connu
et si apprécié des entomologistes.
Revue Horticoles .
Chrorruoüuh/. (r.Seoereuns .
Lrodara, oua.
Le puceron lama ère .
LE PUCERON LANIGÈRE.
325
côté, en dessus, un mamelon obtus muni
d’une ouverture par laquelle exsudent des
gouttelettes d’un liquide mielleux. Ces ma-
melons correspondent aux cornicules des
autres pucerons.
Les jeunes individus sont couverts de
poils qui, chez les adultes, se localisent sur
la tête et l’extrémité du corps. Des glandes
existent sur le dos et les flancs ; ce sont
elles qui exsudent ces houppes cireuses
donnant au puceron lanigère son aspect
cotonneux. La fig. 70 est la coupe transver-
sale d’un insecte grossi, montrant la dis-
position de ces houppes sur un segment. Les
espaces du dos entre ces houppes sont pou-
drés de blanc.
L’utilité de ce duvet cireux est grande
pour ces pucerons; grâce à ce revêtement
dont les fils s’enchevêtrent pour former un
tissu feutré ; ils sont protégés contre la pluie
et ne peuvent être pénétrés par l’eau. Aussi
ce duvet se développe-t-il plus abondam-
ment quand on humecte les colonies de
pucerons, et, toujours d’après Mühlbergj
il protège les funestes insectes contre le bec
des oiseaux insectivores; il est vrai qu’il
permet à l’homme de les découvrir de loin.
Les jeunes individus sont beaucoup plus
agiles que les vieux. Tandis que ces der-
niers restent fixés sur la branche nourri-
cière, autour des plaies et des gerçures de
l’écorce où ils s’accumulent, grimpant les
uns sur les autres de telle sorte que les plus
haut perchés dardent leur suçoir à travers
la foule jusqu’à l’écorce, les jeunes circulent
avec plus ou moins d’agilité et vont pro-
pager au loin le fléau.
Nous ne nous appesantirons pas sur les
mues. On sait que les larves d’insectes
changent de peau, à des époques pério-
diques, au fur et à mesure de leur grossis-
sement. Le puceron lanigère présente quatre
mues, et les peaux desséchées restent dans
les colonies.
Tous ces pucerons aptères et asexués re-
produisent leur espèce sans fécondation,
et les jeunes, ainsi produits, pondent à leur
tour, au bout de quinze jours, des petits.
Et cette série de générations se succède
ainsi de huit à douze fois dans le courant
d’un été.
« Admettons, dit M. Mühlberg, qu’au
printemps un insecte portant (fécond) soit
arrivé à un endroit favorable et ait pu se
propager sans encombre, ainsi que sa pro-
géniture, et former huit générations de
trente petits chacune, on aurait ainsi, à la
fin de l’été, une colonie de 656 milliards
d’individus. Pour indiquer en quelle masse
ces insectes se rencontrent à côté et au-dessus
les uns des autres (au-dessous des individus
adultes, les jeunes fourmillent littéralement),
il me suffira de dire que j’ai retiré, dès le
milieu d’avril, d’une plaie d’un demi-centi-
mètre carré de surface au maximum,
84 individus qui se sont encore augmentés
de quelques-uns nés pendant la préparation.
En tout cas, il n’y en a pas par milliers,
ainsi qu’on l’entend dire quelquefois. »
Les individus ailés naissent vers la fin de
l’hiver et en automne; ils procèdent d’indi-
vidus aptères qui ont subi le cycle complet
des métamorphoses, c’est-à-dire qui ont
passé par les phases de larve et de nymphe.
Les pucerons ailés sont moins lourds de
forme (fig. 12 de la planche). La fig. 11
montre une nymphe présentant les ailes
renfermées dans leurs fourreaux. L’abdo-
men de l’insecte ailé porte également des
houppes cireuses.
Nous avons vu les insectes asexués pro-
duisant des petits (fig. 6). Les insectes
sexués peuvent aussi reproduire leur espèce
sans avoir été fécondés, et donner le jour à
cinq ou six petits aptères de deux formes
différentes, qui sont déposés sur la face
inférieure des feuilles (Goethe, Mühlberg).
D’après ce dernier auteur, ces petits sont
enveloppés à l’origine d’une mince pellicule
dont ils sortent au bout de peu de temps.
Ces petits sont de deux sortes : les uns
(fig. 8), de couleur verdâtre, sont mâles ;
les autres (fig. 9), plus arrondis, d’un jaune
de miel, sont des femelles et contiennent un
gros œuf unique. On doit au Dr C. Keller,
de Zurich, d’intéressants travaux sur ces
formes sexuées et sur leur œuf unique ou
œuf d’hiver, qu’il serait, paraît-il, plus
logique de nommer œuf d’automne, car il
n’hivernerait pas, mais ce serait bien la
progéniture qui, éclose en automne, passe-
rait l’hiver à l’état de larve. Cet hivernage a
lieu dans les fentes et les crevasses du tronc,
au voisinage du collet de la racine, le plus
souvent à quelques pouces du sol. Ce n’est
que lorsque l’insecte ne peut trouver de
semblables retraites qu’il monte plus haut,
le long du tronc ou même sur les grosses
branches, pour s’abriter dans quelque an-
fractuosité. Ces pucerons hivernés pondent
pour la première fois en mai, et leur pro-
géniture se meut alors dans les plaies de
l’année précédente ou sur les jeunes
pousses.
C’est donc, au point de vue pratique, de la
fm-mars à la mi-avril que se trouve l’époque
326
LE PUCERON LANIGÈRE.
désignée pour combattre le plus utilement le
puceron lanigère. « A ce moment, la jeune
progéniture n’est pas encore là, et l’insecte
n’a pas encore quitté ses quartiers d’hi-
ver, qui ne sont pas difficiles à décou-
vrir. » (Keller.)
M. Mühlberg, d’après ses propres obser-
vations, avance que les insectes aptères,
asexués ou aériens, passent l’hiver dans
toutes les plaies, même des rameaux les
plus minces, où ils ont vécu pendant l’hiver
précédent. Ils recommencent au premier
printemps à se multiplier par voie asexuelle.
Une faible partie de ces pucerons, après un
cycle complet de métamorphoses, devient
ailée, et ainsi les individus privilégiés vont
porter au loin, au gré de leur vol, les
germes de nouvelles colonies.
III
Les dégâts causés par le puceron lanigère
sur les Pommiers sont souvent d’une grande
importance. Sa présence sur les troncs et
les branches produit des galles, des plaies
et des chancres ; le bois des arbres attaqués
devient sec et cassant ; plus l’arbre est
faible, plus il demeure exposé aux attaques
du Schizoneura. Les Pommiers vigoureux,
croissant dans un bon terrain, redoutent
moins ses atteintes et y résistent aussi plus
longtemps. On a remarqué que souvent un
arbre portant deux sortes de fruits présente
sur une de ses deux variétés un grand
nombre de pucerons, tandis qu’une autre
pousse demeure entièrement indemne.
(( C’est le cas, dit M. Kraft, pour de vieux
arbres greffés , lorsque les branches ne
croissent pas à l’endroit de la greffe et que
la variété primitive reprend sa croissance,
ou bien lorsqu’on a laissé pousser les bran-
ches gourmandes... La cause de ce phéno-
mène doit être certainement cherchée dans
la nature de la sève particulière à chaque
sorte et aussi dans le tissu de l’écorce, dont
la dureté varie beaucoup, suivant les sortes. »
D’après le même auteur, un semblable phé-
nomène s’observe dans la formation du
chancre, qui se produit presque exclusi-
vement sur les arbres à tissu lâche.
On sait depuis longtemps que le puceron
lanigère n’attaque pas indifféremment tous
les Pommiers. « Les races dont les fruits
contiennent le plus de principes sucrés sont
les plus exposées à ses attaques ; celles dont
les fruits sont insipides, âcres, et surtout
amers, sont moins atteints. » (M. Girard).
Les variétés de Pommiers auxquelles il
s’attaque de préférence sont : Calville
rouge d’hiver, Rambour d’hiver, Rei-
nette de Cassel, Reinette de Bâle-Cam-
pagne, etc. On a remarqué qu’en Suisse
la Reinette grise, la Calville de Dantzig
et la Pomme à longue queue sont res-
tées indemnes. Il attaque surtout les ra-
cines des races dites Pommes de Paradis
et Doucin.
Souhaitons, avec le professeur d’horticul-
ture de Schaffhouse, qu’il soit dressé une
liste des races attaquées et de celles qui
restent indemnes; ainsi pourrait-on dis-
tinguer et propager celles qui sont le plus
difficilement frappées par le fléau.
Les pucerons attaquent l’écorce mince des
jeunes rameaux et se réunissent de préfé-
rence autour des plaies amenées par une
cause quelconque. Leurs piqûres intéressent
le tissu ligneux, et bientôt apparaissent des
boursouflures, tandis que le bois se modifie
profondément et jusqu’à la moelle. Le bois,
se boursouflant de plus en plus, s’élève en
loupe faisant saillie au dehors, et sous cette
poussée se fend l’écorce dont les bords en-
tourent des sortes de lèvres ces poussées
d’exostoses. Les déchirures ont lieu dans la
direction de la longueur du rameau. C’est
alors que les bords de la blessure offrent
des abris aux pucerons qui s’y entassent en
foule pressée ; et sur ces tissus malades,
leurs piqûres réitérées produisent de nou-
velles formations morbides se multipliant et
bossuant la surface de la branche. Alors se
produisent les chancres caractéristiques qui,
« selon les circonstances, occupent au bout
de quelques années le quart, la moitié, les
trois quarts, et même la totalité de la cir-
conférence de rameaux de l’épaisseur du
pouce et peuvent atteindre la grosseur
d’une noisette, plus tard d’une noix ou
même d’un poing d’enfant ; ils ont une
grande ressemblance avec le chancre an-
ciennement connu du Pommier, sans tou-
tefois lui être absolument identiques. »
Le sort de la branche ainsi attaquée est
facile à prévoir ; se flétrissant plus ou
moins complètement, elle devient en tous
cas incapable de produire. La facilité
avec laquelle les chancres gèlent ou se
fendent souvent jusqu’à la moelle est en-
core une cause de mort, tandis qu’à ces
accidents vient s’ajouter la pourriture ré-
sultant de l’humidité résidant dans ces
cavités.
Il est évident que les pucerons épuisent
également l’arbre en aspirant constamment
sa sève, en même temps que par les exsuda.
LE PUCERON LANIÔÈRE.
327
tions morbides et la formation de plaies et
de chancres, l’affaiblissement ne fait qu’aug-
menter. Les attaques du Schizoneura ne
sont pas moins funestes aux racines ; elles
le sont même davantage, à cause de la plus
grande délicatesse des tissus.
Les pucerons se tiennent généralement
abrités, et cependant ils recherchent l’expo-
sition au midi. Se tenant généralement à la
face inférieure des branches, ils fréquentent
le plus volontiers les parties les moins
exposées à l’action du vent et du soleil.
L’infection se reconnaît aisément lorsque
l’on examine avec soin les parties de l’arbre
ainsi disposées. Les taches blanches for-
mées par les agglomérations d’individus
duveteux sont également aisées à distinguer,
même à de grandes distances. Mais une
quantité d’insectes échappent au premier
examen, dissimulés qu’ils sont dans les
crevasses, les fissures produites par la
gelée. Si l’on ajoute à cela que les insectes
hivernants sont presque entièrement dénués
de duvet, si l’on tient compte de leur cou-
leur jaunâtre ou brunâtre, on comprendra
les difficultés de leur recherche.
Nous avons vu qu’il existe chez le puce-
ron lanigère des formes ailées pouvant se
transporter au loin et par conséquent fonder
de nouvelles colonies sur des arbres éloi-
gnés. Les insectes aptères peuvent égale-
ment faire de petits voyages et parcourir de
courtes distances. Mais un des agënts de
dissémination le plus actif est assurément
le vent, qui emporte au loin les frêles
insectes à travers l’espace et les dépose sur
des arbres dans [des régions très reculées.
C’est ainsi que les horticulteurs suisses ont
remarqué que, dans leur patrie, l’infection
avait lieu de 'préférence dans la direction
du vent dominant et dans la vallée prin-
cipale. De ces vallées principales, le puce-
ron a pénétré dans les parties inférieures
de quelques vallées latérales.
IY
Les moyens de combattre le puceron lani-
gère sont nombreux. Chacun a proposé le
sien, et beaucoup ont donné de bons résul-
tats. Des mesures prophylactiques ont été
proposées, et partout l’on fait de son mieux
pour s’isoler de cette pernicieuse épidémie.
On recommande d’examiner avec soin les
fruits ou les greffes qu’on achète, et de
s’assurer, dans la mesure du possible, que
les pépinières d’où ils sortent sont exemptes
de pucerons. D’après les auteurs suisses, il
y aurait même des pépiniéristes « étran-
gers » qui proposeraient des arbres garantis
(ou non) exempts de Schizoneura, et cela
avec une forte différence de prix. En 1885,
M. Kraft se plaignait de recevoir, du canton
d’Obwalden, « une branche de Pommier
complètement couverte de pucerons lani-
gères, qui travaillent déjà activement à leur
œuvre de destruction. L’arbre vient de
France ».
Au lieu de reprocher à l’Amérique ou à
l’Angleterre l’introduction du fâcheux phy-
thophthire, avisons aux moyens de le com-
battre.
Avant toute chose, les Suisses recom-
mandent : 1° d’empêcher le transport des
individus ailés en détruisant les puce-
rons sur tous les Pommiers des environs ;
— 2° de prendre bien soin, en détruisant
les insectes sur les vieux arbres, de ne pas
secouer les branches. Il sera bon, ajou-
tons-nous, de ne pas opérer les jours de
grand vent ; — 3° d’examiner avec soin les
vêtements des ouvriers une fois la tâche
faite, afin que ceux-ci, en allant dans
d’autres vergers, n’y colportent pas quelque
insecte.
Il ne manque pas de substances chimi-
ques propres à tuer le Schizoneura ; il im-
porte seulement qu’elles soient liquides,
les poudres n’ayant, jamais donné de bons
résultats.
Huiles lourdes et décoctions de substances
amères ou fétides, sels de mercure, infu-
sions de tabac, acide phénique et térében-
thine, alcool et ses dérivés, essences et
huiles essentielles, dissolutions de savon,
ont été tour à tour proposés, et toutes ces
substances tuent les pucerons. Mais il faut
tenir compte de la difficulté d’opérer avec
la plupart de ces matières et l’eau en un mé-
lange homogène. D’une légèreté générale-
ment plus grande, elles se séparent de leur
véhicule aqueux suivant leur densité, et
presque aucune d’entre elles, au reste,
n’est soluble. Beaucoup d”ailleurs sont nui-
sibles au végétal, et certaines sont d’un prix
élevé.
Le docteur Cramoisy a recommandé le
mélange suivant :
Acide pyroligneux rectifié à 7 ou 8°. 1,000 gr.
Acide salicylique 2 »
Oxyde rouge de mercure 1 »
Fuchsine 0 25
Cette solution doit s’employer diluée au
trentième, lorsque la végétation est active ;
ce liquide s’emploiera pur en hiver. « Un
328
A PROPOS DE LA TOILE.
mois ou deux après l’application de ce caus-
tique, dit M. Künckel d’Herculais, les vieux
épidermes, au milieu desquels se trouvaient
les œufs, tombent en poussière au moindre
frottement, et l’écorce devient lisse, luisante
et d’une belle couleur acajou. L’addition de
la fuchsine n’a qu’un but, celui de permettre
de contrôler l’exécution des opérations ; les
autres substances sont de véritables agents
actifs. »
On recommande généralement de badi-
geonner, en hiver, la surface de l’arbre
avec du lait de chaux ; on gratte avec soin
toutes les croûtes, et l’on baigne soigneuse-
ment les crevasses, puis on arrose le sol au
pied de l’arbre et tout autour. Disons, à ce
propos, que, quelle que soit la substance
employée, il convient de visiter avec soin
les plaies. On en taillera les bords élevés de
manière à les rendre plats, et on remplira
les fissures, après les avoir baignées de
l’enduit toxique, avec un mastic composé
de cire à greffer, de la résine ou du gou-
dron mélangé d’un peu d’essence de téré-
benthine, environ 3 p. 100.
Sans entrer dans le détail des nombreuses
compositions huileuses ou alcooliques re-
A PROPOS
Beaucoup de personnes se plaignent des
ravages de ce champignon.
J’ignore si, parmi tous les procédés em-
ployés pour le détruire, on a essayé le sulfate
de cuivre en dissolution, comme nettoyage
des châssis à multiplication et trempage
des pots à boutures. Si l’expérience en a
été faite, il serait bon que l’on en connût
les résultats, ce qui éviterait aux praticiens
bien des essais inutiles.
Mes plantes furent prises de cette ma-
ladie. il y a quelques années déjà. Après
avoir essayé vainement divers moyens plus
ou moins pratiques, qui ne me réussissaient
qu’à demi en me prenant beaucoup de
temps, l’idée me vint, cet hiver, de conser-
ver l’eau de sulfate de cuivre qui avait servi
à faire tremper des paillassons neufs, et
dont tous les jardiniers connaissent la for-
mule.
Voulant commencer mes multiplications
de plantes molles pour décoration estivale,
j’arrosai fortement le fond et les parois du
coffre qui me sert à bouturer. Je mis trem-
per pendant quelque temps mes pots dans
ladite solution, et, après les avoir laissé
égoutter, je bouturai, croyant que ce pro-
commandées par les divers auteurs, nous
renvoyons au travail précité des horticul-
teurs suisses. On y trouvera des renseigne-
ments sur une substance, la knodaline ,
préparée par M. Kraft, et qui est souveraine
contre le Schizoneura du Pommier. L’au-
teur se borne à nous dire que la maison
Frey et Cie, à Aarau, est dépositaire de
cette matière insecticide, qui s’emploie
étendue de dix à quarante fois son volume
d’eau.
Pour terminer, disons que les désinfec-
tants doivent être appliqués au moyen d’un
gros pinceau ou d’une poupée de linge fixée
au bout d’un bâton. Le liquide sera projeté
dans les fentes et les excavations au moyen
d’une seringue. Si l’on opère sur de vieux
arbres, il sera bon d’élaguer quelque peu
la couronne de l’arbre. Que l’on n’oublie pas
surtout de brûler aussitôt les rameaux cou-
pés ; autrement, les insectes qui y sont lo-
gés émigreraient ailleurs et multiplieraient
l’infection.
Enfin, dans les cas graves et désespérés,
il conviendra de couper et d’arracher les
arbres contaminés et de les livrer au feu.
Maurice Maindron.
E LA TOILE
cédé ne serait pas beaucoup meilleur que
les autres.
Je constatai avec plaisir que mes bou-
tures s’enracinèrent toutes sans montrer
aucune trace de toile; au fur et à mesure
du rempotage, les pots furent de nouveau
jetés dans le bain de sulfate de cuivre.
Aujourd’hui, après plusieurs bouturages
successifs, je n’en n’ai encore vu aucune
trace.
Pour essayer si mon procédé était bon,
j’ai bouturé dans de petits godets non pré-
parés avec la solution ; des boutures d’Œillets
Souvenir de la Malmaison furent placées
dans le même coffre. Quelques jours après,
la toile s’empara des boutures, sans toute-
fois atteindre les autres pots trempés.
Un de mes collègues, à qui j’ai soumis
mon idée, s’en est trouvé très-bien après
l’avoir mise en pratique.
Ceci revient à dire que le remède que vous
avez indiqué dans la Revue, le 1er avrill883,
d’après M. Louis Jules, jardinier chez M. le
comte de Clermont-Tonnerre, à Ancy-le-
Franc, doit probablement son succès au sel
de cuivre en dissolution. paul Moreau,
Jardinier au château de Saint-Brice, par Cognac.
CULTURE DES NÉPENTHÈS.
329
CULTURE DES NÉPENTHÈS
La culture spéciale des Népenthes , dont
je vais donner la description, est celle que
j’ai vu pratiquer dans les premiers établis-
sements de l’Angleterre, où l’on ne néglige
aucun des soins qu’exigent ces plantes pour
acquérir leur maximum de beauté.
Gomme préliminaire, je rapporterai ici
les observations d’un voyageur, qui ont été
consignées dans le Gardeners’ Clironicle :
« Les Népenthes sont, dit-il, des plantes
grimpantes à grand développement, émet-
tant des feuilles lancéolées, mais presque
jamais terminées par ces ascidies curieuses
qui en font la beauté ; ce n’est que lorsque,
accidentellement, la
tige a été coupée,
comme, par exem-
ple, lorsque les in-
digènes allument du
feu dans les forêts,
que, sur la partie
qui reste adhérente
à la souche, les
urnes se développent
en grand nombre. »
C’est donc, ainsi
qu’on le voit, une
taille qu’il faut faire
subir à ces plantes,
si on veut leur voir
produire des urnes,
taille qui, ainsi qu’on
va le voir, pourrait
être comparée à la
théorie du bourgeon
de remplacement du Pêcher.
Les Népenthes se multiplient de boutures
qui mettent environ trois mois à s’enraciner;
on les fait quelquefois avec des tronçons de
tige portant deux yeux, et auxquels on laisse
la feuille supérieure entière. On les plante
dans un sol formé de sable et de tessons,
et on les place sous cloche dans la serre
à multiplication ; mais on peut activer le
développement des racines en passant la
bouture par le trou d’un petit godet ren-
versé qui la maintient suspendue, l’extré-
mité inférieure étant à 1 centimètre environ
au - dessus du sol (figure 63). C’est donc
dans l’air humide qu’elle s’enracine. Pour
empoter cette bouture, il faut procéder avec
grand soin, afin de ne pas rompre les raci-
nes, qui sont d’une extrême fragilité. Le
compost à employer est le même que celui
qui sert pour la majorité des plantes épi-
phytes, soit : terre de bruyère fibreuse en
morceaux, tessons, sphagnum et charbon
de bois. Quant aux pots, ils doivent tou-
jours être très-petits relativement à la taille
des plantes, et bien propres. Les plantes
doivent en tout temps être tenues très-
humides, aussi bien à la tête qu’aux ra-
cines, ce qu’on obtient par de fréquents
bassinages et des immersions du pot dans
l’eau tiède ; on les soumet à une tempéra-
ture moyenne de 15 degrés centigrades en
hiver et 20 degrés en été, sans préjudice de
la surélévation de température déterminée
par la chaleur du
soleil.
Les Népenthes
doivent être suspen-
dus tout contre le
vitrage et recevoir le
plus de lumière pos-
sible, mais jamais
pourtant de soleil
direct ; par consé-
quent, on ne doit
pas les couvrir de
châssis blanchis à la
chaux, mais plutôt
d’une claie ou d’une
toile placée à 30 cen-
timètres du vitrage
pendant que le soleil
luit.
Après ces obser-
vations, qui peuvent
être prises comme des considérations géné-
rales, suivons le développement de la bou-
ture :
A l’aisselle de la feuille supérieure, il se
forme un bourgeon dont les premières
feuilles sont généralement très-petites,
mais la troisième a déjà une tendance à se
prolonger en une ascidie de belle grosseur,
et dont on favorise le développement à
l’aide d’un pincement du bourgeon. Prati-
qué sur la sixième feuille, ou à peu près, ce
pincement fait ordinairement développer
six urnes.
Si les autres soins dont j’ai parlé, relatifs
à la température, aux arrosages, à l’éclai-
rage et au rapprochement des plantes près
du verre, ont été bien observés, les feuilles
seront bien colorées et les urnes richement
veinées de rouge ou de toute autre couleur,
Fig. 71. — Bouture de Népenthes.
330
LE SEQUOIA SEMPERVIRENS.
suivant les caractères des espèces. Mais
comme tout pincement a pour résultat de
faire développer les yeux situés à l’aisselle
des feuilles supérieures, ces yeux vont pro-
duire des bourgeons très-vigoureux qui au-
ront une tendance à s’allonger au détriment
de la base, laquelle ira toujours en se dégar-
nissant, ce qu’il faut éviter ; pour cela il faut
provoquer la formation de bourgeons de rem-
placement, surtout de ceux qui sont placés
le plus près possible du sol. Pour obtenir ce
résultat, on enlèvera avec soin, à l’aide de
la pointe du greffoir ou de la lame d’un ca-
nif, au fur et à mesure qu’ils commenceront
à se développer, les yeux situés à l’aisselle
des feuilles ; c’est alors celui du haut qui
part le premier, et on l’arrête quand les
deux plus inférieurs se développent à leur
tour. De cette façon l’on a, à ce moment,
une tige assez courte, portant six feuilles
complètes et deux bourgeons à sa base, bour-
geons qui, à leur tour, seront traités exacte-
ment comme il vient d’être dit, sauf que, si la
plante est plus vigoureuse, on pincera une
ou deux feuilles plus haut, afin d’avoir à la
fin de la saison douze ou quatorze urnes.
Dès que les feuilles de la première tige jau-
nissent, on les enlève et on la fait dispa-
raître elle-même avec la dernière feuille
qu’elle porte.
Les deux tiges de la seconde [génération
seront ébourgeonnées à leur tour, de ma-
nière à obtenir par la suite trois ou quatre
SEQUOIA SE
Quand une plante n’est connue que d’une
manière indirecte, sur des « ouï-dire », on
comprend, même lorsque sa réputation est
bonne, qu’il y ait néanmoins de l’hésitation
à en faire l’acquisition ou à en faire des
plantations, parce que cette réputation peut
avoir été surfaite ou avoir été plus ou
moins le résultat de l’engouement, ou bien
encore d’un examen insuffisant et fait à un
point de vue spécial.
Mais quand, au contraire, l’expérience a
prouvé que le mérite dépasse même la ré-
putation qu’on avait faite à la plante, il en
doit être tout autrement, et, dans ce cas,
l’on ne comprend plus cette sorte d’aban-
don dans lequel on la laisse parfois. Tel
est, pourtant, le sort qu’a subi et que subit
encore l’espèce la plus précieuse, peut-être,
de toutes les Conifères connues : le Séquoia
sempcrvirens. En effet, cette espèce réunit
les deux qualités générales essentielles :
tiges ; c’est par ce traitement que la plante
s’accroît tout en restant basse. Comme
chaque période végétative dure à peu près
une année, on fait généralement concorder
le départ des bourgeons de remplacement
avec le retour du printemps, de manière
que les plantes atteignent leur entière
beauté en septembre et octobre, époque
où les serres de Népenthès sont dans toute
leur splendeur.
Rempotage des Népenthès. — Cette
opération est délicate et toujours difficile à
cause de l’extrême fragilité des racines, aussi
ne saurait-on y porter trop d’attention. Pour
obtenir de bons résultats, certains prati-
ciens conseillent de cultiver en paniers; en
employant chaque année des récipients de
plus en plus grands et sans enlever celui
ou ceux des années précédentes ; d’autres,
comme M. Baines, dans son ouvrage sur les
plantes de serre i, recommandent la cul-
ture en pots, tout en débarrassant à chaque
rempotage les racines de leur ancien sol en
secouant doucement la motte dans un seau
d’eau tiède, et en remplaçant le sol enlèvé
sans déranger les racines.
Il va sans dire que, si on adopte la cul-
ture en pots, on peut, pour l’ornementation
au point de vue pittoresque, placer les pots
dans des paniers.
Em. Rivoiron,
Jardinier en chef à l'École d’Agricullure
de Berthonval (Pas-de-Calais).
[PERV1RENS
celle d’être ornementale au premier chef,
et en même temps de pouvoir servir à l’é-
tablissement des forêts. Dans le premier
emploi, son joli feuillage, abondant et per-
sistant et qui n’est jamais attaqué par les
insectes, la recommande tout particulière-
ment pour l’ornementation des grands jar-
dins, et même des petits, car cette espèce
se prête à tous les traitements et à toutes
les formes. Comme essence forestière, aux
avantages que nous venons d’énumérer et
qui ne sont certainement pas à dédaigner,
le Séquoia sempcrvirens présente presque
tous les autres : vigueur extrême, tige
élancée, droite, pouvant atteindre des di-
mensions bien supérieures à toutes les es-
sences ordinairement employées. En effet,
dans son pays, l’Amérique Nord-Ouest, il
1 Greenhouse and stove plants. London, John
Murray.
INCISION ANNULAIRE DE LA VIGNE.
331
n’est pas rare de voir des individus de
50 à 60 mètres de hauteur et même plus.
Ajoutons que son bois, très -beau, très-so-
lide, est d’une longue durée, et qu’en vieil-
lissant il devient d’un très-beau rouge, d’où
le nom de Red Wood sous lequel cette es-
pèce est connue dans toute l’Amérique. Ce
bois, qui est aussi très-flexible et dont le
grain est d’une extrême régularité, est
très-propre à diverses industries. Disons
encore que l’arbre n’est pas délicat, qu’il
s’accommode de tous les sols et de toutes
les expositions. Sous ce rapport il présente
même un très-grand avantage : celui de
pousser parfaitement sur le bord de la mer
et de résister aux vents salés. Ainsi, sur
des centaines de lieues de longueur et sur
une grande largeur, l’Océan Pacifique est
bordé d’une zone composée presque exclu-
sivement de Red Wood.
D’autre part, cette espèce présente cette
particularité assez singulière, de produire
une écorce spongieuse-fibreuse, excessive-
ment légère, d’un beau rouge brillant, que
l’on peut utiliser dans diverses industries.
Cette écorce, dont il est difficile de se faire
une idée, atteint jusqu’à 30 et même
40 centimètres d’épaisseur, et peut se déta-
cher de l’aubier, ainsi que cela se voit chez
certains Chênes verts, le Chêne-Liège, par
exemple.
Le Séquoia sempervirens présente aussi
cette propriété vraiment exceptionnelle chez
les végétaux Conifères : de repousser par-
faitement du pied lorsqu’il a été coupé,
ce qui permet d’en faire des taillis. Il offre
également cette particularité de croître sur
le bord de l’eau, par conséquent de pou-
voir border les étangs et les rivières et
de s’accommoder parfaitement aussi des
endroits secs, absolument comme le Taxo-
INCISION ANNU U
Chaque année, à pareille époque, il est
publié dans les journaux agricoles ou hor-
ticoles un assez grand nombre d’articles re-
latifs à l’efficacité de l 'incision annulaire
de la Vigne, très-vraisemblablement afin
d’en propager l’usage.
Quoique la découverte de l’incision annu-
laire, appelée aussi baguage , ait déjà une
centaine d’années d’existence, son emploi,
en tant que pratique courante, s’est très-
peu généralisé.
J’espère que les quelques lignes qui vont
suivre seront de nature à éclairer encore
dium distichum ou Cyprès chauve, dont
il a le tempérament, avec cette différence,
toutefois, qu’il est un peu moins rus-
tique. En effet, la région de Paris paraît
être la dernière limite où il pourrait être
cultivé avec avantage. Les parties chaudes
de la France, le sud-ouest surtout, et même
toute la région méditerranéenne de l’Eu-
rope ou son équivalent comme climat,
conviennent tout particulièrement au Sé-
quoia sempervirens, qui, dans ces condi-
tions et à tous les points de vue, pourrait
rendre de très-importants services. Les
lieux arides, de même que les terrains secs
et pierreux, pourvu qu’ils soient chauds,
pourraient donc être plantés très-avanta-
geusement avec cette espèce, qui donnerait
là des produits abondants, et par consé-
quent une grande valeur à des terrains qui,
parfois, en sont presque complètement dé-
pourvus.
Comment donc se fait-il qu’un arbre qui
présente tant d’avantages soit encore si rare
et surtout qu’on n’en ait pas fait quelques
plantations spéciales au point de vue fores-
tier? La seule raison qu’on pourrait donner
de ce fait, c’est peut-être le prix relative-
ment élevé des plants. En effet, la rareté
des graines et souvent aussi leur mauvaise
qualité font que jusqu’ici les plants ont tou-
jours été relativement rares. Actuellement,
sans être abondants, il est pourtant assez
facile de s’en procurer, et bien qu’un peu
chers encore, il serait bon d’en faire des plan-
tations, ne serait-ce que comme essai, car
c’est, nous le répétons, probablement l’es-
pèce la plus intéressante de toutes les Co-
nifères et qui se prête à toutes les cultures,
s’accommode de toutes les formes et de
tous les traitements.
E.-A. Carrière.
RE DE LA YIGNE
davantage cette intéressante question et à
décider à l’essayer ceux qui n’ont pas cou-
tume de la pratiquer.
Comme chacun sait, cette opération, qu’on
devrait plutôt appeler décortication annu-
laire, consiste tout simplement à enlever
un anneau d'écorce de 3 à 5 millimètres de
large environ 1 sur un bourgeon ou sur
un rameau, quelques jours avant, ou pen-
dant, ou immédiatement après la floraison.
1 II existe également une autre façon de faire
qui consiste à n’effectuer qu’une incision simple.
332
INCISION ANNULAIRE DE LA VIGNE.
Elle a pour but d’accroître le volume des
grains de Raisin d’un tiers environ, et de
hâter leur maturité d’une douzaine de
jours, et, d’autre part, de parer à la coulure ,
quand toutefois elle est exécutée quelques
jours avant l’épanouissement des fleurs.
Effectuée pendant la floraison ou seule-
ment quelques jours après que celle-ci est
terminée, on n’a en vue que l’accroissement
du volume des fruits et une plus grande
précocité dans leur maturité.
Si, comme c’est le cas le plus général,
c’est sur un bourgeon de l’année qu’on
opère, c’est à deux ou trois centimètres au-
dessous du point d’insertion de la grappe
la plus inférieure qu’il faut faire l’incision ;
jamais au-dessus, Comme le croient encore
quelques personnes. Le résultat serait d’ail-
leurs le contraire de celui qu’on attend.
Si c’est sur un sarment de l’année précé-
dente que l’on a l’intention de faire une in-
cision « sur un long bois notamment », il
suffit de la pratiquer à l’endroit que l’on
juge le plus convenable, car tous les bour-
geons qui se trouveront au-dessus d’elle sur
le sarment se ressentiront de son influence,
et cela à un tel point que leurs fruits devien-
dront plus gros et que leur maturité en sera
notablement avancée.
L’action de l’incision annulaire « sur les
fruits » s’exerce donc directement ou indi-
rectement, suivant qu’on l’exécute sur les
bourgeons et alors immédiatement au-des-
sous des grappes sur lesquelles on veut
agir, ou selon qu’on la pratique sur un sar-
ment (long bois) qui porte lui-même plu-
sieurs bourgeons fructifères.
Dans ce dernier cas, il y a en quelque
sorte une transmission d’influence à dis-
tance qui n’est pas sans importance.
J’ajoute que, quand on pratique l’incision
annulaire sur une branche coursonne, in-
termédiairement aux deux bourgeons qu’elle
supporte, le bourgeon supérieur seul subit
l’effet de l’incision, l’inférieur n’en est nul-
lement influencé.
Par conséquent, qu’il me soit permis de
dire ici, sans y insister outre mesure, qu’on
n’a absolument rien à redouter relative-
ment à la vigueur du sarment inférieur sur
lequel on doit asseoir la taille suivante.
Les détracteurs de l’incision annulaire ont
dit qu’elle abaissait la qualité du Raisin et
que celui-ci était moins riche en sucre quand
il était récolté sur des bourgeons incisés
que lorsqu’il était cueilli sur des sarments
n’ayant point été opérés.
Les expériences que j’ai entreprises il y a
déjà plusieurs années, et que je poursuis
encore actuellement à la station agrono-
mique de Seine-et-Oise, m’ont démontré
l’inexactitude de cette assertion, qui n’est
d’ailleurs basée sur aucun fait précis. Voici
ces expériences :
Tableau n° I.
NATURE
de la
VARIÉTÉ
RICHESSE EN SUCRE
PAR LITRE DE JUS.
Long bois
incisé.
Long bois
non incisé.
Différence
en faveur
du long
bois incisé.
Chasselas. . .
17931* 10
1353-- 22
433 r 88
Meunier noir .
189oi- 25
1(513 r 50
273 r 75
Meslier blanc .
18431- 00
15631- oo
283r 00
D’après ce tableau, il est facile de se con-
vaincre que l’incision annulaire, au lieu
d’agir défavorablement, a provoqué tout au
contraire une amélioration notable de la
qualité du jus du Raisin.
En ce qui concerne le Chasselas, la pro-
portion de sucre par litre s’est élevée de
135 gr. 22 à 179 gr. 10, soit une différence
de près de 44 grammes de sucre par litre
de jus par suite de l’exécution de cette
simple opération.
Les deux variétés de Vignes à vin, le
Meunier noir et le Meslier blanc , ont fourni
des résultats analogues.' Elles se sont égale-
ment bien trouvées de l’opération qui nous
occupe.
En effet, de 161 gr. 50, la proportion de
sucre est passée à 189 gr. 25 par litre dans
le jus du Raisin de Meunier, et de 156 gr.,
elle s’est élevée à 184 grammes dans le jus
du Raisin de Meslier blanc.
Soit par litre de moût une différence de :
27 gr. 75 de sucre en faveur de la première
variété, et de 28 grammes en faveur de la
seconde, provoquée exclusivement par l’in-
cision annulaire.
Cette méthode ne peut évidemment s’ap-
pliquer qu’aux Vignes à vin conduites à
long bois, parce qu’il serait impossible d’in-
ciser économiquement tous les bourgeons
supérieurs des coursonnes des Vignes cul-
tivées suivant le procédé dit à broches. Quoi
qu’il en soit, les avantages du principe de la
méthode n’en demeurent pas moins bien
établis. Il suffit alors de planter de telle
façon qu’il soit possible de cultiver la Vigne
à long bois.
Je ne veux pas insister davantage à cette
place sur ce mode de taille, qui peut parfai-
PARCS SCOLAIRES.
333
tement s’appliquer, quoi qu’on en ait dit, à
tous les cépages indistinctement, à la con-
dition toutefois de savoir se limiter dans la
longueur à donner au long bois.
Dans le but de démontrer encore plus
péremptoirement l’efficacité de l’incision
annulaire, au lieu de prendre des grappes
récoltées sur des ceps différents dont les
longs bois avaient été incisés à leur base ,
j’avais, dans d’autres expériences, prélevé
des grappes sur des ceps dont l’incision
annulaire avait été exécutée au milieu du
long bois.
Dans cette deuxième série d’expériences,
pas d’équivoque, pas d’erreur possible sur
l’influence de l’opération.
L’analyse chimique a révélé, comme les
chiffres inscrits dans le tableau n° II en
témoignent, que le jus des Raisins récoltés
au-dessus de l’incision était plus riche en
sucre que celui contenu dans les grappes
cueillies au-dessous de l’incision annulaire.
Tableau n° II.
NATURE
de la
VARIÉTÉ.
RICHESSE EN SUCRE
PAR LITRE DE JUS.
Dans le
Raisin
récolté sur
la partie du
long bois
située
au-dessus
de
l’incision.
Dans le
Raisin
récolté sur
la partie du
long bois
située
au-dessous
de
l’incision.
Différence
en faveur
de
l’incision.
Chasselas. . .
182o r H
143oi- 26
3^0 r 85
Meunier noir .
187or 85
165oi- 30
22or 55
Meslier blanc .
185oi- 30
160or 05
25o r 25
Gamay petit. .
187or 50
162o«- 50
25or 00
Nous constatons, en effet, pour le Chas-
selas, que le jus des grappes récoltées au-
dessous de l’incision annulaire ne renfer-
mait que 143 gr. 26 de sucre, tandis que le
jus exprimé des grappes de Raisin situées
au-dessus de l’incision en révélait 482 gr. 11
par litre : soit 38 gr. 85 de sucre en plus
par litre en faveur du jus des grappes qui
avaient subi l’influence de l’incision annu-
laire.
Pour le Meunier , le Meslier et le Ga -
may, nous observons des écarts également
notables, si nous comparons la proportion de
sucre contenue dans le jus des grappes si-
tuées au-dessus de l’incision annulaire et
celles situées au-dessous. C’est 22 gr. 55
d’excédant que nous constatons dans le jus
du Meunier noir, c’est 25 gr. 25 en plus
dans le jus du Meslier blanc; enfin, c’est
25 grammes en plus de sucre par litre que
l’analyse chimique nous révèle dans le jus
du Gamay (petit).
D’après les enseignements qui se dé-
gagent des chiffres inscrits dans ces deux
tableaux, il est hors de doute que l’incision
annulaire exerce une influence améliorante
incontestable sur la production du sucre
dans le jus du Raisin.
D’aucuns ont avancé que si l’incision
annulaire favorisait la hâtiveté de la matu-
rité des Raisins et augmentait leur volume,
elle avait en retour un inconvénient grave :
celui d’anéantir les ceps opérés. Comme
cette opinion, jusqu’à l’heure actuelle, n’a
pas été basée sur une expérience pratique,
il nous sera permis de faire des réserves.
D’abord, si l’abus même des bonnes
choses nuit, sachons tout au moins en user,
alors il n’y aura que profit.
En matière de conclusion, je ne saurais
trop insister auprès des viticulteurs pour les
engager à mettre en pratique l’incision
annulaire, car s’ils suivent ce conseil, ils
pourront livrer leurs Raisins au marché,
quelle que soit la variété cultivée, une
douzaine de jours avant leurs collègues qui
se refuseront à la pratiquer.
Gustave Rivière,
Professeur départemental,
Directeur de la station agronomique
de Seine-et-Oise.
PARCS SCOLAIRES
Depuis quelques années, on a beaucoup
crié contre le surmenage intellectuel dont
la jeunesse est l’objet; mais jusqu’ici les
plaintes formulées contre notre système
d’éducation étaient restées dans le domaine
du sentiment platonique et n’avaient ins-
piré ancune réaction. Las de se dépenser
en attaques stériles contre la masse iné-
branlable des programmes universitaires,
certains éducateurs avaient déjà vu dans les
exercices du corps un dérivatif aux fatigues
de l’esprit. L’École Monge a la première
pris l’initiative du mouvement et cherché
dans le développement des forces muscu-
laires un palliatif à la lassitude intellec-
tuelle. Elle s’est mise en rapport avec le
Jardin d’ Acclimatation et le concessionnaire
des lacs du Rois de Roulogne et elle a orga-
nisé pour ses élèves, au Jardin, des exer-
cices équestres, au pré Catelan, des jeux
334
EFFETS DU SULFATE DE FER COMME ENGRAIS EN HORTICULTURE.
variés, et, sur les lacs, une installation de
bateaux.
Prenant en considération les succès ob-
tenus par l’École Monge et le système
d’éducation de nos voisins d’Outre-Manche,
un Comité vient de se former dans le
but de faire participer toute la jeunesse
des écoles parisiennes aux bienfaits des
exercices corporels. A peine organisé, ce
Comité a décidé la création de trois grands
parcs scolaires, immenses prairies de jeux
aménagées pratiquement pour que tous les
exercices puissent y trouver place et où ne
manquera pas, nous en sommes assurés, une
certaine élégance artistisque (la composition
du Comité, qui compte les noms les plus auto-
risés et les plus célèbres, et a placé M. Jules
Simon à sa tête, nous en est un garant).
Aux parties découvertes, où les foot-ball ,
les croquet , les lawn-tennis seront installés,
se marieront agréablement des parties om-
bragées où les écoliers viendront se reposer
de leurs jeux. Les pelouses seront sillon-
nées d’allées sablées où les jeunes cavaliers
EFFETS DU SULFATE DE FER CO
Dans les deux derniers numéros de la
Revue horticole , nous avons parlé de l’emploi
du sulfate de fer pour la destruction de la
Mousse, pour la destruction des chancres
des arbres, et nous avons en même temps
rendu compte de quelques résultats obtenus
contre certains autres parasites. Il nous
reste à mentionner les effets du sulfate de
fer comme engrais.
Les résultats ci-dessous se rapportent à
des emplois faits dans les potagers et sur
les plantes d’ornement.
Nous citerons d’abord ceux des essais exé-
cutés à la ferme-école de Yincennes sous la di-
rection de M. Muntz, professeur à l’Institut
agronomique, résultats encore inédits.
Le 7 juin 1887, on a arrosé un rang de
diverses plantes avec une dissolution à
1 p. 100 de sulfate de fer; la dose employée
correspondait à 65 kilog. par hectare ; on a
obtenu :
Sans sulfate Avec sulfate Accroisse-
de fer. de fer. ment
Haricots nains . . 2k200 2k400 10 °/0
Carottes cuivrées . 5 100 5 600 9.8 °/©
Les résultats constatés dans d’autres essais
semblent faire croire que la dose a été
faible, oift, mieux, qu’un second arrosage eût
produit un effet plus complet.
En effet, une expérience faite à Chaille-
pourront, sans danger, se livrer à l’exer-
cice de l’équitation. On créera une pièce
d’eau pour les baigneurs ; et, qui sait? peut-
être aura-t-elle des dimensions assez consi-
dérables pour que les amateurs de cano-
tage puissent y installer leur flottille.
Quel rêve pour les écoliers parisiens qui
jusqu’ici, les jours de promenade, égrenaient
dans cet étroit Paris leurs fdes sans en-
train ! Ils vont avoir de l’air, de l’espace,
des gazons pour se rouler et s’étendre, des
jeux intéressants qui les divertiront et déve-
lopperont leurs membres. Et cela, ils l’au-
ront dès la rentrée prochaine; à cette
époque, les trois grands parcs dont la créa-
tion a été décidée, et qui seront installés,
l’un à Saint-Cloud, l’autre sur la ligne de
Montparnasse et le troisième sur la ligne
d’Orléans, devront être terminés. La jeu-
nesse des institutions parisiennes va faire
bien des envieux et nous-mêmes qui, depuis
longtemps, avons doublé le cap des retenues
et des pensums, nous regretterons, parfois,
de ne plus être écoliers. Ed. André.
ME ENGRAIS EN HORTICULTURE
vois (Aisne), chez M. Fischer, président de
la section d’horticulture d’Auzy-le-Château,
a donné les résultats suivants :
1 are 60, additionné d’une dose corres-
pondant à 300 kilog. par hectare, a produit
une récolte de 540 kilog.
Soit par hectare 34.000kil.
2 ares, sans aucune addition, ont
donné 500 kil., soit, par hectare 25.000 —
Différence 9. 000 kil.
Augmentation : 36 p. 100.
Indépendamment de ces deux essais, où
les quantités récoltées ont été pesées, voici
quelques résultats seulement approximatifs.
A Anizy, chez M. Galimant, géomètre-
expert, on a mis une dose correspondant à
1.500 kilog. de sulfate de fer par hectare,
sur une planche plantée en Pois et autres
légumes ; les premiers ont poussé avec une
vigueur extraordinaire; ils présentaient, dit
cet expérimentateur, une taille gigantesque,
et la récolte a été des plus abondantes ; les
autres légumes y ont pris également un dé-
veloppement absolument remarquable.
A Clermont-les-Fermes, chez M. Chavée-
Leroy, nous avons vu des salades de Laitue
ayant reçu une dose équivalant, suivant lui,
à 900 kil. par hectare, très-belles et surtout
à feuilles très serrées.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
335
M. Chapelle, jardinier chez Mme la vi-
comtesse de Courval, au château de Pinon
(Aisne), dit se bien trouver d’un arrosage
fait avec une dissolution de sulfate de fer
sur les Fraisiers.
Sur la Vigne, les résultats ne sont pas
moins remarquables ; nous les avons constatés
chez M. Chavée-Leroy, chez M. Méry, à
Châteaurenard. M. A. Clissey a publié ceux
tout à fait extraordinaires qu’il a obtenus
dans sa propriété, où les sarments d’une
Vigne, considérée comme perdue, ont
atteint, sous l’action du sulfate de fer,
3 mètres de longueur; M. A. Bernard, di-
recteur du laboratoire départemental de
Cluny, nous a communiqué un résultat inédit,
obtenu par M. Bassy, ingénieur à Mont-
ceau-les-Mines : une Vigne, appartenant à
ce propriétaire, et située à Mercurey, a été
transformée par l’arrosage au sulfate de fer ;
des plants souffreteux, un mois après le
traitement, étaient devenus parfaitement
verts.
Pour les arbres fruitiers, nous avons cons-
taté , à Urcel même, ses bons effets sur des Poi-
riers qui s’étiolaient. D’autre part, M. Chavée-
Leroy a publié les résultats qu’il a obtenus
dans son jardin, dont les fruits, primitive-
ment durs et pierreux, se sont transformés
sous son action.
Les plantes d’ornement ont. ressenti aussi
les effets favorables du traitement au sul-
fate de fer.
Bappelons d’abord les effets signalés par
M. Griffith sur les Rosiers, dont les tiges
prirent, sous l’action du sulfate de fer, un
développement remarquable. Ceux qu’il ob-
tint sur des Caoutchoucs (Ficus) sont éga-
lement fort intéressants ; l’arbre non traité
perdit presque toutes ses feuilles, l’autre se
couvrit de nombreuses feuilles vertes.
M. Griffith ne donne pas les doses em-
SOCIÉTÉ NATIONALE D’H!
SÉANCE DU
Comité de floriculture.
MUe Perrin, d’Écouché (Orne), a obtenu de
semis des Bégonias tuberculeux à fleurs
doubles, dépassant considérablement en dia-
mètre et en duplicature tout ce qui a été vu
jusqu’ici. Les trois fleurs présentées par
Mlle Perrin étaient respectivement : rose sau-
moné, blanc très largement carminé, jaune
soufre pâle. Ces fleurs, dont le diamètre attei-
gnait 13 centimètres, formées en boules arron-
dies, étaient d’une compacité, d’une dureté
ployées ; nous pensons que la dissolution doit
être toujours faite à 1 ou 1.5 p. 100
(10 grammes par litre), chaque plante était
arrosée avec 50 ou 100 centimètres cubes, et
les arrosages répétés au plus trois ou quatre
fois.
M. Lainé, propriétaire à Vigneux (Seine-
et-Oise), nous a écrit avoir employé le sulfate
de fer sur des corbeilles de Géraniums et
en avoir constaté le développement excep-
tionnel.
Enfin M. Fischer cite l’emploi, sur une
corbeille de Violettes, d’un mélange de
800 kilog. de sulfate de fer et 3.000 kilog.
de plâtre par hectare; les feuilles furent
noircies par ce mélange et tombèrent ; le
plan était considéré comme perdu, quand
une végétation extraordinaire se produisit,
et à la fin de novembre, on obtint des Vio-
lettes d’une beauté remarquable comme
feuilles et comme fleurs.
Si nous résumons ces expériences, nous
voyons que, pour les potagers et les jardins,
la dose minima semble être 300 kilog. par
hectare, avec une limite de 1.000 kilog.,
surtout pour les carrés à plantes serrées et
à végétation rapide.
L’épandage peut se faire à l’état de sel,
mais mieux, sans doute, en solution à 1 ou
1.5 pour 100, en employant pour chaque
plante 50 à 100 centimètres cubes de la dis-
solution, et répétant cet emploi trois ou
quatre fois.
On peut, pour cet emploi en dissolution,
comme nous l’avons indiqué pour les
Mousses, préparer une liqueur plus con-
centrée dont on prendra, suivant les be-
soins, une quantité déterminée, avec la-
quelle on constituera le liquide d’arrosage.
P. Marguerite-Delacharlonny,
Ingénieur des arts et manufactures
à Urcel (Aisne).
RTICULTURE DE FRANCE
28 JUIN 1888.
surprenantes. Il reste à savoir si ces fleurs se
tiennent bien, c’est-à-dire si leur poids consi-
dérable n’obligera pas à les soutenir à l’aide
d’une baguette. Nous serons prochainement
fixés à ce sujet.
MM. Vilmorin-Andrieux et Cie avaient en-
voyé une remarquable collection de Giroflées
Quarantaine à rameaux , à fleurs blanches,
violettes, et rouge vif. Ges formes, dont les
hampes sont très-longues, sont précieuses pour
la confection des bouquets, la vente des mar-
chés, etc. Ils avaient aussi une série de Pétunias
336
CORRESPONDANCE.
à grandes fleurs, mesurant 40 centimètres de
circonférence au bord du limbe, et de coloris
fort beaux.
M. Dugourd, de Fontainebleau, consacre, on
le sait, une grande partie de ses soins aux
plantes vivaces, dont on devrait recommander
davantage la culture. Il présentait à cette réu-
nion une jolie collection d’espèces variées parmi
lesquelles on remarquait de très-jolis Lychnis
rouge foncé, de diverses nuances, obtenus de
semis par le présentateur, des Viola cornuta
violet foncé, etc.
M. Dybowski se livre à des expériences
suivies pour obtenir la floraison nuancée des
Chrysanthèmes. Voici de quelle manière il
a réussi à en avoir cette année une certaine
quantité d’exemplaires en floraison dans le
courant de juin. L’année dernière, il a rentré
en serre chaude, dans le courant de décembre,
un certain nombre de pieds défleuris. Rabat-
tues rez-terre, ces plantes ont aussitôt déve-
loppé des bourgeons dont on a fait des bou-
tures. En continuant de cultiver ces boutures à
une température élevée, en pinçant leurs bour-
geons latéraux, elles ont pour la plupart com-
mencé à fleurir vers le commencement de juin,
bien qu’elles appartinssent toutes à des variétés
dont la floraison a lieu d’habitude à l’automne.
M. Dybowski avait apporté un exemplaire bien
fleuri.
Comité d’arboriculture d’ornement.
Par MM. Baltet, un rameau fleuri du Catalpa
speciosa , espèce encore assez rare, et qui a été
plantée pour la première fois en Europe, à
Segrez, dans la collection de feu M. Alph. La-
N° 4143 (Vosges). — Aucune monographie
des Sempervivum n’ayant été faite, que nous
sachions, nous ne pouvons que vous renvoyer
aux ouvrages d’horticulture où il en a été
parlé, et tout particulièrement à la Revue hor-
ticolet, où vous trouverez, année 1867, p. 53,
77 et 114, les renseignements nécessaires. —
Vous pourriez aussi, dans les Icônes de Jordan,
trouver plusieurs espèces de Sempervivum
que cet auteur y a décrites et figurées. Dans le
cas où vous désireriez augmenter votre collec-
tion de Sempervivum , vous pourriez vous
adresser à M. Carrelet, 51, rue de Vincennes,
à Montreuil, qui en possède une collection
assez complète, et surtout bien déterminée. —
Quant à l’autre plante dont vous désirez savoir
le nom, nous n’avons pu, à cause de la peti-
tesse de votre échantillon, parvenir à le déter-
miner avec certitude.
P. F. (Seine-et-Oise) . — Nous avons reçu
vos graines et nous vous en remercions.
vallée. Le C. speciosa , dont le feuillage diffère
peu du C. syringæflora , a les fleurs très-
grandes, à corolle élégamment frisée-ondulée,
blanc légèrement réticulé de violet foncé, ma-
culé de jaune d’or.
Comité de culture potagère.
M. Lapierre fils, pépiniériste, rue de Fon-
tenay, à Montrouge (Seine), a obtenu de semis
une fort belle Fraise à gros fruits qu’il a
nommée la France. Assez voisine des Fraises
Docteur Morère et Napoléon III , cette variété
est très-recommandable. Le fruit est gros, par-
fumé, bien fait, quoique polymorphe, à chair
blanche. La plante est, paraît-il, vigoureuse
et très-productive.
M. Cottereau, qui avait soumis en septembre
dernier au comité quelques têtes de Chou-
Fleur Scheidecker , en avait apporté cette fois
plusieurs très-beaux exemplaires, pesant cha-
cun jusqu’à 3 kilogrammes, pour démontrer
que cette variété est aussi recommandable pour
la culture d’automne que pour celle de prin-
temps.
Comité des industries diverses.
M. Maître, d’Auvers (Seine-et-Oise), a ajouté
aux sacs à Raisins, que l’on fait avec du crin,
une légère armature en fil de laiton, qui a pour
effet d’empêcher le sac de toucher aux grains.
C’est une idée très-ingénieuse qui sera ap-
préciée par les cultivateurs. Cette adjonction
n’augmente que de 1 fr. par cent le prix ordi-
naire des sacs.
Ch. Thays.
N° 4603 ( Maine-et-Loire ). — Adressez-vous
à M. Lange, horticulteur au golfe Juan (Alpes-
Maritimes) ; il pourra vous fournir cette plante
suivant les forces que vous désirez.
N° 5364 (Espagne). — Adressez-vous à
MM. Chantrier frères, à Mortefontaine, par
Plailly (Oise).
X. P. (Belfort). — Ne plantez qu’au mois
d’octobre les ognons d’Ixia et de Sparadis. On
achète les bulbes du Nerine Sarniensis à Guer-
nesey et à Jersey; mais on conseille, avec
raison, de ne les faire venir, emballés dans du
sable, qu’au commencement de septembre,
quand ils montrent leurs boutons.
N° 2534 (Oise) et divers abonnés. — Vous
trouverez, chez M. Ed. Pynaert Van Geert,
horticulteur à Gand (Belgique), le Bégonia
Lubbersii et le Dichorisandra tæniensis, nou-
veautés décrites et figurées dans la Revue hor-
ticole, numéros du 16 mai et du 1er juin de
cette année.
L’Administrateur-Gérant : L. Bourguignon.
lmp. Georges Jacob, — Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE.
337
CHRONIQUE HORTICOLE
Légion-d’Honneur. — Le Ministère de l’Agriculture et la Légion-d’Honneur. — Mérite agricole. —
Congrès international d’horticulture à l’Exposition de 1889. — Iris pabularia. — Dimensions sur-
prenantes d’un Œillet. — Les « Fêtes des fleurs » dans l’antiquité. — Les Allium de l’Asie centrale.
— Phalœnopsis Harriettœ. — Importations d’Orchidées japonaises. — La coloration du Prunus
Pissardi. — Floraison hâtive des Palmiers cultivés en pleine terre. — Du palissage. — Les Hottentots
au Jardin d’ Acclimatation. — Les fabriques de confitures dans le Vaucluse. — Les notes et dessins du
docteur Engelmann. — Le calendrier des moissons dans le monde entier. — Les plantes du Congo.
— Expositions annoncées. — Memento des Expositions.
Légion-d’Honneur. — C’est avec un
vif plaisir que nous avons trouvé, parmi les
promotions dans l’ordre de la Légion-
d’Honneur faites par le Ministre de l’Ins-
truction publique, celle de M. le docteur
H. Bâillon, professeur à la Faculté de méde-
cine de Paris, qui a été promu au grade
d’officier. M. le docteur Bâillon était cheva-
lier depuis le 14 août 1867.
Le Ministère de l’Agriculture et la
Légion-d’Honneur. — L’an dernier, à pa-
reille époque, nous faisions remarquer
combien l’horticulture était peu représentée
parmi les nominations faites dans l’ordre de
la Légion-d’Honneur, et nous avions le re-
gret de constater que le jour où un décret
venait de récompenser des services horti-
coles, on se trouvait en face d’une erreur
qui dépassait véritablement la mesure.
Cette année, non seulement il n’est pas
question d’horticulture dans les nomina-
tions faites à l’occasion du 14 juillet, mais
c’est l’agriculture elle-même qui a quelques
droits de se plaindre.
Notre ami M. de Céris fait remarquer
dans le Journal d’ Agriculture pratique
que la part du Ministère de l’Agriculture
dans la distribution des croix de la Légion-
d’Honneur a été cette année bien maigre.
Une promotion au grade d’officier, dit-il, et
quatre nominations au grade de chevalier, soit
au total cinq nominations réparties entre un
agriculteur et quatre fonctionnaires, tel est le
contingent du Ministère de l’agriculture dans
l’attribution des croix de la Légion-d’Honneur
conférées à l’occasion de la fête nationale.
Jamais la part faite à l’agriculture n’avait été
aussi exiguë, et il est désormais impossible de
la réduire davantage, à moins de la supprimer
tout à fait. Lorsque, le 7 juillet 1883, l’ordre
du Mérite agricole a été fondé, nous écrivions :
« Souhaitons que la création de cet ordre ne
devienne pas plus tard le prétexte sur lequel
on s’appuiera pour diminuer le nombre déjà
restreint des décorations de la Légion-d’Hon-
neur qu’on accorde à l’agriculture, et qui re-
présente à peine un vingt-cinquième des déco-
rations civiles disponibles. » Nos prévisions se
réaliseraient-elles plus tôt et plus complètement
encore que nous le craignions?
On ne saurait mieux dire des choses plus
justes.
Ne parlons pas de l’horticulture : il est
entendu qu’elle est modeste, et qu’on peut
sans inconvénient la négliger. Mais l’agri-
culture, qui représente plus de la moitié de
la France, l’agriculture, que tous les dis-
cours officiels traitent comme la première de
nos industries nationales, l’agriculture, pour
laquelle il n’y a pas assez de belles phrases
et de mots ronflants, la voici qui reçoit à
peine un vingt-cinquième des décorations
civiles disponibles !
Mérite agricole. — Le Journal officiel
vient de publier une liste de 17 promotions
au grade d’officier et 417 nominations au
grade de chevalier du Mérite agricole.
Aucune des 17 croix d’officier n’a été réser-
vée à l’horticulture ; parmi les 117 nomina-
tions au grade de chevalier, nous y trou-
vons les suivantes :
MM.
Blachère (Augustin-Claude), jardinier, à Marseille
(Bouches-du-Rhône), gérant du journal horticole
de Marseille depuis sa fondation (1882). Nom-
breuses récompenses dans les concours; trente
ans de services.
Boulanger-Bernet, conseiller général du Pas-de-
Calais, président de la Société agricole et horti-
cole de Boulogne ; vingt-cinq ans de services.
Briant (Guillaume-Gustave), jardinier en chef de
l’École normale de Cluny (Saône-et-Loire),
membre du Comité départemental du phylloxéra
depuis sa fondation (1879). Création d’une pépi-
nière de plants américains. Membre fondateur et
administrateur de la Société d’agriculture de
Mâcon ; vingt-neuf ans de services.
Brun (Joseph), horticulteur à la Seyne (Var). Fon-
dateur de la Société d’horticulture du Var. Nom-
breuses récompenses dans les concours ; qua-
rante-quatre ans de services.
Chevalier (Gustave-Louis-Félix), arboriculteur à
Montreuil (Seine). Cours d’arboriculture profes-
1er Août 1888.
15
338
CHRONIQUE HORTICOLE.
sés gratuitement aux Sociétés d’arboriculture de
Coulommiers, de Melun, de Fontainebleau et de
Neuilly-Plaisance. Correspondant de divers jour-
naux horticoles. Quinze médailles d’or, vingt mé-
dailles de vermeil, etc., etc.
Christen (Louis), horticulteur à Versailles (Seine-
et-Oise). Vingt-deux médailles d’or, un grand
nombre de médailles de vermeil, d’argent, etc.;
plus de quarante ans de services.
Desjardins (Louis-Édouard), jardinier en chef du
Jardin botanique à l’École vétérinaire de Tou-
louse. Membre des jurys d’horticulture depuis
vingt-cinq ans ; trente-un ans de services.
Flamenq (Paul), à la Carde (Var), président de la
Société d’agriculture, d’horticulture et d’acclima-
tation du Var. Agriculteur distingué ; trente ans
de services.
Gagnaire, horticulteur à Bergerac (Dordogne).
Horticulteur distingué. Auteur de nombreuses
publications sur la reconstitution des vignobles.
Hugues, président de l’Association horticole mar-
seillaise, à Marseille (Bouches-du-Rhône). Depuis
1883, n’a cessé de prodiguer son temps et ses
soins pour mener à bonne fin les expositions et
concours organisés par la Société qu’il préside.
Bonne tenue de son exploitation.
Laurent (André), horticulteur à Limoges (Haute-
Vienne), vice-président de la Société d’horticul-
ture de Limoges. A dirigé pendant près de vingt
ans des cours spéciaux d’horticulture. Nom-
breuses récompenses ; quarante-deux ans de
services.
Leeonte (Jean-Placide), agriculteur et horticulteur,
maire de Bornel (Oise). Agriculteur distingué.
Nombreuses récompenses ; vingt-cinq ans de
services.
Mariani (Pierre-Toussaint), à Ajaccio (Corse). Cul-
ture des arbres fruitiers.
Michaud (Joseph), à Paris. Services rendus à l’agri-
culture et à l’horticulture au point de vue com-
mercial avec l’étranger. Création de plusieurs
musées agricoles dans le Jura.
Nivet (François), horticulteur à Limoges (Haute-
Vienne). Membre fondateur de la Société d’hor-
ticulture. Nombreuses récompenses ; plus de
quarante ans de services.
Poiret-Delaon (Louis-Alfred), jardinier à Puteaux
(Seine). Lauréat des concours généraux et régio-
naux. Membre fondateur de la Société d’horticul-
ture et de petite culture de Soissons ; trente-cinq
ans de services.
Robin (Étienne), jardinier à Bléneau (Yonne), pro-
fesseur d’horticulture à l’École supérieure de
Bléneau. Introduction dans la région qu’il habite
d’un grand nombre de plantes nouvelles.
Rozay (Robert), horticulteur-pépiniériste à Sens
(Yonne), membre de plusieurs Sociétés d’horti-
culture. Création d’une vaste pépinière. Nom-
breuses récompenses.
Congrès international d’horticulture
à l’Exposition de 1889. — Par arrêté en
date du 16 juillet 1888, le Ministre du com-
merce et de l’industrie, commissaire général
de l’Exposition universelle de 1889, a
nommé membres du Comité d’organisation
du Congrès international d’horticulture :
MM.
Bergman (Ernest), secrétaire de la Société na-
tionale d’horticulture de France, secrétaire des
Congrès horticoles de Paris en 1885, 1886, 1887
et 1888.
Bleu (A.), horticulteur, secrétaire général de la
Société nationale d’horticulture.
Duchartre (P.), membre de l’Institut, secrétaire-
rédacteur de la Société nationale d’horticulture.
Dybowski (J.), maître de conférences à l’École
de Grignon, membre de la Société nationale
d’horticulture.
Forgeot (E.), marchand grainier, membre de la
Société nationale d’horticulture.
Hardy, directeur de l’École nationale d’horti-
culture de Versailles, vice-président de la So-
ciété nationale d’horticulture, président des
Congrès horticoles de Paris en 1886, 1887 et
1888.
Huard, trésorier de la Société nationale d’horti-
culture.
Leroy (Louis-Anatole), horticulteur-pépiniériste,
membre de la Société nationale d’horticulture.
Truffaut (Albert), horticulteur, membre de la So-
ciété nationale d’horticulture.
Verdier(Charles), horticulteur, président de l’Union
commerciale des horticulteurs et marchands
grainiers, membre de la Société nationale d’hor-
ticulture.
Vilmorin (Henry de), marchand grainier, vice-pré-
sident de la Société nationale d’horticulture.
Iris pabularia. — Dans une récente
réunion de la Société d’ Acclimatation ,
M. Ermens, ancien chef des cultures du
Maharadjah de Kashmyr, a présenté quel-
ques pieds à’ Iris pabularia, Ndn., plante,
paraît-il, destinée à rendre de grands ser-
vices pour la mise en culture des terrains
chauds et secs.
« Lorsque, au Kashmyr, a dit M. Er-
mens, on interroge un indigène sur la va-
leur nutritive de cette plante, il répond, en
vous montrant les magnifiques fourrages
des montagnes : « Ceci, c’est de Yherbe ; mais
« le Krisham (1. pabularia ), c’est de la
« viande. » Cette réponse est expressive, et
définit bien le fond de sa pensée. »
Comme fourrage, cette Iridée peut se
consommer à l’état vert ; on la fauche lors-
qu’elle a atteint 30 ou 40 centimètres de
hauteur, et elle peut alors donner une se-
conde coupe au moins égale à la première
à l’état sec ; les feuilles atteignent de 60 à
70 centimètres de hauteur et se fauchent
avant qu’elles ne perdent leur végétation.
M. Naudin a dit de 1’/. pabularia qu’il
ést indélogeable dès qu’il a pris possession
du sol. On doit le semer la première année
en pépinière et le repiquer l’année suivante,
au moment où la végétation commence à se
manifester : février, pour le midi de la
France et l’Algérie* mars ou avril sous le
CHRONIQUE HORTICOLE.
339
climat de Paris, où il se plaira d’ailleurs
moins que dans le Midi.
Dans un sol pauvre, sec et aride, les
jeunes plantes doivent être placées à 25 cen-
timètres en tous sens ; dans un sol plus
riche, il faut les distancer davantage en les
écartant de 40 et même 50 centimètres les
unes des autres ; si le temps est sec, on
donnera un arrosage, un seul, pour assurer
la reprise.
La maison Vilmorin met des graines de
cette plante au commerce ; on doit les lais-
ser tremper pendant quelque temps dans
l’eau avant de les employer.
Dimensions surprenantes d’un Œillet.
— Il existe actuellement, dans les cultures
de M. H. Holdsworth, à Wilton (Angle-
terre), un pied d’Œillet Souvenir de la
Malmaison , provenant d’une bouture faite
il y a deux ans, et qui, cette année, a pro-
duit des fleurs mesurant 45 centimètres de
diamètre, soit 45 centimètres de circonfé-
rence.
Nous ne nous souvenons pas d’avoir ja-
mais vu une fleur d’Œillet atteignant ces
dimensions.
Les a Fêtes des fleurs » dans l’anti-
quité. — Un amateur érudit, M. A. Bel-
mont, poursuit, dans le Journal des Roses,
une charmante étude sur le rôle que jouaient
les Roses dans les fêtes antiques. Il rap-
pelle qu’à Rome, aux fêtes des Saturnales,
de même qu’à celles de Flore, on répandait
dans les rues une couche de Roses ; mais le
fait le plus important de ce genre qui soit
parvenu jusqu’à nous, et qui a été enre-
gistré par Suétone, se rapporte à une fête
qui fut donnée par Néron sur le lac Lucrin,
près de la ville de Raia, dans la Campanie.
En effet, l’auteur rapporte que pour cette
fête, Néron fit effeuiller sur le lac une quan-
tité prodigieuse de Roses, ce qui occasionna
une dépense de quatre millions de sesterces,
ce qui représente 700,000 fr. de notre mon-
naie actuelle environ, mais beaucoup plus
si on tient compte de la différence de valeur
de l’or.
A côté de ces chiffres, dont nous ne pou-
vons discuter l’exactitude, nos fêtes mo-
dernes, nos batailles de fleurs, ne seraient
que jeux d’enfants.
Les Allium de l’Asie centrale. —
L’inauguration récente du chemin de fer
transcaspien qui va aujourd’hui jusqu’à Sa-
markand, et qui marque d’une façon défi-
nitive l’installation des Russes dans l’Asie
centrale, donne un intérêt nouveau à la
flore de ce pays, que les collecteurs russes,
avant-coureurs du général Annenkoff, ont
parcouru depuis un certain nombre d’an-
nées.
M. Ed. Regel, en étudiant, pour sa mo-
nographie du genre Allium , les spécimens
recueillis par Rudde dans la Turcomanie,
de Krasnow et de Potamin, dans la Mon-
golie boréale, de Przéwalski dans la Mongolie
occidentale et l’ouest de la Chine, etc., vient
d’en fixer le nombre à 138 espèces distinctes.
C’est là un chiffre considérable et surtout
étonnant en ce qu’il s’applique à un genre
dans lequel les différences de formes ne sont
pas nombreuses.
Sur les 138 espèces étudiées, 22 sont nou-
velles et décrites pour la première fois par
M. Regel.
Phalœnopsis Harriettæ. — L’Orchido-
phile donne la description d’un charmant
Phalœnopsis hybride, le P. Harriettæ,
qui vient d’être obtenu par M. Seden, chez
MM. Veitch, en fécondant le P. amabilis
type par le P. violacea.
La fleur de cet hybride , qui mesure
6 centimètres de diamètre, est bien inter-
médiaire entre celles des parents; les sé-
pales et les pétales sont d’un blanc soufre
pâle, ou blanc rosé très-pâle, leurs bases
étant couvertes de fines macules rose pour-
pré; le labelle, en forme de fer de lance
élargi, est charnu et pourvu d’un support
distinct, comme dans le P. grandi flor a ;
d’autres caractères rendent le nouvel hy-
bride bien distinct et très-intéressant au
point de vue des résultats obtenus par la
fécondation artificielle.
Importation d’Orchidées japonaises.
— Un des correspondants de la Revue hor-
ticole, M. Fouché, jardinier-chef chez M. A.
Massé, propriétaire du château de Kerber-
nès et fondateur d’un orphelinat agricole,
nons adresse l’intéressante communication
suivante :
... Nous venons d’importer directement du
Japon une collection d’Orchidées. Ces plantes
nous sont parvenues les unes portant à la fois
leurs noms botaniques et japonais, les autres
avec ces derniers seulement.
Voici la liste des plantes que nous avons
reçues :
NOMS JAPONAIS. NOMS BOTANIQUES.
Magoran Aer ides jap onicum.
Furan Angræcum falcatum.
340
CHRONIQUE
NOMS JAPONAIS.
NOMS BOTANIQUES.
Likokuran
Dendrobium japoni-
cum.
Keinkeirran
Calanthe Sieboldi va-
riegata .
Keinkeioran
Calanthe Sieboldi va-
riegata (variété).
Jubineran Aki
Calanthe Sieboldi va-
riegata (variété).
Kakoran
Phajus species (?)
Kagnomeran
Goodyera japonica.
Birodoran
G. japonica velutina.
Shiajobokama
Acrinopsis grandiflo-
ra , var.
Jelimaran
Calanthe discolor.
Fagero
Platanthera radiata ,
var.
Kumagnogeran
Cypripedium japoni-
cum.
Benukarcm
?
Benneran
?
Hacuclikuran
?
Shirdikuran
?
Boran
?
Je vous tiendrai au courant des diverses
phases de végétation et de floraison de ces
plantes, et j’en ferai de même pour une collec-
tion de vingt-sept espèces ou variétés de Lis du
Japon qui les accompagnaient.
Nous remercions M. Fouché des utiles
indications qu’il nous a envoyées, et nous
acceptons avec empressement son offre de
faire connaître par la Revue horticole les
résultats de sa culture.
La coloration du Prunus Pissardi. —
Tous les pépiniéristes et amateurs d’arbres
d’ornement savent que le Prunus Pissardi
offre, dans les cultures, deux variétés :
l’une à feuilles bien pourpres, introduite
directement en France par M. Pissard, et
mise en vente par M. Paillet ; l’autre, ve-
nant d’Allemagne on ne sait comment, et qui
montre des feuilles vert-rougeâtre absolu-
ment laides. Il faut rejeter absolument cette
dernière.
Or, nous venons de recevoir de notre
collaborateur, M. G. Baltet, une lettre dans
laquelle il nous dit :
Sur un de ces sujets venus d’Allemagne,
l’étiquette, par son fil métallique, a produit un
étranglement sur une forte branche. Depuis
cela, toute la partie supérieure à la strangu-
lation est du plus beau pourpre foncé, tran-
chant ainsi sur le vert bronzé des autres parties
de l’arbre. Nous grefferons ces rameaux ou les
bouturerons. Ce sera curieux de voir si le
coloris pourpre se reproduit. Voilà un intéres-
sant sujet d’étude pour les physiologistes.
La communication de notre collaborateur
HORTICOLE.
est intéressante, mais elle ne nous surprend
pas. Sans rechercher les causes qui ont
amené la transformation du type sauvage
du Prunier de Pissard à feuilles vertes en
une variété à feuilles pourpres fixée par la
greffe ou le bouturage, nous pouvons bien
penser que ce fait a pu se produire acciden-
tellement même en Perse, où le Prunier
Myrobolan dont il provient, doit être indi-
gène, car c’est à tort que certains amateurs
l’ont cru originaire des États-Unis.
Quoi qu’il en soit, ce fait de transforma-
tion brusque méritait d’être signalé, et nous
apprendrons bien volontiers de M. Baltet
quelles en auront été les conséquences.
Floraison hâtive des Palmiers culti-
vés en pleine terre. — M. Barnsby a
constaté que, cette année, la floraison du
Chamærops excelsa , planté en pleine terre
dans le Jardin botanique de Tours, s’était
trouvée en avance de près d’un mois.
M. Barnsby attribue cette floraison avan-
cée à ce que les Palmiers ont souffert, du
froid l’hiver dernier, ce qui a amené la chute
d’un bon nombre de feuilles. Dans les ob-
servations qu’il a pu faire, les plantes qui
ont le plus souffert sont celles qui ont le
plus de fleurs.
Nous avons constaté la même particula-
rité dans notre jardin de Lacroix sur de
gros exemplaires laissés en plein air sans
aucune couverture depuis l’hiver 1879-80,
et qui n’avaient pas été depuis lors endom-
magés par le froid.
Il serait intéressant de savoir si le même
fait s’est produit ailleurs qu’en Touraine,
soit pour des Palmiers, soit pour d’autres
plantes.
Du palissage. — Beaucoup de gens,
« d’amateurs surtout », croyant que la ré-
gularité est le maximum de la beauté que
doit présenter un espalier, s’attachent à ce
que les murs soient bien garnis, bien plats,
afin qu’aucune saillie ne se montre, et que
tous les rameaux soient bien appliqués le
long du mur. Pour cela, il attachent les
bourgeons au fur et à mesure qu’ils pous-
sent. C’est là une erreur déplorable, nuisible
à la durée des arbres et surtout à leur fruc-
tification. Ce qu’il faut, c’est procéder suc-
cessivement, au fur et à mesure du besoin,
ce que la Revue démontrera dans un pro-
chain article.
Les Hottentots au Jardin d’Acclima-
tation. — Le Jardin Zoologique d’Acclima-
CHRONIQUE HORTICOLE.
341
tation de Paris, continuant la série de ses
exhibitions anthropologiques et ethnogra-
phiques, présente actuellement à ses visi-
teurs une caravane du plus haut intérêt, com-
posée de quatorze Hottentots (sept hommes,
cinq femmes et deux enfants).
Après les Nubiens, nous avons successi-
vement vu défiler, au Jardin d’ Acclimata-
tion, les Esquimaux du Pôle, les Fuégiens
de la Terre de Feu, les Gauchos des Pam-
pas, les Araucans de l’Amérique occiden-
tale, les Galibis des grands bois de la
Guyane, les Kalmoucks des steppes Cas-
piennes, les Peaux-Rouges des Prairies du
Missouri, les Lapons des régions glacées de
l’Europe septentrionale, les Cynghalais de
l’ile féerique de Geylan, les Achantis de
l’Afrique équatoriale.
Les nouveaux venus sont originaires de
l’Afrique australe.
Le nom de Hottentots est donné à tous
les indigènes de la partie méridionale de
l’Afrique, située à l’est et dans le nord de
la Gafrerie.
Le territoire occupé par la colonie anglaise
du Gap a été, pied à pied, enlevé aux Hot-
tentots. Le nombre de ces naturels diminue
de jour en jour, et les quelques familles
qui ont su conserver encore leur indépen-
dance vivent réfugiées aux environs de
Graaf-Reynet. Elles sont pauvres et misé-
rables.
Le type des Hottentots est un des plus
dégradés de l’espèce humaine. Les traits
du visage sont très-marqués. La face est
large en haut, presque pointue en bas, les
pommettes très-saillantes, les mâchoires
étroites. Le nez est aplati, la bouche déme-
surément grande, la chevelure laineuse et
courte. La couleur de la peau est d’un jaune
caractéristique.
Les Hottentots camperont au Jardin
zoologique d’Acclimatation jusqu’au 30 sep-
tembre 1888. Ils ne peuvent manquer
d’exciter, au plus haut point, la curiosité
des Parisiens.
Les fabriques de confitures dans le
Vaucluse. — La ville d’Apt, dans le Vau-
cluse, est le centre d’une production très
importante de confitures. Pour en donner
une idée, citons un chiffre : les fabriques
d’Apt ont employé cette année, à elles
seules, cent cinquante mille kilogrammes
de Cerises.
Les industries locales de certaines parties
de la France mériteraient d’être mieux
connues et appréciées, et parmi elles, on
trouverait que l’horticulture joue un rôle
beaucoup plus important qu’on ne le sup-
pose généralement.
Les notes et dessins du docteur
Engelmann. — Grâce à la générosité de
M. H. Shaw, le Mécène de l’horticulture
et de la botanique de l’Amérique du Nord,
surtout dans la ville de Saint-Louis du
Missouri, les nombreuses notes détachées
et les dessins laissés par le docteur Engel-
mann ont été réunis dans un seul volume.
Ge nouveau recueil contient de précieux
renseignements sur certaines familles de
la flore Nord américaine, notamment les
Cactées , les Conifères, les Chênes, les Yuc-
cas, les Agaves, les Vignes, etc. Les bota-
nistes pourront ainsi revoir d’un coup d’œil
l’œuvre entière d’un savant qui a grande-
ment contribué au progrès de la science
des plantes.
Le calendrier des moissons dans le
monde entier. — L’époque à laquelle se
fait la moisson, dans une région, peut servir
de base pour indiquer d’assez près le mo-
ment où ont lieu l’épanouissement de cer-
taines fleurs, la maturation des fruits, etc.
Nous donnons, ci-dessous, un calendrier
de l’époque des moissons dans le monde
entier, dressé par les soins du Ministre de
l’Agriculture. Ge document peut rendre des
services aux arboriculteurs, en leur faisant
connaître sous ce rapport la relation d’un
pays quelconque avec le nôtre :
La moisson se fait en :
Janvier. — Australie, Nouvelle-Zélande,
Chili, République Argentine.
Février et Mars. — Indes britanniques,
Haute Égypte.
Avril. — Mexique, Égypte, Turquie d’Asie,
Perse, Syrie, Asie mineure, Cuba.
Mai. — Afrique septentrionale, Asie cen-
trale, Chine, Japon, Texas et Floride.
Juin. — Californie, Espagne, Portugal, Ita-
lie, Grèce, Orégon, Louisiane, Alabama,
Géorgie, Kansas, Colorado, Missouri.
Juillet. — Roumanie, Bulgarie, Hongrie,
Autriche, France, Russie méridionale, Né-
braska, Minnesota, Nouvelle Angleterre, Haut-
Canada.
Août. — Angleterre, Belgique, Hollande,
Allemagne, Danemark, Pologne, Bas-Canada,
Manitoba, Colombie anglaise.
Septembre. — Canada septentrional, Écosse,
Suède, Norwège.
Octobre. — Russie septentrionale.
Novembre. — Pérou et Afrique méridio-
nale.
Décembre. — Birmanie.
342
CHRONIQUE HORTICOLE.
Les plantes du Congo. — Le Bul-
letin du cercle floral d’Anvers nous
apporte, sur la végétation du Congo, de
nouveaux renseignements qui nous per-
mettent d’ajouter quelques notes à notre ar-
ticle du 1er avril. Ces renseignements vien-
nent en droite ligne de Loulouabourg,
station fondée par l’Association internatio-
nale du Congo, d’où M. de Macar, agent de
l’Etat indépendant, les a envoyés.
Quant à présent, l’horticulture de ces
régions peut être classée en deux sections :
la culture des plantes européennes, que les
colons ont acclimatées avec des succès plus
ou moins grands et dont, nous avons entre-
tenu nos lecteurs ; la culture des plantes
indigènes, dont les naturels tirent leur prin-
cipale nourriture et leur boisson. Comme
végétaux alimentaires, les nègres cultivent
le Manioc, le Riz, le Maïs, divers Millets,
les Patates, les Arachidens, l’Igame, les
Haricots indigènes, la Cane à sucre, les
Tomates, les Ognons du pays.
M. de Macar cite plusieurs plantes for-
mant la base de l’industrie et de la mé-
decine des naturels. Ceux-ci emploient
avec succès une certaine racine , dite
Kisassi , contre les blessures; l’écorce du
Mutachi contre la dyssenterie ; le Kan-
gouse et le Kapapa Muchi contre les
maux de tète. Les feuilles d’un certain
Kanga Bakicki sont, paraît-il, souveraines
contre les convulsions. Une plante nommée
Musonge ferait fureur chez nous, si ses
propriétés étaient reconnues ; elle jouit chez
les sauvages de la réputation d’arrêter la
pluie. Pour que le ciel le plus noir de-
vienne incontinent radieux, il suffît, c’est
bien simple, d’attacher le Musonge à une
corne de chèvre et de lui faire décrire des
cercles dans l’air !
Qu’est-ce que le Kisassi, le Mutachi ,
le Kangouse, etc., noms sous lesquels se
cachent probablement des plantes pré-
cieuses? Nous n’en savons encore rien;
mais nous l’apprendrons probablement
bientôt, car M. de Makar vient d’envoyer
en Belgique un herbier composé de végé-
taux qui jouent des rôles importants dans la
vie des naturels du Congo.
E.-A. Carrière et Ed. André.
EXPOSITIONS ANNONCÉES.
Paris, 25 juillet au 5 novembre. — La
commission de l’exposition de sauvetage,
d’hygiène et des industries qui s’y rattachent,
ouvre aux Champs-Élysées une section spéciale
consacrée aux végétaux d’ornements. Des salles,
un premier étage du Palais de l’Industrie,
aménagées en serres, sont mises à la disposi-
tion des exposants. Huit concours auront lieu
de quinzaine en quinzaine.
S’adresser à M. Nicole, administrateur de
l’exposition de sauvetage, 28, boulevard des
Italiens, Paris.
Vienne, 29 septembre au 7 octobre. — A
l’occasion du jubilé du règne de l’empereur
François-Joseph, une grande exposition de
fruits et un concours international d’appareils
à sécher les fruits aura lieu à Vienne du
29 septembre au 7 octobre.
Les sections I™ des fruits et II des produits
de l’industrie fruitière, ainsi que la section IV
(pépinières), sont réservées aux seuls exposants
autrichiens.
Les sections III et V, appareils à sécher les
fruits et machines et instruments pour la cul-
ture des arbres fruitiers et l’art de faire valoir
les fruits, sont internationales.
Des prix importants seront décernés dans
ces deux sections. Le premier prix des grands
appareils à sécher consiste eh une médaille
d’or et 1,000 florins.
Un congrès de pomologues se réunira pen-
dant l’exposition.
Adresser les demandes pour exposer à M. le
comte Henri Attems, à Leichwald, Graz
(Styrie).
Memento des Expositions.
Voici la liste des Expositions précédemment
annoncées :
Bougival. — Exp. gén. (Chr. n° 9), 29 août au
3 septembre.
Bourges. — Exp. gén. (Chr. n° 13), 2 au 5 août.
Fontainebleau. — Exp. gén. (Chr. n° 14) 25 au
au 27 août.
Lyon. — Exp. gén. (Chr. n° 11), 13 au 17 septembre.
Meaux. — Exp. gén. (Chr. n° 5), 7 au 9 septembre.
Mézidon. — Exp. gén. (Chr. n° 10), 16 septembre.
Moulins. — Exp. gén. (Chr. n° 6), 31 juillet au 5août.
Paris. — Chrysanthèmes (Ch. n° 14), 22 au 25 no-
vembre.
Périgueux. — Exp. horticole et viticole (Chr.n°ll),
3 au 5 août.
Roubaix. — Chrysanthèmes (Chr. n° 5) , 17 novembre.
Saint-Germain-en-Laye. Exp. gén. (Chr. n° 10),
26 au 29 août.
Saint-Mandé. — Exp. gén. (Chr. n° 12), 16 au
23 septembre.
Toulouse. — Exp. de culture maraîchère, culture
ornementale et arboriculture fruitière (Chr.
n° 11), 27 au 30 septembre.
— Même Exp. et spécialement Exp. de Chrysan-
thèmes (Chr. n° 11), 15 au 18 novembre.
Valognes. — Exp. locale (Chr. n<> 8), 1er au 4 sept.
Gand. — Floriculture (Chr.no 11), 2 au 3 septembre.
— Chrysanthèmes (Chr. n° 11), 18 au 22 nov.
Lausanne. — Exp. gén. (Chr. n° 8), 20 au 25 sept.
DES PORTE- GREFFES.
343
DES PORTE-GREFFES
La question des porte-greffes est devenue
si grave, par suite de la nécessité de greffer
nos excellentes Vignes françaises sur ra-
cines américaines, dans toutes les régions
envahies par le phylloxéra, que je crois
devoir appeler l’attention des lecteurs de la
Revue horticole sur la note de M. Boisselot,
insérée dans ce même journal, numéro du
1er juin dernier (p. 243).
La compétence de M. Boisselot, ainsi que
sa longue expérience des choses horticoles,
sont bien connues; aussi mon but, ici,
n’est-il pas de contester ses assertions.
Dans sa région, les Poiriers greffés sur
franc ou affranchis par leurs racines
donnent des fruits moins nombreux, moins
gros, moins bons, que ceux greffés sur Coi-
gnassier, et, après peu d’années, dans de
bonnes terres argileuses, les arbres ne sont
bons qu’à mettre au feu. Des sauvageons
greffés avec de bonnes variétés n’ont donné
que des fruits âcres, pierreux et petits, d’où
résulte la nécessité de ne cultiver, chez lui,
que des Poiriers greffés sur Coignassier
pour avoir des arbres durables , produisant
des fruits abondants et bons.
Dans notre Midi, les Poiriers greffés sur
Coignassier se développent bien les trois
premières années; ils donnent des fruits
abondants, ayant toute la bonté que com-
porte la variété, mais dès la quatrième,
quelquefois la cinquième année, la végéta-
tion diminue, la chlorose se montre et
l’arbre ne mérite plus la culture. Ce n’est
pas seulement en Provence que ce fait se
produit. M. Sahut, pépiniériste à Montpel-
lier, dont les lecteurs de la Revue connais-
sent le mérite et l’esprit d’observation, et
qui est en même temps l’auteur de plu-
sieurs ouvrages très-estimés, a fait ressortir
ce fait du défaut d’adaptation du Poirier
et du Coignassier après des débuts heu-
reux.
Ce ne sont pas nos terrains qui sont ré-
fractaires au Coignassier, puisque, franc de
piéd, il nous donne de beaux arbres qui se
chargent de fruits ; c’est le Poirier qui ne
peut pas vivre longtemps et utilement sur
le Coignassier. Il n’y trouve probablement
pas une nourriture suffisante ; il lui manque
aussi une adaptation convenable, puisqu’il
se forme, à l’insertion de la greffe, des
bourrelets qui s’accroissent jusqu’à la mort
de l’arbre. Ce défaut d’adaptation est géné-
ral, mais à des degrés différents : les Beurré
d’Hardcnpont, Clapp’s favorite, les Beur-
rés Hardy et superfin, sont les variétés qui
se comportent le moins mal greffées sur
Coignassier.
J’ai pu, l’automne dernier, déguster di-
vers fruits venus sur des arbres greffés sur
Coignassier, à Paris, à Thomery, à Troyes,
à Bâle, à Zurich, à Lyon, dans l’Ardèche.
Je n’ai trouvé nulle part des fruits dépas-
sant en saveur ceux que je cueille sur des
Poiriers greffés sur franc dans la banlieue
de Marseille, et, pour un certain nombre,
qui pussent rivaliser avec eux.
J’engage M. Boisselot, s’il vient jamais
dans notre ville, à venir déguster nos
fruits; il appréciera ce que produit dans
nos terres légères et calcaires, avec l’aide
de notre brillant soleil, le Poirier greffé sur
franc. Il sera obligé de convenir qu’à quan-
tité égale de fruits, ils sont aussi beaux et
aussi bons que ceux greffés sur Coignassier,
cultivés dans le même terrain.
Nos Poiriers craignent la marne, ils y
jaunissent et n’y font jamais de bons arbres.
C’est probablement dans un terrain mar-
neux que M. Boisselot a vu les sujets francs
dépérir. Les Poiriers centenaires ne sont
pas rares dans nos campagnes, lorsqu’ils
sont plantés dans des terrains profonds.
Le Pêcher greffé sur Amandier réussit
dans des terrains marneux et y prospère
longtemps. Il y a là une question d’appro-
priation : on doit réserver les terres légères,
profondes, au Poirier, et consacrer au Pê-
cher, à l’Abricotier et même au Cerisier, les
autres terrains.
Puisque je parle des Pêchers, je ne sau-
rais trop répéter que le Pêcher greffé sur
lui-même est destiné à être mis au feu à la
cinquième ou sixième année; il donne à
peine deux récoltes, et il dépérit dans tous
nos terrains : arrosés, secs, humides, en
plaine et sur coteau.
Pourquoi le Pêcher greffé sur franc, très-
beau, très-vert, très-vigoureux, se chlorose-
t-il dès la quatrième année et ne fructifie-
t-il plus? Ne semblerait-il pas naturel que
ce fût pour lui le meilleur porte-greffe? Je
laisse à de plus savants à expliquer cette
anomalie. Ce manque d’affinité d’un arbre
pour « lui -même » est étrange, mais il est
réel. Comme pour le Poirier sur Coignas-
sier, j’ai fait de nombreux essais dans les
344
OSTROWSKYA MAGNIFICA.
terrains les plus différents ; toujours et par-
tout le résultat a été le même.
Le Pêcher réussit très-bien greffé sur
Damas , sur Saint-Julien et d’autres va-
riétés de Pruniers ; il donne les plus mau-
vais résultats greffé sur Myrobolan, et
cependant celui-ci est un excellent porte-
greffe pour l’Abricotier.
Il résulte de ces faits certains, incontes-
tables, d’affinité et de non affinité, que,
dans la question relativement nouvelle des
porte-greffes américains, il faut demander à
l’observation de plusieurs années le sujet
américain que doit choisir le viticulteur
pour les variétés françaises qu’il veut cul-
tiver en terrain phylloxéré ; que le débutant
doit vérifier avec soin les résultats obtenus
dans les terrains analogues au sien, par des
voisins qui cultivent depuis longtemps dans
cette même localité; qu’il doit essayer sur
une petite échelle les nouveautés recom-
mandées et ne les planter sur de grandes
étendues que lorsqu’elles auront fait leurs
preuves dans ces nouvelles conditions.
Paul Giraud.
OSTROWSKYA MAGNIFICA
C’est une plante « à sensation » que nous
avons la bonne fortune de présenter aujour-
d’hui à nos lecteurs, et non pas une plante de
luxe, de serre chaude ou même tempérée,
Fig. 72. — Ostrowskya magnifica.
(Demi-grandeur naturelle, d’après le Gardeners’ Chronicle .)
inaccessible aux modestes amateurs ; c’est
une plante vivace, rustique, de plein air, qui
va grossir heureusement la liste des commen-
sales de nos parterres, et qui, bientôt, sera
partout répandue.
L 'Ostrowskya magnifica est une Campa-
DE LA POSSIBILITÉ DE PROVOQUER DES ANOMALIES VÉGÉTALES.
345
nulacée découverte par M. Albert Régel,
dans les montagnes du canton de Darvâz,
dans la Boukharie orientale, au cours de
ces explorations célèbres qui ont donné aux
Russes Samarkand et la plus grande partie
de l’extrême Asie. En décrivant, en 1884,
dans une publication peu connue de la plu-
part des horticulteurs, le nouveau végétal
importé par son fils, et qui a motivé la for-
mation d’un nouveau genre, le docteur
Régel, de Saint-Pétersbourg, s’est écrié :
« Planta speciosa, florïbus maximis 1. »
Et en effet, c’est une merveilleuse espèce,
avec ses larges fleurs de plus de 15 centi-
mètres de diamètre, et d’une couleur lilas
tendre. La figure que nous donnons aujour-
d’hui, réduite de moitié, d’après celle que
vient de publier le Gardeners’ Chronicle,
ne saurait en donner qu’une idée approxi-
mative.
Voici d’ailleurs la description de l’Os-
trowskya magnifica, d’après la même pu-
blication :
Plante vivace, à racines tubéreuses. Tige
d’environ 1 mètre de hauteur, vert ponctué
de rouge, à verticilles de feuilles assez dis-
tants les uns des autres. Feuilles glabres,
DE LA POSSIBILITÉ DE PROVOQ
Depuis quelques années, je m’occupe à
martyriser de pauvres plantes, spécialement
des Tulipes, en leur donnant une alimenta-
tion qu’elles n’ont pas l’habitude d’absor-
ber, composée de produits chimiques dis-
sous dans de l’eau, et choisis le plus souvent
parmi les plus insolites.
Mon but était d’arriver à provoquer quel-
ques-unes de ces anomalies végétales qu’on
nomme des « monstruosités ».
Partant de ce principe que les mons-
truosités sont vraisemblablement le résul-
tat d’une perturbation inconnue survenue
dans la végétation, il m’a semblé probable
qu’en troublant avec opiniâtreté la végé-
tation par une alimentation anormale,
on aurait bien des chances d’obtenir, à
la longue, diverses espèces d’anomalies
provoquées, qui s’ajouteraient à celles que
la nature produit spontanément.
Mon inexpérience en chimie et en horti-
culture m’a fait subir un nombre considé-
rable d’échecs et de mortalités. A la suite de
1 Descript. Plant, nov. et minus cogn fasc. IX,
Saint-Pétersbourg, 1884.
un peu charnues, brièvement pétiolées,
oblongues - aiguës, grossièrement dentées.
Inflorescence en cime. Fleurs longuement
pédonculées, d’abord penchées, puis redres-
sées, mesurant environ 15 centimètres de
diamètre. Sépales linéaires-lancéolés, non
appendiculés, plus courts que la corolle,
qui est campanulée, à huit lobes, d’un lilas
pâle veiné de lilas bleuâtre plus foncé. Huit
étamines à fdets dilatés à la base ; style
conique et ovaires velus.
Nous voici donc en possession d’une très-
belle plante nouvelle de plus. Le premier
exemplaire vient d’être exhibé par
MM. Veitch, à la Société royale d’horti-
culture de Londres, et le succès qu’elle a
obtenu est un sûr garant de la faveur qui
va l’accueillir en France, dès qu’elle y pa-
raîtra. Cela ne saurait tarder, surtout si la
plante donne des graines, hypothèse qui
devra constituer très-prochainement une
réalité, à en juger par sa station géogra-
phique, l’altitude à laquelle elle croît, et
la facilité avec laquelle la plupart de ses
autres congénères se multiplient par cette
voie.
Ed. André.
JER DES ANOMALIES VÉGÉTALES
quelques résultats bien ou mal observés, j’ai
cru devoir réclamer les conseils d’une per-
sonne des plus compétentes, en lui posant
la question suivante :
« Pensez-vous qu’en donnant aux végé-
taux une nourriture anormale , on puisse
provoquer des anomalies ; par exemple,
rendre pluriflores des sujets n’ayant habi-
tuellement qu’une fleur? — doubler des
fleurs simples? — modifier la forme ou la
couleur des feuilles ? — panacher celles qui
sont vertes, etc.? »
Croyant donner une preuve à l’appui de
cette possibilité, je disais que l’année der-
nière j’avais obtenu une Tulipe, faible il est
vrai, mais dont les feuilles étaient suffisam-
ment panachées pour mériter d’être prises
en sérieuse considération ; j’ajoutais encore
que, cette année, je ne désespérais pas
d’obtenir quelques exemplaires convenable-
ment panachés.
Le savant praticien dont je réclamais les
conseils m’a fait l’honneur de me ré-
pondre ce qui suit :
« Nous ne savons rien des causes qui
font varier les plantes cultivées, sous le
346
DE LA POSSIBILITÉ DE PROVOQUER DES ANOMALIES VÉGÉTALES.
rapport du coloris, du nombre des fleurs,
de la duplicature, des panachures blanches,
jaunes, rouges, etc.
« Jusqu’à présent, nous n’avons pu faire
varier sûrement que la forme, la grandeur,
l’épaisseur et la structure des organes végé-
tatifs, tiges, racines et feuilles.
« Il est très-bon d’essayer tous les moyens
imaginables, même ceux qui paraissent, au
premier abord, irrationnels ; ceux que vous
avez mis en œuvre sont de ce nombre; je
ne suis pas surpris de vos insuccès. Le
succès unique que vous avez enregistré ne
prouve rien, d’abord parce qu’il est unique
au milieu d’un grand nombre, ensuite parce
que les causes qui peuvent agir sont fort
complexes et échappent le plus souvent à
notre appréciation.
cc Avez-vous, au moins, pris la précau-
tion de travailler avec des plantes élevées de
graines? L’embryon est bien autrement va-
riable et malléable que le bulbe, qui n’est,
au fond, qu’une bouture, et retient, avec
une grande énergie, les qualités ancestrales.
« Je dois vous avouer que je ne compte
pas sur l’effet désiré tant que vous vous ser-
virez de matières qui ne sont pas des ali-
ments. Ces substances sont, en général,
très-peu absorbées, et peuvent, en outre,
agir comme poisons.
« Il y a cependant quelques substitutions
possibles, etc. »
Les renseignements ci-dessus, contenus
dans la réponse de l’honorable savant, sont
très-précis et très-précieux pour moi. Bien
qu’à première vue ils semblent peu encou-
rageants et paraissent m’accuser d’hérésie
scientifique (ce dont je ne prétends pas me
disculper, n’ayant absolument aucune pré-
tention de ce chef), ils offrent néanmoins
quelques arguments qui me permettent de
ne pas perdre toute espérance.
4er ARGUMENT — OBJECTION
Le succès unique obtenu ne prouve rien ,
d’abord parce qu’il est unique au mi-
lieu d’un grand nombre.
Réponse. — Le sujet bien panaché,
mais faible, que j’ai obtenu en 1887, était
unique, il est vrai, autant que bien pa-
naché ; mais il était accompagné de 4 ou
5 autres plus vigoureux et aussi panachés,
quoique d’une façon beaucoup moins appa-
rente.
Cette année, il y a progrès, et j’ai aperçu,
dans la deuxième semaine d’avril dernier,
une dizaine d’exemplaires d’une vigueur con-
venable, toujours au-dessous de la moyenne,
ayant des panachures un peu sombres, mais
néanmoins assez bien tranchées. Il s’est
encore produit un certain nombre d’exem-
plaires plus ou moins vigoureux, ayant, sur
la face externe des feuilles, une coloration
rougeâtre et lavée, qui a persisté jusqu’à ce
jour, et qui se fixera peut-être plus tard.
2e argument — objection
Le succès unique ne prouve rien , parce
que les causes qui peuvent agir sont
fort complexes et échappent le plus
souvent à notre appréciation.
Cette objection est des plus sérieuses. Je
puis toutefois y répondre, d’abord que le suc-
cès « unique » s’est multiplié cette année ;
ensuite que, sur les Tulipes élevées dans les
conditions ordinaires, je n’ai pas souvenir
d’avoir remarqué le remue-ménage des co-
loris qui se montre sur les feuilles d’un
grand nombre de celles qui sont soumises à
une alimentation anormale. Ces coloris
insolites paraissent même augmenter un
peu chaque année en nombre, en intensité
et en durée.
Je ne puis, sans doute, affirmer qu’ils
soient dus exclusivement à cette alimenta-
tion anormale. On pourra toujours dire,
sans qu’il soit facile de prouver le con-
traire, que bien d’autres causes ont pu y
contribuer; mais il est très-vraisemblable
que ces nombreuses anomalies sont dues
surtout à la nourriture anormale absorbée
par les sujets modifiés.
3e argument — observation
L’embryon est bien autrement variable et
malléable que le bulbe , qui retient ,
avec une grande énergie , les qualités
ancestrales.
Les modifications de couleurs ci-dessus
signalées se sont toutes produites sur des
bulbes, c’est-à-dire sur des sujets qui ré-
sistent à la nouveauté ; il est donc rationnel
de conclure qu’en agissant sur des em-
bryons venus de graines, — puisqu’ils sont
bien autrement variables et malléables, —
on aura bien plus de chances de mieux
réussir, en admettant toutefois qu’il y ait
eu déjà réussite.
4e ARGUMENT — OBJECTION
Ne pas compter sur l’effet désiré tant
qu’on se servira de matières qui ne sont
pas des aliments.
Cette formidable négative n’implique pas
qu’il faille désespérer d’obtenir l’effet, dé-
DE LA POSSIBILITÉ DE PROVOQUER DES ANOMALIES VÉGÉTALES.
347
siré si Ton emploie des produits alimen-
taires. Si, jusqu’à ce jour, on n’a rien
obtenu de sérieux comme variation de cou-
leurs, cela tient peut-être à ce que les pro-
duits employés ne l’avaient pas été dans des
proportions ou des combinaisons anormales.
Vraisemblablement, il faut faire des choses
anormales pour obtenir des anomalies.
Le terme dont je me suis servi, d’alimen-
tation insolite, anormale, s’applique aux
proportions normales des produits alimen-
taires, aussi bien qu’à l’emploi de subs-
tances non alimentaires, que l’on pourrait,
néanmoins, faire absorber.
5e ARGUMENT OBJECTION
Les substances non alimentaires sont , en
général, très-peu absorbées et peuvent,
en outre, agir comme poisons.
Si elles sont, en général, très-peu absor-
bées, cela prouve qu’elles le sont quelque-
fois.
Si elles peuvent agir comme poison, cela
prouve qu’elles peuvent aussi, quelquefois,
ne pas agir ainsi, et, dès lors, il est probable
qu’elles doivent modifier la plante d’une
façon quelconque.
Pourquoi, dans ce cas, ne deviendraient-
elles pas des agents provocateurs de pana-
chures sur feuilles vertes ou d’autres ano-
malies imprévues? Ce n’est que par de
nombreuses expériences qu’on dégagera
cette inconnue.
6e ARGUMENT — OBSERVATION
Il y a cependant des substitutions pos-
sibles, etc.
S’il y a des substitutions possibles, — s’il
y a des véhicules pouvant faciliter l’ab-
sorption de certains produits, il faut espérer
encore davantage qu’on pourra faire absor-
ber simultanément ou alternativement, non
seulement des substances alimentaires en
doses anormales, mais encore quelques-unes
des substances inoffensives qui figurent
parmi celles qui sont réputées n’être pas
alimentaires aujourd’hui.
Il existe des milliers de plantes diverse-
ment organisées. Il existe aussi des quan-
tités de produits chimiques, parmi lesquels
un certain nombre seulement sont consi-
dérés comme alimentaires pour les végé-
taux.
A ne spéculer que sur ces derniers pro-
duits, on arrivera facilement, au moyen de
doses et de combinaisons variées, à mettre
des centaines d’aliments différents à la dispo-
sition de chacune de ces plantes. Si l’on peut,
en outre, utiliser quelques-unes des subs-
tances non alimentaires, ce sont des mil-
liers d’expériences que l’on pourra tenter
avec plus ou moins de chances de succès.
Dans son numéro du 16 mars dernier, la
Revue horticole disait que, dans certaines
localités, des plantes à feuilles panachées
redevenaient vertes ; tandis que, dans
d’autres localités, ces mêmes plantes vertes,
abandonnées à elles-mêmes, sans recevoir
aucun traitement, devenaient spontanément
panachées. Ne serait-ce point parce que les
terrains où ces plantes se nourrissent con-
tiennent — ou ne contiennent pas — natu-
rellement, en doses convenables, les agents
chimiques qui conviennent à la fois à la
plante et au terrain pour devenir provoca-
teurs de ces anomalies?
Si, en cherchant bien, nous parvenions à
découvrir, pour chaque sorte de terrain et
de plantes, les agents modificateurs qui leur
conviennent et à les leur fournir, quels ré-
sultats imprévus et remplis d’intérêt ne
pourrions-nous espérer !
CONCLUSION.
Dans ces conditions, il me paraît difficile
d’admettre qu’un chimiste ou un horticul-
teur, à la fois opiniâtre et expérimenté,
n’arrive pas quelque jour à faire surgir,
d’abord par l’effet du hasard, des formes
nouvelles, que, plus tard, il reproduira à sa
volonté. Ces formes seront fixées par les
procédés connus des spécialistes. Les excep-
tions, les anomalies primitives, deviendront
ainsi la règle générale; elles augmenteront
de variétés nouvelles la jouissance et la ri-
chesse des amis de l’horticulture.
C’est pourquoi, afin d’engager les per-
sonnes compétentes à faire le plus grand
nombre possible d’expériences dans cet
ordre d’idées, je crois utile de soumettre
aux lecteurs de la Revue la question sui-
vante :
« Est-il possible, — soit au moyen de
substances chimiques alimentaires offertes
en doses ou combinaisons anormales, —
soit au moyen de substances chimiques non
alimentaires, mais pouvant être néanmoins
absorbées, — de provoquer sur les plantes
des anomalies diverses, sous le rapport du
coloris, du nombre des fleurs, de la dupli-
cature, des panachures sur les pétales, les
feuilles, les écorces, etc. ?
« En termes plus généraux, est-il pos-
sible, au moyen d’une alimentation anor-
male, de provoquer des anomalies affec-
348
CLEMATIS COCCINEA ET SES VARIÉTÉS.
tant la forme, la couleur, l’odeur, la saveur
des végétaux? »
J’adresse aux rédacteurs en chef de la
Revue quatre fragments de feuilles de Tu-
lipes offrant des panachures dont quelques-
unes paraissent assez bien accentuées, mais
que le transport et la flétrissure feront peut-
être en grande partie disparaître. Malgré
les procédés irrationnels que j’ai employés
pour les obtenir, je serai heureux de savoir
s’ils sont trouvés suffisamment probants
pour mériter d’être pris en bonne considé-
ration b
On peut prévoir, si elles peuvent se re-
produire, qu’elles offriront, plus tard, une
grande diversité. Dans tous les cas, le fai
seul de leur existence semble indiquer que
nous ne devons pas désespérer de pouvoir
agir utilement sur les coloris des végé-
taux.
Je conserve la croyance que, si des
causes diverses ont pu concourir à la for-
mation de ces anomalies, elles sont dues
surtout à une alimentation anormale, et si
de nouvelles expériences sont faites à cet
égard, elles résoudront, je l’espère, cette
intéressante question et les autres.
Marcel Poulin,
à Coulanges (Yonne).
CLEMATIS COCCINEA ET SES VARIÉTÉS
La plante dont nous donnons ci-contre
une figure coloriée a été longtemps consi-
dérée comme identique avec le Clematis Pit-
cheri, de Torrey et Gray. Nombre d’horti-
culteurs ont cru pendant quelque temps
que ses caractères ne permettaient guère
de la séparer de cette dernière espèce ; et
au Muséum, on a cultivé longtemps, sous le
nom de la plante de Torrey et Gray, une
variété du C. coccinea dont la Revue hor-
ticole a donné une figure 5. Ce n’est pas
d’ailleurs la seule erreur qui ait été commise
sur l’identité de ces deux espèces, même dans
leur pays d’origine. Les deux auteurs pré-
cités confondirent le C. Pitcheri aux fleurs
grandes, violet noir intérieurement, lila-
cées extérieurement, avec le C. reticulata,
à sépales d’un jaune verdâtre extérieure-
ment et rosés à l’intérieur. Le C. coccinea,
Engelmann (C. texensis , Buckley), fut tour
à tour décrit sous les noms de C. Pitcheri
et de C. Viorna , var. coccinea. Quoi qu’il
en soit de ces confusions, les C. coccinea
et Pitcheri forment deux espèces bien dis-
tinctes. Le premier diffère du second par
ses folioles le plus souvent entières, moins
grandes, à sommet obtus ; par ses fleurs coc-
cinées, verdâtres ou jaunâtres à l’intérieur,
à segments très-épais, et ses carpelles à arêtes
contournées. Le C. coccinea se reconnaîtra,
parmi toutes les espèces du groupe à fleurs
urcéolées, à ses feuilles à folioles arrondies
1 Les échantillons en question nous sont bien
parvenus; ils montrent qu’une perturbation déjà
accentuée s’est produite sous le coloris des feuilles;
mais, comme il s’agit là d’une simple chlorose,
l’expérience n’est pas encore assez concluante.
( Rédaction .)
2 Voir Revue horticole, 1878, p. 10.
et surtout à la couleur de ses sépales,
uniques dans le genre. En voici d’ailleurs
une courte description :
Plante herbacée, glabre, à tige grêle,
volubile, presque simple. Pétiole grêle,
s’amincissant parfois en vrille au sommet,
portant 5 à 10 folioles pétiolulées, arrondies,
ovales-cordiformes ou obliquement tron-
quées à la base, parfois échancrées et briè-
vement apiculées au sommet, d’un vert gai
en dessus, brunissant ensuite et prenant
une teinte métallique, très glauques en
dessous. Fleurs solitaires à l’extrémité des
rameaux, longuement pédonculées, légère-
ment inclinées. Périanthe urcéolé, à seg-
ments épais de 4 à 6 millimètres à la base,
légèrement amincis, apiculés au sommet,
coccinés entièrement, verdâtres intérieure-
ment. Étamines de moitié plus courtes que le
périanthe, à filets jaune clair, pointus supé-
rieurement, à anthères blanches, linéaires,
appendiculées. Carpelles plus longs que les
étamines, s’allongeant après l’anthèse en
une longue arête contournée et plumeuse.
La fleur coupée n° 2 de notre planche
coloriée représente une variété à fleur jaune
intérieurement. Nous l’avons désignée sous
le nom de C. coccinea var. luteola.
La plante déjà figurée dans la Revue
horticole est une variété à fleurs plus
petites, rouges intérieurement. M. Lavallée
a proposé pour elle le nom de C. coccinea
var. 'parviflora b
Gomme la plupart de ses congénères à
fleurs urcéolées, le Clematis coccinea épa-
nouit ses curieuses fleurs au bord des ri-
vières de l’Amérique septentrionale. Il fut
1 Lavall., Clémat. à grandes fleurs , p. 65.
j Remu’y Horticole, .
ChromoUxh/. G-.Severeyns.
m bdard.d/'Z.
Clemutis cocaïua.
f Fleur driarhee, var hiteolcu .)
LES PRÉPARATIFS DE L’HORTICULTURE A L’EXPOSITION UNIVERSELLE.
349
découvert au Texas par le professeur
Buckley, qui le nomma C. texensis. Depuis,
la plante fut publiée par le docteur Engel-
mann, qui changea son nom en celui de
C. coccinea. C’est sous cette dernière déno-
mination qu’elle a été répandue dans les
cultures.
Nous n’avons pas cru devoir lui restituer
son premier nom, afin de ne pas augmenter
la confusion déjà trop considérable qui s’est
faite autour de cette plante.
Malgré sa rusticité, le C. coccinea est
encore peu répandu dans les cultures. La
figure que nous publions donnera peut-être à
quelques amateurs le désir de posséder cette
Clématite et à des horticulteurs l’idée d’en-
treprendre avec elle des croisements. Nous la
recommandons aux premiers : par ses fleurs
curieuses, semblables à de petites Tulipes à
demi fermées, elle jettera une note origi-
nale dans leur collection ; et nous laissons
à penser aux seconds quels succès ils ob-
tiendraient s’ils parvenaient à infuser à nos
vieilles espèces, dont, les variétés sortent peu
d’un même genre de couleurs, un peu de la
vivacité de ton qui éclate dans cette plante
singulière.
Ed. André.
LES PRÉPARATIFS DE L’HORTICULTURE A L’EXPOSITION UNIVERSELLE
Le jardin du Trocadéro étant tout parti-
culièrement affecté à l’exposition horticole
pour 1889, nous allons indiquer, au moins
d’une manière sommaire, la marche suivie,
c’est-à-dire les modifications qui ont été
faites en vue de l’approprier à cette desti-
nation.
Mais, d’autre part, comme il y avait là
un magnifique jardin paysager admirable-
ment dessiné et qu’il fallait conserver, au-
tant que possible, on a ménagé le vieux plan,
en conservant toutes les grandes lignes, de
manière que, l’Exposition terminée, il suffise
de quelques jours pour rétablir les choses
comme elles étaient auparavant. Pour cela,
que fallait-il faire ? Déplacer les massifs et
laisser les grands arbres, ce qu’on a fait.
De cette manière, on a gagné près de
50,000 mètres de surface, qui seront affec-
tés à l’horticulture, et cela tout en conser-
vant au Trocadéro tout son aspect boisé,
ce qui donnera à l’Exposition un aspect qui
s’harmonisera parfaitement avec le sujet, et
permettra de placer les objets exposés dans
le milieu qui leur convient.
Une bonne précaution qui avait été prise
par l’administration, et dont malheureuse-
ment on n’a pas assez profité, c’est d’avoir
permis aux exposants de planter un an
avant l’ouverture de l’exposition, c’est-à-
dire dès 1888. De cette manière, l’année
de l’Exposition, toutes les plantes auraient
été reprises, ce qui eût été favorable à
l’examen, agréable pour les visiteurs et
avantageux pour les exposants, de sorte
que chacun y eût trouvé son compte. Mal-
heureusement, on n’a pas compris l’avan-
tage qu’il y avait d’agir ainsi, sauf deux
horticulteurs seulement. M. Groux, horti-
culteur à Ghâtenay-les-Sceaux, et M. La-
lande, horticulteur à Oullins (Rhône), qui
ont profité de l’avantage fait aux exposants ;
le premier a planté plusieurs massifs d’arbres
et d’arbustes de diverses espèces et de formes
variées, à feuilles persistantes, à feuilles
caduques et à feuilles panachées. Quant à
M. Lalande, il a planté des plantes aquati-
ques diverses, et entre autres un groupe de
Nelumbium speciosum, le Lotus des an-
ciens Égyptiens. C’est la première fois, à
Paris, croyons-nous, que l’on aura pu voir
pousser à l’air libre le Lotus sacré. Si l’ex-
périence réussit, c’est à M. Lalande qu’on
le devra. Ajoutons que les terres qu’il a de-
mandées lui ont été remises par l’adminis-
tration ; alors cet habile horticulteur a fait
ses composts, ses plantations, comme il a
l’habitude de le faire dans ses cultures
courantes, et il regarde la réussite comme
certaine. Nous le souhaitons, sans trop oser
y croire, connaissant le climat de Paris,
qui ne peut être comparé à celui du Rhône,
sous lequel M. Lalande cultive ordinaire-
ment ses Lotus ou Nelumbium.
Bien que le Trocadéro soit tout particu-
lièrement affecté à l’exposition horticole,
le Champ de Mars ne sera pas com-
plètement dépourvu de végétaux. Outre
plusieurs grandes lignes de gros arbres
qui, sur plusieurs points, ont été plantées
longeant diverses galeries de l’industrie,
il y aura, presqu’à partir du pont d’Iéna
jusqu’à plusieurs centaines de mètres au-
delà de la tour Eiffel, une surface de terrain
d’environ 5 hectares, dans lequel seront
faites quelques plantations spéciales de vé-
gétaux de terre de bruyère. On y verra aussi
le jardin dit de la Ville de Paris, où, déjà,
dans des plates-bandes rectilignes, sont plan-
tés des Magnolia grandiflora. Ces arbres,
350
UNE EXCELLENTE PLANTE DE SERRE FROIDE.
déjà repris, seront très-beaux l’année pro-
chaine.
En outre de cette partie « à la. française »,
particulièrement destinée à l’ornementa-
tion, on formera une sorte d’école, où il
y aura de nombreux massifs d’arbres et
d’arbustes, comprenant des collections d’or-
nement et forestières, apportées là des pé-
pinières de la Ville de Paris, ce qui offrira
un grand attrait.
On peut déjà être assuré du succès, lors-
qu’on sait que l’arrangement et les diverses
dispositions des parties sont sous la surveil-
lance de M. Laforcade, l’habile jardinier en
chef de la Ville de Paris.
E.-A. Carrière.
ANOPLOPHYTUM STRICTUM, VAR. KRAMERI
On a très-justement nommé « fleur de
l’air » ( Flor del aire) un groupe de char-
mantes petites Broméliacées que l’on peut
bien dire aériennes, puisqu’on les voit sou-
vent suspendues, soit dans les forêts
vierges, soit dans les serres, n’ayant d’autre
nourriture que celle qui leur est fournie
par l’atmosphère. Elles y poussent et fleu-
rissent facilement.
Presque toutes ces plantes sont jolies.
Leurs bractées sont généralement colorées
de tons vifs, roses ou rouges, et leurs co-
rolles bleues, blanches, roses ou jaunes,
pressées en épis compacts sur des hampes
courtes sortant d’une petite rosette de
feuilles dures et recourbées, produisent un
très-agréable effet.
Parmi les espèces les plus connues se
trouve F Anoplophytum strictum 1 . Il est
bien connu des collectionneurs, et il a
fourni quelques variétés. L’une de celles-ci,
la plus gracieuse de toutes peut-être, vient
de fleurir chez MM. Chantrier frères, à Mor-
tefontaine.
Elle porte le nom d’A. strictum Krameri.
En voici la description : feuilles radicales
nombreuses, arquées, en gouttière, li-
néaires-lancéolées, insensiblement atténuées
de la base au sommet, terminées en pointe
très-allongée, longues de 15 centimètres,
larges de 10 millimètres à la base, cou-
vertes de fines écailles blanches sur les deux
faces. Hampe courbée, longue de 15 à 20 cen-
timètres, garnie de feuilles bractéales dont
les inférieures ressemblent aux feuilles ra-
dicales, les intermédiaires étroitement
embrassantes , oblongues , terminées en
pointes beaucoup plus longues qu’elles, les
supérieures lâchement embrassantes, éta-
lées ou subdressées, roses, terminées en
longue pointe blanchâtre. Inflorescence
penchée, en épi simple cylindracé ou co-
nique, assez laxiflore, long de 7 à 8 centi-
mètres. Bractées ovales, les inférieures plus
ou moins longuement acuminées, les autres
simplement aiguës, d’un joli rose foncé de-
venant plus pâle en vieillissant. Calyce
beaucoup plus court que les bractées, à
lobes-oblongs-aigus imbriqués, blanc rosé.
Corolle de moitié plus longue que le calyce,
à lobes dressés, arrondis au sommet, blancs
dans leur moitié inférieure, violet clair su-
périeurement. Étamines et style inclus.
Les dimensions peu communes de cette
belle variété, la coloration des fleurs, font
de VA. s. Krameri une plante qui sera re-
cherchée des amateurs. Elle est encore
rare, et il est à désirer que MM. Chantrier
puissent la multiplier assez rapidement
pour la répandre chez les broméliophiles.
Ed. André.
UNE EXCELLENTE PLANTE DE SERRE FROIDE
(SCHINDS MOLLE)
Supposez un amateur, à bout de décep-
tions, venant vous dire : « Je voudrais une
plante qui pût, en hiver, égayer l’orangerie,
et en été orner le jardin; qui eût une vé-
gétation active et régulière, qui joignît à un
beau feuillage le mérite de jolies fleurs, qui
1 Suivant quelques auteurs, M. J.-G. Baker
entre autres, les Anoplophytum ne forment qu'un
sous-genre, ou section du genre Tillandsia.
fût d’une reproduction aisée et partant ne
coûtât pas cher, et qui, enfin, présentât
pour les sens comme pour l’intelligence un
phénomène à la fois curieux et instructif. »
— Ces qualités de merle blanc ne seraient
pas complètement énumérées que déjà vous
auriez répliqué : « Cherchez vous-même,
ou plutôt ne cherchez pas. La nature est
prodigue, c’est vrai ; mais dans ses prodi-
UNE EXCELLENTE PLANTE DE SERRE FROIDE.
351
galités elle reste toujours économe. Si elle
ouvre une main, elle sait fermer l’autre en
même temps. Son budget est fixe et elle
l’administre avec la loi du balancement or-
ganique ou des compensations. » — C’est
effectivement la réponse que j’aurais faite
moi -même. Pourtant à la règle il y a excep-
tion ; toute bonne mère qu’elle est, la nature
n’en a pas moins ses enfants gâtés.
Passionné pour les végétaux dits « de
serre froide » et cherchant chaque jour à
grossir leur nombre, j’en ai remarqué un
surtout qui me semble répondre au pro-
gramme tracé.
Je ne vais pas présenter une nouveauté
inédite; c’est une espèce ancienne, tout
simplement peu connue et peu répandue.
D’ailleurs, la voici :
1° Ses feuilles, qui rappellent celles d’un
Xanlhoceras ou d’un Sorbier en miniature,
sont d’un vert gai, lustré, à teinte légè-
rement cuivrée dans leur jeunesse. Elles
sont composées de 10 à 15 paires de folioles
lancéolées et dentelées qui leur donnent
une forme d’aile. Par leur ensemble, l’ar-
buste peut rivaliser d’élégance et de légè-
reté avec certains Mimosas. Au moindre con-
tact, des effluves aromatiques s’échappent
de leurs pores et l’odorat perçoit alors une
sensation stimulante, tonique, comme celle
des feuilles des Zingibéracées. C’est peut-
être à ces émanations balsamiques qu’elles
doivent de ne pas se laisser attaquer par les
insectes.
La tige est droite, bien solide et se moque
des tuteurs. Sans pincement, elle se ramifie
à J 5 ou 20 centimètres du sol. Quelle grâce
dans ses branches effilées et pendantes ! De
son épiderme suinte un baume, une résine
qui prend à l’air une forme concrète et sert
aux Péruviens à raffermir leurs gencives ;
mais alors les papilles de la langue éprou-
vent une saveur poivrée, à laquelle l’habitude
enlève tout désagrément.
Le dernier caractère du feuillage, et il
est à noter, c’est d’être persistant. De cette
façon, la plante est toujours décemment et
élégamment vêtue. Vienne le mois d’août,
elle prendra sa toilette de luxe et vous la
verrez alors couverte de jolies panicules de
fleurettes blanchâtres. Elle pourra ainsi
faire partie du cortège des rares arbustes
à fleurs blanches, à cette époque où les
jardiniers sont souvent à court pour les
fêtes des « Couturières » et de la « Sainte-
Marie » .
En outre, ces fleurs sont dioïques, c’est-
à-dire que sur certains pieds elles sont
mâles et sur d’autres femelles. Il s’ensuit
que le rapprochement d’individus de sexe
différent sera nécessaire pour la production
de graines.
Quant aux fruits, ce sont des drupes glo-
buleuses, qui, lorsqu’elles se montrent,
ajoutent à l’individu un ornement de plus.
Il est bon de remarquer qu’autour des
noyaux se trouve une pulpe acide qui peut
être utilisée comme succédané du vinaigre.
Naturellement, cette propriété n’est bien
accusée que dans le pays natal, au Pérou.
Et la culture? Elle est d’une simplicité
étonnante. Nous ne proposons pas le mar-
cottage ni le bouturage, qui sont déjà des
opérations horticoles; nous employons un
moyen plus simple, le semis. De chaque
graine naît rapidement un sujet qui se
mettra moins vite à fleurs, mais qui sera
plus vigoureux. Recommander cette sorte
de multiplication, c’est mettre encore en
relief une qualité de notre plante, le bon
marché, puisque les semences valent 6 fr.
le kilo, et qu’il y a environ 13,000 de
celles-ci dans un kilo, ce qui met chaque
plant à un prix de revient tout à fait déri-
soire. Probablement les personnes qui re-
gardent leurs acquisitions au travers de
l’argent qu’elles ont dépensé apprécieront
peu cette qualité.
La terre de bruyère, quoiqu’elle ne soit
pas absolument nécessaire, offre encore le
milieu le plus convenable pour la culture
en pot ou en caisse.
Voilà le végétal tel que le souhaite un
véritable horticulteur ; rusticité passable %
bonne végétation, port distingué, luxueux
feuillage, floraison généreuse.
Pour couronner tout cela, un beau nom,
facile à retenir : c’est le Schinus Molle ,
Linn., ou Faux-Poivrier. Il appartient à la
famille des Térébinthacées de Jussieu ou
des Anacardiers de R. Brown. C’est un
cousin germain du Pistachier.
Est-ce tout? — Non. Détachez une fo-
liole et faites -en deux, trois morceaux,
puis jetez-les à la surface d’une eau claire et
dormante. Séance tenante, ces fragments
vont effectuer des mouvements saccadés.
Que ce phénomène se produise devant des
intelligences jeunes et éveillées, sûrement
il provoquera de leur part la demande d’un
1 Dans le midi de la France l’arbuste devient
arbre et passe l’hiver dehors. Cette année, malgré
la rigueur de la saison, M. Ed. André a remarqué
que ceux de la gare de Saint-Raphaël n’avaient
perdu que leurs feuilles. (Voir Revue horticole ,
1888, 1er mars, no 5.)
352
DELPHINIUM CASHMERIANUM.
pourquoi. Or, l'interrogation, c’est le pre-
mier pas dans la science ; et, une fois entré,
on ne veut plus retourner sur ses pas. La
botanique nous révèle que ces feuilles sont
formées de cellules; celles-ci contiennent
une huile volatile qui s’échappe en goutte-
lettes intermittentes, quand les parois cel-
lulaires sont rompues ou déchirées. Cette
sortie est si brusque contre la surface de
l’eau, que les cellules, et, par suite, la foliole
qui les contient, subissent une série de reculs
d’autant mieux accentués que de plus nom-
breuses cellules se trouvent endommagées.
Cette huile doit se rapprocher beaucoup du
camphre, car un grumeau de cette subs-
tance se comporte à peu près de même sur
l’eau distillée. Presque insoluble dans ce
liquide, elle resterait inerte si elle n’émet-
tait continuellement des vapeurs qui, par
leur choc contre l’eau, engendrent une gi-
ration très curieuse. Le fait n’a plus lieu
quand on a projeté des matières grasses
sur l’eau.
Les Térébinthacées contiennent, et leur
nom le rappelle, de la Térébenthine. Le
camphre, d’autre part, paraît n’être qu’un
chlorhydrate de térébenthène , qu’on ob-
tient en traitant l’essence de térébenthine
par l’acide chlorhydrique, motifs qui ex-
pliquent le rapprochement des deux phéno-
mènes.
Il ne fallut pas un spectacle si attrayant
pour mettre en germination les hautes fa-
cultés de Humboldt, le célèbre auteur du
Cosmos. La simple vue d’un Dragonnier
colossal et d’un Palmier éventail, dans
la vieille tour d’un jardin botanique, lui
inspira de bonne heure le désir de visiter
les régions tropicales et d’en rapporter
une foule d’observations qui honorent l’es-
prit humain et ont fait à ce savant une ré-
putation universelle.
Qu’on cultive donc le Schinus Molle. Il
sera le compagnon de la Dionée tue-mou-
ches, du Piléa « feu d’artifice », de YEro-
dium « hygromètre », de la Fraxinelle in-
flammable, du Nelumbium bouillant, du
Physianthus « attrape-papillons », du Mi-
mosa c( sensitive », etc.
Une serre bien comprise ne doit* pas hé-
berger que des feuillages majestueux ou
des fleurs élégantes. Un sujet « d’expé-
rience » pique autant, mais d’une autre
façon, la curiosité, et peut porter parfois
beaucoup mieux vers l’étude des beautés
de la création, surtout quand ce sujet est
déjà recommandable par son port, ses
feuilles, sa floraison et son utilité pratique.
Les horticulteurs, soit marchands soit ama-
teurs, lui réserveront maintenant une petite
place dans leurs cultures, et l’arbuste, pour
ne plus être oublié ni délaissé, saura bien
en trouver une dans leur souvenir et peut-
être dans leur reconnaissance.
Fernand Lequet fils,
Horticulteur à Amiens.
DELPHINIUM CASHMERIANUM
Plante vivace, cespiteuse, très-rustique,
formant des touffes largement arrondies.
Tige florale
de 30 à 40
centimètres
de hauteur,
ramifiée.
Feuilles de la
base (radica-
les) digitées
ou suborbi-
culaires ; les
caulinaires
profondé-
ment inci-
sées-lobées, à
divisions ai- „ . . _ 7
Fig. 73. — Delphinium Cahsmer
gues-acumi- 'de la plante.
nées, d’au-
tant plus profondément incisées qu’elles
s’élèvent davantage sur la tige. Ramifica-
tions florales nues, portant au sommet une
sorte d’ombelle irrégulière d’où partent les
pédicelles flo-
raux. Fleurs
en casque par
suite de l’in-
rclinaison des
pièces flora-
les qui se
rapprochent
pour former
une sorte de
gueule qui
simule assez
exactement
Fig. 74. — Fleur dé- 1 fleur d Aco-
tachée du Delphi- nit,d’unbeau
ianum, port nium Cashmeria- V-Q]ej. fonc£
Chaque pièce
florale, y compris celle qui forme l’éperon,
porte à son extrémité une macule verte.
LES EUCALYPTUS DANS L’OUEST DE LA FRANCE.
353
Le Delphinium Cashmerianum, Roxb.
(fig. 72), a déjà donné quelques variétés
distinctes par la diversité des nuances,
entre autres une tout-à-fait blanche, et
d’autres, d’un lilas plus ou moins cendré,
parfois comme transparentes veinées-réti-
culées. La floraison est printanière (com-
mençant en avril) et se prolonge assez long-
temps, presque toute l’année, si l’on a soin
de couper les tiges florales au fur et à
mesure que les fleurs se passent, parce
qu’alors la plante en émet constamment
d’autres.
Multiplication , culture . — Tous les ter-
rains un peu consistants et légers, sur-
tout s’ils sont sableux (argilo-siliceux) et
humides, conviennent à cette espèce, qui,
du reste, n’est pas plus délicate que la plu-
part de ses congénères. Elle se multiplie
facilement d’éclats, c’est-à-dire par la divi-
sion des pieds, travail qui se fait au prin-
temps au moment où la végétation va com-
mencer. Quant aux semis, on les fait en
terre préparée, légèrement humide, mais
jamais en excès ; car, dans ce cas, il vau-
drait mieux un excès de sécheresse que
l’excès contraire. Il convient de repiquer,
la première année, si toutefois le plant est
assez fort. Dans le cas contraire, on procède
pour lui comme on le ferait pour d’autres.
Les semis produisant toujours des variétés,
il ne faut en faire qu’autant que l’on re-
cherche celles-ci. Dans ce cas, il va sans
dire que toutes les fois que l’on fait des se-
mis, on devra toujours prendre ses graines
sur les sujets que l’on considère comme les
plus parfaits, qui réunissent les caractères
que l’on désire voir se reproduire.
On peut se procurer le D. Cashmeria-
num chez MM. Vilmorin et Cic, à Paris.
E.-A. Carrière.
LES EUCALYPTUS DANS L’OUEST DE LA FRANCE
Bien que les Eucalyptus soient intro-
duits dans l’ouest de la France depuis long-
temps, ces plantes y sont encore peu con-
nues, et, jusqu’à présent, on n’a aucune
donnée certaine sur ces végétaux, tant au
point de vue industriel qu’à celui de l’orne-
mentation générale.
Et cependant, dans ce groupe si nom-
breux en espèces, il s’en trouve probable-
ment quelques-unes qui, par leur nature,
leur végétation, leur rusticité, etc., pour-
raient rendre d’importants services, même
à l’économie domestique.
Il nous a paru utile d’appeler l’attention
des amateurs sur ce sujet, en les engageant
à multiplier les expériences et à faire des
semis avec des graines récoltées sur des
individus robustes.
Pour les guider dans ce sens, nous avons
cru bon de leur signaler quelques-unes des
principales espèces, qui, par l’ensemble de
leurs caractères, pourraient se prêter aux di-
verses expériences à faire, c’est-à-dire être
prises comme point de départ.
Eucalyptus viminalis, Labill. — Originaire
du sud-est de l’Australie. — Arbre biforme et
très-variable à tous les âges; à l’état jeune, les
rameaux sont grêles, allongés; les feuilles,
opposées -décussées, sont sessiles, quelquefois
embrassantes à la base, ovales ou oblongues,
souvent allongées, linéaires-aiguës ou obtuses,
d’un vert glauque ou rougeâtre ; à l’état adulte,
elles deviennent toutes alternes, courtement
pétiolées, lancéolées, coriaces, pendantes, quel-
quefois falciformes, d’un vert plus ou moins
foncé. L’inflorescence est disposée en ombelle
axillaire, triflore, à court pédoncule au sommet
duquel les fleurs sont presque sessiles. Les
boutons sont ovoïdes, de la grosseur d’un Pois,
lisses, recouverts d’un opercule conique de la
longueur de la capsule. Les fleurs sont
blanches, légèrement odorantes. Le fruit, qui
est de la grosseur du bouton, nous est inconnu
à Brest.
D’après MM. Naudin et Ferd. Mueller, cette
espèce atteint jusqu’à 100 mètres et plus de
hauteur dans sa patrie, où elle est connue
sous le nom de White gum Tree et de Manna
gum Tree. Son tronc se dépouille annuellement
des couches extérieures de son écorce et laisse
voir une tige lisse, presque blanche, légèrement
rougeâtre.
En Europe, c’est dans le midi de la France
et de l’Italie, sur les bords de la Méditerranée,
que se rencontrent les plus beaux exemplaires
de cette espèce. M. Naudin dit qu’au jardin de
la villa Thuret, à Antibes, il en existe plusieurs
exemplaires âgés de vingt ans, mesurant 20 à
25 mètres de hauteur, sur lm 50 à 2 mètres de
circonférence {Annales des sciences naturelles ,
6e série, n° 16, p. 385). M. Ch. Joly, dans un
mémoire qu’il a publié sur les Eucalyptus
d’Australie, cite un exemplaire de cette es-
pèce provenant d’un semis fait, en 1870, par
le prince Troubetzkoï, dans sa propriété d’In-
tra, sur le Lac-Majeur, qui atteignait, en 1885,
25 mètres de hauteur et 2m 40 de circonférence
à 1 mètre au-dessus du sol. Cet exemplaire
| avait supporté 10 degrés de froid en 1879-1880.
LES EUCALYPTUS DANS L’OUEST DE LA FRANCE.
354
En 1886, nous en avons remarqué aussi un
exemplaire âgé de six ans, planté dans la pro-
priété de M. Jaille, à Gatros, près Bordeaux,
qui mesurait déjà plus de 5 mètres de hauteur
et paraissait parfaitement s’accommoder du sol
et du climat girondins. M. Boisselot, horticul-
teur à Nantes, en citait également un exemplaire,
en 1885, âgé de cinq ans, planté dans le jardin
de son frère, et qui mesurait 10 mètres de
hauteur sur 58 centimètres de circonférence à
1 mètre au-dessus du sol. Enfin, le professeur
Balfour en cite également un autre exemplaire,
planté à quelques lieues d’Édimbourg (Écosse),
qui avait atteint, en dix-huit ou dix-neuf ans,
15 mètres de hauteur sur 2m50 de circonfé-
rence à la base.
Le premier exemplaire de cette espèce qui
fut livré à la pleine terre à Brest a été planté
sur l’esplanade de l’hôpital maritime, en 1867 ;
11 supporta, sans souffrir, 9 degrés de froid en
1870-1871, et atteignit promptement 10 mètres
de hauteur. En 1872, il fut cassé par le milieu
du tronc par une tempête, ce qui le força à se
ramifier. Ces ramifications présentèrent, pen-
dant les premières années, des feuilles opposées
et sessiles, comme celles de l’état juvénile, en
même temps que d’autres semblables à celles
de l’état adulte, phénomène observé et signalé
depuis longtemps par les Eucalyptographes. Il
résista de nouveau à l’hiver 1879-1880, et fut
complètement détruit en novembre 1885, dans
une autre tempüte, qui le rasa au niveau du
sol, au moment où ses premières fleurs com-
mençaient à paraître. Son tronc, qui mesurait,
avec les branches, 7 mètres de hauteur sur
lm 20 de circonférence, est encore conservé au
Musée de l’École de médecine navale.
D’autres exemplaires furent plantés en même
temps que lui dans des endroits plus abrités,
mais alors ils se sont étiolés et ont été cassés
ou déracinés par la violence des vents dès qu’ils
atteignaient 7 à 8 mètres de hauteur.
E. pauciflora, Sieb. (E. coriacea, Cunn.). —
Originaire de la Tasmanie, cette espèce atteint,
dit-on, 25 à 30 mètres de hauteur. Dans nos
cultures, elle forme un petit arbre de 10 à
12 mètres, à écorce d’un jaune roussâtre,
épaisse, spongieuse, se détachant par lambeaux
à l’âge adulte. Alors il est rameux, à branches
étalées, à rameaux lisses, rougeâtres, flexibles
et pendants. Les feuilles, longues, coriaces,
linéaires-lancéolées, un peu falciformes, sont
remarquables par leur nervation longitudinale.
Inflorescence en ombelles axillaires, composées
de 3 à 10 fleurs portées par un pédoncule à
peu près de même longueur que le pétiole.
Boutons ovoïdes un peu plus gros que dans
l’espèce précédente, recouverts par un opercule
arrondi plus court que la cupule. Fruit encore
inconnu à Brest.
Issus de graines semées en 1874, les jeunes
sujets livrés à la pleine terre en 1876 au
jardin botanique de Brest, en terre forte et
franche, périrent tous en 1879-1880, après
avoir’ atteint la taille de 1 mètre à 1® 50
de hauteur. Un seul exemplaire, planté par
hasard en terrain léger et sablonneux, dans la
propriété de M. Coutances, à la Croix-Rouge,
en Lambezellec, a parfaitement réussi ; il me-
sure actuellement 10 mètres de hauteur sur
lm 50 de circonférence, et se couvre abondam-
ment de fleurs depuis quelques années, mais
sans produire de fruits.
Deux autres exemplaires, plantés par le
génie militaire sur les remparts de Brest, à la
porte Fov, près de la gare, où ils sont exposés
à tous les vents, mesurent environ 7 mètres de
hauteur sur 60 centimètres de circonférence.
Bien que plus âgés que le premier, puis-
qu’ils ont été plantés en 1871, ils n’ont pas
encore fleuri. Ils ont parfaitement supporté
les rigueurs de l’hiver 1879 sans souffrir.
MM. Trottier et Naudin considèrent cette es-
pèce comme l’une des plus rustiques du
genre.
E. urnigera, Hort. — Espèce originaire de
la Tasmanie, excessivement polymorphe, et
une des mieux caractérisées, dit M. Naudin,
malgré sa variabilité. Dans sa jeunesse, elle se
reconnaît facilement à ses feuilles rondes,
opposées et presque sessiles, comme celles
d’un Chèvrefeuille, d’un vert foncé et non
glauques. A l’âge de trois à quatre ans, cer-
tains sujets présentent, en même temps que
ces feuilles primordiales, d’autres feuilles con-
servant cette même forme, mais devenant
alternes et pétiolées, et des feuilles normales.
Ce polymorphisme se conserve longtemps, car
nous en avons un sujet, âgé de douze ans, qui
est encore dans ce cas. Enfin, le plus grand
nombre se caractérise la troisième ou qua-
trième année.
A l’âge adulte, VE. urnigera peut atteindre
8 à 10 mètres en Basse-Bretagne. Le Garde-
ners ’ Chronicle écrit même qu’un exemplaire,
planté dans le canton de Preston, près Wittin-
gham (Angleterre), a déjà atteint une hauteur
de 20 mètres. C’est un arbre droit, rameux, à
écorce grise se détachant par petites plaques
au printemps, à rameaux horizontaux dans
certains sujets, dressés-fastigiés dans d’autres,
mais généralement à cimes plus allongées que
larges. Feuilles horizontales ou obliques, toutes
alternes et plus ou moins longuement pétio-
lées, ovales ou lancéolées, aiguës ou obtuses,
coriaces, obscurément nervées, d’un vert plus
ou moins foncé, luisantes. Inflorescence dis-
posée en ombelle axillaire, triflore, rarement
biflore, à court pédoncule au sommet duquel
sont les fleurs sessiles. Boutons ovoïdes, de la
grosseur de ceux de VE. pauciflora , à opercule
mucroné plus court et moins large que la
cupule. Cette espèce a montré ses fleurs pour
la première fois à Brest en 1887, mais n’a
donné aucun fruit.
UE. urnigera est représenté, à Brest, par
trois beaux exemplaires mesurant environ
7 mètres de hauteur sur 50 centimètres de cir-
GUIGNE RAMON OLIYA. — LES CHAMBRES D’iNTERRUPTION POUR THERMOSIPHONS. 355
conférence, plantés en 1871, par le génie mili-
taire, sur les fortifications de la ville, en
même temps que VE. pauciflora , dont nous
avons parlé plus haut, et plusieurs autres es-
pèces qui ont succombé pendant Fhiver 1879-
1880.
D’autres exemplaires, provenant de semis
faits par nous, en 1874, et livrés à la pleine
terre en 1876, se rencontrent aussi à l’hôpital
de la marine. L’un d’eux, planté sur l’espla-
nade, où l’air et la lumière ne lui font point
défaut, mesure actuellement 7 mètres de hau-
teur sur 45 centimètres de circonférence; c’est
l’exemplaire qui a fleuri en 1887 ; il est garni
de branches sur les deux tiers de sa hauteur et
ressemble, par son port, à un beau Peuplier
d’Italie. Les autres sont plantés au jardin bo-
tanique ; quoique étant du même âge, ils n’ont
encore montré aucune fleur.
Nous terminerons cette étude dans le pro-
chain numéro par la description des trois
autres espèces d’ Eucalyptus : E. coccifera ,
E. Gunnii, E. Globiilus, qui croissent sous
le climat de Brest, et nous ajouterons quel
ques considérations sur leur acclimatation.
J. Blanchard.
GUIGNE RAMON OLIYA
De meme que la plupart des arbres frui-
tiers, celui dont nous allons parler est dû
au hasard, c’est-à-dire qu’il ne provient pas
d’un semis en règle et qu’il n’a pas été en-
registré. Remarqué dans un carré de sujets
destinés à la greffe, l’arbre fut conservé et
soigné pour en voir la fructification, qui eut
lieu pour la . première fois il y a quelques
années. C’est alors que M. Charozé, horti-
culteur à la Pyramide, près d’Angers, le re-
marqua par la beauté de ses fruits, mais
surtout par leur précocité. Depuis, non
seulement ces caractères se sont maintenus,
mais ils se sont même accentués, de sorte
qu’aujourd’hui l’on peut affirmer que l’ar-
boriculture fruitière s’est enrichie d’une
nouvelle variété méritante dont voici les
principaux caractères :
Arbre d’une bonne vigueur, très-fertile même
sur les jeunes sujets. Bois plutôt relativement
grêle que gros, ce qui, en général, est un
signe de fertilité. Feuilles longues, très-étroi-
tement saliciformes, fortement dentées en, scie,
acuminées-cuspidées au sommet, très-minces,
molles, d’un vert foncé en dessus, glauces-
centes et comme velues en dessous, à nervures
peu saillantes, même les principales. Fruits
gros, cordiformes, légèrement comprimés, à
peine sillonnés, très-largement arrondis à la
base, comme tronqués au sommet, ordinaire-
ment plus larges que hauts, d’environ 3 cen-
timètres de diamètre sur une hauteur un peu
moindre, épais d’environ 25 millimètres. Queue
ténue, de 40 à 45 millimètres de longueur. Peau
très-brillante, luisante et comme vernie, d’un
rouge noir à la maturité du fruit. Chair légè-
rement adhérente, ferme, non croquante pour-
tant. Eau très-abondante, d’un rouge foncé,
presque noir, d’une saveur fine, sucrée, agréa-
blement parfumée. Noyau largement et cour-
tement ovale, arrondi aux deux bouts, lisse,
uni, blanc jaunâtre.
La Guigne Ramon Oliva paraît avoir
toutes les qualités que doit présenter un
bon fruit ; l’arbre, d’une vigueur moyenne,
est très-productif, et ses fruits beaux, gros
et bons, mûrissent même avant ceux de
Y anglaise hâtive. Voici à ce sujet ce que
nous écrivait l’obtenteur, M. A. Charozé,
en nous envoyant des fruits mûrs le
31 mai :
« ... Les Cerises que je vous adresse ont
été cueillies en pleine pépinière sur un
sujet de semis ; elles étaient déjà parfai-
tement mûres alors que les variétés pré-
coces, dans notre contrée, sont à peine
rouges. »
De tout ceci et de l’étude particulière que
nous avons faite de la Guigne en question,
nous concluons que c’est une variété de
premier mérite, qui sera très-avantageu-
sement cultivée au point de vue de la spécu-
lation. En effet, non seulement l’arbre .est
« très-généreux », mais ses fruits sont
gros, beaux et bons ; comme, d’autre
part, la forme et l’aspect sont jolis, c’est
une variété que tout le monde voudra pos-
séder.
E.-A. Carrière.
LES CHAMBRES D’INTERRUPTION POUR THERMOSIPHONS
La question du chauffage doit préoc-
cuper en premier lieu les cultivateurs qui
créent un ensemble de serres, de bâches
ou de châssis, appareils destinés, dans un
but de rapport ou d’agrément, à l’élevage,
à la conservation et au forçage des plantes
de toute nature.
A ce point de vue, et pour simplifier la
356
LES CHAMBRES D’iNTERRUPTION POUR THERMOSIPHONS.
main-d’œuvre quotidienne tout en assu-
rant une répartition voulue de la chaleur, il
est indispensable de grouper les divers
locaux vitrés de manière qu’une seule chau-
dière puisse produire et mettre en mouve-
ment la somme de calorique nécessaire.
Ici, un point important se présente:
étant donné que l’on doit chauffer en même
temps, et avec des tuyaux de diamètre égal,
des parties où une température chaude,
moyenne ou basse, est demandée, comment
régler à volonté et d’une manière précise le
fonctionnement des conduites? Gomment
aussi supprimer complètement la circula-
tion d’eau chaude dans un compartiment
qui n’est pas employé, ou dans une série de
conduites où des réparations doivent être
faites ?
Voici comment on procède ordinaire-
ment : on augmente, dans les parties où la
température doit être élevée, le nombre des
conduites et des robinets d’arrêt placés à
l’intérieur des tuyaux, en empêchant la cir-
culation d’eau chaude dans telle ou telle
partie de serre.
Ces deux manières d’opérer sont très-
Fig. 75. — Chambre d’interruption simple
vue fermée.
A r.Chambve ;
B Couvercle ;
CC Collets;
D Cadre en caoutchouc;
Fig. 76. — Chambre d’interruption simple
vue ouverte.
E Écrou à branches servant à
fermer la chambre ;
F Orifice d’écoulement.
Fig. 77. — Obturateur vu de face et de côté.
O Plaque en fonte où se loge le tampon ;
T Tampon en fer recouvert de caoutchouc ;
V Tige du tampon portant un pas de vis ;
S Tourniquet qui fait avancer ou reculer le tampon.
Fig. 78. — Vanne fixable simple.
imparfaites. On conçoit qu’avec un certain
nombre de conduites, il est très-difficile de
régler la température, à moins d’ouvrir les
vasistas, ce qui occasionne des courants
d’air, et les robinets d’arrêt, cachés à l’inté-
rieur des tuyaux, sont d’un fonctionnement
douteux et bientôt très-imparfait, à cause
des dépôts de natures diverses qui se
forment à l’intérieur des conduites.
Frappé de ces inconvénients, un cultiva-
teur d’Angers, M. E. Laroche, est arrivé,
après des tâtonnements assez nombreux et
des expériences qu’il a faites dans sa propre
culture, à inventer les appareils que nous
allons décrire, appareils qu’une commission
déléguée par la Société d’horticulture de
Maine-et-Loire a approuvés dans tous leurs
détails, après en avoir suivi minutieuse-
ment le fonctionnement.
La figure 75 représente la chambre d’in-
terruption fermée, l’obturateur (fig. 77) étant
ou non en place.
La figure 76 montre, en coupe, la même
chambre ouverte, et permet de voir en A
le vide que l’obturateur occupe lorsqu’il est
mis en place.
LES CHAMBRES D’iNTERRUPTION POUR TIIERMOSIPIIONS.
L’obturateur (fig. 77), composé d’une
plaque de fonte dans laquelle est placé un
tampon en fer, est garni de caoutchouc,
de manière qu’il s’applique exactement à
l’intérieur des conduites, et ne laisse pas
passer une seule goutte d’eau.
L’arrêt complet de la circulation est donc
établi de la sorte, et une serre entière peut
être immédiatement isolée; mais ce système
ne permet pas de régler progressivement le
chauffage, et c’est pour compléter, quand
besoin est, cette disposition, que M. E. La-
roche a été amené, en perfectionnant son
857
invention, à construire la chambre d’inter-
ruption avec vanne fixable, que nous repré-
sentons vue en dessus, et en coupe, dans
les figures 79 et 80.
Cette dernière disposition permet de ré-
gler, suivant le besoin, la circulation de
l’eau chaude, au moyen de la vanne ou pa-
pillon H, dont on peut toujours surveiller le
bon fonctionnement par l’orifice de la
chambre d’interruption, et, au moyen de
cette chambre, d’isoler complètement une
partie de conduite.
Enfin, la figure 78 nous montre le dessin
Fig. 79. — Chambre d’interruption avec vanne
fixable vue en dessus.
H Vanne ou papillon ;
G Tige de la vanne ;
I Secteur d’arrêt mobile qui fait tourner la tige de la vanne ;
d’une vanne fixable simple, en tout sem-
blable à celle qui est mise à la chambre
d’interruption et que, selon les circonstances,
on place à quelque distance des chambres
d’interruption.
Une objection se présente naturellement
à l’esprit. La chaudière et les conduites
étant remplies d’eau, comment peut-on
lever le couvercle de la chambre d’arrêt
sans que l’eau jaillisse en l’air? Tout sim-
plement en fermant avec des petits bou-
chons les tubes de plomb qui sont placés
sur la partie supérieure des conduites, et
qui servent soit au dégagement de l’air,
lorsque l’on emplit d’eau la chaudière et les
conduites, soit «à la sortie de la vapeur lors-
que celle-ci se dégage de l’eau surchauffée.
La pression atmosphérique ne se fait plus,
alors, dans l’ensemble du chauffage, qui se
trouve transformé en un vaste tube baro-
métrique. Il est cependant nécessaire, après
que l’on a mis les bouchons en place, de
laisser sortir quelques litres d’eau de l’ap-
pareil, au moyen du robinet-purgeur, sans
quoi il y aurait un léger jaillissement.
Nous n’insisterons pas sur les avantages
que présentent les inventions de M. Laroche.
Citons seulement, pour terminer, les conclu-
Fig. 80. — Chambre d’interruption avec vanne
fixable, coupe suivant a b de la figure.
J Écrou à branches qui fixe le secteur d’arrêt, et par suite
la vanne, dans la position que l’on désire.
sions de la commission de la Société d’hor-
ticulture du Maine-et-Loire qui a été char-
gée d’examiner les appareils :
Les chambres d’interruption de M. Laroche
nous ont semblé utiles, pratiques et remplis-
sant parfaitement leur but.
Elles présentent comme grands avantages :
la solidité, la simplicité du mécanisme, la
facilité du fonctionnement.
Elles permettent de vider à volonté et de
garder vides les tuyaux dont on ne se sert pas.
Avec elles, point d’apparences trompeuses ;
lorsqu’on a placé l’obturateur pour fermer un
tuyau, on peut, par la chambre ouverte, consta-
ter tout de suite si l’eau passe ou ne passe pas.
S’il s’est formé des dépôts dans les tuyaux
et dans les chambres qui, depuis longtemps,
n’ont pas servi, on enlève ces dépôts lorsqu’on
ouvre les chambres, et ils ne peuvent créer
d’obstacle à une fermeture hermétique. Cela
est à considérer, car avec les systèmes qui
fonctionnent à l’intérieur des tuyaux sans qu’on
puisse y regarder, on ne sait pas, en somme,
ce qui se passe. Il y a lieu de supposer que
souvent on croit à une fermeture hermétique
qui n’existe pas, et que des appareils qui pré-
sentent à l’atelier et au moment de leur pose
un ajustage parfait, sont, au bout de quelques
mois, loin de fermer exactement.
Ajoutons que, si une pièce des chambres
358
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
venait par hasard à se détériorer, on pourrait
la remplacer sans démonter les tuyaux.
La mobilité des obturateurs procure aussi de
grands avantages. Il résulte de cette mobilité
que, lorsqu’on n’a pas besoin d’interrompre le
chauffage des tuyaux, les chambres placées sur
ces tuyaux restent absolument vides, et qu’il
n’existe alors aucun obstacle à la libre circula-
tion de l’eau, et aussi qu’il n’est pas néces-
saire d’avoir autant d’obturateurs que de
chambres, puisqu’on n’interrompt jamais par-
tout en même temps. La pose des chambres
qui sont munies de collets est facile et très
peu dispendieuse.
Votre commission est donc unanimement
d’avis que les chambres d’interruption sont
appelées à rendre de réels services à l’horti-
culture, et qu’il est à désirer qu’elles soient
connues et répandues.
L’expérience ratifiera sans doute ces conclu-
sions de la Commission angevine.
Ed. André.
ARROSAGE DES ARRRES D’ALIGNEMENT
Quel que soit le mode de plantation et
l’emplacement qu’occupent les arbres sur
les voies ou places publiques, avenues,
squares, etc., le mode d’arrosage, quelle
que soit la force des arbres, est géné-
ralement le même : on verse l’eau dans une
sorte de cuvette pratiquée au pied des su-
jets, ce qui produit là une sorte de limon
vaseux qui peut même être préjudiciable à
l’arbre en s’opposant aux fonctions de son
collet.
Si l’arbre est petit, le mal est faible et peut
même ne pas se produire, parce qu’alors les
racines peu développées se trouvent toujours
dans le voisinage du tronc. Mais, si au con-
traire il s’agit de très-gros arbres, le mode
d’arrosage, étant toujours le même, devient
insuffisant, lors même qu’il n’est pas perni-
cieux. Dans ce cas, en effet, l’eau s’arrête à
la tige ou au collet de l’arbre, là précisé-
ment où il n’y a pas de racines ; celles-ci,
qui sont à plusieurs mètres du tronc, ne
reçoivent pas d’eau, tandis que ce dernier
est entouré d’une couche de liquide qui cause
là une sorte d’asphyxie.
Un tel procédé est-il rationnel ? Evidem-
ment non ; néanmoins c’est, nous le croyons,
le seul employé à peu près partout. Aussi,
tout récemment, avons -nous été très-
agréablement surpris en constatant une
exception à cette malheureuse règle. C’est
en effet M. Chargueraud, professeur d’ar-
boriculture de la Ville de Paris, qui a em-
ployé le système que, avec raison, l’on va
appliquer aux plantations d’alignement ou
autres de la Ville de Paris. Voici en quoi il
consiste : au lieu de faire les cuvettes au-
tour et au contact de la tige, on les fait à
une distance plus ou moins grande et dans
la direction que l’ensemble de l’arbre, c’est-
à-dire branches et côtes (saillies de la tige),
semblent indiquer comme très-racineuse.
Ces cuvettes, qui doivent occuper une su-
perficie plus ou moins grande, peuvent pen-
dant l’opération être reliées entre elles par
une rigole qui conduit l’eau de l’une à
l’autre. En procédant ainsi, l’eau est tou-
jours employée à propos et, quelle que soit
la quantité que l’on mette, elle est toujours
favorable à la végétation et jamais nuisible
à la santé de l’arbre.
E.-A. Carrière.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 12 JUILLET 1888.
Comité de floriculture.
M. G. Mallet, du Plessis-Piquet, avait envoyé
trois Bégonias nouveaux, non encore mis au
commerce : l’un, trapu, vigoureux, très-ra-
mifié, issu d’un semis de B. Lucie Lemoine et
portant de nombreuses fleurs blanches doubles,
assez grandes, bien formées, le tout représen-
tant une belle touffe d’un bon aspect et se
tenant bien; un second, plus élancé, un peu
moins florifère, à fleurs doubles rouge minium,
et provenant d’un semis en mélange; puis une
autre variété à feuilles plus grandes et arron-
dies, et garnie de fleurs saumon foncé.
L’exposant avait, en outre, apporté un pé-
doncule floral du B. Madame Godefroy , mis
au commerce cette année, et dont les fleurs
énormes, réunies au sommet du pédoncule au
nombre de 10 à 12, forment une boule immense
ressemblant à une monstrueuse inflorescence
de Boule-de-neige. Cette variété, provenant
encore d’un semis de Lucie Lemoine, pousse
peu et ne forme pas de belles plantes, toute la
force de la sève étant concentrée vers l’unique
bouquet de fleurs.
M. Ch. Launay, horticulteur à Sceaux, expo-
sait un énorme bouquet d’Œillets de semis dans
lesquels, par sélection, il a obtenu 50 p. 100
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
359
de doubles, de couleurs très-variées, offrant
tous les tons rouges, roses, violacés, unicolores
et striés. C’est un procédé, dit-il, des plus fa-
ciles, et qui évite les ennuis du marcottage.
. MM. Chantrier frères, horticulteurs à Mor-
tefontaine , présentaient un Anoplophytum
strictum , variété Krameri , jolie petite Bro-
méliacée de serre tempérée à feuilles recour-
bées, arquées, gris verdâtre, portant une
hampe florale à bractées rose carminé très-vif
et des fleurs violacées. C’est une forme rare
et peu cultivée.
M. Dallé, rue Pierre-Charron, à Paris, nous
a montré quelques jolies Orchidées :
Anguloa Ruckeri media , à fleur arrondie
brun-rouge violacé intérieurement, et jaune à
l’extérieur ;
A. purpurea ;
Un Pescatorea Klabochorum alba portant
deux fleurs acaules blanc bordé de violet bru-
nâtre, et un Oncidium divaricatum.
Mlle Marie Perrin, à Écouché (Orne), avait
adressé à la Société une caissette de fleurs
coupées de Bégonias à fleurs doubles très-
grandes et très-belles, roses et saumon, dont
elle avait déjà, à la dernière séance, envoyé
des échantillons. Les plantes étant en pleine
terre, elle ne pouvait en envoyer des pieds en
pot, mais elle se propose d’en soumettre à la
Société l’année prochaine.
M. Garden, avenue de Bellevue, à Bois-Co-
lombes, soumettait au comité deux Lycaste
candida , type sauvage, plante de serre froide,
introduite de Costa-Rica, déjà connue, mais
rare dans les cultures ;
Deux Cypripedium bellatulum , introduits
de l’Indo-Ghine l’hiver dernier, et récemment
mis au commerce. Les fleurs sont grandes,
arrondies’, blanchâtres, parsemées de nom-
breuses macules violet noirâtre ; c’est une
plante vigoureuse de serre chaude, probable-
ment hybride des C. concolor et niveum.
M. Ed. André avait envoyé de ses serres de
Lacroix, en Touraine, une nouvelle Bromé-
liacée, YÆchmea Drakeana , qu’il a reçue de
graines en 1882, venant de l’Écuador, où elle
avait été découverte par M. H. Poortman.
Cette charmante nouveauté est de taille
moyenne, ce qui la rendra précieuse pour les
appartements. Elle porte une tige dressée, ne
dépassant pas 50 centimètres de hauteur, et
un épi simple de fleurs à long tube du plus
beau bleu céleste, qui contraste de la manière
la plus heureuse avec le ton de laque rose du
calyce, de l’ovaire et du rachis.
M. Driger, chef des cultures au pensionnat
des frères de Passy, exposait un Cattleya
Warneri garni de nombreuses et grandes
fleurs lilas carminé très-vif; la plante était fort
belle, bien développée, et témoignait des bons
soins et des connaissances du jardinier.
Au moment de clore la séance, on a reçu de
M. Augis, horticulteur, rue de Fontenay, au
Grand-Montrouge, une collection de fleurs
coupées de Balsamines doubles de toute beauté,
qu’on eût prises à première vue pour des fleurs
de Camellia. M. Augis cultive depuis douze
ans, et sème en mars, cette race à pied court,
trapue et très-florifère.
Comité de culture maraîchère.
Les envois de M. Georges Chemin, à Issy,
se composaient de quatre fort beaux Melons
Cantaloup à fond gris. Ces produits, obtenus
d’après la culture des maraîchers de Paris,
sous cloche, étaient bien venus, grands, bien
arrondis. Puis six Concombres blancs longs de
Belœil, fort beaux et paraissant bien tendres.
De M. Cottereau, 189, rue de Javel, à Paris,
des Artichauts récoltés sur des œilletons
plantés en août 1887, sous l’ombrage de Choux-
Fleurs. L’hiver, il les protège avec quelques
cloches ou un abri quelconque, et il en obtient
assez tôt une belle récolte.
Ce même exposant avait, en outre, un se-
mis du Fraisier des Quatre-Saisons amélioré ,
Fraises très-belles, très-savoureuses et bien
formées. Il a semé les graines en 1887, et mis
les plants en place fin juillet de la même
année.
M. Millet, horticulteur à Bourg-la-Reine,
avait envoyé une corbeille de Fraises de la va-
riété Éléonore , race tardive, très-productive, à
fruits volumineux, carrés, très-beaux, d’un
rouge vif, d’un bon goût et d’un grand ren-
dement.
Une autre boîte de Fraises avait encore été
envoyée par M. Lefort, secrétaire de la Société
horticole de Meaux ; c’était un semis de
Fraises Madame Béraud. Les fruits étaient
assez beaux, bien colorés, de grosseur moyenne
et d’un goût agréable.
Comité de pomologie.
Il n’y avait qu’un envoi de M. Sautel, horti-
culteur à Salon (Bouches-du-Rhône) ; il com-
prenait :
Deux Pommes Early Hartwerts , rondes,
jaune verdâtre, assez bonnes.
Deux Pommes Soflahalm , petites, arrondies,
blanc verdâtre, marquées de raies rouges,
d’un bon goût et rappelant un peu les Pigeon-
net d'été.
Des Abricots Commun de Provence et
Pommeau de Roquevain , tous deux assez mé-
diocres.
Des Prunes Monsieur hâtif et des Reines-
Claudes Précoce de Bazaimbaud} rondes,
jaune verdâtre.
Deux Poires Beurré de Montécat, assez
grosses, fort belles.
Ces fruits étaient médiocres, peu savoureux,
fades, et n’avaient pas atteint leur maturité, ni
même leur complet développement.
Quelques Figues violettes étaient meilleures.
Ch. Thays*
360
CORRESPONDANCE.
CORRESPONDANCE
N° 5412 {Italie). — Le noyau dont vous
nous avez envoyé le dessin appartient au fruit
du Manguier ( Mangifera indica). Ce fruit
n’est bon que sous les tropiques, surtout lors-
qu’il est représenté par de bonnes variétés
greffées, qui ont infiniment plus de saveur et
de valeur que le type sauvage.
Nous n’avons pas entendu dire jusqu’ici que
l’on ait obtenu des fruits mûrs de Manguier en
serre. Un amateur bordelais, M. Ed. Lafon,
en avait autrefois qui fleurissaient chaque
année, mais ne produisaient pas de fruits.
N° 34 i 3 {Jura). — Vous pourrez vous pro-
curer l’abri vitré mobile pour espalier en vous
adressant directement à l’inventeur-construc-
teur, M. Brochard, rue Sauvai, nos 5 et 7, à
Paris.
N° 4079 (Somme). — L’appareil le plus
pratique que nous ayons vu jusqu’ici pour
le transport et l’emploi des matières fécales
liquides est celui qui a été décrit dans le Livre
de la Ferme et des Maisons de Campagne ,
p. 74. Dans les contrées où l’engrais humain
est utilisé sous cette forme dans des propor-
tions importantes, en Hollande, notamment, on
le transporte simplement dans des baquets
assez grands, où l’on puise à l’aide d’une sorte
d’écope ou pot fixée à l’extrémité d’une perche.
Au moyen du sulfate de fer, on peut d’ailleurs
diminuer considérablement les émanations désa-
gréables et aussi l’évaporation de certains prin-
cipes fertilisants.
Nous nous conformerons prochainement à
votre désir au sujet des théories arboricoles
de l’abbé Lefèvre.
M. J.-L., Joinville-le-Pont {Seine). — Le
bureau central de la chambre syndicale des
ouvriers jardiniers de la Seine a son siège à
Paris, rue Aumaire, n° 13. Le président se
nomme M. Lorgniet, et le secrétaire, M. Gué-
rin, qui demeure 78, faubourg Saint-Martin,
vous donnera les renseignements dont vous
pouvez avoir besoin.
M. G. -R., Vendôme {Loir-et-Cher). — L’ou-
vrage qui aurait pu répondre à peu près exac-
tement à ce que vous désirez avoir est le Ver-
ger, par M. A. Mas, mais il est épuisé.
N° 3338 {Indre-et-Loire). — De tous les
moyens recommandés pour détruire les vers
blancs, outre la chasse directe qui, lorsqu’on
peut la faire, est toujours préférable, le meil-
leur moyen est l’emploi du sulfure de carbone;
mais comme c’est une substance très-éner-
gique, il faut procéder avec beaucoup de ré-
serve, autrement on pourrait brûler les plantes.
Quelques personnes ignorant les propriétés
ou plutôt la nature du sulfure de carbone, ont
recommandé de l’étendre d’eau, afin d’en atté-
nuer l’effet corrosif. C’est là une grande er-
reur, le sulfure de carbone, infiniment plus
dense que l’eau, ne se mélange pas avec
celle-ci. Lorsqu’on veut imprégner un sol avec
le sulfure de carbone, il faut employer un pal
injecteur, ce qui demande une certaine habi-
tude qu’on n’acquiert que par la pratique,
mais qui, manié par des mains inhabiles, pour-
rait entraîner des inconvénients qu’il faut
éviter. D’autre part, le sulfure de carbone
étant très-inflammable et très-volatil, son em-
ploi présente toujours du danger et exige une
grande prudence. Donc, le mieux est d’avoir
recours aux capsules Étienbled au sulfure de
carbone; elles sont fabriquées par M. Remilly,
chimiste, fabricant à Versailles, à qui vous
pouvez vous adresser et qui vous donnera les
renseignements nécessaires pour leur emploi.
M. F. -R., Joigny (Yonne). — L’incision
annulaire donne toujours de bons résultats
quand elle est bien pratiquée. Au lieu d’attri-
buer à l’usage de ce procédé l’affaiblissement
et la stérilité des Vignes qui y ont été sou-
mises, il faudrait rechercher quelles autres
causes ont pu produire les mauvais résultats
dont vous avez eu à vous plaindre. Il n’y a
de vraiment efficace et convaincant, que les
expériences comparatives.
En ce qui concerne l’incision annulaire,
quoi de plus facile, pour en expérimenter la
valeur, que de l’appliquer alternativement, par
exemple, à un cep sur deux ? Vous auriez
ainsi un sérieux moyen de comparaison.
L'Administrateur- Gérant : L. Bourguignon.
Imp. Georges Jacob,
Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE.
361
CHRONIQUE HORTICOLE
Le temps. — Lorage du 25 juillet dernier. — Le mildiou. — Les premières Pêches à Montreuil, en 1888.
— Conditions de transport des produits de l’horticulture pour l’Exposition universelle. — Choisya
ternata. — Les variations de forme des grains et pépins chez les Vignes cultivées de l’ancien
monde. — Les Rosiers croissant naturellement dans le département d’Indre-et-Loire. — Heuchera
sançjuinea. — Le parfum des Orchidées. — Question de priorité. — Recherche d’individus femelles
d’igname de Chine. — Le forçage des Lauriers-Tins. — Le trisulfure de carbone. — Moyens de
remédier aux altérations du cidre. — L’engrais humain en horticulture. — Distinction à l’horticul-
ture. — Erratum. — Congrès pomologique de France. — Memento des expositions.
Le temps. — La saison avance, mais
sans qu’il y ait jusqu’ici beaucoup de change-
ment dans l’état de l’atmosphère. On avait
toujours espéré que le mois de juin qui, en
général, exerce une influence si salutaire sur
les cultures ayant souffert des intempéries,
remettrait les choses à leur état normal, ou à
peu près. Malheureusement il n’en est rien.
Juin-juillet sont passés sans amélioration
sensible, et les perturbations atmosphé-
riques continuent. La température, généra-
lement très-variable et peu élevée, présente
des écarts importants et instantanés : des
courants chauds qui amènent des orages ou
même des sortes de giboulées froides comme
à l’automne. On pourrait, d’une manière gé-
nérale, se faire une idée de l’ensemble des
faits atmosphériques auxquels nous assis-
tons, par cet exposé : Température basse et
irrégulière ; pluies fréquentes (il est même
très-rare que depuis deux mois il se passe
un jour sans eau) ; le mois de juillet, surtout,
a été tout particulièrement « maussade », et
dans la dernière quinzaine, on a même été
plusieurs jours de suite sans voir le soleil ; en
revanche un grand vent froid, accompagné
de pluie, rappelait assez ce qu’on observe sou-
vent en septembre. Voilà généralement ce
qu’ont été les choses jusqu’au 31 juillet.
Malheureusement ces faits ne sont pas une
exception ; ils semblent même s’étendre dans
un rayon assez grand, ce que démontre la
lettre suivante que nous adresse M. Jouin,
chef de culture de MM. Simon-Louis frères :
Plantières-les-Metz (Alsace-Lorraine),
26 juillet.
Que penser d’un temps pareil à celui que
nous avons! Je ne sais si, à Paris, on est
plus favorisé que nous, mais ici, c’est déplo-
rable, et même sans exemple. Depuis deux
mois il tombe de l’eau tous les jours, de sorte
que nous ne pouvons entrer dans nos pépi-
nières, où l’on enfonce jusqu’aux genoux. Nous
ne pouvons greffer, et il fait relativement froid.
Malgré cela les arbres poussent très-bien.
D’autre part les Vignes, partout, étaient
très-belles et tellement chargées de Raisins que
tout faisait espérer une récolte exceptionnelle
qui malheureusement aujourd’hui esttrès-com-
promise. Il y a même plus, chez certaines va-
riétés, les Raisins sont tous tombés. Qu’allons
nous devenir?
Cette phrase, par laquelle notre collabo-
rateur termine sa lettre, est à peu près celle
par laquelle chacun s’aborde, ce qui n’avance
guère la question. Au lieu de se décourager
et de récriminer contre des faits auxquels
nous ne pouvons rien, tâchons, à l’aide d’opé-
rations en rapport avec les circonstances,
de remédier au mal et même de l’atténuer
par des pratiques spéciales, là où la chose
est possible. Ainsi, pour ce qui est de
la Vigne, pratiquons l’épamprage, le ro-
gnage de manière que la sève soit em-
ployée à la nourriture des fruits, que
ceux-ci reçoivent plus de chaleur et surtout
plus de lumière, de manière à ce que, bien
éclairés, les Raisins puissent mieux mûrir.
Ajoutons, du reste, que pour les Vignes le
mal n’est pas si grand qu’on semble le
croire, car malgré les intempéries dont nous
avons parlé, les Raisins ont grossi et sont
relativement beaux. Il y a bien aussi la cou-
lure, mais, outre que celle-ci n’est pas gé-
nérale, la quantité de grappes est telle, que,
si le temps redevenait propice, on aurait
encore une récolte au-dessus de la moyenne.
Espérons qu’il en sera ainsi.
L’orage du 25 juillet dernier. — Jus-
qu’à ce jour, les orages qui s’étaient dé-
chaînés sur nous étaient nombreux ; aucun,
toutefois, n’avait été désastreux. Mais le
mercredi 25 juillet, il en fut autrement, au
moins pour celui qui s’abattit sur diverses
localités du département de l’Yonne. Par
exemple, à Montereau, on a ramassé des
grêlons du poids de 35 à 150 grammes. On
nous informe qu’à la fabrique de faïence, il
n’est pas resté une seule vitre. Les maraî-
chers ont également éprouvé de très-
grandes pertes : châssis et cloches sont
16
16 Août 1888.
362
CHRONIQUE HORTICOLE.
brisés. On nous assure que, depuis Monte-
reau, en allant dans la direction de Provins,
toutes les récoltes sont très-endommagées.
La grêle tombait avec une telle violence que
les récoltes sont hachées; on n’a encore
aucune appréciation sur l’ensemble des dé-
gâts, qui sont considérables.
Le mildiou. — Malgré la température
froide et l’humidité à peu près constante
qu’il fait, le mildiou se montre sur divers
points, même aux environs de Paris, no-
tamment à Argenteuil. Cette fois, les cul-
tivateurs paraissent disposés à combattre
sérieusement l’ennemi; plusieurs ont déjà
mis en pratique les remèdes préconisés. On
reconnaît aujourd’hui qu’il ne faut plus
compter, comme on le faisait autrefois, sur
une immunité due au climat, et que succes-
sivement tous seront envahis. Toutefois, il
ne faut pas être trop pessimiste et s’alarmer
outre mesure, car le mal paraît se montrer
avec infiniment moins d’intensité que l’an-
née dernière ; on semble même autorisé à
croire qu’il a une tendance à s’affaiblir. En
attendant, il ne faut pas se reposer sur une
quiétude qui pourrait devenir fatale. Au
contraire, tout en espérant un avenir meil-
leur, il faut se tenir sur la réserve, et au
lieu de se croiser les bras et d’attendre le
salut des circonstances, il faut mettre en
pratique ce dicton, fils de la prudence :
Aide-toi , le ciel t’aidera.
Les premières Pêches à Montreuil en
1888. — Les qualificatifs « Pêches de
mai » et même « de juin », que l’on donne
parfois à certaines variétés américaines, ne
se sont pas justifiés cette année : loin de là.
Ainsi le 30 juillet nous cueillions la variété
Wellder ; le 23, Amsden ; le 25, Précoce
Alexander. Enfin, la Pêche Early Béa-
trice, qui ne venait que la quatrième, mû-
rissait seulement le 28 juillet. Ajoutons
que, loin d’être de première qualité, tous
ces fruits étaient médiocres, dépourvus de
sucre, fait dû à la température froide et hu-
mide qu’il a fait cette année.
Conditions de transport des produits
de l’horticulture pour l’Exposition uni-
verselle. — Ces conditions de transports
ont été définitivement fixées par un règle-
ment : les produits de toute nature seront
transportés par les compagnies à moitié prix
des tarifs généraux et spéciaux autres que
ceux des expositions et concours ordinaires.
Les exposants recevront, en temps utile,
leur certificat d’admission, et en même
temps les étiquettes, de couleur vert clair,
qui devront accompagner leurs envois.
Choisya ternata. — Si cet arbuste
n’est pas suffisamment rustique pour pas-
ser l’hiver en plein air dans le nord et
même dans certaines parties du centre de
la France, il est cependant tellement ro-
buste, qu’il suffit de l’abriter légèrement
pendant les plus grands froids pour qu’il ré-
siste et puisse fleurir parfaitement. Ajoutons
que c’est probablement l’arbuste printanier*
le plus méritant qu’il soit possible de voir.
Outre qu’il est très-vigoureux et que son
magnifique et persistant feuillage, luisant et
d’un très-beau vert foncé, n’est jamais atta-
qué par les insectes, ses abondantes fleurs
réunies en élégants corymbes , grandes,
d’un blanc pur, à odeur délicieuse, se suc-
cèdent pendant presque deux mois (avril-
mai). Elles se conservent très-longtemps
dans l’eau et sont très-propres à la confec-
tion des bouquets. Longtemps avant d’être
épanouis, les boutons simulent parfaitement
les fleurs d’Orangers, qu’ils surpassent
même en légèreté. Pour l’Ouest, l’Est et
surtout le Midi de la France, c’est l’un des
plus beaux arbustes d’ornement. On ne
comprend même pas que les Niçois ne
l’aient pas déjà exploité pour en couper et
en expédier les fleurs.
Les variations de forme des grains et
pépins chez les Vignes cultivées de
l'ancien monde. — Dans une étude pu-
bliée dans le Bulletin de la Société d’hor-
ticulture de la Seine - Inférieure, M. H.
Gadeau de Kerville a examiné cette très-
intéressante question, et rappelé les faits
principaux qui permettent aujourd’hui
d’affirmer que toutes les Vignes cultivées
de l’ancien monde proviennent d’une seule
espèce, le Vitis vinifera, déjà nettement
caractérisée à l’époque quaternaire.
A l’aide d’un certain nombre de dessins
qui accompagnent cette étude, M. Godeau
de Kerville indique les différentes formes
que prennent les grains : les uns sont sphé-
riques, d’autres ovoïdes ou ellipsoïdes,
d’autres très-allongés comme des corni-
chons, etc. L’allongement des pépins suit
celui des grains.
Les Rosiers croissant naturellement
dans le département dlndre-et-Loire.
— Nous remarquons, dans le dernier Bul-
letin, de la Société botanique de France
CHRONIQUE HORTICOLE.
363
l’énumération de 54 espèces de Rosiers
croissant à l’état sauvage dans le départe-
ment d’Indre-et-Loire, où elles ont été ren-
contrées et collectées par M. Tourlet, de
1864 à 1886, et par M. G. Chastaingt, de
1877 à 4887.
La plupart de ces espèces ont été com-
parées avec les types authentiques conservés
dans l’herbier du Muséum, à Paris, ce qui
a permis aux botanistes précités de ne con-
server aucun doute sur l’identité des spéci-
mens recueillis.
Heuchera sanguinea. — Cette char-
mante petite plante vivace, de pleine terre,
encore très-peu répandue, est destinée à
rendre de très-grands services, surtout
pour la décoration des rochers ou dans
d’autres situations analogues.
Elle forme de charmantes rosettes de
feuilles tachetées ^e blanc et de rouge, et
ses inflorescences écarlates, sur des hampes
légères, ondulent comme des plumes sous
l’effort de la brise la plus légère.
L 'Heuchera sanguinea est originaire
du Mexique. Il a été découvert dans la ré-
gion montagneuse de La Bufa, émergeant
de crevasses ou fissures de roches. C’est une
addition très précieuse à la série des plantes
alpines, déjà si intéressante. On en a parlé
pour la première fois il y a quelques années ;
la plante commence à se répandre, on ne
saurait trop la recommander. On la cultive
en terre légère et à une exposition demi-
ombragée ; la terre de bruyère lui convient
particulièrement.
Le parfum des Orchidées. — Tout a été
dit sur la bizarrerie des Orchidées, sur leurs
formes capricieuses, sur la façon, bien sou-
vent anormale, dont elles se développent
dans leurs positions aériennes ; voici main-
tenant un amateur anglais qui a patiemment
analysé le parfum dégagé par un grand
nombre d’espèces, et nous reproduisons le
résultat de ses recherches olfactives :
Cattleya citrina : odeur de fleurs d’oranger.
Cattleya Mossiæ: les deux pétales ont le
parfum du miel, labelle sans odeur.
Cœlogyne cristata : Muguet.
Cœlogyne flaccida : odeur ammoniacale assez
prononcée.
Dendrobium crystallinum : parfum du miel
de bruyère.
Dendrobium fimbriatum : odeur de créosote.
Dendrobium heterocarpum : odeur du sa-
von de Windsor (?).
Dendrobium primulinum : Lilas et miel.
Dendrobium Wardianum: Églantine.
Epidendrum fragrans: odeur de noyaux.
Epidendrum virens : Foin et Bergamote.
Galeandra Devoniana : Bruyère.
Lælia albida : miel et fleurs de Tilleul.
Mormodes pardinum : bois de Santal.
Odontoglossum blandum : faux parfum de
Jasmin.
Odontoglossum Halli : rappelle l’odeur qui
s’exhale d’un champ de Fèvres (!).
Odontoglossum maculatum : Daphné.
Odontoglossum pulchellum majus : Mu-
guet.
Phalœnopsis Schilleriana : Daphné des
Indes et Violette.
Stanhopea tigrina : Vanille.
Zygopetcilum Mackayi : Lilas.
Il y a en a, on le voit, pour tous les
goûts. Cette liste pourrait être allongée, car
plusieurs espèces à parfum très-caractéris-
tique n’y sont pas mentionnées. Nous avons
autrefois donné nous-mème, dans V Illus-
tration horticole , une liste très-étendue
de ces Orchidées odorantes, dont M. A.
Piivière s’était aussi occupée; mais, telle
qu’elle est, la liste précédente suffit pour
donner une idée de l’extrême variété que
résente le parfum des Orchidées.
Question de priorité. — Dans le der-
nier numéro de la Revue horticole ,
page 317, il est dit, en parlant du monu-
ment qui va être élevé à M. J.-E. Planchon,
que ce savant découvrit le premier le phyl-
loxéra en compagnie de MM. F. Sahut et
G. Bazille.
M. F. Sahut nous écrit pour nous faire
observer que c’est lui qui, le premier de ses
deux collègues, vit les points jaunes sur les
racines qu’ils examinaient ensemble, qui
les montra à M. Planchon et qui reconnut
que ces points jaunes étaient des pucerons.
Nous donnons bien volontiers acte à M. F.
Sahut de sa revendication de priorité, qui
n’enlève rien aux mérites de celui dont la
ville natale se prépare à reconnaître par un
témoignage public les vastes connaissances
scientifiques et les services rendus au pays.
Recherche d’individus femelles d’i-
gname de Chine. — L’Igname de Chine,
dont les qualités alimentaires sont depuis
fort longtemps bien établies, se répand fort
peu dans les cultures à cause des difficultés
qu’en présente l’arrachage. En effet, les tu-
bercules de cette plante pénètrent dans le
sol jusqu’à une profondeur de 80 centi-
mètres, ce qui oblige à faire de véritables
terrassements pour obtenir une récolte peu
importante.
364
CHRONIQUE HORTICOLE.
On cherche depuis quelques années à
obtenir, par le semis, des variétés nouvelles
dont la racine, en se développant, prendrait
une forme différente ; mais ici une grosse
difficulté se présente : les individus fe-
melles, tant en France qu’en Algérie, font
presque partout défaut, et c’est aux pays
d’origine, c’est-à-dire à la Chine et au Japon,
qu’il faudra avoir recours pour se procurer
en quantité les individus de ce sexe.
Le forçage des Lauriers-Tins. — Le
Garden recommande la culture forcée du
Laurier-Tin ( Viburnum Tinus) qui, effec-
tivement, lorsqu’il est ainsi traité, produit
pendant tout l’hiver de jolis paquets de
fleurs, plus légers, et, par suite, plus élé-
gants que ceux qu’il donne en plein air.
Le feuillage persistant de cette espèce
augmente encore ses qualités décoratives
en donnant aux fleurs un fond sombre sur
lequel elles se détachent d’une manière
charmante.
Le trisulfure de carbone. — Des ex-
périences ont été faites, depuis un certain
temps déjà, dans l’Hérault, par M. Rohart,
poui’ le traitement des Vignes pliylloxérées
par le trisulfure de carbone.
Il parait que ces esssais ont donné des
résultats tout à fait satisfaisants. Une com-
mission composée de viticulteurs expéri-
mentés, parmi lesquels se trouvaient
M. F. Sahut, vice-président de la société
d’horticulture de l’Hérault, et M. Bouschet
de Bernard, a récemment examiné l’état du
vignoble traité. La végétation de la Vigne a
été reconnue superbe et supérieure à celle
d’une vigne voisine, traitée au sulfocarbo-
nate. Aucune souche n’a été endommagée
par le traitement. Une constatation très-
importante qui a été faite, c’est que le
traitement au trisulfure a une régularité
d’action parfaite, ce qui lui donne une
grande supériorité sur l’emploi du sulfure
de carbone.
Dans le vignoble de M. Delpon, à Rieutort,
50,000 souches ont été également traitées au
trisulfure, et les résultats ont été les mêmes.
Moyens de remédier aux altérations
du cidre. — Le syndicat de Pont-Audemer
indique les procédés suivants, qu’il sera in-
téressant de connaître, principalement pour
nos lecteurs du Nord-Ouest :
1° Cidre trouble. — Lorsque le cidre ne se
clarifie pas, il doit ce défaut à des pommes
trop peu mûres, ou à des pommes mal conser-
vées, ou à un arrêt de fermentation causé par
un brusque refroidissement de température.
Pour y remédier, on ajoutera 250 grammes de
sucre, dissous dans du cidre tiède ou chaud,
pour un hectolitre. La fermentation reprendra
et le cidre deviendra limpide ; ne pas attendre
que le cidre soit aigri. On soutirera ensuite.
2° Cidre acide, pousse. — Cet accident est
dû à un ferment vicieux. Il faut coller le cidre
avec du cachou, 60 grammes par hectolitre,
puis le transvaser dans un fût préalablement
soufré.
3° Cidre gras de consistance visqueuse. —
C’est encore l’effet d’un ferment vicieux qui
s’observe aussi dans le vin blanc. On y remédie
en ajoutant 300 grammes d’alcool, avec 5 à 6
grammes de tannin par hectolitre. La matière
visqueuse se dépose au fond. Alors il faut sou-
tirer.
4° Cidre qui noircit, qui se tue, et devient
plat. — On attribue cette maladie aux eaux
malpropres des mares ou aux eaux calcaires et
séléniteuses mêlées au cic[re. On y remédie en
introduisant 20 grammes d’acide tartrique ou
20 grammes de tannin par hectolitre; on peut
remplacer le tannin par de l’écorce de Chêne
râpée ou des fruits du Sorbier, qui sont riches
en acide tannique.
5° Cidre moisi, qui se couvre de petites
moisissures blanchâtres, nommées fleurs. —
Il perd son alcool et devient plat. Il faut sou-
tirer en laissant la surface chargée de moisis-
sures, puis faire le plein dans le nouveau fût
préalablement soufré.
6° Cidre aigre, dont Valcool se transforme
en vinaigre. — C’est la maladie la plus com-
mune et celle qui empêche la propagation du
cidre ; elle est due à l’introduction de l’air dans
le tonneau en vidange. On y obvie en couvrant
la masse liquide d’une couche d’huile d’olive
ou d’œillette.
Les cidres altérés doivent être consom-
més le plus vite possible après le traite-
ment.
L’engrais humain en horticulture.
— M. Hardy expérimente actuellement
et avec succès, à l’École nationale d’horti-
culture de Versailles, un engrais dont on
n’a guère l’habitude de déterminer la com-
position, et dont la qualité cependant ne
laisse rien à désirer. Il doit, du moins,
être ainsi, à en juger par le superlatif dont
on l’a baptisé : Engrais Excelsior.
Les Chinois et les Flamands, auxquels le
directeur de l’École de Versailles n’entend
pas que ses élèves restent inférieurs au
point de vue cultural, emploient déjà depuis
longtemps cet engrais humain dont les ré-
sultats sont très-satisfaisants.
Quelle magnifique végétation l’on obtient
avec Y Excelsior ! Sans aller en Chine ni en
CHRONIQUE RORTICOLE.
365
Flandre, on peut facilement se rendre
compte des résultats obtenus. Il ne convient
guère ici d’exprimer des répugnances qui ne
sauraient être de mise dans une question
aussi importante que celle des engrais.
Que de fois n’a-t-on pas reproché aux
instituteurs de campagne de ne pas faire de
leur école, au moyen des jardins qu’on leur
concède, de petites écoles d’horticulture ?
La question de l’engrais a toujours été la
pierre d’achoppement où sont venues se
heurter les bonnes volontés : les instituteurs
manquent d’engrais.
Quelques-uns, cependant, pleins de con-
fiance et de courage, ont eu recours à VEx-
celsior, mais c’est le petit nombre.
Il faudrait, pour généraliser cet usage
dans les écoles, que les <c privés » — c’est
le mot officiel — fussent tous munis de
fosses mobiles de petite dimension, facile-
ment transportables.
Mais, la fosse mobile n’existe presque
nulle part. Partout, dans les nouvelles
constructions scolaires, se voient des fosses
fixes plutôt de grande que de petite dimen-
sion ; et l’on peut dire que nulle part l’en-
grais de l’école n’est utilisé « pour le jardin
de l’école ».
L’engrais humain donne cependant des
résultats excellents, l’économie qu’on réalise
en l’employant est importante et nous sou-
haitons que l’exemple de l’École d’horticul-
ture de Versailles soit suivi partout.
Distinction à l’horticulture. — Nous
apprenons avec plaisir que notre excellent
collaborateur, M. Ch. Baltet, vient de rece-
voir la Couronne de chêne, des Pays-Bas.
Tous les amis de l’horticulture applaudiront
à cette nouvelle récompense.
Erratum. — Parmi les horticulteurs
qui ont déjà commencé leurs plantations
pour l’Expostiion de 1889 et dont nous
avons parlé dans le dernier numéro de la
Revue horticole , c’est M. Lagrange, horti-
culteur, à Oullins (Bhône), qu’il faut lire et
non M. Lalande, comme il a été imprimé
par erreur.
E.-A. Carrière et Ed. André.
Congrès pomologique de France. — La
30e session de la Société pomologique de
France se tiendra cette année à Bordeaux. La
séance d’ouverture aura lieu le lundi 17 sep-
tembre.
La Société s’occupera pendant cette session :
1° De l’appréciation des fruits admis à l’étude ;
2" Des fruits spécialement étudiés et présentés ;
3° De l’étude et de la dégustation des fruits dé-
posés sur le bureau ;
4° De la situation financière de la Société ;
5° De la médaille à décerner à la personne qui a
rendu le plus de service à la pomologie française;
6° Du lieu ovi se tiendra la session suivante.
Les questions suivantes seront ensuite dis-
cutées :
1° Meilleures variétés de Poires et de Pommes
pour les plantations commerciales, en plein champ ;
2° Taille d’hiver des ramifications fruitières du
Poirier et du Pommier ; opérations d’été à appli-
quer aux bourgeons de ces arbres ;
3° Chlorose des arbres fruitiers, moyens de la
combattré ;
4° Tavelure des fruits, moyens de la prévenir;
5° Terrains favorables aux cépages américains ;
6° Greffage aérien de la Vigne, au bouchon;
7° Hybridation des cépages, procédés à employer,
avantages qui en résultent ;
8° Greffage du Pommier à cidre sur Doucin,
forme et place des arbres, distances de plan-
tation ;
9° Élevage du Pommier à cidre de pépinière ;
10° Meilleur modèle de sécateur, les divers mo-
dèles en usage devront être présentés.
Envoyer les adhésions à M. le Président de
la Société pomologique de France, palais des
Arts, à Lyon.
La Société a demandé aux Compagnies de
chemins de fer la faveur du demi-tarif pour les
délégués au Congrès, et elle espère que sa dé-
marche recevra de toutes les Compagnies un
accueil favorable.
Mémento des Expositions.
Voici la liste des Expositions précédemment
annoncées :
Bougival. — Exp. gén. (Chr. n° 9), 29 août au
3 septembre.
Fontainebleau. — Exp. gén. (Chr. n« 14) 25 au
au 27 août.
Lyon. — Exp. gén. (Chr. n° 11), 13 au 17 septembre.
Meaux. — Exp. gén. (Chr. n° 5), 7 au 9 septembre.
Mézidon. — Exp. gén. (Chr. n° 10), 16 septembre.
Paris. — Chrysanthèmes (Ch.no 14), 22 au 25 no-
vembre.
Paris. — Végétaux d’ornements (Chr. no 15),
25 juillet au 5 novembre.
Roubaix. — Chrysanthèmes (Chr. n° 5) , 17 novembre.
Saint-Germain-en-Laye. Exp. gén. (Chr. n° 10),
26 au 29 août.
Saint-Mandé. — Exp. gén. (Chr. n° 12), 16 au
23 septembre.
Toulouse. — Exp. de culture maraîchère, culture
ornementale et arboriculture fruitière (Chr.
n° 11), 27 au 30 septembre.
— Même Exp. et spécialement Exp. de Chrysan-
thèmes (Chr. n° 11), 15 au 18 novembre.
Valognes. — Exp. locale (Chr. n° 8), 1er au 4 sept.
Gand. — Floriculture (Chr.n0 11), 2 au 3 septembre.
— Chrysanthèmes (Chr. n° 11), 18 au 22 nov.
Lausanne. — Exp. gén. (Chr. n° 8), 20 au 25 sept.
Vienne. — Fruits (Ch. n» 15), 29 septembre au
7 octobre.
366
UN NOUVEAU PHŒNIX HYBRIDE.
UN NOUVEAU PHŒNIX HYBRIDE
Les Dattiers cultivés dans le midi de la
France sont d’une grande valeur commer-
ciale ; mais en dehors de leurs qualités dé-
coratives, ils ne sont d’aucune utilité. Les
fruits qu’ils produisent n’arrivent qu’à une
maturité incomplète et sont à peine comes-
tibles. Le Phoenix dactylifera lui-même
qui, dans les oasis des grands déserts afri-
cains, se charge de Dattes succulentes comme
celles connues dans le commerce sous le
nom de Dattes de Biskra, ne donne que des
récoltes médiocres, même à Alger. En Pro-
vence, les fruits mûrissent assez pour que
les graines soient pourvues d’embryon et
puissent germer, mais leur pulpe n’est pas
comestible. Il y aurait donc un grand inté-
rêt à trouver un Palmier qui, tout en offrant
les qualités décoratives des Phoenix cul-
Fig. 81. — Fruit et noyau du Phoenix dactylifera.
tivés dans le midi, réunit les avantages des
Dattiers africains. Ce problème, qui intéresse
au plus haut degré l’horticulture provençale
et du nord de l’Algérie, vient d’être résolu,
en partie du moins, par l’apparition d’un
Palmier hybride obtenu à Cannes.
Cette] plante a actuellement six ou sept
ans, et, si l’on en juge par son aspect, elle
est probablement issue d’un croisement
entre le Phoenix canariensis fécondé par le
Ph. dactylifera.
Du premier, elle se distingue par son port
moins robuste, ses feuilles plus molles, son
fruit plus long, aplati aux deux bouts (et non
elliptique ou presque globuleux), à noyau
profondément écbancré aux deux extrémités.
Elle a, avec le Ph. dactylifera , des ca-
ractères de dissemblance plus nombreux
encore, résidant dans le port, les feuilles et
les fruits. Voici les principales différences
que nous avons notées entre le Ph. dac-
tylifera et le Phoenix hybrida.
Dans ce dernier, le pétiole est arrondi,
anguleux en dessus (et non aplati); les di-
visions spinescentes du tiers inférieur de
l'a feuille sont allongées, renflées, ainsi que
le rachis à leur point d’insertion, insérées
à des intervalles inégaux et le plus souvent
par deux, l’une étant placée immédiatement
au-dessus de l’autre. Les divisions des deux
tiers supérieurs de la feuille sont plus lon-
gues, plus molles, étalées horizontalement
et non redressées et se recouvrant mu-
tuellement. La couleur jaunâtre des feuilles
donne, en outre, à cet hybride un aspect
tout différent du glauque Ph. dactylifera.
Dans la forme et le noyau des fruits, on
trouve également des caractères différentiels
très-importants.
Il nous parait inutile de décrire le fruit
du Ph. dactylifera que tout le monde
connaît ; il suffira de rappeler sa forme
oblongue et son noyau aigu (fig. 81) aux
deux bouts, pour que l’on saisisse tout de
Fig. 82. — Fruit et noyau du Phoenix hybrida.
suite les différences qui existent entre ce
fruit et celui de notre Palmier hybride, dont
nous avons donné plus haut les caractères
dans la comparaison faite entre lui et le
Ph. canariensis. Comme grosseur, les
fruits du nouveau Dattier tiennent le mi-
lieu entre ceux du Ph. dactylifera et du
Ph. canariensis (fig. 82).
Nous avons dû à l’obligeance de M. Rif-
fault de pouvoir goûter de ces fruits. Ils sont
savoureux, parfumés et rappellent les bonnes
Dattes africaines, mais leur pulpe est encore
trop peu abondante. Le noyau est peu déve-
loppé en comparaison du sarcocarpe. Tous
les efforts de nos horticulteurs devront donc
tendre à augmenter la grosseur du fruit par
l’obtention de nouvelles variétés. Ces fruits
mûrissent abondamment en novembre.
Les premiers succès obtenus nous don-
nent pleine confiance dans l’avenir et nous
avons l’espérance que bientôt le « pays des
Dattes » étendra ses frontières jusqu’aux
confins de notre Provence. Ed. André.
RENSEIGNEMENTS PRATIQUES SUR LES DOSES DE SULFATE DE FER.
367
RENSEIGNEMENTS PRATIQUES
SUR LES DOSES DE SULFATE DE FER A EMPLOYER EN HORTICULTURE
DOSES DIVERSES A APPLIQUER A DIFFÉRENTES PLANTES
Nous avons dit précédemment combien
les doses de sulfate de fer devaient varier
suivant la nature des plantes et celle des
terrains, mais ces indications vagues ne
peuvent suffire aux expérimentateurs. Voici
quelques renseignements qui leur fourni-
ront des points de repère pour leurs essais.
On distinguera d’abord les terrains en
trois catégories : 1° les sols siliceux ; 2° les
sols compacts ou légèrement calcaires ; 3° les
sols calcaires ou fortement fumés.
Pour les premiers, dont le type en horti-
culture est représenté par la terre de bruyère,
les doses devront être faibles : les dissolu-
tions contiendront de 1 à 5 grammes par
litre et les quantités à employer de ces so-
lutions varieront de 1/8 à 1/2 litre par
plante.
Pour les seconds sols plus compacts, alu-
mino-siliceux ou alumino-calcaires, on em-
ploiera des doses plus élevées, soit de 5 à
15 grammes par litre et les quantités varie-
ront de 1/8 de litre à 3/4 par plante.
Enfin les derniers, sols calcaires ou for-
tement fumés, admettent des doses plus
énergiques, de 15 à 25 grammes par litre
et l’emploi par plante de 1/4 à 3/4 de litre.
Dans tous les cas les arrosages devront
être répétés trois ou quatre fois à 4, 6 ou
8 jours d’intervalle.
Ces doses correspondent toutes à des
plantes adultes et non à des plantes de
semis ou encore jeunes. Sur des plantes de
cette nature on procédera par arrosage éva-
lué au mètre carré, en employant 1, 5, 10,
15 ou 20 grammes par mètre, suivant la
nature du sol, en tenant compte des obser-
vations précédentes, le tout dissous dans
une quantité d’eau suffisante pour obtenir
un arrosage convenable, soit de 1 à 2 litres,
suivant le besoin des plantes en eau.
Quant aux variations à observer suivant
les différentes plantes, elles sont de même
ordre.
Une grande division doit d’abord être
établie entre les plantes ligneuses et les
plantes herbacées.
Aux premières, telles que les Rosiers,
les Rhododendrons, les Hortensias, Fuch-
sias, Spiræa, Polygala , le Jasmin, la Gly-
cine, conviennent les doses élevées; aux
autres, telles que Pensées, Pélargonium ,
Gineraria, Heliotr opium, Lychnis, Ascle-
pias , Chrysantliemum , Matricaria, Ipo-
mæa, Salvia, Lupinus, Cynoglossum, etc. ,
les doses réduites.
Les plantes que nous venons de citer no-
minativement sont celles sur lesquelles des
essais ont été faits, essais tous couronnés
de succès.
Parmi les plantes à tige ligneuse, la
Rruyère fait exception au point de vue des
dosages, elle ne réclame que des quantités
très faibles d’une dissolution très étendue ;
c’est une conséquence d’ailleurs de la na-
ture du terrain dans lequel elle végète. On
considère comme dose légère 1/10 de litre
d’une dissolution à 1 ou 2 grammes par
litre.
L’Hortensia, au contraire, supporte des
doses très élevées. En arrosage on a mis
sur certaine de ces plantes, en une seule
fois, 3/4 de litre d’une solution àl8 grammes
par litre et on a complété le fraitementhuit
à dix jours après par une application sur la
surface du pot, de 20 grammes de sulfate
de fer en cristaux, le tout avec un plein
succès. On a pu même mêler à la terre
d’un pot d’Hortensia de grande taille,
500 grammes de sulfate de fer, sans obtenir
autre chose qu’un développement extraor-
dinaire de la plante.
Pour la Vigné, on emploie de 100 à
200 grammes par pied ; on répand le sulfate
sur le sol et on le mélange à la terre par un
léger binage ; la dose de 100 grammes a été
appliquée avec succès sur une vigne en cor-
don de 1 mètre 30 de haut avec des sarments
de 2 mètres environ ; celle de 200 grammes
est donnée par M. Rith et par M. Paul
Serres ; elle correspond dans le premier cas
à une vigne chlorosée et dans le second à
une vigne atteinte par le phylloxéra.
Les arbustes et, en particulier, les Oran-
gers, demandent aussi des doses plus
fortes que celle des plantes à tige ligneuse;
il a été appliqué sur un Oranger moyen
20 grammes de chlorure de fer en dissolu-
tion dans un litre d’eau, ce qui correspond
à 20 grammes de sulfate de fer.
On a constaté d’excellents résultats sur
les Gamellias, mais il ne faut pas appliquer
36‘8
RENSEIGNEMENTS PRATIQUES SUR LES DOSES DE SULFATE DE FER.
le sulfate de fer à ces plantes quand elles
émettent de jeunes pousses, c’est-à-dire au
printemps; il est préférable d’attendre la
lin de l’été.
Les résultats favorables obtenus sur les
Lauriers-Roses n’ont pas donné lieu à la
même observation ; les arrosages ont été
faits au printemps.
C’est à cette époque également qu’ont été
exécutés les essais sur les Poiriers, Pom-
miers, etc., tous avec le plus grand succès.
On peut dire ici que les doses doivent va-
rier de 5 et 10 grammes à 1 kilog. par
arbuste, les premières correspondant aux
arbres jeunes et se rapprochent des plantes
d’ornement précédemment citées, la der-
nière à de vieux arbres en quenouille ayant
3 mètres de haut et dont la circonférence
occupée par les branches était de 1 m 50 de
diamètre.
Les plantes herbacées ne supportent, au
contraire, que des doses réduites.
Pour les Calcéolaires on a employé seule-
ment 40 à 60 centimètres cubes d’une dis-
solution à 8 grammes par litre, pour la
Commeline tubéreuse 1/8 de litre d’une so-
lution à 18 grammes par litre.
Même observation pour les Pélargonium ,
les Pensées, Cineraria King, Cheiranthus
annuus , Heliotr opium peruvianum ,
Lychnis grandiflora, Asclepias fruti-
cosa, Pÿrethrum indicum , Matricaria
parthenioides , Epiphyllum , Ipomæa Nil ,
Salvia patens, S. coccinea , sur lesquels
on a opéré avec environ 50 centimètres
cubes d’une dissolution à 10 grammes par
litre.
Dans tous les cas, ces arrosages ont été
répétés à 4, 6 ou 8 jours d’intervalle et jus-
qu’à trois et quatre fois ; pour les Pélargo-
nium il a suffi de deux arrosements. Ces
arrosages doivent toujours être précédés
d’un copieux mouillage à l’eau pure ; il faut
que la terre soit uniformément humide
avant l’application du sel de fer.
Les plantes exotiques qui végètent géné-
ralement mal dans notre climat se trouvent
très-bien des arrosages ferrugineux, notam-
ment les Orchidées, le Cypripedium Cal-
ceolus (sabot de Vénus). Cette observation
est bonne à noter au moment où ces plantes
sont si recherchées des amateurs. Pour ces
plantes délicates, les arrosements doivent
être faits à dose très modérée; on devra
toujours commencer par des solutions de
1 gramme à 45 par litre.
Il ne faut pas perdre de vue également
que les arbrisseaux cultivés en terre de
bruyère demandent des doses faibles; de ce
nombre, les Mimosas, Éricas, etc.
Certaines plantes herbacées admettent
pourtant des arrosages avec des solutions
assez concentrées, notamment : les Prime-
vères, les Polemonium. Les plantes bul-
beuses (Liliacées, Narcisses) ont paru un
peu réfractaires aux doses de 15 à 20
grammes par litre ; peut-être ces quantités
étaient-elles insuffisantes ?
Quand les feuilles des plantes ont pris un
aspect vert foncé bien caractérisé, il est inu-
tile, il pourrait être dangereux de continuer
les arrosages. Si les arrosages ont été faits
tous les trois ou quatre jours, l’effet peut-
être manifeste au bout d’une dizaine de
jours; il est généralement obtenu pour les
plantes herbacées au bout d’un mois ; pour
les arbustes il est d’autant plus long à se
manifester que l’arbuste est plus âgé. Pour
les arbres fruitiers un peu vieux, il faut quel-
quefois n’espérer de résultat que pour l’an-
née suivante et toujours redoubler le traite-
ment.
On ne doit pas manquer d’ajouter que le
sulfate de fer a eu généralement pour effet
non seulement de développer la couleur des
feuilles mais aussi celle des fleurs. Cette
augmentation de la richesse de leur coloris
a été constaté sur des Pensées, sur des
Commelines, sur des Pelargoniums, etc.,
Employé à haute dose sur les Hortensias, il
fait virer leur couleur du rose au bleu.
Comme complément à ce que nous avons
dit sur son action contre les parasites des
plantes, nous citerons le fait suivant :
Un Acacia paradoxa , cultivé en serre
tempérée, était couvert de granulations
cryptogamiques blanchâtres, les rameaux
étaient jaunes et chlorosés; après quelques
arrosements, il a pris un développement
magnifique et les végétations parasites ont
disparu. Des Cinéraires, couvertes de puce-
rons, qui étaient expirantes, sont reve-
nues en pleine végétation. Un Cheiranthus
Cheiri , atteint d’un commencement de ma-
ladie analogue à la rouille, a repris les ap-
parences les plus complètes de la santé.
Pour résumer ce qui précède, nous di-
rons :
1° Les doses de sulfate de fer doivent va-
rier suivant les terrains de 1 gramme à 25
par litre, 1 gramme à 5 pour les terrains
légers et siliceux tels que la terre de bruyère,
5 à 10 grammes pour les terrains plus com-
pacts, alumino-siliceux ou alumino-cal-
caires, 15 à 25 grammes pour les sols cal-
caires ou fortement fumés ;
UNE EXPOSITION D’ORCHIDÉES.
369
2° On emploiera depuis 1/10 de litre jus-
qu’à 3/4 de litre de ces solutions suivant les
différentes plantes, en tenant compte de ce
fait que les végétaux ligneux supportent des
quantités plus élevées que les végétaux her-
bacés et sous des quantités proportionnées
à leur âge et à leur développement ;
3° Les arrosements devront être précédés
d’un mouillage suffisant de la terre envi-
ronnant la plante, la terre devant être uni-
formément humide avant l’emploi de la
dissolution du sel de fer ;
4° Les arrosages sont répétés trois ou
quatre fois à 4, 6 ou 8 jours d’intervalle ;
5° On les arrêtera quand la plante aura
pris une teinte vert foncé uniforme. Sur les
plantes herbacées, l’effet se produit quinze
jours ou un mois après le commencement
du traitement. Même délai à peu près pour
les arbustes d’ornement; il atteint quelque-
fois une année et plus pour les arbres frui-
tiers déjà âgés ;
5° L’époque où doit être effectué le trai-
tement semble à peu près indifférente sauf
pour les Camellias, sur lesquels il convient
de n’opérer qu’à la fin de l’été. Pour les
autres plantes, le printemps est pourtant
l’époque qu’on doit choisir de préférence.
Si l’on opère pendant l’été, il conviendra
d’abriter les plantes traitées des rayons trop
ardents du soleil, en les maintenant autant
que possible à l’ombre.
P. Marguerite-Delacharlonny,
Ingénieur des Arts et Manufactures.
UNE EXPOSITION D’ORCHIDÉES
Les expositions d’horticulture présentent
généralement, aux yeux des amateurs, le
grand inconvénient d’être trop vite termi-
nées. Quelques jours à peine, et les riches
collections, les magnifiques plantes tant
admirées, ont repris leur place dans les serres
et les jardins.
Il n’en est pas de même pour l’exposition
d’Orchidées que M. William Bull, l’horti-
culteur anglais bien connu, organise chaque
année pendant les mois de mai, juin et
juillet, dans une belle et grande serre des-
tinée presque uniquement à cet usage, et
située dans son grand établissement de
Kings’ road, Ghelsea, à Londres.
Il est impossible d’imaginer un spectacle
plus ravissant que celui offert par cette
collection artistement combinée d’Orchidées
en fleurs, répandant, pour la plupart des
parfums délicieux, et dont l’effet est encore
augmenté par une pseudo -perspective ob-
tenue au moyen de glaces recouvrant les
deux extrémités de la serre.
Outre son attraction, considérée au point
de vue simplement ornemental, cette expo-
sition a, de plus, l’avantage de réunir, à
côté d’espèces répandues et anciennes, des
raretés et des nouveautés dont les spécimens
atteignent souvent des prix considérables.
C’est surtout de ces espèces peu répandues
que nous voulons parler aujourd’hui.
Parmi ces plantes de mérite, dont nous
nous bornerons à citer les principales, on
peut remarquer, comme nous venons de le
faire tout récemment :
Masdevallia Shutleworthii xantlioco-
rys> récemment introduit de la Colombie et
présentant des fleurs plus petites et plus
foncées que celles du M. Shutleworthii.
M. Harryana regalis, pouvant être placé,
à cause de ses magnifiques fleurs cramoi-
sies, jaune orangé à la gorge, au premier
rang parmi les variétés du même groupe.
Dans les Cypripedium, le C. caudatum
giganteum, dont les pétales atteignent 0m 60
de longueur; le C. Druryi , plutôt rare que
nouveau, et le C. Lawrenceanum colora-
tum, sont certainement avec les C. Argus ,
C. niveum, C. superbiens ( Veitchii ], les
espèces et variétés les plus intéressantes.
Les collections de Lælia et de Cattleya,
des plus complètes, ne contribuent pas peu
à l’ornementation de la serre, et l’on ne se
lasse pas d’admirer les splendides fleurs des
Lælia purpur ata atropurpurea, L. pur-
purata Brysiana, L. purpurata alba glo-
riosa, L. elegans Master siana, ce dernier
d’introduction récente; Cattleya Mendelii
Alexandræ, C. Mendelii Victoriæ , C»
Mossiæ aurantiaca, C. Mossiæ gigantea ,
C. Schrœderæ albescens , C. Skinneri ocu-
lata, etc.
Parmi les Odontoglossum , qui sont re-
présentés par un grand nombre de sujets re-
marquables, nous citerons : Y O. citrosmum
roseum, différant del’O. citrosmum album
par ses fleurs rose tendre, presque de cou-
leur crème, l’O. cordatum Kienastianum,
Y O. décorum et l’O. vexillarium gigan-
teum.
Un Oncidium crispum muni d’une
inflorescence de lra30 de long, produit,
dans la partie de la serre où il a été placé,
un effet très-pittoresque. Il en est de même
370
CHEVALLIER A GIGANTEA.
pour un groupe d’Oncidium superbiens
æmulum, nouveauté dont les fleurs soli-
taires, de forme extrêmement bizarre, sont
portées par des hampes de 80 centimètres à
1 mètre de longueur.
Il serait trop long d’énumérer toutes les
plantes de mérite; cependant il est impos-
sible d’oublier le Thrixspevmum Berck-
leyii, peu répandu dans les cultures, le mi-
nuscule Ornithocephalus grandiflorus et
le Scuticaria Dodgsoni.
C’est à regret que l’on se décide à quitter
cette ravissante exposition, qui présente une
grande attraction pour le monde horticole,
et que la haute société londonnienne, de
même que les étrangers, amateurs d’Orchi-
dées, ne manquent jamais, chaque année,
de venir visiter. C’est là un exemple que nos
horticulteurs parisiens devraient bien
suivre; nous leur prédisons d’avance un
grand succès. H. Martinet,
Stagiaire de l’École d’horticulture de Versailles.
CHEVALLIERA GIGANTEA
Le genre Chevalliera a été établi par Gau-
dichaud pour des plantes qu’il trouva au
Brésil lors
du voyage
autour du
monde qu’il
fit en 1836-
1837 sur la
corvette La
Bonite.Uen
figura 2 es-
pèces qu’il
nomma
Chevalliera
ornata et
Ch. sphœ-
rocephala.
Mal heureu-
sement, non
seulement
Gaudichaud
ne donna
aucune des-
cription de
ces deux es-
pèces, mais
il ne fit
même pas
connaître
les caractè-
res qu’il
assignait au
genre Che-
valliera, qu’il avait dédié au botaniste
Chevallier, auteur de la Flore économique
des environs de Paris.
Depuis, et à diverses reprises, le com-
merce a introduit quelques espèces de bro-
méliacées que l’on a rapportées au genre
Chevalliera. Le savanthotaniste Ed. Morren,
dans la Belgique horticole , en 1878, fit
une étude approfondie du genre Cheval-
liera en s’appuyant sur l’espèce la plus
Fig. 83. — Chevalliera gigantea.
Au 1/20 de grandeur naturelle.
répandue dans les cultures, le Chevalliera
Veitchi b
Tout ré-
cemment, le
Muséum a
reçu du
Brésil, des
environs de
Bio-de-Ja-
neiro, par
M. Glaziou,
plusieurs
espèces de
Bromélia-
cées parmi
lesquelles
s’en trou-
vait une
très-remar-
quable et
vrai ment gi-
gantesque,
à laquelle M.
P. Mauny,
préparateur
au Muséum,
a donné le
nom spéci-
fique gigan-
tea, et dont
il a donné
u ne descrip-
tion dans
le journal Le. Jardin, en 1888. C’est cette
plante que nous avons fait dessiner au
Muséum, et que représente la figure 83.
Cette espèce est complètement différente
de celle que Morren a décrite. En admettant
que par ses caractères organiques, elle se
place dans le genre établi par Gaudichaud,
nous croyons qu’il y aurait probablement lieu
1 Voir Revue horticole , 1880, p. 150.
CHEVALLIERA GIGANTEA.
371
d’en faire une section particulière, ainsi
que nous le dirons plus loin.
Quoi qu’il en soit, nous allons donner
une description du Chevalliera gigantea,
P. Mauny.
Souche grosse, drageonnante, suffrutes-
cente à la base qui est formée par la per-
sistance des feuilles, atteignant jusque 2
à 3 mètres de hauteur. Feuilles appliquées,
épaisses, coriaces, très-larges, surtout à la
base, un peu pliées, d’un vert glauque, mu-
nies de dents courtes, noires, aiguës, très-
raides. Inflorescence rappelant un peu celle
d’un Zamia, sur une hampe haute de 50 cen-
timètres, grosse et dressée, garnie dans
toute sa longueur de feuilles bractéales lon-
guement acuminées-aiguës, dressées-appli-
quées, d’un beau rose de même que la
hampe qui les porte et qui, à son sommet,
est couronnée par de très-nombreux fruits
qui persistent pendant plusieurs années.
Une observation qui ne manque pas d’im-
portance et que nous croyons devoir faire
porte sur les inflorescences du Ch. gigantea.
Sur la souche énorme qui est arrivée au
Muséum et que représente notre gravure,
il y avait, ainsi qu’on le voit, du reste, deux
inflorescences dissemblables, une allongée-
fusiforme ; l’autre, au contraire, très-
grosse, d’environ 12 centimètres de dia-
* mètre, complètement et régulièrement sphé-
rique.
Ces deux inflorescences, qui étaient sur
la même plante, mais sur deux bourgeons
différents, constituent-elles une sorte de di-
morphisme floral? Les caractères de végé-
tation sont identiques dans les deux cas.
Ou bien cette différence si grande, dans la
Fig. 84. — Chevalliera Germinyana.
Au 1/10 de grandeur naturelle.
forme des inflorescences, serait-elle due à
ce que l’une (la sphérocéphale) était plus
jeune que l’autre ? Nous ne nous prononçons
pas, et nous nous bornons à appeler l’at-
tention sur ce sujet.
D’après ceci et bien que beaucoup de
points restent encore obscurs, nous croyons
que dès à présent il y a lieu de faire deux
divisions dans les Chevalliera : l’une, dans
laquelle rentreront le Ch. gigantea et très-
probablement les deux espèces figurées par
Gaudichaud; l’autre comprenant les Ch.
Veitchi, Ch. Germinyana , Carr. % fi-
gure 84, ainsi que les diverses variétés ou
formes du Ch. Veitchi, telles que le Ch. V.
superha, par exemple 2.
Cette sorte de classification, outre qu’elle
1 Voir Revue horticole , 1881, p. 230.
2 Voir Revue horticole, 1880, p. 450 et 1881,
p. 206.
372
HYBRIDE DU MELON A RAMES.
servirait la pratique en séparant des plantes
différentes au point de vue du traitement
qu’il convient de leur appliquer, servirait
également la science par la séparation
qu’elle ferait d’espèces ayant des caractères
physiques et même organiques dissem-
blables. De pluSy elle présenterait cet autre
avantage de rappeler le nom de Gaudichaud
et celui de Morren, deux savants, qui se sont
surtout occupés des Chevalliera ; le premier,
en créant le genre; le deuxième, en le pré-
cisant, c’est-à-dire en en faisant connaître ■
les caractères.
Sectionnement du genre Chevalliera.
A. Gaudiciiaudia.
Chevalliera gigantea , P. Maury.
(?) Ch. ornata , Gaudich.
(?) Ch. sphœrocephala , Gaudich.
B. Morrenja.
Chevalliera Veitchi, Morr.
Ch. Germinyana , Carr.
Ch. Veitchi superba , Hort.
Les plantes de ces deux sections sont
HYBRIDE DU S
En 4875, en parcourant le catalogue de la
maison Vilmorin et Cie, mon attention fut
attirée par la description d’un nouveau
Melon, qu’ils avaient mis au commerce sous
le nom de Melon à rames. En ayant acheté
un paquet de graines que je semai 'au mois
d’avril, je ne tardai pas après avoir mis les
plantes en place, à m’apercevoir que cette
variété était extrêmement vigoureuse et
extraordinairement fertile. (J’en avais ré-
colté jusqu’à dix fruits sur le même pied.)
Seulement leur chair, quoique fine et
sucrée, était musquée et verte, ce que, en
général, les amateurs n’aiment pas. Sur
l’observation que m’en firent plusieurs per-
sonnes, j’eus l’idée, l’année suivante, d’amé-
liorer ce type en l’hybridant par des Melons
Cantaloup fond blanc. Dans ce but, j’avais
planté côte à côte, sous cloche, une rangée
de Melons à rames, et une autre de Melon
Cantaloup fond blanc. Tous les jours, en
passant, je fécondais avec du pollen de ceux-
ci, les fleurs femelles de ceux-là.
Quelque temps après, je m’aperçus que
ces fécondations avaient confirmé et même
dépassé mes espérances, car, les jeunes
fruits en grossissant, prenaient diverses
formes, les uns étaient oblongs, d’autres
ovoïdes ou sphériques; il y en avait qui
avaient la peau lisse, noire ou blanche, ru-
non seulement d’aspect différent, mais leur
végétation est également dissemblable.
Ainsi, celles de la section Gaudiciiaudia
sont bourgeonneuses - drageonnantes et
ont un faciès bromelioïde , que leurs
feuilles, longues et larges, épineuses sur
les bords, se sèchent toujours à l’extré-
mité, et, longuement appliquées, elles
constituent, en se séchant par suite de
leur consistance, des souches d’un aspect
peu ornemental et en général très-encom-
brantes. Au contraire, les plantes de la
section Morrenia ont une tige unique,
dressée, suffrutescente au moins, à port
yuccoide ; leurs feuilles inermes, ou très-
finement denticulées-serrées, d’un vert
glauque, sont ondulées, plus ou moins
larges, suivant les espèces. De plus, elles
sont très-longtemps persistantes, sans pour
cela qu’aucune de leurs parties se sèche. En
somme, ce sont des plantes très-ornemen-
tales, complètement différentes de celles de
la première section. Les unes comme les
autres exigent la serre chaude.
E.-A. Carrière.
ELON À RAMES
gueuse ou brodée. La chair de ces nou-
veaux hybrides était également différente ;
blanche chez les uns, elle était verte ou
jaune plus ou moins foncé, quelquefois
même presque rouge ; en un mot, malgré
l’énorme quantité de ces fruits, je crois qu’il
aurait été difficile, sinon impossible, d’en
trouver deux exactement semblables. Mais,
ce qui fixa surtout mon attention, c’est la
qualité.
Je ne m’arrêtai pas là, et poursuivant
mes expériences, je pris pour porte-graine
le fruit qui dans son ensemble me parut le
plus méritant. Mais, ainsi qu’on le sait,
toutes lesCucurbitacées se croisenten semble
et jouent avec la plus grande facilité,
et il est difficile d’en fixer les hybrides.
Aussi ce ne fut qu’après bien des efforts
que je parvins à fixer, plus ou moins bien,
la forme que M. Carrière publiait dans la
Revue horticole en 4882, et dont on trouve
à la page 468, un dessin de la forme que
j’avais adoptée.
Depuis, j’ai cherché à modifier cette
forme et à la ramener à celle des Melons à
rames, et cette année, sur vingt-quatre
pieds que j’ai plantés et cultivés, quatre seu-
lement ont encore donné des fruits rappe-
lant les Melons Cantaloup fond blanc ,
dont quelques-uns pesaient 5 à 6 kil. Les
Hybrides amélioré du Melon a r âmes
373
FRAISIER DES QUATRE-SAISONS MADAME RÉRAUD.
vingt autres pieds ont produit des fruits
absolument uniformes, dont voici les carac-
tères généraux.
Plantes vigoureuses et très-robustes, à
fruits oblongs de moyenne grosseur (3 à
4 kil.), non ou à peine côtelés, lisses, à
peau fond blanc, qui devient jaune en
mûrissant, parsemée quelquefois de taches
rugueuses et verdâtres, peu saillantes.
Écorce excessivement mince. Chair jaune
foncée, presque rouge, fondante, juteuse,
très-sucrée et non musquée comme chez le
type.
Ce nouvel hybride, qui présente de grands
avantages, me parait à peu près fixé. Sa
grande rusticité, son extrême fécondité et la
qualité exquise de ses fruits, en font une
variété de premier mérite.
Culture. — Nous plantons la première
saison sous cloche aussitôt que le temps le
permet, et alternons nos saisons tous les
quinze jours, jusqu’au 10 juin. A cet effet,
nous ouvrons une tranchée de 80 centi-
mètres ou 1 mètre de largeur et 30 centi-
mètres de profondeur. Cette tranchée rem-
plie de détritus de jardin, de vieilles feuilles
ou de fumier, nous recouvrons le tout avec
la terre du sol en la disposant en ados très-
élevé, de manière à éloigner l’excès d’humi-
dité. Les choses ainsi préparées, nous pla-
çons nos plants à 80 centimètres sur le som-
met de cet ados, et recouvrons chaque pied
d’une cloche que nous enlevons plus tard.
Pendant la végétation, nous traitons ces
plantes absolument comme s’il s’agissait de
Concombres ou de Cornichons. Nous étètons
quelquefois à la troisième feuille, sans y
attacher une grande importance, l’expé-
rience nous ayant démontré que cette opé-
ration est presque inutile.
La plantation faite, nous ne faisons subir
aucune taille aux plantes, nous bornant à
couper les branches qui envahissent les sen-
tiers et qui gênent le service. De cette ma-
nière, nous obtenons une végétation abon-
dante qui ne tarde pas à couvrir le sol. Les
fleurs femelles, qui sont très-nombreuses,
nouent facilement, et il est absolument inu-
tile de les « arrêter », c’est-à-dire de pincer
la branche qui porte le fruit, ainsi qu’on le
fait pour les autres espèces.
Cette variété, nous le répétons, est très-
rustique, facile à cultiver, et n’exige pas
plus de soins ni de connaissances pra-
tiques que les plus vulgaires légumes que
l’on rencontre dans tous les potagers. La
récolte est abondante et rémunératrice,
aussi, engageons-nous les amateurs de cul-
tures potagères à en faire l’essai, en suivant
nos instructions, et nous pouvons leur pré-
dire des résultats certains et avantageux.
Eug. Vallerand.
FRAISIER DES QUATRE-SAISONS MADAME RÉRAUD
Pour être réputée bonne , une Fraise des
quatre saisons doit produire des fruits,
non quatre fois par an comme semble
l’indiquer le qualificatif, mais continuelle-
ment, depuis mai jusqu’aux gelées. De
plus, elle doit être vigoureuse, robuste,
donner de nombreux, beaux et bons fruits
toute la saison, c’est-à-dire jusqu’aux ge-
lées, sans s’épuiser. Telle est la variété
Madame Béraud, qui fait le sujet de
cette note et dont voici la description :
Plante d’une grande vigueur, excessivement
productive, se tenant bien et formant des
touffes énormes, de véritables buissons. Feuilles
nombreuses, sur un pétiole robuste, dressé, à
limbe d’une bonne grandeur, qui, en s’élevant
au-dessus des touffes, ombrage et garantit
les fruits. Fruits extrêmement abondants, sur
des hampes robustes, nouant bien et ne cou-
lant pas, subsphériques, gros, bien faits, d’un
rouge très-foncé. Chair ferme, rouge rosé,
fondante, très-agréablement parfumée.
La Fraise Madame Béraud est, nous ne
craignons pas de le dire, ce que nous avons
vu de mieux en Fraise des quatre saisons;
outre qu’elle est parfaite sous le rapport de
la fructification, elle ne laisse rien à désirer
comme végétation. Elle vient à peu près
partout, supporte la sécheresse, la chaleur,
les intempéries de toutes sortes, et, après
avoir donné toute l’année, les plantes sont
encore très-vivaces, bien garnies de feuilles
qui ont même conservé la couleur verte
quand arrive l’hiver. Ajoutons que, comme
beaucoup de Fraises des quatre saisons, du
reste, la variété Madame Béraud se repro-
duit parfaitement par graines, ce que nous
avons pu constater récemment dans un
semis de deux années, contenant plusieurs
milliers de plantes tellement belles et uni-
formes qu’il était impossible de découvrir
une mauvaise plante; toutes étaient méri-
tantes, ce qui se voit rarement.
On peut se procurer la Fraise Madame
Béraud chez M. Forgeot, marchand grai-
nier, quai de la Mégisserie, 8, Paris, et
chez M. Dupanloup, également marchand
grainier, même quai, n° 14, Paris.
E.-A. Carrière.
374
LES PRODUITS VÉGÉTAUX DE L’AFRIQUE CENTRALE.
LES PRODUITS VÉGÉTAUX
Depuis quelques années, nos possessions
coloniales se sont accrues dans des propor-
tions importantes. Il s’est ainsi créé, pour
notre commerce et notre industrie, des
débouchés nouveaux dont le commerce d’ex-
portation se ressent déjà d’une façon très-
appréciable.
Mais l’exemple que nous donne le gou-
vernement anglais avec les puissants moyens
dont il dispose, les particuliers, les simples
colons par leur initiative opiniâtre, par leurs
essais continuels, pour arriver à augmenter
la production végétale de chaque contrée,
et tirer partie des espèces autochtones,
devrait être au moins suivi par nous.
Il faut que des expériences de culture et
d’acclimatation soient faites de tous côtés;
il faut qu’aucune connaissance acquise,
qu’aucune constatation sérieuse ne passe
inaperçue de la majorité des intéressés.
C’est pour nous conformer à cette manière
de faire qui devrait devenir générale, que
nous donnons aujourd’hui quelques extraits
d’un rapport que le Ministère des affaires
étrangères ( Foreign Office ), en Angleterre,
vient de publier sur les productions végé-
tales dans l’Afrique centrale.
Le Caoutchouc, est-il dit dans ce rapport,
ne se rencontre maintenant qu’en très-
petites quantités, et est en vérité rarement
digne d’être mentionné. Cela provient bien
certainement de la méthode destructive que
les indigènes emploient pour extraire le
jus des arbres qui le produisent. Avec un
bon système d’exploitation, le Caoutchouc
aurait pu devenir l’objet d’un commerce
important.
Aux environs du Mont Zomba, le Lan-
dolphia flovida existait en très-grandes
quantités, mais cette espèce était vendue
l’année dernière, en Afrique, 1 fr. 85 la
livre anglaise L
La culture des plantes qui produisent le
caoutchouc doit donc être prise en sérieuse
considération par les Européens colonisa-
teurs. Il est établi qu’un exemplaire de
Ficus elastica, qui avait été planté en ces
régions dans un jardin privé, s’est déve-
loppé avec une vigueur extrême, ce qui a
permis de le multiplier abondamment.
L’Indigo se développe à l’état sauvage,
sur les croupes du Mont Zomba. Il forme de
1 La livre anglaise ou pouncl équivaut à 453 gr.
DE L’AFRIQUE CENTRALE
gros buissons et est vivace. Sa végétation
est luxuriante, et par la culture et la mise
en état de vente, on en retirerait probable-
ment de sérieux produits.
Quant au Café, les résultats obtenus jus-
qu’ici n’ont pas justifié les espérances des
planteurs, et les essais doivent être conti-
nués, avant que l’on puisse établir avec cer-
titude si la culture du Café peut être faite
avec avantage dans ces régions africaines,
ou bien s’il faut y renoncer.
La récolte de l’année dernière, qui devait
avoir lieu dans les districts de Mandala et
de Zomba, sur des cultures assez impor-
tantes, a été rendue invendable par suite
d’une maladie qui a envahi tous les grains,
juste au moment où leur maturité allait se
produire.
La même maladie menace, dit-on, de
se représenter cette année, et elle est en
partie attribuée à ce que l’on a laissé
les arbustes porter un trop grand nombre
de fruits.
Dans la culture du Café, le principal
obstacle consiste dans la difficulté que l’on
éprouve à se procurer des ouvriers lorsqu’ils
seraient nécessaires ; à l’époque où l’on doit
effectuer les nouvelles plantations et culti-
ver le sol, les naturels travaillent pour leur
propre compte et ne veulent pas se déran-
ger. Les propriétaires de petites exploita-
tions peuvent, avec leur personnel perma-
nent, faire le plus pressé, en attendant que
des travailleurs supplémentaires puissent
être trouvés ; mais cette pénurie d’ouvriers
aux moments utiles sera un obstacle très-
grand pour l’installation d’entreprises étran-
gères importantes dans cette contrée.
Un autre inconvénient qui retardera
l’établissement de plantations de Cafés dans
de grandes proportions, est le coût élevé des
transports jusqu’à la côte. En attendant que
la concurrence fasse abaisser le taux de ce
transit, il y aura encore là un sérieux
obstacle à l’établissement d’exploitations
européennes.
En faveur de la culture du Café dans ces
parages, il doit être dit que l’acquisition de
terrains favorables peut être faite à très-bas
prix.
La Canne à sucre croît vigoureusement
dans le district de Zomba, et cette plante y
est très-riche en matière saccharine. Des
manufacturiers ont établi sur place une
LES PRODUITS VÉGÉTAUX DE L’AFRIQUE CENTRALE.
375
usine à sucre, et ils réussissent parfaite-
ment, dans leur exploitation, culture de la
Canne et extraction du sucre. Il convient
cependant d’ajouter que jusqu’ici ils se sont
contentés de créer, pour la vente de leurs
produits, un marché ou viennent s’approvi-
sionner les Européens installés dans ces ré-
gions. Les frais de transit ne leur ont pas
encore permis de faire des expéditions loin-
taines. Les naturels, bien que très-friands
de sucre, n’ont encore manifesté aucun
désir d’en acheter sous sa forme manufac-
turée.
Quelques plants de Thé ont été intro-
duits et végètent très bien ; mais, jus-
qu’ici, rien de définitif ne peut être dit sur
l’avenir des plantations de ce genre. Sur les
terres élevées, il est probable qu’elles ne
réussiront pas, et la rareté de la main-
d’œuvre rendra ces entreprises bien pré-
caires.
Le Quinquina a été introduit, et montre
tous les présages d’une réussite complète.
De jeunes plants qui ont seulement trois ans
mesurent déjà 2 mètres de hauteur. Il reste
à savoir si la qualité de l’écorce répondra à
ces espérances en justifiant les essais des
planteurs, et si le prix qu’obtiendront ces
écorces les indemnisera suffisamment de
leurs avances.
Pour ce qui est du Kombé ( Strophanthus ),
dont on s’est récemment beaucoup occupé
en Europe, il est établi que, l’année der-
nière, plus de 1,000 kilos, exportés des dis-
tricts qui avoisinent Zomba, ont été vendus
à Londres à raison de 20 fr. le kilo.
Le Strophanthus est considéré comme
le poison le plus puissant de ces ré-
gions. Il croit à une altitude assez basse
et n’a jamais été rencontré dans les
régions élevées. Les récoltes que l’on en
a faites jusqu’ici provenaient de la rive
droite de la rivière Spire, au-dessous
des « rapides de Murchison ». Il y a
probablement plus d’une espèce, ou il
existe tout au moins une variété, dont le
caractère distinctif consiste en ce que la
capsule est plus petite, et les graines moins
nombreuses.
Le Strophanthus est une plante grimpante
très-vigoureuse, qui se trouve toujours dans
le voisinage de grands arbres sur lesquels
elle s’appuie. La tige a un diamètre assez
variable, mais ne s’écartant pas beaucoup
d’une dizaine de centimètres. Elle rampe
sur le sol, repliée sur elle-même, jusqu’à ce
qu’elle rencontre un arbre pouvant la sup-
porter. Les rameaux ont la forme de ba-
guettes, et ressemblent un peu à des bour-
geons développés de Sureau. Les fruits se
développent par paires, et ont un aspect
tout particulier ; ils ressemblent à d’im-
menses cornes, portées sur un scion élancé.
Ces fruits commencent à mûrir en juillet,
et cette maturation ne se termine qu’à la fin
de septembre. Les indigènes ignorent com-
plètement l’âge auquel ces plantes com-
mencent à produire des fruits. Leur mé-
thode pour la préparation du poison est
très-simple. Ils débarrassent en premier
lieu les graines de leurs appendices velus,
puis ils les pilent dans un mortier jusqu’à
ce qu’ils en aient obtenu une sorte de
bouillie. Ils y ajoutent alors un peu d’eau.
A l’aide d’une substance gommeuse, qui
provient de l’écorce d’un arbre, les indi-
gènes rendent cette pâte adhérente, ce qui
facilite son application durable sur les
pointes de flèches, où la dessiccation ne dimi-
nue pas son effet.
Le gibier atteint par ces flèches empoi-
sonnées meurt tout de suite ; la viande en
peut être mangée-, sans que l’on en ressente
le moindre inconvénient. La seule précau-
tion à prendre consiste à comprimer le
jus de l’écorce du Baobab, et à le faire
pénétrer dans les plaies produites par ces
flèches ; cette opération combat et annihile
immédiatement les effets du poison.
C’est au moyen de ces flèches que l’on
chasse dans ces régions le buffle et tous les
animaux de moindre dimension.
Bien que les matières fibreuses soient
employées dans des proportions assez im-
portantes pour les indigènes, il parait que
l’on ne peut encore indiquer quelle est celle
des préparations locales qui assurerait une
vente rémunératrice sur les marchés du
pays. Dans les régions élevées du pays de
Zomba, le Sanseviera longiflora croît
abondamment et produit la fibre de Li-
kanga ; à une altitude moins haute, comme
au lac Shirwa, le Livingstonia et une autre
espèce sont établis. La fibre que l’on extrait
des feuilles de ces plantes sert à faire des
étoffes grossières, mais des machines spé-
ciales seraient nécessaires pour briser com-
plètement les feuilles et en obtenir tout le
rendement possible de fibre. La fibre de
Buaze, qui provient du Securidaca longipe -
dunculata, est employée par les naturels
pour fabriquer une sorte de ficelle. Une
autre fibre, connue sous le nom de « Ntingo »,
et qui provient, parait-il, d’une Tiliacée, est
surtout utilisée par les pêcheurs du lac
Nyassa pour tresser des filets.
376
CONSERVATION DES SUBSTANCES ALIMENTAIRES.
Tels sont les principaux produits végé-
taux de ces régions sur lesquels on peut
aujourd’hui appeler l’attention des bota-
nistes, des industriels, des commerçants et
aussi des horticulteurs. L’ouverture de ces
pays à la conquête, à l’émigration euro-
péenne se fait de jour en jour, et le
XIXe siècle ne se fermera pas sans que les
grandes « taches blanches » de la caçte
d’Afrique aient disparu. L’humanité tout
entière y gagnera, et nous considérons
comme un devoir de signaler les travaux
de tous ceux qui plantent courageusement
dans ces contrées lointaines le drapeau de la
civilisation.
Ed. André.
CONSERVATION DES SUBSTANCES ALIMENTAIRES
La Revue horticole ne doit s’occuper et
ne s’occupe en général que d’horticulture.
Il y a cependant certaines questions qui
présentent un intérêt si universel cpi’il
n’est permis à aucun journal de les négli-
ger, lorsqu’il s’agit bien entendu d’appli-
cations à la portée de tout le monde.
La récente découverte de M. Schribaux
nous paraît mériter d’être connue partout ;
elle a fait l’objet d’un très-intéressant rap-
port de M. Bardy à la Société d’encoura-
gement pour l’industrie nationale; elle y
est décrite d’une façon si claire et si com-
plète que nous ne saurions mieux faire que
Fig. 85. — Ballon à col sinueux. (Expériences
de M. Pasteur.)
de donner ici l’exposé du savant rap-
porteur :
La conservation des substances alimentaires,
dit M. Bardy, est un problème intéressant à
bien des titres; il existe des méthodes indus-
trielles offrant des garanties certaines et qui
donnent lieu à des fabrications très-impor-
tantes, mais jusqu’à présent on ne possédait
aucun moyen pratique d’empêcher dans les
ménages la détérioration rapide des aliments
usuels pris sous la forme où nous sommes ha-
bitués à les consommer journellement. C’est
ce problème que M. Schribaux, directeur de la
station d’essais de semences à l’Institut natio-
nal agronomique, a poursuivi depuis plusieurs
années et auquel il vient de donner une solu-
tion aussi complète qu’élégante.
M. Schribaux s’est inspiré des expériences
classiques de M. Pasteur que je rappelle en
deux mots : si l’on enferme une substance
putrescible (eau de levure, décoction de foin,
urine, etc.) dans un ballon dont le col étiré et
recourbé plusieurs fois demeure ouvert, puis,
si l’on porte le liquide pendant quelque temps
à l’ébullition de façon à remplir complètement
de vapeur d’eau l’atmosphère du ballon, l’air
est chassé, en même temps que les germes de
ferments que contenait le liquide se trouvent
détruits.
Fig. 86. — Marmite en fer battu de M. Schribaux,
pour la conservation des substances alimentaires.
(La déchirure du couvercle montre comment ce
couvercle s’emboîte sur la marmite.)
Pendant le refroidissement, la vapeur d’eau
se condense et l’air pénètre peu à peu dans le
ballon en abandonnant dans les sinuosités du
col tous les ferments qu’il tient en suspension,
en sorte que le liquide, se trouvant en contact
avec une atmosphère pure, peut se conserver
intact pendant un temps indéfini (fig. 85).
Cette expérience curieuse offre la solution
absolue du problème cherché, mais il fallait
réaliser un dispositif qui se prêtât aux usages
domestiques; M. Schribaux imagina d’abord un
vase cylindrique en métal qui, au lieu de se
terminer par un tube abducteur contourné, a
sa partie supérieure formée par un rebord con-
tinu assez large, à surface ondulée, lequel
rebord se trouve recouvert par un couvercle
présentant exactement les mêmes ondulations,
en sorte que lorsque l’appareil est fermé, il
existe entre le vase et le couvercle un espace
LES EUCALYPTUS DANS L’OUEST DE LA FRANCE.
377
libre de très-petite section dans lequel l’air peut
circuler. Mais en rencontrant tous les obstacles
du tube sinueux du ballon Pasteur, l’air ne
peut rentrer en conséquence dans le vase
sans se dépouiller de ses germes et les aliments
que l’on y a placés se cônservent sans altéra-
tion.
Mes premiers essais ont été faits avec un
appareil de cette forme ; j’ai pu ainsi conserver,
pendant plus de trois semaines, — en été, —
du bouillon sans qu’au bout de ce temps ce
liquide ait perdu aucune de ses propriétés ; il
était aussi limpide, aussi savoureux, aussi
frais, qu’on me permette l’expression, qu’au
début de l’expérience.
Ce résultat était on ne peut plus satisfaisant,
mais tel qu’il était construit, l’appareil était
d’un maniement assez difficile; la moindre dé-
formation de la surface ondulée mettait la mar-
mite hors d’usage et d’ailleurs les dimensions
exagérées du rebord et sa forte taille consti-
tuaient un ustensile peu apte aux usages do-
mestiques.
M. Schribaux s’est remis au travail et l’appa-
reil qu’il m’a soumis en dernier lieu réalise
le véritable vase pratique par excellence
(%- 86).
La marmite actuelle est formée, comme
l’autre, de deux parties : la marmite pro-
prement dite et le couvercle. La marmite
affecte la forme d’un cône tronqué posant sur
sa large base ; elle peut être en cuivre argenté,
en fer-blanc, en tôle émaillée, en porcelaine,
en grès, etc.; le couvercle, en métal mince,
cuivre, fer-blanc, etc., est également de forme
tronconique, et vient s’emboîter sur la mar-
mite, qu’il recouvre jusqu’à moitié de sa hau-
teur environ. L’espace libre laissé entre les
deux surfaces de fermeture est excessivement
faible ; il n’est plus sinueux comme dans l’an-
cien appareil; il est entièrement droit, et mal-
gré cettte forme il retient d’une manière com-
plète les germes atmosphériques. L’appareil
ainsi construit possède une grande stabilité ; il
est facilement nettoyable et les surfaces de fer-
meture, étant rectilignes, ne craignent plus
d’être facilement déformées, ou, si elles le sont
accidentellement, peuvent être redressées avec
la plus grande facilité.
Avec ces vases, on peut conserver sans la
moindre altération, pendant un temps plus que
suffisant pour les usages domestiques, tous les
aliments ou liquides susceptibles d’être bouillis :
lait, bouillon, ragoûts, etc. Il va sans dire que
l’ébullition doit se faire dans le vase même sur
lequel on a préalablement adapté le couvercle,
et que l’on doit laisser le vase sur le feu assez
longtemps pour qu’un mince filet de vapeur
s’échappe autour du couvercle.
On peut ouvrir ces vases, en retirer une
partie du contenu, les refermer et soumettre
de nouveau le produit à l’ébullition; mais il
est préférable de faire usage d’appareils d’une
dimension telle que l’on puisse utiliser en une
fois l’aliment conservé.
L’appareil que je viens de décrire est une
réalisation pratique très-intéressante des beaux
travaux de M. Pasteur; il est appelé à rendre
des services signalés dans l’économie domes-
tique, non seulement dans une foule de cas où
il est peu facile de renouveler les provisions
du ménage, mais encore dans la pratique
journalière, car chacun sait par expérience
combien il est difficile, sous certaines condi-
tions atmosphériques, d’empêcher le lait de se
cailler ou le bouillon d’aigrir; enfin, il est cer-
tain que l’industrie des conserves pourra l’uti-
liser dans certains cas avec avantage.
L’invention si ingénieuse et si simple de
M. Schribaux est bien en effet recomman-
dable à tous égards, et les services qu’elle
peut rendre sont considérables.
Ajoutons, en terminant, que la marmite
représentée par la fig. 86 est aujourd’hui
dans le commerce, et qu’elle est fabriquée
par M. Amail, 7, avenue Ledru-Rollin, à
Paris. A. Lesne.
LES EUCALYPTUS DANS L’OUEST DE LA FRANCE
Nous avons donné dans le dernier nu-
méro de la Revue horticole , la description
de trois espèces d’Eucalyptus : E. amygda-
lina, E. pauciflora, E. urnigera, qui
croissent sous le climat de Brest. Nous con-
tinuons aujourd’hui cette étude par la des-
cription des trois espèces suivantes :
E. coccifera, J.-D. Hook. — Originaire de
la Tasmanie, ou il s’élève sur les montagnes à
une altitude de 1,000 à 1,200 mètres, malgré
la gelée et la neige qui y couvrent le sol pen-
dant plusieurs mois de l’année, et où il atteint,
paraît-il, 20 à 25 mètres de hauteur. Dans nos
pays maritimes, il ne sera jamais qu’un arbris-
seau de 2 à 5 mètres d’élévation, servant à la
décoration des jardins paysagers plutôt qu’à
l’industrie. En voici les principaux carac-
tères :
Arbuste biforme, à liges et à rameaux cou-
verts d’aspérités dans leur jeunesse. Alors, les
feuilles sont petites, sessiles, un peu embras-
santes, ovales ou suborbiculaires, aiguës ou
courtement mucronées, coriaces, raides et
glauques, longues de 15 à 25 millimètres sur
9 à 12 de large. Vers la troisième ou la qua-
trième année, l’arbre commence à se caracté-
riser et devient rameux supérieurement, à
rameaux dressés, très-blancs, comme pulvé-
rulents dans leur jeune âge. Les feuilles de-
378
LES EUCALYPTUS DANS L’OUEST DE LA FRANCE.
viennent alternes, pétiolées, lancéolées, ter-
minées en pointe au sommet, toutes plus ou
moins falciformes et toujours les plus petites
du genre, glauques ou glaucescentes. D’après
M. Ch. Naudin, le sfleurs sont disposées en om-
belles axillaires, pédonculées, quelquefois rap-
prochées au sommet des rameaux et relative-
ment petites, au nombre de 7, assez souvent
réduites à celui de 3 par ombelle, presque
sessiles ou courtement pédicellées, et d’un
jaune pâle lorsqu’elles sont épanouies.
Cette espèce est la plus rustique du genre.
Elle peut se cultiver sans difficulté dans toutes
les terres et à toutes les expositions ; elle paraît
être insensible à toutes les intempéries. Nous
en avons remarqué un exemplaire mesurant
environ lm 50 de hauteur, planté au domaine
de Catros, près Bordeaux, poussant vigoureu-
sement dans les landes de cette localité. Le
seul exemplaire que nous possédons provient
d’un semis qui fut fait en 1874, et mis en
pleine terre en 1876. Planté dans de très-mau-
vaises conditions, il supporta les rigueurs de
l’hiver 1879-1880 et la sécheresse de 1887, cela
sans abri et sans en souffrir. Il mesure actuel-
lement 2m 50 de hauteur, n’a pas encore fleuri
et produit un très-bel effet par son feuillage au
milieu des arbustes qui l’entourent.
Le plus fort exemplaire qui existe en Europe
se trouve en Angleterre, à Powderham-Castle,
près d’Exeter, dans la propriété du comte de
Devon. D’après le Gardeners’ Chronicle, sa
hauteur actuelle est évaluée à 18 mètres, et sa
circonférence a un peu plus de 2 mètres à
1 mètre au-dessus du sol. Ce bel arbre, dont
l’âge nous est inconnu, a supporté plusieurs
fois des hivers où le thermomètre varia entre
8 et 10 degrés au-dessous de zéro, et n’en a
aucunement souffert. Il se couvre de fleurs
tous les ans, mais ne mûrit pas ses graines.
Une particularité à noter chez VE. coccifera ,
ce sont les jeunes pousses qu’il produit chaque
année à l’automne, qui passent parfaitement
l’hiver sans se détériorer, comme le font les
autres espèces sous le climat de Brest, ce qui
est encore un indice de sa rusticité survie lit-
toral breton.
E. Gunnii, Hook. — Espèce biforme, très-va-
riable, atteignant jusqu’à 70 à 80 mètres de
hauteur, et d’autres fois ne formant qu’un
simple arbrisseau de 10 à 12 mètres. Originaire
de la Tasmanie, où il est connu sous les noms
vulgaires de Swamp Gum tree et de Cider Eu-
calypt.
Dans sa jeunesse, ses feuilles sont opposées,
sessiles, ovales ou courtement lancéolées dans
quelques sujets, elliptiques ou oblongues dans
d’autres, ce qui les fait facilement confondre
avec d’autres espèces biformes. A l’âge adulte,
les variations se modifient, l’arbre s’élève ra-
pidement jusqu’à une certaine hauteur sans
beaucoup se ramifier; alors il forme une cime
assez fournie qui devient lourde et pesante et
le force à se courber ou à se rompre par les
grands coups de vent, s’il n’est pas abrité. Ses
feuilles sont alternes, pétiolées, plus ou moins
larges ou plus moins étroites, aiguës, pen-
dantes, vertes et luisantes sur les deux faces,
presque toujours droites ou très-peu falci-
formes. L’inflorescence nous est inconnue.
Les quelques exemplaires que nous avons
essayé de cultiver ont été plantés en 1868, en
terre un peu forte et profonde ; ils se dévelop-
pèrent avec une rapidité extraordinaire et ne
tardèrent pas à atteindre 7 à 8 mètres de hau-
teur. Arrivés à cette taille, les branches laté-
rales commencèrent à se développer et à
s’étendre; alors le poids déterminé par les
pluies et la neige, ajouté à celui des feuilles,
les forcèrent à se coucher ou à se casser. Ne
pouvant nous procurer des tuteurs assez longs
et assez forts pour les redresser, on fut obligé
de les arracher. Les sujets cassés ne repous-
sant que très-difficilement du pied, il est impos-
sible de les cultiver en touffe ou en buisson, et,
pour cette raison, nous avons dû en abandonner
la culture.
C’est cependant l’une des espèces les’ plus
rustiques, qui a supporté 9 degrés de froid
pendant l’hiver 1870-1871, qui pourrait être
cultivée en Basse-Bretagne, tant au point de
vue économique qu’au point de vue ornemen-
tal, à la condition, pourtant, qu’elle soit abritée
des vents, qu’elle redoute au-dessus de tout.
E. Globulus, Labill. — Cette espèce, qui a
joui d’une si grande réputation il y a une
trentaine d’années, n’est pas très-rustique sous
le climat armoricain ; elle est cependant assez
communément cultivée comme ornement dans
les jardins que borde la rade de Brest, depuis
Landernau jusqu’au Trez-hir.
Elle paraît avoir été apportée à Brest un peu
après 1860, et s’être répandue assez rapidement
dans les environs, d’où elle disparut presque
totalement dans la nuit du 25 décembre 1870.
Depuis, elle se répandit de nouveau, mais plus
lentement, et les quelques forts exemplaires
qui, du reste, sont assez rares, et que nous
connaissons, ne sont que les premiers sujets
plantés après cet hiver rigoureux. Comme l’es-
pèce est très-vigoureuse, on en remarque déjà
quelques-uns qui fleurissent depuis quelques
années, mais aucun ne donne de fruits. L’hiver
1879-1880, qui fut ici plus long et moins
froid que celui de 1870, détruisit aussi une
partie des sujets plantés pendant cet intervalle
de temps; quelques forts sujets, pourtant,
furent épargnés en totalité ou en partie, et re-
poussèrent vigoureusement ; actuellement, ils
forment d’assez forts exemplaires. En 1887, la
sécheresse était tellement grande, à Brest, que
plusieurs de ces Eucalyptus Globulus perdi-
rent leurs boutons avant de s’épanouir.
Les 6 espèces d’ Eucalyptus que nous
venons de décrire sont celles qui nous ont
donné les meilleurs résultats, mais ce serait
pourtant une erreur de croire qu’elles réus-
LES EUCALYPTUS DANS L’OUEST DE LA FRANCE.
379
siront dans toute la région de l’Ouest, et
qu’elles s’acclimateront toutes dans la pé-
ninsule bretonne. L’expérience a déjà été
tentée par un propriétaire des environs
de Garhaix, M. Dupont, qui essaya de cul-
tiver, parmi des bois de Pins et de Sapins,
toutes les espèces d 'Eucalyptus qu’il avait
pu se procurer dans le midi de la France et
en Algérie. Toutes ces espèces, même les
plus rustiques, ne purent supporter la tem-
pérature de 9 degrés de froid, qui était la
même qu’à Brest, en 1870, ce qui démontre
que le froid n’est pas toujours la cause de
la perte de ces végétaux dans certaines lo-
calités, quoique étant cultivés dans des
conditions à peu près semblables. La ville
de Carhaix est bien placée dans l’ouest de
la France, mais elle est située dans l’est du
Finistère, au milieu des trois départements
bretons ; elle est entourée de montagnes de
tous côtés, et son niveau au-dessus de la
mer est plus élevé que celui de Brest, qui
est située dans la région maritime, où
les changements brusques sont moins
communs et la température plus égale.
L’air salin, qui manque à Carhaix, est
peut-être aussi un des éléments particuliers
que recherchent certaines espèces d’ Euca-
lyptus, car il en est qui ne vivent que sur
les bords de la mer dans leur patrie, ce qui
les rend moins frileuses que d’autres qui ne
vivent qu’à l’intérieur des terres. B y aurait
donc un choix à faire pour reconnaître les
espèces qui sont susceptibles de s’acclimater
sur notre littoral. Ce choix doit se porter de
préférence sur des végétaux provenant de
localités semblables ou au moins analogues
à celles où nous désirons établir la planta-
tion. Si c’est sur le littoral proprement dit,
il faut, autant que possible, que ce soient des
espèces qui croissent dans les localités ma-
ritimes. Si ce sont des montagnes qu’on
désire boiser, les espèces buissonnantes
croissant à des altitudes plus ou moins
élevées auront chance de donner d’assez
bons résultats. Les espèces géantes sont
préférables pour les marécages, les plaines
et tous les endroits abrités des vents.
Dans le Journal du Sud-Ouest (numéro
du 31 mars 1883), M. Guillaud, professeur
à la Faculté de médecine de Bordeaux, dit
aussi que toutes les espèces d 'Eucalyptus
cultivées à Pau, par M. Tourasse, succom-
bèrent par une température de 8 à 10 de-
grés de froid en 1877-1878; VE. pauciflora
fut seul épargné. C’est une nouvelle preuve
que toutes les espèces de ce genre ne peuvent
supporter 10 degrés de froid, car les phé-
nomènes météorologiques qui se sont pro-
duits à Pau sont les mêmes que ceux qui se
sont produits à Carhaix, tandis qu’à Brest,
ils étaient tout différents. C’est probable-
ment de cette sorte de sélection naturelle
que sont sorties les six espèces que nous
venons d’énumérer, qui paraissent toutes
rechercher le climat de la région maritime
de préférence à celui de l’intérieur des
terres. Toutes peuvent se cultiver sur le
littoral, à condition que les plus grandes
espèces soient garanties des vents par des
bois, montagnes, abris artificiels, etc.
En résumé, depuis son introduction en
Europe, le genre Eucalyptus n’a pas fait
beaucoup de chemin sur notre littoral
océanien; c’est à peine si l’on en rencontre
quelques exemplaires isolés autour des
villes qui le bordent depuis Pau jusqu’à
Brest. Ces exemplaires, qui ne datent que
des années qui suivirent 1870, appartien-
nent tous à la Tasmanie et montrent que les
espèces de cette localité sont les plus aptes à
supporter la température de nos climats
maritimes. Malgré que le climat de l’Aus-
tralie méridionale soit aussi froid que celui
de l’Europe tempérée, ils trouvent chez
eux des éléments nécessaires à leur exis-
tence que nous ne pouvons leur procurer
chez nous. Chacun sait qu’en Europe les
Eucalyptus ne commencent à pousser qu’à
l’automne, qui est le printemps des anti-
podes; à cette époque, leurs tissus sont
remplis de sève, et leurs jeunes bourgeons
n’ont pas le temps qui leur est nécessaire
pour s’aoûter complètement, de manière à
pouvoir résister aux froids et à passer l’hiver
en plein air.
L’acclimatation des Eucalyptus dans
l’Ouest sera toujours difficile, ce qui ne
doit pas empêcher de la tenter ; si nous n’en
possédons que quelques espèces à moitié
rustiques, il ne faut pas se décourager,
mais les multiplier le plus possible. C’est
par la multiplication qu’on arrive à obtenir
des sujets plus rustiques que leurs parents,
et à former des plantations utiles ou
agréables, qui sont le but principal que tout
acclimateur doit chercher à atteindre.
Pour la multiplication et la culture, nous
ne pouvons mieux faire que d’engager le
lecteur à consulter l’intéressant mémoire
qu’a publié M. Ch. Naudin à ce sujet.
J. Blanchard.
ASPHODELUS AC AU LIS. — PÉLARGONIUMS ET HÉLIOTROPES A TIGE.
380
ASPHODELUS ACAULIS
Cette espèce, l’une des plus jolies du
genre, est pourtant peu répandue, et même
à peine connue, bien qu’elle soit origi-
naire d’un pays autrefois étranger à la
France, mais qui, depuis bien longtemps
déjà, est tout à fait nôtre. En effet, indi-
gène de l’Algérie, YAsphodelus acaulis se
rencontre surtout, dans l’ouest de la pro-
vince d’Oran, dans le voisinage de la fron-
tière du Maroc, pays qui, sans être précisé-
ment insoumis, n’est, pas sans présenter
quelques dangers pour les excursionnistes.
Cela est probablement la cause de la grande
rareté de cette plante dans les cultures, où,
pourtant, elle pourrait certainement être
employée avec avantage pour l’ornementa-
tion. En voici une description :
Plante d’une bonne vigueur, gazonnante et
formant de fortes touffes. Souche à racines fi-
breuses, fasciculées, rappelant un peu celle des
Asperges, mais plus charnues. Feuilles subli-
néaires, nombreuses, atteignant 50 centimètres
et plus de longueur, bientôt tombantes et re-
couvrant le sol. Hampes sortant de la souche,
courtes. Fleurs nombreuses d’un joli rose
nuancé, grandes, portant sur chacune des di-
visions pétaloïdes une bande roux foncé ou
brunâtre qui produit un charmant effet. Ces
fleurs, qui se succèdent d’octobre-novembre à
mars, inégalement pédiculées, sont faiblement
mais agréablement odorantes; elles durent
plusieurs jours, s’ouvrent le matin et se fer-
ment le soir.
Bien que relativement rustique, YAspho-
delus acaidis ne supporterait probablement
pas sans souffrir les froids du nord de la
France ; même dans le centre il faut proté-
ger les plantes, moins toutefois parce qu’elles
pourraient périr que pour profiter de leur
floraison, qui se succède sans interruption
pendant une grande partie de l’hiver. Sous
ce rapport et pour jouir de la beauté de cette
espèce, là où l’hiver est quelque peu rigou-
reux, il faut la considérer comme une plante
d’orangerie et la cultiver en pots. Il lui faut
donner un sol léger bien que très-substan-
tiel, composé de terre franche et de terreau.
Les rempotages doivent se faire pendant la
période de repos. Quant aux arrosements,
ils doivent être en rapport avec la végétation
et avec les conditions dans lesquelles les
plantes sont placées, abondants à partir
de la foliaison jusqu’au moment où la flo-
raison est terminée ; après quoi, les plantes
entrant dans la période de repos, il faut
ralentir, puis cesser à peu près les arro-
sements.
Convenablement traité, YAsphodelus
acaulis peut devenir une belle plante d’or-
nement, pouvant même être soumise au
forçage et alors fleurir un peu plus tôt ou
un peu plus tard, suivant les conditions dans
lesquelles on place les plantes.
E.-A. Carrière.
PÉLARGONIUMS ET HÉLIOTROPES A TIGE
Une ornementation des plus ingénieuses
vient d’être employée dans le parc des
Touches, la belle propriété de M. Alfred
Marne, en Touraine. Il s’agit de corbeilles
de fleurs composées, soit de Pélargoniums
zonales élevés à haute tige, soit d’Hélio-
tropes disposés de la même manière.
Cette décoration florale, dont l’idée est
due au fils du jardinier en chef, M. Edmond
Pacreau, offre cet avantage de pouvoir être
variée de diverses manières, toujours avec
un égal succès.
Voici comment on procède :
On élève des Pélargoniums zonales en
pots, en ne leur laissant qu’une seule tige,
que l’on étête à des hauteurs variables, sui-
vant la dimension des plantes que l’on dé-
sire préparer, par exemple, de 50 centi-
mètres à 1m20. Le but est d’obtenir ainsi
le moyen de former des corbeilles élevées,
CONGRÈS DES SOCIÉTÉS SAVANTES.
étagées en amphithéâtre sur toutes leurs
faces. Ainsi taillées, les plantes forment une
tête soit sphérique, soit conique ou fusi-
forme, selon la disposition que l’on préfère.
On soutient la tige avec un tuteur.
En deux années, les- plantes ont une force
suffisante pour produire l’effet désiré.
On les met alors en pleine terre dehors,
distancées d’environ 1 mètre les unes des
autres, régulièrement étagées en ellipse à
centre plus élevé. Le dessous de la corbeille
est alors planté, soit avec d’autres Pélargo-
niums zonales nains, soit, mieux encore,
en plantes gazonnantes ou courtes : Com-
meline, Zebrina, Nierembergia, Bégonias
nains, etc., étalées en tapis uniforme, ou
bordées d’espèces variées.
Avec cette disposition, l’air circule abon-
damment autour des plantes à tige qui se
couvrent d’une abondance de fleurs tout à
fait inusitée.
Les variétés à fleurs doubles se trouvent
particulièrement bien de ce traitement.
Dans les années humides, où elles ont tant
de difficulté à épanouir leurs ombelles, on
les voit fleurir comme s’il faisait un clair
soleil, et cette année spécialement on a
constaté ce fait avec une grande satisfaction.
L’automne venu, on taille les rameaux de
l’année au ras de la tige, on rempote les
plantes dans des vases plutôt étroits que
trop grands, et on les hiverne en serre tem-
pérée, en les tenant un peu au sec ou en
demi végétation.
381
Au premier printemps elles sont rem-
potées avec un compost un peu substantiel
pour faciliter un bon départ de la végéta-
tion ; on les arrose très-modérément, et l’on
se trouve, au moment de la mise en place,
en possession de plantes fortes, trapues, à
fortes tiges, capables de produire de nou-
veau une tète vigoureuse avec de nombreux
scions, qui se couvriront de fleurs sans in-
terruption pendant tout l’été.
Toutes les variétés à grande végétation
sont propres à cette culture.
On doit nuancer les coloris, de manière
à former d’harmonieux mélanges ; les ré-
sultats obtenus aux Touches à cet égard
sont absolument de premier ordre. On a
ainsi rompu très-heureusement l’unifor-
mité des corbeilles unicolores ou multico-
lores qui sont toujours basses, plaquées sur
le sol, et cette disposition « aérienne » pro-
duit un effet charmant.
Les Héliotropes de diverses variétés se
traitent de la même manière ; ils produisent
ainsi une abondance de fleurs dont on se
fait difficilement une idée.
Sans nul doute le même procédé peut
s’appliquer aux Fuchsias, aux Lantanas, à
de nombreux genres de plantes. On l’a
déjà employé ailleurs, mais timidement, et
jamais, à notre connaissance, avec le succès
que M. Edmond Pacreau a obtenu et dont
nous le félicitons.
Ed. André.
CONGRÈS DES SOCIÉTÉS SAVANTES
Au récent Congrès tenu à Paris par les
Sociétés savantes, les diverses questions
suivantes, se rapportant à la botanique
paléontologique, ont été examinées et dis-
cutées :
1° Recherches sur la végétation tertiaire de
la Malaisie .
M. Crié , professeur à la Faculté des sciences
de Rennes, esquisse à grands traits la consti-
tution géologique des îles de la Sonde. Après
avoir fait remarquer que les végétaux fossiles
de Java, de Sumatra et de Bornéo, qui ont été
considérés par Gœppert, Heer et Geyler,
comme éocènes, doivent être rapportés au
genre miocène, M. Crié expose les résultats de
ses recherches sur les plantes pliocènes de
Java. Ces végétaux, qui appartiennent au
Musée géologique de Leyde, sont des em-
preintes de Palmiers, de Glumacées, d’Arto-
carpées, de Rhamnées, de Lauriers, de Dipté-
rocarpées, de Rubiacées. Elles paraissent dé-
noter des formes très-analogues à celles que
renferme actuellement la flore de Java l.
M. Crié signale encore à l’attention des pa-
léontologues des bois transformés en opale,
qui proviennent des couches pliocènes de l’île
de Luçon (Philippines).
Ces bois, dont la structure anatomique est
admirablement conservée, appartiennent aux
genres fossiles Rhoidium , Tænioxylon et He -
lictoxylon.
1 Ces plantes pliocènes seront prochainement fi-
gurées et décrites dans les annales du musée géo-
logique de Leyde.
382
CONGRÈS DES SOCIÉTÉS SAVANTES.
2° Recherches sur les gisements de plantes
fossiles d’Esnost.
M. B. Renault , président de la Société
d’histoire naturelle d’Autun, appelle l’attention
du bureau et des membres de la Section, au
point de vue de la botanique fossile, sur les
gisements de plantes conservées, soit à l’état
d’empreinte, soit à l’état silicifié, près Ernost,
petit hameau situé au nord-nord-ouest, à 10 ki-
lomètres environ d’Autun.
Il y a quelque trente ans, des puits assez
nombreux y furent creusés dans le but d’ex-
ploiter des couches d’anthracite qui venaient
en affleurement : mais ces couches, ne se pré-
sentant que par lambeaux, ne purent donner
lieu à une exploitation sérieuse.
A la suite de nombreuses recherches, faites
autour des anciens puits, M. Renault a re-
cueilli, à l’état d’empreintes, des fragments
d’écorce de Lépidodendrons et de Sigillaires,
une tige de Bornia et de nombreuses feuilles
de Cardiopteris polymorpha. Ces deux der-
niers genres étant caractéristiques du Culm,
l’âge géologique des couches anthracifères
d’Ernost était donc fixé.
Mais un autre intérêt- s’attachait à l’étude
spéciale de ce gisement, c’était la présence de
fragments silicifiés renfermant des plantes à
structure conservée (on sait, en effet, que les
fragments ayant conservé les plantes à l’état
silicifié sont beaucoup plus rares que ceux qui
les présentent sous forme d’empreinte) ; aussi
M. Crié croit-il utile de signaler quelques-uns
des débris qu’il a reconnus.
La classe des Fougères est représentée :
1° par plusieurs espèces de Rachiopteris qui
n’ont pu être identifiées à des espèces déjà
connues et qui en constitueront de nouvelles ;
2° par des sporanges munis d’un anneau élas-
tique, ce qui fait descendre jusque dans le
Culm la présence des Fougères offrant cette
particularité dans leurs fructifications.
Les Lépidodendrons ont laissé des écorces,
des rameaux, des racines et des fructifications.
Les rameaux possèdent un cylindre ligneux
formé de bois uniquement centripète, entou-
rant une moelle interne. Les racines ont un
bois centripète, triangulaire, monocentre, sans
bois secondaire extérieur.
Les macrosporanges renferment des ma-
crospores munies, comme celles du L. Rlio-
dunense, d’une pointe micropilaire; le pro-
thalle femelle inclus ne présentait qu’un seul
archégone; après la fécondation, une cloison
sous-micropilaire se complétait pour isoler
l’œuf dans la macrospore.
Les différents organes appartenant à des Si-
gillaires et qui ont été rencontrés sont des
écorces, des feuilles, des racines. Les feuilles
sont petites, cylindriques à leur extrémité et
offrent, sur une coupe transversale, les carac-
tères qui ont été signalés dans la séance du
Congrès, le 1er juin 1887, entre autres deux
bois distincts, l’un cryptogamique, et l’autre
phanérogamique, entourant le premier. Les
racines ont un bois centripète, centrifuge,
rayonnant, extérieur; les radicelles possèdent
un faisceau ligneux triangulaire, sans trace de
bois secondaire.
Ce sont les gisements d’Ernost qui % ont
fourni les premiers renseignements sur l’or-
ganisation interne des Bornia et ont permis de
ranger ces plantes remarquables dans la famille
des Calamodendrées, constituée actuellement
par les trois genres Orthropitus , Calamoden-
dron et Bornia ; des racines nombreuses, sou-
vent dichotomes, trouvées dans le voisinage
des tiges de Bornia , quelquefois même en
continuité, ont fait voir que ces organes,
comme ceux des genres Arthopitus et Cala-
modendron , possédaient du bois secondaire
rayonnant et pouvaient atteindre de grandes
dimensions.
Mais l’un des faits les plus importants à si-
gnaler, c’est la présence, dans un fragment re-
cueilli par le savant chercheur M. Roche, d’un
certain nombre de graines, rentrant dans le
groupe familial des Gnetopsis , et qui ne peuvent
être attribuées qu’aux Bornia.
3° Origines palêontologiques des arbres cul-
tivés ou utilisés par l’homme.
M. de Saporta dépose sur le bureau un
exemplaire de son ouvrage, et ajoute quelques
mots sur de très-récentes découvertes dues à
des explorations du gisement aquitanien de
Manosque (Basses-Alpes). A la suite de re-
cherches répétées, on a recueilli des empreintes
végétales d’un grand intérêt ; c’est d’abord un
Palmier du type des Phœnix , et comparable au
P. sylvestris , Roxb., des Indes-Orientales.
Une partie notable de fronde de ce Phœni-
ticites a été rencontrée, mais les débris les plus
remarquables se rapportent à des fragments
d’inflorescence qui ont pu être rapprochés de
celle des Sabal et ont dû appartenir au Sabal
major , Heer, dont les frondes existent dans
les mêmes gisements.
Il est à remarquer que ces fragments d’in-
florescence avaient été décrits, par les auteurs
allemands qui les avaient rencontrés, sous le
nom de Septomeria et rangés par eux dans
les Santalacéés.
On saura maintenant que les prétendus
Septomeria ne sont autre chose que des inflo-
rescences à l’état de débris des Palmiers euro-
péens tertiaires.
Enfin d’autres empreintes, également cu-
rieuses, dénotent l’existence, dans ce même
gisement de Manosque, d’un Nymphæa de
petite taille, d’un Villarsia et même d’un
Prunex , types herbacés qu’on n’avait pas en-
core signalés à l’état fossile dans les couches
tertiaires.
A. Ramé,
Délégué au Congrès des Sociétés savantes.
PLANTES NOUVELLE^ DÉCRITES QU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. 383
REVUE DES PLANTES NOUVELLES
DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PURLICATIONS ÉTRANGÈRES
Anemone Fanninii , Harv. Renonculacées.
(Bot. Mag., tab. 6958.) Natal. — Belle plante
qui atteint des proportions considérables pour
une Anémone. Les feuilles presque orbicu-
laires, coriaces, à 5-7 lobes, ont un diamètre
variant entre 20 et 60 centimètres, et sont por-
tées par des pétioles de 30 à 60 centimètres.
La hampe robuste, parfois de lm50, porte deux
ou trois fleurs odorantes de 8 à 10 centimètres
de diamètre, d’un blanc pur.
Statice Suworowi , Regel. Plumbaginées.
(Bot. Mag., tab. 6959.) Turkestan. — Un des
plus beaux Statice introduits dans les cultures.
Feuilles toutes radicales, oblongues, oblan-
céolées, obtuses-mucronées. Hampe à épis en
panicules très-allongés, à rachis disparaissant
sous les fleurs roses charmantes.
Iris Sari , var. lurida , Boiss. I ridées. (Bot.
Mag., tab. 6960.) Asie-Mineure. — Plante à
fleurs superbes, très-grandes, solitaires, au
sommet d’une hampe courte ; périanthe à di-
visions orbiculaires, les extérieures réfléchies,
tachées de brun noir sur fond paille, les inté-
rieures violet pâle, maculé de pourpre clair.
Primula sapphirina, Hooker, et Primula
Beidii, Duthie. Primulacées. (Bot. Mag.,
tab. 6961 .) Himalaya. — Deux Primevères de peu
d’intérêt horticole. La première est une plante
cespiteuse, à hampe terminée par de charmantes
petites fleurs penchées d’un bleu saphir. La se-
conde, découverte en 1884, est remarquable par
ses fleurs blanc d’ivoire, son calyce très-large
et le limbe de la corolle presque globuleux par
l’effet de ses larges lobes courbés en dedans.
Dendrobium, sulcatum, Lindl. Orchidées.
(Bot. Mag., tab. 6962 ) Assam ou montagnes
de Khasia. — Plante ancienne, figurée dans le
Botanical Register en 1838. Tiges fastigiées, en
massue, profondément sillonnées ; feuilles lar-
gement ovales-aiguës, grappes latérales, briève-
ment pédonculées, multiflores; fleurs fastigiées,
assez grandes, jaunes ; sépales oblongs ou li-
néaires-oblongs, obtus ; pétales de la môme
longueur que les sépales, obovales, arrondis au
sommet ; labelle largement cunéiforme obovale
ou obcordé, jaune, strié de rouge sang à l’in-
térieur.
Landolphia florida, Bentli. Apocynées. (Bot.
Mag., tab. 6963.) — Espèce de tous points
intéressante. Elle est commune dans toute
V Afrique tropicale où les indigènes font avec le
suc visqueux qui enduit son écorce, des boules
d’une glu très-adhésive. Suivant le récit des
voyageurs, son tronc rampe sur le sol, sem-
blable au corps d’un boa conslrictor, et quand
il rencontre un arbre, il l’enlace et grimpe
jusqu’au sommet des branches les plus hautes
d’où il laisse pendre des guirlandes de grandes
feuilles ovales, oblongues, obtuses, arrondies à
la base, semées de gros bouquets de fleurs
blanches, ressemblant de loin à de grandes
fleurs de Jasmin officinal, délicieusement odo-
rantes. Un exemplaire vient de fleurir dans les
serres de Kew.
Phalœnopsis Mariæ, Burbidge. Orchidées.
(Bot. Mag., tab. 6964.) Archipel de Sulu. —
Espèce voisine du Ph. sumatrana. Tige très-
courte, feuilles oblongues ou largement li-
néaires-oblongues. Panicule grêle, à pétales et
à sépales à peu près égaux, blancs, rayés de
bandes transversales rouge, pourpre. Labelle
petit, plus court que les sépales à lobes laté-
raux étroits, presque recourbés, à lobe inter-
médiaire oblong pourpre, blanc sur les bords,
pourvu de deux éperons à la base, couvert sur
le disque de longs poils dressés.
Polemonium flavum , Linn. Polémoniacées.
(Bot. Mag., tab. 6965.) Nouveau Mexique. —
Plante assez jolie, à feuilles composées for-
mées de petites folioles sessiles et à fleurs en
cymes corymbiformes. Cette espèce est surtout
remarquable par sa corolle en entonnoir, d’un
jaune rouge, ce qui est très-rare, presque
unique, dans le genre Polemonium.
Morina betonicoides, Benth. Dipsacées. (Bot.
Mag., tab. 6966.) Sikkim Himalaya. — Char-
mante plante à fleurs d’un rose rouge brillant,
cramoisi à la base des lobes de la corolle. Les
épis courts et les fleurs assez semblables à de
grandes corolles de Bétoine, lui ont valu son
nom. Les feuilles bordées de longues épines lui
donnent un aspect très-curieux.
Vicia Denessiana, Watson. Légumineuses.
(Bot. Mag., tab. 6967.) Iles Açores. — La
plante figurée dans le Botanical Magazine est
peut être le dernier survivant d’une espèce
éteinte. Cette espèce n’a jusqu’ici été trouvée
qu’aux Açores, dans une localité restreinte d’où
elle a disparu par suite d’un glissement de
terre. On l’a vainement cherchée ailleurs. C’est
une Vesce appartenant à la section du V. Cracca,
à fleurs serrées, assez grandes, pourpre dans le
bouton et passant successivement à l’ardoisé,
au fauve foncé et au brun rousseâtre.
Anthurium Veitchii, Masters. Aroidées.
(Bot. Mag., tab. 6968.) Colombie. — La planche
du Botanical Magazine représente un superbe
échantillon de cette magnifique espèce qui a
fleuri à Kew l’année dernière.
Ed. André.
384
CATALPA SPECIOSA,
CATALPA
Par sa floraison hâtive, par la grandeur
et la magnificence de ses fleurs, ce Catalpa,
naguère encore peu connu, est en train de
conquérir sur l’ancienne espèce ( Catalpa
Bignonioides) le premier rang auquel il a
vraiment droit.
La Revue horticole a parlé, à diverses
reprises, de cette belle plante 1 ; mainte-
nant que le succès de cette superbe Bi-
gnoniacée s’accentue de plus en plus, il
nous a semblé opportun d’ajouter quelques
notes aux renseignements qui ont déjà été
publiés à son sujet. Bien que commun dans
l’ouest des États-Unis, où il se plaît aux
bords des grands fleuves, l’Ohio, le Missis-
sipi, le Yermilion river, cet arbre fut long-
temps sans y être distingué. Les botanistes
le confondaient avec le Catalpa Bigno-
nioides. Jaume Saint-Hilaire2, et, après lui,
Nuttall3 4, le décrivirent avec cette dernière
espèce sous le nom de Catalpa cordifolia.
Lesquereux, Gray, Vasey, Broadhead, ne se
doutèrent point que le Catalpa de l’ Ouest
( C . speciosa ), au port un peu différent du
Catalpa de l’Est ( C . Bignonioides ), sous les-
quels on les désigna parfois depuis, recélait
des caractères assez importants pour per-
mettre de le distinguer de son congénère.
Le docteur Warder, le premier, signala les
différences existant entre les deux espèces
dans le Western horticultural Review.
Engelmann Sargent 5, Bidgway 6, Barnes7,
confirmèrent la justesse des vues du docteur
Warder, et conservèrent à la plante le nom
de Catalpa speciosa , que celui-ci lui avait
donné.
En réalité, en dehors de sa floraison, qui a
lieu quinze jours plus tôt, de la grandeur
de ses fleurs, la nouvelle espèce se distingue
encore de l’ancienne par ses feuilles moins
brusquement aiguës, ses gousses plus
longues, qui atteignent parfois plus de
50 centimètres, plus aplaties, arrondies aux
extrémités, à parois plus épaisses.
Beaucoup plus robuste que le C. Bi-
1 Voir Revue horticole. 1882, p. 73, etc.
2 Nouveau Duhamel , II, 13, in part. t. IV.
3 Trans. anc. Phil. soc., 2° sér., v. 183.
4 Goutter' s bot. Gazette, V, 1.
5 Gardeners ’ Chronicle , 1879, 784.
« Proc . U. S. Nat. Mus., 1882, 70.
7 Coulter’s bot. Gazette, IX, 74.
SPECIOSA
gnonioides, le C. speciosa atteint parfois
des dimensions fort remarquables. C’est
dans la vallée basse du Wasbash river
qu’il offre la plus belle végétation. On y
trouve, d’après Bidgway, des spécimens
atteignant 45 mètres de hauteur, et les
troncs mesurant 4 à 2 mètres de diamètre
n’y sont pas rares. Au point de vue de la
rusticité, le G. speciosa jouit sur le C. Bi-
gnonioides du bénéfice de sa station indi-
gène plus septentrionale; il s’accommode
parfaitement de notre climat. Les berges
des rivières, les lieux marécageux, les terres
riches en humus, sont Yhabitat qui con-
vient le mieux à son tempérament.
En dehors de ses qualités ornemen-
tales de premier ordre, le C. speciosa nous
offre encore la ressource précieuse de son
bois. Il partage de ce côté, avec le C. Bi-
gnonioides,, une renommée d’incorrupti-
bilité bien méritée. Il n’y a d’ailleurs que
des différences peu. appréciables entre le
bois des deux espèces voisines et les carac-
tères qu’il présente peuvent se résumer
ainsi :
Bois clair, tendre, à grain serré, très-
résistant au contact du sol ; anneaux indi-
quant la croissance annuelle très-marqués ;
rayons médullaires bruns, aubier très-
mince, blanc.
La densité du C. Bignonioides est
de 0,4474;
Celle du C. speciosa n’est que de 0,4165.
La cendre du premier rend 0,38, celle du
second 0,39.
Élégance des formes, beauté du feuillage,
magnificence des fleurs, utilité de son bois ,
le Catalpa speciosa a un ensemble trop re-
marquable de qualités pour ne pas s’imposer
à notre attention. Bans les États-Unis, on
l’a déjà planté partout le long des avenues
et le long des lignes de chemins de fer.
Nous avons eu déjà l’occasion de le planter
dans plusieurs parcs où sa floraison hâtive
est fort appréciée. Dans quelques établisse-
ments horticoles de France, de même que
dans Y Arboretum de Segrez, il fleurit abon-
damment chaque année. Chez nous, on le
recherche donc de plus en plus, et constater
son succès qui va grandissant est la meil-
leure recommandation qu’on puisse lui
donner. Éd. André.
L’Administrateur-Gérant ; L. Bourguignon.
Imp. üeorgea Jacob, — Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE.
385
CHRONIQUE HORTICOLE
Rosa Watsoniana. — Philadelphus Coulteri. — Floraison, à Hyères, d’un Agave applanata. — L’état
phylloxérique actuel en Europe. — Le Voandzou. — Kunzea pomifera. — La Pomme de terre au
siècle dernier. — Les plantes tropicales dans les parcs publics. — Le hannetonnage dans la Sarthe. —
Les expéditions de Cranberry en France. — Le commerce des panaches de Gynérium. — La fête
des arbres ( Arbor Day) en Amérique. — Les Pommiers au cap de Bonne-Espérance. — Le dévelop-
pement des Orobanches. — Tomates et Aubergines. — La question des porte-greffes. — Memento
des expositions.
Rosa Watsoniana. -- M. F. Crépin
vient de donner ce nom à une Rose d’ori-
gine japonaise, dont les échantillons secs
lui avaient été envoyés par M. S. Watson,
le savant botaniste américain.
Le R. Watsoniana est une espèce très-
distincte, dont les fleurs, à 5 pétales rouge
pourpre, n’ont guère plus de 1 centimètre
de diamètre.
Le feuillage en est également très-origi-
nal. Chaque feuille est composée de trois
folioles entières étroites, très - allongées,
mesurant 3 à 4 centimètres de longueur
sur 4 millimètres de largeur.
Cette espèce, qui appartient à la s^ction des
Rosæ systyslæ, groupe à tiges sarmenteuses,
se distingue du R. anemoneftora, de For-
tune, par la réduction extraordinaire de
tous ses organes, par ses folioles à bords
entiers, ses bractées basilaires, ses styles
glabres, sa corolle purpurine, etc. Elle for-
mera une heureuse addition à nos collec-
tions et mérite l’intérêt des horticulteurs,
des semeurs surtout.
Le Philadelphus Coulteri. — Depuis la
mort du regretté Alph. Lavallée, on n’entend
plus guère parler de cet Arboretum de Se-
grez, où il avait rassemblé de belles collections
dendrologiques, et où, chaque année, il doit
se produire de nombreux faits d’un grand
intérêt botanique et horticole. En Amérique,
le professeur Ch. Sargent, de l’Université
de Cambridge, dirige Y Arnold Arboretum
avec une grande science et un soin jaloux ;
aussi les richesses de ce bel établissement
se sont-elles considérablement accrues dans
les dernières années. Les espèces nouvelles
sont assemblées là, cultivées et attentive-
ment surveillées, et les observations sont au
fur et à mesure publiées dans le Garden
and Forest, dont le professeur Sargent est
directeur.
Nous aurons maintes fois à faire des
Emprunts à cette intéressante publiea-
ion.
Signalons aujourd’hui la première florai-
son, en culture, du Philadelphus Coulteri ,
espèce originaire du Mexique septentrional,
où elle fut pour la première fois découverte
par Coulter. La plante a de nouveau été
trouvée en 1887, sur les collines près de
Monterey, par le professeur Sargent, qui
l’a introduite vivante dans Y Arnold Arbo-
retum.
Les dimensions de cet arbuste se rap-
prochent de celles du Seringat commun
( Philadelphus coronarius).
Il développe des rameaux élancés, retom-
bants, et des feuilles dont la face inférieure
est couverte d’une pubescence blanche, très-
dense. Les fleurs, qui mesurent de 3 à
4 centimètres de diamètre, sont très-odo-
rantes, et, le plus souvent, solitaires le long
des branches.
Le P. Coulteri sera une intéressante re-
crue pour la décoration des jardins.
Floraison, à Hyères, d’un Agave ap-
planata. — Cette belle espèce, aux feuilles
d’un blanc bleuâtre à reflets nacrés, qui est
ornementale au premier chef, et qui se dé-
tache avec vigueur sur le fond vert de la
végétation, vient de fleurir dans les cultures
du Jardin d’Acclimatation, à Hyères.
Voici les remarques faites par M. Da-
vrillon, directeur de ce jardin :
Le sujet qui a fleuri a été mis en place
en juillet 1883; il a actuellement quatre-
vingt-dix feuilles d’une longueur de
lm 20 à lm 50. La hampe florale a com-
mencé son développement le 2 mai de cette
année, et, le 30 juin, elle atteignait 8m 25
de hautaur, avec une circonférence de
50 centimètres à lm 50 de la base. Cette
hampe porte soixante-six rameaux florifères,
formant une panicule gigantesque.
La relation existant entre le dévelop-
pement de cette hampe et le temps qu’il a
duré, représente un allongement moyen
de 14 centimètres par vingt- quatre heures.
Ce chiffre a d’ailleurs été de beaucoup dé-
17
1er Septembre 1888.
386
CHRONIQUE HORTICOLE.
passé dans les premiers jours, où la végé-
tation était plus active.
L’état phylloxérique actuel en Eu-
rope. — On sait que chaque année la
commission supérieure du phylloxéra pu-
blie un compte-rendu très-complet de tout
ce qui s’est passé depuis la publication de
son précédent rapport, en résumant chaque
fois l’extension prise par le parasite.
Nous avons relevé, parmi les très-nom-
breux documents que contient cet ouvrage,
l’indication de la marche du phylloxéra en
Europe.
En Allemagne, le phylloxéra existe en
Saxe, dans le Wurtemberg, en Alsace-Lor-
raine, dans la vallée de l’Ahr et sur les
bords du Rhin.
En Hongrie, l’insecte a fait des pro-
grès considérables; en 1886, les parties
atteintes étaient de 48,000 hectares ; en
1887, cette surface s’est élevée à 160, 000 hec-
tares, ce qui représente plus du tiers des
vignobles hongrois (425,500 hectares).
En Espagne, la province de Malaga est
complètement envahie ; celles d’Alméria et
de Grenade sont attaquées.
En Italie, le phylloxéra se développe de
tous côtés et semble prendre les allures
qu’il avait au début de l’invasion chez nous.
La Lombardie compte de nombreuses com-
munes infestées ; les provinces de Milan, de
Corne, de Bergame, sont envahies; en Sar-
daigne, la lutte n’est plus possible, ainsi
d’ailleurs que dans la région qui avoisine
Vintimille.
En Suisse, les progrès du fléau sont no-
tables; jusqu’à ce jour circonscrit dans le
canton de Genève, le phylloxéra s’est étendu
dans les cantons de Yaud, de Neufchâtel et
de Zurich.
En Russie, en Portugal, en Californie,
au cap de Bonne-Espérance, le phylloxéra
prend possession des vignobles et les dé-
truit, ce qui permet de supposer qu’il por-
tera successivement ses ravages sur tout le
globe.
Ce§, constatations ne sont pas rassu-
rantes; cependant, la France est entrée
largement dans la voie de la reconstitution
de ses vignobles; les résultats sont déjà en
partie acquis, et l’extension que commen-
cent à prendre le cidre et la bière dans
la consommation permettra d’attendre que
notre production de vin atteigne de nou-
veau sa proportion normale.
Le Voandzou. — La France à Madagas-
car a, dans la personne du R. P. Camboué,
missionnaire apostolique, un observateur
éclairé, un explorateur infatigable. Il re-
cherche constamment, dans la flore et la
faune de cette île, les espèces dont la cul-
ture ou l’élevage devraient être encouragés
soit à Madagascar même, soit dans nos co-
lonies à climat analogue. Les envois qu’il a
faits en France sont déjà nombreux, et la
Revue horticole a eu maintes fois l’occasion
d’en parler.
A une récente réunion de la Société na-
tionale d’Agriculture de France, M. Max.
Cornu a déposé, sur le bureau des graines
envoyées par le R. P. Camboué, et a fait
une communication fort intéressante sur
la plante à laquelle ces graines appar-
tiennent, le Voandzou ( Voandzeia sub-
terranea).
Le Voandzou croît spontanément dans
l’Afrique, à Madagascar, au Congo, au Ga-
bon; il constitue, paraît-il, un aliment ex-
cellent, comparable aux Pois et aux Hari-
cots.
Une particularité présentée par cette
plante consiste en ce qu’elle enfonce ses
fruits en terre, ainsi, d’ailleurs, que les
Arachides {Avachis hypogæa). Elle est
représentée par un assez grand nombre de
variétés, à grains rouges, noirs, violacés,
panachés, entre lesquelles on devra, pour
les essais d’introduction et d’acclimatation,
choisir les meilleures.
M. Cornu a ajouté que les terres dans
lesquelles les Hovas cultivent le Voandzou
sont situées aux portes de Tananarive, à
une altitude de 1,300 mètres ; le climat de
cette région correspond à peu près à celui
d’Alger. Il y a donc tout lieu d’espérer que
cette plante réussira en Algérie ; des essais
de culture établiront si elle peut résister à
une sécheresse un peu forte et prolongée.
Si une certaine humidité du sol ne lui est
pas nécessaire, peut-être cette plante ali-
mentaire pourrait être cultivée avantageuse-
ment dans certaines régions du midi de la
France.
Kunzea pomifera. — M. le baron F.
von Mueller, directeur du musée phytolo-
gique de Melbourne (Australie), vient d’en-
voyer, à la Société nationale d’ Acclimatation
de Paris, des graines fraîches de Kunzea
pomifera, Muell., plante qui pourrait être
employée avec avantage sur le littoral mé-
diterranéen, dans les terrains siliceux ou
calcaires, un peu mouillés.
En Australie, cette plante croît en abon-
CHRONIQUE
dance dans le voisinage des bords sablon-
neux de la mer. Les colons en recueillent avec
soin les fruits, et en font des conserves et
des confitures très-recherchées. La récolte
de ces fruits se fait en février.
Il paraît que la plante est assez jolie,
et si, au point de vue utilitaire, elle ne
présente pas une importance bien grande,
cette particularité pourrait la faire employer
en horticulture.
La Pomme de terre au siècle dernier.
— L’inauguration de la statue de Parmentier
a remis en lumière les obstacles que ce sa-
vant eut à vaincre pour la vulgarisation de
la Pomme de terre. M. Paul Zeiller, dans le
Bulletin de la Société d’ Acclimatation,
insiste sur le rôle de Parmentier et cite à
ce propos un curieux article de Y Encyclo-
pédie, de Diderot, qui montre combien peu
était apprécié, il y a un siècle, le légume
qui entre actuellement pour une si large
part dans l’alimentation de toutes les classes
de la société. Nous ne pouvons nous empê-
cher de citer ce curieux document.
Pomme de terre. — Cette plante, qui nous a
été apportée de la Virginie, est cultivée en
beaucoup de contrées de l’Europe, et notam-
ment dans plusieurs provinces du royaume,
comme en Lorraine, en Alsace, dans le Lyon-
nais, le Vivarais, le Dauphiné, etc. Le peuple
de ces pays et surtout les paysans font leur
nourriture la plus ordinaire de la racine de
cette plante pendant une bonne partie de l’an-
née. Ils la font cuire à l’eau, au four, sous la
cendre, et ils en préparent plusieurs ragoûts
grossiers ou champêtres. Les personnes un peu
aisées l’accommodent avec du beurre, la man-
gent avec de la viande, en font des espèces de
beignets, etc. Cette racine, de quelque manière
qu’on l’apprête, est fade et farineuse. Elle ne
saurait être comptée parmi les aliments agréa-
bles, mais elle fournit un aliment abondant et
assez salutaire aux hommes qui ne demandent
qu’à se sustenter. On reproche avec raison à la
Pomme de terre d’être venteuse; mais qu’est-ce
que des vents pour les organes vigoureux des
paysans et des manœuvres ?
Les plantes tropicales dans les parcs
publics. — Les végétaux exotiques à feuil-
lage ornemental sont d’un précieux secours
pour la décoration estivale des jardins.
Ils permettent de créer, çà et là, des
points attractifs se détachant en vigueur
sur le fond un peu uniforme de nos arbres
et arbustes de pleine terre, lorsqu’ils sont
vus d’une certaine distance.
Malheureusement, l’emploi que l’on fait
de ces plantes, le plus souvent avec une ré-
HORTICOLE. 387
gularité trop grande, diminue beaucoup
l’effet qu’on pourrait en obtenir.
Prenons pour exemple le Bananier, qui
est le plus souvent représenté maintenant
par la belle espèce abyssinienne, le Musa
Ensete.
Comment le plante-t-on habituellement?
Isolément ou par trois ensemble, disposés en
triangle parfait, sur une petite corbeille cir-
culaire en mosaïculture. Certes, la plante
ainsi disposée est jolie et ne perd pas ses
qualités ornementales ; mais on sent fort
bien qu’elle a été placée là pour une déco-
ration momentanée ; elle ne s’harmonise
aucunement avec les parties voisines, et
l’effet qu’elle produit est anti-naturel au plus
haut point.
Nous pourrions cependant citer de nom-
breux cas où une disposition plus pitto-
resque a été prise, soit dans nos promenades
publiques, soit dans des propriétés privées ;
M. Lesueur, jardinier-chef chez feue Mme la
baronne James de Rothschild, à Boulogne-
sur-Seine, a été l’un des premiers partisans,
en France, de cette méthode artistique.
En Angleterre, une semblable tendance
a été souvent constatée, et nombre de nos
confrères se rappellent le Subtropical Gar-
den queM. Gibson avait créé sur ces bases,
dans le Parc de Battersea, à Londres.
Cette année, dans la même ville , un
paysage tropical a été formé dans la par-
tie du Hyde Park nommée le « Dell », et
l’effet en est complètement réussi : sur les
bords d’un ruisseau sinueux, large en
moyenne de 3 mètres, de nombreux Bana-
niers de plusieurs espèces et de grandeurs
très-différentes ont été irrégulièrement
plantés au milieu de plantes semi-aquati-
ques et d’arbustes divers. Pour relier aux
massifs voisins ces larges feuillages exoti-
ques, des Palmiers, Cycadées, de grands
Dracénas à tiges élevées émergent, çà et là,
des massifs plantés à demeure. L’effet de
cette scène est charmant; il donne une
idée, aussi rapprochée que possible, d’une
partie de paysage des pays chauds.
Le Hannetonnage dans la Sarthe. —
Lors de la dernière séance de la Société na-
tionale de France, M. Louis Passy a com-
muniqué les résultats obtenus par le syndi-
cat de hannetonnage de Gorron (Sarthe).
Il a été, parait-il, recueilli 92 millions 1/2
de hannetons, qui auraient rempli 229 tom-
bereaux de 1 mètre cube. En admettant
qu’une femelle produise quarante œufs, et
que le nombre des mâles soit égal à celui
388
CHRONIQUE HORTICOLE.
des femelles, il s’ensuit que l’on a ainsi
évité la reproduction de 1,848 millions de
vers blancs, ce qui représente une économie
de 1,850,000 fr. sur les dégâts que ceux-ci
auraient occasionné.
Quel exemple pour ceux qui s’endorment
dans une regrettable indifférence pour ce
terrible ennemi de nos cultures !
Les expéditions de Cranberry en
France. — La Revue horticole a consacré 1
une étude à ce joli fruit, qui est, aux États-
Unis, l’objet de cultures importantes.
La production augmentant toujours, un
syndicat de cultivateurs vient de se former
dans la ville de Sandwich, pour étudier les
moyens de faire parvenir en grande quantité
le Cranberry ( Oxycoccus macrocar pus) sur
les marchés européens.
On en vend déjà les fruits à Paris, chez
quelques marchands de fruits exotiques,
surtout à la colonie américaine, mais c’est
en petite quantité.
Attendons-nous donc, puisque des essais
de culture de ce genre ne se font pas en
France, à être une fois de plus tributaires de
l’Amérique, quand il serait très-facile, pen-
sons-nous, de l’éviter.
Le commerce des panaches de Gyné-
riums. — N’est-il venu encore à personne
l’idée de cultiver les Gynériums en grand,
pour la vente des inflorescences ?
Il y aurait peut-être là une opération
lucrative. En Amérique, c’est une véritable
industrie. En effet, le Santa Barbara He-
rald annonce que cette année, bien que la
production des inflorescences {Pampas Plu-
mas) s’annonce comme devant être très-abon-
dante, les demandes des acquéreurs sont
nombreuses, et s’appuient sur des prix
assez élevés ; il n’est pas rare, nous apprend
le Garden and Forest, de voir un acre de
Gynériums rapporter 5,000 francs.
La fête des arbres (Arbor Day) en
Amérique. — Les Américains ont institué
un jour de fête qui fera, certes, la joie de
tous les écoliers de France s’il plaît jamais
à notre ministre de l’instruction publique
de suivre l’exemple du gouvernement des
des États-Unis.
Cette fête, instituée depuis une douzaine
d’ahnées, est complètement passée dans les
coutumes américaines, et a reçu le nom
à’ Arbor Day (la fête des arbres). Ce jour-
là, toutes les écoles ont congé, et les élèves
1 Voir Revue horticole, 1885, p. 43.
plantent des arbres forestiers sur les ter-
rains appartenant à l’école.
Les Pommiers au cap de Bonne-Es-
pérance. — Un journal de Cape-Town an-
nonce qu’un envoi d’environ 10,000 Pommes
vient d’être fait de cette ville en Angleterre,
pour y être vendu aux enchères. C’est un
essai que font certains propriétaires qui ont
créé là-bas des cultures de Pommiers, assez
importantes, on le voit.
Le climat tempéré de l’Afrique méridio-
nale explique que les Pommiers y réussis-
sent; mais on se figure peu aisément, de
prime abord, les Bossemans ou les Zoulous
cultivant leurs Pommiers comme nos paysans
normands.
Les fruits expédiés proviennent des dis-
tricts de Stellenbosch, Tulbagh et Queen’s-
Town, qui se trouvent près du littoral.
Le développement des Orobanches.
— On sait que les Orobanches, ces plantes
parasites singulières qui se composent uni-
quement d’une hampe florale le plus sou-
vent unicolore, croissent sur les racines de
certains végétaux. Chaque espèce d’Oro-
banche préfère une essence particulière, et
sur celle-là seule elle peut végéter.
Un point intéressant était de savoir com-
ment les graines de l’Orobanche peuvent
parvenir aux racines de la plante qui lui
convient.
Un botaniste de Heidelberg, M. L. Kock,
a observé minutieusement ces plantes dans
l’accomplissement de leurs fonctions repro-
ductrices, et voilà ce qu’il a constaté : la
graine répandue sur le sol ayant germé, il
sort alors des téguments un petit cylindre
parenchymateux, qui ressemble à une radi-
cule. Ce petit cylindre s’allonge en s’enfon-
çant en terre, jusqu’à ce qu’il rencontre
une racine favorable, à condition, bien en-
tendu, qu’elle ne soit pas trop éloignée.
Dès que le contact s’est produit, cette radi-
cule s’enfonce dans l’écorce, pénètre dans
les faisceaux ligneux, et c’est ainsi que se
trouve formé le premier suçoir de l’Oro-
banche. Aussitôt que ce suçoir a commencé
à absorber des sucs nutritifs, il se forme à
la partie extérieure de la racine un petit
tubercule, à l’intérieur duquel prend nais-
sance un bourgeon adventif qui, en se dé-
veloppant, devient la tige de l’Orobanche.
A la base de cette tige se développent de
nouvelles racines, qui peuvent se ramifier,
et qui pénètrent dans la souche sur laquelle
le parasite s’est implanté et se développe.
CHRONIQUE HORTICOLE.
389
Tomates et Aubergines. — Jusqu’ici,
malgré les intempéries à peu près conti-
nuelles qui se manifestent cette année, les
Tomates sont peu atteintes de maladies, et
avec une quantité considérable de jolis
fruits, les plantes ont une végétation luxu-
riante, sans aucune trace d’altération. Mal-
heureusement, il n’en est pas de même des
Aubergines ; déjà, malgré les traitements
faits avec des sels de cuivre qui ont été
appliqués aussitôt l’apparition du mal, cer-
taines plantations ont succombé, et, de plus,
au lieu de se restreindre, le mal semble
gagner du terrain. Néanmoins, au lieu de
se décourager, il faut redoubler de zèle,
multiplier et varier les essais. Rappelons
toutefois que, dans l’emploi des remèdes,
surtout lorsqu’ils sont énergiques, il faut
être prudent sur les doses, et, dans ce cas
même, qu’il vaut mieux pécher par excès
en moins, que par l’excès contraire.
La question des porte-greffes. —
Nous extrayons d’une communication que
vient de nous adresser notre collaborateur,
M. Boisselot, de Nantes, relativement à la
question, si complexe, des porte-greffes :
Je viens répondre deux mots au sujet de
l’article de M. Paul Giraud, sur les porte-
greffes L
Il est à remarquer tout d’abord que notre
but est le même : conseiller aux novices en
horticulture de bien examiner, dans leurs lo-
calités respectives, les résultats obtenus.
Il est évident, qu’en horticulture, il ne peut
pas y avoir de règles générales. Non seulement
on ne doit pas pratiquer semblablement dans
le Midi et dans le Nord ; mais même quelque-
fois d’un canton à un autre.
Ainsi, quoique généralement (comme je l’ai
dit) ici les Poiriers greffés sur franc ne vaillent
pas ceux qui sont greffés sur Goignassier, il y
a cependant quelques terres légères où le franc
réussit*
Je ferai remarquer que j’ai dit que des Poi-
riers à couteau greffés sur sauvageons (dans
les haies, sans culture), et non pas dans les
jardins , n’avaient nullement réussi , tandis
qu’au contraire, dans les mêmes conditions,
les Poiriers à cidre venaient parfaitement.
Ainsi, il n’est pas rare de voir des Poiriers
à cidre sur franc âgés de plus d’un siècle.
Le Poirier est infiniment plus vivace que le
Pommier ; si le jus de la Poire n’est pas aussi
agréable que celui de la Pomme, en revanche
il est plus fortifiant et se vend plus cher.
De même, j’ai dit quelque part que j’avais
fait arracher, dans le jardin de mon père, des
1 Voir Revue horticole , 1er août 1888.
Poiriers à couteau, greffés sur Goignassier,
âgés d’un siècle et demi et encore pleins de
vigueur. Ces arbres avaient été primitivement
formés en buissons (selon la mauvaise coutume
de l’époque) ; puis, laissés libres, ils avaient
acquis une taille gigantesque ; ils ne mesu-
raient pas moins de lin 50 à la base.
Si les Goignassiers viennent bien dans le
Midi, je crois que ceux de nos cantons ne leur
cèdent en rien.
J’ai parlé, dans la. Revue horticole , d’un
Goignassier géant planté dans la cour de mon
frère, à Nantes. L’année dernière, cet arbre a
rapporté mille fruits et plus, bien comptés, de
la plus grosse variété de Coings de Portugal,
chaque fruit pesant 500 grammes environ
A. Boisselot.
Nous sommes absolument du même avis
que notre collaborateur sur la variabilité
des résultats que l’on obtient dans des lo-
calités distinctes, en employant les mêmes
méthodes de greffage.
Ainsi que le recommande M. Boisselot,
il faut, dans chaque région, lorsque l’on
veut exécuter une plantation importante, se
renseigner sur les procédés qui réussissent
le mieux, et, à défaut de données suffi-
santes, procéder par la voie d’essai, en s’ap-
puyant sur les observations précédemment
faites et publiées par des praticiens aussi
expérimentés que MM. Boisselot et Giraud.
E.-A. Carrière et Éd. André.
Memento des Expositions.
Voici la liste des Expositions précédemment
annoncées :
Bougival. — Exp. gén. (Ghr. n° 9), 29 août au
3 septembre.
Lyon. — Exp. gén. (Chr. n° 11), 13 au 17 septembre.
Meaux. — Exp. gén. (Ghr. n° 5), 7 au 9 septembre.
Mézidon. — Exp. gén. (Ghr. n° 10), 16 septembre.
Paris. — Chrysanthèmes (Gh. n° 14), 22 au 25 no-
vembre.
Paris. — Végétaux d’ornements (Ghr. n° 15),
25 juillet au 5 novembre.
Roubaix. — Chrysanthèmes (Chr. n°5), 17 novembre.
Saint-Mandé. — Exp. gén. (Chr. n° 12), 16 au
23 septembre.
Toulouse. — Exp. de culture maraîchère, culture
ornementale et arboriculture fruitière (Ghr.
n° 11), 27 au 30 septembre.
— Même Exp. et spécialement Exp. de Chrysan-
thèmes (Ghr. n° 11), 15 au 18 novembre.
Valognes. — Exp. locale (Chr. n° 8), 1er au 4 sept.
Gand. — Floriculture (Ghr.n°ll), 2 au 3 septembre.
— Chrysanthèmes (Chr. n° 11), 18 au 22 nov.
Lausanne. — Exp. gén. (Chr. n° 8), 20 au 25 sept.
Vienne. — Fruits (Ch. n° 15), 29 septembre au
7 octobre.
390
CONDITIONS DE BONNE CONSTRUCTION DES SERRES.
CONDITIONS DE BONNE CONSTRUCTION DES SERRES
Dans le Congrès horticole organisé Tan
dernier par la Société nationale d’horti-
culture de France, deux importantes ques-
tions relatives à certains détails de cons-
truction des serres avaient été posées :
1° Des principes qui doivent régir la
construction des serres en fer et en bois et
leur vitrerie ;
2° Des moyens pratiques d’éviter la
chute de la huée dans la construction des
serres.
Dans une étude détaillée, nous avons
cherché à résoudre ces deux questions.
hi y
Fig. 87. — Fer spécial à double vitrage pour
pignons.
Les serres doivent-elles être en fer ou en
bois ?
Incontestablement, le fer possède des
qualités supérieures au bois pour la durée,
l’économie, l’aération facile, l’abondance de
lumière, l’herméticité, et aussi l’élégance,
qualité importante lorsqu’il s’agit de gran-
des serres , des jardins d’hiver ou des
vérandahs annexées à des habitations. Mais
il faut admettre que la grande conduc-
tibilité de ce métal lui fait subir rapide-
ment l’influence de la température exté-
rieure, et occasionne une plus grande pro-
duction de buée que le bois ; c’est un re-
proche fondé, surtout pour les serres
chaudes de petites dimensions, à forcer et à
multiplier.
On fait de bonnes serres chaudes en
bois, mais je suis d’avis que des spécia-
listes soigneux en construisent d’excellentes
en fer ; la preuve en est que l’usage de ces
dernières se généralise de plus en plus et
que des horticulteurs-marchands, français
et étrangers, des plus renommés pour l’im-
portance de leur production en font con-
Fig. 88. — Carneau d’aération dans les
soubassements de serres.
struire de nouvelles qui joignent au bon
usage l’avantage de l’économie résultant de
leur longue durée.
Si l’emploi du fer ou du bois est discu-
table lorsqu’il s’agit de petites serres
chaudes, la comparaison n’est plus possible
dans la construction de serres moyennes ou
Fig. 89. — Fer à gouttière pour pannes de serres.
grandes. En effet, le bon marché du métal,
dont la résistance est plus grande sous un
volume cinq fois moindre, la facilité avec
laquelle on lui donne toutes les formes, la
variété et le perfectionnement des modes
d’ouverture, la plus grande quantité de lu-
mière, contribuent à rendre le fer bien
supérieur au bois pour l’économie, la soli-
dité et l’élégance.
Les conditions spéciales qui président à
la construction des serres en fer doivent
tendre aux résultats suivants :
CONDITIONS DE BONNE CONSTRUCTION DES SERRES.
391
Fig. 90. — Vue intérieure d’une travée de serre. Assemblage des fers spéciaux pour la circulation de la buée.
1° Conserver la chaleur intérieure;
2° Procurer une aération rationnelle;
3° Produire le moins
de huée possible et en
éviter la chute.
Pour atteindre ce
triple but, on assurera
l’herméticité complète
par l’établissement de
feuillures et de contre-
feuillures à tous les
châssis ; on pourra en
outre, lorsqu’il y aura
des pignons vitrés ou
d’autres parties de la serre exposées au
nord, protéger celle-ci par un double vitrage
établi sur des fers spécialement laminés à
cet effet (fig. 87). On devra, comme cela se
fait généralement, évi-
ter que l’entrée des
serres soit exposée au
nord et les munir,
autant que possible,
de doubles portes.
Voilà pour la conser-
vation de la chaleur.
Quant à l’aération
rationnelle, on l’ob-
tiendra au moyen de
plaques à coulisse,
appelées carneaux, dans les soubassements
en maçonnerie (fig. 88), de façon à ce que,
Fig. 91. — Fer spécial recueillant la buée à la
base du comble et la faisant écouler au
dehors sans perte de calorique.
Fig. 92. — Coupe sur une travée de serre sans traverses intérieures, et à minimum de surface métallique.
392
CONDITIONS DE BONNE CONSTRUCTION DES SERRES.
sans produire de courants d’air sur la
Lâche, l’air extérieur vienne se substituer à
l’air intérieur, qui s’échappera par des châs-
sis ou autres ouvertures mobiles et graduées,
établies à la partie la plus élevée, suivant la
destination de la serre. D’autres Châssis ou
ouvertures, de systèmes simples et solides,
pourront, à la condition de ne pas gêner les
plantes, être ménagés aux pieds-droits et
sur les versants.
Le troisième point est plus délicat. Nous
avons fait breveter, en 1861, un système de
gouttières en fer (fig. 89), qui recueillait la
buée sous les pannes ou traverses et sous les
fermes de la serre (fig. 90), pour la conduire
jusqu’au pied-droit, où un chenal en fer la-
miné, d’un modèle particulier (fig. 91), l’é-
coulait à l’extérieur. Nous ne nous étendrons
pas sur les nombreuses qualités de ce sys-
tème bien connu et que nous avons nous-
mêmes employé avec succès pendant 20 ans ;
l’expérience nous a conduit à de nouveaux
perfectionnements que nous allons indiquer.
La production de la buée étant en raison
directe des surfaces métalliques intérieures,
et les pannes ou traverses où elle se pro-
duit et s’accumule en déterminant la chute
toujours sur les mêmes lignes horizon-
tales, nous avons donc cherché à réduire
d’ahord au minimum les surfaces métal-
liques apparentes à l’intérieur, et à sup-
primer les pannes également au dedans.
Dans ce but, nous avons fait, il y a quelques
années, laminer spécialement des fers of-
frant moins de surface à l’intérieur de la
serre. Les chevrons ont une nervure supé-
rieure A en forme de petit rail (fig. 92) pour
être fixés à une traverse extérieure; le
corps des fermes se trouve de toute sa
hauteur en saillie au dehors, encadrant
mieux les claies à ombrer et les empê-
chant de se recouvrir les unes les autres ;
enfin, les traverses extérieures sont en fer
demi-rond, ne formant ainsi aucun obstacle
au déroulement des claies et des paillas-
sons, et empêchant le frottement des cor-
deaux sur les joints du vitrage.
Dans des serres chaudes à Orchidées,
nous sommes arrivés à éviter la production
de la buée en recouvrant, par des tringles
de sapin, les fers à l’intérieur ; nous avions
ainsi les avantages du fer sans encourir les
effets de la condensation.
En ce qui touche la vitrerie, elle se faisait
généralement à recouvrement et à contre-
mastiquage. Ce moyen présente l’inconvé-
nient de laisser perdre une partie du calo-
rique, et, les poussières s’accumulant à
chaque recouvrement, forment une bande
noire qui diminue l’action de la lumière et
fait obstacle à l’écoulement de la buée, qui
tombe alors à l’intérieur.
Pour obvier à ces inconvénients, divers
systèmes de joints en zinc, étain, plomb et
autres matières ont été mis en pratique.
Ces joints, curvilignes pour la plupart, sont,
à leur milieu, c’est-à-dire à leur partie la
plus basse, percés d’une petite ouverture
par laquelle la buée provenant de la vitre
supérieure s’échappe à l’extérieur. Ces sys-
tèmes ingénieux mais coûteux remplissaient,
de prime abord, le but auquel ils étaient
destinés, mais bientôt l’orifice se bouchait
et le résultat était nul.
Un mode de vitrage, d’un bel aspect
extérieur et remplissant toutes les conditions
désirables d’herméticité, a été imaginé par
M. Célard. C’est le vitrage à joints vifs,
recouverts extérieurement de couvre-j oints
doubles préparés à l’avance; ces couvre-
j oints, composés de matières convenables et
posés par un temps sec, sont d’une grande
durée et d’un remplacement facile. Les joints,
bien mis en rapport, par un ouvrier soi-
gneux, déterminent le glissement de la buée
d’une vitre sous l’autre jusqu’au pied-droit.;
néamoins, l’emploi de nos gouttières est
dans ce cas, sinon indispensable, du moins
de bonne précaution. Nous avons employé
pendant vingt ans ce système avec succès
et notre successeur en continua l’usage.
Signalons encore un perfectionnement. Il
arrive souvent, dans les serres, que les dalles
de pierre qui recouvrent les soubassements
en maçonnerie verdissent, s’effritent ou se
délitent et causent des dégâts regrettables.
On évitera de semblables inconvénients en
se servant des dalles en fonte semblables à
celles que nous avons établies à l’Ecole
de Pharmacie et à l’une des serres du
Luxembourg; d’une pose prompte et facile,
ces dalles sont assemblées avec la serre, dont
elles augmentent ainsi la solidité ; leur prix
n’est pas plus élevé que celui de la pierre ;
de plus, leur parfaite régularité et la teinte
qu’on leur donne pour leur faire figurer la
pierre les rendent agréables à l’œil.
Voilà donc la serre susceptible d’être con-
sidérablement améliorée et construite dans
des conditions dont les principes généraux
que nous venons d’esquisser ne sauraient être
mis en doute. Sur ces bases rationnelles, elle
peut être encore l’objet de nombreux perfec-
tionnements qui ne manqueront pas de se
développer successivement.
Dormois.
UN NOUVEAU KŒLREUTERIA DE LA CHINE OCCIDENTALE.
393
UN NOUVEAU KŒLREUTERIA DE LA CHINE OCCIDENTALE
Les grands massifs montagneux qui
occupent le centre de l’Asie réservent encore
bien des surprises aux botanistes et aux
horticulteurs. Après les nombreuses explo-
rations faites dans toute la chaîne liima-
layenne et dans les régions adjacentes, on
pouvait considérer le sujet comme épuisé ;
il n’en est
rien, et la
fécondité de
ces mysté-
rieuses con-
trées ne pa-
raît nulle-
ment dimi-
nuée. N’a-
t-il pas suffi
des recher-
ches d’un
seul hom-
me, d’un
pauvre mis-
sionnaire
perdu dans
la plus re-
culée des
provinces
de l’empire
chinois,
pour dou-
bler, en qua-
tre années,
le chiffre
des espèces
de certains
genres de la
Flore asia-
tique, tels
queles Rho-
dodendron,
les Gentia-
na, les Pri-
mula, etc. 1 ?
Parmi les nombreuses plantes ornemen-
tales découvertes dans les montagnes du
Yunnam par M. Delavay, on peut citer, en
première ligne, un superbe Kœlreuteria.
On sait que jusqu’ici ce genre n’était repré-
senté que par une seule espèce, le K. pa-
1 Sur un territoire qui n’est pas beaucoup plus
considérable en étendue que celui du département
de la Seine. M. Delavay, prêtre des Missions étran-
gères a découvert 32 Rhododendrons nouveaux et
autant de Gentianes et de Primevères.
niculcita, originaire des provinces septen-
trionales de la Chine, souvent cultivé et
résistant bien aux hivers sous le climat de
Paris. Siebold a fait connaître sous le nom
de K. japonica un Kœlreuteria qu’il disait
provenir du Japon; mais ce n’est, de l’avis
de tous, qu’une simple forme du K. pani-
culata.
Ce n’est
point ici le
lieu de faire
la descrip-
tion de cette
anciennees-
pèce que
tout le mon-
de connaît;
je rappelle-
rai seule-
ment que
c’est un ar-
bre qui ne
dépasse
guèrelOmè-
tres , dont
les feuilles
assez molles
et un peu
grisâtres
sont for-
mées de six
à dix paires
de folioles
largement
ovales, inci-
sées - lobées
à la base,
seulement
crénelées au
sommet.
Quelquefois
les deux lo-
bes basilaires opposés, dans chaque foliole,
sont complètement distincts ; la feuille peut,
dans ce cas, être considérée comme incom-
plètement bipennée.
Le nouveau Kœlreuteria , dont il est ici
question, est absolument distinct du K. pa-
niculata, on en pourra juger par la des-
cription qui suit :
Kœlreuteria bipinnata , Franch., Bulletin
de la Société botanique de France , t. NXX1II
(1886), p. 463 (fig. 93).
Arbre de 20 mètres, très-robuste ; feuilles
Fig. 93. — Kœlreuteria bipinnata.
Rameau florifère, au 1/3 de grandeur naturelle.
Ramille florale détachée de grandeur naturelle.
394
l’origine paléontologique des arbres
grandes, atteignant 70 centimètres de longueur
sur 60 centimètres de largeur à leur base,
régulièrement bipennées ; folioles d’une con-
sistance coriace, alternes, distinctement pétio-
lulées, glabres ou à peu près, d’un vert sombre
en dessus, pâles en dessous, ovales-lancéolées,
avec les côtés sensiblement asymétriques, bor-
dées de dents fines incombantes et brusque-
ment acuminées. Les fleurs ressemblent beau-
coup à celles du K. paniculata et sont d’un
jaune assez vif, avec l’onglet des pétales pur-
purin ; elles forment de larges panicules sou-
vent assez compactes. Les capsules, largement
ovales, toujours très-obtuses, parfois presque
arrondies, atteignent jusqu’à 6 centimètres de
longueur, et prennent avec l’âge une coloration
purpurine assez accentuée ; les graines sont
noires, à peu près de la grosseur d’un petit
Pois.
Le K. bipinnata croît dans les bois de
Ta-long-tan, au-dessus du Tapin-tza (Yun-
nam central), à une altitude de 1,800 mètres
environ ; il fleurit à la fin de juillet et ses
fruits sont mûrs en automne.
C’est un arbre très-remarquable par
l’ampleur de ses feuilles et l’abondance de
ses fleurs. A l’automne, il prend un port
particulier, à cause de la coloration purpu-
rine de ses grandes capsules vésiculeuses
qui forment des panicules de 30 à 40 centi-
mètres de long et de large. Il est à pré-
sumer qu’il se comportera dans les cultures
de la même façon que son congénère le
K. paniculata. Celui-ci est, à la vérité,
originaire des provinces septentrionales du
nord de la Chine. Mais il ne faut pas
oublier que si le K. bipinnata a été trouvé
dans une station sensiblement plus méri-
dionale, il ne croît là qu’à une altitude
de 2,000 mètres, ce qui compense bien la
latitude. Quoi qu’il en soit, la culture de cet
arbre est une expérience à faire ; ses
graines germent avec la plus grande faci-
lité et les jeunes plantes se développent
rapidement. En admettant même que le
climat de Paris ne lui soit pas favorable, il
est à peu près certain qu’il s’accommodera
très-bien de celui de nos provinces de
l’ouest ou du midi de la France.
A. Franchet.
L’ORIGINE PALÉONTOLOGIQUE DES ARBRES
Connaît-on une étude plus intéressante
que la recherche de l’origine préhistorique
des choses, lorsque surtout des preuves
matérielles sont apportées à l’appui de dé-
couvertes faites dans le passé ?
Quoi de plus attachant que de voir succes-
sivement apparaître les formes ancestrales
des plantes qui existent aujourd’hui, de les
suivre géologiquement d’ère en ère, de
constater les modifications, les « affine-
ments » qu’elles ont progressivement subis,
et les émigrations qu’elles ont lentement
faites ?
Nous venons de lire le remarquable ou-
vrage que M. le marquis G. de Saporta a
récemment publié sur ce sujet. Ses longues
et laborieuses recherches et études l’ont inti-
mement initié à cette science, et nous avons
trouvé, dans le traité populaire qu’il vient
de mettre au jour, un grand nombre de
constatations et de déductions du plus haut
intérêt pour le public non habitué à ces
hautes spéculations scientifiques L
Les empreintes trouvées dans les diffé-
rentes couches de la surface du globe
1 Origine paléontologique des arbres cultivés
par l’homme, in 8° de 360 pages, avec 44 gravures
intercalées dans le texte. — Librairie J. -B. Bail-
lière, 19, rue Hautefeuille, Paris.
terrestre ont permis de reconstituer l’his-
toire de l’apparition successive des végétaux.
Dans la période géologique primaire, les
terrains dévoniens, carbonifères et permiens
révèlent les indices de l’existence des Cyca-
dées, des Salisburiées et des Dammarées,
qui sont les premiers arbres dont l’existence
a été constatée. Le terrain permien rouge de
l’Oural, de cette époque, nous montre les
empreintes des Gingkos, ancêtres*’ de celui
qui est représenté aujourd’hui au Japon par
une seule espèce, le G. biloba ( Salisburia
adianti folia).
La période secondaire ajoute à ces végé-
taux, dans les terrains jurassiques, quelques
Taxodinées, Abiétinées, Cupressinées, des
représentants des genres Araucaria, Wrid-
dingtonia, Pinus, Abies, Cedrus , et dans
les terrains crétacés, d’assez nombreux pré-
curseurs des espèces ligneuses actuelles, à
feuillage persistant ou caduc.
Nous voyons alors apparaître des Quer-
cinées, Laurinées, Gastaninées ; les pre-
mières Légumineuses et Sapindacées ; les
genres Fagus , Platanus, Magnolia , Lirio-
dendron, Aralia, Hedera, Comptonia,
Nerium, Dewalquea ; puis des genres au-
jourd’hui disparus : Credneria et Aspido-
phyllum, etc.
POIS A COSSE JAUNE D’OR.
395
L’époque tertiaire nous dévoile les an-
cêtres des Châtaigniers, des Chênes de la sec-
tion Cerris ; des Laurus, Persea, Cinna-
monum , Sassafras ; des Chênes verts ,
du Lierre d’Europe, des Saules. Aux formes
déjà existantes viennent s’ajouter des Phoe-
nix et Sabal, des Myrica, Zizyphus,
Acacia ; les premières Bétulacées et Ulma-
cées européennes, les genres Fraxinus,
Catalpa, Acer, Ailantus, Cercis, Alnus,
Carpinus , Populus, Tilia.
Enfin, lors de l’époque quaternaire ou
diluvienne, les forêts actuelles se trouvent
constituées.
Mais, dans ces forêts, les espèces étaient-
elles à peu près réparties comme elles le
sont aujourd’hui ? Cette grosse question est
résolue dans le sens négatif.
L’abaissement graduel de la tempéra-
ture a peu à peu forcé les espèces végétales
à émigrer vers le Sud.
Pendant la période secondaire, sur la
couche crétacée, les végétaux alors exis-
tants, et qui sont répartis de nos jours dans
les régions tempérées chaudes, se dévelop-
paient à l’intérieur du cercle polaire. C’est
pour cette raison que l’on a retrouvé au
Groenland les traces fossiles d’un Cycas ,
le C. Steenstrupi, dont les caractères sont
intermédiaires entre ceux du C. revoluta
du Japon et du C. siamensis , ce qui per-
met de dire que le Japon méridional, auprès
POIS A
Très-vigoureux et très-productif, le Pois à
cosse jaune d'or atteint 1 mètre et plus de
hauteur, et, par conséquent, il doit être
ramé, quoique ses tiges, bien résistantes,
se tiennent relativement très-fermes. En
voici la description :
Tiges d’un vert blond ou blanchâtre dans
toutes leurs parties, lisses, luisantes. Cosses
arquées, parfois géminées, d’un beau jaune
d’or qui ressort parfaitement sur le vert
des autres parties de la plante, portées sur
un pédoncule de même couleur, longues de
10 centimètres, bien pleines, renfermant de
7 à 8 graines très-rapprochées, d’une forme
régulière. Grains bien renflés, non ridés,
à peau unie, lisse, d’un beau vert jaunâtre,
tendres, fondants, sucrés et d’une saveur
très -agréable.
Cette variété inédite n’a pas seulement le
mérite de la nouveauté, elle a tous ceux qui
de Nangasaki, représente à peu près ce que
devait être, lors de la craie récente, le
climat de la région arctique groënlan-
daise.
En même temps que les espèces émi-
graient du Nord vers le Sud, celles qui
croissaient sur les montagnes suivaient une
marche analogue, en s’abaissant du sommet
vers la base, obligées qu’elles étaient de se
déplacer ainsi pour se trouver toujours dans
les mêmes conditions thermales.
Nous voudrions pouvoir suivre M. de
Saporta dans les chapitres consacrés au
groupement social des végétaux, à l’origine
et à la filiation des types arborescents, etc. Il
y aurait là des enseignements précieux don-
nant en partie la clef de la distribution géo-
graphique des plantes et de l’origine des es-
pèces ; mais il est impossible de résumer,
de condenser une œuvre où les indications
sont aussi nombreuses et toutes de grande
valeur scientifique. Il nous sera toutefois
permis de remercier l’auteur d’avoir mis
ainsi à la portée de tous, dans un ouvrage
peu volumineux et bien écrit, cette science
encore nouvelle de la phytopaléontologie
dont Ad. Brongniart a codifié les premières
lois, et que tant de nos compatriotes, comme
MM. B. Renault, Zeiller, Grand’Eury et
l’auteur lui-même ont contribué à déve-
lopper et à illustrer.
Éd. André.
JAUNE D’OR
constituent une variété hors ligne. Elle ap-
partient à la section des mange-tout , c’est-
à-dire que ses cosses, bien cassantes, sont
dépourvues de parchemin, même lorsqu’elles
sont déjà très-développées. D’autre part, la
fixité de la belle couleur jaune des cosses
est un attrait de plus, qui prépare ce que
la saveur ne tarde pas à confirmer.
Le Pois à cosse jaune d'or sera mis au
commerce, cette année, par MM. Forgeot
et Cie, 6, quai de la Mégisserie, à Paris. Ce
sera une des plus intéressantes nouveautés
de l’année ; nous avons la certitude qu’elle
restera au commerce et fera un jour par-
tie des légumes courants, c’est-à-dire de
ceux qui approvisionnent les marchés. On
est même en droit d’espérer qu’elle formera
une race , qui, par sa descendance, de-
viendra la souche d’une série de variétés
méritantes. E.-A. Carrière.
390
HABEN ARI A MILITARIS.
HABENARIA
Dans les cultures d’Orchidées de serres,
les espèces épiphytes ont eu, jusqu’à pré-
sent, le pas sur les espèces terrestres. C’est
une préférence bien explicable, d’une part
à cause de la beauté des fleurs de la plu-
part de ces plantes, de l’autre, en raison de
leur étrangeté. Nous sommes ainsi faits,
que nous préférons toujours ce qui sort de
l’ordinaire et que, souvent, la bizarrerie
constitue un attrait supérieur à celui de la
beauté.
Cependant, combien d’Orchidées magni-
fiques ou simplement gracieuses appar-
tiennent à la tribu de celles qui prennent
leur point d’appui et leur nourriture dans le
sol même, au lieu de se présenter comme
des plantes aériennes, suspendues aux bran-
ches des arbres !
Seul, le genre Habenaria , l’un des plus
vastes de la famille des Orchidées, et dont
les 400 espèces sont répandues largement
sur toutes les régions de l’Ancien et du
Nouveau Monde, suffirait à doter nos cultu-
res de plantes charmantes que l’on n’a
guère songé à y introduire jusqu’ici. Dans
les parties tempérées de l’Amérique du
Sud qu’il m’a été donné de parcourir, le
Vénézuéla, la Colombie, l’Ecuador et le
Pérou, j’ai bien souvent rencontré de
beaux Habenaria , qu’il me serait agréa-
ble de voir aujourd’hui dans nos jardins
et dans nos serres, et qui sont encore
intacts dans leurs solitudes presque inex-
plorées.
L’espèce qui fait l’objet de la présente
note et d’une plante coloriée très-fidèle,
Y Habenaria militaris , est originaire des
îles Philippines, où M. A. Régnier nous dit
l’avoir découverte en décembre 1885. La
température moyenne du fieu était d’envi-
ron 20 degrés centigrades. C’est une pré-
cieuse indication pour la culture, qui devra
se faire en serre chaude. « La montagne
sur laquelle croissaient ces plantes, nous
écrit M. Régnier, avait plusieurs petites
sources qui se réunissaient en une seule et
formaient une cascade. J’ai recueilli mes
plantes dans les fentes des rochers remplies
de détritus végétaux, le long des sources.
Au moment des grandes pluies, ces sources
se trouvent grossies et débordent sur les
roches environnantes, ce qui rend la végé-
tation de Y Habenaria militaris admira-
ble. »
MILITARIS
Description. — Orchidée terrestre, à
tiges hautes de 50 centimètres et plus.
Feuilles longues de 15 à 25 centimètres,
linéaires, lancéolées, aiguës, embrassantes
à la base rétrécie, d’un vert glaucescent.
Inflorescences en épi dressé, portant de
20 à 30 fleurs, à bractées inférieures oblon-
gues, accuminées aiguës, égalant l’ovaire et
son pédicelle. Fleurs à sépale dorsal navi-
culaire ; sépales latéraux oblongs, aigus,
défléchis, révolutés ; pétales apiculés, li-
néaires ; labelle trifide à lobes latéraux
oblongs, dolabriformes, divariqués, à lobe
médian brièvement onguiculé , oblong ,
bifide, à divisions triangulaires ; éperon
filiforme comprimé aigu, plus long que
l’ovaire avec son pédicelle; division mé-
diane du rostellum cornue triangulaire.
En décrivant cette nouveauté, M. Rei-
chenbach ajoute 1 que « jamais soldat an-
glais n’a porté une tunique d’un plus bel
écarlate que le labelle de cette plante. »
C’est, en effet, une couleur superbe qui
rappelle, en plus clair, les beaux périantlies
de YEpidendrum vitellinum et qui est
digne des épithètes laudatives de tout or-
chidophile digne de ce nom.
Ici nous nous trouvons en présence d’une
question délicate, celle de la patrie de la
plante. A l’article du Gardeners’ Chro-
nicle se trouve ajoutée la mention que
cette patrie est la Cochinchine, où M. Go-
defroy-Lebeuf a découvert la forme naine.
M. Reichenbach ajoute même qu’il a Vu les
exemplaires séchés sur place, et il les déter-
mina, à cause de leur petite taille, sous le nom
à’ Habenaria pusilla 2. Ce n’est qu’après
avoir vu les échantillons de M. Régnier
atteignant près de deux pieds de haut, que
l’auteur ne crut pas devoir conserver la
première appellation et changea ce qualifi-
catif en militaris.
La plante serait-elle à la fois originaire
des Philippines et de Cochinchine ? Les
deux régions ne sont pas très près l’une de
l’autre. Nous n’avons pas qualité pour ju-
ger ce point litigieux et nous nous conten-
tenterons, en terminant, de citer le mode
de culture que M. A. Régnier recommande
à très-juste titre.
Culture. — Terre chaude, température
1 Gard. Chron., 1886, vol. 26, p. 518. — Will.,
Orchid Album , v. 6, pl. 281.
2 Orch. bot. hamb., 1878, p. 33.
Revu e Horticole .
ChronwlaJv. G-.S&oere*
eyns.
Habenana mihtans.
soàard , a
CERISIER COMMUN PLEUREUR.
397
de 15 à 20 degrés centigrades. Compost de
Sphagnum et de débris de P oly podium vul-
gare , avec un fort drainage de tessons et
charbon de bois. La floraison a lieu de sep-
tembre à octobre, et la plante peut donner'
un bon rapport pour la fleur coupée et l’or-
nementation des serres par son coloris
écarlate. En ne la divisant pas, elle formera
de belles touffes pouvant produire de
10 à 15 hampes florales. Après la déflorai-
son, on doit cesser complètement les arro-
sages pour les reprendre aux mois d’avril-
mai. Il faut alors tenir les plantes toujours
humides et ne les laisser recevoir le soleil
qu’indirectement.
Avec ce traitement, YHabenaria mili-
taris constituera pour les serres chaudes
un élément décoratif de premier ordre.
Éd. André.
CERISIER COMMUN PLEUREUR
Trouvée dans un semis de Cerise aigre,
cette variété, cultivée franche de pied
dans les environs de Paris, a conservé tous
les caractères généraux du type. En voici
une description sommaire :
Arbuste buissonneux, relativement nain.
Branches rapprochées, grêles, longuement
étalées, pendantes. Rameaux à écorce lisse,
luisante, gris cendré. Bourgeons grêles,
flexueux, à écorce vert roux. Feuilles régu-
lièrement dentées, à dents courtes, généra-
lement petites, celles des bourgeons un peu
plus grandes, ordinairement glanduleuses,
courtement pétiolées ; limbe largement
ovale, à glandes peu nombreuses, globu-
leuses, placées à la base du limbe, vers
l’extrémité du pétiole. Pétiole petit, coloré
à la base. Fleurs blanches, s’épanouissant
de bonne heure au printemps, assez résis-
tantes. Fruits très-nombreux, pendants,
oblongs, plus longs que larges, de 22 à
24 millimètres de longueur, sur 16 de dia-
mètre, arrondis au sommet, tronqués à la
base, où se trouve une grande cavité régu-
lière, dans laquelle est insérée une queue
ténue d’environ 5 centimètres de longueur.
Peau d’un beau rouge sombre brillant.
Chair adhérente au noyau, diaphane, légè-
rement rosée, douce, non aigrelette. Eau
assez abondante, de saveur agréable. Noyau
longuement ovale, à testa blanc jaunâtre,
très-uni, long d’environ 1 centimètre, dé-
pourvu de carène, rétréci régulièrement
aux deux extrémités.
Cette variété, qui mûrit ses fruits dans la
première quinzaine de juin, est triplement
précieuse, par sa fertilité, sa hâtiveté et la
beauté de ses fruits, qui, très-nombreux,
font pencher toutes les parties vers le sol et
donnent à l’ensemble de l’arbre un cachet
tout particulier de beauté. Au point de
vue ornemental, c’est à plusieurs titres que
cette variété peut être employée, d’abord
pour décorer les massifs dans les parterres
de petites dimensions. Dans ces conditions,
l’arbre est d’abord joli par son port et son
feuillage abondant, d’un beau vert, auquel
bientôt viennent s’ajouter une grande quan-
tité de fleurs d’un joli blanc, bientôt rem-
placées par des fruits, qui, pendant plus
d’un mois, produisent, par leur belle cou-
leur rouge, un effet splendide. D’autre part,
les dimensions relativement naines qu’ac-
quièrent les arbres font qu’on peut les
cultiver en pots ou en caisses, pour être
employés à diverses ornementations , et
finalement être placés sur la table quand
l’époque de la maturité des fruits est arri-
vée. Dans ces conditions, ces plantes seront
doublement bien accueillies : d’abord par
les yeux, qu’elles auront réjouis pendant
tout le repas, ensuite par le palais, qui en
sera rafraîchi.
On pourrait aussi traiter les arbres en
petites boules qu’on élèverait sur une tige
plus ou moins élevée ; ou bien à l’aide
d’une taille appropriée, leur donner telle ou
telle forme que l’on jugerait convenable. Le
tout, ici, se réduirait donc à une question
de traitement qui dépend de l’horticulture
et est du domaine de la pratique.
Outre les avantages que nous venons de
faire connaître, qui sont propres à l’écono-
mie domestique (ornement ou spéculation),
le Cerisier dont nous parlons forme un
intermédiaire entre la Cerise aigre (type de
Montmorency et la Merise des bois (type
de la Guigne). Avec le port et la végétation
du premier, il se relie au second par la
nature de sa chair, qui, douce et sucrée,
rappelle celle de la Guigne.
E.-A. Carrière.
398
LE CAFÉIER, DESCRIPTION ET HISTOIRE.
LE CAFÉIER
DESCRIPTION ET HISTOIRE
Le Caféier est un arbrisseau apparte-
nant à la famille des Rubiacées. On le
regarde généralement comme originaire
des provinces méridionales de la Haute-
Abyssinie, d’où il aurait été transporté
dans l’Arabie-Heureuse ou Yémen, vers
la fin du XVe siècle. Cependant, comme
il croît en abondance dans cette partie
du globe, quelques botanistes le croient
originaire de l’Yémen. On l’a rencontré
aussi à l’état sauvage ou subspontané à
Rio Nunez (Sénégal), à la RAunion et au
Brésil. Ce furent les Hollandais qui im-
portèrent les premiers le Caféier en Eu-
rope. En 1690, Van Horn parvint à se
procurer quelques pieds à Moka et les
introduisit à Batavia, où ils réussirent
parfaitement. Il envoya à Amsterdam un
plant que l’on parvint à multiplier par
graines. En 1712, un pied fut remis à
Louis XIV qui le üt placer dans les serres
du Jardin-des-Plantes où il fructifia fort
bien. Peu de temps après, on en expé-
dia trois pieds aux Antilles ; ils furent
remis à Desclieux, gentilhomme normand,
enseigne de vaisseau, qui ne parvint, dit-on,
à en conserver un qu’en partageant avec
lui sa ration d’eau. C’est de ce pied que
sont sorties les plantations de la Guade-
loupe, de la Martinique, de la Guyane, de
Saint-Domingue et de toutes les autres co-
lonies européennes, excepté, toutefois, les
colonies hollandaises.
Le Caféier est un arbrisseau pouvant
atteindre de 5 à 6 mètres et à forme pyra-
midale. Sa tige est cylindrique, ses bran-
ches sont opposées, un peu nerveuses,
flexibles et grisâtres. Les feuilles sont oppo-
sées, persistantes, presque sessiles, sim-
ples, entières et accompagnées à leur base
de stipules intrapétiolaires, acuminées et
réunies en gaîne dans une étendue va-
riable. Ces feuilles sont ovales-allongées,
pointues, un peu sinueuses sur les bords,
glabres, d’un vert foncé, à nervures sail-
lantes. Les fleurs, d’un blanc très-légère-
ment rosé et d’une odeur suave, sont dis-
posées en cymes composées, à l’aisselle des
feuilles supérieures. Elles sont régulières et
bisexuées, ont un réceptacle concave dans
lequel est logé un ovaire tout à fait in-
fère, tandis que sur ses bords s’insèrent
un calyce à quatre ou cinq lobes, une co-
rolle gamopétale, hypocratérimorplie ou
infundibuliforme, à cinq divisions con-
tournées, à tube plus ou moins long, glabre
ou velu à la gorge, des étamines alternes
avec les divisions de la corolle, à filet court
paraissant inséré sur son tube et à an-
thères incluses ou exsertes, biloculaires,
introrses et déhiscentes par deux fentes
longitudinales. L’ovaire, couronné d’un
disque épigyne, est surmonté d’un style
filiforme, à deux branches stigmatiques su-
bulées; il renferme deux loges contenant,
sur la cloison qui les sépare, un ovule as-
cendant, anatrope avec le micropyle en bas,
et coiffé d’un large obturateur qui dispa-
rait après la fécondation. Le fruit est une
drupe charnue, globuleuse ou oblongue,
à deux noyaux coriaces ou chartacées, con-
vexes sur le dos et plans sur leur face ven-
trale. Ils contiennent chacun une graine de
même forme, présentant à sa face ventrale
une fente longitudinale, due à l’enroulement
de la graine sur elle-même. Celle-ci ren-
ferme sous ses téguments un albumen
corné, à la base duquel est un embryon
quelquefois courbe, à radicule infère et à
cotylédons foliacés et cordiformes. Quel-
quefois l’une des deux loges de l’ovaire
avorte ; le fruit est alors plus petit, n’a
qu’un noyau, et la graine, toujours convexe
sur le dos, présente, sur la face ventrale,
deux bourrelets arrondis séparés par la fente
longitudinale. La partie employée est la
graine, qui nous arrive très-rarement en-
tourée de son fruit, quelquefois enveloppée
du noyau et plus souvent nue ; l’albumen
corné qu’elle renferme est la partie la
plus importante et c’est elle qu’on uti-
lise.
On connaît un grand nombre d’analyses
du Café, variant dans de certaines limites
selon les espèces examinées. L’analyse sui-
vante du café Moka, faite par Payen, in-
dique suffisamment quels sont les consti-
tuants de cette graine :
Cellulose 34,000
Eau hygroscopique 12,000
Matières grasses 10,000 à 13,000
Glucose, dextrine, acide indéterminé. 15,500
Légumine, caféine 10,000
Substance azotée albuminoïde .... 3,000
399
LE CAFÉIER, DESCRIPTION ET HISTOIRE.
Chloroginate de potasse et de ca-
féine 3,500 à 5,000
Caféine libre 0,800
Huile essentielle solide 0,001
Huile essentielle liquide 0,002
Matières minérales 6,697
D’après MM. Bentham et Hooker, on
connaîtrait une vingtaine d’espèces de Ca-
féiers originaires de l’Asie, de l’Afrique et
des îles Mascareignes ; mais la plus célèbre
de toutes, celle qui intéresse à la fois la
médecine, l’hygiène, l’économie domes-
tique et même politique, est le Caféier
d’Arabie (Coffea arabica). Ce Caféier pré-
sente, comme presque toutes les plantes
cultivées en grand, un grand nombre de
variétés dues soit à la forme et à la grosseur
des graines, soit à leur lieu d’origine.
Il y a quelques années, il a été découvert
par M. Humblot, dans la Grande-Comore,
deux Caféiers qui paraissent nouveaux. Ces
végétaux croissent dans cette île à l’état
sauvage ; d’après ce voyageur, leur graine
possède toutes les qualités du bon Café.
Le premier, Coffea Humblotiana, H. Bn.,
est un grand arbre qui s’élève à la hauteur
de 25 mètres et dont le tronc atteint la gros-
seur du corps humain (1). Ses organes de
végétation rappellent ceux du C. mauvi-
tiana ; son écorce est grise et rugueuse. Ses
feuilles très-glabres, lancéolées, sont mem-
braneuses, acuminées et tellement atténuées
à leur base que c’est à peine si, dans une
longueur d’un centimètre, leur pétiole est
totalement dépourvu de l’extrémité de la
décurrence limbaire. Ses fruits secs sont
noirs, glabres, obovoïdes (longs d’environ
1 centimètre 1/2). Mais les dimensions de
ses fleurs (2 centimètres 1/2 de long et de
large) le distinguent des espèces qui lui
sont, d’ailleurs, analogues ; elles ne sont
pas non plus sessiles comme celles du
C. macrocarpa, A. Ri ch. ; leur pédicelle
atteint environ 1 centimètre. Le calyce
présente un petit bourrelet glanduleux ver-
ruqueux. Les divisions de la corolle sont
largement lancéolées ; les anthères sont
très-allongées; les divisions du style semi-
cylindriques sont un peu élargies, vers leur
sommet obtus. La coque, pâle, subréguière,
avec une fente à peu près médiane, ren-
ferme une graine tout à fait plane en de-
dans, longue de plus d’un centimètre.
L’autre espèce, le C. rachiformis ,
(1) Un tronc rapporté par M. Humblot se trouve
à la Galerie de Botanique du Muséum d’Histoire
naturelle de Paris. *
H. Bn., ainsi nommé à cause de l’appa-
rence de ses branches, est plus petit, plus
trapu. Ses axes sont gris, glabres, mais
tout fendus en travers et comme articulés
en rachis ; ils se dilatent beaucoup au ni-
veau de l’insertion des feuilles, et celles-ci
sont à peu près elliptiques, seulement deux
fois plus longues (environ 6 centimètres)
que larges. Les fleurs sont petites (environ
1 centimètre) et à peu près sessiles. Le fruit
doit être bien plus court que celui du
C. Humblotiana, car il renferme une
seule coque fertile qui n’a guère que
2/3 de centimètre de long ; elle est
courtement ellipsoïde-obovée, comme la
graine qui, étant solitaire dans le fruit,
a une section transversale circulaire et
constituerait, d’après ce que M. Humblot,
rapporte de ses qualités, une excellente
sorte, de celles que le commerce appelle
Mokas. Cette espèce atteint 4 à 5 mètres de
hauteur.
Le Coffea libevica , Hiern, est une espèce
nouvelle connue depuis quelques années ; il
existe à l’état sauvage sur la côte de Libéria
qui s’étend du cap des Palmes à Sierra
Leone et dans plusieurs localités de l’Afrique
tropicale occidentale. La qualité, le volume
de ses graines, sa croissance vigoureuse et
la facilité avec laquelle elle résiste aux
parasites qui déciment les plantations de
Café d’Arabie, rendent cette plante pré-
cieuse pour l’avenir de nos colonies, et déjà
elle est cultivée avec succès dans l’Inde an-
glaise, à Java et au Brésil. Ce Caféier est
un arbre qui peut acquérir de 20 à 30 pieds
de hauteur. Les feuilles sont grandes, à
pétiole canaliculé et petit. Le fruit varie
dans ses dimensions suivant la variété
du Caféier, et surtout suivant le terrain
dans lequel on le cultive. C’est ainsi qu’on
connaît une variété à petites baies ; mais,
la variété à grosses baies est généralement
préférée, car elle donne une plus grande
quantité de graines dont la qualité paraît
également supérieure; elle peut, dans les
terrains secs, se modifier et donner des
baies dont le volume est beaucoup moin-
dre. Il semble donc facile de modifier les
dimensions des graines suivant le mode
de culture et le terrain choisi. Cette es-
pèce prospère dans les pays où la tempé-
rature se maintient entre 22 et 30 degrés,
aussi bien sur les côtes que sur les lieux
élevés. Il lui faut un terrain humide, mais
à la condition que les racines ne soient pas
en contact avec l’eau. Sur les terrains en
pente, sur les coteaux, les racines doivent
400
CHRYSANTHEMUM ÉTOILE ü’OR JAUNE PALE.
être toujours recouvertes de terre, car elles
affleurent le sol et se dessécheraient vite
au soleil. Aussi, dans la saison sèche, con-
vient-il de les recouvrir de gazon desséché
ou de paille. Le plant lui-même ne redoute
pas trop les rayons solaires, et, s’il est bon
de l’abriter, on peut employer dans ce but
des plantes annuelles. Ce Caféier se repro-
duit de semis que l’on repique quand les
jeunes plants ont trois ou quatre mois, en
les espaçant l’un de l’autre de 4 mètres en-
viron, car il est nécessaire que l’air et la
lumière puissent les frapper directement
pour obtenir une végétation vigoureuse.
Bien que cet arbre résiste aux organismes
inférieurs qui dévastent les plantations,
tels que YHemileia vastatrix, il est ur-
gent de couper les arbres ou leurs parties
qui en sont atteintes, et de les brûler loin
des plants de Caféier. Quand l’arbre est en
pleine végétation, on peut l’étèter comme
on le fait pour le Caféier ordinaire, ou
l’abandonner à toute sa croissance. D’après
certains rapports, le rendement en graines
serait tel que 20 acres de terrain plantés de
CHRYSANTHEMUM ÉT(
Il y a déjà quelques années, on obtenait
au parc de la Tète-d’Or, à Lyon, une va-
riété de Chrysanthème qui, par l’ensemble
de ses caractères généraux , sortait du
Chrysanthemum frutescens, dont, toute-
fois, elle différait un peu par sa nature, son
feuillage plus maigre, ses rameaux plus
grêles et plus allongés, mais surtout par
ses fleurs beaucoup plus grandes et d’un
très-beau jaune. Cette variété, qui reçut le
nom à’ Étoile d'or, s’est multipliée par bou-
ture, ainsi du reste qu’on le fait du Chry-
santhemum frutescens , et servait aux
mêmes usages décoratifs que ce dernier.
Toutefois, dans les semis que l’on faisait de
la variété Étoile d'or, se trouvaient tou-
jours quelques individus qui différaient du
type, mais pas assez, pourtant, pour attirer
l’attention et constituer des variétés dis-
tinctes. Plus récemment, on a été plus heu-
reux ; dans un semis, on en remarqua une
à grandes fleurs bien faites, mais de cou-
leur jaune paille ; nous allons la décrire.
Plante robuste, très-ramifiée, à ramifica-
tions dressées, relativement grêles. Feuilles
pennées, épaisses, sessiles, semi-amplexi-
caules, à divisions larges, glabres, d’un
beau vert foncé. Fleurs de 6 centimètres et
Coffea liberica fourniraient autant de pro-
duits que 200 acres plantés en Caféier
d’Arabie ou de Ceylan. La graine possède
un parfum des plus agréables, et l’on espère
modifier le plant de telle façon que ses
fruits puissent lutter sans désavantage avec
ceux de Moka. Le C. liberica a fleuri, pour
la première fois en France, de 1881 à 1882,
dans les serres du Jardin botanique de
l’École de médecine de Paris.
On a aussi découvert, au Brésil, une
nouvelle variété de Caféier qui porte le nom
de Maragogipe, et qui se distingue par les
dimensions de ses feuilles, deux fois plus
grandes que celles du Caféier d’Arabie, et
par la grosseur de sa graine, dont le parfum
ne le cède en rien à celui des meilleures
sortes. Son rapport paraît être considé-
rable. A trois ans, il atteint une hauteur de
3 à 4 mètres, et la récolte est déjà des plus
rémunératrices. Sa culture paraît déjà
s’étendre dans le Brésil.
Henri Joret,
Ancien jardinier en chef du gouvernement
au Sénégal.
LE I)’0R JAUNE PÂLE
plus de diamètre, portant à la circonférence
une rangée de ligules (demi-fleurons) très
rapprochées, se recouvrant par leurs bords,
parfois même comme superposées et pré-
sentant un commencement de duplicature.
Ligules très longuement et étroitement
elliptiques, arrondies au sommet, qui est lé-
gèrement échancré au centre, d’un jaune
paille, portant vers le centre deux carènes
très-saillantes en dessus. Involucre peu dé-
veloppé, relativement plat. Fleurs centrales
(fleurons) tubuleuses, courtes, d’un jaune
foncé, formant une saillie conique assez
sensiblement bombée. Écailles de l’invo-
lucre petites, courtes, fortement appliquées.
De même que le Chrysanthemum fru-
tescens type, la plante dont nous parlons
se multiplie par graines et par boutures.
On sème à partir de janvier et février
jusqu’en mai, d’abord sous châssis, puis
en pleine terre, quand les froids ne sont
plus à craindre; on repique les plants en
leur donnant des soins appropriés à leur
force et surtout à l’époque et aux condi-
tions dans lesquelles on opère ; les repi-
quages d’été se font en pleine terre, en
pépinière ou en place. Les premiers repi-
quages se font en pots qu’on place sous
ÆCHMEA DRAKEANA.
m
châssis jusqu’à ce que la saison permette
de les livrer à la pleine terre. Ces semis,
qui fleurissent sans interruption jusqu’à
l’arrivée des gelées, outre qu’ils ornent par-
faitement les massifs et les plates-bandes,
ont cet autre avantage de fournir une
grande ressource pour couper des fleurs
servant à la décoration des tables. Pour
cela on en fait des massifs spéciaux, dans
un lieu particulier, c’est-à-dire non consa-
cré à l’ornementation.
E.-A. Carrière.
ÆCHMEA DRAKEANA
La plante nouvelle dont nous donnons
aujourd’hui une description a été dé-
couverte, en 1882, par M. Poortman, dans
l’Ecuador, près de Zaraguro, au cours du
voyage d’exploration qu’il fit dans l’Amé-
rique du Sud sous ma direction, aux frais
de MM. A. Marne, E. Drake et Ed. André. Nos
lecteurs ont déjà pu admirer quelques plantes
remarquables rapportées de cette explora-
tion. Nous citerons les Philodendron Ma-
mei, Solanum albidum Poortmani , Ono-
seris Drakeana, VerbesinaMameana,eie.,
dont la Revue horticole a publié des des-
criptions et des figures. Il reste d’autres es-
pèces qui paraîtront successivement, au fur
et à mesure de leur floraison.
L ’Æchmea Drakeana ne le cède pas en
beauté à ses devancières et n’excitera pas
un moindre intérêt. Par ses feuilles gra-
cieusement arquées, son calyce et son ovaire
d’un beau ton de laque rose, sa longue co-
rolle d’un bleu de ciel qui semble empruntée
à quelque charmant Billbergia, la plante
peut lutter avec succès contre les autres
jEchmea ; par sa rareté, elle les éclipse
tous. On ne possède, en effet, qu’un seul
pied de cette plante inconnue jusqu’ici dans
les cultures. Ce pied vient de fleurir, pour
la première fois, dans mes serres de Lacroix,
en Touraine. En attendant que la Revue
publie, en planche coloriée, l’inflorescence
que nous avons fait peindre, voici la descrip-
tion de la plante 1 :
Æchmea Drakeana, Ed. André, nov. spec. —
Feuilles au nombre de 12 en rosette, étalées-
décurves, de texture parcheminée, vert tendre
teinté de violâtre en dessous par transparence,
finement squammeuses- blanchâtres sur les
deux faces (lépidotès), longues de 50 centi-
mètres, larges de 5 à 6 centimètres, canali-
culées, à bords longuement ondulés, à base peu
dilatée, à sommet obtus pourvu d’un mucron
court spinescentnon réfléchi, brun comme les
1 L’exemplaire observé étant unique, on pourrait
peut-être constater sur d’autres, ultérieurement,
quelques différences dans les dimensions, le nombre
des feuilles et des fleurs, etc. Ed. A.
dents marginales distantes, courtes, droites,
triangulaires-aiguës. Hampe atteignant (avec
l’inflorescence) 45 centimètres, dressée, rigide,
de 7 millimètres de diamètre, cylindracée, vio-
lacée à la base, rouge au sommet, sillonnée,
couverte d’un tomentum blanc saillant sur les
bractées apprimées ou semi-embrassantes,
étroitement lancéolées-afguës, pâles, longues
de 4 à 6 centimètres. Inflorescence longue de
15 centimètres, en épi simple, érigé, oblong,
laxiflore. Fleurs au nombre de 26, sessiles,
distantes à la base, plus rapprochées au som-
met, d’abord assurgentes, puis s’abattant à
angle droit sur le rachis au moment de l’an-
thèse, chacune sous-tendue d’une bractée
linéaire subulée incurvée, diminuant graduel-
lement vers les fleurs du sommet. Calyce adné
à l’ovaire, obscurément trigone verruqueux,
tous deux d’un beau rose laque brillant, longs
ensemble de 2 centimètres ; sépales glabres,
imbriqués, obtus, à pointe apicale courte re-
dressée. Corolle longue de 4 centimètres, d’un
charmant bleu de ciel ; pétales trois fois plus
longs que les sépales, en lanière, rassemblés
en tube, pâles à la base, à sommet étalé ar-
rondi acutiuscule, à bord supérieur ponctué de
saillies indigo. Étamines à filets blancs, rap-
prochés, cylindracés, insérés un peu au-dessus
de la base des pétales, à anthères oblongues
blanches. Style dépassant à peine les étamines,
d’un beau bleu de lapis-lazuli, à trois branches
obtuses-spiralées.
Nous ignorons quel avenir horticole est
réservé à cette plante nouvelle ; mais l’accueil
sympathique qu’elle a reçu à ses débuts
de la Société nationale d’horticulture de
France, et où elle a reçu une haute dis-
tinction, une prime de première classe,
dans la séance du 42 juillet dernier, est
un sûr garant que son mérite n’a pas
été exagéré. Quand d’heureuses fructifi-
cations auront permis de la multiplier,
elle sera certainement fort recherchée des
amateurs, que sa rareté et sa beauté
tenteront, et des horticulteurs, qui trouve-
ront en elle les qualités d’une plante
agréable, très -florifère et peu encom-
brante.
En attendant, YÆchmea Drakeana , que
MOSAÏCULTURE HUMORISTIQUE.
402
je dédie à M. Emm. Drake del Castillo,
en souvenir de ses travaux botaniques et de
son patronage' effectif dans le voyage de
M. H. Poortman, reste le type précieux
d’une forme rare dans ce genre de Bromé-
liacées et le spécimen unique et intéressant
d’une espèce restée jusqu’à ce jour dans une
forêt vierge du versant oriental des Andes,
au sud de la République de l’Équateur.
Ed. André.
MOSAÏCULTURE HUMORISTIQUE
La plupart des jardiniers américains se
sont livrés avec enthousiasme à la décoration
florale la plus recherchée. Le génie yankee
s’est donné libre cours en ce sens, et les
dessins d’ornementation florale ont pris, aux
États-Unis, les formes les plus compliquées,
quelquefois aussi les plus bizarres.
Les portraits des grands hommes ont été
Fig. 94. — Une aimable surprise.
Pendant Vabsence de son mari , en voyage d’affaires, la charmante Mme Childers a employé un
jardinier -paysagiste qui lui avait été recommandé comme un « parfait artiste ». Ce dernier a
presque terminé son travail au moment où a lieu le retour de M. Childers.
reproduits, quarante fois plus grand que na-
ture, avec imitation aussi rapprochée que
possible des couleurs, au moyen des plantes
habituellement employées pour ce genre de
décoration : divers instruments, quelques-
uns utiles, furent construits de la même
manière.
Il est probable que certaines exagérations
se sont produites en ce sens, et qu’elles ont
motivé le dessin qu’a publié un journal
américain, The American Florist, et dont
nous avons fait faire la copie ci-dessus,
(fig. 94) accompagnée de la légende origi-
nale.
L’ « artiste », on le voit, n’a pas perdu
son temps, et M. Childers, consterné, semble
se demander comment il va pouvoir faire
culbuter les décorations florales très variées :
chats, chiens, paire de souliers, oiseaux et
« gentlemen », qui ornent ses pelouses. Ce
qui lui sera plus difficile, ce sera de rendre
une forme naturelle aux malheureux arbres
SOCIÉTÉ NATIONALE D’iIORTICULTURE DE FRANCE.
403
que le Landscape-gardener a convertis en
arrosoirs, en paire de gants, etc., rappelant
de très-loin les anciens jardins du moyen
âge.
Si de pareilles plaisanteries pouvaient
tuer le mauvais goût chez certains jardi-
niers bien peu dignes de ce nom, nous nous
applaudirions d’avoir reproduit cette fan-
taisie humoristique de notre confrère amé-
ricain. P. Cornuault.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 9 AOUT 1888.
Comité de floriculture.
M. Alexandre Régnier, horticulteur à Fon-
tenay-sous-Bois, présentait un énorme et très-
joli bouquet de Phalænopsis Esmeralda , gra-
cieuse Orchidée à fleurs rouge violacé très-vif,
de serre tempérée, excellente nouveauté trop
peu répandue, se tenant fort bien dans les
appartements et dont la floraison avait com-
mencé il y a trois mois.
Par M. Rousseau, jardinier chez M. le comte
H. de Ghoiseul, à Viry-Ghâtillon (Seine-et-Oise) :
un Catasetum Bungerothi , Orchidée vigou-
reuse, à feuilles plissées, allongées, garnie
d’une grande et grosse grappe retombante de
fleurs charnues, blanc un peu jaunâtre, d’une
forme triangulaire très-originale. Cette espèce,
découverte en 1885 dans la vallée de l’Oré-
noque, est d’une culture très-simple; on met
les plantes aussi près que possible du verre,
on les tient à sec pendant quatre mois, et
vers l’époque de leur floraison, on commence
à les arroser.
Du même présentateur, un bouquet de
Glaïeuls fort beaux, vigoureux, jaune pâle
légèrement saumoné, teinté de rose sur les
bords et marqué d’une large macule carmin
sur les deux pétales inférieurs.
Ce semis a été reconnu comme provenant
de la variété Lafayette , récemment mise au
commerce.
Par M. Émile David, jardinier à Savigny-sur-
Orge : 9 variétés de Gladiolus gandavensis ,
semés en 1886 ; les fleurs en étaient très-belles,
très-amples, de tons variés, rose, rouge écar-
late, d’autres carminées, saumon, unies ou à
bords rouge.
Par M. Lequin, horticulteur à Glamart : un
lot de 4 variétés de Glaïeuls rustiques à larges
macules, rose, rose lilacé et rose saumoné.
Ges Glaïeuls rustiques, outre qu’ils ont l’avan-
tage de passer l’hiver en pleine terre, sont
beaucoup plus hâtifs que les G. gandavensis.
Par M. Dupanloup et Cie, à Paris : une
collection très-variée de fleurs coupées de
Reines-Marguerites pyramidales, très-grandes,
mais un peu plates.
MM. Miot père et fils, horticulteurs à Langres,
avaient envoyé des Œillets de Chine, dont les
fleurs n’offraient pas un grand intérêt.
Comité de culture maraîchère.
Par M. Georges Chemin, maraîcher à Issy :
des rameaux chargés de fruits d’une variété
très-productive de Tomates, non dénommée et
mise au commerce en 1884. Les plantes culti-
vées en plein champ, palissées à des échalas,
rapportent abondamment.
Par M. Vaternelle, jardinier chez M. Falan-
son, à Villers-Cotterets (Aisne) : une corbeille
de Cerfeuil bulbeux très-volumineux, d’un bon
aspect.
Par M. Hédiard , place de la Madeleine à Paris :
des Haricots Hédiard Saint-Ciboire , genre
H. Beurre , sans parchemin, variété naine, très-
productive, venue des Indes, à grains moyens,
blancs, tachetés de violet, excellents, de très-
bon goût ; des Piments forts rouges de Mar-
seille, et des Piments forts jaunes de Marseille ,
assez petits, coniques, mais d’une saveur fort
agréable ; des fruits de Gornbo ( Hibiscus escu-
lentus) et de Maïs sucré d’Amérique , à grains
ridés ; ces derniers spécimens avaient été ré-
coltés dans le midi de la France.
Comité d’arboriculture fruitière.
MM. Baltet frères avaient envoyé une collec-
tion de belles Pommes peu répandues : Rose
de Bohême , Astrakan rouge , Titowka , Saint-
Germain, Borowitsky , etc. ; des fruits de
Malus fastigiata , dans le genre d’un gros Api
à longue queue, verdâtre, strié de rouge, à
calyce longuement feuillu, et des fruits, de
même grosseur que ces derniers, d’un M. mi-
crocarpa baccata , à fruits arrondis, jaune ver-
dâtre d’un côté et rouge légèrement vergeté
du côté exposé au soleil, à queue moyenne.
M. Chevalier fils, de Montreuil-sous-bois,
exposait une corbeille de Pêches Early Rivers ,
Early Victoria , Alexander , se ressentant un
peu de l’été pluvieux.
Par M. Girardin, horticulteur à Argenteuil :
diverses Figues de plein vent.
Comité d’arboriculture d’ornement.
M. Max. Cornu avait apporté du Muséum :
1° un rameau de Rubus phœnicolasius, Maxim.,
espèce du Japon, très-ornementale ; la tige
souple, couverte ainsi que les pédicelles et le
dessous du calyce de poils moux, rouge bru-
nâtre, est garnie de feuilles d’un vert foncé
bleuté en dessus, à face inférieure glauque,
légèrement duveteuse, et terminée par une
I grappe de fruits rouge écarlate foncé ; cet en-
404
GRAND CONCOURS HORTICOLE DE BRUXELLES.
semble présentait un aspect charmant; 2° un
bouquet de Ronces à gros fruits de Colliger,
variété reçue d’Angleterre, à fruits assez gros,
savoureux, noirs, luisants, et employés en
Angleterre pour faire d’excellentes confitures.
L’École d’horticulture de Saint-Philippe, à
Meudon, exposait une collection de Roses peu
connues qui, par la vigueur de leur tige plus
ou moins sarmenteuse, seraient employées
avec succès dans le mélange des massifs, entre
autres, R. rugosa rubrifolia à feuilles pour-
pres, très-ornementales ; R. microphylla , es-
pèce originale, à palisser contre un mur, se
couvrant de fleurs rose-carminé et de fruits
ressemblant à une Châtaigne ; les feuilles ont
10 à 12 folioles, et la plante pousse vigou-
reusement ; R. clinophylla , espèce vigoureuse
très-florifère ; R. moschata , espèce africaine,
se garnissant abondamment de nombreuses
fleurs blanches très parfumées, formant de gros
bouquets à l’extrémité des rameaux.
GRAND CONCOURS ROI
Bruxelles est en fête depuis le commen-
cement de la saison d’été. L’emplacement
affecté au « Grand Concours des Sciences
et de l’Industrie » comprend un vaste pa-
lais qui offrait à des expositions horticoles
variées un local grandiose. Les deux asso-
ciations horticoles bruxelloises, la Société
royale de Flore et la Société royale Linnéenne
de Bruxelles, ont fusionné à cette occasion
pour la première fois. Elles ont mis une
fois de plus en vigueur la noble devise des
Belges : L’union fait la force. Du 5 mai
au 31 octobre, des exhibitions horticoles
variées, comprenant successivement les
arbres et arbustes d’ornement de pleine
terre, les plantes herbacées, les Ruses, les
fleurs sèches, les produits maraîchers, les
plantes de serre, les fruits, ont été ou se-
ront organisées par leurs soins.
Convié comme membre du jury à la plus
importante de ces expositions, celle qui
s’appliquait aux plantes de serres et où
nous avons eu l’honneur de remplir les
fonctions de secrétaire-général, il nous a été
donné de voir une fois de plus l’horticul-
ture belge affirmer ses progrès et de pouvoir
constater ses succès.
L’exposition a été ouverte le 19 août. Des
points les plus divers de la Belgique :
Bruxelles, Gand, Anvers, Liège, etc., les
spécialistes ont envoyé de nombreuses et
riches collections, toutes en parfait état de
culture, et l’effet produit, par ce rare as-
semblage de belles fleurs et de riches feuil-
lages, dans la grande salle des fêtes du pa-
Par MM. Baltet, de Troyes, une collection
d’Érables en fruits, d’Althéas en fleurs et
autres essences dignes d’intérêt: un Evonymus
linifolius , à feuilles petites, étroites, garni de
jolis fruits rose carminé, longuement pédicel-
lés ; les Fusain d’Europe à feuilles pourpres ,
Prunus Pissardi de race allemande, dont les
feuilles redevenues vertes ne se montraient
colorées que sur les branches étranglées par
l’étiquette; Cratægus de Korolkow, espèce du
Turkestan, à fruits jaunes; Érable de Colchide ,
à feuilles tricolores , jolie nouveauté à belle
panachure blanche, teinté de rose à l’extrémité
des rameaux ; Acer Ginnala, variété de VA.
tataricum , à feuilles arquées lancéolées ;
Érable Griffe de Procureur , à feuilles très-
laciniées, déchirées jusqu’au pétiole ; Érable
plane cucullë , à feuilles triangulaires laci-
niées ; É. de Léopold , le plus beau des Éra-
bles panachés, etc.
Ch. Tiiays.
FICOLE DE BRUXELLES
lais de l’exposition, était vraiment remar-
quable.
La disposition générale, sous l’inspiration
des dignes présidents des deux Sociétés,
M. le comte L. de Grunne et M. de Midde-
leer, et grâce au concours dévoué des deux
secrétaires, MM. L. Lubbers et T. Ver-
nieuwe, était excellente ; le groupement
des plantes était des plus heureux. Ce n’é-
tait pas une tâche facile à remplir que d’at-
tirer l’attention du public et d’emporter le
suffrage du jury, après les grandes floralies
qui avaient émerveillé les visiteurs en avril
dernier, à l’Exposition quinquennale de
Gand.
Malgré l’état avancé de la saison, les
Orchidées ont encore brillé du plus vif
éclat. Parmi les concurrents, deux surtout
se sont fait remarquer.
M. Peeters, de Bruxelles, se présentait
avec une collection comprenant de très-
nombreuses espèces et variétés admirable-
ment fleuries, et offrant cette rare qua-
lité d’être exempte de répétitions. Malgré
l’aridité d’une semblable nomenclature, il
peut paraître utile à bon nombre de nos
lecteurs de lire les noms de quelques-unes
de ces plantes. En effet, si les Orchidées
brillent généralement de leur plus vif éclat
aux exhibitions printanières, il en résulte
aussi un inconvénient : c’est que la plupart
des propriétaires qui ne viennent que tard
en saison s’installer à la campagne ne peu-
vent plus en jouir, et qu’ils ne voient alors
de leurs plantes que des pseudo-bulbes
GRAND CONCOURS HORTICOLE DE BRUXELLES.
405
peu séduisants lorsqu’ils sont dépouillés de
leurs fleurs. Il est donc intéressant de leur
démontrer qu’en choisissant de préférence
les espèces suivantes, ils peuvent avoir des
Orchidées en fleurs pendant l’été. Voici
quelques-unes de celles qu’exposait M. Pee-
ters : Cattleya Gigas, C. Harissoni, C. bi-
color Wallaerti, C. Dowiana, C. superba
splendens, C . Leopoldi, C. Wavneri, C.
citvina, C. velutina, C. xanthina ; Milto-
nia Moreliana , M. vexillaria ; Lælia
crispa , L. cinnabarina , Cœlogyne Mas-
sangeana, Odonloglossum crispum variés,
O. grande, O. Schlieperianum, O. bicto-
niense album. O. Harryanum, Oncidium
crispum, O. prætextum, O. Forbesii , O.
varicosum Rogersii , dasystyle, incurvum,
ornithorhynchum, Epidendrum vitelli-
num , Anguloa Clowesii, Aerides cornu-
tum, Cypripedium Leeanum, C. Harri-
sianum nigrum, le rare C. Sanderia-
num, etc., etc.
La collection voisine, également fort
belle, portait l’étiquette d’une dame dont
nous avions déjà apprécié les belles cul-
tures à Gand et à Paris, Mme Block,
de Bruxelles. Une certaine quantité des
espèces et variétés précédentes se trou-
vaient dans les lots qu’elle exposait, et
où nous avons encore remarqué : Onci-
dium sarcodes superbum, O. Krameri,
O. Blockæ, Catasetum Bungerothi, Sta-
nhopea Jenischiana, S. graveolens, An-
guloa uniflora, Aerides suavissimum,
Cattleya Randi, C. Gigas variés, C. Gas-
kelliana, Phalænopsis Esmeralda, Aga-
nisia cyanea, Odontoglossum latimacu-
latum, O. Lindleyanum, O. mirandum,
O. Pescatorei, O. brevifolium, O. Jenning-
sianum, Dendrochilum filiforme, Acineta
Humboldti , Vanda suavis, V. tricolor,
Aerides affine, Saccolabium Blumei ma-
jus, S. guttatum, Cypripedium bellatu-
lum, C. Sedeni, C. Stonei, C. Dominya-
num, C. supercïliare, C. Laver enceanum,
C. Crossianum, C. Ashburtoniæ, C. java-
nicum, etc.
Les Palmiers de la même exposante
étaient beaux, de même qu’un joli lot de
Dracénas et quelques autres plantes.
Mais c’est dans le lot de M. Tasson que
nous avons remarqué les plus beaux Rha-
pis flabelliformis, Kentia Forsteriana,
Scibal Palmetto, Phoenix canariensis,
Areca sapida, A. Baueri, Cocos Bon-
neti, etc., toutes espèces fort connues,
mais en grands exemplaires. M. Halkin et
M. Moens se présentaient également avec de
beaux apports de Palmiers, et nous avons
salué au passage le Cocos Yatai deM. Spae
fils.
Les Pandanées de M. Spae Vandermeu-
len, de M. d’Haene, de MM. Jacob-Makoy
formaient aussi de précieux ornements de
l’exposition.
Décoratives au premier chef par leurs
formes majestueuses ou élégantes, les Fou-
gères arborescentes de M. Vervaet, de
Gand, de MM. L. de Smet, Wallem et fils,
Massaert, ne le cédaient en délicatesse de
formes qu’aux collections de Fougères her-
bacées de MM. Jacob-Makoy, de Liège,
Massaert, L. de Smet, et aux Sélaginelles
de M. Berckelaers.
Les Aroïdées sont toujours les préférées
des amateurs, parce qu’elles joignent sou-
vent aux feuillages décoratifs la séduction
des spathes colorées. Parmi les espèces aux
belles couleurs sorties de l’hybridation de
Y Anthurium Andreanum , il faut citer au
premier rang MM. Jacob-Makoy, que nous
voyons d’ailleurs triompher dans beaucoup
d’autres genres à cette exhibition.
Parmi les hybrides d’A. Andreanum de
MM. Jacob-Makoy, nous devons noter prin-
cipalement :
A. A. Prof. C. A. Gillinet, grandes
spathes d’un beau rouge foncé.
A. A. Dv JSieprasck, spathes saumon
foncé, nuance délicate.
A. A. giganteum, très-grandes spathes.
A. A. Madame Grisar, petites spathes
cordiformes, courtes, rouge foncé.
A. A. leodiense, spathes rouge vif.
A. A. Krameri, grandes spathes sau-
mon léger, d’nn ton délicat.
A. A. ferrierense, rose violacé, bien
connu, le premier hybride de VA. Andrea-
num.
A. A. Hooibrenckii, grandes spathes en
coupe, couleur magenta comme le spadice.
A. A. album, spathes blanches, grandes.
A. A. Makoyanum, spathes étalées, san-
guines, spadice d’un beau jaune.
A. A. Dv. Jorisssenne, spathe dressée,
rose tendre, spadice gros, blanc.
Dans le même envoi on remarquait une
nouvelle Aroïdée portant le nom K An-
thurium Enderianum. C’était une forme
de VA. magnificum à feuilles peltées, or-
biculaires aiguës, à nervures entourées
d’une zone argyrée. Tout auprès se voyaient
encore deux plantes, l’une sous lenomd’A.
ornatum grandiflorum (on avait sans
doute voulu dire grandifolium, car les
feuilles étaient grandes et les fleurs beau-
406
GRAND CONCOURS HORTICOLE DE BRUXELLES.
coup plus petites que dans le type), et une
forme nommée A. Max Kolb. plante sortie
del’A. Veitchii, à fleurs blanches, à longs
pétioles et à limbe plus court que l’espèce.
Si nous passons des Aroïdées fleuries aux
plantes de cette famille se distinguant par
leur beau feuillage, que dirons-nous des su-
perbes exemplaires envoyés par la maison
^an Houtte, de Gand ? Les Philodendron
gloriosum, Pli. Sodiroi, Anthurium Lin-
digii, A. Gustavi, A. Brownii, Alocasia
Van Houttei, A. Sedeni, Phyllotænium
Lindeni, s’ajoutaient à d’autres belles
plantes à feuilles ornementales : Dracæna
neo-caledonica, Todea superba, Cochlios-
tema Jacobianum variegatum, Tillandsia
Pastuchoffiana portant une hampe à fleur
de lm 60 de haut, etc.
Non loin de là nous trouvons M. Dallière,
de Gand, avec : Schismatoglottis Rœbelini,
Maranta Oppenlieimiana , Philodendron
Andreanum , Cissus porpliyrophyllum ,
Tillandsia tessellata, Croton magnoliæ-
folius , etc., tous de grandes dimensions et
de haute culture.
Admirables aussi étaient les plantes des
mêmes concours apportées par M. Pauwels,
d’Anvers : Pandanus ( Barrotia ) Pan-
cheri , Dracæna Youngii, Zama Vroomii ,
Dieffenbachia Bowmanni, Araucaria ele-
gans , Vriesea imperialis de 2m 50 de dia-
mètre, Philodendron Sodiroi sous le nom
de Pli. imperialis, etc.
Les plantes nouvelles, peu nombreuses,
comptaient cependant :
1° De MM. Jacob-Makoy : Amomum
vittatum , des Indes orientales; Inga Gla-
ziouana, du Brésil ; Dieffenbachia Wend-
landi, de Colombie; Aralia monstrosa
aurea , du Brésil ; Inga ferruginea argen-
tea , du Brésil; Curmeria Leopoldi, de
Colombie, etc. ;
2p Le Maranta iconifera de M. Dallière,
voisin du M. Makoyana , mais à taches oli-
viformes plus marquées, à feuilles plus
grandes, brièvement pétiolées, étalées et
non érigées ;
3° Un beau Dicksonia de M. d’Haene,
de Gand ;
4° U Eremurus Olgæ , de M. Krelage,
de Haarlem, qui avait aussi envoyé la cu-
rieuse Orchidée terrestre nommée Saty-
rium carneum et de jolis Montbretia ;
5° Le Diclmrisandra tæniensis varie-
gata de M. Pynaert Van Geert, et quelques
Fougères, Olivia , Anthurium , etc.
Une courte diversion nous amène en pré-
sence d’un lot charmant, des Bégonias tu-
béreux de M. Michiels, de Berchem-Sainte-
Agathe. Nous avons rencontré de plus
grandes fleurs, à Paris notamment. Nulle
part nous n’avons vu ces plantes plus gra-
cieuses, de coloris plus frais, plus tendres,
plus variées, roses, blancs, carnés, soufre,
orangés, d’un port élégant et parfait.
Une famille de plantes qui a toutes nos
prédilections, les Broméliacées, attire nos
regards et nous conduit droit aux lots de
MM. Jacob-Makoy. Nous y retrouvons en
grande partie les jolies raretés ou nouveau-
tés que déjà nous avions signalées à Gand,
et parmi lesquelles nous citerons : Vriesea
Makoyi, V. Ba7'illeti guttata, curieux hy-
bride; F. Moensiana, V. Marechaliana,
V. psittacina Morreni, V. retroflexa,
Caraguata Peacoki, Tillandsia macrope-
tala, Hoplophytum spectabile, H. robus-
tum varieg., Nidularium carcharhodon,
Ganistrum leopardinum, Chevalliera cro-
cophylla , etc. Toutes ces curiosités étaient
parfaitement cultivées et la plupart fleuries.
Les Nepenthes des mêmes exposants
étaient nombreux. Leur N. Henry ana por-
tait 50 ascidies. Mais de ces plantes à ur-
nes, aucunes ne nous ont plus intéressé
que les nombreuses formes de Sarracenia
de MM. J. Makoy. Nous y avons noté : les
Sarracenia exculpta , Swaniana, Popei
elegans, Mitcheliana , Chelsoni, Wilso-
niana , W. viridis , Tolliana , Moorei su-
perba, illustrata, Maddisoniana , sans ou-
blier l’étrange Darlingtonia californica ,
aux têtes de dauphin, et le Drosera capen-
sis, aux feuilles oblongues, glanduleuses.
C’est un véritable sourire au milieu de la
rigidité des feuillages que le lot de plantes
fleuries en mélange, de M. Van Ried, de
Bruxelles. Plein air, serre froide, serre
chaude, avaient contribué à former ce bel
ensemble, aux couleurs éclatantes, aux
parfums pénétrants.
Enfin, un souvenir est dû en passant aux
Cocos insignis de M. Spae ; au Vriesea
tessellata fleuri (avec 7 rameaux sur la
hampe) de M. J. Makoy; au magnifique
Anthurium Andreanum superbum de
M. Boelens ; à YÆchmea Mariæ reginæ
du même exposant (épis cylindriques
blancs et azurés, grandes bractées ponceau,
défléchies) ; aux Fougères d’amateur de
M. de Ghellinck ; aux Araucaria variés de
MM. J. M*akoy; aux Bertolonia et Sonerila
si gracieux de M. Ed. Pynaert ; aux Pélar-
goniums zonales de M. F. Pauwels ; enfin,
aux charmants Gloxinias d’un amateur
aimable et distingué, M. Kegeljan, de Na-
407
LES PÊCHERS DANS LA
mur, que nous gardons pour la dernière
citation, mais non pour la moins digne
d’éloges, au contraire.
Ainsi esquissé à grands traits, le compte-
rendu de cette exposition donnera, nous
l’espérons, l’impression que l’horticulture
belge possède une richesse toujours crois-
DORDOGNE, EN 1888.
santé. Cette faculté lui permet de prendre
des formes bien diverses et de se présenter
dans la capitale du royaume sous un jour
séduisant , meme après le grand effort
qu’elle avait fait à Gand et qui, on le voit,
est loin d’avoir affaibli ses ressources ni
compromis ses succès. Éd. André.
LES PÊCHERS DANS LA DORDOGNE, EN 1888
Par suite d’un hiver des plus accidentés
sous le rapport de la température qui, on
s’en souvient, a passé alternativement et
sans transition de la pluie aux fortes gelées
et des fortes gelées à la neige, nos Pêchers
de plein vent présentaient, au moment de
la végétation, l’aspect le plus délabré. La
désorganisation cellulaire provoquée par les
gelées et, notamment, par le séjour des
neiges sur les branches, était si complète,
que des Pêchers de douze à quinze ans
n’ont même pas donné, au printemps, le
plus petit signe de vie.
Je n’ignore pas que quelques arboricul-
teurs distingués n’ont vu, dans cette mor-
talité, que l’effet de la cloque provoquée par
un insecte, le Taphrina deformans; mais
ayant suivi la marche de cette désorganisa-
tion qui s’est généralisée bien au loin dans
nos campagnes, je ne partage pas cette opi-
nion, voici pourquoi :
On sait que le genre Pêcher proprement
dit constitue, pomologiquement parlant,
cinq groupes bien distincts, que l’on peut
déterminer ainsi :
1° Groupe des Pêchers à chair non adhé-
rente au noyau, dits « femelles » ;
2° Groupe des Pêchers donnant des fruits à
chair adhérente au noyau, plus désigné sous le
nom de Pêchers « mâles » dans le Midi ;
3° Le groupe des Brugnoniers à chair adhé-
rente et non adhérente au noyau ;
4° Le groupe des Pêchers donnant des fruits
à chair pourpre vineuse, adhérente et non
adhérente au noyau ;
5° Et enfin le groupe des Pêches américaines
à chair adhérente et non adhérente au noyau,
avec lequel groupe il faut aujourd’hui compter.
Or, en suivant l’ordre de ces groupes,
j’ai constaté que les Pêchers appartenant
au premier groupe avaient été bien plus
sensibles au froid que ceux des autres
groupes, notamment dans les variétés :
Pourprée hâtive , Belle de Vitry, Belle-
Bausse, Belle de Douay, Grosse-Mignonne
hâtive, Beine des Vergers, Téton de Vé-
nus, Belle Conquête, Bon-Ouvrier, etc.,
tandis que notre Madeleine à chair jaune,
la Boyale hâtive de Bordeaux , notre
Pêche Vig'ene , ces deux variétés à chair
jaune également, plus localisées sans doute,
ont été bien moins éprouvées.
Le groupe des Pêchers à chair adhérente
au noyau, ou « mâles », composé en partie
des variétés : Pavie de Pomponne, Pavie
blanc, Pavie rouge, Pavie royal, Pavie
jaune, Persèque ou Mirlicoton, Pavie
précoce , de la Saint-Martin , etc., peut être
considéré ici comme le groupe le plus ré-
sistant aux froids, aux neiges et à toutes
les intempéries, car c’est à peine si les su-
jets des variétés que je signale se sont res-
senties de ces variations atmosphériques.
Dans le groupe des Brugnons, les varié-
tés Brugnon jaune femelle , Brugnon rouge
femelle, Brugnon blanc femelle, ont été
plus éprouvées et plus atteintes dans leur
organisme par les froids que les variétés à
chair adhérente, mais pas au point cepen-
dant de compromettre leur existence. On
peut même considérer ce groupe comme
assez résistant.
Mais il n’en est pas ainsi du groupe des
Pêchers vineux, qui a été fortement atteint,
notamment les variétés à chair non adhé-
rente au noyau.
Si maintenant nous passons au groupe
américain proprement dit, il faut recon-
naître que si la variété Amsden’s est la
plus rustique du groupe, pas un sujet de
ma collection n’ayant été atteint 1 , il n’en a
pas été ainsi des variétés Baron Dufour,
Saint- Assicle, Précoce Victoria, Précoce
argentée, qui ont été assez éprouvées, tan-
dis que Précoce de Halle, Précoce de Di-
vers, ne l’ont été qu’insensiblement.
On voit par ce qui précède que la morta-
lité des Pêchers, étant en rapport avec la
constitution plus ou moins robuste de tel
ou tel groupe, ne peut pas être attribuée à
une autre cause qu’aux effets de la gelée,
1 Les Pêches Amsden’s, toutes à chair adhé-
rente au noyau, n’ont mûri cette année à Bergerac
que du 16 au 30 juillet.
408
CORRESPONDANCE.
car la cloque a d’autant moins contribué à
cette mortalité, qu’elle ne sévit jamais que
sur les parties herbacées des Pêchers. Or,
tous nos Pêchers étaient morts et bien
morts avant la pousse.
A mon point de vue, nous ne possédons,
en arboriculture, que des données vagues et
incertaines sur les causes et les effets de la
cloque. Gagnaire,
Horticulteur à Bergerac.
CORRESPONDANCE
N° 4183 (Marné). — Nous vous remercions
de votre communication intéressante, au sujet
du Pommier Api noir. La Revue horticole ne
figure en couleur, aussi bien pour les fruits
que pour les fleurs et plantes, que les espèces
ou variétés nouvelles ou rares; et la plante
dont vous parlez n’appartient pas positivement
à l’une de ces deux catégories, bien qu’elle
soit des plus recommandables.
N° 4084 (Tarn). — Le Champignon dont
vous nous avez envoyé le dessin est le Phallus
impudiçus , L. Si les Éléments de botanique
que contient le Bon Jardinier (nous supposons
que vous avez ce recueil) ne vous paraissent
pas suffisants pour le garçon-jardinier dont
vous voulez augmenter l’instruction horticole,
nous vous conseillons de vous procurer les
Fleurs de pleine terre et Les plantes po-
tagères de Vilmorin, le Manuel des plantes
de Jacques, les traités spéciaux que publie la
Librairie agricole sur diverses cultures et dont
le catalogue peut vous être envoyé.
Les bons effets que vous avez constatés à
la suite de l’emploi, contre les courtilières, de
capsules de sulfure de carbone ne nous sur-
prennent pas. Nous avons obtenu nous-mêmes
des résultats identiques, et, de nombreux cor-
respondants nous ont tous témoigné de leur
satisfaction, dans les mêmes circonstances.
N° 3343 (Gironde). — Vos observations, au
sujet des porte-greffes, sont fort justes. Vous
trouverez, dans la chronique du présent nu-
méro, des réflexions sur ce sujet, qui répon-
dent d’une façon générale à vos diverses
remarques.
N° 3482 (Loiret). — Vous pourrez, croyons-
nous, vous procurer YHeuchera sanguinea chez
M. O. Frœbel, horticulteur, à Zurich (Suisse).
M. H. de R. (Loiret). — Nous vous remer-
cions de votre utile communication au sujet de
l’effet constaté par vous de la Capucine pour
éloigner le puceron lanigère , bien que l’as-
sertion paraisse hasardée à première vue. N’y
a-t-il pas eu là une simple coïncidence? Ce
moyen, s’il était reconnu efficace, pourrait être
employé dans des cas assez nombreux. Nous
vous engageons à continuer vos expériences
dans le même sens et à vous informer des
résultats.
M. C. H. (Erfurt). — Pour vous procurer
le Passiflora Weberiana, adressez-vous à la
maison Vilmorin-Andrieux et Cie. Vous pour-
riez aussi vous adresser à l’introducteur des
plantes, M. Schlumberger, château des Au-
thieux, près Rouen.
M. D. Elgin Terrace (Angleterre). — Le
moyen de perfectionner vos connaissances, en
ce qui concerne l’arboriculture fruitière, dans
le court espace de temps que vous pouvez y
consacrer, serait d’entrer, si possible, chez un
bon pépiniériste.
N° 3121 (Aude), — L’exemplaire A Agave
americana dont vous nous avez donné la des-
cription doit être, en effet, de toute beauté ;
mais il ne dépasse pas les dimensions que l’on
rencontre très-fréquemment dans les nom-
breux exemplaires qui se développent presque
à l’état sauvage sur le littoral méditerranéen.
N° 5543 , Tokio (Japon). — Nous vous remer-
cions des notes que vous nous avez adressées
au sujet du Lycium et du Wisteria. Elles
paraîtront très-prochainement dans la Revue
horticole. Nous acceptons de grand cœur votre
proposition de collaboration et vos communi-
cations sur tout ce qui a rapport à l’horticul-
ture japonaise seront très-appréciées de nos
lecteurs.
N° 3311. — Le « blanc » peut être produit
par diverses causes, et il n’est pas possible de
déterminer autrement que sur place celle qui
a causé le mal dont vos plantes de serre ont à
souffrir.
M. V. H. (Saint- Br ieuc) . — Vous avez
constaté, comme MM. Barnsby et André, que
les Chamærops excelsa , dans les Côtes-du-
Nord, avaient eu cette année leur floraison
avancée de trois semaines environ, comme
cela a lieu en Touraine. La simultanéité du
phénomème doit exciter nos correspondants à
rechercher si d’autres végétaux n’auraient pas
été influencés d’une manière analogue par les
froids prolongés de l’hiver 1887-88.
U Administrateur-Gérant : L. Bourguignon.
Lmp. Georgoa Jacob , — Oil<£am>.
CHRONIQUE HORTICOLE.
409
CHRONIQUE HORTICOLE
Mérite agricole. — Distinction à l’horticulture. — Le laboratoire de pathologie végétale. — Fructification
de YAberia caffra. — Platycodon à grandes fleurs blanches. — Floraison en plein air de la Victoria
regia, à New-York. — Crocus Haussknectii. — Hybrides de Rosa rugosa. — Styrax Obassia. —
Fabrication des cannes en bois d’Oranger. — Flore et plantes industrielles du Tonkin. — Enracine-
ment de l’albumen d’un Cycas sans développement de bourgeons. — Singulier cas de prolification d’une
Fraise. — Le Soja hispida au Japon. — Nouvelle recette contre la maladie des Pommes de terre. —
La consommation du cidre à Paris. — La production des Pêches en Amérique. — Les destructions
d’insectes nuisibles. — L’enseignement de l'architecture-paysagère en Angleterre. — La métallisation
des fleurs. — Confitures de Tomates. — Nécrologie : MM. Ch. Leirens, J.-E. Charon. — Expositions
annoncées. — Memento des expositions.
Mérite agricole. — Le Journal officiel
vient de publier une liste de nominations
au grade de chevalier du Mérite agricole;
nous y relevons les suivantes, qui inté-
ressent l’horticulture :
MM.
Rivière (Paul), professeur de jardinage à
l’Institution nationale des sourds-muets, à Pa-
ris : dirige avec compétence, depuis dix-huit
ans, l’enseignement professionnel horticole de
l’Institution ; auteur d’un manuel de jardinage
et d’agriculture;
Viala, professeur à l’école nationale d’agri-
culture de Montpellier (Hérault) : travaux sur
l’ampélographie et les maladies cryptogamiques
de la Vigne ; missions, etc. ;
Bazille (Gaston), services exceptionnels ren-
dus à la viticulture ;
Barnsby (Robert-David), directeur du Jardin
botanique et d’acclimatation de Tours (Indre-
et-Loire), fondateur du Jardin botanique de
Tours; nombreux travaux sur l’arboriculture,
la viticulture et la pisciculture en Touraine;
38 ans de services;
Tézier (Auguste), horticulteur et agricul-
teur, à Valence (Drôme) : création d’un
champ d’expériences; nombreuses récompenses
dans les concours ; lauréat du prix cultural
en 1885; 23 ans de services;
Jaussan (Auguste-Prosper), horticulteur à
Béziers (Hérault) : membre fondateur du Co-
mice agricole de Béziers; leçons gratuites d’a-
griculture; reconstitution de plus de 100 hec-
tares de Vignes.
Distinction à l’horticulture. — Après
toutes les décorations françaises et étran-
gères qu’a reçues notre collaborateur M. Ch.
Baltet, voici maintenant l’ordre royal du
Cambodge qui vient de lui être décerné
pour son ouvrage, aujourd’hui classique,
sur Y Art de greffer. Cela prouve que « l’art
de greffer » est de tous les pays.
Le laboratoire de pathologie végétale.
— Il vient d’ètre créé, à l’Institut national
16 Septembre 1888.
agronomique, un laboratoire de pathologie
végétale, pour l’étude des maladies des
plantes et la recherche des moyens de com-
battre ces maladies. M. Prillieux, inspecteur
général de l’enseignement agricole, profes-
seur du cours des maladies des plantes à
l’Institut national agronomique, est nommé
directeur de ce laboratoire.
Fructification de l’Aberia caffra. —
Cette intéressante Biximée vient de fructi-
fier dans les jardins de M. Hanbury à
la Mortola; la maturation des graines s’est
accomplie dans des conditions parfaites.
Le fruit est de la grosseur d’une petite
Prune, sphérique, charnu, d’une couleur
jaune-abricot, extérieurement, à pulpe blan-
châtre et contenant de nombreuses graines,
ressemblant beaucoup à des pépins de
Poires, mais un peu plus gros. Le parfum
en est fort, et le goût est acide, comme celui
du Citron.
Cet arbuste, originaire du Cap et de la
Cafrerie, y est employé surtout pour la
création de haies, très-défensives à cause des
épines acérées qu’il développe. Il est déjà
planté dans diverses parties de la Provence;
mais il y fructifie rarement, parce que ses
fleurs sont unisexuées.
Platycodon à grandes fleurs blan-
ches. — Une des plantes qui, actuellement,
sont en Amérique le plus en vogue pour la
vente en fleurs coupées, est la variété à fleurs
blanches du Platycodon grandiflorum.
Cela ne nous surprend pas ; mais ce dont
nous avons lieu de nous étonner, c’est de
ne pas voir cette belle Campanule cul-
tivée aux environs de Paris.
En effet, elle produit de beaux bouquets
de larges fleurs, aux pétales épais, d’un blanc
mat ; et ses inflorescences, précieuses pour
la confection des bouquets, restent très-
18
410
CHRONIQUE HORTICOLE.
longtemps en fleurs après qu’elles ont été
coupées; elles continuent même à s’épa-
nouir lorsqu’elles sont mises dans l’eau.
Nous la recommandons aux amateurs de
plantes vivaces rustiques.
Floraison en plein air de la Victoria
regia, à New-York. — C’est la première
fois que nous voyons signaler un semblable
fait dans l’Amérique du Nord, et il con-
vient de faire savoir dans quelles condi-
tions il a pu se produire. C’est tout simple-
ment par l’emploi de tuyaux d’eau chaude,
placés sous le bassin non abrité où cette
belle plante était placée, et qui entretenaient
une température régulière de 25 degrés cen-
tigrades. Il paraît que tout New-York s’est
empressé de visiter ces fleurs magnifiques,
mesurant jusqu’à 35 centimètres de dia-
mètre.
Crocus Haussknechtii. — De tous
côtés, en France, on s’occupe de trouver
des cultures industrielles qui puissent rem-
placer la Vigne, dans les endroits où ses
parasites l’ont détruite, et surtout dans les
terrains où les Vignes américaines ne réus-
sissent pas.
La Société nationale d’Acclimatation re-
commande, dans cet ordre d’idées, d’expéri-
menter une espèce de Safran originaire de
Perse, le Crocus Haussknechtii, qui est,
paraît-il, bien supérieur par l’ensemble de
ses qualités au C. sativus, cultivé sur une
grande échelle dans le Gâtinais, pour la
production du Safran.
Sans doute, en augmentant considérable-
ment la récolte annuelle du Safran, on ris-
querait de faire baisser les cours ; mais il
resterait cependant une latitude assez grande,
pour que cette culture fût rémunératrice.
Hybrides de Rosa rugosa. — Nos lec-
teurs se souviennent de la jolie Rose Ma-
dame Georges Bruant , issue du Rosa
rugosa et du R. Thé Sombreuil. D’autres
essais se continuent avec cette espèce. Un
cultivateur américain, M. E.-S. Garman, a
réussi à obtenir plusieurs hybrides du Rosa
rugosa, la belle espèce japonaise à fleurs
simples, en la fertilisant par des variétés
hybrides remontantes et des Thés. Un de
ces hybrides, dont le père était la variété
Harrisson’s Yellow (à fleurs jaunes), a
épanoui ses fleurs cette année, avant toutes
les autres variétés, et, à la fin de juillet,
sa floraison ne s’était pas encore ralentie un
seul instant. Ses fleurs ont de trente à trente-
cinq pétales, et leur couleur se rapproche de
celle de la variété Général Jacqueminot.
Leur parfum est d’une délicatesse ex-
trême.
Styrax Obassia. — A l’une des ré-
centes séances de la Société royale d’horti-
culture de Londres, MM. Veitch ont pré-
senté des rameaux fleuris d’un magnifique
arbuste entièrement rustique, introduit du
Japon par leurs soins, le Styrax Obassia.
Cette espèce, dont les feuilles arrondies
mesurent jusqu’à 20 centimètres de dia-
mètre, produit de superbes et lourdes
grappes retombantes de larges fleurs
blanches, répandant un parfum très-
agréable.
Dans quelques années, le Styrax Obassia
sera un des arbustes les plus recherchés
pour la décoration des jardins.
Fabrication des cannes en bois d’Oran-
ger. — Dans une très-intéressante confé-
rence que M. Mussat a récemment faite,
à la Société nationale d’Horticulture de
France, sur la culture et l’exploitation
des Orangers et Citronniers en Algérie,
nous avons relevé un fait que beaucoup
de personnes ignorent et qui a trait à
la production de ces baguettes noueuses
d’Oranger qui sont très-demandées, en
Angleterre, pour la fabrication des cannes,
manches de parapluies, ombrelles, etc.
On emploie, pour cela, l’Oranger sauvage
et épineux ; on le plante très serré en haies
vives, et, deux ans après, on recèpe les
jeunes plantes très-près du sol; les jets qui
en partent sont très-droits et de grosseur à
peu près uniforme. On les coupe quand ils
ont deux ans, et on les vend en moyenne
25 francs le cent. C’est là une culture facile
et, en somme, très rémunératrice.
Flore et plantes industrielles du
Tonkin. — M. Ralansa, l’intrépide explo-
rateur et l’habile collectionneur, a commu-
niqué récemment à la Société de géogra-
phie commerciale le résultat de ses herbo-
risations et de ses cultures expérimentales
dans notre nouvelles colonie. Au point de
vue de la variété des plantes, le Tonkin est
une des régions les plus favorisées du globe.
Dans une seule localité, le mont Ravi, qui
a été le centre d’une série d’exploitations
entreprises par l’éminent voyageur, plus
de 2,000 Phanérogames ont été récoltées. Les
Chênes sont l’essence dominante des forêts
et les espèces en sont très-nombreuses.
CHRONIQUE HORTICOLE.
411
Les essais de culture tentés dans la ré-
gion du Bavi ont donné des résultats très-
satisfaisants. Les Quinquinas plantés à
600 mètres d’altitude sur les pentes de la
montagne et appartenant aux meilleures
espèces, Cinchona Ledgeriana et succi-
rubra, se sont parfaitement acclimatés et
on va en faire de nouvelles plantations
comprenant plus de 400.000 pieds.
M. Balansa s’occupe en ce moment de la
recherche des meilleurs Bœhmeria, dont
les espèces indigènes sont nombreuses, pou-
vant donner des fibres textiles.
Espérons qu’éclairés par les études expé-
rimentales de cet habile explorateur, nos
colons trouveront enfin, dans des planta-
tions rémunératrices, la récompense de
leurs longs et pénibles labeurs.
Enracinement de l’albumen d’un Cy-
cas sans développement de bourgeons.
— Un fait intéressant, dont M. P. Du-
chartre a fait l’exposé à l’une des dernières
réunions de la Société botanique de France,
s’est produit sur un nombre considérable
de graines de Cycas Thouarsii qui avaient
été stratifiées et semées, en mai 1885, par
un horticulteur parisien, M. Landry. Ces
graines ont d’abord augmenté de volume,
au point de déterminer une large rupture
de trois zones du tégument séminal ; puis
des racines se sont développées, souvent
jusqu’au nombre de 20 sur une seule
graine.
Mais, dans les trois années qui ont suivi
le semis, aucune apparence de bourgeon-
nement ne s’est produite, et, malgré les
soins continus qui ont été donnés, toutes
les graines se sont successivement dessé-
chées, les racines disparaissant et ne lais-
sant aucun vestige.
Ce fait singulier ne s’est pas produit sur
quelques individus seulement, puisque les
graines semées par M. Landry recou-
vraient, en se touchant, une surface de plus
de 45 mètres.
Un certain nombre de graines, surveil-
lées par M. P. Duchartre dans ses propres
serres, ont produit un résultat identique.
Singulier cas de prolification d’une
Fraise. — Le Gardeners’ Chronicle donne
la description et la figure d’une Fraise, va-
riété à gros fruits, qui vient de produire de
jeunes plants feuillus, à sa surface externe
l’un d’eux portait, même, une fleur bien
développpée. Les graines du Fraisier se
trouvent, on le sait, à la partie extérieure
de la pulpe du fruit. Est-on en présence
d’un cas de germination anticipée? C’est
ce qu’il serait intéressant de savoir. Le cor-
respondant du journal anglais pense que c’est
le pédoncule de la fleur primordiale qui s’est
allongé, a traversé le fruit de part en part,
et est venu former à divers points de sa sur-
face les organes constituants de nouvelles
plantes.
Le Soja hispida au Japon. — Cette
légumineuse, qui se répand assez lente-
ment dans nos cultures, est cultivée au
Japon dans de grandes proportions, la ré-
colté annuelle s’élevant à environ 470.000
hectolitres.
Le prix moyen en étant, au Japon, de
12 fr. l’hectolitre environ, la récolte brute
représente donc une valeur de 5.640.000 fr.,
ce qui est un chiffre fort respectable, d’au-
tant plus que la récolte, par hectare, peut
s’élever à 40 hectolitres.
Nouvelle recette contre la maladie
des Pommes de terre. — Voici une re-
cette que les cultivateurs devront conserver
avec soin, pour s’en servir l’année pro-
chaine :
M. Prillieux a reconnu les bons effets
d’un mélange dont la formula lui est due,
et qui se compose ainsi : dans 1 hectolitre
d’eau, mettre 6 kilogrammes de sulfate de
cuivre et 6 kilogrammes de chaux.
On doit arroser les Pommes de terre, avec
cette solution, aussitôt que la maladie pa-
raît, c’est-à-dire aussitôt que l’on remarque
quelques taches noires sur les feuilles.
Les expériences de M. Prillieux lui ont
donné les résultats suivants : 32 p. 100 de
perte dans les plants non traités ; aucune
perte dans ceux qui l’avaient été.
La consommation du cidre, à Paris.
— Malgré les conditions assez défectueuses
dans lesquelles se font le transport et la
vente du cidre, à Paris, la consommation
en augmente, chaque année, dans des pro-
portions considérables.
En 1881, la quantité de cidre consommée
à Paris était de 51.000 hectolitres. En 1887,
ce chiffre s’est élevé à 300,000 hectolitres,
et l’on peut, dès aujourd’hui, évaluer à un
chiffre bien supérieur la consommation
pour 1888.
D’après un rapport récemment publié
par la préfecture de la Seine, voici qu’elles
ont été les différences constatées entre 1881
et 1887, pour la consommation moyenne
412
CHRONIQUE HORTICOLE.
annuelle, par habitant, des trois boissons
principales, à Paris :
1881 1886
Litres Litres
Vin 224,00 186,00
Cidre 2,48 42,78
Bière 13,27 41,61
Ces chiffres sont éloquents ; ils établissent
que, pendant cette période, la consomma-
tion du cidre a quintuplé, en s’élevant de
2,48 litres à 12,78 litres, en moyenne, par
habitant ; que celle de la bière a diminué
dans la proportion de l/8e et le vin dans
celle de 1 /6e.
On sait d’ailleurs qu’il s’est fondé à Paris
des cidreries qui emploient sur place les
Pommes expédiées directement des pays de
production.
La production des Pêches en Amé-
rique. — Il n’est pas étonnant que les mar-
chés européens soient abondamment fournis
des conserves américaines de fruits, lorsque
l’on considère l’importance des récoltes de
fruits dans certains des États-Unis.
Cette année, le Maryland et le Delaware
pourront exporter environ 8.000.000 de
paniers de Pêches, d’après des évaluations
assez précises, U y a là une augmentation
formidable dp production qui doit donner à
réfléchir aux cultivateurs français.
En effet, l’année dernière, la récolte
totale des Pêches, pour les États du Ma-
ryland, de Delaware, du New-Jersey et de
l’Hudson Valley, n’était que de 4.500.000
paniers.
Ces Pêches sont expédiées dans de légers
paniers contenant chacun douze douzaines
de fruits, tous isolés les uns des autres par
des compartiments de carton.
Une semblable production et les expé-
riences auxquelles on se livre en maints
endroits pour prolonger la conservation des
fruits frais font craindre que bientôt ces
derniers, récoltés en Amérique, ne viennent
entrer en concurrence avec les nôtres sur
les marchés européens.
Les destructions d’insectes nuisibles.
— M. H. -J. Van Huile développe, dans les
Bulletins d’arboriculture, de Gand, une
idée fort pratique, et qui consiste à pro-
poser la création d’emplois de destructeurs
d’insectes nuisibles, comme existent déjà
les destructeurs de taupes.
Il est évident que l’exécution de cette
mesure aurait ses avantages appréciables,
car les divers procédés utilisables contre les
nombreux ennemis des végétaux sont en
général très-peu connus de ceux qui, pour-
tant, en souffrent le plus.
La question étant posée, il reste à la
rendre praticable et à en tirer le plus grand
parti possible, tant pour la destruction im-
médiate des insectes que pour l’instruction
qui en résultera peu à peu pour ceux qui la
verront pratiquer.
L’enseignement de l’architecture -
paysagère en Angleterre. — L’École
d’art, de science et de littérature du Palais
de Cristal, à Londres, contient une division
consacrée à l’architecture - paysagère, et
dont la direction est confiée à M. Milner.
Les élèves reçoivent en même temps une
instruction théorique et un enseignement
pratique, donné sur le terrain, au milieu
des nombreux exemples que renferme l’An-
gleterre.
Les études comprennent deux sections
principales :
1° Création et arrangement des beautés
du paysage, dans un but ornemental ou
récréatif, dans les parcs et jardins, publics
ou privés, y compris les travaux acces-
soires se rapportant aux constructions archi-
tecturales, au jardinage, aux machines hor-
ticoles, instruments, etc ;
2° Le traitement des études profession-
nelles, dirigées dans un but rénumératif,
tels que examen préliminaire du terrain,
préparation des plans et détails, accessoires
pour exécution de travaux, constructions,
terrassements, etc.
On voit que le champ embrassé par ce
programme est vaste. Il serait désirable
qu’une semblable institution existât en
Érance. Outre les principes sérieux et le
sentiment artistique que l’on y donnerait,
elle permettrait de délivrer aux élèves sor-
tants des diplômes, sans lesquels aucun
praticien ne pourrait s’intituler architecte-
paysagiste. „
La métallisation des fleurs. — On
vient de découvrir un nouveau procédé de
galvanoplastie appliqué aux fleurs. On avait
depuis longtemps essayé de donner aux
fleurs la rigidité métallique par l’électricité.
Malheureusement, on n’était pas parvenu à
donner aux plantes traitées par la galvano-
plastie une résistance convenable. Le pro-
cédé suivant, d’après le journal la Lu-
mière électrique, donne des résultats excel-
lents :
On prépare une solution albumineuse en
CHRONIQUE
faisant tremper dans un vase plein d’eau
distillée des limaçons lavés au préalable et
débarrassés de toute matière calcaire. Quand
les limaçons ont abandonné l’albumine
qu’ils contiennent, on les enlève ; on filtre
le liquide et on le maintient en ébullition
pendant une heure. Après refroidissement,
on ajoute la quantité d’eau nécessaire pour
remplacer le liquide évaporé, et on y joint
1 p. 100 de nitrate d’argent. Le liquide est
renfermé dans des vases bouchés herméti-
quement.
Pour opérer la métallisation des plantes,
on fait dissoudre 30 grammes de la prépa-
ration ci-dessus indiquée dans 100 grammes
d’eau, et on plonge quelques instants le vé-
gétal dans la solution. On le soumet ensuite
à l’action d’un bain d’eau distillée renfer-
mant 20 p. 100 de nitrate d’argent, et l’on
réduit par l’hydrogène sulfuré le sel métal-
lique adhérent à la couche albumineuse.
Les plantes, après cette préparation, sont
traitées par les procédés ordinaires de la
galvanoplastie.
Confitures de Tomates. — Certes, il
existe déjà un nombre considérable de
sortes de confitures préparées avec les
fruits indigènes ou exotiques ; mais on sait
aussi quel attrait particulier présente tou-
jours une nouveauté, dans l’art culinaire
plus encore que partout ailleurs.
Signalons donc le procédé suivant, qui
permet de préparer, avec des Tomates, une
confiture excellente.
Les fruits étant cuits, il faut les écraser,
en ôter la peau et les pépins, faire réduire la
pulpe à petit feu pour la rendre plus consis-
tante, ajouter du rhum, de la vanille, et
quelques amandes ; on a ainsi un dessert
d’un goût très-agréable et bien particulier.
Nécrologie : M. Ch. Leirens. — L’hor-
ticulture belge vient de perdre un de ses
vétérans les plus zélés, les plus sympathi-
ques, M. Charles Leirens, secrétaire de la
Société d’agriculture et de botanique de
Gand, ancien échevin de cette ville.
Depuis janvier 1836, M. Ch. Leirens
était secrétaire de la Société horticole gan-
toise, et son dévoûment, son ardeur féconde
pour l’horticulture, ne s’étaient pas ralenties
un moment.
Bien qu’âgé de soixante-dix ans, ce tra-
vailleur infatigable avait organisé, pour la
large part qui lui incombait, la récente ex-
position quinquennale de Gand, en avril
dernier ; et, lorsque les fonctions de secré-
horticole. 413
taire général du jury, que l’un de nous a eu
l’honneur de remplir à cette exposition, le
mirent en relations avec cet homme esti-
mable à tous les points de vue, il était loin
de penser qu’une séparation définitive serait
aussi prochaine.
M. J.-E. Char on. — Nous avons le re-
gret d’annoncer le décès de Charon, horti-
culteur à Angers, Président du Syndicat
des jardiniers d’Angers, vice-secrétaire de
la Société d’Horticulture d’Angers et de
Maine-et-Loire. M. Charon a rendu à l’hor-
ticulture des services dont ses collègues et
compatriotes garderont la mémoire.
EXPOSITIONS ANNONCÉES :
Rive de Gier, 29 et 30 septembre. — A l’oc-
casion du Concours agricole organisé dans cette
ville par la Société d’agriculture, industrie,
science, arts et belles-lettres du departement de
la Loire, les horticulteurs et amateurs de l’ar-
rondissement de Saint-Étienne sont invités à
prendre part à une exposition d’arbres et ar-
bustes, de plantes d’ornement, fleurs coupées,
fruits de table, raisins et produits maraîchers.
Adresser les déclarations à M. A. Gabert,
Secrétaire de la Société, 32, rue d’Arcole, à
Saint-Étienne.
Paris, 9 au 25 novembre. — Une exposition
spéciale de cidres, Pommes et appareils de fa-
brication, aura lieu au Palais de l’Industrie, à
Paris, durera du 15 septembre au 25 novembre
pour les appareils et du 9 novembre au 25 no-
vembre, pour les cidres et les Pommes.
Memento des Expositions.
Voici la liste des Expositions précédemment
annoncées :
Lyon. — Exp. gén. (Chr. n° 11), 13 au 17 septembre.
Mézidon. — Exp. gén. (Chr. n° 10), 16 septembre.
Paris. — Chrysanthèmes (Ch.n° 14), 22 au 25 no-
vembre.
Paris. — Végétaux d’ornement (Chr. n° 15),
25 juillet au 5 novembre.
Roubaix. — Chrysanthèmes (Chr. n° 5), 17 novembre.
Saint-Mandé. — Exp. gén. (Chr. n° 12), 16 au
23 septembre.
Toulouse. — Exp. de culture maraîchère, culture
ornementale et arboriculture fruitière (Chr.
n° 11), 27 au 30 septembre.
— Même Exp. et spécialement Exp. de Chrysan-
thèmes (Chr. n° 11), 15 au 18 novembre.
Gand. — Chrysanthèmes (Chr. n° 11), 18 au 22 nov.
Lausanne. — Exp. gén. (Chr. n° 8), 20 au 25 sept.
Vienne. — Fruits (Ch. no 15;, 29 septembre au
7 octobre.
E.-A. Carrière et Ed. André.
414
RECONSTITUTION DES VIGNOBLES PHYLLOXÉRÉS.
RECONSTITUTION DES VIGNOBLES PHYLLOXÉRÉS
La question de la reconstitution des vi-
gnobles ravagés par le phylloxéra, qui,
depuis quelques années, passionne les agri-
culteurs d’une grande partie Je la France,
présente également un haut intérêt pour
les horticulteurs, appelés à livrer à la cul-
ture une quantité considérable de plants, et
qui ont aussi à se préoccuper de la conser-
vation de leurs Vignes.
Le problème n’est pas encore résolu,
malgré les immenses efforts qui ont été
tentés depuis une vingtaine d’années. Ce-
pendant, des résultats très-sérieux ont été
obtenus dans des sens différents.
Ainsi que chacun le sait, les procédés les
plus divers furent employés pour détruire
le terrible insecte; mais, dans la majeure
partie des cas, l’expérience, qui avait réussi
sur une petite échelle, devenait imprati-
cable lorsqu’il s’agissait d’opérer sur de
grandes surfaces. Il arriva même que
l’existence de la Vigne fut compromise par
l’emploi de l’agent destructeur. Par la sub-
mersion, les vignobles de la vallée du
Rhône furent bien conservés; mais il est
inutile de faire remarquer que ce procédé
ne peut être employé qu’exceptionnelle-
ment. Cependant, depuis deux ou trois ans,
on a fondé, dans le Bordelais, de grandes
espérances sur le sulfure de carbone, d’a-
bord très-employé dans le Lyonnais et le
Dauphiné, puis quelque peu délaissé. Intro-
duit dans le sol au moyen d’un pal injec-
teur, ou, mieux encore, par des charrues
dites « sulfureuses », dans des conditions
indiquées par des ouvrages spéciaux, ce
procédé a donné de bons résultats. Il est à
désirer que l’on continue à progresser dans
ce sefts, afin de pouvoir mettre nos vigno-
bles si justement renommés à l’abri des
attaques du fléau.
Les résultats trop négatifs obtenus par
les divers traitements sur les Vignes atta-
quées provoquèrent naturellement des re-
cherches d’un autre côté, et c’est alors que
l’on commença à greffer nos cépages fran-
çais sur des espèces américaines. Depuis
1875, époque où l’on se mit à greffer sur
une assez grande échelle, ce mode d’opérer
a toujours été en progressant, grâce aux
efforts et à la persévérance d’un grand
nombre de viticulteurs du Midi. On peut
évaluer la surface occupée en France, en
4887, par les Vignes américaines greffées,
à près de 60,000 hectares, sur lesquels
45,000 sont compris dans le seul départe-
ment de l’Hérault. Ces chiffres fort respec-
tables font donc ressortir toute l’importance
de la question , et prouvent combien les
cultivateurs ont fondé d’espérances sur ce
mode de reconstitution de leurs vignobles.
Ces 60,000 hectares, naturellement, ne sont
pas en pleine production, la majeure par-
tie des plantations ne datant que de ces
dernières années; cependant nous pensons
qu’il est possible d’apprécier, dès mainte-
nant, les résultats qui pourront être obtenus
par la suite.
En considérant la surface relativement
importante occupée par les Vignes greffées,
on pourrait croire que toutes sont en pleine
prospérité; malheureusement on est forcé
de reconnaître qu’il n’en est pas ainsi, car,
si des propriétaires font aujourd’hui d’abon-
dantes récoltes, il en est d’autres, à côté,
dont les plantations dépérissent ; aussi
l’enthousiasme avec lequel on avait com-
mencé à planter s’est-il quelque peu refroidi
depuis ces dernières années, beaucoup de
cultivateurs se demandant, avec raison, si
les énormes sacrifices qu’ils ont faits n’au-
ront pas été inutiles.
A quoi peut être attribué cet état de
choses ? Selon nous, à peu près uniquement
au mauvais choix des porte-greffes.
Au moment où l’on commença à greffer,
il y eut un engouement général, et chacun
s’empressa de planter, sans beaucoup s’in-
quiéter du choix de la variété américaine et
de son adaptation au sol. Naturellement, il
est arrivé que, dans les terrains qui lui
convenaient, la Vigne a donné de brillants
résultats, tandis que, dans les autres, l’effet
contraire se produisit. Le Vitis riparia,
par exemple, qui fut le porte-greffe presque
exclusivement employé pendant ces der-
nières années et tend maintenant à être
remplacé par le V. æstivalis, ne peut réus-
sir dans le même sol que celui-ci.
Il est donc absolument nécessaire de
faire, avant de greffer, le choix de la variété
américaine d’après la nature du terrain
auquel on a affaire, sans perdre de vue pour
cela toutes les qualités que l’on doit exiger
d’un bon porte-greffe, et il est probable
que, dans ces conditions, la réussite sera
presque toujours assurée.
Le mode de greffage à employer est aussi
NEILLIA THYRSIFLOHA.
415
d’une grande importance pour la produc-
tion des plants. Bien que tous les viticul-
teurs ne soient pas d’accord en ce qui
concerne les détails de l’opération, ils ad-
mettent d’une façon générale que la greffe
doit présenter le moins de surface possible.
Nous n’entreprendrons pas de décrire les
différentes greffes employées, indiquées de-
puis longtemps par les personnes les plus
autorisées; mais ayant été à même d’ap-
précier les magnifiques résultats obtenus
par un horticulteur de Poitiers bien connu,
M. Fortuné Pasquier, nous ne croyons pas
inutile de donner quelques détails sur sa
manière d’opérer. Il s’agit de la greffe dite
à l’abri ou sur table , sur plants enracinés,
la greffe-bouture ne donnant que des résul-
tats incomplets au point de vue de la sou-
dure et de la reprise. Ici, c’est à la greffe
anglaise compliquée, ou avec entaille, que
que l’on a affaire, mais M. Pasquier ayant
remarqué que l’extrémité du biseau formé
par la partie externe de l’écorce où la sève
n’arrive pas se desséchait fréquemment et
empêchait ainsi la soudure complète, ima-
gina de couper ces languettes sur une lon-
gueur de 2 ou 3 millimètres. Il eut alors,
de chaque côté de la greffe, une petite
entaille, promptement remplie par les sé-
' crétions des zones génératrices du sujet et
du greffon, et il évita ainsi le dessèche-
ment.
La réussite, ainsi que nous avons pu le
constater, est dans la proportion de 80 à 90
pour 100 en moyenne. Ce magnifique ré-
sultat dispense de tout commentaire.
NEILLIA TJ
Voici une bien vieille plante, décrite par
Don dans la Flore du Népaul, et recensée
dans le vaste Prodrome de de Candolle, dès
le deuxième volume. Rustique et facile à
vivre, elle résiste aux grands froids, fleurit
abondamment pendant l’été et se multiplie
par ses stolons drageonnants.
Cependant le Neillia thyrsiflora est
presque partout inconnu des horticulteurs
de profession, aussi bien que des amateurs
de jardins. Ses jolies fleurs blanches en
thyrses feuillus ne lui ont pas fait trouver
grâce devant l’indifférence de ceux qui
l’avaient, çà et là, rencontrée dans quelque
jardin botanique.
L’année dernière nous l’avons vue se cou-
vrir de fleurs dans Y Arboretum de Segrez
et nous l’avons fait dessiner, nous proposant
Une feuille de papier de plomb, de 4 cen-
timètres et demi de côté environ, sert
ensuite à entourer la greffe pour éviter
toute déperdition de sève, et aussi, ce qui
est très-important, pour éviter l’affranchis-
sement du greffon. M. Pasquier lie ensuite
le tout avec du Raphia sulfaté ou du fil à
voiles goudronné, substances qui résistent
à la décomposition jusqu’au mois de juilllet.
La reconstitution des vignobles par le
greffage des Vignes françaises sur des
espèces et variétés américaines est donc, à
notre avis, très-possible, en se conformant
aux exigences voulues, mais on est forcé
d’avouer que les frais occasionnés par la
greffe augmentent considérablement le prix
des plants; aussi serait-il beaucoup à dé-
sirer que l’on pût les éviter. C’est dans ce but
que des expériences nombreuses et très-
intéressantes ont été faites afin d’obtenir
des cépages connus sous le nom de produc-
teurs directs , résistant au phylloxéra et
produisant des vins de bonne qualité. Jus-
qu’à présent, bien que de grands progrès
aient été faits, on n’a guère pu obtenir que
des vins de qualité inférieure présentant, à
un plus ou moins grand degré, le goût
« foxé » particulier au produit des Vignes
américaines, mais il faut espérer que, par
des sélections rigoureuses et des croise-
ments heureusement combinés, les Vignes
tant désirées seront enfin obtenues. Celui
qui réussira à donner aux viticulteurs un
hybride réunissant toutes les qualités indis-
pensables aura rendu un immense service
à son pays. H. Martinet.
YRSIFLORÀ
de montrer à nos lecteurs une figure exacte
et une description de cette espèce.
Description. — Le Neillia thyrsiflora
(fig. 95) forme un arbuste haut d’environ
1 mètre, peu rameux, drageonnant, à tiges
dressées, peu ligneuses, vert teinté de rose
violacé; feuilles alternes, courtement pétio-
lées, cordiformes à la base, profondément
trilobées-dentées, accompagnées de deux
stipules dentées en scie ; inflorescence en
grappes terminales thyrsoïdes, dressées ou
un peu penchées, à ramilles distinctes ac-
compagnées d’une feuille à la base (fig. 96);
fleurs blanches bisexuées ; calyce soyeux,
persistant, turbiné, à 5 lobes ovales-cus-
pidés; corolle à cinq pétales arrondis, à
peine onguiculés, insérés sur la gorge du
calyce ; étamines au nombre de 10 à 20 et
416
POIRE LE LECTIER.
plus, bisériées, exsertes dès la gorge du
calyce; 1 à 5 carpelles couronnés par les
styles courts et les stigmates ; capsule po-
Fig. 95. — Neillia thyrsïflora.
Rameau florifère, au 1/3 de grandeur naturelle.
lysperme ; graines obovoïdes à albumen
charnu .
C’est ce dernier caractère qui distingue le
genre Neillia des Spiræa, dont ils rap-
pellent le port.
Le N. thyrsiflora , Don *, est originaire
des montagnes du Népaul. Trois ou
quatre autres espèces se trouvent dans la
Mandchourie, l’Amérique boréale et les
parties élevées de Java ; elles ne paraissent
pas avoir encore été introduites dans les
cultures.
Rien de plus facile à conserver que cet
Fig. 96. — Neillia thyrsiflora.
Partie d’inflorescence, de grandeur naturelle.
arbuste, pourvu qu’on lui donne une si- „
tuation légèrement ombragée et un sol
frais et léger. Les drageons qu’il fournit
en abondance permettent de le multiplier.
Ainsi traité, il développera ses extrémi-
tés fleuries à la fin de l’été et au com-
mencement de l’automne, ce qui le rend
précieux parmi les espèces ligneuses, dont
la grande majorité épanouit ses fleurs au
printemps.
Ed. André.
POIRE LE LECTIER
Des nombreux jardiniers d’Orléans qui
se livrent tout particulièrement à la culture
des arbres fruitiers, il en est un, ancien
chef de culture, vieux et habile praticien,
M. Auguste Lesueur, qui, indépendamment
de ses cultures commerciales, avait consa-
cré un petit espace à ses expériences horti-
coles. Dans un carré spécial, il avait réuni
des arbres fruitiers de semis qu’il avait ob-
tenus de diverses hybridations. Parmi ces
gains, un surtout semblait digne d’atten-
tion : c’était une Poire d’hiver obtenue de
l’hybridation du Bon-Chrétien Williams
et de la Bergamote Fortunée, et remar-
quable par la vigueur de l’arbre, sa belle
forme érigée, sa production commençant
dès les premières années, enfin, par sa
constante fertilité. Le fruit l’était également
par sa bonne grosseur, sa forte attache à
la branche. Enfin, la finesse du goût, la
qualité de sa chair, ainsi que la tardive
époque de la maturité, sont des qualités
trop précieuses et que l’on trouve trop rare-
ment réunies pour laisser dans l’oubli un
gain aussi méritant.
1 Don, in Prodr., Flor. Nep., 228. — DC.,
Prod., II, p. 546.
POLYGONUM SAGHALINENSE.
417
Ajoutons encore que toutes ses qualités
ont été plusieurs fois constatées, et que ce
n’est qu’après une étude de cinq ou six
récoltes consécutives que nous nous per-
mettons de recommander cette variété,
comme une des meilleures Poires d’hiver.
En voici la description :
Fruit gros, pyriforme ; peau d’un jaune d’or
piquetée de points fauves. Le pédicelle, assez
court, est gros et charnu, placé obliquement
sur le sommet du fruit. L’œil est moyen, ou-
vert, dans une dépression peu profonde et ré-
gulière. La chair est blanche, fine, fondante,
très-juteuse, sucrée et très-parfumée. Le cœur
est sans aucune concrétion ni granulation. La
maturité a lieu de janvier jusqu’à fin mars.
Les variétés d’hiver sont, en général,
moins productives que celles d’automne,
tandis que la variété dont nous parlons est,
au contraire, très-fertile.
En ce moment, il existe dans le jardin
de l’obtenteur 15 sujets de cette variété qui
sont âgés de quatre ans ; ils portent chacun
de 12 à 20 beaux fruits.
La dédicace de ce fruit est faite à une
illustration orléanaise : au vieux pomologue
POLYGONUM
Il est vraiment difficile de s’expliquer la
routine, l’indifférence dont font bien sou-
vent preuve les amateurs de plantes. En
voici un exemple : depuis plusieurs années,
les publications horticoles ont recommandé
la culture de la Renouée de l’ile Sachalin
{Polygonum, sachalinense ), qui, pour l’or-
nementation des grands jardins et des parcs,
présente sur les autres espèces du genre
une supériorité très-marquée, que nous
allons faire ressortir. Malgré cela, cette
plante ne se rencontre presque nulle part.
Il faudrait donc, pour la faire connaître
et apprécier comme un ornement de pre-
mier ordre pour les grands parcs, la col-
porter pour ainsi dire sous les yeux du
public, et, pour cela, en cultiver de forts
exemplaires en bacs, et les faire figurer
dans les expositions? Le P. sachalinense
mériterait certainement que l’on prît cette
peine.
Un exemplaire que nous avons en ce
moment sous les yeux et qui a été mis en
pleine terre, il y a quatre ans, forme une
touffe haute de 4 mètres, et dont la tête, gra-
cieusement étalée, est un diamètre égal. Ses
feuilles cordiformes - allongées sont énor-
mes j elles ont 40 centimètres de longueur
Le Lectier , procureur du Roi à Orléans,
qui, de l’année 1598 à l’année 1628, avait
réuni chez lui une collection de 252 variétés
de Poires.
Passionné pour l’horticulture, ce remar-
quable et intelligent amateur répandit ses
gains chez les jardiniers de la ville, qui,
dès çette époque, étaient déjà nombreux et
commençaient à prendre une certaine im-
portance. En 1628, le catalogue complet de
toutes les variétés de fruits que possédait
Le Lectier fut imprimé et envoyé à tous les
amateurs de fruits. A la fin de son opus-
cule, le magistrat-pépiniériste écrivait à ses
correspondants :
« Je prie tous ceulx qui auront des fruicts
exquis, non contenus au présent catalogue,
lorsqu’il tombera entre leurs mains, de m’en
donner advis, afin que j’en puisse avoir des
greffes pour eschange de celles qu’ils n’auront
pas, lesquelles ils désireront de mov et que je
leur fourniray. »
La Poire Le Lectier sera prochainement
mise au commerce par MM. Transon frères,
pépiniéristes à Orléans.
E.-A. Carrière.
sur 30 de largeur. Leur couleur est vert
foncé, largement maculée, par places, de
pourpre foncé.
De l’aisselle de ces feuilles partent des
épis légers, chargés d’inflorescences blan-
ches en épis dressés.
Pour que cette plante atteigne son maxi-
mum de beauté, il faut, ainsi que cela a été
fait pour le sujet que nous décrivons, pincer
l’extrémité des tiges sorties de terre alors
qu’elles ont environ 1 mètre de hauteur.
Ces tiges, relativement peu nombreuses
et très-peu serrées les unes auprès des
autres, se partagent alors en plusieurs
ramifications qui donnent à la plante une
tête large, arrondie et très gracieuse.
Une des qualités maîtresses du P. sacha-
linense est que cette espèce ne drageonne
pas avec la même abondance que la plupart
de ses congénères , le P. cuspidatum
(Sieboldi) surtout, qui ne tarde pas à en-
vahir les pelouses où on le plante, en ap-
pauvrissant peu à peu la vigueur de sa vé-
gétation.
La plante dont nous avons indiqué plus
haut les dimensions ne possède cependant
que 6 tiges sortant du sol, ce qui donne
une grande légèreté à son ensemble.
418
SOUVENIRS D’iL Y A CENT ANS.
Auprès d’elle est planté, exactement dans
les mêmes conditions, c’ést-à-dire à côté
d’une pièce d’eau, un pied de P. cuspida-
tum. Nous pouvons affirmer qu’il suffit
d’avoir comparé ainsi les deux espèces,
pour que celle dont nous parlons soit pré-
férée à l’autre.
Le P. sachalinense est entièrement rus-
tique. Il s’accommode surtout d’une terre
un peu forte, substantielle et fraîche. Le
manque d’humidité amène la chute des
feuilles de la base des tiges ; aussi, dans
une exposition un peu sèche, est-il bon de
lui donner de temps en temps des arro-
sages. Ce sont les seuls soins, avec le pin-
cement que nous avons recommandé, que
réclame cette intéressante plante. On la
SOUVENIRS D’IL
Le 24 juillet 1789, la Chambre des com-
munes, en Angleterre, délibérait sur l’ou-
verture d’un crédit dont je vous donnerais
en mille à deviner le sujet. Il s’agissait de
récompenser un jardinier qui avait trouvé
le moyen de rétablir les arbres atteints de
nécrose. Il venait à bout de cicatriser des
plaies énormes et d’assurer, pour ainsi dire,
l’immortalité des grands végétaux. L’allo-
cation fut notable : elle s’élevait à 50,000 li-
vres en argent de France.
Chez nous, s’il se rencontre encore un de
ces Chênes dont l’âge se compte par mil-
liers d’années, et dont la base s’est profon-
dément excavée, on le convertit en chapelle.
Témoin celui du cimetière d’Allouville, qui
ombrage une surface de deux cent trente-
six mètres carrés, et dont la cavité est assez
grande pour abriter quarante enfants. On
peut discuter la convenance d’une pareille
affectation. Je crois pour ma part que c’est
un cas d’atavisme. Nous sommes les des-
cendants des ^druides. Les Anglais ont
d’autres idées : ils aiment les vieux arbres
et cherchent le moyen de les conserver.
Forsyth leur apportait ce moyen dont il
montrait l’efficacité par les résultats obtenus
dans le parc de Kensington. Le Parlement
se montra généreux ; ce fut fort bien fait.
En France, à cette époque, parallèlement
aux choses de la politique, l’air portait les
germes d’une théorie d’un intérêt puissant,
et qui ouvrait un champ illimité aux dis-
putes des hommes. Darwin n’était pas né,
Lamarck lui-même n’avait encore rien
écrit, lorsqu’un savant modeste, dont le nom
a été exhumé récemment par notre Acadé-
multiplie très-rapidement par éclats de dra-
geons replantés à l’automne ; nous ne lui
avons pas encore vu porter de graines.
Le premier exemplaire de cette belle
plante nous a été montré en juin 1869 par
M. Desmurs , au jardin zoologique de
Moscou, où il venait d’être reçu de la côte
orientale de Russie, près de la grande île
de Sachalin (ou Saghalien). Nous ne nous
doutions pas alors de l’avenir réservé à
cette plante vivace, qui depuis a été mise
au commerce par MM. Bull. Elle ne man-
quera pas d’être de plus en plus appréciée
à mesure qu’on l’emploiera davantage pour
l’ornementation des parties fraîches des
grands jardins et des parcs.
Ed. André.
Y A CENT ANS
mie des sciences, fut conduit, en cultivant
ses Fraisiers, « à différentes réflexions sur
la vraie définition des mots genre, espèce,
race, variété, et sur les caractères naturels
des espèces ».
Son livre est intitulé Histoire naturelle
des Fraisiers, contenant les vues d’écono-
mie réunies à la botanique et suivie de re-
marques particulières, etc., etc., par M. Du-
chesne fils, in-18; Paris, chez Didot et chez
Panckoucke, 1766. Il parait être assez rare.
Je ne l’ai trouvé qu’une seule fois sur les
parapets des quais de la rive gauche. Du-
chesne possédait à Versailles, rue Saint-
Honoré, au coin de la rue Saint-Louis, un
petit jardin acheté spécialement pour des
expériences sur le Fraisier. On y cultivait
toutes les variétés connues que l’on tirait
du potager du château, et on y semait des
graines récoltées dans les bois de Satory.
Un jour... — mais il faut rappeler que la
feuille du Fraisier est à folioles, tri-digitée,
palmée, palmiséquée, comme on voudra, —
un jour donc, le 7 juillet 1763, les Duchesne,
père et fds, découvrirent dans les sujets
provenus de leurs semis « un Fraisier dont
toutes les feuilles étaient simples au lieu
d’être palmées à trois divisions ». Ce fut un
évènement dans la science. M. Von Liné
(comme on écrivait alors) n’en pouvait
revenir : « Je ne saurais dépeindre mon
étonnement {non satis mirari queo), écri-
vait-il à Duchesne, de voir un pareil pro-
duit du Fraisier des bois. » Et l’obtenteur
lui-même, il faut l’entendre quand il dé-
couvre ce nouveau Fraisier: «Comment
, faut-il le regarder? me suis-je dit alors. Est-
SOUVENIRS D’iL Y A CENT ANS.
419
ce une espèce ? Il s’en forme donc de nou-
velles? N’est-ce qu’une variété? Combien,
dans les autres genres, y a-t-il donc de
variétés qu’on regarde comme des espèces ? »
Le Fraisier monophylle, comme on l’ap-
pela, se reproduisit de coulants aussi bien
que de graines en conservant toujours des
feuilles entières. Il se voit encore avec ce
caractère distinctif dans tous les jardins
botaniques. C’est cette pérennité qui fait le
mérite de la découverte et la met si fort au-
dessus des précédentes observations. Vingt
ans auparavant, un botaniste suédois avait
trouvé des Linaires « dont la fleur était si
différente de celle des Linaires communes,
qu’elles ne pouvaient se ranger ni dans le
même genre, ni dans la même classe. »
Linné leur donna le nom de Peloria (mons-
trueuse), les considérant comme le produit
hybride de la Linaire et d’une plante in-
connue. « Il ne reste plus qu’à éprouver, dit
un Mémoire du temps, s’il naît quelquefois
des Linaires des graines de la Peloire ; si
l’expérience confirme qu’elle soit ainsi cons-
tante, il s’en suivra cette thèse qui tient
vraiment du prodige, savoir : que dans le
règne végétal il est possible qu’il se forme
de nouvelles espèces. » Les expériences
poursuivies par Linné lui apprirent que la
Peloire, loin de reproduire des Linaires, ne
donnait que des graines avortées.
Un autre phénomène observé pour la pre-
mière fois par Duchesne est la séparation
des sexes chez certains Fraisiers, causée,
non par l’absence des étamines, mais par
leur oblitération. La même plante lui avait
permis de prendre sur le fait le tranfor-
misme brusque de la feuille, et de pressen-
tir, par la fleur, la théorie de l’évolution
lente. Mais Duchesne était un sage; il ne se
hâta pas de conclure et resta dans le doute.
Il y avait, autour de Paris, deux grands
centres de production de la Fraise mar-
chande : la Ville-du-Bois et Montreuil. De
cette dernière localité, la culture s’en est
étendue vers l’est en un large segment qui
maintenant atteint le département de Seine-
et-Màrne. Ce n’était toutefois qu’un faible
appoint de la culture montreuillaise. Ce
bourg de quatre mille habitants, jouissait,
il y a cent ans, d’une prospérité inouïe.
Il la devait à deux hommes 1 qui, après
1 Tous deux étaient officiers : le chevalier de
Girardot, l’ainé des fils du baron, était officier du
roi; Nicolas Pépin était ancien officier chez le
roi. La Quintinye avait été officier de la maison
du roi. Il y a pïus que des nuances dans ces di-
verses qualités.
avoir acquis dans la lecture de la Quintinye
et surtout dans les leçons de Lenormand,
son successeur au potager, l’art encore in-
décis de l’arboriculture, vinrent le mettre
en pratique sur le coteau de Bagnolet-Mon-
treuil. Ils y cultivèrent à peu près tous les
arbres fruitiers, sauf le Figuier, qui s’était
déjà confiné à Argenteuil. Les succès pro-
digieux qu’ils obtinrent d’abord, et qui se
continuèrent en s’amplifiant pendant de
longues années, paraissent dus à trois
causes : la multiplicité des murs, dont
Arnaud d’Andilly avait eu la première idée
et dont la Quintinye fît la première appli-
cation ; les abris contre les changements
brusques de température, qui sont une in-
vention de Girardot, et la taille rationnelle du
Pêcher. La véritable école d’horticulture,
dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, eut
son siège à Montreuil ; l’essaim sorti de
Versailles avait détrôné la ruche éducatrice.
L’argent y affluait, gagné par un labeur
énorme ; la terre y prit une valeur considé-
rable, et le fisc s’en donna à cœur joie dans
ce bourg « le plus imposé de France ». Qui
voudrait écrire l’histoire de Montreuil trou-
verait dans les livres du temps des docu-
ments nombreux et précis. Je citerai seule-
ment ici Y Encyclopédie de Diderot et le
Tableau de Paris de Mercier.
N’oublions pas les Géorgiques françaises :
Quand tu verras un mont près du bois du Vincenne
Qui domine la Marne, et Paris et la Seine,
Dont les lianes sillonnés par d’immenses appuis
Offrent mille rideaux de verdure et de fruits.
Où les agriculteurs, sous un habit rustique,
Chacuns dans leurs jardins vivent en république,
Aborde avec respect l’humble toit de Pépin,
Et celui plus antique où demeura Bourdin i.
On y venait de toutes parts ; les carrosses
des grands s’y croisaient avec les élèves
curieux.
Ferme tes livres, viens pour t’instruire à Montreuil.
(( Vous croyez savoir beaucoup, disait
quelqu’un à l’abbé Roger, et vous ne savez
rien. Allez voir ces manants de Montreuil,
et vous conviendrez avec moi que vous
n’ètes qu’un ignorant. » Comme il avait
raison, ce personnage que l’abbé ne nomme
pas !
De là se répandaient dans tous les envi-
rons les bonnes variétés de Pèches. De
Combles, qui écrivait en 1744 et avait connu
le vieux Pépin, lequel mourut en 1761 à
l’âge de soixante-dix-sept ans, de Combles,
1 II n’est connu que comme obtenteur de la
Pêche Bourdine.
EUCALYPTUS CALOPHYLLA.
420
à propos des greffes, dit ceci : « Rien de plus
aisé que d’aller se promener dans les jardins
de Montreuil, et de marquer les arbres dont
les fruits nous font plaisir. Vous y revenez
ensuite lorsqu’il est temps de greffer. »
L’abbé Roger fut aussi contemporain de
Girardot et de Nicolas Pépin dont il n’était
l’aîné que de six ans ; mais il vint à Mon-
treuil plutôt en professeur qu’en élève, et il
s’y fit bafouer sans miséricorde. R paraît
cependant que Girardot consentit à essayer
son système de courbure des branches, mais
on y renonça bientôt.
Le plus célèbre parmi « ces manants de
Montreuil » fut Pierre Pépin, fils de Nicolas.
Après avoir vendu les jardins de son père,
il se livra à « la direction des jardins des
grands » et au professorat bénévole. R
n’écrivit point. « Les citoyens honnêtes, dit
la Correspondance rurale , font part de
leurs observations au public, M. de Sutières
par écrit, M. Pépin de vive voix. Ce zélé
citoyen a toujours fait ses efforts pour for-
mer de bons ouvriers, et ne s’occupe géné-
reusement que du plaisir d’obliger sans
réserve tout amateur qui s’adresse à lui ».
Les plus connus de ces élèves furent le
baron de Rutret et Jean Mozard. R est à
noter que le livre du premier, qui est de
1793, vaut infiniment mieux que celui du
second, qui est de 1814. R y a cent ans,
beaucoup moins de personnes qu’aujour-
d’hui savaient cultiver et tailler le Pêcher,
mais elles le savaient aussi bien. Aussi les
Pêches de Montreuil étaient-elles hors de
prix. « Quand un prince donne une fête un
peu brillante, dit l’auteur du Tableau de
Paris, on en mange pour trois cents louis
d’or. »
Mercier nous renseigne aussi sur ces deux
autres fruits : « J’ai vu, dit-il, 4,000 pots
d’ Ananas chez le duc de Rouillon, il y en
aura bientôt 6,000. Le duc en a tous les
jours 8 à 10 sur sa table. » Et, en profane
naïf qu’il est, il s’étonne qu’on néglige cette
culture, « qui dépend d’une serre chaude
peu coûteuse. » Quant au Melon, les maraî-
chers ou, comme on disait, les «maragers»
de Paris étaient bien en retard sur ceux
de Hollande, qui cultivaient déjà l’excel-
lent Cantalupo ; le Melon de Paris est, à
l’époque, « une mauvaise drogue qui usurpe
le nom d’un des meilleurs fruits de l’uni-
vers. » R paraît qu’il était malsain, au point
que la vente en était interdite vers le 15 sep-
tembre. « Mais, ajoute Mercier, les serres
nouvellement établies, avec des vitrages
exhaussés et qui concentrent les rayons du
soleil, leur donneront sans doute une matu-
rité qui les rendra moins insalubres. »
R est heureux pour moi qu’il n’y ait rien
à dire de la floriculture d’il y a cent ans. R
me faudrait plaider l’incompétence. C’est un
art né d’hier. A cette époque on ne s’occu-
pait guère que des fleurs à Oignons. Le
Rosetum, lui-même, était pauvre, et les
Orchidées n’étaient connues que de nom.
Du Petit-Thouars n’avait pas encore visité
Madagascar.
Al. Messager.
EUCALYPTUS CALOPHYLLA
Cette superbe espèce, originaire du sud-
ouest de l’Australie, près de King-George-
Sound, où elle porte le nom de « Gommier
rouge » (Red Gum)(1), a été découverte par
Allan Cunningham. Elle est remarquable
par la régularité de son port touffu autant
que par la beauté de ses tiges et de ses pé-
tioles rouges et de ses grandes fleurs blan-
ches.
D’une croissance rapide, sans égaler
l’extrême vigueur de Y Eue. Globulus , nous
avons vu de jeunes exemplaires à’ Eue. ca-
lophylla grandir de quatre mètres dans
une seule année. R forme alors un arbre à
rameaux disposés en tête pyramidale, por-
tant de belles feuilles à peu près régulière-
1 Ce nom de Red Gum s’applique aussi aux
E. odorata, melliodora , amygdalina, Stuartiana,
tereticornis .
ment ovales-aiguës, lauriformes et non fal-
ciformes comme dans beaucoup d’autres
espèces. Leur surface est d’un beau vert
brillant, sur lequel la nervure médiane d’un
beau rouge se détache très agréablement.
Les fleurs naissent à la fin de l’hiver, dans
le midi de la France, et forment de magni-
fiques bouquets blancs à l’extrémité des ra-
meaux, qu’elles chargent souvent au point
de les faire incliner fortement.
Chaque année nous voyons plusieurs de
ces arbres, hauts de J 5 mètres, plantés de-
puis six ans seulement, dans notre jardin
de la villa Colombia, au golfe Juan, se cou-
vrir de ces belles fleurs pendant plusieurs
semaines; l’un d’eux a servi à faire la,
planche coloriée que nous publions aujour-
d’hui. Rs portent également de curieux
fruits en forme d’urnes allongées.
Revue Horticole.
Eucalyptus calophiflla
Chrovwlù/v. CSeverei/ns.
ïroacu'ct, cûu .
.
'
ARBRES PARASOLS.
421
L 'Eue. calophylla , décrit et nommé par
Robert Brown l, ne s’est révélé dans toute
sa beauté que depuis qu’on le plante dehors
dans le midi de l’Europe, surtout dans la
région de Cannes et de Nice, où il n’est pas
encore très commun. Il y prospère cepen-
dant très-bien. Sans atteindre la hauteur
de 30 mètres, avec un tronc mesurant 2 mè-
tres de diamètre, comme en Australie, il
présente un si beau port et un aspect si or-
nemental qu’il doit être employé dans tous
les jardins. Il n’y a pas jusqu’à ses fruits
ligneux, en forme de gourde, qui ne cons-
tituent encore un ornement.
Mais cet intérêt s’augmente encore de la
valeur industrielle de cet arbre. Son bois
léger se conserve bien s’il est à l’abri de
l’humidité ; on l’emploie généralement à la
fabrication des instruments agricoles. Son
écorce, mêlée à celle de certains Acacias,
sert au tannage des cuirs; ses grosses
graines également. Il fournit aussi une ré-
sine connue sous le nom de « résine kino ».
Cette substance est d’abord fluide, mais elle
se durcit à l’air. Elle se dissout dans l’eau
froide, dans la proportion des deux tiers de
son volume.
Enfin, il faut faire ressortir que l 'Eue.
calophylla est une des rares espèces qui se
contentent des terrains secs sur le littoral de
la Méditerranée, pourvu qu’ils soient suffi-
samment « défoncés ». Sa rusticité n’égale
pas tout à fait celle des plus robustes es-
pèces, comme les Eue. amygdalina, Glo-
bulus, etc., et nous avons vu quelquefois les
feuilles un peu rôties par des hivers excep-
tionnels, mais ce n’est là qu’un accident qui
se répare facilement, étant donnés la rapide
croissance et l’étonnant pouvoir de recons-
titution de ces beaux arbres.
Nous n’hésitons donc pas à recommander
à nos lecteurs du Midi la plantation de Y Eue.
calophylla , au point de vue décoratif sur-
tout, avant toutes les autres espèces de ce
genre qui se sont répandues depuis quel-
ques années sur les bords de la « mer
bleue ».
Ed. André.
ARBRES PARASOLS
On donne le nom d q parasol à tout arbre
dont la tête compacte, et plus ou moins
sphérique, légèrement déprimée, est sup-
portée par une tige droite de 2 à 3 mètres
de hauteur. Les espèces qui tout naturelle-
ment forment bien le parasol sont peu nom-
breuses, d’aspect et de valeur différente.
L’une des plus fréquemment élevées pour cet
usage est le Robinia pseudo-Acacia um-
braculifera, vulgairement Acacia boule ou
Acacia parasol. Bien que cette variété soit
tout particulièrement employée pour cet
usage, ce n’est pas la seule qui puisse con-
venir ; elle offre même le sérieux inconvé-
nient de se dégarnir en vieillissant, ce qui
oblige de la soumettre à la taille ou à un
rajeunissement annuel. Une autre forme
également des plus propres à être conduites
en parasol est le Catalpa Bungei, origi-
naire du Japon. Ses branches courtes, très-
nombreuses et très-ramifiées, font une masse
compacte qui n’est jamais pénétrée par les
rayons solaires, quelque intenses qu’ils
soient.
Parmi les autres espèces qui pourraient
être soumises à ce traitement, je puis citer
plusieurs espèces d’Érable, le Cerasus sem-
1 L’espèce a été décrite aussi par W. Hooker
sous le nom de splachnicarpon.
perflorens ou « Cerisier de la Toussaint »,
certains Ormes , quelques Frênes, etc. Il
suffirait au besoin pour quelques-unes de
leur faire prendre telle ou telle direction,
en rapport avec l’usage auquel on les des-
tine.
Taille. — Suivant les plantes avec les-
quelles on veut faire des parasols, on devra
procéder diversement en tenant compte de
la nature des arbres. Ainsi, tandis qu’il en
est qui tout naturellement prennent cette
forme globuleuse, il en est d’autres qui ne
prennent cette direction qu’autant qu’on les
y contraint par une taille raisonnée et plus
ou moins sèvère, en raison de la nature et
surtout de la disposition des branches. Le
travail, dans ce cas, consiste à pincer pen-
dant l’été les bourgeons pour les faire ra-
mifier, et, à l’automne ou pendant l’hiver,
de faire les suppressions nécessaires de ma-
nière à donner à l’ensemble une forme gra-
cieuse qui, en la circonstance, doit être une
sorte de boule méplate, de dimension en
rapport avec les conditions où l’on se trouve
et le but que l’on cherche à atteindre.
Multiplication. — Toutes les espèces et
variétés propres à former des arbres parasols
ayant les branches nombreuses, ramifiées,
relativement ténues, sont impropres à former
des tiges; il faut donc les greffer sur des
422
SAINT FIACRE, PATRON DES JARDINIERS.
sortes appropriées pouvant former de beaux
jets. Les conditions de réussite pour la
greffe, ici comme toujours, se trouvent dans
l’analogie organique qui doit exister entre
le sujet et le greffon. Lorsque le sujet-tige
est suffisamment élevé et assez gros, on
procède à la greffe, que l’on fait en fente ou
en écusson, suivant les espèces ; mais
comme d’autre part on doit viser à ob-
tenir une tête le plus vite possible, on
doit, autant qu’on le peut, mettre plusieurs
greffons. Au fur et à mesure que ceux-ci
poussent, on les maintient à l’aide d’un
tuteur ; puis on les pince pendant l’été si
la chose est nécessaire afin de les faire ra-
mifier, de liàter la formation du parasol
en le régularisant. Clausen,
Professeur d’arboricullure
à l’École impériale de Nikita (Crimée).
SAINT FIACRE, PATRON DES JARDINIERS
C’est le 30 août que, chaque année, les
jardiniers, les maraîchers, les pépiniéristes,
célèbrent la fête de saint Fiacre, leur pa-
tron. Ce jour-là, dans les villes comme
dans les petites bourgades, les églises des
confréries sont ornées de fleurs et la mu-
sique retentit sous les voûtes. Ces fêtes se
terminent généralement par des banquets
et des danses.
Saint Fiacre 1 n’est pas né dans le dé-
partement de Seine-et-Marne, mais c’est à
10 kilomètres de Meaux, dans le canton de
Crécy, qu’il avait son ermitage.
Le patron des jardiniers naquit, au VIe
siècle, en Irlande ; il était fils aîné d’un roi
d’Ecosse qui fut contemporain de Clo-
taire IL A peine eut-il atteint sa vingtième
année, qu’effrayé des dangers qu’offrent les
séductions du monde, il quitta son pays et
vint chercher en France une retraite pai-
sible. Il trouva dans la Brie un petit bois
appelé Le Breuil. Ce lieu lui plut telle-
ment qu’il s’adressa à saint Faron, évêque
de Meaux, lui disant qu’il avait foulé aux
pieds sa noblesse et sa fortune pour vivre
dans la retraite, et le pria de l’autoriser
à s’établir dans ce lieu solitaire. L’évêque
de Meaux lui permit de prendre autant de
terre qu’il pourrait en entourer d’un fossé
en fouillant la terre avec sa bêche pendant
un jour. Saint Fiacre accepta avec empres-
sement cette condition et se mit aussitôt
à l’œuvre. Il ouvrit un long fossé qui lui
permit d’enclore une très-grande surface
couverte de bois. Pendant son travail, rap-
portent les premiers historiens, sa bêche
sautait en quelque sorte et le fossé se cons-
truisait de lui-même.
Une femme, appelée Becnaude, voyant
ce miracle, accusa saint Fiacre auprès de
l’évêque de Meaux d’avoir fait un pacte
avec le démon. Étant venu un jour visiter
le solitaire du Breuil, saint Faron recon-
1 Son nom primitif était Fi-fre.
nut qu’il avait eu tort de s’être laissé un
instant égarer, et il prit l’ermitage de saint
Fiacre sous sa tutelle. Cette visite de saint
Faron ranima le courage de saint Fiacre,
qui put donner, à partir de ce moment, un
libre cours à sa pensée pieuse et charitable.
C’est alors qu’il entreprit le défrichement
de l’enclos qu’il possédait. Le jour, il ma-
niait la bêche et le rateau ; la nuit, il priait
dans son oratoire.
Saint Fiacre, si dur pour lui-même, était
généreux envers ceux qui venaient implo-
rer ses conseils et ses prières, ou lui de-
mander de partager le fruit de son travail.
Dans son hôpital, il recevait les infirmes,
les malades, qu’il soignait et servait lui-
même. Sa vie était austère et ascétique.
Saint Fiacre mourut le 30 août 670 1 ;
son oratoire lui servit de tombeau. Au
XVe siècle, on couvrit sa châsse d’argent et
d’or. En 1565, époque où elle était d’une
richesse inouïe, on la cacha dans le château
de Villemareuil pour la soustraire aux cal-
vinistes. C’est en 1568 qu’on la transporta
dans le prieuré de Meaux, et, plus tard, en
1572, dans la cathédrale de cette ville. Une
partie de ses reliques a été déposée en 1627
et 1695 dans la chapelle de Loppaia, que
les grands-ducs de Florence firent cons-
truire à cet effet en Toscane.
Le monastère, qui avait été détruit pen-
dant les guerres religieuses, fut rétabli en
1675, mais en 1766, il fut réuni à l’abbaye
de Saint-Faron, qui appartenait à l’ordre
de Saint-Benoît.
Le terrain cultivé par saint Fiacre est
encore bien connu. L’église où se trouvait
son tombeau a été détruite ; mais l’enclos,
qui contient de 12 à 13 hectares, a con-
servé son enceinte. Il a été acheté il y a
1 Saint Fiacre fit des prédications fructueuses
dans le nord de la France. Le diocèse d’Arras
honore sa mémoire le 13 novembre de chaque
année.
423
ANTHURIUM ET CROTON NOUVEAUX.
quelques années par le curé du lieu pour y
créer un orphelinat agricole.
Le nom primitif de Breuil, m’écrivait
M. Denis, chanoine de Meaux, a été rem-
placé par celui de Saint-Fiacre à l’époque la
— CULTURE DU PIIYTOLACCA.
plus reculée. Le village de Saint-Fiacre est
attenant à l’enclos du prieuré bénédictin, qui
remonte aux disciples du pieux anachorète.
Gustave Heuzé.
ANTHURIUM ET CROTON NOUVEAUX
Anthurium isarense.
Après toutes les choses curieuses et hau-
tement ornementales que la famille des
Aroïdées nous a déjà données, on se de-
mande ce que l’on peut encore attendre.
Cependant, de temps à autre, quelques
nouveautés intéressantes viennent nous aver-
tir que la série des surprises que certains
genres d 'Anthurium nous ménagent n’est
pas encore épuisée. Nous venons de voir
à Mortefontaine, chez MM. Chantrier frères,
qui poursuivent sur l’hybridation de ces
plantes le cours de leurs travaux, un hy-
bride nouveau issu de Y Anthurium Veitcliii
et de TA. ornatum, qui prendra un rang
distingué parmi les plus belles formes obte-
nues. Voici la description sommaire de cette
nouveauté :
Plante d’une grande vigueur, à longs pétioles
cylindriques, verts, courtement renflés à la base
garnie de gaines lancéolées ; limbe très-grand,
déjeté verticalement, cordiforme, oblong, vert
tendre, nuancé en dessus de reflets métalliques
comme 1\A. Veitchii, dont il est issu par croi-
sement avec VA. ornatum. Hampe de la hau-
teur des feuilles, cylindracée, verte ; spathe
horizontale, oblongue-lancéolée, blanc pur ver-
nissé, longuement cuspidée, à pointe décurve ;
spadice gros, érigé, cylindro-conique, blanc
rosé.
MM. Chantrier possèdent encore une
grande quantité de semis provenant d’hy-
bridations différentes et qui nous font pré-
sager de nouveaux succès pour ces habiles
horticulteurs. Mais la « veine » pourrait
bientôt s’épuiser. On a usé, presque jusqu’à
l’arbre, des Anthurium Andreanum, orna-
tum, Veitchii , magnificum, etc. ; il serait
bon d’infuser une sève nouvelle à tous ces
métis ou hybrides. C’est là que le succès
pourrait attendre les chercheurs.
Croton picturatum.
Parmi les dernières plantes obtenues
de semis par MM. Chantrier, nous devons
signaler, comme une des meilleures, un
Croton nouveau à ajouter au grand nombre
qu’ils ont déjà mis au commerce. Voici une
courte description de cette nouveauté :
Plante vigoureuse et trapue rappelant le port
du C. musaicus. Feuilles rapprochées, dres-
sées-étalées, à court pétiole brusquement gé-
niculé, rouge-violacé, blanc à la base et au
sommet ; limbe brusquement acuminé à pointe
peu aiguë ; nervure médiane carmin foncé sur
les deux faces des feuilles adultes; page supé-
rieure fond vert olive régulièrement zébré
caissonné et nervé de beau rouge carmin après
avoir été jaune clair orangé sur les jeunes
feuilles.
Plus ramassée que le C. musaicus, dont
elle a toutes les beautés, cette plante comp-
tera parmi nos Crotons les plus intéressants
et fait le plus grand honneur à ses obten-
teurs.
Les nouveautés de Crotons s’améliorent
de plus en plus sous le rapport de la bonne
tenue et de la netteté des coloris. Mais il
faut bien convenir que les obtentions vont
tourner bientôt dans un cercle fermé. Il est
temps, semble-t-il, de chercher autre chose.
Du Codiæum pictum est sortie un nombre
tout à fait inespéré de formes et de couleurs.
Ne pourrait -on chercher maintenant les
hybridations dans les espèces voisines, et
même dans les Croton propremants dits,
qui sont botaniquement d’un autre genre
que les Codiæum ? Nous livrons cette idée
aux méditations des semeurs. Ed. André.
CULTURE DU PHYTOLACCA DECANDRA ALRO YARIEGATA
Cette espèce, dont la Revue horticole a
donné une description et une figure 1 est
certainement l’une des plus jolies plantes à
feuilles panachées qui ait été récemment
1 Voir Revue horticole , 1887, p. 16.
mises au commerce. Malheureusement la
fixité de la panachure laisse à désirer ; la
plante tend à donner des bourgeons verts,
qui, toujours plus vigoureux que les autres,
ne tarderaient pas à devenir envahissants
si on ne les supprimait pas au fur et à me-
424
GREFFAGE DES RHODODENDRONS.
sure qu’il s’en produit. Toutefois, c’est là
u/i inconvénient qui disparaît facilement et
ne se montre guère, du reste, que dans le
commencement de la mise en pleine terre
des plantes; un peu plus tard, lorsque les
parties panachées ont « pris le dessus »,
toutes les autres se développent, et, comme
la sélection que l’on a opérée a fait dispa-
raître les parties vertes, il en résulte que
celles qui poussent avec cette couleur ne
sont toujours qu’une rare exception, qui
ajoute à la beauté des plantes, et la font res-
sortir.
Cependant, il faut bien reconnaître que
cette espèce nécessite, pour la multiplica-
tion, certaines précautions sans lesquelles
le résultat est nul ou mauvais ; nul, si pour
boutures on prend des bourgeons dépourvus
de matière verte, car alors ils ne s’enra-
cinent pas et « fondent », comme l’on dit.
Il faut prendre des bourgeons de grosseur
moyenne, franchement panachés, et plus
ou moins marqués de vert. Pourtant, ici
encore, il est une chose presque indis-
pensable pour obtenir une bonne réussite,
c’est de prendre des bourgeons longs et
gros, mais suffisamment aoûtés, et les en-
lever avec un peu de talon; de cette façon,
la réussite est à peu près certaine. Ainsi,
cette année, nous avons vu le chef de cul-
tures de M. Forgeot, à Yincennes, M. Ber-
taud, faire des boutures de cette manière,
hautes de 40 centimètres et plus, et placées
sous cloche dans la serre à multiplication ;
à une température de 15 à 20 degrés, elles
s’enracinent facilement. Mais si, au lieu de
bourgeons longs et semi-aoûtés, on fait des
boutures avec l’extrémité de bourgeons her-
bacés tendres, ils fondent, quels que soient
les soins qu’on ait pris pour les faire enra-
ciner.
Outre le bouturage, on peut aussi mul-
tiplier le Phytolacca decandra albo-varie-
gata par semis. Les plantes ainsi obtenues
sont ou totalement blanches ou jaunâtres;
toutefois, ces dernières sont de beaucoup les
plus communes; seulement elles présentent
un inconvénient déterminé par la couleur
qu’affectent les plantes. Ainsi, tous les su-
jets blancs ou jaunâtres, dépourvus de chlo-
rophylle ou matière verte, fondent lorsqu’on
en fait le repiquage ; tandis que ceux qui
sont complètement verts poussent très-vi-
goureusement, mais ne se panachent jamais.
Pour arriver à obtenir des plantes bien
vivantes panachées, voici comment il faut
opérer : Choisir dans les plantes de semis
et parmi celles qui montrent du vert, les
pieds où l’on remarque des liserés blancs
ou blanchâtres, les repiquer à part ; ce qui
fait des plantes bonnes et bien établies, qui
durent très-longtemps. Quant aux sujets
chez lesquels il n’y a pas de vert, il est
inutile de s’en occuper, car aucun ne
vivra. De même que chez les Houx, les
Negundo , les Phormium tenax, etc., tout
sujet qui lève complètement blanc ne pourra
vivre. Quel rôle joue la chlorophylle? Si
scientifiquement on ne peut le dire, la pra-
tique démontre formellement que chez les
végétaux cotylédonés, sa présence est indis-
pensable au développement des plantes.
Terminons cet article par une récapitu-
lation sommaire des soins nécessaires à la
multiplication du Phytolacca decandra
alba. Voici, en ce qui concerne le boutu-
rage : prendre des bourgeons semi-aoûtés,
de grosseur moyenne, d’environ 30 centi-
mètres de longueur, munis à la base d’un
petit empattement (talon), les planter dans
un mélange de terre de bruyère et de ter-
reau.
Pour le semis, semer dans des petits
pots un certain nombre de graines, en-
terrer ces pots sur couche et sous châssis,
de manière à activer la végétation, puis
choisir parmi les pieds verts ceux qui pré-
sentent des stries ou liserés blancs qui
formeront des sujets vigoureux, où le vert
et le blanc des feuilles s’allieront au rouge
de l’écorce, pour former de nombreux et
charmants contrastes.
Il va sans dire que les graines employées
pour faire les semis devront avoir été récol-
tées sur des parties bien panachées.
E.-A. Carrière.
GREFFAGE DES RHODODENDRONS
Pour la multiplication, le Rhododendron
ponticum est le sujet employé le plus fré-
quemment. On peut également se servir du
R. catawbiense de semis.
Au mois d’avril-mai, on rempote les
sujets propres à être greffés ; on les place
dans une plate-bande, le pot enterré
presque entièrement, toutefois en ayant
soin de recouvrir le dessus d’une bonne
couche de paillis qui maintiendra une
certaine fraîcheur pendant le courant de
l’été.
GREFFAGE DES RHODODENDRONS.
425
Les greffons sont coupés au mois de fé-
vrier-mars, ou dans les derniers jours de
janvier ; ils sont fournis par les pousses
qui partent aussitôt après la floraisen et qui
proviennent des yeux placés autour de la
tige qui a supporté la fleur.
A cet effet,
pour favoriser
la pousse qui
servira de gref-
fon, aussitôt la
floraison ter-
minée on en-
lève les fleurs
passées et des-
séchées qui
pourraient gê-
ner le dévelop-
pement des
pousses de
l’année.
On choisit
un greffon vi-
goureux, ter-
miné, autant
que possible,
par le bouton
floral, le bois,
dans ces con-
ditions, étant
tout à fait mûr.
On peut sup-
primer ou gar-
der ce bouton
floral. En le
laissant, on
prétend qu’on
obtient un su-
jet qui fleurit
presque im-
médiatement ;
toutefois, ayant
été à même de
voir multiplier
les Rhodo-
dendrons dans
plusieurs en-
droits en An-
gleterre, j’ai
toujours vu
supprimer le
Fig. 97, 98, 99. — Greffage des Rhododendrons.
Greffon préparé. — Sujet vu de face. — Sujet vu de profil.
bouton floral,
dans l’intention de fatiguer le moins pos-
sible et la greffe et le sujet.
Pour procéder au greffage, on coupe
entièrement le sujet à une hauteur de 4 à
5 centimètres environ au-dessus du pot et
on le taille en double biseau (fig. 98, 99).
On taille intérieurement le greffon en
biseau également, de façon à ce qu’il puisse
exactement recouvrir la section du sujet
(fig. 97). Pour cela on a eu soin, en faisant
l’incision, d’enlever une certaine quantité
de bois dans le milieu du greffon ; sans
cette opéra-
tion, on ne
pourrait ob-
tenir qu’un
recouvrement
imparfait.
Quand la
greffe est ap-
pliquée exac-
tement sur le
sujet, on y fait
une ligature
(en natte de
préférence) et
on enduit les
parties inci-
sées du greffon
et du sujet
avec une bouil-
lie composée
de terre fran-
che délayée
dans de l’eau.
Les greffes
ainsi faites
(fig. 100) sont
placées sous
châssis, dans
une serre à
multiplication.
De temps à
autre, on pra-
tique l’ébour-
geonnement,
et, au prin-
temps, après
les avoir pro-
gressivement
changées de
température et
habituées à
l’air, elles sont
bonnes à met-
tre en place
en pépinière.
Il ne faut pas
tuteur, qui em-
temps encore,
qui servira à
100. — Greffage des Rhododendrons.
Sujet greffé et ligaturé.
oublier de leur mettre un
pêchera, pendant quelque
le décollement de la greffe et
attacher les jeunes pousses.
On peut également greffer les Rhodo-
dendrons en fente ou en placage ; toutefois,
426
STEPHANOPHYSUM LONGIFOLIUM. — LE CAFÉIER.
la manière que j’indique est très-pratiquée
en Angleterre, et, en ayant vu la réussite,
je suis à même d’affirmer, bien que cette
manière de greffer demande un peu plus de
temps, que c’est un moyen des plus prati-
ques et des plus sûrs pour obtenir un bon
succès.
L. Paillet, fils.
STEPHANOPHYSUM LONGIFOLIUM
Cette plante, qui appartient à la famille
des Acanthacées, et que l’on trouve rarement
dans les cultures, nous paraît pourtant
digne à plusieurs titres d’y entrer.
C’est une plante décorative d’été pouvant,
dès les premiers beaux jours, être mise en
pleine terre, où, pendant tout l’été et même
jusqu’aux gelées, elle se couvrira de fleurs
d’un très-beau rouge cocciné, qui, par le
nombre et la couleur, produisent un très-
bel effet décoratif.
Voici une description sommaire de cette
plante intéressante :
Plante ramifiée, excessivement floribonde.
Tige dressée, raide, quadrangulaire. Feuilles
opposées, ovales-elliptiques, atténuées à la
base, longuement acuminées -en pointe au
sommet, entières ou à peine courtement den-
tées, glabres, luisantes* en dessus, d’un vert
plus pâle en dessous, à nervures simples ou à
peines ramifiées, en forme de demi-cercle.
Ramilles florales axillaires, longues, terminées
par des ramifications florales axilles, lisses,
luisantes, très-ténues. Fleur monopétales tu-
buleuses, à tube gibbeux, ventru, d’un rouge
cocciné ou vermillon, renfermant les organes
sexuels, qui sont inclus ou légèrement sail-
lants. Calyce à divisions persistantes, longue-
ment linéaires, aiguës, appliquées.
Originaire du Brésil, le Stephanophy-
sum longi folium, Pohl., réclame la serre
chaude ou au moins une bonne serre tem-
pérée.
Il vient très-bien en pot et peut y fleurir
abondamment pendant tout l’hiver, si la
chaleur est suffisante.
La multiplication se fait par boutures,
à l’aide de bourgeons herbacés, non « à
fleurs », que l’on coupe et que l’on plante
en terre de bruyère dans des pots qu’on
place sous cloche dans la serre à multipli-
cation.
Pour se procurer du bois propre au bou-
turage, on rabat des plantes vigoureuses,
qui, alors, donnent naissance à des bour-
geons, qu’on enlève au fur et à mesure du
besoin.
Si, au lieu de renouveler les plantes,
on les laisse pousser, elles s’élèvent et
deviennent suffrutescentes , presque li-
gneuses. E.-A. Carrière.
LE CAFÉIER
CULTURE, TERRAIN, EXPOSITION, RÉCOLTE. — ESPÈCES CULTIVÉES.
LE COMMERCE DU CAFÉ.
La culture du Caféier varie fort peu ; elle
réussit dans les terres qui ne sont pas trop
humides, sur le penchant des coteaux un
peu ombragés et à une température variant
du minimum de 12° au maximum de
+ 31° à 32°.
Le meilleur terrain de plantation est
une terre vierge, meuble, légère, qui peut
suffire pendant trois ou quatre ans.
Au bout de cemps, il sera nécessaire de
recourir aux engrais.
On peut employer la pulpe qui entoure
le grain, le fumier des bestiaux, les ma-
tières végétales en décomposition ; qui sont
d’excellents engrais ; quant aux engrais azo-
tés, il est nécessaire qu’ils soient répandus
sur le sol.
Lorsque l’on doit semer les graines de Ca-
féier, il est nécessaire de les faire séjourner
dans l’eau pendant un jour ou deux, pour
que leur endosperme corné se ramollisse,
puis elles sont déposées ensuite dans une
terre légère, riche et un peu humide. On con-
tinue à maintehir l’humidité à l’aide d’arro-
sages ménagés, ce qui facilite la germination
des graines ; quand les tigelles et les cotylé-
dons sortent, il faut avoir soin de les abriter
contre les rayons trop ardents, du soleil qui
les feraient périr, s’ils étaient privés de
l’ombrage naturel d’arbres voisins. Après
un an, les pieds de Caféiers sont assez forts
pour pouvoir être replantés et repiqués. Us
commencent à produire quand ils ont
atteint l’âge de trois ou quatre ans ; à cette
LE CAFÉIER.
427
époque, il faut les étèter pour arrêter
l’accroissement en hauteur, les faire s’élar-
gir et permettre de récolter plus facilement
leurs graines.
Pendant mon séjour au Brésil, en 1878,
j’ai remarqué que l’on cultive, entre les
lignes de Caféiers, du Maïs et des Haricots
nains. Le but de ces cultures est de ne pas
perdre de terrain, et elles viennent en dé-
dommagement de la main d’œuvre exigée
pour l’entretien des plantations de Caféiers,
qui couvrent d’immenses superficies de ter-
rain dans cet empire.
Le Caféier redoute les vents de la mer ;
ce sont eux qui ont détruit une partie des
Caféiers de la Réunion; c’est encore pour
lui éviter d’être exposé à ces causes, qu’on
cherche à l’abriter derrière des plantations
qui l’ombragent et arrêtent l’effort des
vents.
L’arbre est sujet à quelques maladies ;
il en est une qui est produite par un
insecte qui s’attaque aux racines et les dé-
truit; c’est pour cette cause qu’on ne peut
cultiver le Café à Mayotte. Sa longévité
varie beaucoup, suivant qu’il rencontre ou
non un terrain qui lui convient et des cir-
constances favorables. C’est ainsi qu’on voit
le plant de Moka, à File de la Réunion,
mourir après la première récolte, c’est-à-dire
vers la quatrième année. La durée moyenne
du Caféier est de dix-sept ans, cependant on
le voit quelquefois atteindre jusqu’à trente
ans. Il y a des variétés de plants plus ro-
bustes, et tel sol qui plaît aux uns, peut être
défavorable aux autres; c’est ainsi qu’à la
Réunion, le plant Leroy vit parfaitement où
dépérissait le plant de Mokct. Le Caféier se
plaît surtout sur les collines et sur les mon-
tagnes ombragées, à l’exposition du levant.
Celui qui vient sur les lieux élevés est plus
petit, plus rabougri et donne des fruits
moins gros; ce sont ces fruits-là qui sont
cependant les plus recherchés.
Les Caféiers ont deux principales époques
de floraison, à six mois d’intervalle l’une
de l’autre, mais ils portent presque cons-
tamment des fleurs et des baies. Cependant
l’époque de la floraison n’est pas régulière;
on le voit parfois donner des fleurs toute
l’année, d’autres fois, il ne fleurit qu’au
printemps ; dans d’autres cas, il y a deux
époques, le printemps et l’automne. Ces
différences tiennent au climat qu’il habite
et au moment de la saison des pluies. Ainsi,
à Tahiti, il fleurit vers le mois de décembre
et donne ses fruits vers le mois de mai ; à
Nossi-Bé, on a deux récoltes, l’une en fé-
vrier et mars, l’autre en juin et juillet. Les
fruits mettent environ quatre mois à mûrir.
La récolte du Café se fait de trois façons
différentes. Dans les Antilles, en Égypte et
en Arabie, on laisse le fruit sécher et tom-
ber naturellement, ou à la suite de se-
cousses légères imprimées aux branches.
On sépare le grain de son enveloppe soit
dans un mortier, soit par le battage au fléau,
soit plus simplement encore en froissant
les baies dans les mains. D’autres fois, les
baies sont récoltées mûres, mais non dessé-
chées, puis étendues sur le sol, battues par
couches de 10 à 15 centimètres d’épaisseur,
exposées au soleil pendant trois ou quatre
semaines, et remuées fréquemment. Il suffit
ensuite de triturer légèrement le fruit pour
en séparer complètement le grain. Ce pro-
cédé communique parfois au café une odeur
et. une saveur désagréables, par suite du
commencement de fermentation putride
que peut éprouver la pulpe du fruit. Pour
éviter cet inconvénient, dans certaines con-
trées, ce procédé est remplacé par la dessi-
cation rapide dans des séchoirs artificiels.
Le troisième procédé consiste à faire pas-
ser les baies mûres, mais non desséchées,
entre deux cylindres suffisamment rappro-
chés, nommés grageurs. On fait ensuite ma-
cérer les fruits dans l’eau pendant quelques
heures, et, par une agitation répétée, on sé-
pare facilement 1a. pulpe du grain, qui après
est séché au soleil ou dans les séchoirs. On
reconnaît que le grain est bien sec lorsqu’il
croque sous la dent. On vanne ces graines
à l’aide d’un ventilateur pour en séparer les
menus débris et les pellicules. Le Café
qu’on obtient ainsi est désigné sous le nom
de « grager » (Cafés de l’Amérique cen-
trale), « lavé » (Brésil), « plantation »
(Ceylan, Indes).
La culture du Café a été importée depuis
près d’un siècle et demi dans les colo-
nies; ce fut M. de la Boissière, en 1718,
qui l’introduisit à File de la Réunion, à
l’aide de plants importés de Moka. Le Ca-
féier existe cependant à l’état spontané dans
File, mais ses graines ne sont pas livrées
au commerce et sont consommées sur place ;
elles donnent une infusion très-amère et
légèrement purgative. On trouve à Bourbon
cinq sortes de Cafés : 1° le Café Bourbon
ou Moka ( C . arabica ), le premier importé,
dont la croissance rapide se fiait surtout à
l’ombre, et dont la récolte est précoce; 2° le
Café marron (C. mauritiana , Lamk.), qui
croît spontanément dans les hautes forêts
de File ; il a un goût fort peu aromatique et
428
LE CAFÉIER.
n’est guère employé que mélangé aux autres
variétés. Il pourrait être exploité avec
succès, car son arôme et sa saveur ont une
très-grande force. Infusé seul il aurait, dit-
on, des propriétés enivrantes. 3° Le Café
Leroy ( C . laurina ), ainsi nommé à cause
du capitaine qui l’importa à la Réunion et
l’y naturalisa ; il est robuste et se plaît dans
le sol de ce pays; il demande moins d’abris
et supporte la température froide des ré-
gions élevées ; mais, à côté de cet avantage
fort grand, il a l’inconvénient de donner
des produits de qualité inférieure. 4° Le
Café myrte serait une variété du Moka ; il
est surtout très-remarquable par sa longé-
vité; il donne d’excellents produits. 5® Le
Café Aden (C. microcarpa ), rapporté de
Hès (Yémen) et introduit dans l’ile par
l’amiral Jehenne.
A la Guadeloupe, la culture du Caféier a
été introduite, en 1724, à la suite des essais
qui avaient été faits à la Martinique. La ré-
colte se fait en octobre et se prolonge jus-
qu’en janvier. Quand le Café de cette co-
lonie est de récolte récente, il possède une
légère amertume, aussi convient-il de le
laisser vieillir pendant trois ou quatre ans,
de façon qu’il ne conserve qu’un arôme
agréable. Presque tous les Cafés de la Gua-
deloupe sont vendus sous le nom de Café
Martinique, et la variété à petits grains
passe sous le nom de Moka.
A la Martinique, le Café fut introduit en
1723 par Desclieux, comme nous l’avons
dit. En 1726, cette colonie possédait déjà
2,000 plants environ, dont 200 portaient des
fleurs et des fruits. Cette culture devint
prospère jusqu’à nos jours, mais, depuis
quelques années, elle a été remplacée par
celle de la Canne à sucre. On peut dire
qu’en réalité,, aujourd’hui, le Café Marti-
nique n’existe plus au point de vue com-
mercial. Il e^t remplacé sous ce nom par
celui de la Guadeloupe et celui de Porto-
Rico, quand ces derniers revêtent une
teinte vert pâle. C’est qu’en effet, le Café
de la Martinique, de récolte récente, pré-
sente une teinte verte assez vive qui passe
au vert pâle, presque grisâtre en vieillissant.
On recherchait surtout le Café des Arlets,
du Caubet, du Yavelin, du Saint-Esprit.
Il paraît cependant que, dans quelques
communes, on a replanté le Caféier dans les
terres vierges de l’ile.
A la Guyane, le Caféier n’est cultivé, en
dehors des grandes plantations du gouver-
nement, que comme annexe des plantations
de Rocouyers et de Cacaotiers; cependant
le sol est très-favorable à la culture de cet
arbuste. Le grain de Caféier paraît y avoir
plus de finesse et moins de verdeur que
celui de la Guadeloupe, et ceux qu’on ré-
colte à la côte Zémire, sur la montagne
d’Argent, dans les quartiers de Kawe et
d’Ogre, ont acquis une certaine réputation.
Ce Café n’est pas coté sur les places de
commerce.
Le Sénégal fournit le Café dit Rio
Nunez. Cet arbuste a été trouvé à l’état
sauvage sur le versant méridional des mon-
tagnes du Fouta-Djallon. On nomme ce
Café Rio Nunez, du nom d’une petite ri-
vière qui débouche sur l’Océan Atlantique,
un peu au nord du 10e parallèle, entre les
îles Rissagos et le comptoir anglais de
Free-Town. La graine de ce Caféier est
petite, lenticulaire, à base ronde, à dos
bombé. La pellicule est fortement adhérente
à l’amande, qui est très-dure. Ce type pré-
sente deux nuances distinctes, l’une d’un
brun foncé tirant sur le noir, l’autre isa-
belle ou havane clair. Il est généralement
très-poussiéreux et son odeur est terreuse;
cependant, quand il est bien nettoyé, il a
un léger parfum qui rappelle celui du Thé.
La récolte faite par les indigènes était de
nature à supprimer rapidement les pieds
de Caféier, car ils les abattaient au moment
de la maturité des fruits. Il résulte, en
effet, d’un rapport de 1883, du commandant
du cercle de Rio Nunez, que le véritable
Café de Rio Nunez n’existe plus sur la ri-
vière, et que les plantations qui avaient été
tentées par les Européens ont été aban-
données. Il est généralement remplacé par
les graines qu’exportent les comptoirs por-
tugais de la côte occidentale d’Afrique, San
Thomé et surtout Loanda, qui recueillent
les produits de la vallée du Congo et celle
de Koanza, sur laquelle est situé Cazengo,
localité qui donne son nom au produit.
On récolte aussi au Gabon quatre sortes
de Café : 1° le Café de Rio-Nunez; 2° le
Gabon, originaire de Moka et de file Prince ;
ses grains sont irréguliers, inégaux et possè-
dent un goût excellent; 3° le Café du Congo,
ou Renguéla à grains petits, ronds, fort
estimé; 4° le Mouronvia, qui semble appar-
tenir à une espèce particulière et non dé-
crite de Coffea. L’arbre qui le produit atteint
jusqu’à 15 mètres de hauteur ; il a le port
et l’aspect de nos Peupliers. Les fruits res-
semblent assez pour leurs formes et leurs
dimensions à nos Fèves de marais; leur
arôme est, dit-on, très-délicat et très-re-
cherché.
LE CAFÉIER.
429
A Nossi-Bé, des essais de culture ont été
faits avec diverses variétés de Caféier de
Bourbon, qui croissent avec vigueur même
sans abri et donnent un grain fort estimé
dans le pays. On trouve aussi dans l’ile, à
l’état sauvage, une variété de Caféier (C.
zangucbariæ ), dont le grain possède une
saveur très-délicate. A Mayotte, cette cul-
ture a été aussi essayée, mais sans succès,
à cause d’un insecte qui attaque les racines
de cet arbuste qui, après avoir végété pen-
dant quatre années, dépérit ensuite et
donne des fruits qui n’ont aucune valeur.
A la Nouvelle-Calédonie, la production
est encore très-limitée ; cette culture pour-
rait prendre une grande extension si elle
était assurée d’un débouché.
Les îles de la Société sont des terres bé-
nies pour la culture du Café et sont appe-
lées à en fournir un jour des quantités con-
sidérables.
Le Café est rarement employé à l’état
vert, et ce n’est que comme agent théra-
peutique et succédané du Quinquina qu’on
a utilisé son extrait, sa poudre ou sa dé-
coction. On lui fait toujours subir une tor-
réfaction ménagée qui a pour but de déve-
lopper une huile empyreumatique, amère
et aromatique, à laquelle il doit ses pro-
priétés excitantes. Cette substance a reçu
de Bout.ron et de Frémy le nom de Caféine
et se présente sous forme d’une huile
brune, plus dense que l’eau, légèrement,
soluble dans l’eau bouillante, et très-soluble
dans l’éther. La plus faible quantité suffit
pour communiquer à 1 litre d’eau l’arome
si recherché.
La torréfaction exige certains soins sans
lesquels le Café peut perdre toute sa va-
leur. Aussi Payen a constaté que la perte
des principes solides est d’autant plus
grande que la chaleur est plus élevée, et
que le§ principes aromatiques sont éga-
lement éliminés. Cent grammes de Café
torréfié au roux donnent 25 grammes de
substances extractives. S’il a pris une cou-
leur marron, on n’en retrouve plus que
19 grammes. Dans le premier cas, 1 litre
d’infusion faite avec 100 grammes de Café
renferme 5 à 6 grammes de matière azotée
et 4 gr. 50 seulement dans le second cas.
D’après Dausse, les Cafés des Antilles, de
Porto-Bico, d’Haïti, doivent perdre à la
torréfaction 12 p. 100 de leur poids ; celui
de Bourbon, du Malabar et de la côte
d’Afrique, 16 à 18 p. 100 ; ceux de Moka et
de Java, 15 à 16 p. 100 au plus.
Dans une torréfaction bien conduite, la
température à laquelle sont portés les grains
de Café ne doit pas dépasser 300°. Elle
doit être, d’après J. Personne, au plus
de 275° pour le Café vert et de 250° pour
celui de Java. Pendant cette opération,
la caféine est en partie décomposée et la
perte s’élève à peu près à la moitié. Elle
forme de la méthylamine, dont la plus
grande partie reste dans le grain. On ajoute
parfois, pendant la torréfaction, une cer-
taine quantité de sucre qui, sous l’influence
de la chaleur, donne du caramel ou des
produits de décomposition plus ultime.
Cette addition est au moins inutile dans le
commerce de Paris. Le Café convenablement
torréfié présente des propriétés organolep-
tiques tout autres que celles du grain non
torréfié. L’amertume de ce dernier a dis-
paru en partie, des produits nouveaux ont
pris naissance, dont les uns se sont vola-
tilisés et les autres se sont fixés sur le
Café.
En France, l’importation et la consom-
mation vont sans cesse en croissant; en
1881, il fut importé 1.363.349 quintaux
métriques et consommé 649.959 quintaux
métriques. Le marché français reçoit les
Cafés du monde entier. Chacun de nos
ports s’alimente à une zone déterminée.
Ainsi, Marseille reçoit les Cafés arabes des
Indes anglaises et espagnoles; Bordeaux,
ceux de la côte occidentale d’Afrique, du
Brésil et de l’Amérique du Sud; Nantes,
ceux de Bourbon ; le Havre importe les
Cafés de tous les lieux de production. A
l’étranger, Londres s’adresse surtout aux
Indes anglaises, à Ceylan, à l’Indo-Chine
et au Comptoir d’Aden. La Hollande im-
porte les Cafés de Java; Hambourg, ceux
du Brésil et de Haïti. A Anvers arrivent
tous les Cafés comme au Havre, mais en
plus grande quantité.
Sous le rapport de la production, nos
colonies françaises, à part la Guadeloupe,
sont en décadence. En France, les différents
Cafés ne jouissent pas tous d’une même
renommée. Dans les départements du Nord,
celui du Brésil jouit d’une très-grande
vogue. En général, on demande un mélange
de Moka, Martinique et Bourbon, et ce
mélange se trouve partout et est partout
vendu. Or, le Martinique n’existe pas, le
Moka et le Bourbon n’entrent dans l’impor-
tation que pour une quantité relativement
minime. On assortit des Cafés clairs jouant
le Moka, des Cafés gris ardoise donnés
comme Martinique, et des Cafés verts rem-
plaçant le Bourbon.
430
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
A Paris, on débite surtout les Guade-
loupe, Porto-Rico, Bourbon, Haïti , les
Cafés des Indes anglaises, hollandaises et
espagnoles. La clientèle inférieure con-
somme surtout les Haïti médiocres et les
Rio. Dans les Cafés, ce sont surtout les
Haïti, les Malabar et les Manille. Du côté de
Bordeaux passent les Cafés du Centre Amé-
rique, ceux de la Colombie et du Vénézuela.
A Marseille, ce sont les Cafés des Indes
anglaises et hollandaises.
Henri Joret,
Ancien jardinier en chef du gouvernement
au Sénégal.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 23 AOUT 1888.
Comité de floriculture.
Les amateurs de Glaïeuls ont pu admirer
une superbe collection exposée par MM. Vil-
morin-Andrieux et Gifî. Les énormes fleurs de
leurs hybrides du Gladiolus gandavensis mesu-
rant jusqu’à 12 centimètres de diamètre, et au
nombre de 8 à 10 sur chaque hampe, favori-
sées par la température moyenne et fraîche de
cette année, offraient des tons éblouissants et
très- varié s.
De l’avis général, cet envoi était le plus beau
qui ait jamais été présenté.
M. Tréfoux, horticulteur, 12, rue Coulange,
à Auxerre (Yonne), avait envoyé une collec-
tion très-intéressante de 124 variétés de
Glaïeuls rustiques de semis; une variété sur-
tout était très-curieuse. La fleur rouge cramoisi
portait, dans le bas, deux pétales violet bleuâtre
fortement prononcé, coloris singulier que l’on
n’avait guère observé dans ce genre de plantes.
Par M. Driger, jardinier en chef à l’école
des frères de Passy, un beau Miltonia specta-
bilis , Orchidée du Brésil, garnie de plusieurs
grandes fleurs blanches, à labelle teinté de
pourpre, et un M. Moreliana , également du
Brésil, à fleurs rouge violacé foncé.
M. Gappe, horticulteur au Yésinet, présen-
tait un fort pied d 'Aerides quinquevulnerum ;
cette espèce, introduite des Philippines en
1885, était pleine de vigueur et garnie de
grandes grappes de fleurs jaune verdâtre pâle,
cerclé de rouge amarante.
Par M. J. Moser, 1, rue Saint-Sympho-
rien, à Versailles, des tiges fleuries d’une
belle espèce vivace très-rustique : le Lysima-
chia clethroides. La plante est très-vigoureuse
et atteint 1 mètre d’élévation; chaque branche,
garnie de feuilles épaisses, lancéolées, d’un
vert foncé, est terminée par un long épi de
fleurs blanches. C’est une belle plante pour
les endroits accidentés, pittoresques.
L’envoi de M. Hip. Gautier, 11, rue Bossuet,
à Meaux, se composait de 16 fleurs coupées de
Dahlia gracilis , semis de 1888, bien nuancées,
mais de tons déjà connus.
Les Pentstemon de semis de- M. le docteur
Rousseau, de Joinville-le-Pont (Seine), ne pré-
sentaient également rien de particulier.
M. Frédéric Bardet, de Moscou, avait envoyé
des photographies du Pitcairnia Bardetiana ,
Broméliacée nouvelle ; mais ces photographies
ne pouvaient donner qu’une idée vague du mé-
rite de la plante.
Comité d’arboriculture fruitière.
Par M. Delaville, grainier, 2, quai de la Mé-
gisserie, à Paris, des Prunes rondes, jaune
foncé, très-parfumées et très-grosses, prove-
nant d’un semis de la variété Monsieur Desse ,
d’Orléans.
Par M. Alexis Lepère fils, à Montreuil, une
corbeille de Poires Clapp’s favorite , grandes,
bien colorées, de toute beauté, obtenues en
contre-espalier. Cette variété, trop peu ré-
pandue, est très-fertile, pousse vigoureusement
et donne des fruits ovales, fondants, de toute
première qualité.
Par M. E. Girardin, horticulteur à Argen-
teuil, des Figues allongées d’un semis inconnu,
et une corbeille de la variété Violette Dau-
phine d’Argenteuil , la meilleure et la plus fer-
tile du genre, à fruits énormes, arrondis,
violacés.
Comité de culture potagère.
Par M. Poitevin, jardinier à Bonneuil, des
Haricots à rame de la variété Cerisette du
Japon , donnant des gousses côtelées, sans par-
chemin, vieille et bonne variété, et des Hari-
cots nains Saint-Ciboire , variété à parchemin,
excessivement fertile, à cultiver pour les
graines.
Par M. Cousin, à Gennevilliers, un semis de
Fraises des Quatre-Saisons , quatre beaux Me-
lons : Cantaloup des Maraîchers , C. à fond
gris , C. à fond blanc hâtif Prescot et un Noir
des Carmes , d’un bon poids; de belles Ca-
rottes demi-longues de Guérande , courte et
demi-courte de Hollande , et 6 Choux-Fleurs
de la variété d’été. Ces derniers spécimens
hors saison étaient de toute beauté.
Comité d’arboriculture d’ornement.
MM. Baltet, de Troyes, avaient envoyé une
collection de 16 variétés de Pommiers bacci-
fères intéressante. Cette race, d’origine sibé-
rienne, doit être greffée sur franc pour qu’on
obtienne une plus belle végétation.
Nous avons surtout remarqué les variétés :
M. b. fastigiata , fruits gros, striés de rouge.
L’INDUSTRIE DES riPES EN RACINE DE BRUYÈRE.
431
M. b. ampla, fruits gros, jaune vif orangé.
M. b. lutescens , fruits moyens, allongés, res-
semblant à une Nèfle du Japon.
M. b. atropurpurea , fruits moyens, vert
violacé.
M. b. intermedia, fruits moyens, jaune ver-
dâtre et rosés d’un côté, un autre côtelé jaune
d’or.
M. b. Cerise, fruits rouges, ressemblant à
une Azerole.
M. b. serotina, fruits petits, orange vif
comme ceux de l’Aubépine.
M. b. cœrulescens, fruits petits, semblables
au précédent, mais rouge vif et en trochet.
Il avait aussi une belle collection très-variée
d’Althéas, de Géanothes Gloire de Versailles
et Lucie Simon, cette dernière variété trapue à
fleurs d’un bleu pur.
M. J. Moser, de Versailles, présentait YHype-
ricum Moserianum, hybride à grandes fleurs
vigoureuses, d’un beau jaune d’or, et à anthères
rougeâtres, dont quelques-unes mesuraient
8 centimètres de diamètre, produit qu’il vient
d’obtenir en fécondant VH. patulum par VH.
calycinum. La plante forme un arbuste et
atteint 1 mètre à lm50de hauteur; — puis une
collection d’arbres à feuillage coloré : Quercus
Concordia et Q. nigra; le feuillage doré du
premier tranche vigoureusement sur la teinte
pourpre noire du second ; Sambucus nigra
albo-punctata, variété vigoureuse, tachetée de
blanc, mais qui, dans les terres sablonneuses,
L’INDUSTRIE DES PIPES
Bien que relativement importante par ses
produits, qui, aujourd’hui, se répandent
dans presque toutes les parties du monde,
l’industrie dont il va être question est peu
connue, même dans les pays où on l’exerce.
Elle est, du reste, peu variable, et ne porte
que sur un seul objet : la fabrication des
pipes en racine de Bruyère, fait qui
semble donner un côté presque horticole
à cette exploitation et, par conséquent, la
faire rentrer dans la catégorie des sujets
que traite notre journal.
Non seulement cette industrie est peu
connue, mais elle est même presque niée à
cause de la nature de l’objet qui la consti-
tue, et cela souvent même par des gens
dont la compétence semble consacrer cette
négation. En effet, en s’appuyant sur leurs
connaissances pratiques du sujet, celle des
Bruyères, les gens de métier (botanistes,
horticulteurs, etc.), n’ayant jamais remar-
qué chez ces plantes que des racines d’une
extrême ténuité, ne peuvent admettre que
l’on puisse en confectionner des Pipes aussi
volumineuses et d’un bois aussi dense que
languit et prend un port tout différent ; Sam-
bucus racemosa plumosa , dont les feuilles
ressemblent à celles de YAlnus imperialis ;
Fraxinus americana arbutifolia , variété vi-
goureuse à grand feuillage, prenant, à l’au-
tomne, une teinte rougeâtre, puis d’autres plus
répandus ; Ulmus Dampierrei aurea, et un
Tulipier à feuilles bordées de jaune.
MM. Croux et fds, du Val d’Aulnay, près
Sceaux, avaient envoyé des rameaux fleuris
de Clematis lanuginosa Belle Nantaise, à
fleurs amples, lilas, fort belles; C. integri-
folia Durandi, à fleurs d’un bleu d’azur
cendré, espèce ligneuse, pouvant atteindre
lm 50 de haut; C. viticella rubra, variété très-
vigoureuse, se couvrant de nombreuses fleurs
moyennes, d’un rouge vineux; Spiræa Bu-
malda, à fleurs en corymbe rouge carminé,
très-jolies; Sp. Fortunei alba, Hypericum ca-
lycinum et H. patulum, Cassia marylandica, à
tige raide, poilue, portant, dans l’aisselle des
feuilles, des grappes de fleurs jaunes un peu
plus petites que les autres espèces de ce genre.
Cette plante ancienne, trop peu répandue, est
traçante et convient donc parfaitement aux talus
et terrains fortement inclinés ; des rameaux de
Robinia semperflorens et d’un Catalpa du
Japon inconnu, dont les fleurs, petites, ver-
dâtres, tardives, ont beaucoup de ressemblance
avec celles du C. Kœmpferi, qui est défleuri
depuis longtemps.
Ch. Tiiays.
!N RACINE DE BRUYÈRE
celles que l’on vend sous ce nom. Ce fait est
pourtant absolument vrai, ainsi que nous
avons pu le constater récemment, lors d’un
voyage que nous avons fait à Amélie-les-
Bains (Pyrénées-Orientales).
L’espèce de Bruyère employée pour la
fabrication des pipes est YErica mediter-
ranea, ainsi que sa variété à fleurs blan-
ches, qui, toutes deux, croissent à l’état
sauvage dans presque toutes les parties
montagneuses de la France méridionale,
où elles constituent un arbuste buissonneux,
dressé, atteignant de lm30 à 2 mètres de
hauteur.
En général, cette espèce de Bruyère croit
dans les lieux pierreux ; ses racines, ténues,
pénètrent dans le sol, tandis qu’au contact
de celui-ci se forment des renflements
solides qui atteignent des dimensions et
un poids assez considérables : 20 kilo-
grammes et même beaucoup plus. Le tissu,
parfaitement homogène, est excessivement
dense, blanchâtre, d’une dureté extrême,
que l’on pourrait comparer à celui des
graines de certains Palmiers ( Phytele -
432
CORRESPONDANCE.
plias), avec lesquelles on fait différents
objets, et que l’on a nommé ivoire végétal.
L’industrie des pipes en racine de
Bruyère, dont nous parlons, bien que lo-
cale et presque restreinte de ce côté à
Amélie-les-Bains, n’a pourtant pris que
peu d’extension ; elle n’est pas non plus
propre à l’endroit et paraît y avoir été im-
portée de la Hollande il y a une quaran-
taines d’années. 11 n’y a guère, à Amélie,
qu’une maison-mère, c’est-à-dire une sorte
d’usine placée tout près du pont Pereire,
où arrivent les souches de Bruyère, qui,
après avoir été nettoyées des quelques
brindilles qui les accompagnent, sont en-
suite sciées en morceaux plus ou moins
gros, suivant l’usage que l’on veut en faire,
puis envoyées dans des maisons spéciales où
on les finit pour les livrer ensuite au com-
merce de détail.
Il y a pourtant, à Amélie-les-Bains, quel-
ques boutiques où l’on finit les pipes en
racine de Bruyère, mais alors ce travail,
qui se pratique toujours sur une très-petite
échelle, ne sert guère que pour l’usage
local, c’est-à-dire pour le besoin des per-
sonnes qui, de passage à Amélie-les-Bains,
rapportent une pipe comme objet de curio-
sité ou comme souvenir.
E.-A. Carrière.
CORRESPONDANCE
N° 5619 {Russie). — Votre variété de Chœ-
nomeles japonica est intéressante et sera pro-
chainement décrite dans la Revue horticole.
Nous vous conseillons en effet d’en confier
l’édition à un établissement horticole.
N° 5336 ( Angleterre ). — La relation du
voyage de M. Ed. André dans l’Amérique du
Sud, publiée par lui dans le journal de voyage
intitulé le Tour du Monde , n’a pas été tirée à
part. On peut se procurer les livraisons en les
demandant à MM. Hachette et Cie, éditeurs,
boulevard Saint-Germain, 79, à Paris. Le prix
de chaque livraison est de 50 centimes.
JV° 3001 (Ain). — Vous pourrez vous pro-
curer les capsules au sulfure de carbone en
vous adressant à M. Rémilly, 75, rue des
Chantiers, à Versailles (Seine-et-Oise). Vous
avez vu à plusieurs reprises que les abonnés
de la Revue horticole ont déclaré s’être très-
bien trouvés de leur emploi.
Vous pourriez les essayer sur les racines des
Pommiers, comme agent destructeur de puce-
rons lanigères. Nous ne connaissons encore au-
cune expérience et n’avons pas encore d’opinion
à ce sujet.
N° 41.02 ( Var ). — L’installation d’une
pompe dans les conditions que vous indiquez
n’est pas encore passée dans le domaine de la
pratique. Jusqu’ici on ne peut se passer d’un
moteur sérieux, puissant, et celui-là ne paraît
pas atteindre ce but. Nous vous conseillons
plutôt d’employer la « turbine éolienne » de
M. Bollée, qui utilise le moindre souffle de
vent et se règle d’elle-même. C’est un bon
moteur qui a l’inconvénient d’être coûteux.
N° 4 191 ( Seine-et-Oise ). — M. Délaux est
horticulteur et vend les Chrysanthèmes dont
nous avons parlé. Vous pouvez vous adresser
à lui.
Le Platycaria strobilacea et la Clematis
coccinea sont très-peu répandus. Cependant
vous pourriez vous adresser pour les obtenir,
à MM. Transon frères, horticulteurs à Orléans.
Le Cydonia sinensis est cultivé chez beau-
coup de pépiniéristes. Nous en avons vu de
beaux sujets chez M. Chatenay-Durand fils,
horticulteur à Tours.
N° 3018 (Alpes-Maritimes) . — Vous pourrez
vous adresser, pour obtenir l’Asphodelus acau-
lis, soit à! M. Otto Frœbel, à Zurich (Suisse),
soit à M. Backhouse, à York (Angleterre).
Le Choisya ternata se trouve chez la plupart
des horticulteurs du midi de la France.
L’adresse du journal Y Art- est : cité d’An-
tin, 29, à Paris.
M. R. M. (Calvados). — Les plus beaux
Cannas que nous connaissions se trouvent chez
M. Crozy, horticulteur à Lyon.
L. M. (Seine-et-Oise). — La question de
savoir à quelle distance des propriétés voi-
sines peuvent être faites les plantations dans
la banlieue de Paris vous intéresse tout parti-
culièrement, et les renseignements que vous
avez recueillis sont contradictoires. La Revue
a déjà parlé de cette question; mais, afin de
l’élucider complètement, nous avons prié un
jurisconsulte de nous formuler son avis. Vous
aurez donc satisfaction dans le prochain nu-
méro. — Nous pouvons toujours vous dire dès
maintenant que les racines n’ont rien à voir
dans cette affaire ; le voisin, étant maître chez
lui, n’a qu’à les couper.
N. B. (Rhône). — La Revue a annoncé la
publication de la 13e édition de la Maison rus-
tique des Dames ; vous n’avez qu’à demander
cet ouvrage à la Librairie agricole, 26, rue
Jacob ; son prix est de 7 fr. 75.
A tous nos abonnés. — Nous prions instam-
ment tous nos abonnés de bien vouloir joindre
une bande d’adresse à toutes les lettres qu ils
adressent soit à la rédaction, soit à l’adminis-
tration de la Revue.
L’ Administrateur-Gérant : L. Bourguignon.
Imp. Goorgea Jacob, — Orléana.
CHRONIQUE HORTICOLE.
433
CHRONIQUE HORTICOLE
Concours général et congrès pomologique de Saint-Brieuc. — Plantations commerciales d’arbres
fruitiers. — Rosa gigantea. — Phalœnopsis Buyssoniana. — Massifs pour la culture des ognons à
lleurs. — Glaïeuls hybrides de Frœbel. — Reine-Marguerite Comète. — L’efnploi des plantes à
feuillage coloré dans les jardins. — La Capucine contre le puceron lanigère. — Culture d’arbres
fruitiers retour d’Amérique. — Pensée à lleurs semi-doubles blanches. — La neige en Belgique. —
Vente d’Orchidées à Paris. — La vente des produits du potager de Versailles. — Les ventes publiques
de plantes à New-York. — Les conférences horticoles en Belgique. — Les concours horticoles scolaires
en France. — Expositions annoncées. — Memento des expositions.
Concours général et Congrès pomolo-
gique de Saint-Brieuc. — Le sixième
concours général et congrès pomologique
organisés par l’Association pomologique de
l’Ouest aura lieu à Saint-Brieuc, du 22 au
28 octobre, sous la présidence de M. Le-
chartier.
Le programme du concours comprend
trois grandes divisions : 1° Pommes et Poi-
res de pressoir, réparties en huit catégo-
ries selon leur provenance ; 2° cidres, poirés
et eaux-de-vie de cidre, répartis également
en plusieurs subdivisions ; 3° instruments,
avec des catégories spéciales pour les con-
casseurs de Pommes, les pressoirs, les
appareils de distillation, etc.
Les personnes qui désirent prendre part
au concours doivent en faire la déclaration
écrite à la mairie de Saint-Brieuc, au plus
tard le 15 octobre.
Voici la nomenclature des questions ins-
crites à l’ordre du jour du congrès :
1° Du choix des porte-greffes ou intermé-
diaires dans l’élevage du Pommier ;
2° De l’extraction des moûts par diffusion ;
3° De la fermentation du cidre, du nettoyage
des tonneaux, de la conservation du cidre, de
ses maladies;
4° Conventions à intervenir entre le proprié-
taire et le fermier lors d’une plantation d’ar-
bres à fruits à cidre en terres affermées, afin
de sauvegarder équitablement tous les inté-
rêts ;
5° Rôle des syndicats dans la vente et l’a-
chat des fruits à cidre ;
6° Des moyens pratiques pour déterminer
rapidement la valeur réelle des fruits à cidre ;
7° Des moyens pratiques pour caractériser
et contrôler la valeur du cidre lors de son
achat et de sa réception ;
8° De la destruction du puceron lanigère,
des divers parasites du Pommier et en par-
ticulier de l’anthonome des fleurs du Pom-
mier ;
9° Adaptation au sol et au climat des meil-
leures variétés de fruits.
Les séances du congrès auront lieu cha-
1er Octobre 1888.
que jour de quatre heures à six heures du
soir. Toutes les personnnes qui s’occupent
des questions relatives à la culture du Pom-
mier et à la fabrication du cidre sont ins-
tamment priées d’y assister.
Plantations commerciales d’arbres
fruitiers. — Malgré les résultats impor-
tants qui sont désormais acquis dans la
lutte contre les ennemis de la Vigne, nom-
bre de propriétaires sont encore inquiets
de l’avenir, et se préoccupent de la possi-
bilité de remplacer, le cas échéant, la Vigne
par une autre culture.
Certaines substitutions ont déjà été faites,
et, suivant le climat, les arbres fruitiers à
cidre, le Houblon, le Tabac, etc., ont pris
la place des Vignes phylloxérées.
Il est une autre culture à recommander
en ce sens, c’est celle des arbres fruitiers
à couteau, faite sur une grande échelle.
Un exemple existe : c’est celui de M. Lé-
vrier, président de la Société d’horticulture
des Deux-Sèvres, qui a planté, depuis trois
ans, 18.000 Poiriers et Pommiers, dans des
vignobles détruits.
Tous les arbres plantés par M. Lévrier
sont taillés en forme de buisson ou gobelet.
Le rendement en fruits commence ainsi plus
tôt, la cueillette est plus facile, et les bour-
rasques de vent ont moins de prise sur ces
arbres que sur ceux dirigés à haute tige.
Notre collaborateur, M. Nanot, maître de
conférences à l’Institut national agrono-
mique, vient de publier, sur ces planta-
tions, dans le Journal d’ Agriculture pra-
tique l, un intéressant article, qui n’aura
pas manqué d’être lu avec utilité par les cul-
tivateurs qui se trouvent dans le cas précité.
Rosa gigantea. — Un Rosier très-re-
marquable vient d’être signalé dans les
Shan-Hills, collines qui se trouvent entre
le Burmah et le royaume de Siam.
1 Journal d’agr. pr., 13 septembre 1887, p. 387.
19
CHRONIQUE HORTICOLE.
434
Cette espèce, qui portera|le nom" déposa
gigantea, 'est sarmenteuse, c’est-à-dire
grimpante. Sa vigueur est exceptionnelle.
Elle produit des fleurs simples, d’un blanc
pur, et mesurant 12 centimètres de dia-
mètre. Aucune Rose à fleurs simples n’a
encore, que nou*s sachions du moins, at-
teint cette dimension surprenante.
Il est à désirer que cette espèce soit in-
troduite dans les cultures. Elle serait pré-
cieuse par ses qualités propres, et, en outre,
elle pourrait devenir, par l’hybridation, la
souche de formes de haut intérêt.
Phalœnopsis Buyssoniana. — Cette
espèce nouvelle, dont l’introduction est due
à M. A. Régnier, de Fontenay-sous-Bois, a
été dédiée à M. le comte du Buysson, l’ama-
teur distingué à qui les Orchidopliiles sont
redevables d’un très-bon livre.
Les sépales et pétales du P. Buyssoniana
sont d’une brillante couleur pourpre; les
sépales latéraux sont intérieurement bordés
de blanc; le labelle a sa partie antérieure
divisée en trois segments égaux, lancéolés-
oblongs, émoussés, acuminés. Ces segments
sont d’une vive couleur écarlate à l’inté-
rieur, jaune d’ocre à l’extérieur, qui est
marqué de nombreuses lignes écarlates.
Cette magnifique espèce sera très-appré-
ciée de tous les amateurs.
Massifs pour la culture des ognons
à fleurs. — MM. Forgeot et Cie, mar-
chands grainiers, quai de la Mégisserie, à
Paris, viennent de publier un prospectus
nouveau, relatif aux ognons à fleurs, d’a-
près une idée qui nous semble tout à la
fois ingénieuse et pratique.
Au lieu de donner les prix de vente de
chaque espèce d’ognons, ils ont composé
eux-mêmes un certain nombre de massifs,
varies de formes, de dimensions et de
nuances. Chacun de ces dix-sept massifs,
qu’ils ont représentés sommairement en
chromo-lithographie, a un numéro d’ordre
correspondant à une légende où se trouvent,
avec les dimensions exactes du massif ou de
la corbeille, la liste des plantes dont il se
compose, leur nombre et leur couleur ; la
comparaison de la légende et du petit plan
colorié suffit à indiquer la place que les
plantes doivent occuper dans le massif. Le
prix spécial des plantes est indiqué pour
chaque massif.
De cette façon, l’amateur peut se rendre
compte, approximativement, de l’effet que
produira dans son jardin le massif de son
choix, et il est fixé d’avance sur la dé-
pense à encourir.
Il y a, dans cette manière de présenter les
devis de ce genre d’ornementation, une in-
novation qui méritait d’être signalée.
Glaïeuls hybrides de Frœbel. —
MM. Frœbel et Cie, horticulteurs à Zurich,
ont pratiqué depuis plusieurs années des croi-
I sements entre les Gladiolus Saundersii su-
perbus et G. Gandavensis. Ils en ont ob-
tenu des plantes très-vigoureuses, de 50 à
70 centimètres de longueur, à grandes et
belles fleurs variées. Leur haute taille, leurs
feuilles glauques, de nombreux rameaux
floraux, et surtout la tardiveté de la florai-
son, qui commence alors que les autres
Glaïeuls se défleurissent, sont les traits
principaux de cette race, selon la note que
nous avons reçue des obtenteurs, en même
temps que quelques tiges fleuries. Ces
fleurs sont belles, en effet, mais il faudrait
pouvoir les juger comparativement avec
d’autres variétés plantées à côté. C’est ce
qui aura lieu l’année prochaine et nous
permettra d’exprimer une opinion dûment
motivée sur cette matière intéressante.
Reine-Marguerite Comète. — Nous
venons de recevoir quelques fleurs de la
Reine-Marguerite Comète , et nous consta-
tons que c’est une variété admirable.
La plante atteint 35 à 40 centimètres de
hauteur et forme des pyramides compactes
et régulières. Ses fleurs, à ligules rose pâle
marginées de blanc, ressemblent, à s’y mé-
prendre, à celles d’un Chrysanthème japo-
nais à grandes fleurs, ce qui les distingue
complètement des Reines-Marguerites pré-
cédemment connues.
Les plantes portent, lorsqu’elles sont en
bon état de culture, jusqu’à 25 ou 30 fleurs
à la fois, ce qui en ferait une plante déco-
rative de premier ordre.
Nous venons d’en voir récemment une
plantation entière dans le parc de M. P. Dar-
blay, près Corbeil, et nous avons été heu-
reusement surpris de la beauté de cette va-
riété, que nous recommandons tout spécia-
lement.
L’emploi des plantes à feuillage co-
loré dans les jardins. — Quel que soit le
degré d’intensité de la coloration d’un feuil-
lage, il ne jouera jamais, dans la décoration
estivale d’un jardin, le même rôle que les
fleurs. Une masse de Coleus , d ’Achyran-
I tlics, une corbeille ou guirlande quelconque,
CHRONIQUE HORTICOLE.
435
une mosaïculture, pourront être employées
utilement dans un ensemble décoratif d’une
certaine importance; mais elles ne pro-
duisent pas les mêmes effets attrayants et
gais que les plantes à fleurs employées en
mélange, ou par groupes distincts.
Nous avons récemment vu, dans cet ordre
d’idées, un exemple poussé à l’extrême.
Une corbeille entièrement composée de
Coleus Negro, en feuillage violet pourpre
foncé, presque noir, et bordée à’Achy-
ranthes à feuilles réticulées de vert et de
jaune.
L’impression qui résultait de l’examen
de cette corbeille était une tristesse non
justifiée. On supposait vaguement l’exis-
tence d’un tumulus , sous cet amas de
plantes sans fleurs, et une urne funéraire
quelconque n’aurait pas semblé disparate
en s’élevant dans son milieu.
Ce n’est pas, certes, là l’effet que l’on
avait voulu obtenir, et nous pourrions citer
des cas assez nombreux où un mauvais
emploi de plantes à feuillage coloré a pro-
duit des résultats négatifs ou fâcheux.
Les règles générales qu’il convient de
suivre peuvent se résumer à grands traits
en ceci :
Préserver les feuillages colorés pour les
parties vues de loin, par masses, et planter
auprès de l’habitation ou de tous autres
endroits très-fréquentés des fleurs, qui,
outre leur élégance èt leur floraison variée,
répandent, pour la plupart, un parfum si
agréable.
La Capucine contre le puceron lani-
gère. — Un de nos abonnés du Loiret,
M. H. de Kancourt de Mimerand, nous si-
gnalait, dernièrement, l’effet de la Capu-
cine contre le puceron lanigère. Il avait à
plusieurs reprises constaté que des Pom-
miers, fortement attaqués par leur redou-
table ennemi, avaient été complètement
débarrassés du puceron à la suite d’une
plantation de Capucines.
Nous avions pensé qu’il pouvait y avoir
là une simple coïncidence, tout en enga-
geant vivement notre estimable correspon-
dant à continuer ses expériences.
Voici de nouveaux renseignements qui
nous arrivent sur cette question, et qui
semblent, démontrer que l’emploi de la Ca-
pucine contre le puceron lanigère donne de
bons résultats. Ils sont dus à M. Imschoot,
de Gand, qui nous écrit en ces termes :
Je puis vous confirmer, par une expérience
de plusieurs années, l’efficacité de la Capucine
pour la destruction du puceron lanigère. Le
procédé, d’ailleurs, n’est pas nouveau; je l’ai
trouvé, il y a quelques années, dans le Bulle-
tin d’ Arboriculture de Gand.
Ce qui peut avoir découragé les expérimen-
tateurs (s’il y en a eu, ce qui n’est pas certain,
le remède étant trop simple !), c’est que le pu-
ceron n’est pas complètement détruit la pre-
mière année. Après avoir semé les graines de
Capucine au pied du tronc, on s’aperçoit, la
première année, que le puceron est moins
abondant; son apparence n’est pas la même
non plus ; il n’envahit plus ; l’année suivante il
disparaît.
M. Van Imschoot termine son intéres-
sante communication par l’idée que ce pro-
cédé pourrait aussi être essayé contre le
phylloxéra.
En nous bornant à la question du puce-
ron lanigère, il est évident que si les expé-
riences de MM. de Raucourt et Van Ims-
choot se confirment, il y a là un moyen bien
simple et bien pratique de se débarrasser
de ce redoutable ennemi des Pommiers.
Nous engageons vivement nos abonnés à
en faire l’essai, et nous serons reconnais-
sants à ceux qui voudront bien nous infor-
mer des résultats obtenus.
Culture d’arbres fruitiers retour
d’Amérique. — Un amateur éclairé d’hor-
ticulture, M. G. Reer, propriétaire à Lou-
veciennes (Seine-et-Oise), et fils du fonda-
teur de l’Orphelinat horticole de cette loca-
lité, vient de créer, auprès de cet orphelinat,
un jardin d’essai d’arhoriculture fruitière,
qui compte déjà 4,000 exemplaires de
Poiriers et Pommiers.
Le but que se propose M. G. Reer est de
produire uniquement des fruits de choix,
comme grosseur et qualité, non seulement
destinés à la vente pour Paris, mais devant
constituer un important article d’exportation
pour l’Angleterre, l’Allemagne, le Dane-
mark, la Russie, etc. Il a l’intention de
se tenir sans cesse, pour ses procédés de
culture, au courant des progrès de la science
et de l’enseignement des écoles spéciales.
Un des côtés les plus intéressants des
plantations exécutées par M. Reer, c’est
qu’en même temps qu’il faisait venir d’A-
mérique un grand nombre de variétés de
Pommes et Poires encore peu connues en
France, il recevait, de la même source, des
représentants de nos meilleures et plus an-
ciennes variétés européennes, transplantées
en Amérique il y a déjà un certain nombre
d’années, et qui auront peut-être gagné,
par suite de cette expatriation, certaines
436
CHRONIQUE HORTICOLE.
qualités de vigueur, de productivité et de
goût.
Il sera intéressant de suivre le dévelop-
pement de ce jardin d’essai.
Pensée à fleurs semi-doubles blan-
ches. — Il a été présenté, à une récente
séance de la Société horticole du Massachu-
setts (États-Unis), une Pensée blanche dont
les fleurs sont devenues semi-doubles par
suite de la transformation des étamines en
pétales. La plante est très-florifère. C’est une
bonne recrue pour les fleuristes.
La neige en Belgique. — La fin d’août
et le mois de septembre ont été plus favo-
rables à la culture que le printemps et la
première moitié de l’été.
Chacun connaît les pluies interminables
et le froid dont nous avons été gratifiés
pendant la saison qui aurait du être belle;
et si nous en parlons aujourd’hui, c’est uni-
quement pour signaler un fait singulier qui
s’est passé à Gand, le 5 août : la neige est
tombée en abondance pendant plus d’une
minute, et les flocons serrés ont obscurci
l’atmosphère d’une façon très- appréciable.
Voilà un phénomène bien anormal, et
l’on eût pu voir, probablement pour la pre-
mière fois, des paquets de Cerises mûres
disparaissant en partie sous de légers amas
de neige !
Vente d’Orchidées à Paris. — Nous ve-
nons d’apprendre que la collection d’Orchi-
dées de M. Rougier-Chauvière va être mise
en vente. La date est fixée au 10 octobre
prochain. La vente publique sera dirigée
par M. Godefroy-Lebeuf. Nous engageons
les Orchidophiles à ne pas laisser passer,
sans y assister, cette dispersion d’une col-
lection où se trouvent de nombreux exem-
plaires de plantes rares et intéressantes.
La vente des produits du potager de
Versailles. — Le Ministre de l’Agriculture
a décidé que les produits du potager de
Versailles pourraient être à l’avenir vendus
directement au public. Ces produits con-
sistent en fruits de primeur et de saison,
légumes, plantes variées de plein air et de
serre, fleurs, etc.
Les ventes se font à prix fixe, sans remise
ni escompte, et au comptant. Les payements
sont effectués à la caisse du receveur des do-
maines, à Versailles.
Les livraisons s’effectuent sur place. Les
acheteurs doivent donc se munir des paniers,
caisses, etc., nécessaires pour l’emballage.
Toutefois, ces divers objets peuvent être four-
nis par l’établissement, contre remboursement
de leur valeur. Les paniers sont repris pour
leur prix, sous déduction d’un cinquième,
quand ils sont rendus en bon état et dans le
délai de trois jours.
Les marchandises qu’il y a lieu de livrer
exceptionnellement au dehors de Versailles
voyagent aux frais, risques et périls de l’ache-
teur. Elles sont rendues franco à l’une des
gares du chemin de fer de l’Ouest, à Ver-
sailles, ou remises en ville à un commission-
naire qui les transportera à destination aux
frais de l’acquéreur.
L’emballage dû par l’acheteur est coté au
prix de revient.
Aussitôt après l’expédition des marchandises,
une lettre d’avis annonçant le jour du départ,
le nombre de colis, la gare expéditrice ou le
nom du commissionnaire, est adressée au des-
tinataire.
L’établissement décline, par avance, toute
responsabilité pour retards, avaries, gelées,
non réussite des végétaux, etc.
Toute demande de marchandises à expédier
doit être accompagnée d’un mandat de poste
au nom du receveur des domaines, à Ver-
sailles.
Les ventes publiques de plantes, à
New-York. — Nous avons précédemment
parlé des ventes aux enchères qui se font,
en Angleterre, pour les végétaux, et qui
ont pour avantage principal de permettre
à un horticulteur de se débarrasser, dans
un court délai, d’un stock encombrant de
plantes d’une catégorie quelconque.
En Amérique, les mêmes procédés sont
employés, et l’on a vu récemment, ainsi que
le rapporte le Journal des Roses , sept culti-
vateurs présenter ensemble 31.370 Rosiers
en pots, dans une seule vente publique.
Dans ce nombre, la variété Niphétos
comptait 7,000 sujets.
Ces Rosiers étaient tous de jeunes bou-
tures, en godets de 4 à 6 centimètres, et
2,000 d’entre eux ont été vendus, dans
cette adjudication, à des prix variant de
15 à 25 francs le cent.
Les conférences horticoles en Bel-
gique. — L’horticulture est, on le sait,
très avancée en Belgique, et, malgré cela,
le gouvernement de ce pays ne ralentit pas
ses efforts pour faire pénétrer partout la
connaissance des meilleurs procédés cultu-
raux.
En 1887, il a été donné dans les diverses
provinces belges : 1,140 conférences pu-
bliques sur l’arboriculture fruitière et la
CHRONIQUE HORTICOLE.
437
culture maraîchère, 12 sur la culture fo-
restière et 6 sur la culture du Tabac.
Le nombre relativement restreint des
conférences sylvicoles s’explique en ce
qu’elles ne s’adressent qu’à un petit nombre
d’intéressés, et que d’ailleurs des écoles
spéciales sont réservées pour l’instruction
des agents forestiers proprement dits.
Les concours horticoles scolaires en
France. — La Société d’horticulture et de
viticulture des Vosges a organisé, cette an-
née, dans les cantons de Neufchâteau,
Plombières, Xertigny et Senones, un con-
cours entre les élèves des écoles primaires,
sur toutes les questions se rapportant à
l’horticulture, en général. Un programme
circulaire avait été publié le 6 mai, indi-
quant les sujets principaux sur lesquels les
concurrents devaient se préparer.
Le concours eut lieu le 9 août dernier. Le
sujet choisi était Greffage : greffe en fente
ordinaire , greffe en couronne , greffe en
écusson ; conditions de réussite.
La commission d’examen a constaté avec
satisfaction que la question avait été bien
traitée par un grand nombre d'élèves.
Trente-six prix ont été décernés, consistant
en sommes d’argent et ouvrages publiés sur
l’horticulture, le tout accompagné de di-
plômes.
On ne saurait trop approuver la très-
utile mesure prise ainsi par la Société des
Vosges. Il en résulte, pour les enfants pre-
nant part aux concours, une émulation très-
favorable à leur instruction horticole, et
l’appât de récompenses, décernées en dehors
des prix universitaires, ne peut que diriger
particulièrement leur désir d’apprendre
vers les choses du jardinage.
Expositions annoncées :
Marseille, du 4er au 4 novembre. — La
Société d’horticulture et de botanique de Mar-
seille fera une exposition spéciale de Chrysan-
thèmes du 1er au 4 novembre prochain.
Le programme sera envoyé à toute personne
qui en adressera la demande au Secrétaire
de la Société, rue Thubaneau, 52, à Mar-
seille.
Lille, du 4 au 5 novembre. — La Société
régionale d’horticulture du nord de la France
organise, avec le concours du Ministère de
l’Agriculture et du Conseil général du dépar-
tement du Nord, une exposition internationale
des produits de l’horticulture et du matériel
horticole, qui aura lieu au palais Rameau les
4 et 5 novembre.
Le programme comporte 22 concours : 15pour
pour la première section, qui comprend les
plantes de serre de plein air et les fleurs cou-
pées ; 7 pour la deuxième section, qui com-
prend les fruits et légumes, ainsi que le maté-
riel horticole.
Tous les amateurs, horticulteurs, jardiniers,
instituteurs, directeurs de jardins publics, etc.,
soit français, soit étrangers, sont admis à ex-
poser leurs produits et à prendre part aux
concours.
Les exposants doivent faire remettre à M. le
Secrétaire général de la Société, 84, rue
d’Arras, à Lille, avant le 25 octobre prochain,
leur demande d’admission en se conformant à
la formule annexée au programme, qui leur
sera adressé sur demande.
Paris, du Ie? novembre au iO décembre. —
Ainsi que nous l’avons annoncé dans le précé-
dent numéro, une exposition de fruits à cidre,
de cidres et poirés et d’eaux-de-vie de cidre,
aura lieu au Palais de l’Industrie des Champs-
Élysées, du 9 au 25 novembre, sous le patro-
nage d’un comité composé de MM. Lechartier,
Ilauchecorne, Michelin, Baltet, Pol Fondeur,
Delaville, Lacaille, Nanot et Vivien.
De son côté, M. Ghessé, ancien gouverneur
de Tahiti et de la Guyane, organise une exposi-
tion de cidres et poirés, avec section annexe
d’alimentation générale, qui se tiendra du
1er novembre au 10 décembre dans le pavillon
central du quai d’Orsay, édifié pour l’exposi-
tion agricole universelle de 1889.
Ce n’est pas une idée heureuse que d’ins-
taller simultanément dans la même ville deux
expositions de même nature. En pareil cas, la
concurrence ne peut donner que de mauvais
résultats.
Memento des Expositions.
Voici la liste des Expositions précédemment
annoncées :
Paris. — Chrysanthèmes (Chr. n° 14), 22 au 25 no*
vembre.
Paris. — Végétaux d’ornement (Chr. no 15),
25 juillet au 5 novembre. (Annexe de l’Exposition
d’hygiène et de sauvetage.)
Paris. — Cidres, Pommes et appareils (Chr.) no 18,
9 au 25 novembre.
Roubaix. — Chrysanthèmes (Chr. n° 5), 17 no-
vembre.
Toulouse. — Exp. de culture maraîchère, culture
ornementale et arboriculture fruitière et spécia-
lement Exp. de Chrysanthèmes (Chr. n« il),
15 au 18 novembre.
Gand. — Chrysanthèmes (Chr. n° 11), 18 au 22 no-
vembre.
Vienne. — Fruits (Chr. no 15), 29 septembre au
7 octobre.
Saint-Mandé. — Exp. gén. (Chr. n° 12), 16 au
23 septembre.
E.-A. Carrière et Ed. André;
438
LES PALMIERS DANS LA FLORIDE CENTRALE.
LES PALMIERS DANS LA FLORIDE CENTRALE
Le climat de la Floride a beaucoup d’ana-
logie avec celui de notre littoral méditerra-
néen, bien qu’il soit un peu plus humide.
Les cultures qui réussissent là-bas pro-
duiront évidemment le même effet chez
nous, si on a soin de leur donner l’humi-
dité suffisante, qui leur ferait souvent dé-
faut.
Les cultures du midi de la France sont
certainement bien intéressantes, mais elles
ne contiennent pas, à beaucoup près, toutes
les espèces ornementales que l’on devrait y
voir, malgré les efforts faits par M. Ch. Nau-
din et quelques autres dans ce sens. Les
essais d’acclimatation y sont encore trop
peu nombreux. On plante généralement les
essences qui, depuis longtemps, ont fait leurs
preuves, sans chercher à en augmenter le
nombre.
Pour aider les propriétaires à sortir de
cet état peu progressif, pour leur éviter des
tâtonnements longs et coûteux, nous avons
extrait, d’un fort bon article que vient de
publier le journal américain Garden and
Forest, les précieuses indications qui sui-
vent, au sujet des Palmiers qui sont cultivés
avec succès, en plein air, dans une des plus
belles propriétés de la Floride, chez M. E.-
H. Hart, à Fédéral-Point.
Les abords de cette résidence sont occu-
pés par des cultures d’Orangers renommées
pour la quantité et l’excellence des variétés
employées , et au milieu desquelles se
trouvent intercalés environ trois cents spé-
cimens d’arbres fruitiers exotiques choisis.
Auprès de massifs de Magnolia fuscata,
de Rhinchospevmum jasminoides , à’Olea
fragrans, d ' Azalea, Tabernæmontana,
AUàmanda et d’autres belles plantes, on
remarque, au premier abord, un groupe de
différentes espèces de Phœnix, qui sont
plantés auprès de l’habitation. Le plus
élevé de ces arbres est un magnifique
exemplaire du P. sylvestris, le Dattier de
l’Inde, qui atteint la hauteur totale de
7 mètres. Il convient de faire remarquer ici
qu’aucune des plantations dont il est ques-
tion ne remonte à plus de quinze années,
la majeure partie n’ayant même que dix
ans. Ce bel arbre a déjà fleuri, et un épi de
fruits était développé lors du grand froid
de 1886, qui l’a détruit. Depuis, les fleurs
ne se sont pas montrées. Tout auprès se
trouve un Phœnix canariensis, encore
plus élégant que l’espèce précédente, la jux-
taposition des segments donnant aux feuilles
une ampleur très-ornementale. Un spécimen
moins dévèloppé de Pli. vinifera a un peu
souffert du froid de 1886. C’est néanmoins
une très-belle plante. Au milieu des Oran-
gers, on remarque deux élégants Ph. rupi-
cola, dont les feuilles recourbées ont une
riche couleur dorée, très-rare dans les
Palmiers ; puis des Ph. pumila, fari-
nifera, senegalensis, spinosa, reclinata,
dactylifcra et encore d’autres. Tout auprès
de ces Palmiers à végétation vigoureuse se
trouve un exemplaire de Copernicia ma-
çroglossa, âgé de 10 ans, et qui n’a encore
qu’une seule feuille. Sa hauteur est d’envi-
ron 30 centimètres.
En face l’habitation se trouve une forte
touffe de Rhapis flabelliformis, qui, d’ordi-
naire assez rustique, a cependant un peu
souffert du froid de 1886.
Dispersés sur les pelouses, de nombreux
Cliamærops développent leur vigoureux
feuillage ; là se trouvent les Ch. spinosa,
Humboldti, arborca , elegans, tomentosa ,
Martiana, Fortunei, humilis , sinensis ,
farinosa, robusta, humilis robusta,
excelsa, excelsa macrocarpa, hystrix
( Rhapidophyllum ), etc. Le plus fort de ces
Palmiers a le tronc haut de 1 mètre ; la plu-
part d’entre eux ont un joli feuillage ar-
genté, tous sont parfaitement rustiques
sous cette latitude.
Parmi les autres Palmiers à feuilles en
éventail se trouve une splendide collection
de Sabal, tous parfaitement rustiques. Un
superbe exemplaire de Sabal umbraculifera
a atteint la hauteur de 5 mètres, avec un
tronc de 2 mètres. Il a une large couronne
étalée de feuilles ressemblant un peu à celles
du S. Palmetto, avec un pétiole plus long,
plus fort, et une apparence plus dense.
Un Sabal dealbata a deux mètres de
hauteur. Il a déjà produit des graines sur un
épi long de plus de trois mètres. Voici un
exemplaire du >8. longipedunculata, qui
produit également des fruits. Ses inflo-
rescences s’élancent bien au-dessus du feuil-
lage, comme cela se produit chez le S. Adan-
soni. Un joli spécimen de S. Mocini des
régions montagneuses du Mexique a prouvé
que cette espèce était moins rustique que
ses congénères. Son feuillage a souffert du
froid de 1886. On remarque également de
LIGUSTRUM CORÎÀCËUM.
439
jolis S. havanensis , Ghiesbreghtii, cœru-
lescens.
M. Hart a obtenu une réussite superbe
avec le Washingtonia robusta, cette belle
espèce californienne, dont il possède plu-
sieurs pieds. Le plus grand d’entre eux a
5 mètres de hauteur, avec un tronc haut de j
2 mètres. Il développe une nouvelle feuille
tous les quinze jours, et forme un exem-
plaire vraiment magnifique. Ses épines
rouges et la jolie couleur de son feuillage
en font un des plus jolis Palmiers à feuilles
en éventail. Le Washingtonia filifera
(. Brahea ou Pritchardia filamentosa ), es-
pèce originaire de la Californie, est très-
distinct. Bien que les sujets que nous avons
vus là soient très-beaux, ils ont une vigueur
inférieure à celle du beau W. robusta. Les
Brahea edulis et glauca sont représentés
par de jeunes exemplaires.
Le plus élégant Palmier de cette collec-
tion est un Diplothemium campestre âgé
de dix ans. 11 n’a que lm 50 à 2 mètres de
hauteur ; mais ses élégantes feuilles pen-
nées, argentées à leur face inférieure, et
dont les segments sont gracieusement re-
courbés comme les barbes d’une plume
d’autruche, en font une plante ravissante.
Le genre Cocos est représenté par ses
espèces les plus rustiques. Un exemplaire
de C. flexuosa atteint déjà 4 mètres de hau-
teur. Les moins délicats de tous les Palmiers
à feuilles pennées, les C. australis et cam-
pestris, sont représentés par de nombreux
et vigoureux jeunes spécimens. De jeunes
C. Yatai , insignis , Romanzoffiana, Nor -
manbyana , Gaertneri et Blumenavia, les
accompagnent, ainsi qu’un C.plumosa déjà
plus développé.
On voit, en outre des Livistona altissima,
Jenkinsiana, un splendide spécimen de
L. Hoogendorpii, et un L. chinensis haut
d’environ 3 mètres, et qui a déjà un tronc
très-dé veloppé. Auprès de ce dernier se
trouve un Acrocomia sclerocarpa haut de
j lm 50, et qui provient d’une graine semée il
y a huit ans, mais qui n’avait germé que la
cinquième année.
Un Jubæa spectabilis déjà fort, âgé de
douze ans, semble confirmer cette asser-
tion, que, dans son pays natal, au Chili,
cet arbre ne produit de fleurs et de fruits
que lorqu’il a dépassé sa centième année.
Des Areca rubra et sapida et quelques
autres espèces du même genre croissent
avec la protection d’un abri formé d’ardoises
éloignées d’une dizaine de centimètres les
unes des autres. Ils reçoivent ainsi une
ombre suffisante et une garantie contre le
froid.
Un bel exemplaire d ’Oreodoxa regia,
le Palmier royal de la Floride méridionale
et des Indes occidentales, a été protégé plu-
sieurs fois contre le froid au moyen d’un
tonneau dont les deux fonds avaient été en-
levés, que l’on glissait autour du feuillage
de manière à le placer autour du stipe, et
dans lequel on mettait ensuite de la terre,
le feuillage émergeant au-dessus de cet ap-
pareil .
D’autres Palmiers viennent encore s’a-
jouter à ceux qui viennent d’être cités. Leur
faible développement ne permet pas encore
de parler d’eux avec intérêt.
Dans quelques années, les Palmiers de
«Fédéral Point » mériteront que l’on en-
treprenne un grand voyage pour les exa-
miner. Éd. André.
L1GUSTRUI CORIACEUM
Bien que très-méritante et anciennement
connue, cette espèce est toujours rare ;
c’est même à peine si on la rencontre dans
les cultures, où pourtant elle occupa jadis'
une bonne place. C’est en effet l’horticulteur
L. Noisette qui paraît l’avoir possédée le
premier. Pendant de longues années, on
parait même avoir ignoré son origine :
celle-ci n’a été réellement bien connue que
lors d’un envoi fait du Japon à M. Standish,
par M. Fortune, il y a une trentaine d’an-
nées. En voici une description :
Arbuste buissonneux excessivement com-
pact, atteignant lra50 environ de hauteur, à ra-
meaux gros et courts, strictement dressés, à
écorce roux brunâtre. Feuilles très-longtemps
persistantes, très-rapprochées, opposées-décus-
sées, courtement ovales-arrondies, cordiformes
ou suborbiculaires, à limbe tourmenté ondulé,
épaisses, coriaces, très-entières, lisses, lui-
santes en dessus, vert glaucescent en dessous,
glabres de toutes parts, portées sur un court
et fort pétiole dressé. Inflorescence dressée en
épis racémiformes. Fleurs blanches, petites,
très-nombreuses, réunies par petits groupes
formant un tout compact, à odeur rappelant
celle du Troène commun, moins pénétrante
cependant.
Le Ligustrum coriaceum , L. Noisette
(fig. 101), est très^rustique. Par sa nature et
son faciès général, non seulement il est
440
DU PALISSAGE DES ARBRES FRUITIERS.
propre à garnir le premier rang dans les mas-
sifs-parterres, mais on pourrait même l’em-
ployer pour l’ornementation des plates-
bandes, où, distancé sur le milieu, il
s’harmoniserait parfaitement avec les plantes
fleuries, pendant l’été; et, tout l’hiver, par
son joli et abondant feuillage, il romprait la
monotonie que présentent les jardins lorsque
les froids en ont
fait disparaître les
plantes à fleurs.
A défaut de
graines, que du
reste la plante
produit très-rare-
ment dans les
cultures, on mul-
tiplie cette espèce
par bouture et par
greffe. Pour bou-
tures, on prend
les jeunes bour-
geons semi-aoû-
tés, que l’on cou-
pe, à partir du
mois d’août, et
que l’on repique
sous cloche au
nord en terre de
bruyère. On peut
aussi les repiquer
dans des petits
godets que l’on
place également
sous cloche, mais
dans la serre à
multiplication, où
il est possible, au besoin, d’élever un peu
la température, ce qui accélère le dévelop-
pement des racines. Quant aux greffes, on
les fait en fente ou en placage en prenant
comme sujets des formes rustiques : si-
nense, Quihoui, Ibota, vulgare, etc. Pour
greffons, on prend, comme on le fait pour
les boutures, des bourgeons aoûtés. Une
fois greffées, les plantes sont placées sous
des cloches à froid, où on les prive d’air
jusqu’à ce que la soudure soit complète.
Comme c’est toujours du jeune bois que
l’on doit prendre, qu’il s’agisse de bou-
tures ou de greffes, et qu’abandonnées à
elles-mêmes les plantes n’en produisent
que très-peu, on peut provoquer la forma-
tion de ce jeune
bois en rabattant
les rameaux, qui,
alors, développent
des bourgeons sur
toutes leurs par-
ties.
Outre son em-
ploi comme ar-
buste d’ornement
de pleine terre,
le Ligustrum co-
viaceum peut
être employé à la
décoration des ap-
partements. Pour
cela, il suffit de
cultiver les plan-
tes en pots, con-
ditions dont, au
reste, elles s’ac-
commodent par-
faitement. Dans
ce cas, on les
cultive en serre
froide comme on
le fait de quel-
ques plantes à
feuillage que l’on
emploie dans les mêmes conditions. Cette
espèce est d’autant plus propre à cet usage,
que les plantes sont toujours très-garnies de
feuilles très-robustes qui non seulement
persistent longtemps, mais ne s’altèrent
même que très-rarement.
E.-A. Carrière.
DU PALISSAGE DES ARBRES FRUITIERS
En horticulture, on nomme palissage
l’art d’attacher les branches d’un arbre le
long d’un mur ou d’un support ad hoc et
approprié, de manière à lui donner une
forme déterminée, le plus généralement une
surface plane, mais qu’il ne faut, toutefois,
pas exagérer, parce qu’alors il se produi-
rait certains désordres graves dans la végé-
tation, ce que je vais essayer de faire res-
sortir.
Des amateurs ou même des praticiens
qui ne se rendent pas compte de certaines
lois physiologiques ne visent qu’à la régu-
larité ; ils palissent ou attachent tous les
bourgeons au fur et à mesure qu’ils pous-
sent, de manière à obtenir une surface qui
BOUGAINVILLEA SPECTABILIS ET B. BRASILIENSIS.
441
ne présente aucune saillie. Cela est un tort,
assurément, car alors pour flatter l’œil,
presque toujours on se prive de fruits, les
yeux à fleurs, c’est-à-dire les boutons , ne
pouvant se former dans de semblables con-
ditions.
Pour bien pratiquer le palissage, il faut
savoir qu’il comprend deux choses : main-
tenir l’équilibre des diverses parties de
l’arbre, afin de maintenir la forme et la ré-
gularité de l’ensemble ; de plus, déterminer
des transformations et convertir en produc-
tions fruitières des bourgeons qui, aban-
donnés à eux-mêmes, auraient pu ne pro-
duire que du bois stérile, c’est-à-dire des
yeux à bois , ou, dans le cas contraire, des
yeux à fleurs, mais alors mal conformés.
Une règle quelconque pourra, suivant les
circonstances, présenter des exceptions plus
ou moins grandes. Aussi examinons le pa-
lissage à chacun des deux points de vue
indiqués plus haut. Rappelons d’abord ce
fait de physiologie que la transformation
des organes foliacés ne s’opère bien que
lorsque ces organes « nagent » dans l’air,
c’est-à-dire qu’ils sont frappés de toutes
parts par celui-ci. Donc, lorsqu’il s’agit
de modification d’yeux pour assurer la pro-
duction des fruits, on ne doit palisser les
bourgeons que lorsque ces yeux sont com-
plètement formés ; le palissage doit s’opérer
successivement au fur et à mesure que les
bourgeons sont suffisamment développés. 11
en est de même quand il s’agit de mainte-
nir l’équilibre des arbres et d’en assurer le
développement, celui-ci ayant toujours lieu
suivant remplacement et la position des
parties de l’arbre. Par exemple, lorsqu’il
s’agit de branches fruitières, on ne doit les
palisser que lorsque les yeux ont acquis les
qualités que l’on recherche. Cependant, il
faudra toujours commencer le palissage par
les parties supérieures, par cette raison que
dans cette position les bourgeons tendent
toujours à s’emporter au détriment des
parties inférieures, qui, alors, restent plus
faibles.
Quant à maintenir l’équilibre des arbres,
on y parvient en palissant les branches les
plus fortes qui menacent de « s’emporter »
et de rompre l’équilibre. Outre ce moyen,
on peut encore, par le palissage, équilibrer
un arbre par la disposition des branches ;
il suffit d’incliner plus ou moins, même
au-dessous de l’horizontale, les parties trop
vigoureuses, et, au contraire, de relever
plus ou moins, même verticalement, les
parties faibles que l’on désire renforcer.
Enfin, il est un autre moyen de modérer ou
d’accélérer la végétation et par suite d’affai-
blir ou de renforcer certains bourgeons ; il
consiste, suivant le cas, à palisser de bonne
heure et sévèrement les parties très-vigou-
reuses et dont on veut restreindre la végé-
tation, et, au contraire, à attirer en avant,
en les laissant libres, les bourgeons dont on
veut protéger et favoriser le développement.
Maintenant, je vais en quelques mots
résumer les principales règles qui concer-
nent le palissage :
Lorsqu’il s’agit de branches fruitières,
ne palisser les bourgeons que lorsqu’ils ont
acquis les conditions nécessaires, c’est-à-
dire que leurs yeux sont bien formés, de
façon à en assurer la transformation pos-
térieure en fleurs, ce qui nécessite des pa-
lissages successifs et toujours partiels.
Commencer ce travail par le dessus des
branches, qui, toujours, tend à s’emporter
au détriment des parties inférieures.
Voilà, d’une manière générale, comment
on doit opérer lorsqu’il s’agit de la produc-
tion des fruits. Si, au contraire, il s’agit
particulièrement de maintenir l’équilibre
des arbres, c’est-à-dire d’en renforcer ou
d’en affaiblir certaines parties, on y par-
vient de plusieurs manières : 1° en palis-
sant sévèrement les plus vigoureuses et
laissant, au contraire, les plus faibles en
liberté ; 2° en abaissant celles-là et en rele-
vant celles-ci, qui, alors, reprennent plus
de vigueur. On peut également obtenir ces
mêmes résultats en rapprochant et serrant
les plus fortes branches le long des murs,
de manière à les soustraire à l’action de
l’air et.de la lumière; au contraire, on
tirera les faibles en avant afin de leur faire
prendre de la force, et, au besoin, pour
empêcher la rupture de ces bourgeons, on
pourra les attacher à un support ou un tu-
teur placé à cet effet.
Carrelet.
BOUGAINVILLEA SPECTABILIS ET B. BRASILIENSIS
La première de ces deux espèces, le Bou-
gainvillea spectabilis, sans être commune,
est cependant bien connue en horticul-
ture, où, pourtant, son mérite est discuté
Pour les uns, c’est une plante très-fïori-
bonde ; pour d’autres, c’est une mauvaise
442
STATICE ARBORESCENS.
plante, dont on ne voit presque jamais les
fleurs. Qui a raison? Tout le monde, suivant
les cas. Voici pourquoi :
Le Bougainvillea spectabilis , Wall., est
une plante volubile, excessivement vigou-
reuse, et qui, en général, ne fleurit que
lorsqu’elle est déjà vieille. De plus, comme
beaucoup de plantes sarmenteuses, elle
émet, avec des rameaux petits ou moyens,
des scions gros et longs, qui ne fleurissent
plus ou qui ne donnent que rarement
quelques grappes de fleurs. Un phéno-
mène tout à fait analogue se passe chez
certains Rosiers sarmenteux, de sorte que
si, pour multiplier ces plantes, on prend
de ces bourgeons stériles, on obtient des
sujets qui ne fleurissent pas ou qui ne
produisent que très-peu de fleurs, encore
exceptionnellement et lorsqu’ils sont vieux.
Voilà ce qui peut expliquer la non
floraison à peu près complète de certains
pieds de B. spectabilis, bien qu’ils soient
vieux et très-forts. Ainsi nous avons connu
dans différents endroits, et dans des condi-
tions très-bonnes, des plantes qui, bien
qu’âgées de dix à douze ans, n’avaient,
jamais produit de fleurs. Nous croyons bon
de rappeler ces faits, afin de montrer l’im-
portance qu’il y a de bien choisir les par-
ties qui doivent servir à multiplier les
B. spectabilis.
Cette espèce, qui l’hiver réclame la serre
tempérée chaude, est très-propre à garnir
les colonnes et à former des cordons sur fil
de fer, conditions dans lesquelles elle fleurit
abondamment si l’on a affaire à des pieds de
bonne origine. C’est une plante vigoureuse
pouvant garnir de grandes surfaces. Tou-
tefois, il est facile, à l’aide d’une taille
appropriée, d’en modérer la vigueur tout
en lui faisant donner, chaque année, une
abondante floraison : c’est d’enlever tout
ou partie des rameaux vigoureux pour ne
conserver que ceux qui, plus grêles, se
couvriront de fleurs. Lorsque, pour des
raisons quelconques, on est obligé de se
servir de gros rameaux très- vigoureux, il
faut les allonger beaucoup et même les
laisser entiers si possible.
Les rameaux du B. spectabilis sont mu-
nis de nombreux, longs et forts aiguillons
arqués, raides, aigus ; les feuilles, relati-
vement grandes, sont d’un vert roux, to-
menteuses dans toutes leurs parties.
Quant au B. brasiliensis , Hort., (B. fas-
tuosa, Her.) c’est une forme de l’espèce
commune, dont, parait-il, elle ne diffère
que par des bractées d’un joli rose vio-
lacé. Cette plante, qui est peu connue,
n’est probablement qu’une de ces variations
que l’on observe fréquemment, et qui sont
dues à des faits particuliers de végétation.
D’autre part, faisons remarquer que l’on
n’est même pas d’accord sur l’identité de
cette forme, puisque sous ce nom de brasi-
liensis nous avons parfois rencontré une
plante presque glabre.
Culture et multiplication. — Bien peu
par leur vigueur les Bougainvilléas parais-
sent surtout être propres à la pleine terre,
on peut, néanmoins, les cultiver en pots en
leur faisant subir des pincements appro-
priés et en les soumettant à une taille ri-
goureuse qui consiste à supprimer les bour-
geons très-vigoureux, de manière à n’avoir
que du bois petit ou sortes de brindilles qui
se mettent facilement à fleurs. La mul-
tiplication se fait par boutures en se
servant de bourgeons semi-aoûtés, qu’on
plante dans des petits pots remplis de terre
de bruyère siliceuse et qu’on place sous
cloche dans la serre à multiplication. On
multiplie également par racines, que l’on
traite comme il vient d’être dit pour les
boutures faites avec bourgeons.
E.A. Carrière.
STATICE ARBORESCENS
Originaire de l’île de Téneriffe, cette char-
mante plante y croît assez communément par-
mi les landes et dans les anfractuosités des
rochers maritimes qu’elle décore pendant
presque toute l’année par ses grandes
panicules de fleurs, d’un bleu-violacé et
scarieuses, qui se conservent pendant fort
longtemps, et lui ont fait donner le nom
d 'Immortelle de Téneriffe , sous lequel
elle est connue dans sa patrie. En voici
la description :
S. arborescens (Brouss. Gat. Hort. monsp.
1804, p. 85). Plante glabre, à tige sous-fru-
tescente, de 10 à 30 centimètres de hauteur,
cylindrique, nue, rameuse, à écorce d’un jaune
fauve, garnie supérieurement de feuilles
amples, coriaces, ovales-oblongues, obtuses,
mucronées, atténuées en pétiole à la base.
Hampe terminale ou axillaire, allongée, ra-
meuse, ample, paniculée, corymbiforme, étroi-
tement ailée, à ailes interrompues au-dessous
de chaque bifurcation et dilatées en oreillettes
arrondies. Fleurs réunies par deux, en épillets
STATICE ARBORESCENS.
443
peu nombreux, rassemblés en épis courts, uni-
latéraux, presque fasciculés, lâchement im-
briqués ; rameaux florifères garnis de trois
ailes dilatées à la base des épis en appendices
triangulaires falciformes, aigus, inégaux, arti-
culés; bractée inférieure membraneuse, ovale,
arrondie, mucronée, les intérieures plus
grandes, coriaces, vertes, carénées et relevées
sur la face inférieure de nervures parallèles, à
carène tronquée vers le sommet, membra-
neuse, courte, glabre, dilatée en un appendice
vertical, obtus. Galyce à tube glabre, à limbe
scarieux, ample, d’un beau bleu-violacé, à bords
comme rongés-denticulés. Corolle blanche,
à cinq pétales soudés seulement vers la base;
cinq étamines à filets insérés à la base de la
corolle; cinq styles terminés chacun par un
stigmate. Fruit utriculaire, dur et opaque su-
périeurement. Graines très-fines, presque im-
perceptibles.
Les Stalice sont généralement peu cul-
tivés, quoique la plupart des espèces com-
prises dans ce grand genre puissent faire
de très-belles plantes ornementales pour
servir à la décoration des parterres. Les
fleurs de beaucoup d’espèces peuvent, avec
un grand avantage, servir à la confection
des bouquets d’appartements, couronnes et
autres ornementations appelées à durer
longtemps. Mais la manière de vivre de ces
plantes et les climats au milieu desquels elles
végètent sont, en général, bien différents de
ceux des jardins où l’on serait tenté de les
cultiver. Il y a cependant des exceptions et
quelques espèces donnent d’assez beaux
résultats dans les cultures, mais le nombre
en est restreint.
Presque tous les Statice sont vivaces,
herbacés, ou forment des sous-arbrisseaux
peu élevés, croissant dans les régions tem-
pérées de l’Europe, de l’Asie-Mineure et de
l’Afrique septentrionale. Ils forment l’un
des principaux genres de la Flore de notre
littoral, où l’on n’en compte pas moins d’une
vingtaine d’espèces, tant sur les bords de
l’Océan que sur ceux de la Méditerranée.
C’est tout particulièrement dans les dunes,
les prairies salées et les marécages mari-
times qu’on les rencontre. Cependant cer-
taines espèces préfèrent les falaises, les an-
fractuosités des rochers ou les vieilles mu-
railles, mais toutes aiment l’air salin et les
brouillards, avec lesquels elles sont souvent
arrosées pendant les grandes tempêtes. Sur
lès côtes de l’Océan, les espèces indigènes
disparaissent graduellement à mesure qu’on
avance vers le Nord, ce qui prouve que le
climat exigé par ces plantes doit être plutôt
tempéré que froid. Sur les sept espèces
françaises décrites par les botanistes de
l’Ouest, le St. Limonium, L. est la seule
qui s’avance jusqu’à Dunkerque; les St.
ovali folia, Poir., et occidentalis , Lloyd., ne
s’avancent guère au delà de Cherbourg ; le
St. lychnicli folia, Gir., s’arrête au Mont
Saint-Michel, le St. Dodartii, Gir., à la
presqu’île de Crozon; enfin, le St. Dabyi,
God., ne dépasse pas la Gironde. Par
contre, le St. Bahusiensis, Fries, qui est
l’espèce la plus septentrionale de l’Europe,
arrive jusqu’à Vannes. L’Angleterre pos-
sède quatre espèces de Statice , qui sont les
S. Limonium , L., £. Bahusiensis , Fries,
S. binevvosa , Sm., et S. cctspia, Willd.,
tandis que nos îles du Finistère et de la
Manche n’en renferment aucune.
Bien que la plus grande partie des es-
pèces de Statice végètent sur les rivages
des mers où la température de leur habi-
tat est presque toujours égale, quelques-
unes, cependant, à l’aide de quelques soins
particuliers, peuvent se cultiver dans nos
serres tempérées, et l’espèce qui nous oc-
cupe est de ce nombre. Toutefois, sa multi-
plication (chez nous, du moins) ne peut se
faire que par graines que l’on tire de son
pays natal et qu’il faut avoir bien soin
d’extraire de leur enveloppe avant de les
semer. Le semis doit se faire dès que la ré-
colte des graines est faite, en pot, en terre
franche légère qu’on recouvre de 0,005 de
la même terre additionnée de terre de
bruyère et qu’on a soin de tenir constam-
ment et modérément humide. On place les
pots sous un châssis bien aéré ou dans une
serre basse ne renfermant que très-peu de
chaleur ; au bout de cinq à six semaines,
les graines commencent à germer. Dès que
les jeunes plants ont atteint 4 à 5 cen-
timètres de hauteur, on les rempote sépa-
rément dans de petits pots de 10 centi-
mètres de diamètre et dans de la terre
semblable à celle qui a servi à faire le
semis; on replace ensuite les pots sous
châssis à froid ou sur les tablettes du devant
d’une serre tempérée. On les y laisse pas-
ser l’hiver, en ayant soin de ne les mouiller
que très-modérément et en évitant, autant
que possible, de laisser enfoncer dans le sol
les racines, qui pourraient passer par le
trou des pots, ce à quoi l’on arrive en tour-
nant ceux-ci de temps à autre. Dans le cas
où ces racines se seraient enfoncées dans
la terre, il serait préférable de laisser les
plantes en place ou de casser les pots, afin
de pouvoir les soulever en motte pour les
rempoter; car, chez ces plantes, la rupture
444
LES CORNUS SERICEA ET STOLONIFERA.
des racines entraîne presque toujours la
perte du sujet. Si les plantes sont cultivées
pour l’ornement des serres ou des appar-
tements, on les rempote une fois chaque
année dans des vases plutôt petits que trop
grands, et on les place en mai ou juin à
une exposition bien ensoleillée, soit dehors,
soit dans une serre basse, où on les laisse
jusque vers le 15 septembre, époque où les
nuits fraîches commencent à se faire sentir ;
car, d’après le Directeur du jardin bota-
nique d’Orotava, si cette plante n’aime pas
les grandes chaleurs, elle ne peut non plus
supporter moins de deux ou trois degrés
Réaumur au-dessus de zéro. Si, au con-
traire, on la cultive pour l’ornement des
parterres ou pour la récolte des fleurs, on
peut livrer les plantes à la pleine terre, fin
de mai, sur une plate-bande bien exposée
au soleil, en terre légère, où elles fieu-
LES CORNUS SERIC
Les Cornouillers (Cornus), genre si pré-
cieux pour l’ornementation des parcs et jar-
dins, ne sont généralement représentés que
par un petit nombre d’espèces cultivées,
parmi lesquelles il se glisse souvent des
confusions de nomenclature.
La planche coloriée que nous publions
aujourd’hui en est une preuve.
En 1877, M. A. Lavallée reçut, à Segrez,
un pied de Cornus venant de l’Amérique
du Nord et étiqueté C. sessilis. Peu de
temps après, par accident sans doute, l’éti-
quette fut changée en C. stolonifera. C’est
sous ce nom que nous le trouvâmes l’année
dernière, en septembre, couvert de ses jolis
fruits bleu de turquoise, et que nous en prî-
mes un rameau pour le faire peindre. Or, il
est probable que la plante n’appartient ni à
l’une ni à l’autre de ces deux espèces. D’a-
bord ses fleurs ni ses feuilles ne sont pas
sessiles, et le C. stolonifera , de Michaux,
paraît n’ètre qu’un synonyme du C. alba , à
bois rouge et à fruits blancs, commun dans
l’Amérique du Nord.
C’est plutôt au C. sericea qu’il faut rap-
porter cette espèce. Quoi qu’il en soit, en
voici une courte description : arbuste de
2 mètres de hauteur et plus, à tiges dres-
sées, rouge foncé ou vert rougeâtre comme
les rameaux, qui sont opposés ; feuilles en-
tières, molles et pendantes, à pétiole grêle,
rouge, à limbe ovale-allongé, atténué aux
deux extrémités, longuement acuminé-aigu
au sommet, à surface inférieure blanchâtre
rissent en abondance. Alors, on coupe les
hampes lorsque les fleurs sont bien épa-
nouies, et on les fait sécher dans un lieu
ombragé en les suspendant la tète en bas,
puis on les enveloppe dans du papier et on
les place dans un meuble à l’abri de la
poussière et de l’humidité pour s’en servir
chaque fois qu’on en a besoin.
Depuis trois ans que nous cultivons le
St. arborescens, nous le tenons toujours en
serre tempérée, où il fleurit admirablement
sans toutefois produire de graines. Pour
donner une idée de la beauté de cette
plante, nous dirons que nous en possé-
dons, cette année, un exemplaire portant
18 hampes mesurant chacune de 50 à
70 centimètres de hauteur, et formant un
bouquet de fleurs de 70 centimètres de
diamètre, d’une élégance et d’une richesse
remarquables. J. Blanchard.
;a et stolonifera
soyeuse comme les pétioles, les pédoncules
et les jeunes rameaux; au printemps, fleurs
blanches en cymes longuement pédoncu-
lées ; fruits en bouquets subsphériques,
courtement pédicellées, d’un joli bleu de
turquoise, passant au cobalt à la maturité,
qui a lieu en septembre.
L’ornement que produit ce Cornus est
charmant dans les jardins paysagers. On
devrait se préoccuper davantage de ce genre
de décoration, qui remplace les fleurs de-
venues rares ou absentes et qu’on pourrait
varier indéfiniment.
Les différentes espèces de Cornouillers à
fruits blancs, rouges ou jaunes, les Pom-
miers microcarpes, les Arbousiers, les Houx,
les Cotoneasters, les Sorbiers, les Aucubas,
les Buissons-Ardents, les Rosiers pomrni-
fères, les Skimmia, les Viornes, les Sym-
phorines, et bien d’autres espèces encore,
devraient être disposées dans des ensembles
décoratifs qui produiraient de charmants
effets. Si l’on savait en former des scènes
combinées à l’avance et se parant à l’au-
tomne de tous leurs attraits, nul doute que
cette disposition trouverait de nombreux
imitateurs.
Nous souhaitons fort que cet appel, déjà
adressé à nos lecteurs par notre excellent
collaborateur, M. Chargueraud, soit en-
tendu et suivi d’effet, au grand profit de
ceux qui réaliseraient le programme indi-
qué.
Éd. André.
Fteuvue Horticole, .
wdard, de/,.
Ov'ciTüoùùùv 0. S&oereuiis.
Cornus stolorufercu.
c
l’horticulture japonaise.
445
L’HORTICULTURE JAPONAISE
Autant il y a de diversité de climats, de
sols, de richesses animales, végétales et mi-
nérales sur le globe, autant il y a de diver-
sité dans les choses des habitants de chaque
région ; car la constitution morale et intel-
lectuelle de ces habitants ou de ces peuples
vient s’ajouter à la constitution physique
dont ils sont doués par la nature.
Il nous semble que l’horticulture partage
aussi ce sort, et c’est ce qui fait la diffé-
rence entre l’horticulture européenne et
celle de l’Extrême-Orient.
Nous nous occupons de l’horticulture ja-
ponaise pour montrer son caractère géné-
ral, tout en suivant sa marche dans l’his-
toire. Nous n’avons nullement l’intention
de la considérer sous toutes ses faces, mais
seulement d’en offrir une idée superficielle,
générale et nette, sans essayer de remonter
jusqu’à la plus haute antiquité pour trou-
ver des renseignements qui restent encore
obscurs.
Autant que l’histoire nous permet de le
croire, le premier jardin établi au Japon, et
qui mérite d’être cité, est celui du palais de
l’empereur Bountokon Tenno (851-858
après Jésus-Christ), construit sous la sur-
veillance de Foujirvarano Yosliifonsa, son
premier ministre. Plus tard, l’empereur
Ouda, après s’être retiré de la vie politique,
en 900, fit construire un autre jardin. Cet
empereur, qui était un ami des lettres, des
arts et des sciences, ne perdit de vue rien
de tout ce qui touche au beau et à l’agréa-
ble, de sorte que son règne tient une place
importante dans le sujet dont nous nous
occupons. En effet, c’est de lui que datent
les premiers concours de Chrysanthèmes,
plantes très-estimées chez nous et qui sont
maintenant un objet de culture recherchée
en France et en Angleterre, où nous avons
vu des Expositions de ces fleurs, dont la
beauté nous a surpris. Le prince impérial,
ayant eu, comme son père, l’idée de déve-
lopper les progrès du jardinage, fit cons-
truire, à Kiyôto, un jardin dans son palais
dont nous voyons encore les vestiges près
du temple de Honganji. Vers 1170, le pre-
mier ministre de l’Empire, Taïrano Kiyo-
mori, chef de la famille Taïra, qui, sorti
victorieux de la guerre avec la famille Mi-
namoto, était alors au comble de la gloire
et de la grandeur, s’adonnant à un luxe
extravagant, fit construire un palais à Fou-
kouhara, et son jardin réunissait toutes
les beautés végétales de l’époque. Vers la
dernière moitié du XIIIe siècle, le prêtre
Kiyôhen fit construire, pour le fils de l’Em-
pereur Gofoukakousa Tenno, un jardin à
Higashima. Environ un siècle plus tard, les
jardins affectés aux temples de Tenriuji et
de Saïhôji furent construits sous la direc-
tion du prêtre Mousôkokoushi.
Quarante ans s’étaient écoulés, lorsque le
jardinage, après avoir été négligé par suite
de l’anarchie politique, trouva un protec-
teur éclairé chez le Shiyôgoun Ashikaga
Yosliimitson, qui fit construire, en 1378, un
palais à Mouromatchi, où il introduisit
beaucoup de plantes curieuses, si bien
qu’on donna à ce palais le nom de Ha-
nanogosho (Palais des fleurs). C’est vers
cette époque qu’un prêtre, nommé Sôami,
qui fut le restaurateur de l’ancien art du
jardinage, construisit, entre beaucoup d’au-
tres, le jardin de Ghinkakouji à Kiyôto, qui
reste encore aujourd’hui le meilleur spéci-
men de nos jardins paysagers et qui est
admiré par les touristes étrangers.
Depuis ce temps, l’art du jardinage est
resté stationnaire par suite des guerres ci-
viles causées par l’ambition des seigneurs
qui ont déchiré le pays ; ces seigneurs ne
pouvaient être tenus en bride ni par l’Em-
pereur, ni par le Shiyôgoun, son prétendu
mandataire. Lorsque Toyotomi Hidéyoshi,
connu sous le nom de Taïkôsama par les
biographes français, s’est emparé, après
avoir rétabli la paix vers 1580, du Shiyô-
gounat, il sut favoriser les arts utiles ainsi
que ceux d’agrément. L’horticulture trouva
en lui un protecteur généreux. Ge fut vers
cette époque que le fameux érudit Rikiyu,
à qui il témoigna beaucoup de bienveil-
lance, introduisit beaucoup d’améliorations
dans l’art horticole.
Tandis que le jardinage, ou, pour mieux
dire, l’architecture de jardins paysagers se
développe de plus en plus, soit en en res-
taurant l’ancien art, soit en y apportant des
innovations nécessaires, la floriculture a
commencé aussi à prendre un essor con-
sidérable. Sans doute les plantes nouvelles
introduites par les Portugais vers la fin du
XVIe siècle ont changé sa face. La culture
en pots et en pleine terre ne cessa depuis
de se développer, et surtout dès le commen-
cement du XVIIe siècle, l’emploi de serres,
446
ROSA PISSARDI.
la production des variétés nouvelles et tou-
tes autres opérations horticoles ont pris un
élan qu’on n’avait jamais vu.
Notre cadre trop restreint d’un article ne
nous permet pas de donner la description
complète des jardins que nous venons de
citer ; nous nous contenterons d’en indi-
quer le caractère général.
Le caractère principal du jardin paysa-
ger au Japon est d’imiter les beaux spec-
tacles de la nature, sans chercher à y
introduire des innovations artificielles, si
humiliantes devant la nature elle-même.
On ne manquera pas de remarquer chez
nous que, quelle que soit l’exiguité d’un
jardin, les montagnes et les cours d’eau, qui
sont considérés comme les deux éléments
indispensables au paysage, y sont toujours
représentés. La montagne peut être re-
présentée sous un aspect pris de loin ou
de près. Les eaux peuvent être la mer,
une rivière, un lac, etc., et même là où
l’eau fait défaut, on en laisse encore voir
la place par un lit de sable fin.
Imiter la nature serait une chose très-
simple et ne demanderait aucun effort d’i-
magination. Comment donc représenter
ces cascades, hautes de quelques dizaines
de mètres, dont la source est si mysté-
rieuse ? et la haute montagne, couverte de
murailles d’arbres sur des roches inacces-
sibles ? Il suit de là qu’une qualité ou un
caractère particulier de la nature doit être
la hase du jardin qu’on veut créer.
Les combinaisons ne manquent pas pour
y répondre : la principale est la distribution
et l’emplacement des roches, qui jouent un
rôle important dans notre jardinage. En
effet, elles peuvent, selon la forme, le nom-
bre et la nature même, représenter le som-
met d’une montagne, un rocher à pic, une
cascade, le bord d’un lac ou tous autres ac-
cidents du sol. Vient ensuite la plantation
des arbres suivant la place qu’ils doivent
occuper dans chaque partie du jardin ;
car tel arbre qui réussit dans les champs
ROSA I
Lorsqu’il y a quelques années apparut
cette espèce, il se fit autour d’elle beaucoup
de bruit, ainsi du reste que cela a lieu
pour presque toutes les nouveautés ; puis le
silence s’établit, de sorte qu’aujourd’hui non
seulement on n’en parle plus, mais qu’il est
même difficile de se la procurer. Et pourtant
cette plante n’a rien perdu de son mérite ;
ne vient pas aussi bien sur les montagnes.
Pour les espèces de plantes, nous avons
des variétés infinies, depuis les Fougères
jusqu’aux Conifères ; car le Japon, quoique
peu large, possède, parce qu’il est long,
tous les climats, si bien que la Betterave
peut aussi bien réussir dans les contrées
du Nord-Est que la Canne à sucre dans
celles du Sud-Ouest. Nous allons cepen-
dant donner une idée des plantes les plus
usitées dans la création de nos jardins pay-
sagers, tout en faisant remarquer que les
plantes à feuilles persistantes et vertes y
occupent une place très importante. Ce
sont : les Pinus, Quercus dentata, Acer
\ palmatum et Puer aria Thunbergiana
pour les montagnes ; Petasites japonicus,
Bletia Hyacinthina, Aster tartaricus, les
Chrysanthèmes , Funkia Sieboldiana ,
Pæonia albiftora, Hemerocallis flava
pour les vallées ; Patrinia scabiosæfolia
pour les champs ; Nelumbium speciosum,
Nuphar japonicum, Iris lævigata et Jun-
cus commuais pour les lacs ; Wisteria
chinensis et Salix japonica aux bords des
eaux, puis les Cryptomeria japonica , Po-
docarpus macropliylla, Torreya nucifera,
Buxus japonica, Ternstrœmia japonica,
Enkianthus japonicus , Gingko biloba ,
Prunus Mu-me, Gardénia florida,
Daphné odora, Hibiscus mutabilis, ainsi
que les variétés d’iris, de Lis, de Rhodo-
dendrons et de Bambous qui viennent
partout.
Enfin, les temples, les lanternes de pierre,
les pierres à inscriptions, les pavillons, les
haies, etc., sont disposés, selon le paysage
qu’on veut créer, l’espace et les ressources
dont on dispose.
Tels sont, esquissés à grands traits, les
caractères principaux de l’art des jardins
au Japon. Nous nous proposons d’en exa-
miner plus tard, en détail, les divers élé-
ments.
S. Yoshida.
Tokio, le 10 juillet 1888.
SSARDI
seulement elle a vieilli, et de plus elle est à
fleurs simples, deux raisons qui cependant
ne sont pas suffisantes pour justifier cette
sorte d’abandon dans lequel on laisse le
Dosa Pissardi.
Cette espèce, originaire du Guilland, pro-
vince voisine de la mer Caspienne, d’où
elle fut importée à Téhéran par M. Pissard,
CLÉMATITE MADAME BARON -VEILLARD.
447
jardinier du shah de Perse, nous fut en-
voyée en bouture, de Téhéran même, par
son introducteur. Une description, ainsi
qu’un résumé historique de cette espèce, en
ayant été faits dans ce journal (1), nous n’y
reviendrons pas, sinon pour ajouter quel-
ques mots comme complément descriptif et
tout particulièrement en ce qui a rapport à
la couleur que présentent les fleurs lors de
leur épanouissement. Ainsi, dans la descrip-
tion en question, les fleurs sont dites d’un
blanc pur, ce qui est vrai lorsqu’elles sont
épanouies, mais non quand elles sont sur
le point de s’ouvrir, où alors elles sont
d’un très-beau jaune soufre. Comme cette
couleur s’atténue au fur et à mesure que
les fleurs s’ouvrent, il en résulte que sur
une même plante on trouve des fleurs de
différentes couleurs, mais où pourtant le
blanc pur est de beaucoup la nuance domi-
nante. Cette diversité de fleurs, s’étalant sur
un feuillage d’un très-beau vert luisant et
comme verni, forme des contrastes admi-
rables. Les fleurs, qui sont très-grandes,
simples, à 5 pétales légèrement échancrés,
dégagent une odeur douce qui rappelle un
peu l’odeur des Roses Thé alliée à celle des
Roses de Provins.
Le Iiosa Pissardi, qui est très-floribond,
présente encore cet avantage de croître dans
tous les sols, surtout s’ils sont secs et
chauds. Élevée sur une tige, cette espèce
peut atteindre de 4 à 6 mètres de hauteur et
forme des tètes mesurant parfois 3 mètres
ou même plus de diamètre, pouvant porter
plusieurs milliers de fleurs dont la floraison
peut se succéder pendant plus d’un mois.
Toutefois ce n’est pas seulement comme
CLÉMATITE MADAM
Après les innombrables variétés de Clé-
matites, toutes plus belles les unes que les
autres, qui ont été obtenues dans ces der-
nières années, il semblerait qu’il n’y a plus
rien de nouveau à chercher dans ce genre.
Cependant, quelques habiles semeurs trou-
vent encore à glaner dans le champ exploité
par leurs devanciers, et nous avons de temps
à autre à enregistrer de nouveaux succès.
La variété que nous présentons aujourd’hui à
nos lecteurs n’est peut-être pas une des
plus belles du genre, mais elle a des qualités
florifères extrêmement précieuses qui en
font une plante des plus recommandables.
Elle a été obtenue, en 1885, par M. Baron-
Ci) Revue horticole , 1880, p. 314.
un très-joli ornement que nous recomman-
dons le Rosa Pissardi ; c’est aussi, et
même surtout, comme sujet pour remplacer
l’Églantier. Sous ce rapport, il serait pré-
cieux, car il fournirait des sujets vigoureux,
droits, pouvant former des tiges de 2 mètres
et plus de hauteur. Pour obtenir ce résultat,
deux procédés pourraient être employés :
le semis et les couchages, mais plutôt ceux-
ci, cette espèce, en général, ne donnant
qu’un nombre de graines relativement petit.
Il est même probable que le bouturage
pourrait également être pratiqué et donner
de bons résultats ; mais n’ayant jamais été
employé, que nous sachions du moins,
nous ne pouvons le recommander, sinon
que comme un essai à faire.
Au point de vue qui nous occupe, c’est-
à-dire de la multiplication, le Rosa Pis-
sardi a encore cet autre avantage qu’il
« prend » très-bien l’écusson et qu’il s’ac-
corde avec presque toutes les espèces ou
variétés de Rosiers, ce que ne fait pas
toujours l’Églantier. Il est donc pro-
bable qu’on pourrait l’employer comme
surgreffe, ainsi qu’on le fait pour beaucoup
d’espèces d’arbres fruitiers. Il suffirait alors
de se procurer des semis d’Églantiers sur
lesquels on grefferait rez terre en prenant
des yeux vigoureux et bien constitués du
Rosa Pissardi.' De cette façon, on obtien-
drait des tiges uniformes aussi bien en
grosseur qu’en hauteur, par conséquent
des Rosiers réguliers avec de fortes tètes et
dont la longue durée compenserait large-
ment les frais de main-d’œuvre qu’ils au-
raient occasionnés.
E.-A. Carrière.
5 BAIION-VEILLARD
Veillard, pépiniériste à Orléans, dans des
semis de Clématites variées, surtout de C.
viticella , patens, Jackmani et lanuginosa.
Il est donc assez difficile de connaître son
origine. Voici une courte description de la
plante :
Tige sarmenteuse, très-rameuse. Feuilles
par trois, les supérieures simples; folioles de
grandeur moyenne, vert foncé, ovales-acu-
minées, arrondies ou brièvement atténuées à la
base. Rameaux et pédoncules velus soyeux.
Fleurs de 10 à 12 centimètres de diamètre, à
six divisions obovales brièvement apiculées au
sommet, d’un lilas clair uniforme, marquées
au milieu en-dessous de lignes longitudinales
saillantes, plus foncées, velues. Styles et éta-
mines verdâtres.
448
LES COURGES ORNEMENTALES.
Cette Clématite se couvre littéralement
de fleurs depuis les derniers jours d’août
jusqu’aux premiers froids, c’est-à-dire au
moment où les autres variétés sont géné-
ralement entrées dans la période de repos.
Ses fleurs, d’un lilas rouge uniforme,
naissent à profusion, et leur teinte pâle, qui
s’harmonise avec la saison qui décline.
n’est pas sans charmes. Cette plante sera
certainement bientôt, avec les Chrysan-
thèmes d’automne, une des plus jolies fleurs
de pleine terre qui nous disent avant l’hiver
un ÎWnier adieu. En attendant, nous lui
souhaitons la bienvenue et envoyons nos
félicitations à son heureux obtenteur.
Ed. André.
LES COURGES ORNEMENTALES
Certaines plantes ont conquis leur popu-
larité par leur utilité, d’autres par leur
beauté ; une partie des Courges cultivées,
en dehors de celles qui sont franchement
comestibles, se sont imposées par leur ori-
ginalité. Qui ne connaît les fruits de ces
Cucurbitacées bizarres, vendus sous le nom
de Courges, Coloquintes, Gourdes, etc. Vé-
ritables caméléons du règne végétal, ces
plantes affectent les formes les plus excen-
triques, présentent les mélanges de cou-
leurs les plus inattendus.
On peut dire que les Courges, ne pouvant
attirer l’attention par leur beauté, la pro-
Fig. 104. — Gourge-ColoquintetoOrange.
voquent par leur étrangeté. Leur taille varie
autant que leurs formes ; on en trouve qui
ne sont pas plus grosses que des Poires,
tandis que certaines espèces atteignent des
proportions énormes. Les premières sont
employées à la décoration des vieux murs
et des tonnelles ; les secondes sont bien
connues comme plantes alimentaires.
Malgré la diversité de formes que les
Fig. 103. — Courge-Coloquinte à anneau.
Courges présentent dans leur fruit, on peut
les rattacher à cinq ou six types princi-
paux :
1° La forme globuleuse. Nous citerons,
comme appartenant à ce groupe, un cer-
tain nombre de Coloquintes à fruits ronds
comme de petites Oranges, blancs, ou d’un
jaune uniforme, ou jaune rayé de bande-
lettes longitudinales. La Courge-Coloquinte
LES COURGES ORNEMENTALES.
449
Orange (fig. 104), la G. Miniature, repré- mun parmi les Coloquintes. On trouve
sentent le type pur de la forme globuleuse, dans ce groupe des variétés à fruits char-
A cette forme se rattachent encore la rnants, d’un blanc pur dans la C. blanche,
G. Pomme, à fruit sphé-
rique un peu aplati aux
deux bouts, la Courge-Co-
loquinte galeuse (fig. 105),
semée d’excroissances ver-
ruqueuses, les Coloquin-
tes Small Lemon et Egg
shaped des Anglais, à
fruits globuleux allongés.
Presque toutes les es-
pèces de Courges à gros
fruits sont classées dans
ce groupe;
2° La forme de Poire.
Ce type est le plus com-
Fig. 106. — Courge pèlerine..
d’un vert foncé rayé de
blanc dans la C. rayée
(fig. 102). Comble de fan-
taisie ! le fruit est mi-
jaune et vert dans la C.
bicolore , jaune ceint d’une
bande verte dans la C.
anneau (fig. 103) ;
3° La forme de bou-
teille. Les fruits qui affec-
tent cette forme ont reçu
le nom de Gourdes et sont
bien connus à la cam-
pagne où, séchés et vidés,
ils remplacent parfois les
Fig. 109. — Pâfisson bonnet d'électeur.
bouteilles. La plus employée pour cet usage
est la C. Pèlerine (fig. 106), dont le fruit
étranglé vers le milieu présente un ren-
flement inférieur très-large et un renfle-
ment supérieur petit presque sphérique.
La C. Siphon (fig. 107) a également un ren-
flement inférieur très-large, mais la partie
supérieure se prolonge en col cylindrique
très-long ;
Fig. 110. — Giraumon turban.
4° La forme de massue. Sous ce type
se classent quelques variétés de Courges à
fruits très-longs, graduellement élargis de
la base au sommet. La C. Massue (fig. 108)
et laC. Cou-tord, dont le fruit verruqueux
se courbe à la partie supérieure comme le cou
d’un cygne, sont les plus curieuses de cette
section ;
5° Les formes excentriques, qui sont
450
LES LIMITES DES PLANTATIONS DANS LA BANLIEUE DE PARIS
amplement représentées par les Pâtissons
auxquels leur structure bizarre a valu le
nom de Bonnet de prêtre , Bonnet d’élec-
teur (fig. 109), et par les Giraumons nom-
més Bonnet turc , G. Turban (fig. 110), de
leur ressemblance avec une tête de turc
coiffée.
On voit, par cette rapide revue des types
les mieux caractérisés, quelle diversité et
quelles bizarreries de formes on rencontre
dans les fruits des Courges. Nous ne dirons
rien des espèces et variétés qui servent
depuis longtemps à l’alimentation, leurs
qualités étant plus ou moins appréciées sui-
vant le goût et le talent déployés dans leur
préparation. Quant aux espèces ornemen-
tales, nous n’avons pas l’intention de les
LES LIMITES DES PLANTATIONS
Plusieurs abonnés nous ont demandé à
quelle distance des propriétés voisines peu-
vent être faites les plantations dans la ban-
lieue de Paris. La Bevue horticole a même
traité cette question à diverses reprises en
faisant ressortir son importance, surtout
pour l’horticulture marchande et l’industrie
des pépiniéristes.
Cette question a, en fait, une importance
considérable ; car, autour de Paris, le sol
est tellement morcelé, que le droit de pro-
priété serait, pour ainsi dire, anéanti dans
certains cas, s’il fallait observer la distance
établie par l’art. 671 nouveau du Code civil
(loi du 20 août 1881). Mais nous devons re-
connaître que c’est là avant tout une ques-
tion de droit pour la solution de laquelle
nous n’avons pas à nous préoccuper des in-
térêts en jeu, quelque légitimes qu’ils puis-
sent être.
L’art. 671 ancien du Code civil portait :
Il n’est permis de planter des arbres de haute
tige qu’à la distance prescrite par les règlements
particuliers actuellement existants ou par les
usages constants et reconnus, et, à défaut de
règlements et usages, qu’à la distance de 2 mè-
tres de la ligne séparative pour les arbres à
haute tige, et à la distance de 50 centimètres
pour les autres arbres et haies vives.
Cet article a été modifié de la manière
suivante, par la loi du 20 août 1881 :
Il n’est permis d’avoir des arbres , arbris-
seaux et arbustes près de la limite de la pro-
priété voisine qu’à la distance prescrite par les
règlements particuliers actuellement existants,
ou par des usages constants et reconnus, et, à
défaut de règlements et usages, qu’à la distance
recommander à nos lecteurs comme plantes
décoratives de premier choix. Cependant,
comme plantes grimpantes, elles ont de
nombreux mérites. Elles croissent très-vite
et sont très-aptes, par leurs larges feuilles,
à donner un bon ombrage. Si, comme
beauté de fleurs, elles sont inférieures à
d’autres plantes grimpantes très brillantes,
elles ont sur elles l’avantage d’avoir un
fruit qui dure longtemps et qui obtiendra
toujours un succès de curiosité. Ce fruit
peut orner d’une façon très-originale les
desserts d’automne et d’hiver quand les
fruits frais manquent, et il y aurait à faire,
de ce chef, toute une étude spéciale qui,
à notre connaissance, n’a pas encore été
tentée. P. Cornuault.
DANS LA BANLIEUE DE PARIS
de 2 mètres de la ligne séparative des deux hé-
ritages pour les plantations dont la hauteur
dépasse 2 mètres , et à la distance d’un demi-
mètre pour les autres plantations.
Comme on le voit par le rapprochement
de ces deux textes, le législateur a entendu
appliquer les dispositions de l’art. 671, non
seulement aux plantations faites par un
propriétaire, mais encore à celles que le pro-
priétaire laisserait subsister, parce qu’elles
auraient crû spontanément ou seraient le
produit d’un semis naturel. En second lieu,
il supprime la distinction faite par le Gode
civil entre les arbres de haute tige et les
autres arbres, et ne règle plus la distance
à laquelle un arbre ne peut être planté ou
maintenu que d’après la hauteur à laquelle
il arrive.
Mais il est un point — et c’est précisé-
ment celui dont nous avons plus particuliè-
rement à nous occuper ici — qui n’a subi
aucune modification : nous voulons parler
de l’effet des règlements particuliers actuel-
lement existants et des usages constants et
reconnus.
Le projet du Gouvernement supprimait
tous les règlements et usages locaux respec-
tés par l’art. 671 (ancien). Mais cette sup-
pression — un peu trop radicale — a été
repoussée par la commission de la Chambre
des Députés. « L’abolition des anciens
usages, a dit le rapporteur, était de nature
à introduire une réelle perturbation dans
les habitudes de certaines contrées... La
disposition du Code civil relative aux règle-
ments et usages a été reproduite ; à défaut
de règlements et usages, la distance à ob-
LES ANTISEPTIQUES EN HORTICULTURE ET LE CARBOLINEUM AVENARIUS.
451
server sera fixée, non plus par l’essence de
l’arbre, mais par la hauteur à laquelle il sera
maintenu. »
11 faut donc conclure de ce qui précède
que la distance fixée par la loi n’est pres-
crite qu’à défaut de règlements actuelle-
ment existants ou d’usages constants et re-
connus.
Or, existe-t-il des règlements ou des
usages spéciaux pour la banlieue de Paris ?
Cette question se trouve formellement
tranchée (fans le sens de l’affirmative par le
rapporteur de la commission de la loi nou-
velle : « Dans la banlieue de Paris, dit-il,
des usages anciens et persistants autorisent
à ne pas s’astreindre à garder rigoureuse-
ment la distance légale pour les plantations
d’arbres de basse tige destinés à former
charmilles ou palissades, sous la condition
d’aménager et tailler les arbres de manière
que ni les troncs, ni les branches ne dépas-
sent jamais la clôture. »
Et ces usages sont, en outre, constatés
par de nombreux documents.
Ainsi, ils se trouvent visés par Desgodets
( Traités des lois des bâtiments , n° 23).
D’un autre côté, la cour de Paris a dé-
cidé, par arrêt du 27 août 1858, que, d’a-
près les usages, dans l’intérieur de Paris,
aucune distance déterminée n’a jamais été
LES ANTISEPTIQUES
ET LE CARBOLIIS
Les antiseptiques ont une très-grande
importance en horticulture. Ils trouvent
naturellement leur emploi chez les fleu-
ristes, pépiniéristes et maraîchers.
Par leur séjour constant à l’air et à l’hu-
midité, les bois qui concourent à la cons-
truction des différents abris, des échalas,
des tuteurs, des baguettes pour espaliers ou
contre-espaliers, doivent, autant que pos-
sible, être préservés de la pourriture.
Ces différentes choses, qui font partie
du matériel horticole, sont d’autant plus
sujettes à entrer en décomposition qu’elles
sont constamment exposées aux intem-
péries. Dans de semblables milieux, l’œuvre
de destruction des matières organiques
par les infiniment petits, se fait avec
beaucoup plus d’activité.
Comme il est démontré, dans l’état actuel
de nos connaissances, que les fermentations
sont d’ordre purement biologique, les an-
tiseptiques peuvent agir différemment, sui-
vant le but qu’on veut atteindre. Ils peuvent
imposée aux plantations d’arbres ; que l’u-
sage constant a été, au contraire, de plan-
ter jusqu’à l’extrême limite des jardins,
sauf à élaguer ces plantations, si le voisin
l’exige.
Elle a décidé également, par un arrêt du
2 décembre 1820, que l’usage dans les jar-
dins des maisons de plaisance dans la ban-
lieue de Paris est de planter des arbres à
haute tige à moins de 6 pieds des murs
mitoyens.
Nous ajouterons que des usages sembla-
bles existent dans plusieurs villes de pro-
vince, notamment à Sens et à Bordeaux
( Cour de Cassation , 28 juillet 1873, et
Cour de Bordeaux , 13 mars 1860).
Or, si cela existe pour des villes plus ou
moins importantes des départements, cela
existe nécessairement et à plus forte raison
dans la banlieue de Paris, où le terrain est
d’une telle valeur que la propriété se subdi-
vise à l’infini, et que le lot de chacun se ré-
duit parfois à bien peu de chose. Exiger
d’observer, pour les plantations, la dis-
tance prescrite par l’art. 671 du Code civil,
ce serait, pour ainsi dire, anéantir le droit
de propriété ; c’est ce que constate avec rai-
son, d’une manière formelle, l’arrêt précité
de la cour de Paris du 27 août 1858.
Victor Émion.
EN HORTICULTURE
EUM AVENARIUS
être appliqués afin de détruire les germes
existants, dans des bois déjà altérés, ou
bien préserver ceux-ci de toute altération.
De tout temps, les substances antisep-
tiques ont été recherchées pour préserver
les bois de la pourriture. Celles qu’on
peut employer à cet effet sont nom-
breuses, mais ne sont pas toutes, il s’en
faut, d’une application pratique. Les plus
utilisées en horticulture se réduisent à un
petit nombre. Pour n’en citer que quelques-
unes, ce sont les peintures à base d’huiles,
le coaltar, le goudron de Norwège et les
dissolutions de sulfate de cuivre.
Cette dernière substance, depuis quelques
années, a pris une extension considérable
dans la viticulture, où l’on a cherché,
en beaucoup d’endroits, à lui faire jouer
un double rôle, sur lequel je n’ai pas à
insister ici.
Le sulfate de cuivre en dissolution a été
expérimenté, pour la première fois, si je ne
me trompe, par Verrier, jardinier en
452
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
chef à la Saulsaie, pour prolonger la durée
des éclialas et des tuteurs. Ses expériences
furent très-concluantes et portèrent sur des
bois d’espèces diverses et de densité diffé-
rente. Depuis, les dissolutions de sulfate de
cuivre sont très-employées. A l’École na-
tionale d’horticulture, elles le sont sur une
grande échelle, pour donner plus de durée
aux paillassons et aux volets servant à cou-
vrir les serres. Je renvoie les lecteurs de
la Revue horticole *, pour ceux qui dé-
sireraient employer cette substance, à la
lettre de l’éminent directeur de cette École,
M. A. Hardy, ils y trouveront le degré
nécessaire de concentration qu’il convient
de donner à cette dissolution.
Je ne dirai rien non plus du coaltar et du
goudron de Norwège. Ce sont deux subs-
tances qu’il est facile de se procurer dans le
commerce et qui ont toujours donné de bons
résultats dans leurs applications au jar-
dinage.
Je désire simplement appeler toute l’at-
tention des horticulteurs sur une substance
trop prônée, peut-être, par un grand
nombre de journaux et bulletins de Sociétés
d’horticulture. Cette substance est le Car-
bolineum avenarius. Il a été, d’ailleurs,
signalé par la Revue horticole 2 comme
toxique pour un certain genre de plantes.
Malheureusement, cet article m’était alors
complètement inconnu.
Je m’abstiendrai de décrire les différentes
phases par lesquelles les plantes intoxiquées
ont passé. Il me suffira, je crois, de donner
les noms de celles qui périssent au contact
des vapeurs du Carbolineum , puis, en
même temps, de signaler comment les faits
se sont produits.
Tout d’abord, les Choux, les Radis, les
Tomates, les Piments, les Melons, les
Zinnias, les Giroflées, les Reines-Margue-
rites, les Bégonias tubéreux, les Pélargo-
niumy en général, les Pétunias, le Tabac,
sont autant de plantes qui périssent infail-
liblement, et sur lesquelles j’ai observé les
effets délétères du Carbolineum. Une seule
plante résiste à son action, c’est la Carotte;
elle ne semble nullement en être influencée.
Mais ce qu’il me reste encore à dire sur
cette substance sera suffisamment édifiant
pour que personne ne soit tenté de l’utiliser
en culture.
C’est à l’automne 1885 que M. Thiry, di-
recteur de l’École pratique d’agriculture
Mathieu de Dombasle, fit construire des
coffres à châssis pour la culture sur couches
de quelques plantes potagères. Pour leur
donner plus de durée, ils furent enduits de
Carbolineum et ce sont eux qui nous ser-
virent dans nos expériences forcées.
La première année, en 1886, toutes les
plantes, excepté les Carottes, qui furent
cultivées ou abritées par les coffres, pé-
rirent. Voyant ce résultat, nous nous étions
imaginés qu’en les exposant pendant toute
l’année, à toutes les intempéries, en plein
soleil, les propriétés toxiques de cette subs-
tance, concentrées dans les coffres, auraient
complètement disparu. Il n’en fût absolu-
ment rien. En 1887, elles se sont repro-
duites identiques à 1886. C’est alors qu’on fit
savoir au directeur qu’il suffisait, pour faire
disparaître toute intoxication, d’enduire les
coffres d’une couche d’huile cuite. Cette
couche d’huile cuite a été passée à l’au-
tomne 1887, ce qui ne nous a pas empêché,
au printemps de 1888, d’être obligé d’en-
lever les coffres de dessus les Melons et
le Tabac, ainsi que ceux qui abritaient des
Zinnia et des Pétunia.
On est en droit de se demander, mainte-
nant, combien cela durera encore et pen-
dant combien de temps ces effets se se-
raient manifestés sur les plantes, si, con-
trairement à ce que nous avons fait, les
coffres avaient été abrités contre toutes les
intempéries.
Je crois qu’il suffit d’avoir signalé à nou-
veau, aux horticulteurs, l’intoxication pro-
duite par ce nouvel antiseptique, sur lequel
on a dit beaucoup de choses, mais dont je
n’ai jamais entendu dire de bien, pour qu’ils
soient suffisamment fixés sur son emploi.
Peut-être aurai-je l’occasion d’en reparler
plus tard. J. Foussat,
Chef-Jardinier, Professeur d’horticullure
à l’École pratique d’agriculture Mathieu de Dombasle.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1888.
Comité de floriculture.
Présentés par M. Pernel, jardinier à La Va-
renne -Saint- Hilaire : des fleurs coupées de
1 Revue horticole, 1880, p. 143.
2 Revue horticole, 1883, p. 341.
Zinnia de semis de toute beauté, grandes,
bien formées, de 9 et 10 centimètres de dia-
mètre, de toutes nuances; et une collection de
Z. Pompons très-remarquable et fort admirée
pour la bonne forme des fleurs et leur coloris
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
453
brillant, de rouge divers, ou jaune canari et
jaune d’or strié, ou zébré d’un rouge carmin
très-vif ; quelques-uns avaient la moitié de la
fleur jaune et l’autre rouge nettement tranché ;
des Pentstemon, également obtenus par eux,
portaient leurs fleurs dressées, moins retom-
bantes que d’habitude.
Par MM. Vilmorin et Cie, quai de la Mégis-
serie, à Paris, 14 variétés de Glaïeuls ganda-
vensis , qu’après de longues observations on
doit considérer comme les plus tardives; ce
sont :
Abricoté , Atlas , Beatrix , Coquette , Docteur
Fontan , Gallia , Médicis, Etna , Mimos , Ros-
sini, E. Souchet , Eug. Scribe , Sceptre de
Flore , Ambroise Verschaffelt , toutes variétés
de nuances très-variées, mais où dominent le
rose et le rouge carminé.
M. H. Vilmorin fait observer qu’il a re-
marqué dans ses cultures une variété qui,
depuis trois ans, produit des fleurs semi-
doubles, blanc-violacé, et qu’il espère la perfec-
tionner.
Par M. Bruant, horticulteur à Poitiers, des
fleurs coupées de Pétunia fimbriata et super-
bissima, à grande fleur maculée et à large
gorge, de toute beauté, mesurant jusqu’à
12 centimètres de diamètre, de nuances va-
riant du cramoisi ou violet foncé au rose et au
lilas le plus tendre. L’apport de M. Bruant
était tout à fait hors ligne.
Par M. Boucher, 164, avenue d’Italie, à
Paris, un semis de Passiflora cœrulea , mais à
fleurs blanches, odorantes, très-vigoureux,
aussi rustique que le P. cœrulea , et passant
l’hiver en pleine terre.
Par MM. Thibaut et Keteleer, de Sceaux,
un Cypripedium Morganæ , espèce robuste
très-jolie, et tout récemment obtenue par
M. Veitch, à sépales blanc verdâtre rayé de
pourpre, labelle pourpre violet et pétales laté-
raux très-allongés, ondulés, d’un blanc ver-
dâtre tacheté de pourpre.
Par M. Poitevin, amateur, à Bonneuil-sur-
Marne (Seine-et-Oise), des fleurs coupées, très-
jolies et bien formées, de Reines-Marguerites
Empereur , imbriquées et à fleurs de Pivoine ,
de Zinnia et d’Œillets de Chine simples et
doubles, également fort beaux.
Par M. Raphaël Collin, artiste-peintre, 152,
rue de Vaugirard, à Paris, un Cattleya Do-
wiana à fleur jaune d’or et à labelle rouge
amarante veiné de jaune, espèce fort belle que
l’on n’a pas souvent l’occasion d’admirer.
Par Mlle Périn, amateur, à Écouché (Orne), .
des fleurs coupées de Bégonia bulbeux, prove-
nant d’un semis de cette année, mais moins
belles que celles que nous avions déjà admi-
rées de ce présentateur.
Par M. Tabar , horticulteur à Sarcelles
(Seine-et-Oise), des fleurs de Pétunias frangés
et à large gorge, et divers Pélargoniums zo-
nales non encore au commerce et fort curieux :
l’un avait des petites fleurs doubles, blanc lavé
de rose carminé, à pétales arrondis et en forme
de petite Rose; un autre présentait exactement
l’aspect d’une Verveine ; les pétales, nombreux,
étaient étroits, laciniés à l’extrémité, plissés,
blanc strié de rouge vermillon.
Comité d’arboriculture fruitière.
ParM. Jamin, de Bourg-la-Reine, des Poires
récoltées en plein vent, bien colorées et de
toute beauté ; entre autres :
Louise-Bonne d’ Avr anches panachée , Ma-
dame Treyve , Souvenir du Congrès , Bon
Chrétien Williams , Clapp’s favorite , Fon-
dante des Bois , Doyenné de Mérode , Mohsal-
lard , Grosse-Louise , et des Pommes Dean’ s
Codlin , variété anglaise très-bonne et d’un bel
aspect, et Transparente de Croncels , beau
fruit arrondi à peau fine.
Ces fruits étaient savoureux et tout aussi
beaux que s’ils eussent été cueillis à un es-
palier.
Par M. Alexis Lepère fils, une corbeille de
Pêches Alexis Lepère , très-grosses, bien colo-
rées, une des meilleures que l’on ait récoltées
cet été.
Comité de culture potagère.
Par M. L. Delaville, 2, quai de la Mégisserie,
à Paris, deux Melons moyens, ovales, issus de
la variété M. grimpant , à écorce mince, ru-
gueuse, gris verdâtre, et à chair orange rou-
geâtre foncé, très-sucrée, d’un goût excellent,
et se conservant plus de quinze jours après
qu’il a été cueilli.
Par M. Hédiard, place de la Madeleine, à
Paris, un fruit de Carabacette cueilli il y a un
an, et parfaitement conservé sur une planche,
sans la moindre tache.
Par M. Eug. Pasquier, jardinier chez M. Ed.
Barre, à Juilly (Seine-et-Marne), un pied de
Céleri à feuilles de . Carotte, variété vigoureuse,
plutôt ornementale que culinaire.
Comité d’arboriculture d’ornement.
Par MM. Croux et fils, du Val-d’Aulnay,
près Sceaux, une collection très-intéressante
de rameaux de divers arbres :
Broussonetia papyrifera Kæmpferi , à bois
et feuillage très-foncé.
Br. p. dissecta , à feuillage lacinié, réduit
presque aux nervures, d’un port léger, très-
original.
Br. p. cucullata ; les feuilles sont gaufrées
et à bords recourbés en dessus.
Robinia mimosæfolia , au feuillage extrême-
ment léger et gracieux, et dont on peut admi-
rer un beau spécimen au parc Monceau.
Juglans ailantifolia , nouveauté japonaise,
remarquable par son feuillage d’une dimen-
sion extraordinaire et donnant des grappes de
15 à 20 noix.
Un bel Hydrangea paniculata grandiflorai
154 UNE VISITE AUX ÉTABLISSEMENTS HORTICOLES DE NANCY.
variété ancienne, mais trop peu recherchée, se
garnissant de longues grappes de fleurs blanc
rosé, forme très-ornementale.
Ulmus campestris Pitteursi pendula , l’un
des plus beaux Ormes, à feuilles ondulées,
dentées, presque laciniées, d’un port léger et
très-gracieux.
U. sinensis pyramidalis , U. campestris
minor fol. arg. var.
U. campestris aurea , de Louis Van Houtte,
espèce dorée fort jolie.
Rhus glabra laciniata.
Acer eriocarpum laciniatum.
A. platanoides cucullatum.
Divers Sureaux et Frênes remarquables par
la variété et la panachure de leur feuillage, et
qu’il serait trop long de détailler ici.
Em. Bruno.
UNE VISITE AUX ÉTABLISSEMENTS HORTICOLES DE NANCY 1 Il
A toute époque une visite à ces établis-
sements est pour l’horticulteur une source
de plaisir instructif, car Nancy, étant le
lieu de naissance et la patrie de beaucoup
de nos plus belles et de nos meilleures
plantes « de fleuristes », est, pour ainsi
dire, le lieu de pèlerinage, La Mecque
des jardiniers. Mais à l’époque actuelle,
où plusieurs genres de plantes sont arrivés
à un degré de perfection que l’on aurait
considéré comme impossible à atteindre il
y a quelques années, une semblable visite
présente plus qu’un intérêt ordinaire. A ne
s’en tenir qu’aux Glaïeuls hybrides et aux
Bégonias tubéreux, l’amateur peut s’ima-
giner quel champ d’études intéressantes
s’offre à lui, car ces deux genres seuls
valent la peine d’un voyage à Nancy.
Le cultivateur de Bégonias tubéreux
trouve, chez M. Grousse, une superbe série
de Bégonias doubles de semis ; les blancs
doubles et les jaunes doubles de diverses
teintes ne sont encore égalés dans aucun
autre établissement. La taille, la forme par-
faite et le port de beaucoup de ces magni-
fiques fleurs, ne laissent rien à désirer.
Quelques-uns des semis de cette année sont
absolument parfaits, et rendent ceux qui
les regardent impatients de les voir figurer
dans le catalogue de M. Crousse. Dans ce
jardin, les Pélargoniums à feuilles de Lierre
sont aussi très-dignes d’être mentionnés ;
parmi ceux qui sont destinés à être mis au
commerce, quelques-uns promettent beau-
1 Nous avons cru qu’il serait utile à notre
horticulture nationale de reproduire cet article
dû à la plume d’un praticien distingué d’Outre-
Manche, et accueilli par les principaux journaux
anglais, le Gardeners ’ Chronicle et le Garden.
Il est assez rare que les étrangers fassent l’éloge
des cultures françaises pour que nous attachions
quelque importance au jugement que portent nos
confrères anglais sur notre floriculture française.
{Rédaction.)
coup. Les Cannas obtenus par M. Crozy, de
Lyon, sont cultivés en grand dans le même
jardin, mais sous notre climat ils seront
plus utiles pour la culture en serre, car ils
ne trouveraient pas en plein air le soleil et
la chaleur nécessaires à leur développement.
Un exemple de cette culture peut être vu
chez Mme Cannell, à Swanley.
A l’établissement horticole de M. V. Le-
moine, un grand intérêt réside dans la nou-
velle race de Glaïeuls hybrides, magnifique
croisement entre le Gladiolus Saundersi
et les hybrides de M. Lemoine , hybrides
que MM. Veitch ont exposés et fait connaître
à la Société royale d’horticulture de Londres.
Il faut avoir vu ces fleurs splendides pour
se faire une idée de ce que M. Lemoine ré-
serve aux cultivateurs de Glaïeuls, et pour
longtemps. La forme, la dimension, les
macules, sont tout à fait surprenantes, et ré-
vèlent une beauté inconnue jusqu’ici dans
les Glaïeuls. Il est possible qu’une ou deux
variétés de cette nouvelle série paraissent
dans le prochain catalogue de cet établisse-
ment, s’il s’en trouve une quantité suffi-
sante pour les mettre au commerce. Les
Phlox herbacés contiennent un grand nom-
bre de semis à fleurs d’une taille et d’une
beauté extraordinaires, et beaucoup de tein-
tes nouvelles. Les Montbrétias nouveaux,
eux aussi, présentent quelques semis qui
témoignent d’un grand perfectionnement, à
la fois comme forme et comme couleur, et
ils se multiplient si rapidement qu’on peut
espérer les voir bientôt à la portée des
amateurs.
J’ai visité et examiné avec soin ces deux
établissements dans le courant de l’au-
tomne, et je dois dire que je ne m’attendais
pas à trouver un aussi grand nombre de
nouveautés intéressantes cette année.
John T. Poe.
VERONICA GODEFRÜYANA.
455
VERONICA GODEFROYANA
L’espèce qui fait le sujet de cette note est
excessivement rare, peu connue et peut-
être inédite. Non seulement nous ne l’avions
jamais rencontrée dans les cultures, mais
elle n’existe même pas dans l’herbier du
Muséum. Ce fait seul, de la rareté, suffi-
rait donc déjà pour expliquer cet article.
Mais ici, il y a plus, car son mérite
ornemental nous autorise aussi à la recom-
mander. Elle est originaire de la Nouvelle-
Zélande et appartient au groupe du Vero-
nica Traversi, Hook., et nous a paru
surtout très-voisine du V. carniosula,
ainsi que du V. elliptica. En voici les carac-
tères :
Arbuste très-nain, formant un buisson
subsphérique, très-compact, atteignant ra-
rement 1 mètre de hauteur, restant le plus
souvent à l’état d’une petite boule d’environ
50 centimètres de diamètre, excessivement
ramifié. Branches dressées-étalées, très-
rapprochées, à écorce noir-roux. Feuilles
persistantes, opposées, décussées, buxi-
formes, épaisses, d’un vert glauque, légère-
ment concaves, sessiles, brusquement et
très-régulièrement rétrécies au sommet, qui
est largement arrondi, à peine légèrement
mucronulé, longues de 12 millimètres,
larges d’environ 6, atténuées à la base.
Fleurs petites, très-nombreuses, réunies au
sommet des ramilles, axillaires, mais telle-
ment rapprochées qu’elles paraissent for-
mer des sortes de capitules terminaux d’un
blanc pur, à 4 pétales petits, régulièrement
ovales. Etamines saillantes, à filets blancs,
très-ténus ; anthères d’un beau violet rosé.
Floraison : mai, juin.
Si précédemment, en parlant de l’histo-
rique du Veronicci Godefvoyana, nous
n’avons pu en faire connaître la patrie, qui
est la Nouvelle-Zélande, il n’en est pas de
même pour ce qui en est de son introduc-
tion, et, sous ce rapport, nous ne pouvons
dire que ceci : nous avons remarqué cette
espèce chez M. Godefroy-Lebeuf, à Argen-
teuil, où, plantée en pleine terre depuis une
douzaine d’années, elle a supporté, sans
aucun abri, tous les froids et toutes les in-
tempéries, sans souffrir en quoi que ce
soit. On ne peut donc douter que sa rus-
ticité soit complète, car dans cette période
se trouve le grand hiver de 1879-1880, où
le thermomètre s’abaissa jusqu’à 20 degrés
et plus au-dessous de zéro.
Cette espèce forme de charmants arbustes
ou petits buissons subsphériques, excessi-
vement compacts, qui, par leur aspect,
tiennent des Buis, des Myrtes, même des
Pimelea. De mai à juillet, toutes les ramifi-
cations se terminent par un ensemble de
fleurs, qui donne aux plantes un faciès un
peu analogue à certains Diosma. C’est une
véritable miniature.
Culture, multiplication. — Le Veronica
Godefvoyana est non seulement très-rus-
tique, mais robuste, c’est-à-dire que la
plante n’est pas délicate, et qu’elle pousse
à peu près dans tous les sols. Toutefois, il
va sans dire que le résultat est d’autant
meilleur que le sol sera mieux préparé.
Quand les plantes sont jeunes, on peut les
traiter comme on le fait des plantes de serre
froide. On devra les planter dans des lieux
aérés. Si on les place en pleine terre, soit
dans les plates-bandes ou dans les massifs,
on devra les mettre en première ligne, c’est-
à-dire en bordure, afin qu’elles ne soient
pas gênées par d’autres espèces de plus
grandes dimensions.
Multiplication. — A défaut de graines,
que la plante donne rarement, quand elle
est jeune surtout, on multiplie par boutures
que l’on fait avec des jeunes bourgeons vers
la fin d’août, qu’on plante en terre de
bruyère et place sous cloche dans la serre à
multiplication. On peut également bouturer
de très-bonne heure, au printemps, avant
que les plantes entrent en végétation, en
prenant, autant que possible, du bois « qui
n’est pas à fleur ».
Le port et le faciès des plantes, qui ne se
« dépouillent » jamais, la persistance et la
beauté du feuillage, font un ensemble
propre à la culture en pots et à la décoration
hivernale des appartements. Cela est d’au-
tant plus facile à faire que cette espèce
n’exige aucun soin particulier. Il suffit
d’arroser et de nettoyer les plantes quand
elles en ont besoin, de les placer à la lu-
mière en les espaçant un peu afin de les
maintenir bien vertes, ce qui est une con-
dition indispensable, que doivent réunir
les plantes dites d’appartement.
E.-A. Carrière.
456
ŒILLET DE LA MALMAISON COCCINÉ
CORRESPONDANCE.
ŒILLET DE LA MALMAISON COCCINÉ
Il est difficile non seulement de dire
quelle est l’origine des variétés du groupe
d’Œillets dit de Malmaison, mais même
d’indiquer d’où le groupe est originaire.
Toutes les recherches que nous avons faites
à ce sujet ont été vaines. Nulle part, en effet,
nous n’avons trouvé rien d’écrit, et deux
horticulteurs, auxquels nous nous sommes
adressés, et qui, par leur âge, leur position
ou leurs connaissances, auraient pu nous
nous renseigner sur cette origine, n’ont pu
nous dire que ceci : « Qu’ils avaient entendu
dire que ces Œillets avaient été obtenus
autrefois à la Malmaison, du temps du règne
de Napoléon Ier. » Mais, en admettant ce
dicton, se présente cette autre question :
quelle est celle des variétés que comprend
ce groupe qui est venue la première dans
les cultures ? Cette fois encore, bien que
nous n’ayons non plus rien d’absolument
certain, on est néanmoins à peu près una-
nime à reconnaître que la variété à fleurs
blanches est apparue la première. Mais, de
plus, à part cette ignorance de l’origine
première, constatons encore que la même
incertitude règne sur la provenance des
autres variétés. Celles-ci sont au nombre de
quatre : blanc, type, rose, rouge pâle et
rouge cocciné ; cette dernière est de beau-
coup la plus jolie variété, nous allons la dé-
crire. Toutefois, auparavant, nous croyons
devoir dire, au moins d’une manière géné-
rale, quels sont les principaux caractères
des Œillets dits de la Malmaison ; nous
croyons la chose d’autant plus nécessaire
qu’ils ne sont décrits nulle part.
Ce sont des plantes relativement naines,
à feuilles larges et d’un vert blond ou glau-
cescent, à tiges grosses, courtes, raides,
ramifiées vers le sommet, à fleurs grosses,
d’abord subglobuleuses, très-pleines, bientôt
« crevardes », défaut qui, du reste, est com-
mun à toutes les variétés du groupe des
Malmaison. La variété à fleurs rouges coc-
ciné foncé présente les caractères suivants :
Plante naine, très-floribonde. Feuilles
nombreuses, courtes, d’une bonne tenue,
très-glauques. Fleurs très-pleines, d’un
beau rouge cramoisi foncé, parfois comme
striées de marron. Cette variété, que nous
avons admirée chez MM. Lévêque et fils,
horticulteurs, à Ivry (Seine), nous paraît
d’autant plus méritante qu’outre sa belle
couleur éclatante, qui en fait une plante de
premier ordre, elle est excessivement flori-
bonde, et presque toujours en fleurs. Quant
à sa culture et à sa multiplication, on la fait
par boutures ou par marcottes, car, comme
ses congénères, elle ne donne jamais de
graines. E.-A. Carrière.
CORRESPONDANCE
No 5623 (Russie). — Le véritable Rosa po-
lyantha n’est pas précisément rustique , et il
n’est pas rare de le voir souffrir et même
geler dans les hivers froids. D’autre part, il est
loin d’être démontré que sous ce nom il n’y
ait pas plusieurs variétés de tempéraments
divers et de vigueurs différentes. Le fait paraît
probable, si on réfléchit aux différents carac-
tères qu’on lui assigne. Le mieux est de s’a-
dresser aux maisons qui le recommandent
comme sujet. Ce qui semble justifier nos dires,
c’est que des semis que nous avons faits, à
plusieurs reprises, nous ont toujours donné
des plantes de natures très-diverses , entre au-
tres beaucoup de plantes très-naines, buisson-
neuses et tout à fait impropres à la greffe.
Quant aux taupes dont vous vous plaignez, le
meilleur moyen de s’en débarrasser est de
poser des pièges dans leurs galeries. Ces piè-
ges, très-simples, se vendent chez tous les
quincailliers horticoles. Il faut avoir bien soin,
quand les pièges sont placés, que la galerie
soit bien nette et ne présente aucun obstacle ;
car alors il pourrait se faire qu’au lieu de sui-
vre la galerie où est le piège, la taupe ouvrît
une autre galerie afin d’éviter l’obstacle.
Les proportions d’eau à ajouter à la nicotine
du commerce peuvent varier suivant la pureté
plus ou moins grande de celle-ci. En général,
on emploie la nicotine diluée dans huit ou
douze fois son volume d’eau, c’est-à-dire que
pour un litre de nicotine on met de huit à
douze litres d’eau , suivant la nature des
plantes, l’intensité du mal ou l’espèce d’in-
sectes que l’on veut détruire.
N° 1054 ( Eure-et-Loir ). — Les expériences
relatives à la culture de la Morille ne paraissent
pas encore tout à fait concluantes. Il faut at-
tendre. Il est certain que la production de ce
délicieux Champignon serait une précieuse dé-
couverte.
N° 2594 (Lot-et-Garonne). — Certainement
on n’utilise pas toujours les fruits comme on
le pourrait faire, et on en laisse souvent se
gâter et se perdre dans les années d’abon-
dance. Tous ces fruits peuvent être utilisés
pour la fabrication de l’eau-de-vie.
V Administrateur-Gérant : L. Bourguignon.
Imp. Georges Jacob, — Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE.
457
CHRONIQUE HORTICOLE
Aralia chinensis. — Culture de la Glycine en palmettes. — Les meilleures Fougères pour la garniture
des jardinières, paniers, bouquets, etc. — Relation entre la grosseur acquise par les graines et leur
germination. — Sophrocattleya Batemaniana. — Un Tulipier de 330 ans. — Les cultures de Pommiers
en Amérique. — Les fruits dans l’Afghanistan. — La surface des forêts européennes. — La culture
du Sésame en Algérie. — Un énorme exemplaire de Pinus sylvestris. — Lespedeza striata. — Culture
en Cochinchine du Café de Libéria. — Le vin d’Orge. — L’huile de pépins de Raisins. — Les châssis
curvilignes Van Lierde. — Une exposition de plantes cultivées par des enfants. — Germination du
Lodoicea Sechellarum au Muséum. — Memento des Expositions. — Nécrologie : M. W. Court.
Aralia chinensis. — Dans le nombre,
assez considérable, d’arbrisseaux d’orne-
ment qui, à cette époque de l’année, pro-
duisent leur maximum d’effet, l’Angélique
de Chine {Aralia chinensis , L.) 1 est un de
ceux dont le port est le plus distinct, dont
les qualités décoratives sont les plus inté-
ressantes.
Ses tiges, qui dépassent rarement 4 ou
5 mètres de hauteur, ont à la fois une cer-
taine raideur et une grande élégance, qui
provient de leur direction d’abord verticale,
puis progressivement recourbée en gerbe.
Ses grandes feuilles bipennées, étalées,
sont disposées par étages et prennent en ce
moment une teinte rose d’un charmant
effet. Enfin, également à cette saison, à
l’extrémité de chaque rameau se développe
un grand corymbe de fleurs blanc jau-
nâtre auxquelles succèdent des baies noires,
augmentant encore l’aspect singulier de la
plante.
On ne saurait trop recommander l’em-
ploi de cette espèce, comme plante isolée,
sur une pelouse, pourvu qu’on n’en fasse
pas abus. Dans un terrain en pente, seule,
ou par groupes peu nombreux, elle accom-
pagnera très-bien quelques roches dissémi-
nées. Il est toutefois nécessaire de bien
distancer les exemplaires les uns des autres,
de manière que chacun d’eux se développe
librement et qu’ils conservent en entier leur
port si caractéristique.
Originaire de la Chine et du Japon,
VA. chinensis est très-rustique en France.
Une terre franche, légère, lui convient par-
faitement. On le multiplie de rejetons ou
de tronçons de racines.
Culture de la Glycine en palmettes.
— Dans une récente promenade que nous
avons faite en Normandie, nous avons re-
1 Connu aussi en horticulture sous les noms
A! Aralia japonica et de Bimorphanthus mands -
churicus.
marqué, dans une propriété située près de
Bagnoles-de-l’Orne, un mur exposé en
plein nord, et garni sur toute sa surface
par des Glycines très-bien dirigées en pal-
mettes à cordons horizontaux, absolument
comme des Poiriers ou Cerisiers.
Ce qui a provoqué cette plantation, c’est
que le mur en question, placé à faible dis-
tance d’un château, en est caché par un
massif d’arbustes qui rendait toute autre
culture impossible.
Soumise à cette direction, dont elle s’ac-
commode très-bien, la Glycine donne,
comme de coutume, son abondante floraison
printanière, qui, au lieu de se trouver allon-
gée sur un fil de fer, ainsi que cela a lieu
le plus souvent, forme une palissade toute
couverte de fleurs.
On obtiendrait un effet plus réussi encore
si, en même temps que les Glycines, on
plantait au pied du mur des Lierres d’Ir-
lande. Les grappes odorantes se détache-
raient avec plus de vigueur, sur ce fond
sombre, et en outre le mur se trouverait
garni pendant foute la mauvaise saison.
Les Glycines, alors, ne devraient plus être
disposées en espalier, mais en contre-es-
palier, à une très-faible distance (10 centi-
mètres environ) du mur.
Les meilleures Fougères pour la gar-
niture des jardinières, paniers, bou-
quets, etc. — Le Garden a publié une étude
comparative de quelques Asplénium qui
sont le plus utilisés, en Angleterre, pour
accompagner les autres plantes et les fleurs,
dans les mille manières dont on les emploie.
Voici quelles sont ces espèces :
Asplénium rhizophorum , élégante espèce
dont les feuilles atteignent 65 centimètres de
longueur sur 12 à 15 de largeur, et produisent,
à leur extrémité effilée, une nouvelle plante qui
augmente encore l’intérêt présenté par l’en-
semble.
A. rachirhizon , charmante espèce à fronde
20
16 Octobre 1888.
458 CHRONIQUE
Iripennées, retombantes, prolifères comme la
précédente. La tige et les branches sont noires.
A. cirrhatum. — Frondes longues de 30 à
45 centimètres, et à une seule division. Les
pinnules sont larges, dentées et ornées par de
singulières lignes obliques de sores brunes.
Prolifère.
A. myriophyllum . — Jolie espèce à frondes
finement découpées. Les tiges sont lisses, les
frondes non entièrement développées, noires ;
ces frondes sont trifides et avec segments très-
petits, denses et d’un vert brillant.
A. caudatum. — Espèce à végétation très-
vigoureuse. Ses frondes atteignent jusqu’à lm30
de longueur; elles sont simplement pennées et
portent jusqu’à 40 paires de pinnules coriaces,
souvent obliques, finement dentées et lobées
sur leurs bords, à face supérieure vert foncé,
l’inférieure étant marquée de jolies et longues
sores.
Relation entre la grosseur acquise
par les graines et leur germination. —
Le choix de graines bien constituées, pour
le semis, est une des opérations les plus
importantes du jardinage, et qui, le plus
souvent, n’est pas faite avec le soin que l’on
devrait y apporter.
Une nouvelle preuve à l’appui de cette
assertion se dégage d’expériences qu’a exé-
cutées M. Léon Dufour, et dont il a exposé
les résultats devant la Société botanique de
France. Ces essais ont porté sur des Fèves
(Faba vulgaris) dont les fruits, bien déve-
loppés, pèsent jusqu’à 9 grammes.
Il a été semé 12 Fèves, dont :
4 pesaient chacune environ . . 6 gr. 5
4 — — — . . 4 gr. 5
2 — — — . . 3 gr. 5
2 — — — . . 2 gr. 5
Les quatre dernières, celles de 3 gr. 5 et
de 2 gr. 5, n’ont pas germé. Elles n’étaient
pas arrivées à un degré de développement
suffisant.
Les autres, bien que semées toutes en-
semble, sont sorties de terre après un laps
de temps très-variable. Les quatre Fèves
pesant 6 gr. 5 ont mis respectivement 6,
11, 13, 23 jours, pour montrer leur germi-
cule au-dessus du sol, et les autres pesant
4 gr. 5 : 20, 22, 24 et 34 jours.
En suivant le déplacement de ces plantes,
M. Dufour a observé que celle qui s’était
montrée la première, c’est-à-dire après six
jours de germination seulement, a atteint
la taille la plus haute, les plus larges
feuilles, etc.
C’est là une expérience fort intéressante.
Elle confirme entièrement l’observation
placée en tête de cette note.
HORTICOLE.
Sophrocattleya Batemaniana. — Le
Manuel des Orchidées i, ce très intéres-
sant ouvrage que publie la maison Veitch,
de Londres, donne la description figurée de
cet hybride bigénérique, qui, pour la raison
que nous avons récemment fait connaître,
a eu son nom formé des deux premières syl-
labes du nom du père, Sophronitis, et du
nom de la plante mère, Cattleya.
Cette plante singulière et très-jolie ne
rappelle, ni dans son port, ni par sa fleur,
aucun des deux parents ; elle se rapproche-
rait plutôt, si on ne connaissait son origine,
d’un Lælia, ce qui explique que M. Rei-
chenbach l’ait nommée Lælia Batema-
niana.
Le Sophronitis grandiflora a les pseudo-
bulbes courts, terminés par une feuille soli-
taire ; la fleur est solitaire, petite (6 à 7 cen-
timètres de diamètre) et d’un (rouge écarlate
brillant.
Les pseudo-bulbes de la plante nouvelle
sont plus allongés et portent deux feuilles.
Les fleurs, plus grandes, sont ordinairement
réunies par trois sur chaque hampe ; elles
ont le coloris rose du Cattleya intermedia ;
mais ni leur forme, ni leur développement,
ne rappellent les fleurs de cette dernière
espèce.
Si, par suite d’une hybridation naturelle,
le Sophrocattleya Batemaniana eût été
trouvé à l’état sauvage, on aurait certai-
nement créé un genre nouveau pour lui.
Son obtention, sa ressemblance avec les
Lælia, établit une singulière affinité entre
ces trois genres : Sophronitis, Cattleya et
Lælia, auxquels viennent s’ajouter main-
tenant les Sophrocattleya.
Un Tulipier de 330 ans. — Dans une
exposition qui a récemment eu lieu à Cin-
cinnati, Y American Forestry Congress
présentait une section du tronc d’un Tuli-
pier ( Liriodendron tulipifera) dont l’his-
toire, déjà fort ancienne, a été conservée
précieusement.
Lorsque la reine Élisabeth monta sur le
trône, cet arbre existait déjà ; lors de la
proclamation de l’indépendance des États-
Unis, il mesurait lm 30 de diamètre; enfin,
lorsqu’il fut abattu, cette année, un peu
avant l’exposition, où une partie de son
tronc figurait, il mesurait lm 60 de dia-
mètre.
1 A Manual of orchidaceous plants cultivated
under glass in Great Britain. London, James
Veitch and Sons, 544, Kings Road, Ghelsea, Lon-
don, S. W.
CHRONIQUE HORTICOLE.
459
Ce diamètre, si considérable qu’il pa-
raisse, est relativement faible pour un arbre
de 330 ans bien sonnés ; ce qui est sur-
tout étonnant, c’est qu’en cent années, il
n’ait augmenté que de 30 centimètres, ce
qui donne un accroissement circulaire de
94 centimètres seulement, moins d’un cen-
timètre de circonférence par an.
Les cultures de Pommiers en Amé-
rique. — Malgré l’aridité apparente des sta-
tistiques qui nous viennent d’Amérique,
on ne publiera jamais trop ce qui se fait
là-bas en matière de culture. Puissent nos
cultivateurs s’inspirer de l’esprit entrepre-
nant des cultivateurs des États-Unis, et
créer, dans des proportions appropriées, des
plantations importantes qui seules leur per-
mettront de lutter, dans un avenir pro-
chain, contre les importations qui encom-
breront bientôt nos marchés !
Voici un nouvel exemple à l’appui de cette
assertion :
Un propriétaire américain, M. J.-M.
O’Niel, a établi près de Gainsville (Géorgie)
des plantations de Pommiers recouvrant
une surface de 243 hectares en employant
une seule variété locale, The Shocley.
Les fruits qui proviennent de ces arbres
ne sont pas destinés à l’exportation ; ils sont
distillés sur place pour la préparation de
l’eau-de-vie.
Il serait peut-être intéressant, pour nos
pépiniéristes, de se procurer, s’ils ne la pos-
sèdent déjà, la variété de Pomme dont il
vient d’ètre question. Pour qu’on l’emploie
aux États-Unis dans de semblables propor-
tions, il faut qu’elle ait fait preuve de qua-
lités exceptionnelles bien établies.
Voici ce qu’en disent les Américains :
« Variété originaire de Géorgie; arbre très-
vigoureux et très-productif ; fruit de gros-
seur moyenne, très-coloré ; richesse saccha-
rine très-développée. »
Les fruits dans l’Afghanistan. — La
plupart de nos arbres fruitiers sont repré-
sentés dans des proportions importantes
en Afghanistan, où leurs produits sont l’ob-
jet d’un commerce considérable. Les Pom-
miers, Poiriers, Amandiers, Abricotiers,
Goignassiers, Pruniers, Cerisiers, Figuiers,
Mûriers et la Vigne sont cultivés avec soin
par les Afghans, et leurs fruits, à l’état frais
ou desséchés, sont principalement dirigés
vers l’Hindoustan, où le climat plus chaud
ne permet pas la culture de ces arbres.
Il serait intéressant de connaître les
variétés qui sont cultivées dans ces régions.
Peut-être s’en trouve-t-il dont l’introduction
en Europe serait utile.
La surface des forêts européennes. —
Notre Ministère de l’Agriculture vient de
publier une fort intéressante statistique
relative à la distribution des forêts en
Europe.
Nous en extrayons les chiffres suivants :
non compris la Turquie, la Bulgarie, la
Bosnie et l’Herzégovine, qui ne sont pas
comprises dans le rapport, les forêts euro-
péennes représentent une surface de 287
millions d’hectares, ce qui forme une pro-
portion de 18,7 p. 100 de la surface totale
du sol, soit à peu près le cinquième.
La Russie, à elle seule, possède 200 mil-
lions d’hectares de forêts, soit 37 p. 400 de
sa surface. La nation où la proportion de
forêts est la plus grande est la Suède, qui
a 17.569.000 hectares de forêts, soit
39 p. 100. La France possède 9.888.000
hectares de forêts, soit 17 p. 100, ou bien
un quart d’hectare à peu près par habitant.
L’Angleterre est la nation relativement la
moins boisée , avec une proportion de
4 p. 100; le Danemarck vient ensuite, avec
4,8 p. 100.
La culture du Sésame, en Algérie.
— La dernière chronique de la Société
d’ Acclimatation nous apprend que le port
de Marseille reçoit chaque année pour en-
viron 70 millions de francs de Sésame pro-
venant de l’Inde anglaise.
N’y aurait-il donc pas moyen de faire
produire à l’Algérie une partie de ce stock
considérable de graines oléagineuses?
M. le Dr Meyners d’Estrey, qui a envi-
sagé la question à ce point de vue, ajoute
que la Société de Géographie commerciale
de Paris s’occupe de cette importante ques-
tion.
Bien que le Sésame rentre plutôt dans le
domaine de l’agriculture, des essais doivent
être tentés par nos correspondants qui se
trouvent dans des conditions supposées fa-
vorables, et qui peuvent contribuer au dé-
veloppement cultural de nos colonies.
Un énorme exemplaire de Pinus syl-
vestris. — On vient d’abattre, en Suède,
un Pin sylvestre ( Pinus sylvestris) dont les
dimensions dépassaient, dans des propor-
tions considérables, celles que nous sommes
habitués à voir pour cette espèce si répandue.
Cet arbre mesurait 40 mètres de hauteur
460
CHRONIQUE HORTICOLE.
et plus de 4 mètres de diamètre à 60 centi-
mètres du sol.
L’accroissement transversal du tronc
n’est pas, dans ce cas, en rapport direct
avec la hauteur de l’arbre, et cette dispro-
portion doit, croyons-nous, provenir d’un
accident quelconque.
Lespedeza striata. — Nous avons pré-
cédemment signalé aux essais de nos culti-
vateurs cette plante fourragère qui pourrait
être employée avec avantage dans certaines
de nos colonies.
Dans le sud des États-Unis, elle fournit
déjà des récoltes très -abondantes.
Dans le dernier Rapport annuel de M.
R. Schomburgk, directeur du Jardin bota-
nique d’Adélaïde (Australie), il est dit que
ce Lespedeza, désigné aussi sous le nom
de Luzerne japonaise, ne réussit pas dans
l’Australie méridionale, à cause du climat
sec de cette région.
Nous enregistrons cette déclaration, qui
pourra être utile à nos cultivateurs dans
leurs essais.
Culture en Cochinchine du Café de
Libéria. — On a dit beaucoup de bien,
depuis quelque temps, de cette nouvelle
espèce de Café, qui croit spontanément à
Libéria, à Sierra-Leone, au Cap des Palmes,
à Porto-Novo, et qui, d’après des essais
comparatifs faits au Jardin botanique de
Ceylan, aurait un rendement dix fois supé-
rieur à celui du Café d’Arabie.
M. Ed. Brousmiche, pharmacien de la
marine, directeur par intérim du Jardin
botanique de Saïgon, vient de consacrer à
cette plante, dans le Bulletin de la Société
des Études indo-chinoises, une étude où
nous trouvons des indications intéressantes :
Le Café de Libéria ( Coffea liberica,
Hiern) est un grand arbrisseau pouvant
acquérir 5 à 6 mètres de hauteur. Ses
feuilles sont grandes, larges, luisantes,
d’un vert foncé, à pétiole canaliculé et petit.
Les dimensions du fruit, qui est trois à
quatre fois plus gros que celui des autres
espèces, varient suivant le terrain dans
lequel la plante est cultivée.
Cette espèce croît sur les côtes ainsi que
sur les lieux élevés, à la condition que la
température se maintienne entre 22 et
30 degrés centigrades, et que le terrain soit
humide, sans toutefois que les racines se
trouvent en contact avec l’eau.
Des essais de culture ont été faits pour
ce Café, au Jardin botanique de Saïgon,
par les missionnaires et par M. Colombier.
Ils ont parfaitement réussi, ce qui permet
de croire que le Café de Libéria s’accom-
modera du sol et du climat de la Cochin-
chine.
Il est grand temps que nos colonies ré-
centes cultivent, lorsque cela est possible,
le Café dans des proportions importantes.
La Martinique qui, en 1878, produisait,
pour 534 hectares plantés, 140,000 hllo-
grammes de Café, n’en a produit en 1883
que 60,568 kilogrammes, la surface plan-
tée se trouvant réduite à 260 hectares. Dans
la même période, la production de l’Ile
Bourbon tombait de 534,720 kilogrammes à
190,000.
En Nouvelle-Calédonie, en 1884, 3,772
hectares étaient nouvellement plantés. A
Tahiti, à Mayotte, à Nossi-Bé, à Sainte-
Marie-de-Madagascar, la production de Café
est croissante.
Le vin d’Orge. — Un fait bien intéres-
sant vient d’être constaté par M. Jacquemin,
de Nancy. En faisant fermenter le malt
d’Orge par le Saccharomyces ellipsoideus,
qui est le ferment du vin, M. Jacquemin a
obtenu une boisson dont le goût, qui res-
semble à celui du vin blanc, diffère complè-
tement de celui de la bière.
Il est bien curieux de se rendre ainsi
compte du rôle joué par chaque ferment,
qui donne des propriétés particulières aux
produits dont il provoque la fermentation.
Il y a là une ressource qui pourra être
utilisée dans bien des cas, lorsque cette
question importante sera mieux connue.
L’huile de pépins de Raisins. — Nous
n’avons pu encore utiliser, pour l’industrie,
les marcs qui restent sous le pressoir. Il
paraît, cependant, qu’en Italie, en Alle-
magne et dans le Levant, on extrait des
pépins une huile d’un beau jaune doré, qui
est employée pour l’éclairage.
Voici de quelle manière on procède pour
cette fabrication :
Le marc étant bien séché, après son ex-
traction de la cuve, on en sépare les pépins
au moyen d’un van, et on les nettoie au
moyen d’un crible.
On les moud ensuite et on les transforme
en farine. Cette farine est introduite dans
des chaudières de fonte dans lesquelles un
double fond permet la circulation d’un cou-
rant de vapeur; on verse dans la farine une
quantité d’eau représentant le sixième de
son poids, et l’on élève la température du
CHRONIQUE HORTICOLE.
461
mélange à 80 degrés centigrades environ.
On remue ce mélange tout le temps que la
cuisson a lieu, et on le porte, encore chaud,
sous une presse hydraulique. 100 kilos de
pépins fournissent, paraît-il, à l’aide de ce
procédé, 10 kilos d’huile.
Les châssis curvilignes Van Lierde.
— Nous trouvons, dans le Bulletin d'ar-
boriculture, de Gand, la description d’un
très-ingénieux système de châssis inventé
par M. Van Lierde.
Ces châssis sont courbes, c’est-à-dire
qu’au lieu d’avoir une seule pente, ils pré-
sentent une surface s’abaissant également en
haut et en bas, soit vers chacun des deux
sentiers qui longent les lignes de châssis.
Avec ce système, les coffres et murets
sont supprimés ; on se contente de creuser
un trou régulier pour faire la couche et
enterrer, s’il y a lieu, les pots des plantes
abritées ; et on pose en haut et en bas deux
poutrelles ou rails en fer, dans lesquelles
viennent s’emboîter le haut et le bas des
châssis, qui rejettent les eaux de pluie dans
ces deux directions, naturellement.
On saisit facilement l’utilité et l’éco-
nomie de ce système, et la rapidité qui en
résulte pour la création des couches, leur
changement de place, etc.
Le même procédé s’applique aux serres,
adossées ou non, et en simplifie considé-
rablement la construction.
Une exposition de plantes cultivées
par des enfants. — Un concours horticole
d’un nouveau genre vient d’avoir lieu en
Angleterre. L’idée en est charmante, et sa
mise à exécution ne peut que vulgariser la
connaissance des plantes et de la culture
qu’il convient de donner aux espèces les
plus répandues.
Voici comment les choses ont été faites :
Dès le printemps de cette année, environ
200 jeunes exemplaires de Fuchsias, Pélar-
goniums, Tradescantias, Hortensias, etc.,
avaient été distribués, avec les recomman-
dations nécessaires, aux enfants de l’un des
districts les plus populeux de Southwark.
Ces plantes devaient être cultivées par ces
enfants eux-mêmes, et venir concourir
entre elles, pour leur développement, la
perfection de leur forme, l’abondance de
leur floraison, dans une exposition dont la
date était fixée vers la fin d’août.
Les concurrents présentèrent 117 plantes
à cette exposition, et, outre les prix qui
furent distribués aux cultivateurs les plus
heureux, une conférence horticole, organi-
sée par la baronne Burdett Coutts, termina
cette réunion originale et pleine d’attrait.
Il serait à désirer que cet exemple fût
suivi en France; on pourrait, de temps
à autres, ajouter un concours de ce genre
aux expositions ordinaires.
Il y aurait là, pour les élèves des écoles
primaires surtout, des éléments d’étude et
de distraction tout nouveaux.
Germination du Lodoicea Sechella-
rum au Muséum. — Le Palmier des Mal-
dives ou Coco de mer (Lodoicea Sechel-
larum), que l’on ne trouve presque jamais
vivant dans les cultures européennes, est
actuellement en pleine germination dans
une des serres chaudes du Muséum, où la
jeune plante est l’objet de soins tout parti-
culiers. Nous suivrons attentivement le dé-
veloppemenf^de ce remarquable Palmier.
Mémento des Expositions.
Voici la liste des Expositions précédemment
annoncées :
Lille. — Exp. gén. et matériel (Chr. n° 19),
4 au 5 novembre.
Marseille. — Chrysanthèmes (Chr. no 19), 1er au
4 novembre.
Paris. — Chrysanthèmes (Chr. n° 14), 22 au 25 no-
vembre.
Paris. — Végétaux d’ornement (Chr. n° 15),
25 juillet au 5 novembre. (Annexe de l’Exposition
d’hygiène et de sauvetage.)
Paris. — Cidres, Pommes et appareils (Chr.) n° 18,
9 au 25 novembre.
Paris. — 1er novembre au 10 décembre, quai
d’Orsay. — Cidres, Pommes et appareils (Chr.
n« 19).
Roubaix. — Chrysanthèmes (Chr. n» 5), 17 no-
vembre.
Toulouse. — Exp. de culture maraîchère, culture
ornementale et arboriculture fruitière et spécia-
lement Exp. de Chrysanthèmes (Chr. n° 11),
15 au 18 novembre.
Gand. — Chrysanthèmes (Chr. n° 11), 18 au 22 no-
vembre.
Nécrologie : M. W. Court. — MM.
Veitch, de Chelsea, viennent de perdre un
de leurs collaborateurs, qui était attaché à
leur établissement depuis vingt-quatre ans.
M. W. Court était un habile multiplicateur
et s’était particulièrement attaché, avec suc-
cès d’ailleurs, à l’hybridation des Népen-
thès et des Sarracénias.
On lui doit un grand nombre de formes
intéressantes, parmi lesquelles les Nepen-
thes Mastersiana, intermedia Courtii, etc.,
Sarracenia melanorhoda, Chelsoni, Cour-
tii, etc.
E.-A. Carrière et Ed. André.
m
LES BERTOLONIAS ET LEUR MULTIPLICATION .
LES BERTOLONIAS ET LEUR MULTIPLICATION
Ces plantes, au feuillage délicieusement
coloré, réclament de grands soins si l’on veut
obtenir une végétation satisfaisante, et pour
réussir dans leur multiplication, un bon
traitement et une attention constante sont
nécessaires.
La culture que nous leur avons vu ré-
cemment appliquer en Angleterre mérite
d’être rapportée à nos lecteurs.
Les boutures doivent être privées d’air
jusqu’à ce qu’elles soient enracinées, et,
comme elles sont d’une délicatesse extrême,
on devra leur donner un compartiment spé-
cial où leurs alliés, les Sonerïla, pourront
seuls être admis. En aucun cas, les parties
du feuillage endommagées d’une manière
quelconque ne doivent être conservées,
parce que la contamination du reste se
ferait rapidement. La fragilité du tissu est
telle qu’une seule goutte d’eau, déposée sur
une partie quelconque du limbe, peut sou-
vent, non seulement amener la détérioration
complète de cette feuille, mais aussi la perte
de la plante. C’est pour cette raison que
la plupart des cultivateurs, lorsqu’ils ont
placé les Bertolonias dans une serre, les
protègent, en outre, par des cloches ou des
abris vitrés quelconques, pour les isoler et
les garantir de tout contact dangereux.
Les Bertolonia Van Houttei et superba
sont deux formes dont le feuillage est des
plus jolis, sans compter, bien entendu, les
obtentions toutes récentes de M. A. Bleu, par
exemple, qui ont fait sensation aux exposi-
tions quinquennales de Ghnd et de Paris,
mais ce sont aussi ceux qui réclament le
plus de soins pour être maintenus en bon
état de végétation. Les spécimens qui ont
perdu leurs principales feuilles sont géné-
ralement mis de côté pour la multiplication.
Dans ce cas, la tête de la plante peut four-
nir une bonne bouture, et le reste de la tige
sera rabattu au-dessus d’un œil de base.
Le sol qu’il convient de donner aux
jeunes plantes se compose d’un mélange de
tourbe, de terre franche, de sable et de
charbon de bois pilé, le tout passé dans un
crible dont les mailles ont 6 millimètres
de côté. Il est préférable de placer les bou-
tures isolément dans de petits godets qui
auront auparavant reçu un fort drainage, et
seront remplis, presque jusqu’à la hauteur
du bord, avec le compost indiqué plus haut.
Ce compost sera recouvert d’une légère
couche de sable blanc pur.
Les boutures, qui ont été faites à une ar-
ticulation, seront alors repiquées. Il est bon
de placer un peu de sable tout autour de la
partie de la bouture qui se trouve enterrée ;
cette précaution facilite le fonctionnement
du drainage et favorise l’émission des jeunes
racines. La partie supérieure de la bouture
peut être ensuite coupée entre deux yeux,
au moyen d’une section faite immédiate-
ment au-dessus de chaque articulation ; de
cette manière, chaque bouture porte une
feuille et un œil. On peut également laisser
une portion de tige au-dessus de chaque
œil, ce qui facilite beaucoup l’opération par
laquelle on pique dans le compost.
On peut quelquefois placer plusieurs bou-
tures dans le même pot, parce que toutes
ne reprennent pas, ce qui fait rapidement
de la place pour celles qui s’enracinent. Ce-
pendant, avec beaucoup de soins, on en ob-
tient une bonne proportion de réussite.
Quand les boutures sont repiquées, un
arrosage doit leur être donné, mais il faut
autant que possible ne pas mouiller le feuil-
lage.
Le traitement à partir de ce moment est
le même que celui que l’on emploie pour
les plantes de serres les plus délicates, en
ayant soin d’éviter autant que possible la
pourriture.
Les Sonerila peuvent être traités de la
même manière que les Bertolonia , mais
ils sont un peu moins fragiles, et ne de-
mandent pas, par suite, tout à fait autant
de précautions.
Des graines de Bertolonias sont quelque-
fois obtenues, surtout au moyen de la fécon-
dation artificielle ; leur ténuité est extrême,
ce qui oblige à les semer avec beaucoup
de soins. Les pots ou terrines destinés à
les recevoir doivent être en partie remplis
de tessons de pots, par-dessus lesquels on
met une terre légère et finement tamisée.
Après qu’un arrosage a été donné à cette
terre, sous la forme d’une fine rosée, et,
pendant qu’elle est encore tout humide, on
sème les graines, que l’on recouvre d’une
très-légère couche de sable firi et bien sec.
On pose sur les bords du pot ou de la
terrine un morceau de verre à vitre, ou
bien on les recouvre d’une cloche.
Ces graines germent rapidement, et, si les
jeunes plants sont repiqués aussitôt qu’on
peut le faire, ils ne tardent pas à fournir
une bonne végétation. Ed. André.
IDESIA POLYCARPA.
463
IDESIA POLYCARPA
Gomme tant
pèce, dont on a
est aujourd’hui
à peu près ou-
bliée, à tort,
bien certaine-
ment, car elle
réunit tous les
mérites que l’on
exige d’une
plante vérita-
blement orne-
mentale.
Depuis 1868,
la Revue hor-
ticole a enre-
gistré presque
tout ce qui a
paru d’intéres-
sant sur cette
espèce, moins
peut-être sur
l’inflorescence
mâle, que nous
n’avions pas eu
l’occasion d’exa-
miner, ce que
nous sommes à
même de faire
aujourd’hui,
d’autres, hélas ! cette es-
beaucoup parlé autrefois,
Fig. 111. — Idesia polycarpa.
Ramille à fleurs mâles, 1/3 grandeur naturelle.
Fleur détachée, grandeur naturelle.
grâce à de beaux échantillons flenris qui
nous ont été envoyés par la Société d’horti-
culture de Beau-
vais accompa-
gnés des ren-
seignements
suivants :
Le pied &’ Idesia
polycarpa planté
dans notre jardin
d’expériences
vient de fleurir
pour la première
fois, et la Société
a pensé qu’il vous
serait agréable
d’en recevoir des
fleurs.
Donné à notre
Société d’horti-
culture par notre
regretté collègue
M. Édouard Des-
fossé, il y a en-
viron treize ans,
ce sujet n’est déjà
plus un arbuste,
mais un arbris-
seau qui mesure
plus de 5 mètres
de hauteur, dont
le tronc, près du
Fig. 112. — Idesia polycarpa crispa.
464
IDESIA POLYGARPA.
sol, a 48 centimètres de circonférence, et 32
à 36 près de sa base ; sa tête rayonne à 2m 50
de la tige. Les verticilles des branches, as-
sez réguliers, sont environ à 70 centimètres
l’un de l’autre; l’axe est toujours plus court
que la longueur des branches, ce qui donne
à l’ensemble un aspect très-élégant et une
tête toujours régulièrement arrondie. Les
feuilles (fig. 111), très-grandes, régulièrement
cordiformes, parfois légèrement lobées, sont
grandes, d’un beau vert luisant à nervures
rougeâtres. Bref, c’est un très -bel arbre
d’ornement, qui, nous en avons la presque cer-
titude, pourra
faire un ar-
bre d’avenue
d’une grande
valeur. Ajou-
tons que ses
fleurs, très-
nombreuses,
dégagent une
forte et déli-
cieuse odeur
mellifère ; aus-
si sont-elles
constamment
visitées par les
abeilles, qui
paraissent y
trouver un
riche butin.
Au mérite déjà
si grand de
VIdesia poly-
carpa on peut
encore ajouter
celui de sa
rusticité, qui
est complète.
En effet, le
grand hiver de
1879-1880 ne
l’a nullement
fatigué.
La première
floraison de
notre arbre,
qui s’est effec-
tuée en 1887,
en juin-juillet, ne portait que des fleurs
mâles.
Par ce qui précède, on a pu voir que
la plante qui nous occupe, encore peu
connue aujourd’hui, mérite mieux que l’ou-
bli dans lequel on la laisse, ce qui nous a
engagé à appeler sur elle l’attention et à
compléter ce qui en a été dit (1).
Cette espèce n’est pas commune à l’état
sauvage, puisque le botaniste Maximowicz
(1) Voir Revue horlieole, 1873, p. 174.
ne l’a trouvée que deux fois ; d’abord, près
du bourg Futsi, dans l’ile de Nippon, cul-
tivée en un seul exemplaire. Plus tard, il
la rencontra dans les forêts de Kinssau, de
Pile Kiusiu, mais toujours en petite quan-
tité.
D’après Maximowicz, VIdesia polycarpa
peut atteindre « 40 pieds de hauteur ».
Nous ne croyons pas, pourtant, que dans
nos cultures il puisse jamais acquérir ces
dimensions, car cette espèce tend à s’é-
tendre considérablement en largeur et, au
contraire , à
s’élever peu
et à former
une large
tête. Aussi ,
pour le faire
monter, faut-
il, dès son
jeune âge, lui
enlever suc-
cessivement,
les verticilles
inférieurs.
Nous de-
vons aussi
relever une
erreur qui a
été commise
au sujet des
fruits de VI-
desia, que
l’on a dit être
comestibles.
Ses fruits
(fig. 113),
qui, par leur
réunion, for-
ment des
grappes assez
volumineu-
ses, sont secs,
indéhiscents,
rougeâtres ,
amers. L’erreur en question remonte à
l’époque où la plante a été mise au com-
merce; on l’a alors vendue sous cette ru-
brique : « Arbre fruitier du Japon. •»
Jusqu’à présent on ne trouve nulle part
de variétés de cette espèce ; nous n’en con-
naissons qu’une, VIdesia crispa (fig. 112),
qui s’est développée spontanément sur le
pied-mère que nous cultivions au Muséum,
et dont voici les principaux caractères :
Rameaux tortueux, très-contournés, for-
tement anguleux. Feuilles (fig. 112) longue-
ment pétiolées, à limbe tordu, gaufré-bullé?
Fig. 413. — Idesia polycarpa , femelle.
Fruit détaché, de grandeur naturelle.
465
SOCIÉTÉ POMOLOGIQUE DE FRANCE.
crispé, lacinié, à nervure saillante blan-
châtre.
L ’ldesia polycarpa, Maximowicz ( Poly -
carpa Maximowiczii, Hort. aliq.), est un
arbrisseau de haut ornement, rustique, à
branches horizontales largement étalées. Ses
feuilles (flg. 114), caduques, très-grandes,
largement cordiformes, sont fréquemment
plus ou moins lobées. Le pétiole est gros,
les nervures saillantes, surtout en dessous.
Fleurs dioïques. Sépales 5 (quelquefois 3 ou
6), tomenteux, imbriqués, caduques. Pétales
nuis. Fleurs mâles (fig. 111) à étamines nom-
breuses insé-
rées sur un
petit disque,
fdets à fila-
ments velus ;
anthères cour-
tes, à déhis-
cence longi-
tudinale ; au
centre est un
petit rudiment
d’ovaire.
Fleurs femel-
les à stamino-
des nombreux
et courts.
Ovaires glo-
buleux, à 5
(quelquefois 3
ou 6) placentas
pariétaux cou-
verts de nom- .
breux ovules;
styles 5 (ou
3-6), étalés ,
surmontés de
stigmates
épais. Baie
(fig. 113) po-
lysperme, à
graines enve-
loppées d’une
pulpe, à testa
crustacé, à cotylédons arrondis. Arbre étendu,
à feuilles presque cordées, à 5 nervures, den-
tées finement. Inflorescence en grappe com-
posée, terminant les rameaux. Fleurs en grand
nombre, jaunâtres, les mâles plus grandes que
les femelles. Les baies sont d’un jaune orangé
et nombreuses, du diamètre d’un gros Pois.
Maxim, in Bull. Acad. Saint-Pétersbourg ,
1866.
Culture , multiplication. — Pendant
leur jeunesse et tant que les plantes sont
délicates, on cultive les Idesia en terre de
bruyère, à laquelle on peut ajouter un peu
de terre franche siliceuse ou de terreau.
Plus tard, on donne une terre plus consis-
tante, en rapport avec la force des plantes
et de leur destination. Quant à la multipli-
cation, à défaut de graines, on la fait par
bouture à l’ai-
de de bour-
geons semi-
aoûtés que
l’on plante
en terre de
bruyère et
qu’on place
sous cloche.
Les graines
se sèment en
terre prépa-
rée, dans des
pots ou des
terrines, et
les plantes,
pendant les
premières
années, sont
traitées com-
me s’il s’a-
gissait de su-
jets de serre.
On peut aussi
multiplier
par coucha-
ge. Pour cela,
on a des
plantes mè-
res, basses,
que l’on recèpe de manière à en obtenir
des bourgeons que l’on incise et couche
dans un sol préparé, où ils mettent deux ans
à s’enraciner. E.-A. Carrière.
SOCIÉTÉ POMOLOGIQUE DE FRANCE
30 SESSION TENUE A BORDEAUX DU 17 AU 20 SEPTEMBRE 1888.
La Société pomologique de France a tenu sa
30e session à Bordeaux, du 17 au 20 septembre.
Elle a été ouverte par le sympathique et dé-
voué président de la Société d’horticulture de
la Gironde, M. Daurel, qui, dans un remar-
quable discours, a souhaité la bienvenue aux
membres de l’Association et aux nombreux
délégués des sociétés d’horticulture.
Ensuite, M. de la Bastie, président de la So-
ciété pomologique de France, prend la prési-
466
SOCIÉTÉ POMOLOGIQUE DE FRANCE.
dence et prononce un discours dans lequel il
indique les principaux travaux faits par la com-
mission permanente des études, depuis la der-
nière session, et la situation financière de la
Société.
L’Assemblée désigne ensuite le bureau chargé
de diriger les travaux de la 30e session.
Sont nommés :
Présidents d’honneur : MM. Daurel, de la Bastie
et Darret, adjoint au maire de Bordeaux ;
Président titulaire : M. Jamin ;
Vice-présidents: MM. Luizet, Bernède, Hortolès
et Chevallier ;
Secrétaire général : M . Cusin ;
Secrétaires : MM. E. Baltet, Sahut, Michelin et
Nanot ;
Trésorier: M. Varenne ;
MM. Treyve et Lapierre sont nommés présidents
de la Commission de dégustation.
La Commission des finances est composée de
MM. Delaville, Chevallier, Sahut et Varenne.
L’Assemblée ayant réglé définitivement le
cours de ses travaux, M. le Président donne la
parole à M. Levrier, de Niort, qui fait une très-
intéressante communication sur les plantations
commerciales de Poiriers à poiré greffés sur
Cognassier et de Pommiers à cidre greffés sur
doucins, plantés à 2 mètres les uns des autres
et en espaçant les lignes de 5 mètres. MM. delà
Bastie et Varcone pensent que les Pommiers
seront trop rapprochés sur les lignes. M. Le-
vrier répond qu’il engage seulement les viti-
culteurs, dont les Vignes sont détruites par le
phylloxéra, et qui sont privés de revenus, à
faire des plantations rapprochées avec des ar-
bres greffés sur sujets peu vigoureux, afin d’a-
voir, à la 4e ou 5e année de plantation, des ré-
coltes de fruits qui seront une nouvelle source
de richesses.
Il a donné l’exemple, car, après avoir perdu
la plus grande partie de son vignoble, il a
planté 18,000 arbres fruitiers, qui, après trois
ans, commencent à lui donner, dit-il, de beaux
revenus.
M. Ern. Baltet traite également des planta-
tions commerciales en plein champ ; après
avoir rappelé brièvement les qualités que doi-
vent remplir les sujets, hautes tiges, il recom-
mande les variété suivantes :
Poires à couteau (arbres greffés sur francs) :
Épargne, Beurré d’ Amanlis, Beurré cT Angleterre,
Louise-Bonne d' Avranches, Beurré Diel, Curé.
Poires à cuire (arbres greffés sur francs) : Cer-
teau d'automne, Messire Jean , Martin sec, Ca-
tillac .
Pommes à couteau : Transparente de Croncels,
Rambour d’été, Reinette grise d'automne, Belle
fleur rouge, Reine des Reinettes, Royale d’Angle-
terre, Reinettes d'Anthézien, de Cusy et du Ca-
nada, Calville d’hiver, Orange Pippin, Châtai-
gnier, plusieurs Reinettes grises, Newton pippin,
Reinette de Caux.
Une discussion s’engage à propos de ces va-
riétés, et M. Bruant fait observer qu’il faudrait
une liste spéciale de fruits par région ; certaines
variétés qui réussissent dans un pays donnent
de mauvais résultats dans un autre.
A la séance du 18 septembre, une discussion
s’engage à propos de la résistance de certains
cépages. M. Bruant dit que chez lui le cépage
Canada végète bien, depuis quatre ans, dans
un milieu phylloxéré. M. Bernède ajoute que
ce cépage résiste au phylloxéra dans les sols
renfermant au moins 50 p. 100 de sable.
M. Jamin a entendu affirmer que le cépage
Noah pouvait croître dans les terrains les plus
mauvais ; par exemple, dans les sols crayeux de
la Charente. M. Bruant répond qu’il ne pense
pas que ce cépage ait cette propriété. M. Dau-
rel dit que plusieurs viticulteurs lui ont déclaré
que le Noah croissait bien dans les terres
fortes. M. Gachassin-Lafitte déclare qu’il est
très-satisfait du Noah , mais que ses terrains
ne sont pas crayeux comme ceux de la Cha-
rente. Il a vu des Noah jaunis dans des sols
crayeux. D’après lui, ce cépage résiste aussi
bien au mildiou que le Canada; mais il déclare
qu’il ne connaît pas de cépages américains qui
soient complètement réfractaires au mildiou.
M. Laliman déclare qu’il n’a jamais trouvé
trace de cette maladie sur : Elsembro , Herbe-
mont, Elsimburzi, Cornucopia , Vilder , York ,
Noah, Duchesse, Clinton de semis, Taylor et
ses semis, semis de Gaston Bazille, Sallem,
Hybrides de Lesueur.
A la séance du 19 septembre, M. Nanot
donne quelques renseignements sur la cons-
truction des sécateurs; il dit que cet instru-
ment, pour être bien construit, doit avoir :
1° le levier deux fois et demie plus long que
la lame ; 2° le tranchant de la lame très
arrondi et non rectiligne, afin de couper le
plus obliquement possible ; 3° il doit avoir la
gorge, c’est-à-dire l’angle formé par la lame et
le crochet, très-ouvert ; et enfin 4° les di-
verses pièces doivent être bien ajustées et
faites avec des matériaux de première qualité.
Quant à la forme des manches, M. Nanot
est partisan de celle de l’ancien sécateur Ar-
neiter.
M. Delaville apprend à la Société qu’un cou-
telier de Beauvais fabrique, sur commande,
des sécateurs de gauchers.
A propos de la tavelure des fruits, M. Che-
vallier rappelle que la bouillie bordelaise
réussit bien contre elle ; M. Levrier, qui avait
de vieux arbres portant des fruits tavelés, a
rajeuni ses arbres par une taille sévère, et a
vu les années suivantes se développer des
pousses vigoureuses qui ont donné des fruits
sains.
Le greffage au bouchon appliqué à la Vigne,
d’après M. Daurel, n’est pas pratique et ne
donne pas d’excellents résultats. M. Nanot
émet un avis contraire.
A propos de l’hybridation artificielle des
cépages américains, M. Bruant fait une très-
intéressante communication : il dit qu’il ne faut
pas attendre que le capuchon de la plante soit
SOCIÉTÉ POMOLOGIQUE DE FRANCE.
467
ouvert pour faire cette opération, car à ce mo-
ment la fleur est déjà fécondée.
Telles sont les principales questions agitées
au Congrès de Bordeaux , en dehors, bien
entendu, des discussions relatives aux fruits
eux-mêmes, discussions qui sont, comme tout
le monde le sait, le principal objet de la ses-
sion.
Il nous est impossible d’entrer ici dans le
détail de ces discussions relatives à chacun
des fruits soumis à l’appréciation du Congrès ;
nous nous bornerons à mentionner les résul-
tats, c’est-à-dire à donner ci-dessous la liste
des fruits reconnus bons et adoptés, de ceux
qui ont été reconnus peu méritants et rejetés,
de ceux qui sont maintenus à l’étude, et enfin
des fruits nouveaux admis à l’étude.
Fruits adoptés.
Nectarine Stanwick Elruge (Elruge), présentée
en 1881 par la Commission des études de Lyon ;
mûrit mi-août.
Noisette Impériale de Trèbizonde , présentée il y
a six ans par la Commission d’Orléans ; fruit très-
beau et de grosseur remarquable.
Pêche Comtesse de Montijo (Gauthier), présen-
tée en 1882 par la Commission de Paris : mûrit au
commencement de septembre.
Pêche Cumberland , présentée en 1883 par la
Commission de Lyon ; mûrit fin juin ; arbre fertile
et facile à conduire.
Poire Bergamote Hérault (Hérault) ; mûrit en
novembre-décembre.
Poire Charles Cognée; mûrit janvier-mars.
Poire Notaire Lepin (Rollet).
Pommes Calville du roi et Éternelle dé Allen.
Fruits rayés de la liste des fruits à
l’étude.
Figue Concourelle brune, petit fruit mûrissant à
une époque où l’on a beaucoup d’autres bonnes
Figues; le pied-mère qui existait chez M. Besson,
à Marseille, a été détruit par la gelée.
Pêche Daun , n’a pas de coloris, et mûrit fin
août.
Poires Abbé Lefebvre , Professeur Delaville ,
Joyau de Septembre et Trésorier Levacher, fruits
peu méritants.
Pommes Djerbi griffe , Belle d’ Avril, Cerina di
Borna, Napoléon et Reinette d'Adenaw. Les
quatre dernières se ressemblent beaucoup, c’est
probablement une seule variété portant quatre
noms. Les fruits sont bons, mais l’Assemblée dé- i
clare ne pouvoir les maintenir à l’étude, ne con-
naissant pas leurs vrais noms.
Raisin Muscat Reynier , ne réussit pas.
Fruits maintenus à l’étude.
Cerise Noire hâtive de Wardère( qui n’est autre I
que la Guigne hâtive de P ont- Arnaud).
Coing Bourgeaut.
Nectarines Advance et Incomparable.
Noix Glady et Martin.
Pêches : Baronne de Brivazac , Marie Talabot,
et Tardive Béraud.
Pêches américaines : Arkansas, Downing , Go-
vernor Garland, qui d’après M. Luizet ne serait
autre que la Précoce de Halle, Musser, Précoce
du -Canada, Précoce Harper , Rouge de mai ,
Saunders , Waterloo et Wilder.
Poires : Baronne Leroy , Bergamote Liabaud,
Beurré Amandé, Beurré Fouqueray , Beurré de
Jonghe, Beurré de Naghin, Bon Vicaire, Courle-
Queue d'hiver , Délices de Huy, Doyenné Boisse-
lot, Louise Cottineau, Lucie Quinquandon, Ma-
dame Chaudy, Madame Chervet , P résident Bar-
rabé, René Dunan, Souvenir Deschamps, Valflore
de Fontenelle, Vice-Président Decaye.
Poires à poiré : Carisi, de Cirol, de Croix-
Mare, de Navet, Sauher blanc.
Pommes : Ananas, de Cave, Duc de Devons -
hire, Fenouillet long, Gloire de Fauquemont , La
Fameuse , Pearmain de Claygate , Reinette de
Bihorel, Reinette de Brives, Reinette Chénée,
Reinette Desplanques , Reinette dorée de Van
Mons, de Salé, Sans-pareille de Wilford Park,
William Penn.
Pommes à cidre : Amère de Berthecourt, Ar-
gile grise, Bèdan, Bédandes Parts, Blanc Mollet,
Bramtot, Frequin-Audïevre, Fr équin blanc , Fré-
quin-Lacaille , Fréquin rouge, grise Dieppoise ,
Marabot, Martin Fessard, Médaille d'Or , Peau
de vache nouvelle, Railé Varin , Reine des hâ-
tives, Saint-Laurent.
Prunes : Belsiana, Grosse Marange, Monsieur
à fruit vert.
Raisins de table : Boisselot, Chasselas Tokai
angevin. Clairette à gros grains, Commandeur ,
Diana Hamburg, Emily , Excelsior, Golden gem,
Œillande ambrée.
Raisins de cuve : Canada, Noali, Peabody,
Pizarro, Saint-Sauveur.
Fruits admis à l’étude.
Coing Champion.
Poires Alexandre Chaumère, Bergamote de
Jodoigne, Fondante Fougère , Sainte- Anne.
Pomme Pearmain de Lamb, et trois Pommes
présentées par M. Luizet.
Pommes à cidre : Rouge Brière vraie, Bonne-
Amère, Barbarie , Rosine et Pomme à tannin , pré-
sentées par M. Nanot.
Raisins de cuve : La Société décide d’admettre à
l’étude les cépages à vins admis autrefois, et qui
avaient été rayés à la suite de la décision qu’elle
avait prise de ne plus étudier les fruits de pres-
soir. On sait que l’année dernière la Société a
repris l’étude de ces fruits.
Comme tous les ans, le Congrès a décerné
des médailles aux personnes qui ont rendu le
plus de services à la pomologie française,
j M. Daurel, président de la Société d’horticul-
ture de la Gironde, et M. Jouhannon, de Lyon,
ont été proclamés lauréats. On ne peut qu’ap-
plaudir à ces choix de tous points justifiés.
Le Congrès a en outre décidé de décerner
une médaille d’or de 100 francs à l’obtenteur
de la meilleure Poire d’hiver ou de la meil-
leure Pomme, ou d’un très-bon Raisin.
Nous avons le devoir de ne pas terminer ce
compte-rendu sans rendre hommage à la ma-
! gnifique hospitalité que le Congrès a reçue de
la Société d’horticulture de la Gironde. Sans
parler de l’accueil particulièrement aimable
que les membres du Congrès ont reçu partout,
408
POIRE CHAUMONTEL GRAS.
sans parler clu somptueux banquet qui leur a
été offert, des excursions les plus intéressantes
avaient été organisées par le zélé président
de la Société d’horticulture de la Gironde,
M. Daurel, l’une aux vignobles de Quinzac,
l’autre aux grands vignobles du Médoc.
Le Congrès a voté par acclamation des re-
mercîments à la Société d’horticulture de la
Gironde.
La prochaine session se tiendra à Paris
en 1889.
J. Nanot,
Maître de conférences d’arboriculture
à l’Institut national agronomique.
POIRE CHAUMONTEL GRAS
Le pied-mère de la variété dont il est
ici question est, dans la pépinière, un arbre
assez grand, âgé d’environ vingt-huit ans,
dont les branches, grosses, longues, lisses,
d’un gris roussâtre, bien arrondies, for-
ment avec , le tronc un angle assez ouvert ;
elles sont munies de lambourdes plus ou
moins épineuses et de boutons à fruit sur
toute leur longueur. Les rameaux, assez
gros, pleins, coudés à chaque œil, obliques,
sont ascendants, d’un rouge plus ou moins
intense selon qu’ils sont exposés ou non aux
rayons solaires, parsemés de lenticelles or-
biculaires, grises, larges et nombreuses,
surtout à la base du rameau. Boutons à
bois assez gros, coniques-aigus, écartés du
rameau ; écailles brunes lavées ou glauques;
boutons à fruits moyens, coniques-arrondis,
écaillés, marron clair. Mérithalles courts,
assez égaux, souvent accompagnés de fo-
lioles. Feuilles assez grandes, ovales-lan-
céolées, vert foncé, à dents fines et serrées.
Pétiole long et mince. Stipules rares,
linéaires.
Fruit gros ou très-gros, mesurant en
moyenne de 10 à 12 centimètres de hau-
teur sur 8 à 10 centimètres de diamètre, en
forme de Bon-Chrétien, quelquefois aussi
large que haut, ventru, assez régulier,
plus ou moins obtus et bosselé à ses extré-
mités, et terminé à sa partie supérieure en
pointe obtuse. Peau jaune clair, presque
entièrement recouverte de points très-fins
et de marbrures grises, roussâtres, assez
proéminentes ; la partie exposée au soleil
est souvent frappée de rouge carmin ou
rouge brique plus ou moins intense. Pédon-
cule de longueur moyenne, ligneux, im-
planté obliquement dans une cavité sur-
montée d’un mamelon. Œil assez grand,
ouvert, placé dans une cavité assez profonde
relevée de bosses. Chair d’un blanc un peu
jaunâtre, mi-fine, croquante, bien fondante,
juteuse ; eau abondante, richement su-
crée, bien parfumée, relevée d’un arôme
agréable. Loges grandes; pépins gros, ren-
flés, brun noir.
La maturité de ce fruit arrive à la fin de
l’hiver et au printemps.
Culture. — De nature vigoureuse, cette
variété prospère aussi bien sur franc que
sur Cognassier ; ses pyramides sont fortes,
mais peu régulières si on néglige de leur
donner une taille courte ; la vraie forme à
lui appliquer est celle en fuseau, en co-
lonne ou en haute tige. Inutile de dire que
l’espalier au midi lui convient à cause de
ses gros fruits, et qu’il lui faut une terre
substantielle et profonde.
Histoire. — Ce fruit provient en droite
ligne d’un semis de Chaumontel, effec-
tué en 1845, semis qui a produit, en
1859, la variété dont est issue cette Poire.
Ressemée immédiatement, cette variété
n’a rapporté ses premiers fruits que quinze
ans après, vers 1875. Il est à remarquer
que cette Poire, contrairement à beau-
côup d’autres, était d’abord d’une qualité
secondaire, mais qui s’est beaucoup amé-
liorée, au point de devenir un bon fruit
d’hiver et de printemps. Il faut également
constater qu’elle rappelle, dans toutes ses
parties, la variété dont elle est issue,
c’est-à-dire l’ancien Bési Chaumontel, dont
elle a le port, le bois, et même le fruit et
l’époque de maturité, si ce n’est que le- tout
semble s’être amplifié et amélioré ; de là le
nom que nous lui avons donné de Chau-
montel-Gras.
Si c’est là un cas d’atavisme, il ne faut
pas s’en plaindre, puisque cette Poire nous
rappelle une des meilleures variétés an-
ciennes. Il serait donc à désirer que le cas
se renouvelât plus souvent ; mais, pourtant,
il ne faudrait pas trop compter là-dessus,
le semis dont provient ce fruit ayant déjà
produit plusieurs fruits, les uns très-bons,
les autres d’une qualité moyenne. Je cite-
rai les Poires Baronne Leroij, des Pein-
tres, Louise-Bonne de printemps, Bico-
lore d’hiver, etc., et d’autres encore du
même semis répété ayant tous des points
communs avec la variété mère, mais pour-
tant aussi des caractères dissemblables.
I Reviu Horticole >.
Poire Chaumontel gras.
UNE RÉCOLTE D’ORCHIDÉES DANS L’iNDE.
Quelques auteurs ont prétendu, par toutes
sortes de raisons, qu’il ne pouvait y avoir
dans la nature deux individus semblables,
ayant le même faciès, la même ressem-
blance ; il est possible que le fait ne se
présente pas souvent, qu’il ait été mal
observé, ou qu’on n’y ait pas fait assez
d’attention ; cependant il a dû déjà se
produire, si nous en croyons les auteurs
de semis successifs, car c’est le propre de
ces semis de donner naissance à des indi-
469
vidus se reproduisant pour ainsi dire inté-
gralement.
Si l’on ne peut dire encore de la variété
de Poire qui nous occupe qu’elle est la re-
production d’une variété ancienne, on peut
dire qu’elle s’en approche beaucoup. Mais
nous aurons à parler d’autres variétés ob-
tenues de la même façon, sur lesquelles l’œil
le plus exercé aurait de la peine à trouver
une différence quelconque avec la variété
dont elles proviennent. Boisbunel.
UNE RÉCOLTE D’ORCHIDÉES DANS L’INDE
Les péripéties d’un voyage d’explorations
horticoles sont toujours nombreuses et in-
téressantes ; certains récits, trop rarement
publiés, en donnent un avant-goût à ceux
qui, au coin de leur feu, profitent des fa-
tigues des collecteurs, mais sans partager
leurs émotions quelquefois bien vives.
Dans ce dernier ordre d’idées, nous re-
produirons en partie aujourd’hui, d’après
le Gardeners’ Chronicle, le récit fait par
un voyageur anglais d’une aventure qui lui
est survenue dans la région de l’Inde voi-
sine de l’Indo-Chine.
« A une époque où je visitais, dit-il, les
bords de l’Iraouaddy, j’avais principalement
pour but de rechercher dans les Jungles un
certain Dendrobium , dont les exemplaires
fleuris avaient précédemment dépassé en
Europe, le prix de 1,600 fr. J’étais installé
à une grande distance au-delà de la fron-
tière anglaise, dans une région assez fertile
en Orchidées.
ce Mon interprète ayant pu décider le
chef d’un village voisin à se rendre auprès
de moi, je fis comprendre à ce dernier l’objet
de mon voyage, ce qui l’étonna considéra-
blement et l’amena à douter de la sanité de
mon esprit. Il fallut, pour prolonger notre
entretien, que je prisse le parti de lui faire
quelques cadeaux.
« Pour parvenir à me faire indiquer par
lui, si possible, l’endroit où croissait le
fameux Dendrobium , je montrai à l’indi-
gène mon album de dessins, en ayant soin j
de lui faire remarquer d’abord les espèces
locales les plus communes ; il les reconnut
facilement, presque toutes.
« On peut facilement se figurer mon
anxiété au moment où j’allais découvrir la
page où se trouvait figurée la plante si dé-
sirée. Une nouvelle déception m’attendait-
elle encore, désastreuse cette fois ? Plus de
cinquante personnes de sa classe m’avaient
précédemment répondu d’une façon néga-
tive, et il aurait été tout à fait imprudent
de pousser plus loin mes recherches, en
remontant le cours de l’Iraouaddy.
« Le vieillard regarda attentivement
l’aquarelle, hocha la tête, et me demanda
si les couleurs de la fleur étaient exacte-
ment représentées ; l’examen d’une autre
figure de la même espèce me fit reconnaître
que la première n’était pas exacte, et c’est
probablement cette infidélité dans la colo-
ration qui avait empêché que la plante ne
fût précédemment reconnue.
« Mon vieil ami partit, et, le lendemain
matin, il revint avec plus de cent exem-
plaires du Dendrobium pour lequel j’avais
accompli ce long voyage !
« Un grand pas était fait ; mais il me
restait à acquérir ces plantes, chose souvent
assez difficile en semblable circonstance.
L’argent ne pouvait me servir, les indigènes
n’en connaissant pas la valeur. Laissant à
mon collecteur improvisé le soin de faire
lui-même son choix dans des objets fort
variés que je lui offris en échange, j’exhibai
devant lui un lot d’ustensiles de cuivre, dé
vêtements et de divers objets que j’avais
apportés dans cette prévision.
« Après un examen minutieux, son œil
s’arrêta enfin sur une bouteille de bière
vide. Là était la valeur de ses plantes ! Il
examina cette bouteille avec attention, et
me demanda si j’étais disposé à faire
I ^échange dans ces conditions. Ayant re-
marqué son grand désir de conclure l’affaire,
je répondis d’une façon négative : l'objet
avait trop de valeur. Alors, que me fal-
lait-il donc? Tout simplement une autre
centaine d’exemplaires semblables aux pre-
miers. L’Indien réfléchit un moment, ac-
cepta ma proposition, et partit aussitôt à la
recherche des nouvelles plantes.
« Après son départ, des hommes de son
470
PRINCIPALES CONDITIONS FAVORABLES A LA REPRISE DES ARBRES.
village vinrent me trouver. Quand ils surent
quelles herbes je désirais avoir et ce que
j’offrais en échange, ils se mirent tous en
campagne pour collectionner le fameux
Dendrobium.
« L’idée me vint alors de faire l’inven-
taire de ma provision de bouteilles. Il m’en
restait trente-trois, toutes pleines de bière.
Il n’y avait pas à hésiter un moment ; je
les vidai toutes en versant la bière qu’elles
contenaient dans la rivière. Le soir du jour
suivant, il ne me restait plus une seule bou-
teille, et les plantes arrivaient toujours !
(( J’offris alors en échange les autres
objets que j’avais en ma possession, sans
aucun succès, hélas ! les bouteilles seules
étaient acceptées. Il me restait bien sept
bouteilles de wisky, mais j’aurais voulu
pouvoir les garder, cette boisson étant
presque indispensable dans ces régions
malsaines ; je dus cependant me résigner,
et le wisky prit le même chemin que la bière.
« Je fis remarquer aux indigènes que ces
bouteilles de verre blanc étaient bien supé-
rieures aux autres, d’un verre grossier et
coloré. Ils s’en étaient bien aperçus eux-
mêmes, et un audacieux n’hésita pas à
m’offrir 300 plantes pour une bouteille, un
autre porta ce nombre à 350, et la bouteille
ut enfin donnée pour 400 plantes. L’adju-
PRINCIPALES CONDITIONS FAVORi
A l’époque de l’année où commencent les
travaux de plantation des arbres à feuilles
caduques, il peut être utile de rappeler en
quelques mots quelles sont les conditions
favorables qui peuvent assurer la réussite
des plantations, c’est-à-dire la reprise des
arbres.
Je ne veux parler ici que des arbres
fruitiers ou d’ornement, au moment et
dans l’état où ils sont livrés par les pépinié-
ristes, c’est-à-dire pendant le repos de la
végétation et arrachés à racines nues.
Les principales conditions favorables qui,
réunies, peuvent assurer de la reprise de
tous les arbres plantés, sont les suivantes :
1° Il faut que l’arbre déplanté soit sain,
qu’il ait eu une bonne végétation pendant
l’année, que ses jeunes rameaux soient
bien constitués, bien aoûtés ;
2° Il faut que l’arrachage de cet arbre
soit bien fait, c’est-à-dire que cet arbre ait
encore à peu près toutes ses racines et
qu’elles ne soient ni cassées, ni meurtries ;
3° Il faut que, depuis le moment de l’ar-
dication continua dans ces conditions, et
c’est bien certainement la première vente
aux enchères qui ait eu lieu dans ces ré-
gions.
« Enchantés des opérations commerciales
qu’ils venaient de faire, les Indiens m’ai-
dèrent à placer toutes les Orchidées dans
mon bateau, et je levai l’ancre par un ma-
gnifique clair de lune.
« Mon voyage ne fut pas des plus agréa-
bles : j’étais forcément devenu un adepte
de la « ligue de tempérance », ce qui n’était
pas sans danger sur une rivière charriant
des animaux morts et des matières orga-
niques de toutes natures.
« J’arrivai cependant à Rangoon sans
accident et avec une cargaison de grande
valeur. »
Depuis, le voyageur anglais est souvent
retourné sur l’Iraouaddy et il a retrouvé ses
anciens amis. Ces derniers l’ont parfaite-
ment accueilli ; mais il lui a été impossible
de faire de nouveau des échanges avec eux
en leur proposant des bouteilles vides ; ces
dernières sont tombées vis-à-vis d’eux à leur
prix réel, car ils connaissent parfaitement
aujourd’hui la valeur de l’argent. Ils savent
même aussi bien discuter une affaire et
débattre leurs intérêts que les commerçants
d’une nation civilisée. Ed. André.
ÎLES A LA REPRISE DES ARRRES
rachage jusqu’au moment de la plantation,
cet arbre, et particulièrement ses racines,
n’aient pas eu à souffrir des intempéries :
sécheresse, humidité, froid, etc. ;
4° Il faut que la plantation de cet arbre
soit bien faite ;
5° Enfin, que les premiers soins de cul-
ture soient judicieusement donnés.
On peut assurer que tous les arbres
qui présenteront les conditions énumérées
plus haut seront d’une reprise assurée ;
s’ils sont plantés dans un bon sol, con-
venablement préparé, ils donneront une
belle végétation dès la première année de
plantation et deviendront rapidement de
beaux arbres.
Au contraire, ceux qui s’éloigneront le
plus de ces conditions, c’est-à-dire les
arbres malades, mal arrachés ou ayant
souffert depuis leur arrachage, et ceux dont
la plantation sera mal faite, sont ceux dont
la reprise ne se fait pas ou se fait très-mal
et dont, par suite, la végétation est toujours
plus ou moins languissante.
UNE POMPE ÉCONOMIQUE.
471
On ne devra donc planter que des arbres
sains, bien portants, — ce qui ne veut pas
dire très-vigoureux, — mais d’une vigueur
moyenne, selon l’essence ; leurs racines
devront être en parfait état, aussi ramifiées
et aussi longues que possible, et plus elles
seront nombreuses, plus assurée sera la re-
prise et la végétation vigoureuse.
Les jeunes arbres ou arbustes qui pré-
sentent le plus grand nombre de racines et
les mieux ramifiées sont ceux qui ont déjà
subi plusieurs transplantations dans la
pépinière et dans un bon sol léger.
Au moment de la plantation, en faisant
l’habillage des racines, on devra s’assurer
qu’elles sont en parfait état, ni blessées,
ni desséchées, ni pourries, etc. Ensuite,
UNE POMPE
Nous trouvons dans le Journal d’ Agri-
culture pratique le dessin et la description
d’une pompe de construction très-écono-
mique dont l’idée est due à M. de Goligny,
correspondant de l’Institut, et qui pourra,
assurément, rendre des services.
En 1880, au concours régional de Laval,
M. Chemin, ingénieur des ponts et chaus-
sées, en fit établir une en quelques heures
par un simple éclusier et avec un vieux tuyau
de gouttière hors d’usage.
Mais pour donner une idée plus nette de
cet appareil, il est nécessaire d’en reproduire
le dessin (fig. 115). Le corps de pompe est
formé d’un vieux tuyau de gouttière ayant
0m 10 de diamètre régulier sur lm 50 de
longueur, puis il s’évase successivement de
façon à avoir 0m 18 de diamètre à 3 mètres
de sa longueur.
Ce tube est surmonté d’un champignon
évasé destiné à arrêter à son sommet l’as-
cension de l’eau dans le tube creux ; ce der-
nier est suspendu à l’aide d’attaches et par
sa partie supérieure à l’extrémité d’un levier
et supporté lui-même par un point d’appui
et servant à donner un mouvement de bas
en haut à l’ensemble de l’instrument.
Grâce au mouvement vertical d’oscillation
qu’on imprime au tube cylindro-conique,
l’eau partant du niveau inférieur du tube
s’élève au bout de quelques instants et, après
quelques mouvements alternatifs d’ascen-
sion et de descente du corps de pompe, la
colonne d’eau élevée jaillit à la partie supé-
rieure comme si elle était poussée par un
piston.
L’eau ainsi élevée vient frapper avec force
la plantation sera faite avec tous les soins
convenables, c’est-à-dire en ayant la précau-
tion d’étendre convenablement toutes les ra-
cines, de bien les isoler, les séparer par de
la terre bien meuble et plutôt sèche qu’hu-
mide, de ne laisser aucun vide entre elles ;
puis, le tuteurage étant fait s’il en est
besoin, on peut assurer le succès de la plan-
tation, c’est-à-dire bonne reprise et belle
végétation de tous les arbres ainsi plantés.
Je me résume donc, et je dis : pour être
assuré du succès, ne planter que des arbres
sains, bien arrachés, n’ayant pas souffert
jusqu’au moment de la plantation, enfin,
exécuter la plantation avec les précautions
nécessaires et donner les premiers soins
convenables. A. Ch arguer aud.
ÉCONOMIQUE
le champignon supérieur du tube et rejaillit
alors au dehors dans un récipient disposé
pour la recevoir.
Telle est, dans toute sa simplicité, cette
pompe agricole que le premier ouvrier venu
peut établir, qui ne contient aucun organe
délicat, très-facilement réparable et qu’on
472
LA LITTÉRATURE HORTICOLE EN ANGLETERRE.
peut mettre entre les mains de l’ouvrier le
moins expérimenté.
Dans beaucoup de cas, mais sans se prê-
ter à de grandes élévations d’eau, l’emploi
de ce système est tout indiqué, surtout pour
l’élévation des purins. Mais il convient de
faire de nouveaux essais pratiques, afin de
se rendre compte de la valeur de cet instru-
ment et des modifications ou perfectionne-
ments à apporter à sa fabrication, le cas
échéant.
A. Lesne.
LÀ LITTÉRATURE HORTICOLE EN ANGLETERRE
L’auteur du premier ouvrage de jardinage,
en Angleterre, fut Watton de Horley, sous le
règne de Édouard III, c’est-à-dire au XIVe siècle.
Avant la fin du XVIe siècle, plusieurs auteurs
apparurent, qui s’occupèrent de jardinage et
d’agriculture; on peut citer parmi eux Tusser,
Mountain, Mascol et Hill, qui s’appuyèrent,
tantôt sur leur propre expérience, tantôt sur
des traductions des auteurs grecs et latins.
Un des premiers ouvrages de valeur fut The
Gardeners ’ Labyrinthe publié par Didymus
Mountain, en 1571. Ce livre était ouvertement
une compilation de divers autres ouvrages sur
la matière horticole. La seconde partie en fut
publiée en 1577, et les autres éditions sui-
virent.
Durant le XVIIe siècle, la littérature horti-
cole s’accrût rapidement. La plupart des écri-
vains de cette période étaient des praticiens
qui se servaient pour leurs ouvrages de leur
propre expérience. Parmi les principaux d’entre
eux, il convient de citer : Plat, Lawson, Gar-
dener, Standish, Parkinson, Platter, Austin,
Tradescant, Evelyn, Gowley, Blake, Rea,
Worledge, Meager, Temple, etc. Parkinson
publia un livre intitulé : Parqdisus ou Garden
of Pleasant Flowers 1, dans lequel il donne la
liste des plantes qu’il cultivait. Dans sa liste
des plantes à fleurs, il énumère : 137 sortes de
Tulipes, 95 de Narcisses et Asphodèles, 50 Ja-
cinthes, 31 Crocus, 73 Iris, 67 Anémones,
23 Renoncules, 9 Géraniums, 22 Auricules,
21 Tubéreuses et Mufliers, 52 Œillets et Giro-
flées, 20 Œillets roses, 24 Roses et un petit
nombre d’autres fleurs. En 1653, apparaît un
Traité des arbres à fruits , par Ralph Ansten,
qui a la réputation d’être un bon livre et de con-
tenir un grand nombre d’informations intéres-
santes. Un livre, intitulé Adam out of Eden 2,
fut publié par Adam Speed, en 1659. Il est dit,
dans cet ouvrage, qu’il y a des cultivateurs,
dans les environs de Londres qui peuvent tirer
5,000 fr. d’un acre (arpent) de terrain par le
jardinage.
Samuel Hartlib, dans son livre : Legacy of
Husbandry 3, publié en 1655, dit que le jar-
dinage est stationnaire en Angleterre, et que,
pour être terrien, il n’est cependant pas bien
compris.
Il est probable que le meilleur écrivain de
1 Le jardin des jolies fleurs.
2 Adam hors de l’Éden.
. 3 Legs d’agriculture.
ce siècle fut John Ewelyn, un gentilhomme de
haute éducation et expérience. Ses principaux
ouvrages furent : The French Gardener 4, qui
était une traduction de l’ouvrage publié en
France sous ce titre, et Fuhsifugium , où il
était question des inconvénients de l’air vicié
et de la fumée de Londres. Cet ouvrage était
dédié au roi Charles II et publié par ses ordres ;
Sylva ou A Discours about Forest Trees 5,
avec un appendice sur les arbres fruitiers;
Kalendarium Hortense 6, recueil indiquant les
opérations à faire chaque mois; Terra , un
traité sur la culture et la préparation de la
terre pour la végétation et la multiplication des
plantes, et Pomona, ouvrage traitant des Pom-
miers à cidre.
Les écrivains qui, dans le XVIIIe sièôle,
s’occupèrent des choses horticoles, sont très-
nombreux; les plus importants d’entre eux
furent London et Wise, Collin, Switzer,
Fairchild, Miller, Abercrombie, Forsyth, Witt,
Wheeler, Piepton, Whateley et Nicole.
Celui de ces auteurs dont les ouvrages furent
le plus répandus est Abercrombie. C’était un
jardinier praticien accompli; il avait quitté ses
parents vers sa quinzième année, était allé à
Kew, après quoi il avait dirigé les jardins de
plusieurs grands propriétaires et s’était enfin
installé comme pépiniériste à Hackney. Il
écrivit quinze ou seize ouvrages, dont le plus
important est certainement : Every Man his
own Gardener.
Il convient de ne pas oublier le nom de
T. -A. Knight, qui fut un éminent pomologiste
et auteur de nombreux ouvrages. Il publia
environ 107 traités différents, dont la plupart
s’appliquent à la culture fruitière.
Dans la première partie de ce siècle, la litté-
rature horticole fait de grands pas, et des écri-
vains de talent apparaissent, parmi lesquels il
convient de citer en première ligne Joseph
Sabine, secrétaire de la Société d’horticulture,
qui publia un grand nombre d’ouvrages sur
des sujets très-variés.
William Salisbury écrivit un livre intitulé :
Hints to Proprietors of Or char ds 7. Henry
Andrews, en 1802, publia plusieurs ouvrages
utiles comme : Heaths lllustrated 8, avec
4 Le jardinier français.
s Discours sur les arbres forestiers.
6 Calendrier horticole.
7 Conseils aux propriétaires de vergers.
8 Les Bruyères illustrées.
LA LITTÉRATURE HORTICOLE EN ANGLETERRE.
473
des planches coloriées. Walter Nicole publia
également à cette époque une série d’ou-
vrages très-suivis, et, après lui, William Pontey,
forestier du duc de Bedford, fit paraître : The
Rural instructions , or the Gardener's lns-
tructor 1 (1802); The Forest Pruner 2 (1808);
The Profitable Planter 3 (1809) et The Rural
Improver 4 (1823), ouvrages qui eurent tous
une importante circulation.
Sir Joseph Banks, président de la Société
royale, un des savants les plus éminents que
l’Angleterre ait produits, publia, dans la même
période, un certain nombre de traités sur des
sujets horticoles.
Celui de tous les auteurs du commencement
de ce siècle dont les ouvrages eurent la plus
grande importance est certainement Loudon, à
qui l’on doit YEncyclopædia of Gardening1 2 3 4 5.
Il était architecte-paysagiste ( Landscape-garde -
ner ) et était né, en 1782, dans le Lanarkshire.
Après avoir étudié la partie pratique de sa
profession, et avoir aussi fait de l’agriculture,
il fit, vers 1815, un voyage sur le continent,
puis revint en Angleterre, à Bayswater
(Londres), où il s’occupa de direction de tra-
vaux, mais en s’adonnant surtout à la prépa-
ration de ses publications. La première édition
de son Encyclopédie parut en 1822, et la cin-
quième en 1827. C’était un ouvrage énorme de
1,500 pages in-8°, et imprimé en caractères
très-fins. Le style, clair et agréable à lire, était
accompagné de très-nombreux dessins sur bois.
Il publia également une Encyclopædia of
Plants 6 7, une autre traitant de l’agriculture, et
The H,ortus Britannicus 7 ou catalogue de
toutes les plantes cultivées ou introduites en
Angleterre. Mais la plus importante de ses
productions fut Y Arboretum et Fruticetum
britannicum , composé de huit volumes in-8°,
illustrés abondamment. 11 paraît que la publica-
tion de cet ouvrage coûta 500,000 fr. Il écrivit
plusieurs traités importants sur la théorie et
la pratique de l’architecture paysagère et aussi
sur la construction des serres. Il fut, en outre,
l’éditeur du Gardener's Magazine , et du Ma-
gazine of natural History. Sa femme était un
écrivain de talent ; on lui doit un certain
nombre de livres spécialement destinés aux
personnes de son sexe, et parmi lesquels The
Ladies ’ Flower Garden 8 est un très-bel ouvrage
illustré, composé de six volumes in-4°.
Depuis 1820, les Transactions 9 de la Société
d’horticulture de Londres (qui avait été créée
en 1804) furent publiées chaque année, et ré-
1 Les instructions rurales ou l'instituteur des
jardiniers.
2 L'élagueur des forêts.
3 Le planteur prévoyant.
4 Le campagnard progressiste.
5 L'encyclopédie du jardinage.
Encyclopédie des plantes.
7 Le jardin britannique.
8 Le jardin fleuriste des dames.
9 Bulletins.
pandirent un grand nombre d’études de haute
valeur. Les écrivains horticoles de cette pé-
riode sont : Griffin, Haynes, Hooker, Curling,
Hogg, Lyon, Emmerton, Mean et Brookshaw.
Robert Sweet fut également l’auteur de
quelques bons ouvrages : The botanical culti-
vator (1820), The Hortus Britannicus (1826),
The Geraniaceæ (1830), The Cistinæ (1830),
The British Flower Garden , Flora australa-
sica (1828) et The Florists ’ Guide (1832).
Henry Philips, qui écrivit entre 1820 et
1833, publia également de nombreux ouvrages.
The Floricultural Cabinet , publication pério-
dique mensuelle, fut commencée par Harrisson
en 1833?et continua pendant vingt-sept années.
Loddiges, pépiniériste à Hackney, créa le
Botanical Cabinet en 1817 et le poursuivit
jusqu’en 1833. Ce recueil contient les figures
coloriées de 2,000 plantes. Le Botanical Re-
gister , journal périodique du même ordre,
commença en 1815 et cessa de paraître en
1847, à son trente-troisième volume. Les der-
niers volumes de ce recueil furent dirigés par
le docteur Lindley. Le Horticultural Register ,
édité par Paxton et Harrison, parut en 1832 et
forma seulement six volumes. Le Floricultural
Cabinet , de Robert Marnock, commencé en
1836, a atteint le même nombre de volumes. Le
Magazine of Botany , édité par Paxton, com-
mença à paraître en 1834 et forma quinze vo-
lumes. A peu près à la même époque, Georges
Glenny créa la Gardener’s Gazette et le Hor-
ticultural Journal. Il écrivit également un
grand nombre d’ouvrages horticoles.
Le Pomological Magazine fut créé en 1827.
On le vend actuellement en ouvrage complet
de 3 volumes, et il contient un grand nombre
de figures coloriées des meilleurs fruits.
Le Florist and Pomologist commença en
1848, sous la direction d’Édouard Beck, et il
cessa de paraître en 1882. Il fut, pendant de
longues années, un ouvrage très-recherché et
très-utile, à cause des figures coloriées qu’il
contenait et qui représentaient les meilleurs
fruits et fleurs. En 1829, M. G.-W. Johnson
publia un ouvrage de grande valeur : The
History of Gardening 10, contenant des in-
formations très-nombreuses. The Practical
Gardener , de Mac Intosh (1828) et The Book
of the Garden , du même auteur, sont égale-
ment des œuvres importantes. Le Gardener’ s
Dictionary , de Paxton, publié en 1840, et sur-
tout l’édition revue de cet ouvrage, avec sup-
plément, sont des ouvrages encore très-em-
ployés. Le Cottage Gardener' s Dictionary , de
M. George- W. Johnson, publié en premier lieu
en 1850, revu et réédité depuis avec un supplé-
ment comprenant toutes les plantes nouvelles
et variétés jusqu’à la fin de 1880, supplément
dû à M. E. Brown, est un ouvrage qui com-
prend tout ce que l’on peut désirer savoir en
semblable matière. Le Gardener’s Assistant ,
10 L’histoire du jardinage.
474
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
de Thompson, ouvrage du même genre, publié
pour la première fois en 1850, a été, ces der-
nières années, revu et considérablement aug-
menté par M. Thom. Moore, du Jardin bota-
nique de Ghelsea. Plusieurs autres ouvrages
publiés vers la même époque sont : The culture
of the Apple and Pear i, par T. -A. Knight ;
The miniature fruit Garden , par Thom. Ri-
vers ; The Gardeners ’ Calendar 2, par
T. Marve; A Treatise on the Vine 3, par J. Me-
redith, et le Hand-Book on Gardening and
Golden Rules for Gardeners 4.
Parmi les ouvrages dont les auteurs sont
encore vivants, il convient de citer le Fruit
Manual , du docteur Robert Hogg, qui est cer-
tainement le meilleur traité sur les fruits écrit
dans la langue anglaise. M. Shirley Hibberd a
été un écrivain fécond et varié, à qui on doit
un grand nombre de traités très-appréciés :
Amateures Flower Garden , Amateur* s Green-
house and Conservatory 5, Amateures Kitchen
Garden 6, Amateur’s Rose Garden, The
Fern Garden 7 8, Profitable Gardening s, The
Town Garden 9 et Water for Nothing 10.
Le Rév. Dean Hole a produit deux ouvrages
extrêmement intéressants et pratiques, inti-
tulés : A Book about Roses 11 et The Six of
Spades, livres dont la lecture est très-amusante.
M. William Robinson est l’auteur d’un
grand nombre d’ouvrages de haut intérêt parmi
lesquels: Alpine Flowers for English Gar-
den, Mushroom Culture 12, The Wild Gar-
den13, etc.
Un livre qui se rapporte au jardinage pour
la vente sur les marchés, The London Market
Garden, est rempli d’informations très-utiles.
Le traité intitulé Florists ’ Flowersu, de
M. J. Douglas, est le plus pratique des ou-
vrages traitant de cette matière, l’auteur étant
bien connu pour un des plus habiles cultiva-
teurs qui existent.
MM. Sutton et fils sont les auteurs de deux
publications très-utiles : The Culture of Vege-
tables and Flowers from Seed and Roots 15 et
The Art ofPreparing Vegetables for Tables l6.
M. B. -S. Williams est l’auteur de quelques
ouvrages très-répandus : The Orchid Grower’s
Manual 17 (la dernière édition contient la des-
cription de 1,470 espèces ou variétés); Choice
of stove and Greenhouse Flowering Plants 1S,
Select Ferns and Lycopods British and
exotic 19, Choice stove and Greenhouse orna-
mental leaved Plants 20, et le bel ouvrage inti-
tulé : The Orchid Grower Album.
MM. Sander, de Saint-Albans, et Veitch, de
Ghelsea, publient également de remarquables
études sur les Orchidées.
M. Lewis Gastle, du Journal of Horticul-
ture, est l’auteur de plusieurs petits traités
très-recherchés, dont les principaux sont :
Orcliids , their structure , history and culture,
Cactaceous Plants, The Chrysanthemum An-
nual, Mushroom culture, etc. Il convient de
citer encore : Rose Growing for Beginners 21 ,
de M. Duncan Gilmour Junior.
En ce qui concerne les publications pério-
diques en cours d’existence, nous devons dire
qu’elles sont plus nombreuses que jamais, et
non en voie de décadence. Leur succès prouve,
une fois de plus, le grand intérêt que pré-
sente tout ce qui se rattache à l’horticulture,
et le développement continuel, dans le public,
du goût pour tout ce qui se rapporte aux vé-
gétaux.
On voit que la littérature horticole en An-
gleterre forme un contingent très important.
Les notes qui précèdent, extraites d’une série
d’études bibliographiques publiées par le
Gardeners ’ Chronicle, montrent bien l’état
prospère de cette bibliographie culturale, de-
puis le 16e siècle jusqu’à nos jours.
Une semblable revue de nos publications
horticoles françaises présenterait un intérêt
qui ne serait pas moindre. Gh. Thays.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 27 SEPTEMBRE 1888.
Comité de floriculture.
Ont été faits les intéressants apports sui-
vants :
Par M. Louis Jacob, horticulteur, avenue du
I La culture des Pommiers et Poiriers.
- Le calendrier des jardiniers.
3 Traité sur La vigne.
4 Manuel de jardinage, etc.
5 Serre froide et orangerie de Vamateur.
6 Le jardin potager de Vamateur.
7 Le jardin des Fougères.
8 Le jardinage utile.
9 Le jardin de ville.
10 L'eau pour rien.
II Un livre sur les Roses.
12 Culture des Champignons.
Chemin-de-Fer, 82, à Rueil, une collection de
100 fleurs coupées de Zinnia, très-doubles, à
pétales nombreux bien imbriqués, formant
une belle boule bien arrondie, semblables à
un Dahlia de nuances très-variées.
13 Le jardin sauvage.
15 Les fleurs des fleuristes.
15 La culture des légumes et fleurs obtenues de
graines et de racines.
16 L'art de préparer les légumes pour la table.
17 Le manuel des cultivateurs d’ Orchidées.
18 Choix de plantes à fleurs pour serres tem-
pérées et froides.
19 Fougères et Lycopodes, etc.
20 Choix de plantes à feuillage ornemental
pour serres tempérées et froides.
21 La Culture des Roses pour les débutants.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
Ces plantes provenaient de graines récoltées
chez l’exposant depuis plusieurs années, et
n’avaient subi aucun pincement, autrement les
fleurs eussent été encore plus belles. Puis une
collection d’immortelles ( Helichrysum ), mais
de moindre valeur.
Par M. Robert, horticulteur, 2, Grande-Rue
de Paris, à Sarcelles, un beau Bégonia bul-
beux, bien trapu et bien ramifié, portant de 15
à 18 tiges d’où se détachaient une quarantaine
de fleurs doubles bien formées, de grosseur
moyenne, rouge-minium très-vif. La plante,
robuste, très-florifère, provenait d’un semis de
Gloire de Nancy fait en 1885; elle est nommée
Triomphe de Sarcelles.
Par M. Laurent Carie, horticulteur, route
d’Heyrieux, 128, à Montplaisir (Lyon), une
très-jolie collection de fleurs coupées d’Œillets
remontants, comprenant plus de 80 variétés
de nuances très-variées et très-vives, et d’une
race excessivement robuste et naine, abondam-
ment ramifiée. Les suivants se distinguaient
particulièrement :
Roi des violets , variété hors ligne, rouge
Solférino éblouissant. — Adrien Benoit , rouge
brun foncé, très - odorant. — François La
Bruyère , vermillon feu. — R. de Bianzat ,
rose carminé très-vif. ■— Le Florifère , rose
vif éblouissant, de toute beauté. — Sénateur
Millaud , très joli, jaune saumoné strié de rose.
— Jeanne d’Arc , blanc marqué de raies rouge
foncé très-rapprochées. — Drapier , rouge car-
miné foncé, à odeur très-fine. — Marius
Chambon , saumon foncé strié de rouge. —
Ant. Mélinant , carné, admirable. — Albertine
Carie , rose carné satiné très-joli. — Félicie
Rabilloud , jaune canari finement strié de
rouge. — De Maky, beau jaune canari pur.
Par M. Crozy aîné, 206, grande-rue de la
Guillotière, à Lyon, une très-remarquable col-
lection de fleurs de Canna; les tiges étaient
robustes et les inflorescences très-compactes et
volumineuses, garnies de nombreuses fleurs
de toute beauté, à pétales énormes offrant
les plus vifs coloris. Les nouveautés sui-
vantes méritent d’être mentionnées spéciale-
ment :
Souvenir d'Asa Gray , plante robuste à brac-
tées violet bleuâtre, feuillage ample, foncé et
fleurs énormes d’un rouge orangé très-vif. —
Madame Crozy , variété hors ligne, à pétales
larges, écarlates, bordés d’un liseré jaune. —
Pfitzer , fleurs allongées, très-grandes, écar-
lates. — Laforcade, tiges robustes violacées,
feuilles teintées de violet et fleurs d’un rouge
sang foncé; variété très-jolie. — Godefroy-Le-
beuf , variété d’élite plus foncée que la précé- i
dente ; sur la hampe et le feuillage noir vio-
lacé, se détachent des fleurs d’un rouge feu,
brillant. — François Corbin , inflorescence
élancée, jaune pointillé, maculé de rouge. —
Isaac Casati , grandes fleurs rouge vermillon
portées sur des pédoncules violacés ; plante
très-ornementale. — H. de Vilmorin , plante
475
élancée, fort jolie ; les fleurs, orange, ont l’ex-
trémité des pétales jaune d’or.
Le même exposant présentait aussi des
Dahlias simples, provenant de semis, fort jolis,
mais de nuances connues ; puis des Celosia
cristata , ou Amarantes Grêtes-de-Coq, dont
les feuilles étaient panachées de blanc jaunâtre
et de rose carminé. Cette panachure, venue ac-
cidentellement, est bien fixée et le semis donne
50 p. 100 de bonnes plantes.
Par MM. Vilmorin et Cie, quai de la Mégis-
serie, à Paris, des fleurs de Canna également
fort belles, très-compactes, de nuances très-
vives, variant du jaune uni, ou piqueté de
rouge, au rouge sang et carminé le plus vif;
puis une magnifique collection de 82 fleurs
coupées de Dahlias à fleurs doubles, très-bom-
bées, à pétales régulièrement tuyautés, bien
imbriqués, de toutes nuances, et une collection
de Dahlias Pompons et simples également fort
jolie.
Par M. René Gratien, horticulteur, 11, ruq
de la Solidarité, à Vincennes, un Pélargo-
nium à fleurs rouge carné très-vif, obtenu en
1886, et nommé Marie Gratien; la plante est
jolie et produit beaucoup d’effet.
Par M. Jolibois, un Cypripedium euryan-
drum , Orchidée très-robuste, mais fleurissant
difficilement, et dont les feuilles épaisses crai-
gnent beaucoup les bassinages l’hiver. La
plante provient d’un croisement du C. barba-
tum et du C. Stonei ; les fleurs sont grandes,
blanc-verdâtre strié de violet; le sabot, brun
pourpre, et les deux pétales latéraux étalés
obliquement et pointillés de brun rouge.
Comité de culture potagère.
M. Hédiard, marchand de fruits exotiques, à
Paris, avait apporté des Piments doux, rouges,
très-grands, allongés ; des Patates blondes, ré-
coltées en Algérie, et des fruits de Gombo
(Hibiscus esculentus ), cultivés en Provence,
légume très-mucilagineux, excellent pour les
soupes et les potages.
Comité d’arboriculture fruitière.
Divers beaux fruits de toute beauté avaient
été envoyés :
Par M. Hippolyte Gautier, 11 bis, rue Bos-
suet, à Meaux, des Poires Beurré Hardy ma-
gnifiques, succulentes, récoltées sur des arbres
en quenouilles ; des Louise-Bonne de plein
vent, des Beurré superfin , très-volumineux et
bien colorés, cueillis sur un espalier; des
Pommes Grand Alexandre , et une variété très-
grosse , rougeâtre, voisine des Rambourg ,
nommée Cadeau du Général , et cultivée en
plein vent. \
Par M. Prudhomme, propriétaire, rue de
Vincennes, à Montreuil, des Poires Fondante
des bois , Beurré Lebrun, fruits très-gros, al-
longés, verdâtres; Beurré Sterckmans, fruit
très-joli, vert pâle, arec un côté rouge car-
miné strié horizontalement, et des Louise-Bonne
476
ACROCLINIUM ROSEUM, BÔUQUET TOUT FAIT.
cTAvranches , tous fruits remarquables par leur
volume et la beauté de leur coloris.
Par M. Laplace, jardinier chez M. Glaudon,
à Châtillon, un choix de beaux et excellents
fruits, composé de : Beurré Hardy , B. Bache-
lier, Doyenné du Comice , Conseiller à la
Cour et Beurré Clairgeau.
Par M. Bertaut de Rosny, une corbeille de
Pêches Blondeau et Belle Beausse , excessive-
ment belles et fortement colorées.
Par M. Beurdeley, 68, rue des Plantes, à
Paris, de belles Poires Belle de Bruxelles et
Fondante des bois, récoltées en plein vent.
Comité d’arboriculture d’ornement.
M. Dybowski, répétiteur à l’École nationale
de Grignon (Seine-et-Oise), présentait une in-
florescence de Musa Ensete , énorme, parfaite-
ment développée sur une plante de trois ans
placée en plein air dans sa propriété de No-
gent-sur-Marne.
Pour terminer la séance, M. Delaville, atta-
ché au Service horticole de la Ville de Paris, a
exposé les conclusions d’études faites par lui et
concernant la défeuillaison des Marronniers
dans les plantations urbaines.
Ces arbres, étant très-rustiques, et excessi-
vement bien soignés, plantés en bonne terre,
arrosés ou rafraîchis suivant leur besoin, doi-
vent souffrir de l’abondance d’eau jetée sur la
voie publique pendant les fortes chaleurs, et
d’où se dégagent, sous l’influence des rayons
ardents du soleil, des vapeurs ammoniacales
qui attaquent la base, puis insensiblement le
haut de l’arbre; les feuilles blanchissent, puis
se dessèchent et tombent, attaquées par une
espèce de grise qui brûle les feuilles.
Cette maladie apparaît sur les lignes d’ar-
bres plantés le long des allées macadamisées,
près des stations d’omnibus et des voies fer-
rées, où se dégagent ces matières ammonia-
cales, alors que, partout ailleurs, les arbres
sont d’un beau vert et en pleine santé.
M. Boizard n’est pas de cet avis ; il pense
que les feuilles sont attaquées par un Acarus,
et cite à ce sujet une allée, à Dreux, où l’on
n’arrose jamais et où les arbres sont dans le
même cas.
M. Duchartre dit que les feuilles malades
ont été examinées et ne portent aucune trace
de Champignon ou de piqûres d’insectes, et
il engage beaucoup les deux orateurs à pour-
suivre leurs recherches. Em. Bruno.
ACROCLINIUM ROSEUM, ROUQUET TOUT FAIT
Nous n’avons pas à faire l’éloge de YAcro-
clinium roseum ; cette plante, quoique
encore relativement nouvelle, étant connue
à peu près de tous les amateurs d’horti-
culture. Elle 'appartient à la famille des
Composées, et vient se placer à côté des
Immortelles, des Rhodantes, etc., aux-
quelles la nature papyracée de ses fleurs
la rattache étroitement. Ses fleurs, d’une
grande élégance, très nombreuses et d’une
durée presque indéfinie, en font une plante
de premier mérite ornemental, qui devrait
se trouver dans tous les jardins.
La végétation des plantes, la nature, la
forme, et l’aspect général des fleurs, étant les
mêmes pour la variété Bouquet tout fait
que pour le type, nous allons, sommaire-
ment, rappeler les caractères de celui-ci :
Plante annuelle, très-rameuse de la
base, à ramifications très-nombreuses ascen-
dantes, atteignant 35 à 40 centimètres de
hauteur. Feuilles sessiles, linéaires, lan-
céolées, glauques. Fleurs en capitules ter-
minaux solitaires, d’abord penchés, puis
redressés, rappelant assez ceux du Rho-
dante Manglesii , de 2 centimètres et plus
de diamètre. Involucre formé d’une grande
quantité d’écailles imbriquées, scarieuses,
d’abord d’un très beau rose satiné à l’inté- \
rieur, qui se modifie en vieillissant, de sorte I
! que les nuances varient constamment suivant
l’état de développement des fleurs, d’où
résulte un ensemble des plus harmonieux.
Originaire du Texas, d’où il a été intro-
duit il y a une vingtaine d’années, YAcro-
clinium roseum , Pook, est encore peu ré-
pandu, ce qui est regrettable, car c’est cer-
tainement une des plus jolies plantes d’or-
nement, très-propre à la garniture des
plates-bandes ou des parterres. On peut
aussi en former de magnifiques bordures.
Coupées avant l’épanouissement complet
des fleurs qu’elles portent, les tiges fleuries
placées à l’ombre et renversées se sèchent
tout en conservant leur coloris, et peuvent
alors servir à la confection des bouquets secs
d’hiver, en les alliant à des Graminées et à
des inflorescences de Statice qui, vu leur
nature sèche et papyracée, peuvent conser-
ver leur beauté pendant plusieurs années.
La variété Bouquet tout fait est re-
marquable par sa vigueur et surtout par ses
ramifications. Au lieu d’être simples et ter-
minées par un seul capitule comme celles du
type, les tiges florales de la nouvelle variété
présentent un grand nombre de ramifica-
tions qui, partant des divers points de la tige,
sont dressées et viennent former des sortes
de corymbes ou d’ombelles qui constituent
des inflorescences très-larges ou sortes de
ARBUSTES A FEUILLAGE COLORÉ.
477
bouquets tout faits , d’où le nom qui lui a
été donné.
Cette variété, d’apparition très-récente,
est — nous en avons la conviction — ap-
pelée à un brillant avenir. Nous avons vu
des inflorescences qui portaient jusqu’à 15
et 20 ramifications. Comme la nature et la
propriété des fleurs sont semblables à celles
du type, cette nouveauté est donc appelée
à être employée aux mêmes usages, et
même avec avantage, puisque chaque tige
florale porte un nombre de fleurs beaucoup
plus considérable.
Culture et multiplication. — Les Acro-
clinium demandent une terre légère, con-
sistante, et surtout très-saine, assez pro-
fonde et un peu humeuse, mais une expo-
sition chaude et surtout très-aérée, et bien
ensoleillée. On les multiplie par graines
que l’on sème en septembre ; on repique
les plantes dans des pots qu’on place pen-
dant l’hiver sous des châssis à froid, d’où
on les sort en février et mars pour les plan-
ter en place. On peut aussi semer au prin-
temps à partir de février-mars, soit sur
couche et sous châssis, pour les repiquer
ensuite là où l’on veut les voir fleurir. Mais
le mieux, pour obtenir de belles et fortes
plantes, dont la floraison plus belle dure
aussi plus longtemps, est de semer à l’au-
tomne et d’hiverner les plants sous châssis.
E.-A. Carrière.
ARBUSTES A FEUILLAGE COLORÉ
Les arbustes à feuillage coloré ont de
nombreux partisans, mais aussi quelques
adversaires. Beaucoup aiment leurs teintes
variées, qui impriment un cachet bizarre à
la végétation, et jettent dans les paysages
printaniers une note automnale; d’autres,
au contraire, ne peuvent supporter leurs
coloris étranges, qui semblent dus à la su-
percherie de quelque peintre malicieux.
Sans prendre parti ni pour les uns ni
pour les autres, nous reconnaissons que les
derniers ont raison quand ils ont affaire à
des sujets mal développés, où une chlorose
trop prononcée déforme quelques organes ;
mais nous sommes, comme les premiers, des
admirateurs fervents de ces plantes quand
la décoloration, sans'porter atteinte à la vé-
gétation, n’est qu’une agréable diversité à
la monotonie des teintes vertes.
Dans une récente visite que nous avons
faite aux pépinières de M. Baron-Veillard,
à Orléans, nous avons pu admirer un
grand nombre d’arbres ou arbustes pana-
chés, vigoureux et fort remarquables. Parmi
les formes rares, récemment obtenues ou sim-
plement recommandables, que nous avons
vues, nous citerons :
Cornus siberica variegata elegantis-
sima, obtenu par M. Loymans, pépinié-
riste hollandais. Bameaux effilés, feuilles
bien développées abondamment marginées
de blanc.
Cornus siberica foliis aureis , obtenu par
M. Spath. Plante aussi vigoureuse que la
précédente, feuilles marginées de jaune pâle.
Acer Negundo foliis variegatis aureis ,
feuilles vert foncé au milieu, maculées de
jaune vert.
Ptelea trifoliata aurea, feuilles d’un
jaune doré uniforme.
Nous avons remarqué de belles formes de
Ligustrum ovalifolium robustumaureum.
Les Acer Scliweidlerii et Reichenbachii
sont remarquables par leur coloration rouge,
l’un au printemps, l’autre à l’automne.
Plusieurs autres Érables ont attiré notre
attention par l’élégance et la variété de leurs
panachures. Ce sont :
Acer Prinz Handjeri, sorti des pépi-
nières deM. Spath. Feuilles presque trans-
parentes à la lumière, vert blanchâtre en
dessus, pourpre léger en dessous.
Acer Nizetti , vendu par MM. Jacob-
Makoy, de Liège, de tous le plus étrange,
avec ses feuilles irrégulièrement maculées
de vert, de jaune et de pourpre.
Acer colchicum tricolor, feuilles tache-
tées de blanc et de pourpre sur fond vert
foncé.
Acer pseudo-platanus atropurpureum,
qui porte bien son nom et tranche par sa
couleur plus foncée sur l’ancien Sycomore
pourpre.
Une des meilleures curiosités est un Pla-
tane d’Orient , à feuilles abondamment
maculées de blanc. Le pied-mère, d’où sont
sortis les rejetons, qui commencent à se ré-
pandre dans les pépinières, croit, paraît-il,
aux environs de Constantinople.
Tous les arbustes que nous venons de
citer sont d’une belle venue et ne paraissent
nullement indisposés de l’affection qui dé-
colore leur feuillage. Les amateurs de ces
arbres et arbustes panachés trouveront dans
leur emploi l’occasion de satisfaire leurs
goûts les plus variés. P. Cornuault.
478
MÉNYANTHE TRIFOLIÉ.
MÉNYANTHE TRIFOLIÉ
Cette espèce, qui est indigène et que l’on
rencontre fréquemment dans les marais, les
fossés et même dans certains lieux bas et
humides où l’eau séjourne, est souvent dé-
signée sous le nom vulgaire de Trèfle T eau,
qu’elle doit à ses feuilles à trois pétioles.
C’est une plante qui peut servir à la décora-
tion des eaux et qui, outre son mérite orne-
mental, possède des propriétés économiques
et même médicales relativement nom-
breuses.
Au point de vue médical, le Ményanthe
était placé parmi les amers ; il peut,
paraît-il, aller de pair avec beaucoup
d’autres qui sont encore très-recommandés.
Nous nous rappelons, du reste, l’époque, peu
éloignée encore, où le Ményanthe figurait
en première ligne par petits botillons parmi
les attributs des herboristeries. En outre
le Ményanthe était considéré comme ver-
mifuge, antiscorbutique, etc., propriétés
qui, par leur importance, suffiraient déjà
pour faire admettre cette espèce dans les
cultures. Mais ce n’est pas tout, pourtant, et
sans sortir du domaine de l’économie domes-
tique, nous en avons une autre à signaler :
celle de pouvoir entrer dans la fabrication
de la bière comme succédané du Houblon,
ce qui, toutefois, n’a pas lieu d’étonner, étant
donnée l’amertume si grande que possèdent
presque toutes les parties de la plante.
Après avoir examiné le Ményanthe tri-
folié aux divers points de vue qui en font
une plante économique, il nous reste à l’en-
visager comme plante d’ornement. Sous ce
rapport la chose est facile, car la plante est
assez commune pour qu’on ait pu la juger à
sa véritable valeur. Néanmoins, et malgré
qu’elle soit bien connue, nous croyons
devoir en rappeler les principaux caractères :
Plante vivace, aquatique ou plutôt am-
phibie. Tige épaisse, articulée, charnue, di-
variquée, couchée, flottante, radicante,
émettant çà et là des racines. Feuilles
alternes, à trois folioles obovales, atténuées
à la base, qui est réduite à un pétiole lon-
guement engainant. Hampe florale simple,
axillaire, terminée par une grappe de fleurs
accompagnée de bractées. Galyce à cinq di-
visions réunies à la base et formant une
sorte de tube. Corolle ouverte, en enton-
noir, charnue, à cinq divisions frangées.
A partir de mai-juin, fleurs carnées ou
plus ou moins rosées, à cinq divisions lan-
céolées-aiguës, étalées. Capsules sphé-
riques.
Le Ményanthe est monotype, peu sujet aux
variations, même légères. Ainsi, bien
qu’on le rencontre communément et parfois
même en assez grande quantité dans beau-
coup de localités de la France, parfois
dans des milieux très-différents, c’est tou-
jours avec ses caractères typiques. En
serait-il de même si la plante était sou-
mise à la culture et placée dans des condi-
tions spéciales ? La chose est à voir. L’expé-
rience mérite d’autant plus d’être tentée
qu’il y a là une plante qui, tout naturelle-
ment, possède déjà de grandes propriétés
ornementales.
Bien que, par sa nature, le Menyanthes
trifoliata soit surtout aquatique, sa végéta-
tion, son aspect général, ainsi que ses di-
mensions, paraissent devoir se prêter à des
ornementations très-diverses, ainsi que le
fait, par exemple, Y Aponogeton distachyus.
Suivant le besoin, on peut en faire une plante
de pleine terre que, très-probablement même,
l’on pourrait cultiver en pots et alors la cul-
tiver, en raison des besoins, de manière à
l’approprier à l’usage auquel on les destine.
On multiplie le Ményanthe avec la plus
grande facilité par la division des pieds ;
les éclats, même à peine enracinés, re-
poussent parfaitement et promptement.
Bien que cette division puisse être faite
pendant tout le temps que la plante est au
repos, le mieux est de la pratiquer au
printemps, lorsque la végétation se met de
nouveau en mouvement.
Le Menyanthes trifoliata craint les sols
calcaires, surtout s’ils sont secs ; ce qui
lui faut, c’est une terre forte, c’est-à-dire
argileuse. Mais, quel que soit le sol, il faut
l’entretenir toujours humide, vaseux même.
Lorsque les plantes sont cultivées en pots,
ceux-ci doivent être enterrés, de manière
que les racines qui existent au collet des
plantes soient toujours à l’abri de l’air.
Comme plante aquatique, il faut qu’elle
soit rapprochée de la surface de l’eau ; une
épaisseur de 15 à 30 centimètres suffit. La
plante n’est pas très-coureuse, et lorsqu’elle
s’éloigne des bords, cette sorte de fugue est
due à des tiges radicantes qui partent de
la souche et qui, plus tard, par leurs rami-
fications, font une sorte de tapis toujours
très-irrégulier. E.-A. Carrière,
PLANTES NOUVELLES, DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. 479
REVUE DES PLANTES NOUVELLES
DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES
Helicophyllum Alberti , Regel. Aroïdées.
(Bot. Mag ., tab. 6969.) Bokhara. — Cette
plante fut décrite pour la première fois en 1884
par le docteur Regel. Feuilles longuement pé-
tiolées, limbe hasté à la base, à deux lobes
latéraux horizontaux entre lesquels se dressent
deux autres lobes longuement linéaires munis
vers le milieu d’un appendice en forme de
corne. Spathe grande, vert pâle en dehors,
pourpre noir en dedans ; spadice grêle à épis
mâles et femelles longuement distants, appen-
dice d’un bleu noir. Cette curieuse Aroïdée ré-
pand une odeur fétide.
Rubus rosæfolius , Smith. Rosacées. (Bot.
Mag., tab. 6970.) Himalaya, Burmah et Java.
— Cette plante n’a pas reçu moins de onze
noms différents. Elle est depuis longtemps
connue dans les cultures, bien qu’elle y soit en-
core assez rare. Feuilles à 3-7 paires de folioles
ovales-lancéolées-aiguës ou acuminées, vertes
sur les deux faces. Fleurs solitaires ou en
bouquets pauciflores, blanches, très -élégantes.
Oncidium micropogon , Reichenb. Orchi-
dées. (Bot. Mag., 6971). Brésil méridional. —
Cette espèce fut publiée en 1854 par M. Rei-
chenbach sur des spécimens importés à Ham-
bourg. Sa patrie est encore incertaine.
Pseudobulbes serrés courts, ovoïdes, com-
primés, puis sillonnés. Feuilles par deux,
épaisses, linéaires, oblongues, arrondies au
sommet. Grappe allongée, flexueuse, lâche-
ment pluriflore. Fleurs grandes, jaunes, à sé-
pales étroits rayés de bandes brunes transver-
sales ; à onglet des pétales tachés de brun.
Rhododendron rhombicum , Miquel. (Bot.
Mag., tab. 6972.) Japon. — Cette espèce ap-
partient au groupe des Azalées, dont MM. Ben-
tham et Hooker ne font qu’un sous-genre du
genre Rhododendron. C’est un arbuste très-
rameux à feuilles rhomboïdales. Fleurs par
deux à l’extrémité des rameaux à calyce petit
velu et à corolle rose, presque bilabiée, à tube
court ; dix étamines, dont cinq à filets moitié
plus longs que les autres. Style grêle, allongé.
Phormium Hookeri , Gunn. Liliacées. (Bot.
Mag., tab. 6973.) Nouvelle-Zélande. — Plante
à longues feuilles ensiformes lacérées au som-
met; hampe inclinée. Fleurs en panicule à
pédicelle grêle ; calyce à sépales dressés, jaune
d’or, pétales un peu plus longs que le calyce,
dressés, recourbés au sommet, verts. Filets des
étamines rouge sang.
Ceratotheca triloba , Bernhardt. Pédalinées.
(Bot. Mag. tab. 6974.) Natal. — Cette superbe
espèce a fleuri l’année dernière à Kew. Plante
herbacée à tige profondément sillonnée.
Feuilles inférieures longuement pétiolées, lar-
gement ovales-cordées, les supérieures briève-
ment pétiolées, triangulaires, ovales, les flo-
rales sessiles-ovales. Fleurs brièvement pédi-
cellées, penchées ; sépales presque égaux,
caducs ; corolle comme bilabiée, grande, d’un
violet clair rayé de violet foncé à la base.
Thunbergia affmis, S. Moore. (Bot. Mag.,
tab. 6975.) Zanzibar. — Espèce voisine du Th.
erecta, Anders., dont elle n’est peut-être qu’une
variété. Elle diffère de cette dernière espèce
par ses feuilles très-sinuées et plus ovales-
acuminées ; ses rameaux inférieurs plus angu-
leux et les lobes du calyce plus courts. Cette
magnifique plante a fleuri à Kew en sep-
tembre 1886.
Prunus J acquemontii, Hook. Rosacées,
(Bot. Mag., tab. 6976.) Nord-ouest del’Hima-
laya. — Arbuste de 2 à 3 mètres, à feuilles
très-variables et à jolies petites fleurs roses
disposées en grappes feuillées.
Masdevallia Chestertoni, Rchb. Orchidées.
(Bot. Mag., tab. 6977.) Nouvelle-Grenade. —
Ce Masdevallia appartient à la section du
M. Nycterina et bella. Hampes allongées,
grêles, pendantes, uniflores. Fleurs grandes;
sépales très-ouverts, ovales-arrondis, terminés
en pointes très-longues, verdâtres, tachés de
pourpre ; pétales petits cucullés dressés. La-
belle à onglet séparé en deux lamelles par un
sillon profond ; limbe réniforme, concave, à
bords recourbés, entiers, disque rayé de ner-
vures sanguines rayonnantes. Cette espèce, si
curieuse par la forme de son labelle, a été in-
troduite en Angleterre dans ces dernières
années.
Amorphopliallus virosus, N. E. Brown.
Aroïdées. (Bot. Mag., tab. 6978.) — Cette
remarquable espèce se rapproche de Y Arum
Rumphii, Gaudichaud. Spathe grande, d’un
vert teinté de pourpre et semé de larges ma-
cules blanches à l’extérieur, brunâtres intérieu-
rement; inflorescence mâle presque égale à
l’inflorescence femelle ; appendice conique,
épais, pourpre noir.
Cœlogyne Massangeana, Reichb. Orchidées.
(Bot. Mag., tab. 6979.) Assam. — Espèce voi-
sine du Cœlogyne asperata, Lindley, dont elle
diffère surtout par sa grappe glabre et le lobe
intermédiaire de son labelle qui n’est pas oblong.
Cette plante a été décrile pour la première fois
en 1878.
Salvia scapiformis, Hance. Labiées. (Bot.
Mag., tab. 6980.) — Charmante Sauge à
feuilles presque toutes radicales et à épis
grêles couverts de petites fleurs d’un joli bleu
améthyste clair. Elle est originaire de Formose.
Aloe Hildebrandtii, J. -G. Baker. Liliacées.
(Bot. Mag., tab. 6981.) Afrique tropicale
orientale. — Ce nouvel Aloës, qui a fleuri
480 PLANTES NOUVELLES, DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES.
pour la première fois à Kew l’année dernière,
est un des plus beaux que l’on connaisse. Tige
simple, dressée, à entre-nœuds courts tachés
de blanc. Feuilles étalées, lancéolées, longues
de 15 à 25 centimètres, larges de 4 à 5 centi-
mètres à la base, vertes avec de petites taches
blanches. Pédoncules partant de l’axe supé-
rieure des feuilles. Inflorescence en panicule
lâche, longue de 50 centimètres. Périanthe à
tube et à divisions extérieures d’un rouge bril-
lant ; les intérieures d’un rouge lavé de jaune
et rayées de vert sur la carène.
Oncidium Jonesianum , Reichb. Orchidées.
(Bot. Mag ., tab. 6982.) Paraguay. — Espèce
décrite pour la première fois en 1881 dans le
Gardener's Chronicle. Par ses belles et grandes
fleurs vert pâle taché de brun, à labelle blanc
maculé de rouge sang à la base, elle doit être
placée au premier rang parmi les Oncidium.
Vanda Sanderiana, Reichb. (Bot. Mag.,
tab. 6983.) Iles Philippines. — Nous rappelle-
rons la figure de cette superbe espèce que
nous avons donnée dans la Revue horticole
en 1885, p. 372.
Primula geraniifolia , Hook. Primulacées.
(Bot. Mag., tab. 6984.) Himalaya de l’Est. —
Feuilles toutes radicales, longuement pétiolées,
arrondies en cœur, lobées, hampe très-grêle
terminée par une ombelle de fleurs d’un
pourpre pâle ; tube de la corolle renflé puis con-
tracté au-dessous de la gorge ; limbe étalé à
lobes arrondis obcordés. Cette espèce a fleuri à
Kew en 1887.
Mesembrianthemum Brownii, Hooker. Fi-
coidées. (Bot. Mag., tab. 6985.) Afrique méri-
dionale. — Petit arbuste dressé, d’environ 30 à
35 centimètres de haut, presque glabre, feuilles
arrondies, d’un vert glauque ; fleurs solitaires
ou ternées d’un beau pourpre dans leur jeu-
nesse, devenant jaune d’ocre en vieillissant.
Heloniopsis japonica, Maxim. Liliacées.
(Bot. Mag., tab. 6986.) — Cette plante, abon-
dante dans les montagnes du Japon et de la
Corée, a été introduite depuis quelques années
en Angleterre. Elle a été primitivement rap-
portée au genre Scill'a dont elle diffère par sa
racine non bulbeuse, ses feuilles persistantes
rigides, ses graines caudées à chaque extré-
mité. C’est une charmante petite plante à
feuilles toutes radicales et à hampe terminée
par 2-10 fleurs rougeâtres ressemblant à des
fleurs de Scille.
Onosma pyramidatis, Hooker. Rorraginées.
(Bot. Mag., tab. 6989.) Himalaya de l’ouest. —
Plante hispide dans toutes ses parties ; feuilles
radicales très-nombreuses, en rosette, linéaires,
lancéolées, acuminées ; les caulinaires sessiles,
lancéolées, acuminées. Fleurs en panicule
pyramidale, d’un rouge écarlate brillant, pas-
sant au pourpre mauve quand la corolle se
flétrit. Cette nouvelle espèce a fleuri à Kew en
octobre 1886 ; elle n’est pas rustique et ne
donne pas de graines.
Nymphæa kewensis , Hort. Nymphéacées.
(Bot. Mag., tab. 6988.) — La planche du Bota-
nical Magazine représente un hybride superbe
obtenu à Kew parle croisement du Nymphæa
lotus, var. alba (femelle), et du Nymphæa
devoniensis (mâle). Les fleurs de la variété
issue de ce croisement sont de la plus grande
beauté. Les pétales sont d’un rose foncé. La
corolle atteint jusqu’à 22 centimètres de dia-
mètre. Cette admirable plante a fleuri l’année
dernière de mai à novembre ; et l’après-midi,
alors que tous les Nénuphars sont fermés, elle
ouvre encore ses fleurs pendant plusieurs
heures.
Brodiæa Howellii, S. Wats. Liliacées.
(Bot. Mag., tab. 6989.) — Cette Liliacée bul-
beuse fut découverte, en 1879, par M. Hoowel,
sur le territoire de Washington (États-Unis).
Elle a été depuis introduite en Angleterre.
C’est une plante à hampe de 30 à 60 centimètres
partant du milieu de deux feuilles radicales.
Fleurs en ombelle, blanchâtres ou lilas pâle.
Masdevallia gibberosa, Reichb. Orchidées.
(Bot. Mag., tab. 6990.) Nouvelle-Grenade. —
Cette espèce se fait remarquer par son étran-
geté au milieu des Masdevallia qui renferment
tant de formes extraordinaires. Ses tiges ver-
ruqueuses ont l’air d’être l’œuvre de crustacés
plutôt que le développement normal d’un vé-
gétal; ses fleurs sont tellement bizarres dans la
forme, la position et la direction, qu’elles
défient toute description. Elle fleurit presque
toute l’année.
Cantleya lutea, Royle. Scitaminées. (Bot.
Mag., Himalaya.) — Cette plante est curieuse
parce que c’est sur ses caractères que fut fondé
un genre contesté, le genre Cantleya , rapporté
par certains auteurs au genre Roscœa. C’est
une Scitaminée à feuilles lancéolées et à fleurs
jaunes, sans grand intérêt horticole.
Abies Nordmanniana , Spach. Conifères.
(Bot. Mag., tab. 6992.) — La planche du
Botanical Magazine représente deux cônes de
cette espèce de l’Asie-Mineure, bien connue
dans les cultures.
Oncidium Polletianum , Rchb. f. — (Gard.
Chron., 1886, v. 2, p. 326.) — Cette plante est-
elle le résultat d’un croisement entre l’O. da-
sytyle et l’O. Gardneri, entre lesquels ses
caractères la placent, c’est ce qu’il n’est pas
encore possible de dire. C’est une Orchidée
très-rare et très-jolie, à sépales latéraux con-
nés bidentés, le supérieur oblong aigu, jaunes
rayés de bandes marrons. Pétales oblongs-
obtus, marron, avec une étroite bordure jaune ;
labelle à auricules petites, obtuses à la base, se
continuant par un isthme étroit et terminé par
un limbe à quatre petits lobes. Colonne courte
à ailes arrondies. Ed. André.
L’Administrateur-Gérant : L. Bourguignon.
Imp. Georges Jacob, — Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE.
481
CHRONIQUE HORTICOLE
Concours de machines à décortiquer la Ramie. — Cours d'arboriculture ornementale. — La récolte des
vins. — La production fruitière en Angleterre. — Pseudophœnix Sargenti. — Appareil désinfecteur
pour les arbres à haute tige. — Végétaux envoyés de Cuba à l’exposition de Madrid. — Les Algues
parasites des « Paresseux ». — Frênes et frelons. — Culture de la Patate douce. — Culture des
fruits en sacs. — Plantations fruitières sur les routes nationales de l’Oise. — Empoisonnement de
bestiaux par les Renoncules sauvages. — Exposition internationale de géographie botanique et horti-
cole à Anvers, en 1890. — Expositions annoncées. — Memento des expositions. — Cours municipal
d’agriculture et d’horticulture de Narbonne.
Concours de machines à décortiquer
la Ramie. — Ce concours, que nous avons
annoncé en temps utile, vient d’avoir lieu.
Plusieurs machines ont fonctionné en pré-
sence du jury : mais les résultats n’ont pas
été assez concluants pour que les prix pus-
sent être attribués. Des encouragements,
sous forme de sommes d’argent, ont seule-
ment été remis aux concurrents.
Ceux-ci ont déclaré que l’insuffisance des
échantillons de Ramie mis à leur disposi-
tion, était la cause principale du fonc-
tionnement peu satisfaisant de leurs appa-
reils.
Il y a lieu d’espérer que l’Exposition uni-
verselle mettra en lumière des machines
pratiques pour la décortication de la Ramie,
qui pourra alors devenir l’objet d’une pro-
duction importante dans nos colonies, au
Tonkin notamment.
On sait que la Ramie [Urtica tenacis-
sima) est cultivée en Chine dans des pro-
portions importantes. Les Chinois enlèvent
à la main les matières fibreuses, et la
matière textile qui reste est expédiée en
Angleterre, sous le nom de China grass,
pour être travaillée dans les filatures.
Mais ce procédé de décortication est
beaucoup trop coûteux, et c’est ce qui a,
jusqu’ici, empêché cette culture de prendre
de l’extension dans les pays où la main-
d’œuvre est plus chère qu’en Chine.
Cours d’arboriculture ornementale.
— M. Chargueraud, professeur d’arboricul-
ture de la Ville de Paris, commencera son
cours le vendredi 16 novembre, à 8 heures
du soir, dans l’hôtel de la Société d’hor-
ticulture, rue de Grenelle, 84, et le conti-
nuera les vendredis suivants, à la même
heure.
Le professeur traitera des plantations
d’alignement dans les villes et sur les routes
départementales; et des plantations orne-
mentales dans les parcs, squares et jardins.
1er Novembre 1888.
La récolte des vins. — D’après les ren-
seignements communiqués au conseil des
ministres par M. Viette, ministre de l’agri-
culture, la récolte des vins en France attein-
drait, en 1888, 40 millions d’hectolitres. Ce
serait le chiffre le plus élevé de la période
décennale 1879-1888; la production la plus
faible correspond aux deux années précé-
dentes, durant lesquelles la récolte s’est
abaissée à 25,063,000 hectolitres en 1886 et
à 24,333,000 hectolitres en 1887.
Les départements les plus favorisés sont :
l’Hérault, qui a produit 8 millions d’hecto-
litres ; le Gard, qui en a obtenu 6 millions
et la Gironde, qui a récolté 2 millions et
demi d’hectolitres. — En ce qui concerne
le Gard, la récolte atteint la moyenne cons-
tatée dans ce département avant l’invasion
du phylloxéra.
La qualité des vins est généralement sa-
tisfaisante, surtout étant données les condi-
tions climatériques défavorables de l’année.
Un de nos correspondants, M. Paul Gi-
raud, de Marseille, nous donne, sur la der-
nière récolte, les renseignements suivants :
... Notre région a été très favorisée cette
année et elle en avait grand besoin. A une
bonne récolte de Blés a succédé une excellente
récolte de fruits ainsi que de Raisins, et nous
comptons également sur beaucoup d’huiles.
Des vignobles achetés dans ces dernières
années ont donné, en produits nets , le tiers de
leur coût.
C’est toujours à la Vigne que le Midi doit
demander un produit rémunérateur. Nous
avons encore de la marge, puisque nous avons
encore payé, en 1887, pour 517 millions de
vins, dont 300 millions à l’Espagne.
Si l’estimation faite par le Ministère de l’a-
griculture est exacte, c’est 16 millions d’hecto-
litres d’augmentation sur 1887, et, par consé-
quent, 400 millions de francs qui resteront en
France.
Si la progression continuait, nous verrions
peut-être le jour où nous pourrions fournir du
vin à l’étranger, au lieu d’en importer ; et le
résultat désirable sera peut-être atteint, si les
21
482
CHRONIQUE HORTICOLE.
autres départements suivent l’exemple que leur
ont donné le Gard et l’Hérault.
Souhaitons que les bons pronostics de
notre correspondant se réalisent.
La production fruitière en Angle-
terre. — Nos lecteurs trouveront plus loin,
sur cette question, une très intéressante
étude que vient de publier, dans le Journal
d’ Agriculture pratique, M. Eug. Marie, di-
recteur du commerce extérieur au Minis-
tère du commerce. 11 faut croire que l’agri-
culture n’est, pas, en Angleterre, dans une
situation meilleure que chez nous, si on en
juge par les essais qui sont tentés dans ce
pays pour développer la production frui-
tière. Nous sommes, évidemment, encore
loin d’avoir à redouter à ce point de vue la
concurrence anglaise; il ne faut pas cepen-
dant négliger les avertissements, et c’est
pour cela que nous avons cru devoir repro-
duire l’article de M. Eug. Marie, en raison
de la compétence toute particulière de l’au-
teur.
Pseudophœnix Sargenti. — Ce nou-
veau genre de Palmier, qui a été découvert,
en 1886, par M. Ch. Sargent, dans la
Floride, a été étudié, décrit et nommé
par M. Wendland, l’éminent botaniste de
Hanovre.
Le Pseudophœnix Sargenti *, dont le
port rappelle celui d’un Oreodoxa, est un
Palmier qui atteint une hauteur de 8 à
9 mètres, — son stipe ayant environ 30 cen-
timètres de diamètre.
Ses feuilles, abruptement pennées, ont
de lm 30 à lm 60 de longueur et portent de
nombreux segments lancéolés-acuminés,
longs de 30 à 40 centimètres. Le spadice
ramifié se développe au milieu des feuil-
les ; il mesure (sur l’exemplaire étudié)
90 centimètres de longueur sur 75 de lar-
geur. Le fruit, trilobé et souvent uni ou bi-
lobé par avortement, mesure de 18 à 24 mil-
limètres de diamètre et acquiert une fort
jolie couleur orange écarlate.
A peu de distance de l’endroit où le pro-
fesseur Ch. Sargent a rencontré le premier
Pseudophœnix, qui a reçu son nom, on a
découvert récemment toute une famille de
la même espèce, composée d’environ 200 in-
dividus de toutes forces.
Attendons-nous donc à voir bientôt ce
nouveau Palmier faire son entrée dans les
collections.
1 Voir Revue Horticole, 1887, p. 34.
Appareil désinfecteur pour les arbres
à haute tige. — Dans une étude intéres-
sante que vient de publier M. Ch. Joly,
dans le Bulletin de la Société nationale
d’horticulture de France2, nous avons re-
marqué un appareil très-pratique qui, dans
la Californie, sert à désinfecter les Orangers
et autres arbres de plein vent.
C’est un chariot en fer, dont l’ensemble
rappelle d’assez près la disposition des cha-
riots à transplanter de gros arbres, mais
au milieu duquel est adapté et dressé verti-
calement au sol un mât qui a de 10 à
12 mètres de hauteur. Au moyen de bras
placés en potence, ce mât soutient une toile
formant une gaine arrondie, un peu comme
l’enveloppe d’un ballon, qui, au moyen de
cordages et de poulies, s’élève et redescend
régulièrement en enveloppant l’arbre à côté
duquel le chariot est placé. La gaine se
ferme ensuite par le bas et l’on peut opérer
la fumigation destinée à détruire les insectes
nuisibles aux Orangers.
Cet appareil pourrait servir, chez nous,
non seulement aux Orangers, qui, en Algé-
rie, dans les Alpes maritimes, la Corse et le
Var, sont cultivés en grand, mais aussi
aux autres arbres fruitiers, qui sont quelque-
fois couverts de chenilles, pucerons, etc.,
sans qu’il soit possible de les détruire par
un autre moyen.
Un cheval reste attelé au chariot en
question et l’on peut, dans une journée,
traiter jusqu’à une cinquantaine d’arbres.
Végétaux envoyés de Cuba à l’Expo-
sition de Madrid. — Voici les premiers
symptômes, croyons-nous, d’une invasion
américaine d’un nouveau genre :
A l’Exposition d’horticulture qui a eu
lieu cette année à Madrid, une des princi-
pales récompenses a été attribuée à notre
compatriote, M. Jules Lachaume, direc-
teur du Jardin botanique de Cuba, qui
avait envoyé un lot important de fort belles
plantes, parmi lesquelles les Palmiers do-
minaient.
Malgré une traversée de trois semaines,
ces plantes étaient en fort bon état, puis-
qu’elles ont pu rivaliser victorieusement
contre les végétaux cultivés en Espagne.
Les Algues parasites des « Pares-
seux ». — Tout le monde connaît ces
mammifères Bradypodes que leur lenteur à
se déplacer a fait nommer Paresseux ; mais
2 Voir Revue horticole, 1888, août, p. 463.
CHRONIQUE HORTICOLE.
483
beaucoup de nos lecteurs savent-ils que les
poils de ces animaux servent de terrain de
culture à des algues parfaitement consti-
tuées? Ce fait, qui avait été constaté en
1864 par M. Kuehn, vient d’être étudié plus
à fond par une dame hollandaise, Mme A.
Weber van Bosse, qui a rendu compte de
ses travaux devant la Société hollandaise
des Sciences.
L’une de ces Algues, que Mme W. van
Bosse a nommée Trichophilus Welcheri,
forme des filaments courts, irrégulièrement
articulés, qui se développent en rampant à
la surface du poil. Les autres Algues sont le
Cyanoderma Bradypodis et le C. Cho-
leopodis.
Ces deux dernières espèces ont pu être
cultivées, à des températures diverses, sur
des poils de Paresseux; mais de semblables
essais ont toujours échoué pour les Tricho -
philus.
Frênes et Frelons. — Nous avons vu,
cet automne, des Frênes complètement dé-
cortiqués dans leur partie supérieure par
des frelons, qui, ainsi que les cantharides,
sont très-friands de la sève de cet arbre.
Nous avons même remarqué quelques jeunes
arbres dont la tète est morte à la suite de
cet envahissement, et qui ne pourront se
refaire qu’en plusieurs années.
De plusieurs procédés que nous avons
essayés pour chasser ces frelons, le seul
qui nous ait entièrement réussi est une ap-
plication, à l’aide d’un pinceau, d’essence
de térébenthine sur toutes les branches que
les frelons commençaient à attaquer. Ils ont
immédiatement quitté l’arbre pour n’y plus
revenir.
Culture de la Patate douce. — M. Rou-
land, jardinier chez M. Groué, à Bourré
(Loir-et-Cher), nous rend compte comme
suit de ses heureux essais de culture de la
Patate douce :
Je crois utile de communiquer au public
horticole, dit M. Rouland, cette notice au
sujet de la culture de la Patate douce.
Ayant vu sur la Revue horticole un nouveau
procédé de culture de cette plante, j’ai voulu
l’essayer. Grâce à ce moyen, l’année dernière
nous avons eu une très-belle récolte ; car nous
avons obtenu des tubercules du poids de
2k 750. Gela m’a encouragé à recommencer
cette année.
Afin de bien me rendre compte s’il y avait
véritablement une différence de rendement,
j’ai planté quelques pieds sur une ancienne
couche-culture qui se fait habituellement, mal-
gré la saison, qui, en 1888, n’a pas été favorable.
J’ai constaté une grande différence de produit.
Tandis que des pieds qui étaient plantés sous
châssis avaient les racines d’une longueur dé-
mesurée et à peine renflées, ceux cultivés en
pleine terre, au contraire, avaient les tubercules
très-bien formés et il y en avait davantage.
Voici comme je procède : Je choisis une
planche bien exposée; je la vide, et je roule
le fond avec un rouleau en fonte, de manière
à ce que cela rende le terrain comme un bé-
ton. Plus le fond est dur, meilleurs sont les
résultats. Après cela, je mets dessus à peu
près 25 centimètres de bonne terre mélangée
de terreau de feuilles bien consommé. Après
avoir fait prendre les boutures et les avoir
rempotées dans des godets de 6 centimètres, je
plante d’avril à mai. Les seuls soins consistent
ensuite à couper les branches qui envahissent
les sentiers et arroser aussitôt que le besoin
s’en fait sentir.
J’ai tenu à communiquer cette petite note à
la Revue horticole afin de faire connaître les
excellents résultats de cette culture.
Culture des fruits en sacs. — Depuis
quelques années, les fruits sont sujets à des
maladies nombreuses, qui les détériorent
souvent au point de les rendre invendables.
Pour les Poires, c’est particulièrement la
tavelure qui arrête leur croissance et dimi-
nue considérablement leur valeur. Pour les
Pommes, ce sont de petits points, qui, d’a-
bord à peine visibles, s’entourent bientôt
d’une aréole rouge et ne tardent pas à
endommager sérieusement les fruits. Mais
on ignore jusqu’ici la cause réelle du mal ;
on a tout lieu de croire cependant que les
maladies sont dues à des piqûres d’insectes.
On a recommandé, contre ces fléaux, l’em-
ploi des insecticides, principalement ceux à
base cuivrique. Nous apprenons que cer-
tains cultivateurs ont eu l’idée d’agir pré-
ventivement et de protéger les fruits avec
des sacs en papier, et que les résultats ob-
tenus paraissent satisfaisants. Il peut y
avoir là un bon procédé de protection dont
l’arboriculture se trouvera bien de faire
usage.
Plantations fruitières sur les routes
nationales de l'Oise. — Nos lecteurs
n’ont pas oublié les différents articles que
la Revue a publiés sur cette intéressante
question des plantations fruitières sur les
routes. Quelques essais avaient déjà été
faits çà et là. Depuis plus de quinze ans,
M. Delaville aîné, professeur de la Société
d’horticulture de Reauvais, réclamait l’adop-
tion de cette mesure, depuis longtemps en
484
CHRONIQUE HORTICOLE.
usage chez les Allemands. Nous apprenons
que l’Administration des ponts et chaus-
sées du département de l’Oise vient de
donner satisfaction au vœu de M. Delaville.
On va faire, cet hiver, l’essai de plantations
fruitières (Pommiers à cidre en avenue) sur
l’une des routes du département.
Nous adressons nos félicitations, pour cet
heureux résultat, à M. Delaville, dont le
zèle persévérant a fini par triompher de
tous les obstacles ; mais il ne faut pas ou-
blier que le succès est dû aussi à l’appui
qu’il a trouvé en M. Marthe, agent- voyer
principal, et auprès des ingénieurs MM. De-
bauve et Lagout.
La Société d’horticulture de Beauvais a
promis son concours le plus actif à la réus-
site de cette expérience, qui peut être fruc-
tueuse.
Empoisonnement de bestiaux par les
Renoncules sauvages. — Une sorte de
fléau s’est dernièrement répandu en Angle-
terre, dans le comté de Bedford. Un certain
nombre de chevaux et d’autres animaux
sont morts empoisonnés, après avoir pâturé
dans les herbages.
A la suite de recherches, on a reconnu
que la plante cause de ces empoisonnements
est la Renoncule Petite-Douve ( R . Flam-
mula), qui, par suite de la saison pluvieuse,
avait pris un développement inaccoutumé.
Exposition internationale de géogra-
phie botanique et horticole, à Anvers,
en 1890. — Bien que les hases de cette
très-intéressante exposition, pour laquelle
M. de Bosschere déploie une si louable ac-
tivité, ne soient pas encore entièrement
élaborées, les divisions principales en sont
à peu près arrêtées.
Elle sera divisée en quatre sections : la pre-
mière sera réservée à la représentation fidèle
et aussi complète que possible de la flore de
plusieurs contrées, indiquées au programme,
à l’aide de plantes vivantes, échantillons d’her-
biers, flores, gravures, photographies, spéci-
mens paléontologiques, etc.
La seconde section rassemblera des collec-
tions similaires, mais représentant la flore de
contrées non désignées au programme.
La troisième section sera réservée aux col-
lections des types de plantes introduites par
les principaux explorateurs botaniques et hor-
ticoles de l’Europe.
La quatrième section comprendra plusieurs
concours :
1° La collection la plus complète de spéci-
mens d’une famille ou d'un genre déterminé,
appartenant à une région ou à un pays désigné ;
2° Les collections des introductions nou-
velles depuis une dizaine d’années, par exemple,
et qui proviennent d’une région ou d’un pays
déterminé ;
3° Étant données une ou deux espèces intro-
duites et qui seront indiquées au programme,
rassembler tous les hybrides que l’horticulture
est parvenue à en obtenir, etc.
Voilà un programme fort étendu, et il
n’est pas trop tôt de le faire connaître, dans
ses dispositions fondamentales, pour que
les intéressés aient le temps de préparer
leurs intéressantes collections.
EXPOSITIONS ANNONCÉES.
Paris, du 23 au 25 novembre. — La
Société nationale d’horticulture de France
ouvrira, du 23 au 25 novembre prochain, dans
son hôtel, 84, rue de Grenelle, à Paris, une
exposition de fruits, divisée en douze concours
comprenant les fruits frais de table : Poires,
Pommes, Raisins de table ; fruits secs : Noix,
Noisettes, Amandes, Châtaignes, etc; fruits à
cidre.
Memento des Expositions.
Voici la liste des Expositions précédemment
annoncées :
Lille. — Exp. gén. et matériel (Chr. n° 19),
4 au 5 novembre.
Marseille. — Chrysanthèmes (Chr. no 19), l°r au
4 novembre.
Paris. — Chrysanthèmes (Chr. n° 14), 22 au 25 no-
vembre.
Paris. — Végétaux d’ornement (Chr. n° 15),
25 juillet au 5 novembre. (Annexe de l’Exposition
d’hygiène et de sauvetage.)
Paris. — Cidres, Pommes et appareils (Chr.) n° 18,
9 au 25 novembre.
Paris. — lor novembre au 10 décembre, quai
d’Orsay. — Cidres, Pommes et appareils (Chr.
n° 19).
Roubaix. — Chrysanthèmes (Chr. n° 5), 17 no-
vembre.
Toulouse. — Exp. de culture maraîchère, culture
ornementale et arboriculture fruitière et spécia-
lement Exp. de Chrysanthèmes (Chr. n° 11),
15 au 18 novembre.
Gand. — Chrysanthèmes (Chr. n° 11), 18 au 22 no-
vembre.
Cours municipal d’agriculture et
d’horticulture de Narbonne. — La muni-
cipalité de Narbonne vient de créer, au col-
lège communal de cette ville, une Chaire
théorique et pratique d’agriculture et d’hor-
ticulture, confiée à M. Auguste Maney,
jardinier chef de la ville.
Les cours ont commencé le 16 octobre, et
quarante-deux élèves avaient commencé à
les suivre ; c’est dire que la création que
vient de faire la municipalité de Narbonne
a été rapidement appréciée.
E.-A. Carrière et Ed. André.
MULTIPLICATION DE L ARAUCARIA EXCELSA.
485
MULTIPLICATION OE L’ARAUCARIA EXCELSA
Comme presque toutes les autres es-
pèces du genre, X Araucaria excelsa se
multiplie par graines, par boutures et par
greffes. Le procédé le plus prompt est le
semis. En effet, les graines lèvent très-
promptement et les jeunes plants pous-
sent très-vite. Le bouturage est moins
prompt, mais il a l’avantage que, ration-
nellement fait, il donne de bons résultats.
La greffe, lorsqu’elle est bien comprise, est
certainement le procédé qui, de tous, donne
les meilleurs résultats. Pourtant, il a un
inconvénient, celui de nécessiter à la fois des
sujets et des greffons. Toutefois les trois
procédés peuvent être employés simultané-
ment, parce qu’ils semblent dériver l’un de
l’autre et se prêtent un mutuel appui,
pourrait-on dire, ce que nous allons essayer
de démontrer en passant en revue les divers
procédés et en faisant ressortir les avan-
tages et les inconvénients qu’ils peuvent
présenter.
Semis. — Au lieu d’entrer dans de longs
et minutieux détails, soit sur l’époque où
l’on doit pratiquer les semis, soit sur les
soins à prendre, la terre qu’il faut em-
ployer, etc., toutes choses généralement
connues, nous allons indiquer les condi-
tions dans lesquelles on doit opérer, sui-
vant les circonstances, ainsi que les moyens
de tirer parti des sujets défectueux, car,
presque toujours, quand ceux-ci sont im-
propres à une chose, ils peuvent servir
à une autre.
Les graines étant semées en terrines ou
en pots, on les place sous des châssis ou sur
les tablettes d’une serre près des vitres, en
ayant soin de donner beaucoup d’air, afin
que les jeunes jeunes plantes ne s’étiolent
pas. Il faut aussi arroser assez fréquem-
ment et les abriter contre le grand soleil,
afin de les préserver de la grise, maladie
qui est très-nuisible aux Araucaria, à
laquelle ils sont très-sujets et qu’elle en-
laidit en arrêtant leur végétation. On en
suspend l’action en mettant les plantes dans
un endroit où l’air est légèrement humide
et en les soufrant de temps à autre. Mais,
quoi que l’on fasse, il est rare que les Arau-
caria excelsa provenant de graines ne se dé-
garnissent pas de la base, ou que celle-ci
porte autre chose que des branchettes courtes
qui ne prennent jamais qu’un faible déve-
loppement et qui même, bientôt, s’épuisent
et meurent. De cette façon la base des
plantes est dénudée ou à peu près, ce qui
retire toute la valeur de ces plantes ; par con-
séquent, il faut l’éviter, ce qui est possible
par le bouturage et par la greffe. Voici
comment :
Pour le bouturage, on prend la tête des
plantes, en ayant bien soin de couper au-
dessous d’un fort verticille, afin d’avoir le
plus près possible du sol des branches ro-
bustes, longues et bien garnies de ramilles.
On les plante en terre de bruyère dans
des petits godets qu’on place sous cloche
dans la serre à multiplication. Pour faci-
liter l’enracinement des boutures, on peut
mettre pendant quelque temps les plantes
mères à une température relativement
élevée, les priver d’air et les bassiner de
temps à autre, afin d’humidifier l’air de la
serre. Une fois reprises, ces boutures sont
rempotées et placées sous des châssis et sur
une petite couche, de manière à ce qu’il y
ait une légère chaleur de fond. Les plantes
doivent être placées près du verre, garan-
ties du grand soleil et aérées autant que
possible, afin d’éviter leur étiolement.
Voilà pour le bouturage. Quant au gref-
fage, qui se fait ordinairement en placage,
il ne présente rien de particulier pour ce
qui est de l’exécution ; l’essentiel consiste
dans un bon choix des sujets et des greffons :
les premiers, qui sont généralement des
boutures de branches, doivent être bien
constitués.
'La greffe se pratique le plus près pos-
sible du sol ; on prend pour greffons de
belles tètes vigoureuses et bien établies,
c’est-à-dire qui portent à leur base, un peu
au-dessus de l’insertion de la greffe, un
beau et fort verticille, qui, plus tard, cons-
tituera le premier étage rameux de l’arbre.
Ainsi obtenues, au lieu de se dégarnir
de la base, les plantes resteront garnies de
branches à partir du sol, et les arbres for-
meront des pyramides coniques d’une grande
élégance, ce qui est le contraire des plantes
qui proviennent de semis. Celles-ci, quoi
que l’on fasse, se dégarnissent toujours
de la base ; non seulement cette base est
toujours dénudée, mais les premières bran-
ches sont toujours faibles, de sorte que, au
lieu d’une pyramide régulière qui com-
mence au sol et va en se rétrécissant jus-
qu’au sommet, qui est atténué et conique,
486
— LE CHATEAU DU LUDE ET SES PARTERRES.
de l’ébourgeonnage.
on a des arbres irréguliers, élargis vers
le milieu, c’est-à-dire ayant une tête ar-
rondie et disproportionnée avec le reste
de l’arbre, ce qui n’a rien d’agréable.
Lorsqu’au contraire, dès le début et le
plus près possible du sol, on a fixé un fort
verticille, non seulement celui-ci persiste,
mais il prend une grande extension; il
maintient dans cette partie tout à fait in-
férieure comme un centre de vitalité qui
persiste pendant toute la durée de l’arbre
et maintient l’équilibre dans toutes ses
parties, conservant cette régularité qui fait
de Y Araucaria excelsa un des plus beaux
arbres qu’il soit possible de voir.
E.-A. Carrière.
DE L’ÉBOURGEONNAGE
Èbourgeonner , c’est tout simplement en-
lever ou supprimer des bourgeons. Mais il
y a une distinction à faire entre les bour-
geons qu’il faut enlever et ceux qu’il faut,
au contraire, conserver.
Y a-t-il à cela une règle? Il n’y en a pas
une, mais beaucoup, suivant les cas, et
c’est à cette démonstration que je vais con-
sacrer cet article. Quelle que soit l’espèce
dont il s’agisse, on ne pourra et même on
ne devra enlever de bourgeons que là où
ils sont en trop grand nombre ou mal pla-
cés; partout ailleurs, à moins qu’ils ne
soient par trop défectueux, on devra cher-
cher à utiliser les bourgeons en les modi-
fiant suivant les circonstances, afin de les
approprier au but que l’on recherche.
Un principe fondamental, qui peut même
être pris comme règle, c’est de bien obser-
ver la position qu’occupent les bourgeons,
leur destination. S’ils sont placés sur le
dessus ou à l’extrémité des branches, il
faut, en général, supprimer les plus vigou-
reux, à moins que l’on en ait besoin pour
augmenter ou modifier la charpente de
l’arbre. Quand il s’agit de bourgeons de-
vant être transformés en parties florales,
par conséquent fructifères, au lieu de les
supprimer, il faut parfois les pincer, de
manière à en déterminer la transformation,
ce qu’ici je ne puis indiquer d’une manière
absolue, cette opération étant subordonnée
à l’espèce d’arbre à laquelle on l’applique
ou bien à la nature des bourgeons, ou en-
core à l’emplacement qu’ils occupent sur la
plante.
Une autre observation que je crois devoir
faire et sur laquelle j’appelle tout particu-
lièrement l’attention, c’est lorsqu’il y a
deux ou plusieurs bourgeons et qu’il n’en
faut laisser qu’un. Dans l’un ou l’autre cas,
il faut être prudent, surtout lorsqu’il n’y a
que deux bourgeons ; alors, au lieu d’en-
lever complètement celui que l’on regarde
comme inutile, on en conserve la base ou
empâtement, de manière à ce qu’il puisse
en sortir d’autres bourgeons dans le cas où
celui sur lequel on comptait aurait péri ou
ne se serait développé qu’imparfaitement.
D’autre part, il va de soi que, suivant la
nature des arbres et le but que l’on cherche
à atteindre, l’ébourgeonnage devra être plus
ou moins modifié dans son application. Il
pourrait même arriver que l’on puisse y
surseoir à l’aide d’un pinçage plus ou moins
sévère des bourgeons dont la vigueur de-
vrait être modifiée.
Dans tous les cas, je le répète, il faut
toujours procéder prudemment et n’opérer
que partiellement, surtout lorsque des cir-
constances imprévues, mais possibles, pour-
raient amener la perte de bourgeons dont
l’utilité est bien constatée.
Carrelet.
LE CHATEAU DU LUDE ET SES PARTERRES
Parmi les châteaux construits au moyen
âge et que la Révolution a laissés debout,
celui du Lude, resserré entre la petite ville
de ce nom et le Loir, charmante rivière aux
eaux toujours abondantes et limpides, est
un de ceux qui symbolisent le mieux l’épo-
que où ils furent édifiés.
En effet, l’élégance et la richesse présen-
tées par l’édifice s’associent à un système
de défense très imposant, avec fossés pro-
fonds, tours surmontées d’entablements à
mâchicoulis, etc., ensemble rappelant les
périodes agitées où tout seigneur était con-
tinuellement menacé de l’attaque de puis-
sants ennemis.
Dès les premiers temps de la féodalité, le
terre-plein qui se trouve entre le château
actuel et le Loir, et à qui sa forme terminée
en pointe a fait donner le nom d 'Éperon,
servait dë base à une forteresse, nommée
LE CHATEAU DU LUDE ET SES PARTERRES.
487
fort Lamothe, qui commandait le barrage
de la rivière, à l’extrémité du comté d’An-
jou. Les caves et voûtes de cette forteresse
existent encore, en très bon état, et s’éten-
dent sous le parterre des terrasses supé-
rieures.
A ce fort était annexé l’ancien château du
Lude, qui étendait ses droits sur vingt-quatre
communes et dont il ne reste plus aujour-
d’hui que quelques vestiges \
Après avoir successivement appartenu à
un grand nombre de personnages dont le
nom et l’histoire ont été précieusement con-
servés, la seigneurie du Lude devint, en
1378, la propriété de Marguerite de Poitiers,
dont la statue tumulaire a été retrouvée.
Cette statue est actuellement édifiée dans
une crypte faisant partie des caves de l’an-
cien fort Lamothe.
En 1419, le fort fut pris par les Anglais,
qui l’occccupèrent huit ans, en y entrete-
nant une garnison de 1,200 hommes, et en
furent délogés par trois gentilshommes qui
faisaient la guerre en partisans : Gilles de
Rais, Ambroise de Loré et Beaumanoir.
Peu de temps après, la seigneurie devint
la propriété d’une famille originaire du
Poitou, les Daillon, dont les chefs prirent le
titre de seigneurs du Lude.
C’est l’un d’eux, Jacques Daillon, qui
construisit le château tel, pour sa majeure
partie, qu’il est aujourd’hui. Timoléon
Daillon transforma, vers 1619, l’esplanade
de l’ancien fort Lamothe, alors abattu, en
un jardin ou parterre, promenade d’où la
vue sur le Loir et sur les prairies de Mali-
dor est fort belle. Il fit aussi construire,
pour mettre les abords du château à l’abri
des inondations, le grand mur de terrasse
qui s’étend à droite du château (fig. 117), et
qui laisse, du côté de la rivière, une partie
appelée dès lors le parterre du Loir.
L’histoire du château du Lude est fertile
en péripéties diverses ; certains de ses pro-
priétaires eurent l’honneur d’héberger les
rois Louis XI, Louis XIII et Henri IV, et,
lors des agrandissements ou modifications
qui furent successivement apportés à l’édi-
fice, certaines parties furent conservées dans
leur état ancien, pour rappeler le passage
de ces illustres hôtes.
En 1765, la terre et le château du Lude
1 Certaines chroniques rapportent que, dans la
première moité du Xe siècle, le diable vint s’éta-
blir dans le château, où il se dissimula sous les
traits d’un domestique. Maiç l’évêque de Vannes
entreprit le voyage de Lude, alors assez pénible,
et put exorciser Satan, qui disparut.
devinrent la propriété de la marquise de
la Vieuville, dont la fille épousa Louis-
Céleste-Frédéric de Bonamour, marquis de
Talhouët-Roy, ancien officier au régiment du
roi, père du marquis de Talhouët-Roy, ancien
député au Corps législatif, qui y est mort il
y a quelques années, et dont la veuve, entou-
rée de ses deux fils, continue les traditions
d’honneur et d’inépuisable bienfaisance.
C’est surtout du parc et des jardins du
Lude que nous voulons aujourd’hui entre-
tenir nos lecteurs. Admirablement situés
sur les bords du Loir et servant de cadre
à ce beau château, ils sont une des attrac-
tions de l’ouest de la France.
La transformation du parc, notamment
la création des nouveaux parterres, qui m’a
été confiée par Mme la marquise de Talhouôt
et qui est maintenant terminée, offre un
exemple de jardins symétriques assez rare
dans d’aussi grandes dimensions, surtout en
France. A ce titre, et en raison des condi-
tions particulières dans lesquelles ces tra-
vaux ont été faits, leur étude peut présenter,
pour nos lecteurs, assez d’intérêt pour mo-
tiver la description qui va suivre. Ils y
trouveront peut-être des applications à faire
à d’autres situations, et, dans tous les cas, il
peut paraître opportun de fixer la date des
transformations subies, à diverses époques,
par une propriété historique de cette im-
portance.
Le caractère pittoresque de l’édifice prin-
cipal est encore augmenté, au Lude, par un
vaste système de murs de soutènement. Ces
murs forment, en face et à côté du château,
de hautes terrasses destinées, lorsqu’elles
furent construites, ainsi que nous l’avons
vu plus haut, à le défendre contre les attaques
de l’ennemi, et aussi à le protéger contre
les débordements assez fréquents de la
rivière.
Ce sont ces terrasses, ainsi que les par-
terres du Loir, qui ont été l’objet d’une
transformation complète.
Ces parties ne pouvaient évidemment être
traitées que dans le style régulier. Leur
disposition toute spéciale, sur une surface
peu étendue, indiquait clairement que leur
destination devait être d’égayer les abords
du château et de les relier au parc propre-
ment dit, en s’harmonisant autant que pos-
sible avec l’architecture Renaissance des
constructions.
Parterres supérieurs (fig. 118). — Une
grande simplicité de lignes fut donc cher-
chée, comme on peut s’en rendre compte
par l’examen du plan d’ensemble et de la
LE CHATEAU DU LUDE ET SES PARTERRES.
488
figure 118, représentant un angle des par-
terres de la terrasse supérieure, qu’un pont
met en communication, par-dessus les fossés,
avec le terre-plein où s’élève le château. Une
grande allée rectiligne limite ce jardin du
côté des terrasses. Toute la partie centrale,
qui constituait la place d’armes au moyen
âge, forme aujourd’hui une vaste pelouse
ou tapis vert sur laquelle sont dispersés
quelques arhres isolés de choix, en gros
exemplaires : Abies Pmsapo, Nordman-
niana, amabilis, nobilis glauca , Dou-
glasii, etc.
Des plates-bandes de fleurs, interrom-
pues de distance en distance, bordent ce
tapis vert, dont les angles, arrondis, enca-
drent chacun une corbeille circulaire légè-
rement surélevée.
Une large bordure de gazon (20) sépare
l’allée du sommet du mur de soutènement,
qui, de ce côté, est limité par une balus-
trade à profll vigoureux, haute de 1 mètre.
Ce mur est élevé de 7 mètres au-dessus des
parterres du bas, placés tout auprès du
Loir, et à la hauteur des anciens fossés du
château, avec lesquels ils se confondent.
L’allée (22), se retournant brusquement
à droite, traverse les parterres inférieurs
— Jardins du château du Lude (Sarthe).
— Vue perspective d’une partie des parterres du Loir.
Fig. 116.
pour atteindre ensuite le parc paysager pro-
prement dit.
Ainsi qu’on le remarquera sur notre
dessin, un massif continu devant lequel sont
placées des plantes isolées assez nom-
breuses cache le pied de cette haute mu-
raille, qui a été garnie de colonnes et de
guirlandes faites de Vignes-vierges disposées
en gros pendentifs, sortes de « cabochons »
de verdure.
Du haut de la terrasse, la vue, passant
au-dessus des parterres du Loir, s’étend au
loin sur les vastes et fertiles prairies, dites
de Malidor, entrecoupées de maisons et de
bosquets, paysage ravissant, qui est une des
principales attractions de la résidence du
Lude.
La disposition générale des parterres su-
périeurs étant connue, examinons quelles
plantations à demeure ont été faites, en in-
diquant aussi le système suivi pour la déco-
ration florale annuelle.
Il va sans dire que chaque année les
combinaisons de couleurs peuvent être
modifiées, le dessin restant toujours le
même, du moins dans ses lignes princi-
pales.
Au centre de la corbeille circulaire, qui
LE CHATEAU DU LUDE ET SES PARTERRES
489
Fig. 117. — Château du Lude (Sarthe). — Vue prise du côté des terrasses supérieures.
490
LE CHATEAU DU LUDE ET SES PARTERRES.
se trouve à chacun des angles du tapis vert,
on a placé un Chamærops excelsa (n°l), au
feuillage palmé, vert foncé. Cette espèce, on
le sait, peut passer l’hiver en plein air, dans
les régions moyennes de la France, à con-
dition qu’on protège un peu les plantes dans
les hivers très-rigoureux, et que l’on garan-
tisse surtout leurs feuilles contre la neige.
Des Buis en arbre, taillés sous forme de
pyramides, sont placés isolément dans clia-
Sur notre dessin partiel on aperçoit seu-
lement les arbres suivants :
N° 17. Wellingtonia gigantea.
N° 18. Abies nobilis.
N° 19. Abies Parryana.
Voici maintenant la liste des plantes em-
ployées pour la décoration florale :
N° 2. Achyranthes Verschaffelti bordés de
Pélargonium zonale Bijou.
N° 3. Lobelia compacta entourés de Pyre-
thrum Parthenioides aureum.
N° 4. Pélargonium zonale Gloire de Saint-
Mandé bordés de Gnaphalium lunatum.
N° 5. Pélargonium zonale Amédée Achard
bordés de Pyrethrum Parthenioides aureum.
Autour des Fusains et des Rosiers à
haute tige, des plantes à joli feuillage ou à
fleurs brillantes ont été placées, nombreuses
et très-variées. Citons, parmi celles qui ont
été employées, les suivantes : Solanum
Fig. 118. — Jardins du château du Lude. — Partie angulaire des terrasses supérieures.
cun des motifs carrés (10, 10, 10), qui, de
place en place, interrompent la longueur
des plates-bandes. Celles-ci ont reçu en plus,
à des intervalles réguliers, des touffes de
Fusains du Japon (Evonymus japonicus) à
feuillage vert ou panaché (6, 6, 6), aux-
quelles des pincements suivis donnent une
forme régulière. Après avoir joué un rôle
important pendant la belle saison par les
festons qu’ils déterminent dans la silhouette
des plates-bandes, ces Fusains forment
le fond, pendant l’hiver, d’une décoration
provisoire. Des Rosiers à haute tige (7, 7, 7),
de hauteur exactement semblable entre eux,
alternent avec les touffes vertes et pana-
chées. Quelques arbres isolés plantés sur
le tapis vert complètent la garniture per-
manente.
marginatum et S. robustum , Erythrines,
Fuchsias à tige, Hibiscus Rosa sinensis,
Amarantes, Cannas, Dahlias, Véroniques,
Calcéolaires, Héliotropes, Lantanas, etc.
A la fin de l’été et jusqu’aux gelées,
toutes ces plantes, ayant atteint leur entier
développement, s’entrecroisent les unes dans
les autres en confondant leurs feuillages et
leurs fleurs ; elles forment alors des masses
gracieuses auxquelles une grande irrégu-
larité de formes et de couleurs donne un
caractère à la fois pittoresque et harmo-
nieux.
Ces grandes plates-bandes en mélange
sont bordées, les unes (8, 8, 8) par une
rangée de Pélargoniums zonales à fleurs
rose -vif, les autres (9, 9, 9) d ’ Agératum cœ-
lestinum à fleurs bleues.
LE CHATEAU DU LUDE ET SES PARTERRES.
491
Les Buis en arbre, placés dans les car-
rés (10, 10, 10), sont entourés par une large
bordure de Coleus Verschaffelti (11), enca-
drée à son tour par un double rang de Gna-
phalium lanatum (12). Le dernier carré à
droite, et celui qui lui fait pendant sans
qu’on le voie sur notre dessin, ont reçu,
autour du Buis taillé, une garniture de Bé-
gonia castaneæfolia (13), elle-même bor-
dée de Cineraria maritima (14), avec un
rang extérieur d’ Alternanthera parony-
chioides.
Toutes ces plates-bandes et corbeilles
sont entourées de bordures de gazon (0, 0,
0, 0), qu’un large filet ou sentier (16) limite
du côté du tapis vert.
Parterres du Loir. — Les parterres bas
(fig. 119) s’étendent, comme nous l’avons
précédemment dit, entre le mur qui sou-
tient la terrasse supérieure et le Loir. Bs
mesurent 200 mètres de longueur.
Le milieu en est occupé par un massif de
Bhododendrons (1), de 15 mètres de lon-
gueur sur 6 environ de largeur. Aux quatre
angles de ce massif, d’énormes Chamæ -
rops excelsa (4, 4, 4), hauts de 5 mètres,
forment le centre des parties arrondies ; de
place en place, des Gynériums (5, 5) rom-
pent, dans le grand axe, l’uniformité du
gazon , ainsi que des Dasylirion glau-
cum (6, 6, 6) et des Biota aurea (7, 7).
Un massif (26), composé surtout de
Lauriers- Amandes, Troènes de Chine et à
feuilles ovales, Lauriers-Tins, Alaternes,
Filarias, Photinias, Buplèvres, Fusains du
Japon, Fragons d’Alexandrie, Buis va-
riés, etc., garnit et cache le mur. Sur sa
masse sombre se détachent, en isolés, des
Pivoines herbacées (16), des Yucca pen-
dilla (17), et des Tritoma uvaria (18). De
l’autre côté du parterre, sur la partie de
pelouse comprise entre l’allée et le Loir,
des isolés : Yucca pendilla (17) Gynérium
à fleurs roses (19) et Heracleum gigan-
teum (20), laissent librement passer entre
eux la vue des promeneurs.
Des plantations plus compactes forment
les extrémités arrondies des parterres ; les
massifs (21, 21, 21) sont composés d’ar-
bustes à feuilles caduques, choisis dans les
espèces les plus florifères et aussi variés
que possible, les groupes (22, 22) sont des
Lauriers - Amande ; (23), des Lauriers du
Caucase ; (24) des Lauriers-Tins, les uns et
les autres en très-fortes touffes. Un Abies
polita (25) termine la liste des plantations
permanentes de ce parterre.
Décoration florale. — Examinons
maintenant un exemple de la décoration
florale employée au Lude :
Le centre de la grande corbeille circu-
laire (fig. 119) est occupé par un fort exem-
plaire de Musa Ensete ; chaque petite
corbeille ronde (12) reçoit un Dracæna in-
divisa. Autour du Musa Ensete se trouve
d’abord une triple rangée de Gnaphalium
lanatum ; viennent ensuite :
N° 8. Coleus Verschaffelti.
N° 9. Achyranthes acuminata séparés des
Coleus par un cordon de Gnaphalium.
N° 10. Longue bordure circulaire de gazon,
492
SYRINGA EMODI A FLEURS ROSES.
accompagnée, à l’intérieur, de deux rangs de
Gnaphalium lanatum.
N° 11. Pélargonium zonale Paul-Louis Cou-
rier entourés de Pyrethrum Golden Feather et
d’une large bordure de gazon.
N° 12. Autour des Dracæna , corbeille ronde
de Lobelia Erinus nana compacta, entourés
d’ Echeveria secunda glauca.
N° 13. Pélargonium zonale Beauté des
Parterres , bordés de Pyrethrum Golden Fea-
ther.
N° 14. Chrysanthemum Comtesse de Cham-
bord, entourés d 'Agératum cœlestinum et de
Gnaphalium lanatum.
N° 15. Pélargonium zonale Crimson Nose-
gay bordés d 'Âlyssum saxatile foliis varie-
galis.
Le massif de Rliododendrons, planté en
variétés hybrides très-choisies, et en forts
exemplaires, a été entouré de Bégonias bul-
beux, (2), puis d’une large bordure de Pé-
largonium zonale Christine Nilsson, (3),
séparée du gazon par un rang d 'Alyssum
maritimum foliis variegatis.
La corbeille dentée qui se trouve entre les
quatre Dasylirion, (6), a reçu dans son cen-
tre un Ricin géant, qui est entouré successi-
vement, jusqu’à son extrême circonférence,
de Solanum marginatum, de Maïs pana-
chés et de Coleus Verschaffelti découpés
en festons par une double rangée de Pyre-
thrum Golden Feather.
Un des caractères distinctifs de ces par-
terres est l’effet brillant qu’ils présentent,
pendant la belle saison, dans leurs lignes
très-simples. Sur ces grandes proportions,
en face d’un paysage très -étendu, j’ai
voulu maintenir les ornements dans une
grande simplicité de lignes, mon impres-
sion, comme celle de la plupart des visi-
teurs, a été que des dessins compliqués,
des combinaisons de mosaïculture eussent
été déplacés. Le cadre, les proportions,
jouent donc un rôle de première importance
dans le tracé et la composition des jardins
symétriques, et c’est la méconnaissance de
ces conditions qui produit tant de miè-
vreries ridicules, si éloignées de l’art véri-
table, dans la création des jardins.
Ed. André.
SYRINGA EMODI A FLEURS ROSES
M. le Dr Bretschneider, médecin de la
légation russe, à Pékin, envoya à M. De-
caisne, depuis la fin de 1879 jusqu’en 1881
(et de 1881 à 1883, à M. Bureau, profes-
seur-administrateur intérimaire), une série
de graines très-intéressantes. Ces graines
provenaient des environs dePékin et d’autres
régions de la Chine, et, notamment, des
régions montagneuses où l’altitude s’élève
jusqu’à 2,000 et 2,500 mètres.
Les fonctions de M. Bretschneider lui
donnaient l’occasion de poursuivre des re-
cherches approfondies sur le pays curieux
qu’il habitait ; il a publié une série d’im-
portants ouvrages sur divers sujets relatifs
à la Chine, et il a été, à ce propos, élu
membre correspondant de l’Institut (Aca-
démie des inscriptions et belles-lettres).
Parmi les graines qu’il adressa au Mu-
séum, un certain nombre ont germé, mal-
gré la longue durée du voyage qu’elles
avaient dû subir ; plusieurs ont donné des
plantes que nous conservons encore, malgré
une série de circonstances défavorables.
M. Decaisne partagea ses graines avec le
regretté M. Lavallée et avec son collabora-
teur et ami, M. Naudin, l’éminent directeur
des Laboratoires d’Enseignement supérieur
de la villa Thuret, à Antibes. Pendant l’in-
térim qui suivit sa mort, on fit de larges
distributions de ces curieuses plantes de
Chine (ainsi que de plusieurs autres pays,
également curieuses et intéressantes). C’est
de ces envois que provient, notamment, le
Houblon du Japon ( Humulus japonicus)
cultivé au Muséum depuis 1880, présenté à
la Société nationale d’horticulture en 1884,
et qui, depuis, s’est répandu dans tous les
jardins de l’Europe b
Parmi les graines qu’il envoya, celles des
Rhamnus , Zizyphus , Fraxinus et Syringa
se présentèrent à diverses reprises et nous
en possédons un certain nombre de pieds
vivants.
J’ai présenté à la Société d’horticulture,
en mai 1887, des rameaux fleuris du Sy-
ringa villosa., Vahl, var. angustifolia, DC.
(S. pubescens, Turcz) 2; cette espèce a des
fleurs pâles, lilacées, à tubes grêles, à divi-
sions aiguës : les panicules sont légères ; la
plante est plus précoce que le Lilas ordi-
naire; elle est très souvent endommagée par
les gelées printanières, qui altèrent les pa-
1 V. Revuehort., 1884, p. 11; etl885, p. 6, 104, 456.
2 Cette détermination est due à M. Franchet,
qui a étudié spécialement les Lilas de la Chine à
propos des plantes de M. l’abbé David. {Bull, de
la Soc. philomathique, 25 juillet 1885.)
SyruwcL Emodi rosexju
Chromxtliihj. G.S'evereyns.
SYRINGA EMORI
nicules ou grillent les feuilles. Le parfum
des fleurs est agréable ; mais parfois il
rappelle par trop l’odeur des Heurs du
Troène.
J’ai mentionné sommairement alors la
floraison d’un Lilas blanc (8. oblata), à
feuilles très-larges, cordiformes : il n’a
fleuri que deux fois; les pieds en sont ché-
tifs, mais la fleur est fort belle ; peut-être
doit-on les ranger dans le genre Ligus-
trina.
Le Syringa dont nous possédons le plus
d’exemplaires est une espèce étiquetée par
M. Decaisne : Syringa Emodi.
Cette plante provenait d’un mélange de
graines dont les unes donnèrent le 8 . pu-
bescens et les autres l’espèce dont il est
question ici.
Nous cultivions depuis longtemps le 8.
Emodi, qui est bien connu1, quoique peu
répandu dans les jardins. Ses fleurs blan-
ches, peu élégantes, apparaissent en mai-
juin, après les autres Lilas. Le port est très
différent des Syringa ordinaires, qui lui
sont bien supérieurs à divers égards. C’est
un buisson, du moins au Muséum, et un
arbuste très-peu florifère.
Les plantes issues des graines de M. le
docteur Bretscbneider se distinguent aisé-
ment des autres 8. Emodi, dont elles ont,
d’ailleurs, la plupart des caractères. Culti-
vées côte à côte, elles ont montré une vi-
gueur bien plus grande, une ampleur de
feuilles plus considérable, une floraison
très-abondante, des panicules fournies et
denses, des fleurs beaucoup plus grandes
et plus étoffées, une tendance plus caracté-
risée à se dresser en tige, au lieu de buis-
sonner.
Les feuilles sont vertes, assez foncées en
dessus, d’un vert grisâtre en dessous ; elles
sont largement ovales-acuminées, longues
de 15 à 20 centimètres, larges de 6 à 9 cen-
timètres ; elles sont ciliées sur les bords et
sur les nervures, qui sont vertes, ou rou-
geâtres surtout vers la base. Les pétioles
sont très courts ; mais ils peuvent avoir
jusqu’à 3 centimètres. Le bois est brun-
verdâtre dans la jeunesse ; puis il devient
gris et est marqué çà et là de lenticelles
saillantes. Les feuilles deviennent jauneé et
tombent au mois d’octobre.
La taille s’élève jusqu’à 2m50 à l’age de
sept ans.
La floraison commence généralement
vers la seconde quinzaine du mois de mai ;
FLEURS ROSES. 493
elle est de huit jours au moins plus tardive
que celle des Lilas ordinaires.
Les fleurs forment des panicules assez
longues, atteignant jusqu’à 25 et 30 centi-
mètres ; parfois il y en a deux et trois réu-
nies à l’extrémité des rameaux, ce qui pro-
duit un très-bel effet; malheureusement
l’odeur rappelle celle des Ligustrum et est
désagréable.
La plupart des plantes ont la même appa-
rence et les fleurs ont été semblables ;
quelques-unes cependant ont été plus pâles,
d’un rose faiblement carné, mais le plus
grand nombre avaient des fleurs d’un rose
tendre sans teinte bleuâtre-lilacée ou vio-
lettes; elles pâlissent d’ailleurs en vieillis-
sant.
L’un des pieds présenta des feuilles
jaune d’or, par places, quoique saines ;
mais il ne fut pas noté d’une manière suffi-
sante et n’a pas été retrouvé avec certitude.
Il y a dans le 8. Emodi cultivé jusqu’ici
une forme à feuilles très nettement dorées,
nous la possédons au Muséum : il existe
aussi une forme panachée dorée d’après
M. Lavallée 2.
Le 8. Emodi des jardins d’Europe peut
se différencier très-aisément du nouveau ;
il a les feuilles plus allongées, plus étroites;
la végétation est moins vigoureuse; les
fleurs sont d’un blanc crème, et se mon-
trent rarement au Muséum; les buissons
n’atteignent que 1 111 20 à lm50.
Placée dans des conditions plus favora-
bles, dans un sol plus fertile, cette forme
de 8. Emodi change notablement d’appa-
rence ; les feuilles deviennent beaucoup plus
larges, beaucoup plus ovales, et les diffé-
rences entre les deux se comblent de plus
en plus.
Cependant, le 8. Emodi de M. le Dr
Bretscbneider, cultivé côte à côte avec la
forme antérieurement introduite, se couvre
de fleurs chaque année depuis quatre ans,
tandis que l’autre ne fleurit que très-mai-
grement.
Ce sera une excellente acquisition pour
les jardins un peu étendus, où l’odeur des
fleurs ne sera pas trop gênante ; ce Sy-
ringa se reproduit de graines fidèlement,
et, comme on l’a vu, les fleurs apparaissent
déjà quatre années après le semis.
Il existe dans les jardins une autre espèce
de Lilas, peu commune, dont les fleurs sont
d’un bleu violacé assez foncé, c’est le
8. Josikœa, Jacq. fil. ; l’analogie avec le
1 Voir Revue horticole, 1876, p. 367.
2 Arboretum segrezianum, p. 169.
494 IMPATIENS EPISCOPI. — LA PRODU
S. Emodi de nos jardins a été pleinement
indiquée par M. Franchet1, mais elle n’avait
pas été méconnue par Decaisne2.
Il serait intéressant de rechercher ce que
donneraient, comme variations, des semis
un peu nombreux de cette soi-disant espèce.
CTION FRUITIÈRE EN ANGLETERRE.
On sait qu’elle n’a été rencontrée que dans
une localité unique, dans un parc, en Hon-
grie. Au Muséum, le S. Josikæa fleurit
très-rarement et ne donne pas de graines.
Maxime Cornu.
IMPATIENS EPISCOPI
Cette espèce est arrivée en France par
l’Angleterre. C’est probablement une variété
ou forme de Y Impatiens Sultani , dont, au
reste, elle a presque tous les caractères.
Quoi qu’il en soit de son origine, ce que
l’on peut affirmer, c’est que, au point de vue
de l’ornementation soit des serres, soit des
jardins, pendant l’été, Y Impatiens Episcopi
est une plante de premier mérite. Ses ca-
ractères généraux sont les suivants :
Plante naine, excessivement floribonde, très-
ramifiée, charnue dans toutes ses parties. Tige
et rameaux succulents, rougeâtres. Feuilles
petites, ovales, presque entières ou à peine
courtement denticulées, un peu tourmentées.
Fleurs grandes, bien ouvertes, étalées, d’un
beau rose assez franc, ou légèrement violacé
suivant le degré de floraison. Éperon relati-
vement long, pendant, simple, légèrement rose
carné.
Cette plante, dont la culture est tout à
fait analogue à celle de Yl. Sultani , dont
elle a le tempérament, est, surtout par ses
fleurs, intermédiaire entre cette dernière
espèce et YI. Luciliæ. Comme elles aussi,
elle est très-propre à faire des massifs en
plein air pendant l’été, en la plaçant à mi-
ombre, si possible.
On la multiplie par boutures qui s’enra-
cinent très-promptement et avec la plus
grande facilité. Les jeunes plantes doivent
être mises en pleine terre aussitôt que les
gelées ne sont plus à craindre.
Si l’on cultive les plantes en pots pour
l’ornementation des serres ou des appar-
tements, on leur donne une terre légère,
humeuse et consistante, ainsi que de fré-
quents arrosages. Dans ces conditions il
arrive parfois que les plantes s’épuisent ou
s’allongent un peu trop et qu’alors elles se
déforment ; dans ce cas on les rapproche
plus ou moins, et on peut même les ra-
battre à peu près complètement. Elles re-
poussent promptement et ne tardent pas
à se couvrir de fleurs.
E.-A. Carrière.
LA PRODUCTION FRUITIÈRE EN ANGLETERRE
Sous l’influence de la dépression qui
pèse sur la production des céréales et même
sur celle du bétail, en Angleterre, l’atten-
tion s’est portée sur la production des fruits
et sur la possibilité de la rendre plus pro-
fitable en la développant en qualité et en
quantité. Des associations se sont formées
dans ce but, et, dans le courant du mois
dernier, la question des fruits a fait l’objet
de conférences à Saint-Albans et au Palais
de Cristal.
Dans ces deux réunions, les orateurs ou
les conférenciers ne se sont pas fait faute de
malmener les arboriculteurs du Royaume-
Uni, qui, satisfaits de produire des quan-
tités considérables de fruits communs, tels
que Groseilles à grappes et à maquereaux,
Cerises et Prunes de Damas, négligent com-
1 Loc. cit.
2 Manuel de l’amateur des Jardins , III, p. 89.
plètement de porter leur énergie, leur acti-
vité, leur habileté et leur capital sur la
culture d’espèces d’une plus haute valeur.
Sans compter que la production de ces
espèces communes n’est pas l’objet de soins
plus intelligents, qu’aucune attention n’est
apportée au choix des variétés, de telle sorte
que tout mûrit et se récolte dans le même
temps, et s’expédie sur le marché aussitôt
après la cueillette, sans que personne s’avise
ou se donne la peine de conserver les fruits
dont la maturité n’est pas complète, jusqu’à
ce qu’ils soient devenus tout à fait présen-
tables.
D’un autre côté, dans la période de 1871-
1882, la superficie consacrée en Angleterre
à l’arboriculture fruitière ne s’est accrue
que de 29,000 acres (11,733 hectares).
Ainsi, d’après les relevés officiels, durant
ce laps de temps de dix années, elle s’est
élevée de 160,000 acres (64,736 hectares) à
LA PRODUCTION FRUITIÈRE EN ANGLETERRE.
495
190.000 acres (76,874 hectares) environ,
soit une augmentation d’un peu moins
de 20 p. 100, tandis que, dans la même pé-
riode décennale, les importations de fruits
de provenance française progressaient de
354.000 boisseaux (128,643 hectolitres) à
1.190.000 boisseaux (432,446 hectolitres),
et que les envois de la Belgique sur les
marchés du Royaume-Uni se montaient de
270.000 boisseaux (98,118 hectolitres) en
1871 à plus de 930,000 boisseaux (337,962
hectolitres). De telle sorte que la production
ne s’accroissait pas plus d’un quart pendant
que l’étranger quadruplait le chiffre de ses
apports.
Il est vrai que l’arboriculture fruitière se
développe dans des conditions plus favo-
rables en Belgique et en France qu’en Angle-
terre, où, si nous devons nous en rapporter
à des descriptions peu flatteuses, les ver-
gers, plantés d’arbres couverts de Mousses et
de Lichens, sont laissés à l’abandon et peu
ou mal soignés.
Tels sont, du moins, les griefs des confé-
renciers de Saint- Albans ou du Palais de
Cristal contre les arboriculteurs britan-
niques ; mais ceux-ci, de leur côté, ont
trouvé dans la presse agricole des avocats
d’office pour plaider les circonstances atté-
nuantes, et démontrer que si leurs clients
n’étaient pas tout à fait sans reproches, ils
n’étaient pas non plus sans excuses, et que,
dans bien des cas, les circonstances dans
lesquelles ils opèrent étaient plus fortes que
leur volonté.
Ne leur faut-il pas tout d’abord compter
avec le climat, qui favorise à l’étranger la
production, en pleine terre, des fruits et
des légumes de primeur, et la concurrence
du dehors ne les serre-t-elle pas d’autant
plus près qu’elle jouit de l’avantage de
tarifs plus abaissés pour ses transports
aussi bien par mer que sur les voies ferrées?
Ensuite, d’autres difficultés non moins
graves ne naissent-elles pas de la situation
même des propriétaires qui, dans un grand
nombre de cas, par le fait des substitutions
et d’autres dispositions de la loi anglaise,
ne possèdent qu’à titre temporaire, et se
trouvent ainsi dans l’impossibilité d’accor-
der à leurs fermiers aucune garantie d’in-
demnités pour les améliorations ou les
avances dans lesquelles ils ne seraient pas
rentrés en fin de bail, et qui demeureraient
acquises au fond?
Tel est le cas pour les plantations d’arbres
fruitiers, et ainsi s’explique l’hésitation des
tenanciers à s’engager dans une opération
dont ils devraient courir toutes les chances,
au risque d’en laisser le profit à des tiers.
Sans compter que l’élévation des tarifs sur
les chemins de fer, et les commissions fort
onéreuses à payer aux intermédiaires, ne
laissent pas grande marge pour faire face
au surcroît de dépenses qu’entraîneraient
la confection d’emballages plus soignés et
d’autres améliorations de détail dont les
producteurs ne sont pas les derniers à
comprendre les avantages, mais devant les-
quelles ils reculent en raison des frais qui
en seraient la conséquence.
A ces difficultés, que n’atténue pas la
concurrence des fruits et des légumes expé-
diés, en si grandes quantités, de l’étranger
sur tous les marchés du Royaume-Uni, un
des conférenciers de Saint- Albans a trouvé
une solution plus simple que praticable et
qui a eu le don d’égayer fortement nos plus
sérieux confrères d’outre-Manche.
Il ne s’agit, en effet, de rien moins que
de se procurer un domaine en biens-fonds
libre, à raison de 1,200 fi*, environ par
hectare, et de le partager en lots d’une
contenance de deux acres (80 ares 92).
Sur chacun de ces lots serait construit un
cottage ou une maison de jardinier avec
45 mètres de serres et 30 mètres de châssis.
La dépense totale de cette installation, en y
comprenant le prix d’achat de la terre, les
frais de construction, de l’habitation et de
la serre, le coût de deux cents arbres frui-
tiers, etc., s’élèverait à 125 livres sterling
(3,125 fr.), de telle sorte que, moyennant
une redevance assez modique par semaine,
un million de travailleurs pourraient se
trouver en possession d’un petit établisse-
ment très confortable.
Le tableau ne manque pas de séduction
et d’attrait, mais il est douteux que M. Mor-
gan, qui s’est plu à en tracer les contours à
Saint- Albans , puisse citer, dans tout le
Royaume-Uni, un seul exemple d’un indi-
vidu qui, au prix de 3,125 fr. et même en
doublant la somme, ait pu se rendre acqué-
reur de deux acres de terre, avec maison
d’habitation, serre, châssis, 100 à 200 arbres
fruitiers et le reste. Il est vrai qu’il a connu
des producteurs qui, bon an mal an, reti-
raient de leur industrie un revenu net de
100 livres sterling (2,500 fr.) par acre, soit
de 6,175 fr. par hectare. Cette assertion
n’a pas trouvé beaucoup plus de crédit que
la première auprès des sceptiques, qui, par-
tant de ce fait que les importations de fruits
du Royaume-Uni se montent annuellement
à une somme de 6,000,000 de livres sterling
496
ÆSCULUS TURBINATA.
(150 millions de francs), sont amenés à con-
clure que l’avilissement des prix serait la
conséquence forcée d’une augmentation
aussi considérable du nombre des produc-
teurs, et que tous ces calculs, dans lesquels
l’imagination de leurs auteurs a une trop
grande part, aboutiraient à de cruelles dé-
ceptions.
Au Palais de Cristal, la question a été
envisagée à un point de vue plus pratique.
On n’a pas parlé des immenses bénéfices à
réaliser par la production de Raisins dont
le prix de revient ne dépasserait pas 0,40
par livre, quand le prix de vente atteindrait
1 fr. 85, mais on s’est attaché à démontrer
que, si le climat de l’Angleterre ne se prêtait
pas à la production lucrative de toutes les
espèces de fruits et particulièrement des
plus précoces et des plus exigeantes sous le
rapport de la chaleur et de la lumière, il
était possible de tirer un meilleur parti des
conditions actuelles, en donnant plus de
soin au choix des variétés, en ne se hâtant
pas d’expédier sur le marché des fruits pré-
maturément récoltés, en les assortissant
autant que possible, d’après leur qualité, et
en ne se contentant pas d’un emballage
trop sommaire qui laisse la marchandise
exposée à tous les accidents du voyage.
Incidemment, on a fait entendre que les
dîmes et les autres impôts pesaient lour-
dement sur la production du pays, et qu’une
taxation modérée des produits étrangers
offrirait le moyen de rétablir un juste équi-
libre entre les concurrents; et tout le monde
s’est trouvé d’accord pour demander que
les tarifs applicables au transport des pro-
duits de l’horticulture sur les chemins de
fer fussent notamment abaissés.
Eugène Marie.
ÆSCULUS TURBINATA
Ce bel arbre, qui a été envoyé en Europe
sous le nom erroné d ’Æsculus chinensis,
qui appartient à une tout autre espèce, dont
nous aurons occasion de parler prochnine-
Fig. 120. — Æsculus turbinata.
Rameau fructifère, demi-grandeur naturelle.
ment, vient de fructifier dans Y Arboretum
de Segrez. Déjà, l’année dernière, nous en
avions vu les fruits mûrs, mais le temps
nous a manqué pour les faire figurer. Il
n’est pas à notre connaissance qu’aucune
figure de ces fruits ait été jusqu’ici publiée.
ÆSCULUS TURBINATA.
497
Cependant ils en valent la peine, car leur
aspect et leur configuration sont très-diffé-
rents des autres espèces du genre.
A Segrez, le plus fort exemplaire d’/Es-
culus turbinata de la collection, celui qui
fructifie actuellement, forme une magni-
fique tète arrondie. Ses belles feuilles, de
la grandeur de celles de YÆ. Hippocasta-
num, sont plus longuement pétiolées, avec
un bourrelet saillant, teinté de brun à
l’insertion des folioles. Ce qui les dis-
tingue à première vue des feuilles toutes
vertes des Marronniers blanc et rouge, c’est
le ton pale, vert-cendré, du dessous du limbe,
relevé par la nuance fauve
léger des nervures très-
saillantes.
Les fleurs viennent en
thyrse, comme celles du
Marronnier blanc ordi-
naire (improprement ap-
pelé Marronnier d’Inde,
puisqu’il est originaire de
la Grècè septentrionale).
Les fruits, généralement
au nombre de quatre ou
cinq sur la même grappe
(fig. 120), sont supportés
par un rachis fortement
verruqueux. Ils sont uni-
formément d’un brun fauve clair comme le
rachis et les pédicelles courts (10 à 15 cen-
timètres) qui les supportent. Leur forme
est subsphérique, un peu turbinée, dépri-
mée au sommet, très-vaguement trigone, et
leur diamètre longitudinal est presque égal
au diamètre transversal, mesurant de 35
à 40 millim. (fig. 121). Leur dépression
ombilicale est surmontée par le style per-
sistant, filiforme et desséché. Le rachis et
les pédicelles, robustes, sont finement pulvé-
rulents, comme les intervalles des rugo-
sités tubéreuses de la surface du fruit. Il
n’y a nulle part trace d’aiguillons, même
rudimentaires comme dans
YÆ. rubicunda. La dé-
hiscence de ce fruit s’o-
père par l’ouverture si-
multanée des trois valves
épaisses, s’écartant à la
fois du haut et du bas,
et qui ne sont retenues,
avant leur chute, que par
les appendices fibreux du
placenta. Les graines, gé-
néralement par deux dans
chaque fruit (fig. 122,
123, 124), d’un diamètre
de 20 à 23 millimètres,
ont leur surface externe
Fig. 121. — Æsculus lurbinata.
Fruit entier.
Fig. 122. — Æsculus turbinata. Fig. 123. — Graine d Æsculus
Fruit ouvert. turbinata.
Fig. 124. — Coupe en travers
d’un fruit.
d’un beau brun -roux comme les « Mar-
rons d’Inde », et la surface interne, par
laquelle ils sont temporairement soudés,
est plus pâle et blanchâtre. Cette peau est
peu épaisse, et la cavité intérieure est
remplie d’une fécule blanche, abondante et
compacte.
XJÆ. turbinata , Bunge, est originaire
du Japon, où il a été rencontré dans l’ile de
Yéso, près d’Hakodaté, en 1861, par Maxi-
mowicz. Il porte, au Japon, le nom « d ’Idzi
novatari ». On le trouve aussi indiqué dans
l’herbier de Leide comme recueilli par
Textor. Son introduction à l’état vivant
paraît avoir passé inaperçue en Europe, et
il a fallu sa fructification récente pour que
nous puissions faire connaître cet arbre
sous son vrai nom.
Grâce aux semences que nous venons de
décrire et que nous avons eues en parfaite
maturité dès le 1er septembre, c’est-à-dire
avant la déhiscence ordinaire des fruits des
autres Æsculus, on pourra bientôt se pro-
curer facilement des exemplaires de YÆ.
turbinata. C’est un honneur pour Segrez
d’avoir été le théâtre des premières fruc-
tifications de ce beau Marronnier dans notre
pays. Ed. André.
498 ANTHURIUM LONGISPÀTHUM. — SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
ANTHURIUM LONGISPATHUM
C’est au fleuriste de Paris, à la Muette,
que cette intéressante nouveauté s’est mon-
trée.
Dans des terres provenant d’un envoi de
plantes de la Guadeloupe, fait au Fleuriste
de la Ville de Paris, M. Bauer, chef multi-
plicateur de cet établissement, remarqua
une très-petite plante, qui, ayant germé,
donna naissance à une espèce qu’il ne tarda
pas à reconnaître pour une Aroïdée ;
l’ayant soignée, c’est-à-dire repiquée, em-
potée, rempotée, il constata qu’il avait
affaire à une espèce d 'Anthurium distincte
de tout ce qu’il connaissait jusque-là. Mise
en pleine terre, elle prit des dimensions
inusitées, surtout celle de la spathe, et, tout
particulièrement, du spadice. En voici une
description :
Plante très-vigoureuse, acaule, formant une
énorme souche de laquelle partent les organes
foliacés. Feuilles longuement pétiolées ; limbe
de 60 centimètres de longueur, d’environ 45 cen-
timètres de large, coriaces, épais, profondé-
ment écliancré à la base, d’un vert pâle, à
nervures très-saillantes à la face inférieure ;
spathe verte, étroite, longue de 38 centimètres ;
spadice très-gros, cylindrique, long de 60 cen-
timètres, parfois même plus, d’environ 2 centi-
mètres de diamètre, d’un gris cendré. Pédon-
cule cylindrique très-solide, ferme et très-plein,
de 15 millimètres de diamètre, d’environ
1 mètre de longueur, longitudinalement sil-
lonné, renflé un peu au-dessous du sommet, à
environ 4 centimètres de la base du limbe.
Comme tous ses congénères, Y Anthurium
longispathum exige la serre chaude ainsi
que la pleine terre pour atteindre son par-
fait développement. On le multiplie par les
graines, qui se trouvent sur le spadice et
qu’on sème aussitôt leur maturité, en ter-
rines qu’on place sous cloche, en n’enter-
rant seulement que la base; leur végéta-
tion est entièrement semblable à celle des
autres espèces du genre.
On est en droit de supposer que cette
espèce se multipliera facilement, puisque
déjà elle a produit des graines qui, semées
ainsi qu’il a été dit ci-dessus, ont donné
naissance à seize jeunes plantes, aujourd’hui
bien venantes. E.-A. Carrière.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1888.
Comité de floriculture.
Quelques beaux Bertolonia , obtenus de
semis par M. Bleu, 48, avenue d’Italie, à Paris,
sont présentés par lui. Ce sont : Souvenir de
L. Van Houtte 1 ; Comte O. de Kerchove, à
fond rouge foncé ; Madame Ed. Pynaert ,
plante robuste, très-jolie, rouge foncé légè-
rement lilacé ; Monsieur Finet, variété la plus
vigoureuse, feuilles rose cerise argenté, à
reflets chatoyants ; Rosea punctatissima ; Sou-
venir de Gand ; Souvenir du Comte de Gomer.
Du même présentateur, un exemplaire fleuri
de Y Epidendrum amabile , très-jolie Orchidée
brésilienne dont l’inflorescence rose lilacé a
une très-longue durée.
Par M. Simon Délaux, horticulteur à Saint-
Martin-des-Touches , Toulouse (Haute-Ga-
ronne) : une remarquable collection de Chry-
santhèmes en fleurs coupées, variétés précoces,
dont 40 seront mises au commerce en 1889.
Par M. Dethou, propriétaire à Bléneau
(Yonne), une inflorescence d Agave ameri-
cana provenant d’un fort exemplaire cultivé
1 Voir la description : Revue horticole , 1888,
p. 272.
en pleine terre dans le parc de Bléneau.
M. Dethou protège cette plante contre le
froid au moyen d’une sorte d’échafaudage
qu’il recouvre de planches et de châssis vitrés.
Par M. Tréfoux, horticulteur à Auxerre
(Yonne), un certain nombre de rameaux fleuris
de Glaïeuls rustiques obtenus par lui de
semis. Ces variétés, dont les couleurs sont
jolies et très-variées, ont résisté, en 1887, en
pleine terre, à un froid de 17 degrés.
Par M. Pernel, horticulteur à La Varenne-
Saint-Hilaire (Seine), un bouquet d’inflores-
cences de Pentstemon de semis, .à fleurs
érigées, de tons intenses et très-variés.
Par M. Chauvart, rue Haxo, à Paris, des
Pâquerettes à fleurs énormes, très-colorées.
Par M. Barigny, de Meaux, une jolie col-
lection de Chrysanthèmes à grandes fleurs.
Et par M. Werner, jardinier à Neuilly (Seine),
des Cyclamen de Perse peu intéressants.
Comité de culture maraîchère.
Par M. Joseph Rigault, de Groslay (Seine-
et-Oise), un lot de Pommes de terre Joseph-
Rigault , énormes, plates, allongées, bru-
nâtres. Cette variété produit, paraît-il, jusqu’à
30,000 kilog. à l’hectare.
MÉTHODE SIMPLE DE TRANSPLANTATION DES GROS ARBRES.
499
Par M. Chauvart, cultivateur, des Tomates
améliorées Roi Humbert , variété très-produc-
tive, chaque pied donnant jusqu’à 30 ou 40 fruits
de grosseur moyenne, allongés, tronqués aux
deux extrémités.
Par M. Poitevin, jardinier à Bonneuil (Seine-
et-Marne), un lot de Maïs sucré à grains ridés.
Comité d’arboriculture fruitière.
Par M. Jamin, de Bourg-la-Reine, une cor-
beille de Poires énormes, de toute beauté,
appartenant aux variétés suivantes : Général
Kléber , Beurré Dumont, B. superfin , B. gris ,
B. d’Albrecht , B. Lebrun , B. Hardy , Nouveau -
Poiteau , Doyenné blanc , Van Marum, Bonne
d’Ézée , Madame André Lefoy.
Par M. Chevallier fils, de Montreuil-sous-
Bois (Seine), quelques Pêches fort belles,
malgré la saison assez avancée, et apparte-
nant aux variétés : Chevreuse tardive , Com-
tesse de Montijo, Belle Impériale , Remâcher,
Baltet , etc.
Par M. Vaternelle, jardinier chez M. Sa-
lanson, à Villers-Cotterets (Seine), des Poires
Beurré Sterckmans , B. Six , Fondante Thir-
riot , joli fruit jaune et rouge, et de Pommes
Transparente de Croncels , vert pâle, allon-
gées.
Par M. de Bonnel, des Poires Bon Roi René ,
Napoléon III, Bon-Vicaire , fruits peu connus,
quoique recommandables.
Par M. L. Riard, jardinier à Fontenay-aux-
Roses, du Chasselas doré de Fontainebleau,
assez beau, quoique venu en plein air.
M. E. de Mollemont, de Réthel (Ardennes),
avait apporté des échantillons d’une matière
qu’il recommande chaudement pour la conser-
vation et l’expédition des fruits. Ce sont de très-
fins copeaux de sapin qui forment, sous les
fruits, une couche élastique et ne leur commu-
niquent aucun goût, ainsi qu’on pouvait le
penser.
Par M. de Vilmorin, quelques fort belles
Poires Duchesse d’Angoulême et Doyenné du
Comice.
Par M. E. Lefort, de Meaux, une belle col-
lection de Pommes d’hiver, variétés nouvelles
et peu répandues.
Comité d’arboriculture d’ornement.
Par M. Dethou, de Bléneau (Yonne), des
rameaux fleuris de Colletia cruciata , arbuste
bien connu, rustique dans le midi et jusque
vers le centre ouest de la France, et qui n’est
intéressant que par la singularité qu’il présente
de ne pas montrer de feuilles. Ém. Bruno.
MÉTHODE SIMPLE DE TRANSPLANTATION DES GROS ARRRES
Il y a quelques années *, M. Ed. André
a indiqué les procédés employés par les
grandes villes et les riches propriétaires
pour transporter les grands arbres et créer
immédiatement des jardins largement om-
bragés.
Ces procédés, coûteux par le matériel
qu’ils demandent et par suite hors de la
portée du plus grand nombre des proprié-
taires, risquent d’être toujours peu appli-
qués. Il est pourtant fort agréable, quand
on a un jardin à planter, de ne pas attendre
dix ans et plus pour y jouir de quelque
fraîcheur pendant l’été. N’est-il pas fâcheux,
en effet, quand on a voulu se créer une pro-
priété d’agrément, d’être obligé, comme
tant de petits propriétaires des environs de
Paris, de se mettre à l’ombre de sa maison
pour fuir les ardeurs du soleil ?
Or, cette question de translation des
grands arbres est, en somme, facile à ré-
soudre. Il sera peut-être intéressant, pour
les lecteurs de la Revue, de savoir que,
sans engins coûteux, on peut, comme nous
l’avons fait nous-même, jouir immédiate-
ment d’un jardin qui, dans les conditions
normales, aurait dû être planté depuis
1 Voir Revue horticole, 1884, p. 66.
vingt ans. Les architectes, dont l’œuvre
reste souvent incomplète faute d’être entourée
immédiatement des massifs de verdure qu’ils
avaient rêvés et dont ils avaient paré leurs
dessins, y trouveront peut-être aussi d’utiles
indications pour établir à peu de frais
les jardins et plus rapidement encore que
les maisons.
On procédera d’abord à l’acquisition des
arbres à transporter. Cette acquisition est
généralement assez facile quand le pays pos-
sède une forêt, un bois ou des plantations
d’arbres. On achètera ainsi, au moment
d’une coupe, un certain nombre d’arbres sur
pied, en s’entendant avec l’adjudicataire
ou le propriétaire s’il s’agit d’arbres ré-
servés. Les arbres en état d’être trans-
portés avec succès ne coûteront pas, pris
sur pied, plus d’une dizaine de francs : cette
somme représentera souvent le double de la
valeur vénale du bois que donnerait l’arbre
abattu, et même plus. Il ne peut être ques-
tion, en effet, que d’arbres à bois tendre, la
transplantation des arbres d’essence dure
étant à peu près impossible; leur reprise
est difficile, même avec de grandes pré-
cautions. Les arbres qu’on achètera ainsi
dans les bois seront donc des Acacias, des
Merisiers, des Bouleaux, des Trembles, des
500
MÉTHODE SIMPLE DE TRANSPLANTATION DES GROS ARBRES.
Aulnes, etc. On trouvera aussi sans peine,
dans les jeunes plantations de Peupliers,
espèce qui se multiplie actuellement dans
presque tous les pays, des sujets vigou-
reux; leurs propriétaires les céderont fa-
cilement quand on leur fournira l’occa-
sion de réaliser immédiatement un béné-
fice qu’ils ne devaient espérer que beaucoup
plus tard.
Pour payer ces arbres à leur valeur
réelle, il sera bon de faire estimer, par
un marchand de bois, leur valeur ac-
tuelle, et de la majorer ensuite suivant la
convenance et l’agrément.
En achetant les arbres, on mentionnera
le droit d’enlèvement avec les racines et
l’on aura soin de stipuler que les trous
faits pour l’arrachage seront rebouchés le
mieux possible sans dommages et intérêts.
On procédera ensuite comme nous allons
l’indiquer. Cette méthode simple nous a
parfaitement réussi pour l’établissement
d’un jardin à la place d’une vaste cour
pavée, c’est-à-dire dans des circonstances
éminemment défavorables, la terre nou-
vellement amenée étant peu propre à des
plantations faites ainsi immédiatement.
Elle réussira encore mieux et à moins de
frais entre les mains de ceux qui voudront
bien tenir compte des observations signa-
lées plus loin ; ces observations permettront
de parer aux quelques accidents dus à
notre inexpérience dans l’application de
procédés que nous avons créés de toutes
pièces.
Le matériel employé a été celui qu’on
trouve partout à la campagne : un chariot
ordinaire à foin, trois ou quatre madriers
de 3 à 4 mètres de long, deux ou trois
échelles , une douzaine de faguettes, quel-
ques vieux sacs et des cordages. Avec ce
matériel, cinq ou six hommes et un cheval,
nous avons transporté quarante- quatre
gros arbres ainsi répartis :
Nombre.
Essence.
Hauteur.
Circonférence de tronc
à 1 mètre de hauteur.
9
Peupliers . .
11 à 15 m.
0«n 47 à 0m 63
6
—
9 à 10 m.
0® 35 à 0® 40
4
Acacias . . .
10 à 11 m.
0m 30 à 0m 35
1
Tremble.. .
10 m.
0® 67
2
—
8 à 10 m.
0m 25 à 0® 30
1
Bouleau . . .
13 m.
0™ 70
2
—
11 à 12 m.
0m 40 à 0ra 45
3
—
8 à 10 m.
0m 30 à 0ra 35
3
Merisiers..
8 à 10 m.
0m 25 à 0m 30
6
Épicéas . . .
8 à 10 m.
0m 30 à 0m 35
1
Cerisier. . .
5 m.
0m 30
2
Pruniers . .
3 m.
0™ 20 à 0® 25
4
Pommiers.
3 à 5 m.
0m 20 a 0m 35
L’opération a été faite, pour les arbres à
feuilles caduques, en octobre ; pour les Co-
nifères, en avril.
Les terrains d’où provenaient les arbres
étaient généralement peu compacts; les
meilleurs étaient ceux des arbres à fruits ;
les autres arbres sortaient de bois dont
le sol était plutôt siliceux qu’argileux ;
les Peupliers, de terres de prairies ; enfin,
les Epicéas, de terrains sablonneux presque
formés de sable pur.
Voici comment on procéda :
Les arbres étaient d’abord déracinés au
moyen d’un fosâé circulaire de 1 mètre à
lm50 de diamètre intérieur, descendu à
1 mètre environ de profondeur. Pour les
premiers arbres transportés, on entoura la
motte de terre laissée autour du pied avec
quelques brins de faguette , de vieux sacs
et quelques cordages; mais cette garniture
peu solide tomba rapidement dans les ma-
nœuvres suivantes, en sorte que, pour la
plupart des autres arbres transportés, elle
fut supprimée.
Les racines situées sous l’arbre étaient
ensuite coupées avec la hache et la bêche,
et, pour les dégager plus aisément, on in-
clinait successivement l’arbre à droite et à
gauche.
Le chariot, débarrassé de ses parois
latérales (écalages) et présentant par suite
simplement une surface plane montée sur
quatre roues, était amené ensuite aussi
près que possible de l’arbre; on enlevait
alors les limons, afin de placer sa partie
antérieure le plus près possible du pied de
l’arbre.
Creusant ensuite le sol en pente douce, on
plaçait, appuyés sur le chariot et sur le sol
sous les racines, les trois ou quatre ma-
driers. Au moyen d’une corde amarrée au
haut de l’arbre, celui-ci était rapidement
incliné du côté du chariot ; les racines qui
pouvaient rester encore au-dessous étant
coupées au fur et à mesure qu’il était néces-
| saire, l’arbre tombait bientôt couché sur le
plan incliné formé par les madriers.
En se servant de cordes attelées au pied
de l’arbre, mais surtout de leviers, cinq ou
six hommes arrivaient à hisser en une
heure au plus l’arbre sur le chariot, grâce
au plan incliné formé par les madriers. Une
fois montée sur le chariot, la culée ainsi placée
en tète derrière le cheval, au moyen d’une
douzaine ou même d’une demi-douzaine
de faguettes, on formait un chantier sur le-
quel venait s’appuyer le tronc. L’arbre ainsi
MÉTHODE SIMPLE DE TRANSPLANTATION DES GROS ARBRES.
couché sur le chariot, on plaçait les ran-
chets, et l’arbre était amarré avec des cor-
dages en nombre suffisant pour l’empêcher
de se déplacer et de glisser à terre, sous
l’action des cahots de la route.
Au commencement du travail, le fait
s’est présenté deux fois par suite d’un
amarrage insuffisant et. de l’absence des
ranchets ; l’arbre, tombé du chariot, dut y
être remonté. L’opération a été effectuée
avec l’aide des madriers sans plus de diffi-
cultés que le chargement.
Les cahots des routes pavées ou les or-
nières des chemins ruraux impriment à la
tête de l’arbre des mouvements assez grands
qui risquent de la briser : afin d’éviter cet
accident, il convient d’attacher à l’extré-
mité de l’arbre une perche de trois à quatre
mètres assez forte pour lui enlever sa flexi-
bilité et l’empêcher de battre le pavé.
Le chantier formé par les faguettes sur
le chariot doit être assez élevé pour que
les petites branches ne traînent pas à
terre.
L’arbre ainsi chargé, on remontait les li-
mons du chariot et on l’amenait à destination .
Il faut choisir avec soin les chemins faciles ;
ils devront être aussi larges que possible et
surtout ne pas présenter, dans les bois, par
exemple, de tournants trop courts, si l’on
transporte des arbres d’une certaine hau-
teur , le développement nécessaire pour
passer dans les tournants devant être pro-
portionnel à la longueur des arbres trans-
portés.
Pendant le transport, qui doit être fait
lentement, deux ouvriers, détachés rapi-
dement du chantier d’enlevage et dont la
présence était d’ailleurs inutile pour l’ins-
tallation de l’arbre et son amarrage, doivent
creuser le trou qui le recevra : cette opération
sera en tous cas faite complètement et lar-
gement avant de procéder à la descente de
l’arbre le trou dépassant en dimension ce-
lui d’où l’arbre est sorti ; presque toujours
les trous faits sur simple appréciation sont
trop petits.
On amenait alors le chariot aussi près
que possible du bord du trou, et, avec l’aide
des madriers ayant servi à hisser l’arbre
sur le chariot, on le descendait toujours in-
cliné dans le trou : un madrier, qu’on y avait
préalablement placé dans une direction
à peu près perpendiculaire aux autres et
sur le bord opposé, permettait d’arrêter un
glissement trop complet; ce glissement
aurait porté l’arbre tout à fait sur un des
501
côtés du trou au lieu de le laisser au
centre.
La descente demande quelques précau-
tions pour éviter, soit à droite, soit à
gauche, le déversement de l’arbre. Ce dé-
versement est empêché au moyen des le-
viers que manœuvrent les hommes en se
portant avec rapidité du côté où les mouve-
ments de dévers se manifestent : deux
hommes suffisent ordinairement pour effec-
tuer la descente , mais il est prudent de dis-
poser de quatre autres pour s’opposer à ces
mouvements latéraux.
Quand l’arbre était ainsi descendu dans
son trou, on procédait à son redressement.
Celui-ci s’effectuait au moyen de deux cor-
dages disposés en sens inverse, l’un pour
tirer, l’autre pour maintenir. On les amar-
rait suivant la hauteur de l’arbre et l’im-
portance des branches à moitié ou aux deux
tiers, aux deux tiers si la tête est lourde.
Dès que les cordages étaient amarrés, on
enlevait le chariot en maintenant l’arbre
incliné au moyen de deux échelles placées
au-dessous et dans une direction inverse :
grâce à cet appui, on enlevait sans peine le
chariot. C’est avec ces échelles qu’on com-
mençait le levage de l’arbre, les cordages
étant alors trop inclinés pour en attendre
une action efficace.
On redressait lentement les deux échelles
en les arc-boutant l’une par l’autre, de
façon à empêcher l’arbre de tourner dans le
trou. Quand les échelles, primitivement
placées inclinées, étaient arrivées à la ver-
ticale, on maintenait l’arbre au moyen
d’une seule et des cordages, et on déplaçait
l’autre pour saisir l’arbre à une plus grande
distance du pied.
Dès qu’on avait élevé ainsi l’arbre d’une
certaine quantité au-dessus du sol, on fai-
sait agir les cordes en maintenant l’arbre
par l’une d’elles pendant qu’on l’élevait par
l’autre. Dans cette opération, les échelles
sont encore utiles pour éviter des mouve-
ments de déversement.
L’arbre était ainsi rapidement mis de-
bout en moins d’une heure.
Nous avons été assailli, pendant une de
ces opérations, par un vent assez violent
pour rejeter à terre un arbre très branchu
qui était à peu près élevé : nous ne saurions
donc trop conseiller d’employer dans ce cas
plutôt trois cordages que deux et d’avoir,
si possible, à sa disposition, trois échelles
au lieu de deux pour maintenir plus com-
plètement les oscillations de l’arbre.
502
MÉTHODE SIMPLE DE TRANSPLANTATION DES GROS ARBRES.
Quand l’arbre était en place et bien droit,
on arrosait copieusement le pied et on tassait
tout autour la terre avec soin en l’arrosant
fréquemment pour la faire descendre entre
les racines; on terminait par un dernier
arrosage.
Le transport et la mise en place des plus
gros arbres n’a pas demandé plus d’une
demi-journée; ordinairement, on en trans-
portait trois par jour, et, pour les plus
petits, quatre, cinq et six ; on en chargeait
alors deux ou trois sur le même chariot ; la
distance du transport était d’environ un à
deux kilomètres.
Il est indispensable de maintenir les
arbres dépassant 9 mètres de haut avec des
fils de fer placés surtout dans la direction
opposée au vent. Plusieurs de ceux que
nous avons transplantés ont été ren-
versés et ont dû être redressés à nou-
veau, faute d’avoir été ainsi soutenus dès
l’origine; d’autres, sans avoir été complè-
tement renversés, ont été fort ébranlés ; on
a dû les ramener dans la verticale par des
amarres quelque temps après la plantation.
La transplantation de tous ces arbres
a été effectuée il y a trois ans et l’on peut
actuellement se rendre un compte exact du
résultat.
Sur les quarante-quatre arbres, neuf
moururent dans les deux premières années ;
aucun n’est mort cette année; les trente-
cinq survivants sont actuellements couverts
d’un vigoureux feuillage. La plupart de ces
morts furent d’ailleurs accidentelles. Il y
eut, après la transplantation, des coups de
vent très-violents qui renversèrent une
partie des arbres qu’on n’avait pas eu la
précaution de maintenir immédiatement
par des fils de fer.
Les sept arbres morts dans la première
année se décomposent ainsi :
1° Un Acacia deux fois renversé par le
vent, une première fois, faute de l’éta-
blissement d’un fil de fer d’amarrage, une
seconde par suite de la mauvaise direction
donnée à l’amarrage ;
2° Un grand Tremble, qui, une fois mis
en place, fut déplanté quinze jours après et
transporté 3 mètres plus loin ;
3° Un gros Bouleau, qui, renversé parle
vent pendant le montage, avait perdu dans
cette secousse la plus grande partie de la
terre qui entourait ses racines ;* il avait,
d’ailleurs, été enlevé avec une motte trop
faible, qui ne renfermait que quelques
grosses racines et peu de chevelu ;
4° Un petit Tremble renversé deux fois ;
5° Un Bouleau placé dans un mauvais
terrain rapporté, où moururent aussi les
arbustes qu’on y avait plantés. Il y a lieu
de noter, pourtant, que la reprise des Bou-
leaux un peu vieux est difficile ;
6° et 7° Deux Epicéas ; ceux-ci prove-
naient d’une assez grande distance du lieu
de plantation (5 kilomètres) ; ils avaient été
amenés en passant sur une route pavée, en
mauvais état, et une grande partie de la
terre qui entourait leurs racines était
tombée ; enfin, le terrain où ils avaient été
plantés leur convenait peu.
Les deux arbres morts la seconde année
sont : un Bouleau qui avait parfaitement
verdi la première année, il paraît avoir été
grillé par un coup de soleil, et un Épicéa
dont la mort peut être attribuée à la même
cause.
Il faut ajouter, de plus, que le jardin, de
création complète, était formé de terres rap-
portées prises dans une butte , froides ,
non aérées, très-pauvres en humus, et
présentait, par suite, de très-mauvaises
conditions pour la nourriture des végétaux
qu’on lui confiait.
Malgré ces circonstances défavorables,
l’opération a été, en somme, réellement
satisfaisante, puisqu’on a perdu seulement
un cinquième des arbres transplantés et
presque tous par circonstances fortuites ;
on éviterait, à coup sûr, la plus grande
partie de ces accidents si l’on avait à recom-
mencer l’opération.
Un détail à noter qui présente une cer-
taine importance : la première année, les
arbres furent arrosés quotidiennement avec
soin et copieusement pendant les grandes
chaleurs.
Nous croyons donc pouvoir dire que la
transplantation des gros arbres est ainsi
chose facile pour tous les propriétaires, et
qu’on ne devrait plus, aujourd’hui, cons-
truire d’habitation de quelque importance
dans un terrain dénudé, sans l’entourer
aussitôt d’un jardin immédiatement ca-
pable d’y donner de l’ombrage. Cette obser-
vation peut s’appliquer, en particulier, aux
villas qui s’élèvent chaque jour sur le bord
de la mer ; le terrain qui les entoure laisse
souvent à désirer et contraste, par son indi-
gence regrettable, avec la richesse de leur
architecture.
P. Marguerite-Delacharlonny,
Ingénieur des Arts et Manufactures.
GRIOTTE TARDIVE DE PLOMBIÈRES.
BIBLIOGRAPHIE.
503
GRIOTTE TARDIVE DE PLOMRIÈRES
Arbre vigoureux, élancé, très-productif.
Branches subdressées, les plus jeunes à
écorce gris-cendré ou blanchâtre, légère-
ment pruineuse. Feuilles minces, longue-
ment ovales, sensiblement et inégalement
dentées en scie , brusquement atténuées,
arrondies à la base, rétrécies au sommet
cuspidé. Pétiole coloré, assez long, grêle.
Glandes peu nombreuses (4 à 3), quelque-
fois nulles, placées vers le sommet du pé-
tiole, petites, ovales, légèrement concaves,
rougeâtres. Fruits longuement et finement
pédonculés , ovales - cordiformes, un peu
plus longs que larges, de 18 millimètres de
longueur, légèrement atténués arrondis au
sommet, où le point pistillaire forme par-
fois un très-court mucronule, légèrement
déprimés sur les deux côtés, à dépressions
inégales, l’une longitudinalement côtelée
au centre. Peau luisante, rouge-vineux,
passant au rouge sombre et même bru-
nâtre à la complète maturité du fruit. Chair
adhérente au noyau, ferme et consistante,
blanc, grisâtre, très-sucrée, relevée d’une
saveur fine, très-agréable. Noyau large-
ment cordiforme, uni, brusquement ar-
rondi à la base, atténué en pointe au
sommet.
La Cerise Tardive de Plombières, qui
appartient à la section des Griottes, mûrit
ses fruits à partir de la fm d’août, et ceux-
ci persistent sur l’arbre pendant tout le
mois de septembre, qualité unique dans
le groupe des Cerises et qui, certes, n’est
pas à dédaigner.
Cette variété, du reste, est très-rare,
même à Plombières, et nous ne l’avons vue
que dans un seul jardin, chez M. Gen-
tilhomme, pharmacien à Plombières, ama-
teur d’horticulture, dont nous aurons occa-
sion de reparler lorsque nous décrirons les
jardins de cette ville.
Pour aujourd’hui, nous nous bornons à
citer la Cerise en question, que nous n’hé-
sitons pas à recommander comme pouvant
rendre de grands services à l’arboriculture
et certainement digne de prendre place à
côté de beaucoup d’autres et d’augmenter
encore les collections fruitières déjà si
riches. E.-A. Carrière.
BIBLIOGRAPHIE
La Ramie, par E. Royer, membre de la Com-
mission de la Ramie au ministère de l’agricul-
ture. Prix l fr., Librairie agricole de la Maison
rustique , 26, rue Jacob, Paris.
Depuis dix ans, l’auteur s’est entièrement
consacré à l’étude approfondie de la Ramie.
Il y a sept ou huit ans que, comprenant la
situation et les difficultés matérielles de la
question, M. Royer s’est mis résolument à la
recherche de la solution du problème indus-
triel que comporte ce sujet intéressant, solu-
tion sans laquelle cette fibre ne peut parvenir
à occuper la place à laquelle elle peut pré-
tendre, par ses qualités particulières, d’abord,
par les prix auxquels il est possible de la pro-
duire, ensuite.
Aussi l’auteur traite-t-il de son sujet en toute
connaissance de cause ; il nous indique d’abord
l’organisation pratique de cette industrie, il
détermine le rôle de l’industrie intermédiaire
du fabricant de Ramie, il établit le principe de
la décortication tel qu’il lui paraît devoir être
résolu.
Puis il aborde la grave question des prix
possibles pour les matières venant de la cul-
ture et celle du prix de revient, ce qui naturel-
lement le conduit à une étude comparative des
cultures de Ramie en Europe avec les cultures
intertropicales.
Il termine en indiquant les conditions les
meilleures pour l’établissement d’une planta-
tion et les précautions à prendre pour livrer les
matières fibreuses, dans un état convenable.
Ce livre jette un jour nouveau sur une in-
dustrie et une culture nouvelles qu’il y aurait
intérêt à propager dans l’intérêt national comme
dans l’intérêt des contrées aptes à produire ce
nouveau textile. M. R.
Index generum phanerogamorum, par Th.
Durand. In-8°; prix, 25 fr. à Bruxelles, et à
Paris, chez P. Klincksieck, 16, rue de Sèvres.
Sous ce titre, M. Th. Durand, aide-naturaliste
au Jardin botanique de Bruxelles, vient de pu-
blier un recueil de la plus grande utilité, et qui
est établi en prenant pour base le Généra plan-
tarum, de Bentham et Hooker, en y intercalant
tous les genres créés depuis l’achèvement de
cet ouvrage.
Cet Index comprend, indépendamment des
Incerta , 8.349 genres goupés méthodiquement
et accompagnés chacun de toutes les indi-
cations nécessaires pour les recherches bota-
niques.
En dehors des services qu’il rendra aux pos-
sesseurs du Généra en complétant ce recueil
jusqu’à la fin de 1887, il sera surtout utile à
tous les botanistes qui, n’ayant pu se procurer
504
CORRESPONDANCE.
l’ouvrage de Bentham et Hooker, aujourd’hui
épuisé en librairie, trouveront dans YIndex
generum phanerogamorum toutes les indi-
cations sommaires dont ils ont sans cesse
besoin. Ed. A.
Prairies et Vergers, par MM. Michiels frères,
pépiniéristes, 1 vol. in-18. Paris, G. Masson, édi-
teur, 120, boulevard Saint-Germain.
Sous ce titre, MM. Michiels frères, pépinié-
ristes-arboriculteurs, à Montaigu (Belgique),
viennent de publier un volume de 320 pages,
orné de nombreuses figures intercalées dans
le texte. Praticiens éclairés, les auteurs,
comprenant l’enchaînement étroit qui existe
entre l’horticulture et l’agriculture, et l’im-
possibilité de les séparer d’une manière ab-
solue, ont mené de front les deux choses.
Après avoir traité les principaux points relatifs
au sol et au bétail, les auteurs ont abordé les
questions qui se rapportent particulièrement au
jardin; le choix des arbres fruitiers dans les
pépinières, la plantation, les tuteurs et armures,
les engrais, les formes à donner aux arbres,
les variétés recommandées, etc.
Gomme annexes, et pour terminer, nous
trouvons d’intéressantes considérations sur les
arbres fruitiers dans les champs et le long des
routes, et les moyens de combattre les effets
des gelées au moment de la floraison.
L’ouvrage de MM. Michiels ne manquera pas
de rendre de bons services et sera consulté
avec fruit. E.-A. G.
N° 3105 ( Ariège ). — En l’absence du fruit
et de l’arbre dont vous nous parlez, nous ne
pouvons vous dire que ceci : Le Diospyros que
vous avez, vu son origine, ne peut être que le
D. costata ou Mazeli, qui, tous deux origi-
naires du Japon, ont un tempérament tout à
fait analogue. Ges arbres ne mûrissent que
très-tardivement leurs fruits sous notre cli-
mat ; si ceux que porte votre arbre sont encore
verts, vous pouvez sans inconvénient leur lais-
ser supporter les petites gelées de l’automne.
Alors, ils ne tarderont pas à prendre une belle
couleur rouge-orangée. Si vous voulez les
manger, vous pouvez les laisser sur l’arbre
jusqu’à ce qu’ils tombent, ce qui arrivera quand
ils seront tout à fait blets ; mais alors, dans
cet état, ils ne se conservent pas longtemps. Si
au contraire, vous tenez à les conserver au
fruitier, et les voir parer , il faut les cueillir,
lorsque, déjà très-colorés, ils sont encore
fermes. Alors ils achèvent de mûrir, mollis-
sent, perdent de leur astringence, et sont alors
bons à manger. En général, ou pour mieux
dire, toujours, les Kakis (fruits des Diospyros)
ne se consomment que lorsqu’ils sont blets ; au
Japon, on les mange à la cuillère. — Ne vous
Les Leçons de choses au concours agricole
de Paris, 1 vol. in-10, broché, 3 fr. (Librairie
Hachette et Cie, 76, boulevard Saint-Germain, à
Paris.)
Au concours agricole qui s’est tenu au Palais
de l’Industrie en février 1888, M. E. Menault,
inspecteur général de l’agriculture, qui diri-
geait ce concours, a eu l’excellente initiative
d’organiser, plusieurs fois par jour, des entre-
tiens familiers sur les principales parties de
l’exposition. Ges entretiens, qui constituaient
des leçons sur les choses figurant au concours,
ont été suivis par une affluence nombreuse qui
y a puisé d’excellentes notions ; car ils étaient
faits, sur chaque sujet, par un spécialiste émé-
rite, connaissant les choses dont il parlait.
Ges entretiens ont été réunis, et la librairie
Hachette vient de les publier en un intéressant
volume; à côté d’entretiens spécialement agri-
coles sur la production des Céréales, sur celle
des Pommes de terre, sur les plantes fourra-
gères, sur les caractères des vaches laitières,
sur les animaux gras, de nombreux entretiens
ont été consacrés à la production des légumes,
aux abeilles, à la culture et au choix des
arbres fruitiers, au lait, aux beurres et fro-
mages, et aux animaux de basse-cour.
Toutes ces leçons sont rédigées avec préci-
sion et clarté ; elles ont conservé la forme vi-
vante de la conversation ; et de nombreuses
gravures, intercalées dans le texte, achèvent
les démonstrations qu’elles accompagnent.
M. R. .
étonnez pas de voir s’effectuer la chute des
feuilles de votre arbre, avant la maturation des
fruits; c’est un fait normal, et c’est même en
ce moment, que les Diospyros présentent un
aspect ornemental tout particulier, quand, dé-
pourvus de feuilles, ils sont couverts de fruits
d’un très-beau jaune d’or.
No 1985 ( Maine-et-Loire ). — Les expres-
sions arbres , arbrisseaux et arbustes , très-
usitées dans le langage ordinaire, ne peuvent
pas se définir d’une manière précise. Dupuis
les distingue de la manière suivante : on donne
en général le nom d 'arbres aux végétaux li-
gneux qui s’élèvent au moins à 5 mètres, pré-
sentent une tige nue à leur partie inférieure et
ne se ramifient qu’à une certaine hauteur ; les
arbrisseaux varient de 1 à 5 mètres de hau-
teur, se ramifient le plus souvent dès leur base,
et leurs rameaux portent des bourgeons écail-
leux ; les arbustes ne dépassent guère 1 mètre ;
ils se ramifient dès leur base, mais leurs ra-
meaux sont dépourvus de bourgeons écailleux.
— Gette division, commode dans la pratique n’a
évidemment aucune valeur scientifique, et les
limites entre ces trois groupes de végétaux
sont difficiles à établir.
U Administrateur- Gérant : L. Bourguignon.
Imp. Georges Jacob, — Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE.
505
CHRONIQUE HORTICOLE
Mérite agricole. — Syndicats obligatoires pour la défense des Vignes contre le phylloxéra. — La floraison
des Chrysanthèmes. — Chrysanthèmes nains hâtifs très-rustiques. — Un nouveau Noyer à fruits
comestibles. — Culture des Crotons par potées. — Floraison anormale du Magnolia Sonlangeana,
en Angleterre. — Un superbe exemplaire de Plalycerium grande. — Influence de la lumière sur le
développement des graines. — Arrangement pittoresque des entrées de serres. — Cultures comparées
à diverses altitudes. — Le Figuier Ti-Koua. — Les qualités forestières du Catalpa speciosa . —
Découverte d’un Wellingtonia gigantesque. — Plantes antipathiques aux insectes et aux animaux.
— La récolte annuelle des fruits en France. — Les importations de fruits frais en Angleterre. — -
La longévité des oiseaux. — Destruction des vers blancs par la benzine. — Concours d’appareils
pour le greffage de la Vigne à Orléans. — Exposition de Chrysanthèmes à Roubaix. — Memento des
expositions. — Nécrologie : MM. de Cannaert d'Hamale , W.-H. Crawford et Ch. Serlier.
Mérite agricole. — Le Journal Offi-
ciel vient de publier une liste de promotions
et de nominations dans l’ordre du Mérite
agricole. Nous y trouvons la promotion, au
grade d’officier du Mérite agricole, de notre
collaborateur, M. Jules Ricaud, vice-prési-
dent de la Commission des hospices de
Beaune et administrateur de l’École de Jar-
dinage récemment fondée dans cette ville.
Parmi les nominations au grade de che-
valier du Mérite agricole, nous relevons les
suivantes, qui intéressent l’horticulture :
MM.
Bernaix (Alexandre), horticulteur à Lyon-
Villeurbanne (Rhône) ; a réalisé de nombreux
progrès dans la culture des Roses, lauréat
dans diverses expositions horticoles ; 35 ans de
services.
Chrétien (Jules), chef des cultures florales au
parc de la Tête-d’Or (Lyon) ; nombreuses ré-
compenses dans diverses expositions; plus de
40 ans de services.
Coulon (Joseph-Charles), horticulteur-pépi-
niériste, à Dun-sur-Auron (Cher) ; nombreuses
récompenses dans divers concours et exposi-
tions ; 40 ans de services.
Guillot (Jean-Baptiste), horticulteur à Lyon-
Montplaisir (Rhône); a découvert la greffe du
Rosier sur racine. Nombreuses récompenses
dans diverses expositions, tant en France qu’à
l’étranger.
Legrand (Pierre-Michel), horticulteur-pépi-
niériste à Yvetot (Seine-Inférieure) ; a fait les
premiers semis de Pommiers vers 1840, et ob-
tenu, pour ces cultures, de nombreuses récom-
penses dans les concours.
Syndicats obligatoires pour la dé-
fense des Vignes contre le phylloxéra.
— Il est fort pénible de constater avec quelle
lenteur l’emploi des procédés ayant fait leurs
preuves contre les multiples ennemis de la
Vigne est pratiqué par les vignerons.
Nous avons vu cette année, en Touraine
notamment, des communes d’une impor-
tance moyenne où le déficit de récolte, par
suite de la présence du mildiou sans sulfa-
tage, est considérable pour chacune, et, au
milieu de ces régions envahies, quelques
parcelles, où le traitement avait été effectué,
ont donné une bonne production de fruits
arrivant à parfaite maturité, malgré l’été
froid et pluvieux que nous avons eu.
Relativement au phylloxéra, l’inertie des
cultivateurs est souvent semblable, et, dans
ce cas, les effets en sont encore plus graves.
En vue de parer à ce fâcheux état de
choses, la Chambre des Députés, dans sa
séance du 46 octobre dernier, a adopté dé-
finitivement un projet de loi relatif à la
création de syndicats obligatoires pour la
défense des Vignes contre le phylloxéra.
C’est là une fort bonne mesure dont il
serait utile d’étudier l’extension, en l’appli-
quant aux autres ennemis de la Vigne.
La floraison des Chrysanthèmes. —
Presque chaque année, dans les environs
de Paris, de légères gelées blanches se font
sentir, vers le 15 octobre, et en deux ou
trois jours, toutes les fleurs estivales sont
flétries. C’est le moment où les jardiniers
prévoyants sortent de leurs abris provisoires
les Chrysanthèmes qu’ils ont cultivés.
Us obtiennent ainsi une décoration toute
nouvelle, une floraison abondante, variée,
tout à fait charmante, qui fait oublier aussi-
tôt les autres fleurs disparues.
Chrysanthèmes nains hâtifs rusti-
ques. — Depuis plusieurs années, on cul-
tive en grand, au Fleuriste de la Ville de
Paris, trois variétés de Chrysanthèmes
nains, qui nous semblent présenter toutes
les qualités désirables.
Ces Chrysanthèmes, dont jusqu’à présent
16 Novembre 1888.
22
CHRONIQUE HORTICOLE.
506
on n’a pu connaître le nom, s’ils ont jamais
été nommés, forment, à l’aide de quelques
pincements, des plantes hautes de 40 centi-
mètres environ, compactes, très-ram i fiées,
se tenant très-bien, et se couvrant, pendant
les mois de septembre, octobre et novembre,
d’une profusion de fleurs de moyenne gran-
deur, demi-pleines, bien faites et qui, pour
les trois variétés, sont blanc rosé, jaune pâle
et carmin clair.
Ces plantes ont une rusticité relativement
grande, puisque leurs fleurs peuvent suppor-
ter un froid de 4 degrés au-dessous de zéro,
sans en souffrir d’une façon appréciable.
Comme plantes de corbeilles, elles sont
de premier ordre, et les trois couleurs cons-
tituent lorsqu’elles sont assemblées une
combinaison très-harmonieuse.
Au Fleuriste de la Ville, elles sont égale-
ment employées comme plantes décoratives
pour les garnitures de -soirées.
Un nouveau Noyer à fruits comesti-
bles. — L’espèce dont nous allons par-
ler est destinée à jouer, dans les cultures
d’ornement et de production, un rôle im-
portant, par suite de ses qualités de pre-
mier ordre. Le Noyer de Mandchourie
( Juglans mcmdshurica, Maxim.) est origi-
naire de la province d’ Amour, c’est-à-dire de
l’extrémité orientale de l’Asie, contiguë à la
Sibérie, à la même latitude que le nord du
Japon, dont elle est voisine.
Cette origine indique suffisamment la
rusticité de cet arbre, qui résistera, chez
nous, aux froids les plus violents. Il acquiert
un développement de premier ordre, et
possède un port très ornemental. Ses feuil-
les, divisées un peu comme celles du Noyer
d’Amérique, ont 15 folioles et acquièrent
jusqu’à 80 centimètres de longueur.
Les fruits sont obovales, quelquefois en
forme de Poire, et renferment une partie
comestible dont le goût, moins fin que
celui des Noix ordinaires, pourra certai-
nement être amélioré par la culture.
M. Van Volxem, qui cultive cette espèce
en Belgique, annonce que ses fruits y mû-
rissent plusieurs semaines avant ceux du
Noyer commun.
Deutzia parviflora. — Cette très-jolie
espèce, dont la floraison a eu lieu à Y Arnold
Arboretum (États-Unis d’Amérique), est
originaire du nord de la Chine. Le profes-
seur C. Sargent dit qu’elle dépasse, par ses
qualités ornementales, les trois ou quatre
espèces actuellement cultivées.
Le D. parviflora est un arbuste trapu,
dont les tiges érigées atteignent de lm 20 à
lm70 de hauteur, et sont couvertes de
feuilles elliptiques ou lancéolées, vert foncé
en dessus, vert pâle en dessous.
Les fleurs, blanc pur, en corymbe, appa-
raissent généralement dans le commence-
ment de juin, et leurs masses abondantes
recouvrent complètement la partie supé-
rieure des tiges.
La rusticité de cet arbuste est complète,
aussi sera-t-il une très-précieuse acquisi-
tion pour nos jardins.
Culture des Crotons par potées. —
On a souvent reproché aux Crotons, ces
plantes dont le feuillage présente de si
jolies et si vives couleurs, de trop s’élancer,
malgré les pincements, et de se dégarnir
rapidement de la base.
Il existe un moyen bien simple de parer
à cet inconvénient. Il consiste à réunir dans
des pots d’une grandeur suffisante, non
exagérée, cinq exemplaires de la même
variété, un au milieu, les autres autour.
Les Crotons, élevés d’abord séparément,
doivent être réunis lorsqu’ils ont atteint
40 centimètres de hauteur environ.
On pourrait, comme bizarrerie, réunir
ensemble cinq variétés différentes, de ma-
nière à obtenir une masse multicolore.
Floraison anormale du Magnolia
Soulangeana, en Angleterre. — Un cor-
respondant du Garden fait connaître, par
ce journal, un cas intéressant de floraison
anormale, en Angleterre, de ce Magnolia,
qui, d’habitude, produit, en mars, de jolies
et énormes fleurs blanches et rouges.
Après avoir donné leur floraison printa-
nière, des exemplaires de cette espèce ont,
pendant toute la durée du mois de sep-
tembre, fourni une succession non inter-
rompue de fleurs abondantes, et produisant
un effet tout nouveau à cette époque de
l’année.
Nous n’avons pas entendu dire que le
même fait se soit produit en France.
Un superbe exemplaire de Platyce-
rium grande. — Tout le monde connaît
cette singulière Fougère, qui, sans souche,
sans tige, sans pétioles, enroule ses feuilles
bizarrement découpées autour des troncs
d’arbres, sur lesquels on l’applique habi-
tuellement.
Nous en avons récemment remarqué un
exemplaire, au Fleuriste de la Ville de
CHRONIQUE HORTICOLE.
507
Paris, qui dépasse en dimensions, et, on
peut le dire, en beauté, tout ce que nous
avions vu jusqu’à ce jour.
Cette plante, qui s’est enroulée d’une façon
régulière au sommet d’un poteau arrondi
qui supporte le faîtage d’une serre, élance
tout autour, dans des proportions symé-
triques, ses larges frondes élégamment
retombantes, et forme ainsi une sorte
de chapiteau d’aspect architectural très-
réussi.
Le diamètre de cette plante est d’environ
1 m 90. L’envers de ses feuilles est actuelle-
ment couvert d’un épais feutre non inter-
rompu, brun foncé, qui est formé par
l’agglomération des spores.
Influence de la lumière sur le déve-
loppement des graines. — D’intéres-
santes expériences viennent d’être faites à
ce sujet par le professeur norwégien Scha-
beler, qui s’occupe particulièrement de
géographie botanique. Il en résulte la con-
firmation de ce fait que les graines d’une
même espèce augmentent en grosseur et
en poids, à mesure que les plantes qui les
produisent sont cultivées dans une région
plus rapprochée du nord. Cette augmenta-
tion provient de l’influence prolongée de la
lumière dans les longues journées d’été des
régions boréales.
Exemples : le Pois nain cultivé à Chris-
tiania et à Drontlieim, augmente, dans cette
dernière localité, de 60 p. 100 de son poids,
bien que la différence td’altitude entre les
deux villes ne soit que de 4 degrés. Le
Thym, cultivé à Lyon et à Drontheim,
donne, dans cette dernière station, des
graines dont le poids est augmenté de
70 p. 100.
Ces différences considérables pourraient
être, croyons-nous, utilisées dans certaines
circonstances. Il serait dans tous les cas
intéressant de renouveler les expériences
dans des conditions différentes.
Arrangement pittoresque des entrées
de serres. — Les serres, plus ou moins
enfoncées dans le sol ont toujours une
entrée d’aspect peu agréable. Il faut des-
cendre trois, quatre, cinq marches, entre
des parois de briques cimentées, et quelque-
fois le chauffage placé là augmente encore
le côté défectueux de cette disposition.
M. Laforcade, le jardinier-chef de la Ville
de Paris, a adopté pour éviter cet incon-
vénient un arrangement pittoresque dont
l’effet est des plus charmants.
Au moyen de roches artificielles et de
marches rustiques, il transforme l’entrée
banale en une sorte d’ouverture de grotte
d’une grande simplicité, et, au moyen d’une
végétation rampante très-variée, il donne à
cet ensemble un intérêt constant.
Voici quelles sont les plantes qui se prêtent
le mieux à cette décoration :
Cotoneaster microphylla.
— liorizontalis.
Juniperus Sabinci.
Lonicera brachypoda reticulata.
Hypericum calycinum.
Bambusa Fortunei variegatci.
Retinospora variés.
Saxifraga cordi folia et crassifolia.
Lierres en arbres, etc., etc.
Bégonia semperflorens gigantea. —
On ne saurait trop recommander pour la
décoration hivernale des serres et des appar-
tements ce Bégonia, issu des B. lucida et
semperflorens et représenté par ses deux
meilleures sous-variétés : rosea et kerme-
sina. Le feuillage en est joli, épais, d’un
vert foncé, luisant. Les fleurs, très-abon-
dantes, réunies par gros paquets que sup-
portent des hampes robustes, rose vif ou
rouge foncé, se succèdent sans interruption
pendant tout l’hiver.
C’est une plante des plus précieuses et
d’une culture d’une extrême simplicité.
Cultures comparées à diverses alti-
tudes. — M. Gaston Bonnier, membre du
Conseil de la Société botanique de France,
vient de faire sur ce sujet intéressant
des études suivies, desquelles il semble
résulter que l’acclimatation des végétaux
peut être autre chose qu’un essai d’intro-
duction pure et simple, et que leur consti-
tution physiologique peut se modifier d’une
manière très-appréciable, suivant les condi-
tions climatériques auxquelles ils sont
soumis.
Voici, par exemple, ce qui s’est produit
pour le Teucrium Scorodonia. Semée dans
les hautes altitudes des Pyrénées, au-dessus
du col d’Aspin, cette espèce a produit des
tiges aériennes très-courtes, à feuilles d’un
vert relativement foncé, à poils abondants,
à inflorescence plus serrée et n’ayant à sa
base que quelques entre-nœuds très-courts.
Semée à Paris, dans le jardin de culture de
l’École normale supérieure, de graines ré-
coltées aux plus hautes altitudes que la
plante puisse atteindre dans les Pyrénées
(1,700 mètres), la même espèce a pro-
508
CHRONIQUE HORTICOLE.
duit des tiges élancées, des feuilles d’un
vert plus clair, à poils moins abondants,
à entrenœuds plus allongés et plus nom-
breux.
Ces derniers Teucrium étaient presque
semblables à d’autres exemplaires provenant
de semis faits en même temps et dans le
même terrain, avec des graines récoltées
aux environs de Paris.
Au point de vue anatomique, des diffé-
rences notables existent entre des individus
spontanés de cette même espèce, pris- les
uns dans la plaine, les autres à de hautes
altitudes : la feuille du Teucrium de
1,700 mètres, si on la compare à une feuille
d’un individu de plaine, a un épiderme plus
épais, renforcé par l’épaississement plus
grand des cellules hypodermiques, un tissu
en palissade beaucoup plus développé et
plus riche en chlorophylle, un tissu lacre-
neux plus serré.
Les individus provenant, en plaine, de
semis faits ave,c des graines de montagnes
présentent, sous ce rapport, des différences
intermédiaires, et les mêmes faits se re-
produisent avec les individus provenant, en
montagne, de semis faits avec des graines
de plaine.
M. Bonnier a obtenu les mêmes résultats
avec les Silene nutans, Leontodon autum-
nalis, Taraxacum Bens leonis, Brunella
vulgaris et Lotus corniculatus.
Le Figuier Ti-Koua. — Parmi les très-
nombreuses et très-intéressantes collections
végétales que M. l’abbé Delavay a envoyées
du Yun-Nan (Chine) en France, se trouve
un Figuier, le Ficus Ti-Koua, Ed. Bureau,
dont les fruits, comestibles, ont à peu près
la couleur et la forme d’une Pomme d 'Api,
et accomplissent sous terre leur développe-
ment ainsi que leur maturation.
Les tiges de cet arbuste sont rampantes
et à demi souterraines ; ses feuilles sont
obovales-elliptiques, longues de 15 à 30 mil-
limètres, sur 10 à 15 de longueur.
Les Chinois mangent ces Figues, aux-
quelles ils ont donné le nom de Ti-Koua ,
Courges de Terre.
Les qualités forestières du Catalpa
speciosa. — Aux indications que la Revue
horticole a récemment publiées sur ce bel
arbre 1 il convient d’ajouter les suivantes,
relatives à ses qualités végétatives, et que
nous trouvons dans le journal américain
Garden and Forest :
1 Voir Revue horticole, 1888, p. 384.
M. H. Douglas, chef-forestier dans les
forêts de l’État, en Californie, prévoit que
cet arbre rendra de grands services comme
essence sylvestre. Il croît, sans irrigation,
sur les collines sableuses, avec une telle vi-
gueur, qu’il dépasse comme rapidité et
développement les Eucalyptus plantés
dans les mêmes conditions.
La connaissance de ce fait est très-impor-
tante ; elle hâtera certainement la vulgari-
sation, en France, de cette espèce de haut
intérêt.
Découverte d’un Wellingtonia gigan-
tesque. — Un chasseur vient, parait-il, de
découvrir, en Californie, dans un endroit
presque inaccessible, auprès des sources
de la rivière Kameah, un Wellingtonia
(Séquoia] gigantea , dont les dimensions
dépassent celles de tous les représentants
actuellement connus de cette espèce colo-
niale. En effet, cet arbre mesure, parait-il,
53 mètres de circonférence, à environ lin 50
au-dessus du sol.
On pourrait, par conséquent, installer
dans sa base un cirque avec piste, gra-
dins, etc., tout en conservant extérieure-
ment une épaisseur de bois suffisante pour
supporter l’arbre entier.
Plantes antipathiques aux insectes et
aux animaux. — La note contenue dans la
chronique de la Revue horticole, le 1er oc-
tobre dernier, relative à l’éloignement des
pucerons produit par la Capucine, a motivé,
la publication, faite dans la Gazette du
Village, par M. P. Joigneaux, de toute une
série d’observations de même ordre.
Ainsi, il paraît que les racines de la Jus-
quiame noire chassent les rats des greniers ;
le Lepidium ruderale débarasse les lits
des punaises qui parviennent à s’y loger.
La Tanaisie ( Tanacetum vulgare ), em-
ployée comme litière dans les niches à chien,
met en fuite les puces de ces animaux ; la
Grande Marguerite des prés ( Leucantlie -
mum vidgarc ), mêlée à la litière des étables
et écuries, produit le même effet pour les
vaches et les chevaux.
Les feuilles fraîches du Sureau noir
(Samhucus nigra) éloignent les chenilles
des Choux.
Le Ricin ( Ricinus communis) éloignerait
les taupes. M. Joigneaux rapporte qu’en
1845, le jardinier chef du Jardin bota-
nique de Dijon avait protégé ses collection
de Vignes avec huit pieds de Ricin. Il en
avait planté quatre aux angles du terrain, et
CHRONIQUE HORTICOLE.
509
les autres étaient répartis au milieu à des
distances égales. Les taupes n’avaient pas
reparu.
Le Sarrazin ferait disparaître l’altise, qui
cause des ravages considérables aux Choux
et Radis. La Camomille, les feuilles de
Noyer, la première employée en simple fric-
tion, la seconde en décoction, empêchent
les taons et mouches de tourmenter les che-
vaux, etc., etc.
On le voit, des végétaux peuvent nous
venir en aide pour nous débarrasser d’un
certain nombre d’ennemis plus ou moins
terribles des jardins et des animaux. Il suffit
de savoir les employer en temps et en pro-
portions utiles.
La récolte annuelle des fruits en
France. — Le ministère de l’agriculture a
récemment publié la statistique agricole de
la France pour la période décennale s’arrê-
tant à l’année 1882.
On ne sera pas étonné du temps qu’il
a fallu pour préparer ce travail, lorsque
l’on saura que la recherche des rensei-
gnements nécessaires a fait poser 36,096
questionnaires communaux à 2,848 com-
missions cantonales, réparties sur toute la
France.
Voici, d’après ce document, pour les
principales sortes d’arbres fruitiers, la pro-
duction annuelle moyenne :
DÉSIGNATION DES CULTURES.
PRODUCTION TOTALE
en fruits.
VALEUR TOTALE.
PRIX MOYEN
de l’hectolitre.
Hectolitres.
Francs.
Francs.
Pommiers et Poiriers
19.673.695
91.945.667
4,65
Pêchers et Abricotiers ....
337.430
3.652.074
10,82
Pruniers et Cerisiers
1.185.812
11.217.052
9,46
Châtaigniers
4.570.930
32.497.701
7,10
Orangers
9.769
102.985
10,54 1
Citronniers
11.097
259.132
23,35
Cédratiers
17.444
391.138
22,42
25,806.177
140.047.749
Les importations de fruits frais en
Angleterre. — Le Bulletin de Kew,
recueil mensuel du plus haut intérêt horti-
cole et botanique, fait connaître les chiffres
suivants qui indiquent la progression crois-
sante qu’ont prise, dans les quarante der-
nières années, les importations de fruits
frais en Angleterre.
Par fruits, on entend Pommes, Raisins,
Oranges, Citrons, Amandes, Figues, etc.
1845 22.172.000 fr.
1865 79.649.600 »
1885 189.688.075 »
Ces chiffres sont éloquents : ils font clai-
rement entrevoir que si la production frui-
tière s’augmentait, en France, dans des
proportions très-importantes, on n’aurait
pas à craindre un abaissement considérable
des prix, un débouché suffisant existant
tout auprès de nous.
La majeure partie des fruits frais impor-
tés en Angleterre proviennent, actuelle-
ment du Canada et des États-Unis.
La longévité des oiseaux. — L’oiseau
est le compagnon et l’auxiliaire du jardi-
nier. Dès l’aube, il se trouve près de lui, au
travail, et le distrait par son chant varié.
Les services que le rouge-gorge, par
exemple, rend au cultivateur sont nom-
breux. Dès qu’il le voit armé de sa bêche,
il le suit et surveille de près ses moindres
mouvements. Un insecte, une larve, appa-
raissent-ils à la surface de la terre fraîche-
ment remuée, ils sont immédiatement hap-
pés par ce surveillant intéressé.
L’oiseau annonce longtemps à l’avance, à
qui sait l’observer, le froid, la pluie, l’orage.
Les oiseaux connaissent les habitudes
des hommes auxquels leur existence est
ainsi associée. Us sont fidèles, et ne chan-
gent pas de canton à moins d’événements
graves. Leur existence est relativement
longue, et les chiffres suivants, qui nous
sont fournis par Y Aviculteur, à qui nous
en laissons la responsabilité, nous en don-
neront une idée : le linot vit 25 ans; le
chardonneret 45; la fauvette à tête noire 15;
l’alouette 13; le merle 12; la grive 10; le
rouge-gorge, 10, et le roitelet seulement 3.
D’aulres oiseaux vivent beaucoup plus
510
CHRONIQUE HORTICOLE.
longtemps : le perroquet et le héron dé-
passent la soixantaine; l’épervier et l’oie
atteignent 40 ans ; le paon 25 ; la grue 24;
le pigeon 20; le faisan 15; le coq 10; le
serin 20 à 25, etc.
Les oiseaux doivent être bien traités,
et leur abondance dans une propriété sera
toujours appréciée à première vue par le
plus ou moins grand nombre d’insectes
que l’on pourra y remarquer.
Destruction des vers blancs par la
benzine. — Dans une des dernières séances
delà Société nationale d’agriculture, M. Bou-
quet de la Grye a exposé les résultats, tout
à fait concluants, obtenus par M. Croizette-
Desnoyers, inspecteur adjoint dés forêts,
pour la destruction des vers blancs au
moyen d’un pal et de la benzine. La des-
truction sur cinq hectares envahis a été
complète, sans que la dépense ait excédé
40 fr. par hectare.
La benzine doit être introduite dans le sol
un peu au-dessous de la zone de stationne-
ment des vers blancs. La dose à employer
est de 3 grammes par mètre carré.
M. Croizette-Desnoyers a employé, dans
les mêmes conditions, le sulfure de carbone,
mais les effets en ont été bien inférieurs à
ceux de la benzine.
Concours d’appareils pour le greffage
de la Vigne à Orléans. — Ce concours,
auquel sera annexée une exposition de
Vignes, Raisins et vins, aura lieu les 19 et
20 novembre courant.
Ce genre d’exhibition est intéressant non
seulement pour les viticulteurs, mais encore
pour toutes les personnes qui s’occupent
d’arboriculture fruitière. Le perfectionne-
ment des appareils pour le greffage en grand
des Vignes permettra peut-être d’appliquer
ce procédé pour les arbres fruitiers cultivés en
pépinières. On sait que les instruments jus-
qu’ici proposés pour ce dernier genre d’opé-
ration n’étaient pas d’un fonctionnement et
d’une simplicité défiant toute critique.
Exposition de Chrysanthèmes à Rou-
baix. — Une nouvelle fête des fleurs, ana-
logue à celle que nous avons visitée l’année
dernière, va avoir lieu a Roubaix. L exposi-
tion, tenue sous les auspices de la Société
artistique, à Roubaix, s’annonce comme
devant être brillante. Elle s’ouvrira le 17 no-
vembre, et durera huit jours. On parle d’un
spécimen de Chrysanthèmes de 2 mètres de
diamètre, boutures de juin 1888, et portant
trois cents fleurs épanouies, sans parler de
plantes en pots, de fleurs coupées, etc.
Memento des Expositions.
Voici la liste des Expositions précédemment
annoncées :
Paris. — Exposition de la Société nationale d’hor-
ticulture de France. Fruits frais (Chr. n° 21),
23 au 25 novembre.
Paris. — Chrysanthèmes (Chr. n° 14), 22 au 25 no-
vembre.
Paris. — Cidres, Pommes et appareils (Chr.) n° 18,
9 au 25 novembre.
Paris. — 1er nov. au 10 déc., quai d’Orsay. —
Cidres, Pommes et appareils (Chr. n° 19).
Roubaix. — Chrysanthèmes (Chr. n° 5), 17 no-
vembre.
Toulouse. — Exp. de culture maraîchère, culture
ornementale et arboriculture fruitière et spécia-
lement Exp. de Chrysanthèmes (Chr. n« 11),
15 au 18 novembre.
Gand. — Chrysanthèmes (Chr. n° 11), 18 au 22 nov.
Nécrologie: M. de Cannaert d’Hamale.
— L’horticulture belge vient de perdre l’un
de ses représentants amateurs les plus dis-
tingués, M. de Cannaert d’Hamale, ancien
sénateur, ancien président de la Fédération
des Sociétés d’horticulture de Belgique,
président de la Société d’horticulture de
Malines, etc.
On doit à M. d’Hamale, en dehors de la
contribution permanente qu’il a donnée au
développement de l’horticulture, une inté-
ressante monographie des Lis cultivés.
M. W.-H. Crawford. — D’Angleterre,
on nous apprend la mort de M. W.-H.
Crawford, dont le. parc de Lakelands, près
Cork (Irlande), est un véritable Arboretum
contenant la plupart des plantes de haut
intérêt horticole actuellement connues.
Le premier Magnolia Campbelli ayant
fleuri en plein air, en Europe, se trouve
dans la propriété de M. Crawford. B forme
actuellement un arbre vigoureux, qui atteint
environ 12 mètres de hauteur.
Les végétaux provenant des Andes et de
l’Himalaya avaient la préférence de cet
amateur éclairé ; on cite notamment, dans
ses cultures, une remarquable collection de
Rhododendrons de serre froide.
M. Sertier. — Le 1er novembre est dé-
cédé à Melun, dans sa soixante-onzième
année, un horticulteur distingué, M. Char-
les-Edme Sertier, honorablement connu
parmi les meilleurs pépiniéristes praticiens
de Seine-et-Marne. M. Sertier était prési-
dent de la Société horticole et botanique
de l’arrondissement de Melun.
E.-A. Carrière et Ed. André.
NICOTIANA COLOSSEA.
ENKYANTH US HI MAL A IG US .
511
NICOTIANA COLOSSEA
Les plantes à grand feuillage ornemen-
tal, parmi lesquelles les Solanées brillent
au premier rang, ne sont plus l’objet d’une
faveur égale à celle qu’elles obtenaient faci-
lement, il y a vingt ans. C’est grand dom-
mage, surtout lorsqu’il s’agit des grands
jardins et des parcs, où l’éclat des fleurs et
des feuillages colorés ne dispense pas de
chercher une autre note décorative : celle
qui résulte de la noblesse ou de l’élégance
du port et des feuilles.
Parmi le genre Nicotiana , qui fournit à
nos cultures non seulement le tabac indus-
triel, mais aussi la vigoureuse forme à
grandes feuilles et à belles fleurs rouges que
l’on trouve encore dans quelques jardins,
se rencontrent d’autres espèces d’un haut
ornement. Le N. Wigandioid.es , par exem-
ple, joint à son robuste feuillage la beauté
de sa floraison en grandes panicules de fleurs
blanches. Le N. glauca , tout différent, est
un petit arbre presque naturalisé dans le
midi de la France, où ses rameaux pendants
se couvrent de feuilles glauques et de jolies
fleurs jaunes.
Mais aucune de ces plantes n’égale en
ampleur la forme nouvelle que nous décri-
vons aujourd’hui sous le nom de Nicotiana
colossea.
C’est dans un semis de graines venues du
Brésil, sans désignation de patrie, qu’est
sortie cette remarquable plante. Elle a été
reçue et semée par M. Maron, notre colla-
borateur bien connu, et c’est d’après un
pied planté cette année en pleine terre,
chez M. P. Darblay, dans le parc de Saint-
Germain-lès-Corbeil, que nous avons fait
la description qui va suivre :
Plante annuelle dehors, vivace en serre,
à tige simple, très-robuste, cylindrique,
herbacée, charnue, verte, atteignant dans
une seule année deux à trois mètres de
hauteur. Feuilles énormes, longues de
1 mètre, larges de 0m 55, assurgentes d’a-
bord, étalées ensuites, teintées de rouge
violacé dans leur jeune âge, puis passant
au vert foncé verni; pétiole très-robuste,
aplati et rouge dessus; limbe entier, ovale-
aigu atténué à la base et se prolongeant
en ailes vastes, ondulées, jusqu’à la nais-
sance de l’autre feuille qui suit inférieu-
rement; nervures des jeunes feuilles rouge
foncé se détachant bien sur la surface
inférieure cendrée et tomenteuse. Jeunes
pousses naissant chacune dans l’aisselle
d’une feuille. Tache rouge marquant la tige
et se fondant avec le vert sous l’insertion de
chaque pétiole.
L’ensemble est d’une grande noblesse de
port, et donne l’impression d’une colossale
plante herbacée, rappelant l’aspect des grands
Wigandias, avec quelque chose de plus
compact.
C’est la deuxième année que M. Maron
cultive cette plante en plein air, où elle se
comporte très-bien, à condition toutefois
qu’elle soit abritée des grands vents d’ouest,
et qu’on lui ait préparé le compost bien
fumé, bien drainé, que sa nature vorace
demande.
Le N. colossea , Ed. André, plante]qui n’a
pas encore fleuri, et que nous ne détermi-
nons que sous réserve d’une floraison qui
ne peut tarder, va grossir la liste de nos plus
belles nouveautés à grande décoration fo-
liaire. Ed. André.
ENKYANTHUS HIMALAICUS
Établi par Loureiro, le genre Enkyan-
tlius est peu répandu, et n’est, du reste,
guère connu dans les cultures que par une
seule espèce, YE. quinqueflorus.
Quatre espèces seulement de ce genre
paraissent avoir été décrites jusqu’ici ; ce
sont : les E. quinqueflorus et biflorus,
originaires de la province de Canton, et
décrites par Loureiro dans sa flore de Co-
chinchine ; E. reticulatus, originaire de la
Chine, décrite par Lindley, Botan. Regist.,
figure 885 ; enfin, une quatrième espèce, |
YE. liimalaicus, qui croit dans les vallées
humides du Sikkim, dans l’Himalaya orien-
tal, qui a été décrite par Hooker fils et
Thomson, dans les Miscellaneous of Kew
Gardens, VII, p. 125, et qui fait l’objet de
cette note. Comme cette espèce est excessi-
vement rare dans les cultures, car, à notre
connaissance, on ne la rencontre guère en
France que chez un grand amateur de
plantes de Fontenay-aux-Roses, M. Wiese-
ner, dont il est fréquemment parlé dans la
Revue horticole , nous croyons devoir en
512
ENKYANTHUS HIMALAICUS.
donner un historique, au moins succinct.
Voici, au sujet de cette espèce, ce que nous
écrit M. Wiesener :
Je vous adresse, par la poste, une branche
d’une plante japonaise que j’ai reçue, il y a
trois ans (en mars 1885), de M. Louis Boelime,
horticulteur à Yokohama. Elle était étiquetée
Rhododendron Stippenbachi.
Après ces quelques détails sur cette nou-
veauté, qui nous ont paru nécessaires parce
qu’ils en constituent l’historique et forment
une sorte de certificat d’origine, nous allons
décrire la plante :
Arbuste rustique, élancé, peu rameux, pou-
vant atteindre lm 50 et plus de hauteur.
Branches dressées,
bientôt dénudées,
grêles, à écorce
gris cendré, bru-
nâtre. Feuilles ca-
duques, peu nom-
breuses, groupées
au sommet des
rameaux, se déve-
loppant au premier
printemps, en mê-
me temps que les
fleurs, lancéolées-
obovales, minces,
luisantes, molles,
longues d’environ
6 centimètres sur
2 de largeur, fine-
ment et très-cour-
tement denticulées,
brusquement ré-
trécies au sommet,
longuement atté-
nuées à la base en
un pétiole d’envi-
ron 15 millimètres,
vert foncé en des-
sus, plus pâle à la
partie inférieure, qui est sensiblement vei-
née. Fleurs pendantes, groupées au sommet
des rameaux, non odorantes, sur un pédon-
cule velu, grêle, d’environ 3-4 centimètres de
longueur. Galyce à 5 divisions linéaires-aiguës,
d’abord fortement appliquées, puis réfléchies.
Corolle monopétale, très-régulièrement cam-
panulée, pendante, à 5 divisions très-entières,
largement arrondies, obovales, de couleur
blanc rosé, très sensiblement et largement
striées rubanées, rougeâtres sur toutes leurs
parties. Étamines incluses, insérées à la base
de l’ovaire, à anthères longuement aristées.
Fruits capsulaires, anguleux, déhiscents. Style
persistant, dépassant les anthères, mais plus
courts que la corolle. Graines courtement ailées,
nombreuses.
L’Enkyanthus himalaicus, Hook. ( Rho-
dodendron Stippenhauti, Hort. aliq. (fi-
gure 125), fleurit à Paris dès le commence-
ment de mai. G’est un arbuste rustique,
très-floribond, fleurissant en même temps
qu’a lieu le développement des feuilles. Il
appartient à la famille des Éricacées. Sans
être ce que l’on pourrait dire brillantes, les
fleurs de cette espèce ne sont pas dépour-
vues d’intérêt ornemental, tant s’en faut.
La grande quantité de ces fleurs et leur
disposition au sommet des ramifications,
d’où elles semblent émerger d’un bouquet
de feuilles vertes, produisent un effet aussi
rare qu’élégant.
Culture et multiplication. — Les En -
kyanthus se cul-
tivent comme les
Andromeda,
c’est-à-dire en
terre de bruyère,
à laquelle, suivant
le climat et la
force des plantes,
on peut ajouter
soit du sable, soit
de la terre fran-
che siliceuse.
La multiplica-
tion, en l’absence
des graines, se
fait par l’éclat des
touffes, un peu
avant la première
évolution de la
sève ; on peut
aussi la faire par
couchages, en se
servant des par-
ties relalivement
jeunes, que l’on
incise et laisse au besoin plusieurs an-
nées avant de les relever de pleine terre.
Enfin, on peut aussi opérer par boutures,
en prenant, pour faire celles-ci, des jeunes
bourgeons semi-aoutés, qu’on plante en
terre de bruyère neuve, dans de petits pots
qu’on place sous cloche dans la serre à
multiplication, où, quoique dures, ces
boutures s’enracinent assez facilement.
Du reste, pour la culture et la multi-
plication des Enkyanthus, on pourrait les
résumer en disant : elles sont à peu près
identiques à celles que l’on applique aux
Bruyères, Andromèdes, etc., en un mot
aux plantes de la famille des Éricacées.
E.-A. Carrière.
Fig. 125. — Enkyanthus himalaicus.
Rameau florifère, grandeur naturelle.
LE SULFATE DE FER ET LES ENGRAIS CHIMIQUES EN HORTICULTURE.
513
LE SULFATE DE FER ET LES ENGRAIS CHIMIQUES EN HORTICULTURE
Depuis la publication de nos articles sur
l’emploi du sulfate de fer en horticulture i,
nous avons recueilli un certain nombre de
résultats qui appuient trop vivement ceux
que nous avons déjà signalés pour les passer
sous silence; ce sont de nouvelles pièces
justificatives qui compléteront d’ailleurs sur
plusieurs points les observations que nous
avons présentées.
Nous citerons d’abord les résultats que
nous avons obtenus cette année (1888)
dans nos expériences personnelles avec le
sulfate de fer employé comme engrais.
Répandu sur des Pommes de terre à la
dose de 650 grammes par are, il a fait pas-
ser la récolte de 25 kil. 5 à 41 kil. 50, aug-
mentation 60 p. 100; à la dose de 2 kil. 500,
il a donné 53 kil., augmentation de plus de
100 p. 100.
Mélangé au plâtre dans une terre pauvre
en chaux, il a produit, à la dose de 650 gr.
73 kil. de Pommes de terre par are, au lieu
des 67 kil. obtenus sur le terrain amendé
seulement avec le plâtre, augmentation
10 p. 100; en portant la dose de sulfate de
fer à 2 kil. 500, on a obtenu 80 kil., aug-
mentation 20 p. 100.
Sur des Carottes, l’emploi de 2 kil. de
sulfate de fer par are a donné 530 kil. au
lieu de 424 kilos obtenus sans lui, soit
25 p. 100 d’augmentation.
Voici ensuite un extrait d’une note très-
intéressante de M. le marquis de Pâris, pré-
sident de la Société d’horticulture de Melun
et Fontainebleau, propriétaire au château
de La Brosse, par Montereau (Seine-et-
Marne), sur les résultats obtenus par lui
dans la culture florale, maraîchère et frui-
tière; cet extrait est tiré du Journal d’agri-
culture pratique.
Depuis deux ans, dit M. le marquis de Pâris,
j’ai fait de la culture maraîchère et j’ai traité
mes arbres fruitiers par les engrais chimiques.
Pour la culture maraîchère, j’ai obtenu des
résultats qui m’ont étonné : les légumes pous-
sent bien plus vite, sont beaucoup plus tendres,
plus savoureux et plus beaux; il en est de
même pour les fruits. Les treilles qui ont été
traitées par les engrais chimiques et par le
sulfate de fer sont splendides; elles ne sont
pas attaquées par le phylloxéra, qui a envahi
pourtant toutes les Vignes de la commune.
1 Voir Revue horticole, 1888, pp. 279, 301, 334
et 367.
Le sulfate de fer que j’ai employé partout
m’a donné de très-bons résultats et je ne com-
prends pas qu’on ne le fasse pas entrer dans
les compositions d’engrais chimiques.
Voici les formules d’engrais chimiques
qui ont, dit M. le marquis de Pâris, le
mieux réussi chez lui.
I. — Plantes à fleurs et à feuillage.
Boutures de Pélargonium zonale :
7 kilogr. superphosphate de chaux.
1 — chlorure de potassium.
750 gr. sulfate de fer.
2 kilogr. sulfate de chaux.
3 grammes de ce mélange par kilo de terre,
mêler le tout.
Coleus, Achyranthes , etc.
1 kilogr. 500 nitrate de soude.
1 — sulfate d’ammoniaque.
1 kilogr. 500 superphosphate de chaux.
500 gr. chlorure de potassium.
2 kilogr. sulfate de chaux.
3 grammes de ce mélange par kilo de terre.
Bégonias, etc. :
1 kilogr. nitrate de soude.
2 — sulfate d’ammoniaque.
3 — superphosphate de chaux.
500 gr. chlorure de potassium.
2 kilogr. sulfate de chaux.
3 grammes de ce mélange par kilo de terre.
Plantes à fleurs en massif :
2 kilogr. nitrate de soude.
10 — superphosphate de chaux.
2 — chlorure de potassium.
4 — sulfate de chaux.
300 grammes de ce mélange par mètre carré.
Plantes à feuillage en massifs :
3 kilogr. nitrate de soude.
4 — superphosphate de chaux.
1 — chlorure de potassium.
4 — sulfate de chaux.
300 grammes de ce mélange par mètre carré.
Plantes à feuillage en pots :
1 kilogr. nitrate de soude.
1 — sulfate d’ammoniaque.
2 — superphosphate de chaux.
500 gr. chlorure de potassium.
2 — sulfate de chaux.
3 grammes de ce mélange par litre d’eau et
arroser une fois par semaine.
Plantes à fleurs en pots :
500 gr. nitrate de soude.
500 gr. sulfate d’ammoniaque.
4 kilogr. superphosphate de chaux.
500 gr. chlorure de potassium.
2 kilogr. sulfate de chaux.
3 grammes de ce mélange par litre d’eau et
arroser une fois par semaine.
514
LE SULFATE DE FER ET LES ENGRAIS CHIMIQUES EN HORTICULTURE.
II. Arbres fruitiers.
Arbres fruitiers à pépins greffés sur franc,
de moyenne vigueur :
2 kilogr. nitrate de soude.
— superphosphate de chaux.
1 — chlorure de potassium.
2 — sulfate de chaux.
Arbres fruitiers à pépins greffés sur Coignassier
ou sur Paradis , de moyenne vigueur :
1 kilogr. 500 sulfate d’ammoniaque.
4 — superphosphate de chaux.
1 — chlorure de potassium.
2 — sulfate de chaux.
Arbres fruitiers à noyau greffés sur Amandier :
2 kilogr. nitrate de soude.
8 — superphosphate de chaux.
1 — chlorure de potassium.
2 — sulfate de chaux.
Arbres fruitiers à noyau greffés sur Prunier :
1 kilogr. 500 sulfate d’ammoniaque.
8 kilogr. superphosphate de chaux.
1 — chlorure de potassium.
2 — sulfate de chaux.
Pour les arbres fruitiers, semer le mélange
d’engrais avant l’hiver à la dose de 300 grammes
par mètre carré et couvrir tout l’espace occupé
par les racines. Pour les arbres qui ne pous-
sent pas, il faudra augmenter la dose d’azote, et
au contraire, pour ceux qui poussent trop et qui ne
donnent que peu de fruits, la diminuer et aug-
menter celle de l’acide phosphorique.
III. — Culture maraîchère.
Papïlionacées (Haricots, Pois, etc.)
500 gr. nitrate de soude.
3 kilogr. superphosphate de chaux.
1 — chlorure de potassium.
2 — sulfate de chaux.
Solanées (Pommes de terre, Tomates, etc.) .
1 kilogr. nitrate de soude.
4 — superphosphate de chaux.
2 — chlorure de potassium.
2 — sulfate de chaux.
Crucifères (Choux-Fleurs, Radis, etc.)
2 kilogr. nitrate de soude.
1 — sulfate d’ammoniaque.
6 — superphosphate de chaux.
3 — chlorure de potassium.
2 — sulfate de chaux.
Composées (Laitues, Chicorées, etc.)
1 kilogr. sulfate d’ammoniaque.
2 — superphosphate de chaux.
1 — chlorure de potassium.
2 — sulfate de chaux.
Composées (Artichauts, Cardons, etc.)
2 kilogr. 500 nitrate de soude.
4 — superphosphate de chaux.
600 gr. chlorure de potassium.
2 kilogr. sulfate de chaux.
Liliacées (Asperges).
2 kilogr. nitrate de soude.
4 — superphosphate de chaux.
— chlorure de potassium.
2 — sulfate de chaux.
(Mettre l’engrais avant l’hiver.)
Chénopodêes (Épinards).
Mesembryanthèmèes (Tétragone).
1 kilogr. nitrate de soude.
3 — superphosphate de chaux.
1 kilogr. 500 chlorure de potassium.
2 — sulfate de chaux.
Rosacées (Fraisiers).
500 gr. nitrate de soude.
500 gr. sulfate d’amoniaque.
3 kilogr. superphosphate de chaux.
1 — chlorure de potassium.
2 — sulfate de chaux.
Pour la culture maraîchère on devra mettre
300 grammes de mélanges par mètre carré.
Il faut remettre de l’engrais toutes les fois que
l’on sème ou que l’on plante, car les plantes enle-
vées ont absorbé une partie des éléments du sol
et il faut en rendre pour la culture nouvelle.
On devra mettre 30 grammes de sulfate de
fer par mètre carré pour toutes les plantes et
surtout pour tous les arbres fruitiers et les
haricots.
Les doses données sont des doses minima ; on
peut sans crainte les augmenter, sauf pour la
potasse, qui étant un alcali doit être employée
avec prudence.
M. le marquis de Paris n’a pas la pré-
tention de donner des formules applicables
dans tous les cas. Les mélanges indiqués
ci-dessus ont été employés dans une terre
argilo-calcaire, assez riche et compacte.
Pour une autre terre, il faudra, dit-il, les
modifier après essais suivant la nature et la
composition du sol.
Nous relevons , d’autre part , dans le
Bulletin de l’Union départementale des Syn-
dicats agricoles du Jura (Dole, Lons-le-Sau-
nier, Poligny [août 1888], les lignes sui-
vantes :
Nous avons pu constater nous-même d’une
manière frappante le pouvoir fertilisant du sul-
fate de fer sur un pré où, à la dose de 200 kil.
à l’hectare, il a donné naissance à une abon-
dante végétation de Trèfle et augmenté consi-
dérablement le produit du fourrage. Il est
encore facile actuellement à tous ceux qui le
désirent d’en voir un effet très-remarquable
dans un champ de Pommes de terre apparte-
nant à M. Antoine Bardoux, et situé presque en
face du nouveau cimetière de Dole. La partie
qui a reçu le sulfate de fer est au moins deux
fois plus belle que la partie voisine, qui n’en a
pas reçu, et cependant le fumier et les soins
ont été absolument les mêmes.
Dans un numéro précédent (mars 1888),
PRUNE REINE-CLAUDE DE BAVAY.
le même Bulletin signalait déjà les excel-
lents résultats obtenus dans ces contrées
soit sur les arbres fruitiers, soit dans les
fumiers et litières pour la fixation des gaz
ammoniacaux, soit comme engrais dans les
prairies.
L’action sur les Mousses des prairies a
surtout été confirmée par tous ceux qui en
ont fait usage ; nous trouvons cette confir-
mation notamment dans les notices publiées
par M. Gaillot, directeur de la Station
agronomique de Béthune, et dans le Bul-
letin de l’Union départementale des Syndi-
cats agricoles du Jura que nous avons déjà
cité. Ce dernier dit en particulier :
Tous les cultivateurs qui ont fait fessai du
sulfate de fer ont constaté la rapidité et l’éner-
gie de son action sur la Mousse des prairies.
Nous avons reçu personnellement un
grand nombre de lettres de l’Eure, de Seine-
et-Marne, du Cher, de l’Aisne, etc., qui
sont unanimes pour constater les succès
obtenus. Nous citerons seulement comme le
plus intéressant de ces résultats celui si-
gnalé dans un rapport sur les cultures de
M. Châtenay, jardinier en chef de M. Beer,
au château de Voisines, à Louveciennes ; ce
rapport, rédigé par M. Kritter, est tiré du
Bulletin de la Société d’horticulture de
Saint-Germain-en-Laye (tome VII, 7e li-
vraison). Il s’exprime ainsi :
En ce qui concerne l’expérience faite le
24 mars avec le sulfate de fer, sur une super-
ficie de 500 mètres carrés de pelouse ayant de
8 à 10 centimètres d’épaisseur de Mousse, nous
dirons qu’il a été employé 125 kilog. de sulfate
de fer pulvérisé et semé à la volée sur cette
partie de 500 mètres. Votre Commission a eu
la satisfaction de constater après ce traitement
que la Mousse était complètement détruite;
mais il ne faut pas oublier que cette dose est
de 2,000 kilog. à l’hectare, ce qui fait 140 fr.
M. Châtenay a fait une seconde expérience sur
une surface de 100 mètres carrés avec 20 kilog.
de sulfate de fer et le résultat a été négatif, la
dose étant trop faible. Après un résultat aussi
certain, M. Châtenay nous a fait savoir qu’il
avait l’intention de continuer ses expériences
sous différentes formes et de nous en faire con-
naître les résultats.
Cet essai est curieux à plusieurs points
de vue ; il montre que le sulfate de fer
515
triomphe de la Mousse, meme quand elle a
atteint une épaisseur considérable. Il en
résulte que les doses exagérées dans cer-
tains cas sont seulement suffisantes dans
d’autres. Un propriétaire ayant employé
1,000 kilog. au lieu de 500 que nous avions
indiqué, a fait périr herbe et Mousse, et,
dans le cas actuel, 2,000 kilog. par hectare
ont été juste suffisants.
Des autres essais qui nous ont été commu-
niqués, on peut conclure qu’une quantité de
500 à 600 kilog. semble la dose devant être le
plus généralement appliquée. On peut, d’ail-
leurs, établir d’après les données qui ré-
sultent de tous ces essais, une échelle de
proportionnalité entre la hauteur de la
Mousse et la quantité de sulfate de fer à
employer, en disant qu’il faut prendre la
hauteur de la Mousse exprimée en millimè-
tres et la multiplier par 20 pour avoir la
quantité de sulfate de fer à répandre par
hectare. Ainsi on devra employer par hec-
tare :
Pour 20m/m de Mousse, 400k sulfate de fer.
— 30 — 600 —
— 50 — 1.000 —
— 100 — 2.000 —
Nous ajouterons que la dépense de cette
opération sera généralement faible, puisque,
à la dose moyenne de 400 à 500 kilog. par
hectare, elle représentera seulement 28 à
35 fr. par hectare ; elle sera toujours, d’ail-
leurs, largement compensée par la plus
grande densité de l’herbe et par l’éclat plus
grand des pelouses.
Au sujet de l’addition du sulfate de fer
aux fumiers et au purin, nous citerons le
fait signalé par M. Tord, professeur d’agri-
culture de la Charente-Inférieure. « M. Jou-
bert, directeur de la Ferme-École de Royat
(Ariège), ayant employé, dit- il, sur des
Vignes du purin additionné de sulfate de
fer, en a obtenu une action remarquable,
le purin sans sulfate n’ayant pas produit le
même effet. »
Ces résultats, recueillis en quelques se-
maines depuis l’impression de ce travail,
en forment, pensons-nous, la meilleure
conclusion et ne doivent plus laisser aucun
doute sur ceux que l’on peut espérer.
P. Marguerite-Delacharlonny,
Ingénieur des arts et manufactures.
PRUNE REINE-CLAUDE DE RÀYAY
Bien que cette Prune ne soit pas nou-
velle, elle n’est pas très-répandue, ce
qui tient sans doute à ce qu’elle n’est pas
bien connue, et ne nous paraît pas avoir
516
ANGRÆCUM S ANDERIANUM .
été suffisamment décrite. Mais, comme elle
est très-méritante et même précieuse par
certaines particularités, nous avons jugé à
propos de consacrer quelques lignes à sa
description :
Scions d’une bonne grosseur, cylindri-
ques, droits, non coudés, à écorce gris-vio-
lacé, finement lenticellée. Yeux très-rap-
prochés. Feuilles très-grandes, longuement
et largement ovales, elliptiques, d’un beau
vert, luisantes en dessus, vert clair à la
face inférieure qui est finement veinée ré-
ticulée. Fruits gros, ovoïdes cylindriques,
largement, arrondis aux deux bouts, d’en-
viron 5 centimètres de hauteur sur un
diamètre à peu près égal, légèrement at-
ténués, arrondis au sommet, obtus et
comme tronqués à la base, où, dans une
très-petite cavité, s’insère le pédoncule qui
est long d’environ 15 millimètres. A peine
sillonné, le fruit est légèrement inéqui-
latéral. Peau à fond jaune-verdâtre, pi-
quetée roux-violacé, plus rarement striée et
comme rubanée. Chair fortement adhé-
rente au noyau, jaunâtre, pulpeuse, fon-
dante. Eau très-abondante, très-sucrée,
mielleuse. Noyau régulièrement elliptique,
à surface légèrement rugueuse, non sillon-
née, déprimé, long de 25 millimètres. —
Maturité : septembre-octobre.
Ce n’est pas seulement pour ses qualités,
qui pourtant sont très-grandes, que nous
cherchons à appeler l’attention sur cette
Prune. C’est aussi à cause de sa tardiveté
et de sa longue conservation. Ainsi cette
année 1888, nous avons cueilli sur notre
arbre le dernier fruit, le 2.6 octobre ; il est
vrai que ces derniers fruits commen-
çaient à mollir ; néanmoins on pouvait
encore les conserver cueillis au moins une
quinzaine de jours. Ajoutons qu’ils n’a-
vaient rien perdu de leurs qualités, au
contraire, qu’ils contenaient beaucoup d’eau
et que celle-ci, extrêmement sucrée, était
même sirupeuse. Mais lorsqu’on tient sur-
tout à conserver les fruits le plus long-
temps possible, il faut les cueillir un peu
avant leur complète maturité, lorsqu’ils
sont encore un peu fermes, et alors les
mettre dans un endroit où la température
est peu élevée au-dessus de zéro. Si, en
agissant ainsi, les Prunes sont un peu
moins bonnes, c’est-à-dire moins sucrées,
en revanche elles se conservent beaucoup
plus longtemps. Il y a donc compensation.
Ajoutons que le Prunier Reine-Claude de
Bavay conserve longtemps sa végétation
ainsi que son feuillage bien vert, et qu’il
pousse même encore, quand depuis long-
temps les autres variétés sont « arrêtées »
et que plusieurs même ont déjà perdu une
partie de leurs feuilles.
E.-A. Carrière.
ANGRÆCUM S ANDERIANUM
Parmi les nombreux Angræcum rap-
portés par M. Léon Humblot de Madagas-
car et des Comores, il en est de grands et
beaux, comme VA. Leonis , et de simple-
ment élégants et gracieux. L’espèce nou-
velle que nous avons la bonne fortune d’être
les premiers à figurer en Europe fait partie
de ceux-ci.
La plante a d’abord été envoyée au Mu-
séum de Paris. C’est là qu’elle a fleuri,
grâce aux soins éclairés de M. Loury, et
que nous l’avons fait peindre. Puis l’édi-
tion en a été vendue par M. Humblot à un
célèbre cultivateur anglais d’Orchidées,
M. F. Sander, de Saint-Albans, qui la
mettra au commerce.
L’A. Sanderianum 1 est une petite plante
à tige courte, sur laquelle sont insérées des
feuilles distiques, oblongues, cunéiformes,
1 Rclib. f. in Gard. Chron. 1888, I, p. 168.
obliquement et brusquement aiguës. Les
hampes florales sont grêles, arquées, pen-
dantes, rougeâtres, longues de 10 à 15 cen-
timètres, y compris la grappe, que nous
avons trouvée toujours simple dans les
exemplaires observés. L’ovaire pédicellé,
vert-rougeâtre, est dilaté à la base, accom-
pagné de bractées courtes et triangulaires.
Les fleurs, bien étalées autour du rachis4
sont d’un beau blanc, à pétales et sé-
pales oblongs, mucronés de même que le
labelle ; leur éperon est trois fois plus long
que l’ovaire avec son pédicelle.
Cette charmante Orchidée de serre
chaude est appelée à prendre un rang choisi
parmi les Angræcum à petites fleurs. Elle
parait très-florifère et sa culture ne diffère
en rien de celle de ses congénères, qui
n’offre plus guère de difficultés mainte-
nant aux orchidophiles.
Ed. André.
Revue Horticole
PcLblongpré/. del.
Anqrœaun Scuiderianum
ürrorraMih. G. Seoereyrts
* .
TOXICOPLÆA SPECTABILIS.
517
TOXICOPHLÆA SPECTABILIS
Bien que peu nombreux en espèces, le
genre Toxicophlæa n’en est pas moins très-
intéressant au point de vue ornemental.
Des trois espèces dont ce genre nous paraît
être composé, deux au moins, le T. spec-
tabilis et le T. Thunbergii 1 sont remar-
quables par la beauté et la quantité prodi-
gieuse des fleurs qu’ils produisent, fleurs
d’un blanc pur, dégageant une odeur d’une
rare suavité.
Le T. specta-
bilis constitue un
arbuste dressé, à
feuilles opposées,
persistantes, très-
courtement pétio-
lées. Les branches
dressées, très-
obscurément an-
guleuses sur l’é-
corce d’un vert
roux pointillé,
rappellent un peu
l’écorce du Fusain
commun. Limbe
très-entier, sec,
dur, très-coriace,
d’un vert foncé,
ovale - elliptique ,
atténué aux deux
bouts, parcouru,
dans toute sa lon-
gueur, par une
nervure médiane,
saillante en des-
sous, qui, par sa
couleur blanc jau-
nâtre, se détache
du vert foncé du
limbe. Aux fleurs
nombreuses que la plante donne en abon-
dance succèdent parfois des fruits de la
grosseur d’une Prune de Reine Claude ,
et présentant cet aspect :
Fruits drupacés, indéhiscents, axillaires,
subsphériques, d’environ 30 millimètres de
hauteur sur 22 à 24 millimètres de diamètre.
Pédoncule très-robuste, présentant vers sa
base des écailles qui semblent annoncer des
restes ou vestiges de stipules caduques, d’un
rouge foncé à la maturité du fruit. Peau
1 Voir Revue horticole , 1879, p. 270; — Ibid.,
1880, p. 870.
d’aspect un peu rugueux, dure au toucher,
d’un violet foncé, sombre, ou mieux brun
noirâtre.
Le fruit du Toxicophlæa spectabilis pa-
raît devoir rester très-longtemps sur la
plante ; c’est du moins ce que parait démon-
trer celui que représente la fîg. 126, car
noué dès le commencement de janvier, il
avait atteint sa grosseur normale dès
la fin de mars
et aussi toute sa
couleur normale.
A partir de ce
moment, le fruit
parût rester sta-
tionnaire ; il était
très-dur, et sa
peau d’un noir
intense, comme
légèrement glau-
cescent, ne cédait
même pas à la
pression . Il ne
s’est guère modi-
fié jusqu’au mois
d’août.
Le fruit du Toxi-
cophlæa specta-
bilis n’a d’ailleurs
jamais été décrit
dans aucun ou-
vrage d’horticul-
ture, que nous sa-
chions du moins ;
ce fruit n’est donc
pas connu prati-
quement, ce qui
nous a engagé à
en indiquer au
moins les carac-
tères extérieurs, en attendant le complé-
ment, si les circonstances permettent au
fruit en question d’acquérir tout son
complet développement.
Le genre Toxicophlæa n’a fructifié jus-
qu’à présent que dans le midi de la France, à
Cannes. Au Muséum, il a donné l’an dernier
deux fruits dont la cueillette, plus qu’antici-
pée, n’a pas permis d’étudier la structure
interne et d’en faire connaître les carac-
tères, ce qui, nous aimons à le croire,
pourra être fait cette année.
Quant au T. Thunbergii , il est égale-
ment de serre chaude. C’est une espèce
Fig. 126. — Toxycophlœa spectabilis.
Fruit de grandeur naturelle.
518
MINA LOBATA. — CHÆNOMELES JAPONICA, VAR. SIMIRENKIANA.
très-méritante, mais de port et d’aspect dif-
férents ; la plante est très-vigoureuse,
comme un peu volubile. Arrivée à certain
état de végétation, elle paraît, dans son en-
semble, moins la fleur bien entendu, avoir
quelque rapport avec certaines espèces du
genre Hoya.
E.-A. Carrière.
MINA LOBATA
Cette charmante Ipomée répond assuré-
ment et parfaitement à tout ce que l’on
pouvait attendre d’une plante nouvelle 1 et
de premier ordre. C’est une espèce très-
vigoureuse, atteignant facilement 4 à 5 mè-
tres de hauteur et joignant à cela une flori-
bondité vraiment extraordinaire; ses ham-
pes florales, d’une élégante légèreté, sortant
de 20 à 30 centimètres du feuillage, rap-
pellent assez par leur aspect général, mais
beaucoup plus allongé, l’inflorescence des
Pois de senteur ; les fleurs, très-légèrement
coquettes, sont teintées d’un minium clair,
qui a quelque ressemblance avec la couleur
des fleurs d’un Tritoma ; son feuillage, qui
est assez abondant, en cœur, rappelle celui
des Volubilis, bien qu’il diffère de tout ce
que l’on connaît dans ce groupe.
Le Mina lobata présente cette particula-
rité, que, bien que très-vigoureux, il graine
rarement ; pendant l’année 1887, qui a été
très-sèche et chaude, il n’a pas donné de
graines, tandis qu’en 1888, les graines in-
troduites d’Allemagne ont donné des plantes
relativement fertiles. Cela pourrait peut-
être faire supposer qu’un climat relative-
ment froid est favorable à la fructification
du Mina lobata , qui, cette année 1888, qui
a été humide et pluvieuse, a été favorable à
sa fructification.
Culture. — La culture du Mina lobata
est des plus simples : on sème les graines
de la fin de mars au commencement d’avril,
en terrines ou en godets bien drainés et
remplis de terre de bruyère, et en serre
ou sous châssis, sur une couche d’environ
20 degrés centigrades; les graines lèvent
promptement. On repique dans des pots-
godets aussitôt que les cotylédons sont bien
développés, et on les tient sous verre jus-
qu’au 25 mai, époque où on peut les plan-
ter en pleine terre, qui doit être saine et
substantielle, mais non humide; on évite
l’excès d’humidité, en drainant fortement le
sous-sol avant de faire la plantation, autre-
ment on s’exposerait à voir jaunir les
plantes. Aussitôt la plantation terminée,
on couvre le sol d’un bon paillis, et l’on
arrose pendant les sécheresses. Cela fait, il
ne reste plus qu’à diriger les tiges, ce qui
est nécessaire, car la végétation est tellement
rapide que, déjà, vers la fin de juillet, les
tonnelles, les treillages et les murs au pied
desquels on aura planté des Mina, seront
complètement garnis. Bientôt, les plantes
commenceront à fleurir, pour ne s’arrêter
que lors de l’arrivée des premières gelées.
J’ajoute que les fleurs, disposées en longs
épis bifurqués, se conservent très-bien
après avoir été coupées, ce qui permet d’en
faire des bouquets d’une beauté et d’une
élégance des plus remarquables par leur
coloris exceptionnellement beau.
Vincent Berthault,
Jardinier en chef chez M. Forgeot et C’e,
à Vincennes.
CHÆNOMELES JAPONICA, YAR. SIMIRENKIANA
Il se trouve dans notre jardin, à Goro-
distsche (Russie, Gouvernement de Kieff),
plusieurs exemplaires du Cydonia ( Chæno -
meles ) japonica, qui forment maintenant
des buissons considérables et se couvrent
chaque printemps d’une masse de fleurs. Il
y a déjà près de vingt ans que je remarque,
au milieu d’un de ces buissons, une tige
dont les feuilles sont colorées tout autre-
ment que celles des autres feuilles du buis-
1 Voir Revue horticole , 1887, p. 18.
son-mère. Cette tige se trouve juste au
milieu des autres, dont les feuilles ont la
couleur verte habituelle; elle a atteint,
cette année, la hauteur de 2 mètres , mais
sa partie inférieure n’est couverte ni de
branches ni de rameaux ; elle est toute dé-
pourvue de feuilles. C’est justement cette
partie qui se trouve dans l’ombre, tandis
que la partie supérieure est exposée aux
rayons du soleil. Ce qui frappe l’obser-
vateur, c’est que les feuilles ornant les
bourgeons, tout d’abord roses, prennent,
CÉLERI A FEUILLES DE FOUGÈRE.
CORNUS SIRERIA GOUCHAULTI.
519
au moment de leur complet développement,
une couleur tout à fait blanche ou cou-
leur crème, en passant peu à peu d’une de
ces nuances à l’autre.
Cette année, notre branche porta pour la
première fois des fleurs. Ces fleurs étaient
plus pâles que sur les autres branches du
même buisson, et seulement le calyce en
différait d’une manière marquée ; elle était
blanche et passait au rose dans ses parties
supérieures. Il n’y avait malheureusement
pas, au moment où l’on fit le dessin, de
fleurs écloses, et nous n’avons pu prendre
qu’un bouton. Le calyce de la fleur éclose
est beaucoup plus blanc et plus transparent
que nous ne pourrions le décrire. L’été
venu, les feuilles plus âgées ont plus que
doublé de grandeur et ont pris une nuance
Encore plus claire.
Je ne crois point me tromper en disant que
cette variété du Chænomeles n’a pas encore
été décrite dans la littérature horticole. Il me
semble que les qualités décoratives de cette
nouvelle variété méritent d’être relevées et
fixées ; c’est pourquoi j’ai écussonné cette
variété, au mois de juillet, sur la forme
typique.
Je ne connais point de buissons qui au-
raient encore un si riche feuillage blanc, et
notre variété, que nous allons nommer
Chænomeles japonica var. Simiren-
kiana , trouvera à grand peine une rivale.
Il nous reste maintenant à éprouver notre
nouvelle variété en ce qui concerne l’insensi-
bilité de ses feuilles à une grande chaleur
et au grand soleil ; ses fleurs n’ont pas en-
core noué de fruits. Léon Simirenko,
A Gorodistsche, Gouv'. de KiefT (Russie).
CÉLERI A FEUILLES DE FOUGÈRE
Ce Céleri est peu connu : il est, nous a-t-on
assuré, originaire d’Allemagne. Nous ne
l’avons vu, jusqu’à ce jour, que chez M. For-
geot, à Paris. C’est une plante non seulement
potagère, mais aussi très-ornementale par la
ténuité et la finesse de son feuillage, qui est
très-abondant et finement découpé, comme le
sont des feuilles de Fenouil ou de Carotte.
Ses feuilles ont les côtes de moyennne gros-
seur, très-rapprochées, ce qui forme des
touffes fortes, compactes, très-ornementales
lorsqu’elles sont isolées. Malheureusement,
les côtes sont creuses, ce qui, au point de
vue économique, leur enlève une grande
partie de leur mérite. La plante n’est pas
moins utilisable comme plante potagère, car,
si sa saveur est un peu moins forte que celles
des autres races de Céleri, elle est très-
agréable au goût et constitue d’excellentes
salades, qu’on prépare en y ajoutant les
feuilles blanchies associées aux Mâches.
Bien que récemment obtenu, ce Céleri a
déjà reçu plusieurs noms, qui tous, du reste,
sont basés sur le caractère de ses feuilles.
Ainsi il a été nommé : Céleri mousse ou
moussu, Céleri ci feuilles de Fenouil ou à
feuilles de Carotte, et Céleri « à feuilles
de Fougère », par allusion aux variétés de
ce groupe dont les feuilles sont extrême-
ment divisées.
Outre ses propriétés ornementales, le Cé-
leri à feuilles de Fougère est cultivé comme
espèce culinaire; sa culture est d’ailleurs
la même que celle des autres Céleris. Mais
il va de soi que, dans cette circonstance, on
doit le soumettre à l’étiolage. Toutefois, vu
l’excessive ténuité des feuilles, elles sont
sujettes à la pourriture, ce que l’on l’évite en
se servant de litière légère plutôt que de sub-
stances qui engendrent facilement l’humi-
dité, et qui la conservent.
Mais, lorsque le blanchiment est opéré
à point, on a alors une salade très-jolie à
l’œil et agréable au palais.
On peut se procurer le Céleri à feuilles
de Fougère, chez M. Forgeot et Cie, 6 et
8, quai de la Mégisserie, à Paris.
E.-A. Carrière.
CORNUS SIBIRICA GOUCHAULTI
Cette intéressante nouveauté, obtenue par
M. Gouchault, horticulteur, 19, rue Basse-
Mouillère, à Orléans, est remarquable par
sa grande vigueur, et surtout par la beauté
et la constance de sa panachure. En voici
une description :
Arbuste très-vigoureux, à écorce lui-
sante, d’un rouge plus ou moins foncé sui-
vant qu’il est frappé ou non par le soleil.
Feuilles relativement grandes, régulière-
ment et largement ovales elliptiques. Pétiole
court, rosé. Limbe plan, sensiblement nervé,
entier, courtement atténué en une pointe
cuspidée, largement rétréci arrondi à la base,
très-élégamment panaché de jaune et de
rouge diversement nuancé, suivant le degré
520
LE PLAGAGE DE GAZON (OU SODDING) EN ANGLETERRE.
de vigueur et de développement des parties,
ce qui rend l’aspect agréable et constam-
ment changeant, de sorte qu’il n’est jamais
le même. Cela, cependant, n’empêche pas la
constance de la panachure. Ainsi cette pa-
nachure, qui varie constamment de coloris
et d’intensité, est flammée, c’est-à-dire
portant alternativement dans l’intérieur du
limbe des bandes irrégulières, blanc-jau-
nâtre ou plus ou moins rose qui, venant de
toutes parts aboutir au bord de la feuille
déterminent, autour de celle-ci, une large
bordure qui , avec les couleurs internes
auxquelles se lient des bandes d’un beau
vert, forment des contrastes élégamment
harmonieux.
Par sa vigueur, la belle couleur de son
écorce, la panachure constante et aussi in-
tense que jolie de son feuillage, le Cornus
sib. Gouchaulti constitue un joli arbuste
d’ornement, à joindre aux diverses variétés
à feuilles panachées que l’on possède déjà
de ce genre, telles que Cornus sibirica mar-
ginata, elegantissima, aurea, ainsi qu’aux
variétés de l’espèce commune Cornus mas
variegata, versicolor, etc.
C’est, en un mot, une riche addition aux
arbustes propres à la décoration des jardins
d’agrément.
Quant à la culture et à la multiplication,
elles sont identiques à celles des autres es-
pèces ou variétés de ce genre, par exemple
des Cornus alba, sibirica , circinata , etc.,
c’est-à-dire qu’on les multiplie par bou-
tures ou par couchage. On ne devra em-
ployer les semis, lorsqu’on en possédera des
graines, que si l’on ne tient pas absoloment
à reproduire la variété, car il se pourrait,
en effet, que le semis ne reproduisît pas
identiquement la plante.
On peut se procurer cette variété chez
l’obtenteur, M. Gouchault, horticulteur à
Orléans.
E. A. Carrière.
LE PLACAGE DE GAZON (OU SODDING) EN ANGLETERRE
On emploie, en Angleterre, un mode de
placage qui est peu usité et ençore peu
connu sur le conti-
nent. Il offre cepen-
dant de nombreux
avantages qu’il est
utile de signaler aux
lecteurs de la Revue
horticole .
Supposons une
prairie que l’on veut
niveler pour l’instal-
lation d’un jeu de
Lawn-Tennis, par
exemple, ou bien
encore que l’on veut
vallonner pour dé-
gager un point de
vue.
A l’aide d’un cor-
deau, un homme
trace d’abord une
ligne bien droite
d’environ 10 mètres
de long, et, à l’aide
d’un * instrument
ayant la forme soit
d’une roulette mo-
bile, soit d’une demi-
lune (fig. 127 ou 128),
il découpe le gazon
suivant cette même ligne droite.
Il change son cordeau de place et trace
Fig. 127. — Traçoir en
croissant pour décou-
per le gazon.
Fig. 129. — Truelle à lever le gazon.
une autre ligne parallèle à la première et
distante de 30 centimètres ; il découpe
comme précédem-
ment.
Après avoir tracé
longitudinalement
une dizaine de ces
lignes, il en trace
d’autres qui coupent
les premières per-
pendiculairement et
distantes d’environ
1 mètre l’une de
l’autre (fig. 130).
Il a ainsi fait un
damier dont chaque
petit carré mesure
1 mètre de long sur
30 centimètres de
large.
Un autre homme,
alors, avec un ins-
trument spécial (fi-
gure 129), espèce de
truelle coupante mu-
nie d’un long man-
che, lève le gazon,
en donnant aux pla-
quettes une épais-
seur variant de 3 à
4 centimètres, sui-
vant la nature du terrain.
Il y a quelqu’un derrière lui, qui roule
page de gazon.
CULTURE DES FRUITS EN SACS.
521
les plaquettes à mesure qu’il les lève. Un
homme ramasse les rouleaux de gazon, les
charge dans une brouette, les porte et les
empile dans un endroit désigné.
Ensuite, on commence le terrassement
que l’on s’est proposé de faire. Ce travail
terminé, on nivelle bien la surface où l’on
doit plaquer le
gazon, et l’on y
met, si possible,
un engrais quel-
conque.
Ensuite, et sui-
vant une première
ligne droite, on
déroule les pla-
quettes de gazon,
que l’on fait join-
dre le mieux que
l’on peut.
Avec un rou-
leau assez pesant,
on achève d’appliquer les plaquettes sur le
sol, sans oublier de faire un bon arrosage,
que l’on continuera suivant la saison et la
nature du sol .
Une question, maintenant, peut être po-
sée. Combien de temps les plaquettes, ainsi
roulées, peuvent-elles rester empilées sans
que le gazon n’ait pas trop à souffrir ?
On ne peut guère préciser, étant donné
que, suivant le temps, elles auront à souf-
frir plus ou moins de la sécheresse ou de
l’humidité.
Certes, si les plaquettes restent trop
longtemps empilées, le gazon jaunira ; tou-
tefois, j’ai vu faire un placage, dans une
prairie où l’on
voulait installer
un emplacement
pour des jeux,
avec des plaquet-
tes dont le gazon
était entièrement
jauni. Un mois
environ après
l’achèvement du
travail, ayant eu
l’occasion de re-
passer au même
endroit, je ne re-
connaissais guère
le gazon que j’avais vu plaquer quelques
semaines auparavant ; il était, en ce mo-
ment, presque vert, et commençait à pous-
ser.
En Angleterre, on opère souvent ainsi
pour le placage du gazon ; c’est ce qu’on
appelle sodding.
L. Paillet fils.
CULTURE DES FRUITS EN SACS
Ce procédé de culture, des plus simples
quant à son exécution et d’une application
récente, à peine connue, consiste à mettre
des fruits dans des sacs afin de les sous-
traire à certaines influences atmosphériques
et d’en prolonger la durée, tout en leur
faisant acquérir des qualités spéciales qui
en augmentent la valeur vénale.
Faisons ^toutefois observer que cette cul-
ture ne constitue pas une innovation pro-
prement dite, mais seulement l’extension
et l’application sur une grande échelle,
d’un procédé usité depuis très longtemps,
puisque de mémoire d’homme, on l’ap-
plique aux Raisins, afin d’en prolonger la
durée et de les garantir des intempéries,
des insectes : mouches, guêpes, etc., et
encore de certains ennemis tels que loirs,
moineaux, etc. Dans ce cas, suivant les
circonstances et suivant aussi les questions
économiques, on peut employer des sacs
en crin, en papier, en calicot, en mousse-
line, etc.
Il en est de même aujourd’hui pour la
nouvelle culture relativement à la nature
des sacs, bien que d’ordinaire on fasse usage
de sacs en papier, ce qui ne veut pas dire
que l’on ne pourrait en employer d’autres.
Il faut pour cela du papier fort résistant.
Celui qui est considéré comme le meilleur
est le papier dit de « régie, » provenant des
administrations : ministères, douanes, etc.,
et qui, chaque année, est vendu pour les
divers commerces de détail : épiceries,
fruiteries. Ces sacs qui sont rayés et réglés,
parfois de couleurs diverses, ont l’avan-
tage d’être épais, très-résistants et de bien
supporter les intempéries.
Entrons maintenant dans les détails d’ap-
plication et de pratique.
Historique. — Bien que l’idée de pré-
server les fruits, autres que les R.aisins, par
leur mise en sacs ne remonte qu’à un très-
petit nombre d’années, il est pourtant diffi-
cile d’affirmer comment la chose s’est passée
au début. C’est à Bagnolet que l’on a com-
mencé à mettre les fruits en sacs, et il est à
peu près certain que l’inventeur de ce pro-
CULTURE DES FRUITS EN SACS.
522
cédé est un cultivateur de cette commune,
M. Chevalier (Pascal), bientôt suivi par
MM. Faucheux (Arthur) et Ménétrier, le
premier vers 1880. Jusque-là, on employait
parfois des serpillières pour garantir les
Pommiers, ce qui ne donnait que peu de
résultats. D’après M. Panier, cultivateur à
Bagnolét, qui nous a donné ces renseigne-
ments, la pratique s’est vite généralisée dans
le pays, et actuellement, il y a des culti-
vateurs qui, cette année, ont employé de
7,000 à 8,000 sacs, qui tous contenaient
des fruits magnifiques. Quant au mobile'
qui a poussé à faire ces expériences, nul
doute qu’il n’est autre que l’intérêt parti-
culier s’appuyant sur l’observation des
faits, en dehors de toute notion scientifique.
Ce sont surtout les altérations des Pommes
qui ont appelé l’attention des cultivateurs ;
et comme ces altérations étaient attribuées
à des piqûres d’insectes, on a tout d’abord
cherché à éloigner ceux-ci. On a d’abord uti-
lisé les insecticides qui agissent directement
en faisant périr ces insectes, ou bien les
éloignent par l’odeur qu’ils dégagent. On a
aussi attribué ces défectuosités à des para-
sites qui, en se répandant sur l’épiderme
à la surface des fruits, occasionnaient la
tavelure, le fendillement et déterminaient
des cicatrices ou gerçures suivies bientôt de
pourriture. De là, à l’idée d’employer les
sacs pour garantir les fruits, il n’y avait
qu’un pas. Ce pas, on semble l’avoir fait,
et les résultats obtenus paraissent justifier
les faits et confirmer les prévisions. Il reste
à chercher quels sont les moyens les plus
avantageux pour l’exécution.
Choix des sacs. — Jusqu’ici les opinions
paraissent encore partagées, bien que cer-
tains, s’appuyant sur les résultats et fai-
sant surtout intervenir la question écono-
mique, penchent pour les sacs en papier;
d’autres, au contraire, s’appuyant égale-
ment sur la question économique, préfèrent
les sacs en tissus, parce que, disent-ils, la
durée en est beaucoup plus longue. On n’est
donc pas d’accord sur les avantages des uns
ou des autres. Mais, indépendamment de
la durée, de l’économie pécuniaire, il faut
tenir un grand compte des résultats au
point de vue de la beauté et de la qualité
des produits, ce qui est le côté véritable-
ment important, et comme le résultat ob-
tenu avec les sacs en papier paraît être
parfait, beaucoup de cultivateurs s’en tien-
nent à ceux-ci.
Époque à laquelle il convient de mettre
les fruits en sacs. — Il est de toute impos-
| sibilité de préciser et d’indiquer d’une ma-
nière absolue la date à laquelle il convient
d’ensacher les fruits. Tout dépendant de leur
nature, du milieu dans lequel on est placé,
de la nature des agents contre lesquels il
faut se garer, ainsi que des ennemis que
l’on a à combattre, toutes circonstances
que, seul, l’intéressé peut résoudre. Néan-
moins, théoriquement, on peut indiquer les
conditions que doivent présenter les fruits
lors de leur mise en sacs. Voici les princi-
pales :
Toujours et quelle que soit la nature du
mal il faut opérer avant qu’il apparaisse et
lorsque les fruits sont déjà suffisamment
développés, de manière à pouvoir en appré-
cier la valeur et préjuger de leur avenir,
afin de n’opérer que sur ceux qui présentent
déjà les meilleures dispositions. En général,
on admet que les fruits, comme dimen-
sions moyennes les rendant propres à
être mis en sacs, doivent varier entre le
quart et le tiers de leur grosseur. Quant
aux espèces sur lesquelles on doit opérer, il
va de soi qu’en ceci encore, le choix dépend
d’une foule de circonstances en rapport avec
les conditions dans lesquelles on est placé,
Ajoutons enfin que, jusqu’à ce jour, l’atten-
tion paraît être portée particulièrement
et même presque exclusivement sur les
Pommes, et beaucoup moins sur les Poires.
Qualités que doivent présenter les fruits
lors de leur mise en sacs. — Précautions
qu'il convient de prendre pour faciliter
V opération et en assurer le succès < —
Les fruits choisis doivent être relative-
ment gros, bien faits, d’une belle appa-
rence en un mot, ils ne doivent pré-
senter aucune défectuosité. On doit aussi,
préalablement, les dégager en enlevant les
obstacles qui gêneraient la mise en sacs
des fruits choisis, soit en supprimant les
branches qui les entourent, soit lorsque les
fruits sont réunis par groupes, en suppri-
mant les plus inférieurs de manière à con-
server le plus beau et le mieux placé. Dans
la plupart des cas même, on ferait bien
de ne pas attendre le moment de la mise en
sacs pour procéder à cette préparation, et
il serait bon de faire successivement cette
sorte de toilette. Alors, de temps à autre,
en passant, on supprime tout ce qui pour-
rait gêner le travail ultérieur ou nuire au
développement des fruits sur lesquels on a
jeté son dévolu. Et lorsqu’il s’agit de l’en-
lèvement des fruits trop nombreux, on agit
prudemment, afin d’en avoir toujours plus
qu’il n’en faut, de manière que, lors de la
GULTURE DES FRUITS EN SACS.
mise en sacs, on puisse choisir les plus beaux
et les mieux placés.
Soins à donner pendant la végétation.
— Une fois en sacs et jusqu’à ce qu’on les
en retire, les fruits, à vrai dire, n’ont be-
soin d’aucun soin. Seulement, et ne serait-
ce que par précaution, il est, sinon néces-
saire, mais au moins prudent, de temps à
autre, d’asperger les arbres soit avec de la
nicotine ou tout autre insecticide, soit pour
éloigner les insectes, soit pour combattre
des influences cryptogamiques ou autres
qui attaquent les arbres. Dans ce cas, et
quelques soins que l’on prenne, il arrive fré-
quemment que les fruits laissés à l’air libre
sont frappés et détériorés par les ingrédients
employés, ce qui n’arrive jamais lorsque les
fruits ont été mis en sacs en temps conve-
nable.
Des précautions à prendre lorsqu’on
retire les fruits des sacs. — On peut
comparer l’enlèvement des sacs à Yeffeuil-
lage des fruits et même mieux, à un effeuil-
lage intensif , puisque, au lieu de le pratiquer
successivement comme on le fait dans l’ef-
feuillage, on met les fruits tout à coup à l’air,
d’une seule fois. Or, tout le monde sait que,
pour l’effeuillage des fruits, on doit opérer
avec prudence, afin de ne pas les fatiguer
et surtout pour éviter les coups de soleil
ou la brûlure. Aussi ces accidents sont-ils
particulièrement à redouter, lorsqu’il s’agit
de fruits complètement soustraits à l’action
de l’air pendant un certain temps, et qui
s’y trouvent brusquement livrés de toutes
parts* Il faut alors, autant que possible,
profiter d’un temps un peu couvert, et même
pluvieux, et, s’il survenait un changement
subit, un temps aride et brûlant par suite
d’un grand soleil, il serait prudent d’abri-
tet* les fruits avec une toile légère afin de
les garantir.
Époque à laquelle convient de pratiquer
V enlevage des sacs. Mise des fruits à l’air.
— On ne peut assigner d’époque fixe pour
la durée des fruits en sacs, parce que tout
dépend des conditions de température, d’ex-
position et surtout de la nature des fruits,
toutes choses qui peuvent déterminer de
notables différences. Mais, comme ici, il
s’agit de Poires, et surtout de Pommes,
nous pouvons admettre qu’en moyenne il
faut enlever les sacs une quinzaine de jours
environ avant d’opérer la cueillette. Quel-
ques cultivateurs ont l’habitude, lorsqu’ils
mettent les fruits en sacs, de déchirer lé-
gèrement ceux-ci afin qu’il puisse s’établir
un courant d’air ; d’autres prétendent que
523
ce procédé est nuisible aux fruits qui
peuvent même se trouver piqués par les
insectes ou détériorés par des champignons.
Conclusion. — Pour conclure, résumons
en quelques lignes les conseils que nous
pouvons donner :
Afin de faciliter la mise en sacs des fruits
choisis (Pommes et Poires), on enlève à
l’avance tous les obstacles qui pourraient
gêner l’opération, c’est-à-dire l’ensacbe-
ment, ce qui doit se faire lorsque les fruits
ont atteint le tiers environ de la grosseur
normale qu’ils peuvent acquérir; puis les
sacs placés, et s’il est nécessaire, on peut,
de temps à autre, donner des bassinages
insecticides afin de protéger les arbres contre
les insectes ou contre d’autres causes des-
tructives.
Une quinzaine de jours environ avant
d’opérer la cueillette, il faut enlever les sacs
afin que l’air frappe les fruits qui, alors et
très - promptement , prennent une teinte
plus ou moins rosée qui augmente consi-
dérablement la valeur vénale des produits.
Toutefois il convient, lors de l’enlevage des
sacs, d’éviter les coups de soleil ou brû-
lures, et pour cela on doit choisir un temps
sombre ou couvert, car l’action du soleil est
d’autant plus dangereuse que la peau des
fruits est très-mince, ce qui a surtout lieu
avec ceux qui ont été mis en sacs.
Afin de rassurer les personnes qui, par
suite de doutes sur la réussite du procédé
en question, hésiteraient à le mettre en pra-
tique, nous allons citer des faits de nature
à faire disparaître leurs craintes. Ainsi,
sans citer les nombreux exemples que l’on
peut voir à Bagnolet, nous pouvons rapporter
les expériences qui ont été faites à Montreuil
où, déjà, un grand nombre de cultivateurs
ont essayé ce nouveau procédé. Un, entre
autres, M. Vitry (Désiré), a placé 6.000 sacs
cette année.
Voulant, de cette expérience, tirer tout
ce qu’elle comporte et avoir un terme de
comparaison dont on ne puisse nier la va-
leur, voici ce que fit M. Vitry : « Sur un
même arbre, par conséquent dans des con-
ditions absolument identiques, il mit en
sacs tous les fruits de l’un des côtés de
l’arbre, tandis qu’il abandonna complète-
ment l’autre. Voici les résultats : dans la
partie où les fruits avaient été mis en sacs,
pas un n’était piqué, lorsqu’au contraire,
sur la partie non abritée, on voyait, comme
partout, du reste, des fruits piqués à côté
d’autres qui étaient sains. De plus, les fruits
non ensachés avaient la peau relativement
524
LA VÉGÉTATION AUTOUR DE LA BAIE DE DIEGO-SUAREZ.
dure et épaisse, pendant que, parmi ceux qui
avaient été mis en sacs, aucun n’était piqué
et tous avaient la peau très-fine et comme
transparente. Enfin cette peau, en peu de
temps, se vermillonnait plus ou moins,
suivant la quantité de lumière et de soleil
que les fruits recevaient. » L’expérience est
donc concluante. E.-A. Carrière.
LA VÉGÉTATION AUTOUR DE LA BAIE DE DIEGO-SUAREZ
Le protectorat que la France exerce à
Madagascar l’entraîne à rechercher les
moyens d’augmenter la production végétale
des^ régions où notre influence est directe.
Cette œuvre est relativement facile, car le
climat malgache est généralement sain et la
fécondité du sol est grande, ainsi que cela
a été maintes fois constaté et ainsi que
le prouvent les extraits suivants d’un rap-
port que M. le docteur H. Meyners d’Estrey
vient de présenter à la Société nationale
d’ Acclimatation :
Pendant la période de sécheresse, la vé-
gétation s’arrête, les arhres perdent leurs
feuilles, et, dans les vallées seulement, où
l’on rencontre l’humidité constante, l’acti-
vité générale se fait sentir.
Aussitôt que les pluies de la période
d’hiver sont venues rafraîchir la terre cal-
cinée, les plaines deviennent des pâturages
abondants, les côtes se couvrent d’une vé-
gétation luxuriante, et l’on se rend compte
de la richesse végétale de ce pays.
L’arhre le plus fort que l’on rencontre là
est le Baohab ( Adansonict digitata ), dont le
tronc atteint 6 mètres de diamètre et qui
envoie jusqu’à 15 mètres de son axe des
branches contournées et horizontales.
Les Palmiers les plus répandus sont le
Cocotier , le Raphia et le Palmier Éven-
tail. Ils rendent de nombreux services aux
indigènes, qui se servent de leurs stipes
pour construire leurs habitations et des
feuilles pour les couvrir; qui confection-
nent, avec l’épiderme de la face inférieure
de ces feuilles, des étoffes, des cordes, des
nattes, etc., objets qui constituent un ar-
ticle d’exportation très-important. Ils ont
aussi le Chou-Palmiste, et ils retirent éga-
lement des Palmiers la noix de coco, le
lait, l’huile, le sucre, la farine.
Le Citronnier et le Limonnier réussissent
très-bien et se couvrent de fruits : il en
serait certainement de même pour l’Oran-
ger, mais la culture de cet arbre a été
négligée jusqu’ici.
Le Bananier constitue la base importante
de la nourriture des indigènes; il en est de
même du Manguier, qui, cependant, n’est
pas cultivé, les indigènes se bornant à le
laisser se développer au hasard autour de la
baie. L’écorce du Manguier, celle de la
racine surtout, est employée dans certains
cas de diarrhées et de flux muqueux ; sa
feuille est recherchée comme pectorale.
Les Bananiers, lorsqu’ils sont plantés en
terrains frais et ombragés, à 2 ou 3 mètres
de distance les uns des autres, peuvent
rapporter en moyenne 2,000 kilogrammes
de Bananes par hectare.
Le Caoutchouc et la gomme copale sont
l’objet d’un commerce important. La
gomme copale se recueille d’une manière
bien simple : il suffit de déchausser les ra-
cines du Copalier et on l’enlève la gomme
dont elles sont couvertes.
On trouve, dans la plaine d’Anama
Kiana, le Cotonnier, qui demande un sol
sec et sablonneux, le plus rapproché possible
de la mer.
L’Indigotier et le Curcuma (Safran des
Indes) croissent dans la même région. La
substance colorante de l’Indigotier se trouve
dans les feuilles. Voici de quelle manière
les Malgaches l’extraient : ils font tremper
ces feuilles dans l’eau froide pour en ob-
tenir ensuite la fermentation; ils agitent
ensuite le liquide avec un bâton, afin de
mettre les différentes couches qui se dé-
posent en contact avec l’air, et accentuer la
coloration, puis ils laissent déposer.
Les cultures de Café et de Vanille ont.
donné les meilleurs résultats, et sont déjà
installées dans des proportions importantes.
La Canne à sucre et le Tabac font également
de très-belles promesses. Les bois propres
à l’ébénisterie de luxe sont représentés,
autour de la baie, par l’Ébène, le Palis-
sandre, le bois de rose, le bois de Teck, et
encore d’autres moins recherchés. L’Ébène
est le Diospyros Ehenaster, espèce la plus
jolie, la moins veinée de blanc ou d’autres
couleurs dépréciantes. Le Tamarinier croit
aux abords de la baie, dans les terrains de
toutes natures. Son fruit sert à la prépa-
ration d’une tisane rafraîchissante et laxa-
tive.
Le Palétuvier se trouve en grande quan-
tité dans les endroits marécageux. Il fournit
un bois très-dur, recherché pour le chauf-
PLANTES NOUVELLES, DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. 525
fage, et qui, pendant la campagne de Mada-
gascar, a été très-employé pour la confection
de palissades d’enceinte, de palenques, etc.
On rencontre également la Musacée connue
sous le nom d ’ Arbre du voyageur (Rave-
nala madagascariensis ou Urania spe-
ciosa). Ce nom lui vient de ce qu’en perçant
la base engainante des feuilles, on laisse
écouler l’eau retenue là. Ajoutons le Tanghi-
na veneniflora, qui fournit un violent
poison connu sous le nom de Tanghin de
Madagascar. Il paraît que les Hovas em-
ploient fréquemment ce poison.
Le Riz est cultivé sur plus de 500 hec-
tares; puis viennent le Maïs, le Sorgho et le
Manioc.
Enfin, la plupart des légumes européens
réussissent très-bien, lorsqu’ils sont culti-
vés sur des terrains pas trop secs, et abrités
des fortes brises de la saison fraîche. Les
Pommes de terre, Patates, Choux, Carottes,
Ognons, Fèves, Tomates, Melons, Con-
combres, se développent aussi en parfaite
condition.
Ce sont, laides faits qui doivent être portés
à la connaissance du public, afin d’éclairer
les futurs émigrants sur la valeur du sol de
cette colonie. Ed. André.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 25 OCTOBRE 1888.
Comité de floriculture.
Présentés par M. J. Barigny, de Meaux,
quelques beaux exemplaires de Chrysanthe-
mum cultivés en pots. Citons, parmi les varié-
tés les plus intéressantes de ce lot :
Baron d'Avène , fleur grande, bombée, rose
lilacé.
L. Lévêque , fleur grande, très-jolie, rose
lilacé, à centre jaune.
Madame Hoste, variété charmante blanc li-
lacé, centre jaune.
Simon Delaux, fleur à pétales étroitement
tuyautés, brun fauve, légèrement rougeâtre.
Jules Barigny , grandes fleurs à pétales
tuyautés lilas, à reflets rougeâtres.
Les plantes apportées par M. Barigny, toutes
nouveautés de 1887 et 1888, étaient d’une vi-
gueur extrême et abondamment fleuries. Voici
la culture à laquelle elles avaient été sou-
mises :
Bouturage vers le 15 avril 1888 en godets
de 4 centimètres ; mise en serre et rempotage,
le 15 mai, dans des pots de 10 centimètres,
avec pincement. Nouveaux pincements le 20 et
le 30 juin, puis rempotage en pots de 14 centi-
mètres ; ensuite, mise en pleine terre, au so-
leil, avec arrosages suffisants ; nouveau rem-
potage en pots de 16 centimètres et rentrée en
serre froide, la floraison commençant vers le
15 septembre.
Le compost employé par M. Barigny était
fait de terre de bruyère, de terreau et de terre
franche siliceuse.
Par M. Laplace, jardinier à Châtillon (Seine) :
une marcotte enracinée d 'Araucaria excelsa
et un Hoya carnosa en pot portant une graine
bien constituée. La fécondation doit en être
attribuée, suivant M. Laplace, à un insecte
qu’il a observé se promenant sur la fleur de
cette plante.
Par M. Millet, horticulteur à Bourg-la-Reine,
un Cyclamen de Perse à fleurs semi-doubles.
Des semis de Cyclamens à fleurs simples ont
donné, en 1887, au présentateur, des plantes
à fleurs semi-doubles qui se sont bien repro-
duites de graine comme le démontrent les
plantes présentées.
Par M. Henry de Vilmorin, une branche de
Lilas Varin portant des graines fécondées na-
turellement. Ce cas est extrêmement rare sous
le climat de Paris.
Comité d’arboriculture fruitière.
Par M. Rémy père, pépiniériste à Pontoise,
une Pomme provenant d’un arbre obtenu de
semis de la variété Rambourg. La nouvelle
Pomme est belle, grosse, vert-jaunâtre, un
peu pâle, luisante.
Par M. Ed. Lefort, amateur à Meaux (Seine-
et-Marne), 40 belles Poires bien colorées ap-
partenant aux meilleures variétés : Duchesse
d’Angoulême, Beurré Diel, B. Clair geau , B.
d’Aremberg , etc., etc.
Par M. Govion, cultivateur à Épinay, quelques
Pommes et Poires très-volumineuses et bien
colorées, provenant d’arbres cultivés en contre-
espalier : Reinette de Canada, Belle du Bois ,
Beurré Bachelier , Baronne de Mello, Beurré
Diel , de Curé , etc.
Em. Bruno.
REVUE DES PLANTES NOUVELLES
DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES
Miltonia Peetersiana, Rchb. f. — (Gard. I est probablement un hybride entre le M. spec -
Chron ., 1886, v. 2, page 326). — Ce Miltonia | tabilis Moreliana et le M. Clovjesii. Il se dis-
526 PLANTES NOUVELLES, DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES.
tingue de ce dernier par son pédoncule très-
fort, et plus arrondi. La forme de l’inflorescence
est plutôt flexueuse avec de larges bractées
triangulaires, ancipitées, presque égales à
l’ovaire stipité. Du M. Moreliana il se distingue
entre autres caractères par son labelle, ses pé-
tales et ses sépales plus étroits, et les auricules
de la colonne bilobées.
Cattleya guttata Leopoldi immaculata. —
Orchidées (Gard. Chron ., 1886, v. 2, p. 326).
— Cette nouvelle variété a les sépales et les
pétales d’un mauve-brun sans trace de ma-
cules et le labelle blanc. Elle a été obtenue
par M. Peeters.
Cattleya crocata , Rchb. f. — Orchidées
(Gard. Chron., 1886, v. 2, p. 360.) — Fleurs
grandes, blanches, labelle à quatre lobes mar-
qué d’une ligne orange foncé, qui forme sur le
disque antérieur une large tache pentagonale.
Colonne blanche teintée de vert à la base.
Alocasia grandis , N.-E. Brown. — Aroïdées
(Gard. Chron., 1886, v. 2, p. 390). — Plante
glabre. Feuilles à pétiole d’un mètre de long,
pourpre noir, à limbe de 50 à 60 centimètres de
long et d’environ 30 centimètres de large,
ovales, sagittées, ondulées, courtement cuspi-
dées-aiguës, d’un vert noir brillant uniforme
en dessus, d’un vert noirâtre relevé de pourpre
sur les nervures en dessous. Hampe arrondie, de
25 centimètres de long, d’un rouge pourpre
brillant à la base, devenant, au-dessous de la
spathe, d’un gris pourpre obscur. Spathe à tube
vert, mêlé et lavé de rouge brun, àjglimbe inté-
rieurement rugueux, blanc, plus ou moins lavé
de carmin très-pâle, extérieurement blanc
éclatant, couvert de lignes carmin pâle serrées.
Spadice à ovaires jaunâtres et styles blancs ;
partie portant les étamines blanches ; appendice
jaune ocreux pâle. Cette magnifique plante est,
d’après le Gardeners’ Chronicle, comparable
comme beauté à V Alocasia Thibautii.
Zingiber brevifolium , N.-E. Brown. — Zin-
gibéracées (Gard. Chron., 1886, vol. 2, p. 390).
Iles Philippines. — Tige d’environ 30 centi-
mètres, munie à la base de 3 ou 4 gaines d’un
rouge obscur, feuillée au-dessus du milieu.
Feuilles engainantes, sessiles, oblongues-lan-
céolées ou elliptiques, aiguës au sommet, vert
sombre en dessus, vert gris en dessous. Épi
sessile terminal, à bractées jaunes rayées de
rouge. Galyce membranacé. Corolle jaune à
tube grêle courbé en dessus, pétales linéaires,
lancéolés, acuminés.
Gongora flaveola, Rchb. f. — Orchidées
(Gard. Chron., 1886, v. 2, p. 456). — Espèce voi-
sine de G. gratulabunda et de G. pleiochroma.
Elle porte une grappe de fleurs distantes, d’un
jaune ocreux brillant ; le labelle est d’un jaune
plus foncé et, la colonne verte. Le pédoncule
est anguleux et aucunement comprimé.
Aristolochia Salpinx, Masters. — Aristolo-
chiées (Gard. Chron., 1886, v. 2, p. 456,
fig. 92). Paraguay. — Feuilles cordées, ovales,
presque acuminées. Périanthe long de 25 mil-
limètres ou plus, couleur crème veiné de pour-
pre. Tube enflé à la base, puis étranglé, subite-
ment arqué et se développant en forme de
trompette.
Odontoglossum Ilarryanum, Rchb. f. —
Orchidées (Gard. Chron., 1886, v. 2, p. 486).
— Cette espèce superbe commence à se ré-
pandre ; elle peut être comparée aux Odonto-
glossum luteo-purpureum e.t tripudians. Sé-
pales assez larges, aigus, ondulés, bruns, avec des
lignes transversales, hiéroglyphiques jaunâtres,
qui deviennent en vieillissant d’un jaune in-
tense. Pétales un peu plus étroits que les
sépales étalés à pointe recourbée au sommet,
blancs, avec des taches mauves à la base,
bruns au milieu, jaunes au sommet. La-
belle jaunâtre à la base, bordé de mauve au
milieu, à partie supérieure oblongue-acumi-
née et enroulée au sommet, blanc passant au
jaune. Colonne blanche à la base, jaune au
sommet.
Dendrobium heraglossum, Rchb. f. — Or-
chidées .(Gard. Chron., 1886, v. 2, p. 487).
Malacca. — Plante qui se place près des Den-
drobium Linguella et Dendrobium aduncum.
Elle a un peu les fleurs de ce dernier, mais
la nervure est plus oblique ; ses sépales
et ses pétales bleus sont plus acuminés ;
le labelle trifide a les lobes latéraux semi-
oblongs, formant un hypochile semi-globuleux,
couvert intérieurement de petites verrues ;
lobe supérieur (épichile) ovale aristé blanc,
bleu améthyste au sommet. Colonne vert bril-
lant.
Orchidantha borneensis, N.-E. Brown. —
Scitaminées (Gard. Chron., 1886, v. 2, p. 519).
— Cette plante est surtout intéressante par ses
caractères distincts de toutes les Scitaminées
connues et qui ont permis de fonder un genre
nouveau. Sans être très-intéressantes au point
de vue horticole, ses fleurs ne sont cependant
pas sans éclat et peuvent être comparées à
celles de certaines Orchidées dont elles rappel-
lent la forme. L’inflorescence est sessile â la
base de la plante, qui atteint au plus 35 centi-
mètres et est composée de quelques fleurs ses-
siles renfermées dans des bractées pourpres.
Sépales jaunes, pétales violet noirâtre. Cette
espèce a été envoyée de Bornéo.
Dendrobium inauditum, Rchb. f. — Orchi-
dées (Gard. Chron., 1886, v. 2, p. 552). Poly-
nésie. — Pseudo-bulbes épaissis à la base, fu-
siformes sillonnés, se continuant en col étroit
ancipité quatre fois plus long qu’eux, portant
une seule feuille. Quand cette feuille tombe, il
reste à sa base une section circulaire. C’est
des vieilles spathes que sortent les fleurs
se rapprochant de celle du Dendrobium tetra-
gonum, bien que dans cette espèce les pétales
et les sépales soient plus étroits.
Esmeralda Clarkei, Rchb. f. — Orchidées
(Gard. Chron., 1886, v. 2, p. 552). Himalaya.
— Espèce voisine du Vanda Cathcarti, dont
cette plante intéressante a le labelle avec des
PLANTES NOUVELLES, DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. 527
sépales et des pétales rappelant le Renan-
thera muscifera.
Masdevallia astuta , Rchb. f. — Orchidées
(Gard. Chron ., 1886, v. 2, p. 584). Costa-Rica.
— Plante voisine du Masdevallia Gaskelliana,
dont ses fleurs ont la grandeur. Sépales bruns
extérieurement, couleur d’ocre au sommet et
sur la côte, brun intérieurement, avec des
stries d’un jaune d’ocre. Labelle, pétales et co-
lonne jaune pâle.
Eria Fordii , Rolfe. — Orchidées (Gard.
Chron., 1886, v. 2, p. 584). Hong-Kong. —
Pseudo-bulbes ovoïdes, comprimés. Feuilles
coriaces, linéaires-lancéolées aiguës ; grappes
terminant les jeunes pousses. Fleurs éga-
lant les bractées. Sépales lancéolés aigus,
concaves intérieurement, fortement carénés
extérieurement; pétales ovales-lancéolés, pres-
que aigus ; labelle linéaire, oblong, obtus,
apiculé, trilobé. Sépales, pétales et colonne
vert-jaunâtre brillant; labelle d’un jaune
sombre à la partie supérieure, saumon foncé à
la base, veiné de cramoisi sur les lobes laté-
raux et moins distinctement à la base du lobe
central,
Catasetum galeritum , Rclib. — Orchidées
(Gard. Chron., 4886, v. 2, p. 616). — Espèce
voisine du C. atratum. Grappe pauciflore.
Sépales ligulés-aigus, pétales presque égaux,
connivents avec le sépale médian d’un vert
clair, taché de nombreuses bandes trans-
versales pourpre-brun. Sépales latéraux réflé-
chis, de la même couleur que le sépale médian
et les pétales. Labelle long et étroit, verdâtre,
jaune intérieurement ; hypochile pointillé de
brun, épichile d’un jaune d’ocre.
Catasetum pileatum, Rchb. f. — Orchidées
(Gard. Chron., 1886, v. 2, p. 616). — Curieuse
espèce à fleurs plus grandes que le Mormodes
luxatum mais s’en rapprochant. Sépales étroits,
larges, ligulés aigus, d\in rouge brillant (?).
Pétales larges oblongs aigus blancs; labelle
transversal presque triangulaire, à angle obtus
très ample, prolongé à la base en un cône obtus.
Colonne blanche prolongée en long bec au
sommet.
Dendrobium nycteridoglossum, Rchb. f. —
Orchidées (Gard. Chron. 1886, v. 2, p. 616). —
Voisin du D. serræ, Lindl. Feuilles ensifor-
mes, mucronées, charnues, sépale impair
oblong aigu, les latéraux triangulaires obliques ;
pétales linéaires aigus uninervés ; labelle court
onguiculé trifide. Fleurs d’un vert taché de
rouge.
Maxillaria fucata, Rchb. f. — Orchidées (G.
Chron. 1886, v. 2, p. 616). — Voisin du M.
irrorata. Feuilles longuement pétiolées, linéai-
res, ligulées, acuminées. Sépale impair trian-
gulaire, sépales pairs largement triangulaires,
réfléchis au sommet. Pétales rhomboïdaux éga-
lement réfléchis au sommet ; labelle elliptique,
trifide, à lobes latéraux arrondis, le central
petit semi-oblong, échancré. Fleur blanche exté-
rieurement; sépales blanc extérieurement à la
base, pourpre au milieu, jaune taché de rouge
au sommet. Pétales de la même couleur que
les sépales, mais non tachés au sommet; labelle
jaune d’ocre.
Passiflora Watsoniana, Masters. — Passi-
florées (Gard. Chron., 1886, v. 2, p. 648,
tig. 127). — Brésil méridional? — Rameaux cy-
lindriques, grêles, feuilles pétiolées, presque
peltées, trilobées, à lobes obtus, pédoncules
axillaires portant une fleur de 7 à 8 centimètres
de diamètre. Sépales linéaires, oblongs, obtus,
munis au-dessous du sommet d’une petite corne,
verts bordés de blanc violet ; pétales de la même
longueur que les sépales, d’un lilas charmant.
Vanda De are i, Rchb. f. — Orchidées (Gard.
Chron., 1886, v. 2, p. 648). Iles de la Sonde. —
Voisin du V. tricolor. Sépales et pétales briè-
vement onguiculés. Sépale impair très-grand.
Labelle aussi large que dans le V. tricolor pla-
nilabris. Fleurs jaunes.
Masdevallia glaphyrantha, Rchb. f. — Or-
chidées (Gard. Chron., 1886, v. 2, p. 648). —
Hybride dont l’origine est douteuse. Fleurs
grandes du M. Barleana, mais tube plus
court et plus large. Pétales, labelle et colonne
à peu près de la même longueur, renfermés
dans le tube.
Cypripedium Tautzianum, Rchb. f. — Or-
chidées (Gard. Chron., 1886, v. 2, p. 681). —
Nouvel hybride entre les C. niveum et barba-
tum. Sépale médian elliptique aigu, blanc
varié de pourpre noir. Sépales latéraux connés,
presque aussi longs que le labelle. Pétales
étalés, ligulés aigus, ciliés sur les bords à
7 nervures d’un pourpre noir. Labelle presque
semblable à celui du C. barbatum.
Nerine Moorei , Max Leichtlin. — (Gard.
Chron., 1886, v. 2, p. 681). — Feuilles épaisses,
d’un vert brillant sur les deux faces. Inflores-
cence centripète. Fleurs à segments crispés, du
plus bel écarlate.
Lastrea lepida, T. Moore. — Fougères (Gard.
Chron., 1886, v. 2, p. 681). On ne connaît rien
sur les origines de cette belle Fougère qui s’est
développée de spores, venues on ne sait d’où,
dans les serres deM. Henderson, en Angleterre.
Frondes naissant d’une courte souche dressée,
lancéolées, bipinnatifides, d’un vert brillant.
Sores abondants ponctiformes recouverts d’une
indusie gonflée, couleur de plomb, hérissée.
Odontoglossum Lucianianum , Reich, f. —
Orchidées (Gard. Chron., 1886, v. 2, p. 712).
Vénézuéla. — Cette plante est considérée
comme un hybride naturel de l’O. nævium et de
l’O. odoratum. Pseudo-bulbes pyriformes lisses.
Fleurs en grappes; sépales et pétales lancéolés,
acuminés. Labelle à partie basilaire très-courte,
à partie supérieure large oblongue, cuspidée,
crénelée. Sépales et pétales d’un blanc teinté
de soufre clair, tachés et rayés de pourpre
brun. Labelle blanc avec une large tache sépia
brun sur le callus. Colonne blanche marquée
de blanc sous le stigmate.
Ed. André.
528
CORRESPONDANCE.
CORRESPONDANCE
N° 3270 (Drôme). — La plante dont vous
nous avez envoyé un échantillon est YArbutus
unedo , L., vulgairement appelé Arbre aux
Fraises , à cause de l’aspect de ses fruits. Sans
être bons, ces fruits sont cependant comes-
tibles. Dans quelques endroits, on les mange
après les avoir aromatisés avec un peu de
rhum ou de kirsch, afin de corriger leur saveur
fade. Ils sont, paraît-il, narcotiques, mais si
peu qu’ils n’offrent aucun danger. Les feuilles
et l’écorce sont astringentes, et pourraient
même servir au tannage du cuir. Cette espèce,
qui se rencontre dans beaucoup de parties de
l’Europe méridionale, est également commune
dans certaines localités de la France, surtout
dans les endroits montagneux, légèrement boi-
sés. Sous 1® climat de Paris, Yarbutus unedo ,
réclame l’orangerie pendant l’hiver.
M. (Charente). — Le fait que vous nous si-
gnalez, de la production, dans vos cultures,
d’amandes dont le brou épais, sentant légère-
ment la Pêche, pourrait être mangé, n’est pas
rare, et bien des fois nous en avons rencontré
des exemples à des degrés divers, tant au point
de vue de la saveur qu’au point de vue de la
forme et des dimensions des fruits. La Revue
horticole en a même signalé et figuré de re-
marquables exemples. Non seulement le sar-
cocape ou brou plus ou moins succulent peut
être mangé, mais il arrive parfois, que chez cer-
taines variétés, la partie interne qui est en con-
tact avec le noyau est légèrement rouge-viola-
cée, ce qui, sous ce rapport encore, rapproche
l’Amandier des Pêchers.
N° i553 (Seine-et-Marne). — Vous trouverez
dans l’ouvrage de M. Baltet, Culture fruitière ,
bourgeoise et commerciale (prix : 6 fr. à la
Librairie Agricole), tous les renseignements
dont vous aurez besoin. Les bons pépiniéristes
ne manquent pas. Consultez les annonces de la
Revue.
N° 416 7 (Seine-et-Marne). — Vous pouvez
planter des Rosiers Bengale cramoisi supé-
rieur en bordure d’une corbeille de Rosiers
dont R centre serait occupé par une masse de
Souvenir de la Malmaison. On se trouve bien
aussi de planter cette dernière variété en bor-
dure d’un groupe de Général Jacqueminot ;
ces deux variétés sont très-floribondes, vigou-
reuses et remontantes . Leur rusticité est grande.
Vous pouvez bouturer ces variétés, y compris
le Cramoisi supérieur . Nous ne conseillons pas
de les gretfer sur Manetti, qui drageonne désa-
gréablement.
N° 4635 (Calvados). — La « cloque » du
Pêcher est produite par un Champignon de la
famille des Discomycètes, nommé Exoascus
déformons , Berk. Tout le monde connaît cette
affection morbide contournant et déformant les
feuilles du Pêcher, et qui se présente souvent
accompagnée de pucerons. Le seul remède
vraiment efficace, parmi tous ceux que l’on a
conseillés, est l’enlèvement absolu de tout le
jeune bois. On conseille en même temps de
biner et d’arroser le sol, de le fumer avec des
cendres ou autres engrais potassiques, afin
d’activer la végétation et de remplacer les
feuilles cloquées par d’autres qui seront saines
et vigoureuses.
il/. P. (Rennes). — Votre lettre appelle notre
attention sur les doses à employer de sulfate
de cuivre. La Revue vous donnera, dans le pro-
chain numéro, les renseignements que vous
nous demandez.
N° 4573 (Seine-et-Oise) . — La feuille que
renfermait votre lettre appartient au Plantago
lanceôlata , L. C’est la variété à feuilles pana-
chées, qui se présente quelquefois à l’état
spontané, surtout lorsque la plante croît dans
les cultures. On peut employer cette variété en
bordure de corbeilles et plates-bandes ; nous
en connaissons une, à feuilles plus blanches,
très-jolie, que la Revue décrira prochainement
comme plante nouvelle.
M. G. G. ( Orléans ) — La maladie qui
affecte les Poiriers dont vous nous avez envoyé
des feuilles est le produit d’un Champignon
microscopique nommé Sodisoma Sabinæ. Les
spores de ce Champignon viennent du Gené-
vrier Sabine, d’où elles se répandent et ger-
ment sur les Poiriers, où elles apparaissent
d’abord, en juillet, sous la forme de plaques
jaunes ou rouges. Ces taches deviennent bientôt
indurées, saillantes en dessous, et prennent
une forme différente du premier état de la
plante, ce qui avait fait croire à la présence
d’une autre espèce qu’on avait nommée Rœs-
telia cancellata. Mais il y a, en réalité, identité
entre ces deux formes d’une même espèce à
différents âges.
Comme remède effectif, on ne peut guère
conseiller, d’abord, que l’enlèvement de tous
les Genévriers du voisinage, puis l’ablation de
toutes les parties malades et le brûlage des
feuilles, afin d’obtenir la destruction de toutes
les spores, et d’arrêter la propagation du
cryptogame.
L’Administrateur-Gérant : L. Bourguignon.
Imp. Georgres Jacob, — Orléana.
CHRONIQUE HORTICOLE.
529
CHRONIQUE HORTICOLE
Le temps qu’il fait. — Distribution des récompenses à la Société nationale d'horticulture de France. —
Cours d’arboriculture de M. Forney. — Le phylloxéra à Grignon. — Qualités forestières de l’Aulne à
feuilles en cœur. — Emploi économique du sulfure de carbone et de la bouillie bordelaise. — Les
Dracœna Poubellei et Barteti. — Trois vétérans de la végétation arborescente. — La vaccination des
arbres. — Groupes d’Épicéas et Liquidambars. — Une nouvelle maladie des Pommes de terre. —
Mesures prises par la Russie contre le phylloxéra. — Force de soulèvement des Champignons. —
Les importations de Pommes d’origine étrangère en Normandie. — La première exposition horticole
à Vienne. — Le centenaire des Chrysanthèmes. — Bacillus Carotarum. — Nécrologie : MM. Sagot ,
Pacreau et Henriau.
Le temps qu’il fait. — On a rarement
vu, à cette époque-ci de l’année, c’est-à-
dire vers la fin de novembre, une tempéra-
ture moyenne aussi douce que celle qui
a régné depuis le commencement de no-
vembre jusqu’au moment où nous mettons
sous presse. A Paris, dans certains jar-
dins où l’on ne s’est pas pressé de faire
la toilette hivernale, les Pélargoniums,
les Bégonias, les Fuchsias, ont encore, en
pleine terre, leur feuillage aussi vert qu’en
plein été ; quelques fleurs se montrent
même çà et là.
C’est une période très -favorable aux
transplantations et, dans les terrains légers
et chauds surtout, on doit se hâter d’en
profiter.
Quelquefois, en effet, les mauvais temps
se prolongent, au printemps, jusqu’au mo-
ment où, la sève se mettant en circulation
active, il devient impossible d’opérer les
plantations projetées, que l’on se voit obligé
alors de remettre à l’automne.
Distribution des récompenses à la
Société nationale d’horticulture de
France. — La distribution solennelle des ré-
compenses aux lauréats de la Société natio-
nale d’horticulture de France a eu lieu le
22 novembre, à l’assemblée générale an-
nuelle. Ainsi que l’a fait remarquer le pré-
sident de la Société, M. Léon Say, dans le
discours plein d’esprit qu’il a prononcé à
cette occasion, cette distribution manquait
d’imprévu, parce que la liste des lauréats a
été depuis longtemps publiée. Mais, outre
le plaisir d’entendre une fois de plus la pa-
role chaleureuse de leur président, les
membres de la Société avaient la bonne
fortune de pouvoir admirer la merveilleuse
exposition de Chrysanthèmes qui venait de
s’ouvrir.
Vous êtes aujourd’hui au milieu des Chry-
santhèmes, a dit M. Léon Say, et vous pouvez
admirer ces créations nouvelles si étonnantes
par la diversité de leurs formes et de leurs
couleurs.
Une exposition analogue a lieu tous les ans
au Japon, et un écrivain de grand talent en a
fait dernièrement une description charmante.
La fête se passait dans le jardin de l’impéra-
trice du Japon. On y voyait des Chrysanthèmes
de la plus exquise beauté, mais je n’ai rien
trouvé, dans la description de l’écrivain fran-
çais qui ne pût s’appliquer aux fleurs que vous
avez sous les yeux.
Vous vous rappelez ce que notre ami,
M. Bleu, a fait des Caladiums du Brésil. Il les
a embellis, il en a fait des plantes plus belles
qu’elles ne sont aujourd’hui dans leur pays
d’origine, et, aujourd’hui, quand les Brésiliens
veulent avoir de beaux Caladiums, c’est à
M. Bleu qu’ils les demandent.
Je prédis à nos horticulteurs le même succès
pour les Chrysanthèmes. Le Japon nous en a
donné le premier les plus beaux échantillons ;
nous lui renverrons un jour d’autres variétés
plus belles que celles que nous en avons tirées.
C’est que l’horticulture française n’est ja-
mais en repos; elle marche toujours en avant
et, tous les ans, elle nous force à constater de
nouveaux progrès.
Nos lecteurs trouveront plus loin le
compte-rendu de cette exposition de Chry-
santhèmes, ainsi que la liste des lauréats.
Cours d’arboriculture de M. Forney.
— Le cours public et gratuit d’arboricul-
ture fruitière, que M. Forney fait chaque
année dans une des salles de la mairie
du IXe arrondissement, rue Drouot, 6, com-
mencera dimanche prochain 2 décembre;
il continuera le jeudi et le dimanche de
chaque semaine, à deux heures de l’après-
midi. Dans ce cours, M. Forney traitera les
questions suivantes : taille pratique des
arbres fruitiers, méthodes économiques de
production, conduite du Poirier, conduite
du Pécher à Montreuil, et de la Vigne à
Thomery. Quelques leçons pratiques seront
faites dans le jardin de l’école communale,
rue des Martyrs.
1er Décembre 1888.
23
530
CHRONIQUE HORTICOLE.
Le phylloxéra à Grignon. — La pré-
sence du phylloxéra vient d’être constatée
sur les treilles de l’École nationale d’agri-
culture de Grignon.
Cette nouvelle a causé une vive émotion
dans la région d’Argenteuil où l’on tire un
grand profit de la culture de la Vigne. Une
campagne active est menée dans le pays
pour obtenir que des traitements d’extinc-
tion soient immédiatement appliqués aux
treilles de l’École d’agriculture.
Qualités forestières de l’Aulne à
feuilles en cœur. — M. Maurice de Vil-
morin a fait cette année, devant la So-
ciété des Agriculteurs de France, une re-
marquable communication dont le compte-
rendu vient d’être publié1. Le sujet était
l’examen des arbres étrangers, introduits
ou à introduire, et dont la culture en grand
pourrait donner des résultats avantageux
dans la production des bois pour l’industrie
ou tout autre emploi.
Il y a dans cette étude de nombreuses
données pouvant intéresser les lecteurs de la
Revue horticole , aussi en donnerons-nous
quelques extraits.
Prenons aujourd’hui l’Aulne à feuilles en
cœur ( Alnus cordifolia, Ten.), ce joli arbre
dont le feuillage vert foncé ne tombe à terre
qu’aux moments des plus fortes gelées, sans
avoir perdu sa couleur.
On sait que cette espèce, originaire d’Ita-
lie et de Corse, est précieuse pour la com-
position de scènes paysagères. Eh bien,
c’est en même temps une essence forestière
des plus utiles pour revêtir et améliorer
les terres calcaires pauvres. En Cham-
pagne, des expériences ont été faites depuis
plus de trente années, et dans de vastes
proportions, par un propriétaire de la
Marne, M. Ponsard, et, parmi les nombreu-
ses essences employées, il en est une seule
qui ait parfaitement réussi , c’est l’Aulne
à feuilles en cœur. Ces expériences ont
établi que cet arbre peut se passer de
fraîcheur, réussit dans les terres les plus
sèches, conserve ses feuilles très-longtemps,
et enfin, par l’abondance et l’épaisseur
de ces feuilles, produit un détritus impor-
tant qui bonifie rapidement le sol. A cinq
ans, les coupes sont exploitées et donnent
un bon bois de chauffage. Ajoutons que,
pour la conservation du gibier , l’Aulne
à fèuilles en cœur forme des remises d’une
grande utilité.
1 Bulletin de la Société des Agriculteurs de
France , n° 21, lei‘ novembre 1888, p. 899.
Emploi économique du sulfure de
carbone et de la bouillie bordelaise. —
Effets du sulfatage sur les limaces, coli-
maçons, etc. — Le sulfurage et le sulfatage
ont maintenant fait leurs preuves. Le seul
point qui semble rester encore à l’étude,
c’est la diminution des frais qu’occasionnent
ces opérations.
Or, M. P. Duchartre, dans une récente
communication qu’il a faite à ce sujet, a
établi, avec chiffres à l’appui, que la dépense
de ce fait est insignifiante, au moins pour
certains vignobles. Le sulfurage se fait soit
au moyen du pal, soit avec la charrue sul-
fureuse. Le pal occasionne une dépense
supplémentaire ; mais, étant donné que les
Vignes doivent recevoir, pendant la période
de végétation, un ou plusieurs binages ou
retournages à la charrue, le sulfurage étant
pratiqué lors de l’une de ces façons, on ne
doit donc considérer comme dépense sup-
plémentaire réelle que l’acquisition du sul-
fure, ce qui est de peu d’importance.
Pour la bouillie bordelaise, M. Duchartre
a fait les remarques suivantes : avant l’ap-
parition du mildiou, les propriétaires de
vignobles, dans le Bordelais notamment,
dépensaient environ 30 francs chaque année
et par hectare pour faire détruire les escar-
gots et les limaces. L’emploi de la bouillie
bordelaise revient à 35 francs par hectare,
et, en plus de son effet contre le mildiou, il
fait complètement disparaître les limaces
et espèces similaires. Le sulfurage ne re-
vient donc alors, en réalité, qu’à 5 francs
par hectare.
Cet effet supplémentaire de la bouillie
bordelaise sera utilisable dans bien d’autres
cas, notamment dans les jardins où des
murs non jointoyés donnent asile à des
légions d’insectes et de mollusques.
Les Dracæna Poubellei et Barteti. —
Nous venons de recevoir des exemplaires de
ces deux variétés nouvelles, dont la des-
cription a été donnée dans la Revue horti-
cole1 . Les caractères qui alors avaient été
constatés se sont affirmés d’une manière
constante.
L’un, le D. Poubellei, a les feuilles très-
larges, mollement ondulées, épaisses, re-
courbées, retombantes, grenat foncé longue-
ment maculé de carmin clair.
Le D. Rarteti a, au contraire, les feuilles
lancéolées-allongées, érigées; elles ont éga-
lement une grande fermeté. Leur couleur
1 Voir Revue Horticole, 1886, p. 178.
CHRONIQUE HORTICOLE.
531
est à peu près la même que celle de la va-
riété précédente.
En somme, ces deux Dracæna sont des
plantes de premier ordre, précieuses par
leur résistance, pour la décoration des ap-
partements, et qui font honneur à l’habile
semeur qui les a obtenues, M. F. Bauer.
Trois vétérans de la végétation arbo-
rescente. — M. Ch. Joly, dont l’infatigable
activité est constamment à la recherche de
toutes les curiosités qui peuvent intéresser
les amateurs d’horticulture, vient de consa-
crer une notice à trois arbres plusieurs fois
séculaires qui se trouvent dans la région
du littoral méditerranéen.
Ce sont : l’Olivier de Beaulieu, près Vil—
lefranche- sur-Mer, dont le tronc, à 1 mètre
du sol, a plus de 2 mètres de diamètre. Cet
arbre, qui est situé sur le bord de la
route de Nice à Monaco, près du village,
présente une forme irrégulière, n’est pas
isolé. B fait partie d’une ancienne forêt
d’Oliviers dont beaucoup ont des dimensions
presque égales à celle que nous venons de
citer. Dans le pays, on suppose que ces
arbres, qui produisent encore des fruits, sont
contemporains des invasions barbaresques.
Ce qui est certain, c’est que, étant donnée
la végétation très-lente de cette essence, la
forêt en question a vu s’écouler un certain
nombre de siècles.
C’est, ensuite, un autre Olivier qui existe
sur le domaine de Sainte-Eulalie, à 5 kilo-
mètres de la ville d’Hyères (Yar). Cet arbre,
dont le tronc n’a que 2m 50 de hauteur,
mesure 11 mètres de circonférence, c’est-à-
dire 3m 50 de diamètre ; l’hiver de 1820
ayant détruit sa tête, il a dû, depuis, en
former une nouvelle, ce qui lui donne l’as-
pect d’un arbre taillé en boule.
Le troisième arbre décrit par M. Joly est
le Pin de Bertaud, dans la presqu’île de
Saint-Tropez (Var). Cet arbre, qui est un
Pin Pignon (Pinus Pinea ), a un diamètre
d’environ 2 mètres. Le diamètre de sa tête
est de 26 mètres, ce qui donne à cette der-
nière un pourtour de plus de 80 mètres.
La vaccination des arbres. — C’est la
première fois, croyons-nous, qu’il est ques-
tion d’appliquer aux arbres la pratique de
la vaccine. Voici dans quelles Circonstan-
ces ce fait, important parce qu’il marque le
point de départ d’une nouvelle branche de
de la chirurgie végétale, a eu lieu.
A la séance du 31 octobre de la Société
nationale d’ Agriculture, M. Nurel a pré-
senté, de la part de M. des Chesnes, ins-
pecteur général des forêts, un mémoire sur
la maladie du Pin d’Alep, dans les Alpes-
Maritimes. Cette maladie consiste dans le
développement anormal, le long des tiges et
des branches, de nodosités analogues à des
broussins ou à des loupes ; la sève ascen-
dante est absorbée par ces excroissances, et
l’arbre meurt assez rapidement. M. des
Chesnes pense que cette affection résulte
d’un état maladif de l’arbre, qui se trouve
sous un climat différent de celui de son ha-
bitat : la sève, circulant mal, se trouverait
arrêtée aux points où se forment ces loupes.
B propose d’employer, pour détruire cette
maladie, la vaccination pure et simple. B
croit qu’il suffirait de crever, sur chaque
arbre, une de ces protubérances et d’intro-
duire ensuite, jusque dans l’aubier, avec
une sorte de lancette, une petite quantité
du liquide que l’on aurait trouvé dans la
loupe.
M. des Chesnes a-t-il fait des expériences
à ce sujet? C’est, ce qu’il serait intéressant
de savoir.
B convient de dire qu’à la suite de cette
communication, M. Duchartre a manifesté
des doutes sur les résultats favorables que
l’on pourrait obtenir de cette opération. B
pense que les excroissances en question
doivent provenir de la piqûre d’un insecte,
et que le liquide qu’on en obtiendrait ne
saurait être qu’un produit altéré de la végé-
tation.
Quoi qu’il en soit, la question est inté-
ressante, et elle motivera probablement des
recherches instructives.
Groupes d’Épicéas et Liquidambars.
— La période de beau temps qui a presque
généralement régné en France, cette année,
pendant les mois de septembre et d’octobre,
a été tout à fait favorable à la coloration
automnale des feuillages.
Dans certains parcs, ceux surtout où les
essences nord - américaines sont rassem-
blées, les effets étaient d’une intensité re-
marquable. Le jaune d’or des Tulipiers et
dés Peupliers de Virginie, le rouge carmin
et le violet bronzé dé certains Chênes d’A-
mérique, l’écarlate des Sumacs; le ton
d’ambre des Alisiers, l’or léger des Érables
planes, la couleur rousse des Taxodium
distichüm e t les mille tons intermédiaires
des arbres indigènes ou exotiques, formaient
des ensembles d’une tonalité très-puissante,
et que l’on croirait très-exagérée si elle
était reproduite par la peinture.
532
CHRONIQUE HORTICOLE.
La préparation de ces effets doit préoc-
cuper toute personne qui s’occupe de plan-
tations d’ornement, et c’est surtout par
l’observation de masses d’arbres ou de
groupes isolés vigoureux et bien nuancés
que l’on évitera des tâtonnements longs et
coûteux.
Par exemple, nous avons récemment re-
marqué, au Bois de Boulogne, sur les bords
assez escarpés du Grand Lac, auprès de la
Pelouse de Passy, un groupe d’un effet fort
joli. Il se compose de cinq ou six Épicéas,
irrégulièrement placés sur la pente, et for-
mant un fond vert foncé, presque noir, sur
lequel se détachait le feuillage, diversement
nuancé de rouge, d’un élégant Liquidam-
bar. Ce groupe est disposé de telle manière
que l’on ne peut le voir que d’une certaine
distance, de l’autre côté du lac, et il forme à
lui seul une scène très-intéressante.
Une nouvelle maladie des Pommes de
terre. — On vient de découvrir en Alle-
magne une maladie qui s’attaque aux.
Pommes de terre, et qu’à première vue on
pourrait confondre avec la pourriture qu’en-
gendre le Peronospora infestans.
Cette affection est caractérisée d’abord
par des taches qui se forment sur l’épi-
derme et qui, en se multipliant, peuvent
devenir confluentes et donner aux tuber-
cules atteints une teinte gris-noirâtre. A
l’époque de l’arrachage, on reconnaît qu’au-
dessous de ces taches la matière farineuse
est modifiée et a une apparence brune.
Cette altération pénètre jusqu’à 6, rare-
ment 10, et tout au plus 13 millimètres de
profondeur, tandis que la coloration brune
causée par le Peronospora s’enfonce d’ordi-
naire plus profondément.
Cette maladie a déjà causé des dégâts sé-
rieux en Westphalie, et sur les bords du
Rhin, en Hollande.
Les cultivateurs français sont maintenant
prévenus ; à eux de signaler le mal et d’en
chercher le remède aussitôt qu’ils le verront
apparaître.
Mesures prises par la Russie contre
le phylloxéra. — Le ministère russe des
domaines vient Je promulguer une loi
réglementant les conditions dans lesquelles
pourront être faites les importations, en ce
pays, des végétaux vivants provenant d’Alle-
magne, de Belgique, de Hollande, du
Danemarck, d’Angleterre, de Suède et de
Norwège.
La France n’étant pas comprise dans le
nombre des nations sus-indiquées, on peut
conclure que rien n’est changé pour nous
à l’état de choses existant.
Force de soulèvement des Champi-
gnons. — Qui n’a été souvent frappé de la
force fournie par certains végétaux dans
leur période de développement? Tantôt ce
sont des graines germées, d’une ténuité ex-
trême, parvenant à soulever toute la sur-
face d’un terrain, sur une épaisseur allant
jusqu’à 1 centimètre et plus ; des Asperges
produisant le même effet pour des mottes de
terre et des pierres d’une certaine grosseur,
quelquefois sans se déformer, etc. ?
Un fait plus surprenant encore est signalé
de l’Amérique du Nord : dans un village du
New-Hampshire , on remarqua que l’as-
phalte d’un trottoir se soulevait à un cer-
tain point en un cône régulier et très-bien
marqué ; on fit un trou à cet endroit dans
l’asphalte, qui mesurait environ 5 centimè-
tres d’épaisseur, et l’on trouva un Champi-
gnon en voie de formation et seule cause de
la boursouflure observée. Le Garden and
Forest, qui rapporte ce fait, ne nous donne
malheureusement pas le nom de ce Crypto-
game obstiné.
Les importations de Pommes d’ori-
gine étrangère en Normandie. — Il pa-
raît que la Normandie est parcourue par
des commissionnaires étrangers, qui vien-
nent offrir, à des prix inférieurs aux cours
locaux, des Pommes à cidre provenant de
Suisse et d’Allemagne. « Des tarifs spé-
ciaux, consentis parles grandes Compagnies
de chemins de fer, permettent, dit le Nou-
velliste de Rouen , de transporter ces
Pommes à travers toute la France à raison
de 20 francs les 1,000 kilogrammes. »
Ces Pommes, ainsi amenées de loin, sont
parfois mélangées à des fruits récoltés sur
place, et transformées en cidre.
Une proposition a été faite à la Chambre
des Députés, par quelques-uns de ses mem-
bres, dans la séance du 27 octobre dernier,
pour frapper d’un droit de 1 fr. 50 par
100 kilogr. l’entrée des Pommes et Poires
à cidre en France ; mais cette proposition a
été renvoyée à la Commission des douanes,
et la solution se trouve ajournée pour un
temps indéterminé.
La première exposition horticole à
Vienne. — A l’exemple de ce qui s’est fait
récemment en Belgique, on vient de re-
chercher à quelle époque ont eu lieu les
CHRONIQUE HORTICOLE.
533
premières expositions d’horticulture en Au-
triche.
Il résulte de ces recherches que la pre-
mière exhibition de ce genre eut lieu à
Vienne, en 1827, dans le Palais d’été du
prince de Schwarzenberg.
Cinq prix furent attribués aux plantes
suivantes :
1. Diplothemium littorale , Mart.
2. Erica tubiflora , L.
3. Primula longiflora , Jacq.
4. Azalea pontica , L.
5. Campylia carinata.
L ’lllustrirte Garten Zeitung, devienne \
qui publie ces indications intéressantes,
donne en même temps la liste de 83 plan-
tes ayant obtenu des mentions hono-
rables.
Le centenaire des Chrysanthèmes. —
L’année 1889 complétera le siècle écoulé
depuis l’introduction , par un négociant
marseillais, M. Blanchard, des Chrysan-
thèmes japonais en Europe, et cependant
c’est depuis une dizaine d’années seule-
ment que ces fleurs de l’extrême Orient
ont toute la vogue qu’elles méritent.
En Angleterre, où les Chrysanthèmes
sont presque l’objet d’un culte, on se pré-
pare déjà à solenniser cet anniversaire.
Une grande réunion a eu lieu à ce su-
jet, le 9 novembre. Des représentants de
nombreuses Sociétés anglaises de Chrysan-
thèmes y assistaient, et il a été décidé que
la Société nationale de Chrysanthèmes se-
rait chargée de préparer un projet pour la
célébration de cet anniversaire.
De son coté, la Société royale d’agricul-
ture et de botanique de Gand prépare une
solennité du même genre, sous la forme
d’une Exposition internationale qui aura
lieu le 23 novembre 1889. En nous infor-
mant de ce fait, le dévoué président de la
Société, M. le comte O. de Kerkove, ajoute
que des prix importants seront donnés aux
plus beaux spécimens des types primitifs
et pour les plus beaux semis non encore
dans le commerce.
Bonne chance à la nouvelle fête gantoise
des Chrysanthèmes !
Bacillus Carotarum. — Sous ce nom,
M. A. Koch vient de décrire, en même
temps que quelques autres bactéries, une
1 Novembre 1888, p. 405.
espèce nouvelle qui se développe sur les
Carottes cuites, placées sous cloche à la
température ordinaire.
Après deux jours, dans ces conditions,
une petite masse blanche se développe. En
cultivant cette masse blanche dans une solu-
tion formée de 1 p. 100 d’extrait de viande
et de 8 à 10 p. 100 de suc de Raisin, on
peut suivre la germination des spores et le
développement de cette bactérie, développe-
ment dont M. Koch a étudié les diverses
phases. Ainsi, les fdaments doublent de
longueur, à une chaleur de 30 degrés, en
quarante-trois minutes; à 40 degrés, en
dix-huit minutes ; à 45 degrés, en vingt-
deux minutes ; à 50 degrés, la bactérie est
tuée, mais les spores résistent, pendant huit
heures, à une température de 100 degrés,
et pendant quatre heures à 120 degrés.
Nécrologie : M. Sagot. — Nous avons
le regret d’enregistrer la mort de M. le doc-
teur Sagot, ancien médecin de la marine,
professeur à l’Ecole normale spéciale de
Cluny. M. Sagot, botaniste distingué, s’est
surtout occupé de la flore coloniale et de
l’acclimatation des végétaux, en général. Il
a étudié particulièrement les plantes de la
Guyane française, et il laisse sur cette ques-
tion des travaux d’une grande utilité scien-
tifique et économique.
M. Pacreau. — Un des jardiniers les
plus distingués de notre pays, M. Pacreau,
qui dirigeait avec talent le beau parc et les
serres des Touches, chez M. A. Marne, en
Touraine, est mort le 22 novembre, à l’âge
de cinquante-huit ans. C’était un homme
d’un véritable mérite, du caractère le plus
cordial et le plus modeste. Sa mort préma-
turée est une perte pour l’horticulture tou-
rangelle. Quant aux cultures dés Touches,
elles resteront entre bonnes mains, confiées
au soin du fils de M. Pacreau, digne à tous
égards de succéder à son père.
M. Henriau. — L’horticulture commer-
ciale vient de perdre un de ses représentants
les plus travailleurs, en la personne de
M. Henriau, de Meaux. Get habile praticien,
connu par ses vastes pépinières, et notam-
ment par ses remarquables cultures de Co-
nifères, est regretté de tous ceux qui ont eu
des rapports avec lui, et ont pu apprécier
son mérite.
E.-A. Carrière et Ed. André.
534 exposition d’automne de la société nationale d’horticulture DE FRANCE.
EXPOSITION D’AUTOMNE
DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
1° Exposition de Chrysanthèmes.
L’Exposition spéciale qui vient d’avoir
lieu marque, pour la France, un progrès
important dans la culture de ces plantes,
aux floraisons si belles et si artistiques, les
Chrysanthèmes. Pour la première fois nous
avons pu voir à Paris des collections d’élite,
représentées par des fleurs auxquelles une
culture savante et assidue avait donné des
proportions surprenantes.
Évidemment, les plantes sur lesquelles
ont été coupées les fleurs énormes que nous
avons vues, soumises qu’elles sont à des pin-
cements qui ne laissent qu’une seule fleur
sur chaque branche, ne présentent pas,
même au moment du complet épanouisse-
ment de la floraison, un aspect très-agréable ;
mais il faut convenir que lorsque ces
fleurs ont été coupées et qu’on les examine,
soit isolément, soit réunies quelques-unes
ensemble (nous ne voulons par dire en
bouquets ), elles surpassent d’une façon
considérable, en dimensions et en élégance,
tout ce que la culture ordinaire peut offrir
dans ce genre.
La vogue, quelquefois, s’attache à cer-
taines plantes qui ne la méritent que bien
faiblement : ce n’est pas le cas pour les
Chrysanthèmes, et il n’est pas trop des
nombreuses qualités qu’ils présentent, pour
captiver l’attention à une époque de l’année
où l’on est pour ainsi dire rassasié par les
abondantes et si variées floraisons estivales,
à peine disparues.
Les Chrysanthèmes viennent de s’affir-
mer une fois de plus en France ; nous
pourrions maintenant, moyennant quelque
effort, rivaliser avec les habiles cultivateurs
anglais et belges, et ce n’est que justice,
puisque la presque totalité des superbes va-
riétés qui sont répandues dans le monde
entier ont été obtenues par des cultivateurs
français, ceux-là mêmes dont nous avons
pu, à l’Exposition de la Société nationale,
admirer les remarquables collections.
Il ne faut pas oublier cependant qu’un
succès important avait été tout récemment
obtenu chez nous, et l’Exposition spéciale
de Roubaix est encore présente à la mé-
moire de quelques privilégiés de notre ré-
gion qui ont pu y assister.
Ce sont toujours les variétés japonaises et
chinoises qui forment la partie la plus inté-
ressante des collections de Chrysanthèmes.
Quelles combinaisons surprenantes et tou-
jours harmonieuses de couleurs ; quelles
dispositions variées dans les pétales ! Il
semblerait qu’une fée s’est plue à friser,
tuyauter, onduler, recourber ces pétales, qui
présentent, de quelque manière qu’ils
soient arrangés, une délicatesse charmante.
Quant aux coloris, tout le monde a pu les
admirer, mais personne ne saurait exacte-
ment les définir. La seule chose que l’on
puisse affirmer, c’est que, parmi les in-
nombrables variations qu’ils présentent,
aucune n’est banale, aucune ne présente
une association désagréable de couleurs.
Dans la collection de M. Louis Levêque,
qui a dignement représenté l’horticulture
parisienne, nous avons remarqué quelques
variétés ravissantes :
Val d'Andorre , rouge mordoré;
Sainte Cécile , brun Van-Dyck;
Colonel Rey , rouge-bronzé ;
Princesse impériale , jaune-soufre ;
Soleil d’ Austerlitz , jaune-canari;
Claude Sahut, lilas ;
Rubra striata , rose et jaune ;
Gamin, jaune d’or ;
Anatole Cordonnier, lilas ;
Némésis , jaune-brun mordoré ;
Fournaise , rose-saumon ;
Rigobert , jaune-soufre.
Un horticulteur-amateur, M. Valter
Crawshay, avait apporté une collection su-
perbe, peut-être la plus belle de toutes pour
le choix des variétés et le développement
des fleurs ; mais, arrivées presque au der-
nier moment, ces fleurs, très-nombreuses,
n’ont pu être étiquetées ; elles ont été pla-
cées dans un endroit peu éclairé, et les dé-
cisions du Jury ont pu être tout autres
qu’elles l’eussent été pour cette collection
dans des circonstances plus favorables.
Parmi les plus belles de ces variétés, les
suivantes attiraient surtout l’attention :
Princess of Wales, pourpre-violet ;
C. Wagstaff, blanc pur ;
Edie Rumble , rouge saumoné et vieil or ;
M. A. Bélaux , blanc mat;
Comte de Germiny , fleur énorme, vieux rose
et jaune argenté ;
Georges Rundell , John Salter, Empress of
India , Lady Wallace , etc., etc.
EXPOSITION D’AUTOMNE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE. 535
Voici maintenant les collections des se-
meurs qui ont obtenu la plupart des varié-
tée d’élite aujourd’hui connues : MM. Dô-
laux et de Reydellet ; leurs nombreux
apports renferment encore bien des sur-
prises, bien des formes nouvelles qui perce-
ront bientôt et se répandront partout.
Très-bonne culture que celle de M. Pliat-
zer, de Roubaix. Nous remarquons dans son
lot des fleurs énormes, parfaitement étique-
tées, de tout premier ordre :
Bombardier , rouge Magenta;
M. Brunei , rose ;
Thunberg , jaune d’or ;
Georges Glenny , soufre et rose;
Jardin des Plantes , or et bronze ;
Sulfureum superbum , soufre et violet ;
Madame Audiguier , lilas ;
Cullinford , jaune feu;
Madame Yvon , lilas, etc., etc.
Nous voudrions citer aussi les belles va-
riétés des collections de MM. Yvon, Forgeot,
Chantrier et autres cultivateurs ; mais
l’aridité apparente d’une trop longue liste
fatiguerait peut-être nos lecteurs, et nous
préférons terminer en leur disant une fois
de plus çe que la Revue horticole a bien
des fois répété, à savoir que la France, pro-
ductrice, par ses semeurs méridionaux, de
la grande majorité des variétés de Chry-
santhèmes cultivés en Europe, ne devrait
le céder également à personne sur aucun
point, pour ces fleurs charmantes, parure
sans égale de l’année au déclin.
2° Exposition de fruits.
Les fruits, qui d’après le programme de-
vaient faire également partie de cette Expo-
sition, n’ont pu être mis en place que le
vendredi, dans la grande salle de l’hôtel de
la Société, occupée le jeudi par le public
pour la distribution des «récompenses de
l’Exposition de mai dernier.
Des collections peu nombreuses, mais
choisies, ornaient les tables, autour des-
quelles une foule compacte s’est pressée
pendant trois jours.
Que dire des admirables Raisins Chas-
selas doré de M. Salomon, de Thomery, et
de sa collection de variétés choisies, d’une
maturité parfaite ! C’est un succès de plus à
ajouter à l’actif de l’habile cultivateur.
M. Crapotte, de Conflans-Sainte-Hono-
rine, n’est surpassé par personne pour la
perfection des grappes de ce même Chasselas
aux grains d’or, qui atteint chez nous seu-
lement une perfection absolue.
On peut encore citer les beaux produits
de M. F. Jamin, de Bourg-la-Reine, qui
exposait, en parfaite maturité, les Raisins
Gros Colmar, Black Alicante, Treb-
biano, etc., tandis que MM. Bruneau et
Jost avaient envoyé de beaux Grosse perle
blanche, des Dames, Vanderlaan, Ru-
monia Transylvania, etc.
Aux Poires et aux Pommes appartient,
chaque année, la palme de nos expositions
pomologiques. Nous venons de remarquer,
en exemplaires parfaits de proportions, de
couleur, de maturité, les apports suivants :
Dans la collection de MM. Bruneau et
Jost, de Bourg-la-Reine, les Poires Doyenné
blanc, Beurré Clairgeau, Fondante des
bois, et les Pommes Calville Saint-Sauveur ,
Rambour d’été, Reine des Reinettes, etc.
De M. F. Jamin, les Poires Duchesse
d’Angoidême , Doyenné Pei'rault, Beurré
Sterkmans, Bergamote Esperen , Fon-
dante du Panisel, Belle des Abrés, Olivier
deSerres, Passe-Crassane, Beurré Bache-
lier, Président Mas , Figue d’Alençon, etc.
M. Colas, d’Argenteuil , exposait les
Poires Beurré Diel, Catillac, Doyenné du
Comice , remarquables par leurs énormes
dimensions.
M. Bourgeois, de Chambourcy, se distin-
guait par les Poires Curé, Soldat Labou-
reur, Beurré Diel, B. Clairgeau , Du-
chesse de Mouchy, etc.
M. Krasensky, de Montlignon, envoyait
les énormes Poires Triomphe de Jodoigne,
Duchesse d’Angoulême, Belle Angevine ,
Belle de Noël, etc.
Les Pommes Reinette de Canada de
M. Jamet, de Chambourcy, étaient d’une
rare beauté ; ainsi que les grosses Poires
Charles-Ernest et Duchesse panachée de
M. Têtard, de Groslay, et les variétés
Beurré d’Aremberg, B. d’Anjou, de M. Le
Fort, de Nancy.
MM. Baltet frères, de Troyes, avaient
envoyé une nombreuse et belle collection de
Pommes à cidre. L’étiquetage soigné de cet
intéressant apport a été d’une grande utilité
pour les nombreuses personnes qui s’oc-
cupent des fruits de pressoir. On sait le
désordre qui existe en général dans la dé-
nonciation des variétés cultivées, et tous les
efforts des arboriculteurs doivent tendre à
établir une liste unique des meilleurs fruits.
Nous ne pouvons clore ce compte-rendu
sans saluer d’une note très-élogieuse les
superbes Ananas en pots de M. Crémont,
de Sarcelles, un des triomphateurs ordi-
naires de nos expositions parisiennes.
Cli. Thays.
536
NOUVEAUX TYPES DE VIGNES DE L’EXTRÊME ASIE.
NOUVEAUX TYPES DE VIGNES DE L’EXTRÊME ASIE
Les plantes dont il va être question sont
comprises dans l’opuscule que nous avons
publié l’année dernière 1 sur les Vignes
découvertes dans certaines provinces de la
Chine par le Révérend Père Lazariste Ar-
mand David.
Examinées même d’une manière géné-
rale, ces plantes sont
si remarquables, tant
au point de vue
scientifique qu’à ce-
lui de l’économie
domestique, et même
de l’ornementation,
que nous avons cru
devoir les signaler
et en faire au moins
une étude som-
maire.
Toutefois, en pré-
sence des caractères
si singuliers que
présentent ces Vi-
gnes, nous ne sau-
rions nous maintenir
sur une trop grande
réserve, et nous ne
voulons parler que
des sortes dont les
caractères princi-
paux sont à peu près
connus.
Quatre formes sur-
tout vont nous occu-
per; ce sont : les
Vitis Romaneti, V.
reniformis viola-
cea, puis deux au-
tres que, pour le
moment, à cause de
l’insuffisance des
renseignements,
nous ne pouvons
spécifier et que nous désignerons par les
numéros sous lesquels elles sont enregis-
trées dans nos cultures.
Vitis Romaneti masc. (fig. 131). —
Plante dioïque, très-vigoureuse. Sarments
grêles, très-longs, à écorce blanchâtre ou
gris cendré, furfuracée-laineuse. Feuilles
1 Essai sur quelques Vignes de la Chine dé-
couvertes par le père Lazariste Armand David
( Bulletin de la Société nationale d’ horticulture
de France, 1886, pp. 349-361-759-761.)
très -diverses de formes (néanmoins tou-
jours simples), et de dimensions variables,
suivant la vigueur des plantes. Ainsi l’on
trouve depuis les feuilles cordiformes jus-
qu’à celles qui présentent toutes les formes
intermédiaires : bilobées, trilobées, has-
tées, trifurquées, etc., et non seulement
sur un même pied,
mais parfois sur
un même sarment.
Limbe d’un vert gai,
à bords courtement
denticulés, glabre en
dessus, d’un blanc
d’argent très-bril-
lant et comme feu-
tré-argenté à la face
inférieure. Pétiole
charnu, relativement
gros, d’une couleur
rouge vineux ou
violacé qui se pro-
longe sur la base des
grosses nervures ;
nervures secondaires
ramifiées, anasto-
mosées-réticulées .
Grappes de fleurs
mâles très-nombreu-
ses, compactes, très-
longuement rami-
fiées, à ramifications
latérales étroites,
formant, lors du
premier développe-
ment, une sorte de
grappe composée.
Dans notre opus-
cule sur les Vignes
découvertes par l’ab-
bé David, l’espèce en
question fait partie
du premier groupe :
Romanetiana.
Vitis reniformis violacea (fig. 132).
— Plante dioïque à tiges excessivement
allongées, grêles, à écorce gris roux ou
brunâtre, fendillée, se détachant en lames
étroites, longues, sèches. Eourgeons-sar-
ments à écorce rouge sang ou fortement
violacé, vineux, parfois laineuse-furfuracée.
Feuilles grandes, réniformes ou en bou-
clier, largement et régulièrement créne-
lées, à crénelures arrondies, peu profondes,
Fig. 131. — Vitis Romaneti mascula,
au 1/4 de grandeur naturelle.
537
NOUVEAUX TYPES DE VIGNES DE L’EXTRÊME ASIE.
sensiblement échancrées à la base vers l’in-
sertion du pétiole, d’un vert foncé en des-
sus, plus pâle en dessous, fortement réti-
velues sur les nervures principales qui
sont assez saillantes ; nervures secondaires
très-nombreuses, fortement anastomosées-
Fig. 132. — Vitis remformis. violac a,
au 1/3 de grandeur naturelle.
Fig. 133. — Spinovitis Davidii, parties d’une jeune
plante, de grandeur naturelle.
Fig. 134. — Ampelovitis, au 1/4 de grandeur naturelle.
culées. Pétiole d’une couleur rouge vineux
violacé qui se continue sur les fortes ner-
vures du limbe, portant des poils lai-
neux aranéeux ou pelucheux, couchés.
Grappes mâles petites, sur des rachis à vril-
les grêles, d’un rouge foncé, très-disposées
à l’enroulement.
Dans l’opuscule en question, cette variété
538
AQUILEGIA STUARTI.
fait partie de la section rénif ormes subor -
biculaires, se rattachant comme sous -sec-
tion au groupe Romanetiana.
Ampelovitis (fîg. 134). — Plantes dioïques
ou hermaphrodites, extrêmement vigou-
reuses. Tiges longues, relativement grêles,
à écorce d’ordinaire diversement colorée,
passant du vert roux au violet foncé, rare-
ment tout à fait glabre, souvent munie
de poils gros, spinescents, variant pour la
longueur comme pour la forme et même
par la contexture. Feuilles très-variables
par la forme comme par les dimensions,
le plus généralement lohées-digitées. Ces
lobes présentent tous les passages, et les
feuilles sont bi, tri , quadri etmêm epentalo-
bées, rappelant d’une manière très-sensible
les Ampélopsis ou Cissus, mais se ratta-
chant néanmoins au groupe de nos « Vignes
à vins » ( Vitis vinifera) dans toutes leurs
parties herbacées (vrilles, bourgeons, etc.),
dont l’acidité est bien marquée.
Toutes les Vignes de cette section rap-
pellent tellement nos Vignes- Vierges que,
précédemment *, en parlant de ces Vignes,
nous disions :
... Les feuilles, au lieu d’être entières ou plus
ou moins lobées, sont complètement divisées
et pour ainsi dire composées, et sont tout à fait
l’analogue de notre Vigne-Vierge commune le
Cissus quinquefolia.
... Ces Vignes seront-elles fertiles? Produi-
ront-elles de bons Raisins ? Sous ce'rapport, on
ne peut rien dire, mais ce que nous pouvons
affirmer, c’est que leur vigueur exceptionnelle,
jointe à la beauté et à l’abondance de leur
feuillage, en feront des plantes très-propres à
couvrir les tonnelles, cacher des murs, etc.
Aujourd’hui, tout en maintenant nos
dires relativement à la beauté de ces plantes
et à leur emploi ornemental comme végé-
taux grimpants, nous sommes heureux de
pouvoir répondre affirmativement au sujet
de la production des Raisins, et peut-être
même de leur emploi. Nous sommes d’autant
plus autorisé à émettre cette opinion que des
quelques sujets que nous possédons, deux
ont donné des Raisins cette année, et qui en
fruits promettent d’assez bons résultats, ainsi
que le montre la figure 134.
Nous ne pouvons mieux terminer, ce
nous semble, cet article sur les Vignes de
l’extrême Asie, que par une description
sommaire de l’espèce qui a le plus occupé
l’opinion publique et qui a été dédiée à l’im-
portateur - découvreur, le Révérend Père
David. Pour cette espèce, à cause de la sin-
gularité de ses caractères, on a proposé la
création d’un nouveau genre, le Spinovitis
Davidii, en se fondant sur la particularité
qu’aurait cette Vigne d’être épineuse' ce
qui, pourtant, n’a pas été nettement dé-
montré. Malgré cela, et sans nous pronon-
cer sur la question, nous avons néanmoins
conservé le sous-genre Spinovitis, du moins
jusqu’à plus ample informé ; nous le main-
tenons, par les raisons que nous avons
données dans notre Essai sur quelques
Vignes de la Chine. Mais comme mal-
heureusement aucune des plantes que nous
possédons n’a encore fructifié, nous sommes
obligé, comme caractères génériques, d’in-
diquer ceux que nous avons donnés comme
section dans le travail dont nous avons
parlé.
Section Davidiana : A. vera ( Hirsutes
spinescentes).
Plantes dioïques ou hermaphrodites d’une
extrême vigueur. Tiges et pétioles velus-
hispides (fig. 133) à poils raides, variant
du vert blond au rouge foncé et même bru-
nâtre. Feuilles généralement très-grandes,
épaisses, coriaces, cordiformes, légèrement
lobées, acutangles, dentées, les plus jeunes
ordinairement velues-soyeuses et comme
feutrées en dessous. Pétioles velus-hispides
comme les tiges, et colorés comme elles.
Vrilles très-longues, ramifiées, se contour-
nant et devenant prenantes.
C’est afin de donner une idée des Vignes
de cette section, que nous avons fait exé-
cuter la figure 134. Ce sont ces sortes, qui
sont des plus singulières, sur lesquelles nous
reviendrons un jour en les particularisant,
en donnant un nom à toutes les formes qui
présenteront de l’intérêt, soit au point de
vue ornemental, soit à d’autres égards, sui-
vant la nature et l’importance de leurs ca-
ractères.
E.-A. Carrière.
AQUILEGIA STUARTI
Les Ancolies appartiennent au groupe
des plantes à demi - sauvages conservant
1 Voir Revue horticole, 1886, p. 197.
toujours, quelles que soient les combinai-
sons décoratives dans lesquelles on les fait
entrer, un charme particulier, une élé-
gance bien caractéristique, qui leur donnent
GREFFE HERBACÉE DE LA CLÉMATITE.
539
un attrait de premier ordre pour les amis
des plantes sachant observer les qualités
distinctives de chacune d’elles.
Les espèces actuellement cultivées sont
peu nombreuses : douze environ ; mais ce
qui paraît surprenant aussitôt que l’on se
préoccupe de rechercher leur patrie, c’est
leur dissémination sur les points du globe
terrestre les plus éloignés les uns des
autres.
En effet, les quelques espèces que l’on
rencontre dans les cultures proviennent des
Alpes, de l’Hïmalaya, de la Mandchourie,
du Guatémala, de la Californie, du Canada,
de la Grèce, de la France.
Toutes sont rustiques, toutes constituent
un élément précieux pour la garniture des
rochers, des plates-bandes en mélanges,,
des jardins alpins, etc.
Un reproche un peu fondé que l’on a
souvent fait aux Ancolies, c’est d’avoir, par
suite d’hybridations naturelles, produit une
multitude de variétés allant du rose ver-
dâtre au violet foncé presque noir, en
passant par toute une série de couleurs où
le rose, le vert et le jaune s’allient et for-
ment des combinaisons peu franches.
Il est très-facile d’éviter cet inconvénient,
puisque la multiplication des Ancolies se
fait aisément par la division des touffes et
que les espèces que nous allons désigner
ont chacune une couleur bien tranchée :
Aquilegia vulgaris, blanc-rose, pourpre;
A. chrysantha , jaune vif ; A. canadensis ,
rouge cocciné ; A. alpina, bleu clair, etc.
Mais, la forme nouvelle que nous signa-
lons aujourd’hui aux amateurs, VA. Stuarti ,
GREFFE HERBACÉE
Dans les derniers jours de décembre, on
rempote, dans une bonne terre, les pieds
des variétés de Clématites que l’on se pro-
pose de multiplier, et on les rentre dans la
serre à multiplication.
1° Greffons. — Au bout d’une quizaine
de jours, les Clématites commencent à pous-
ser, et peu de temps après les greffons sont
bons' à être coupés. On a soin en coupant
les greffons de laisser sur chaque tige deux
yeux à la base; ces deux yeux donneront
naissance à de nouvelles pousses, sur les-
quelles on pourra couper les greffons éga-
lement.
On aura soin aussi de ne pas attendre
trop longtemps pour couper les greffons,
afin que le bois ne se durcisse pas trop. En
laissera bien loin derrière elle, au point de
vue de la beauté, toutes les espèces ou va-
riétés connues jusqu’ici.
Elle provient d’une hybridation faite par
un amateur anglais, le docteur Stuart, de
Chirnside, entre les A. glandulosae t Whit-
manni i. Sept plantes, obtenues de ce croi-
sement, ont présenté identiquement les ca-
ractères que nous allons reproduire.
Les fleurs de Y A. Stuarti atteignent
12 centimètres de diamètre, grandeur tout
à fait surprenante, puisque les fleurs d’An-
colie n’ont généralement guère plus de 6 à
8 centimètres. Les sépales, étalés, ondulés,
sont d’un bleu clair d’une nuance char-
mante, légèrement lavé de violet gorge de
pigeon ; les pétales, bleu pur à la base, sont
d’un blanc mat dans toute leur partie arron-
die ; enfin les organes de reproduction sont
compris dans une sorte d’enveloppe jaune
d’or qui complète pour la fleur un ensemble
ravissant.
Cette Ancolie est de plus très florifère, et
ses inflorescences commencent à s’épanouir
environ trois semaines avant les autres
espèces ou variétés du même genre.
Il paraît que VA. Stuarti se reproduit
sans variation de graines, ce qui est un
mérite de plus.
C’est donc une recrue des plus précieuses
pour les plantes quasi-alpines. Elle contri-
buera certainement à accélérer la vogue qui
se manifeste depuis quelques années pour
les plantes vivaces, qui ont été si injuste-
ment délaissées pendant de longues années.
Ed. André.
DE LA CLÉMATITE
effet, on pourra remarquer que les greffons
des extrémités se souderont et pousseront
bien plus vite que ceux qui ont été coupés
en dessous. Cela tient à ce que le bois des
premiers était plus tendre.
2° Sujets. — On arrache avec beaucoup
de précaution des racines de Clématites
(C. viticella de préférence). Je dis avec
beaucoup de précaution , car il arrive
souvent que l’homme qui est chargé d’arra-
cher les racines n’apporte pas toute l’atten-
tion voulue. Par exemple, ayant une racine
assez longue à couper en morceaux, quand
il réunira ces différents morceaux en petits
paquets, il aura bien soin de ne pas prendre
1 The Garden, 1888, p. 344.
540
KALMIA LATIFOLIA PAVARTI.
le haut de la racine pour le bas et récipro-
quement.
Cette recommandation, qui à première
vue paraît puérile, a une’ grande importance
pour la réussite des greffes sur racines en gé-
néral (Pivoines, Clématites, Glycines, etc.),
où souvent on ne peut distinguer le haut du
bas des tronçons de racines.
Pour obvier à cet inconvénient, on doit
prendre l’habitude, sitôt que l’on a divisé
une racine, de couper en biseau le bas de
chaque tronçon, ce qui permettra à celui
qui prendra les racines pour les greffes de
distinguer le bas du haut, le premier étant
coupé en hiseau, et le second, au contraire,
carrément.
On entaille alors la racine de bas en haut,
et l’on entaille également la greffe à mi-
bois, seulement de haut en bas, et en con-
servant les deux yeux du sommet.
La greffe, appliquée par le haut sur le
sommet de la racine, sera bien plus longue
que l’entaille faite sur cette dernière. En
opérant ainsi, on a unè greffe et une bou-
ture ; et très-souvent, et surtout dans cer-
taines variétés, la greffe-bouture fait un
bourrelet dans la partie qui n’est pas appli-
quée sur la racine, et s’enracine en même
temps que la greffe se Soude.
Pour bien appliquer la greffe sur la ra-
cine, on fait une ligature avec du fil, ou
une fibre de Raphia qui pourrira en même
KALMIA LATII
Le Kalmia latifolia est un des plus vul-
garisés parmi les arbustes de terre de
bruyère. Il est aussi l’un des plus élégants
et des plus gracieux. Dans les Étas-Unis
d’Amérique, sa patrie, on le trouve depuis
le New-Brunswick jusqu’aux bords septen-
trionaux du lac Érié ; il s’étend, au sud,
jusqu’à la Floride occidentale, et le long du
golfe du Mexique, jusqu’à la Louisiane de
l’ouest et les vallées de la Rivière Rouge et
de l’Arkansas. Je ne l’ai vu nulle part aussi
abondant que sur les pentes des monts
Alléghanys, en allant de Washington à
Pittsburg. Là, il forme de vastes sous-bois
d’une verdure claire et brillante, sur la-
quelle se détache, en juin-juillet, le ton rose
vif et charmant de ses légères ombelles de
fleurs. Sous le couvert des grands arbres,
Liquidambars, Tulipiers, Magnoliers, Éra-
bles, Chênes rouges, Frênes et Caryas, il
croît seul, en taillis impénétrables, ou asso-
cié à d’énormes massifs de Rhododendron
temps que la greffe se soudera, et par con-
séquent ne l’étranglera pas.
On empote les greffes ainsi faites dans
des petits godets de 5 centimètres de dia-
mètre sur 8 centimètres de haut, et on les
enterre jusqu’à la naissance des deux pe-
tites feuilles qui cachent les yeux, dans un
mélange composé de terreau de feuilles,
terre franche et sable siliceux, le tout fine-
ment criblé.
On mouille peu les greffes ainsi faites,
jusqu’au moment où les radicelles com-
mencent à se former; quand la racine est un
peu trop longue, il n’y a aucun inconvénient
à la courber.
Les greffes rempotées sont mises sous
châssis dans la serre à multiplication, et au
bout de dix à quinze jours, on peut voir les
yeux des greffes débourrer et pousser avec
unê grande rapidité.
On fait alors un choix de toutes les greffes
ayant de nouvelles racines, on les rempote
dans des pots plus grands dans une terre
mélangée d’un peu de fumier.
Au printemps, on peut les sortir après
les avoir progressivement habituées au jour
et à l’air, et si l’on met ces Clématites sur
une couche de fumier légèrement chaude,
on aura la même année des plantes capables
de fleurir, et sûrement propres à la vente
de l’automne.
L. Paillet fds.
ILIA PAVARTI
maximum, dont il constitue l’élégante bor-
dure. Dans ces conditions, il atteint de 4 à
3 mètres de haut. Mais, dans les endroits
découverts, au pied des montagnes, dans
l’épais humus formé par la succession des
feuilles tombées, il s’élance et constitue un
petit arbre atteignant jusqu’à 40 à 42 mè-
tres de hauteur, avec un tronc de 30 à
60 centimètres de diamètre.
Quand il arrive à de semblables dimen-
sions, le bois du K. latifolia acquiert une
véritable valeur. On l’emploie avec avan-
tage pour tourner des objets mobiliers, des
manches d’outils. Sa densité spécifique at-
teint 0,7460, d’après Sharples. Il est lourd,
dur, fort, cassant, à grain compact, et sa
couleur est brun teinté de rouge. Il est éga-
lement usité comme bois de chauffage. Ses
feuilles, ses bourgeons, ses fleurs et ses
fruits, sont vénéneux pour le bétail, surtout
pour les moutons. On s’en sert quelquefois
dans la pharmacopée américaine.
- Revue Horticole
Pâb Lonÿprù. deL.
Chrorndit/ù. G.Seoereyns
Kalmia latifoluv Paoarti.
HUNNEMANNIA FUMARIÆFOLIA.
541
La grâce, la correction du port, l’élégance
du Kalmia latifolia, lorsqu’il est couvert
de fleurs, au commencement de l’été, ont
peu d’égales. Dans les parcs et jardins d’or-
nement, on peut l’employer soit isolément,
soit en groupes homogènes, soit, mieux
encore, en bordure d’épais massifs de Rhodo-
dendrons. Il y a quelque vingt-cinq ans,
l’habile jardinier-chef des pépinières de
Trianon, M. Briot, avait formé une’ large
plate-bande de terre de bruyère, plantée
d’une rangée de Rhododendrons adossés à
un grand mur au nord-est, et, au second
rang, par devant, deux lignes de gros Kal-
mia latifolia alternés avec des Azalées
d’Amérique. L’effet était ravissant, lorsque
le tout était en fleurs : les Azalées un pqu
nues, ayant leurs beaux bouquets multico-
lores rehaussés par la verdure luisante des
Kalmias.
La tradition de ces cultures à Trianon a
été précieusement conservée. C’est à M. Pa-
HUNNEMANNIA
Établi par le botaniste Sweet, le genre
Hunncmannia, qui fait partie de la fa-
mille des Papavéracées, touche au genre
Eschscholtzia, dont il est très-voisin. Dédié
au botaniste anglais Hunnemann, il pré-
sente les caractères suivants :
Calyce d’abord monophylle, bientôt diphylle
par la rupture de la partie externe, qui s’ouvre
en deux parties, très -caduques. Réceptacle
très-petit. Étamines nombreuses, quantité indé-
terminée. Stigmate sessile ou subsessile, qua-
drilobé, à lobes courts, charnus, comme
plissés-ondulés. Capsule longue, droite, at-
ténuée aux deux bouts, déhiscente par sa
base et portant les graines attachées sur ses
bords.
Quant à l’espèce, elle présente les carac-
tères suivants :
Hunnemannia fumciriæ folia, Sweet. Plante
vivace suffrutescente, ramifiée, pouvant at-
teindre 50 centimètres et plus de hauteur.
Feuilles pinnatifides ou multifides, glabres,
d’un vert glauque, à segmentations planes, li-
néaires, très-entières. Boutons renflés, courte-
ment ovales. Calyce glabre, vert glaucescent,
très-caduc. Corolle grande (6 centimètres en-
viron de diamètre), à 4 pétales largement
obovales. Étamines à fdet court. Anthères
longuement ovales, jaune roux ou plutôt rouge
orangé. Fruit siliquiforme, droit, atténué aux
deux bouts, légèrement et finement sillonné,
atteignant jusqu’à 10 centimètres et plus de
vart, le successeur de M. Briot, que nous
devons la belle variété dont la Revue horti-
cole publie aujourd’hui la figure, et à la-
quelle nous avons donné le nom de l’obten-
teur.
Tous les caractères de cette nouveauté,
moins les fleurs, étant semblables à ceux
du type, le K. latifolia Pavarti se distin-
gue par le coloris beaucoup plus vif, plus
décidément rouge de ses fleurs. Avant leur
épanouissement, les boutons ont un éclat
surprenant, et l’on voit à ce moment que
la variété surpasse de beaucoup l’ancienne
espèce.
La culture du Kalmia latifolia et de ses
variétés étant celle de tous les arbustes rus-
tiques de terre de bruyère, n’offrira aucune
difficulté. On multipliera cette variété nou-
velle par greffage en approche sur le type,
en août, à l’étouffée, sous châssis froid.
Ed. André.
FUMARIÆFOLIA
longueur, glabre, terminé par un stigmate,
lobé, sessile.
L’unique espèce que comprend ce genre,
qui se trouve au Mexique et en Californie,
est toujours en fleurs, et celles-ci, qui sont
grandes, d’un très-beau jaune clair, sont
très-ornementales et rappellent assez exac-
tement celles de Y Eschscholtzia californica ,
de sorte que l’on pourrait, sans trop s’éloi-
gner de la vérité, dire que c’est une espèce
particulière sous-ligneuse de ce genre.
Ce n’en est pas moins une plante inté-
ressante et qui, en horticulture, pourrait
rendre des services : directement par son
mérite ornemental, puis comme plante à
hybrider, soit avec les Eschscholtzia , soit
surtout avec les Dielytra.
Culture. — L’ Hunnemannia est, par sa
nature, une très-rare exception dans les
Papavéracées. En effet, ses tiges frutes-
centes l’éloignent de cette famille, ainsi que
des Fumariacées où l’ont placée certains au-
teurs. Bien que cette espèce soit relative-
ment rustique, il est prudent, sous le climat
de Paris, de la cultiver en serre froide, où
on doit la placer près des verres.
La multiplication se fait * par graines,
que l’on doit semer dans des petits pots en
n’en mettant qu’un petit nombre, afin
d’éviter le repiquage, qui, du reste, donne
de très-mauvais résultats lorsqu’il s’agit de
542
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
Papavéracées en général. Si l’on veut
conserver les plantes en pots, on les
rempote au fur et à mesure du be-
soin; si, au contraire, on les livre à la
pleine terre, cette opération doit se faire au
printemps, en plaçant les plantes dans un
lieu très-aéré et fortement insolé si possible,
où, alors, elles fleurissent jusqu’à l’arrivée
des froids.
E.-A. Carrière.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1888.
Comité de floriculture.
Les apports de cette séance ont été nom-
breux et intéressants :
Par M. Albert Truffaut, horticulteur à Ver-
sailles, deux très -jolies Broméliacées, tout
récemment obtenues par lui de semis, et qui
seront précieuses comme plantes d’apparte-
ments. Ces deux intéressants hybrides, nom-
més Vriesea Mariæ et V. Alberti , seront pro-
chainement décrits et figurés dans la Revue
horticole. M. Truffaut avait réuni, dans un
seul pot, plusieurs pieds, au même degré de
floraison, du V. Mariæ , à large inflorescence
distique, vert et rouge ; l’effet en était très-
joli. Du même présentateur, un exemplaire
fleuri A Amazonia punicea , charmante plante
de serre chaude, introduite dans les cultures
vers 1825 et qui, depuis, a disparu. On l’a
réintroduite assez récemment en Angleterre.
Ce qui forme le principal attrait de cette es-
pèce, c’est que les feuilles, ovales-acuminées,
des rameaux florifères ont une couleur qui
varie progressivement du vert foncé au rouge
intense, et diminuent peu à peu de gran-
deur, pour se transformer, sans transition
brusque, en bractées rouge vif. Les fleurs sont
jaunes. La culture de cette plante est des plus
recommandables pour l’ornementation des
serres et des appartements.
Par M. Driger, jardinier au Pensionnat des
Frères de Passy, une ravissante potée de
Pleione Lagenaria , Orchidée naine des Indes
Orientales. Cette touffe, mesurant environ
25 centimètres de diamètre sur 8 centimètres
de hauteur totale, était formée par la réunion,
régulièrement compacte, de 40 fleurs assez
grandes, à pétales et sépales rose légèrement
lilacé, à labelle blanc à l’extérieur, blanc lavé
de jaune à l’intérieur, avec de longues raies
rouge carminé. Aucune feuille n’accompagne
ces fleurs, qui atteignent toutes exactement la
même hauteur. Puis, de beaux exemplaires
fleuris des Oncidium Weltoni et pubescens.
Par M. Jolibois, jardinier-chef au Palais du
Luxembourg, un Cattleya Pineli , espèce naine
très-florifère, à fleurs rose vif ayant le labelle
pourpre velouté.
Par M. Garden, horticulteur à Bois-Colom-
bes (Seine), trois Orchidées fleuries, jolies et
encore rares : Miltonia vexillaria insignis ,
Cattleya aurea , Cœlogyne pandurata , à
grandes fleurs vert clair, labelle noir.
Par M. P. Dallé, horticulteur à Paris : Cypri-
pedium Schrœderæ splendens , magnifique
forme obtenue par l’hybridation des C. cauda-
tum et Sedenij à fleurs vert et rose, se rap-
prochant, par la longueur de leurs sépales la-
téraux légèrement vrillés, d’un Selenipedium ;
C. calurum superbum, fleurs rose et jaune;
C. Dayanum splendens , Lælia Perrini, L.
Dayana, Oncidium pubes, Odontoglossum
Inslayi leopardinum , O. bictoniense.
Par M. Fischer, amateur, à Paris, deux bou-
quets de Violettes russes provenant : le pre-
mier, d’un pied cultivé en bon terrain ordi-
naire; le second, d’un piçd ayant reçu un
engrais chimique composé de phosphate, de
cendres pyriteuses, de plâtre et de sulfate de
fer.
Ce second bouquet était, dans toutes les
proportions de ses fleurs et de son feuillage,
d’une vigueur atteignant le double de celle des
autres Violettes.
Par M. Millet, horticulteur à Bourg-la-Reine
(Seine), des Violettes de Parme, à fleurs roses,
portant des graines arrivées à parfaite matu-
rité, fait exceptionnellement rare.
Comité d’arboriculture fruitière.
Par MM. Baltet frères, de Troyes, une très-
nombreuse et intéressante collection de Pommes
et Poires inédites, de semis. Nous reparlerons
de ces fruits à mesure que le Comité fera
connaître ses appréciations.
Par M. Cirjean , propriétaire à Conflans-
Sainte-Honorine (Seine-et-Marne), une cor-
beille de Raisins Chasselas doré , superbes,
aussi dorés, transparents et fins de peau, que
ceux qui proviennent de Thomery.
Par M. Maître, d’Auvers-sur-Oise (Oise), des
Raisins ayant été cultivés dans les sacs, dont
il est l’inventeur. Ces Raisins avaient assez
bien mûri.
Par M. Oudin, pépiniériste à Lisieux (Cal-
vados), quelques Poires de la variété Van
Mons de Léon Leclerc. Ce sont des fruits su-
perbes, de couleur jaune d’or, pesant jusqu’à
850 grammes, de toute première qualité. Cette
variété est peu recherchée parce qu’on a sou-
vent pris pour elle la Poire Léon Leclerc , de
Van Mons, qui lui est bien inférieure. Le
Poirier Van Mons de Léon Leclerc a une
écorce qui se fendille généralement. 11 con-
vient d’employer pour lui le surgreffage sur le
SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE.
Poirier Curé placé lui-même sur Coignassier ;
l’exposition en plein soleil ne lui réussit pas.
Comité de culture potagère.
Par M. Fischer, nommé ci-dessus au Comité
de floriculture, des bottes de Céléris cultivés
comparativement avec emploi de l’engrais chi-
mique précité. Les résultats étaient aussi mar-
qués que pour les Violettes.
Par M. Hédiard, une Patate qui, ayant été
mise en terre au printemps et après avoir servi
de mère à une touffe très-productive, a néan-
543
moins conservé jusqu’à présent presque intactes
ses qualités comestibles
Par M. Gougibus, de Vriliy, près Reims
(Marne), un Céleri semé en 1887, conservé à
peine développé jusqu’à présent, et qui ne
fructifiera qu’en 1889.
L’expérience tentée par M. Gougibus était
basée sur la privation de nourriture ; elle a
pour but de faire durer trois ans une plante
bisannuelle. Sur 24 pieds traités , 23 sont
morts, celui présenté a seul survécu aux expé-
riences.
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1888.
Comité de floriculture.
M. Maron, jardinier-chef chez M. Darblay, à
Saint-Germain-lès-Corbeil, présentait une char-
mante Orchidée, le Calanthe Darblayana , ob-
tenue par lui en fécondant le G. vestita luteo-
oculata par le G. Regnieri. La variété nouvelle
a les fleurs rose pâle, et le centre rose carminé.
La fécondation a eu lieu le 9 décembre 1886 ;
les graines mûres en mars 1887, ont été semées
le 17 du même mois, et la première floraison a
eu lieu en octobre 1888, soit vingt-deux mois
seulement après l’hybridation.
Par M. Lebreton, horticulteur à Angers, une
très-intéressante Broméliacée nouvelle, le
Billbergia andegavensis , plante de dimensions
au-dessous de la moyenne ; feuillage vert foncé,
presque noir; ample inflorescence érigée-re-
courbée, garnie de larges et nombreuses brac-
tées rouge sang, au milieu desquelles on aper-
çoit quelques fleurs violet pâle. Très-jolie forme.
Par M. Garden, horticulteur à Bois-Colombes
(Seine), un Selenipedium Sanderianum , ra-
vissante Orchidée dont les fleurs possèdent
une distinction charmante ; le sabot, terminé
en pointe à la base, est rouge-brun ; l’étendard,
étroit, allongé, terminé en pointe, est vert
pâle, rayé en long de grenat ; les sépales laté-
raux, longs de 50 centimètres, sont étroits,
ondulés-vrillés d’une façon charmante, blanc-
violacé, largement bordés de violet foncé dans
toute leur longueur ; un Ly caste Skinneri San-
deriana , jolie variété à fleur très-grandes, blanc
mat pur.
Par Mme Spite, à Nogent-sur-Marne (Seine),
un pied de Chrysanthème présentant une par-
ticularité intéressante. Cette plante, qui ap-
partient à la variété Vénus , à fleurs doubles
blanches, présentait, en même temps que plu-
. sieurs fleurs de cette couleur, un rameau dont
les fleurs, de la même forme, avaient une cou-
leur jaune très-accentuée. Il paraît que cette
anomalie a déjà été remarquée dans la même
variété.
Par M. Régnier, horticulteur, avenue Mari-
gny, à Fontenay-sous-Bois (Seine), une fort
belle collection d’Œillets flamands remontants,
de semis, à tige de fer, variétés très-nom-
breuses, coloris fort beaux. Citons entre autres :
Hector Malot , gris très-foncé, presque noir,
reflets ardoisés; Eug. David , fond jaune, strié
carmin vif; Mme Leroy , fond jaune levé mauve
clair; M. Ed. André, rouge vif, colori extra.
Par M. Eberlé, horticulteur, 146, avenue de
Saint-Ouen, à Paris, un certain nombre de
Cyclamens en pots, floraison assez belle.
Par M. Ghauvart, horticulteur, 93, rue Haxo,
à Paris, une collection de Pâquerettes, formes
nombreuses, coloris très-variés.
Par M. Dallé, horticulteur, rue Pierre
Charron, à Paris, quelques Orchidées en
fleurs : Odontoglossum grande , Masdevallia
tovarensis , Cattleya Perrini , Lælia autum-
nalis , Lælia Perrini , Oncidium ramosum.
Comité d’arboriculture fruitière.
Par M. Lepère (Victor), cultivateur à Mon-
treuil, deux corbeilles de Pommes Calville
blanc , d’une beauté exceptionnelle, comme
grosseur, forme et coloris, et une corbeille de
Pommes Api rose , tout aussi belles que les
précédentes.
Par M. Ch. Baltet, de Troyes, quelques
Pommes de la variété Ananas , C’est un fruit
moyen, plat, très-coloré sur toute sa surface ;
la chair est jaunâtre, douce, tendre, manquant
un peu de jus et de parfum; qualité assez bonne.
Par M. Bonnel, propriétaire à Palaiseau,
une Poire Bon Chrétien Frédéric Baudry ,
fruit moyen, à longue queue, à chair demi-
fine, juteuse, sucrée ; une Poire Sainte-
Thérèse , variété vigoureuse, fertile ; fruit gros,
pyriforme, obtus, jaune teinté de rouge ; chair
jaune, demi-fine, sera probablement un bon
fruit ; une Poire Ferdinand de Lesseps , forme
de Bon Chrétien, qualité médiocre.
Par M. Jourdain, cultivateur à Maurecourt
(Seine-et-Oise), une corbeille de Poires Du-
chesse d’Angoulême.
Par M. Villard, propriétaire à Hyères (Var),
une corbeille contenant plusieurs fruits de trois
variétés de Kakis d’un beau volume.
Comité de culture potagère.
Par M. Chauvart, 93, rue Haxo, à Paris, un
Chou monstre, mesurant plus de 1 mètre de
diamètre, et dont le cœur formait une boule
très-compacte, de lm 60 de tour.
• Ch. Thays.
544
BÉGONIA HYBRIDE PAUL BRUANT.
BÉGONIA HYBRIDE PAUL BRUANT
Plante très-robuste, semi-arborescente, a
tiges grosses, charnues, érigées, d’un vert
0live nuancé de rouge et relevées de lenti-
celles oblongues, blanches, hérissées de
poils blancs, mous, épars.
Feuilles à très-longs pétioles dressés,
Fig. 135. — Bégonia hybride Paul Bruant.
puis étalés, cylindracés, charnus, longitu-
dinalement striés de rouge, faiblement hé-
rissés, à limbe subcordiforme très-oblique,
profondément lobé-bidenté, à dents tubu-
lées roses ; nuance de fond vert foncé par-
couru par des nervures plus pâles proémi-
nentes à la base, entourées en dessous de
l’insertion du pétiole d’une fine collerette de
poils charnus, et accompagnées, à la base
non dilatée du pétiole, de deux grandes
bractées ovales-lancéolées longuement aris-
tées, vertes, pellucides, à bords enroulés.
Inflorescence plus courte que les feuilles,
à pédoncule dressé, soutenant une cyme de
fleurs toutes femelles, à pédicelles fins, di-
chotomes, pendants, rosés, pourprés aux
articulations, accompagnées de larges brac-
tées cordiformes, caduques, transparentes,
CONGRÈS POMOLOGIQUE DE L’OUEST.
545
d’un blanc rosé. Ovaire vert, gros, tri-
quètre, à aile dorsale deltoïde, du double
plus large que les autres, arrondies, toutes
trois rosées satinées ; pétales suborbicu-
laires ou oblongs, inégaux, rose tendre,
trois stigmates courts, bifurqués, dorés.
Fleurs mâles non observées.
Cet hybride (fig. 135) a été obtenu par
M. Bruant, horticulteur à Poitiers, du B.
longipila fécondé par une variété horticole
dont le nom n’a pas été conservé. Nous
avons trouvé que le beau feuillage et la
vigueur considérable de cette plante moti-
vaient bien son adoption comme nouveauté
décorative, bien que sa floraison, très-abon-
dante, soit moins brillante que certains
autres gains de ces dernières années.
Ed. André.
CONGRÈS POMOLOGIQUE DE L’OUEST
Le Congrès pomologique de l’Ouest, fondé il |
y a six années, s’est imposé la mission de s’oc-
cuper de la culture des arbres fruitiers à
cidre, d’établir la synonymie des nombreuses
variétés de Pommes et de Poires, et d’étudier
les meilleurs procédés pour la fabrication du
cidre et du poiré. Cette Association a tenu, le
mois dernier, sa session annuelle à Saint-
Brieuc (Côtes-du-Nord), sous l’habile prési-
dence de M. Lechartier, professeur de chimie
à la Faculté de Rennes. Les séances du Congrès
ont été suivies avec un vif intérêt par une nom-
breuse assistance, composée de propriétaires,
d’agriculteurs, de savants et de pépiniéristes.
L’exposition des fruits de pressoir comprenait
un très-grand nombre de variétés, anciennes
ou nouvelles, provenant de la Bretagne, du
Maine, de la Normandie, etc.
La commission chargée d’établir la syno-
nymie des variétés de Pommes à cidre par-
viendra-t-elle au but qu’elle s’est proposé?
Cela est douteux. Non seulement la même va-
riété est connue sous des noms différents, sui-
vant les contrées, mais on n’est pas toujours
d’accord sur les caractères typiques qu’elle
doit présenter. Chacun prend la défense de la
variété propagée dans la contrée qu’il habite.
Pe là des divergences notables entre les dires
des pomologistes et les pépiniéristes qui pro-
pagent la variété qu’ils ont multipliée. Et puis,
il ne faut pas l’oublier, ce n’est pas en quelques
jours qu’il est possible à une commission de
pouvoir statuer, en connaissance de cause, sur
des variétés qui affectent des formes et des co-
lorations diverses, bien qu’elles soient dési-
gnées sous le même nom. Dans les circons-
tances ordinaires, toutes les Pommes produites
par le même arbre, présentent souvent des co-
lorations très-diverses, selon qu’elles ont subi
continuellement l’action de l’air et de la lu-
mière, ou qu’elles se sont développées à l’ombre
ou à l’exposition du nord.
Toutes les variétés de Pommes à cidre
connues appartiennent à trois classes très-diffé-
rentes les unes des autres :
1° Les Pommes douces;
2° Les Pommes amères;
3° Les Pommes acides.
Les premières, suivant les analyses faites par
MM. Lechartier, Truelle, Audouard, Nan-
tier, etc., contiennent depuis 100 jusqu’à
150 grammes de sucre par litre de moût.
Les secondes renferment jusqu’à 10 grammes
de tanin dans un litre de moût.
Les dernières contiennent jusqu’à 7 grammes
d’acidité exprimée en acide sulfurique par litre
de jus.
Toutes ces Pommes sont utiles, mais dans
quelles proportions doit-on les associer dans
une contrée déterminée, lorsqu’on veut obtenir
un cidre de première qualité et de bonne
garde? 11 y a vingt ans, on ne connaissait pas,
pour ainsi dire, la composition des Pommes de
pressoir, mais les analyses faites dans ces der-
niers temps, et dont le nombre dépasse 3,000,
vont permettre de bien se rendre compte de
l’influence favorable ou nuisible exercée sur le
cidre par telle ou telle variété. Toutefois,
comme l’a fait remarquer si judicieusement
M. Audouard, il est utile désormais de récolter
séparément les variétés qu’on possède, si on
veut les mélanger dans des proportions déter-
minées d’après la densité de leur jus et leur
teneur en sucre, en tanin et en acidité. Il
n’est pas inutile de rappeler que les variétés
connues ont été divisées depuis plus d’un siècle
en Pommes de première saison , en Pommes
de deuxième saison et en Pommes de troi-
sième saison , classification qui est basée sur
les époques de la floraison et de la maturité
des fruits.
L’extension qu’a prise depuis quelques années
la consommation du cidre dans les villes et les
bourgades et la facilité avec laquelle se fait, de
nos jours, le commerce des fruits de pressoir,
ont engagé un grand nombre de propriétaires à
planter des Pommiers et des Poiriers à cidre.
Ces arbres fruitiers sont plantés tantôt à l’inté-
rieur des terres labourables, tantôt en bor-
dure le long des chemins d’exploitation ; mais
dans beaucoup de cas, ces plantations donnent
peu de résultats, parce que les arbres mis en
place laissent beaucoup à désirer sous tous les
rapports. Dans la généralité des cas, ces arbres
ont été mal élevés, mal arrachés, ou ont été
exposés successivement sur plusieurs marchés.
La valeur commerciale des Pommes et du
cidre doit engager les planteurs à s’adresser à
des pépiniéristes spécialistes en leur dési-
gnant les variétés qu’ils désirent posséder.
546
PARASOLS VÉGÉTAUX.
Mais doit-on renoncer à planter les Pom-
miers ou Poiriers à cidre dans les terres labou-
rables et préférer les réunir dans un champ
clos par une haie vive ou une palissade, sous
forme de verger? La plantation dans les terres
labourables a souvent de grands inconvénients.
Dans beaucoup de cas, les socs des charrues
altèrent les racines des arbres, ou les branches
qui s’étendent horizontalement sont trop rap-
prochées de la surface du sol pour que les
attelages y circulent librement ou que les cé-
réales y accomplissent aisément toutes les
phases de leur existence. C’est pourquoi la
plantation en vergers dans des champs abrités
des vents du nord et de l’est par des planta-
tions forestières ou des haies vives très-élevées
doit être celle qu’il faut préférer.
Les variétés de Pommes à cidre sont propa-
gées à l’aide de la greffe en fente ou en écus-
son, suivant la force des sauvageons. Les
arbres qu’on obtient en agissant ainsi sont plus
ou moins vigoureux, selon la nature et la fer-
tilité du sol de la pépinière dans laquelle ils
ont été élevés, et aussi selon la vitalité de la
variété que l’on a greffée. On s’est demandé à
Sain t-Bri eue si l’on pouvait, dans le but de
rendre les sujets aussi vigoureux que possible,
employer une greffe intermédiaire, alors que
celle-ci serait prise sur des arbres d’une vigueur
remarquable. Les faits signalés par les prati-
ciens permettent de dire que ce procédé a tou-
jours d’excellents résultats, en ce que la se-
conde greffe, celle qui doit propager la variété
qu’on veut avoir, a développé une belle tête
plus promptement que si elle avait été im-
plantée directement sur le sauvageon. Mais
quelle est la variété qui doit, dans la culture
du Pommier à cidre, fournir les greffes inter-
médiaires? Les opinions à ce sujet étant très-
contradictoires, l’assemblée a décidé que cette
question resterait à l’ordre du jour du prochain
Congrès.
Le Pommier comme le Poirier à cidre ré-
clament, comme tous les arbres fruitiers, des
soins annuels. Malheureusement, dans beau-
coup de localités, on néglige encore d’enlever
le Gui, plante parasite qui épuise les arbres,
de supprimer les branches mortes et les gour-
mands qui garnissent sans aucune utilité l’in-
térieur des Pommiers et empêchent l’air et la
lumière d’agir sur les principales branches
charpentières. C’est encore très-exceptionnelle-
ment qu’on détache les Mousses, les Lichens et
les vieilles écorces, et qu’on opère des badi-
geonnages à la chaux dans le but de raviver
les écorces. Il ne faut pas oublier que le Pom-
mier à cidre peut être attaqué par divers in-
sectes et que le lait de chaux détruit et leurs
œufs et leurs larves. Le puceron lanigère est
certainement celui dont il est le plus difficile de
se débarrasser, mais les lecteurs de la Revue
en connaissent les moyens, après l’étude com-
plète qui a été récemment publiée à son sujet.
On a constaté cette année, aux environs de
Laval et de Saint-Brieuc, que les feuilles d’un
assez grand nombre de pommiers à cidre
avaient été détruites par un Champignon por-
tant le nom d ’Osteroma mali. C’est en utili-
sant la bouillie bordelaise qu’on a pu arrêter
cette cryptogame dans son développement. Ce
liquide est fabriqué avec 100 litres d’eau,
2 kilogr. de sulfate de cuivre et 1 kilogr. de
chaux. On le répand à l’aide d’un pulvérisa-
teur. Ce parasite apparaîtra-t-il de nouveau l’an
prochain? En attendant, c’est avec raison qu’on
a proposé de rassembler et de brûler les
feuilles de tous les arbres sur lesquels il s’est
montré cette année.
Après avoir élucidé tous ces points, le Con-
grès s’est particulièrement occupé de la conser-
vation du cidre et des moyens de déterminer,
avant la vente, sa valeur commerciale. Il ré-
sulte des faits constatés qu’il est utile : 1° de
renoncer au gaulage pour adopter le secouage;
2° qu’on ne doit pas laisser les Pommes qu’on
a récoltées à l’action 'de la pluie ; 3° qu’il faut
éviter d’employer des appareils en fonte dans
le concassage des Pommes ou des Poires;
4» qu’on ne doit pressurer les pulpes qu’après
qu’elles ont fermenté pendant sept à huit
heures ; 5° qu’il est indispensable d’opérer un
premier soutirage,. dès que la fermentation du
moût a cessé, pour en opérer un second à la
fin de l’hiver. C’est commettre une grande
faute que de conserver un cidre sur sa lie. Il
est sous-entendu que tout cidre ou poiré doit
être enfûté dans un tonneau d’une parfaite
propreté.
Tel est le résumé des principales recomman-
dations faites au dernier congrès pomologique
de l’Ouest.
Gustave Heuzé.
PARASOLS VÉGÉTAUX
Nous croyons devoir rappeler qu’en hor-
ticulture, l’on nomme parasols des arbres
élevés sur une seule tige et relativement peu
élevée, supportant une cime étendue, plate
ou légèrement convexe et formant un peu
le parapluie.
A l’état de nature, aucun arbre ne cons-
titue véritablement un parasol ; même au-
cune des quelques formes que l’on trouve
ordinairement sous cette forme, telles que
Frêne pleureur, Sophora pleureur, n’ont
pris cette disposition que par suite de cer-
tains traitements qu’on leur a fait subir.
Mais ces quelques espèces ne sont pas les
seules susceptibles de prendre cette forme
tabulaire, puisque, à la rigueur, presque
POIRE FONDANTE DE BIIIOREL.
547
toutes pourraient y être soumises; l’essen-
tiel est qu’elles soient suffisamment vigou-
reuses et surtout disposées à se ramifier.
Quant au feuillage, il va sans dire qu’il doit
être abondant, puisque les parasols sont
faits pour garantir du soleil.
Choix des espèces et variétés. — Il doit
être en rapport avec le climat et surtout
avec le but que l’on recherche. Ainsi, les
plantes doivent être relativement vigou-
reuses, rustiques, avoir un feuillage abon-
dant et pouvoir donner une tige droite,
solide, supportant la tête, qui, dans certains
cas, pourra prendre d’assez grandes propor-
tions. Quant aux feuilles, outre qu’elles
devront être assez abondantes pour inter-
cepter les rayons du soleil, leur nature devra
être suffisamment solide pour résister aux
vents et aux intempéries. Dans le cas où les
parasols devraient garantir du soleil et en
même temps servir d’abri, il faudrait choisir
des sortes à feuillage dense et persistant.
On pourrait aussi, au lieu d’arbres d’orne-
ment, prendre, pour établir des parasols,
des arbres fruitiers. Toutefois, ceux - ci
auraient plusieurs inconvénients : d’abord
de feuiller tard, ensuite, pendant l’été, d’être
couverts de fruits, qui, lors de leur chute,
pourraient blesser les gens ou. seulement
salir les vêtements.
Fabrication des arbres parasols. —
Le point principal, le . premier à attein-
dre, c’est la formation d’une tige droite et
solide, ce à quoi l’on arrive en laissant,
dans sa longueur, des bourgeons feuillus,
qui, en « amusant » la sève, donnent un
surcroît de vigueur qui fait grossir la tige.
Lorsque celle-ci est suffisamment élevée,
alors on forme la table du parasol soit en
tronquant la tige, soit en la pliant de ma-
nière à faire prendre aux branches une
position horizontale, dans laquelle on les
maintient à l’aide de ligatures que l’on
fixe à une légère charpente, ou sorte d’ar-
mature établie à cet effet.
POIRE FONDAI
Il arrive parfois que d’honorables écri-
vains pomologues, français ou étrangers,
nous font l’honneur de nous demander des
renseignements sur l’origine ou la ma-
nière d’être des variétés de fruits plus ou
moins nouveaux obtenus ou mis au com-
merce par nous. Ces renseignements, la
plupart inédits, s’appliquent souvent à des
variétés n’ayant eu qu’une description in-
Ge premier résultat obtenu, la charpente
du parasol est terminée; il n’y a plus
guère qu’à attacher, au fur et à mesure du
besoin, les branches qui se développent en
les dirigeant latéralement, de manière à
garnir toutes les parties et à avoir une
table régulière. S’il arrivait que des bran-
ches vigoureuses vinssent à se développer
et à prendre la direction verticale, on les
supprimerait ou bien on les ramènerait à
l’horizontalité en les fixant soit au bâtis, soit
à une branche horizontale, là où la table est
trop mince ou trop claire, de manière à la
renforcer. Si l’arbre est trop vigoureux, on
en maintient l’équilibre en supprimant les
parties les plus fortes, mal placées ou qui
font confusion. Quant à la tige, si elle n’est
pas suffisamment forte pour soutenir la tête
ou table, on y met un tuteur afin de la
maintenir droite et bien verticale.
Outre les parasols dont il vient d’être ques-
tion, il en est une série particulière, qui
diffère des premiers en ce qu’elle est double
au lieu d’être simple comme dans le cas
précédent. Ces parasols, que nous appelons
composés, comprennent deux choses : le
sujet et la table (parasol). Le sujet doit être
vigoureux, robuste, droit et raide ; quant
au parasol, peu importe sa nature, puis-
que, devant être greffé sur le sujet, il suffit
qu’il puisse se ramifier facilement, et que
ses ramifications aient une grande ten-
dance à s’étendre latéralement. Tel est, par
exemple, le Mespilus linearis, qui, pour
cette raison, a été appelé « Néflier parasol ».
Lorsque le sujet a atteint la force et la
hauteur suffisantes, on le greffe avec des
rameaux de l’espèce qui doit constituer la
table. Alors l’opération est terminée, et il
ne reste plus qu’à veiller à l’éducation et
à la formation de cette table, ce à quoi l’on
parvient à l’aide de moyens analogues à
ceux que nous venons de faire connaître.
E.-A. Carrière.
E DE BIHOREL
complète ou même n’ayant pas été décrites
du tout. Nous prenons donc la liberté de
publier dans ce journal autorisé, en sui-
vant l’ordre de leur maturité, la descrip-
tion de quelques variétés parmi les meil-
leures qui se trouvent dans le cas précité.
Ces descriptions seront aussi succinctes
que possible, et limitées aux variétés mé-
ritant cette distinction.
548
CÉLERI CHEMIN ET CÉLERI WHITE-PLUME.
Nous commençons aujourd’hui par la
Poire Fondante de Bihorel.
La Poire Fondante de Bihorel est un
arbre d’une vigueur moyenne, bien fertile,
dont les branches d’un ton gris-noisette,
assez fortes, longues et élancées, forment
avec le tronc un angle assez ouvert ; elles
sont munies sur toute leur longueur de
lambourdes courtes, bien garnies. Rameaux
assez gros, longs, bien pleins, s’amincissant
vers leur extrémité, vert olivâtre, marqués
de rouge-sanguin du côté du soleil, à len-
ticelles arrondies, grises, assez nombreuses.'
Pousses d’été à écorce vert herbacé, recou-
vertes d’une légère pubescence. Boutons à
bois moyens, courts, à pointe aigüe.
Écorce du rameau d’un brun foncé, nuancé
de vert glauque. Feuilles moyennes ou petites,
épaisses, dressées, d’un vert foncé, ovales,
élargies, presque planes, finement et régu-
lièrement dentées. Pétiole fort, assez long,
d’un vert blanchâtre. Stipules rares, presque
milles. Méritlialles courts, assez réguliers.
Routons à fruits moyens ou petits, ovales-
arrondis, à écailles marron foncé. Fleurs
petites, nombreuses, à pétales d’un blanc
terne. Fruits petits ou moyens, venant par
trochets, mesurant en moyenne de 6 à
7 centimètres de hauteur, sur autant de
diamètre, ovales-arrondis, déprimés. Peau
line et luisante, d’un vert foncé, passant au
jaune clair pointillé de gris, parsemée de
marbrures et mouchetée de gris roussâtre,
frappée par l’insolation de rouge carminé.
Pédoncule gros et court, charnu, inséré
plus ou moins obliquement dans une lé-
gère dépression. Œil assez grand ouvert,
placé dans une cavité presque à fleur
du fruit. Chair fine , serrée , fondante ,
beurrée, sans concrétions; eau suffisante,
sucrée, légèrement acidulée, bien parfumée ;
loges petites, renfermant chacune deux pé-
pins brunâtres, petits, renflés, accolés l’un
à l’autre. Maturité fin juillet.
Cette variété, assez vigoureuse sur franc,
forme, sur ce sujet, des arbres à branches
élancées, assez rares et bien garnies. Quand,
au contraire, elle est greffée sur Coignassier,
l’arbre, par une taille courte, est nota-
blement réduit dans ses proportions, au
point de devenir presque nain, et très-
propre à la culture en pots ou en caisse.
Son feuillage dressé, très-fourni, d’un vert
foncé, et ses petits fruits souvent forte-
ment colorés de jaune et de rouge, lui
donneront un joli aspect sous cette forme.
Cette variété est d’une origine des plus
vulgaires, puisqu’elle provient d’un de
ces fruits locaux si communs dans notre
contrée, et apportés sur nos marchés pour
être vendus à la razière (demi-liecto-
litre), puis au kilo. Ces Poires, connues
sous le nom de Petit Rousselet de ri-
vière (ne pas confondre avec le fruit du
même nom décrit par M. de Bavay), sont
probablement nommées ainsi parce que le
plus souvent ces arbres avoisinent les
mares de nos cultivateurs, qui, du reste, en
tirent un grand profit, car ils vivent fort,
longtemps et sont des plus productifs. C’est
même sur un de ces arbres, plus que cen-
tenaire, planté jadis par les moines de
Saint-Ouen sur un terrain leur appartenant,
que nous avons cueilli, en 1852, la graine
qui, vers 1866, a produit le fruit que nous
décrivons, lequel a été mis au commerce
en 1871. Comment ce géant, à fruits
presque acerbes, a-t-il pu donner naissance
à cet avorton d’un goût si raffiné? C’est un
fait que nous nous bornons à constater.
Boisbunel.
CÉLERI CHEMIN ET CÉLERI WHITE-PLUIE
Les deux variétés de Céleris qui vont nous
occuper sont également, bien que très-diffé-
remment, remarquables. Au point de vue
culinaire, ce sont deux plantes très-méri-
tantes, bien qu’à des titres divers.
L’un, le Céleri Chemin ou Céleri blanc
ou « plein doré » (fig. 136), et dont la Revue
horticole a plusieurs fois parlé, est déjà
bien connu et aujourd’hui généralement
cultivé aussi bien dans les maisons bour-
geoises que par les maraîchers, ce qui suf-
firait déjà pour en faire ressortir le mérite.
Rappelons, en quelques mots, les princi-
paux caractères que présente le Céleri Che-
min. La plante, qui est vigoureuse, peu ou
pas drageonnante, a les côtes fortes, larges
et bien pleines, cassantes et d’une saveur
très agréable. De plus, ce Céleri vient très
promptement (c’est le plus hâtif de tous).
Peut-être pourrait-on lui adresser deux
reproches : de n’être pas suffisamment ré-
sistant comme variété d’hiver, et d’être un
peu petit, par conséquent moins productif
que le Céleri commun plein doré. A ces re-
proches, qui paraissent fondés, on peu ré-
pondre qu’en effet, si la rusticité laisse un
CÉLERI CHEMIN ET (
peu à désirer, en revanche, il est très hâtif
et que, sous ce rapport, c’est de tous les
Céleris celui qui convient le mieux pour
l’été. Quant à produire moins, le fait
n’est qu’apparent, puisque, venant moins
gros, on peut rapprocher davantage les
pieds les uns des autres, et alors sur
une surface égale donnée, la récolte est
aussi forte que si l’on avait planté des variétés
plus grosses. Ajoutons que le Céleri Che-
min est naturellement d’un beau blanc
d’ivoire, luisant, ce qui évite de l’enjauger
pour le blanchir, et que cette qualité est
ÉLERI WHITE- PLUME. 549
aucun soin. Elle est également très-rustique
et, sous ce rapport, va de pair avec n’im-
porte quelle variété de Céleri Turc. Elle est
naturellement très-tendre, et peut être
cueillie sans avoir subi aucune préparation
préalable. Ajoutons que ses côtes, très
pleines, d’un beau blanc, sont cassantes,
croquantes, et qu’elles ont une saveur
agréable qui plaît à tout le monde ; beau-
coup même préfèrent ce Céleri à toute
autre sorte.
Malgré tant de qualités, le Céleri White
Plume ou Céleri blanc d’Amérique est
peu connu. Aux Halles même, où Mme la
Routine trône en souveraine, on fait même
quelque difficulté pour l’acheter, parce
que là aussi on est habitué à ne voir que
des Céleris qui sont plus ou moins jaunes,
par suite de l’étiolement qu’on leur a fait
Fig. 136. — Céleri Chemin ou plein blanc doré.
d’autant plus développée que les pieds sont
plus rapprochés les uns des autres. Une
distance de 30 à 35 centimètres est suf-
fisante. A défaut de terreau il faut le cultiver
sur une terre humeuse.
Quant au Céleri White Plume ou Céleri
blanc d’ Amérique (fîg. 137), il a, outre le
mérite de la nouveauté, tous ceux qui cons-
tituent ce que l’on nomme une (( bonne
plante ». D’abord, c’est une variété très-
robuste, pouvant être plantée sur terre, dru
ou écarté et, de plus, qui blanchit toute
seule, c’est-à-dire naturellement, et sans
Fig. 137. — Céleri plein[blanc d’Amérique
ou White-Plume.
subir ; mais il n’est pas douteux que, pro-
chainement, le contraire aura lieu, alors
que ce Céleri sera mieux connu.
Faisons aussi remarquer que, au point
de vue de la culture bourgeoise, le Céleri
blanc d’Amérique est préférable à tout
autre, car, outre les qualités que nous
venons de faire ressortir, il présente cet
autre avantage qu’on peut le consommer
dès le commencement de septembre.
Au lieu de l’enjauger, sa rusticité est
telle, que l’on peut se borner à l’abriter
contre les très-fortes gelées, ce qui permet,
550 EMPLOI DU SULFATE DE CUIVRE CONTRE LA MALADIE DES POMMES DE TERRE.
sans aucun travail, pour ainsi dire, d’en
arracher les pieds au fur et à mesure du
besoin pour la consommation journalière.
Aussi cette variété est-elle à recommander
aux propriétaires et aux fermiers.
En terminant rappelons que, bien que
ces Céleris soient panachés et puissent
être regardés comme des plantes écono-
miques , ornementales et culinaires , ils
sont cependant très-différents tant par leur
aspect que par leur vigueur. Ainsi, tandis
que le Céleri Chemin , étroitement dressé et
relativement nain, a les côtes d’un jaune
d’ivoire et les feuilles panachées, striées de
jaune et de vert, le White Plume est très-
vigoureux, forme d’énormes touffes, assez
élevées, à côtes d’un beau blanc. Cette pa-
nachure des feuilles constitue une belle
plante ornementale qui, isolée, produit un
joli effet décoratif. E.-A. Carrière.
EMPLOI DU SULFATE DE CUIVRE
CONTRE LA MALADIE DES POMMES DE TERRE
Un de nos abonnés nous a écrit la lettre
suivante, qui mérite toute l’attention de
nos lecteurs, parce qu’elle montre que les
instructions précédemment données dans la
Revue horticole, pour le traitement de la
maladie des Pommes de terre par le sulfate
de cuivre, ont pu être mal comprises. Il
importe de faire cesser toute équivoque à ce
sujet, parce qu’il pourrait en résulter de
grands dommages dans les récoltes.
Voici ce que nous écrit notre abonné :
La Revue horticole du 16 septembre dernier
(page 411) mentionne le traitement professé
par M. Prillieux contre la maladie de la Pomme
de terre. Un des membres de la Société d’hor-
ticulture d’Ille-et-Vilaine a employé une dose
beaucoup plus petite de sulfate de cuivre
(2 kil. pour 100 litres d’eau au lieu de 6 kil.
proposés) ; il a détruit, dit-il, ses Pommes de
terre, ainsi que les Tomates sur lesquelles il a
essayé la même solution.
Voudriez-vous nous donner quelques rensei-
gnements sur la manière d’opérer? Doit-on
arroser les plantes avec un arrosoir, ou les
mouille-t-on seulement avec une seringue ?
Emploie-t-on la solution pure ou étendue
d’eau ? Pêche,
Secrétaire de la Société d’horticulture
d’Ille-et-Vilaine.
L’erreur commise par l’expérimentateur
dont parle notre correspondant vient, sans
doute, de ce qu’il aura employé la solution
de sulfate de cuivfe, sans avoir fait au
préalable le mélange avec la chaux. Dans
ces conditions il devait infailliblement tuer
ses plaritës. Il faut absolument mélanger
le sulfate de cuivre à la chaux dans les pro-
portions indiquées, soit 6 kil. sulfate de
cuivre et 6 kil. de chaux dans 100 litres
d’eau.
Et encore faut-il, pour opérer le mélange,
agir d’une certaine façon. Il ne faut pas se
contenter, par exemple, de mettre dans
l’eau le sulfate de cuivre et la chaux ; on
n’obtiendrait ainsi que de très-mauvais ré-
sultats. Voici, d’après les instructions pu-
bliées par M. Millardet, pour la fabrication
de la bouillie bordelaise, comment il faut
procéder :
D’une part, on fait fondre les 6 kilogr. de
sulfate de cuivre dans 88 litres d’eau envi-
ron, en se servant pour cela d’un cuvier en
bois ou en grès. — D’autre part, on place
dans un autre récipient les 6 kilogr. de
chaux vive et on y verse peu à peu et
très-lentement 12 litres d’eau. Il se forme
un lait de chaux que l’on remue avec un
bâton, en ayant soin de bien écraser les
grumeaux qui ont pu se former.
La chaux en fusant dans l’eau dégage
beaucoup de chaleur. Lorsque le lait de
chaux est complètement refroidi , on le
verse tout doucement dans la solution de
sulfate de cuivre en ayant soin d’agiter le
mélange. On obtient ainsi une bouillie peu
épaisse qui doit avoir une belle couleur
bleu de ciel, si le sulfate de cuivre employé
est bien pur.
En opérant ainsi le mélange du sulfate
de cuivre et de la chaux, il se forme un
sulfate de chaux (plâtre) et un hydrate
d’oxyde de cuivre, dans des proportions
qui rendent le mélange sans danger pour
les plantes, tandis qu’il tue le Champignon
microscopique de la Pomme de terre (Pe-
ronospora infestans).
Enfin, il faut bien se garder d’arroser les
plantes avec un arrosoir : la solution arri-
verait ainsi aux racines et tuerait les
plantes. Dès qu’apparaît la maladie de la
Pomme de terre, il faut fout simplement
serin guer légèrement les feuilles avec Un
pulvérisateur quelconque. A. Lesne.
LISTE DES RÉCOMPENSES DE L’EXPOSITION D’AUTOMNE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE. 551
LISTE DES RÉCOMPENSES
DE L’EXPOSITION D’AUTOMNE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE
DE FRANCE
FRUITS.
Arthus, 23, rue Richer, Paris. — Gr. méd.
arg. (corbeille de fruits).
Baltet frères, pépiniéristes, à Troyes (Aube).
— Méd. verm. (fruits à cidre).
Battut, 18, rue Quincampoix, Paris. — Méd.
argent (Pommes) ; méd. br. (Poires).
Berthault (Vincent), jardinier chez M. For-
geot, 140, rue de la Maladrerie, à Vincennes
(Seine). — Gr. méd. verm. (Pommes).
Berthomié, àÉpinay-sur-Orge (Seine-et-Oise).
— Méd. arg. (corbeille de fruits) ; méd. br.
(Pommes).
Bourgeois (Amable), 19, rue Chaude, à
Chambourcy (Seine-et-Oise). — Méd. verm. (cor-
beille de fruits); gr. méd. arg. (Poires); méd.
br. (Pommes).
Brunau et Jost, 106, Grande-Rue, à Bourg-
la-Reine (Seine). — Gr. méd. verm. (fruits de
saison); méd. br. (corbeille de fruits).
Chevalier (Georges), arboriculteur, 16, rue
Pépin, à Montreuil (Seine). — Deux méd. arg.
(Poires, Pommes).
Chommet, jardinier au château de Moignan-
ville, par Gironville (Seine-et-Oise). — Gr. méd.
arg. (Poires).
Collas, 19, rue Centrale, à Argenteuil (Seine-
et-Oise). — Méd. verm. (corbeille de fruits) ; méd.
br. (Poires).
Cousin, horticulteur au Gros-Orme, à Genne-
villiers (Seine). — Méd. arg. (Chasselas doré).
Crapotte, viticulteur à Conflans-Sainte-Hono-
rine (Seine-et-Oise). — Méd. verm. (Chasselas
doré).
Gremont aîné, horticulteur à Sarcelles
(Seine-et-Oise). — Gr. méd. verm. (Ananas, con-
cours imprévu).
Duchemin, 32, rue de l’Asile, à Saint-Germain-
en-Laye. (Seine-et-Oise). — Gr. méd. arg. (cor-
beille de fruits); 2 méd. br. (Poires, Pommes).
Gauthier, horticulteur, 11, rue Bossuet, à
Meaux (Seine-et-Marne). — Méd. arg. (Poires).
Isabeth, jardinier, château de Courcelles, par
Presles (Seine-et-Oise). — Deux méd. arg. (Poires,
Pommes).
Jamet (Hippolyte fils), cultivateur à Cham-
bourcy (Seine-et-Oise). — Méd. or (corbeille de
fruits) ; méd. verm. (Poires).
Jamin (Ferd.), pépiniériste à Bourg-la-Reine).
— Félications très-vives pour les cinquante-quatre
corbeilles de fruits.
Jost (voir Brunau).
Jourdain père, cultivateur à Maurecourt
(Seine-et-Oise). — Méd. br. (corbeille de fruits).
Krasensky, pépiniériste à Montlignon (Seine-
et-Oise). — Deux gr. méd. arg. (Poires, Pommes);
méd. arg. (corbeille de fruits).
Laplace, à Châtillon-sous-Bagneux (Seine). —
Méd. arg. (Poires).
Lefort (Édouard), à Meaux (Seine-et-Marne).
— Gr. méd. arg. (Pommes) ; méd. arg. (Poires).
Lepère (Alexis), arboriculteur, 25, rue Alexis-
Lepère, à Montreuil (Seine). — Méd. verm. (cor-
beille de fruits).
Lepère, 19, rue de Villiers, à Montreuil (Seine).
— Méd. or (corbeille de fruits).
Maurice, au château du Loir (Sarthe). —
Méd. arg. (fruits à cidre).
Mauvoisin, 14, chaussée du Pont, à Boulogne
(Seine). — Deux gr. méd. arg. (Poires, corbeille de
fruits).
Pol Fondeur, à Viry, par Chauny (Aisne). —
Méd. verm. (fruits à cidre).
Salomon, viticulteur, à Thomery (Seine-et-
Marne). — Méd. or (Raisins de table).
Têtard, arboriculteur, 15, rue de Paris, à
Groslay (Seine-et-Marne). — Deux gr. méd. arg.
(Poires, Pommes) ; méd. arg. (corbeille de fruits).
CHRYSANTHÈMES.
Boutreux, horticulteur, 85, route de Paris, à
Montreuil (Seine). — Gr. méd. arg. (plantes en
pot).
Bridier (Maxime), horticulteur à Orléans
(Loiret). — Méd. br. (fleurs coupées).
Crawskay (Walter), au château de Chesnay,
par Fourchambault (Nièvre). — Gr. méd. arg.
(fleurs coupées).
Delaville (Léon), marchand grainier, 2, quai
de la Mégisserie, Paris. — Méd. arg. (fleurs
coupées).
Delaux (Simon), horticulteur, à Saint-Martin-
du-Touche, près Toulouse (Haute-Garonne). —
Méd. arg. (fleurs coupées) ; 3 méd. br. (fleurs
coupées et variétés nouvelles).
Dubois (Arthur), horticulteur à Argenteuil
(Seine-et-Oise). — Méd. br. (fleurs coupées).
Dupanloup, marchand grainier, 14, quai de
la Mégisserie, Paris. — Méd arg. (fleurs en pot) ;
2 méd. br. (belle culture et fleurs coupées).
Forgeot et Cie, marchands grainiers, 8, quai
de la Mégisserie, Paris. — Méd. verm. (fleurs
coupées).
Lamare, horticulteur à Baveux (Calvados). —
Méd. br. (fleurs coupées).
Lerozier, jardinier chez M. Villard, à Hyères
(Var). — Méd. br. (variétés nouvelles).
Levêque (Louis) fils, horticulteur-rosiériste,
69, rue du Liégat, à Ivry-sur-Seine (Seine). — Méd.
or (fleurs en pot) ; gr. méd. arg. (fleurs coupées);
2 méd. br. (fleurs en pot et fleurs coupées).
Fhatzer. horticulteur à Roubaix (Nord). — Gr.
méd. arg. (fleurs coupées).
Reydellet (de), à Valence (Drôme). — Méd.
arg. (variétés nouvelles).
Sautel, horticulteur à Salans (Bouches-du-
Rhône). — Gr. méd. arg. (variétés nouvelles).
Vack, jardinier chez Mme Desforges, à Fon-
tenay-aux-Roses (Seine). — Méd. br. (bouquets).
Vandroth, horticulteur, faubourg Saint-Éloi,
près Douai (Nord). — Méd. arg. (fleurs coupées).
Yvon, horticulteur, route de Paris, à Malakoff
(Seine). — Méd. verm. (fleurs en pot).
552 PLANTES NOUVELLES, DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES.
REVUE DES PLANTES NOUVELLES
DÉCRITES Oü FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES
Crassula rhomboidea , N. E. Brown. —
Crassulacées (Gard. Chron ., 1886, v. 2, p. 712).
Transvaal. — Fleurs petites en cime, couleur
chair. Plante sans grand mérite ornemental.
Gonioscypha Eucomioides , Baker. — Lilia-
cées (G. C ., 1886, v. 2, p. 744). — Cette plante,
très-rare, vient d’être introduite vivante en An-
gleterre. Acaule : feuilles de 30 à 40 en ro-
sette, lancéolées, rigides, aiguillonnées sur les •
bords. Fleurs en épis distiques formant une
panicule ample et dense, d’un vert sombre.
Divisions du périanthe aussi longues que le
tube, étalées, arrondies, épaissies et tronquées
au sommet, mucronées.
Cypripedium præstcins , Rchb. f. — Orchi-
dées (G. G., 1886, v. 2, p. 776). Papouasie. —
Feuilles assez semblables à celles des C. lævi-
gat.um et C. Robelini ; pédoncule très-robuste,
couvert de poils noirs courts. Inflorescence de
5 fleurs environ presque aussi grandes que
dans le C. grande , jaunes striées de brun
foncé sur les sépales.
Anthurium punctatum , N. E. Brown. —
Aroïdées (G. C., 1886, v. 2, p. 809). Ecuador. —
Cette espèce appartient au groupe des A. Har-
risii et A. Barkeri. Pétiole long de 10 à 15 cen-
timètres, un peu comprimé. Limbe de 40 à
50 centimètres de long ordinairement, de 9
à 10 centimètres de large dans les feuilles
adultes, allongé-oblong, subitement aigu au
sommet ou obtus, mucroné, vert sombre en
dessus, plus pâle en dessous, marqué de très
nombreux points blancs, d’où son nom. Pédon-
cule de 30 à 40 centimètres de long. Spathe
étalée ou réfléchie del0à !2 centimètres de long,
linéaire-oblongue, acuminée, cuspidée, à bords
réfléchis ou enroulés, rougeâtre en dessus,
verte en dessous. Spadice de 20 à 25 centimètres
de long, vert plus ou moins sombre, suivant
l’âge de la plante.
Dendrobium bracteosum , Rchb. f. — Or-
chidées (G. C ., 1886, v. 2, p. 809). Papouasie.
— Grappes densiflores capitées, sépales trian-
gulaires contractés au-dessous du sommet. Pé-
tales ligulés-aigus. Labelle presque spathulé,
un peu convexe à la partie supérieure, beau-
coup plus épais à la base.
Æclimea fiexuosa , Baker. — Broméliacées
(G. C., 1887, v. 1, p. 8). — Cette belle es-
pèce est une des plus grandes de toutes celles
connues. Elle est voisine des Æ. Jenmani et
platynema et est remarquable par ses très
grandes feuilles en forme de corne, sa panicule
lâche avec les derniers rameaux en zigzags et
ses fleurs sessiles, rose pâle lustré.
Cypripedium obscurum , Rchb. f. — Orchi-
dées {G. C ., 1887, v. 1, p. 8). — Hybride dont
l’origine est inconnue. Il a de courtes feuilles
vertes cartilagineuses. Le pédoncule est du
pourpre le plus noir. Sépale supérieur presque
elliptique, blanchâtre, veiné de brun. Sépales
latéraux beaucoup plus courts que le labelle,
blanchâtres, marqués de 10 rangs de taches
pourpres noires. Pétales ligulés, plus larges
au sommet, ciliés, jaune d’ocre sur les bords,
brun au milieu, tachés de brun à la base. La-
belle du C. villosum , d’un brun pourpre foncé,
jaune d’ocre en dessous avec des taches brunes.
Cypripedium planerum , Rchb. f. — Orchi-
dées (G. C., 1887, v. 1, p. 40). — Nouvel
hybride. Feuilles du C. venustum. Pédoncule
rouge brun, avec des poils courts mauve. Sé-
pale supérieur presque triangulaire, blanchâtre,
avec des nervures vert foncé. Sépales latéraux
blancs, avec 7 nervures vertes. Pétales plus
larges au sommet, aigus. Labelle du C. pur-
puratum , ayant de chaque côté un mucron en
forme de petite corne.
Angræcum avicularium , Rchb. f. (G. C.,
1887, v. 1, p. 40). — Orchidées. Fleurs
blanches en grappe. Les anthères et le rostel-
lum figurant une tête d’oiseau ont valu son
nom â cette plante.
A. colliger um , Rchb. f. (G. C ., 1887, v. 2,
p. 552). — Ses fleurs, à éperon long et grêle,
à pétales et à sépales aigus, égalent environ
celles de VA. Ellisii.
A. ichneumoneum , Lindl. (C. C.,1837, v. 2,
p. 681). — Fleurs d’un blanc jaunâtre en
longue grappe lâche. Originaire de l’Afrique
tropicale.
A. imbricatum, Lindl. (G. C ., 1887, v. 1,
p. 15). — Remarquable par ses grappes de
fleurs blanc crème, jaunes sur le labelle, à odeur
suave.
Anguloa Ruckeri , var. media , Rchb. f. (L.
v. 2, p. 13, pl. 53). — Orchidées. Fleurs jaunes
tachées de rouge cramoisi. Cette belle variété
est originaire de Colombie.
Anselia confusa , N.-E. Br. (L., v. 2, p. 36).
Orchidées. — Voisin de A. af ricana ^ avec le-
quel il a été confondu.
Anthurium acutum , N.-E. Br. (G. G.,
1887, v. 2, p. 776). — Aroïdées. Espèce de
0m30 de haut, à spathe réfléchie de 5 à 6 centi-
mètres, à spadice vert sombre de 7 à 8 centi-
mètres.
A. brevilobum, N.-E. Br. (G. C., 1887, v. 1,
p. 380). — Feuilles en cœur de 25 centi-
mètres; spathe pourpre, étroite; spadice grêle,
brun foncé.
A. purpureum , N.-E. Br. (G. G., 1887,
v. 1, p. 575). — Spathe allongée, étroite,
pourpre sur les deux faces ; spadice atteignant
15 centimètres, d’un beau violet pourpre. Ori-
ginaire du Brésil. Ed. André.
U Administrateur-Gérant : L. Bourguignon.
Imp. Georges Jacob , — Orléans.
CHRONIQUE HORTICOLE.
553
CHRONIQUE HORTICOLE
Exposition de Chrysanthèmes à Roubaix. — Nouveau mode de greffage de la Vigne. — Couverture
hivernale des plantes délicates. — Conservation des fleurs coupées de Chrysanthèmes. — Héliotrope
d hiver. — Un Brugnonnier se transformant en Pêcher. — Chrysanthèmes cultivés en boules,
parasols, etc. — Le nombre des variétés de Chrysanthèmes actuellement dénommées. — Floraison en
plein air du Dracœna australis, en Irlande. — Eriocoma cuspidata. — Lespedeza striata. —
Tuteurage des arbres nouvellement plantés. — Rusticité de Y Eucalyptus urnigera. — Utilisation,
pour la fabrication du tan, de l’écorce du Tsuga canadensis. — Les arbres de Noël. — Les concours
de vergers en Belgique. — Produits monstrueux. — Un catalogue horticole d'il y a cent ans. — Céleri
à feuille de Fougère. — The English Apple and Fruit-growing Company. — Rectification.
Exposition de Chrysanthèmes à Rou-
baix. — Ainsi que cela était facile à prévoir,
l’exposition spéciale de Pioubaix a eu un
grand succès ; presque tous les cultivateurs
dont nous avons pu admirer les produits à
Paris avaient envoyé là-bas d’aussi beaux
spécimens de leurs collections. Les lauréats
des deux prix d’honneur ont été M. Anatole
Cordonnier, l’amateur bien connu, et
M. Phatzer, horticulteur à Roubaix.
Une heureuse innovation constatée à cette
exposition, c’est que les fleurs, au lieu
d’être placées dans des bouteilles rangées
elles-mêmes sur des tables, étaient piquées
dans des sortes de plates-bandes de tannée
qui faisaient considérablement ressortir la
beauté des coloris.
On doit reconnaître que c’est à M. A. Cor-
donnier qu’est dû en grande partie le pro-
grès acquis dans le Nord, pour la culture
des Chrysanthèmes. Nous avons été heureux
de constater, lors de l’exposition spéciale de
Paris, le 22 novembre dernier, que les
membres du jury, dont faisait partie M. Cor-
donnier, lui ont à l’unanimité donné la
présidence.
Nouveau mode de greffage de laVigne.
— Dans la séance du 21 novembre de la
Société nationale d’horticulture, M. Pril-
lieux a présenté, au nom de MM. Rouchon
et Vidal, de Sury-le-Comtal (Loire), une note
relative à un nouveau système de greffage
de la Vigne. C’est, en résumé, une greffe
anglaise par approche, faite au moyen de
deux sarments, l’un de Vigne française,
l’autre de Vigne américaine, et longs chacun
de 45 à 50 centimètres.
Au-dessous de la greffe on supprime, sur
les deux sarments, tous les yeux avant la
plantation; on enlève, en outre, un peu
d’écorce autour des nœuds inférieurs pour
faciliter l’enracinement et on plante la greffe
ainsi préparée, en prenant soin que la par tie
16 Décembre 1888.
ligaturée soit enfouie, et recouverte de 4 ou
5 centimètres de terre.
Dans le cours de la première année de
plantation on pince les bourgeons qui se
développent sur le pied américain, pour su-
bordonner sa végétation à celle du pied
français. La seconde année, la soudure est
complète et l’on supprime toute la partie du
pied américain qui se trouve au-dessus de
la greffe; l’ablation de la partie du pied
français qui se trouve au-dessous de la greffe
est facultatif, mais non nécessaire, parce
que le pied américain prend très rapide-
ment le dessus.
R paraît que ce mode de greffage donne
une moyenne de réussite bien supérieure à
celle que l’on obtient par tous les autres pro-
cédés.
Couverture hivernale des plantes dé-
licates. — Certaines plantes ne peuvent
passer l’hiver en pleine terre qu’à condi-
tion d’être garanties, contre les gelées, par
un lit de feuilles sèches ou de fumier. Cette
sorte de couverture est désagréable à la vue ;
en outre, si l’on emploie des feuilles, le
moindre courant d’air en disperse une par-
tie, ce qui empêche de conserver aux jardins
toute la propreté désirable.
Nous avons remarqué tout récemment en
Suisse, à Râle notamment, un procédé très-
ingénieux pour parer à cet inconvénient.
On sait que, dans les contrées du Nord et de
l’Est de l’Europe, à partir de la Suisse, on
est obligé de garantir les Rosiers, même les
variétés dites hybrides remontants , contre
les froids, en les couchant sur le sol et
quelquefois même en les enterrant.
Dans le premier cas, apçès que les plantes
sont appliquées et maintenues sur le sol à
l’aide de fourches piquées en terre, on les
recouvre d’une couche de feuilles ou de fu-
mier, puis on place régulièrement, par-
dessus le tout, un lit de rameaux de Sapin
24
554
CHRONIQUE HORTICOLE.
argenté ( Abies pectinata ), dont la partie
verte est tournée en dessus et que l’on fixe
au-dessus de la corbeille ou de la plate-
bande, au moyen d’osier ou de fds de fer
dissimulés dans la verdure.
La garniture employée, fumier ou feuille,
est ainsi maintenue, et le feuillage des ra-
meaux résineux se maintient vert presque
jusqu’au retour du printemps.
En outre, les rameaux augmentent en-
core l’enveloppe protectrice de toute leur
épaisseur.
Conservation des fleurs coupées de
Chrysanthèmes. — On sait de quelle im-
portance il peut être souvent de parvenir à
prolonger autant que possible la durée des
fleurs coupées de Chrysanthèmes ou de
toutes autres plantes. Ce résultat, journelle-
ment utile pour les bouquets, l’est davan-
tage encore pour les fleurs envoyées aux
expositions, comités, etc.
En ce qui concerne les Chrysanthèmes,
un amateur anglais bien connu, M. Moly-
neux, vient de publier sur ce sujet, dans le
Garden, quelques notes que nous faisons
connaître à nos lecteurs.
Les fleurs doivent être coupées alors
qu’elles sont complètement développées, et
en leur laissant une pédoncule long au
moins de 30 centimètres, de manière
qu’une partie de ce pédoncule puisse être
coupée chaque jour, sans qu’il en soit trop
raccourci. On met immédiatement les fleurs
(le pédoncule bien entendu) dans de l’eau
salée, la proportion du sel devant être à peu
près d’une petite cuillerée abouche pour un
litre d’eau. Si possible, ces fleurs seront
placées, en attendant le moment d’expédi-
tion, dans une chambre froide, obscure et
où l’atmosphère devra être tenue fraîche.
Les variétés de Chrysanthèmes dont les
fleurs se flétrissent le plus rapidement sont
celles dont la couleur est la plus foncée:
rouge, marron, bronze, lilas foncé, etc. Les
autres, c’est-à-dire celles qui ont des tons
pâles, blancs, jaunes, roses, etc., se tiennent
fraîches plus longtemps.
Héliotrope d’hiver. — En jardinage
on peut, bien souvent, avec un peu de pré-
visions et de soins, obtenir des résultats
très-heureux ; c’est à cela, du reste, que
l’on reconnaît l’expérience des cultivateurs.
Voilà, par exemple, le Tussilage fràgrans,
cette plante indigène de notre Midi, vulgai-
rement appelée « Héliotrope d’hiver » à
"cause du délicieux parfum que répandent
ses fleurs, dont l’épanouissement, à lieu, en
pleine terre, du commencement de décem-
bre à la fin de janvier. Eh bien, il suffit, au
commencement de l’hiver, d’en relever quel-
ques pieds en mottes et de les empoter, pour
pouvoir, pendant la saison froide, embau-
mer les serres, jardins d’hiver, orangeries,
et aussi les appartements.
L’Héliotrope d’hiver est une plante très-
vigoureuse, on pourrait même lui faire le
reproche de franchir assez rapidement les
terrains qu’on lui assigne. Il faut donc le
localiser, et c’est le moyen que l’un de nous
a employé dans son parc de Lacroix, en
plaçant une sorte de plate-bande de T. fra-
grans entre' une allée et un cours d’eau,
qui forment de chaque côté une barrière
infranchissable pour les rejets de ces
plantes.
Un Brugnonnier se transformant en
Pêcher. — Un fait intéressant a été si-
gnalé au Comité d’arboriculture fruitière de
la Société nationale d’horticulture, par
M. Lapierre, pépiniériste à Montrouge. Un
Brugnonnier, appartenant à la variété Lord
Napier , a cessé cette année de produire
des Brugnons, et n’a donné que des Pêches.
M. Ferdinand Jamin a ajouté à cette obser-
vation qu’il y a quelques années un fait
semblable s’est produit dans ses cultures
pour un Brugnonnier de la variété Newing-
ton Early, qui, sans cause connue, est
brusquement devenu un Pêcher ordinaire.
La limite entre ces deux sections est si
faiblement marquée, d’ailleurs, qu’on voit
parfois quelques Pêches prendre naissance
isolément sur des Brugnonniers, et aussi
en semant des noyaux de Brugnons l’on ob-
tient toujours quelques Pêchers.
Chrysanthèmes cultivés en boules,
parasols, etc. — On remarquait beaucoup,
à l’exposition de Chrysanthèmes qui a eu
lieu à Londres en novembre dernier, des
exemplaires cultivés sur tige unique et
dirigés, au moyen de fils de fer, en boules,
parasols et autres formes à peu près sem-
blables.
Les variétés qui se prêtent le mieux à
cette culture sont : Elaine, Docteur Sharp ,
Margot, Source d’or , Madame Berthier-
Rendatler et Madame Remerier.
C’est une attraction de plus pour ces
jolies plantes, et les spécimens ainsi pré-
parés seront surtout utiles dans les exposi-
tions spéciales pour faire diversion à la
régularité constante des plates-bandes de
CHRONIQUE HORTICOLE.
555
fleurs coupées ainsi que des massifs de
touffes fleuries.
Le nombre des variétés de Chrysan-
thèmes actuellement dénommées. —
Un des résultats de l’extension de la cul-
ture des Chrysanthèmes a été de multiplier,
presque à l’infini, le nombre des variétés
dénommées.
Pour en donner une idée, il suffira de
citer ce fait que récemment, à Londres,
2,300 variétés ont été soumises à l’examen
du public et du jury, dans les jardins de la
Société royale d’horticulture de Londres.
Les Chrysanthèmes se prêtent, plus que
n’importe quelle autre plante, à la multipli-
cité des formes ou variétés; mais, dans un
nombre aussi grand que celui que nous ve-
nons d’indiquer, on pourrait certainement
éliminer au moins les neuf dixièmes, tout
en conservant les meilleures variétés de
chaque type.
Floraison en plein air du Dracæna
australis, en Irlande. — Voici un nouveau
fait qui montre la douceur du climat dans
le Royaume-Uni. Cette température relati-
vement élevée, dont les effets se font sentir
sur notre littoral atlantique, en Bretagne et
en Normandie, est due, on le sait, au Gulf-
Stream, ce courant chaud du Mexique qui
traverse l’Océan dans une direction con-
tournée toujours la même, et qui entoure
les Iles Britanniques d’une ceinture ré-
chauffante.
Le fait en question se rapporte à un Dra-
cæna australis qui, planté en pleine terre,
depuis sept ans, dans un jardin situé près
de Cork (Irlande), atteint maintenant une
hauteur de 5 mètres, et a produit der-
nièrement une belle inflorescence haute de
1 m 20 sur 1 mètre de largeur. Cette florai-
son a duré plus de deux mois.
Depuis longtemps déjà on signale des
floraisons de ce genre dans les îles de la
Manche, de même que dans notre pres-
qu’île normande. Mais, plus au nord, le fait
est rare, et ce qui arrive chaque année sur
le littoral méditerranéen, dans tous les jar-
dins, prend ici, à cause de la latitude, un
intérêt exceptionnel.
Eriocoma cuspidata. — Encore une
plante fourragère pour terrains secs, dont
l’acclimatation est à essayer. Le Lyon hor-
ticole nous apprend que la Chambre de
commerce de San-Francisco (Californie) a
envoyé à celle d’Udine (Italie) un stock de
graines à’ Eriocoma cuspidata , plante qui
croît, paraît-il, aussi bien dans les terres
arides et sèches, sur les montagnes du Colo-
rado, que dans les plaines du Wyoming.
Elle apparaît à la suite des pluies, et se
maintient fraîche très-longtemps. On l’em-
ploie avec succès à l’engraissement de toute
espèce d’animaux.
Lespedeza striata. — Nous avons fait
connaître les résultats peu favorables obte-
nus par M. Naudin, à Antibes, dans ses
essais de culture de cette Légumineuse four-
ragère. De bien meilleurs renseignements
sont parvenus d’Algérie. M. Gagnaire, pro-
fesseur de botanique à Rouïba, a obtenu
un succès complet dans la culture de la
même plante. Les graines semées à deux
reprises au printemps ont donné des plantes
vigoureuses, dont se sont montrés fort avides
les chevaux, les vaches et les moutons.
Ce sont là des indications précieuses
qu’il convient de faire connaître à tous les
intéressés, en leur conseillant de ne pas
conclure par des faits isolés, et de continuer
la série des expériences.
Tuteurage des arbres nouvellement
plantés. — On ne saurait trop répéter que le
tuteurage des arbres à haute tige, nouvelle-
ment transplantés, doit avoir lieu aussitôt
que cette opération est faite. Bien des procé-
dés ont été indiqués, et la Revue horticole
en a décrit plusieurs.
M. Em. Rodigas recommande, dans le
Bulletin d’arboriculture, de Gand, d’em-
ployer des tuteurs ne dépassant que de
60 centimètres environ la surface du sol,
après leur enfoncement.
Chaque piquet ou tuteur étant solidement
attaché à l’arbre qu’il doit maintenir, celui-
ci pourra, dans sa partie supérieure, s’in-
cliner sous l’effort du vent, sans que la base
de l’arbre, son collet et ses racines se
meuvent d’une manière appréciable.
Le procédé recommandé par notre con-
frère ne nous paraît pas exempt de dangers.
Il y aurait, en tous cas, de graves inconvé-
nients à l’employer pour les essences d’ar-
bres fragiles, et nous avons vu fréquem-
ment des arbres ainsi tuteurés trop bas qui
se brisaient net au premier coup de vent
un peu violent.
Rusticité de l’Eucalyptus urnigera. —
La Revue horticole a récemment parlé de
la rusticité de cette espèce. Voici de nou-
velles indications que nous trouvons dans
556
CHRONIQUE HORTICOLE.
le Lyon horticole, et qui confirment ce qui
a été dit précédemment :
M. Taîms, horticulteur à Alais (Gard),
sema, en 1878, en pot, des graines d 'Eu-
calyptus urnigera et en obtint un exem-
plaire qui fut abandonné, pendant cinq ans,
et toujours en pot, dans un coin du jar-
din. En 1883, époque où cet Eucalyptus
fut mis en pleine terre, il n’avait que lm 50
de hauteur. A côté de cet exemplaire étaient
plantés, dans les mêmes conditions, des
Fusains, des Lauriers-Tins, qui gelèrent
l’hiver dernier, en même temps d’ailleurs
que des Eucalyptus Globulus, coriacea et
amygdalina, tandis que lui résista complè-
tement au froid.
Cet arbre mesure aujourd’hui 44 centi-
mètres de circonférence à 1 mètre du sol,
et l’on n’a jamais eu besoin de le tuteurer
pour le maintenir droit.
Utilisation, pour la fabrication du
tan, de l’écorce du Tsuga canadensis.
— Un des arbres résineux dont le port est
le plus élégant, le mieux caractérisé, est
bien évidemment le Tsuga canadensis
(. Hemlock Spruce), dont les rameaux éta-
lés-retombants sont abondamment garnis de
petites feuilles vert foncé en dessus, argen-
tées en dessous.
Cet arbre forme, aux États-Unis, des fo-
rêts immenses, réparties sur une surface de
4 millions d’hectares et qui sont exploitées
pour la préparation du tan.
Le prix de la tonne d’écorce de Tsuga
canadensis est, là-bas, de 18 fr. 75 en
moyenne, tandis que celui de la tonne d’é-
corce de Chêne est habituellement de
150 francs environ. Le Garden , à qui nous
empruntons ces indications, prévoit que ce
bon marché du tan, ainsi que l’abondance
des cuirs non préparés, en Amérique, por-
tera un préjudice considérable au commerce
anglais des cuirs.
Les arbres de Noël. — Nous allons bien-
tôt voir apparaître, sur nos marchés aux
Heurs, les Épicéas destinés aux fêtes de
Noël.
A qui n’est-il pas arrivé, en voyant ces
arbres de toutes grandeurs, choisis parmi
les plus beaux, d’éprouver un sentiment de
regret à la pensée qu’ils sont sacrifiés, et
qu’à peine débarrassés des jouets qu’ils
vont recevoir, ils seront convertis en bour-
rées?
Le nombre d’arbres qui sont ainsi dé-
truits, chaque] année, est considérable. Là
encore, les États-Unis d’Amérique viennent
en tête. En effet, le Garden and Forest
nous apprend que l’an passé un seul com-
merçant du New-England a vendu plus de
10,000 Épicéas destinés à être convertis en
Christmas-trees ; à ce chiffre viennent s’a-
jouter, pour ce qui concerne l’horticulture,
2,500 mètres de tresses végétales pour con-
fectionner des guirlandes et couronnes, et
800 bottes de rameaux de plantes à feuillage
persistant.
Les dimensions de ces Épicéas variaient
depuis les plus minimes jusqu’à 8 et
10 mètres de hauteur. Le prix, dans ces
dernières conditions, s’élevait de 100àl50fr.
C’est là un débouché important pour les
pépiniéristes, et, malgré le regret que l’on
peut avoir à propos de la destruction de
jeunes arbres en belle venue, il serait dési-
rable que nous ayons en France une vente
équivalente pour les arbres de Noël.
Les concours de vergers en Belgique.
— La Société agricole de la Flandre occi-
dentale a institué, pour cette province, des
concours de vergers, qui sont certainement
d’une grande utilité pour le perfectionne-
ment de la culture en grand des arbres
fruitiers.
Afin de stimuler le zèle des cultivateurs,
les organisateurs de ce concours ont fondé
des prix importants, variant de 50 à 500
francs, et à chacun de ces prix est adjointe
une médaille de vermeil.
Tout récemment, 88 vergers ont été visi-
tés par la Commission d’examen et de ré-
compenses, et quinze des concurrents ont
été primés.
Un des résultats utiles de ces concours,
c’est que, dès cette année, M. F. Burvenich
père rédigera le rapport des travaux de la
Commission d’examen, et fera ressortir les
progrès réalisés par certains cultivateurs,
ainsi que les défauts constatés par le jury.
Produits monstrueux. — Nos lecteurs
ont pu remarquer, dans le précédent nu-
méro de la Revue horticole, la dimension
surprenante d’un Chou présenté à la Société
nationale d’horticulture de France.
Il est regrettable que l’on n’ait pu expo-
ser en même temps deux produits maraî-
chers, qui sont signalés de Belgique, et qui
étaient dignes de figurer à côté du Chou en
question.
Il s’agit d’abord d’une Carotte, exposée à
Waeregcm (Flandre oocidentale) et qui me-
surait lm 45 de longueur, puis d’un Navet,
CHRONIQUE HORTICOLE.
557
récolté à Beveren-lez-Harlebeke, dans la
même province, et dont la circontérence dé-
passait 1 mètre.
Si ces trois légumes avaient été réunis,
ils auraient suffi à former les éléments d’un
potage pantagruélique.
Un catalogue d’il y a cent ans. —
Nous venons de recevoir une petite bro-
chure intéressante. C’est la réédition
faite par M. Ausseur-Sertier, pépiniériste
à Lieusaint, du « Catalogue des Arbres
et Arbrisseaux, Arbustes et Plantes,
élevés par Charles-Thomas Alfroy,
Marchand Pépiniériste a Lieursaint,
route de Fontainebleau, par Melun, a
une lieue de la Seine. » Ce catalogue date
de 1790.
L’énumération des plantes cultivées dans
cette pépinière comprend 208 espèces ou
variétés d’arbres et arbustes d’alignement,
de rapport et d’ornement ; 13 variétés de
Rosiers ; 5 de Raisins de table ; 14 de Ceri-
siers ; 6 d’Abricotiers ; 21 de Pommiers ;
30 de Pêchers et 61 de Poiriers.
Un point digne de remarque, c’est que,
pour les Pêchers et les Pommiers, les va-
riétés citées comprennent la presque tota-
lité et les plus estimées de celles que l’on
cultive aujourd’hui, sauf les Pèches améri-
caines, bien entendu.
Le catalogue se termine par de très-bons
conseils sur la plantation en général. Cette
partie commence ainsi :
« Comme plusieurs Cultivateurs pré-
tendent que l’herbe qui croît au pied des
arbres et jeunes plants leur est utile ,
qu’elle contient et maintient la fraîcheur ,
cette erreur m’oblige à donner quelques
détails svr la manière de former et d’en-
tretenir les plantations... »
Enfin, pour faire savoir aux amateurs
que la livraison de leurs commandes ne
souffrira aucun retard, M. Alfroy leur ap-
prend que « la poste arrive à Lieursaint
trois fois par semaine. »
Céleri à feuille de Fougère. — Cette
intéressante variété, qui a récemment été
décrite dans la Revue horticole, n’est pas,
paraît-il, originaire d’Allemagne, comme
on l’avait dit.
Nous recevons à ce propos une lettre de
MM. Dammann et Cie, marchands grainiers
à San Giovanni de Teduccio (Italie),
revendiquant l’obtention ou l’introduction
de cette forme, qu’ils ont, nous disent-ils,
mise au commerce en 1883.
The English Apple and Fruit-gro-
wing Company. — Nous avons souvent
parlé des cultures immenses qui permettent
aux Américains d’inonder les marchés
d’Europe de leurs fruits conservés. Ayant
signalé le danger qui résulte de cette con-
currence envahissante, nous sommes heu-
reux de constater que l’on commence, en
France, à soutenir la lutte, et que des plan-
tations importantes et très-bien comprises
se font en maints endroits.
Il en est de même en Angleterre, où,
sous la raison sociale que nous avons placée
en tête de cette note, on est en train de for-
mer une société qui s’occupera uniquement
de la culture d’arbres fruitiers et de la
vente de leurs produits.
Le capital social est fixé à 1.250.000 fr.
et divisé en parts de 25 fr l’une. Les di-
recteurs delà Compagnie : MM. C.-J. Heald,
de Brighton; A. -F. Barron, deChiswick;
J. Cheal, de Crawley, et ,T. Roberts, de
Gunnesbury, ont choisi, pour installer les
cultures, un terrain de 300 acres 1 situé
dans le comté de Kent et dont le prix
d’acquisition a été de 184.375 fr.
C’est une entreprise vaste et intéressante,
qui ne peut donner que de très-bons résul-
tats au point de vue financier. Avec les
puissants moyens dont ils disposeront, les
directeurs de cette Compagnie seront en
outre à même d’étudier les différents sys-
tèmes nouveaux de culture à l’air libre ou
forcée et il en résultera pour tout le monde
de précieux enseignements.
Il convient aussi de ne pas oublier que
les plantations de cette société se feront
probablement dans un délai peu éloigné, et
nous signalons ce fait à l’attention des pépi-
niéristes français.
Rectification. — C’est par suite d’une
erreur que la liste que nous avons repro-
duite, dans le numéro du 1er décembre,
des récompenses de l’exposition parisienne
de Chrysanthèmes, indiquait comme ayant
été attribuée à M. Phatzer, horticulteur à
Roubaix, une grande médaille d’argent.
C’est une grande médaille de vermeil qui
lui a été décernée, et cette haute récom-
pense était bien méritée. L’appréciation des
amateurs et du public a ratifié sans réserves
la décision du Jury.
E.-A. Carrière et Ed. André.
1 L’acre anglais correspond à 40 ares 46 cen-
tiares.
558
A PROPOS DES VIGNES CHINOISES.
A PROPOS DES VIGNES CHINOISES
Lorsque, en 1881, avec l’autorisation de
M. l’abbé Armand David, missionnaire La-
zariste, j’ai nommé les Vignes du Ghen-Si
(Chine), dont je venais de recevoir les
graines, je croyais à l’homogénéité des
Vignes sauvages, croissant, les unes sur
le mont de Lao-Yu, les autres sur le mont
de Ho-Chen-Miao. Les premières ont été
appelées Vitis Davidi, les secondes V. Ro-
maneti, et subdivisées plus tard en deux
espèces ou variétés, les V. Romaneti et Pa-
gnucci, cette dernière du nom de l’évêque
franciscain, M»r Pagnucci, qui avait bien
voulu m’envoyer les graines.
Les V. Davidi , Vignes du mont Lao-Yu,
avaient été vues épineuses par M. A. David.
Or, aucune des Vignes venues des
graines expédiées du mont Lao-Yu n’a
encore été épineuse. L’échantillon d’her-
bier reçu du même endroit ne l’était pas
non plus.
Au contraire, l’échantillon d’herbier reçu
du mont Ho-Chen-Miao et les plants
venus de graines reçues, en 1882, du
même endroit, ont une tige et des feuilles
très -velues.
Enfin, les plants venus de graines reçues
du mont Ho-Chen-Miao en 1883, ont pro-
duit uniformément, chez moi, des sujets
dont la tige herbacée est couverte de rugo-
sités pseudo-épineuses, petits aiguillons
courts et peu pointus, et dont les feuilles
ont la queue fournie de petites épines
molles, de forme semblable à celle des
épines de la Ronce.
Des sujets pareils ont poussé chez M. Ca-
plat, à Doucigny, près Alençon.
La même année 1882, j’ai reçu, par envoi
différent, des graines de Vignes du mont
Lao-Yu (V. Davidi) à Raisins rouges, et
d’autres, du même mont Lao-Yu, à Raisins
blancs.
Les premières m’ont donné des sujets
semblables au semis de graines Lao-Yu
de 1881, les autres des sujets à feuilles fort
découpées.
Les Vignes Lao-Yu (F. Davidi), semis
1881 4, m’ont donné des sujets à fleurs her-
(1) D’après M. Planchon (Lettres du
29 août et du 16 octobre 1886) : « Le semis
Lao-Yu (1881) serait le vrai Vitis ficifolia, de
Bunge, confondu à tort jusqu9 ici avec le Vi-
maphrodites et des sujets à fleurs mâles.
Les sujets fertiles ont, en cette année, beau-
coup de fruits.
Les Vignes Ho-Chen-Miao ( V . Roma-
neti, semis 1882, et V. Pagnucci, semis
1881) ne m’ont donné que des sujets mâles.
Les Vignes Ho-Chen-Miao (semis 1883),
à épines molles sur la queue des feuilles et
à rugosités sur le bois, n’ont pas encore
fleuri ; elles sont très-vigoureuses 2.
Je crois que la Vigne épineuse ( Spino -
vitis) existe 3 ; et par ce que j’ai vu, soit
dans mes semis, soit dans les échantillons
d’herbier ou dans les lettres reçues du
Chen-Si, je suis à peu près convaincu
qu’elle est rare sur le Lao-Yu, où M. David
l’a rencontrée, et qu’elle est abondante sur
le Ho-Chen-Miao.
La villosité des sujets provenant du semis
tis Thunbergii. (Opinion confirmée dans une
autre lettre du 1er octobre 1887.)
Lettre de M. Planchon du 7 novembre :
« Vos Raisins de Vitis ficifolia sont bien dis-
tincts de ceux du Vitis Thunbergii. »
Accidentellement les Raisins de cette Vigne
avaient moisi ; j’envoyai alors à M. Planchon
une petite fiole remplie avec le j us de ces Raisins.
Voici la réponse du 24 janvier 1888 : « Il
serait injuste de juger le vin de V. ficifolia
d'après V échantillon envoyé. Le goût de moisi
n'y est évidemment qu'accidentel, mais , en
dehors même de ce défaut , il est à craindre
que le vin en question ne soit pauvre en alcool
et peu agréable au goût. »
(2) Lettre de M. Planchon du 20 sep-
tembre 1887 : « La Vigne du semis 1883 des
graines de Ho-Chen-Miao mérite bien le nom
de Spinovitis à cause des aiguillons (non de
vraies Épines) dont les rameaux sont munis.
Ce même caractère existe dans une Vigne que
je viens de voir vivante du Jardin botanique
de Lyon, qui en tenait les graines d’un mis-
sionnaire. Cette espèce diffère un peu de la
vôtre. »
(3) Lettre de M. Planchon du 15 mars 1888 :
« Je tiens enfin le fameux Spinovitis, le vrai,
celui que M. l’abbé Armand David a reconnu
lui-même pour être sa plante. Je l’ai vue au
Muséum avec d’autres Ampélidées curieuses
récoltées à I-Cliang, sur le fleuve Bleu, par un
Anglais, M. Henry, et communiquées au
Muséum par l'herbier de Kew.
« J'ai vu là trois Vignes à ramuscules
hérissés d'aiguillons, de véritables Vignes-
Ronces • »
DÉCORATION FLORALE DES TABLES DE REPAS EN ANGLETERRE.
559
(1882) de graines Ho-Chen-Miao me semble
dérivée des épines des sujets Ho-Chen-Miao
du semis 1883, ou même des épines d’une
Vigne plus réellement épineuse ; c’est ainsi
que les aiguilles plus ou moins molles du
Framboisier dérivent des épines recourbées
de la Pionce1.
Je crois de même que la lanuginosité qui
enveloppe la tige de la Vigne Lao-Yu (se-
mis 1881) est un dérivé plus éloigné des
épines. Enfin, je ne sais si je commets une
hérésie botanique, mais il me semble que la
Vigne a du originairement être épineuse.
Je me fonde sur ce que la plupart des
Vignes sauvages ont les nervures de leurs
feuilles terminées par une légère épine,
comme la feuille de la Ronce.
Fréd. Romanet du Caillaud.
DÉCORATION FLORALE DES TARLES DE REPAS EN ANGLETERRE
De toutes les créations auxquelles l’hu-
manité a voué un culte, les fleurs sont
certainement celles qui , dans tous les
temps et chez tous les peuples, ont. réuni
le plus grand nombre d’adorateurs. Elles
sont de toutes les fêtes et de tous les
deuils ; qu’il y ait des joies ou des larmes
autour de lui, l’homme sent le besoin de
leur éternel sourire. Il ne s’est pas con-
tenté de les admettre dans ses jardins et de
faire construire pour elles des appartements
somptueux; il leur a donné l’hospitalité
dans sa propre demeure et, pour les con-
soler de leur règne éphémère, il les a fait
peindre ou graver sur tous les objets qui
l’entourent, comme des portraits de per-
sonnes chères. Elles sont l’épanouissement
de la grâce, de la fraîcheur, le délassement
des yeux, la poésie dont on aime à enve-
lopper les réalités de la vie.
Parmi ces réalités, il n’en est pas de
plus commune et qui s’impose davantage
(1) Lettre de M. F. Romanet du Caillaud :
« Lorsque j’ai écrit en septembre dernier
cette espèce de parallèle entre le genre Vitis et
le genre Rubus , j’ignorais que la Ronce a une
espèce inerme, sans Épines ; au moins, depuis,
en ai-je vu une telle sur une gravure du
Tour du Monde , le Multer ( Rubus chamæmo-
rus ), qui croît à la frontière de l’Europe et de
la Sibérie, sur les bords de la Mer Glaciale. »
( Tour du Monde , 1882, I, p. 84.)
Extrait d’une lettre à M. Planchon, du 2 no-
vembre 1887 : « Sur la Vigne du Lao-Yu , se-
mis 1882 , à feuilles découpées, semblables à
celles des Ampélopsis. La feuille de cette Vigne
me paraît reproduite quelquefois sur le V. Pa-
gnucci à fleurs mâles de ma note, lequel doit
être un hybride.
« Je crois qu’on arrivera à trouver dans les
montagnes Tsing-Ling trois maîtres types : la
Vigne épineuse, avec ses dérivés à épiderme
de Framboisier, le V. ficifolia , la Vigne à
feuilles V Ampélopsis, ces différents types se
pénétrant les uns les autres par les hybrida-
tions. « F. Romanet du Caillaud. »
que cette nécessité impérieuse qui nous
force à passer, chaque jour, quelques
heures devant une table. Les Rumains, qui,
au fond, aimaient peut-être plus qu’ils ne
subissaient cette violence de la nature, en-
touraient cependant leurs festins de toutes
les séductions propres à faire diversion à
l’action vulgaire qui les occupait. A la sen-
teur des mets recherchés et des vins capi-
teux se mêlait le parfum des essences pré-
cieuses et des fleurs rares. La table du festin
était jonchée de corolles effeuillées; et les
convives eux-mêmes ornaient leurs tètes de
couronnes de fleurs et de feuillages variés. Le
peuple suivait l’exemple des grands et fai-
sait présider les fleurs des campagnes à ses
repas modestes. Les pêcheurs et les marins
s’y présentaient le front ceint d’herbes
aquatiques; les moissonneurs enroulaient
des épis autour de leur tête, les vendan-
geurs des pampres, les paysans des branches
de Chêne 2.
Cet usage antique d’égayer par des fleurs
la monotonie des festins s’est non seule-
ment conservé jusqu’à nos jours, au moins
parmi les classes aisées, mais développé
d’une manière prodigieuse depuis quelques
années, en France, et en Angleterre surtout.
Il n’est actuellement guère de dîner où
les convives sortent un peu du cercle des
habitués de la maison, sans que les fleurs
y soient représentées; et, encore aujour-
d’hui, dans certains repas de famille, le
modeste pot de Pélargonium ou de Fuchsia
qui orne la fenêtre du travailleur descend
souvent prendre place au milieu de la
table.
Chez les Anglais, peuple passionné pour
les fleurs, la décoration des tables de repas
constitue une des parties les plus importantes
du service ; elle est devenue un art véritable,
que l’on encourage par des récompenses
dans les expositions. Nos voisins donnent un
2 Voir Muret, Traité des festins , p. 125.
560
DÉCORATION FLORALE DES TABLES DE REPAS EN ANGLETERRE.
soin minutieux à la toilette de leurs com-
positions florales, et la variété des formes
sous lesquelles ils présentent les plantes est
très-grande. Ils ont une prédilection pour
une sorte d’arche dont les pieds alourdis par
un poids reposent à chaque extrémité de la
table, et dont la partie aérienne, charpentée
en fil de fer, est couverte dè Lierre, de
Lygodium ou d’autres plantes grimpantes.
Les pieds disparaissent sous des mamelons
de sable argenté, garnis de Mousses, de
Sélaginelles dentelées, de Fougères et de
fleurs variées. Sous le milieu de l’arche, on
place souvent un petit vase avec des plantes
variées, des Adiantum à frondes légères,
des Rhodanthes blancs, des Œillets, etc.
Dans les réunions nombreuses, on em-
ploie souvent un vase ou plusieurs vases de
grandeur variable, spécialement destinés à
la décoration des tables, et que l’on nomme
« Marcb stands ». Le Mardi stand, générale-
ment en verre, est formé par la réunion de
trois vases superposés et ne formant qu’un
tout (fig. 439). Le vase inférieur a la forme
d’un plateau, du centre duquel part une tige.
Cette tige tra-
verse, au-des-
sus de son
milieu, un au-
tre plateau ,
plus petit que
celui de la
base, et se
termine en une
sorte de coupe
évasée ou
« trompette »,
nom que les
Anglais lui ont
donné.
Les plateaux
sont garnis de
sable blanc, de
préférence de
sable de mer.
Si les fleurs
doivent être
conservées lon-
gtemps fraî-
ches, on rem-
place le sable
par de la
mousse humide. La coupe du sommet est
remplie d’eau limpide. Cette opération ter-
minée, il ne reste plus qu’à se fixer sur le
choix des fleurs que l’on veut employer et
qui varient suivant les saisons.
En été, par exemple, on garnit le plateau
inférieur de Nénuphars, de Cactus écar-
lates, d’Œillets, de bouquets de Stepha-
notis et de Spirées. Les bords sont couverts
de Sélaginelles et de quelques frondes de
Ptevis serrulata. Du plateau supérieur
émergent des Pélargonium aux fleurs
pâles, tandis que des Fougères élégantes,
par exemple des rameaux de Lygodium
scandons , s’inclinent vers les bords et re-
tombent en guirlandes gracieuses. Dans la
coupe, des Graminées sauvages, mêlées à
quelques plantes à coloris vif, forment des
panaches légers du plus charmant effet.
Parfois trois ou quatre espèces de fleurs
rares décorent seules le March stand, avec
quelques Graminées sauvages et des Fou-
gères.
En automne, les Ptevis et les Adiantum
forment encore le fond des décorations flo-
rales, avec les quelques plantes d’été dont
le règne se prolonge au delà d’une saison.
Les Asters, les Colchiques, les arbustes à
fruits diversement colorés, prennent la place
des disparues et fournissent de nouveaux
éléments à l’ornementation des tables.
Il y a, dans
les March
stands, d’au-
tres modèles
que celui que
nous avons dé-
crit ci-dessus;
on en emploie,
par exemple,
dans lesquels
le plateau su-
périeur est
supprimé.
D’autres, com-
posés égale-
ment d’un seul
plateau , ont
trois ou quatre
(( trompettes »
secondaires
soudées sur la
principale.
Tous ces vases
ne sont usités
que dans les
dîners d’appa-
rat; dans les
réunions intimes, on ne se sert guère que
des coupes d’argent ou d’autres vases sim-
ples utiliséspour le service de la table.
Un verre dans une soucoupe forme un
March stand improvisé que l’on emploie
quelquefois. La soucoupe, dont les bords
Fig. 138. — Décoration florale des tables de repas en Angleterre.
Coupe en travers d’une table.
DECORATION FLORALE DES TABLES DE REPAS EN ANGLETERRE. 561
sont cachés sous des frondes de Fougères,
est garnie de Violettes de Parme, de bou-
tons de Roses, de feuilles parfumées de
Pélargoniums ; le verre disparait à demi sous
un rideau d y Adiantum légers, gracieuse-
ment pendants, tandis que quelques Heurs
recherchées s’unissent au-dessus en bou-
quet élégant.
Quelquefois, on se contente de mettre sur
la table quelques pots de fleurs dans des
cache-pots d’argent, de porcelaine ou de
bois sculpté; mais, le plus souvent, les pots
Fig. 139. — Décoration florale des tables de repas en Angleterre.
Support à fleurs ou « March stand » en cristal.
sont eux-mêmes le sujet d’une décoration
florale. Pour cela, on les enfonce dans un
monticule de sable blanc , couvert de
Mousses ou de Sélaginelles sur lesquelles
on étend des frondes de Pteris serrulata,
et l’on y pique des fleurs.
Par suite de la hauteur du pot et de
l’extension que l’on est obligé de donner à
la base du monticule de sable, cet arrange-
ment présente souvent des difficultés pour
des tables de petites dimensions. On a alors
recours au procédé suivant :
562
HIBISCUS CHRYSANTHUS.
JLa table, qui doit être faite de telle façon
qu’elle se sépare au milieu en deux parties,
est spécialement aménagée pour dissimuler
le pot. Pour cela, on dispose au-dessous de
la table une planchette de 8 à 10 centimètres
de largeur (fïg. 138).
Cette planchette, supportée par deux
brides qui sont fixées au-dessous de la table,
reçoit le pot dans lequel la plante se trouve.
Les deux parties de la table sont rapprochées
l’une de l’autre, aussi près que possible, en
laissant un intervalle de la largeur du pot ; on
met ce dernier en place, on resserre encore
la table, de manière à ne laisser entre ses
deux parties qu’un peu plus que la largeur
nécessaire pour que la tige puisse passer, et
on recouvre les vides qui restent à droite et
à gauche au moyen de deux planchettes qui
s’adaptent dans des rainures disposées à cet
effet. Le dessin que nous donnons ci-contre
(fig. 138) représente un Dracæna passé à
travers la table au moyen de ce procédé. Le
pot a été recouvert de Mousse, sur laquelle
rampent des frondes de Fougères. Ce tapis
de verdure est émaillé de fleurs diverses.
On présente, de cette façon, sans que
le pot, devenu invisible, offre une saillie
disgracieuse, des Palmiers, des Fougères,
des Dracénas variés, des Crotons à feuilles
étroites, des Solarium à baies, et tous les
arbustes que leur taille permet d’employer
à la décoration des dîners.
La table devient ainsi le trône où les
reines des jardins et des serres apparaissent
tour à tour dans leurs plus fraîches pa- *
rures. Certains esprits chagrins ont pré-
tendu que ces exhibitions étaient une exa-
gération, une dépravation apportée par le
luxe. Nous n’aurions jamais pensé que
de pauvres fleurettes pouvaient éveiller de
telles susceptibilités. Si la toilette dans la-
quelle on les présente n’est pas toujours de
bon goût, on ne peut en rendre respon-
sables que ceux qui les parent; si, sous
leurs frais atours, elles ont des airs vain-
queurs qui blessent certaines humilités, on
ne peut pas leur en faire un reproche, car
elles sont belles sans le savoir.
P. Cornuault.
HIBISCUS CHRYSANTHUS
Cette plante que nous avons plusieurs
fois admirée chez MM. Thibaut et Keteleer,
horticulteurs à Sceaux, présente les carac-
tères suivants :
Arbrisseau ou arbuste à aspect général de
certains Abutilons ou mieux de Sparmannia
af ricana; d’abord suffrutescent, puis sous-
ligneux-spongieux, très-ramifié , velu dans
toutes ses parties. Rameaux-bourgeons courts.
Feuilles persistantes, les jeunes subcordi-
formes ou à peine légèrement et irréguliè-
rement lobées, les plus vieilles courtement
lobées ou subdigitées, à limbe mince, mou,
comme légèrement pointillé-bullé, d’un vert
herbacé foncé. Pétiole atteignant 8-10 cen-
timètres de longueur, courtement velu-ru-
gueux. Fleurs grandes d’environ 7-8 centimètres
de diamètre, sur un pédoncule de 3-4 centi-
mètres de longueur, à pétales obovales, d’un
très-beau jaune soufre clair et comme un peu
verdâtre, portant à la base une grande macule
rouge brun. Étamines à filets dressés sur le
style et formant une colonne d’où se détachent
de larges étamines jaune d’or, surmontées par
les stigmates pédiculés rougeâtres, le tout for-
mant un très-joli contraste avec le beau jaune
de la corolle qui est encore rehaussé par les
macules rouge marron de la base des pétales.
Ces fleurs ne durent pas longtemps, mais
elles se succèdent pendantpresque toute l’année.
Nous signalons particulièrement cette
plante, qui nous paraît appelée à jouer un
important rôle dans l’horticulture, comme
étant propre à être plantée en pleine terre
l’été dans les jardins. Nous croyons qu’elle
pourra fleurir comme le font les Hibiscus
de la Chine {Hibiscus Rosa sinensis ), et
acquérir un fort développement, de sorte
que, relevée avant les froids et mise en pots,
elle pourra fleurir pendant tout l’hiver et
être utilisée comme plante d’appartement,
en la plaçant, toutefois, dans des conditions
en rapport avec sa nature et son tempéra-
ment, et aussi en tenant compte de l’état
de sa végétation.
Culture et multiplication. — En raison
de sa vigueur, il faut à Y Hibiscus chrysan-
thus une terre relativement forte et en
même temps substantielle : terre de bruyère
et terreau pour les jeunes plantes ; terre
franche mélangée de terreau ou de vieille
terre de bruyère pour les sujets âgés. Si on
cultive en vases (pots ou caisses), ceux-ci
devront être proportionnés à la force des
individus, mais toutefois relativement pe-
tits. Quant à la multiplication, on la fera
par boutures avec des jeunes pousses
semi-aoutées qu’on plante en terre de
bruyère, dans des pots que l’on place sous
cloche dans la serre à multiplication, où
elles s’enracineront facilement et promp-
tement. E.-A. Carrière.
ÉNUMÉRATION DES BROMÉLIACÉES RÉCOLTÉES PAR ED. ANDRÉ.
563
ÉNUMÉRATION DES BROMÉLIACÉES
RÉCOLTÉES EN 1875-76 PAR ED. ANDRÉ DANS L’AMÉRIQUE DU SUD
(VÉNÉZUÉLA, COLOMBIE, ECUADOR)
ET DIAGNOSES DES ESPÈCES NOUVELLES
Au cours du voyage d’exploration que
j’ai accompli en 1875 et 1876 dans l’Amé-
rique du Sud, après avoir été chargé d’une
mission scientifique par le Ministère de
l’Instruction publique, j’ai apporté des soins
particuliers à la famille des Broméliacées.
Ces plantes avaient toutes mes préférences.
J’avais eu la bonne fortune d’en décrire
quelques espèces nouvelles recueillies par
les voyageurs qui m’avaient précédé dans
ces régions exceptionnellement riches, et je
pensais que les solitudes inexplorées des
Cordillères recélaient encore bien des nou-
veautés inédites.
Cette espérance n’a pas été trompée. La
collection que j’ai rapportée en Europe
comprend 133 espèces et 11 variétés. C’est
un total instructif si on le rapproche de ce
qu’on connaissait de Broméliacées au temps
de Linné, c’est-à-dire 15 espèces, et même
du nombre de celles que le célèbre voyage
de Humboldt et Bonpland a produites, en
y comprenant les deux Amériques, c’est-à-
dire 19 espèces.
A mon retour, je portai mes Bromélia-
liacées à mon ami Ed. Morren, qui désirait
les étudier, et que la mort a surpris sans
qu’il ait même pu déterminer les espèces
connues. J’ai donc entrepris cette tâche,
dont je livre le résumé aujourd’hui à nos
lecteurs, en attendant l’apparition prochaine
d’un ouvrage plus complet1. La liste qui
suit comprend l’énumération des espèces
précédemment décrites et les diagnoses suc-
cinctes des nouveautés, au nombre de 83,
dont 72 espèces et 11 variétés.
Cette publication a pour objet principal
de prendre date et d’éviter, aux botanistes
qui auraient à déterminer d’autres collec-
tions des mêmes contrées, des confusions
synonymiques toujours regrettables dans
la science.
KARATAS Nidus puellæ, nova species. —
Bractées involucrantes ovales , brusquement
sétacées, écarlates. Bractées florales très-
1 Ce livre est actuellement sous presse. Il con-
tient les descriptions latines et françaises, l’his-
toire et la critique de toutes les espèces nouvelles,
et 38 planches lithographiées de format grand in-4°
raisin.
étroites. Fleurs longues de 10 centimètres.
Ovaire tomenteux, blanchâtre. Sépales très-
étroits ; pétales capuchonnés, lilacés. — Co-
lombie. ( Herbier Ed. André , n° 1836.)
GREIGIA vulcanica, n. sp. — Feuilles bor-
dées d’aiguillons droits, espacés. Inflorescence
subsphérique. Bractées primaires irrégulière-
ment bordées de dents épineuses nombreuses.
Bractées florales étroites, hétéromorplies.
Fleurs longues de 3 cent. Corolle à tube blanc,
un peu plus longue que les lobes rouges,
ovales-aigus. — Colombie. ( Herb . 2664.)
ANANAS sativus, Mill. — Colombie. (Ilerb.
1768.)
A. sp. (?). — Fruits en capitule longue-
ment pédonculé, anguleux, dorés. — Colom-
bie. (Herb. 1636.)
GHEVALLIERA Magdalenæ, n. sp. — Fleurs
en capitule globuleux, de 12 cent, de diamètre,
entouré à la base de feuilles bractéales très-
inégales. Bractées primaires carénées, finement
dentées en scie, les inférieures portant à leur
aisselle 3 fleurs, les supérieures uniflores,
celles du sommet vides. Calyce long de 4 cent.
Corolle ?. — Colombie. (Herb. 692.)
ÆCHMEA pyramidalis, Benth. — Écuador.
(Herb. 4053.)
Æ. penduliflora, n. sp. — Hampe grêle,
penchée. Panicule longue de 10 cent., à ra-
meaux portant 5-7 fleurs lâches. Bractées flo-
rales très-courtes, réniformes, d’abord entières,
puis fendues. Sépales larges, obscurément mu-
cronés ou émarginés. Pétales plus de moitié
moins longs que le calyce, mucronés. — Colom-
bie. (Herb. 378p
Æ. leucocarpa, n. sp. — Hampe grêle. Pa-
nicule dense, longue de 12-15 cent. ; rameaux
nombreux, quadrangulaires, portant 6-10 fleurs.
Bractées florales ovales, cuspidées. Ovaire ar-
rondi, blanc pur à la maturité ; sépales briève-
ment mucronés. Pétales linéaires-aigus, jaune-
chrome. — Colombie. {Herb. 2425.)
Æ. Cumingii, Baker. — Colombie. (Herb.
1036.)
Æ. servitensis, n. — Panicule longue de
40 cent., à rameaux très-nombreux, dressés,
les inférieurs composés. Bractées primaires
roses, les inférieures longues de 10 cent., lar-
ges de 35 mil., bordées d’épines crochues. Épis
composés de 5-6 fleurs lâches. Bractées florales
ovales, obscurément mucronées, très-sillonnées.
Fleurs blanc-rosé. — Colombie. (Herb. 1197.)
| Æ. columnaris, Ed. André. III. hort ., 1878,
I p. 50 y cum icône. — Colombie. (Herb. 1753.)
564
ÉNUMÉRATION DES BROMÉLIACÉES RECOLTEES PAR ED. ANDRÉ.
/
Æ. involucrata, n. sp. — Feuilles bractéales
supérieures serrées, lancéolées, involucrantes,
spinescentes. Épi dense, cylindrique, long de
25 cent., large de 7-9 cent. Bractées florales
atteignant le tiers du calyce. Sépales contour-
nés en spirale, longuement mucronés. Pétales
lilas-rosé, longs de 4 cent., écailleux à la base.
— Ecuador, (Herfr. 4296.)
Æ. Drakeana, Ed. André. Rev. hort. 1888,
p. 401. (Poortman, 134.)
QUESNELIABakeri, n. sp. — Épi dense, long
de 15 cent. Bractées, florales couvertes, ainsi
que le calyce, d’un tomenteux roux, très-épais.
Pétales longs de 7-8 cent., élargis au sommet.
— Colombie. ( Herb . 3391 bis.)
PITCAIRNIA heterophylla, Beer. — Colom-
bie. (Herb. 1087.)
P. Trianæ, n. sp. — Feuilles lancéolées, pé-
tiolées, spinescentes à la base, longues de
11U 20, larges de 4 cent. Hampes de 2 mètres.
Grappe simple, dense, longue de 30 cent.
Bractées linéaires très-étroites, beaucoup plus
courtes que les pédicelles. Sépales obtus, longs
de 8 mil. Pétales blancs ou blanc-jaunâtre, nus
à la base, -r Colombie. (Herb. 2069.)
y
P. reflexiflora, n. sp. — Feuilles pétiolées,
non spinescentes. Hampe robuste. Feuilles brac-
téales inférieures très-longues. Fleurs en grappe
simple, très-dense, étalées, puis réfléchies.
Bractées florales scarieuses, très-étroites, dé-
passant quatre fois le pédicelle. Sépales obscu-
rément aigus, longs de 1 cent. Pétales rouge
cocciné, nus à la base. — Écuador. (Herb.
4334.) J
P. camptocalyx, n. sp. — Feuilles rudimen-
taires spinescentes, pectinées; feuilles normales
sessiles, non épineuses, larges de 1 cent., fur-
furacées en dessous. Grappe simple, lâche,
longue de 20 cent. Bractées florales dépassant
le pédicelle. Sépales arqués, longs de 4 cent.,
sillonnés. Corolle blanche, nue à la base. —
Colombie. (Herb. 1934.)
— Var. a, robusta. — Beaucoup plus ro-
buste que le type. Feuilles très -blanches,
furfuracées en dessous. — Colombie. (Herb.
1934 bis.) j
— Var. b , lutea. — Fleurs jaunes. — Co-
lombie. ( Herbj 1934 bis.)
P. stenophÿlla, n. sp. — Feuilles normales
graminoïdes, très-longues. Hampe grêle, éle-
vée. Épi simple ; fleurs lâches. Bractées florales
linéaires, les inférieures atteignant presque le
sommet du calyce, les supérieures plus courtes
que le pédicelle court. Fleurs blanches. — Co-
lombie. (Herb. 1876.)
P. pungens, H. B. K. — Colombie (Herb.
2934.) J
P. brachysperma, n. sp. — Feuilles rudi-
mentaires deltoïdes-acuminées, non spines-
centes ; feuilles normales pétiolées, larges de
5 cent., blanches, furfuracées en dessous.
Grappe simple, courte. Bractées florales del-
toïdes, atteignant au-dessus de la base des sé-
pales. Pédicelles courts, épais. Sépales larges,
légèrement sillonnés, longs de 25 mil. Pétales
écarlates, écailleux à la base. Graines très-briè-
vement appendiculées. — Colombie. (Herb.
1088.)
P. guaritermæ, n. sp. — Feuilles rudimen-
taires deltoïdes, aiguës, non épineuses ; feuilles
normales pétiolées, larges de 3 cent., glabres.
Hampe robuste. Grappe simple, très-dense,
longue de 15 cent. Bractées scarieuses très-
étroites, dépassant longuement les pédicelles
très-courts. Sépales brièvement acuminés,
longs de 2 cent. Pétales écarlates, écailleux à
la base. — Colombie. (Herb. 1209.)
P. sp. ?. — Voisin du P. Andreana, mais sa
grappe, encore à l’état rudimentaire, ne permet
pas de le déterminer. — Colombie. (Herb. 649.)
P. Roezlii, n. sp. — Feuilles non distincte-
ment pétiolées, épineuses à la base et au som-
met, larges de 15 mil. Hampe robuste. Pani-
cule très-ample, lâche; rameaux simples ou
courtement branchus, portant 1-3 grappes assez
denses. Bractées florales moitié plus courtes
que les pédicelles dressés. Sépales longs de
12 mil. Pétales écarlates, écailleux à la base.
— Écuador. (Herb. 4700.)
P. orgyalis, Baker. — Ecuador. (Herb. 3747.)
P. dendroidea, n. sp. — Feuilles longues
de 1 mètre, larges de 45 mil., glabres. Hampe
de 2 mètres. Panicule très-lâche, à rameaux
comprimés, étalés, ascendants, très-longuement
nus à la base, portant au sommet une grappe
dense de fleurs penchées avant l’anthèse. Ca-
lyce rouge terne. — Colombie. (Herb. 3361.)
P. Poortmani, n. sp. — Feuilles sessiles,
bordées de dents épineuses, larges de 3 centi-
mètres, glabres. Hampe de 1m 50. Panicule
deltoïde lâche. Rachis, rameaux, pédicelles et
calyce furfuracés rufescents. Rameaux simples,
canaliculés sur la face supérieure, nus à la
base, portant au sommet une grappe lâche de
5-6 fleurs. Bractées florales égalant les pédi-
celles. Calyce long de 30-35 millimètres. Pé-
tales rouges écailleux à la base. — Écuador.
(Poortman, sine numéro.)
P. macrobotrys, n. sp. — Caulescent.
Feuilles atténuées à la base, longues de 80 cen-
timètres, larges de 7 centimètres au milieu,
glabres. Hampe très-robuste. Grappe simple,
assez dense, longue de 50 centimètres. Brac-
tées inférieures longues de 3 centimètres, éga-
lant presque le calyce, les supérieures plus
courtes, que les pédicelles. Sépales longs de
2 centimètres. Pétales rouge cocciné, marginés
de blanc. — Colombie. (Herb. 2892.)
P. Goudotiana, n. sp. — Caulescent. Feuilles
sessiles, longues de 1 mètre, larges de 3 centi-
mètres, épineuses à la base, très-blanches, fur-
furacées en dessous. Panicule très-ample.
Rameaux peu nombreux, divariqués, longs de
30-40 centimètres, portant une grappe de fleurs
lâches. Bractées florales deltoïdes, sillonnées,
un tiers plus longues que les pédicelles dressés.
Sépales longs de 30-35 millimètres. Pétales
cO
ÉNUMÉRATION DES BROMÉLIACÉES RÉCOLTÉES PAR ED. ANDRÉ.
blancs écailleux à la base, roses au sommet.
— Colombie. ( Herb . 2861.)
P. Brongniartiana, n. sp. — Hampe ro-
buste. Grappe simple, assez dense, couverte
dans toutes ses parties d’un tomentum épais
ferrugineux. Bractées atteignant le sommet des »
sépales, lancéolés-aigus longs de 5 centimètres.
Corolle grande, blanche. Graines longuement
appendiculéeSj, — Colombie. {Herb. 3394.)
P. macranthera, n. sp. — Feuilles en ver-
ticilles éloignés, pétiolées. Pédicelles courts.
Calyce arqué, long de 6 cent., glabre, sépales
légèrement inégaux. Corolle blanche, arquée,
longue de 12 cent. Anthères longues de 2 cent.
— Colombie. {Herb. 2593.)
P. arcuata, Ed. André (syn. Neumannia
arcuata, Ed. André, Rev. hort ., 1886, p. 108,
cumtab.). — Colombie. {Herb. 3803 )
? P. sulphurea, Wendl. — Écuador {Herb.
4056.)
P. nigra, Carr. {Rev. hort., 1881, p. 390,
cum icône). — Colombie. {Herb. 3360.)
P. sp.? — Feuilles longues de lm 70, fur-
furacées en dessous, prolongées, au-dessus
d’une base longue de 45 centimètres marginée
d’épines noires droites, en lame pétioliforme
enroulée sur les bords, puis en limbe linéaire-
lancéolé, large de 4 centimètres au milieu. Les
fleurs manquent. — Colombie. {Herb. *3335.)
P. sp .? (section Phlomostachys) . — Échan-
tillon imparfait. — Colombie. {Herb. 1735.)
PUYA eryngioides, n. sp. — Acaule. Plante
haute de 30-40 centimètres. Feuilles très-
étroites, canaliculées, épineuses, glabres. Ca-
pitule serré, ovoïde. Bractées primaires ovales,
aiguës, épineuses. Fleurs bleues, grandes. —
Ecuador. {Herb. 4542.)
P. echinotricha, n. sp. — Subarborescent.
Feuilles de 1 mètre de long sur 3 centimètres
de large, glabres en dessus, très-blanches lépi-
dotes en dessous, armées d’aiguillons très-
robustes, distants, décurves. Panicule ample,
secondiflore, toute couverte de poils roux étoi-
lés. — Ecuador. {Herb. 4019.)
P. Gigas, Ed. André, Tour du Monde ,
liv. 985, p. 332. — Colombie. {Herb. 3074.)
P. Thomasiana, n. sp. — Subarborescent.
Feuilles linéaires à aiguillons robustes. Hampe
de 2-4 mètres. Fleurs paniculées. Bractées pri-
maires deltoïdes. Bractées florales ovales-ai-
guës, sillonnées; corolle grande, longue de
5 cent., vert bleuâtre. — Colombie. {Herb.
3191.) ^
P. æquatorialis, n. sp. — Subcaulescent.
Feuilles petites, arquées, blanchâtres à aiguil-
lons décurves dorés. Hampe de lm50. Pani-
.cule à rameaux longs de 50 centimètres. Brac-
tées florales triangulaires-aiguës. Fleurs subses-
siles, violet foncé., — Ecuador. {Herb. 3564.)
— Var. jjdbiflora. — Ecuador. {Herb. 3596.)
P. vestita, n. sp. — Bractées primaires
ovales, cuspidées, grossièrement et mollement
dentées, laineuses, rousses ainsi que le ca-
565
lyce. Pétales vert pâle, blancs à la base. —
Ecuador. {Herb. 3739.)
P. quetaineensis, n. sp. — Tige courte.
Feuilles lancéolées-aiguës, fortes, à dents éloi-
gnées, épineuses, crochues. Panicule pyrami-
dale, très-tomenteuse . Bractées primaires
ovales-acuminées, striées, spinescentes. Brac-
tées florales carénées, striées. Fleurs bleues.
— Colombie. {Herb. 1217.)
P. sp.? — Feuilles striées, glabres en des-
sus, lépidotes en dessous, armées d’aiguillons
noirs très-crochus, décurves. — Ecuador.
{Herb. 428G)
P. pasteiïsis (?), Ed. André. — Cultivé sous
ce nom provisoire; n’a pas encore fleuri.
P. sp.? — Fleurs subsessiles; calyce feutré,
roux foncé ; fleurs vertes. — Ecuador. {Herb.
3564 bis.)
P. sp. ? — Feuilles de 30-50 centimètres, à ai-
guillons aplatis, étalés, noirs, très-robustes.
Inflorescence très-laineuse. Bractées primaires
lancéolées-acuminées. — Colombie. {Herb.
3743.)
S0DIR0A caricifolia, Ed. André {Bull. Soc .
bot. Franc., xxiv, p. 167).
S. graminifolia, Ed. André (Le., p. 167).
S. dissitiflora, n. sp. — Feuilles bractéales
lancéolées-aiguës, étroitement embrassantes;
épi très-lâche. Bractées florales ovales, embras-
santes, égalant presque le calyce à demi
conné. — Colombie. {Herb. 3339 bis.)
S. Sprucei, n. sp. — Feuilles bractéales
ovales-aiguës, invaginantes ; épi lâche très-
long. Bractées florales ovales, embrassantes,
atteignant la moitié du calyce très-longue-
ment conné. — Colombie. {Herb. 3349.Ï
CARAGUATA lingulata, Lindl., var. cardi-
nalis, Ed. André {Rev. hort., 1883, p. 12, cum
tab.). — Ecuador. {Herb. 4263.)
C. sanguinea, Ed. André {Rev. hort., 1883,
p. 468, cum tab.). — Colombie. {Herb. 3369.)
— Var. erecta, nov. var. Plus robuste,
feuilles dressées brièvement lancéolées-aiguës.
— Colombie, {Herb. 3369.)
C. conifera, n. sp. — Feuilles loriformes
aiguës, lisses. Inflorescence en épi conique
allongé serré, à bractées deltoïdes-aiguës, im-
briquées, écarlate orangé. Fleurs jaunes
grandes. — Ecuador. (Poortman, n° 416.)
C. bracteosa, n.sp. - Épi courtement pédon-
culé, elliptique-oblong, à bractées florales as-
cendantes-elliptiques, violacées comme les
feuilles bractéales. Corolle jaune, à lobes six fois
plus courts «que le tube. Ecuador. {Herb. 3805.)
C. pulchèlla, n. sp. Port d’un petit Tilland-
sia de la section Anoplophytum. Feuilles
courtes-aiguës, très-dilatées à la base; épi
simple ou fourchu, pendant, court. Bractées
naviculaires aiguës roses. Fleurs blanches pe-
tites. — Ecuador. {Herb. 4502.)
C. gloriosa, n. sp. — Très grand, robuste,
dressé. Feuilles bractéales inférieures lori-
formes-aiguës. Bractées primaires très-amples,
deltoïdes-imbriquées, cachant complètement les
**
ÉNUMÉRATION DES BROMÉLIACÉES RÉCOLTÉES PAR ED. ANDRÉ.
566
fleurs grandes, jaunes, en panicule spici-
forme. — Ecuador. ( Herb . 3791.)
C. violacea, n. sp. — Feuilles molles, lan-
céolées-aiguës ; hampe penchée. Bractées pri-
maires ovales, longuement acuminées, rouge
vif. Bractées florales deltoïdes-carénées. Fleurs
violettes en panicule spiciforme. — Ecuador.
{Herb. 2746.)
C.Andreana, Morren(Rer. hort., 1884, p. 247,
cum tab.). — Colombie. {Herb. 3448 bis.)
C. Van Volxemi, Ed. André {lllust. horl .,
1878, p. 139, cum tab.). — Colombie. {Herb.
2228.)
C. multiflora, n. sp. — Feuilles radicales,
longues de 70 à 80 cent., larges de 5 cent. Pa-
nicule lâche, longue de 30 cent., à 16-17 épil-
lets. Bractées florales obtuses, moins longues
que le calyce. Sépales orangés. Fleurs blanches.
— Colombie. (Herb. 2970.)
C. Candelabrum, n. sp. — Souche stolonifère.
Feuilles radicales larges, loriformes, les cauli-
naires étroites. Panicule lâche, étroite, longue
de 40-50 centimètres. Épillets rameux. Brac-
tées primaires ovales-aiguës, embrassantes.
Bractées florales plus courtes que le calyce
arqué, demi-conné. Fleurs blanches. — Colom-
bie. {Herb. 2£)63.)
C. acorifolia, n. sp. — Cespiteux. Feuilles ca-
riciformes. Panicule dressée, rameuse; feuilles
bractéales très-aiguës, jaune pâle, ainsi que le
calyce et la corolle. — Colombie. {Herb. 3396.)
C. hygrometrica, n. sp. — Feuilles radicales
lancéolées-aiguës, striées-cloisonnées. Hampe
garnie de bractées lancéolées. Panicule spici-
fbrme à fascicules bi-triflores, longuement dé-
passés par les bractées primaires, larges, ovales,
acuminées. Calyce conique à lobes arrondis ;
corolle blanche paraissant tubuleuse ? Étamines
à filets libres! An Gen. nov.Ÿ — Colombie.
{Herb. 2638.)
C. Morreniana, Ed. André {Rev. hort.,1881,
p. 12, cum tab.).
C. lepidotâ, n. sp. — Feuilles radicales lon-
gues de 30-40 cent., larges de 7-8 cent., très-lépi-
dotes, coriaces. Panicule composée de capitules
ovoïdes-subsessiles, très-denses. Bractées pri-
maires inférieures plus longues que les capi-
tules. Bractées florales obscurément aiguës, ri-
dées, striées. Corolle blanche moitié plus longue
que le calyce; filets des étamines moitié plus
longs que les anthères. — Écuador. {Herb. 3796.)
C. sphæroidea, n. sp. — Feuilles longues
de 40-60 cent., larges de 3 cent., presque gla-
bres. Panicule composée de capitules globu-
leux, denses, subsessiles. Bractées primaires
inférieures égalant environ les capitules. Brac-
tées florales obliques au sommet, légèrement
carénées, sillonnées. Corolle jaune ou blan-
châtre. — Colombie. {Herb. 2068.)
GUZMANIA tricolor, Ruiz et Pav. — Co-
lombie et Écuador. {Herb. 375.)
G. sp.l — Ecuador. — {Herb. 4260.)
CATOPSIS vitellina, Baker. — Colombie.
{Herb. 2389.)
C. nutans, Baker. — Colombie. {Herb. 404.)
TILLANDSIA usneoides, L. — Colombie.
{Herb. 1860 bis.)
T. recurvata, L. — Vénézuéla, Colombie et
Écuador. {Herb. 161.)
T. straminea, H. B. K. — Écuador. {Herb.
4318.)"
T. pruinosa, Swartz.— Colombie. (JF/erb.1970.)
T. rhomboidea, n. sp. — Plante haute de
20 cent.; feuilles coriaces, lépidotes, enroulées,
sétacées. Hampe forte. Épi simple légèrement
arqué, cylindrique, très-dense, long de 12 cent.
Bractées florales roses, larges, rhomboïdales,
carénées. Sépales moitié plus courts que la
bractée. Pétales violets trois fois plus longs
que le calice. — Colombie. {Herb. 2745.)
T. lateritia, n. sp. — Feuilles coriaces, lé-
pidotes, enroulées, sétacées. Hampe forte. Épi
court simple, dense, composé de 12-16 fleurs.
Bractées florales rouge brique, maculées à la
base, ovales-aiguës-carénées. Sépales égalant
la bractée, mucronés. Corolle moitié plus
longue que le calyce. — Écuador. {Herb. 4057.)
T. incarnata, H. B. K. — Colombie et Ecua-
dor. {Herb. 604.)
T . setacea, Swartz. — Colombie. {Herb. 1613.)
T. disticha, H. B. K. — Ecuador. {Herb. 4061.)
T. divaricata, Benth. — Colombie. {Herb.
2250.)
T. compressa, Bert., var. oligostachya ,
Baker. — Colombie. {Herb. 812.)
T. secunda, H. B. K. — Colombie et Ecua-
dor. {Herb. 2448.)
T.elongata, H. B. K. — Colombie. {Herb. 297.)
T. polystachya, L. — Colombie. {Herb. 1751 .)
T. Restrepoana, n.sp. — Plante robuste, de
1 mètre de haut. Feuilles radicales longue-
ment embrassantes, lancéolées, sétacées, légè-
rement lépidotes en dessous, vertes en dessus.
Feuilles bractéales nombreuses, semblables
aux feuilles radicales, atteignant le tiers de la
panicule dense, longue de 25-30 cent. Bractées
primaires inférieures lancéolées, sétacées, plus
longues que les épis. Bractées florales très-im-
briquées, fortement carénées, dépassant légè-
rement le calyce. Pétales lilas clair à la base,
violet au sommet. — Colombie. {Herb. 1356.)
T. ropalocarpa, n. sp. — Feuilles radicales
largement embrassantes à la base, courtes, lan-
céolées, sétacées, lépidotes, très coriaces.
Hampe droite ; feuilles bractéales rares, cour-
tes, ovales, apiculées. Panicule lâche à épis
composés, assez longuement nus à la’ base.
Bractées primaires courtes, ovales-aiguës. Fleurs
très-petites, jaunes. Capsule en massue api-
culée, à peine quatre fois plus longue que le
calyce. — ^Colombie. {Herb. 2319.)
T. adpressa, n. sp. — Feuilles radicales
largement embrassantes à la base, très-cour-
tes, lancéolées, sétacées, coriaces, lépidotes.
Hampe arquée à écailles rousses; feuilles brac-
téales oblongues-acuminées ; panicule très-
étroite, à épis simples dressés. Bractées pri-
maires oblongues-acuminées, plus longues que
ÉNUMÉRATION DES BROMÉLIACÉES RÉCOLTÉES PAR ED. ANDRÉ.
les épis. Fleurs très-petites. Sépales arrondis
au sommet, lépidotes. Capsule 4 fois plus longue
que le calyce-y— Ecuador. ( Herb . 3792.)
T. decipiens, n. sp. — Plante haute de 80
centimètres. Feuilles radicales molles, à peine
embrassantes, lancéolées-sétacées , lépidotes,
les bractéales nombreuses, lancéolées-sétacées.
Panicule longue de 40 cent., à épis rameux,
denses, distiques. Fleurs blanches très-petites,
toutes contiguës. — Ecuador. (Herb. 4055.)
T. brevispicula, n. sp. — Feuilles radicales
très-courtes, ovales-lancéolées. Hampe droite à
écailles blanchâtres. Panicule dense, courte,
à épis denses, courts, subsessiles, les inférieurs
rameux. Bractées primaires ovales-aiguës. Brac-
tées florales et calyce lépidotes. Fleurs jaunes
très-petites. —y Colombie. (Herb. 2496.)
T. homostachya, n. sp. — Feuilles radica-
les très-largement embrassantes à la base,
lancéolées-aiguës, coriaces, lépidotes. Hampe
droite grêle, écailleuse. Feuilles bractéales
oblongues-aiguës. Panicule lâche, à épis sim-
ples, presque égaux, subsessiles, denses. Brac-
tées primaires naviculaires, dépassant le milieu
de l’épi. Bractées florales ovales-aiguës, un
tiers plus longues que le calyce. Corolle très-
petite, jaunâtre. — Ecuador. (Herb. 3763.)
T. subalata, n. sp. — Feuilles radicales
longuement et largement embrassantes, coria-
ces, lépidotes. Hampe faible, écailleuse. Pani-
cule lâche, étroite, à épis étalés, divariqués,
très-rameux, à rachis très-comprimé, subailé.
Bractées primaires ovales-lancéolées, striées ;
les florales égalant les fleurs très -petites,
jaunes. — Ecuador. (Herb. 3763 bis.)
T. aurantiaca, Griseb. — Colombie. (Herb.
2214.)
— Var. densiflora. — Hampe robuste, épis
très-denses. — Ecuador. (Herb. 2342.)
— Var. miniata. — Feuilles molles, pres-
que glabres, calyce mucroné. Bractées rouge
minium. — Colombie. (Herb. 3138.)
— Var. scarlâtina. — Feuilles coriaces.
Bractées primaires écarlates, calyce mucroné.
— Ecuador. (Herb. 3138 bis.)
T. Riocreuxii, n. sp. — Feuilles à base lon-
guement dilatée; limbe très-court, brusquement
aigu. Panicule grande, pyramidale, à épis étalés,
divariqués, subsecondiflores. Bractées florales
cucullées. Feurs jaunes, grandes à tube court,
à limbe très-étalé. — Ecuador. (Herb. 4408.)
T. Valenzuelana, Ach. Rich. — Colombie.
(Herb. 492.) y
T. Pereziana, n. sp. — Feuilles enroulées,
lépidotes, longuement linéaires, sétacées.
Hampe courte décombante. Fleurs paniculées.
Bractées florales oblongues dépassant le calyce.
Fleurs vertes. -^Colombie. (Herb., 1348.)
— Var. canescens. — Écailles argentées. Brac-
tées florales plus lépidotes. — Ecuador. (Herb.
4392.)
T. narthecioides, Presl. — Écuador. (Herb.
4077.)
T. flexuosa, Swartz.— Colombie. (Herb. 695).
567
— Var. vivipara. — Vénézuéla. (Herb.
695 bis.)
T. myriantha, Baker. — Colombie. (Herb. 815.)
T. fragrans, n. sp. — Feuilles enroulées,
sétacées. Hampe arquée. Panicule spiciforme,
dense. Bractées primaires ovales -sétacées.
Bractées florales lancéolées-aiguës égalant le
calyce rose. Fleurs blanches odorantes. —
Ecuador. (Herb. 4397.)
T. arpof(falyx,n. sp.— Feuilles courtes, ovales,
longuement sétacées, très-lépidotes. Panicule
très-dense, penchée. Bractées primaires roses
égalant presque les épis. Fleurs arquées,
longues, vertes, y Ecuador. (Herb. 4474.)
T. confertiflora, n. sp. — Feuilles planes,
lancéolées-acuminées, très-lépidotes. Feuilles
bractéales aiguës atteignant la base de la pani-
cule dressée, très-dense, à épis courts, com-
primés. Fleurs blanchâtres. — Ecuador. (Herb.
Mlb bis.) y
T. heterandra, n. sp. — Feuilles radicales
et bractéales enroulées, sétacées, égalant la
hampe penchée. Panicule dense à épis pé-
donculés, distiques. Bractées primaires del-
toïdes, sétacées. Bractées florales lépidotes
égalant le calyce. Fleurs blanches, petites.
Etamines : 3 hypogynes, 3 insérées à la partie
supérieure de l’onglet à l’aisselle de deux pe-
tites écailles. — Colombie. (Herb. 1213.)
T. Andreàna, Ed. Morren ( Pityrophyllum
Andreanum , Ed. Morren, in schedj. — Plante
minuscule. Feuilles filiformes argentées, en
rosette épaisse, longues de 6 centimètres.
Fleur solitaire sessile. Sépales courts, obtus.
Capsule mucronée, longue de 55 millimètres.
— Colombie. (Herb. 1762.)
T. complanata, Benth. — Colombie et
Ecuador. (Herb. 2248.)
T. tenuispica, n. sp. — Feuilles ldriformes,
larges, mucronées. Hampe de 1 mètre, dressée.
Panicule pyramidale très-ramifiée ; ramules fili-
formes sinueux. Fleurs sessiles, espacées, mi-
nuscules. Capsule linéaire très-étroite. — Co-
lombie. (Herb. 2414.)
T. rectiflora, n. sp. — Feuilles largement
lancéolées ou loriformes, glabres. Hampe très-
élevée. Panicule dressée, pyramidale, rameaux
dressés, étalés, épis rameux. Fleurs dres-
sées. Bractées primaires oblongues-aiguës.
Bractées florales ovales-aiguës,. très-sillonnées,
glabres. Calyce à sépales carénés-sillonnés. —
Ecuador. (Herb., 3201.)
T. pectinâta, n. sp. — Feuilles courtes,
lancéolées-aiguës. Hampe élevée, pyramidale,
étroite, à épis très-rameux, secondiflores.
Bractées primaires ovales-aiguës. Bractées flo-
rales et calyce sillonnés lépidotes. Fleurs jaunes.
— Ecuador. (Herb. 3032.)
T. lajensis, n. sp. — Feuilles grandes, lan-
céolées-aiguës. Hampe robuste, arquée. Feuilles
bractéales lancéolées-aiguës, imbriquées. Pani-
cule lâche. Epis simples, denses, très-grands,
aplatis. Bractées primaires ovales-cucullées, ai-
guës. Bractées florales très-carénées, aiguës,
568
ÉNUMÉRATION DES BROMÉLIACÉES RÉCOLTÉES PAR ED. ANDRÉ.
longues de 45 millimètres, dépassant le calyce.
Fleurs violettes. — Colombie. ( Herb . 3477.)
T. inconspiclia, n. sp. — Feuilles très-
larges. Hampe de 2-3 mètres, écailleuse et à
bractées étroitement appliquées. Panicule de
60 cent., distique, à rameaux simples étalés.
Bractées primaires ovales-aiguës. Epis lâches.
Bractées florales lépidotes carénées-sillonnées,
dépassant le calyce. — Ecuador. (Herb. 3795.)
T. denudata, n. sp. — Feuilles loriformes.
Hampe de 2-3 mètres. Panicule à rameaux
distants, longuement dénudés à la base ; au
sommet 2-4 épis courts, sessiles. Bractées lan-
céolées-aiguës. — Colombie. (Herb. 1358.)
T. Lindeni, Ed. Morren, var. tricolor , Ed.
André, in Tour du Monde , XLV, p. 114. (Rev.
hort., 1885, p. 422). — Ecuador. (Herb. 4040.)
T. umbellata, Ed. André (Rev. hort., 1886,
p.60 ,cum. tab.). — Ecuador. (Poortman, 469.)
T. Dyeriana, n. sp. Feuilles courtes, molles,
maculées. Hampe grêle dressée. Epi simple ou
composé. Fleurs distiques. Bractées florales
molles, grandes, naviculaires, aiguës, écarlates,
égalant les fleurs blanches. — Ecuador.|(tfeW>.
4256.)
T. Deppeana,Steud. — Colombie. (Herb. 1690.)
T. biflora, Ruiz et Pav. — Colombie. (Herb.
1210.) y
— Var. cruenta, nov. var. — Colombie.
(Herb. 1210 bis.)
T. Turneri, Baker. — Colombie. (Herb. 1248.)
T. Gornuaulti, n. sp. — Feuilles nom-
breuses, lancéolées-aiguës, lépidotes. Hampe
de 60 centimètres, enveloppée de feuilles brac-
téales lancéolées-aiguës. Panicule globuleuse
très-dense. Bractées primaires écarlates, très-
longues. Bractées florales de 3 centimètres.
Pétales roses, ovales, plus courts que le calyce.
— Colombie. (Herb. 1764.)
T. nigrescens, n. sp. (Bonapartea strobi-
lantha , Ruiz et Pav.?) — Feuilles lancéolées-
aiguës. Hampe dressée, grêle, couverte de
bractées invaginantes, aiguës, brunes à la base,
rouges sur les bords et au sommet. Epi strobi-
liforme à bractées imbriquées noirâtres. Fleurs
blanches. — Colombie. (Herb. 3327.)
T. Carrierei, n. sp. — Feuilles loriformes,
obtuses, mucronées. Hampe grêle, . inclinée.
Panicule étroite. Epis nombreux, subsessiles,
aplatis. Bractées primaires larges, ovales-
aiguës; les florales carénées, aiguës, plus
courtes que les fleurs jaunes petites. — Colom-
bie. (Herb. 2700.)
T. Brunonis, n. sp. — Feuilles nombreuses,
loriformes, courtes, larges. Hampe pendante.
Panicule dense écarlate. Epis nombreux aplatis,
à demi enveloppés par les bractées primaires
ovales-aiguës. Bractées florales oblongues-
aiguës, très-carénées, plus longues que le ca-
lyce étroit, aigu Fleurs petites, violettes au
sommet. — Colombie. (Herb. 1757.)
— Var. mutabilis. — Feuilles radicales plus
longues. Pétales brun livide après l’épanouis-
sement. — Colombie. (Herb. 1759.)
T. pastensis, n. sp. — Feuilles grandes, lan-
céolées-aiguës, glabres. Hampe dressée, de
1 m. et plus. Feuilles bractéales nombreuses,
aiguës. Panicule dressée, assez dense, à épis
subsessiles, aplatis. Bractées primaires ovales-
aiguës, embrassantes, les inférieures plus lon-
gues que les épis; les florales carénées, sillon-
nées, plus longues que le calyce. — Colombie.
(Herb. 1747.)
T. tequendamæ, n. sp. — Feuilles à bords
enroulés, longuement sétacées, glabres en des-
sus, lépidotes en dessous. Hampe défléchie,
courte. Panicule cylindracée, écarlate foncé.
■ Bractées primaires largement ovales-cucul-
lées, appliquées; les florales subaiguës, caré-
nées, plus courtes que la corolle blanche, bor-
dée de bleu, écailleuse à la base. — Colombie.
(Herb . 135^.)
T. fastuosa, n. sp. — Feuilles longues de
60 centimètres, larges de 8 centimètres. Hampe
de 1 mètre. Panicule cylindrique, longue de
50 centimètres, formée de 40-50 fascicules
subsphériques, sessiles, enveloppés par les
bractées primaires ovales-aiguës, écarlates.
Sépales aigus de 23-25 millimètres. Fleurs
blanches. — Colombie. (Herb. 1746.)
T. sp. ? — Feuilles loriformes, aiguës, ma-
culées de violet, f euilles bractéales lancéolées-
aiguës. Epi cylindrique à bractées imbriquées,
ovales, acuminées, écarlates. — Colombie.
(Herb. 2343.)
T. rariflora, n. sp. — Feuilles grandes,
lancéolées-aiguës, planes. Hampe de 1 à 2
mètres, dressée. Panicule très-lâche, à rameaux
très-distants. Bractées primaires longuement
oblongues- aiguës. Fleurs très-espacées. Brac-
tées florales ovales carénées, égalant presque le
calyce. — Cplombie et Écuador. (Herb. 2333.)
? T. linèata, n. sp. — Feuilles en rosette,
loriformes, brusquement aiguës, finement
striées, vertes et rayées de violet en dessus,
violacées en dessous, glabres. — Colombie.
(Herb. 1755v)
T. Armadæ, n. sp. — Plante robuste.
Feuilles longues de 40 centimètres, larges de
5-6 centimètres, loriformes, atténuées-acumi-
nées au sommet, violet plus ou moins lavé de
vert ou plus pâle au bord, très-glabres, fine-
ment striées. — Colombie. (Herb. 1756 bis.)
T. sp. ? — Colombie. (Herb. 1355 bis.)
T. sp. ? — Colombie. (Herb. 1522.)
GENBS NOVUM? — Hampe dressée, simple,
striée. Feuilles bractéales inférieures linéaires-
acuminées, longues de 1 mètre, larges de 20-
25 millimètres, passant graduellement à des
bractées primaires, dont les supérieures ont
encore 15 centimètres. Fleurs en fascicules
pluriflores sessiles. Bractées florales scarieuses,
longues de 7 centimètres, obtuses. Calyce à
sépales membranacés, libres jusqu’à la base,
linéaires-aigus, longs de 5 centimètres. Fleurs
jaunes. — Colombie. (Herb. 3298.)
Ed. André.
JASMINUM NUDIFLORUM. — CULTURE DES PLANTES MÉDICINALES EN MAINE-ET-LOIRE. 569
JASMINUM NUDIFLORUM
RÉPONSE AU N» 3028 (AISNE)
La plante dont vous nous avez adressé un
échantillon est le Jasminum nudiflorum,
Lindley. Charmante espèce que l’on ne pour-
rait trop recommander, qui réunit à peu
près tout ce que l’on peut exiger d’une
plante éminemment ornementale. En effet,
elle est excessivement floribonde, et ses
fleurs, grandes, du jaune le plus brillant,
sont tellement abondantes que, lors de la
floraison, elles couvrent complètement les
plantes.
Cette espèce, que l’on pourrait appeler
saxicole, est surtout très-propre pour garnir
les rochers avec lesquels elle s’harmonise
parfaitement. Plantée dans les interstices
des rochers, entre les pierres, elle couvre
bientôt celles-ci. Ses grandes fleurs s’épa-
nouissent depuis le mois d’octobre jusqu’au
printemps, et comme l’épanouissement des
fleurs est un peu irrégulier, et qu’il pré-
sente quelques variations suivant la position
et la vigueur des plantes, il en résulte,
lorsque l’hiver n’est pas rigoureux, que les
plantes sont en fleurs pendant toute cette
saison.
Afin d’obtenir de charmants contrastes
et de jouir de la beauté exceptionnelle de la
floraison, il faut disséminer les plantes de
manière qu’il y ait près d’elles un peu de
verdure, par exemple dans le voisinage des
Mahonias, Genêts, Cotonéasters, etc. On
peut également planter en massifs autres
que dans des rochers, mais, dans ce cas, il
faut placer les plantes en bordures, ou, si
on les place dans l’intérieur des massifs, il
faut faire en sorte qu’elles soient dans des
clairières ou dans le voisinage de plantes
basses, avec lesquelles elle s’harmoni-
sera.
Comme la plante est rampante et longue-
ment traînante, elle est très-propre à garnir
les déclivités de terrain, et même en la pla-
çant sur le bord de rochers abruptes, ses
tiges s’allongent et peuvent couvrir ceux-ci.
Quant à la culture et à la multiplication,
elles n’offrent aucune difficulté ; il suffit de
mettre les plantes en terre, n’importe où et
quelle que soit celle-ci.
Bien que le Jasminum nudiflorum
puisse croître à toutes les expositions, il
convient de le placer dans les endroits très-
aérés, et, s’il est possible, assez ensoleillés ;
à l’ombre, la plante pousse bien, mais se
dégarnit et fleurit peu. Pour ce qui est
de la multiplication, rien à dire, sinon qu’il
suffit que les rameaux touchent le sol pour
pu’ils se garnissent de racines.
Un fait peu connu, qui, pour nous, doit
entrer dans l’historique du Jasminum nu -
diflorum, est celui-ci : lors de son arrivée à
Paris, on soumit un rameau de cette
espèce à un grand sinologue de l’Institut,
accomgagné du signe chinois sous lequel il
était arrivé. Il traduisit ce signe unique,
sorte de lettre ou de caractère chinois, par
cette phrase : Fleur qui devance le prin-
temps, ce qui démontre la valeur symbo-
lique et concise de l’écriture chinoise. En
effet, tous les caractères pratiques de cette
espèce, son signalement pourrait-on dire,
sont contenus dans cette phrase ; la plante,
en effet, cesse de fleurir lorsqu’arrive le
printemps, par conséquent devance celui-ci.
E.-A. Carrière.
CULTURE DES PLANTES MÉDICINALES EN MAINE-ET-LOIRE
La flore de l’Anjou est riche d’un grand
nombre de plantes médicinales qui croissent
spontanément dans les sables alluvionnaires
de la vallée de la Loire, sur le terrain cré-
tacé de l’arrondissement de Saumur et du
Beaugeois, sur les calcaires et les schistes de
la vallée de Layon, et sur les sols granitiques
de l’arrondissement de Gholet.
Pendant longtemps, les espèces officinales
furent seulement récoltées par les herboristes
1 Communication faite à la Société des agricul-
teurs de France.
de profession et encore par la nombreuse
cohorte de prétendus sorciers qui hantent les
campagnes angevines et mettent à rançon leur
trop crédules habitants, même encore aujour-
d’hui, malgré la vulgarisation de l’instruction.
Le paysan de l’Anjou, malgré son intelli-
gence native, sa défiance de ce qui est étranger
à ses habitudes et au milieu dans lequel il est
accoutumé de vivre, est, par une singulière
contradiction de son caractère, essentiellement
porté vers toutes les pratiques surnaturelles.
Il a, au milieu de ses qualités, le grand défaut
de croire aux prétendus sorciers et aux mau-
570
CULTURE DES PLANTES MÉDICINALES EN MAINE-ET-LOIRE.
vais sorts. Les vaches manquent-elles de lait,
les maladies épizootiques s’abattent-elles sur
ses étables, on lui a jeté un mauvais sort, et
lui, si peu prodigue de son argent dans les
choses ordinaires de la vie, n’hésitera pas à
sacrifier tout travail et son argent, pour se
mettre à la recherche du sorcier fameux qui
conjurera le mauvais sort qu’on a jeté sur sa
maison, plutôt que de s’enquérir de la cause
naturelle du mal.
I. — C’est en 1842 qu’un homme de bien,
Pierre-Aimé Godillon, natif de la commune de
Saint-Lambert-du-Lattay, eut l’idée féconde de
cultiver un groupe de plantes médicinales ; •
son but tout philanthropique était d’assurer du
travail aux vieillards et aux femmes de la
commune de Saint-Lambert-du-Lattay, dont
les fils ou les époux étaient occupés à l’extrac-
tion de l’anthracite dans les mines et du cal-
caire marbre pour les fours à chaux de la
commune de Beaulieu.
Pierre-Aimé Godillon revenait à son pays
natal après une longue vie de labeurs, passée
à la tête d’une importante maison de com-
merce de Paris.
C’était à coup sûr une noble pensée à
laquelle obéissait ce vétéran du commerce
parisien : introduire dans son pays une culture
toute nouvelle, occuper les femmes à la cueil-
lette de la récolte, et les vieillards, obligés de
renoncer aux travaux usuels du pays, à monder
les plantes. L’un trouvait dans l’accomplisse-
ment de son œuvre la satisfaction que tout
homme trouve à soulager son semblable, les
autres rencontraient dans l’exécution de leur
tâche des ressources destinées à augmenter le
bien-être du foyer et à rendre moins lourdes
les dernières années de la vie.
Les nouvelles cultures du Puits-Chesnault, à
Saint-Lambert-du-Lattay, furent tout d’abord
de peu d’étendue; chaque espèce était cultivée
de telle façon qu’elle pût produire des récoltes
mondées, n’excédant pas 50 à 00 kilogr.
Mais à partir de 1853, M. Émile Godillon,
fils de Pierre-Aimé Godillon, donna une plus
grande extension à la culture des espèces offi-
cinales ; il aborda l’aménagement des plantes
employées par les distillateurs. Si bien qu’ac-
tuellement la production des plantes médici-
nales, cantonnées tout d’abord sur la commune
de Saint-Lambert-du-Lattay, occupe plusieurs
centaines d’hectares à Beaulieu, Rochefort-sur-
Loire, Saint-Aubin-de-Luigné, La Jumellière,
Ghemillé, Chauzeaux, Le Champ, Rablay.
Les produits de cette culture que j’appellerai
« spécialité », qui croissent sur les meil-
leures terres argilo-calcaires qui recouvrent le
massif des schistes des communes que je viens
d’énumérer , sont très-recherchés par les
grandes distilleries. Les plantes à parfums :
Roses dites de Provins, Camomilles, Mélisse,
Hyssope, acquièrent dans ce milieu des qua-
lités marchandes si marquées, que malgré la
baisse des prix qui atteint tout ce qui touche
de près ou de loin l’agriculture, elles font
encore prime sur les marchés et supportent
vaillamment la concurrence.
Quoi de surprenant? La nature du sol, le
climat, tout s’y prête. Et M. Émile Godillon,
ainsi que ses imitateurs, n’étaient-ils pas bien
préparés d’ores et déjà par l’inventeur lui-
même de ces cultures spéciales à soigneuse-
ment monder, sécher, conserver les récoltes
premières ?
Maintenant ce ne sont plus seulement les
vieillards et les femmes auxquels Pierre- Aimé
Godillon voulait venir en aide, qui trouvent un
travail assuré et rémunérateur dans la cueil-
lette, la préparation des espèces officinales et
industrielles. La famille agricole y trouve, elle
aussi, une aisance qui fait contraste, par ce
temps où l’on voit des produits de l’agricul-
ture proprement dite enveloppés par la dé-
préciation.
La culture des plantes officinales a grandi,
elle a passé dans la ferme. A côté des Godil-
lon, d’autres sont venus concourir à l’extention
de son rayonnement. Elle n’est plus limitée
aux rives sinueuses du Layon et de l’Hyrome,
elle a passé la Loire’, et aujourd’hui on trouve
des champs de Camomille égayant de leurs
blanches corolles la vallée de Saint-Georges-
sur-Loire, jusqu’à Ingrandes. Cette dernière
localité était d’ailleurs, vers 1850, un centre
de cueillaison d’espèces médicinales, et notam-
ment de la Scabieuse, croissant adventicement
dans les campagnes, que l’on venait chercher
jusqu’au delà de Bécon.
Le groupe des plantes médicinales cultivées
comprend particulièrement : la Rose dite de
Provins, la Camomille, la Mélisse, l’IIyssope,
la Belladone, le Datura Stramonium.
IL — J’ai fait remarquer que la culture des
espèces officinales reposait particulièrement
sur la couche argilo-calcaire et parfois siliceuse
qui recouvre les chistes, mais on a bien soin
pour la plantation de choisir de préférence les
terres suffisamment profondes, perméables,
susceptibles de pouvoir être défoncées soit à la
main, soit à la charrue, à 30 ou 40 centimètres
de profondeur.
Après un labour profond, le sol est repris
pour bien l’ameublir, et diviser la fumure
nécessaire à la réussite de la plantation.
Lorsque le sol est définitivement préparé,
on le distribue par planches de fm 50 de lar-
geur et on plante à l’hiver par éclats les diffé-
rentes espèces, ou par œilletons, notamment
la Camomille et les Rosiers de Provins, en
espaçant les éclats ou œilletons de 60 centi-
mètres les uns des autres ; chaque planche est
séparée par un passe-pied large de 80 centi-
mètres pour faciliter les façons de binages et
de sarclages nécessaires, puis l’enlèvement des
fleurs ou des sommités.
En dehors des avantages de main-d’œuvre *
que la récolte et la culture des espèces médi-
cinales a procurés aux habitants des groupes
CULTURE DES PLANTES MÉDICINALES EN MAINE-ET-LOIRE.
571
agricoles de Saint-Lambert-du-Lattay, il en est
résulté un autre non moins important et qui a
eu une influence économique que je ne saurais
négliger de signaler.
Avec l’extension [de l’industrie des plantes
médicinales, les bonnes terres, étant préférées
pour leur culture, ont gagné une plus-value
d’affermement sur les autres natures du sol,
qui n’est pas inférieure à 50 p. 100.
De sorte qu’en même temps que les ouvriers
d’abord et la famille agricole ensuite trou-
vaient la main-d’œuvre assurée de ce côté, le
propriétaire du fonds voyait en même temps
augmenter le revenu de sa terre, tant il est
vrai que tout s’enchaîne dans la vie.
En implantant sur le sol de son pays natal
une culture nouvelle, Pierre-Aimé Godillon,
qui n’avait pensé tout d’abord qu’à faire une
bonne œuvre en procurant à des vieillards et à
des femmes un salaire supplémentaire, est
venu par le fait concourir à l’augmentation de
la fortune territoriale de tout un district agri-
cole du département de Maine-et-Loire.
Que d’enseignements il y aurait à tirer de cet
enchaînement des choses de la vie, et combien
plus le cœur et l’esprit trouvent de satisfaction
à explorer le domaine spéculatif agricole qu’à
se laisser captiver par les' feux follets de la
politique !
III. — J’arrive au produit des plantes médi-
cinales cultivées en Anjou, et aux frais qu’en-
traîne leur culture. Je vais établir le compte
cultural et le compte rendement de chacune
des espèces cultivées : Rose de Provins, Hys-
sope, Mélisse, Camomille, Belladone, Stra-
moine.
Les chiffres que je donne, les rendements
que j’indique, sont empruntés aux livres de
la famille des Godillon ; ils sont par consé-
quent absolument authentiques, et je saisis
cette occasion pour remercier M. Émile
Godillon de la bienveillance avec laquelle il
s’est mis à ma disposition pour me donner
tout moyen d’écrire l’intéressante histoire de
la culture des plantes médicinales en Maine-et-
Loire.
1° Fleurs de Roses de Provins.
Frais
par hectare.
Location du terrain 150 francs.
Culture et plantation 250 —
Cueillette, mondage, etc 500 —
Total 900 francs.
Rendement : 500 kilogr.
Prix de vente : 588 fr. les 100 kilogr. = 2,500 fr.
Produit net : 1,600 fr.
2° Hyssope.
Location du terrain 150 francs.
Culture et plantation 200 —
Cueillette, mondage, etc 300 —
Total 650 francs.
Rendement : 1,800 kilog.
Prix de vente : 80 fr. les 100 kilogr. = 1,440 fr.
Produit net : 790 fr.
3° Mélisse .
Location du terrain
Culture et plantation...
Cueillette, mondage, etc
Frais
par hectare.
150 francs.
250 —
350 —
Total 750 francs.
Rendement : 1,200 kilogr.
Prix de vente : 150 fr. les 100 kilogr. =1,800 fr.
Produit net : 1,050 fr.
4° Camomille.
Location du terrain 150 francs.
Culture et plantation 250 —
Cueillette, mondage, etc... 400 —
Total 800 francs.
Rendement : 1,200 kilogr.
Prix de vente : 170 fr. les 100 kilogr. = 2,040 fr.
Produit net : 1 ,240 fr.
5° Belladone.
Location du terrain 150 francs.
Culture et plantation 200 —
Cueillette, mondage, etc 300 —
Total 650 francs.
Rendement: 1,200 kilogr.
Prix de vente: 130 fr. les 100 kilogr. = 1,560 fr.
Produit net : 910 fr.
6° Stramoine.
Location du terrain 150 francs.
Culture et plantation 100 —
Cueillette, mondage, etc 200 —
Total 450 francs.
Rendement : 100 kilogr.
Prix de vente : 80 fr. les 100 kilogr. = 800 fr.
Produit net : 350 fr.
Ainsi voilà six espèces de plantes dites médi-
cinales qui, cultivées industriellement, donnent
aux producteurs des produits nets par hectare
de 1,600, de 1,240, de 1,050, de 910, de 790
et de 350 fr., et qui procurent aux ouvriers
chargés de la récolte, du mondage, etc., une
main-d’œuvre variant entre 200 et 500 fr.,
qu’ils ne pourraient trouver pour la plupart
dans aucune autre occupation locale.
Ce n’est ni la culture du Chanvre, ni celle de
la Vigne, qui peuvent assurer aux ouvriers
agricoles de l’Anjou une main-d’œuvre aussi
rémunératrice et réalisée dans le laps de temps
qui sépare l’achèvement de la moisson du
commencement des vendanges, c’est-à-dire à
un moment où les bras se reposent ; aucune
autre culture d’assolement, sauf la Vigne, ne
donne également d’aussi importants résultats
aux producteurs.
J’ai indiqué que la culture des espèces offi-
cinales avait eu des résultats économiques,
pour l’un des districts agricoles de l’Anjou,
que j’ai cru intéressant de signaler, parce qu’il
n’en est fait mention à ce jour dans aucun do-
cument officiel.
Mais au point de vue de la culture ordinaire
du pays, l’aménagement des plantes médici-
nales a encore eu cet avantage de demander
des labours profonds, d’abondantes fumures,
des soins de sarclage] et dej binage! répétés ;
572
CATTLEYA ROEZLII.
toutes choses qui contribuent singulièrement
bien à nettoyer, à améliorer le sol et à le
mettre en bonnes conditions pour recevoir les
céréales, les plantes racines ou fourragères.
Aussi n’est-il point exceptionnel de voir, sur
les parcelles cultivées en plantes médicinales,
les Blés, quand ils y font retour, donner 28 à
30 hectolitres à l’hectare, alors que le rende-
ment ordinaire des meilleures terres soumises
à l’assolement régulier ne dépasse guère
20 hectolitres et 24 dans les années les plus
fécondes.
IV. — Tout d’abord, le seul débouché
qu’avaient les récoltes des plantes médicinales
était Paris ; aujourd’hui, et depuis la culture
des plantes de distillation, les débouchés se
sont élargis.
Avec Paris, Lyon, Marseille, Londres sont
les principaux centres vers lesquels sont diri-
gés les produits de la culture spéciale dont
Saint-Lambert-du-Lattay est resté le centre, et,
comme je le disais plus haut, les plantes à
parfums de l’Anjou sont recherchées sur les
grands marchés de la France et de l’Angle-
terre.
En évaluant à 500 hectares l’étendue des
terres consacrées à la culture des plantes mé-
dicinales et de distillation, je ne m’écarte pas
de la vérité ; et en portant à 1,000 fr. par hec-
tare le revenu net moyen, on remarquera que
cette culture, « en dehors » de l’assolement
régulier, donne un produit qui, par le temps
actuel, ne saurait être une quantité négli-
geable, alors même que cette culture est limi-
tée à un groupe de communes.
D’autre part, en prenant le rapport moyen
de la main-d’œuvre des six cultures que je
viens de décrire, on arrive à un produit moyen
de main-d’œuvre qui est de 334 fr. Ce qui
revient à dire que les vieillards, que les femmes,
occupés pendant la saison de la cueillette et du
mondage des fleurs et des sommités de plantes
médicinales, c’est-à-dire à un moment de l’an-
née où le travail qui vient de finir attend le
travail qui va reprendre, obtiennent un salaire
moyen de 334 fr., qui, réparti sur les trois
cents jours de l’année de travail, constitue un
revenu de 1 fr. 10 par jour, qui n’est autre
chose à vrai dire qu’une véritable prime au
travail assidu. Bouchard.
CATTLEYA ROEZLII
M. Alfred Bleu, qui a, on peut le dire,
créé la race horticole des Caladiums à feuil-
lage coloré, n’a pas uniquement consacré
ses soins éclairés et minutieux à ce genre
si intéressant et si beau. Il cultive, avec la
même passion, un certain nombre de plantes
choisies, et les formes nouvelles qu’il a ob-
tenues par l’hybridation dans les Orchidées,
les Bégonias à beau feuillage, les Bertolo-
nias, etc., sont déjà nombreuses.
Cette fois, le hasard surtout l’a favorisé,
et, pour donner l’histoire de la belle Orchi-
dée figurée ci-contre, et qui est dédiée au
célèbre explorateur horticole, Bénédict
Boezl, qui l’a découverte, ainsi d’ailleurs
que tant d’autres plantes de la plus grande
beauté, nous n’avons pas cru pouvoir mieux
faire que de nous adresser au parrain même
de cette nouveauté, M. Bleu.
Avec son obligeance habituelle, le sym-
pathique secrétaire de la Société nationale
d’horticulture de France nous a envoyé la
notice suivante :
« Le Cattleya Roezlii , dont la patrie d’origine
est le Vénézuéla, se distingue assez peu du
C. Mossiæ , dont il semble n’être qu’une forme.
Il est d’ailleurs considéré comme une variété
de ce dernier. Quant à moi, en examinant ses
caractères généraux, je trouve qu’il est inter-
médiaire entre les C. Mossiæ et speciosissima.
On le trouve mélangé à ces deux types, à ce
que m’a affirmé Roezl lui-même, et j’ai pu
constater le fait dans un envoi très-important
d’Orchidées reçu directement de cette contrée
si riche en belles espèces de cette très-intéres-
sante famille.
C’est, en effet, dans l’envoi précité que j’ai
trouvé, parmi de nombreux et superbes exem-
plaires de C. Mossiæ auxquels se trouvaient
mêlés quelques sujets relativement petits de
C. Lüddemanniana et speciosissima , le type
si remarquablement beau qui m’a paru digne
de figurer dans la Revue horticole. Son carac-
tère intermédiaire entre le C. speciosissima
et le C. Mossiæ, qui, à son arrivée, était beau-
coup plus accusé qu’aujourd’hui, me frappa
immédiatement, et, pour beaucoup, je n’aurais
pas consenti à m’en séparer. Le sujet n’avait
que quatre pseudo-bulles, dont trois portaient
des traces d’inflorescences. C’était vers la fin
de juillet 1883, je le plantai de suite, et, au
mois de mai 1885, j’eus la satifaction de voir
que la confiance que j’avais mise en lui était
bien justifiée.
Le C. Mossiæ est certainement, parmi les
espèces de ce genre, une des plus vigoureuses
et des plus faciles à cultiver ; c’est également
une des plus florifères. Ces qualités sont en-
tièrement partagées par le C. Roezlii, et il
possède en outre celle de conserver sa fleur en
parfait état de fraîcheur pendant près d’un
mois. Toutes les parties du périanthe sont bien
étoffées, et l’ensemble de cette fleur, dont le
maintien est irréprochable, est absolument sé-
duisant. Les sépales et les pétales sont très-
larges, et ces derniers fortement arrondis ; le
labelle, qui est également très-large, est sur-
Kevwe rioruwie .
PTARMICA GRANDIFLORA FLORE PLENO.
573
tout remarquable par le rouge vif de l’intérieur
de son disque, qui va se fonçant en pénétrant
dans la gorge, à l’entrée de laquelle cette cou-
leur est coupée par une bande transversale
jaune d’or, et par une large bande blanc-crême
très-régulièrement dentelée, qui le couronne.
Le Cattlega Roezlii est maintenant pré-
senté ; il parcourra dignement la belle car-
rière qui lui est réservée.
La seule chose que nous ajouterons à la
description de M. Bleu, c’est que nous
sommes heureux que cette belle plante soit
patronnée par un horticulteur français, et
qu’elle porte le nom de l’illustre collecteur
qui a consacré sa vie à la recherche et à
l’introduction, en Europe, des superbes
végétaux des deux Amériques.
Ed. André.
PTARMICA GRANDIFLORA FLORE PLENO
Plante vivace, très- rustiqne et extrême-
ment robuste, gazonnante-traçante ; tige at-
teignant environ 30 à 50 centimètres de
hauteur, légèrement anguleuse, très-rami-
liée. Feuilles sessiles, légèrement amplexi-
caules, longuement linéaires, acuminées en
pointes au sommet, denticulées sur les
bords, luisantes. Fleurs grandes (2 centi-
mètres au moins de diamètre), très-pleines,
formées de ligules serrées, nombreuses, de
manière que l’ensemble des fleurs rappelle
un peu celle de certaines Matricaires, d’un
blanc très-pur, sans aucune nuance d’autre
couleur, extrêmement nombreuses, légère-
ment odorantes, réunies et formant de
grandes ombelles ou corymbes par la réu-
nion d’ombelles secondaires.
Cette espèce, très-propre à l’ornementa-
tion générale, peut être employée pour la dé-
coration des plates-bandes et la création de
massifs. On peut aussi la cultiver en pots et
alors, par un traitement spécial, en avancer
ou retarder la floraison, de manière à la
faire coïncider avec une grande fête parti-
culière où les fleurs, les blanches surtout,
sont très-recherchées et atteignent des prix
relativement élevés, comme à la Sainte-
Marie, par exemple. Si les plantes étaient
en pleine terre, on pourrait également en
faire varier l’époque de floraison, en raison
de certaines circonstances, ce à quoi l’on
parvient en laissant souffrir les plantes,
c’est-à-dire en les privant d’eau, puis en les
arrosant de manière à ce que la végétation
reparte, et qu’alors les plantes fleurissent
pour l’époque où l’on a besoin des fleurs ;
et en coupant ou fauchant les plantes afin
qu’elles ne fleurissent que plus tard, lors-
qu’une nouvelle végétation aura remplacé
celle qui a été supprimée.
Dans l’un comme dans l’autre cas, c’est
une affaire de tâtonnement, où l’expérience
est le seul guide. Toutefois cette espèce se
prête d’autant mieux aux expériences,
qu’elle remonte facilement et qu’elle donne
une seconde et même une troisième florai-
son. De même aussi l’on peut opérer par-
tiellement , c’est-à-dire ne soumettre à
l’expérience qu’un certain nombre de
plantes, ou bien, si celles-ci sont en pleine
terre, en planches, n’en rabattre que la
quantité nécessaire pour obtenir les fleurs
dont on a besoin. S’il s’agissait, au con-
traire, d’avancer la floraison des plantes, il
serait bon de les avoir en pots, afin d’en
arrêter et faire avancer à volonté la végéta-
tion. Dans ce cas, on prive d’eau les plantes
en ne leur en donnant que ce qui est stric-
tement nécessaire pour les empêcher de
mourir; puis on les arrose copieusement,
de manière à faire développer les tiges, qui
alors ne tardent pas à fleurir.
Usages. — Outre l’ornementation dont
nous venons de parler, le Ptarmica gran-
di flora flore pleno est surtout propre à la
confection des bouquets et tout particuliè-
rement à celle des couronnes ; la plante se
prête d’autant mieux à cet usage, qu’elle
est très-ramifiée et que ses inflorescences,
qui sont fortes et larges, peuvent se diviser
en parties aussi petites que l’on veut, ce qui
en facilite l’emploi dans les différentes cir-
constances où d’autres ne pourraient trou-
ver place.
Culture et multiplication. — Ces choses
ne présentent aucune difficulté. Presque
toutes les terres comviennent, pourvu qu’elles
soient aérées et insolées. Quant à la multi-
plication, on la fait par la division des
pieds, que l’on pratique au printemps ,
lorsqu’ils vont entrer en végétation. On
plante en pépinière, d’où l’on prend, lorsque
les sujets sont bien établis, pour l’usage
auquel on les destine. Ajoutons que les
fleurs de Ptarmica se conservent très bien
après qu’elles sont coupées, même lorsqu’on
ne les met pas dans de l’eau, ce qui explique
leur emploi dans les bouquets d’hiver.
On peut se procurer le Ptarmica gran-
di flora flore pleno chez M. Godefroy-Le-
beuf, horticulteur à Argenteuil.
E.-A. Carrière.
574
PSEUDOPHŒNIX SARGENTI.
PSEUDOPHŒNIX SARGENTI
La découverte de ce beau Palmier nou-
veau, que la Revue horticole a signalée
dès 1887 i, lors de la création du nouveau
genre auquel il appartient, offre un intérêt
horticole de premier ordre, au moins pour
notre région méditerranéenne. Nous sommes
donc revenus plusieurs fois sur son compte,
à mesure que les documents nouveaux nous
parvenaient 2.
Aujourd’hui, grâce à l’obligeante com-
munication de M. Ch. Sargent, nous pou-
vons offrir à nos lecteurs deux clichés qui
leur feront connaître la plante, on pourrait
dire de visu. La figure 141 donne le port
du Pseudophœnix Sargenti, tel qu’il a
été retrouvé à Long’s Key, au sud de la
Floride, au printemps de 1887, et photo-
graphié par M. James Codman.
Ce rarissime Palmier, découvert par
M. Ch. Sargent, pour la première fois, le
19 avril 1886, à l’extrémité orientale d’El-
liot’s Key (Floride), n’a pas été rencontré
ailleurs que dans les deux localités précitées.
A Long’s Key, où il est le plus abondant, le
nombre total des exemplaires observés ne
dépasse pas 200. Mais il y a lieu de penser
Fig. 140. — Pseudophœnix Sargenti.
Ramule et fruits détachés. — Grains. — Embryon.
qu’il existe ailleurs, dans la région des Reef
Keys de la Floride, et peut-être même aux
îles Baliama, dont la flore, encore peu
connue, est très-voisine de celle de ses con-
trées.
Le Pseudophœnix Sargenti a le port
d’un Oreodoxa regia, cet admirable Pal-
mier dont on voit de si beaux exemplaires
à Rio-de-Janeiro et à la Martinique, et
ses feuilles sont pennées comme celles des
Dattiers, qui ont motivé le nom du genre.
Ces caractères lui assurent une place choisie
parmi les plantations de la côte niçoise, où
il sera probablement rustique. Si l’on ajoute,
1 Voir Revue horticole , 1887, p. 34.
2 Ibid., 1888, p. 482.
à cette haute valeur ornementale, l’ap-
point de ses jolis fruits rouges ou orangés
(fîg. 140), on verra que rien n’est plus
désirable que l’introduction prochaine, en
Europe, de cette belle nouveauté. Nos ren-
seignements nous donnent à croire qu’elle
ne se fera pas longtemps attendre.
Nous avons précédemment décrit l’espèce
(?. c.), mais, comme elle est vraisemblable-
ment destinée à un légitime succès, nous
croyons utile d’en fixer les caractères bota-
niques par la traduction littérale de ceux
que M. H. Wendland a publiés 1 :
Pseudophœnix, nov. gen. Herm. Wendl. —
Genre voisin des Gaussia. Fruit stipité-dru-
1 Gard, and Forest, 1888, p. 352.
PSEUDOPHŒNIX SARGENTI.
575
pacé , cérasiforme , orangé , consistant en
1-3 carpelles globuleux, à restes stigmatiques
persistant à la base, ou bien latéraux ou
centraux dans les fruits lobés ; épicarpe
coriace ; mésocarpe grumeleux ; endocarpe
légèrement vitreux crustacé. Graine libre,
dressée, subglobuleuse, à hile basilaire, à
raphé ascendant portant de chaque côté deux
ou trois ramifications courbées, à albumen
homogène ; embryon basilaire. Fleurs femelles
composées d’un calyce petit, ouvert en coupe,
à trois dents fines ; trois pétales obtus, verts,
Fig. 14t. — Le Pseuclophœnix Sargenti dans son site natal, au sud de la Floride.
(D’après une photographie.)
réfractés. Six staminodes à sommet pourpre
foncé.
Arbre dressé, de 6 à 8 mètres de hauteur, à
feuilles pinnatiséquées, à segments durius-
cules très pliés à la base.
Jusqu’ici, le genre Pseuclophœnix est
monotype. L’étude plus approfondie de la
flore méridionale des États-Unis en révè-
lera-t-elle de nouveaux types ? C’est ce que
tous les palmophiles doivent désirer.
Ed. André.
TROPÆOLUM ADUNCUM.
576
TROPÆOLUM ADUNCUM
Parmi les très-bonnes plantes grim-
pantes, il en est une que nous n’hésitons
pas à placer en première
ligne et à recommander
comme l’une des plus mé-
ritantes, c’est le Tropæo-
lum aduncum , Smith,
appelé improprement « Ca-
pucine des Canaries »,
puisqu’il est originaire du
Mexique. Nous disons plan-
tes des plus méritantes et
non des plus belles , car
les expressions, que l’on
confond souvent, sont pour-
tant d’une valeur très-diffé-
rente, puisque dans certains
cas elles peuvent différer
considérablement. En effet,
beau ou belle n’implique qu’une chose : ce
qui satisfait les yeux et plaît; pour être
méritante , il faut
plus : qu’à la beauté
se joignent d’autres
qualités.
Citons comme
exemple d’opposition
le Cereus grandiflo-
rus, dont la fleur est
évidemment très-
belle , même pour
tout le monde et
quels que soient les
goûts, et pourtant
cette plante n’est pas
méritante. D’abord
elle exige une serre
chaude que peu de
personnes possèdent;
elle est aphylle (sans
feuille), et ne fleurit
que lorsqu’elle est
déjà âgée, et, de
plus, sa fleur ne dure
guère que deux heu-
res et ne s’épanouit
que la nuit ; de sorte
qu’après avoir cul-
tivé la plante pen-
dant plusieurs an-
nées il faut encore,
pour en voir la fleur,
sacrifier une partie
de son sommeil, la guetter, pourrait-on
dire. D’après cela, n’est-il pas évident que
si le Cereus grandi florus est joli, très-
joli même par sa fleur, il est cependant
loin de constituer une es-
pèce méritante?
Maintenant , si nous lui
opposons la plante qui fait
le sujet de cet article, le
Tropæolum aduncum , on
va tout de suite reconnaître
qu’il y a entre les deux une
différence considérable qui
justifie nos dires, à propos
des adjectifs beau et méri-
tant. En effet, outre que le
Tropæolum aduncum a de
belles et très-nombreuses
fleurs, la plante, qui est
annuelle, peut être cultivée
par tout le monde puis-
qu’elle croît très-bien, même en pot ou en
caisse, où elle fleurit parfaitement et pen-
dant toute l’année,
c’est-à-dire qu’elle
ne cesse qu’à l’ar-
rivée des froids. On
le voit, en compa-
rant les deux plan-
tes, on constate que
si la première est
belle, elle est loin
d’être méritante ,
tandis qu’il en est
tout autrement de
la deuxième, puis-
qu’elle réunit ces
deux qualités.
Après cette sorte
de digression, qui
nous a paru néces-
saire pour faire res-
sortir le mérite du
Tropæolum adun-
cttm(fîg.l4^ et 143),
nous allons en don-
ner une description :
Plante vigoureuse,
grimpante ou mieux
prenante, par le con-
tournement des pétio-
les, des pédoncules et
même des ramifica-
tions, très-floribonde,
glabre dans toutes ses
parties. Tiges cylindriques. Feuilles quinquélo-
bées, à lobes inégaux, le médian beaucoup plus
Fig. 142. — Capucine des Canaries.
Rameau.et fleur détachés.
Fig. 143. — Capucine des Canaries.
Port de la plante.
TILLANDSIA (vIIIESEA) X ALBERTI.
grand, largement arrondis-obovales profonds,
les deux inférieurs plus petits, presque laté-
raux, très-variables quant aux dimensions sui-
vant la vigueur des plantes. Inflorescences en
grappes terminales, atteignant 40 centimètres
environ de longueur. Fleurs axillaires, sur un
pédoncule légèrement contourné et relative-
ment long, à divisions très-inégales, l’exté-
rieure plus grande, terminée en un éperon
court fortement recourbé au sommet, qui reste
toujours vert; divisions supérieures profondé-
ment fendues, atténuées à la base en une sorte
de pédicule, puis très-largement étendues et
profondément laciniées, à lobes denticulés,
d’un beau jaune d’or, excepté à la base des
divisions, où se trouvent des liserés rouges,
qui contrastent agréablement avec tout le reste
de la fleur, qui est jaune. Fruits relativement
gros, fortement côtelés, à côtes arrondies,
comme carénées.
Cette espèce, que nous n’hésitons pas à
recommander, n’est pas délicate et fleurit
jusqu’aux gelées suivant l’époque où l’on a
semé ses graines. De même que toutes les
autres formes du genre, le Tropæolum
aduncum, Smith (T. peregrinum, Jacq.),
se cultive très-bien en pot ou en vase, et y
acquiert même d’assez grandes proportions.
577
Ainsi, à Plombières, au café des Vosges, nous
en avons vu qui, bien que plantées dans des
caisses, dépassaient 3 mètres de hauteur ;
elles garnissaient toute la devanture d’une
vérandah qui n’avait pas moins de 15 mètres
de longueur sur 3m 50 de hauteur, ce qui
formait un rideau magnifique, et d’autant
plus beau que le propriétaire avait eu l’heu-
reuse idée de planter, çà et là, quelques
graines de Capucine ordinaire à fleurs
rouges, qui, mélangées avec celles du Tro-
pæolum aduncum, qui sont jaunes, pro-
duisait de charmants contrastes.
Un sol léger et consistant, composé de
terre franche siliceuse additionnée d’un peu
de terreau gras, convient parfaitement à
cette plante. Il va sans dire que, si les sujets
sont en vases, il faudra arroser plus souvent
que s’ils étaient en pleine terre, quoique
cependant il puisse y avoir des exceptions
suivant la vigueur des plantes, leur force
et les conditions dans lesquelles elles sont
placées, etc. Quant aux semis, on les fait
dès les premiers beaux jours, comme, en
général, pour toutes les plantes annuelles.
E.-A. Carrière.
TILLANDSIA (VRIESEA) x ALBERTI
Les Broméliacées ne sont plus seulement
des fantaisies d’amateurs, curieuses et belles
comme plantes d’introduction directe. Elles
prennent de plus en plus d’importance dans
les cultures, et voici que les produits d’hy-
bridations intelligentes se montrent sur les
marchés comme des gains dont la valeur est
appréciée chaque jour davantage. Nous en
trouvons une preuve nouvelle dans la nou-
veauté que nous décrivons aujourd’hui en
ces termes :
Tillandsia (Vriesea) Alberti , Ed. André. —
Feuilles au nombre de 18 à 20, très-glabres,
vert pâle, dressées-décurves, oblongues, ob-
tuses, à mucron apical tordu, canaliculées, lar-
gement et brusquement embrassantes à la
base, longues de 20 à 25 centimètres, larges de
35 millimètres. Hampe haute de 15 centimètres
étroitement entourée de bractées imbriquées,
ovales-obtuses, mucronées, vertes. Épi dressé,
long de 10 à 12 centimètres, ovale-aigu, com-
primé, composé de 10 à 15 fleurs distiques ;
bractées florales imbriquées, ovales, navicu-
laires, aiguës, à pointe presque droite, d’un
beau rouge-orangé, jaunes et vertes au bord
supérieur. Fleurs égalant ou dépassant à peine
les bractées; calyce large de 35 à 40 milli- |
mètres, arrondi à la face externe, comprimé à
la face interne, à sépales étroitement conni-
vents, ovales-aigus, membranacés; corolle à
lobes oblongs, obtus, cucullés, jaunes, à som-
met vert; étamines à filets égalant l’anthère,
plus courtes que le style; stigmate vert à trois
branches étalées, émoussées, papilleuses.
Hybride obtenu en 1886 par M. Albert
Truffaut, horticulteur à Versailles (à qui je
la dédie), d’un croisement entre le T.
( Vriesea ) incurvata, Gaud., fécondé par
T. Morreniana , Hort. La première floraison
a eu lieu en 1888. Cette plante diffère sur-
tout du T. incurvata par ses feuilles plus
obtuses, ses épis plus courts, ses bractées
moins nombreuses, ni sillonnées ni in-
curves. Elle est remarquable par la belle
couleur rouge de ses bractées formant un
épi distique très-élégant.
Nous prédisons un bel avenir commercial
au T. Alberti et nous félicitons son habile
et heureux obtenteur i.
Ed. André.
1 Nous disons Tillandsia Alberti , parce que
le genre Vriesea ne doit plus décidément former
qu’une simple section du genre Tillandsia.
578
SUR UNE VARIÉTÉ A CÔNES LISSES DU SAPIN DE CÉPHALONIE
SUR UNE VARIÉTÉ A CONES LISSES DU SAPIN DE CÉPHALONIE
(ABIES GEPHALONIGA SUBMUTICA)
En examinant attentivement, à la fin de
l’été, les Conifères du Lois de Boulogne, qui
renferme une soixantaine de représentants
de YAbies cephalonica donnant aujour-
d’hui des cônes, on est frappé de ce fait
que, tandis que ces fruits ont des bractées
saillantes sur presque tous les arbres, deux
de ceux-ci portent des cônes qui, vus du
pied de l’arbre, apparaissent à l’œil, seul
ou aidé d’une bonne lunette de théâtre,
comme étant complètement dépourvus de
cette saillie des bractées, que l’on considère
comme un des caractères essentiels de l’es-
pèce. L’un de ces arbres est situé à l’extré-
mité orientale du lac de la Cascade ; il me-
sure de 6 à 7 mètres de hauteur; l’autre,
beaucoup plus vigoureux et plus fort, a de
9 à 10 mètres; il fait partie d’un groupe
de Sapins d’espèces diverses placé vers
l’allée du Grand^Lac, près de l’angle sud-
est de l’ancien parc aux daims.
Examinés de près, ces cônes laissent sub-
sister en grande partie l’impression reçue
à distance, c’est-à-dire qu’on trouve les
bractées incluses sur la plus grande partie
de leur surface, mais que, seulement à la
base et au sommet du cône, le mucron des
bractées fait une très-légère saillie dont la
longueur, mesurée exactement, ne dépasse
pas un à deux millimètres sur les fruits du
petit arbre, tandis qu’elle est de 3 à 4 mil-
limètres pour ceux du second sujet. Voici,
du reste, les caractères que l’on relève sur
les strobiles de l’arbre de la Cascade :
Cônes solitaires ou réunis par 2 ou 3, longs de
10 à 12 centimètres, larges de 3 à 4, arqués, cy-
lindriques, atténués à la base, et plus longue-
ment encore au sommet, entièrement mutiques
dans leur tiers moyen, laissant voir, dans leurs
deux tiers supérieur et inférieur, l’extrémité
du mucron de la bractée sous forme d’un fila-
ment luisant, brun, dressé, long de 1 à 2 mil-
limètres. Écailles moyennes cunéiformes,
épaisses, un peu plus larges que hautes, à bord
supérieur elliptique, entier; bords latéraux
inégalement dentés, minces, scarieux; onglet
triangulaire, long de 5 à 7 millimètres. Écailles
inférieures elliptiques, courtes, denticulées au
sommet. Bractées incluses, adnées à l’onglet de
l’écaille, longuement stipitées, à pédicelle
mince, membraneux, d’abord linéaire, puis
rétréci en un col auquel succède un limbe
trapézoïde, à bords frangés, surmonté d’un
mucron sétiforme long de 2 à 3 millimètres. |
Graines trigones, luisantes, longues de 6 à 8 mil-
limètres (toutes stériles cette année), à aile
membraneuse, irrégulièrement quadrilatère,
brusquement élargie au sommet.
Comme on en peut juger d’après cette
diagnose, ces cônes, rapprochés de ceux du
type, présentent de notables différences : ils
sont plus petits (10 à 12 centimètres de lon-
gueur au lieu de 12 à 18), leur forme est
cylindrique plutôt que fusiforme, leurs ex-
trémités moins obtuses ; enfin ils sont pres-
que lisses, tandis que dans le type la surface
du fruit se montre largement hérissée de
rangées bractéales bien visibles à distance.
J’ignore si d’autres personnes ont ob-
servé cette anomalie d’organisation dans le
fruit de YAbies cephalonica ; je ne l’ai
trouvée mentionnée dans aucun des auteurs
que j’ai consultés.
Mais les deux arbres auxquels je con-
sacre cette note sont-ils bien des Sapins de
Céphalonie ? Quant à moi, je n’en doutais
pas ; sauf le fruit, on y retrouve les carac-
tères attribués à cette espèce : ce sont bien
le même port, le même feuillage dense, d’un
vert foncé, luisant en dessus, glauque fari-
nacé en dessous, acuminé en une pointe
scarieuse, blanchâtre et très-aiguë; rien
n’y manque de ce qui caractérise le cepha-
lonica. Cependant, me défiant de mon ap-
préciation, et dans la crainte de commettre
une erreur, j’ai tenu à contrôler mon im-
pression par le jugement d’hommes plus
compétents que moi en la matière, et j’ai
fait voir un rameau de ces arbres à MM. Car-
rière et Henry de Vilmorin, qui n’ont pas
hésité à les considérer comme se rattachant
évidemment à l’espèce de YAbies cepha-
lonica.
Ainsi, le fait paraît bien établi : tandis
que le cône du Sapin de Céphalonie pré-
sente très-habituellement des bractées sail-
lantes et bien apparentes, des individus de
cette même espèce, en petit nombre, portent
des cônes, dont les bractées plus courtes
sont presque entièrement incluses ; en d’au-
tres termes, à côté du type bien connu,
il existe une variété à cônes lisses, et que,
pour ce motif, j’appellerai Abies cephalo-
nica submutica.
Au point de vue purement botanique, ce
fait présente quelque intérêt. Nous savons
le rôle que les botanistes font jouer au ca-
UNE NOUVELLE SÉRIE DE RADIS.
579
ractère de la bractée, saillante ou incluse,
dans la détermination de certaines espèces
de Sapins ; la distinction des Abies basal-
mea et Fraseri repose en grande partie
sur ce caractère, et on pourrait en dire
autant des Abies Nordmanniana et cili -
cica, qu’il est parfois difficile de distinguer
sans la vue du fruit. Cet usage, suivi par la
plupart des auteurs qui ont traité des Coni-
fères, n’implique-t-il pas qu’on accorde au
caractère en question une importance ma-
jeure, sinon une valeur absolue ? Le fait des
deux arbres dont je m’occupe donnerait à
penser qu’en réalité cette valeur est moindre
qu’on ne l’admet généralement, et que des
arbres à bractées cachées peuvent naître
d’un individu dont les bractées sont appa-
rentes. Telle est, en effet, l’impression qui
se dégage de la lecture du Traité général
des Conifères de M. Carrière. L’induction,
l’analogie, et aussi l’observation que chacun
pourra renouveler au bois de Boulogne,
l’an prochain, donnent un grand poids à
cette opinion, et il est sans doute difficile
d’assigner des limites à l’extension natu-
relle des types dans les végétaux spontanés,
à fortiori chez ceux qui sont cultivés. Or,
quelle que soit la provenance de ces deux
arbres, il est bien certain qu’ils ont été
semés et élevés en pépinière, c’est-à-dire
qu’ils ont pu se trouver plus ou moins mo-
difiés par la culture.
Comme effet décoratif, Y Abies cepha -
lonica submutica ne vaut ni plus ni moins
que le type. C’est aussi un très-bel arbre,
et, de plus, pour les amateurs de Conifères,
une variété curieuse à ajouter à leurs col-
lections. Em. Bailly.
UNE NOUVELLE SÉRIE DE RADIS
Cette série, nouvellement créée par la
Maison Vilmorin et dont on possède déjà
trois sous-variétés, est, nous en avons la
conviction, appelée à rendre de grands ser-
vices à l’horticulture maraîchère.
Outre leurs qualités culinaires de pre-
mier ordre, ces Radis, de forme subsphé-
rique très-régulière, sont particulièrement
remarquables par le peu de développement
que prennent leurs feuilles parfois réduites
à quelques petits rudiments, cela au profit
de la racine qui vient relativement très-
forte ; la «queue », aussi, c’est-à-dire
l’extrémité radiculaire inférieure qui seule
entre dans le sol, est réduite à un petit fil
qui part du renflement tubéreux, de sorte
que toute la masse est formée par la partie
charnue.
Fig, 144.
Radis rond écarlate.
Radis rond rose.
Fig. 146.
Radis rond rose à bout blanc.
Les trois formes dont nous parlons sont
assez semblables d’aspect, et se distinguent
surtout par la couleur qui les a fait diffé-
rencier nominativement : rond écarlate
(fig. 144), rond rose (fig. 145), rond rose
à bout blanc (fig. 146).
Ces Radis, qui sont extrêmement hâtifs,
sont surtout précieux pour primeurs ; pour
cette culture, on les sème sur terreau ou sur
une terre très-légère, et surtout fortement
humeuse.
Il va de soi que le semis devra se faire le
plus rapproché possible du verre, afin d’évi-
ter l’étiolement, et que l’on devra aussi don-
ner de l’air toutes les fois que la tempéra-
ture extérieure le permettra.
E.-A. Carrière.
580 FLORAISON DU VRIESEA GRANDIS. — CULTURE DES PENSÉES EN ANGLETERRE.
FLORAISON DU VRIESEA GRANDIS
Pendant l’été 1887, lleurissait dans les
serres de M. P. Darblay, à Saint-Germain-
lès-Gorbeil, un Vriesea grandis décrit sous
le nom de Vriesea gigantea. La florai-
son de cette gigantesque Broméliacée étant
très-rare, je viens donner sur elle quelques
détails.
Cette plante, très-forte au moment de sa
floraison, ne mesurait pas moins de 2rn 50
de diamètre ; elle était d’une hauteur totale
de 3m 30 prise au-dessus du pot. Les feuilles,
très-nombreuses, étaient robustes, dressées,
de 18 à 20 centimètres de largeur, s’élar-
gissant à la base, longues de lm 20, se
rétrécissant au sommet et se terminant
en pointe presque toujours droite-. Hampe
florale très-forte, de 18 centimètres de cir-
conférence à la base, droite, de lm 75 de
hauteur, garnie dans toute sa longueur de
feuilles bractéales longues de 22 à 23 cen-
timètres, élargies à la base, ouvertes en
entonnoir et arquées ; de ces feuilles brac-
téales sortent la hampe avec les ramilles flo-
rales, qui sont au nombre de 63, dressées,
étalées, longues de 40 centimètres et allant
en diminuant jusqu’au sommet. Les plus
longues ramilles portaient jusqu’à 20 fleurs
et les plus courtes de 13 à 14, ce qui donne
un total de plus de mille fleurs, qui se suc-
cédèrent pendant plus d’un mois. Ces fleurs
ont de 14 à 15 centimètres de long; elles
sont d’un blanc jaunâtre, à divisions con-
tournées subdistiques par l’inflexion des
ramilles, garnies à la base d’une bractée
purpurine plus ou moins teintée de vert
ainsi que les feuilles bractéales ; le pistil est
de même longueur que les pétales; les éta-
mines un peu moins longues.
En supposant tous les ovaires fécondés et
chacun rapportant 300 graines (ce qui se-
rait encore au-dessous de la vérité), on arri-
verait au chiffre énorme de 300,000 graines
portées par cette seule plante.
Contrairement à l’opinion émise que,
cette plante, étant monocarpique ne donne
pas de rejetons, j’en ai déjà tiré deux du
pied de cette plante, qui, elle-même, venait
d’un rejeton et non pas de graine.
Ch. Maron,
Jardinier-Clief de Saint-Germain-lès-Corbeil.
CULTURE DES PENSÉES EN ANGLETERRE
D’une façon générale, on s’accorde à con-
sidérer les Pensées comme pouvant servir
tout au plus à la décoration printanière des
corbeilles. En effet, l’unique préoccupation
de beaucoup de personnes n’est-elle pas,
lorsque le mois de mai est arrivé, d’arra-
cher les Pensées, Silènes, Myosotis, etc.,
qui ont orné leurs corbeilles pendant les
premiers mois de l’année pour les rempla-
cer par les éternels (toujours beaux, il
est vrai) Pélargoniums zonales, et autres
plantes similaires?
Pour nous en tenir aux Pensées qui font
l’objet de cet article, il faut reconnaître que
les variétés ordinairement cultivées ne sont
réellement belles qu’au printemps; les cap-
sules succédant aux fleurs n’étant pas faites
pour avantager l’aspect général de la plante
au point de vue ornemental.
Aussi, n’est-ce pas des variétés commu-
nément cultivées chez nous que nous vou-
lons parler ici, mais bien d’un groupe de
ces plantes dont le mode de croissance est
tout à fait particulier.
Ces Pensées, que les Anglais ont appelées
Pensées touffues ( Tufted Pansies) et aux-
quelles le Garden a consacré un article
dans un de ses derniers numéros, poussent
très-vigoureusement en formant une touffe
très-ramifiée et qui se couvre de fleurs au
printemps. Cette floraison se prolonge pen-
dant la plus grande partie de l’été, parfois
jusqu’à l’automne, et cette particularité qui,
au point de vue de la décoration des jar-
dins, est un grand avantage, est due à ce que
ces plantes ne produisent pas de graines.
Les fleurs, aux coloris les plus tendres et
les plus harmonieux, peuvent être coupées,
sans le moindre inconvénient, pour êtrë
mises dans des vases où elles produisent
très-bon effet; il y a même, au contraire,
intérêt à le faire, car ces suppressions pro-
voquent le développement de nombreux
bourgeons qui fleurissent à leur tour.
Les Pensées appartenant à cette série
sont très-rustiques et se multiplient faci-
lement de boutures; mais on obtient un
résultat plus rapide en divisant les touffes,
de manière que chaque éclat ait quelques
racines, si possible.
CORRESPONDANCE.
Le meilleur moment pour opérer cette
division est le mois d’octobre ; on peut aussi
la pratiquer au printemps, mais la végé-
tation et la floraison suivantes sont, l’une
moins vigoureuse, l’autre moins abon-
dante.
Voici la description sommaire des plus
jolies variétés actuellement cultivées :
Jackanapes, pétales supérieurs rouge
brun, les autres jaune d’or.
Quaker Maid, pétales blancs, très-légè-
rement lilacés, nuance jaune vif sur le pé-
tale inférieur.
Countess of Hopetown, blanc de crème.
Abercorn Gem, jaune pâle.
Ariel, mauve clair, à reflets blancs.
Ardwell Gem, la plus jolie des va-
riétés jaunes, port très-touffu, parfum in-
tense très-agréable.
581
Skilark , pétales blanc lavé de jaune et
bordés irrégulièrement de bleu.
Mrs. Gray , charmante variété à fleurs
blanches ; un grand nombre de pétales se
tachant peu à peu de bleu.
Elegans , mauve, Azurea, bleu. Bessie
Clark, mauve Lavande. Archie Grant ,
rouge prune foncé, etc.
La liste qui précède, et qui ne contient
que le choix des variétés les plus intéres-
santes, indique une variété de couleurs qui
permet de combiner les arrangements dé-
coratifs, de manières très-diverses.
Les coloris indiqués sont tous francs et
très-simples, qualités essentielles pour les
garnitures florales d’ensemble.
Martinet,
Stagiaire de l’École nationale d’horticulture
de Versailles.
CORRESPONDANCE
N° 3266 (Dordogne). — Vous pourrez vous
procurer des plants de Crambé chez M. Chouvet,
rnarchand-grainier, 16, rue Étienne - Marcel
(Paris).
N° 424i (Ariège). — Nous avons reçu les
intéressants rameaux que vous nous avez en-
voyés. Le Tasse est une Asclépiadée du genre
Gonolobus ; le Picardilla est une légumineuse
que nous n’avons pu reconnaître par suite de
l’insuffisance de l’échantillon que vous nous
avez envoyé ; la troisième plante est un Juga.
Aussitôt que ces plantes auront fleuri, veuillez
nous en envoyer des rameaux avec inflores-
cences. Nous pourrons ainsi faire la détermina-
tion. Il est tout à fait inutile de nous envoyer
des plantes entières.
N° 3509 ( Maine-et-Loire ). — Le moyen qui
nous semble le plus recommandable pour la
destruction du blanc qui ravage nos Rosiers,
est l’aspersion au moyen d’une solution de
cuivre à 2 grammes par litre d’eau.
Nous vous conseillons donc d’employer ce
procédé, et nous vous serons reconnaissants de
nous communiquer les résultats que vous
aurez obtenus.
N° 3028 (Aisne). — Voir dans le présent
numéro notre article spécial sur le Jasminum
nudiflorum.
M. J. D. à Lisbonne. — Vous consulterez
avec profit pour la conduite d’un rucher soit
l’ouvrage de M. Bertrand, 2 fr. 50 ; soit le
Traité d’apiculture mobiliste, par T. Sourbé,
3 fr. Tous les ouvrages cités dans la Corres-
pondance sont adressés franco aux abonnés de
la Revue horticole par la Librairie agricole
de la Maison rustique 26, rue Jacob, à Paris,
contre envoi en un mandat de poste du prix
indiqué.
M. H. J. K. (Hollande). — Vous avez établi,
d’après les indications fournies dans le n° 20
de la Revue horticole , une pompe économique
et vous n’avez pu réussir à en obtenir de l’eau.
Mais avez-vous fait plonger le tube d’un tiers
au moins dans l’eau ? Nous avons dit que pour
une hauteur de 4m 50, il fallait que le tube
pénétrât dans l’eau de 1/3 à 1/2 de sa hauteur.
Nous n’avons personnellement pas fait d’essai,
mais nous nous sommes appuyés sur des noms
qui font autorité et sur une expérience très-
concluante ; les résultats obtenus par M. Che-
min, ingénieur des ponts et chaussées, sont
indiscutables. Faites allonger le tube afin qu’il
plonge davantage dans l’eau, pompez vigou-
reusement et vous réussirez.
N° 3343 (Gironde). — Les injections de
benzine en vue de détruire les vers blancs
ont été essayées avec grand succès dans une
pépinière par M. Groizette-Desnoyers. On ob-
tiendra les mêmes résultats si on prend le
soin d’opérer en temps utile et à profondeur
convenable.
On peut atteindre les vers blancs la première
année, celle de la grande invasion, d’août à
l’approche des froids, c’est-à-dire jusqu’en
octobre ;
La seconde année, d’avril à octobre ;
La troisième année, d’avril à fin juin, et
toujours à peu de profondeur. L’état des plantes
attaquées indique d’ailleurs sûrement cette
profondeur, qu’il s’agisse de jeunes plants
d’arbres, de racines, de végétaux quelconques,
les racines sont coupées, la partie aérienne
582
CORRESPONDANCE.
se flétrit. Or, en introduisant la benzine dans
le sol, [un peu au-dessous de la profondeur à
laquelle se tiennent les vers blancs, on est
assuré d’une destruction complète.
A l’aide du pal, on règle la profondeur des
trous et on injecte à la dose de 3 grammes par
mètre carré, soit à raison de 30 kilos de ben-
zine par hectare.
Le traitement revient à 40 fr. au maximum ;
il n’a aucune influence sur les végétaux, des
carrés de Laitues traités par cet insecticide n’en
ont pas souffert, bien que cette plante soit
d’une extrême fragilité.
N° 3020 (Aisne). — Vous pourrez vous pro-
curer des graines du Melon hybride amélioré
en vous adressant à l’obtenteur, M. E. Valle-
rand, horticulteur à Bougival (Seine-et-Oise).
N° 332i (Gers). — Les Épacris, ces bien
« charmantes » plantes, ainsi que vous dites
avec raison, deviennent chaque jour de plus en
plus rares, ce qui, assurément, est très-regret-
table. Néanmoins, vous en trouverez encore
quelques variétés chez MM. Thibaut etKeteleer,
horticulteurs à Sceaux (Seine-et-Oise), et chez
M. Gentilhomme, horticulteur, rue de la Ma-
ladrerie, à Vincennes (Seine), où vous trouve-
rez aussi une belle et nombreuse collection de
Bruyères, dont la culture est analogue à celle
des Épacris. Quant à vous dire la cause qui,
l’an dernier, a fait périr vos plantes, nous ne
le pouvons. Toutefois, le fait paraît s’être pro-
duit si brusquement chez vous (presque instan-
tanément), qu’il faut probablement l’attribuer
à une cause matérielle fortuite, telle qu’inso-
lation, manque d’eau, brûlure, etc.
M. L. (Calvados). — Rien en fait d’insectes
n’est plus facile à détruire que le puceron vert.
La fumée de tabac, la nicotine, l’insecticide
Fichet, etc., en ont promptement raison. Mais
le mieux, c’est la vapeur de nicotine, qui
non seulement fait périr les pucerons, mais
presque tous les autres insectes, tels que thrips,
tigres, cochenilles, etc., et qui a cet autre avan-
tage de ne pas fatiguer les plantes, même les
plus délicates, non plus que les fleurs. Toute-
fois, lorsqu’on n’a qu’un petit nombre de
plantes d’attaquées, il suffit de les injecter lé-
gèrement avec d’autres insecticides, par exem-
ple de la nicotine diluée au dixième. Nous vous
rappelons, pour le cas où vous l’auriez oublié,
que la nicotine se vaporise en lui ajoutant un
douzième d’eau et en la faisant évaporer sur
un réchaud, dans un vase non fermé, ainsi, du
reste, qu’on le fait pour volatiliser un liquide
quelconque.
N° 4134 (Vienne). — Merci de votre inté-
ressante communication au sujet des Vignes de
l’extrême Asie, découvertes par le Père Laza-
riste Armand David. Il nous paraît douteux
que, telles qu’elles sont aujourd’hui, ces Vignes
puissent entrer dans nos vignobles pour la pro-
duction directe, c’est-à-dire comme Vignes à
vins. Quant à servir de porte-greffes ou de
sujets pour recevoir nos Vignes et les soustraire
aux ravages du phylloxéra, on ne peut rien af-
firmer. La chose serait possible ; on pourrait
même y ajouter créance, car, jusqu’ici, elles
paraissent résister aux diverses maladies qui
frappent ordinairement nos Vignes, ce qui,
pourtant, n’est pas une preuve de leur résis-
tance au phylloxéra.
Quant au thermosiphon se chauffant avec de
l’huile minérale, nous ne pouvons rien vous
dire, le seul essai dont nous ayons connais-
sance a été fait au fleuriste de Paris, et le ré-
sultat, que nous sachions, n’a pas été satisfai-
sant. D’autres essais ont-ils été faits ailleurs,
qui auraient eu plus de succès?...
Il en est tout autrement du poêle-thermosi-
phon de M. Paul Lebœuf, qui, paraît-il, donne
d’excellents résultats.
La bande d’adresse. — L’Administration de
la Revue horticole nous prie d’insister auprès
de nos abonnés pour qu’ils veuillent bien
joindre à toute lettre qu’ils nous envoient la
bande d'adresse sous laquelle le journal leur
est adressé, qu’il s’agisse d’un réabonnement,
d’une réclamation ou d’une demande de ren-
seignement. Cette bande d’adresse, outre
l’avantage qu’elle a de nous donner tout de
suite l’adresse exacte de l’abonné, évite toutes
chance d’erreur. C’est une petite recomman-
dation dont nous prions nos abonnés de tenir
compte dans notre intérêt commun.
U Administrateur-Gérant : L. Bourguignon.
Imp. Georges Jacob, — Orléans.
TABLE ÀLPHAPÉTIQUE DES AUTEURS
DU VOLUME DE 1888
André (Ed.): — Æchmea Draheana 401
Æsculus turbinata 496
Afrique centrale, ses produits végétaux... 374
Angrœcum Sanderianum 516
Anoplophytum strie tum, var. Krameri. . . 350
Anthurium isarense 423
Anthurium Lawrenceanum 12
Aquilegia Stuarti 538
Arbres à haute tige, plantation et tuteurage. 164
Arbres fruitiers, culture forcée, 38, 104 ;
les Serres-vergers 38
Bégonias hybrides Rex-Diadema 81.
— — Paul Bruant 544
Bégonia Lesoudsii 20
Bégonia Lubbersii 224
Bertolonias, leur multiplication 462
Broméliacées. — Énumération des Bromé-
liacées récoltées en 1875-1876 par Ed.
André, dans l’Amérique du Sud 563
Catalpa speciosa 384
Cattleya Roezlii 572
Chambres d’interruption pour thermosi-
phons 355
Château du Lude et ses parterres 486
Chou de Bruxelles demi-nain de la Halle. 277
Chrysanthèmes nouveaux 204
Clematis coccinea et ses variétés 348
Clématite Madame Baron Veillard 447
Concours horticole de Bruxelles 404
Congo, horticulture du Congo 157
Contre-espalier de Pommiers et de Rosiers. 271
Cornus sericea et stolonifera 444
Croton picluratum 423
Dattier des Canaries 180
Éphémérides horticoles de la ville de Gand. ,214
Eucalyptus calophylla • 420
Exposition internationale de Gand 199
Fleurs. — La vente aux Halles de Paris . . . 309
Fuchsias (Le Centenaire des) 230
Fuscicladium (Les) et nos vergers 216
Glaïeuls (Nouveaux) hybrides 228
Gun délia Tourneforlii 53
Habenaria militaris 396
Hellébores, variétés nouvelles 189
Hiver de 1887-1888 106
Insectes et cryptogames : 208
Jardinier. — Ses qualités selon Liger 37
Kalmia lati folia Pavarti 540
Macaranga Porteana 175
Madagascar. — La végétation autour de la
baie de Diégo-Suarez 524
Manuel de l’acclimateur 59
Neillia thyrsiflora 415
Nicotiana colossea 511
Odontoglossum crispum 132
Orchidées. — Une récolte dans l’Inde 469
Origine paléontologique des arbres 394
Ostrowskya magnijica 344
Palmiers de la Floride centrale 438
Parasol pour Rosiers 261
Parcs scolaires 333
Pélargoniums et Héliotropes à tiges 380
Pbœnix hybride nouveau 366
Plantations le long des propriétés rive-
raines 223
Platycarya strobilacea 88
Polygonum sachalinense 417
Pseudophœnix Sargenti 574
Revue des plantes nouvelles décrites ou
figurées dans les publications étrangères. . 239
262, 383, 479, 525, 552.
Rhododendron argenteum 197
Roses. — Un plébiscite pour les plus belles
Roses 294
Rose Gloire de Margoltin 300
Sauges. — Les Sauges 254
Sève. — Circulation de la Sève 187
Tillandsia x Alberti 577
Transplantation des gros arbres 318
Villa Valetta, à Cannes 112
Aurange (Léon). — Ébranchoir-émondoir Mial-
let, 61.
Bailly. — Sur une variété à cônes lisses du Sapin
de Céphalonie ( Abies Cephalonica submutica ),
578.
Baltet (Ch.). — Pommes Cellini et Antonowka,
161. — Les meilleures Cerises à Kirsch, 178.
— Une bonne Pomme à propager, 229.
Bercy (L. de). — Le Mussænda borbonica, suc-
cédané du café, 252.
Bergman (E.). — Deux Ananas recommanda-
bles, 10. — Floraison hivernale des Hélio-
tropes, 77.
Berthault. — Mina lobataSAü.
Bideaux. — Bibliographie, 191.
Blanchard (J.). — Pittosporum tenuifolium, 80.
— Olearia Forsteri, 198. — Les Eucalyptus
dans l’ouest de la France, 353, 377. — Statice
arborescens, 442.
Boisbunel. — Poire Chaumontel Gras, 468. —
Poire Fondante de Bihorel, 547.
Bouchard. — Culture des plantes médicinales en
Maine-et-Loire, 569.
Bruno (Ém.). — Rose Madame Georges Bruant ,
14. — Les étiquettes en botanique èt en horti-
culture, 215. — Société nationale d’horticulture
de France, comptes-rendus des séances, 452,
474, 498, 525.
Carrelet. — Du palissage des arbres fruitiers,
440. — De l’ébourgeonnage, 486.
Carrière (E.-A.). — Abricotier Souvenir de Qué-
tier
Acroclinium roseum , Bouquet tout fait.. . . 476
Allium karataviense • • 228
Anthurium longispathum 498
Araucaria excelsa, multiplication 485
Arbres fruitiers, leur restauration 150, 177
Arbustes (La taille) 54
Arrosage des arbres d’alignement 3o8
Asphodelus acaulis 380
Aulne comme plante d’économie générale. 233
Bambusa Veitchi 90
Bégonia Henri Pineau • 41
Bibliographie 101, 503, 504
Bougainvillea spectabilis B. brasiliensis. 441
Catasetum Bungerothi 103
Céleri à feuilles de Fougères 519
— Chemin et C. White plum 548
Cerisier commun pleureur 397
Chevalliera gigantea 370
Chrysanthemum Etoile dor jaune pale. . 400
Cormiers (Le Roi des) 10
Cornus sïbirica Gouchaulti ol9
Culture en pots J'j
Culture des fruits en sacs oil
Delphinium cahsmerianum 3o2
Diospyros Wisseneri . 60
Enkyanthus himalaicus 511
Evonymus pulchellus pour l'ornementation
hivernale -, • 202
Exposition universelle. — Les préparatifs
de l’horticulture 349
Fraisier des Quatre-Saisons Madame Bé-
raud 373
Genista hispanica 36
Grenadier des Antilles 160
Griotte tardive de Plombières 503
Guigne Ramon Oliva 355
Hibiscus chrysanthus. 562
Hunnemania fumariœfolian 541
Idesia polycarpa 463
Impatiens Comorensis 134
Impatiens Episcopi 494
Jasminum nudiflorum 569
Lagerstrœmia indica. 227
Légumes nouveaux 129
Ligustrum coriaceum.. 439
Lilas Lucie Baltet • 21
Matricaria eximia grand^ora 163
Ményanthe trifolié 478
584
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS.
Nympliœa Casparyi alba 300
Odontoglossum coronarium 23
Odontoglossum pulchellum 283
Odontoglossum triumphcins volubilk 179
Œillet de la Malmaison çocciné 456
Orontium aqualicum 84
Parasols végétaux 546
Pêcher hybride Quétier 115
Pêcher pyramidal 43
Pêche Rouge de mai 276
Pêche Tondu 261
Phytolacca decandra albo variegata, sa
culture 423
Pipes en racines de Bruyère (L’industrie
des) 43 1
Plantes nouvelles d'ornement 78
Plumbago capensis alba 285
Podocarpus neriifolia 253
Poire Bergamote d'hiver 31
Poire Belle Picarde 156
Poire Le Lectier 416
Pois à cosse jaune d'or 395
Prune Reine-Claude de Bavay 515
Prunus Capuli 137
Ptarmica grandi flora flore pleno 573
Radis. — Nouvelle série 579
Rosa Pissardi. 446
Senecio pulcher 42
Séquoia sempervirens 330
Stephanophysum longifolium 426
Styrax japonicum 320
Taille des arbres fruitiers 54
Toxcophlœa speclabilis 517
Tritoma Canari 295
Tropœolum aduncum 576
Veronica Godefroy an a 455
Vigne. — Les nouvelles Vignes de la Chine. 247
— Nouveaux types de Vignes de l’Extrêmc-
Asie 536
Vriesea imperialis 58
Vriesea pulvcrulenta lineata 89
Carrière et Ed. André. — Chronique horticole.
( Dans tous les numéros.)
Chargueraud (A.). — École d’arboriculture de la
Ville de Paris, 66. - — Ornementation spéciale des
grands jardins, 126. — Principales conditions
favorables à la reprise des arbres, 470.
Chevallier (Ch ). — Le Pêcher en double U, 226.
Clausen. — Arbres parasols, 421.
Cornu (Maxime). — Syringa Emodi rosea, 492.
Cornuault (P.). — Essai sur la composition des
bouquets, 237. — Les Mélastomacées, 259. —
Congrès horticole de Paris, 298. — Une herbori-
sation à Malesherbes, 306. — Mosaïculture humo-
ristique, 402. — Les Courges ornementales, 448.
— Arbustes à feuillage coloré, 477. — Décoration
florale des tables de repas en Angleterre, 559.
Courtois (.1.). — Poiriers à qui l’espalier est ne-
cessaire, 19.
Delabarrière. — Nouveaux succédanés des Épi-
nards, 188. — Moyen d’augmenter les produits
d’un jardin, 203.
Didier (Victor). — Plantations d’arbres fruitiers en
bordure des routes, 128. — Les Ceiisiers à
kirsch, 159.
Dormois. — Les arts et industries horticoles à
l’Exposition de la Société nationale d’horticul-
ture, 281. — Conditions de bonne construction
des serres, 390.
Duvjllard (A.). — Les légumes à la Société natio-
nale d’horticulture, 278.
Dyboavski. — Bibliographie, 310.
E.mion (V.). — Les limites des plantations dans la
banlieue de Paris, 450.
Fissant. — Lettre de Nice, 11. — Exposition de la
Société d’horticulture de Cannes, 79.
Foussat (J.). — Les antiseptiques en horticulture
et le Carbolineum avenarius, 451.
Franchet (A.). — Un nouveau Kœlreuteria de la
Chine occidentale, 393.
Frœbel. — Les perfectionnements de l'Anthu-
rium Scherzerianum , 82.
Gagnaire. — Les Pêchers dans la Dordoeme en
1888, 407. &
Giraud (Paul). — Les arbres fruitiers en 1887,
102. — Des porte-greffes, 343.
Heuzé (G.). — Le Henné, 22. — Saint Fiacre, pa-
tron des jardiniers, 422. — Congrès pomologique
de l'Ouest, 545.
Joigneaux (P.). — La culture du Cresson, 250.
Joly (Ch.). - Les orangeries à Blidah, 15.
Joret (H.). — Les Musacées ornementales et éco-
nomiques, 32, 68. — Composition chimique et
usages des Bananiers et de leurs fruits, 85. —
Les Ravenala, les Slrelitzia, les Heliconia , 116.
— Le Caféier, description et histoire, 398, 426.
Lambin (E.). — Résultats d’expériences sur quel-
ques légumes nouveaux, 55.
Lebas. — Cattleya lobata, 179.
Lesne (A.). — Traitement des maladies cryptoga-
miques de la Vigne, 184. — La vente des jus de
Tabacs, 235. — Les sauterelles en Algérie, 256.
Conservation des substances alimentaires, 376.
— Une pompe économique, 471. — Emploi du
sulfate de cuivre contre la maladie des Pommes
de terre, 550.
Lequet (Fernand), fils. — La maladie des Pélargo-
niums zonale et inquinans hybrides, 166. —
Schinus molle , excellente plante de serre froide,
350.
Letellier (A.). — Culture du Pommier à cidre, 58.
M. R. — Bibliographie, 503, 504.
Maindron (Maurice). — La Courtilière, 108. — Le
Puceron lanigère, 322.
Marguerite Delaciiarlonny. — La destruction
des Mousses par le sulfate de fer, 279. — Des-
truction du chancre des arbres et des autres pa-
rasites des plantes par le sulfate de fer, 301. —
Effets du sulfate de fer comme engrais en horti-
culture, 334. — Renseignements pratiques sur
les doses de sulfate de ter à employer en horti-
culture, 367. — Méthode simple de transplanta-
tion des gros arbres, 499. — Le sulfate de fer et
les engrais chimiques en horticulture, 513.
Marie (Eug.). — La production fruitière en Angle-
terre, 494.
Maron. — Floraison du Vriesea grandis , 580.
Martinet (H ). — Une exposition d’Orchidées, 369.
— Reconstitulion des vignobles phylloxérés, 414.
— Culture anglaise des Pensées, 580.
Messager (A.). — Les singularités de la nomen-
clature des Pommiers, 269. — Souvenirs d’il y a
cent ans, 418.
Métaxas (C.-C ). — Le Mûrier en Mésopotamie,
190. — Le Figuier en Mésopotamie, 321.
Moreau (Paul). — A propos de la toile, 328.
Morel (F.). — Nouveau mole d’emploi de l'Aca-
cia Parasol , 138.
N vnot (J ). — Plantations d’arbres fruitiers sur
routes, 174, 205. — Échelle double et deiidroscope
pour la taille des grands arbres sur les boulevards,
304. — Société pomologique de France, 30" ses-
sion tenue à Bordeaux, 465.
Naudin (Ch.). — Conditions générales de l’accli-
matation des plantes, 181, 212.
Paillet fils. — Greffage des Rhododendrons, 424.
— Le placage de gazon (ou Sodding) en Angle-
terre, 520. — Greffe herbacée de la Clématite,
539.
Partie officielle. — Exposition universelle de 1889,
programme des onze époques de concours, 45,
62,93, 119, 141.
PoÉ (John-T.). — Une visite aux établissements
horticoles de Nancy, 454.
Poulin (Marcel). — De la possibilité de provoquer
des anomalies végétales, 345.
Pynaert (Ed.). — Dichorisandra pubescens tœ-
niensis , 249.
Ramé (Aeh.). — Congrès des Sociétés savantes,
381.
Rijk (F. de). — Influence de la culture sur les or-
ganes sexuels des plantes et sur leur producti-
vité, 30.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES PLANCHES
Rivière (G.). — Incision annulaire de la Vigne,
331.
Rivoiron. — Primevère de Chine blanche double,
153. — Culture des Népenthès, 329.
Romanet du Caillaud. — A propos des Vignes
chinoises, 558.
Sallier (J.). — Centaurea candidissima, 156.
Sciimitt (E.). — Dahlia Zarle Aster , 140.
Simirenko (Léon). — Chœnomeles Japonica, var.
Simirenkiana, 518.
Thavs (Ch.). — L’horticulture au Concours général
agricole de Paris, 90. — Bineuse-ratisseuse à
cheval, 136. — Le Parc de la Liberté à Lisbonne,
151. — Abri vitré mobile pour espaliers, 234. —
Cypripedium callosurn, 252. — Exposition de la
Société nationale d’horticulture de France, 271.
COLORIÉES ET DES FIGURES NOIRES. 585
— La bataille de fleurs au Bois de Boulogne,
282. — L’ornementation florale à l’Exposition de
Paris, 296. — La littérature horticole en Angle-
terre, 472. — Exposition d'automne de la Société
nationale d’horticulture de France, 534. — So-
ciété nationale d’horticulture de France. ( Dans
tous les numéros.)
Thomayer. — Corbeilles de lleurs, 222. — Déco-
ration florale, 248.
Vallerand (Eug.). — Recépage des Séquoia sem-
pervirens, 155. — Hybride du Melon à rames,
372.
Weber (J. -B.). — Orphelinat horticole de Beaune,
44.
Yoshida (S.). — L’horticulture japonaise, 445.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES PLANCHES COLORIÉES
Angrœcum Sanderianum, 516.
-Anthurium Lawrenceanum , 12.
Cattleya Boezlii , 572.
v Chrysanthèmes nouveaux, 204.
Clematis coccinea , 348.
v Cornus stolonifera , 444.
vCourtilière, 108.
v Cypripedium callosurn , 252.
Dlospyros Wieseneri, 60.
v Eucalyptus calophylla, 420.
v Genista hispanica , 36.
Glaïeuls hybrides Boussingault , L. Van Iloutle,
Oriflamme, 228.
TABLE ALPHABÉTIQUE
Abri pour espalier, vu de face, vu de profil, 234.
Æsculus turbinata, rameau fructifère, 496 ; fruit
entier, fruit ouvert, graine, coupe en travers
d’un fruit entier, 497.
Ampelovitis, 537.
Arbre entouré de rameaux épineux, 207.
Ballon à col sinueux, expérience de M. Pasteur, 376.
Bégonia hybride Paul Bruant , 544.
Bégonia Lesoudsii, , 20.
Bégonia Lubbersii, 225.
Bineuse-râtisseuse à cheval, 136.
Blidah. — La place d’armes, le bois sacré, 16;
plantation d’Orangers, 17.
Brugnonnier. — Jeune Brugnonnier de quatre ans
cultivé en pot, 105.
Capucine des Canaries, rameau et fleur détachés,
576; C. plante entière, 576.
Céleri Chemin ou pleinblanc doré ; C. plein blanc
d'Amérique ou White plum.
Chambre d'interruption simple, pour thermosi-
phons, fermée et ouverte, 356. — Chambre d'in-
terruption avec vanne fixable, vue en dessus et
vue en coupe, 357.
Chateau du Lude. — Vue perspective d’une partie
des terrasses supérieures, 489; vue prise du côté
des terrasses supérieures, 489 ; — partie angu-
laire des terrasses supérieures, 490; — partie
des parterres du Loir, 491.
Chevalliera Germinyana , 371.
Chevalliera gigantea , 370.
Chou de Bruxelles demi-nain de la Halle , 277.
Chou de Bruxelles race de Rosny , 129.
Collier Durand, 206.
Contre-espalier de Pommiers et Rosiers, 272.
Corbeille de plantes isolées, 222. — Coupe trans-
versale, 222.
Corbeille d’été avec plantes isolées, 248.
Corbeille à relief, 223.
Courge Coloquinte à anneau ; C. Coloquinte
orange ; C. Coloquinte galante; C. Poire rayée,
448. — C. pèlerine , C. siphon , C. massue , 449.
Criquets. — Toile tendue en vue d’arrêter les in-
vasions, 257.
Décoration florale des tables de repas en Angleterre,
vIIubenaria mïlitaris, 396.
'Hybride amélioré du Melon à rames, 372.
vKalmia latifolia Pavarti, 540.
vOdonloglossurn crispum , 132.
' tOrontium aquaticum, 84.
''Pêche Rouge de Mai, 276.
vPhœnïx canariensis, 180.
vPoire Belle Picarde , 156. ;
''Poire C haumontel Gras, 46&.
^Puceron lanigère, 324.
'/Rose Gloire de Margottin, 300.
Syringa Emodi rosea, 492.
DES FIGURES NOIRES
coupe en travers. 560; support à fleurs ou
« mardi stand » en cristal, 561.
Delphinium cashmerianum, 352.
Dendroscope pour la taille des grands arbres sua
les boulevards, 304.
Dichorisandra pubescens tœniensis, 249.
Ébranchoir-émondoir Miallet, 62.
École d’arboriculture de la Ville de Paris, à Saint-
Mandé, plan, 67.
Échelle double pour la taille des grands arbres sur
les boulevards, 304.
Élagage des arbres en pyramide, 208.
Enkyanthus himalaicus, rameau fructifère, 512.
Exposition d’horticulture de Paris, massif central
d’Orchidées, 273.
Fraise Souvenir de Bossuet, 131.
Gazon. — Traçoirs à découper, truelle à lever le
gazon, 520; tracé des lignes de gazon à décou-
per, 521.
Giraumon Turban, 449.
Grenadier des Antilles, ramille florifère, 160.
Gundelia Tournefortii , 53.
Habillage des racines d’un plant, 206.
Idesia polycarpa, ramille à fleurs mâles et fleur
détachée, 463. — I. polycarpa crispa, 463. —
I. polycarpa femelle, fruit détaché, 464 ; ra-
meau avec feuilles d 'Idesia polycarpa , 465.
Jardin de la villa Valetta à Cannes, plan, 113.
Jardinière avec support en Bambou, forme crois-
sant, 296. — J. forme cadre, 297. — J. de plantes
fleuries et fleurs coupées, 297.
Kœlreuteria bipinnata, 393.
Ligature ordinaire et lig. rationnelle d'osier, 165.
Liguslrum coriaceum , 440.
March stand en cristal, 561.
Macaranga Porteana, 176.
Marmite en fer battu, de M. Schribaux, pour la
conservation des substances alimentaires, 376.
Mosaïculture humoristique, 402.
Musa Ensete , jeune plante de deux ans, 32.
Musa paradisiaca, 69.
Musa superba, plante fleurie, 33.
Neillia thyrsiflora. — Rameau florifère et partie
d’inflorescence, 416.
586
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
Népenthès (Bouture de), 329.
Obturateur vu de face et de côté, 35G.
Orangers. — Plantation à Blidah, Orangerie à Los
Angelès, 17.
Orchidées. — Le massif à l’Exposition d'horticul-
ture de Paris, 273.
Ostrowskya magnifica, 344.
Parasol pour Rosiers, 261.
Parc de la Liberté à Lisbonne, projet de M. Lus-
seau, 152.
Pâtisson Bonnet d’électeur , 449.
Pêcher en double U, 226.
Phœnix dactylifera , fruit et noyau, 366.
Phœnix hybrida , fruit et noyau, 366.
Plantation et tuteurage des arbres à haute tige, 164.
Platycarya strobilacea, rameau et fructification,
Poirier en pyramide, 208.
Pomme de terre Canada, 130.
Pompe agricole économique, 471.
Primula sinensis fimbriata spectabilis flore
pleno, 79.
Prunus Capuli , rameau fleuri, 137.
Pseudophœnix Sargenti, ramule et fruits détachés :
grain ; embryon, 574. — P. dans son site natal,
au sud de la Floride, d’après une photographie,
575.
Puceron lanigère. Tête et rostre vus de côté, avec
les stylets sortis du rostre ouvert, 324. — Les
mêmes, vus de face, 324. — Coupe transversale
d’un insecte à duvet montrant la disposition des
touffes, 324.
Radis rond rose, rond écarlate, rond écarlate à
bout blanc, 579.
Rénovateur Albrand, 184.
Rhododendron. — Le greffage, greffon préparé,
sujet, sujet greffé et ligaturé, 425.
Rhododendron argenteum , 197.
Serre à forcer, a un seul versant, pour arbres
fruitiers cultivés en pots, 104. — La même, à
double versant, 104.
Serre à Framboisiers, à Fraisiers et à Champi-
gnons, 40.
Serre à Pêchers, 39.
Serre à Vignes, à deux versants, 38; à un versant, 39.
Serres (Construction des). — Fer spécial à double
vitrage pour pignons ; fer à gouttière pour pannes
de serres ; carreau d’aération dans -les soubasse-
sements, 390. — Vue intérieure d’une travée;
assemblage des fers spéciaux pour la circulation
de la buée ; fer spécial recueillant la buée à la
base du fer du comble et la faisant écouler en
dehors sans perte de calorique ; coupe sur une
travée sans traverses intérieures et à minimum
de surface métallique, 391.
Solanum ciliatum, var. macrocarpum, 78.
Soufreuse Phénix à grand travail, 185.
Soufreuse Simplex, 186.
Spinovitis Davidii, 537.
Strelitzia reginœ, 117.
Styrax japonicum, rameau fructifère, 320.
Toxicophlœa spectabilis , fruit, 517.
Traçoir ou croissant pour découper le gazon, tra-
çoir circulaire, 520.
Truelle à lever le gazon, 520.
Tuteurage d’un arbre, 206.
Vanne fixable simple, 356.
Vitis Romaneti mascula, 536.
— reniformis violacea, 537.
Vriesea pulverulenta lineata, 89.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES
A
Aberia cafjra. — Fructification, 409.
Abies Nordmanniana , 480.
Abri vitré pour espaliers, 234.
Abricotier Souvenir de Qaétier, 13.
Acacia. — L ’ Acacia decurrens dans le midi de la
France, 74. — A. Parasol, nouveau mode d’em-
ploi, 138.
Académie des sciences. — Élection de M. Millar-
det, 289.
Acclimatation des plantes. — Conditions générales,
préface du Manuel de /’ acclimateur , 181, 212.
Acroclinium roseum , Bouquet tout fait, 476.
Æchmea Drakeana, 401. — Æ. myriophylla,
262. — Æ. flexuosa, 552.
Æsculus turbinata , 496.
Afghanistan. — Les fruits de l’Afghanistan, 459.
Afrique. — Les produits végétaux de l’Afrique cen-
trale, 374.
Algues parasites des Paresseux, 482.
Agave applanata , floraison à Ilyères, 385.
Aleuosmia macrophylla, 268.
Aleurites cordata, 171.
A Ilium de l’Asie centrale, 339. — A. karata-
viense, 228.
Alocasia grandis , 526.
Aloe Hildebrandii , 479.
Alpinia Zingiberina , 262.
Altitude. — Cultures comparées à diverses alti-
tudes, 507.
Amérique. — Les cultures de Pommiers, 459.
Amorphophallus virosus , 479.
Ananas de Cayenne à feuille lisse et A. Charlotte
de Rothschild , 10.
Anemone Fanninii , 383.
Angleterre. — La littérature horticole, 472. — La
production fruitière, 482, 494.
Angrœcum Sanderianum , 516. — A . avicularium,
552. — A. calligerum , 552. — A. ichneumo-
neum, 552. — A. imbricatum, 552.
Anguloa Ruckeri, var. media , 552.
Anomalies végétales. — De la possibilité de les
provoquer, 345.
Anoplophytum strictum , var. Krameri , 350.
Anselia confusa, 552.
Anthistiria australis, 243.
Anthurium Chamberlaini , 194. — A. isarense ,
423. — A. Lawrenceanum, 12. — A. longispa-
thum, 498. — A. Mooreanum, 239. — A.
Scherzerianum , ses perfectionnements, 82. —
A. Scherzerianum nouveaux, 146. — A. Veit-
chii , 383. — A. punctatum , 552. — A. acutum,
552. — A. brevilobum , 552. — A. purpureum,
552.
Antiseptiques en horticulture, 451.
Antrachnose de la Vigne et sulfate de fer, 303.
Appareil désinfecteur pour arbres â haute tige,
482.
Aquilegia Stuarti, 538.
Aralia chinensis , 457.
Araucaria excelsa, sa multiplication, 485.
Arbulus unedo , 528.
Arbres. — Exportations et importations de plants
d’arbres en France, 148. — Plantations le long
des propriétés riveraines, législation, 223. — Le
sulfate de fer contre le chancre, 244, 301. — Des-
truction des parasites par le sulfate de fer, 301.
— Échelle double et dendroscope pour la taille
des grands arbres sur les boulevards, 304. —
Transplantation des gros arbres, 318, 499. — Ar-
rosage des arbres d’alignement, 358. — Origine
paléontologique, 394. — Principales conditions
favorables à la reprise des arbres, 470. — Arbres,
arbrisseaux, arbustes, définition, 504. — La vac-
cination des arbrés, 531.
Arbres fruitiers en 1887, 102. — Culture forcée,
104. — Leur restauration, 150, 177. — Planta-
tions en bordures de routes, 49, 73, 128, 174, 205,
243, 290. — Les oiseaux et les boutons à fruits,
170. — Le sulfate de cuivre employé pour pré-
server les boutons à fruits contre les oiseaux et
les limaçons, 220. — Plantations commerciales,
433. — Culture d’arbres fruitiers retour d’Amé-
rique, 435. — Palissage, 440.
Arbres de Noël, 556.
Arbres parasols, 421.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
587
Arbre à huile, 171.
Arbustes. — La taille, 54. — A. à feuillage co-
loré, 477.
Architecture paysagiste, son enseignement en An-
gleterre, 412.
Aristolochia Salpinx, 526. — A. ridicula , 239.
Arroche, succédané de l’Épinard, 189.
Arrosage des arbres d’alignement, 358.
Asperges. — Le criocère, 312. — Les Asperges
comme culture de grand rapport, 291. — A.
mâles et A. femelles, 267.
Asphodelus acaulis, 380.
Association pomologique de l’Ouest. — Congrès
et Concours, 217.
Aubergines et Tomates, 389.
Aulne utilisé comme plante d’économie générale,
233. — Qualités forestières de l’Aulne à feuilles
en cœur, 530.
Azalées de l’Inde. — Culture sans pincement ni
taille, 290.
B
Bacillus Carotarum , 533.
Bambusa Castilloni, 98. — B. Veitchi, 90.
Baromètre économique, 195.
BarleHa repens, 263.
Bataille de fleurs au Bois de Boulogne, 282.
Bégonia. — Maladie cryptogamique, 72. — B. Le-
soudsli, 20. — B. Lubbersii , 224. — B. Henri
Pineau , 41. — B. bulbeux, les semis, 72. —
B. hybrides Rex-Diadema , 81. — B. semper-
florens gigantea , 507. — B. hybride Paul
Bruant , 544.
Berberis trifoliata , 237.
Bertolonias (Les) et leur multiplication, 462.
Bibliographie. — Manuel de l’acclimateur , par
Naudin, 29, 59. — Manuel de la culture forcée
des arbres fruitiers, les Serres-vergers , par Ed.
Pynaert, 38. — Orchidées et Colibris, par P. de
Longpré, 52. — Les Eucalyptus, par F. Sahut, 143.
— A utour de mon jardin, par Eug. de Duren, 144.
■ — Garden and Forest, 149. — Les mélanges de
graines fourragères, par Stebler, 191. — Cata-
logue descriptif des fruits adoptés par le Con-
grès pomologique , 191. — Éléments d'arbori-
culture fruitière, par L. Henry, 192. — L’art
de greffer, par Ch. Baltet, 192. — Manuel pra-
tique pour le traitement des maladies de la
Vigne, par Viala et Ferrouillat, 310. — Les
plantes d’ appartement , par Rivoiron, 310. —
Conduite du rucher ou Calendrier de l’apicul-
teur mobilisle, par Bertrand, 311. — Les Ama-
ryllidées, par Baker, 311. — Le parc de la
Liberté à Lisbonne, par Ch. Joly, 311. — Flore
illustrée des îles de l’Océan Pacifique, 311. —
Index generum phanerogamorum, par Th. Du-
rand, 503. — La Ramie, par E. Royer, 503. —
Les Leçons de choses, au Concours agricole de
Paris, 504. — Prairies et vergers, par Michiels
frères, 504.
Billbergia décora, 240
Bineuse-ratisseuse à cheval, 136.
Blidah. — Les Orangers à Blidah, 15.
Bougainvillea spectabilis et B. brasiliensis, 441.
Bouillie bordelaise. — Son emploi contre les li-
maces et autres insectes, 530.
Bouquets. — Essai sur leur composition, 237.
Brésil. — Création probable de jardins d’expéri-
mentation, 8.
Brodiœa Howellii, 480.
Brome de Schrader, 23.
Broméliacées. — Énumération des Broméliacées dé-
couvertes en 1875-1876, par M. Ed. André, dans
l’Amérique du Sud, 563.
Brouillard. — Ses effets sur les plantes, 75.
Brugnon vineux Henri de Monicourt, 49. — Bru-
gnons et Pêchers, 315. — Brugnonnier se trans-
formant en Pêcher, 554.
C
Caféier. — Culture, terrain, exposition, récolte ;
espèces cultivées; commerce du Café, 426. —
Description et histoire, 398. — Culture en
Cochinchine du Café de Libéria, 460.
Calendrier des moissons pour le monde entier, 341 .
Camellia. — Un fort exemplaire de Camellia, 147.
Camomille contre les taons et les mouches, 509.
Canna liliiflora , 49.
Cannes. (Fabrication de) en bois d’Oranger, 410.
Capucine contre le Puceron lanigère, 435.
Carbolinum avenarius, 451.
Carex scaposa, 262.
Catalogue horticole d’il y a cent ans, 557.
Catalpa speciosa, 384. — Les qualités forestières,
508.
Catasetum Bungerothi , 103. — C. galeritum, 527.
— C. pileatum, 527.
Cattleya lutea , 480. — C. croeata, 526. — C. gut-
tata Leopoldi immaculata, 526. — C. labata.
179. — C. superba, reproduction par semis, 24.
— L Isosoma Cattleyæ, insecte nuisible, 51, 96.
— C. Roezlii, 572.
Céleri. — Sa culture dans le Michigan, 219. —
C. plein blanc d’ Amérique, 55. — C. à feuilles
de Fougère, 519. — C. Chemin et G. White
plum, 548.
Centaurea candidissima, 156.
Ceratotheca triloba, 479.
Cerisier. — Guigne Ramon Oliva, 355. — C. com-
mun pleureur, 397. — Griotte Tardive de Plom-
bières, 503. — C. à Kirsch, 159, 178.
Chambres d’interruption pour thermosiphons, 355.
Chamærops, rempotage, 240. — C. excelsa, 284.
Champignons. — Les couches, 23. — Leur force de
soulèvement, 532.
Chancre des arbres. — Destruction par le sulfate
de fer, 244, 301.
Châssis curvilignes Van Lierde, 461.
Château du Lude et ses parterres, 486.
Chêne-Liège, greffage sur Chêne vert, 120.
Chenilles bagueuses, 26.
Chevalliera gigantea, 370.
Chicorée Reine d’hiver, 129.
Chœnomeles japonica, var. Simirenkiana, 518.
Choisya ternata, 362.
Chou de Bruxelles demi-nain de la Halle, 129,
277. — C. Express, 55. — C. hâtif de Rennes, 56.
Choux-Fleurs. — La production dans le Finis-
tère, 244.
Chrysanthèmes. — Les Chrysanthèmes au Japoja,
97. — C. nouveaux, 204, 268. — L’Exposition de
Toulouse, 267. — Exposition de Roubaix, 553. —
Floraison avancée, 336. — Leur floraison, 505.
— C. nains hâtifs rustiques, 505. — Chrysanthe-
mum Étoile d’or jaune pâle, 400. — C. multi-
caule, 239. — Le centenaire des Chrysanthèmes,
533. — Conservation des fleurs coupées, 554. —
C. cultivés en boules, parasols, etc., 554. — Le
nombre des variétés cle Chrysanthèmes actuelle-
ment dénommées, 555.
Cidres. — Exposition à Paris, 8. — Production en
1887, 26. — Remèdes contre les altérations, 364.
— La consommation à Paris, 411.
Cinéraires à cœur jaune, 146.
Clavija Ernstii, 239.
Clematis coccinea et ses variétés, 348. — Cléma-
tite Madame Baron- Veillard, 447. — Greffe
herbacée de la Clématite, 539.
Cloque des Pêchers, 528. — Emploi du sulfate de
fer, 303.
Coccus adonidum, insecte nuisible, 72.
Cœlogyne corymbosa, 263. — C. cristata, 144. —
C. de Waddon-House, 145. — C. Massangeana,
479.
Concombre. — Culture en Amérique, 148. — C. à
Cornichons fin de Meaux, 56. — C. vert long de
Cardiff, 131.
Concours agronomiques, 265. — C. d’appareils
pour le greffage de la Vigne, à Orléans, 510. —
L’horticulture au concours général agricole de
Paris, 90; liste des récompenses, 92 — C. hor-
ticole de Bruxelles, 404. — C. international des
sciences et de l’industrie à Bruxelles, 52. — G.
de Lisbonne, 99. — C. régionaux de 1888, 52. —
Récompenses à l’horticulture, 241, 313.
Conférences horticoles en Belgique, 436.
Confitures. — Fabrication dans le Vaucluse, 341. —
C. de Tomates, 413.
588
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
Congo. — L’horticulture au Congo, 157. — Les
plantes du Congo, 342.
Congrès horticole de Paris, 122, 298 — Règle-
ment, questions posées, 135. — Réduction de
prix sur les tarifs de chemins de fer, 172. — C.
pomologique de France, 365. — C. et Concours
de l’Association pomologique de l'Ouest, 217,
433, 545. — C. des Sociétés savantes, 381.
Conservation des substances alimentaires, 376.
Contre-espalier de Pommiers et Rosiers, 271.
Convention de Berne. — L’Italie et la convention
de Berne, 28.
Corbeilles florales. — Plantes à grand feuillage,
144. — C. ornementales, dispositions nouvelles,
222. — G. de plan'es à fleurs, plantation, 316.
Coreopsis hybride semi-double varié, 79.
Cormier. — Le roi des Cormiers, 10.
Cornus sericea et C. stolonifera , 444. — C. sibi-
rica Gouchaulti, 519.
Corydalis Ledebouriana ,262.
Coryneum Beijerinckii, nouvelle maladie des
Pêchers, 267.
Couverture hivernale des plantes délicates, 553.
Cranberry. — Les expéditions en France, 388.
Crassula rhomboideu, 552.
Cresson. — Sa culture, 250.
Criocère de l’Asperge, 312.
Crocus Raussnecktii, 410.
Croton. — Culture par potées, 506. — C. piclura-
tum , 423.
Cryptogames et insectes, 208. — Les Fuscicladium
et nos vergers, 246.
Courges ornementales, 448.
Courtîlière, 108.
Cuba. — Végétaux envoyés de Cuba à l’Exposition
de Madrid, 482.
Culture forcée des arbres fruitiers, 104.
Culture en pots, 13.
Cuscute et sulfate de fer, 303.
Cycas. — Enracinement de l’albumen d’un Cycas
sans développement de bourgeons, 411.
Cypripedium caltosum, 252. — C. Tautzianum,
527, — C. prœstans , 552. — C. obscurum, 552.
— C. planerum , 552.
Cytisus albus multiflorus, 285. — C. proliferus,
146.
D
Dahlia Zarle aster , 140.
Dattier des Canaries, 180.
Décorations. — Nominations dans la Légion-d’Hon-
neur, 25, 217. — Dans l’ordre du Mérite agri-
cole, 5, 25, 193, 217, 265, 337 , 409, 505. — Ordre
royal du Cambodge, 409. — Ordre de François-
Joseph, 291. — Distinction accordée à M. Ch.
Baltet par la Hollande, 365. — Le Ministère de
l’agriculture et la Légion-d’Honneur, 337.
Décoration florale, 144, 222, 248, 316. — Décora-
tion florale des tables de repas en Angleterre,
559.
Delphinium cahsmerianum , 352.
Dendrobium heraglossum, 526. — D. inauditum ,
526. — D. nycteridoglossum,bl21 . — D. sulcatum,
383. — D. bracteosum, 552.
Dendroscope, 304.
Deutzia parviflora, 506.
Dichroïsine. — Dans la floraison d’un Rosier, 74.
Dichorisandra pubescens tœnicasis, 249.
Diospyros, 504. — D. Wieseneri, 60.
Disporum Leschenaultianum , 240.
Dracœna Poubellei et Barteti, 530. — Dracœna
australis, floraison en Irlande, 555.
E
Eau. — Procédé pour obtenir de l’eau fraîche en
été, 264.
Eaux d’égoût. — L’irrigation à Gennevilliers, 219.
Ébourgeonnage, 486.
Ébranehoir-émondoir Miallet, 61.
Échelle double pour la taille des grands arbres sur
les boulevards, 304.
Échenillage, 26.
École forestière de Nancy. — Modification dans le
mode de recrutement, 51.
Ecole d’horticulture de 1 Etat à Gand. — Nomination
de M. Rodigas comme directeur, 195.
Engrais chimiques en horticulture, 513.
Enkyanthus himalaicus, 511.
Enseignement horticole. — Cours de botanique de
M. Van Tieghem, 29. — L’enseignement dans les
écoles primaires, 51. — École de jardinage des
hospices de Beaune, 44, 75. — École d’arbori-
culture de la Ville de Paris, 66 ; examens de
fin d’année, 313 ; cours d’arboriculture ornemen-
tale, 481. — - Cours d’arboriculture fruitière de
la ville de Lille, 74. — Une École d’horticulture
de jeunes filles en Angleterre, 124. — Cours de
culture au Muséum, 218, — Le laboratoire de
pathologie végétale, 409. — Concours horticoles
scolaires en France, 437. — Une exposition de
plantes cultivées par des enfants, 461. — Cours
d’arboriculture de M. Forney, 529.
Engelmann. — Notes et dessins, 341.
Engrais. — Loi concernant la répression des fraudes
dans le commerce des engrais, 122. — Engrais
. humain en horticulture, 364.
Éphémérides horticoles de la ville de Gand, 214.
Épacris, 582.
Épicéa. — Judicieux emploi, 123. — Groupes d’É.
et Liquidambars , 531. — Les arbres de Noël,
. 556.
Épinard. — Nouveaux succédanés de l’Épinard,
, 188. — E. paresseux de Calillon, 131.
Épine-vinette et rouille des céréales, 8, 219.
Eria Fordii, 527.
Eriocorna cuspidata, 555.
Erinose de la Vigne, 266. — Traitement, 315.
Escallonia revoluta, 263.
Escargots. — Cas d’empoisonnement, 195.
Esmeralda Clarkei, 526.
Espalier. — Abri vitré, 234. — Du palissage, 340.
Établissements horticoles. — Une visite aux éta-
blissements horticoles de Nancy, 454.
Étiquettes. — Les étiquettes en botanique et en
horticulture, 215.
Eucalyptus, 98. — E. les plus rustiques, 315. — Les
Eucalyptus dans l’Ouest de la France, 353, 377.
— E. coccifera , 377. — E. Gunnii. E. Globulus,
378. — E. amygdalina, 183. — E. calophylla,
420. — E. viminalis, 353. E. pauciflora, E.
urnigera, 354. — Rusticité, 195, 555.
Evonymus pulchellus pour l’ornementation hiver-
nale, 202.
Expositions annoncées: Amiens, 125; Anvers, 173;
Anvers (Roses), 29 ; Autun, 100; Bar-sur-Aube,
268; Barcelone, 52; Bordeaux, 101; Bougival,
196; Bourbonne-les-Bains, 221; Bourges, 293;
Cannes, 79; Épinal, 76; Fontainebleau, 317;
Gand, 9, 99, lüü, 193, 199, 245; Laon, 125; Lau-
sanne, 172; Lille, 437 ; Lyon, 245; Marseille, 101;
437; Meaux, 101; Mézidon, 221; Moulins, 125;
Nantes, 100; Nimes, 196; Orléans, 76, 221;
Paris, 125, 217, 317, 342, 413, 437, 484; Péri-
gueux, 245; Rive-de-Gier, 413; Roubaix, 100,
Roubaix (Chrysanthèmes), 510; Rouen, 76 î
Saint-Cloud, 173; Saint-Germain-en-Laye, 221;
Saint-Mandé, 268 ; Sens, 172 ; — Strasbourg,
125; Toulouse, 245; Tunis, 101 ; Valognes, 173 ;
Vienne, 342; Exposition de cidres à Paris, 8;
E. internationale de géographie botanique en
1890, 195, 293, 484; E. d’instruments pour la
reconstitution des vignobles à Ghâlon, 99. —
Exposition d’horticulture de Paris, liste des ré-
compenses accordées à l’exposition de la Société
nationale d’horticulture, 241, 286; Comptes-ren-
dus, 271, 278, 281; Ornementation florale, 296.
— Éxposition d’automne de la Société nationale
d’horticulture de France, 534 ; Liste des récom-
penses, 551, 557 ; La première exposition hor-
ticole à Vienne, 532.
Exposition universelle de 1889. — Programme des
onze époques de concours, 45, 62, 119, 141. —
L’installation de l’horticulture au Trocadéro,
194, 211, 292. — Congrès international d’horti-
culture, 338. — Les préparatifs de l’horticulture,
349. — Conditions de transport des produits de
l’horticulture, 362.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
589
F
Fêtes des Arbres en Amérique, 388.
Fêtes des tleurs dans l’antiquité, 339.
Figuier Ti-Koua, 508. — Le Figuier en Mésopo-
tamie, 321.
Fleurs. — Leurs prix à Nice, 73. — La vente aux
Halles de Paris, 309. — La métallisation, 412,
Flores. — Nouvelle contribution à la Flore de
Madagascar, 51. — Flore et plantes industrielles
du Tonkin, 410.
Forêts. — La surface des forêts européennes, 459.
Fougères. — Les semis de spores, 7 — Destruc-
tion, 148. — Les meilleures Fougères pour la
garniture des jardinières, paniers, bouquets, etc.,
457.
Fraisier. — L’Otiorhynque de la'livèche, insecte
nuisible, 240. — Singulier cas de prolification,
411. — Fraise Souvenir de Bossuet, 131. —
Fraise des Quatre-Saisons Madame Béraud,
373.
Frelons et Frênes, 483.
Fromage de Soja, 220.
Fruits. — Les fruits dans l’Afghanistan, 459. — La
production fruitière en Angleterre, 482, 495. —
La récolte annuelle en France, 509. — Les im-
portations de fruits frais en Angleterre, 509. —
Culture en sacs, 483, 521. — The English Apple
and Fruit growing Company, 557.
Fuchsias, 268. — Le centenaire des Fuchsias, 230.
Fuscicladium.'— Les Fuscicladiums et nos vergers,
246.
G
Gand. — Ses éphémérides horticoles, 214.
Gazon. — Le placage en Angleterre, 520.
Genista hispanica, 36.
Giroflée jaune commune hâtive, 124.
Glaïeul. — Nouveaux Glaïeuls hybrides, 228. —
G. hybrides de Frœbel, 434.
Glycine. — Culture en palmettes, 457.
Gomme des Pruniers et des Cerisiers. — Le sul-
fate de fer, 303.
Gongora flaveola , 526.
Gonioscypha Eucomioides, 552.
Graines. — Catalogue des graines du jardin bota-
nique de Montpellier, 99. — Relation entre la
grosseur acquise par les graines et leur germi-
nation, 458. — Influence de la lumière sur leur
développement, 507.
Greffe. — Influence du sujet sur le greffon, 74. —
Greffage des Poiriers, 243.
Grenadier des Antilles, 160.
Griotte tardive de Plombières , 503.
Guigne Ramon Oliva, 355.
Gundelia Tournefortii, 53.
Gynérium. — Le commerce des panaches, 388.
H
Habenaria militaris , 396.
Halles centrales de Paris. — Vente des fleurs, 309.
Hanneton. — Les vers blancs en Seine-et-Marne,
291. — Destruction du ver blanc, 360. — Des-
truction par la benzine, 510, 581.
Hannetonnage dans la Sarthe, 387.
Haricot beurre panaché à rames, 56. — H. Cerise
du Japon , 56. — H. Flageolet beurre à rames ,
56. — H. Gloire de Dijon , 131. — H. jaune hâtif
de Fleuriel, 130. — H. nain Mange-Tout extra-
hâtif, 56. — H. Roi des verts, 131.
Hedysarum microcalyx , 239.
Heliconia, 118. — H. choconiana, 290.
Helicophyllum Alberti , 479.
Héliotropes. — Floraison hivernale, 77. — H. à
tige, 380. — H. d’hiver, 554.
Hellébores. — Variétés nouvelles, 189. — H. Comtesse
de Paris, Madame Sertier, Souvenir de Victor
Hugo, Pourpre national, Lutea sulfurata, Béa-
trice de Circourt, 190.
Heloniopsis japonica, 480,
Henné, 22.
Herbe aux Kangurous, 243^
Herbier général analytique, 172.
Herborisation à Malesherbes, 306.
Heuchera sanguinea, 239, 363.
Hibiscus chrysanthus, 562.
Hillebrandia sandwicensis, 263.
Hiver. — L’hiver en 1888, 25, 106. — Les froids
en France, 73. — Effets de l’hiver 1887-1888 dans
le Midi, 169. — L’hiver et les fleurs de Pêchers,
169. — Effets de l’hiver 1887-1888 à Marseille,
265. — Couverture hivernale des plantes déli-
cates, 553.
Horticulture japonaise, 445.
Hottentots au jardin d’Acclimatation, 340.
Huile de pépins de Raisins, 460.
Hunnemannia fumariœ folia , 541.
Hybridation. — Le phylloxéra et les parasites vé-
gétaux vaincus par l’hybridation, 50.
I
Idesia polycarpa, 463.
Igname de Chine. — Recherche d’individus fe-
melles, 363.
Impatiens Comorensis, 134. — I. Epis copi, 494.
Incision annulaire de la Vigne, 331.
Insectes et cryptogames, 208.
Insectes nuisibles — Loi sur leur destruction, 121.
— Appareil désinfecteur pour les arbres à
haute tige, 482. — Les destructions, 412.
Insecticides. — La vente des jus de tabacs, 235.
Institut de France. — Nomination de M. Masters
comme membre correspondant, 289.
Ipomœa Robertsii, 263.
Iris de Florence. — Culture, 264. — I. Kingiana,
263. — I. pabularia, 338. — I. Sari , var.
lurida, 383. — 1 spectabilis, dimorphisme, 124.
— I. Varlani, 262.
Isosoma Cattleyœ, insecte nuisible, 50, 96. —
I. Orchidearum, 145.
J
Jacinthe. — Nouveau mode d’emploi des fleurs,
123. — Les corbeilles de Jacinthes dans les jar-
dins de Paris, 194. — Ligue des horticulteurs
hollandais contre la vente des fleurs de Jacin-
thes, Tulipes, etc., 289.
Jardin. — Ornementation spéciale des grands jar-
dins, 126. — Moyen d’en augmenter les produits,
203. — J. des écoles primaires, 8.
Jardinier. — Ses qualités selon Liger, 37.
Jardinières. — Les meilleures Fougères pour gar-
niture, 457.
Jasminum nudiflorum, 569.
Jus de tabacs. — Conditions de vente, emploi, 235.
K
Kalmia latifolia Pavarti, 540.
Kœlreuteria. — Un nouveau Kœlreuteria de la
Chine occidentale, 393. — K. bipinnata , 9. .
Kermès — Destruction sur les Pêchers et les
Lauriers-Roses, 7.
Kunzea pomifera, 386.
L
Laboratoire de pomologie de Trouville, 28.
Lacharme (Fr.). — Hommage à sa mémoire, 29.
Lagerstroemia indica, 227.
Landolphia florida, 383.
Lapins. — Leurs ravages en Californie, 171.
Lastrea lepida, 527.
Lauriers-Tins. — Le forçage, 364.
Leçons de choses, 98.
Légumes. — Les expéditions de Roscofif en Angle-
terre, 317.
Lepidium ruderale, antipathique aux punaises,
508.
Lespedeza striata, 460, 555.
Ligustrum co'riaceum, 439.
Lilas Lucie Baltet , 21. — L. pleureur, 123.
Limaçons. — Pour en préserver les arbres frui-
tiers, 220.
Liquidambars et Épicéas en groupes, 531.
590
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
Littérature horticole en Angleterre, 472.
Lobelia Erinus, 79.
Lodoicea Sechellarum. — Germination au Mu-
séum, 461.
Lonchocarpus Barteri , 262.
Lourya paniculata, 315.
Lumière. — Son influence sur le développement
des graines, 507.
Lyciet d’Europe, 96.
M
Macaranga Porteana , 175.
Madagascar. — La végétation autour de la baie de
Diego-Suarez, 524.
Magnolia Soulangeana. — Floraison anormale en
Angleterre, 506.
Maladies cryptogamiques de la Vigne. — Traite-
ment, 184.
Marguerite (Grande-) des prés, dans les étables et
écuries, contre les puces, 508.
Marmite Schribaux, 376.
Masdevallia astuta , 527. — M. Chestertoni , 479.
— M. gibberosa, 480. — M. glaphyrantha, 527.
Massifs à grand feuillage. — Plantes qui convien-
nent, 144. — M. d’ornement, 242.
Matricaria eximia grandiflora aurea , 163.
Maxillaria fucata, 527.
Meeting international de Gand, 149.
Mélastomacées, 259.
Melon. — Hybride du Melon à rames, 372.
Ményanthe trifolié, 478.
Mesembrianthemum Brownii, 480.
Métallisation des fleurs, 412.
Mildiou, 362.
Miltonia Peetersiana , 525.
Mina lobata, 518.
Mission horticole en Orient et dans l'Amérique du
Nord, 98. — Missions scientifiques dans l’Amé-
rique équatoriale, 244.
Momordica involucrata, 239.
Monstruosités. — Produits monstrueux, 556.
Morina betonicoides, 383.
Morille. — Sa culture, 220.
Mosaïculture humoristique, 402.
Mouron des oiseaux. — Destruction, 27.
Mousses. — Destruction par le sulfate de fer, 279.
Muguet, poison pour les volailles, 292.
Mûrier en Mésopotamie, 190.
Musacées ornementales et économiques, 32, 68,
85, 116.
Muséum d’histoire naturelle. — Graines et plantes
vivantes offertes, 28. — Ses récentes acquisi-
tions, 29.
Mussœnda borbonica , succédané du Café, 252.
Myosotis dissitiflora alba, 290.
N
Narcissus cyclamineus , 263.
Navet, cultivé comme succédané de l’Épinard, 189.
Nécrologie. — MM. le docteur Asa-Gray, 76;
Briot, 149; de Cannaert d'Hamale , 510; J.-E.
Charon, 413 ; Chauvière, 77 ; F. Chevalier , 29 ;
W. Court , 461 ; W.-H. Crawford, 510; J. Day,
77; Dupuy-Jamain, 245 ; Dur and-Claye [Al-
fred-Augustin), 221; J.-M. Gonod , 196; Gré-
goire-Nélis , 77; Henriau , 533; abbé Lefèvre ,
268; Ch. Leirens , 413; Lhérault-Salbœuf , 101;
Martineau , 268 ; Pacreau, 533; J ,-E. Planchon,
173, 317 ; Sagot , 533; Sertier , 510.
Negundos panachés et Rosiers, 97.
Neige. — La neige en Belgique, 436.
Neillia thyrsifolia, 415.
Népenthès. — Leur culture, 329.
Nerine Moorei, 527.
Nice. — Lettre de Nice, 11.
Nicotiana colossea , 511.
Noisetier. — Culture à Avellino, 291.
Noyer. — Les feuilles de Noyer contre les taons,
mouches, 509. - N. de Mandchourie, 506.
Nymphœa Casparyi alba , 300. — N. Kewensis,
O
Odontoglossum coronarium , 23. — O. crispum
132. — O. Harryanum, 526. — O. Lucianum \
527. — O. pulchellum , 283. — O. triumphans
yolubile, 179.
Œillet. — Dimensions surprenantes d’un Œillet,
339. — Œ. de la Malmaison cocciné , 456.
Ognon blanc petit extra-hâtif de Barleta , 130. —
Le Tyleuchus putrefaciens , 291.
Ognons à fleurs. — Massifs pour leur culture, 434.
Oïdium et Vignes en chaintres de Smyrne, 266.
Oiseaux et boutons à fruits, 170. — Oiseaux et
arbres fruitiers; emploi du sulfate de cuivre,
220. — Leur longévité, 509.
Olearia Forsteri, 198.
Oncidium Jonesianum, 480. — O. Mantini, 98. —
O. micropogon, 479. — O. Polletianum , 480.
Onosma pyramidalis, 480.
Orage du 25 juillet, 361.
Oranges d’Australie, 220.
Orangers à Blidah, 15.
Orchidantha borneensis , 526.
Orchidées. — Création en Belgique d’une Société
orchidophile, 29. — L’album de Mme de Nadail-
lac, 220. — Les hybtides bigénériques, 316. —
Importation d’O. japonaises, 339. — Leur par-
fum, 363. — Une exposition, 369. — Vente à
Paris, 436. — Une récolte dans l’Inde, 469.
Orge. — Vin d’Orge, 460.
Ornementation spéciale des grands jardins, 126.
Orobanches. — Leur développement, 388.
Orontium aquaticum , 84.
Orphelinat horticole de Beaune, 44.
Ostrowskya magnifica, 344.
Otiorhynque de la livèche, nuisible aux Fraisiers,
240. — Otiorhxjnchus sulcatus , ses dégâts dans
les serres, 292.
Oxera pulchella , 240.
P
Pain de Soya, 293,
Palissage, 340. — P. des arbres fruitiers, 440.
Palmier. — Le rempotage, 240. — Floraison hâ-
tive des P. cultivés en pleine terre, 340. — Les
P. dans la Floride centrale, 438.
Panachures. — Influence des milieux sur leur pro-
duction, 124.
Parasol pour Rosiers, 261. — Parasols végétaux,
546.
Parc. — Les plantes tropicales dans les parcs pu-
blics, 387.
Parc de la Liberté à Lisbonne, 7, 74, 122, 149,
293; plan, 151, 152.
Parcs scolaires, 333.
Parmentier. — Sa statue, 169.
Passiflora Watsoniana , 527.
Patate douce. — Sa culture, 483.
Pêche, Pêcher. — L'hiver et les fleurs de Pêchers,
169. — P. en double U, 226. — Les P. sous
châssis, 267. — Les Pèches à Montreuil en 1888,
265, 362. — Les Pêchers dans la Dordogne en
1888, 407. — Pêches et Brugnons, 315. — Le
Coryneum Beijerinckii, 267. — La production
en Amérique, 412. — P. hybride Quêtier , 115.
— Pêcher pyramidal, 43. — La cloque, 528. — P.
Bouge de Mai , 276. — P. Tondu, 261.
Pélargonium. — La maladie des P zonale et in -
quinans hybrides, 166. — P. à tige, 380.
Pelouses, 218.
Pensées à fleurs semi-doubles blanches, 436. —
Culture anglaise des Pensées, 580.
Phalœnopsis Buyssoniana, 434. — P. Harriettœ,
339. — P. Mariœ, 383.
Philadelphus Coulteri, 385.
Phœnix. — Un nouveau Phœnix hybride, 366.
Phormium Hookeri, 479.
Phylloxéra, 266. — Prohibition d’importation de
plantes en Algérie, 24. — Les terrains phylloxé-
rés nouvellement replantés et l’exemption d’im-
pôt, 242. — Levée de -la prohibition des plants,
fruits et légumes de provenance italienne, 242.
— Singulier remède/ 316. — Priorité de décou-
591
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
verte, 363. — Reconstitution des vignobles phyl-
loxérés, 41 4. — L’état phylloxérique actuel en
Europe, 386. — P. en Russie, 171. — Syndicats
obligatoires de défense, 505. — Le phylloxéra à
Grignon, 530. — Mesures prises en Russie, 532.
Physiologie végétale. — Influence de la culture sur
les organes sexuels des plantes et sur leur pro-
ductivité, 30.
Phytolacca. — Culture du P. decandra, var. albo
variegata , 423.
Pin. — Un énorme exemplaire de Pinus sylves-
tris , 459.
Pin sylvestre. — Traitement du Rouge , 147.
Pipes. — L’industrie des pipes en racine de
Bruyère, 431.
Pitch-pin. — Son emploi dans le matériel horti-
cole, 28.
Pittosporum tenui folium, 80.
Placage de gazon en Angleterre, 520.
Planchon, sa mort, 173, 317. — Vœu du Comice de
Narbonne, 220.
Plantago lanceolata, 528.
Plantation et tuteurage des arbres à haute tige, 164.
— P. d’arbres à cidre en bordures de routes, 49.
— P. d’arbres fruitiers en bordure de routes, 73.
— P. fruitières sur les routes nationales de
l’Oise, 483. — Les limites des P. dans la banlieue
de Paris, 450.
Plantes alpines. — Les semis, 147.
Plantes à feuillage coloré, leur emploi dans les
jardins, 434.
Plantes médicinales. — Culture en Maine-et-
Loire, 569.
Plantes tropicales dans les parcs publics, 387.
Plantes antipathiques aux insectes et aux animaux,
508.
Platycarya strobilacea, 88.
Platyccerium grande. — Superbe exemplaire, 506.
Platycodon à grandes fleurs blanches, 409.
Pleurothallis insignis , 240.
P lumbago capensis alba, 285.
Podocarpus nerü folia, 253.
Poirier. — P. à qui l’espalier est nécessaire, 29. —
Floraison tardive à Nantes, 218. — Le greffage,
243. — Singularités de la nomenclature, 269. —
Le Sodisoma Sabinæ, Champignon nuisible, 528.
— Poire Belle-Picarde , 156. — P. Bergamote
d'hiver, 31. — P. C liaumontel-Gras , 468. — P.
Le Lectier, 415. — P. Fondante de Bïliorel, 547.
Pois à cosse jaune d'or , 395. — P. duc d’Al-
bany , 57.
Polemonium flavum, 383.
Polygonum sachalinense, 417.
Pommier. — Contre-espalier de P. et Rosiers, 271.
— Les P. au cap de Bonne-Espérance, 388. —
Cultures en Amérique, 459. — Pommes Cellini
et Antonowka, 161. — P. London Pippin, Pé-
pin ou Reinette de Londres , Calville du roi
ou Citron d'hiver, 229. — Les importations de
Pommes d’origine étrangère, 532.
Pommier à cidre. — Sa culture, 58.
Pomme de terre. — La Pomme de terre au siècle
dernier, 387. — Nouvelle recette contre la ma-
ladie, 411. — P. Boursier ou Rickmaker, 57. —
P. Canada, 130. — Nouvelle maladie, 532. — Em-
ploi du sulfate de cuivre contre la maladie, 550.
Pompe économique, 471, 581.
Porte-greffes, 343. — La question des porte-greffes,
389.
Potager de Versailles. — La vente des produits,
290, 436.
Poudre de Pvrèthre. — Qualités insecticides, 148.
Primevères de la Chine à fleurs doubles, 145. —
P. double rose ou spectabilis, 79. — P. blanche
double, 153.
Primula geraniifolia, 480. — P. obtusifolia, 263.
— P. sapphirina, 383.
Prunier Kelsey, 24, 97, 284. — P. Reine-Claude
de Bavay, 515. — Prunus Capuli, 137. — P.
Jacquemontii, 479. — P. Pissardi, sa colora-
tion, 310. — P. Pissardi (Faux), 147.
Pseudophœnix Sargenti, 482, 574.
Psiadia. — Le Psiadia rotundifolia de l’ile de
Sainte-Hélène, 243.
Ptarmica grandiflora flore pleno , 573.
Pucerons des Rosiers et sulfate de fer, 303.
Puceron lanigère, 322. — La capucine, 408, 435.
Puceron vert, destruction, 582.
Pultenœ a rosea, 262.
Q
Quinquina. — Culture du Quinquina dans l’Afrique
centrale, 195.
R
Radis noir long d'été, 130. — R. long rose à bout
blanc , 57. — Nouvelle série, 579.
Ramie. — Sa culture, 9, 74. — Concours de ma-
chines à décortiquer, 195, 481.
Ravenala, 116.
Reine-Marguerite Com'ete, 434.
Renoncules. — Empoisonnement de bestiaux par
les Renoncules sauvages, 484.
Rénovateur Albrand, 184.
Revue des plantes nouvelles décrites ou figurées
dans les publications étrangères, 239, 262, 383,
479, 525.
Rhododendron. — Nouveaux hybrides, 9. — R. à
floraison hâtive, choix de 24 variétés, 264. — Le
greffage, 424. — R. nouveaux de serre, 290. —
R. argenteum , 197. — R. grande, 263. — R.
rhombicum, 479.
Ricin contre les taupes, 508.
Rosier. — Préservation contre le froid, 27. — Cas
de dichroïsme dans la floraison d’un Rosier, 74.
— Rosiers et Negundos panachés, 97. — Les
Roses forcées en Amérique, 194. — Parasol pour
Rosiers, 261. — Contre-espalier de Pommiers et
Rosiers, 271 — Un plébiscite pour les plus
belles Roses, 294. — L 'Erisiphe et V Æcidium
grossulariœ, 312. — Les R. croissant naturelle-
ment dans le département d’Indre-et-Loire, 362.
— R. des Quatre-Saisons, 316. — Rosa gigantea,
433. — R. Gloire de Margottin, 300 — R. Ma-
dame Georges Bruant, 14. — R. Niphétos pana-
chée, 98. — R. Pissardi, 446. — R. polyantha,
456. — R. rugosa, hybrides du R. rugosa , 410.
— R. Watsoniana, 385. — Contre le blanc des
Rosiers, 581.
Rouge du Pin Sylvestre, „ traitement, 147.
Rouille des Céréales et Épine-vinette, 8, 219.
Rubus rosœfolius , 479.
Russie. — Le phylloxéra, 171.
S
Saint-Fiacre, patron des jardiniers, 422.
Salvia scapiformis , 479.
Sapin de Céphalonie. — Sur une variété à cônes
lisses, 578.
Sarrasin contre l’altise, 509.
Sauges, 254.
Sauterelles en Algérie, 256, 313.
Schinus molle, plante de serre froide, 350. _
Sels dénaturés pour le bétail et comme engrais, 312.
Semences. — Protection contre les oiseaux, les
insectes et les rongeurs, 170.
Senecio pulcher , 42.
Sensibilité des plantes, 267.
Séquoia sempervirens , 330. — Le recépage, 155.
Serres. — Conditions de bonne construction, 390.
Arrangement pittoresque des entrées, 507.
Sésame. — Sa cultui e en Algérie, 459.
Sève. — Circulation de la sève, 187.
Skimmia rubella, 219.
Société botanique de France. — Session extraordi-
naire, 172.
Société cactophile belge, 52.
Société pomologique de France. — Compte-rendu de
la 30e session, 465.
Société pomologique américaine, 98.
Société nationale d'agriculture de France. — Élec-
tion de M. Duchartre comme vice-président, 26.
— Séance de distribution des récompenses, 290,
529.
Société nationale d’horticulture de France. — Com-
position du bureau pour 1888, 6. — Création d’un
592
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
Comité de l’art des jardins, 51. — Exposition de
printemps, 98. — Exposition générale, 271 .(V. Ex-
positions.)— Comptes-rendus des séances. ( Dans
tous les numéros.)
Sodding ou placage de gazon, en Angleterre, 520.
Sodisoma Sabinœ, Champignon nuisible au Poi-
rier, 528.
Soja. — Le fromage de Soja, 220. — Pain de Soja,
293. — Soja hispida au Japon, 411.
Solanum ciliatum, var. macrocarpum , 78.
Sophrocattleya Batemaniana , 458.
Soufreuse Phénix à grand travail, 185. — Soufreuse
simplex, 186.
Souvenirs d’il y a cent ans, 418.
Statice arborescens , 442. — S. Suwarowi , 383.
S tephanophysum longi folium, 426.
Strelilzia , 1 17.
Strobilantes flaccidifolius, 262.
Styrax japonicum, 320. — S. Obassia, 410.
Substances alimentaires. — Leur conservation, 376.
Sulfate de cuivre contre les oiseaux et les lima-
çons, 220.
Sulfate de fer contre le chancre des arbres, 244.
— Son emploi pour la destruction des Mousses,
279. — Destruction du chancre et des autres pa-
rasites, 301. — Comme engrais en horticulture,
334, 367, 513.
Sulfure de carbone. — Vente de capsules, 432.
— Son emploi contre les limaces et les insectes,
530.
Sureau noir contre les chenilles, 508.
Syndicats obligatoires pour la défense des Vignes
contre le phylloxéra, 505.
Syringa Emodi à fleurs roses, 492.
T
Taille des arbustes, 54.
Tanaisie contre les puces des chiens, 508.
Taupes, destruction, 456.
Température. — Le temps, 121, 361, 529. ■ — Le
retard dans la végétation, 313.
Terrains salés. — Leur plantation dans les régions
tropicales, 245.
Tétragone étalée, succédané de l’Epinard, 189.
The English Apple and Fruit growing Company,
557.
Thermosiphons. — Les chambres d’interruption,
355. — Chauffage à l’huile minérale ; poêle-
thermosiphon, 582.
Thunbergia a f finis, 479.
Tillandsia J onghei, 262. — T. X Alberli , 577.
Todea. — Le nouveau Todea du Muséum, T. rivu-
laris , 292, 315.
Toile — Remède contre la toile, 146, 328.
Tomates lisses, 28. — T. Jaune grosse lisse, 57. —
T. et Aubergines, 389. — Confitures de Tomates,
413.
Tonkin. — Flore et plantes industrielles, 410.
Toxicophlcea spectabilis , 517.
Transplantation des gros arbres, 318, 499.
Trisulfure de carbone, 364.
Tritoma. — L’hiver de 1887-1888 et les Tritomas,
242. - T. Canari, 295.
Tropœolum aduncum , 576.
Tsuga canadensis, utilisation de son écorce pour
la fabrication du tan, 556.
Tulipe. — Ligue des horticulteurs hollandais contre
la vente des fleurs de Tulipes, 289.
Tulipier. — Un Tulipier de 330 ans, 458.
Tuteurage des arbres à haute tige, 164. — T. des
arbres nouvellement plantés, 555.
• T y leuchus putrefaciens , ennemi des Oignons, 291.
V
Vanda Dearei, 527. — V. Sanderiana , 480.
Végétaux. — Trois vétérans de la végétation ar-
borescente, 231.
Végétaux nuisibles. — Loi sur leur destruction, 121.
Vente publique de plantes à New-York, 436.
Verger. — Les concours de vergers en Belgique,
556.
Veronica Godefroyana , 455.
Vicia Denessiana, 383.
Victoria regia. — Floraison en plein air, à New-
Yoik, 41 Ô.
Vigne. — Pied de Vigne remarquable, 27. —
Variétés précoces, 72. — Traitement des mala-
dies cryptogarniques, 184. — L’Oïdium etles
Vignes en chaintres à Smyrne, 266. — L’Éri-
nose, 266, 315. — Floraison en 1888, 289. — In-
cision annulaire, 331. — Des porte-greffes, 343.
— Les variations de forme des grains et pépins
chez les Vignes cultivées de l’ancien monde,
362. — Raisin Gros-Colmar , 314. — V. kabyles,
50, 124. — V. nouvelles de la Chine, 247. — Nou-
veaux types de l’Extrême-Asie, 536, 582. — Nou-
veau mode de greffage, 553. — A propos des
Vignes chinoises, 558.
Vignes américaines en France, 122. — V. améri-
caines à production directe, 8. — Variétés pour
terrains calcaires et marneux, 26. — L'Elvira,
266. — V. Jacquez, 75.
Villa Valetta à Cannes, 112.
Vins. — Production en 1887, 26. — La récolte en
Algérie, 123. — La récolte en 1888, 481. — Nou-
velle maladie en Algérie, 170.
Vin d’Orge, 460.
Vriesea impcrialis, 58. — V. Jonghei , 262. —
V. pulverulenta lineata, 89. — V. grandis , flo-
raison, 580.
Voandzou, 386.
Volailles. — Empoisonnement par le Muguet, 292.
W - Z
Wellingtonia. — Le plus fort Wellingtonia des
environs de Paris, 124. — Découverte d’un
Wellingtonia gigantesque, 508.
Xanthorrhea Preissii, 239.
Zingiber brevifolium , 526.
Zygopetalum leopardinum, 239.
FIN DE LA TABLE DU VOLUME DE 1888.
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