Skip to main content

Full text of "Revue horticole : journal d'horticulture practique"

See other formats


• 0^3- 


HARVARD  UNIVERSITY 


OF  THE 


213 


Received 


f. 


Digitized  by  the  Internet  Archive 
in  2016 


https://archive.org/details/revuehorticolejo1888unse 


REVUE 


HORTICOLE 


60e  ANNÉE  — 4888 


ORLÉANS,  IMPRIMERIE  DE  GEORGES  JACOB,  RUE  SAINT-ÉTIENNE,  8. 


REVUE 


HORTICOLE 

JOURNAL  D’HORTICULTURE  PRATIQUE 

% 

C t;  | Y LtU  ( 1 V 

Fondé  en  1829  par  les  auteurs  du  Bon  Jardinier 

RÉDACTEURS  EN  CHEF:  MM.  E.-A.  CARRIÈRE  & ED.  ANDRÉ 

ADMINISTRATEUR  : M.  L.  BOURGUIGNON 

PRINCIPAUX  COLLABORATEURS:  MM. 

Aurange,  Dr  Bâillon,  Bailly,  Baltet,  Bardet,  Batise,  Bergman  (Ernest) 
Berthault,  Blanchard,  Boisbunel,  Boisselot 
Bouley  (Louis),  Briot,  Bruno,  Carrelet,  Cte  de  Gastillon,  Gatros-Gérand 
Ghargueràud,  Ghristachi,  Chevallier,  Courtois  (Jules),  Daveau  (Jules) 
Delabarrière,  Delaville,  Delghevalerie,  de  la  Devansaye,  Dubois,  Dubreuil,  Dumas 
Ermens,  Fissànt,  Gagnaire,  Giraud  (Paul),  Gitton,  Glady,  Godefroy,  Hardy 
Hauguel,  Haueter,  Houllet,  Jadoul,  Jolibois,  Joly  (Cii.),  Joret  (Henri),  Kolb 
Lambin,  Dr  Le  Bêle,  Lhérault  (Louis),  Maron,  Martins,  Métaxas 
Morel  (Fr.),  Nanot,  Nardy,  Naudin,  L.  Neumann,  d’Ounous 
Poisson,  Pulliat,  Rigault,  Rivoire,  Rivoiron,  Sahut,  Sallier,  Sisley  (Jean) 

Thays,  Thomas,  Thomayer,  Truffault,  Yallerand  (Eugène),  Vallerand  (Jules) 
Yerlot  (Bernard),  Yerlot  (J. -Baptiste),  Yilmorin,  Weber,  etc. 


6(F  ANNÉE.  — 1888 


3 PARIS 

LIBRAIRIE  AGRICOLE  DE  LA  MAISON  RUSTIQUE 

26,  RUE  JACOB,  26 


1888 


REVUE 


HORTICOLE 


CHRONIQUE  HORTICOLE 

Le  Mérite  agricole  : publication  par  le  nouveau  Ministre  de  l’Agriculture  des  nominations  faites  par 
M.  Barbe.  — Société  nationale  d’horticulture  de  France  : composition  du  bureau  et  du  conseil  pour 
l’année  1888.  — Le  parc  de  la  Liberté  à Lisbonne.  — Destruction  des  kermès.  — Les  semis  de  spores 
de  Fougères.  — Le  jardin  des  écoles  primaires.  — Les  Vignes  américaines  à production  directe. 
— Exposition  de  cidres  à Paris.  — L’Épine-Vinette  et  la  rouille  des  céréales.  — Création  probable  de 
jardins  d’expérimentation  au  Brésil.  — Nouveaux  hybrides  de  Rhododendrons.  — Nouvelle  espèce  de 
Kœlreuteria.  •—  La  culture  de  la  Ramie.  — Exposition  internationale  d’hoiticulture  à Gand. 


Le  Mérite  agricole  : Publication  par  le 
nouveau  Ministre  de  V Agriculture,  des 
décorations  décernées  par  M.  Barbe.  — 
On  n’a  pas  oublié  avec  quelle  insistance  la 
Revue  horticole  a réclamé  la  publication 
des  décorations  du  Mérite  agricole,  au  fur  et 
à mesure  que  ces  récompenses  étaient  dé- 
cernées par  le  Ministre  de  l’Agriculture. 

M.  Barbe  n’a  pas  même  cru  devoir,  en 
quittant  son  poste,  donner  cette  satisfaction 
aux  légitimes  réclamations  qui  lui  avaient 
été  adressées  de  divers  côtés.  Il  a légué  cette 
besogne  à son  successeur. 

' Le  nouveau  Ministre  de  l’Agriculture, 
l’honorable  M.  Yiette,  a voulu  liquider  au 
plus  vite  cette  affaire,  et  il  a publié  immé- 
diatement au  Journal  officiel,  la  liste  des 
promotions  et  des  décorations  dans  l’ordre 
du  Mérite  agricole,  faites  par  son  prédéces- 
seur depuis  le  14  juillet  dernier. 

Nous  relevons  sur  cette  liste  générale,  les 
noms  suivants  se  rattachant  à l’horticulture. 
Ont  été  promus  au  grade  d’officier  : 

' MM. 

Latouclie  (Émile-Victor),  professeur  d’agricul- 
ture et  d’horticulture  de  l’arrondissement  de 
Pontoise  (Seine-et-Qise).  Titres  exception- 
nels ; a rendu  les  plus  grands  services  à l’agri- 
culture. Chevalier  du  2 janvier  1886. 
Cauchin  (Vincent),  horticulteur  à Montmagny 
(Seine-et-Oise)  - services  rendus  à l’horticul- 
ture, a obtenu  de  nombreuses  récompenses 
dans  les  concours.  Médailles  d’or  et  diplômes 
d’honneur.  Chevalier  du  28  décembre  1884. 


Ont  été  nommés  chevaliers  du  Mérite 
agricole  : 

MM. 

Bon  (Antoine-Gaspard),  horticulteur  à Cannes 
(Alpes-Maritimes).  Lauréat  de  concours  agri- 
coles et  horticoles.  A contribué  au  dévelop- 
pement de  l’industrie  florale  sur  le  littoral  de 
la  Méditerranée. 

Coraux  (Gustave),  entrepreneur  de  jardins  à 
Montmorency  (Seine-et-Oise).  A rendu  de- 
grands  services  à la  région  comme  secrétaire, 
trésorier  et  professeur  d’arboriculture  de  la. 
Société  d’horticulture  et  de  botanique  de 
Montmorency,  à laquelle  il  appartient  depuis 
vingt-deux  ans. 

Laguesse,  docteur  en  médecine,  professeur  de 
botanique  à Dijon  (Côte-d’Or).  Professeur 
depuis  vingt-un  ans,  membre  du  comité  de 
vigilance  contre  le  phylloxéra,  auteur  de 
travaux  remarquables  concernant  l’agricul- 
ture. 

Lennuyer  (Achille),  vice-président  de  la  Société 
d’agriculture  et  d’horticulture  de  Pontoise 
(Seine-et-Oise).  Cultivateur  distingué,  a pro- 
pagé par  son  exemple,  d’excellentes  méthodes 
dans  l’arrondissement  de  Pontoise. 

Seigneur  (Denis-Constant),  président  de  la  So- 
ciété d’agriculture  et  d’horticulture  de  Ma- 
rines (Seine-et-Oise).  Fondateur  de  la  Société 
d’agriculture  et  d’horticulture  de  Pontoise  et 
de  celle  de  Marines.  Lauréat  des  concours 
agricoles  et  horticoles. 

Raynaud,  horticulteur  â Gap  (Hautes-Alpes). 
Prend  une  part  active  aux  travaux  de  la  So- 
ciété d’agriculture  de  Gap,  dont  il  est  secré- 
taire. A obtenu  plusieurs  récompenses,  et 


(3 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


notamment  la  prime  d’honneur  au  concours 
régional  de  Gap  en  1884  ; vingt-sept  ans  de 
services. 

Vallerand  (Eugène),  horticulteur  à Bougival 
(Seine-et-Oise).  A collaboré  à plusieurs  ou- 
vrages d’horticulture.  A obtenu  un  grand 
nombre  de  récompenses  dans  les  concours 
agricoles  et  horticoles. 

Nous  n’avons  pas  à apprécier  le  mérite  de 
ces  promotions  et  de  ces  nominations.  Nous 
applaudissons  des  deux  mains  à quelques- 
unes  d’entre  elles,  et  nous  avons  été  tout 
particulièrement  heureux  d’y  trouver  le  nom 
de  notre  collaborateur  Eug.  Vallerand. 

Mais  tout  le  monde  remarquera  la  gra- 
cieuseté avec  laquelle  a été  traité  le  dépar- 
tement de  Seine-et-Oise  par  M.  Barbe,  dé- 
puté de  Seine-et-Oise.  Les  deux  croix  d’offi- 
cier et  quatre  nominations  de  chevalier,  sur 
sept,  appartiennent  à ce  département. 

Et  cette  faveur  n’a  pas  été  spéciale  à 
l’horticulture.  Le  Journal  d’ Agriculture 
pratique,  qui  a fait  le  dénombrement  exact 
de  toutes  les  décorations,  fait  remarquer 
que  sur  les  soixante-six  croix  de  chevalier 
que  comprend  la  liste  générale,  Seine-et- 
Oise  en  a obtenu  quinze,  c’est-à-dire  près 
du  quart,  sans  compter  deux  croix  d’of- 
ficier ! 

Le  même  journal  fait  suivre  cette  publi- 
cation de  quelques  remarques  qu’il  nous 
parait  intéressant  de  reproduire  : 

D’après  le  décret  du  10  juin  1887,  dit  M.  de 
Géris  dans  le  Journal  d9 Agriculture  pratique 
du  22  décembre  dernier,  il  ne  peut  être  attri- 
bué chaque  année  plus  de  trente  croix  d’offi- 
cier. Or,  M.  Barbe  en  a distribué  douze  à l’oc- 
casion de  la  fête  nationale  du  14  juillet,  et 
vingt  depuis  le  21  juillet  jusqu’au  13  décembre, 
soit  trente-deux  en  tout,  c’est-à-dire  deux  de 
plus  qu’il  ne  pouvait  légalement  en  donner. 

Le  décret  du  7 juillet  1883,  qui  a institué 
l’ordre  du  Mérite  agricole,  avait  fixé  à deux 
cents  le  nombre  des  croix  de  chevalier  qui 
peuvent  être  accordées  chaque  année.  Ge 
nombre  a été  élevé  à trois  cents  par  l’article  2 
du  décret  précité  du  10  juin  1887.  Et  néan- 
moins, il  en  a été  accordé  : 

Quatre-vingt-quinze  par  arrêtés  du  1er  et  du 
3 janvier  1887  ; 

Cent  soixante-treize  à l’occasion  de  la  fête  na- 
tionale du  14  juillet  ; 

Soixante-six  dans  la  dernière  liste  publiée. 

Ce  qui  fait  un  total  de  trois  cent  trente- 
quatre. 

Et  ce  dénombrement  n’est  pas  complet  ; il 
faudrait  y ajouter  les  décorations  qui  ont  été 
conférées  par  des  arrêtés  en  date  des  8,  18, 
24  janvier,  3 février,  26  mars,  5,  10,  18,  23, 
27,  30  mai  et  2 juin,  dont  nous  ne  connaissons 


pas  exactement  le  nombre,  parce  qu’elles  ont 
été  insérées  en  bloc  au  Journal  officiel  du 
5 juin  avec  d’autres  nominations  remontant  au 
second  semestre  de  1886.  En  admettant  qu’il  y 
en  ait  douze  seulement  — une  pour  chaque  ar- 
rêté, — nous  arrivons  à un  total  général  d’au 
moins  trois  cent  quarante-six  croix  de  cheva- 
lier du  Mérite  agricole  distribuées  en  1887, 
quand  le  chiffre  maximum  est  fixé  à trois  cents. 

M.  Barbe  a donc  contrevenu  à l’article  2 du 
décret  du  10  juin  1887  rendu  cependant,  nous 
le  répétons,  sur  son  rapport  au  Président  de  la 
République.  Il  a également  contrevenu  à l’ar- 
ticle 5 qui  dispose  que  les  promotions  au  grade 
d’officier  doivent  être  publiées  par  le  Journal 
officiel , et  à l’article  3 portant  que,  pour  être 
élevé  à la  dignité  d’officier,  il  faut  compter 
deux  ans  au  moins  de  grade  de  chevalier,  sauf 
les  cas  de  dispense  pour  services  exceptionnels. 

Ne  sont-ce  pas  là  de  véritables  abus  de 
pouvoir?  Et  n’avions-nous  pas  mille  fois 
raison  de  réclamer,  comme  nous  l’avons  fait 
inutilement  pendant  six  mois,  la  publica- 
tion de  ces  listes  de  décorations  ? 

Nous  sommes  certains  que  l’honorable 
M.  Yiette  ne  suivra  pas  les  traditions  de 
M.  Barbe  : l’empressement  qu’il  a mis  à 
publier  la  liste  des  décorations  du  Mérite 
agricole  décernées  par  son  prédécesseur,  et 
à dégager  ainsi  sa  propre  responsabilité, 
nous  en  est  un  sûr  garant. 

Société  nationale  d’horticulture  de 
France  : Composition  du  bureau  et  du 
conseil  pour  Vannée  i888.  — Dans  sa 
séance  du  22  décembre  dernier,  la  Société 
nationale  d’horticulture  de  France  a,  comme 
elle  le  fait  chaque  année,  procédé  à des 
élections  partielles  pour  compléter  son  bu- 
reau et  son  conseil.  D’après  cette  élection, 
le  bureau  et  le  conseil  de  la  Société  se 
trouvent  ainsi  composés  : 

Président , M.  Léon  Say  ; 

Premier  Vice-Président , M.  Hardy  ; 

Vice-Présidents,  MM.  Henry,  L.  de  Vil- 
morin, J olibojs,  Joly  (Ch.),  Jamin  (Ferd.)  ; 

Secrétaire  général , M.  Bleu  (A.)  ; 

Secrétaire  général  adjoint , M.  Verlot  (B.)  ; 

Secrétaires , MM.  Delamarre  (Eugène), 
Lebœuf  (Paul),  Chargueraud,  Bergman  (Er- 
nest) ; 

Trésorier , M.  Chouveroux  (Alfred)  ; 

Trésorier- Adjoint,  M.  Huard  ; 

Bibliothécaire , M.  Glatigny  ; 

Bibliothécaire- Adjoint,  M.  Hariot. 

Conseillers. 

MM.  MM. 

Truffaut  (Alb.).  Carrière. 

Thibaut.  Ciiatenay  (Abel). 


CHRONIQUE 


HORTICOLE. 


7 


MM. 

Tavernier. 
Hébrard  (Laurent). 
Curé  (Ch.). 
Truffaut  père. 
Verdier  (Eugène). 
Vitry  (Désiré). 


MM. 

Dybowski. 

Lepère  QAlexis). 
Hébrard  (Alexandre). 
Michel. 

Goulombier. 

VlLLARD  Th.). 


Commission  de  contrôle. 
MM.  MM. 


] Les  semis  de  spores  de  Fougères.  — 

I Plusieurs  fois  déjà  cette  question  a été 
traitée  par  nos  collaborateurs  : elle  n’a  rien 
perdu  de  son  intérêt  et  de  son  actualité,  car 
les  Fougères  restent  toujours  les  plantes  fa- 
vorites d’un  grand  nombre  d’amateurs. 

Un  de  nos  abonnés,  M.  Em.  Mouillère, 
jardinier-chef  au  château  de  Frécbines 
(Loir-et-Cher),  nous  écrit  : 


Brissac  (Général).  Finet. 

Barre.  Oudiné. 

Delahogue-Moreau. 

Le  parc  de  la  Liberté  à Lisbonne.  — 

Nous  espérions  être  en  mesure  de  publier 
aujourd’hui  les  résultats  du  concours  ou- 
vert par  la  municipalité  de  Lisbonne.  L’ex- 
position des  plans  a été  fermée  le  12  dé- 
cembre. On  croyait  que  la  décision  du  jury 
serait  connue  presque  immédiatement,  mais 
il  n’en  a rien  été,  et  les  concurrents  doivent 
encore  faire  preuve  de  patience.  Nos  lec- 
teurs peuvent  être  assurés  que  nous  ferons 
connaître  le  jugement  dès  qu’il  sera  rendu. 

On  sait  que  les  trois  prix  sont,  respecti- 
vement, de  12,500,  7,500  et  5,000  fr.  Vingt- 
neuf  projets  ont  été  déposés  à l’Hôtel-de- 
Ville.  L’exposition  publique  a duré  huit 
jours;  elle  a été  visitée  par  près  de  dix  mille 
personnes.  On  évalue  les  dépenses  que  né- 
cessitera l’exécution  des  travaux  à 400  contos 
de  reis  (plus  de  2 millions  de  francs). 

Destruction  des  kermès.  — En  faisant 
savoir  à nos  lecteurs  par  quel  moyen  simple 
(l’immersion  prolongée)  notre  excellent  col- 
laborateur, M.  Carrelet,  se  débarrasse  des 
kermès  quand  ils  envahissent  les  Lauriers- 
Roses  ( Nerium  Oleander),  nous  pensions 
bien  que  quelques  personnes  avaient  déjà 
fait  des  expériences  pour  le  même  objet. 
En  voici  une  qui  est  particulièrement  digne 
d’attention,  et  que  nous  communique  un 
de  nos  abonnés,  M.  Urbain  Lemotheux,  de 
Château-Gonthier  (Mayenne)  : 

M.  Ludovic  Pelletier,  professeur  d’arbori- 
culture à Angers,  a soigné  et  guéri  complète- 
ment mes  Pêchers  en  les  faisant  laver,  au  mo- 
ment de  la  taille  d’hiver,  avec  de  la  chaux 
Bouchardat.  Cette  chaux  est  formée  d’une 
partie  de  chaux  contre  neuf  parties  d’eau. 

Pour  les  Lauriers-Roses,  c’est  le  même  trai- 
tement. 

Divulguez  ce  procédé,  dont  je  garantis  l’effi- 
cacité. 

Nous  remercions  M.  Lemotheux  de  sa 
communication  et  pouvons  lui  assurer  qu’il 
ne  manquera  pas  d’imitateurs. 


Je  vous  écrivais  l’année  dernière,  à la  date  du 
6 décembre,  les  résultats  que  m’avaient  donnés 
des  spores  de  Fougères,  semées  après  avoir  été 
conservées  une  année  en  sachets. 

Je  viens  aujourd’hui  vous  faire  connaître  les 
observations  que  j’ai  pu  faire  sur  ces  semis 
dans  le  courant  de  l’année. 

Gomme  je  le  prévoyais,  au  début  ces  jeunes 
plantes  ont  eu  une  végétation  de  vigueur 
moyenne,  plutôt  faible  que  vigoureuse. 

Cependant,  quelques  espèces  et  variétés  ont 
fait  exception  et  sont  aussi  fortes  que  les 
mêmes  provenant  de  spores  fraîches.  Ce  sont 
les  Adiantum  Capillus  Veneris , Alsophila 
australis , Blechnum  brasiliense , Cyrtomium 
falcatum , Gymnogramme  chrysophylla , les 
Pteris  tremula , cretica , serrulata  var.  cris- 
tata  et  umbrosa. 

D’autres,  et  c’est  la  plupart,  ne  sont  arrivées 
qu’aux  deux  tiers  de  la  force  des  mêmes  es- 
pèces et  variétés  provenant  de  spores  fraîches  : 
Adiantum  pubescens , deflexum , tenerum , cu- 
neatum,  gracillimum ; Asplénium  (NeopterisJ 
australasica , Diplazium  celtidi folium,  Gym- 
nogramme schizophylla , les  Nephrolepis  ses- 
quipedalis  et  davallioides  furcam , Nephro- 
dium  molle,  Pleopeltis  fossæ , Pteris  argyræa , 
Polypodium  aureum. 

Quelques-unes  sont  restées  très-faibles  ; telles 
sont  les  Aspidiumtrifoliatum,  Asplénium  fra- 
grans , Lastrea  varia , Pycnopteris  Sieboldi. 

Il  y en  a trois  qui  n’ont  levé  qu’en  janvier 
seulement,  depuis  fin  de  septembre  qu’elles 
étaient  semées  : Didymochlæna  sinuata , Todea 
Fraseri,  et  Platyloma  cordata. 

Enfin,  quelques-unes  n’ont  pas  levé  du  tout. 
Ce  sont  : Adiantum  Luddemannianum , Todea 
superba , Dicksonia  adiantoides , Gymno- 
gramme peruviana. 

Telles  sont  les  observations  que  j’ai  pu  faire  et 
que  je  m’étais  promis  de  vous  faire  connaître. 

J’engage  les  cultivateurs  spéciaux  à faire  de 
nouveaux  essais  afin  de  fixer  le  public  horti- 
cole sur  la  vitalité  des  spores  de  Fougères, 
comme  on  l’est,  en  général,  sur  les  graines  des 
autres  végétaux.  E.  Mouillère. 

Notre  collaborateur,  M.  Maron,  poursuit 
également  des  expériences  sur  le  même 
sujet,  et  nous  espérons  qu’il  en  sortira 
aussi  d’utiles  enseignements  pour  la  culture 
et  la  multiplication  de  ces  charmantes  Cryp- 
togames. 


8 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Le  Jardin  des  écoles  primaires.  — 

Par  une  circulaire  en  date  du  11  décem- 
bre 1887,  M.  le  Ministre  de  l’instruction 
publique  a rappelé  aux  préfets  qu’aucun 
plan  d’école  primaire  rurale,  pour  la  cons- 
truction de  laquelle  le  concours  de  l’État 
est  sollicité  ne  serait  accepté,  si  ce  plan  ne 
présentait  pas  de  jardin. 

Voici  le  texte  même  de  cette  circulaire  : 

Monsieur  le  préfet, 

L’un  de  mes  prédécesseurs,  préoccupé  de 
développer  par  tous  les  moyens  l’enseigne- 
ment agricole  et  horticole  dans  les  écoles 
primaires  rurales,  avait  décidé,  en  1867,  que 
désormais  aucun  plan  d’école  primaire  rurale 
pour  la  construction  de  laquelle  le  concours 
de  l’État  est  sollicité  ne  serait  accepté  si  ce 
plan  ne  présentait  pas  de  jardin  soit  annexé 
à l’école,  soit  situé  en  dehors  de  l’école,  mais  à 
proximité  du  maître  et  des  élèves. 

Je  crois  utile  de  vous  rappeler  cette  pres- 
cription, à l’exécution  de  laquelle  notre  admi- 
nistration est  résolue  à tenir  la  main. 

Il  va  de  soi  que  l’exigence  dont  il  s’agit, 
et  qui  n’est  point  une  innovation,  ne  saurait 
entraîner  aucune  modification  aux  devis  et 
tarifs  de  la  loi  du  20  juin  1885  et  du  décret  du 
15  février  1886. 

L’administration  est  résolue,  parait-il,  à 
tenir  la  main  à ce  que  cette  prescription 
soit  observée;  il  est  désirable  que  cette 
bonne  intention  ne  reste  pas  sans  effets. 

Les  Vignes  américaines  à production 
directe.  — Un  vigneron  de  la  région  lyon- 
naise, M.  P.  Valin,  cultive,  à une  altitude 
de  300  mètres,  des  Vignes  américaines 
appartenant  aux  formes  : Herbemont,  Jac- 
quez,  Othello  et  Cynthiana , qui  croissent 
avec  vigueur,  et  donnent  une  production 
qui  peut  être  évaluée  à 100  hectolitres  à 
l’hectare. 

M.  Valin,  qui  a mélangé  dans  la  même 
cuve  les  Raisins  provenant  de  toutes  ces 
Vignes,  en  a obtenu  un  vin  riche  en  cou- 
leur et  en  alcool,  dont  on  lui  a olïert  60  fr. 
l’hectolitre,  au  sortir  de  la  cuve. 

Exposition  de  cidres  à Paris.  — Le 

gouvernement  s’occupe  d’organiser,  à Paris, 
une  Exposition  de  cidres  qui  aura  à peu 
près  les  mêmes  bases  et  la  même  organisa- 
tion que  l’Exposition  des  bières. 

C’est  là  une  idée  très-heureuse  et  dont  il 
faut  hâter  l’exécution.  Nous  l’avons  souvent 
dit,  et  nous  le  répétons  : le  cidre  ne  tient 
pas,  dans  l’alimentation,  à Paris  surtout, 
l’importante  place  qu’il  devrait  avoir.  Cela 


provient  en  grande  partie  de  ce  que,  hors 
la  région  ouest  de  la  France,  on  n’est  pas 
habitué  à en  boire  dans  les  repas. 

Les  cidres  livrés  aux  consommateurs  sont 
souvent  fabriqués  avec  des  fruits  séchés, 
quelquefois  aussi  fatigués  par  le  transport 
ou  détériorés  par  un  état  trop  prolongé  de 
vidange  en  tonneau. 

Il  faut  que  des  dépôts  bien  organisés 
soient  établis  dans  les  régions  de  la  France, 
où  le  cidre  est  peu  connu,  que  ce  cidre,  de 
bonne  provenance,  soit  livré  dans  des  con- 
ditions raisonnables  de  prix,  et  alors  la 
consommation  prendra  des  proportions  très- 
importantes. 

L’Exposition  projetée  avancera  de  beau- 
coup la  réalisation  de  ce  progrès. 

L’Épine-Vinette  et  la  Rouille  des  Cé- 
réales. — Le  joli  arbuste,  aux  grains  de 
corail,  que  l’on  emploie  si  souvent,  sous  sa 
forme  verte  ou  pourpre,  dans  la  composi- 
tion des  massifs,  est  actuellement  menacé 
d’une  mise  hors  la  loi  dont  voici  la  cause  : 

Il  paraît  que  la  rouille,  Puecinia  grami- 
nis,  qui  produit  des  ravages  si  terribles 
dans  les  champs  de  céréales  et  surtout  de 
Blé,  prend  le  plus  souvent  naissance  sur 
des  pieds  d’Épine-Vinette. 

Un  rapport  de  M.  Cornu,  présenté  à la 
Société  nationale  d’agriculture,  fait  connaî- 
tre les  conclusions  delà  commission  chargée 
d’étudier  cette  importante  question. 

La  Commission  adopte  le  vœu  de  M.  Péligot, 
sur  la  destruction  obligatoire  de  l’Épine-Vi- 
nette,  propose  l’addition  de  l’Épine-Vinette  à 
l’énumération  des  plantes  nuisibles,  dont  une 
loi,  soumise  en  ce  moment  au  Sénat,  permet 
la  destruction 

C’est  une  condamnation  en  règle;  mais 
qui  ne  pourra  avoir  d’effet  que  sur  les 
Épines-Vinettes  cultivées  en  pleins  champs 
soit  en  pépinière,  soit  en  haies. 

Il  y a lieu  d’espérer  que  les  exemplaires 
se  trouvant  à l’intérieur  des  parcs  et  jardins 
échapperont  à la  loi  de  destruction. 

Création  probable  de  jardins  d’expé- 
rimentation au  Brésil.  — L’Empereur 
du  Brésil  a récemment  visité,  à Antibes, 
la  villa  Thuret,  où  notre  collaborateur, 
M.Naudin,  poursuit  sans  relâche  ses  essais 
de  naturalisation.  Au  cours  de  cette  visite, 
S.  M.  don  Pedro  a paraît-il,  favorablement 
accueilli  une  suggestion  à lui  faite  par 
M.  Naudin,  et  consistant  à créer,  au  Brésil, 
deux  jardins  d’expérimentation,  l’un  dans 
le  Nord,  pour  les  plantes  tropicales,  l’autre 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


9 


dans  le  Sud,  pour  les  plantes  provenant  de 
régions  tempérées. 

Il  serait  très-désirable  que  cette  heu- 
reuse idée  fût  mise  à exécution  ; l’intro- 
duction  des  espèces  sud-américaines  gagne- 
rait certes  énormément  à ce  qu’il  fût  créé 
là-bas  des  sortes  de  pépinières  où  les  exem- 
plaires recueillis  dans  leurs  pays  d’origine 
seraient  cultivés  et  multipliés  pour  être 
ensuite  réexpédiés  en  Europe,  en  échange 
des  produits  acclimatables  au  Brésil. 

Nouveaux  hybrides  de  Rhododen- 
drons. — MM.  Rovelli , horticulteurs  à 
Pallanza  (Lac-Majeur,  Italie),  qui  cultivent, 
en  plein  air,  une  collection  de  Rhododen- 
drons du  Sikkim-Himalaya,  désirant  mo- 
difier les  fleurs,  surtout  en  ce  qui  a rapport 
à la  couleur  qui,  assez  souvent,  est  blanche 
ou  jaunâtre,  eurent  l’idée  de  les  féconder  par 
des  Rhododendrons  arhoreum  à fleurs 
rouges.  Leurs  prévisions  se  sont  déjà  en 
partie  réalisées.  Parmi  les  plantes  qui  ont 
fleuri,  on  remarque  d’importantes  modi- 
fications, tant  pour  la  forme  des  fleurs 
que  par  leur  couleur,  ce  que  nous  avons 
constaté  sur  des  échantillons  qu’ils  nous 
ont  envoyés.  Il  y a donc  là  un  grand  pas 
de  fait,  et  nul  doute  que  du  mélange  de  ces 
types  si  différents  on  obtiendra  des  inter- 
médiaires qui  viendront  enrichir  ces  séries 
déjà  si  intéressantes,  mais  qui,  toutes  deux, 
laissent  beaucoup  à désirer  tant  au  point  de 
vue  de  la  rusticité  qu’à  celui  de  la  tenue  et 
de  la  végétation  des  plantes.  On  le  sait, 
beaucoup  de  Rhododendrons  de  l’Himalaya 
ont  le  grave  défaut  de  s’élancer  très-vite 
sans  se  ramifier,  par  conséquent  à se  dé- 
garnir de  la  base,  et  même  lorsqu’on  les 
rabat  de  ne  donner  qu’un  bourgeon  qui, 
bientôt,  doit  être  rabattu  à son  tour.  Cette 
première  série  d’hybrides  obtenus,  il  n’y 
aura  plus  qu’à  agir  sur  eux,  mais  cette  fois 
avec  des  variétés  de  Rhododendrons  rus- 
tiques, tels  que  les  Rh.  Catawbiense,  par 
exemple,  pour  obtenir  des  plantes  rus- 
tiques et  remarquables,  tant  par  les  fleurs 
que  par  le  feuillage. 

Nouvelle  espèce  de  Kœlreuteria.  — 

Ce  genre,  qui  était  regardé  comme  mono- 
type, c’est-à-dire  représenté  par  une  seule 
espèce,  le  Kœlreuteria  paniculata , vient 
de  s’enrichir  d’une  nouvelle  espèce,  le 
K.  bipinnata,  Franchet.  Tout  aussi  mé- 
ritant que  le  premier  par  la  beauté  de  ses 
fleurs  et  par  la  grandeur  considérable  de  ses 
feuilles,  il  est  de  plus  très-remarquable  par 


les  dimensions  qu’il  atteint  et  qui,  paraît-il, 
excèdent  parfois  20  mètres.  La  nature  du 
climat  et  les  conditions  dans  lesquelles  il 
croît  autorisent  à penser  que  nous  aurons 
dans  le  K.  bipinnata,  un  bel  arbre  d’orne- 
ment pour  nos  parcs,  en  même  temps 
qu’une  nouvelle  espèce  d’alignement  pour 
orner  nos  boulevards. 

La  culture  de  la  Ramie.  — On  s’occupe 
beaucoup,  depuis  quelques  années,  de  la 
culture  de  la  Ramie  ( Bœhmeria  utilis)  et 
des  essais  d’acclimatation,  entrepris  sous 
divers  climats,  n’ont  pas  donné  partout  des 
résultats  favorables. 

Une  commission  spéciale  a été  nommée 
au  Ministère  de  l’Agriculture  pour  étudier 
la  question. 

Dans  sa  séance  du  28  novembre  1887, 
après  une  discussion  à laquelle  ont  pris  part 
MM.  Frémy,  Cornu,  Favier,  Sarlat  et 
Fuchs,  cette  commission  a reconnu  : 1°  que 
la  Ramie  blanche  (B.  nivea)  peut  être  cul- 
tivée partout,  dans  les  pays  tropicaux  et 
sub-tropicaux  ; 2°  que  la  Ramie  verte 
(B.  utilis)  peut  être  cultivée  dans  les  pays 
tropicaux  ; 3°  que  la  Ramie  blanchâtre 
(B.  candicans)  doit  toujours  être  rejetée, 
parce  qu’elle  ne  donne  que  de  mauvais 
résultats.  Dans  sa  séance  du  5 décembre,  la 
commission,  considérant  que  le  moyen  le 
plus  efficace  de  développer  la  culture  de  la 
Ramie  est  de  faciliter  la  vente  de  ce  pro- 
duit en  provoquant  le  perfectionnement  des 
systèmes  de  décortication  actuellement  em- 
ployés, a décidé  qu’une  exposition  des  ins- 
truments destinés  à cet  usage  serait  pro- 
chainement organisée. 

Exposition  internationale  d’horticul- 
ture à Gand.  — La  Société  royale  d’agri- 
culture et  de  botanique  de  Gand,  présidée 
par  M.  le  comte  de  Kerchove  de  Denter- 
ghem,  ouvrira  à Gand,  du  15  au  22  avril 
1888,  sa  XIIe  exposition  internationale 
d’horticulture.  Ces  expositions  organisées 
tous  les  cinq  ans  ont  toujours  attiré  un 
grand  nombre  de  concurrents  tant  de  la 
Belgique  que  de  l’étranger. 

Il  n’y  a pas  moins  de  415  concours  orga- 
nisés par  la  Société  de  botanique.  Aux  lau- 
réats de  ces  concours  seront  remis,  outre 
les  médailles  d’or  données  par  le  roi  et  la 
reine  des  Belges,  des  oeuvres  d’art,  des 
médailles  d’or,  de  vermeil  et  d’argent. 

Les  amateurs  et  les  horticulteurs  de  toutes 
les  nations  sont  admis  gratuitement  à 
prendre  part  à ces  concours. 

E.-A,  Carrière  et  Ed.  André. 


10 


DEUX  ANANAS  RECOMMANDABLES.  — LE  ROI  DES  CORMIERS. 


DEUX  ANANAS  RECOMMANDABLES 


L’Ananas  appartient  à la  famille  des  Bro- 
méliacées. Il  a été  découvert,  au  Brésil, 
en  1555,  par  un  Français,  Jean  de  Léry. 
Les  Ananas  sont  originaires  non  seulement 
du  Brésil,  mais  encore  de  la  Guyane,  de 
la  Martinique,  de  la  Jamaïque,  de  Cuba,  etc. 
Le  mot  Ananas  vient  de  nanas,  nom  que 
les  naturels  de  la  Guyane  donnent  à cette 
plante,  qui  a été  d’abord  importée  en  An- 
gleterre, où  elle  a été  cultivée  pour  la  pre- 
mière fois  chez  Sir  Matthew  Dicken,  à 
Richmond,  où  les  premiers  fruits  furent 
récoltés  en  1715.  Ge  n’est  que  plus  tard  que 
la  culture  s’en  répandit  en  France,  et  encore 
on  ne  le  trouve  pendant  longtemps  que  dans 
les  jardins  royaux  et  chez  les  grands  sei- 
gneurs. On  rapporte,  à ce  sujet,  que  les 
deux  premiers  Ananas  qui  aient  mûri  en 
France  ont  été  servis,  en  1733,  sur  la  table 
du  roi  Louis  XV. 

Mais  revenons  au  titre  de  notre  article. 
Les  deux  Ananas  que  nous  recommandons 
tout  spécialement  aux  amateurs  de  cet  ex- 
cellent fruit  sont  les  variétés  Cayenne  à 
feuilles  lisses  et  Charlotte  de  Rothschild. 

Ge  que  l’on  dit  de  l’un  peut  s’appliquer  à 
l’autre  ; les  fruits  sont  gros,  bien  faits, 
d’une  belle  couleur  jaune,  juteux,  et  la  chair 
en  est  excellente  et  sucrée.  On  a obtenu  à 
Ferrières  des  fruits  de  l’une  et  de  l’autre 
variété  pesant  6 kilogrammes  chaque;  ils 
avaient  été  cultivés  dans  la  mousse.  Les 
feuilles  sont  belles,  longues  et  solides,  les 
plantes  vigoureuses,  et  se  mettant  rapide- 
ment et  facilement  à fruit. 

L’Ananas  Charlotte  de  Rothschild  a été 
introduit  en  France,  il  n’y  a pas  bien  long- 
temps, d’une  façon  assez  bizarre.  Le  capi- 
taine d’un  des  bateaux  appartenant  au 
baron  James  de  Rothschild  lui  rapporta  de 


Cayenne  quelques  œilletons  d’Ananas,  sans 
se  douter  que  ce  fût  une  nouvelle  variété. 
Ces  plantes  furent  remises  à mon  grand- 
père,  Jean  Bergman;  celui-ci  les  soigna,  et, 
lorsqu’ils  fructifièrent,  on  s’aperçut  que 
c’était  une  nouvelle  variété  d’excellente 
qualité  et  totalement  inconnue  en  France. 
Elle  fut  alors  baptisée  du  nom  de  Charlotte 
de  Rothschild,  aujourd’hui  baronne  Natha- 
niel  de  Rothschild,  propriétaire  de  l’Abbaye 
des  Vaux-de-Cernay,  près  Rambouillet. 
Cette  nouveauté  fut  mise  au  commerce,  en 
1845,  par  M.  Gontier,  primeuriste  à Mont- 
rouge, et  elle  est  toujours  considérée  comme 
une  des  meilleures. 

Je  n’ai  jamais  pu  savoir  en  quelle  année 
l’Ananas  Cayenne  à feuilles  lisses  (Mahi- 
Pouri ) a été  introduit  en  Europe.  Noisette, 
dans  son  Traité  du  jardinage , édité  en 
1825,  n’en  fait  pas  encore  mention.  Il  ne 
faut  pas  confondre  cette  variété  à feuilles 
lisses  avec  d’autres  également  à feuilles 
inermes,  mais  qui  lui  sont  bien  inférieures. 
Cette  variété  a aussi  un  bien  grand  avantage 
sur  toutes  les  autres,  c’est  que  ses  feuilles 
n’ont  pas  d’épines.  Les  personnes  qui  voient 
les  Ananas  chez  les  marchands  de  comes- 
tibles ou  même  encore  sur  la  table,  déjà  dé- 
coupés, ne  se  rendent  peut-être  pas  compte 
du  grand  avantage  qu’il  y a pour  les  jardi- 
niers à cultiver  un  tel  fruit  plutôt  qu’un 
autre  à feuilles  épineuses. 

Ces  deux  variétés  combinent  la  beauté  de 
la  plante  avec  la  beauté  et  la  bonté  du 
fruit,  et  méritent  d’être  dans  toutes  les 
serres  à Ananas,  car,  quoiqu’il  y ait  eu  un 
certain  nombre  de  nouvelles  introductions, 
depuis  quelques  années,  aucune  n’a  encore 
pu  détrôner  ces  deux  favorites. 

Ernest  Bergman. 


LE  ROI  DES  CORMIERS 


Bien  que,  dans  une  précédente  chro- 
nique (1),  nous  ayons  dit  quelques  mots  de 
cette  plante,  nous  croyons,  à cause  de  ses 
dimensions  exceptionnelles,  devoir  en  re- 
parler. 

Rappelons  d’abord  que  le  Cormier  domes- 
tique, Sorbus  domestica,  Linn.  (Py rus  Sor- 
bus, Smith,  Connus  domestica , Spach), 

(1)  Voir  Revue  horticole , 1887,  p.  435. 


croît  avec  une  lenteur  extrême  ; aussi,  son 
bois  très-dur,  d’un  grain  fin  et  excessive- 
ment serré,  était-il  autrefois  exclusivement 
recherché  pour  faire  les  dents  du  « babil- 
lard » des  moulins,  avant  qu’on  eût  sup- 
primé cette  partie  de  la  bluterie.  Toutefois, 
ce  n’est  pas  pour  son  bois  que  le  Cormier 
est  cultivé,  mais  pour  ses  fruits,  qui  res- 
semblent à de  petites  Poires  avec  lesquelles 
on  fait  une  sorte  de  boisson  ou  de  cidre 


LETTRE  DE  NICE. 


U 


extrêmement  alcoolique,  beaucoup  plus  fort 
que  les  meilleurs  vins  blancs,  surpassant 
même  le  poiré.  Aujourd’hui  on  cultive  peu 
le  Cormier,  qui  est  même  abandonné  dans 
beaucoup  de  localités  où  on  le  cultivait 
autrefois. 

Il  y a plusieurs  variétés  de  Cormiers,  qui 
diffèrent  soit  par  la  couleur,  soit  par  la 
grosseur  du  fruit;  néanmoins,  on  n’en  cul- 
tive guère  qu’un,  celui  à fruits  plus  ou 
moins  colorés  en  rouge.  Toutes  aussi  sont 
semblables  au  point  de  vue  de  l’aspect  et  du 
faciès,  et  sont  également  ornementales  par 
leur  feuillage,  qui  rappelle  assez  exactement 
celui  du  Sorbier  commun. 

Le  Roi  des  Cormiers,  auquel  nous  con- 
sacrons cet  article,  est  planté  dans  la  pro- 
priété de  M.  Walker,  au  Mesnil-Longpont, 
près  Montlhéry.  Cet  arbre,  probablement 
unique  par  sa  force,  nous  a présenté  les 
dimensions  suivantes  : 

Hauteur,  18  mètres.  Du  sol  aux  pre- 
mières branches,  5 mètres.  Circonférence, 
près  du  sol,  3m  20.  Diamètre  de  sa  ramure, 
16  mètres  environ.  Sa  tige,  droite,  très- 

LETTRE 

La  saison  hivernale  a commencé  ici  par 
l’ouverture  d’un  Congrès  de  géodésie.  Des 
fêtes  splendides  ont  été  offertes  par  M.  Bis- 
choffsheim,  propriétaire  de  l’observatoire 
construit  sur  le  Mont-Gros,  une  des  mon- 
tagnes qui  enserrent  Nice,  et  située  à l’est 
de  la  ville.  Pour  les  astronomes  de  tous  les 
pays  d’Europe,  il  y a eu  illumination  et  feux 
d’artifice  dans  la  vallée  du  Paillon,  rivière 
qui  coule  au  pied  du  Mont-Gros,  lumière 
électrique  projetant  ses  rayons  sur  les  villas 
de  Cimiez,  la  ville  et  le  château  de  Nice, 
décoration  florale  splendide  des  salles  de  ré- 
ception, etc.,  etc. 

Lorsque  les  jardins  du  nord,  à la  suite 
des  premières  gelées,  se  voient  privés  des 
plantes  à fleurs  et  à feuillage  qui  en  font 
le  plus  bel  ornement,  lorsque  les  arbres  à 
feuilles  caduques  se  dépouillent  de  leurs 
feuilles,  ici,  à la  suite  des  premières  pluies 
de  l’automne,  le  réveil  de  la  végétation  se 
produit  ; on  sème  les  gazons,  les  Rosiers 
montrent  leurs  premières  fleurs  ; on  plante 
les  massifs  en  Œillets,  en  Primevères  de  la 
Chine,  Cinéraires,  Échévérias,  Agathea 
cœlestis,  Cyclamens,  Agératum.  Les  Gail- 
lardias  semés  en  juillet  fleurissent  une 
grande  partie  de  l’hiver  ; de  même  pour  les 
Bleuets,  les  Chrysanthèmes  Comtesse  de 


régulière,  forme  un  fût  ou  sorte  de  colonne 
de  5 mètres  au  moins  de  hauteur  et  d’un 
diamètre  à peu  près  égal  dans  toute  sa  lon- 
gueur. L’arbre  est  très-sain  dans  toutes  ses 
parties.  Quant  à sa  tête,  régulière  et  bien 
fournie,  elle  forme  une  sorte  de  dôme  ou  de 
demi-sphère  dont  le  sommet  serait  atténué 
en  une  pointe  obtuse-arrondie. 

Quel  est  l’âge  de  cet  arbre  ? Est-il  le 
Doyen  des  Cormiers  existants  ? Le  Cormier 
est  un  des  arbres  dont  la  croissance  est  des 
plus  lentes  ; or,  les  personnes  les  plus  âgées 
des  environs  qui  connaissent  l’arbre  dont 
il  est  ici  question  nous  ont  affirmé  qu’elles 
l’avaient  toujours  vu  tel  qu’il  est.  On  s’ac- 
corde à lui  donner  au  moins  de  cinq  à six 
cents  ans.  Mais  aurait-il  un  peu  moins  que 
cet  âge  que  cet  arbre  n’en  serait  pas  moins 
respectable  et  mériterait  bien  encore  le  qua- 
lificatif de  Roi  et  de  Doyen  des  Cormiers 
que  nous  lui  avons  donné,  quand  nous  l’a- 
vons récemment  mesuré  en  compagnie  de 
MM.  Vallée,  secrétaire  de  la  mairie,  à Mont- 
lhéry, et  Duchemin,  jardinier  à Vilbousin 
commune  de  Longpont.  E.-A.  Carrière. 

DE  NICE 

Chambord,  Étoile  d'or,  qui  se  couvrent  de 
boutons  et  de  fleurs.  L’Héliotrope,  à l’abri 
d’un  mur,  est  en  fleurs  tout  l’hiver  et  de- 
vient une  plante  grimpante  ; les  Pélargo- 
niums  zonals  s’enlacent  dans  les  haies  de 
Rosiers,  ou  s’enroulent  autour  des  troncs 
de  Palmiers  ; les  Lantanas  commencent 
également  à fleurir  ; les  Bouvardias  sont 
épanouis  jusqu’à  la  fin  de  décembre.  La 
mosaïculture  est  également  employée  à 
l’ornementation  des  jardins  : les  Achyran- 
thes,  Alternanthera  et  Coleus  sont  rem- 
placés par  les  Evonymus  pulchellus,  E. 
radicans  fol.  arg.  varieg.,  Santolina 
Chamæcyparissus , Myosotis  alpestris, 
Primula  sinensis , Mesembryanthemum 
roseum,  Echeveria  glauca,  Gnaphalium 
lanatum,  et  autres  espèces. 

Du  mois  de  juin  au  mois  d’octobre,  nous 
n’avons  pas  eu  de  pluie,  aussi  la  végétation 
est-elle  en  retard.  Vers  le  9 octobre,  l’eau 
est  tombée  en  assez  grande  quantité  ; ce 
jour-là,  nos  cultivateurs  étaient  contents. 
Malheureusement,  nos  montagnes  se  cou- 
vraient de  neige  en  même  temps  que  nous 
avions  de  la  pluie  ; le  mistral,  vent  du 
nord-ouest,  se  fit  sentir  pendant  neuf  jours  ; 
les  nuits  étaient  très-froides,  partant  pas 
de  végétation.  Le  28  octobre,  le  thermo- 


ANTHURIUM  LAWRENCEANUM. 


12 


mètre  marquait  un  degré  au-dessus  de  zéro  ; 
le  31,  la  pluie  revenait  de  nouveau  et  en 
abondance  ; en  ce  moment,  nous  avons  des 
alternatives  de  pluie  et  de  soleil  avec  un 
temps  très -doux. 

Les  envois  de  fleurs  se  font  en  grande 
quantité  pour  le  Nord  ; le  prix  des  fleurs  a 
été  très-élevé  jusqu’à  présent. 

Roses  Safrano , 1 fr.  25  la  douzaine. 

Roses  Maréchal  Niel , 2 à 3 fr.  la  douzaine. 

Roses  Souvenir  de  la  Malmaison , 2 fr.  la 
douzaine. 


Œillets  avec  tige,  80  centimes  la  douzaine. 

Œillets  sans  tige,  20  centimes  la  douzaine. 

Giroflées,  25  centimes  le  petit  paquet. 

Tubéreuses,  1 fr.  50  la  douzaine  de  tiges. 

Réséda,  2 fr.  50  le  kilo. 

Fleurs  d’oranger,  6 fr.  le  kilo. 

Chrysanthèmes  Étoile  d’or , 25  centimes  le 
paquet. 

Je  vous  tiendrai  au  courant  des  fluctua- 
tions du  marché,  ainsi  que  des  faits  horti- 
coles qui  se  produiront  au  cours  de  la  sai- 
son d’hiver  dans  laquelle  nous  entrons. 

Fissant. 


ANTHURIUM  LAWRENCEANUM 


Les  croisements  si  rapides  qui  ont  été 
effectués  entre  Y Anthurium  Andreanum 
et  d’autres  espèces  du  même  genre,  — 
puisque  YAnth.  ferrierense  a fleuri  pour  la 
première  fois  dix-huit  mois  après  l’entrée 
de  cette  première  espèce  à Ferrières,  — ont 
produit  deux  résultats  presque  constants  : 
augmentation  de  vigueur  des  hybrides  et 
affaiblissement  de  la  couleur  de  la  plante 
type  que  j’ai  introduite  de  la  Nouvelle- 
Grenade. 

La  nuance  vermillon  orange,  ou  rouge  de 
Saturne,  que  les  deux  Indiens  qui  m’ac- 
compagnaient avaient  comparée  au  bâton  de 
cire  à cacheter  que  je  leur  avais  montré,  à 
ce  point  qu’ils  en  avaient  donné  le  nom  à 
ma  plante  ( matica  de  lacre),  ce  ton  si 
éclatant  a partout  disparu.  Le  rose  carné, 
violacé  et  les  nuances  voisines,  où  entre  le 
carmin,  jusqu’au  cramoisi,  mais  toutes  de 
la  série  cyanique , ont  remplacé  les  rouges, 
où  le  jaune  se  mélange  et  revient  à la  série 
xanthique.  C’est  surtout  aux  fécondations 
faites  avec  le  secours  des  A.  ornatum  et 
A.  Lindigii  que  ces  résultats  sont  impu- 
* tables.  L’emploi  d’autres  types  à fleurs  in- 
signifiantes, à spathes  étroites  et  vertes 
pour  la  plupart,  comme  les  A.  magnifi- 
cum , crystallinum,  regale,  etc.,  n’a  rien 
fourni  d’intéressant  dans  le  coloris  des 
fleurs. 

Mais  il  n’en  a pas  été  ainsi  des  hybrides 
sortis  de  Y A.  Andreanum  et  A.  Veitchi. 
Depuis  une  couple  d’années,  on  les  voit  ap- 
paraître de  divers  côtés,  alliant  la  beauté 
du  feuillage  aux  grandes  fleurs  bien  colo- 
rées. De  France,  de  Belgique  et  d’Angle- 
terre, de  très-belles  plantes  ont  surgi  et  il 
s’est  même  établi  une  lutte  de  priorité, 
j’allais  dire  de  nationalité,  pour  l’obtention 
des  plus  remarquables  parmi  ces  nouveaux 
gains. 


A leur  tour,  les  plantes  issues  des  pre- 
miers croisements  sont  devenues  porte- 
pollen  ou  porte-graines,  et  il  faut  bien  dire 
que  leurs  produits  ont  différé  toto  cœlo  de 
leurs  parents.  La  magnifique  plante  que 
nous  figurons  aujourd’hui  vient  à l’appui 
de  cette  assertion. 

En  effet,  en  1884,  MM.  Chantrier  frères, 
de  Mortefontaine,  que  l’on  trouve  toujours 
au  premier  rang  des  hybridateurs,  ont  mis 
au  commerce  une  plante  de  leurs  semis, 
que  j’ai  décrite  sous  le  nom  d’A.  Houletia- 
nam.  Elle  provenait  d’un  A.  magnificum , 
fécondé  par  VA.  Andreanum.  Ses  spathes 
étaient  rose  tendre  et  ses  feuilles  vert  foncé 
chatoyant  (1). 

Or,  c’est  à Y A.  Houletianum , fécondé  à 
son  tour  par  PA.  Andreanum , que  l’on 
doit  l’admirable  plante  que  reproduit  la 
planche  ci-contre.  L’hybride  a fleuri  cette 
année  pour  la  première  fois.  MM.  Chantrier, 
les  heureux  obtenteurs,  ont  voulu  qu’elle 
rappelât  le  nom  de  Sir  Trevor  Lawrence,  le 
riche  baronet  anglais  dont  les  collections 
d’Orchidées  sont  presque  sans  rivales,  et 
qui  ne  s’attache  guère  moins  aux  belles 
Aroïdées. 

Voici  la  description  de  Y Anthurium 
Lawrenceanum  : 

Plante  élancée,  d’un  beau  port  dégagé.  Gai- 
nes basilaires  des  feuilles  (cataphylles),  les 
unes  ovales  aiguës,  faiblement  embrassantes, 
d’abord  blanches  transparentes,  à carène 
rose,  les  autres  très-longues,  brun  violacé  sa- 
blé de  points  verts.  Pétiole  long  de  40  à 50  cen- 
timètres, vert,  à gaines  courtes,  vertes,  étroites 
à la  base,  cylindrique,  nerveux  et  fin,  à articu- 
lation allongée  (3  centimètres),  dressée  ou  un 
peu  courbée  ; limbe  de  35  centimètres  et  plus 
de  longueur,  plan,  cordiforme-oblong  à som- 
met aigu,  décurve,  à lobes  postérieurs  obtus 

(1)  Voir  Revue  horticole , 1884,  p.  101. 


Revue  Horticole  . 


ChrovwLùîv.  G-.Seoereÿns . 


Lawreneeanmn 


Anthurium 


Godard,  del. 


ABRICOTIER  SOUVENIR  DE  QUÉTIER.  — CULTURE  EN  POTS. 


13 


et  comme  tronqués,  à sinus  profond,  lyré- 
aigu,  à côte  médiane  et  à nervures  principales 
saillantes  sur  les  deux  faces,  insérées  en  des- 
sus dans  des  dépressions  du  limbe,  se  rejoi- 
gnant à partir  de  leur  milieu  en  zone  antémar- 
ginale  ; nuance  de  fond  vert  brillant  foncé  en 
dessus,  plus  pâle  en  dessous  ainsi  que  les 
nervures.  Hampe  florale  haute  de  60  centi- 
mètres, bien  érigée,  cylindracée,  ferme,  vert 
finement  lenticellé.  Spathe  d’une  admirable 
couleur  vermillon  carminé  foncé,  rose  vif  en 
dessous,  cordiforme,  longue  de  15  centimètres 
et  plus,  large  de  11  centimètres,  étalée  hori- 
zontalement, régulière,  à bords  révolutés, 
à lobes  postérieurs  rapprochés  en  un  sinus 


étroit,  à sommet  très-aigu,  décurve,  jaunâtre 
en  dessous,  à deux  nervures  centrales,  for- 
mant un  ovale  parfait  autour  de  la  côte  mé- 
diane, les  autres  subparallèles  et  devenant 
graduellement  cloisonnées  en  approchant  de 
la  base.  Spadice  dressé,  robuste,  long  de 
10  centimètres,  cylindracé  ou  légèrement  co- 
nique, rouge  carminé  à points  roses,  à protu- 
bérances blanchâtres,  formées  par  les  éta- 
mines saillantes,  à base  étranglée  et  blanche. 

L’Anthurium  Lawrence anum , mis  en 
vente  par  MM.  Chantrier,  est  appelé  à une 
grande  faveur  auprès  des  amateurs  d’Aroï- 
dées.  Ed.  André. 


ABRICOTIER  SOUVENIR  DE  QUÉTIER 


Nous  avons  cru  ne  pouvoir  mieux  faire 
pour  la  variété  que  nous  allons  décrire  que 
de  la  dédier  à la  mémoire  de  l’obtenteur,  qui 
fut  non  seulement  un  des  plus  habiles  hor- 
ticulteurs de  son  époque,  mais  un  fidèle 
collaborateur  de  la  Revue  horticole  pen- 
dant de  longues  années. 

Du  reste,  son  nom  n’èst  pas  inconnu  en 
horticulture,  et  presque  toutes  les  parties 
du  jardinage  lui  doivent  l’obtention  de  va- 
riétés méritantes.  Celle  dont  nous  allons 
parler,  l’Abricotier  Souvenir  de  Quétier, 
qui  vient  de  fructifier  cette  année  pour  la 
première  fois,  avait  été  semée  par  lui  en 
1875.  En  voici  une  description  : 

Arbre  vigoureux.  Tige  à écorce  finement 
crevassée,  formant  des  cicatrices  nombreuses, 
peu  profondes.  Scions  vigoureux,  à écorce  lisse, 
luisante,  d’un  très-beau  rouge  foncé.  Feuilles 
épaisses,  coriaces,  largement  ovales-elliptiques, 
brusquement  atténuées  à la  base,  courtement 
rétrécies  au  sommet,  bordées  de  dents  très- 
courtes.  Pétiole  court,  rouge  foncé,  portant  de 
une  à trois  glandes  très-petites,  parfois  presque 
rudimentaires.  Fruits  cordiformes,  légèrement 
aplatis,  régulièrement  atténués  au  sommet, 
atteignant  6 centimètres  environ  de  longueur 
et  à peu  près  autant  dans  leur  plus  grand  dia- 

CULTURE 

Peu  de  personnes,  en  dehors  des  gens 
du  métier,  se  rendent  bien  compte  de  la 
différence  qui  existe  entre  la  végétation  des 
plantes,  suivant  qu’elles  sont  en  pots  où 
qu’elles  vivent  en  pleine  terre.  Beaucoup 
même,  s’appuyant  sur  ce  fait,  que  les 
plantes  en  pleine  terre  ont  une  nourriture 
et  une  étendue  illimitées,  en  concluent  que 
les  vases  ne  sont  jamais  assez  grands,  car 


mètre,  très-légèrement  sillonnés  d’un  côté 
seulement.  Peau  très-courtement  velue,  douce 
au  toucher,  d’un  beau  jaune  d’or  roux, 
légèrement  lavé  rougeâtre  sur  les  parties  om- 
bragées, rouge  vineux  très-foncé  et  élégam- 
ment marbré  sur  celles  qui  sont  fortement 
insolées,  parfois  longitudinalement  bandelet- 
tées  jaune  orange  dans  les  parties  moyennes. 
Chair  non  adhérente  au  noyau,  ferme  quoique 
fondante  quand  le  fruit  est  bien  mûr,  jaune 
foncé  ou  plutôt  rouge  orangé.  Eau  abondante 
de  saveur  agréable.  Noyau  très-longuement 
ovale-cordiforme,  très-plat,  régulièrement  at- 
ténué en  pointe  au  sommet,  à surface  gris- 
roux  légèrement  rugueuse. 

L’Abricotier  Souvenir  de  Quétier  n’est 
pas  seulement  méritant  par  la  qualité  et  la 
beauté  de  ses  fruits,  qui  sont  très-colorés  ; il 
l’est  encore  par  leur  hâtive  té.  Ainsi,  cette 
année  1887,  où  la  maturité  des  fruits  est 
presque  d’un  mois  en  retard,  ceux  de  la 
variété  dont  nous  parlons,  bien  que  prove- 
nant d’un  arbre  de  semis  qui  fructifiait 
pour  la  première  fois,  ont  mûri  dès 
le  28  juillet,  alors  que  les  Abricots  Pêche, 
A.  royal,  etc.,  étaient  encore  tout  verts. 
C’est  donc,  ainsi  qu’on  le  voit,  une  pré- 
cieuse variété.  E.-A.  Carrière. 

EN  POTS 

quels  qu’ils  soient,  iis  ne  sont  pas  compa- 
rables à la  pleine  terre,  que  ces  plantes  sont 
dans  des  conditions  d’autant  meilleures  que 
le  pot  est  plus  grand,  et,  dans  ce  cas,  qu’il  y 
a même  une  économie  de  main-d’œuvre 
puisque  l’on  n’a  guère  à s’en  occuper  et  qu’on 
les  arrose  et  rempote  moins  souvent.  C’est  là 
une  erreur  profonde,  excepté  peut-être  pour 
quelques  espèces  très-vigoureuses  et  vivaces 


14 


ROSE  MADAME  GEORGES  BRUANT. 


qui  ont  beaucoup  de  racines  ou  dont  la  na- 
ture particulière  leur  permet  d’absorber 
promptement  et  en  grande  quantité  l’eau 
des  arrosages.  En  général,  on  ne  réfléchit 
pas  à ce  fait  que  les  pots,  quels  qu’ils  soient, 
conservent  toujours  de  l’humidité  et  qu’une 
fois  la  terre  saturée,  si  la  plante  n’absorbe 
pas  suffisamment,  l’excédant  d’eau  décom- 
pose le  sol  qui  alors  devient  un  foyer  de 
corruption  très-préjudiciable  à la  plante  et 
la  fait  périr,  où  si  l’on  a affaire  à une 
espèce  excessivement  robuste,  elle  végète 
faiblement  et  manifeste  bientôt  des  signes 
visibles  de  souffrance  : elle  jaunit  et  même 
ses  feuilles  tombent  en  tout  ou  en  partie,  et 
presque  toujours  cet  état  se  termine  par  la 
mort.  Dans  le  cas  où  les  plantes  sont  dans 
de  grands  pots  il  faut  les  arroser  avec  beau- 
coup de  circonspection  et  avoir  soin  d’éviter 
l’excès  d’humidité,  ce  qui  demande  des  con- 
naissances et  un  tact  plus  rare  que  l’on  ne 
pense.  Il  en  est  tout  autrement,  si  les  plan- 
tes sont  dans  des  pots  relativement  petits 
car,  alors,  leurs  racines  qui  « tapissent  » 
promptement  le  vase,  sont  vivifiées  par  l’air 
qui  se  renouvelle  sans  cesse.  Dans  ces  condi- 
tions, il  est  très-rare  qu’un  excès  d’humidité 
soit  à craindre,  l’inverse  serait  plutôt  à re- 
douter, aussi  peut-on  confier  les  plantes  à 
des  mains  inexpérimentées,  la  plupart  des 
gens  étant  plutôt  disposés  à trop  arroser. 

Une  autre  raison  qui  peut  guider  dans 

ROSE  MADAME  ( 

M.  Bruant,  horticulteur  à Poitiers,  vient 
de  mettre  au  commerce  une  nouvelle  Rose 
issue  de  ses  semis  et  bien  distincte  de 
toutes  les  variétés  connues.  Elle  a été  ob- 
tenue du  Rosa  rugosa,  Thunb.,  fécondé 
par  une  ancienne  Rose  bien  connue  et  fort 
belle,  le  Thé  Sombreuil.  D’autres  hybrida- 
tions avaient  déjà  eu  lieu  entre  cette  Rose 
japonaise  et  quelques  variétés  d’origine 
différente,  mais  elles  ne  paraissent  pas  avoir 
donné  de  résultats  décisifs.  La  plante  de 
M.  Bruant,  au  contraire,  semble  inaugurer 
une  série  nouvelle  dans  les  produits  du 
Rosa  rugosa.  Nous  l’avons  vue  en  fleurs, 
cette  année  et  l’année  dernière,  chez  lui,  et 
nous  avons  été  frappé  de  sa  beauté  et  de  sa 
grande  floribondité.  Elle  n’a  pas  cessé  de 
fleurir  jusqu’aux  gelées. 

Le  Rosier  Madame  Georges  Rruant  est 
d’une  très-grande  vigueur.  Son  feuillage, 
qui  rappelle  celui  du  Rosa  rugosa,  est 
cependant  moins  bullé,  d’un  beau  vert  sur 


la  pratique  des  arrosages,  c’est  de  s’assurer 
si  les  racines  sont  abondantes  et  si  elles 
entourent  la  motte.  Si  oui,  et  surtout  si  les 
racines  sont  blanches,  ce  qui  est  un  signe 
de  bonne  santé,  on  peut  arroser  sans  crainte, 
car  même  un  excès  d’eau  ne  peut  avoir  de 
conséquences  fâcheuses.  Si  au  contraire  les 
racines  ne  sortent  pas  de  la  motte,  ou  qu’on 
les  voit  à peine  sortir  à sa  surface,  il  faut 
être  très-prudent  dans  les  arrosages,  et  dans 
ce  cas  un  excès  en  moins  est,  en  général, 
préférable  à l’excès  contraire. 

Pour  nous  résumer  disons,  d’une  manière 
générale,  que  les  plantes  placées  dans  des 
pots  relativement  petits,  se  portent  mieux  que 
dans  des  vases  trop  grands,  et  qu’alors  les 
arrosages  peuvent  être  plus  fréquents  et 
plus  copieux  et  même  être  donnés  en  excès 
sans  qu’il  en  résulte  rien  de  fâcheux,  sans 
que  la  santé  des  plantes  en  soit  altérée.  Fai- 
sons encore  cette  observation  qu’en  général 
et  toutes  circonstances  égales  d’ailleurs,  les 
plantes  non  repiquées,  c’est-à-dire  dont  les 
graines  ont  été  semées  en  vases,  ont  beau- 
coup moins  à souffrir  de  l’excès  de  gran- 
deur de  ceux-ci,  parce  que,  les  racines 
n’ayant  pas  été  rognées  lors  du  repiquage, 
leur  vigueur  est  toujours  plus  grande,  et 
qu’alors  elles  ont  moins  à craindre  des 
excès  d’humidité. 

E.-A.  Carrière. 


ÎORGES  RRUANT 

les  rameaux  adultes,  teinté  de  pourpre  sur 
les  jeunes  bourgeons.  Le  plus  souvent  les 
feuilles  adultes  sont  quadrijuguées;  les 
jeunes  sont  glabres  en  dessus,  pubescentes 
et  rosées  en  dessous  ainsi  que  les  pétioles  ; 
les  folioles  sont  oblongues-obtuses  ou  acu- 
tiuscules,  finement  dentées  en  scie. 

Les  inflorescences  forment  des  bouquets 
terminaux,  multiflores,  dressés,  bien  en- 
tourés de  feuillage.  Les  pédoncules  sont 
poilus,  glanduleux,  accompagnés  de  brac- 
tées ovales-aiguës  ciliées  de  poils  bruns 
glanduleux.  L’ovaire  est  globuleux,  glabre. 
Le  calyce  a les  sépales  ovales,  acuminés, 
cuspidés,  ciliés,  glanduleux,  à pointe  ob- 
tuse ou  denticulée,  défléchis  à l’anthèse, 
soyeux  et  blancs  en  dedans. 

Les  fleurs  sont  bien  épanouies,  semi- 
doubles,  de  8 centimètres  de  diamètre,  à 
pétales  blanc  pur,  largement  obovales- 
échancrés,  les  médians  plus  petits  et  iné- 
gaux, à étamines  en  faisceau  central  com- 


LES  ORANGERIES  DE  BLIDAH. 


15 


pact,  diffuses,  ayant  les  filets  blancs, 
capillaires,  inégaux,  et  des  anthères  jaunes 
passant  ensuite  au  brun. 

Cette  Rose  charmante,  surtout  lorsqu’elle 
est  mi-éclose,  exhale  un  parfum  très-suave 
et  très-doux,  d’un  arôme  tout  particulier. 

Parlant  de  la  culture  et  de  la  multipli- 
cation de  cette  variété,  M.  Bruant  assure 
que  les  tiges  d’Églantier  sur  laquelle  on  la 


greffe  prennent  en  peu  de  temps  un  accrois- 
sement considérable.  « Elle  emporte  son 
sujet  »,  comme  disent  les  horticulteurs.  Les 
têtes  des  Rosiers  Madame  Georges  Bruant 
deviennent  donc  rapidement  énormes,  et 
comme  elles  fleurissent  toute  l’année  sans 
discontinuer,  c’est  une  des  meilleures  acqui- 
sitions que  les  jardins  aient  faites  depuis 
longtemps.  E.  Bruno. 


LES  ORANGERIES  A RLIDAH 


Dans  un  récent  voyage  en  Algérie,  deux 
choses  m’ont  beaucoup  intéressé  : le  commerce 
des  Oranges  et  des  Mandarines  à Blidah,  puis 
l’organisation  du  Syndicat  établi  pour  l’irriga- 
tion des  territoires  cultivés. 

Nous  avons,  à Blidah,  un  compatriote  des 
plus  honorables,  M.  Aug.  François,  membre 
de  la  Société  d’horticulture  de  France  de- 
puis 4869  : c’est  le  fils  et  le  digne  continuateur 
de  l’œuvre  d’un  colon  installé  là  depuis  1832  ; 
il  exploite  actuellement  15  hectares  d’orange- 
ries. Cet  aimable  collègue  a bien  voulu  me 
fournir  les  renseignements  dont  j’avais  besoin 
pour  compléter  cette  note. 

Blidah  passe,  avec  juste  raison,  pour  une 
des  plus  jolies  villes  de  l’Algérie.  Située  à une 
cinquantaine  de  kilomètres  d’Alger,  sur  le  che- 
min de  fer  d’Oran,  à l’extrémité  méridionale  de 
la  Mitidja  et  aux  pieds  du  Petit-Atlas  qui 
l’abrite  du  côté  du  midi,  elle  est  entourée  de 
magnifiques  orangeries  qui  sont  irriguées  par 
les  eaux  des  montagnes  voisines.  La  ville  a une 


enceinte  fortifiée  et  percée  par  six  portes  ; deux 
rues  principales  la  coupent  à angle  droit,  et  à 
leur  point  de  jonction  se  trouve  la  place 
d’armes,  dont  la  figure  1 donne  une  idée.  Il 
existe  deux  jardins  publics  : l’un  créé  par  l’ini- 
tiative deM.  Borély;  l’autre,  « le  Bois  sacré  », 
renferme  de  gigantesques  Oliviers  qui  ont  bravé 
les  injures  des  siècles  et  les  ravages  de  la 
guerre.  Quelques-uns  d’entre  eux  égalent  les 
plus  beaux  Chênes  de  nos  forêts  ; ce  bois  ren- 
ferme un  curieux  tombeau  ou  kouba,  but  de 
pieux  pèlerinages  (fig.  2). 

Les  plus  belles  orangeries  s’étendent  au  nord, 
et  à l’est  de  la  ville,  sur  plus  de  400  hectares 
et  produisent  plus  de  50  millions  de  fruits. 
Parmi  elles  se  distingue  celle  du  « Tapis  vert  », 
appartenant  à notre  collègue,  M.  Aug.  François, 
et  servant  en  été  de  lieu  de  réunion. 

Pour  donner  une  idée  de  l’importance  du 
commerce  des  Oranges,  Citrons  et  Mandarines, 
je  donne  ici  le  tableau  de  leur  importation  en 
France  de  1884  à 1886. 


IMPORTATION. 

PROVENANCE. 

1884 

1885 

1886 

kil. 

kil. 

kil. 

Citrons,  Oranges 

Espagne 

43  387  407 

33  586  680 

43  957  824 

et  leurs 

Italie 

2 483  952 

3 682  707 

1 749  163 

variétés. 

Algérie 

4 888  015 

3 994  178 

3 198  892 

Autres  pays.  . . . 

1 106  659 

957  056 

791  734 

Tota 

AJX.  . . 

51  866  033 

42  220  621 

49  697  414 

Valeur  en  francs 

11  929  188 

16  888  608 

19  878  966 

Je  laisse  de  côté  à dessein  tout  ce  qui  con- 
cerne les  semis,  la  greffe  et  les  soins  de  culture 
de  l’Oranger;  cela  m’entraînerait  trop  loin.  Je 
me  contenterai  de  dire  qu’il  a besoin,  non  seu- 
lement d’irrigations  fréquentes  pendant  la  sai- 
son sèche,  mais  aussi  d’abris  faits  quelquefois 
avec  le  Cyprès  pyramidal,  sans  quoi  l’on  s’ex- 
pose à voir  les  fleurs  arrachées  ou  brûlées  et 
les  fruits  jetés  à terre  par  les  vents. 

Décrivons  maintenant  à grands  traits  la 
récolte  des  Orangers  à Blidah.  La  figure  3 


donne  l’idée  d’une  plantation  ordinaire  qui 
rappelle  celle  de  nos  vergers  du  Nord. 

La  récolte  des  premières  Oranges  commence 
du  10  au  25  octobre  ; celle  des  Mandarines, 
un  mois  après.  On  rencontre  alors  sur  les 
routes  des  bandes  d’Arabes  portant  chacun 
une  échelle  et  un  panier  en  osier  à forme 
ronde  avec  un  crochet  pour  le  suspendre  aux 
branches  ou  aux  barreaux  de  l’échelle.  — Les 
corbeilles  qui  servent  au  transport  des  fruits 
du  jardin  aux  magasins,  sont  ovales  et  con- 


L 


Fig.  4.  — Orangerie  à Los  Angeles  (Californie). 


LES  ORANGERIES  DE  BLIDAH. 


Fig.  3.  — Plantation  d'Orangers  à Blidah, 


18 


LES  ORANGERIES  DE  BLIDAH. 


tiennent  de  4 à 500  Oranges;  elles  pèsent  de  50 
à 60  kilog.  une  fois  pleines,  et  elles  sont,  ainsi 
que  les  paniers,  garnies  de  forte  toile  à l’inté- 
rieur pour  préserver  les  fruits  des  meurtris- 
sures. 

Les  Arabes  employés  à la  cueillette  sont 
payés  2 francs  par  jour;  les  femmes  qui  tra- 
vaillent dans  les  jardins  sont  payées  1 fr.  50  ; 
elles  ont  de  petits  sécateurs  faits  exprès  et 
suppriment  la  queue  du  fruit  en  la  coupant 
très-ras,  mais  en  ayant  soin  de  laisser  l’étoile. 
Dans  une  bande  de  vingt  cueilleurs  il  y a deux 
ou  trois  porteurs,  qui  vont  des  cueilleurs  à la 
natte  en  palmier  où  sont  versés  les  fruits  en 
tas  et  où  sont  assises  les  coupeuses  qui  les 
mettent  dans  les  corbeilles  ; ces  femmes  sont 
au  nombre  de  quatre  à cinq  pour  vingt  cueil- 
leurs. 

Au  commencement  de  la  saison,  le  travail 
de  la  cueillette  ne  se  fait  pas  rapidement  ; les 
fruits  ne  sont  pas  mûrs  régulièrement  et  les 
cueilleurs  sont  souvent  obligés  de  changer 
leurs  échelles  de  place  ; mais  lorsque  l’on 
« rase  » une  récolte,  chaque  homme  arrive 
facilement  à ses  5,000 fruits;  il  faut  alors  six  à 
sept  coupeuses  habiles  et  un  porteur  pour  cinq 
hommes  suffit  à peine. 

Le  fruit  arrive  au  magasin  transporté  sur 
des  camions  à ressorts  ; il  est  étendu  sur  de  la 
paille  bien  saine  où  il  séjourne  4 à 5 jours 
avant  d’être  trié.  — Les  trieuses  (leur  nombre 
est  à peu  près  celui  des  coupeuses)  ont  chacune 
un  jeu  d’anneaux  en  fer  blanc  soudés  ensemble 
et  sont  assises  sur  la  paille,  ayant  devant  elles 
autant  de  paniers  en  palmier  que  d’anneaux, 
plus  un  panier  ou  une  corbeille  pour  les  rebuts. 
— Un  porteur  va  vider  les  paniers  aux  places 
assignées  d’avance  à chaque  numéro.  Les 
rebuts  sans  valeur  marchande  sont  mis  à part 
et  vendus  à vil  prix. 

Le  triage,  qui  demande  une  assez  grande 
habitude,  a donc  séparé  les  fruits  par  grosseurs 
différentes  variant  du  n°  1 au  n°  6.  — Les 
n°s  1,  2 et  3 sont  généralement  papillotes  et 
mis  en  caisses  de  240,  312  ou  420;  ce  sont  les 
caisses  de  choix.  Le  reste,  du  n°  4 au-dessous, 
sert  à faire  les  coffres  ou  caisses  de  1,000.  Les 
fruits  non  papillotés  sont  mis  en  vrac  dans  de 
grandes  caisses  à trois  compartiments  qui,  une 
fois  pleines,  pèsent  de  110  à 115  kilogrammes. 

L’Orange  de  Blidah  est  réellement  délicieuse 
aux  mois  de  février,  mars,  avril,  mai;  à ce 
moment,  il  en  reste  peu  ici  et  on  ne  songe 
plus  guère  à en  expédier  en  France;  les  Espa- 
gnols d’Oran  les  paient  souvent  sur  place  plus 
cher  qu’on  ne  les  vend  à Marseille. 

La  Mandarine  demande  plus  de  soins  que 
l’Orange,  et  occasionne  plus  de  frais  de  main- 
d’œuvre,  non  pour  la  cueillette  et  le  triage, 
mais  pour  l’emballage.  On  fait  aussi  plusieurs 
numéros.  Les  quatre  premiers  sont  toujours 
papillottés  et  mis  en  petites  caisses  : les  nu- 
méros 1 et  2 en  caisses  de  25  à 100,  les  nu- 
méros 3 en  caisses  de  50  à 200,  et  les  nu- 


méros 4 en  caisses  de  200  à 420.  Les  petites, 
ainsi  que  touies  celles  qui,  à cause  de  leurs 
formes  défectueuses,  ont  été  séparées  des 
quatre  premiers  numéros  au  triage,  sont  mises 
en  grandes  caisses  de  1,000  à 1,500  et  en  vrac. 
Les  Mandarines  de  Blidah  s’expédient  presque 
toutes  à Paris,  Lyon  et  Marseille;  mais  c’est 
certainement  le  marché  de  Paris  qui  en  écoule 
le  plus,  car  d«st  là  que  non  seulement  les 
villes  voisines  viennent  s’approvisionner,  mais 
que  l’Angleterre,  la  Belgique,  la  Prusse,  etc., 
viennent  faire  leurs  achats. 

Un  hectare  d’orangerie  donne,  en  moyenne, 
120,000  fruits,  et  se  paie,  en  moyenne, 
1,500  fr. 

Les  achats  de  récoltes  se  font  habituellement 
en  juin,  juillet,  août  (quelquefois  on  achète  à 
la  fleur)  et  l’acheteur  a à subir  tous  les  aléas  : 
brouillards  qui  font  couler  les  fruits,  siroco 
qui  les  empêche  de  se  nouer,  grêle,  etc.,  et, 
plus  tard,  les  coups  de  vent  de  novembre,  dé- 
cembre et  janvier  qui,  dans  certaines  années, 
réduisent  la  récolte  d’un  quart,  d’un  tiers  et 
quelquefois  de  moitié. 

Les  fruits  de  choix  se  vendent  toujours  assez 
bien,  mais  les  petits  ont  peu  de  valeur. 

Les  soins  à donner  à l’orangerie  occasion- 
nant une  dépense  moyenne  de  300  fr.  par  hec- 
tare, on  peut  compter  sur  1,200  fr.  de  revenu 
net  ; certaines  orangeries  rapportent  beaucoup 
plus. 

La  saison  des  arrosages  commence  générale- 
ment vers  la  fin  de  mars  ponr  finir  en  octobre, 
si  les  pluies  arrivent  à cette  époque. 

On  sait  que  les  Orangers  sont  originaires  des 
Indes  et  de  la  Chine  et  que  leur  introduction 
en  France  ne  date  que  du  XIVe  siècle.  Le  pays 
producteur  par  excellence,  comme  on  l’a  vu 
par  le  tableau  de  nos  importations,  est  toujours 
l’Espagne. 

Avec  l’Espagne  et  le  Portugal,  l’Italie  et  sur- 
tout la  Sicile  sont  des  centres  de  production 
considérable.  Là,  on  comprend  sous  le  nom 
A'agrumi,  les  Oranges,  Citrons,  Mandarines, 
Cédrats,  Bergamotes,  etc.  La  culture  en  est 
répandue  partout  où  l’on  peut  créer  un  système 
d’irrigation,  car  l’eau  est,  après  le  soleil,  le 
principal  facteur  de  cette  culture  productive  où 
l’on  utilise  à la  fois  les  feuilles,  la  fleur  et  le 
fruit. 

Après  les  côtes  de  la  Méditerranée,  le  pays 
qui  est  appelé  à produire  le  plus  d’Oranges  est 
la  Californie,  dont  le  climat  est  des  plus  favo- 
rables à cette  culture. 

Toute  la  partie  méridionale  de  la  Californie, 
c’est-à-dire  depuis  le  32e  jusqu’au  37e  degré  de 
latitude,  de  San  Diego  à Monterey,  où  les  étés 
sont  chauds  et  secs  et  où  se  trouve  le  comté  de 
Los  Angeles,  on  a planté  des  vergers  d’Orangers 
partout.  Riverside,  centre  de  ces  cultures,  est 
un  paradis  terrestre  : le  climat,  le  sol,  l’abon- 
dance des  eaux,  tout  favorise  la  culture.  La 
figure  4 représente  une  orangerie  à Los  An- 
geles. 


19 


POIRIERS  A QUI  L’ESPALIER  EST  NÉCESSAIRE. 


Gomme  partout,  sauf  cependant  dans  les  en- 
virons de  Riverside,  les  Oranges  sont  attaquées 
par  une  foule  de  parasites  végétaux  et  animaux, 
dont  les  ravages  tiennent  tantôt  à une  mauvaise 
culture,  tantôt  à un  mauvais  sol,  une  taille  dé- 
fectueuse, etc.  Le  professeur  Riley  recommande 
surtout  l’emploi  des  huiles  lourdes  en  dissolu- 
tion, pulvérisées  et  projetées  avec  force  sur  les 
Orangers.  Dans  les  plantations,  entre  chaque 
rang  d’arbres,  on  fait  passer  une  voiture  con- 
tenant l’insecticide;  le  conducteur,  avec  une 
pompe  foulante,  projette  avec  force  le  liquide 
que  deux  hommes,  par  une  double  conduite, 
dirigent  au-dessus  et  au-dessous  de  l’arbre.  On 
a recours  aussi  à un  autre  procédé  qui  consiste 
à couvrir  l’Oranger  par  une  tente  mobile,  dans 
laquelle  on  insuffle  des  gaz  insecticides,  comme 
nous  le  faisons  aujourd’hui  dans  nos  serres 
avec  du  jus  de  tabac  vaporisé. 

Quelques  chiffres  donneront  une  idée  du  dé- 
veloppement de  l’arboriculture  sur  le  Pacifique. 


L’exportation  de  Raisins  secs  de  Californie  s’est 
élevée  de  1 ,800,000  livres  en  1881 , à 14  millions 
de  livres,  en  1886.  Le  nombre  des  arbres  à 
fruits  s’élevait  alors  à 9 millions.  Les  exporta- 
tions d’Oranges  seules  ont  été  de  ‘25,906,830  li- 
vres, et  les  envois  d’Abricots,  Poires  et  Pêches 
se  sont  élevés  de  200,000  caisses  en  1884,  à 
450,000  caisses,  en  1886.  Quant  aux  fruits  de 
conserve,  en  boîtes,  il  en  a été  expédié 
29,697,250  livres. 

Si  le  climat  se  prête  à une  production  énorme, 
n’oublions  pas  qu’il  y a là  cinquante  millions 
de  consommateurs,  sans  compter  ceux  de  l’o- 
céan Pacifique.  R y a donc  un  brillant  avenir 
pour  l’arboriculture  aux  États-Unis;  mais  si  la 
Californie  est  l’Italie  de  l’Amérique,  n’oublions 
pas  que  la  France  est  le  jardin  de  l’Europe,  et 
que  dans  cette  grande  lutte  pour  la  production, 
la  victoire  devra  rester  au  plus  laborieux  et  au 
plus  instruit. 

Ch.  Joly. 


POIRIERS  A QUI  L’ESPALIER  EST  NÉCESSAIRE 


Redisons-le,  répétons-le  sans  nous  las- 
ser, c’est  trop  tard  de  ne  s’occuper  d’une 
plantation  que  lorsqu’est  venu  le  moment 
de  la  faire.  C’est  plusieurs  mois  auparavant 
qu’il  y faut  songer. 

Nous  indiquons  comme  une  bonne 
époque,  celle  qui  suit  la  moisson,  après 
l’août.  Faire  une  plantation  est  chose  assez 
complexe  : les  raisons  de  s’y  préparer  à 
l’avance  sont  nombreuses  et  connues;  si 
l’on  pèche  en  s’attardant  ce  n’est  pas  par 
ignorance. 

Cette  époque  est  arrivée  ; et  l’un  de  ces 
soigneux,  de  ces  vigilants  qui  aiment  la 
bonne  besogne,  faite  à l’avance  plutôt  qu’en 
retard,  un  jeune  amateur  chartrain,  ardent 
comme  un  nouvel  adepte,  nous  ayant  dit 
qu’il  projetait  une  plantation  pour  l’au- 
tomne et  qu’ayant  ouï  dire  que  certaines 
variétés  de  Poiriers  ne  venaient  bien  qu’à 
l’espalier,  il  désirait  les  connaître,  nous  lui 
avons  donné  les  noms  de  huit  Poiriers  aux- 
quels l’espalier  est  tout  à fait  indispensable  : 
Doyenné  blanc,  D.  gris,  D.  d'hiver, 
Beurré  gris,  Saint-Germain,  Crassane, 
Beurré  d’ Hardenpont,  Bon  Chrétien  d'hi- 
ver. Disons  de  ce  dernier,  à qui  l’on  doit 
la  meilleure  des  Poires  à cuire,  qu’outre 
l’espalier,  l’exposition  du  midi  lui  est  né- 
cessaire. 

Toute  personne  qui  possède  quelqu’une 
de  ces  variétés,  autrement  qu’en  espalier, 
doit  se  hâter  de  l’arracher  ou  de  la  re- 
greffer. 

On  peut  noter  que  les  huit  variétés  ci- 


dessus  nommées  sont  toutes  anciennes.  Les 
deux  qui  le  sont  moins,  le  Doyenné  d'hi- 
ver et  le  Beurré  d' Hardenpont,  sont  cités 
dans  les  livres  de  la  fin  du  siècle  dernier, 
ce  qui  ne  fait  pas  connaître  la  date  de  la 
mise  en  terre  du  pépin.  Les . semeurs  d’au- 
jourd’hui se  plaisent,  au  contraire,  à nous 
donner  cette  date  ; ils  peuvent  même  y 
ajouter  quelquefois,  grâce  à la  fécondation 
artificielle,  le  nom  du  père  ou  de  la  mère 
qui  ont  produit  le  gain. 

c(  Nous  admettons,  on  le  sait,  le  vieillis- 
sement des  variétés  »,  dit  M.  Paul  de  Mor- 
tillet  dans  son  livre  : Les  meilleurs  fruits  ; 
et,  poursuivant  la  même  idée,  il  a formé, 
dans  son  catalogue  général,  une  série  par- 
ticulière qu’il  désigne  ainsi  : « Série  de  va- 
riétés anciennes,  généralement  en  voie  de 
décadence,  mais  donnant  encore  d’excellents 
fruits  dans  des  conditions  exceptionnelles  ». 
A ceci,  nous  ajoutons  que,  parmi  ces  con- 
ditions, il  en  est  une,  la  plus  favorable  de 
toutes  : c’est  l’espalier. 

Dans  leur  toute  jeunesse,  quelques-unes 
de  ces  variétés  donnent,  pendant  plusieurs 
années,  de  beaux  fruits  ailleurs  qu’en  espa- 
lier, mais  bientôt  se  montrent  les  taches 
noires  de  la  tavelure,  mal  qui  se  perpétue 
et  sans  remède  jusqu’ici. 

Six  des  huit  variétés  ci-dessus  font  partie 
de  ladite  série  ; mais  on  n’y  voit  ni  le 
Doyenné  d'hiver,  ni  le  Beurré  d' Harden- 
pont, deux  variétés  tout  à fait  dignes  d’y 
avoir  leur  place,  sous  notre  climat,  du 
moins.  J.  Courtois. 


20 


BEGONIA  LESOUDSII. 


BEGONIA  LESOUDSII 


Parmi  les  nouvelles  formes  que  l’ancien 
Bégonia  Rex  a révélées,  depuis  qu’on  l’a 
croisé  avec  d’autres  espèces  ou  variétés  cul- 
tivées, il  n’en  est  aucune  qui  présente  un 
plus  curieux  aspect  que  la  race  issue  de 
cette  espèce  fécondée  par  le  B.  Diadema. 

La  gravure  ci -jointe  (fig.  5)  montre  une 
de  ces  obtentions  récentes,  que  M.  Bruant 


met  au  commerce  sous  le  nom  de  B . 
Lesoudsii. 

La  grandeur  des  feuilles,  la  solidité  de 
leur  texture,  leur  vigueur,  lui  constituent 
des  qualités  de  premier  ordre. 

C’est  par  la  « lobation  » du  limbe  que  la 
plante  se  distingue  du  B.  Rex ; elle  a em- 
prunté cette  disposition  au  B.  Diadema.  La 


couleur  du  fond  est  une  nuance  généra- 
lement verte  et  bronzée,  avec  des  bords 
pourprés  et  de  larges  macules  blanches  for- 
mant des  zones  auprès  desquelles  Se  dé- 
tachent des  ponctuations  et  des  marques 
rondes  argentées  et  velues.  Ces  beaux 
limbes,  bien  étalés  ou  légèrement  défléchis, 
sont  supportés  par  de  vigoureux  pétioles 
d’un  brun  pourpre,  écailleux  et  poileux. 


Le  B.  Lesoudsii  n’est  pas  isolé.  D’autres 
semis  se  sont  montrés  depuis  sur  divers 
points  de  la  France  et  peut-être  de  l’étran- 
ger. Nous  avons  admiré,  notamment,  toute 
une  collection  envoyée  à l’Exposition  de 
Paris  en  mai  dernier,  par  M.  Schmitt,  de 
Lyon.  Ces  belles  plantes  seront  l’objet  d’une 
étude  spéciale  dans  la  Revue  horticole. 

Ed.  André. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE.  — LILAS  LUCIE  BALTET. 


21 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  8 DÉCEMBRE  1887 


Comité  de  culture  potagère. 

M.  Charles  Horat,  jardinier  chez  M.  Émile 
Laveissière,  au  château  de  la  Folie,  à Draveil 
(Seine-et-Oise),  avait  présenté  une  assiette  de 
gousses  et  des  pieds  de  Haricot  jaune  de  Cha- 
landray , variété  naine  très-productive,  n’attei- 
gnant pas  plus  de  30  à 40  centimètres  de  hau- 
teur; c’est  la  meilleure  variété  de  Haricot 
Flageolet  à parchemin  pour  forcer  pendant 
les  jours  si  courts  de  l’hiver,  à utiliser  très- 
jeune. 

Comité  de  floriculture. 

MM.  Thibaut  et  Keteleer  avaient  envoyé  un 
pied  de  Ruellia  macrantha , très-jolie  Acan- 
thacée,  dont  la  Revue  a parlé  plusieurs  fois  ; 
cette  plante  était  ornée  de  grandes  fleurs  rose 
amarante  tendre.  C’est  une  belle  espèce  à cul- 
tiver en  serre  tempérée.  Elle  est  un  peu  dé- 
laissée, parce  qu’on  prétend  qu’elle  fleurit 
difficilement,  ce  qui  n’est  pas  quand  on  la  cul- 
tive avec  soin. 

Mme  Block,  de  Schaerbeck,  près  Bruxelles, 
avait  envoyé  un  Cattleya  Loddigesii  importé 
par  elle  du  Brésil  en  1886.  Les  fleurs,  assez 
grandes,  d’un  beau  blanc,  prennent  en  vieil- 
lissant un  ton  lilacé.  C’est  une  espèce  ancienne 


qu’il  est  toujours  intéressant  de  rencontrer  en 
bon  état  de  floraison. 

Comité  d’arboriculture. 

M.  Hédiard  exposait  des  Coings  de  Chine, 
gros  fruits  du  Cydonia  sinensis , et  divers 
Cédrats  d’Algérie  en  beaux  exemplaires. 

M.  Lerosier,  jardinier  chez  M.  Villard,  à Paris, 
avait  envoyé  un  rameau  chargé  de  douze  à 
quinze  fruits  de  l’Oranger  à feuilles  de  Myrte, 
dont  les  petites  Oranges,  connues  sous  le  nom 
de  Chinois , sont  employées  dans  la  confiserie. 

Des  Kakis,  et  deux  fruits  d 'Arauja  albens 
Asclépiadée,  grimpante  à fleurs  blanches  exha- 
lant une  odeur  très -suave,  attiraient  encore 
l’attention. 

M.  Venteclaye,  d’Argenteuil,  exposait  une 
corbeille  de  Poires  Passe-Crassane. 

Ces  fruits,  d’une  maturité  anticipée,  étaient 
admirablement  colorés. 

Ch.  Thays. 

P. -S.  — A la  séance  du  22  décembre,  la 
Société  nationale  d’horticulture  de  France  a 
procédé  aux  élections  nécessaires  pour  com- 
pléter son  bureau  et  son  conseil  pour  l’année 
1888.  On  trouvera  dans  la  Chronique  du  pré- 
sent numéro  le  résultat  de  ces  élections. 


LILAS  LUCIE  BALTET 


Cette  variété,  obtenue  par  MM.  Baltet 
frères,  de  Troyes,  vient  combler  uneHacune 
dans  la  série  chromique  des  Lilas.  En 
effet,  on  y trouvait  depuis  le  blanc  pur  jus- 
qu’au rouge  pourpre  et  rouge  violet,  en  pas- 
sant par  toutes  les  nuances  intermédiaires, 
excepté  celle  de  ce  nouveau  Lilas  qui  est 
beau  rose  tendre  et  nacré  avec  des  boutons 
carminés.  Comme,  d’autre  part,  les  nuances 
varient  considérablement,  suivant  l’état  plus 
ou  moins  avancé  de  la  floraison,  il  en  ré- 
sulte une  série  de  contrastes  qui  conservent 
cependant  un  aspect  général  rosé.  C’est  une 
variété  très-méritante,  que  nous  n’hésitons 
pas  à recommander. 

L’arbuste,  d’une  vigueur  moyenne,  est 
excessivement  floribond  ; sa  tenue  est  bonne 
et  son  feuillage  très-abondant,  courtement 
pédonculé,  est  d’un  vert  un  peu  blond. 
Grappe  dressée,  largement  et  gracieusement 


pyramidale,  arrondie  au  sommet,  bien  four- 
nie sans  pour  cela  être  compacte,  courte- 
ment ramifiée,  à ramifications  bien  garnies. 
Fleurs  très  - rapprochées,  ordinairement 
réunies  par  petits  groupes,  plus  rarement 
solitaires,  assez  longuement  et  finement 
tubulées,  d’un  beau  rose  carminé  qui  s’ac- 
centue un  peu  avec  la  floraison,  à 4 divi- 
sions bien  étalées,  courtement  arrondies, 
obovales.  Odeur  fine  et  agréable  sans  être 
trop  forte. 

La  bonne  tenue  et  surtout  la  floribondité 
de  cette  variété  la  recommandent  tout  par- 
ticulièrement pour  les  parterres.  Traitée 
ainsi  qu’on  le  fait  des  Lilas  Varin  et  Sau- 
get,  on  pourrait  la  planter  çà  et  là  sur 
les  plates-bandes,  qu’elle  ornerait  parfaite- 
ment ; on  pourrait  également  la  cultiver  en 
pots  et  alors  la  faire  concourir  à l’ornemen- 
tation des  appartements.  E. -A. Carrière. 


22 


LE  HENNÉ. 


LE  HENNÉ  <•> 


La  Lawsonie  ou  Henné  appartient  à la 
famille  des  Salicariées  ; elle  est  connue  des 
peuples  de  l’Asie  et  de  l’Afrique  depuis  les 
temps  les  plus  reculés,  comme  plante  tinc- 
toriale. Cet  arbrisseau  est  le  Hacopher  des 
Hébreux,  le  Cypros  des  anciens  Syriens,  le 
Kinna  des  Grecs  modernes.  En  sanscrit, 
on  le  nomme  Lakachera,  et  en  persan 
Panna.  Les  Arabes  le  désignent  sous  le 
nom  de  Hennech  ou  Alkenna,  et  les  Égyp- 
tiens, sous  celui  de  Hennalis.  De  nos  jours, 
les  Indiens  le  connaissent  sous  les  noms  de 
Mehdi,  Garanta  et  Avivanam.  Il  est  ré- 
pandu en  Asie,  en  Égypte,  dans  les  pro- 
vinces de  Charhyeh  et  Kélgaud,  en  Algérie, 
en  Chine,  dans  le  Maroc,  la  Nubie,  la 
Guinée  et  dans  les  Indes  orientales. 

Les  botanistes  ont  appelé  la  Lawsonie 
Lawsonia  inermis,  L.  alba  et  L.  spi- 
nosa,  parce  que  ses  rameaux  présen- 
tent, parfois,  des  épines.  Cet  arbrisseau 
est  glabre  et  à rameaux  inermes,  bien 
qu’ils  deviennent  quelquefois  épineux  en 
vieillissant;  ses  feuilles,  d’un  vert  sombre, 
sessiles  et  à pétioles  courts,  sont  opposées, 
ovales,  lancéolées  et  entières  ; ses  fleurs  sont 
petites,  blanches  et  jaunes,  et  disposées  en 
grappes  terminales;  elles  sont  portées  par 
des  tiges  rougeâtres  ; ses  fruits  sont  à 
quatre  loges  contenant  des  graines  angu- 
leuses. 

Les  fleurs  de  cet  arbuste  dégagent  une 
odeur  suave  et  pénétrante  qui  plaît  beau- 
coup aux  Égyptiennes.  A Luknow,  dans 
l’Inde,  et  à Tunis,  on  en  extrait  une  huile 
essentielle  très-parfumée. 

Le  Henné  demande  un  sol  léger  et  pro- 
fond, car  il  a des  racines  très-fortes  et  très- 
longues.  Il  ne  végète  bien  que  lorsqu’on  le 
cultive  sur  un  terrain  substantiel  ou  abon- 
damment fumé.  On  le  propage  par  boutures 
ou  par  semences. 

Les  semis  se  font,  dans  les  Indes  orien- 
tales, pendant  les  mois  de  juin  et  juillet; 
en  Algérie  et  dans  le  Maroc,  on  les  exécute 
vers  la  fin  de  l’hiver.  On  fait  tremper  les 
graines  avant  de  les  confier  à la  terre.  C’est 
lorsqu’elles  commencent  à germer  qu’on  y 
mêle  du  sable  fin  et  qu’on  les  répand  un 
peu  dru,  à la  volée,  ou,  ce  qui  vaut  mieux, 
dans  les  rayons,  distants  les  uns  des  autres 
de  20  à 30  centimètres. 

(1)  Journ.  d’Agric.  pratiq ,,  1887,  II,  p.  Cl. 


En  Algérie,  on  sème  souvent  le  Henné  sur 
des  carrés  de  terre  arrosables  que  l’on  couvre 
ensuite  A Alfa.  On  arrose  tous  les  deux  ou 
trois  jours,  jusqu’à  l’apparition  de  la  troi- 
sième ou  quatrième  feuille.  Après  cette 
époque,  on  irrigue  le  terrain  une  fois  par 
semaine,  pendant  la  première  année,  et 
tous  les  quinze  jours  pendant  la  seconde. 

Pendant  la  végétation  du  Henné,  on  exé- 
cute les  binages  ou  les  sarclages  nécessaires 
afin  de  maintenir  le  terrain  propre  et 
meuble.  Il  fleurit  en  Égypte  au  mois  de 
mai.  Ses  fleurs  sont  appelées  Thamra. 

La  première  année,  on  effeuille  ou  on 
fauche  les  tiges  pendant  le  mois  de  sep- 
tembre; les  pousses  herbacées  ont  alors 
30  centimètres  en  moyenne  de  hauteur. 
Pendant  les  années  suivantes,  on  coupe  les 
tiges  deux  ou  trois  fois;  les  deux  premières 
pousses  ont  chacune  50  centimètres  de  lon- 
gueur, la  hauteur  n’excède  pas,  ordinaire- 
ment, 20  centimètres.  Ces  diverses  produc- 
tions sont  séchées  au  soleil  aussitôt  qu’elles 
ont  été  récoltées.  Elles  conservent  leur  pou- 
voir tinctorial  pendant  dix-huit  à vingt- 
quatre  mois.  D’après  M.  Chevreul,  les 
feuilles  du  Henné  renferment  trois  prin- 
cipes colorants  ; l’un  qui  est  jaune,  l’autre 
rouge  et  le  dernier  brun.  « La  couleur 
du  Henné,  dit-il,  fixée  sur  la  laine,  ex- 
posée à la  lumière,  comparativement  avec 
la  couleur  de  la  Gaude  et  de  la  Garance  cor- 
respondante se  soutient  assez  bien  le  pre- 
mier mois,  mais  après  trois  mois  d’exposi- 
tion, la  couleur  du  Henné  est  notablement 
inférieure  à l’autre. 

Sur  divers  points  du  Maroc,  on  se  borne 
à récolter,  deux  ou  trois  fois  par  an,  les 
feuilles  qui  se  développent  sur  les  rameaux 
qui  ombragent  le  sol. 

Les  feuilles  de  la  Lawsonie  réduites  en 
poudre  fine  constituent  le  Henné  qui,  dé- 
layé dans  l’eau  ou  du  jus  de  Citron,  sous 
forme  de  pâte  ayant  un  peu  de  consistance, 
sert  aux  Musulmanes,  aux  Israélites,  aux 
Égyptiennes  et  aux  Brahamines,  depuis  le 
Maroc  jusque  dans  l’Inde,  pour  se  teindre 
les  lèvres,  les  doigts,  les  ongles,  la  paume 
des  mains,  la  plante  des  pieds,  les  cheveux 
et  les  sourcils  en  rouge-brun  orangé.  Cette 
pâte  est  appliquée  pendant  cinq  ou  six 
heures  sur  la  partie  du  corps  qu’on  veut 
teindre.  La  coloration  ainsi  obtenue  persiste 
sur  la  peau  pendant  plusieurs  mois  ; mais 


ODONTOGLOSSUM  CORON ARIUM. 


CORRESPONDANCE. 


23 


appliquée  aux  ongles,  elle  ne  disparaît 
qu’avec  ceux-ci.  Le  Henné  donne  aux  yeux 
des  femmes  de  l’Afrique  le  regard  des 
houris  des  contrées  asiatiques. 

Les  Arabes  et  les  Persans  utilisent  aussi 
le  Henné  pour  teindre  le  cuir  et  la  laine  en 
jaune  orangé.  Les  chefs  des  villages  au  Sé- 
négal l’emploient  pour  colorer  la  crinière  et 
la  queue  de  leurs  chevaux.  Le  cheval  blanc 
de  parade  du  shah  de  Perse  a les  jambes, 
le  ventre  et  le  bout  de  la  queue  teints  avec 
le  Henné.  Avec  la  couperose,  cette  poudre 
verdâtre  forme  une  couleur  noire  qui  est 
très-solide. 


Le  Henné  est  souvent  employé,  par  les 
peuples  de  l’Asie,  comme  médicament  dans 
les  blessures,  contusions,  abcès,  etc.  Au 
Malabar,  on  l’emploie  contre  les  affections 
de  la  peau.  En  Asie,  on  lui  attribue  une 
vertu  aphrodisiaque. 

En  Égypte,  le  Henné  joue  un  rôle 
important  dans  les  cérémonies  du  ma- 
riage. 

La  poudre  de  Henné  se  vend  2 à 
4 tr.  le  kilogramme;  elle  donne  lieu  à 
un  commerce  important  dans  les  contrées 
orientales. 

Gustave  Heuzé. 


ODONTOGLOSSUM  CORONARIUM 


Cette  espèce,  rare  dans  les  cultures,  où 
elle  est  même  peu  connue  et  que  nous  avons 
vue  récemment  en  fleurs,  présente  les  ca- 
ractères suivants  : 

Pseudo-bulbes  plats,  ovales,  courtement  ar- 
rondis et  comme  tronqués.  Feuilles  largement 
ovales,  relativement  grandes,  épaisses,  coriaces, 
comme  chagrinées  et  ridées,  d’un  vert  gris, 
rappelant  par  la  forme  celles  de  certains  Cat- 
tleya.  Pétiole  longuement  engainant,  d’une 
consistance  de  cuir  comme  le  limbe.  Hampe 
robuste,  dressée,  raide,  nue,  glabre,  roux 
marbré.  Inflorescence  dressée,  courtement 
compacte.  Pédoncule  ovarien  gros,  étalé,  d’en- 
viron 5 à 8 centimètres  de  longueur.  Fleurs  assez 
grandes,  largement  étalées,  régulières,  à 5 di- 
visions, de  couleur  roux  foncé  fauve,  dont  2 di- 
visions ont  le  centre  et  la  base  d’un  jaune  clair 
sur  lequel  se  montrent  des  stries  d’un  roux 
fauve;  à divisions  pétaloïdes,  obovales,  fine- 
ment et  courtement  érodées  sur  les  bords. 
Colonne  charnue,  en  capuchon  brunâtre.  La- 
belle  étalé,  petit,  finement  pédiculé,  d’un 
beau  jaune  clair. 

L 'Odontoglossum  coronarium  est  non 
seulement  rare,  il  est  beau  et  surtout  sin- 


gulier par  son  aspect  et  sa  végétation,  qui, 
à part  ses  pseudobulbes,  le  rapprochent  de 
certaines  espèces  robustes  de  Catleya.  Nous 
avons  même  remarqué,  sur  un  pied,  un 
bourgeon  stérile  aplati,  ensiforme,  relati- 
vement long,  dont  les  feuilles  distiques 
étaient  imbriquées  de  chaque  côté  par  le 
pétiole,  qui,  du  reste,  formait  la  plus  grande 
partie  de  la  feuille.  Dans  ce  cas  particulier, 
des  racines  aériennes  sortaient  de  chaque 
côté  entre  les  feuilles  distiques  du  rameau 
plat,  ce  qui  semblait  indiquer  que  cette 
plante  est  épiphyte. 

Cette  espèce,  originaire  de  la  Nouvelle- 
Grenade  où  elle  fut  découverte  en  1847  par 
Funck  et  Schlim,  dans  l’Etat  de  Santander, 
doit  être  cultivée  en  serre  chaude  humide, 
dans  du  sphagnum  pur  ou  additionné  de 
tessons  de  briques  ou  de  monceaux  de 
charbon  qui  favorisent  l’aération  et  s’op- 
posent à un  excès  constant  d’humidité.  Elle 
fleurit  très-rarement  et  nous  ne  l’avons  en- 
core vue  épanouir  ses  inflorescences  que 
dans  quelques  collections  de  choix. 

E.-A.  Carrière. 


CORRESPONDANCE 


N°  2307  {Gironde).  — On  se  sert  de  fumier 
de  cheval  ou  de  mulet  pour  établir  les  couches 
à Champignons  et  on  les  arrose  de  temps  en 
temps.  Il  est  évident  que  la  production  des 
Champignons  les  affaiblit  plus  ou  moins  et  que 
le  terreau  de  ces  couches,  dans  l’état  de  dé- 
composition où  il  est,  doit  avoir  dans  la  culture 
un  effet  prompt  et  de  peu  de  durée  ; ce  terreau 
convient  surtout  aux  cultures  potagères. 

N°  i 809  (Dordogne).—  Le  Brome  de  Schra- 
der  est  un  fourrage  assez  grossier,  autour  ! 


duquel  on  a fait  beaucoup  de  bruit  et  qui  a 
donné  plus  de  mauvais  résultats  que  de  bons. 
Il  n’est  pas  difficile  sur  les  terrains.  Il  est  pru- 
dent de  n’en  faire  l’essai  qu’en  petit  ; la  graine 
coûte  assez  cher  ; il  en  faut  50  kilogr.  par 
hectare. 

No  4215  ( Indre j.  — 1°  Les  moyens  de  des- 
truction des  vers  blancs  ne  manquent  pas. 
Vous  les  éloignerez  en  répandant  dans  le  jar- 
] din  de  la  tannée,  de  la  suie,  de  la  tourbe,  du 
I purin,  de  la  vidange.  Vous  les  détruirez,  en 


24 


CORRESPONDANCE. 


février-mars,  par  des  injections  de  sulfure  de 
carbone  à raison  de  8 à 10  grammes  par  mètre 
carré.  Vous  les  attirerez,  si  vous  fumez  avec 
des  fumiers  frais,  aussi  en  jetant  de  place  en 
place  dans  des  trous  quelques  pelletées  de  ce 
fumier  frais  qu’on  recouvre  d’un  peu  de  terre 
et  qu’on  piétine  ; on  peut  être  assuré  de  trouver 
là  plus  tard  quantité  de  vers  blancs.  Les  arro- 
sages à l’eau  phéniquée  (1  gr.  d’acide  phénique 
par  litre  d’eau)  sont  encore  très-efficaces.  Les 
fumures  avec  des  tourteaux  sont  aussi  recom- 
mandées. 

2°  Les  courtilières  ne  résistent  pas  plus  que 
les  vers  blancs  à l’action  du  sulfure  de  car- 
bone, des  engrais  à odeur  forte;  elles  aiment 
aussi  la  chaleur  et  si,  cet  hiver,  vous  formiez 
quelques  petits  tas  de  fumier  de  cheval  dans  le 
jardin,  vous  y trouverez  ces  insectes  rassemblés 
au  moment  des  froids. 

Autre  procédé  : Mettre/  dans  un  arrosoir 
d’eau  un  demi-verre  à boire  de  pétrole,  et, 
avec  le  goulot  de  l’arrosoir,  verser  cette  eau 
dans  les  galeries  que  l’on  peut  découvrir. 

No  3176  (Calvados),  M.  de  C.  (Ille-et-Vi- 
laine) et  à plusieurs  autres  abonnés.  — Nous 
regrettons  de  ne  pouvoir  vous  dire  encore  où 
vous  pourriez  trouver  des  greffes  et  des  sujets 
du  Prunier  Kelsey,  dont  la  Revue  horticole  a 
vanté  les  qualités  et  la  prodigieuse  fertilité  sur 
la  foi  des  horticulteurs  américains,  mais  cette 
variété  vient  à peine  d’arriver  en  Europe,  et 
nos  horticulteurs  l’ont  déjà  dans  leurs  collec- 
tions. Il  est  très-probable  qu’à  l’automne  elle 
sera  en  vente  dans  plusieurs  établissements. 

N°  3572  (Marne).  — La  prohibition  en  Al- 
gérie des  plantes  vivantes  est  absolue,  pour 
cause  de  phylloxéra  toujours.  Quelques  greffes 
envoyées  par  la  poste  dans  du  papier  gommé 
arriveraient  très-bien  et  pourraient  être  gref- 
fées avec  succès  sur  de  jeunes  Pruniers  Saint- 
Julien  ou  autres,  mais  nous  ne  pouvons  vous 
donner  le  conseil  de  tenter  une  infraction  à la 
loi,  quelle  que  soit  l’inutilité  des  mesures  édic- 
tées, et  bien  que  quelques  greffons  ne  puissent 
en  aucune  façon  servir  de  véhicule  au  phyl- 
loxéra. Il  ne  reste  donc  que  l’envoi  des  graines 
(noyaux),  qui  est  autorisé,  mais  il  ne  faut  pas 
compter  sur  une  reproduction  exacte  de  la 
variété  par  le  semis.  Lisez,  d’ailleurs,  la  pré- 
cédente correspondance  en  ce  qui  concerne  la 
Prune  Kelsey. 


N°  5352  (Belgique).  — Nous  ne  pouvons  en- 
trer en  aucune  façon  dans  les  discussions  com- 
merciales, ni  agir  auprès  de  la  maison  dont  vous 
nous  parlez.  C’est  une  raison  sociale  honora- 
blement connue  dans  le  commerce  des  graines 
parisiennes;  nous  ne  doutons  pas  que  le  mé- 
compte dont  vous  nous  entretenez  ne  pro- 
vienne d’un  malentendu  que  vous  réussirez  pro- 
bablement à faire  cesser.  Écrivez  à nouveau. 

Pour  la  Prune  Kelsey,  nous  vous  renvoyons 
à la  correspondance  qui  précède. 

Le  moyen  que  vous  indiquez  pour  la  pro- 
duction des  variétés  striées  est  empirique, 
néanmoins  nous  vous  conseillons  d’essayer  di- 
verses combinaisons  et  vous  obtiendrez  peut- 
être  de  bons  résultats.  Essayez,  essayez  sans 
cesse  (try  try  and  try  again)  ; c’est  la  devise 
anglaise,  et  c’est  la  bonne. 

N°  3098  (Ardennes).  — Votre  Bégonia  n’est 
pas  le  B.  castaneæ folia,  type,  mais  une  variété 
qui  se  rencontre  assez  fréquemment  dans  les 
cultures,  et  qui  dérive  de  cette  espèce. 

Votre  Dendrobium  est  le  Dendrobium  chry- 
sotoxum , espèce  originaire  du  Moulmein. 

Si  vos  graines  de  Cattleya  superba  mû- 
rissent bien  dans  leur  gousse  côtelée,  atten- 
dez le  moment  de  la  déhiscence,  quand  les 
cloisons  s’ouvriront  et  qu’il  en  tombera  une 
poussière  très-abondante.  Recueillez  cette 
poussière  avec  soin  (ce  sont  les  graines  minus- 
cules) et  semez  sur  des  sphagnum  vivants  et 
tenu  toujours  frais  dans  la  serre  même  où 
cette  plante  a fleuri.  Il  vous  faudra  attendre 
des  années  avant  de  voir  les  produits  adultes, 
si  tant  est  que  vos  graines  germent,  ce  qui  n’ar- 
rive pas  toujours.  Voyez,  d’ailleurs,  la  mé- 
moire de  M.  H.  Veitch  sur  ce  sujet,  dont  la 
Revue  horticole  a donné  une  traduction  avec 
figures  noires. 

N°333I  (Haute-Garonne).  — Pour  le  compte- 
rendu du  Congrès  horticole  de  1887,  adressez- 
vous  à la  Société  nationale  d'horticulture  de 
France , 84,  rue  de  Grenelle,  à Paris.  — Pour 
la  Société  pomologique  de  France,  adressez- 
vous  à M.  Cusin,  au  palais  des  Arts,  à Lyon. 

N°  5362  (Espagne).  — Il  nous  est  impos- 
sible de  faire  ce  que  vous  demandez.  La  Revue 
est  un  journal  horticole  et  ne  pourrait  sans 
sortir  de  son  rôle  publier  une  revue  commer- 
ciale et  un  prix-courant  des  denrées  agricoles. 


lmp.  Qoorgea  Jacob,  — Orléans. 


L’Adminù trate ur- Gérant  : L.  Bourguignon. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


25 


CHRONIQUE  HORTICOLE 

Distinctions  accordées  à l’horticulture.  — L’hiver  en  1888.  — Élection  à la  Société  nationale  d’ Agriculture 
de  France.  — Production  des  vins  et  des  cidres  en  1887.  — Vignes  américaines  pour  les  terrains 
calcaires  et  marneux.  — Échenillage.  — Chenille  bagueuse.  — Préservation  des  Rosiers  contre  le 
froid.  — Un  pied  de  Vigne  remarquable.  — Destruction  du  Mouron  des  oiseaux.  — Les  Tomates 
lisses.  — Laboratoire  de  pomologie.  — L’Italie  et  la  Convention  de  Berne.  — Les  graines  et  plantes 
vivantes  offertes  par  le  Muséum  d’histoire  naturelle  en  1888.  — Emploi  du  Pitch-Pin  dans  le  matériel 
horticole.  — Création  en  Belgique  d’une  société  orchidophile.  — Hommage  à la  mémoire  de  François 
Lacharme.  — Les  acquisitions  récentes  du  Muséum  d’histoire  naturelle.  — Cours  de  botanique  de 
M.  Van  Tieghem.  — Manuel  de  l’Acclimateur.  — Exposition  spéciale  de  Roses,  à Anvers.  — Nécrologie  : 
M.  F.  Chevalier. 


Distinctions  accordées  à l’horticul- 
ture. — Parmi  les  nominations  faites  à 
l’occasion  du  1er  janvier,  nous  relevons 
celles  qui  intéressent  l’horticulture. 

Par  décret  du  31  décembre,  rendu  sur  la 
proposition  du  Ministre  de  l’Agriculture,  a 
été  nommé  au  grade  de  chevalier  de  la  Lé- 
gion-d’Honneur  : 

M.  Baltet  (Charles),  horticulteur  à Troyes. 
Lauréat  des  plus  hautes  récompenses  dans 
les  expositions  universelles  qui  ont  eu  lieu 
depuis  1867,  tant  en  France  qu’à  l’étranger. 
Auteur  d’ouvrages  classiques  sur  la  greffe  et 
l’arboriculture. 

Par  arrêtés  en  date  des  30  et  31  dé- 
cembre, le  Ministre  de  l’Agriculture  a con- 
féré la  décoration  du  Mérite  agricole  à 
trente-sept  personnes,  parmi  lesquelles 
nous  devons  mentionner  : 

MM. 

Verlot  (Jean-Baptiste),  jardinier  en  chef  en  re- 
traite de  la  ville,  à Grenoble  (Isère)  ; cin- 
quante-un ans  de  services. 

Jeanninel  (Christophe-Édouard),  conseiller  mu- 
nicipal à Langres  (Haute-Marne).  Fondateur 
de  plusieurs  pépinières  et  d’une  école  frui- 
tière qui  donnent  les  meilleurs  résultats.  A 
obtenu  de  nombreuses  récompenses  dans  les 
concours  régionaux. 

Dahmen  ben  Ali,  à Blidah  (Algérie).  A donné 
un  grand  développement  à l’arboriculture 
fruitière  dans  le  département. 

A été  nommé  officier  d’ Académie  : 

M.  Loury,  surveillant  des  serres  au  Muséum 
d’histoire  naturelle. 

Parmi  les  trop  rares  distinctions  accor- 
dées, cette  année,  comme  étrennes  à l’hor- 
ticulture, il  en  est  une  qui  a droit  à nos 
sympathies  particulières.  C’est  celle  de 
M.  Charles  Baltet,  l’un  des  plus  anciens  et 
des  meilleurs  collaborateurs  de  la  Revue , 
et  dont  tous  nos  lecteurs  connaissent  les 
nombreuses  et  toujours  intéressantes  publi- 
cations horticoles. 


L’hiver  en  1888.  — Le  véritable  hiver^ 
c’est-à-dire  l’hiver  froid,  a commencé  vers 
le  26  décembre  1887,  et  a atteint  son 
maximum  le  1er  janvier  1888,  où,  suivant 
les  localités,  le  thermomètre  a varié  de  9 à 
15  degrés  au-dessous  de  zéro.  Toutefois, 
cela  n’a  pas  duré,  et,  dès  le  lendemain,  la 
température  était  seulement  à quelques  de- 
grés (2  à 5)  au-dessous.  Depuis,  elle  s’est 
maintenue  relativement  douce. 

Voici,  relativement  au  froid  de  ce  même 
hiver,  ce  que  nous  écrit  de  Lisbonne  notre 
collaborateur,  M.  Daveau  : 

Nous  avons  déjà  eu  des  froids  très-sérieux 
pour  ce  pays  : — 2°  5 au  thermomètre  placé  à 
l’air,  à lm  70  de  hauteur,  et  — 8°  la  même 
nuit,  au  thermomètre  placé  dans  le  gazon,  ce 
qui  constitue  un  écart  de  5°  5 entre  les  deux. 

Les  Agératum  ont  eu  leurs  pointes  gelées  : 
c’est  la  première  fois  que  j’observe  ce  fait  à 
Lisbonne. 

A ce  propos  j’ai,  avec  succès,  employé  un 
moyen  de  préservation  contre  les  effets  de  la 
gelée  blanche  (il  serait  plus  exact  de  dire 
contre  les  effets  du  soleil  après  une  gelée 
blanche).  Ce  moyen,  scientifique,  du  reste,  est 
basé  sur  ce  fait  bien  connu  que,  lorsque  la 
gelée  blanche  se  fond  graduellement,  avant 
que  le  soleil  se  montre,  beaucoup  de  plantes 
ne  souffrent  aucunement  de  ce  phénomène. 
Or,  à Lisbonne,  le  soleil  est  très-chaud,  même 
à son  lever,  de  sorte  que  beaucoup  de  plantes 
qu’il  a frappées,  sont  cuites  par  ce  soleil  sur- 
venant après  la  gelée.  Ainsi,  l’an  passé,  avec 
2 degrés  seulement  au  thermomètre  aérien, 
mes  Kentias  furent  grillés  et  n’ont  montré, 
toute  la  campagne  dernière,  que  des  feuilles 
loqueteuses,  d’un  aspect  désagréable.  Cette 
année  je  ne  voulus  pas  les  couvrir,  mais 
chaque  matin,  lorsqu’il  a gelé,  je  fais  bassiner 
les  plantes,  qui,  alors,  n’éprouvent  aucun  mal. 
J’ai  fait  de  même  pour  beaucoup  d’autres 
espèces  qui  avaient  souffert,  l’an  passé,  par  un 
froid  moindre  et  qui,  jusqu’à  présent,  n’ont 
nullement  souffert.  Il  va  de  soi  que  l’on  doit 
employer  de  l’eau  prise  à l’air  libre,  dût-on 
casser  la  glace  pour  la  puiser,  car,  sans  être 
chaude,  cette  eau,  qui  est  à une  température 

2 


16  Janvier  1888. 


26 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


supérieure  à celle  de  la  gelée  blanche,  fait 
fondre  immédiatement  celle-ci,  cela  sans  dé- 
sorganiser les  tissus  des  plantes, 

Cette  pratique  est  déjà  connue,  mais  elle 
n’est  guère  en  usage,  malgré  les  nombreux 
services  qu’elle  pourrait  rendre  dans  une 
foule  de  circonstances  ; notre  collaborateur, 
M.  Daveau,  a eu  raison  de  rappeler  sur  elle 
l’attention  des  horticulteurs. 

Élection  à la  Société  nationale  d’Agri- 
culture  de  France.  — Dans  sa  séance 
du  28  décembre  1887,  la  Société  nationale 
d’agriculture  a élu  vice-président  M.  P.  Du- 
chartre,  membre  de  l’Institut,  secrétaire- 
rédacteur  de  la  Société  nationale  d’horti- 
culture de  France.  M.  Chevreul  étant 
président  cette  année,  la  présidence  sera 
dévolue  de  droit  l’année  prochaine  à M.  Du- 
chartre. 

Production  des  vins  et  des  cidres 

en  1887.  — Le  Bulletin  de  statistique  et 
de  législation  comparée , publié  par  le 
ministère  des  finances,  contient,  dans  sa 
livraison  de  décembre  qui  vient  de  paraître, 
les  tableaux  de  la  production  des  vins  et  des 
cidres  en  1887. 

La  récolte  des  vins  est  évaluée  à 24  mil- 
lions 333,284  hectolitres.  Elle  est  inférieure 
de  730,000  hectolitres  à la  récolte  précé- 
dente et  de  10,664,000  hectolitres  à la 
moyenne  des  dix  dernières  années. 

La  récolte  des  cidres  a été  de  13,436,667 
hectolitres  en  1887,  au  lieu  de  8,300,000 
hectolitres  en  1886.  Elle  se  rapproche  beau- 
coup de  la  moyenne  des  dix  dernières 
années,  qui  est  de  14,746,000  hectolitres. 

Vignes  américaines  pour  les  terrains 
calcaires  et  marneux.  — M.  P.  Viala, 
professeur  à l’École  nationale  de  Montpel- 
lier, a,  on  le  sait,  été  chargé  au  printemps 
de  1887,  par  le  Ministre  de  l’agriculture, 
d’une  mission  spéciale  dans  l’Amérique  du 
Nord,  dans  le  but  de  rechercher,  dans  leur 
pays  natal,  les  cépages  réussissant  dans  les 
terrains  calcaires  et  marneux.  Les  essais  de 
plantation  de  Vignes  américaines  en  France, 
dans  des  terrains  de  semblable  nature,  ont 
régulièrement  échoué,  et  on  conçoit  quelle 
importance  il  y aurait  à reconnaître  les 
espèces  pouvant  s’en  accommoder. 

M.  Viala,  tout  récemment  rentré  en 
France,  vient  de  publier  son  rapport  (1), 
dont  voici  les  points  principaux  : 

(1)  Journal  officiel , 21  décembre  1887. 


Dans  les  calcaires  crétacés  du  Texas  se 
développent  trois  formes  de  Vignes.  Ce 
sont  : les  Vitis  Berlandieri , V.  cinerea , 
V.  cordifolia.  Ces  trois  Vignes,  très-résis- 
tantes au  phylloxéra,  portent  bien  la  greffe 
dans  les  terrains  pierreux.  Elles  présentent 
l’inconvénient  de  reprendre  difficilement  de 
bouture  lorsqu’on  les  fait  par  les  procédés 
ordinaires  ; on  doit  les  multiplier  par  le  bou- 
turage à un  œil,  qui  est  très-usité  en 
Amérique. 

Voici  la  conclusion  du  rapport  de  M.  Viala  : 

En  résumé,  pour  les  terrains  calcaires  et 
marneux,  les  Vitis  Berlandieri,  cinerea  et  cor- 
difolia sont  les  porte-greffes  qui  offrent  le  plus 
de  chances  de  réussite.  Ces  conclusions  sont 
basées  uniquement  sur  l’observation  des  mi- 
lieux dans  lesquels  croissent  ces  Vignes  aux 
États-Unis.  Il  se  pourrait  donc  que  les  faits 
que  je  signale  ne  soient  pas  de  même  nature 
lorsqu’on  les  multipliera  en  France,  ce  que  je 
ne  pense  pas.  Il  se  peut  aussi  que,  vu  l’élasti- 
cité que  présentent  parfois  certaines  espèces, 
au  point  de  vue  de  l’adaptation  au  sol,  d’autres 
formes,  telles  que  les  V.  novo-mexicana , cor- 
difolia - rupestris , Hybride  - Champins , etc. , 
aient  quelque  valeur  dans  les  terrains  crétacés, 
ce  que  je  ne  crois  pas  non  plus... 

Les  très-intéressantes  recherches  de 
M.  Viala  auront  pour  principal  résultat 
d’indiquer  les  formes  américaines  sur  les- 
quelles doivent  être  poursuivis  les  essais  de 
culture  dans  les  terrains  calcaires  et  mar- 
neux, et  de  faire  connaître  le  procédé  de 
multiplication  qui  leur  convient  le  mieux. 

Échenillage.  — De  même  que  les  années 
précédentes,  la  Préfecture  de  police,  dans 
une  ordonnance  spéciale,  vient  de  rappeler 
aux  habitants  qu’ils  doivent  enlever  avec 
soin  tous  les  nids  de  chenilles  qui  se  trouvent 
sur  leurs  arbres,  non  seulement  dans  les 
jardins,  mais  sur  les  arbres  ou  arbrisseaux 
qui  les  avoisinent.  Nous  ne  saurions  trop  re- 
commander aux  propriétaires,  locataires, etc., 
de  ne  pas  attendre  le  délai  de  rigueur  in- 
diqué pour  faire  cette  opération.  Il  vaut 
mieux  agir  dès  maintenant,  de  manière  à ne 
pas  être  pris  au  dépourvu.  A ce  sujet,  nous 
rappelons  qu’il  ne  suffit  pas  de  couper  les 
nids,  mais  qu’il  faut  les  ramasser  avec  soin 
et  les  brûler,  car,  laissés  sur  le  sol,  l’humi- 
dité combinée  avec  la  chaleur  suffît,  pour 
faire  éclore  les  œufs  qu’un  froid,  quelque 
intense  soit-il,  ne  fait  jamais  périr. 

Chenille  bagueuse.  — Contrairement  à 
beaucoup  d’autres  espèces,  cette  chenille 
ne  fait  pas  de  nids  pour  abriter  sa  progéni- 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


ture,  de  sorte  qu’on  ne  l’aperçoit  que  lors- 
qu’elle éclot,  au  printemps,  alors  que  les 
bourgeons  se  développent.  Dès  la  fin  de 
l’été  elle  disparaît  après  qu’elle  a pondu  ses 
œufs,  qui  sont  en  grand  nombre,  forte- 
ment agglutinés  sur  les  branches  qu’elles 
entourent,  formant  ainsi  des  sortes  d’an- 
neaux ou  de  bagues,  d’où  le  nom  de  che- 
nille bagueuse.  Scientifiquement,  c’est  le 
Bombix  neustria,  L.  Mais  ce  n’est  pas 
à ce  point  de  vue  que  nous  parlons  de  la 
chenille  bagueuse.  Notre  but,  ici,  est  de  la 
signaler  aux  tailleurs  d’arbres  qui,  pendant 
la  saison  d’hiver,  étant  toujours  autour  de 
ceux-ci,  sont  à même  de  voir  les  bagues. 
Pour  enlever  celles-ci,  il  n’est  pas  nécessaire 
de  couper  les  branches,  il  suffit  de  les 
fendre  sur  l’un  des  côtés  et  de  les  détacher 
soit  avec  un  couteau,  la  lame  d’un  greffoir 
ou  d’une  serpette. 

Une  observation  importante  à faire  rela- 
tivement à ces  bagues  d’œufs,  c’est  qu’il  ne 
faut  pas  les  jeter  ou  se  contenter  de  mettre 
le  pied  dessus  pour  tenter  de  les  écraser, 
car  ces  œufs,  d’une  dureté  extrême,  sont 
presque  « inécrasables  » . Ils  ont  aussi  cette 
autre  propriété  de  supporter  les  tempéra- 
tures extrêmes  les  plus  diverses,  soit  de 
froid,  soit  de  chaud,  ainsi  que  l’humidité 
et  la  sécheresse  les  plus  grandes.  Le 
seul  moyen  de  les  détruire  est  l’incinéra- 
tion. 

Préservation  des  Rosiers  contre  le 
froid.  — Certaines  séries  de  Rosiers,  les 
Thés , les  lie  Bourbon,  etc.,  ne  peuvent  sup- 
porter un  froid  intense.  Pour  les  proté- 
ger l’hiver,  on  les  enveloppe  souvent  avec 
de  la  paille,  mais  ce  procédé  est  insuf- 
fisant ; quelquefois  aussi,  on  recourbe  vers 
le  sol  l’Églantier  sur  lequel  le  Rosier  est 
greffé,  et  on  enfouit,  à l’automne,  la  tête 
dans  une  tranchée  ouverte  à cet  effet.  Ce 
moyen  présente  un  inconvénient  : la  tor- 
sion que  l’on  fait  subir  à la  tige  du  Rosier 
distend  et  meurtrit  les  tissus  ligneux  et 
fatigue  considérablement  la  plante. 

Le  Jardinier  Suisse  relate  ainsi  qu’il 
suit  un  système  de  protection  qui,  parait- 
il,  a fait  ses  preuves  : 

Après  avoir  débarrassé  les  Rosiers  d’une 
partie  de  leurs  grands  rameaux,  en  les  taillant 
à 25  ou  30  centimètres  de  la  greffe,  on  enve- 
loppe cette  greffe  et  le  bas  des  rameaux  avec  du 
coton  et  des  étoupes  qui,  préalablement,  ont 
été  enroulés  en  forme  de  corde  grossière,  et 
enduits  de  mastic  à greffer.  Il  va  sans  dire  que 
l’on  nè  doit  pas  laisser  d’intervalles  entre  les 


27 

spirales  de  cette  garniture,  qui  garantit  les  ra- 
meaux contre  les  froids  intenses. 

C’est  là  une  précaution  assez  facile  à 
prendre,  et  nous  la  recommandons  à nos 
lecteurs. 

Un  pied  de  Vigne  remarquable.  — 

Notre  correspondant,  M.  Guilhot,  nous 
écrit  de  Tullins  (Isère),  une  lettre  intéres- 
sante, d’où  nous  extrayons  ce  qui  suit  : 

A quelques  kilomètres  d’ici,  sur  la  rive 
gauche  de  l’Isère,  après  avoir  traversé  le  pont 
de  Saint-Quentin-d’Isère,  se  trouve,  dans  le 
jardin  de  M.  Guillet,  un  pied  de  Vigne  Isabelle , 
planté  depuis  vingt-cinq  à vingt-sept  ans  ; ses 
rameaux,  étendus  sur  des  lattes  horizontales, 
couvrent  une  surface  de  200  mètres  carrés  ; la 
circonférence  de  son  tronc  est  de  51  centi- 
mètres sur  2m40  de  longueur.  En  1887,  sa 
production  a été  de  452  litres  de  vin  ! Ce  vin 
n’est  que  rose,  mais  d’un  bon  goût,  un  peu 
acidulé  et  d’un  piquant  agréable  ; si  la  qualité 
peut  laisser  à désirer,  il  n’en  est  pas  ainsi  de 
la  quantité. 

Avec  les  nouvelles  variétés  qu’on  commence 
à planter  ici,  nul  doute  qu’on  n’obtienne  de 
bons  résultats. 

Le  Senasqua  ira  bien  pour  la  plaine,  je 
crois,  et,  pour  les  coteaux,  les  plants  greffés 
permettront  de  réparer  les  dégâts  du  phylloxéra, 
en  conservant  les  qualités  de  vin  que  l’on 
préfère. 

Ce  sont  là  des  paroles  rassurantes  pour 
l’avenir  de  la  viticulture  française;  on  est 
toujours  heureux  de  les  enregistrer. 

Destruction  du  Mouron  des  oiseaux. 

— Cette  plante,  dans  les  terrains  gras,  lé- 
gers et  humeux  comme  le  sont  généra- 
lement ceux  où  l’on  cultive  les  légumes, 
pousse  en  quantité  telle  qu’elle  les  envahit 
très-promptement.  Elle  se  montre  surtout 
là  où  l’on  fume  avec  des  immondices  pro- 
venant des  balayures  des  rues  et  qui  cons- 
titue la  gadoue.  Aussi,  dans  les  envi- 
rons de  Paris,  où  cet  engrais  est  à peu  près 
général  et  même  le  seul  usité,  cette  plante 
est-elle  un  véritable  fléau.  Voici  un  moyen 
très-prompt  pour  se  débarrasser  du  Mou- 
ron qui  a poussé  à l’automne,  saison 
où  cette  plante  se  développe  avec  une  vi- 
gueur vraiment  inouïe.  C’est,  par  une  gelée 
assez  forte  et  sèche,  de  balayer  fortement 
le  sol  envahi.  C’est  le  moyen  employé  aux 
environs  de  Paris  et  qui  est  aussi  infaillible 
que  prompt. 

Rien  que  la  plante  soit  à peu  près  partout 
connue  sous  le  nom  de  « Mouron  »,  non 
seulement  elle  n’appartient  pas  à fcè  gêtire, 


28 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


mais  elle  est  même  d’une  autre  famille. 
C’est  le  Stellaria  media,  Willd.,  ou  Alsine 
media,  Linné,  de  la  famille  des  Caryophyl- 
lées.  Le  véritable  Mouron,  au  contraire, 
appartient  au  genre  Anagallis  et  fait  partie 
de  la  famille  des  Primulacées. 

Les  Tomates  lisses.  — On  commence 
à faire  à ces  Tomates,  que  l’on  a recher- 
chées avec  tant  d’empressement,  un  re- 
proche sérieux  s’il  était  réellement  fondé, 
ce  que  nous  n’avons  pas  encore  vérifié. 
Ce  reproche,  d’autant  plus  grave  qu’il  est 
formulé  par  les  ménagères,  qui,  en  la 
circonstance,  sont  assurément  très-com- 
pétentes, est  que  les  sauces  faites  avec  les 
Tomates  lisses  sont  beaucoup  plus  aqueuses, 
plus  claires , et  qu’elles  ont  moins  de 
goût  que  les  mêmes  sauces  faites  avec  des 
Tomates  côtelées.  Il  ne  faut  pas  cependant 
se  prononcer  trop  vite,  et-  il  convient  d’at- 
tendre les  résultats  d’une  plus  longue  ex- 
périence. 

Le  Laboratoire  de  pomologie.  — L’im- 
portante question  de  l’accroissement,  en 
France,  des  plantations  d’arbres  fruitiers  à 
cidre,  est  de  tous  côtés  à l’ordre  du  jour. 
Dans  cette  utile  entreprise,  le  choix  des 
variétés  à employer  doit  avant  tout  préoc- 
cuper les  planteurs,  car  la  quantité  et  la 
qualité  du  cidre  à obtenir  en  dépendent. 

Dans  chaque  région,  des  fruits  locaux 
existent,  mais  souvent  les  bases  manquent 
qui  permettraient  de  comparer  ces  variétés 
avec  d’autres,  souvent  préférables. 

Afin  de  remédier  à cet  état  de  choses  et 
de  favoriser  la  sélection  des  meilleures  va- 
riétés à employer,  M.  Truelle,  pharmacien 
à Trouville  (Calvados),  a ouvert,  dans  cette 
ville,  un  laboratoire  où  il  analyse  gratuite- 
ment les  échantillons  de  fruits,  de  cidres  et 
d’eaux-de-vie  de  cidre  qui  lui  sont  envoyés. 

Les  quantités  à envoyer,  pour  examen, 
sont  : 

Pour  les  fruits  de  pressoir,  trois  douzaines 
de  fruits  ; 

Pour  les  cidres,  un  litre  ; 

Pour  les  eaux-de-vie,  un  demi-litre. 

Il  va  sans  dire  que  les  demandes  de  ren- 
seignements doivent  contenir  l’affranchis- 
sement de  la  réponse. 

M.  Truelle  s’est  précédemment  distingué 
par  d’utiles  travaux  sur  la  pomologie.  Le 
laboratoire  qu’il  vient  de  fonder  rendra 
certainement  de  grands  services  à tous 
ceux  qui  s’occupent  de  la  culture  et  de 
l’exploitation  des  arbres  fruitiers  à cidre. 


L’Italie  et  la  Convention  de  Berne.  — 

Il  paraît  que  le  Gouvernement  italien  a 
présenté  au  Parlement  un  projet  de  loi 
tendant  à faire  adhérer  l’Italie  à la  Con- 
vention de  Berne. 

Tous  nos  vœux  sont  pour  la  réalisation 
de  cette  mesure,  qui  sera  un  acheminement 
vers  le  trafic  libre  des  végétaux  autres  que 
la  Vigne. 

Les  graines  et  plantes  vivantes 
offertes  par  le  Muséum  d’histoire  natu- 
relle en  1888.  — M.  Max.  Cornu,  pro- 
fesseur de  culture  au  Muséum,  vient  de 
faire  publier  la  liste  des  graines  et  plantes 
vivantes  que  le  Muséum  met  à la  disposition 
des  établissements  d’instruction  agricole  et 
horticole. 

Ce  catalogue  comprend  des  graines  de 
175  plantes  pour  jardins  botaniques,  et 
de  69  plantes  d’ornement  annuelles,  bisan- 
nuelles et  vivaces.  Pour  les  plantes  vivantes, 
les  espèces  vivaces  d’ornement  sont  au 
nombre  de  24  et  les  arbres  et  arbustes  au 
nombre  de  110.  Le  Muséum  peut  disposer, 
en  outre,  de  greffons  des  meilleures  variétés 
de  Poiriers  et  de  Pruniers,  et  de  plants  de 
Ramie. 

Les  demandes  doivent  être  envoyées  dans 
le  plus  bref  délai  possible. 

L’excellente  mesure  prise  par  M.  Cornu 
rendra  certainement  de  grands  services  à 
l’enseignement  horticole  en  général. 

Emploi  du  Pitch-Pin  dans  le  matériel 

horticole.  — Le  Pitch-Pin  est,  on  le  sait, 
de  plus  en  plus  employé  dans  la  menuiserie 
et  l’ébénisterie.  Le  bel  aspect  de  ce  bois,  sa 
légèreté  et  sa  solidité,  le  font  rechercher  à 
juste  titre  pour  tous  les  travaux  un  peu 
soignés. 

On  vient,  en  outre,  de  faire  à Orléans 
des  expériences  qui  sembleraient  démon- 
trer que  le  Pitch-Pin  serait  préférable  au 
Chêne  pour  la  construction  des  serres  et  des 
coffres  de  châssis. 

En  effet,  une  Comission  nommée  par  la 
Société  horticole  du  Loiret  s’est  réunie  pour 
procéder  à l’examen  de  morceaux  de  Pitch- 
Pin  et  de  Chêne,  que  l’un  de  ses  membres 
avait  enfouis,  pendant  six  mois  consécutifs, 
dans  du  fumier  chaud,  et  qu’il  avait  en- 
suite laissés  pendant  trois  mois  au  soleil  et 
à la  pluie. 

La  Commission  a constaté  que  le  Pitch- 
Pin  était  très-bien  conservé,  tandis  que  le 
Chêne  était  détérioré,  et  a déclaré,  à l’una- 
nimité, que  le  premier  de  ces  bois  était 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


29 


préférable  à l’autre  pour  la  construction  du 
matériel  horticole. 

Cette  expérience,  bien  qu’à  notre  avis  on 
ne  doive  pas  encore  la  considérer  comme 
concluante,  est  d’un  grand  intérêt.  Il  est 
désirable  qu’elle  soit  renouvelée  sur  une 
échelle  plus  vaste  et  dans  des  conditions  de 
milieux  aussi  variées  que  possible.  Le  ré- 
sultat de  ces  essais  permettra  d’émettre  une 
opinion  définitive. 

Création,  en  Belgique,  d’une  Société 
orchidophile.  — Il  vient  de  se  fonder,  à 
Gand,  un  cercle  ou  société  qui  s’occupera 
uniquement  des  Orchidées  et  qui,  entre 
autres  nombreuses  attributions,  organisera 
des  expositions  spéciales  pour  ces  plantes 
si  intéressantes.  Le  premier  secrétaire  de 
cette  Société  est  M.  A.  de  Meulenaere. 

Hommage  à la  mémoire  de  François 

Lacharme.  — Nous  avons  récemment  pu- 
blié la  liste  des  principales  Roses  obtenues 
par  Lacharme. 

L’importance  de  cette  liste,  au  double 
point  de  vue  de  la  quantité  et  du  mérite 
hors  ligne  de  la  plupart  des  variétés,  permet 
d’apprécier  ce  que  les  amateurs  de  Roses 
doivent  au  célèbre  semeur  lyonnais. 

Dans  le  but  de  faire  élever,  sur  la  tombe 
de  F.  Lacharme,  une  marque  de  reconnais- 
sance durable,  deux  comités  se  sont  cons- 
titués, l’un  à Paris,  sous  la  présidence  de 
M.  Eug.  Verdier;  l’autre  à Lyon,  sous  la 
présidence  de  M.  J.  Liabaud.  On  peut  en- 
voyer les  souscriptions  à M.  Pierre  Cochet, 
à Grisy-Suisnes  (Seine-et-Marne) , ou  à 
M.  Bernaix,  cours  Lafayette,  63,  à Villeur- 
banne, Lyon  (Rhône).  Pour  les  renseigne- 
ments, s’adresser  : à M.  Lévêque,  69,  rue 
du  Liégat,  à Ivry-sur-Seine  ; ou  à M.  Ni- 
colas, marchand  grainier,  à Lyon. 

Les  acquisitions  récentes  du  Muséum 
d’histoire  naturelle.  — D’après  de  ré- 
cents rapports  de  MM.  les  professeurs  et 
chefs  de  service  de  notre  Muséum  d’his- 
toire naturelle  de  Paris,  la  section  de  la 
chaire  de  classification  et  familles  natu- 
relles a reçu,  en  1886,  45,220  objets,  dont 
un  grand  nombre  sont  remarquables  par 
leur  valeur  scientifique.  Au  nombre  des 
collections  acquises  se  trouve,  on  le  sait, 
l’herbier  de  Lamarck,  qui  a été  acquis 
de  l’Université  de  Rostock,  et  qui  ne  con- 
tient pas  moins  de  10,000  échantillons. 


Cours  dehotanique  de  M.VanTieghem. 

— M.  Van  Tieghem,  professeur  de  bota- 
nique (anatomie  et  physiologie)  au  Muséum 
d’histoire  naturelle,  s’occupe  spécialement, 
cette  année,  de  la  classe  des  Champignons. 
Ses  cours  ont  lieu,  les  mardi,  jeudi  et 
samedi  de  chaque  semaine,  à huit  heures  et 
demie  du  matin,  au  Muséum.  Le  jeudi,  le 
cours  est  remplacé  par  une  manipulation 
portant  sur  les  matières  enseignées. 

Manuel  de  LÂcclimateur  (1).  — En 
attendant  que  nous  donnions  prochaine- 
ment prochain  numéro,  une  étude  du  nou- 
veau et  important  ouvrage  que  notre  savant 
collaborateur,  M.  Ch.  Naudin,  vient  de  faire 
paraître  sous  ce  titre,  nous  l’annonçons  avec 
grand  empressement. 

En  1881,  M.  Ferd.  Mueller,  de  Melbourne 
(Australie),  fit  paraître  ses  Extra-tropical 
plants , livre  précieux  pour  tous  ceux  qui 
s’occupent  de  l’acclimatation  des  végétaux. 
Une  traduction  française  du  texte  anglais 
était  nécessaire.  Or  ce  n’est  pas  une  traduc- 
tion de  cet  excellent  livre  que  M.  Naudin 
vient  de  nous  donner,  c’est  même  plus 
qu’une  adaptation,  c’est  un  traité  complet 
de  la  matière,  avec  tous  les  développements 
qu’elle  comporte.  Nous  aurons  grand  plaisir 
à dire,  en  détail,  à nos  lecteurs,  le  bien  que 
nous  pensons  de  ce  livre. 

Exposition  spéciale  de  Roses,  à An- 
vers. — Le  Cercle  des  rosiéristes  d’Anvers 
prépare,  pour  la  fin  de  juin  de  cette  année, 
une  grande  Exposition  internationale  de 
Roses. 

Le  programme  en  est  dès  aujourd’hui 
entre  les  mains  de  M.  J. -R.  Lenaerts,  pré- 
sident du  Cercle,  60,  rue  des  Fortifications, 
à Anvers. 

Ce  programme  sera  adressé  à toutes  les 
personnes  qui  en  feront  la  demande. 

Nécrologie  : M.  F.  Chevalier.  — Nous 
avons  le  regret  d’apprendre  la  mort  de 
M.  François-Charles-Désiré  Chevalier,  offi- 
cier d’Académie,  arboriculteur  à Montreuil, 
décédé  le  7 janvier  dernier,  à l’âge  de 
soixante-huit  ans.  M.  Chevalier  était  l’un 
de  nos  plus  habiles  praticiens  et  l’un  de  nos 
professeurs  d’arboriculture  les  plus  éclairés. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 

(1)  Paris,  Librairie  agricole  de  la  Maison  rus- 
tique, 26,  rue  Jacob.  Prix  : 7 fr. 


30 


INFLUENCE  DE  LA  CULTURE  SUR  LES  ORGANES  SEXUELS  DES  PLANTES. 


INFLUENCE  DE  LÀ  CULTURE 

SUR  LES  ORGANES  SEXUELS  DES  PLANTES  ET  SUR  LEUR  PRODUCTIVITÉ 


Le  but  de  cet  article  est,  comme  le  titre 
l’indique,  de  fixer  l’attention  sur  l’influence 
de  la  culture  sur  les  organes  sexuels  des 
plantes  et  sur  leur  productivité.  Cette  in- 
fluence est  très-sensible  et  de  la  plus 
grande  importance,  tant  pour  la  botanique 
que  pour  l’horticulture.  Je  suis  étonné  que 
les  auteurs  qui  ont  traité  ces  deux  sciences 
n’en  parlent  que  sommairement  ou  point 
du  tout. 

Examinons  l’affaire  sous  le  point  de  vue 
de  l’horticulture,  et  tenons  compte  de  la 
grande  différence  qu’il  y a entre  la  repro- 
duction des  plantes  par  graines  et  leur  régé- 
nération par  boutures. 

La  reproduction  par  graines  est  le  pro- 
cédé que  la  nature  a choisi  pour  nous 
donner  de  nouveaux  représentants  des  diffé- 
rentes espèces  du  règne  végétal.  Les  sujets 
obtenus  de  cette  façon  sont  évidemment  des 
plantes  nouvelles  et,  comme  autant  d’en- 
fants d’une  même  mère,  elles  peuvent  dé- 
vier légèrement  des  propriétés  de  celle-ci 
et  différer  les  unes  des  autres.  Il  est  à re- 
marquer qu’elles  possèdent  parfaitement  la 
faculté  de  porter  des  graines  propres  à la 
germination,  pourvu  qu’elles  se  trouvent 
dans  les  conditions  que  la  nature  leur  a in- 
diquées. 

A leur  tour  ces  graines,  devenues  plantes, 
transmettent  à leur  postérité  les  mêmes  fa- 
cultés, et  c’est  ainsi  que  le  règne  végétal  se 
maintient. 

Les  plantes  reproduites  par  boutures,  au 
contraire,  nous  montrent  un  état  tout  à fait 
différent.  Remarquons  d’abord  que,  par  la 
reproduction  par  boutures,  on  n’obtient  pas 
une  nouvelle  plante.  C’est  toujours  la  même 
plante  à laquelle  on  donne  de  nouvelles  ra- 
cines, et  elle  ne  fait  que  continuer  la  vie 
qu’elle  avait  reçue  jadis.  Une  plante  revi- 
vifiée de  cette  manière  peut  vivre  conti- 
nuellement, et  il  y a tout  lieu  de  croire  que 
beaucoup  de  nos  arbres  fruitiers  et  de  nos 
plantes  ornementales  subsistent  de  la  sorte 
depuis  bon  nombre  d’années,  ou  même  de- 
puis bien  des  siècles. 

Nous  voyons  que  les  plantes  reproduites 
par  boutures,  éclats,  marcottes,  rhizomes, 
ou  autres  parties  qui  ne  sont  pas  les 
graines,  éprouvent  à la  longue  une  grande 


altération  dans  leurs  organes  sexuels.  On 
ne  s’en  aperçoit  pas  à la  première  généra- 
tion, si  je  puis  donner  ce  nom  au  renouvel- 
lement de  la  plante,  mais  si  l’on  continue  la 
culture  de  cette  même  façon,  on  ne  tardera 
pas  à l’éprouver.  Les  anthères  n’ont  plus 
cette  surabondance  de  pollen  qui  caractérise 
les  plantes  venues  de  graines  et  souvent 
même  le  pollen  est  stérile,  ou  bien  ils  ne 
contiennent  pas  de  pollen  du  tout.  Les  éta- 
mines ont  une  tendance  à se  changer  en 
pétales,  et  les  ovaires  restent  dépourvus  de 
graines.  Parfois,  si  les  plantes  ne  sont  pas 
encore  dénaturées  jusqu’à  ce  point,  elles 
produisent  des  graines,  mais  en  si  petit 
nombre  et  si  rapetissées,  qu’elles  ne 
peuvent  pas  être  comparées  avec  celles  de  la 
même  espèce,  récoltées  sur  une  plante 
poussée  de  graine. 

Pour  autant  que  les  fruits  produits  par 
ces  plantes  ont  un  péricarpe  ou  une  pulpe, 
cette  pulpe  est  ordinairement  d’une  épais- 
seur démesurée.  On  dirait  que  la  sève,  qui 
ne  trouvait  pas  de  graine  à nourrir,  a servi 
à augmenter  la  masse  de  pulpe.  Tel  est  le 
cas  de  plusieurs  arbres  fruitiers  et  autres 
plantes  exotiques.  C’est  surtout  dans  les 
Orangers  que  l’on  remarque  ce  fait.  Les 
Orangers,  reproduits  depuis  bon  nombre 
d’années  par  le  marcottage,  qui  est  ici  le 
mode  commun  de  reproduction,  portent  des 
fruits  sans  ou  avec  peu  de  pépins.  Mais  ce 
n’est  pas  seulement  dans  les  Orangers  que 
l’on  voit  la  disparition  des  facultés  repro- 
ductives. 

La  Canne  à sucre  nous  en  offre  un  exemple 
encore  bien  plus  remarquable.  Cette  Canne 
est  cultivée  ici  de  temps  immémorial,  par 
boutures,  et  actuellement  on  pourrait  exa- 
miner des  millions  de  panicules  de  cette 
espèce  sans  trouver  une  seule  graine.  Une 
graine  de  canne  à sucre  est  devenue  un 
objet  de  la  plus  grande  rareté. 

Un  autre  phénomène  constaté  dans  la 
Canne  à sucre  est  que,  dans  le  cours  des 
années,  la  masse  de  fibres  textiles  de  ses 
tiges  a perdu  beaucoup  de  son  importance 
en  faveur  des  masses  charnues,  qui  sont  de- 
venues plus  considérables. 

J’attribue  ce  changement  dans  les  subs- 
tances de  la  Canne  à sucre  également  à la 


POIRE  BERGAMOTE  D’HIVER. 


31 


reproduction  par  boutures.  Qu’on  ne  pense 
pas  que  la  substance  de  la  Canne  a changé 
parce  que  les  planteurs  n’ont  pris  des  bou- 
tures que  sur  les  plantes  qui  leur  semblaient 
contenir  moins  de  matières  fibreuses  et 
plus  de  masse  charnue.  Non,  ici  la  cul- 
ture n’est  pas  encore  si  avancée  que  cela. 
On  prend  les  boutures  telles  qu’on  les  a,  et 
ce  n’est  que  depuis  peu  de  temps  que  l’on 
importe  des  boutures  d’autres  contrées,  où 
elles  ne  sont  pas  mieux  triées  qu’ici. 

Enfin,  tout  ce  que  je  vois  m’indique 
qu’ici  la  reproduction  par  boutures  et  par 
marcottes  enlève  aux  végétaux,  sinon  entiè- 
rement, du  moins  partiellement,  leur  faculté 
génératrice. 

Je  serais  fort  étonné  si,  en  Europe,  les 
plantes  ne  subissaient  pas  une  altération 
analogue,  peut-être  moins  sensible,  mais 
pourtant  essentielle.  Si  tel  est  le  cas  pour 
la  reproduction  par  boutures  et  par  mar- 
cottes, je  ne  vois  pas  pourquoi  il  en  serait 
autrement  pour  la  reproduction  par  éclats 
et  par  greffes,  qui,  évidemment,  ne  sont 
que  des  boutures.  En  effet,  les  oignons  sont 
toujours  cultivés  ici  d’éclats,  et  jamais  on 
n’en  voit  les  individus  en  graines. 

Le  fait  est  de  la  plus  haute  importance 


pour  certaines  cultures,  par  exemple  pour 
le  Café  et  le  Cacao.  Je  ne  veux  pas  dire 
qu’on  a l’habitude  de  reproduire  ces  végé- 
taux de  boutures;  je  tiens  seulement  à 
constater  qu’il  y aurait  erreur  à le  faire, 
car,  ayant  des  plantes  moins  propres  à 
fructifier,  on  aurait  des  récoltes  moins  abon- 
dantes. 

Nous  savons  tous  que,  pour  une  quantité 
d’arbres  fruitiers  et  de  plantes  ornemen- 
tales, le  mode  de  reproduction  à suivre  est 
juste  le  contraire;  mais,  dans  ces  plantes- 
là,  on  ne  cherche  pas  le  développement  des 
graines.  Si,  pour  reproduire  les  bonnes 
Poires,  Pommes,  Pêches,  etc.,  on  se  servait 
de  graines  (pépins  et  noyaux),  ces  bonnes 
espèces  ou  variétés  bientôt  n’existeraient 
plus  avec  les  mêmes  qualités  que  nous  ad- 
mirons actuellement. 

Je  n’ai  parlé  de  la  culture  que  sous  le 
rapport  du  bouturage  et  des  autres  traite- 
ments (greffage,  marcottage,  etc.),  plus  ou 
moins  de  même  nature,  mais  je  suis  tenté 
de  croire  que  toute  taille  des  branches  et 
des  racines  et  toute  mutilation  doit  avoir 
une  certaine  influence  analogue. 

F.  de  Rijk, 

A Soerabaia  (Java). 


POIRE  BERGAMOTE  D’HIVER 


Obtenue  par  M.  A.  Boisseîot,  de  Nantes, 
la  Poire  Bergamote  d'hiver , qui  vient 
d’être  mise  au  commerce  par  M.  Dauvesse, 
pépiniériste  à Orléans,  va  grossir  encore  le 
nombre  des  bonnes  Poires;  les  amateurs  ne 
s’en  plaindront  pas.  Voici  les  caractères  de  la 
variété  en  question  : 

Le  pied-mère,  qui  mesure  plus  de  trois 
mètres  de  hauteur,  forme  une  pyramide  très- 
régulière,  bien  qu’il  n’ait  jamais  été  taillé,  ce 
qui  est  d’un  bon  augure  et  semble  démon- 
trer que  l’arbre  se  « fera  » bien.  Ses 
branches  vigoureuses,  subdressées,  sont  suf- 
fisamment espacées,  de  sorte  que  l’ensemble 
forme  une  pyramide  élégante  quoique  rela- 
tivement serrée.  Ajoutons  à cela  que  cette 
variété  est  extrêmement  fertile,  et  que  ses 
fruits  sont  de  toute  première  qualité.  Fruit 
surbaissé  ou  subsphérique,  atteignant 
6-7  centimètres,  souvent  plus,  de  diamètre, 
ordinairement  un  peu  moins  haut  que 
large,  rappelant  assez,  par  son  ensemble,  la 
Poire  Olivier  de  Serres,  et  déprimé  aux 


deux  bouts.  Queue  droite,  plutôt  effilée  que 
renflée  à l’extrémité.  Cavité  pédonculaire 
assez  largement  ouverte  en  entonnoir.  Ca- 
vité ombilicale  large,  peu  profonde.  Peau 
d’un  gris  « crotté  » par  de  larges  taches  qui, 
par  leur  rapprochement,  arrivent  à couvrir 
complètement  le  fruit  et  à lui  donner  un  peu 
l’aspect  d’un  Messire  Jean  (du  moins  comme 
couleur).  Chair  très-fondante  et  abondam- 
ment juteuse,  sucrée,  agréablement  par- 
fumée, finement  musquée. 

Par  l’abondance  et  la  qualité  de  ses  fruits, 
la  Bergamote  d'hiver  est  une  sorte  d’au- 
tant plus  précieuse  au  point  de  vue  de  la 
spéculation,  que  l’arbre  ne  jachère  pas  et 
que  ses  fruits,  très-solidement  attachés,  ré- 
sistent bien  aux  vents,  ce  qui  fait  que 
cette  espèce  est  aussi  très-propre  au  verger. 

La  Poire  Bergamote  d'hiver  mûrit  ses 
fruits  à partir  de  fin  novembre  ; et  la  matu- 
rité, suivant  le  cas,  se  prolonge  jusqu’en 
janvier,  parait-il. 

E.-A.  Carrière. 


32 


LES  MUSACÉES  ORNEMENTALES  ET  ÉCONOMIQUES. 


LES  MUSACÉES  ORNEMENTALES  ET  ÉCONOMIQUES 


Les  Musacées  sont  des  plantes  herbacées, 
vivaces,  à racines  fibreuses,  les  unes  acaules 
quoique  souvent  d’une  taille  gigan- 
tesque, les  autres  à tige  plus  ou  moins  déve- 
loppée, demi-ligneuse  et  assez  semblable  à 
un  tronc  d’arbre,  mais  ne  se  ramifiant 
jamais.  Leurs  feuilles,  longuement  pétiolées 
et  engainantes  à la  base,  glabres  et  très- 
lisses,  sont  elliptiques  ou  oblongues,  soute- 
nues par  une  forte  nervure  médiane  d’où 


partent  des  nervures  plus  fines  et  toutes 
parallèles,  se  dirigeant  obliquement  vers 
les  bords  du  limbe  sans  s’anastomoser  entre 
elles.  Dans  les  Bananiers,  ces  feuilles  peu- 
vent acquérir  3 à 4 mètres  de  longueur  en 
y comprenant  le  pétiole.  Ces  végétaux  sont 
un  des  plus  beaux  ornements  des  serres 
chaudes  par  leur  feuillage  et  par  le  riche 
coloris  de  leurs  fleurs. 

La  famille  des  Musacées  ne  renferme  qu’un 


Fig.  6.  — Musa  Ensete. 

Jeune  plante  de  deux  ans,  au  20*  de  grandeur  naturelle. 


très-petit  nombre  d’espèces  réparties  dans 
les  genres  Musa , Ravenala , Heliconia  et 
Strelitzia. 

Genre  Musa. 

Le  Bananier  (Musa)  est  un  genre  qui  a 
donné  son  nom  à la  famille  des  Musacées, 
dont  il  est  le  type  le  plus  complet  et  le  plus 
important.  Ces  plantes  sont  des  herbes  de 
dimensions  colossales  et  que,  pour  cette  rai- 
son, on  décrit  comme  des  arbres.  Leur  axe, 
très-court,  porte  des  feuilles  alternes  mu- 
nies d’une  gaine  large  et  longue,  terminées 
par  un  limbe  très-développé,  garni  en  des- 


sous d’une  nervure  dorsale  saillante  à la- 
quelle viennent  aboutir  des  nervures  secon- 
daires obliques. 

En  s’emboîtant  les  unes  dans  les  autres, 
ces  gaines  simulent  une  tige  uniquement 
composée  de  parties  appendiculaires  et  au 
sommet  de  laquelle  s’étalent  les  limbes  ré- 
fléchis des  feuilles,  ce  qui  donne  à la  plante 
l’aspect  et  le  port  d’un  Palmier.  Pour  com- 
pléter l’analogie,  du  milieu  des  feuilles  sort 
un  régime  allongé  et  recourbé.  C’est  un  épi, 
chargé  d’un  grand  nombre  de  bractées 
alternes  provenant  d’une  modification  des 
feuilles  et  qui  contiennent  dans  leur  aisselle 


LES  MUSACÉES  ORNEMENTALES  ET  ÉCONOMIQUES. 


33 


des  fleurs  sessiles  en  nombre  plus  ou  moins 
considérable.  Le  fruit,  surmonté  d’une  cica- 
trice terminale,  est  une  baie  à graines  sou- 
vent avortées  ou  rudimentaires  insérées  sur 
le  placenta  par  un  ombilic  large  et  déprimé, 
et  renfermant  sous  leurs  téguments,  quand 
elles  sont  bien  développées,  un  embryon 
entouré  d’un  albumen  abondant.  Après 
avoir  porté  des  fruits,  la  plante  meurt,  à 
moins  que  sur  sa  souche,  alimentée  par  dé 


nombreuses  racines  adventives,  ne  se  déve- 
loppent des  bourgeons  qui  servent  à la  re- 
produire. 

Les  régions  tropicales  de  l’Ancien  Monde 
paraissent  être  la  patrie  des  Bananiers,  dont 
quelques-uns,  à cause  de  leur  utilité,  ont 
été  répandus  dans  tous  les  pays  où  le  climat 
en  permet  la  culture.  Les  espèces  comes- 
tibles abondent  dans  les  deux  Amériques, 
en  Afrique  et  en  Océanie. 


Fig.  7.  — Muaa  superba. 

Plante  fleurie,  au  20*  de  grandeur  naturelle. 


Le  genre  Musa  renferme  environ  une 
vingtaine  d’espèces,  qui  intéressent  autant 
l’horticulture  que  l’agriculture  coloniale  et 
la  botanique.  Toutes  appartiennent  à la 
zone  intertropicale.  La  plupart  sont  asia- 
tiques ; une  est  océanienne,  une  autre  est 
australienne  et  deux  sont  africaines.  Les 
espèces  comestibles  ont  fourni  un  grand 
nombre  de  variétés. 

On  peut  diviser  les  Bananiers  en  deux 
parties,  savoir  : les  Bananiers  à feuilles  et 


à fleurs  ornementales,  et  les  Bananiers  à 
fruits  comestibles. 

BANANIERS  A FEUILLES  ET  A FLEURS 
ORNEMENTALES. 

Le  type  principal  des  Bananiers  géants 
est  sans  contredit  le  Musa  Ensete,  Gmel., 
d’Abyssinie  (fig.  6).  C’est  en  effet  le  plus 
remarquable,  le  plus  grand,  le  plus  majes- 
tueux des  Bananiers.  Cette  herbe  gigan- 
tesque a été  découverte  en  1768,  par  James 


34 


LES  MUSACÉES  ORNEMENTALES  ET  ÉCONOMIQUES. 


Bruce,  lors  de  son  expédition  à la  recherche 
des  sources  du  Nil.  Ce  Musa  est  originaire 
de  l’Abyssinie  et  des  montagnes  et  hauts  pla- 
teaux voisins  dans  l’Afrique  orientale.  Il  est. 
introduit  depuis  une  trentaine  d’années  dans 
les  jardins,  où  il  est  cultivé  en  pleine  terre, 
pendant  l’été,  sous  le  climat  de  Paris  ; mais 
il  faut  le  rentrer  en  serre  tempérée  l’hiver. 
Dans  le  Midi  de  la  France  (Marseille,  Nice), 
il  passe  l’hiver  en  pleine  terre,  et  il  com- 
mence à donner  des  graines  fertiles  dans 
cette  région.  En  Algérie,  ce  Musa  est  vivace 
et  y produit  des  semences  qui  servent  à le 
reproduire,  attendu  qu’il  ne  donne  pas  de 
rejetons  à sa  base. 

La  tige  de  cette  plante,  y compris  les  bases 
engainantes  des  pétioles  dont  elle  est  en 
majeure  partie  formée,  a quelquefois  près 
de  3 mètres  de  tour  à la  base  et  sa  hauteur 
dépasse  parfois  6 mètres,  suivant  la  qualité 
du  terrain  et  les  soins  qu’on  lui  donne.  Les 
pétioles  sont  comparativement  courts  et 
d’une  belle  teinte  rouge,  ainsi  que  la  ner- 
vure médiane  qui  leur  fait  suite  (il  arrive 
parfois  aussi  que  cette  teinte  rouge  qui 
orne  la  plante  se  trouve  absente)  ; les  feuilles 
atteignent  5 mètres  de  longueur  sur  lm  50 
de  largeur.  L’inflorescence  est  proportionnée 
au  reste  de  la  plante  ; elle  donne  naissance 
à des  graines  qui  sont  d’une  couleur  noire 
et  du  volume  d’une  grosse  Noisette;  ces 
semences  sont  comestibles  en  Abyssinie, 
parce  qu’elles  contiennent  une  fécule  qui 
remplace  le  pain  chez  les  indigènes  de  cette 
contrée.  Ce  Bananier  fructifie  vers  l’âge  de 
trois  à quatre  ans. 

En  Abyssinie,  le  bourgeon  central  de  la 
base  de  la  tige,  coupée  avant  que  la  plante 
n’ait  développé  ses  grandes  feuilles  est 
mangé  cuit  et  fournit  à l’alimentation  une 
ressource  importante.  Voici,  d’après  le  voya- 
geur italien  Bianchi  et  M.  Antoine  d’Abba- 
die,  qui  ont  voyagé  chez  les  Gallas  (Abyssi- 
nie), des  renseignements  sur  la  manière 
dont  procèdent  ces  indigènes  pour  employer 
le  Musa  Ensete  comme  plante  alimen- 
taire. 

D’après  Bianchi,  lorsque-  ce  Bananier 
est  arrivé  à l’âge  de  quatre,  cinq  ou  au 
plus  six  ans,  il  est  entièrement  développé  ; 
il  mesure  alors  4 à 5 mètres  de  hauteur  ou 
même  davantage.  Sans  attendre  qu’il  fleu- 
risse et  fructifie,  on  le  coupe  au  pied  pres- 
que ras  de  terre,  et  ensuite  on  en  détache 
toute  la  portion  supérieure  sur  une  lon- 
gueur de  2 mètres.  Cette  portion  supé- 
rieure comprend  les  limbes  de  feuilles  qui 
servent  surtout  à la  nourriture  du  bétail. 


C’est  de  la  partie  restante  et  spécialement 
des  pétioles  qu’on  extrait  la  pâte  alimen- 
taire. Or,  cette  même  partie  est  fournie  par 
des  feuilles  d’âges  différents  qu’on  divise  en 
trois  catégories  pour  en  obtenir  trois  qua- 
lités de  pâtes.  Dans  le  pétiole  des  feuilles 
extérieures,  qui  sont  par  conséquent  les  plus 
vieilles,  la  couche  externe  est  épaisse  et 
très-fibreuse  ; même  les  faisceaux  qui  par- 
courent la  portion  médullaire  plus  interne 
constituent  des  filaments  assez  résistants. 
Aussi,  lorsqu’on  extrait  cette  moelle  en  ra- 
clant après  avoir  fendu  le  pétiole,  n’obtient- 
on  qu’une  pâte  grisâtre  entremêlée  des  dé- 
bris de  ces  filaments  et  de  qualité  tout  à 
fait  inférieure,  qui  donnera  seulement  un 
pain  consommé  par  les  pauvres  gens.  Les 
feuilles  plus  intérieures,  étant  notablement 
plus  jeunes,  ont  leur  limbe  incomplètement 
développé  et  blanc  dans  sa  portion  infé- 
rieure, qui  n’était  pas  encore  venue  au 
jour.  Leur  pétiole  offre,  pour  parler  comme 
Bianchi , une  écorce  plus  mince  et  une 
moelle  plus  blanche,  moins  spongieuse,  et 
en  somme  meilleure.  On  en  fait  un  pain 
plus  acceptable,  dont  se  nourrissent  surtout 
les  esclaves  et  les  soldats.  Enfin  les  feuilles 
tout  à fait  intérieures  ont  un  limbe  rudi- 
mentaire. Leur  jeune  pétiole  a eu  à peine 
le  temps  de  se  munir  à l’extérieur  de 
quelques  couches  de  filaments  déliés  et 
tout  le  reste  de  sa  substance  est  une 
moelle  pure,  qui  constitue  une  pâte  blanche, 
compacte,  de  première  qualité.  Le  pain 
qu’elle  donne  est  la  nourriture  des  maîtres, 
et,  en  général,  des  personnes  en  bonne 
position.  Même  au  centre  et  vers  la  base  de 
la  tige,  la  partie  de  laquelle  émanent  suc- 
cessivement les  feuilles  naissantes  forme 
une  masse  cellulaire  encore  plus  délicate, 
que  d’ordinaire  on  ajoute  à la  pâte  de  qua- 
lité supérieure  ; parfois  aussi,  coupée  en 
tranches  et  cuite  sans  autre  préparation, 
elle  constitue  un  aliment  assez  insipide 
tel  qu’on  le  mange,  mais  susceptible,  se- 
lon le  voyageur  italien,  de  devenir  assez 
bon  s’il  était  assaisonné.  Les  trois  qualités 
de  pâte  d’Ensète,  dont  on  vient  de  voir  la 
nature  et  le  mode  d’extraction,  ne  sont 
jamais  mélangées;  en  outre,  elles  ne  servent 
^ que  beaucoup  plus  tard  à faire  le  pain.  En 
effet,  après  les  avoir  retirées  des  feuilles,  on 
creuse  en  terre  trois  fosses  dont  on  couvre 
le  fond  et  les  faces  latérales  avec  une  couche 
de  feuilles  d’Ensète  qu’on  a soin  de  laisser 
s’élever  au  delà  des  bords  de  l’orifice.  On 
dépose  ensuite  dans  chacune  des  trois  fosses 
l’une  des  trois  qualités  de  pâte,  après  quoi, 


LES  MUSACÉES  ORNEMENTALES  ET  ÉCONOMIQUES. 


35 


appliquant  sur  cette  provision  alimentaire 
la  partie  supérieure  des  feuilles  qu’on  avait 
fait  déborder,  on  forme  a celle-ci  une 
bonne  couverture  qu’on  maintient  en  place 
en  la  chargeant  de  grosses  pierres.  Une  fer- 
mentation s’opère  bientôt  dans  la  matière 
emmagasinée,  qui,  par  suite,  s’acidifie  sen- 
siblement, et  qui,  néanmoins,  reste  ainsi 
enfermée  le  plus  souvent  pendant  une 
année,  parfois  aussi  pendant  deux  et  même 
trois  années. 

C’est  après  cette  longue  conservation 
qu’on  en  fait  le  pain.  Pour  cela,  la  pâte  plus 
ou  moins  fermentée,  que  les  Gallas  appellent 
lett,  est  retirée  des  fosses  en  autant  de  mor- 
ceaux qu’on  veut  faire  de  pains,  et  cela  en 
quantité  proportionnée  aux  besoins  journa- 
liers. Elle  ne  subit  aucune  préparation  ni 
addition  et  elle  est  cuite  immédiatement 
dans  des  fours  appelés  mogogo.  D’après 
M.  Antoine  d’Abbadie,  ces  fours  consistent 
en  deux  sortes  de  cuvettes  en  terre  cuite, 
mesurant  environ  75  centimètres  de  dia- 
mètre, qu’on  renverse  l’une  sur  l’autre  et 
dont  l’une,  qu’on  superpose  à l’autre,  est 
plus  fortement  concave,  de  telle  sorte  qu’il 
reste  une  cavité  entre  les  deux.  On  étale 
la  pâte  en  couche  mince  sur  la  con- 
vexité de  la  cuvette  inférieure,  sous  laquelle 
on  fait  du  feu  qui  opère  la  cuisson  du  pain 
ou,  plus  exactement,  de  la  galette  d’Ensète. 
M.  Antoine  d’Abbadie  ajoute  que  les  Gallas 
trouvent  aussi  un  aliment  dans  les  racines 
de  leur  Bananier.  La  substance  de  ces  ra- 
cines a semblé  à M.  Antoine  d’Abbadie  in- 
termédiaire pour  la  saveur  entre  une  Pomme 
de  terre  et  une  Patate,  mais  plus  fine  que 
celle  d’une  Pomme  de  terre,  et  il  a reconnu 
qu’elle  devenait  d’autant  meilleure  qu’on  la 
prenait  plus  près  de  l’extrémité.  C’est  un 
aliment  préférable  au  pain  d’Ensète,  mais 
beaucoup  plus  rare. 

Pour  multiplier  leur  unique  plante  ali- 
mentaire, les  Gallas  emploient  le  procédé 
suivant  ; cette  indication  est  fournie  par 
Bianchi.  On  a vu  plus  haut  que  les  Gallas, 
pour  récolter  leur  Ensète,  les  coupent  pres- 
que ras  de  terre.  Bs  arrachent  alors  la  par- 
tie qui  est  restée  dans  le  sol  et  en  sup- 
priment les  racines.  Us  creusent  ensuite  en 
terre  des  trous  larges  et  profonds  dont  ils 
ameublissent  le  fond  et  dans  chacun  des- 
quels ils  préparent  une  bonne  couche.  Bs  y 
plantent  ces  sortes  de  grosses  boutures 
ébarbées,  qu’ils  entourent  de  bonne  terre 
meuble  et  dont  ils  ont  soin  de  laisser  la  sec- 
tion peu  au-dessus  du  niveau  du  sol.  Bs 
fument  enfin  tout  autour  avec  du  fumier  de 


vache.  L’enracinement  a lieu  en  peu  de 
temps  ; après  quoi  tout  autour  de  la  section 
restée  un  peu  hors  de  terre  apparaissent 
des  bourgeons  en  nombre  variable,  de  dix  à 
vingt  selon  la  grosseur  et  la  vigueur  du 
tronçon  bouture.  Ces  bourgeons,  touchant 
le  sol  par  leur  partie  inférieure,  émettent 
bientôt  des  racines.  Lorsqu’ils  ont  atteint 
environ  30  centimètres  de  longueur,  on  les 
détache  de  la  mère  et  on  les  plante  en  pépi- 
nière et  en  lignes,  en  les  espaçant  de  30  cen- 
timètres en  tous  sens.  Le  tronc  resté  en 
place  ne  tarde  pas  à périr.  Au  bout  d’un  an 
de  plantation,  les  jeunes  pieds  ainsi  obte- 
nus sont  assez  forts  pour  être  transplantés 
à leur  place  définitive.  On  en  fait  de  grandes 
plantations  en  les  espaçant  à 2 mètres 
dans  tous  les  sens.  Ce  sont  les  pieds  ainsi 
plantés  qui  après  quatre,  cinq  ou  au  plus  six 
années  de  plantation,  fournissent  la  matière 
d’une  récolte  (1).  En  Abyssinie,  le  suc  du 
Musa  Ensete  passe  pour  un  diaphorétique 
puissant. 

En  1884,  j’ai  introduit  ce  Bananier  au 
Sénégal  ; plusieurs  pieds  ont  été  plantés 
dans  le  jardin  du  Gouvernement  à Saint- 
Louis,  ainsi  que  dans  la  pépinière  du  ser- 
vice local,  sise  à Sor  ; ces  plantes  ont  très- 
bien  poussé  tant  que  j’ai  pu  leur  donner 
des  soins,  mais  ayant  été  obligé  de  rentrer 
en  France  quelques  mois  après  pour  cause 
de  santé,  il  en  résulta  que,  pendant  mon 
absence,  ces  plantes  furent  négligées,  et  à 
mon  retour  dans  la  colonie  en  1885,  je  ne 
pus  que  constater  leur  mort;  ce  fait  est 
d’autant  plus  regrettable  que  ces  végétaux 
auraient  pu  se  naturaliser  dans  ce  pays  et 
étaient  appelés  à y rendre  des  services  tant 
économiques  qu’industriels. 

Le  Musa  superba,  Roxburgh  (fig.  7),  est 
une  espèce  des  montagnes  de  la  péninsule 
de  l’Indoustan  ; il  est  cultivé  au  jardin  bota- 
nique de  Calcutta  et  dans  les  serres  d’An- 
gleterre et  de  Belgique  ; il  égale  presque,  pour 
la  dimension  de  ses  feuilles  le  Musa  En- 
sete, mais  il  a la  tige  plus  basse  et  présente 
un  fruit  ovoïde  de  la  grosseur  d’un  œuf 
d’oie,  jaunâtre,  presque  sec,  qui  contient  des 
graines  petites  et  très-nombreuses.  Ce 
Musa  ne  donne  pas  de  rejetons  au  pied; 
Roxburgh  ne  le  signale  pas  et  Hooker 
affirme  qu’il  ne  s’en  produit  pas.  C’est  une 

(1)  Ce  procédé  est  tout  à fait  artificiel,  parce 
que  la  nature  de  cette  plante  n’est  pas  d’émettre 
des  bourgeons  à ,sa  base.  Autrefois,  ce  moyen  a 
été  employé  au  Jardin  des  Plantes  de  Paris,  il  y a 
environ  25  à 30  ans,  pour  faire  drageonner  certaines 
espèces  de  Bananiers. 


36 


GENISTA  HISPANICA. 


plante  très -ornementale  dont  on  devrait 
essayer  la  culture  en  Algérie,  aux  Canaries, 
en  Espagne,  en  Portugal  et  autres  climats 
analogues. 

Le  Musa  nepalensis,  Wallich,  serait  une 
variété  locale  du  Musa  superba,  d’après 
Horaninow. 

Le  Musa  glauca , Roxb.,  est  originaire  du 
Pégu,  c’est-à-dire  des  provinces  orientales 
de  l’Inde  attenantes  à la  Birmanie.  Sa  tige, 
haute  de  3 à 4 mètres,  est  moins  épaisse 
que  celle  des  espèces  précédentes  ; les  feuilles 
ont  la  dimension  de  celles  du  Musa  ordi- 
naire. Horaninow  dit  que  les  fleurs  ressem- 
blent à celles  du  Musa  superba.  Le  fruit 
est  oblong,  un  peu  trigone,  coriace  et  sec  à 
la  maturité;  il  est  long  de  12  à 15  centimè- 
tres et  renferme  un  petit  nombre  de  graines 
noirâtres,  de  la  grosseur  d’une  Fève. 

Musa  Livingstoniana , Kirk.  — Es- 
pèce africaine  très-voisine  du  M.  Ensete  ; 
elle  en  diffère  surtout  par  les  graines,  plus 
petites  et  plus  nombreuses.  Cette  plante  a 
été  trouvée  à Gorongozo  par  19  degrés  de  lati- 
tude sud,  à Maravi,  et  12  degrés  de  latitude 
sud  dans  la  région  du  Niger,  où  il  croît  en 
groupe.  Ce  Bananier  est  arrivé  au  Jardin 
des  Plantes  de  Paris  en  octobre  1887. 

Dans  une  note  publiée  sur  le  genre  Musa 
par  M.  le  docteur  Sagot,  ce  botaniste  distin- 
gué indique  quelques  modifications  princi- 
pales que  peuvent  exercer  le  climat  et  le 
sol  sur  les  Bananiers  à grandes  feuilles. 

1 0 Sous  un  climat  continuellement  chaud 


et  humide,  ces  plantes  s’élèvent  beaucoup 
plus  haut  et  poussent  plus  rapidement. 
Cependant  leur  floraison  peut  être  plus  tar- 
dive à cause  d’une  prolongation  de  la  pousse 
foliacée  très-vigoureuse  ; 

2°  Sous  un  climat  chaud  et  humide,  dans 
un  sol  stérile,  il  est  possible  et  probable 
même  que  leur  végétation  devienne  lente, 
misérable,  languissante , que  la  floraison 
se  produise  tardivement,  incomplètement  et 
même  pas  du  tout  pour  beaucoup  de  pieds, 
qui  montrent  alors  une  fausse  apparence  de 
plantes  vivaces,  comme  l’a  vu  M.  Sagot  à la 
Guyane,  pour  YUrania  amazonica.  Cela 
expliquerait  pourquoi  certains  auteurs 
disent  que  la  floraison  du  M.  superba  est 
rare  dans  l’Inde,  pourquoi  Bojer  ( Hortus 
mauritianus)  dit  que  le  M.  glauca  fleurit 
rarement  dans  le  jardin  botanique  de  Mau- 
rice et  qu’il  est  vivace.  Cette  influence 
complexe  de  la  chaleur,  de  l’humidité  et  de 
la  fertilité  du  sol  explique  les  grandes  iné- 
galités de  développement  et  de  durée  d’évo- 
lution qui  ont  été  remarquées  sous  divers 
climats  sur  le  M.  Ensete  et  le  M.  superba. 
La  même  espèce  a fleuri  à cinq  ans,  à deux 
et  à trois  ans,  a donné  un  régime  portant 
des  fruits  ou  un  régime  constitué  seulement 
par  des  fruits  stériles,  a fleuri  constamment 
et  facilement,  ou  n’a  fleuri  que  rarement. 
Ces  contradictions  physiologiques  appa- 
rentes sont  fréquentes  dans  l’histoire  des 
Musacées. 

Henri  Joret. 


GENISTA  HISPANICA 


Il  est  peu  de  plantes  aussi  ornementales 
que  celle-ci.  Mais,  outre  ce  mérite,  elle  a 
celui  d’être  rustique  et  de  supporter  assez 
bien  le  froid  de  nos  hivers.  Malgré  cela  elle 
est  peu  répandue  et  même  à peine  connue 
dans  les  cultures  commerciales,  dans  les- 
quelles, pourtant,  elle  est  digne  d’occuper 
une  place  importante.  En  voici  une  descrip- 
tion sommaire  : 

Plante  naine,  formant  un  large  buisson  un 
peu  déprimé,  très-compact,  régulier  et  ne 
« s’emportant  » jamais.  Jeunes  pousses  foliées 
non  épineuses,  à feuilles  sessiles,  ovales.  Ra- 
meaux ligneux,  durs,  aphylles,  excessivement 
épineux,  très-ramifiés,  rappelant  assez  exac- 
tement ceux  de  l’Ajonc  marin,  mais  plus  petits 
et  dressés.  Inflorescences  terminales  à l’extré- 
mité des  bourgeons,  rappelant  un  peu  celles 
des  Coronilles.  Fleurs  très-courtement  pédicel- 
lées,  d’un  très-beau  jaune  d’or  foncé.  Galyce  à 


divisions  courtes,  étroitement  appliquées.  Bou- 
tons jaune  roux  bronzé,  pétales  cucullés,  peu 
ouverts. 

Le  Genista  hispanica , L.  (G.  villosa, 
Lam.,  Spartium  hispanicum,  Spreng.),  se 
couvre  de  fleurs  à partir  de  la  deuxième 
quinzaine  de  mai  ; ces  fleurs,  qui  sont  ex- 
cessivement nombreuses  et  d’une  longue 
durée,  forment,  avec  le  vert  foncé  du  reste 
de  la  plante,  un  charmant  contraste.  Cou- 
pées et  mises  dans  l’eau,  les  ramilles  con- 
servent très-bien  leurs  fleurs  et  peuvent 
alors  servir  à la  confection  des  bouquets  ou 
autres  ornements  de  table. 

Culture  et  multiplication.  — Bien  que 
les  sols  chauds  et  légers,  plus  ou  moins  cal- 
caires, paraissent  convenir  tout  particuliè- 
rement au  G.  hispanica,  cette  espèce  s’ac- 
commode également  de  presque  tous  les 


cvua  F! ortU'oLc  . 

I 


9 odaj'cL.cLd, . 


Ckrovwbûtihj.  G.SeoereAjns . 


Genista  hispamxxL . 


37 


LES  QUALITÉS  DU  JARDINIER,  SELON  LIGER. 


autres  sols,  pourvu  qu’ils  soient  bien  aérés 
et  fortement  insolés.  La  multiplication  se 
fait  par  graines  que  l’on  sème  au  printemps  ; 
on  repique  en  pots  afin  de  faciliter  la  re- 
prise des  plantes,  quand,  plus  tard,  on  en 
fera  la  transplantation.  On  peut  aussi  mul- 
tiplier par  boutures  et  par  greffes.  Pour 
bouturer,  on  prend  les  jeunes  bourgeons 
semi-aoûtés,  on  les  plante  en  terre  de 


bruyère  en  pots  qu’on  place  sous  cloche 
dans  la  serre  à multiplication.  Quant  aux 
greffes,  on  les  fait  sur  YUlex  europæus  ou 
sur  des  espèces  de  Genêts  appropriées  pour 
cet  usage,  que  l’on  a mis  en  pots.  On  greffe 
en  fente  ou  en  demi-fente,  et  aussitôt  l’opé- 
ration terminée,  on  place  les  plantes  sous 
cloche,  à froid  ou  à une  température  rela- 
tivement basse.  E.-A.  Carrière. 


LES  QUALITÉS  DU  JARDINIER,  SELON  LIGER 


Dernièrement,  un  de  nos  abonnés,  M.  Le- 
quet  jeune,  horticulteur  à Amiens,  nous 
écrivait  : 

J’ai  lu  récemment  dans  une  serre  cette  belle 
inscription  latine  : 

Hic  ver  assiduum  melius  quam  carmina  flores 
Inscribunt. 

De  quel  poète  est  cette  pensée  si  bien  appro- 
priée à la  maison  des  fleurs? 

J’ai  cherché  dans  les  classiques  usuels  et 
n’ai  rien  trouvé. 

11  m’est  très-agréable  de  pouvoir  rensei- 
gner notre  correspondant. 

C’est  dans  un  vieil  ouvrage  sur  l’horti- 
culture, Le  Jardinier  fleuriste , de  Liger, 
que  se  trouvent  ces  deux  vers,  dont  la  ci- 
tation précédente  ne  relate  qu’une  partie. 
D’ailleurs,  le  passage  où  ils  se  trouvent  se 
rapporte  à un  sujet  qui  intéresse  de  près 
l’horticulture.  Il  s’agit  des  qualités  re- 
quises chez  un  vrai  jardinier.  On  ne  peut 
résister  au  plaisir  de  citer  les  préceptes 
si  judicieux  et  si  sages  de  Liger  en  cette 
matière  délicate;  le  morceau  tout  entier  est 
charmant  (1)  : 

C’est  une  chose  un  peu  rare  qu’un  jardinier 
habile  en  son  art  ; la  plupart  ont  plus  de  rou- 
tine que  de  science,  plus  d’entêtement  que  de 
raison,  et  plus  de  sotte  présomption  que  d’es- 
prit ; ils  se  persuadent  tout  savoir  et  ne  savent 
bien  souvent  que  très-peu  de  choses. 

Ce  n’est  pas  à dire  pour  cela  qu’il  n’y  en  ait 
pas  qui  entendent  leur  Métier,  et  qui,  fondés 
sur  une  expérience  de  longue  main,  ne  réus- 
sissent très-bien  dans  le  Jardinage. 

Les  uns  sont  versés  dans  le  potager,  les 
autres  s’appliquent  aux  Pépinières,  et  les 
autres  font  leur  principale  étude  de  la  culture 
des  Arbres  fruitiers  ; celui-ci  aime  les  Arbris- 
seaux et  l’autre  les  Fleurs  ; mais,  ne  voulant 

(1)  Liger,  Le  Jardinier  fleuriste , éd.  1754,  p.  6 
et  suiv. 


j ici  parler  que  des  deux  derniers,  on  ne  dira 
I rien  des  autres. 

Un  Jardinier  Fleuriste  doit  avoir  en  partage 
un  certain  génie  propre  à la  culture  des  Fleurs, 
sans  quoi  le  peu  de  talents  qu’il  peut  avoir 
d’ailleurs,  sont  de  peu  d’importance.  Il  faut 
que  celui  qui  embrasse  cette  Profession  ne 
donne  point  dans  l’excès  du  vin  ; il  est  rare 
qu’un  ivrogne  excelle  en  son  art.  Ce  Jardinier 
doit  être  matineux,  assidu  à son  travail,  vigi- 
lant, avoir  beaucoup  de  soin  de  ce  qui  regarde 
son  ministère 

Il  est  bon  qu’il  s’étudie  à la  connaissance 
générale  des  Fleurs,  pour  les  savoir  distinguer, 
les  cultiver  à propos,  et  les  placer  dans  les 
endroits  qui  leur  sont  propres...  Il  faut  qu’il 
soit  robuste,  pour  résister  aux  fatigues  que 
donne  la  culture  des  Fleurs  pendant  toute 
l’année. 

Il  doit  les  arroser,  lorsqu’il  le  juge  à propos; 
sitôt  qu’il  est  jour,  il  doit  visiter  ses  plantes, 
et  voir  s’il  n’y  en  a point  qui  périssent  ; pour 
lors  son  emploi  veut  qu’il  y remédie  au  plus 
tôt,  s’il  est  possible. 

Il  doit  avoir  aussi  quelque  connaissance 
d’architecture  pour  former  la  figure  d’un  plan 
et  composer  régulièrement  les  figures  d’un 
parterre. 

Il  faut  qu’un  Jardinier  Fleuriste  affecte  une 
certaine  propreté,  qui  jamais  ne  doit  aban- 
donner son  ouvrage.  On  demande  dans  lui  de 
l’invention,  une  connaissance  particulière  des 
temps  auxquels  on  doit  semer  et  planter  toutes 
sortes  de  Fleurs,  quand  et  comment  il  les  faut 
cueillir,  plutôt  le  matin  que  le  soir. 

Jamais  un  Jardinier,  du  caractère  dont  on 
parle  ne  doit  manquer  d’outils  nécessaires  à 
sa  profession  ; il  faut  qu’il  ait  soin  de  les  tenir 
toujours  en  état  de  s’en  servir  au  besoin,  et 
que  sa  vigilance  s’applique  à prendre  garde 
qu’il  ne  s’en  gâte  point. 

Un  Jardinier  Fleuriste,  qui,  naturellement, 
doit  se  piquer  de  curiosité,  est  obligé  honnê- 
tement de  satisfaire  celle  des  personnes  qui  lui 
demandent  à voir  les  fleurs  de  son  jardin,  per- 
suadé qu’il  doit  être  qu’elles  se  donneront  bien 
de  garde  d’en  cueillir  aucune;  et  pour  pré- 
venir ceux  qui,  moins  honnêtes,  y portent  in- 
discrètement la  main  pour  en  dérober  à l’insu 


8 


CULTURE  FORCÉE  DES  ARBRES  FRUITIERS.  — LES  SERRES-VERCERS. 


du  Maître,  il  faut  graver  ces  deux  Vers  sur  la 
Porte  du  Jardin  : 

Hic  ver  assiduum  melius  quam  carmina  flores 
Inscribunt;  oculis  tu  lege,  non  manibus  (1). 

Quand  on  parle  ici  de  Jardiniers  Fleuristes, 
on  entend  ceux  qui  se  plaisent  à cultiver  ces 
productions  de  la  nature  qui  n’exigent  pas 
moins  de  soins  d’un  homme  qui  n’en  fera  que 
son  plaisir  que  d’un  autre  qui  s’en  sera  fait 
une  profession  pour  y gagner  de  quoi  vivre. 
Ainsi,  les  soins  qui  regardent  le  dernier  ne 
doivent  pas  porter  le  premier  à de  moindres 
considérations. 

Pourrait-on  mieux  dire  aujourd’hui  ? Ces 


qualités,  réunies  chez  un  de  nos  jardiniers 
actuels,  sont  vraiment  l’idéal  à atteindre 
et  on  ne  saurait  demander  autre  chose. 

Il  y aurait  avantage  à reprendre,  de 
temps  en  temps,  ces  anciens  préceptes  de 
nos  pères.  Ils  sont  le  plus  souvent  excel- 
lents sous  leur  forme  simple  et  parfois 
naïve.  On  y verrait,  comme  dans  l’ouvrage 
de  l’abbé  Legendre,  curé  d’Hénonville,  — 
un  chef-d’œuvre  de  science  horticole  pra- 
tique,— que  nous  n’avons  pas  tout  inventé, 
et  que  les  temps  qui  ont  précédé  le  nôtre 
avaient  aussi  des  maîtres  dont  les  conseils 
sont  encore  bons  à.  suivre. 

Éd.  André. 


CULTURE  FORCÉE  DES  ARRRES  FRUITIERS.  - LES  SERRES-VERGERS 


Il  y a vingt-six  ans  que  mon  savant  ami,  | ticulture  de  l’État,  à Gand,  a fait  paraître 
M.  Ed.  Pynaert,  professeur  à l’École  d’hor-  son  Manuel  delà  culture  forcée  des  arbres 


Fig.  8.  — Serre  à Vignes  à deux  versants. 


fruitiers.  C’était  un  petit  volume  de  fort 
bonne  apparence,  et  qui  contenait  en  germe 
tous  les  développements  qu’il  a acquis  plus 
tard.  Aussi  la  faveur  du  public  alla  sans 
tarder  à son  jeune  auteur. 

A sa  deuxième  édition,  l’ouvrage  devint 
les  Serres-  Vergers,  titre  qui  traduit  bien 
le  terme  Orchard-Houses,  usité  depuis  long- 
temps en  Angleterre  pour  la  culture  des 

(1)  Ces  vers  peuvent  se  traduire  ainsi  : « Ici  les 
fleurs,  mieux  que  les  plus  beaux  vers,  ont  gravé 
un  printemps  éternel  ; que  ton  œil  seul  les  cueille 
et  ta  main  les  respecte.  » E.  A. 


arbres  à fruits  sous  verre,  culture  néces- 
sitée par  un  climat  fort  peu  ensoleillé.  La 
quatrième  édition  vient  de  paraître  (2)  sous 
la  forme  d’un  beau  volume  in-8°  de 
468  pages,  illustré  de  134  gravures  et  de 
4 planches  noires  hors  texte. 

Si  le  climat  privilégié  de  la  France  lui 
permet  de  cultiver  les  arbres  à fruits  en 
plein  air  et  d’amener  leurs  produits  à la 
perfection  sur  la  plus  grande  partie  de  son 

(2)  Chez  Ad.  Hoste , éditeur  à Gand  (Bel- 
gique). 


CULTURE  FORCÉE  DES  ARBRES  FRUITIERS.  — LES  SERRES-VERGERS . 


étendue,  il  n’en  est  pas  de  même  de  la  Bel- 
gique, de  la  Hollande,  de  L’Angleterre. 
Même  dans  le  Nord  et  dans  l’Ouest  de  notre 


pays,  où  le  froid  et  les  brouillards  étendent 
leur  empire.  Là,  il  conviendrait  de  suppléer 
à l’insuffisance  des  étés  par  des  abris  vitrés 


Fig.  9.  — Serre  à Vignes  à un  versant. 


qui  assureraient  la  production  d’excellents 
fruits,  de  la  Vigne  surtout.  Le  Raisin  est 
presque  inconnu  dans  nos  départements 
septentrionaux,  de  même  qu’en  Bretagne  et 


en  Normandie.  C’est  un  grand  tort  de  ne 
pas  corriger  l’inclémence  de  ces  climats. 

Or,  le  livre  de  M.  Pynaert,  qui  rassemble 
en  un  traité  complet  tout  ce  que  les  spécia- 


listes ont  écrit  sur  cet  intéressant  sujet,  tous 
les  exemples  qui  ont  été  donnés  par  les 
Gontier,  les  Hardy,  les  L.  de  Lambertye,  et 
qui  joint  à ces  observations  l’expérience 


personnelle  déjà  prolongée  de  l’auteur,  est 
destiné  à ajouter  de  nouveaux  services  à 
ceux  qu’il  a déjà  rendus. 

On  croit  trop  souvent  qu’il  suffit  d’une 


40 


CULTURE  FORCÉE  DES  ARBRES  FRUITIERS.  — LES  SERRES -VERGERS. 


serre  quelconque  pour  cultiver  avec  succès 
les  arbres  fruitiers.  Il  n’en  est  rien.  Sans 
doute,  on  peut  récolter  des  Raisins  ou  des 
Pêches  dans  n’importe  quelle  serre,  mais 
pour  obtenir  une  production  régulière,  rai- 
sonnée, et  non  capricieuse  et  précaire,  il 
faut  à la  fois  des  constructions  spéciales  et 
des  soins  spéciaux. 

Voyez,  par  exemple,  la  serre  à double 
versant  dont  la  figure  8 représente  la  coupe 
en  travers.  Elle  est  consacrée  spécialement  à 
la  Vigne,  d’après  les  bons  modèles  usités  en 
Belgique  et  en  Angleterre.  Le  sol  a été  pré- 
paré à l’avance,  fumé,  amendé,  remué  sur 
une  épaisseur  d’un  mètre.  Les  murs  laté- 
raux sont  percés  de  place  en  place,  dans 
leur  fondation,  de  manière  à laisser  le  pas- 
sage de  la  moitié  des  racines  dans  une  plate- 
bande  extérieure  également  bien  préparée. 


Des  carreaux  d’aération  A permettent  d’in- 
troduire abondamment  l’air  extérieur,  qui 
s’échappe  par  les  vasistas  G après  s’être 
échauffé  sur  les  tuyaux  B.  Un  plancher  de 
bois  permet  de  parcourir  la  serre  dans  sa 
longueur  sans  fouler  le  sol,  et  l’espace  qui 
reste  jusqu’aux  murs  latéraux  peut  être 
occupé  par  des  arbres  fruitiers  en  pots. 

L’espace  manque-t-il  pour  une  serre  de 
ce  genre  et  désire-t-on  utiliser  un  mur  à 
bonne  exposition,  la  serre  adossée  peut 
suffire.  Dans  ce  cas,  au  lieu  d’employer  le 
chauffage  aérien  au  thermosiphon,  comme 
dans  la  figure  précédente,  il  est  un  autre 
système  que  l’on  peut  préconiser,  c’est 
celui  du  chauffage  souterrain  en  « culture 
géothermique  ».  On  a parlé  de  ce  procédé 
il  y a quelque  vingt  ans,  et  on  a même 
tenté  de  l’appliquer  à la  culture  en  plein 


air,  mais  sans  succès,  et  tout  ce  bruit  s’est 
éteint  rapidement.  Il  n’en  est  pas  de  même 
de  la  « chaleur  de  fond  » ( bottom  heat) 
appliqué  aux  serres  à forcer.  Les  résultats 
en  sont  excellents.  On  peut  voir,  dans  la 
figure  9,  comment  le  sol  peut  être  soutenu 
par  un  plancher  goudronné  reposant  sur 
des  briques  entre  lesquelles  circule  la  cha- 
leur d’un  aérotherme.  L’énorme  dévelop- 
pement radiculaire  que  peut  prendre  la 
Vigne,  et  dont  cette  coupe  donne  bien  l’idée, 
peut  s’exercer  en  toute  liberté,  et  il  en  ré- 
sulte une  vigueur  de  sarments  et  une  abon- 
dance de  fruits  exceptionnelles. 

Les  Pêchers  peuvent  se  cultiver  en  serre 
de  deux  manières,  soit  en  espalier,  soit  en 
pots.  La  première  méthode,  dont  on  voit  de 
remarquables  exemples  à notre  École  natio- 
nale de  Versailles,  placée  sous  la  direction  de 
M.  A.  Hardy,  donne  des  résultats  plu  ssatis- 


faisants  que  la  seconde,  au  point  de  vue  de 
l’abondance  de  la  production  et  de  la  beauté 
des  fruits.  Les  arbres  sont  placés  le  long  du 
mur  du  fond  et  soumis  aux  diverses  sortes 
de  taille  usitées  en  plein  air  : carrée,  en 
éventail,  en  U,  en  palmette,  etc.,  ou  en 
cordons  verticaux  le  long  du  vitrage,  comme 
le  montre  la  figure  10.  Rien  n’est  plus  sé- 
duisant, à la  fois  pour  l’œil  et  pour  le  goût, 
que  la  récolte  d’une  serre  de  ce  genre, 
quand,  au  commencement  de  mai,  elle  se 
présente  sous  la  forme  de  milliers  de  fruits 
appétissants. 

Si  l’on  ajoute  au  produit  considérable  des 
espaliers  de  Pêches  et  de  Brugnons  l’appoint 
important  des  arbres  fruitiers  cultivés  en 
pots,  et  qui  peuvent  faire,  aux  tables  de 
luxe,  une  charmante  et  savoureuse  décora- 
tion, on  doit  convenir  que  des  résultats  de 
ce  genre,  s’ils  ont  coûté  quelques  peines,  ne 


BÉGONIA  HE 

sont  pas  à dédaigner.  Nous  aurons  d’ail- 
leurs l’occasion  prochaine  de  reparler  de 
cette  culture  en  pots  sous  verre. 

Mais  il  est  encore  d’autres  serres  qui 
peuvent  être  affectées  aux  végétaux  fruitiers 
forcés.  On  en  peut  voir,  par  exemple,  au 
potager  royal  de  Munich,  qui  sont  spéciale- 
ment aménagées  pour  la  culture  des  Fram- 
boisiers, des  Fraisiers  et  des  Champi- 
gnons. 

La  culture  forcée  du  Framboisier  étant 
peu  pratiquée,  nous  citerons  les  points  prin- 
cipaux du  système  de  culture  recommandé 
par  M.  Pynaert. 

On  plante,  en  pleine  terre  légère  et  sub- 
stantielle, les  touffes,  composées  de  trois  à 
quatre  tiges,  à 75  centimètres  les  unes  des 
autres  ; pendant  l’été,  on  enlève  les  pan- 
neaux et  on  arrose  modérément,  pour  que 
les  tiges  ne  prennent  pas  trop  de  développe- 
ment. On  empêche  les  plantes  de  fructifier 
et,  à l’automne,  les  bourgeons  radicaux  fleu- 
rissent. On  remet  alors  les  panneaux  sur 
la  serre,  et  l’on  chauffe  progressivement 
jusqu’à  16  et  18  degrés. 

Dans  le  courant  de  novembre,  les  fruits 
qui  étaient  déjà  noués  arrivent  à maturité, 
et  la  fructification  se  prolonge  jusqu’en  jan- 
vier et  même  plus  tard.  La  variété  qui  se 

BÉGONIA  HI 

Voici  une  plante  qui,  au  point  de  vue 
ornementa],  est  certainement  appelée  à 
jouer  un  rôle  important.  De  plus,  elle  a le 
mérite  de  la  nouveauté,  puisqu’elle  n’est 
pas  encore  au  commerce.  En  voici  une  des- 
cription : 

Plante  très-naine  (15  à 25  centimètres),  très- 
ramifiée,  excessivement  floribonde.  Tige  et 
rameaux  glabres,  rouge  luisant,  charnus. 
Feuilles  courtes,  souvent  pliées,  presque  régu- 
lièrement ovales,  subsessiles,  luisantes,  glabres, 
vertes  ou  parfois  légèrement  lavées  rose  vineux 
en  dessous,  rouge  violacé  à la  face  inférieure, 
courtement  denticulées,  à dents  très-aiguës  et 
spinescentes.  Fleurs  très-nombreuses  sur  un 
pédicelle  rose  carné,  les  mâles  plus  abon- 
dantes, à 4 pétales,  les  deux  latéraux  longue- 
ment et  très-étroitement  obovales,  les  autres 
beaucoup  plus  grands,  à centre  blanc  plus  ou 
moins  largement  bordé  de  rouge  vermillon  très- 
vif,  couleur  qui  contraste  très-agréablement 
avec  les  parties  blanc  nacré  des  pétales.  Les 
fleurs  femelles,  beaucoup  plus  petites  que  les 
mâles,  sont  rares  et  toujours  stériles. 

Le  Bégonia  H.  Pineau  a été  obtenu  par 
M.  Henri  Pineau,  jardinier,  3,  rue  de  la 


ri  pineau.  44 

prête  la  mieux  à cette  culture  est  le  Large 
fruited  monthly. 

Pour  avoir  une  récolte  plus  tardive,  on 
emploie  les  variétés  : de  Hollande  à gros 
fruit  rouge  ou  à gros  fruit  jaune,  Falstaff, 
de  Chili,  etc.  On  commence  à les  forcer 
vers  le  15  décembre  ; la  fructification  a lieu 
vers  le  15  mars,  c’est-à-dire  trois  mois  plus 
tard. 

La  petite  serre  placée  en  avant,  sur  la 
même  figure  11,  montre  que  l’on  peut 
ajouter  la  culture  forcée  des  Fraisiers  en 
pois  à celle  des  Framboisiers,  et  que  c’est 
utiliser  largement  ainsi  les  serres  basses 
adossées  à un  mur  au  midi. 

Ajoutons  qu’à  l’exposition  opposée,  c’est- 
à-dire  nord,  on  a utilisé,  à Munich,  le 
local  froid  et  sans  soleil  qui  s’adosse  à cette 
serre  pour  y établir  une  champignonnière  à 
étages  superposés. 

On  voit  que  les  .études  de  M.  Pynaert 
embrassent  des  sujets  très  variés  auxquels 
la  culture  forcée  peut  s’appliquer.  C’est 
donner  une  idée  bien  sommaire  de  ce  bon 
livre  que  d’en  parler  ainsi  en  résumé,  mais 
cela  suffit  pour  le  recommander  aux  ama- 
teurs de  jardinage,  à qui  il  rendra  encore  de 
nombreux  et  signalés  services. 

Ed.  André. 

SRI  PINEAU 

Mûrie,  au  Pecq,  près  Saint-Germain-en- 
Laye.  C’est,  dit-on,  un  hybride  des  B.picta- 
vensis  et  B.  Lemoinei.  Il  est  très-différent 
de  ces  deux  plantes  et  se  rapproche  plutôt, 
par  ses  caractères  généraux,  du  B.  semper- 
florens  rosea,  dont  il  est  encore  différent. 
Jusqu’ici  la  plante  a toujours  été  stérile. 
Au  point  de  vue  de  l’ornementation,  le  seul 
qui  nous  occupe,  une  seule  chose  est  impor- 
tante : c’est  que  la  variété  soit  méritante.  Elle 
l’est,  et  même  beaucoup.  Outre  sa  floribon- 
dité  et  la  beauté  de  leurs  fleurs,  les  plantes 
sont  naines,  se  tiennent  bien  et  tallent  beau- 
coup, sans  se  dégarnir  du  centre.  Quant 
à la  floraison,  elle  commence  de  mai 
à juillet,  suivant  la  force  des  plantes  et  le 
traitement  auquel  on  les  a soumises,  pour 
ne  s’arrêter  qu’aux  gelées.  La  culture  et  la 
multiplication  de  ce  Bégonia  sont  analogues 
à celles  que  l’on  applique  à la  plupart  des 
petites  espèces  de  serre,  telles  que  B.  Lemoi- 
nei, pictavensis,  etc.  Comme  cette  plante 
ne  donne  pas  de  graines,  on  en  conserve 
quelques  pieds  que  l’on  rentre  dans  une 
serre,  sur  lesquels  on  coupe  des  boutures, 


42 


SENECIO  PULCHER. 


qui  reprennent,  du  reste,  avec  une  très- 
grande  facilité  et  qui  font  de  très-jolies 
plantes  que  l’on  met  en  pleine  terre  aussitôt 
que  les  froids  ne  sont  plus  à craindre.  On 
peut  aussi,  vers  la  fin  ou  même  dans  le 
courant  de  l’été,  faire  des  boutures  en  pre- 


nant le  bois  sur  les  rameaux  foliacés; 
plantées  sous  cloches  dans  une  serre  ou 
même  à l’ombre,  dehors,  ces  boutures  s’en- 
racinent également  très-bien  et  peuvent  être 
conservées  pour  la  plantation  du  printemps. 

E.-A.  Carrière. 


SENECIO  PULCHER 


Dès  son  apparition  dans  les  cultures,  la 
Revue  horticole  (1877,  p.  93)  signalait  le 
Senecio  pulcher  à l’attention  de  ses  lec- 
teurs comme  une  plante  des  plus  méritantes 
et  des  plus  propres  à l’ornementation  des 
jardins.  Il  n’y  avait  dans  ces  assertions  rien 
d’exagéré  ; aussi  est-il  au  moins  singulier 
que  cette  espèce  soit  devenue  si  rare  que 
c’est  à peine  si,  actuellement,  on  peut  la 
trouver  dans  le  commerce.  En  voici  la 
description  : 

Plante  vivace,  très-vigoureuse,  cespiteuse- 
gazonnante  et  formant  de  fortes  touffes  par  les 
nombreux  bourgeons  qu’elle  émet  de  sa  souche. 
Feuilles  grandes,  épaisses,  charnues,  glabres, 
d’un  vert  intense,  les  radicales  très-longuement 
elliptiques,  atténuées  en  un  fort  pétiole  large- 
ment canaliculé,  irrégulièrement,  mais  très- 
sensiblement  dentées;  les  caulinaires  sessiles, 
largement  semi-amplexicaules,  longuement  et 
étroitement  acuminées  en  une  pointe  obtuse, 
irrégulièrement  dentées,  parfois  comme  ron- 
cinées.  Tige  cylindrique,  grosse,  charnue, 
atteignant  40  à 60  centimètres  de  hauteur, 
ramifiée  vers  les  deux  tiers  supérieurs,  à ra- 
milles florales  axillaires,  parfois  munies  de 
bractées.  Boutons  gros,  sphériques,  couverts 
d’écailles  assez  longuement  linéaires,  fortement 
appliquées.  Fleurs  très-grandes,  atteignant 
jusqu’à  6 centimètres  de  diamètre,  couronnées 
extérieurement  par  une  rangée  de  ligules  très- 
rapprochées,  d’un  rose  purpurin  violacé,  ayant 
à l’intérieur  un  grand  disque  jaune  formé  par 
des  fleurs  courtes,  tubulées. 

Cette  magnifique  plante,  qui  fleurit  à 
partir  d’octobre  ou  même  de  la  fin  de  sep- 
tembre, est  très-ornementale;  sa  floraison 
se  continue  jusqu’aux  gelées  et  pourrait 
même  se  prolonger  pendant  une  partie  de 
l’hiver  si  la  plante  cultivée  en  pot  était  ren- 
trée dans  une  serre,  et  surtout  si  l’on  en 
supprimait  les  fleurs  au  fur  et  à mesure 
qu’elles  passent.  Coupées  et  mises  dans 
l’eau,  les  tiges  à fleurs  se  conservent  pendant 
longtemps  et  leurs  boutons  continuent  à 
s’épanouir. 

Originaire  de  l’Uruguay,  du  Brésil  méri-  | 


dional,  etc.,  le  Senecio  pulcher , Hooker 
et  Arnold,  est  relativement  rustique  puis- 
qu’il supporte  les  hivers  de  Paris  chez 
M.  Rougier-Chauvière,  152,  rue  de  la  Ro- 
quette, où,  chaque  année,  nous  le  voyons 
fleurir.  Néanmoins,  il  nous  paraît  prudent 
d’abriter  les  pieds  en  les  couvrant  d’un  peu 
de  litière  ou  de  feuilles,  ou,  encore,  d’en 
mettre  quelques  pieds  en  pots  et  de  les  ren- 
trer sous  des  châssis  froids. 

Culture  et  multiplication.  — Il  faut  au 
Senecio  pulcher  une  terre  légère  bien 
drainée,  et,  si  possible,  une  exposition 
chaude.  Quant  à sa  multiplication, onia  fait 
par  graines  et  par  boutures.  Les  premières 
qui,  du  reste,  sont  rarement  abondantes,  se 
sèment  au  printemps  en  pleine  terre  légère, 
recouverte  de  terre  de  bruyère  et  de  ter- 
reau, ou  en  terrine  et  en  terre  de  bruyère, 
si  l’on  a peu  de  graines.  Les  jeunes  plantes, 
qui  ont  dû  être  abritées  l’hiver,  se  repi- 
quent au  printemps  en  pépinière  ou  bien 
en  pots  si  l’on  en  a peu.  Adéfaut  de  graines, 
on  multiplie  par  bourgeons  que  l’on  éclate 
des  pieds  et  que  l’on  repique  en  pots,  que 
l’on  met  sous  cloche,  où  elles  s’enracinent 
facilement.  Pendant  l’été,  on  les  arrose  et 
on  les  rempote  si  cela  est.  nécessaire,  et 
l’hiver  — du  moins  cette  première  année  — 
on  les  rentre  sous  des  châssis  froids.  Il  va 
sans  dire  que,  sous  les  climats  chauds 
et  même  tempérés,  les  soins  que  nous 
venons  d’indiquer  sont  en  partie  superflus  ; 
on  traite  les  jeunes  individus  comme  des 
plantes  de  pleine  terre  qui  réclament  quel- 
ques soins  particuliers  pendant  le  premier 
âge. 

Le  Senecio  pulcher  se  cultive  également 
bien  en  pots,  ce  qui  est  même  préférable 
dans  les  pays  froids,  parce  que  dans  ce  cas 
on  peut  le  rentrer  en  serre  froide,  où 
il  fleurit  pendant  une  partie  de  l’hiver. 
Normalement,  cette  espèce  commence  à 
fleurir  en  septembre  et  même  à partir  de  la 
fin  d’août,  et  la  floraison  se  prolonge  pen- 
dant très-longtemps,  surtout  si  l’on  a soin 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


PÊCHER  PYRAMIDAL. 


43 


d’enlever  les  fleurs  au  fur  et  à mesure 
qu’elles  passent. 

On  peut  se  procurer  le  Scnecio  pulcher 
chez  M.  Rougier-Ghauvière,  horticulteur, 


152,  rue  de  la  Roquette,  à Paris.  Nous  avons 
vu  parfois  cette  plante  étiquetée  Senecio  ja- 
ponicus,  ce  qui  est  un  tort,  la  plante  n’exis- 
tant pas  au  Japon.  E.-A.  Carrière. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1887 


Bien  que  cette  séance  ait  été  consacrée  aux 
élections  partielles  des  membres  du  bureau  et 
du  conseil  de  la  Société,  quelques  présenta- 
tions intéressantes  ont  été  faites. 

Gomité  de  floriculture. 

M.  F.  Bergman,  de  Ferrières,  avait  apporté 
une  magnifique  corbeille  de  fleurs  d’Œillets, 
disposée  avec  beaucoup  de  goût,  et  composée 
de  250  fleurs  appartenant  à 24  variétés  d’élite. 

Ces  fleurs  étaient  amples,  bien  colorées,  et 
d’une  fraîcheur  exquise. 

A côté  de  cette  corbeille  se  trouvaient  deux 
pieds  d’Œillets  en  pots,  trapus,  vigoureux, 
couverts  de  fleurs,  dénotant  le  bon  système  de 
culture  auquel  ils  avaient  été  soumis. 

Voici  les  principaux  points  du  procédé  em- 
ployé par  M.  Bergman.  Les  boutures,  que  l’on 
fait  depuis  décembre  jusqu’à  février,  sont  re- 
piquées en  pleine  terre,  sous  châssis  froids, 
dans  un  compost  léger  et  substantiel.  On  les 
repique,  au  printemps,  dans  les  mêmes  condi- 
tions, en  les  distançant  les  unes  des  autres  de 
15  à 20  centimètres  dans  tous  les  sens,  et  on 
les  laisse  ainsi  jusqu’à  l’automne,  où  leur  flo- 
raison commence,  pour  continuer  tout  l’hiver. 

Les  plantes  destinées  à être  transportées 
sont  repiquées  en  pots  et  soumises  à la  même 
culture. 

Parmi  les  variétés  présentées  par  M.  Berg- 
man, et  qui,  toutes,  s’accommodent  très-bien 
de  cette  préparation  en  vue  de  la  floraison  hi- 
vernale, nous  avons  noté  les  suivantes  comme 
étant  les  plus  jolies  et  les  plus  distinctes  : 

Docteur  Raymond,  rouge  grenat  ; Irma , 
rose  vif;  Baronne  de  Rothschild,  jaune  vif, 
légèrement  maculé  de  carmin  ; Jean-Pierre 
Hugues,  vermillon  foncé  ; Souvenir  de  Fran- 
çois Labruyère , rose  carmin  ; Hooper,  jaune 
soufre,  régulièrement  liseré  carmin  foncé. 

M.  Duval,  du  Muséum,  présentait  un  Nan- 
dina  domestica  chargé  de  fruits,  provenant 


des  cultures  créées  à Pau  par  feu  M.  Tourasse, 
et  actuellement  dirigées  par  M.  Arraca. 

Le  N.  domestica , originaire  du  Japon  et  de 
la  Chine,  est  un  charmant  arbuste,  au  feuillage 
élégant,  vert  foncé,  retombant.  Le  pied  pré- 
senté était  littéralement  couvert  de  grappes 
érigées  à fruits  sphériques,  d’un  rouge  de 
corail  très-intense. 

Cette  jolie  plante  d’orangerie  et  de  serre 
froide,  rustique  dans  l’Ouest  et  dans  le  Midi  de 
la  France,  assez  répandue  dans  les  cultures  il  y 
a cinquante  ans  environ,  l’est  trop  peu  aujour- 
d’hui. Certes,  les  plantes  qui  supportent  le 
même  régime  comprennent  des  espèces  à 
feuillage  plus  ornemental,  à fleurs  plus  bril- 
lantes, mais  le  Nandina  domestica,  avec  ses 
feuilles  légères  et  ses  brillantes  fructifications, 
apportera  toujours  un  élément  bien  caractérisé 
dans  un  ensemble  décoratif. 

Mme  Block,  de  Schaerbeck,  près  Bruxelles 
(Belgique),  avait  envoyé  deux  exemplaires  d’un 
Lycaste  Skinneri , rapporté  par  elle  du  Guaté- 
mala,  à fleurs  assez  grandes,  d’un  rose  plus 
pâle  que  dans  l’espèce  type.  Cette  forme  est 
peu  intéressante. 

Gomité  de  culture  potagère. 

M.  Lefort,  cultivateur  à Meaux  (Seine-et- 
Marne),  a obtenu  une  variété  de  Mâche,  qu’il  a 
nommée  Mâche  à feuille  de  Laitue.  Cette 
plante  forme  des  touffes  très-volumineuses; 
elle  a les  feuilles  très-grandes,  gaufrées,  d’un 
vert  un  peu  pâle,  et  ne  présente  pas,  paraît-il, 
l’inconvénient  de  monter.  C’est  une  bonne 
acquisition. 

M.  Hédiard,  place  de  la  Madeleine,  Paris, 
en  présentant  une  énorme  Courge  Carabacette 
de  Roufarik,  rappelait  que  la  pulpe  abondante 
de  ce  fruit  a une  saveur  agréable,  et  qu’on  la 
mange  soit  en  potage,  soit  sautée  au  beurre, 
soit  en  compotes  sucrées,  etc. 

Ch.  Thays. 


PÊCHER  PYRAMIDAL 


Arbre  de  moyenne  vigueur,  très-fertile, 
à branches  strictement  dressées.  Scions 
relativement  courts.  Feuilles  glanduleuses, 
rapprochées,  assez  grandes,  souvent  un  peu 
tourmentées-cloquées  vers  le  milieu,  très- 
finement  et  courtement  dentées,  d’un  beau 


vert  luisant  en  dessus,  vert  glaucescent  en 
dessous.  Glandes  réniformes,  parfois  mixtes, 
relativement  petites,  bien  marquées.  Fleurs 
rosacées  bien  faites,  de  grandeur  moyenne. 
Fruit  petit,  légèrement  ovale,  à peine  sil- 
lonné d’un  coté  seulement.  Cavité  pédoncu- 


44 


l’horphelinat  horticole  de  beaune. 


laire  étroite,  relativement  très-profonde. 
Peau  fortement  et  même  assez  longuement 
velue,  se  colorant  en  rouge  violacé  sur  les 
parties  fortement  insolées,  blanche  ou  à 
peine  lavée  de  rose  sur  les  parties  placées  à 
l’ombre.  Chair  non  adhérente  au  noyau, 
blanche,  rouge  violacé  autour  du  noyau  ; 
eau  abondante,  légèrement  aigrelette,  assez 
agréablement  parfumée.  Noyau  assez  lon- 
guement et  très-régulièrement  elliptique, 
osseux,  très-dur,  très-fortement  renflé  sur 
les  faces,  à mucron  aigu,  à surface  comme 
perforée.  — Maturité,  deuxième  quinzaine 
de  septembre. 

Le  Pêcher  pyramidal  n’est  pas  seule- 
ment un  arbre  fruitier,  c’est  aussi  un  arbre 
d’ornement  qui,  par  sa  taille  petite  et  sur- 
tout par  sa  forme,  peut  trouver  place  même 

L’ORPHELINAT  HOI 

Dans  un  de  ses  précédents  numéros,  au 
sujet  d’un  Orphelinat  horticole  de  jeunes 
filles  à Haroué  (Meurthe-et-Moselle), la  Revue 
horticole  se  plaît  à faire  ressortir  l’avantage 
et  l’intérêt  qu’offrent  ces  sortes  d’établisse- 
ments, dont  la  plupart  sont  créés  et  existent 
par  la  charité,  et  elle  exprime  le  désir,  dans 
le  double  intérêt  de  la  morale  et  de  la  cul- 
ture, que  ce  premier  pas,  si  heureusement 
fait  dans  cette  voie,  ne  reste  pas  le  dernier. 

Je  pense  que  peu  de  départements  sont 
aussi  bien  pourvus  de  ces  genres  d’insti- 
tutions que  celui  que  j’habite,  la  Côte-d’Or. 
Indépendamment  de  la  colonie  agricole  de 
Citeaux,  si  célèbre  et  si  universellement 
connue,  où  plus  de  deux  cents  jeunes  gens 
sont  occupés  aux  travaux  de  l’agriculture  et 
près  d’une  centaine  aux  travaux  du  jardi- 
nage, il  existe  quatre  autres  Orphelinats 
ruraux,  dont  deux  de  jeunes  filles  et  deux  de 
garçons. 

Trois  de  ces  établissements  sont,  comme 
celui  de  Citeaux,  dirigés  par  des  ordres  reli- 
gieux; un  seul,  celui  de  la  ville  de  Beaune, 
dont  je  vais  m’occuper  comme  étant  plus 
spécialement  et  uniquement  horticole  et 
d’une  installation  on  peut  dire  modèle,  est 
dirigé  depuis  six  ans  par  un  personnel 
laïque. 

Cette  école  de  jardinage  dépend  de  l’un 
des  deux  hospices  de  Beaune,  si  célèbres 
déjà  par  leurs  grands  vins.  Sa  principale 
subvention  provient  de  legs  faits  à cet  éta- 
blissement, où  se  consomment  une  partie  de 
ses  produits.  L’État  y contribue  aussi  depuis 
quelque  temps  pour  une  large  part  en  con- 


sur  les  plates-bandes  d’un  jardin  d’agré- 
ment. Planté  çà  et  là  sur  le  milieu,  il  pro- 
duirait un  très-bel  effet  d’abord  par  son 
port,  puis  par  ses  fleurs,  et  finalement  par 
ses  fruits  qui,  placés  tout  le  long  des  bran- 
ches, constituent  un  ornement  d’une  nature 
particulière.  Dans  le  cas  où  le  Pêcher  pyra- 
midal serait  planté  au  point  de  vue  de  la 
décoration,  il  faudrait  faire  en  sorte  qu’il  ne 
se  dégarnisse  pas  et  qu’il  conserve  sa  forme 
étroitement  pyramidale,  ce  qui  serait  facile 
à l’aide  de  pincements  et  de  rapprochements 
faits  à propos.  Du  reste,  sous  ce  rapport, 
on  agirait  à peu  près  comme  on  le  fait 
lorsqu’il  s’agit  de  Pêchers  cultivés  exclu- 
sivement pour  leurs  fruits. 

E.-A.  Carrière. 


’ICOLE  DE  BEAUNE 

sidération  des  résultats  heureux  obtenus 
et  de  l’enseignement  qu’on  y donne  même 
au  public. 

Les  jardins,  d’une  surface  d’environ  deux 
hectares,  sont  clos  de  beaux  murs  tous 
parfaitement  aménagés  et  plantés  en  espa- 
liers. 

L’administrateur  est  un  homme  bien 
connu  dans  la  viticulture  et  dans  l’horticul  - 
ture,  M.  J.  Ricaud,  vice-président  de  la  Com- 
mission des  Hospices,  et  président  de  la 
Société  vigneronne  de  Beaune. 

Un  peu  collaborateur  de  l’œuvre,  j’ai  été 
témoin  des  transformations  successives  de 
cet  établissement  et  des  nombreux  perfec- 
tionnements qu’on  a pu  réaliser. 

Le  personnel  se  compose  d’un  chef  jar- 
dinier, d’un  sous-chef  et  d’une  quinzaine 
d’élèves  qui  sont  des  jeunes  garçons  orphe- 
lins, recueillis  par  l’administration  des 
hospices.  Ceux-ci  y reçoivent,  jusqu’à  l’âge 
où  ils  peuvent  se  placer  comme  aides-jardi- 
niers, en  même  temps  que  l’instruction 
primaire,  les  notions  élémentaires,  théo- 
riques et  surtout  pratiques,  de  l’art  du  jar- 
dinage. 

Outre  le  logement,  la  nourriture  et  l’ha- 
billement, chaque  élève  reçoit  une  paye  an- 
nuelle variant  de  40  à 120  fr.,  somme  qui 
est  placée  à la  Caisse  d’épargne.  En  plus 
de  cette  somme,  on  leur  donne  selon  leur 
mérite  une  faible  gratification  mensuelle 
dont  ils  disposent  librement. 

Les  élèves  sont  groupés  selon  leur  degré 
d’instruction;  et  les  plus  anciens  deviennent 
chefs  de  section  chargés  d’instruire  les 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  DE  1889  : PROGRAMME  DES  ONZE  ÉPOQUES  DE  CONCOURS. 


commençants.  Pendant  le  mauvais  temps, 
ils  sont  exercés  à la  réparation  et  à la  con- 
fection du  matériel  horticole  le  plus  usuel 
ainsi  qu’au  greffage  de  la  Vigne,  opération 
à laquelle  l’état  actuel  du  vignoble  donne 
la  plus  grande  importance.  Des  herborisa- 
tions, des  excursions  viticoles  et  horticoles, 
faites  les  dimanches,  initient  les  élèves  aux 
connaissances  des  plantes  spontanées  et  à 
la  pratique  des  cultures  locales. 

Le  jardin  comprend  une  partie  d’agré- 
ment, genre  paysager,  où  l’on  cultive  un 
choix  de  plantes  à grand  effet  décoratif  et 
les  meilleures  espèces  pour  la  composition 
des  corbeilles  ; dans  les  plates-bandes  se 
trouvent  les  collections  de  Rosiers,  les  es- 
pèces vivaces  florifères  et  les  plantes  an- 
nuelles les  plus  ordinairement  cultivées 
pour  leur  belle  floraison. 

A l’école  fruitière  se  cultivent  les  meil- 
leures variétés  de  fruits,  sous  les  formes 
les  plus  recommandées.  Pour  donner  une 
idée  de  l’importance  de  cette  branche  de 
culture,  il  me  suffira  de  dire  que  plus  de 
1,200  mètres  carrés  de  murs  sont  garnis 
d’espaliers  et  de  treilles  et  que  les  contre- 
espaliers  présentent  au  moins  1,600  mètres 
de  superficie. 

Environ  100  ares  sont  consacrés  à la 
culture  potagère  de  pleine  terre  et  aux  pri- 
meurs. 

Une  école  de  botanique,  classée  d’après  la 
méthode  de  De  Candolle,  peut  contenir  en- 
viron 250  espèces  ayant  de  l’intérêt  au 


45 

point  de  vue  médical  ou  industriel.  Quel- 
ques petites  pépinières  destinées  à la  multi- 
plication des  végétaux  ligneux  complètent 
l’ensemble  des  cultures.  Dans  le  matériel  et 
dans  les  opérations  horticoles,  on  a soin  d’in- 
troduire tous  les  perfectionnements  reconnus 
utiles  et  avantageux,  tels  qu’abris  pour  la 
conservation  des  fruits,  aspersions,  badi- 
geonnages et  injections  pour  combattre 
insectes  et  cryptogames;  ainsi  j’ai  pu 
constater  les  excellents  résultats  obtenus 
par  la  bouillie  bordelaise  renforcée  appli- 
quée en  hiver  sur  des  variétés  de  Poires 
sujettes  à la  tavelure,  l’efficacité  des  simples 
aspersions  au  sulfate  de  cuivre  contre  le 
mildiou,  etc.,  etc.  Un  pulsomètre,  mû  par 
la  vapeur,  élève  l’eau  dans  un  réservoir, 
d’où  elle  est  distribuée  dans  toutes  les  par- 
ties du  jardin.  Au  centre  du  jardin  se 
trouve  un  observatoire  pourvu  de  tous  les 
instruments  usuels  : thermomètre,  baro- 
mètre, pluviomètre,  etc.,  de  façon  à initier 
les  élèves  à ce  genre  d’observations  météo- 
rologiques. 

Il  est  incontestable  que  des  institutions 
comme  celle  que  je  viens  de  décrire,  où  les 
jeunes  gens  s’habituent  au  goût  du  travail 
de  la  terre  et  apprennent  à la  cultiver  avec 
avantage,  en  devenant  des  ouvriers  jardi- 
niers dignes  de  ce  nom,  sont  on  ne  peut 
plus  salutaires  à tous  les  points  de  vue,  et 
méritent  à tous  égards  d’être  encouragées. 

J. -B.  Weber, 

Jardinier  en  chef  de  la  ville  de  Dijon. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  DE  1889 

PROGRAMME  DES  ONZE  ÉPOQUES  DE  CONCOURS 


PREMIÈRE  ÉPOQUE 
6-11  mai  1889. 

CONCOURS  PARTICULIER 

CLASSE  79. 

FLEURS  ET  PLANTES  D'ORNEMENT 

I.  Plantes  d’ornement. 

Concours  (à  déterminer)  suivant  les  demandes 
des  horticulteurs. 

II.  Plantes  nouvelles. 

Trois  concours  : dans  tous  les  concours  de  végé- 
taux exposés  entre  les  plantes  nouvelles  inédites  : 

1.  D’importation. 

2.  D’introduction. 

3.  Obtenues  de  semis. 

Un  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés  pour  les  plus  belles  plantes  mises  dans  le 
commerce  depuis  1878. 


III.  Belle  culture. 

Un  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés  entre  les  plus  beaux  exemplaires  (l  à 5 su- 
jets par  espèces  ou  variétés). 

IV.  Fleurs  coupées.  — Deux  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  générale. 

2.  La  plus  belle  collection  de  variétés  dans 
chaque  genre. 

V.  Ornementation  en  fleurs  naturelles.  — 

Trois  concours. 

1.  Les  plus  beaux  bouquets. 

2.  Les  plus  beaux  motifs  ou  sujets  divers. 

3.  Les  plus  belles  garnitures  d’ornementation 
diverses  d’appartement,  de  table,  etc. 

VI.  Corbeilles  de  plantes  fleuries  ou  à 
feuillages. 

Un  concours  : entre  les  plus  belles  corbeilles  de 
plantes  fleuries  ou  à feuillage. 


46  EXPOSITION  UNIVERSELLE  DE  1889  I PROGRAMME  DES  ONZE  ÉPOQUES  DE  CONCOURS. 


VII.  Gazons. 

Un  concours  : entre  les  plus  belles  pelouses. 
CLASSE  80. 

PLANTES  POTAGÈRES. 

I.  Plantes  potagères. 

Concours  permanent  entre  tous  les  genres  de 
plantes  potagères. 

II.  Plantes  nouvelles.  — Quatre  concours. 

1.  Plantes  nouvelles  inédites  d’importation, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

2.  Plantes  nouvelles  inédites  d’introduction, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

3.  Plantes  nouvelles  inédites  obtenues  de  semis, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

4.  Les  plus  belles  plantes  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 


4.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuillage 
obtenues  de  semis  et  non  encore  dans  le  com- 
merce. 

5.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage obtenues  de  semis  et  dans  le  commerce  de- 
puis 1878. 

III.  Belle  culture.  — Quatre  concours. 

1.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuillage 
que  la  bonne  culture  aura  fait  arriver  le  plus  près 
possible  de  son  maximum  de  développement. 

2.  De  quatre  à dix  plantes  fleuries  ou  à feuillage 
les  plus  remarquables  par  leur  forme  et  leur  déve- 
loppement. 

3.  Le  plus  beau  lot  de  20  plantes  à feuillage  or- 
nemental. 

4.  Le  plus  beau  groupe  de  20  plantes  diverses 
fleuries  à quelque  catégorie  qu’elles  appartiennent. 

IV.  Culture  spéciale  — Beux  concours. 


III.  Belle  culture.  — Un  concours. 

1.  Les  plus  beaux  spécimens  de  plantes  pota- 
gères. 


CLASSE  81. 


FRUITS  ET  ARBRES  FRUITIERS. 


1.  La  plus  belle  collection  de  50  plantes  fleuries 
ou  à feuillage,  cultivées  en  vue  de  l’approvisionne- 
ment des  marchés. 

2*  Le  plus  beau  lot  de  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage, cultivées  en  vue  de  l’approvisionnement  des 
marchés. 


I.  Fruits.  — Cinq  concours. 

1.  Collection  de  fruits  frais  conservés. 

2.  Collection  de  Citrons,  Oranges,  Bibaces  et 
autres  fruits  de  la  région  du  Sud. 

3.  Collection  de  fruits  frais  en  maturité,  récoltés 
en  plein  air  : Abricots,  Cerises  et  fruits  de  la  région 
du  Sud. 

4.  Collection  de  fruits  forcés  (Raisins  exceptés) 
cueillis  ou  exposés  sur  l’arbre. 

5.  Collection  de  Raisins  forcés,  cueillis  ou  expo- 
sés sur  la  souche. 

II.  Fruits  nouveaux.  — Cinq  concours. 

1.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  d’importation, 
n'ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  commerce. 

2.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  d’introduc- 
tion, n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  com- 
merce. 

3.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  obtenus  de 
semis  n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  com- 
merce. 

4.  Les  plus  belles  variétés  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

5.  Les  meilleures  variétés  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

CLASSE  82. 

GRAINES  ET  PLANTS  D’ESSENCE  FORESTIÈRE. 

Pas  de  concours. 

CLASSE  83. 

PLANTES  DE  SERRE. 

I.  Plantes  de  serre. 

Concours  (à  déterminer)  entre  les  plantes  de 
serre  qu’il  y aurait  impossibilité  à présenter  aux 
concours  généraux. 

II.  Plantes  nouvelles.  — Cinq  concours. 

1.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuillage 
introduites  le  plus  récemment  en  Europe. 

2.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuillage 
introduites  directement  en  France. 

3.  Lot  de  plantes  hybrides  dont  les  parents  seront 
indiqués. 


DEUXIÈME  ÉPOQUE 

24-29  mai  1889 

CONCOURS  GÉNÉRAL 

CLASSE  79. 

FLEURS  ET  PLANTES  D’ORNEMENT 

I.  Plantes  d’ornement. 

Concours  (à  déterminer)  suivant  les  demandes 
des  horticulteurs. 

II.  Plantes  nouvelles. 

Trois  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés,  entre  les  plantes  nouvelles  inédites  : 

1.  D’importation. 

2.  D’introduction 

3.  Obtenues  de  semis. 

Un  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés  pour  les  plus  belles  plantes  mises  dans  le 
commerce  depuis  1878. 

III.  Belle  culture. 

Un  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés  entre  les  plus  beaux  exemplaires  (un  à 
cinq  sujets  par  espèce  ou  variété). 

IV.  Fleurs  coupées.  — Beux  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  générale. 

2.  La  plus  belle  collection  de  variétés  dans 
chaque  genre. 

V.  Ornementation  en  fleurs  naturelles.  — 

Trois  concours. 

1.  Les  plus  beaux  bouquets. 

2.  Les  plus  beaux  motifs  ou  sujets  divers. 

3.  Les  plus  belles  garnitures  d’ornementation 
diverses  d’appartement,  de  tables,  etc. 

VI.  Corbeilles  de  plantes  fleuries  ou  à 
feuillage. 

Un  concours  : entre  les  plus  belles  corbeilles  de 
plantes  fleuries  ou  à feuillage. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  DE  1889  : PROGRAMME  DES  ONZE  ÉPOQUES  DE  CONCOURS.  47 


CLASSE  80. 

PLANTES  POTAGÈRES 

I.  Plantes  potagères 

Concours  permanent  entre  tous  les  genres  de 
plantes  potagères. 

II.  Plantes  nouvelles.  — Quatre  concours. 

1.  Plantes  nouvelles  inédites  d’importation, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

2.  Plantes  nouvelles  inédites  d’introduction, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

3.  Plantes  nouvelles  inédites  obtenues  de  semis, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

4.  Les  plus  belles  plantes  mises  dans  le  commerce 
depuis  1878. 

III.  Belle  culture.  — Un  concours. 

1.  Les  plus  beaux  spécimens  de  plantes  pota- 
gères. 

CLASSE  81. 

FRUITS  ET  ARBRES  FRUITIERS. 


I.  Arbres  à haute  tige,  à fruits  de  table,  ou 
d’économie  domestique  ou  industrielle 

(sauf  les  fruits  à cidre J.  — Dix-huit  con- 
cours. 


1.  Abricotiers 

2.  Amandiers 

3.  Cerisiers 

4.  Châtaigniers.... 

5.  Noyers 

6.  Pêchers 

7.  Poiriers 

8.  Pommiers 

9.  Pruniers 


Deux  concours  : 

1°  entre  les  jeunes  sujets  de 
pépinière  ; 

2°  entre  les  arbres  formés. 


VII.  Fruits.  — Cinq  concours. 

1.  Collection  de  fruits  frais  conservés. 

2.  Collection  de  Citrons,  Oranges,  Bibaces  et 
autres  fruits  de  la  région  du  Sud. 

3.  Collection  de  fruits  frais  en  maturité,  récoltés 
en  plein  air  : Abricots,  Cerises  et  fruits  de  la  région 
du  Sud. 

4.  Collection  de  fruits  forcés  (Raisins  exceptés), 
ceuillis  ou  exposés  sur  l’arbre. 

5.  Collection  de  Raisins  forcés,  cueillis  ou  ex- 
posés sur  la  souche. 

VIII.  Fruits  nouveaux.  — Cinq  concours. 

1.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  d’importa- 
tion, n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  com- 
merce. 

2.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  d’introduc- 
tion, n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  com- 
merce. 

3.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  obtenus  de 
semis,  n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  com- 
merce. 

4.  Les  plus  belles  variétés  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

5.  Les  meilleures  variétés  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

CLASSE  82. 

GRAINES  ET  PLANTES  D’ESSENCE  FORESTIÈRE 

I.  Arbres  d’essences  feuillues  employés  au 

repeuplement  des  forêts.  — Deux  con- 
cours. 

1.  La  plus  belle  collection  d’espèces  et  variétés. 

2.  Le  plus  beau  lot  d’espèces  d’introduction  ré- 
cente. 


II.  Arbres  à fruits  à cidre.  — Deux  concours. 

Poiriers  et  Pommiers  : 

1°  Sujets  greffés; 

2°  Egrains  élevés  à tige  et  destinés  à recevoir  la 
greffe. 

III.  Arbres  ou  arbrisseaux  fruitiers  à tige 

nue  ou  ramifiée.  — Un  concours. 

Lot  d’ensemble  composé  d’Azeroliers,  Cognas- 
siers, Cormiers  et  similaires,  Cornouillers,  Figuiers, 
Mûriers,  Néfliers  et  Noisetiers. 

IV.  Arbres  et  arbustes  fruitiers  de  la  région 

du  Sud.  — Un  concours. 

Lot  d’ensemble  composé  d’ Arbousiers,  Biba- 
ciers,  Citronniers,  Dattiers,  Grenadiers,  Jujubiers, 
Oliviers,  Orangers,  Pistachiers,  Plaqueminiers,  etc. 

V.  Arbres  et  arbustes  à basse  tige.  — Seize 

concours. 

1.  Abricotiers \ 

2.  Cerisiers J 

3.  Groseilliers I Deux  concours: 

4.  Pêchers. f 1°  entre  les  jeunes  sujets  de 

5.  Poiriers / pépinière; 

6.  Pommiers 1 2°  entre  les  arbres  dressés. 

7.  Pruniers ] 

8.  Vignes  de  jardin./ 

VI.  Culture  forcée.  — Deux  concours. 

1.  Lot  d'arbres  et  arbustes  élevés  en  pot  pour  la 
culture  forcée. 

2.  Lot  de  Vignes  élevées  en  pot  pour  la  culture 
forcée. 


II.  Arbres  d’essences  résineuses  utilisés 
. pour  le  repeuplement  des  forêts.  — Deux 

concours. 

1.  La  plus  belle  collection  d’espèces  et  de  va- 
riétés. 

2.  Le  plus  beau  lot  d’espèces  d’introduction  ré- 
cente. 

III  Arbustes,  arbrisseaux  et  sous-arbris- 
seaux.  — Deux  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  d’espèces  et  de  va- 
riétés. 

2.  Le  plus  beau  lot  de  sujets  d’introduction  ré- 
cente. 

IV.  Arbres  nouveaux.  — Quatre  concours. 

1.  Arbres  nouveaux  inédits  d’importation,  n’ayant 
pas  encore  été  mis  dans  le  commerce. 

2.  Arbres  nouveaux  inédits  d'introduction,  n’ayant 
pas  encore  été  mis  dans  le  commerce. 

3.  Arbres  nouveaux  inédits  obtenus  de  semis, 
n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  commerce. 

4.  Les  plus  beaux  plants  d’essence  forestière» 
mis  dans  le  commerce  depuis  1878. 

V.  Belle  culture.  — Un  concours. 

1.  Les  plus  beaux  sujets  d’essences  forestières. 
CLASSE  83. 

PLANTES  DE  SERRE 

I.  Plantes  diverses.  — Trente-sept  concours. 

Plantes  de  serre  chaude  : 1.  La  plus  belle  collec- 
tion de  50;  2.  La  plus  belle  collection  de  25. 


48 


CORRESPONDANCE. 


Plantes  de  serre  tempérée  : 3.  La  plus  belle  col- 
lection de  40. 

Orchidées  exotiques  en  fleurs,  de  serre  tem- 
pérée : 4.  La  plus  belle  collection  : 5.  La  plus  belle 
collection  de  30;  6.  La  plus  belle  collection  de  12; 
7.  Le  plus  beau  lot. 

Cypripedium  en  fleurs,  de  serre  tempérée  : 8.  La 
plus  belle  collection;  9.  Le  plus  beau  lot  de  12. 

Ixoras  : 10.  Le  plus  beau  lot. 

Broméliacées  fleuries  ou  non  fleuries:  11.  La 
plus  belle  collection  : 12.  Le  plus  beau  lot. 

Fougères  herbacées  de  serre:  13.  La  plus  belle 
collection  : 14.  Le  plus  beau  lot. 

Calcéolaires  herbacées  variées  : 15.  Le  plus  beau 
lot  de  80;  16.  Le  plus  beau  lot  de  50. 

Cinéraires  simples  variés  : 17.  Le  plus  beau  lot 
de  50  ; 18.  Le  plus  beau  lot  de  25. 

Cinéraires  doubles  : 19.  Le  plus  beau  lot  de  25. 

Amaryllidées  fleuries  de  serre  : 20.  La  plus  belle 
collection  ; 21.  Le  plus  beau  lot. 

Imantophyllums  ou  Clivias  variés  en  fleurs:  22. 
Le  plus  beau  lot;  23.  Le  plus  beau  lot  de  25. 

Azalées  de  l’Inde  : 24.  La  plus  belle  collection  de 
60 : 25.  La  plus  belle  collection  de  40;  26.  La  plus 
belle  collection  de  25. 

Azalées  de  l’Inde,  nouvelles  variétés  : 27.  La  plus 
belle  collection  de  20. 

Rhododendrons  de  Java  et  de  l’Himalaya  en 
fleurs  : 28.  Le  plus  beau  lot. 

Plantes  de  la  Nouvelle-Hollande  : 29.  Le  plus 
beau  lot. 

Araucarias:  30.  La  plus  belle  collection. 

Conifères  de  serre  : 31.  La  plus  belle  collection. 

Plantes  officinales  de  serre  : 32.  La  plus  belle 
collection. 

Anthuriums  fleuris:  33.  Le  plus  beau  lot;  34.  La 
plus  belle  collection. 

Ixias  et  Sparaxis  en  fleurs  : 35.  Le  plus  beau  lot. 


M.  M.  A.  (Constantinople.)  — La  plante 
dont  vous  nous  avez  envoyé  les  feuilles  est  une 
Césalpiniée,  appartenant  probablement  au  genre 
Cassia.  Quand  elle  sera  fleurie,  l’été  prochain, 
nous  pourrons  vous  dire  son  nom  si  vous  nous 
en  envoyez  un  rameau  fleuri. 

N°  4641.  [Calvados. J — Merci  de  votre 
excellente  communication  sur  les  Pommiers  à 
cidre,  qui  paraîtra  dans  le  prochain  numéro 
de  la  Revue.  C’est  un  sujet  que  nous  considé- 
rons comme  de  premier  ordre.  Nous  savons 
qu’il  intéresse  particulièrement  les  horticul- 
teurs marchands,  dans  les  départements  de 
l’Ouest  et  du  Centre  principalement;  les  de- 
mandes de  Pommiers  à haute  tige  ont  décuplé 
depuis  quelques  années,  et  leur  vente  est  de- 
venue l’objet  d’un  commerce  important. 


Bonapartéas  et  Dasylirions  : 36.  Le  plus  beau  lot. 

Primula  sinensis  en  fleurs  : 37.  Le  plus  beau  lot. 

II.  Plantes  nouvelles.  — Cinq  concours. 

1.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuillage 
introduites  le  plus  récemment  en  Europe. 

2.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage introduites  directement  en  France. 

3.  Lot  de  plantes  hybrides  dont  les  parents  se- 
ront indiqués. 

4.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage obtenues  de  semis  et  non  encore  dans  le  com- 
merce. 

5.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage obtenues  de  semis  et  dans  le  commerce  de- 
puis 1878. 

III.  Belle  culture.  — Quatre  concours. 

1.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage que  la  bonne  culture  aura  fait  arriver  le  plus 
près  possible  de  son  maximum  de  développement. 

2.  De  4 à 10  plantes  fleuries  ou  à feuillage  les 
plus  remarquables  par  leur  forme  et  leur  dévelop- 
pement. 

3.  Le  plus  beau  lot  de  20  plantes  à feuillage  or- 
nemental. 

4.  Le  plus  beau  groupe  de  20  plantes  diverses 
fleuries,  à quelque  catégorie  qu’elles  appartiennent. 

ÏV.  Culture  spéciale.  — Deux  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  de  50  plantes  fleuries 
ou  à feuillage  cultivées  en  vue  de  l’approvisionne- 
ment des  marchés. 

2.  Le  plus  beau  lot  de  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage cultivées  en  vue  de  l’approvisionnement  des 
marchés. 


N°  5237 . M.  F.  L.  — Dans  le  genre  Anguloa, 
le  labelle  n’est  pas  mobile  comme  dans  d’autres 
genres  d’Orchidées,  par  exemple  dans  les  Bol- 
bophyllum,  dont  plusieurs  espèces,  comme  le 
B.  barbigerum , de  la  côte  occidentale  d’Afrique, 
ont  une  articulation  si  déliée  que  ce  labelle 
s’abaisse  comme  la  mâchoire  d’un  magot 
chinois. 

Nous  ne  connaissons  aucune  espèce  à’ An- 
guloa proprement  dite  qui  présente  ce  singu- 
lier phénomène. 

La  citation  latine  que  vous  avez  lue  dans 
une  serre,  et  qui  est,  en  effet,  charmante 
et  bien  appropriée  à la  situation,  se  trouve 
dans  un  livre  ancien  sur  le  jardinage.  Voyez,  à 
ce  sujet,  l’article  que  nous  publions  dans  le 
présent  numéro  (page  37.) 


L’Administrateur-Gérant  : L.  Bourguignon. 


Imp.  Georges  Jacob , — Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


49 


CHRONIQUE  HORTICOLE 

Les  plantations  d’arbres  fruitiers  à cidre  en  bordure  des  routes.  — Canna  liliiflora.  — Brugnon  vineux 
Henri  de  Monicourt.  — Le  phylloxéra  et  les  parasites  végétaux  vaincus  par  l’hybridation.  — Les 
Vignes  kabyles  en  Provence.  — Un  nouvel  ennemi  des  Gattleyas.  — École  forestière  de  Nancy.  — La 
Société  nationale  d’horticulture  de  France  et  l’Art  des  jardins.  — L’enseignement  horticole  dans  les 
écoles  primaires.  — Nouvelles  contributions  à la  Flore  de  Madagascar.  — Les  concours  régionaux 
en  1888.  — Grand  concours  international  des  sciences  et  de  l’industrie  à Bruxelles.  — Exposition 
de  Barcelonne.  — Société  cactophile  belge.  — Orchidées  et  Colibris. 


Les  plantations  d’arbres  fruitiers  à 
cidre  en  bordure  des  routes.  — La 

Revue  horticole  s’est  souvent  occupée  de 
cette  importante  question,  et,  récemment, 
elle  faisait  connaître  un  cas  d’opposition 
formelle  de  la  part  de  l’Administration  des 
Ponts  et  Chaussées  (1). 

Il  n’en  est  heureusement  pas  partout 
ainsi , et  un  de  nos  correspondants, 
M.  Ausseur-Sertier,  de  Lieusaint,  nous 
écrit  que,  sur  les  routes  de  Brie-Comte- 
Robert  à Servon,  et  de  Moissy-Cramayel  à 
Guignes,  M.  Aubrot,  ingénieur  du  dépar- 
tement (Seine-et-Marne),  a fait  exécuter 
des  plantations  importantes  de  Pommiers  à 
cidre.  Jusqu’ici,  aucun  inconvénient  n’a 
été  signalé,  et  les  arbres  sont  en  très-bonne 
voie  de  développement. 

Ajoutons  que  ce  même  département  est 
largement  entré  dans  la  voie  des  plantations 
d’arbres  fruitiers  à cidre,  et  que  déjà  une 
cidrerie  vient  d’être  construite  auprès  de 
Brie-Comte-Robert. 

Canna  liliiflora.  — Introduite  vers 
1854,  par  Warscewicz,  de  l’État  de  Véra- 
guas  (Amérique  centrale),  cette  superbe 
plante  à fleurs  blanches  odorantes  fut  mise 
en  vente  par  L.  Van  Houtte,  le  célèbre  hor- 
ticulteur gantois.  Elle  se  répandit  lentement 
dans  les  cultures.  La  raison  était  surtout  la 
difficulté  de  la  conserver  l’hiver,  car  sa  vé- 
gétation ne  doit  jamais  être  interrompue,  ses 
racines  étant  fibreuses  et  non  tuberculeuses. 

La  plante  disparut  bientôt  de  presque 
toutes  les  collections.  Demandée  par  quel- 
ques amateurs,  on  réussit  à la  retrouver,  il 
y a quelques  années,  grâce  à la  publicité  de 
la  Revue  horticole.  On  en  obtint  des 
graines  et  des  jeunes  plantes. 

Aujourd’hui,  la  même  disette  de  Canna 
liliiflora  paraît  se  reproduire.  On  nous 
demande  d’indiquer  où  l’on  peut  se  pro- 
curer cette  plante,  et  nous  n’y  réussissons 
pas.  Nous  prions  instamment  ceux  de  nos 

(1)  Voir  Revue  horticole , 1887,  p.  41o- 
1er  Février  1888. 


lecteurs  qui  pourraient  nous  renseigner  à 
ce  sujet  de  vouloir  bien  le  faire. 

Brugnon  vineux  Henri  de  Monicourt. 

— Notre  collaborateur,  M.  Gagnaire,  de 
Bergerac,  rappelle  en  ces  termes,  dans  une 
lettre  récente  qu’il  nous  écrit,  l’attention 
des  pomologues  et  des  amateurs  de  fruits 
sur  cette  variété  de  Brugnon  : 

Un  jour  de  l’année  1872,  à la  veille  des  ven- 
danges, M.  de  Monicourt  parcourait  ses  vi- 
gnobles, qui  entourent  son  château  de  Chagnaud. 
Chemin  faisant,  un  arbre  planté  au  loin  dressait 
sa  tête  chargée  de  fruits  au-dessus  des  Vignes 
et  s’imposait  par  sa  jolie  forme  à l’attention  de 
son  propriétaire.  Suivi  de  son  homme  d’affaires, 
M.  de  Monicourt  se  dirige  vers  cet  arbre, 
cueille  un  fruit,  puis  deux,  qu’il  déguste  soi- 
gneusement, et  reconnaît  avoir  à faire  à un 
Brugnon  vineux  à chair  non  adhérente,  incon- 
testablement dû  au  hasard.  Quelques  années 
plus  tard,  notre  savant  rédacteur  en  chef, 
M.  E.  A.  Carrière,  le  décrivait  dans  la  Revue 
horticole  (année  1885,  page  55). 

Ce  bon  et  joli  fruit  mûrit  ici  dans  la  pre- 
mière quinzaine  de  septembre,  c’est-à-dire  une 
quinzaine  de  jours  plus  tard  que  les  variétés 
de  Brugnon  répandues  dans  le  commerce,  ce 
que  les  amateurs  savent  apprécier.  L’arbre  qui 
le  porte  est  vigoureux  et  fertile,  et  se  soumet 
volontiers  à la  forme  en  plein  vent  comme  à la 
forme  en  espalier. 

Indépendamment  de  ses  bonnes  qualités,  le 
Brugnon  vineux  H.  de  Monicourt  comble  une 
importante  lacune  pomologique,  puisqu’il  est 
au  groupe  Brugnon  ce  que  sont  les  Pêches  vi- 
neuses au  groupe  Pêcher,  la  Poire  vineuse  au 
genre  Poirier,  et  la  Pomme  Museau  de  Lièvre 
à chair  sanguine  au  genre  Pommier. 

Le  Brugnon  vineux  Henri  de  Monicourt  a 
sa  place  marquée  dans  toutes  les  collections, 
quelle  qu’en  soit  l’importance.  Je  recommande 
ce  fruit  aux  amateurs,  parce  qu’il  est  réelle- 
ment méritoire,  et  si  j’insiste  en  sa  faveur  au- 
près des  pomologues,  c’est  parce  qu’il  ne  doit 
pas  passer  inaperçu.  Gagnaire, 

Horticulteur  à Bergerac. 

Nous  appuyons  la  recommandation  de 
notre  collaborateur  en  faveur  de  ce  nouveau 
et  bon  fruit. 


3 


50 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Le  phylloxéra  et  les  parasites  végé- 
taux vaincus  par  l'hybridation.  — 

M.  Millardet,  l’inventeur  de  la  bouillie  bor- 
delaise, le  viticulteur  qui,  depuis  de  nom- 
breuses années,  n’a  cessé  de  chercher, 
souvent  avec  succès,  les  moyens  de  lutter 
contre  les  nombreux  ennemis  qui  s’achar- 
nent sur  la  Vigne,  vient,  avec  la  collabo- 
ration de  cultivateurs  distingués,  MM.  de 
Grasset,  Couderc  et  Ganzin,  de  terminer 
une  longue  série  d’expériences,  desquelles 
il  résulte  que  les  Vignes  obtenues  en 
France  par  l’hybridation  de  cépages  euro- 
péens au  moyen  d’espèces  ou  formes  améri- 
caines, résistent  absolument  aux  atteintes 
du  phylloxéra  et  des  autres  parasites  végé- 
taux. 

M.  Millardet  vient  de  publier,  à ce  sujet, 
dans  le  Journal  d’ Agriculture pratique  (1), 
un  article  fort  intéressant  dont  nous  don- 
nons ici  une  partie  de  la  conclusion  : 

Ainsi,  l’année  1887  marquera  une  date  à 
jamais  mémorable  dans  l’histoire  de  nos  dé- 
sastres viticoles,  de  nos  angoisses  et  de  nos 
luttes  contre  les  fléaux  formidables  qui  ont 
accueilli  notre  viticulture  depuis  vingt  ans. 
Grâce  à l’hybridation  de  nos  cépages  euro- 
péens par  diverses  Vignes  américaines,  nous 
sommes,  à partir  d’aujourd’hui,  absolument 
certains  d’obtenir,  dès  la  première  génération, 
soit  des  porte-greffes  d’une  résistance  assurée 
et  d’une  adaptation  plus  facile  que  ceux  que 
nous  possédions  jusqu’ici,  soit  des  producteurs 
directs,  résistant  au  phylloxéra  et  aux  para- 
sites végétaux  les  plus  dangereux,  et  capables 
de  produire,  en  même  temps,  des  vins  com- 
plètement droits  de  goût.  De  plus,  il  est  très- 
possible  que  le  semis  des  graines  de  ces  hy- 
brides de  première  génération  nous  conduise 
à des  résultats  encore  plus  satisfaisants  ; c’est 
même  à espérer.  Mais  il  ne  faudrait  pas  que 
cet  espoir  flatteur  nous  fasse  méconnaître 
l’importance  capitale  du  fait  que  je  signale 
aujourd’hui,  puisque,  à lui  seul,  il  doit  suffire 
à nous  tranquilliser  sur  l’avenir.  Dès  mainte- 
nant, en  effet,  l’exactitude  de  la  méthode  qui 
doit  nous  conduire  au  but  doit  être  regardée 
comme  absolument  démontrée.  Ce  qui  a été 
fait  doit  être  fait  encore,  et,  je  dirai  plus,  le 
sera  certainement. 

Les  Vignes  kabyles  en  Provence.  — 

M.  Ghèdes,  viticulteur  à Aix-en-Provence, 
vient  d’adresser  à M.  le  Président  de  la  So- 
ciété nationale  d’ Acclimatation  une  lettre 
d’où  nous  extrayons  les  passages  suivants  : 

J’avais  eu  occasion,  étant  en  excursion  à 

(1)  Voir  Journal  d’ Agriculture  pratique,  1888, 

p.  22. 


Milah  (Algérie),  de  goûter  au  vin  fabriqué 
avec  le  produit  des  Vignes  kabyles.  Ce  vin 
rosé  était  excellent,  et  devenait  supérieur 
après  deux  ou  trois  années  de  bouteille. 

J’ai  eu  l’idée,  au  commencement  de  l’année 
1887,  de  me  faire  expédier,  de  Bougie, 
1,530  boutures  de  Vignes  de  Kabylie. 

Ces  boutures,  provenant  de  Vignes  poussant 
en  liberté,  grimpant,  librement  après  les  arbres 
de  la  Kabylie,  s’élançant  d’un  arbre  à l’autre, 
produisent  de  merveilleuses  grappes  dont  le 
poids  varie  de  2 à 5 kilogrammes  ; elles  me  sont 
parvenues  en  assez  bon  état. 

Je  les  ai  mises  en  terre  deux  ou  trois  jours 
après  leur  arrivée,  et,  afin  de  faire  un  essai 
aussi  concluant,  que  possible,  j’ai  fait  des  pépi- 
nières dans  trois  terrains  différents  : 

Terre  rouge,  terre  noire,  terre  blanche. 

Les  trois  pépinières  ont  parfaitement  réussi 
et,  chose  remarquable,  les  pousses,  qui  dépas- 
saient 50  centimètres  pour  la  plupart,  n’ont  pas 
été  atteintes  par  le  mildiou,  pendant  qu’à  côté 
des  Vignes  françaises  et  américaines  résistaient 
avec  peine,  même  ayant  subi  jusqu’à  quatre 
injections  de  sulfate  de  cuivre. 

Le  même  fait  de  résistance  au  mildiou 
s’est  produit  chez  trois  cultivateurs  aux- 
quels M.  Chèdes  avait  remis  des  plants  de 
Vignes  kabyles  ; il  y a évidemment  là 
une  forme  robuste  qui  pourra  apporter 
un  élément  nouveau  à la  reconstitution 
de  nos  vignobles. 

On  ne  saurait  trop  insister  sur  la  néces- 
sité qu’il  y a de  rechercher  partout  les 
moyens  de  contribuer  à cette  reconstitution. 
Aussitôt  qu’une  possibilité  est  entrevue, 
on  doit  s’en  emparer,  l’expérimenter  par 
tous  les  moyens  dont  on  dispose,  jusqu’à  ce 
que  l’on  soit  arrivé  à un  résultat  positif  ou 
négatif  incontestable. 

Un  nouvel  ennemi  des  Cattleyas.  — 

C’est  le  Isosoma  Cattleyæ,  Riley.  D’im- 
portation américaine,  cet  insecte,  paraît-il, 
a déjà  ravagé  beaucoup  de  serres  en  Angle- 
terre, et  après  avoir  passé  la  Manche,  il  est 
actuellement  sur  le  continent,  c’est-à-dire 
en  France. 

L’isosoma  Cattleyæ  appartient  à la 
famille  des  Eurytomides.  C’est  un  Hymé- 
noptère,  voisin  des  Cynissoïdes. 

Voici,  à ce  sujet,  ce  que  nous  apprend 
M.  Schneider,  qui,  dans  l’établissement  de 
M.  Veitch,  en  Angleterre,  a eu  maintes  fois 
l’occasion  de  voir  cet  insecte  : « . . . Il  sort 
de  son  gîte  vers  dix  heures  du  soir,  pour 
se  répandre  dans  la  serre,  et  c’est  alors 
qu’il  pond  ses  œufs  dans  les  écailles  qui  se 
trouvent  à la  base  des  jeunes  bourgeons, 
lesquels  œufs  se  transforment  en  larves  qui 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


51 


creusent  des  galeries,  et  déterminent  la  mort 
des  bourgeons.  » 

L ’lsosomà  Cattleyæ  a déjà  progressé 
d’une  manière  effrayante  dans  les  serres 
d’Armainvilliers,  où  il  a causé  de  sérieux 
dommages  sur  les  Cattleya.  Se  bornera-t-il 
à ce  genre  ou  n’attaquera-t-il  pas  les  sortes 
analogues  ? Quoi  qu’il  en  soit,  sous  ce  rap- 
port, au  lieu  de  disserter  sur  ce  point  ce 
qu’il  convient  de  faire,  c’est  de  s’attacher 
tout  de  suite  à la  destruction  de  cet  insecte. 
Mais  comment?  Par  les  insecticides  sous 
les  deux  formes  habituelles  : fumigations  ou 
aspersions  réitérées  à différentes  heures, 
afin  d’atteindre  les  insectes,  soit  à l’état  par- 
fait, soit  à celui  de  larves. 

École  forestière  de  Nancy.  — Une 

importante  modification  vient  d’être  opérée 
par  le  Ministre  de  l’agriculture  dans  le 
mode  de  recrutement  des  élèves  de  l’École 
forestière  de  Nancy.  A l’avenir,  tous  les 
élèves  de  l’école  forestière  seront  pris  parmi 
les  élèves  diplômés  de  l’Institut  national 
agronomique,  suivant  le  mode  adopté  à 
l’École  polytechnique  pour  le  recrutement 
de  ses  écoles  d’application. 

Pour  être  admis  à l’École  forestière,  les 
élèves  diplômés  de  l’Institut  agronomique 
devront  avoir  eu  vingt-deux  ans  au  plus  au 
1er  janvier  de  l’année  courante.  Le  nombre 
des  élèves  reçus,  chaque  année,  ne  pourra 
être  supérieur  à 12. 

Enfin,  il  est  institué,  annuellement,  dix 
bourses  de  1,500  fr.  chacune,  en  faveur  des 
élèves  de  l’École  forestière.  Ces  bourses 
peuvent  être  divisées  en  demi-bourses. 

Les  résultats  les  plus  marqués  de  cette 
œuvre  seront  de  rendre  les  fonctions  fores- 
tières accessibles  à tous  ceux  dont  les  con- 
naissances et  les  aptitudes  seront  suffi- 
santes, et  aussi  d’étendre  les  connaissances 
agricoles  de  nos  sylviculteurs,  puisque 
leurs  études  préparatoires,  à l’Institut  agro- 
nomique, les  auront  fortement  instruits 
sous  ce  rapport. 

La  Société  nationale  d’horticulture 
de  France  et  l’Art  des  jardins.  — Il 

vient  de  se  former,  dans  le  sein  de  la  So- 
ciété nationale  d’horticulture  de  France,  un 
comité  de  l’Art  des  jardins,  dont  le  bureau 
est  déjà  constitué  et  fonctionne. 

C’est  là  une  très-utile  adjonction  aux  di- 
verses sections  que  notre  grande  Société 
comptait  déjà,  et,  avec  un  champ  d’opérations 
aussi  vaste  que  celui  auquel  se  rapporte  le 
nouveau  comité,  il  y a tout  lieu  d’espérer 


qu’il  saura  rendre  quelques  services  à l’archi- 
tecture paysagère  et  à l’horticulture  en  gé- 
néral. 

Toutes  communications  ou  demandes 
d’indications  seront  favorablement  accueil- 
lies par  le  Comité  de  l’Art  des  jardins,  et  de- 
vront être  adressées  à son  secrétaire,  84,  rue 
de  Grenelle-Saint-Germain,  Paris. 

L’enseignement  horticole  dans  les 
écoles  primaires.  — Le  Ministre  de  l’ins- 
truction publique  a récemment  pris  une 
mesure  excellente.  Il  a décidé  qu’en  1888 
vingt  médailles  d’argent,  accompagnées 
chacune  d’une  somme  variant  de  50  à 
300  fr.,  seraient  décernées  aux  institu- 
teurs et  institutrices  primaires  qui  auront 
donné,  avec  le  plus  de  zèle  et  le  plus  de 
succès,  d’une  manière  théorique  et  pratique, 
l’enseignement  agricole  et  horticole  à leurs 
élèves. 

Il  est  évident  que  la  culture  des  arbres 
fruitiers,  des  légumes  et  des  fleurs,  tiendra, 
à beaucoup  près,  la  plus  grande  place  dans 
cette  section  de  l’instruction  primaire,  et 
les  bons  effets  s’en  feront  rapidement  sentir, 
nous  en  sommes  persuadés. 

Nouvelles  contributions  à la  Flore  de 
Madagascar  (1).  — Peu  de  personnes  se 
doutent  de  la  richesse  de  la  Flore  de  Mada- 
gascar. En  effet,  la  plus  vaste  partie  de  cet 
immense  territoire  est  encore  inexplorée  au 
point  de  vue  botanique,  et  les  découvertes 
que  l’on  y a faites  sont  d’une  extrême  abon- 
dance. 

M.  J. -G.  Baker,  le  savant  botaniste  de 
Kew,  a récemment  étudié  un  envoi  de 
plantes  de  l’île  africaine,  parmi  lesquelles 
il  a reconnu  et  décrit  7 genres  nouveaux 
et  plus  de  250  espèces  nouvelles. 

Les  genres  nouveaux  sont  ainsi  dénom- 
més : Gamopoda  (Ménispermacées),  Tri - 
morphopetalum  (Balsaminées),  Rhodose- 
pala  (Mélastomacées),  Amphorocalyx  (Mé- 
lastomacées) , Gomphocalyx  (Bubiacées), 
Astephanocarpa  (Composées),  Termolepis 
(Composées). 

Une  grande  partie  des  espèces  nouvelles 
appartiennent  aux  genres  tropicaux  : Gar- 
cinia,  Hibiscus,  Bégonia,  Vitis,  Ficus. 
Quelques  représentants  de  la  flore  du  Cap 
viennent  s’ajouter  à celle  de  Madagascar. 
Ils  appartiennent  aux  genres  Pélargonium, 

(1)  Further  Contributions  to  the  Flora  of 
Madagascar , J. -G.  Baker.  — Journal  de  la  So- 
ciété Linnéenne  de  Londres , vol.  X"VII,  Botanique, 

pp.  441-560. 


52 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Cineraria,  Belmontia , etc.  Enfin,  certains 
Strychnos,  Dalbergia,  Maceranga,  Gar- 
cinia , etc,,  présenteront,  paraît-il,  un  in- 
térêt économique. 

D’autre  part,  nous  avons  à signaler  la 
publication  de  la  partie  historique  de  Y His- 
toire physique , politique  et  naturelle  de 
Madagascar , un  bel  ouvrage  publié  sous  la 
direction  de  M.  Alf.  Grandidier.  Le  premier 
fascicule  de  Y Histoire  naturelle  des  plantes, 
faisant  partie  de  ce  cet  ouvrage  et  dû  à 
M.  H.  Bâillon,  comprend  les  figures  de 
quarante-sept  espèces,  presque  toutes  nou- 
velles. Le  texte  de  ce  fascicule  n’est  pas 
encore  publié  ; mais  les  espèces  qui  y sont 
contenues  sont  décrites  dans  des  publica- 
tions antérieures,  notamment  dans  le  Bulle- 
tin de  la  Société  Linnéenne  de  Paris. 

Les  concours  régionaux  en  1888.  — 

Les  concours  régionaux  auront  lieu,  cette 
année,  dans  les  villes  et  aux  dates  sui- 
vantes : Auch  et  Nantes,  du  21  au  29  avril  ; 
Laon,  du  19  au  27  mai  ; Châteauroux  et 
Nîmes,  du  26  mai  au  3 juin  ; Autun,  du 
2 au  10  juin;  Epinal,  du  9 au  17  juin; 
Alençon,  du  16  au  24  juin. 

Pour  être  admis  à exposer  dans  ces  con- 
cours, la  demande  ou  déclaration  doit  être 
adressée  au  Ministre  de  l’agriculture,  et 
parvenir  au  ministère  avant  les  dates  dési- 
gnées ci-après  : Auch  et  Nantes,  le  15  mars 
1888;  Laon,  le  15  avril;  Châteauroux  et 
Nîmes,  le  20  avril  ; Autun,  le  25  avril  ; 
Épinal,  le  5 mai  ; Alençon,  le  10  mai. 

L’horticulture,  l’arboriculture,  sont,  on 
le  sait,  admises  aux  concours  régionaux.  Il 
importe  donc  à nos  bons  cultivateurs,  spé- 
cialistes ou  autres,  de  s’y  faire  représenter. 

Grand  Concours  international  des 
sciences  et  de  l’industrie  à Bruxelles. 

— Dans  ce  Concours,  dont  nous  avons 
parlé  récemment  (1),  l’horticulture  et  ses 
alliés  joueront  un  rôle  très-important.  Elles 
occupent,  dans  la  classification  générale,  les 
numéros  d’ordre  suivant  : 

Subdivision  24  a.  — Matériel  et  technologie 
horticoles. 

Subdivision  24  b.  — Floriculture.  — Expo- 
sitions permanente  dans  les  jardins.  — Expo- 
sitions temporaires. 

Subdivision  24  c.  — Pomologie. 

Subdivision  24  d.  — Culture  maraîchère. 

Subdivision  24  e.  — Graines  et  matériel. 

Un  Congrès  horticole  sera  annexé  à ces 
exhibitions,  et  les  nombreuses  questions 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1887,  p.  433. 


soumises  à l’étude  de  ce  Congrès  sont  déjà 
publiées.  Elles  embrassent  un  champ  très- 
vaste,  et  sont  pour  la  plupart  d’un  haut 
intérêt  horticole  ou  scientifique. 

Nous  ferons  ultérieurement  connaître  les 
diverses  dates  des  Concours,  mais  dès 
aujourd’hui  les  intéressés  pourront  se  pro- 
curer le  programme  détaillé  de  l’exposition 
ainsi  que  la  liste  des  questions  qui  seront 
soumises  au  Congrès  ou  traitées  à l’avance, 
en  s’adressant  à M.  Lubbers,  secrétaire  du 
Comité  n°  24  du  grand  Concours  interna- 
tional, à Bruxelles. 

Exposition  de  Barcelone.  — La  ville 

de  Barcelone  organise,  en  ce  moment,  une 
vaste  Exposition  universelle,  qui  doit  s’ou- 
vrir le  8 avril  1888,  et  qui,  avec  ses  jardins 
et  annexes,  occupe  une  surface  de  près 
de  47  hectares.  Les  intéressés  pourront 
prendre  connaissance  du  programme  dé- 
taillé et  des  conditions  d’admission  en 
s’adressant  au  siège  de  la  Société  natio- 
nale d’ Acclimatation , 41 , rue  de  Lille , 
Paris. 

Société  cactophile  belge.  — Il  vient 
de  se  former,  à Anvers,  une  Société  (Vet- 
plantenkring,  Cercle  d’amateurs  de  plantes 
grasses)  qui  s’occupera  exclusivement  de 
l’étude  et  de  la  culture  des  Cactées.  Le  se- 
crétaire est  M.  J.  Havermans,  46,  rue  Jésus, 
à Anvers. 

Orchidées  et  Colibris.  — Sous  ce  titre 
vient  de  paraître  le  premier  fascicule  d’une 
splendide  publication,  format  grand  in-folio, 
qui  est  destinée  au  plus  grand  succès  ar- 
tistique et  horticole  à la  fois.  L’auteur, 
M.  Paul  de  Longpré,  est  un  peintre  de 
fleurs  hors  ligne.  Il  a traduit  la  nature 
même  sous  la  forme  des  plus  belles  Orchi- 
dées, vues  comme  elles  sont  dans  leur  pays 
natal,  épiphytes  sur  les  troncs  d’arbre,  en- 
vironnées de  Fougères,  de  Mousses,  de 
plantes  variées,  au  milieu  desquelles  se 
jouent,  comme  des  pierres  précieuses  vi- 
vantes, de  délicieux  oiseaux-mouches. 

Les  six  premières  compositions  de  M.  de 
Longpré  donnent  le  portrait  des  six  espèces 
suivantes  : Cattleya  exoniensis , Odonto- 
glossum  Rossii  (sous  le  nom  de  rubescens ), 
Stanhopea  Martiana,  Phalænopsis  Stuar- 
tiana,  Dendrobium  Farmeri,  et  un  bou- 
quet de  cinq  espèces  diverses.  Nous  repar- 
lerons en  détail  de  cette  magnifique  série 
de  planches  coloriées. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


GUNDELIA  TOURNEFORTII. 


53 


GUNDELIA  TOURNEFORTII 


Le  Gundelia  Tournefortii , L.,  ou  Accoub 
de  Syrie  (fig.  12),  est  d’une  culture  assez 
difficile  ; les  pieds  ne  peuvent  se  diviser  et 
la  transplantation  en  est  impraticable  ; c’est 
par  le  semis  seulement  qu’on  arrive  à l’ob- 
tenir, et  ce  n’est  qu’au  bout  de  trois  ou 
quatre  ans  que  s’accomplit  la  floraison. 

M.  Paillieux  a semé,  fin  mai,  soixante- 
quatre  graines  de  G.  Tournefortii,  à raison 
de  deux  graines  par  pot.  Quarante  jours 
après,  une 
vingtaine 
avaient  levé, 
puis  une  di- 
zaine d’au- 
tres. Mis  en 
pleine  terre 
avec  la  mot- 
te, les  pieds, 
qui  avaient 
été  recou- 
verts de  clo- 
ches, ont 
bien  passé 
l’hiver  ; 
ceux  pour 
lesquels 
cette  pré- 
caution 
avait  été 
négligée  ont 
pourri.  Cet- 
te plante 
semble 
craindre 
beaucoup 
l’humidité. 

Ses  capitu- 
les fournis- 
sent un  légume  agréable,  égal  à l’Asperge 
et  supérieur  à l’Artichaut. 

« Légume  excellent  ! Plante  féroce  ! 
s’écrie  M.  Paillieux  dans  une  de  ses  lettres 
sur  l’Accoub,  communiquées  à la  Société 
d’ Acclimatation.  Henri  Yéniat,  mon  jardi- 
nier, s’en  est  approché  avec  précaution,  le 
sécateur  à la  main;  il  en  a détaché  une 
trentaine  de  boutons  à fleurs. 

« Ces  boutons  sont  ronds  et  du  volume 
d’une  grosse  Fraise  Ananas. 

« J’ai  coupé  les  épines  dont  ils  sont  gar- 
nis, et  je  les  ai  jetés  au  fur  et  à mesure  dans 
l’eau  fraîche. 


« Au  contact  du  fer,  la  section  devient 
noire  comme  celle  de  l’Artichaut. 

« Les  boutons  ont  été  cuits  à l’eau  et 
accommodés  au  beurre  comme  les  Flageo- 
lets, sans  Persil. 

« Le  résultat  a été  parfaitement  satisfai- 
sants et  ce  n’est  pas  seulement  l’avis  de 
l’amateur  qui  vous  écrit,  mais  celui  de  sa 
famille. 

« Le  goût  du  légume  est  également  voisin 

de  celui  de 
l’Asperge  et 
de  celui  de 
l’Artichaut. 

« L’Ac- 
coub serait 
appelé  aux 
plus  hautes 
destinées 
s’il  n’était 
le  plus  re- 
doutab 1 e 
des  Char- 
dons, et  si 
les  cuisiniè- 
res pou- 
vaient l’ac- 
cepter. 

« Je  vais 
cependant 
m’appliquer 
à le  multi- 
plier, mais 
il  faut  pour 
cela  que 
Dieu  me 
prête  une 
longue  vie, 
car  la  plante 
exige  quatre  ans  pour  atteindre  son  maxi- 
mum de  production.  Elle  est,  il  est  vrai, 
vivace  et  sa  durée  sera  peut-être  égale  à 
celle  de  l’Asperge,...  ce  que  j’avoue  igno- 
rer. 

« On  récolte  les  boutons  à fleurs  nais- 
sants à partir  du  15  mai.  On  pourrait 
encore  en  cueillir  en  ce  moment.  » 

M.  Paillieux  fait  des  réserves  en  ce  qui 
concerne  les  vertus  comestibles  des  racines 
et  des  jeunes  pousses,  ne  songeant  d’ailleurs 
pas  à sacrifier,  dès  aujourd’hui,  des  pieds 
obtenus  au  prix  de  grands  efforts.  Qu’il 
suffise  de  savoir  que  l’art  culinaire  va 


Fig.  12.  — Gundelia  Tournefortii. 


54 


TAILLE  DES  ARBUSTES. 


trouver  un  nouvel  élément  dans  la  prépara- 
tion des  capitules  du  G.  Tournefortii,  qui 
resteront  un  légume  printanier  de  choix, 
d’une  délicatesse  parfaite,  mets  d’amateur 


s’il  en  fut.  Ces  qualités  engageront  l’hor- 
ticulteur tant  soit  peu  gastronome  à en 
essayer  la  culture. 

Ed.  André. 


TAILLE  DES  ARBUSTES 


Chaque  année  cette  question  générale  se 
présente  : Faut-il  tailler  les  arbustes,  et  si 
oui,  à quelle  époque  doit-on  faire  cette  opé- 
ration ? Cette  question,  en  apparence  si 
simple,  en  renferme  plusieurs  autres,  qui, 
bien  que  secondaires,  méritent  pourtant  de 
fixer  l’attention. 

Forme  et  dimension  à donner  aux 
arbustes.  — Dépendantes  de  la  nature  des 
plantes,  des  conditions  où  elles  sont  placées 
et  du  but  que  l’on  recherche,  on  ne  peut 
indiquer  de  règles  absolues,  sinon  dans 
quelques  cas  et  encore  d’une  manière  géné- 
rale. Ce  qu’alors  l’on  doit  faire,  c’est,  de  sur- 
veiller les  plantes  afin  qu’elles  ne  se  dégar- 
nissent pas  et  que  les  dimensions  soient 
maintenues  dans  des  proportions  relatives, 
c’est-à-dire  en  rapport  avec  la  force  et  la 
forme  des  plantes. 

Une  chose  importante  relative  à la  forme, 
c’est  que,  quelle  que  soit  celle-ci,  elle  ait  un 
aspect  naturel  et  non  guindé,  ainsi  qu’on  a 
trop  l’habitude  de  le  faire,  et  alors  ces  végé- 
taux rappellent  des  joujoux  de  Nuremberg 
et  semblent  avoir  été  coulés  dans  un  moule. 
Certains  de  ces  tailleurs  vont  même  jusqu’à 
couper  les  feuilles  en  deux  afin  d’avoir  ce 
qu’ils  appellent  une  « belle  régularité  »,  ce 
qui  est  d’un  mauvais  goût  achevé.  Cette 
taille  murale,  qui  ne  peut  être  admise  que 
pour  des  haies  ou  pour  des  palissades  qui 
simulent  des  murs,  se  fait  le  plus  sou- 
vent avec  des  cisailles  ; nous  avons  même 
parfois  vu  de  ces  sortes  de  perruquiers  hor- 
ticoles, après  avoir  donné  quelques  coups  de 
ciseaux,  se  reculer,  cligner  de  l’œil,  puis 
revenir  sur  leur  ouvrage,  et  alors,  à l’aide 
de  petits  coups  répétés,  faire  des  hachures 
ou  sortes  de  copeaux  jusqu’à  ce  que  toutes 
les  inégalités  aient  disparu. 

Jamais,  au  contraire,  un  véritable  jardi- 
nier ne  doit  se  servir  de  cisailles,  excepté 
pour  les  bordures  de  huis,  les  haies  ou  les 
palissades,  qui  doivent  être  droits  et  régu- 
liers comme  des  murs.  En  dehors  de  ces 
quelques  sujets  et  des  figurines  faites  à 
l’aide  d’ifs  soumis  à cette  sorte  de  « coupe 
de  cheveux  »,  on  ne  devrait  jamais,  dans 
un  jardin  digne  de  ce  nom,  voir  ces  ar- 


bustes étriqués  qui  semblent  sortir  de  chez 
un  coiffeur. 

Sans  chercher  l’irrégularité  et  tout  en 
conservant  les  formes  gracieuses,  on  peut  et 
on  doit  éviter  les  formes  dures,  surtout  quand 
elles  rappellent  trop  la  main  de  l’homme, 
qui,  dans  ces  circonstances,  doit  autant  que 
possible  disparaître.  Pour  cela,  non  seule- 
ment dans  ce  cas,  mais  toujours,  la  taille 
devra  être  faite  à une  bifurcation,  de  ma- 
nière que  l’extrémité  du  rameau  se  termine 
par  une  partie  feuillée,  un  œil  ou  un  bour- 
geon, mais  jamais  ou  le  plus  rarement  pos- 
sible par  la  coupe  de  la  partie  supprimée.  Il 
est  également  entendu  que  cette  coupe  devra 
être  faite  le  plus  proprement  possible, 
courte  et  arrondie,  de  manière  à ne  pas 
présenter  ces  grands  biseaux  blancs  ou 
« coupes  en  sifflet  ». 

Époque  de  la  taille  des  arbustes.  — 
Bien  qu’il  n’y  ait  pas  lieu  d’assigner  une 
époque  précise  à cette  opération,  on  peut, 
d’une  manière  générale,  la  partager  en  deux. 
Il  y aura  une  époque  que  nous  nommons 
hivernale , qui  comprendra  le  temps  entre 
la  défoliaison  et  la  foliaison  ou  bourgeon- 
nement. Elle  devra  toujours  se  faire  avant 
la  floraison.  La  seconde  époque,  dite  esti- 
vale•,  devra  se  faire  aussitôt  la  floraison 
terminée,  de  manière  à provoquer  le  déve- 
loppement immédiat  de  nouveaux  bourgeons 
qui  devront  fleurir  l’année  suivante.  Pour 
indiquer  ces  deux  séries  d’opérations,  cer- 
tains praticiens,  partageant  les  arbustes  en 
deux  catégories,  ont  dit  : l’une  comprend 
toutes  les  espèces  qui  fleurissent  sur  le 
jeune  bois  ou  bois  de  Vannée  ; l’autre  ceux 
qui,  au  contraire,  fleurissent  sur  le  vieux 
bois.  Cette  expression  est  vicieuse  et  prête 
à des  confusions , car,  à vrai  dire,  presque 
toutes  les  plantes  fleurissent  sur  du  jeune 
bois,  tellement  même  que  parfois  ce  bois, 
à peine  âgé  de  quelques  jours,  se  confond 
avec  les  fleurs.  En  effet,  comme  exemple  de 
fleurs  se  développant  sur  le  vieux  bois,  on 
ne  connaît  guère  comme  arbuste  de  plein 
air  que  le  Cercis  siliquastrum  ou  cc  Bois  de 
Judée  ». 

Quoi  qu’il  en  soit,  on  considère  comme 


RÉSULTATS  D’EXPÉRIENCES  SUR 

fleurissant  sur  le  vieux  bois  les  plantes  dont 
les  fleurs  printanières,  plus  rarement  esti- 
vales, naissent  sur  du  bois  qui  s’est  déve- 
loppé l’année  qui  précède  celle  où  les  fleurs 
s’épanouissent,  et,  au  contraire,  comme 
fleurissant  sur  le  jeune  bois , les  espèces 
qui,  taillées  au  printemps,  poussent  et  fleu- 
rissent pendant  l’été. 

Pour  résumer  les  principes  énoncés  dans 
cet  article  et  en  faire  bien  comprendre  l’ap- 
plication, nous  croyons  devoir  rappeler  les 
catégories  arbustives  en  indiquant  pour 
chacune  quelques-unes  des  espèces  les 
mieux  caractérisées  qui  en  font  partie. 

Taille  hivernale  ou  avant  la  floraison  : 
Hibiscus  syriacus,  Ceanothus  americanus, 
Genista  hispanica,  etc. 

Taille  estivale  ou  après  la  floraison  : 
Lilas,  Boule-de-Neige,  Groseilliers,  Serin- 
gats, Faux-Ébénier,  etc.,  etc. 

Taille  sur  le  vieux  bois  : Cercis  sili- 
quastrum . 

RÉSULTATS  D’EXPÉRIENCES  SUR 

De  même  que  les  années  précédentes, 
MM.  Vilmorin  ont  bien  voulu  nous  faire 
parvenir  des  graines  de  leurs  légumes  nou- 
veaux qu’ils  mirent  pour  la  première  fois 
dans  le  commerce,  au  printemps  de  1887. 

Nous  indiquons  plus  loin  les  avantages 
et  les  qualités  de  ceux  qui  nous  ont  semblé, 
après  une  série  d’observations  attentives, 
devoir  prendre  rang  parmi  nos  meilleures 
plantes  potagères. 

Nous  avons  toujours  considéré  ces  sortes 
d’envois  comme  une  bonne  fortune  pour 
notre  Jardin  d’expériences  : ils  nous  per- 
mettent de  suivre,  pendant  le  courant  de 
la  végétation,  le  développement  de  ces  nou- 
veautés, d’en  étudier  les  caractères  et  de  re- 
connaître leur  valeur  au  point  de  vue  de 
l’alimentation  publique. 

Gomme  on  devait  s’y  attendre,  quelques- 
uns  ont,  tout  de  suite,  conquis  une  première 
place  dans  le  jardin  potager  ; d’autres  n’ont 
présenté  que  des  qualités  ordinaires  ; mais, 
dans  ces  sortes  d’essais,  il  serait  téméraire 
de  porter  un  jugement  définitif,  absolu,  sur 
chaque  variété.  Car  le  sol,  le  climat,  peu- 
vent faire  que  tel  légume,  qui  n’a  présenté 
ici  que  des  qualités  ordinaires,  pourrait 
gagner,  étant  cultivé  dans  un  autre  sol  et 
sous  un  climat  plus  approprié  à ses  besoins 
et  à son  tempérament,  dans  tous  les  cas 
différents  des  nôtres,  et  que,  du  second  rang, 
il  passe  au  premier  sans  trop  de  difficultés, 


quelques  légumes  nouveaux.  55 

Il  est  bien  entendu  que  ce  ne  sont  là  que 
des  indications  générales  pouvant  être 
prises  comme  bases,  qui  pourront  même 
présenter  quelques  exceptions  suivant  le 
climat,  les  conditions  de  végétation,  d’expo- 
sition, etc.  C’est  au  praticien  à en  tenir 
compte  et  à agir  suivant  les  cas. 

Une  chose  également  très-importante 
dans  la  pratique  de  la  taille  des  arbustes, 
c’est  que  l’on  devra  toujours  conserver  les 
brindilles,  à moins  qu’elles  soient  trop 
longues,  trop  nombreuses,  qu’elles  fassent 
confusion  ou  nuisent  à l’harmonie  ou  à la 
beauté  de  l’ensemble  ; car  ces  parties,  tou- 
jours relativement  grêles,  souvent  plus  ou 
moins  âgées,  contiennent  toujours  des  ra- 
milles à différents  états,  que  l’on  peut  com- 
parera ce  que,  chez  le  Pêcher,  on  nomme 
bouquet  cochonnet  ou  bouquet  de  mai , 
et  qui,  toujours  aussi,  donnent  des  fleurs. 

E.-A.  Carrière. 


QUELQUES  LÉGUMES  NOUVEAUX 

dans  un  nouveau  milieu,  ou  essayé  dans 
une  année  dont  le  climat  a pu  être  différent. 
Aussi,  ne  faut-il  voir  dans  les  lignes  qui 
suivent  que  le  résultat  de  nos  observations 
personnelles  dans  une  première  année  d’es- 
sais et  d’observations. 

1°  Céleri  plein  blanc  d’Amérique. 

C’est  assurément  l’une  des  plus  belles  va- 
riétés de  Céleri  que  nous  ayons  reçue  jus- 
qu’à ce  jour.  La  plante  est  excessivement 
vigoureuse  et  rustique.  Ses  côtes  sont  larges 
et  dressées  ; l’ensemble  est  ramassé  et  trapu. 

Au  commencement  de  l’automne,  les 
feuilles  sont  teintées  de  blanc,  et  cette  cou- 
leur va  en  s’accentuant  de  plus  en  plus,  au 
fur  et  à mesure  que  les  côtes  se  rapprochent 
du  sol  et  qu’on  avance  en  saison.  Dans  cet 
état,  on  peut  déjà  porter  ce  légume  sur 
le  marché.  Toutefois  sa  qualité  sera  supé- 
rieure, et  les  parties  utilisables  plus  tendres, 
si,  comme  tous  les  Céleris  d’ailleurs,  on 
le  fait  blanchir  sur  place  ou  dans  la  cave. 
Sous  notre  climat  et  pour  notre  sol,  on  peut 
considérer  cette  variété  nouvelle  comme 
une  plante  potagère  de  premier  mérite.  On 
peut  employer  les  côtes  aux  mêmes  usages 
que  les  autres  Céleris,  c’est-à-dire  crues  ou 
cuites . 

2°  Chou  Express. 

La  forme  de  la  pomme  de  ce  Chou  res- 


56 


RÉSULTATS  D’EXPÉRIENCES  SUR  QUELQUES  LÉGUMES  NOUVEAUX. 


semble  à un  petit  cône  court  et  trapu.  Ses 
feuilles  sont  amples,  peu  nombreuses. 

Le  pied  est  très-court,,  moins  haut  que  la 
pomme.  Celle-ci  se  forme  de  très-bonne 
heure  ; il  a beaucoup  d’analogie  avec  la  race 
des  Choux  d’York.  Toutefois,  bien  qu’elle 
soit  moins  franche,  elle  est  de  très-bonne 
qualité. 

La  culture  est  la  même  que  celle  des 
Choux  d’York.  Il  faut  le  planter  serré,  car 
il  est  de  race  très-naine. 

Les  climats  frais  et  humides,  ainsi  qu’une 
terre  substantielle  riche  en  engrais,  lui  con- 
viendront tout  particulièrement. 

3°  Chou  hâtif  de  Rennes. 

La  pomme  de  cette  variété  est  légèrement 
oblongue,  conique  et  assez  grosse.  Les 
feuilles  extérieures  sont  bien  ouvertes,  légè- 
rement cloquées  sur  les  bords.  Son  pied  est 
très-court.  C’est  une  très-bonne  et  très- 
belle  race  à cultiver,  et  aussi  l’un  des  meil- 
leurs Choux  à consommer.  Il  est  vigoureux 
pour  le  groupe  des  Bacalan  et  surtout  bien 
franc. 

Il  se  cultive  comme  les  autres  variétés,  et 
convient  aussi  très-bien  pour  la  consomma- 
tion pendant  les  mois  d’août,  septembre  et 
octobre. 

C’est  une  variété  de  premier  mérite  et  à 
introduire  dans  notre  région. 

4°  Concombre  à Cornichons  fin  de  Meaux. 

Plante  vigoureuse,  à tiges  fortes,  ram- 
pantes, atteignant  jusqu’à  3 mètres  de  lon- 
Sfueur.  Feuilles  d’un  beau  vert  foncé, 
grandes,  entières,  à lobes  légèrement  mar- 
qués. 

Très-florifère  et  très-fertile,  ses  fruits  sont 
longs  et  fins,  plus  ou  moins  cylindriques, 
garnis  de  protubérances  terminées  par  une 
petite  arête.  Généralement,  ils  sont  fort 
bien  faits,  et  grossissent  très-vite.  Aussi, 
pour  les  avoir  à point,  faut-il  les  cueillir 
tous  les  deux  jours. 

Le  développement  de  la  plante  est  parti- 
culièrement rapide.  Comme  ses  congénères, 
ce  Concombre  se  plaît  dans  un  terrain 
riche,  léger  et  chaud.  Ses  fruits  se  man- 
gent surtout  confits  au  vinaigre.  Cette  race 
est  certainement  appelée  à remplacer  l’an- 
cienne. Avis  aux  amateurs  et  aux  maraî- 
chers. 

5°  Haricot  beurre  panaché  à rames. 

Plante  assez  vigoureuse  et  pouvant  attein- 
dre lm50  de  hauteur.  Très  - remarquable 


par  ses  gousses  larges,  presque  toujours 
droites,  striées  de  carmin  et  contenant 
quatre  grains  en  moyenne.  Ceux-ci  sont 
blancs,  mouchetés  de  rouge  lie  de  vin.  Dans 
le  jeune  âge,  on  peut  consommer  les  gousses 
comme  celles  des  Mange-tout. 

C’est  un  bon  Haricot,  de  maturité  et  de 
fertilité  moyennes. 

6°  Haricot  Flageolet  beurre  à rames. 

Cette  très-belle  et  bonne  variété  a les 
tiges  pâles,  pouvant  atteindre  jusqu’à  2m  50 
de  hauteur.  Les  feuilles,  unies,  sont  d’un 
beau  vert  blond,  lisses,  et  les  fleurs  de  cou- 
leur lilas  très-clair. 

Les  gousses,  qui  sont  très-nombreuses, 
sont  jaune  pâle  dans  le  jeune  âge  ; elles  se 
caractérisent  en  mûrissant  et  contiennent 
de  quatre  à six  grains. 

A la  maturité,  ceux-ci  sont  courts,  épais, 
et  de  forme  très-régulière.  Ce  Haricot  est 
excessivement  fertile,  et  son  grain  est  ex- 
quis à l’état  frais. 

Reste  à savoir  si  sa  couleur  rouge  vif  le 
rendra  d’un  usage  fréquent  dans  la  consom- 
mation comme  grain  sec,  quoique  dans  cet 
état  il  soit  de  très -bonne  qualité.  Dans  le 
jeune  âge,  c’est  un  excellent  Mange-tout. 
Car  ses  gousses,  quoique  avec  filets,  sont 
franchement  sans  parchemin,  tendres  et 
charnues,  jusqu’à  ce  que  le  grain  soit  arrivé 
aux  trois  quarts  de  sa  grosseur. 

Il  se  cultive  comme  tous  les  Haricots 
beurre. 

7°  Haricot  Cerise  du  Japon. 

Très-vigoureuse  et  de  très-haute  taille, 
cette  remarquable  variété  peut  atteindre  près 
de  3 mètres  de  hauteur.  Les  tiges,  minces, 
effilées,  s’enroulent  très-facilement  autour 
des  échalas,  mais  mieux  encore  s’accrochent 
volontiers  sur  des  rames  élevées  et  bran- 
chues. 

Les  feuilles,  nombreuses,  grandes,  lisses, 
sont  d’un  vert  très-foncé. 

Les  fleurs  sont  de  couleur  lilas  pâle.  Les 
cosses,  légèrement  arquées,  sont  très-nom- 
breuses, droites,  minces,  courtes  et  d’un 
beau  vert  foncé.  Elles  contiennent  de  cinq 
à sept  grains  très-courts,  presque  ronds  et 
très-serrés  dans  la  cosse. 

Ils  sont  d’un  rouge  clair  très-luisant  et 
de  bonne  qualité. 

Cette  intéressante  variété  a,  de  plus,  le 
mérite  d’être  excessivement  productive. 

8°  Haricot  nain  Mange-tout  extra-hâtif. 

Cette  race  est  franchement  naine  et  pré- 


RÉSULTATS  D’EXPÉRIENCES  SUR 

sente  comme  particularité  précieuse  d’être 
excessivement  hâtive. 

Son  feuillage  est  ample  ; ses  cosses,  char- 
nues et  légèrement  arquées,  contiennent  de 
quatre  à six  grains.  Ceux-ci  sont  courts, 
légèrement  ovoïdes  et  très-blancs.  En  ré- 
sumé, la  plante  est  particulièrement  fertile  ; 
le  grain  est  très -beau  et  de  première  qua- 
lité ; aussi,  nous  sommes  persuadé  qu’il  se 
répandra  très-vite  dans  les  cultures  de  plein 
champ,  et  que  cette  variété  sera  très -recher- 
chée pour  l’approvisionnement  des  marchés. 

C’est  assurément  l’une  des  meilleures  ac- 
quisitions de  1887. 

9°  Pois  Duc  d’Albany. 

Plante  de  lm20  à lm30  de  hauteur,  tige 
assez  forte,  stipules  larges,  feuilles  grandes 
d’un  vert  pâle  ; fleurs  blanches,  très- 
grandes,  quelquefois  solitaires.  Les  cosses, 
souvent  difformes,  sont  très-larges  et  con- 
tiennent de  quatre  à six  grains  qui  sont 
très-gros,  irréguliers  ; à la  maturité,  ils 
deviennent  verts  et  ridés. 

Ce  Pois  est  de  première  qualité,  même 
cuit  très-gros.  Malheureusement,  il  produit 
peu,  et  c’est  là  un  fâcheux  inconvénient. 

10°  Pomme  de  terre  Boursier  ou  Rickmaker. 

Tubercules  énormes,  irréguliers,  c’est-à- 
dire  couverts  de  nœuds  ou  de  bosses  par 
suite  de  l’enfoncement  des  yeux.  La  chair 
est  jaune  pâle  et  la  peau  rose  clair.  Les 
tiges,  très-vigoureuses,  peuvent  atteindre 
un  mètre  de  hauteur  ; elles  sont  triangu- 
laires, ailées,  ramifiées  et  d’un  vert  clair. 
Les  feuilles  sont  grandes,  à folioles  moyen- 
nes, striées  et  d’un  vert  très-foncé. 

Les  fleurs,  lilas-violet,  sont  réunies  en 
bouquet  de  dix  à douze. 

Ici,  c’est  à la  fois  la  plus  productive  et 
l’une  de  celles  qui  ont  le  moins  souffert  de 
la  maladie. 

Elle  sera  surtout  cultivée  pour  la  fécule- 
rie  et  pour  la  nourriture  du  bétail. 

Chez  M.  Vapillon,  propriétaire  à Crugny, 
près  Trismes  (Marne),  4 kilog.  plantés  dans 
un  sol  ordinaire  ont  produit  des  tubercules 
énormes  d’un  poids  total  de  105  kilog. 

MM.  Vilmorin  ont  tenu,  par  reconnais- 
sance, à lui  donner  le  nom  de  M.  Boursier 
de  Chevrières  (Oise)  (1  ),  qui,  l’un  des  pre- 

(1)  En  même  temps  qu’il  était  cultivateur  et 
industriel,  M.  Boursier  dirigeait  le  Comice  agri- 
cole de  l’arrondissement  de  Compiègne,  dont  il 
était  président.  Depuis,  cet  intelligent  cultivateur 
a trouvé  la  mort,  avec  sa  charmante  jeune  fille, 
dans  l’incendie  de  l'Opéra-Comique. 


QUELQUES  LÉGUMES  NOUVEAUX.  57 

miers,  en  avait  essayé  et  propagé  la  cul- 
ture en  France. 

Le  nom  de  Rickmaker,  sous  lequel  elle 
est  connue  en  Angleterre,  veut  dire  : 
« Pomme  de  terre  qui  donne  par  mon- 
ceaux. » 

En  résumé,  cette  variété  est  très-vigou- 
reuse, très-rustique  et  extrêmement  pro- 
ductive. Toutefois,  elle  est  assez  tardive. 

Nous  ne  saurions  trop  appeler  l’attention 
des  cultivateurs  sur  la  valeur  et  sur  l’im- 
portance de  cette  variété  pour  la  nourriture 
des  animaux  de  la  basse-cour. 

11°  Radis  long  (Rave)  rose  à bout  blanc. 

Racine  très-longue  et  mince,  atteignant 
15  et  18  centimètres  de  long,  sur  15  milli- 
mètres de  diamètre  au  sommet  ; peau  lisse, 
rouge  pâle  ; saveur  douce,  croquante  et 
aqueuse,  à peine  piquante.  Chair  ferme, 
transparente,  d’un  blanc  légèrement  rosé  ; 
feuillage  très-développé,  dressé  et  d’un  vert 
clair. 

C’est  une  excellente  variété  à cultiver  en 
toute  saison  pour  le  marché  et  là  où  il  y a 
beaucoup  de  monde  à nourrir. 

Il  est  plus  vigoureux  et  plus  rustique  que 
les  autres  Radis  ; néanmoins,  il  vient  d’au- 
tant mieux  que  ses  graines  ont  été  placées 
dans  un  sol  riche  en  éléments  fertilisants, 
plutôt  substantiel  et  humide  que  léger  et 
sec.  Il  est  très-tardif. 

12°  Tomate  jaune  grosse  lisse. 

Belle  variété  tardive  et  assez  vigoureuse  ; 
les  tiges,  grêles,  ont  atteint  ici  lm50  de 
hauteur.  Les  feuilles  sont  assez  larges,  den- 
tées, légèrement  crispées,  un  peu  repliées 
sur  les  bords  et  d’un  beau  vert  foncé.  Les 
fleurs  sont  jaunes  et  au  nombre  de  dix  à 
douze  par  bouquet  ; elles  « nouent  » assez 
irrégulièrement. 

Le  fruit  est  d’un  beau  jaune  d’or,  clair  et 
luisant,  déprimé  et  à pourtour  régulière- 
ment arrondi.  Ici,  à l’arrière-saison,  quel- 
ques-uns se  sont  fendus. 

La  saveur  est  douce  et  légèrement  acidu- 
lée. Nous  n’avons  pas  remarqué  que  cette 
variété  fût  très-fertile. 

D’ailleurs,  malgré  les  qualités  des  To- 
mates à fruits  jaunes,  leur  emploi  en  France 
ne  se  généralise  guère,  et,  sur  les  marchés, 
ils  ne  trouvent  que  difficilement  des  acqué- 
reurs. 

E.  Lambin, 


58 


YRIESEA  IMPERIALIS. 


CULTURE  DU  POMMIER  A CIDRE. 


YRIESEA  IMPERIALIS 


Cette  espèce,  dédiée  à l’empereur  du  Bré- 
sil, qui  l’a  envoyée  au  Muséum  de  Paris 
en  1887,  est  voisine  du  Vriesea  Gla- 
ziouana,  dont  elle  est  probablement  une 
forme.  Comme  celui-ci,  elle  atteint  de  très- 
grandes  dimensions,  à en  juger  par  les 
échantillons  qui  viennent  d’être  envoyés  du 
Brésil  et  dont  nous  allons  donner  une  des- 
cription sommaire.  Ces  échantillons,  au 
nombre  de  deux,  présentent  les  caractères 
suivants  : 

Tronc  très-gros,  mesurant  environ  50  centi- 
mètres de  diamètre,  donnant  naissance  à un 
ensemble  large  d’environ  1™  50  et  d’une  hau- 
teur à peu  près  semblable  mesuré  de  la  base 
au  sommet  des  feuilles.  Feuilles  gracieusement 
imbriquées,  dressées-étalées,  légèrement  ar- 
quées au-dessus  du  milieu,  canaliculées,  s’at- 
ténuant régulièrement  de  la  base  au  sommet, 
qui,  dur,  spinôscent,  se  sèche  promptement  et 
forme  une  sorte  d’épine,  grosse  et  très-résis- 
tante. 

Ces  feuilles  lisses,  très-unies,  nullement 


serrulées  sur  les  bords,  sont  glabres,  lui- 
santes, d’un  beau  vert  clair;  leur  base,  qui 
est  brunâtre,  forme  un  épais  empâtement 
de  25  à 30  centimètres  de  largeur.  Ce  sont 
ces  empâtements  qui,  en  s’appliquant  l’un 
sur  l’autre  et  en  se  recouvrant  comme  les 
tuiles  d’un  toit,  constituent  ces  énormes 
troncs  dont  nous  venons  de  parler. 

Disons,  toutefois,  que  ces  plantes  sont 
certainement  des  exceptions  rares.  Rempo- 
tées avec  soin  par  M.  Loury,  chef  des  serres 
au  Muséum,  elles  paraissent  ne  pas  avoir 
souffert  du  voyage,  de  sorte  que  l’on  peut 
espérer  d’en  voir  prochainement  la  florai- 
son, ce  qui  permettra  de  les  décrire  et  d’en 
voir  les  caractères,  de  se  prononcer  enfin 
sur  le  genre  auquel  ces  plantes  appar- 
tiennent. 

Ces  deux  sujets,  aussi  remarquables  par 
la  beauté  de  l’ensemble  que  par  les  dimen- 
sions, sont,  très-probablement,  les  plus  forts 
qui  existent  jusqu’à  ce  jour  dans  les  cul- 
| tures.  E.-A.  Carrière. 


CULTURE  DU  POMMIER  A CIDRE 


Aujourd’hui,  l’usage  du  cidre  se  géné- 
ralise et  la  culture  du  Pommier  surtout 
s’impose  pour  bien  des  raisons  dans  notre 
pays,  parce  que  ses  produits  trouvent  un 
écoulement  facile,  et  dans  d’autres,  parce 
que  la  Vigne  ne  produit  plus  assez.  Dans 
notre  contrée,  où  les  Pommiers  sont  plan- 
tés généralement  dans  les  prairies  natu- 
relles, ils  sont  tous  à haute  tige  afin  d’être 
hors  d’atteinte  des  animaux  qu’on  y nourrit  ; 
il  n’y  a pas  d’autre  forme  que  celle-là  à 
choisir  dans  les  pays  de  pâturages. 

Dans  les  pays  vignobles,  soit  que  la 
Vigne  ne  donne  plus  un  produit  suffisant  et 
qu’on  doive  la  remplacer  tout  à fait,  soit 
que,  ne  rapportant  que  médiocrement,  on  ne 
veuille  pas  tout  détruire  d’un  seul  coup,  ou 
que  l’on  fasse  une  plantation  nouvelle  avec 
des  ceps  nouveaux,  la  forme  que  nous  trou- 
vons la  plus  avantageuse,  c’est-à-dire  la 
plus  commode  et  coûtant  le  moins  cher, 
tout  en  donnant  un  rapport  en  proportion 
aussi  abondant  que  sous  les  autres  formes, 
est  le  baliveau,  sorte  de  fuseau  négligé. 

Dans  le  cas  de  plantation  neuve,  le 
terrain  ayant  été  bien  nettoyé,  engraissé, 
défoncé  soit  avec  la  charrue  fouilleuse 


comme  pour  planter  la  Vigne,  soit  à 
la  main  par  le  défonçage  à tranchées,  sui- 
vant l’importance  de  la  plantation,  on 
pourra  planter  les  sujets  par  rangées  en 
donnant  environ  3 mètres  d’intervalle  entre 
chaque  rangée  sur  la  longueur,  avec  une 
distance  à peu  près  égale  entre  chaque 
Pommier.  Dans  le  cas  de  repeuplement, 
on  remplacera  les  ceps  arrachés  par  des 
Pommiers,  en  les  plantant,  si  l’on  veut, 
et  pour  ne  pas  nuire  aux  labours,  à la 
place  qu’occupaient  les  pieds  de  Vignes.  Ces 
deux  plantes  étant  de  nature  différente,  le 
Pommier  trouvera  un  terrain  neuf  là  où  la 
Vigne  ne  prospérait  plus  ; du  reste,  bien 
qu’étant  plantés  sur  la  même  ligne,  ceux-là 
ne  se  trouveront  pas  plantés  aux  mêmes 
endroits  que  les  précédents , puisqu’ils 
seront  plus  espacés. 

Dans  le  troisième  cas,  on  alternera  avec 
un  rang  de  Vignes  et  un  rang  de  Pommiers 
à cidre  en  leur  réservant  l’espace  nécessaire 
comme  il  a été  dit  plus  haut.  Toutefois,  ces 
distances  sont  données  comme  aperçu  ; elles 
seront  augmentées  ou  diminuées  suivant  la 
nature  du  terrain.  Cependant  celle  de  2m  50 
peut  être  considérée  comme  distance  mi- 


LE  MANUEL  DE  l’ACCLIMATEUR. 


59 


nima  pour  la  forme  que  nous  préconisons. 
Elle  devra  être  augmentée  si  l’on  plante  un 
rang  de  Vignes  entre  deux  rangs  de  Pom- 
miers afin  d’éviter  l’étouffement  et  assurer 
une  pénétration  suffisante  aux  rayons  du 
soleil.  Les  Pommiers  à cidre,  eux,  ne  crai- 
gnent pas  l’étouffement,  et  la  preuve,  c’est 
que  dans  notre  pays  les  plantations  dites  les 
plus  chanceuses,  sont  toujours  celles  dans 
lesquelles  les  arbres  se  touchent  et  s’entre- 
mêlent même  les  uns  avec  les  autres  ; ces 
arbres  se  garnissent  de  fruits  régulièrement 
chaque  année,  non  seulement  extérieu- 
rement comme  on  pourrait  le  croire,  mais 
aussi  intérieurement  et  donnent  toujours 
une  production  supérieure  sans  que  la  qua- 
lité soit  altérée. 

Ces  vergers  sont  dits  plantés  à fond 
perdu , quoique  le  dessous,  qui  est  en  prai- 
rie, serve  à l’élevage  des  bestiaux  ; le  pâtu- 
rage n’est  pas  aussi  riche  que  s’il  était 
moins  couvert,  il  est  vrai,  mais  la  compen- 
sation est  large  avec  le  produit  des  arbres, 
et  ces  vergers  sont  toujours  très-utiles, 
même  presque  indispensables  en  prévision 
des  années  de  sécheresse,  les  animaux 
trouvant  là  une  nourriture  fraîche  et  abon- 
dante, tandis  qu’il  n’y  en  a plus  ailleurs. 

Les  jeunes  arbres,  plantés  comme  nous 

LE  MANUEL  DE 

Le  nouveau  livre  de  M.  Ch.  Naudin,  dont 
nous  avons  annoncé  l’apparition  dans  notre 
dernière  chronique,  est  destiné  à venir  au 
secours  de  ces  nombreux  expérimentateurs  qui 
cherchent  des  nouveaux  types  végétaux  dont 
ils  puissent  doter  leur  pays. 

Il  faut  « chercher  pour  trouver  et  regarder 
pour  voir.  » C’est  un  axiome  banal  qu’on  ne 
saurait  trop  répéter  et  surtout  trop  mettre  en 
pratiqne. 

A ceux  qui  prétendent  que  nous  sommes 
bien  assez  riches,  que  nous  avons  déjà  trop  de 
fruits,  de  légumes,  d’arbres  d’utilité,  de  plantes 
d’ornement,  il  n’y  a qu’un  mot  à répondre, 
c’est  qu’avec  ce  beau  raisonnement,  la  Pomme 
de  terre  serait  encore  à l’état  sauvage  sur  les 
hauteurs  des  Cordillères,  le  Quinquina  ne  se- 
rait pas  même  employé  par  les  Indiens  du 
Pérou,  le  Camellia  ferait  le  bonheur  des  seuls 
Japonais,  nous  mangerions  des  Poires  à cidre 
et  les  rosiéristes  en  seraient  réduits  à la  Rose 
des  haies. 

Marcher  en  avant,  c’est  la  loi  de  l’humanité 
tout  entière  et  l’horticulture  ne  doit  point  y 

(1)  Un  vol.  grand  in-8  de  566  pages,  à la  Li- 
brairie agricole  de  la  Maison  rustique,  26,  rue 
Jacob,  Paris.  — Prix  : 7 fr. 


l’avons  conseillé,  auront  les  branches  infé« 
rieures  taillées  les  premières  années  afin  de 
ne  pas  gêner  les  labours,  pour  guider  la 
végétation  et  arriver  à la  forme  voulue; 
toutefois,  cette  taille  ne  devra  pas  être  assez 
courte  pour  nuire  à la  production. 

Lorsqu’après  plusieurs  années  de  tailles 
successives  des  prolongements  des  branches 
inférieures,  ces  branches,  qui  auront  rap- 
porté des  fruits  dès  les  premières  années 
de  plantation  de  l’arbre,  commenceront  à 
s’épuiser,  les  branches  supérieures  prenant 
toujours  plus  de  force,  on  pourra  donc  sup- 
primer celles-là.  On  fera  de  même  des 
autres  progressivement,  de  telle  façon  que 
lorsque  les  arbres  seront  ainsi  élevés  sur 
une  tige  jusqu’à  une  certaine  hauteur,  sans 
branches  (la  hauteur  d’une  personne,  par 
exemple),  on  les  laissera  végéter  sans  au- 
cune taille  ; on  n’aura  plus  qu’à  engraisser, 
nettoyer,  etc.,  le  terrain  qui  couvre  les 
racines. 

Les  arbres  plantés  serré  se  réuniront  les 
uns  aux  autres  en  s’abritant  réciproquement 
des  gelées  printanières,  des  coups  de  soleil, 
des  tempêtes,  etc.,  ce  qui  nous  fait  con- 
seiller de  planter  rapproché  en  terrain  dé- 
couvert. A.  Letelller, 

Horticulteur  à Caen. 

,’ACCLIMATEUR  <*> 

échapper,  au  contraire.  Le  monde  n’a  pag 
encore  été  fouillé  dans  tous  ses  recoins,  tant 
s’en  faut.  Que  de  plantes  utiles  à l’alimenta- 
tion, à la  médecine,  à l’industrie,  que  de  fleurs 
charmantes  sont  encore  cachées  à tous  les 
yeux  dans  leurs  solitudes  inexplorées  ! 

Les  voyageurs  vont  les  conquérir;  c’est  au 
cultivateur  à les  mettre  en  œuvre.  Il  ne  suffit 
pas  de  les  introduire,  même  vivantes,  après 
que  les  herbiers  les  ont  fait  connaître  à la 
science.  Il  faut  qu’on  essaie  leur  culture  et 
leur  emploi  de  diverses  manières.  Une  espèce 
qui  languit  dans  la  contrée  inhospitalière  où 
elle  aura  d’abord  été  importée,  prospérera  peut 
être  dans  une  autre.  C’est  alors  que  le  rôle  de 
l’importateur,  de  Vacclimateur  (c’est  le  mot 
aujourd’hui  consacré)  va  commencer.  Lorsque 
notre  compatriote,  La  Billardière,  découvrit 
V Eucalyptus  Globulus  à la  terre  de  Yan  Dié- 
men,  se  doutait-il  du  rôle  considérable  que  cet 
arbre  devait  jouer  un  jour,  comme  essence  fo- 
restière à végétation  rapide  et  comme  assainis- 
sant sur  le  littoral  de  la  méditerranée  ? L’arbre 
fut  introduit  cependant  à l’état  vivant  ; on  le  vit 
longtemps  dans  les  orangeries  des  jardins 
botaniques,  représenté  par  de  maigres  bâtons 
dénudés  qui  n’en  pouvaient  former  que  l’idée 
la  plus  inexacte. 


60 


DIOSPYROS  WIESENERI. 


M C’est  donc  par  d’intelligents  et  d’incessants 
échanges  que  l’on  dote  un  pays  des  espèces  vé- 
gétales qui  lui  manquent,  et  que  Ton  augmente 
la  somme  de  bien-être  et  de  jouissances  de  ses 
habitants. 

Ces  échanges  ont  besoin  d’être  guidés.  Le 
guide,  nous  l’avons  aujourd’hui  par  le  beau 
livre  de  M.  Ch.  Naudin. 

En  1880,  M.  F.  Mueller,  le  savant  botaniste 
de  Melbourne  (Autriche),  qui  a contribué  plus 
que  personne  à faire  connaître  scientifiquement 
les  productions  végétales  de  son  pays  d’adop- 
tion, fit  paraître  un  livre  qui  parvint  rapide- 
ment à plusieurs  éditions.  C’était  le  Select 
extra  tropical  plants  readily  eligible  for  in- 
dustrial culture  or  naturalisation. 

Une  traduction  française  de  cet  ouvrage  était 
devenue  nécessaire.  M.  Naudin  voulut  l’entre- 
prendre. Nul  mieux  que  lui  ne  pouvait  le  faire. 
Sa  science  très-étendue,  un  long  séjour  dans 
le  Midi  et  sa  connaissance  parfaite  de  la  végé- 
tation exotique  dans  le  bassin  méditerranéen, 
ses  goûts  particuliers  pour  l’expérimentation, 
tout  indiquait  que  le  choix  du  traducteur  était 
excellent.  Mais  il  arriva  que  ce  travail  le  pas- 
sionna, qu’il  s’identifia  avec  le  sujet  et  qu’il 
eut  l’idée  d’étendre  le  travail  en  l’adaptant 
d’une  façon  > plus  large  aux  exigences  et  aux 
desiderata  de  l’agriculture,  de  la  sylviculture, 
de  l’horticulture  françaises. 

Les  considérations  générales  sur  l’acclimata- 
tation  des  plantes,  et  ce  qu’on  doit  exactement 
entendre  par  là,  commencent  le  volume. 


M.  Naudin  montre  quelles  sont  les  conditions 
favorables  de  translation  des  espèces  végétales 
d’un  pays  dans  un  autre. 

Suit  un  résumé  des  plantes  utilisées  par 
l’homme  ou  pouvant  l’être  par  lui.  Elles  sont 
classées  par  mode  d’emploi  : plantes  alimen- 
taires, médinales,  tinctoriales,  officinales,  tex- 
tiles, oléagineuses,  gommifères,  etc.  Puis  une 
description  rapide  des  familles  naturelles  et  de 
leurs  produits. 

La  dernière  partie  de  l’ouvrage,  de  beau- 
coup la  plus  considérable,  puisqu’elle  ren- 
ferme 460  pages,  comprend  l’énumération  et  la 
description  de  toutes  les  plantes  qui  rentrent 
dans  les  catégories  que  l’auteur  veut  aborder, 
et  dont  il  indique  la  famille,  l’origine,  les 
usages,  etc.  C’est  ce  travail  où  l’on  retrouve, 
ajoutées  aux  études  de  M.  Mueller,  les  émi- 
nentes qualités  d’observation  de  M.  Naudin. 
Son  livre  est  de  ceux  qu’on  aura  sans  cesse  à 
consulter,  qui  ne  doivent  guère  quitter  la  table 
de  travail.  Tout  « acclimateur  » digne  de  ce 
nom  devrait  en  avoir  un  exemplaire  « interpa- 
giné » en  blanc  et  y consigner  les  observations 
complémentaires  que  la  pratique  indiquera  à 
mesure  que  les  essais  se  multiplieront  et  que 
d’autres  espèces  s’ajouteront  à celles  dont  ce 
livre  traite.  Nous  sommes  certains  que  tous 
les  lecteurs  de  M.  Naudin  associeront  étroite- 
ment son  nom  à celui  de  M.  Mueller  dans  la 
louange  donnée  à cet  infatigable  pionnier  de 
la  science. 

Ed.  André. 


DIOSPYROS  WIESENERI 


Jusqu’à  ce  jour,  et  malgré  tout  l’intérêt 
que  l’on  a porté  aux  Kakis  (1),  ils  n’ont 
guère  été  envisagés  qu’au  point  de  vue  de 
la  pleine  terre,  c’est-à-dire  comme  des 
arbres  d’ornement  ; plus  rarement  et  même 
exceptionnellement,  et  là  seulement  où  le 
climat  le  permettait,  les  a-t-on  cultivés 
comme  arbres  fruitiers.  Tout  un  côté  pra- 
tique, en  effet,  bien  qu’il  soit  très-impor- 
tant, a été  complètement  oublié.  Ce  côté, 
c’est  la  culture  en  vase,  qui,  pourtant,  se- 
rait très-avantageuse,  puisqu’elle  permet- 
trait, même  sous  des  climats  très-froids,  de 
jouir  de  tous  les  avantages  que  ces  plantes 
peuvent  procurer.  On  semble  oublier  que 

(t)  Scientifiquement,  les  Kakis  sont  des  Diospy- 
ros.Noms  employons  génériquement  le  terme  Kakis 
pour  indiquer  que  les  plantes  auxquelles  il  s’ap- 
plique sont  japonaises  pour  la  plupart,  et  surtout 
qu’elles  peuvent  être  considérées  comme  arbres 
fruitiers  ; de  sorte  que,  botaniquement,  le  nom 
kaki  pourrait  constituer  une  section  particulière, 
indiquant  que  cette  section  est  formée,  pour  la 
plus  grande  partie,  de  sortes  japonaises,  qui  cons- 
tituent les  principaux  arbres  fruitiers  de  ce  pays. 


leur  feuillage,  qui  est  généralement  très- 
beau,  tombe  lorsqu’arrivent  les  premiers 
froids,  et  même  sans  qu’il  gèle.  Mais,  en 
plus  du  feuillage,  il  y a les  fruits,  qui,  de 
toute  beauté,  pourraient,  pendant  très- 
longtemps  encore  après  la  chute  des  feuilles, 
produire  un  très-bel  effet  décoratif,  et  dont 
on  se  ferait  difficilement  une  idée  exacte. 
En  effet,  outre  la  couleur  des  fruits,  qui 
chez  presque  tous  est  d’un  jaune  orangé 
brillant,  il  y a les  formes  et  les  dimensions, 
qui  sont  aussi  très-variables.  Notons  encore 
ceci  : que  les  fruits  des  Kakis , qui,  en 
plein  air,  restent  sur  les  arbres  jusqu’à  ce 
que  des  gelées  relativement  froides  les 
fassent  tomber,  pourraient,  si  les  arbres 
étaient  abrités,  rester  aux  branches  pendant 
tout  l’automne  et  même  une  partie  de  l’hi- 
ver, ainsi  que  cela  a lieu  sous  les  climats  où 
l’hiver  est  très-clément.  C’est  au  point  que, 
un  de  nos  collègues  qui  habite  l’Algérie 
nous  disait  que  chez  lui  « les  Diospyros 
{Kakis),  à l’automne  et  même  pendant  une 
partie  de  l’hiver,  étaient  beaucoup  plus 


\ Revue  Horticole 


Go  (lourd,.  (Ut. 


OxromjobJJv.  G-.S&ueregrus . 


Dwspyros  Wïesenerv. 


l’ébranchoir-émondoir  miallet. 


61 


jolis  que  les  Orangers  »,  ce  qui  n’est  pas 
peu  dire. 

Pour  jouir  de  tous  ces  avantages,  qu’y 
aurait-il  à faire  ? Presque  rien  : culti- 
ver les  Kakis  en  caisse,  ainsi  qu’on  le  fait 
des  plantes  de  serre  froide  : Grenadiers,  Lau- 
riers roses,  Orangers,  ce  qui  permettrait  de 
les  rentrer  l’hiver.  La  chose  serait  d’autant 
plus  facile  que  ces  plantes  viennent  très- 
bien  en  caisses  et  ne  sont  nullement 
difficiles  sur  la  qualité  du  sol.  Un  mélange 
de  terre  franche  légèrement  siliceuse,  ad- 
ditionnée de  terreau  et  au  besoin  d’un  peu 
de  terre  de  bruyère.  Avec  cela  des  arrose- 
ments donnés  à propos  pendant  la  végéta- 
tion ; on  pourrait  même,  quant  à ceux-ci, 
en  modifier  la  nature  en  ajoutant  à l’eau 
des  substances  nutritives  d’une  dissolution 
facile,  ce  qui,  en  un  mot,  s’appellle  des 
« engrais  liquides  ».  Ces  engrais  se  don- 
nent surtout  à des  plantes  qui  ont  « faim  », 
que  l’on  ne  peut  ou  ne  veut  pas  rempoter, 
ou  bien  que  l’on  tient  à conserver  dans  de 
petits  vases. 

Ainsi  traités,  les  Kakis , outre  qu’ils 
peuvent  rendre  de  grands  services  au  point 
de  vue  de  l’ornementation,  peuvent  encore 
être  considérés  comme  des  arbres  fruitiers, 
d’autant  plus  que,  cultivées  en  vases, 
les  plantes  peuvent  être  rentrées  en  serre 
et  alors  mûrir  complètement  leurs  fruits, 
ce  qui  n’arrive  qu’exceptionnellement  dans 
la  plupart  des  localités  et  même  jamais 
dans  le  nord  de  la  France.  Gela  ferait  dis- 
paraître ce  reproche  que  l’on  adressait  aux 
Kakis  de  ne  pas  mûrir  leurs  fruits. 

Une  des  variétés  les  plus  intéressantes 
est  certainement  le  Dîospyros  Wïeseneri, 
figuré  ci-contre  et  dont  voici  la  descrip- 
tion : 

Arbuste  buissonneux,  très-ramifié,  à ra- 
mifications courtes,  petites,  nombreuses. 
Feuilles  un  peu  variables  de  grandeur  et 
même  de  forme,  généralement  ovales,  plus 
rarement  acuminées,  coriaces,  luisantes  en 
dessus,  très-caduques,  jaunissant  à l’au- 
tomne, et  tombant  brusquement  et  de  bonne 
heure.  Pédoncule  robuste.  Fruits  d’environ 
45  millimètres  de  hauteur  sur  40  environ  de 
diamètre,  persistant  longtemps  sur  l’arbre, 

L’ÉBRANCHOIR-É 

Puisque  tout  se  tranforme  aujourd’hui  et 
que,  dans  l’industrie,  un  outil  trouvé  bon  se 
trouve  bientôt  surpassé  par  un  meilleur,  il 
doit  en  être  de  même  en  horticulture.  Le 


passant  au  jaune  puis  au  rouge  orangé  plus 
ou  moins  foncé  suivant  leur  état  de  matu- 
rité, obscurément  côtelés,  atténués  au  som- 
met, qui  porte  un  mucronule  droit,  large- 
ment tronqués  à la  base  qui,  complètement 
aplatie,  repose  sur  un  large  calyce  persis- 
tant, qui  en  couvre  toute  la  partie  inférieure, 
à 4 divisions  courtement  cordi formes  et 
comme  trilobées,  à lobe  médian  beaucoup 
plus  développé.  Chair  pulpeuse,  jaune  rou- 
geâtre clair,  très-fondante,  sucrée,  à saveur 
fine  très-agréable;  eau  très-abondante, 
laissant  un  arrière-goût  légèrement  astrin- 
gent mais  non  désagréable,  à faisceau  pla- 
centaire central,  conique,  peu  développé. 
Graines  complètement  nulles,  sans  même 
qu’il  y ait  de  rudiments. 

Le  Diospyros  Wieseneri  a été  introduit 
directement  du  Japon  par  M.  Wiesener,  à 
Fontenay-aux-Roses  (Seine).  G’est  une  va- 
riété doublement  précieuse,  comme  arbuste 
à’ ornement  et  comme  arbuste  fruitier  ; elle 
constitue  un  petit  buisson  qui  se  charge  de 
fruits  se  colorant  de  bonne  heure,  persistant 
sur  la  plante  longtemps  après  la  chute  des 
feuilles  et  où,  jusqu’aux  gelées,  ils  pro- 
duisent un  effet  très-ornemental. 

Si,  avant  que  les  fruits  soient  parfaitement 
mûrs,  on  coupe  les  branches  qui  les  portent 
et  qu’on  les  suspende  dans  un  appartement, 
outre  qu’ils  ornent  celui-ci  pendant  une 
partie  de  l’hiver,  on  a là  une  sorte  de  frui- 
tier permanent  d’où  l’on  peut,  de  temps  à 
autre,  garnir  la  table  d’un  joli,  bon  et  rare 
dessert.  Ajoutons  que  ces  fruits  sont  de 
longue  garde. 

Les  fruits  du  Diospyros  Wieseneri,  outre 
qu’ils  sont  bons  à manger  crus,  peuvent 
faire  de  l’excellente  gelée  ou  une  marmelade 
aussi  agréable  que  saine. 

On  peut  le  multiplier  d’abord  par  la 
greffe,  ainsi  que  toutes  les  autres  espèces  et 
variétés  du  genre,  et  aussi  par  couchages  ou 
par  la  séparation  des  bourgeons  qui  tendent 
à pousser  à la  base,  et  dont  on  peut  pro- 
voquer l’enracinement  en  les  recouvrant  de 
terre,  et,  au  besoin,  en  les  incisant,  ainsi 
qu’on  le  fait  pour  le  marcottage  en  cépée. 

E.-A.  Carrière. 


ONDOIR  MIALLET 

perfectionnement  des  outils,  tout  en  facili- 
tant le  travail,  est  aussi  bien  souvent  une 
amélioration  faite  dans  l’intérêt  du  végétal 
qui  subit  l’opération. 


62  EXPOSITION  UNIVERSELLE  DE  1889  : PROGRAMME  DES  ONZE  ÉPOQUES  DE  CONCOURS. 


Avec  l’ancien  Émondoir,  appelé  aussi 
Echenilloir  qui,  nous  le  reconnaissons,  rend 
déjà  de  très-grands  services,  il  arrive  sou- 
vent que,  lorsqu’on  opère  sur  une  branche 
verticale,  la  sec- 
tion se  fait  avec 
une  plus  ou  moins 
grande  cassure  ; 
l’instrument  se 
trouvant  posé  de 
façon  à agir  dans 
le  sens  vertical, 
il  n’y  a que  les 
branches  horizon- 
tales, ou  à peu 
près  qui  se  pré- 
sentent bien  à la 
lame. 

M.  Miallet,  cou- 
telier rue  d’An- 
tibes, 3,  à Can- 
nes, frappé  de 
cette  imperfec- 
tion, a apporté 
une  modification 
très  - ingénieuse 
par  l’outil  qu’il  a 
inventé  et  qu’il 
appelle  Ébran- 
choir  - Émondoir 
Miallet.  Cet  outil  (fig.  13)  mérite  d’être 
connu,  puisqu’il  coupe  nettement  toutes 
les  branches  quelle  que  soit  leur  position. 
Il  a du  reste  été  récompensé  par  le  jury  à 
l’exposition  horticole  qui  a eu  lieu  l’hiver 


dernier  à Cannes.  L’avantage  incontestable 
présenté  par  cet  outil  réside  surtout  dans 
la  courbure  de  la  tige  principale,  qui  n’est 
pas  droite  comme  dans  l’Émondoir  ordi- 
naire. Pour  faci- 
liter le  jeu  de  la 
lame,  une  poulie 
folle  se  trouve 
fixée  au  point  où 
la  courbure  com- 
mence à se  pro- 
duire et,  pour 
assurer  le  jeu  de 
la  corde  et  rendre 
tout  dérangement 
impossible,  la 
poulie  se  trouve 
enclavée  dans  un 
petit  rectangle  en 
acier  qui  ne  per- 
met pas  à la 
corde  de  se  dé- 
placer. 

Ajoutons  que 
cet  outil  est  d’une 
fabrication,  d’un 
fini  qui  ne  laisse 
rien  à désirer,  et 
enfin  — ce  qui 
n’est  pas  à dédai- 
gner — son  prix  peu  élevé  permettra  à tous 
les  jardiniers  et  amateurs  d’horticulture 
d’en  faire  l’acquisition. 

Léon  Aurange. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  DE  1889 

PROGRAMME  DES  ONZE  ÉPOQUES  DE  CONCOURS  (1) 


TROISIÈME  ÉPOQUE 
7-12  juin  1889. 

CONCOURS  PARTICULIER. 

CLASSE  79. 

I.  Plantes  d’ornement. 

Concours  (à  déterminer)  suivant  les  demandes 
des  horticulteurs. 

II.  Plantes  nouvelles. 

Trois  concours  : dans  tous  les  genres  de  végé- 
taux exposés,  entre  les  plantes  nouvelles  inédites  : 

1.  D’importation. 

2.  D’introduction. 

3.  Obtenues  de  semis. 

Un  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés,  pour  les  plus  belles  plantes  mises  dans  le 
commerce  depuis  1878. 

(1)  Voir,  pour  le  réglement  général,  Revue  horti- 
cole, 1887,  pp.  481,  493,  523;  et  pour  le  programme 
des  époques  de  concours,  voir  Revue  horticole , 
1888,  p.  45. 


III.  Belle  culture. 

Un  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés  entre  les  plus  beaux  exemplaires  (1  à 5 su- 
jets par  espèce  ou  variété). 

IV.  Fleurs  coupées.  — Deux  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  générale. 

2.  La  plus  belle  collection  de  variétés  dans 
chaque  genre. 

V.  Ornementation  en  fleurs  naturelles.  — 

Trois  concours. 

1.  Les  plus  beaux  bouquets. 

2.  Les  plus  beaux  motifs  ou  sujets  divers. 

3.  Les  plus  belles  garnitures  d’ornementation  di- 
verses d’appartement,  de  table,  etc. 

VI.  Corbeilles  de  plantes  fleuries  ou  à 
feuillage. 

Un  concours  : entre  les  plus  belles  corbeilles  de 
plantes  fleuries  ou  à feuillage. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  DE  1889  : PROGRAMME  DES  ONZE  ÉPOQUES  DE  CONCOURS. 


CLASSE  80. 

PLANTES  POTAGÈRES. 

I.  Plantes  potagères. 

Concours  permanent  entre  tous  les  genres  de 
plantes  potagères. 

II.  Plantes  nouvelles.  — Quatre  concours. 

1.  Plantes  nouvelles  inédites  d’importation, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

2.  Plantes  nouvelles  inédites  d’introduction, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

3.  Plantes  nouvelles  inédites,  obtenues  de  semis, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

4.  Les  plus  belles  plantes  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

III.  Belle  culture.  — Un  concours. 

1.  Les  plus  beaux  spécimens  de  plantes  pota- 
gères. 

CLASSE  81. 

FRUITS  ET  ARBRES  FRUITIERS. 

I.  Fruits.  — Quatre  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  de  fruits  frais  (Abri- 
cots, Cerises,  Groseilles,  Pêches,  Poires,  etc.). 

2.  La  plus  belle  collection  de  fruits  divers  de  la 
région  du  Sud. 

3.  La  plus  belle  collection  de  fruits  forcés  (Rai- 
sins exceptés),  par  espèces  ou  variétés,  cueillis  ou 
exposés  sur  l’arbre. 

4.  La  plus  belle  collection  de  Raisins  forcés, 
cueillis  ou  exposés  sur  la  souche. 

II.  Fruits  nouveaux.  — Cinq  concours. 

1.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  d’importa- 
tion, n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  commerce. 

2.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  d’introduc- 
tion, n’ayant  pas  encore  été  rnis  dans  le  commerce. 

3.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  obtenus  de 
semis,  n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  com- 
merce. 

4.  Les  plus  belles  variétés  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

5.  Les  meilleures  variétés  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

CLASSE  82. 

GRAINES  ET  PLANTS  D’ESSENCE  FORESTIÈRE 

Pas  de  concours. 

CLASSE  83. 

PLANTES  DE  SERRE. 

I.  Plantes  de  serre. 

Concours  (à  déterminer)  entre  les  plantes  de 
serre  qu’il  y aurait  impossibilité  à présenter  aux 
concours  généraux. 

II.  Plantes  nouvelles.  — Cinq  concours. 

1.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lages introduites  le  plus  récemment  en  Europe. 

2.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage introduites  directement  en  France. 

3.  Lot  de  plantes  hybrides  dont  les  parents  se- 
ront indiqués. 

4.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage obtenues  de  semis  et  non  encore  dans  le 
commerce. 

5.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage obtenues  de  semis  et  dans  le  commerce  de- 
puis 1878. 


63 

III.  Belle  culture.  — Quatre  concours. 

1.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage, que  la  bonne  culture  aura  fait  arriver  le  plus 
près  possible  de  son  maximum  de  développement. 

2.  De  4 à 10  plantes  fleuries  ou  à feuillage  les 
plus  remarquables  par  leur  forme  et  leur  dévelop- 
pement. 

3.  Le  plus  beau  lot  de  20  plantes  à feuillage  or- 
nemental. 

4.  Le  plus  beau  groupe  de  20  plantes  diverses 
fleuries,  à quelque  catégorie  qu’elles  appartiennent. 

IV.  Culture  spéciale.  — Deux  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  de  50  plantes  fleuries 
ou  à feuillage,  cultivées  en  vue  de  l’approvision- 
nement des  marchés. 

2.  Le  plus  beau  lot  de  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage, cultivées  en  vue  de  l’approvisionnement  des 
marchés. 


QUATRIÈME  ÉPOQUE 

21-27  juin  1889. 

CONCOURS  PARTICULIER. 

CLASSE  79. 

FLEURS  ET  PLANTES  D’ORNEMENT 

I.  Plantes  d’ornement. 

Concours  (à  déterminer)  suivant  les  demandes 
des  horticulteurs. 

II.  Plantes  nouvelles. 

Trois  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés  entre  les  plantes  nouvelles  inédites  : 

1.  D’importation. 

2.  D’introduction. 

3.  Obtenues  de  semis. 

Un  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés,  pour  les  plus  belles  plantes  mises  dans  le 
commerce  depuis  1878. 

III.  Belle  culture. 

Un  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés,  entre  les  plus  beaux  exemplaires  (1  à 5 su- 
jets par  espèce  ou  variété). 

IV.  Fleurs  coupées.  — Deux  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  générale. 

2.  La  plus  belle  collection  de  variétés  dans 
chaque  genre. 

V.  Ornementation  en  fleurs  naturelles.  — 

Trois  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  générale. 

2.  La  plus  belle  collection  de  variétés  dans 
chaque  genre. 

V.  Ornementation  en  fleurs  naturelles.  — 

Trois  concours. 

1.  Les  plus  beaux  bouquets. 

2.  Les  plus  beaux  motifs  ou  sujets  divers. 

3.  Les  plus  belles  garnitures  d’ornementation 
diverses  d’appartement,  de  table,  etc. 

VI.  Corbeilles  de  plantes  fleuries  ou  à 
feuillage. 

Un  concours  : entre  les  plus  belles  corbeilles  de 
plantes  fleuries  ou  à feuillage. 


64  EXPOSITION  UNIVERSELLE  DE  1889  I PROGRAMME  DES  ONZE  ÉPOQUES  DE  CONCOURS. 


CLASSE  80. 

PLANTES  POTAGÈRES. 

ï.  Plantes  potagères. 

Concours  permanent  entre  tous  les  genres  de 
plantes  potagères. 

II.  Plantes  nouvelles.  — Quatre  concours. 

1.  Plantes  nouvelles  inédites  d’importation, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

2.  Plantes  nouvelles  inédites  d'introduction, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

3.  Plantes  nouvelles  inédites,  obtenues  de  semis, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

4.  Les  plus  belles  plantes  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

III.  Belle  culture.  — Un  concours. 

1.  Les  plus  beaux  spécimens  de  plantes  pota- 
gères. 

CLASSE  81. 

FRUITS  ET  ARBRES  FRUITIERS. 

I.  Fruits.  — Quatre  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  détruits  frais  : Abri- 
cots, Cerises,  Groseilles,  Pêches,  Poires,  etc. 

2.  La  plus  belle  collection  de  fruits  divers  de  la 
région  du  Sud. 

3.  La  plus  belle  collection  de  fruits  forcés  (Rai- 
sins exceptés),  par  espèces  ou  variétés,  cueillis  ou 
exposés  sur  l’arbre. 

4.  La  plus  belle  collection  de  Raisins  forcés, 
cueillis  ou  exposés  sur  la  souche. 

II.  Fruits  nouveaux.  — Cinq  concours. 

1.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  d’importation, 
n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  commerce. 

2.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  d’introduc- 
tion, n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  commerce. 

3.  Fruits  nouveaux  inédits,  d’arbres  obtenus  de 
semis,  n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  com- 
merce. 

4.  Les  plus  belles  variétés  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

5.  Les  meilleures  variétés  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

CLASSE  82. 

GRAINES  ET  PLANTS  D’ESSENCE  FORESTIÈRE 

Procédés  pratiques  et  économiques  pour  la 
destruction  des  insectes  et  des  parasites 
végétaux  nuisibles  aux  plantations  fores- 
tières ou  arbres  d’alignement.  — Deux 
concours. 

1.  Le  meilleur  procédé  pratique  et  économique 
pour  la  destruction  des  insectes  nuisibles  aux 
plantations  forestières  ou  aux  arbres  d’alignement. 

2.  Le  meilleur  procédé  pratique  et  économique 
pour  la  destruction  des  parasites  végétaux  nuisibles 
aux  plantations  forestières  ou  aux  arbres  d’aligne- 
ment. 

CLASSE  83. 

I.  Plantes  de  serre. 

Concours  (à  déterminer)  entre  les  plantes  de 
serre  qu’il  y aurait  impossibilité  à présenter  aux 
concours  généraux. 


II.  Plantes  nouvelles.  — Cinq  concours. 

1.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage, introduites  le  plus  récemment  en  Europe. 

2.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage, introduites  directement  en  France. 

3.  Lot  de  plantes  hybrides  dont  les  parents  se- 
ront indiqués. 

4.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage, obtenues  de  semis  et  non  encore  dans  le 
commerce. 

5.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage, obtenues  de  semis  et  dans  le  commerce  de- 
puis 1878. 

III.  Belle  culture.  — Quatre  concours. 

1.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage que  la  bonne  culture  aura  fait  arriver  le  plus 
près  possible  de  son  maximum  de  développement. 

2.  De  4 à 10  plantes  fleuries  ou  à feuillage  les 
plus  remarquables  par  leur  forme  et  leur  dévelop- 
pement. 

3.  Le  plus  beau  lot  de  20  plantes  à feuillage  or- 
nemental. 

4.  Le  plus  beau  groupe  de  20  plantes  diverses 
fleuries,  à quelque  catégorie  qu’elles  appartiennent. 

IV.  Culture  spéciale.  — Deux  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  de  50  plantes  fleuries 
ou  à feuillage,  cultivées  en  vue  de  l’approvisionne- 
ment des  marchés. 

2.  Le  plus  beau  lot  de  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage, cultivées  en  vue  de  l’approvisionnement  des 
marchés. 

CINQUIÈME  ÉPOQUE 

12-17  juillet  1889. 

CONCOURS  GÉNÉRAL 

CLASSE  79. 

fleurs  et  plantes  d’ornement 

I.  Plantes  d’ornement. 

Concours  (à  déterminer)  suivant  les  demandes 
des  horticulteurs. 

II.  Plantes  nouvelles. 

Trois  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés,  entre  les  plantes  nouvelles  inédites  : 

1.  D’importation, 

2.  D’introduction, 

3.  Obtenues  de  semis. 

Un  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés  pour  les  plus  belles  plantes  mises  dans  le 
commerce  depuis  1878. 

III.  Relie  culture. 

Un  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés  entre  les  plus  beaux  exemplaires  (un  à 
cinq  sujets  par  espèce  ou  variété). 

IV.  Fleurs  coupées.  — Deux  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  générale. 

2.  La  plus  belle  collection  de  variétés  dans 
chaque  genre. 

V.  Ornementation  en  fleurs  naturelles.  — 

Trois  concours. 

1.  Les  plus  beaux  bouquets. 

2.  Les  plus  beaux  motifs  ou  sujets  divers. 

3.  Les  plus  belles  garnitures  d’ornementation 
diverses  d’appartement,  de  tables,  etc. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  DE  1889  : PROGRAMME  DES  ONZE  ÉPOQUES  DE  CONCOURS.  65 


VI.  Corbeilles  de  plantes  fleuries  ou  à 
feuillage. 


III.  Arbres-tiges  d’alignement.  — 

Un  concours. 


Un  concours  : entre  les  plus  belles  corbeilles  de 
plantes  fleuries  ou  à feuillage. 

VII.  Gazons. 

Un  concours  : entre  les  plus  belles  pelouses. 
CLASSE  80. 

PLANTES  POTAGÈRES. 

I.  Plantes  potagères. 

Concours  permanent  entre  tous  les  genres  de 
plantes  potagères. 

II.  Plantes  nouvelles.  — Quatre  concours. 


Le  plus  beau  lot  de  50  espèces  ou  variétés. 

IV.  Arbres  nouveaux.  — Quatre  concours. 

1.  Arbres  nouveaux  inédits  d’importation  n'ayant 
pas  encore  été  mis  dans  le  commerce. 

2.  Arbres  nouveaux  inédits  d’introduction  n’ayant 
pas  encore  été  mis  dans  le  commerce. 

3.  Arbres  nouveaux  inédits  obtenus  de  semis 
n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  commerce. 

4.  Les  plus  beaux  plants  d’essences  forestières 
mis  dans  le  commerce  depuis  1878. 

V.  Belle  culture.  — Un  concours. 

1.  Les  plus  beaux  sujets  d’essences  forestières. 


1.  Plantes  nouvelles  inédites  d’importation, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

2.  Plantes  nouvelles  inédites  d’introduction, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

3.  Plantes  nouvelles  inédites  obtenues  de  semis, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 


III.  Belle  culture.  — Un  concours. 


1.  Les  plus  beaux  spécimens  de  plantes  pota- 
gères. 


CLASSE  81. 


FRUITS  ET  ARBRES  FRUITIERS. 

I.  Fruits.  — Deux  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  de  fruits  frais  en  ma- 
turité : Abricots,  Amandes,  Cerises,  Framboises, 
Groseilles,  Pêches,  Poires,  Pommes,  Prunes,  Rai- 
sins. 

2.  La  plus  belle  collection  de  fruits  divers  de  la 
région  du  Sud. 


II.  Fruits  nouveaux.  — Cinq  concours. 

1.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  d’importation, 
n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  commerce. 

2.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  d’introduc- 
tion, n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  com- 
merce. 

3.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  obtenus  de 
semis  n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  com- 
merce. 

4.  Les  plus  belles  variétés  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

5.  Les  meilleures  variétés  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 


CLASSE  82. 

GRAINES  ET  PLANTS  D’ESSENCE  FORESTIÈRE. 


I.  Plants  de  pépinières.  — Trois  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  d’espèces  et  de  va- 
riétés. 

2.  Le  plus  beau  lot  de  25  variétés  parmi  les  plus 
répandues. 

3.  Le  plus  beau  lot  de  semis,  boutons  et  greffes. 


CLASSE  83. 

PLANTES  DE  SERRE. 

ï.  Plantes  de  serre.  — Treize  concours. 

Orchidées  exotiques  en  fleurs:!.  La  plus  belle 
collection;  2.  La  plus  belle  collection  de  30;  3.  La 
plus  belle  collection  de  12  ; 4.  Le  plus  beau  lot. 

Caladiums  : 5.  La  plus  belle  collection  ; 6.  La 
plus  belle  collection  de  50;  7,  La  plus  belle  collec- 
tion de  25. 

Caladiums  nouveaux:  8.  La  plus  belle  collection 
de  20. 

Gloxinias  en  variétés  nommées  : 9.  La  plus  belle 
collection  ; 10  La  plus  belle  collection  de  30  ; 11. 
Le  plus  beau  lot  de  100. 

Tydæas,  Nægélias,  Achiménès  et  autres  Gesné- 
riacées  (sauf  les  Gloxinias)  : 12.  La  plus  belle  col- 
lection; 13.  Le  plus  beau  lot. 

II.  Plantes  nouvelles.  — Cinq  concours. 

1.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuillage 
introduites  le  plus  récemment  en  Europe. 

2 Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuillage 
introduites  directement  en  France. 

3.  Un  lot  de  plantes  hybrides  dont  les  parents  se- 
ront indiqués. 

4.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuillage 
obtenues  de  semis  et  non  encore  dans  le  com- 
merce. 

5.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage obtenues  de  semis  et  dans  le  commerce  de- 
puis 1878. 

IÎI.  Belle  culture.  — Quatre  concours. 

1.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuillage 
que  la  bonne  culture  aura  fait  arriver  le  plus  près 
possible  de  son  maximum  de  développement. 

2.  De  quatre  à dix  plantes  fleuries  ou  à feuillage 
les  plus  remarquables  par  leur  forme  et  leur  déve- 
loppement. 

3.  Le  plus  beau  lot  de  20  plantes  diverses  fleu- 
ries, à quelque  catégorie  qu’elles  appartiennent. 

4.  Le  plus  beau  groupe  de  20  plantes  diverses 
fleuries  à quelque  catégorie  qu’elles  appartiennent. 

IV.  Culture  spéciale  — Deux  concours. 


II.  Arbres-tiges  d’ornement.  — 

Deux  concours. 

1.  Le  plus  beau  lot  de  50  espèces  ou  variétés. 

2.  Le  plus  beau  lot  de  50  espèces  ou  variétés  in- 
troduites depuis  l Exposition  de  1878. 


1.  La  plus  belle  collection  de  50  plantes  fleuries 
ou  à feuillage,  cultivées  en  vue  de  1 approvisionne- 
ment  des  marchés. 

2.  Le  plus  beau  lot  de  plantes  fleuries  ou  à feuil- 

lage, cultivées  en  vue  de  l’approvisionnement  des 
marchés.  (A  suivre.) 


66 


ÉCOLE  D’ARBORICULTURE  DE  LA  VILLE  DE  PARIS. 


ÉCOLE  D’ARBORICULTURE  DE  LA  VILLE  DE  PARIS 


La  Revue  horticole  a déjà  annoncé  la 
création  de  cette  École  alors  que  son  orga- 
nisation commençait;  maintenant  que  son 
installation  est  à peu  près  achevée,  il  est  in- 
téressant d’en  faire  connaître  les  détails  aux 
amateurs  d’horticulture. 

Créée  en  1867,  à Saint-Mandé,  près  la 
Porte-Daumesnil,  l’École  d’Arboriculture  de 
la  Ville  de  Paris  (fig.  14)  était  primitivement 
organisée  en  vue  de  l’enseignement  de  l’Ar- 
boriculture fruitière.  Maintenant,  par  suite 
d’une  décision  de  l’Administration  munici- 
pale et  départementale,  le  but  de  l’ensei- 
gnement est  changé,  et  c’est  l’Arboriculture 
d’alignement  et  d’ornement  qui  a pris  la 
prédominance  : c’est-à-dire  que  cette  École 
doit  servir  à un  enseignement  spécial  en 
vue  des  besoins  réels  des  plantations  d’ar- 
bres des  parcs,  squares  et  jardins  de  la 
ville  de  Paris  et  du  département  de  la  Seine. 

Aussi,  à un  enseignement  spécial  nou- 
veau, fallait-il  une  installation  qui  répondît 
à cet  enseignement  et  lui  fournit  des  sujets 
d’études  et  de  démonstrations  théoriques  et 
pratiques  utiles  pour  atteindre  le  résultat 
qu’on  est  en  droit  d’attendre.  Cette  nou- 
velle École  est  placée  sous  l’habile  direction 
deM.  Le  Paute,  inspecteur  général  des  pro- 
menades et  plantations  de  la  Ville  de 
Paris. 

Les  cours  sont  publics  et  le  programme 
comprend  tout  ce  qui  se  rattache  à l’horti- 
culture ornementale  et  plus  particuliè- 
rement à l’installation  et  l’entretien  des 
plantations  d’alignement  et  d’ornement , la 
création,  l’entretien  et  l’ornementation  des 
jardins,  parcs,  squares,  etc. 

Pour  servir  à cet  enseignement  spécial, 
il  a été  réuni  une  collection  assez  complète 
des  principaux  végétaux  ligneux  d’orne- 
ment : arbres,  arbustes  et  arbrisseaux; 
puis  une  collection  des  principaux  végé- 
taux herbacés  d’ornement. 

U Arboretum  comprend  environ  400  ar- 
bres et  1,500  autres  végétaux  ligneux  : 
arbustes  ou  arbrisseaux  à feuilles  caduques 
ou  persistantes.  Tous  ces  végétaux  sont 
classés  méthodiquement,  par  familles,  et 
dans  les  genres  nombreux  en  espèces  et 
variétés,  par  pays  d’origine  ou  sections  na- 
turelles, afin  de  faciliter  l’étude  et  les  re- 
cherches. 


Les  arbres  qu’il  convient  le  plus  géné- 
ralement de  choisir  selon  les  circonstances 
pour  les  plantations  d’alignement  dans  les 
villes  sont  plantés  sur  une  avenue  qui  forme 
l’entrée  principale  de  cette  école.  Ces  arbres 
recevront  l'i  les  soins  de  culture  nécessaires 
pour  favoriser  et  entretenir  une  bonne  végé- 
tation ; il  leur  sera  aussi  appliqué  la  taille 
utile  en  temps  opportun  pour  donner  et 
maintenir  à ces  arbres  une  charpente  con- 
venable et  bien  appropriée  à leur  desti- 
nation. 

Les  différentes  installations  complémen- 
taires plus  ou  moins  indispensables,  selon 
les  circonstances,  aux  plantations  d’ali- 
gnement dans  les  villes  se  trouveront  aussi 
rassemblées  sur  cette  avenue  : les  différentes 
sortes  de  grilles,  de  corsets,  et  les  divers 
systèmes  de  drainages,  etc.,  etc. 

Perpendiculairement  à cette  avenue,  on 
a planté  six  lignes  d’arbres  choisis  parmi 
les  espèces  qui  se  prêtent  le  mieux  aux  di- 
verses formes  spéciales,  pyramides,  ri- 
deaux, marquises,  parasol,  etc.,  formes  qu’il 
convient  quelquefois  d’imposer  et  de  main- 
tenir sur  certains  emplacements  aux  planta- 
tions d’alignement  dans  les  villes. 

Les  quelques  arbres  fruitiers,  Poiriers, 
Pommiers,  Noyers,  Pruniers,  Cerisiers, 
Châtaigniers,  qui  peuvent  être  plantés  avan- 
tageusement en  bordures  des  routes  dépar- 
tementales et  autres,  seront  aussi  repré- 
sentés. 

Les  espèces  et  variétés  d’arbres  les  plus 
généralement  employés  pour  l’ornemen- 
tation des  parcs,  jardins,  etc.,  à cause 
de  leur  forme  particulière  de  végétation, 
les  arbres  pleureurs,  les  arbres  pyrami- 
daux, sont  rassemblés.  Ainsi,  les  arbres 
pleureurs  : Frênes,  Sophora,  Sorbiers, 
Gleditschia,  Saules,  etc.,  sont  réunis  en  un 
groupe  important  non  loin  duquel  on  re- 
marque les  arbres  pyramidaux  des  genres 
Peuplier , Robinier , Orme , Bouleau, 
Chêne,  etc. 

Les  arbres  et  arbustes  recherchés  à cause 
de  leur  feuillage  diversement  coloré,  pana- 
ché, maculé,  lacinié,  etc.,  sont  aussi  réunis 
et  forment  des  massifs  spéciaux;  on  y 
trouve  le  Hêtre  pourpre,  le  H.  tricolore,  les 
Négundos,  le  Prunus  Pissardi,  les  Érables, 
le  Bouleau  pourpre,  le  B.  lacinié,  les 
Chênes,  Ormes,  Catalpas,  les  Noisetiers,  les 


ÉCOLE  D’ARBORICULTURE  DE  LA  VILLE  DE  PARIS. 


67 


Sureaux,  etc.,  tous  végétaux  cultivés  pour  I Les  arbustes  ou  arbrisseaux  au  feuillage 
la  forme  ou  la  coloration  de  leurs  feuilles.  I persistant,  les  Lauriers,  Fusains,  Troènes, 


10  20  30  40  50 


100 


Fig.  14.  — Plan  de  l’École  d’Arboriculture  de  la  Ville  de  Paris,  à Saint-Mandé. 


1.  École  d’arbres,  arbustes  et  arbrisseaux  d’ornement. 

2.  Collection  d’arbres  pleureurs. 

3.  — — pyramidaux. 

4.  Massifs  composés  d’arbrisseaux  à feuillage  persistant. 

5.  Collection  de  végétaux  à feuilles  persistantes. 

6.  Collection  de  végétaux  grimpants  sarmenteux. 

7.  Collection  de  Rosiers. 

8.  Avenue  planlée  des  principaux  arbres  d’alignement. 


9.  Arbres  soumis  à des  formes  particulières. 

10.  Arbres  fruitiers  pour  routes  départementales. 

11.  Collection  de  plantes  d’ornement  de  la  Ville  de  Paris. 

12.  Collection  de  plantes  vivaces  d’ornement  de  plein 

air. 

13.  Corbeilles  composées  pour  exemple  d’ornementa- 

tion. 

14.  Massif  de  Conifères. 


Aucubas,  Houx,  Buis,  etc.,  ont  aussi  leur  i verts  : Âbies,  Pinus,  Thuya,  Cupressus, 
emplacement  spécial,  ainsi  que  les  arbres  | Taxus,  etc. 


68 


LES  MUSACÉES  ORNEMENTALES  ET  ÉCONOMIQUES. 


Les  arbustes  sarmenteux  ou  grimpants, 
Clématites,  Glycines,  Cissus,  Lonicera, 
Tecoma,  Menispermum,  Lierres,  etc.,  sont 
successivement  placés  sur  une  longue  plate- 
bande  qui  forme  encadrement  à l’École 
d’arbres. 

Enfin,  une  collection  de  Rosiers,  groupés 
par  sections  et  classés  dans  chaque  section 
par  intensité  de  coloris,  complète  l’ensemble 
des  diverses  collections  des  végétaux  ligneux 
d’ornement  et  d’alignement  réunis  dans 
cette  école.  La  floriculture  ornementale  a 
aussi  son  installation  spéciale. 

En  bordure  de  l’avenue  principale,  on  a 
créé  deux  plates-bandes  qui  reçoivent  pen- 
dant les  saisons  convenables  toute  la  col- 
lection (environ  250  espèces  et  variétés)  des 
plantes  fleuries  ou  à beau  feuillage  cultivées 
au  Fleuriste  de  la  Ville  de  Paris  (à  la 
Muette). 

On  peut  donc  voir,  réunies  à Saint-Mandé, 
toutes  les  plantes  qui  sont  employées  dans 
l’ornementation  des  parcs,  squares  et  jar- 
dins de  la  ville  pour  la  décoration  du  prin- 
temps, de  l’été  et  de  l’automne.  Toutes  ces 
plantes  sont  groupées  par  familles  et  bien 
entendu  étiquetées,  ainsi,  du  reste,  que 
tous  les  autres  végétaux.  Parmi  les  plantes 
fleuries,  on  voit  figurer  les  nombreuses  va- 
riétés de  Pélargoniums,  Anthémis,  Agéra- 
tums,  Pétunias,  Silènes,  Dahlias,  etc. 
Parmi  les  plantes  à feuillage,  les  diverses 
Solanées,  les  Bégonias,  Goléus,  Achyran- 
thes,  Hélichryses,  Matricaires,  etc.  ; puis, 
parmi  les  végétaux  frutescents,  les  Lan- 
tanas,  Érythrines,  Hibiscus,  Eucalyptus, 
Fuchsias,  etc. 

Enfin,  environ  350  espèces  ou  variétés  de 
plantes  vivaces  d’ornement  de  plein  air 


forment  une  collection  très -intéressante  et 
en  rapport  avec  le  nombre  et  l’importance 
ornementale  de  ces  végétaux  rustiques,  qui, 
à notre  avis,  sont  beaucoup  trop  délaissés 
dans  l’ornementation  des  jardins  de  Paris. 
Pour  ne  rappeler  que  quelques-unes  de  ces 
plantes  et  par  ordre  de  floraison,  nous 
citerons  les  Roses  de  Noël,  Adonides, 
Hépatiques,  Anémones,  Renoncules,  Pi- 
voines, Iris,  Œillets,  Potentilles,  Phlox, 
Pyrètlires,  etc.  A l’aide  de  ces  végétaux,  qui 
n’exigent  pas  d’abri  l’hiver,  on  peut  com- 
biner une  ornementation  d’un  charme  tout 
particulier. 

Pour  donner  quelques  exemples  divers 
d’ornementation  à l’aide  de  plantes  fleuries 
ou  à feuillage,  il  a été  disséminé  dans  les 
pelouses  quelques  corbeilles  composées  de 
manière  à montrer  les  différents  effets  qu’on 
peut  obtenir  par  la  disposition  des  mêmes 
plantes,  qu’elles  soient  disposées  en  lignes 
ou  séparées. 

Diverses  pelouses,  composées  par  diffé- 
rents choix  de  Graminées  ou  autres  plantes, 
seront  aussi  des  sujets  d’études  et  de  dé- 
monstrations qui  indiqueront  le  choix  qu’on 
devra  faire  parmi  les  diverses  Graminées 
et  autres  plantes  susceptibles  de  consti- 
tuer de  beaux  gazons  selon  la  nature  du 
sol,  son  exposition  à l’ombre  ou  en  pleine 
lumière,  et  pour  les  terrains  secs  ou  hu- 
mides. 

Tels  sont  les  principaux  éléments  d’é- 
tudes et  de  démonstrations  qui  sont  réu- 
nis pour  servir  à l’enseignement  spécial 
donné  dans  la  nouvelle  école  d’Arboricul- 
ture  de  la  Ville  de  Paris,  et  qui  sont  aussi 
d’un  intérêt  général,  cette  école  étant  pu- 
blique. A.  Ciiargueraud. 


LES  MUSACÉES  ORNEMENTALES  ET  ÉCONOMIQUES (1> 


Genre  Musa  (suite). 

Les  Bananiers  d’ornement  à régime 
dressé  et  à bractées  d’une  coloration  bril- 
lante sont  peu  nombreux.  Ce  sont  : 

Musa  coccinea,  Roxb.  — Originaire  de 
la  Chine  méridionale.  Loureiro  l’a  décrit 
en  1790;  il  fut  introduit,  en  Angleterre, 
en  1792,  et  quelques  années  après  dans  les 
serres  du  Jardin-des-Plantes  de  Paris.  De- 
puis cette  époque,  il  est  cultivé  dans  les 
serres  de  l’Europe.  La  taille  de  cette  belle  es- 
pèce est  peu  élevée  ; elle  est  répandue  dans 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1888,  p.  32. 


les  jardins  de  l’Asie  méridionale.  Son  spa- 
dice  floral  est  très-court,  dense,  capité, 
dressé.  Les  bractées  sont  du  rouge  éclatant 
le  plus  brillant.  En  1878,  j’ai  vu  dans  les 
jardins  de  Rio-Janeiro  et  de  Pétropolis 
(Brésil)  ce  Bananier  en  fleur  dans  toute  sa 
beauté. 

Musa  ornata,  Roxb.  — Croît  sauvage 
dans  l’Inde,  notamment  à Ghittagong  ; il 
est  cultivé  dans  les  serres  d’Europe  et  en 
Algérie  ; son  inflorescence  est  dressée,  assez 
longue  ; les  bractées  sont  d’une  couleur 
vive,  rougeâtre-lilacée  ; les  fleurs  sont  d’un 
jaune  orange. 


LES  MUSACÉES  ORNEMENTALES  ET  ÉCONOMIQUES. 


69 


Musa  speciosa,  Tenore.  — Patrie  origi- 
nelle mal  connue.  Cultivé  en  Algérie  et 
dans  quelques  localités  méridionales  de 
l’Europe.  Inflorescence  dressée,  spathes 
rougeâtre  lilas. 

Musa  sanguinea,  Hook.  — Croît  sau- 
vage dans  l’Inde,  dans  l’Assam,  est  cultivé 
dans  les  serres  de  Kew.  Inflorescence 
dressée,  pédonculée,  très- courte  ; bractées 
rouge-pourpre,  denses,  serrées  ; fleurs 
jaunes. 

Musa  ro- 
sacea,  Jacq. 

— Origi- 
naire de 
l’Inde  ; il 
donne  des 
drageons. 

Ce  Bananier 
est  cultivé 
en  pleine 
terre,  pen- 
dant l’été, 
dans  les 
squares  de 
la  Ville  de 
Paris. 

Musa  vit- 
tata.  — Se- 
rait une  va- 
riété du  M. 
sapientum 
à feuilles 
panachées 
de  blanc  ; 
elle  a été 
rencontrée 
à la  côte 
occidentale 
d’Afrique  et 
à l’ile  Saint- 
Thomas  ; ne 
donne  pas 
de  fruits  co- 
mestibles. 

Musa  tex- 
tïlis,  Nees. 

— Est  une  espèce  qui  produit  une  matière 
textile  qui  provient  de  ses  feuilles  et  de  ses 
gaines  ; elles  fournissent  un  linge  d’un  as- 
pect soyeux,  dont  l’usage  s’est  multiplié  aux 
Philippines  et  en  Europe.  Cette  matière 
textile  est  connue  en  Europe  sous  le  nom 
de  Chanvre  de  Manille  ou  d’Abaca.  Ce 
Musa  ne  donne  pas  de  fruits  comestibles; 
il  se  multiplie  de  graines  et  de  rejetons.  Il 
est  cultivé  à la  Réunion,  dans  l’Inde,  à la 
Martinique,  à la  Guadeloupe. 


Fig.  15.  — Musa  paradisiaca 


Les  Bananiers  qui  produisent  des  fruits 
comestibles  sont  très-nombreux;  il  y en  a 
plusieurs  espèces,  qui  ont  fourni  d’innom- 
brables variétés.  Ces  Musa  ont  des  rejets 
nombreux  à la  base  qui  servent  à les  mul- 
tiplier ; leurs  grandes  feuilles  sont  moins 
fermes  que  celles  des  espèces  ornementales 
et  leurs  fruits  charnus  ne  sont  comestibles 
qu’à  la  maturité.  Deux  Bananiers  priment 
tous  les  autres  par  leur  importance  ; ce  sont 
le  M.  paradisiaca,  L.,  (fig.  15)  et  le  M.  sa- 
pientum, 

L.  Le  pre- 
mier, au- 
quel on  rap- 
porte les  M. 
mansaria , 
Moench.,  et 

M.  Cliffor- 
tiana , est 
plus  connu 
sous  le  nom 
de  Bananier 
de  Paradis 
et  Bana- 
nier à gros 
fruits,  à 
cause  de  ses 
baies,  qui 
ont  de  15  à 
30  centimè- 
tres de  lon- 
gueur. Ce 
sont  les  Ba- 
nanes ordi- 
naires ou 
proprement 
dites  appe- 
lées Pom- 
mes de  Pa- 
radis ou 
Pommes 
d’A  dam. 
Par  suite, 
cet  arbre 
porte  les 
noms  de 

Figuier  d’Adam  ou  Figuier  des  Indes.  On 
le  nomme  Plantain  en  arbre,  Plantanier, 
Platano  chez  les  Espagnols  ; c’est  le 
Pisang  des  Indiens,  le  Meia  des  Tahitiens; 
Pline  l’appelait  Ariema.  Les  légendes  orien- 
tales rapportent,  en  effet,  que  le  Bananier  est 
« l’arbre  de  la  science  du  bien  et  du  mal  », 
dont  le  fruit  tenta  Eve  et  dont  les  feuilles 
servirent  à nos  premiers  parents  pour  se 
couvrir  quand  ils  s’aperçurent  qu’ils  étaient 
nus.  Ses  fruits  se  mangent  cuits,  car  ils 


70 


LES  MUSACÉES  ORNEMENTALES  ET  ÉCONOMIQUES. 


sont  peu  savoureux  ; il  est  peu  cultivé  à 
la  Réunion.  D’après  le  docteur  Vieillard, 
ce  Bananier  est  cultivé  et  très-répandu  à 
la  Nouvelle-Calédonie  ; il  existait  dans  cette 
île  avant  l’occupation  française  ; il  a fourni, 
comme  partout,  de  nombreuses  variétés  que 
l’on  désigne  dans  le  nord  sous  les  noms 
indigènes  de  Poinda,  Pâte , Païnou,  Cabo, 
Pounienboro , Do,  Minda,  Poindape,  Pai- 
nape , Poingaboïte , Tiguite,  Bariendo, 
Neine , Maicoucté , Poinguiouape,  Poin- 
gori,  Pegolemboua,  Poüo,  Poindiali, 
Stehiendape , Stehiabeou,  etc.  Ces  diffé- 
rentes variétés  n’ont  aucun  caractère  dis- 
tinctif tranché  ; elles  se  reconnaissent  à la 
grosseur  des  régimes  et  des  fruits.  Le 
Musa  paradisiaca  est  le  Poigate  des  indi- 
gènes de  cette  région. 

L’autre  espèce,  le  M.  sapientum,  L., 
Bananier  des  Sages,  est,  pour  quelques  au- 
teurs, une  variété  du  M.  paradisiaca  ; ses 
fruits  sont  appelés  Figues-Bananes  ou 
Figues-Bacoves  ou  encore  petites  Bananes  ; 
elles  sont  plus  petites  que  dans  l’espèce 
précédente  et  ne  renferment  à la  maturité 
que  de  la  matière  sucrée.  Ces  fruits  peuvent 
se  manger  et  sont  alors  très-savoureux.  Ce 
Bananier  commence  à se  répandre  à la 
Nouvelle-Calédonie.  La  patrie  de  ces  deux 
espèces  est  l’Inde;  elles  se  sont  naturalisées 
depuis  longtemps  au  Sénégal. 

M.  Hooker  dit  qu’il  faut  probablement 
rapporter  aux  variétés  du  M.  sapientum 
divers  Musa  cultivés  dans  les  serres  du 
jardin  de  Kew,  avec  des  noms  locaux  ou 
provisoires.  Ce  sont  les  M.  aurantiaca , M. 
Champa,  M.  Dacca,  M.  Kantilly,  M.  mar- 
tabanica,  M.  Martini,  M.  Raruchala,  M. 
violacea. 

Pour  parvenir  à vérifier  et  estimer  la  di- 
versité et  le  mérite  horticole  de  ces  diverses 
races,  il  faudrait  que  des  jeunes  plants 
fussent  cultivés  en  pleine  terre  dans  des  ré- 
gions chaudes,  où  l’on  pourrait  alors  obtenir 
la  fructification.  Depuis  quelques  années, 
les  serres  du  Muséum  de  Paris  ont  reçu 
des  échantillons  assez  nombreux  de  di- 
verses races  du  M.  sapientum. 

Le  docteur  Vieillard  cite  une  variété 
singulière  de  la  Nouvelle-Calédonie  appelée 
Banane  Poieté.  C’est  le  Musa  oleracea, 
Vieill.,  à fructification  très-rare,  presque 
inconnue,  à rejets  très-nombreux,  utilisée 
par  ses  rejets  souterrains  que  l’on  mange 
cuits  ou  grillés,  comme  les  Ignames,  dont 
ils  ont  à peu  près  le  goût. 

Le  Musa  simiarum,  Rumph.  (M.  acu- 
minata,  ZolL),  originaire  des  montagnes 


de  Java,  est  une  petite  espèce  naine  à 
feuilles  très-petites  en  comparaison  des 
autres  Musa;  ses  fruits,  très-petits,  sont 
charnus  et  sucrés  ; il  mérite  d’être  intro- 
duit dans  les  serres  d’Europe. 

Le  Musa  discolor  est  une  espèce  sup- 
posée par  le  docteur  Vieillard  être  originaire 
d’Océanie,  et  connue  à la  Nouvelle-Calé- 
donie sous  le  nom  de  Calaboute.  Elle  a été 
transportée  dans  plusieurs  localités  des 
pays  chauds,  à Rio-de-Janeiro,  par  exemple; 
elle  est  cultivée  dans  les  serres  d’Europe  et  en 
Algérie,  où  elle  développe  difficilement  son 
régime.  La  tige  a 2 ou  3 mètres  de  hau- 
teur ; les  feuilles  sont  glauques,  violacées 
en  dessous  lors  de  leur  déroulement  ; 
cette  couleur  disparaît  avec  l’âge,  mais 
persiste  toujours  sur  la  côte  médiane.  Les 
fruits  sont  assez  nombreux  sur  le  régime  ; 
ils  sont  oblongs,  arqués,  un  peu  prisma- 
tiques, peu  serrés,  d’abord  d’un  violet 
pourpré,  puis,  à maturité  parfaite,  nuancés 
de  jaune  ; la  chair  est  un  peu  sèche,  rougeâtre 
violacée,  d’un  goût  musqué  particulier.  Les 
gaines  des  feuilles  donnent  des  fibres  tex- 
tiles dont  les  indigènes  se  servent  pour 
faire  leurs  frondes  et  leurs  filets  de  pêche. 

Le  Musa  sinensis,  Sweet  (M.  Caven- 
dishii,  Paxt.),  a été  trouvé  en  Chine  et 
au  Japon  ; il  s’est  depuis  répandu  dans  les 
pays  chauds.  Cette  espèce  est  cultivée  dans 
les  serres  chaudes  d’Europe  en  raison  de  sa 
petite  taille,  qui  ne  dépasse  guère  lm  50; 
c’est  une  plante  basse  et  trapue  dont  les 
larges  feuilles  sont  portées  sur  de  courts 
pétioles  ; ses  fruits  mûrissent  très-bien  ; ce 
Bananier  commence  à se  répandre  en  Nou- 
velle-Calédonie, où  il  est  cultivé  dans  cer- 
taines tribus. 

Le  Musa  Fehi,  Bert.,  est  une  belle 
et  grande  espèce  océanienne,  dont  le  tronc 
atteint  de  5 à 6 mètres  de  hauteur,  de  cou- 
leur verdâtre  avec  des  bandes  violacées, 
rempli  d’un  suc  abondant  d’un  beau  violet  ; 
le  limbe  des  feuilles  est  très-ample  et  for- 
tement nervé.  Le  fruit  est  jaune  pâle  à la 
maturité,  médiocre  à manger  cru,  très-bon 
à manger  cuit.  Il  est  de  grand  usage  à 
Taïti,  où  les  indigènes  vont  chercher  ses 
fruits  dans  les  vallées  fertiles  des  premières 
pentes  des  montagnes,  à l’altitude  de  1,000 
ou  1,200  mètres,  limite  de  l’habitat  de  la 
plante  ; dans  des  excavations  d’un  sol  ro- 
cheux moins  fertile,  on  trouve  parfois, 
d’après  les  indigènes  qui  visitent  rarement 
ces  hauteurs,  quelques  graines  parfaites, 
peu  nombreuses,  de  couleur  noirâtre.  Le 
docteur  Vieillard  a vu  ce  Musa  dans  la 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


71 


vallée  sauvage  de  Fatua,  dans  les  monta- 
gnes de  Taïti  et  il  l’a  trouvé  plus  tard 
dans  le  nord  de  la  Nouvelle-Calédonie,  où  il 
est  rare  et  ne  croît  que  sur  quelques  points 
Le  régime  porte  trente  ou  quarante  fruits  ; 
ce  fruit  est  grand,  oblong,  un  peu  anguleux, 
long  de  15  centimètres  ou  un  peu  plus  et 
large  de  3 centimètres  ; son  écorce  est  un 
peu  épaisse  et  sa  chair  est  un  peu  ferme. 
Le  nom  indigène  de  ce  Bananier  est  Daak. 

Le  Muséum  de  Paris  a reçu,  en  1887, 
une  souche  vivante  de  ce  Musa  ; expé- 
diée de  Taïti  par  M.  Gardey,  elle  a été 
apportée  et  soignée  dans  le  trajet  par 
M.  Gardet,  administrateur  colonial.  Cette 
souche  est  entrée  tout  de  suite  en  végétation 
dans  la  serre;  c’est  la  première  fois  que 
cette  plante  arrive  vivante  en  Europe.  Le 
suc  violet  que  l’on  retire  des  tiges  par  in- 
cision sert  à teindre  en  bleu.  Ce  Bananier 
se  multiplie  de  drageons  et  de  graines.  Les 
indigènes  se  servent  des  gaines  et  des 
feuilles  comme  fibres  textiles  pour  fabri- 
quer leurs  frondes  et  leurs  filets  de  pêche. 

Le  Musa  aphurica,  Rumph.  (M.  Berte- 
roniana,  Coll.),  originaire  des  Moluques 
est  une  espèce  voisine  des  variétés  du  M. 
sapicntum , à fruits  gros  et  de  qualité  infé- 
rieure, comestibles  seulement  après  cuis- 
son ; ces  fruits  atteignent  de  0m20  à 0m22  de 
longueur.  Le  nom  aphurica  vient  du  mot 
malais  « alfourou  »,  qui  veut  dire  sauvage, 
soit  que  cette  espèce  se  trouve  sauvage  dans 
les  bois,  soit  qu’elle  ne  soit  cultivée  que  par 
les  peuplades  sauvages,  moins  délicates  sur 
la  qualité  de  leur  nourriture. 

Le  Musa  uranoscops,  Rumph.,  est  une 
espèce  à tige  de  moyenne  hauteur,  grêle, 
dure  ; elle  donne  des  fruits  rougeâtres. 
Leur  chair  est  jaune,  visqueuse,  d’abord 
acide,  ensuite  assez  douce  à la  maturité  ; 
son  suc  est  rougeâtre.  On  ne  mange  point 
son  fruit  cru  parce  qu’il  irrite  la  bouche, 
mais,  cuit  sous  la  cendre,  il  prend  une 
consistance  visqueuse  et  une  saveur  qui  le 
rendent  mangeable  ; il  provoque  l’urine  et 
la  teint  en  rouge.  Cette  plante  croit  aux 
Moluques,  à Amboine  et  à Céram. 

Le  Musa  Banksii,  F.  Mueller,  est  une 


espèce  remarquable  en  ce  qu’elle  a été 
trouvée  en  Australie;  elle  croît  dans  les 
vallées  boisées  du  mont  Elliot  et  dans  la 
baie  de  Rockingham  ; sa  tige  est  de  hauteur 
moyenne  ; les  feuilles  atteignent  environ 
2 mètres  de  longueur  ; le  fruit  est  oblong, 
long  de  15  centimètres  et  large  de  2.  Ce 
Musa  donne  des  graines  assez  petites  et  nom- 
breuses, de  couleur  brune.  Il  est  très-abon- 
dant au  nord  de  Port-Denison,  où  il  consti- 
tue une  partie  de  la  nourriture  des  habitants 
qui  y habitent.  Ses  fruits  sauvages  sont 
utilisés  comme  alimentaires  par  les  indi- 
gènes, d’Australie  qui  trouvent  à manger  un 
peu  de  pulpe  crue  ou  cuite  entre  les  jeunes 
graines,  avant  le  complet  développement  du 
fruit.  Cette  plante  donne  des  rejetons  à la 
base. 

Parmi  les  Musa  que  l’on  peut  considérer 
comme  d’un  effet  ornemental  encore  non 
apportés  en  Europe  ou  restés  l’objet  d’une 
culture  très-restreinte  dans  quelques  serres 
de  grands  jardins  botaniques,  on  peut  citer 
les  M.  superha,  nepalensis , glauca,  ura- 
noscops, simiarum,  Chaoy  da  de  Cochin- 
chine,  qui  donne  un  régime  très-long,  le 
Pisang  keker  de  l’Inde,  etc.,  etc. 

On  pourrait  aussi  répandre  en  Amérique 
plusieurs  races  estimées  de  l’Inde,  de  l’ar- 
chipel Malais,  des  Philippines  et  de  l’Océa- 
nie ; les  Bananes  que  l’on  pourrait  encore 
y introduire  sont  : la  Figue-Banane  mi- 
gnonne de  la  Réunion,  à peau  jaune  poin- 
tillée  de  rouge  ; la  Figue-Banane  très-parfu- 
mée,  dite  aux  Philippines  Bangulan  ; la 
Figue-Banane  à tige  un  peu  naine,  dite 
à Taïti  Neiné;  la  Figue-Banane  à chair  très- 
douce,  mais  contenant  quelques  graines, 
nommée  en  Cochinchine  Chaoy-Mat. 

Certaines  Bananes,  d’une  chair  plus  ferme 
et  plus  apte  à se  conserver  dans  le  trans- 
port par  mer,  auraient  peut-être  une  valeur 
particulière,  même  quand  elles  ne  pourraient 
se  manger  que  cuites.  Les  Bananes  bien 
mûres,  cuites  à la  graisse,  sont  en  effet  un 
plat  très-délicat  et  d’un  goût  spécial. 

H.  Joret, 

Ancien  Jardinier-Chef  du  Gouvernement,  au  Sénégal. 

(A  suivre). 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 


SÉANCE  DU  12  JANVIER  1888. 


Comité  de  floriculture. 

M.  Max.  Cornu  a conservé,  dans  les  cultures 
du  Muséum,  une  vieille  mais  toujours  char- 
mante plante  indigène  de  pleine  terre,  VEranthis 


hyemalis , dont  il  présentait,  à cette  réunion, 
quelques  touffes  en  pleine  floraison. 

L’Ê.  hyemalis  porte,  à cette  époque  de  l’an- 
née, une  hampe  haute  de  4 à 5 centimètres,  et 
se  terminant  par  une  jolie  fleur  étalée,  jaune 


72 


CORRESPONDANCE. 


d’or,  entourée  d’une  collerette  verte,  découpée, 
formant  involucre.  Les  feuilles,  radicales,  ar- 
rondies, se  développent  après  que  la  floraison 
est  terminée.  C’est  une  plante  précieuse,  sur- 
tout en  raison  de  l’époque  à laquelle  elle 
fleurit,  et  qui  peut  rendre  de  grands  services 
pour  la  confection  de  bordures,  la  garniture 
de  rochers,  dans  les  parties  ombrées. 

Envoyés  par  M.  Bleu,  quelques  fort  beaux 
exemplaires  d’Orchidées  : Sophronitis  mili- 
tarisa charmante  espèce  aux  fleurs  carmin  vif; 
Angræcum  sesquipedale , aux  grandes  fleurs 
blanc  de  cire  ; Odontoglossum  gloriosum , So- 
phronitis violacea . 

Comité  d’arboriculture  d’ornement. 

Le  Cratægus  Carrierei  est  une  forme  pré- 
cieuse, surtout  à cause  de  l’abondance,  de  la 
grosseur  et  de  la  jolie  coloration  orangée  de 
ses  fruits,  qui  garnissent  ses  rameaux  pendant 
la  presque  totalité  de  l’hiver.  Plusieurs  bran- 


N°  3785.  (Rhône. J — Essayez  pour  vos  Ro- 
siers l’engrais  qui  est  vendu  par  M.  Lévêque, 
horticulteur,  rue  du  Liégat,  à Yitry  (Seine). 
Cette  substance  fertilisante  s’applique  aussi 
bien  à la  culture  forcée  des  Rosiers  en  pots 
qu’à  la  culture  de  plein  air. 

Les  semis  de  Bégonias  bulbeux  se  font  au 
premier  printemps,  en  serre  ou  sous  châssis, 
en  terrines  remplies  de  terre  de  bruyère.  On 
sème  les  graines,  qui  sont  extrêmement  fines, 
sur  la  terre,  sans  les  recouvrir.  Pour  mieux 
conserver  la  fraîcheur,  on  peut  recouvrir  la 
terrine  d’une  lame  de  verre  à vitre.  La  levée 
se  fait  facilement.  Pour  ne  pas  laisser  les 
jeunes  plantes  s’étioler  et  fondre , on  doit  les 
repiquer  dans  d’autres  terrines  aussitôt  qu’elles 
ont  deux  petites  feuilles.  C’est  une  opération 
facile,  mais  délicate,  et  qui  demande  un  peu 
d’habitude  à cause  de  la  petitesse  des  plants. 

N°  3054.  (Allier. J — La  maladie  qui  dé- 
truit vos  Bégonias  est  probablement  produite 
par  un  Champignon  microscopique  dont  les 
spores  sont  répandues  depuis  plusieurs  années 
dans  votre  serre,  et  qui  attaque  successivement 
toutes  vos  plantes.  C’est  le  « milieu  » qu’il  fau- 
drait changer.  En  cultivant  vos  Bégonias  sous 
châssis,  avec  d’autre  terre  que  celle  qui  a passé 
par  votre  serre,  vous  obtiendriez  probable- 
ment de  bons  résultats.  On  peut  encore  vous 
conseiller  de  débarrasser  complètement  votre 
serre  pendant  l’été  prochain,  de  la  repeindre 
et  de  chauler  les  murs,  de  la  laisser  ouverte 
toute  la  belle  saison,  et  d’essayer  une  nouvelle 
culture  à l’automne  avec  des  terres  neuves, 
terre  de  bruyère  et  terreau  de  couches  mé- 
langés. Nous  vous  conseillons  aussi  de  tenir 
votre  serre  plus  humide,  et  de  planter  vos  Bé- 
gonias dans  la  partie  la  plus  ombragée. 


ches,  envoyées  par  M.  Baltet,  de  Troyes,  en 
étaient  littéralement  couvertes. 

M.  Cornu  présentait  quelques  rameaux  de 
Rhododendron  dahuricum , espèce  sibérienne 
qui  produit,  dans  le  courant  de  janvier,  en 
plein  air,  de  nombreuses  et  jolies  fleurs  carmin 
foncé. 

Comité  de  pomologie. 

M.  Bourgeois  (Aimable),  de  Chambourcy 
(Seine-et-Oise),  présentait  une  corbeille  de 
Pommes  Reinette  de  Canada  superbes;  M.  Ja- 
met,  arboriculteur,  dont  les  plantations  sont 
également  situées  à Chambourcy,  des  Poires 
Relie  de  Berry , Doyenné  d’hiver , des  Pommes 
Reinette  de  Canada  de  toute  beauté. 

Par  M.  Ruillé,  de  Beauchamp,  des  Poires 
Saint-Joseph,. très-bonne  variété  à fruit  moyen, 
roux  lavé  de  carmin  ; chair  jaunâtre,  eau 
abondante,  saveur  très-agréable. 

Ch.  Thays. 

INDANCE 

N°  3643.  (Nièvre. J — Votre  Plantain  nous 
paraît  intéressant.  Veuillez  nous  en  envoyer 
une  plante  vivante  entière,  que  vous  pourrez 
adresser  directement  à M.  Ed.  André,  rue 
Ghaptal,  30,  à Paris.  Vous  voudrez  bien  ajou- 
ter les  détails  que  vous  croirez  utile  de  nous 
faire  connaître  sur  la  manière  dont  vous  avez 
obtenu  et  dont  vous  cultivez  votre  plante. 

N°  4109.  (Somme.]  — L’insecte  dont  vous 
vous  plaignez  nous  paraît  être  le  Coccus  ado- 
nidum.  Il  est  commun  dans  les  serres  chaudes 
et  cause  de  grands  dommages.  On  a recom- 
mandé divers  procédés  pour  le  détruire.  Les 
fumigations  de  tabac  agissent  sur  les  petits 
nouvellement  éclos,  mais  laissent  indemnes  les 
individus  couverts  de  leur  cocon  cotonneux, 
au  moment  Je  la  ponte  surtout.  Le  meilleur 
remède  est  encore  l’application  de  l’alcool  à 
35  degrés,  à l’aide  d’un  petit  pinceau.  La  va- 
porisation s’effectue  rapidement,  et  l’insecte 
est  tué  sans  que  la  plante  souffre. 

N°  3609.  ( Meurthe-et-Moselle .J  — Parmi 
les  meilleures  variétés  de  Raisins  précoces, 
nous  pouvons  vous  recommander  : Précoce  de 
Malingre . P.  de  Saumur , Madeleine  royale , 
Chasselas  Vihert.  Si  vous  avez  une  exposition 
de  murs  bien  insolée,  vous  pouvez  y ajouter  le 
Lignan  blanc. 

C.  de  Ch.  ( Mayenne .)  — Le  Genista  his- 
panica  est  une  plante  encore  peu  répandue  et 
que  l’on  ne  trouve  guère  que  dans  certains 
jardins  botaniques.  Nous  essaierons  de  savoir 
où  l’on  peut  s’en  procurer  et  nous  vous  donne- 
rons le  renseignement  demandé,  si  nous  réus- 
sissons. 


U Administrateur-Gérant  ; L.  Bourguignon. 


Imp.  Georges  Jacob,  — Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


73 


CHRONIQUE  HORTICOLE 

Les  froids  en  France.  — Le  prix  des  fleurs  à Nice.  — Les  plantations  d’arbres  fruitiers  en  bordure  des 
routes.  — Résultats  du  concours  du  Parc  public  de  Lisbonne.  — Cours  d’arboriculture  fruitière  de  la 
ville  de  Lille.  — La  Ramie.  — Influence  du  sujet  sur  le  greffon.  — Cas  de  dichroïsme  dans  la  floraison 
d’un  Rosier.  — L'Acacia  decurrens  dans  le  midi  de  la  France.  — École  de  jardinage  des  Hospices  de 
Beaune.  — Vigne  Jacquez.  — Les  effets  du  brouillard  sur  les  plantes.  — Expositions  annoncées.  — 
Nécrologie  : MM.  le  docteur  A sa  Gray,  J.  Day,  Grégoire  Nélis,  Chauvière. 


Les  froids  en  France.  — Un  froid  in- 
tense a généralement  sévi  en  France,  dans 
les  derniers  jours  de  janvier  et  au  commen- 
cement de  février. 

A Paris,  le  thermomètre  est  descendu  à 

— 14°.  De  Sedan,  on  nous  écrit  que  la 
température  a marqué  : le  31  janvier, 

— 22°  ; le  2 février,  — 22°  5 ; le  3, 

— 18°. 

Dans  le  Midi,  le  froid  s’est  également  fait 
sentir  d’une  manière  assez  vive.  Notre  cor- 
respondant de  Nice  nous  fait  savoir  qu’à 
la  même  époque,  on  y a constaté  jusqu’à 
7 degrés  de  froid.  Quelques  végétaux  ont 
fortement  souffert,  à la  villa  Vigier,  notam- 
ment, où  les  Kentia , Areca,  Seaforthia  et 
Dicksonia , qui  sont  plantés  depuis  quinze 
ans  sous  un  bois  d’Oliviers,  ont  eu  leur 
feuillage  très-endommagé.  Il  faudra  que 
plusieurs  années  s’écoulent  avant  que  ces 
plantes  puissent  être  rétablies. 

Nous  donnerons  prochainement  des  dé- 
tails plus  circonstanciés  sur  les  effets  de  la 
gelée  sur  notre  littoral  méditerranéen. 

Heureusement,  ces  dégâts  ne  se  sont  pas 
étendus  au  delà  de  cette  région.  Toute 
la  France  était  alors  couverte  d’un  épais 
manteau  de  neige,  qui  a protégé  le  prix 
des  végétaux  trop  faibles  pour  résister  à 
ces  intempéries. 

Le  prix  des  fleurs  à Nice.  — Nous 
recevons  de  Nice  la  liste  suivante,  in- 
diquant les  cours  qu’y  atteignent  actuel- 
lement les  fleurs  les  plus  demandées  à 
Paris. 

Mimosa  dealbata,  très-beau  cette  année, 
1 fr.  50  le  kilo. 

Violette  de  Parme,  8 fr.  le  kilo. 

Anémones  Capelan,  1 fr.  50  la  douzaine. 

Anémones  du  pays,  15  à 25  centimes  la 
douzaine. 

Roses  Safrano,  2 fr.  25  et  2 fr.  50  la 
douzaine. 

Roses  Lamarque,  3 fr.  50  la  douzaine. 

Anthémis  Étoile  d’or,  60  centimes  la 
douzaine. 

Réséda,  5 centimes  l’épi. 

16  Février  1888. 


Giroflées,  15  à 35  centimes  le  paquet  de 
huit  branches,  selon  la  qualité. 

Les  plantations  d’arbres  fruitiers 
en  bordure  des  routes.  — Nous  rece- 
vons de  Sedan  la  communication  suivante, 
qui  contribue  à établir  que,  dans  cer- 
taines régions,  les  services  de  voirie,  se- 
condés par  les  Conseils  généraux  et  les 
administrations  communales,  mettent  lar- 
gement à exécution  les  plantations  fruitières 
en  bordure  de  routes  : 

Comme  vous  en  faites  la  remarque  dans  le 
dernier  numéro  de  la  Revue  horticole , toutes 
les  Administrations  ne  s’opposent,  pas  à la 
plantation  des  arbres  fruitiers  en  bordure  des 
routes,  et  j’ai  le  plus  grand  plaisir  à vous 
signaler  une  adjudication  faite  le  mois  dernier 
par  le  service  vicinal  de  notre  département. 

M.  Charpentier,  notre  agent-voyer  en  chef, 
s’est  fort  sérieusement  occupé  de  cette  ques- 
tion, et,  par  suite  de  subventions  demandées  au 
Conseil  général  et  aux  communes,  il  a pu  ob- 
tenir des  crédits  suffisants  pour  qu’une  quan- 
tité de  près  de  60,000  pieds  d’arbres  soit 
plantée  sur  les  chemins  de  grande  communi- 
cation et  d’intérêt  commun. 

C’est,  je  crois,  la  première  entreprise  de  cette 
importance  faite  en  France. 

Les  arbres  fruitiers  ne  sont  pas  mis  de  côté, 
loin  de  là,  car  on  a prévu  la  plantation  de 
plus  de  30,000  Pommiers  et  Poiriers  à cidre 
et  de  près  de  10,000  Cerisiers,  Pruniers  et 
Noyers. 

Nul  doute  que  le  département  ne  trouve  là, 
d’ici  quelques  années,  des  ressources  pré- 
cieuses pour  l’entretien  et  l’amélioration  des 
chemin  vicinaux. 

D’autre  part,  cette  plantation  fruitière  de 
40  kilomètres  de  chemins  pourra  donner  la 
meilleure  preuve  que  les  craintes  que  ce  mode 
de  plantation  inspire  à quelques-uns  sont 
complètement  chimériques. 

Darbour, 

Pépiniériste  à Torcy-Sedan  . Ardenne») 

Nous  remercions  vivement  notre  corres- 
pondant de  son  intéressante  communication, 
qui  favorisera  sans  nul  doute  le  développe- 
ment de  ce  genre  de  plantations. 


4 


74 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Résultats  du  concours  pour  le  Parc 
public  de  Lisbonne.  — Les  décisions  du 
jury  pour  cet  intéressant  concours  sont  enfin 
connues. 

Le  premier  prix  (12,500  fr.)  a été  dé- 
cerné à M.  P.  Lusseau,  architecte-paysa- 
giste, à Paris  ; le  deuxième  prix  (7,500  fr.), 
à M.  G.  Duchesne,  architecte-paysagiste,  à 
Paris,  et  le  troisième  prix  (5,000  fr.),  à 
M.  Eug.  Deny,  entrepreneur  de  parcs  et 
jardins,  à Paris. 

Nous  sommes  heureux  d’applaudir  au 
beau  succès  de  nos  compatriotes,  succès 
d’autant  plus  remarquable  que  les  concur- 
rents, on  le  sait,  étaient  nombreux. 

Trois  mentions  honorables  ont  été  dé- 
cernées : la  première,  à M.  F.  Morel,  de 
Lyon  ; la  deuxième,  au  projet  ayant  pour 
devise  : Licorne  (l’auteur  ne  s’est  pas  fait 
connaître  jusqu’ici)  ; la  troisième,  à M.  Du- 
rand, de  Reims. 

Nous  nous  proposons  de  consacrer  pro- 
chainement une  étude  au  projet  qui  a rem- 
porté le  premier  prix,  et  d’en  donner  le 
dessin  et  la  description. 

Cours  d’arboriculture  fruitière  de  la 
ville  de  Lille.  — Ces  cours  publics  et 
gratuits,  qui  sont  faits  par  M.  Jadoul, 
jardinier  en  chef  de  la  ville  de  Lille,  ont 
commencé  le  dimanche  19  janvier  et  se 
continueront  les  dimanches  pour  se  ter- 
miner le  5 août.  L’ensemble  peut  se  partager 
en  deux  parties,  l’une  qui  comprend  toutes 
les  opérations  dites  d’hiver;  l’autre  partie, 
dite  d’été,  commencera  le  13  mai  pour  se 
terminer  le  5 août. 

Le  programme  comprend  toutes  les  opé- 
rations, depuis  la  préparation  du  sol,  l’exa- 
men des  sujets,  ainsi  que  tous  les  soins  et 
traitements  qu’exigent  les  arbres  jusqu’à  la 
récolte  des  fruits. 

La  Ramie.  — La  Ramie  ( Bœhmeria 
utilis)  est  à l’ordre  du  jour.  De  tous  côtés 
on  expérimente  sa  culture,  et  une  commis- 
sion, qui  a été  nommée  au  Ministère  de 
l’agriculture,  s’occupe  spécialement  de  cette 
plante  industrielle. 

La  commission  a reconnu  que  ce  qui 
entrave  surtout  l’extension  de  la  culture  de 
la  Ramie,  c’est  l’imperfection  actuelle  des 
moyens  de  décortication,  pour  l’extraction 
dè  la  fibre  ; elle  a,  pour  tenter  de  faire  ces- 
ser cet  état  de  choses,  organisé  pour  les 
années  1888  et  1889  des  concours  et  exposi- 
tions de  machines  et  procédés  de  décorti- 
cation, et,  pour  avoir  sous  la  main,  lors  deâ 


expériences  qui  seront  faites,  des  tiges  de 
Ramie  à l’état  frais,  elle  a,  sur  une  propo- 
sition de  M.  Durand-Glaye,  ingénieur  en 
chef  des  ponts  et  chaussées,  décidé  que  des 
plantations  de  Ramie  seraient  dès  cette 
année  créées  à Gennevilliers  (Seine). 

Ces  plantations  ne  peuvent,  bien  entendu, 
avoir  qu’un  but  : fournir  aux  machines  à 
décortiquer  exposées  en  1889  les  matériaux 
nécessaires  pour  les  expériences.  La  culture 
pratique  de  la  Ramie  ne  peut  convenir,  on 
le  sait,  au  climat  de  Paris. 

Influence  du  sujet  sur  le  greffon.  — 

Cette  influence,  affirmée  par  les  uns,  niée 
par  les  autres,  existe  certainement  ; mais 
comme  elle  est  relative,  c’est-à-dire  en  rap- 
port avec  les  sujets  et  avec  les  milieux,  il 
s’ensuit  que,  suivant  les  cas,  les  deux  opi- 
nions, bien  que  contraires,  peuvent  être 
vraies.  Ce  sont  donc  les  faits,  et  les  faits  seu- 
lement, qui  permettent  de  juger  ; aussi  est- 
ce  sur  ceux-ci  que  nous  allons  nous  ap- 
puyer : en  greffant  un  Groseillier  à grappes 
à fruits  blancs  ou  rouges  sur  le  Groseil- 
lier Cassis , le  fruit  n’est  pas  modifié,  mais 
le  feuillage  l’est  : au  lieu  d’être  vert,  il 
prend  une  couleur  bistrée  qu’il  conserve 
jusqu’en  août,  puis  il  passe  au  rouge,  et  enfin 
à la  couleur  rouge  intense,  qu’il  conserve 
jusqu’à  la  chute  des  feuilles. 

Ce  phénomène,  que  nous  constatons  de- 
puis quelques  années,  se  reproduirait-il  par- 
tout ? C’est  ce  que  nous  ne  pouvons  dire. 
Quelle  en  est  la  cause  ? On  ne  peut  douter 
que  c’est  la  sève  du  sujet  qui,  en  se  combi- 
nant avec  celle  du  greffon,  produit  la  cou- 
leur rouge  que  prend  celui-ci.  Quant  à la 
loi  qui  détermine  ce  changement,  nous 
l’ignorons.  Nous  avons  simplement  voulu 
signaler  le  fait. 

Cas  de  dichroïsme  dans  la  floraison 
d’un  Rosier.  — Cet  accident,  signalé  par 
le  Journal  des  Roses,  s’est  produit  sur  le 
Rosier  Mabel  Morison,  qui,  sur  seize  fleurs, 
en  avait  quinze  d’un  beau  blanc,  tandis  que 
la  seizième  était  d’un  magnifique  rose  dans 
toutes  ses  parties.  Greffé,  ce  rameau  dissi- 
dent a maintenu  tous  ses  caractères,  de 
sorte  que  l’on  a maintenant  une  variété  à 
fleurs  roses  produite  spontanément  par  une 
autre  à fleurs  complètement  blanches. 

L’Acacia  decurrens  dans  le  midi  de  la 
France.  — IL  Acacia  decurrens,  originaire 
d’Auslralie,  réussit,  on  le  sait,  sur  tout  le 
littoral  méditerranéen,  où  il  se  développe 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


75 


avec  vigueur  dans  les  terrains  les  plus  arides. 
Cette  espèce  possède,  ainsi  qu’on  vient  de 
le  constater,  des  propriétés  dont  l’industrie 
pourra  tirer  profit. 

En  effet,  dans  un  rapport  qu’il  vient  de 
présenter  à la  Société  nationale  d’agricul- 
ture, M.  A.  Levallois  mentionne  qu’un 
échantillon  d’écorce  recueilli  à la  villa  Thu- 
ret  sur  un  A.  decurrens,  par  les  soins  de 
M.  Naudin,  a donné  à l’analyse  31  p.  100 
de  tannin.  En  Australie,  cette  proportion  est 
de  30  à 40  p . 100  pour  la  même  espèce. 

D’après  des  expériences  récentes,  on  es- 
time que  750  grammes  d’écorce  d’A.  decur- 
rens suffisent  pour  tanner  500  grammes  de 
cuir,  tandis  qu’il  faudrait  2 kil.  500  grammes 
d’écorce  de  Chêne  pour  tanner  la  même 
quantité  de  peau. 

Ce  sont  là  des  données  de  haut  intérêt  et 
qui  amèneront  bien  certainement  de  nou- 
velles expériences. 

Si  ces  qualités  de  l’écorce  de  VA.  decur- 
rens étaient  confirmées,  cette  espèce  pour- 
rait peut-être  être  cultivée  avec  avantage 
dans  certaines  parties  de  l’Algéri'e  et  de  la 
Tunisie,  ainsi  que  dans  celles  de  nos  autres 
colonies  où  le  climat  se  rapproche  de  celui 
de  la  Nouvelle-Hollande. 

École  de  jardinage  des  Hospices  de 
Beaune.  — Nous  recevons  de  notre  colla- 
borateur, M.  J.  Ricaud,  vice-président  de  la 
Commission  des  Hospices  de  Beaune,  la 
lettre  suivante,  qui  rend  toute  justice  au 
jardinier-chef  de  l’École  de  Jardinage  dont 
M.  Weber  a donné  une  très-intéressante  des- 
cription dans  l’un  de  nos  dernier  numéros  : 

La  Revue  horticole , écrit  M.  Ricaud,  vient 
de  publier  une  note  fort  exacte  sur  l’École  de 
Jardinage  dépendant  de  l’un  des  Hospices  de 
Beaune.  Les  preuves  d’intérêt  que  l’auteur  de 
cet  article  a déjà  données  à notre  établisse- 
ment, les  nouvelles  marques  d’approbation 
qu’il  ne  nous  marchande  pas  dans  votre 
journal,  nous  sont  d’autant  plus  précieuses 
qu’elles  émanent  d’un  juge  éclairé;  de  sem- 
blables appréciations  ne  peuvent  que  nous 
encourager  dans  la  voie  que  nous  suivons. 

Je  vous  demande  la  permission  d’ajouter 
quelques  mots  à l’exposé  fait  par  M.  Weber. 
Mes  fonctions  de  Vice-Président  de  la  Com- 
mission des  Hospices  de  Beaune  me  donnent, 
en  effet,  la  direction  administrative  des  diffé- 
rents services  qui  en  dépendent,  et  notamment 
celle  de  l’Orphelinat;  mais,  en  fait,  la  direction 
pratique  de  notre  École  est  confiée  au  jardinier- 
chef,  M.  Edmond  Vard,  qui  est  plutôt  un  jar- 
dinier-directeur, et  qui  s’acquitte  de  sa  tâche, 
souvent  fort  délicate,  avec  un  zèle  et  une  intel- 
ligence que  j’ai  eu  souvent  l’occasion  d’appré- 


cier. Je  dois  dire  aussi  que,  de  son  plein  gré, 
il  donne  des  leçons  publiques  de  taille  d’arbres 
qui  sont  fort  goûtées. 

Un  mot,  enfin,  qui  sera  une  réclame  en  fa- 
veur de  nos  intéressants  pupilles  : nous  avons 
presque  toujours  des  sujets  à placer  comme 
aides-jardiniers.  En  s’adressant  à nous,  les 
horticulteurs,  amateurs  ou  chefs  d’établisse- 
ment, trouveraient  de  bons  ouvriers,  en  même 
temps  qu’ils  viendraient  en  aide  à une  bonne 
œuvre. 

Nos  colonnes  sont  toujours  ouvertes  à 
des  communications  de  ce  genre,  aussi  que 
intéressantes  pour  la  philanthropie  pour 
l’horticulture. 

Vigne  Jacquez.  — Cette  variété,  dont  la 
Revue  horticole  a souvent  parlé,  est  d’une 
fécondité  extraordinaire,  on  pourra  s’en 
faire  une  idée  par  le  passage  suivant  d’une 
lettre  que  nous  adresse  notre  collègue 
M.  Barsac,  jardinier  à Bouliac  (Gironde)  : 

J’ai  dans  mon  jardin  à Bouliac,  chez  M.  Jus- 
sine,  un  cep  de  Vigne  américaine,  de  la  variété 
Jacquez , que  j’ai  planté  il  y a quatre  ans.  A sa 
première  année  de  pousse,  il  donna  quelques 
menues  grappes  ; à la  deuxième,  j’eus  un  peu 
de  mal  à le  préserver  de  la  maladie  commune, 
le  Mildiou,  mais  grâce  à la  bouillie  bordelaise, 
j’y  réussis  ; à la  troisième  j’eus  beaucoup  plus 
de  Raisins  qu’à  la  première,  mais  à la  qua- 
trième la  production  fut  énorme  ; ce  pied 
me  donna  cent  soixante-dix  grappes  magni- 
fiques, à fruits  gros,  d’une  maturité  parfaite  et 
exemptes  de  toute  trace  de  maladie.  Pourtant 
ce  cep  n’occupe  qu’une  petite  étendue,  puisque 
ses  deux  bras  étalés  n’atteignent  ensemble  que 
4 mètres  de  longueur. 

Les  effets  du  brouillard  sur  les 
plantes.  — En  Angleterre,  les  brouil- 
lards sont  fréquents  et  de  longue  durée.  A 
Londres,  surtout,  ils  sont  d’une  intensité 
surprenante,  et  chargés  de  vapeurs  sulfu- 
reuses qui  leur  donnent  une  couleur  jau- 
nâtre. 

Les  végétaux  de  serres  subissent  d’une 
façon  plus  ou  moins  marquée  l’influence  de 
ces  brumes,  et  voici,  d’après  le  Journal  of 
horticulture , quelques  remarques  récem- 
ment faites  à ce  sujet.  A la  suite  d’un 
brouillard  d’assez  longue  durée,  les  Orchi- 
dées et  surtout  les  Phalœnopsis  avaient 
fortement  souffert.  Le  feuillage  des  Azalea 
indica  était  altéré  comme  par  une  forte 
gelée  ou  une  fumigation  trop  intense;  cer- 
taines variétés,  cependant,  étaient  entière- 
ment préservées  de  toute  altération,  sans 
doute  parce  que  le  tissu  de  leurs  feuilles 


76 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


était  plus  épais.  L’Acacia  Drummondi,  et 
beaucoup  d’autres  plantes  de  serre  froide, 
avaient  également  leur  feuillage  roussi  ; 
mais  les  Bouvardia  étaient  les  plus  atteints  ; 
certains  exemplaires  étaient  presque  morts, 
de  même  que  les  Crotons  et  Gardénias. 

La  seule  espèce  qui  n’ait  aucunement 
souffert  du  brouillard  est  le  Boronia  me- 
gastigma. 

Expositions  annoncées  (1).  — Orléans, 
du  24  au  21  mai.  — La  Société  horticole  du 
Loiret  tiendra  à Orléans,  du  24  au  27  mai, 
sa  sixième  exposition  horticole,  compre- 
nant les  plantes  de  toutes  sortes  et  les  ob- 
jets d’art  se  rattachant  à l’horticulture. 

Le  programme  de  cette  exposition  comprend 
cinq  sections,  divisées  en  soixante-deux  con- 
cours. 

1°  Pépinières.  — Plantes  de  pépinières  nou- 
velles, conifères,  arbustes  à feuilles  caduques 
et  arbustes  à feuilles  persistantes,  Rhododen- 
drons, Azalées,  Rosiers,  plantes  pour  reboise- 
ments, fruits. 

2°  Arboriculture.  — Jeunes  arbres  formés. 

3°  Culture  maraîchère.  — Légumes  nou- 
veaux, légumes  forcés  ou  de  saison,  Melons, 
Fraisiers,  Asperges,  Champignons. 

4°  Floriculture.  — Plantes  de  toutes  sortes, 
nouvelles,  de  serre  chaude,  de  serre  tempérée, 
à feuillage  : Dracæna , Palmiers,  Cycadées  et 
Pandanées,  Azalea  indica , Gloxinias,  Achi- 
menes , Galcéolaires,  Verveines,  Cinéraires, 
Cactées,  Fougères,  etc.,  etc.  ; collections  de 
graines,  bouquets,  corbeilles  et  parures. 

5°  Objets  d’art  et  ustensiles  de  jardinage.  — 
Il  a été  institué  aussi  un  concours  entre  insti- 
tuteurs, pour  les  potagers  et  vergers  les  mieux 
tenus,  et  un  concours  entre  jardins  d’écoles 
cultivés  par  les  élèves. 

Adresser  les  déclarations,  le  1er  mai  au  plus 
tard,  à M.  P.  Transon,  route  d’Olivet,  à 
Orléans. 

— Rouen,  du  16  au  21  mai.  — La  So- 
ciété centrale  d’horticulture  du  département 
de  la  Seine-Inférieure  organise  à Rouen,  du 
16  au  21  mai,  une  exposition  des  produits 
de  l’horticulture,  qui  sera  tenue  dans  le  jar- 
din de  l’Hôtel-de-Ville.  Tous  les  produits 
de  l’horticulture,  français  et  étrangers,  sont 
admis  à concourir. 

Les  exposants  sont  divisés  en  trois  classes  : 
amateurs,  jardiniers  marchands  et  établisse- 
ments publics.  Les  instituteurs  concourront 
entre  eux. 

(1)  La  Revue  horticole  annonce  toutes  les  expo- 
sitions générales  ou  partielles  dont  le  programme 
est  adressé  aux  Rédacteurs  en  chef,  26,  rue  Jacob, 
Paris. 


Cette  exposition  comprend  : 1»  la  floricul- 
ture : plantes  de  serre  chaude,  de  serre 
tempérée,  de  serre  froide,  de  pleine  terre, 
plantes  d’introduction  nouvelle,  plantes  de  se- 
mis, bouquets  ; 2°  culture  maraîchère  ; 3°  ar- 
boriculture et  fruits  ; 4°  produits  de  l’industrie 
horticole. 

Adresser  les  demandes  au  moins  dix  jours  à 
l’avance  à M.  A.  Héron,  président  de  la  Société, 
40,  rue  Saint-Lô,  à Rouen. 

Épinal,  du  9 au  14  juin.  — A l’occa- 
sion du  Concours  régional  agricole  d’Épinal, 
la  Société  d’horticulture  et  de  viticulture 
des  Vosges  organise,  du  9 au  14  juin  une 
exposition  de  légumes,  d’arbres,  de  fleurs, 
de  fruits  et  de  Vignes,  d’objets  d’art  et  d’in- 
dustrie, se  rattachant  à l’horticulture. 

Des  objets  d’art  seront  décernés  pour  la  cul- 
ture maraîchère,  les  arbres  et  arbustes  de  pleine 
terre  et  les  fleurs.  Les  prix  sont  réservés  aux 
exposants  domiciliés  dans  les  départements  fai- 
sant partie  de  la  circonscription  du  Concours 
régional. 

Adresser  les  demandes,  avant  le  10  mai,  à 
M.  Ch.  Lebrunt,  président  de  la  Société,  à 
Épinal. 

Nécrologie  : Le  docteur  Asa  Gray.  — 
Les  Etats-Unis  viennent  de  perdre  un  bota- 
niste des  plus  éminents,  et  le  monde  savant 
un  de  ses  membres  les  plus  illustres.  Les 
derniers  courriers  d’Amérique  nous  ap- 
prennent la  mort  du  docteur  Asa  Gray. 
Né  en  1810,  Asa  Gray  débuta  dans  la  car- 
rière au  moment  où  la  plupart  des  jeunes 
gens  sont  encore  élèves.  En  1834,  il  écri- 
vait son  premier  ouvrage  contenant  l’étude 
et  la  description  de  plantes  nouvelles  rares 
ou  intéressantes  (New,  rare  or  otherwise 
inter esting  plants ),  et  à partir  de  cette 
époque  jusqu’à  sa  mort  ses  publications  se 
poursuivirent  sans  interruption.  En  1836, 
parurent  ses  Eléments  of  Botany  et,  vers 
la  même  époque,  plusieurs  travaux  sur  la 
bibliographie  botanique  et  les  autres  bran- 
ches de  cette  science.  Déjà,  il  commençait 
avec  le  docteur  Torrey  à rassembler  les  élé- 
ments de  sa  Flore  de  V Amérique  du  Nord, 
dont  le  premier  volume  fut  livré  à l’impres- 
sion en  1838.  Ce  fut  l’époque  où  commença 
la  réputation  d’Asa  Gray,  réputation  qui 
ne  fit  que  grandir  par  la  publication  du 
second  volume  de  sa  flore  et  par  cette  bril- 
lante suite  d’écrits  qui  s’échelonnent  de 
1840  à 1880  et  parmi  lesquels  The  Bota- 
nical  Text-Book,  The  Manual  of  Botany 
of  Northern  United  States  et  les  Relations 
of  the  Japanese  Flora  to  that  of  North 
America  sont  les  plus  importants. 


FLORAISON  HIVERNALE  DES  HELIOTROPES. 


77 


La  mort  d’Asa  Gray  ne  constitue  pas  seule- 
ment une  grande  perte  pour  la  botanique  ; 
elle  en  est  une  également  pour  l’horticulture. 
Il  a,  en  effet,  pendant  plusieurs  années,  été 
directeur  du  jardin  botanique  de  Cambridge 
et  s’est  acquis  des  droits  à la  reconnaissance 
de  tous  ceux  qu’intéressent  les  plantes  par 
son  ouvrage  Field,  Forest  and  Garden  Bo- 
tany,  guide  des  plus  utiles,  qui  donne  la 
description  des  végétaux  communément 
cultivés  et  est  écrit  avec  une  autorité  et  une 
clarté  remarquables. 

Président  de  plusieurs  sociétés  savantes 
dans  son  pays,  Asa  Gray  faisait  encore 
partie,  comme  membre  étranger,  de  la 
Société  royale  de  Londres  et  de  l’Institut  de 
France. 

M.  J.  Day.  — Nous  apprenons  la  mort 
d’un  amateur  d’horticulture  des  plus  dis- 
tingués : M.  John  Day,  qui  avait  réuni,  à 
Tottenham,  près  Londres,  de  magnifiques 
collections  d’Orchidées.  Il  avait  parcouru  les 
Indes,  la  Jamaïque,  le  Brésil,  Ceylan,  etc., 
et  avait  rapporté  de  ses  voyages  les  princi- 
paux éléments  de  ses  collections.  M.  Day 
a rendu  de  grands  services  à l’horticul- 
ture, et  son  nom  sera  perpétué  par  quel- 

FLORAISON  HIVERNA 

Novembre,  décembre  et  janvier  sont  cer- 
tainement les  mois  où  il  est  le  plus  difficile 
d’avoir  des  plantes  en  fleurs  ; c’est  cepen- 
dant une  époque  où,  la  nature  ayant  revêtu 
sa  tenue  d’hiver,  on  aime  à avoir,  dans  les 
serres  et  dans  les  appartements,  des  fleurs 
pour  les  égayer  et  contraster  avec  l’extérieur. 
L’Héliotrope  a l’avantage,  en  plus  de  sa  fleur, 
qui  certes  est  jolie,  d’avoir  un  parfum  des 
plus  suaves. 

Voici  la  manière  de  procéder  pour  avoir 
des  fleurs  de  cette  plante  pendant  l’hiver 
et  obtenir  une  floraison  aussi  belle  qu’en 
pleine  saison.  On  commence  à bouturer 
fin  juin  et  commencement  de  juillet,  en 
plein  châssis,  à froid  et  en  terre  de  bruyère 
pure;  on  ne  fait  pas  toutes  les  boutures 
le  même  jour,  mais  on  espace  ce  travail  de 
façon  à faire  plusieurs  saisons,  qui,  se  succé- 
dant, donneront  des  fleurs  du  1er  novembre 
au  31  janvier. 

Les  boutures,  une  fois  bien  reprises,  su- 
bissent un  premier  empotage  en  godets  de 
6 à 8 centimètres.  Une  dizaine  de  jours 
après,  c’est-à-dire  quand  la  reprise  a eu 
lieu,  on  procède  à un  pincement.  Une  fois 
les  jeunes  plantes  bien  ramifiées,  on  leur 


que  belles  espèces  d’Orchidées  : Cypripe- 
dium  Dayanum , Masdevallia  Dayana, 
Lœlia  pumila  Dayana,  Cœlogyne  Daya- 
na, etc. 

M.  Grégoire-Nélis.  — Un  arboriculteur 
belge  des  plus  distingués,  M.  Grégoire 
Nélis,  qui  avait  réuni,  à Jodoigne,  de  re- 
marquables collections  fruitières,  vient  de 
mourir.  Il  a obtenu  de  semis  de  nombreuses 
variétés  de  Poires,  parmi  lesquelles  nous 
citerons  : Bergamote  de  Jodoigne,  Com- 
missaire Delmotte,  Jules  d’ Air  oies,  Nar- 
cisse Gaujard,  Nouvelle  Fulvie,  etc. 

M.  Chauviere.  — Un  des  doyens  de  l’hor- 
ticulture française,  M.  Pierre  Chauvière, 
vient  de  mourir  dans  sa  propriété,  à Pan- 
tin, le  3 février  1888,  dans  sa  quatre-vingt- 
neuvième  année.  C’était  un  horticulteur 
très-distingué.  Il  s’était  surtout  adonné  à la 
culture  des  plantes  herbacées  que,  dans 
un  langage  imagé,  il  appelait  « herbes  à 
lapin  »,  telles  que  Pétunias,  Verveines,  Hé- 
liotropes, Delphiniums,  Pentstémons,  etc., 
et  tout  particulièrement  des  Dahlias. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 

,E  DES  HÉLIOTROPES 

donne  leur  deuxième  et  dernier  empotage 
en  godets  de  12  centimètres.  C’est  dans  ces 
pots  qu’elles  devront  fleurir.  On  leur  don- 
nera alors  beaucoup  d’air;  le  meilleur 
moyen  est  de  mettre  le  châssis  sous  lequel 
elles  sont  sur  quatre  pots,  c’est-à-dire  un 
à chaque  coin;  on  obtiendra,  de  la  sorte, 
une  aération  complète  en  haut  et  en  bas  du 
châssis.  Au  mois  d’octobre,  on  fait  une 
petite  couche  tiède  de  14  à 15  degrés  centi- 
grades, sur  laquelle  on  met  les  pots  en- 
foncés dans  du  terreau.  Les  plantes  com- 
menceront alors  à bien  boutonner.  Dès 
qu’on  voit  qu’elles  sont  prêtes  à fleurir,  on 
les  rentre  en  serre  tempérée,  où  elles  don- 
neront une  bonne  et  abondante  floraison; 
on  obtiendra  de  belles  et  grandes  tiges  fleu- 
ries, garnies  d’un  beau  feuillage,  dont  on 
pourra  se  servir  pour  orner  les  vases  dans 
les  appartements. 

Nous  conseillons  de  choisir  des  variétés 
vigoureuses,  et,  de  préférence,  à fleurs  fon- 
cées ; le  résultat  est  bien  meilleur  qu’avec  les 
fleurs  claires. 

On  peut  retarder  la  floraison  en  tenant 
les  plantes  un  peu  plus  au  froid,  ou,  au  con- 
traire, l’avancer  en  donnant  plus  de  cha- 


78 


QUATRE  PLANTES  NOUVELLES  ü’ORNEMEXT. 


leur  ; mais  il  n’est  pas  prudent  cependant 
de  dépasser  15  degrés  centigrades,  car, 
alors,  les  fleurs  perdent  leur  beau  coloris 
foncé  ; elles  sont  non  seulement  plus  pâles, 
mais  encore  plus  étiolées  et  se  conservent 
moins  longtemps  dans  l’eau. 

On  peut  obtenir  aussi  des  fleurs  sur  les 
vieux  pieds,  en  leur  faisant  suivre  le  même 


traitement  ; mais  les  fleurs  sont  beaucoup 
moins  robustes  et  moins  belles  ; le  bois  en 
est  maigre  et  généralement  court,  d’où  im- 
possibilité de  couper  de  longues  tiges  pour 
les  garnitures.  Nous  recommandons  de 
beaucoup  la  première  manière. 

Ernest  Bergman. 


QUATRE  PLANTES  NOUVELLES  D’ORNEMENT 


Solanum  ciliatum,  var.  macrocarpum. 

Tige  sousfrutescente  à la  base,  atteignant 
50  à 60  centimètres  de  hauteur,  ramifiée, 
à ramifications  éta- 
lées, dressées,  mu- 
nies, ainsi  que  les 
feuilles  et  leur  pé- 
tiole, de  nombreux 
aiguillons  grêles, 
inégaux,  d’un  blanc 
jaunâtre.  Feuilles 
subcordiformes 
dans  leur  contour, 
ovales-sinuées,  à 
nervures  princi- 
pales très -proémi- 
nentes et  spines- 
centes  en  dessous, 
à cinq  lobes  ovales- 
aigus  et  plus  ou 
moins  ondulés,  le 
terminal  plus 
grand.  Fleurs  pe- 
tites, blanchâtres, 
solitaires,  ou  réu- 
nies par  deux,  plus 
rarement  trois,  au 
sommet  de  pédon- 
cules réfléchis  mu- 
nis d’aiguillons. 

Galyce  à cinq  divi- 
sions aiguës,  spi- 
nescentes.  Fruits 
réclinés,  arrondis,  atteignant  le  volume 
d’une  Pomme  à’ Api,  dont  ils  rappellent  un 
peu  la  forme,  légèrement  déprimés,  lisses,  à 
peine  marqués,  à la  base,  de  trois  sillons  lon- 
gitudinaux, atteignant  de  10  à 12  centimètres 
de  circonférence,  d’un  beau  rouge  orangé  ou 
rouge  brique  à leur  maturité,  qui  a lieu 
d’octobre  à décembre. 

Le  Solanum  ciliatum  var.  macrocar- 
pum (fig.  16),  est  une  plante  toute  nou- 
velle , qui  se  recommande  particulière- 
ment par  le  volume  et  l’élégance  de  ses 


fruits,  qui  rappellent  un  peu  ceux  d’une 
petite  Tomate  plus  ou  moins  méplate. 
C’est  une  plante  vivace  et  même  sous-li- 
gneuse  en  serre  ou  dans  les  climats  chauds, 
mais  qui  peut  très- 
bien  être  cultivée 
comme  annuelle. 
Outre  ses  qualités 
ornementales  com- 
me plante,  on  peut 
faire  servir  ses 
branches  à la  con- 
fection des  bou- 
quets d’hiver.  Voici 
comment  : on  coupe 
les  parties  garnies 
de  fruits  mûrs,  et 
on  les  fait  sécher. 
Dans  ces  condi- 
tions, elles  conser- 
vent tout  leur  éclat 
et  peuvent  être  em- 
ployées, avec  des 
branches  munies 
de  feuilles  d’aspect 
et  de  formes  di- 
vers, à la  confection 
de  surtouts  de  ta- 
bles ou  de  bou- 
quets volumineux 
pour  la  décoration 
hivernale  des  ap- 
partements. 

La  multiplica- 
tion se  fait  par  graines  que  l’on  sème  de 
février  à avril  sur  couche,  en  serre  ou  sous 
châssis  ; on  repique  en  godets  qu’on  enterre 
sous  des  châssis,  près  du  verre,  afin  d’éviter 
l’étiolement.  Jl  faut  arroser  et  aérer  au 
besoin. 

On  livre  ces  plants  à la  pleine  terre  aus- 
sitôt que  les  gelées  paraissent  ne  plus  être  à 
craindre. 

Cette  introduction  toute  nouvelle  vient 
d’être  mise  au  com  merce  par  la  maison  Vilmo- 
rin-Andrieux,  4,  ruede  la  Mégisserie,  Paris. 


EXPOSITION  DE  LA  SOCIÉTÉ  D’HORTICULTURE  DE  CANNES. 


79 


Primevère  de  la  Chine  double  rose 

ou  spectabilis. 

C’estune  variété  très-intéressante  (fig.  17), 
en  ce  sens  que,  outre  que  ses  grandes  fleurs 
roses  sont  très-nombreuses  et  bien  pleines^ 
à pétales  finement  frangés,  ses  feuilles  am- 
ples ont  les  bords  encore  plus  élégamment 
frisées  que  celles  de  la  Malva  crispa. 

Lobelia  Erinus. 

Parmi  les  nombreuses  variétés  que  com- 
prend cette  espèce 
et  qui  toutes  sont 
si  belles  et  si  pro- 
pres à l’ornemen- 
tation des  jar- 
dins pendant  l’été, 
nous  recomman- 
dons particulière- 
ment les  deux  sui- 
vantes : Erinus  Ma- 
genta oculé  blanc , 

Vilm.,  et  Erinus 
erecta  Crystal  Pa- 
lace, Yilm.  Outre 
la  couleur  si  jolie 
des  fleurs,  la  régu- 
larité et  la  végéta- 
tion des  plantes  les 
recommandent 
d’une  manière  par- 
ticulière pour  faire 
des  bordures  ou 
pour  former  des 
groupes  dans  les 
parterres. 

Coreopsis  hybride, 
semi-double  varié. 

Les  transforma- 
tions physionomi- 
ques  déterminées  par  la  duplicature  des 
fleurs  chez  ces  plantes  sont  des  plus  cu- 
rieuses. L’aspect  général  de  la  fleur  rap- 


pelle assez  la  Gaillardia  picta  variété  Au- 
rore boréale.  Chez  ces  Coreopsis,  qui 
sortent  du  C.  tinctoria,  les  fleurons,  au  lieu 
d’être  plans,  sont  tubulés  et  s’ouvrent  seu- 
lement vers  l’extrémité.  Sur  chacun  des 
pétales  se  trouve  irrégulièrement  distribuée 
la  coloration  jaune,  avec  un  mélange  de 
rouge  écarlate,  qui  donne  à la  plante  un 
aspect  original. 

Comme  la  transformation  que  nous  avons 
signalée  sur  les  pétales  n’a  pas  de  limites  et 
| qu’elle  se  diversifie  indéfiniment,  il  en  résulte 
un  ensemble  des 
plus  intéressants 
au  point  de  vue 
scientifique , en 
même  temps  que 
singulièrement  jo- 
li. Ce  sont  donc  des 
variétés  très-méri- 
tantes au  point  de 
vue  de  l’ornement. 
Leur  port  est 
dressé,  et  les  plan- 
tes, extrêmement 
ramifiées,  se  cou- 
vrent de  fleurs 
très-variées  et  ex- 
cessivement nom- 
breuses, qui  se 
succèdent  pendant 
plusieurs  mois. 
Les  plantes  varient 
considérablement 
pour  la  hauteur, 
mais  présentent 
une  grande  ten- 
dance à se  fixer 
et  à constituer  des 
types.  Quant  à la 
culture,  elle  est 
absolument  sem- 
blable à celle  que  l’on  donne  au  Coreopsis 
tinctoria. 

E.-A.  Carrière. 


Fig.  17.  — Primula  sinensis  fimbriata  spectabilis 
flore  pleno. 


EXPOSITION  DE  LA  SOCIÉTÉ  D’HORTICULTURE  DE  CANNES 


L’Exposition  d’horticulture  de  Cannes  a 
été  faite,  comme  l’année  dernière,  sur  les 
allées  de  la  Liberté.  Le  kiosque  de  la  mu- 
sique formait  à peu  près  le  centre  de  rem- 
placement choisi,  qui  était  environ  un  tiers 
plus  grand  que  l’an  dernier;  le  jardin  avait 
été  dessiné  par  M.  Aurange.  L’Exposition, 
assez  réussie  comme  plantes  (malgré  l’ab- 
sence de  plusieurs  grands  horticulteurs). 


tenait  un  espace  un  peu  trop  grand  ; soit  à 
Cannes,  soit  à Nice,  le  même  défaut  existe 
presque  toujours.  Nous  allons  avoir  une- 
Exposition  à Nice  le  mois  prochain  ; c’est  en 
vain  que  l’on  propose  à la  Commission  d’or- 
ganisation de  faire  établir  une  grande  tente, 
remplaçant  les  malheureux  abris  tout  en  lon- 
gueur, ne  se  fermant  pas,  laissant  à l’injure  du 
temps  les  fleurs  coupées  ou  les  plantes  fleuries* 


80 


PITTOSPORUM  TENUIFOLIUM. 


Le  groupement  des  plantes  serait  plus 
facile;  de  plus,  étant  bien  fermée,  cette  tente 
aurait  l’avantage  d’abriter  les  plantes,  en 
évitant  ce  qui  est  arrivé  à Cannes,  dans  la 
nuit  du  vendredi  27  janvier  au  samedi, 
où  la  plupart  des  plantes  fleuries  et  des 
fleurs  coupées  ont  gelé.  Cela  n’empê- 
cherait pas  d’avoir  un  beau  jardin  pour 
les  Palmiers,  Conifères  ou  autres  végé- 
taux ne  craignant  pas  les  intempéries. 
La  distribution  des  récompenses  a failli 
ne  pas  avoir  lieu  l’an  dernier  à Nice,  à 
cause  du  mistral  ; jugez  comme  les  pauvres 
plantes  devaient  être  belles. 

L’Exposition  de  M.  Solignac  (hors  con- 
cours), à qui  on  a voté  à l’unanimité 
de  vifs  compliments,  était  très-belle  : 
Orchidées,  environ  40  : Odontoglossum 
Alexandræ,  quelques  O.  Rossi,  O.  pulvi- 
natum,  O.  triumphans,  O.  gloriosum  ; 
50  à 60  pots  de  Cypripedium  insigne, 
4 potées  de  la  même  plante  ayant  chacune 
20  fleurs;  Lælia  albida , anceps,  Cypripe- 
dium Boxalli  (belle  plante),  Oncidium 
crispum,  O.  pulvinatum,  O.  Cavendis- 
hianum,  Lycaste  Skinneri,  etc.,  Anthu- 
rium Scherzerianum,  Dracæna,  Croton, 
plantes  fleuries  : Muguets,  Azalées,  Olivia 
miniata,  Lilas,  un  très-beau  lot  de  Cycla- 
mens. Un  lot  de  bouquets,  corbeilles,  gerbes 
très-bien  faites  en  fleurs  de  choix,  Roses 
variées,  Lilas,  Muguets,  Violettes,  etc.,  etc., 
provenait  du  même  exposant. 

Le  prix  d’honneur  a été  décerné  à 
M.  Chevrier,  chef  des  cultures  de  l’Aube  au 
golfe  Juan,  pour  son  lot  de  Palmiers  compre- 
nant : Cocos  Romanzoffiana,  C.  flexuosa, 
C.  australis,  Latania  borbonica  ou  Livis- 
tona  sinensis,  Washingtonia  robusta , 
Rhapis,  Sabal,  Phœnix  canariensis, 
Brahea  Roezli.  Très-bel  apport. 

M.  Schwartz,  jardinier  chez  M.  le  baron 
Alphonse  de  Rothschild,  a reçu  une  grande 
médaille  d’or  pour  sa  collection  de  plantes 
de  serre  chaude,  toutes  très- soignées,  vi- 

PITTOSPORUM 

Un  cimetière  est  loin  d’être  un  établisse- 
ment d’horticulture  ; mais  il  arrive  cepen- 
dant qu’on  y rencontre  quelquefois  des 
végétaux  remarquables  par  leur  force  ou 
leur  rareté,  souvent  plantés  et  conservés 
dans  ces  lieux  de  repos  par  l’effet  du  hasard. 
Certains  exemplaires,  qui  vivent  sans  au- 
cune gêne,  baignés  de  toutes  parts  par  l’air 
et  le  soleil,  arrivent  souvent  à atteindre  des 


goureuses  et  bien  cultivées.  Elle  contenait 
300  plantes  un  peu  trop  à l’étroit  dans  une 
serre.  On  y remarquait  42  variétés  de  Cro- 
tons,  30  variétés  de  Dracénas,  20  variétés 
de  Marantas,  35  variétés  de  Caladiums,  des 
Anthurium  ferriercnse,  Ataccia  cristata , 
Olivia,  Pandanus,  Adiantum  Farleyensc 
et  autres  Fougères;  un  lot  de  Cypripe- 
dium insigne,  etc.,  etc.  Une  grande  mé- 
daille d’or  à M.  Tournaire,  à la  Croix  des 
Gardes  (Cannes).  Son  lot  d’Œillets  était 
bien  cultivé  en  pots,  dans  les  variétés  Lyon- 
naise, Alégatière,  Jean  Sisley  et  autres;  de 
plus,  25  à 30  plantes  obtenues  de  semis  par 
le  même  exposant,  toutes  en  belles  variétés. 
Grande  médaille  d’or  à M.  Courniaud,  de 
Nice,  pour  sa  collection  de  fleurs  coupées, 
Réséda  pyramidal  à très-forts  épis,  Roses 
variées,  Giroflées  en  collection,  Anémones, 
Renoncules,  Anthémis  Étoile  d'or  ; le  tout 
venait  de  ses  cultures  de  la  Turbie  (épar- 
gnées par  la  neige  et  le  froid). 

Une  médaille  d’or  à M.  Pageot,  jardinier 
chez  M.  Pelouze,  pour  sa  collection  de 
Roses  Souvenir  de  la  Malmaison,  Isabelle 
Nabonnand,  Gloire  de  Dijon,  etc.,  etc. 

Une  grande  médaille  d’or  à M.  Maria, 
jardinier  au  château  de  Thorenc,  pour  sa 
belle  collection  de  légumes. 

Une  grande  médaille  de  vermeil  à 
M.  Rourdon,  jardinier  de  M.  le  comte  de 
Chambrun  à Nice,  pour  son  lot  de  Primula 
sinensis  fimbriata  alba , Meteore,  rubra 
violacea , le  tout  de  très-belle  culture. 

Une  grande  médaille  de  vermeil  à M.  Na- 
bonnand, pour  un  lot  de  Palmiers  : Phœ- 
nix, Latania,  Cocos,  et  autres  plantes.  De 
plus,  une  grande  médaille  de  vermeil  pour 
un  lot  d’Œillets  variés  cultivés  en  pots. 
M.  Fulconis  avait  un  lot  d’Œillets  de 
semis  très -remarquable,  mais  il  n’a  pu 
obtenir  qu’une  médaille  d’argent,  la  gelée 
ayant  endommagé  les  plantes  destinées  à 
concourir. 

Fissant. 

TENUIFOLIUM 

dimensions  beaucoup  plus  considérables 
que  ceux  de  leurs  congénères  cultivés  dans 
des  jardins  à côté  d’autres  essences  plus 
vigoureuses,  qui  les  gênent  dans  leur  déve- 
loppement. Le  défoncement  du  terrain,  qui 
est  une  des  premières  conditions  pour  obte- 
nir de  bons  résultats  dans  une  plantation, 
ne  leur  est  pas  ménagé  dans  les  nécropoles 
et  contribue  largement  à leur  croissance. 


BÉGONIAS  HYBRIDES  REXDI-ADEMA. 


81 


Aussi  l’observateur  intelligent  qui  les  ren- 
contre en  tire  quelquefois  des  enseigne- 
ments utiles,  tant  au  point  de  vue  de  la 
culture  qu’à  celui  de  l’acclimatation. 

Le  Pittosporum  tenuifolium , Gaertn., 
est  originaire  de  la  Nouvelle-Zélande,  où  il 
est  connu  vulgairement  sous  le  nom  in- 
digène de  Ratadouwi;  il  ne  fut  introduit 
en  Europe  que  vers  le  commencement  de 
notre  siècle.  Achille  Richard  l’avait  classé 
dans  la  famille  des  Méliacées  et  réuni  au 
genre  Trichilia  sous  le  nom  de  T.  mono- 
phylla.  Plus  tard,  Hooker  le  replaça  dans 
le  genre  Pittosporum  et  lui  appliqua  le 
nom  spécifique  de  P.  translucens.  Il  fut 
longtemps  cultivé  comme  plante  d’étude 
dans  les  jardins  botaniques,  d’où  il  se  ré- 
pandit dans  le  commerce  sous  le  nom  de 
P.  Mayi.  Il  se  distingue  à première  vue 
des  autres  espèces  de  ce  genre  par  ses 
feuilles  alternes,  ovales-elliptiques,  obtuses 
ou  légèrement  mucronées  au  sommet, 
coriaces,  glabres  et  luisantes  des  deux  cô- 
tés, ondulées  sur  les  bords,  vertes  en  des- 
sus et  blanchâtres  le  long  des  nervures, 
plus  pâles  en  dessous,  et  surtout  par  ses 
fleurs  noirâtres,  solitaires  au  lieu  d’êlre  en 
ombelle  comme  dans  les  autres  espèces 
cultivées. 

Dans  la  région  de  l’Ouest,  où  les  plantes 
de  la  Nouvelle-Zélande  passent  facilement 
l’hiver  en  pleine  terre,  on  ne  le  rencontre 
que  très-rarement  dans  quelques  jardins 
du  littoral,  où  il  forme  un  petit  arbuste 
rameux,  diffus,  d’un  aspect  sombre,  pous- 
sant assez  mal,  ne  fleurissant  jamais,  ne 
s’élevant  guère  à plus  d’un  mètre  de  hau- 
teur, et,  pour  cette  raison,  peu  recherché 
des  amateurs. 

Il  en  est  autrement  de  l’exemplaire  qui 
fait  le  sujet  de  cette  notice.  Planté  en  1867, 
sur  le  point  culminant  du  cimetière  de 
Brest,  où  l’air  et  la  lumière  lui  arrivent  de 
tous  côtés,  il  mit  très-peu  de  temps  à se  dé- 
velopper et  à surpasser  en  hauteur  les 
autres  végétaux  à feuilles  persistantes  plan- 


tés à côté  et  à donner  une  bonne  idée  de 
l’effet  décoratif  qu’il  pourrait  produire  dans 
l’ornementation  des  jardins  paysagers.  Sa 
hauteur  totale  est  d’environ  6 mètres,  et 
son  tronc  ne  mesure  pas  moins  de  0m60  à 
la  base,  dont  les  branches  ont  été  suppri- 
mées jusqu’à  la  hauteur  de  2 mètres  pour 
faciliter  la  circulation  autour  des  monu- 
ments voisins;  c’est  probablement  à cette 
cause  qu’il  doit  son  élévation.  Ce  qui  le 
rend  intéressant,  c’est  qu’il  forme  une  jolie 
pyramide  de  branches  et  de  rameaux  dres- 
sés, garnis  d’un  élégant  feuillage  d’un 
vert  bronzé  luisant,  ni  trop  clair,  ni  trop 
épais,  rappelant  parfaitement  le  caractère 
des  végétaux  de  l’hémisphère  austral.  En 
mai  et  juin,  ces  rameaux  se  couvrent  d’une 
quantité  prodigieuse  de  petites  fleurs  d’un 
pourpre  noir,  inodores,  solitaires  ou  termi- 
nales, qui  produisent  un  effet  aussi  bizarre 
qu’ornemental. 

Le  P.  tenuifolium  est  rustique  dans  nos 
départements  de  l’ouest  et  dans  ceux  du 
midi  de  la  France,  où  il  suffit  de  le  planter 
en  terre  légère  et  poreuse,  exempte  d’hu- 
midité. On  peut  le  placer  isolément  sur  les 
pelouses  ou  sur  les  plates-bandes  bordant 
les  allées,  et  dans  tous  les  endroits  décou- 
verts, car  il  ne  craint  ni  le  vent  ni  les  tem- 
pêtes ; il  semble,  au  contraire,  préférer  l’air 
salin  de  la  région  maritime  à celui  de  l’in- 
térieur des  terres.  Cultivé  dans  ces  condi- 
tions, il  forme  des  buissons  compacts  et 
d’une  beauté  ravissante.  Dans  le  nord  et  le 
centre  de  la  France,  il  exige  la  serre  tem- 
pérée ou  l’orangerie  pour  passer  l’hiver, 
mais  alors  il  s’étiole  et  ne  fleurit  pas.  Sa 
multiplication  s’opère  au  moyen  de  mar- 
cottes, qui  s’enracinent  facilement,  ou  de 
boutures  faites  à l’automne,  sous  cloche 
en  plein  air  et  à l’ombre,  qu’on  met  en 
place  la  deuxième  année.  En  un  mot,  nous 
croyons  que  la  culture  du  Camellia  en  plein 
air  est  celle  qui  lui  convient  le  mieux,  et 
qu’on  peut  le  cultiver  partout  où  ce  dernier 
prospère.  J.  Blanchard. 


BÉGONIAS  HYBRIDES  REX-DIADEMA 


En  faisant  connaître,  dernièrement,  l’une 
des  premières  plantes  issues  de  la  féconda- 
tion des  Bégonia  Rex  et  Diadema , nous 
savions  que  les  expériences  faites  avec 
succès  par  M.  Bruant  ne  constituaient  pas 
un  fait  isolé.  En  effet,  un  autre  habile  hor- 
ticulteur, M.  Schmitt,  de  Lyon,  poursuivait 
concurremment  des  hybridations  similaires. 


Fécondant  indistinctement  les  diverses 
formes  cultivées  de  ces  deux  types  spéci- 
fiques les  unes  par  les  autres,  il  en  a re- 
cueilli soigneusement  les  graines,  et  les  pro- 
duits qu’il  en  a obtenus  ont  montré  que  les 
fécondations  inverses  ont  eu  des  résultats  à 
peu  près  identiques. 

Les  premiers  beaux  sujets  issus  de  ces 


82 


LES  PERFECTIONNEMENTS  DE  L’ANTHURIUM  SCHERZERIANUM. 


gains  nouveaux  ont  été  mis  sous  nos  yeux, 
au  mois  de  mai  dernier,  à l’Exposition 
d’horticulture  de  Paris  ; le  public  a été  d’ac- 
cord avec  le  jury  pour  leur  attribuer  une 
grande  valeur  ornementale.  Une  médaille 
de  vermeil  a été  leur  juste  récompense. 

Le  nombre  de  ces  nouveautés  est  déjà 
assez  considérable.  On  peut  en  distinguer, 
cependant,  un  huitaine  de  fort  belles,  dont 
voici  la  description  : 

Monsieur  Charrat.  — Variété  remarquable 
par  la  finesse  de  son  dessin.  Centre  de  la  feuille 
d’un  vert  olive  mélangé  de  parties  vert  éme- 
raude s’insinuant  dans  une  zone  blanche  formée 
par  de  larges  macules  presque  contiguës  ; bord 
du  limbe  vert  foncé,  très-finement  pointillé  de 
blanc,  et  d’une  finesse  de  dentelle. 

Madame  Françoise  Alégatière.  — Plante  à 
feuilles  très-grandes,  bien  lobées  ; nuance  de 
fond  vert  très-foncé  zoné  de  blanc  d’argent  sa- 
tiné; bord  bien  marqué,  d’un  vert  noir  poin- 
tillé de  blanc  pur. 

Monsieur  Benoist.  — Variété  à feuilles  de 
moyenne  grandeur,  très-nombreuses,  peu  pro- 
fondément lobées  ; nervures  d’un  vert  éme- 
raude très-fin  entourées  de  blanc  pur  et  bril- 
lant. 

Adrien  Schmitt.  — Plantes  à grandes 
feuilles,  fermes,  bien  étalées,  d’une  nuance  de 
fond  vert  foncé  au  centre  et  sur  les  bords, 
clair  au  centre,  avec  macules  et  ponctuations 
d’un  blanc  d’argent.  Variété  de  haut  mérite 
pour  sa  beauté  et  sa  rusticité,  conservant  tout 
l’hiver  ses  feuilles  dans  leur  éclat  et  leur 
fraîcheur.  Sera  cultivée  en  grand  pour  le 
commerce. 

Madame  Alamagny.  — Feuilles  grandes, 
larges,  profondément  lobées,  à centre  irrégu- 
lier, vert  foncé,  se  détachant  nettement  sur  le 
fond  général  du  limbe  blanc  pur  verni. 

Madame  Isabelle  Bellon.  — Variété  dont  les 
feuilles  régulièrement  lobées,  finement  décou- 
pées et  ondulées,  à fond  vert  olive  foncé, 
portent  une  grande  zone  blanche  devenant 
rosée  vers  le  centre  de  la  feuille  et  entourée 
d’une  petite  bordure  noirâtre. 

Madame  Schmitt.  — Cette  plante,  qui  paraît 
appelée  à un  grand  avenir,  est  extrêmement 
remarquable  par  ses  feuilles  très-grandes, 
presque  rondes,  à lobes  bien  ouverts.  Le  fond 

LES  PERFECTIONNEMENTS  DE 

Les  communications  suivantes  me  sont 
suscitées  par  l’article  fort  intéressant,  et  re- 
lativement complet,  de  M.  de  la  Devansaye, 
dans  le  n°  19,  1er  octobre  1887,  de  la 
Revue  horticole.  Je  crois  pouvoir  ajouter 
quelques  observations  qui  sont  le  résultat 


du  limbe  est  d’un  ton  vert  gai  maculé  et  poin- 
tillé de  blanc. 

Madame  Rival.  — Variété  à grandes  feuilles 
dont  le  centre,  très-réduit,  est  d’un  vert  foncé 
entouré  d’une  zone  blanche  à travers  laquelle 
passent  les  nervures,  également  foncées  ; large 
bordure  vert  émeraude  très-frais  parsemé  de 
points  blancs. 

Les  nouveautés  obtenues  parM.  Schmitt, 
qui  va  les  mettre  incessamment  au  com- 
merce, sont  presque  toutes  remarquables 
par  le  brillant  de  leurs  feuilles,  qui,  sous 
ce  rapport,  dépassent  même  celles  des 
B.  Rex.  Par  la  lobation  de  leurs  limbes, 
elles  offrent  un  aspect  original,  plus  gra- 
cieux, moins  raide,  moins  semblable  à un 
bouclier,  que  les  feuilles  ovales-obliques  des 
espèces  et  variétés  à grands  limbes  de 
nuances  métalliques. 

Pour  le  commerce,  ces  plantes  offriront 
un  rare  avantage,  celui  de  pouvoir  faci- 
lement voyager,  sans  que  leur  feuillage 
souffre.  Nous  avons  été  frappé  de  voir  les 
plantes  exposées  à Paris  arriver  dans  un 
parfait  état  de  fraîcheur.  Cette  particularité 
tenait  certainement  à la  contexture  des 
limbes,  qui  sont  moins  épais  et  partant 
moins  cassants  que  dans  les  autres  variétés 
du  B.  Rex.  Nous  espérons  que  ces  qualités 
se  confirmeront  de  plus  en  plus  dans  les 
autres  variétés  que  les  semeurs  ne  vont  pas 
manquer  d’obtenir  rapidement. 

Enfin,  à en  juger  par  ce  que  nous  avons 
déjà  pu  observer,  les  nouveaux  Bégonias 
hybrides  Rex-Diadema  seront  d’un  tem- 
pérament robuste;  cultivés  en  plein  air, 
sous  des  claies  à ombrer,  ils  réussiront 
très-bien,  et  le  temps  n’est,  sans  doute, 
pas  éloigné  où  nous  les  verrons,  à l’ombre 
des  grands  arbres,  à l’abri  des  vents,  former 
de  belles  corbeilles  pour  la  décoration  esti- 
vale des  parcs  et  des  jardins.  Il  ne  nous 
restera  plus  ensuite  qu’à  les  admirer  dans 
le  midi  de  la  France,  à Nice,  à Cannes,  où 
ils  résisteront  aux  hivers  ordinaires,  sur  les 
rochers  ombrés  et  abrités,  dont  ils  forme- 
ront la  parure  la  plus  élégante  et  la  plus 
enviée.  Ed.  André. 

, 'ANTHURIUM  SCHERZERIANUM 

des  expériences  exécutées  dans  notre  éta- 
blissement sur  cette  intéressante  espèce. 

Nous  cultivons  Y Anthurium  Scherze- 
rianum  depuis  son  introduction  par 
M.  Wendland,  à qui  nous  avons  acheté  la 
première  de  nos  plantes.  Disons  tout 


LES  PERFECTIONNEMENTS  DE  L’ANTHURIUM  SCHERZERIANUM. 


83 


d’abord  que  personne  alors  ne  se  douta  de 
l’importance  relativement  très-grande  que 
cette  plante  a acquise,  dans  les  cultures 
hortiooles,  depuis  que  l’on  a reconnu  ses 
qualités  éminentes. 

Je  suis  persuadé  que  les  premières  im- 
portations de  cette  Aroïdée  de  Costa -Rica 
différaient  entre  elles,  de  prime  abord,  par 
un  port  plus  ou  moins  rampant,  des  pé- 
tioles plus  ou  moins  longs,  des  feuilles  plus 
ou  moins  minces  et  larges,  des  spathes 
petites,  mais  rondes,  ou  plus  longues,  en 
forme  d’étendard,  ondulées  ou  enroulées. 
Mes  collègues  se  rappelleront  encore  que, 
peu  de  temps  après  les  premières  introduc- 
tions de  M.  Wendland,  la  maison  Hugh 
Low  et  Cie,  de  Clapton  (Londres),  avait 
introduit  une  quantité  considérable  dM. 
Scherzerianum,  en  rhizomes  de  30  à 
40  centimètres  de  long,  complètement  dé- 
pourvus de  racines  et  de  feuilles.  Eh  bien, 
j’ai  la  conviction  que  les  aïeux  de  nos  diffé- 
rents beaux  types  de  IM.  Scherzerianum 
datent  de  ces  premières  introductions. 

Personne  ne  pensera  que  toutes  les 
formes  à grandes  spathes,  que  l’on  trouve 
maintenant  chez  les  amateurs,  soient  sorties 
d’un  type  uniforme  à petite  spathe;  au 
contraire,  les  types  ont  varié  de  qualité.  On 
a pu  faire  la  même  remarque  à l’occasion 
de  l’introduction  de  IM.  Andreanum.  Là 
aussi,  la  qualité  des  plantes  introduites  a 
passablement  varié;  tels  acheteurs  ont  eu 
la  bonne  chance  de  tomber  sur  un  beau 
type,  tandis  que  tels  autres  n’ont  reçu  que 
des  types  bien  inférieurs  aux  premiers 
exemplaires  découverts  en  Colombie  et  in- 
troduits directement  par  M.  Éd.  André. 

Par  la  sélection  des  plus  beaux  types,  la 
base  pour  les  améliorations  à obtenir  était 
donnée,  et  le  choix  judicieux  des  porte- 
graines  a aidé  à faire  ces  rapides  progrès, 
qui  ont  dû  paraître  incompréhensibles  à 
ceux  qui  ne  se  sont  pas  occupés  de  ces  tra- 
vaux. Il  faut  remarquer  qu’un  semis  pro- 
venant d’une  plante  d’élite  ne  fera  pas  res- 
sortir les  qualités  de  ses  parents  avant  qu’il 
soit  devenu  d’une  certaine  force  et  qu’il  ait 
produit  des  feuilles  bien  caractérisées. 
C’est  une  règle  qu’il  ne  faut  pas  perdre  de 
vue;  on  ne  doit  pas  rejeter  ou  juger  un 
semis  avant  que  la  plante  ait  pris  de  la 
force,  parce  que  la  qualité  des  fleurs 
augmente  énormément  au  fur  et  à mesure 
du  développement  général  de  la  plante. 

Le  plus  beau  type  de  VA.  Scherzeria- 
num à spathes  rouges  est  certainement  la 
variété  Wardii,  et,  chose  qui  confirme 


mon  opinion  sur  les  différentes  qualités  des 
types  reçus  de  Costa-Rica,  les  semis  de 
cette  superbe  variété  la  reproduisent  si 
fidèlement  (pourvu  que  la  plante  ait  été 
fécondée  avec  du  pollen  de  la  même  variété) 
que  l’on  peut  déjà,  dès  la  deuxième  année, 
les  distinguer  parfaitement  comme  étant 
des  Wardii.  Nous  reconnaissons  nos  semis 
aux  feuilles,  avant  d’avoir  vu  les  fleurs,  et 
nous  sommes  certain  que  M.  de  la  Devan- 
saye  confirmera  notre  opinion.  Ainsi,  nous 
avons  fait  des  semis  dM.  Scherzerianum 
Wardii  et  dM.  Scherzerianum  Vervae- 
neum  (blanc)  et  des  hybridations  entre  ces 
deux  variétés,  et  nous  pouvons,  avec  toute 
assurance,  classer  les  semis,  d’après  la 
forme  de  leur  feuillage,  comme  Wardii 
semis  et  comme  Vervaeneum  semis. 

Comme  feu  M.  Rertrand,  nous  n’avons 
jamais  employé  le  type  A.  Scherzerianum 
Williamsii  (ou  album)  pour  nos  féconda- 
tions, parce  que  cette  plante  ne  vaut  pas  la 
culture,  étant  trop  chétive  et  trop  insigni- 
fiante. 

Quant  aux  semis  à deux  spathes  oppo- 
sées, nous  avons  réussi  à fixer  une  variété, 
qui,  depuis  plusieurs  années,  présente  fidè- 
lement ce  caractère  de  duplicature,  de  sorte 
que  nous  l’avons  mise  en  vente  sous  le  nom 
de  A.  Scherzerianum  spatha  duplici. 

La  variété  surprenante  obtenue  à peu 
près  en  même  temps  par  MM.  F.  Rergman, 
Rertrand  et  de  la  Devansaye,  IM.  Scherze- 
rianum Rothschildianum,  peut  être  consi- 
dérée comme  le  point  de  départ  de  toute  une 
série  de  variétés  de  ce  genre  à spathes  ta- 
chetées, sablées,  pointillées,  qui  ouvrent 
une  phase  entièrement  nouvelle. 

Rectifions,  à cette  occasion,  une  erreur 
dans  l’article  du  1er  octobre  dernier,  rela- 
tivement à la  collection  Rertrand.  Comme 
on  le  sait,  les  belles  collections  Anthu- 
rium, de  Eroméliacées  et  d’Orchidées  de 
cet  amateur  distingué  ont  été  vendues  l’été 
dernier,  mais  le  choix  des  Anthurium  de 
la  série  dite  Bertrand,  les  30  plantes  dM. 
Scherzerianum  Madame  Emile  Bertrand , 
c’est-à-dire  la  collection  complète  des  20  va- 
riétés à spathes  blanches  pointillées  de 
rouge,  ou  à spathes  rouges  pointillées  de 
blanc,  n’a  pas  été  « dispersée  » dans  la 
vente  des  autres  A.  Scherzerianum.  Elle 
est  restée  intacte,  sans  qu’aucune  plante  en 
ait  été  soustraite,  et,  devenue  notre  pro- 
priété, elle  se  trouve  bien  établie  dans  nos 
serres,  à Zurich,  où  elle  produit,  au  mo- 
ment de  la  floraison,  c’est-à-dire  pendant 
tout  \e]  printemps,  réunie  avec  notre  an- 


84 


ORONTIUM  AQUATICUM. 


cienne  collection,  un  aspect  merveilleux. 
Cette  collection,  vraiment  unique,  renferme 
des  surprises  dont  les  amateurs  ne  se 
doutent  pas  encore.  Elle  contient,  non  seu- 
lement tous  les  types  de  la  belle  planche 
coloriée  du  1er  octobre,  mais  d’autres  va- 
riétés splendides,  à spathes  jaunâtres,  ou 
blanches  lavées  de  rose,  ou  saumonées, 
roses,  ou  unicolores  d’un  côté  et  complète- 
ment différentes  de  l’autre,  etc.,  etc. 

La  voie  est  ouverte  maintenant  pour 
former,  en  peu  d’années,  des  collections 
composées  uniquement  de  variétés  d’A. 
Sclier zerianum,  et  nous  déclarons,  dès 
maintenant,  que  l’on  obtiendra  une  telle 
variation  de  formes,  de  coloris,  de  spathes, 
même  de  spadices,  qu’aux  expositions  fu- 
tures on  ouvrira  des  concours  pour  tant  et 
tant  de  variétés  d’A.  Sclier  zerianum.  Il  ne 
faut  donc  pas  croire  que  la  limite  extrême 
est  atteinte  par  les  variétés  actuellement  au 
commerce;  au  contraire,  nous  commençons 
seulement  à voir  clair  dans  cette  voie,  dont 
nous  avons  cependant  surmonté  déjà  les 
plus  grandes  difficultés. 

Nous  supposons  que  le  type  blanc  a été 
introduit  avec  les  rhizomes  dont  nous  avons 
déjà  parlé,  et  que  ce  fait  confirme  la  règle 
générale,  qu’une  grande  quantité  de  plantes 
produisent  spontanément3  mais  très-rare- 

ORONTIUM 

Plante  acaule,  cespiteuse  et  très-envahis- 
sante par  les  stolons  qu’elle  développe. 
Feuilles  toutes  radicales,  nageantes,  c’est-à- 
dire  étendues  sur  l’eau,  à pétiole  embras- 
sant à sa  base,  qui  est  profondément  canali- 
culée.  Limbe  longuement  obovale,  mince, 
très-uni,  doux  au  toucher,  vert  foncé  en 
dessus,  d’un  vert  glaucescent  en  dessous, 
atteignant  12  centimètres  et  même  plus  de 
longueur,  sur  environ  4 à 5 centimètres  de 
largeur,  très-atténué  à sa  base,  à nervure 
médiane  très-saillante  en  dessous.  Hampe 
radicale  roux  piqueté  brun,  cylindrique, 
se  renflant  vers  le  sommet  pour  former  le 
support  des  organes  floraux  s’élevant  un 
peu  au-dessus  de  l’eau,  où,  sur  le  feuillage 
qui  recouvre  celle-ci,  elle  produit  un  char- 
mant effet.  Spathe  nulle.  Spadice  cylin- 
drique fusiforme,  renflé,  longuement  atté- 
nué aux  deux  bouts,  d’un  très-beau  blanc 
mat  dans  sa  moitié  inférieure  au  moins, 
jaune  d’or  légèrement  verdâtre  dans  la  par- 
tie supérieure,  sur  laquelle  se  trouvent  de 
très-petites  saillies  verdâtres.  A l’époque  de 


ment,  des  individus  à fleurs  blanches.  Non 
seulement  les  plantes  vivaces  de  pleine  terre 
et  les  plantes  alpines  comptent  un  grand 
nombre  d’espèces  qui  présentent  cette  par- 
ticularité, mais  les  Orchidées  des  tropiques 
fournissent  également  de  nombreux  exem- 
ples de  variétés  à fleurs  blanches.  Pourquoi 
donc  cette  même  anomalie  n’aurait-elle  pas 
lieu  dans  un  Anthurium  à fleurs  rouges? 
La  variété  de  l’A.  Scherzerianum  à fleurs 
blanches  est  un  accident  qui  se  sera  produit 
dans  les  forêts  de  Costa-Rica,  comme  il  s’est 
montré  chez  M.  Bertrand,  sans  qu’aucune 
plante  à fleurs  blanches  ait,  chez  lui,  se- 
condé la  nature.  C’est  pourquoi  les  semis 
obtenus  sur  les  plantes  à fleurs  blanches 
retournent  généralement,  mais  non  sans 
exceptions,  au  type. 

Nous  aurons  le  plaisir,  plus  tard,  de  par- 
ler de  nos  semis  obtenus  par  fécondations 
artificielles  ; une  bonne  partie  d’entre  eux 
fleurira  ce  printemps,  une  autre  série  au 
printemps  1889,  et  ainsi  de  suite.  Si 
d’autres  semeurs  voulaient  donner  con- 
naissance des  efforts  qu’ils  ont  faits  dans 
les  perfectionnements  de  cette  belle  plante, 
les  amateurs  — et  nous  — en  serions  bien 
reconnaissants. 

Otto  Frœbel, 

à Zurich. 

AQUATICUM 

la  floraison,  il  se  développe  des  sortes  de 
bractées  ou  papilles  stigmatiques  auxquels 
succèdent  des  saillies  gemmaires  ou  sortes 
de  bulbilles  qui  sont  l’analogue  de  celles 
qui  se  trouvent  sur  le  spadice  de  Y Anthu- 
rium Scherzerianum,  et  à l’aide  desquelles 
on  peut  aussi  reproduire  la  plante. 

Culture  et  multiplication.  — On  cultive 
cette  espèce  dans  des  terrines  ou  des  bas- 
sins recouverts  d’eau  dans  une  terre  forte 
et  vaseuse,  en  ayant  soin  que  les  plantes  ne 
soient  pas  trop  profondément  submergées 
et  que  leurs  feuilles  et  leur  inflorescence 
puissent  facilement  venir  s’épanouir  à la 
surface.  On  multiplie  la  plante  par  la  divi- 
sion des  touffes  et  par  les  stolons  radicants 
qu’elle  produit  en  abondance.  Elle  se  mul- 
tiplie aussi  d’elle-même,  par  les  bulbilles 
gemmaires  qui  se  détachent  du  spadice  et 
qui  germent  dans  la  vase.  Semées  sur  un 
sol  humide  ou  légèrement  submergé,  ces 
bulbilles  germent  très-promptement  et  cons- 
tituent des  plantes. 

L ’Orontium  aquaticum,  L.  ( Potlios 


Hernie  Horticole 


( h viüi i un  aauati eu  n i . 


85 


LES  MUSACÉES  ORNEMENTALES  ET  ÉCONOMIQUES. 


ovata,  Walt.),  originaire  de  l’Amérique 
septentrionale,  est  très-rustique  et  ne 
souffre  aucunement  l’hiver;  il  fleurit  dès 
les  premiers  beaux  jours  et  sa  floraison  se 
succède  pendant  plusieurs  mois.  C’est  une 


plante  aquatique  très-curieuse  et  encore 
très-rare.  Nous  ne  l’avons  vue  qu’au  Mu- 
séum, où  nous  avons  fait  faire  la  figure  colo- 
riée ci-contre. 

E.-A.  Carrière. 


LES  MUSACÉES  ORNEMENTALES  ET  ÉCONOMIQUES (1) 


COMPOSITION  CHIMIQUE  ET  USAGES  DES  BANANIERS  ET  DE  LEURS  FRUITS 


Les  feuilles  des  Bananiers  sont  riches  en 
sucs,  qui,  d’après  Lherminier,  ne  sont 
qu’une  solution  aqueuse  d’acide  gallique; 
c’est  ce  qui  explique  leur  emploi  comme 
astringents  à la  Guadeloupe.  Fourcroy  et 
Vauquelin  ont  trouvé,  dans  le  suc  exprimé 
des  tiges  de  l’azotate  et  de  l’oxalate  de  po- 
tasse, ainsi  qu’une  matière  colorante  qui 
pourrait  marquer  le  linge. 

D’après  Cronier,  ces  tiges  incinérées  four- 
nissent une  cendre  qui  sert  au  Tonkin  pour 
raffiner  le  sucre.  Les  feuilles  contiennent 
dans  leur  pétiole  une  substance  spongieuse 
riche  en  sucre  et  en  fécule  qui  est  employée 
à la  nourriture  de  l’homme  et  des  animaux. 
Ces  mêmes  feuilles  servent  à couvrir  les 
habitations  ; elles  fournissent  encore,  après 
avoir  été  soumises  à l’action  du  battage  et  du 
rouissage,  une  fdasse  avec  laquelle  on  fa- 
brique des  cordes  et  des  vêtements.  Les 
feuilles  des  Bananiers,  ainsi  que  celles  des 
Balisiers  (Canna),  servent,  dans  les  pays  où 
ils  croissent,  à envelopper  les  viandes  que 
l’on  veut  faire  cuire  et  donnent  à ces  der- 
nières un  goût  très -recherché  par  les  habi- 
tants. Dans  certaines  colonies,  les  limbes 
des  feuilles  servent,  dit-on,  aux  pansements 
des  vésicatoires;  en  Cochinchine,  on  em- 
ploie aussi  les  feuilles  de  Bananier  coupées 
en  morceaux  et  séchées  en  guise  de  papier  à 
cigarette.  Ces  feuilles  brûlent  très-bien  et 
avec  une  sorte  de  crépitation  légère;  la 
fumée  qui  s’en  dégage  est  aromatique  et 
elle  n’a  rien  de  l’âcreté  des  produits  de  la 
combustion  du  papier;  il  serait  à désirer 
que  cet  usage  se  répandît  en  Europe. 

Voici,  d’après  MM.  Fourcroy  et  Vauque- 
lin, l’analyse  du  suc  de  Bananier,  que  ces 
savants  ont  faite  et  qui  a été  publiée  dans  les 
Annales  du  Muséum  de  Paris,  en  1807. 

1°  Ce  suc  est  un  peu  coloré,  très-liquide 
et  nullement  visqueux  comme  la  plupart 
des  sucs  des  autres  végétaux  ; 

2°  Il  n’est  ni  acide,  ni  alcalin;  sa  saveur 
est  légèrement  piquante; 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1888,  pp.  32  et  68. 


3°  Il  est  abondamment  précipité  dans 
l’eau  de  chaux  sous  la  forme  de  flocons 
blancs  ; 

4°  Il  est  également  précipité  par  le  nitrate 
d’argent  en  une  substance  qui  n’est  qu’en 
partie  redissoute  par  l’acide  nitrique,  ce  qui 
prouve  qu’il  y a dans  ce  suc  deux  acides 
qui  précipitent  l’argent; 

5°  Soumis  à l’évaporation,  ce  suc  n’est 
pas  trouble  comme  ceux  des  autres  végé- 
taux ; il  a seulement  déposé  quelques  légers 
flocons  rougeâtres; 

6°  La  liqueur,  réduite  en  consistance  de 
sirop  clair,  a fourni  une  masse  saline,  cris- 
tallisée confusément  en  aiguilles  colorées 
légèrement  en  jaune.  Ces  cristaux,  égouttés 
et  mis  sur  les  charbons  allumés,  ont  fusé  à 
la  manière  du  nitre  ordinaire;  mais  ils 
laissent  un  résidu  charbonneux.  Mille 
grammes  de  ce  suc  ont  donné  environ  quinze 
grammes  de  ce  sel,  soit  1 1/2  p.  100; 

7°  Pour  connaître  la  nature  des  subs- 
tances salines  contenues  dans  le  suc  de  Ba- 
nanier, on  a redissous  les  cristaux  dans 
l’eau  et  on  y a versé  de  l’eau  de  chaux  jus- 
qu’à ce  qu’il  ne  se  soit  plus  formé  de  préci- 
pité; celui-ci,  séché,  pesait  cinq  grammes; 
il  avait  toutes  les  propriétés  de  l’oxalate  de 
chaux  ; 

8°  Ce  sel,  décomposé  par  le  carbonate  de 
potasse  et  la  liqueur  saturée  par  l’acide 
nitrique,  a donné  par  l’évaporation  3 gr. 
1/2  d’oxalate  acidulé  de  potasse.  Le  résidu 
était  du  carbonate  de  chaux  qui  se  dissolvait 
avec  effervescence  dans  l’acide  nitrique;  ce- 
pendant il  contenait  encore  une  petite  quan- 
tité d’oxalate  de  chaux  ; 

9°  La  liqueur  d’où  l’acide  oxalique  avait 
été  précipité  par  la  chaux  a été  évaporée  à 
siccité,  et  le  résidu  traité  par  l’alcool  à 
trente  degrés  ; celui-ci,  évaporé  à siccité,  a 
fourni  un  mélange  de  potasse  et  de  muriate 
de  potasse  : ce  qui  ne  s’est  pas  dissous  dans 
l’alcool  redissous  dans  l’eau,  et,  abandonné 
à l’air  lire,  a donné  beaucoup  de  cristaux  de 
nitrate  de  potasse  ; il  y avait  environ  huit 
grammes. 


86 


LES  MUSACÉES  ORNEMENTALES  ET  ÉCONOMIQUES. 


Quant  à la  quantité  de  muriate  de  po- 
tasse, elle  n’a  pas  été  déterminée.  Le  suc  de 
Bananier  est  donc  composé  : 

1°  De  nitrate  de  potasse,  qui  forme  la  plus 
grande  partie  des  matières  salines; 

2°  D’oxalate  de  potasse  neutre,  qui  y est 
aussi  abondant; 

3°  De  muriate  de  potasse  en  petite  quan- 
tité; 

4°  Une  petite  quantité  de  matière  colo- 
rante, qui  se  dépose  pendant  l’évaporation. 

Le  Bananier  contient  tant  de  ces  sels  que 
son  tronc,  coupé  par  tranches  et  exposé  à 
l’air,  offre  sur  chaque  tranche  en  se  dessé- 
chant des  efflorescences  salines  très-abon- 
dantes. Il  y a si  peu  de  matière  végétale 
dans  ce  suc  qu’on  pourrait  le  regarder  comme 
une  simple  dissolution  saline. 

La  Banane  est  sans  contredit  le  plus  usuel 
et  le  plus  inoffensif  des  fruits  des  pays 
chauds;  son  goût  et  son  parfum  agréables, 
sa  digestibilité,  ses  propriétés  nourrissantes, 
lui  assurent  sur  tous  les  autres  une  supé- 
riorité incontestable;  elle  rentre  dans  les 
habitudes  du  régime  quotidien  des  Euro- 
péens qui  séjournent  dans  les  pays  chauds  ; 
ce  fruit  contient  de  la  fécule,  du  sucre,  un 
principe  acide  et  un  arôme  agréable.  Cueil- 
lies avant  leur  maturité,  les  Bananes  sont 
riches  en  fécule,  et  par  la  cuisson  elles 
prennent  l’aspect  farineux  de  la  Patate  ou  de 
la  Pomme  de  Terre.  Les  principales  espèces 
de  Bananes  que  l’on  mange  crues  sont  celles 
des  Musa  sapientum  et  M.  sinensis  ; ces 
deux  espèces  ont  fourni  un  grand  nombre  de 
variétés  que  l’on  rencontre  sous  les  Tro- 
piques; celles  qu’on  mange  à Bourbon  et 
aux  Antilles  sont  très-bonnes,  ainsi  que 
celles  de  Cochinchine,  quoique  ces  dernières 
soient  peu  soignées.  Les  grandes  Bananes 
(M.  paradisiaca ),  cuites  avant  maturité, 
sont  peu  sucrées  et  constituent  surtout  un 
aliment  féculent;  elles  se  mangent  tantôt 
bouillies  ou  frites,  tantôt  cuites  au  four  ou 
sous  la  cendre.  Les  nègres  de  la  Guyane 
ramollissent  les  fruits  non  mûrs  dans  l’eau, 
les  sèchent,  les  pilent  dans  des  mortiers  et 
obtiennent  ainsi  un  produit  très-nourrissant 
qu’ils  appellent  foo-foo.  A la  Guyane,  les 
fruits  du  M.  parasidiaca,  cueillis  un  peu 
avant  la  maturation,  fournissent  une  fécule 
qui  porte  dans  le  commerce  le  nom  d'arrow- 
root  de  la  Guyane.  Pour  préparer  ce  pro- 
duit, on  fend  le  fruit  sur  le  côté , on  le  sèche 
au  soleil,  et,  quand  il  est  bien  sec,  on  le 
pulvérise,  puis  on  le  passe  au  tamis.  Ainsi 
préparée,  cette  farine,  légèrement  rougeâtre, 
dégage  une  odeur  agréable  de  thé  ; c’est  à 


cet  état  que  les  colons  l’envoient  en  Europe, 
où  il  suffit  de  la  soumettre  à un  lavage  pour 
en  retirer  une  fécule  fine  et  très-blanche. 

Avec  les  Bananes,  on  fait  des  confitures, 
des  marmelades,  des  compotes,  de  la  li- 
queur. M.  Celle  considère  ce  fruit  comme 
nuisible  dans  la  saison  chaude  et  humide  et 
lui  attribue  une  certaine  influence  sur  la 
production  des  fièvres  intermittentes  et  des 
diarrhées. 

M.  Boussingault  a analysé,  en  1886,  le 
fruit  et  la  sève  du  Bananier  ; il  a constaté 
dans  la  sève  la  présence  de  l’acide  gallique  ; 
quant  à la  Banane,  il  y a trouvé,  indépen- 
damment de  ce  même  acide,  qui  colore  en 
noir  le  couteau  avec  lequel  on  la  coupe,  de 
la  gomme,  de  l’acide  malique,  de  l’acide 
pectique , de  l’albumine  végétale , etc.  A 
ces  principes,  il  faut  ajouter  du  sucre  et 
un  arôme  spécial.  L’amidon  n’existe  dans 
la  Banane  qu’avant  la  maturité.  Quand  le 
fruit  a pris  cette  coloration  jaune  et  uni- 
forme, cette  mollesse  et  ce  parfum  qui  in- 
diquent qu’il  est  complètement  mûr,  la  fé- 
cule a disparu  et  s’est  transformée  en 

gomme  et  en  sucre.  Les  grandes  Bananes 
cuites  avant  maturité  sont  peu  sucrées  et 
constituent  surtout  un  aliment  féculent. 
Corenwinder  a analysé  la  Banane  mûre  du 
Brésil  et  lui  a trouvé  la  composition  sui- 
vante : 

Eau 73  900 

Albumine  végétale 4 820 

Cellulose 0 200 

Matière  grasse 0 632 

Sucre  de  Canne,  sucre  interverti,  acide 

organique,  pectose,  traces  d’ami- 
don  19  657 

Acide  phosphorique ) 

Chaux,  alcalis,  chlore,  fer ) 

Total.  . . 100  000 

On  ignore  encore  aujourd’hui  si  la  Ba- 
nane qui  mûrit  sur  le  Bananier  ne  contient 
que  du  sucre  de  Canne.  Le  même  chimiste 
a examiné  aussi  la  composition  des  cosses 
de  la  Banane  mûre  ; il  a trouvé  leurs 
cendres  riches  en  potasse  et  en  chlorures  et 
renfermant  les  éléments  suivants  : 


Carbonate  de  potasse 47  98 

— de  soude 6 48 

Chlorure  de  potassium 25  28 

Phosphate  de  soude  et  de  potasse,  peu 

de  sulfate 5 66 

Chaux,  silice,  phosphates  terreux,  fer.  7 10 

Charbon 7 50 


Total..  . . 100,00 


Les  cendres  de  cosses  de  Bananes  ont  été 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


87 


recommandées  en  applications  pour  déter- 
ger  et  modifier  des  ulcérations  anciennes 
(Geoffroy).  L’analyse  ci-dessus  rend  compte 
de  ce  topique. 

Dans  son  ouvrage  sur  la  matière  mé- 
dicale , Pereira  a consigné  des  détails 
intéressants  sur  la  fécule  de  Banane,  dé- 
tails qu’il  tenait  du  docteur  Shier,  méde- 
cin à la  Guyane  anglaise;  il  évalue  à 
17  p.  100  la  quantité  de  fécule  que  contient 
ce  fruit  ; cette  matière  est  blanchâtre  ; elle 
offre  au  microscope  quelque  ressemblance 
avec  la  fécule  du  Gingembre  ; ses  grains 
sont  elliptiques,  le  hile  est  placé  vers  la  plus 
petite  extrémité;  examinés  à la  lumière 
polarisée,  ils  offrent  la  croix  ordinaire  ; ses 
propriétés  sont  celles  de  toutes  les  autres 
fécules.  Dans  les  pays  où  ce  fruit  est  en 
abondance,  on  les  fait  sécher  au  four  ou  au 
soleil  ; lorsqu’on  emploie  ce  mode  de  con- 
servation, il  faut  enlever  les  cosses  du 
fruit,  puis  on  le  fend  en  deux,  et  alors  il 
devient  un  fruit  de  premier  ordre  alimen- 
taire. 

De  ce  qui  précède,  il  résulte  que  les 
Bananiers  sont  très-utiles  à l’homme,  qui 
en  tire  de  quoi  se  nourrir,  se  vêtir  et 
couvrir  des  habitations.  Les  Bananiers 
produisent  généralement  dès  la  seconde 
année,  lorsque  les  soins  de  culture  leur 


sont  donnés  (j’ai  fait  cette  observation 
sur  de  jeunes  sujets  que  j’ai  cultivés  au  Sé- 
négal). Il  faut  remarquer  aussi  la  grande 
abondance  de  nourriture  qu’ils  fournissent 
dans  une  petite  étendue  de  terrain,  puisque 
100  mètres  carrés  produisent  2,000  kilo- 
grammes de  Bananes,  tandis  que,  sur  le 
même  espace,  on  ne  récolte  que  15  kilo- 
grammes de  Blé  et  à peine  50  kilogrammes 
de  Pommes  de  terre.  Un  régime  de  Bananes 
pèse  de  13  à 14  kilogrammes,  et,  comme 
chaque  plant  (1)  produit  trois  régimes  par 
an,  on  admet  qu’un  hectare  peut  donner 
40,000  kilogrammes  de  Bananes.  D’après 
les  calculs  faits  par  MM.  de  Humboldt  et 
Boussingault,  on  estime  qu’en  général, 
dans  de  bonnes  conditions  de  culture,  un 
plant  de  Bananier  peut  produire  trois  ré- 
gimes par  an,  chacun  du  poids  de  20  kilo- 
grammes, ce  qui  donnerait,  dans  les  régions 
chaudes,  184,000  kilogrammes  de  Bananes 
par  hectare,  et  dans  les  pays  situés  à la 
limite  de  la  zone  culturale,  64,000  kilo- 
grammes, chiffre  qui  dépasse  encore  de 
beaucoup  le  maximum  de  rendement  de 
nos  plantes  tuberculifères,  d’ailleurs  bien 
moins  nutritives  à poids  égal  que  la  Banane. 

H.  Joret, 

Ancien  Jardinier-Chef  du  Gouvernement, 
au  Sénégal. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  L’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  26  JANVIER  1888. 


Comité  de  floriculture. 

M.  Gillard,  horticulteur,  rue  Maître-Jacques, 
à Boulogne-sur-Seine,  avait  envoyé  quelques 
beaux  exemplaires  de  Cyclamens  de  Perse  en 
fleurs.  Ces  variétés  étaient  surtout  intéres- 
santes par  leur  feuillage  ample,  vert  foncé, 
régulièrement  marqué  de  vert  très-pâle.  M.  Gil- 
lard s’attache  surtout  à accroître  les  qualités 
ornementales  des  feuilles  dans  les  Cyclamens 
qu’il  cultive. 

M.  Debrie,  fleuriste,  12,  rue  des  Capucines, 
Paris,  présentait  un  Lælia  anceps , jolie 
forme  introduite  en  1887,  et  ayant  passé  tout 
l’été  dernier  en  plein  air,  abrité  seulement 
contre  les  intempéries,  coups  de  soleil,  hâles, 
pluies,  par  les  feuilles  de  quelques  Palmiers, 
entre  lesquelles  il  était  placé. 

Comité  d’arboriculture  fruitière. 

M.  Henry  Prud’homme,  propriétaire  à Mon- 


treuil-sous-Bois (Seine),  avait  envoyé  de  fort 
beaux  fruits  : Pommes  Calville  blanc , Reinette 
de  Canada , Poires  Passe-Colmar , Saint- 
Germain-  Vauquelin,  Joséphine  de  Malines , 
Catillac , Bergamote  Espéren,  etc. 

De  même,  M.  Gautier,  arboriculteur  à 
Meaux  (Seine-et-Marne),  avait  des  Poires  José- 
phine de  Malines  et  Curé , des  Pommes  Rei- 
nette dorée  et  Reinette  de  Canada,  et  M.  Ber- 
thault  jeune,  jardinier  à Wissous  (Seine-et- 
Oise),  avait  des  Pommes  de  Calville  blanc , 
Reinette  de  Canada , des  Poires  Bergamote 
Espéren  de  toute  beauté. 

Ch.  Thays. 


(1)  On  entend  par  plant,  un  bourgeon  pou- 
vant émettre  deux  ou  trois  tiges  dans  le  cours 
de  son  année,  et  dont  chaque  axe  fournit  un 
régime. 


88 


PLATYCARYA  STROBILACEA. 


PLATYCARYA  STROBILACEA 


Ce  curieux  arbrisseau  de  la  Chine  (fig.  18), 
connu  aussi  dans  les  rarr-  collections  où 
on  le  trouve  sous  le  nom  de  Fortunea  si- 
nensis,  appartient  à la  famille  des  Juglan- 
dées,  à la  fin  de  laquelle  il  se  place  par  la 
singularité  de  la  structure  de  ses  fruits. 

Au  Japon,  où  Siebold  l’a  rencontré,  et 
après  lui  Maximowiez,  le  docteur  Sava- 
tier, etc.,  il  forme  un  petit  arbre  nommé 


Fig.  18.  — Platycaria  strobilacea. 
Rameau  fructifère  au  1/4  de  grandeur  naturelle. 


Yama  gurumi,  Nire  momi,  No  gurumi, 
Nobou  noki,  tous  noms  barbares  pour  nos 
oreilles  européennes,  mais  intéressants  à 
reproduire  pour  les  voyageurs  qui  pour- 
raient rechercher  d’autres  espèces  de  ce 
genre  jusqu’ici  monotype. 

C’est  dans  la  région  des  montagnes  qu’on 
rencontre  le  Platycarga,  dans  les  bosquets 
de  Kiousiou,  au  nord,  sur  le  mont  Iligo  San, 
et  au  centre  dans  la  province  de  Simabara. 
Pendant  des  années,  on  ne  connaissait  de  cet 
arbre  qu’un  fruit  en  cône,  apporté  en 
Europe,  et  que  l’on  croyait  appartenir  à 


quelque  Conifère.  Mais  R.  Fortune  retrouva 
l’espèce  sur  les  collines  des  îles  de  Ningpo 
et  de  Chusan  en  Chine,  et  il  en  rapporta 
des  graines  qui  germèrent  et  fournirent 
quelques  exemplaires  aux  amateurs  euro- 
péens. C’est  alors  que  Lindley  y reconnut 
une  Juglandée  qu’il  dédia  à R.  Fortune  (1), 
sans  savoir  que  la  plante  se  plaçait  déjà  dans 
le  genre  Plat  g car  g a créé  par  Siebold  et 
Zuccarini  (2). 

Cette  espèce  est  rustique.  Nous  l’avons  vue 
cette  année  dans  Y Arboretum  de  feu  M.  A. 
Lavallée,  à Segrez,  où  elle  fructifie  facile- 
ment et  où  nous  l’avons  fait  dessiner.  Ses 
feuilles  sont  pennées,  longues  de  25  à 30  cen- 


Fig.  19.  — Platycaria  strobilacea. 
Fructification  aux  2/3  de  grandeur  naturelle. 


timètres,  avec  5 à 8 paires  de  folioles,  d’une 
odeur  aromatique  ; les  pétioles,  longs  de  4 
à 5 centimètres,  et  les  rachis,  sont  pulvéru- 
lents. Ces  folioles  sont  ovales-la ncéolées- 
acuminées,  dentées  en  scie  sur  les  bords, 
sessiles,  opposées,  velues  en  dessous  à la 
naissance  des  veines  secondaires.  Les  bour- 
geons, stipités  avant  l’évolution,  sont  écail- 
leux. Les  fleurs  sont  verdâtres,  dioïques  ou 
hermaphrodites  ; les  mâles  sont  accompa- 
gnées d’une  bractée  lancéolée  contractée  au 
milieu,  glabre  à la  base  et  pubescente  en 
dedans  ; les  étamines  sont  au  nombre  de  huit 
à dix,  à anthères  glabres,  à fdets  courts  cor- 
nués  en  disque  à la  base.  Les  fleurs  femelles 
(fig.  19)  forment  une  sorte  de  cône  ou  de 

(t)  Journ.  Hort.  Soc.  Lond.,  I,  150,  c.  ic. 

(2)  Abhandl.  der  Münch.  Acad.,  v.  3,  p.  743, 

t.  V. 


VRIESEA  PULVERULENTA  LINEATA. 


89 


strobile  (d’où  le  nom  spécifique)  dont 
l’ovaire  et  les  ailes  sont  glabres.  Le  fruit,  à 
péricarpe  indéhiscent,  offre  deux  ailes  laté- 
rales, et  contient  une  noix  osseuse,  bilocu- 
laire. 

Le  Platycarya  strobilacea,  qui  rappelle 
assez  le  port  d’un  Sumac,  requiert  certains 


soins  sans  être  cependant  difficile  à culti- 
ver. On  fera  bien  de  le  tenir  en  terre  de 
bruyère  quand  il  sort  de  multiplication, 
jusqu’à  ce  qu’une  bonne  terre  franche,  pas 
trop  calcaire,  lui  permette  de  se  développer 
en  toute  liberté  de  montrer  ses  fruits  sin- 
guliers et  élégants  à la  fois.  Ed.  André. 


VRIESEA  PULVERULENTA  LINEATA 


Le  sujet  que  nous  allons  décrire  est  pro- 
bablement unique,  tant  comme  espèce  que 
comme  dimensions.  Il  a été  envoyé  récem- 
ment au  Muséum  de  Paris  par  l’empereur 


du  Brésil.  C’est  une  plante  des  plus  inté- 
ressantes, qui  fera  l’ornement  des  serres  du 
Muséum. 

L’espèce  en  question  (fig.  20),  qui,  par  son 


Fig.  20.  — Vriesea  pulverulenta  lineata. 
Port  au  1/15  de  grandeur  naturelle. 


port  et  son  faciès  général,  rappelle  le  Vriesea 
imperialis,  est,  comme  ce  dernier,  d’origine 
brésilienne.  C’est  une  magnifique  plante 
très-ornementale,  qui,  espérons-le,  entre  les 
mains  de  l’habile  chef  des  serres  du  Mu- 
séum, M.  Loury,  à qui  elle  est  confiée,  fleu- 
rira bientôt,  ce  qui  permettra  d’en  bien 
déterminer  les  caractères  organiques  et 
peut-être  aussi  d’en  obtenir  des  graines  à 
l’aide  desquelles  on  pourra  la  multiplier. 

En  attendant,  nous  allons  en  donner  une 
description. 


Plante  vigoureuse,  à port  et  faciès  des 
Vriesea  Glaziouana  et  imperialis , mais  un 
peu  plus  compacte  par  suite  du  plus  grand 
rapprochement  de  ses  feuilles.  Feuilles 
subdressées  puis  légèrement  étalées,  cana- 
liculées,  très-régulièrement  acuminées  de 
la  base  au  sommet,  qui  est  terminé  par 
une  pointe  aiguë,  raide,  très-élargies  à la 
base,  qui,  par  les  superpositions  successives, 
constituent  la  tige,  qui  peut  devenir  énorme, 
d’un  vert  un  peu  pâle,  farinacé  pulvérulent, 
très-élégamment  marquée  dans  toute  la 


90  BAMBUSA  VEITCHI.  — L’HORTICULTURE  A 

longueur  de  lignes  ou  bandelettes  jaunes 
variant  en  nombre  et  en  largeur  et  détermi- 
nant de  jolis  effets. 

Cette  espèce  paraît  être  très-rare,  même 
au  Brésil.  En  Europe  elle  n’est  probablement 
représentée  que  par  l’individu  dont  nous 
parlons  qui  a été  envoyé  au  Muséum  en 


Introduit  du  Japon  par  M.  Maries,  voya- 
geur de  la  maison  Veitch,  cette  espèce, 
encore  inédite  est,  nous  en  avons  la  convic- 
tion, appelée  à jouer  un  grand  rôle  dans 
l’horticulture.  Envoici  la  description  : 

Plante  vivace,  très-rustique,  naine,  traçante, 
à tiges  persistantes,  presque  suffrutescentes 
avec  l’âge,  rentrant  par  sa  nature  et  ses  carac- 
tères généraux,  dans  le  groupe  des  Bambusa 
Metake  et  Simoni.  Tiges  un  peu  penchées, 
nombreuses,  raides,  d’abord  glaucescentes- 
farinacées,  ensuite  d’un  noir  roux.  Bractées  fo- 
liaires longuement  engainantes,  persistantes  sur 
les  tiges  qu’elles  embrassent  et  sur  lesquelles 
elles  sèchent.  Feuilles  persistantes,  très-rappro- 
chées,  subdistiques,  très-courtement  pétiolées, 
à l’extrémité  d’une  très-longue  gaine  persistante 
qui  du  vert  farinacé  passe  au  blanc  grisâtre, 
mutique,  plus  rarement  très  - légèrement  et 
courtement  ligulé.  Limbe  épais,  coriace,  comme 
strié-nervé,  très-entier,  long  de  20  centimètres 
et  même  plus  sur  environ  5 à 7 centimètres  de 


CONCOURS  GÉNÉRAL  AGRICOLE  DE  PARIS. 

même  temps  que  le  V.  imperialis  (Rev. 
hort.  L c.J . Ce  sujet  mesure  lm20  de  hau- 
teur du  sol  à l’extrémité  des  feuilles,  plus 
de  2 mètres  de  largeur  ; quant  à sa  tige, 
son  diamètre  formé  par  la  superposition 
des  feuilles,  elle  a environ  40  centimètres 
de  diamètre.  E.-A.  Carrière. 


VEITCHI 

largeur,  d’un  beau  evrt  brillant  en  dessus, 
glauque  bleuâtre  en  dessous,  surtout  sur  les 
jeunes  feuilles.  A l’automne,  de  vertes  qu’elles 
étaient,  les  feuilles  se  bordent  de  jaune,  ce 
qui  produit  un  joli  effet  ; quelquefois  même 
toutes  les  bandelettes  ou  nervures  prennent 
cette  belle  teinte  dorée  et  l’on  a,  alors,  des 
feuilles  élégamment  panachées. 

Le  Bambusa  Veitchi  (B.  palmata, 
Hort.),  nous  paraît  devoir  rester  nain,  du 
moins  tant  qu’il  ne  développe  pas  de  tiges 
florales.  C’est  alors  une  plante  charmante, 
très-fournie  et  propre  à garnir  des  parties 
ombragées  et  même  à former  des  sous- 
bois  dans  des  grands  parcs,  jardins  pay- 
sagers, etc.  Elle  est  également  propre  à 
garnir  des  parties  pittoresques  telles  que 
rochers,  cascades,  etc.  C’est  en  un  mot 
une  espèce  très-ornementale,  susceptible  de 
nombreux  emplois  en  horticulture. 

E.-A.  Carrière. 


L’HORTICULTURE  AU  CONCOURS  GÉNÉRAL  AGRICOLE  DE  PARIS 


L’horticulture,  si  elle  n’est  pas  une  des  sec- 
tions principales  de  l’agriculture  générale,  en 
est  du  moins  l’une  des  plus  intéressantes. 

Il  était  facile  de  se  convaincre  de  l’exactitude 
de  cette  assertion  en  visitant  les  salles  réser- 
vées aux  plantes,  au  concours  général  agricole 
qui  vient  d’avoir  lieu  à Paris.  Une  foule  com- 
pacte, représentant  l’élite  des  propriétaires  ru- 
raux et  des  cultivateurs  de  toute  la  France, 
se  pressait  pour  voir  en  détail  l’exposition  hor- 
ticole. 

On  avait  bien  prévu,  au  Ministère  de  l’agri- 
culture, que  les  plantes  et  les  fleurs  constitue- 
raient un  attrait  nouveau  et  reposeraient  les 
visiteurs  de  l’examen  des  animaux  gras,  des 
fromages  et  des  beurres. 

Quelques-uns  de  nos  bons  spécialistes  avaient 
compris  de  leur  côté  quel  intérêt  ils  pouvaient 
avoir  à montrer  leurs  produits  à une  clien- 
tèle toute  préparée,  et  nous  sommes  persuadés 
qu’ils  ne  regrettent  pas  l’effort  qu’ils  ont  dû 
faire  pour  déplacer  leurs  végétaux  en  plein 
cœur  de  l’hiver* 


Sous  la  haute  direction  de  M.  E.  Menault, 
commissaire  général  du  Concours,  une  vaste 
salle  bien  éclairée  et  suffisamment  chauffée, 
malgré  les  12  degrés  de  froid  qui  régnaient 
au  dehors,  était  réservée  aux  plantes  de 
serre. 

M.  Chantin  exposait  hors  concours  les  ma- 
gnifiques Palmiers  et  Cycadées,  dont  il  a une  si 
belle  collection.  Nous  avons  principalement 
remarqué  : Cycas  revoluta,  tronc  de  1 mètre  ; 
Kentia  Forsteriana , Zamia  horrida , Sabal 
havanensis. 

M.  Rivière,  directeur  du  Jardin  d’essai  du 
Hamma,  exposait  quelques-uns  de  ces  Palmiers 
élevés  en  plein  air,  plus  trapus,  plus  vigoureux  ' 
que  ceux  de  serre,  mais  qui  n’ont  pas  toujours 
l’élégance  de  ceux-ci.  Ces  Palmiers  : Cocos 
flexuosa , Latania , Phœnix  canariensis , etc., 
étaient  accompagnés  d eStrelitzia,  Cycas , Ficus , 
également  d’une  très-belle  venue. 

M.  Dallé,  horticulteur  à Paris,  avait  un  lot 
tout  à fait  intéressant  de  Palmiers  et  d’Orchi- 
dées  en  fleurs* 


l’horticulture  au  concours 

Citons  parmi  les  Palmiers  : Wallichia  ca- 
ryatoides , Pritchardia  microcarpa , Glaziova 
insignis , Sabal  havanensis , Kentia  Forste- 
riana , Washingtonia  robusta , Livistona  Hoo- 
gendorpi , Cocos  australis , Areca  lutescens 
(Hyophorbe  indicaj , Chamærops  humilis , Sa- 
Palmetto , Hyophorbe  Verschaffelti , Acan- 
thorhiza , stauracantha,  Areca  Baueri , Livis- 
tona sinensis,  le  tout  en  plantes  très-bien  cul- 
tivées. 

Très-variées  et  bien  choisies  étaient  les  Or- 
chidées fleuries  du  même  exposant  : Dendro- 
bium Wardianum , Lælia  albida , Cypripe- 
dium  Stonei,  Cattleya  Percivaliana , Oncidium 
Krameri , Cypripedium  Haynaldianum,  etc. 

Parmi  les  plantes  ornementales  diverses  du 
même  lot  : Tillandsia  Lindeni  vera  fleuri, 
Anthurium  Crystallinum , Caraguata  cardi- 
nalis , Tillandsia  splendens , etc.,  etc. 

Dans  le  lot  de  M.  Lange,  horticulteur  à 
Paris,  nous  avons  remarqué  des  plantes  déno- 
tant une  culture  très-bien  comprise,  entre 
autres  de  beaux  exemplaires  de  Cycas  revo- 
luta , Zamia  Van  Geerti , Dracæna  Massan- 
geana , etc. 

Voici  maintenant  les  plantes  fleuries,  de  cul- 
ture forcée  ou  plutôt  avancée,  qui  faisaient 
partie  de  la  première  période  du  Concours  : 
Lilas  de  Marly,  blanc  légèrement  nuancé  de 
lilas,  corbeille  immense,  exposée  par  MM.  Le- 
vêque  et  fils,  d’Ivry  ; Camellias  en  fleurs,  des 
mêmes  exposants  ; Rhododendrons  fleuris  de 
M.  Moser,  de  Versailles.  Dans  la  seconde  pé- 
riode, M.  Régnier,  de  Fontenay-sous-Bois,  pré- 
sentait une  forte  intéressante  collection  d’Or- 
chidées,  introduite  par  lui  de  la  Cochinchine, 
du  Cambodge  et  de.  Siam,  entre  autres  les  trois 
Calanthe  Regnieri , Stevensi  et  Augusti , trois 
formes  charmantes,  aux  fleurs  blanches  plus 
ou  moins  nuancées  de  carmin. 

MM.  Vilmorin-Andrieux  et  Cie,  sont  arrivés, 
on  peut  le  dire,  à un  suprême  degré  de  per- 
fection dans  la  culture  et  la  sélection  des  Ciné- 
raires à grandes  fleurs.  Parmi  les  nombreuses 
variétés  qu’ils  avaient  exposées,  et  dont  les  om- 
belles compactes  mesuraient  jusqu’à  40  centi- 
mètres de  diamètre,  les  plus  jolies,  à notre 
avis,  étaient  la  forme  à fleurs  bleu  pâle , de 
diverses  nuances,  les  formes  carmin  foncé , 
dont  chaque  fleur  avait  7 centimètres  de  dia- 
mètre, et  blanc  pur , avec  centres  de  diverses 
couleurs. 

Citons  aussi  les  plantes  bulbeuses  de  MM.  Vil- 
morin, Torcy-Vannier  de  Melun,  où  l’on  re- 
marquait surtout  les  ravissantes  Tulipes  Duc 
de  Thol , blanc  rosé,  blanc  et  jaune  ; Tournesol 
orange,  Miltiade , blanc  et  rose,  Le  Blason , 
double  blanc  et  rose.  A signaler  également,  les 
Cyclamens  de  Perse,  de  M.  Forgeot  ; les  Oli- 
via de  M.  Lange  ; les  Hellébores  de  M.  Du- 
gourd , de  Fontainebleau,  et  les  collections 
de  plantes  médicinales,  très-nombreuses,  de 
M.  Gagnet,  d’Aubervilliers. 

Une  section  de  l’exposition  horticole  perma- 


GÉNÉRAL  AGRICOLE  DE  PARIS.  91 

nente  comprenait  les  plantes  de  pleine  terre  à 
feuillage  persistant,  Conifères  et  arbustes. 

M.  H.  Defresne,  de  Vitry-sur-Seine,  avait 
réuni  une  collection  remarquable  : Abies  com- 
mutata  glauca  ( ParryanaJ , pyramide  magni- 
fique, haute  de  lm  50  ; Wellingtonia  gigantea 
pendula , espèce  au  port  très-pittoresque  ; Abies 
Nordmanniana , exemplaires  superbes  par 
l’intensité  de  la  couleur  vert  noir  du  dessus 
des  feuilles,  les  reflets  argentés  de  dessous,  et 
la  régularité  de  leur  branchage  ; Lauriers  de 
Portugal,  à feuilles  de  Myrte;  Lauriers-Tins 
pyramidal  ; Alaternes  variés  ; Phyllirea  Vil- 
moriniana , Evonymus  variés,  etc. 

De  M.  Croux,  d’Aulnay  : Abies  concolor  ma- 
gnifique, bleu  argenté,  hauteur  3 mètres  ; An- 
dromeda  japonica , Magnolias  variés  ; llex 
aquifolium , laurifolium , Cerasus  azorica,  etc., 
toutes  plantes  remarquables  par  leur  vigueur, 
le  choix  des  types  bien  caractérisé  et  la  bonne 
direction. 

Les  légumes  de  grande  culture  appartiennent 
plutôt  à la  partie  agricole  du  concours  qu’à 
celle  qui  nous  intéresse.  Nous  devons  cepen- 
dant signaler  la  remarquable  collection  de 
MM.  Vilmorin,  Andrieux  et  Cie,  Forgeot  et 
Rigault,  où  d’innombrables  variétés  de  Pommes 
de  terre,  bien  classées,  permettent  à tout  cul- 
tivateur de  choisir  la  forme  qui  correspond  le 
mieux  à son  genre  d’exploitation. 

M.  Buisson,  cultivateur  à Montreuil  (Seine), 
s’est  fait,  une  spécialité  des  légumes  blanchis . 
Ceux  qu’il  exposait,  et  qui  certes  étaient  très- 
alléchants,  ne  comprenaient  que  des  étiolats 
blancs,  jaunes,  rose  et  carmin  foncé,  et  apparte- 
naient aux  plantes  suivantes  : Chicorées  Variées, 
Pissenlits,  Poirées,  Scolyme  d’Espagne,  Cer- 
feuil musqué,  Bardane  du  Japon,  et  Raifort. 
Nous  recommandons  les  tiges  étiolées  de  cette 
dernière  plante  aux  maîtresses  de  maison  ; mé- 
langées en  petite  quantité  à une  salade,  elles 
forment  un  assaisonnement  très-agréable. 

Citons  également  les  Asperges  forcées  et 
Champignons  de  couche  de  M.  Chemin,  d’Issy, 
et  les  légumes  variés  de  l’École  d’agriculture 
de  Saint-Rémy. 

Dans  la  section  des  fruits,  nous  retrouvons 
les  superbes  collections  de  Raisins  conservés  et 
forcés  de  M.  Salomon,  de  Thomery,  et  celles, 
également  remarquables,  de  Pommes  et  de 
Poires,  envoyées  par  MM.  Boucher,  de  Paris  ; 
Chevallier,  de  Montreuil  (Seine)  ; Raisins, 
Pommes  et  Poires,  de  M.  Rigault,  de  Thomery. 

En  résumé,  l’annexion  de  l’horticulture  au 
concours  général  agricole  s’est  faite  tout  spé- 
cialement cette  année  dans  des  proportions 
importantes.  La  réussite  a été  complète  sous 
tous  les  rapports.  On  peut  conclure  de  ce  ré- 
sultat que  cette  expérience  n’est  qu’un  premier 
pas  dans  une  voie  nouvelle,  et  que  le  concours 
de  l’an  prochain  réservera  une  place  encore 
plus  importante  aux  produits  de  nos  serres,  de 
nos  vergers  et  de  nos  jardins. 

Ch.  Thays* 


92 


CONCOURS  GÉNÉRAL  AGRICOLE  DE  PARIS 


CONCOURS  GÉNÉRAL  AGRICOLE  DE  PARIS 


LISTE  DES  RÉCOMPENSES  DÉCERNÉES  A L’HORTICULTURE 


MM. 

Battut,  18,  rue  Quincampoix,  à Paris.  — Grande 
méd.  arg.  (Pommes  de  terre). 

Beaudouin,  rue  de  Berry,  à Paris. — Gr.  méd.  or 
(Ensemble  de  l’exposition). 

Bertrandus,  à Igny  (Seine-et-Oise).  - Méd.  br. 
(Pommes  et  Poires). 

Bignon  (Louis),  à Theneuille  (Allier).  — Méd. 
arg.  (Pommes  de  terre). 

Boucher  (Georges),  164,  avenue  d’Italie,  à 
Paris.  — Méd.  or.  (Pommes  et  Poires). 

Bourette  (Mme),  43,  rue  Hallé,  à Paris.  — Méd. 
br.  (Pommes,  Poires,  Raisins). 

Buisson  (Henri),  47,  rue  Alexis-Pennon,  à 
Montreuil-sous-Bois  (Seine).  — Gr.  méd.  arg. 
(Chicorée-Raifort). 

Bure  (Ad  ),  à l’Ouider,  près  Bône  (Algérie).  — 
Méd.  arg.  (Oranges,  Citrons)  ; méd.  arg.  (Lé- 
gumes de  saison). 

Chabrillat  (Antoine),  à Coudes(Puy-de-Dôme). 

— Gr.  méd.  arg.  (Pommes). 

Chantin,  31,  avenue  de  Chàtillon,  à Paris.  — 
Dipl  d'hon.,  hors  concours  (Plantes  de  serres). 

Chemin  (G.),  2,  boulevard  de  la  Gare-de-Gre- 
nelle,  à Issy  (Seine).  — Méd.  or.  (Asperges,  Sa- 
lades, Champignons). 

Chevallier  (Gust.),  16,  rue  Pépin,  à Montreuil 
(Seine).  — Méd  or.  (Pommes  et  Poires). 

Courtois  (Edmond),  à Chilly-Mazarin  (Seine- 
et-Oise).  Gr.  méd.  arg.  (Pommes  et  Poires). 

Coûtant  (Étienne),  à Chamalières  (Puy-de- 
Dôme).  — Méd.  arg.  (Pommes  et  Poires). 

Crémont,  aîné,  rue  des  Noyers,  à Sarcelles 
(Seine-et-Oise).  — Pr.  d’hon.  (Fruits  forcés); 
méd.  or.  (Ananas). 

Crémont  jeune,  à Sarcelles  (Seine-et-Oise).  — 
Méd.  or.  (Figuiers  avec  fruits;  Pêchers  en 
fleurs). 

Croux  et  fils,  à la  Vallée  d’Aulnay,  par  Sceaux 
(Seine).  — Méd.  or  (Conifères,  arbustes  à 
feuilles  persistantes). 

Dallé  (Louis),  29,  rue  Pierre-Charron,  à Paris. 

— Méd.  or  (Palmiers,  Dracénas,  Fougères). 

Defresne  (Honoré),  à Vitry  (Seine).  — Méd. 

or  (arbustes  à feuilles  persistantes). 

Delahaye,  18,  quai  de  la  Mégisserie,  à Paris.  — 
Méd.  or  (Céréales). 

Dugourd,  k Fontainebleau  (Seine-et-Marne).  — 
Méd.  arg.  (Hellébores). 

Forgeot  et  Cie,  7 et  8,  quai  de  la  Mégisserie,  à 
Paris.  — Rappel  de  gr.  méd.  or  (ensemble  de 
leur  exposition);  méd.  or  (Primevères,  Violettes); 
gr.  méd.  arg.  (Cyclamens,  Jacinthes)  ; méd.  arg. 
(légumes  forcés);  méd.  arg.  (légumes  de  saison). 

Fouquet,  à Sinceny  (Aisne).  — Rappel  des  pré- 
cédentes récompenses  (Peupliers  régénérés). 


MM. 

Garenne  (Louis)  fils,  à Saint-Laurent-Perrigny, 
par  Gilly-sur-Loire  (Saône-et-Loire).  — • Méd.  arg. 
(Pommes  de  terre). 

Hédiard,  21,  place  de  la  Madeleine,  à Paris.  — 
Méd.  or  (Ananas,  Bananes,  Cédrats). 

Lambert,  68,  rue  Chennevières,  à Conflans- 
Sainte-Honorine  (Seine-et-Oise).  — Méd.  arg. 
(Pommes,  Poires). 

Lange,  30,  rue  de  Bourgogne,  à Paris.  — Gr. 
méd.  arg.  (plantes  vertes);  méd.  arg.  (Clivias, 
Primevères). 

Lellieux,  23,  rue  Navier,  à Paris.  — Méd.  verm. 
(plantes  de  serre  vertes). 

Lévêque  et  fils,  69,  rue  Liégat,  à Ivry-sur- 
Seine  (Seine).  — Méd.  or  (Camélias,  Azalées); 
méd.  or  (Rosiers,  Lilas). 

Louis,  à la  Brosse-Montceaux  (Seine-et-Marne). 
— Gr.  méd.  arg.  (Poires);  méd.  arg.  (Raisins). 

Michel,  12,  rue  de  Sèze,  à Paris.  — Méd.  or 
(Ananas,  Figues,  Patates). 

Moser,  1,  rue  Saint-Symphorien,  à Versailles 
(Seine-et-Oise).  — Méd.  or  (Azalées,  Rhododen- 
drons, Magnolias). 

Photius,  directeur  de  l’École  Fénelon,  à Vaujours 
(Seine-et-Oise).  — Méd.  br.  Légumes  de  saison 
(Betteraves,  Carottes). 

Place  veuve,  145,  rue  Saint-Antoine,  à Paris.  — 
Gr.  méd.  arg.  (Ananas,  Citrons). 

Ragot,  à Loudéac  (Côtes-du-Nord).  — Méd.  br. 
(Pommes). 

Regnier,  à Fontenay-sous-Bois  (Seine).  Méd.  or 
(Orchidées). 

Rigault,  place  de  l’Église,  à Thomery  (Seine-et- 
Marne). — Méd.  or  (Pommes  et  Poires)  ; gr.  méd. 
arg.  (Raisins  conservés). 

Rigault,  66,  rue  de  Paris,  à Groslay  (Seine-et- 
Oise).  — Rappel  de  méd.  or  (Pommes  de  terre 
pour  petite  culture). 

Rigault  (Hyacinthe),  16,  rue  de  l'Asile,  à 
Groslay  (Seine-et-Oise).  — Rappel  de  méd.  or 
(Pommes  de  terre  potagères). 

Rivière,  directeur  du  jardin  d’essai  du  Hamma 
(Alger). — Dipl.  d’hon.,  hors  concours  (Palmiers, 
Musacées,  Cycadées,  etc.). 

Salomon  (Étienne),  à Thomery  (Seine-et- 
Marne).  — Rappel  de  prix  d’hon.  (Raisins). 

Sevin,  28,  rue  du  Montier,  à Villejuif  (Seine).  — 
Méd.  or  (Pommes  de  terre). 

Torcy- Vannier,  12,  rue  de  la  Juiverie,  à Melun 
(Seine-et-Marne).  — Méd.  arg.  (Tulipes);  méd. 
arg.  (Pommes  de  terre). 

Vilmorin,  Andrieux  et  Cie,  4,  quai  de  la 
Mégisserie,  à Paris.  — Rappel  de  prix  d’hon. 
(ensemble  de  leur  exposition)  ; méd.  or  (légumes 
de  saison  divers»  ; méd.  or  (Jacinthes,  Tulipes, 
Muguets,  etc.);  méd.  or  (Primevères  et  Ciné- 
raires); gr.  méd.  arg.  (légumes  forcés  divers). 


EXPOSITION'  UNIVERSELLE  DE  1889  : PROGRAMME  DES  ONZE  ÉPOQUES  DE  CONCOURS. 


93 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  DE  1889 

PROGRAMME  DES  ONZE  ÉPOQUES  DE  CONCOURS  (1) 


SIXIÈME  ÉPOQUE 


III.  Belle  culture.  — Un  concours. 


2-7  AOUT  1889. 

CONCOURS  PARTICULIER 

CLASSE  79. 

FLEURS  ET  PLANTES  D’ORNEMENT 

I.  Plantes  d’ornement. 

Concours  (à  déterminer)  suivant  les  demandes 
des  horticulteurs. 

II.  Plantes  nouvelles. 

Trois  concours  : dans  tous  les  concours  de  végé- 
taux exposés  entre  les  plantes  nouvelles  inédites  : 

1.  D’importation, 

2.  D’introduction, 

3.  Obtenues  de  semis. 

Un  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés  pour  les  plus  belles  plantes  mises  dans  le 
commerce  depuis  1878. 

III.  Belle  culture  — Un  concours. 

Dans  tous  les  genres  de  végétaux  exposés  entre 
les  plus  beaux  exemplaires  (l  à 5 sujets  par  espèces 
ou  variétés). 

IV.  Fleurs  coupées.  — Deux  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  générale. 

2.  La  plus  belle  collection  de  variétés  dans 
chaque  genre. 


1.  Les  plus  beaux  spécimens  de  plantes  pota- 
gères. 


CLASSE  81. 


FRUITS  ET  ARBRES  FRUITIERS. 

I.  Fruits.  — Deux  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  de  fruits  frais  de 
toutes  sortes,  en  maturité,  dont  les  noms  suivent  : 
Abricots,  Amandes,  Cerises,  Figues,  Framboises, 
Groseilles,  Pêches,  Poires,  Pommes,  Prunes  et 
Raisins. 

2.  La  plus  belle  collection  de  fruits  divers  (es- 
pèces et  variétés)  de  la  région  du  Sud. 

II.  Fruits  nouveaux.  — Cinq  concours. 

1.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  d’importa- 
tion, n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  com- 
merce. 

2.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  d’introduc- 
tion, n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  com- 
merce. 

3.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  obtenus  de 
semis,  n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  com- 
merce. 

4.  Les  plus  belles  variétés  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

5.  Les  meilleures  variétés  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

CLASSE  82. 


V.  Ornementation  en  fleurs  naturelles. 

Trois  concours. 


GRAINES  ET  PLANTES  D’ESSENCE  FORESTIÈRE 
Pas  de  concours. 


1.  Les  plus  beaux  bouquets. 

2.  Les  plus  beaux  motifs  ou  sujets  divers. 

3.  Les  plus  belles  garnitures  d’ornementation 
diverses  d’appartement,  de  table,  etc. 


CLASSE  83. 

PLANTES  DE  SERRE 

I.  Plantes  diverses. 


VI.  Corbeilles  de  plantes  fleuries  ou  à 
feuillages.  — Un  concours. 

Entre  les  plus  belles  corbeilles  de  plantes  fleu- 
ries ou  à feuillage. 

CLASSE  80. 

PLANTES  POTAGÈRES 

I.  Plantes  potagères 

Concours  permanent  entre  tous  les  genres  de 
plantes  potagères. 

II.  Plantes  nouvelles.  — Quatre  concours. 

1.  Plantes  nouvelles  inédites  d’importation, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

2.  Plantes  nouvelles  inédites  d’introduction, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

3.  Plantes  nouvelles  inédites  obtenues  de  semis, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

4.  Les  plus  belles  plantes  mises  dans  le  commerce 
depuis  1878. 

(1)  Voir,  pour  le  règlement  général,  Revue  horti- 
cole, 1887,  pp.  481,  493,  523;  et  pour  le  programme 
des  époques  de  concours,  voir  Revue  horticole , 
1888,  p.  45  et  62. 


Concours  (à  déterminer)  entre  les  plantes  de 
serre  qu’il  y aurait  impossibilité  à présenter  aux 
concours  généraux. 

II.  Plantes  nouvelles.  — Cinq  concours. 

1.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuillage 
introduites  le  plus  récemment  en  Europe. 

2.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage introduites  directement  en  France. 

3.  Lot  de  plantes  hybrides  dont  les  parents  se- 
ront indiqués. 

4.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage obtenues  de  semis  et  non  encore  dans  le  com- 
merce. 

5.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage obtenues  de  semis  et  dans  le  commerce  de- 
puis 1878. 

III.  Belle  culture.  — Quatre  concours. 

1.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage que  la  bonne  culture  aura  fait  arriver  le  plus 
près  possible  de  son  maximum  de  développement. 

2.  De  4 à 10  plantes  fleuries  ou  à feuillage  les 
plus  remarquables  par  leur  forme  et  leur  dévelop- 
pement. 

3.  Le  plus  beau  lot  de  20  plantes  à feuillage  or- 
nemental. 


94  EXPOSITION  UNIVERSELLE  DE  1889  ! PROGRAMME  DES  ONZE  ÉPOQUES  DE  CONCOURS. 


4.  Le  plus  beau  groupe  de  20  plantes  diverses 
fleuries,  à quelque  catégorie  qu’elles  appartiennent. 

IV.  Culture  spéciale.  — Deux  concours. 

1 La  plus  belle  collection  de  50  plantes  fleuries 
ou  à feuillage  cultivées  en  vue  de  l’approvisionne- 
ment des  marchés. 

2.  Le  plus  beau  lot  de  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage cultivées  en  vue  de  l’approvisionnement  des 
marchés. 


SEPTIÈME  ÉPOQUE 

16-21  août  1889. 

CONCOURS  GÉNÉRAL. 

CLASSE  79. 

FLEURS  ET  PLANTES  D’ORNEMENT. 

I.  Plantes  d’ornement. 

Concours  (à  déterminer)  suivant  les  demandes 
des  horticulteurs. 

II.  Plantes  nouvelles. 

Trois  concours  : dans  tous  les  genres  de  végé- 
taux exposés,  entre  les  plantes  nouvelles  inédites  : 

1.  D’importation. 

2.  D’introduction. 

3.  Obtenues  de  semis. 

Un  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés,  pour  les  plus  belles  plantes  mises  dans  le 
commerce  depuis  1878. 

III.  Belle  culture. 

Un  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés  entre  les  plus  beaux  exemplaires  (1  à 5 su- 
jets par  espèce  ou  variété). 

IV.  Fleurs  coupées.  — Deux  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  générale. 

2.  La  plus  belle  collection  de  variétés  dans 
chaque  genre. 

V.  Ornementation  en  fleurs  naturelles.  — 

Trois  concours. 

1.  Les  plus  beaux  bouquets. 

2.  Les  plus  beaux  motifs  ou  sujets  divers. 

3.  Les  plus  belles  garnitures  d’ornementation  di- 
verses d’appartement,  de  table,  etc. 

VI.  Corbeilles  de  plantes  fleuries  ou  à 
feuillage. 

Un  concours  : entre  les  plus  belles  corbeilles  de 
plantes  fleuries  ou  à feuillage. 

CLASSE  80. 

PLANTES  POTAGÈRES. 

I.  Plantes  potagères. 

Concours  permanent  entre  tous  les  genres  de 
plantes  potagères. 

II.  Plantes  nouvelles.  — Quatre  concours. 

1.  Plantes  nouvelles  inédites  d’importation, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

2.  Plantes  nouvelles  inédites  d’introduction, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

3.  Plantes  nouvelles  inédites,  obtenues  de  semis, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 


4.  Les  plus  belles  plantes  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

III.  Belle  culture.  — Un  concours. 

1.  Les  plus  beaux  spécimens  de  plantes  pota- 
gères. 

CLASSE  81. 

FRUITS  ET  ARBRES  FRUITIERS. 

I.  Fruits.  — Deux  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  de  fruits  frais  de 
toutes  sortes,  en  maturité,  dont  les  noms  suivent  : 
(Abricots,  Amandes,  Cerises,  Figues,  Framboises, 
Groseilles,  Mûres,  Pêches,  Poires,  Pommiers, 
Prunes  et  Raisins). 

2.  La  plus  belle  collection  de  fruits  divers  (es- 
pèces et  variétés)  de  la  région  du  Sud. 

II.  Fruits  nouveaux.  — Cinq  concours. 

1.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  d’importa- 
tion, n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  commerce. 

2.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  d’introduc- 
tion, n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  commerce. 

3.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  obtenus  de 
semis,  n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  com- 
merce. 

4.  Les  plus  belles  variétés  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

5.  Les  meilleures  variétés  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

CLASSE  82. 

GRAINES  ET  PLANTS  D’ESSENCE  FORESTIÈRE 

I.  Graines  et  plantes  d’essence  forestière 
exposées  collectivement  par  les  adminis- 
trations, communes  et  sociétés.  — Un  con- 
cours. 

La  plus  belle  collection  de  graines  et  plantes 
d’essence  forestière. 

CLASSE  83. 

PLANTES  DE  SERRE. 

Plantes  diverses.  — Quarante  concours. 

Orchidées  exotiques  en  fleurs:  1.  La  plus  belle 
collection  ; 2.  La  plus  belle  collection  de  30  ; 3.  La 
plus  collection  de  12  ; 4.  Le  plus  beau  lot. 

Crotons  : 5.  La  plus  belle  collection  ; 6.  La  plus 
belle  collection  de  25. 

Dracénas  : 7.  La  plus  belle  collection  ; 8.  La  plus 
belle  collection  de  25  ; 9.  Le  plus  beau  lot. 

Marantacées  : 10.  La  plus  belle  collection;  11.  La 
plus  belle  collection  de  25. 

Aroïdées  à feuillage  ornemental  (à  l’exception 
des  Caladiums)  : 12.  La  plus  belle  collection;  13.  La 
plus  belle  collection  de  25. 

Fougères  arborescentes  : 14.  La  plus  belle  collec- 
tion ; 15.  Le  plus  beau  lot. 

Sélaginelles  et  Lycopodes  : 16.  La  plus  belle  col- 
lection. 

Fougères  translucides,  Todéas,  etc.  : 17.  La  plus 
belle  collection. 

Palmiers  : 18.  La  plus  belle  collection  ; 19.  La 
plus  belle  collection  de  40  ; 20.  La  plus  belle  col- 
lection de  25;  21.  La  plus  belle  collection  de  15. 

Cycadées  : 22.  La  plus  belle  collection. 

Népenthès:  23.  La  plus  belle  collection. 

Plantes  carnivores:  Sarracénias,  Cephalolus,Dio- 
nœa,  etc.  : 24.  La  plus  belle  collection. 

Cactées  fleuries  ou  non  fleuries  : 25.  La  plus 
belle  collection. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  DE  1889  I PROGRAMME  DES  ONZE  ÉPOQUES  DE  CONCOURS  95 


Cactées  en  fleurs  : 26.  Le  plus  beau  lot. 

Bruyères  du  Cap  : 27.  Le  plus  beau  lot. 

Plantes  grimpantes  de  serres,  fleuries  ou  non 
fleuries  : 28.  La  plus  belle  collection  ; 29.  La  plus 
belle  collection  de  25. 

Plantes  grimpantes  de  serre,  à feuillage  coloré  : 
30.  Le  plus  beau  lot. 

Musas  : 31.  La  plus  belle  collection. 

Bégonias  à feuillage  ornemental:  32.  La  plus 
belle  collection  de  50  ; 33.  La  plus  belle  collection 
de  25. 

Bouvardias  : 34.  La  plus  belle  collection  ; 35.  Le 
plus  beau  lot. 

Bertolonias  et  Sonérilas  : 36.  La  plus  belle  collec- 
tion. 

Anœctochilus  et  autres  Orchidées  à feuillage  or- 
nemental : 37.  La  plus  belle  collection. 

Rhopalas  : 38.  Le  plus  beau  lot. 

Plantes  aquatiques  de  serres  : 39.  La  plus  belle 
collection  ; 40.  Le  plus  beau  lot. 

II.  Plantes  nouvelles.  — Cinq  concours. 

1.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lages introduites  le  plus  récemment  en  Europe. 

2.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage introduites  directement  en  France. 

3.  Lot  de  plantes  hybrides  dont  les  parents  se- 
ront indiqués. 

4.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage obtenues  de  semis  et  non  encore  dans  le 
commerce. 

5.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage obtenues  de  semis  et  dans  le  commerce  de- 
puis 1878. 

III.  Belle  culture.  — Quatre  concours. 

1.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage, que  la  bonne  culture  aura  fait  arriver  le  plus 
près  possible  de  son  maximum  de  développement. 

2.  De  4 à 10  plantes  fleuries  ou  à feuillage  les 
plus  remarquables  par  leur  forme  et  leur  dévelop- 
pement. 

3.  Le  plus  beau  lot  de  20  plantes  à feuillage  or- 
nemental. 

4.  Le  plus  beau  groupe  de  20  plantes  diverses 
fleuries,  à quelque  catégorie  qu’elles  appartiennent. 

IV.  Culture  spéciale.  — Beux  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  de  50  plantes  fleuries 
ou  à feuillage,  cultivées  en  vue  de  l’approvision- 
nement des  marchés. 

2.  Le  plus  beau  lot  de  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage, cultivées  en  vue  de  l’approvisionnement  des 
marchés. 


HUITIÈME  ÉPOQUE 
6-11  SEPTEMBRE  1889. 

CONCOURS  PARTICULIER. 

CLASSE  79. 

FLEURS  ET  PLANTES  D’ORNEMENT 

I.  Plantes  d’ornement. 

Concours  (à  déterminer)  suivant  les  demandes 
des  horticulteurs. 

II.  Plantes  nouvelles. 

Trois  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés  entre  les  plantes  nouvelles  inédites  : 

1.  D’importation. 

2.  D’introduction. 


3.  Obtenues  de  semis. 

Un  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés,  pour  les  plus  belles  plantes  mises  dans  le 
commerce  depuis  1878. 

III.  Belle  culture. 

Un  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés,  entre  les  plus  beaux  exemplaires  (1  à 5 su- 
jets par  espèce  ou  variété). 

IV.  Fleurs  coupées.  — Deux  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  générale. 

2.  La  plus  belle  collection  de  variétés  dans 
chaque  genre. 

V.  Ornementation  en  fleurs  naturelles.  — 

Trois  concours. 

1.  Les  plus  beaux  bouquets. 

2.  Les  plus  beaux  motifs  ou  sujets  divers. 

3.  Les  plus  belles  garnitures  d’ornementation 
diverses  d’appartement,  de  table,  etc. 

VI.  Corbeilles  de  plantes  fleuries  ou  à 
feuillage. 

Un  concours  : entre  les  plus  belles  corbeilles  de 
plantes  fleuries  ou  à feuillage. 

CLASSE  80. 

PLANTES  POTAGÈRES. 


I.  Plantes  potagères. 

Concours  permanent  entre  tous  les  genres  de 
plantes  potagères. 


II.  Plantes  nouvelles.  — Quatre  concours. 

1.  Plantes  nouvelles  inédites  d’importation, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

2.  Plantes  nouvelles  inédites  d'introduction, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

3.  Plantes  nouvelles  inédites,  obtenues  de  semis, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

4.  Les  plus  belles  plantes  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

III.  Belle  culture.  — Un  concours. 


1.  Les  plus  beaux  spécimens  de  plantes  pota- 
gères. 


CLASSE  81. 


FRUITS  ET  ARBRES  FRUITIERS. 


I.  Fruits.  — Trois  concours. 

1.  Les  plus  belles  collections  de  fruits  frais  en  ma- 
turité dont  les  noms  suivants  : Abricots,  Amandes, 
Cerises,  Figues,  Framboises,  Groseilles,  Pêches, 
Poires,  Pommes,  Prunes,  Raisins. 

2.  La  plus  belle  collection  de  fruits  divers  (es- 
pèces ou  variétés)  de  la  région  du  Sud. 

3.  La  plus  belle  collection  de  fruits  à cidre  de 
première  saison,  Poires  et  Pommes. 

II.  Fruits  nouveaux.  — Cinq  concours. 

1.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  d’importation, 
n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  commerce. 

2.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  d’introduc- 
tion, n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  commerce. 

3.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  obtenus,  de 
semis,  n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  com- 
merce. 


96 


CORRESPONDANCE. 


4.  Les  plus  belles  variétés  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

5.  Les  meilleures  variétés  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

CLASSE  82. 

GRAINES  ET  PLANTS  D’ESSENCE  FORESTIÈRE 

Pas  de  concours. 

CLASSE  83. 

PLANTES  DE  SERRE 

I.  Plantes  diverses. 

Concours  (à  déterminer)  entre  les  plantes  de 
serre  qu’il  y aurait  impossibilité  à présenter  aux 
concours  généraux. 

II.  Plantes  nouvelles.  — Cinq  concours. 

1.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage, introduites  le  plus  récemment  en  Europe. 

2.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage, introduites  directement  en  France. 

3.  Lot  de  plantes  hybrides  dont  les  parents  se- 
ront indiqués. 

4.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 


lage, obtenues  de  semis  et  non  encore  dans  le 
commerce. 

5.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage, obtenues  de  semis  et  dans  le  commerce  de- 
puis 1878. 

III.  Belle  culture.  — Quatre  concours. 

1.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage que  la  bonne  culture  aura  fait  arriver  le  plus 
près  possible  de  son  maximum  de  développement. 

2.  De  4 à 10  plantes  fleuries  ou  à feuillage  les 
plus  remarquables  par  leur  forme  et  leur  dévelop- 
pement. 

3.  Le  plus  beau  lot  de  20  plantes  à feuillage  or- 
nemental. 

4.  Le  plus  beau  groupe  de  20  plantes  diverses 
fleuries,  à quelque  catégorie  qu’elles  appartiennent. 

IV.  Culture  spéciale.  — Beux  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  de  50  plantes  fleuries 
ou  à feuillage,  cultivées  en  vue  de  l’approvisionne- 
ment des  marchés. 

2.  Le  plus  beau  lot  de  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage, cultivées  en  vue  de  l’approvisionnement  des 
marchés. 

(La  fin  au  prochain  Numéro.) 


CORRESPONDANCE 


N°  361  A.  (Meurthe-et-Moselle. J — Si  vous 
voulez  bien  préciser  le  concours  dont  vous 
nous  parlez,  et  nous  dire  exactement  ce  que 
vous  en  savez,  dans  quelle  publication  vous  en 
avez  lu  les  détails,  nous  pourrons  peut-être 
vous  renseigner. 

M.  E.  T.  (Mauvers.)  — Nous  vous  remer- 
cions de  vos  renseignements  sur  les  fruits  de 
Cydonia  sinensis.  Veuillez  ne  pas  oublier  de 
nous  en  envoyer  deux  fleurs  au  printemps.  Le 
meilleur  moyen  est  d’enterrer  les  petits  ra- 
meaux détachés  au  moyen  de  feuilles  fraîches, 
d’envelopper  le  tout  d’ouate,  et  d’expédier  dans 
une  petite  boîte  par  la  poste.  Nous  avons  parlé 
de  vos  fruits  à un  distillateur  parisien  qui  a dû 
vous  écrire  directement  et  vous  faire  des  pro- 
positions. Nous  vous  serons  obligés  de  ne  pas 
attendre  le  printemps  pour  nous  rendre  compte 
des  résultats  que  vous  avez  obtenus  par  vos 
essais  de  fabrication  de  cidre  au  moyen  de  ce 
Cognassier  de  la  Chine. 

M.  A.  L.  (Pau.)  — Vous  pourrez  vous  pro- 
curer le  livre  de  M.  de  Mortillet,  Les  meil- 
leurs fruits,  en  vous  adressant  à l’auteur  lui- 
même,  à sa  résidence  de  La  Tronche,  près 
Grenoble  (Isère). 

Pour  tapisser  votre  mur  avec  une  plante  or- 
nementale rustique,  qui  soit  à l’abri  de  la  dent 
des  animaux,  nous  ne  voyons  guère  que  le 
Lyciet  d’Europe  (Lycium  suropæumj , Solanée 
dont  le  goût  déplaît  au  bétail,  et  qui  garnit 


très-rapidement,  par  son  abondante  végétation 
sarmentoso-grimpante,  les  murs  ou  rochers  à 
couvrir.  Ses  petites  fleurs  violettes  et  ses  baies 
rouges  ne  sont  pas  sans  intérêt  décoratif. 

M.  G.  M.  ( Paris .J — Pour  avoir  l’adresse  de 
la  publication  dont  vous  parlez,  vous  pourriez 
vous  adresser  à M.  Vaucher,  directeur  de 
l’École  d’horticulture  de  Genève  (Suisse). 

M.  R.  de  C.  (Chazeuil,  Allier).  — Vous 
pourrez  vous  procurer  l’Album  de  M.  P.  de 
Longpré,  Orchidées  et  Colibris,  à la  Librairie 
agricole,  26,  rue  Jacob,  Paris.  Prix  : 35  francs 
l’Atlas  de  six  planches,  avec  couverture  en 
couleur.  VIsosoma  Cattleyæ  est  un  insecte  qui 
s’est  déjà  montré  dans  plusieurs  serres  d’Or- 
chidées,  non  seulement  à Armainvilliers, 
comme  nous  l’avons  précédemment  annoncé, 
mais  en  Belgique,  à Namur  surtout,  et  ailleurs. 

La  maladie  se  présente  sous  la  forme  d’une 
grosseur  anormale  des  pousses  de  Cattleya , 
dans  lesquelles  est  creusée  une  galerie  oû  l’on 
trouve  de  petites  larves  apodes,  blanches,  et 
des  nymphes  qui  donnent  naissance  à de  petits 
Hyménoptères  noirs  à abdomen  pédiculé, 
comme  l’a  reconnu  M.  le  docteur  Henneguy. 
On  suppose  que  cet  insecte  a été  introduit  avec 
des  Orchidées  venant  de  l’Amérique  du  Nord 
et  ayant  passé  par  un  établissement  horticole 
anglais.  Le  seul  remède  efficace  paraît  être  la 
destruction  et  l’incinération  des  parties  de  la 
plante  infestées  par  l’insecte. 


L’Administrateur-Gérant  : L.  Bourguignon. 


Imp.  Georgea  Jaoob,  — Orlfeua. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


97 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Négundos  panachés  et  Rosiers.  — Prunier  Kelsey.  — Les  Chrysanthèmes  au  Japon.  — Rose  Niphétos 
panachée.  — Mission  horticole  en  Orient  et  dans  l’Amérique  du  Nord.  — Bambusa  Castilloni.  — 
Oncidium  Mantini.  — Les  Eucalyptus.  — Société  pomologique  américaine.  — Exposition  de  la  Société 
nationale  d’horticulture  de  France.  — Les  leçons  de  choses.  — Le  Concours  de  Lisbonne.  — Catalogue 
des  graines  du  jardin  botanique  de  Montpellier.  — Exposition  d’instruments  pour  la  reconstitution  des 
vignobles.  — Exposition  rétrospective  d’horticulture  à Gand.  — Expositions  annoncées.  — Memento 
des  Expositions.  — Nécrologie  : M.  Lhérault-Salbœuf.  — Erratum. 


Négundos  panachés  et  Rosiers.  — 

L’emploi  de  l’Érable  Négundo  panaché 
( Negundo  fraxinifolium  foliis  variegatis) 
est  des  plus  fréquents,  dans  les  petits  jar- 
dins surtout,  où  sa  masse  blanche,  verte  et 
rosée  forme  une  tache  qui  ne  se  relie 
guère,  ni  comme  couleur,  ni  comme  forme, 
aux  autres  plantes  qui  les  avoisinent. 

Il  existe,  cependant,  une  manière  très- 
heureuse  d’utiliser  les  qualités  décoratives 
de  cet  arbre,  en  lui  faisant  jouer  un  rôle 
qui  lui  convient  bien,  c’est-à-dire  en  le 
disposant  en  corbeilles;  alors,  pour  corri- 
ger le  défaut  que  nous  avons  signalé  plus 
haut,  on  lui  adjoint  le  Rosier.  Celui-ci,  par 
sa  végétation  irrégulière  et  sa  floraison,  ap- 
porte à l’ensemble  l’élégance  et  l’originalité 
qui  autrement  lui  manqueraient. 

Voici  de  quelle  manière  il  convient  de 
procéder  : on  plante,  à environ  1 mètre  les 
unes  des  autres,  de  jeunes  pyramides  de 
Négundos  panachés,  bien  garnies  de  la 
base.  Dans  le  centre  de  la  corbeille,  entre 
les  Négundos,  on  disperse  des  Rosiers  hy- 
brides greffés  rez-terre;  on  laisse  ceux-ci  se 
développer  à leur  guise,  et  on  enveloppe  le 
tout  au  moyen  d’un  double  rang  de  Rosiers 
du  Bengale  Cramoisi  supérieur. 

On  maintient  ensuite  les  Négundos  au 
moyen  de  pincements,  afin  d’éviter  qu’ils 
étouffent  les  Rosiers. 

Prunier  Kelsey.  — Ce  nouveau  Prunier, 
que  la  Revue  horticole  a été  la  première, 
l’an  dernier,  à faire  connaître  en  France  (1), 
entrera  bientôt  dans  toutes  les  collections, 
en  attendant  qu’il  prenne  rang,  si  sa  pro- 
duction chez  nous  répond  à ce  qu’elle  est  en 
Amérique,  parmi  les  arbres  à cultiver  en 
grand  pour  la  culture  commerciale. 

M.  P.  J.  Berkmans,  président  de  la  So- 
ciété pomologique  américaine,  vient  tout 
récemment  de  confirmer  tout  ce  qui  a été 
dit  sur  les  précieuses  qualités  de  ce  fruit. 

Les  exemplaires  que  plusieurs  de  nos  pé- 

(1)  Voir  Revue  horticole , 1887,  p.  560. 
l«r  Mars  1888. 


piniéristes,  notamment  MM.  Transon  frères, 
d’Orléans,  avaient  en  réserve,  sont  épuisés; 
mais  les  cultivateurs  qui  désireraient  s’en 
procurer  pourront  s’adresser  directement  à 
M.  Berckmans,  à Augusta  (Géorgie,  U.  S.  A.), 
qui  a été,  en  Amérique,  le  vulgarisateur 
de  cette  variété,  et  qui  continue  à la  ré- 
pandre dans  les  cultures. 

Nous  serons  heureux  si  toutes  les  bonnes 
choses  que  l’on  nous  dit  de  la  Prune  Kelsey 
se  confirment.  Ce  nouveau  fruit  a intéressé 
d’une  façon  toute  particulière  le  monde 
horticole,  à en  juger  par  le  nombre  des 
lettres  que  nous  avons  reçues  à ce  sujet. 

Les  Chrysanthèmes  au  Japon.  — Qui 

n’a  pas  admiré,  dans  les  Expositions,  ces 
beaux  Chrysanthèmes  japonais,  dont  les 
fleurs,  de  formes  bizarres  et  élégantes,  ont 
des  coloris  de  la  plus  grande  originalité  ? 

Dans  une  note  du  Lyon-Horticole, 
M.  Viviand-Morel  dit,  comme  nous  l’avons 
déjà  fait  remarquer  nous-mêmes  (Revue 
horticole , 1887,  p.  538),  que  toutes  ces  va- 
riétés proviennent  des  cinq  formes  intro- 
duites, en  1862,  du  Japon,  par  Robert 
Fortune  : laciniatum,  striatum  album, 
grandiflorum,  Gogo  et  Yelloiv  Dragon. 

M.  Viviand-Morel  ajoute  que  d’autres  va- 
riétés très-nombreuses  existent  certaine- 
ment au  Japon,  et  il  cite,  à l’appui  de  son 
dire,  la  lettre  suivante  de  M.  Takasima, 
un  Japonais  connaissant  parfaitement  les 
choses  en  horticulture  : 

Dès  la  plus  haute  antiquité,  les  Chrysan- 
thèmes furent  en  honneur  au  Japon;  nos  plus 
anciens  poètes  les  chantèrent  et  ils  compo- 
sent, avec  les  fleurs  du  Paulownia,  les  armes 
du  Mikado. 

Je  ne  saurais  préciser  à quelle  époque  on  a 
créé  tant  de  variétés  ; mais  je  sais  que  depuis 
trois  siècles  les  Japonais  s’adonnent  beaucoup 
à la  culture  de  ces  fleurs.  Quant  à moi,  je  pos- 
sède des  albums  datant  de  1830,  sur  lesquels  un 
artiste  a peint  un  grand  nombre  de  variétés 
de  Chrysanthèmes  ; donc,  quand  R.  Fortune  est 
allé  au  Japon,  il  en  existait  plus  de  cinq  va- 

5 


98 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


riétés,  et  actuellement  ces  variétés  y sont  plus 
nombreuses  qu’en  France.... 

Notre  confrère  lyonnais  fait  observer  que 
tout  récemment  MM.  Veitch,  de  Londres, 
ont  introduit  quelques  nouvelles  variétés 
japonaises  ; mais  il  ajoute,  avec  non  moins 
de  raison,  que,  si  l’on  pouvait  continuer  ces 
importations,  les  amateurs  auraient  certai- 
nement des  surprises  agréables. 

Rose  Niphétos  panachée.  — Les  jour- 
naux américains  signalent  l’apparition 
d’une  Rose  nouvelle  appartenant  à la  variété 
Niphétos,  et  dont  les  pétales  seraient  très- 
franchement  panachés  de  blanc  et  de  vert. 

Nous  parlerons  plus  tard,  s’il  y a lieu, 
des  qualités  de  cette  nouveauté. 

Mission  horticole  en  Orient  et  dans 
l’Amérique  du  Nord.  — M.  le  comte  H. 
de  Ghoiseul,  qui  possède  des  connaissances 
très-étendues  en  horticulture,  a reçu  du 
Gouvernement  la  mission  d’accomplir,  en 
Asie  et  aux  États-Unis,  un  voyage  d’étude, 
afin  de  réunir  des  observations  sur  les  vé- 
gétaux exotiques  qui  pourraient  utilement 
être  introduits  dans  les  colonies  françaises. 

Au  cours  de  ce  voyage,  M.  le  comte  H. 
de  Choiseul  visitera  l’Inde,  l’Indo-Chine, 
le  Japon,  etc.  Il  examinera  non  seulement 
les  végétaux  indigènes  de  chaque  contrée, 
mais  aussi  les  collections  publiques  et  pri- 
vées, où  des  essais  d’acclimatation  sont  pra- 
tiqués pour  toutes  les  espèces  utiles  à un 
point  de  vue  quelconque. 

Un  voyage  d’étude  accompli  dans  ces 
conditions  ne  peut  manquer  d’avoir  d’im- 
portants résultats. 

Bambusa  Castilloni.  — Cette  espèce, 
dont  la  Revue  horticole  a parlé  et  donné 
une  description  (1886,  p.  513),  n’est  ni  dé- 
licate ni  sensible  au  froid  comme  on  avait 
lieu  de  le  craindre.  Nous  pouvons,  comme 
preuve,  citer  un  pied  directement  introduit 
du  Japon  par  M.  Viesener,  et  qui  planté 
dans  sa  propriété  à Fontenay-aux-Roses, 
forme  aujourd’hui  une  touffe  mesurant 
plus  de  60  centimètres  de  diamètre  et  com- 
prenant un  très-grand  nombre  de  tiges  dont 
quelques-unes,  cette  année,  ont  atteint 
1 m 60  et  plus  de  hauteur.  Cette  plante  n’a 
jamais  souffert  des  rigueurs  des  saisons. 

Oncidium  Mantini.  — M.  Godefroy- 
Leheuf  décrit,  sous  ce  nom,  dans  le  dernier 
numéro  de  Y Orchidophïle , une  jolie  forme 


nouvelle  d’ Oncidium,  qu’il  croit  être  le 
résultat  d’un  croisement  spontané  entre 
l’O.  Marshalli  et  les  O.  Gardneri  ou  Sar- 
codes. 

L’O.  Mantini  se  rapproche  de  Y O.  cris- 
pum,  dont  il  a les  très-grandes  fleurs  ; mais 
ses  fleurs  sont  largement  maculées  et  mar- 
ginées  de  jaune  canari  vif  sur  le  fond  jaune. 
Cette  plante  n’est  actuellement  représentée 
que  par  un  exemplaire  qui  se  trouve  dans 
la  collection  de  M.  Mantin,  au  Bel-Air, 
près  d’Orléans. 

Les  Eucalyptus.  — Notre  excellent  col- 
laborateur, M.  Félix  Sahut,  vient  de  pu- 
blier, sous  ce  titre,  une  monographie  très- 
intéressante  des  Eucalyptus,  ces  arbres  qui 
jouent  actuellement  un  rôle  si  important  au 
triple  point  de  vue  ornemental,  industriel 
et  médicinal. 

Aux  remarques  personnelles  qu’il  a pu 
faire  dans  les  belles  collections  qu’il  a 
réunies  à Montpellier,  M.  Sahut  a ajouté  le 
fruit  de  nombreux  voyages  de  recherches 
et  d’études  qu’il  a faits  dans  toute  la  région 
méditerranéenne,  où  les  Eucalyptes  ont 
eu  un  sort  un  peu  variable,  il  est  vrai, 
mais  toujours  de  haut  intérêt;  il  s’est  éga- 
lement servi  des  publications  précédem- 
ment faites  par  d’autres  eucalyptographes, 
en  première  ligne,  M.  F.  von  Muller, 
M.  Ch.  Naudin,  etc. 

Société  pomologique  américaine.  — 

Nous  apprenons  avec  plaisir  que  M.  P. -J. 
Berckmans,  l’éminent  arboriculteur  nord- 
américain,  d’Augusta  (Géorgie),  vient  d’être 
élevé  aux  fonctions  de  président  de  la  So- 
ciété de  pomologie  américaine  (. American 
Pomological  Society ),  vacante  depuis  la 
mort  de  M.  Marshall  Wilder. 

Exposition  de  la  Société  nationale 
d’horticulture  de  France,  du  26  au 

31  mai.  — Le  Conseil  de  la  Société  natio- 
nale d’horticulture  de  France  vient  de  déci- 
der que  l’Exposition  générale  des  produits 
de  l’horticulture  aura  lieu,  cette  année,  du 
vendredi  c26  au  jeudi  31  mai,  dans  et  près 
le  Pavillon  de  la  Ville  de  Paris,  aux  Champs- 
Elysées. 

Les  demandes  d’admission  à cette  Expo- 
sition devront  être  adressées  à M.  le  Pré- 
sident de  la  Société,  84,  rue  de  Grenelle, 
avant  le  jeudi  10  mai. 

Les  « leçons  de  choses  ».  — Sous  ce 
nom  devenu  à la  mode  dans  l’enseignement 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


99 


primaire,  M.  Ernest  Menault,  inspecteur 
général  de  l’Agriculture,  qui  a été  chargé, 
cette  année,  par  le  Gouvernement,  d’orga- 
niser le  Concours  général  agricole  du  Palais 
de  l’Industrie,  à Paris,  a eu  l’idée  de 
demander  à plusieurs  spécialistes  des  confé- 
rences sur  les  divers  produits  exposés. 

Ces  conférences  ont  eu  beaucoup  de 
succès.  Malgré  la  température  rigoureuse, 
un  nombreux  public  est  venu  écouter  les 
leçons  des  orateurs  qui  ont  successivement 
parlé  dans  les  salles  du  Palais. 

Le  Ministère  de  l’Agriculture  doit  les 
réunir  en  un  volume  qui  sera  prochaine- 
ment publié,  et  dont  nous  donnerons  un 
compte-rendu  analytique. 

Le  Concours  de  Lisbonne.  — Notre 
collaborateur  et  ami,  M.  Daveau,  nous  prie 
d’insérer  la  note  suivante  suivante  : 

La  Chambre  municipale  de  Lisbonne,  ayant 
publié  les  résultats  du  Concours  pour  le  parc 
de  Lisbonne,  convie  les  auteurs  des  projets 
primés  pécuniairement  à faire  toucher  le  mon- 
tant des  primes  à la  Trésorerie  de  ladite 
Chambre. 

Ceux  qui  ont  obtenu  une  mention  honorable 
sont  priés  de  déclarer  s’ils  consentent  à l’ou- 
verture de  leurs  lettres  pour  que  les  diplômes 
puissent  leur  être  conférés. 

Enfin,  les  auteurs  de  ces  derniers  projets, 
ainsi  que  les  auteurs  des  projets  non  récom- 
pensés, sont  invités  à retirer  leurs  projets  au 
secrétariat  de  la  Chambre  municipale  de  Lis- 
bonne. 

M.  Daveau  nous  prie  de  rectifier  une 
erreur  qui  s’est  glissée  dans  l’énoncé  des 
mentions  honorables.  M.  Durand,  qui  a 
obtenu  la  troisième  mention  est  de  Paris,  et 
non  de  Reims. 

Catalogue  des  graines  du  jardin  bo- 
tanique de  Montpellier.  — Voici  un  cata- 
logue analogue  à celui  du  Muséum,  mais 
contenant  une  innovation  sur  laquelle  nous 
devons  insister.  M.  J.-E.  Planchon,  l’éminent 
botaniste,  directeur  du  jardin,  critiquant 
avec  raison  la  mauvaise  nomenclature  de 
beaucoup  d’établissements  de  ce  genre,  leur 
recommande,  en  prêchant  d’exemple,  de 
bien  étudier  la  flore  de  leurs  régions  respec- 
tives, et  de  fournir  pour  les  échanges  des 
graines  exactement  nommées,  et  de  se 
spécialiser  dans  l’étude  approfondie  de  quel- 
ques genres  mal  connus. 

M.  Planchon  demande  aussi  où  l’on  pour- 
rait se  procurer  le  Saponarici  officinalis  hy- 
brida, monstruosité  cultivée  au  XVIe  siècle, 
et  qu’on  ne  peut  retrouver;  et  aussi  des 
graines  de  Planera  aquatica,  de  Cabom- 


bées,  de  Reaumuria,  L imoniastrum;  Vi- 
viania,  Biebersteinia.  Lui  adresser  les 
communications  directement  au  Jardin  bQr 
tanique  de  Montpellier. 

Exposition  d’instruments  pour  la  re- 
constitution des  vignobles.  — Cette  ex- 
position, qui  aura  lieu  à Ghâlon  les  10  et 
11  mars  prochain,  comprendra  cinq  caté- 
gories principales  : 

1°  Instruments,  machines  et  outils  destinés 
à la  préparation  et  au  défoncement  du  sol  ; 

2°  Arrache-Vignes  à traction  ou  à mains,’ 
charrues  vigneronnes. 

3°  Palissage  et  échalassement  ; 

4°  Machines  à greffer  et  ligatures  ; 

5°  Pulvérisateurs, 

Des  médailles  d’or,  de  vermeil  et  d’ar- 
gent, ainsi  qu’un  certain  nombre  de  primes 
en  argent,  seront  attribuées  aux  exposants. 


Exposition  rétrospective  d’horticul- 
ture, à Gand.  — Les  progrès  de  l’horticul- 
ture, qui  se  manifestent  à toute  occasion 
d’une  manière  si  évidente,  sont  surtout 
appréciables  dans  les  expositions  interna- 
tionales, notamment  aux  grandes  « flora- 
lies » qui  se  tiennent,  à Gand,  tous  les  cinq 
ans. 

Cette  année  aura  lieu  le  retour  si  impa- 
tiemment attendu  du  cycle  quinquennal. 

La  nouvelle  Exposition,  qui  va  être  orga- 
nisée, en  avril  prochain,  par  la  Société  royale 
d’Agriculture  et  de  botanique  de  Gand, 
sera  marquée  par  une  idée  originale  et  de 
haut  intérêt  qu’ont  eue  les  organisateurs. 

Afin  de  faire  apprécier,  en  quelques  ins- 
tants, les  progrès  réalisés  en  horticulture 
depuis  le  commencement  de  ce  siècle,  on 
répétera  exactement  la  première  Exposition 
tenue  à Gand  par  la  même  Société  en  1809. 

Les  exemplaires  représenteront  les  es- 
pèces ou  formes  de  plantes  connues  à cette 
époque,  et  cultivées  comme  elles  l’étaient 
alors. 

Voici,  d’ailleurs,  le  programme  de  cette 
Exposition,  qui  a été  conservé  et  qui  per- 
mettra de  la  reconstituer  exactement. 


Exposition  tenue  en  1809  a Gand. 

Liste  des  principales  plantes,  la  plupart  en 
fleurs,  exposées  au  jardin  de  Frascati,  pendant 


les  journées  des  6,  7,  ! 

Erica  triflora.  Médaille 
d’encouragement. 
Carnellia  japonica  fl. 

rubro.  1er  accessit. 
Cyclamen  persicum. 

2e  accessit. 

Arbutus  Andrachne. 
Carnellia  japonica. 


et  9 février  1809. 

Dillenia  scandens. 
Jasminum  glaucum. 
Mimosa  heterophylla , 
Cyclamen  Coum. 
Correa  alba. 

Aletris  capensis. 

Rosa  portlandica. 
Mimosa  loncjiflora. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


100 

Rhododendron  ferru- 
gineum. 
— hirsutum. 
Magnolia  grandiflora. 

— ferruginea. 

— nova  species. 
1 1 licium  parviflorum . 

— floridanum. 
Agave  striata. 
Viburnum  Lantana. 
Nerium  Oleander. 
Daphné  odorata. 

Rosa  sinensis. 

Daphné  pur pur ea. 
Jasmin  de  Valence  à 

fleurs  doubles. 

Scilla  maritima. 
Pancratium.  amboi - 

nense. 

Cineraria  cruenta. 


Ledum  latifolium. 

— angusti folium. 
Justiciapulcherrima. 
Ceanothus  discolor. 
Andromeda  lucida. 

— axillaris. 
Plumbago  rosea. 
Phylica  ericoides. 

— plumosa. 

— spicata. 

Eric  a herbacea , fleurs. 
Portlavdia  rosea,  fl. 
Heliotropium  peruvia- 

num,  en  fleurs. 
Arbutus  Unedo,  fl.  pl. 
Sparmannia  africana. 
Réséda  arborescens,  en 
fleurs. 

Lonicera  tatarica,  en 
fleurs. 


EXPOSITIONS  ANNONCÉES  (1). 

Gand.  Exposition  quinquennale , du 
15  au  22  avril  1888.  — La  Société  royale 
d’agriculture  et  de  botanique  ouvrira  à 
Gand,  du  15  au  22  avril  1888,  sa  XIIe  Ex- 
position internationale  d’horticulture.  Ces 
Expositions,  organisées  tous  les  cinq  ans, 
ont  toujours  attiré  un  grand  nombre  de 
concurrents  et  de  visiteurs  tant  de  la  Bel- 
gique que  de  l’étranger. 

La  Société  a organisé  417  concours;  aux 
lauréats  de  ces  concours  seront  remis,  outre 
les  médailles  d’or  données  par  le  roi  et  la  reine 
des  Belges,  des  œuvres  d’art,  des  médailles 
d’or,  de  vermeil  et  d’argent. 

Les  amateurs  et  les  horticulteurs  de  toutes 
les  nations  sont  admis  gratuitement  à prendre 
part  à ces  concours. 

Les  417  concours  sont  répartis  en  16  sec- 
tions : 

Plantes  nouvelles.  — Orchidées  fleuries.  — 
Plantes  de  serre  chaude.  — Palmiers,  Cyca- 
dées,  Pandanées.  — Fougères.  — Plantes  or- 
nementales et  plantes  de  culture.  — Plantes 
fleuries.  — Plantes  bulbeuses,  tubéreuses,  etc., 
fleuries.  — Azalées  fleuries.  — Camellias  fleu- 
ris. — Rhododendrons  fleuris.  — Concours 
spéciaux.  — Agave,  Yucca,  Aloès,  etc.,  etc.  — 
Conifères.  — Préparations  pouvant  servir  à 
l’enseignement  de  la  botanique.  — Arts  et  in- 
dustries horticoles. 

Les  Exposants  devront  adresser  leur  de- 
mande d’inscription  et  faire  parvenir  au 
secrétaire-adjoint  de  la  Société,  M.  Ed. 
Claus,  20,  rue  Digue-de-Brabant,  au  plus 
tard  le  20  mars , terme  de  rigueur.  La 
liste  nominative  et  complète  des  genres  de 
plantes  et  des  objets  qu’ils  présenteront  à 

(1)  La  Revue  horticole  annonce  toutes  les  expo- 
sitions générales  ou  partielles  dont  le  programme 
est  adressé  aux  Rédacteurs  en  chef,  26,  rue  Jacob, 

Paris. 


l’Exposition  devra  être  ajoutée,  ainsi  que 
les  numéros  des  Concours  auxquels  ils 
entendent  prendre  part. 

Roubaix,  du  23  au  25  juin.  — Le  suc- 
cès considérable  qu’a  obtenu,  à Roubaix, 
la  récente  exposition  de  Chrysanthèmes,  a 
décidé  les  organisateurs  à préparer  une 
nouvelle  exposition  spéciale,  consacrée  cette 
fois  aux  Roses. 

Cette  exposition  aura  lieu  du  23  au 
25  juin  1888.  Nous  en  ferons  ultérieure- 
ment connaître  la  date  précise. 

Roubaix,  17  novembre.  — Nos  con- 
frères du  Nord  ne  s’endorment  pas  sur 
leurs  succès.  Nous  venons  d’apprendre  que, 
non  contents  de  préparer  leur  Exposition 
estivale  de  Roses,  ils  s’organisent  déjà  pour 
une  nouvelle  exhibition  de  Chrysanthèmes, 
qui  aura  lieu  le  17  novembre  1888.  Leur 
programme  est  déjà  publié,  afin  de  per- 
mettre aux  concurrents  de  cultiver,  dès  le 
début  de  la  saison,  en  vue  des  concours 
ouverts. 

Pour  recevoir  le  programme  avec  toutes 
les  explications  désirables  sur  cette  exposi- 
tion, qui  sera  internationale  et  comprend 
17  concours,  on  pourra  s’adresser  à M.  le 
Secrétaire  de  la  Section  florale  de  la  Société 
artistique,  7,  rue  des  Lignes,  à Roubaix 
(Nord). 

Nantes,  du  25  au  29  avril.  — A l’occa- 
sion du  concours  régional,  la  Société  nan- 
taise d’horticulture  organise  une  Exposition 
générale  des  produits  de  l’horticulture;  elle 
aura  lieu  sur  le  cours  Saint-André,  du 
25  au  29  avril. 

Seront  admis  à cette  Exposition  : les  végé- 
taux utiles  ou  d’agrément,  les  arbres  et  ar- 
bustes, les  productions  des  espèces  et  variétés 
fruitières.  Tous  les  horticulteurs,  amateurs  et 
jardiniers,  sont  invités  à y prendre  part. 

Demander  le  programme  détaillé  des  63  con- 
cours, et  adresser  les  demandes  d’admission  à 
M.  P.  Champenois,  secrétaire  de  la  Société, 
16,  rue  Barrière-de-Couëron,  à Nantes. 

Autun,  du  2 au  10  juin.  — La  munici- 
palité d’Autun,  à l’occasion  du  concours  ré- 
gional, organise  une  Exposition  d’horti- 
culture, qui  aura  lieu  du  2 au  40  juin 
prochain.  Tous  les  horticulteurs-commer- 
çants, amateurs  ou  leurs  jardiniers,  y sont 
conviés. 

Le  programme  de  cette  Exposition  est  divisé 
en  7 sections  : 1°  culture  maraîchère;  2°  fruits; 


CHRONIQUE 

3°  arboriculture;  4°  plantes  de  serres  chaudes 
et  tempérées  ; 5°  plantes  vivaces  et  annuelles  ; 
6°  fleurs  coupées;  7°  industrie  horticole. 

Adresser  les  demandes  d’admission  avant  le 
1er  avril,  terme  de  rigueur,  au  secrétaire  gé- 
néral du  concours  régional,  à la  mairie  d’Autun 
(Saône-et-Loire). 

Marseille,  du  2 au  11  juin . — La  qua- 
trième exposition  horticole  et  industrielle 
de  l’Association  horticole  marseillaise  sera 
tenue  à Marseille,  du  2 au  15  juin,  et  ou- 
verte à toutes  les  branches  de  l’horticulture  : 

Plantes  de  serre  chaude,  plantes  de  serre 
tempérée  et  d’orangerie,  arboriculture  orne- 
mentale et  plantes  de  pleine  terre,  plantes  va- 
riées, fleurs  coupées,  plantes  potagères,  fruits, 
arboriculture  fruitière,  objets  ayant  un  rapport 
direct  avec  l’horticulture. 

Adresser  les  demandes,  avant  le  25  mai,  à 
M.  A.  Schwaller,  secrétaire  général  de  l’Asso- 
ciation, 3,  place  du  Change,  à Marseille. 

Meaux,  du  1 au  9 septembre.  — A l’oc- 
casion du  cinquantenaire  de  son  président, 
M.  le  vicomte  d’Avène,  la  Société  d’horti- 
culture de  l’arrondissement  de  Meaux  fera 
à Meaux,  du  7 au  9 septembre  prochain,  une 
grande  Exposition  générale  d’horticulture. 

Nous  reviendrons  sur  cette  solennité,  qui 
promet  d’être  splendide  et  exceptionnelle 
comme  le  fait  qu’elle  est  appelée  à consa- 
crer. En  effet,  M.  le  vicomte  d’Avène  aura 
cinquante  ans  révolus  de  présidence  et  cela 
sans  aucune  interruption.  Ajoutons  que 
l’année  dernière,  lors  de  sa  réélection,  il  a 
été  élu  à l’unanimité. 

Bordeaux,  du  15  au  26  septembre  1888. 
— La  Société  pomologique  de  France  tien- 
dra, cette  année,  sa  30e  session  à Bordeaux. 
La  Société  d’horticulture  de  la  Gironde 
organisera,  à cette  occasion,  une  exposition 
de  fruits,  légumes,  fleurs  d’automne  et 
plantes  à feuillage  ornemental. 

Les  grandes  divisions  de  ce  concours  com- 
prennent : l’arboriculture  fruitière,  la  viticul- 
ture, la  culture  potagère,  les  fleurs.  En  outre, 
un  concours  de  bouquets  de  tous  genres,  sur- 
touts  de  table  et  garnitures  diverses,  aura  lieu 
le  23  septembre. 

Les  demandes  d’admission  devront  être 
adressées,  avant  le  20  août,  à M.  Alexandre 
Vène,  secrétaire  général  de  la  Société  d’horti- 
culture de  la  Gironde,  8,  rue  du  Palais-Gallien, 
à Bordeaux. 

Tunis,  du  27  avril  au  6 mai.  — Dans 
le  concours  agricole  qui  aura  lieu,  à Tunis, 
du  27  avril  au  6 mai,  entre  produits  de 


HORTICOLE.  loi 

l’Algérie  et  de  la  Tunisie,  les  sections  hor- 
ticoles comprendront  : 

Les  produits  de  l’horticulture  et  de  l’arbori- 
culture (fruits,  légumes,  Dattes,  Oranges,  Ci- 
trons, etc.),  et  les  expositions  collectives  des 
Sociétés  d’horticulture. 

Adresser  les  demandes  d’admission,  avant  le 
15  mars,  à l’Inspection  de  l’Agriculture  de  la 
Régence,  à Tunis. 

Memento  des  Expositions.  — Voici  la  liste 
des  Expositions  précédemment  annoncées. 
L’indication  entre  parenthèses  ( Chr . n0...)  ren- 
voie à la  Chronique  du  N°  de  la  Revue  hor- 
ticole où  l’exposition  a été  annoncée  avec 
quelques  renseignements  sommaires.  La  men- 
tion Exp.  gén.  indique  qu’il  s’agit  d’une  expo- 
sition générale  d’horticulture. 

Épinal.  — Exp.  gén.  (Chr.  n»  4).  9 au  14  juin. 
Orléans.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  4).  24  au  27  mai. 
Rouen.  — Exp.  gén.  (Chr.  n»  4).  16  au  21  mai. 

Nécrologie  : M.  Lhérault-Salbœuf.  — 
U n des  vétérans  de  l’horticulture,  M.  Lhé- 
rault-Salbœuf, vient  de  mourir  à Argenteuil, 
à l’âge  de  quatre-vingt-cinq  ans.  C’est  à lui 
que  revient  l’honneur  des  principaux  perfec- 
tionnements introduits  dans  la  culture  de 
l’Asperge  ; ce  fut  lui  qui,  le  premier,  en 
1829,  la  cultiva  dans  cette  localité.  Il  y a deux 
ans,  les  bons  et  anciens  services  de  M.  Lhé- 
rault-Salbœuf avaient  été  récompensés  par 
la  croix  du  Mérite  agricole. 

Erratum.  — A propos  de  la  liste  des  ré- 
compenses du  Concours  régional  de  Paris, 
MM.  Forgeot  et  Cie  nous  font  remarquer 
qu’ils  ont  obtenu  un  prix  d’honneur  pour 
l’ensemble  de  leur  exposition,  et  non  un 
rappel  de  grande  médaille  d’or.  Nous  don- 
nons acte  de  cette  rectification  à MM.  For- 
geot et  Cie,  tout  en  faisant  remarquer  que 
le  catalogue  des  récompenses  porte  la  men- 
tion indiquée  par  nous. 

Mais  nous  avons  attribué  à tort  une  mé- 
daille d’argent  aux  Cyclamens  et  Jacinthes 
des  mêmes  exposants,  et  une  médaille  d’or 
à leurs  Primevères  et  Violettes.  Il  fallait 
dire  : médaille  d’or  dans  le  premier  cas,  et 
médaille  d’argent  dans  le  second. 

Nous  n’avons  pas  besoin  d’ajouter  que 
ces  sortes  de  rectifications  sont  toujours  ac- 
cueillies à la  Revue  horticole.  Bien  que  le 
travail  de  classement  et  de  groupement  des 
récompenses  décernées  au  même  exposant 
soit  fait  avec  le  plus  grand  soin,  quelques 
erreurs  peuvent  se  glisser  dans  une  classi- 
fication faite  à la  hâte. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


LES  ARBRES  FRUITIERS  EN  1887. 


10 2 


LES  ARBRES  FRUITIERS  EN  1887 


1°  Pêches.  — J’avais  arrêté  mon  examen 
au  30  juillet  avec  la  maturité  de  Early 
Haie  (1).  Les  premiers  jours  d’aout  ont  vu 
mûrir  presque  simultanément,  avec  dix  à 
douze  jours  de  retard,  la  Pourprée  hâtive, 
la  Pêche  à bec,  la  Double  de  Troyes,  la 
Marguerite,  la  Jaune  de  Pourville,  et 
parmi  les  Brugnons  Lord  Napier,  très-joli 
et  très-bon  fruit  et  Hardwick  Seedling. 

Ils  sont  suivis  par  la  Grosse  mignonne 
ordinaire , Madeleine  striée , Madeleine  à 
moyennes  fleurs,  Madeleine  de  Courson, 
de  Franquieres,  Docteur  Hogg,  Marie  de 
La  Rochejacquelein,  Çrawford’s  Early  et 
autres  bonnes  Pêches  de  moyenne  saison. 
Elles  ont  donné  leurs  premiers  fruits  vers 
le  12  août. 

Nous  cueillions  dans  les  derniers  jours 
de  ce  mois  la  Mignonne  tardive , celles  de 
Lep'ere,  Belle  impériale,  Sanghaï,  Daan, 
le  Brugnon  Galopin,  qui  reste  le  plus 
volumineux,  et  un  de  mes  gains,  le  Bru- 
gnon Celine,  qui  est  presque  aussi  gros  que 
le  Galopin  et  lui  est  supérieur  en  bonté. 

La  première  semaine  de  septembre  me 
donne  seulement  trente-six  variétés  de 
Pêches  tardives  que  j’ai  pu  mettre  à notre 
Exposition  du  8 septembre  ; les  plus  méri- 
tantes sont  Baltet , Léopold  Ier,  Royale  de 
Chazotte,  Superbe  de  Choisy,  Belle  de 
Toidouse,  Surprise  de  Pellaine,  Pourprée 
tardive,  Tardive  d’Oullins,  Sea-Eagle. 

Cette  dernière,  par  son  beau  coloris,  ses 
fruits  venant  en  trochets,  m’a  permis  d’em- 
bellir le  mur  de  mon  exposition  de  bran- 
ches chargées  de  belles  Pêches.  C’est,  je 
dois  le  répéter,  une  variété  précieuse  pour 
notre,  midi,  par  sa  bonté,  sa  beauté,  la  rus- 
ticité de  sa  fleur,  son  abondante  production 
et  sa  tardiveté. 

La  Tardive  Gros  à chair  jaune  est  de 
même  époque;  je  n’ai  de  plus  tardif  que 
notre  vieille  Admirable  jaune,  toujours 
bien  bonne,  mais  à fruits  moyens  et  peu 
apparents.  Sa  fdle  Salway  n’était  pas  mûre 
le  27  septembre  ; elle  a les  défauts  de  sa 
mère  ; elle  est  plus  belle,  mais  moins  ju- 
teuse. 

Dans  leur  ensemble,  les  Pêches,  cette 
année,  ont  été  très -bonnes  et  très-belles  ; il 
en  est  quelques-unes  dont  la  grosseur  a été 
exceptionnelle  et  je  dois  citer  en  première 

(1)  Voir  Revue  Horticole,  1887,  p.  108. 


ligne  Craivford’s  Early,  Villermoz,  Mus- 
cade de  Montauban  à chair  jaune  ; sa  pa- 
rente, Belle  de  Toidouse,  les  meilleurs 
gains  avec  la  Jaune  de  Pourville  de  la 
pomologie  du  sud-ouest.  La  Surprise  de 
Pellaine  m’a  réellement  surpris  par  sa 
beauté  et  sa  qualité.  La  Tardive  d’Oullins, 
généralement  peu  fertile,  a donné  de  nom- 
breux et  beaux  fruits.  Comme  la  Chevreuse 
hâtive  et  la  Mignonne  à bec , la  Tardive 
d’Oullins  donne  ses  fruits  au  bout  des 
brindilles  et  serait  improductive  à la  taille 
ordinaire. 

J’attribue  à un  apport  de  phosphate  de 
chaux  et  de  potasse  une  partie  de  la  beauté 
de  mes  fruits,  mais  il  est  certain  que  les 
abondantes  pluies  de  l’automne  de  1886  et 
de  l’hiver  y ont  surtout  contribué. 

2°  Poires.  — Les  cent  cinquante-six  va- 
riétés de  Poires  que  j’ai  apportées  le  8 sep- 
tembre à notre  exposition  de  Marseille  étaient 
cependant  moins  grosses  et  moins  colorées 
que  celles  que  j’ai  admirées,  au  Pavillon  de 
Flore,  à Paris,  les  27,  29  et  30  du  même 
mois  à l’Exposition  de  la  Société  nationale 
d’horticulture.  Nous  n’avons  rien  qui  puisse 
être  comparé  aux  corbeilles  de  Louise 
bonne  d’ Avr anches  et  de  Beurré  Clairgeau 
qu’exposait  l’asile  Fénelon  de  Yaujours,  et 
qui  ont  valu  une  médaille  d’or  à cet  établis- 
sement. 

En  revanche,  nos  Poires  sont  plus  su- 
crées et  plus  parfumées  que  celles  que  j’ai 
dégustées  à Paris,  dans  ses  environs  et  dans 
l’est.  Il  y a cependant  des  exceptions;  la 
Duchesse  d’Angoulême  est  plus  fine  et 
meilleure  chez  MM.  Baltet  frères  que  dans 
nos  cultures  en  terre  légère,  où  cependant 
la  plupart  des  Poires  atteignent  leur  per- 
fection. 

3°  Raisins.  — Depuis  deux  ans  les  Rai- 
sins ont  en  Provence  une  beauté  et  une 
bonté  exceptionnelles.  La  coulure  a été  rare, 
et  j’ai  pu  exposer  deux  cent  cinquante-six 
variétés,  parmi  lesquelles  les  grappes  de  2 
à 3 kilos  n’étaient  pas  rares.  Les  plus  belles 
provenaient  des  Vignes  greffées  sur  Vitis 
Solonis  ; la  racine  américaine  a donné  une 
plus  grande  vigueur  à la  souche  française 
qu’elle  porte,  mais  c’est  le  greffage  qui  aug- 
mente la  grosseur  de  la  grappe  et  du  grain  ; 
c’est  lui  aussi  qui  empêche  la  coulure  ou  la 
diminue  beaucoup  ; j’aurais  pu  montrer  à 
ceux  qui  doutent  de  l’efficacité  de  cette 


CATASET U M JJ  L' NGEROTU 1 . 


103 


opération  la  différence  qui  existait  entre  les 
grappes  obtenues  des  variétés  « coulardes  » 
sur  les  Vignes  greffées  et  sur  celles  franches 
de  pied. 

Le  mildew  n’avait  apparu,  , en  1886,  que 
le  4 octobre,  où  tombait  le  premier  orage; 
celui  du  26  août  1887  a amené  le  premier 
développement  du  Péronospora,  qui  a fait  de 
grands  ravages  le  8 septembre,  après  une 
très-abondante  pluie  le  7.  Les  meilleurs 
résultats  pour  en  combattre  les  effets  m’ont 
paru  obtenus  par  l’eau  céleste  ; les  poudres 
n’ont  donné  que  des  succès  relatifs;  je  les 
avais  cependant  appliquées  préventivement 
et  à plusieurs  reprises. 

La  chute  d’une  partie  des  feuilles  a nui 
à la  maturité  des  Raisins  extra-tardifs,  de 
ceux  surtout  à grosses  grappes  serrées.  J’ai 
dû  en  faire  du  vin,  et  avec  l’apport  de  2 de- 
grés de  sucre  j’ai  obtenu  700  litres  d’un  vin 
faible  en  couleur,  mais  assez  spiritueux  et 
agréable  au  goût. 

J’ai  eu  plus  de  profit  à en  faire  du  vin 
que  nous  consommons  que  de  les  vendre 

CATASETUM 

Établi  par  1^.  G.  Richard,  le  genre  Cata- 
setum  fut  plus  tard  démembré  par  Lindley  ; 
il  en  fit  les  genres  Mormodes,  Monacan- 
thus,  Myanthus , qui  semblent  ne  reposer 
que  sur  des  caractères  d’ordre  secondaire, 
notamment  sur  la  forme  du  labelle.  Toute- 
fois, nous  ne  nous  étendrons  pas  sur  ces 
coupes  génériques;  notre  but,  ici,  n’étant 
autre  que  de  parler  seulement  du  Catct- 
setum  Bungerothi,  qui,  de  toutes  les  es- 
pèces du  genre,  est  de  beaucoup  la  plus 
belle.  Ajoutons  qu’elle  a cet  autre  mérite  : 
la  nouveauté,  qui,  au  point  de  vue  com- 
mercial, passe  souvent  avant  tout  autre. 
Cette  espèce,  envoyée  de  l’Orénoque  par 
M.  Chaffanjon,  présente  les  caractères  sui- 
vants : * 

Plante  très-vigoureuse,  rappelant  un  peu  par 
ses  pseudobulbes,  surtout  lorsqu’ils  sont  dé- 
pourvus de  feuilles,  certains  Dendrobium. 
Pseudobulbes  fusiformes , d’abord  feuillus. 
Feuilles  très-longuement  elliptiques,  à limbe 
plantaginiforme,  coriace,  atténuées  en  un  pé- 
tiole amplexicaule,  acuminées  en  pointe  au 
sommet,  fortement  nervées.  Pseudobulbes 
nus,  longitudinalement  sillonnés,  blancs  par 
une  pellicule  mince,  sèche,  papyracée.  Hampe 
florale  partant  de  la  base  du  pseudobulbe, 
sur  le  côté  de  celui-ci,  nue,  à l’exception 
de  quelques  bractées  courtement  embrassantes, 
terminée  par  une  grappe  de  fleurs,  pendante, 


comme  R.aisins  de  table.  Les  Moscatel,  dont 
tous  les  ports  d’Espagne  nous  ont  inondé 
comme  les  années  précédentes,  nous  ont 
fait  une  concurrence  qui  rend  onéreuse  la 
culture  du  Raisin  de  table.  Et  cependant 
nos  Chasselas , nos  Bellino,  nos  Boudalais , 
étaient  très-beaux  et  excellents. 

Paul  Giraud. 

N.  B.  — Je  dois,  pour  la  bonne  règle,  rec- 
tifier quelques  erreurs  de  noms  qui  se  sont 
glissées  dans  l’un  de  mes  derniers  articles 
(numéro  du  1er  novembre  1887). 

1°  C’est  M.  Nardy,  d’Hyères,  qui  a introduit, 
en  France,  la  Pêche  Amsden  ; 

2°  Au  lieu  de  Cerise  Précoce  de  Mathéo , il 
faut  lire  Précoce  de  Mathère  ; 

3°  Le  Cerisier  le  plus  ornemental  est  la 
Garcine  de  V Isère , et  non  pas  la  Garenne  de 
V Isère; 

4°  Enfin,  le  Bigarreau  de  Schehlam  (et  non 
de  Scheilau)  donne  des  fruits  plus  gros  que 
ceux  du  Bigarreau  Jaboulais , mais  comme  il 
est  un  peu  moins  précoce,  il  ne  lui  est  pas 
préférable. 

JTTATPT'T)  ATTTT 


pouvant  atteindre  25  centimètres  et  même  plus 
de  longueur.  Pédoncule  ovarien  gros,  long  d’en- 
viron 4 centimètres,  à l’aisselle  d’une  bractée 
fortement  appliquée,  linéaire -aiguë.  Fleurs 
très-grandes,  finement  et  agréablement  odo- 
rantes, à divisions  très-inégales,  les  supérieures 
dressées,  minces,  papyracées,  les  deux  laté- 
rales étroitement  linéaires,  un  peu  contour- 
nées, dépassant  le  labelle,  acuminées  en 
pointe.  Labelle  très-grand,  concave,  épais,  en- 
tier, d’un  blanc  mat,  d’environ  8 centimètres 
de  diamètre  sur  5 centimètres  de  hauteur, 
très-légèrement  nuancé  de  rose  vers  le  fond, 
d’un  très-beau  jaune  à l’extrémité  de  la  cavité. 
Colonne  longuement  et  étroitement  acuminée- 
aiguë,  concave  ou  en  capuchon,  portant  sur 
l’un  des  côtés  un  appendice  étroit,  pendant. 

Le  Catasetum  Bungerothi , N.-E.  Brown, 
plante  rare  et  d’une  beauté  tout  à fait  hors 
ligne,  a déjà  fleuri  plusieurs  fois  en  Europe, 
bien  qu’il  soit  d’introduction  récente  : à 
Londres , en  1887 , dans  l’établissement 
Veitch;  en  France,  cette  même  année  1887, 
chez  M.  Horace  de  Ghoiseul  ; à Viry-Châ- 
tillon,  au  Muséum,  où  cette  espèce  a été  en- 
voyée par  M.  Chaffanjon,  et  en  Belgique. 

Lorsque  les  plantes  sont  un  peu  fortes, 
les  hampes  prennent  un  plus  grand  déve- 
loppement. Ainsi  celle  qui  a fleuri  au 
Muséum  portait  une  grappe  compacte  de 
fleurs  qui  n’avait  pas  moins  de  25  centi- 


CULTURE  FORCÉE  DES  ARERES  FRUITIERS.  — LES  SERRES-VERGERS. 


104 

mètres  de  longueur  sur  10  de  largeur. 
Quant  à la  culture  et  à la  multiplication, 
elles  sont  les  mêmes  que  celles  des  Dendro- 
bium : serre  chaude,  beaucoup  d’humidité 
pendant  la  période  active  de  la  végétation, 
moins  pendant  celle  du  repos.  Gomme  sol  : 
sphagnum  et  briques  concassées  pour  aérer 


les  racines  et  éviter  la  stagnation  de  l’eau. 
Lorsque  les  plantes  sont  très-fortes,  on  peut, 
au  sphagnum,  mélanger  quelques  morceaux 
grossiers  de  terre  de  bruyère  très-fibro- 
spongieuse. 

E.-A.  Carrière. 


CULTURE  FORCÉE  DES  ARBRES  FRUITIERS 


Dans  notre  récent  article  sur  le  livre  de 
M.  Ed.  Pynaert  (1),  nous  avons  examiné  la 


culture  sous  verre  des  arbres  fruitiers  livrés 
à la  pleine  terre. 


Fig.  21.  — Serre  à forcer  à un  seul  versant  pour  arbres  fruitiers  cultivés  en  pots. 


En  poursuivant  l’examen  de  cet  intéres- 
sant ouvrage,  nous  arrivons  aux  arbres 
fruitiers  cultivés  en  pots. 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1888,  p.  8. 


On  aurait  tort  de  penser  que  c’est  là  une 
simple  culture  de  fantaisie.  Outre  qu’avec 
un  peu  de  soin  on  obtient  de  beaux  produits 
dont  on  peut  orner  les  tables  avant  de 
consommer  les  fruits,  nombre  de  cultiva*- 


CULTURE  FORCÉE  DES  ARBRES  FRUITIERS.  — LES  SERRES-VERGERS.  105 


teurs,  en  Angleterre,  en  France  et  en  Bel- 
gique, tirent  un  sérieux  profit  de  la  vente 
de  ces  arbres  fruitiers  couverts  de  fruits 
mûrs  dès  le  printemps.  Nous  en  avons  vu 
souvent  aux  expositions  de  mai,  à Paris, 
qui  non  seulement  emportaient  les  suf- 
frages du  jury  et 
du  grand  public, 
mais  que  leurs 
producteurs  ven- 
daient fort  cher 
aux  grands  res- 
taurants ou  à de 
riches  amateurs. 

Afin  de  faciliter 
ce  genre  de  cul- 
ture à nombre  de 
propriétaires  qui 
reculeraient  un 
peu  devant  la 
construction  de 
serres  spéciales, 

M.  Pynaert  a en- 
visagé le  cas  où 
des  serres  orne- 
mentales ordinai- 
res, serres  à Pé- 
largoniums,  par 
exemple,  seraient 
converties  en 
serres  à forcer,  ce 
qui  peut  se  faire 
sans  aucune  adap- 
tation spéciale. 

Dans  une  serre 
à un  seul  versant 
(fig.  21),  on  sup- 
prime le  gradin, 
qui  presque  tou- 
jours existait  pré- 
alablement, et  on 
le  remplace  par 
une  sorte  de  table 
allongée,  sur  la- 
quelle les  arbres 
de  taille  moyen- 
ne, Abricotiers, 

Amandiers,  Pê- 
chers, Pommiers, 

Vignes  non  pa- 
lissées, sont  pla- 
cés pour  les  rap- 
procher du  verre. 

L’espace  réservé  entre  cette  table  et  le 
mur  de  fond  de  la  serre  est  conservé  aux 
arbres  de  dimensions  un  peu  plus  grandes  : 
Pruniers,  Cerisiers,  etc.  Sur  la  tablette  de 
face,  les  Figuiers,  Groseilliers,  Framboi- 


Fig. 23.  — Jeune  Brugnonnier  de  quatre  ans 
cultivé  en  pot. 


siers  et  Fraisiers  ont  leur  place  toute  mar- 
quée. 

Cette  disposition  de  la  serre  adossée,  la 
plus  fréquemment  construite  chez  les  ama- 
teurs modestes,  est  des  plus  faciles  à ob- 
tenir. 

Voici  mainte- 
nant (fig.  22)  un 
exemple  d’utili- 
sation d’une  serre 
à deux  versants  : 
sur  la  tablette  du 
milieu,  on  dispose 
quelques  pieds  de 
Vigne  en  pots 
dont  les  rameaux 
sont  palissés  sur 
des  fds  de  fer 
tendus  longitu- 
dinalement à 30 
centimètres  du  vi- 
trage. Les  autres 
parties  de  la  serre 
sont  utilisées  sui- 
vant les  dimen- 
sions des  arbres 
fruitiers  en  vase 
que  l’on  cultive. 

En  règle  géné- 
rale, M.  Pynaert 
recommande  de 
mettre  en  vase , 
à l’automne,  de 
jeunes  sujets  d’un 
an  de  greffe.  La 
terre  à employer 
sera  substantiel- 
le, perméable,  et 
un  peu  argileuse, 
quoique  légère  ; 
la  meilleure  est 
formée  de  la  cou- 
che supérieure 
d’une  prairie  dont 
on  a laissé  les 
gazons  se  décom- 
poser en  tas  plu- 
sieurs mois  d’a- 
vance. On  doit 
l’additionner  d’un 
tiers  de  bouse  de 
vache  bien  dé- 
composée ; pour 
les  arbres  fruitiers  à noyau,  les  boues  de 
rue  pourront  être  employées  avec  avantage . 
dans  de  la  terre  calcaire,  en  proportion 
calculée,  bien  entendu. 

Les  pots  employés  devront  être  faits  d’une 


notes  sur  l’hiver  1887-1888. 


106 

matière  poreuse  et  assez  résistante  ; les  pots 
vernis,  soit  intérieurement,  soit  extérieu- 
rement, doivent  être  proscrits. 

Ils  seront  plus  étroits  du  bas  que  du 
haut,  et  percés  d’un  ou  de  plusieurs  trous 
au  fond.  Les  plus  grands  de  ces  pots  ne  dé- 
passeront pas  0m50  de  diamètre  supérieur. 

Les  soins  de  pincement  et  de  taille  à 
appliquer  aux  arbres  fruitiers  en  pots  dif- 
fèrent peu  de  ceux  usités  pour  les  arbres 
fruitiers  de  plein  air. 

Mais  les  autres  opérations  concernant  la 
tenue  à l’air  libre,  la  rentrée  en  serre  et  la 
sortie,  les  arrosements,  les  engrais,  le  rem- 
potage et  la  taille  des  racines,  sont  autant 
d’articles  spéciaux  qui  demandent  à être 
étudiés  et  bien  compris. 

Sous  le  climat  de  Paris,  la  Vigne,  le  Fi- 
guier et  le  Mûrier  peuvent  être  tenus  toute 
l’année  en  serre-verger;  les  autres  arbres 
fruitiers:  Pêchers,  Poiriers,  Pruniers,  Abri- 
cotiers, Amandiers,  Cerisiers,  Pommiers, 
devront  être  sortis  après  la  récolte  des  fruits. 

Citons  maintenant,  pour  chaque  essence, 
les  variétés  qui  s’accommodent  le  mieux  de 
la  culture  en  pots  : 

Abricotiers  : Gros  hâtif,  Royal,  Abricot- 
Pêche,  Moorpark,  Blenheim. 

Amandier  : Princesse. 

Cerisiers  : Impératrice  Eugénie , Royale , 
Belle  de  Choisy,  Belle  de  Magnifique , Reine 
Hortense,  Guigne  pourpre  hâtive,  Bigarreau 
Napoléon. 


Figuiers  : Blanche  de  Marseille,  Grosse 
verte,  Bourjassotte  grise,  Brown  Turhey. 

Framboisiers  : Perpétuelle  à gros  fruit 
jaune.  Perpétuelle  à gros  fruit  rouge. 

Groseilliers  : Impériale  blanche,  de  Hol- 
lande à longue  grappe. 

Pêchers  : Grosse  mignonne  hâtive,  Made- 
leine de  Courson,  Reine  des  Vergers s Téton  de 
Vénus , Brugnon  Stanwich,  B.  Elruge. 

Poiriers  : Bergamote  Crassane , Beurré 
Chaumontel,  B.  Bachelier,  B.  Clairgeau,  B. 
Diel,  Doyenné  d’hiver , Duchesse  d’Angoulême, 
Louise  bonne  d’ Avr anches,  Doyenné  gris,  etc. 

Pommiers  : Gros  Api  rouge,  Calville  blanc, 
Courtpendu,  Grand  Alexandre , Reinette 
dorée,  R.  du  Canada , R.  franche  grise , Reine 
des  Reinettes. 

Pruniers  : Coë’s  Golden  Drop,  Jefferson, 
Reine-Claude  hâtive,  R.-C.  verte , R.-C.  de  Ba- 
vay,  R.-C.  diaphane,  R.-C.  violette. 

Vignes  : Frankenthal,  Chasselas  de  Fontai- 
nebleau, Madeleine  royale  blanche,  Muscat 
d' Alexandrie,  M.  de  Hambourg . 

La  figure  23  montre,  d’après  une  photo- 
graphie, ce  que  l’on  peut  obtenir,  après 
quatre  années  de  culture,  d’un  Brugnon- 
nier  ordinaire  cultivé  en  vase. 

Il  serait  facile  de  multiplier  de  tels 
exemples,  mais  nous  avons  voulu  montrer 
simplement  qu’il  était  facile  de  réussir,  avec 
quelque  attention,  dans  une  culture  encore 
peu  répandue  dans  notre  pays,  et  qui  peut 
donner  à l’amateur  les  satisfactions  combi- 
nées de  la  vue  et  du  goût.  Ed.  André. 


NOTES  SUR  L’HIVER  1887-1888 

PARIS,  TOURS,  SOISSONS,  REIMS,  LAON,  MONTPELLIER,  TOULON, 
SAINT-RAPHAEL,  CANNES,  NICE 


Le  froid  persiste:  la  neige  continue  à 
tomber  de  toutes  parts  en  France,  et  sus- 
pend les  travaux  qu’il  serait  si  nécessaire 
d’avancer,  à cette  époque  de  l’année. 

Aux  environs  de  Paris,  la  neige  a formé, 
les  15  et  16  février,  un  manteau  qui  a atteint 
jusqu’à  30  centimètres  d’épaisseur,  et  qui 
est  resté  longtemps  sur  le  sol,  au  grand  dé- 
triment des  travaux  de  la  saison.  Ajoutés  à 
ceux  de  la  fin  de  décembre  et  de  la  fin  de 
janvier,  ces  rigueurs  excessives  de  tempéra- 
ture constituent  un  ensemble  qui  classera  cet 
hiver  parmi  les  plus  rigoureux  et  surtout  les 
plus  prolongés.  Les  plus  grands  abaissements 
de  température  constatés  dans  la  région  pa- 
risienne paraissent  avoir  été  de  — 14°. 

Les  renseignements  qui  nous  arrivent  du 
centre  de  la  France,  de  la  Touraine  princi- 
palement, concernant  la  neige  et  le  froid, 


se  rapportent  presque  exactement  à ce  qui 
a été  observé  dans  les  environs  de  Paris. 

De  son  coté,  notre  collaborateur,  M.  Lam- 
bin, nous  adresse  de  Soissons  l’intéres- 
sante communication  suivante,  toute  d’ac- 
tualité dans  l’hiver  rigoureux  que  nous 
traversons  : 

Nous  espérions  que  l’hiver  était  à peu  près 
terminé,  et  que  les  gelées  de  la  fin  de  décembre 
et  du  commencement  de  janvier,  qui  avaient 
atteint  ici  15  degrés  au-dessous  de  zéro,  ne 
seraient  plus  égalées. 

Cependant,  le  29  janvier,  nous  avions  de  la 
neige  en  abondance  avec  un  abaissement  très- 
sensible  de  la  température. 

Le  30  et  le  31,  le  froid  augmenta  encore. 
Dans  la  nuit  du  31  janvier  au  1er  février,  une 
nouvelle  tempête  de  neige  envahit  toute  notre 
région,  et  cela  à un  tel  point  que  des  trains  res- 
tèrent en  souffrance  pendant  plusieurs  heures. 


notes  sur  l’hiver  1887-1888. 


Dans  la  nuit  du  mercredi  1er  février  au 
jeudi  2,  le  thermomètre  descendit  rapidement 
à partir  de  minuit,  d’abord  à — 14  degrés,  puis  à 
— 18,  pour  tomber  à — 20,  dans  les  jardins  des 
horticulteurs  et  maraîchers  des  faubourgs  de 
la  ville. 

Pendant  toute  cette  journée,  le  froid  fut 
excessivement  vif  et,  dans  la  soirée,  il  pa- 
raissait vouloir  s’accentuer  encore  ; à minuit, 
il  y avait  déjà  — 17  degrés.  Nous  avions  les 
plus  vives  craintes  pour  le  reste  de  la  nuit 
quand,  fort  heureusement,  vers  deux  heures 
du  matin,  le  temps  s’est  couvert,  et,  à partir 
de  trois  heures,  une  détente  s’est  produite. 

Actuellement,  on  commence  à constater 
dans  les  jardins  situés  dans  les  vallées  les  résul- 
tats de  cet  abaissement  subit  de  température. 
Ici,  notre  collection  de  Rosiers  tiges  a beaucoup 
souffert;  les  Thés , les  Noisettes  et  les  Ile- 
Bourbon  sont  gelés.  Beaucoup  d’hybrides,  tels 
que  : Baronne  de  Rothschild , Captain 
Christy , etc.,  etc.,  sont  très-endommagés.  Les 
Rosiers  franc  de  pied  ont  été  préservés  par  la 
neige,  à l’exception  des  branches  qui  étaient 
au-dessus  et  qui  ont  été  détruites. 

Les  Fusains,  les  Lauriers-Amandes,  sont 
fort  atteints,  ainsi  que  les  Cèdres  Déodara  et 
peut-être  d’autres  Conifères. 

Les  Céanothes  sont  gelés  jusqu’à  la  hauteur 
de  la  neige.  Actuellement,  il  est  encore  difficile 
de  se  prononcer  sur  l’importance  du  mal,  qui 
ne  sera  peut-être  pas  irréparable,  parce  que  la 
température  de  20  degrés  n’a  guère  duré  plus 
de  trois  heures. 

A Reims,  j’ai  pu  constater  les  mêmes 
dégâts  dans  les  squares  et  au  Jardin-École  de 
la  Société  d’horticulture,  où  le  thermomètre 
est  également  descendu  à — 20  degrés. 

De  même  qu’en  1879,  les  hauteurs  ont  été 
épargnées.  A Laon,  notamment,  le  thermo- 
mètre n’a  pas  dépassé  — 14  degrés. 

D’abord,  en  1870,  puis,  en  1879,  une  partie 
de  nos  collections  a été  très-éprouvée  ou  dé- 
truite. Et,  lorsque  nous  les  avons  reconstituées, 
alors  qu’elles  nous  donnent  les  plus  belles  es- 
pérances, voici  que  le  même  phénomène  se 
reproduit,  anéantit  nos  efforts  et  nous  oblige 
à réparer,  avec  des  ressources  souvent  bien 
modestes,  le  mal  fait  par  un  hiver  impla- 
cable. 

De  Montpellier,  M.  F.  Sahut  nous  envoie 
les  notes  suivantes,  qui  donnent  de  pré- 
cieux renseignements  sur  les  effets  du  froid 
de  la  fin  de  janvier  dans  cette  partie  de  la 
France  : 

L’extrême  minima  de  la  nuit  du  30  au 
31  janvier,  a été  de  — 12°.  Il  a eu  de  tristes 
effets  surla  végétation  prolongée  de  nos  Rosiers, 
dont  la  floraison  automnale  se  serait  continuée 
sans  cela  fort  avant  dans  l’hiver.  La  plupart 
des  feuilles  de  nos  Eucalyptus  sont  gelées  et, 
par  conséquent,  blanches.  Il  est  vrai  que  la 
gelée  a été  accompagnée  de  vent,  ce  qui  est 


107 

une  circonstance  aggravante  pour  ces  arbres. 
Aussi,  les  mêmes  sujets  qui  avaient  supporté 
— 13°  l’an  dernier,  comme  extrême  minima, 
mais  pendant  un  moment  et  par  un  temps 
calme,  ont-ils  souffert  cette  année  avec  un  mi- 
nima de  — 12°  survenant  avec  du  vent  et  du- 
rant plus  longtemps. 

Mes  Jubæ  aspectabilis  ont  supporté  ces  abais- 
sements de  température  sans  souffrir. 

Cet  aveu  est  bon  à retenir  en  ce  qui  con- 
cerne surtout  le  Jubæa  spectabilis , Pal- 
mier du  Chili,  dont  la  rusticité  paraît  aussi 
bien  acquise  au  climat  du  Languedoc  qu’à 
celui  de  la  Provence. 

De  nouveaux  renseignements,  que  nous 
devons  à l’obligeance  de  M.  Ch.  Joly,  qui 
les  avait  reçus  de  M.  F.  Sahut,  nous  mon- 
trent que  les  dégâts  ont  été  considérables 
dans  la  région  du  Midi.  Notre  collaborateur 
écrivait  à la  date  du  24  février  : 

Nous  sommes  témoins  depuis  deux  jours 
d’un  phénomène  météorologique  bien  rare  à 
Montpellier.  La  neige  est  venue  nous  visiter 
dimanche  soir  accompagnée  de  coups  de  ton- 
nerre et  d’éclairs  qui  se  succédaient  sans  in- 
terruption. C’était  un  contraste  singulier  et 
jusqu’à  présent  sans  précédent  connu.  La  neige 
n’a  pas  cessé  de  tomber  pendant  vingt-sept 
heures  consécutives,  et  ce  matin  il  y en  avait 
plus  de  50  centimètres  sur  le  sol. 

Mais  ce  qui  est  plus  grave,  c’est  que  nos 
jardins  en  ont  énormément  souffert.  Les  arbres 
et  arbustes  verts  surtout  sont  mutilés,  brisés 
et  parfois  même  déracinés  sous  le  poids  de  la 
neige  qui  s’était  amoncelée  sur  leurs  rameaux 
feuillus.  Mon  jardin  de  Montpellier  est  dans  un 
piteux  état  ; mes  grands  Pins,  que  des  peintres 
parisiens  avaient  souvent  admirés,  quelques- 
uns  surtout  dont  les  troncs  penchés  étaient  cou- 
verts de  lierre,  sont  tous  plus  ou  moins  grave- 
ment mutilés. 

Ceux  qui  ont  le  moins  souffert  ont  perdu 
beaucoup  de  branches,  qui  tombant  avec  fra- 
cas ont  brisé  de  nombreux  plants  au-dessous. 
Quelques  autres  n’ont  conservé  que  le  tronc,  et 
il  en  est  qui  ont  été  entièrement  renversés  ; 
l’un  d’eux  même,  dont  le  tronc  parfaitement 
sain  avait  bien  1 mètre  de  circonférence,  a eu 
ce  tronc  coupé  par  le  milieu.  On  ne  se  doute 
pas  de  la  puissance  de  la  neige  ramassée  sur 
les  têtes  en  parasol  de  ces  arbres,  et  les  écra- 
sant de  son  poids... 

A ces  observations,  sur  les  abaissements 
de  température  constatés  à Montpellier, 
nous  pouvons  ajouter  les  quelques  notes 
suivantes,  rédigées  au  cours  d’un  voyage 
que  nous  venons  de  faire  sur  le  littoral  fran- 
çais de  la  Méditerranée.  Voici  ce  que  nous 
avons  pu  constater  de  visu  de  Marseille  jus- 
qu’aux Alpes-Maritimes,  comme  résultats 


108 


LA  COURTILIÈRE. 


frappants  des  froids  inusités  de  la  fin  de 
décembre  et  de  la  fin  de  janvier. 

Avant  d’arriver  à Toulon,  dès  la  station 
de  Bandol,  on  voit  les  Eucalyptus  avec 
toutes  leurs  feuilles  brûlées  et  blanches.  Les 
Amandiers  sont  cependant  en  fleur,  et  la 
note  fraîche  et  rosée  de  ces  charmants 
c<  bouquçts  de  mai  » console  un  peu  des 
tristesses  que  la  gelée  a causées. 

Dans  la  gare  même  de  Toulon,  les  quel- 
ques Eucalyptus  maigres  qui  s’y  dévelop- 
paient depuis  quelques  années  ont  beau- 
coup souffert  ; les  Acacia  fiorïbunda  du 
même  endroit  sont  perdus. 

Dès  qu’on  arrive  à La  Pauline,  on  voit 
combien  les  Eucalyptus  Globulus  ont  été 
maltraités,  et  l’on  comprend  sans  peine  ce 
que  la  végétation  d’Hyères  a dû  souffrir.  Il 
en  sera  d’ailleurs  de  même  sur  toute  notre 
route  jusqu’au  delà  de  l’Estérel. 

Les  premiers  Orangers  couverts  de  fruits 
que  l’on  était  heureux  de  voir  en  traversant 
la  vieille  cité  romaine  de  Fréjus  ( Fretum 
Julii)  sont  littéralement  cuits,  ainsi  que  les 
feuilles  des  jeunes  Dattiers  {Phoenix  dacty- 
lifera). 

Saint-Raphaël  a subi  de  grandes  pertes. 
Dans  le  jardin  même  de  la  gare,  non  seule- 
ment les  Faux-Poivriers  ( Schinus  Molle), 
les  Eucalyptès  ont  perdu  leur  feuilles,  mais 
les  Phoenix  canariensis,  dont  le  feuillage 
est  pourtant  si  résistant,  ont  eu  leurs  frondes 
gelées.  Cela  n’a  rien  d’étonnant,  car  Saint- 
Raphaël  est  ouvert  à tous  les  vents,  celui 
du  nord  particulièrement.  C’est  décidément 
une  localité  surfaite,  et  où  il  s’est  agi  plu- 
tôt de  faire  monter  le  prix  des  terrains  pour 
la  spéculation  que  de  conseiller  aux  acqué- 
reurs une  station  hivernale  judicieusement 
choisie  sur  le  littoral  parmi  tant  d’autres 
bien  mieux  abritées  qu’elle. 

Dès  qu’on  a franchi  les  derniers  contre- 
forts  de  l’Estérel,  et  que  s’ouvre  devant 
nous  le  golfe  de  la  Napoule,  on  sent  vrai- 
ment que  la  température  devient  plus  douce, 
et  la  meilleure  preuve  en  est  fournie  par 
l’état  actuel  des  jardins.  Les  feuilles  des  Eu- 
calyptus ne  sont  plus  grillées  que  dans  les 
jardins  les  plus  exposés,  et  les  pertes  sont 
insignifiantes. 


Dans  le  jardin  de  feu  M.  Dognin,  situé  à 
une  altitude  moyenne  de  50  mètres  supra- 
marins,  on  a bien  constaté  que  les  Kentia, 
les  Fourcroya,  les  Areca,  les  Alsophila, 
quelques  Oreopanax , Ficus,  Strelitzia, 
Dammara,  ont  été  sérieusement  touchés 
dans  leurs  extrémités,  mais  que  d’espèces 
heureusement  restées  indemnes,  et  qui 
n’auraient  pas  résisté  dans  les  localités  que 
nous  venons  d’énumérer  ! 

Notre  collaborateur  niçois,  M.  Fissant, 
nous  résume  ainsi  les  dégâts  commis  par 
les  froids  survenus  dans  la  région  qu’il 
habite  : 

L’orage  de  neige  qui  a sévi  du  27  au  28  dé- 
cembre a eu  de  déplorables  résultats.  Nous 
avons  eu  à Nice,  ce  qui  était  tout  à fait  excep- 
tionnel, de  20  à 25  centimètres  d’épaisseur  de 
neige.  Le  28  au  matin,  le  thermomètre  était  à 
— 4°  ; dans  la  nuit  du  28  au  29,  à — 6°;  du 
29  au  30,  à — 5°.  Du  30  au  31,  le  temps  s’est 
radouci,  et  le  1er  janvier,  nous  avions  un  dégel 
complet. 

Comme  résultats,  les  Roses  et  autres  fleurs 
cultivées  dehors  furent  complètement  perdues. 
La  plupart  des  cultures  d’Œillets  et  de  Résédas, 
malgré  l’abri  des  paillassons,  furent  également 
atteintes  en  partie. 

Le  manque  d’eau  pendant  le  mois  de  sep- 
tembre, les  pluies  froides  du  milieu  d’octobre, 
la  brusque  arrivée  de  l’hiver,  tout  cela  avait 
retardé  ou  annihilé  la  végétation  de  l’automne, 
et  les  Rosiers  commençaient  seulement  à mon- 
trer leurs  boutons,  à l’exception  de  quelques 
endroits  privilégiés  où  les  récoltes  avaient  déjà 
été  faites.  Maintenant  tout  est  fini  et  ce 
désastre  est  ruineux  pour  beaucoup  de  culti- 
vateurs. 

Non  seulement  les  fleurs  ont  péri,  mais 
la  récolte  des  Oranges  et  des  Mandarines  est 
également  compromise.  Nombre  de  végétaux 
ont  souffert  terriblement  ; non  pas  qu’ils  soient 
perdus  au  point  de  vue  ornemental,  car  ils  se 
referont,  mais  ils  n’ont  plus  actuellement  de 
valeur  commerciale. 

Que  de  tristes  constatations  ! Il  faudrait 
longtemps  pour  réparer  de  si  grandes  pertes, 
si  l’on  ne  connaissait  l’étonnante  force  de 
reconstitution  des  végétaux  sous  l’influence 
du  soleil  méridional. 

Ed.  André. 


LA  COURTILIÈRE 


Il  existe  un  proverbe  allemand  qui  con- 
seille à un  charretier  dont  la  voiture  va 
rouler,  charge  et  attelage,  dans  un  préci- 
pice, d’écraser  d’abord  une  courtilière  qui 


traverse  le  chemin,  avant  de  songer  à sau- 
ver sa  charrette.  On  ne  peut,  certes,  signa- 
ler d’une  façon  plus  énergique  à l’animad- 
version publique  un  insecte  nuisible.  Cet 


Jt.etui  e Horticole 


Ici  Cburtdière 


LA  COURTILIÈRE. 


109 


ennemi  des  potagers,  ce  fléau  de  la  culture 
maraîchère  est  digne  d’attirer  notre  atten- 
tion; examinons  donc  ensemble  la  courti- 
lière  ou  taupe-grillon. 

Sa  physionomie  singulière  suffirait  à 
faire  reconnaître  la  courtilière,  même  de 
loin,  entre  tous  ses  congénères  de  l’ordre 
des  orthoptères.  Un  aspect  sordide  est  le 
propre  de  ce  travailleur  souterrain  que  la 
lumière  du  soleil  surprend  rarement  hors 
de  son  terrier  compliqué.  Si  on  le  voit 
errer  le  long  de  quelque  chemin  en  plein 
jour,  sa  physionomie  poudreuse,  son  air 
lourd,  sa  démarche  empruntée,  attirent  tout 
de  suite  sur  lui  l’attention.  On  dirait  un 
de  ces  ouvriers  carriers,  dont  le  costume 
usé  et  miroitant  en  maintes  places  est  re- 
couvert d’une  épaisse  couche  de  poussière 
grisâtre.  Au  reste,  rarement  le  rencontre- 
t-on  dans  le  jour;  il  faut  à ce  noctambule 
les  paisibles  clartés  de  la  lune,  le  calme  des 
belles  nuits  de  l’été,  pour  qu’il  se  risque 
hors  de  sa  sombre  demeure;  recherchant 
alors  ses  semblables,  il  prélude  à ses  noces 
par  ses  aigres  stridulations. 

Long  de  4 à 6 centimètres,  d’un  roux 
ocreux  quelque  peu  velouté,  surtout  sur  le 
corselet,  le  corps  de  notre  insecte  paraît 
toujours  sale;  on  le  dirait  enduit  de  quelque 
terre  jaunâtre.  La  tête  petite,  le  corselet 
long  et  rétréci  en  avant,  les  pattes  anté- 
rieures énormes,  fortement  dentelées,  font 
ressembler  l’avant  de  cette  bête  à celui 
d’une  écrevisse  ; mais  l’arrière-train  est  non 
moins  typique.  Sans  compter  les  pattes  de 
la  troisième  paire,  robustes  et  à cuisses 
renflées,  le  reste  du  corps  mérite  quelque 
mention.  Deux  filaments  grêles  terminent 
l’abdomen,  que  l’insecte  traîne  après  lui  en 
sa  démarche  lourde  et  inégale. 

Énorme  est  ce  ventre  imparfaitement  re- 
couvert par  les  courtes  élytres  membra- 
neuses, ressemblant  par  leurs  nervures  à 
deux  feuilles  sèches,  et  sous  elles  sont  re- 
pliées les  ailes,  roulées  à leur  extrémité  en 
filets  tortillés  reposant  sur  l’extrémité  du  dos, 
semblables  à quelque  parapluie  mal  roulé. 

Telle  peut  être  la  description  sommaire 
de  cet  être. trop  connu  des  cultivateurs 
pour  qu’il  soit  utile  de  le  dépeindre  plus 
longuement.  Qu’il  nous  suffise  de  dire 
ses  affinités  zoologiques.  La  courtilière  ou 
taupe-grillon  ( Gryllotal'pa  vulgaris)  est  un 
insecte  orthoptère  sauteur  de  la  famille  des 
gryllides  ou  grillons,  et  l’on  peut  ajouter 
qu’il  représente,  par  sa  forme  plutôt  ter- 
restre, le  trait  de  passage  entre  les  coureurs 
et  les  sauteurs. 


Son  allure  générale  est,  en  effet,  plutôt 
une  marche  lourde,  -entremêlée  parfois  de 
sauts  de  peu  de  hauteur  et  de  petites  tenta- 
tives de  vol  pendant  lesquelles,  ouvrant  ses 
ailes,  l’insecte  décrit  une  courte  trajectoire. 
Mais  malgré  ces  essais  de  locomotion  aé- 
rienne, vestiges  possibles  d’une  existence 
antérieure  peut-être  différente,  notre  cour- 
tilière indigène  est  bien  un  insecte  ter- 
restre, et  des  plus  terrestres. 

Quand  nous  parlons  d’existence  anté- 
rieure, nous  entendons  par  là  qu’à  une 
époque  sans  doute  fort  éloignée,  avant  que 
les  cultures  n’eussent,  en  se  répandant,  fa- 
cilité la  vie  de  cet  insecte  néfaste,  la  cour- 
tilière menait  une  existence  plus  active  et 
plus  difficile.  Or,  il  existe,  dans  l’archipel 
indien,  une  autre  espèce  plus  petite,  qui 
vole  excessivement  bien  et  vient  tournoyer 
le  soir  autour  des  lampes.  Il  me  souvient 
avoir  souvent  observé  cet  insecte  soit  le 
jour,  dans  les  plantations  où  il  pullule,  — 
par  exemple  à Sumatra,  — soit  le  soir  sur 
les  tables  des  vérandahs  de  l’habitation, 
autour  des  lumières,  avec  tout  un  peuple 
d’insectes  de  divers  ordres,  sauterelles,  noc- 
tuelles, etc. 

Évidemment,  au  début,  la  courtilière  ne 
devait  pas  être  aussi  commune  en  nos  pays 
que  maintenant.  Une  des  conséquences  de 
l’expansion  des  défrichements  et  des  cul- 
tures est  de  donner  à certains  insectes  une 
facilité  plus  grande  d’existence,  d’où  une 
multiplication  exagérée.  C’est  ainsi  que  le 
hanneton,  peu  commun  en  certaines  ré- 
gions, y est  devenu  ensuite  un  véritable 
fléau,  après  le  défrichement  et  la  culture 
des  terres  où  primitivement  ses  larves 
ne  trouvaient  pas  une  nourriture  suffi- 
sante. 

Les  cultivateurs  savent  tous  que  les  cour- 
tilières  creusent  de  préférence  leurs  gale- 
ries dans  les  sols  meubles  et  sablonneux  et 
qu’on  ne  les  trouve  que  rarement  dans  les 
sols  gras  et  lourds.  Cependant,  les  terres 
humides  ne  paraissent  pas  être  défavorables 
au  développement  de  l’insecte  nuisible. 
Maintes  cultures  maraîchères  sur  terrains 
riches  en  eau  donnent  asile  à cette  déplo- 
rable engeance,  et.  l’on  peut  y suivre,  par 
les  plants  flétris  ou  malingres,  la  route  sou- 
terraine suivie  par  les  mineurs  pernicieux 
coupant  toujours  devant  eux  les  racines  qui 
se  trouvent  sur  leur  passage. 

Quels  que  soient  les  dégâts  causés  par  cet 
insecte,  quelque  grande  que  soit  la  colère 
du  maraîcher,  quelque  fondées  que  se  pré- 
sentent les  plaintes  des  jardiniers,  il  con- 


110 


LA  COURTILIÈRE. 


vient  de  ne  pas  condamner  la  courtilière 
sans  l’entendre. 

Il  est  deux  grands  ennemis  souterrains 
de  la  culture  ; quoique  différents  tous  deux 
par  la  taille  et  l’organisation,  ils  ont  cela  de 
commun  qu’ils  détruisent  toutes  les  racines 
traversant  leurs  couloirs  : nous  entendons 
parler  de  la  taupe  et  de  la  courtilière.  On 
peut  dire  que  le  second,  l’insecte,  présente 
plus  d’un  rapport  avec  le  mammifère  insec- 
tivore, dont  il  semble  la  caricature  réduite. 
Même  existence  cachée,  mêmes  larges 
mains  de  travailleur,  même  aspect  furtif  et 
mêmes  habitudes  nocturnes. 

Recommencer  un  plaidoyer  en  faveur  de 
la  taupe  n’est  pas  ici  de  mise;  les  cultiva- 
teurs bien  avisés  savent  la  part  qu’il  faut 
faire  entre  les  dégâts  causés  par  cet  animal 
et  les  services  qu’il  rend  en  dévorant  les 
vers  blancs.  Je  ne  veux  m’occuper  ici  que 
du  taupe-grillon,  et  le  montrer  sous  son 
véritable  jour;  présenter  d’une  manière  im- 
partiale ses  titres  à la  reconnaissance  ou  à 
l’anidmadversion  publique,  et  demander 
pour  lui  ce  qu’on  ne  refuse  pas  au  dernier 
des  hommes,  un  jugement  motivé  de  tri- 
bunal civil,  et  non  la  procédure  sommaire 
d’une  cour  martiale. 

La  vérité  est  celle-ci  : les  courtilières 
sont  à la  fois  mangeuses  de  racines,  de  tu- 
bercules et  d’insectes  ; les  observateurs  les 
plus  autorisés  avancent  même  que  les  par- 
ties souterraines  des  plantes  sont  coupées, 
mais  non  dévorées,  par  l’orthoptère  mineur. 
Un  des  plus  récents  travaux  généraux  dont 
s’est  enrichie  notre  entomologie  est  l’édition 
française  de  V Histoire  des  Insectes , de 
Brehm,  dont  M.  Künckel  d’Herculais  a fait 
une  remarquable  traduction.  Je  lui  em- 
prunte le  passage  suivant  : 

« L’opinion  qui  a prévalu  jusqu’ici  est 
celle  qui  considère  cet  insecte  (la  courtilière) 
comme  se  nourrissant  de  racines ; elle  est 
infirmée  depuis  quelque  temps  par  plu- 
sieurs observateurs  qui  l’ont  vu  choisir 
pour  aliment  des  vers,  des  larves,  et  même 
sa  propre  progéniture  ; d’après  eux,  il  ne 
rongerait  que  les  racines  des  plantes  situées 
au-dessus  de  son  nid  et  ne  causerait  de 
préjudice  à la  végétation  qu’en  fouissant  et 
en  ameublissant  le  sol  à cet  endroit.  Ces 
deux  opinions  peuvent  être  vraies  l’une  et 
l’autre  ; les  taupes-grillons,  comme  d’autres 
orthoptères,  peuvent  adopter  une  alimen- 
tation végétale  sans  faire  fi  des  autres  in- 
sectes qui  viennent  les  approcher  de  trop 
près.  Ayant  réuni  un  très-grand  nombre  de 
ces  orthoptères  pour  des  recherches  anato- 


miques, j’en  profitai  pour  étudier  le  con- 
tenu de  leur  canal  alimentaire,  aussitôt 
qu’ils  étaient  capturés,  et  pour  rechercher 
quel  pouvait  être  leur  mode  d’alimentation 
favori.  A l’autopsie,  je  rencontrai  dans 
toute  la  longueur  de  leur  tube  digestif  et 
surtout  dans  leur  intestin,  des  débris  de 
fourmis;  pattes,  antennes,  têtes,  étaient  par- 
faitement reconnaissables.  Quant  à ceux 
que  je  gardai  en  captivité,  il  me  fut  aisé  de 
les  conserver  plusieurs  semaines  dans  des 
vases  remplis  de  terre  meuble,  en  les  nour- 
rissant avec  des  vers  de  farine  et  des  vers 
de  vase  sur  lesquels  ils  se  précipitaient  avec 
avidité,  lorsqu’on  les  leur  présentait  au 
bout  d’une  pince.  Comme  ils  vivent  presque 
uniquement  sous  terre,  ce  sont  les  larves 
souterraines  qui  deviennent  leur  proie; 
mais  les  racines  sont  coupées  lorsqu’elles 
les  gênent  dans  leurs  explorations.  » 

Au  reste,  il  est  facile  de  se  rendre  compte 
de  l’extrême  voracité  de  ces  insectes  ; il  suf- 
fit d’en  enfermer  un  certain  nombre  dans 
un  même  vase,  avec  de  la  terre  et  des  ra- 
cines. Au  bout  de  quelques  jours,  les  plus 
faibles  courtilières  ont  été  dévorées  par  les 
autres  ; et  les  survivantes,  couvertes  de 
blessures,  attestent,  par  leur  abdomen  en- 
taillé, que  ce  n’a  pas  été  sans  une  lutte 
terrible,  que  la  victoire  leur  est  restée. 
La  viande  crue  ne  paraît  pas  non  plus  leur 
déplaire,  et  souvent  elles  se  jettent  dessus 
avec  avidité  ; c’est  au  point  que  l’on  peut 
l’employer  comme  appât  pour  les  attirer  et 
les  détruire. 

Un  fait  vraiment  remarquable,  cité  par 
Nordlinger,  à qui  d’ailleurs  nous  en  laissons 
la  responsabilité,  prouve  surabondamment  la 
voracité  des  courtilières.  On  avait  coupé  en 
deux,  d’un  coup  de  bêche,  un  de  ces  in- 
sectes; quelque  temps  après,  le  jardinier 
retrouva  le  train  de  devant  fort  occupé  à 
dévorer  le  train  de  derrière.  Peut-être  le 
taupe-grillon  mutilé  essayait-il  de  récupé- 
rer, par  assimilation,  ce  qu’il  avait  perdu 
par  amputation  ! 

Nous  avons  dit  que  la  courtilière  creusait 
des  conduits  souterrains  à la  manière  de  la 
taupe;  comme  elle  aussi  elle  rejette  en  un 
petit  tas,  sorte  de  taupinière,  les  déblais  de 
son  terrassement  ; ces  petites  saillies  indi- 
quent à l’observateur  le  voisinage  d’un  nid. 
L’entrée  de  cette  habitation  affecte  d’abord 
une  direction  horizontale,  puis  s’enfonce 
plus  ou  moins  verticalement  dans  la  terre. 
De  ce  primitif  conduit  rayonnent  en  di- 
vers sens  d’autres  boyaux  donnant  à l’en- 
semble du  souterrain  l’aspect  d’une  spire 


LA  COURTILIÈRE. 


111 


compliquée  à laquelle  s’adjoint  un  puits  pro- 
fond de  plus  d’un  pied  servant  de  dernière 
retraite  à la  femelle  en  cas  de  danger.  Tous 
les  terriers  divergents  sont  autant  de  gale- 
ries de  chasse,  ayant  environ  deux  centi- 
mètres de  diamètre  ; c’est  par  là  que  l’in- 
secte s’enfonce  dans  la  terre,  coupant  toutes 
les  parties  souterraines  des  plantes  qui  s’op- 
posent à son  passage.  On  peut  jalonner 
sûrement  de  l’extérieur  la  direction  de  ces 
galeries  par  l’aspect  misérable  des  végétaux 
lésés  dans  leurs  organes  essentiels.  Les  nids 
de  courtilières  sont  presque  toujours  situés 
dans  les  terrains  sablonneux  ou  légers,  dé- 
couverts, exposés  au  soleil. 

On  pourrait  croire  que  la  pluie  inonde 
facilement  ces  nids  et  en  chasse  les  habi- 
tants ; il  n’en  est  rien  cependant.  Outre 
l’habile  disposition,  presque  horizontale,  de 
l’entrée,  le  puits  profond  est  destiné  aussi  à 
servir  de  réservoir  où  s’accumule  l’eau  des 
pluies,  et  la  terre  a toujours  absorbé  le 
contenu  de  ce  réservoir  avant  qu’il  ne 
déborde. 

La  courtilière  semble  cacher  ses  amours 
avec  un  soin  jaloux  et  ne  célébrer  ses  noces 
qu’avec  mystère,  à la  faveur  des  ombres  de 
la  nuit.  C’est  de  la  seconde  quinzaine  de 
juin  à la  première  de  juillet  que  les  insectes 
s’accouplent  : à cette  époque  on  entend  les 
mâles  striduler  et  grésiller  pendant  les 
belles  soirées  ; c’est  là  leur  chant  d’amour, 
qui  n’est  pas  sans  rapport  avec  le  cri  du 
grillon,  mais  plus  faible. 

La  femelle  fécondée  prépare  immédia- 
tement un  nid  confortable  où  elle  puisse 
vaquer  en  paix  aux  devoirs  de  la  maternité, 
et  c’est  dans  ses  galeries  contournées, 
creusées  avec  art,  qu’elle  pond  de  deux 
cents  à trois  cents  œufs,  d’un  jaune  ver- 
dâtre, de  la  grosseur  d’un  grain  de  chènevis. 
Cette  ponte  a lieu  en  plusieurs  fois. 

Certes,  ce  n’est  pas  chez  les  courtilières 
qu’il  faut  aller  chercher  ces  grands  exem- 
ples de  dévouement  maternel  dont  le  moyen 
âge  s’est  plu  à exagérer  la  portée,  en 
donnant  le  pélican  pour  modèle.  Les  bons 
sentiments  des  taupes-grillons  sont  main- 
tenant bien  connus  et  l’on  sait  que  ces 
mères  dénaturées,  loin  de  couver  leurs  œufs 
comme  le  croyaient  les  anciens  auteurs, 
ne  les  considèrent  en  partie  que  comme 
une  réserve  alimentaire  pour  les  dernières 
journées  de  l’automne,  auxquelles  elles  ne 
paraissent  pas  survivre.  En  effet,  aussitôt 
que,  de  toutes  parts,  une  nombreuse  progé- 
niture sort  des  œufs  autour  de  la  mère 
blottie  dans  son  terrier,  la  créature  vorace 


dévore  une  bonne  partie  de  la  couvée  et 
laisse  le  reste  se  tirer  d’affaire  sans  autres 
soins.  Quelques  auteurs  affirment  cepen- 
dant que  ce  n’est  pas  la  mère  qui  dévore 
ainsi  ses  propres  enfants,  mais  bien  les 
mâles  ou  d’autres  femelles  qui  rencontrent 
ces  petits  sur  leur  passage. 

Les  petites  larves  sortent  des  œufs  au 
bout  d’environ  trois  semaines  et  subissent 
une  première  mue;  alors  le  petit  clan  se 
disperse  et  s’en  va  chercher  fortune  un  peu 
partout.  Environ  un  mois  après  a lieu  une 
seconde  mue,  et  à la  fin  de  septembre  les 
jeunes  insectes  rejettent  une  troisième  fois 
leur  défroque  trop  étroite.  Ils  ont  alors  une 
longueur  moyenne  d’un  peu  moins  de 
3 centimètres.  Gomme  toutes  les  larves  des 
orthoptères,  ces  petites  courtilières  ressem- 
blent beaucoup  à leurs  parents,  à la  taille 
près,  mais  ne  possèdent  ni  élytres,  ni  ailes. 
Ce  n’est  qu’après  l’hivernage  qu’une  qua- 
trième mue  les  voit  passer  à l’état  de 
nymphes  ; elles  possèdent  alors  des  rudi- 
ments d’ailes  et  d’élytres.  Ces  rudiments 
vont,  dès  lors,  en  augmentant  d’importance, 
et  vers  la  fin  de  mai  l’insecte  paraît  avec  son 
organisation  entière  et  sa  taille  définitive  ; 
il  est  alors  parfait , c’est-à-dire  qu’il  repré- 
sente la  forme  apte  à reproduire  son  espèce. 

Destruction.  — On  a proposé  divers 
moyens  pour  combattre  les  courtilières,  et 
la  destruction  de  ces  insectes  est  assez  ai- 
sée, car  ils  sont  volumineux  et  faciles  à 
poursuivre  lorsqu’ils  ont  l’imprudence  de 
se  montrer  au  dehors.  Pour  les  attirer  hors 
de  leurs  retraites,  on  use  de  divers  appâts. 
Les  uns  préconisent  l’exposition,  pendant  la 
nuit,  d’un  morceau  de  viande  crue  autour 
duquel  les  insectes  voraces  se  réuniraient 
et  s’oublieraient  aux  premières  heures  du 
jour  comme  des  viveurs  alourdis,  surpris 
par  l’aurore  autour  d’une  table  bien  servie. 
Ce  moyen  est  douteux  ; il  semble  préférable 
de  disposer  sur  les  terrains  attaqués  par  les 
taupes-grillons  des  tas  de  fumier  sous  les- 
quels les  insectes  se  réfugient,  soit  que  la 
chaleur  dégagée  les  attire  et  les  retienne, 
soit  qu’ils  trouvent,  dans  les  nombreuses 
larves  qui  y abondent,  un  aliment  à leurs 
instincts  carnassiers. 

On  recommande  encore  de  déposer  des 
paillassons  à plat,  sur  le  sol  préalablement 
mouillé,  lorsque  vient  la  nuit,  au  prin- 
temps et  dans  l’eté.  On  laisse  le  reste  des 
planches  de  légumes  sans  l’arroser,  et  le 
lendemain  matin  on  peut  capturer  facile- 
ment les  courtilières  qui  se  sont  réfugiées 
en  quantité  sous  cet  abri. 


112 


LA  VILLA  VALETTA,  A CANNES. 


Dans  les  couches  à Melons,  ou  dans  les 
planches  de  semis  préparées  pour  les  fleurs 
de  pleine  terre,  où  chaque  matin  l’on  constate 
que  ces  redoutables  insectes  ont  creusé  des 
galeries  superficielles  en  tous  sens,  au  grand 
détriment  des  jeunes  plants,  voici  comment 
on  opère  la  chasse  aux  courtilières.  On  se 
munit  d’un  arrosoir  et  d’un  entonnoir  ; avec 
le  dos  du  doigt  couché  à plat  et  légèrement 
enfoncé  dans  le  sol,  on  suit  les  galeries 
superficielles  jusqu’à  ce  qu’on  les  sente 
s’enfoncer  verticalement.  On  pique  alors 
le  doigt  en  terre,  on  élargit  le  trou,  et 
l’on  applique  l’entonnoir  à l’orifice.  Quel- 
ques gouttes  d’huile  sont  versées  de- 
dans, puis  de  l’eau  en  abondance.  Cette 
eau  faiblement  huilée  parvient  bientôt  jus- 
qu’à l’animal,  qui  remonte  pour  respirer  et 
vient  mourir  as  phyxié  à la  surface  du 
sol. 

Si  l’on  veut  détruire  l’ennemi  dans  son 
fort,  on  peut  rechercher  la  position  des 
nids  et  les  inonder;  puis,  lorsque  la 
terre  est  bien  imbibée,  que  l’eau  arrive 
presque  au  niveau  des  orifices,  on  verse  de 
l’huile  lourde,  de  la  benzine,  du  pétrole, 
et  c’est  dans  cette  couche  liquide  que 
vient  expirer  l’insecte  fuyant  l’invasion  de 
l’eau. 

Une  bonne  pratique  serait  encore  d’en- 
terrer à fleur  de  terre  des  vases  pleins 
d’eau,  où  les  courtilières  tombent  et  se 
noient  au  cours  de  leurs  excursions  noc- 
turnes; mais  ces  pièges  font  également 
des  victimes  parmi  force  animaux  utiles  qui 
errent  aussi  pendant  la  nuit. 

L’emploi  du  sulfure  de  carbone,  expéri- 
menté depuis  quelques  années  seulement, 
paraît  avoir  donné  de  bons  résultats.  On 


peut  faire  tout  simplement,  de  distance  en 
distance,  de  petits  trous  à l’aide  d’un  pieu, 
et  y verser  un  peu  de  sulfure  de  carbone  ; 
on  tasse  ensuite  fortement  la  terre  tout 
autour  du  trou,  pour  empêcher  l’évapora- 
tion, qui  se  produira  alors  lentement  à 
l’intérieur  du  sol,  et  tuera  les  courtillières. 
Mais  ce  procédé  est  un  peu  primitif,  et 
l’emploi  du  sulfure  de  carbone  présente 
toujours  des  dangers. 

On  a remplacé  ce  procédé  direct  par 
l’emploi  de  capsules  renfermant  des  quan- 
tités déterminées  de  sulfure  de  carbone.  La 
Revue  horticole  en  a,  d’ailleurs,  parlé  à 
plusieurs  reprises.  On  enterre  les  capsules 
à 10  ou  15  centimètres  de  profondeur  dans 
les  plates-bandes  envahies  ; l’évaporation  du 
sulfure  se  fait  graduellement,  et  l’on  assure 
que  les  courtilières  ne  résistent  guère  à ces 
émanations. 

Enfin,  la  Revue  horticole  a signalé,  il  y 
a longtemps  déjà  (1),  un  piège  spécial, 
qui  n’est  autre  qu’un  petit  tube,  en  bois  ou 
en  fer,  fermé  à l’une  de  ses  extrémités  et 
ouvert  à l’autre,  mais  disposé  de  telle  sorte 
que  la  courtilière,  une  fois  entrée,  ne  peut 
plus  sortir.  Nous  le  signalons  pour  mé- 
moire, et  afin  de  mentionner  tous  les  pro- 
cédés de  destruction,  mais  l’usage  ne  s’en 
est  pas  répandu,  et  on  est  en  droit  de  sup- 
poser que  les  résultats  n’ont  pas  été  satis- 
faisants. 

En  résumé,  les  tas  de  fumier,  l’emploi 
de  l’huile  et  celui  des  capsules  au  sulfure 
de  carbone  suffisent,  avec  beaucoup  de 
soins  et  de  vigilance,  pour  débarrasser  nos 
cultures  de  ce  redoutable  ennemi. 

Maurice  Maindron. 


LA  VILLA  VALETTA,  A CANNES 


Depuis  la  mort  de  son  propriétaire,  M.  Do- 
gnin,  ce  magnifique  jardin,  si  admiré  des 
visiteurs  du  littoral  méditerranéen,  n’a  pas 
périclité  entre  les  mains  du  jardinier  en  chef, 
M.  Riffaud.  Au  contraire,  il  semblerait  que 
les  soins  intelligents  apportés  à tant  de  ri- 
chesses horticoles  n’ont  fait  qu’augmenter. 
Les  amateurs  de  jardins  ne  pourront  que 
féliciter  les  héritiers  de  M.  Dognin,  d’avoir 
tenu  à honneur  de  conserver  intacts  tous 
ces  trésors. 

Leur  possesseur  ne  les  montrait  qu’à  bon 
escient.  Il  fallait  lui  être  dûment  présenté 
pour  pouvoir  pénétrer  dans  la  propriété,  et 
il  tenait  strictement  à accompagner  ses 


visiteurs  dans  leur  promenade.  Chaque 
plante  était  l’objet  d’une  dissertation.  Tout 
Palmier  avait  son  histoire  ; pas  une  Cyca- 
dée  ou  une  Fougère  arborescente  qui  ne 
donnât  lieu  à d’intéressantes  observations 
sur  sa  rareté,  sa  culture,  sa  résistance  aux 
intempéries,  etc.  On  a critiqué  cette  passion 
en  apparence  jalouse  et  minutieuse  du  pro- 
priétaire; nous  n’y  voulons  voir  que  l’a- 
mour des  plantes  absorbant  entièrement  un 
homme  de  loisir.  Il  charmait  ainsi  ses  vieux 
jours,  et  se  reposait  d’une  longue  carrière, 
jadis  passée  dans  les  soucis  du  travail  in- 

(1)  Voir  Revue  horticole , 1855,  p.  447. 


LA  VILLA  VALETTA,  A CANNES. 


113 


PLAN 

du  Jardin  de  la  villa  Valetta 

A CANNES 

(Les  chiffres  entre  parenthèses  indiquent 
les  cotes  d’altitude  au-dessus  du  niveau  de 
la  mer;) 

Échelle  de  0” ,00074  pour  mètre. 


LEGENDE. 

1.  Habitation  principale. 

2.  Maison  de  concierge. 

3.  Poulailler  et  pigeonnier. 

4.  Kiosque. 

1.  Groupe  de  Chamœrops  Fortunei . 

2.  Livistona  chinensis. 

3.  Araucaria  excelsa. 

4.  Groupe  de  Dracœna  indivisa. 

5.  Groupe  de  Cocos  botryophora. 

6.  Washingtonia  filifera. 

7 et  8.  Araucaria  excelsa. 

9.  Passage  rocheux  enveloppé  de 
Yucca  aloe folia. 

10.  Washingtonia  filifera. 

11.  Groupe  d’ Araucarias  divers. 

12.  Groupe  de  Chamœrops  humilis. 

13.  Bosquet  de  Fougères  arborescentes. 

14.  Sous-bois  de  Kentia  variés  et 

d’Areca  Bauer i. 

15.  Groupe  d 'Opuntia,  Aloe , Cereus, 

Mamillaria,  etc. 

16.  Groupe  de  Citronniers. 

17.  Groupe  d’ Agaves. 

18.  Grands  Magnolia  grandifiora. 

19.  Grands  Phœnix  dactylifera. 

20.  Brahea  nitida  en  fruits. 

21.  Groupe  d 'Agave  ferox. 

22.  Massifs  de  Rhododendrons. 

23.  Groude  de  Cocos  variés,  de  grandes 

dimensions. 

24.  Jubœa  spectabilis. 

25.  Rocher  garni  deCycadées  et  plantes 

très-diverses. 

26.  Groupe  de  Phœnix  variés. 

27.  Washingtonia  robusta. 

28.  Phœnix  reclinata  fort. 

29.  Sabal  havanensis. 

30.  Groupe  d 'Opuntia  maxima. 

31.  Dasylirion  longifolium. 

32.  Groupe  de  Washingtonia  robusta. 

33.  Orangers  à fruits  doux. 

34.  Phœnix  canariensis  très-fort. 

35.  Sabal  Blaclcburniana, 

36.  Corypha  australis. 

37.  Groupe  d 'Agave  Salmiana  varie- 

gata. 

38.  Araucaria  Bidwilli. 

39.  Phormium  panachés  variés. 

40.  Bambusa  nigra,  fortes  touffes. 

41.  Groupe  de  Phœnix  reclinata. 

42.  Groupe  de  Cocos  Romanzoffiana. 

43.  Grand  massif  d’ Agaves  en  collec- 

tion. 

44.  Groupe  de  Bambuza  Mazeli. 

45.  Groupe  de  Bambusa  mitis. 

46.  Groupe  de  Bambusa  variés. 

7.  Groupe  de  Chamœrops  et 

gères. 

48.  Groupe  d’Azalea  indica. 

49.  Cocos  divers  de  grande  dimen- 

sion. 

50.  Massif  de  Gardénias. 

51.  Massif  de  Palmiers,  arbres  et  ar- 

bustes divers. 

52.  Rhapis  fiabelliformis. 

53.  Livistona  australis. 

54.  Cocos  australis. 

55.  Cocos  Romanzoffiana. 

56.  Cocos  botryophora . 


57.  Syagrus  majestica. 

58.  Cocos  Yatai. 

59.  Cocos  Blumenavia. 

60.  Cocos  fiexuosa. 

61.  Cocos  Datil. 

62.  Brahea  Roezlii. 

63.  Groupe  d’Aralia  Sieboldi. 

64.  Dracœna  indivisa. 

65.  Grands  Yuccas  de  diverses 

pèces. 

66.  Araucaria  excelsa  glauca. 


67.  Phœnix  leonensis. 

68.  Thrinax  Chuco. 

69.  Brahea  egregia. 

70.  Brahea  calcarea. 

71.  Massif  d’arbres  et  d’arbustes  di- 

vers. 

72.  Corbeilles  et  décorations  florales. 

73.  Chamœrops  Martiana. 

74.  Petite  pépinière. 

75.  Jubœa  Torallyi. 

76.  Groupe  de  Musa  Ensete. 


■r5*.48) 


114 


LA  VILLA  VALETTA.  A CANNES. 


dustriel  où  il  avait  légitimement  acquis  une 
grande  fortune. 

Des  deux  villas  de  M.  Dognin,  l’une,  pla- 
cée au  sommet  du  coteau  sur  le  chemin  dit 
de  la  Californie,  se  nommait  « Valetta  »,  et 
l’autre  « Camille-Amélie  »,  donnant  sur  la 
route  d’Antibes. 

Nous  ne  nous  occuperons  aujourd’hui  que 
de  la  première. 

Au  cours  d’une  visite  à la  villa  Valetta,  le 
promeneur  restait  sous  le  charme  de  ce  qu’il 
voyait  ; il  s’absorbait  volontiers  dans  la  con- 
templation des  jolis  effets  d’ensemble,  du 
groupement  des  feuillages  exotiques,  de  la 
grâce  des  vallonnements,  du  choix  des  végé- 
taux, de  la  beauté  et  de  la  rareté  des  exem- 
plaires. Le  tout  était  rehaussé  par  le  charme 
des  vues  dirigées  habilement  sur  de  déli- 
cieux lointains.  A droite  et  en  face,  c’est-à- 
dire  à l’ouest,  le  massif  de  l’Estérel,  la 
ville  de  Cannes,  la  Croisette,  Pile  Sainte- 
Marguerite  couchée  au  milieu  de  la  mer  ; à 
gauche,  le  cap  d’Antibes,  et  tout  au  loin  à 
l’est,  les  cimes  neigeuses  des  Alpes.  Le  ta- 
bleau était  vraiment  la  réalisation  d’un 
beau  rêve,  quand  le  ciel  pur  du  midi, 
éclairé  par  un  chaud  soleil,  dorait  et  ré- 
chauffait de  ses  rayons,  en  plein  hiver,  cet 
incomparable  paysage. 

A la  sortie,  la  réflexion  venait.  On  se 
demandait  comment  ce  beau  jardin  était 
dessiné.  Cet  invariable  « tour  du  proprié- 
taire »,  si  charmant  d’ailleurs,  l’esprit  n’en 
retrouvait  pas  bien  les  éléments.  On 
n’aurait  pas  davantage  pu  dire  la  contenance 
approximative  du  terrain,  si  habitué  que 
l’on  fût  à de  semblables  évaluations. 

C’est  qu’en  effet,  le  tracé  de  ce  jardin  sor- 
tait des  données  connues.  Il  avait  été  com- 
biné avec  un  art  consommé  pour  donner 
l’illusion  d’une  plus  grande  étendue  que  sa 
surface  réelle.  C’était  comme  le  mytholo- 
gique labyrinthe  de  Crète,  mais  avec  cette  dif- 
férence que  la  longueur  des  contours  ne  fai- 
sait nullement  désirer  un  fil  d’Ariane,  quand 
on  errait  dans  ses  méandres. 

Nous  nous  étions  souvent  demandé  quel 
effet  ce  tracé  produirait  sur  le  papier,  et 
nous  mettons  enfin  aujourd’hui,  sous  les  yeux 
de  nos  lecteurs,  le  plan  exact  de  la  villa  Va- 
letta (fig.  24).  Il  pourra  intéresser  les  ama- 
teurs et  les  dessinateurs  de  jardins,  en  don- 
nant le  secret  des  artifices  employés  dans 
son  dessin,  pour  obtenir  cette  curieuse 
étendue  fictive.  Qui  croirait,  par  exemple, 
que  la  superficie  totale  du  jardin  n’atteint 
pas  2 hectares,  alors  qu’aux  yeux  de  tous 
elle  paraît  occuper  une  surface  de  5 à 


6 hectares.  Sa  contenance  exacte  est  de 
18,871m12. 

Suivons,  si  vous  le  voulez  bien,  l’itiné- 
raire que  le  propriétaire  faisait  suivre  à ses 
hôtes,  et  l’explication  se  fera  d’elle-même. 

De  son  habitation,  située  au  n°  1,  M.  Do- 
gnin  venait  prendre  ses  visiteurs  à la  grille 
d’entrée,  près  de  la  maison  du  concierge 
(n°  2).  Puis,  se  dirigeant  vers  la  villa,  entre 
des  massifs  de  Chamærops  excelsa  bordés 
de  Lauriers-Amandes,  on  tournait  à droite, 
et  l’on  suivait  une  charmante  allée  bordant 
une  pelouse  semée  de  grands  Araucaria 
excelsa  et  de  groupes  de  Washingtonia 
filifera.  Arrivé  à un  endroit  ombragé  par 
de  grands  Magnolia  grandiflora , une  scène 
de  grandes  Fougères  arborescentes,  de  Ken- 
tias  abrités,  de  Gycadées,  de  Broméliacées 
et  d’une  profusion  de  plantes  variées,  mon- 
trait ce  que  peuvent  produire  des  soins 
judicieux  appliqués  à des  plantes  que  l’on 
voit  rarement  prospérer  en  plein  air  sur 
notre  littoral  méditerranéen. 

On  tourne  brusquement , et  l’aspect 
change  du  tout  au  tout.  Se  repliant  sur  elle- 
même,  l’allée  traverse  un  petit  paysage  de 
Cactées  à l’aspect  rébarbatif  mais  très-or- 
nemental, et  où  les  formes  bizarres  des  tis- 
sus charnus  s’ajoutent  à l’éclat  des  flo- 
raisons. 

Puis  la  promenade  se  continue  à travers 
de  magnifiques  Palmiers  très-variés,  parmi 
lesquels  d’énormès  Phoenix  canariensis 
couverts  de  leurs  énormes  régimes  dorés. 
Près  de  l’habitation,  qu’entourent  des  filets 
délicats  d ’ Ionopsidium  acaule  en  fleurs, 
une  scène  très-pittoresque  se  compose  prin- 
cipalement de  grands  Cocotiers  variés,  du 
Brésil  austral,  groupés  sur  une  pelouse  qui 
descend  à la  pièce  d’eau  bordée  de  roches 
pittoresquement  garnies  de  végétation. 

Le  ruisseau  qui  l’alimente  court  au  mi- 
lieu des  grands  Bambous  de  la  Chine  et  du 
Japon,  des  Azalées,  des  Camellias,  des 
Bruyères  variées,  et  ramène  le  promeneur 
dans  un  autre  site  accidenté,  terminé  par  le 
rond  point  n°  6.  De  là,  encadrant  admira- 
blement les  lointains  déjà  cités,  la  vue  passe 
entre  des  massifs  de  Conifères,  de  Palmiers 
et  surtout  d’Agaves  gigantesques  groupés 
en  perfection. 

En  examinant  la  place  avec  un  peu  d’at- 
tention, on  remarquera  que,  de  ce  rond- 
point,  il  n’y  a pas  de  communication  avec  la 
première  partie  de  la  promenade,  si  ce  n’est 
par  le  long  détour  obligatoire  que  nous 
avons  fait  dès  le  commencement.  Cette 
disposition,  combinée  avec  les  différences  de 


PÊCHER  HYBRIDE  QUETIER. 


niveau,  dont  on  peut  suivre  le  développement 
sur  les  « cotes  » duplan,  est  tout  le  secret 
de  l’illusion  de  surface  dont  nous  parlions 
précédemment.  Mais  cette  illusion  ne  s’ob- 
tient que  si  le  visiteur  est  assez  captivé 
pour  n’avoir  pas  la  tentation  d’abréger  la 
promenade,  et  de  couper  au  court  à travers 
les  pelouses.  C’est  ce  résultat  qui  a été 
obtenu  très-complètement  à la  villa  Va- 
letta. 

Ajoutons,  à ces  attractions  diverses  que  la 
tenue  du  jardin,  sous  lés  ordres  de  M.  Rif- 
faud,  est  irréprochable,  que  les  gazons  sont 
verts  et  fins,  que  les. plantes  n’ont  pas  une 
feuille  meurtrie,  que  l’intérêt  produit  par 
des  floraisons  ou  des  fructifications  rares  ne 
cesse  jamais  dans  le  cours  de  l’année,  et 


115 

l’on  aura  ainsi  une  idée  des  agréments  de 
ce  séjour  pour  un  ami  des  jardins. 

Pour  l’amateur  de  belles  plantes,  la  lec- 
ture de  la  légende  de  notre  plan  aura  un  vif 
attrait.  S’il  songe  que  la  plupart  des  espèces 
citées  dans  cette  liste,  sont  représentées  par 
de  superbes  exemplaires,  il  verra  que  la 
visite  à une  pareille  collection  doit  présen- 
ter un  intérêt  de  premier  ordre. 

Aussi  est-il  désirable  que  la  propriété, 
qui  va  être  prochainement  vendue,  passe 
entre  les  mains  d’un  acquéreur  sachant 
apprécier  toutes  ces  belles  plantes,  désireux 
de  les  conserver,  d’en  accroître  le  nombre, 
et  assez  libéral  pour  en  permettre,  comme 
par  le  précédent  possesseur,  l’accès  au 
public  horticole.  Ed.  André. 


PÊCHER  HYBRIDE  QUÉTIER 


Si  une  plante  mérite  le  qualificatif 
hybride , c’est  bien  certainement  celle  dont 
nous  allons  nous  occuper,  qui,  comparati- 
vement à la  plupart  «de  celles  qui  portent 
cette  définition,  pourrait  être  appelée  un 
superhybride.  En  effet,  d’après  la  théorie 
scientifique  admise,  V hybride  est  le  ré- 
sultat d'une  fécondation  faite  entre  deux 
espèces  différentes,  d’où  il  s’ensuit  que, 
pour  qu’une  plante  soit  vraiment  hybride, 
ses  parents  doivent  être  du  même  genre, 
mais  d’espèce  différente.  Or,  comme  per- 
sonne ne  peut  dire  ce  que  c’est  qu’une 
espèce,  il  en  résulte  que  l’hybride  ne  peut 
être  défini.  Il  en  est  tout  autrement  pour 
la  plante  dont  nous  parlons,  qui  a pour  pa- 
rents deux  genres  différents  : elle  est  née 
d’une  fleur  de  Pêcher  Grosse-Mignonne, 
fécondée  par  une  à’ Abricotier-Pêche.  Cette 
opération  a été  faite  par  un  praticien  con- 
sommé, feu  Quétier,  dont  le  nom  est 
bien  connu  en  horticulture,  et  tout  particu- 
lièrement des  lecteurs  de  la  Revue  horti- 
cole, dont  il  était  collaborateur.  Voici  les 
principaux  caractères  que  présente  cette 
très-remarquable  plante  : 

Arbre  de  bonne  vigueur.  Scions  à écorce 
vert  pâle,  parfois  légèrement  violacée.  Feuilles 
planes,  relativement  courtes,  ordinairement 
un  peu  cloquées  vers  la  nervure  médiane, 
très-courtement  dentées.  Glandes  réniformes, 
petites,  souvent  placées  sur  le  pétiole.  Fleurs 
campanulées,  très-courtes,  à peine  légèrement 
ouvertes,  de  couleur  gris  terne  ou  lilas  ar- 


doisé ou  vineux;  divisions  calycinales  velues- 
tomenteuses;  pétales  courts  à étamines  légè- 
rement saillantes.  Fruit  de  grosseur  moyenne, 
un  peu  aplati,  profondément  et  largement 
sillonné  d’un  côté,  portant  au  sommet  un  petit 
mucron  conique.  Peau  sensiblement  mais 
courtement  duveteuse,  d’un  vert  jaunâtre, 
marbrée,  bandelettée  sur  les  parties  fortement 
insolées.  Cavité  pédonculaire  évasée,  arrondie, 
peu  profonde.  Chair  très-fortement  adhérente 
au  noyau,  d’un  blanc  mat  très-sensiblement 
jaunâtre,  ferme,  coriace,  d’une  saveur  parti- 
culière ; eau  assez  abondante,  mais  manquant 
un  peu  de  sucre.  Noyau  très-dur,  légèrement 
rustiqué. 

Cette  variété,  qui  mûrit  dans  la  pre- 
mière quinzaine  d’octobre,  et  qui  peut  se 
conserver  longtemps  au  fruitier,  n’est  pas 
très-méritante,  mais  elle  n’en  est  pas  moins 
précieuse  au  point  de  vue  scientifique. 
En  ce  qui  concerne  la  qualité,  il  ne  faut 
pas  se  presser  de  conclure,  par  cette 
double  raison  que  le  fruit  est  tardif,  et  que, 
cette  année,  les  Pêches  qui  avaient  un  re- 
tard de  trois  semaines  pour  la  maturité 
étaient  aussi  de  qualité  médiocre,  au 
moins. 

La  Pêche  hybride  Quétier  est  très-inté- 
ressante par  les  caractères  intermédiaires 
de  son  fruit  qui,  bien  qu’ayant  extérieure- 
ment les  caractères  d’une  Pêche,  s’en  dis- 
tingue néanmoins  par  la  couleur  de  sa 
chair,  qui  rappelle  un  peu  de  celle  d’un 
Abricot.  E.-A.  Carrière. 


116 


LES  MUSACÉES  ORNEMENTALES  ET  ÉCONOMIQUES. 


LES  MUSACÉES  ORNEMENTALES  ET  ÉCONOMIQUES (1) 

LES  RAVENALA,  LES  STRELITZIA,  LES  HELIGONIA. 


Les  Ravenala. 

Les  Musacées,  si  remarquables  par  les 
proportions  peu  communes  et  la  beauté  des 
plantes  herbacées  qu’elles  contiennent,  en 
possèdent  aussi  quelques-unes  qui  de- 
viennent de  véritables  arbres,  comparables 
à certains  Palmiers  par  la  hauteur  et  la 
grosseur  de  leurs  tiges,  quoiqu’elles  en 
diffèrent  essentiellement  par  leur  feuillage. 

La  plus  célèbre  de  ces  Musacées  arbores- 
centes est  le  Ravenala  madagascariensis, 
Adans.  (Ui'ania  speciosa,'Wi\\d.,  U.  mada- 
gascariensis, Raeuseh.,  Voatfousi,  Fla- 
court).  Sonnerat  découvrit  le  premier  cette 
magnifique  plante,  qui  est,  de  la  famille  des 
Musacées,  l’espèce  la  plus  anciennement 
connue  et  la  plus  anciennement  introduite 
dans  les  serres  chaudes  del’Europe.  Elle 
est  originaire,  comme  son  nom  l’indique, 
de  la  grande  île  de  Madagascar;  son  nom 
vulgaire  est  Ravenala,  qui  signifie  « feuille 
des  forêts  ». 

Dans  les  pays  tropicaux,  cette  plante  de- 
vient arborescente  et  atteint  de  10  à 12  mè- 
tres de  hauteur  ; elle  est  terminée  par  des 
feuilles  distiques,  étalées  en  forme  de  gi- 
gantesques éventails,  d’un  vert  glauque,  à 
pétiole  long,  tubuleux,  rayonnant  autour 
d’un  axe  unique.  L’ensemble  des  feuilles 
de  cette  Musacée  contribue  à son  effet  pit- 
toresque au  milieu  des  autres  feuillages  qui 
l’environnent.  Les  fleurs  sont  disposées 
en  grappes  axillaires,  solitaires,  étalées,  et 
sortent  des  aisselles  des  larges  pétioles  au 
sommet  de  l’axe  ; les  spathes  sont  ovales- 
aiguës,  coriaces,  naviculaires,  renfermant 
chacune  à peu  près  dix  fleurs;  le  périanthe 
a six  segments  distincts,  linéaires,  dont 
un  plus  petit  ; les  six  étamines  sont  longues, 
à anthères  basifixes.  Le  fruit  est  subdru- 
pacé,  à épicarpe  coriace,  charnu,  à endo- 
carpe osseux,  s’ouvrant  en  valves  loculaires  ; 
les  graines  sont  ombiliquées  et  enveloppées 
dans  une  arille  d’un  bleu  magnifique.  Ces 
graines  contiennent  de  la  farine  que  les 
indigènes  font  cuire  avec  du  lait,  et  qui 
leur  sert  de  nourriture;  l’arille  pulpeux 
qui  les  entoure  donne  une  huile  volatile 
abondante  qu’ils  emploient  à divers  usages. 

(1)  Voir  Revue  horticole , 1888,  pp.  32,  Q8  et  85. 


D’après  le  révérend  Ellis,  le  Ravenala 
servirait  dans  toute  la  partie  orientale  de 
file  de  Madagascar.  Ses  feuilles  sont  em- 
ployées à couvrir  les  toits  des  maisons; 
leurs  robustes  troncs  et  leurs  pétioles,  soit 
entiers,  soit  fendus,  sont  employés  à faire 
des  cloisons  dans  l’intérieur,  quelquefois 
même  à construire  les  parois  extérieurs  des 
habitations.  L’écorce  fibreuse  du  tronc, 
après  avoir  été  assouplie  par  le  battage,  sert 
à parqueter  les  appartements.  Le  révérend 
Ellis  se  rappelle  avoir  vu  une  vaste  pièce 
dont  le  parquet  se  composait  de  planches 
de  cette  nature,  larges  d’au  moins  50  centi- 
mètres chacune,  et  longues  de  6 à 10  mè- 
tres. Le  limbe  de  la  feuille  sert  encore  à 
l’emballage  de  toutes  sortes  d’objets  qu’il 
garantit  bien  de  la  pluie.  Enfin,  il  s’en  vend 
tous  les  jours  de  grandes  quantités  sur  les 
marchés  pour  divers  usages  domestiques, 
par  exemple,  pour  tenir  lieu  de  nappes  et 
d’assiettes.  Des  fragments  de  ces  feuilles, 
pliées  de  diverses  manières,  servent  même 
de  cuillers,  de  vases  à boire  et  d’écopes 
pour  vider  les  embarcations. 

Le  Ravenala  est  très-commun  dans  la 
vaste  forêt  d’Almazoatra. 

Cette  plante  a été  aussi  nommée  « Arbre 
du  voyageur  »,  parce  qu’on  lui  a attribué 
la  propriété  de  sécréter,  de  la  base  de  ses 
feuilles,  une  eau  limpide  qui  serait  une 
ressource  pour  le  voyageur  altéré.  Ces 
feuilles,  engainantes  par  leur  base,  et  ser- 
rées les  unes  contre  les  autres  au  voisinage 
de  leur  insertion  sur  la  tige,  conservent 
quelque  temps,  en  effet,  l’eau  de  pluie  qui  y a 
découlé  en  suivant  le  pétiole.  On  peut  la 
faire  jaillir  en  perçant  la  base  de  ce  der- 
nier. Quant  à désaltérer  le  voyageur,  il  est 
douteux  qu’elle  y ait  jamais  servi,  car 
l’arbre  ne  croit  que  dans  les  lieux  où  l’eau 
abonde. 

Cette  plante  est  très-répandue  dans  les 
jardins  publics  et  particuliers  au  Brésil,  où 
elle  a été  depuis  longtemps  importée.  Ce 
fut  à Rio-de- Janeiro  que  je  vis,  pour  la  pre- 
mière fois,  cette  Musacée  en  pleine  terre; 
je  la  revis  ensuite,  en  1879,  à Pétropolis, 
ainsi  que  dans  une  propriété  immense  si- 
tuée près  d’une  station  de  chemin  de  fer 
entre  Juiz  de  Fora  et  La  Ma  tiquera.  Ce  beau 
domaine  est  traversé  par  une  rivière  sur 


LES  MUSACÉES  ORNEMENTALES  ET  ÉCONOMIQUES. 


117 


les  bords  de  laquelle  sont  plantés  des  Ra- 
venala , qui  produisaient,  à cette  époque 
déjà,  un  effet  merveilleux;  aujourd’hui,  ces 
plantes,  ayant  acquis  tout  leur  accroisse- 
ment, doivent  donner  à ce  parc  un  aspect 
plus  pittoresque  encore,  augmenté  par  la 
réunion  d’une  foule  de  plantes  indigènes 
qui  trouvent  à développer,  sous  ce  climat 
tropical,  une  luxuriante  végétation  une  flo- 
raison splendide,  ainsi  qu’une  production 
abondante  de  fruits  et  de  graines. 

Cette  plante  a été  importée  aux  Seychelles, 
à la  Réunion 
et  autres  pays 
tropicaux.  Les 
serres  du  Mu- 
séum de  Paris 
possèdent,  de- 
puis long- 
temps, un  Ra~ 
venala  mada- 
gascariensis 
qui  mesure  de 
5 à 6 mètres 
de  hauteur. 

Cette  Musacée 
ne  se  cultive 
en  Europe  que 
dans  les  serres 
chaudes  hu- 
mides; elle  se 
multiplie  de 
graines  semées 
en  terre  de 
bruyère  sur 
couche  chaude. 

Les  Strelitzia. 

Deux  autres 
Musacées  ar- 
borescentes, 
qui  ressem- 
blent, par  le 
port  et  le  feuil- 
lage, au  Ra- 

venala,  ont  été,  à une  certaine  époque, 
importées  de  l’Afrique  australe.  Ce  sont  les 
Strelitzia , représentés  en  Europe  par  de 
grands  échantillons  qu’on  y a même  vus 
fleurir  plusieurs  fois.  L’un  est  le  Stre- 
litzia augusta,  Thunb.  ( Heliconia  alba, 
Lin.),  découvert  par  Thunberg  dans  le 
pays  d’Anteniqua,  près  de  la  rivière  Pisang; 
l’autre  est  le  .S  Nicolai. 

Le  Strelitzia  augusta  est  une  espèce 
qui  s’élève  à la  hauteur  de  6 à 8 mètres,  et 
qui  diffère  de  ses  congénères  par  la  blan- 


Fig. 25.  — Strelitzia  reginœ, 
Au  1/10  de  grandeur  naturelle. 


cheur  de  ses  pétales.  Le  S.  Nicolai  est 
semblable  au  précédent  par  la  taille  (1)  et 
la  forme,  mais  ses  pétales  sont  bleus.  La 
fleur  de  ce  dernier  rappelle  presque  entiè- 
rement, par  son  coloris,  où  le  bleu  et 
l’orange  se  réunissent,  celle  du  S.  reginæ. 

D’autres  espèces  herbacées  sont  très-or- 
nementales par  leurs  feuilles  et  leurs  fleurs  : 

1.  Strelitzia  reginæ , Ait.  (fig.  25),  du  cap 
de  Bonne-Espérance,  introduit  en  Angleterre 
en  1778.  Les  pétioles  ont  environ  plus  de 
2 mètres;  les  sépales  sont  d’un  beau  jaune 

orange,  les  pé- 
tales d’un  bleu 
magni  fique. 
Le  S.  reginæ 
a fourni  les 
variétés  sui- 
vantes : S.  re- 
ginæ flava , 

Hort.,  sépales 
d’un  jaune  pâ- 
le; S.  reginæ 
humilis,  Hort. 
(S.  pumila), 
taille  plus  nai- 
ne, sépales 
pâles. 

2.  S.  ovata, 
Hort.,  Kew., 
feuilles  moins 
élevées  que 
dans  le  S.  re- 
ginæ. 

3.  S.  angus- 
ti folia  (junci- 
folia],  deman- 
dant moins  de 
chaleur. 

4.  S.  spa- 
thidata,  Hort., 
ou  S.  juncea. 

5.  S.  parvi- 
folia,  Hort., 
et  juncifolia, 
qui  sont  des 

variétés  du  S.  angustifolia. 

6.  S.  Nivenii,  hybride  du  S.  reginæ . 

Les  Strelitzia  se  cultivent  comme  les 
Bananiers;  ils  demandent  un  sol  frais  et 
substantiel,  très-riche  en  fumure.  La  mul- 
tiplication de  ces  belles  plantes  se  fait  par 
la  division  de  drageons. 

(1)  Il  est  souvent  aussi  beaucoup  plus  élevé. 
Nous  avons  vu  en  1869,  dans  les  serres  du  Jardin 
botanique  de  Saint-Pétersbourg,  des  Strelitzia 
Nicolai  dont  les  troncs  mesuraient  28  mètres  de 
hauteur.  Ed.  A. 


118 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


Les  Héliconia. 

Les  Héliconia  sont  des  plantes  herba- 
cées et  'vivaces  qui  croissent  sous  l’épais 
rideau  de  verdure  des  forêts  vierges  de 
l’Amérique  tropicale.  Une  des  plus  belles 
espèces  de  ce  genre  est  Y Héliconia  Bihai, 
des  Antilles,  qui  atteint  une  hauteur  de 
2 mètres.  Ses  feuilles  sont  elliptiques  et 
presque  aussi  grandes  que  celles  des  Bana- 
niers ; son  inflorescence  est  un  grand  épi 
de  bractées  distiques,  aiguës,  de  forme  na- 
viculaire,  colorées  de  jaune  et  de  rouge,  à 
l’aisselle  desquelles  sont  des  fleurs  blan- 
châtres et  insignifiantes. 

Les  autres  espèces  sont  : 

Héliconia  metallica  ( angustifolia  ou 
bicolor ),  à bractées  florales  rouge  carmin, 
avec  une  étroite  bordure  jaune  ; 

H.  psittacorum,  Lin.  fils,  de  l’Amé- 
rique méridionale  (Grandes  Antilles).  Ses 
fleurs  sont  d’un  jaune  orange  ; 


H.  densiflora,  Hort.,  fleurs  à spathes 
rouges  ; 

H.  brasiliensis , Hook.  ; 

H.  meridensis,  KL,  Colombie; 

H.  villosa,  KL,  Colombie; 

H.  pulverulenta , Lindl.,  Amérique  mé- 
ridionale; 

H.  humïlis,  Jacq.,  Guyane; 

H.  speciosa,  Hort. , Pérou  ; 

H.  austro-caledonica,  Vieil.;  ses  feuilles 
sont  passées  au  four  pour  leur  donner  plus 
de  mollesse  et  sont  employées  à faire  des 
bonnets  ; 

H.  carïbœa,  Lamck.;  ses  racines  sont 
diurétiques  et  ses  fibres  sont  textiles. 

Les  Héliconia  se  cultivent  en  serre 
chaude  humide  ; ils  demandent  un  sol  frais 
et  très-substantiel;  les  plus  rustiques  peu- 
vent passer  en  pleine  terre,  pendant  l’été, 
comme  les  Balisiers.  Ces  plantes  se  multi- 
plient par  la  division  des  drageons. 

Henri  Joret, 

Ancien  jardinier  en  chef  du  gouvernement  au  Sénégal. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  9 FÉVRIER  1888. 


Comité  de  l’Art  des  Jardins. 

MM.  H.  Lusseau  et  Eug.  Deny,  qui  ont 
remporté  le  premier  et  le  troisième  prix  au 
concours  ouvert  pour  la  création  du  parc  public 
de  Lisbonne,  soumettent  au  Comité  des  photo- 
graphies, dessins,  devis  et  notices  explicatives 
de  leurs  projets  respectifs. 

Le  président  de  ce  Comité,  M.  Ed.  André,  a 
rendu  compte  de  ce  résultat  en  séance  géné- 
rale, et  a donné  les  noms  des  lauréats,  aux 
applaudissements  de  l’assemblée. 

Comité  d’arboriculture  d’ornement. 

M.  Ed.  André  a rapporté  de  son  jardin  de  la 
villa  Columbia,  au  Golfe  Juan  (Alpes-Mari- 
times), et  présenté  au  Comité  : 

1°  Des  rameaux  fleuris  $ Acacia  dealbata, 
espèce,  dont  les  fleurs  sont,  en  ce  moment,  et 
sous  le  nom  de  Mimosa , l’objet  d’un  com- 
merce si  important  dans  les  grandes  villes.  A 
ce  propos,  M.  André  signale  un  perfectionne- 
ment apporté  par  les  cultivateurs  de  la  région 
méditerranéenne  dans  la  production  des  ra- 
meaux fleuris  de  cet  arbre.  En  coupant  ces 
rameaux  lorsque  les  boutons  à fleurs  sont 
dans  un  état  assez  avancé  de  développement, 
et  en  les  soumettant  ensuite,  leur  base  bai- 
gnant dans  l’eau,  à une  température  un  peu 
élevée,  on  parvient  à avancer  presque  d’un 
mois  l’époque  normale  de  la  floraison.  La 


vente  est  alors  beaucoup  plus  avantageuse,  le 
prix  en  gros  de  ces  produits  forcés  s’élevant  à 
3 et  4 fr.  le  kilogramme,  au  lieu  de  0f75  à 
1 fr.  50  que  ceux  fleuris  sur  le  lieu  de  pro- 
duction atteignent  ordinairement. 

2°  Des  rameaux  fleuris  ou  en  boutons  de 
nombreuses  espèces  A Eucalyptus  : calo- 

phylla , Stuartiana , Globulus  Victoria , ro- 
busta , occidental is,  marginata , siderophloia , 
obliqua , etc. 

3°  Des  feuilles  et  des  fruits  d’un  hybride  nou- 
veau de  Dattier,  qui  existe  dans  une  collection, 
à Cannes,  et  qui  produit  des  fruits  comestibles, 
de  goût  très-agréable,  mais  dont  le  noyau  est  un 
peu  gros.  Les  feuilles  de  cette  plante  sont  in- 
termédiaires entre  celles  des  Phoenix  dactyli- 
fera  et  canariensis , ce  qui  indique  quelle  doit 
être  l’origine  de  la  forme  nouvelle. 

4°  Des  feuilles  de  Washingtonia  (Pritchar- 
dia , BraheaJ  filifera  et  robusta.  La  comparai- 
son de  ces  feuilles  établit,  sans  réserve,  les 
caractères  bien  différenciés  de  ces  deux  espèces, 
et  la  supériorité  de  celle-ci  sur  celle-là.  En 
effet,  le  W.  robusta  est  d’un  port  plus  com- 
pact, à feuilles  plus  étalées,  bordées  de  larges 
aiguillons  brun  doré,  à limbe  orbiculaire  comme 
les  Lataniers  et  non  flabelliforme  comme  dans 
les  Sabal  et  le  W.  filifera,  enfin  d’un  beau  vert 
foncé  et  non  jaunâtre  comme  celui-ci.  La  belle 
feuille  apportée  parM.  Ed.  André  mesurait  1 111 20 
de  pétiole  et  lm70  de  diamètre  du  limbe.  Elle 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  DE  1889  : PROGRAMME  DES  ONZE  ÉPOQUES  DE  CONCOURS.  119 


provenait  d’un  exemplaire  en  pot,  haut  de 
50  centimètres,  planté  en  1883,  et  qui  a par 
conséquent  aujourd’hui  quatre  ans.  Ce  Palmier, 
le  plus  fort  de  son  espèce  qui  existe  aujour- 
d’hui en  Europe,  a un  tronc  de  lm 50  de  circon- 
férence à 30  centimètres  du  sol.  Il  porte 
29  feuilles  adultes;  sa  hauteur  totale  est  de 
3m80  et  le  diamètre  de  sa  tête  de  3m50. 

De  plus,  et  c’est  un  grand  avantage,  le  W. 
robusta  s’accommode  très-bien  de  la  culture 
en  pot,  ce  qui  est  impossible  pour  le  W.  fili- 


fera , et  il  forme  de  belles  plantes  pour  appar- 
tements. 

Comité  de  culture  potagère. 

M.  Berthault,  de  Rungis,  présente  de  belles 
touffes  de  Pissenlit  amélioré  et  de  Chicorée  Wit- 
loof,  le  tout  en  étiolats.  Douze  à quatorze  jours 
suffisent  pour  la  production  de  ces  feuillages, 
en  plaçant  les  racines  sur  couche,  sous  châssis 
ombrés,  un  peu  aéré,  avec  une  température 
de  22  à 25  degrés  centigrades.  Ch.  Thays. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  DE  1889 

PROGRAMME  DES  ONZE  ÉPOQUES  DE  CONCOURS  (1) 


NEUVIÈME  ÉPOQUE 

20-25  SEPTEMBRE  1889. 

CONCOURS  PARTICULIER 

CLASSE  79. 

FLEURS  ET  PLANTES  D’ORNEMENT 

I.  Plantes  d’ornement. 

Concours  (à  déterminer)  suivant  les  demandes 
des  horticulteurs. 

II.  Plantes  nouvelles. 

Trois  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés,  entre  les  plantes  nouvelles  inédites  : 

1.  D’importation, 

2.  D’introduction, 

3.  Obtenues  de  semis. 

Un  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés  pour  les  plus  belles  plantes  mises  dans  le 
commerce  depuis  1878. 

III.  Relie  culture. 

Un  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés  entre  les  plus  beaux  exemplaires  (un  à 
cinq  sujets  par  espèce  ou  variété). 

IV.  Fleurs  coupées.  — Deux  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  générale. 

2.  La  plus  belle  collection  de  variétés  dans 
chaque  genre. 

V.  Ornementation  en  fleurs  naturelles.  — 

IVois  concours. 

1.  Les  plus  beaux  bouquets. 

2.  Les  plus  beaux  motifs  ou  sujets  divers. 

3.  Les  plus  belles  garnitures  d’ornementation 
diverses  d’appartement,  de  tables,  etc. 

VI.  Corbeilles  de  plantes  fleuries  ou  à 
feuillage. 

Un  concours  : entre  les  plus  belles  corbeilles  de 
plantes  fleuries  ou  à feuillage. 

CLASSE  80. 

PLANTES  POTAGÈRES. 

I.  Plantes  potagères. 

Concours  permanent  entre  tous  les  genres  de 
plantes  potagères. 

(1)  Voir,  pour  le  règlement  général,  Revue  horti- 
cole, 1887,  pp.  481,  493,  523;  et  pour  le  programme 
des  époques  de  concours,  voir  Revue  horticole 
1888,  p.  45,  62  et  93. 


II.  Plantes  nouvelles.  — Quatre  concours. 

1.  Plantes  nouvelles  inédites  d’importation, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

2.  Plantes  nouvelles  inédites  d’introduction, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

3.  Plantes  nouvelles  inédites  obtenues  de  semis, 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

4.  Les  plus  belles  plantes  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

III.  Belle  culture.  — Un  concours. 


1.  Les  plus  beaux  spécimens  de  plantes  pota- 
gères. 


CLASSE  81. 


FRUITS  ET  ARBRES  FRUITIERS. 


I.  Fruits.  — Trois  concours. 


1.  Les  plus  belles  collections  de  fruits  frais  en  ma- 
turité dont  les  noms  suivent  : Abricots,  Amandes, 
Cerises,  Figues,  Framboises,  Groseilles,  Pêches, 
Poires,  Pommes,  Prunes,  Raisins. 

2.  La  plus  belle  collection  de  fruits  divers  (es- 
pèces ou  variétés)  de  la  région  du  Sud. 

3.  La  plus  belle  collection  de  fruits  à cidre  de 
première  saison  (Poires  et  Pommes). 

IL  Fruits  nouveaux.  — Cinq  concours. 

1.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  d’importation, 
n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  commerce. 

2.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  d’introduc- 
tion, n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  com- 
merce. 

3.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  obtenus  de 
semis  n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  com- 
merce. 

4.  Les  plus  belles  variétés  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

5.  Les  meilleures  variétés  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

CLASSE  82. 

GRAINES  ET  PLANTS  D’ESSENCE  FORESTIÈRE. 

Pas  de  concours. 


CLASSE  83. 

PLANTES  DE  SERRE. 

I.  Plantes  diverses. 

Concours  (à  déterminer)  entre  les  plantes  de 
serre  qu’il  y aurait  impossibilité  à présenter  aux 
concours  généraux. 

II.  Plantes  nouvelles.  — Cinq  concours. 

1.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuillage 
introduites  le  plus  récemment  en  Europe. 


120 


CORRESPONDANCE. 


2.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuillage 
introduites  directement  en  France. 

3.  Un  lot  de  plantes  hybrides  dont  les  parents  se- 
ront indiqués. 

4.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuillage 
obtenues  de  semis  et  non  encore  dans  le  commerce. 

5.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage obtenues  de  semis  et  dans  le  commerce  de- 
puis 1878. 

III.  Belle  culture.  — Quatre  concours. 

1.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuillage 
que  la  bonne  culture  aura  fait  arriver  le  plus  près 
possible  de  son  maximum  de  développement. 

2.  De  quatre  à dix  plantes  fleuries  ou  à feuillage 


les  plus  remarquables  par  leur  forme  et  leur  déve- 
loppement. 

3.  Le  plus  beau  lot  de  20  plantes  diverses  fleu- 
ries, à quelque  catégorie  qu’elles  appartiennent. 

4.  Le  plus  beau  groupe  de  20  plantes  diverses 
fleuries  à quelque  catégorie  qu’elles  appartiennent. 

IV.  Culture  spéciale  — Deux  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  de  50  plantes  fleuries 
ou  à feuillage,  cultivées  en  vue  de  l'approvisionne- 
ment des  marchés. 

2.  Le  plus  beau  lot  de  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage, cultivées  en  vue  de  l’approvisionnement  des 
marchés. 

(La  fin  au  prochain  numéro.) 


CORRESPONDANCE 


N°  3158  ( Bouches-du-Rhône ).  — Il  existe 
certainement  du  Guano  du  Pérou  vrai , et  nous 
pouvons  vous  renseigner  exactement  à cet  égard. 
La  Société  concessionnaire  du  guano  est  la 
Compagnie  commerciale  française , 4,  rue  Le 
Peletier,  à Paris,  représentée  à Marseille  par 
MM.  Cohen  frères  et  Monteux,  29,  rue  Thu- 
baneau.  Depuis  plusieurs  années  déjà,  et  sur- 
tout en  raison  des  grandes  différences  de  qua- 
lités fertilisantes  que  révèlent  les  guanos  d’au- 
jourd’hui, le  guano  est  vendu  sur  dosages 
garantis  et  exactement  titrés. 

Oui,  le  Chêne-Liège  peut  être  greffé  avec 
succès  sur  le  Chêne  vert  ( Quercus  Ilex ).  Nous 
en  avons  vu  de  beaux  échantillons  prospérant 
à merveille;  mais  nous  ne  connaissons  aucun 
établissement  qui  en  ait  en  vente.  L’empê- 
chement de  sa  livraison  à bon  marché  provient 
sans  doute  de  ce  qu’il  faut  le  greffer  jeune, 
sur  sujets  en  pots  et  à l’étouffée,  comme  tous 
les  végétaux  à feuilles  persistantes.  Il  serait,  en 
effet,  intéressant  de  voir  le  Chène-Liège  ainsi 
cultivé  en  grand  dans  des  régions  calcaires  où 
il  ne  vient  pas  sur  ses  propres  racines. 

M.  de  T.  ( Avranches ).  — Voyez  notre  ré- 
ponse, au  sujet  de  la  Prune  Kelsey , dans  la 
chronique  de  ce  numéro. 

La  Pomme  de  terre  Victor  peut  se  trouver 
chez  MM.  Vilmorin,  Andrieux  et  Cîe,  4,  quai 
de  la  Mégisserie,  à Paris,  et  chez  tous  les  mar- 
chands-grainiers  bien  approvisionnés. 

M.  T.  (Tulle).  — La  plupart  des  amateurs 
et,  par  conséquent,  aussi  des  constructeurs  ont 
renoncé  au  chauffage  à circulation  de  vapeur 
libre.  Il  vaut  encore  mieux  revenir  au  thermo- 
siphon, à cause  des  nombreuses  irrégularités 
que  présente  l’emploi  de  la  vapeur.  Vous  trouve- 
rez, dans  les  annonces  de  la  Revue  horticole , 
les  adresses  des  meilleurs  constructeurs  de 
chauffage. 


N°  3644  (Nièvre).  — Pour  le  terreau  et  le 
sable,  vous  pouvez  vous  adresser  à M.  Dor- 
léans,  37,  rue  du  Landy,  à Glichy  (Seine). 

N°  3614  (Meurthe-et-Moselle).  — L’adresse 
de  la  Société  des  Agriculteurs  de  France , qui 
a voté  le  concours  pour  les  fermes  fruitières, 
est  21,  avenue  de  l’Opéra,  où  vous  trouverez 
tous  les  renseignements  qui  vous  sont  néces- 
saires. 

Nous  publierons  votre  intéressante  commu- 
nication sur  la  plantation  des  arbres  à fruits  en 
bordure  des  routes. 

N°  3896  (Seine-et-Marné).  — Vos  échantil- 
lons sont  trop  incomplets  pour  être  déterminés. 

N°  4714  (Seine).  — La  question  que  vous 
soulevez  est  d’un  grand  intérêt.  Nous  croyons 
que,  malgré  l’apparence  excellente  de  vos 
arguments,  les  tribunaux  vous  donneraient 
tort,  et  que  la  loi  est  formelle  à cet  égard  : 
vous  ne  pouvez  planter  à moins  de  2 mètres  de 
l’héritage  du  voisin,  à moins  de  coutumes  ou 
d’usages  locaux  constants.  Toutefois,  ces 
usages  ont  donné  lieu  à des  réglementations 
diverses,  dans  les  villes  d’eaux  ou  bains  de  mer 
particulièrement;  mais  le  plus  souvent  la  juris- 
prudence dépend  de  la  façon  dont  le  magistrat 
interprète  la  loi  en  se  fondant  sur  les  usages  ; 
mais  les  articles  471,  472  et  473  du  Code  civil 
sont  formels. 

M.  P.  (Belfort).  — Votre  lettre  se  sera  pro- 
bablement égarée.  Veuillez  nous  dire  de  nou- 
veau ce  que  vous  désirez  savoir,  et  nous  vous 
répondrons  sans  retard. 

N°  5371  (Espagne).  — Vous  pourrez  vous 
procurer  les  Musa  dont  vous  parlez  chez  M.  A. 
Truffaut,  horticulteur  à Versailles  (Seine-et- 
Oise),  ou  chez  M.  Van  Houtte,  à Gand  (Bel- 
gique). 


U Administrateur-Gérant  : L.  Bourguignon. 


Imp.  Georges  Jacob,  — Griéan*. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


121 


CHRONIQUE  HORTICOLE 

Le  temps.  --  Loi  sur  la  destruction  des  insectes  et  végétaux  nuisibles.  — Loi  concernant  la  répression 
des  fraudes  dans  le  commerce  des  engrais.  — Congrès  horticole  de  Paris.  — Parc  de  la  Liberté  à 
Lisbonne.  — Les  Vignes  américaines  en  France.  — La  récolte  du  vin  en  Algérie.  — Nouveau  mode 
d'emploi  des  fleurs  de  Jacinthe.  — Un  judicieux  emploi  de  l’Épicéa.  — Un  Lilas  pleureur.  — Giroflée 
jaune  commune  hâtive.  — Influence  des  milieux  sur  la  production  des  panachures.  — Une  école  d’hor- 
ticulture de  jeunes  filles  en  Angleterre.  — Le  plus  fort  Wellingtonia  des  environs  de  Paris.  — 
Les  Vignes  kabyles.  — Dimorphisme  de  l 'Iris  spectabilis.  — Expositions  annoncées.  — Memento 
des  Expositions. 


Le  temps.  — Les  froids  ont  cessé,  et 
nous  espérons  bien  qu’ils  ne  reviendront 
pas.  Les  dégâts  qu’ils  ont  faits  sont  consi- 
dérables partout. 

La  Revue  a résumé  la  situation  générale 
dans  son  dernier  numéro.  La  lettre  suivante, 
que  nous  adresse  de  Bordeaux  M.  Catros- 
Gérand,  montre  que  sous  ce  climat,  ordi- 
nairement clément,  les  choses  se  sont  pas- 
sées à peu  près  comme  ailleurs  : 

Le  froid  que  vous  signalez  dans  le  dernier 
numéro  de  la  Revue  horticole , dit  notre  corres- 
pondant, a été  également  très-vif  dans  notre 
région.  Le  3 et  le  5 février  le  thermomètre 
a marqué  5 degrés  au-dessous  de  zéro,  puis 
le  dégel  est  arrivé,  et  comme  les  Rosiers 
montraient  déjà  leurs  premières  feuilles  et 
qu’il  y avait  un  réveil  général  dans  la  végéta- 
tion, on  se  croyait  sauvé,  lorsque  la  neige  a fait 
irruption  le  15  et  a duré  jusqu’au  19  ; ce  dernier 
jour,  la  terre  en  a été  couverte  de  30  centi- 
mètres, ce  qui  existe  encore  dans  toute  la  cam- 
pagne. Le  vent  qui  souffle  du  nord  est  très-vif  ; 
nous  avons  noté  7 degrés  de  froid  le  24  et  10 
et  11  degrés  les  25  et  26. 

Ainsi  que  vous  devez  le  penser,  les  horti- 
culteurs ont  hâte  de  voir  cesser  ces  froids 
anormaux.  Tous  les  travaux  sont  suspendus 
dans  les  jardins  ; cependant  le  temps  marche  et 
il  est  à craindre  que  le  dégel  nous  montre  de 
grandes  pertes  parmi  les  arbrisseaux  et  les 
plantes  potagères. 

De  beaucoup  d’autres  parties  de  la  France 
nous  avons  reçu  des  lettres  analogues. 
Mais  si  cette  année  l’Europe  est  mal  par- 
tagée sous  le  rapport  des  froids,  il  en  est 
autrement  de  l’Asie,  ce  dont  nous  informe 
notre  collaborateur,  M.  Metaxas,  dans  une 
lettre  qu’il  nous  adressait  de  Bagdad,  à la 
date  du  2 février  dernier  : 

...  L’Europe,  paraît-il,  supporte  un  hiver 
très-rigoureux  ; c’est  le  contraire  en  Asie,  sur- 
tout dans  la  contrée  que  j’habite.  Nous  avons 
eu,  jusqu’à  présent,  un  hiver  très-doux  avec  des 
pluies  bienfaisantes;  aussi  toutes  les  cultures 
se  comportent-elles  admirablement.  Le  ther- 
momètre s’est  toujours  maintenu  à une 

46  Mars  4888. 


moyenne  de  6 degrés  au-dessus  de  zéro.  Les 
journées  sont  tièdes  et  d’une  douceur  vrai- 
ment printanière  ; aussi  la  plupart  des  arbres 
commencent-ils  à bourgeonner.  J’ai  même 
remarqué  un  phénomène  rare,  digne  d’être 
cité  : des  Jujubiers  chargés  de  fruits  verts  nou- 
vellement noués,  fait  dû  à la  température 
extrêmement  douce  et  à l’absence  de  froid.  En 
un  mot,  nous  n’avons  pas  eu  d’hiver  cette 
année. 

Loi  sur  la  destruction  des  insectes 
et  végétaux  nuisibles.  — Le  Sénat  vient 
de  prendre  une  très-utile  mesure,  en  vo- 
tant une  loi  sur  la  destruction  obligatoire 
des  insectes  et  végétaux  nuisibles. 

Conformément  aux  dispositions  adoptées, 
le  Préfet,  après  avoir  pris  l’avis  favorable 
du  Conseil  général  du  département  et  ob- 
tenu l’approbation  du  Ministre  de  l’Agri- 
culture, devra  prescrire  les  mesures  né- 
cessaires pour  arrêter  ou  prévenir  les 
dommages  causés  aux  végétaux  par  des 
insectes,  des  cryptogames  ou  autres  végé- 
taux nuisibles. 

Les  propriétaires,  les  fermiers,  les  colons 
ou  métayers,  ainsi  que  les  usufruitiers  et 
les  usagers,  seront  tenus  d’exécuter  sur  les 
immeubles  qu’ils  possèdent  et  cultivent  les 
mesures  prescrites  par  l’arrêté  préfectoral. 

L’État,  les  communes  et  les  établisse- 
ments publics  et  privés  seront  astreints  aux 
mêmes  obligations  sur  les  propriétés  leur 
appartenant. 

En  cas  d’inexécution  dans  les  délais  fixés, 
le  contrevenant  sera  cité  par  qui  de  droit 
devant  le  juge  de  paix,  qui  pourra  ordon- 
ner l’exécution  provisoire  de  son  jugement. 

A défaut  d’exécution  dans  le  délai  fixé 
par  le  juge  de  paix,  il  sera  procédé  à l’exé- 
cution d’office,  aux  frais  des  contrevenants, 
par  les  soins  du  maire  ou  du  commissaire 
de  police. 

Les  contraventions  aux  dispositions  de 
cette  loi  seront  punies  d’une  amende  de 
6 à 15  francs. 

En  cas  de  récidive,  l’amende  sera  doublée 

i 


122 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


et  une  peine  d’emprisonnement  pendant 
cinq  jours  au  plus  pourra  être  prononcée. 

Cette  loi  armera  suffisamment  les  auto- 
rités locales,  qui,  jusqu’ici,  étaient  impuis- 
santes contre  la  paresse  ou  la  mauvaise 
volonté  calculée  de  certains  propriétaires. 

Il  reste  à souhaiter  que  la  Chambre  des  dé- 
putés ratifie  à son  tour  cette  loi,  afin  que  sa 
promulgation  ne  se  fasse  pas  trop  attendre. 

Loi  concernant  la  répression  des 
fraudes  dans  le  commerce  des  engrais. 

• — Par  une  loi  promulguée  à la  date  du 
4 février  1888,  il  a été  pris  une  mesure  de 
la  plus  grande  utilité,  et  dont  les  bons  effets 
seront  fortement  appréciés  par  la  culture 
horticole  et  maraîchère. 

Yoici  les  dispositions  principales  de  cette 
loi  : 

Seront  punis  d’un  emprisonnement  de  six 
jours  à un  mois  et  d’une  amende  de  50  à 

2.000  fr.,  ou  de  l’une  de  ces  deux  peines 
seulement  : 

Ceux  qui,  en  vendant  ou  en  mettant  en  vente 
des  engrais  ou  amendements,  auront  trompé 
ou  tenté  de  tromper  l’acheteur,  soit  sur  leur 
nature,  leur  composition  ou  le  dosage  des  élé- 
ments utiles  qu’ils  contiennent,  soit  sur  leur 
provenance,  soit  par  l’emploi,  pour  les  dési- 
gner ou  les  qualifier,  d’un  nom  qui,  d’après 
l’usage,  est  donné  à d’autres  substances  ferti- 
lisantes. 

En  cas  de  récidive  dans  les  trois  ans  qui  au- 
ront suivi  la  dernière  condamnation,  la  peine 
pourra  être  élevée  à deux  mois  de  prison  et 

4.000  fr.  d’amende,  etc. 

D’autres  dispositions  importantes  accom- 
pagnent et  complètent  celles  que  nous 
venons  de  citer. 

Plusieurs  abonnés  nous  ont  demandé  si 
les  falsifications  dans  les  produits  horticoles 
vivants,  comme  celles  qui  ont  été  repro- 
chées à certains  horticulteurs  nomades, 
tombaient  aussi  sous  l’application  de  la  loi. 

Sans  aucun  doute.  Il  est  même  du  devoir 
de  tous  de  signaler  à qui  de  droit  ces  falsi- 
fications, ces  ventes  de  plantes  vulgaires 
sous  de  faux  noms  ronflants  : il  y a trom- 
perie sur  la  marchandise  vendue. 

Congrès  horticole  de  Paris.  — Ce 

Congrès  aura  lieu  en  mai  1888,  au  siège  de 
la  Société  nationale  d’horticulture  de  France, 
84,  rue  de  Grenelle,  pendant  la  durée  de 
l’Exposition  ; la  séance  d’ouverture  est  fixée 
au  lundi  28  mai,  à deux  heures. 

Les  questions  qui  doivent  y être  traitées 
sont  au  nombre  de  vingt,  dont  treize  sont 
maintenues  à l'étude,  c’est-à-dire  que, 


ayant  été  proposées  aux  Congrès  précédents, 
elles  n’ont  pas  été  traitées  ou  l’ont  été  d’une 
manière  jugée  insuffisante. 

Nous  donnons  plus  loin,  en  un  article 
spécial,  le  réglement  de  ce  Congrès,  ainsi 
que  l’énoncé  des  questions  proposées. 

Parc  de  la  Liberté  à Lisbonne.  — 

Nous  avons  donné  les  noms  des  trois  lau- 
réats du  Concours  international  de  Lis- 
bonne, et  nous  avons  eu  la  satisfaction  de 
constater  qu’ils  étaient  tous  trois  français  : 
MM.  Lusseau,  Duchesne  et  Deny. 

Nous  espérions  que  l’un  de  ces  messieurs, 
au  moins,  serait  chargé  de  diriger  l’exécu- 
tion des  travaux  ; le  lauréat  du  premier 
prix  paraissait  naturellement  indiqué.  Il  en 
est  autrement.  Nous  venons  de  lire,  dans  le 
Diario  de  Noticias  de  Lisbonne,  une  com- 
munication officielle  dont  voici  la  traduction 
sommaire  : 

La  commission  exécutive  du  Conseil  muni- 
cipal vient  de  décider  que  MM.  les  ingénieurs 
Ressano,  Garcia  et  Avellar,  l’architecte  Mon- 
teiro  seraient  chargés,  avec  l’aide  de  M.  Daveau 
comme  jardinier  consultant,  d’élaborer  le  pro- 
jet définitif  du  Parc  de  la  Liberté,  y compris 
voies,  édifices  et  embellissements  qui  con- 
viennent à ce  genre  de  travaux.  Ils  combine- 
ront les  éléments  des  projets  primés,  en  les 
modifiant  de  manière  à les  harmoniser,  et  y 
ajoutant  au  besoin  des  parties  acceptables  des 
autres  projets.  Ils  devront  aussi  proposer  un 
grand  édifice  pour  expositions  permanentes  ; 
un  casino  ou  café  concert  qui  sera  loué  au  profit 
de  la  municipalité. 

Nous  aurions  compris  que  le  Conseil  mu- 
nicipal de  Lisbonne  adjoignit  aux  lauréats 
une  commission  choisie  parmi  les  ingé- 
nieurs et  architectes  portugais  ; mais  nous 
regrettons  l’élimination  complète  des  au- 
teurs des  projets  primés. 

Il  nous  reste  à espérer  que  les  résultats 
obtenus  soient  en  rapport  avec  les  espé- 
rances conçues  par  le  comité  directeur  du 
Parc  de  la  Liberté  : la  présence  de  M.  Da- 
veau qui  a été  adjoint  à la  commission,  à 
titre  consultatif,  est  une  garantie  que  la 
partie  spéciale  horticole  des  travaux  sera 
convenablement  conduite. 

Les  Vignes  américaines  en  France. 

— Nous  avons  souvent  parlé  de  l’impor- 
tance croissante  des  plantations  de  Vignes 
américaines  en  France:  pour  fixer  les 
esprits,  nous  publions  le  tableau  comparatif 
des  surfaces  plantées  en  Vignes  améri- 
caines, dans  les  sept  dernières  années  : 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


123 


1881  8,904  hectares. 

1882  17,096  — 

1883  28,012  — 

1884  52,777  — 

1885  75,262  — 

1886  110,787  - 

1887  166,517  — 


Ce  sont  là  des  chiffres  qui  se  passent  de 
tous  commentaires. 

Rappelons,  à* ce  propos,  que  la  Commis- 
sion supérieure  du  Phylloxéra  a récemment 
décidé  qu’il  n’y  a pas  encore  lieu  de  décer- 
ner le  prix  de  300,000  fr.  pour  un  procédé 
pratique  de  destruction  de  l’insecte  para- 
site, mais  que  ce  prix  est  maintenu. 

La  récolte  du  vin  en  Algérie.  — La 

progression  croissante  de  la  production  du 
vin,  en  Algérie,  est  tout  à fait  encoura- 
geante ; étant  données  les  plantations  nou- 
velles que  l’on  y fait  sans  relâche,  notre  co- 
lonie aura  bientôt,  de  ce  chef,  un  revenu 
des  plus  importants. 

Voici  les  chiffres  de  la  production,  depuis 


huit  années 

Hectares. 

Hectolitres. 

En 

1879.  . 

17.737 

ont  produit 

346.000 

En 

1880.  . 

21.118 

— 

429.197 

En 

1881.  . 

27.337 

— 

486.213 

En 

1882.  . 

35.583 

— 

672.030 

En 

1883.  . 

41.791 

— 

815.287 

En 

1884.  . 

50.800 

— 

880.634 

En 

1885.  . 

66*403 

— 

951.949 

En 

1886.  . 

86.779 

— 

1.663.847 

Il  est  grand  temps  que  les  vignobles 
français  et  algériens  entrent  dans  un  état  de 
production  laissant  entrevoir,  dans  un  ave- 
nir prochain,  la  possibilité  de  suffire  à notre 
consommation  ! 

Les  importations  de  vins  sont  encore 
écrasantes.  En  1887,  l’Italie  seule  nous  a 
envoyé  2.022.000  hectolitres  de  vin,  tandis 
qu’en  1885,  elle  ne  nous  en  avait  fourni 
que  253.000  hectolitres. 

Nouveau  mode  d’emploi  des  fleurs  de 

Jacinthe.  — Les  fleuristes  parisiens,  dont 
le  goût  artistique  n’en  est  plus  à faire  ses 
preuves,  utilisent  actuellement  les  fleurs 
de  Jacinthe  d’une  manière  très-intelligente 
dans  la  confection  des  bouquets. 

Les  inflorescences  de  cette  plante,  si  va- 
riées de  couleurs,  sont  d’un  emploi  difficile 
par  suite  de  la  compacité  des  grappes  et 
du  peu  de  longueur  des  pédicelles  qui 
supportent  les  fleurs. 

Pour  obvier  à cet  inconvénient,  nos  fleu- 
ristes détachent  chaque  fleur,  la  montent 
sur  un  fil  de  laiton,  et  réunissent  par  la  base 


un  certain  nombre  de  ces  fils  ainsi  garnis, 
de  manière  à former  une  nouvelle  inflores- 
cence, qui  alors  devient  allongée  et  d’une 
grande  élégance. 

Certains  même  accompagnent  chacun  de 
ces  fleurons  d’un  ramule  ô! Adiantum,  ce 
qui  est  tout  à fait  gracieux. 

Nous  avons  vu  un  certain  nombre  de 
bouquets,  composés  de  fleurs  de  Jacinthes 
ainsi  disposées,  et  auxquelles  on  avait  asso- 
cié des  Violettes  de  Parme  et  des  Lilas 
blancs  ; l’effet  en  était  des  plus  charmants. 

On  pourrait  craindre  que  les  fleurs  em- 
ployées de  la  sorte  ne  se  fanent  très-rapi- 
flement.  Il  n’en  est  rien.  Le  tissu  épais  des 
fleurs  de  Jacinthes  leur  permet,  lors- 
qu’elles sont  détachées  de  leur  hampe,  de 
rester  fraîches  pendant  plusieurs  jours. 

Un  judicieux  emploi  de  TÉpicéa.  — 

Au.  cour . d’un  voyage  dans  le  Bourbonnais, 
nous  avons  récemment  observé  un  effet 
paysager  très-bien  réussi,  et  obtenu  d’une 
manière  des  plus  simples  : 

La  ligne  du  chemin  de  fer,  entre  Moret 
et  Montargis,  est  souvent  en  tranchée 
assez  profonde,  ce  qui  a motivé  la  construc- 
tion de  ponts  de  pierres  franchissant  la 
voie  à angle  droit. 

D’habitude  les  ponts  ainsi  disposés  ne 
sont  accompagnés  d’aucune  plantation  et 
s’élancent  brusquement  des  talus  dénudés. 
Dans  le  parcours  dont  nous  parlons,  au 
contraire,  les  approches  en  ont  été  garnies, 
sur  les  talus,  de  quelques  Épicéas  plantés 
avec  goût  lors  de  la  construction  de  la  ligne. 

Aujourd’hui,  ces  arbres  forment  des 
groupes  très-pittoresques,  sur  les  pentes 
assez  brusques  qu’ils  garnissent,  et  s’as- 
socient fort  bien  avec  l’architecture  très- 
simple  des  ponts,  dont  on  ne  voit  presque 
plus  que  les  arches  élancées.  L’aspect,  désa- 
gréable des  talus  est,  de  la  sorte,  interrompu 
assez  fréquemment  d’une  heureuse  manière. 

L’effet  ainsi  obtenu  est  très-réussi.  On 
pourrait  le  varier  en  employant,  dans  les 
mêmes  conditions,  d’autres  arbres  résineux, 
Pins,  Sapins,  Cèdres,  Mélèzes,  etc.,  qui 
présenteraient  les  mêmes  avantages. 

Un  Lilas  pleureur.  — On  vient  de 
mettre  au  commerce,  en  Amérique,  un 
nouveau  Lilas,  d’origine  chinoise,  dont  les 
rameaux,  lorsqu’il  est  greffé  sur  une  es- 
pèce à port  érigé,  retombent  franchement 
et  très-gracieusement  sur  le  sol. 

Cette  forme  intéressante  est  éditée  par 
M.  F.-L.  Temple,  Shady  Hill  Nurseries, 
; Cambridge  (Mass.),  United  States  America. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


124 

Giroflée  jaune  commune  hâtive.  — 

Cette  variété,  qui  n’est  guère  connue  qu’aux 
environs  de  Paris,  présente  cet  immense 
avantage  de  fleurir  dès  le  mois  de  septembre, 
ce  qui,  à Paris,  est  très-avantageux  pour  le 
commerce  des  fleurs  coupées,  car,  bien  qu’à 
cette  époque  les  fleurs  diverses  ne  manquent 
pas,  celles  de  Giroflées  ne  se  rencontrent 
guère.  Aussi  la  Giroflée  jaune  hâtive  se 
vend-elle  toujours  relativement  cher. 

Influence  des  milieux  sur  la  produc- 
tion des  panachures.  — Un  fait  sur  lequel 
nous  avons  déjà  appelé  l’attention,  c’est, 
suivant  les  milieux,  la  panacliure  et  la  dé- 
panachure  d’une  même  espèce.  Ainsi, 
tandis  que,  dans  la  plupart  des  localités, 
YAspidistra  elatior  variegata,  à feuilles 
bien  panachées  de  blanc,  tend  à perdre  sa 
panacliure  et  à revenir  au  type  à feuilles 
vertes,  il  y en  a d’autres,  beaucoup  plus 
rares,  il  est  vrai,  où  le  fait  inverse  se  pro- 
duit : par  exemple,  chez  M.  Rougier- 
Chauvière,  horticulteur,  152,  rue  de  la 
Roquette.  Là,  en  effet,  sans  aucun  traite- 
ment et  en  les  abandonnant  à eux-mêmes, 
tous  les  Aspidistra,  quelque  verts  qu’ils 
soient,  deviennent  panachés.  Un  fait  ana- 
logue se  produit  dans  le  jardin  d’un  de  nos 
amis  sur  le  Dvacuncuhis  vulgaris , Schott 
{Arum  Dracunculus,  L.).  Là,  aussi,  sans 
s’occuper  nullement  de  la  plante,  de  verte 
qu’elle  est,  elle  passe  rapidement  au  blanc 
jaunâtre.  Moins  vigoureuse,  elle  est  alors 
sujette  à la  brûlure,  dans  toutes  ses  parties 
décolorées. 

Une  École  d’horticulture  de  jeunes 
filles  en  Angleterre.  — La  Revue  horti- 
cole a précédemment  parlé  de  l’utilité 
qu’il  y aurait  à créer,  en  France,  une  Ecole 
d’horticulture  spécialement  destinée  aux 
jeunes  filles.  N’y  a-t-il  pas,  dans  la  profes- 
sion horticole,  un  grand  nombre  de  travaux 
qu’une  femme  pourrait  exécuter  tout  aussi 
bien,  au  moins,  qu’un  homme?  Citons,  au 
hasard,  les  rempotages,  le  greffage,  le  bou- 
turage, la  taille,  le  pincement,  la  confection 
des  bouquets,  etc.  Il  convient  d’ajouter  que 
dans  un  ménage  de  cultivateurs,  une  femme 
ayant  reçu  une  instruction  préparatoire 
spéciale  viendrait  largement  en  aide  à son 
mari,  dans  la  surveillance  des  ouvriers,  et 
même  dans  l’exécution  des  travaux  exigeant 
de  l’adresse  plutôt  que  de  la  force. 

En  Angleterre,  cette  théorie  va  passer  à 
l’état  de  fait.  Un  amateur  éclairé,  Mme  Loads- 
tone,  va  créer  dans  sa  propriété  de  Llanelly, 


dans  le  pays  de  Galles,  un  institut  horticole 
pour  jeunes  filles,  et  nous  sommes  persua- 
dés que  les  bons  résultats  en  seront  nom- 
breux. En  Allemagne,  de  semblables  écoles 
existent  déjà,  surtout  pour  ce  qui  concerne 
la  confection  des  bouquets. 

Le  plus  fort  Wellingtonia  des  envi- 
rons de  Paris.  — Planté  par  M.  Rertin, 
dans  sa  propriété,  82,  boulevard  de  la  Reine, 
à Versailles,  ce  magnifique  arbre  n’a  pas 
moins  de  20  mètres  de  hauteur  sur  1 m30 
de  diamètre  à la  base.  Il  forme  une  très- 
belle  pyramide  conique  très-garnie,  excepté 
tout  à fait  près  du  sol,  où  quelques  branches 
ont  péri  dans  le  grand  hiver  1879-1880. 

Les  Vignes  kabyles.  — M.  le  comman- 
dant Chédé  (et  non  M.  Chède,  comme  la 
Revue  horticole  l’a  imprimé  par  erreur) 
nous  informe  que  les  personnes  qui  vou- 
draient faire  des  essais  de  vignes  kabyles 
peuvent  demander  des  plants  à M.  Maudet, 
agent  des  ponts  et  chaussées,  à Rougie 
(Algérie). 

M.  le  commandant  Chédé  ne  veut  céder 
aucune  bouture  avant  la  réussite  complète 
de  ses  essais,  que  surveille  un  professeur 
d’agriculture,  lequel  a fait  des  greffes  don- 
nant jusqu’à  présent  bon  espoir  de  réus- 
site. 

Dimorphisme  de  l’Iris  spectabilis. 

— Un  dimorphisme  peu  connu  dans  les 
plantes  bulbeuses  est  celui  de  l’Iris  spec- 
tabilis, Spach,  qui  est  certainement  la  plus 
jolie  du  groupe  Xiphium , auquel  elle  appar- 
tient. C’est  une  plante  très-vigoureuse,  de 
haute  stature  et  à très-grandes  fleurs.  Celles- 
ci,  qui  sont  de  couleur  bronzée,  avec  des 
taches  bleues  nuancées  roses,  à reflets  cha- 
toyants, ne  nous  donnaient,  chaque  année, 
que  des  variétés  d’iris  Xiphium,  beaucoup 
plus  petites,  à fleurs  variées,  mais  n’ayant 
aucun  rapport  avec  leur  mère,  Y Iris  specta- 
bilis, que,  malgré  nos  efforts, nous  n’avons 
pu  conserver.  Il  est  donc  très-probable  que 
cette  espèce  est  perdue  aujourd’hui. 

Quelque  étonnants  que  ces  faits  puis- 
sent paraître,  ils  n’ont  cependant  pas  lieu 
d’étonner,  si  l’on  réfléchit  qu’ils  sont  des 
équivalents  d’autres  analogues  qui  se 
montrent  souvent  chez  les  dicotylédonées. 
En  effet,  si  l’on  réfléchit  que  chez  les  mono- 
cotylédonées,  le  bulbe  est  le  représentant 
des  tiges  des  dicotylédonées,  il  est  donc  tout 
naturel  que  des  dimorphismes  s’y  pro- 
duisent. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


125 


EXPOSITIONS  ANNONCÉES  (1). 

Amiens,  2 au  4 juin.  — La  Société 
d’horticulture  de  Picardie  organise  à Amiens, 
du  2 au  4 juin,  une  exposition  d’horticul- 
ture à laquelle  sont  conviés  tous  les  horti- 
culteurs marchands  ou  amateurs  et  qui 
comprend  : fleurs,  fruits,  légumes,  arbres 
et  arbustes,  objets  d’art  et  d’industrie  se 
rattachant  à l’horticulture. 

Se  faire  inscrire,  avant  le  15  mai,  chez 
M.  Decaix-Matifas,  président  de  la  Société, 
13,  rue  Debray,  à Amiens. 

Moulins,  clu  31  juillet  au  5 août.  — 
La  Société  d’horticulture  de  l’Ailier  tiendra 
sa  23e  exposition  à Moulins,  du  31  juillet 
au  5 août. 

Les  concours  forment  5 sections  : 1°  Plantes 
de  serre  chaude,  serre  tempérée,  serre  froide 
ou  châssis  ; 2»  Plantes  de  plein  air  ; 3°  Arbo- 
riculture ; 4°  Culture  maraîchère  ; 5°  Arts  et 
industries  horticoles. 

Adresser  les  demandes  d’admission  au 
secrétariat  de  la  Société,  à Moulins,  avant 
le  15  juillet. 

Strasbourg,  12  mai.  — La  Société  d’hor- 
ticulture de  la  Basse- Alsace  tiendra  à Stras- 
bourg, le  12  mai  et  jours  suivants,  sa  45e  ex- 
position de  fleurs,  d’arbustes,  de  légumes, 
de  fruits  et  d’objets  fabriqués  se  rattachant 
à l’horticulture. 

Vingt-quatre  concours  de  floriculture  sont 
ouverts  entre  horticulteurs  de  tous  pays  et 
cinq  concours  pour  les  fruits  et  légumes.  Une 
seconde  série  des  mêmes  concours  est  créée 
entre  amateurs  et  jardiniers  de  maisons  bour- 
geoises. Enfin  l’industrie  horticole  forme  une 
troisième  série  et,  s’il  y a lieu,  des  médailles 
seront  décernées  aux  jardiniers  de  maisons 
bourgeoises  se  recommandant  par  la  bonne 
tenue  des  serres. 

Adresser  les  déclarations  à M.  J.  Wagner, 
secrétaire  général  de  la  Société,  49,  route 
du  Polygone,  Neudorf-Strasbourg. 

Laon,  du  23  au  21  mai.  — La  Société 
d’Horticulture  et  de  petite  culture  de  Sois- 
sons  (section  de  Laon)  tiendra,  du  23  au 
27  mai,  une  exposition  d’horticulture  an- 
nexée au  Concours  régional. 

Cette  exposition  comprendra  tous  les  pro- 
duits de  la  petite  culture,  de  l’horticulture,  de 
l’apiculture,  les  objets  d’art  et  d’industrie  s’y 
rattachant. 

Les  concours  seront  classés  en  8 sections  : 

1°  Obtention  directe  ou  introduction  de  vé- 

(1)  La  Revue  horticole  annonce  toutes  les  expo- 
sitions d’horticulture  dont  le  programme  est  adressé 
aux  Rédacteurs  en  chef,  26,  rue  Jacob,  Paris, 


gétaux;  — 2°  Culture  maraîchère;  — 3°  Arbo- 
riculture, Viticulture  et  leurs  produits  ; — 
4°  Plantes  de  serres  et  Plantes  ornementales; 
5°  Plantes  de  pleine  terre  en  fleurs  ; — 6°  Fleurs 
coupées,  Bouquets  montés,  de  soirées  et  à la 
main,  Surtouts  de  table  et  Coiffures  en  fleurs 
naturelles  ; — 7°  Apiculture  ; — 8°  Art  et  in- 
dustrie. 

Adresser  les  déclarations  à M.  Rousseau, 
président  de  la  section,  à Laon. 

Paris,  du  25  au  31  mai.  — L’exposition 
générale  de  produits  de  l’Horticulture  orga- 
nisée, au  printemps  de  chaque  année,  par 
la  Société  nationale  d’Horticulture  de 
France,  aura  lieu,  en  1888,  du  25  au 
31  mai,  dans  le  Pavillon  de  la  ville  de 
Paris  et  ses  abords. 

Cette  grande  exposition  comprendra  cinq  di- 
visions et  229  concours,  plus  une  division  spé- 
ciale aux  arts  et  industries  horticoles  formant 
quatre  sections  : 

R Plantes  de  serre  : plantes  nouvelles,  belle 
culture,  culture  spéciale,  plantes  en  collections, 
concours  entre  amateurs,  ensemble  107  con- 
cours; 

2°  Plantes  de  pleine  terre  : plantes  nouvelles, 
belle  culture,  culture  spéciale,  plante  en  col- 
lections, concours  entre  amateurs,  fleurs  cou- 
pées, bouquets  et  garnitures  d’appartements, 
ensemble  88  concours; 

3°  Arboriculture  et  fruits  : 8 concours; 

4»  Culture  maraîchère  : 21  concours  ; 

5°  Instruction  agricole  : 5 concours. 

6°  Arts  et  industries  horticoles  : 4 'sections. 

Les  demandes  d’admission  doivent  par- 
venir, avant  le  19  mai,  à M.  le  président  de 
la  Société,  84,  rue  de  Grenelle,  à Paris. 

Memento  des  Expositions.  — Voici  la  liste 
des  Expositions  précédemment  annoncées.  L’in- 
dication entre  parenthèses  (Chr.  n0...)  renvoie 
à la  Chronique  du  N°  de  la  Revue  horticole 
où  l’exposition  a été  annoncée  avec  quelques 
renseignements  sommaires.  La  mention  Exp. 
gén.  indique  qu’il  s’agit  d’une  exposition  géné- 
rale d’horticulture. 

Autun.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  5),  2 au  10  juin. 
Bordeaux.  — Fruits,  légumes,  fleurs  (Chr.  n°  5), 

15  au  26  septembre. 

Épinal.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  4),  9 au  14  juin. 
Marseille.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°5),  2 au  11  juin. 
Meaux.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  5),  7 au  9 septembre. 
Nantes.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  5),  25  au  29  avril. 
Orléans.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  4),  24  au  27  mai. 
Roubaix.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n° 5),  23  au  25  j uin. 

— Roses  (Chr.  n»  5),  17  novembre. 

Rouen.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  4),  16  au  21  mai. 
Gand.  — Exp.  intern.  (Chr.  n°  5),  15  au  22  avril. 
Tunis.  — Exp.  sp.  des  produits  locaux  (Chr.  n°  5), 

27  avril  au  6 mai. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André 


426 


ORNEMENTATION  SPÉCIALE  DES  GRANDS  JARDINS. 


ORNEMENTATION  SPÉCIALE  DES  GRANDS  JARDINS 


L’ornementation  spéciale,  dont  nous  vou- 
lons donner  ici  les  indications  générales 
consiste  à grouper,  à réunir,  sur  des  empla- 
cements déterminés  et  de  manière  à en 
former  un  tout  harmonieux,  les  végétaux 
rustiques  d’ornement  et  de  pleine  terre  qui 
fleurissent  à une  même  époque. 

Chacun  des  emplacements  choisis,  de  di- 
mensions et  formes  variables,  selon  les  cir- 
constances fournirait  sa  période  de  florai- 
son, d’ornementation,  qui  correspondrait, 
bien  entendu,  au  moment  de  l’année  où 
tous  les  végétaux  rassemblés  sur  un  même 
point  seraient  en  fleurs. 

Par  un  ordre  de  groupement  suffisam- 
ment bien  établi  pour  toute  l’année,  chacun 
des  emplacements  fournirait  successive- 
ment sa  période  pendant  laquelle  tous  les 
végétaux  rassemblés  seraient  en  fleurs. 

Les  premières  fleurs  qui  apparaissent 
dans  les  jardins  sont  toujours  les  bien- 
venues; aussi  quel  plaisir  on  éprouve  à la 
vue  de  ces  premières  fleurs  rustiques,  qui 
sont  d’un  attrait  si  particulier,  et  dont 
l’effet  ornemental,  pour  être  différent,  peut- 
être  moins  brillant,  que  celui  qui  sera 
produit  à une  autre  saison  par  d’autres 
végétaux,  n’en  sera  pas  moins  des  plus 
agréables. 

En  parcourant  les  parcs  et  les  jardins 
pendant  les  longs  mois  où  ils  ne  sont  plus 
ornés  de  leur  brillante  mais  frileuse  parure 
de  fleurs,  nous  avons  bien  souvent  regretté 
l’absence  des  végétaux  rustiques  dont  nous 
voulons  ici  recommander  l’emploi  en  indi- 
quant leur  groupement. 

Avec  quelle  satisfaction,  pendant  les  pre- 
miers beaux  jours  de  l’année,  en  janvier- 
février,  par  exemple,  on  se  rendrait  vers 
l’emplacement  du  jardin  où  on  serait  cer- 
tain de  voir  des  plantes  fleuries  ! 

On  pourrait,  pour  janvier  et  février, 
composer  une  corbeille  ou  garnir  une 
plate-bande  avec  les  plantes  de  pleine 
terre  qui  fleurissent  à cette  saison.  Autour 
de  cette  corbeille,  on  pourrait  réunir  les 
arbustes  et  arbrisseaux  qui  fleurissent 
aussi  à ce  moment,  ce  qui  permettrait 
de  constituer  une  ornementation  d’en- 
semble de  l’emplacement  choisi,  emplace- 
ment qui  serait  en  rapport  avec  l’im- 
portance qu’on  voudrait  donner  à ce 
genre  d’ornementation;  et  l’arrangement, 
le  groupement  des  plantes  serait,  bien  en- 


tendu, fait  selon  les  dispositions  de  l’empla- 
cement. 

Pour  exemple  de  ce  qui  peut  être  fait, 
nous  indiquerons,  comme  devant  consti- 
tuer la  première  ligne  ou  bordure  de  la- 
plate-bande,  VEranthis  liiemalis,  cette 
charmante  petite  plante  à fleurs  jaunes, 
dressées,  dont  les  feuilles  vertes  lobées  ne 
tardent  pas  à faire  l’accompagnement  ; puis 
le  Galanthus  nivalis  ou  Perce-Neige,  avec 
ses  fleurs  déjà  assez  grandes  en  clochettes 
blanches.  Les  Hellébores  ou  Roses  de  Noël 
constitueront  une  partie  importante  de 
la  décoration.  D’abord  YHelleborus  niger, 
avec  ses  feuilles  persistantes,  d’un  vert 
sombre,  sur  lequel  se  détachent  bien  ses 
grandes  fleurs  blanches,  puis  VH.  orien- 
talis  à fleurs  plus  grandes,  rosées;  d’autres 
variétés  ou  espèces  à fleurs  rouges  pourpre 
plus  ou  moins  foncé  : H.  atrorubens  et 
purpurascens  ; l’Hellébore  à fleurs  vertes, 
mais  très-odorantes,  H.  odorus,  enfin  toute 
la  série  des  nombreuses  variétés  se  ratta- 
chant plus  ou  moins  à VH.  fœtidus  et 
purpurascens,  etc.,  série  comprenant  des 
variétés  très-remarquables  par  leur  diversité 
de  coloris.  Le  Petasites  fragrans  ou  Hé- 
liotrope d’hiver,  dont  les  fleurs  ont  une 
odeur  si  agréable,  devra  avoir  sa  place 
parmi  ces  petites  plantes. 

Les  petits  végétaux  ligneux  qui  forme- 
ront touffes  ou  buissons  sont  les  Daphné 
Mezereum,  Daphné  odora,  à fleurs 
blanches  et  à fleurs  roses  ; le  D.  Philippi , 
petite  espèce  pyrénéenne  à fleurs  vertes. 

Un  peu  plus  élevé,  nous  aurons  le  Jas- 
minum  nudiflorum,  avec  ses  longs  ra- 
meaux sarmenteux  tout  couverts  de  fleurs 
jaunes. 

Le  Rliododendrum  dahw'icum,  avec 
ses  fleurs  violacées  très-élégantes. 

Le  Galycanthe  odorant,  Chimonanthus 
fragrans,  arbrisseau  dont  les  fleurs,  assez 
grandes,  d’un  jaune  pâle,  s’épanouissent 
tout  l’hiver  pendant  les  beaux  jours,  et 
répandent  une  odeur  de  Jacinthe  des  plus 
agréables. 

Enfin,  un  Chèvrefeuille  formant  buisson, 
le  Lonicera  Standishii,  avec  ses  petites 
fleurs  blanc  rosé  à odeur  agréable,  et  le 
L.  fragrantissima , plus  suave  encore. 

Si  on  veut  compléter  l’ensemble  par  des 
végétaux  plus  grands,  on  choisira  les  Noi- 
setiers, si  curieux  à cette  époque  de  l’année 


ORNEMENTATION  SPÉCIALE  DES  GRANDS  JARDINS. 


127 


avec  leurs  grands  chatons  pendants,  jaunes 
ou  rouges  selon  les  espèces  ou  variétés,  et 
aussi,  bien  qu’on  ne  puisse  les  voir  que 
d’assez  près,  les  petits  plumets  rouges  qui 
émergent  des  boutons  placés  vers  l’extré- 
mité des  rameaux  ou  brindilles.  Ces  plu- 
mets rouges  sont  les  pistils  à la  base  des- 
quels seront  plus  tard  les  fruits. 

Comme  grands  arbres,  nous  aurons  di- 
vers Bouleaux  et  YAlnus  incana , dont  les 
fleurs  en  chatons  sont  assez  apparentes. 

Cette  énumération  suffit  pour  démontrer 
qu’il  est  possible  de  rendre  très-agréable  un 
coin  de  jardin  sur  lequel  ces  végétaux,  à 
floraison  tout  à fait  printanière,  seraient 
groupés  en  quantité  suffisante  et  disposés 
selon  l’emplacement. 

Devant  succéder  à ce  premier  groupe  de 
végétaux,  pour  continuer  notre  genre  d’or- 
nementation par  période,  on  devra  réunir, 
sur  un  autre  point  du  jardin,  les  végétaux 
qui  constitueront  la  seconde  époque  de  flo- 
raison. 

Ces  végétaux  devront  être  choisis  parmi 
ceux  qui  fleurissent  en  même  temps,  en 
mars  et  avril,  par  exemple. 

Ici,  notre  plate-bande  ou  corbeille  sera 
garnie  d’Anémones  Hépatiques,  Ilepatica 
triloba;  on  rassemblera  les  variétés  les  plus 
jolies,  à fleurs  blanches,  roses,  rouges, 
violacées,  à fleurs  simples  et  à fleurs  bleues 
ou  doubles  ; la  Corbeille  d’argent,  Arabis  ctl- 
pina,  avec  ses  innombrables  fleurs  blanches, 
les  Saxifraga  ornata,  crassifolia  à fleurs 
roses,  YAubrietia  deltoidea  à fleurs  bleues, 
Y Adonis  vernalis  à fleurs  jaunes;  la  Cor- 
beille d’or,  Alyssum  saxatile;  les  Violettes, 
et  un  grand  nombre  d’autres  charmantes 
petites  plantes  de  pleine  terre,  Orobus  ver- 
nus,  Scilla  bifolia  et  sibirica,  le  Plüox  se- 
tacea,  les  Primevères,  les  Pervenches,  etc. 

Parmi  les  petits  végétaux  ligneux,  nous 
aurons  les  Rïbes  sanguineum  et  Gordo - 
nianum  à fleurs  roses  ou  rouges  et  réunies 
en  longues  grappes  pendantes  ; les  Amyg- 
dalus  nana  et  orientalis,  charmants  arbris- 
seaux se  couvrant  de  myriades  de  fleurs  du 
plus  beau  rose  ; le  Prunus  triloba,  avec  ses 
fleurs  d’abord  roses,  puis  devenant  blanches  ; 
le  Prunus  hiemalis,  qui  paraît  être  couvert 
de  neige  lorsqu’il  est  en  pleine  fleurs;  le 
Cerasus  Sieboldi,  avec  ses  rameaux  retom- 
bants recouverts  de  fleurs  roses  ; le  Cornus 
Mas,  avec  ses  nombreuses  fleurs  jaunes  très- 
élégantes,  les  Forsythia  viridissima,  F. 
Fortunei , le  Salix  Caprœa,  avec  ses  cha- 
tons soyeux  blancs,  puis  jaunâtres. 

Parmi  les  grands  arbres,  on  aura  Y Acer 


platanoides,  dont  les  fleurs  jaunes,  réunies 
en  corymbes  dressés,  sont  très-jolies,  Y Acer 
Opalus,  etc. 

Un  troisième  emplacement  serait  garni 
par  les  végétaux  qui  fleurissent  en  mai, 
juin  et  juillet.  Pour  cette  époque  de  l’année, 
on  n’aura  vraiment  que  l’embarras  du  choix. 
Le  point  important  sera  de  toujours  ras- 
sembler les  végétaux  qui  fleurissent  à la 
même  époque. 

Bien  que  les  jardins  soient  d’ailleurs  res- 
plendissants de  fleurs,  l’ornementation  spé- 
ciale que  nous  recommandons  n’en  sera 
pas  moins  agréable  à cette  époque  de 
l’année,  puisqu’elle  ajoutera  un  charme  de 
plus  aux  jardins  en  constituant  une  agréable 
diversité  dans  ce  qui  peut  plaire. 

Ce  sont  les  Iris,  les  Pivoines,  les  Œillets 
de  toutes  sortes,  les  Lis,  les  magnifiques 
variétés  de  Delphinium  à grandes  fleurs, 
les  Ancolies,  les  Véroniques,  les  Renon- 
cules, etc.,  qui  composeront  notre  plate- 
bande  de  fleurs  vivaces. 

Parmi  les  arbustes,  nous  aurons  les  nom- 
breuses espèces  de  Spirées  à fleurs  blanches 
et  à fleurs  roses,  le  Faux-Ébénier,  Cytisus 
Laburnum,  avec  ses  grandes  grappes  de 
fleurs  jaunes,  le  curieux  Cytisus  Adami, 
avec  ses  fleurs  de  couleurs  différentes., 
quelquefois  sur  la  même  grappe. 

Parmi  les  arbres,  nous  avons  le  Bois  de 
Judée,  Cercis  siliquastrum,  à fleurs  roses 
et  à fleurs  blanches;  le  Paulownia,  avec 
ses  grandes  fleurs  violacées,  les  Tilleuls, 
dont  les  fleurs  répandent  une  odeur  si 
agréable,  le  Catalpa,  etc. 

Août  et  septembre  auront  aussi  leur  em- 
placement particulier. 

On  trouvera  réunis  les  Anémones  du 
Japon,  à fleurs  blanches  et  roses,  les  Col- 
chiques d’automne,  Y Iiiypericum  calyci- 
num  aux  grandes  fleurs  jaunes,  les  Aster  si 
jolis  et  dont  les  espèces  sont  si  nombreuses, 
avec  des  fleurs  de  grandeurs  si  diverses  et  de 
coloris  si  variés;  les  Soleils  vivaces,  He- 
liant hus  multiflorus  et  H.  lætiflorus,  aux 
grandes  fleurs  jaunes,  Y H.  orgyalis,  à tiges 
plus  élevées  et  terminées  par  des  capitules 
floraux  très-nombreux,  disposées  en  longues 
grappes  spiciformes,  les  Solidago  ou  Verge 
d’or,  etc. 

Dans  les  arbrisseaux,  nous  aurons  les 
Ceanothus  aux  charmantes  fleurs  bleues, 
roses  ou  blanches  selon  les  variétés,  Ylndi- 
gofera  Dosua  aux  nombreuses  petites 
fleurs  roses,  le  Desmodium penduliflorum, 
avec  ses  immenses  panicules  de  fleurs 
pourpres,  etc. 


428 


PLANTATIONS  D’ARBRES  FRUITIERS  EN  BORDURE  DES  ROUTES. 


Parmi  les  grands  arbres,  il  y aura 
encore  le  Sophora  japonica  et  le  S. 
smensis,  qui  sont  les  deux  derniers  grands 
arbres  en  fleurs  à l’automne. 

Enfin,  pour  les  mois  d’octobre,  novembre 
et  décembre,  on  pourra  encore  avoir  un 
emplacement  spécial  sur  lequel  on  a rassem- 
blé les  végétaux  susceptibles  de  produire 
un  effet  ornemental  soit  par  la  forme,  soit 
par  la  couleur  de  leur  feuillage. 

On  réunira  les  arbres  et  arbustes  dont 
les  feuilles,  changeant  de  couleur  à l’au- 
tomne, nous  fourniront  les  tons  rouges  ou 
jaunes  dont  nous  saurons  tirer  parti. 

On  y verra  quelques  Chênes  d’Amérique, 
dont  lés  larges  feuilles  deviennent  d’un  ton 
rouge  très-agréable  ; le  Rlius  typhina  nous 
fournira  aussi  un  ton  rouge,  ainsi  que  le 
Liquidambar  styracifiua,  les  Cissus  ou 
Vigne-Vierge,  etc. 

Les  feuilles  des  Peupliers,  des  Négundos, 
des  Noyers  d’Amérique,  nous  donneront 
les  nuances  jaunes. 

Puis  nous  aurons  les  arbres  à fruits  per- 
sistants et  d’ornement,  les  Cratœgus  Car- 
rier ei,  Pyracantha  Lalandei  et  plusieurs 


autres  du  même  groupe  ; les  Sorbus  Aucu- 
paria,  etc.,  avec  leurs  fruits  rouges,  YHijipo- 
phae  rhamnoides,  dont  les  rameaux  restent 
tout  l’hiver  chargés  de  petits  fruits  orangés. 

Parmi  les  végétaux  de  plus  petite  taille, 
on  aura  les  Symphorines  à fruits  blancs  et  à 
fruits  rouges,  enfin  le  très-petit  Gaultheria 
procumbens,  dont  les  fruits,  gros  comme  une 
petite  Cerise,  couleur  corail,  se  détachent 
très-bien  sur  le  ton  vert  sombre  des 
feuilles. 

Les  végétaux  cités  pour  la  formation  des 
groupes  distincts  ne  sont  pas,  à beaucoup 
près,  les  seuls  qu’on  pourrait  réunir;  le 
champ  est  vaste,  pour  ne  pas  dire  inépui- 
sable. 

Ce  que  nous  voulons  recommander,  c’est 
le  principe  de  la  réunion,  par  groupes  spé- 
ciaux, des  végétaux  de  pleine  terre  qui 
fleurissent  simultanément,  et  pouvant  con- 
courir à l’ornementation  d’ensemble  des 
grands  parcs  et  jardins.  Nous  sommes 
assuré,  par  des  exemples,  que  cette  orne- 
mentation serait  d’un  bien  grand  attrait 
pour  les  amateurs  et  les  curieux. 

A.  Chargueraud. 


PLANTATIONS  D’ARBRES  FRUITIERS  EN  BORDURE  DES  ROUTES 


La  Revue  horticole  a signalé,  à diverses 
reprises,  tous  les  avantages  que  présentent 
ces  plantations.  Les  principaux  sont  : l’utili- 
sation d’un  terrain  improductif  et  par  consé- 
quent inutile,  et  le  remplacement  d’arbres 
ordinaires  à grandes  dimensions  (Peupliers, 
Ormes,  Hêtres,  etc.)  répandant  au  loin  sur  les 
champs  voisins  leur  ombre  funeste,  par  des 
essences  plus  basses  et  donnant,  un  revenu 
certain.  Ces  plantations  fruitières  sont  de- 
puis longtemps  en  faveur  en  Belgique  et  en 
Allemagne.  Chez  nous,  la  plus  forte  ob- 
jection que  les  agents  du  service  vicinal  et 
des  Ponts  et  Chaussées  aient  opposée  à leur 
introduction  vient  de  ce  que,  disent-ils, 
elles  nécessiteraient  de  nombreux  frais  de 
surveillance  et  de  récolte,  dont  le  rem- 
boursement serait  imparfaitement  assuré 
par  l’incertitude  de  la  production.  Cepen- 
dant, des  essais  fructueux,  tentés  en  Seine- 
et-Marne  et  ailleurs,  sont  venus  démontrer 
l’inanité  de  cette  objection,  et  plusieurs 
départements  de  l’Est,  Vosges,  Meurthe-et- 
Moselle,  Meuse,  après  des  expériences  cou- 
ronnées de  succès,  viennent  de  donner  à ces 
plantations  une  grande  extension. 

Bans  ces  départements,  les  communes, 
d’accord  avec  l’Administratipn  vicinale,  | 


plantent,  chaque  année,  plusieurs  kilo- 
mètres sur  les  routes  départementales , les 
chemins  vicinaux  et  d’intérêt  commun. 

Les  espèces  fruitières  que  l’on  choisit  le 
plus  généralement  varient  suivant  la  région. 
Bans  les  Vosges,  c’est  le  Cerisier  qui  do- 
mine. On  prend  dans  les  forêts  de  jeunes 
plants  provenant  de  semis  du  Cerisier  des 
bois  ou  Merisier.  Le  fruit  est  utilisé  pour  la 
fabrication  du  kirsch.  Il  y aurait  à res- 
treindre la  plantation  de  cette  espèce,  car  la 
cueillette  des  petites  Merises  est  très-oné- 
reuse. 

Bans  Meurthe-et-Moselle,  les  deux  es- 
pèces dominantes  sont  les  Pruniers  Mira- 
belle et  Quetsche. 

Bans  la  Meuse,  on  a donné  la  préférence 
aux  Poiriers  et  aux  Pommiers,  dont  on 
cultive  plusieurs  variétés  à fruits  de  table  et 
de  marché;  la  plantation  du  Pommier  à 
cidre  a commencé  sur  quelques  points  ; 
c’est  cette  dernière  qui,  croyons-nous,  est 
appelée  à donner  les  bénéfices  les  plus  cer- 
tains. La  consommation  du  cidre,  qui  se 
répand  de  plus  en  plus,  offrira  aux  fruits  un 
écoulement  facile;  de  plus,  la  Pomme  à 
cidre  est  un  fruit  peu  savoureux,  et,  avec 
lui,  on  évitera  une  perte  que  l’on  aurait 


LÉGUMES  NOUVEAUX. 


129 


certainement  avec  des  variétés  plus  succu- 
lentes attirant  l’œil  et  parfois  la  main  des 
passants. 

Ces  plantations  sont  données  à l’entre- 
prise et  par  adjudication  faite  à la  sous- 
préfecture;  elles  ont  lieu  sous  le  contrôle 
des  agents-voyers,  aux  frais  des  communes 
intéressées. 

L’élan  est  donné  ; on  plante  un  peu  par- 
tout sur  les  routes  et  chemins  du  ressort 
départemental;  les  routes  nationales  font 
seules  exception. 

Jusqu’ici  les  ingénieurs  de  l’État  ont  con- 
servé sur  ces  dernières  voies  les  anciens 
arbres  forestiers  et  leurs  plantations  récentes 
se  composent  toujours  des  mêmes  essences. 
Nous  espérons  que  le  Gouvernement, 
éclairé  par  l’exemple  des  départements  et 


des  communes,  comprendra  enfin  ses  véri- 
tables intérêts,  et  que,  s’il  ne  fait  pas  dispa- 
raître ses  anciennes  plantations,  il  laissera 
aux  arbres  fruitiers  une  large  part  dans  les 
nouvelles. 

Indépendamment  du  bénéfice  qu’il  y 
trouvera,  il  donnera  satisfaction  aux  pro- 
priétaires riverains  dont  ses  arbres  dépré- 
cient les  champs;  il  contentera  les  voya- 
geurs, pour  lesquels  c’est  un  véritable 
plaisir  de  marcher,  au  printemps,  entre 
deux  haies  de  fleurs,  et,  depuis  l’été  jusqu’à 
l’automne,  de  contempler  ce  verger  aux 
fruits  variés  dont  toutes  les  nuances  se 
jouent  agréablement  dans  le  vert  du  feuil- 
lage. 

Victor  Didier, 

Horticulteur  à Nancy. 


LÉGUMES  NOUVEAUX 


L’année  dernière,  en  parcourant  les 
champs  de  légumes  de  MM.  Vilmorin,  à 
Verrières,  nous  avons  remarqué  quelques 
espèces,  qui  nous 
ont  paru  méritantes 
et  dignes  d’être  re- 
commandées. Nous 
en  donnons  ci-des- 
sous une  description 
sommaire  : 

Chicorée  Reine 
d’hiver.  — C’est 
une  variété  intermé- 
diaire par  son  feuil- 
lage entre  les  Chico- 
rées frisées  et  la 
Scarole.  Elle  sort 
de  l’ancienne  Chi- 
corée bâtarde  de 
Bordeaux , dont  elle 
a conservé  la  rusti- 
cité. L’obtenteur  est 
M.  Émile  David,  jar- 
dinier à Savigny- 
sur-Orge. 

On  pourra  se  faire 
une  idée  de  la  rusticité  de  cette  variété 
quand  on  saura  qu’elle  a passé  en  pleine 
lerre,  sans  aucun  abri,  la  série  d’années 
comprise  entre  1879  et  1886,  ce  qui  justifie 
son  nom  Reine  d’hiver.  Les  feuilles  de  la 
circonférence,  relativement  très-larges,  rap- 
pellent bien  celles  de  la  Scarole,  tandis  que 
les  centrales,  étroites  et  frisées,  rappellent 
les  feuilles  des  Chicorées  frisées.  Semée  en 
juillet,  repiquée  en  septembre,  elle  donne 


abondamment  de  décembre  en  mars,  pourvu 
qu’on  lui  apporte  les  soins  ordinaires,  c’est- 
à-dire  qu’on  la  garantisse  contre  les  neiges 
et  les  intempéries. 

Chou  de  Bruxel- 
les demi-nain  de 
la  Halle  (fig.  26).  — 
Cette  variété,  dont 
la  culture  tend  à se 
généraliser  aux  en- 
virons de  Paris,  -se 
distingue  des  autres 
Choux  de  Bruxel- 
les,, non  seulement 
par  sa  taille  relati- 
vement naine,  mais 
aussi  par  la  teinte  gé- 
nérale de  la  tige,  des 
feuilles  et  même  des 
Pommes,  qui  est  plus 
ou  moins  violette, 
suivant  l’état  de  dé- 
veloppement, ce  qui 
l’a  parfois  fait  appe- 
ler Chou  de  Bruxel- 
les violet.  Le  port  de 
la  plante  est  droit  et  raide.  Quant  aux  «Pom- 
mes »,  qui  sont  très-rapprochées,  elles  sont 
petites,  d’abord  légèrement  déprimées,  puis 
à peu  près  sphériques  à l’époque  de  la  ma- 
turité. C’est  une  variété  rustique  et  très- 
productive,  à feuilles  extérieures  longue- 
ment pétiolées.  La  tête  du  Chou,  qui  est 
bien  frisée,  rappelle  assez  un  Chou  de  Mi- 
lan, ce  qui  tendrait  à démontrer  que  ce 
Chou  pourrait  bien  provenir  de  ce  groupe. 


130 


LÉGUMES  NOUVEAUX. 


Radis  noir  long  d’été.  — Variété  dou- 
blement précieuse  ; d’abord  par  ses  qualités, 
qui  rappellent  celles  de  l’ancien  Radis  noir 
bien  connu  et  d’un  usage  si  général  ; l’autre 
est  de  ne  pas  monter  comme  l’ancien,  et, 
alors,  de  pouvoir  se  cultiver  pendant  tout 
l’été  comme  les  petits  Radis  roses  d’été,  ce 
qui  est  un  avantage  inappréciable.  La  racine 
forte,  bien  faite,  un  peu  obtuse,  a la  peau 
d’un  beau  noir,  mais  un  peu  moins  ru- 
gueuse que  celle  de  l’ancien  Radis  noir 
long  d’hiver.  Quant  à la  chair,  elle  est  d’un 
très-beau  blanc  ; sa  saveur,  très-agréable, 
est  bien  relevée  sans  être  trop  piquante 
cependant. 


Ainsi  qu’on  peut  le  voir,  le  Radis  noir 
long  d’été  est  une  précieuse  nouveauté  qui 
permet  d’avoir  un  condiment  sain  et 
agréable  à peu  près  partout  et  pendant  toute 
l’année.  Alors,  dans  certains  cas,  et 
faute  de  Navets  qu’il  est  si  difficile  de  se 
procurer  pendant  l’été,  ne  pourrait-on  con- 
sidérer le  Radis  noir  long  d’hiver  comme 
un  succédané  du  Navet,  ne  serait-ce  au 
moins  que  comme  légume  « à pot  au  feu  » ? 

Pomme  de  terre  Canada  (fig.  27). 
— Variété  d’une  énorme  productivité, 
même  sous  des  climats  regardés  comme 
peu  favorables  à la  culture  des  Pommes 
de  terre.  Ainsi  à Lunéville,  chez  M.  Paul 


Fig.  27.  — Pomme  de  terre  Canada. 


Genay,  à qui  on  doit  la  connaissance  de  la 
variété  en  question,  le  rendement  a été 
supérieur  à toutes  les  autres  variétés  aux- 
quelles on  l’a  comparée,  notamment  à la 
Pomme  de  terre  Institut  de  Beauvais , 
regardée  pourtant  comme  une  des  plus 
productives.  Gomme  caractères,  ceux  de 
la  Pomme  de  terre  Canada,  se  rappro- 
chent de  ceux  de  la  Jeancé  ou  Vosgienne, 
excepté  qu’elle  est  à fleurs  blanches.  Ses 
germes  sont  rosés.  C’est  une  variété  demi- 
tardive,  dont  les  tubercules  Sont  de  facile 
conservation.  Elle  appartient  à la  catégorie 
des  Pommes  de  terre  à « grand  rendement». 


Ognon  blanc  petit  extra-hâtif  de  Bar - 
leta.  — Cette  variété,  qui  est  un  peu  plus 
petite  que  Y Ognon  de  la  Reine,  est  la  plus 
hâtive  de  toutes  celles  connues.  On  admet 
qu’elle  devance  de  quinze  à vingt  jours  les 
sortes  les  plus  précoces  d’Ognons  hlancs. 
Son  diamètre  est  d’environ  3 centimètres 
sur  un  peu  moins  de  hauteur  ; ce  tubercule 
présente  cette  particularité  d’être  bien  plat 
au  sommet,  tandis  qu’il  se  rétrécit  brusque- 
ment en  cône  à sa  partie  inférieure. 

Haricot  jaune  hâtif  de  Fleuriel,  Vilm. 
— Variété  rappelant  un  peu  le  II.  jaune 
du  Canada,  mais  qui  lui  est  supérieure 


LÉGUMES 

comme  hâtiveté  et  productivité.  Les  cosses, 
qui  sont  sans  parchemin,  peuvent  être  cueil- 
lies presque  à toutes  les  grosseurs,  tout 
en . conservant  leur  tendreté  et  leur  bon 
goût. 

Le  H.  jaune  hâtif  de  Fleuviel  est  un  peu 
plus  nain  que  le  H.  jaune  du  Canada;  son 
grain,  qui  est  de  la  même  couleur,  est  un 
peu  plus  petit  et  surtout  plus  sphérique. 

Haricot  Gloire  de  Lyon , Vilm.  — Tout 
particulièrement  précieux  pour  cueillir  en 
vert,  ce  Haricot,  bien  que  récemment  obtenu, 
s’est  promptement  répandu  dans  la  culture 
maraîchère,  ce  qui 
suffirait  presque 
pour  en  indiquer  le 
mérite.  Il  est  plus 
hâtif  que  les  Hari- 
cots Bagnolet  et 
Solitaire , avec  les- 
quels il  a quelques 
rapports,  surtout 
par  le  grain.  Par 
son  port  ramifié  et 
trapu,  1 eH.  Gloire 
de  Lyon  rappelle 
le  H.  Solitaire , 
tandis  que  ses  « ai- 
guilles» et  son 
grain  le  rappro- 
chent du  H.  Ba- 
gnolet. 

Haricot  Roi  des 
verts , Bonnemain. 

— Plus  hâtif  que 
le  H.  Merveille  de 
France  dont  il 
sort,  il  est  égale- 
ment plus  nain, 
plus  trapu  et  même 
plus  productif  ; il 
est  aussi  bien  su- 
périeur au  H.  Che- 
vrier, et  les  sur- 
passe également 
par  les  qualités  de 
son  grain. 

Concombre  vert  long  de  Cardiff.  — Cette 
variété,  qui  est  vigoureuse  et  très-produc- 
tive, est  également  très-robuste,  ce  qui  pro- 
bablement permettra  de  le  cultiver  sous 
notre  climat  comme  Concombre  de  pleine 
terre.  Soumis  à une  bonne  culture,  ses 
fruits  viennent  par  groupe  de  trois  à quatre. 
Longs  d’environ  30  à 40  centimètres,  ces 
fruits  sont  cylindriques,  légèrement  atté- 
nués vers  le  pédoncule,  à peau  lisse  et  d’un 
très-beau  vert.  C’est  une  variété  productive 


NOUVEAUX.  131 

et  bien  franche,  qui  peut  fournir  deux 
« saisons  de  cueille  ». 

Épinard  paresseux  de  Catillon.  — Le 
qualificatif  paresseux,  employé  ici,  doit  se 
prendre  dans  le  sens  de  lent  à monter. 
C’est,  assure-t-on,  de  toutes  les  variétés  du 
genre,  celle  dont  la  cueillette  peut  se  pro- 
longer le  plus  longtemps  lorsqu’arrivent  les 
chaleurs,  si  funestes,  comme  l’on  sait,  à la 
production  des  feuilles  d’Épinards.  Celui-ci 
a les  feuilles  épaisses,  larges,  succulentes,  et 
d’un  beau  vert.  De  plus,  la  plante  est  ro- 
buste et  compacte.  Cette  variété,  qui  est 
très-méritan  te, 
présente  la  parti- 
cularité physiolo- 
gique très-curieuse 
que  voici  : lorsque 
la  plante  monte  à 
graines,  on  cons- 
tate que  presque 
tous  les  pieds  sont 
monoïques,  c’est- 
à-dire  mâles  ou 
femelles,  au  lieu 
de  voir  les  fleurs 
mâles  et  femelles 
sur  un  même  pied, 
mais  alors  sur  des 
branches  différen- 
tes, ainsi  que  c’est 
la  règle. 

Fraise  Souvenir 
de  Bossuet  ( fig.28). 
— Cette  variété, 
qui  appartient  à 
la  catégorie  des 
« Grosses  Fraises  », 
a été  obtenue  par 
M.  Ed.  Lefort,  se- 
crétaire général  de 
la  Société  d’horti- 
culture de  l’ar- 
rondissement de 
Meaux,  de  graines 
récoltées  sur  la  va- 
riété Général  Chanzy.  Quoique  tout  à fait 
nouvelle,  on  a cependant  pu  se  faire  une 
idée  de  ses  qualités,  qui  sont  telles  qu’elles 
lui  assurent  un  favorable  accueil  de  la  part 
des  cultivateurs.  Ses  caractères  généraux 
sont  les  suivants  : 

Plante  vigoureuse,  robuste,  très-productive. 
Feuilles  très-amples,  bien  nourries,  garan- 
tissant bien  le  centre  (cœur)  de  la  plante  contre 
les  fortes  chaleurs,  et  assurant  le  développement 
des  hampes,  qui  sont  dressées,  robustes,  et 
portent  une  grande  quantité  de  fleurs  _qui 


Fig.  28.  — Fraise  Souvenir  de  Bossuet , 
de  grandeur  naturelle. 


132 


LES  ODONTOGLOSSUM  CRISPUM. 


« nouent  j>  parfaitement.  Les  fruits,  relati- 
vement très-gros,  sont  courtement  ovales,  cor- 
diformes,  d’une  belle  couleur  rouge  vif  qui, 
suivant  les  circonstances,  va  même  jusqu’au 
rouge  noir,  ainsi,  du  reste,  que  le  fait  a lieu 
pour  la  Fraise  Général  Chanzy.  La  chair,  d’un 
beau  rouge  pâle  ou  clair,  est  ferme,  très-juteuse, 
sucrée,  légèrement  mais  très -agréablement 
acide.  C’est  une  plante  très-fertile  et  de  demi- 
saison,  bonne  pour  le  commerce,  tant  pour  la 
beauté  et  les  qualités  de  ses  fruits  que  par  la 
fermeté  de  leur  chair,  qui  en  facilite  le  trans- 
port. 

La  Fraise  Souvenir  de  Bossuet , qui 
vient  d’être  mise  au  commerce  par  MM.  Vil- 
morin et  Cie,  a présenté  cette  année  une 
particularité  remarquable  et  à peu  près 


unique  jusqu’ici,  ou,  du  moins,  que  nous  sa- 
chions, qui  n’a  jamais  été  constatée.  Ce  carac- 
tère, c’est  la  floraison  de  rosettes  ou  jeunes 
pieds  développés  sur  des  « coulants  » ou 
stolons  gemmifères.  Ces  bourgeons,  âgés 
seulement  de  quelques  semaines,  ont  pro- 
duit des  fleurs  bien  constituées  qui  se  sont 
transformées  en  magnifiques  fruits,  abso- 
lument semblables  à ceux  que  portaient  les 
vieux  pieds. 

Ce  caractère  persistera-t-il,  et  est-il  l’in- 
dice d’une  grosse  Fraise  remontante?  Nous 
ne  pouvons  le  dire.  Quoi  qu’il  en  soit, 
il  nous  a paru  intéressant  de  le  signaler. 

E.-A.  Carrière. 


LES  ODONTOGLOSSUM  CRISPUM 


Peu  de  plantes,  même  dans  la  vaste 
famille  des  Orchidées,  ont  donné  naissance, 
à l’état  spontané  à une  aussi  grande  variation 
que  cette  espèce  dans  leurs  fleurs.  En  effet, 
toutes  les  variétés  de  Y Odontoglossum 
crispum , aujourd’hui  cultivées,  viennent 
d’importations  directes;  je  n’en  connais 
aucune  qui  soit  le  résultat  d’une  fécondation 
artificielle  pratiquée  de  main  d’homme. 

La  plupart  de  ces  variétés  sont  connues 
sous  le  nom  d’O.  Alexandræ.  Il  est  bon 
d’expliquer  d’abord  d’où  vient  ce  nom. 
En  1841-43,  au  cours  d’un  voyage  entrepris 
par  Hartweg,  pour  la  Société  d’Horti culture 
de  Londres,  ce  vaillant  collecteur  de  plantes 
découvrit,  près  de  Pacho,  dans  la  Cordillère 
orientale  des  Andes  de  la  Nouvelle-Gre- 
nade, cette  charmante  Orchidée,  dont  il  rap- 
porta seulement  des  échantillons  d’herbier. 
Dix  ans  plus  tard,  Lindley  décrivit  l’espèce 
sous  le  nom  d’O.  crispum  (1).  Ce  ne  fut 
qu’en  1863  que  les  collecteurs  Weir,  Blunt 
et  Schlim,  envoyés  respectivement  par  la 
Société  d’Horticulture  de  Londres,  par 
MM.  Low  et  Clapters,  et  par  M.  J.  Linden, 
de  Bruxelles,  dont  Schlim  était  le  frère  uté- 
rin, réussirent  à introduire  les  premiers 
exemplaires  vivants  (2).  C’est  dans  la  col- 
lection de  M.  John  Day,  de  Tottenham 
(le  célèbre  amateur  mort  récemment),  que 

(1)  Ann.  nat.  Hist.,  15,  p.  256 ; Fol.  Orch.  Od. 
n°  57  (1852).  Il  n’en  est  pas  encore  question  dans 
les  Plantœ  Hartwegianæ  du  même  auteur,  dont  la 
publication  suivit  de  près  le  retour  de  Hartweg. 

(2)  On  cite  ce  fait  curieux,  que  les  trois  collec- 
eurs  se  trouvèrent  ensemble  sur  le  même  steamer, 
embarqués  pour  la  même  destination,  et  avec  le 
même  programme  à remplir. 


s’épanouit  la  première  fleur  en  Europe. 
Elle  provenait  de  l’envoi  fait  par  Blunt. 
Envoyée  à M.  Beichenbach,  qui  n’y  reconnut 
pas  F O.  crispum  de  Lindley,  elle  fut  publiée 
par  lui  sous  le  nom  d’O.  Bluntii  (1). 

Presque  en  même  temps,  les  plantes  de 
M.  Weir  fleurissaient  également  et  M.  Ba- 
teman  publiait  la  première  qui  s’épanouit, 
également  comme  nouveauté,  sous  le  nom 
d’O.  Alexandræ , la  dédiant  à la  princesse  de 
Galles  (2).  La  plante  fit  sensation.  Grâce  à 
des  introductions  nouvelles  qui  ne  se  firent 
pas  attendre,  ce  dernier  nom  devint  bientôt 
populaire,  et  il  restera  longtemps  encore, 
dans  le  public  horticole,  plus  connu  que 
celui  d’O.  crispum , le  seul  exact  cependant, 
de  par  la  loi  de  priorité. 

Nous  énumérerons,  tout  à l’heure,  quel- 
ques-unes des  variétés  qui  se  sont  suc- 
cédées depuis  ces  premières  introductions. 
Le  type  général  de  l’espèce  peut  se  décrire 
ainsi  : 

Pseudo-bulbes  ovales  comprimés,  à deux 
feuilles  linéaires-lancéolées,  carénées,  dilatées 
au  milieu,  aiguës  au  sommet.  Inflorescence  en 
grappe  simple  ou  en  panicule  plus  ou  moins 
rameuse.  Fleurs  à fond  blanc,  parfois  jau- 
nâtre, rose  ou  mauve,  plus  ou  moins  pourvu 
de  macules,  points  ou  stries,  roses,  pourpres 
ou  bruns  ; pédicelle  égalant  souvent  le  dia- 
mètre des  fleurs,  accompagné  de  bractées 
petites,  ovales-lancéolées-aiguës,  striées;  sé- 
pales lancéolés-aigus  ; pétales  presque  égaux 
aux  sépales  ou  plus  souvent  plus  larges, 
ovales-lancéolés  très-aigus,  crispés,  à décou- 
pures membranacées  ; labelle  plus  court  que 

(1)  Gard.  Chron.,  1864,  p.  1083. 

(2)  Bot.  Zeit.  1864,  n°  53. 


Revue  Horticole >. 


CVrcvxoUVv  (r.Seoereyrts . 


Godard , dei.. 


Odontocflossiun  crispum  Goiwillmnum 


LES  ODONTOGLOSSUM  CRISPUM. 


433 


les  pétales,  cun éi forme-h asté,  onguiculé,  à 
bords  crispés  ou  frangés,  à sommet  apiculé 
recourbé  en  arrière  ; lames  de  la  crête  bilaté- 
rales plus  ou  moins  calleuses  ou  allongées, 
dentées-pectinées  ; colonne  arquée  claviforme, 
jaune  à la  gorge,  plus  ou  moins  colorée,  à 
ailes  frangées  ou  lacérées. 

Les  dimensions  des  fleurs  de  l’0.  cris - 
pum  varient  considérablement.  Entre  les 
premiers,  échantillons  d’herbier,  qui  mon- 
traient des  périanthes  de  5 à 6 centimètres  de 
diamètre,  et  quelques  beaux  exemplaires  de 
certaines  collections  anglaises,  qui  mesurent 
40  ou  42  centimètres,  on  voit  que  la  marge 
est  notable.  Non  moindre  est  la  variation  des 
couleurs.  Aussi  les  dédicaces  se  sont-elles 
multipliées,  à cette  occasion,  sous  la  plume 
des  auteurs.  C’est  ainsi  que  M.  Reichen- 
bach  a successivement  décrit,  comme  autant 
d’espèces  distinctes,  les  simples  variétés 
suivantes  : O.  Bluntii,  Andersonianum , 
limbatum , Ruckerianum,  Jenningsia- 
num  (4).  On  voit  qu’un  peu  d’indulgence 
doit  paraître  nécessaire  pour  les  descrip- 
teurs de  plantes  nouvelles. 

Parmi  les  plus  saillantes  d’entre  les  va- 
riétés de  Y O.  crispum,  formes  dont  les 
descriptions  sont  éparses  dans  nombre  de 
publications,  journaux,  catalogues  d’horti- 
culteurs, etc.,  il  en  est  une  certaine  quan- 
tité que  MM.  Veitch,  de  Londres,  ont  très- 
judicieusement  mises  en  relief  dans  une 
étude  récente  (2).  Ce  sont  les  suivantes  : 

O.  c.  Andersonianum  et  ses  sous-va- 
riétés  angustatum,  lobatum , tenue , Jose- 
phinæ,  obtusatum,  pictum,  M.  Pollett. 

O.  c.  Chestertoni. 

O.  c.  Jenningsianum. 

O.  c.  limbatum. 

O.  c.  Ruckerianum. 

Mais  depuis  l’apparition  de  cette  der- 
nière variété,  en  4873,  combien  de  nouvelles 
formes  ont  fait  leur  apparition,  la  plupart 
supérieures  en  beauté  aux  précédentes  î Nous 
ne  voulons  citer  au  passage  que  les  sui- 
vantes : O.  c.  apiatum,  Ballantinei, 

Sclirœderianum,  fastuosum,  flaveolum, 
guttatum,  Cooksoni,  Raganum,  Wilsoni , 
Stevensii,  Duchess,  Veitchianum , Duva- 
lianum,  etc. 

Aux  plus  belles  d’entre  les  variétés  qui 
viennent  d’être  énumérées,  on  peut  ajouter 
celle  que  nous  figurons  aujourd’hui  et  que 
M.  le  comte  Adrien  de  Germigny  cultive 
dans  ses  serres  de  Gouville  (O.  crispum  de 

(1)  Bot.  Zeit.,  1864,  n°  53;  Gard.  Chron .,  1868, 
p.  599  ; 1870,  p.  714:  1873,  p.  105 : 1878,  p.  366. 

(2)  Mann.  Orch.  pi.  part.  I,  pp.  24  et  suiv. 


Gouville).  La  grandeur  de  ses  fleurs  et  la 
netteté  de  ses  larges  macules  la  placent  au 
premier  rang  des  formes  qui  se  rapprochent 
de  la  variété  fastuosum  et  la  dépassent  en 
beauté. 

Qu’on  me  permette  d’ajouter  à cette  liste 
la  variété  d’un  blanc  pur  avec  deux  points 
roses  sur  les  sépales,  que  j’ai  introduite, 
en  4876,  de  la  Nouvelle-Grenade,  où  je  l’ai 
trouvée  près  de  Pasca,  et  que  j’ai  décrite 
sous  le  nom  de  O.  c.  Mariæ  (4). 

J’ai  déjà  indiqué  dans  le  Tour  du  Monde 
(vol.  XXV,  p.  494)  les  principaux  traits  du 
paysage  bien  particulier  dans  lequel  j’ai  ré- 
colté cette  jolie  Orchidée  : 

« Dès  que  nous  fûmes  arrivés  à 500  mè- 
tres plus  haut  que  Pasca,  pauvre  village  de 
la  Cordillère  orientale  des  Andes,  à 40  kilo- 
mètres environ  de  Bogotà,  et  à l’altitude  de 
2,434  mètres,  les  pentes  devinrent  plus 
abruptes,  et  le  « Paramo  » (2)  se  montra 
sous  son  voile  de  brume.  Les  mules  furent 
confiées  à la  garde  d’un  péon,  et  notre  ascen- 
sion commença. 

« Après  deux  heures  de  marche  au  mi- 
lieu de  ces  « lomas  » ou  prairies  monta- 
gneuses couvertes  d’une  herbe  courte  et  des 
rares  buissons  du  Rubus  bogotensis,  nous 
entrions  dans  la  forêt  des  Orchidées.  C’était 
en  pleine  région  froide.  La  végétation  arbo- 
rescente était  maigre,  effdée,  couverte  de 
Mousses,  de  Lichens,  d’Hépatiques,  qui  re- 
couvraient tous  les  rameaux  de  tons  verdâ- 
tres, au  milieu  d’une  perpétuelle  humidité. 
Pas  de  fleurs,  à l’exception  des  admirables 
grappes  blanches  ou  rosées  de  YOdonto- 
glossum  crispum , établi  à l’enfourchement 
des  branches  et  dont  je  fis  une  ample  pro- 
vision. A coup  sûr,  cette  espèce  est  la  reine 
des  Orchidées  de  la  région  de  Pasca.  » 

On  peut  considérer  cette  dernière  localité 
comme  un  des  points  méridionaux  extrêmes 
où  Y O.  crispum  croit  abondamment  dans 
la  Cordillère  orientale.  Au  nord,  la  plante 
se  retrouve  jusqu’au  delà  de  Pacho,  où 
Hartweg  l’a  recueillie  le  premier,  à 32  kilo- 
mètres environ  de  Bogotà.  C’est  donc  dans 
un  espace  de  moins  de  3 degrés  de  latitude 
que  l’aire  de  distribution  de  cette  espèce  se 
trouve  circonscrite.  Cette  localisation  géo- 
graphique assez  étroite  n’est  pas  rare  dans 
les  Orchidées. 

Depuis  dix  ou  quinze  ans,  les  quantités 
d’O.  crispum  importées  vivantes  de  la  Nou- 
velle-Grenade ont  atteint  des  chiffres  pro- 

(1)  Illust.  hort.,  1878,  p.  137,  pl.  325. 

(2)  Paramo,  région  froide  des  hautes  Andes,  le 
plus  souvent  couverte  de  brumes. 


434 


IMPATIENS  CÔMORENSIS. 


digieux.  On  peut  dire  que  c’est  par  centaines 
de  mille  qu’elles  ont  été  arrachées  aux  forêts 
de  la  Cordillère  et  qu’elles  ont  passé  sous  le 
marteau  de  vente  de  Stevens,  à Londres. 
Ces  plantes  se  vendent  en  bloc  à des  prix 
très-modérés  et  se  distribuent,  aussitôt  après 
leur  arrivée,  entre  de  nombreux  horticul- 
teurs et  amateurs.  Bientôt  après  on  en  fait 
un  choix  quand  elles  fleurissent,  et  il  est 
fréquent  de  voir  des  exemplaires  achetés 
1 shilling  qui  se  revendent,  l’année  suivante, 
à des  centaines  de  francs,  ou  même  davan- 
tage. 


Tout  le  monde  connaît  aujourd’hui  la 
culture  de  l’O.  crispum.  Serre  froide, 
beaucoup  d’air  et  d’humidité,  tel  est  en 
deux  mots  le  secret.  Les  plantes  fleurissent 
généralement  depuis  le  milieu  de  février 
jusqu’à  la  fin  d’avril,  quand  elles  sont  bien 
établies.  Mais  comme  cette  espèce  peut 
émettre  des  hampes  à toute  époque  de 
sa  végétation  active,  il  s’ensuit  que,  si 
l’on  en  possède  un  assez  grand  nombre,  on 
obtient  des  fleurs  presque  toute  l’année. 

Ed.  André. 


IMPATIENS  COIORENSIS 


Plante  extrêmement  vigoureuse,  ramifiée, 
à ramifications  dressées.  Tige  charnue, 
glabre,  rougeâtre,  lisse,  se  dénudant  faci- 
lement par  la  base.  Feuilles  alternes,  lon- 
guement lancéolées,  atténuées  à la  base, 
acuminées  au  sommet,  de  15  à 25  centi- 
mètres et  même  plus  de  longueur  sur  environ 
5 à 6 de  largeur,  glabres,  d’abord  courtement 
dentées,  ensuite  comme  spinulées.  Fleurs 
abondantes  à l’extrémité  des  ramifications, 
constituant  des  inflorescences  largement 
arrondies,  relativement  courtes  et  com- 
pactes. Boutons  sur  un  pédoncule  rosé  d’en- 
viron 8 centimètres  de  longueur,  carné,  à 
divisions  externes  fortement  appliquées, 
concaves,  l’une  d’elles  se  transformant  en 
éperon,  qui,  d’abord  relevé,  se  contourne 
en  grandissant  et  devient  pendant  ; cet  épe- 
ron, qui  est  bifide,  robuste,  glabre,  lui- 
sant, d’un  rose  plus  ou  moins  foncé,  atteint 
environ  5 centimètres  de  longueur.  Corolle 
à 5 divisions  étalées-obovales,  un  peu  iné- 
gales, d’un  rose  nuancé  de  carmin,  parfois 
violacé,  plus  ou  moins  foncé,  suivant  l’état 
de  la  floraison. 

Introduite  en  4886,  par  M.  Humblot,  qui 
en  envoya  des  graines  au  Muséum,  Y Impa- 
tiens comorensis , M.  Cornu,  est  une  es- 
pèce relativement  géante  et  d’une  crois- 
sance excessivement  rapide.  Nous  en  avons 
vu  des  pieds,  qui,  bien  que  placés  dans  des 
conditions  peu  favorables,  avaient  cepen- 
dant une  tige  de  5 à 8 centimètres  de  dia- 
mètre. C’est  une  plante  qui  nous  paraît 
devoir  être  cultivée  en  serre  chaude,  comme 
Y Impatiens  Sultani  et  autres  espèces  ana- 
logues. Comme  YI.  Sultani,  elle  nous  a 
paru  très-disposée  à émettre  des  bourgeons 
lorsqu’on  la  rabat.  On  la  multiplie  de 


graines  et  de  boutures  ; les  premières 
doivent  être  semées  en  serre,  et  les  plants 
repiqués  jeunes  et  même  plusieurs  fois, 
afin  d’éviter  l’étiolement;  le  mieux  serait  de 
placer  les  pots  sur  une  petite  couche  près 
du  verre,  sous  des  châssis,  où  il  serait  alors 
facile  de  leur  donner  de  l’air.  Quant  aux 
boutures,  on  peut  en  faire  pendant  presque 
toute  l’année;  en  prenant  des  jeunes 
pousses,  la  reprise,  qui  est  certaine,  se  fait 
très-promptement. 

Les  jeunes  plantes  destinées  à l’orne- 
mentation estivale  des  jardins  devront  être 
plantées  en  pleine  terre  aussitôt  que  les 
froids  ne  seront  plus  à craindre,  dans  un 
sol  bien  préparé,  fortement  insolé  et  sur- 
tout bien  aéré. 

Bien  que  l’on  ne  puisse  encore  rien  affir- 
mer quant  au  mérite  de  Y Impatiens  co- 
morensis, ce  que  nous  avons  vu  autorise  à 
croire  que  ce  sera  une  bonne  plante  d’orne- 
ment; elle  nous  a paru  très-floribonde,  et 
ses  fleurs,  assez  grandes,  bien  faites,  et 
d’une  teinte  rose  nuancé  plus  ou  moins 
violacé,  tranchent  agréablement  avec  le  vert 
clair  du  feuillage.  Sa  vigueur  excessive  et 
sa  tendance  à se  ramifier  laissent  croire 
que  ce  sera  une  espèce  précieuse  pour  la 
confection  des  grands  massifs,  et  tout  par- 
ticulièrement comme  plante  à isoler.  Disons 
toutefois  qu’elle  nous  a paru  très-disposée  à 
être  envahie  par  la  cochenille,  du  moins 
lorsque  les  plantes  sont  cultivées  en  serre 
chaude.  On  devra  donc  veiller  avec  soin 
à faire  disparaître  ces  insectes  aussitôt 
qu’il  pourrait  s’en  présenter,  afin  de  ne 
pas  mettre  en  pleine  terre  des  plantes  déjà 
envahies. 

E.-A.  Carrière. 


CONGRÈS  HORTICOLE  DE  PARIS  EN  MAI  1888. 


135 


CONGRÈS  HORTICOLE  DE  PARIS  EN  MAI  1888 

I.  - RÈGLEMENT 


Article  premier.  — Un  Congrès  horticole, 
organisé  par  la  Société  nationale  d’horticulture  de 
France,  se  tiendra  dans  l’hôtel  de  la  Société,  rue 
de  Grenelle,  84,  pendant  la  durée  de  l’Exposition, 
qui  aura  lieu  du  25  au  31  mai  1888. 

Art.  2.  — L’ouverture  s’en  fera  le  lundi  28  mai, 
à deux  heures  de  l’après-midi. 

Art.  3.  — Le  Bureau  de  la  Société  dirigera  les 
travaux  et  les  séances  du  Congrès,  et  réglera 
l’ordre  dans  lequel  les  questions  seront  traitées.  Il 
pourra,  avec  l’assentiment  de  l'Assemblée,  s’ad- 
joindre des  membres  honoraires. 

Art.  4.  — Le  Bureau  sera  saisi  de  toutes  les 
propositions,  questions  et  documents  adressés  au 
Congrès  dont  le  programme  ci-joint  comprend  des 
questions  d’horticulture,  de  science,  de  commerce 
et  d'industrie  horticoles. 

Art.  5.  — Il  peut  être  présenté  au  Congrès  des 
questions  autres  que  celles  du  programme  ; les 
personnes  qui  désireraient  les  traiter  devront,  par 
avance,  en  prévenir  le  Président. 

Art.  6.  — Les  orateurs  ne  pourront  occuper  la 
ribune  plus  d’un  quart  d’heure,  à moins  que  l’As- 
semblée n’en  décide  autrement. 

Art.  7.  — Les  dames  sont  admises  aux  séances 
et  pourront  prendre  part  à la  discussion. 

Art.  8.  — Les  personnes  qui  ne  pourront  assis- 
ter aux  séances,  et  désireraient  cependant  que  leur 
travail  fût  communiqué  au  Congrès  devront  l’adres- 
ser, franc  de  port,  au  Président  de  la  Société,  rue 
de  Grenelle,  84. 

Art.  9.  — Toute  discussion  étrangère  aux  études 
poursuivies  par  la  Société  est  formellement  inter- 
dite. 


Art.  10.  — La  Commission  d’organisation  re- 
cevra, avec  reconnaissance,  les  mémoires  sur  les 
questions  portées  au  programme  que  voudraient 
lui  adresser  préalablement  des  membres  du  Con- 
grès. Ces  mémoires  devront  parvenir  au  siège  de 
la  Société  avant  le  1er  avril  1888.  Ils  seront  impri- 
més, s’il  y a lieu,  et  distribués  par  les  soins  de  la 
Commission  avant  la  réunion  du  Congrès. 

Art.  11.  — Les  travaux  généraux  du  Congrès 
pourront  être  publiés  par  les  soins  de  la  Société. 

Art.  12.  — Il  ne  sera  perçu  aucune  cotisation. 

Art.  13.  — Une  carte  d’admission  pour  les 
séances  du  Congrès  sera  délivrée  gratuitement  à 
tous  les  membres  adhérents  ne  faisant  pas  partie 
de  la  Société.  Les  membres  de  la  Société  entreront 
sur  la  présentation  de  leur  carte  de  sociétaire. 

Art.  14.  — Tout  cas  non  prévu  par  le  présent 
règlement  sera  soumis  au  Bureau,  qui  statuera. 

La  Commission  d'organisation , 
Hardy,  président;  Bergman  (Ernest), secré- 
taire; Dybrowski,  Truffaut  (Albert), 
Verdier  (Ch.),  membres. 

Approuvé  en  séance  du  Conseil. 

Le  Secrétaire-général,  Le  Président, 

A.  BLEU.  Léon  SAY. 

N.  B.  — Pour  faciliter  l’organisation  du  Congrès, 
on  est  prié  de  faire  parvenir  les  adhésions  au  siège 
de  la  Société,  rue  de  Grenelle,  84,  avant  le  15  avril 
prochain. 

La  Société  a obtenu  des  Compagnies  du  chemin 
de  fer,  comme  les  années  précédentes,  une  réduc- 
tion de  moitié  sur  le  prix  des  places,  en  faveur  des 
membres  de  la  Société. 


II.  — QUESTIONS  POSÉES 


1°  Examen  des  tarifs  des  Compagnies  de  chemins 
de  fer,  pour  : A,  le  transport  des  végétaux  vi- 
vants ; B,  le  transport  des  denrées  horticoles. 

Maintenue  à V étude,  sera  traitée  par  M.  A. 
Truffaut. 

2°  L’aération  de  l’eau  a-t-elle  une  influence  sur 
l’arrosage  des  plantes  ? 

Proposée  par  M.  Dybowski  qui  la  traitera. 

3°  L’enseignement  de  l’horticulture  dans  les  écoles 
de  filles. 

Proposée  par  M.  Belair  qui  la  traitera. 

4°  L’enseignement  de  l’horticulture  dans  les  écoles 
primaires  rurales. 

Proposée  par  M.  Ch.  Chevalier  qui  la  traitera. 

5°  Le  Pommier  à cidre. 

Proposée  par  M.  A.  Oudin  qui  la  traitera. 

6°  Quelles  sont  les  causes  du  dessèchement  sur 
les  treilles  de  la  rafle  des  grappes  du  Raisin  de 
table  ? Connaît-on  un  moyen  de  l’empêcher  de 
se  produire  ? 

Maintenue  à Vétude. 

7°  Influence  des  engrais  chimiques  en  horticul- 
ture. Leur  emploi. 

Maintenue  à Vétude. 

8°  De  l’emploi  des  engrais  liquides  dans  la  culture 
des  plantes  en  pots  ou  en  caisses. 

Maintenue  à Vétude. 

9°  Par  qüel  moyen  pratique  peut-on  arriver  à dé- 


truire sûrement  la  cochenille  qui  attaque  les 
plantes  de  serre  ? 

Proposée  par  la  Société. 

10°  Quelle  explication  peut-on  donner  de  la  diffé- 
rence que  l’on  remarque  dans  la  végétation  et 
la  floraison  des  plantes  vivaces  multipliées  par 
le  bouturage  ou  par  la  division  des  pieds  ? 

Maintenue  à Vétude,  sera  traitée  par  M.  Dy- 
bowski. 

11°  Maladies  du  Pélargonium  zonale. 

Maintenue  à l'étude. 

12°  Des  appareils  de  chauffage  pour  serres  en  gé- 
néral, et  des  avantages  ou  des  inconvénients  de 
l’emploi  de  la  fonte,  du  fer,  de  l’acier  et  du 
cuivre  dans  la  construction  de  ces  appareils. 

Maintenue  à l'élude. 

13°  Utilité  et  mode  d’organisation  d’une  exposition 
de  géographie  botanique. 

Maintenue  à Vétude. 

14°  Quelle  est  la  cause  de  la  rouille  des  Rosiers  ? 
Moyens  de  la  prévenir  ou  de  la  guérir. 

Maintenue  à Vétude. 

15°  La  convention  phylloxérique. 

Maintenue  à l'étude. 

16°  Les  Pommes  de  Calville  et  de  Canada  pré- 
sentent souvent  sur  la  peau  une  tache  de  cou- 
leur brune  au-dessus  de  laquelle  se  produit  une 
décomposition  de  la  pulpe  qui  se  prolonge  à une 


136 


BINEÜSE- RATISSEUSE  À CHEVAL. 


certaine  profondeur.  A quelle  cause  peut-on 
attribuer  cette  sorte  de  maladie? 

Maintenue  à l’étude. 

17°  Les  Vignes  américaines  et  franco-américaines. 

Maintenue  à l’étude. 

18°  L’industrie  de  l’alcool  des  fruits  au  point  de 
vue  national  et  industriel. 

Maintenue  à l’étude. 

19°  Des  plantations  fruitières  commerciales  et  in- 
dustrielles faites  en  grande  culture  au  point  de 
vue  de  la  production  de  fruits  comestibles. 

Proposée  par  M.  Xavier  Levrier,  qui  la 
traitera. 

20»  La  France  pourrait-elle  produire  avantageuse- 


ment toutes  les  graines  pour  semences  dont  elle 
a besoin  ? Ses  différents  sols  et  ses  différents 
climats  se  prêtent-ils  à la  culture  des  espèces 
qu’elle  reçoit  ordinairement  de  l’étranger  ? 

Quelles  peuvent  être  les  causes  climatériques, 
culturales  et  économiques  qui  obligent  notre 
pays  à tirer  de  l’étranger  une  «partie  des  se- 
mences qui  lui  sont  nécessaires  ? 

Proposée  par  M.  Baillet,  qui  la  traitera. 

Pour  la  Commission  d'organisation  : 

A.  Hardy,  président  ; Ernest  Bergman,  secrétaire. 

Approuvé  en  séance  : 

Le  Secrétaire-général, 

A.  BLEU. 


BINEUSE-RÂTISSEUSE  A CHEVAL 


Dans  les  propriétés  de  grande  étendue, 
l’entretien  des  voies  non  empierrées  repré- 
sente chaque  année  une  dépense  considé- 
rable. Non  seulement,  pendant  la  belle  sai- 
son, la  destruction  des  herbes  qui  se 
développent  continuellement  demande  de 
fréquents  binages;  mais,  en  outre,  pour 
empêcher  la  surface  de  ces  allées  de  durcir 
et  de  devenir  désagréable  pour  les  prome- 
nades à pied,  il  est  nécessaire  que  l’on 
remue,  au  moins  une  fois  par  semaine,  jus- 


qu’à une  profondeur  de  2 centimètres  en- 
viron, le  gravier  qui  recouvre  ces  allées. 

Le  binage  à la  houe  à main  est  coûteux 
et  doit  naturellement  être  suivi  d’un  ratis- 
sage qui  augmente  encore  les  frais. 

Pour  obvier  à ces  inconvénients,  on  peut 
employer  une  bineuse-râtisseuse  à cheval 
dont  nous  donnons  ci -contre  le  dessin 
(fig.  29)  et  dont  le  prix  d’acquisition  est 
très-rapidement  regagné. 

Elle  se  compose  d’un  avant-train  dont  la 


hauteur  peut-être  changée,  au  moyen  d’une 
clavette,  suivant  la  hauteur  de  l’animal, 
cheval,  mulet  ou  âne,  que  l’on  y attèle  ; 
d’une  lame  presque  horizontale  que  l’on 
enfonce  en  terre,  à la  profondeur  désirée, 
au  moyen  de  deux  poignées  qui  servent  à 
diriger  la  charrue  ; enfin,  d’un  rateau  mo- 
bile qui,  par  son  propre  poids,  enlève  les 
herbes  que  la  lame  a coupées  et  les  ramasse, 
tout  en  tamisant  et  en  régularisant  la  sur- 
face du  gravier. 

La  chaînette  qui  surmonte  ce  rateau  per- 
met à l’opérateur  de  le  soulever  lorsque  les 
herbes  forment  une  masse  d’un  certain  vo- 


lume qui  gênerait  le  bon  fonctionnement 
de  l’appareil. 

A l’aide  de  la  bineuse-râtisseuse,  un 
homme,  avec  un  petit  cheval  ou  poney, 
peut  facilement  mettre  en  état  un  hectare  et 
demi  d’allées  par  jour. 

Ajoutons  que  cette  bineuse  peut  tout 
aussi  bien  être  employée  pour  les  cultures 
que  l’on  fait  en  grand  : Vignes,  Pommes 
de  terre,  les  pépinières,  etc.  Il  convient 
alors  de  compléter  le  travail  ainsi  exécuté 
par  un  coup  de  binette  à main  que  l’on 
donne  dans  le  rang  entre  les  plants. 

Ch.  Thays. 


PRUNUS  CAPULI. 


137 


PRUNUS  CAPULI  W 


Arbrisseau  ou  petit  arbre  très-ramifié. 
Branches  effilées,  à écorce  gris  brun,  lenti- 
cellée  et  ponctuée  de  blanc.  Bourgeons  ténus, 
à écorce  glabre,  légèrement  colorée.  Stipules 
linéaires,  rougeâtres,  promptement  cadu- 
ques, excepté 
celles  de  la 
base  des  bour- 
geons , qui , 
beaucoup  plus 
longues,  sont 
aussi  p 1 u s 

longtemps  per- 
sistantes. 

Feuilles  cadu- 
ques, longue- 
ment et  étroi- 
tement ovales- 
ell  iptiques , 
cou  rtement 
acuminées  au 
sommet,  gla- 
bres, luisantes 
en  dessus,  d’un 
vert  glauque 
en  dessous,  fi- 
nement denti- 
culées  en  scies. 

Inflorescence 
(fig.  30)  en 
épis  à l’extré- 
mité des  jeu- 
nes bourgeons, 
rappelant  assez 
celle  des  Pci- 
dus.  Bractées 
linéaires  rouge 
clair,  dépas- 
sant le  bouton. 

Boutons  sphé- 
riques, très- 
élégants,  bien- 
tôt nus  par 
l’extrême  ca- 
ducité des  bractées,  sur  un  pédicelle  d’en- 
viron 1 centimètre.  Fleurs  solitaires,  blanc 

(1)  On  nous  a fait  récemment  observer  que  l’es- 
pèce dont  nous  entretenons  aujourd’hui  nos  lecteurs 
pourrait  bien  être  autre  chose  que  le  véritable  Pru- 
nus Capuli  du  Mexique.  Ce  que  l’on  cultiverait 
sous  ce  nom  en  Europe  ne  serait  que  le  Prunus 
serotina  (Padus  serotina),  forme  méridionale  du 
P.  virginiana  si  répandu  dans  l’Amérique  du  Nord. 


pur,  à cinq  pétales  obovales,  étalés,  légè- 
rement odorantes.  Fruits  rappelant  des  pe- 
tites Cerises,  rouges,  pulpeux,  sensiblement 
acidulés. 

Cette  espèce,  qui  est  très-commune  dans 

certaines  loca- 
lités du  Mexi- 
que où  elle 
croît  à l’état 
sauvage,  y est 
parfois  cultivée 
comme  un  ar- 
bre fruitier. 
Ses  fruits  sont 
vendus,  sur  le 
marché  de 
Mexico,  sous  le 
nom  de  Capu- 
linos , dénomi- 
nation qui  a 
été  adoptée  par 
les  botanistes 
comme  quali- 
ficatif de  l’es- 
pèce, en  enle- 
vant la  ter- 
minaison es- 
pagnole. 

Le  P.  Ca- 
puli, Cav.  (P. 

Capollin, 
Zucc  .,Cerasus 
Capuli,  Se- 
ringe),  fleurit 
dès  les  pre- 
miers beaux 
jours  du  prin- 
temps, ce  qui 
compromet  sa 
floraison;  aus- 
si est-il  pru- 
dent de  l’abri- 
ter. C’est  un 
très-bel  arbris- 
seau d’ornement,  suffisamment  rustique 
pour  supporter  l’hiver  sous  le  climat  de 

Nous  ne  pouvons  nous  prononcer  sur  ce  sujet  déli- 
cat. Qu’il  nous  suffise  de  décrire  et  de  figurer  au- 
jourd’hui la  plante  qui  nous  a été  montrée,  soit  au 
Muséum,  soit  ailleurs,  sous  le  nom  de  P.  Capuli , 
en  réservant  toute  enquête  future  sur  l’exactitude 
de  la  dénomination  qu’elle  porte  en  Europe. 

( Rédaction .) 


Fig.  30.  — Prunus  Capuli. 
Rameau  fleuri  de  grandeur  naturelle. 


138 


NOUVEAU  MODE  D’EMPLOI  DE  l’àCACIA  PARASOL. 


Paris.  Dans  le  midi  de  la  France,  ce  sera 
certainement  une  des  jolies  espèces  à cul- 
tiver et  doublement  intéressante  : comme 
arbre  fruitier  et  comme  arbre  d’orne- 
ment. 

Le  P.  Capuli  se  multiplie  par  graines 
et  par  boutures,  ou  par  couchages  si  l’on 


tient  à le  conserver  franc,  car,  comme  la 
plupart  de  nos  arbres  fruitiers  à noyaux, 
les  plantes  tendent  à varier  lorsqu’on  les 
multiplie  par  graines.  Si  on  voulait  le  gref- 
fer, il  faudrait  prendre  comme  sujet  le 
P.  Padus , L.  (Padus  racemosa , Lam.). 

E.-A.  Carrière. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  23  FÉVRIER  1888. 


Comité  de  floriculture. 

Apport  de  M.  Dallé,  horticulteur,  29,  rue 
Pierre-Charron  : Quelques  Orchidées  en  fleurs  : 
Odontoglossum  maculatum , Oncidium  Ca- 
vendishianum , Sophronitis  militaris,  jolie 
petite  espèce  à fleurs  vermillon  vif. 

Ces  Orchidées  sont  toujours  agréables  à re- 
voir bien  fleuries  au  milieu  des  frimats  d’un 
hiver  aussi  rude  que  celui  que  nous  venons  de 
traverser. 

Comité  de  culture  potagère. 

M.  Berthault  (Jean),  jardinier  à Wissous 
(Seine-et-Oise)  : des  Fraisiers  en  pots,  appar- 
tenant aux  variétés  Marguerite  Lebreton  et 
Vicomtesse  Héricart  de  Thury  et  portant  un 
certain  nombre  de  fruits  mûrs. 

M.  Battut  (François),  négociant  en  primeurs, 
18,  rue  Quincampoix,  Paris  : un  lot  assez  im- 


portant de  primeurs,  fruits  et  légumes,  récoltés 
au  Cap  d’Antibes  (Alpes-Maritimes)  et  pré- 
sentés dans  un  état  de  fraîcheur  absolue  : 
Tomates,  Haricots  verts,  Pois  verts,  Artichauts, 
Fèves  de  Marais,  etc. 

Les  cultures  de  primeurs  du  Cap  d’Antibes 
sont  peu  connues,  et  cependant  elles  sont 
dignes  du  plus  vif  intérêt.  On  y remarque 
surtout  le  traitement  des  Tomates  sous  châssis, 
grâce  auquel  ces  habiles  primeuristes  de  cette 
région  obtiennent  de  remarquables  fruits  dans 
une  saison  où  cette  Solanée  est  extrêmement 
rare  à Paris  à l’état  frais.  Nous  avons  de- 
mandé des  détails  sur  ces  cultures  et  nous 
les  ferons  prochainement  passer  sous  les  yeux 
des  lecteurs  de  la  Revue.  Mais  nous  tenions 
à prendre  date  en  attirant  l’attention  sur  une 
spécialité  culturale  des  plus  intéressantes  et  des 
moins  connues  dans  nos  régions  septentrio- 
nales. 

Ch.  Thays. 


NOUVEAU  MODE  D’EMPLOI  DE  L’ACACIA  PARASOL 


C’est  dans  tous  les  champs  de  l’activité 
humaine  que  « nécessité  l’ingénieuse  est 
« mère  de  l’invention  »,  une  mère  souvent 
fâcheuse  mais  toujours  féconde,  qui  se  pré- 
sente sans  qu’on  l’appelle,  et  dont  les  bien- 
faits ne  sont  pas  toujours  accueillis  comme 
des  faveurs. 

Je  ne  songeais  guère,  pour  ma  part,  à in- 
voquer son  intervention  lorsque  se  produi- 
sirent les  circonstances  qui  m’ont  fourni 
l’occasion  d’expérimenter  un  nouveau  mode 
d’emploi  de  l’Acacia  parasol  (Robinia 
pseudo- Acacia  umbraculifera] , que  je  si- 
gnale à l’attention  des  horticulteurs  et,  plus 
spécialement,  des  architectes-paysagistes. 

J’étais  appelé,  en  1880,  dans  la  partie  la 
plus  montagneuse  et  la  plus  sauvage  du 
Haut-Beaujolais,  pour  disposer  en  parc 
paysager  des  terrains  accidentés  situés  au- 
tour d’une  construction  qui  commençait 
seulement  à s’élever,  mais  qui  devait  pren- 
dre, avec  ses  dépendances  et  les  communs 


une  importance  considérable.  Les  terrains 
à transformer  consistaient  en  prés,  bois  et 
terres  labourées,  mesurant  ensemble  une 
superficie  de  plus  de  100  hectares. 

Toute  la  région  dans  laquelle  ils  se  trou- 
vent appartient,  ainsi  que  la  plus  grande 
partie  du  Beaujolais,  au  terrain  granitique, 
granités  récents,  syénitiques,  porphyro-gra- 
nitoïdes,  etc. 

Ces  roches,  composées  de  quartz,  felds- 
path et  mica,  se  décomposent  facilement  en 
gore  et  argile,  et  donnent  des  sols  exclusi- 
vement silico-argileux.  Les  parties  les  plus 
élevées  sont  au  contraire  constituées  par  des 
porphyres  compacts  d’une  dureté  sou- 
vent très-grande;  ils  se  décomposent  très- 
lentement,  et  la  roche,  traversée  par  de 
nombreuses  fissures,  se  divise  en  fragments 
analogues  aux  éclats  des  roches  calcaires. 

Cette  digression  géologique  m’a  paru 
nécessaire  pour  expliquer  l’embarras  dans 
lequel  je  me  suis  trouvé  plus  tard,  lorsqu’il 


NOUVEAU  MODE  D’EMPLOI  DE  L’ACACIA  PARASOL. 


fallut  trouver  une  essence  pouvant  vivre 
et  prospérer  dans  cette  nature  de  sol,  tout 
en  remplissant,  d’autre  part,  des  conditions 
déterminées  de  taille  et  de  développement. 

L’aspect  général  du  Haut-Beaujolais  est 
plutôt  triste  et  monotone  que  pittoresque, 
malgré  un  système  oréographique  assez 
puissant  pour  soulever  une  vingtaine  de 
sommets  à une  altitude  de  900  à 1,000  mè- 
tres. 

Mais  la  variété  des  formes  et  les  richesses 
de  la  végétation  manquent  à la  fois  à ces 
longues  chaînes  de  dômes  arrondis,  pelés  à 
la  cime  et  peu  boisés  sur  les  flancs. 

Toutefois  on  rencontre,  dans  la  région  la 
plus  élevée  du  massif  qui  sépare  le  bassin 
du  Rhône  du  bassin  de  la  Loire  quelques 
sites  agréables  encadrés  par  des  bois  touffus 
de  Chênes  et  de  Châtaigniers,  ou  de  Hêtres 
et  de  Sapins.  Ils  forment  comme  de  fraîches 
et  plantureuses  oasis  au  milieu  des  landes  ! 
de  Genêts  et  de  Bruyères  qui  les  entourent. 

C’est  dans  une  de  ces  oasis  que  je  trouvai 
le  domaine  dont  j’avais  à m’occuper. 

On  comprend  que  dans  ces  conditions  les 
vues  panoramiques  n’offrent  aucun  avan- 
tage. A l’exception  de  quelques  percées 
bien  encadrées  que  l’architecte-paysagiste 
pourra  diriger  sur  les  points  les  plus  inté- 
ressants de  l’horizon,  il  devra  consacrer  toute 
sa  sollicitude  à bien  choisir  ou  à composer  le 
paysage  qui  formera,  à proximité  de  l’habi- 
tation, une  série  de  tableaux  devant  lesquels 
il  amènera  successivement  le  visiteur. 

L’emplacement  de  l’habitation  à laquelle 
je  devais  rapporter  les  scènes  principales 
dont  la  nature  me  fournissait  les  premiers 
éléments  avait  été  choisi  avec  discernement 
à flanc  de  coteau,  à l’abri  du  vent  du  nord. 

Des  prairies  bordées  par  les  lignes  si- 
nueuses des  bois  s’ouvrent  au  pied  de  la 
façade  principale  ; puis  les  pentes,  se  rele- 
vant tout  autour,  forment  un  vaste  cirque 
de  montagnes  qui  portent,  étagés  sur  leurs 
flancs,  des  pâturages,  des  bois  et  des  ro- 
chers. 

Le  chemin  d’accès  que  je  trouvai  établi  à 
mon  arrivée  n’avait  pas  été  heureusement 
tracé.  Il  réunissait,  par  un  trajet  trop  court 
et  trop  direct,  la  terrasse  sur  laquelle  étaient 
assis  les  bâtiments  d’habitation,  à la  route 
départementale  qui  passe  au-dessus  de  ces 
derniers. 

Diverses  acquisitions  de  terrains  per- 
mirent de  développer  à flanc  de  coteau  une 
allée  de  plus  d’un  kilomètre,  et  de  gagner  la 
terrasse  par  une  rampe  très-douce.  Du 
même  coup,  la  maison  se  trouvait  placée 


139 

au  sommet  de  la  ligne  de  partage  des  eaux, 
dominant  décidément  le  parc. 

Le  terrain  parcouru  par  la  nouvelle  voie 
était  des  plus  arides,  orienté  au  plein  midi, 
composé  de  débris  rocailleux  ou  de  por- 
phyre à pâte  feldspathique  compacte  qui 
nécessitait  l’emploi  de  la  mine.  La  planta- 
tion, dans  un  sol  de  cette  nature,  ne  pouvait 
se  faire  qu’après  y avoir  apporté  de  notables 
quantités  de  terre  végétale.  Mais  il  y avait 
précisément  dans  les  bas-fonds  du  domaine 
des  terres  de  tourbe,  assises  sur  des  cou- 
ches d’argile  dont  le  mélange  pouvait  four- 
nir un  sol  propice  à la  végétation,  pourvu 
qu’on  n’y  épargnât  pas  l’épaisseur. 

Déjà  l’allée  était  percée  et  établie  d’un 
bout  à l’autre,  lorsque  survint  le  krach  de  jan- 
vier 1882,  qui  eut  à Lyon  des  conséquences 
particulièrement  pénibles.  A la  suite  de  ce 
malheureux  évènement,  l’économie  s’im- 
posa, et  je  dus  me  mettre  à la  recherche 
d’une  solution  plus  économique. 

Que  ne  s’agissait-il  simplement  de  boiser 
des  talus  ! Je  n’aurais  pas  eu  à chercher  bien 
loin,  ni  longtemps  : la  route  départementale 
bordée  de  vigoureux  Acacias  communs  me 
fournissait  un  modèle  que  je  n’avais  qu’à 
suivre. 

Malheureusement,  l’emploi  de  cette  es- 
sence aurait  bien  vite  masqué,  comme  sur 
la  route,  les  beaux  points  de  vue  qui  se 
déroulent  à cet  endroit,  et  qui  m’avaient 
engagé  à le  choisir  pour  en  faire  l’entrée 
principale  du  parc. 

C’est  une  courbe  étroite  et  profonde  dont 
le  versant  nord,  opposé  au  nôtre,  se  dresse 
tout  noir  de  Sapins.  Dans  le  fond,  un  ruis- 
seau, le  « Liseron  »,  serpente  avec  la  liberté 
d’allures  que  comporte  son  nom  ; bientôt 
s’ouvre  une  première  vue  sur  le  chalet,  qui 
se  présente  alors  sous  son  meilleur  aspect, 
assis  contre  un  rocher  couronné  de  Cèdres. 
Au  sommet  d’un  large  vallon  de  prairies,  il 
disparaît  ensuite  et  réapparaît  tour  à tour, 
chaque  fois  sous  un  nouvel  aspect. 

Telles  sont  les  vues  qu’il  était  essentiel  de 
conserver. 

En  résumé,  un  sol  ingrat,  pierreux, 
exposé  au  plus  ardent  soleil,  des  talus  for- 
més de  débris  granitiques  et  quartzeux  ou 
de  roches  décomposées  et  de  gore,  presque 
sans  terre  végétale,  voilà  le  substratum 
sauvage  sur  lequel  il  fallait  implanter  une 
végétation  assez  trapue  pour  laisser  passer 
la  vue,  et  assez  rustique  et  vigoureuse  pour 
couvrir  ces  terrains  arides  et  brûlants  d’une 
verdure  qui  ne  fût  pas  trop  éphémère. 

J’eus  l’idée  d’utiliser  pour  cet  usage  le 


140 


DAHLIA  ZARTE  ASTER. 


port  tout  particulier  et  la  rusticité  éprou- 
vée de  « l’Acacia  boule  » ( Robinia  pseudo- 
Acacia  umbraculifera).  Pour  cela  je  com- 
plantai  les  talus,  à quelques  exceptions  près 
sur  lesquelles  je  reviendrai  tout  à l’heure,  de 
jeunes  plants  d’Acacias  à 1 mètre  en  tous 
sens,  comme  s’il  se  fût  agi  de  boiser  une 
ligne  de  chemin  de  fer.  On  les  laissa  pen- 
dant deux  ans  croître  en  liberté.  Au  bout 
de  ce  temps,  comme  ils  étaient  assez  forts 
pour  être  greffés,  on  recoupa  tous  les  pieds 
destinés  à buissonner,  non  pourtant  au 
même  niveau,  mais  à des  hauteurs  d ifférentes, 
de  manière  à obtenir  une  surface  ondulée. 
Sur  les  emplacements  où  devaient  s’élever 
des  massifs  de  haute  futaie,  un  certain 
nombre  de  tiges  furent  réservées  dans  toute 
leur  hauteur,  soit  pour  être  conservées 
telles  quelles  en  Robinier  commun,  soit 
pour  recevoir  des  greffes  des  variétés  les 
plus  belles  et  les  plus  vigoureuses,  par 
exemple  les  Robinia  monophylla  (1)  et  mo- 
nophylla  pcndula , Bessoniana , macro- 
phylla , Decaisneana,  pyramidalis,  remar- 
quables par  leur  port  et  la  beauté  de  leur 
feuillage,  ou  les  R.  semperflorens,  viscosa, 
Decaisneana , que  recommandent  l’abon- 
dance, le  coloris  ou  la  durée  de  leurs 
fleurs.  D’autres  formes,  d’un  développement 
plus  contenu,  furent  greffées  à mi-tige  sur 
les  bords  des  massifs,  comme  Robinia 
hispida , angustifolia,  coluteoides,  tor- 
tuosa,  etc. 

Grâce  aux  nombreuses  variétés  du  genre 
Robinier,  les  massifs  ainsi  formés  se  pré- 
sentent actuellement  avec  une  variété  d’as- 
pect aussi  tranché  que  s’ils  étaient  com- 
posés d’essences  diverses,  et  la  floraison 
y dure  jusqu’à  l’automne  avec  le  R. 
semperflorens , qui  remonte  naturellement, 
et  le  R.  hispida,  que  la  taille  pro- 


voque à donner  plus  généreusement  ses 
belles  grappes  roses. 

J’ai  dit  que  quelques  portions  du  talus 
avaient  été  réservées  pour  être  traitées  diffé- 
remment; c’étaient  celles  où  le  talus  était 
formé  de  gore  pur,  recouvert  d’une  mince 
couche  de  terre  végétale  maigre  et  sili- 
ceuse, mais  néanmoins  plus  propice  à la 
végétation  que  les  parties  voisines.  Elles  re- 
çurent une  plantation  composée,  pour  les 
arbres  à tiges,  de  Merisiers  à grappes  et  de 
Virginie  (Padus  racemosa  et  virginiana ), 
que  j’avais  déjà  vus  prospérer  admirable- 
ment dans  des  conditions  semblables,  d’Or- 
mes  champêtres  et  de  montagne  ( Ulmus 
campestris  et  montana ),  de  Rlius  typhina 
à fruits  amarantes. 

Le  sous-bois  fut  composé  surtout  de  for- 
mes rustiques,  Rhamnus  rupestris,  Colu- 
tea  arborescens  et  cruenta , Amorpha  fru- 
ticosa,  Coriaria  myrtifolia,  auxquels 
furent  associées  quelques  espèces  à feuilles 
persistantes,  principalement  le  Houx,  qui 
abonde  à l’état  spontané  dans  tout  le  Eeau- 
jolais  granitique,  où  il  forme  des  arbres  de 
8 à 10  mètres  de  haut,  ou  bien  de  larges 
buissons  impénétrables. 

Tel  est  le  mode  de  plantation  auquel  la 
nécessité  m’avait  obligé  de  recourir.  Je  n’ai 
jamais  vu  signaler  un  emploi  analogue  de 
Y Acacia  parasol.  Je  le  crois  appelé  à ren- 
dre des  services  dans  les  contrées  monta- 
gneuses et  arides  où  le  bon  sol  fait  défaut, 
et  où  il  n’est  pas  facile  d’en  transporter. 

J’ai  attendu,  pour  publier  cette  note,  que  le 
résultat  cherché  fût  complètement  obtenu,  et 
c’est  en  voyant  l’effet  satisfaisant  de  cette 
disposition,  que  je  me  suis  décidé  à en  faire 
connaître  l’origine. 

F.  Morel, 

Horticulteur  à Lyon. 


DAHLIA  ZARTE  ASTER 


Il  en  est  des  Dahlias  comme  de  beaucoup 
d’autres  plantes  ; on  a annoncé  des  quan- 
tités de  variétés  toutes  soi-disant  plus  belles 
les  unes  que  les  autres,  et  beaucoup  n’ont 
obtenu  que  le  succès  de  la  nouveauté  ; quel- 
ques-unes seulement,  très-peu  même,  sont 
restées  et  ont  eu  ou  doivent  avoir  les  hon- 
neurs de  la  culture  en  grand. 

De  plus,  le  Dahlia  d’autrefois,  dit  « de 

(1)  Il  est  bien  entendu  que  ces  Robinia  sont 
pour  la  plupart  des  variétés  du  R.  pseudo- Acacia, 
et  que  c’est  simplement  pour  la  simplicité  de  l’énu- 
mération que  je  ne  répète  pas  le  nom  spécifique. 


collection  »,  a disparu  de  la  plupart  des 
jardins.  Il  a été  remplacé  généralement  par 
les  variétés  à fleurs  simples,  dont  la  mode 
s’est  emparée  avec  une  véritable  fureur, 
bientôt  apaisée  d’ailleurs.  Il  ne  reste  guère 
aujourd’hui,  parmi  les  Dahlias  vraiment  en 
faveur,  que  les  bonnes  variétés  naines,  que 
la  décoration  estivale  des  parcs  et  des  jardins 
réclame  pour  des  effets  d’ensemble  ou  pour 
la  fleur  coupée. 

Parmi  ces  dernières,  il  en  est  une  qui 
vraiment  mérite  d’être  propagée  parce 
qu’elle  peut  rendre  de  grands  services  à 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  DE  1889  : PROGRAMME  DES  ONZE  ÉPOQUES  DE  CONCOURS.  141 


ceux  qui  recherchent  les  fleurs  pour  bou- 
quets et  pour  couronnes.  C’est  la  variété 
lilliputienne  Zarte  Aster. 

La  fleur,  petite,  bien  faite,  bien  pleine, 
est  d’un  blanc  très-pur.  Mais  ce  qui  en  fait 
surtout  le  mérite,  c’est  que  les  pétales  ont 
le  bord  finement  lacinié,  dentelé;  aussi, 
par  suite  de  cette  disposition  originale,  cette 
variété  trouve-t-elle  grâce  devant  ceux  — 
et  ils  sont  nombreux  — qui  ne  veulent  pas 
de  fleurs  de  Dahlias  dans  leurs  bouquets. 

A Lyon,  cette  belle  variété  a déjà  fait  son 
chemin  ; il  n’est  pas  d’horticulteur  qui  n’en 


possède  « un  carré  »,  comme  nous  disons,  et 
là  même  où  le  Dahlia  en  général  est  honni, 
celui-là  est  précieusement  soigné;  il  a 
droit  de  cité.  D’ailleurs,  on  ne  dit  plus  : 
c’est  un  Dahlia,  on  dit  : c’est  un  Zarte 
Aster. 

Nous  croyons  donc  devoir  recommander 
la  culture  de  cette  charmante  variété,  cer- 
tains que  tous  ceux  qui  l’emploieront  lui 
reconnaîtront  une  valeur  décorative  de  pre- 
mier ordre  et  tout  à fait  originale. 

E.  SCHMITT, 
Horticulteur  à Lyon. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  DE  1889 

PROGRAMME  DES  ONZE  ÉPOQUES  DE  CONCOURS  (1) 


DIXIÈME  ÉPOQUE. 

4-9  OCTOBRE  1889. 

CONCOURS  GÉNÉRAL. 


CLASSE  80. 

PLANTES  POTAGÈRES. 

I.  Plantes  potagères. 


CLASSE  79. 

FLEURS  ET  PLANTES  D’ORNEMENT. 


Concours  permanent  entre  tous  les  genres  de 
plantes  potagères. 


I.  Plantes  d’ornement. 

Concours  (à  déterminer)  suivant  les  demandes 
des  horticulteurs. 

IL  Plantes  nouvelles. 

Trois  concours  : dans  tous  les  genres  de  vé- 
gétaux exposés  entre  les  plantes  nouvelles  iné- 
dites : 

1.  D’importation. 

2.  D’introduction. 

3.  Obtenues  de  semis. 

Un  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés  pour  les  plus  belles  plantes  mises  dans  le 
commerce  depuis  1878. 

III.  Belle  culture. 

Un  concours:  dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés  entre  les  plus  beaux  exemplaires  (1  à 5 su- 
jets par  espèce  ou  variété). 

IV.  Fleurs  coupées.  — Deux  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  générale. 

2.  La  plus  belle  collection  de  variétés  dans 
chaque  genre. 

V.  Ornementation  en  fleurs  naturelles.  — 

Trois  concours. 

1.  Les  plus  beaux  bouquets. 

2.  Les  plus  beaux  motifs  ou  sujets  divers. 

3.  Les  plus  belles  garnitures  d’ornementation 
diverses  d’appartement,  de  table,  etc. 

VI.  Corbeilles  de  plantes  fleuries  ou  à 
feuillage. 

Un  concours  : entre  les  plus  belles  corbeilles  de 
plantes  fleuries  ou  à feuillage. 


(1)  Voir,  pour  le  règlement  général,  Revue  hor- 
ticole, 1887,  pp.  481 , 493, 523;  et  pour  le  programme 
des  époques  de  concours,  voir  Revue  horticole, 
1888,  p.  45,  62,  93  et  119. 


IL  Plantes  potagères.  — Quatre  concours. 

1.  Plantes  nouvelles  inédites  d’importation 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

2.  Plantes  nouvelles  inédites  d’introduction 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

3.  Plantes  nouvelles  inédites  obtenues  de  se- 
mis n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

4.  Les  plus  belles  plantes  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

III.  Belle  culture.  — Un  concours. 


1.  Le  plus  beaux  spécimens  de  plantes  pota- 
gères. 


CLASSE  81. 


FRUITS  ET  ARBRES  FRUITIERS. 

I.  Fruits.  — Trois  concours. 


1.  La  plus  belle  collection  de  fruits  frais  de 
toutes  sortes  en  maturité  : Azeroles  et  fruits  simi- 
laires, Coings,  Figues,  Framboises,  Groseilles, 
Noisettes,  Noix,  Pêches,  Plaquemines,  Poires, 
Pommes,  Prunes,  Raisins. 

2.  La  plus  belle  collection  de  fruits  divers  (es- 
pèces ou  variétés)  de  la  région  du  Sud. 

3.  La  plus  belle  collection  de  fruits  à cidre 
(Pommes  et  Poires). 


IL  Fruits  nouveaux.  — Cinq  concours. 

1.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  d’importation 
n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  commerce. 

2.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  d’introduc- 
tion n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  commerce. 

3.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  obtenus  de 
semis  n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  com- 
merce. 

4.  Les  plus  belles  variétés  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

5.  Les  meilleures  variétés  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 


142  EXPOSITION  UNIVERSELLE  DE  1889  : PROGRAMME  DES  ONZE  ÉPOQUES  DE  CONCOURS. 


CLASSE  82. 

GRAINES  ET  PLANTS  D’ESSENCE  FORESTIÈRE. 

ï.  Plans  en  relief  et  dessins  de  forêts  et  de 
parcs.  — Un  concours. 

II.  Graines  forestières.  — Quatre  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  d’espèces  et  de  va- 
riétés de  toutes  essences. 

2.  Le  plus  beau  lot  de  résineux  en  cônes. 

3.  Le  plus  beau  lot  de  résineux  en  graines  nettes. 

4.  La  plus  belle  collection  d’espèces  et  de  va- 
riétés d’essences  feuillues,  à feuilles  caduques  et  à 
feuilles  persistantes. 

CLASSE  83. 

PLANTES  DE  SERRE. 

I.  Plantes  diverses.  — Quinze  concours. 

Orchidées  exotiques  en  fleurs:  1.  La  plus  belle 
collection  ; 2.  La  plus  belle  collection  de  30  ; 
3.  La  plus  belle  collection  de  12  ; 4.  Le  plus  beau 
lot. 

Araliacées  : 5.  La  plus  belle  collection  ; 6.  La 
plus  belle  collection  de  25  ; 7.  Le  plus  beau  lot. 

Cyclamens  : 8.  Le  plus  beau  lot  ; 9.  Le  plus  beau 
lot  de  25. 

Palmiers  de  serre  froide  : 10.  La  plus  belle  col- 
lection; 11.  La  plus  belle  collection  de  25  ; 12.  Le 
plus  beau  lot. 

Palmiers  cultivés  en  plein  air  dans  le  midi  de  la 
France  : 13.  La  plus  belle  collection;  14.  La  plus 
belle  collection  de  20;  15.  Le  plus  beau  lot. 

II.  Plantes  nouvelles.  — Cinq  concours. 

1.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage introduites  le  plus  récemment  en  Europe. 

2.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuillage 
introduites  directement  en  France. 

3.  Lot  de  plantes  hybrides  dont  les  parents  se- 
ront indiqués. 

4.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage obtenues  de  semis  et  non  encore  dans  le 
commerce. 

5.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage obtenues  de  semis  et  mises  dans  le  commerce 
depuis  1878. 

III.  Belle  culture.  — Quatre  concours. 

1.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuillage 
que  la  bonne  culture  aura  fait  arriver  le  plus  près 
possible  de  son  maximum  de  développement. 

2.  De  4 à 10  plantes  fleuries  ou  à feuillage  les 
plus  remarquables  par  leur  forme  et  leur  dévelop- 
pement. 

3.  Le  plus  beau  lot  de  20  plantes  à feuillage  or- 
nemental. 

4.  Le  plus  beau  groupe  de  50  plantes  diverses, 
fleuries,  à quelque  catégorie  quelles  appartien- 
nent. 

IV.  Culture  spéciale.  — Beux  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  de  50  plantes  fleuries 
ou  à feuillage,  cultivées  en  vue  de  l’approvisionne- 
ment des  marchés. 

2.  Le  plus  beau  lot  de  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage, cultivées  en  vue  de  l’approvisionnement  des 
marchés. 


ONZIÈME  ÉPOQUE. 

18-23  octobre  1889. 

CONCOURS  PARTICULIER. 

CLASSE  79. 

FLEURS  ET  PLANTES  D’ORNEMENT. 

I.  Plantes  d’ornement. 

Concours  (à  déterminer)  suivant  les  demandes 
des  horticulteurs. 

II.  Plantes  nouvelles. 

Trois  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés  entre  les  plantes  nouvelles  inédites  : 

1.  D’importation. 

2.  D'introduction. 

3.  Obtenues  de  semis. 

Un  concours  : dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés  pour  les  plus  belles  plantes  mises  dans  le 
commerce  depuis  1878. 

III.  Belle  culture. 

Un  concours  dans  tous  les  genres  de  végétaux 
exposés  entre  les  plus  beaux  exemplaires  (1  à 5 su- 
jets par  espèce  ou  variété). 

IV.  Fleurs  coupées.  — Beux  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  générale, 

2.  La  plus  belle  collection  de  variétés  dans 
chaque  genre. 

V.  Ornementation  en  fleurs  naturelles.  — 

Trois  concours. 

1.  Les  plus  beaux  bouquets. 

2.  Les  plus  beaux  motifs  ou  sujets  divers. 

3.  Les  plus  belles  garnitures  d’ornementation  di- 
verse d’appartement,  de  table,  etc. 

VI.  Corbeilles  de  plantes  fleuries  ou  à 
feuillage. 

Un  concours  entre  les  plus  belles  corbeilles  de 
plantes  fleuries  ou  à feuillage. 

Gazons. 

Un  concours  entre  les  plus  belles  pelouses. 
CLASSE  80. 

PLANTES  POTAGÈRES. 

I.  Plantes  potagères. 

Concours  permanent  entre  tous  les  genres  de 
plantes  potagères. 

II.  Plantes  nouvelles.  — Quatre  concours. 

1.  Plantes  nouvelles  inédites  d’importation 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

2.  Plantes  nouvelles  inédites  d’introduction 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

3.  Plantes  nouvelles  inédites  obtenues  de  semis 
n’ayant  pas  encore  été  mises  dans  le  commerce. 

4.  Les  plus  belles  plantes  mises  dans  le  commerce 
depuis  1878. 

III.  Belle  culture.  — Un  concours. 

1.  Les  plus  beaux  spécimens  de  plantes  pota- 
gères. 

CLASSE  81. 

FRUITS  ET  ARBRES  FRUITIERS. 

I.  Fruits.  — Trois  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  de  fruits  frais  de 
toutes  sortes  en  maturité  (Azeroles  et  fruits  simi 


BIBLIOGRAPHIE. 


143 


aires,  Coings,  Figues,  Framboises,  Groseilles, 
Noisettes,  Noix,  Pêches,  Plaquemines,  Poires, 
Pommes,  Prunes,  Raisins). 

2.  La  plus  belle  collection  de  fruits  divers  (es- 
pèces ou  variétés  de  la  région  du  Sud). 

3.  La  plus  belle  collection  de  fruits  à cidre  (Pom- 
mes et  Poires). 

II.  Fruits  nouveaux.  — Cinq  concours. 

1.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  d’importation 
n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  commerce. 

2.  Fruits  nouveaux  inédits  d’arbres  d’introduc- 
tion n'ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  commerce. 

3.  Fruits  nouveaux  inédits  obtenus  de  semis 
n’ayant  pas  encore  été  mis  dans  le  commerce. 

4.  Les  plus  belles  variétés  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

5.  Les  meilleures  variétés  mises  dans  le  com- 
merce depuis  1878. 

CLASSE  82. 

GRAINES  ET  PLANTS  D’ESSENCE  FORESTIÈRE. 

Pas  de  concours. 

CLASSE  83. 

PLANTES  DE  SERRE. 

I.  Plantes  diverses. 

Concours  (à  déterminer)  entre  les  plantes  de 
serre  qu’il  y aurait  impossibilité  à présenter  aux 
concours  généraux. 

II.  Plantes  nouvelles.  — Cinq  concours. 

1.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuillage 
introduites  le  plus  récemment  en  Europe. 

2.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage introduites  directement  en  France. 

3.  Lot  de  plantes  hybrides  dont  les  parents  se- 
ront indiqués. 


4.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage obtenues  de  semis  et  non  encore  dans  le  com- 
merce. 

5.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage obtenues  de  semis  et  dans  le  commerce  de- 
puis 1878. 

III.  Belle  culture.  — Quatre  concours. 

1.  Une  ou  plusieurs  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage que  la  bonne  culture  aura  fait  arriver  le 
plus  près  possible  de  son  maximum  de  développe- 
ment. 

2.  De  4 à 10  plantes  fleuries  ou  à feuillage  les 
plus  remarquables  par  leur  forme  et  leur  dévelop- 
pement. 

3.  Le  plus  beau  lot  de  20  plantes  à feuillage  or- 
nemental. 

4.  Le  plus  beau  groupe  de  20  plantes  diverses 
fleuries,  à quelque  catégorie  qu’elles  appartien- 
nent. 

IV.  Culture  spéciale.  — Deux  concours. 

1.  La  plus  belle  collection  de  50  plantes  fleuries 
ou  à feuillage,  cultivées  en  vue  de  l’approvision- 
nement des  marchés. 

2.  Le  plus  beau  lot  de  plantes  fleuries  ou  à feuil- 
lage, cultivées  en  vue  de  l’approvisionnement  des 
marchés. 

Paris,  5 octobre  1887. 

Vu  et  présenté  : 

Le  directeur  général  des  travaux , 
Alphand. 

Le  directeur  général  de  V exploitation, 

G.  Berger. 

Vu  et  approuvé  : 

Le  ministre  du  commerce  et  de  l’industrie , 
commissaire  général, 

Lucien  Dautresme. 


BIBLIOGRAPHIE 


Les  Eucalyptus,  par  M.  Félix  Sahut  (1).  — 
A peine  connus  en  1860  en  Provence  et  en 
Algérie,  les  Eucalyptus  ont,  dans  les  vingt- 
huit  dernières  années,  été  l’objet  de  nombreux 
essais  d’acclimatation,  dont  la  plupart  ont  été 
couronnés  de  succès.  Des  espèces  variées  de  ce 
genre  égayent  maintenant  les  promenades,  les 
routes,  les  jardins  de  la  région  méditerra- 
néenne, et,  en  Algérie,  de  vastes  plantations  de 
ces  arbres,  entreprises  en  vue  du  reboisement 
et  de  l’assainissement  des  contrées  maréca- 
geuses, ont  donné  les  résultats  les  plus  satis- 
faisants. Précieux  par  leur  croissance  rapide, 
leurs  proportions  énormes,  la  qualité  de  leur 
bois,  leurs  propriétés  hygiéniques  et  leur  uti- 
lité industrielle,  les  Eucalyptus  sont  une  des 
meilleures  introductions  d’arbres  étrangers  qui 
aient  été  faites  chez  nous.  En  vue  de  les  faire 
mieux  connaître  et  de  mettre  en  évidence  tous 

(1)  In-8  de  212  pages  avec  figures  intercalées 
dans  le  texte  et  une  carte  de  la  Tasmanie.  A Paris, 
chez  A.  Delahaye  et  Lecrosnier,  23,  place  de  l’École- 
de-Médecine,  1888. 


les  services  qu’ils  sont  appelés  à rendre,  M.  Sahut 
vient  d’écrire  un  livre  des  plus  intéressants  et 
des  plus  utiles. 

Dans  les  cinq  premiers  chapitres,  l’auteur 
nous  promène  à travers  la  curieuse  végétation 
de  la  Nouvelle-Hollande  et  de  la  Tasmanie. 
Dans  ce  voyage  géographique  et  botanique,  il 
nous  dépeint  chaque  espèce  d’Eucalyptus  à 
mesure  qu’il  la  rencontre,  nous  dit  ses  quali- 
tés, et,  d’après  ses  conditions  d’existence  dans 
sa  patrie,  juge  de  la  façon  dont  on  doit  la  traiter 
chez  nous.  C’est  une  excellente  leçon  de  géo- 
graphie botanique  appliquée  à l’horticulture. 

Nous  revenons  en  Europe,  au  chapitre  sui- 
vant. Tous  les  pays  dans  lesquels  la  culture  des 
Eucalyptus  a été  tentée  avec  succès  et  où  elle 
pourrait  l’être;  par  une  judicieuse  sélection  des 
espèces,  sont  passés  en  revue.  L’auteur  étudie 
tour  à tour,  au  point  de  vue  de  leur  acclimata- 
tion, la  Provence,  le  Roussillon,  la  région  de 
Montpellier,  l’Algérie,  la  Corse,  l’Italie,  l’Es- 
pagne, le  Portugal,  l’ouest  de  la  France,  l’An- 
gleterre, et  différentes  régions  de  l’Ancien  et 
du  Nouveau-Continent. 


144 


CORRESPONDANCE. 


L’utilité  industrielle  et  les  propriétés  des 
Eucalyptus , ainsi  que  leur  culture,  font  l’objet 
des  derniers  chapitres. 

Ce  livre  est  un  guide  indispensable  pour  tous 
ceux  que  la  culture  des  Eucalyptus  intéresse 
et  qui  ne  veulent  pas  s’exposer  à des  essais  in- 
fructueux. Il  offrira  également  aux  botanistes, 
sur  l’aire  de  distribution  de  ces  arbres,  des  do- 
cuments intéressants  et  une  lecture  pleine  d’at- 
trait. 

Autour  de  mon  jardin , par  Eugène  de  Du- 
ren  (1).  — Sous  ce  titre  modeste,  M.  de  Duren 
vient  de  publier  un  livre  charmant.  Ce  n’est  pas 
un  guide  à l’usage  des  horticulteurs  ou  proprié- 
taires que  l’auteur  a eu  l’intention  d’écrire  ; il 
a voulu,  comme  il  le  dit  lui-même,  parler  des 
plantes  « en  jardinier  ».  C’est  un  jardinier  fort 
intéressant  que  M.  de  Duren  ; non  seulement  il 
connaît  les  fleurs  et  a étudié  avec  sollicitude 
tous  les  soins  que  réclament  ces  belles  capri- 
cieuses ; mais  il  les  aime  avec  passion,  et  la 
poésie  qu’elles  éveillent  en  lui  se  reflète  dans 
des  pages  exquises. 


Après  une  courte  introduction  où  il  expose 
l’origine  et  le  but  de  son  livre,  l’auteur  passe 
en  revue  les  conditions  physiques  de  la  végéta- 
tion, et  les  besoins  des  plantes  dans  le  milieu 
où  elles  sont  appelées  à vivre,  le  sol , Y air  et 
Veau. 

Ce  serait  avoir  peu  fait  que  d’avoir  mis  la 
plante  en  état  de  prospérer,  si,  par  des  soins 
continus,  on  n’entretenait  les  heureux  effets 
d’une  savante  préparation.  Tous  les  instruments 
qui  en  cette  occasion  viennent  en  aide  aux  jar- 
diniers sont  décrits  à grands  traits.  Puis  l’au- 
teur aborde  la  question  du  plan  et  de  l’orne- 
mentation des  jardins. 

Dans  les  deux  derniers  chapitres,  nous 
voyons  défiler  la  légion  des  insectes,  oiseaux, 
rongeurs,  parasites,  cryptogames,  etc.,  amis 
ou  ennemis  des  plantes. 

Ce  livre  ne  sera  pas  seulement  un  guide  sé- 
rieux en  horticulture  ; ce  sera  également  un 
régal  pour  ceux  qui  prisent  la  simplicité  du 
style  et  sa  délicatesse. 

Ed.  André. 


CORRESPONDANCE 


N°  3115  ( Calvados J.  — Nous  vous  conseil- 
lons de  feuilleter  les  dernières  années  de  la 
Revue  horticole  pour  trouver  divers  modèles 
d’ornementation  de  jardins  et  de  parcs.  Nous 
vous  recommandons  aussi,  pour  les  effets  de 
massifs  et  corbeilles  à grand  feuillage,  dans 
une  région  où  les  vents  de  mer  sont  assez  vio- 
lents, d’employer  les  Balisiers  (Canna),  les 
Maïs  panachés,  les  Dahlias  de  la  section  des 
gracilis , la  variété  Étoile  du  diable , quelques 
Solanums  résistants  comme  les  S.  robustum  et 
marginatum , les  Amarantus  salicifolius , spe- 
ciosus , bicolor,  melancholicus,tricolor , les  Bé- 
gonias dans  les  endroits  abrités.  On  obtient 
aussi  de  jolis  effets  en  cultivant  les  Fuchsias, 
Lantanas,  Héliotropes,  en  fortes  plantes  bien 
distancées  et  élevées  à tige  ou  en  pyramide. 
Les  combinaisons  de  ces  plantes  peuvent  varier 
à l’infini.  Essayez  aussi,  comme  nous  l’avons 
fait  depuis  deux  ans  avec  succès,  une  corbeille 
de  Solanum  Poortmani,  que  vous  pourriez  vous 
procurer  chez  M.  Bruant,  à Poitiers;  vous  plan- 
terez ces  plantes  à 1 mètre  au  moins  les  unes 
des  autres. 

A.  C.  (Oise).  — Votre  plante  est  le 
Cœlogyne  cristata , Orchidée  originaire  du 
Népaul,  et  classée  parmi  les  plus  belles 
espèces  de  serre  tempérée,  dont  la  florai- 
son hivernale  est  des  plus  précieuses.  Bien 
que  la  plante  soit  d’un  prix  très-modéré  en 

(1)  Librairie  Gilon,  11,  Pont-Saint-Laurent,  à 
Verviers  (Belgique). 


jeunes  exemplaires,  elle  atteint  une  valeur 
considérable  lorsque  les  sujets  sont  de  dimen- 
sions exceptionnelles.  La  Revue  a cité  des 
exemplaires  qui  avaient  atteint,  en  vente  pu- 
blique, à Londres,  le  prix  de  mille  francs  et 
même  davantage. 

N°  4194  (Yonne).  — Veuillez  demander  à 
MM.  Vilmorin-Andrieux  et  Gie,  4*  quai  de  la 
Mégisserie,  à Paris,  les  variétés  de  Laitues  qui 
conviennent  le  mieux  aux  cultures  spéciales 
que  vous  vous  proposez.  Elles  diffèrent  suivant 
les  climats  et  suivant  qu’il  s’agit  de  la  produc- 
tion pour  le  marché  ou  pour  maison  bour- 
geoise. 

Quant  au  procédé  de  démastiquage,  ce  tra- 
vail est  facilité  en  faisant  chauffer  le  couteau  à 
démastiquer  que  l’on  emploie  d’ordinaire. 

No  3026  (Aisne).  — Nous  avons  mis  à 
l’étude  vos  feuilles  de  Chrysanthèmes  ( Chrysan - 
themum  frutescens).  Elles  sont  attaquées  par  un 
Champignon  qui  appartient  probablement  au 
genre  Erysiphe.  Dès  que  nous  serons  fixés  sur 
son  identité  et  sur  les  moyens  curatifs  à em- 
ployer, nous  vous  en  aviserons. 

M.  D.  (Niort).  — Vous  trouverez  les  Dios- 
pyros  Kaki  que  vous  désirez  chez  M.  Ettore 
Berti,  pépiniériste  à Turin,  à qui  vous  pourrez 
vous  adresser  de  notre  part.  S’il  ne  peut  vous 
les  fournir  à cause  de  la  loi  sur  le  phylloxéra, 
veuillez  les  demander  à M.  Sahut,  pépiniériste 
à Montpellier  (Hérault). 


L’Administrateur- Gérant  : L.  Bourguignon. 


Imp.  Gtttorg^a  Jacob , — Qrléana. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


145 


CHRONIQUE  HORTICOLE 

Primevères  de  la  Chine  à fleurs  doubles.  — Le  Cœlogyne  cristata  de  Waddon-House.  — L 'Isosoma 
Orchidearum.  — Nouveaux  Anthurium  Scherzerianum.  — Guérison  de  la  « Toile  ».  — Cinéraires  à 
cœur  jaune.  — Cytisus  proliferus.  — Traitement  du  « Rouge  » du  Pin  sylvestre.  — Faux  Prunus 
Pissardi.  — Un  fort  exemplaire  de  Camellia.  — Les  semis  de  plantes  alpines.  — La  culture  des 
Concombres  en  Amérique.  — Qualités  insecticides  de  la  poudre  de  Pyrèthre.  — Destruction  de  la 
Fougère.  — Les  exportations  et  importations  de  plants  d'arbres  en  France.  — Le  Meeting  ou  Congrès 
international  horticole  de  Gand  en  1888.  — Le  Parc  de  la  Liberté  à Lisbonne.  — Garden  and  Forest. 
— Memento  des  Expositions.  — Nécrologie:  M,  Briot. 


Primevères  de  la  Chine  à fleurs  dou- 
bles. — S’il  est  impossible  d’indiquer  la 
cause  première  de  la  duplicature  des  fleurs, 
il  n’est  guère  plus  facile  d’expliquer  leur 
propagation  et  surtout  leur  influence  dans 
la  formation  des  races.  Sans  nous  étendre 
aujourd’hui  sur  les  faits  au  point  de  vue 
théorique,  bornons-nous  à l’énumération 
de  quelques-uns  des  plus  en  vue,  à ceux  qui 
portent  sur  les  Primevères  de  la  Chine. 
Comme  fait  simple,  rappelons  qu’il  y a à 
peine  une  vingtaine  d’années,  on  ne  connais- 
sait qu’une  Primevère  de  la  Chine  à fleurs 
doubles;  tandis qu’aujourd’hui  il  est  peu  de 
variétés  qui  n’en  présentent,  ce  que  nous 
avons  pu  constater  récemment, . en  visitant 
les  remarquables  collections  de  MM.  Vilmo- 
rin et  Cie.  En  effet,  non  seulement  on  voit 
tous  les  jours  apparaître  des  variétés  à 
fleurs  plus  ou  moins  pleines,  dans  les  an- 
ciennes races,  mais  on  en  remarque  aussi 
dans  les  nouvelles. 

Le  Cœlogyne  cristata  de  Waddon- 
House.  — On  peut  actuellement  voir  en 
pleine  floraison,  dans  la  collection  de 
M.  P.  Crowley,  à Waddon-House,  Croydon, 
un  superbe  exemplaire  de  Cœlogyne  cris- 
tata, qui  porte  à la  fois  104  grappes  de 
chacune  6 à 9 fleurs.  C’est  donc  un  total  de 
800  fleurs  qui  se  trouvent  simultanément 
épanouies  sur  la  même  plante. 

On  conçoit  aisément  qu’au  point  de  vue 
de  la  spéculation,  une  semblable  Orchidée 
puisse  donner  des  bénéfices  considérables; 
en  évaluant  la  valeur  de  chaque  grappe  à 
4 francs,  ce  qui  est  un  minimum,  on  pour- 
rait, tout  en  conservant  une  partie  des 
fleurs,  en  vendre  chaque  année  pour  une 
somme  représentant  le  triple  des  frais  de 
chauffage,  de  soins,  etc.  Il  est  donc  bien 
naturel  que  les  horticulteurs  français,  de  la 
région  parisienne  surtout,  se  réjouissent  de 
la  faveur  croissante  dont  les  fleurs  coupées 
d’Orchidées  sont  l’objet  depuis  quelque 

1er  Avril  1888. 


temps.  C’est  pour  eux  une  source  de  beaux 
et  légitimes  bénéfices. 

L’Isosoma  Orchideareum.  — Voici  sur 
cet  insecte,  sur  lequel  la  Revue  horticole 
appelait  récemment  (1)  l’attention  de  ses 
lecteurs,  de  nouveaux  détails  que  nous 
devons  à l’obligeance  de  M.  Künckel  d’Her- 
culais,  aide-naturaliste  au  Muséum,  prési- 
dent de  la  Société  entomologique  de  France, 
à qui  nous  avions  écrit  pour  avoir  quelques 
renseignements  sur  ce  destructeur  d’Or- 
chidées : 

Je  suis  justement  occupé  à préparer  un 
Mémoire  sur  l’insecte  qui  attaque  les  Orchidées 
du  genre  Cattleya  et  dont  vous  me  signalez  la 
présence,  et  je  puis,  par  conséquent,  vous  four- 
nir les  renseignements  que  vous  désirez. 

J’ai  donné  à ce  sujet  une  courte  note  dans  le 
Bulletin  de  la  Société  entomologique  de 
France , du  8 février  1888. 

En  voici  la  substance  : 

« Les  Cattleya  sont  attaqués  en  Amérique, 
en  Angleterre,  en  Belgique  et  en  France,  par 
les  larves  d’un  Hyménoptère  de  la  famille  des 
Eurytomides  et  de  la  grande  tribu  des  Chalci- 
diens.  C’est  Y Isosoma  Orchidearum,  Weswood. 
Originaires  du  Brésil,  ces  larves  détruisent  les 
bourgeons  floraux  et  attaquent  également  les 
tiges  et  les  feuilles;  elles  s’y  creusent  des  loges, 
où  elles  vivent  en  famille...  » 

Sur  l’invitation  de  M.  Jacob,  nous  nous 
sommes  rendus,  M.  Gazagnaire  et  moi,  dans 
les  serres  de  M.  Edmond  de  Rothschild,  pour 
étudier  les  plantes  attaquées  et  rechercher  les 
moyens  d’atténuer  les  ravages  causés  par  les 
Isosoma , qui,  non  contents  de  détruire  les  bour- 
geons floraux  de  l’année,  peuvent  anéantir  les 
bourgeons  de  réserve  situés  en  arrière,  et,  par 
là,  causer  un  préjudice  considérable  en  privant 
de  la  floraison  pendant  plusieurs  années. 

M.  Gazagnaire  a proposé,  pour  atteindre  les 
larves  dans  leur  retraite,  de  se  servir  d’une  fine 
aiguille  triangulaire  à dissection;  en  faisant  une 
simple  incision  longitudinale,  on  gagne  la  ca- 
vité que  se  sont  creusée  les  larves,  et,  alors, 

(1)  Revue  horticole , 1888,  p.  50. 


7 


146 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


retournant  plusieurs  fois  le  « glaive  dans  la 
plaie  »,  on  est  certain  de  tuer  tout  ou  au  moins 
de  mutiler  ces  larves,  ainsi  que  l’a  montré 
l’examen  des  bourgeons  ainsi  traités. 

Les  plantes  soumises  à ces  opérations  de 
chirurgie  botanique  sont  actuellement  en  ob- 
servation ; nous  espérons  que  la  réparation  des 
tissus  se  fera  rapidement  et  que  les  plantes 
seront  sauvées.  On  peut  tenter  d’user  de  ce 
procédé  au  lieu  de  pratiquer  le  procédé  plus 
radical  que  préconise  M.  Jacob  et  qui  consiste 
à couper  les  bourgeons  attaqués. 

Jules  Künckel  d’Herculais. 

Le  traitement  recommandé  et  pratiqué 
par  MM.  Gazagnaire  et  Künckel  nous  pa- 
raît des  plus  rationnels  ; aussi  engageons- 
nous  les  horticulteurs  à le  suivre.  Peut- 
être  même  que  l’on  pourrait  le  compléter 
en  trempant  l’aiguille  dans  une  substance 
légèrement  corrosive,  soit  alcaline,  soit  acide, 
qui  puisse,  sans  altérer  le  tissu  des  plantes, 
faire  périr  les  insectes  qui  l’attaquent. 

Toutefois  nous  croyons  qu’il  n’y  a pas  lieu 
de  s’alarmer  outre  mesure,  car  cet  insecte 
ne  nous  paraît  pas  si  nouveau  qu’on  semble 
le  croire  : si  nos  souvenirs  ne  nous  trom- 
pent pas,  il  nous  semble  qu’il  y a long- 
temps que  nous  l’avons  aperçu  sur  certaines 
espèces,  et  qu’alors  l’on  se  bornait  à enlever 
et  à brûler  les  bourgeons  attaqués.  Cela  ne 
doit  pas  arrêter  ni  même  restreindre  la 
vigilance  des  cultivateurs  d’Orchidées,  qui, 
par  toutes  sortes  de  moyens,  devront  faire 
une  guerre  à mort  à ces  bestioles  brési- 
liennes et  les  empêcher  d’élire  domicile 
dans  nos  serres,  où  déjà  pullulent  tant 
d’ennemis  des  plantes. 

Nouveaux  Anthurium  Scherzerianum. 

— M.  A.  de  La  Devansaye  vient  d’obtenir 
trois  nouveautés  de  cette  belle  espèce,  et  il 
nous  en  a envoyé  de  jolis  exemplaires  : 

1°  A.  S.  nebulosum,  double  spathe, 
fond  blanc  nuageux,  finement  sablé  ou 
chiné  de  rose  ; 

2°  A.  S.  Souvenir  de  Morren ; 

3°  A.  S.  Souvenir  de  Nice. 

Nous  n’avons  pas  encore  les  descriptions 
de  ces  deux  dernières  formes,  qui  sont  bien 
distinctes  des  précédentes  et  sur  lesquelles 
nous  donnerons  prochainement  des  détails. 

Mais  on  voit  que  les  gains  se  multiplient, 
et  que  les  semeurs  semblent  se  livrer  à un 
vrai  steeple-chase  pour  obtenir  un  bon  rang 
dans  l’obtention  des  plus  belles  productions 
nouvelles  de  cette  précieuse  Aroïdée. 

Guérison  de  la  « toile  ».  — Nous  rece- 
vons la  lettre  suivante  de  l’un  de  nos  abon- 


nés, M.  Daujas,  jardinier  au  château  de 
Yors  (Isère),  à propos  de  cette  maladie  : 

Ayant  semé  dernièrement  des  graines  du 
Cobæa  scandens , les  plants  étaient  à leurs  pre- 
mières feuilles  après  les  cotylédons,  le  3 mars  au 
matin.  Je  les  visitai,  et  fus  surpris  de  trouver 
les  plants  à moitié  couchés  : c’était  la  toile.  Je 
m’empressai  de  repiquer  ceux  qui  étaient  res- 
tés debout  ; et  je  pris  tous  ceux  qui  étaient 
coupés  par  la  toile.  J’en  fis  des  boutures  et  les 
plaçai  sous  cloche,  en  serre  à multiplication. 
Aujourd’hui,  7 mars,  j’ai  visité  ces  boutures; 
quelle  fut  ma  surprise  de  voir  tout  le  long  de 
petites  tiges  grêles  ; le  tout  était  garni  de  pe- 
tites racines  naissantes.  En  repiquant  ces  bou- 
tures, j’aurais  plutôt  pensé  qu’elles  pourriraient 
que  de  s’enraciner. 

Si  le  fait  se  produisait  sur  d’autres  plantes 
auxquelles  on  tiendrait  beaucoup,  en  agissant 
ainsi  le  mal  pourrait  être  évité,  en  s’y  prenant 
à temps.  Il  ne  faut  pas  attendre  que  les  plants 
soient  trop  fanés.  J.-M.  Daujas. 

Il  faut  avoir  l’attention  sans  cesse  en  éveil 
contre  cette  terrible  affection  des  plantes 
multipliées  en  serre  ou  sous  châssis,  et  le 
remède  partiel  recommandé  par  M.  Daujas 
méritait  d’être  signalé  à nos  lecteurs. 

Cinéraires  à cœur  jaune.  — Ce  nou- 
veau type,  en  voie  de  formation,  et  dont 
nous  connaissons  déjà  de  remarquables  va- 
riétés, se  distingue  surtout  par  la  couleur 
des  fleurons  (fleurs  tubulées  centrales),  qui 
est  jaune.  Plus  ou  moins  nombreux,  ces 
fleurons  constituent  au  centre  des  fleurs 
une  sorte  de  disque,  qui,  avec  les  ligules  si 
variés  de  coloris  qui  forment  autour  des 
fleurs  une  sorte  de  couronne,  produit  de 
charmants  effets. 

Cytisus  proliferus.  — M.  Naudin  s’oc- 
cupe actuellement  de  l’acclimatation  en 
Provence  d’un  arbuste  originaire  des  mon- 
tagnes des  Canaries,  le  Cytisus  proliferus , 
dont  les  rameaux,  couverts  d’un  feuillage 
abondant,  constituent  un  aliment  recherché 
pour  les  bestiaux. 

Il  paraît  que  cet  arbuste,  dont  la  culture 
pourrait  être  d’une  grande  utilité  dans  cer- 
taines régions  du  midi  de  la  France,  de 
l’Algérie  et  de  la  Tunisie,  contient  certains 
principes  toxiques.  M.  Cornevin,  professeur 
à l’école  vétérinaire  de  Lyon,  pour  obtenir 
une  certitude  à ce  sujet,  a récemment 
nourri,  pendant  un  mois, deux  moutons,  l’un 
en  lui  donnant  exclusivement  des  feuilles 
de  C.  proliferus,  et  l’autre  également  des 
feuilles  de  la  même  plante,  mais  ayant  subi 
une  fermentation  assez  prononcée. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


147 


Les  résultats  de  ces  expériences,  joints  à 
ceux  déjà  constatés  aux  Canaries,  ont  per- 
mis à M.  Cornevin  d’affirmer  que  le  Taga- 
sate  (nom  vulgaire  de  la  plante  en  ques- 
tion) peut  être  donné  en  nourriture  aux 
ruminants,  qui  le  digèrent  et  se  l’assimilent 
d’autant  mieux  qu’il  a subi  une  fermen- 
tation. 

Les  rameaux  qui  ont  servi  aux  expérien- 
ces de  M.  Cornevin  provenaient  des  Canaries. 

Traitement  du  « Rouge  » du  Pin  syl- 
vestre. — ' Le  pépiniériste  et  le  forestier 
savent  quels  ravages  accomplit  souvent, 
dans  les  semis  de  Pins,  surtout  de  Pins  syl- 
vestres, une  maladie  appelée  le  rouge , qui 
fait  jaunir  ou  rougir  les  feuilles,  lesquelles 
tombent  ensuite,  précédant  ainsi  de  peu  la 
mort  des  jeunes  plants. 

Cette  maladie  est  due  aux  ravages  d’un 
cryptogame,  que  MM.  Bartetet  Vuillermain 
viennent  d’étudier,  à la  pépinière  forestière 
de  Bellefontaine,  près  Nancy.  Ces  messieurs 
ont  établi  que  le  cryptogame  en  question 
est  le  Leptostroma  Pinastri,  et,  après  avoir 
essayé  de  nombreux  moyens  pour  arriver 
à le  combattre,  ils  ont  reconnu  que  la  bouil- 
lie bordelaise,  que  l’on  emploie  contre  le 
mildiou,  détruit  complètement  le  parasite, 
sans  endommager  en  quoi  que  ce  soit  les 
jeunes  plants  ou  leurs  feuilles. 

Les  badigeonnages  doivent  être  exécutés 
à plusieurs  reprises,  pendant  la  période  de 
développement  des  feuilles. 

Faux  Prunus  Pissardi.  — Beaucoup  de 
gens  ont  douté  et  doutent  même  encore 
qu’il  y ait  deux  variétés  ou  formes  de  Pru- 
nus Pissardi.  Cela  est  pourtant  tout  à Lût 
exact,  et  nous  l’avons  encore  constaté  cette 
année  chez  M.  Paillet,  horticulteur  à Châ- 
tenay-les-Sceaux  (Seine).  L’une  des  deux 
variétés  a les  feuilles  d’un  pourpre  noir 
luisant  et  l’écorce  des  bourgeons  d’une 
belle  couleur  pourpre  foncé.  L’autre,  au 
contraire , a les  feuilles  d’un  roux  cui- 
vré, couleur  qui  va  constamment  en  s’at- 
ténuant à mesure  qu’on  avance  dans  la 
saison.  Ce  n’est  pas  tout;  outre  ces  diffé- 
rences, qui  déjà  sont  très -sensibles,  les 
fruits  en  présentent  d’autres  non  moins 
importantes.  Ainsi,  tandis  que  la  forme  à 
feuillage  fortement  coloré  a des  fruits  d’un 
rouge  vineux  ou  cuivré  et  d’un  goût  peu 
agréable,  la  variété  à feuilles  rouge  brique 
ou  rouge  terne  a des  fruits  un  peu  plus 
petits  et  d’excellente  qualité  rappellant  assez 
ceux  de  la  Prune  Mirabelle. 


Cette  dualité  n’a  rien  de  surprenant  ; elle 
se  rencontre  même  fréquemment  dans  les 
plantes  exotiques  introduites  par  des  voies 
différentes.  Le  Prunus  Pissardi  à feuilles 
très  - pourpres  a été  introduit  de  Téhéran 
par  M.  Pissard,  alors  qu’il  était  jardinier  en 
chef  du  Schah  de  Perse  ; tandis  que  l’autre, 
venu  postérieurement,  nous  est  arrivé  par 
l’Allemagne.  Nos  lecteurs  sont  avertis. 

Un  fort  exemplaire  de  Camellia.  — 

B existe  en  Italie,  soit  sur  les  bords  de  la 
Méditerranée,  soit  auprès  des  Lacs  Majeur, 
de  Corne,  etc.,  des  Camellias  livrés  à la 
pleine  terre  et  ayant  acquis  des  dimensions 
assez  grandes.  Mais  les  plantes  cultivées  en 
serres  ou  orangeries,  dans  les  contrées 
moins  favorisées  par  le  climat,  sont  actuel- 
lement d’un  développement  beaucoup  plus 
modeste.  Nous  ne  pensons  pas  qu’il  en 
existe  dans  ces  conditions  qui  surpassent, 
sous  ce  rapport,  le  Camellia  japonica 
alba  plena  que  l’on  remarque  dans  la  col- 
lection de  J.  Latham,  à Eddisburg,  près 
Liverpool.  Cet  exemplaire,  importé  directe- 
ment de  Chine,  a été  récemment  mesuré. 
La  circonférence  de  sa  tige  est  de  85  cen- 
timètres environ.  Le  diamètre  et  la  hauteur 
de  la  masse  feuillue  atteignent  presque 
7 mètres. 

Enfin,  le  produit  annuel  de  la  vente  des 
fleurs  coupées  de  cette  plante  remarquable 
a très-fréquemment  atteint  le  chiffre  très- 
respectable  de  500  fr. 

Les  semis  de  plantes  alpines.  — Nos 

lecteurs  connaissent  la  croisade  qui  s’est 
faite  depuis  quelques  années,  en  Suisse, 
contre  la  destruction  des  plantes  alpines. 
On  a prouvé  que  les  plantes  montagnardes 
provenant  de  semis  s’acclimatent  plus  faci- 
lement que  les  exemplaires  adultes  arra- 
chés de  leur  home , et  pendant  que  les 
collections  d’amateurs  se  créent  ou  s’aug- 
mentent de  tous  côtés,  les  déprédations 
qui  s’exercaient  jadis  deviennent  de  plus  en 
plus  rares.  Le  récent  Bulletin  que  vient 
de  publier  l’Association  pour  la  protection 
des  plantes  alpines  rappelle  que  le  semis 
de  ces  charmantes  plantes,  totalement  diffé- 
rentes dans  leur  aspect,  dans  leurs  habi- 
tudes, des  végétaux  plus  généralement  cul- 
tivés, réussit  le  mieux  lorsqu’on  l’opère  en 
mars-avril. 

Les  semis  peuvent  être  faits  en  pleine 
terre,  dans  un  sol  léger,  poreux,  perméable 
et  bien  drainé  ; mais  il  est  cependant  pré- 
férable de  semer  en  pots  ou  terrines,  drainés 


148 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


avec  du  coke  cassé,  dans  un  compost  ainsi 
préparé  : 

1/3  terre  de  bruyère  ; 

1/3  terreau  de  feuilles  ; 

1/3  sable  et  sphagnum. 

Les  semis  se  font  sur  couche  froide 
avec  arrosages  réguliers,  en  pluie  fine.  Les 
repiquages  se  font  en  pots  ou  terrines,  à 
des  distances  variant  suivant  la  vigueur  de 
chaque  espèce. 

La  culture  des  Concombres  en  Amé- 
rique. — La  ville  de  Frederiksburg  (Vir- 
ginie) occupe  le  centre  d’une  région  où  la 
culture  du  Concombre  se  fait  dans  des  pro- 
portions vraiment  surprenantes. 

On  y relève  des  faits  de  production 
comme  les  Américains  du  Nord  seuls  nous 
ont  habitués  à en  constater. 

Ainsi  on  y a récolté,  la  saison  dernière, 
30,000,000  de  Concombres,  qui  se  sont 
vendus,  en  moyenne,  à Fredericksburg,  à 
raison  de  50  cents  (2  fr.  50)  par  1,000. 

Qualités  insecticides  de  la  poudre 
de  Pyrèthre.  — Nous  relevons,  dans  une 
notice  sur  cette  plante  industrielle,  que 
M.  P.  de  Tartaglia,  vice-consul  de  France  à 
Spalato  (Dalmatie),  vient  de  publier  dans  le 
Journal  d’ Agriculture  pratique  une  re- 
marque fort  intéressante  au  sujet  du  degré 
d’intensité  des  qualités  insecticides  de  la 
poudre  de  Pyrètlire,  suivant  le  lieu  de  pro- 
venance. 

La  Dalmatie  et  le  Monténégro  sont  les 
deux  régions  d’où  provient  la  presque  tota- 
lité des  fleurs  de  Pyrèthre  livrées  au  com- 
merce. Cette  culture  est  très-rémunératrice. 
En  effet,  un  hectare  produit  environ 
4,000  kilogrammes  de  fleurs  qui,  après 
dessiccation,  ne  pèsent  plus  que  1,000  kil. 
Or,  le  prix  de  la  fleur  non  réduite  en  poudre 
varie  de  480  fr.  à 520  fr.  les  100  kilo- 
grammes, ce  qui  donne,  pour  un  hectare, 
un  produit  brut  de  4,800  à 5,200  fr. 

Alléchés  par  la  perspective  d’un  bénéfice 
aussi  important,  des  cultivateurs  se  livrèrent 
en  Italie  et  en  Amérique  à des  essais 
dans  des  proportions  assez  vastes.  Les 
résultats,  au  point  de  vue  de  la  grande  pro- 
duction, furent  avantageux  ; mais  on  s’aper- 
çut bientôt  que  la  poudre  provenant  des 
fleurs  récoltées  ainsi  n’avait  presque  pas  de 
pouvoir  insecticide,  et  l’on  dut  renoncer  à ce 
genre  de  culture. 

Aussi,  aujourd’hui,  toutes  les  demandes 
de  fleurs  sèches  sont-elles  adressées  au  Mon- 


ténégro et  à la  Dalmatie,  pour  qui  cette 
spécialité  de  production  est  la  source  de  re- 
venus importants. 

Destruction  de  la  Fougère.  — Il  est 

difficile  de  détruire  la  grande  Fougère  com- 
mune ( Pteris  aquilina ),  qui,  lorsqu’on  a 
défriché  un  terrain  depuis  longtemps  in- 
culte, continue  à ' se  développer,  chaque 
année,  au  détriment  des  plantations  ou 
semis  nouvellement  exécutés. 

Dans  les  massifs,  on  atténue  cet  incon- 
vénient en  donnant  de  fréquents  binages, 
qui  permettent  aux  arbustes  récemment 
plantés  de  prendre  le  dessus  ; mais,  sous  les 
parties  converties  en  prairies  ou  en  pe- 
louses, on  ne  sait  souvent  comment  se 
débarrasser  de  cet  ancien  occupant  du  sol, 
qui  ne  veut  pas  céder  la  place. 

Un  procédé  de  destruction,  des  plus  sim- 
ples et  des  plus  ingénieux,  vient  d’être  in- 
diqué par  M.  Mounier,  cultivateur  dans  la 
Charente-Inférieure. 

Il  consiste  à ensemencer  en  Luzerne  les 
parties  envahies,  après  avoir  amendé  le  sol 
au  moyen  d’un  engrais  chimique  spécia- 
lement préparé  en  vue  du  but  à atteindre. 

L’engrais  employé  par  M.  Mounier,  et 
qui  lui  a,  dans  trois  séries  d’expériences, 
parfaitement  réussi,  se  composait,  pour  un 
hectare,  de  400  kilogrammes  de  superphos- 
phate titrant  12  p.  100  d’acide  phosphorique 
soluble  dans  l’eau  et  de  400  kilogrammes 
de  sulfate  de  chaux  cuit  et  moulu. 

Il  est  à remarquer  que  les  sels  de  potasse 
n’ont  pas  été  introduits  dans  cette  compo- 
sition, et  ce,  afin  que  la  Luzerne  s’empare 
de  la  potasse  qui  nourrit  la  Fougère  dans  le 
sous-sol. 

Les  luzernières  ainsi  créées  par  M.  Mou- 
nier ont  poussé  avec  vigueur,  et  les  Fou- 
gères ont  totalement  disparu. 

Il  est  toujours  facile,  plus  tard,  de  dé- 
truire la  Luzerne  et  de  la  remplacer  par  une 
culture  quelconque,  de  la  prairie  ou  du 
gazon,  par  exemple. 

Les  exportations  et  importations  de 
plants  d’arbres  en  France.  — Malgré  les 
entraves  nombreuses  et  pour  la  plupart 
peu  justifiées  que  notre  commerce  horticole 
avec  l’étranger  a subies  depuis  quelques 
années,  les  transactions  internationales  ont 
encore  une  certaine  importance,  ainsi  que 
l’on  peut  en  juger  d’après  le  tableau  ci- 
dessous,  qui  donne  les  chiffres  des  expor- 
tations et  importations  d’arbres  en  France 
dans  les  trois  dernières  années  : 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


149 


Exportation.  Importation. 

4885  1,319,456  fr.  1,494,974  fr. 

1886  1,602,034  1,515,988 

1887  1,899,322  1,486,344 


On  remarque,  en  considérant  ces  chiffres, 
que  nos  exportations,  qui,  en  1885,  étaient 
inférieures  aux  importations,  ont  augmenté 
d’une  façon  très-appréciable,  alors  que, 
dans  la  même  période,  les  importations  ont 
diminué. 

Le  Meeting  ou  Congrès  international 
de  Gand,  en  1888.  — La  Chambre  syndi- 
cale des  horticulteurs  de  Gand  a décidé 
qu’un  Congrès  serait  tenu,  cette  année,  à 
Gand,  du  14  au  22  avril.  Cette  réunion 
coïncidera  avec  l’Exposition  quinquennale 
internationale  que  la  Revue  horticole  a 
précédemment  annoncée. 

Les  botanistes,  horticulteurs  et  amateurs 
de  toutes  nationalités,  sont  invités  à prendre 
part  aux  travaux  de  ce  Congrès.  Une  carte 
spéciale  sera  adressée  à chacun  des  adhé- 
rents, et  leur  facilitera  la  jouissance  des 
avantages  attachés  à son  adhésion,  entre 
autres  une  réduction  de  50  p.  100  sur  le 
voyage  et  transport  sur  le  réseau  des  che- 
mins de  fer  belges.  Adresser  les  adhésions 
et  communications  quelconques  à M.  le  Pré- 
sident du  Meeting  international  des  horti- 
culteurs, en  1888,  à Gand,  Belgique. 

Parc  de  la  Liberté,  à Lisbonne.  — Nous 
avons  publié  dans  le  dernier  numéro  de  la 
Revue  une  communication  officielle  du 
Conseil  municipal  de  Lisbonne,  relative  à 
l’élaboration,  par  une  commission  spéciale 
d’architectes  et  d’ingénieurs  portugais,  d’un 
projet  définitif,  dont  les  éléments  seraient 
pris  dans  les  différents  projets  primés,  et 
nous  en  avions  conclu  que  cette  même  com- 
mission devait  être  chargée  de  l’exécution 
du  nouveau  projet. 

Nous  sommes  heureux  d’apprendre  que 
cette  commission  est  uniquement  chargée 
de  recomposer  les  projets  en  un  seul,  c’est- 
à-dire  qu’au  projet  de  M.  Lusseau,  le  lau- 
réat du  premier  prix,  on  adaptera  certaines 
dispositions  prises  dans  les  autres  projets, 
afin  d’en  constituer  un  projet  unique. 

Quant  à l’exécution  des  travaux,  rien 
n’est  encore  décidé  jusqu’à  ce  jour. 

Garden  and  Forest.  — Nous  avons  reçu 
les  deux  premiers  fascicules  du  journal 
nord-américain  Garden  and  Forest,  et 
nous  avons  pu  constater  que  ce  recueil 
tient  largement  tout  ce  que  permettaient 


d’espérer  les  hautes  connaissances  de  son 
rédacteur  en  chef,  le  professeur  Gh.  Sar- 
gent,  directeur  de  l’Arnold  Arboretum, 
Harward  University,  Cambridge  (Massa- 
chusetts). 

En  effet,  l’arboriculture  d’ornement  frui- 
tière et  forestière,  l’horticulture,  l’archi- 
tecture paysagère,  les  études  scientifi- 
ques, etc.,  se  partagent  en  bonnes  propor- 
tions le  contenu  de  chaque  numéro,  et  la 
façon  sérieuse  et  élevée  dont  chaque  ques- 
tion y est  traitée  fait  prendre  dès  aujour- 
d’hui à ce  journal  une  des  premières  places 
dans  la  presse  horticole. 

Memento  des  Expositions.  — Voici  la  liste 
des  Expositions  précédemment  annoncées.  L’in- 
dication entre  parenthèses  ( Chr . n°...)  renvoie 
à la  Chronique  du  N°  de  la  Revue  horticole 
où  l’exposition  a été  annoncée  avec  quelques 
renseignements  sommaires.  La  mention  Exp. 
gén.  indique  qu’il  s’agit  d’une  exposition  géné- 
rale d’horticulture. 

Amiens.  - — Exp.  gén.  (Chr.  n°  6),  2 au  4 juin. 
Àutun.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  5),  2 au  10  juin. 
Bordeaux.  — Fruits,  légumes,  fleurs  (Chr.  n°  5), 
15  au  26  septembre. 

Épinal.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  4),  9 au  14  juin. 

Laon.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  6),  25  au  27mai. 
Marseille.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  5),  2 au  11  juin. 
Meaux.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  5),  7 au  9 septembre. 
Moulins.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  6),  31  juillet  au 
5 août. 

Nantes.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  5),  25  au  29  avril. 
Orléans.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  4),  24  au  27  mai. 
Paris.  — Exp.  gén.  annuelle  (Chr.  n°  6),  25  au 
31  mai. 

Roubaix.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n°5),  23  au  25  juin. 

— Roses  (Chr.  m>  5),  17  novembre. 

Rouen.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  4),  16  au  21  mai. 
Gand.  — Exp.  intern.  (Chr.  n°  5),  15  au  22  avril. 
Strasbourg.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  6),  12  mai. 
Tunis.  — Exp.  sp.  des  produits  locaux  (Chr.  no  5), 
27  avril  au  6 mai. 

Nécrologie  : M.  Briot.  — Un  des  doyens 
de  l’horticulture  française,  M.  Pierre-Louis 
Briot,  jardinier  en  chef  honoraire  des  pépi- 
nières, parcs  et  jardins  de  Trianon,  vient 
de  mourir  en  son  domicile  à Rueil  (Seine- 
et-Oise),  dans  sa  quatre-vingt-quatrième 
année.  Après  plus  de  cinquante  ans  de 
service  actif  dans  l’administration  des  do- 
maines, comme  jardinier  en  chef,  il  fut 
nommé  jardinier  en  chef  honoraire,  et 
maintenu  dans  son  logement  de  Trianon, 
qu’il  abandonna  volontairement  en  1886. 
C’était  un  praticien  très-habile,  aimant 
passionnément  les  plantes,  qu’il  connaissait 
parfaitement.  B était  chevalier  de  la  Légion- 
d’Honneur  et  du  Mérite  agricole. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


150 


RESTAURATION  DES  ARBRES  FRUITIERS. 


RESTAURATION  DES 

Il  est  un  vieux  proverbe  qui  dit  « qu’il 
vaut  mieux  entretenir  que  bâtir  ».  Est-ce 
vrai  ? Oui,  lorsque  les  fondations  sont 
bonnes.  Non  dans  le  cas  contraire,  car 
alors  la  restauration  pourrait  coûter  plus 
cher  qu’une  nouvelle  édification. 

Appliquant  ces  préceptes  aux  arbres  frui- 
tiers, nous  disons  que  la  première  chose  à 
faire,  ce  sont  de  bonnes  fondations,  c’est-à- 
dire  de  bons  sujets.  Quelques  mots  sur 
ceux-ci  : 

On  nomme  sujet,  en  horticulture,  tout 
végétal  sur  lequel  une  espèce  quelconque 
est  appelée  à vivre.  C’est  donc,  en  réalité, 
une  sorte  de  sol.  Toutefois,  il  est  bien  en- 
tendu que  dans  ces  circonstances  il  n’y  a 
rien  d’absolu,  et  que,  devant  vivre  dans  des 
conditions  très-diverses,  les  sujets  pourront 
également  être  de  nature  dissemblable,  non 
seulement  avec  les  espèces  qu’ils  recevront, 
mais  pour  la  même  sorte,  suivant  les  con- 
ditions dans  lesquelles  elles  sont  placées. 
Ce  sont  là,  du  reste,  des  détails  pratiques, 
dont  nous  n’avons  pas  à nous  occuper 
ici. 

Le  choix  des  sujets  étant  fait,  l’essentiel 
est  de  les  bien  planter,  travail  important 
auquel  on  ne  saurait  apporter  trop  d’atten- 
tion puisque,  dans  beaucoup  de  cas,  l’avenir 
de  l’arbre  en  dépend.  La  plantation  termi- 
née, reste  l’examen  des  opérations  à faire 
pour  restaurer  un  arbre  malade.  Pour  cela 
nous  devons  poser  des  bases,  c’est-à-dire 
supposer  les  cas  les  plus  fréquents  où  un 
arbre  montre  des  signes  de  souffrance  ; 
puis,  après  en  avoir  reconnu  les  causes, 
nous  essayerons  d’en  indiquer  les  effets. 

Notons  d’abord  que,  quelles  que  soient 
ces  causes,  elles  sont  de  deux  sortes  : in- 
ternes ou  externes,  c’est-à-dire  qu’elles 
portent  sur  les  racines  ou  sur  la  charpente 
de  l’arbre.  Dans  le  premier  cas,  le  mal  peut 
également  dépendre  de  causes  diverses  : 
provenir  de  la  carie  des  racines,  ou  bien  de 
la  mauvaise  nature  du  sol,  ce  qui,  de  beau- 
coup, est  le  cas  le  plus  général.  Presque 
toujours,  en  effet,  le  mal  est  occasionné  par 
un  sol  impropre  à la  nature  de  l’arbre. 
Très-souvent  aussi  il  arrive  que  le  mal  est 
une  conséquence  des  deux  causes  et  l’expé- 
rience est  en  pareil  cas  le  meilleur  guide. 
Mais,  quelle  que  soit  la  cause  du  mal,  il  faut 
y remédier.  C’est  ce  que  nous  voulons  exa- 
miner. 


ARBRES  FRUITIERS 

Changement  du  sol.  — Cette  opération, 
que,  du  reste,  on  pratique  très-fréquem- 
ment en  arboriculture,  est  rarement  bien 
comprise;  aussi  est-elle  presque  toujours 
mal  faite.  En  général,  en  effet,  dans  la 
crainte  de  fatiguer  les  arbres,  on  se  borne  à 
les  déchausser  et  à enlever  une  partie  de  la 
terre  de  la  superficie  du  sol,  que  l’on  rem- 
place par  d’autre  ; quelquefois  même  on  se 
contente  de  mélanger  la  terre  du  dessus 
avec  une  autre  appropriée  à la  circonstance. 
Mais,  d’une  façon  comme  de  l’autre,  le  ré- 
sultat est  nul  ou  à peu  près,  car  aucun 
de  ces  moyens  ne  guérit  le  mal,  de  sorte 
que  c’est  une  dépense  inutile  et  du  temps 
perdu.  Quand  on  veut  obtenir  un  bon  ré- 
sultat, voici  comment  il  faut  opérer  : sur 
un  des  côtés  de  l’arbre  et  .à  une  certaine 
distance  de  celui-ci  en  rapport  avec  sa  na- 
ture et  ses  dimensions,  on  ouvre  une  tran- 
chée plus  ou  moins  large  et  profonde  ; on 
enlève  toute  la  terre  en  coupant  toutes  les 
fortes  racines,  mais  non  le  chevelu  ; on  des- 
cend ainsi  jusqu’au  niveau  et  même  au- 
dessous  des  dernières  racines,  de  manière 
que  toutes  celles  qui  pousseront  se  trouvent 
dans  la  terre  neuve  que  l’on  aura  rapportée. 
La  tranchée  terminée,  ainsi  qu’il  vient 
d’être  dit,  on  la  remplit  avec  une  terre 
appropriée  à la  nature  de  l’arbre.  Au  besoin 
même  on  fait  un  compost  ou  mélange  de 
terres  en  y ajoutant  des  substances  azotées 
ou  autres.  Il  va  de  soi  que  si,  outre  la 
nature  du  sol,  l’arbre  souffrait  d’une  autre 
cause,  par  exemple  d’un  excès  d’humidité, 
on  profiterait  de  cette  opération  pour  prati- 
quer une  sorte  de  drainage.  La  tranchée 
remplie  avec  la  terre  qui  a dû  être  suffi- 
samment foulée  au  fur  et  à mesure,  afin 
d’éviter  un  fort  tassement,  on  donne  une 
bonne  mouillure  s’il  est  nécessaire. 

Si  l’opération  avait  été  par  trop  radicale 
et  qu’on  eût  à craindre  que  l’arbre  en  souf- 
frît, on  ne  ferait  le  travail  que  partiellement, 
c’est-à-dire  sur  un  ou  deux  côtés  seulement, 
et  l’on  attendrait  pour  faire  le  reste  que  le 
ou  les  côtés  opérés  aient  produit  des  racines 
dans  le  sol  rapporté. 

Il  va  sans  dire  aussi  que  si  l’année  était 
très -sèche  et  si  l’arbre  opéré  était  placé 
dans  des  conditions  arides  où  sa  végétation 
pût  en  souffrir,  on  pourrait,  de  temps  à 
autre,  donner  un  arrosage  plus  ou  moins 
copieux  et  même,  au  besoin,  recouvrir  le 


LE  PARC  DE  LA  LIBERTÉ  A LISBONNE. 


151 


sol  d’un  bon  paillis,  ou  à défaut  de  celui- 
ci,  le  remplacer  par  une  couche  de  pierres 
qui  maintiendrait  l’humidité  en  empêchant 
l’évaporation.  Il  est  également  entendu  que 
dans  l’année  où  aura  été  fait  ce  travail,  il 
faudra  veiller  à ce  que  l’arbre  ne  soit  pas 
trop  chargé  de  fruits,  et  même  ne  pas  en 
laisser  du  tout  s’il  manifestait  quelque 
souffrance  dans  sa  végétation. 

Dans  le  cas  où  la  tranchée  aurait  circons- 
crit l’arbre,  ou  qu’ayant  coupé  beaucoup  de 
racines  on  aurait  à craindre  que  cet  arbre 
fût  ébranlé  par  le  vent,  il  serait  prudent,  à 
l’aide  de  corde  ou  de  fil  de  fer,  d’amarrer  la 
tige  en  la  fixant  à des  arbres  voisins  ou  à un 
piquet  placé  ad  hoc. 

Il  nous  reste  à examiner  les  causes  ex- 
ternes de  maladies  des  arbres  : celles-ci, 
beaucoup  plus  nombreuses,  sont  aussi  infi- 
niment plus  complexes. 

Nous  venons  de  voir  qu’en  ce  qui  con- 
cerne J a partie  souterraine,  pour  les  arbres 
malades,  la  principale  opération  consiste  à 
modifier  le  sol,  et,  à ce  sujet,  nous  avons 
succinctement  et  d’une  manière  générale 
indiqué  quels  sont  les  travaux  à faire,  ainsi 
que  la  manière  de  les  opérer. 

Nous  avons  vu  qu’il  faut  toujours 
prendre  de  bons  sujets  et  les  bien  planter, 
cela  pour  cette  raison  importante  de  n’avoir 
pas,  autant  que  possible,  besoin  de  rem- 
placer, car  à moins  de  grands  soins  et 
précautions  exceptionnelles,  une  plantation 
succédant  à une  autre  de  même  nature  ne 
donne  ordinairement  que  des  résultats  mé- 
diocres, et  même  très-souvent  mauvais. 

Puisqu’il  est  pratiquement  reconnu  qu’il 
faut  éviter  les  replantations,  il  n’y  a donc 
moyen  de  sortir  de  là  qu’en  plantant  de 
bons  sujets,  sur  lesquels  on  pourra  compter 
et  revenir  par  une  nouvelle  greffe,  dans 
le  cas  où  la  partie  externe  vient  à être 
malade.  Pour  faciliter  ce  regreffage,  il  faut 
avoir  soin  de  planter  un  peu  plus  élevé 
qu’on  ne  le  fait  ordinairement,  de  manière 
à pouvoir  même,  au  besoin,  les  regreffer. 

Toutefois  encore,  avant  d’employer  ce 
moyen,  le  regreffage  du  sujet,  il  y en  a 

LE  PARC  DE  LA  LH 

L’emplacement  choisi  par  la  municipalité 
de  Lisbonne  occupe  une  surface  de  38  hec- 
tares et  demi  environ.  C’est  un  terrain 

(1)  Extrait  du  rapport  lu  à la  Société  nationale 
d’horticulture  de  France  par  M.  Ch.  Thays,  secré- 
taire du  Comité  de  l’Art  des  Jardins. 


d’autres  également  propres  à la  charpente 
des  arbres  et  qui  s’opèrent  sur  celle-ci. 
Nous  allons  indiquer  les  principaux. 

Traitement  des  branches  malades.  — 
Quand  une  branche  malade  par  épuisement 
ou  par  toute  autre  cause  menace  de  dispa- 
raître, il  faut  penser  à en  opérer  le  rempla- 
cement, qui  peut  se  faire  de  deux  manières  : 
par  la  greffe  ou  à l’aide  d’une  branche  que 
l’on  a préparée  pour  cet  usage.  Si  la  branche 
à remplacer  est  jeune,  on  peut  parfois  la 
greffer  en  écusson;  le  plus  généralement 
c’est  le  contraire,  et,  alors,  c’est  la  greffe 
en  fente  qu’il  convient  d’employer.  Dans 
tous  les  cas,  la  greffe  doit  être  faite  sur 
une  partie  saine,  c’est-à-dire  au-dessous  de 
celle  qui  est  malade. 

Le  greffon  que  l’on  applique  peut  être  de 
la  même  variété  que  celle  qu’on  remplace, 
ou  appartenir  à une  autre.  Ceci  est  une 
question  que  seule  le  praticien  ou  l’inté- 
ressé peut  résoudre.  Lorsqu’au  contraire  la 
branche  malade  doit  être  remplacée  par  une 
autre  du  même  arbre,  on  laisse  pour  cet 
usage  se  développer  au  bas  de  la  branche 
malade  ou  dans  son  voisinage  un  gour- 
mand, c’est-à-dire  un  bourgeon  vigoureux, 
dont  on  aide  même  le  développement  en 
ne  le  palissant  pas,  mais  en  le  laissant 
librement  à l’air,  ou  en  se  bornant  à le 
maintenir  lâchement  pour  l’empêcher  de 
se  rompre.  Lorsque  ce  bourgeon  est  assez 
fort,  on  le  serre  contre  la  branche  qu’il 
doit  remplacer,  de  manière  à éviter  un 
coude  ; on  peut  même  l’attacher  le  long  de 
la  branche,  qui,  alors,  sert  de  tuteur.  Si 
la  branche  de  remplacement  ne  pouvait 
être  prise  sur  celle  qu’elle  doit  rempla- 
cer, on  en  choisirait  une  autre  dans  les 
environs  et  on  la  dirigerait  vers  la  base  de 
celle-ci,  sur  laquelle  on  la  grefferait  en 
approche.  Alors,  on  laisserait  pousser  en 
ayant  soin  de  protéger  les  parties  rem- 
plaçantes, et  en  pinçant  plus  ou  moins 
sévèrement  les  parties  à remplacer,  que, 
suivant  les  circonstances,  on  peut  même 
supprimer. 

E.-A.  Carrière. 

ÏRTÉ  A LISBONNE  m 

très  - accidenté , complètement  dépourvu 
d’arbres  ou  d’arbustes,  depuis  longtemps 
laissé  à l’état  de  friche  et  limité,  de  tous 
côtés,  par  des  avenues  importantes. 

Sa  forme  est  celle  d’un  parallélogramme 
allongé,  dont  le  grand  axe  traverse  exacte- 


Fig.  31.  — Projet  de  M.  Lusseau,  premier  prix  du  Concours  institué  pour  la  création  du  parc  de  la  Liberté,  à Lisbonne. 


PRIMEVÈRE  DE  CHINE  BLANCHE  DOUBLE. 


153 


ment,  dans  son  centre,  la  grande  place  cir- 
culaire terminant  l’avenue  de  la  Liberté, 
qui,  de  la  ville,  donne  un  axe  au  parc. 

C’est  là  une  disposition  très-heureuse, 
qui  facilitait,  dans  une  certaine  mesure,  les 
études  des  concurrents. 

Projet  présenté  par  M.  Lusseau 
Premier  'prix. 

Lorsqu’on  examine  le  plan  d’ensemble  de 
ce  projet  (fig.  31),  on  remarque  tout  de  suite 
que  son  auteur  ne  s’est  pas  maintenu  dans 
cet  article  du  programme  remis  aux  concur- 
rents qui  exigeait  qu’une  avenue  large  de 
35  mètres  fit  le  tour  du  parc.  Il  a prévenu 
la  monotonie  relative  de  cette  immense  voie 
en  renversant  la  direction  de  son  axe  tantôt 
à droite,  tantôt  à gauche,  et  aussi  en 
réunissant  ses  parties  opposées  et  presque 
parallèles  par  deux  larges  avenues  trans- 
versales dès  que  la  configuration  du  sol  lui 
a permis  de  le  faire. 

De  ce  réseau  principal  partent  les  allées 
secondaires  et  les  sentiers,  les  unes  et  les 
autres  peu  nombreux,  mais  en  quantité 
suffisante,  d’un  tracé  harmonieux,  et  con- 
duisant d’une  manière  toute  naturelle  aux 
différents  motifs  d’intérêt  que  nous  allons 
rapidement  examiner. 

En  face  de  l’entrée  principale  du  parc,  et 
tout  auprès  de  la  grande  avenue  de  cein- 
ture, se  trouve  le  lac,  aux  contours  acci- 
dentés, ayant  une  surface  d’environ  1 hec- 
tare et  demi,  et  à une  extrémité  duquel  est 
ménagée  une  île  dont  la  silhouette  est  très- 
pittoresque;  une  passerelle  unique  donne 
accès  à cette  île. 

Le  lac  est  alimenté  par  un  cours  d’eau 
qui  suit,  en  serpentant,  une  vallée  naturelle 
conservée,  et  prend  sa  source  presque  à 
l’autre  extrémité  du  parc,  au  pied  d’une 
large  cascade  donnant  une  chute  d’eau  de 
plus  de  12  mètres  de  hauteur,  et  largement 
accompagnée  de  masses  de  rochers  qui  se 
perdent  dans  la  verdure. 

Cette  masse  imposante,  très-décorative, 

PRIMEVÈRE  DE  CHI 

Les  Primevères  de  Chine  ont  été  telle- 
ment travaillées  depuis  un  certain  nombre 
d’années,  que  l’on  est  arrivé  à des  obten- 
tions vraiment  remarquables.  Toutes  les 
parties  de  la  plante  ont  été  modifiées 
dans  un  sens  avantageux  pour  sa  beauté  ; 
le  feuillage  s’est  amplifié,  découpé,  crispé  ; 


est  surmontée  d’un  ensemble  de  ruines  re- 
présentant les  restes  simulés  d’une  antique 
abbaye. 

Les  eaux  proviennent  d’une  nappe  d’eau 
souterraine  existante;  M.  Lusseau,  dans 
son  projet,  les  élevait  au  moyen  d’un  moulin 
à vent,  et  les  emmagasinait  dans  de  vastes 
réservoirs,  pour  les  utiliser  ensuite  aux 
heures  où  les  cascades  devraient  fonc- 
tionner. 

Parmi  les  nombreux  autres  points  déco- 
ratifs principaux  du  projet  de  M.  Lusseau, 
le  plus  important  est  situé  sur  les  contours 
de  gauche  du  parc  et  auprès  de  la  grande 
avenue  de  ceinture.  Il  consiste  en  un  en- 
semble architectural  assez  important  et 
très-orné  qui  réunit  un  café  concert,  une 
salle  de  théâtre,  un  restaurant,  une  salle  de 
jeu,  etc.  Ces  diverses  constructions,  de 
style  mauresque,  sont  symétriquement 
groupées  sur  une  terrasse  très-élevée,  d’où 
la  vue  s’étend  librement  sur  les  diverses 
parties  du  parc. 

Presque  en  face,  et  de  l’autre  côté  de  la 
vallée,  à un  niveau  presque  aussi  élevé,  se 
trouve  une  vaste  place  circulaire  plantée 
d’arbres,  avec  vues  dans  toutes  les  direc- 
tions, et  au  centre  de  laquelle  est  placé  le 
kiosque  de  musique. 

Citons  encore  la  ferme  et  la  laiterie. 
Celle-ci  serait  séparée  de  l’étable  par  d’im- 
menses glaces  sans  tain,  de  manière  que  les 
consommateurs  pussent  se  rafraîchir  sans 
qu’aucune  émanation  désagréable  parvînt 
à leur  odorat. 

Tels  sont  les  caractères  principaux  du 
projet  de  M.  Lusseau.  Ajoutons  que  ce 
projet  nous  a semblé  très-bien  conçu  pour 
le  groupement  des  plantations  et  l’aména- 
gement des  vues. 

Son  exécution  totale,  d’après  les  devis, 
aurait  atteint  le  chiffre  de  2,503,000  fr., 
compris  la  construction  des  égouts,  la  cana- 
lisation du  gaz  et  des  eaux.  Les  terrasse- 
ments proprement  dits  nécessiteraient  une 
dépense  de  1,139,485  fr.  75,  et  la  planta- 
tion 102,641  fr.  16.  Ch.  Thays. 

E BLANCHE  DOUBLE 

les  fleurs  se  sont  élargies,  leurs  coloris 
se  sont  perfectionnés  au  delà  de  toute 
espérance,  puisqu’on  arrive  à rencontrer 
dans  la  même  fleur  le.  jaune  et  le  violet, 
deux  couleurs  qui  s’excluent  le  plus  souvent. 
Enfin,  on  a obtenu  des  variétés  doubles 
d’une  grande  valeur  ornementale.  Mais 


154 


PRIMEVÈRE  DE  CHINE  BLANCHE  DOUBLE. 


quelle  que  soit  la  beauté  de  toutes  ces  va- 
riétés donnant  des  graines,  le  Primula 
prænitens  ctlbaplena  (qui  n’en  produit  pas) 
les  surpasse  toutes  par  l’ensemble  de  ses 
caractères. 

Cette  variété  diffère  peu  par  son  aspect 
général  des  autres  du  genre  ; son  feuillage 
est  même  un  peu  grêle  ; mais,  si  l’on  con- 
sidère la  fleur,  quelle  perfection  ! Elle  est 
d’un  blanc  pur,  un  peu  plus  petite  que  dans 
les  variétés  simples,  mais  absolument  pleine  : 
c’est  un  Gardénia  en  miniature,  une  rosette 
de  satin  blanc.  Ajoutons,  comme  un 
comble  de  perfection  et  pour  lui  attirer  tous 
les  suffrages,  que  ces  fleurs  sont  très-solides 
et  de  longue  durée  : la  corolle  se  fane  dans 
le  calyce  et  n’est  pas  caduque  comme  cela  a 
lieu  dans  le  type,  de  sorte  que  l’on  peut 
employer  les  fleurs  dans  les  vases  et  les  bou- 
quets, et  même  les  monter.  Ainsi,  non 
seulement  nous  avons  en  elle  la  plante  d’or- 
nement pour  garniture,  mais  encore  une 
productrice  généreuse  de  fleurs  coupées.  On 
a donc  lieu  d’être  surpris  de  ne  pas  voir 
cette  plante  cultivée  en  grand  chez  nous. 

Il  en  est  tout  autrement  chez  nos  voisins 
les  jardiniers  anglais,  qui  la  cultivent 
par  quantités  énormes  pour  alimenter 
ce  gouffre  toujours  béant  de  Covent- 
Garden  ; ils  en  sont  tellement  satisfaits  qu’un 
horticulteur  des  environs  de  Londres,  chez 
lequel  j’étais  quelque  peu  surpris  de  voir  une 
serre  de  40  mètres  de  long  entièrement  pleine 
de  cette  plante,  me  disait  : « Je  ne  sais  pas 
vraiment  comment  nous  fournirions  aux 
demandes  de  fleurs  coupées  pour  Noël  et  le 
jour  de  l’an,  si  nous  n’avions  pas  cette  Pri- 
mevère. » Enfin,  ajoutons  comme  complé- 
ment que  la  culture  de  cette  variété  n’est 
pas  difficile,  ainsi  qu’on  va  en  juger. 

Quand  on  désire  avoir  des  fleurs  en  hiver, 
comme  c’est  généralement  le  cas,  on  pro- 
cède- à la  multiplication  dès  que  la  floraison 
est  terminée,  en  février- mars.  Mais  comme 
la  plante  ne  donne  pas  de  graines,  on  a 
alors  recours  aux  procédés  artificiels  de 
multiplication  : le  marcottage  et  le  boutu- 
rage. Le  premier  de  ces  procédés  se  recom- 
mande surtout  aux  personnes  qui  cultivent 
un  nombre  restreint  de  plantes,  quoiqu’il 
soit  quelquefois  employé  en  grand.  Pour  le 
pratiquer,  on  attend  que  la  végétation  soit 
redevenue  active,  ce  qui  a lieu  après  le  séjour 
d’une  semaine  au  moins  des  plantes  dans  la 
serre  à multiplication  ; alors,  on  nettoie  bien 
la  base  des  tiges,  en  enlevant  les  restes  des 
feuilles  mortes,  ce  qui  doit  se  faire  avec 
grand  soin  à cause  de  la  fragilité  des  sujets  ; 


puis  on  ôte  également  la  terre  de  la  surface 
du  pot,  que  l’on  remplace  par  un  compost 
très-léger  ou  de  la  mousse  humide,  en 
remplissant  jusqu’au  bord  supérieur  du  vase. 
Environ  un  mois  après,  il  y aura  assez  de 
racines  sur  les  marcottes  pour  qu’on  puisse 
les  rempoter  et  les  habituer  successivement 
à une  température  plus  basse. 

Quant  aux  boutures,  on  les  obtient  de 
la  manière  suivante  : on  coupe  les  rami- 
fications aussi  long  que  possible,  et  on  les 
habille  comme  on  le  fait  d’habitude,  en  ne 
laissant  que  deux  ou  trois  feuilles  au  sommet  ; 
elles  sont  ensuite  piquées  isolément  dans  de 
petits  godets  remplis  d’un  sol  très-léger,  ou 
même  de  sciure  de  bois,  et  maintenues  verti- 
cales au  moyen  d’un  petit  tuteur  auquel  on  les 
fixe.  Inutile  de  dire  qu’on  n’enterre  pas  l’œil 
terminal.  Après  les  avoir  bien  mouillées  avec 
un  arrosoir  à pomme  très-fine,  on  les  place 
sous  cloche  ou  dans  les  châssis  à multiplica- 
tion; là,  elles  seront  visitées  attentivement 
tous  les  jours,  découvertes  pendant  une  heure 
environ,  bassinées  et  ombrées  au  besoin,  de 
manière  qu’elles  ne  se  flétrissent  pas.  Quand 
elles  ont  émis  des  racines,  ces  boutures 
reçoivent  de  l’air  graduellement  ; puis  elles 
sont  découvertes  et  placées  dans  une  partie 
de  la  serre,  où  elles  reçoivent  beaucoup  de 
lumière.  On  continue  a les  ombrer  et  à les 
bassiner  autant  que  cela  est  nécessaire, 
afin  qu’elles  ne  se  fanent  jamais.  Lorsque  les 
plantes  sont  bien  enracinées,  on  les  rem- 
pote dans  des  godets  de  8 centimètres  de  dia- 
mètre, en  employant  un  sol  très-léger, 
formé  en  grande  partie  de  terre  de  bruyère 
additionnée  de  terreau,  de  sable,  de  petits 
fragments  de  pots  cassés  et  de  charbon  de 
bois  ; les  Anglais  y ajoutent  du  loam(  1),  mais 
nous  devons  faire  remarquer  que  leur  cli- 
mat permet  d’employer  cette  nature  du  sol 
dans  des  circonstances  où,  chez  nous,  elle 
serait  nuisible. 

Après  qu’elles  ont  été  bien  arrosées,  les 
plantes  sont  remises  à la  lumière,  et  une 
fois  bien  « établies  »,  il  est  inutile  de  leur 
donner  de  la  chaleur  de  fond. 

Le  second  rempotage  des  jeunes  plantes 
est  fait  dans  des  pots  de  12  centimètres, 
bien  drainés,  après  quoi  on  cesse  les 
bassinages.  On  leur  fait  passer  la  saison 
d’été  dans  des  châssis  à froid,  privés 
de  soleil  d’une  manière  absolue  ; on 
enlève  dès  leur  apparition  les  inflores- 
cences qui  se  montrent,  et  par  des  bas- 

(1)  Le  loam  employé  en  Angleterre  est  com- 
posé de  terre  fibreuse  produite  par  des  mottes  de 
gazon  lentement  décomposé. 


RECÉPAGE  DES  SEQUOIA  SEMPERVIRENS. 


155 


sinages  faits  sur  le  sol  et  sur  les  côtés  des 
coffres,  on  maintient  l’air  légèrement  hu- 
mide, afin  d’empêcher  les  plantes  de  durcir 
et  aussi  pour  éviter  la  grise. 

A l’époque  de  la  floraison,  on  transporte 
ces  Primevères  dans  une  serre  dont  la  tem- 
pérature varie  de  10  à 12  degrés  centigrades. 
C’est  à ce  moment  qu’il  faut  prendre  le 
plus  grand  soin  pour  les  arrosages,  de  ma- 
nière à éviter  la  pourriture  ; non  seulement 
on  aura  dû  mettre  au  fond  des  pots  un  drai- 
nage épais,  mais  on  devra  encore  avoir  bien 


soin  de  ne  pas  mouiller  le  cœur  des  plantes, 
et,  si  possible,  d’aérer  la  serre  après  avoir 
arrosé. 

L’abondante  floraison  qui  se  produit 
alors  récompense  le  jardinier  de  tous  ses 
soins.  Dès  qu’elle  est  finie,  on  devra  re- 
commencer le  travail,  c’est-à-dire  faire  des 
boutures  ou  des  marcottes  de  manière  à 
toujours  avoir  de  jeunes  sujets.  Quoi  qu’on 
fasse,  à leur  deuxième  floraison  les  plantes 
sont  toujours  beaucoup  moins  belles. 

Em.  Rivoiron. 


RECÉPAGE  DES  SEQUOIA  SEMPERVIRENS 


Les  rigueurs  de  l’hiver  de  1879-1880, 
qui  ont  eu  de  si  désastreuses  conséquences 
sur  une  quantité  considérable  de  plantes, 
arbres  et  arbustes  d’ornement,  ont  surtout 
fait  sentir  leurs  terribles  effets  sur  la  fa- 
mille des  Conifères.  Des  vétérans  de 
cette  famille,  plusieurs  fois  séculaires,  ont 
péri  des  suites  de  ces  froids  exceptionnels. 
C’est  ainsi  que,  dans  plusieurs  localités  des 
environs  de  Paris,  et  particulièrement  à 
Bougival,  les  Cèdres  du  Liban,  les  Cèdres 
Deodara,  plusieurs  espèces  de  Pins,  de  Sa- 
pins, de  Cyprès,  les  Ifs,  les  Wellingtonia,  les 
Araucaria  imbricata,  et  un  grand  nombre 
d’autres  genres  et  espèces,  ont  succombé, 
laissant,  pour  de  longues  années,  des  vides 
considérables. 

Parmi  les  genres  qui  appartiennent  aux 
Conifères,  peu,  on  le  sait,  ont  l’avantage  de 
se  soumettre  à la  taille,  c’est-à-dire  de  na- 
ture à former  de  nouvelles  tiges,  aux  sec- 
tions que  l’on  pratique  sur  leurs  branches. 
Cependant,  les  Ifs  et  les  Séquoia  se  prêtent 
parfaitement  à cette  opération,  et,  sous  ce 
rapport,  chacun  connaît  les  formes  bi- 
zarres que  l’on  peut  donner  aux  Ifs.  Le 
Séquoia  sempervirens,  Endl.  ( Taxodium 
serrvpervirens,  Lamb.)  peut  également  être 
soumis  à la  taille.  Cet  arbre  conifère,  qui 
atteint  des  dimensions  gigantesques  en  Amé- 
rique, d’où  il  est  originaire,  peut  égale- 
ment, sous  notre  climat,  former  un  bel 
arbre  d’ornement,  quoique  restant  dans  des 
proportions  plus  restreintes,  et  l’on  peut 
s’étonner  qu’il  soit  aussi  rare  dans  nos  parcs. 

La  rapidité  de  sa  croissance,  la  légèreté 
et  l’élégance  de  ses  rameaux  inclinés,  de 
son  feuillage  glauque-argenté  en  des- 
sous, devraient  assurément  plus  attirer 
l’attention  des  amateurs,  et  surtout  des 
architectes-paysagistes.  Sans  être  aussi 
rustique  que  certaines  espèces  de  Sapins,  de 
Pins,  de  Thuyas,  etc.,  il  a supporté  21  degrés 


centigrades  de  froid  en  1871-1872,  et 
les  27  degrés  que  nous  subissions  pen- 
dant l’hiver  1879-1880,  non  sans  souffrir 
toutefois.  La  plupart  des  sujets  avaient 
perdu  toutes  leurs  branches,  mais  ils  se  ré- 
tablirent promptement  et  donnèrent  de 
nouvelles  ramifications  sur  les  parties  dé- 
nudées. 

A cette  époque,  nous  en  possédions  un 
exemplaire  assez  beau,  au  tronc  droit  et 
élancé,  qui  mesurait  de  18  à 20  mètres 
d’élévation  ; sa  forme  et  son  port  étaient 
majestueux  et  plusieurs  horticulteurs  et 
amateurs  de  Conifères  nous  assuraient  alors 
que  c’était  un  des  plus  beaux  échantillons 
que  l’on  rencontrait  aux  environs  de  Paris. 
Seulement,  comme  la  plus  grande  partie  de 
ses  congénères  qui  ornaient  les  jardins  de 
Bougival,  il  fut  atteint  par  le  froid,  et 
bien  que  son  tronc  donnât  encore  quel- 
ques signes  de  vie  au  printemps,  je  le 
fis  couper  par  le  pied,  dans  l’espérance 
d’en  faire  naître  un  buisson.  Cette  espé- 
rance ne  fut  pas  déçue,  car,  dans  le  cou- 
rant de  l’été  qui  suivit,  il  sortit  sur  la 
souche  une  grande  quantité  de  jeunes  scions 
(40  à 50)  qui  se  développèrent  avec  une 
extrême  vigueur.  Depuis,  cette  végétation 
vigoureuse  ne  s’est  jamais  ralentie,  et  les 
années  suivantes,  une  dizaine  de  tiges 
s’élancèrent  au-dessus  des  autres.  Aujour- 
d’hui, une,  d’elles  seulement,  domine  ces 
dernières  de  quelques  mètres,  et  forme  un 
nouveau  tronc  qui  atteint  9 mètres  de  hau- 
teur, ce  qui  représente  en  moyenne,  pour 
chaque  année,  un  développement  de  4m  10, 
au  moins. 

Les  autres  tiges  ont  de  5 à 7 mètres  de 
hauteur,  et  le  tout  réuni  forme  aujourd’hui 
un  magnifique  groupe  du  plus  élégant  effet, 
s’étendant  sur  un  diamètre  de  6 mètres, 
soit  18  mètres  de  circonférence. 

Eug.  Vallerand. 


156 


CENTAURE  A CANDIDISSIMA. 


POIRE  BELLE  PICARDE. 


CENTAUREA  CANDIDISSIMA 


Presque  universellement  connu  par  les 
services  qu’il  rend  à l’horticulture  pour  la 
décoration  des  jardins  pendant  l’été,  ce 
n’est  pas  à ce  point  de  vue  que  je  vais 
parler  du  Centaurea  candidissima,  mais 
à celui  de  l’ornementation  des  apparte- 
ments, où  cette  plante  est  appelée  à jouer 
un  important  rôle.  Voici  comment  j’ai  eu 
l’occasion  de  le  constater. 

Dans  la  vaste  propriété  du  Val,  où  c’est 
par  milliers  de  pieds  que,  chaque  année, 
nous  employons  le  Centaurea  candidis- 
sima, c’est  toujours  avec  peine  que  l’on  voit 
arriver  le  moment  où  l’hiver  va  les  mois- 
sonner. A l’automne  dernier,  alors  que 
nous  admirions  ces  belles  plantes,  l’idée 
nous  vint  d’essayer  d’en  tirer  parti  comme 
garniture  d’appartement,  ce  que  nous  n’a- 
vions jamais  fait  jusque-là  ; pour  cela  nous  en 
enlevâmes  quelques  pieds  en  motte,  qui 
furent  mis  dans  des  pots  relativement  pe- 
tits, de  manière  à pouvoir  être  utilisés 
facilement  pour  les  garnitures.  On  les  mit 
pendant  quelque  temps  sous  châssis  froids 
et  privés  d’air,  pour  favoriser  la  reprise, 
qui,  du  reste,  se  fit  très-promptement,  et 
sans  que  les  plantes  manifestassent  la  plus 
légère  souffrance.  Notre  but,  en  agissant 
ainsi,  était  d’employer  ces  plantes  pour  les 
appartements.  A dire  vrai,  nous  n’avions 
dans  la  réussite  de  cette  tentative  qu’une 
très-médiocre  confiance,  étant  données  les 
conditions  dans  lesquelles  elles  étaient  ap- 
pelées à vivre.  En  effet,  les  salons  où,  pen- 
dant l’hiver,  doivent  être  placées  un  grand 


nombre  de  jardinières  garnies  de  plantes 
et  qui,  peu  éclairés,  sont  encore  assombris 
par  d’épaisses  tentures  et  chauffés  par  des 
appareils  qui  dessèchent  l’air,  constituent 
un  milieu  spécial  des  plus  défavorables 
à la  végétation.  Eh  bien,  à notre  surprise 
et  à notre  satisfaction,  c’est  l’inverse  qui 
se  produisit  ; les  Centaurées  se  main- 
tinrent très-bien,  beaucoup  mieux  même 
que  d’autres  espèces  qui  les  accompagnaient. 
Pendant  les  mois  d’octobre  et  novembre, 
jusqu’à  l’arrivée  des  Primevères  de  la  Chine, 
nos  Centaurées  nous  ont  été  d’une  très- 
grande  utilité  ; non  seulement  elles  se 
soutiennent  et  poussent  dans  ces  conditions 
si  mauvaises,  mais  elles  supportent  parfai- 
tement la  sécheresse,  et  même  lorsque,  par 
suite  de  celle-ci,  les  feuilles  de  la  base  des 
plantes  sont  desséchées,  elles  ne  sont  pas 
encore  trop  désagréables  parce  que,  au  lieu 
de  prendre  cette  teinte  gris  sale  ou  noirâtre 
à peu  près  particulière  à toutes  les  feuilles 
qui  sont  sèches,  les  feuilles  de  la  Centau- 
rea candidissima  conservent  l’aspect  blan- 
châtre particulier  à cette  espèce  qui  la  rend 
précieuse  pour  faire  des  décorations,  par 
suite  des  nombreux  contrastes  que  l’on  peut 
en  obtenir.  Quant  aux  choix  des  plantes 
pour  faire  ces  oppositions,  il  est  facultatif 
et  doit  être  approprié  aux  lieux  et  aux 
conditions  dans  lesquels  on  se  trouve  placé. 
Toutefois,  il  va  de  soi  que  les  couleurs  fon- 
cées, le  rouge  surtout,  seront  toujours  pré- 
férables. 

Johanni  Sallier. 


POIRE  BELLE  PICARDE 


La  Poire  qui  fait  l’objet  de  cette  note,  et 
à laquelle  on  a donné  le  nom  de  Belle  Pi- 
carde, est  une  variété  dont  la  naissance  n’a 
pas  été  enregistrée.  Nous  en  devons  la 
connaissance  à M.  Félix  Garlier,  proprié- 
taire à Conflans-Sainte-Honorine,  qui  l’a 
importée  dans  son  jardin,  où  nous  avons 
pu  l’étudier  et  prendre  les  fruits  qui  ont 
servi  à faire  la  chromolithographie  ci- 
contre. 

M.  Garlier  lui  a donné  le  nom  de  Belle 
Picarde.  G’est,  en  effet,  au  village  de 
Charmes  (Aisne),  que  le  pied  mère  a été 
remarqué  il  y a une  dizaine  d’années. 

Le  Poirier  Belle  Picarde  est  vigoureux 


et  fertile.  L’arbre  se  tient  bien  et  est  très- 
propre  pour  le  verger,  ce  qui  ne  veut  pas 
dire  que  cette  variété  ne  puisse  être  cul- 
tivée en  espalier,  au  contraire.  Quant  à son 
feuillage  et  à ses  fleurs,  ils  ne  présentent 
rien  de  particulier.  Le  fruit  est  gros  et 
même  très-gros  ; il  rappelle  un  peu  celui  du 
Colmar  d’ Arernb erg , mais  il  est  plus  allongé, 
atteignant  32  centimètres  et  même  plus  de 
circonférence,  sur  11  à 12  de  hauteur,  et 
très-légèrement  bossué.  Peau  luisante,  à fond 
d’un  très-beau  jaune  d’or,  lavée  et  plus  ou 
moins  fouettée  de  rouge  vermillonné,  parfois 
même  d’un  rouge  assez  intense.  Queue 
moyenne  insérée  un  peu  obliquement  dans 


eoue 


> Horticole 


Go(ùud-,d<Z. 


ÜzrQinûhJjv.  G-.S&uereyi 


Poire  Belle Picarde 


L’HORTICULTURE  AU  CONGO. 


157 


un  léger  enfoncement.  Œil  dans  une  cavité 
largement  évasée,  assez  profonde,  grande, 
sensiblement  ouverte,  dénudée  après  la 
chute  des  divisions  calycinales.  Chair 
blanche,  cassante,  très-sucrée,  ayant  çà  et 
là,  dans  le  tissu,  des  concrétions  qui  res- 
sortent promptement  sur  les  surfaces  cou- 
pées. Eau  assez  abondante,  très-sucrée,  de 
saveur  agréable  bien  que  faible.  Maturité 
décembre  à mai-juin. 

La  Belle  Picarde  est  une  variété  qui 
sera  avantageuse  au  point  de  vue  commer- 
cial, car  ses  fruits,  très-gros  et  très-beaux, 


outre  qu’ils  ne  sont  pas  à dédaigner  comme 
Poire  à couteau,  sont  délicieux  comme  fruit 
à cuire.  On  peut  en  faire  aussi  d’excel- 
lentes compotes,  gelées  ou  marmelades. 
Comme  dessert,  cette  Poire  est  admirable, 
outre  qu’on  la  mange  avec  plaisir  de  février 
à mai,  époque  où  les  Poires  font  presque 
toutes  défaut.  Si  l’on  en  pose  des  boutons  à 
fruits  (greffe  Luizet)  sur  des  variétés  vigou- 
reuses telles  que  Beurré  d’ Amanlis,  Beurré 
Diel,  Curé,  Triomphe  de  Jodoigne,  etc., 
on  obtient  des  fruits  d’un  volume  et  d’une 
beauté  extraordinaires.  E.-A.  Carrière. 


L’HORTICULTURE  AU  CONGO 


La  Commission  organisatrice  du  Con- 
grès international  de  botanique  et  d’horti- 
culture tenu  à Anvers  en  1885,  dans  le 
but  d’avoir  des  renseignements  sur  la  Flore 
et  l’horticulture  du  Congo,  avait  adressé, 
par  l’intermédiaire  de  l’Association  inter- 
nationale du  Congo,  aux  agronomes  atta- 
chés aux  diverses  stations  de  ce  pays,  une 
note  comprenant  un  certain  nombre  de 
questions.  Plusieurs  des  personnes  ainsi 
interrogées  ont  répondu  et  leurs  communi- 
cations très-intéressantes  ont  jadis  été  im- 
primées dans  les  Rapports  préliminaires 
du  Congrès  de  1885.  La  récente  publica- 
tion des  Actes  du  Congrès  d'Anvers  vient 
de  nous  apporter  de  nouveaux  éléments 
d’information  sur  ces  régions  si  peu  con- 
nues et  sur  les  introductions  des  végétaux 
utiles  qui  y ont  été  faites  ou  qui  pourraient 
y être  tentées  avec  succès.  Retenant  seule- 
ment le  côté  horticole  de  la  question,  nous 
avons  cru  qu’il  serait  intéressant  pour  nos 
lecteurs  de  connaître  dans  quelles  condi- 
tions peuvent  se  développer  certains  végé- 
taux d’Europe  sous  le  soleil  torride  de  ces 
régions,  et  qu’il  serait  peut-être  utile  à quel- 
ques-uns de  savoir  quel  avenir  était  réservé 
à des  introductions  utiles,  judicieusement 
faites. 

L’émigrant  qui  arrive  dans  ces  contrées 
sauvages  apporte,  avec  lui,  malheureuse- 
ment, les  goûts  que  la  civilisation  lui  a in- 
culqués. C’est  à son  point  de  vue,  surtout, 
que  la  culture  des  plantes  potagères  est  in- 
téressante. « Nous  qui  faisons,  dit  M.  Wit- 
mack  (1),  une  consommation  journalière  de 
légumes,  nous  n’y  prêtons  pas  une  grande 
attention  ; mais  là  où  l’on  ne  consomme 

(1)  A des  du  congrès  international  de  Botanique 
et  d'horticulture  d'Anvers,  en  4885,  p.  23. 


ordinairement  que  des  viandes  de  conserve, 
si  l’on  manque  de  légumes,  l’estomac  eu- 
ropéen se  débilite  tout  à fait,  les  forces  de 
l’homme  s’en  vont  et  il  lui  est  bien  difficile 
de  vivre.  » 

Il  faut  donc,  autant  que  possible,  que 
l’estomac  du  colon  n’entre  pour  rien  dans 
ses  motifs  de  nostalgie.  On  connaît  l’his- 
toire des  Hébreux  et  des  Ognons  d’Egypte. 

L’Association  internationale  du  Congo, 
dans  le  but  de  créer  une  situation  aussi 
bonne  que  possible  à ses  colons,  avait  confié, 
à chacun  des  agronomes  des  diverses  sta- 
tions, une  certaine  quantité  de  graines 
potagères.  Voici  les  résultats  que  les  semis 
ont  donnés  : 

Les  Laitues,  Choux-Raves,  Fèves,  Hari- 
cots, germent  bien  et  se  développent  dans 
des  conditions  normales  ; il  en  est  de  même 
des  Ognons,  Ciboules  et  généralement  de 
toutes  les  plantes  potagères  à racines  bul- 
beuses ou  à souche  vivace. 

Les  espèces  à racine  pivotante,  charnue  : 
Carottes,  Navets,  Betteraves,  Salsifis,  de- 
viennent ligneuses  et  sont  de  mauvaise 
qualité. 

La  Pomme  de  terre  est  d’un  rendement 
médiocre.  Mais  deux  plantes  indigènes  à 
tubercules,  connues  sous  les  noms  de 
Nguombou  et  d ’Helmias,  et  qui  ne  sont, 
sans  doute,  pas  autre  chose  que  des 
Ignames,  peuvent  la  remplacer  avantageu- 
sement. 

La  Tomate  donne  des  fruits  superbes  et 
innombrables,  et  rend  aux  colons  des  ser- 
vices inappréciables  par  ses  vertus  rafraî- 
chissantes. 

Les  Melons  et  les  Courges  fournissent  des 
produits  supérieurs  à ceux  d’Europe. 

Quant  aux  Céréales,  elles  ne  prospèrent 
que  moyennant  des  arrosements  fréquents. 


158 


/ 


L’HORTICULTURE  AU  CONGO. 


Ces  premiers  essais  serviront  de  point  de 
départ  pour  l’amélioration  des  cultures  à 
venir,  et  fourniront  de  précieuses  indica- 
tions aux  colons  qui  émigrent  vers  ces  ré- 
gions ou  des  contrées  analogues.  Ce  sont  à 
peu  près  les  seules  cultures  potagères  qui 
aient  été  faites  jusqu’ici.  Il  est  probable 
que,  par  des  tentatives  réitérées  et  des 
soins  plus  savants,  par  des  sélections  ou 
des  croisements  judicieux,  on  parviendra  à 
acclimater  dans  ces  régions  une  bonne 
partie  de  nos  légumes  d’Europe. 

En  exposant  ces  heureux  résultats,  nous 
n’avons  pas  l’intention  de  déterminer 
quelque  habile  maraîcher  à aller  fonder  un 
potager  au  Congo,  pour  faire  apprécier  aux 
sauvages,  contre  espèces  sonnantes,  la  su- 
périorité de  ses  légumes  améliorés  sur  les 
Ignames  ou  les  Arachides.  Il  ne  couvrirait 
probablement  pas  ses  frais  de  voyage.  Ces 
essais  de  culture  ne  sont  intéressants  qu’au 
point  de  vue  de  l’acclimatation  des  Euro- 
péens et  du  bien-être  qu’ils  procurent  aux 
colons.  Cependant,  il  est  certain  qu’un  jar- 
dinier trouverait  là-bas  un  champ  d’une 
grande  richesse  à exploiter. 

Arrosé  par  des  pluies  périodiques,  en- 
graissé par  le  débordement  des  rivières,  le 
sol  est  d’une  fertilité  extraordinaire,  et  la 
luxuriante  végétation  sauvage  dont  il  se 
couvre  est  un  garant  de  sa  fécondité. 

Parmi  les  plantes  indigènes  que  leur 
emploi  dans  l’industrie  ou  leur  importance 
commerciale  recommandent  à l’attention  de 
ceux  qui  voudront  entreprendre  l’exploita- 
tion des  richesses  végétales  du  Congo,  nous 
trouvons  un  Acacia  fournissant  une  très- 
bonne  gomme,  l’Arachide,  les  Ananas,  une 
espèce  de  Caféier,  un  arbre  rappelant  le 
Camphrier,  la  Canne  à Sucre,  le  Cacaoyer, 
le  Dattier,  l’Indigotier,  le  Poivrier,  le  Ta- 
bac qui  donne  dans  certaines  régions  du 
Congo  des  produits  comparables  à ceux  de 
la  Havane.  Quand  la  Flore  du  pays  sera 
mieux  connue,  cette  liste  s’allongera  cer- 
tainement beaucoup,  et  peut-être  même  les 
forêts  nous  réservent- elles  la  surprise  de 
quelque  matière  végétale  nouvelle  et  pré- 
cieuse. 

C’est  surtout  par  l’introduction  des 
plantes  utiles  de  la  Flore  équatoriale  que  la 
fertilité  et  l’immensité  du  Congo  sont  appe- 
lées à donner  des  bénéfices  importants. 

MM.  Bâillon,  Triana  et  autres  botanistes 
ont  développé,  devant  le  Congrès  d’Anvers, 
leurs  appréciations  sur  le  choix  des  plantes 
étrangères  dont  l’acclimatation  est  à souhai- 
ter au  Congo.  Nous  donnons  ci-dessous  le 


résumé  de  quelques  notes  fournies  par  leurs 
communications. 

Pour  les  essences  tinctoriales,  indépen- 
damment des  végétaux  indigènes  comme 
l’Indigotier,  on  pourrait  retirer  profit  de 
Y Æschynomene  sensitiva  du  Brésil  et  des 
Tournesolia  ou  Crozophora  qui  donneront 
des  produits  analogues  au  Tournesol  en 
pains. 

Les  matières  grasses  seront  fournies 
abondamment  par  les  Arachides,  les  Pal- 
miers, le  Sesamum  indicum,  les  Ricins. 

Quant  aux  résines  et  gommes,  on  en 
obtiendrait  de  très-bonnes  par  l’acclimata- 
tion du  Garcinia  Hanburyi , renommé 
pour  les  gommes-guttes  qu’il  produit  en 
Annam  et  au  Cambodge;  et  surtout  par 
celle  de  certaines  Apocynacées  telles  que  les 
Vcihea,  dont  le  suc  donne  des  caoutchoucs 
très-estimés. 

La  Gutta-Percha,  dont  l’emploi  dans  l’in- 
dustrie prend  tous  les  jours  de  l’extension, 
sera  la  source  de  revenus  importants.  Plu- 
sieurs Sapotacées  asiatiques,  océaniennes  et 
américaines,  seront  au  Congo  d’une  accli- 
matation facile  et  produiront  cette  matière 
en  abondance. 

On  obtiendra  des  cotons  de  premier  choix 
par  la  culture  du  Gossypium  barbadense. 

Les  plantes  officinales  pourront  également 
devenir  le  sujet  d’une  exportation  considé- 
rable. Plusieurs  R.ubiacées  indigènes  four- 
niront des  écorces  fébrifuges  analogues  à 
celles  des  Quinquinas  ( Cinchona ).  C’est 
surtout  à la  culture  des  Remijia  de  l’Amé- 
rique du  Sud,  qui  sont  très-rustiques  et 
produisent  des  quinquinas  supérieurs,  que 
l’on  devrait  s’adonner,  suivant  M.  Triana. 
Les  Quassiées  ne  devront  pas  être  oubliées 
dans  les  introductions  à faire. 

Il  est  inutile  de  dire  de  quelle  richesse 
seront  la  source  les  bonnes  espèces  de 
Caféier  et  de  Cacaoyer  si  on  parvient  à les 
faire  prospérer  au  Congo. 

La  question  a été  posée  de  savoir  si  les 
Vignes  du  Soudan  à souche  tuberculeuse, 
autour  desquelles  on  a fait  tant  de  bruit, 
ne  pourraient  pas  être  cultivées  avantageu- 
sement au  Congo.  D’après  M.  J.-E.  Plan- 
chon,  les  Vignes  du  Soudan  et  la  plupart 
des  Vignes  tropicales  ne  doivent  pas  être 
rangées  dans  le  genre  Vitis,  mais  former 
un  genre  à part  auquel  il  a donné  le  nom 
d ’Ampelocissus  (1).  Les  fruits  des  Ampelo- 

(1)  Le  Vitis  capensis,  dont  la  Revue  a récemment 
publié  une  description  avec  une  figure  coloriée, 
rentrerait  dans  ce  genre  Ampelocissus . 

Ed.  A. 


LES  CERISIERS  A KIRSCH. 


159 


eissus  sont  parfois  très-gros  et  comestibles; 
mais,  étant  peu  riches  en  alcool,  ils  sont 
impropres  à produire  un  vin  de  bonne  qua- 
lité. Il  serait  peut-être  possible  de  décou- 
vrir, au  Congo,  certaines  espèces  indigènes 
dont  le  fruit  pourrait  être  employé  à faire 
du  vin  et,  dans  tous  les  cas,  quelques  es- 
pèces européennes  ou  américaines  y se- 
raient, sans  doute,  assez  facilement  accli- 
matées. 

On  voit  par  cette  rapide  énumération  des 
principales  richesses  végétales  à exploiter 
au  Congo  quelle  importance  s’attache  à la 
colonisation  de  cette  contrée.  L’Association 


internationale  du  Congo  a déjà  établi  de 
nombreuses  stations  d’émigrants  dans  ce 
pays.  Suivant  son  exemple,  plusieurs  so- 
ciétés se  sont  fondées  ; des  commerçants  et 
des  industriels  se  sont  réunis  pour  fonder 
des  plantations  et  construire  un  chemin  de 
fer  d’exploitation.  Les  résultats  obtenus 
déjà  donnent  les  plus  grandes  espérances 
pour  l’avenir  et  nous  ne  pouvons  qu’applau- 
dir à ces  tentatives  hasardeuses,  qui,  lors 
même  qu’elles  ne  réussissent  pas,  ont  tou- 
jours l’honneur  d’avoir  contribué  aux  pro- 
grès de  la  science  et  de  la  civilisation. 

Ed.  André. 


LES  CERISIERS  A KIRSCH 


La  question  si  importante  de  la  plantation 
des  arbres  à fruits  en  bordure  des  routes,  à 
laquelle  la  Revue  horticole  a ouvert  ses 
colonnes,  mérite  d’attirer  tout  spécialement 
l’attention  du  public.  Après  avoir  parlé  des 
avantages  de  ces  sortes  de  plantations,  nous 
venons  aujourd’hui  indiquer  sommairement 
les  variétés  de  Cerisiers  pouvant  servir  à 
fabriquer  le  kirsch. 

La  fabrication  du  kirsch  a pris  nais- 
sance, il  y a bien  longtemps  (plusieurs 
siècles),  dans  quelques-uns  des  nombreux 
villages  disséminés  à travers  le  vaste  massif 
montagneux  que  nous  appelons  la  Forêt- 
Noire  (l’ancienne  Sylva  Martiana  des  Ro- 
mains), et  qui  touche  presque  à nos 
Vosges. 

Les  premiers  kirschs  ont,  sans  doute,  été 
faits  avec  le  fruit  du  Cerisier  sauvage  ou 
Merisier  des  bois  ( Cerasus  avium).  Peu 
à peu  d’autres  variétés,  améliorées  par  des 
semis  successifs  et  par  la  culture,  rempla- 
cèrent la  Merise,  parce  que  leurs  fruits, 
plus  gros,  plus  en  chair  et  souvent  plus  su- 
crés, donnaient  un  produit  plus  abondant 
et  plus  rémunérateur. 

Les  variétés  cultivées  dans  cette  partie  de 
l’Allemagne  pour  la  fabrication  du  kirsch 
sont  nombreuses.  Oberdieck,  dans  son  Ma- 
nuel illustré  de  Pomologie,  cite  dans  ce 
sens  plusieurs  centaines  de  variétés  de  Ce- 
risiers, et  beaucoup  de  ces  variétés  pour- 
raient être  cultivées  avantageusement  pour 
la  fabrication  du  kirsch. 

Il  serait  très -utile  que  nos  pomologues 
étudiassent  quelques-unes  des  meilleures 
variétés  et  les  fissent  connaître  à nos  plan- 
teurs, avec  leurs  noms  français.  Là-bas,  les 
meilleurs  kirschs  sont  ceux  produits  avec 
les  variétés  à fruits  plus  ou  moins  gros,  à 


noyaux  généralement  petits  et  à pulpe 
épaisse  et  le  plus  sucrée  possible. 

Cette  question  mérite  d’être  prise  en 
grande  considération  par  nos  agronomes,  et 
surtout  par  nos  cultivateurs  des  Vosges. 
Encore  quelques  années  de  négligence,  et 
notre  massif  vosgien  ne  produira  que  peu 
ou  point  de  kirsch.  L’Allemagne  nous  en 
fournit  aujourd’hui  près  des  huit  dixièmes. 

Notons  bien  que  la  plus  grande  partie  de 
ces  kirschs  germains  sont  livrés  à la  con- 
sommation comme  de  provenance  vos- 
gienne. 

Nos  économistes  ne  s’en  doutent  même 
pas.  Qui  donc  se  dévouera  pour  secouer 
cette  apathie  de  nos  cultivateurs  et  proprié- 
taires vosgiens?  Nous  avons  cependant, 
dans  les  Vosges,  des  industriels  fabricants 
de  kirsch  puissamment  riches.  Il  est  pénible 
de  voir  leurs  maigres  « ceriseraies  » conte- 
nant à peine  quelques  centaines  de  Cerisiers 
sauvages,  pour  des  milliers  de  litres  de 
kirsch  vendus. 

Cependant  la  place  ne  nous  manque  pas 
pour  faire  des  plantations.  Non  seulement 
nous  avons  notre  beau  massif  des  Vosges, 
où  le  sol  et  l’altitude  offrent  des  garanties 
de  succès  comme  nulle  part  ailleurs,  mais 
aussi  les  contreforts  de  ces  montagnes,  qui 
s’étendent  sur  une  grande  partie  du  dépar- 
tement de  Meurthe-et-Moselle.  A part  l’al- 
titude, la  plupart  des  crêtes  non  boisées  et 
des  plateaux  incultes  ou  de  peu  de  rapport 
pour  l’agriculture  seraient  d’un  bon  rende- 
ment plantés  en  Cerisiers,  au  point  de  vue 
de  la  fabrication  du  kirsch. 

Mais  il  y a toujours  la  routine.  Son  milieu 
le  plus  tenace  est  encore  dans  nos  adminis- 
trations. Depuis  quelques  années,  nos  che- 
mins et  nos  routes  départementales  se 


160 


GRENADIER  DES  ANTILLES. 


bordent  d’arbres  fruitiers.  Dans  le  départe- 
ment des  Vosges,  notamment,  on  a planté 
quantité  de  Cerisiers. 

Or,  le  croirait-on?  Le  Cerisier  sauvage 
est  employé  généralement,  pas  une  seule 
variété  cultivée  n’est  plantée. 

Le  kirsch  provenant  du  fruit  du  Cerisier 
des  bois  est  bon,  même  très-bon,  assuré- 
ment; mais  le  rendement  est  presque  nul. 
La  cueillette  est  fort  difficile  et  fort  longue, 
par  conséquent  très-dispendieuse  ; de  là  le 
prix  élevé  des  kirschs  nouveaux,  qui  attei- 
gnent 5 et  6 fr.  le  litre  sur  place. 

De  plus,  ce  kirsch  est  très-dur,  presque 
imbuvable  avant  quinze  ou  vingt  ans  d’âge, 
sans  doute  à cause  de  la  quantité  d’acide 
cyanhydrique  qu’il  contient. 

Le  kirsch  fait  avec  beaucoup  de  nos  va- 
riétés cultivées  est  bien  plus  moelleux;  il 
peut  se  déguster  et  se  boire  après  quelques 
années,  quatre  à six  ans,  par  exemple.  Le 
rendement  est  bien  plus  abondant.  La  cueil- 


lette est  plus  facile,  par  conséquent  moins 
onéreuse. 

Il  y a donc  tout  profit  pour  le  cultivateur 
et  pour  le  consommateur.  Je  regrette  de  ne 
pouvoir,  aujourd’hui,  conseiller  telle  ou  telle 
autre  variété,  ne  connaissant  pas  ou  con- 
naissant mal  leurs  noms  allemands. 

La  plus  grande  partie  des  variétés  que  je 
plante  sur  notre  ferme  du  Bois-Coupé  ont 
été  entées  avec  des  greffons  provenant  de  la 
Forèt-Noire.  A la  dégustation,  ces  fruits 
ressemblent  beaucoup  à nos  variétés  fran- 
çaises. Leurs  similaires  se  trouvent,  je 
crois,  dans  nos  Guignes  et  nos  Bigarreaux. 

Je  m’adresse,  en  toute  confiance,  aux  sa- 
vants rédacteurs  en  chef  de  la  Revue  hor- 
ticole, en  les  priant  de  faire  connaître,  dans 
les  colonnes  de  ce  journal,  les  noms  des 
variétés  de  Cerisiers  à chair  épaisse  et  très- 
sucrée  propres  à la  fabrication  du  kirsch, 
et  pouvant  se  trouver  chez  nos  pépiniéristes 
français.  Victor  Didier, 

Horticulteur  à Nancy. 


GRENADIER  DES  ANTILLES 


Bien  que  très-ornementale  et  déjà  an- 
cienne dans  les  cultures,  cette  plante,  que  sa 
facilité  de 'culture 
met  à la  portée 
de  tout  le  monde, 
est  pourtant  peu 
répandue  ; elle 
n’est  guère  con- 
nue en  dehors  des 
marchés  de  Paris, 
où  on  la  trouve 
de  temps  à autre, 
grâce  à quelques 
horticulteurs  qui 
ont  conservé  la 
bonne  habitude 
de  la  cultiver.  Ses 
fleurs,  qui  par  la 
forme  et  l’aspect 
général  sont 
exactement  celles 
du  Grenadier 
commun,  sont 
très  - nombreuses 
et  se  succèdent 
toute  l’année.  La 
forme  des  feuilles 
et  leur  disposi- 
tion rappellent 
exactement  aussi 
celles  de  l’espèce  commune.  Il  en  est  à peu 
près  de  même  de  la  rusticité,  car,  bien 


qu’on  le  dise  originaire  de  l’Amérique  mé- 
ridionale, d’où  il  aurait  été  importé  vers 
1720,  le  Grena- 
dier des  Antilles 
est  à peu  près 
aussi  rustique  que 
l’espèce  commune 
(. Punica  Grana- 
tum).  En  voici 
une  description  : 
Grenadier  des 
Antilles  ( Punica 
nana,  L.)  (fig. 
32).  — Arbuste 
pouvant  pourtant 
atteindre  jusqu’à 
2 mètres  de  hau- 
teur, à ramifica- 
tions ténues, 
dressées , nom- 
breuses. Feuilles 
opposées,  très- 
rapprochées,  ca- 
duques, bien  que 
beaucoup  plus 
longtemps  persis- 
tantes que  celles 
de  l’espèce  com- 
mune, minces, 
longues  de  2 à 
3 centimètres,  larges  de  8 à 12  millimètres, 
brusquement  et  courtement  rétrécies  au 


Fig.  32.  — Grenadier  des  Antilles. 
Ramille  florifère. 


POMMES  CELLINI  ET  ANTONOWKA. 


161 


sommet,  atténuées  à la  base  en  un  très- 
court  pétiole.  Fleurs  dressées,  ordinaire- 
ment solitaires  à l’extrémité  des  ramilles, 
d’un  rouge  foncé  très-vif.  Fruit  (Grenade) 
très-petit,  d’un  rouge  plus  ou  moins  foncé 
suivant  son  état  de  développement. 

Culture  et  Multiplication.  — La  culture 
du  Grenadier  des  Antilles  est  tout  à fait  sem- 
blable à celle  de  l’espèce  commune,  quoique 
dans  sa  jeunesse  il  soit  un  peu  plus  délicat 
et  nécessite  pendant  l’hiver  quelques  soins 
particuliers.  Du  reste,  comme  c’est  une 
plante  d’orangerie  ou  de  serre  froide  sous 
notre  climat,  on  est  dans  l’habitude  de 
la  cultiver  dans  des  caisses  que  l’on  rentre 
pendant  l’hiver.  Quant  à la  multiplication, 
on  la  fait  par  greffe  en  demi-fente  ou  à 
la  Pontoise , en  employant  comme  sujet 
le  Grenadier  commun.  On  place  les  pots 
ou  les  caisses  sur  couche  dans  des  coffres 
que  l’on  maintient  hermétiquement  fermés 
jusqu’à  la  reprise,  ensuite  on  donne  un  peu 
d’air,  puis  davantage.  Enfin,  on  les  traite 
absolument  comme  s’il  s’agissait  d’Oran- 
gers. 


Le  Grenadier  des  Antilles  ne  présente 
aucune  variété,  ce  qui  semble  démontrer 
qu’il  n’a  jamais  été  multiplié  par  graines.  Il 
s’allonge  peu  et  n’a  pas  besoin  d’être  taillé. 
Abandonné  à lui-même,  il  forme  des  buis- 
sons assez  régulièrement  sphériques.  Cul- 
tivé en  caisse  et  bien  soigné,  il  peut  servir 
à la  décoration  ainsi  que  l’espèce  commune. 
Il  est  même  de  beaucoup  préférable  à celle- 
ci,  car,  outre  que  ses  fleurs,  d’une  couleur 
rouge  très-brillante,  sont  infiniment  plus 
nombreuses,  elles  se  succèdent  sans  inter- 
ruption jusqu’aux  gelées.  Ses  feuilles  se  con- 
servent également  plus  longtemps,  et  l’arbre 
se  dépouille  plus  tardivement.  Comme  le 
Grenadier  commun,  le  Grenadier  des  An- 
tilles se  contourne  en  vieillissant. 

On  peut  se  le  procurer  chez  Mme  veuve 
Jamain,  horticulteur,  rue  de  la  Glacière,  217, 
Paris. 

Planté  en  plein  air,  dans  les  rochers  un 
peu  abrités,  le  Grenadier  des  Antilles  cons- 
titue un  des  plus  jolis  arbrisseaux,  qui  ne 
cesse  de  fleurir  qu’à  l’arrivée  des  froids. 

E.-A.  Carrière. 


POMMES  CELLINI  ET  ANTONOWKA 


Depuis  quelque  temps  déjà,  nous  culti- 
vons le  Pommier  Cellini  et  nous  le  recom- 
mandons aux  amateurs  d’arbres  vigoureux, 
résistant  aux  grands  hivers,  se  ramifiant 
bien  et  produisant,  en  abondance,  un  fruit 
de  bonne  grosseur  moyenne,  souvent  gros, 
de  forme  régulière,  ayant  l’épiderme  vert 
d’eau  ou  blanc  crémeux  couvert  de  stries 
rose  carminé  ou  rouge  fin  ciré  de  ponceau. 
La  chair,  ferme,  est  juteuse,  d’un  goût  sucré 
et  acidulé,  fort  agréable  au  palais.  Sa  ma- 
turité arrive  en  septembre  et  en  octobre. 
L’épiderme,  lent  à se  flétrir,  lui  assure  une 
plus  longue  période  de  vente  au  marché  et 
d’utilisation  dans  le  ménage. 

Dans  son  Select  Kitchen  apples,  Thomas 
Rivers  classe  la  Pomme  Cellini  comme  mû- 
rissant en  septembre  et  octobre. 

Le  Guide  pratique  de  l’amateur  de 
fruits,  par  O.  Thomas,  la  place  dans  la 
deuxième  série  de  mérite  avec  cette  men- 
tion : « Fruit  de  toute  première  qualité. 
Arbre  sain,  très-vigoureux  et  très-fertile. 
Variété  très-estimée  en  Angleterre.  » 

Et  notre  Traité  de  culture  fruitière 
commerciale  et  bourgeoise  dit  en  termi- 
nant la  description  : « Arbre  trop  précoce 
dans  sa  fertilité  pour  être  greffé  sur  Para- 


dis. Bon  fruit  de  dessert  et  d’économie 
ménagère.  » 

Quelle  est  l’origine  de  la  variété?  Nous 
l’ignorons.  Et  ce  nom  de  Cellini  est-il  bien 
le  sien?  C’est  là  l’objet  de  cette  note. 

On  trouve  la  même  variété  de  Pommier, 
dans  la  Russie  septentrionale,  sous  la  simple 
dénomination  d ’ Antonowka,  c’est-à-dire 
Pomme  Anthony  ou  Antoine.  Il  y a cinq 
ou  six  ans,  le  gouvernement  du  Canada 
chargea  M.  Ch.  Gibb,  d’Abbottsford,  d’ex- 
plorer le  nord  de  la  Russie  pour  étudier 
les  espèces  fruitières  qui  peuvent  y croître 
et  fructifier  et  chercher  à les  acclima- 
ter dans  les  vastes  plaines  canadiennes. 
M.  Gibb  a publié  le  récit  de  ses  explora- 
tions, en  indiquant  les  arbres  les  plus  ré- 
pandus et  les  plus  robustes  au  froid.  Parmi 
les  Pommiers,  il  recommande  tout  d’abord 
Antonowka , Anisowka,  Titowka. 

D’après  ce  voyageur,  la  première  serait 
la  plus  importante,  la  « reine  » de  cette  vaste 
région  de  prairies  qui  s’étend  de  Toula  au 
sud  de  Kharkof,  et  de  Koslof  à Kiew,  im- 
mense plaine  réputée  pour  sa  fertilité;  elle 
y occupe  le  premier  rang. 

Sous  le  climat  non  moins  rigoureux  de  la 
Russie  centrale,  le  Pommier  Antonowka 


162  SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRA 

est  le  plus  rustique  et  le  plus  fécond.  Il  a 
résisté  aux  — 45  degrés  de  l’hiver  1867,  la 
gelée  succédant  subitement  à un  temps 
doux  et  pluvieux. 

De  Moscou  à Saratow,  de  grands  vergers, 
composés  en  partie  des  quelques  variétés 
ci-dessus  cultivées  par  sujets  en  buissons 
groupés  'par  trois,  — les  groupes  espacés 
de  « douze  pieds  »,  — envoient  des  char- 
retées de  fruits  aux  marchés  des  grandes 
villes. 

M.  Gibb  signale  douze  villages  expédiant 
pour  100,000  roubles  de  Pommes  aux 
marchés  de  Nij ni -Novgorod  et  de  Kazan  ; 
puis,  en  descendant  le  Volga,  par  54°  5 de 
latitude,  où  le  mercure  se  solidifie  quelque- 
fois, une  plantation  de  12,000  arbres  qui 
avait  requis  l’emploi  de  300  personnes  pour 
cueillir  les  fruits  et  de  80  autres  pour  les 
empaqueter;  ce  verger  aurait  fourni  mille 
tonnes  de  Pommes  à l’ancienne  capitale  de 
toutes  les  Russies. 

L ’Antonowka  est  recherchée  pour  la 
consommation  directe,  les  préparations 
culinaires,  le  séchage,  la  boisson,  etc. 

SOCIÉTÉ  NATIONALE  ET  CENTRA 

SÉANCE  DU 

Comité  de  floriculture. 

M.  Maron,  jardinier-chef  chez  M.  P.  Dar- 
blay,  au  château  de  Saint-Germain-lès-Corbeil, 
a présenté  à cette  réunion  un  hybride  qu'il  a 
obtenu  par  le  croisement  d’un  Pitcairnia  in- 
déterminé et  du  P.  corallina , et  qu’il  a nommé 
P.  Darblayana.  Ses  principaux  caractères, 
bien  distincts,  sont  les  suivants  : plante  vigou- 
reuse, de  haute  taille,  à feuilles  lancéolées- 
aiguës,  érigées,  à hampes  florales  atteignant 
lm  50  à 2 mètres  de  hauteur  ; fleurs  rouge 
ponceau  carminé  ; ces  fleurs  triangulaires  sont 
parmi  les  plus  grandes  du  genre.  Ce  bel  hybride 
s’ajoute  au  P.  Maroni , que  la  Revue  a déjà 
figuré  et  décrit,  pour  placer  à l’actif  de 
M.  Maron  deux  très-belles  obtentions  de  Bro- 
méliacées hybrides. 

Par  M.  Albert  Trufïaut,  horticulteur  à Ver- 
sailles, présentation  des  plus  intéressantes  : un 
Olivia  miniata , forme  nouvelle  obtenue  par  le 
présentateur  en  croisant  les  C.  intermedia 
splendens  et  Madame  Marie  van  Houtte , et 
nommée  par  lui  C.  m.  Léon  Say.  Cette  plante 
a les  fleurs  très-grandes  et  d’un  coloris  rouge 
feu  foncé  que  nous  n’avons  pas  encore  re- 
marqué dans  d’autres  variétés;  un  Anthurium 
obtenu  par  le  présentateur  par  l’hybridation 
des  A.  Scherzerianum  et  Williamsi } et  qui 


Æ D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 

Il  en  est  de  même  à Varsovie,  où  cette 
variété  flatte  le  paysan  par  la  résistance  et  la 
longévité  du  sujet,  sa  fertilité  précoce,  qui 
se  continue  dans  la  vieillesse  de  l’arbre. 

Maintenant,  nous  possédons  ces  fruits  du 
Nord  ; déjà  ils  ont  fructifié  dans  nos  pépi- 
nières. Mais  à la  récolte,  nous  avons  re- 
connu l’identité  entre  YAntonowka  des 
Russes  et  la  Cellini  des  Anglais. 

Une  correspondance  échangée  entre 
MM.  Goegginger,  de  Riga,  et  M.  Lucas,  de 
Reutlingen,  ayant  trait  à sa  synonymie,  a été 
close  parM.  Regel,  qui  tient  au  nom  adopté 
dans  l’Ukraine,  Antonowkci  ou  Antonovka, 
sous  lequel  cette  variété  a été  importée 
vers  la  Baltique  et  dans  les  environs  de 
Valaam,  au  nord  de  la  province  de  Saint- 
Pétersbourg. 

Charles  Baltet, 

Horticulteur  à Troyes. 

P. -S.  — La  Titowka,  plus  précoce  en 
maturité,  également  populaire  sur  les  mar- 
chés du  Volga,  se  rapproche  étonnamment 
de  notre  belle  Pomme  Saint-Germain. 


Æ D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

3 MARS  1888. 

rappelle  les  gains  de  M.  de  La  Devansaye, 
sans  atteindre  à leur  développement  ; un  Ni- 
dularium Innocenti,  aux  bractées  énormes;  un 
autre  Nidularium  provenant  d’un  croisement 
entre  le  N.  Meyendorffi  ou  splendens  et  le 
N.  princeps , belles  plantes  bien  colorées  ; un 
Cœlogyne  cristata , variété  de  Ghatsworth,  à 
bulbes  allongés,  très-gros  fleurs  de  forme  et 
couleur  semblables  à celles  de  l’espèce  type, 
mais  beaucoup  plus  grandes  ; quelques  beaux 
exemplaires  d’Orchidées  fleuries  : Miltonia 
W arscewiczi , Cattleya  Trianæ  alla,  etc. 

Par  M.  Éd.  André,  un  énorme  et  magni- 
fique exemplaire  de  Olivia  miniata , mesurant 
2 mètres  de  diamètre,  et  portant  à la  fois 
27  tiges  florales  au  même  degré  d’épanouisse- 
ment; puis  un  exemplaire  fleuri  de  Dendro- 
chilum  glumaceum , charmante  Orchidée  de 
Java,  dont  les  inflorescences,  disposées  en 
longs  épis  retombants,  de  couleur  blanche,  rap- 
pelant d’assez  près  des  épis  de  Blé,  présentant 
cette  singularité  analogique  de  répandre  un 
léger  parfum  qui  ressemble  beaucoup  à l’odeur 
de  la  fleur  du  blé. 

Par  M.  Bühler,  architecte-paysagiste,  à 
Paris,  une  sommité  fleurie  de  Rhododendron 
argenteum.  Cette  espèce  liimalayenne,  assez 
ancienne  déjà,  produit  des  corymbes  énormes 
de  fleurs  ayant  la  forme  et  la  disposition  de 


MATRICARIA  EXIMIA  &RANDIFLORA  AUREA. 


163 


celles  d’un  Gloxinia.  Ces  fleurs,  d’une  apparence 
cireuse,  sont  blanches  et  légèrement  lavées  de 
violet  à la  base.  Cette  espèce  est  de  serre 
froide  sous  le  climat  de  Paris,  et  rustique  sous 
celui  de  Cherbourg. 

Par  M.  Bréauté,  jardinier  chez  M.  Finet,  à 
Argenteuil,  un  fort  exemplaire  de  Cœlogyne 
cristata , mesurant  près  de  1 mètre  de  dia- 
mètre, et  une  belle  touffe  fleurie  de  Cattleya 
Trianæ. 

Comité  d’arboriculture  fruitière. 

M.  Hédiard,  négociant  en  produits  exotiques, 
2,  place  de  la  Madeleine,  Paris,  avait  apporté 
des  fruits  ou  tubercules  de  plusieurs  plantes 
exotiques  dont  la  culture  devrait  avoir  en 
Algérie,  suivant  le  présentateur,  une  impor- 
tance beaucoup  plus  grande  que  celle  qu’elle  y 
occupe  aujourd’hui  : Dioscorea  bulbifera 
(Igname  Pousse-en-V air , Tabatière  double ), 
qui,  de  très-bonne  qualité,  est  consommée 
comme  la  Pomme  de  terre,  soit  cuite  au  four, 
soit  frite,  etc.;  Igname  dite  Couscousse , dont 
les  tubercules  pèsent  de  4 à 500  grammes  et 
germent  avec  une  grande  facilité  ; Caladium 
esculentum  ( Taro  ou  Chou  Caraïbe ),  racines 
qui,  par  le  râpage,  donnent  une  pulpe  blanche 


à laquelle  on  ajoute  un  peu  de  farine  et  de  lad 
et  qui  forme  ainsi  une  pâte  avec  laquelle  on 
fait  d’excellents  beignets,  en  y ajoutant  du 
poivre,  un  peu  de  piment  et  du  sel;  des 
Oranges  de  Bahia,  jaune  pâle,  excellentes;  des 
fruits  de  Bananier,  à écorce  rouge  foncé  : ces 
fruits  ont  une  saveur  plus  fine  que  les  Ba- 
nanes ordinaires,  et  sont,  en  même  temps, 
d’un  aspect  plus  agréable  : à recommander 
pour  les  cultures  algériennes;  des  fruits  d’ Avo- 
catier ( Persea  gratissima ),  dont  la  chair  a la 
consistance  et  un  peu  la  saveur  du  beurre. 

M.  Hédiard  rappelle  que  cet  arbre  est  cultivé 
avec  succès  en  Algérie,  quoique  dans  des  pro- 
portions trop  restreintes  ; ses  fruits  se  vendent 
en  moyenne  de  4 à 5 fr.  et  jusqu’à  8 fr.  la 
pièce. 

Comité  de  l’Art  des  Jardins. 

Cette  séance  du  Comité  a été  surtout  con- 
sacrée à l’examen  des  projets  envoyés  au  con- 
cours pour  la  création  d’un  parc  public  à 
Lisbonne. 

Le  présent  numéro  de  la  Revue  horticole 
contient  la  partie  du  rapport  fait  par  le  Comité 
sur  le  projet  ayant  obtenu  le  1er  prix,  celui  de 
M.  H.  Lusseau.  Ch.  Thays. 


MATRICARIA  EXIMIA  GRANÜIFLORA  AUREA 


Le  groupe  auquel  appartient  la  plante 
dont  nous  parlons  compte  déjà  un  bon 
nombre  d’espèces,  toutes  méritantes  ; au- 
cune pourtant  n’est  comparable  à celle-ci 
au  point  de  vue  ornemental.  On  paraît 
ignorer  son  origine,  ce  qui,  du  reste,  n’a 
rien  qui  doive  surprendre  puisqu’on  ignore 
non  seulement  celle  du  groupe  eximia, 
mais  même  du  Mcttricaria  parthenioides, 
qui,  très-probablement,  est  le  type  primitif 
d’où  sort  le  sous-groupe  eximia. 

Ce  que  nous  savons  relativement  à la 
plante  qui  nous  occupe,  c’est  qu’elle  est 
toute  nouvelle,  et  qu’elle  est  venue  d’Alle- 
magne. Le  Matricaria  eximia  grandiflora 
aurea  est  une  plante  de  premier  mérite  et 
qui  devra  trouver  place  dans  tous  les  jar- 
dins. En  effet,  elle  est  naine,  très-flori- 
bonde,  se  tient  bien,  est  rustique,  peut  se 
cultiver  comme  annuelle,  bisannuelle  ou 
même  vivace,  et  s’accommode  de  presque 
tous  les  terrains  comme  de  toutes  les  expo- 
sitions. En  voici  une  description,  prise 
sur  le  vif,  dans  les  cultures  de  MM.  Vil- 
morin et  Cie,  à Verrières  : 

Plante  dressée,  raide,  ramifiée,  atteignant 
de  35  à 40  centimètres  de  hauteur,  à rami- 
fications également  dressées,  terminées  par 
de  nombreuses  inflorescences  capitées,  très- 


pleines,  fortement  bombées,  de  2 centimètres 
de  diamètre,  et  portant  à la  circonférence  des 
ligules  blanches  qui  entourent  chaque  capitule 
d’une  collerette  d’un  blanc  pur  contrastant 
très-agréablement  avec  la  partie  centrale,  qui 
est  d’un  très-beau  jaune.  Feuilles  alternes, 
pennatiséquées-lobées,  à segments  irréguliers, 
obtus-dentés.  Fleurs  externes  relativement 
très-grandes,  ligulées  ; les  internes  excessive- 
ment nombreuses,  tubulées,  très-petites,  ré- 
gulières, à cinq  dents  très-courtes. 

Culture  et  multiplication.  — Toutes  les 
terres,  à peu  près,  conviennent  à la  plante 
dont  nous  parlons,  qui,  du  reste,  n’est  pas 
plus  exigeante  que  la  Matricaire  Mandiane 
(M.  parthenioides ),  qui  se  ressème  d’elle- 
même  et  croît  pour  ainsi  dire  spontané- 
ment, quand  une  fois  elle  est  introduite 
dans  un  jardin.  On  la  multiplie  par  graines 
et  par  éclats.  On  sème  du  commencement  de 
février  à avril,  et  l’on  repique  en  pépinière, 
puis  on  met  en  place,  et  si  ces  plantes  sont 
bien  soignées,  elles  fleurissent  la  même 
année;  on  sème  une  deuxième  fois,  de  juillet 
à septembre,  et  l’on  repique  en  pépinière,  le 
long  d’un  mur  à bonne  exposition.  Là  où 
l’on  aurait  à craindre  des  froids  très-rigou- 
reux, on  pourrait  abriter  les  plants  ou  les 
repiquer  à froid  sous  des  châssis  où  on 
leur  donnerait  presque  continuellement  de 


164 


PLANTATION  ET  TUTEURAGE  DES  ARBRES  A HAUTE  TIGE. 


l’air.  Ces  plantes,  mises  en  place  dès  les  pre- 
miers beaux  jours,  fleuriraient  depuis  mai- 
juin  jusqu’aux  gelées.  La  multiplication  par 
éclats  se  fait  à partir  de  la  fin  d’août  au 
moyen  de  pieds  qu’on  a dû  rabattre  afin  de 
leur  faire  émettre  des  drageons  qu’alors  on 
éclate  et  plante  en  pépinière.  Dans  le  cas 
où  l’on  voudrait  avoir  une  floraison  de  très- 
bonne  heure,  on  mettrait  quelques  belles 
plantes  en  pots  qu’on  hivernerait  sous  des 
châssis  froids. 

Le  Matricavia  eximia  gvandiflora  au - 
rca  peut  être  employé  pour  bordures,  pour 


la  confection  des  massifs  ou  comme  plante 
propre  à isoler  sur  les  plates-bandes.  Dans 
toutes  ces  conditions,  c’est  une  plante  très- 
méritante  et  d’un  bel  effet  ornemental. 

On  peut  en  prolonger  la  floraison  et 
rendre  celle-ci  plus  belle  et  plus  abondante, 
en  enlevant  au  fur  et  à mesure  les  fleurs 
qui  sont  passées.  Mais  dans  ce  cas  on  ne 
récolterait  pas  de  graines,  et  il  faudrait  en 
conserver  quelques  pieds  intacts  sur  les- 
quels on  trouverait  les  semences. 

E.-A.  Carrière. 


PLANTATION  ET  TUTEURAGE  DES  ARBRES  A HAUTE  TIGE 


De  toutes  les  opérations  que  comprend 
l’arboriculture,  la  plantation  est  certaine- 
ment la  plus  im- 
portante. 

Des  conditions 
dans  lesquelles 
elle  est  effectuée 
dépend  l’avenir 
de  l’arbre  mis  en 
place.  Mieux  vau- 
drait assurément 
planter  un  sujet 
faible  et  peu  vi- 
goureux, avec  les 
précautions  né- 
cessaires, que 
l’arbre  le  plus 
robuste,  si  l’on 
ne  prend,  en  vue 
de  sa  bonne  re- 
prise et  de  son 
développement 
futur,  que  des 
soins  insuffisants. 

Examinons  d’a- 
bord comment  les 
choses  se  passent 
dans  la  grande 
majorité  des  cas  : 
on  prépare  un 
trou  de  dimen- 
sions quelcon- 
ques, et  l’on  dé- 
pose sur  le  bord 
les  terres  qui  en 
proviennent,  sans 
les  diviser  en  plu- 
sieurs tas,  sui- 
vant leurs  quali- 
tés respectives.  Ceci  fait,  on  place  la  base 
de  l’arbre  dans  le  trou,  soit  en  l’enfonçant 


très  profondément,  soit  en  élevant  quel- 
quefois le  collet  un  peu  au-dessus  du  niveau 
futur  du  sol,  en 
prévision  du  tas- 
sement des  terres 
remuées  ; les  ra- 
cines sont  en- 
fouies grossière- 
ment et  la  plupart 
du  temps  leur  ex- 
trémité la  plus 
éloignée  de  l’ar- 
bre est  rebrous- 
sée en  l’air  par 
les  parois  du  trou 
trop  étroit. 

On  enfonce 
alors,  au  hasard, 
un  tuteur,  en 
souhaitant,  d’une 
façon  platonique, 
que  sa  pointe  ne 
rencontre  pas  une 
racine  maîtresse; 
lorsque  ce  tuteur 
a pénétré  de  25 
ou  30  centimètres 
dans  le  sol,  on 
s’arrête,  on  fait 
la  ligature,  et  tout 
est  dit. 

Quelques  jours 
plus  tard,  le  tu- 
teur, qui  n’a  pas 
un  point  d’appui 
solide,  obéit  peu 
à peu  aux  mou- 
vements divers 
occasionnés  par 
le  vent,  de  l’arbre  qu’il  devrait  maintenir; 
il  se  balance  avec  lui,  usant  assez  rapide- 


Fig.  33.  — Plantation  et  tuteurage  des  arbres 
à haute  tige. 


PLANTATION  ET  TUTEURAGE  DES  ARBRES  A HAUTE  TIGE. 


165 


ment  les  liens  d’osier  et  les  tampons  de 
mousse  qui  séparent  le  sujet  de  son  tuteur. 
L’écorce  alors  s’entame  ; des  blessures  se 
produisent;  et  comme  il  est  très-difficile 
de  prévoir  exactement  la  hauteur  de 
l’abaissement  résultant  du  tassement  des 
terres,  le  collet  de  la  plante  se  trouve,  en  fin 
de  compte,  ou  enfoui  dans  le  sol,  ou  hors 
terre,  ce  qui  est  autant  à craindre  l’un  que 
l’autre. 

La  plantation  et  le  tuteurage,  pour  être 
bien  faits,  ne  demanderaient  ni  une  dépense 
supérieure  à celle  qu’entraîne  une  mauvaise 
opération,  ni  plus  de  temps. 

Voici  comment  il  convient  de  procéder  : 
en  piochant  le  trou,  on  divisera  par  qualités 
diverses  les  matériaux  qui  en  proviennent  ; 
si  faire  se  peut,  on  enlèvera  les  mauvais  pour 
les  remplacer  par  des  terres  dont  la  nature 
pourra  varier  suivant  l’essence  de  l’arbre. 
Si  cette  substitution  est  impossible,  on 
devra,  en  plantant,  mettre  la  bonne  terre 


Fig.  34.  — Tuteurage  des  arbres. 

Ligature  rationnelle  d’osier. 

autour  des  racines,  et  placer  les  autres  par- 
dessus. Dans  les  terrains  humides,  on 
devra  se  préoccuper  de  la  question  du  drai- 
nage, question  un  peu  trop  complexe  pour 
que  nous  nous  en  occupions  ici. 

Avant  de  mettre  la  base  de  l’arbre  dans 
le  trou  qui  lui  est  destiné,  on  placera  le  tu- 
teur, en  l’enfonçant  de  30  à 40  centimètres 
dam  le  terrain  solide , au-dessous  du 
trou,  comme  cela  est  indiqué  dans  la 
figure  38. 

Sur  ce  tuteur,  on  fera  une  ligne  hori- 
zontale au  niveau  de  la  surface  naturelle  du 
terrain  ; on  approchera  l’arbre  du  tuteur,  au- 
dessus  du  trou  vide,  en  mettant  le  collet  à la 
hauteur  de  la  raie  dont  nous  venons  de  parler. 
Puis  on  fera  deux  ou  trois  ligatures,  de 
manière  que  l’arbre  soit  rigoureusement 
fixé  contre  son  soutien. 

Alors  seulement  on  remblaiera  le  trou, 
par  petites  couches  de  terre  légèrement 
foulées  sans  compacité,  en  faisant  pénétrer 


la  terre  la  plus  meuble  entre  les  racines, 
qui  doivent  toujours  être  dans  une  position 
de  plus  en  plus  étalée,  à mesure  qu’elles 
s’éloignent  du  collet.  On  doit  éviter  avec 
soin  que  ces  racines  ne  soient  recourbées, 
lorsqu’elles  s’approchent  des  parois  du  trou  ; 
il  faut,  si  ce  fait  se  produit,  entailler  ces 
parois,  afin  que  les  racines  conservent  tou- 
jours leur  direction  initiale. 

On  conçoit  qu’ainsi  tout  balancement  et 
tout  affaissement  de  l’arbre  transplanté 
seront  évités.  La  terre  s’affaissera  peu  à 
peu  ; mais  le  collet  restera  invariablement 
au  point  désigné.  Si,  au  premier  printemps, 
on  constatait  que  le  tassement  du  sol  a pu 
laisser  quelques  vides  entre  les  racines,  il 
serait  facile  de  les  regarnir  de  terre  meuble 
que  l’on  ferait  pénétrer  avec  l’aide  d’un 
bâton  à bout  arrondi. 

Nous  n’avons  pas  à rappeler  ici  quels  sont 
les  autres  soins  nécessaires  à la  plantation, 
tels  que  le  nettoyage  des  racines,  le  pail- 


Fig.  35.  — Tuteurage  des  arbres. 

Ligature  d’osier  perfectionnée. 

lage  du  sol,  la  protection  contre  les  coups 
de  soleil  avant  la  reprise  complète,  etc.; 
ces  détails  sont  connus  de  tous  ; mais  nous 
allons  préciser  quelles  sont  les  deux  mé- 
thodes, à notre  avis  préférables,  pour  opérer 
les  ligatures. 

Dans  les  pépinières,  on  emploie  de  préfé- 
rence l’attache  que  représente  la  figure  34, 
à l’aide  d’un  Osier  plat  ou  rond,  dont  la 
force  varie  avec  celle  de  l’arbre  ; on  fait 
d’abord  un  tour  complet  sur  le  tuteur  ; on 
pratique  ensuite  un  second  tour,  qui,  cette 
fois,  enveloppe  l’arbre  et  le  tuteur,  et  l’on 
noue.  On  peut  mettre  un  peu  de  paille  ou 
de  mousse  entre  la  tige  et  l’osier,  pour  éviter 
le  froissement  de  l’écorce. 

Les  forestiers  se  servent  de  préférence  de 
la  ligature  que  nous  reproduisons  ci-des- 
sous (fig.  35). 

L’osier  est  d’abord  placé  autour  de  l’arbre  ; 
on  fait  ensuite  deux  ou  trois  torsions  dans 
le  même  sens,  et  enfin  on  enveloppe  le 


166 


LA  MALADIE  DES  PELARGONIUM  ZONALE  ET  INQUINANS  HYBRIDES. 


tuteur,  sur  lequel  on  assujettit  fortement  le 
tout. 

Par  ce  second  procédé,  l’arbre  est  fixé 
d’une  manière  peut-être  un  peu  moins 
intime  ; mais  on  n’a  jamais  ainsi  la  possi- 
bilité d’un  frottement  de  l’arbre  contre  le 
tuteur  ; les  torsions  intermédiaires  de  l’osier 
s’y  opposent. 


Nous  pouvons  assurer  nos  lecteurs  qu’en 
prenant  les  précautions  que  nous  venons 
d’indiquer  pour  la  plantation  et  surtout  pour 
le  tuteurage  des  arbres  à haute  tige,  dans  les 
jardins,  les  vergers  et  les  parcs,  la  moyenne 
de  la  reprise  sera  supérieure  à celle  que  l’on 
obtient  d’ordinaire  en  employant  d’autres 
procédés,  Ed.  André. 


LA  MALADIE  DES  PELARGONIUM  ZONALE  ET  INQUINANS  HYBRIDES 


Comme  bien  des  plantes,  le  Pélargonium, 
zonale  est  sujet  à diverses  maladies.  Une 
d’entre  elles  a,  depuis  quelques  années, 
trop  attiré  l’attention  des  amateurs  et  hor- 
ticulteurs pour  qu’il  ne  soit  pas  opportun 
d’en  dire  maintenant  quelques  mots.  Nous 
exprimerons  notre  manière  de  voir,  notre 
théorie,  si  l’on  veut,  ensuite  notre  traite- 
ment basé  sur  celle-ci,  autrement  dit,  le 
côté  intéressant,  la  pratique.  Peut-être 
d’autres  amis  des  fleurs,  enhardis  par  notre 
exemple,  viendront,  dans  les  colonnes  de 
cette  Revue  bienveillante,  exprimer  leurs 
opinions,  se  rappelant  que  c’est  du  choc  des 
idées  que  jaillit  la  lumière. 

I.  — Définition  des  caractères. 

Cette  maladie  est  appelée  « Pourriture 
sèche  » ou,  plus  laconiquement,  « Maladie 
des  Pélargoniums  » ; tant  il  est  vrai  que  les 
autres  maladies  ne  sont  rien  auprès  de 
celle-là.  Et  de  fait,  toute  plante  contaminée 
est  perdue,  et  toute  bouture,  coupée  sur 
cette  plante,  est  neuf  fois  sur  dix  vouée  à la 
mort. 

Au  début,  le  faciès  extérieur  ne  présen- 
tant rien  d’anormal,  le  diagnostic  n’est  par 
conséquent  pas  très -sûr;  le  marchand 
peut,  de  bonne  foi,  vendre  une  plante  ayant 
tous  les  airs  de  santé  et  susceptible  d’ètre 
morte  quelques  jours  après.  On  voit  bien 
que  la  tige  est  fluette,  comme  amaigrie, 
avec  un  épiderme  quasi-desséché,  grisâtre, 
ridé,  sillonné  par  places  ; la  tète,  quoique 
très-verte,  se  fane  et  se  penche  au  premier 
rayon  du  soleil.  Mais  le  symptôme  le  plus 
caractéristique,  c’est  la  « palpation  ». 
Lorsqu’avec  le  pouce  et  l’index,  appuyés 
sur  la  tige,  on  peut  rapprocher  les  deux 
parois  corticales,  on  a,  comme  diraient  les 
disciples  d’Esculape,  le  signe  pathognomo- 
nique. La  plante  est  bonne  à jeter.  Toute- 
fois, si  avant  de  faire  cette  douloureuse 
opération,  vous  procédez  à l’autopsie,  vous 
remarquerez,  d’abord,  que  la  moelle  a perdu 


sa  résistance,  parce  que  ses  cellules  ont 
subi  une  désorganisation.  Les  vaisseaux  dé- 
truits, en  tout  ou  en  partie,  sont  plongés 
dans  une  bouillie  noirâtre.  Jusqu’au  prin- 
temps, la  plante  atteinte  continue  de  vé- 
géter tant  bien  que  mal,  parce  que,  en 
hiver,  les  Pélargoniums  vivent  plus  des 
parties  supérieures  que  du  pied. 

Nous  avons  dit  que  par  la  compression 
on  fait  sortir  une  pulpe  foncée,  semi- 
liquide,  qui  constitue  la  cc  pourriture  hu- 
mide ».  Pourquoi  avoir  appelé,  alors,  la 
maladie  « pourriture  sèche  »?  Probable- 
ment ce  nom  fut  donné  par  ceux  qui  ne 
virent  la  maladie  que  quand  elle  avait  com- 
mis ses  ravages,  c’est-à-dire  au  printemps, 
quand  les  branches  s’affaissent  et  les  feuilles 
se  ramollissent.  En  effet,  ce  phénomène  se 
perçoit  surtout  à partir  du  mois  de  mars. 
L’eau  s’est  évaporée  par  exosmose  au 
dehors  des  écorces  malades,  le  foyer  de  la 
dégénérescence  médullaire  s’est  éteint  et 
résorbé  ; il  ne  reste  plus  que  des  matières 
mi-sèches  et  granuleuses  qui  constituent 
les  résidus,  l’état  ultime  de  la  pourriture 
humide. 

Nous  devons  ajouter  que  certaines  varié- 
tés anciennes,  comme  Mademoiselle  Nilsson 
(Malet),  Madame  Vaucher  (Babouillard), 
Gloire  de  Corbeny  (Bah.),  Mistress  Pol- 
lock  (Henderson),  etc.,  sont  particulière- 
ment infestées.  Nous  avons  connu  certains 
amateurs  qui  ont  perdu  jusqu’à  deux  tiers 
de  leurs  sujets  de  ces  variétés.  Nous  avons 
vu  souvent,  au  mois  d’avril,  de  ces  belles 
touffes  de  Pélargoniums  qui  faisaient  l’ad- 
miration par  leurs  nombreux  boutons  et 
attendaient  impatiemment  le  premier  temps 
doux  pour  aller  étaler  dans  le  jardin  leur 
éclatante  parure.  Quelques  jours  après,  la 
plupart  étaient  morts. 

II.  — Causes. 

Décrire  une  maladie,  ce  n’est  pas  la 
guérir.  Par  les  caractères,  on  peut  pronos- 


LA  MALADIE  DES  PELARGONIUM  ZONALE  ET  INQUINÀNS  HYBRIDES. 


tiquer  où  elle  aboutira.  Par  les  causes 
seules  on  peut  savoir  d’où  elle  vient  et  ce 
qu’on  peut  faire  contre  elle.  Si  l’on  arrive  à 
empêcher  d’agir  ces  causes  ou  à les  détruire, 
la  maladie  qui  en  découle  ne  se  produira 
plus.  Enlevez  la  cause,  le  mal  est  supprimé. 

Puisque  le  vent  est  aux  microbes  et  que 
la  grande  théorie  de  Pasteur  s’impose,  nous 
soutenons  que  le  mal  des  Pélargoniums  est 
dû  à un  microbe.  En  effet,  nous  avons  af- 
faire à une  pourriture  humide.  Or,  la  théo- 
rie pastorienne  nous  apprend  que  les  putré- 
factions, les  fermentations  putrides,  si  l’on 
veut,  sont  produites  par  différents  petits 
êtres. 

M.  Maxime  Cornu,  si  compétent  dans  la 
question,  a examiné,  en  juin  1884,  des 
sujets  attaqués  par  cette  maladie  et  a dé- 
claré n’y  avoir  surpris  ni  insectes,  ni  cham- 
pignons ; néanmoins,  il  déclara  qu’un 
examen  plus  minutieux  pourrait  fournir 
d’autres  renseignements.  Eh  bien  ! ce  que 
nous  observons  là  est  causé  ailleurs  par  un 
organisme  parasitaire;  on  le  trouvera  si 
l’on  cherche  bien.  Ainsi,  les  moisissures 
ordinaires  qui  commencent  par  l’extérieur 
sont  le  travail  d’un  microbe  appelé  Mucor 
Mucedo.  D’autre  part,  on  sait  que  la  blettis- 
sure  ou  le  blettissement,  ce  dernier  degré  de 
maturation  remarqué  facilement  dans  les 
Poires  sauvages,  les  Poires  d 'Angleterre,  les 
Nèfles,  Sorbes,  Olives,  est  de  même  une  pour- 
riture, d’après  l’autorité  de  Davaisne  ; mais, 
à l’inverse  de  la  précédente,  elle  entreprend 
toujours  le  centre  du  fruit  et  s’étend  à la 
périphérie.  On  a encore  attribué  ce  dernier 
phénomène  à une  Mucorinée.  La  pourriture 
externe  peut  être  conjurée,  mais  la  biettis- 
sure  interne  ne  peut  être  entravée. 

D’après  la  façon  dont  est  mené  le  travail 
destructeur  et  d’après  la  partie  du  végétal 
où  il  a lieu,  on  peut  inférer,  avec  de  grandes 
probabilités,  de  quel  mode  vit  le  microbe 
du  Pélargonium.  La  pourriture  marche  de 
la  moelle  par  les  rayons  médullaires  vers  les 
couches  ligneuses  et  respecte  longtemps 
l’écorce,  où  ne  se  manifeste  souvent  aucune 
tache.  Le  mal  s’est  développé  du  bas  de  la 
plante  jusque  plus  ou  moins  haut  dans  la 
tige,  mais  surtout  dans  la  partie  privée  de 
feuilles  lors  du  bouturage,  partie  qui,  nous 
le  répétons,  devient  grisâtre  et  rugueuse. 
Ce  vibrion  est  « anaérobie  y>  (qui  vit  sans 
air),  c’est-à-dire  qu’il  ne  se  nourrit  pas  de 
l’oxygène  de  l’air  ambiant,  mais  de  celui  de 
la  plante  ; il  ne  s’avance  que  bien  tard  dans 
les  parties  foliacées  ou  franchement  vertes, 
en  d’autres  termes,  dans  les  organes  où 


167 

s’accomplissent  les  fonctions  chlorophyl- 
liennes, la  fixation  du  carbone. 

Telle  est  la  nature  probable  de  cet  agent 
meurtrier.  Comment  pénètre-t-il  dans  l’in- 
térieur de  la  plante  ? Est-ce  à l’état  de 
spore,  par  la  section  de  la  base  qui  est  pra- 
tiquée au  moyen  de  la  lame  du  greffoir 
quand  on  fait  la  bouture,  ou  latéralement, 
par  la  suppression  des  feuilles  avariées  et 
inutiles,  ou  encore  par  une  simple  écail- 
lure,  ou  par  les  stomates  ? Pénètre-t-il  seul 
l’épiderme,  puisque  d’autres  Champignons 
de  sa  famille  le  font  ? Ce  Champignon  peut 
rester,  faire  son  incubation  jusqu’à  la  sai- 
son propice;  il  se  met  alors  à développer 
son  mycélium , analogue  du  rhizome,  dans 
les  tissus  intérieurs.  La  circulation  de  la 
sève  n’en  sera  pas  trop  enrayée,  parce 
qu’elle  se  fait  par  le  cambium,  entre 
l’écorce  et  l’aubier.  Cette  circonstance  ex- 
plique l’enracinement  de  la  bouture  et  son 
air  de  belle  venue  jusqu’au  moment  où  sera 
attaqué  le  cambium.  Alors  la  plante  de  se 
faner,  de  tomber  et  de  mourir. 

Où  était  la  spore  du  microbe  avant  de 
s’introduire  dans  la  victime  ? Certainement 
dans  la  terre,  sous  la  forme  d’oospores  qui 
subsistent  en  hiver  dans  le  sol  des  massifs. 
Le  contact  d’une  terre  humide  et  échauffée 
les  fait  entrer  en  germation  et  les  aide  à 
produire  ce  mycélium  si  terrible.  Les 
branches  qui  se  mettent  alors  à pousser 
vigoureusement,  ramollies  par  les  arrosages 
diurnes  et  les  rosées  abondantes  de  la  nuit, 
offrent  un  ensemble  de  conditions  de  récep- 
tivité où  le  parasite  trouve  un  substratum 
convenable. 

III.  — Traitement. 

Voilà  le  mal.  Quel  sera  le  remède  ? La 
maladie  a deux  causes  : l’une,  prochaine, 
directe,  agissante,  c’est  le  microbe;  l’autre, 
éloignée,  indirecte,  prédisposante,  c’est  le 
terrain,  ou  plutôt  le  milieu. 

Si  l’on  voulait  agir  contre  la  cause  mi- 
croscopique, on  devrait  employer  des  para- 
siticides. 

Peut-être  des  inoculations  avec  un  virus 
préparé,  comme  Davaisne  le  fit  pour  des 
Aloès  atteints  d’une  pourriture  spéciale, 
amèneraient-elles  des  succès?  On  ne  l’a  pas 
essayé  ; du  reste,  pour  la  culture  en  grand, 
ces  moyens  seraient  peu  pratiques  et 
courraient  risque  de  rester  expériences  de 
laboratoire. 

Pour  détruire  ou  atténuer  la  maladie,  il 
serait  nécessaire  de  stériliser  le  terrain  qui 


168 


LA  MALADIE  DES  PÉLARGONIUM  ZONALES  ET  INQUINANS  HYBRIDES. 


a produit  la  plante  ou  la  branche  putréfiée. 
Comment  faire  jouer  en  pleine  terre  et  au 
mois  d’août  ces  deux  agents  stérilisateurs, 
l’oxygène  ou  l’air  pur  et  la  dessiccation  par 
la  chaleur,  ou  l’air  surchauffé,  puisque, 
d’une  part,  les  plantes  sont  généralement 
en  touffes  serrées  et  que  les  pluies  de  l’équi- 
noxe amènent  une  seconde  sève  ordinai- 
rement mal  élaborée  avec  des  tissus  très- 
mous? 

Dans  leur  patrie,  au  Cap  de  Bonne- 
Espérance,  les  Pélargoniums  sont  soumis  à 
une  sécheresse  prolongée  due  à l’excessive 
chaleur  du  sol.  Imitons  donc  la  nature; 
nous  aurons,  ainsi,  bien  vite  réalisé  cet  état 
de  siccité  qui  détruit  ou  paralyse  l’existence 
de  la  bactéridie. 

Pendant  l’été,  nous  laissons  en  serre  nos 
pieds-mères  réservés  pour  la  multiplication, 
sous  les  vitres,  bien  aérés,  pas  trop  arrosés. 
Nous  obtenons  ainsi  un  bois  aoûté,  court, 
des  feuilles  moins  larges,  moins  flasques  et 
ne  craignant  rien  des  jours  caniculaires.  Les 
boutures  prises  sur  de  pareils  spécimens  ne 
« boudent  » pas  un  instant.  Au  bout  de 
quelques  semaines,  les  individus  qui  en 
proviennent  sont  trapus  et  tallent  déjà 
du  pied. 

Cette  ligne  de  conduite,  que  nous  suivons 
depuis  quelques  années,  est  tout  à fait  sûre  ; 
depuis  lors,  nous  n’avons  plus  constaté  le 
mal.  Nous  avons  donc  supprimé  le  milieu 
humide  par  la  culture  en  pots,  sous  abri, 
pendant  l’été  et  par  la  conservation  sur  gra- 
dins durant  l’hiver,  avec  arrosements  mo- 
dérés, deux  grandes  conditions  qui  four- 
nissent un  bois  moins  aqueux  et  mieux 
aoûté. 

Au  lieu  d’attendre  le  mois  de  septembre, 
nous  bouturons  déjà  en  juillet  et  en  août, 
toujours  pour  avoir  un  bois  plus  conve- 
nable. D’octobre  jusqu’en  mars,  on  nettoie 


fréquemment  et  on  ne  laisse  pas  dans  les 
serres  une  seule  feuille  gâtée. 

Durant  la  mauvaise  saison,  pour  toutes 
les  plaies  de  mauvaise  nature,  il  faut  re- 
courir à l’obturation.  Nous  nous  trouvons 
bien  du  raclage  jusqu’au  vif,  suivi  d’une 
application  de  poudre  de  charbon  de  bois. 
Ces  précautions  ferment  la  porte  à l’en- 
nemi. 

Dans  les  journées  brumeuses,  une  petite 
((  chaude  » enlève  l’excès  d’humidité  et 
procure  une  atmosphère  saine. 

Jamais  nous  ne  prenons  de  boutures  sur 
une  « mère  » malade,  ces  boutures  fussent- 
elles  vertes  et  bien  portantes.  Il  n’y  a pas 
de  macules  annonçant  la  pourriture,  c’est 
vrai,  mais  le  mycélium  du  Champignon 
peut  y avoir  déjà  des  ramifications  invi- 
sibles. Jeter  la  plante  dans  le  feu,  qui  détruit 
tout,  est  ce  qu’il  y a de  mieux  à faire. 

Dans  les  nouveaux  Pélargoniums,  il  y a 
plus  de  résistance  contre  la  maladie.  Les 
variétés  nouvelles  sont  une  régénération  de 
la  plante  par  le  semis,  cette  fontaine  de 
Jouvence  sur  le  frontispice  de  laquelle  est 
inscrite  cette  belle  maxime  : Omne  vivum 
ex  ovo.  Quand  la  vie  périclite  dans  un 
être,  ramenons-le  boire  à cette  fontaine. 

Cette  voie  à suivre  n’est  pas  si  contournée 
qu’elle  en  a l’air.  Au  résumé,  la  cure  ne 
consiste  qu’en  précautions  hygiéniques 
dans  l’observation  desquelles  il  faut  mon- 
trer une  persévérance  raisonnée. 

Le  Pélargonium,  la  pièce  de  résistance 
de  nos  jardins  d’été,  ne  périra  pas,  parce 
qu’il  sera  soigné,  non  par  des  admirateurs 
qui  le  graissent  de  terreau  et  le  « poussent 
à l’eau  »,  mais  par  des  observateurs  qui 
s’efforceront  de  lui  prodiguer,  chez  eux,  les 
bienfaits  d’une  seconde  patrie. 

Fernand  Lequet  fils, 

Horticulteur  à Amiens. 


Avis  aux  Abonnés.  — Ceux  de  nos  Abonnés  qui  auraient  égaré  un  ou  plusieurs  numéros 
de  i887  et  qui  désireraient  compléter  leur  collection  sont  priés  de  nous  adresser  le  plus  tôt 
possible  la  liste  des  numéros  qui  leur  manquent , en  ayant  soin  de  joindre  à leur  demande  i fr . 
pour  chaque  numéro. 

Il  nous  arrive  quelquefois  de  recevoir,  sans  pouvoir  y satisfaire,  des  demandes  de  numéros 
très- anciens,  aujourd’hui  complètement  épuisés.  Il  serait  préférable  défaire  cette  révision  à la  fin 
de  chaque  année , et  de  compléter  chaque  année  sa  collection. 

Il  nous  reste  un  très-petit  nombre  d’exemplaires  des  années  précédentes  : chaque  année  brochée 
en  un  volume  avec  table  des  matières,  coûte , 20  fr. 

(Note  de  l’Administration.) 


L’Administrateur-Gérant  : L.  Bourguignon. 


Imp.  Georges  Jacob,  — Orléana. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


169 


CHRONIQUE  HORTICOLE 

Effets  de  l’hiver  de  1887-88  dans  le  Midi.  — L’hiver  et  les  fleurs  de  Pêchers.  — La  statue  de  Parmentier. 
— Une  nouvelle  maladie  du  vin  en  Algérie.  — Les  oiseaux  et  les  boutons  à fruits.  — Protection  des 
semences  contre  les  oiseaux,  les  insectes  et  les  rongeurs.  — Le  phylloxéra  en  Russie.  — L’arbre  à 
huile.  — Les  ravages  exercés  par  les  lapins  en  Californie.  — Herbier  général  analytique.  — Réduc- 
tion de  prix  sur  les  tarifs  de  chemins  de  fer  à l’occasion  du  Congrès  horticole  de  1888.  — Session 
extraordinaire  de  la  Société  botanique  de  France  en  1888.  — Expositions  annoncées.  — Memento 
des  expositions.  — Nécrologie  : M.  J.-E.  Planchon. 


Effets  de  l’hiver  de  1887-88  dans  le 
Midi.  — Nous  avons  vu  récemment  com- 
bien le  long  et  froid  hiver  que  nous  venons 
de  traverser  a été  désastreux  pour  quel- 
ques plantations  du  Midi.  Certaines  es- 
pèces que  l’on  se  plaisait  à considérer 
comme  complètement  rustiques  et  qui 
avaient  résisté  aux  froids  de  1879-1880  ont 
été  détruites,  ou  ont  beaucoup  souffert. 
D’autres  plantes,  au  contraire,  d’introduc- 
tion récente  ou  sur  la  rusticité  desquelles 
on  avait  certains  doutes,  se  sont  montrées 
complètement  insensibles  au  froid. 

Sur  ce  sujet,  les  renseignements  que  vient 
de  publier  M.  Naudin  dans  le  Bulletin  de  la 
Société  d’ Acclimatation  sont  désolants.  A 
la  villa  Thuret,  dont  il  est  directeur,  comme 
on  le  sait,  et  où  le  doux  climat  d’Antibes 
était  vanté  jusqu’ici  à juste  titre,  les  Aloès, 
les  Euphorbes  et,  en  général,  les  plantes 
grasses  ont  été  très-éprouvées.  Plusieurs 
Acacia,  Aberia , Myoporum,  Rhus,  Poly- 
gala  ont  perdu  leurs  feuilles.  Le  Phoenix 
spinosa,  le  Livistona  australis,  les  Euca- 
lyptus Raveretiana,  maculata,  citrio- 
dora  et  filicifolia  ont  été  cruellement  at- 
teints. Par  contre,  les  Eucalyptus 
viminalis,  urnigera , rostrata,  crebra, 
resinifera,  linearis,  Muelleri,  cordifolia, 
gomphocephala  et  microtheca  sont  com- 
plètement indemnes.  Les  Eucalyptus  Glo- 
bulus,  cornuta,  melliodora,  rudis,  tereti- 
cornis,  goniocalyx,  le  Washingtonia  fili- 
fera  ont  très-largement  souffert.  Le  Jubæa 
spectabilis  et  les  Phoenix  canariensis  de 
forte  taille  ont  été  insensibles  à la  gelée. 

Les  effets  de  l’hiver  de  1887-88  seront  un 
bon  critérium  à consulter  pour  le  choix 
des  plantations  futures  de  la  région  du  lit- 
toral français  de  la  Méditerranée,  si  on  ne 
veut  pas  s’exposer  à de  nouvelles  décep- 
tions. Cependant,  les  dernières  notes  que 
nous  avons  publiées  dans  la  Revue  (1),  sur 
ce  sujet,  ont  démontré  que  certains  points 
de  cette  côte  étaient  beaucoup  plus  favo- 

(1)  Revue  horticole , 1888,  p.  108. 

16  Avril  1888. 


risés  que  d’autres,  sous  le  rapport  de  la 
résistance  au  froid,  et  nous  avons  constaté, 
entre  autres,  que  Cannes  et  surtout  le 
Golfe  Juan  avaient  été  bien  moins  éprouvés 
que  la  presqu’île  d’Antibes,  située  en  face, 
mais  non  abritée,  comme  ces  localités,  par 
les  hautes  montagnes. 

L’hiver  et  les  fleurs  de  Pêchers.  — 

Est-ce  isolément  le  froid  de  l’hiver,  sa  longue 
durée,  les  gelées  humides,  les  gels  et  dé- 
gels, etc.,  ou  cet  ensemble  de  circonstances 
qui,  en  exerçant  successivement  leur  action 
sur  les  boutons  à fleurs  de  Pêchers,  en  ont 
désorganisé  les  tissus,  puis,  déterminé  la 
chute?  On  ne  pourrait  le  dire,  car  le  fait  est 
certainement  complexe.  Aussi,  au  lieu  d’en 
chercher  l’explication  qui,  du  reste,  ne  pour- 
rait toujours  être  qu’hypothétique,  croyons- 
nous  plus  simple  de  le  constater  et  de  faire 
remarquer  que,  sur  les  Pêchers  aussi  bien  à 
Montreuil  que  dans  les  communes  voisines, 
un  grand  nombre  de  boutons  à fleurs 
sont  très-fatigués  et  tomberont  probable- 
ment avant  de  s’épanouir  ; fort  heureu- 
sement le  nombre  de  boutons  étant  géné- 
ralement très-grand,  il  en  restera  encore 
assez  pour  avoir  une  récolte  passable.  Tou- 
tefois, nous  croyons  bon  de  profiter  de  cette 
circonstance  pour  faire  remarquer  l’utilité 
des  auvents.  On  remarque,  en  effet,  que 
partout  où  on  en  a mis,  surtout  si  on  les  a 
placés  de  bonne  heure,  c’est-à-dire  avant 
l’arrivée  des  mauvais  temps,  le  mal  est 
moindre  et  souvent  même  peu  appréciable. 

La  statue  de  Parmentier.  — L’inaugu- 
ration de  la  statue  élevée  par  la  ville  de 
Neuilly  à Parmentier  vient  de  donner  lieu 
à une  imposante  solennité  dans  laquelle 
plusieurs  discours  rappelant  l’œuvre  du 
grand  philanthrope  ont  été  prononcés. 
L’éloge  de  Parmentier  n’est  plus  à faire  ; 
tout  le  monde  sait  que  c’est  à lui  que  nous 
devons  de  voir  répandue  la  culture  du  pré- 
cieux tubercule  connu  partout  sous  le  nom 
de  Pomme  de  terre.  Il  ne  fallut  pas  à 

8 


170 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Parmentier  moins  de  vingt  années  d’efforts, 
scondés  par  une  année  de  disette  et  l’influence, 
du  roi  Louis  XYI  pour  amener  le  peuple  à 
comprendre  l’importance  du  présent  qu’on 
lui  faisait.  Introduite  en  Europe  en  1590,  la 
Pomme  de  terre  ne  fût  guère  admise  dans 
nos  cultures  que  deux  siècles  plus  tard. 

Les  difficultés  qu’eut  à vaincre  Parmen- 
tier, rapprochées  dans  le  discours  prononcé 
par  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  des  longs 
efforts  tentés  de  nos  jours  par  M.  Ramel, 
pour  la  vulgarisation  de  Y Eucalyptus  Glo- 
bulus,  qui  deviendra  bientôt  une  des  prin- 
cipales richesses  du  Midi,  inspirent  d’amères 
réflexions  sur  les  obstacles  que  les  meil- 
leures choses  ont  à surmonter  pour  s’impo- 
ser à l’attention  publique. 

Une  nouvelle  maladie  du  vin  en 
Algérie.  — On  sait  l’extension  considérable 
que  prennent  actuellement,  en  Algérie,  les 
plantations  de  vignobles. 

Mais  là  encore  certaines  difficultés  se  pré- 
sentent : on  vient  de  découvrir,  notamment 
aux  environs  d’Alger,  une  maladie  qui 
amène  rapidement  l’acétification  du  vin,  au 
point  de  le  rendre  imbuvable.  M.  Bordas, 
ancien  élève  de  l’Institut  agronomique,  dans 
un  rapport  qu’il  a adressé  à l’Académie 
des  sciences,  émet  la  supposition  que  la 
cause  de  cette  maladie  est  un  ferment  in- 
connu jusqu’ici,  qui  se  propage  rapidement 
et  atteint  le  tartre  qu’il  transforme  en  acides 
tartronique  et  acétique. 

Il  faut  espérer  que  des  études  plus  appro- 
fondies feront  bientôt  connaître  les  moyens 
de  combattre  cette  nouvelle  maladie,  dont 
les  mauvais  effets,  heureusement,  sont  jus- 
qu’ici peu  importants. 

Les  oiseaux  et  les  boutons  à fruits. 

— On  sait  que  de  toutes  parts  on  demande 
aide  et  protection  pour  les  oiseaux  : notre 
correspondant,  M.  Gouveno,  jardinier-chef 
à l’Ecole  pratique  d’agriculture  et  de  laite- 
rie de  Coigny  (Manche),  ne  paraît  pas  les 
aimer  beaucoup,  et  trouve  que  les  services 
qu’ils  peuvent  rendre  sont  largement  com- 
pensés par  les  dégâts  qu’ils  commettent. 

On  en  jugera  par  la  lettre  suivante  que 
nous  avons  reçue  : 

L’hiver  s’est  fait  sentir,  cette  année,  avec 
une  persistance  que  l’on  ne  connaissait  plus 
depuis  longtemps.  La  Normandie,  où  d’ordi- 
naire cette  saison  est  peu  rigoureuse,  était 
encore,  au  milieu  de  mars,  entièrement  cou- 
verte de  neige. 


Les  arbres  à fruits,  bien  que  leur  végéta- 
tion ait  été  retardée  par  le  mauvais  temps, 
promettaient  cependant  une  assez  belle  récolte 
malgré  tout.  Mais  à peine  la  neige  avait-elle 
couvert  la  terre  que  les  oiseaux  de  toutes 
sortes,  moineaux,  mésanges,  merles,  pin- 
sons, etc.,  se  sont  précipités  sur  les  boutons  à 
fruits  avec  avidité.  Ils  en  ont  dévoré  la  plus 
grande  partie.  On  peut  dire,  sans  crainte  de  se 
tromper,  qu’ils  ont  détruit,  dans  la  contrée,  les 
neuf  dixièmes  au  moins  de  la  récolte.  Ils  se 
sont  attaqués  à tous  les  arbres  en  général, 
Poiriers,  Pruniers,  Cerisiers,  Pêchers,  etc. 
Les  Pommiers  seuls  ont  été  respectés.  En  dépit 
de  ce  que  pourront  dire  lés  membres  de  la 
Société  protectrice  des  animaux,  ceci  prouve- 
rait que  les  oiseaux,  considérés  comme  les 
auxiliaires  du  cultivateur,  doivent  être  regardés 
souvent  par  les  jardiniers  comme  des  ennemis 
et  traités  en  conséquence. 

Avec  les  oiseaux  sont  venus-  les  mulots. 
Ceux-ci  nous  ont  fait  la  guerre  à leur  façon. 
C’est  par  la  racine  qu’ils  ont  attaqué  nos  arbres 
fruitiers,  les  Pommiers  surtout.  La  pépinière 
de  l’École  de  Coigny  compte  plus  de  deux 
mille  petits  Pommiers  destinés  à être  greffés 
qui  sont  morts  victimes  de  la  voracité  de  ces 
rongeurs  dangereux. 

J’ajouterai  que,  cette  année,  les  mulots  pa- 
raissent s’être  multipliés  d’une  manière  consi- 
dérable. On  a beau  leur  faire  une  guerre 
acharnée,  ils  reparaissent  toujours  aussi  nom- 
breux. 

Avec  de  pareils  ennemis  et  les  mauvais 
temps  que  nous  avons  eus  cet  hiver,  il  est  im- 
possible de  compter  sur  une  récolte  passable. 
Si  les  autres  parties  de  la  France  ont  été  aussi 
malheureuses  que  nous,  à ces  différents  points 
de  vue,  les  récoltes  de  fruits  seront  bientôt 
faites  l’automne  prochain. 

Ch.  Gouveno, 

Jardinier-Chef  à l'École  pratique  d’agriculture 
et  de  laiterie  de  Coigny  (Manche). 

La  question  des  animaux  utiles  et  nui- 
sibles restera  ouverte  longtemps  encore.  En 
cela,  comme  en  tout  le  reste,  il  n’y  a rien 
d’absolu.  Les  oiseaux  mangent  les  chenilles, 
mais  ils  ne  paraissent  pas  non  plus  dédaigner 
les  boutons  à fruits  ; et  nous  n’en  voudrons 
pas  à notre  correspondant  de  se  défendre 
contre  leurs  rapines. 

Protection  des  semences  contre  les 
oiseaux,  les  insectes  et  les  rongeurs.  — 

La  Revue  de  l’horticulture  belge  rappelle 
qu’un  moyen  des  plus  simples  pour  dé- 
fendre contre  les  animaux  qui  les  recher- 
chent les  graines  que  l’on  confie  au  sol, 
consiste  à tremper  ces  dernières  dans  un 
bain  composé  de  75  à 80  centièmes  d’eau 
et  de  25  ou  20  centièmes  d’huile  minérale  ; 
la  proportion  d’huile  varie  naturellement 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


171 


dans  le  même  sens  que  la  grosseur  des 
graines.  C’est  une  affaire  d’appréciation 
facile,  ainsi  d’ailleurs  que  la  durée  de  l’im- 
mersion. Voici,  pour  ce  dernier  point, 
des  indications  qui  peuvent  servir  de  base  : 
les  graines  de  légumineuses,  Pois,  Hari- 
cots, etc.,  doivent  tremper  pendant  douze 
heures  ; les  pépins  de  Pommes,  de  Poires, 
pendant  vingt-quatre  heures. 

Les  graines  lines  peuvent  être  soumises  à 
une  immersion  dans  un  liquide  amer  quel- 
conque, solution  de  Quassia  amarct,  de 
Gentiane,  etc.  Enfin,  celles  qui  sont  d’une 
grande  ténuité , seront  saupoudrées  de 
camphre  en  poudre. 

Le  phylloxéra  en  Russie.  — Bien  que 

placée  dans  des  conditions  géographiques  et 
topographiques  particulières  qui  semblaient 
devoir  la  préserver  du  phylloxéra,  la  Russie, 
dans  plusieurs  de  ses  parties,  n’en  a pas 
moins  été  visitée  par  le  très-redoutable  in- 
secte, qui  a occasionné  des  dégâts  considé- 
rables. De  même  que  tous  les  autres  pays 
qui  ont  été  atteints  par  ce  terrible  fléau,  la 
Russie  a dû  faire  de  grands  sacrifices  afin 
de  le  combattre.  Malgré  que  les  procédés  de 
défense  aient  présenté  quelques  variantes, 
en  général  c’est  le  moyen  radical,  c’est-à- 
dire  l’arrachage  des  Vignes,  qui  a été  adopté, 
et,  bien  que  dans  beaucoup  de  cas  les  soldats 
aient  été  appelés  à prêter  leur  concours,  les 
dépenses  ont  été  assez  fortes. 

C’est  vers  1880  que  la  première  invasion 
phylloxérique  a été  constatée.  Depuis  ce 
moment,  les  dépenses  supportées  par  l’État 
ont  dépassé  500,000  roubles  (1).  Toutefois 
l’on  constate  que,  malgré  les  efforts  déployés 
et  toutes  les  mesures  prises,  le  système 
d’extinction  n’a  pas  eu  le  succès  que  l’on 
espérait.  Aujourd’hui  l’insecte  sévit  parti- 
culièrement en  Bessarabie  et  dans  l’arron- 
dissement de  Kouban.  Les  frais  pour  1888 
paraissent  devoir  augmenter.  Ainsi,  en 
Bessarabie,  on  évalue  les  dépenses  pour  le 
vignoble  de  Kichénieff  à 80,000  roubles  et 
30,000  roubles  pour  l’arrondissement  de 
Kouban  et  le  vignoble  de  Soukoum,  et, 
enfin,  à 100,000  roubles  ponr  la  Crimée. 

On  le  voit,  le  régime  de  l’extinction  radi- 
cale, c’est-à-dire  l’arrachage  des  Vignes 
contaminées,  n’a,  pas  plus  en  Russie  qu’en 
France,  donné  des  résultats  satisfaisants; 
aussi  est-il  probable  qu’on  va  l’abandonner 

(1)  La  valeur  du  rouble-papier  qui  a varié  long- 
temps de  2 fr.  40  à 2fr.  60,  n’est  plus  actuellement 
que  de  2 fr.  environ. 


et,  comme  en  France,  que  l’on  reviendra  à 
l’emploi  des  insecticides  mais  surtout  aux 
plantations  de  cépages  résistants  sur  les- 
quels on  greffera  les  bonnes  et  anciennes 
Vignes  à vins. 

L’arbre  à huile.  — M.  Maxime  du 
Mont  a recommandé  récemment  d’essayer 
en  Algérie  et  dans  le  Midi  de  la  France,  la 
culture  de  Y Aleurites  cor  data,  Euphorbia- 
cée  originaire  de  Chine,  et  qui,  par  son 
port  et  son  feuillage,  rappelle  un  peu  le 
Figuier  comestible  ( Ficus  carica). 

Le  fruit  de  cet  arbre  a la  grosseur  d’une 
Orange  moyenne  ; c’est  une  capsule  formée 
par  la  réunion  de  plusieurs  coques  renfer- 
mant chacune  une  grosse  graine  à tégu- 
ments épais  et  quelquefois  verruqueux. 

Ces  graines,  qui  constituent  un  purgatif 
très-violent,  ne  peuvent  être  mangées  ; 
mais  elles  fournissent  jusqu’à  41  pour  100 
de  leur  poids  d’un  huile  limpide,  peu 
fluide,  incolore,  inodore,  presque  insipide 
et  possédant  des  qualités  siccatives  très- 
développées. 

L’huile  extraite  de  Y Aleurites  cor  data 
est  largement  utilisée,  concuremment  avec 
celle  du  Rhus  vernicifera,  pour  la  fabri- 
cation des  laques  de  Chine  et  du  Japon.  On 
l’emploie  aussi  pour  rendre  les  tissus  im- 
perméables, et  elle  n’altère  aucunement 
leur  élasticité. 

Elle  sert  également,  en  Chine  et  au 
Japon,  pour  la  peinture  en  bâtiment,  afin 
de  rendre  le  bois  et  le  fer  inaltérables,  pour 
l’éclairage,  etc. 

L ’ Aleurites  cordata  peut,  paraît-il,  lors- 
qu’il est  âgé  de  cinq  ou  six  ans,  donner 
une  récolte  moyenne  de  450  à 200  kilo- 
grammes de  fruits.  Il  se  plaît  surtout  dans 
les  terrains  calcaires  ou  siliceux,  en  pente 
légèrement  inclinée.  A Toulon,  il  a résisté  à 
un  froid  de  6 degrés  au-dessous  de  zéro. 

L’ensemble  des  qualités  que  présente  cet 
arbre  tentera  certainement  les  acclimateurs, 
et  nous  serons  heureux  d’enregistrer  les 
résultats  de  leurs  essais. 

Les  ravages  exercés  par  les  lapins  en 
Californie.  — La  façon  prodigieuse  dont 
les  lapins  se  sont  multipliés  à l’état  sau- 
vage, en  Californie,  en  a fait,  pour  les  cul- 
tures de  ce  pays,  un  fléau  aussi  redoutable 
que  les  invasions  de  sauterelles  le  sont 
pour  certaines  régions  du  nord  de  l’Afrique 
et,  sous  ce  rapport,  la  Californie  n’a  rien  à 
envier  à l’Australie. 

Cette  calamité  a pris  un  tel  développe- 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


172 

ment,  que  le  Gouvernement  des  États-Unis 
a offert  un  prix  de  600,000  fr.  pour  la  dé- 
couverte d’un  procédé  de  destruction  effi- 
cace et  prompt. 

M.  Ch.  Joly,  en  relatant  ce  fait,  dans  une 
récente  brochure,  rappelle  que  les  Améri- 
cains ont  déjà  employé  de  nombreux  procé- 
dés : la  poudre,  les  poisons  et  pièges  de 
toutes  sortes,  le  sulfure  de  carbone,  le  gaz 
acide  carbonique  injecté  dans  les  terriers  ; 
la  mise  en  liberté  de  carnassiers  destruc- 
teurs : martes,  furets,  fouines,  putois,  etc., 
mais  rien  jusqu’ici  n’a  donné  de  résultats 
véritablement  satisfaisants. 

Le  procédé  même  proposé  par  M.  Pas- 
teur, et  qui  consiste  à inoculer  le  choléra 
des  poules  à un  certain  nombre  de  lapins 
qui  le  communiqueraient  à leurs  congé- 
nères, ne  peut  être  employé  utilement,  car 
la  putréfaction  des  innombrables  individus 
qui  succomberaient  de  ce  fait,  produirait 
des  émanations  pernicieuses. 

L’importance  du  prix  offert,  en  encou- 
rageant les  chercheurs  d’idées  nouvelles, 
amènera,  il  faut  l’espérer,  la  découverte 
d’un  procédé  pratique  d’extermination. 

Herbier  général  analytique.  — Sous 
ce  titre,  M.  Buysman,  de  Middelburg  (Hol- 
lande), a entrepris  la  publication  d’un  her- 
bier plus  complet  que  ceux  qui  ont  été 
jusqu’à  présent  livrés  aux  botanistes. 

A côté  de  l’échantillon  composé  d’une 
plante  entière  ou  d’une  partie  de  plante, 
M.  Buysman  ajoute  : 1°  les  organes  néces- 
saires à l’analyse  desséchés  avec  un  soin 
minutieux  ; 2°  dans  les  plantes  à organes 
charnus,  des  parties  conservées  dans  l’al- 
cool; 3°  des  fruits  ou  des  graines  dans 
l’alcool  ou  dans  de  petites  boîtes. 

L’Herbier  se  compose  de  plantes  sub  ou 
intertropicales  et  extratropicales  ; il  com  - 
prend les  plantes  utiles,  médicinales,  four- 
ragères, industrielles,  ornementales,  etc. 
On  peut  souscrire  pour  l’une  ou  l’autre  de 
ces  catégories,  ou  pour  toutes  à la  fois. 

Cet  herbier  est  appelé  à rendre  de  grands 
services  dans  l’enseignement,  en  permet- 
tant au  professeur  de  mettre  sous  les  yeux 
des  élèves  des  échantillons  complets  et  non 
déformés. 

Réduction  de  prix  sur  les  tarifs  de 
chemins  de  fer  à l’occasion  du  Congrès 
horticole  de  1888.  — A l’occasion  du 
Congrès  horticole  qui  sera  tenu  à Paris  au 
mois  de  mai  prochain,  les  compagnies  de 
chemins  de  fer  ont  accordé  aux  membres  de 


la  Société  nationale  d’horticulture  de  France, 
une  réduction  de  50  p.  100  sur  les  tarifs 
ordinaires. 

Pour  bénéficier  de  cette  faveur,  il  suffit 
d’informer,  avant  le  1er  mai,  au  plus  tard, 
le  secrétaire  général  de  la  Société  d’horti- 
culture, 84,  rue  de  Grenelle-Saint-Germain, 
du  désir  de  se  rendre  au  Congrès. 

Les  personnes  qui  seraient  admises  à 
faire  partie  de  la  Société  d’horticulture 
avant  le  jeudi  26  avril,  pourront  béné- 
ficier de  la  demi -place  accordée  par  les 
compagnies  de  chemins  de  fer. 

Session  extraordinaire  de  la  Société 
botanique  de  France  en  1888.  — La 

Société  botanique  de  France  a décidé,  dans 
sa  séance  du  23  mars  dernier,  que  la  ses- 
sion extraordinaire  de  cette  année  serait 
consacrée  à l’exploration  du  massif  monta- 
gneux des  Corhières,  et  s’ouvrirait  à Nar- 
bonne le  9 juin. 

Les  herborisations  auront  lieu  dans  un 
pays  relativement  peu  connu,  ayant  le 
double  avantage  de  présenter  à la  fois  les 
plantes  de  la  région  méditerranéenne  et  les 
plantes  de  montagne  ; elles  présenteront 
donc  un  grand  intérêt. 

Les  membres  de  la  Société  qui  désireront 
prendre  part  aux  travaux  de  la  session 
extraordinaire  de  1888,  bénéficieront  pro- 
bablement, comme  les  années  précédentes 
d’une  réduction  de  50  p.  100  sur  les  tarifs 
de  chemins  de  fer.  Les  demandes  d’admis- 
sion doivent  être  adressées  au  secrétaire  de 
la  Société  botanique  de  France,  84,  rue  de 
Grenelle-Saint-Germain,  à Paris. 

EXPOSITIONS  ANNONCÉES  I 

Sens,  du  16  au  25  juin.  — La  Société 
d’agriculture  de  l’Yonne  et  le  comice  de  l’ar- 
rondissement de  Sens  organisent  une  expo- 
sition horticole  qui  sera  ouverte  du  16  au 
25  juin. 

Tous  les  produits  se  rattachant  à l’horti- 
culture et  à la  sylviculture  y seront  admis. 

Adresser  les  demandes  avant  le  15  avril 
à M.  Robert-Rozay,  secrétaire  de  la  commis- 
sion d’organisation,  à Sens. 

Lausanne,  du  20  au  25  septembre.  — 
La  Société  d’horticulture  du  canton  de  Yaud 
tiendra  cette  année  sa  dixième  exposition 
générale  horticole  à Lausanne. 

Cette  exposition  aura  lieu  du  20  au  25  sep- 
tembre 1888  ; elle  sera  ouverte  à toutes  les 
branches  de  l’horticulture  dans  l’ordre  sui- 
vant : 


CHRONIQUE 

Plantes  cle  serre  chaude  ; plantes  de  serre 
tempérée  et  d’orangerie;  Heurs  coupées  ; plan- 
tes vivaces  et  annuelles  de  pleine  terre  ; arbori- 
culture ornementale  et  fruitière  ; fruits  ; plantes 
potagères;  objets  ayant  un  rapport  direct  avec 
l’horticulture. 

Les  demandes  d’admission  devront  parve- 
nir, avant  le  25  avril,  au  bureau  de  la  So- 
ciété d’horticulture  du  canton  de  Vaud,  à 
Lausanne  (Suisse). 

Saint-Cloud,  du  29  avril  au 21  mai.  — 
La  ville  de  Saint-Cloud  organise,  dans  le 
magnifique  parc  du  château,  une  exposition 
générale  horticole  et  industrielle,  qui  du- 
rera du  29  avril  au  21  mai. 

L’Exposition  d’horticulture  proprement 
dite  comprendra  deux  concours,  qui  se  tien- 
dront aux  époques  suivantes  : 

Le  1er,  du  dimanche  6 mai  au  jeudi  10 
(jour  de  l’Ascension). 

Le  2e,  les  dimanche  et  lundi  de  la  Pente- 
côte (20  et  21  mai). 

L’Exposition  industrielle  ouvrira  le  di- 
manche 29  avril  et  se  prolongera  jusqu’au 
31  mai. 

Les  demandes  d’admission  doivent  être 
adressées  au  plus  tôt  à la  Direction  générale 
de  l’Exposition,  8,  rue  Taitbout,  à Paris,  ou 
à M.  Carette,  secrétaire  de  la  mairie  de 
Saint-Cloud  (Seine). 

Valognes,  du  1er  au  4 septembre.  — 
L’exposition  annuelle  de  la  Société  d’horti- 
culture de  Valognes  aura  lieu  dans  cette 
ville  du  1er  au  4 septembre. 

Cette  exposition,  qui  comprend  les  lé- 
gumes et  fruits,  plantes  et  fleurs,  arts  et 
industries  horticoles,  est  spéciale  à l’arron- 
dissement. Des  médailles  sont  néanmoins 
mises  à la  disposition  du  jury  pour  les  ex- 
posants étrangers  à l’arrondissement. 

Adresser  les  demandes,  avant  le  1er  août, 
à M.  O.  Crosville,  secrétaire  de  la  Société,  à 
Valognes  (Manche). 

Anvers,  fin  juin.  — Le  Cercle  des  rosié- 
ristes  d’Anvers  organisera,  vers  la  fin  de 
juin,  une  exposition  internationale  de  Roses. 
Le  programme  de  cette  fêle  sera  prochaine- 
ment arrêté. 

Memento  des  Expositions.  — Voici  la  liste 
des  Expositions  précédemment  annoncées.  L’in- 
dication entre  parenthèses  ( Chr . n0...)  renvoie 
à la  Chronique  du  N°  de  la  Revue  horticole 
où  l’exposition  a été  annoncée  avec  quelques 
renseignements  sommaires.  La  mention  Exp. 
gèn.  indique  qu’il  s’agit  d’une  exposition  géné- 
rale d’horticulture. 

Amiens.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  6),  2 au  4 juin. 
AUtun.  — Exp.  gén.  (Chr.  n<>  5),  2 au  10  juin. 


HORTICOLE.  173 

Bordeaux.  — Fruits,  légumes,  fleurs  (Chr.  no  5), 
15  au  26  septembre. 

Épinal.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  4),  9 au  14  juin. 

Laon.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  6),  25  au  27mai. 
Marseille.  — Exp.  gén.  (Chr.  no  5),  2 au  11  juin. 
Meaux.  — Exp.  gén.  (Chr.  n®  5),  7 au  9 septembre. 
Moulins.  — Exp.  gén.  (Chr.  no  6),  31  juillet  au 
5 août. 

Nantes.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  5),  25  au  29  avril. 
Orléans.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  4),  24  au  27  mai. 
Paris.  — Exp.  gén.  annuelle  (Chr.  n®  6),  25  au 
31  mai. 

Roubaix.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n»5),  23  au  25  juin. 

— Roses  (Chr.  n°  5),  17  novembre. 

Rouen.  •—  Exp.  gén.  (Chr.  n°  4),  16  au  21  mai. 
Gand.  — Exp.  intern.  (Chr.  n°  5),  15  au  22  avril. 
Strasbourg.  — Exp.  gén.  (Chr.  no  6),  12  mai. 
Tunis.  — Exp.  sp.  des  produits  locaux  (Chr.  n°  5), 
27  avril  au  6 mai. 

Nécrologie  : M.  J.-E.  Planchon.  — 
Nous  avons  à déplorer  la  perte  d’un  des 
plus  célèbres  botanistes  de  l’Europe  ; 
M.  J.-E.  Planchon,  professeur  de  botanique 
à la  Faculté  de  médecine  de  Montpellier, 
vient  de  s’éteindre  à l’âge  de  soixante-cinq 
ans.  Sa  perte  sera  très-vivement  ressentie 
dans  le  monde  horticole. 

En  dehors  de  ses  remarquables  contribu- 
tions à la  botanique  générale,  M.  Planchon 
a publié  un  grand  nombre  de  travaux  spé- 
ciaux qui  lui  ont  valu  une  place  au  premier 
rang  de  la  botanique  contemporaine. 

Pendant  un  grand  nombre  d’années,  il  a 
collaboré  très-activement  à la  Flore  des 
Serres  où  ses  descriptions  de  plantes,  faites 
avec  une  grande  exactitude,  dans  un  style 
charmant,  étaient  remarquées  à juste  titre. 
Nous  n’oublierons  pas,  pour  notre  part,  la 
monographie  des  Araliacées  qu’il  a écrite 
spécialement  pour  la  Revue  horticole  (1),  en 
collaboration  avec  M.  J.  Decaisne,  et  qui 
peut  être  citée  comme  un  modèle.  Ce  tra- 
vail a été  si  remarquable  que  MM.  Bentham 
et  Hooker  dans  leur  Généra  plantarum, 
ont  accepté  toutes  les  divisions  proposées 
par  MM.  Planchon  et  Decaisne. 

La  viticulture  lui  est  redevable  de  nom- 
breux travaux.  C’est  lui  qui,  avec  MM.  F. 
Sahut  et  J.  Bazille,  découvrit  le  Phylloxéra 
vastatrix.  Il  s’occupa  beaucoup  de  la  ques- 
tion des  Vignes  américaines  et  dirigea  tous 
ses  efforts  vers  la  régénération  de  nos  vi- 
gnobles. Savant  émérite,  écrivain  érudit  et 
poétique,  professeur  distingué,  homme  ai- 
mable et  du  commerce  le  plus  liant. 
M.  Planchon  emporte  avec  lui  les  regrets 
de  tous  ceux  qui  l’ont  connu  et  la  bota- 
nique et  l’horticulture  perdent  en  lui  une 
de  leurs  plus  vives  lumières. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André, 

(1)  Voir  Revue  horticole , 1854,  p.  104. 


174 


PLANTATIONS  D’ARBRES  FRUITIERS  SUR  LES  ROUTES. 


PLANTATIONS  D’ARBRES  FRUITIERS  SUR  LES  ROUTES 


Les  plantations  d’arbres  fruitiers  sur  les 
routes  ne  semblent  pas  jouir,  en  France, 
d’une  faveur  bien  marquée,  et,  cependant 
les  essais  tentés  ont  donné  de  bons  résultats, 
chaque  fois  qu’ils  ont  été  faits  par  des 
hommes  compétents. 

Nous  sommes  heureux  de  constater,  d’a- 
près les  derniers  renseignements  publiés 
par  la  Revue  horticole , que  depuis  quelque 
temps  des  agents  de  l’administration  des 
ponts  et  chaussées  commencent  à planter 
des  arbres  fruitiers  sur  les  accotements  des 
routes. 

En  France,  on  cite  des  Poiriers,  plantés 
sur  des  routes,  qui  produisent,  par  arbre, 
deux  hectolitres  de  Poires,  vendues  à raison 
de  6 fr.  25  l’hectolitre  ; des  Pruniers,  qui 
produisent  80  kilogr.  de  fruits,  vendus 
0 fr.  15  le  kil.  Les  Cerisiers  dits  « à kirsch  », 
acquièrent  tous  les  jours  une  grande  valeur 
sur  les  routes  de  la  Haute-Savoie,  de  la 
Meuse,  des  Vosges,  du  Jura,  du  Doubs  et 
de  la  Haute-Saône.  Les  sujets,  âgés  de  20 
à 50  ans,  produisent  de  30  à GO  kil.  de 
fruits,  qui  se  vendent  de  15  à 40  francs  les 
100  kilogr.,  suivant  l’abondance  de  la  ré- 
colte. 

De  l’autre  côté  du  Rhin,  les  résultats  ob- 
tenus sont  encore  plus  beaux.  En  Saxe,  le 
revenu  provenant  du  fermage  de  la  récolte 
des  arbres  fruitiers  plantés  sur  les  routes  a 
été,  en  1884,  de  110,000  francs,  sans  comp- 
ter 15,000  francs  de  bois  ; ce  revenu  est  net 
de  tous  frais.  Dans  la  Souabe,  le  Prunier 
est  l’arbre  le  plus  généralement  employé 
pour  planter  les  routes. 

Aux  environs  de  Mulhouse,  on  cite  des 
Cerisiers,  en  bordure  des  routes,  qui  ont 
payé,  dès  la  première  récolte,  les  frais  d’a- 
chat et  d’entretien  occasionnés  jusque-là. 

En  Allemagne  et  en  Autriche,  les  plan- 
tations routières,  composées  d’arbres  frui- 
tiers, sont  déjà  très  étendues  ; elles  gagnent 
sans  cesse  en  importance.  Un  horticulteur 
autorisé,  le  Dr  Lucas,  prétend  que,  sur 
quelques  points  de  la  province  de  Hanovre 
et  du  grand-duché  de  Bade,  les  frais  d'en- 
tretien des  routes  sont  presque  couverts 
par  les  produits  des  arbres;  dans  d’autres 
régions,  les  recettes  seraient  de  50  à 100  fr. 
par  kilomètre.  Ces  derniers  chiffres  sont 
des  minima  qui  s’élèveront,  évidemment, 
avec  l’âge  des  plantations  et  l’instruction 
spéciale  des  cantonniers.  Il  arrive  souvent 


qu’on  accorde  des  allocations  assez  impor- 
tantes aux  personnes  chargées  de  ces  plan- 
tations, afin  de  leur  permettre  de  suivre  les 
cours  pratiques  des  écoles  d’horticulture,  et 
de  les  encourager  au  succès  des  plantations 
fruitières  sur  les  routes. 

Les  plantations  d’arbres  fruitiers  sur  les 
routes  offrent  les  avantages  suivants  : 

1°  La  vente  des  fruits  est  susceptible  de 
donner  de  plus  beaux  bénéfices  que  celle  du 
bois  d’œuvre  produit  par  des  arbres  fores- 
tiers, constamment  torturés  par  l’élagage  que 
l’on  est  forcé  de  leur  appliquer  pour  faciliter 
la  circulation  sur  les  routes; 

2°  Elles  permettent  de  faire  connaître, 
quand  elles  sont  dirigées  par  des  arboricul- 
teurs compétents,  les  variétés  de  choix,  qui 
sont  malheureusement  inconnues  dans  cer- 
taines campagnes  ; 

3°  Les  arbres  fruitiers,  qui  atteignent  géné- 
ralement de  moins  grandes  dimensions  que 
les  arbres  forestiers,  ne  nuisent  pas  autant 
aux  récoltes  des  champs  voisins,  parce  qu’ils 
projettent  moins  d’ombre  et  parce  que  leurs 
racines  tracent  et  drageonnent  moins  que 
celle  des  Robiniers,  des  Ailantes,  des  Peu- 
pliers, etc.  Pour  être  convaincu  que  les 
arbres  forestiers  à grand  développement, 
comme  les  Peupliers  de  la  Caroline  du  Sud, 
causent  de  grands  dommages  aux  récoltes 
voisines,  il  suffit  de  lire  l’article  de  M.  Bé- 
ranger, publié  dans  le  Journal  d’agricul- 
ture du  16  février  1888,  et  intitulé  : « In- 
convénients des  plantations  d’arbres  à haute 
tige.  » 

L’administration  des  Ponts  et  Chaussées 
n’encourage  pas  les  plantations  fruitières 
pour  les  raisons  suivantes  : 

1°  Le  produit  de  la  vente  des  fruits  n’at- 
teindra pas  celui  de  la  vente  du  bois  d’œuvre 
des  arbres  forestiers,  parce  que  les  fruits 
seront  volés.  — Il  est  certain  que,  si  on  se 
contente  de  planter  une  centaine  d’arbres, 
surtout  aux  voisinages  des  centres  popu- 
leux, ce  résultat  se  produira  souvent;  mais 
nous  sommes  convaincu  qu’il  en  serait  tout 
autrement,  si  presque  toutes  les  voies  pu- 
bliques produisaient  d’abondantes  récoltes, 
et  si,  surtout,  on  avait  soin  de  planter,  au 
voisinage  des  villes,  des  fruits  à cidre,  à 
sécher  ou  à distiller.  L’administration  ne 
sera  pas  obligée  de  transformer  les  canton- 
niers en  gardes-champêtres  pour  conserver 
ses  récoltes,  si  elle  vend,  aux  habitants  de 


MACARANGA  PORTEANA. 


175 


la  contrée,  les  fruits  sur  l’arbre,  aussitôt 
après  la  floraison. 

2°  Les  ingénieurs  reprochent  aux  arbres 
fruitiers  de  croître  plus  lentement  que  les 
essences  forestières  et  d’exiger,  en  général, 
un  sol  de  meilleure  qualité.  — Nous  répon- 
drons que  si  les  arbres  fruitiers  étaient 
plantés  avec  soin,  dans  les  sols  et  aux  situa- 
tions qui  leur  conviennent,  ils  croîtraient 
assez  vite  pour  embellir  le  paysage  et  pour 
procurer  suffisamment  d’ombre  aux  voya- 
geurs. Les  arbres  fruitiers  viennent  dans 
presque  tous  les  sols;  mais,  pour  obtenir 
un  bon  résultat,  il  ne  faut  pas  planter  un 
Poirier  à racines  pivotantes  là  où  il  faudrait 
un  Prunier  à racines  traçantes,  et,  comme 
sur  la  route  nationale  n°  21  (dans  la  Haute- 
Vienne),  les  Pommiers  dans  les  sols  secs, 
et  les  Cerisiers  dans  les  terrains  humides. 

3°  Les  frais  de  plantation  des  arbres  frui- 
tiers sont  plus  élevés  que  ceux  nécessités 
par  les  arbres  forestiers.  — En  effet,  un 
arbre  forestier  planté  sur  l’accotement  d’une 
route,  coûte  le  plus  souvent  2 fr.  50,  ainsi 
détaillés  : 

Creusement  du  trou . . 0 fr.  25 

Achat  de  l’arbre  ...  1 50 

Plantation 0 25 

Tuteur  et  épines  ...  0 50 

Total 2 fr.  50 

Tandis  que  pour  planter  un  arbre  fruitier 
assez  fort  pour  résister  aux  causes  de  des- 
truction ' et  dans  un  sol  bien  préparé,  il 
faudrait  dépenser  au  moins  4 francs,  ainsi 


détaillés  : 

Creusement  du  trou . . 0 fr.  75 

Achat  de  l’arbre  ...  2 » 

Plantation 0 25 

Tuteur  et  épines.  . . 1 » 

Total 4 fr.  » 


Il  est  certain  que,  pour  planter  dans  de 


bonnes  conditions  un  arbre  fruitier,  il  fau- 
dra dépenser  un  peu  plus  que  pour  planter 
une  espèce  forestière.  Mais  nous  répon- 
drons que  ces  frais  seront  promptement 
remboursés,  et  au  delà,  par  les  premières 
récoltes. 

En  résumé,  nous  sommes  partisan  des 
plantations  d’arbres  fruitiers  sur  les  routes, 
parce  que  les  nombreux  avantages  qu’elles 
offrent  dépassent  de  beaucoup  les  quelques 
inconvénients  qu’elles  présentent. 

Sous  le  climat  de  Paris,  les  arbres  frui- 
tiers à planter  sur  les  routes  sont  les  sui- 
vants : Pommier,  Poirier,  Prunier  et  Ceri- 
sier. A ces  espèces,  il  faut  ajouter  le  Noyer 
et  le  Châtaignier,  dans  les  contrées  où  le 
sol  et  le  climat  sont  favorables  à ces  es- 
sences, et,  pour  certaines  régions  du  Midi, 
l’Olivier. 

Voici  les  conditions  que  doivent  remplir 
les  variétés  à planter  : 

Donner  de  bons  fruits; 

Être  très  vigoureuses,  fertiles  et  assez 
rustiques  pour  supporter  les  intempéries 
du  climat  ; 

Former  de  grands  arbres  à cime  élancée, 
constituée  par  des  branches  ascendantes  et 
non  retombantes; 

Fleurir  tardivement,  quand  elles  doivent 
être  placées  dans  des  situations  où  les  gelées 
printanières  sont  à redouter  ; 

Donner,  quand  elles  doivent  être  plantées 
près  des  centres  populeux,  des  fruits  non 
comestibles  à l’état  frais,  mais  bons  pour 
fabriquer  du  cidre,  pour  sécher  ou  pour 
distiller. 

Dans  chaque  contrée,  on  devra  préférer 
les  variétés  locales  qui  ont  fait  leur  preuve, 
pourvu  qu’elles  remplissent  les  conditions 
de  vigueur,  de  rusticité,  etc.,  et,  de  plus, 
dont  l’écoulement  sur  les  marchés  voisins 
est  assuré.  J.  Nanot, 

Chef  de  service  des  plantations  d’alignement 
de  la  Ville  de  Paris. 


MACARANGA  PORTEANA 


La  magnifique  Euphorbiacée  qui  fait  le 
sujet  de  cet  article,  a été  découverte  par  le 
voyageur  botaniste  français  Marius  Porte, 
dans  les  forêts  des  Philippines,  qu’il  a 
explorées  de  1860  à 1865,  et  où  il  a fait  de 
riches  découvertes  végétales.  L’horticul- 
ture ne  devra  jamais  oublier  que  c’est  lui 
qui  découvrit  cette  splendide  Orchidée,  le 
Phalænopsis  Schilleriana,  véritable  « fleur 
de  l’air  » dont  la  beauté  n’est  égalée  jus- 


qu’ici par  aucune  de  ses  congénères.  C’est 
encore  à lui  que  nous  devons  les  Pha- 
lænopsis Lüddemanniana , Aerides  Thi- 
bautiana,  Ficus  Porteana,  F.  Legrellei, 
F.  nobilis,  Cycas  Riuminiana,  Dracænà 
Porteana , Pandanophyllum  humile,  P. 
Porteanum,  Pinanga  maculata , Schizo -- 
casia  et  Homalonema  Porteana , Alocasia 
zebrina , et  tant  d’autres  plantes  dont  le 
Muséum  d’histoire  naturelle  de  Paris  eut  la 


176 


MACARANGA  PORTEANA. 


primeur.  On  croit  que  certaines  de  ces 
plantes  nous  sont  venues  de  l’étranger  ; il 
n’en  est  rien,  et  nous  devons  revendiquer, 
pour  Marius  Porte,  l’honneur  d’en  avoir 
d’abord  fait  profiter  le  premier  établisse- 
ment botanico-horticole  de  son  pays. 

Parmi  ces  introductions  de  l’Extrême- 
Orient  (nous  ne  parlerons  pas  ici  de  ses  re- 
marquables découvertes  au  Brésil),  se  trou- 
vait une  Eu- 
pborbiacée 
qui  fut  con- 
servée avec 
soin  dans 
les  serres 
du  Muséum. 

Elle  y reçut 
le  nom  pro- 
visoire de 

Mappa 
Porteana. 

Mais  il 
convient  de 
faire  ren- 
trer la  plan- 
te dans  le 
genre 

car a n g a , 
de  Dupetit- 
T h o u a r s , 
dont  les 
Mappa  ne 

forment 
qu’une  sim- 
ple section  à 
étamines  en 
nombre  in- 
déterminé, 
à anthères 
quadri  val- 
ves mêlées 
de  quelques- 
unes  tri val- 
ves, à pis- 
tils le  plus 
souvent  di- 
mères, rarement  trimères,  à feuilles  et  à 
styles  variables  (1). 

Nous  nommerons  donc  la  plante  Maca- 
ranga  Porteana  (fig.  36). 

En  voici  la  description  : 

Arbre  à tige  dressée,  cylindracée,  marquée 
de  cicatrices  triangulaires  par  la  chute  des  an- 
ciennes feuilles.  Stipules  larges,  ovales-lan- 
céolées,  longuement  acuminées,  d’un  blanc 
jaunâtre,  rapidement  flétries  et  réunies  au 

(1)  Benth.  et  Hook.,  Gen.  plant.,  111,  p.  321. 


sommet.  Feuilles  fortement  peltées  ; pétioles 
longs  de  50  à 60  centimètres,  robustes,  de 
forme  comprimée,  les  inférieurs  horizontaux, 
les  supérieurs  dressés-étalés  ; limbe  presque 
orbiculaire  ou  un  peu  ovale,  atteignant  à peu 
près  la  longueur  du  pétiole,  arrondi  à la  base, 
acuminé  au  sommet,  à bords  ondulés,  ciliés- 
d entées,  à dents  écartées,  calleuses,  jaunâtres, 
hérissées  ; page  supérieure  couverte  d’une  pu- 
bescence rare,  aranéeuse,  opprimée;  page  infé- 
rieure ponc- 
tuée de  noir, 
pubescente 
sur  les  ner- 
vures princi- 
pales et  se- 
condaires, à 
veines  héris- 
sées ; ner- 
vures très- 
saillantes  sur 
les  deux  fa- 
ces ; inflo- 
rescences... 

En  atten- 
dant que  la 
plante  ait 
fleuri  et 
permette  de 
compléter 
cette  des- 
cription sur 
le  vif,  c’est 
comme  es- 
pèce à feuil- 
lage orne- 
mental que 
nous  la  re- 
commande- 
rons d’une 
manière 
spéciale. 
Peu  de  vé- 
0 gétaux  de 
serre  chau- 
de peuvent 
rivaliser 
avec  elle  de 

noblesse  et  de  beauté. 

Depuis  de  longues  années,  nous  voyons 
le  Macaranga  Porteana  dans  les  serres  du 
Muséum,  où  un  seul  pied  permettait  de 
conserver  l’espèce,  ressource  précaire  qui  la 
mettait  à la  merci  d’un  accident,  sans  qu’on 
ait  jamais  multiplié  la  plante.  Cette  éventua- 
lité n’est  plus  à craindre,  grâce  à M.  Loury 
qui  a pris  soin  de  la  bouturer  et  à obtenu 
ainsi  une  bonne  quantité  de  jeunes  exem- 
plaires bien  venants. 

Dès  l’année  prochaine,  vraisemblable- 


Fig.  36.  — Macaranga  Porteana, 
Port  au  1/14  de  grandeur  naturelle. 


RESTAURATION  DES  ARBRES  FRUITIERS. 


177 


ment,  le  Macaranga  Porteana  pourra  être 
répandu  dans  les  grandes  serres  chaudes  de 
l’Europe.  Si  on  le  plante  en  pleine  terre, 
avec  assez  de  chaleur,  d’eau  et  d’engrais 
pour  que  son  ample  feuillage  se  développe 


dans  toute  sa  gloire,  il  pourra  lutter  avec 
les  espèces  les  plus  décoratives  qui  soient 
cultivées,  et  il  sera  classé  parmi  les  plus 
beaux  végétaux  de  la  famille  des  Euphor- 
biacées.  Ed.  André. 


RESTAURATION  DES  ARERES  FRUITIERS 


Notre  article  précédent  (1)  ayant  été  con- 
sacré à la  restauration  des  arbres  fruitiers 
ou  par  le  mode  interne , c’est-à-dire  par 
l’amélioration  du  sol,  ou  le  mode  externe, 
par  la  modification  de  la  charpente,  soit  en 
regreffant  les  branches  malades,  soit  en  les 
remplaçant  à l’aide  de  branches  jeunes  et 
saines  qui  avaient  été  préparées  à cet  effet, 
il  nous  reste,  pour  compléter  ce  que  d’une 
manière  générale  nous  nommons  restaura- 
tion des  arbres  fruitiers,  à parler  de  la 
reconstitution  de  la  charpente  à l’aide  du 
regreffage  du  sujet. 

Suivant  l’âge,  la  nature,  la  disposition  des 
arbres  et  la  hauteur  où  ils  ont  été  plantés, 
cette  opération  peut  s’effectuer  différem- 
ment, parfois  à l’aide  de  modes  différents 
de  greffe,  bien  que  le  plus  généralement  ou 
presque  toujours,  lorsqu’il  s’agit  de  Pêchers, 
on  ne  pratique  guère  d’autre  greffe  que 
celle  en  écusson.  Mais,  dans  ce  cas,  comme 
il  s’agit  d’arbres  déjà  vieux  et  que  les  sujets 
sur  lesquels  ils  ont  été  greffés  sont  générale- 
ment trop  gros  pour  être  greffés  en  écus- 
son, il  faut  d’abord  procéder  au  rajeunisse- 
ment du  sujet,  afin  de  se  procurer  du 
jeune  bois.  On  y arrive  en  rabattant  le 
sujet,  opération  parfois  délicate  si  l’arbre  a 
primitivement  été  greffé  très-près  du  sol; 
car,  dans  ces  conditions,  il  arrive  parfois 
que  ce  sujet  ne  pousse  pas.  Du  reste,  cette 
habitude  que  l’on  a de  greffer  très-près  du 
sol,  afin  de  ne  pas  voir  le  bourrelet,  n’est 
pas  avantageuse  pour  la  végétation,  au  con- 
traire. 

Si  le  recépage  a réussi,  alors  on  choisit 
les  plus  belles  pousses,  que  l’on  protège 
même  et  qui,  plus  tard,  seront  greffées  en 
écusson.  Gomme  en  général  il  s’agit  d’un 
vieil  arbre,  qui  a une  forte  souche  et  que 
l’on  a intérêt  à former  très-vite  la  char- 
pente afin  d’avoir  promptement  des  fruits, 
on  peut,  de  cette  souche  rabattue,  conser- 
ver plusieurs  branches  qui,  greffées,  cou- 
vriront de  suite  une  grande  surface  de 
murs  ; elles  produiront  des  fruits  en  grande 
quantité,  ce  qui,  en  la  circonstance,  est  le 

(1)  Voir  Revue  horticole , 1888,  p.  150. 


but  à atteindre.  Si  cependant  on  tenait  à 
avoir  de  beaux  arbres,  d’une  forme  déter- 
minée, la  chose  serait  d’autant  plus  facile 
que  l’on  aurait  des  parties  vigoureuses  à 
traiter  suivant  les  formes  que  l’on  désirerait 
obtenir,  en  employant  les  procédés  appro- 
priés. 

A Montreuil,  où  le  but  à atteindre  est 
la  prolongation  et  la  plus  grande  produc- 
tion des  arbres,  voici,  en  général,  comment 
l’on  procède  : 

Au  lieu  de  rabattre  les  sujets,  qui  pour 
les  Pêchers  sont  toujours  des  Amandiers,  on 
greffe  les  bourgeons  ou  gourmands  qu’ils 
développent  et  l’on  intercale  ces  nouvelles 
productions  là  où  il  y a des  vides.  En  l’ab- 
sence de  ceux-ci,  il  est  bien  rare  qu’il  n’y 
ait  pas  quelque  branche  faible  ou  qui  me- 
nace ruine  et  qu’alors  on  remplace  par  ce 
nouveau  bourgeon.  Il  n’est  pas  rare  de  voir 
de  très-vieilles  souches  d’Amandiers  dont 
les  bourgeons  ou  « redrugeons  »,  comme 
on  les  appelle  une  fois  greffés,  ont  été  trans- 
formés en  branches  charpentières  : celles-ci, 
depuis  longtemps,  ont  remplacé  des  bran- 
ches de  première  formation  et  ont  re- 
garni les  murs,  qui,  chaque  année,  sont 
couverts  d’une  abondante  récolte. 

Grâce  à ce  procédé  pratique,  on  voit  par- 
fois de  ces  souches  presque  séculaires  don- 
ner des  produits  magnifiques  et  abondants 
là  où  des  remplacements,  même  plusieurs 
fois  répétés,  n’auraient  donné  que  des  arbres 
chétifs  et  d’une  courte  durée,  et  qui  au- 
raient à peine  compensé  les  frais  qu’ils 
auraient  occasionnés. 

Bien  que  très  - incomplets , les  détails 
dans  lesquels  nous  sommes  entrés  ont  pu 
donner  une  idée  assez  nette  de  ce  que, 
d’une  manière  générale,  nous  avons  nommé 
« restauration  des  arbres  fruitiers  »,  en 
indiquant  les  principaux  procédés  à l’aide 
desquels  on  peut  opérer  cette  restauration. 
Résumons  ces  choses,  de  manière  à rap- 
procher les  faits,  en  les  enchaînant  plus 
étroitement,  pour  faciliter  la  conception  et 
favoriser  l’application  des  procédés. 

Rappelons  d’abord  que  le  remplacement 
des  arbres,  surtout  si  les  remplaçants  sont 


178 


LES  MEILLEURES  CERISES  A KIRSCH. 


de  la  même  nature  que  ceux  qu’ils  doivent 
remplacer,  est  une  opération  qui,  quoique 
bien  faite  et  par  conséquent  dispendieuse, 
ne  donne  souvent  que  des  résultats  mé- 
diocres ; lors  même  qu’elle  parait  réussir, 
la  durée  des  arbres  est  toujours  relati- 
vement courte.  Pour  remédier  à cela,  il  n’y 
a qu’un  moyen  : la  prolongation  des  pre- 
mières plantations,  ce  qui,  comme  consé- 
quence, exige  de  bons  sujets  plantés  dans 
des  conditions  favorables  de  végétation.  Cela 
fait,  il  n’y  a plus  qu’à  surveiller  la  formation, 
puis  le  maintien  de  la  charpente  des  arbres. 
Ces  moyens,  ainsi  que  nous  l’avons  dit,  sont 
le  remplacement  des  parties  malades  ou  dé- 
fectueuses à l’aide  soit  de  la  greffe,  soit  de 
parties  saines  et  vigoureuses  prises  sur 
l’arbre  même,  là  où  elles  se  trouvent. 

Quelquefois  aussi,  dans  des  cas  particu- 
liers, par  exemple  lorsqu’il  s’agit  de  réparer 

LES  MEILLEURES 

On  aurait  tort  de  croire  que  le  kirsch 
( Kirschen  wasser,  eau  de  Cerises)  se 
fabrique  seulement  avec  des  Merises  sau- 
vages. C’est  bel  et  bien  une  Cerise  cultivée, 
greffée,  qui  est  la  base  de  cette  liqueur  si 
hautement  réputée  dans  nos  pays  vosgiens, 
jurassiens  et  comtois. 

En  dehors  de  toute  nomenclature  pomo- 
logique,  en  l’absence  de  toute  cidture  com- 
parative, la  même  variété  porte  des  noms 
différents. 

Dans  Le  Verger,  Alph.  Mas  a décrit  et 
recommandé  la  Cerise  Rouge  des  Vosges  et 
la  Noire  des  Vosges  pour  l’industrie  du 
kirsch  ; ce  sont  les  plus  répandues. 

La  région  du  kirsch  comprend , en 
France,  les  départements  des  Vosges,  du 
Doubs,  du  Jura,  de  la  Haute-Saône  et  de  la 
Meuse.  La  Haute-Savoie  peut  y être  ajoutée. 
Il  n’y  a donc  rien  d’étonnant  que  les  cultiva- 
teurs, en  l’absence  de  tout  lien,  aient  donné 
à leur  « fruit  » une  dénomination  dont  on 
chercherait  en  vain  l’origine  et  la  synonymie. 

Ici,  on  nous  recommande  la  Rouge  amère, 
la  Journée,  la  Rouge  grande  queue,  la  Fro- 
mentel,  la  Tinette  parmi  les  fruits  rouges; 
plus  loin,  c’est  la  Noire  basset,  la  Raissarde, 
la  Noisette,  la  Haut-Château,  que  les  ama- 
teurs de  fruits  noirs  semblent  préférer. 

La  Franche-Comté  qui  produit,  à elle 
seule,  12,000  hectolitres  de  kirsch,  a la 
Noire  dure,  la  Rouge  douce , la  Rouge  dure, 
la  Taquette,  la  Clochette,  la  Nicotine,  la  Ra- 
gotine,  la  Pavillarde  ; mais  la  Marsotte  ou 


un  accident  arrivé  à une  branche,  ou  bien  si 
celle-ci  manque  de  vigueur  et  si  les  procédés 
de  remplacement  dont  nous  avons  parlé  ne 
sont  plus  applicables,  on  a recours  à un  autre 
arbre  planté  à proximité  des  parties  défec- 
tueuses contre  lesquelles,  à l’aide  de  la  greffe 
en  approche,  on  fixe  la  partie  étrangère  qui, 
alors,  comme  une  sorte  de  nourrice,  transmet 
sa  sève  à un  individu  qui  jusque-là  lui  était 
étranger.  C’est  une  sorte  de  transfusion. 

Outre  ces  divers  procédés  de  restauration 
qui  sont  tirés  de  la  charpente  même  de 
l’arbre,  reste  celui  qui  consiste  à regreffer 
le  sujet  primitif,  afin  de  former  une  nou- 
velle charpente;  nous  l’avons  également 
décrit  en  indiquant  les  principales  particu- 
larités qu’il  présente  et  qui  sont  applicables 
suivant  les  cas,  la  nature  des  sujets  et  les 
conditions  dans  lesquelles  on  se  trouve 
placé.  E.-A.  Carrière. 

ERISES  A KIRSCH 

Marchotte  tient  le  haut  du  pavé  à Vuilla- 
fans,  à Lude,  à Mouthier,  à Ornans,  etc. 

L’arbre  qui  produit  la  Marsotte  est  assez 
dur  à la  gelée  et  d’une  grande  production.  Le 
fruit,  de  grosseur  moyenne,  à peau  noire,  avec 
un  pédoncule  demi-long,  teinté  de  violet  à son 
extrémité,  se  fait  remarquer  par  une  pulpe 
épaisse,  juteuse,  extrêmement  sucrée,  et  par 
un  arôme  fin,  bien  caractérisé.  La  saveur  du 
fruit  est  telle  que  les  personnes  chargées  de 
la  cueillette  s’en  méfient  ; si  on  s’y  laissait 
entraîner,  le  cerveau  s’en  ressentirait. 

Il  faut  dix-sept  livres  et  demie  de  Cerises 
Marsotte  pour  faire  un  litre  de  kirsch. 
Cette  « eau  de  Cerises  » pure  ou  vierge,  est 
vendue,  par  le  propriétaire,  de  6 à 8 fr.  le 
litre.  Mais,  hélas  ! combien  cette  « virginité  » 
est  de  courte  durée,  et  combien  de  sophis- 
tications ce  mot  ne  vient-il  pas  couvrir  ! 

Le  commerce  n’a  pas  cessé  un  instant  de 
répondre  aux  commandes,  et  cependant,  à la 
suite  du  grand  hiver  de  1879-1880,  où  les 
plantations  dans  les  vallées  ou  sur  le  flanc 
des  collines  ont  été  si  fortement  ravagées, 
les  caisses  du  Trésor  ont  vu  diminuer  de 
80,000  fr.,  dans  le  seul  département  des 
Vosges,  le  revenu  produit  par  la  distillation 
de  la  Cerise,  sans  compter,  bien  entendu, 
les  bénéfices  réduits  ou  anéantis  des  pro- 
priétaires. 

Nous  avons  parcouru  ces  contrées,  nous 
sommes  en  relations  avec  les  cultivateurs  de- 
puis Ancerville  jusqu’au  Val  d’Ajol,  à Aune- 
gray,  Clairgoutte  ou  Audornais,  crûs  res- 


ODONTOGLOSSUM  TRIUMPHANS  VOLUBILE.  — CATTLEYA  LOB  ATA. 


pectés,  ou  dans  les  vallées  de  Fougerolles, 
de  La  Loue,  de  Luxeuil,  ou  sur  les  coteaux 
de  Mouthier,  de  Plombières,  de  Lure,  de 
Brouvelieures,  de  Xertigny,  etc.  L’éducation 
des  arbres  y est  primitive  : le  sujet  est  greffé 
sur  place  ou  élevé  provisoirement  dans 
une  Vigne  et  planté  définitivement  en- 
suite. 

Le  greffage  se  pratique  sur  le  Merisier 
( Cerasus  avium),  en  haute  tige,  et  une  fois 
planté,  l’arbre  ne  subit  aucune  taille,  aucun 
traitement. 

Nous  avons  pu  importer  dans  nos  pépi- 
nières, les  deux  variétés  les  plus  méritantes  : 
la  Rouge  des  Vosges  (fruit  rouge),  et  la 
Marsotte  (fruit  noir)  ; l’une  et  l’autre  rentrent 
dans  les  Guigniers.  Leur  arbre  est  d’une 
végétation  superbe  ; il  convient  au  verger 


179 

de  grande  culture  et  aux  plantations  sur 
friche  ou  routières. 

Jusqu’alors,  partout  et  toujours,  le  Ceri- 
sier à kirsch  constitue  un  revenu  assuré, 
prompt  et  durable. 

Le  Cerisier  à kirsch  doit  occuper,  avec  le 
Pommier  à cidre  et  le  Prunier  à pruneau, 
une  des  premières  places  de  l’arboriculture 
économique  et  créer  un  chapitre  important 
des  revenus  de  la  ferme  ou  de  toute  autre 
exploitation  rurale. 

Nous  n’entrerons  pas  dans  le  détail  indus- 
triel de  la  culture  de  l’arbre,  de  la  récolte  et  de 
la  distillation  du  fruit  (1).  Nous  tenions  sim- 
plement à fournir  le  renseignement  demandé 
le  1er  avril  1888  par  M.  Victor  Didier  dans 
la  Revue  horticole.  Charles  Baltet, 

Horticulteur  à Troyes. 


0D0NT0GL0SSUM  TRIUMPHANS  YOLUBILE 


Cette  espèce,  qui  est  presque  inconnue, 
est  une  de  ces  plantes  comme  il  y en 
a tant,  dont  il  est  difficile  d’indiquer  l’ori- 
gine et  que  l’on  pourrait  presque  dire  d’in- 
troduction clandestine , qui  se  sont  trouvées 
dans  des  envois  d’autres  espèces  et  dont 
la  présence  n’ayant  pas  été  constatée  ne 
sont  remarquées  que  lorsqu’elles  fleurissent, 
si  toutefois  elles  présentent  des  caractères 
particuliers,  et  surtout  méritants.  Cette 
nouvelle  venue  est  arrivée  chez  M.  Rougier- 
Chauvière,  dans  un  envoi  d’Orchidées 
venant  d’Ocana  (Nouvelle-Grenade).  . 

En  praticien  consommé,  M.  Rougier  ne 
tarda  pas,  d’après  la  végétation  et  l’aspect 
de  la  plante,  à reconnaître  une  forme 
toute  particulière  d ’ Odontoglossum  trium- 
phans, ce  que,  du  reste,  lui  confirma  la 
floraison,  qui,  en  effet,  était  complètement 
différente  de  celle  qui  est  propre  à l’espèce. 
Au  lieu  d’une  hampe  grosse,  raide,  suppor- 
tant en  assez  grand  nombre  et  rapprochées 
l’une  de  l’autre  des  fleurs  grandes,  « étof- 
fées »,  à divisions  relativement  larges, 
brusquement  et  courtement  accuminées,  la 
nouvelle  espèce  a une  hampe  florale  forte  et 
très  volubile-sarmenteuse,  atteignant  lm30 


et  même  beaucoup  plus  de  longueur.  Ses 
fleurs,  très  distantes  l’une  de  l’autre,  bien 
que  grandes,  sont  beaucoup  plus  maigres 
dans  toutes  leurs  parties  que  celles  de 
PO.  triumphans  ; les  divisions,  beaucoup 
plus  étroites,  sont  aussi  plus  aiguës  et 
plus  longuement  acuminées  ; la  couleur 
des  fleurs  est  également  moins  foncée, 
le  jaune  et  le  brun  sont  plus  fauves.  Quant 
à la  plante,  elle  est  également  très-dif- 
férente de  Y Odontoglossum  triumphans 
type  ; les  feuilles,  plus  allongées,  sont  plus 
étroites.  Somme  toute,  l’on  peut  dire  que, 
sans  être  une  mauvaise  planté,  PO.  volubile 
est  d’un  mérite  moindre  que  P O.  trium- 
phans, surtout  que  la  belle  variété,  car 
cette  espèce  présente  déjà  plusieurs  formes 
de  valeur  très -différente. 

Mais  si  la  plante  en  question  est  moins 
jolie  que  le  type,  elle  a pourtant  sur  lui 
un  certain  avantage,  celui  d’avoir  une 
odeur  suave,  assez  forte,  et  excessivement 
agréable;  de  plus,  la  floraison  se  prolonge 
pendant  très-longtemps.  Quant  à la  culture 
et  à la  multiplication,  elles  sont  les  mêmes, 
que  celles  qu’on  emploie  pour  le  type. 

E.-A.  Carrière. 


CATTLEYA  LOBATA 


Plante  très-vigoureuse, relativement  naine, 
formant  de  fortes  touffes  assez  compactes. 
Pseudobulbes  très-longuement  et  réguliè- 
rement fusiformes,  assez  gros,  terminés  par 
une  feuille  très-épaisse  et  fortement  ca- 
rénée, longue  et  étroite,  du  centre  de 


laquelle  sort  la  fleur.  Hampe  robuste,  courte, 
ne  s’élevant  pas  beaucoup  au-dessus  du 

(1)  Ces  questions  ont  été  traitées  dans  le  Jour- 
nal d'agriculture  pratique , nos  des  5 août  1886  et 
25  août  1887. 


180 


LE  DATTIER  DES  CANARIES. 


feuillage,  et  portant  des  fleurs  alternes  dis- 
tiques. Fleurs  très-grandes,  très-élégantes, 
et  d’un  beau  rose  lilacé  à divisions  ex- 
ternes longuement  atténuées  en  pointe,  les 
internes  de  la  même  couleur  mais  beaucoup 
plus  larges  et  ondulées-frangées  sur  les 
bords.  Labelle  grand,  de  forme  régulière,  de 
nuance  un  peu  plus  foncée  que  les  autres 
divisions,  à bords  contournés-frisés,  lar- 
gement marqués  de  violet  strié,  couleur  qui, 
avec  le  rose  nuancé  des  autres  parties  de  la 
fleur,  produit  un  charmant  contraste. 

Cette  espèce,  qui  a pour  nom  syno- 
nymique  Lælia  Boothiana,  est  une  plante 
hors  ligne  par  la  beauté  de  ses  fleurs; 
le  seul  reproche  que  l’on  pourrait  peut-être 
lui  adresser,  c’est  de  fleurir  peu  lorsque 
les  plantes  sont  jeunes.  Elle  est  assez  rare 
dans  les  collections;  le  pied,  dont  cette 

LE  DATTIER  ] 

Pendant  de  longues  années,  les  jardins 
du  littoral  français  de  la  Méditerranée  ne 
connaissaient  guère,  en  fait  de  Palmiers, 
que  le  classique  Dattier  [Phoenix  dactyli- 
feraj.  D’Ollioules  à Vintimille,  de  beaux 
exemplaires  se  montraient  çà  et  là  dans  la 
noblesse  toute  saharienne  de  leurs  hauts 
stipes  annelés  et  rugueux.  Ceux  de  la  place 
publique  d’Hyères  sont  restés  célèbres;  à 
San  Remo,  à Bordighera,  près  de  la  fron- 
tière italienne,  on  les  cultive  pour  l’exploi- 
tation des  frondes  blanchies  et  tressées,  qui 
sont  l’objet  d’un  grand  commerce  pour  le 
dimanche  des  Rameaux. 

Bientôt  quelques  autres  espèces  se  ris- 
quèrent timidement  sur  la  côte.  Les 
Phœnix  reclinata,  du  Cap,  PU.  spinosa, 
de  l’Afrique  occidentale,  essuyèrent  des 
hivers  alternativement  doux  ou  rigoureux, 
en  montrant  une  rusticité  insuffisante. 

Mais,  vers  1862,  année  où  le  beau  jardin 
de  M.  le  vicomte  Vigier  fut  planté  à Nice, 
on  vit  apparaître  une  nouvelle  espèce  qui 
se  révéla  tout  de  suite  comme  une  merveille 
végétale.  De  jeunes  pieds  avaient  été 
achetés  en  Belgique  sous  les  appellations 
variées  de  Ph.  reclinata , Ph.  tennis , Ph. 
canariensis,  et  enfin  de  Ph.  Vigieri,  du 
nom  de  l’heureux  possesseur  des  plus 
beaux  exemplaires  de  cette  plante  cultivés 
en  plein  air.  En  peu  d’années  ils  devinrent 
de  remarquables  sujets.  Douze  ans  plus 
tard,  nous  mesurions  un  des  troncs  de  ces 
superbes  Dattiers  ; il  avait  1 mètre  de  dia- 
mètre à la  base.  A mesure  qu’ils  prenaient 


année  encore  nous  avons  admiré  les  fleurs 
au  Muséum,  a été  envoyé  à cet  établis- 
sement par  l’Empereur  du  Brésil.  C’est  une 
plante  de  serre  chaude  dont  on  peut  avancer 
facilement  la  floraison  en  lui  faisant  subir  un 
temps  d’arrêt  dans  son  développement,  de 
manière  à produire  une  sorte  d’hivernage 
factice,  en  la  privant  un  peu  d’eau  et  sur- 
tout en  l’aérant  fortement  pendant  la  période 
de  repos. 

Quant  à sa  culture  et  à sa  multiplication, 
elles  ne  présentent  rien  de  particulier  : 
terre  de  bruyère  spongieuse,  fibreuse,  gros- 
sièrement concassée,  à laquelle  on  peut  mé- 
langer quelques  morceaux  de  briques  pour 
faciliter  l’aération  en  formant  une  sorte  de 
drainage.  On  multiplie  la  plante  par  la  divi- 
sion des  touffes. 

Lebas. 

ES  CANARIES 

de  l’âge,  ces  arbres  affirmaient  des  qualités 
ornementales  de  premier  ordre  et  leur 
grande  rusticité.  Bientôt  ils  fructifièrent 
abondamment;  il  ne  fut  plus  nécessaire 
alors  de  recourir  à des  importations  de  se- 
mences d’outre-mer,  et  de  nombreux  semis 
vinrent  augmenter  le  nombre  des  exem- 
plaires cultivés  dans  les  jardins  de  la  région 
méditerranéenne. 

Mais  d’histoire,  de  nom  exact,  de  patrie 
certaine,  point.  Les  horticulteurs  gantois, 
qui  recevaient  les  graines  des  Canaries,  ne 
pouvaient  ou  ne  voulaient  fournir  sur  l’ori- 
gine, aucun  renseignement  précis.  En  con- 
sultant le  grand  ouvrage  de  Webb  et  Ber- 
thelot  [Histoire  naturelle  des  lies  Cana- 
ries), on  ne  trouvait  absolument  rien  qui 
différenciât  une  espèce  quelconque  des  Dat- 
tiers cultivés  dans  les  îles  de  Ténériffe,  de 
la  Grande-Canarie,  de  Fuerta ventura  et  de 
Lancerote.  Et  cependant,  on  avait  affaire  à 
une  espèce  très-distincte,  à un  végétal  de 
haut  intérêt,  acquis  à la  culture  de  notre 
côte  méditerranéenne  au  point  d’y  fructi- 
fier régulièrement  et  d’être  en  passe  d’y  de- 
venir un  des  plus  beaux  arbres  pour  les 
promenades  publiques. 

Il  fallut  qu’un  voyage  récent  de  M.  Bolle 
et  du  docteur  Christ,  de  Bâle,  vînt  dissiper 
tous  les  doutes  et  fixer  la  géographie  bota- 
nique de  ce  magnifique  végétal.  Ces  explo- 
rateurs l’ont  enfin  trouvé  à l’état  sauvage, 
loin  de  toute  terre  cultivée.  Son  habitat  est 
donc  aujourd’hui  nettement  défini. 

Chose  étrange  ! le  Phœnix  canariensis, 


Remie  Horticole  . 


Phœn  i.r  canaricnsir 


181 


CONDITIONS  GÉNÉRALES  DE  h\ 

Hort.,  qui  peut  porter  aujourd’hui  légiti-  j 
mement  ce  nom,  est  cantonné  uniquement 
dans  l’archipel  des  Canaries,  entre  27°  et 
29°  de  latitude  nord.  Il  n’existe  ni  à Madère, 
ni  aux  Açores,  îles  qui  en  sont  pourtant 
voisines.  Nulle  indication  ne  nous  est  par- 
venue sur  son  existence  continentale.  Le 
retrouvera-t-on  dans  les  régions  côtières  du 
Sahara  et  du  Maroc,  par  exemple  dans  le 
Semmor  et  le  Djézoula,  lorsque  des  explo- 
rations botaniques  sérieuses  auront  fait  la 
lumière  sur  ces  contrées  encore  à peine 
connues?  C’est  ce  que  l’avenir  nous  appren- 
dra. En  attendant,  il  est  curieux  de  consta- 
ter l’habitat  restreint  d’une  si  belle  espèce 
au  sein  de  ces  « Iles  Fortunées  »,  seuls 
vestiges  de  la  réelle  ou  mythologique  Atlan- 
tide, dont  les  légendes  sont  arrivées  jusqu’à 
nous  à défaut  de  certitude  historique. 

Le  Phoenix  canariensis  — tel  qu’il  se 
présente  aujourd’hui  à nos  yeux  charmés, 
lorsqu’il  nous  est  donné  de  contempler  des 
exemplaires  comme  celui  dont  nous  don- 
nons aujourd’hui  le  portrait,  pris  dans  la 
villa  de  feu  M.  Dognin,  à Cannes  — forme 
un  arbre  d’une  très-grande  vigueur,  à base 
énorme  produite  par  l’imbrication  des  pé- 
tioles à hase  épaisse  et  dilatée.  Ses  feuilles 
robustes  (frondes),  d’abord  dressées,  puis 
largement  étalées,  sont  d’un  beau  vert  bril- 
lant et  non  d’un  ton  glaucescent  comme 
celles  du  Ph.  dactylifera.  Leur  base  em- 
brassante se  rétrécit  bientôt  en  un  rachis 
subtriangulaire  à dos  arrondi,  portant  de 
vigoureux  aiguillons,  rudiments  spines- 
cents  des  pinnules  ou  folioles  géminées, 
sessiles,  qui  deviennent  de  plus  en  plus  dé- 
veloppées, étagées,  pliées,  aiguës  au  som- 
met, renflées  à leur  insertion  ; elles  attei- 
gnent jusqu’à  3 mètres  de  longueur  sur 
les  plus  forts  spécimens.  L’inflorescence, 
d’abord  dressée,  puis  penchée,  se  couvre  de 


ACCLIMATATION  DES  PLANTES. 

| fleurs  blanchâtres  ne  différant  guère  de 
celles  du  Dattier  ordinaire  ; elle  se  produit 
sur  des  plantes  jeunes  encore,  et  souvent 
à une  hauteur  de  moins  d’un  mètre  du 
sol.  Le  pédoncule  commun  ou  rachis,  long 
d’un  mètre,  d’un  beau  jaune,  est  très-com- 
primé et  profondément  sillonné  ; les  pédi- 
celles  solitaires,  géminés  ou  ternés,  sont 
longuement  dénudés  à la  partie  inférieure 
tuméfiée  et  terminés  par  un  épi  fructifère 
portant  des  drupes  serrées,  sessiles,  presque 
globuleuses  ou  oléiformes,  de  la  grosseur 
d’une  noisette,  à peau  dure,  d’un  jaune 
pâle.  Le  sarcocarpe  est  peu  développé,  à 
peiné  charnu,  non  comestible  ; le  noyau  est 
oblong,  arrondi  aux  extrémités  et  non  aigu 
fusiforme  ; il  est  marqué  d’un  profond  sil- 
lon longitudinal. 

Grâce  à son  abondante  fructification,  le 
Ph.  canariensis  se  popularise  de  plus  en 
plus.  Il  est  expédié,  maintenant,  dans  les 
grandes  villes  comme  plante  de  serre 
froide  ou  d’appartement.  Rien  n’est  plus 
décoratif  que  ce  beau  et  solide  Palmier  dans 
les  salons,  les  vestibules,  surtout  s’il  est 
représenté  par  de  beaux  échantillons.  Nous 
nous  rappelons  le  temps,  encore  peu  éloi- 
gné de  nous,  où  un  exemplaire  haut  de 
2 mètres  coûtait  300  fr.  à Nice;  le  même 
serait  obtenu,  maintenant,  sur  place,  à un 
prix  dix  fois  moindre. 

Planté  en  lignes  sur  les  boulevards,  les 
places,  les  quais  des  villes  du  littoral, 
comme  il  l’est  déjà  à Nice,  à Cannes,  à 
Hyères,  etc.,  cet  arbre  va  produire  de  su- 
perbes effets  d’ici  à peu  d’années,  surtout 
si  l’on  a soin  de  l’alterner  avec  d’autres 
Palmiers  à frondes  flabelliformes,  comme 
les  Washingtonia  lilifera  et  W.  robusta, 
deux  introductions  d’une  égale  valeur  pour 
ce  beau  pays  du  soleil. 

Ed.  André. 


CONDITIONS  GÉNÉRALES  DE  L’ACCLIMATATION  DES  PLANTES 

PRÉFACE  DU  MANUEL  DE  L’ÀCCLIMATEUR 


On  a beaucoup  disputé  sur  la  possibilité  de 
l’acclimatation,  les  uns  la  déclarant  illusoire, 
parce  que  les  espèces,  disent-ils,  sont  immua- 
bles de  leur  nature  et  soumises  à un  ensemble 
de  conditions  climatériques  hors  desquelles 
elles  ne  peuvent  exister,  les  autres  professant 
au  contraire  que  les  espèces  peuvent  se  modi- 
fier et  se  plier  à la  longue  à tous  les  climats. 
Des  deux  parts  il  y a exagération.  Il  est  certain 
que,  dans  l’ordre  naturel,  c’est-à-dire  ce  que 
nous  appelons  Y état  sauvage , les  espèces  sont 


enfermées  dans  des  aires  géographiques,  tantôt 
larges,  tantôt  étroites,  où  elles  trouvent  les 
conditions  les  plus  favorables  à leur  développe- 
ment et  d’où  elles  ne  s’écartent  jamais  d’elles- 
mêmes.  Personne,  en  effet,  n’ignore  que  la 
végétation  présente  des  aspects  fort  divers,  sui- 
vant les  régions  du  globe,  que  les  plantes  des 
pays  chauds  ne  sont  pas  celles  des  pays  tem- 
pérés, encore  moins  celles  des  pays  froids  ; 
mais  on  sait  aussi  que,  par  le  fait  de  l’industrie 
humaine,  une  multitude  de  plantes  ont  été 


182 


CONDITIONS  GÉNÉRALES  DE  L’ACCLIMATATION  DES  PLANTES. 


transportées  bien  loin  des  lieux  où  la  nature 
les  a fait  naître,  et  qu’elles  ont  manifesté,  sous 
l’influence  de  la  culture,  des  flexibilités  de 
tempérament  qu’au  premier  abord  on  n’aurait 
pas  soupçonnées.  Toute  l’agriculture  en  porte 
témoignage,  car  presque  nulle  part  les  végé- 
taux qu’elle  exploite  ne  sont  indigènes  du  lieu 
même  où  elle  les  cultive.  Ce  sont  donc  des  vé- 
gétaux acclimatés,  c’est-à-dire  convenablement 
modifiés  pour  le  but  qu’on  se  propose. 

Ces  modifications  sont  tantôt  le  fait  de  la 
nature  elle-même,  qui  n’a  pas  jeté  dans  un 
même  moule  tous  les  individus  d’une  même 
espèce,  mais  qui  a,  au  contraire,  établi  entre 
eux  de  nombreuses  et  remarquables  diversités; 
tantôt,  et  le  plus  souvent  peut-être,  elles  sont 
le  résultat  de  la  culture,  à laquelle  il  faut  bien 
reconnaître  le  pouvoir,  sinon  d’altérer  les  ca- 
ractères des  espèces,  du  moins  de  mettre  en 
évidence  des  aptitudes  cachées  à l’état  sauvage. 
Non  seulement  la  culture,  surtout  lorsqu’elle 
a été  longtemps  continuée,  a considérablement 
amélioré  les  plantes  et  leurs  produits  ; elle  a 
encore  fait  naître  et  pour  ainsi  dire  créé  des 
races  artificielles  très  différentes  les  unes  des 
autres  par  la  figure,  les  dimensions,  le  tempé- 
rament, la  précocité,  et  si  l’on  veut  nous  passer 
ce  néologisme,  par  la  climatéricité.  C’est  ainsi, 
pour  n’en  citer  qu’un  exemple  entre  mille, 
qu’elle  a tiré  d’une  seule  espèce  de  Vigne,  le 
Vitis  vinifera  de  l’ancien  continent,  des  varié- 
tés presque  innombrables  qui  diffèrent  lès  unes 
des  autres  par  la  qualité  du  fruit,  leur  préco- 
cité et  leurs  aptitudes  à se  plier  à diverses  na- 
tures de  sols  et  de  climats,  les  unes  ne  pouvant 
mûrir  leurs  Raisins  que  dans  les  parties  les 
plus  chaudes  du  midi  de  l’Europe,  les  autres 
donnant  encore  un  vin  potable  jusque  sous  le 
50e  degré  de  latitude  et  même  au  delà.  Le 
Blé,  le  Maïs,  le  Riz,  toutes  les  céréales  en  un 
mot,  nos  arbres  fruitiers  et  beaucoup  d’autres 
plantes,  nous  fourniraient  des  exemples  sembla- 
bles. 

La  naturalisation,  que  l’on  confond  assez 
souvent  avec  l’acclimatation  proprement  dite, 
en  diffère  en  ce  que  certaines  plantes  se  pro- 
pagent loin  du  lieu  de  leur  origine  sans  le  con- 
cours de  l’homme,  ou  du  moins  sans  que 
l’homme  se  donne  la  peine  de  les  cultiver,  sou- 
vent même  malgré  les  efforts  qu’il  fait  pour  en 
arrêter  la  diffusion.  Dans  ce  nombre,  en  effet, 
se  trouvent  beaucoup  d’espèces  nuisibles,  de 
celles  qu’on  nomme  mauvaises  herbes.  Depuis 
la  découverte  de  l’Amérique,  une  foule  de  ces 
plantes,  en  quelque  sorte  cosmopolites,  parties 
d’Europe  avec  les  graines  des  céréales,  se  sont 
naturalisées  dans  le  nord  et  dans  le  sud  de  ce 
vaste  continent.  Le  même  fait  s’observe  en  Aus- 
tralie, et  plus  encore  à la  Nouvelle-Zélande,  où 
la  végétation  indigène  est  tenue  en  échec  et 
graduellement  supplantée  par  une  végétation 
exotique.  A l’île  Sainte-Hélène,  la  flore  primi- 
tive a presque  totalement  disparu  devant  des 
plantes  arrivées  du  sud  de  l’Afrique,  de  l’Inde 


et  de  l’Europe.  En  France  même,  les  botanistes 
signalent  un  certain  nombre  de  plantes  étran- 
gères, la  plupart  mexicaines,  qui  se  partagent 
le  sol  avec  celles  qui  l’occupent  de  temps  im- 
mémorial. Presque  toutes  ces  naturalisations 
spontanées  sont  fâcheuses  au  point  de  vue  de 
l’agriculture;  quelques-unes,  cependant,  sont 
réellement  utiles,  telles,  par  exemple,  que  celle 
de  l’Oranger,  retourné  à l’état  sauvage  en  Flo- 
ride, et  celle  du  Manguier  ( Magnifera  indica) 
à la  Jamaïque.  Peut-être  pourrait-on  ranger 
aussi  parmi  ces  naturalisations  utiles  celle  de 
la  Vigne,  qui,  sans  doute  échappée  des  lieux 
cultivés,  s’est  propagée  d’elle-même  sur  beau- 
coup de  points  du  midi  de  l’Europe,  même  en 
France,  et  y est  retournée  à l’état  sauvage. 
Quelque  idée,  du  reste,  qu’on  se  fasse  de  ces 
naturalisations,  elles  n’en  prouvent  pas  moins 
que  les  plantes  ne  sont  pas  nécessairement  et 
irrévocablement  fixées  dans  le  lieu  même  de 
leur  création,  qu’elles  peuvent  se  déplacer  et 
prospérer  sous  des  conditions  climatériques 
qui,  sans  s’éloigner  beaucoup  de  celles  de  leur 
centre  d’origine,  ont  cependant  bien  des  dis- 
semblances avec  elles. 

Le  but  que  poursuit  l’acclimateur  n’est  pas 
de  naturaliser  des  plantes  étrangères  au  pays 
qu’il  habite,  en  prenant  le  mot  naturaliser  dans 
le  sens  indiqué  plus  haut,  mais  d’y  introduire 
et  d’y  faire  vivre  telle  espèce  de  plante,  qui 
rendra  des  services  sous  la  condition  que  les 
soins  du  cultivateur  ne  lui  manqueront  pas. 
C’est,  d’ailleurs,  le  cas  de  la  plupart  de  nos 
végétaux  économiques.  Ils  se  maintiennent  et 
durent  indéfiniment,  tant  qu’on  les  protège 
contre  les  diverses  causes  de  destruction  ; 
livrés  à eux-mêmes,  presque  tous  disparaî- 
traient, en  un  temps  plus  ou  moins  long,  de 
nos  jardins  et  de  nos  champs. 

Les  adversaires  que  rencontre  une  plante 
exotique  dépaysée  sont  de  plus  d’une  sorte. 
Non  seulement  elle  se  trouve  aux  prises  avec 
le  climat,  qui  est  déjà  un  ensemble  très  com- 
plexe d’influences,  et  avec  la  nature  du  terrain, 
qui  varie  presque  à l’infini  ; elle  a encore 
contre  elle  la  végétation  indigène  déjà  maîtresse 
du  sol  et  qui  le  lui  dispute  presque  toujours 
avec  avantage.  Même  lorsqu’elle  est  appropriée 
au  climat  du  lieu  où  elle  est  transplantée,  elle 
a toutes  les  chances  de  périr  affamée  et  étouffée 
par  la  végétation  environnante.  C’est  cette  lutte 
sans  merci,  bien  plus  que  le  climat,  qui  arrête 
la  propagation  spontanée  des  espèces  au  delà 
des  limites  entre  lesquelles  elles  sont  actuelle- 
ment cantonnées.  Il  suffit,  pour  assurer  la  vic- 
toire d’une  plante  sur  une  autre,  qu’elle  soit, 
même  dans  la  plus  faible  mesure,  mieux 
adaptée  au  terrain,  au  site,  au  degré  de  la  cha- 
leur, de  lumière  solaire,  d’humidité,  etc...  Si 
la  plante  étrangère  faiblit  sur  quelqu’un  de  ces 
points,  elle  dépérit  et  ne  laisse  pas  de  postérité. 
Autant  donc  l’intervention  de  l’homme  est  né- 
cessaire pour  modifier  les  influences  climaté- 
riques dans  un  sens  déterminé,  autant  elle  l’est 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


183 


pour  extirper  du  sol  les  plantes  indigènes,  qui 
nuiraient  à celles  qu’il  veut  leur  substituer. 

L’acclimatation  n’est  donc,  ainsi  que  nous 
venons  de  l’expliquer,  que  la  culture  des 
plantes  dans  des  pays  nouveaux  pour  elles.  Le 
nombre  de  celles  qui  sont  déjà  acclimatées 
dans  ce  sens  est  considérable  ; mais  ce  n’est 
ensbre  qu’une  faible  partie  de  ce  qui  nous 
reste  à utiliser,  et  on  en  sent  le  besoin  à me- 
sure que  se  multiplient  les  rapports  entre  les 
peuples  de  haute  civilisation  aussi  bien  qu’avec 
ceux  qui  sont  moins  avancés;  à mesure,  en  un 
mot,  que  les  peuples  de  race  blanche  étendent 
au  loin  leurs  conquêtes  et  fondent  de  nouvelles 
colonies.  Exploiter  les  multiples  produits  du 
globe  et  les  faire  servir  à de  nouveaux  progrès 
semble  être  leur  mission  providentielle  et  le 
gage  de  leurs  développements  futurs. 

11  ne  faut  pas  croire,  cependant,  que  l’ac- 
climatation soit  toujours  chose  facile.  Ceux  de 
nos  ancêtres,  qui  ont  les  premiers  tenté  la 
culture  des  céréales,  de  la  Vigne, ’des  arbres 
fruitiers  et  des  légumes  de  nos  jardins,  ont  eu 


à lutter  contre  des  obstacles  dont  nous  n’avons 
aujourd’hui  aucune  idée.  C’est  merveilleux 
qu’à  une  époque  où  la  science  n’existait  pas, 
ils  aient  eu  la  main  assez  heureuse  pour  faire 
de  telles  découvertes,  et  non  moins  merveilleux 
qu’ils  aient  amélioré  des  espèces  sauvages  au 
point  d’en  faire  les  races  perfectionnées  que 
les  siècles  nous  ont  transmises.  Guidés  par  une 
sorte  d’instinct,  mais  peut-être  après  bien  des 
tentatives  infructueuses,  ils  ont  reconnu  le 
pouvoir  modificateur  de  la  sélection  persévé- 
ramment  appliquée.  A chaque  génération,  ils 
ont  éliminé  ce  qui  s’éloignait  de  leur  idéal,  et 
concentré  leurs  efforts  sur  les  races  et  variétés 
qui  leur  paraissaient  y répondre  le  mieux.  C’est 
effectivement  la  règle  à suivre  aujourd’hui 
comme  aux  anciens  temps,  et  cette  règle  n’est 
autre  que  le  procédé  de  la  nature  elle-même, 
qui,  partout  et  sans  cesse,  travaille  à faire  dis- 
paraître les  faibles  pour  laisser  le  champ  libre 
aux  plus  forts.  Ch.  Naudin, 

Membre  de  l’Institut. 

(La  fin  au  prochain  numéro.) 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 


SÉANCE  DU  22  MARS  1888. 


Comité  de  floriculture. 

M.  Lemoine,  horticulteur  à Nancy,  présen- 
tait des  rameaux  fleuris  de  Lilas  à fleurs 
doubles  des  variétés  Maxime  Cornu , à grappes 
très-grosses,  fleurs  lilas  pâle  ; et  Lemoineiy 
petites  fleurs  blanc  lilacé.  Cette  présentation 
avait  pour  but  de  montrer  que  les  variétés  à 
fleurs  doubles  se  soumettent  très-bien  au 
forçage.  Les  rameaux  appartenant  à la  pre- 
mière de  ces  deux  variétés  étaient  d’un  très- 
joli  effet. 

Par  M.  Dugourd,  horticulteur  à Fontaine- 
bleau, une  collection  de  40  variétés  d’Hellébores, 
(Rose  de  Noël)  obtenues  par  lui  de  semis,  et 
dont  quelques-unes,  blanches,  roses,  rouges  et 
grenat  foncé,  ont  une  couleur  bien  franche. 
La  Revue  horticole  donne,  dans  le  présent  nu- 
méro, la  description  de  ces  dernières. 

Par  M.  Bullier,  amateur,  29,  avenue  de 
l’Observatoire,  à Paris,  un  exemplaire  fleuri 
d'Ortgiesia  tillandsioides , jolie  Broméliacée 
dont  la  hampe  florale  rose  est  garnie  d’élé- 
gantes bractées  rouge  brique.  Cette  espèce,  assez 
ancienne  d’ailleurs,  reste  très  longtemps  en 
fleur  dans  les  appartements. 

Par  MM.  Vilmorin-Andrieux  et  Cie,  mar- 
chands grainiers,  4,  quai  de  la  Mégisserie, 
Paris,  des  fleurs  coupées  de  quelques-unes 
des  jolies  variétés  de  Cinéraires  hybrides  à 
grandes  fleurs,  qu’ils  ont  obtenues.  Certaines 
de  ces  fleurs,  d’une  grande  richesse  de  coloris, 
mesuraient  jusqu’à  10  centimètres  de  diamètre. 

Par  M.  Battut,  rue  Quincampoix,  à Paris, 
une  remarquable  collection  de  Jacinthes  jaune 
paille,  carmin  et  blanc,  qui  sont  cultivées  par 
M.  Brémont,  d’Ollioules  (Var),  et  des  branches 


fleuries  de  Camellias  cullivés  en  plein  air  sur 
le  littoral  méditerranéen. 

Comité  d’arboriculture  d’ornement. 

Par  M.  Maurice  de  Vilmorin,  quelques 
rameaux  fleuris  d'Eucalyptus  amygdalina , 
cette  curieuse  espèce  qui,  en  Australie,  atteint 
120  mètres  de  hauteur.  L'E.  amydalina 
diffère  de  VE.  viminalis  en  ce  que  ses  fleurs 
sont  très-nombreuses  (15  à 20)  dans  chaque 
inflorescence,  tandis  que  la  seconde  espèce  a 
les  fleurs  réunies  par  3 seulement. 

En  parlant  de  cet  arbre  gigantesque,  M.  de 
Vilmorin  a été  amené  à dire  quelques  mots 
des  forêts  californiennes  où  d’autres  arbres 
atteignent  aussi,  on  le  sait,  des  proportions 
surprenantes. 

Il  a rappelé  que  ces  forêts  se  composent 
presque  uniquement  de  Wellingtonia  gigan- 
tea , de  Pinus  Lamhertiana , de  P.  ponderosa , 
d ’Abies  Douglasii  et  aussi  d’A.  concolor.  Les 
Wellingtonias  atteignent  100  mètres  de  hau- 
teur environ,  et  leur  tronc  mesure  jusqu’à 
30  mètres  de  circonférence.  Quelques-uns 
semblent,  d’après  le  nombre  de  couches 
ligneuses,  avoir  2,700  ans  environ. 

Il  paraît  qu’en  Californie  les  Wellingtonias 
supportent  une  température  de  25°  sans  en 
souffrir.  En  France  et  en  Angleterre  ils  gèlent 
avant  que  le  froid  ait  atteint  cette  intensité, 
parce  que  l’humidité  du  climat  diminue  consi- 
dérablement leur  robusticité. 

Comité  de  culture  maraichère. 

Par  M.  Hovat,  jardinier  chez  M.  Laminière, 
à Draveil  (Seine-et-Oise),  des  fruits  forcés  et 


184 


TRAITEMENT  DES  MALADIES  CRYPTOGAMIQUES  DE  LA  YIGNE. 


bien  colorés  des  Fraises  Marguerite  Lebreton 
et  Docteur  Morère. 

Par  M.  Battut,  à Paris,  des  Asperges  ré- 
coltées à Guyotville  (Algérie),  et  qui,  par 
leur  belle  apparence,  font  envisager  la  pos- 
sibilité d’une  concurence  sérieuse,  contre  les 
asperges  forcées  obtenues  aux  environs  de 
Paris. 


Par  M.  Laizier,  maraîcher  à Clichy-la- 
Garenne,  une  botte  de  Carottes  Grelot , qu’il 
obtient  par  la  culture  suivante  : en  juillet,  il 
sème  en  planches  en  plein  air  ; lorsque  les 
jeunes  plants  ont  une  force  suffisante,  il  les 
repique  sous  châssis,  et,  dans  tout  le  courant 
de  l’hiver,  il  récolte  des  Carottes  de  très-bonne 
qualité  et  bien  faites.  Ch.  Thays* 


TRAITEMENT  DES  MALADIES  CRYPTOGAMIQUES  DE  LA  YIGNE 


Parmi  les  divers  instruments  employés 
pour  la  pulvérisation  des  liquides  propres 
à préserver  les  Vignes  des  affections  cryp- 


togamiques,  le  rénovateur  Albrand  mérite 
une  attention  toute  spéciale. 

Cet  appareil  (fig.  37)  se  compose  d’un 


Fig.  37.  — Rénovateur  Albrand. 


récipient  d’une  capacité  de  14,  16,  20  et 
25  litres,  mais  n’ayant,  en  réalité,  qu’une 
contenance  utile  de  12,  14,  18  et  23  litres 
à cause  de  l’espace  nécessaire  pour  établir 
la  pression  d’air. 

Sur  l’un  des  côtés^  dans  le  haut  de  l’ap- 


pareil et  en  dehors,  est  placée  la  pompe  à 
air  comprimé  mise  en  mouvement  par  le 
balancier  et  la  tringle  à poignée  qui  se 
trouve  à portée  de  la  main  de  l’opérateur. 
Cette  pompe  à air,  simplement  construite 
et  peujsujette  aux  dérangements,  comprime 


TRAITEMENT  DES  MALADIES  CRYPTOGAMIQUES  DE  LA  VIGNE. 


185 


l’air  dans  le  récipient,  agite  le  liquide  à 
chaque  coup  de  piston  et  fournit  la  pression 
nécessaire  à l’écoulement  et  à la  dispersion 
de  ce  liquide. 

A droite  du  récipient,  et  dans  le  bas,  se 
trouve  un  robinet  auquel  est  adapté  un 
tuyau  de  caoutchouc  muni  d’une  lance,  dont 
l’extrémité  est  terminée  par  un  pulvéri- 
sateur réduisant  les  liquides  en  une  pluie 
de  fines  gouttelettes.  Grâce  à un  système  de 
dégorgeoir  instantané  et  très-ingénieux, 
aucun  engorgement  n’est  possible,  même 
avec  les  dissolutions  épaisses. 

Pour  se  servir  de  ce  rénovateur,  on 
charge  l’appareil  en  laissant  deux  litres 
de  vide,  l’opérateur  le  place  sur  ses 
épaules,  l’assujettit  au  moyen  des  cour- 


roies qu’il  croise  sur  sa  poitrine,  puis  il 
donne  sept  coups  de  piston  pour  obtenir 
la  pression  nécessaire.  Il  ouvre  ensuite 
le  robinet  placé  à droite  du  récipient  et 
dirige  la  lance  sur  les  souches  ou  les 
plantes  à asperger.  La  pression  donnée 
par  les  premiers  coups  de  piston  est  suffi- 
sante pendant  cinq  à six  minutes,  après 
quoi  on  réactionne  la  pompe  ou,  mieux 
encore,  on  donne  de  temps  en  temps  un 
seul  coup  de  piston  pour  maintenir  la 
pression.  L’opérateur  n’a,  pour  ainsi  dire, 
qu’à  diriger  d’une  main  le  jet  pulvérisateur, 
l’autre  est  presque  toujours  libre,  il  s’en  sert 
pour  écarter  les  obstacles.  Le  travail  est  de 
la  sorte  facile,  peu  fatigant,  expéditif.  Ainsi, 
au  concours  international  de  Béziers  qui  a eu 


Fig.  38.  — Soufreuse  Phénix  à grand  travail. 


lieu  en  1886,  le  rénovateur  a traité  en  une 
heure  1,235  larges  souches,  en  opérant  en 
dessus  et  en  dessous,  et  malgré  un  grand 
vent.  Par  un  temps  calme,  et  en  ne  pulvé- 
risant que  le  dessus  des  souches,  on  traite- 
rait aisément  3 hectares  par  jour. 


L’entretien  de  l’appareil  est  fort  simple. 
Le  soir,  après  chaque  opération,  on  y passe 
de  l’eaU.  Le  lendemain  matin,  avant  de 
procéder  à de  nouvelles  pulvérisations,  on 
graisse,  avec  de  l’huile  ou  du  saindoux,  les 
cuirs  du  piston  de  la  pompe.  En  fin  d’année 


186 


TRAITEMENT  DES  MALADIES  CRYPTOGAMIQUES  DE  LA  VIGNE. 


et  avant  de  mettre  l’appareil  en  resserre,  on 
le  graisse  partout  et  on  le  range  en  lieu  sec. 
Pour  nettoyer  les  clapets,  on  dévisse  les 
deux  écrous  du  tube  agitateur  qui  descend 
dans  le  récipient,  on  essuie  bien  ces  cla- 
pets sans  graisser  et  on  les  remet  en  place. 

Le  prix  du  rénovateur  Albrand  vendu 
par  MM.  Yallotton  et  Cie,  170,  cours  La- 
fayette,  à Lyon,  varie,  suivant  la  capacité, 
entre  60  et  75  fr.  Il  est  en  cuivre  rouge  la- 
miné à froid,  et  résiste  admirablement  aux 
effets  corrosifs  des  liquides  cupriques,  avan- 
tage que  ne  possèdent  pas  bon  nombre 
d’appareils  ayant  même  destination. 

La  soufreuse  Phénix  à grand  travail 


(fig.  38)  est  un  récipient  porté  à dos  et 
muni  d’un  soufflet  ventilateur  et  d’une 
lance.  Cet  appareil  peut  contenir  7 kilogr. 
de  soufre  sublimé  ou  12  kilogr.  de  soufre 
trituré,  quantités  suffisantes  au  traitement 
de  4,000  pieds  de  Vignes  correspondant  à 
peu  près  à un  hectare  dans  le  Midi. 

La  distribution  de  la  matière  peut  être 
réduite  ou  augmentée  à volonté,  grâce  à un 
agitateur  distributeur  et  au  moyen  d’un 
simple  déplacement  d’écrou.  Cet  agitateur 
distributeur  est  une  sorte  de  sirène  qui 
tourne  sous  un  croisillon  et  tamise  les  ma- 
tières avant  qu’elles  ne  tombent  dans  la 
tuyère.  Un  coup  de  soufflet  les  projette  en_ 


Fig.  39.  — Soufreuse  Simplex. 


suite  avec  violence,  et  la  diffusion  est  cons- 
tamment parfaite  et  assurée.  Pendant  l’in- 
sufflation, aucune  parcelle  de  matière  ne 
pénètre  dans  la  tuyère  ; il  n’y  a donc  aucune 
déperdition  de  force  de  l’air  aspiré  et  re- 
foulé et  la  poudre  peut  ainsi  être  projetée 
jusqu’à  4 mètres  de  hauteur. 

Le  soufflet  est  mû  par  un  levier  placé  à 
gauche  et  arrivant  à portée  de  la  main,  la 
manoeuvre  est  semblable  à celle  d’un  souf- 
flet de  forge.  L’ensemble  est  d’une  solidité 
et  d’une  rusticité  à toute  épreuve.  Toutes 
les  pièces  de  cette  soufreuse  se  démontent 
facilement  et  la  vérification  se  fait  en 
quelques  minutes,  avantage  qui  n’est  pas  à 
dédaigner.  L’appareil  coûte  25  fr.  chez 
MM.  Vallotton  et  Cie. 

Voici  enfin,  pour  les  vignerons  qui  re- 


cherchent l’économie,  la  soufreuse  Simplex 
(fig.  39)  qui  a le  grand  mérite  de  ne  coûter 
que  4 fr.  Cette  soufreuse  n’est,  d’ailleurs, 
qu’un  diminutif  de  la  soufreuse  Phénix; 
elle  en  a tous  les  organes  essentiels,  mais 
elle  se  manœuvre  à la  main,  comme  les 
soufflets  ordinaires.  Il  est  à remarquer, 
toutefois,  que  la  distribution  de  la  matière 
se  fait  plus  exactement  qu’avec  un  soufflet 
quelconque,  car,  à chaque  mouvement, 
l’agitateur  distributeur  donne  régulièrement 
dans  la  tuyère  A la  même  quantité,  avan- 
tage qu’aucun  soufflet  ventilateur  n’avait 
pas  encore  réalisé.  La  contenance  de  la  sou- 
freuse Simplex  est  de  1 kilogr. 

A.  Lesne. 

(Journal  d’ Agriculture  pratique.] 


CIRCULATION  DE  LA  SÈVE. 


187 


CIRCULATION 

La  question  de  la  sève  a soulevé  d’ar- 
dentes polémiques  il  y a une  vingtaine  d’an- 
nées. La  production  et  la  circulation  de  ce 
fluide  ont  été  l’occasion  de  nombreuses  et 
violentes  discussions  dans  les  journaux  de 
botanique  et  d’horticulture,  dans  les  livres 
et  dans  les  sociétés  savantes  au  milieu  des- 
quelles la  question  a été  abordée.  Depuis,  soit 
lassitude  des  combattants,  soit  réflexion  de 
leur  part  sur  la  fragilité  de  leurs  armes,  une 
sorte  d’apaisement  s’est  fait  ; mais  il  est  assez 
difficile  de  distinguer  de  quel  côté  a été  la 
victoire.  Les  traités  de  botanique  publiés  de- 
puis cette  époque  n’ont  pas  jeté  beaucoup  de 
lumière  sur  cette  partie  de  la  physiologie  vé- 
gétale; on  y sent  un  immense  inconnu  et  la 
préoccupation  de  leurs  auteurs  d’échapper 
à la  responsabilité  de  théories  imprudentes. 
Nous  n’avons  pas  la  prétention  de  faire  la 
lumière  absolue  dans  une  question  où  les 
savants  les  plus  autorisés  ne  marchent  qu’à 
tâton.  Cependant,  quelques-uns  de  nos  lec- 
teurs nous  ont  demandé  (cette  partie  de  la 
physiologie  végétale  intéressant  au  plus 
haut  point  l’horticulture)  de  les  renseigner 
au  sujet  des  diverses  théories  émises  sur  la 
sève,  et,  avant  de  leur  répondre,  nous  avons 
voulu,  à défaut  d’expériences  précises,  en- 
tourer notre  opinion  des  meilleures  garan- 
ties, par  l’étude  des  auteurs  les  plus  recom- 
mandables. 

D’abord,  qu’est-ce  que  la  sève  ? 

Certains  horticulteurs,  emportés  par  la 
chaleur  de  la  discussion,  sont  allés  jusqu’à 
dire  que  la  sève  n’existe  pas  (1).  Ce  n’est  là 
qu’une  affaire  de  mots  ; tout  le  débat  se  li- 
mite à ceci  : savoir  si  les  éléments  qui  com- 
posent la  sève  sont  absorbés  isolément  dans 
le  sol  (2),  et  forment,  par  leur  réunion  dans 
le  végétal,  ce  qu’on  est  convenu  d’appeler  la 
sève , ou  s’ils  le  sont  conjointement  avec  de 
l’eau  qui  les  tient  en  dissolution.  Les  opi- 
nions sont  partagées.  La  plus  répandue  est 
la  dernière  : c’est  celle  de  M.  P.  Duchartre  (3). 
« La  sève  des  végétaux,  dit-il,  n’est  autre 
chose  que  de  l’eau  absorbée  par  les  racines 
dans  la  terre  où  ce  liquide  avait  pris  une 
faible  proportion  de  substances  solubles 
diverses.  » C’est  également  l’avis  de  M. 

(1)  Koch,  Bulletin  de  la  Fédération  des  Sociétés 
d'horticulture  de  Belgique.  1876.  — Compte  rendu 
du  Congrès  botanique  horticole , p.  71. 

(2)  Ed.  Morren.  loc.  cit.  p.  66. 

(3)  Éléments  de  Botanique , 1867,  p.  711. 


DE  LA  SÈVE 

Sachs  (4)  qui  donne  à la  sève  le  nom  d’eau 
de  végétation. 

Sans  parler  en  ce  moment  des  causes  qui 
les  provoquent,  il  est  hors  de  conteste  qu’à 
chaque  instant  il  y a des  déplacements  de 
sève  dans  la  plante.  Les  botanistes  et  les 
horticulteurs,  d’accord  sur  l’existence  de 
ces  mouvements,  ont  chacun  leur  théorie 
sur  la  route  qu’ils  suivent,  l’étendue  de 
chemin  qu’ils  parcourent  et  la  force  qui  les 
produit.  Certains  auteurs,  considérant  ces 
mouvements  de  sève  comme  à peu  près 
analogues  aux  mouvements  du  sang  chez 
les  êtres  animés,  leur  ont  donné  le  nom  de 
circulation.  Quelques-uns  sont  allés  plus 
loin  : Lahire  et  Tournefort  ont  voulu  voir 
dans  les  végétaux  un  cœur,  un  estomac,  etc.; 
la  science  a depuis  longtemps  fait  justice  de 
ces  théories  surannées.  Mais  la  circulation 
a de  nombreux  partisans  et  cette  théorie  a 
été  le  sujet  de  grands  débats  entre  ces  der- 
niers et  ceux  qui  nient  l’existence  de  cou- 
rants descendants.  On  peut,  en  lisant  le 
Bulletin  de  la  Fédération  des  Sociétés 
d’horticulture  de  Belgique , en  1876,  voir  le 
compte-rendu  des  discussions  passionnées 
que  cette  question  a soulevées  parmi  les 
membres  du  Congrès,  et  se  faire  une  idée 
des  divisions  qui  existent  sur  presque  tout 
ce  qui  se  rattache  à ce  phénomène  de  la 
végétation. 

Tout  le  monde  admet  que  la  sève  absor- 
bée par  les  racines  monte.  Mais  quelles  par- 
ties du  végétal  suit-elle  dans  son  mouvement 
d’ascension  ? M.  Sachs  nous  dit  : « Le  cou- 
rant a son  siège  exclusif  dans  les  faisceaux 
vasculaires  (5),  et  la  preuve,  c’est  que  si 
vous  plongez  dans  une  dissolution  colorée 
une  branche  fraîchement  coupée  et  pourvue 
de  feuilles  en  transpiration  active,  vous 
verrez  que  la  coloration  est  exclusivement 
localisée  dans  le  bois  des  faisceaux  vascu- 
laires. » M.  Duchartre  est  du  même  avis, 
sous  la  réserve  que  l’aubier  dans  certains 
bois  durs,  ainsi  que  les  fibres,  dans  quelques 
arbres,  sont  le  siège  du  courant.  C’est  un  fait 
incontestable,  et  qui  s’appuie  sur  des  expé- 
riences nombreuses  (6).  La  sève  est  arrivée 
au  sommet  de  l’arbre  par  son  courant  prin- 

(4)  Traité  de  Botanique , traduction  de  M.  Van 
Tieghem,  p.  781. 

(5)  Id.,  loc.  cit. j p.  790. 

(6)  Duchartre,  Éléments  de  Botanique , p.  722.  — » 
Sachs,  l.  c.}  1.  790. 


188 


NOUVEAUX  SUCCÉDANÉS  DES  ÉPINARDS. 


cipal,  et  à l’extrémité  des  rameaux  par  des 
courants  secondaires.  Alors  que  devient-elle? 
Elle  s’élabore  dans  les  feuilles,  disent  les  par- 
tisans de  la  sève  descendante  ; puis,  chargée 
de  sucs  nourriciers,  elle  descend  par  l’écorce 
jusqu’aux  racines  et,  en  passant,  distribue 
aux  organes  en  voie  d’accroissement  les  élé- 
ments dont  ils  ont  besoin. 

Jamais  la  sève  ne  descend,  disent  les 
adversaires  de  cette  théorie;  la  sève  brute 
est  par  elle-même  un  élément  nourricier; 
en  montant,  elle  porte  aux  organes  qui  en  ont 
besoin,  par  une  série  de  petits  canaux  bran- 
chés sur  le  courant  principal,  les  matières 
nécessaires  à leur  développement  ou  à leur 
conservation. 

M.  Duchartre  (1)  professe  une  opinion 
intermédiaire.  Il  admet  en  principe  la 
théorie  de  la  sève  ascendante  et  descen- 
dante, mais  il  convient  que  les  sucs  nour- 
riciers ne  descendent  pas  toujours. 

Nous  ne  pouvons  ressusciter  j la  vieille 
querelle  qui  eut  lieu  jadis  entre  les  parti- 
sans de  la  sève  ascendante  et  descendante 
et  ses  adversaires,  ni  placer  sous  les  yeux 
de  nos  lecteurs  les  arguments  que  chacun 
mettait  au  service  de  sa  cause,  et  qui  ser- 
virent souvent  d’armes  aux  deux  camps  dans 
des  luttes  fort  animées.  Chaque  théorie  a 
ses  défenseurs  et  ses  détracteurs  sérieux,  et 
nous  ne  pouvons  qu’indiquer  à nos  lecteurs 
l’état  de  la  question  dans  ce  résumé  suc- 
cinct. 

C’est  surtout  au  point  de  vue  de  la  force 
qui  provoque  l’ascension  de  la  sève  dans  la 
plante  que  les  avis  sont  le  plus  divisés. 
Fabri  a cru  que  le  mouvement  d’ascension 
était  produit  par  « un  feu  intérieur  »;  certains 
l’on  rapporté  à la  dilatation  de  la  sève  par  la 
chaleur  ; Davy  a vu  en  lui  un  résultat  de  la 
force  capillaire  ; Dutrochet  l’a  attribué  à 
Yendosmose  (2),  c’est-à-dire  à la  puissance 
d’absorption  que  possède  un  liquide  plus 
dense  sur  un  moins  dense. 

M.  Trécul,  dans  l’impossibilité  d’expli- 
quer ce  phénomène,  dit  qu’il  est  simplement 
provoqué  « par  la  vie  » (3)  ; enfin,  plusieurs 


l’ont  expliqué  par  une  combinaison  de  plu- 
sieurs de  ces  forces. 

Un  autre  (4)  donne  comme  principe  de 
ce  mouvement  la  « force  vitale  »,  la  chaleur 
qui  provoque  l’évolution  des  bourgeons,  et 
les  bourgeons  eux-mêmes  « qui,  en  aspi- 
rant la  sève  pendant  leur  développement, 
constituent  une  sorte  d’appareil  de  succion, 
une  sorte  de  pompe  aspirante  ». 

D’après  M.  Sachs  (5),  le  mouvement 
d’ascension  est  le  résultat  de  l’accroisse- 
ment de  la  nutrition  des  organes  et  de  la 
transpiration  des  feuilles  agissant  à l’instar 
des  bourgeons  de  la  théorie  précédente,  de 
la  pression  des  racines,  et  de  la  dilatation  et 
de  la  contraction  de  l’air  contenu  dans  la 
plante. 

M.  Duchartre  (6)  l’attribue  à des  causes 
inhérentes  aux  tissus,  à la  succion  par  les 
parties  jeunes  des  racines,  à la  capillarité, 
à l’imbibition  des  parois  des  cellules  et  des 
vaisseaux,  aux  variations  de  température,  à 
la  transpiration  des  feuilles. 

Le  thème  varie  avec  chaque  auteur  et 
nous  ne  faisons  qu’exposer  une  faible  partie 
des  opinions  émises  sur  cette  matière. 

Il  paraît  donc  assez  difficile  de  rendre  un 
compte  exact  du  mouvement  de  la  sève 
dans  les  végétaux  en  face  de  ce  nombre 
considérable  de  théories  contraires.  Mieux 
vaudrait,  pour  le  moment,  attendre  le  ré- 
sultat de  nouvelles  études  et  d’expériences 
plus  concluantes,  que  de  prêter  l’oreille  à 
une  de  ces  voix  isolées  qui  parlent  dans  la 
nuit.  Ces  effets,  que  chacun  cherche  à expli- 
quer à sa  façon,  ont  peut-être  une  cause 
très-simple,  qui  pour  le  moment  nous 
échappe,  mais  qui,  il  faut  bien  l’espérer, 
sera  un  jour  éclairée  par  des  faits  inatten- 
dus. La  question  des  mouvements  delà  sève 
n’est  pas  plus  complexe  que  celle  de  la  cir- 
culation du  sang.  Ne  perdons  jamais  l’espé- 
rance, croyons  plutôt  qu’un  nouveau  Har- 
vey, traitant  de  la  circulation  de  la  sève,  est 
déjà  né,  et  que  le  temps  n’est  pas  éloigné  où 
sa  découverte  fera  la  lumière  sur  cette  ques- 
tion si  controversée.  Ed.  André. 


NOUVEAUX  SUCCÉDANÉS  DES  ÉPINARDS 


Nous  n’avons  pas  à rappeler  combien  il 
est  difficile  d’avoir  des  Épinards  pendant 

(1)  Duchartre,  loc.  cit.,  p.  731. 

(2)  Mémoire  pour  servir  à l'histoire  des  vé- 
gétaux. 

(3)  Cêmptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences , 

vol.  XLV,  p.  402. 


les  grandes  chaleurs,  ni  l’impossibilité  abso- 
lue d’en  récolter  pendant  l’été.  En  effet,  à 
peine  germées,  les  plantules  montent  à 
graines,  et  c’est  souvent  à peine  si  l’on  peut 

(4)  Hortic.  franc. , 1866,  p.  115. 

(5)  Sachs,  loc.  cit .,  p.  781-786. 

(6)  Duchartre,  loc.  cit.,  p.  725-728. 


VARIÉTÉS  NOUVELLES  D’HELLÉBORES. 


189 


faire  une  maigre  cueillette.  En  présence  de 
cette  impossibilité  d’avoir  des  Épinards,  on 
a cherché  à leur  trouver  des  succédanés, 
par  exemple  dans  la  famille  des  Chénopo- 
dées,  à laquelle  appartient  l’Épinard.  C’est 
surtout  parmi  le  genre  Chenopodium  que 
l’on  a cherché.  Bien  que  plusieurs  espèces 
de  ce  genre  puissent  être  employées,  il 
n’en  est  pourtant  aucune  qui  donne  des  ré- 
sultats satisfaisants.  Rappelons  aussi  que  les 
feuilles  de  Bettes  et  de  Betteraves  peuvent 
également  être  employées  comme  Épinards. 

Quelques  autres  plantes,  appartenant  à la 
famille  des  Ficoïdes,  ont  aussi  été  essayées  ; 
une  seule  a donné  d’importants  résul- 
tats. C’est  une  espèce  de  la  Nouvelle- 
Zélande,  la  Tétragone  étalée  ( Tetragonici 
expansa , Ait.),  plante  excessivement  vi- 
goureuse, abondamment  pourvue  de  grandes 
feuilles,  épaisses,  charnues,  et  qui  pousse 
d’autant  plus  vite  que  la  chaleur  est  plus 
considérable.  Bien  qu’elle  ait  pour  ainsi 
dire  toutes  les  qualités,  on  la  rejette  ou  au 
moins  on  la  néglige  parce  que,  légèrement 
mucilagineuse,  on  la  trouve  douce,  trop 
peu  sapide,  reproches  un  peu  fondés,  mais 
qu’il  est  facile  d’atténuer  en  ajoutant  à cette 
plante  quelques  feuilles  d’Oseille  commune. 

11  est  encore  une  autre  espèce  de  Chéno- 
podée  dont  nous  n’avons  pas  parlé,  et  qui 
pourtant  peut  être  substituée  à l’Épinard. 
Cette  plante,  qui  dans  certains  pays  est 
même  employée  comme  légume  « à pot  au 
feu  »,  c’est-à-dire  pour  donner  du  goût 
au  bouillon,  est  l’Arroche  ou  Belle-Dame 
(Atriplex  hortensis , L.).  Elle  produit  assez 
abondamment  de  larges  feuilles  qui,  cuites 
et  accommodées  au  jus  et  diversement 
assaisonnées,  constituent  d’excellents  lé- 
gumes à l’instar  des  Épinards.  Il  y en  a 
plusieurs  espèces  qui  diffèrent  par  la  cou- 
leur et  la  dimension  des  feuilles.  Ces  lé- 
gumes doivent  être  semés  en  terrains  sub- 
stantiels et  gras,  car  leur  tempérament  étant 
un  peu  celui  des  Épinards,  ils  montent 
assez  vite  à graines,  de  sorte  qu’il  faut  en 
semer  plusieurs  fois  afin  de  ne  pas  en  être 
dépourvu. 


Dans  le  genre  Oseille,  il  existe  plusieurs 
espèces,  appartenant  au  groupe  Patience 
(Rumex  Pcitientia),  dont  les  feuilles  peu- 
vent être  consommées  comme  on  le  fait  des 
feuilles  d’Épinards.  Elles  cuisent  très-bien, 
sont  émollientes  et  même  onctueuses,  sans 
être  grasses,  pourtant.  Quelques  personnes 
les  préfèrent  aux  Épinards  ; nous  ne 
sommes  pas  de  cet  avis,  et  les  préférons 
seulement  quand  elles  sont  additionnées  de 
quelques  feuilles  d’Épinard,  et  augmentées 
des  feuilles  de  l’Oseille  des  jardins  ( Rumex 
acetosa). 

La  plante  dont  nous  allons  parler  n’a 
aucun  des  caractères  propres  à l’Épinard  ; 
la  qualification,  ici,  ressort  exclusivement 
de  l’appropriation  que  l’on  en  fait  pour 
l’usage  culinaire.  Il  s’agit,  en  effet,  d’une 
plante  de  la  famille  des  Crucifères,  du 
Navet  commun.  Pour  cet  usage,  voici  com- 
ment nous  opérons.  Nous  semons  très- 
serrés  des  Navets  d’été,  que  nous  éclaircis- 
sons au  fur  et  à mesure  du  besoin  et  quand 
les  feuilles  ont  atteint  environ  les  trois 
quarts  de  leur  grandeur  naturelle.  Cuites  et 
assaisonnées  comme  on  le  fait  des  Épi- 
nards, ces  feuilles  constituent  un  excellent 
plat,  ne  rappelant  pas  exactement  les  Épi- 
nards, et  ayant  sur  ceux-ci  l’avantage  d’être 
plus  savoureux.  Il  va  de  soi  que,  parmi 
les  Crucifères,  les  feuilles  de  Navets  ne 
sont  pas  les  seules  dont  on  pourrait  tirer 
parti  ; d’un  grand  nombre  d’autres  espèces 
pourraient  être  employées  au  même  usage. 
Il  suffirait  pour  cela  que,  à part  leur  di- 
mension, ces  feuilles  fussent  glabres  ou 
à peu  près,  c’est-à-dire  dépourvues  de 
poils.  Quant  à la  saveur,  elle  varie  peu 
chez  les  Crucifères.  Du  reste,  il  ne  faut  pas 
perdre  de  vue  que  dans  cette  circonstance  il 
s’agit  surtout  d’essais  à faire,  d’expériences 
culinaires  à tenter.  C’est  un  travail  d’écono- 
mie domestique,  pour  lequel  le  jardinier  et 
la  ménagère  doivent  s’entendre,  le  premier 
pour  innover  dans  le  choix  des  légumes,  la 
seconde  pour  les  accommoder. 

Delabarrière. 


VARIÉTÉS  NOUVELLES  D’HELLÉBORES 


Nous  avons  eu  l’occasion  de  parler,  à plu- 
sieurs reprises,  des  Hellébores  hybrides  (1), 
et  de  l’importance  qu’ils  acquièrent  à une 

(1)  Voir  Revue  horticole , 1883,  p.  84  ; — 1884, 
p.  127  et  564. 


époque  de  l’année  où,  dans  nos  régions,  les 
jardins  sont  complètement  dépourvus  de 
fleurs.  M.  Dugourd,  de  Fontainebleau,  qui 
s’est  voué  à la  culture  de  ces  plantes  et  en 
poursuit  l’amélioration  avec  un  succès  de 
plus  en  plus  marqué,  avait  exposé  à la 


190 


LE  MURIER  EN  MÉSOPOTAMIE. 


réunion  de  la  Société  d’horticulture  du 
22  mars  dernier,  un  nombre  considérable 
de  variétés  du  plus  grand  mérite.  Nous  en 
avons  choisi  quelques-unes  qui  nous  ont  paru 
les  plus  belles  parmi  les  belles  et  nous  les 
citons  ci-dessous  en  les  accompagnant  d’une 
courte  description. 

Comtesse  de  Paris.  — Feuilles  d’un  vert 
clair.  Fleurs  moyennes  ; sépales  imbriqués, 
à onglet  blanc  verdâtre,  à limbe  blanc  sur 
les  bords,  sablé  de  violet  depuis  le  centre 
jusqu’à  la  naissance  de  l’onglet  ; pétales 
vert  jaunâtre  ; étamines  jaune  soufre  pâle  ; 
styles  verts  lavés  de  violet. 

Madame  Sertier.  — Feuilles  d’un  vert 
sombre.  Fleurs  grandes,  bien  ouvertes  ; sé- 
pales largement  imbriqués,  à onglet  court 
d’un  blanc  verdâtre,  limbe  d’un  rose  violacé 
veiné  de  violet  foncé;  pétales  vert  jaunâtre; 
étamines  d’un  blanc  passant  légèrement  au 
jaune  ; styles  verts  lavés  de  violet. 

Souvenir  de  Victor  Hugo.  — Tige, 
feuilles,  pétioles,  bractées  et  pédoncules 
d’un  brun  violacé.  Fleurs  petites.  Sépales 
contigus  ou  très-légèrement  imbriqués,  à 
onglet  blanchâtre,  à limbe  grenat  lavé  de 
noir  ; pétales  d’un  vert  foncé  lavé  de  violet  ; 
étamines  à blets  blancs  légèrement  teintés 
de  violet,  à anthères  d’un  blanc  jaunâtre. 
Styles  verts  lavés  de  violet. 

LE  MÛRIER  El 

Dans  toute  la  région  de  l’Euphrate  et  du 
Tigre,  le  Mûrier  croît  spontanément;  mais 
c’est  surtout  dans  les  contrées  sablonneuses 
et  les  plaines  formées  par  des  dépôts  d’allu- 
vion  qu’on  le  rencontre  fréquemment.  Il 
s’étend  depuis  le  36e  dégré  de  latitude 
nord,  dans  toute  la  zone  dite  subtropicale, 
jusqu’aux  plateaux  arrosés  par  les  rivières 
qui  traversent  les  montagnes  limitrophes 
de  la  Perse. 

Il  n’y  a pas  de  jardin  dont  une  partie  ne 
soit  plantée  de  Mûriers.  Ordinairement  on 
en  forme  des  haies  autour  des  murs,  car  c’est 
un  arbre  qui  vient  très-bien  et  qui  sert  à 
confectionner  certains  meubles  solides  dans 
un  pays  complètement  dépourvu  de  bois. 

Le  Mûrier  est.  appelé  dans  le  pays  Touth. 

Voici  les  espèces  ou  variétés  que  j’ai 
rencontrées  : 

1°  Fahâl  (mâle).  — C’est  le  sauvageon, 
arbre  à bois  gris,  à rameaux  grêles  et 
souples,  ordinairement  pendants,  à feuilles 
alternes,  laciniées,  finement  découpées,  lui- 
santes en  dessus,  ayant  presque  la  forme 


Pourpre  national.  — Plante  très-vigou- 
reuse. Tige,  feuilles,  pétioles,  bractées  et 
pédoncules  légèrement  teintés  de  pourpre. 
Fleurs  très-grandes,  ouvertes;  sépales  large- 
ment imbriqués,  à onglet  blanc  verdâtre,  à 
limbe  rouge  violacé  marqué  de  points  plus 
foncés,  surtout  vers  la  base  ; pétalesjaunes  ; 
étamines  d’un  blanc  jaunâtre;  styles  pur- 
purins. 

Lutea  sulphurata.  — Feuillage  d’un 
vert  gai.  Fleurs  petites  ; sépales  contigus  , 
d’un  jaune  pâle  uniforme  ; pétales  jaunes  ; 
étamines  d’un  blanc  passant  légèrement  au 
jaune;  styles  verts. 

Beatrix  de  Circourt.  — Feuilles  d’un 
vert  clair.  Fleurs  moyennes;  sépales  , con- 
tigus ou  très-légèrement  imbriqués,  à onglet 
blanc  verdâtre,  à limbe  rose  pâle,  abondam- 
ment pointillé  de  carmin  ; pétales  d’un 
vert  pâle  ; étamines  d’un  blanc  jaunâtre  ; 
styles  verts. 

Ce  ne  sont  pas  les  seules  variétés  qui, 
dans  l’énorme  bouquet  présenté  par  M.  Du- 
gourd,  méritaient  de  fixer  l’attention,  mais 
ces  plantes  nous  ont  paru,  par  la  beauté  de 
leurs  formes  et  de  leurs  couleurs,  dignes 
d’une  mention  spéciale  et  seront  certaine- 
ment appréciées  de  tous  les  amateurs. 

Ed.  André. 

MÉSOPOTAMIE 

des  feuilles  d’Érable.  Joli  arbre  à feuillage 
ornemental  dont  on  ne  connaît  pas  le  fruit 
et  que  l’on  emploie  comme  sujet  à greffer. 

2°  Aén  el  bezoûn  (Œil  de  chat).  — C’est  le 
Mûrier  blanc  ou  commun , connu  en 
Europe,  où,  quoi  qu’on  en  dise,  il  a été  im- 
porté de  la  Chine,  puisqu’aucun  des  auteurs 
anciens  n’en  parle.  C’est  un  arbre  pouvant 
atteindre  de  8 à 10  mètres  de  hauteur, 
à bois  grisâtre,  à feuilles  découpées,  pal- 
mées ou  cordiformes.  Ses  fruits,  qui  sont 
blancs,  très-petits,  sont  tachetés  d’une  mul- 
titude de  petits  points  noirs,  d’où  son  sur- 
nom œil  de  chat.  Il  se  propage  facilement  de 
lui-même  par  ses  graines.  La  variété  Na- 
ringhi  (citriforme)  a les  feuilles  plus 
grandes,  plus  serrées  et  plus  nombreuses 
que  celles  du  précédent. 

3°  Touth  abiadh  (Mûrier  blanc).  — Variété 
améliorée  du  précédent,  que  l’on  greffe  sur 
des  sauvageons  à cause  de  ses  fruits  recher- 
chés dans  le  pays.  Port  du  précédent,  mais 
à feuilles  claires,  à pétioles  longs,  grandes, 
peu  épaisses,  luisantes,  cordiformes,  lan- 


BIBLIOGRAPHIE. 


191 


céolées.  Fruit  assez  gros,  succulent,  mûris- 
sant en  avril-mai  et  se  vendant  sur  les  mar- 
chés aussi  bien  que  les  Fraises  en  Europe. 

4°  Hamri  (rouge).  — Arbre  à bois  blan- 
châtre, à branches  vigoureuses,  élancées, 
montant  en  candélabre  ; feuilles  grandes, 
épaisses,  luisantes,  cordiformes,  dentelées, 
à nervures  gaufrées  ; fruit  rouge  foncé, 
aigrelet,  agréable  au  goût,  aussi  gros  que 
le  précédent,  très  estimé  dans  le  pays. 

5°  Touth  Shâmy  (Mûrier  de  Damas).  — 
Mûrier  noir  à bois  blanc,  à rameaux  gros  et 
courts,  à bourgeons  ou  à yeux  bruns  ; 
feuilles  épaisses,  plataniformes,  pubes- 
centes,  scabres,  coriaces.  C’est  l’espèce 
dont  les  naturalistes  grecs  et  latins  parlent. 
On  le  dit  ordinairement  originaire  de  la 
Perse,  mais  ici,  paraît-il,  on  le  croit  importé 
de  Damas. 

La  culture  du  Mûrier  pour  l’industrie 
séricicole  n’est  plus  dans  le  pays  aussi  flo- 
rissante qu’aux  siècles  précédents.  Les  soie- 
ries et  les  foulards  colorés  de  Bagdad  étaient 
autrefois  appréciés  pour  leur  solidité  et 
leur  bonne  qualité  ; mais  depuis  un  demi- 
siècle,  la  sériciculture  languit  surtout  à 
cause  de  la  pébrine  et  de  la  flâcherie  qui  ra- 
vagent les  vers  à soie.  Des  graines  du  pays 
étudiées  en  Europe  furent  rejetées  comme 


Les  mélanges  de  graines  fourragères, 

pour  obtenir  les  plus  forts  rendements  de  bonne 
qualité  ; par  le  Dr  F. -G.  Stebler,  directeur  de  la 
Station  de  contrôle  des  semences  à Zurich  ; tra- 
duit par  C.  Denaiffe.  — Un  volume  de  179  pages 
et  21  figures,  1 fr.  50  à la  Librairie  agricole  de 
la  Maison  rustique , 26,  rue  Jacob.  Paris. 

Il  serait  superflu  d’insister  sur  l’importance 
de  jour  en  jour  plus  grande  de  la  production 
fourragère. 

L’auteur  du  livre  que  nous  annonçons  s’est, 
depuis  longtemps,  voué  tout  entier  à l’étude 
des  plantes  fourragères,  ainsi  qu’à  celle  de  la 
culture  et  des  soins  d’entretien  des  prairies  na- 
turelles artificielles. 

Dans  cet  écrit,  l’auteur  explique,  en  un  style 
simple  et  intelligible  à tous,  de  la  manière  la 
plus  détaillée  et  la  plus  complète,  comment  il 
importe  de  procéder  pour  constituer  des  prai- 
ries d’un  rendement  considérable.  Ses  pré- 
ceptes sont  fondés  sur  une  grande  quantité 
d’observations  scientifiques  qu’il  a recueillies 
en  sa  position  de  directeur  de  la  station  helvé- 
tique de  contrôle  des  semences,  ainsi  que  sur 
les  expériences  agricoles  faites  avec  ses  mé- 
langes de  graines  fourragères  dans  les  condi- 
tions les  plus  diverses. 

« La  partie  la  plus  considérable  de  ce 


impropres  à la  culture.  Le  système  Pasteur 
est  complètement  inconnu  dans  ce  pays,  où 
la  science  n’a  pu  faire  encore  aucun  pas  ; 
c’est  à peine  si  depuis  quelque  temps  on 
a eu  la  bonne  idée  d’importer  des  graines 
de  France  et  de  pratiquer  la  sériciculture 
dans  les  provinces  de  Brousse  et  de  Smyrne, 
qui,  du  reste,  se  trouvent  en  communica- 
tion commerciale  constante  avec  l’Europe. 
Malheureusement  pour  les  provinces  de 
l’intérieur,  il  n’en  est  pas  de  même.  Peu  de 
gens  s’occupent  sérieusement  de  cette  cul- 
ture et  le  Mûrier  n’est  considéré  que  comme 
arbre  à fruit  et  à bois,  rendant,  il  est  vrai, 
les  plus  grands  services  à la  menuiserie 
indigène.  Du  reste,  il  n’y  a que  les  variétés 
du  Mûrier  commun  et  du  Mûrier  blanc 
dont  les  feuilles  sont  bonnes  pour  nourrir 
le  ver,  car  les  feuilles  des  autres  espèces, 
fixant  beaucoup  de  matière  solide,  sont 
indigestes,  et  l’on  a même  remarqué  que 
lorsqu’elles  ne  sont  pas  repoussées  par  l’in- 
secte, elles  occasionnent  sa  mort.  Plus  la 
feuille  est  fine,  mieux  elle  vaut  pour  cet 
insecte,  qui  est  aussi  délicat  et  aussi  pré- 
cieux que  son  produit. 

C.  G.  Métaxas, 

Directeur  du  domaine  de  Belledirouz, 
à Bagdad. 


traité,  dit  l’auteur  dans  sa  préface,  com- 
prend les  résultats  d’expériences  pratiques  con- 
tinuées pendant  bien  des  années  avec  l’aide 
de  beaucoup  d’agriculteurs,  ainsi  que  ceux 
d’essais  scientifiques  entrepris  dans  mon  labo- 
ratoire. Je  me  suis  efforcé,  au  prix  d’études 
soutenues,  de  ramener  mes  expériences  et  mes 
observations  à des  principes  définis,  d’une  ap- 
plication certaine,  et  le  but  de  cette  publication 
est  de  les  faire  connaître,  apprécier  et  utiliser 
par  les  agriculteurs  pratiques  ». 

Tout  cultivateur  soucieux  de  ses  intérêts  fera 
donc  bien  d’étudier  la  composition  des  mé- 
langes qui  sont  exposés  dans  ce  livre,  en  ayant 
soin  de  ne  pas  les  prendre  comme  des  recettes 
invariables,  mais  comme  des  exemples  propres 
à l’éclairer  sur  la  matière  et  à lui  apprendre  à 
composer  lui-même  les  mélanges  les  mieux 
appropriés  aux  conditions  locales  dans  les- 
quelles il  travaille.  L.  Bideaux. 


Catalogue  descriptif  des  fruits  adoptés 
par  le  Congrès  pomologigue. 

Sous  ce  titre,  la  Société  pomologique  de 
France  a publié  un  intéressant  volume,  avec  de 
nombreuses  figures  au  trait  placées  dans  le 
texte.  La  publication  de  ce  travail,  dont  l’utilité 


192 


BIBLIOGRAPHIE. 


ne  peut  être  contestée,  avait  été  décidée  en 
1880  au  Congrès  de  Moulins. 

Dès  l’année  1880,  dit  la  préface,  l’assemblée  géné- 
rale réunie  à Moulins  avait  demandé  qu’il  fût  dressé 
une  liste  des  fruits  jusqu’alors  adoptés  parle  Congrès 
pomologique.  Le  catalogue,  publié  en  1873,  n’était 
plus  au  niveau  du  progrès  de  l’arboriculture  frui- 
tière en  France  ; bon  nombre  de  variétés  avaient 
été  admises  comme  recommandables  qui  ne  pou- 
vaient plus  ligurer  à côté  des  nouvelles  adoptions  ; 
ces  variétés,  la  plupart  anciennes,  étaient  descen- 
dues à un  rang  inférieur  lorsqu’on  les  considérait 
aux  divers  points  de  vue  dont  l’ensemble  constitue 
un  fruit  de  premier  mérite.  Pour  conserver  le  sou- 
venir de  toutes  les  adoptions  qui  ont  été  faites  par 
le  Congrès,  les  variétés  éliminées  figurent  dans  ce 
livre  avec  les  descriptions  données  au  catalogue 
de  1873  et  forment  une  liste  à part. 

Ce  qui  précède  non  seulement  explique, 
mais  justifie  les  radiations  qui  ont  été  faites 
en  montrant  que  celles-ci  n’ont  été  opérées 
que  pour  faire  place  à des  variétés  plus  méri- 
tantes. De  sorte  que  le  travail  dont  nous  par- 
lons s’est  encore  amélioré  et  devient  un  guide 
à peu  près  certain  pour  l’amateur  qui,  en  s’y 
conformant  pour  faire  ses  plantations,  est  à 
peu  près  sûr  d’avoir  de  bons  fruits. 

Outre  les  descriptions  dans  lesquelles  sont 
indiqués  les  caractères  des  arbres,  ce  livre  com- 
prend 354  figures,  dont  14  se  rapportent  aux 
Abricots,  28  aux  Cerises,  2 aux  Coings,  36  aux 
Pêchers  à chair  non  adhérente,  9 aux  Bru- 
gnons, 1 aux  Nèfles,  140  aux  Poires,  66  aux 
Pommes,  33  aux  Prunes,  39  aux  Raisins.  Ii  va 
sans  dire  que  les  autres  catégories  de  fruits 
qui  ne  comprennent  pas  de  figures,  tels  que 
Figues,  Noix,  Amandes,  Groseilles,  etc.,  sont 
également  passés  en  revue  et  décrits,  et  ont  été 
l’objet  d’une  étude  spéciale. 

Ce  Catalogue  est  donc  à la  fois  un  guide 
pour  le  planteur  et  une  sorte  de  Vade  mecum 
presque  indispensable  au  pomologiste  qui  trouve 
là  un  complément  aux  ouvrages  de  MM.  de 
Mortillet,  André  Leroy,  Mas,  etc. 


Éléments  d’arboriculture  fruitière.  — Un 

volume  in-8°  de  150  pages,  à la  librairie  G.  Mas- 
son, 120,  boulevard  Saint-Germain,  Paris. 

Nos  lecteurs  savent  que,  dans  un  concours 
ouvert  par  le  Cercle  d’arboriculture  de  Bel- 


gique pour  la  production  du  meilleur  traité 
d’arboriculture  fruitière,  le  lauréat  fut  un  de 
nos  compatriotes,  M.  Louis  Henry,  ancien  élève 
de  l’École  d’horticulture,  aujourd’hui  chef  des 
cultures  de  plein  air  au  Muséum.  Ce  remarquable 
ouvrage  fut  publié  in  extenso  dans  les  Bulle- 
tins d'arboriculture  de  Belgique.  Le  livre  de 
M.  Henry  a été  édité  en  France,  et  sa  clarté,  les 
indications  complètes  qu’il  contient  rendront  de 
grands  services  à tous  ceux  qui  s’occupent  soit 
d’instruction  horticole,  soit  d’arboriculture  pra- 
tique. E.-A.  Carrière. 


L’Art  de  greffer,  par  Ch.  Baltet,  4°  édition, 

à la  librairie  G.  Masson,  120,  boulevard  Saint- 

Germain,  Paris.  — Prix  : 4 fr. 

M.  Charles  Baltet,  dit  M.  de  Cherville,  dans 
le  journal  Le  Temps,  vient  de  publier  une 
quatrième  édition  de  son  Art  de  greffer  ; cette 
fois,  la  formule  traditionnelle,  revue,  corrigée 
et  augmentée,  serait  insuffisante,  car  c’est 
presque  un  nouvel  ouvrage  que  le  savant  hor- 
ticulteur offre  aux  intéressés,  au  moment  où  la 
nécessité  de  sauvegarder  nos  précieux  cépages, 
en  les  faisant  vivre  sur  des  souches  résistantes, 
donne  à ce  grand  art  de  la  greffe  plus  d’impor- 
tance encore  que  par  le  passé.  M.  Baltet  l’a 
fort  bien  compris  en  faisant  dans  son  livre  une 
large  part  à toutes  les  méthodes  de  greffage  de 
la  Vigne. 

Du  reste,  il  n’existe  certainement  pas  dans 
notre  langue,  il  n’y  a peut-être  pas  à l’étranger 
un  traité  de  greffage  aussi  rationnel,  aussi 
précis,  aussi  complet  que  celui-là,  où  tous  les 
procédés  se  trouvent  décrits  avec  une  clarté, 
une  lucidité  qui  diminueront  singulièrement  les 
difficultés  de  l’exécution  ; nous  disons  aussi 
complet,  car  l’exposé  s’étend  à tous  les  végé 
taux  d’ornement,  qu’ils  soient  de  pleine  terre- 
de  serre  chaude  ou  de  serre  tempérée. 

Le  chapitre  de  l’application  du  greffage  aux 
arbres  et  arbustes  fruitiers,  forestiers  ou  d’a- 
grément, augmenté  de  nouvelles  observations 
pratiques  sur  le  surgreffage,  restera  toujours  la 
partie  caractéristique  du  livre.  La  réfection  des 
arbres  déformés  et  la  restauration  des  arbustes 
gelés  formant  un  complément  utile  que  tous 
les  praticiens  apprécieront.  L.  B. 


U Administrateur-Gérant  : L.  Bourguignon. 


lmp.  Georges  Jacob,  — Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


193 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Distinctions  à l'horticulture  — Exposition  quinquennale  d’horticulture,  à Gand.  — Les  corbeilles  de 
Jacinthes  dans  les  jardins  de  Paris.  — Installation  de  l’horticulture  au  Trocadéro,  pour  l’Exposition 
de  1889.  — Anthurium  Chamberlaini.  — Les  Roses  forcées  en  Amérique.  — Culture  des  Quinquinas 
dans  l’Afrique  centrale.  — Rusticité  de  YEucalyptus  urnigera.  — Concours  de  machines  à décor- 
tiquer la  Ramie.  — École  d’horticulture  de  l’État,  à Gand.  — Cas  d’empoisonnement  par  les 
escargots.  — Baromètre  économique.  — Exposition  internationale  de  géographie  botanique,  en  1890. 
— Expositions  annoncées.  — Memento  des  expositions.  — Nécrologie  : J.-M.  Gonod. 


Distinctions  à l’horticulture.  — Le 

Journal  officiel  vient  de  publier  une  liste 
de  nominations  de  chevaliers  de  l’ordre  du 
Mérite  agricole.  Nous  y trouvons  les  sui- 
vantes, qui  intéressent  l’horticulture  : 

MM. 

Catelain  fils,  secrétaire  général  de  la  Société 
d’horticulture  de  Picardie. 

Cautant  (Pierre),  architecte  paysagiste  à Pa- 
ris. Chargé  de  l’organisation  des  jardins  dans 
les  concours  généraux  agricoles  depuis  1866. 
Nombreuses  créations  de  parcs  et  jardins. 

Lhérault  (Emmanuel),  agriculteur  à Argen- 
teuil  (Seine-et-Oise).  Amélioration  de  la  cul- 
ture de  l’Asperge.  Auteur  de  plusieurs  publi- 
cations. Nombreuses  récompenses;  25  ans  de 
services. 

Lucet,  professeur  du  cours  municipal  d’ar- 
boriculture au  jardin  des  plantes  de  Rouen 
(Seine-Inférieure).  Conférences  publiques  et 
gratuites  sur  l’arboriculture  et  la  culture  ma- 
raîchère, 16  médailles  dans  différents  concours; 
23  ans  de  services. 

Mari  (Antoine),  propriétaire  du  Parc-aux- 
Roses,  à Nice  (Alpes-Maritimes).  Fondateur  de 
l’établissement  horticole  et  floral  du  Parc-aux- 
Roses  et  d’une  école  d’oliviculfure,  créateur 
d’une  société  importante  pour  la  vente  directe 
des  huiles  d’olives.  Nombreuses  récompenses. 

Reboul,  horticulteur-pépiniériste  à Monté- 
limar  (Drôme).  Dirige  depuis  cinq  ans  des 
écoles  de  greffage  à Montélimar.  Nombreuses 
récompenses;  26  ans  de  services. 

Exposition  quinquennale  d’horticul- 
ture, à Gand.  — On  verra  plus  loin, 
dans  notre  compte-rendu  de  cette  grande 
solennité  horticole,  quelles  admirables  col- 
lections ont  été  mises  sous  les  yeux  du  jury 
international  et  de  tous  les  visiteurs  émer- 
veillés. Nos  lecteurs  trouveront  intéressant 
de  connaître  les  noms  des  principaux  lau- 
réats; les  victoires  obtenues  empruntent 
surtout  leur  valeur  à l’importance  de  la  lutte 
et  à la  qualité  des  concurrents. 

Nous  nous  en  tiendrons  aux  premiers 
prix  : 

20  plantes  nouvelles  fleuries  ou  non  fleuries.  — 
MM.  Jacob-Makoy  et  Cio,  à Liège. 

1er  Mai  1888. 


iO  plantes  nouvelles  fleuries  ou  non  fleuries.  — 
MM.  Desbois  et  Gio,  à Mont-Saint-Amand. 

6 plantes  nouvelles  fleuries  ou  non  fleuries.  — 
MM.  Jacob-Makoy. 

i plante  nouvelle  fleurie.  — M.  J.  Ilye-Leysen,  à 
Gand. 

Plante  nouvelle  fleurie  de  serre  chaude.  — 
MM.  L.  Jacob-Makoy  et  Cie,  de  Liège. 

Plante  nouvelle  non  fleurie  de  serre  froide,  de 
semis.  — M.  G.  Vandercruyssen,  de  Gand. 

Plante  nouvelle  fleurie  de  pleine  terre  de  se- 
mis. — M.  Ch.  Vuylsteke,  de  Loochristy. 

Orchidées  exotiques.  — Prix  spéciaux  : M.  A. 
Peeters,  de  Bruxelles;  M.  Ch.  Vuylsteke;  M.  James 
Bray,  de  Gand. 

Orchidées  exotiques.  — (Entre  amateurs.)  M.  J. 
Hye-Leysen,  de  Gand.  — (Entre  horticulteurs.) 
M.  A.  Van  Geert,  de  Gand. 

Orchidées  exotiques.  — (Entre  amateurs.) 
M.  Metdepenningen,  de  Gand.  — (Entre  horticul- 
teurs.) M.  Van  Geert,  de  Gand. 

Cypripedium  et  Selenipedium.  — (Entre  ama- 
teurs.) M.  Hye-Leysen. 

Odontoglossum.  — M.  Charles  Vuylsteke. 

Lœlia  et  Cattleya.  — (Entre  horticulteurs.) 
M.  L.  Desmet-Duvilier,  de  Mont-Saint-Amand. 

Orchidée  exotique.  — MM.  E.  Vervaet  et  Cio,  de 
Gand. 

Orchidée  nouvelle  de  semis.  — M.  Raymond  Le- 
moinier,  de  Lille. 

Orchidées  de  pleine  terre  de  la  région  tem- 
pérée. — M.  L.  Van  Houtte,  de  Gand. 

Plantes  de  serre  chaude  à feuillage  panaché , 
marbré,  strié  ou  coloré.  — M.  A.  Dallière,  de 
Ledeberg. 

Anœctochilus,  P hy surus  et  genres  analogues. 
— (Entre  amateurs.)  M.  L.  Vandendriessche,  de 
Gand.  — (Entre  horticulteurs.)  M.  Dallière. 

Sonerila  et  Bertolonia.  — M.  Bleu,  de  Paris. 
Nepenthes.  — M.  L.  Van  Houtte,  M.  Dallière. 
Aroïdées,  à l'exception  des  Caladiums.  — (Entre 
amateurs.)  M.  le  comte  Paul  de  Hemptinne,  de 
Gand.  — (Entre  horticulteurs.)  M.  Ad.  d’Haene. 

Aroïdée  remarquable.  — Mrae  la  comtesse  de 
Kerchove  de  Denterghem. 

Aroïdée  nouvelle  ou  d'introduction  récente.  ■— 
MM.  Jacob-Mackoy  et  Ci0. 

Dieffenbachia.  — M.  Dallière. 

Caladium.  — M.  L.  Van  Houtte. 

Anthurium  en  fleurs.  — M.  Louis  de  Smet,  de 
Ledeberg;  M.  L.  Desmet-Duvilier,  de  Mont-Saint- 
Amand. 

Anthurium  remarquable  par  sa  culture , sa  flo- 
raison et  son  développement.  — MM.  Boelens 
frères,  de  Ledeberg. 

Anthurium  de  semis.  — Prix  de  la  Devansaye. 
M.  Desmet-Duvilier. 

Dracœna.  — (Entre  horticulteurs.)  Société  hor- 
ticole gantoise. 


9 


194 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Dracœna  Lindeni . — M.  E.  Van  Coppenolle,  de 
Meirelbeke. 

Dracœna  cannœfolia.  — M.  B.  Spae,  de  Gand. 

Dracœna  Massangeana.  — M.  S tory  fils,  de 
Gand. 

Dracœna  nouveau.  — M.  A.  Van  Geert,  de  Gand. 

Dracœna  remarquable  'par  sa  culture  et  son  dé- 
veloppement. — M.  Paul  de  Schryver,  de  Gand. 

Broméliacées.  — (Entre  amateurs).  M.  le  comte 
de  Hemptinne,  de  Gand.  — (Entre  horticulteurs)- 
MM.  L.  Jacob-Makoy  et  Cio. 

Broméliacée  remarquable  pour  sa  beauté  et  sa 
culture.  — M.  E.  Crousse,  de  Liège. 

Broméliacée  nouvelle.  — M.  le  comte  de 
Hemptinne. 

Aralia  et  Bhopala.  — M.  Dallière. 

Plantes  exotiques  officinales  et  utiles.  — M.  L. 
Van  Houtte. 

Bégonias  rhizomateux.  — M.  Metdepenningen, 
de  Gand. 

Euphorbes  cactif ormes.  — M.  L.  Desmet. 

Palmiers.  — M.  Ghellinck  de  Walle,  de  Won- 
delgem;  M.  L.  Van  Houtte,  de  Gand;  Mme  Block,  à 
Schaerbeek-lez-Bruxelles  ; M.  L.  Spae-Vander- 
meulen,  de  Gand  ; MM.  Petrick  et  Weygandt,  de 
Mont-Saint-Amand  ; M.  Dumon  de  Menten,  de 
Bruges;  M.  E.  Pynaert  van  Geert,  de  Gand. 

Ken,tia.  — M.  Em.  de  Cock,  de  Gand;  Mm0  la 
comtesse  de  Kerchove,  de  Gand. 

Les  corbeilles  de  Jacinthes  dans  les 
jardins  de  Paris.  — On  peut  voir,  en  ce 
moment,  à Paris,  au  parc  Monceau,  au 
square  de  la  Trinité,  et  en  d’autres  endroits, 
de  ravissantes  corbeilles  en  pleine  floraison, 
et  composées  uniquement  de  Jacinthes. 

Ces  plantes  ont  été  mises  en  place,  déjà 
un  peu  épanouies,  de  sorte  que  l’on  a pu 
former  certaines  combinaisons  de  couleurs 
des  plus  réussies.  Il  y a des  corbeilles  com- 
posées de  variétés  à coloris  pâle,  blanc, 
blancrosé,  bleu  clair;  d’autres,  au  contraire, 
n’ont  reçu  que  des  formes  de  couleurs  in- 
tenses, bleu  de  Prusse,  violet  foncé  presque 
noir,  carmin  vif,  etc.,  de  sorte  que  les 
effets  sont  très  variés,  et  d’une  intensité  de 
coloration  qu’atteignent  à peine  les  plantes 
estivales  recherchées  pour  la  décoration  des 
jardins  : Pélargoniums  zonales,  Fuchsias, 
Agéfatums,  etc. 

Installation  de  l’horticulture  au  Tro- 
cadéro,  pour  l’Exposition  de  1889.  — 

Cette  installation  est  entrée  dans  la  voie  de 
l’exécution.  Déjà,  de  hautes  palissades  en 
planches  entourent  presque  complètement 
chacune  des  quatre  grandes  parties  de  cette 
promenade.  Seuls,  les  parterres  du  centre 
qui  s’étendent  entre  le  Palais  et  la  Seine  ne 
supportent  aucune  modification,  et  rece- 
vront leur  décoration  florale  habituelle. 

Les  massifs  sont  entièrement  dégarnis 
des  arbustes  et  arbrisseaux  de  petites  di- 
mensions, et  les  arbres  seuls  sont  conservés. 


De  nouveaux  massifs  sont  en  grande  partie 
formés,  et  on  refait  les  pelouses,  pour 
qu’elles  se  raccordent  aux  massifs  anciens 
et  nouveaux.  Le  compte-rendu  de  la  Société 
nationale  d’horticulture,  dans  le  présent 
numéro,  donne  quelques  indications  com- 
plémentaires à ce  sujet. 

Anthurium  Chamberlaini.  — Les  An- 

thuriums  peuvent  certainement  être  clas- 
sés parmi  les  plantes  dont  les  fleurs  et  le 
feuillage  présentent  les  couleurs  les  plus 
vives,  les  formes  les  plus  variées  et  les  plus 
surprenantes. 

Le  docteur  Masters,  dans  le  Gardeners ’ 
Chronicle,  vient  de  signaler  l’apparition 
d’une  nouvelle  et  très  intéressante  espèce, 
originaire,  paraît-il,  du  Vénézuéla,  et  qui, 
bien  distincte  de  celles  précédemment  in- 
troduites, présente,  dans  sa  fleur,  une  dis- 
position toute  nouvelle. 

En  effet,  la  spathe,  très  grande,  puisqu’elle 
mesure  environ  20  centimètres  de  longueur 
sur  15  centimètres  de  largeur  développée, 
est  régulièrement  naviculaire,  c’est-à-dire 
que  cette  spathe  se  relève  régulièrement  et 
assez  brusquement  de  chaque  côté,  dans  le 
sens  de  la  longueur,  de  manière  à présenter 
la  forme  d’une  nacelle,  qui  est  complétée  par 
un  brusque  rapprochement  des  bords  de  la 
spathe,  vers  l’extrémité  supérieure,  qui  se 
termine  en  pointe  comme  un  court  mât  de 
beaupré.  Cette  spathe  est  rouge  vif,  et  en- 
toure un  spadice  long  de  18  centimètres, 
gros,  régulier,  blanc  d’ivoire. 

Les  feuilles,  qui  atteignent  1 mètre  de 
longueursur  65  centimètres  de  largeur,  sont 
cordiformes,  avec  les  lobes  de  la  base  très 
développés. 

Les  Roses  forcées  en  Amérique.  — La 

vogue  immense  que  les  fleurs  ont  actuelle- 
ment chez  nous,  aussi  bien  en  plein  hiver 
que  pendant  la  belle  saison,  n’est  pas  spé- 
ciale à l’ancien  continent.  Les  Américains 
ont  aussi  marché  à très -grands  pas  dans 
cette  voie. 

La  liste  suivante  donnera  une  idée  du 
prix  que  les  Roses  forcées  atteignent  aux 
États-Unis,  et  indique  en  même  temps  les 
variétés  qui  y sont  les  plus  recherchées. 

Les  prix  portés  sont  ceux  que  la  vente  en 
gros  a donnés  pendant  les  mois  de  décembre, 
janvier  et  février  derniers. 

Safrano  et  Bon  Silène  : 40  fr.  le  cent 
de  fleurs. 

Perle  des  Jardins , Niphétos  : 100  fr.  le 
cent. 


_j  CHRONIQUE 

Catherine  Mermet,  la  France  : 150  fr. 
le  cent. 

Cornélia  Cook , Général  Jacqueminot  : 
450  fr.  le  cent. 

American  Beauty,  Madame  Jamain  : 
500  fr.  le  cent. 

Cette  dernière  variété  a meme  été  ven- 
due, en  décembre,  au  taux  de  1,250  fr.  le 
cent,  soit  12  fr.  50  l’une. 

New- York  consomme  en  moyenne  75,000 
roses  par  jour  ; Philadelphie,  50,000  ; et 
Boston,  environ  40,000. 

Culture  des  Quinquinas  dans  l’A- 
frique centrale.  — - Voici  un  fait  qui  inté- 
resse l’avenir  du  Congo  français. 

Le  consul  des  territoires  d’Ayassa  (Afrique 
centrale)  a récemment  fait  savoir  que  des 
plantations  de  Cinchona  créées  dans  ces  ré- 
gions, il  y a trois  ans,  ont  jusqu’ici  parfai- 
tement réussi.  Les  plantes  ont  déjà  atteint 
une  hauteur  de  deux  mètres. 

Nous  espérons  que  M.  de  Brazza  fera 
essayer,  dans  notre  nouvelle  colonie,  la 
culture  du  Cinchona , et  nous  pensons  que 
les  expériences  devraient  surtout  porter  sur 
les  C.  succirubra,  Calisaya  et  autres  à 
écorces  les  plus  riches  en  alcaloïdes. 

Rusticité  de  l’Eucalyptus  urnigera. 

— L'Eucalyptus  urnigera , originaire  des 
montagnes  de  la  Tasmanie,  où  il  atteint, 
sur  les  montagnes,  50  mètres  de  hauteur  de 
tige,  est  une  espèce  qui  a fait  ses  preuves 
sous  le  rapport  de  la  rusticité.  Le  Garde - 
ners ’ Chronicle  publie  le  dessin  d’un  exem- 
plaire, qui  est  planté  dans  le  comté  de 
Preston,  à Whittinghame,  et  qui  a déjà 
atteint  une  hauteur  de  20  mètres. 

Il  convient  cependant  de  dire  qu’en  1860, 
cet  arbre  alors  tout  jeune  avait  été  dé- 
truit par  le  froid  jusqu’au  niveau  du  sol. 
Un  bourgeon  de  collet  a reformé  la  plante, 
qui  présente  aujourd’hui  une  immense 
masse  de  verdure. 

Concours  de  machines  à décortiquer 
la  Ramie.  — Ce  concours,  pour  lequel  la 
Chambre  a voté  un  crédit  de  30,000  fr., 
aura  lieu  à Paris,  le  15  août  prochain.  On 
sait  que  la  matière  première  nécessaire  pour 
l’essai  des  machines  et  procédés  présentés 
au  concours  proviendra  des  cultures  de 
Ramie  créées  à Gennevilliers.  Il  sera  inté- 
ressant de  suivre  les  différentes  phases  de 
cette  culture,  et  d’examiner  ce  que,  dans  la 
même  période  de  temps,  le  génie  des  inven- 
teurs aura  découvert. 


horticole.  195 

École  d’horticulture  de  l'État  à Gand. 

— Nous  apprenons  que  M.  Ém.  Rodigas 
vient  d’être  nommé  directeur  de  l’École 
d’horticulture  de  l’État,  à Gand.  Depuis  la 
mort  de  M.  Kickx,  ce  poste  important  n’avait 
pas  été  rempli.  Nul  mieux  que  M.  Rodigas, 
ancien  élève,  puis  professeur  à cette  école 
célèbre,  ne  pouvait  être  appelé  à une  direc- 
tion où  il  apportera  les  qualités  de  sa  longne 
expérience,  de  son  savoir  si  étendu,  de  son 
talent  d’administrateur  et  d’écrivain  horti- 
cole. 

Cas  d’empoisonnement  par  les  escar- 
gots. — On  a signalé  récemment  des  cas 
d’empoisonnement  par  des  escargots  qui, 
peu  avant  d’être  recueillis,  avaient  mangé 
des  herbes  vénéneuses.  Ce  fait  n’a  pas  lieu 
de  surprendre,  puisque  l’escargot  absorbe 
les  parties  herbacées  de  la  Ciguë,  de  la 
Belladone,  de  l’Hellébore  noir,  de  la  Jus- 
quiame,  etc.  ; mais  il  convient  de  le  signaler, 
afin  que  personne  ne  néglige  la  très  utile 
précaution  qui  consiste  à laisser  les  escar- 
gots jeûner  pendant  plusieurs  jours  avant 
de  s’en  servir  pour  l’alimentation. 

Baromètre  économique.  — Les  baro- 
mètres sont  encore  d’un  prix  relativement 
assez  élevé,  et  c’est  pourquoi  tous  les  jardi- 
niers ne  peuvent  en  avoir  un,  alors  que  cet 
instrument  leur  serait  d’une  grande  utilité. 
Pour  en  confectionner  de  très-économiques, 
on  peut  employer  le  procédé  suivant  qui 
est  connu  depuis  de  longues  années. 

Faire  dissoudre  dans  60  grammes  d’al- 
cool : 

Camphre 8 grammes. 

Salpêtre 2 — 

Sel  ammoniac  ...  2 — 

et  introduire  le  mélange  ainsi  obtenu  dans 

un  tube  de  verre  pouvant  se  boucher  aux 
deux  extrémités,  ou,  plus  simplement,  dans 
une  bouteille  étroite. 

La  clarté  complète  du  liquide  indique  le 
beau  fixe,  de  petites  étoiles  blanches  dis- 
persées çà  et  là  annoncent  un  changement 
de  temps;  enfin,  le  trouble  complet  de  la 
dissolution  indique  un  temps  orageux. 

Exposition  internationale  de  géogra- 
phie botanique  en  1890.  — Voici  une 
initiative  très  heureuse,  due  au  Cercle  floral 
d’Anvers,  qui  vient  de  décider,  sur  la  pro- 
position de  M.  Ch.  de  Bosschere,  qu’une 
exposition  internationale  de  géographie  bo- 
tanique aurait  lieu  dans  cette  ville,  en  1890. 


496 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


On  conçoit  aisément  l’intérêt  immense 
que  présentera  cette  exposition  et  les  ser- 
vices qu’elle  pourra  rendre. 

Les  diverses  parties  qu’elle  comprendra 
seront,  nous  l’espérons  du  moins,  préala- 
blement étudiées  dans  les  congrès  botani- 
ques et  horticoles  qui  se  tiendront  d’ici-là, 
en  Belgique  et  en  France. 

EXPOSITIONS  ANNONCÉES  : 

Exposition  d'horticulture  de  Paris. 

— Nous  rappelons  à MM.  les  horticulteurs, 
amateurs,  industriels,  etc.,  qui  désirent 
participer  à l’Exposition  générale  des  pro- 
duits de  l’horticulture  qui  aura  lieu,  du 
25  au  31  mai,  dans  le  pavillon  de  la  Ville  de 
Paris,  aux  Champs-Elysées,  qu’ils  doivent 
adresser  leurs  demandes  à M.  le  président 
de  la  Société  centrale  d’horticulture,  84,  rue 
de  Grenelle,  avant  le  il 0 mai. 

Nîmes,  du  26  mai  au  3 juin.  — A 
l’occasion  du  Concours  régional  agricole 
qui  doit  avoir  lieu  du  26  mai  au  3 juin 
4888,  une  Exposition  générale  de  produits 
botaniques,  horticoles,  maraîchers,  sylvi- 
coles  et  des  industries  qui  s’y  rattachent, 
aura  lieu  à Nîmes,  à la  même  époque. 

A cette  Exposition  seront  admis  tous  les 
produits  qui  se  rattachent  de  près  ou  de 
loin  à la  botanique,  à l’horticulture  florale 
et  maraîchère,  à l’arboriculture  et  à la  syl- 
viculture. 

Le  programme  comprend  huit  sections  : Bo- 
tanique. — Horticulture  florale.  — Arboricul- 
ture florale.  — Arboriculture  et  pomologie.  — 
Horticulture  maraîchère.  — Sylviculture.  — 
Instruments.  — Ornements  de  jardin.  — In- 
dustries se  rattachant  à l’horticulture. 

Cette  exposition  se  tiendra  au  jardin  de 
la  Fontaine  et  les  emplacements  seront  gra- 
tuits. 

Pour  être  admis  à exposer,  on  doit  en 
faire  la  déclaration  au  secrétariat  de  la 
mairie  de  Nîmes  (bureau  du  concours). 

Les  déclarations  devront  être  parvenues 
le  45  mai  au  plus  tard,  terme  de  rigueur. 

On  peut  se  procurer  les  règlements,  des 
programmes  et  des  déclarations  d’exposants 
à la  mairie  de  Nîmes  (bureau  du  concours). 

Bougival,  du  29  août  au  3 sep- 
tembre 1888.  — La  Société  d’horticulture 
de  Bougival  tiendra,  dans  l’enceinte  du  bal 
des  Canotiers  (île  de  Bougival),  du  29  août 
au  3 septembre  4888,  une  exposition  des- 
tinée à recevoir  tout  ce  qui  se  rattache  à 
l’horticulture. 


Il  y aura  88  concours  ainsi  répartis  : plantes 
d’introduction  et  de  semis;  belle  culture; 
plantes  de  serre  chaude  ; plantes  de  serre  tem- 
pérée ; plantes  de  pleine  terre  ; fruits  et  arbres 
fruitiers  ; légumes  ; fleurs  ; industries  horticoles. 

Les  personnes  qui  voudront  prendre 
part  à cette  Exposition  devront  adresser 
à M.  Jarles  (Louis),  secrétaire  général, 
42,  rue  de  Mesmes,  à Bougival,  avant  le 
45  août,  délai  de  rigueur,  une  demande  d’ad- 
mission donnant  la  liste  des  objets  qu’elles 
se  proposent  d’exposer,  en  y mentionnant 
leurs  nom,  prénoms,  qualités  et  domicile. 

Memento  des  Expositions.  — Voici  la  liste 
des  Expositions  précédemment  annoncées.  L’in- 
dication entre  parenthèses  ( Chr . n°...)  renvoie 
à la  Chronique  du  N°  de  la  Revue  horticole 
oû  l’exposition  a été  annoncée  avec  quelques 
renseignements  sommaires.  La  mention  Exp. 
gén.  indique  qu’il  s’agit  d’une  exposition  géné- 
rale d’horticulture. 

Amiens.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  6),  2 au  4 juin. 
Autun.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  5),  2 au  10  juin. 
Bordeaux.  — Fruits,  légumes,  fleurs  (Chr.  n°  5), 
15  au  26  septembre. 

Épinal.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  4),  9 au  14  juin. 

Laon.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  6),  25  au  27mai. 
Marseille.  — Exp.  gén.  (Chr.  n»  5),  2 au  11  juin. 
Meaux.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  5),  7 au  9 septembre. 
Moulins.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  6),  31  juillet  au 
5 août. 

Orléans.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  4),  24  au  27  mai. 
Paris.  — Exp.  gén.  annuelle  (Chr.  n°  6),  25  au 
31  mai. 

Roubaix.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n°5),  23  au  25  juin. 

— Roses  (Chr.  no  5),  17  novembre. 
Rouen.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  4),  16  au  21  mai. 
Saint-Cloud.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  8),  29  avril  au 
21  mai. 

Sens.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  8),  16  au  25  juin. 
Valognes.  — Exp.  locale  (Chr.  n°  8),  1er  au  4 sep- 
tembre. 

Anvers.  — Roses  (Chr.  n°  8),  fin  juin. 

Lausanne.  — Exp.  gén.  (Chr.  no  8),  20  au  25  sep- 
tembre. 

Strasbourg.  — Exp.  gén.  (Chr.  n«  6),  12  mai. 
Tunis.  — Exp.  sp.  des  produits  locaux  (Chr.  no  5), 
27  avril  au  6 mai. 

Nécrologie  : J.-M.  Gonod.  — Les  rosié- 
ristes  de  la  région  lyonnaise  viennent  de 
voir  encore  une  de  leurs  sommités  dispa- 
raître. J.-M.  Gonod  est  mort  tout  récemment 
à Montplaisir-Lyon. 

Depuis  près  de  trente  années,  il  s’était, 
adonné  à la  culture  du  Rosier,  et  il  avait 
obtenu  un  grand  nombre  de  variétés  inté- 
ressantes. C’est  à lui  que  l’on  doit,  notam- 
ment, l’hybride  remontant  Vicomtesse 
Douglas , hile-Bourbon  Céline  Gonod  et 
nombre  de  charmantes  Roses  qui  ont  popu- 
larisé son  nom. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


RHODODENDRON  ARGENTEUM. 


197 


RHODODENDRON  ARGENTEUM 


Port  élégant,  longues  et  superbes  feuilles 
à dos  argenté,  fleurs  très-nombreuses, 
grandes,  d’un  blanc  pur,  surmonté  de  cu- 
rieuses bractées  lavées  de  rose,  le  Rhododen- 
dron argenteum  (fig.  40)  a tout  pour  plaire. 
Découvert,  en 
1847,  par  sir 
Joseph  Hoo- 
ker,  près  de 
Darjeeling, 
dans  les  mon- 
tagnes de 
l’Himalaya,  à 
l’altitude  de 
2,600  mè- 
tres, il  fut 
salué  avec  en- 
thousiasme à 
son  arrivée 
en  Europe, 
dès  l’année 
suivante. 

Malgré  les 
espérances 
qu’elle  fit 
concevoir  dès 
sa  m'ise  au 
commerce, 
en  1859,  cette 
espèce  ne 
s’est 

beaucoup  ré- 
pandue jus- 
qu’ici. C’est 
que,  comme 
presque  tou- 
tes ses  con- 
génères des 
montagnes 
du  nord  de 
l’Inde,  elle 
est  assez  dé- 
licate, avare 
de  ses  fleurs, 

et  semble  avoir  conservé  sous  notre  climat 
la  nostalgie  des  brumes  de  son  pays  natal. 
En  1862,  elle  fleurit  pour  la  première  fois 
en  France,  en  serre,  chez  MM.  Thibault 
et  Keteleer,  à Paris.  Dans  l’Ouest,  à Cher- 
bourg,  par  exemple,  où  elle  a fleuri  pour  la 
première  fois  en  1867,  chez  M.  Le  Vionnois, 
l’exemplaire  portait  des  inflorescences  de 
50  centimètres  de  circonférence. 

De  belles  floraisons,  obtenues  dans  ces 


derniers  temps,  nous  font  espérer  que  cette 
espèce  de  premier  ordre  obtiendra  bientôt  la 
place  qu’elle  mérite  dans  nos  cultures.  Lais- 
sée en  plein  air,  elle  supporte  mal  nos  hivers 
et  fleurit  peu  ; mais  si  on  a le  soin  de  la  ren- 
trer à l’au- 
tomne, en 
mottes,  dans 
une  serre 
froide  ou  une 
orangerie, 
elle  donne, 
dès  le  pre- 
mier prin- 
temps, des 
fleurs  abon- 
dantes. A 
l’une  des 
séances  de 
mars  de  la 
Société  d’hor- 
ticulture, 
nous  avons 
pu  en  admi- 
rer de  magni- 
fiques exem- 
plaires venus 
de  Cher- 
bourg, et 
nous-même 
en  avons  reçu 
de  superbes 
rameaux  en- 
voyés par 
M.  Foucaud, 
jardinier  à 
Frileuse. 

M.  Foucaud 
nous  informe 
qu’il  possède 
une  certaine 
quantité  de 
jeunes  semis 
de  cette  plan- 
te, actuellement  âgés  de  quatre  ans. 

Pour  ceux  de  nos  lecteurs  qui  ne  con- 
naîtraient pas  le  Rhododendron  argen- 
teum, en  voici  une  courte  description  : 
Arbre  pouvant  atteindre  10  à 13  mètres 
dans  son  pays  natal,  à feuilles  très-grandes 
(30  à 40  centimètres  de  long),  coriaces, 
obovales-oblongues,  atténuées  en  pétiole 
épais,  glabres  sur  les  deux  faces,  ar- 
gentées en  dessous,  à côte  et  nervures 


198 


OLEARIA  FORSTERI. 


proéminentes  ; bractées  caduques,  épaisse- 
ment  soyeuses,  pédoncules  courts,  épais, 
pubescents  ; inflorescence  en  gros  capitules  ; 
calyce  très-court,  obscurément  lobé  ; corolle 
blanche,  campanulée,  teintée  de  vert  jau- 
nâtre et  de  rose  extérieurement  ; segments 
du  limbe  courts,  bilobés  ; 10  étamines  à filets 
glabres;  ovaire  à 16  loges  pubescentes; 
style  flexueux,  épais  ; stigmate  dilaté. 

On  connaît  plusieurs  formes  du  R.  ar- 
genteum  : l’une  nommée  R.  a.  verum, 
qui  a des  feuilles  longues  d’environ  30  cen- 
timètres, et  qui  paraît  être  le  type  décrit  par 
sir  J.  Hooker;  l’autre,  R.  a.  vulgare, 
est  plus  répandue  et  se  distingue  par  des 
feuilles  plus  petites,  plus  rudes  et  plus  ri- 
dées, à surface  inférieure  plus  sombre. 
Cette  plante  paraît  un  peu  plus  rustique 
que  la  précédente;  elle  a supporté  des  mi- 
nima  de  — 11°  soit  en  Écosse,  soit  en 
France,  sans  que  son  feuillage  en  souffrit; 
ses  jeunes  bourgeons  seuls  sont  touchés  par 
les  gelées  d’avril  quand  ils  se  développent 
hâtivement. 


JOLEÀRIA 

Le  genre  Aster , tel  qu’il  a été  établi  par 
Linné,  se  compose  d’un  grand  nombre 
d’espèces  annuelles  ou  vivaces,  herbacées 
ou  ligneuses,  habitant  les  régions  tempé- 
rées des  deux  hémisphères.  Celles  de  la  ré- 
gion boréale  sont  généralement  des  plantes 
herbacées  à souche  vivace  comme  les  Asters 
proprement  dites,  les  Tripolium,  Riotia 
Galatella,  etc.  Les  genres  Eurybia,  Olea- 
via  et  quelques  autres  analogues  sont  des 
espèces  sous-ligneuses  ou  ligneuses  appar- 
tenant à la  région  australe. 

Pour  ne  rien  changer  aux  règles  scien- 
tifiques établies  depuis  longtemps,  nous  di- 
rons seulement  que  l’espèce  qui  nous  oc- 
cupe appartient  à l’un  de  ces  deux  genres, 
qu’elle  fut  découverte  en  Nouvelle-Zélande 
par  Forster  et  décrite  par  lui  en  1786,  sous 
le  nom  de  Schaavia  paniculata  ; Hooker  la 
rangea  dans  le  genre  Eurybia  et  en  fit  VE. 
Forsteri.  Plus  tard,  Sir  J.  Hooker  lui  ayant 
reconnu  des  caractères  différents  de  ceux 
du  genre  précédent,  la  rapporta  au  genre 
Olearia,  sous  le  nom  d 'Olearia  Forsteri. 
Enfin,  dès  les  premiers  temps  de  son  appa- 
rition dans  les  cultures,  les  horticulteurs, 
lui  ayant  trouvé  beaucoup  de  ressemblance 
avec  les  Éléagnées,  et  surtout  avec  VE.  re- 
fiexa , la  nommèrent  E.  crispa,  nom  er- 


Mais  il  ne  faut  pas  demander  au  R.  ar- 
genteum  et  à ses  grands  congénères  de 
l’Himalaya  : R.  Falconeri,  Dalhousiæ, 
Hodgsoni,  Auklandiæ,  etc.,  de  devenir  un 
ornement  rustique  de  nos  jardins  de  la 
France  moyenne;  ils  ne  viennent  décidé- 
ment bien  que  dans  les  presqu’îles  nor- 
mande et  bretonne,  région  soumise  au  cli- 
mat doux  et  humide  que  nous  devons  à 
l’influence  bienfaisante  du  Gulf  stream. 

Le  procédé  indiqué  plus  haut  devra  être 
mis  en  pratique,  partout  où  l’on  ne  peut, 
comme  à Kew,  dans  le  vaste  « Tem- 
perate  House  »,  par  exemple,  cultiver  cette 
belle  espèce  en  pleine  terre  dans  la  serre 
froide.  Il  suffira  donc  de  la  planter  dehors 
pendant  la  saison  chaude,  et  de  la  relever  en 
motte  ou  en  bac  plat  à l’approche  des 
grands  froids,  pour  l’hiverner  en  orangerie. 
On  obtiendra  ainsi  des  floraisons  printa- 
nières de  toute  beauté,  qui  récompenseront 
dignement  l’amateur  des  soins  qu’il  aura 
pris  pour  les  obtenir. 

Éd.  André. 


FORSTERI 

roné  qu’elle  conserve  encore  dans  le  com- 
merce. 

La  sécheresse  que  nous  avons  eue  l’été 
dernier  en  Basse-Bretagne  a favorisé  la 
floraison  de  quelques  espèces  de  végétaux 
qui  ne  montrent  que  très-rarement  leurs 
fleurs  sous  le  climat  de  Brest,  et  parmi  ces 
rares  floraisons  se  trouvait  celle  de  VE. 
crispa,  qui  nous  a permis  de  l’étudier  et  de 
reconnaître  que  c’est  une  véritable  Com- 
posée appartenant  au  genre  Olearia  et  dont 
voici  la  description  : 

Arbuste  de  4 mètre  à lm  50,  à écorce 
grise,  rugueuse,  se  fendillant  et  se  déta- 
chant par  plaques  au  printemps,  d’un  port 
pyramidal,  dressé,  toujours  vert,  très-ra- 
meux,  à rameaux  arrondis,  couverts  d’une 
écorce  d’un  noir  terne,  comme  feutrée. 
Feuilles  alternes,  pétiolées,  coriaces,  à limbe 
ovale,  oblong,  d’un  vert  clair,  lisse  et  lui- 
sant supérieurement,  tomenteux,  grisâtre 
en  dessous,  grossièrement  ondulé-crispé 
sur  les  bords,  obtus  au  sommet.  Inflores- 
cence en  panicule  thyrsoïde  peu  fournie, 
axillaire,  rameuse,  à rameaux  munis  d’une 
bractée  à leur  base.  Capitules  axillaires  ou 
terminaux,  ne  renfermant  qu’une  ou  deux 
fleurs  tubuleuses,  d’un  blanc  rosé,  herma- 
phrodite; demi-fleurons  très-petits  ou  avor- 


EXPOSITION  INTERNATIONALE 

tés.  Style  à branches  allongées,  dressées, 
obtuses.  Graine  couronnée  par  une  aigrette 
sessile,  unisériée,  légèrement  plumeuse. 
Involucre  à écailles  oblongues  imbriquées, 
coriaces,  membraneuses.  Floraison  en  no- 
vembre et  décembre. 

Dans  nos  départements  de  l’Ouest,  Y Olea- 
ria  Forsteri , qui  est  encore  rare,  forme 
un  des  plus  élégants  arbustes  qui  puisse  se 
cultiver  en  pleine  terre.  Bien  qu’assez  in- 
signifiantes, ses  fleurs  ne  le  déparent  pas, 
comme  cela  arrive  pour  certains  arbustes 
dont  les  panicules  sèches  restent  longtemps 
sur  la  plante  après  la  floraison.  Son  joli 
feuillage  crispé  forme  un  contraste  admi- 
rable parmi  les  autres  végétaux  ; sa  forme 
pyramidale,  régulière,  est  encore  un  motif 
qui  permet  de  le  planter  isolément,  soit  sur 
les  pelouses,  au  milieu  des  corbeilles  de 
fleurs  ou  sur  les  plates-bandes  bordant  les 
allées.  Il  redoute  la  taille  et  le  retranche- 
ment de  ses  branches.  Une  terre  légère 
sablonneuse,  bien  préparée  par  des  défon- 
cements,  est  celle  qui  lui  convient  le  mieux, 
et  si  à cela  on  ajoute  le  grand  air  et  la  lu- 
mière, on  se  fait  difficilement  une  idée  de 
l’effet  que  peut  produire  ce  bel  arbuste  qui, 
certainement,  mérite  d’être  beaucoup  plus 


d’horticulture  de  gand.  199 

répandu  dans  les  jardins,  partout  où  il  peut 
supporter  la  température  à l’air  libre. 

Dans  les  départements  du  Centre  et  du 
Nord,  c’est  une  plante  d’Orangerie  éga- 
lement très-ornementale,  et  relativement 
très-rustique,  qui  peut  être  employée  à dé- 
corer les  jardins  d’hiver,  vérandas,  encoi- 
gnures de  vestibules,  salons,  etc. 

L ’Olearia  Forsteri  ne  peut  supporter  plus 
de  5 à 6 degrés  de  froid  ; passé  cette  tem- 
pérature, ses  feuilles  roussissent,  tombent 
pour  la  plupart  et  la  plante  perd  beaucoup 
de  son  charme.  Dans  les  pays  où  le  froid 
est  plus  rigoureux,  on  fera  bien  de  le  ga- 
rantir des  neiges  et  des  verglas  au  moyen 
de  paillassons,  car  il  repousse  difficilement 
du  pied.  On  le  multiplie  facilement  de  bou- 
tures faites  au  printemps  sous  cloches  et 
sous  châssis,  ou  simplement  placées  sous 
cloches  pendant  la  belle  saison.  A l’au- 
tomne, on  rempote  ces  boutures  pour  les 
faire  hiverner  en  serre  froide;  au  printemps 
suivant,  on  les  livre  à la  pleine  terre,  ou  on 
les  rempote  de  nouveau  dans  des  vases  plus 
grands  qu’on  enterre  en  pépinière,  jusqu’à 
la  plantation  définitive. 

J.  Blanchard. 


EXPOSITION  INTERNATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  GAND 


La  douzième  exposition  internationale 
qui  vient  d’avoir  lieu  à Gand  avait  fait 
naître  de  grandes  espérances.  Elles  ont  été 
de  beaucoup  dépassées.  Quiconque  n’a  pas 
vu  ces  grandes  « assises  de  l’horticul- 
ture européenne  » ne  saurait  s’en  faire 
une  idée,  même  approchante.  Ce  n’est  pas 
une  Société  organisant  une  exposition  : c’est 
tout  un  peuple  en  fête,  fier  d’une  de  ses 
gloires  nationales,  gloire  pacifique  et  en- 
viable entre  toutes. 

Pour  assurer  la  réussite  de  cette  solen- 
nité, nul  effort  n’est  trop  considérable. 
L’esprit  d’association  des  Belges  se  ré- 
vèle dans  toute  sa  force  et  ses  féconds 
résultats.  Les  mesquines  rivalités,  les  ja- 
lousies de  métier  se  taisent  devant  l’intérêt 
commun,  devant  la  nécessité  d’assurer  le 
succès  de  l’œuvre  entreprise.  On  a dit  spi- 
rituellement que,  lorsque  trois  Belges  se 
trouvaient  réunis,  ils  se  formaient  d’abord 
en  société,  nommant  un  président,  un  se- 
crétaire et  un  trésorier.  Eh  bien  ! cette 
prétendue  fantaisie  est  une  réalité.  Au 
XVe  siècle,  trois  bons  buveurs  de  bière 


s’étant  ainsi  associés,  voulurent  faire 
approuver  leurs  statuts  par  l’autorité  com- 
munale. On  leur  demanda  leur  titre  : 

« Nous  sommes  une  Société  sans  nom, 
mais  non  sans  cœur,  répondirent-ils.  » 

Aujourd’hui,  à la  fin  du  XIXe  siècle,  on 
peut  encore  constater,  à Gand,  l’existence 
de  la  Société  « Sans  nom , mais  non  sans 
cœur  »,  et  ses  nombreux  adhérents  comp- 
tent bien  que  leur  association  durera 
quelques  siècles  encore. 

On  comprend  donc  que  le  public  horticole 
de  tous  les  pays  ait  plaisir  à visiter  la  grande 
« cité  des  fleurs  » et  à venir  applaudir  aux 
résultats  que  cette  union  si  féconde  montre 
brillamment  à chaque  période  quinquennale. 

Les  140  jurés  qui,  de  toutes  les  contrées 
de  l’Europe,  ont  été  conviés  pour  juger  les 
concours  de  l’Exposition  de  1888,  ont  été 
émerveillés.  Tous  avaient  répondu,  avec 
empressement,  à l’appel  qui  leur  avait  été 
fait  par  la  Société  d’ Agriculture  et  de  Bo- 
tanique de  Gand , et  les  apports  ont  été  si 
abondants  qu’ils  ont  dû  être  répartis  en 
21  sections  qui  ont  élu  chacune  leur  Prési- 


200 


EXPOSITION  INTERNATIONALE  D HORTICULTURE  DE  GAND. 


sident  et  leur  Secrétaire.  Le  Président  gé- 
néral du  Jury,  choisi  suivant  l’usage  par  le 
Conseil  de  la  Société,  a été,  cette  année, 
M.  le  professeur  Reichenbach,  de  Ham- 
bourg, et  le  secrétaire  général,  M.  Ed. 
André.  Cet  honneur,  en  ce  qui  me  con- 
cerne, doit  être  en  grande  partie  reporté 
sur  la  vieille  et  solide  réputation  de  la 
Revue  horticole,  et  j’aurais  aimé  à le  voir 
conférer  à mon  excellent  maître  et  ami, 
M.  Carrière,  s’il  avait  pu  se  rendre  à Gand. 

L’Exposition,  comme  celles  qui  l’ont  pré- 
cédée, a été  tenue  dans  les  vastes  locaux 
couverts  et  les  jardins  du  Casino.  Elle  a été 
inaugurée,  le  samedi  14  avril,  par  la  visite 
officielle  du  Roi  des  Relges,  qui,  pendant 
deux  heures,  l’a  examinée  dans  tous  ses 
détails  avec  satisfaction,  en  véritable  ama- 
teur d’horticulture. 

Du  sommet  du  grand  escalier  qui  do- 
mine le  vaste  « hall  » du  Casino,  le  coup 
d’œil  était  réellement  féérique.  Les  collec- 
tions, qui  s’y  pressaient  avec  une  si  grande 
abondance  que  le  public  y circulait  avec 
difficulté  dans  l’encombrement  du  premier 
jour,  présentaient  un  éclat  extraordinaire, 
et  les  plantes  fleuries  se  détachaient  admi- 
rablement sur  un  cadre  de  grandes  .plantes 
à feuillage  ornemental  : Palmiers,  Cyca- 
dées,  Fougères,  du  plus  grandiose  effet. 

Parmi  les  triomphateurs  de  cette  magni- 
fique exhibition,  il  est  juste  de  citer  au  pre- 
mier rang,  M.  Van  Iioutte,  avec  ses  nom- 
breux apports,  notamment  ses  collections  de 
plantes  variées  en  superbes  exemplaires 
d’une  culture  irréprochable.  Nous  y avons 
admiré  surtout  les  espèces  suivantes  : An- 
thurium Veitchii,  Licuala  grandis,  Aca- 
lypha  macrophylla,  Cochliostema  Jaco- 
bianum,  Pliyllotænium  Lindeni,  Anthu- 
rium Gustavi , A . regàle,  Dracæna 
Douceti , Asparagus  tenuissimus,  Croton 
Disraeli,  C.  albo-violaceum,  Phœnicopho- 
rium  Sechellarum , Philodendron  Mamei, 
P.  gloriosum,  etc. 

Le  lot  de  plantes  fleuries  du  même  éta- 
blissement ne  le  cédait  pas  en  beauté  au 
précédent  ; il  comprenait  des  Rhododen- 
dron Countess  of  Haddington,  Oncidium 
sarcodes,  Strelitzia  reginæ,  et  plantes 
nombreuses  de  serre  froide,  pendant  que  le 
lot  voisin  de  M.  Van  Driessche-Lays,  mon- 
trait de  resplendissants  Acacia  paradoxa, 
Azalea,  Correa,  Hebeclinium  atrorubens, 
Rhododendron  Gibsoni,  R.  fragrantis- 
simum , R.  Prince  Camille  de  Rohan, 
Cytisus  elegans,  Toxicophlæa  Thunbe'rgii, 
Anthurium  Andreanum,  Dianella  cseru-  I 


lea,  Sparmannia  af ricana,  etc.,  formant 
d’énormes  sujets  couverts  de  fleurs,  véri- 
table tour  de  force  de  la  culture  après  un 
hiver  si  long  et  des  jours  si  peu  lumineux. 

Un  nouveau  venu  dans  la  carrière  des 
grands  concours  de  plantes  fortes,  M.  Van 
den  Aheele,  exhibait  une  collection  de  tout 
premier  ordre  comme  belle  culture,  et  nous 
y avons  noté  spécialement  les  Alpinia  vit- 
tata,  Schismatoglottis  Ræbelini,  Gy  cas 
celebica,  Phyllanthus  mimosæfolius,  Phi- 
lodendron Selloivianum,  P.  corsianum, 
superbe  hybride,  Anthurium  Andreanum, 
A.  carneum,  Dracæna  indivisa  albo-li- 
neata , plante  de  grand  avenir  par  la  netteté 
et  la  grandeur  de  sa  panachure  blanche; 
Licuala  grandis,  Alocasia  Tliibautiana, 
Maranta  Kerchoveana , Cocos  Weddel- 
liana,  etc.,  etc. 

Les  Dracénas  du  même  exposant,  ses 
Grotons,  ses  Palmiers  et  ses  Gycadées,  dé- 
notaient également  une  culture  non  moins 
belle  que  le  choix  des  espèces  et  variétés. 

Nous  ne  pouvons  oublier  le  magnifique 
envoi  de  Miscellanées,  fait  collectivement 
par  les  horticulteurs  anversois,  et  consti- 
tuant un  très-beau  groupe  dans  le  centre  de 
la  grande  salle  du  haut,  sous  le  titre  de 
Cercle  floral  d’Anvers,  ni  les  apports  su- 
perbes de  la  Société  horticole  gantoise. 

On  est  toujours  certain  de  trouver  M.  de 
Ghellinck  de  Walle  à la  tête  des  amateurs 
de  Palmiers.  Avec  une  collection  de  toute 
beauté,  qui  s’enrichit  sans  cesse,  il  montre 
aux  yeux  des  palmophiles  les  plus  gros 
exemplaires  qui  se  puissent  voir  dans  les 
expositions.  Que  dire  de  ses  Ceroxylon 
andicola  géant,  Chamærops  Martiana, 
Kentia  gracilis , Pritchardia  pacifica, 
Kentia  Mooreana,  Tlirinax  graminea, 
Rrahea  dulcis,  Ceroxylon  niveum,  Sabal 
umbraculifera,  si  ce  n’est  qu’il  serait  diffi- 
cile de  leur  trouver  des  égaux.  Cependant, 
M.  Van  Houtte,  M.  d’Haene,  M.  Rernard 
Spae,  M.  de  Cock,  exhibaient  aussi  de  très- 
beaux  échantillons  de  la  flore  palmique,  et 
luttaient  même  victorieusement  avec  leur 
concurrent  pour  la  rareté  et  la  beauté  de 
certaines  espèces,  auxquelles  il  convient 
d’ajouter  le  précieux  appoint  de  leurs  re- 
marquables Fougères  en  arbre,  Gycadées  et 
plantes  variées. 

Nous  avons  beaucoup  admiré  le  beau 
Corypha  Gebanga  de  M.  Pynaert  Van 
Geert,  les  Cocos,  Corypha  et  Kentia  de 
M.  Spae-Vandermeulen,  les  Fougères  ar- 
borescentes de  MM.  de  Ghellinck  et  de  Smet 
frères,  et  les  Gycadées  de  ces  derniers. 


EXPOSITION  INTERNATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  GAND. 


201 


On  est  toujours  heureux  de  retrouver 
M.  Dallière,  triomphant  comme  toujours 
dans  la  belle  culture.  Sa  collection  de  Dief- 
feribachia  était  fort  belle;  nous  y avons 
compté  douze  variétés  distinctes.  Dans  ses 
plantes  variées,  à beau  feuillage,  on  remar- 
quait : Philodendron  Sodiroi,  Phrynium 
Lubbersii,  Phyllotænium  Lindeni,  Panax 
Victoriæ,  Phrynium  variegatum  (nou- 
veau), Vriesea  Leopoldi  (plante  unique, 
variété  panachée  du  V.  Glaziouana ),  Til- 
landsia tessellata,  Bégonia  aureo-mar- 
morata  (variété  panachée  du  B.  manicata), 
Cissus  porphyrophyllus  , Anthurium 
crystallinum,  etc. 

M.  Dallière  a également  apporté  ses 
soins  à collectionner  les  Anthurium  à spa- 
thes  brillantes,  et  nous  avons  remarqué  les 
variétés  AA.  Scherzerianum  et  plusieurs 
A Andreanum,  ainsi  que  les  nouveaux  hy- 
brides, le  tout  très-bien  fleuri. 

Les  Broméliacées,  que  nous  examinons 
toujours  avec  une  prédilection  particulière, 
nous  ont  révélé  un  lot  de  MM.  Jacob-Makoy 
et  Cie,  de  Liège,  très-attachant  comme 
choix  de  plantes  rares  et  comme  culture.  Il 
faudrait  tout  citer,  dans  les  trente  espèces 
qu’ils  exposaient  ; nous  les  retrouverons 
dans  une  étude  ultérieure. 

Rien  de  mieux  amené  à perfection  que 
les  Dracæna  à feuillage  coloré  de  M.  de  Smet- 
Duvivier,  si  ce  n’est  le  joli  apport  de  ses 
Anthurium  Andreanum  avec  tous  les  hy- 
brides que  cette  plante  a déjà  produits,  et 
quelques  nouveautés  de  ses  semis.  Celui 
qu’il  a nommé  A.  A.  de  Smetianum,  à 
spathes  rouge  de  sang  veineux,  et  un 
autre  à spathes  rose  tendre  délicieux,  A.  A. 
Mademoiselle  de  la  Devansaye , sont  deux 
gains  de  premier  ordre  qui  feront  leur 
chemin. 

Les  Azalées  ont  été  plus  belles  que 
jamais.  Au  centre  de  la  grande  salle, 
d’énormes  et  éblouissantes  gerbes  de  ces 
arbustes  arrachaient  des  exclamations  admi- 
ratives  aux  visiteurs.  Voici  quels  ont  été 
les  heureux  lauréats  dans  cette  section  : 
Mme  la  comtesse  de  Kerchove  de  Denterghem, 
M.  Vuylsteke,  M.  Maurice  de  Ghellinck  de 
Walle. 

Mais  nous  montons  dans  les  salles  du 
premier  étage  et  nous  voici  au  milieu  des 
plantes  bulbeuses  hors  de  pair.  Ce  sont 
d’abord  les  Amaryllis  de  MM.  Veitch,  de 
Londres,  en  quatre-vingt-dix  variétés  mer- 
veilleuses de  formes,  à périanthes  étalés  et 
non  tubuleux,  à couleurs  si  vives  que  dans 
un  certain  nombre  d’entre  elles  la  nuance 


verte  a totalement  disparu.  Noté  les  variétés 
suivantes  : Perfection , Fair  Maid  of 
Perth,  Ovid,  Her  Majesty,  Splendent , 
Valida , Gigantea,  Diomède , Apollon , 
Virgile. 

En  face,  les  Cyclamens  de  M.  Williams, 
de  Londres,  conservaient  une  supériorité 
que  tous  les  connaisseurs  s’accordent  à leur 
reconnaître. 

On  a décerné  les  premières  récompenses 
pour  les  Jacinthes  hollandaises  de  M.  Kers- 
ten,  celles  de  M.  Byvoet,  de  Haarlem,  et  ses 
Tulipes  précoces,  les  Amaryllis  de  M.  Boe- 
lens  et  de  M.  Vulysteke.  Toujours  la  même 
supériorité  dans  ces  cultures,  pour  les- 
quelles les  Belges  ont  fait  des  progrès  qui 
les  font  aller  de  pair  actuellement  avec  leurs 
confrères  néerlandais. 

Les  plantes  nouvelles  ne  nous  ont  pas 
apporté  les  mêmes  jouissances  d’amateurs 
que  plusieurs  des  expositions  précédentes.  Il 
semblerait  que  la  faveur  diminue  pour  les 
explorations  lointaines,  à l’exception  des 
Orchidées  toutefois.  Le  temps  des  grands 
combats  internationaux  pour  les  plantes 
d’introduction  directe  semble  passé.  Cepen- 
dant, nous  avons  applaudi  aux  succès  des 
lauréats  suivants,  exposant  des  plantes  nou- 
velles : 

MM.  Jacob-Makoy  et  Cie.  — Pour  les  : 
Curmeria  Leopoldi , NidulariumMakoya- 
num,  Inga  Glaziouana,  Alocasia  O.  de 
Kerchove , Brocchinia  Andreana,  Aphe- 
landra  Louisæ,  Alocasia  Leopoldi , Ca- 
raguata  Peacockii,  Canistrum  leopar- 
dinum , Nephthytis  picturata  ; 

M.  Pynaert  van  Geert  : Tradescantia 
tœniensis,  Bégonia  Lubbersii  et  Palmiers 
nouveaux  ; Corypha  décora,  Calamus  Sik- 
kimensis,  C.  trinervius , Arenga  Xiphias , 
G.  australis,  etc.; 

M.  Desbois  : Canistrum  Sallieri,  Boro- 
nia  heterophylla,  Polygonatum  multi - 
florum  albo-striatum  ; 

M.  D.  Vervaene  père  : 2 variétés,  san- 
guine et  cochléiforme,  A Anthurium  Scher- 
zerianum; 

M.  Jules  Hye-Leysen  : Cypripedium 
Laurenceanum  Hyeanum  ; 

M.  Van  Houtte  : Tillai'Msia  Lindeni  la - 
tispatha ; 

M.  (n°  210)  : Caraguata  hieroglyphica 
vittata ; 

M.  (n°  215)  : Vriesea  tessellata  varie- 
gcita  ; 

M.  Bleu  : Bertolonias  nouveaux,  char- 
mants, que  nous  décrirons  en  détail  posté- 
rieurement. 


202 


l’evonymus  pulchellus  pour 

M.  A.  de  la  Devansaye  : ses  nouvelles 
et  très-belles  variétés  de  Y Anthurium 
Scherzerictnum,  déjà  décrites  par  la  Revue 
horticole ; 

M.  Courtauld,  de  Braintree  (Angleterre)  : 
Fleurs  coupées  d’une  fort  belle  variété  de 
Cattleya  Trianæ  avec  large  bande  plus 
foncée  au  milieu  des  sépales  et  des  pétales. 

Nous  arrivons  aux  Orchidées,  qui  au- 
raient dû  commencer  ce  compte-rendu  s’il 
avait  fallu  classer  les  plantes  exposées  par 
ordre  d’importance,  — disons-mieux,  — 
de  splendeur.  C’est,  qu’en  effet,  jamais  ces 
adorables  favorites  du  jour  n’ont  été  si  lar- 
gement, si  magnifiquement  représentées  à 
Gand.  Un  salon  spécial  avait  été  décoré 
pour  elles,  avec  beaucoup  de  goût  et  de  sens 
juste  de  leur  beauté,  que  des  places  habile- 
ment combinées  faisaient  mieux  ressortir. 
D’autres  salles,  d’autres  serres  en  conte- 
naient encore. 

Parmi  les  brillants  vainqueurs  dans  les 
nombreux  concours  d’Orchidées,  nous  de- 
vons citer  : MM.  Peeters,  de  Bruxelles; 
M.  Desmet -Duvilier,  M.  Hye-Leysen, 
Mme  Block,  de  Bruxelles;  MM.  James  Bray, 
Ad.  d’Haene,  Vuylsteke,  Aug.  Van  Geert, 
de  Gand.  L’importance  de  ces  collections 
était  telle  qu’elle  devra  motiver  un  article 
spécial  dans  la  Revue  horticole. 

Dans  l’annexe  du  jardin,  dans  les  serres 
séparées,  non  loin  de  cette  curieuse  exposi- 
tion rétrospective  qui  reproduisait  la  pre- 
mière tentative  de  ce  genre  faite  en  1809, 
se  trouvaient  encore  de  fort  belles  collections. 
M.  Van  Houtte  y charmait  les  regards  par 
ses  éblouissants  A zaleapont  ica  et  A.  mollis , 

L’EYONYMUS  PULCHELLUS  POU] 

Encore  une  espèce  qui  possède  toutes  les 
principales  qualités  ornementales  et  que 
pourtant  on  utilise  à peine  ; le  seul  reproche 
qu’on  pourrait  peut  être  lui  adresser,  c’est 
de  ne  jamais  fleurir.  En  effet,  dans  aucun 
pays,  sous  aucun  climat  et  quelle  que  soit 
aussi  la  culture  à laquelle  on  a soumis  cette 
plante,  jamais  elle  n’a  fleuri  ni  même  n’a 
montré  d’apparence  de  fleur,  de  sorte  que 
c’est  seulement  par  son  aspect  général  qu’on 
l’a  jugée  appartenir  au  genre  Evony mus,  et 
qu’on  l’a  considérée  comme  se  rattachant  au 
type  japonais  dont  la  plante  serait  une  va- 
riété. Certains  auteurs,  tout  en  la  laissant 
dans  le  groupe  des  JE.  japonicus,  l’ont  néan- 
moins considérée  comme  une  espèce  particu- 
lière à laquelle  ils  ont  donné  le  qualificatif 


l’ornementation  hivernale. 

MM.  L.  de  Smet,  Pynaert  Van  Geert, 
d’Haene,  Vuylsteke,  Dallière,  par  leurs 
beaux  Rhododendrons  forcés;  MM.  J.  Ver- 
vaene,  Jean  de  Kneef,  Vervaene-Verhaert, 
V.  Houtte,  Aug.  van  Geert,  de  Schryver, 
parleurs  délicieuses  Azalées  ; MM.  Vilmorin 
et  Cannell,  par  leurs  Cinéraires  doubles; 
MM.  Van  Houtte  et  Van  Drietsche-Leys, 
par  leurs  arbustes  forcés;  M.  Fr.  Burvenich 
père,  par  100  beaux  exemplaires  de  Coni- 
fères  et  tous  ceux  qui  ont  également 

contribué  au  succès  de  cette  merveil  - 
leuse  exposition  et  que  nous  regrettons  de 
ne  pouvoir  tous  nommer. 

Que  pourrions-nous  ajouter,  que  nos 
lecteurs  ne  connaissent  déjà,  sur  l’hospi- 
talité proverbiale  des  horticulteurs  gantois 
pour  leurs  visiteurs,  pour  les  membres  du 
jury  surtout,  qui  ont  remporté  de  cette 
mémorable  excursion  dans  les  trésors 
végétaux  de  Gand  les  meilleurs  souve- 
nirs, et  qui  tous  espèrent  les  revoir  encore 
quand  une  nouvelle  période  'quinquennale 
en  aura  ramené  le  cycle  impatiemment  at- 
tendu. 

Pour  terminer  par  un  dernier  souhait  — 
comme  une  femme  met  sa  pensée  la  plus 
secrète  et  la  plus  chère  dans  le  post-scrip- 
tum de  sa  lettre  — que  le  digne  président 
de  la  Société  qui  se  distingue  par  de  telles 
manifestations  horticoles,  M.  le  comte 
Oswald  de  Kerchove  de  Denterghem,  puisse 
longtemps  encore  présider  à ces  fêtes, 
et  recevoir  les  applaudissements  qui  sont 
dus  à ses  efforts,  à son  éloquence  et  à sa 
communicative  cordialité. 

Ed.  André. 

L’ORNEMENTATION  HIVERNALE 

pulchellus,  tandis  que  d’autres  l’ont  consi- 
déré comme  une  variété  à petites  feuilles,  de 
cette  même  espèce  et  en  ont  iAtY  Evonymus 
japonicus  microphyllus. 

Lorsque  la  plante  est  arrivée  dans  les  cul- 
tures, elle  a été  considérée  comme  apparte- 
nant au  genre  Eurybia  et  alors  cultivée  en 
serre  ; ce  n’est  que  plus  tard  que  l’on 
s’aperçut  qu’elle  était  complètement  rus- 
tique. Malgré  cela  on  n’en  fit  qu’un  usage 
restreint,  et  même  aujourd’hui,  encore, 
la  plante  est  peu  utilisée  dans  les  jar- 
dins de  Paris.  Pourtant,  et  nous  n’hésitons 
pas  à le  dire,  à part  les  fleurs  et  comme 
plante  verte,  il  n’est  guère  d’espèce  qui 
pourrait  rendre  plus  de  services  à l’ornemen- 
tation extérieure  et  intérieure,  c’est-à-dire 


MOYEN  D’AUGMENTER  LES  PRODUITS  D’UN  JARDIN. 


203 


pour  les  jardins  et  pour  les  appartements, 
surtout  comme  garniture  d’hiver.  Elle  est 
toujours  naine  et  très -compacte,  très- 
rustique,  et  ne  se  dégarnit  jamais,  pourvu 
qu’on  lui  donne  beaucoup  d’eau.  Dans  les 
jardins,  on  peut  la  planter  de  distance  en 
distance  sur  les  plates-bandes  qu’elle  orne 
très-bien  par  les  contrastes  qu’elle  forme 
avec  les  plantes  à fleurs  avec  lesquelles,  du 
reste,  elle  s’harmonise  parfaitement  ; elle 
produit  un  joli  effet  pendant  l’hiver  alors 
que  toute  végétation  a disparu. 

Culture  et  multiplication.  — Bien  que 
cette  espèce  soit  robuste  et  s’accommode  de 
tous  les  terrains,  il  est  bon,  vu  ses  petites 
dimensions  et  la  lenteur  relative  avec  la- 
quelle elle  croît,  de  lui  donner  une  terre 
légère  et  consistante  et  surtout  beaucoup 
d’eau,  malgré  qu’elle  supporte  très-bien  la 
sécheresse.  On  la  multiplie  par  boutures 
qui  s’enracinent  promptement  et  avec  une 
facilité  peu  commune.  On  plante  en  pépi- 
nière, en  pleine  terre,  à des  distances  en 
rapport  avec  la  force  des  sujets.  Du  reste, 
les  plantes  se  relèvent  en  motte  avec  la  plus 
grande  facilité  et  sans  en  éprouver  aucune 
souffrance  ; on  peut  donc,  de  temps  à autre, 
les  « remanier  » en  les  écartant  plus  ou 
moins  suivant  leur  force.  Chaque  fois  que 
l’on  fait  ce  travail,  il  est  bon  de  donner  un 
bon  arrosage,  et,  si  l’on  peut,  recouvrir  le 
sol  d’une  couche  de  paillis. 


Les  plantes  destinées  aux  garnitures  d’hi- 
ver devront  être  mises  en  pots  où,  du  reste, 
elles  vivent  très-bien.  On  pourrait  aussi  les 
laisser  en  plein  air  en  enterrant  les  pots  et 
les  prendre  là  au  fur  et  à mesure  du  besoin  ; 
pourtant  il  serait  préférable  de  les  considé- 
rer comme  des  plantes  de  serre  froide,  et 
alors  de  les  rentrer  de  manière  à les  avoir 
sous  la  main,  afin  de  pouvoir  s’en  servir  à 
volonté  pour  les  décorations  d’hiver.  Nous 
allons  terminer  cet  article  par  une  descrip- 
tion botanique,  au  moins  sommaire,  de  la 
plante  qui  en  fait  l’objet. 

Evonymus  pulchellus  (E . japonicus  mi- 
crophyllus , Hort.,  Eurybia  spec .,  Hort. 
aliq.,  E.  nanus,  Hort.,  aliq.,  non  Bie- 
berst).  Arbuste  dressé,  atteignant  à peine 
1 mètre  de  hauteur,  formant  un  buisson 
très-compact.  Branches  dressées,  extrême- 
ment ramifiées,  à ramifications  opposées- 
décussées,  courtes,  elles-mêmes  très-rami- 
fiées.  Feuilles  très-rapprochées,  épaisses, 
luisantes,  légèrement  canaliculées,  étroite- 
ment lancéolées,  linéaires,  très-longtemps 
persistantes,  courtement  denticulées,  lon- 
guement atténuées  à la  base,  retrécies- 
arrondies  au  sommet,  qui  est  obtus. 

Cette  plante,  nous  ne  saurions  trop  le 
répéter,  est  très-propre  à la  décoration; 
nous  la  recommandons  même  comme  plante 
verte  de  marché. 

E.-A.  Carrière. 


MOYEN  D’AUGMENTER  LES  PRODUITS  D’UN  JARDIN 


Les  petits  jardins,  les  jardins  insuffi- 
sants, sont  certainement  les  plus  communs, 
fait  d’autant  plus  regrettable  que,  le  plus 
souvent,  c’est  un  mal  sans  remède.  Aussi 
arrive-t-il  fréquemment  que  des  amateurs 
de  plantes  potagères  n’ont  pas  à leur  dispo- 
sition le  terrain  nécessaire  pour  cultiver, 
je  ne  dirai  pas  une  nombreuse  collection 
de  produits  alimentaires  , mais  même  les 
quelques  espèces  qui  leur  sont  indispen- 
sables. Nous  étant  trouvé  dans  le  cas  pré- 
cité, nous  allons  faire  connaître,  avec  les 
procédés  que  nous  avons  employés,  les  es- 
pèces et  variétés  soumises  à l’expérience. 

Choux  de  Milan  et  variétés.  — Non  seu- 
lement c’est  le  Chou  que  nous  préférons, 
mais  c’est  aussi  celui  qui  se  prête  le  mieux 
à ce  traitement.  Si  nous  jugeons  que  cin- 
quante Choux  sont  nécessaires  pour  notre 
consommation,  nous  en  plantons  seulement 
dix,  et  encore  afin  de  parer  aux  éventua- 


lités et  à la  non  réussite  de  quelques-uns. 
Lorsque  la  première  pomme  est  bonne  à 
être  employée,  nous  détachons  une  à une 
toutes  les  feuilles,  à partir  de  la  base,  en  ne 
conservant  que  la  petite  rosette  centrale, 
dite  cœur.  Au  bout  de  quatre  à six  se- 
maines, suivant  la  variété  et  les  soins  qu’on 
a donnés  aux  plantes,  une  nouvelle  pomme 
s’est  reformée  et  est  bonne  à cueillir.  Pen- 
dant ce  temps,  les  neuf  autres  pieds  de 
Choux  ont  pu  fournir  facilement  à l’appro- 
visionnement de  la  cuisine. 

On  peut  procéder  de  la  même  manière,  et 
suivant  le  besoin,  quatre  ou  cinq  fois  sur 
chaque  plante,  ce  qui  fait  une  économie  de 
quatre  à cinq  fois  la  surface  de  terrain  que 
l’on  aurait  dû  employer  pour  la  culture  de 
cinquante  Choux,  ainsi  qu’une  durée  beau- 
coup plus  longue  dans  la  récolte.  Il  va  sans 
dire  que  ces  Choux,  dont  on  exige  un  pro- 
duit quatre  à cinq  fois  plus  considérable 


204 


CHRYSANTHÈMES  NOUVEAUX. 


que  celui  qu’ils  fournissent  normalement, 
doivent  être  soutenus  par  des  engrais  plus 
abondants,  chimiques  ou  autres.  D’autre 
part,  nous  croyons  inutile  de  dire  que  le 
procédé  que  nous  recommandons,  qui  peut 
convenir  à une  famille  qui  a un  petit  jardin 
où  on  plante  quelques  légumes  pour  la  con- 
sommation du  ménage,  ne  conviendrait  pas 
à un  cultivateur-marchand. 

Betteraves . — Qu’elles  soient  rouges  ou 
jaunes,  les  variétés  potagères  de  Betteraves 
présentent  les  mêmes  avantages.  Voici  com- 
ment nous  opérons  : 

Dans  un  sol  bien  préparé  et  surtout 
bien  fumé,  de  l’année  précédente  si  l’on 
emploie  du  fumier  de  ferme,  au  contraire 
de  la  même  année  si  l’on  se  sert  d’engrais 
liquides  ou  chimiques,  nous  semons  sur 
place  et  nous  éclaircissons  au  besoin.  Lors- 
que les  feuilles  ont  atteint  la  moitié  ou  les 


Les  succès  obtenus  par  M.  S.  Délauxdans 
la  culture  des  Chrysanthèmes,  s’affirment 
de  plus  en  plus.  Ceux  de  nos  lecteurs  qui 
ont  assisté  aux  expositions  spéciales  de 
Chrysanthèmes  organisées  en  France  et  à 
l’étranger,  ont  pu  admirer  la  diversité  et  la 
pureté  de  formes,  la  fraîcheur  et  la  beauté 
de  coloris  des  produits  exposés  par  cet  ha- 
bile semeur.  A la  liste  des  nombreuses  va- 
riétés déjà  obtenues,  M.  Délaux  vient  d’en 
ajouter  une  douzaine  de  nouvelles  du  plus 
grand  mérite  dont  nous  devons  la  commu- 
nication à son  obligeance. 

Ce  sont  : 

Baronne  Alph.  de  Rothschild  (Chrysan- 
thème japonais).  — Blanc  mat,  nuancé  et 
flammé  rose  sur  les  bords,  centre  crème. 

Madame  veuve  Meunier  (Chr.  japonais). 
Pétales  frisés  rose  violet  granité  blanc, 
centre  nankin  saumoné. 

Baron  Alphonse  de  Rothschild  (Chr.  ja- 
ponais). — Cramoisi  écarlate  foncé,  poin- 
tillé jaune  foncé. 

Charles  Brevet  (Chr.  japonais).  — Blanc 
d’argent,  extrémité  des  pétales  rose  tendre 
sur  fond  blanc,  granité  rose  carminé. 

Baron  d’ Avène  (Chr.  à fleurs  Pivoine 
incurvées).  — Rose  mousseline  violacé  sur 
léger  fond  crème,  centre  plus  clair. 

Antoinette  Farez  (Chr.  à fleurs  Pivoine 
incurvées).  — Rouge  sang  flammé  et 
nuancé  saumon,  pointillé  jaune. 

Mademoiselle  Valentine  Farez  (Chr. 


trois  quarts  de  leur  développement,  nous 
les  enlevons,  moins  celles  qui  forment  la 
petite  rosette  centrale,  en  répétant  l’opéra- 
tion cinq  ou  six  fois,  ainsi  qu’il  vient  d’être 
dit  pour  les  Choux.  Cuites  à l’eau  salée  et 
accommodées  au  beurre  ou  avec  du  jus  de 
viande,  comme  on  le  fait  pour  les  Épinards, 
on  obtient  de  ces  feuilles  un  mets  vraiment 
fort  bon . Les  pétioles  et  la  grosse  nervure 
médiane,  préparés  et  accommodés  de  la 
même  façon,  fournissent  également  des 
plats  de  légumes  excellents,  et  nous  aurons 
en  dernier  lieu  la  ressource  des  racines. 

Toutefois,  nous  devons  reconnaître  qu’il 
y a des  cas  où  les  racines  sont,  dans  ces 
conditions,  plus  filandreuses,  plus  sèches, 
moins  succulentes,  mais  alors  elles  sont  très- 
bonnes,  meilleures  même,  pour  les  animaux, 
parce  que,  moins  aqueuses,  elles  sont  plus 
nutritives.  Del  ab  arrière. 


:s  NOUVEAUX 

pompon,  hybride  Renoncule).  — Violet 
pourpré,  argenté  extérieurement.  Nouvelle 
forme. 

Robert  Awey  (Chr.  alvéoliforme).  — 
Blanc  de  neige,  fleur  très-grande.  C’est  la 
première  variété  du  groupe  à fleur  d’un 
blanc  pur  qui  ait  été  obtenue. 

W.  et  G.  Drover  (Chr.  Anémone).  — 
Carmin  pourpré,  alvéolé,  pointillé  or. 

Jeanne  Marty  (Chr.  alvéoliforme).  — 
Fleur  très-grande.  Fleurons  de  la  circonfé- 
rence blanc  d’argent  légèrement  éclairé  de 
rose.  Centre  blanc  nuancé  d’or. 

M.  Lévêque  (Chr.  japonais).  — Très- 
longs  pétales  frisés  en  spirale,  fond  blanc 
lavé  de  rose  tendre,  fleurs  très-grandes. 

Jules  Marigny  (Chr.  japonais).  — Pé- 
tales frisés,  rose  violet  glacé  blanc,  blanc 
d’argent  extérieurement. 

Cette  variété  ainsi  que  la  précédente  est  à 
floraison  très-hâtive. 

Anatole  Cordonnier  (Chr.  japonais).  — 
Fleur,  une  des  plus  grandes  connues  dans 
le  genre,  par  5 ou  6 réunies  en  bouquets  ; 
nombreux  et  larges  pétales  retombants, 
contournés,  amarante  carminé  éclairé  de 
pourpre,  argentés  extérieurement  parfois 
ponctués  de  blanc  au  centre  de  la  fleur.  Une 
des  plus  belles  variétés.  Cette  plante  faisait 
partie  d’un  groupe  mis  en  vente  le  1er  fé- 
vrier dernier  par  son  heureux  obtenteur. 
Quant  aux  autres  variétés  dont  nous  avons 
donné  les  descriptions  succinctes,  elles  vont 


Repu  e-  Horticole- . 


ira-  , de.. 


Chroincliith . G’.S&verenns . 

Chrysanthèmes  nouveaux; . 

1 . Baron  d A vène  .-  2.  Jules  Bariqnu . 


PLANTATIONS  D’ARBRES  FRUITIERS  SUR  LES  ROUTES. 


205 


être  incessamment  livrées  au  commerce  si 
elles  ne  le  sont  déjà. 

Nous  sommes  heureux  de  constater  que 
les  nouveaux  gains  de  nos  compatriotes  sont 
de  plus  en  plus  appréciés  à l’étranger,  no- 
tamment en  Angleterre,  où  la  culture  et  les 


collections  de  Chrysanthèmes  sont  devenues 
une  véritable  passion.  La  plupart  des  belles 
variétés  ont  été  obtenues  en  France,  et 
M.  Délaux  tient  à honneur  de  soutenir 
vaillamment  une  réputation  légitimement 
acquise.  Ed.  André. 


PLANTATIONS  D’ARBRES  FRUITIERS  SUR  LES  ROUTES  1 


Choix  des  sujets.  — Pour  planter  sur  les 
routes,  il  faut  rechercher  des  sujets  vigou- 
reux et  assez  développés  pour  résister  aux 
chocs,  aux  vents,  à la  malveillance  des  voya- 
geurs, etc.,  par  exemple:  les  arbres  dont 
la  tige  mesure  de  14  à 18  centimètres  de 
circonférence  à 1 mètre  au-dessus  du  collet, 
et  au  moins  2m  50  de  hauteur  jusqu’à  la 
naissance  des  branches  inférieures  de  la 
tête.  Ces  arbres  doivent  avoir  une  tige  bien 
droite,  terminée  par  des  rameaux  vi- 
goureux, et  une  racine  constituée  par  de 
nombreuses  ramifications,  munies  d’un 
bon  chevelu  ; les  sujets  qui  n’ont  pas  bon 
pied  reprennent  difficilement  ou  restent  sou- 
vent languissants  pendant  longtemps.  Les 
organes  aériens  et  souterrains  doivent  être 
en  bon  état,  avoir  une  écorce  saine,  vive  et 
lisse  et  non  durcie  ou  ridée,  et  être  exempts 
de  plaies,  de  chancres  et  d’exostoses. 

Place  des  arbres.  — D’après  une  circu- 
laire ministérielle  du  17  juin  1851,  lorsque 
la  largeur  de  la  route,  mesurée  entre  les 
arêtes  extérieures  des  accotements,  est  infé- 
rieure à 10  mètres,  on  ne  doit  pas  planter 
d’arbres;  les  têtes  trop  rapprochées  procu- 
reraient un  couvert  épais,  qui  entretien- 
drait l’humidité  sur  la  chaussée,  et  déve- 
lopperaient de  nombreuses  branches  basses 
qui  pourraient  gêner  la  circulation. 

D’après  la  même  circulaire,  les  arbres 
doivent  être  placés  sur  une  zone  limitée  par 
deux  lignes  parallèles  à l’axe,  l’une  qui  en 
est  distante  de  4m  50  et  l’autre  éloignée  de 
0m50  de  l’arête  extérieure  de  l’accotement. 
Quand  cette  zone  a,  par  exemple,  2 ou  3m  de 
largeur  (elle  est  représentée  par  une  ligne 
sur  les  routes  de  10m),  il  faut  éloigner  le  plus 
possible  les  arbres  des  champs  voisins,  afin 
que  les  racines  ne  nuisent  pas  aux  récoltes. 

On  ne  peut  planter  deux  lignes  d’arbres, 
sur  le  même  accotement,  que  lorsque  cette 
zone  a une  largeur  égale  ou  supérieure  à 
5m  50,  car  il  faut  que  deux  lignes  soient 
séparées  par  un  intervalle  de  5m  50  au 
moins,  d’après  la  circulaire. 

(1)  Voir  Revue  horticole , 1888,  p.  174. 


Une  circulaire  ministérielle,  du  9 août 
1850,  fixe  à 10  mètres  la  distance  à con- 
server entre  les  arbres,  sur  les  lignes  de 
plantation. 

Préparation  du  sol.  — Quand  la  route 
est  ancienne  et.  que  le  sol  est  tassé,  il  faut, 
à chaque  place  où  l’on  doit  planter,  creuser 
un  trou  de  dimensions  bien  supérieures  à 
celles  exigées  par  la  racine  au  moment  de 
la  plantation,  afin  que  les  nouvelles  racines, 
rencontrant  les  années  suivantes  un  sol 
meuble,  s’accroissent  librement  et  s’en- 
foncent profondément,  pour  trouver  la  fraî- 
cheur et  la  nourriture  nécessaires  à une 
bonne  végétation. 

Si  l’on  pouvait  faire  ces  trous  de  défon- 
cement.  trois  ou  quatre  mois  avant  la  plan- 
tation, ce  serait  une  très-bonne  opération, 
mais,  malheureusement,  sur  les  routes,  à 
cause  des  nombreux  accidents  qui  pour- 
raient en  résulter,  on  ne  fait  ces  trous 
qu’un  mois  avant  ; au  voisinage  des  villes, 
on  réduit  même  ce  temps  à quinze  jours. 

Les  plantations  devant  s’effectuer  en 
novembre,  excepté  dans  les  sols  très-hu- 
mides, où  on  les  fait  après  l’hiver,  on  devra 
donc  creuser  les  trous  en  octobre. 

Plus  le  sol  sera  mauvais,  compact  et  im- 
perméable, plus  il  faudra  creuser  des  trous 
larges  et  profonds. 

Dans  les  sols  mauvais  et  compacts,  il  faut 
faire  des  trous  circulaires  de  lm  50  à 2 mè- 
tres de  diamètre  et  de  1 mètre  de  profon- 
deur; dans  les  terrains  bons  et  perméables, 
on  pourra  réduire  la  largeur  à 1 mètre  et  la 
profondeur  à 0,60  ou  0,80  centimètres. 

En  faisant  les  trous,  on  dépose  sur  le 
pourtour,  d’un  côté,  la  bonne  terre,  et  de 
l’autre  côté,  le  sous-sol.  En  remblayant, 
quand  le  sous-sol  n’est  pas  mauvais,  on  le 
mélange  avec  la  terre  végétale  ; mais  quand 
il  est  pauvre,  il  faut  bien  se  garder  de  faire 
ce  mélange.  Ce  qu’il  y aurait  de  mieux  à 
faire,  ce  serait  de  l’enlever  et  de  le  rem- 
placer par  de  la  terre  rapportée.  Quand  on 
ne  pourra  pas  faire  cette  dépense,  on  le 
remettra  à sa  place,  au  fond  du  trou,  et  on 
conservera  la  bonne  terre  pour  placer  à la 


206 


PLANTATIONS  D’ARBRES  FRUITIERS  SUR  LES  ROUTES. 


surface,  là  où  se  trouveront  les  racines  pen- 
dant la  reprise  des  arbres. 

Plantation.  — Au  moment  de  planter, 
on  fait  l’habillage  de  la  racine  et  de  la  tige 
des  arbres.  Sur  la  racine,  on  coupe,  avec 
une  serpette,  l’extrémité  inférieure  des 
quelques  grosses  racines  (a,  fig.  41)  et  les 
ramifications  brisées,  chancreuses  ou  dessé- 
chées ( b , ù,  fig.  41),  un  peu  au-dessus 
du  point  où  se  termine  la  désorganisa- 
tion des  tissus.  Sur  la  tige,  on  supprime  les 
ramifications  inutiles  et  on  raccourcit  très- 
légèrement  les  rameaux,  afin  de  donner  à 
l’ensemble  de  la  tête  la  forme  d’une  pyra- 
mide. On  ne  saurait  trop  combattre  la 
mauvaise  habitude  que  les  cantonniers  ont 
de  chicoter  tous  les  rameaux,  ou  mieux  de 
couper  toutes  les  têtes  à une  même  hauteur, 
afin  qu’après  cette  opération  les  arbres  res- 


semblent aux  jalons  employés  par  les  chefs 
pour  tracer  la  route. 

En  mettant  les  arbres  en  place,  il  faut 
avoir  soin  de  recouvrir  les  racines  avec  un 
sol  meuble,  qui  pénètre  bien  entre  les  rami- 
fications, de  bien  étaler  ces  dernières,  et  de 
ne  pas  les  blesser,  en  tassant  légèrement 
la  terre  avec  les  pieds.  Le  collet  des  arbres 
doit  être  enterré  de  2 ou  3 centimètres 
dans  les  sols  frais,  et  de  8 à 10  centimètres 
dans  les  sols  secs,  mais  jamais  de  30  à 
40  centimètres,  comme  le  font  souvent  les 
cantonniers,  pour  que  les  arbres  ne  soient 
pas  exposés  à être  renversés.  Si  la  terre 
n’est  pas  tassée,  on  met  le  collet  à 8 ou 
10  centimètres  au-dessus  du  niveau  qu’il 
doit  occuper  définitivement. 

Tuteurage.  — Les  arbres  nouvellement 
plantés  doivent  être  munis  de  tuteurs  pour 
que  le  vent  ne  les  renverse  pas,  et  pour 


leur  faire  prendre  une  bonne  direction. 
Gomme  tuteur,  on  emploie  souvent  des 
perches  en  châtaigniers,  en  chêne  ou  en 
acacia,  de  2m  50  à 4 mètres  de  hauteur,  et 
de  15  à 18  centimètres  de  circonférence. 

Pour  ne  pas  blesser  les  racines,  on  plante 
les  perches-tuteurs  avant  de  recouvrir  les 
racines,  ou  mieux,  avant  de  mettre  l’arbre 
en  place. 


Fig.  42.  — Tuteurage  d’un  arbre. 


Il  faut  placer  le  tuteur  sur  la  face  de  la 
tige  qui  regarde  le  sud-ouest,  afin  que 
l’écorce  des  arbres  soit  abritée  contre  les 
coups  de  soleil,  de  midi  à trois  heures,  et 
que  les  vents  dominants  du  sud-ouest  frap- 
pent directement  le  tuteur.  La  perche  doit 
être  plantée  verticalement  (et  non  oblique- 
ment) le  plus  près  possible  de  l’arbre,  afin 
que  l’on  puisse  appliquer  sa  face  la  plus  droite 
contre  l’arbre  à maintenir  ou  à redresser. 


Fig.  43.  — Collier  Durand. 


Pour  attacher  l’arbre  au  tuteur,  on  em- 
ploie de  l’osier,  ou  mieux  du  fil  de  fer  n°  10. 
Il  faut  placer  des  coussinets  en  paille  entre 
l’écorce  de  l’arbre  et  le  fil  de  fer,  (B,  fig.  42) 
et,  de  distance  en  distance,  entre  l’arbre 
et  son  tuteur  ( p , fig.  42). 

Les  ligatures  en  fer  sont  avantageuse- 
ment remplacées  par  le  Collier  Durand 
(fig.  43),  qui  se  compose  d’une  cravate  de 
jonc  tressé,  renforcée  extérieurement  par 
une  lame  de  zinc  ou  de  fer  galvanisé. 


PLANTATIONS  D’ARBRES  FRUITIERS  SUR  LES  ROUTES. 


207 


Un  fil  de  fer  double,  tordu  et  galvanisé  sert 
à attacher  le  collier  autour  de  l’arbre. 

Quand  les  arbres  sont  exposés  à recevoir 
des  chocs  ou  à être  entamés  par  la  dent  des 
animaux,  il  faut  les  protéger,  au  moyen  de 
rameaux  épineux  (fig.  44)  ou  d’armures 
faites  avec  des  lattes  ou  des  pieux  en  bois. 
Au  tournant  des  routes,  il  est  prudent  de 
faire,  près  des  arbres,  de  petits  bourrelets 
en  terre  appelés  chasse-roues. 

Élagage.  — L’élagage  est  nécessaire  pour 
faire  développer  une  tige  droite  suffisam- 
ment élevée,  afin  que  la  tête  des  arbres 
n’entrave  pas  la  circulation  des  attelages, 


Fig.  44.  — Arbre  entouré  de  rameaux  épineux. 

pour  faire  prendre  et  conserver  à la  tête  une 
forme  régulière,  afin  que  les  ramifications, 
chargées  de  fruits,  ne  soient  pas  brisées  par 
les  grands  vents,  et  pour  supprimer  les 
bois  morts  qui  engendrent  la  carie  et  les 
branches  basses  qui  pourraient  gêner  les 
piétons. 

Il  faut  commencer  à élaguer  un  ou  deux 
ans  après  la  plantation,  lorsque  les  arbres 
sont  bien  repris. 

L’élagage  doit  être  pratiqué  tous  les 
hivers,  pendant  les  cinq  ou  six  premières 
années  qui  suivent  la  plantation,  et,  ensuite, 


tous  les  trois  ans.  Si  on  laisse  écouler  un 
trop  grand  espace  de  temps  entre  chaque 
élagage,  les  branches  à supprimer  étant 
très  grosses,  il  en  résulte  de  grandes  plaies 
qui,  au  lieu  de  se  cicatriser,  engendrent  la 
pourriture. 

C’est  en  hiver,  pendant  le  repos  de  la  vé- 
gétation, lorsque  le  bois  n’est  pas  gelé,  qu’il 
faut  élaguer. 

Plusieurs  modes  d’élagage  peuvent  être 
appliqués  aux  arbres  fruitiers  plantés  sur 
les  accotements  des  routes.  Nous  nous  con- 
tenterons de  décrire  Y élagage  en  forme  de 
pyramide , qui  a le  grand  avantage  d’exiger 
peu  de  main-d’œuvre,  d’être  facile  à exé- 
cuter et  de  convenir  à presque  toutes  les 
essences,  mais  principalement  aux  Poiriers, 
aux  Merisiers,  aux  Bigarreautiers  et  aux 
Guigniers,  arbres  à branches  presque  verti- 
cales. Cet  élagage,  appliqué  aux  Pommiers, 
Pruniers,  Cerisiers  proprement  dits  et  aux 
Griottiers,  arbres  à branches  semi-verti- 
cales, procurera  une  tête  arrondie,  moins 
pyramidale  que  précédemment,  mais  suffi- 
samment élancée  pour  ne  pas  gêner  la  cir- 
culation. 

Dans  la  plupart  des  cas,  les  arbres 
nouvellement  plantés  présenteront  une  con- 
formation analogue  à celle  des  sujets  repré- 
sentés par  les  figures  45  et  46.  Dans  le 
premier  cas,  on  appliquera,  après  la  reprise, 
le  premier  élagage  décrit  ci-dessous  ; dans  le 
deuxième  cas,  on  aura  recours  au  deuxième 
élagage  décrit  à la  suite  du  premier. 

Premier  élagage.  — 1°  Les  ramifications 
latérales  a a (fig.  45)  sont  coupées  rez-tronc 
jusqu’à  3 mètres  de  hauteur,  si  la  por- 
tion de  tige  où  elles  sont  insérées  est  suffi- 
samment grosse,  par  exemple  si  elle  a un 
diamètre  de  3 à 4 centimètres.  Dans  le  cas 
où  cette  portion  de  tige  serait  faible,  c’est- 
à-dire  si  elle  n’avait  pas  la  grosseur  que 
nous  indiquons,  il  faudrait,  pour  activer 
son  accroissement  en  diamètre,  conserver 
ces  ramifications  latérales  pendant  un  ou 
deux  ans,  en  se  contentant  de  les  tailler  à 
une  longueur  de  15  à 20  centimètres  ; 

2°  Coupez  en  c,  à 3m  50  de  hauteur,  la 
flèche,  afin  de  faire  développer,  sur  la  por- 
tion de  tige  comprise  entre  3 mètres  et  3ra  50, 
des  rameaux  vigoureux  qui  deviendront 
les  branches  principales  de  la  base  de  la 
pyramide. 

Deuxième  élagage  (un  an  après  le  pre- 
mier). — 1°  Coupez  le  rameau  terminal 
en  d (fig.  46),  pour  faire  développer  en 
b c d e (fig.  47)  des  rameaux  vigoureux  in- 
sérés immédiatement  au-dessus  de  a b c. 


INSECTES  ET  CRYPTOGAMES. 


208 


Voici  les  dimensions  qu’il  faut  conserver 
à la  flèche  : si  elle  est  vigoureuse,  qu’elle 
atteigne  1 mètre  de  longueur  et  plus,  et  si 
les  rameaux  inférieurs  sont  également  vi- 
goureux et  bien  développés,  on  coupe,  en  d , 
à 75  centimètres  environ  au-dessus  de  la 
taille  c,  pratiquée  l’année  précédente.  Mais 
si  la  flèche  est  faible,  qu’elle  n’ait  que  40  à 
50  centimètres,  on  doit  la  tailler  beaucoup 
plus  court,  à 25  centimètres  environ  au- 
dessus  de  c ; 

2°  On  taille  les  extrémités  des  rameaux 
inférieurs  abc  (fig.  46)  de  manière  à leur 
conserver  une  longueur  égale  au  tiers  ou 


Fig.  45. 
Pyramide 
l1'0  taille. 


^7^777%? 

Fig.  46. 
Pyramide 
2°  taille. 


Fig.  47. 
Pyramide 
3°  taille. 


aux  deux  cinquièmes  de  la  portion  de  tige 
a d , située  au-dessus  de  leur  insertion. 

La  forme  en  pyramide  que  l’on  donne  à 
la  tête  favorise  la  croissance  en  hauteur. 

Troisième  élagage.  — On  répète  les 
opérations  précédentes  : coupez  la  flèche  en 
lui  conservant  une  longueur  proportionnelle 
à sa  vigueur;  taillez  les  branches  latérales 
à une  longueur  comprise  entre  le  tiers  et 
les  deux  cinquièmes  de  la  portion  de  tige 
située  au-dessus  de  leur  insertion,  afin  de 
faire  prendre  la  forme  pyramidale  à l’en- 
semble de  la  tête. 

Après  avoir  ainsi  établi,  au  moyen  de  j 
trois  à quatre  élagages,  répétés  tous  les  | 


hivers,  les  branches  principales  de  la  py- 
ramide (fig.  48),  on  se  contente  d’appli- 
quer, tous  les  deux  ou  trois  ans,  un  élagage 
d’ entretien , qui  consiste  à : 

1°  Raccourcir,  en  taillant  au-dessus  d’un 
tire-sève,  les  extrémités  des  branches  laté- 
rales qui  poussent  démesurément  et  qui 
déforment  la  pyramide  ; 

2°  Tailler  les  branches  inférieures,  qui 
deviennent  retombantes,  en  les  coupant  au- 
dessus  d’une  ramification  secondaire,  qui 
prend  une  direction  redressée  ; 


Fig.  48.  — Poirier  en  pyramide. 

3°  Tailler  les  branches  brisées  au-dessus 
de  la  cassure,  en  ménageant  à leur  extré- 
mité une  branche  d’appel  ; 

4°  Supprimer  rez-tronc  les  chicots  et  les 
branches  mortes  ; 

5°  Ébourgeonner  le  tronc  de  l’arbre. 

Deux  ou  trois  jours  après  l’élagage, 
lorsque  les  plaies  sont  sèches,  on  applique 
à leur  surface  du  goudron  végétal,  qui  em- 
pêche les  agents  atmosphériques  d’apporter 
les  germes  destructeurs  des  tissus  ligneux. 

J.  Nanot, 

Chef  de  service  des  plantations  d’alignement 
de  la  Ville  de  Paris. 


INSECTES  ET  CRYPTOGAMES 


Les  cryptogames  parasites  qui  s’atta- 
quent à la  vie  animale  sont  innombrables. 
L’homme  lui-même  n’est  pas  à l’abri  de 
leurs  atteintes,  et  il  se  découvre  de  nouveaux 
ennemis  à mesure  que  les  limites  de  sa 
science  reculent.  Il  n’est  pas  jusqu’aux 


poissons  de  nos  rivières  et  de  nos  étangs 
qui  ne  peuvent  avoir  confiance  dans  l’élé- 
ment au  sein  duquel  ils  vivent  pour  les 
préserver  ; ils  ont  à redouter  l’invasion  du 
Saprolegnia  ferox  qui  les  tue. 

Les  insectes  n’ont  pas  à compter  sur 


INSECTES  ET  CRYPTOGAMES. 


209 


leurs  ailes  et  sur  leur  existence  mouve- 
mentée pour  éviter  le  péril  créé  par  les 
cryptogames  parasites  ; les  spores  malfai- 
santes les  suivent  à travers  les  airs,  s’atta- 
chent à eux,  s’enfoncent  dans  leurs  tissus, 
y germent  et  ne  les  abandonnent  pas  même 
après  leur  mort.  Souvent  le  parasite  n’at- 
tend pas  que  les  insectes  soient  développés 
et  il  les  attaque  dans  leur  larve.  Ces  êtres 
légers  qui,  par  leur  vie  aérienne  et  tenant 
si  peu  de  place,  sembleraient  devoir  être 
exempts  des  misères  de  la  terre,  sont  ceux 
qui  ont  le  plus  à souffrir  des  ravages  de  la 
végétation  cryptogamique.  Quelquefois,  on 
voit  voleter  de  malheureuses  abeilles  ou 
des  papillons  traînant  avec  eux  la  maladie 
attachée  à leur  corps  sous  forme  de  petits 
filaments  jaunes.  Les  mouches  sont  déci- 
mées à l’automne  par  un  petit  Champignon 
microscopique,  YEmpusa  muscæ,  dont 
les  spores  font  de  petites  taches  rondes, 
bien  connues,  sur  les  vitres  ou  sur  les 
meubles  où  leur  victime  a trouvé  la  mort. 

Les  Champignons  qui  se  développent  sur 
les  insectes  vivants  ou  morts  appartiennent 
généralement  à la  famille  des  Hypoxylons 
ou  à celle  des  Exidiées. 

La  famille  des  Hypoxylons  renferme  un 
nombre  considérable  d’espèces  très-varia- 
bles d’aspect.  On  rencontre  depuis  les 
formes  caulescentes  jusqu’aux  formes  pul- 
vérulentes. Les  spores  sont  renfermées 
dans  des  thèques,  petits  sacs  qui  en  con- 
tiennent un  nombre  indéterminé,  et  les 
thèques  sont  elles  - mêmes  emprisonnées 
dans  une  seconde  enveloppe  ( conceptacle ) 
hermétiquement  close  d’abord,  mais  qui 
ensuite  s’ouvre  par  une  fente  longitudinale 
ou  par  plusieurs  fissures  parallèles,  ou  par 
plusieurs  fentes  qui  divergent  à partir  d’un 
centre  commun.  Parfois  la  partie  supé- 
rieure de  cette  enveloppe  s’enlève  par  une 
déhiscence  semblable  à celle  qui  s’opère 
dans  la  capsule  du  Mouron  ( Anagallis 
arvensis ) ; ou  bien  elle  est  pourvue  d’une 
ouverture  vers  le  sommet.  Ces  différents 
modes  de  déhiscence  sont  les  caractères 
sur  lesquels  sont  fondées  les  tribus  de  cette 
vaste  famille.  Les  genres  les  plus  curieux 
appartiennent  à la  tribu  des  Sphœriées, 
dans  laquelle  la  déhiscence  s’opère  par  un 
opercule  situé  au  sommet  du  conceptacle. 
Le  nombre  des  spores  renfermées  dans  ce 
dernier  est  incalculable,  et  leur  ténuité  est 
telle  qu’il  en  faudrait  des  millions  pour  cou- 
vrir un  centimètre  carré.  C’est  à cette  tribu 
qu’appartiennent  les  plus  cruels  ennemis  des 
insectes,  les  Hypoxylon  et  les  Cordiceps. 


Ces  deux  genres  affectent  la  forme  cau- 
lescente  que  nous  avons  mentionnée  plus 
haut,  et  sont  quelquefois  réunis  sous 
le  nom  de  Cordiceps  ou  de  Torrubia.  Les 
fructifications  colorées  qui  se  groupent  au 
sommet  de  la  tige  les  font  ressembler  à de 
petites  Prêles  ( Equisetum ).  Dans  le  Cordi- 
ceps militaris,  espèce  assez  commune  en 
Europe,  la  partie  noueuse,  semblable  à une 
racine  en  chapelet  qui  prolonge  la  tige, 
est  formée  par  les  cadavres  de  chrysalides 
sur  lesquels  le  parasite  s’est  implanté.  Géné- 
ralement ce  Champignon  choisit  son  siège 
sur  le  sommet  de  la  tête  de  la  larve  ou  de 
l’insecte  et  sa  position  habituelle,  jointe  à sa 
forme  qui  rappelle  assez  celle  d’un  panache, 
lui  a valu  son  nom  de  militaris.  Un  autre 
Cordiceps  ou  Hypoxylon , qui  croît  en 
Nouvelle-Zélande  sur  les  larves  de  YHepialus 
virescens , est  très-remarquable.  Voici  ce 
que  Payer  (1)  dit  au  sujet  de  cette  espèce, 
nommée  Hypoxylon  Robertsii  : 

« On  la  rencontre  en  abondance  au  mois  de 
novembre,  c’est-à-dire  au  commencement  du 
printemps  de  la  Nouvelle-Zélande,  sur  les 
feuilles  de  deux  espèces  indigènes  de  Convol- 
vulus  et  sur  les  fleurs  du  Rata  ( Metrosideros 
robusta).  A la  fin  de  février,  elle  quitte  les 
feuilles  sur  lesquelles  elle  vivait  et  s’enfonce 
dansda  terre  jusqu’à  près  de  2 décimètres  de 
profondeur  pour  y subir  ses  métamorphoses. 
Mais,  au  lieu  d’un  papillon,  on  voit  souvent 
apparaître,  vers  le  milieu  du  mois  d’août,  à la 
surface  de  la  terre,  dans  l’endroit  où  s’est, 
enfoui  YHoteté  (nom  vulgaire  donné  à YHe- 
pialus  virescens ),  un  Champignon  claviforme 
qui  est  YHypoxylon  Robertsii , et,  si  on  enlève 
la  terre  avec  précaution  tout  à l’entour,  on 
s’aperçoit  qu’il  sort  de  la  tête  de  la  chrysalide 
de  l’Hoteté.  La  végétation  de  ce  Champignon 
dure  tant  que  le  tissu  graisseux  de  la  chrysa- 
lide, aux  dépens  duquel  il  se  nourrit,  n’est  pas 
complètement  absorbé.  Chaque  année,  l’extré- 
mité supérieure  du  réceptacle  commun  se  dé- 
truit, et  à sa  place  il  s’en  développe  un  autre 
qui  se  détruira  de  même.  En  sorte  qu’un 
Hypoxylon  Robertsii  âgé  offre,  à la  base  de  la 
partie  fructifère  du  réceptacle  commun,  les  ci- 
catrices des  rameaux  précédents,  et  il  est  facile 
de  calculer  son  âge  sur  le  nombre  de  ses  cica- 
trices. » 

Près  de  Nurrambidgee , croît,  d’après 
Berkeley,  un  Cordiceps  beaucoup  plus  gros 
que  le  Robertsii  et  qu’on  a coutume  de 
rencontrer  sur  une  énorme  larve. 

Comment  ces  Champignons  arrivent-ils  à 
pénétrer  sous  terre,  quelquefois  à une  pro- 
fondeur de  1 à 2 décimètres,  pour  s’implan- 

(1)  Botanique  cryptogamique,  p.  96. 


210 


INSECTES  ET  CRYPTOGAMES. 


ter  sur  la  tête  d’une  chrysalide?  On  sup- 
pose que  la  larve,  en  s’enfonçant  dans  le 
sol,  emporte  avec  elle  une  spore  du  parasite 
qui  germe,  vit  à ses  dépens  et  lui  donne  la 
mort. 

On  ne  rencontre  pas  les  Cordiceps  seu- 
lement sur  les  insectes  ; certaines  espèces 
croissent  sur  des  plantes  et  sur  d’autres 
Champignons,  sur  la  Truffe  en  particulier. 

Nous  autres,  Européens,  nous  ne  voyons 
pas  trop  ce  que  les  Cordiceps  sont  venus 
faire  en  ce  monde  ; mais  les  Chinois  sont 
extrêmement  reconnaissants  à Bouddah 
d’avoir  créé  ces  Champignons.  On  vend, 
dit-on,  sur  les  marchés  de  Chine,  les  Cor- 
diceps, soigneusement  arrachés  avec  les 
chrysalides  sur  lesquelles  ils  vivent,  en 
petits  paquets  liés  avec  des  fils  de  soie. 
C’est  un  régal  pour  les  palais  asiatiques  qui 
en  font  des  soupes  délicieuses,  mais  dont 
la  recette  est  encore  inconnue  chez  nous  et 
serait,  croyons-nous,  fort  peu  appréciée. 

La  famille  des  Excidées  ou  Exosporées 
est  tout  aussi  redoutable  pour  les  insectes 
que  le  groupe  des  Hypoxilon  que  nous 
venons  de  passer  en  revue. 

Les  Excidiées  sont  caractérisées  par  un 
réceptacle  celluleux  d’où  part  une  quantité 
plus  ou  moins  grande  de  filaments  terminés 
chacun  par  une  spore.  La  tribu  la  plus 
remarquable  est  celle  des  Isariées,  dont  le 
type  est  le  genre  Isaria.  Les  Champignons 
de  ce  genre  s’attaquent  de  préférence  aux 
papillons  et  aux  abeilles.  Lorsqu’ils  ont 
fini  par  les  tuer,  il  se  passe  un  fait  curieux. 
De  toutes  les  articulations  du  malheureux 
insecte  sortent  des  filaments  semblables  au 
chevelu  des  racines.  Il  semblerait  que  l’ani- 
mal a changé  de  règne  et  s’est  métamor- 
phosé en  végétal. 

Il  n’est  pas  rare  que  l’imagination  popu- 
laire s’empare  de  ces  analogies  et  passe  à 
la  conclusion  d’une  transformation  com- 
plète. La  fable  de  l’animal-plante  se  re- 
trouve dans  plusieurs  pays. 

Voici,  dans  cet  ordre  d’idées,  et  au  su- 
jet d’un  curieux  Isaria  de  l’Amérique  du 
Sud,  quelques  notes  publiées  dans  ma  re- 
lation de  voyage  (1)  : 

« Arrivé  à San  Pablo,  village  situé  sur  la 
route  de  Tuquerrès  à Barbacoas,  j’avais 
installé  mes  pénates  chez  un  nommé  Gas- 
paro  Rosero.  Bientôt  on  s’empressa  autour 
de  moi  et  on  se  mit  à examiner  les  plantes 
que  j’avais  cueillies  dans  les  forêts  envi- 
ronnantes. Tout  à coup  Rosero  me  dit: 

(1)  Tour  du  Monde,  liv.  987,  p.  358. 


« Et  le  Cuso , l’avez-vous  trouvé  ? » 
J’ouvris  de  grands  yeux. 

« Oui  le  Cuso , l’animal- plante  ? » 

Et  comme  mon  étonnement  croissait  : 

« Le  Cuso,  dit-il,  est  un  gros  ver  blanc 
à tête  noire  et  à six  pattes.  Il  vit  dans  le 
sol.  Quand  il  va  mourir,  ou  plutôt  se  trans- 
former, il  s’enfonce  profondément.  Ses 
pattes  deviennent  autant  de  racines  et  sa 
tête  une  tige  couverte  de  feuillage  et  de 
fleurs.  L’arbuste,  que  vous  devez  avoir  ren- 
contré, a reçu  le  nom  de  l’insecte.  » 

Je  demandai  si  l’on  pourrait  me  pro- 
curer un  ou  plusieurs  échantillons  de 
Cuso. 

« Rien  de  plus  facile,  me  dit  Rosero. 
Je  vais  envoyer  mon  gendre  à la  décou- 
verte. » 

Cette  assurance  me  confondait.  J’attendis 
avec  impatience  le  retour  de  l’envoyé,  qui 
arriva  au  bout  de  deux  heures,  en  disant 
que,  par  une  fatalité  inexplicable,  il  n’avait 
rien  trouvé.  Je  commençais  à croire  qu’on 
me  mystifiait  et  je  pris  un  grand  parti. 

« Cent  piastres  fortes  (500  fr.),  dis-je,  à 
celui  qui  me  rapportera  un  Cuso  avec  des 
racines  aux  pattes  et  des  feuilles  sur  la 
tête  ! » 

L’annonce  fit  sensation.  Tout  le  pueblo 
fut  bientôt  sur  pied.  Le  reste  de  la  journée 
se  passa  en  recherches,  mais  on  ne  m’ap- 
porta que  ce  que  j’attendais,  à savoir  une 
larve  d’insecte  mort,  ressemblant  beaucoup 
à celle  de  notre  hanneton  ou  du  « rhinocé- 
ros » (Or  y des  nasicorne)  et  pourvue  aux 
pattes  d’appendices  qui  me  donnèrent  le 
mot  de  l’énigme.  Une  moisissure  indiquant 
un  commencement  de  décomposition  cou- 
vrait la  surface  de  l’insecte.  Chacune  de  ses 
pattes  se  prolongeait  en  une  sorte  de  tube 
cylindrique,  renflé  en  massue  à l’extrémité, 
et  que  je  reconnus  pour  un  de  ces  Champi- 
gnons du  genre  Isaria  qui  croissent  sou- 
vent, même  en  Europe,  sur  les  cadavres 
d’hyménoptères. 

Comme  il  faut  une  explication  à tout 
phénomène  de  ce  genre,  je  trouvai  celle  qui 
pouvait  convenir  au  conte  bleu  de  nos  in- 
terlocuteurs : le  Cuso  vit  des  racines  de  la 
plante  (Rubiacée  à feuilles  dorées  en  des- 
sous, à fleurs  blanches,  qui  porte  ce  nom). 
La  tête  de  quelqu’un  de  ces  insectes  reste 
parfois  engagée  dans  la  souche  après  sa 
mort  ; elle  semble  faire  corps  avec  la  plante 
et  les  prolongements  singuliers  des  pattes 
simulent  de  véritables  racines.  Il  n’en  faut 
pas  plus  pour  exercer  l’imagination  d’un 
peuple  superstitieux.  » 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


211 


Ainsi  peuvent  s’expliquer  la  plupart  des 
légendes  concernant  les  prétendus  animaux- 
plantes.  Il  serait  intéressant  de  les  recher- 
cher toutes,  en  divers  pays,  et  de  fixer 
ainsi  scientifiquement  les  causes  des  pré- 


jugés qui  résistent  souvent  aux  démons- 
trations les  plus  convaincantes,  tellement 
le  besoin  du  merveilleux  est  ancré  dans 
notre  faible  nature  humaine. 

Ed.  André. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 


SÉANCE  DU  12  AVRIL  1888. 


Comité  de  floriculture. 

MM.  Vilmorin- And rieux  et  Cie  avaient  envoyé 
une  collection  de  Gynéraires  hybrides  à grandes 
fleurs.  Ces  plantes  étaient  superbes.  Elles 
réunissaient  toutes  les  qualités  recherchées  : 
les  bords  des  pétales  se  recouvrant  bien  et  les 
variétés  à centre  blanc  ayant  cette  macule  bien 
tranchée;  enfin,  les  coloris  étaient  de  nuances 
pour  la  plupart  franchement  nouvelles. 

Nous  avons  surtout  remarqué  les  variétés 
suivantes  : Rose  carminé , grandes  fleurs  uni- 
coiores,  Grenat  foncé , fleurs  unicolores,  coloris 
éblouissant  ; Rouge  sang  ; Rose  Solferino , etc. 

Comité  de  culture  potagère. 

Très  intéressante  communication  de  M.  Hé- 
diard  au  sujet  de  Pommes  de  terre  nouvelles, 
provenant  les  unes  d’Algérie  et  les  autres  des 
îles  Madère.  Les  premières,  qui  appartenaient 
à la  variété  de  Hollande  blanche , étaient  très- 
belles,  et  aux  Halles,  où  il  en  est  vendu  ac- 
tuellement environ  3,000  kilog.  chaque  jour, 
leur  prix  atteint  de  50  à 60  francs  les  100  kilog. 
Les  secondes,  qui  se  rapprochaient  beaucoup 
de  la  Early  rose , variété  peu  estimée  dans  le 
commerce,  étaient  d’une  apparence  médiocre  : 
leur  prix,  aux  Halles,  ne  s’élève  qu’à  18  ou 
20  fr.  les  100  kilog. 

La  rapidité  des  communications  entre  l’Al- 
gérie et  Paris  est  un  grand  avantage  pour  les 
produits  de  notre  colonie. 

On  ne  sâurait  donc  trop  faire  connaître  les 
résultats  signalés  par  M.  Hédiard.  Ils  ne  peu- 
vent que  favoriser  le  développement  de  la 
culture  primeuriste,  qui  pourrait  être,  pour  nos 
colonies  nord-africaines,  l’objet  d’une  produc- 
tion beaucoup  plus  importante  et  des  plus  ré- 
munératrices. 

M.  Hédiard  avait  également  apporté  quel- 
ques Tomates  provenant  de  Madère  ; ces  fruits 
étaient  à moitié  développés;  encore  verts  et 
d’un  placement  presque  impossible. 

Comité  d’arboriculture  fruitière. 

M.  Hédiard  présentait  des  Oranges  manda- 
rines récoltées  à Blidah,  et  de  toute  première 
qualité.  Il  a expliqué  à ce  propos  que  les  Man- 
darines d’Espagne  occupent  encore  une  place 
assez  importante  dans  la  consommation  fran- 


çaise. Ce  fait  résulte  uniquement  de  l’insuffi- 
sance des  envois  d’Algérie;  la  production  de  ce 
pays  pourrait  augmenter  dans  de  très-larges 
proportions  sans  qu’il  en  résultât  une  baisse 
dans  les  cours.  Les  arrivages  d’Espagne  seraient 
supprimés,  tout  simplement. 

M.  Caubert,  propriétaire  à Pierrefitte  (Oise), 
avait  envoyé  quelques  beaux  fruits  : Poires 
Doyenné  d’hiver;  Pommes  Reinette  de  Canada 
et  Calville  blanc. 

Comité  d’arboriculture  d’ornement. 

Deux  charmants  arbrisseaux  à floraison 
presque  hivernale  sont  présentés  par  M.  Groux, 
d’Aulnay,  près  Sceaux.  Ce  sont  V Andromeda 
japonica , au  feuillage  vert  foncé,  persistant, 
sur  lequel  se  détachent  de  lourdes  et  gra- 
cieuses grappes  de  fleurs  blanches,  retom- 
bantes, et  1 e Rhododendron  indicum  aux  nom- 
breuses fleurs  rose  foncé. 

On  composerait,  à l’aide  de  ces  deux  espèces, 
des  corbeilles  et  plates-bandes,  qui  produi- 
raient leur  maximum  d’effet  en  mars  et  avril, 
époque  où  les  jardins  sont  totalement  dépour- 
vus d’arbustes  fleuris.  On  devrait  alors  planter 
les  Rhododendrons  dans  le  milieu  des  cor- 
beilles et  les  entourer  de  un  ou  deux  rangs 
d’Andromèdes. 

Comité  de  l’art  des  jardins. 

Séance  presque  entièrement  consacrée  à 
l’examen  du  plan  définitivement  adopté  pour 
l’installation  de  l’horticulture  au  Trocadéro, 
dans  l’Exposition  universelle  de  1889. 

En  voici  les  dispositions  principales.  Les 
massifs  existants  seront  entièrement  dégarnis 
des  arbustes  et  arbrisseaux  qui  les  composent  ; 
chacun  de  ces  massifs,  dont  les  grands  arbres 
actuels  seront  le  fond,  en  même  temps  qu’ils 
serviront  d’abri  pour  les  plantes  exposées, 
formera  un  lot  spécial  qui  pourra  quelquefois 
être  divisé  entre  plusieurs  exposants.  De  nou- 
veaux massifs  seront  créés  en  nombre  suffisants 
pour  répondre  à toutes  les  demandes  d’empla- 
cements. Ces  travaux  sont  déjà  en  voie  d’exé- 
cution. 

La  surface,  actuellement  prévue  pour  les 
lots  d’arbres  et  d’arbustes,  est  de  21,072  mètres 
carrés.  Les  plantes  vivaces,  Rosiers,  etc.,  ont 
une  réserve  de  5,556  mètres.  Deux  immenses 


212 


CONDITIONS  GÉNÉRALES  DE  L’ACCLIMATATION  DES  PLANTES. 


tentes  recouvrant  presque  entièrement  le  pro- 
longement des  avenues  d’Iéna  et  Delessert,  qui 
traverse  le  parc,  fourniront  une  surface  cou- 
verte de  3,000  mètres  pour  les  plantes  un  peu 
fragiles  et  les  concours  périodiques.  Les  cor- 
beilles de  fleurs,  proprement  dites,  ne  repré- 
sentent actuellement  que  590  mètres  superfi- 
ciels. Les  plantes  alpines  et  aquatiques  ont  leur 


place  réservée  dans  les  rochers  et  auprès  des 
cours  d’eau.  Enfin,  les  plantes  de  serres,  et 
celles  de  terre  de  bruyère,  seront  installées  au 
Champ  s-de-Mars . 

Les  grands  tapis  verts  (4,000  mètres  super- 
ficiels), qui  s’étendent  entre  le  Palais  du  Troca- 
déro  et  la  Seine,  seront  consacrés  aux  concours 
pour  compositions  de  gazons.  Ch.  Thays. 


CONDITIONS  GÉNÉRALES  DE  L’ACCLIMATATION  DES  PLANTES 

PRÉFACE  DU  MANUEL  DE  L’ACCLIMATEUR  (1) 


L’acclimatation  est  essentiellement  une 
œuvre  de  patience  autant  que  d’intelligence, 
et  son  point  de  départ  est,  avant  tout,  un  choix 
judicieux  des  espèces,  races  ou  variétés  les 
mieux  appropriées  au  but  qu’on  veut  atteindre. 
Ce  choix  fait,  il  y a à considérer  les  procédés 
à suivre,  et  qui  peuvent  se  résumer  dans  les 
préceptes  suivants  : 

4°  Tenir  compte  des  conditions  climaté- 
riques du  pays  d’origine  des  plantes  à intro- 
duire dans  des  pays  nouveaux.  Le  succès  sera 
d’autant  plus  assuré  que  ces  conditions  seront 
moins  dissemblables  ; car  si  flexible  que  soit 
le  tempérament  des  plantes,  cette  flexibilité  a 
cependant  des  limites.  Ainsi,  par  exemple, 
une  plante  de  la  région  équatoriale,  où  la  tem- 
pérature moyenne  varie  de  28  à 30  degrés 
centigrades,  aura  encore  chance  de  prospérer 
dans  les  lieux  situés  plus  loin  de  l’équateur  et 
où  la  température  serait  de  4 à 5 degrés  plus 
basse,  les  autres  conditions  restant  les  mêmes  ; 
mais  sa  culture  serait  beaucoup  plus  incer- 
taine à la  hauteur  des  tropiques,  à moins 
qu’elle  n’y  donnât  quelque  race  ou  variété 
nouvelle  moins  exigeante,  ce  qui  est  souvent 
arrivé.  Il  en  est  ainsi'  des  plantes  de  tous  les 
autres  climats,  car  toutes  peuvent,  dans  des 
mesures  diverses,  s’accommoder  d’un  peu  plus 
ou  d’un  peu  moins  de  chaleur,  quelques-unes 
même  endurent  des  variations  très-considé- 
rables de  température.  Il  ne  faut  d’ailleurs  pas 
oublier  que  les  lignes  isothermes  ne  sont  pa- 
rallèles ni  à l’équateur  ni  entre  elles,  qu’elles 
subissent  des  écarts  parfois  énormes,  suivant 
les  régions  du  globe  qu’elles  traversent,  et 
qu’elles  ne  correspondent  pas  davantage  avec 
les  lignes  isothères  et  les  lignes  isochimènes. 

Quiconque  s’est  occupé  de  météorologie 
générale  sait  que  le  voisinage  des  grandes 
mers  atténue  également  la  chaleur  de  l’été  et 
les  froids  de  l’hiver,  ce  qui  a conduit  à distin- 
guer des  climats  marins,  relativement  doux  et 
tempérés,  et  des  climats  continentaux  qui  sont 
excessifs  tant  par  la  rigueur  du  froid  que  par 
l’ardeur  du  soleil  ; on  sait  de  même  que  la  partie 
orientale  des  continents  est  ordinairement  plus 
froide  que  la  partie  opposée,  que  la  tempéra- 
ture décroît  avec  l’altitude,  et  que,  même  sous 

(1)  Voir  Revue  horticole , 1888,  n°  8,  p.  181. 


l’équateur,  les  très-hautes  montagnes  se  cou- 
vrent de  neige.  Outre  ces  causes  générales,  il 
en  est  d’autres,  de  diverses  natures,  qui 
agissent  plus  localement  pour  modifier  les 
climats,  indépendamment  des  latitudes;  ce  sont 
tantôt  les  vents  dominants  dans  le  pays, 
tantôt  le  voisinage  de  montagnes  qui,  suivant 
leur  hauteur  et  leur  orientation,  modifient 
le  climat  des  plaines  avoisinantes,  toutes  ces 
particularités  météorologiques  sont  sans  doute 
familières  à la  plupart  des  acclimateurs  ; 
il  est  cependant  un  point,  que  nous  vou- 
lons leur  rappeler,  parce  qu’il  a son  impor- 
tance, c’est  que  les  accidents  topographiques, 
les  reliefs  du  sol,  donnent  souvent  lieu  à des 
climats  locaux  très-circonscrits  et  très  différents 
du  climat  général  du  pays  auquel  ils  sont  quel- 
quefois très-supérieurs.  C’est,  entre  autres 
exemples  à citer,  le  cas  de  la  Provence  mari- 
time, qui,  abritée  contre  les  vents  du  nord  par 
de  hautes  chaînes  de  montagnes  dirigées  de 
l’est  à l’ouest,  jouit  d’un  climat  presque  com- 
parable, par  la  douceur,  à celui  de  la  côte 
africaine,  située  de  l’autre  côté  de  la  Médi- 
terranée. 

Le  climat  d’un  pays  n’est  pas  tout  entier 
dans  la  température  qui  y règne  ; il  comprend 
en  outre  la  quantité  d’eau  pluviale  qui  y tombe 
dans  une  année  moyenne,  ainsi  que  la  répar- 
tition de  la  pluie,  suivant  les  saisons.  Ce  point 
est  à considérer  presque  autant  que  la  tempé- 
rature et  la  lumière  solaire,  car  si  les  plantes 
ont  besoin  de  ces  deux  éléments,  elles  ne  peu- 
vent pas  davantage  se  passer  d’eau.  Sous  ce 
rapport  aussi,  elles  présentent  entre  elles  les 
plus  grandes  différences.  Il  en  est  qui  ne 
peuvent  vivre  que  submergées  ou  le  pied  dans 
l’eau  ; il  en  est  d’autres  qui  ne  prospèrent  que 
dans  les  terres  arides  ; pour  l’immense  majo- 
rité, c’est  l’état  intermédiairè  entre  ces  deux 
extrêmes  qui  réunit  les  meilleures  qualités  ; 
mais  sur  cette  échelle,  il  y a encore  de  nom- 
breux degrés,  dont  le  cultivateur  doit  tenir 
compte.  Citons  comme  exemple  le  Thé  et 
la  Vigne,  deux  plantes  agricoles  de  première 
valeur  et  source  de  richesse  pour  les  peuples 
qui  les  cultivent  ; mais,  tandis  que  le  Thé  ne 
donne  ses  produits  que  là  où  l’été  est  à la  fois 
chaud  et  très-pluvieux,  la  Vigne  ne  donne  les 
siens  que  dans  les  pays  chauds  et  secs  en  été. 


CONDITIONS  GÉNÉRALES  DE  L’ACCLIMATATION  DES  PLANTES. 


213 


Ces  deux  cultures  sont  en  quelque  sorte  les 
antipodes  l’une  de  l’autre.  Sur  tout  le  globe, 
les  différences  pluviométriques  influencent  pro- 
fondément le  caractère  de  la  végétation.  Les 
pays  pluvieux  se  couvrent  d’une  épaisse  ver- 
dure et  nourrissent  de  vastes  forêts  ; les  pays 
arides  n’ont  qu’une  végétation  pauvre  et  clair- 
semée, ou  même  en  sont  totalement  dépour- 
vus, si  cette  aridité  est  poussée  à l’extrême. 

2°  Il  faut  aussi  tenir  compte  de  la  nature 
minéralogique  du  sol.  Beaucoup  de  plantes 
y sont  indifférentes  ou  presque  indifférentes  ; 
mais  il  en  est  pour  lesquelles  elle  est  une  ques- 
tion de  vie  ou  de  mort.  Quelques-unes  dépé- 
rissent invariablement  dans  les  terrains  où  la 
matière  calcaire  domine,  d’autres  succombent 
si  elle  y est  en  trop  faible  proportion  ; d’autres 
plantes  encore  ne  vivent  que  dans  les  sols 
siliceux.  Pour  le  plus  grand  nombre,  la  terre 
la  plus  convenable  est  celle  qui  résulte  du 
mélange,  en  proportions  à peu  près  égales,  de 
chaux,  de  silice  et  d’alumine  comme  éléments 
principaux,  de  phosphates  et  de  potasse  comme 
éléments  accessoires.  Ce  qui  ajoute  considéra- 
blement à la  puissance  de  la  terre,  et  cela 
pour  la  presque  universalité  des  plantes, 
c’est  l’humus  ou  terreau,  qui  résulte  de  la 
décomposition  de  matières  organiques,  c’est-à- 
dire  de  débris  de  plantes  et  d’animaux.  Cet 
humus,  riche  en  azote,  fournit  aux  plantes  un 
des  éléments  les  plus  essentiels  à la  formation 
de  leurs  organes,  en  même  temps  qu’il  rend 
le  sol  plus  meuble  et  plus  perméable  à l’air  et 
à l’eau  des  pluies.  Nombre  de  plantes  ne  peu- 
vent vivre  que  dans  ce  terreau,  soit  seul,  soit 
mélangé  à la  terre  ordinaire.  Tout  le  monde 
sait  l’emploi  que  font  les  jardiniers  de  la  terre  de 
bruyère,  qui  est  un  humus  mêlé  à une  plus  ou 
moins  forte  proportion  de  sable  siliceux.  Ce 
compost  si  utile  est  souvent  fabriqué  artifi- 
ciellement à l’aide  de  feuilles  d’arbres  décom- 
posées. 

Outre  les  plantes  qui  croissent  directement 
dans  le  sol,  il  en  est  qui  vivent  appliquées  sur 
le  tronc  des  arbres  ou  suspendues  à leurs 
branches,  sans  communiquer  avec  la  terre. 
Celles-là  s’alimentent  exclusivement  des  maté- 
riaux gazeux  contenus  dans  l’air  et  des  subs- 
tances dissoutes  dans  l’eau  des  pluies  et  la 
rosée.  Ce  sont  les  plantes  dites  épiphytes, 
presque  toutes  intratropicales,  et  aujourd’hui 
largement  représentées  dans  les  serres  des 
amateurs  fleuristes  par  les  Orchidées  et  les 
Broméliacées.  D’autres  plantes  ne  vivent  que 
submergées  ou  flottantes  à la  surface  de  l’eau, 
tantôt  libres,  tantôt  fixées  au  fond  vaseux  par 
leurs  racines  ; un  nombre  plus  considérable 
encore  habite  les  sols  marécageux,  les  terres 
souvent  inondées,  les  bords  des  lacs  et  des 
rivières  ; quelques-unes  mêmes  ne  trouvent 
leurs  conditions  d’existence  que  dans  l’eau  de 
la  mer,  les  lagunes,  les  terrains  salés  des 
rivages  de  l’Océan.  Toutes  ces  particularités 
doivent  être  connues  de  l’acclimateur,  puis- 


qu’il n’a  chance  de  réussir  qu’en  reproduisant 
avec  plus  ou  moins  de  bonheur  les  conditions 
naturelles  auxquelles  chaque  espèce  de  plante 
est  assujettie. 

3®  Savoir  choisir  les  climats,  les  sites  conve- 
nables et  les  terrains  n’est  pas  le  tout  de  l’art 
de  l’acclimateur.  Il  faut  qu’il  y ajoute  une 
suffisante  connaissance  des  procédés  de  la  cul- 
ture, qu’il  sache  semer,  bouturer,  marcotter  et 
greffer,  élever  le  jeune  plant,  le  protéger 
contre  les  vicissitudes  atmosphériques  ou  les 
attaques  des  insectes,  le  transplanter  dans  la 
saison  convenable,  l’arroser  quand  la  nécessité 
s’en  fait  sentir,  etc.,  toutes  opérations  qui 
demandent  une  certaine  instruction  théorique 
et  tout  autant  d’expérience  pratique. 

Nous  n’avons  pas  à entrer  dans  ces  détails, 
qui  sont  exposés  au  long  dans  tous  les  traités 
d’agriculture  et  de  jardinage,  et  dont  les  règles 
n’excluent  pas  l’initiative  individuelle  ; mais 
nous  croyons  utile  de  rappeler  au  lecteur  cer- 
taines particularités  souvent  oubliées  dans  les 
livres  dont  nous  parlons,  et  qui  sont  relatives 
à la  production  des  graines,  et,  par  suite,  à la 
propagation  des  plantes. 

Presque  tous  les  végétaux  connus  sont 
sexués,  c’est-à-dire  pourvus  d’organes  mâles 
et  d’organes  femelles,  dont  le  concours  est 
nécessaire  pour  la  production  des  graines. 
Tantôt  les  organes  des  deux  sortes,  les  éta- 
mines et  l’ovaire,  sont  réunis  dans  la  même 
fleur,  qui,  alors,  est  hermaphrodite  ; tantôt  ils 
sont  portés  par  des  fleurs  différentes,  les  unes 
mâles,  les  autres  femelles,  suivant  qu’elles 
contiennent  les  étamines  ou  l’ovaire,  et  ces 
fleurs  peuvent  être  situées  soit  sur  le  même 
individu,  soit  sur  deux  individus  distincts  et 
plus  ou  moins  éloignés  l’un  de  l’autre.  Elles 
sont  dites  monoïques  dans  le  premier  cas, 
dioïques  dans  le  second.  On  comprend  sans, 
peine  que,  lorsque  les  fleurs  sont  hermaphro- 
dites ou  bisexuées,  la  fécondation  de  l’ovaire 
par  le'pollen  des  étamines  est  beaucoup  plus 
assurée  que  lorsque  les  sexes  sont  sur  des 
plantes  différentes  et  par  conséquent  plus  éloi- 
gnés l’un  de  l’autre.  Dans  ce  dernier  cas,  sur- 
tout si  les  fleurs  sont  dioïques,  la  fécondation 
ne  peut  s’opérer  qu’avec  le  concours  d’agents 
extérieurs.  Le  vent,  qui  soulève  le  pollen  et  le 
dissémine  au  hasard,  souvent  sans  résultat  ; les 
insectes,  qui,  attirés  par  les  exsudations  sucrées 
des  fleurs,  le  transportent  inconsciemment 
d’une  fleur  sur  une  autre  ; et  enfin  l’homme, 
qui,  intentionnellement,  le  dépose  sur  les  stig- 
mates des  fleurs  femelles.  C’est  la  fécondation 
artificielle,  à laquelle  on  est  souvent  obligé  de 
recourir,  pour  assurer  la  fructification  et  la 
production  des  graines.  On  sait  que,  de  temps 
immémorial,  les  Arabes  fécondent  les  Dattiers 
femelles,  en  répandant  sur  leurs  fleurs  le  pol- 
len des  Dattiers  mâles,  et  que,  sans  cette  pré- 
caution, leurs  arbres  resteraient  stériles.  Cet 
exemple  suffit  pour  faire  voir  combien  est  im- 
portante l’intervention  de  l’homme  dans  cette 


214 


LES  ÉPHÉMÉRIDES  HORTICOLES  DE  LA  VILLE  DE  GAND. 


phase  de  la  vie  des  plantes,  qui  est  le  point  de 
départ  des  générations  nouvelles. 

Il  n’est  pas  toujours  facile,  ni  même  possible, 
d’opérer  la  fécondation  artificielle,  surtout 
lorsqu’il  s’agit  de  grands  arbres  à fleurs  dioï- 
ques  ; mais  alors,  comme  par  une  prévoyance 
toute  providentielle,  le  pollen  se  produit  sur 
les  arbres  mâles  avec  une  telle  abondance,  et 
il  est  si  fin,  si  pulvérulent  et  si  léger,  que  le 
moindre  souffle  d’air  en  soulève  des  nuages  et 
le  transporte  souvent  à de  grandes  distances. 
Si,  sur  son  parcours,  il  rencontre  des  arbres 
femelles  de  même  espèce  et  en  fleurs  en  ce  même 
moment,  il  y a de  grandes  chances  pour  que 
ces  fleurs  reçoivent  quelques  graines  de  pollen 
et  soient  fécondées.  Néanmoins,  la  fécondation 
est  ici  livrée  au  hasard  ; elle  est  beaucoup  plus 
assurée  si  les  arbres  des  deux  sexes  sont  rap- 
prochés l’un  de  l’autre,  et  davantage  encore, 
s’ils  croissent  en  nombre  sur  le  même  coin  de 
terrain.  Peu  d’amateurs  d’arbres  et  autres 
plantes,  en  créant  leurs  collections,  ont  songé 
à la  nécessité  de  posséder  à la  fois  les  deux 
sexes  des  espèces  dioïques  et  à les  tenir  rap- 
prochés l’un  de  l’autre.  Il  en  résulte  que  beau- 
coup d’arbres  exotiques,  introduits  dans  les 
jardins  et  dans  les  parcs,  et  qu’il  y aurait  grand 
intérêt  à multiplier  et  à propager,  restent  sté- 
riles, par  défaut  de  fécondation. 

On  donne  le  nom  de  croisement  à la  fécon- 
dation artificielle,  lorsqu’elle  est  appliquée  à 
des  plantes  d’espèces  différentes,  mais  appar- 
tenant au  même  genre  naturel.  Si  ces  espèces 
ont  entre  elles  une  certaine  affinité,  si,  en 
d’autres  termes,  elles  sont  assez  voisines  par 
leurs  caractères  botaniques,  la  fécondation 
adultérine  réussit  assez  souvent  et  donne  nais- 
sance à ce  qu’on  appelle  des  hybrides,  sorte  de 
mulets  végétaux,  qui  sont  souvent  stériles, 
mais  qui,  quelquefois,  produisent  des  graines 
et  peuvent  laisser  une  postérité,  dont  la  durée 
est  plus  ou  moins  longue. 

On  a beaucoup  exagéré,  dans  ces  dernières 
années,  futilité  des  croisements  entre  espèces 
distinctes  ; mais  les  croisements  entre  races  et 
variétés  d’une  même  espèce  ont  donné  des  ré- 
sultats importants  en  floriculture.  Par  eux,  beau- 
coup de  plantes  d’ornement  ont  produit  des  va- 
riétés supérieures,  et  il  est  à noter  que  les  formes 
métisses  ainsi  obtenues  se  conservent  quelque- 

LES  ÉPHÉMÉRIDES  HORTICI 

Gand  est  un  des  centres  les  plus  im- 
portants du  commerce  horticole  européen. 
Cette  situation  remonte  à de  nombreuses 
années.  Elle  résulte  principalement  du  goût 
très-développé  qu’ont  les  Belges  pour  tout 
ce  qui  concerne  l’horticulture,  du  soin  qu’ils 
apportent  dans  leurs  travaux,  et  aussi  des 
facilités  qu’ils  ont  trouvées  chez  eux  pour  la 
construction  et  le  chauffage  des  serres. 


fois  identiques  à elles-mêmes  dans  une  longue 
suite  de  générations.  Faisons  toutefois  observer 
que  les  croisements  n’ont  pas  toujours  de  bons 
résultats;  nous  en  avons  la  preuve  dans  nos  races 
de  légumes,  qui,  le  plus  souvent,  dégénèrent 
quand  elles  sont  croisées  les  unes  avec  les 
autres.  Le  fait  est  surtout  remarquable  dans 
l’espèce  du  Melon,  dont  les  nombreuses  et  ex- 
cellentes variétés  s’abâtardissent  presque  inva- 
riablement par  le  mélange  de  leurs  pollens. 
Une  plante  est  dite  rustique  lorsqu’elle  endure 
sans  dommage  toutes  les  vicissitudes  climaté- 
riques du  pays  où  elle  se  trouve  ; on  la  dit 
tendre  ou  frileuse  lorsqu’elle  n’y  résiste  pas  ou 
n’y  résiste  qu’incomplètement. 

Toutes  les  plantes  sont  rustiques  dans  les  lieux 
où  elles  croissent  naturellement  et  dans  ceux  où 
elles  sont  transportées,  quand  elles  y trouvent 
un  climat  analogue  à celui  qu’elles  ont  quitté.  Il 
arrive  cependant  que,  dans  des  hivers  excep- 
tionnellement rigoureux,  les  plantes  indigènes 
elles-mêmes  sont  atteintes  par  le  froid.  Ce  sont 
des  cas  rares  sans  doute,  mais  dont  on  peut 
citer  des  exemples  dans  bien  des  pays.  Nous 
en  avons  été  témoins  en  France  dans  l’hiver 
de  1879-1880,  où  la  gelée  a fait  périr  non  seu- 
lement une  multitude  d’arbres  et  d’arbris- 
seaux exotiques  cultivés  dans  les  parcs  et  les 
jardins,  mais  une  grande  quantité  de  Chênes  et 
de  Hêtres  dans  les  forêts.  Ces  altérations  mo- 
mentanées du  climat  ne  sont  pas  d’ailleurs  ex- 
clusivement propres  aux  pays  tempérés;  elles 
se  produisent  de  même  dans  ceux  qu’on  ap- 
pelle communément  les  pays  chauds,  par 
exemple  en  Égypte,  où  l’on  a vu  plus  d’une 
fois  le  Nil  pris  de  glace;  au  centre  du  Sahara, 
en  Australie,  au  voisinage  du  tropique,  en 
Floride,  au  Mexique,  dans  l’Amérique  du  Sud. 
Plusieurs  météorologistes  affirment  même  que 
la  gelée  et  la  neige  ne  sont  pas  tout  à fait  in- 
connues en  Afrique,  sous  l’équateur. 

Il  est  indispensable,  pour  quiconque  se  pro- 
pose de  cultiver  des  plantes  étrangères  au  pays 
qu’il  habite,  d’avoir  des  notions  générales  de 
météréologie.  C’est  pour  avoir  méconnu  cette 
nécessité  qu’on  a eu  à signaler  tant  de  mé- 
comptes et  de  découragements  dans  les  tenta- 
tives d’acclimatation  faites  par  les  gouverne- 
ments et  par  les  particuliers,  ch.  Naudin. 

Membre  de  l’Institut. 

LES  DE  LA  VILLE  DE  GAND 

A l’occasion  de  l’exposition  quinquennale 
qui  vient  d’avoir  lieu  à Gand,  la  Revue  de 
V Horticulture  belge  a recherché  les  faits  re- 
culés marquant  pas  à pas  les  progrès  du  jar- 
dinage en  Belgique,  et  nous  en  avons  extrait 
les  suivants,  très-intéressants  au  point  de 
vue  de  l’histoire  générale  de  l’horticulture. 

1366.  — Les  échevins  rendent,  le  1er  mars 
1366,  une  ordonnance  enjoignant  aux  mar- 


LES  ÉTIQUETTES  EN  BOTANIQUE  ET  EN  HORTICULTURE. 


215 


chands  de  fleurs  de  stationner  avec  leurs 
échoppes,  au  marché  des  grains. 

Les  jardiniers  ne  formaient  pas  à Gand  une 
corporation  spéciale.  On  croit  qu’ils  étaient  affi- 
liés à la  corporation  des  fruitiers.  A Bruges,  il  y 
avait  une  corporation  de  jardiniers-maraîchers. 

1464.  — Le  capitaine  gantois,  Hector  de 
Costere,  à son  retour  de  la  croisade  contre  les 
Turcs,  rapporte  d’Ascalon  les  premières  Écha- 
lotes, ainsi  que  le  Convolvulus  tricolor. 

1518.  — Isabelle,  femme  de  Christian  II,  roi 
de  Danemarck,  et  sœur  de  l’empereur  Charles- 
Quint,  envoie  dans  ce  pays  des  jardiniers  gantois, 
pour  apprendre  aux  Danois  l’ensemencement 
des  terres  et  la  culture  des  plantes  et  des  fleurs. 

1537.  — Après  la  conquête  de  la  Tunisie, 
Charles-Quint  envoie  à Gand,  pour  être  plan- 
tées dans  son  jardin  de  la  cour  du  Prince,  une 
collection  de  Tulipes  de  Gappadôce  et  une  de  Ro- 
siers, parmi  lesquels  la  Rose  pourpre  de  Tunis. 

1569.  — Un  frère  mineur,  du  nom  de  P.  de 
Rijcke,  rapporte  de  l’Amérique  du  Sud  une 
grande  quantité  de  plantes  rares  et  nouvelles. 

1596.  — Les  Fritillaria  (Couronne  impé- 
riale) et  Lilium  candidum  sont  introduits  et 
cultivés  pour  la  première  fois  à Gand. 

1598.  — Willem  de  Blasere,  échevin  de  la 
ville  de  Gand,  qui  possédait  une  des  plus  belles 
collections  d’Orangers  connues  au  XVIe  siècle, 
introduit  à Gand  la  semence  du  Concombre 
(Cucumis  sativa)  ; il  crée  les  premières  serres 
vitrées  et  chauffées  dont  l’histoire  fasse  mention 
dans  les  pays  du  Nord. 

1600.  — Lors  de  l’entrée  solennelle  des  ar- 
chiducs à Gand,  en  1600,  ceux-ci  reçoivent  de 
l’abbé  d’Eename,  avec  d’autres  présents,  deux 
magnifiques  Cliamærops  humilis.  Ces  deux 
arbres  furent  placés  plus  tard  dans  le  jardin 
botanique,  où  l’un  d’eux  existait  encore  au 
commencement  de  ce  siècle. 

Son  tronc  servit  à Gh.  Morren  à démontrer  le 
cours  des  faisceaux  vasculaires  dans  les  stipes 
des  Palmiers  ; il  se  trouve  encore  au  labora- 
toire de  botanique  de  l’Université  de  Liège. 

1675.  — Un  grand  amateur  de  fleurs,  le 
moine  Reyntkens,  de  l’abbaye  de  Saint-Pierre, 
à Gand,  se  rend  à Lille  pour  y acheter  des 
plantes.  On  lui  demande  plus  de  soixante-cinq 
francs,  somme  énorme  à cette  époque,  pour  un 
Cyclamen  persicum . 


Dans  un  de  ses  ouvrages,  Reyntkens  écrit 
que  la  lune  fait  monter  la  sève  dans  les  arbres 
et  dans  les  plantes. 

1742.  — Nous  trouvons  dans  la  Gazette  de 
Gand  la  première  annonce  d’une  vente  publique 
de  plantes  à Gand.  On  y vendit  des  Anémones, 
des  Renoncules,  des  Jacinthes  et  des  Tulipes. 

1749.  — Un  pépiniériste  français,  d’Orléans, 
vient  tous  les  ans  à Gand,  avec  une  collection 
très-variée  d’arbres  fruitiers. 

1763.  — Le  Rhododendron  ponticum , im- 
porté de  Gibraltar,  est  planté  pour  la  première 
fois  dans  les  jardins  de  Gand. 

1772.  — Un  jardinier,  du  nom  de  Tontje 
Verstuyft,  vient  un  dimanche  du  mois  de 
juin  1772  à la  place  d’ Armes  avec  quelques 
pots  de  fleurs  qu’il  expose  en  vente.  Il  revient 
le  dimanche  suivant,  et  son  exemple  est  suivi 
par  d’autres  jardiniers. 

C’est  de  cette  époque  que  date  le  marché  de 
plantes  et  de  fleurs  qui  se  tient,  pendant  la 
saison  d’été,  tous  les  dimanches,  à la  place 
d’ Armes. 

1773.  — Les  ventes  publiques  de  plantes  et 
de  fleurs,  qui  continuaient  à se  tenir  réguliè- 
rement à Gand,  n’attiraient  guère  que  les  hor- 
ticulteurs et  les  amateurs  de  la  ville.  En  1774, 
le  jardinier  gantois,  Judocus  Huytens,  fait  un 
voyage  en  Angleterre,  d’où  il  rapporte  une 
grande  quantité  de  plantes  nouvelles.  D’autres 
horticulteurs,  après  lui,  vont  également  acheter 
des  plantes  en  Angleterre. 

1797.  — Fondation  du  Jardin  botanique  de 
Gand.  Sur  le  rapport  présenté  au  gouverne- 
ment et  à la  municipalité  par  Charles  van  Hul- 
them  et  par  le  docteur  Bernard  Coppens,  le 
Jardin  botanique  est  établi  sur  l’emplacement 
occupé  par  le  potager  des  moines  Bénédictins 
de  l’abbaye  de  Baudeloo. 

Il  serait  intéressant  de  réunir  des  maté- 
riaux similaires  pour  établir  l’histoire  des 
commencements  de  l’horticulture  française. 
Les  éléments  ne  manquent  pas,  et  il  serait 
facile,  avec  un  peu  de  persévérance,  de  les 
rechercher,  de  les  coordonner,  d’en  tirer  des 
conclusions  qui  montreraient  notre  jardi- 
nage national  sous  de  curieux  aspects,  à son 
origine.  Ed.  André. 


LES  ÉTIQUETTES  EN  BOTANIQUE  ET  EN  HORTICULTURE 


Les  étiquettes  rentrent  chaque  année, 
pour  une  assez  forte  somme,  dans  les  frais 
généraux  des  jardins  botaniques  et  des  éta- 
blissements d’horticulture.  La  question  de 
se  procurer  des  étiquettes  élégantes,  solides, 
durables  et  à bon  marché,  n’est  donc  pas 
sans  importance.  Malheureusement,  il  est 
difficile  de  trouver  à la  fois  toutes  ces  qua- 
lités réunies.  Au  sein  du  Congrès  de  bota- 


nique et  d’horticulture  d’Anvers,  dont  le 
compte-rendu  vient  seulement  d’être  pu- 
blié, on  a longuement  discuté  sur  les  divers 
systèmes  d’étiquetage  employés,  et  il  ne 
semble  pas  que  l’on  ait  encore  trouvé  une 
étiquette  satisfaisant  à toutes  les  exigences. 

Les  étiquettes  en  bois,  fichées  en  terre 
ou  attachées  aux  plantes,  sont  les  moins 
coûteuses,  mais  sont  de  courte  durée,  peu 


216 


LES  ÉTIQUETTES  EN  BOTANIQUE  ET  EN  HORTICULTURE. 


élégantes  ; de  plus,  les  inscriptions  qui  y 
sont  laites  sont  peu  apparentes.  Les  lima- 
çons et  les  guêpes  laissent  sur  leurs  faces 
des  trainées  malpropres,  et  les  noms  de 
plantes  s’effacent  vite.  On  peut  cependant 
diminuer  une  partie  de  ces  inconvénients 
en  les  peignant  en  blanc  et  en  trempant  le 
bout  pointu  dans  du  goudron. 

Les  étiquettes  en  porcelaine  sont  très-jo- 
lies, mais  elles  coûtent  cher  et  sont  fragiles. 
Elles  supportent  mal  les  hivers  en  plein 
air,  et,  par  les  grands  froids,  elles  se  cre- 
vassent et  éclatent. 

Les  étiquettes  en  fer  émaillé  sont  moins 
cassantes,  mais  plus  chères  que  celles  en 
porcelaine  ; elles  sont  aussi  plus  lourdes 
et  plus  sensibles  au  froid  que  ces  der- 
nières. 

Les  étiquettes  en  fer,  fer-blanc  ou  zinc, 
recouvertes  d’une  couche  de  peinture  à 
l’huile,  ont,  sur  les  deux  derniers  systèmes, 
l’avantage  de  pouvoir  être  utilisées  pour  une 
inscription  nouvelle  quand  la  plante  dont 
elles  portent  le  nom  meurt.  Malheureuse- 
ment, elles  ont  des  inconvénients.  Elles 
sont  vite  salies  par  les  oiseaux  ; la  peinture 
se  soulève  en  certains  endroits,  et  la  rouille 
ronge  le  métal  aux  places  écaillées.  De  plus, 
les  inscriptions  palissent  assez  vite  et  finis- 
sent par  disparaître  au  bout  d’un  certain 
temps.  C’est  surtout  dans  les  serres  chaudes 
que  ce  dernier  inconvénient  s’accentue  ; 
dans  les  serres  à Orchidées,  au  bout  d’un 
an,  les  noms  deviennent  illisibles  sur  les 
étiquettes  en  zinc.  Cependant  ces  étiquettes 
sont  bonnes  pour  les  pépinières  ; leur  légè- 
reté et  leur  bon  marché  les  rendent  recom- 
mandables. Celles  fabriquées  à Clermont- 
Ferrand,  par  la  maison  Gérard-Col,  et  dont 
la  surface  a été  rendue  mate  par  un  acide, 
sont  généralement  préférées  aux  autres.  On 
a également  fait  l’essai,  dans  certains  jar- 
dins botaniques,  d’étiquettes  en  zinc,  avec 
lettres  imprimées  en  creux;  mais  la  gra- 
vure s’altère  et  finit  par  disparaître  au  bout 
de  quelques  années. 

Les  meilleures  étiquettes  semblent  être 
celles  en  métal  fondu  avec  lettres  saillantes 
analogues  aux  plaques  portant  les  noms  des 


rues.  Elles  ne  sont  cependant  pas  parfaites. 
Un  choc  assez  violent  les  brise,  et  elles  ne 
résistent  pas  toujours  aux  variations  de  tem- 
pérature. 

On  a préconisé  différents  autres  sys- 
tèmes d’étiquetage  plus  ou  moins  recom- 
mandables. 

Au  jardin  botanique  de  Leyde,  on  se  sert 
de  tubes  en  verre,  à l’intérieur  desquels 
est  glissé  un  papier  portant  le  nom  de  la 
plante.  Ce  procédé  peut  être  utile  dans  une 
serre,  mais  dans  un  jardin  de  botanique, 
ces  tubes  sont  très-fragiles  et  servent  de 
cible  aux  enfants.  On  peut  en  dire  autant 
des  étiquettes  en  verre  portant,  à la  face  in- 
férieure, le  nom  de  la  plante  gravé  sur 
papier  ou  sur  émail  et  recouvertes  d’un 
cadre  en  émail  ou  en  vernis  ; elles  sont 
très-jolies,  mais  se  cassent  trop  facilement. 
Suspendues  au-dessus  de  l’eau,  elles  sont 
très-bonnes  pour  l’étiquetage  des  plantes 
aquatiques  dans  une  serre. 

Les  étiquettes  en  carton-pierre  trempées 
dans  une  certaine  huile,  puis  enduites  d’une 
première  couche  de  vernis  qui  reçoit  l’ins- 
cription, et  ensuite  d’une  deuxième  couche, 
paraissent  devoir  donner  de  bons  résultats. 

On  a essayé  également  des  étiquettes  en 
plaquettes  de  terre  cuite,  sur  lesquelles  on 
inscrit  le  nom  de  la  plante  avec  un  crayon 
à base  de  noir  de  fumée.  Elles  sont  lourdes 
et  fragiles. 

Les  morceaux  de  plomb  portant  un  nu- 
méro que  l’on  enroule  aux  branches  des 
arbres  ne  sont  pas,  à proprement  parler, 
des  étiquettes,  puisqu’on  est  obligé,  pour 
connaître  le  nom  du  végétal  qui  le  porte, 
de  se  reporter  à un  catalogue. 

Les  différents  genres  d’étiquettes  dont 
nous  venons  de  parler,  qu’elles  soient  fixées 
sur  des  tiges  ou  suspendues,  doivent  être 
portées  par  des  fils  de  cuivre  ou  de  zinc  ; les 
clous  ou  vis  servant  d’attache  seront  égale- 
ment faits  de  l’une  de  ces  deux  matières. 
On  peut  leur  substituer  du  fer  galvanisé, 
qui,  s’il  est  bon,  produira  des  résultats 
aussi  satisfaisants,  et  a l’avantage  d’être 
beaucoup  moins  cher. 

Ém.  Bruno. 


U Administrateur-Gérant  : L.  Bourguignon. 


Imp.  Georges  Jacob,  — Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE, 


217 


CHRONIQUE  HORTICOLE 

Légion-d’Honneur.  — Mérite  agricole.  — Exposition  d’horticulture  de  Paris.  — Congrès  et  concours  de 
l’Association  pomologique  de  l’Ouest.  — Cours  de  culture  au  Muséum.  — Floraison  tardive  des  Poiriers 
à Nantes.  — Les  pelouses.  — Skimmia  rubella.  — L’irrigation  par  les  eaux  d’égout,  à Gennevliliers. 
— La  culture  du  Céleri  dans  le  Michigan.  — L’Épine-Vinette  et  la  rouille  des  céréales.  — Les  Oranges 
d’Australie.  — La  culture  de  la  Morille.  — Le  sulfate  de  cuivre  employé  contre  les  oiseaux  et  les 
limaçons.  — Le  « Fromage  » de  Soja.  — L’album  des  Orchidées  de  Mme  de  Nadaillac.  — Vœu  du 
Comice  de  Narbonne.  — La  vente  des  jus  de  tabacs.  — Expositions  annoncées.  — Memento  des  expo- 
sitions. — Nécrologie  : M.  Alfred- Augustin  Durand-Claye. 


Légion  -d'Honneur.  — Nous  avons  le 
plaisir  d’enregistrer  la  nomination  de 
M.  Millardet,  professeur  à la  Faculté  des 
sciences  de  Bordeaux,  au  grade  de  chevalier 
de  la  Légion-d’Honneur.  Tous  les  viticul- 
teurs connaissent  ses  remarquables  travaux 
sur  le  mildiou  et  les  moyens  de  le  détruire. 
Ils  ne  manqueront  pas  d’applaudir  à cette 
haute  distinction  accordée  à un  savant  qui 
s’est  occupé  avec  tant  de  persévérance  de-da 
reconstitution  de  nos  vignobles. 

Mérite  agricole.  — Parmi  les  récentes 
nominations  faites  dans  l’ordre  du  Mérite 
agricole,  nous  avons  à signaler  la  suivante, 
qui  intéresse  l’horticulture  : 

Roudier  (Pierre) , jardinier  en  chef  du 
jardin  des  plantes  de  Montpellier  (Hérault). 
Travaux  météorologiques.  Nombreuses  récom- 
penses; 42  ans  de  services. 

Exposition  d’horticulture  de  Paris.  — 

L’Exposition  générale  annuelle  organisée 
par  la  Société  nationale  d’horticulture  de 
France  ouvrira  ses  portes  le  25  mai,  et  se 
prolongera  jusqu’au  31  du  même  mois. 

Tout  permet  de  prévoir  qu’elle  sera,  cette 
année  encore,  à la  hauteur  de  la  réputation 
qu’elle  a su  conquérir.  Les  demandes  sont 
nombreuses.  Les  Orchidées  et  les  fleurs 
coupées  auxquelles  le  public  accorde  une  si 
légitime  faveur  seront  largement  repré- 
sentées; des  emplacements  spéciaux  leur 
seront  réservés. 

Plusieurs  dispositions  nouvelles  seront 
adoptées  ; c’est  ainsi  que,  dans  le  Pavillon 
de  la  Ville,  disposé  en  jardin  à la  fran- 
çaise, les  murs  seront  cachés  par  d’élégants 
treillages. 

La  Société  a pensé  qu’il  était  utile  de 
profiter  des  moyens  d’instruction  que  fournit 
une  semblable  exposition,  en  inaugurant, 
cette  année,  une  série  de  conférences  faites 
par  des  personnes  dont  les  connaissances 
spéciales  sont  une  garantie  de  succès.  C’est 
un  excellent  moyen  d’instruire  et  d’intéres- 
ser le  public  aux  progrès  de  l’horticulture. 

16  Mai  1888. 


Congrès  et  Concours  de  l’Association 
pomologique  de  l’Ouest.  — L’Association 
pomologique  de  l’Ouest,  présidée  par  M.  Le- 
chartier,  tiendra  sa  prochaine  session  à 
Saint-Brieuc  dans  le  courant  du  mois  d’oc- 
tobre. 

Les  questions  proposées  aux  études  du 
Congrès  sont  les  suivantes  : 

1°  Du  choix  des  porte-greffes  ou  intermé- 
diaires dans  l’élevage  du  Pommier; 

2°  De  la  fermentation  du  cidre,  du  nettoyage 
des  tonneaux,  de  la  conservation  du  cidre,  de 
ses  maladies  ; 

3°  Conventions  à intervenir  entre  le  pro- 
priétaire et  le  fermier  lors  d’une  plantation 
d’arbres  à fruits  à cidre  en  terres  affermées, 
afin  de  sauvegarder  équitablement  tous  les 
intérêts  ; 

4°  Rôle  des  Syndicats  dans  la  vente  et 
l’achat  des  fruits  à cidre; 

5°  Des  moyens  pratiques  pour  déterminer 
rapidement  la  valeur  réelle  des  fruits  à cidre  ; 

6®  Des  moyens  pratiques  pour  caractériser 
et  contrôler  la  valeur  d’un  cidre  lors  de  son 
achat  et  de  sa  réception  ; 

7°  De  la  destruction  du  puceron  lanigère, 
des  divers  parasites  du  Pommier  et  en  particu- 
lier de  l’Anthonome  des  fleurs  du  Pommier; 

8°  Adaptation  au  sol  et  au  climat  des  meil- 
leures variétés  de  fruits. 

Pour  faire  une  étude  complète  des  meil- 
leurs fruits  à cidre  et  établir  un  diction- 
naire de  synonymie  comprenant  les  espèces 
de  Pommes  les  plus  connues  dans  les  di- 
verses régions  de  la  France,  l’Association 
pomologique  de  l’Ouest  engage  vivement  les 
Sociétés  d’agriculture  à adresser  au  Con- 
cours qui  se  tiendra  en  même  temps  que  le 
Congrès  : 

1°  Celles  des  variétés  suivantes  qui  sont 
cultivées  dans  la  circonscription  : 

Première  saison.  — Blanc-Mollet , Doux- 
Év  êque,  Girard , Gros-Muscadet. 

Deuxième  saison.  — Joly-Rouge , Gros- 
Doux,  Frêquin , Amer-de-la-Vieuville , Rouge- 
Bruyère. 

Troisième  saison.  — Bramtot,  Bédan  ou 
Bédange , Marin- Auf ray , Argile,  Binet. 

10 


218 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


2°  Une  collection  de  vingt  variétés  de 
Pommes  à cidre  les  plus  estimées  dans  la  ré- 
gion, choisies  en  nombre  à peu  près  égal  parmi 
les  fruits  doux  et  amers,  et  comprenant  : 

1/5  en  variétés  de  première  saison, 

2/5  en  variétés  de  deuxième  saison, 

2/5  en  variétés  de  troisième  saison. 

La  description  des  fruits  à cidre  et  la  cons- 
tatation de  leurs  qualités  doivent  être  complé- 
tées par  des  renseignements  sur  leur  emploi 
dans  la  pratique  et  sur  les  qualités  ou  défauts 
des  arbres  qui  les  portent,  en  particulier  sur 
les  époques  de  floraison  et  de  maturité , la 
fertilité , la  rusticité , la  forme  et  la  vigueur 
de  l’arbre , la  nature  du  sol  dans  lequel  il 
est  planté , la  qualité  qu’on  reconnaît  à la 
Pomme  pour  la  fabrication  du  cidre. 

Ces  divers  renseignements  ne  peuvent  être 
observés  que  sur  les-  arbres  mêmes,  et  c’est 
pour  ce  motif  que  l’Association  pomologique 
demande  à chaque  Société  de  les  fournir  aussi 
complets  que  possible. 

La  commission  d’étude  demande  une 
dizaine  de  fruits  pour  chaque  variété.  Elle 
recommande  que  les  fruits  soient  choisis 
non  véreux,  ni  tombés,  ni  déformés,  mais 
sains,  vraiment  mûrs,  ou  presque  mûrs, 
normaux  et  représentant  bien  le  type  moyen 
de  la  variété. 

Cours  de  culture  au  Muséum.  — 

M.  Maxime  Cornu,  professeur,  a commencé 
son  cours  vendredi  dernier,  dans  l’amphi- 
théâtre de  la  galerie  de  minéralogie,  et  le 
continuera  les  mercredis  et  vendredis  sui- 
vants, à neuf  heures  du  matin. 

Ce  cours  a pour  objet  l’étude  des  végé- 
taux cultivés  dans  les  régions  chaudes  du 
globe  (plantes  alimentaires,  économiques, 
industrielles,  etc.,  usitées,  et  celles  dont  la 
culture  mériterait  d’être  tentée),  l’exposé 
des  principales  variétés  utilisées  et  les  mé- 
thodes de  culture  employées  dans  les  colo- 
nies françaises. 

Des  démonstrations  pratiques  auront  lieu, 
à la  suite  du  cours,  au  laboratoire,  dans  des 
conditions  qui  seront  indiquées  ultérieure- 
ment. 

Floraison  tardive  des  Poiriers  à 
Nantes.  — M.  Boisselot  nous  écrit  de 
Nantes  qu’il  n’a  pas  encore  vu  les  Poiriers 
fleurir  si  tard  que  cette  année  : 

Depuis  plus  de  vingt-cinq  ans,  nous  dit-il 
d’après  ses  notes,  les  Poiriers  étaient  en  pleine 
floraison  au  5 avril , et  cela  quelles  qu’aient  été 
les  variations  de  l’atmosphère.  Cette  année,  ils 
ont  à peine  commencé  à fleurir  à la  fin  d’avril. 
Quand  mûriront  les  Poires  de  la  Saint-Jean? 


La  Vigne  ne  s’est  mise  à végéter  qu’au  com- 
mencement de  mai.  Je  crois  que  c’est  un  bien 
et  j’espère  que  ce  long  hiver  aura  détruit  bien 
des  ennemis  des  végétaux. 

Nous  souhaitons  vivement  de  voir  le  pro- 
nostic de  M.  Boisselot  se  réaliser,  mais  les 
insectes  sont  bien  malins,  et  ils  savent  joli- 
ment se  protéger  contre  le  froid. 

Les  pelouses.  — Les  pelouses , qui 
jouent  un  rôle  si  important  dans  l’arrange- 
ment des  jardins  et  des  parcs,  doivent  être 
l’objet  de  nos  constantes  préoccupations. 
L’harmonie  du  coup  d’œil,  ce  but  toujours 
visé,  se  rompt  inéluctablement  dès  que  les 
pelouses  laissent  à désirer. 

Les  Anglais  sont  passés  maîtres  dans  la 
culture  des  gazons,  et,  si  le  climat  d’Albion 
est  une  des  causes  premières  de  la  beauté 
de  leurs  pelouses,  il  faut  reconnaître  cepen- 
dant que  celles-ci  sont  très-parfaitement 
entretenues  au  point  de  vue  de  l’engrais,  du 
roulage  et  du  fauchage.  Chez  nous,  qui 
n’avons  pas  les  brumes  de  la  Grande-Bre- 
tagne, il  importe  que  ces  trois  opérations 
soient  exécutées  avec  le  plus  grand  soin, 
mais  encore  faut-il  parvenir  à remplacer  les 
brouillards  qui  nous  manquent. 

En  France,  ce  n’est  guère  qu’en  Norman- 
die, oû  les  pluies  sont  très-abondantes,  que 
l’on  rencontre  de  beaux  tapis  de  gazon  ; 
presque  partout  ailleurs,  les  pelouses  que 
l’été  jaunit  ne  sont  plus,  alors,  que  de 
véritables  paillassons  du  plus  lamentable 
aspect. 

Bappelons  quelles  conditions  doivent  être 
remplies  pour  avoir  et  conserver  les  pelouses 
en  bon  état. 

Commencer  par  défoncer  et  nettoyer  le 
sol,  l’engraisser  si  besoin  est,  le  piétiner 
alors  qu’il  renferme  encore  un  peu  d’hu- 
midité. Semer,  recouvrir  les  graines  d’un 
bon  centimètre  de  terreau.  Quand  le  gazon 
est  bien  levé,  faucher  à la  machine  aussitôt 
que  faire  se  pourra,  une  ou  deux  fois  par 
semaine  pendant  l’été,  et  durcir  ce  gazon 
autant  que  possible.  Bassiner  le  soir  s’il  ne 
pleut  pas  à temps,  « puriner  » de  temps  à 
autre  par  les  temps  pluvieux,  fumer  chaque 
hiver  avec  engrais  consommé. 

Ce  n’est  qu’au  prix  de  tous  ces  soins  que 
l’on  obtiendra  de  belles  pelouses.  Si  l’on  ne 
fauche  pas,  si  l’on  ne  roule  pas  et  surtout 
si  l’on  n’arrose  pas  suffisamment  durant 
l’été,  toutes  les  peines  qu’on  se  sera  don- 
nées seront  perdues,  et  le  « paillasson  roux  » 
continuera  à se  substituer  au  velours  vert  de 
la  pelouse. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


219 


Skimmia  rubella.  — Chaque  année, 
après  l’hiver,  nous  appelons  l’attention  sur 
le  Skimmia  rubella , comme  étant  l’un  des 
arbustes  à feuilles  persistantes  de  pleine 
terre  les  plus  méritants. 

Sa  rusticité  est  des  plus  grandes,  on  peut 
même  dire  complète,  puisque  la  plante  ne 
gèle  jamais,  et  ses  feuilles,  qui  sont  nom- 
breuses, n’éprouvent  jamais  non  plus  la 
moindre  fatigue.  Ses  fleurs,  qu’il  donne 
en  grande  quantité,  sont  également  très- 
rustiques,  puisque  jamais  non  plus  elles 
n’éprouvent  la  moindre  souffrance,  bien 
qu’elles  soient  formées  avant  l’hiver  ; de 
sorte  que,  pendant  la  saison  rigoureuse, 
ces  fleurs  augmentent  encore  l’effet  décoratif 
de  la  plante  qui  les  porte. 

L’irrigation  par  les  eaux  d’égout,  à 
Gennevilliers.  — Il  y a actuellement,  à 
Gennevilliers,  600  hectares  irrigués  à l’aide 
de  l’eau  d’égout.  La  quantité  d’eau  déversée 
annuellement  par  hectare  atteint  le  chiffre 
formidable  de  42,000  mètres  cubes.  Il  pa- 
raît même  que  la  commune  de  Gennevilliers 
trouve  ce  chiffre  insuffisant  et  désirerait 
qu’il  fût  porté  à 50,000  mètres  cubes. 

On  a souvent,  en  parlant  de  légumes 
cultivés  dans  ces  terrains,  mis  en  doute 
leur  propreté  et  leur  sanité.  On  craint,  en 
effet,  que  certaines  espèces,  dont  les  feuilles 
sont  plus  ou  moins  en  forme  de  cornets, 
n’emmagasinent  des  détritus  organiques. 

Ce  grave  inconvénient  n’est  pas  à craindre 
parce  qu’à  Gennevilliers  les  arrosages  d’en 
haut  et  les  immersions  n’ont  pas  lieu.  Les 
cultures  sont  disposées  sur  des  plates- 
bandes  en  huttes,  larges  de  60  centimètres 
et  hautes  de  30  à 40  centimètres,  de  sorte 
que  l’humidité  et  les  matières  nutritives 
parviennent  par  imbibition  aux  racines,  et 
ces  matières  n’ont  aucun  contact  avec  les 
parties  aériennes.  Pour  les  légumes  ra- 
cines, tels  que  Carottes,  Navets,  etc.,  il  est 
évident  qu’un  bon  grattage  superficiel 
enlève  les  corps  étrangers  aussi  petits  qu’ils 
puissent  être. 

On  a parfois,  dans  l’emploi  de  l’eau 
d’égout,  constaté  des  résultats  fâcheux  : 
Fraises  fades  et  ne  se  conservant  pas  ; 
Choux-Fleurs  présentant  les  mêmes  incon- 
vénients, etc.;  mais  cela  provenait  d’une 
mauvaise  installation  : les  eaux  se  trouvaient 
plus  ou  moins  en  contact  avec  la  partie 
aérienne  des  plantes.  Avec  la  culture  sur 
buttes,  ces  faits  ne  se  produisent  pas. 

La  culture  du  Céleri  dans  le  Mi- 


chigan. — Parmi  les  causes  qui  permettent 
aux  Américains  de  produire  en  quantités 
immenses  des  fruits  et  des  légumes  qui 
vont,  dans  toutes  les  contrées  du  monde, 
se  disperser  à bas  prix,  la  spécialisation  des 
cultures  tient  une  des  premières  places.  Des 
exemples  ont  souvent  été  cités,  dans  ce 
sens,  et  on  peut  constater  qu’en  France  ils 
sont  déjà  suivis  en  maints  endroits. 

En  Amérique,  les  proportions  des  cul- 
tures s’accroissent  de  jour  en  jour,  et  pour 
en  donner  une  idée,  voici  quelques  indi- 
cations sur  les  cultures  de  Céleri  établies  à 
Kalamazoo,  dans  l’État  de  Michigan  (États- 
Unis). 

Ces  exploitations  occupent  une  surface  de 
deux  mille  acres,  soit  huit  cents  hectares 
environ.  Dix-huit  cents  personnes  y sont 
continuellement  employées,  et  plus  de  trois 
mille  cinq  cents  personnes  en  vivent,  plus 
ou  moins  directement. 

Pendant  la  saison  de  vente,  qui  com- 
mence vers  le  1er  juillet  pour  finir  fin  dé- 
cembre, jusqu’à  cinquante  tons,  c’est-à- 
dire  plus  de  5000  kilogrammes,  sont  expé- 
diés chaque  jour. 

En  1887,  les  prix  étaient  avantageux  : 
en  moyenne,  la  douzaine  de  pétioles  se 
vendait,  sur  place,  15  cents,  soit:  75  cen- 
times. 

On  comprend  sans  peine  l’économie 
énorme  de  main-d’œuvre  qui  peut  résulter 
d’une  organisation  semblable. 

L’Épine-Vinette  et  la  rouille  des  cé- 
réales. — Malgré  le  grand  désir  que  nous 
aurions  de  voir  réhabiliter  l’Épine-Yinette, 
qui,  soit  l’été,  par  son  épais  feuillage  vert 
pâle  ou  grenat  et  ses  jolies  fleurs  jaunes  re- 
tombantes, soit  à l’automne,  avec  ses  grap- 
pes aux  grains  de  corail,  rend  des  services 
assez  fréquents  dans  la  composition  des 
massifs,  nous  devons  enregistrer  le  fait  sui- 
vant. 

Dans  une  récente  séance  de  la  Société 
nationale  d’agriculture  de  France,  M.  Heuzé 
a communiqué  à ses  collègues  une  lettre  de 
M.  Serph,  député  de  la  Vienne,  confirmant 
le  rôle  attribué  à cet  arbuste  dans  la  propa- 
gation de  la  rouille. 

Il  parait  que,  dans  ce  département,  cer- 
taines communes,  précédemment  exposées 
au  fléau,  n’en  ont  présenté  aucune  trace 
depuis  que  les  haies  d’Épine-Vinette  ont 
été  détruites. 

L’été  prochain,  des  constatations  dans  un 
sens  ou  dans  l’autre  seront  certainement 
faites,  qui  permettront  de  décider  en  der- 


220 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


nier  ressort  sur  l’accusation  portée  contre 
le  Berberis  vulgaris. 

Les  Oranges  d’Australie.  — Il  paraît 
qu’un  envoi  assez  important  d’Oranges,  fait 
récemment  d’Australie  en  Angleterre,  est 
arrivé  à destination  en  bon  état. 

Le  Bulletin  de  la  Société  d’acclimatation, 
qui  mentionne  ce  fait,  remarque  que,  les 
saisons  étant  renversées  dans  l’hémisphère 
sud,  les  Oranges  d’Australie  mûrissent  à 
l’époque  où  les  Oranges  d’Algérie,  d’Es- 
pagne, de  Portugal,  etc.,  ont  cessé  de 
donner,  ce  qui  pourrait  présenter  de  grands 
avantages  pour  cette  production  nouvelle. 
Un  savant  de  Sydney  aurait  constaté  que 
les  Oranges  se  conservent  indéfiniment 
quand  on  les  emballe  dans  de  la  sciure  de 
bois,  ou  bien  si  on  les  enveloppe  dans  du 
papier  enduit  d’une  préparation  antisep- 
tique. 

La  culture  de  la  Morille.  — Ce  pro- 
blème, depuis  si  longtemps  à l’étude,  est-il 
enfin  résolu? 

M.  Ozou,  horticulteur  à Falaise,  faisait, 
depuis  plusieurs  années,  des  recherches  au 
sujet  des  conditions  de  sols,  de  milieux  et 
de  température,  pouvant,  avec  l’aide  d’un 
procédé  de  multiplication  dont  il  désire 
conserver  le  secret,  produire  des  Morilles. 
Déjà,  M.  Ozou  avait  réussi  à obtenir  de 
petites  Morilles;  mais,  comme  celles-ci  attei- 
gnaient à peine  1 centimètre  de  hauteur,  il 
était  impossible  de  considérer  le  but  comme 
atteint.  Cette  année,  cependant,  bien  avant 
que  ces  cryptogames  se  soient  développés  en 
plein  air,  M.  Ozou  a récolté,  en  serre,  dans 
les  cultures  qu’il  poursuivait,  un  certain 
nombre  de  Morilles  très-belles,  atteignant 
10  centimètres  et  demi  de  hauteur  sur 
4 centimètres  de  diamètre  à la  base. 

L’avenir  nous  apprendra  si  le  secret  de  la 
culturè  de  la  Morille  est  découvert.  Nous  ne 
doutons  aucunement  des  assertions  de 
MM.  Ozou  et  Brière;  mais  nous  avons  assez 
fréquemment  vu  des  Morilles  s’étant  déve- 
loppées spontanément  dans  la  terre  de 
plantes  en  pots,  à de  très-grandes  distances 
de  forêts,  et  il  est  permis  de  supposer  que 
ce  fait  a pu,  une  fois  de  plus,  se  produire. 

Le  sulfate  de  cuivre  employé  contre 
les  oiseaux  et  les  limaçons.  — On  con- 
naît les  ravages  que  les  bouvreuils  et  les 
mésanges  exercent  sur  les  boutons  de  nos 
arbres  fruitiers  au  commencement  du  prin- 
temps. M.  Magny,  président  de  la  Société 


d’horticulture  de  Coutances,  a employé  avec 
succès,  contre  leurs  déprédations,  une 
bouillie  composée  des  éléments  suivants  : 
chaux,  2 kilog.  dans  4 litres  d’eau,  sulfate 
de  cuivre,  1 kilog.  dissous  à chaud  dans 
12  litres  d’eau  ; suie,  500  grammes  ; le  tout 
mélangé  et  additionné  d’argile. 

En  augmentant  un  peu  la  proportion  du 
sulfate  de  cuivre,  M.  Magny  a obtenu,  avec 
cette  bouillie,  d’excellents  résultats  contre 
les  limaçons,  qui  sont,  on  le  sait,  très- 
friands  des  Brugnons. 

Le  « Fromage  » de  Soja.  — La  fécule 
de  Soja  est  quelquefois  employée  pour  la 
préparation  d’un  fromage. 

Ce  qui  empêche  ce  produit  de  se  répandre 
dans  la  consommation,  c’est,  paraît-il,  qu’il 
possède  un  goût  assez  prononcé  de  Haricot 
crû. 

La  Société  d’ Acclimatation  vient,  sur  la 
proposition  de  M.  Paillieux,  de  fonder  un 
prix  de  500  fr.,  qui  sera  accordé  à la  per- 
sonne ayant  trouvé  un  procédé  pratique  pour 
débarrasser  le  fromage  de  Soja,  frais  ou 
affiné,  de  ce  goût  désagréable. 

L’album  des  Orchidées  de  Mme  de  Na- 
daillac.  — Toutes  les  personnes  qui  s’inté- 
ressent directement  aux  choses  de  l’horti- 
culture de  serre  ont,  au  moins,  entendu 
parler  des  remarquables  collections  d’Or- 
chidées  possédées  par  M.  de  Nadaillac. 
Mme  de  Nadaillac,  on  le  sait  également, 
était  un  peintre  de  fleurs  d’un  très-grand 
talent,  et  cette  artiste  a pu  reproduire  en 
aquarelle  plus  de  trois  cents  espèces  ou  va- 
riétés de  ces  plantes. 

Nous  apprenons  avec  une  vive  satisfac- 
tion que  ces  aquarelles,  rassemblées  en 
quatre  gros  volumes,  viennent  d’être  offertes 
au  Muséum  d’histoire  naturelle  par  M.  De- 
lessert,  à qui  elles  appartenaient. 

Par  suite  de  l’acceptation  de  ce  don,  le 
précieux  album  de  Mme  de  Nadaillac  fait 
actuellement  partie  de  la  bibliothèque  du 
Muséum. 

Un  vœu  du  Comice  de  Narbonne.  — Le 

Comice  agricole  de  Narbonne,  sur  la  pro- 
position de  M.  Louis  de  Martin,  et,  après 
lui,  les  Conseils  généraux  du  Gard  et  de 
l’Hérault,  ont  émis  le  vœu  suivant  : 

Le  Comice  agricole  de  Narbonne,  vu  les 
services  rendus  à la  viticulture  européenne  par 
M.  le  professeur  Planchon,  tant  par  ses  études 
sur  le  phylloxéra  que  par  ses  recherches  sur 
les  Vignes  américaines  ; 


CHRONIQUE 

Vu  qu’il  est  de  l’honneur  d’une  nation  de 
remercier  par  des  récompenses  exceptionnelles 
ceux  de  ses  enfants  qui  ont  grandi  à la  fois  la 
richesse  matérielle  du  pays  et  sa  renommée 
scientifique  ; 

Considérant,  d’ailleurs,  qu’il  est  de  notoriété 
publique  que  cet  éminent  botaniste,  laissant  de 
côté  toute  idée  mercantile,  ne  s’est  jamais 
occupé  que  du  côté  scientifique; 

Considérant  que,  par  le  fait,  il  a enrichi  les 
autres  en  s’oubliant  lui-même; 

Émet  le  vœu  que  le  gouvernement  accorde  à 
Mme  veuve  Planchon,  à titre  de  récompense 
nationale,  une  pension  de  dix  mille  francs  ré- 
versible sur  ses  enfants. 

Le  présent  vœu  sera  communiqué  à 
toutes  les  Sociétés  agricoles,  et  aux  Con- 
seils généraux  des  régions  viticoles  de 
France. 

La  vente  des  jus  de  tabacs.  — On  sait 
combien  les  jus  de  tabacs  sont  employés  en 
horticulture,  mais  on  sait  aussi  combien  il 
était  difficile  de  s’en  procurer.  Le  ministre 
des  finances  vient  d’arrêter  les  dispositions 
nouvelles  d’après  lesquelles  ces  jus  seront 
livrés  au  public. 

Nos  lecteurs  en  trouveront  l’exposé  dans 
un  article  spécial  sur  lequel  nous  appelons 
leur  attention. 

EXPOSITIONS  ANNONCÉES. 

Bourbonne-les-Bains,  du  11  au  21  juin.  — 
Un  Concours  spécial  de  pulvérisateurs  et  une 
Exposition  de  produits  maraîchers,  plantes  en 
pots  et  fleurs  coupées,  aura  lieu  à Bourbonne- 
les-Bains  du  17  au  21  juin.  L’Exposition  est 
limitée  ; les  horticulteurs,  jardiniers  et  ama- 
teurs du  département  et  des  départements 
limitrophes,  ainsi  que  les  membres  de  la  So- 
ciété d’horticulture  de  la  Haute-Marne,  sont 
seuls  invités  à y prendre  part. 

Mézidon,  16  septembre.  — La  Société  d’hor- 
ticulture de  Mézidon  fera  dans  cette  ville,  le 
16  septembre,  une  exposition  générale  com- 
prenant fleurs,  fruits  et  légumes,  ainsi  que  les 
objets  d’art  ou  d’industrie  horticoles. 

Se  faire  inscrire  avant  le  2 septembre,  der- 
nier délai , chez  M.  Loutreul,  président  de  la 
Société,  à Bayeux  (Calvados). 

Le  programme  détaillé  de  l’Exposition  sera 
adressé  aux  personnes  qui  en  feront  la  de- 
mande. 

Orléans,  13  au  18  juin.  — La  Société 
d’horticulture  d’Orléans  et  du  Loiret  organise 
une  exposition  de  légumes,  fleurs,  fruits  et 
objets  d’art  concernant  l’horticulture.  Cette 
Exposition,  à laquelle  sont  conviés  tous  les  hor- 
ticulteurs et  amateurs  français  et  étrangers, 


horticole.  221 

aura  lieu  du  13  au  18  juin.  Le  programme 
comprend  vingt-quatre  concours. 

Adresser  les  demandes  d’admission,  le  8 juin 
au  plus  tard,  au  président  de  la  Société,  58,  rue 
de  la  Bretonnerie,  à Orléans. 

Saint-Germain-en-Laye,  du  26  au  29  août. 
— La  Société  d’horticulture  de  Saint-Germain- 
en-Laye  tiendra  dans  cette  ville,  au  manège 
militaire,  et  du  26  au  29  août,  une  Exposition 
générale  des  produits  de  l’horticulture  et  des 
objets  se  rattachant  à l’industrie  horticole. 

Les  horticulteurs  marchands  et  les  amateurs 
concourront  séparément. 

Adresser  les  demandes  d’admission  à M.  Sal- 
lier  fils,  secrétaire  général  de  la  Société,  châ- 
teau du  Val,  par  Saint-Germain-en-Laye  (Seine- 
et-Oise). 

Memento  des  Expositions.  — Voici  la  liste 
des  Expositions  précédemment  annoncées.  L’in- 
dication entre  parenthèses  ( Chr . n°...)  renvoie 
à la  Chronique  du  N°  de  la  Revue  horticole 
où  l’exposition  a été  annoncée  avec  quelques 
renseignements  sommaires.  La  mention  Exp. 
gén.  indique  qu’il  s’agit  d’une  exposition  géné- 
rale d’horticulture. 

Amiens.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  6),  2 au  4 juin. 
Autun.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  5),  2 au  10  juin. 
Bordeaux.  — Fruits,  légumes,  fleurs  (Chr.  n°  5), 
15  au  26  septembre. 

Bougival.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  9),  29  août  au 
3 septembre. 

Épinal.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  4),  9 au  14  juin. 

Laon.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  6),  25  au  27  mai. 
Marseille.  — Exp.  gén.  (Chr.  no  5),  2 au  11  juin. 
Meaux.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  5),  7 au  9 septembre. 
Moulins.  — Exp.  gén.  (Chr.  6),  31  juillet  au 
5 août. 

Nîmes.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  9),  26  mai  au  3 juin. 
Orléans.  — Exp.  gén.  (Chr.  n»  4),  24  au  27  mai. 
Paris.  — Exp.  gén.  annuelle  (Chr.  n°  6),  25  au 
31  mai. 

Roubaix.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n°5),  23  au  25  juin. 

— Roses  (Chr.  no  5),  17  novembre. 
Rouen.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  4),  16  au  21  mai. 
Saint-Cloud.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  8),  29  avril  au 
21  mai. 

Sens.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  8),  16  au  25  juin. 
Valognes.  — Exp.  locale  (Chr.  n°  8),  l°r  au  4 sep- 
tembre. 

Anvers.  — Roses  (Chr.  n»  8),  fin  juin. 

Lausanne.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  8),  20  au  25  sep- 
tembre. 

Nécrologie  : M.  Alfred- Augustin  Du- 
rand-Claye. — Nous  avons  à déplorer  la 
mort  de  M.  Alfred-Augustin  Durand-Claye, 
ingénieur  en  chef  et  professeur  à l’École  des 
ponts  et  chaussées.  M.  Durand-Claye  s’était 
surtout  rendu  utile  à l’agriculture  par  ses 
travaux  sur  l’utilisation  des  eaux  d’égout. 
Les  horticulteurs  et  maraîchers  de  la  plaine 
de  Gennevilliers  n’oublieront  pas  les  ser- 
vices importants  qu’il  leur  a rendus. 

I E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


CORBEILLES  ORNEMENTALES. 


OOO 


CORBEILLES  ORNEMENTALES 

DISPOSITIONS  NOUVELLES 


1°  Corbeille  de  plantes  isolées. 

On  reproche  souvent,  et  cela  avec  raison, 
aux  corbeilles  de  plantes  à fleurs,  d’être 


trop  compactes;  les  fleurs,  se  touchant 
presque,  ne  laissent  plus  voir  le  feuillage, 
les  effets  d’ombre  ne  se  produisent  plus, 


Fig.  49.  — Corbeille  de  plantes  isolées. 


1 . Cordyline  australis. 

2.  Cannas  Président  Wayvre  avec  Glaïeuls. 

3.  Pélargoniums  Bijou. 

4.  Alternanthera  atropurpurea. 

5.  Mesembrianthemum  cordiforme. 

6.  Gnaphalium  tomentosum,  tiges. 

7.  Fuchsias  à haute  tige  ou  pyramides. 


8.  Lantanas  tige. 

9.  Santolina  chamœcy par  issus. 

TO.  Sempervivum  californicum. 

11.  Agave  salmiana. 

Plantes  isolées  sur  le  fond  iF Alternanthera  (n°  4), 
Pélargoniums  zonales,  Agératums,  Glaïeuls,  Sauges, 
Bégonias,  Chrysanthèmes,  etc. 


l’air  ne  circule  pas;  bref,  l’élégance  a tota- 
lement disparu;  et  alors,  dans  ce  genre 
de  décoration,  les  corbeilles  ainsi  disposées 


pourraient  presque  être  remplacées  par  des 
tapis  épais,  aux  couleurs  brillantes. 

Pour  éviter  cette  défectuosité,  nous  avons 


Fig.  50.  — Coupe  transversale  de  la  corbeille. 


expérimenté  depuis  quelques  années,  dans 
les  jardins  publics  de  la  ville  de  Prague, 
un  nouveau  genre  de  décoration  florale  dont 


nous  avons  été  entièrement  satisfait.;  voici 
en  quoi  il  consiste  : 

Sur  un  fond  de  plantes  tapissantes  telles 


PLANTATIONS  LE  LONG  DES  PROPRIÉTÉS  RIVERAINES. 


que  Alternanthera,  Sempervivum,  Me- 
rambrianthemum,  etc.,  on  dispose,  dans 
un  ordre  symétrique  indiqué  sur  la  figure 
ci-contre  (fig.  49),  des  plantes  de  développe- 
ments différents,  et  distancées  suffisamment 
les  unes  des  autres  pour  que,  alors  qu’elles 
ont  atteint  toute  leur  grandeur,  elles  soient 
encore  séparées  entre  elles  et  laissent  voir 
les  plantes  formant  fond,  dont  les  couleurs 
ont  été  choisies  de  manière  à faire  ressortir 
en  vigueur  les  plantes  isolées. 

2°  Corbeille  à relief. 

Nous  appelons  corbeilles  à relief  celles 
dont  la  surface  a reçu,  avant  la  mise  en 


223 

place  des  plantes,  certains  renflements  des- 
tinés à augmenter  l’effet  désiré. 

Dans  l’exemple  que  nous  donnons  ci- 
contre  (fig.  51),  la  partie  centrale  jusqu’à  la 
bordure  intérieure  n°  4 a été  fortement 
bombée  au-dessus  du  niveau  général  de 
la  corbeille,  et,  de  plus,  les  ornements  en 
festons  ont  une  saillie  aussi  forte  que  pos- 
sible. 

Pour  faire  tenir  la  terre  ainsi  disposée, 
car  elle  se  dégraderait  si  on  la  laissait  à 
elle-même,  on  y repique  un  gazon  de  Sem- 
pervivum, qui  suffit  à la  maintenir  avec 
une  pente  presque  verticale. 

Les  deux  genres  de  décorations  florales 


Fig.  51.  — Corbeille  à relief. 


1.  Fourcroya  Roezli. 

2.  Echeveria  Scheideckeri. 

3.  Teleianthera  versicolor. 

4.  Gnaphalium  lanatum. 

5.  Antennaria  dioica. 

6.  Sempervivum  Delessonii. 

7.  Alternanthera  Van  Houttei. 

8.  — aurea  nana  compacta. 

9.  Echeveria  agaveoides. 

10.  Alternanthera  amœna,  centre  Yucca  filifera  varieg. 


11.  Alternanthera  aurea  compacta  nana. 

12.  Sagina  astilboides  aurea,  avec  Yucca  fol.  variegata 

au  milieu. 

13.  Alternanthera  amœna , avec  Festuca  glauca  à l’ex- 

trémité. 

•14.  La  ceinture,  les  deux  lignes  à l’extérieur  en  Herniaria 
glàbra,  l’intérieur  en  Sagina  astilboides  aurea,  ou 
en  Mesembrianthemum  cordifolium  aureum. 

15.  Sempervivum  californicum. 

16.  Echeveria  metallica  glauca. 


que  nous  venons  d’indiquer  nous  ont  donné, 
nous  le , répétons,  d’excellents  résultats,  et 
nous  engageons  vivement  les  lecteurs  de  la 
Revue  horticole  à en  faire  l’application.  Ce 
sera  deux  nouvelles  applications  de  déco- 


rations florales,  qui  pourront  présenter 
quelque  intérêt. 

F.  Thomayer, 

Jardinier-Chef  de  la  ville  de  Prague 
(Autriche). 


PLANTATIONS  LE  LONG  DES  PROPRIÉTÉS  RIVERAINES 


Divers  pépiniéristes  des  environs  de 
Paris  nous  ont  récemment  transmis  leurs 
doléances  à l’occasion  des  tracasseries  qui 
leur  sont  créées  par  des  cultivateurs  rive- 
rains de  leurs  plantations.  Ces  derniers  in- 
voquent la  loi  et  réclament  souvent  l’appui 
de  la  justice  contre  les  planteurs  d’arbres  à 


haute  tige,  de  2 mètres  et  au-dessus,  qui 
sont  situés  à moins  de  2 mètres  de  leurs 
propriétés. 

Dans  un  département  comme  celui  de  la 
Seine,  où  la  propriété  est  très-morcelée,  ces 
chicanes  ne  sont  pas  sans  inquiéter  beau- 
coup certains  pépiniéristes,  quand  ils  ont 


224 


BEGONIA  LUBBERSII. 


une  surface  considérable  dû  sol  qui  se 
trouve  ainsi  inutilisée. 

On  nous  écrit  à ce  sujet  : 

« Pensez-vous  que  la  loi  nous  concerne, 
nous  qui  ne  faisons  que  des  élevages  de 
plantes  n’ayant  aucun  rapport,  au  point  de 
vue  que  la  gêne  qu’ils  peuvent  causer  aux 
voisins,  avec  des  arbres  qui,  plantés  à de- 
meure pendant  cinquante  ans  et  plus,  s’éten- 
dent sur  les  riverains?  » 

Évidemment,  ces  jeunes  plantations  ne 
s’élevant  jamais  bien  haut,  destinées  à dis- 
paraître tous  les  trois  ou  quatre  ans,  dont 
l’ombre  est  insignifiante  et  les  racines  com- 
plètement inoffensives,  ne  peuvent  être  com- 
parées à des  arbres  établis  définitivement  et 
dont  l’accroissement  futur  inquiète  les  voi- 
sins ; nous  trouvons  donc  absolument  blâ- 
mables les  vexations  que  l’on  fait  subir  de 
ce  fait  aux  pépiniéristes  des  environs  de 
Paris.  Malheureusement  le  législateur  n’a 
fait  aucune  distinction  entre  les  arbres  à 
demeure  fixe  qui  peuvent  devenir  nuisibles 
par  leur  accroissement  et  ces  plantations 
passagères. 

Les  textes  de  loi  qui  régissent  cette  ma- 
tière intéressant  un  grand  nombre  d’hor- 
ticulteurs, sont  les  articles  671,  672  et  673 
du  Code  civil  ; nous  les  citerons  en  entier  : 

Art.  671.  — Il  n’est  permis  d’avoir  des 
arbres,  arbrisseaux  et  arbustes  près  de  la 
limite  de  la  propriété  voisine  qu’à  la  dis- 
tance prescrite  par  les  règlements  particuliers 
actuellement  existants , ou  par  des  usages 
constants  et  reconnus , et,  à défaut  de  régle- 
ments et  usages,  qu’à  la  distance  de  2 mètres 
de  la  ligne  séparative  des  deux  héfitages  pour 
les  plantations  dont  la  hauteur  dépasse  2 mètres, 
et  à la  distance  d’un  demi-mètre  pour  les 
autres  plantations. 

Les  arbres,  arbustes  et  arbrisseaux  de  toute 
espèce  peuvent  être  plantés  en  espaliers,  de 
chaque  côté  du  mur  séparatif,  sans  que  l’on 
soit  tenu  d’observer  aucune  distance,  mais  ils 
ne  pourront  dépasser  la  crête  du  mur. 

Si  le  mur  n’est  pas  mitoyen,  le  propriétaire 
seul  a le  droit  d’y  appuyer  ses  espaliers. 

Art.  672.  — Le  voisin  peut  exiger  que  les 
arbres,  arbrisseaux  et  arbustes,  plantés  à une 
distance  moindre  que  la  distance  légale,  soient 
arrachés  ou  réduits  à la  hauteur  déterminée 
dans  l’article  précédent,  à moins  qu’il  n’y  ait 


titre,  destination  du  père  de  famille  ou  pres- 
cription trentenaire. 

Si  les  arbres  meurent  ou  s’ils  sont  coupés  ou 
arrachés,  le  voisin  ne  peut  les  remplacer  qu’en 
observant  les  distances  légales. 

« Art.  673.  — Celui  sur  la  propriété  duquel 
avancent  les  branches  des  arbres  du  voisin 
peut  contraindre  celui-ci  à les  couper.  Les 
fruits  tombés  naturellement  de  ces  branches 
lui  appartiennent. 

Si  ce  sont  les  racines  qui  avancent  sur  son 
héritage,  il  a le  droit  de  les  y couper  lui-même. 

Le  droit  de  couper  les  racines  ou  de  faire 
couper  les  branches  est  imprescriptible. 

Les  seuls  conseils  que  nous  puissions 
donner  aux  pépiniéristes  contre  lesquels  ces 
textes  de  loi  sont  invoqués,  c’est  : 

1°  De  réclamer  l’application  des  régle- 
ments particuliers  ou  des  usages  cons- 
tants et  reconnus , s’il  en  existe  dans  leur 
localité  qui  leur  soient  favorables  ; 

2°  A défaut  de  ces  réglements  ou  usages, 
de  planter  le  terrain  inutilisé  en  fortes 
touffes  ne  dépassant  pas  2 mètres  qu’ils  ont 
le  droit  de  placer  à 50  centimètres  du  voisin, 
que  ce  procédé  rendra  peut-être  plus  tolérant  ; 

3°  De  provoquer,  par  des  associations,  des 
écrits,  des  protestations  collectives,  une  agi- 
tation en  vue  d’une  réforme  de  la  législa- 
tion actuelle. 

Pour  s’appuyer  sur  des  précédents  de  na- 
ture à les  aider  à obtenir  satisfaction,  les 
intéressés  peuvent  invoquer  la  coutume  en 
usage  dans  certaines  villes  d’eaux,  stations 
de  bains  de  mer,  localités  de  villégiature 
urbaine,  etc. 

Ainsi,  par  exemple,  les  villas  du  midi  de 
la  France,  sur  le  littoral  méditerranéen, 
comme  Cannes,  Nice,  Menton,  sont  l’objet 
de  tolérances  librement  consenties,  partout 
acceptées,  qui  permettent  souvent  de  plan- 
ter d’énormes  Eucalyptus  à 50  centimètres 
du  riverain.  La  raison  est  que  l’ombrage  et 
l’abri  étant  un  bien  recherché  dans  cette 
région  du  chaud  soleil,  on  est  heureux  de 
se  prêter  ainsi  un  mutuel  secours. 

Il  ne  serait  pas  très-difficile  de  réglemen- 
ter équitablement,  dans  ce  sens,  les  cultures 
qui  peuvent  être  faites  à moins  de  2 mètres 
des  riverains,  sans  porter  préjudice  à l’in- 
dustrie des  pépiniéristes.  Ed.  André. 


BEGONIA  LUBBERSII 


Chaque  plante  a son  histoire,  souvent  des 
plus  intéressantes,  et  le  charme  particulier 
qu’elle  présente  est  encore  augmenté  par  les 


péripéties  qui,  fréquemment,  ont  accompa- 
gné sa  découverte.  — Telles  espèces  n’ont 
pu  être  importées  vivantes  en  Europe  qu’a- 


BEfiONIA  LUBBERSII. 


225 


près  des  tentatives  nombreuses  et  pénibles, 
quelquefois  marquées  par  la  mort  du  pre- 
mier collecteur  parti  à leur  recherche.  Cer- 
taines d’entre  elles,  après  avoir  vécu  quelque 
temps  dans  nos  serres,  ont  disparu  par  suite 
de  causes  ignorées,  et  leur  réintroduction  a 
nécessité  de  nouveaux  voyages  lointains,  de 
nouveaux  périls  encourus. 

D’autres  plantes,  au  contraire, ontpénétré, 
pourrait  - on 
dire,  clan- 
destinement 
dans  les  cul- 
tures, et  le 

Bégonia 

Lubbersii , 
figuré  ci-con- 
tre, est  de  ce 
nombre.  Voi- 
ci son  his- 
toire. 

En 

M.  Petro  Bi- 
not,  l’horti- 
culteur col- 
lecteur bien 
connu , de 

Pétropolis 
(Brésil),  fit 
au  Jardin  bo- 
tanique de 
l’État,  à Bru- 
xelles, un  en- 
voi de  plantes 
parmi  les- 
quelles se 
trouvaient 
des  Fougères 
en  arbre.  M. 

Lubbers,chef 
des  cultures 
de  cet  établis- 
sement, aper- 
çut, accroché 
dans  les  aspé- 
rités qui  gar- 
nissaient un 
stipe  d ’Also- 
phila  elegans,  un  fragment  de  tige  qu’il 
reconnut  pour  provenir  d’un  Bégonia.  Ce 
fragment  n’était  pas  complètement  dessé- 
ché, et,  à force  de  soins,  M.  Lubbers  réussit 
à le  conserver  à la  vie;  le  regretté  profes- 
seur Ed.  Morren  étudia  la  jeune  plante  qui 
en  provint  et  la  déclara  nouvelle. 

Aujourd’hui,  le  Bégonia  Lubbersii  a fait 
ses  preuves.  C’est  une  forme  très-jolie  qui, 
depuis  les  quelques  années] qu’on  la  sur- 


veille, a progressivement  justifié  les  espé- 
rances que,  dès  le  principe,  c’est-à-dire  dès 
que  ses  premières  feuilles  se  furent  déve- 
loppées, on  avait  basées  sur  elle. 

Il  se  rapproche  un  peu  du  B.  maculata, 
Daddi  (B.  argyrostigma , Fisch),  mais  la 
forme  et  la  dimension  de  ses  fleurs,  la  dispo- 
sition apointie  de  la  partie  supérieure  de  la 
feuille  à limbe  pelté,  les  stipules  persistantes, 

la  disposition 
des  nervures 
et  des  ma- 
cules l’en  font 
différer  com- 
plètemen  t . 

Sur  une 
petite  tige 
assez  vigou  - 
reuse,  le  B. 
Lubbersii 
développe  des 
feuilles  pel- 
tées,  termi- 
nées en  poin- 
te  à leurs 
deux  extré- 
mités, la  page 
supérieure 
vert  foncé 
maculé  de 
blanc  grisâ- 
tre argenté, 
nervures  vert 
clair  ; la  page 
inférieure  est 
entièrement 
roux  bronzé. 
Les  fleurs, 
d’un  blanc 
pur,  sont 
grandes,  à 
deux  pétales 
étalés,  me- 
surant 4 cen- 
timètres de 
longueur  sur 
une  largeur 
égale . Les 
deux  pétales  latéraux  sont  beaucoup  plus 
petits  et  redressés;  les  sépales  sont  très 
grands,  blanc  légèrement  verdâtre,  lavé 
de  blanc.  Les  étamines  forment  au  centre 
de  la  fleur  une  touffe  compacte  et  régulière, 
jaune  très  pâle. 

Le  Bégonia  Lubbersii  est  une  nouveauté 
de  haut  intérêt,  et  fera  bientôt  partie  de 
toutes  les  bonnes  collections. 

Ed.  André. 


LE  PÊCHER  EN  DOUBLE  U. 


226 


LE  PÊCHER  EN  DOUBLE  U 


Parmi  les  nombreuses  formes  auxquelles 
on  soumet  le  Pêcher,  l’une  des  plus  avan- 
tageuses et  des  plus  agréables  à l’œil  est 
certainement  la  forme  en  double  U (fig.  53). 
C’est,  il  est  vrai,  une  palmette  à branches 
verticales,  mais  dont  le  double  coude  auquel 
les  branches  sont  soumises  ralentit  un  peu  la 
sève,  l’empêche  de  se  porter  avec  trop  de 
force  vers  les  extrémités,  et  qu’il  est  alors 
plus  facile  de  gouverner.  D’un  autre  côté, 
il  est  également  facile  d’établir  et  de 
maintenir  l’équilibre  des  quatre  bran- 
ches, par  ce  fait  qu’elles  ont  un  point  de 
départ  commun,  ce  qui  n’est  jamais  pos- 
sible avec  la  palmette  Verrier,  la  branche 
du  milieu  absorbant  toujours  une  trop 


grande  quantité  de  sève  au  préjudice  des 
branches  latérales,  qui  alors  restent  mai- 
gres. 

Cette  forme  en  double  U devrait  être  plus 
souvent  adoptée  qu’elle  l’est  dans  les  jar- 
dins bourgeois  qui  n’ont  pas  une  grande 
étendue  de  murs  à consacrer  aux  Pêchers  ; 
elle  occupe  peu  de  place,  2 mètres  de  lar- 
geur seulement,  ce  qui  permet  de  cultiver 
un  plus  grand  nombre  de  bonnes  variétés, 
et,  si  le  mur  a 3 mètres  de  hauteur,  on  ob- 
tient une  surface  de  A 2 mètres  de  branches, 
ce  qui  est  déjà  quelque  chose. 

Nous  ne  savons  qui  a inventé  cette  forme  ; 
plusieurs  arboriculteurs  prétendent  se  l’at- 
tribuer ; ce  que  nous  savons,  c’est  que  ce 
système  n’est  pas  nouveau,  puisqu’il  a été 
recommandé  par  feu  Alexis  Lepère,  père, 
il  y a déjà  une  trentaine  d’années,  et  nous- 


mêmes  l’avons  appliqué  avec  avantage  dans 
notre  jardin.  On  peut  encore  l’admirer  dans 
les  jardins  de  l’École  d’horticulture  de  Ver- 
sailles, et  constater  les  bons  résultats  que 
l’on  peut  en  retirer  avec  des  variétés  produc- 
tives et  de  moyenne  vigueur. 

Bien  que  le  Pêcher  en  double  U soit 
facile  à obtenir  et  à diriger,  nous  devons 
donner  quelques  indications  à ce  sujet  : 

Il  faut  préalablement  dessiner  sur  le  mur 
l’emplacement  des  branches,  soit  au  moyen 
de  la  craie,  si  on  doit  palisser  à la  loque, 
soit  avec  des  baguettes  d’osier  ou  de  jonc, 
si  on  doit  palisser  sur  treillage.  Toutefois, 
ces  baguettes  ne  sont  nécessaires  que  pour 
former  les  parties  cintrées  à la  base  des 
branches,  puisque  ensuite  celles-ci  suivent 
verticalement  les  montants  du  treillage. 
Rappelons,  en  passant,  que  ces  montants 
doivent  être  espacés  de  8 à 10  centimètres 
au  plus,  afin  que  l’on  puisse  facilement  pa- 
lisser les  rameaux  fruitiers. 

Puis,  d’octobre  à décembre,  suivant  le 
climat  ou  les  conditions  où  l’on  se  trouve, 
on  plante  le  jeune  Pêcher  (greffé  de  quinze 
mois),  avec  tous  les  soins  ordinaires  ; on 
dispose  la  tige  de  manière  à avoir,  à 25 
ou  30  centimètres  au-dessus  du  sol,  un 
œil  par-devant.  Si  on  plante  plusieurs 
Pêchers  sur  la  même  ligne,  tous  ces  yeux 
de  devant  doivent  se  trouver  au  même 
niveau,  parallèlement  à la  direction  du  ter- 
rain. 

Dans  le  courant  du  mois  de  février  qui 
suit  la  plantation,  on  rabat  les  jeunes  Pê- 
chers sur  l’œil  situé  immédiatement  au- 
dessus  de  celui  qui  a été  placé  en  avant. 
Dès  que  cet  œil  de  devant  commence  à 
pousser  et  qu’il  a atteint  une  longueur  de 
un  demi-centimètre  environ,  on  le  coupe 
par  la  moitié  avec  la  lame  du  greffoir,  en 
ayant  soin  de  ne  pas  blesser  sa  base.  Peu 
après,  on  voit,  de  chaque  côté  de  cette  base, 
deux  nouveaux  yeux  dont  on  surveillera  et 
protégera  le  développement  et  auxquels  on 
fait  prendre  la  direction  indiquée  par  le 
dessin.  Pendant  ce  temps,  la  pousse  termi- 
nale, qui  n’a  été  conservée  que  comme  tire- 
sève,  est  maintenue  et  pincée  de  manière  à 
concentrer  cette  sève  sur  les  deux  branches 
latérales.  L’œil  qui  a été  coupé  s’annule 
ordinairement  de  lui-même;  mais  si  par 
hasard  il  repousse,  on  le  supprime  et  l’on 
fait  de  même  de  toutes  les  autres  pousses 


LAGERSTROEMIA  INDICA. 


227 


qui  auraient  pu  se  développer  sur  la  base  de 
la  tige. 

Vers  le  mois  de  juillet,  le  bourgeon  ter- 
minal est  rabattu,  avec  la  portion  de  tige 
qui  le  porte,  jusqu’à  la  naissance  des  bran- 
ches latérales  ; alors  celles-ci  se  développent 
vigoureusement  et  leur  empâtement  re- 
couvre bien  vite  la  plaie  qui  avait  été 
faite. 

Ces  deux  premières  branches  ayant  été 
formées  en  demi-cercle  remontent  ensuite 
verticalement  ; elles  doivent  avoir  un  écar- 
tement de  1 mètre  pour  former  plus  tard  la 
base  du  double  U. 

L’année  suivante,  c’est-à-dire  la  deuxième 
année  de  plantation,  on  taille  chacune  de 
ces  branches  de  la  même  manière  que  le 
scion  de  la  première  année,  soit  à un  œil 
situé  au-dessus  d’un  autre  œil  placé  de  face, 
à la  hauteur  voulue  (de  50  à 60  centimètres 
au-dessus  du  sol),  et  l’on  répète  sur  chacun 
de  ces  yeux  la  même  opération  que  celle 
faite  l’année  précédente.  C’est  ainsi  que  l’on 


En  disant  que  le  Lagerstroemia  indica 
est  l’une  des  plus  jolies  espèces  que  l’on 
puisse  voir,  nous  sommes  sûrs  de  n’être  pas 
contredit  par  ceux  qui  connaissent  cette 
plante.  Mais,  comme  ceux-ci  sont  en  infime 
minorité,  nous  croyons  devoir  en  parler,  la 
décrire,  et  surtout  faire  ressortir  l’immense 
avantage  que  l’on  peut  en  tirer  au  point  de 
vue  de  l’ornementation. 

Bien  qu’originaire  de  l’Inde,  le  Lagers- 
troemia est  relativement  rustique.  C’est 
une  plante  d’orangerie  et  même  d’orangerie 
froide.  (Jn  cellier,  une  cave  ou  tout  endroit, 
même  obscur,  où  il  ne  gèle  pas,  suffit  pour 
conserver  les  Lagerstroemia.  La  culture 
des  Grenadiers,  dont,  au  reste,  ils  ont  à 
peu  près  la  rusticité,  leur  convient  parfaite- 
ment. Leurs  caractères  généraux  sont  les 
suivants  : 

Arbrisseaux  atteignant  3 à 4 mètres  de 
hauteur,  buissonneux,  mais  pouvant  cepen- 
dant s’élever  sur  une  petite  tige  très-rami- 
fîée,  à écorce  pelucheuse,  se  détachant  en 
plaques  minces,  irrégulières.  Bourgeons 
anguleux,  tétragones.  Feuilles  caduques, 
courtement  et  largement  ovales,  plus  ou 
moins  acuminées  au  sommet.  Inflorescence 
plus  ou  moins  volumineuse,  suivant  la  vi- 
gueur des  parties,  ramifiées,  à ramifications 
dressées.  Fleurs  nombreuses,  assez  grandes, 
à pétales  ondulés,  crispés,  variant,  suivant 


obtient  un  double  U (fig.  53),  dont  les  bran- 
ches remontent  verticalement  et  se  trouvent 
espacées  de  50  centimètres  entre  elles,  ce  qui 
est  suffisant  pour  le  palissage  du  Pêcher. 

La  manière  que  nous  venons  d’indiquer 
n’est  certainement  pas  la  seule  à employer 
pour  obtenir  le  double  U,  mais  celle  dont 
nous  parlons  nous  a paru  l’une  des  plus 
faciles.  Elle  a été  préconisée,  il  y a quelque 
vingt  ans,  par  un  enfant  de  Montreuil, 
M.  Ajalbert,  et  nous  en  avons  toujours  été 
très-satisfait.  En  opérant  ainsi  que  nous 
l’avons  rapporté,  les  branches  charpentières 
se  trouvent  très-régulièrement  opposées  ; et 
la  plaie  formée  par  la  coupe  de  la  branche 
centrale  se  recouvre  parfaitement.  Aussi 
n’hésitons-nous  pas  à recommander  cette 
forme,  qui  non  seulement  est  jolie,  mais  qui 
donne  de  très-beaux  résultats  pour  la 
production,  surtout  si  l’on  a choisi  de 
bonnes  variétés  telles  que  les  Pêchers  Ams- 
den,  Mignonne  hâtive , Bonouvrier,  etc. 

Ch.  Chevallier. 

iia  INDICA 

les  variétés,  du  rouge  vif,  ou  violet,  au 
blanc  plus  ou  moins  pur. 

Culture,  multiplication.  — Sous  le  cli- 
mat de  Paris,  la  culture  des  Lagerstroemia 
est  tout  à fait  analogue  à celle  des  Grena- 
diers et  des  Erythrines.  On  peut  donc  les 
cultiver  en  pleine  terre,  à bonne  exposition, 
et  les  y laisser,  en  les  abritant  plus  ou 
moins  pendant  l’hiver,  ou  bien,  à l’époque 
des  froids,  en  les  relevant  en  mottes  pour 
les  placer  dans  un  cellier,  dans  une  serre 
froide,  sous  des  gradins  ou  même  dans  une 
cave  saine,  d’où  on  les  retire  pour  les  plan- 
ter de  nouveau  en  pleine  terre.  Ainsi  trai- 
tés, ils  fleurissent  de  juillet  à août  et  même 
septembre. 

Les  Lagerstroemia  fleurissant  sur  le 
jeune  bois,  il  faut  les  tailler  court  au  prin- 
temps, afin  d’obtenir  des  bourgeons  vigou- 
reux. Quant  à la  multiplication,  on  la  fait  : 
1°  à l’aide  de  bourgeons  semi-aoûtés,  qu’on 
plante  en  terre  de  bruyère,  et  que  l’on 
étouffe  sous  cloche,  dans  la  serre  à multi- 
plication ; 2°  à l’aide  de  graines  que  l’on 
sème  de  suite  ou  bien  au  printemps  en  ter- 
rine et  en  terre  de  bruyère.  On  repique  les 
plants  lorsqu’ils  ont  atteint  6 à 10  centi- 
mètres de  hauteur,  ou  plutôt  on  les  sépare 
l’année  suivante,  un  peu  avant  qu’ils  entrent 
en  végétation  ; on  les  met  alors  dans  des 
pots,  et  on  les  traite  comme  des  plantes 


228 


NOUVEAUX  GLAÏEULS  HYBRIDES.  — ALLIUM  K ARATAVIENSE. 


d’orangerie.  Mais,  sous  un  climat  plus 
doux,  où  l’hiver  est  très-clément,  on  re- 
pique en  pleine  terre. 

Outre  les  divers  traitements  dont  il  vient 
d’être  question,  les  Lagerstroemia  peuvent 
être  cultivés  en  caisses;  on  les  traite  abso- 
lument comme  s’il  s’agissait  de  Grenadiers, 
et,  comme  ceux-ci,  ils  servent  à la  décora- 
tion des  terrasses,  des  cours,  des  devan- 
tures de  maisons,  etc.  Cultivés  en  pots  ou 
en  petites  caisses,  ces  plantes,  qui  fleu- 


rissent abondamment  chaque  année,  peu- 
vent aussi  concourir  à l’ornementation  des 
appartements  et  faire  de  magnifiques 
« plantes  de  marché  ».  Nous  recommandons 
même  tout  particulièrement  cette  culture, 
qui,  nous  en  avons  la  certitude,  serait  très- 
goûtée  du  public.  Mais,  sous  quelle  que 
forme  que  ce  soit,  nous  signalons  surtout 
cette  espèce  aux  amateurs  de  belles  et  bonnes 
plantes. 

E.-A.  Carrière. 


NOUVEAUX  GLAÏEULS  HYBRIDES 


Nous  avons  eu  plusieurs  fois  l’occasion  de 
parler,  dans  la  Revue  horticole , des  re- 
marquables Glaïeuls  hybrides  obtenus  par 
M.  Lemoine.  Nous  rappellerons  que  la  race 
créée  par  cet  habile  horticulteur  a été  ob- 
tenue par  un  croisement  du  Gladiolus  pur- 
pureo  auratus  avec  les  variétés  du  G.  gan- 
dctvensis.  Les  hybrides  qui  sont  issus  de  ces 
parents  si  remarquables  ont  presque  tous 
comme  caractères  communs  de  larges  ma- 
cules sur  les  deux  pétales  inférieurs,  ce  qui 
les  fait  ressembler  à certaines  Orchidées.  Le 
n°  1 de  notre  planche  coloriée  représente 
un  de  ces  aspects  orcliidiformes  qui  justifie 
la  comparaison  qu’on  a faite  des  Glaïeuls  de 
M.  Lemoine  avec  les  favorites  de  nos  serres. 
Ces  hybrides,  en  dehors  de  leur  supériorité 
de  coloris,  ont  sur  les  autres  Glaïeuls  l’avan- 
tage d’être  rustiques  et  de  pouvoir  suppor- 
ter le  froid  des  hivers  ordinaires.  Le  succès 
qui  avait  accueilli  les  Glaïeuls  de  M.  Le- 
moine à leur  apparition  n’a  fait  que  s’affir- 
mer depuis  et  s’étendre,  par  l’obtention  de 
nombreuses  variétés.  Nous  avons  la  bonne 
fortune  de  pouvoir  en  présenter  trois  nou- 
velles à nos  lecteurs,  qui  verront  quelle 


beauté  de  forme,  quel  éclat,  quelle  diversité 
de  couleurs  on  peut  obtenir  dans  des  varié- 
tés voisines  et  même  dans  une  même  fleur. 
Voici  une  courte  description  de  ces  trois 
plantes  : 

Boussingault.  — Sépales  à fond  blanc  lavé 
de  rose.  Les  deux  pétales  inférieurs  ovales-aigus, 
jaune  d’or  à l’extrémité,  largement  maculés  de 
rouge  sang  de  la  base  jusqu’au-dessus  du  mi- 
lieu ; le  supérieur  en  casque  blanc  rosé,  maculé 
de  rouge  à la  base. 

L.  van  Houtte.  — Fleurs  grandes,  bien  ou- 
vertes, sépales  jaune  pâle  saumoné,  taché  au 
milieu  par  une  longue  bandelette  longitudinale 
interrompue,  rouge  sang.  Sépales  à fond  de  la 
même  couleur  que  les  sépales  ; le  supérieur 
large,  les  deux  inférieurs  plus  petits,  largement 
maculés  de  rouge  foncé  velouté. 

Oriflamme.  — Fleurs  grandes  en  long  épi, 
à fond  rouge  écarlate  maculé  de  velours  rouge. 

Ces  trois  remarquables  variétés  faisaient 
partie  d’un  groupe  présenté  à la  Société  na- 
tionale d’horticulture,  en  1887,  et  la  planche 
que  nous  en  publions  aujourd’hui  nous  dis- 
pense de  les  recommander  autrement  à nos 
lecteurs.  Ed.  André. 


ALLIUM  KARATAVIENSE 


Cette  espèce,  qui  est  certainement  la  plus 
curieuse  et  l’une  des  plus  jolies  du  genre, 
a été  découverte  par  M.  Albert  Regel  au 
Turkestan,  dans  les  montagnes  de  Karatau, 
où  elle  croît  à l’état  sauvage.  Nous  avons 
pu  l’étudier  dans  toutes  les  phases  de  son 
développement,  chez  M.  Godefroy-Lebeuf, 
horticulteur  à Argenteuil.  En  voici  une 
description  : 

Plante  robuste,  naine,  atteignant  25  à 
35  centimètres  de  hauteur.  Bulbe  solide, 
déprimé,  de  40  à 45  millimètres  de  largeur 


sur  3 centimètres  de  hauteur,  blanc  mat  et 
comme  cireux,  luisant,  très-uni,  recouvert 
d’une  pellicule  mince  d’un  gris  brun,  plat 
en  dessous,  légèrement  et  très-courtement 
conique  en  dessus.  Tige  grosse.  Feuilles  peu 
nombreuses,  largement  amplexicaules,  éta- 
lées-révolutées,  atteignant  30  centimètres 
et  plus  de  longueur  sur  environ  10  à 12 
de  largeur,  arquées  et  courtement  arrondies 
au  sommet,  épaisses,  et  comme  légèrement 
côtelées,  unies  cependant,  d’un  vert  glauque. 
Hampe  relativement  forte,  d’un  roux  glau- 


Uvue  Horticole;. 


Nouveaux,  Glaïeuls . 

7 . Boussuwciult.  2.  Louis  Van HouÜe  3 Oriflamme. 


ChrovwUrfv.  GSevereyfis, 


UNE  BONNE  POMME  A PROPAGER. 


229 


cescent  ou  violacé.  Inflorescence  sphérique, 
atteignant  de  10  à 12  centimètres  de  dia- 
mètre. Fleurs  longuement  pédicellées,  très- 
nombreuses,  légèrement  odorantes,  à divi- 
sions linéaires.  Étamines  saillantes,  à fdets 
blancs.  Anthère  rose-vineux.  Ovaire  trigone. 
Loges  3,  relativement  grandes.  Graines  pe- 
tites, noires. 

L ’Allium  karataviense,  Regel,  présente 
dans  sa  végétation  deux  phases  particulières 
que  nous  croyons  devoir  signaler  : la  pre- 
mière, qui  se  manifeste  dès  le  début  du  dé- 
veloppement, est  relative  à la  couleur.  Pen- 
dant cette  phase  de  la  végétation,  tige  et 
feuilles  sont  d’un  violet  rosé,  d’aspect  un 
peu  métallique,  qui  donne  à la  plante  un 
cachet  original  et  spécial,  et  qui  dure  même 


assez  longtemps.  L’autre  phase  est  relative 
à la  fleur  et  se  manifeste  quelque  temps 
après  la  première  floraison.  A ce  moment, 
il  sort  çà  et  là  dans  l’inflorescence  d’autres 
! fleurs  qui,  un  peu  plus  longuement  pédon- 
j culées,  s’élèvent  au-dessus  des  premières, 
i et  donnent  à l’inflorescence  un  aspect  sin- 
I gulier,  un  faux  air  d’Échinocacte  ou  plutôt 
j de  Mamillaire. 

Cette  espèce,  qui  est  très-rustique,  fleu- 
rit de  février  à mars-avril,  suivant  les  con- 
ditions dans  lesquelles  elle  est  placée.  Bien 
qu’elle  ne  soit  pas  délicate  sur  le  sol,  elle 
s’accommode  néanmoins  plus  particulière- 
ment des  terrains  qui  sont  légers  et  chauds, 
et,  autant  que  possible,  bien  ensoleillés. 

E.-A.  Carrière. 


UNE  BONNE  POMME  A PROPAGER 


Nous  venons  parler  ici  de  la  Pomme 
London  pippin,  Pépin  ou  Reinette  de 
Londres,  répandue  en  France  sous  les  noms 
de  Calville  du  roi  et  de  Citron  d’hiver. 

L’arbre  de  cette  précieuse  variété  est  de 
vigueur  modérée,  ramifié  et  d’une  bonne 
fertilité.  Pour  le  grand  verger,  il  sera 
greffé  à haute  tige  sur  un  sujet  vigoureux, 
de  pied  franc;  au  jardin  fruitier,  la  culture 
sur  doucin  entretiendra  ses  bonnes  dispo- 
sitions végétatives  et  fructifiantes. 

Le  fruit  a l’aspect  d’une  Pomme  de  Cal- 
ville blanc,  aussi  gros,  plus  large  et  moins 
côtelé.  L’épiderme,  blanc  d’ivoire  ou  jaune 
cireux,  est  parfois  éclairé  de  rose  et  se  flé- 
trit rarement.  La  chair,  légèrement  teintée, 
est  assez  ferme,  bien  juteuse,  réellement 
exquise  par  son  sucre  et  son  arôme. 

La  maturité  commence  en  décembre  et 
finit  en  mars.  Un  de  mes  amis  la  conserve 
plus  longtemps  encore  en  enveloppant  le 
fruit  d’une  feuille  de  papier  avant  de  l’en- 
fermer dans  un  tiroir  de  commode. 

En  somme,  c’est  un  dessert  excellent  et 
un  fin  manger. 

Les  ouvrages  anglais,  américains  et  ger- 
maniques font  le  plus  grand  éloge  de  cette 
variété  en  lui  attribuant  des  synonymies  : 
Five  crown  Pippin  (Pippin  à cinq  côtes), 
Royal  Sommerset,  New  London  Pepping, 
Londoner  grosse  Reinette,  etc. 

En  1820,  George  Lindley,  dont  la  compé- 
tence faisait  autorité,  déclarait  dans  les 
Transactions  de  la  Société  d’horticulture 
de  Londres  que  le  Comté  de  Norfolk, 


pays  originaire  de  notre  Pomme,  en  four- 
nissait aux  marchés  des  grandes  villes  de 
la  région  pendant  tout  l’hiver,  et  qu’il  est 
peu  de  fruits  aussi  méritants. 

Maintenant,  pourquoi  certains  amateurs 
ont-ils  décrit  la  London  pippin  sous  la 
dénomination  de  Calville  du  roi  et  de 
Citron  d’hiver  ? Nous  comprenons  que  la 
forme  et  le  parfum  du  fruit  pourraient 
excuser  cette  synonymie,  sans  cependant 
la  justifier;  le  nom  primitif  a toujours  la 
priorité. 

Mais  le  Citron  d’hiver  catalogué,  en  1628, 
par  Le  Lectier,  procureur  du  roi  à Orléans, 
cité  par  don  Claude  Saint-Étienne,  en  1670, 
décrit  par  l’auteur  hollandais  Hermann 
Knoop  et  l’allemand  Jean  Mayer,  quelques 
années  plus  tard,  est  un  tout  autre  fruit. 

Quant  à la  désignation  de  Calville  du 
roi,  nous  en  demandions  le  motif  à un 
pépiniériste  de  l’Ouest,  non  loin  du  pays 
qui  vit  naître  la  Poire  Royale  quand 
même.  — Mais,  nous  fut-il  répondu,  il  y a 
bien  le  Calville  des  femmes... 

En  tout  cas,  nous  avons  constaté  la  double 
synonymie,  lors  du  Congrès  pomologique 
de  Rouen,  devant  les  riches  collections 
anglaises  ; nous  le  répétons  à chaque 
session  du  Congrès,  et...  personne  ne  nous 
répond. 

Il  est  de  fait  que  nous  n’avons  pas  encore 
trouvé  un  contradicteur. 

Charles  Baltet, 

Horticulteur  à Troyes. 


230 


LE  CENTENAIRE  DES  FUCHSIAS. 


LE  CENTENAIRE  DES  FUCHSIAS 


S’il  est  un  genre  de  plantes  ayant 
atteint  le  maximum  de  la  popularité,  on 
peut  dire  à juste  titre  que  c’est  le  genre 
Fuchsia.  Tout  le  monde  connaît,  même  au 
fond  des  campagnes  les  plus  reculées,  ces 
arbrisseaux  élégants  aux  corolles  et  aux 
calyces  richement  nuancés,  pendants  au 
bout  de  longs  pédoncules  si  déliés  qu’on  di- 
rait des  fleurs  aériennes.  L’hiver,  on  les 
rencontre  dans  les  orangeries  et  dans  les 
serres  ; ils  garnissent  nos  appartements  au 
printemps  ; l’été,  ils  font  le  charme  de  nos 
plates-bandes,  ils  agrémentent  nos  par- 
terres, ils  sont  à toutes  les  fenêtres. 

Il  y a juste  un  siècle  que  le  premier 
Fuchsia  a été  introduit  en  Europe. 

C’est,  en  effet,  en  1788  que  la  première 
espèce  fut  introduite  sous  le  nom  de  Fuch- 
sia coccinea.  Depuis,  les  voyageurs  qui  ont 
parcouru  les  montagnes  de  l’Amérique  tro- 
picale en  ont  observé  de  nombreuses 
espèces  dont  ils  ont  rapporté  des  échantil- 
lons secs  ou  des  spécimens  vivants. 

A.  de  Candolle,  dans  le  Prodromus , 
mentionnait  26  espèces;  ce  nombre  était 
porté  à 40  par  Dietrich  dans  son  Synopsis 
plantarum , et  actuellement  on  en  compte 
une  cinquantaine  d’espèces  bien  distinctes. 

Quant  au  nombre  des  variétés  qui  sont 
issues  du  croisement  des  espèces  cultivées, 
il  nous  est  impossible  de  le  fixer  même  ap- 
proximativement. M.  Porcher,  dans  la 
4e  édition  de  son  ouvrage  sur  le  Fuchsia, 
publié  en  1874,  décrit  ou  mentionne  plus 
de  300  variétés  prises  parmi  les  plus  belles; 
et  si  l’on  signalait  toutes  celles  que  la  cul- 
ture a produites,  on  arriverait  à un  chiffre 
prodigieux,  peu  de  plantes  se  prêtant  autant 
à l’hybridation  que  les  Fuchsias.  Nous  ne 
pouvons  entrer,  au  sujet  de  ces  variétés, 
dans  des  détails  de  description  ni  même  de 
citation  qui  prendraient  des  volumes;  mais 
nous  avons  cru  qu’il  serait  intéressant  pour 
certains  de  nos  lecteurs  de  connaître,  pour 
les  variétés  qu’ils  cultivent,  le  type  primitif 
qui  les  a produites  ou  au  moins  à quels 
groupes  elles  appartiennent;  c’est  pourquoi 
nous  donnons  ci-dessous  un  aperçu  des  di- 
verses sections  sous  lesquelles  les  auteurs 
rangent  les  Fuchsias  sauvages  et  de  courtes 
descriptions  de  toutes  les  espèces  intro- 
duites. 

Ces  espèces  ont  été  partagées  en  divers 
groupes  par  les  auteurs. 


De  Candolle  a adopté  le  classement  sui- 
vant : 

PREMIÈRE  SECTION. 

Tube  du  calyce  cylindrique  ou  obconique, 
atténué  au-dessus  de  l’ovaire  ou  comprimé  ; 
feuilles  opposées  ou  verticillées,  très-rarement 
presque  alternes  ; ovaires  disposés  sur  2 rangs 
dans  chaque  loge. 

§ 1.  Breviftorœ.  — Fleurs  à partie  tubuleuse 
libre  du  calyce  plus  courte  que  les  lobes  ou  égale; 
étamines  incluses. 

§ 2.  Macrostemoneœ.  — Fleurs  à partie  tubu- 
leuse libre  du  calyce  plus  courte  que  les  lobes  ou 
égale  ; étamines  exsertes. 

§ 3.  Lorujiflorœ.  — Fleurs  à partie  tubuleuse 
libre  du  calyce  deux  ou  trois  fois  plus  longue  que 
les  lobes. 

DEUXIÈME  SECTION. 

Tube  du  calyce  ventru  bosselé  à la  base  au- 
dessus  de  l’ovaire;  ovules  très-petits  réunis 
sans  ordre  autour  d’un  placenta  central  : feuilles 
alternes. 

Cette  section  ne  renfermait  qu’une  seule 
espèce,  V excorticata,  à l’époque  où  de  Can- 
dolle publiait  ses  Œnotheracées . 

M.  B.  Hemsley,  en  1877  (1),  a proposé 
un  autre  groupement  fondé  sur  les  analo- 
gies qui  existent,  à peu  d’exceptions  près, 
entre  toutes  les  espèces  d’une  même  con- 
trée. 

A.  — Espèces  américaines  ayant  des  pétales. 

Sous  cette  section,  il  comprend  : 

1°  Les  espèces  de  Bolivie,  du  Pérou,  de 
l’Équateur,  de  la  Nouvelle-Grenade,  etc.,  qui 
ont  généralement  le  tube  du  calyce  plus  long 
que  les  sépales,  des  étamines  dépassant  rare- 
ment les  pétales,  des  pétales  souvent  plus 
courts  que  les  sépales,  mais  plus  larges; 

2°  Les  espèces  du  Brésil,  ayant  des  sépales 
aussi  longs  ou  plus  longs  que  le  tube  et  des 
étamines  dépassant  beaucoup  les  pétales  ; 

3°  Les  espèces  du  Chili  et  de  la  Patagonie, 
dont  les  caractères  rentrent  dans  la  catégorie 
de  ceux  des  espèces  du  Brésil  pour  le  Fuchsia 
magellanica , et  sont  communs  aux  Fuchsias 
du  Mexique  dans  les  autres  espèces  ; 

4°  Les  espèces  du  Mexique  et  du  Guatémala, 
renfermant  des  Fuchsias  à très-petites  fleurs 
dont  le  F.  microphylla  est  le  type  ; un  petit 
groupe  se  rattachant  au  Fuchsia  splendens , et 
le  curieux  Fuchsia  arborescens. 

(1)  Tlie  Garden,  1877,  p.  70. 


LE  CENTENAIRE  DES  FUCHSIAS. 


231 


B.  — Espèces  américaines  n’ayant  pas  de 
pétales. 

Cette  section  comprend  des  Fuchsias  origi- 
naires des  montagnes  du  Nord-Ouest  de  l’Amé- 
rique du  Sud,  manquant  de  pétales,  mais  ayant 
des  fleurs  très-remarquables,  les  plus  grandes 
du  genre.  Ils  ont  l’aspect  de  plantes  épiphytes, 
croissent  sur  les  rocs  et  les  arbres,  et  quelques- 
uns  d’entre  eux  produisent  leurs  fleurs  avant 
l’apparition  des  feuilles  ou  avant  le  complet  dé- 
veloppement de  ces  dernières. 

C.  — Espèces  de  la  Nouvelle-Zélande. 

Cette  section  est  composée  de  trois  ou  quatre 
espèces  distinctes  de  toutes  celles  qui  croissent 
en  Amérique.  Elles  ont  des  feuilles  alternes 
et  pas  de  pétales  ou  de  très-petits. 

Le  groupement  établi  par  M.  Hemsley, 
s’il  n’est  pas  fondé  sur  les  principes  scienti- 
fiques sur  lesquels  on  s’appuie  ordinaire- 
ment dans  les  subdivisions  de  genres,  a le 
mérite  de  faire  connaître  presque  sûre- 
ment, sans  autres  indices,  la  patrie  des  es- 
pèces du  genre  Fuchsia. 

Endlicher  a proposé  le  classement  sui- 
vant reproduit  par  MM.  Bentham  et  Hooker 
dans  leur  Généra  plantarum  : 

1°  Eucliandra.  — Fleurs  polygames,  pé- 
tales étalés,  étamines  très-courtes,  baie  oligos- 
perme ; 

2°  Fuchsia.  — Fleurs  bisexuées,  pétales 
roulés,  étamines  exsertes,  baie  polysperme  ; 

3°  Skinnera.  — Fleurs  bisexuées,  pétales 
petits,  graines  très -petites.  Espèces  de  la 
Nouvelle-Zélande. 

Suivant  le  classement  adopté  par  de  Can- 
dolle,  nous  allons  passer  une  revue  rapide 
des  espèces  groupées  sous  chaque  para- 
graphe. 

PREMIÈRE  SECTION. 

§ I.  Breviflores.  — Ce  groupe,  qui  corres- 
pond à une  partie  des  paragraphes  3°  et  4°  de 
M.  Hemsley,  se  compose  de  Fuchsias  à petites 
fleurs  presque  tous  cultivés. 

1°  Espèces  cultivées. 

F.  microphylla , H.  B.  K.,  arbuste  charmant  par 
ses  dimensions  exiguës,  ses  rameaux  nombreux, 
divariqués,  et  les  minuscules  fleurs  rouges  dont  il 
se  couvre  à profusion. 

F.  lycioides,  Andrews,  une  de  nos  plus  vieilles 
espèces,  apporté  du  Chili  par  Menzies  vers  1796. 
Sa  culture  est  à peu  près  abandonnée. 

F.  thymifolia , H.  B.  K.,  espèce  voisine  du  mi- 
crophylla, mais  moins  estimée;  distincte  de  ce 
dernier  par  ses  feuilles  pubescentes  à peine  den- 
tées et  par  ses  sépales  verdâtres. 

F.  bacillaris , Lindley,  jolie  petite  espèce  à 
fleurs  d’un  rose  vif,  à pétales  très-larges  en  compa- 
raison des  sépales. 


F.  cylindracea,  Lindley,  dont  le  nom  suffit  pour 
indiquer  la  forme  des  fleurs. 

F.  acinifolia,  Scheidweiber,  plante  à toutes  pe- 
tites feuilles,  introduite  vers  1840  et  disparue  des 
cultures. 

2°  Espèces  non  introduites. 

F.  tetradactyla,  Lindley,  Guatémala. 

F.  Notarisii , Lehmann,  Mexique. 

F.  spinosa,  Presl.,  Chili. 

§ II.  Macrostémonées.  — Dans  ce  groupe, 
sont  comprises  un  petit  nombre  d’espèces  cul- 
tivées ; il  est  assez  pauvrement  représenté  dans 
la  nature. 

1°  Espèces  cultivées. 

F.  magellanica,  Lamark.  ( macrostemma , Ruiz 
et  Pav.),  espèce  introduite  la  première  sous  le  nom 
de  F.  coccinea.  Plusieurs  variétés  sauvages  en  ont 
été  décrites  comme  espèces  par  les  auteurs,  et  ont 
été  répandues  dans  les  cultures.  De  ce  nombre 
sont  les  : 

F.  conica,  Lindley,  auquel  la  forme  de  son  ca- 
lyc.e  a valu  son  nom. 

F.  globosa,  Lindley,  ainsi  nommé  de  ses  fleurs 
globuleuses  dans  le  bouton.  D’après  Don,  dont 
M.  Hemsley  cite  l’opinion  (1),  ce  Fuchsia  serait 
né  de  graines  du  F.  conica.  Il  est  possible,  si  ce 
Fuchsia  n’est  qu’une  variété,  qu’il  ait  été  obtenu 
accidentellement,  mais  il  existe  à l’état  sauvage. 
D’après  l’assertion  de  certains  auteurs,  il  a été 
trouvé  au  Chili,  et  nôus-même  l’avons  rencontré 
en  mai  1876,  près  d’Ipiales  (Nouvelle-Grenade). 
C’est  la  seule  forme  du  Fuchsia  magellanica  que 
nous  ayons  remarquée  à l’état  sauvage;  il  y a donc 
de  fortes  raisons  de  penser  qu’il  n’est  pas  le  pro- 
duit d’une  hybridation,  et  la  constance  de  ses  ca- 
ractères parviendra  peut-être  à le  faire  reconnaître 
unanimement  comme  espèce. 

Fuchsia  discolor,  Lindley;  Fuchsia  gracilis, 
Lindley,  et  sa  variété  F.  decussata.  Ruiz  et  Pav.  ; 
Fuchsia  recurvata , Bot.  Mag.;  Fuchsia  araucaria 
Philippi,  sont  encore  considérés  comme  des  varié- 
tés spontanées  du  F.  magellanica  dont  les 
hybrides  obtenus  par  la  culture  ne  se  comptent 
plus . 

F.  coccinea , Ait.,  espèce  brésilienne  figurée 
dans  le  Botanical  Magazine , t.  5740,  qui  a long- 
temps été  confondue  avec  le  F.  magellanica. 

F.  arborescens,  Sims.,  ressemblant  à tout  plutôt 
qu’à  un  Fuchsia.  Les  F.  racemosa  et  syringæflora 
sont  des  variétés  de  cette  espèce,  laquelle  est  ori- 
naire  du  Mexique . 

F.  alpestris,  Hooker,  importé  du  Brésil,  espèce 
à larges  feuilles,  mais  à fleurs  peu  brillantes. 
Rare. 

F.  paniculata,  Lindley,  voisin  de  V arborescens, 
introduit  du  Guatémala  en  Europe  en  1856;  ne 
s’est  pas  répandu. 

2°  Espèces  non  introduites. 

F.  ovalis,  Ruiz,  et  Pav.,  Pérou. 

F.  pubescens , Saint-Hilaire,  Brésil. 

F.  integrifolia , Camb.  (F.  pyrifolia,  Presl.). 

F.  radicans  (Bot.  Beg.,  1841,  t.  66),  Brésil. 

F.  verrucosa , Hartweg,  Nouvelle-Grenade. 

§ III.  Longiflores.  — Groupe  le  plus  nom- 
breux de  tous,  composé  en  grande  partie  de 

(1)  L.c.,  1877,  p.  72. 


LE  CENTENAIRE  DES  FUCHSIAS. 


232 


Fuchsias  du  Nord-Ouest  de  l’Amérique  du  Sud 
et  qui  correspond  presque  entièrement  à la  pre- 
mière section  de  M.  Hemsley  et  au  sous-genre 
Fuchsia  de  Endlicher. 

1°  Espèces  cultivées. 

F.  corymbiflora,  Ruiz  et  Pav.,  espèce  à grand 
feuillage,  à grappes  terminales  de  fleurs  d’un  rouge 
foncé  uniforme.  On  en  a obtenu  une  variété  à 
fleurs  blanches. 

F.  boliviana,  Rœzl,  espèce  voisine  du  corymbi- 
flora, introduite  en  Angleterre  il  y a une  douzaine 
d’années  et  sur  laquelle  on  ne  sait  rien  de  bien 
précis. 

F.  fulgens , Sesse,  brillante  espèce  mexicaine 
à grandes  feuilles  dentées  et  à longues  fleurs 
d’un  rouge  vermillon  pendantes  à l’extrémité  des 
rameaux. 

F.  dependens,  Hooker,  voisin  du  corymbiflora , 
mais  à feuilles  plus  petites,  verticillées  par  quatre. 

F.  apetala , Ruiz  et  Pav.,  espèce  à fleurs  sans  pé- 
tales, moins  belle  et  moins  connue  que  la  suivante. 

F.  macrantha,  Hooker,  trouvé  au  Pérou  par 
Mathews,  et  en  Colombie  par  Lobb,  qui  l’envoya 
en  Europe.  Ses  fleurs  sans  pétales  à calyce  rouge 
pourpre  foncé  très-long  sont  des  plus  belles  ; mal- 
heureusement la  plante  est  délicate. 

F.  petiolaris,  H.  B.  3U  (miniata,  Planchon  et 
Linden),  originaire  de  la  Nouvelle  - Grenade , à 
fleurs  axillaires,  à calyce  vermillon  pourpré  clair  et 
à pétales  petits,  d’un  rouge  minium- 

F.  venusta , de  Candolle,  espèce  voisine  de  la 
précédente,  à pétales  vermillon  orangé,  ondulés, 
rencontrée  par  Humboldt  et  Bonpland  dans  la 
Nouvelle-Grenade. 

F.  serratifolia,  Ruiz  et  Pavon,  bel  arbuste  à 
fleurs  axillaires  d’un  rose  carmin  vif.  Cette  espèce 
du  Pérou  a fourni  à nos  jardins  plusieurs  variétés. 

F.  spectabilis,  Veitch,  introduit  de  l’Équateur  en 
Europe  vers  1848,  remarquable  par  la  longueur  de 
ses  fleurs,  à tube  calycinal  atteignant  jusqu’à 
10  centimètres  de  longueur,  d’un  rouge  pourpre, 
et  à pétales  étalés,  d’un  rouge  vermillon. 

F.  splendens , Zuccarini,  espèce  mexicaine,  à 
tube  calycinal  très-comprimé  à la  base,  d’un  rouge 
pourpré,  à sépales  verts  et  à pétales  jaunâtres. 

F.  cordifolia , Benth.,  récolté  par  Hartweg  dans 
le  Guatémala  et  introduit  par  lui.  Voisin  du  splen- 
dens, il  s’en  distingue  par  ses  feuilles  cordées  et 
ses  fleurs  plus  longues. 

F.  penduliflora,  espèce  récemment  introduite,  4 
fleurs  en  grappes  axillaires  et  terminales,  à tube 
du  calyce  cramoisi  lavé  de  marron. 

F.  sessilifolia,  Benth  , bel  arbuste  à longues 
grappes  de  fleurs  pendantes  et  à feuilles  oblongues, 
lancéolées,  sessiles.  Colombie. 

F.  simplicicaulis , Ruiz  et  Pav.,  espèce  qui  prend 
place  près  des  F.  corymbiflora  et  dependens.  Tube 
du  calyce  rose  vif,  pétales  coccinés. 

F.  triphylla,  Lin.,  la  plus  ancienne  espèce  de 
Fuchsia  connue.  Fleurs  axillaires  et  en  grappes 
terminales  d’un  rouge  cocciné  uniforme.  Feuilles 
verticillées  par  trois. 

F.  caracasensis,  Gardn.  (F.  nigricans,  Flore 
des  serres),  n’est  plus  cultivé. 

F.  ampliata,  Bth.,  superbe  espèce  péruvienne, 
à grandes  fleurs  rouge  vermillon. 

2°  Espèces  non  introduites. 

F.  conferti folia,  Gardner,  Pérou. 

F.  Hartwegi , Bth.,  près  de  Huambia. 


F.  hortella , H.  B.  K.,  Colombie. 

F.  sylvatica,  Bth.,  Équateur. 

F.  umbrosa , Bth.,  Équateur. 

F.  canescens,  Bth.,  Colombie  et  Pérou. 

F.  scabriuscula , Bth.,  Pérou. 

F.  agavacensis , H.  B.  K.,  Pérou. 

F.  ampliata,  Bth.,  superbe  espèce  du  Pérou  non 
introduite. 

F.  quindiuensis,  H.  B.  K.,  Quindio. 

F.  longiflora , Benth.,  Andes  de  Quito,  rare. 
Très-belle  espèce  à introduire. 

F.  loxensis,  H.  B.  Iv.,  Pérou. 

F.  corollata , Bth.,  Colombie,  plante  très-orne- 
mentale. 

F.  curviflora , Bth.,  Colombie. 

F.  denticulata,  Ruiz  et  Pav.,  Pérou. 

F.  insignis,  Hemsley,  Équateur. 

F.  hirsuta,  Hemsley,  Pérou. 

F.  memlezanacea , Hemsley,  Caracas. 

F.  salicifolia,  Hemsley,  Pérou. 

DEUXIÈME  SECTION. 

Dans  cette  section,  une  espèce  a été  long- 
temps seule  connue;  elle  a été  cultivée  sous  le 
nom  de  Fuchsia  excorticata.  Sa  fleur  bizarre 
offrait  plutôt  une  curiosité  qu’un  attrait,  et  elle 
a été  délaissée  ou  à peu  près. 

A cette  espèce  s’en  est  depuis  ajoutée  une  se- 
conde sous  le  nom  de  F.  procumbens , offrant 
également  un  intérêt  de  curiosité. 

Ces  deux  espèces  sont  originaires  de  la  Nou- 
velle-Zélande. 

Une  forme  intermédiaire  entre  le  F.  excor - 
ticata  et  le  F.  procumbens , trouvée  égale- 
ment dans  la  Nouvelle-Zélande  et  nommée  par 
Hooker  F.  Colensoi , n’a  pas  été  introduite. 

Ce  dernier  Fuchsia  clôt  la  liste  des  espèces 
connues. 

En  parcourant  les  montagnes  de  l’Amé- 
i riques  du  Sud,  ce  pays  de  prédilection  des 
j Fuchsias,  j’ai  rencontré  un  certain  nombre 
! des  espèces  citées  plus  haut. 

. Pendant  le  cours  de  ce  voyage,  j’ai 
pu  récolter  de  nombreux  échantillons  se 
rapportant  à 22  espèces.  Sur  celles-ci, 
16  avaient  été  recueillies  avant  moi  par 
d’autres  voyageurs,  2 sont  nouvelles,  et 
4,  représentées  par  des  échantillons  incom- 
plets, n’ont  pu  être  encore  déterminées. 
Il  m’a  été  donné  de  pouvoir  récolter  toutes 
les  espèces  trouvées  par  Humboldt  et  Bon- 
pland dans  leur  célèbre  voyage  et  une 
grande  partie  de  celles  observées  par 
Hartweg. 

Voici  la  liste  des  récoltes  en  Fuchsias 
que  j’ai  pu  faire  : 

F.  corollata , Benth.  Localités  nom- 
breuses, Ecuador  et  Colombie. 

F.  venusta , H.  B.  K.  Entre  Villeta  et 
Fucatativa,  et  Colombie. 


l’aulne  utilisé  comme  plante  d’économie  générale. 


233 


F.  caracacensis , Fieldand  Gartner.  Alto 
de  San-Juan  et  Salento  (Colombie). 

F.  dépendons,  Hooker.  Près  de  Pasto 
(Colombie). 

F.  ayavacensis , H.  B.  K.  Localités  nom- 
breuses dans  l’Écuador  et  la  Colombie. 

F.  triphylla,  Lin.  (Andes  centrales  de 
l’Ecuador). 

F.  sessilifolia , Benth.  Buenavistal  (Co- 
lombie). 

F.  globosa,  Lindley.  Ipiales  (Colombie). 

F.  scabriuscula,  Benth.  Corazon,  Mindo 
(Ecuador). 

F.  hirtella,  IL  B.  K.  Mediacion  (Co- 
lombie). 

F.  verrucosa,  Hartweg.  Fusagasuga, 
Barroblanco  (Colombie). 

F.  quindiuensis,  H.  B.  K.  Alto  del  Ta- 
bano  (Colombie). 

F.  ampliata , Benth.  Corazon.  Mindo 
Tuza  (Ecuador). 

F.  longiflora,  Benth.  Mindo  (Ecuador). 

F.  corymbiflora,  Pvuiz  et  Pav.  Alto  San 
Antonio  (Colombie). 

F.  petiolaris,  H.  B.  K.  La  Cejadel  Quin- 
dio,  Ibagué  (Colombie). 

F.  vulcanica,  Ed.  André,  sp.  n. 

Rameaux,  feuilles  et  pédoncules  couverts 
d’une  pubescence  courte,  épaisse,  blanche, 
hérissée.  Rameaux  arrondis,  à entre-nœuds 
courts.  Feuilles  sessiles  ou  subsessiles,  ter- 
nées  ou  quaternées,  elliptiques  ou  obovales, 
courtement  aiguës,  lâchement  dentées.  Fleurs 
peu  nombreuses,  solitaires,  axillaires;  pédon- 
cule court  (10-12  millimètres),  ovaire  oblong, 
hérissé.  Galyce  cocciné,  hérissé  -surtout  dans 
les  jeunes  fleurs;  tube  légèrement  courbé, 
graduellementr  élargi  de  la  base  au  sommet, 
long  de  4 centimètres  ; lobes  ovales-triangu- 
laires-acuminés,  1 centimètre  et  demi  de  long, 
5 millimètres  de  large  à la  base.  Corolle 
.glabre,  vermillon  cerise  vif;  pétales  arrondis, 
suborbiculaires,  un  tiers  plus  courts  que  les 
sépales.  Étamine  et  style  saillants. 

Volcan  de  l’Azufral  (Colombie). 

Par  les  caractères  de  ses  fleurs,  ce  Fuchsia 
se  place  à côté  de  Y ampliata,  dont  il  se  dis- 
tingue par  une  pubescence  remarquable,  peut- 
être  unique  dans  le  genre  Fuchsia,  par  ses 
feuilles  sessiles  et  d’autres  nombreux  carac- 
tères. 

L’AULNE  UTILISÉ  COMME  PL 


F.  Scherffiana , Ed.  André,  sp.  n. 

Rameaux  arrondis,  finement  hérissés,  feuilles 
opposées  ou  ternées,  pétiole  courtement  hé- 
rissé, long  de  1 centimètre  environ,  limbe 
adulte  lancéolé  oblong,  acuminé,  9 à 10  cen- 
timètres de  long,  2 centimètres  de  large,  très- 
obscurément  denté,  cilié,  courtement  hérissé 
en  dessus  sur  la  nervure  médiane  et  les  ner- 
vures secondaires,  et  en  dessous  sur  la  nervure 
médiane,  presque  glabre  ailleurs.  Fleurs  peu 
nombreuses,  solitaires,  axillaires,  pédoncule 
grêle,  long  de  2 centimètres,  couvert,  ainsi  que 
l’ovairet  de  quelques  poils  courts.  Ovaire 
oblong,  long  de  8 millimètres.  Calyce  presque 
glabre,  rouge  orangé  ; tube  étroit  et  cylindrique 
de  la  base  jusqu’au-dessus  du  tiers  inférieur, 
puis  graduellement  élargi  et  de  nouveau  cylin- 
drique, long  de  45  millimètres  ; lobes  ovales- 
lancéolés,  longuement  acuminés,  longs  de 
1 centimètre,  larges  de  5 millimètres  à la  base. 
Corolle  coccinée;  pétales  oblongs-elliptiques,  à 
sommet  arrondi  cuspidé,  un  peu  plus  courts 
que  le  calyce.  Étamines  et  style  saillants. 

■«S':  “ U" 

Espèce  intermédiaire  entre  le  F.  petio- 
laris et  le  F.  triphylla  ; distincte  du  pre- 
mier par  ses  feuilles  assez  courtement 
pétiolées,  très-allongées,  son  ovaire  oblong 
(non  presque  globuleux),  les  sépales  moins 
larges,  les  pétales  glabres  et  non  parsemés 
de  quelques  poils.  Du  F.  triphylla , elle 
diffère  par  ses  feuilles  plus  allongées,  ses 
fleurs  peu  nombreuses,  plus  grandes  et  non 
en  grappes  à l’extrémité  des  rameaux. 

Souvent,  pendant  le  cours  de  notre 
voyage,  quelques-uns  de  ces  arbrisseaux 
élégants,  dont  les  branches  fîexueuses  lais- 
saient pendre  au-dessus  de  notre  tète  de 
charmants  bouquets,  nous  ont  pénétré  d’ad- 
miration. La  douce  émotion  qu’ils  nous 
ont  procurée  nous  a donné  une  sympa- 
thie secrète  pour  leurs  fleurs  si  merveil- 
leuses de  grâce,  et  nous  voudrions  voir 
leur  culture  encore  plus  répandue.  Par  de 
nouveaux  croisements  entre  les  espèces 
sauvages,  on  obtiendrait  certainement  des 
hybrides  dignes  d’intérêt,  et  l’on  rajeunirait 
les  anciennes  variétés,  dont  les  caractères 
tournent  à peu  près  toujours  dans  le  même 
cercle. 

Ed.  André. 

I D’ÉCONOMIE  GÉNÉRALE 


Cette  espèce  a contre  elle  : 1°  le  grand 
défaut  de  ne  pas  être  rare  ; 2°  d’avoir  été 
recommandée  comme  arbre  particulière- 
ment propre  au  boisement  des  lieux  hu- 
mides ou  même  susceptibles  d’être  inondés, 


d’où  l’on  a conclu  qu’elle  devait  être  exclue 
des  jardins.  C’est  un  tort,  et  même  un  très- 
grand,  puisque,  au  contraire,  elle  s’accom- 
mode de  presque  tous  les  terrains  quelles 
qu’en  soient  la  nature  et  la  situation,  et 


ABRI  VITRÉ  MOBILE  POUR  ESPALIER. 


234 

que  non  seulement  elle  est  toujours  vigou- 
reuse, mais  qu’elle  se  couvre  d’un  abondant 
et  beau  feuillage,  qui,  de  plus,  n’est  jamais 
attaqué  par  les  insectes. 

De  plus,  non  seulement  par  son  port  et 
par  ses  dimensions,  l’Aulne  commun  peut 
être  employé  comme  arbre  d’alignement, 
mais  il  présente  encore  ce  précieux  avan- 
tage de  bien  s’accommoder  de  la  taille  et 
alors  être  conduit  sous  les  formes  les  plus 
diverses  : fuseaux,  tables,  colonnes,  rideaux, 
têtards,  etc.,  et  même  sous  celle  de  haies. 
Ajoutons  que  la  plante  est  rustique  et 
qu’elle  supporte  sans  en  souffrir  les  séche- 
resses les  plus  grandes,  lors  même  qu’elle 
est  plantée  dans  des  terrains  secs  et  légers. 

Au  point  de  vue  économique,  l’Aulne 
n’est  pas  non  plus  sans  mérite,  tant  s’en 
faut  ; son  bois,  qui  est  rouge  nuancé, 
noueux,  a une  longue  durée  et  est  suscep- 
tible d’un  beau  poli,  aussi  peut-il  être  em- 
ployé dans  diverses  industries  comme 
« bois  d’œuvre  ».  Cultivé  comme  têtard, 
il  fournit,  en  abondance,  soit  des  rames, 
soit  des  tuteurs.  Comme  arbrisseau  ou  ar- 
buste d’ornement,  l’Aulne  peut-être  em- 
ployé dans  une  foule  de  circonstances  ou 


de  conditions  dont  peu  d’autres  essences 
s’accommoderaient.  L’Aulne  se  prête  d’au- 
tant mieux  à toutes  ces  combinaisons 
qu’on  peut  le  couper,  le  tailler  ou  le  rap- 
procher autant  que  cela  est  nécessaire, 
suivant  le  but  qu’on  recherche.  Ajoutons 
encore  que  l’arbre  conserve  longtemps  ses 
feuilles,  qui  ne  tombent  que  très-tardive- 
ment, et  qu’au  printemps  des  effluves  bal- 
samiques s’échappent  de  ses  bourgeons 
résineux,  et  pendant  l’été  se  dégagent 
de  ses  jeunes  feuilles,  qui,  à cette  phase 
de  leur  développement,  sont  légèrement 
visqueuses.  Prises  en  infusion,  les  feuilles 
d’ Aulne  sont  fébrifuges.  Donc,  à tous  les 
points  de  vue,  l’Aulne  a sa  place  marquée 
dans  les  jardins,  où,  par  sa  facilité  à se 
prêter  à toutes  les  formes,  on  pourra  tou- 
jours l’utiliser.  Au  point  de  vue  sanitaire, 
cette  espèce  doit  trouver  une  place  princi- 
palement dans  le  voisinage  des  habitations, 
qu’elle  contribuera  à assainir  et  à rendre 
salubres.  Nous  ne  saurions  trop  la  recom- 
mander, soit  pour  l’ornementation  des 
squares,  soit  comme  arbre  d’alignement 
pour  les  places  et  jardins  publics. 

E.-A.  Carrière. 


ABRI  VITRÉ  MOBILE  POUR  ESPALIER 


Il  y a parfois  nécessité  absolue  de  proté- 
ger les  arbres  fruitiers  cultivés  en  espalier, 
par  des  auvents  ou  abris,  contre  les  gelées 
blanches,  la  grêle,  la  pluie,  la  neige,  etc. 


Ces  abris,  qu’un  cultivateur  expérimenté, 
M.  Jamet,  de  Chambourcy,  a eu  l’heureuse 
idée  de  doubler,  en  les  plaçant  un  à mi- 
hauteur  du  mur  et  l’autre  sous  les  tuiles 


Fig.  54.  — Abri  pour  espalier. 
Vu  de  face. 


Fig.  55.  — Abri  pour  espalier. 
Vu  de  profil. 


faîtières  (1),  sont  habituellement  construits 
en  planches,  plus  rarement  en  paille. 

Alors,  la  partie  des  arbres  située  immé- 
(1)  Voir  Revue  horticole,  1887,  p.  531. 


diatement  au  - dessous  de  l’abri  se  trouve 
privée  de  lumière  et  de  soleil,  ce  qui  em- 
pêche, ou  tout  au  moins  retarde,  la  matura- 
tion des  fruits  compris  dans  cette  zone. 


LA  VENTE  DES  JUS  DE  TABACS. 


Le  système  d’abri,  que  représente  la 
figure  54,  remédie  à cet  inconvénient,  le  vi- 
trage laissant  passer  librement  la  lumière, 
et  augmentant  encore  la  concentration  des 
rayons  solaires. 

Ces  panneaux  sont  fixés  au  mur,  à leur 
partie  supérieure  au  moyen  d’une  sorte  de 
charnière,  qui  permet  de  les  rapprocher  plus 
ou  moins  des  arbres  qu’ils  doivent  pro- 
téger. 

C’est  là  une  amélioration  importante, 
grâce  à laquelle  on  peut  laisser  les  fruits 
sur  l’espalier,  lorsqu’ils  ne  sont  pas  encore 
tout  à fait  mûrs,  et  que  les  premières  ge- 


lées d’automne  sont  à craindre.  On  baisse 
alors  le  vitrage,  et  l’on  obtient  une  sorte 
de  serre  qui  permet  de  retarder  souvent 
d’un  mois  la  cueillette  des  fruits. 

Les  abris  vitrés  mobiles,  dont  l’invention 
est  due  à M.  Brochard,  de  Paris,  sont  cons- 
truits par  panneaux  de  quatre  travées  me- 
surant chacune  50  centimètres  de  largeur, 
ce  qui  en  rend  la  manœuvre  très-facile. 
Ils  présentent  deux  améliorations  bien  mar- 
quées sur  les  procédés  connus  jusqu’ici,  et 
nous  en  recommandons  l’essai  aux  arbori- 
culteurs. 

Ch.  Thays. 


LA  VENTE  DES  JUS  DE  TABACS 


On  connaît  suffisamment  l’efficacité  des 
jus  de  tabac  comme  insecticides,  et  bien 
des  fois  les  Conseils  généraux  et  les  So- 
ciétés d’agriculture  se  sont  faits  l’écho  des 
plaintes  des  cultivateurs  et  des  horticulteurs, 
sur  le  peu  de  facilités  accordées  au  public 
pour  se  procurer  ces  matières. 

La  crainte  de  tentatives  de  fraude  ayant 
été  jusqu’ici  le  principal  obstacle  à ce  qu’il 
fût  donné  satisfaction  aux  réclamations, 
l’administration  a recherché  s’il  ne  serait 
pas  possible  de  mélanger  aux  jus  une  subs- 
tance inoffensive  capable  de  les  rendre  im- 
propres à la  préparation  de  tabacs  factices. 
A la  suite  d’essais,  il  a été  reconnu  que  le 
goudron  de  Norwège  mélangé  aux  jus  dans 
la  proportion  de  1 p.  100  satisfaisait  à cette 
double  condition. 

Dans  cette  situation,  le  Ministre  des 
finances  a arrêté,  pour  la  vente  des  jus  de 
tabacs,  de  nouvelles  dispositions,  en  vertu 
desquelles  on  peut  se  procurer  des  jus,  soit 
directement  dans  les  manufactures  de  ta- 
bacs, soit  par  l’intermédiaire  des  entrepôts 
de  tabacs  fabriqués. 

Les  jus  purs  sont  délivrés  aux  pharma- 
ciens, droguistes,  horticulteurs,  éleveurs 
de  bestiaux,  etc.,  sur  là  simple  constatation 
de  leur  identité. 

Quant  aux  jus  dénaturés , ils  sont  déli- 
vrés sans  formalité  aucune  à toute  per- 
sonne qui  en  fait  la  demande  ; toutefois,  les 
demandes  de  cette  espèce  de  jus  ne  sont 
reçues  qu’autant  qu’elles  correspondent  à 
Une  perception  de  3 fr.  75  au  moins  (ce  qui 
représente,  par  exemple,  un  achat  de  10  li- 
tres à 12°  1/2).  Les  récipients  destinés  à 
contenir  les  jus  doivent  être  fournis  par 
l’acheteur. 


Livraisons  par  les  manufactures  de  tabacs. 

Toute  personne  qui  voudra  prendre  li- 
vraison de  jus  dans  une  manufacture  se 
présentera  avec  son  récipient  et  formu- 
lera sa  demande  en  indiquant  le  degré 
de  concentration  des  jus  qu’elle  désire  ; il 
lui  sera  remis  un  bulletin  à l’adresse  du 
receveur  principal  des  contributions  indi- 
rectes de  la  localité,  qui  percevra  le  prix  de 
la  quantité  de  jus  inscrite  sur  cette  pièce  et 
en  délivrera  un  récépissé,  sur  la  présenta- 
tion duquel  les  jus  seront  livrés  par  la  ma- 
nufacture. 

Les  récipients  seront  enlevés  aussitôt 
après  avoir  été  remplis  ; l’enlèvement  s’ef- 
fectuera par  les  soins  et  à la  charge  de 
l’acheteur. 

Livraisons  par  l’intermédiaire  des  entrepôts 
de  tabacs  fabriqués. 

Il  n’est  pas  établi  d’approvisionnements 
de  jus  dans  les  entrepôts  de  tabacs  fabri- 
qués. Ces  établissements  servent  simple- 
ment d’intermédiaires  entre  la  manufac- 
ture et  l’acheteur.  Celui-ci  remet  sa  demande 
à l’entreposeur,  et  adresse  franco  à la  ma- 
nufacture qui  lui  est  désignée  les  réci- 
pients destinés  à renfermer  les  matières. 
L’entreposeur,  de  son  côté,  transmet  la 
demande  à la  manufacture,  reçoit  les  jus 
et  les  remet  au  destinataire  contre  paye- 
ment de  leur  valeur  et  remboursement  des 
frais  de  transport  de  la  manufacture  à l’en- 
trepôt. 

Afin  d’éviter  tout  risque  d’altération  en 
cours  de  transport  et  pour  réduire  les  frais 
d’envoi  qui  sont  à la  charge  de  l’acheteur, 


236 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


on  ne  délivre  que  des  jus  d’une  densité 
fixée  uniformément  à 12  1/2. 

Dépositaires  de  jus  goudronnés  pour  la 
vente  au  détail. 

Le  commerce  de  détail  des  jus  dénaturés 
est  absolument  libre.  Des  dépôts  de  cette 
espèce  de  jus  peuvent  être  établis,  à leurs 
risques  et  périls,  par  les  syndicats  agri- 
coles, les  horticulteurs,  éleveurs  de  bes- 
tiaux, pharmaciens,  épiciers,  et,  en  géné- 
ral, chez  toute  personne  désirant  en  faire 
commerce.  Ainsi  mis  à la  portée  immé- 
diate du  public,  ils  pourront  être  achetés 
sans  perte  de  temps  et  par  quantités  en 
rapport  avec  les  besoins  de  chacun. 

Localités  où  il  existe  des  manufactures  de 
tabacs  fabriqués. 

Les  manufactures  de  tabacs  où  l’on  peut 
se  procurer  directement  des  jus  sont  si- 
tuées à : 

Bordeaux,  Châteauroux,  Dieppe,  Dijon, 
Le  Havre,  Lille,  Lyon,  Le  Mans,  Marseille, 
Morlaix,  Nancy,  Nantes,  Nice,  Orléans, 
Paris  (Gros-Caillou),  Riom,  Tonneins, 
Toulouse. 

Les  entrepôts  de  tabacs  fabriqués,  par 
l’intermédiaire  desquels  on  peut  se  procurer 
des  jus  à 12°  1/2  purs  ou  dénaturés,  ont 
leur  siège  dans  tous  les  chefs-lieux  df arron- 
dissement, ainsi  qu’à  Bourgoin,  Cusset, 
Honfleur  et  Souillac. 


Les  prix  sont  fixés  comme  suit  : 

Jus 

Jus  purs,  goudronnés. 


Jus 

marquant  5°  à l’aréomètre 

Baumé,  le  litre.. 

0.20 

0.15 

Jus 

à 10°,  le  litre 

0.40 

0.30 

Jus 

à 12°5,  le  litre 

0.58 

0.375 

Jus 

à 15°,  le  litre 

0.60 

0.45 

Soit  3 à 4 centimes  par  litre  et  par  degré, 
selon  qu’il  s’agit  de  jus  purs  ou  de  jus  dé- 
naturés. 

A noter  : les  jus  de  12°  et  au-dessus 
sont  seuls  susceptibles  de  se  conserver  in- 
définiment, à la  condition  d’être  mis  en 
vases  bien  bouchés. 

On  peut  se  procurer  ces  jus  soit  directe- 
ment dans  les  manufactures,  soit  par  l’in- 
termédiaire des  entrepôts  de  tabacs  manu- 
facturés. 

Emploi  de  jus  de  tabacs. 

Ajoutons  que  les  arrosages  au  jus  de  tabac 
doivent  être  faits  au  moyen  de  jus  très  faibles, 
marquant  de  1/2  à 1 degré  au  maximum, 
que,  par  conséquent,  les  jus  à 12  ou  15  de- 
grés doivent  être  étendus  de  15  à 20  fois  leur 
volume  d’eau  ; qu’il  faut  opérer  le  soir,  ja- 
mais pendant  la  grande  chaleur  du  jour,  et 
laver  les  plantes  le  lendemain  matin  par  un 
nouvel  arrosage  à l’eau  pure. 

Les  fumigations  de  jus  de  tabac  ne  se 
pratiquent  que  dans  les  serres,  avec  des  jus 
concentrés  que  l’on  répand  sur  des  plaques 
de  fonte  ou  de  tôle  échauffée  à haute  tempé- 
rature. 

Enfin,  on  utilise  les  jus  de  tabac  pour  la 
destruction  des  parasites  des  animaux  : 
poux,  puces  et  acares  des  diverses  gales. 
On  opère  dans  ce  cas  avec  des  jus  à 5 de- 
grés, appliqués  en  lotions  réduites  à de 
petites  surfaces,  et  on  renouvelle  plusieurs 
fois  l’opération.  Il  ne  faut  pas  employer  les 
jus  de  tabac  quand  les  affections  à traiter 
ont  déterminé  sur  la  peau  des  plaies  ou  des 
érosions. 

A.  Lesne. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  27  AVRIL  1888. 


Les  derniers  préparatifs  que  faisaient,  à cette 
époque,  les  horticulteurs,  pour  l’Exposition 
générale,  avaient  nui  à l’intérêt  de  cette 
séance.  Les  apports  étaient  fort  peu  nom- 
breux. 

Comité  de  floii culture. 

M.  Jolibois,  jardinier  chef  au  Palais  du 


Luxembourg,  avait  envoyé  un  Cypripedium 
obtenu  par  lui  en  fécondant  le  C.  Harrisianum 
par  le  C.  insigne  Chantini.  La  nouvelle  forme, 
qui  est  nommée  C.  Joséphine  Jolibois , se  rap- 
proche, par  la  partie  inférieure  de  la  fleur,  d’un 
de  ses  ancêtres,  le  C.  insigne , et  par  la  partie 
supérieure  du  C.  insigne  Chantini , mais  l’éten- 
dard est  plus  développé  et  plus  blanc  que  dans 


ESSAI  SUR  LA  COMPOSITION  DES  BOUQUETS. 


cette  dernière  variété.  La  fleur,  dans  son  en- 
semble, a de  grandes  dimensions. 

Comité  de  culture  potagère. 

De  M.  Cottereau,  maraîcher,  rue  Desnouettes, 
à Paris,  des  Poireaux  de  Carentan , mesurant 
9 centimètres  de  diamètre,  et  de  M.  Bassière, 
rue  Pont-Martin,  à Lisieux,  quelques  pieds  de 
Laitue  Georges , venus  à froid,  sous  châssis, 
assez  bien  pommés,  larges.  Variété  à recom- 
mander pour  ce  genre  de  culture. 

Comité  d’arboriculture  d’ornement. 

Présenté  par  M.  Maurice  de  Vilmorin,  des 
rameaux  de  Berberis  trifoliata , jolie  espèce 
mexicaine  que  l’on  cultive  dans  le  Midi,  et  qui 
pourrait  être  employée  dans  les  régions  tem- 
pérées de  la  France,  puisqu’elle  a résisté  à un 
froid  de  20  degrés. 

Cette  plante,  dont  le  feuillage  est  très- 
élégant  et  persistant,  se  couvre  de  jolis 
fruits  rose  orangé,  et  présente  ce  grand  avan- 
tage de  résister  complètement  aux  conditions 
nuisibles  des  grandes  villes  : fumée,  manque 


237 

d’air,  etc.  A Londres,  on  l’emploie  beaucoup 
avec  succès. 

Du  même  présentateur,  un  rameau  de  Gri- 
selenia  littorulis , plante  de  la  Nouvelle- 
Zélande,  à feuilles  persistantes,  assez  grandes, 
ondulées,  d’un  joli  vert  brillant,  très-employée 
dans  le  midi  de  la  France  pour  la  composition 
des  massifs. 

Comité  des  arts  et  industries  horticoles. 

M.  E.  Maître,  d’Auvers-sur-Oise,  avait  ap- 
porté plusieurs  échantillons  d’un  appareil  in- 
venté et  fabriqué  par  lui,  et  destiné  à pré- 
server la  Vigne,  ou  toutes  plantes  de  petites 
dimensions,  contre  les  gelées  printanières. 

Cet  appareil,  qu’il  nomme  Paragel , se 
compose  d’une  toile  assez  épaisse,  mesurant 
environ  30  centimètres  de  hauteur  sur  25  de 
largeur,  et  que  deux  tigelles  de  bois,  fixées 
des  deux  côtés,  maintiennent,  avec  l’incli- 
naison nécessaire,  au  moyen  de  leur  prolon- 
gement que  l’on  enfonce  dans  le  sol , au- 
dessus  des  végétaux  que  l’on  veut  protéger. 

Les  paragels,  d’un  emploi  très-facile,  ont 
l’avantage  de  ne  coûter  que  12  fr.  50  le  cent. 

Ch.  Thays. 


ESSAI  SUR  LA  COMPOSITION  DES  BOUQUETS 


Il  est  toujours  agréable  de  lire  ou  d’en- 
tendre dire  quelque  chose  des  fleurs;  mais, 
quand  la  personne  qui  parle  ou  écrit  est 
une  femme,  son  langage  a un  charme  par- 
ticulier. 

Mme  Lacoin,  dans  un  Essai  sur  la  com- 
position des  bouquets  (1),  vient  de  nous 
montrer  une  fois  de  plus  combien,  en  ce 
qui  concerne  les  fleurs,  les  femmes  excellent 
dans  l’art  de  composer  et  de  dire  des  choses 
charmantes. 

C’est  ce  petit  traité,  Art  poétique  dans 
son  genre,  que  nous  voulons  résumer  pour 
en  mettre  les  préceptes  sous  les  yeux  de  nos 
lecteurs.  On  n’a  pas  toujours  un  fleuriste 
sous  la  main,  et  bien  des  personnes  seront 
heureuses  d’avoir  des  conseils  sur  une 
matière  qui  a son  utilité,  et  qui,  dans  tous 
les  cas,  constitue  un  des  plus  agréables 
passe-temps. 

L’art  de  disposer  harmonieusement  les 
fleurs  dans  un  bouquet  est  régi  par  cer- 
taines lois  reposant  sur  les  contrastes,  la 
forme,  les  couleurs. 

Les  contrastes  existent  partout,  dans  la 
nature  et  dans  les  arts  ; un  objet  ne  ressort 
jamais  mieux  que  lorsqu’il  est  mis  en  oppo- 

(1)  Journal  de  la  Société  nationale  d'horticul- 
ture, 1888,  p.  97. 


sition  avec  un  objet  tout  différent.  En  com- 
posant un  bouquet,  on  doit  donc  se  préoc- 
cuper des  avantages  que  l’on  peut  retirer  de 
la  loi  des  contrastes.  On  obtiendra  de  bons 
effets  en  réunissant  des  fleurs  de  formes 
complètement  différentes,  en  opposant,  par 
exemple,  des  fleurs  en  épi,  comme  les 
Glaïeuls,  les  Pieds-d’ Alouette,  aux  fleurs  en 
boule,  comme  les  Pivoines,  les  Roses  ; des 
formes  légères  aux  formes  volumineuses; 
les  formes  simples  aux  formes  compliquées, 
par  exemple  une  Tulipe  à une  grappe  de 
Lilas. 

Aux  oppositions  de  formes,  on  joindra 
l’opposition  des  couleurs.  On  aura  soin, 
pour  la  satisfaction  des  yeux,  de  juxtaposer, 
autant  que  possible,  les  couleurs  complé- 
mentaires (1). 

(1  ) On  compte  trois  couleurs  simples  : le  rouge , 
1 e jaune  et  le  bleu.  Les  couleurs  composées  sont  : 
l 'orangé,  produit  par  le  rouge  et  le  jaune;  le  vert, 
résultant  du  bleu  et  du  jaune  et  le  violet , combi- 
naison du  bleu  avec  le  rouge.  Ces  couleurs  mixtes 
prennent  des  tons  variés  suivant  les  proportions 
relatives  des  couleurs  simples  qui  les  composent; 
ce  sont  les  nuances.  La  couleur  complémentaire 
est  celle  qui,  ajoutée  à deux  couleurs  combinées, 
reforme  les  trois  couleurs  simples  et  réciproque- 
ment; par  exemple  : le  vert  est  complémentaire 
du  rouge,  l’orangé  est  complémentaire  du  bleu,  le 
violet  est  complémentaire  du  jaune. 


238 


ESSAI  SUR  LA  COMPOSITION  DES  BOUQUETS. 


La  forme  du  bouquet  ne  doit  pas  être 
absolument  régulière,  mais  il  faut  que 
toutes  ses  parties  soient  bien  proportion- 
nées. Les  fleurs  ne  doivent  pas  être  serrées 
les  unes  contre  les  autres,  de  façon  à cacher 
complètement  les  tiges  et  les  feuilles. 
Quant  à la  position  que  chaque  espèce  de 
fleurs  doit  prendre  dans  le  bouquet,  « leur 
forme,  dit  l’auteur,  indique  la  place  qu’elles 
devront  occuper.  Un  bouquet  doit  être 
construit  comme  un  édifice,  comme  un 
château  gothique.  On  mettra  au  bas  et  au 
centre  les  fleurs  les  plus  lourdes  ; elles  se- 
ront comme  les  assises  solides  sur  lesquelles 
sont  posées  les  parties  plus  légères  de 
l’édifice.  Les  fleurs  en  épi  et  les  fleurettes 
légères  qu’on  mettra  au-dessus  représentent 
les  tourelles  et  les  clochetons.  On  obtiendra 
ainsi  une  impression  de  stabilité  qui  satis- 
fera la  vue.  On  pourra  mettre,  si  l’on  veut, 
quelques  fleurs  légères  au  bas  entre  les 
grosses  fleurs  comme  un  ornement.  » 

Suivant  que  le  vase  auquel  les  fleurs  sont 
destinées  sera  de  forme  svelte  ou  massive, 
on  fera  le  bouquet  avec  des  fleurs  légères 
ou  avec  toute  espèce  de  fleurs. 

La  combinaison  des  couleurs  la  plus  par- 
faite est,  comme  nous  le  disions,  celle  des 
couleurs  complémentaires.  « Cependant, 
dit  Mme  Lacoin,  quelquefois,  certaines  cou- 
leurs complémentaires  forment  un  contraste 
très-dur;  pour  l’adoucir,  il  est  bon  de  ne 
pas  employer  deux  nuances  de  même  in- 
tensité. Si  on  oppose  l’orangé  au  bleu,  il 
est  préférable  de  mettre  le  bleu  clair  auprès 
du  brun  et  les  nuances  thé  avec  le  bleu 
foncé.  L’orange  intense  est  une  couleur 
difficile  à employer,  comme  le  rouge  vif. 
Dans  un  bouquet  d’une  certaine  dimension, 
on  doit  mettre  plusieurs  nuances  de  cha- 
cune des  couleurs.  L’opposition  la  plus  vive 
doit  être  au  centre  et  accompagnée  de  teintes 
dégradées  qui  viennent  en  adoucir  la  dureté. 
Il  ne  faut  pas  mettre  une  égale  quantité  des 
deux  couleurs  qu’on  oppose  ; la  couleur  la 
plus  vive  doit  se  trouver  en  plus  petite 
quantité.  » 

On  peut  faire  un  bouquet  d’une  seule 
couleur,  alors  les  contrastes  ont  lieu  dans 
la  différence  d’intensité  des  nuances.  Le 
contraste  principal  doit  être  au  centre  du 
bouquet;  on  peut,  par  exemple,  opposer 
une  Rose  Baronne  de  Rothschild  à une 
Rose  Empereur  du  Maroc.  Les  teintes 
claires  sont  accompagnées  de  teintes  de 
plus  en  plus  foncées,  à mesure  que  l’on 
approche  du  bord  extérieur  du  bouquet,  et 
les  nuances  foncées  sont  entourées  de  tons 


plus  clairs.  On  égaiera  la  monotonie  du 
bouquet  composé  d’une  seule  couleur  en 
joignant  au  contraste  principal  qui  occupe 
le  centre  certains  autres  contrastes  moins 
frappants,  disposés  çà  et  là  dans  les  autres 
parties  du  bouquet. 

Près  du  bouquet  d’une  seule  couleur  se 
place  le  bouquet  composé  de  couleurs  diffé- 
rentes, mais  entre  lesquelles  la  transition 
n’est  pas  violente.  Telles  sont  les  couleurs 
qui  vont  du  jaune  au  rouge.  On  peut,  par 
l’opposition  de  ces  couleurs,  obtenir  de  très- 
brillants  effets. 

Les  bouquets  composés  de  toutes  sortes 
de  couleurs  peuvent  être  très-beaux,  mais 
sont  d’une  confection  difficile.  Certaines 
couleurs  ne  peuvent  être  réunies  sans  se 
heurter,  et  il  faut  entre  elles  des  transitions 
qui  nécessitent  une  certaine  place  et  font 
que  ces  sortes  de  bouquets  doivent  toujours 
être  très-grands.  Pour  que  ces  couleurs  ne 
choquent  pas  l’œil,  il  faut  mettre  entre 
elles  toutes  les  nuances  qui  leur  servent  de 
transition,  ou  une  seule  teinte  qui  soit 
complémentaire  du  total  de  ces  deux  cou- 
leurs. <(  Par  exemple,  pour  faire  accorder 
ensemble  un  violet  bleuâtre  et  un  rouge 
violacé,  qui,  réunis,  formeraient  un  violet 
franc,  il  faudrait  les  séparer  par  une  nuance 
jaune,  qui  est  la  couleur  complémentaire 
du  violet.  » 

Dans  un  bouquet  de  toutes  couleurs,  les 
nuances  les  plus  claires  doivent  occuper  le 
centre  ; au-dessous,  les  teintes  très-foncées 
doivent  former  une  opposition  très-forte, 
tandis  qu’au-dessus  s’étageront  des  nuances 
moyennes. 

« Au  centre,  on  mettra  des  Pivoines 
herbacées  d’un  rose  pâle,  et  d’autres,  roses 
avec  le  milieu  soufré,  puis  des  Roses  Thé  de 
différentes  nuances.  En  opposition  avec  ces 
teintes  claires,  on  placera  au-dessous,  un 
peu  à droite,  des  Pivoines  rouges,  puis  des 
Roses  grenat  foncé  ou  des  Œillets  de  poète 
de  la  même  nuance,  le  rouge  se  trouvant 
au-dessous  du  rose  et  le  grenat  correspon- 
dant aux  nuances  Thé  et  Soufre.  Au-dessus 
des  Roses  Thé  on  mettra  des  Ancolies  et  des 
Digitales  jaune  soufre,  qui  se  détacheront 
sur  un  fonds  de  Pieds-d’Alouette  vivaces  de 
différentes  nuances  de  bleu  et  de  lilas  qui 
formeront  le  sommet  du  bouquet.  Les 
nuances  les  plus  claires  se  trouveront  en 
avant,  et  derrière  les  bleus  foncés  on  pourra 
mettre  quelques  fleurs  rouge  foncé  qui 
s’apercevront  en  transparence.  Faisant  suite 
aux  Pieds-d’Alouette,  on  mettra  d’autres 
fleurs  d’un  lilas  plus  rose:  Campanules, 


PLANTES  NOUVELLES,  DÉCRITES  OU  FIGURÉES  DANS  LES  PUBLICATIONS  ÉTRANGÈRES.  239 


Pentstémons,  Digitales  ou  autres,  se  rap- 
prochant de  plus  en  plus  du  rose  comme 
teinte  et  qui  combleront  l’espace  entre  le 
centre  et  le  haut  du  bouquet  sur  la  gauche. 
De  la  sorte,  on  aura,  au  centre,  un  con- 
traste très-accentué  dans  la  différence  d’in- 
tensité des  teintes,  à droite,  une  opposition 
de  couleurs  complémentaires  entre  les 
nuances  de  thé  à jaune  et  les  bleus  et  lilas, 
et  à gauche,  une  gradation  de  teintes  re- 
liant le  rose  au  bleu  en  passant  par  le 
lilas.  » 

La  couleur  et  la  forme  du  vase  ne  sont 
pas  indifférentes.  Les  vases  d’une  seule 
teinte  douce,  un  peu  éteinte,  sont  ceux 
qu’on  doit  choisir  de  préférence. 


Nous  venons  de  passer  en  revue  l’en- 
semble des  règles  qui  doivent  présider  à la 
composition  du  bouquet.  Tout  le  monde 
pourrait-il,  au  moyen  de  ces  préceptes, 
composer  du  premier  coup  un  bouquet  ir- 
réprochable? Nous  en  doutons.  La  lecture 
de  Y Art  poétique , de  Boileau,  a bien  pu 
faire  éviter  quelques  erreurs  de  composi- 
tion, mais  n’a  jamais  fait  de  poètes.  De 
même,  dans  l’art  difficile  d’arranger  la 
fleur,  le  petit  traité,  en  quelques  pages,  de 
Mme  Lacoin,  sera  un  guide  pour  les  per- 
sonnes inexpérimentées  et  les  aidera  à faire 
des  combinaisons  sinon  savantes,  du  moins 
toujours  harmonieuses. 

P.  CûRNUAULT. 


REVUE  DES  PLANTES  NOUVELLES 

DÉCRITES  OU  FIGURÉES  DANS  LES  PUBLICATIONS  ÉTRANGÈRES 


Anthurium  Mooreanum , N.-E.  Brown. 

Aroïdées.  (Gard.  Chron .,  1886,  vol.  2,  p.  230.) 
— Espèce  nouvelle,  dont  la  patrie  est  inconnue. 
Pétioles  longs  de  50  centimètres  environ  ; 
limbe  sub-hasté,  acuminé-cuspide,  long  de  30 
à 40  centimètres,  large  de  24  à 30  en  travers 
des  lobes  de  la  base,  qui  sont  oblongs;  page 
supérieure  vert  brillant,  l’inférieure  est  vert 
blanchâtre;  pédoncule  long  de  50  centimètres; 
spathe  réfléchie  ou  étalée,  longue  de  12  à 
15  centimètres,  large  de  1 1/2  à 2 centimètres, 
linéaire-oblongue,  convolutée-acuminée  à l’ex- 
trémité, vert  pourpré;  spadice  courtement  sti- 
pité,  long  de  15  à 18  centimètres,  olive  brun. 

Zygopetalum  Leopardinum,  H. -G.  Rchb.  f. 
Orchidées.  (Gard.  Chron.,  1886,  vol.  2, 
p.  166.)  — Hybride  récemment  obtenu  par 
M.  Seden,  dans  les  cultures  de  MM.  Veitch, 
de  Londres.  Sépales  et  pétales  jaune  verdâtre 
clair,  à nombreuses  petites  taches  cinnamo- 
mon;  callus  jaune  d’ocre  à arête  et  dents 
mauve. 

Clavija  Ernstii,  J.  D.  Hooker.  — Myrsinées. 
Caracas  (Bot.  Mag.,  tab.  6928).  — Les  Cla- 
vija sont  des  arbres  ou  arbustes  originaires  de 
l’Amérique  tropicale  et  surtout  remarquables 
par  l’ampleur  de  leurs  feuilles.  La  présente 
espèce  atteint  à peine  75  centimètres  de  hau- 
teur. Ses  feuilles,  oblongues  lancéolées,  aiguës 
entières,  ont  30  centimètres  de  longueur  sur 
10  à 15  de  largeur;  ses  grappes  sont  retom- 
bantes, longues  de  5 à 10  centimètres,  portant 
des  fleurs  petites,  assez  nombreuses,  rou- 
geâtres, à calyce  verdâtre. 

Heuchera  sanguinea,  Engelmann.  — Saxi- 
fragées.  Nouveau-Mexique  et  Arizona.  (Bot. 
Mag.,  tab.  6929).  — Charmante  petite  plante 
vivace,  rustique,  dont  les  feuilles  ressemblent 
à celles  d’une  Primevère  de  Chine  et  qui  pro- 
duit d’élégantes  panicules  érigées,  peu  com- 
pactes, de  fleurs  retombantes,  rouge  vif. 


Chrysanthemum  multicaule,  Desfontaines. 

— Composées.  Algérie  (Bot.  Mag.,  tab.  8930). 

— Plante  herbacée;  feuilles  assez  épaisses,  d’un 
vert  glauque  ; fleurs  solitaires  longuement  pé- 
donculées,  d’un  jaune  doré,  de  5 centimètres 
de  diamètre. 

Hedysarum  microcalyx,  Baker.  — Légumi- 
neuses, Himalaya  (Bot.  Mag.,  tab.  6931).  — 
Jolie  Papilionacée  ressemblant  au  Sainfoin  et 
originaire  de  l’Himalaya;  elle  convient  aux 
contrées  tempérées  et  fournit  de  nombreuses 
grappes  de  fleurs  rouge  violacé,  très-ornemen- 
tales. 

Momordica  involucrata,  Meyer.  — Cucur- 
bitacées.  Natal.  (Bot.  Mag.,  tab.  6932).  — Cette 
espèce  grimpante,  originaire  des  environs  de 
Durban,  vient  de  fleurir  et  de  fructifier  dans 
les  serres  de  Kew.  Ses  tiges  sont  glabres, 
élancées,  très-ramifiées  et  garnies  de  feuilles 
orbiculaires  lobées  et  dentées,  larges  de  5 cen- 
timètres. Les  fleurs  mâles,  à l’extrémité  des 
tiges,  sont  d’un  jaune  pâle  et  portent  à la  base 
des  pétales  une  tache  vert  foncé  ; elles  sont 
assez  ornementales.  Le  fruit  est  très-curieux 
et  très-joli  : il  est  d’un  rouge  écarlate  et  a la 
forme  d’une  Poire  portant  çà  et  là  quelques 
aspérités. 

Xanthorrhæa  Preissii,  Endlicher.  — Junca- 
cées.  Australie  (Bot.  Mag.,  tab.  6933).  — C’est 
une  espèce  originaire  de  l’Australie  sud-occi- 
dentale et  qui  vient  de  fleurir  dans  les  serres 
de  Kew.  Le  tronc  a environ  30  centimètres  de 
hauteur.  De  la  touffe  de  feuilles,  longues  de 
1 mètre  à lm  30,  linéaires-canaliculées,  gra- 
cieuses, retombantes,  s’élève  une  hampe  flo- 
rale longue  de  2 mètres  à 2m  40  portant  un 
long  épi  compacte  de  fleurs  jaune  verdâtre 
pâle. 

Aristolochia  ridicula,  N.-E.  Brown.  — Aris- 
tolochiées.  Brésil  (Bot.  Mag.,  tab.  6934).  — 
Ce  nom  a été  donné  à cette  espèce  à cause  de 


240 


CORRESPONDANCE. 


la  curieuse  disposition  des  pétales  de  la  fleur, 
allongés  et  étroits,  et  qui  donnent  à sa 
partie  supérieure  l’apparence  d’une  tête  d’es- 
cargot à très  grosses  tentacules.  La  plante  est 
vigoureuse  et  garnie  de  poils  étalés,  dressés  ; 
les  feuilles  sont  orbiculaires  réniformes  pubes- 
centes,  couvertes  de  quelques  poils  courts  à la 
partie  supérieure  et  finement  tomenteuses  à la 
partie  inférieure,  dont  les  nervures  sont  très- 
saillantes  et  réticulées  ; la  partie  tubuleuse  des 
fleurs  est  jaunâtre,  large  de  5 centimètres  et 
marquée  de  nervures  purpurines  ; le  limbe 
allongé  et  étroit  est  d’un  jaune  vif  tacheté  de 
rouge  pourpre. 

Disporum  Leschenaultianum , D.  Don.  — 
Liliacées.  Inde  méridionale  et  Ceylan.  (Bot. 
Mag .,  tab.  6935.)  — Plante  herbacée  de  serre 
froide,  à tige  dichotome  ramifiée,  de  50  centi- 
mètres de  hauteur,  garnie  de  feuilles  raides, 
ovales,  acuminées  et  portant  3 ou  4 fleurs 
campanulées,  blanches,  de  2 centimètres  de 
diamètre,  à l’aiselle  des  feuilles  extrêmes  ; son 
fruit  est  une  baie  d’un  bleu  foncé,  de  la  gros- 
seur d’une  petite  Cerise. 

Pleurothallis  insignis , Rolfe.  — Orchidées. 
Caraccas  (Bot.  Mag .,  tab.  6936).  — Plante  de 
serre  froide,  à fleurs  très-grandes  pour  le 
genre  ; sépales  au  nombre  de  deux,  longs  de 


8 centimètres,  très-étroits,  blanc  crème  légè- 
rement jaunâtre,  longitudinalement  veinés  de 
pourpre;  pétales  blanc  crème,  à partie  infé- 
rieure courtement  oblongue,  puis  s’allongeant 
en  partie  très-étroite,  aussi  longue  que  les 
sépales.  Les  feuilles  sont  linéaires-oblongues, 
rétrécies  à la  base. 

Billbergia  décora , Pœpp.  et  Endl.  — Bro- 
méliacées. Vallée  de  l’Amazone.  {Bot.  Mag., 
tab.  6937.)  — Superbe  espèce  ancienne,  re- 
marquable par  son  feuillage  transversalement 
rayé  de  blanc  et  ses  épis  retombants  de  fleurs 
entourées  de  très-grandes  bractées  rose  vif. 

Oxera  pulchella , Labill.  — Verbénacées. 
Nouvelle-Calédonie.  (Bot.  Mag.,  tab.  6938.)  — 
Très-jolie  plante  grimpante,  découverte  par 
Labillardière  au  cours  de  son  voyage  à la  re- 
cherche de  La  Pérouse.  Elle  produit  des 
feuilles  longues  de  5 à 12  centimètres,  oblon- 
gues-lancéolées,  obscurément  crénelées,  gla- 
bres, courtement  pétiolées,  et  porte  de  lourds 
paquets  de  grandes  fleurs  blanches,  en  clo- 
chettes retombantes,  longues  de  5 centimètres, 
desquelles  s’élancent  deux  longues  étamines 
blanches,  à anthères  jaune  roux.  C’est  une 
plante  ligneuse  d’un  grand  intérêt  au  point  de 
vue  ornemental. 

Ed.  André. 


CORRESPONDANCE 


N°  4i30.  M.  l’abbë  C.  — En  procédant  au 
rempotage  de  vos  Chamærops  et  de  tous  autres 
Palmiers  en  général,  il  faut  bien  vous  garder 
de  couper  les  racines.  La  seule  chose  que  vous 
puissiez  faire,  pour  éviter  d’avoir  à employer 
des  pots  ou  caisses  trop  grandes,  c’est  de  déga- 
ger avec  précaution,  avant  que  la  plante  n’entre 
en  végétation,  une  partie  de  la  terre  usée, 
entre  les  racines,  et  de  remplacer  cette  terre 
par  un  compost  très-substantiel. 

Vous  pourrez  vous  procurer  le  Traité  d’ar- 
boriculture fruitière  que  vous  désirez  avoir,  en 
vous  adressant  à la  Librairie  agricole,  26,  rue 
Jacob,  Paris. 

N°  3422  (Loir-et-Cher).  — La  Bineuse  ra- 
tisseuse  à cheval  figurée  dans  notre  numéro 
du  16  mars  dernier  se  vend  chez  M.  Adrien 
Senet,  10,  rue  Fontaine-au-Roi,  Paris. 

M.  P.  (Yonne).  — C’est  l’Otiorhynque  de 
la  livèche  (Otiorhynchus  ligustici,  L.)  qui 
ronge  les  feuilles  de  vos  Fraisiers,  et  n’en 
laisse  subsister  que  le  pétiole.  Ce  charançon 
s’attaque  à beaucoup  de  cultures  : Trèfles, 
Luzernes,  Vignes,  jardins  fruitiers  et  potagers 
sont  chaque  année  l’objet  de  ses  dégâts.  11 
aime  surtout  les  terres  légères,  se  tient  de  jour 
de  préférence  blotti  au  pied  des  arbres  ou  au 
collet  des  plantes,  et  lorsqu’arrive  la  nuit, 


sort  de  sa  retraite  et  ronge  fleurs,  feuilles  et 
jeunes  pousses.  Souvent,  recouvert  d’un  en- 
duit terreux,  il  se  dissimule  non  seulement  au 
regard  de  l’homme,  mais  aussi  à celui  de  l’oi- 
seau, son  plus  grand  ennemi. 

Son  mode  de  vie  et  ses  habitudes  nocturnes 
donnent  eux-mêmes  le  moyen  de  le  détruire. 
On  dépose  une  poignée  de  Mousse  au  pied  de 
chaque  plante  attaquée.  Le  jour,  les  Otio- 
rhynques  viennent  se  réfugier  dessous,  et  alors, 
si  l’on  passe  avec  un  seau  d’eau,  que  l’on 
secoue  chaque  petit  las  de  Mousse  au-dessus 
du  seau,  on  détruira  bon  nombre  des  insectes 
malfaisants.  Vous  arriverez  par  ce  procédé, 
tout  au  moins  à diminuer  considérablement  le 
nombre  des  ravageurs. 

L ’ Otiorhynchus  ligustici  mesure  10  à 12  mil- 
limètres de  longueur.  Sa  couleur  est  d’un  noir 
grisâtre,  gris  pommelé  sur  les  élytres.  Celles- 
ci  sont  ovales  et  très-bombées,  bien  plus  larges 
que  le  corselet  qui  est  granuleux. 

Il  sera  répondu  ultérieurement  à votre  de- 
mande, relative  aux  anomalies  végétales. 

No  3986  [Seine-et-OiseJ.  — Vous  trouverez 
la  Giroflée  jaune  hâtive  soit  chez  MM.  Vilmo- 
rin-Andrieux,  4,  quai  de  la  Mégisserie,  soit 
chez  M.  Forgeot,  14,  quai  de  la  Mégisserie,  à 
Paris. 


L’ Administrateur-Gérant  : L.  Bourguignon. 


lmp.  Georges  Jacob,  — Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE, 


241 


CHRONIQUE  HORTICOLE 

Exposition  de  la  Société  nationale  d’horticulture  de  France.  — Récompenses  à l’horticulture  dans  les 
concours  régionaux.  — L’hiver  de  1887-1888  et  les  Tritoma.  — Protection  des  vignobles  français.  — 
Levée  de  la  prohibition  des  plantes,  fruits  et  légumes  de  provenance  italienne.  — Les  massifs  d’or- 
nement. — Le  greffage  des  Poiriers.  — Le  Psiadia  rotundifolia  de  l’ile  Sainte-Hélène.  — Plantations 
fruitières  en  bordure  des  routes.  — L’herbe  aux  kangurous.  — Remède  à expérimenter  contre  le 
chancre  des  arbres.  — Missions  scientifiques  dans  l’Amérique  équatoriale.  — Production  des  Choux- 
Fleurs  du  Léon  (Finistère).  — Plantation  des  terrains  salés  dans  les  régions  tropicales.  — Expositions 
annoncées. Memenfo  des  expositions.  — Nécrologie  : M.  Dupuy-Jamain. 


Exposition  d’horticulture  de  Paris. 

— Cette  Exposition,  dont  la  Revue  donnera 
un  compte-rendu  détaillé  dans  son  prochain 
numéro,  s’est  ouverte  le  25  mai,  dans  et 
près  le  Pavillon  de  la  Ville  de  Paris,  aux 
Champs-Elysées.  Elle  a été,  comme  tou- 
jours, fort  admirée  des  visiteurs;  les  Or- 
chidées ont  eu,  comme  l’an  dernier,  les 
honneurs  de  la  journée  d’ouverture.  Bril- 
lamment récompensées  par  le  grand  prix 
d’honneur,  les  magnifiques  collections  de 
M.  Sander  n’ont  pas  cessé  de  faire  l’admi- 
ration d’un  public  nombreux  qui  se  pressait 
autour  d’elles. 

Nous  devons  cependant  reconnaître  que 
les  apports  ont  été,  en  général,  moins  nom- 
breux cette  année  que  les  années  précé- 
dentes; mais  si  les  lots  étaient  en  plus 
petit  nombre,  ils  étaient  tout  aussi  remar- 
quables, et  témoignaient  d’une  rare  perfec- 
tion de  culture. 

Voici  la  liste  des  principales  récom- 
penses : 

Grand  prix  d’honneur,  offert  par  M.  le 
Président  de  la  République  : M.  Sander, 
pour  sa  collection  d’Orchidées. 

Prix  d’honneur.  — Médaille  de  M.  le 
Ministre  de  l'agriculture  : M.  Verdier  (Ch.), 
pour  ses  Rosiers. 

— Médaille  de  M.  le  Préfet  de  la  Seine: 
M.  Duval,  pour  sa  collection  d’Orchidées. 

— Médaille  de  M.  le  Ministre  de  V agricul- 
ture : M.  Moser,  pour  ses  Rhododendrons  et 
Azalées. 

— Médaille  du  maréchal  Vaillant  : M.  Bleu, 
pour  Bertolonias,  Caladiums  et  Bégonias. 

— Médaille  de  M.  le  docteur  Andry  : MM.  Vil- 
morin-Andrieux  et  Cie,  pour  plantes  an- 
nuelles. 

— Médaille  de  M.  de  Vilmorin  : MM.  Le- 
vêque  et  fils,  pour  collection  de  Rosiers. 

— Médaille  des  Dames  patronnesses  : M.  De- 
brie  (maison  Lachaume),  pour  bouquets  et 
garnitures. 

— Médaille  de  la  Société  : MM.  Vilmorin- An- 
drieux et  C‘e,  pour  culture  maraîchère. 

1er  Juin  1888. 


— Médaille  de  M.  Massange  de  Louvrex  : 
M.  Chantin,  pour  Palmiers  et  Cycadées. 

— Médaille  de  la  Société  : Mm°  Block,  pour 
Palmiers  et  Dracænas. 

Le  Jury  a adressé  ses  plus  vives  félicita- 
tions à M.  Laforcade,  jardinier  en  chef  de 
la  Ville  de  Paris,  pour  les  beaux  végétaux 
de  serre  et  de  plein  air  qui  ont  concouru  à 
l’ornementation  de  l’Exposition. 

De  vives  félicitations  ont  été  aussi  adres- 
sées à M.  Jolibois,  jardinier  en  chef  du 
jardin  du  Luxembourg,  pour  sa  collection 
de  Broméliacées. 

La  Revue  publiera,  dans  son  prochain 
numéro,  l’ensemble  de  toutes  les  récom- 
penses décernées. 

Récompenses  à l’horticulture  dans 
les  concours  régionaux.  — On  sait  que 
des  récompenses  sont  aujourd’hui  attribuées 
à l’horticulture  et  à l’arboriculture  dans  les 
concours  régionaux.  Voici  le  résultat  des 
concours  de  Nantes  et  d’Auch. 

Concours  régional  de  Nantes. 

HORTICULTURE. 

Prime  d'honneur  : Pas  de  concurrent. 

ARBORICULTURE. 

Prime  d'honneur  : M.  Ghatelier  (Félix),  hor- 
ticulteur à Nantes. 

Médaille  de  bronze  : M.  Bahuaud,  horticul- 
teur-pépiniériste à Nantes. 

Concours  régional  d’Auch. 

HORTICULTURE. 

Prime  d'honneur  : Non  décernée. 

Médaille  d'argent  : M.  Labat  (Orner),  horti- 
culteur à Auch. 

ARBORICULTURE. 

Prime  d'honneur  : M.  Dupouy,  jardinier  à 
Lectoure. 

Médaille  de  bronze  : M.  Fronton  (François), 

11 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


242 

à Samatan.  — M.  Lapoutge,  horticulteur-pépi- 
niériste à Mirande. 

Mention  : M.  Labat  (Orner),  horticulteur  à 
Auch. 

L’hiver  de  1887-1888  et  les  Tritomas. 

- — Ces  plantes  étant  considérées  comme  rus- 
tiques par  certains  horticulteurs  et  par 
d’autres  comme  sensibles  au  froid,  le  long 
hiver  que  nous  avons  eu  cette  année  semble 
avoir  résolu  la  question  en  faveur  des  pre- 
miers, et  montré  que,  sous  le  climat  de 
Paris,  les  Tritomas  peuvent  supporter  la 
pleine  terre  en  prenant  cette  seule  précau- 
tion de  garantir  un  peu  la  souche,  soit  par 
quelques  feuilles,  soit  par  un  peu  de  grande 
litière  que  l’on  jette  sur  elle  à l’approche 
de  l’hiver  pour  le  cas  où,  comme  rigueur, 
celui-ci  dépasserait  la  moyenne.  C’est  sur- 
tout pour  les  jeunes  plantes  dont  la  souche 
peu  développée  n’aurait  pas  acquis  son  com- 
plet degré  de  résistance  que  cette  précau- 
tion est  nécessaire.  Et  même,  s’il  s’agit 
de  plantes  de  semis,  il  est  prudent  d’en 
mettre  en  pots  pour  les  rentrer  pen- 
dant l’hiver.  Faisons  toutefois  remarquer 
que  cette  rusticité  est  relative,  et  qu’il  y a 
des  variétés  plus  rustiques  que  d’autres. 

Le  Tritoma  cctulescens , par  exemple  (1), 
si  particulièrement  remarquable  par  sa  végé- 
tation, si  ornemental  par  son  aspect  géné- 
ral, est,  on  peut  dire,  très  rustique  ; en 
effet,  planté  dans  les  mêmes  conditions  que 
toutes  les  formes  acaules,  il  n’a  pour  ainsi 
dire  pas  soulïert  ; seules  quelques  tiges  ont 
pourri,  mais  alors  dans  la  partie  tout  à 
fait  aérienne,  qui,  dépourvue  de  feuilles,  a 
été  alternativement  et  pendant  plus  d’un 
mois  soumise  à toutes  les  intempéries  de 
gel,  de  dégel,  de  neige,  etc.,  etc.  Donc  plus 
de  doute  pour  le  Tritoma  caulescens,  qui 
devient  une  plante  d’ornement  de  premier 
ordre  et  est  probablement  appelé  à jouer 
un  important  rôle  dans  les  jardins. 

Protection  des  vignobles  français.  — 

On  sait  qu’une  loi  récente  avait  exonéré  de 
l’impôt  foncier  les  terrains  nouvellement 
plantés  en  Vignes  dans  les  départements 
ravagés  par  le  phylloxéra. 

Un  décret  vient  de  réglementer  l’exécu- 
tion de  cette  loi,  l’article  1er  de  ce  décret 
fait  savoir  que  tout  contribuable  qui  veut 
jouir  de  l’exonération  temporaire  d’impôt 
foncier  doit  adresser  à la  préfecture,  pour 
l’arrondissement  chef-lieu,  et  à la  sous- 
préfecture,  pour  les  autres  arrondisse- 

(l)  Voir  Revue  horticole,  1887,  p.  132. 


ments,  une  déclaration  contenant  l’indi- 
cation exacte  des  terrains  par  lui  nouvelle- 
ment plantés  ou  replantés  en  Vignes. 

Les  déclarations  doivent  être  établies  sur 
des  formules  imprimées  spéciales  qui  se  trou- 
vent dans  toutes  les  mairies  à la  disposition 
des  intéressés. 

Levée  de  la  prohibition  des  plants, 
fruits  et  légumes  de  provenance  ita- 
lienne. — Un  décret,  en  date  du  16  juillet 
1887,  a prohibé  l’importation  en  France  des 
plants,  des  fleurs  coupées  et  en  pots,  des 
fruits,  des  légumes  frais  et  en  général  de 
tous  les  produits  horticoles  et  maraichers 
de  provenance  italienne.  Mais  depuis  cette 
époque,  l’Italie  ayant  adhéré  à la  convention 
phylloxérique  internationale  de  Berne,  ce 
pays  devait,  dès  lors,  bénéficier  des  mêmes 
avantages  que  les  autres  pays  contractants. 
En  conséquence,  un  décret  en  date  du 

15  mai  vient  de  rapporter  le  décret  du 

16  juillet  1887. 

Les  massifs  d’ornement.  — C’est  pen- 
dant la  période  où  la  végétation  est  en 
pleine  vigueur,  c’est-à-dire  depuis  la  fin  de 
mai  jusqu’à  l’automne,  que  l’on  doit  étudier 
d’après  nature  les  différents  effets  que  l’on 
peut  obtenir  au  moyen  des  plantations. 

Avec  une  observation  raisonnée,  on  verra 
rapidement  quels  sont  les  groupements 
réussis  et  ceux  qui  ne  le  sont  pas.  Et  à l’aide 
des  notes  prises  ainsi,  on  évitera  plus  tard 
des  tâtonnements  et  des  erreurs,  les  uns  et 
les  autres  fort  regrettables  et  auxquels  on 
peut  difficilement  remédier. 

A ce  propos,  nous  avons  tout  récemment 
observé,  au  Parc  Monceau,  un  massif  dont 
la  composition  fort  simple  pourrait,  dans 
des  situations  semblables,  être  pris  souvent 
pour  modèle.  Ce  massif  est  situé  à côté  de 
la  pyramide  de  pierre. 

Ce  qui  charme,  dès  le  premier  instant, 
dans  la  masse  harmonieuse  qu’il  forme, 
c’est  que  l’air  passe  librement  entre  les 
arbustes  garnissant  le  sous-bois  et  les 
cimes  des  arbres  à haute  tige.  A travers  le  s 
masses  feuillues,  des  espaces  assez  grands 
laissent  apercevoir  le  ciel  de  place  en  place, 
et  quelques  arbrisseaux  de  développement 
intermédiaire  émaillent  d’une  façon  très 
sobre  l’intérieur  du  massif  de  leur  floraison 
printanière:  Épines  variées,  Pommiers  fïo- 
ribonds,  Merisiers  à grappes,  Cytises  Faux- 
Ébéniers,  etc. 

Les  arbres  à haute  tige  sont  des  Marron- 
niers, des  Érables  sycomores  et  des  Frênes, 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


243 


trois  essences  dont  le  feuillage  diffère  bien 
de  l’une  à l’autre.  Le  sous-bois  et  les  bor- 
dures sont  plantés  de  Troènes  de  Chine,  de 
Lilas  variés,  de  Ribes  stérile , Cotoneaster 
nepalensis,  Fusains  du  Japon  à petites 
feuilles,  etc. 

Le  greffage  des  Poiriers.  — Notre  col- 
laborateur, M.  Boisselot,  nous  écrit  à ae 
sujet  : 

II  y a des  personnes  qui  préconisent  les  Poi- 
riers greffés  sur  franc  ou  même  francs  de  pied. 
Il  serait  bon  d’avertir  les  novices  en  horticul- 
ture que  cela  n’est  pas  avantageux  dans  tous 
les  terrains.  Ici,  généralement,  ces  Poiriers 
francs  donnent  moins  de  fruits  et  ces  fruits  sont 
moins  gros  et  moins  bons.  J’ai  été  victime  de 
cette  erreur,  il  y a bien  des  années.  Ayant 
planté,  à la  campagne,  dans  une  terre  de  jardin 
excellente,  mais  forte,  des  Poiriers  greffés  sur 
franc,  tous  étaient  bons  à mettre  au  feu  après 
quelques  années. 

Ici,  lorsqu’un  Poirier  sur  Coignassier  s'af- 
franchit, il  est  condamné. 

A ce  sujet,  un  fermier  de  mon  père  ayant 
pris  des  greffes  dans  le  jardin  et  les  ayant  pla- 
cées sur  des  sauvageons  dans  les  haies,  toutes 
les  variétés  n’ont  jamais  donné  que  des  fruits 
âcres,  pierreux  et  petits  ; tandis  que,  dans  les 
mêmes  conditions,  les  fruits  à cidre  réussissent 
très-bien. 

Les  seules  variétés  à couteau  qui  viennent 
bien  ici,  dans  les  haies  des  environs  de  Nantes, 
sont  le  Bezi  de  Quessoy  et  le  Bezi  D’Héry. 
Il  est  vrai  que  ces  deux  variétés  sont  origi- 
naires de  nos  cantons. 

A propos  du  Bezi  D'Héry,  aucune  variété 
ne  peut  rivaliser  avec  lui  pour  les  confitures  ou 
Poires  tapées.  Cette  Poire  est  toujours  onc- 
tueuse, grasse,  sans  pierres,  avec  un  petit 
arôme  des  plus  suaves.  Il  serait  bien  avanta- 
geux que,  dans  les  cantons  où  l’on  tape  les 
Poires,  on  la  substitue  à ces  mauvaises  variétés 
toutes  pierreuses  qui  se  trouvent  chez  les  épi- 
ciers. 

Ce  Bezi  D’Héry  date  de  loin,  car,  d’après  la 
chronique,  lorsque  le  roi  Henri  IY  fit  son  en- 
trée dans  la  ville  de  Nantes,  on  lui  en  offrit  un 
panier.  Mais,  comme  c’était  au  mois  de  mai,  il 
est  probable  qu’elles  étaient  confites.  Les 
Poires  à couteaux  s’éloignant  trop  du  type 
sauvage,  il  me  semble  que  généralement  elles 
ne  réussiront  pas  dans  les  haies  ou  les  champs 
non  cultivés. 

On  a essayé  également  de  greffer  les  Poiriers 
sur  Aubépine  ; le  peu  que  j’en  ai  vu  en  tant 
que  Poires  à couteaux  avaient  un  goût  un  peu 
âcre.  Mais  dans  certain  canton,  près  Nantes, 

, on  se  trouve  bien  des  Poiriers  à cidre  sur  épine. 

Nous  remercions  notre  collaborateur  de 
ses  intéressantes  observations  ; nos  lecteurs 
en  feront  leur  profit. 


Le  Psiadia  rotundifolia  de  l’île  Sainte- 
Hélène.  — Le  Gardeners’ Chronicte  signa- 
lait récemment  l’existence,  dans  l’ile  Sainte- 
Hélène,  d’un  arbre  dont  l’espèce  est  repré- 
sentée par  cet  exemplaire  unique,  paraît-il, 
dans  le  monde  entier. 

Le  Psiadia  rotundifolia , Hook.,  de 
Sainte-Hélène,  forme  un  arbre  de  6 à 
7 mètres  de  hauteur.  Il  appartient  à la 
famille  des  Composées,  qui  pourtant  ne 
comprend  presque  que  des  plantes  herba- 
cées. Ses  rameaux,  dénudés  dans  leur  partie 
inférieure,  sont  contournés,  et  forment  par 
leur  rapprochement  à leur  partie  supérieure 
une  cime  étalée  assez  compacte,  que  sur- 
montent d’énormes  panicules  de  petites 
fleurs  ressemblant  à celles  d’un  Aster. 

Il  paraît  qu’autrefois  il  existait  une  grande 
quantité  d’arbres  de  cette  espèce  sur  l’île 
Sainte-Hélène,  mais  ils  ont  été  successive- 
ment tous  détruits,  soit  par  les  hommes, 
soit  par  les  chèvres,  et  le  pied  survivant  au- 
jourd’hui ne  doit  sa  conservation  qu’à  cer- 
tains souvenirs  se  rattachant  à la  captivité 
de  Napoléon  Ier. 

Il  parait  que  des  graines  de  cet  arbre  his- 
torique ont  été  rapportées  à Kew,  par  M.D. 
Morris-;  mais  tous  les  essais  tentés  pour  en 
obtenir  la  germination  ont  échoué  jus- 
qu’ici. 

Plantations  fruitières  en  bordure  des 
routes.  — Un  de  nos  correspondants, 
M.  Joseph  Sommen,  jardinier  à Vander- 
vange,  près  Saarlouis,  nous  écrit  que  dans 
cette  région  toutes  les  routes  sont  bordées 
de  plantations  d’arbres  fruitiers  à cidre,  en 
pleine  voie  de  prospérité. 

M.  Sommen  nous  fait  observer  que  là- 
bas,  et  ce  avec  raison,  on  emploie  unique- 
ment les  variétés  de  Pommiers  et  de  Poiriers 
à cidre  dont  la  tête  se  forme  en  pyramide, 
et  qui  donnent  par  suite  suffisamment 
d’ombre,  sans  occasionner  sur  les  chaussées 
une  humidité  trop  grande,  qui  en  hâterait 
la  détérioration. 

L’herbe  aux  kangurous.  — On  a beau- 
coup parlé,  ces  dernières  années,  d’une  Gra- 
minée, YAnthistiria  australis , R.  Br.  (A. 
cïliata,  Linn.),  qui,  abondante  en  Australie 
et  en  Tasmanie,  dans  l’Afrique  australe, 
aux  Indes  orientales,  aux  Philippines,  etc., 
est  très- recherchée  par  le  bétail,  par  les 
chevaux  principalement,  qui  sont  mieux 
soutenus,  même  en  travaillant,  par  ce  four- 
rage, que  par  toute  autre  plante  des  mêmes 
régions. 


244 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


L’A.  australis,  vulgairement  appelé 
Herbe  aux  kangurous,  avait  attiré  l’atten- 
tion du  gouvernement  de  l’Algérie,  à cause 
de  la  résistance  dont  elle  fait  preuve  contre 
les  sécheresses  prolongées. 

M.  Ch.  Rivière,  directeur  du  Jardin 
d’essai  du  Hamma,  près  Alger,  reçut  en 
1880  des  graines  de  cette  plante,  et  la  cul- 
ture qu’il  a pu  ainsi  en  faire  pendant  plu- 
sieurs années  consécutives  lui  a permis 
d’établir  les  conclusions  suivantes  à la  suite 
d’un  rapport  présenté  par  lui  à la  Société 
nationale  d’acclimatation  : 

L 'Herbe  aux  kangurous  ne  me  semble  pas 
encore  être  la  graminée  utilitaire  d’extension 
ou  de  culture  facile  dans  nos  contrées  chaudes 
et  sèches  de  l’Algérie,  car  elle  est  loin  de  s’y 
comporter  comme  dans  les  nombreuses  sta- 
tions qu’elle  occupe  sur  le  globe.  Non  seule- 
ment elle  ne  me  paraît  pas  vouloir  se  déve- 
lopper sous  notre  climat,  s’y  étendre  naturelle- 
ment ; mais  encore  sa  culture  ne  se  ferait  pas 
avec  simplicité  et  les  résultats  acquis  n’auraient 
aucun  caractère  économique,  en  ce  sens  qu’avec 
les  mêmes  procédés  culturaux  on  obtiendrait, 
d’autres  graminées  connues,  un  rendement 
plus  grand  et  plus  assuré. 

Ces  observations  paraissent  concluantes 
pour  l’Algérie  ; mais  nous  avons  d’autres 
colonies  dont  le  climat  conviendrait  peut- 
être  mieux  à cette  plante  fourragère. 

Remède  à expérimenter  contre  le 
chancre  des  arbres.  — Les  arbres  sont 
fréquemment  atteints  de  chancres,  dont  la 
cause  est  le  Nectria  ditissima , cryptogame 
parasite,  et  qui  déprécient  considérablement 
les  bois  d’œuvre. 

M.  Prillieux,  se  basant  sur  ce  fait  que  ce 
Champignon  a beaucoup  d’analogie  avec  le 
Sphacelonia  ampelinum,  pense  que  le 
traitement  au  sulfate  de  fer,  qui  réussit 
très-bien  contre  ce  dernier  parasite,  ne 
serait  pas  sans  efficacité  contre  le  Nectria 
ditissima. 

Nous  engageons  vivement  les  arboricul- 
teurs, forestiers  ou  autres,  à faire  des  expé- 
riences dans  ce  sens. 

Voici  de  quelle  manière  M.  Prillieux 
conseille  de  procéder  : 

Entailler  les  chancres,  de  façon  à enlever 
la  partie  nécrosée,  et  frotter  le  bois  ainsi 
mis  à vif  avec  un  pinceau  ou  un  chiffon 
préalablement  trempés  dans  une  solution 
concentrée  de  sulfate  de  fer. 

Missions  scientifiques  dans  l’Amé- 
rique équatoriale.  — Le  gouvernement 


vient  de  charger  M.  le  docteur  Morisse  d’en- 
treprendre un  voyage  dans  les  bassins  du 
Haut-Orénoque  et  de  l’Amazone,  pour  y 
faire  des  études  médicales  et  d’histoire  na- 
turelle. 

M.  F.  Gay  est  chargé  d’une  mission  dans 
le  Nicaragua,  la  Colombie  et  le  Vénézuéla, 
à l’effet  d’y  faire  des  recherches  d’histoire 
naturelle,  et  d’y  réunir  des  collections  scien- 
tifiques destinées  à l’État. 

Espérons  que  ces  voyages  auront  des  ré- 
sultats pour  la  botanique  et  l’horticulture. 

Production  des  Choux-Fleurs  du  Léon 
(Finistère).  — Nous  trouvons  à ce  sujet, 
dans  le  Bulletin  de  la  Société  des  Agri- 
culteurs de  France,  une  note  due  à M.  des 
Jouars  de  Kéranrouë,  dont  nous  publions 
l’extrait  suivant,  qui  ne  manquera  d’inté- 
resser nos  lecteurs  : 

Depuis  quinze  jours,  il  est  embarqué,  tous 
les  jours,  dans  les  gares  de  Saint-Pol-de-Léon, 
de  Roscofî  et  de  Plouénan,  pour  tous  les  points 
de  la  France  et  de  la  carte  Nord-Europe,  de  17 
à 18  wagons  de  Choux-Fleurs  pesant  un  mini- 
mum de  4,000  kil. , l’un.  Année  moyenne,  cela  ' 
dure  deux  mois.  D’où  le  calcul  suivant  : quatre 
tonnes  de  Choux-Fleurs  X 17  wagons  =68  ton- 
nes, par  jour  X 60  jours  = 4,080  tonnes.  Or, 
1,000  pieds  de  Choux-Fleurs  font  environ  une 
tonne  (1,000  kilog.)  et  se  vendent,  par  champ, 
selon  les  années,  de  70  fr.  à 100  fr.  aux  mar- 
chands en  gros  qui  achètent  les  récoltes  des 
maraîchers,  trois,  quatre  et  cinq  mois  à l’avance. 
D’où  vente  moyenne  des  1,000  kilog.  de  Choux- 
Fleurs  sur  pied  85  fr.  D’où  4,080  tonnes 
X 85  fr.  = 346,800  fr. 

Les  marchands  en  gros  revendent  ces  Choux- 
Fleurs  de  2 fr.  50  à 4 fr.  la  douzaine.  Or,  la 
tonne  contenant  1,000  pieds  de  Choux-Fleurs, 
4,080  tonnes  X 1,000  pieds  = 4,080,000  pieds  : 

12  = 340,000  douzaines  X 3,25,  prix  moyen  de 
vente  de  la  douzaine  = 1,105,000  fr. 

Les  éléments  de  ce  calcul  ne  sont  pas  exa- 
gérés, car  les  chargements  par  17  et  18  wa- 
gons, par  jour,  sans  compter  les  apports  par 
voitures  sur  les  différents  marchés  de  Bretagne 
et  aux  bateaux  de  Bordeaux,  du  Havre  et  de 
Veymouth,  à Morlaix,  durèrent  trois  mois, 
en  1887. 

Les  revendeurs  débitent  les  Choux-Fleurs  au 
détail  et,  au  début  et  en  fin  de  saison,  vendent 
la  tête,  dit-on,  jusqu’à  0 fr.  70. 

M.  des  Jouars  de  Kéranrouë  termine  sa 
communication  par  d’intéressantes  observa- 
tions sur  les  écarts  entre  les  prix  de  vente 
par  les  maraîchers  et  ceux  obtenus  par  les 
courtiers.  C’est  toujours  la  même  question 
des  intermédiaires,  qu’il  est  plus  facile  de 
supprimer  sur  le  papier  qu’en  pratique. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Plantations  des  terrains  salés  dans 
les  régions  tropicales.  — Nous  trouvons, 
dans  le  Gardeners’  Clironicle , de  précieuses 
indications  sur  ce  sujet  de  haut  intérêt  : 

M.  Maries,  surintendant  des  jardins  du 
Maharajah,  à Durbhunga,  rend  compte 
d’expériences  intéressantes  faites  dans  l’Inde 
sur  des  plantations  en  terrains  salés.  D’après 
le  rapport  de  M.  Maries,  lorsqu’il  vint,  il  y . 
a six  ans,  à Durbhunga,  il  ne  savait  que 
faire  du  sol  d’une  saline  où  pas  une  herbe 
ne  poussait.  Il  défonça  le  sol  à une  profon- 
deur de  60  centimètres  et  le  planta,  au  com- 
mencement de  la  saison  pluvieuse,  d’arbres 
élevés  en  pots  atteignant  la  hauteur  d’un 
mètre  environ.  Au  bout  de  trois  ans,  le  sol 
était  garni  de  racines.  L’année  dernière, 
lorsqu’on  éclaircit  les  arbres,  en  ne  conser- 
vant que  les  meilleurs,  le  sol  était  dans  de 
bonnes  conditions. 

Des  expériences  semblables  ont  été  faites 
à d’autres  places  et  maintenant  M.  Maries 
possède  de  splendides  plantations  où  na- 
guère ne  pouvait  pousser  aucune  herbe. 
Les  meilleures  essences  employées  furent 
YInga  Sctman  et  YAlbizzict  procera.  Le 
premier  est  surtout  excellent,  car  il  produit 
une  énorme  quantité  de  racines,  et  celles-ci, 
mourant  vite,  laissent  sur  le  sol  un  riche 
dépôt  végétal. 

EXPOSITIONS  ANNONCÉES. 

Lyon,  du  13  au  11  septembre.  — L’Asso- 
ciation horticole  lyonnaise  tiendra  à Lyon,  du 
13  au  17  septembre,  une  Exposition  générale 
d’horticulture,  de  viticulture  et  des  objets  d’art 
et  d’industrie  qui  s’y  rattachent. 

Adresser  les  demandes  d’admission,  avant 
le  1er  septembre,  ‘ à M.  Viviand-Morel,  secré- 
taire général  de  l’Association,  61,  cours  La- 
fayette  prolongé,  à Villerbannes-lès-Lyon. 

Périgueux,  3 au  5 août.  — La  Société  d’hor- 
ticulture et  d’acclimation  de  la  Dordogne  tien- 
dra, du  3 au  5 août  prochain,  à Périgueux, 
une  Exposition  horticole,  viticole  et  d’oiseaux 
de  luxe  et  d’ornement,  et  arts  et  industries  qui 
s’y  rattachent. 

Toulouse,  21  au  30  septembre.  — Une  Expo- 
sition de  culture  maraîchère,  de  culture  orne- 
mentale et  d’arboriculture  fruitière  aura  lieu,  à 
Toulouse,  du  27  au  30  septembre,  sous  le  patro- 
nage de  la  Société  d’horticulture  de  la  Haute- 
Garonne. 

Toulouse,  15  au  18  novembre.  — La  même 
Société  organise  également  une  seconde  Expo- 
sition comprenant  les  mêmes  divisions  géné- 
rales, du  15  au  18  novembre. 

Pour  tous  renseignements  complémentaires, 
s’adresser  au  président  de  la  Société,  M.  le  doc- 
teur D.  Clos,  à Toulouse. 


Gand,  2 et  3 septembre.  — La  Société  royale 
d’agriculture  et  de  botanique  de  Gand  a orga- 
nisé, pour  les  2 et  3 septembre,  une  Exposition 
de  plantes  et  fleurs  diverses,  fleuries  ou  cou- 
pées, réservée  aux  sociétaires.  Les  amateurs  et 
horticulteurs  non  sociétaires  seront,  néanmoins, 
admis  et  il  pourra  leur  être  décerné  des  dis- 
tinctions spéciales. 

Adresser  les  demandes  pour  exposer  avant 
le  28  août  à M.  Ed.  Claus,  20,  rue  Digne-de- 
Brabant,  à Gand. 

Gand,  18  au  22  novembre.  — La  même  So- 
ciété organise  une  Exposition  spéciale  de  Chry- 
santhèmes qui  aura  lieu  du  18  au  22  novembre. 

Se  faire  inscrire  avant  le  22  novembre  chez 
M.  Ed.  Claus. 

Memento  des  Expositions.  — Voici  la  liste 
des  Expositions  précédemment  annoncées.  L’in- 
dication entre  parenthèses  ( Chr . n0...)  renvoie 
à la  Chronique  du  N°  de  la  Revue  horticole 
où  l’exposition  a été  annoncée  avec  quelques 
renseignements  sommaires.  La  mention  Exp. 
gén.  indique  qu’il  s’agit  d’une  exposition  géné- 
rale d’horticulture. 

Amiens.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  6),  2 au  4 juin. 
Autun.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  5),  2 au  10  juin. 
Bordeaux.  — Fruits,  légumes,  fleurs  (Chr.  n°  5), 
15  au  26  septembre. 

Bougival.  — Exp.  gén.  (Chr.  m>  9),  29  août  au 
3 septembre. 

Bourbonne-les-Bains.  — Produits  maraîchers, 
plantes  en  pots  et  fleurs  coupées  (Chr.  n°  10), 
17  au  21  juin. 

Épinal.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  4),  9 au  14  juin. 

Laon.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  6),  25  au  27  mai. 
Marseille.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  5),  2 au  11  juin. 
Meaux.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  5),  7 au  9 septembre. 
Mézidon.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  10),  16  septembre. 
Moulins.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  6),  31  juillet  au 
5 août. 

Nîmes.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  9),  26  mai  au  3 juin. 
Orléans.  — Légumes,  fleurs,  fruits  (Chr.  nü  10), 
13  au  18  juin. 

Roubaix.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n°5),  23  au  25  juin. 

— Roses  (Chr.  n°  5),  17  novembre. 
Saint-Germain-en-Lave.  Exp.  gén.  (Chr.  n°  10), 
26  au  29  août. 

Sens.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  8),  16  au  25  juin. 
Valognes.  — Exp.  locale  (Chr.  n°  8),  lor  au  4 sep- 
tembre. 

Anvers.  — Roses  (Chr.  n°  8),  fin  juin. 

Lausanne.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  8),  20  au  25  sep- 
tembre. 

Nécrologie  :M.  Dupuy-Jamain.  — Un 
nouveau  vide  vient  de  se  faire  dans  l’horti- 
culture française  par  la  mort  d’un  de  ses  fer- 
vents disciples,  M.  François-NarcisseDupuy- 
Jamain,  décédé  dans  sa  propriété,  à Loches 
(Indre-et-Loire),  le  9 mai  1888,  dans  sa 
soixante-onzième  année.  C’était  un  horticul- 
teur distingué,  possédant  des  connaissances 
pratiques  dans  toutes  les  branches  de  l’hor- 
ticulture, en  arboriculture  notamment. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


LES  FUSCICLADIUM  ET  NOS  VERGERS. 


246 

LES  FUSCICLADIUM  ET  NOS  VERGERS 


Nous  avons,  à différentes  reprises  dans 
ces  dernières  années,  reçu  communication 
de  diverses  contagions  sévissant  sur  nos 
Poiriers  et  nos  Pommiers.  Depuis  quelque 
temps,  les  ravages  des  cryptogames  qui 
s’attaquent  à ces  arbres  fruitiers  semblent 
avoir  pris  une  extension  croissante.  Voici 
ce  que  nous  écrit,  à ce  sujet,  un  de  nos 
abonnés  du  centre  : 

« J’ai  l’honneur  de  vous  adresser  quelques 
branches  de  Poirier  atteintes  d’une  maladie  qui 
sévit  sur  une  partie  des  sujets  de  mon  jardin. 
Cette  maladie,  en  détruisant  successivement  le 
nouveau  bois,  rend  impossible  la  mise  à fruits 
de  ces  arbres,  qui,  pourtant,  dans  l’ensemble, 
sont  forts  et  vigoureux 

« Les  Pommiers  de  plein-vent  de  nos  pays 
sont  aussi  attaqués  de  la  même  maladie,  surtout 
dans  les  terrains  secs  ou  humides,  et  depuis  en- 
viron cinq  ans  nous  n’avons  pas  eu  de  Pommes. 
En  été,  dès  la  fin  de]  juillet,  toutes  les  feuilles 
tombent  et  l’arbre  reste  complètement  nu.  Que 
pourrait-on  tenter  pour  remédier  à ce  mal?  » 

Comme  la  question  semble  devoir  inté- 
resser un  certain  nombre  de  nos  lecteurs, 
nous  allons  essayer  de  la  traiter,  en  leur 
indiquant  la  nature  de  l’ennemi  auquel  ils 
ont  affaire,  et  les  préservatifs  ou  les  traite- 
ments qui  nous  semblent  les  meilleurs. 

Nous  avions  cru,  tout  d’abord,  qu’il 
s’agissait  du  chancre , maladie  qui  sévit 
depuis  longtemps  sur  nos  arbres  fruitiers 
et  y manifeste  ses  ravages  par  la  dessiccation 
des  branches  et  des  rameaux  ; mais  l’exa- 
men des  échantillons  de  Poiriers  conta- 
minés, envoyés  par  notre  abonné,  nous  a 
permis  de  relever  des  symptômes  tout  diffé- 
rents de  ceux  auxquels  cette  contagion 
donne  naissance.  Le  chancre,  en  effet,  s’at- 
taque toujours  au  vieux  bois  et  de  préfé- 
rence aux  bifurcations  de  l’arbre,  où  il 
forme  d’abord  une  tumeur,  puis  une  cre- 
vasse, et,  enfin,  une  série  de  bourrelets 
circulaires  successifs  qui  se  ferment  de  plus 
en  plus  à mesure  qu’ils  rongent  le  tissu 
ligneux.  Le  dernier  aspect  sous  lequel  il  se 
montre,  son  œuvre  de  destruction  accom- 
plie, est  celui  d’une  rosace  au  centre  de  la- 
quelle se  dresse  le  court  tronçon  de  la 
branche  ou  du  rameau  disparu. 

Dans  la  maladie  qui  nous  occupe,  rien  de 
semblable  ne  se  passe.  Ici,  en  effet,  ce  n’est 
pas  seulement  aux  vieilles  branches  que  le 
fléau  s’attaque  : vieux  bois,  jeunes  pousses,  : 


feuilles,  fruits,  l’arbre  tout  entier  est 
envahi. 

Observée  depuis  longtemps,  cette  ma- 
ladie a été  étudiée  plus  spécialement,  dans 
ces  dernières  années,  en  France  et  à 
l’étranger,  notamment  par  M.  Ed.  Prillieux, 
qui  l’a  décrite  très-exactement  dans  les 
Annales  de  l’Institut  national  agrono- 
mique (1). 

Vous  avez  pu  souvent  remarquer,  surtout 
sur  de  vieux  sujets,  parfois  aussi  sur  des 
jeunes,  des  Poires  mal  développées,  mar- 
quées à la  surface  de  taches  noirâtres,  des 
Pommes  piquées  de  points  rouges,  d’aspects 
divers  ; les  fruits  sont  alors  dits  atteints  de 
tavelure.  Parfois,  chez  les  Poires,  le  mal 
prend  des  proportions  plus  accusées  et  se 
présente  sous  forme  de  fentes,  de  sillons 
profonds  se  croisant  en  tous  sens  ; ce  sont 
les  crevasses. 

Si,  du  fruit,  vous  passez  à l’examen  de 
‘ l’arbre  qui  le  porte,  vous  remarquerez  que 
ce  dernier  n’ést  pas  indemne  du  fléau.  Les 
feuilles  sont  couvertes  de  nombreuses  taches 
noires,  identiques  à celles  qui  attaquent 
l’épiderme  des  fruits  ; les  rameaux  sont  ru- 
gueux et,  à certaines  places,  d’un  brun 
noir  ; l’écorce  s’est  gercée,  fait  saillie  et 
présente  des  crevasses  plus  ou  moins  pro- 
fondes. C’est  en  cet  état  que  se  montrent  à 
nous  les  échantillons  que  nous  avons  reçus. 

Crevasses  et  tavelures  sont  également 
nuisibles  aux  fruits,  qu’elles  gâtent  ou  dé- 
précient, et  à l’arbre,  dont  elles  désorga- 
nisent les  tissus.  Elles  sont  produites  par 
un  petit  Champignon  du  genre  Fuscicla- 
dium  (F.  pyrinum).  On  prétend  que  le 
Fuscicladium  du  Pommier  est  une  espèce 
distincte  de  celle  qui  attaque  le  Poirier  ; 
dans  tous  les  cas,  leur  nature  et  leurs 
moyens  de  destruction  sont  les  mêmes  ; ce 
que  nous  dirons  pour  l’un  s’applique  donc  à 
l’autre.  Prenons  un  Fuscicladium  pyri- 
num à son  origine  et  suivons-le  dans  son 
développement. 

Le  terrible  ennemi  de  nos  vergers  ne  vit 
pas  encore  ; il  tient  tout  entier  dans  une 
spore  microscopique  que  le  hasard  a déposée 
sur  une  feuille.  Qu’un  autre  hasard  mette  à 
côté  de  cette  spore  une  goutte  de  rosée  ou 
de  pluie,  aussitôt  le  développement  du  para- 

(1  ) A nnales  de  V Institut  national  agronomique , 
1877-78,  n°  2. 


LES  NOUVELLES  VIGNES  DE  LA  CHINE. 


247 


site  commence.  Ail  bout  de  quelques 
heures,  la  spore  émet  un  tube  blanc  qui 
s’allonge,  se  ramifie,  rampe  à la  surface  du 
corps  sur  lequel  il  repose,  et  finit  par  péné- 
trer dans  l’épiderme  de  ce  dernier.  Une  fois 
dans  la  place,  il  s’y  installe  et  s’y  fortifie. 
Sa  présence  est  aussitôt  annoncée  par  la 
teinte  brune  que  prend  l’organe  envahi.  Au 
moment  de  la  reproduction,  le  Fuscicla- 
diurn  gagne  la  surface  des  organes  et  émet, 
à l’extérieur,  de  petites  tiges  ramifiées  qui 
portent  les  spores,  et  donneront  naissance  à 
de  nombreux  rejetons.  C’est  à cette  période 
de  son  évolution  qu’il  convient  d’attaquer 
ce  parasite,  pour  arrêter  sa  propagation. 

Biep  que  les  Fuscicladium  exercent 
depuis  longtemps  leurs  ravages  dans  nos 
jardins  et  dans  nos  vergers,  il  n’a  pas,  que 
nous  sachions,  été  préconisé  contre  eux 
de  remède  certain.  On  pourrait,  croyons- 
nous,  les  combattre  avantageusement  par 
les  solutions  cuivriques.  L’époque  la  meil- 
leure pour  le  traitement  serait  assurément 
le  premier  printemps.  Les  feuilles  et  les 
fruits,  en  se  détachant  à l’automne,  ont 
dispersé  la  plus  grande  partie  des  spores  des 
Fuscicladium.  Leurs  dernières  colonies, 
cantonnées  sous  l’écorce  des  jeunes  ra- 
meaux, vont,  sous  les  pluies  de  mars,  se 
préparer  à la  reproduction.  Il  faut  abso- 
lument les  détruire  avant  l’évolution  des 


feuilles  de  l’arbre,  autrement  les  surfaces 
contaminées  seraient  centuplées  et  le  résul- 
tat du  traitement  deviendrait  bien  incer- 
tain. Au  moment  de  la  taille,  si  l’arbre  est 
médiocrement  atteint,  on  peut  le  rajeunir 
par  l’ablation  des  parties  malades. 

A ces  moyens  d’attaque  directe,  on  peut 
joindre  un  préservatif  dont  on  obtiendra  les 
meilleurs  effets.  Nous  avons  dit  que  les 
Fuscicladium  avaient  absolument  besoin 
d’eau  pour  se  développer,  et  l’expérience 
confirme  chaque  jour  cette  vérité.  Les 
arbres  en  plein  vent  sont,  en  effet,  beau- 
coup plus  atteints  que  les  arbres  en  espa- 
liers ; et,  parmi  ces  derniers,  ceux  qui  sont 
exposés  à l’Ouest,  dont  les  vents  apportent 
le  plus  souvent  la  pluie,  sont  beaucoup  plus 
sujets  à être  attaqués  que  les  autres.  En 
abritant  les  arbres  malades,  on  arrêterait 
donc  la  propagation  des  Champignons  en 
empêchant  la  germination  des  spores,  et, 
placés  dans  des  conditions  défavorables  à 
leur  accroissement,  les  Fuscicladium 
adultes  ne  pourraient  s’opposer  au  dévelop- 
pement normal  des  fruits. 

En  terminant,  nous  recommanderons  aux 
personnes  qui  n’ont  pas  encore  l’ennemi 
chez  elles  d’éviter  avec  le  plus  grand  soin 
de  l’y  introduire,  soit  par  des  greffons,  soit 
par  des  arbustes  tirés  de  pépinières  conta- 
minées. Ed.  André. 


LES  NOUVELLES  VIGNES  DE  LA  CHINE 


Plusieurs  fois,  dans  ce  journal,  nous 
avons  parlé  de  quelques  Vignes  particu- 
lières découvertes  dans  diverses  parties  de 
la  Chine  par  le  révérend  père  Armand 
David,  et  une  étude  particulière  en  a été 
publiée  dans  le  Journal  de  la  Société  na- 
tionale d'horticulture  de  France. 

Bien  que  sommaire,  cette  étude  est 
pourtant  assez  étendue  pour  donner  sur 
les  caractères  de  ces  plantes  des  détails  assez 
précis  pour  permettre  d’en  opérer  une  sorte 
de  classement. 

La  première  découverte  de  ces  Vignes 
ayant  été  faite  vers  le  commencement  de 
l’année  1880,  on  ne  pouvait  donc,  vu  la 
longueur  de  temps  nécessaire  aux  Vignes 
de  semis  pour  fructifier,  espérer  pouvoir 
encore  de  longtemps  les  décrire  et  en 
faire  connaître  les  principaux  caractères. 
Fort  heureusement  sous  ce  rapport  nos 
prévisions  ont  été  trompées,  et  aujour- 
d’hui, 1er  mai,  la  plupart  des  ceps  que 


nous  possédons  montrent  des  fleurs  encore 
non  ouvertes.  Quelles  seront  celles-ci  : 
mâles,  femelles,  polygames  ? A ce  sujet, 
rappelons  que  beaucoup  de  Vignes  sau- 
vages sont  unisexuées,  et  qu’alors  elles 
ne  donnent  jamais  de  Raisin,  malgré 
qu’elles  fleurissent  abondamment  chaque 
année.  Ce  qui,  ici,  semble  justifier  cette 
crainte  que  nous  émettons  au  sujet  des 
Vignes  chinoises,  c’est  que  déjà,  dans 
l’étude  que  nous  en  avons  faite,  nous 
avons  cherché  à attirer  l’attention  sur 
l’analogie  d’aspect  et  de  végétation  qu’elles 
présentent  avec  un  grand  nombre  d’autres 
dites  américaines  et  qui,  unisexuées,  ne 
produisent  jamais  de  fruits.  Espérons  que 
nous  serons  bientôt  renseignés,  que,  sur 
ce  point  encore,  nous  serons  avantageuse- 
ment surpris,  et  que  bientôt  à nos  excellents 
cépages  on  pourra  en  ajouter  quelques  au- 
tres de  l’Extrême -Asie  qui,  présentant 
des  propriétés,  particulières  viendront  gros- 


248 


DÉCORATION  FLORALE. 


sir  le  nombre  de  nos  Vignes  et  pour- 
ront peut-être  même  être  utilisées  soit 
pour  la  fabrication  des  vins,  soit  pour 
être  consommées  directement  dans  l’ali- 
mentation. 

En  terminant  cette  notice  sur  ces  es- 
pèces, que,  d’une  manière  générale,  nous 


qualifions  de  « Vignes  de  la  Chine  »,  rap- 
pelons, comme  détail  complémentaire,  qu’il 
s’agit  des  quelques  plantes  qui  sont  dési- 
gnées par  les  horticulteurs  sous  les  appella- 
tions de  Vitis  Davidiana  et  Romanetiana. 

E.-A.  Carrière. 


DÉCORATION  FLORALE 


Les  deux  types  de  corbeilles  de  plantes  à 
fleurs  et  à feuillage  ornemental  que  la 
Revue  horticole  a donnés  dans  le  précé- 
dent numéro  témoignaient  d’une  certaine 
recherche  dans  le  dessin  dans  le  choix 
des  espèces,  et  aussi  dans  la  forme  donnée 
au  sol  même,  pour  certaines  parties  de  ces 
corbeilles  ( Corbeilles  à relief ). 


Ce  genre  de  décoration,  qui  convient  par- 
faitement à un  parc  public  ou  à un  jardin 
particulier  de  grande  dimension,  surtout  si, 
dans  ce  dernier  cas,  on  l’emploie  auprès  de 
l’habitation  principale,  serait  un  peu  trop 
compliqué  pour  une  propriété  d’étendue 
restreinte. 

Nous  donnons  aujourd’hui  un  modèle 


Fig.  56.  — Corbeille  d’été  avec  plantes  isolées. 


1.  Cannas. 

2.  Coleus  Verschaffelti. 

3.  Gnaphalium  lanatum,  tiges  et  boules. 

4.  Centaurea  candidissima  et  Agératum  cœles- 

tinum. 

5.  Bégonia  semperflorens  et  Pélargonium  zonale. 

6.  Echeveria  Scheideckeri. 


7.  Echeveria  secunda  ou  Mesembrianthemum 

cordifolium  aureum. 

8.  Herniaria  glabra. 

9.  Ajuga  reptans  fol.  atropurpur.  ou  Alternan- 

t liera  ensi folia. 

10.  Sempervivum  Delessonii. 

11.  Echeveria  rosacea. 


plus  simple,  que  nous  avons  expérimenté, 
en  1887,  au  Parc  de  Prague  dans  une 
situation  d’importance  secondaire,  et  qui  a 
produit  largement  l’effet  que  nous  en  at- 
tendions. 

Cette  corbeille  formait  une  ellipse  de 
8 mètres  de  longueur  sur  4 de  largeur; 
mais  ces  dimensions  peuvent  être  agrandies 
ou  restreintes  suivant  les  proportions  de 
l’endroit  que  l’on  désire  orner. 


Le  fond  (9),  sur  lequel  se  détachent  les 
plantes  à développement  grand  ou  moyen, 
doit  être  fait,  autant  que  possible,  avec 
Y Ajuga  reptans , qui,  outre  son  joli  feuil- 
lage pourpre  foncé,  donnera,  dès  les  pre- 
miers jours  de  l’été,  de  très-nombreuses 
fleurs  d’un  bleu  de  ciel  éclatant.  La  large 
bordure  (8)  est  composée  d 'Herniaria 
glabra  et  séparée  de  Y Ajuga  reptans  par 
un  feston  d’ Echeveria  rosacea. 


DICHORISANDRA  PUBESCENS  T.KNIENSIS. 


249 


Cette  corbeille  produit  tout  son  effet  si 
on  a soin  de  distancer  suffisamment  les 
plantes  isolées  qui  en  garnissent  le  centre. 
Ainsi  que  nous  l’avons  dit  dans  notre  pré- 
cédent article,  il  faut  que  l’air  circule  libre- 
ment, que  les  plantes  isolées  ne  se  touchent 
pas  entre  elles,  et  que  tout  autour  de  cha- 


cune d’elles,  on  aperçoive  la  garniture  qui 
recouvre  le  sol.  On  obtiendra  ainsi  de  pré- 
cieux effets  d’ombre  et  de  lumière,  et  une 
compacité  trop  grande  ne  viendra  pas  dé- 
truire en  partie  le  charme  des  plantes  em- 
ployées. F.  Thomayer, 

Jardinicr-chef  de  la  ville  de  Prague  (Autriche). 


DICHORISANDRA  PURESCENS  TÆNIENSIS 


Cette  élégante  plante  de  serre  chaude, 
qui  vient  d’obtenir  à l’Exposition  quinquen- 
nale de  Gand  le  deuxième  prix  dans  le 
Concours  pour  plantes  d’introduction  ré- 


cente, a été  introduite  en  Belgique  d’une 
façon  accidentelle.  Elle  est  originaire  du 
Brésil  (province  de  Rio).  Elle  a paru  spon- 
tanément en  1885,  au  Jardin  botanique  de 


Fig.  57.  — Dichorisandra  pubescens  tœniensis . 
(Demi-grandeur  naturelle.) 


Bruxelles,  dans  la  terre  d’une  caisse  où  se 
trouvait  planté  un  Cocos  Weddelliana  im- 
porté par  M.  P.  Binot. 

Cette  nouveauté  horticole  a été  soumise 
à l’examen  du  savant  botaniste,  M.  le  doc- 


teur Maxwell  T.  Masters,  qui  en  a fait  lu 
description  suivante  : 

« Plante  charnue  à tiges  érigées,  légèrement 
pubescentes,  mais  davantage  à la  partie  su- 
périeure, entre  les  fleurs.  Pétioles  longs  d’en- 


250 


LA  CULTURE  DU  CRESSON. 


viron  2 centimètres,  ornés  d’une  frange  de 
poils  à l’extrémité  supérieure.  Feuilles  longues 
d’environ  10  centimètres  et  larges  de  25  milli- 
mètres, obliques  à la  base,  largement  lan- 
céolées, acuminées,  légèrement  pubescentes 
sur  les  deux  faces,  plus  ou  moins  purpures- 
centes  à la  page  inférieure,  vertes  à la  page 
supérieure  et  marquées  des  deux  côtés,  entre 
le  milieu  et  le  bord,  de  larges  bandes  paral- 
lèles alternant  avec  des  stries  vertes  plus 
étroites,  qui  donnent  à la  plante  un  aspect 
très-attrayant. 

« Rarement,  une  plante  à feuillage  possède 
des  fleurs  remarquables  ; celle-ci  fait  exception 
à la  règle.  Ses  fleurs,  d’un  bleu  foncé,  sont 
disposées  en  un  racème  compact  à l’extrémité 
de  la  tige.  Chaque  fleur  est  accompagnée  d’une 
bractée  en  forme  de  bateau.  La  fleur  elle- 
même  a environ  2 centimètres  de  diamètre 
avec  trois  sépales  oblongs,  obtus,  presque  gla- 
bres, trois  pétales  plutôt  plus  longs  que  les  sé- 
pales, obtus  et  d’un  bleu  de  cobalt  foncé.  Éta- 
mines 6,  anthères  érigées,  bleues,  plus  longues 
que  les  filaments  et  s’ouvrant  au  sommet  par 
deux  pores;  ovaire  presque  rond,  trilobé,  avec 
un  long  style  et  un  stigmate  tripartite  court. 

« Les  matériaux  dont  j’ai  pu  disposer  pour 
déterminer  la  plante  n’étaient  pas  très-bons, 
mais,  avec  l’aide  de  la  gravure  coloriée,  j’ai  pu 
l’identifier  avec  le  D.  pubescens  Martius,  et, 
plus  particulièrement , avec  un  spécimen  de 
Burchell  dans  l’herbier  de  Kew  (n°  3666),  qui 
a les  mêmes  feuilles  striées  que  la  plante 
cultivée.  Ce  spécimen  avait  été  trouvé  dans  la 
Sierra  da  Cubatao.  » 

L’imperfection  des  échantillons  que  nous 

LA  CULTURE 

Il  est  bien  entendu  que  nous  allons  parler 
de  la  culture  du  Cresson,  non  au  point  de 
vue  de  la  grande  industrie  des  cresson- 
nières, mais  seulement  au  point  de'  vue  de 
la  petite  culture.  Il  s’agit  ici  non  d’une  en- 
treprise commerciale  qui,  pour  être  lucra- 
tive, exige  des  conditions  qu’on  ne  trouve 
pas  réunies  partout,  mais  de  donner  tout 
simplement  une  suffisante  satisfaction  aux 
amateurs. 

Commençons  par  choisir  notre  terrain. 
Celui  qui  est  trop  sableux  ne  convient  pas, 
parce  qu’il  laisse  perdre  l’eau  ; celui  qui  est 
très-calcaire  ne  convient  guère,  parce  que  le 
Cresson  n’y  trouve  pas  la  nourriture  dont  il 
a besoin.  Le  meilleur  est  la  terre  à Blé,  que 
nous  nommons  argilo-siliceuse. 

Maintenant  que  nous  avons  la  terre  con- 
venable, cherchons  une  eau  qui  convienne 
aussi.  Or,  toute  eau  de  source  ou  de  rivière, 
bonne  à boire,  peut  servir  à l’établissement 


avons  communiqués  à M.  le  docteur 
Masters  provient  de  ce  que  nous  ne  con- 
naissions pas  le  mode  de  végétation  du 
Dichorisandra  tæniensis. 

Tous  les  exemplaires  que  nous  en  pos- 
sédons se  sont  mis  à fleurir  à la  fois  en 
décembre  dernier.  La  floraison  a été  brus- 
quement suivie  du  repos  des  plantes,  ac- 
compagné du  dessèchement  complet  des 
tiges.  Nous  n’oserions  certifier  que  ce  repos 
n’a  pas  été  provoqué  par  une  cause  acci- 
dentelle; mais,  en  tout  cas,  il  est  survenu 
si  rapidement  que  c’est  à peine  si  nous 
avons  pu  cueillir  une  extrémité  de  tige 
encore  fleurie,  pour  la  soumettre  à l’examen 
du  savant  botaniste. 

Ce  repos  s’est  prolongé  jusque  vers  la  fin 
du  mois  de  février.  A cette  époque,  les  tu- 
bercules sont  rentrés  en  végétation,  au 
moins  en  partie.  D’autres  ne  se  sont 
mis  en  mouvement  que  vers  la  fin  de 
mars. 

Les  boutures  s’enracinent  très  vite,  mais 
il  faut  les  faire  assez  tôt  dans  la  saison.  Les 
boutures  faites  tardivement,  à l’arrière- 
saison,  n’ont  pas  formé  de  souche.  Comme 
culture,  la  plante  n’exige  pas  de  soins  spé- 
ciaux. Nous  l’avons  cultivée  avec  succès 
dans  la  serre  chaude  ordinaire  (12  à 14° 
centigrades).  Nous  lui  donnons  une  bonne 
terre  légère,  formée  d’un  mélange  de  ter- 
reau de  feuilles  et  de  terreau  de  couche. 

Éd.  Pynaert. 

DU  CRESSON 

d’une  cressonnière.  Fraîche,  elle  vaut  mieux 
que  douce.  On  évitera  les  eaux  qui  ont 
coulé  sur  la  tourbe,  parce  qu’elles  donnent 
un  goût  de  marais  au  Cresson  ; on  évitera 
les  eaux  trop  calcaires,  à cause  des  dépôts 
qu’elles  formeraient  sur  le  Cresson  ; on  évi- 
tera de  même  les  eaux  chargées  de  plâtre 
ou  gypse. 

Pour  ce  qui  est  de  la  quantité  d’eau  né- 
cessaire, on  estime,  d’après  M.  Chatin  et 
d’après  les  plus  habiles  cressonniers,  qu’il 
faut  donner  10  centimètres  d’eau.  Nous 
n’avons  pas  besoin  d’ajouter  que  le  fond  de 
la  fosse  doit  offrir  une  pente  douce,  et  que 
l’eau  doit  se  renouveler  constamment,  mais 
lentement.  Pour  80  mètres  de  longueur,  la 
pente  doit  être  de  5 pouces,  c’est-à-dire  de 
135  millimètres. 

Rien  n’empêche  assurément  de  faire  des 
fosses  de  10,  20,  30  ou  40  mètres.  L’essen- 
tiel est  qu’elles  n’aient  pas  plus  de  80  mètres, 


LA  CULTURE 

parce  que,  durant  le  parcours,  l’eau  perd  de 
sa  fraîcheur,  et  que  le  Cresson  de  la  queue 
ne  vaudrait  pas  celui  de  la  partie  rapprochée 
de  la  source  ou  de  la  prise  d’eau.  La  pro- 
fondeur de  la  fosse  doit  être  de  50  à 60  cen- 
timètres. 

Si  le  fond  des  fosses  n’était  pas  de  bonne 
nature,  on  le  recouvrirait  de  7 à 8 centi- 
mètres de  terre  végétale  ou  d’un  mélange 
de  terre  végétale  et  de  terreau  de  couches, 
d’après  la  recommandation  d’Héricart  de 
Thury,  mais  on  se  dispense  aujourd’hui  de 
cette  précaution;  on  se  contente  d’y  faire 
courir  l’eau  quelques  heures  avant  la  plan- 
tation, afin  de  bien  mouiller  le  fond,  puis 
on  retire  l’eau  en  question. 

C’est  en  mars  et  en  août  qu’on  plante  le 
Cresson.  La  plantation  d’août  doit  être  pré- 
férée à la  première  quand  on  s’approvi- 
sionne de  plants  dans  une  fosse  en  plein 
rapport,  mais  quand  on  crée  une  seule  fosse 
et  qu’on  s’approvisionne  hors  de  chez  soi,  on 
peut  planter  en  mars  aussi  bien  qu’en  août  ; 
la  production  se  fera  attendre  un  peu  plus, 
voilà  tout. 

Aussitôt  que  le  fond  de  la  fosse  est  bien 
mouillé  et  qu’il  ne  reste  plus  d’eau  cou- 
rante, on  prend  les  plants  de  Cresson  qu’on 
a dû  se  procurer  dans  le  proche  voisinage 
afin  de  les  avoir  bien  frais,  et  on  les  dispose 
en  lignes,  par  petites  touffes,  sur  le  fond 
mouillé,  en  laissant  entre  les  touffes  des  in- 
tervalles de  8 à 10  centimètres.  Les  touffes 
posées  à terre  sont  inclinées  de  façon  que 
le  sommet  des  plantes  regarde  la  source 
ou  la  prise  d’eau.  Il  s’ensuit  que  le  haut 
des  tiges  du  second  rang  se  trouve  cou- 
ché sur  les  racines  du  premier  rang,  et 
ainsi  jusqu’au  bout  de  la  fosse.  Le  Cres- 
son s’attachera  de  lui-même  à la  terre 
humide,  et  au  bout  de  quatre  ou  cinq 
jours,  l’enracinement  sera  fait  et  les  plantes, 
aidées  par  un  courant  à rebrousse-tige,  se 
relèveront. 

La  plantation  n’est  donc  pas  une  planta- 
tion dans  toute  la  rigueur  du  mot  : c’est  un 
simple  couchage.  Cependant  rien  n’em- 
pêche de  planter.  Lorsque  le  Cresson  s’est 
redressé  et  a pris  racine,  on  le  baigne  de 
5 centimètres  d’eau  ; quatre  ou  cinq  jours 
après  on  met  entre  les  lignes,  sur  le  pied 
des  plantes,  une  bonne  fumure  avec  du  fu- 
mier de  vache  très-pourri  que  l’on  fixe  au 
moyen  d’une  petite  planchette  à laquelle  on 
a adapté  un  manche  obliquement.  Une  fois 
le  fumier  placé  et  foulé  par  la  planchette, 
on  donne  de  l’eau  jusqu’à  la  hauteur  de  10 
à 12  centimètres. 


DU  cresson.  251 

Voilà  toute  l’opération,  et  certes  elle  ne 
présente  aucune  difficulté. 

La  cueillette  du  Cresson  n’est  pas  plus 
difficile  que  la  plantation.  On  met  une 
planche  en  travers  de  la  fosse,  on  s’age- 
nouille sur  cette  planche,  on  saisit  la  plante 
de  la  main  gauche,  on  la  tire  un  peu  à soi, 
et  de  la  main  droite  on  la  coupe  avec  une 
serpette. 

Chaque  fois  que  l’on  a cueilli  le  cresson, 
on  doit  placer  du  fumier  de  vache  entre  les 
pieds  et  fouler  avec  la  planchette  qu’on 
appelle  schuële  dans  la  langue  des  cresson - 
niers,  et  qui  consiste  en  un  bout  de  planche, 
épaisse  et  large  de  6 à 8 centimètres. 

Plus  on  fumera,  plus  on  récoltera. 

Dans  la  grande  culture  du  Cresson,  on  ne 
se  contente  pas  du  schuëlage  ; on  promène, 
en  outre,  dans  les  fosses  des  rouleaux  parti- 
culiers, afin  d’enfoncer  le  Cresson  davan- 
tage et  de  rempiéter  le  Cresson  soulevé. 

Une  cressonnière  bien  conduite  doit  for- 
mer un  tapis  serré  : n’y  laissez  jamais  de 
vides.  Quand  il  s’en  produit  un,  il  faut  le 
boucher  de  suite  avec  des  pieds  de  Cresson 
qu’on  refoule  au  moyen  de  la  planchette. 
Sans  cela,  les  mauvaises  herbes  prendront 
la  place  inoccupée  et  chercheront  à envahir 
la  cressonnière.  Ces  mauvaises  herbes  sont, 
la  plupart,  des  plantes  aquatiques,  et  notam- 
ment les  Lentilles  d’eau  et  les  Véroniques. 
On  se  débarrasse  des  premières  en  inon- 
dant la  cressonnière  ; les  Lentilles  montent 
à la  surface  et  on  les  enlève  facilement. 
Quant  aux  autres  plantes,  il  faut  les  enlever 
par  de  fréquents  sarclages. 

Parmi  les  insectes,  le  plus  redoutable 
pour  le  Cresson  est  l’altise  ( Altica  sysimbrii , 
de  Fabricius).  On  s’en  débarrasse  aussi  par 
l’inondation,  et  dès  qu’elles  sont  noyées,  on 
les  pêche  avec  un  filet  de  grosse  toile  qui  les 
ramasse  parfaitement. 

Une  cressonnière  peut  durer  plusieurs 
années  ; mais  quand  on  la  veut  belle  et  de 
bon  rapport,  il  convient  de  la  renouveler 
tous  les  ans.  A cet  effet,  on  enlève  l’eau,  le 
Cresson,  et  on  nettoie  la  fosse.  M.  Billet,  un 
cressonnier  en  réputation,  soulève  son  Cres- 
son et  le  roule  comme  un  tapis,  en  plusieurs 
morceaux  bien  entendu;  lorsque  la  fosse 
est  nettoyée,  il  replace  le  tapis  et  le  déroule. 
D’autres  prennent  du  plant  dans  le  vieux 
Cresson  sorti  de  la  fosse  et  le  replantent  à 
la  manière  que  nous  avons  indiquée  tout  à 
l’heure. 

Plus  la  végétation  est  rapide,  plus  les 
cueillettes  doivent  être  multipliées  afin 
d’éviter  la  floraison. 


252  CYPRIPEDIUM  CALLOSUM.  — LE  MUSSÆNDA  BORBONICA,  SUCCÉDANÉ  DU  CAFÉ. 


Il  peut  arriver  que  les  cressonnières  gè- 
lent en  hiver.  Dans  une  petite  culture,  on 
réussira  à prévenir  cet  accident  en  faisant 
monter  l’eau  de  6 à 8 centimètres  au-dessus 


du  Cresson.  L’eau  se  congèle  la  nuit  et  la 
plante,  protégée  par  la  glace  comme  par  une 
voûte,  se  maintient  bien  et  continue  de 
pousser.  P.  Joigneaux. 


CYPRIPEDIUM  CALLOSUM 


La  jolie  espèce  nouvelle  que  nous  figu- 
rons aujourd’hui  a été  découverte  dans  les 
forêts  deSiam  par  [notre  compatriote,  M.  A. 
Régnier. 

C’est  une  des  plantes  les  plus  intéres- 
santes parmi  celles  déjà  nombreuses  que 
nous  devons  à cet  habile  introducteur. 

Elle  croissait,  à l’état  sauvage,  à une 
altitude  d’environ  1,500  mètres,  et  les 
larges  touffes  qu’elle  formait  là,  sur  des 
rochers  recouverts  de  mousses  et  de  détritus 
de  feuilles,  étaient  constamment  humectées 
par  les  éclaboussures  d’une  cascade  voisine. 

Si  nous  ajoutons  à cela  que  la  tempéra- 
ture à cet  endroit  élevé  descendait  le  matin 
à 15  degrés  centigrades,  on  pourra  en  con- 
clure que  cette  plante  s’accommode  de  la 
culture  en  serre  tempérée-chàude,  humide, 
dans  un  compost  léger  et  substantiel,  ce  qui, 
d’ailleurs,  a été  justifié  par  l’expérience. 

Le  Cypripedium  callosum,  Rchb.  f.,  a 
les  feuilles  d’un  vert  de  plusieurs  nuances, 
maculé  de  gris  argenté  foncé.  Le  sépale  su- 
périeur, très-large,  transversalement  ellip- 
tique, a le  fond  blanc,  longitudinalement 
rayé  de  vert  et  de  pourpre  foncé.  Les  pétales 
latéraux  sont  aigus  et  renversés  à ce  point 


qu’ils  se  touchent  quelquefois  par  leur  extré- 
mité inférieure.  Ces  sépales,  verts  à leur 
sommet,  puis  blancs  plus  ou  moins  rayés  de 
vert  et  de  rose,  sont  garnis  sur  leurs  bords 
de  verrues  noires,  de  forme  conique,  ci- 
liées, très-nombreuses.  Ces  verrues  se  re- 
trouvent quelquefois  sur  le  disque,  ce  qui 
n’est  représenté  dans  aucune  autre  espèce 
de  Cypripedium.  Le  labelle  est  semblable  à 
celui  du  C.  superbiens,  c’est-à-dire  qu’il 
est  vert  en  dessous,  rose  plus  ou  moins  ré- 
ticulé de  roux  dans  la  partie  la  plus  appa- 
rente. Le  staminode  rougeâtre,  marbré  de 
vert,  est  bilobé  à son  sommet  et  garni  à son 
milieu  d’une  petite  apicule  foncée. 

L’espèce  est  vigoureuse  ; sa  floraison, 
abondante,  commence  dès  le  mois  de  no- 
vembre, et  se  prolonge  pendant  presque 
toute  l’année. 

Nous  n’insisterons  pas  sur  la  valeur  hor- 
ticole de  la  plante  de  M.  Régnier.  Nous 
avons  fait  connaître  son  origine,  son  tempé- 
rament et  ses  principaux  caractères  ; une 
simple  inspection  de  la  figure  ci-contre  fera 
mieux  apprécier  la  beauté  de  sa  fleur  qu’une 
description  plus  minutieuse. 

Ch.  Thays. 


LE  MUSSÆNDA  BORBONICA,  SUCCÉDANÉ  DU  CAFÉ 


M.  Lapeyrère,  pharmacien  en  chef  de  la 
marine,  a fait  à la  Société  d’ Acclimatation 
une  très-intéressante  communication  sur 
un  arbuste  de  la  Réunion.  Ce  végétal  ap- 
partient au  genre  Mussænda  ; il  ressemble 
par  ses  fleurs  à un  Oranger  ou  à un  Caféier, 
et  couvre  dans  l’île  de  grands  espaces,  cons- 
tituant de  véritables  forêts. 

L’espèce  est  connue  depuis  longtemps.  Le 
Clerc  la  célèbre  dans  son  ouvrage  sur  les 
plantes  médicinales  de  la  Réunion.  Richard, 
Yinson,  Linné,  Endlicher,  semblent  l’avoir 
eue  en  vue  dans  certaines  descriptions  de 
Mussænda  ; mais,  en  présence  du  peu  de 
conformité  de  leurs  descriptions  avec  les 
caractères  de  la  plante,  M.  Lapeyrère  a cru 
devoir  lui  donner  un  nom  nouveau  et  l’a 
appelée  Mussæ?ida  borbonica. 


D’après  les  caractères  que  M.  Lapeyrère 
a relevés  sur  le  vif,  c’est  un  arbrisseau 
s’élevant  à 3 mètres  au  plus,  à tronc  court 
et  à rameaux  nombreux.  Les  feuilles,  à sti- 
pules multifides  engainantes,  soudées  au- 
tour de  la  tige,  sont  opposées,  ovales-lan- 
céolées,  pétiolées,  très-entières,  légèrement 
sinueuses,  persistantes,  glabres  et  d’un 
vert  luisant.  Le  calyce,  d’un  blanc  verdâtre, 
la  corolle  blanche,  à long  tube  divisé  au 
sommet  en  cinq  lobes  ovales-la ncéolés,  pré- 
sente les  caractères  généraux  des  Mus- 
sænda. La  baie  arrondie,  légèrement  com- 
primée au  sommet,  est  d’un  vert  bleuâtre 
ou  violacé  à la  maturité  et  de  la  grosseur 
d’une  Cerise.  Sa  section  transversale  laisse 
voir  deux  loges  accolées,  entourées  d’une 
pulpe  assez  épaisse.  Chaque  loge  contient 


Revive  Horticole' . 


ChromoUxh/.  G~.Seoerajns . 


\Onda/:i,a<Z 


Cypripediwn  callosum . 


LES  PODOCARPUS  NERIIFOLIA. 


une  graine  convexe,  sillonnée  du  côté  ex- 
terne, plane  et  pourvue  d’un  sillon  médian 
plus  marqué  du  côté  interne. 

Cette  graine,  qui  rappelle  par  sa  forme  la 
graine  du  Café,  s’en  rapproche  beaucoup 
par  sa  constitution  chimique.  Des  analyses 
qui  ont  été  faites,  il  résulte  qu’elle  contient 
de  la  caféine,  une  essence  aromatique,  des 
huiles  essentielles,  enfin,  en  des  proportions 
plus  ou  moins  grandes,  les  diverses  subs- 
tances qui  composent  les  grains  de  café. 

Le  Mussænda  borbonica  pourrait  donc 
remplacer  le  Caféier  dans  une  certaine  me- 
sure. 

M.  Lapeyrère  estime,  d’après  ses  ana- 
lyses, que  les  propriétés  des  fruits  du  pre- 
mier équivalent  aux  deux  tiers  de  celles  des 
produits  du  second.  Il  y aurait  un  grand 
avantage,  en  ce  moment  où  les  importations 
de  Café  ne  peuvent  suffire  à la  consomma- 
tion, à substituer  à la  chicorée,  aux  Glands 
doux  et  aux  autres  substances  que  l’on  mé- 
lange journellement  à cette  denrée  coloniale, 


253 

des  graines  de  Mussænda,  dont  la  Réunion, 
à elle  seule,  pourrait  fournir  actuellement 
3,000,000  de  kilogr. 

Ce  n’est  pas  seulement  à ce  point  de  vue 
que  l’étude  de  M.  Lapeyrère  est  intéressante. 

On  sait  que  les  Caféiers  de  la  Réunion 
sont  en  partie  détruits  par  les  plantes  para- 
sites et  une  maladie  à laquelle  on  n’a  pas 
encore  trouvé  de  remède.  En  vue  de  régé- 
nérer les  plantations  de  cette  île,  M.  Lapey- 
rère a essayé  de  greffer  le  Caféier  sur  le 
Mussænda.  Un  sujet  sur  lequel  il  avait 
pratiqué  une  greffe  avait  produit  des  feuilles 
de  deux  centimètres  de  longueur,  lorsqu’il 
fut  détruit  par  la  malveillance. 

M.  Lapeyrère  conseille  d’user  de  ce  pro- 
cédé, dont  il  attend  le  plus  grand  succès. 
Nous  ne  pouvons,  qu’encourager  les  tenta- 
tives faites  dans  cette  voie,  et  nous  avons 
l’espoir  que  le  greffage  reconstituera  nos 
plantations  de  Café,  comme  il  a régénéré 
nos  vignobles  français. 

L.  de  Rergy. 


LES  PODOCARPUS  NERIIFOLIA 


En  publiant  cet  article,  notre  but  n’est 
pas  de  décrire  uniquement  telle  ou  telle 
espèce  du  genre  Podocarpus,  mais  d’appe- 
ler l’attention  sur  celui-ci  au  point  de  vue 
général  de  l’ornementation. 

Sous  ce  rapport,  ces  plantes  sont  loin 
d’avoir  été  suffisamment  étudiées  pour 
pouvoir  bien  les  apprécier,  et  il  en  est  au 
contraire  un  bon  nombre  qui  pourraient 
être  utilisées  non  seulement  comme  plantes 
de  serre,  mais  pour  la  décoration  des  massifs 
de  pleine  terre  dans  certaines  parties  de 
la  France.  On  a plutôt  jugé  les  Podocarpus 
par  présumance  que  par  expérience,  et 
alors,  de  ce  que  certains  n’ont  pas  résisté 
aux  froids  des  hivers  de  Paris,  on  a conclu 
que  ces  plantes  sont  délicates  et  ne  pour- 
raient être  cultivées  en  pleine  terre,  ce 
qui  est  une  erreur,  partielle  du  moins  : 
nous  allons  essayer  de  le  démontrer. 

Notons  d’abord  que  dans  le  très-grand 
nombre  d’espèces  que  comprend  le  genre 
Podocarpus,  il  en  est  de  nature  et  de  tem- 
pérament très-différents,  choses  qui  sont 
peu  connues,  puisque  ce  que  l’on  en  a dit 
ne  repose  que  sur  des  hypothèses,  tandis 
qu’ici  l’expérience  seule  peut  servir  de 
guide. 

D’une  autre  part  aussi,  ce  qui  peut  trom- 
per au  sujet  de  l’opinion  que  l’on  émet  sur 
la  rusticité  des  plantes,  c’est  que,  en  l’ab- 


sence de  l’expérience,  seid  critérium  de  la 
vérité,  on  se  base  sur  leur  origine  et  qu’alors 
le  jugement  est  susceptible  des  plus  grands 
écarts.  L’espèce  qui  fait  tout  particulière- 
ment l’objet  de  cet  article,  le  Podocarpus 
neriifolia,  Don,  nous  en  fournit  un  exemple. 
Ainsi,  malgré  qu’elle  soit  originaire  de  cer- 
taines parties  chaudes  de  l’Inde,  par  exemple 
de  Singapour,  elle  n’en  est  pas  moins  rela- 
tivement très-rustique,  puisque  nous  l’avons 
vue  croître  et  se  développer,  sans  souffrir 
aucunement , dans  diverses  localités  du 
département  des  Pyrénées-Orientales,  no- 
tamment à Amélie-les-Rains,  où,  pourtant, 
elle  a supporté  des  froids  de  5 et  même 
7 degrés  au-dessous  de  zéro.  Nous  n’igno- 
rons pas  que  dans  cette  circonstance  on 
pourra  nous  objecter  le  rôle  considérable 
que  peut  jouer  l’influence  du  milieu  et 
s’appuyer  sur  celui-ci  pour  expliquer  la 
rusticité  dont  nous  parlons.  En  la  circons- 
tance, pourtant,  nous  pourrions,  comme 
critérium  comparatif,  invoquer  des  faits 
d’une  grande  valeur  à l’aide  desquels  on 
pourrait  se  faire  des  choses  une  idée  exacte. 

Ce  critérium,  c’est  la  présence  d’espèces 
diverses  de  végé  taux  dont  on  connaît  le 
tempérament  et  la  rusticité,  qui  alors  per- 
mettent de  juger  par  comparaison,  chose 
très-facile  à la  villa  Marie,  à Amélie-les- 
Rains,  où,  à côté  des  Rambous,  des  Euca- 


LES  SAUGES. 


254 

lyptus  globulus  et  autres,  de  certains 
Palmiers  et  d’Orangers,  considérés  comme 
semi-rustiques  et  qui  néanmoins  ont  sout- 
fert,  on  voit  en  grande  quantité  des  Podo- 
carpus neriifolia  de  4 à 6 mètres  de  hauteur, 
formant  d’énormes  buissons  compacts  qui  ne 
souffrent  nullement  dans  aucune  de  leurs 
parties,  et  qui  fructifient  même  lorsqu’on 
possède  les  deux  sexes,  ce  qui,  pour  le  cas, 
est  indispensable,  cette  espèce  étant  dioïque. 

C’est  en  présence  de  ces  faits  que  l’idée 
nous  est  venue  d’écrire  un  article  sur  le 
Podocarpus  neriifolia , qui,  outre  sa  rusti- 
cité , présente  un  aspect  singulièrement 
ornemental.  D’une  autre  part,  cette  espèce 
étant  peu  connue,  même  scientifiquement, 
nous  croyons  devoir  en  donner  une  des- 
cription. 

Arbre  dioïque,  variant  un  peu  dans  son 
aspect  suivant  les  conditions  dans  lesquelles  il 
croît,  formant  le  plus  communément  une  pyra- 
mide très-compacte.  Branches  et  rameaux  vert 
jaunâtre,  profondément  cannelés-sillonnés  par 
suite  du  rapprochement  considérable  des 
feuilles.  Feuilles  alternes  de  10-16  centimè- 
tres de  longueur,  larges  de  6-15  millimètres, 
lancéolées,  courtement  rétrécies  au  sommet, 
très-longuement  atténuées  à la  base  en  un 
court  pétiole  qui,  par  son  prolongement,  forme 
une  nervure  médiane  saillante  dans  toute  la 
longueur  de  la  feuille,  coriaces,  très-épaisses, 
presque  indéfiniment  persistantes,  ordinaire- 
ment plus  ou  moins  falquées,  d’un  vert  plus 
pâle  à la  face  inférieure.  Chatons  mâles  axil- 
laires, solitaires,  munis  d’écailles  qui,  par  leur 
ensemble,  forment  une  sorte  d’involucre  brac- 
téiforme.  Pédoncule  fructifère  d’une  longueur 
à peu  près  égale  à celle  du  réceptacle,  qui, 
oblong,  très-développé,  est  obliquement  lobé, 
accompagné  de  bractées  tubulées,  légèrement 
oncinées.  Fruits  drupacés,  charnus,  de  saveur 
douce,  un  peu  sucrée. 

Cette  espèce,  qui  se  rencontre  dans  di- 
verses parties  du  Népaul,  supporte  parfois 


l’hiver  sous  le  climat  de  Paris,  où,  néan- 
moins, il  est  bon  de  la  planter  dans  des 
lieux  un  peu  abrités  ; il  est  même  prudent 
d’en  cultiver  en  pots  que  l’on  rentre  en  serre 
tempérée  ou  froide,  et  où  les  plantes  ne 
souffrent  nullement. 

Les  exemplaires  que  l’on  soumet  à ce  der- 
nier traitement  présentent  encore  cet  autre 
avantage  de  pouvoir  être  employés  pour  les 
décorations  d’hivers,  soit  pour  les  apparte- 
ments, soit  pour  garnir  les  plates-bandes 
ou  les  massifs  dont  les  plantes  ont  été  enle- 
vées pour  les  soustraire  à la  gelée,  ou  après 
que  celle-ci  les  a fait  périr. 

Faisons  toutefois  remarquer  que  le  Podo- 
carpus neriifolia  n’est  pas  la  seule  espèce 
du  genre  que  l’on  puisse  soumettre  au  trai- 
tement que  nous  venons  d’indiquer  et  qu’il 
en  est  certainement  une  grande  quantité 
d’autres  auxquelles  il  conviendrait  égale- 
ment. On  serait  même  presque  autorisé  à 
croire  que  le  plus  grand  nombre  s’en  ac- 
commoderait très-bien,  malgré  que,  pour- 
tant, l’on  ne  puisse  rien  affirmer  à ce  sujet. 

Culture,  multiplication.  — D’une  ma- 
nière générale,  les  Podocarpus  peuvent  être 
considérés  comme  des  plantes  de  serre 
froide,  surtout  lorsqu’on  a affaire  à des 
jeunes  sujets.  Une  terre  légèrement  humide, 
plus  ou  moins  consistante,  argilo-siliceuse, 
leur  convient  ; plus  tard,  suivant  l’espèce, 
la  vigueur  et  les  conditions  climatériques  où 
l’on  se  trouve,  on  leur  donne  une  terre 
spéciale.  On  les  multiplie  par  boutures  et 
par  graines  ; pour  faire  les  premières,  on 
se  sert  de  ramilles  qu’on  plante  en  terre  de 
bruyère  et  que  l’on  fait  enraciner  sous 
cloche.  Plus  tard,  après  qu’elles  ont  été 
rempotées  et  qu’elles  sont  suffisamment 
fortes,  on  les  met  en  pleine  terre  en  les  pla- 
çant dans  des  conditions  appropriées  à la 
nature  des  espèces  et  à leur  tempérament. 

E.-A.  Carrière. 


LES  SAUGES 


Utiles  par  leurs  propriétés  médicinales 
et  condimentaires,  remarquables  par  la 
beauté  et  la  variété  de  leurs  fleurs,  il  est 
peu  de  plantes  aussi  intéressantes  que  les 
Sauges.  D’après  MM.  Bentham  et  Hooker  (1), 
on  en  connaît  plus  de  450  espèces  dissé- 
minées dans  toutes  les  parties  du  monde, 
mais  principalement  dans  l’hémisphère  du 
nord.  Elles  affectionnent  particulièrement 


les  contrées  méditerranéennes  et  les  mon- 
tagnes du  Mexique  et  de  la  Cordillère  des 
Andes.  On  en  compte,  en  France,  une 
douzaine  d’espèces  indigènes. 

Le  Salvia  pratensis  est  bien  connu,  sur- 
tout dans  la  région  du  centre,  où,  jusqu’à 
la  fenaison,  il  émaillé  les  herbages  secs 
de  milliers  d’épis  du  plus  beau  bleu  vio- 
lacé. 

Sur  les  coteaux,  le  S.  verbenaca,  à fleurs 
moitié  plus  petites  que  le  précédent  et  plus 


(1)  Gen.  pl.  II,  1195. 


LES  SAUGES. 


255 


rare,  étale  ses  rosettes  de  feuilles  ovales  et 
dresse  ses  petits  épis  purpurins. 

Le  S.  Sclarea,  vivant  rarement  en  com- 
pagnie, se  rencontre  çà  et  là  dans  les  cal- 
caires, où  on  le  distingue  facilement  de  ses 
congénères  par  sa  haute  taille  et  ses  larges 
bractées  membraneuses  et  colorées  de  rose 
lilacé. 

Ces  trois  Sauges  sont  les  seules  espèces 
répandues  qui  dépassent  vers  le  nord  la 
latitude  de  Lyon.  Au  sud  de  cette  latitude 
croissent  plusieurs  autres  espèces  intéres- 
santes : 

Le  S.  sylvestris,  à épis  longs  et  grêles 
et  bractées  colorées  ; 

Le  S.  Œthiopis,  aux  touffes  laineuses  et 
aux  fleurs  blanches  ; 

Le  £.  glutinosa,  que  ses  corolles  jaunes 
distinguent  de  toutes  les  Sauges  françaises  ; 

Le  S.  verticillata,  dans  lequel  les  fleurs 
petites  font  contraste  avec  les  feuilles  très- 
larges  ; 

Et  enfin  le  S.  officinalis , que  tout  le 
monde  connaît  pour  l’avoir  vu  dans  les  jar- 
dins. C’était  une  plante  salutaire  par  excel- 
lence dans  l’ancienne  pharmacopée,  et 
celui  qui  la  cultivait  y trouvait  un  brevet  de 
longue  vie  : 

Cur  moriatur  homo 

Cui  Salvia  crescit  in  horlo  ! 

Le  rare  -S.  Horminum  a,  de  ses  chaudes 
stations  méridionales,  poussé  une  pointe 
jusqu’à  Nice  ; mais  il  s’y  cantonne  et  ne 
semble  pas  disposé  à affronter  de  climats 
plus  froids. 

Son  Sosie,  le  S.  horminoides  a élu  do- 
micile en  Corse  et  dans  quelques  départe- 
ments du  Midi. 

Parmi  ces  espèces  indigènes,  les  S.  pra- 
tensis,  Sclarea,  Horminum,  sont  bien 
connus  des  horticulteurs,  qui  font  grand  cas 
de  leur  rusticité,  de  la  variété  et  de  la  durée 
de  leurs  fleurs;  et  tous  les  jardins  de  cam- 
pagne recèlent  quelques  touffes  de  S.  offici- 
nalis que  nos  paysans  emploient  à la  fois 
comme  ornement  et  comme  condiment. 

Les  qualités  décoratives  des  Salvia  ont 
été  appréciées  depuis  fort  longtemps  et  il 
est  peu  de  genres  qui  aient  fourni  autant 
de  plantes  précieuses  à l’horticulture.  Sweet, 
dans  son  Hortus  britannicus,  donne  les 
noms  de  141  espèces  cultivées.  Ce  nombre 
a bien  diminué  depuis  la  publication  de 
Sweet  ; mais  les  Sauges  comptent  encore 
parmi  les  genres  les  mieux  représentés  dans 
nos  jardins  et  dans  nos  serres. 

En  dehors  des  espèces  indigènes  que 


nous  avons  mentionnées  plus  haut,  nos  bor- 
dures et  nos  plates-bandes  se  parent  d’un 
assez  grand  nombre  de  Sauges  de  pleine 
terre  empruntées  aux  flores  étrangères. 

L’Espagne  fournit  à nos  bordures  la 
Sauge  argentée  (S.  patula)  aux  feuilles 
soyeuses  et  aux  fleurs  blanches. 

La  Sauge  coccinée  (S.  coccinea ),  venue 
de  la  Floride,  décore  nos  plates-bandes  par 
ses  corolles  d’un  rouge  écarlate  qui  se  suc- 
cèdent tout  l’été. 

L’Amérique  nous  a encore  procuré  deux 
de  nos  plus  charmantes  Sauges  de  pleine 
terre  : 

Le  S.  azurea,  remarquable  par  ses  lon- 
gues grappes  du  plus  beau  bleu  ; 

Et  le  S.  Rœmeriana  publié  par  M.  J. 
Decaisne  sous  le  nom  de  S.  porphy- 
rantlia  (1). 

Plusieurs  botanistes  pensent  que  le 
S.  Rœmeriana  et  le  S.porphyrantha  sont 
deux  espèces  distinctes,  et  que  le  véritable 
S.  Rœmeriana  est  une  plante  non  encore 
introduite.  En  France,  on  continue  à con- 
sidérer ces  deux  noms  comme  synonymes, 
et  V Index  Seminum  Musæi  parisiensis  de 
1887  conserve  à la  plante  décrite  par 
M.  Decaisne  le  nom  de  Rœmeriana . 

Le  S.  Candelabrum,  que  ses  inflores- 
cences paniculées  à trois  branches  distin- 
guent de  ses  congénères,  est  considéré,  en 
Angleterre,  comme  espèce  de  pleine  terre  ; 
s’il  existe  en  France,  il  y est  peu  répandu. 

Les  trois  espèces  suivantes,  plantes  d’oran- 
gerie sous  le  climat  de  Paris,  supportent 
parfaitement,  en  pleine  terre,  les  hivers 
doux  de  la  Provence  et  de  certaines  loca- 
lités du  Midi.  Ce  sont  les  : 

S.  Pitscheri,  sous-arbrisseau  à longues 
inflorescences  d’un  bleu  clair  ; 

S.  farinacea,  à touffes  fournies,  tomen- 
teuses,  à grappes  terminales  d’un  bleu  amé- 
thyste ; 

S.  camphorata,  dont  le  nom  rappelle 
l’odeur.  Ses  feuilles  et  ses  tiges  blanches 
surmontées  de  panicules  lilas  sont  d’un 
charmant  effet. 

Les  autres  Sauges  que  nous  possédons 
ne  peuvent  supporter  nos  hivers  et  doivent 
être  considérées  comme  plantes  d’orangerie, 
de  serre  tempérée  ou  de  serre  chaude.  Leur 
nombre  est  considérable.  Il  est  assez  diffi- 
cile d’en  déterminer  exactement  le  chiffre  ; 
car  beaucoup  d’espèces,  dont  la  beauté 
n’est  pas  assez  grande  pour  que  leur  cul- 
ture s’impose  nécessairement  aux  ama- 

(1)  Revue  horticole , 1854,  p.  16. 


256 


LES  SAUTERELLES  EN  ALGÉRIE. 


teurs,  suivent  les  fluctuations  du  goût  et, 
dans  les  alternatives  de  délaissement  qui 
succèdent  à celles  de  l’engouement,  finissent 
parfois  par  disparaître.  Quelques-unes  de 
ces  dernières,  par  suite  de  la  facilité  que 
leur  rusticité  fournit  à leur  introduction, 
reparaissent  souvent  à des  intervalles  plus 
ou  moins  longs,  de  sorte  qu’à  un  moment 
précis  il  est  assez  difficile  de  dresser  une 
liste  de  toutes  les  espèces  cultivées.  Nous 
nous  bornerons  à énumérer  celles  que  leurs 
qualités  décoratives  recommandent  plus 
spécialement  à l’attention.  Dans  cet  ordre 
d’idées  nous  pouvons  citer  comme  Sauges 
pouvant  être  avantageusement  cultivées  en 
orangerie,  et  parfois  en  plein  air,  dans  les 
localités  privilégiées  de  l’ouest,  et  surtout 
du  littoral  méditerranéen  : 

S.  Grahami,  arbuste  importé  du  Mexique 
vers  1830,  à odeur  de  Citron,  qui  fournit 
depuis  juillet  jusqu’aux  gelées  des  grappes 
grêles  d’un  pourpre  rosé  ; 

S.  aurea,  un  des  plus  beaux  arbrisseaux 
importés  du  Cap.  Ses  rameaux  nombreux, 
couverts  de  fleurs  grandes,  d’un  jaune  doré, 
suffisent  à le  distinguer  de  ses  congénères 
cultivés,  parmi  lesquels  la  couleur  jaune  est 
une  exception  ; 

Sx  pemi-atrata,  du  Mexique,  auquel  sa 
lèvre  inférieure  tachée  de  pourpre  noir  a 
valu  son  nom  ; 

S.  Leonuroides,  appelé  la  « belle  Sauge» 
par  L’Héritier,  à cause  de  ses  grandes 
Heurs  d’un  rouge  écarlate.  Ses  corolles  à 
lobes  latéraux,  oblongs,  réfléchis,  se  suc- 
cèdent tout  l’été. 

Parmi  les  Sauges  auxquelles  l’atmos- 
phère plus  douce  de  la  serre  tempérée  est 
nécessaire,  nous  pouvons  noter  : 

S.  involucrata,  aux  feuilles  veloutées  et 
aux  fleurs  velues  enveloppées  dans  de 
grandes  bractées  d’un  rouge  violacé; 

S.  oppositiflora  (et  non  oppositi folia, 
comme  il  est  nommé  dans  quelques  publi- 
cations), dont  les  grandes  fleurs  d’un  rouge 
vermillon  terminent  des  rameaux  dressés, 
pubescents  ; 

Et  surtout  le  superbe  S.  patens,  une  de 
nos  plus  jolies  Sauges.  Ses  corolles  du  plus 
beau  bleu  que  l’on  puisse  rêver  ses  longs 
épis  à grandes  fleurs,  en  font  un  ornement 
indispensable  des  plates-bandes  pendant 


l’été,  partout  où  sa  culture  est  possible,  car 
elle  est  parfois  assez  délicate  au  soleil. 

Les  espèces  qui  réclament  la  serre 
chaude  ne  sont  pas  nombreuses  ; mais  ce 
sont  les  plus  remarquables.  Deux  surtout 
sont  bien  connues  des  horticulteurs.  Leurs 
noms  seuls  indiquent  l’impression  que  leur 
beauté  fit  sur  leurs  parrains. 

La  première,  S.  splendens,  est  une  ma- 
gnifique plante,  originaire  du  Brésil,  qui 
produit  à la  fin  de  l’automne  des  grappes 
terminales  arquées  et  pendantes  où  les 
bractées,  le  calyce,  la  corolle,  rivalisent  en 
éclat  et  se  colorent  du  plus  beau  rouge. 

La  seconde,  S.  fulgens , importée  du 
Mexique  en  Espagne  vers  la  fin  du  dernier 
siècle,  se  distingue  du  précédent  par  ses 
fleurs  du  plus  vif  écarlate,  son  calyce  d’un 
brun  violacé  et  ses  feuilles  d’un  blanc  laineux. 

On  cultive  encore  en  serre  chaude,  mais 
moins  fréquemment,  le  5.  iantliina  à brac- 
tées, corolle  et  calyce  violets. 

On  trouve,  figurées  dans  les  publications 
horticoles  ou  botaniques,  des  Sauges  de  la 
plus  grande  beauté,  qui,  jadis  introduites, 
ne  se  sont  pas  répandues,  ou  dont  on  a 
perdu  la  trace  dans  les  cultures.  Parmi  ces 
espèces,  on  peut  citer  les  S.  dichroa  et 
S.  tricolor , publiées,  la  première,  par  le 
Botanical  Magazine,  la  seconde,  par  la 
Flore  des  serres.  Elles  ont  jadis  été  culti- 
vées en  Angleterre;  mais  il  est  probable 
qu’elles  ont  disparu  comme  beaucoup 
d’autres  espèces  recommandables.  Nous 
sommes  loin,  maintenant,  des  141  espèces 
mentionnées  par  Sweet. 

Et  cependant  que  de  belles  espèces  atten- 
dent encore,  dans  leurs  solitudes  des  Andes 
ou  du  Mexique,  qu’une  main  amie  les  trans- 
porte de  leurs  contrées  natales  dans  nos 
jardins!  Nous  avons  eu  la  bonne  fortune  de 
les  admirer  dans  la  première  de  ces  régions 
et  nous  aurions  voulu  trouver  plus  souvent 
des  graines  mûres  pour  doter  nos  serres  et 
nos  jardins  des  plus  jolies  d’entre  elles. 

Par  le  peu  de  soin  qu’elles  réclament,  la 
variété,  la  durée,  l’abondance  et  la  beauté 
de  leurs  fleurs,  les  Sauges  sont  cependant 
des  plus  intéressantes  pour  l’horticulture  et 
nous  voudrions  constater  que  le  cercle  de 
leur  culture  s’étend,  au  lieu  de  le  voir  se 
rétrécir.  Ed.  André. 


LES  SAUTERELLES  EN  ALGÉRIE 


L’Algérie  vient  d’être  de  nouveau  dévas- 
tée par  une  invasion  de  criquets.  Les  arron- 


dissements de  Sétif,  de  Constantine  et  de 
Batna  ont  été  plus  particulièrement  envahis, 


LES  SAUTERELLES  EN  ALGÉRIE. 


257 


à tel  point  que  les  trains  de  chemin  de  fer 
ont  été  souvent  arrêtés  par  l’accumulation 
de  ces  insectes  sur  la  voie.  C’est  dire  qu’en 
un  instant  toute  la  région  visitée  par  les 
criquets  a été  absolument  mise  à nu,  que 
les  plus  belles  moissons  ont  été  anéanties 
aussitôt,  que  toute  trace  de  végétation  a 
disparu. 

On  a pris  immédiatement  des  mesures 
pour  lutter  contre  le  fléau . 

Une  commission  spéciale  a pensé  qu’on 
obtiendrait  de  bons  résultats  en  cherchant  à 
arrêter  les  criquets  dès  qu’ils  commence- 
raient leur  marche  vers  le  Nord. 

Pour  combattre  le  fléau,  on  a mis  en 
œuvre  un  appareil  qui  a été  employé  avec 


succès  en  Orient,  et  qui  consiste  en  bandes 
de  toiles,  que  l’on  oppose  aux  criquets  en 
marche  et  qui  servent  à les  conduire  dans 
des  fosses  creusées  de  distance  en  distance, 
où  on  les  enfouit. 

Cette  méthode  de  destruction,  incontesta- 
blement ingénieuse,  nous  a paru  assez  inté- 
ressante pour  être  décrite. 

Nous  extrayons  ce  qui  suit  d’une  ins- 
truction publiée  à ce  sujet  par  Y Algérie 
agricole. 

Principe  de  la'  méthode  suivie.  — La  mé- 
thode suivie  pour  la  destruction  des  criquets 
repose  sur  ce  principe  que  ces  insectes,  tou- 
jours réunis  en  bandes  serrées,  parfois  très- 
considérables,  suivent  dans  leur  marche  une 


Fig.  58.  — Toile  tendue  en  vue  d'arrêter  les  invasiuns  des  criquets. 


direction  unique,  qui  est  sensiblement  celle  i 
du  sud  au  nord.  Si  donc  on  dresse  un  obstacle 
infranchissable,  par  exemple  une  toile  (fig.  58), 
sur  le  front  de  la  colonne  en  marche,  celle-ci,  en 
cherchant  à le  contourner,  viendra  nécessaire- 
ment, par  ce  mouvement,  tomber  dans  les 
fosses  creusées  au  préalable  au  pied  même  de 
l’obstacle.  Lorsque  les  criquets  ont  rempli  ces 
fosses,  il  est  facile  de  les  y étouffer  en  les  re- 
couvrant d’une  épaisse  couche  de  terre. 

Description  de  l’appareil  employé.  — 
L’obstacle  artificiel  que  l’on  emploie  pour 
arrêter  les  criquets  dans  leur  marche  en  avant 
et  les  amener  dans  les  fosses  où  ils  seront 
enfouis,  est  formé  tout  simplement  d’une 
bande  en  toile  de  85  centimètres  de  hauteur, 
que  l’on  dresse  verticalement  sur  le  front  de  la 
colonne  de  criquets  que  l’on  se  propose  de  dé- 
truire. Cette  bande  de  toile  est  maintenue 


| dans  la  position  verticale  au  moyen  de  pieux 
enfoncés  dans  le  sol  à des  intervalles  égaux  de 
3 mètres,  et  auxquels  elle  est  fixée  en  deux 
points  par  une  double  paire  de  liens  cousus 
sur  la  toile  du  côté  opposé  à celui  faisant  face 
aux  criquets.  Chaque  bande  a une  longueur  de 
50  mètres. 

Pour  que  l’obstacle  soit  infranchissable,  on 
a,  au  préalable,  et  du  côté  faisant  face  aux  cri- 
quets, garni  le  bord  supérieur  de  la  toile,  ainsi 
que  ses  deux  extrémités  latérales,  d’une  bande 
de  toile  cirée  de  10  centimètres  de  largeur. 
Cette  toile  cirée  doit  être  aussi  lisse  que  pos- 
sible, afin  de  n’offrir  aucune  prise  aux  pattes 
de  l’insecte. 

Choix  de  l’emplacement  pour  l’installation 
de  l’appareil.  — L’obstacle  artificiel  doit  être 
disposé  en  avant  de  la  bande  de  criquets  que 
l’on  veut  attaquer,  à une  distance  de  son  front 


258 


LES  SAUTERELLES  EN  ALGÉRIE. 


telle  que  l’on  ait  le  temps  de  terminer  l’instal- 
lation de  l’appareil  avant  que  la  tête  de  colonne 
n’arrive  au  pied. 

Il  suffira  d’ordinaire  de  se  porter  à 100  mè- 
tres en  avant  de  la  bande  de  criquets.  Toute- 
fois cette  distance  pourra  être  augmentée,  si, 
plus  loin,  le  terrain  se  prêtait  mieux  à l’instal- 
lation de  l’appareil  ou  à la  confection  des 
fosses. 

Avant  de  poser  l’appareil,  il  sera  nécessaire 
de  reconnaître  sur  quelle  longueur  s’étend  la 
tête  de  la  colonne,  afin  de  déterminer  combien 
il  faudra  disposer  de  toiles  bout  à bout  pour 
l’envelopper  sur  son  front  et  sur  ses  ailes. 

Installation  de  V appareil.  — On  commence 
d’abord  par  nettoyer  le  terrain  sur  une  largeur 
d’un  mètre  environ  et  sur  toute  la  longueur 
que  devra  occuper  l’appareil.  Ce  nettoyage  doit 
se  faire  en  demi-cercle,  et  de  façon  à circons- 
crire en  partie  la  bande  de  criquets. 

On  déroule  ensuite  les  toiles  sur  le  terrain 
nettoyé  en  prenant  soin  de  mettre  par-dessus  le 
côté  portant  la  toile  cirée.  Il  faut,  en  effet, 
éviter  que  celle-ci  ne  frotte  sur  le  sol,  et,  par 
suite,  ne  s’éraille.  Cette  toile  cirée  doit  tou- 
jours être  maintenue  en  parfait  état  de  propreté 
et  rester  aussi  glissante  que  possible.  Aussi, 
tous  les  matins,  on  l’essuie  avec  un  linge  sec, 
et  l’on  passe  ensuite  dessus  un  tampon  légère- 
ment imbibé  d’huile. 

Quand  les  toiles  sont  déroulées,  on  dépose 
dessus,  et  à plat  sur  le  sol,  des  pieux  en  bois, 
que  l’on  répartit  de  distance  en  distance,  tous 
les  3 mètres,  en  face  des  liens  au  moyen  des- 
quels la  toile  sera  plus  tard  dressée  verticale- 
ment. 

Cela  fait,  un  ouvrier  enfonce  les  pieux  verti- 
calement, bien  exactement  en  face  de  la  double 
paire  d’attaches  et  sur  le  bord  extérieur  du 
terrain  nettoyé,  tandis  qu’un  second  ouvrier, 
soulevant  la  toile  de  façon  que  la  bande  cirée 
soit  placée  en  haut  et  en  face  des  criquets,  fixe 
l’appareil  aux  pieux  au  moyen  des  doubles 
attaches. 

L’opération  se  continue  ainsi  d’un  bout  à 
l’autre  de  l’appareil. 

Enfin,  au  fur  et  à mesure  que  le  travail 
avance,  un  troisième  ouvrier  relie  les  pieux  les 
uns  aux  autres  au  moyen  d’une  corde  fixée  à 
leur  partie  supérieure.  Ainsi  consolidé,  l’en- 
semble de  l’appareil  peut  résister  aux  vents  les 
plus  violents,  si  l’on  prend  soin  de  rattacher 
la  toile  à la  corde  au  moyen  d’un  lien  disposé 
à cet  effet  sur  le  bord  supérieur  de  cette  toile 
et  à égale  distance  des  deux  pieux  voisins. 

La  toile  ne  doit  pas  être  fixée  trop  haut  sur 
les  piquets,  mais  au  contraire  assez  bas  pour 
que  son  bord  inférieur  traîne  sur  le  sol  d’envi- 
ron 20  centimètres.  La  partie  de  la  toile  qui 
porte  sur  le  sol  est  recouverte  de  terre  et  de 
pierres  afin  qu’elle  épouse  bien  les  inflexions 
du  sol.  Ainsi,  il  est  impossible  aux  criquets  de 
passer  par-dessous  et  de  s’échapper. 

Disposition  des  fosses.  — On  creuse  perpen- 


diculairement à la  face  intérieure  de  l’obstacle, 
et  aussi  près  que  possible  de  sa  base,  des 
fosses  qui  ont  généralement  1™  80  ou  2 mètres 
de  longueur,  70  centimètres  à 1 mètre  de  lar- 
geur et  90  centimètres  à 1 mètre  de  profon- 
deur. Les  fosses  terminées  et  leurs  parois 
ayant  été  taillées  bien  à pic,  on  place  sur  leur 
bord,  et  de  façon  à faire  saillie  au-dessus  de  la 
cavité,  des  plaques  de  zinc  préparées  à cet 
effet.  Ces  plaques  arrêtent  les  criquets,  qui, 
tombés  au  fond  de  la  fosse,  tenteraient  d’en 
sortir. 

Le  nombre  des  fosses  à creuser  ne  saurait 
être  déterminé  à priori  : il  varie  suivant  la 
quantité  des  criquets  à enfouir.  De  plus,  il 
augmente  quand  les  insectes  ont  atteint  tout 
leur  développement.  Dans  ce  dernier  cas,  le 
volume  occupé  par  un  même  nombre  de  cri- 
quets est  treize  fois  plus  considérable  que  peu 
après  l’éclosion. 

Remplissage  des  fosses.  — Les  premiers 
criquets  qui  arrivent  au  pied  de  l’obstacle 
essaient  de  le  franchir  : mais  comme  ils  ne 
peuvent  y arriver  à cause  de  la  surface  glissante 
que  présente  la  toile  cirée,  ils  se  mettent  à 
marcher  latéralement  le  long  de  l’obstacle  et 
vont  tomber  dans  les  fosses,  ainsi  que  tous 
ceux  qui  les  suivent. 

Lorsque  les  fosses  sont  remplies  de  criquets, 
on  les  recouvre  d’une  couche  de  terre  de  50  à 
60  centimètres  que  l’on  dispose  en  dos  d’âne. 
Dans  les  régions  habitées,  pour  éviter  les  dan- 
gers que  présente  la  putréfaction  d’une  grande 
quantité  de  matières  organiques,  il  sera  pru- 
dent de  se  servir  de  substances  anti-septiques. 
L’usage  de  la  chaux  est  à recommander  tout 
particulièrement. 

Lorsque  la  destruction  d’une  bande  de 
criquets  est  achevée,  on  déplace  les  appa- 
reils pour  les  reporter  plus  loin. 

Cinquante  mille  mètres  de  ces  toiles  avec 
leurs  piquets  sont  mis  par  l’administration 
à la  disposition  des  Algériens. 

Le  Conseil  général  de  Constantine  a voté 

150.000  fr.  pour  les  travaux  de  défense 
contre  les  sauterelles.  Le  département  d’Al- 
ger, moins  menacé,  a voté  50,000  fr.  Enfin 
le  conseil  des  ministres  a résolu  de  de- 
mander aux  Chambres  un  crédit  de 

500.000  fr.  Il  s’agit,  en  effet,  de  sauver  les 
populations  de  la  ruine  et,  suivant  l’expres- 
sion du  gouverneur  général  de  l’Algérie,  de 
préserver  la  colonie  d’une  crise  redoutable. 

On  a donc  entrepris  vigoureusement  la 
lutte  contre  les  envahisseurs.  C’est  bien 
pour  aujourd’hui,  on  ne  pouvait  faire  plus  ; 
mais  c’est  à prévenir  le  mal  qu’il  faudrait 
songer.  Est-ce  possible  ? Telle  est  la  ques- 
tion que  se  pose  M.  Victor  Meunier,  et  il  y 
répond. 

Ce  qu’il  faut,  c’est  aller  combattre  le  mal 


LES  MÉLASTOMACÉES. 


259 


à sa  source  ; ce  qu’il  faut,  c’est  nommer  une 
commission  scientifique  chargée  d’étudier 
les  conditions  d’existence,  de  multiplication 
et  d’émigration  des  criquets. 

Tout  ce  qu’on  sait  jusqu’ici  sur  les  inva- 
sions en  Algérie,  c’est  que  les  bandes  de 
criquets  viennent  du  Sud  par  fortes  colonnes 
qui  ont  jusqu’à  50  kilomètres  de  long  et 
comme  un  nuage  orageux.  Quand  la  nuée 
crève,  les  criquets  pleuvent  comme  grêle  et 
brisent  même  les  branches  sur  lesquelles  ils 
s’abattent.  Tout  est  détruit,  et,  l’œuvre  de 
destruction  accomplie,  la  colonne  repart. 

Les  plus  grandes  invasions  dont  l’Algérie 
ait  conservé  le  souvenir  sont  celles  de  1780, 
1799,  1816,  1845,  1866  et  1877.  Celle  de 
1888  devra  être  ajoutée  à la  liste. 

Les  Américains,  eux  aussi,  ont  eu  à lut- 
ter contre  les  criquets,  mais  ils  ont  cherché 
de  prime  abord  à détruire  le  mal  à sa  source; 
le  gouvernement  des  États-Unis  a nommé 
une  commission  permanente  ‘ composée  de 
MM.  Riley,  Packard  et  Cyrus  Thomas,  trois 
naturalistes  distingués  qui  ont  pris  leur 
mission  à cœur  et  ont  fait  l’histoire  des 
criquets. 

D’après  ces  savants,  les  criquets  occupent 
successivement  pour  ainsi  dire  trois  ré- 
gions; la  première  est  comme  leur  mère- 
patrie;  elle  est  habitée  d’une  façon  perma- 
nente ; ils  s’y  multiplient  tant  qu’ils  trouvent 
à subsister  et  on  les  y rencontre  toujours. 

La  seconde  région  est  celle  d’émigration, 
où  la  mère -patrie  verse  son  trop-plein,  et 
c’est  là  que,  grâce  à la  reproduction,  se 


forment  les  armées  d’invasion  qui,  de  temps 
à autre,  viennent  désoler  les  troisièmes  ré- 
gions, comme  le  fait  se  produit  en  Algérie. 

Ceci  posé,  il  est  évident  qu’il  ne  faut  pas 
attendre  les  criquets  dans  la  troisième  région, 
où  leur  puissance  est  irrésistible  ; il  faut 
aller  au  foyer  de  production  les  combattre 
à l’état  naissant. 

On  a agi  de  même  dans  la  Russie  méri- 
dionale ; on  a commencé  par  déterminer  les 
centres  de  production. 

En  Chypre,  les  Anglais  ont  mis  à prix  les 
œufs  de  criquets  au  prix  de  15  centimes  la 
livre  (ils  sont  gros  comme  des  têtes  d’épin- 
gles). En  six  mois,  il  en  fut  livré  1,350  ki- 
logr.  et  on  dépensa  1 million  1/2  en  quatre 
ans.  Comme  résultat,  un  simple  service  de 
surveillance  suffit  aujourd’hui.  R faut  que 
nous  fassions  de  même  en  Algérie. 

M.  Kunckel  d’Herculaïs,  président  de  la 
Société  entomologique  de  France,  est  en  ce 
moment  dans  le  département  de  Constan- 
tine  ; il  a visité  les  chantiers  de  destruction 
et  constaté  que  l’acridien  de  l’invasion 
actuelle  n’est  pas  YAcridium  peregrinum 
de  1866  et  1877,  mais  une  espèce  de  petite 
taille,  plus  redoutable,  qui  peut  se  propager 
de  proche  en  proche,  s’étendre  sur  toute 
l’Algérie  et  y rester  un  grand  nombre  d’an- 
nées. 

Du  fait  de  cette  constatation,  la  question 
de  destruction  a donc  un  plus  grand  intérêt 
encore,  et  nous  espérons  qu’on  va  s’en 
occuper  activement. 

A.  Lesne. 


LES  MÉLASTOMACÉES 


Les  Mélastomacées,  cette  admirable  fa- 
mille dont  les  espèces  à fleurs  brillantes 
sont  répandues  sur  toute  la  surface  du 
globe,  mais  principalement  dans  les  régions 
tropicales  du  Nouveau-Monde,  ont  été  de- 
puis quelques  années  l’objet  de  travaux  im- 
portants. M.  Naudin  en  a publié  jadis  une 
remarquable  monographie;  après  lui,  M.  J. 
Triana,  qui  eut  à les  étudier  pour  la  déter- 
mination des  espèces  de  son  herbier,  en  a 
fait  une  révision  complète  et,  dans  ces  der- 
niers temps,  M.  A.  Gogniaux  a ajouté  des 
études  considérables  aux  travaux  de  ses 
prédécesseurs. 

Ce  botaniste,  qui  traite  les  Mélastomacées 
dans  le  Flora  brasiliensis , vient  de  publier 
successivement  quatre  études  sur  des  espèces 
américaines  récoltées  dans  ces  dernières 
années  : 


Plantæ  Lehmannianæ  in  Guatemala,  Gos- 
tarica  et  Colombia  collectæ.  (1)  — Sous  ce 
titre  sont  comprises  les  Mélastomacées  et  les 
Gucurbitacées  récoltées  par  M.  Lehmann.  Les 
Cucurbitacées  ne  sont  qu’au  nombre  de  3,  mais 
les  Mélastomacées  sont  représentées  par  de 
nombreuses  espèces  dont  16  sont  nouvelles. 
Ce  sont  : 

Tibouchina  pendula , Monochætum  Kraenz- 
linii , Axinœa  Lehmannii , Leandra  Lehmannii, 
Miconia  Kraenzlinii , M.  densiflora , M.  atro- 
sanguinea , M.  pergamentacea , M.  grandi - 
ftora,  M.  quintup linerv ia , M.  multiplinervia, 
M.  stricta,  M.  violacea , M.  Lehmannii , Hen- 
riettella  hispidula. 

Melastomaceæ  et  Cucurbitaceæ  portori- 
censes  (2).  Cette  notice  renferme  les  Mélasto- 

(1)  Botanische  Jahrbucher , t.  VIII,  pp.  17-31. 

(2)  J ahrbucher  d.  Kœnigl.  botan.  Gartens.  d. 
botan.  Muséums  zu  Berlin,  t.  IV,  pp.  276-285. 


LES  MÉLASTOMACÉES. 


260 

macées  et  les  Cucurbitacées  recueillies  à Porto- 
Rico,  par  M.  P.  Sintenis,  en  1884-85.  Les 
Mélastomacées  sont  au  nombre  de  41,  dont  9 
nouvelles.  Ce  sont  : 

Calycogonium  biflorum , C.  squamulosum , 
C.  Krugii , Tetrazygia  Urbanii , T.  Stahlii , 
Miconia  pachyphyllci,  M.  foveolata , M.  Sin- 
tenisii , Heterotrichum  Eggersii. 

Bouquet  de  Mélastomacées  brésiliennes 
dédiées  à S.  M.  dom  Pedro  II,  empereur  du 
Brésil  (1).  — Ce  fascicule  est  un  témoignage 
de  reconnaissance  envers  le  souverain  du 
Brésil  qui  a contribué  puissamment  à la  publi- 
cation de  la  Flore  de  son  pays.  Les  espèces 
comprises  dans  cette  publication  sont  au 
nombre  de  6.  Ce  sont  les  : 

Chœtostoma  Petronianum , Tibouchinci  Pe- 
troniana  et  T.  imperatoris,  Miconia  Petro- 
niana , Belluccia  imperialis , Mouriria  Petro- 
niana. 

Notice  sur  les  Mélastomacées  austro- 
américaines  de  M.  Ed.  André  (2).  — M.  A.  Co- 

gniaux  vient  de  publier  sous  ce  titre  les 
Mélastomacées  que  M.  Ed.  André  a récoltées 
en  1875-1876  dans  son  exploration  de  l’Amé- 
rique du  Sud  (Nouvelle -Grenade,  Écuador, 
Pérou). 

Sur  103  espèces  de  Mélastomacées  récoltées 
par  M.  Ed.  André,  19  espèces  et  une  va- 
riété étaient  inconnues  avant  la  notice  de 
M.  Cogniaux.  Ces  103  espèces  se  répartissent 
entre  les  genres  les  plus  divers  et  sont 
décrites  très-longuement  par  le  savant  mo- 
nographe. Beaucoup  sont  de  la  plus  grande 
beauté,  et  leur  introduction  intéresserait  au 
plus  haut  point  l’horticulture.  Certains  Tibou- 
china , Meriana , Brachyotum  et  surtout 
Blakea , dont,  malheureusement,  on  ne  peut 
admirer  les  charmes  que  sur  des  échantillons 
desséchés,  compteraient  parmi  nos  plantes  de 
serre  les  plus  recherchées. 

Une  des  espèces  du  dernier  genre  que  nous 
venons  de  nommer,  le  Blakea  Andreana , est 
absolument  délicieuse  par  ses  larges  fleurs  d’un 
blanc  rosé  et  ses  grandes  feuilles  gracieusement 
nervées. 

Indépendamment  de  ses  qualités  comme 
plante  ornementale,  elle,  est  également  d’une 
grande  importance  comme  échantillon  d’her- 
bier. Elle  a,  en  effet,  prouvé  à M.  Cogniaux 
que  le  genre  Amaraboya , créé  d’après 
des  données  insuffisantes,  n’offrait  aucun 
caractère  distinct  des  Blakea , et  qu’une  aqua- 
relle n’est  pas  un  document  sérieux  pour 
fonder  un  genre.  C’est  ainsi  que  les  explora- 

(1)  Extrait  du  Flora  brasiliensis.  Verviers,  1887, 
in-4°,  5 planches. 

(2)  Notice  sur  les  Mélastomacées  austro-améri- 
caines de  M.  Ed.  André , par  M.  A.  Cogniaux, 
professeur  à l'École  normale  de  l’État  à Verviers.  — 
Bruxelles,  chez  F.  Ilayez,  rue  de  Louvain,  108. 


tions  nouvelles  font  souvent  la  lumière  sur  les 
points  obscurs  de  celles  qui  les  ont  précé- 
dées. 

Au  point  de  vue  de  la  famille  des  Mélasto- 
macées, le  voyage  de  M.  André,  en  dehors  des 
plantes  nouvelles  qu’il  a fournies  à la  science, 
a permis  de  compléter  la  diagnose  de  beaucoup 
d’espèces  rares  qui  n’étaient  connues  que  par 
quelques  échantillons  incomplets,  récoltés  dans 
les  explorations  antérieures.  Malgré  les  mis- 
sions, officielles  ou  autres,  qui,  depuis  le  com- 
mencement du  siècle,  se  sont  succédé  dans 
la  Colombie,  l’Équateur  et  le  Pérou,  il  reste 
encore  bien  des  découvertes  à faire  dans  ces 
pays,  dont  la  végétation  est  si  riche. 

Les  noms  des  plantes  nouvelles  récoltées 
par  M.  Ed.  André  sont  : Buquetia  glutinosa , 
var.  rosea,  Ernestia  ovata , Tibouchina  ar- 
throstemmoides , T.  Andreana , Brachyo- 
tum rotundi folium,  B.  Andreanum,  Cen- 
tronia  tomentosa , Monolena  ovata , Miconia 
decipiens , M.  chlorocarpa,  M . Andreana , M. 
majalis , M.  scabra , M.  radula , M.  suborbi- 
cularis , M.  cardiophylla , M.  nodosa , M.  co- 
rymbiformis , Blakea  Andreana , Topobea  An- 
dreana. 

D’après  les  recherches  que  nous  avons 
faites  jusqu’à  la  date  de  1877,  voici  le 
compte  approximatif  des  Mélastomacées  ré- 
coltées par  les  principaux  voyageurs  bota- 
nistes dans  la  Colombie,  l’Ecuador  et  le 
Pérou  : 


MM.  Triana 158  espèces. 

Éd.  André 103  — 

Pavon 62  — 

Mathews 57 

Spruce 50  — 

Humboldt  et  Bonpland  44  — 

Funck  et  Schlim.  . . 38  — 

Linden 37  — 

Jameson 33  — 

Pœppig 27  — 

Goudot 26  — 

Lechler 21  — 

Seemann 20  — 

Hartweg 15  — 


Ces  chiffres  sont  instructifs  et  leur  com- 
paraison indique  assez  bien  la  prédiction 
plus  ou  moins  marquée  que  les  divers  explo- 
rateurs avaient  pour  une  famille  qui  se 
place  parmi  les  plus  brillantes  du  règne 
végétal. 

Les  investigations  comme  celles  que  nous 
venons  de  citer  font  de  mieux  en  mieux 
apprécier  par  la  botanique  et  par  l’horticul- 
ture cette  intéressante  famille  des  Mélasto- 
macées. 


P.  Cornuault. 


PARASOL  POUR  ROSIERS.  — PÊCHE  TONDU. 


261 


PARASOL  POUR  ROSIERS 


La  floraison  des  Rosiers  est  souvent  plus 
ou  moins  compromise  par  les  fortes  cha- 
leurs du  commencement  de  l’été.  L’année 
dernière,  notamment,  le  fait  s’est  produit 
presque  partout  en  France.  L’Exposition 
spéciale  de  Roses,  qui  a eu  lieu  à Troyes, 
s’en  est  ressentie  d’une  manière  très-mar- 
quée ; les  apports  n’ont  été  ni  aussi  impor- 
tants ni  aussi  brillants  que  dans  une  année 
favorable. 

L’exquise  délicatesse 
des  pétales  est  la  cause 
de  ce  grave  inconvé- 
nient, et  l’ardeur  des 
rayons  directs  du  soleil, 
jointe  à la  sécheresse  de 
l’atmosphère,  brûle  les 
fleurs  ouvertes  et  ar- 
rête l’épanouissement  des 
boutons. 

En  Touraine,  l’été  der- 
nier, la  sécheresse  a été 
excessive,  et  nous  avons 
réussi  à maintenir  une 
collection  de  Rosiers  en 
bon  état  de  floraison  au 
moyen  de  l’appareil  fi- 
guré ci-contre  (fig.  59). 

Ce  parasol , d’une 

grande  légèreté,  se  com- 
pose d’une  armature  en 
gros  fil  de  fer  galvanisé, 
recouverte  d’une  toile 
d’emballage  un  peu  forte. 

On  augmente  encore  son 
efficacité  en  le  plongeant, 
au  moment  où  le  soleil  acquiert  son  maximum 
de  force,  dans  un  baquet  ou  un  seau  rem- 
plis d’eau.  La  toile  ainsi  imbibée  se  dessèche 
assez  lentement;  il  en  résulte  un  léger  abais- 
sement de  la  température  autour  de  la  tète 
du  Rosier,  et  aussi  une  humidité  chaude  très- 
favorable  au  bon  épanouissement  des  fleurs. 

Un  procédé  très-simple  permet  d’enlever 
et  de  remettre  le  parasol,  et  d’exhausser 
plus  ou  moins  sa  position  au-dessus  des 


fleurs.  Les  dimensions  restreintes  de  notre 
dessin  ne  nous  ont  pas  permis  de  rendre 
très-compréhensibles  ces  détails  de  fixation 
de  l’appareil  sur  le  tuteur  ; mais  nous 
savons,  par  expérimentation  directe,  que  le 
fonctionnement  ne  laisse  rien  à désirer. 

Une  question  assez  importante  se  présente 
naturellement  ici.  Quel  est  le  prix  de  re- 
vient du  parasol  pour  Rosiers?  En  effet, 
les  Rosiers,  dans  les  jar- 
dins d’une  certaine  im- 
portance, sont  toujours 
en  collections  assez  nom- 
breuses, ce  qui  obligerait 
à acquérir  l’appareil  par 
plusieurs  centaines  à la 
fois. 

Cette  question  est  ré- 
solue d’une  manière  assez 
satisfaisante.  Le  serru- 
rier qui  a fabriqué  les 
parasols  dont  nous  nous 
sommes  servi  cette  an- 
née, M.  Paul  Guilbert,  à 
Rléré  (Indre-et-Loire), 
peut  les  livrer  à 50  cen- 
times la  pièce,  ou  à 40  fr. 
le  cent  environ. 

Il  va  sans  dire  que  ces 
petits  appareils  ne  doi- 
vent être  employés  que 
dans  le  cas  où  la  séche- 
resse et  la  chaleur  sont 
excessives  ; il  n’y  a pas 
lieu  d’y  recourir  si  la 
saison  est  normale  et  si 
l’épanouissement  des  roses  se  fait  sans  dif- 
ficulté. Il  est  bien  évident  que  l’aspect  de 
tous  ces  parasols  dans  un  massif  de  Rosiers 
n’a  rien  d’agréable  à l’œil,  et  qu’il  ne  faut 
s’en  servir  qu’en  cas  de  nécessité.  D’ail- 
leurs, toutes  les  variétés  de  Roses  ne  sont 
pas  également  délicates,  et  il  suffira  d’abri- 
ter celles  que  l’on  serait  certain  de  voir 
perdues  par  l’aridité  de  l’atmosphère. 

Ed.  André. 


Fig.  59.  — Parasol  pour  Rosiers. 


PÊCHE  TONDU 


La  variété  à laquelle  on  a donné  ce  qua- 
lificatif Tondu  a été  remarquée  dans  le 
jardin  d’un  propriétaire  de  ce  nom,  habi- 
tant Montreuil  vers  1878.  C’est  donc  ce 


qu’on  est  dans  l’habitude  d’appeler  un 
ce  fruit  de  hasard  »,  ce  qui  n’en  enlève 
aucunement  les  qualités.  Par  son  aspect 
général  et  surtout  par  ses  fruits,  cette  va- 


262  PLANTES  NOUVELLES,  DÉCRITES  OU  FIGURÉES  DANS  LES  PUBLICATIONS  ÉTRANGÈRES. 


riété  a assez  de  rapport  avec  la  Pêche 
Reine  des  Vergers.  En  voici  une  descrip- 
tion : 

Arbre  vigoureux  et  productif,  ramifiant  faci- 
lement. Scions  moyens  ou  même  petits,  à écorce 
roux  verdâtre.  Feuilles  sensiblement  dentées, 
relativement  courtes,  brusquement  acuminées 
au  sommet,  qui  est  souvent  un  peu  arqué. 
Glandes  réniformes,  petites,  assez  rares.  Fruit 
gros,  un  peu  oblong  ou  obovale,  souvent  plus 
haut  que  large,  généralement  un  peu  inéqui- 
latéral (à  joues  inégales),  de  là,  sensiblement 
sillonné  d’un  côté,  non  mucroné.  Cavité  pé- 
donculaire  petite,  peu  profonde.  Peau  très- 
sensiblement  duveteuse,  épaisse,  rouge  foncé 
presque  sur  toutes  les  parties,  excepté  quand 
les  fruits  sont  tout  à fait  cachés  par  les  feuilles. 


Chair  blanche,  rouge  autour  du  noyau,  dont 
elle  se  détache  bien  en  laissant  cependant 
parfois  quelques  faisceaux  fibreux  ; eau  abon- 
dante, sucrée,  parfumée.  Noyau  oblong,  roux, 
fortement  sillonné-rustiqué. 

Cette  variété,  qui  est  productive,  à beaux 
et  bons  fruits,  a toutefois  le  défaut  de 
mûrir  fin  de  septembre  et  commencement 
d’octobre,  par  conséquent  à une  époque  où 
les  Pêches  sont  encore  communes.  D’une 
autre  part,  et  ainsi  que  nous  l’avons  dit, 
ses  caractères  généraux  la  rapprochent  de 
la  Reine  des  Vergers,  belle  et  bonne  va- 
riété d’avant-dernière  saison. 

E.-A.  Carrière. 


REVUE  DES  PLANTES  NOUVELLES 

DÉCRITES  OU  FIGURÉES  DANS  LES  PUBLICATIONS  ÉTRANGÈRES 


Æchmea  myriophylla , Morren.  --  Bromé- 
liacées. Amérique  tropicale.  (Bot.  Mag .,  tab. 
6939.)  — Espèce  acaule,  à feuilles  longues, 
étroites,  canaliculées,  dentées  en  scie  sur  leurs 
bords,  retombantes  et  formant  une  touffe 
arrondie,  au  centre  de  laquelle  se  développe 
une  inflorescence  en  cime  érigée  ; le  calice  est 
rose,  la  corolle  moitié  rose,  moitié  violet 
foncé. 

Carex  scaposa , C.-B.  Clarke.  — Cypéracées. 
Chine  méridionale.  (Bot.  Mag.,  tab.  6940.)  — 
Espèce  très-intéressante,  découverte  dans  les 
montagnes  Lo-fau-shan,  sur  la  côte  chinoise, 
en  face  l’île  de  Hong-Kong,  à une  altitude 
de  1,000  mètres  environ.  Cette  plante  a les 
feuilles  radicales,  longues  de  30  centimètres, 
larges  de  3 à 5 centimètres,  elliptiques-lancéo- 
lées,  et  produit  de  grands  épis  peu  compacts. 

Pultenœa  rosea,  F.  Muell.  Légumineuses. 
(Bot.  Mag.,  tab.  6941.)  Australie.  — Petit  ar- 
buste ayant  le  port  d’une  Bruyère,  à feuilles 
linéaires,  étroites  étalées.  Fleurs  papilionacées, 
roses,  assez  jolies,  en  capitules  terminaux 
sessiles. 

Iris  Vartani,  Forster.  Iridées.  (Bot.  Mag., 
tab.  6942.)  — Iris  bulbeux  nouveau,  dernière- 
ment introduit  du  nord  de  la  Palestine.  Cette 
plante  se  distingue  de  ses  congénères  par  un 
stigmate  à longs  et  larges  appendices,  et  son 
périanthe  à divisions  extérieures  munies  de  la 
base  jusqu’au  milieu  d’une  crête  jaune  et  cré- 
pue. Les  fleurs  grandes,  d’un  violet  lilas  déli- 
cieux, seront  fort  appréciées. 

Lonchocarpus  Barteri , Benth.  Légumi- 
neuses. (Bot.  Mag.,  tab.  6943.)  — Bel  arbuste 
grimpant  découvert  dans  l’Afrique  tropicale, 
par  M.  Barter,  et  introduit  probablement  par 
Gustave  Nam.  Il  a fleuri  dernièrement  à Kew. 
En  voici  une  courte  description  : Feuilles  pétio- 
lées  à 5-7  folioles  elliptiques  oblongues-acumi- 


nées.  Inflorescence  en  grappes  allongées  for- 
mant presque  une  panicule.  Fleurs  fasciculées 
brièvement  pétiolées  roses,  calyce  globuleux  à 
cinq  crénelures,  corolle  papilionacée  à éten- 
dart  orbiculaire,  fruit  linéaire  oblong-aigu, 
atténué  à la  base. 

Alpinia  Zingiberina , Scitaminées.  (Bot. 
Mag.,  tab.  6944.)  — Cette  plante  fut  exposée 
en  1884  en  Angleterre,  parmi  les  produits  de 
Siam,  sous  le  nom  de  Gingembre.  Mais  quel- 
ques rhizomes  ayant  été  mis  en  terre,  ils 
produisirent  des  tiges  de  lm  50  avec  des 
fleurs  que  l’on  reconnut  appartenir  au 
genre  Alpinia.  Les  rhizomes  sont  très-aroma- 
tiques et  vendus  comme  le  Gingembre.  Les 
fleurs  en  longues  grappes,  à calice  bilabié  et  à 
corolle  trilobée,  ne  manquent  pas  d’éclat. 

Tillandsia  Jonghei,  K.  Koch.  (Encholirion 
Jonghei , Libon;  Vriesea  Jonghei,  Ed.  Morren, 
in  Belg.  hort.).  (Bot.  Mag.,  tab.  6945.)  — Cette 
remarquable  Broméliacée  fut  envoyée  du  Bré- 
sil en  1865.  Feuilles  en  rosette  dense,  flexibles, 
longues  de  30  à 50  centimètres,  deltoïdes-cus- 
pidées  au  sommet  ; pédoncule  robuste  de 
30  centimètres  de  long,  garni  de  nombreuses 
bractées.  Fleurs  10-20,  grandes,  horizontales, 
en  épi  distique  ; bractées  plus  courtes  que  le 
calice  ; calice  à sépales  oblongs-obtus  gluti- 
neux  ; corolle  presque  deux  fois  plus  longue 
que  le  calice,  à pétales  blancs  lavés  de  brun. 

Corydalis  Ledebouriana , Kav.  et  Kiril. 
Fumariacées.  (Bot.  Mag.,  tab.  6946.)  — Gra- 
cieuse petite  plante  connue  seulement  dans 
quelques  jardins  botaniques  d’Europe.  Elle  fut 
découverte  dans  le  Turkestan.  Sa  racine  est 
formée  d’un  gros  tubercule  ; ses  fleurs  en  épi 
lâche  sont  petites , mais  très-agréablement 
nuancées. 

Strobilantes  flaccidifolius,  Nees.  Acantha- 
cées.  (Bot.  Mag.,  tab.  6947.)  — Très-répandu 


PLANTES  NOUVELLES,  DÉCRITES  OU  FIGURÉES  DANS  LES  PUBLICATIONS  ÉTRANGÈRES.  263 


dans  la  Chine  et  dans  l’Inde,  où  il  est  cultivé 
pour  ses  produits  connus  dans  le  commerce 
sous  le  nom  d’indigo  de  Room  ou  d’Assam. 
C’est  un  arbuste  de  lm20  à 1 1,1 50  de  hauteur. 
Les  feuilles,  opposées,  elliptiques-ovales  ou  lan- 
céolées, acuminées,  dentées  en  scie,  atténuées 
longuement  en  pétiole  à la  base,  se  trans- 
forment sous  l’épi  en  bractées  sessiles,  obtuses, 
caduques.  Les  fleurs,  grandes,  en  épi  court,  à 
calyce  petit,  pubérulent,  et  à longue  corolle  in- 
fundibuliforme,  lilas-pourpre,  font  de  cet  ar- 
buste utile  une  plante  ornementale  intéres- 
sante. Il  a fleuri  dernièrement  à Kew. 

Rhododendron  grande,  Wight.,  var.  roseum. 
Éricacées.  (Bot.  Mag.,  tab.  6948.)  Himalaya 
Oriental.  — Cette  belle  plante  est  plus  connue 
dans  les  cultures  sous  le  nom  de  Rhododendron 
argenteum  (1).  Il  résulte  des  déclarations  de 
M.  J.-D.  Hooker,  qui  lui  a donné  le  dernier 
nom,  qu’on  doit  l’appeler  grande , nom  sous 
lequel  elle  fut  publiée  par  le  docteur  Wight  un 
an  avant  de  l’être  sous  celui  d 'argenteum.  Un 
spécimen  de  cette  espèce  vient  de  présenter  un 
fait  curieux  de  végétation.  On  sait  que  les 
fleurs  du  Rhododendron  en  question  sont  cou- 
leur crème  avec  une  légère  teinte  verte,  et  que 
les  boutons  sont  rose  pâle.  Un  sujet  (un  de 
ceux  qui  furent  les  premiers  introduits  en 
Angleterre),  ayant  déjà  fleuri  de  nombreuses 
fois,  n’avait  jamais  présenté  de  différence  sen- 
sible entre  son  coloris  et  celui  qui  est  connu 
dans  l’espèce,  si  ce  n’est  peut-être  un  rose  un 
peu  plus  foncé  dans  les  boutons.  L’année  der- 
nière, la  plante  montra  soudain  des  boutons 
d’un  rouge  foncé  et  des  corolles  d’un  beau 
rose,  veinées  de  noir  sur  les  lobes,  et  tachées 
de  brun  sur  le  tube. 

Escallonia  revoluta,  Persoon.  Saxifragacées. 
(Bot.  Mag.,  tab.  6949.)  Chili.  — Arbuste  très- 
rameux,  à feuilles  brièvement  pétiolées  obo- 
vales-aiguës  ou  cuspidées,  dentées  au-dessus 
du  milieu.  Fleurs  en  grappes  lâches,  briève- 
ment pédicellées  ; tube  du  calyce  presque  glo- 
buleux ; corolle  blanche  à tube  long,  cylin- 
drique, et  à limbe  très-court. 

Narcissus  cyclamineus,  Haworth.  Amaryl- 
lidées.  (Bot.  Mag.,  tab.  6950.)  Portugal.  — 
Cette  plante  fut  très-anciennement  connue  et 
figurée  en  1623  par  Pierre  Vallet,  puis  en 
1637.  Depuis  on  la  perdit  de  vue,  et  on  en 
nia  même  l’existence.  On  retrouva  en  1885, 
près  d’Oporto,  ce  Narcisse  curieux  que  les  di- 
visions extérieures  de  son  périanthe,  réfléchies 
à la  façon  d’un  Cyclamen,  distinguent  de  tous 
ses  congénères. 

Alseuosmia  macrophylla,  A.  Cunn.  Capri- 
foliacées.  (Bot.  Mag.,  tab.  6951.)  Nouvelle- 
Zélande.  — Cette  plante  répand  un  parfum  dé- 
licieux. Les  bois  dans  lesquels  elle  croît 
exhalent,  paraît-il,  une  suave  odeur  qui  se  fait 
sentir  à une  distance  considérable.  Après  plu- 
sieurs essais  infructueux,  elle  a été  introduite 

(1)  Voir  Revue  horticole,  1888,  p.  197. 


en  Angleterre  en  1884,  et  a fleuri  pour  la  pre- 
mière fois  l’année  dernière.  C’est  un  arbuste 
robuste,  à rameaux  dressés,  à feuilles  ellip- 
tiques-lancéolées,  brièvement  pétiolées,  den- 
tées en  scie.  Les  fleurs,  assez  grandes,  en  petits 
paquets  axillaires,  sont  d’un  rouge  obscur  ou 
d’un  blanc  crème  rayé  de  rouge  obscur.  La  co- 
rolle, d’environ  3 centimètres  de  long,  à tube 
cylindrique  et  à lobes  dentés  en  scie  fimbriés, 
dépasse  six  ou  sept  fois  le  calice  oblong  à lobes 
ovales-aigus. 

Ipomœa  Robertsii,  Hooker.  Convolvulacées. 
(Bot.  Mag.,  tab.  6952.)  Queensland.  — Espèce 
voisine  de  VI.  velutina.  Tige  volubile,  velue, 
tomenteuse  ; feuilles  longuement  pétiolées, 
ovales  en  cœur,  acuminées  entières,  couvertes 
en  dessus  et  en  dessous  d’une  pubescence 
étoilée  ou  écailleuse.  Fleurs  superbes,  solitaires, 
longuement  pédonculées  ; calice  à lobes 
oblongs  arrondis  ; corolle  grande  infundibuli- 
forme,  blanche  avec  cinq  rayons  roses.  Cette 
nouvelle  et  magnifique  espèce  vient  de  fleurir 
à Kew. 

Hillebrandia  sandwicensis,  Oliv.  Bégonia- 
cées.  (Bat.  Mag.,  tab.  6953.)  Iles  Sandwich.  — 
Le  genre  Hillebrandia  fut  fondé  en  1865,  sur 
les  caractères  de  la  plante  dont  le  Botanical 
Magazine  vient  de  publier  une  planche.  L’ Hil- 
lebrandia sandwicensis  est  la  seule  espèce 
connue.  C’est  une  plante  herbacée  succulente, 
à feuilles  très-grandes,  profondément  cordi- 
formes,  à lobes  nombreux  et  courts,  triangu- 
laires, aeuminés,  dentés  en  scie.  Les  fleurs  des 
cimes  rameuses  sont  composées  de  cinq  sé- 
pales et  de  cinq  petits  pétales  cucullés.  Ces 
fleurs  sont  d’un  blanc  rosé  ; et  la  plante,  consi- 
dérée dans  son  ensemble,  peut  lutter  avec  les 
meilleures  espèces  de  Bégonias  dont  elle  a le 
port.  Elle  a fleuri  dernièrement  à Kew. 

Barleria  repens,  Nees.  Acanthacées.  (Bot. 
Mag.,  tab.  6954.)  — Est  de  l’Afrique  tropicale. 
— C’est  un  arbuste  commun  dans  la  région  ci- 
dessus  indiquée.  Ses  tiges,  étalées  sur  le  sol, 
atteignent  au  plus  60  centimètres  de  longueur. 
A travers  ses  feuilles  petites,  opposées  ovales 
ou  obovales,  brillent  çà  et  là  quelques  fleurs 
solitaires  axillaires  d’un  rose  pâle  ou  plus 
souvent  d’un  rouge  obscur. 

Cœlogyne  corymbosa,  Lindl.  Orchidées. 
(Bot.  Mag.,  tab.  6955.)  Himalaya  et  montagnes 
de  Khasia.  — D’après  M.  Hooker,  la  planche 
du  Botanical  Magazine  représente  le  véri- 
table Cœlogyne  corymbosa,  plante  litigieuse, 
dont  plusieurs  espèces  voisines  décrites  par  les 
auteurs  : C.  ocellata,  maxima,  C.  brevifolia, 
C.  ochracea , ne  seraient  que  des  formes  ou 
des  variétés. 

Primula  obtusifolia,  Royle.  Primulac.ées. 
(Bot  Mag.,  tab.  6956.)  Himalaya.  — Plante 
acaule,  remarquable  surtout  par  ses  corolles 
d’un  rouge  pourpre  foncé.  Elle  vient  de  fleurir 
en  Angleterre. 

Iris  Kingiana,  Forster.  Iridées.  (Bot.  Mag., 
tab.  6957.)  Himalaya  central.  — Iris  inter- 


264 


CORRESPONDANCE. 


médiaire  entre  YI.  pumila  et  VI.  tectorum. 
Feuilles  en  rosette,  10-15  centimètres.  Pédon- 
cule très-court  ; tube  du  périanthe  allongé, 
cylindrique,  vert  ; limbe  des  divisions  exté- 
rieures d’un  lilas  foncé,  maculé  de  lilas  plus 


clair,  onglet  à crête  formée  de  filaments  blancs 
à la  base,  jaunes  au  sommet  ; divisions  inté- 
rieures du  périanthe  oblongues,  unguiculées 
d’un  lilas  pâle. 

Ed.  André. 


CORRESPONDANCE 


N°  4720  (Seine).  — Nous  vous  donnons  ci- 
dessous  la  liste  de  vingt-quatre  variétés  de 
Rhododendrons  à floraison  hâtive  et  simulta- 
née. Vous  avez  bien  raison  de  vous  préoccuper 
d’obtenir  une  floraison  d’ensemble.  La  plupart 
du  temps  les  massifs  de  cette  belle  plante  sont 
composés  sans  aucune  précaution  sous  ce  rap- 
port. Qu’arrive-t-il  alors?  La  floraison  a lieu 
d’une  façon  irrégulière  : deux  ou  trois  variétés 
par  ci,  d’autres  par  là,  puis,  lorsque  celles-ci 
sont  peu  défleuries,  d’autres  s’épanouissent,  etc. 
L’effet  ainsi  obtenu  est  presque  nul  et  tout  à 
fait  incomparable  à celui  qui  résulte  du  grou- 
pement de  variétés  fleurissant  en  même  temps. 

Rhododendrons  fleurissant  du  1er  au  15  mai. 

Comte  de  Gomer,  blanc  carné,  bordé  rose  car- 
miné. 

William  Anotin , amarante  brillant,  maculé  de 
brun. 

Scipio,  rose  carminé. 

Onslowianum , blanc  lilacé. 

Madame  Rosenthal,  rose  clair,  maculé  d’orangé. 

Roseurn  novum,  rose  vif. 

Old  Port,  lilas  pourpré. 

Sapho , rose  carminé. 

Madame  Cachet,  centre  blanc,  bordé  violet 
foncé. 

Vesuvius,  cerise  feu. 

The  Gem,  carné,  bordé  rose  vif. 

Tom  Pouce,  lilas  azuré. 

Limbatum , rose  purpurin. 

Delicatum , blanc  pur. 

Blandyanum , rouge  pourpré. 

Mrs.  Heneage,  rose  purpurin,  centre  blanchâtre. 

Bylsianum , fond  blanc  carné,  bordé  cerise. 

Verschaffeltii,  blanc  rosé. 

Atro-rubrum,  rouge  clair. 

Everestianum,  rose  lilacé. 

Titian , rose  brillant. 

Bouquet  de  Flore,  rose  pourpre. 

Madame  Wagner,  centre  blanchâtre,  bordé  lilas 
carminé. 

Michel  Waterer,  rouge  laque,  maculé  de  noir. 

N°  2854  (Eure-et-Loir).  — Les  chaleurs 
sont  venues,  et  chaque  été  vous  pâtissez  du 
manque  d’eau  fraîche,  vous  ne  possédez  pas 
de  glacière  et  vous  désirez  connaître  le  moyen 
de  vous  en  procurer. 

Vous  obtiendrez  très  facilement  de  l’eau  très- 
fraîche  par  l’emploi  de  l’azotate  d’ammoniaque. 
Ce  sel  se  vend  chez  tous  les  marchands  de  pro- 
duits chimiques.  Dans  un  seau  en  tôle  plus 


haut  que  large,  capable  de  contenir  une  carafe, 
on  met  un  tiers  d’eau  ordinaire,  puis  on  y 
place  la  carafe  remplie  de  l’eau  à refroidir.  On 
verse  ensuite  dans  l’eau  du  seau  la  valeur  de 
trois  verres  à boire  de  sel  d’azotate  d’ammo- 
niaque. Ce  sel  se  dissout  et,  en  se  dissolvant, 
il  détermine  un  abaissement  de  température 
d’autant  plus  énergique  que  l’on  en  a jeté  une 
plus  grande  quantité  dans  l’eau.  L’eau  du  seau 
devient  extrêmement  fraîche  en  trois  minutes, 
et  le  froid  se  communique  à la  carafe. 

Le  sel  employé  n’est  pas  perdu,  on  verse  le 
liquide  dans  des  cuvettes  plates  qu’on  expose 
au  soleil,  l’eau  s’évapore  et  le  sel  se  régénère. 
On  peut  ainsi  s’en  servir  indéfiniment. 

No  i4i2.  (Saône-et-Loire).  — La  culture  de 
l’Iris  de  Florence  ne  se  fait  industriellement 
que  sur  le  littoral  de  la  Méditerranée  et  aussi 
dans  l’Ain  où  on  en  récolte  chaque  année  15  à 
16,000  kilos.  Mais  ce  n’est  pas  seulement  l’Iris 
de  Florence  qu’on  vend  aux  pharmaciens  et 
aux  parfumeurs  ; on  vend  aussi  en  Toscane 
l’Iris  germanique  et  l’Iris  pâle,  les  trois  varié- 
tés s’y  vendent  indifféremment  sous  le  nom  de 
Glaïeuls.  Dans  nos  pays,  on  se  trouverait  sans 
doute  bien  de  l’espèce  commune  ou  Iris  ger- 
manique. 

Pour  ce  qui  est  des  procédés  de  culture,  ils 
sont  très-élémentaires  : à l’automne,  dans  un 
terrain  bien  ameubli,  planter  en  fosses  et  à 
30  centimètres  de  distance  des  portions  des 
rhizomes  qui  resteront  en  terre  pendant  trois 
ans  ; comme  soins  d’entretien,  sarcler  en  mars 
et  en  octobre. 

La  troisième  année,  depuis  juillet  jusqu’en 
octobre,  arracher  les  Iris  à la  houe  en  ayant 
soin  de  ne  pas  briser  les  rhizomes  ; une  femme 
suit,  ramasse  ces  rhizomes,  les  débarrasse  des 
feuilles,  les  nettoie  avec  une  brosse  de  bruyère 
et  les  jette  dans  un  baquet  d’eau.  Puis  on  les 
retire,  on  les  laisse  se  ressuyer  au  soleil  et  à 
l’air,  et  on  les  livre  au  commerce  qui  se  charge 
de  la  dessiccation. 

Si  on  veut  les  faire  sécher,  on  les  expose  au 
soleil  dans  des  corbeilles  plates  pendant  plu- 
sieurs jours,  après  quoi  on  le  porte  à l’étuve. 

Dans  l’Ain,  le  rendement  d’un  hectare  planté 
en  Iris,  est  évalué  de  30  à 35  quintaux,  et  le 
prix  de  revient  des  rhizomes  secs  à 40  fr.  les 
100  kilos. 


L’Administrateur- Gérant  : L.  Bourguignon. 


Imp.  Georges  Jacob,  — Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


265 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Nomination  dans  l’Ordre  du  Mérite  agricole.  — Les  Pêches  à Montreuil,  en  1888.  — Effets  de  l’hiver 
1887-1888,  à Marseille.  — Concours  agronomiques.  — L’érinose  de  la  Vigne.  — Le  phylloxéra.  — Le 
cépage  américain  Elvira.  — L 'Oïdium  et  les  Vignes  en  chaintres  à Smyrne.  — Une  maladie  des 
Pêchers.  — Les  Pêchers  sous  châssis.  — Sensibilité  des  plantes.  — Asperges  mâles  et  femelles.  — 
Les  Chrysanthèmes  à Toulouse.  — Expositions  annoncées.  — Memento  des  Expositions.  — Errata.  — 
Nécrologie  : MM.  Martineau,  l’abbé  Lefèvre. 


Nomination  dans  l’ordre  du  mérite 
agricole.  — Par  décret,  en  date  du  25  mai, 
rendu  sur  la  proposition  du  Ministre  de 
l’agriculture,  a été  promu  au  grade  d’offi- 
cier du  Mérite  agricole  : 

M.  Lambin,  professeur  d’horticulture  à 
Soissons  (Aisne).  Conférencier  distingué.  Che- 
valier du  23  novembre  1883. 

Nos  lecteurs  connaissent  de  longue  date 
notre  collaborateur,  M.  Lambin  ; ils  se  ré- 
jouiront avec  nous  de  cette  nouvelle  distinc- 
tion que  le  Ministre  vient  de  lui  décerner 
en  récompense  de  ses  importants  services. 

Les  Pêches  à Montreuil,  en  1888.  — 

Est-ce  à l’hiver,  sinon  très-rigoureux,  mais 
très-irrégulier,  et  qui  a provoqué  des  alterna- 
tives de  gel,  de  dégel,  de  sécheresse,  d’hu- 
midité, etc.,  ou  bien  à la  fatigue  que  la 
grêle  si  forte  de  l’année  dernière  avait  fait 
éprouver  aux  arbres,  que  l’on  doit  attribuer 
la  pénurie  dans  laquelle  les  cultivateurs  vont 
se  trouver,  relativement  à la  prochaine  ré- 
colte des  Pêches  en  cette  année  1888,  ou 
bien  encore  est-ce  à l’influence  de  toutes  ces 
choses  que  ce  fait  est  dû?  On  ne  peut  le 
dire.  Il  est  cependant  utile,  après  avoir 
constaté  les  faits,  d’examiner  les  conditions 
dans  lesquelles  ils . se  sont  produits,  et, 
alors,  de  voir  s’il  n’y  a pas  là  des  coïnci- 
dences qui  pourraient  guider  pour  l’avenir 
au  point  de  vue  de  certaines  précautions 
culturales. 

Notons  d’abord  ce  fait,  que  ce  sont  sur- 
tout les  espaliers  au  levant  et  au  couchant 
qui  paraissent  être  les  plus  éprouvés  et  où 
les  fruits  manquent,  que  ceux  exposés  au 
midi  ont  moins  souffert,  et  que  c’est  là 
surtout  que  l’on  fera  encore  un  peu  de  ré- 
coltes. Une  autre  remarque  dont  il  serait 
bon  de  tenir  compte,  c’est  que,  en  géné- 
ral, ce  sont  les  vieilles  variétés,  surtout  si 
elles  sont  tardives , qui  ont  le  plus  souffert. 
Ainsi,  les  variétés  plus  nouvelles,  et  surtout 
à maturité  hâtive , par  exemple,  presque 
tous  les  Pêchers  Early,  ont  conservé  des 

16  Juin  1888. 


fruits,  plus  ou  moins,  toutefois,  suivant 
l’état  et  la  position  des  arbres. 

Mais,  quoi  qu’il  arrive,  on  peut  considé- 
rer la  récolte  des  Pêches  comme  devant  être 
au-dessous  de  la  moyenne.  Quant  aux 
autres  fruits,  on  ne  peut  encore  rien  affir- 
mer, excepté  pourtant  en  ce  qui  concerne 
les  Abricots,  qui  feront  complètement  dé- 
faut. Au  contraire,  les  Vignes  se  préparent 
très-bien,  et  partout  où  le  bois  était  bon, 
les  grappes  se  montrent  en  grande  quantité. 
Il  parait  en  être  de  même  des  Cerises  et 
des  Prunes,  surtout  chez  les  variétés  ou 
races  locales  qui,  généralement,  sont  culti- 
vées en  franc  de  pied. 

Effets  de  l’hiver  1887-1888  à Mar- 
seille. — Nous  avons  à plusieurs  reprises 
mentionné  les  effets  désastreux  de  l’hiver 
dernier  dans  la  région  du  littoral  méditer- 
ranéen. Chaque  jour  nous  recevons  de 
nouveaux  détails  sur  les  dégâts  causés  par 
les  froids  rigoureux  qui  se  sont  abattus  sur 
cette  contrée.  A Marseille,  presque  tous  les 
Dracæna  de  pleine  terre  ont  été  détruits  ; 
les  Phoenix  ont  été  plus  ou  moins  atteints 
dans  leurs  feuilles  qui  tombent  ou  sont 
grillées  ; les  Agave  americana  ont  eu,  en 
grand  nombre,  le  cœur  gelé.  Les  Chamæ- 
rops  excelsa  et  humilis,  les  arbustes  à 
feuilles  persistantes,  au  sujet  desquels  on 
avait  conçu  quelques  craintes,  ne  se  sontpas 
montrés  incommodés  de  la  rigueur  de  la 
saison.  En  résumé,  les  effets  de  l’hiver  der- 
nier dans  la  région  marseillaise  ont  causé 
des  dommages  sensibles  dans  les  jardins, 
mais  moins  désastreux  que  ceux  que  l’on 
pouvait  craindre. 

Concours  agronomiques.  — La  Société 
des  agriculteurs  de  France  a mis  au  Con- 
cours les  sujets  suivants  : 

Destruction  du  mildiou.  — Un  prix  agro- 
nomique, consistant  en  un  objet  d’art,  sera 
décerné,  durant  la  prochaine  session  de  la  So- 

12 


266 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


ciété,  en  1889,  à l’auteur  du  meilleur  procédé 
curatif  contre  le  Peronospora  viticola. 

Les  mémoires  devront  être  remis,  avant  le 
1er  janvier  1889,  au  siège  de  la  Société. 

Traitement  contre  V anthracnose.  — Un  prix 
agronomique,  consistant  en  un  objet  d’art,  sera 
décerné  pendant  la  prochaine  session,  en  1889, 
à l’auteur  du  mémoire  indiquant  le  meilleur 
procédé  curatif  contre  l’anthracnose. 

Les  mémoires  doivent  être  adressés  à la  So- 
ciété avant  le  1er  janvier  1889. 

Fermentation  du  cidre.  — Un  prix  sera  dé- 
cerné, durant  la  session  de  1890,  pour  le  meil- 
leur mémoire  sur  la  fermentation  du  cidre. 

La  récompense  pourra  être  élevée  jusqu’au 
prix  agronomique,  consistant  en  un  objet  d’art. 

Les  manuscrits  devront  être*  adressés  au 
siège  de  la  Société  avant  le  1er  août  1889. 

Plantations  d'arbres  fruitiers.  — Un  prix 
sera  donné,  durant  la  session  de  1891,  pour  la 
plus  importante  et  la  meilleure  plantation 
d’arbres  fruitiers,  faite  dans  les  terrains  in- 
cultes ou  impropres  à l’agriculture. 

La  récompense  pourra  être  élevée  jusqu’au 
prix  agronomique,  consistant  en  un  objet  d’art. 

Les  demandes  de  Concours  devront  être 
adressées  au  président  de  la  Société,  accom- 
pagnées d’une  note  explicative,  avant  le 
1er  août  1888. 

Création  de  fermes  fruitières.  — Un  prix 
agronomique,  consistant  en  un  objet  d’art,  sera 
décerné,  durant  la  session  des  agriculteurs  de 
France,  en  l’année  1892,  pour  la  création  de 
fermes  fruitières  en  fruits  de  table. 

Pour  la  désignation  du  lauréat,  on  prendra  en 
considération  : 

1°  L’importance  de  la  plantation  : 

2°  Les  soins  pour  assurer  la  réussite  ; 

3°  Le  choix  des  espèces  et  variétés  qui  de- 
vront être  appropriées  au  sol  et  au  climat  et 
déterminées  au  point  de  vue  de  l’emploi  assuré 
des  fruits,  soit  pour  le  marché,  soit  pour  l’usage 
industriel; 

4°  Les  plantations  intercalaires,  telles  que 
celles  de  Groseilliers,  Framboisiers,  légumes  et 
autres  végétaux  alimentaires  pouvant  donner 
un  produit  avant  les  arbres. 

Les  mémoires  devront  être  remis  au  siège  de 
la  Société,  au  plus  tard  le  1er  août  1891,  terme 
de  rigueur. 

L’érinose  de  la  Vigne.  — Nous  avons, 
l’année  dernière,  signalé  l’envahissement 
de  nos  vignes  du  centre  par  l’érinose  ou 
erineum . Cette  année,  nous  avons  reçu  de 
divers  côtés,  surtout  des  environs  de  Paris, 
des  feuilles  atteintes  de  cette  maladie  in- 
quiétante pour  les  propriétaires,  qui  croient 
souvent  avoir  affaire  au  mildiou.  La  dis- 
tinction des  deux  affections  est  bien  facile. 
Dans  les  Vignes  attaquées  par  l’érinose 
comme  dans  celles  attaquées  par  le  mildiou, 
la  maladie  se  manifeste  par  des  dépôts  blan- 


châtres qui  se  groupent  à la  partie  inférieure 
de  la  feuille;  mais,  dans  la  première  affec- 
tion, les  feuilles  sont,  aux  points  atteints, 
boursouflées  à la  face  supérieure,  tandis 
que  dans  la  seconde,  la  même  face  reste 
absolument  plane.  De  plus,  les  dépôts  pro- 
duits par  l’érinose  sont  complètement  adhé- 
rents, tandis  que  ceux  provoqués  par  le 
mildiou  s’enlèvent  facilement  avec  le  doigt. 
Nous  renvoyons,  pour  tout  ce  qui  a rapport 
à ces  deux  maladies,  nos  lecteurs  à la  Revue 
horticole  de  1887  (1),  où  deux  planches  colo- 
riées leur  feront  reconnaître  au  premier 
coup  d’œil  s’ils  ont  affaire  à l’érinose,  affec- 
tion, en  général,  peu  grave,  ou  au  mildiou, 
fléau  qu’il  faut  combattre  sans*  retard. 

Le  phylloxéra.  — Des  divers  comptes- 
rendus  des  travaux  du  service  du  phylloxéra 
en  1887,  publiés  par  le  Ministère  de  l’agri- 
culture, il  résulte  que  la  situation  de  nos 
vignobles  s’est  améliorée  dans  un  grand 
nombre  de  départements.  Dans  le  compte- 
rendu du  récent  congrès  d’horticulture, 
nous  résumerons  en  quelques  lignes  les 
bonnes  nouvelles  qui  nous  ont  été  apportées 
du  Midi.  Malheureusement  les  vignobles  de 
la  vallée  delà  Loire  viennent  d’être  envahis 
par  le  terrible  insecte,  qui'y  fait  des  progrès 
rapides.  La  Touraine,  l’Anjou,  le  pays 
nantais,  sont  fortement  éprouvés,  et  les  vi- 
gnerons ne  font  rien  ou  presque  rien  pour 
combattre  le  fléau.  L’exemple  du  Midi,  qui 
a lutté  si  courageusement  et  qui  commence 
à entrevoir  des  jours  moins  sombres,  devrait 
cependant  engager  nos  vignerons  de  l’Ouest 
à faire  quelques  efforts. 

Le  cépage  américain  Elvira.  — Le 

Journal  d\ Agriculture  pratique  recom- 
mande chaudement  aux  viticulteurs  le  cé- 
page américain  Y Elvira,  dont  la  culture  est 
encore  peu  répandue,  malgré  l’introduction 
de  vieille  date  de  cette  Vigne. 

Si  le  vin  qu’elle  produit  n’est  pas  de 
qualité  supérieure,  on  attribue  ce  fait  à ce 
que  le  cep  n’a  pas  encore  été  suffisamment 
modifié  par  les  influences  de  notre  sol  et  de 
notre  climat.  En  revanche,  Y Elvira  donne 
des  eaux-de-vie  de  premier  ordre. 

Ce  cep  a encore  en  sa  faveur  sa  rusticité 
et  l’abondance  de  sa  production. 

L’Oïdium  et  les  Vignes  en  chaintres  à 
Smyrne.  — Les  Vignes  grecques  ne  sont  pas 
plus  favorisées  du  côté  de  l’Ôïdium  que  les 

(1)  Érinose  de  la  Vigne,  p.180;  Mildiou,  p.  227. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


267 


Vignes  françaises.  Cependant,  de  diverses 
communications  faites  au  Journal  d’ Agri- 
culture pratique , par  M.  Gennadius,  direc- 
teur de  l’agriculture  à Athènes,  il  résulte  que 
la  Vigne  cultivée  en  chaintres  est  à peu  près 
indemne  à Smyrne.  La  plupart  des  Vignes 
cultivées  suivant  cette  dernière  méthode  ont 
très  peu  souffert,  tandis  que  les  autres  sont 
plus  ou  moins  fortement  atteintes,  malgré 
les  soufrages  dont  elles  sont  l’objet. 

Une  maladie  des  Pêchers.  — Les  viti- 
culteurs de  la  vallée  de  la  Garonne,  cruelle- 
ment éprouvés  l’année  dernière  par  les 
attaques  du  Black-Rot,  voient  cette  année 
leurs  Pêchers  en  partie  détruits.  La  mala- 
die est  causée  par  le  Coryncum  Beije- 
rinckii.  Ce  n’est  pas  la  première  fois  que  l’on 
observe  cette  affection;  les  plantations  de 
Pêchers  de  Montreuil  en  ont  beaucoup  souf- 
fert il  y a deux  ans.  M.  Prillieux,  qui  a cons- 
taté la  maladie  sur  les  Pêchers  de  la  vallée  de 
la  Garonne  et  a cherché  les  remèdes  à y ap- 
porter, propose  le  traitement  des  branches 
du  Pêcher  avec  une  dissolution  de  sulfate  de 
fer  acide.  Pour  être  efficace,  ce  traitement 
devrait  être  pratiqué  vers  la  fin  de  l’hiver. 

Les  Pêchers  sous  châssis.  — Les  Pê- 
ches du  Midi,  de  la  variété  Amsden,  sur- 
tout, ont  paru  à Paris  depuis  plus  d’un  mois 
déjà.  Les  premiers  envois  ont  été  faits  par 
un  horticulteur  d’Antibes,  M.  Nigan,  qui 
possède  une  plantation  préparée  pour  être 
couverte  de  châssis.  Ceux-ci  sont  posés  dès 
le  commencement  de  janvier.  Les  pêchers 
ainsi  abrités  donnent  leur  récolte  un  mois 
au  moins  avant  les  autres.  La  dépense  oc- 
casionnée par  les  châssis  est  bien  compensée 
par  la  valeur  que  leur  précocité  donne  aux 
fruits,  qui  se  vendent  en  moyenne  1 franc 
la  pièce.  — M.  Nigan  a vendu  cette  année 
environ  4,000  Pèches  à ce  prix. 

Sensibilité  des  plantes.  — Tout  le 
monde  sait  que  les  végétaux,  dans  diverses 
circonstances,  par  exemple  dans  leurs  alter- 
natives de  sommeil  et  de  veille,  sous  un 
attouchement,  dans  les  variations  de  tempé- 
rature, présentent  certains  mouvements  qui 
ont  fait  croire  à leur  sensibilité  et  ont  fait 
comparer  certains  d’entre  eux  aux  derniers 
représentants  du  règne  animal.  Les  nervo- 
sités de  la  Sensitive,  l’adresse  des  plantes 
dites  carnivores  pour  saisir  leur  proie,  ont 
depuis  longtemps  été  citées  par  les  par- 
tisans de  la  théorie  qui  voit  dans  les  végé- 
taux des  êtres  sensibles.  M.  Bâillon  vient 


de  découvrir  un  nouveau  fait  à l’appu1 
de  cette  théorie.  Les  vrilles  sont  un  des 
sièges  les  plus  ordinaires  des  manifestations 
de  l’espèce  de  sensibilité  que  l’on  constate 
dans  les  plantes.  Celles  du  Cissus  discolor , 
que  le  savant  professeur  de  la  Faculté  de 
médecine  a observées,  présentent  un  grand 
intérêt.  Si  on  opère  le  moindre  frottement 
sur  une  des  branches  de  la  vrille,  il  se  pro- 
duit aussitôt  une  courbure  qui  devient  le 
point  de  départ  d’un  enroulement. 

D’un  autre  côté,  M.  F.-W.  Oliver  vient 
d’observer,  dans  le  labelle  du  Masdevallia 
muscosa, dont  un  échantillon  a fleuri  l’année 
dernière  à Ivew,  des  mouvements  extrême- 
ment curieux  : le  labelle  montre  dans  cer- 
taines parties  une  irritabilité  telle,  qu’il 
suffit,  pour  lui  faire  prendre  des  positions 
tout  à fait  opposées  à celles  qu’il  occupe 
dans  l’état  habituel,  de  l’attouchement  d’un 
cheveu  ou  de  l’aile  d’un  insecte. 

Asperges  mâles  et  femelles.  — Dans 
un  rapport  communiqué  à la  Société  d’hor- 
ticulture de  France,  M.  Beurdeley  soumet  à 
l’appréciation  des  horticulteurs  le  résultat 
d’expériences  faites  comparativement  sur 
des  plants  d’ Asperges  mâles  et  femelles.  Des 
conclusions  de  son  rapport,  il  ressortirait 
que  les  plants  mâles  sont  plus  productifs 
que  les  plants  femelles.  Sur  les  12  pieds 
femelles  choisis  pour  l’expérience,  76  As- 
perges ont  été  récoltées,  soit  environ  6 1/2 
par  pied  ; sur  les  20  pieds  mâles,  il  fut  re- 
cueilli 244  Asperges,  soit  environ  12  par 
pied.  Les  constatations  n’ont  été  poursui- 
vies que  pendant  le  cours  d’une  année,  et  il 
serait  bon  que  les  expériences  fussent  re- 
prises pour  bien  établir  un  fait  qui  inté- 
resse tous  les  horticulteurs. 

Les  Chrysanthèmes  à Toulouse.  — 

M.  Astié,  secrétaire  général  de  la  Société 
d’horticulture  de  la  Haute-Garonne,  nous 
fait  remarquer  que  la  seconde  Exposition 
horticole,  qui  doit  avoir  lieu  à Toulouse 
du  15  au  18  novembre,  a principalement 
pour  objet  des  spécialités,  et  parmi  elles  les 
Chrysanthèmes,  qui  comptent  aujourd’hui 
tant  de  fervents  amateurs. 

Je  ne  peux  m’empêcher  de  rappeler,  ajoute 
M.  Astié,  que  Toulouse  fut  la  première  ville 
où  aient  été  instituées  des  expositions  spéciales 
pour  les  Chrysanthèmes,  et  que,  dans  celle  qui 
eut  lieu,  il  y a trois  ans,  figuraient  plus  de 
6,400  sujets  en  fleurs.  Il  y a donc  lieu  d’espé- 
rer que  les  chrysanthémistes  accueilleront  avec 
intérêt  l’annonce  de  notre  prochaine  exposition. 


268 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


EXPOSITIONS  ANNONCÉES. 

Bar-sur-Aube,  du  6 au  10  juillet.  — La 
Société  horticole,  vigneronne  et  forestière  de 
l’Aube  ouvrira  sa  quatorzième  exposition  géné- 
rale du  6 au  10  juillet  prochain,  à Bar-sur-Aube. 

Adresser  les  déclarations  avant  le  25  juin  à 
M.  Darnandre,  secrétaire  général  de  la  So- 
ciété, àTroyes,  ou  à M.  Robert  Baltet,  commis- 
saire général  de  l’exposition,  à Bar-sur-Aube. 

Saint-Mandé,  du  16  au  23  septembre.  — 
La  Société  régionale  d’horticulture  deVincennes 
fera  du  16  au  23  septembre  une  exposition  gé- 
nérale de  tous  les  produits  de  l’horticulture  et 
des  arts  et  industries  qui  s’y  rattachent. 

Les  demandes  d’admission  devront  être 
adressées,  avant  le  1er  septembre,  à M.  A.  Hé- 
brard,  secrétaire  général,  avenue  Marigny,  25, 
à Fontenay-sous-Bois. 

Memento  des  Expositions.  — Dans  le  mé- 
mento des  expositions,  une  transposition  de 
lignes  a fait  attribuer  à la  ville  de  Roubaix  une 
exposition  de  Chrysanthèmes  pour  le  mois  de 
juin  et  de  Roses  pour  le  mois  de  novembre. 
C’est  le  contraire  qui  est  vrai.  Nos  lecteurs  au- 
ront fait  d’eux-mêmes  cette  petite  rectification. 

Voici  la  liste  des  Expositions  précédemment 
annoncées  : 

Bordeaux.  — Fruits,  légumes,  fleurs  (Chr.  n°  5), 
15  au  26  septembre. 

Bougival.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  9),  29  août  au 
3 septembre. 

Bourbonne-les-Bains.  — Produits  maraîchers, 
plantes  en  pots  et  fleurs  coupées  (Chr.  n°  10), 
17  au  21  juin. 

Lyon.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  11),  13  au  17  septembre. 
Meaux.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  5),  7 au  9 septembre. 
Mézidon.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  10),  16  septembre. 
Moulins.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  6),  31  juillet  au 
5 août. 

Orléans.  — Légumes,  fleurs,  fruits  (Chr.  no  10), 
13  au  18  juin. 

Périgueux.  — Exp.  horticole  et  viticole  (Chr.  n°  115), 
3 au  5 août. 

Roubaix.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n° 5),  17  novembre. 

— Roses  (Chr.  n°  5),  23  au  25 juin. 
Saint-Germain-en-Laye.  Exp.  gén.  (Chr.  n°  10), 
26  au  29  août. 

Sens.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  8),  16  au  25  juin. 
Toulouse.  — Exp.  de  culture  maraîchère,  culture 
ornementale  et  arboriculture  fruitière 
(Chr.  n°  11),  27  au  30  septembre. 

— Même  Exp.  et  spécialement  Exp.  de 

Chrysanthèmes  (Chr.  n°  11),  15  au 
18  novembre. 

Valognes.  — Exp.  locale  (Chr.  n°  8),  l°r  au  4 sep- 
tembre. 

Anvers.  — Roses  (Chr.  n°  8),  fin  juin. 

Gand.  — Exp.  de  lloriculture  (Chr.  n°  11)  2 au  3 sep- 
tembre. 

— Chrysanthèmes  (Chr.  n°  11),  18  au  22  no- 
vembre. 

Lausanne.  — Exp.  gén.  (Chr.  n«  8),  20  au  25  sep- 
tembre. 


Errata.  — Nous  attachons  une  si  grande 
importance  à l’exactitude  de  la  nomencla- 
ture dans  la  Revue  horticole , que  nous 
n’hésitons  pas  à faire  des  rectifications  spé- 
ciales pour  les  fautes  d’impression  que  nous 
découvrons  après  la  publication  du  numéro, 
malgré  l’aridité  apparente  que  peuvent  pré- 
senter ces  errata  pour  quelques-uns  de  nos 
lecteurs. 

Chrysanthèmes.  — Deux  fautes  d’impression 
ont  été  faites  dans  la  liste  des  Chrysanthèmes 
nouveaux  de  M.  Délaux,  publiée  par  la  Revue 
dans  son  numéro  du  1er  mai  dernier.  Au  lieu 
de  Madame  veuve  Meunier , il  faut  lire  Madame 
veuve  Menier.  — Au  lieu  de  Jules  Marigny,  il 
faut  lire  Jules  Barigny. 

Fuchsias.  ■ — Dans  l’étude  sur  les  Fuchsias 
publiée  dans  le  numéro  du  16  mai,  on  devra 
lire  : 

Page  231,  2e  colonne,  ligne  3,  Scheidweiler, 
au  lieu  de  Scheidweiber. 

P.  232,  lre  col.,  lig.  14,  Moc.  et  Sess.,  au  lieu 
de  Sesse. 

P.  232,  2e  col.,  lig.  6,  ayavacensis,  au  lieu 
de  agavacensis. 

P.  232,  2e  col.,  lig.  19,  membranacea,  au 
lieu  de  memlezanacea. 

P.  232,  2e  col.,  lig.  59,  Facatativa , au  lieu 
de  Fucatativa. 

P.  233,  lre  col.,  lig.  1,  caracasensis,  au 
lieu  de  caracacensis,  Fieldand. 

P.  233,  2e  col.,  après  la  23e  ligne,  ajouter 
Patrie  : Cordillère  centrale  de  l’Équateur. 

P.  232,  2e  col.,  lig.  7,  dans  la  section  des 
espèces  non  introduites,  supprimer  F.  am- 
pliata  ; il  est  dit  d’ailleurs  à la  colonne  précé- 
dente, ligne  65,  que  cette  espèce  est  cultivée 
dans  les  jardins  de  l’Europe. 

Nécrologie.  — M.  Martineau.  — Ce  vé- 
téran de  l’horticulture  parisienne,  qui  a 
rendu  des  services  à la  Ville  de  Paris 
comme  jardinier-chef  du  Parc  Monceau, 
depuis  sa  transformation  (1862)  jusqu’à  ces 
derniers  temps,  vient  de  mourir.  Tous  les 
visiteurs  de  ce  beau  parc  public  ont  pu 
apprécier  les  soins  particuliers  avec  lesquels 
il  était  entretenu.  Nous  devions,  au  nom 
du  public,  un  souvenir  reconnaissant  à ce 
brave  horticulteur  et  à cet  honnête  homme. 

M.  Vabbé  Lefèvre.  — Arboriculteur  dis- 
tingué, praticien  apprécié  de  tous  ceux  qui 
ont  suivi  ses  leçons,  M.  l’abbé  Lefèvre  est 
mort  récemment  à l’âge  de  64  ans.  Il  est 
l’auteur  d’ouvrages  estimés,  parmi  lesquels 
il  faut  citer  en  première  ligne  un  Manuel 
d'arboriculture , qui  a eu  un  succès  mé- 
rité. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


LES  SINGULARITÉS  DE  LA  NOMENCLATURE  DES  POIRIERS. 


269 


LES  SINGULARITÉS  DE  LA  NOMENCLATURE  DES  POIRIERS 


Plusieurs  auteurs  ont  essayé  d’établir 
une  classification  des  principales  variétés 
de  Poires  par  ordre  de  mérite.  La  Quin- 
tinye  l’a  fait  pour  presque  toutes  celles 
connues  de  son  temps,  avec  sa  prolixité 
habituelle;  il  ne  lui  a pas  fallu  moins 
de  90  pages  in-4°  pour  terminer  sa  liste. 
Le  bonhomme  procède  par  voie  de  con- 
cours : les  variétés  concurrentes  sont  per- 
sonnifiées ; chacune  se  fait  valoir  et  prend 
des  airs  avantageux  pour  être  admise  en 
bonne  place  à partir  du  second  rang,  le 
premier  étant  réservé  au  Bon-Chrétien 
d’hiver,  « quelles  que  plaintes  que  puis- 
sent faire  les  autres  Poires  de  n’avoir  pas 
été  pour  le  moins  entendues  devant  que  de 
leur  donner  l’exclusion  ». 

Depuis  lors,  les  catalogues  se  sont  consi- 
dérablement enrichis.  On  peut  estimer  à 
treize  ou  quatorze  cents  le  nombre  des  va- 
riétés de  Poires.  La  plupart  sont  confinées 
dans  leurs  provinces.  La  Normandie  a des 
Suprême  et  des  Caillot- Rosat  ; la  Brie  a la 
Poire  de  la  Carrière,  celle  à Bassin  (à  bas- 
sine, c’est-à-dire  à cuire),  le  Chat  brûlé  ; en 
Bretagne,  on  trouve  beaucoup  de  Pain- 
Vin  ; dans  le  Périgord  j’ai  vu  des  Leschas- 
serie  que  je  ne  connaissais  que  de  nom. 
Ces  fruits  et  beaucoup  d’autres  ne  sont 
guère  connus  en  dehors  de  leur  zone.  Quel- 
ques variétés  ont  disparu.  Qui  connaît  au- 
jourd’hui la  Poire  Crocmifagus  qui  figure 
sur  des  catalogues  du  XVIIe  siècle  ? D’au- 
tres ont  vu  leur  nom  s’altérer  par  l’action 
que  les  savants  nomment  métonomasie,  qui 
est  le  passage  d’une  langue  dans  une  autre. 
Le  cas  Je  plus  récent  est  celui  de  la  Pêche 
Amsden.  Je  ne  la  connais  que  depuis  peu, 
grâce  à un  voisin  aimable,  en  vacances  près 
de  Montauban.  Le  nom  américain  est 
Amsden’ s june-peach  ; le  nom  français 
devrait  être  Pêche  Amsden  de  juin,  comme 
nous  disons  Poire  Doyenné  de  juillet , 
Besi  de  mai.  En  la  présentant  sous  le  nom 
de  Pêche  Amsden’ s june,  on  prête  à rire 
aux  Anglais,  car  cela  signifie  Pêche  Juin 
d’ Amsden.  Je  soumets  humblement  cette 
observation  à M.  Nardy  avec  toute  la  grati- 
tude que  lui  a méritée  son  heureuse  impor- 
, tation.  Les  noms  les  mieux  faits  n’échap- 
pent pas  non  plus  à la  corruption.  Si  vous 
demandez,  sur  nos  marchés  aux  fleurs,  une 
Coronille,  vous  risquerez  de  n’être  pas 
compris  ; vous  ne  le  serez  que  si  vous  dites 


Caroline.  C’est  le  cas  de  la  Poire  Girogile. 
Elle  figure  pour  la  première  fois  sous  ce 
nom,  dans  le  catalogue  de  Le  Lectier, 
en  1638.  Elle  est  assez  peu  connue  ; cepen- 
dant on  la  rencontre  dans  toutes  les  expo- 
sitions, chez  les  grands  collectionneurs, 
Dans  les  livres  comme  sur  les  étiquettes, 
vous  lirez  toujours  Gilles  ô Gilles.  C’est 
l’effet  d’une  légende  enfantine  qui  met  cette 
exclamation  dans  la  bouche  d’un  prélat  en 
extase  devant  l’abondance  de  fruits  que  por- 
tait un  arbre,  et  qui  appelait  son  jardinier 
Gilles  pour  l’en  complimenter.  Mais  le  nom 
Girogile  a pour  lui  l’antériorité  et  la  vrai- 
semblance. C’est  une  forme  commune  aux 
localités  où  les  moines  de  Saiiff-Denis  pos- 
sédaient des  bergeries.  De  même  que  Altum 
ogilum  est  devenu  Altogile,  puis  Altoileet 
finalement  Auteuil;  Bonogïle,  Bonneuil  ; 
Argentogile,  Argenteuil,  de  même  Girum 
ogilum  est  devenu  Girogile,  et,  plus  tard, 
Gireuil  ou  Girou,  comme  Briogilum  a fait 
Breuil  ou  Brou. 

La  légende  s’est  attaquée  aussi  à l’une  de 
nos  Poires  les  plus  répandues.  Pendant 
cinquante  ans,  je  l’ai  entendu  nommer 
Louise-Bonne,  mais  il  paraît  qu’il  faut  dire 
Bonne-Louise.  C’est  le  nom  usité  mainte- 
nant chez  les  raffinés  de  la  pomologie.  Le 
vulgaire  des  jardiniers  s’en  tient  au  nom 
primitif,  qui  est  le  vrai.  Le  renversement 
des  termes  me  paraît  être  une  invention  de 
MM.  les  Belges;  au  moins  ne  le  trouvai-je 
pas  à une  date  antérieure  à celle  de  leurs 
annales  de  pomologie  (1858).  On  connaît  la 
légende  avranchine  sur  le  baptême  d’une 
nouvelle  Poire  en  1788  (1).  J’ai  souvenir 
que  quelqu’un  du  pays  l’a  contée  dans  la 
Revue  horticole.  Mon  scepticisme  ne  s’en 
accommode  guère.  Je  vois  bien  Le  Berryais 
à table  chez  M.  de  Longueval  ; je  vois  qu’on 
apporte,  au  dessert,  une  Poire  inédite; 
mais  alors,  j’entends  Le  Berryais  s’écrier: 
« Eh  ! c’est  une  Louise-Bonne  ! » Cette 
exclamation  que  je  suppose  au  madrigal 
que  la  tradition  nous  a conservé,  devait 
sortir  naturellement  de  la  bouche  du  cha- 

(1)  La  scène  n’a  pu  se  passer  en  1780,  comme  on 
le  dit  généralement.  J’ai  sous  les  yeux  l’ouvrage  de 
Le  Berryais,  magnifiquement  édité  par  Le  Court, 
à Avranches,  en  1785.  Il  n’y  est  question  que  de 
l’ancienne  Louise-Bonne.  Or,  comment  Le  Berryais 
n’eût-il  pas  dit  un  mot  de  la  nouvelle  s’il  l’eût  bap- 
tisée lui-même  cinq  ans  auparavant? 


270 


LES  SINGULARITÉS  DE  LA  NOMENCLATURE  DES  POIRIERS. 


noine.  J’en  appelle  à ceux  qui  connaissent 
les  deux  variétés  et  ont  pu  les  comparer. 
Pour  moi,  qui  les  possède  côte  à côte,  j’ai 
toujours  été  frappé  de  leur  ressemblance. 
On  ne  m’ôtera  pas  de  l’idée  que  la  Louise- 
Bonne  seconde,  celle  dite  d ’Avranches, 
soit  issue  d’un  pépin  de  la  Louise-Bonne 
première.  Même  tenue  de  l’arbre,  même 
aspect  frisotant  des  feuilles,  même  silhouette 
du  fruit;  plus  de  saveur  dans  le  nouveau 
et  plus  de  précocité,  pédoncule  plus  gros 
et  moins  long  que  dans  le  nouveau,  voilà 
tout  ce  qui  les  distingue.  Leur  filiation  est 
aussi  évidente  que  celle  de  la  Crésanne 
et  de  la  Bergamote  Espéren. 

Il  était  encore  assez  habituel  à cette 
époque  de  rattacher  les  fruits  nouveaux  à 
un  type  connu.  On  les  classait  par  groupes, 
comme  en  botanique  pure  on  classe  par 
familles.  On  avait  ainsi  les  types  Doyenné , 
Bergamote , Calebasses , Oignons , etc.,  etc.  ; 
toutes  les  Poires  en  gourdes  étaient  des 
Bon-Chrétien.  Cela  facilitait  les  détermi- 
nations. On  a pris  aussi  en  considération 
la  saveur  ; de  là  sont  nées  les  fondantes  et 
les  beurrés  si  nombreux.  Ce  qui  a brouillé 
le  système,  c’est  l’adoption  de  noms  empha- 
tiques, superlatifs  et  trop  longs.  Ce  sont 
par-dessus  tout  les  dédicaces.  Ouvrez  une 
pomologie  un  peu  complète,  vous  serez 
étonné  de  la  quantité  de  noms  propres 
qu’elle  contient.  Toutes  les  têtes  couronnées 
ou  aspirant  à l’être,  tous  les  princes  et 
princesses  de  France  et  des  pays  voisins  qui 
ont  vécu  dans  ces  dernières  cinquante 
années,  y figurent  suivis  d’uii  cortège  de 
ducs,  de  généraux,  de  châtelains,  de  bour- 
geois. On  y compte  même  des  ménages.  A 
défaut  de  statue,  on  a sa  Poire.  On  a aussi 
sa  Rose,  mais  quelle  différence  ! Les  rosié- 
ristes  (1)  en  ce  parrainage  ont  beau  jeu  ; 
rien  de  désobligeant  chez  eux  ; tout  est 
grâce  et  parfum.  Aussi  un  baptême  de  Rose 
est-il  une  fête  pour  les  parents,  pour  les 
amis.  Les  deux  dernières  ont  été,  m’a-t-on 
dit,  consacrées  dans  un  banquet  solennel, 
avec  cortège,  musique,  santés  et  dragées. 

Prêter  son  nom  à une  Poire  est  une  autre 
affaire.  Imaginez  ce  que  doit  éprouver  une 
dame,  lisant  dans  une  pomologie,  son  nom 
accolé  à ce  signalement  : 

Vicomtesse  ***.  — Est  bossue  et  ven- 

(1)  Je  dis  rosiériste,  pour  me  conformer  à l’usage, 
mais  je  sais  bien  qu’il  faut  dire  rosiste.  Il  est 
encore  temps  de  se  reprendre.  C’est  ainsi  que  na- 
guère on  disait  grainetier  ; mais  il  s’est  trouvé 
quelqu’un  de  la  profession  qui  a fait  prévaloir  le 
mot  juste  grainier,  mieux  encore  granier.  I 


true  ; sa  peau,  d’un  jaune  sale,  est  semée  de 
taches  squammeuses.  A été  trouvée  dans  un 
bois.  Mûrit  sur  la  paille. 

La  fleurette  est-elle  assez  mignonne? 

Il  y a des  Poires  dynastiques.  Elles  ont 
leurs  destins.  En  voici  une,  très-connue, 
sous  le  nom  de  Napoléon.  Née  en  1804,  en 
même  temps  que  l’empire,  elle  suivit  la 
fortune  du  nouveau  souverain,  devint  suc- 
cessivement Gloire  de  V Empereur,  Captif 
de  Sainte -Hélène,  Roi  de  Rome,  et  prit, 
sous  la  Restauration,  le  nom  de  Charles  X. 
Avec  plus  de  raison,  on  a appelé,  au  Mu- 
séum, cette  variété  sans  conviction,  Bon- 
Chrétien  doré.  C’est  un  nom  qui  ne  con- 
tentera peut-être  pas  encore  tout  le  monde, 
mais  qui,  à mes  yeux,  a le -mérite  d’impli- 
quer un  signalement.  A ce  seul  énoncé,  je 
me  représente  une  Poire  en  gourde  et  d’un 
jaune  éclatant. 

Pour  conclure,  je  conseillerai  de  choisir 
des  noms  clairs,  sonnant  bien,  faciles  à re- 
tenir, bien  français  et  donnant  une  esquisse 
sommaire  des  fruits  auxquels  ils  s’ap- 
pliquent. Ils  échapperont  ainsi  aux  fluc- 
tuations de  l’avenir  et  aux  inconvénients  de 
la  synonymie.  Les  dédicaces  n’ajoutent  rien 
à la  renommée  de  ceux  qui  ont  su  en  acqué- 
rir, et  ne  sauvent  pas  les  autres  de  l’oubli. 

Il  faut  surtout  éviter  les  longueurs.  Révé- 
rence parler,  je  citerai  comme  réunissant 
tous  les  défauts,  la  Poire  Vingt-cinquième 
anniversaire  du  roi  des  Belges. 

Trop  riche  dans  les  traités  spéciaux,  la  no- 
menclature se  simplifie  étonnamment  dans 
le  commerce.  La  science  pomologique  des 
fruitiers  de  Paris  n’embrasse  pas  plus  de 
cinq  ou  six  variétés  qui  prêtent  leurs  noms 
à des  Poires  quelconques.  D’août  en  octobre, 
toute  Poire  de  taille  moyenne  est  une  Ama- 
dis  (c’est  le  nom  qu’on  donne  aux  Amanlis)  ; 
puis  viennent  les  Duchesses,  qui  ont  une 
durée  bien  invraisemblable,  et  enfin  les 
Williams  que  je  vois  figurer  encore  sur 
une  mercuriale  du  16  janvier  ! Tout  ce  qui 
est  petit  est  réputé  Poire  commune  et  se 
vend  au  poids,  si  bien  que  parmi  des  fruits 
immangeables  vous  trouverez,  suivant  la 
saison,  des  Brandywine,  des  Suzette  de 
Bavay,  ou  ce  délicieux  fondant  au  citron 
qu’on  nomme  Zéphyrin  Grégoire.  Les 
fruits  se  jugent  à la  taille  ; le  Doyenné  du 
Comice,  où  se  combinent  les  parfums  de  la 
Fraise  et  de  l’Abricot,  est  primé  par  le 
Beurré  magnifique,  qui  a juste  la  saveur 
d’un  Navet,  et  l’abominable  Belle  Angevine 
obtient  les  honneurs  du  marché. 

A.  Messager. 


EXPOSITION  OE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


271 


CONTRE-ESPALIER  RE  POMMIERS  ET  ROSIERS 


Il  arrive  fréquemment  que,  pour  diviser 
entre  elles  diverses  parties  d’un  jardin,  par- 
dessus lesquelles  la  vue  doit  librement 
s’étendre,  on  cherche  un  genre  de  palissade 
destinée  non  pas  à former  une  clôture  pro- 
prement dite,  mais  plutôt  une  délimitation 
bien  nette.  En  pareil  cas,  on  doit,  autant 
que  possible,  se  servir  de  végétaux  qui, 
tout  en  remplissant  le  but  désiré,  se  per- 
dent dans  l’ensemble,  lorsqu’on  les  voit 
d’une  certaine  distance. 


Nous  avons  récemment  remarqué,  dans 
les  jardins  de  l’École  d’arboriculture  de  Ver- 
sailles, un  type  de  plantation  de  cette  na- 
ture, qui  réunit,  croyons-nous,  tous  les 
avantages  que  l’on  peut  rechercher  en  sem- 
blable circonstance  (fig.  60). 

C’est  un  contre-espalier  de  Pommiers 
nains  dirigés  en  forme  de  V,  et  alternant 
avec  des  Rosiers  à haute  tige,  dont  la  tête 
seule  dépasse  en  hauteur  la  palissade. 

Trois  rangées  de  fil  de  fer,  supportées  par 


Fig.  60.  — Contre-espalier  de  Pommiers  et  Rosiers. 
Échelle  de  0,03  pour  mètre. 


des  montants  en  fer  distancés  à 6 mètres 
les  uns  des  autres,  servent  à palisser  les 
Pommiers  et  à maintenir  les  Rosiers. 

Ces  derniers,  dont  la  tige  a lm  20  de  hau- 
N teur,  sont  plantés  à lm  50  d’espacement 
entre  eux. 

Au  printemps,  les  Heurs  des  Pommiers 
donnent  à ce  contre-espalier  un  attrait  qui 
suffirait  à en  motiver  la  création.  La  flo- 


raison des  Rosiers  vient  ensuite,  et  il  reste 
encore,  pour  l’automne,  la  production  des 
fruits,  dont  nous  n’avons  pas  à souligner 
l’importance. 

Nous  avons  souvent  vu  des  haies  ou  palis- 
sades se  rapprochant  un  peu  du  type  que 
nous  venons  de  décrire,  mais  aucune 
d’elles  ne  réunissait  des  qualités  aussi  bien 
combinées.  Ed.  André. 


EXPOSITION  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 


Parmi  les  coutumes  auxquelles  le  monde,  à 
Paris  surtout,  est  assujetti,  celle  qui  consiste 
à assister  à l’ouverture  d’une  exposition  quel- 
conque, comme  à une  première  représen- 
tation, et,  le  plus  souvent,  à s’en  tenir  là,  est 
l’une  des  plus  absurdes.  Pour  les  fleurs,  plus 
que  pour  toute  autre  chose,  cette  manière  de 
faire  a des  résultats  déplorables. 


En  effet,  les  personnes  qui,  le  premier  jour, 
se  trouvent  absolument  entassées  dans  les 
allées  de  l’Exposition,  ne  peuvent  avoir  aucune 
idée  exacte  de  la  beauté,  du  mérite  des  spéci- 
mens assemblés  là. 

Nous  avons  entendu,  le  25  mai,  quelques 
observations,  prononcées  par  certains  visi- 
teurs, et  qui  pourraient  se  résumer  en  celle-ci  : 


272 


EXPOSITION  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


« C’est  joli,  mais  c’est  toujours  la  même 
chose.  » 

Quelle  erreur! 

Mais,  avant  de  porter  un  jugement  sem- 
blable, regardez  donc  de  près  et  sans  dis- 
traction lés  plantes  et  les  fleurs  qui  s’ofïrent, 
ravissantes,  à vos  regards.  Cherchez  donc  un 
moment  à vous  rappeler  de  quelle  manière  les 
mêmes  genres  étaient  représentés,  il  y a dix 
ans,  quelles  étaient  les  espèces  et  variétés 
d’alors  ! 

Réfléchissez  donc,  en  examinant  ces  su- 
perbes Orchidées  importées,  ces  Broméliacées 
aux  floraisons  rutilantes,  ces  Aroïdées  dont  les 
énormes  feuilles  à reflets  métalliques  ont  des 
formes  à la  fois  lourdes  et  d’une  suprême 
élégance,  à l’émotion  que  vous  ressentiriez  si 
vous  en  découvriez  vous-même  seulement 
une  à l’état  sauvage  ! 

Il  convient  d’ajouter  que  cette  habitude 
qu’a  le  public  d’examiner  d’une  manière  trop 
superficielle  les  produits  qui  lui  sont  soumis 
provient  en  partie  de  ce  que  les  exposants  ne 
mettent  pas  assez  en  relief  les  espèces  d’intro- 
duction récente,  ainsi  que  les  formes  nouvel- 
lement obtenues  par  les  semis. 

Ces  dernières  même  devraient  être,  aussi 
souvent  que  possible,  accompagnées  de  celles 
dont  elles  proviennent  directement.  On  cons- 
taterait ainsi  à première  vue  les  résultats  ob- 
tenus, et,  chose  très-intéressante,  les  per- 
sonnes peu  initiées  encore  aux  détails  de 
l’hybridation  végétale  verraient  ce  que  toute 
plante  nouvelle  a reçu  de  chacun  de  ses  pa- 
rents. 

Actuellement,  il  faut  être  expert  en  la 
matière  pour  distinguer  rapidement  les  nou- 
veautés, perdues  qu’elles  sont  au  milieu  de 
lots  presque  tous  beaucoup  trop  compacts. 

Pour  notre  part,  cette  année,  nous  avons 
visité  à l’exposition  chaque  jour  et  durant  toute 
la  matinée,  et,  peu  gêné  par  les  visiteurs, 
dans  une  atmosphère  fraîche  et  délicieusement 
parfumée,  nous  avons  chaque  fois  découvert 
des  plantes  de  haut  intérêt  que  la  veille  nous 
n’avions  pas  aperçues. 

Cette  année,  la  rigueur  de  l’hiver,  et  aussi 
les  préparatifs  des  horticulteurs  pour  l’an 
prochain,  avaient  nui  à l’importance,  au  point 
de  vue  numérique,  de  l’Exposition.  D’autres 
raisons  encore  avaient  fait  s’abstenir  certains 
de  nos  bons  spécialistes,  et,  malgré  cela,  l’en- 
semble de  l’Exposition  était  des  plus  satisfai- 
sants, résultat  dû,  en  partie,  à l’importance  des 
envois  anglais  et  belges. 

L’arrangement  général  était  tout  à fait 
réussi  : la  commission  d’organisation,  présidée 
par  M.  Villard,  avait  très-heureusement  tiré 
parti  des  éléments  mis  à sa  disposition. 

Le  motif  central,  réservé  aux  Orchidées, 
était  notamment  arrangé  d’une  manière  char- 
mante. 

Il  formait  un  massif  (fig.  61)  très-élevé  et  sur- 
monté d’énormes  Fougères  arborescentes,  aux 


stipes  noirs  et  hirsutes,  et  dont  les  larges  fron- 
daisons s’étalaient  gracieusement  au-dessus 
des  fleurs.  Du  sommet  du  massif,  des  ruis- 
selets  retombaient  en  légères  cascades,  don- 
nant aux  Orchidées  une  fraîcheur  fortifiante  et 
produisant  un  murmure  charmant. 

Une  très-légère  critique  : l’espace  qui  s’étend 
entre  l’entrée  principale  et  celle  du  Pavillon 
de  la  Ville  n’annonçait  en  rien  une  Exposition 
de  plantes.  A part  quatre  ou  cinq  pieds  d’An- 
thémis,  il  n’y  avait  là  que  deux  kiosques 
posés  à nu  sur  le  sol,  et  une  collection  de 
bancs  de  toutes  les  formes  et  de  toutes  les 
couleurs. 

Quelques  arbustes  verts  et  la  moindre  gar- 
niture de  plantes  vivaces  ou  autres  auraient 
donné  un  peu  d’harmonie  et  de  gaîté  à cette 
partie  sacrifiée. 

Comme  innovation  heureuse,  citons  les 
grands  panneaux  de  treillages  décoratifs  qui 
cachaient  en  partie  la  nudité  des  parois  inté- 
rieures du  Pavillon. 

Les  plantes  nouvelles . étaient  représentées 
d’une  manière  intéressante. 

M.  Bleu  a obtenu  de  ravissants  hybrides  de 
Bertolonia  ; parmi  les  formes  assez  nom- 
breuses qu’il  avait  placées  là,  dans  une  sorte 
d’écrin,  comme  les  bijoux  de  la  végétation,  les 
plus  jolies  étaient  : B.  Marie-Thérèse  de  la 
Devansaye , feuilles  ovales,  vert  bronzé,  ner- 
vures et  ponctuations  carmin  à reflets  métal- 
liques : Madame  Aug.  Van  Geert,  feuilles  cor- 
diformes,  vert  bronzé,  nervures  et  ponctuations 
blanc  d’argent  lavé  de  rose  nacré  ; Souvenir  de 
L.  Van  Houtte,  feuilles  très-grandes,  allon- 
gées, vert  brun  foncé,  nervures  très-larges  ; ces 
nervures,  ainsi  que  les  ponctuations,  sont 
blanc  d’argent  diversement  lavé  de  carmin. 

Les  Caladiums  bulbeux  nouveaux  de  M.  Bleu 
sont  : Comtesse  de  Brosse , ravissant  feuillage 
rose  pâle,  sillonné  de  carmin  foncé  ; Louis  B. 
Van  Houtte , limbe  rouge  cuivré,  nervures  vio- 
let foncé  ; Mistress  Harry  Veitch , magni- 
fique variété  rouge  intense  à reflets  dorés. 

Du  même  présentateur,  deux  nouveaux  et 
fort  jolis  Bégonia  Bex  : Jeanne  Laforge,  feuille 
allongée,  acuminée,  centre  violet  entouré  de 
vert  émeraude,  zone  extérieure  parsemée  de 
taches  violet  argenté  ; Mademoiselle  Louisa 
Viault , feuille  orbiculaire  acuminée,  centre 
brun  foncé,  le  reste  argenté. 

M.  E.  Piret,  d’Argenteuil,  qui  a rapporté  de 
l’Amérique  centrale  de  nombreux  Cattleya 
Mossiæ , présentait  : le  Cattleya  Mossiæ  varia- 
bilis , forme  originaire  de  Caracas,  à fleurs 
grandes,  blanc  légèrement  rosé,  labelle  blanc  à 
gorge  jaunâtre  largement  maculée  de  rose  vio- 
lacé ; — le  C.  M.  Beineckeana , représenté  par 
deux  formes  très-jolies,  originaire  du  Yénézuela, 
à fleurs  blanc  pur;  le  labelle  a les  bords  frisés, 
ondulés,  blanc  pur,  et  le  centre  largement  mar- 
qué de  carmin. 

L’horticulture  belge  était  très-dignement 
représentée  par  Mme  Block,  de  Bruxelles  ; 


Fig'.  (31.  — Le  massif  central  d’Orchidées,  à l’Exposition  d’horticulture  de  Paris. 


274 


EXPOSITION  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


dans  un  envoi  très-nombreux,  dont  nous  au- 
rons occasion  de  reparler  plus  loin,  les  plantes 
nouvelles  ci-après  indiquées  attiraient  l’atten- 
tion des  connaisseurs  : Alocasia  Président 
Oswald  de  Kerkhove , joli  hybride  obtenu  par 
le  croisement  des  il.  Putzeysii  et  Thibautii;  la 
feuille,  longue  actuellement  de  75  centimètres, 
a le  fond  vert  foncé,  sur  lequel  se  détachent 
de  larges  nervures  d’un  blanc  laiteux  ; Anthu- 
rium Scherzerianum  albo-lineatum , forme  â 
caractère  bien  nouveau  ; la  spathe  est  marquée 
longitudinalement  de  bandes  blanc  pâle  ; une 
magnifique  Broméliacée  non  nommée,  dont  le 
port  rappelle  de  très-près  celui  d’un  Vriesea , 
à feuilles  longues  de  80  centimètres,  larges  de 
18,  très-épaisses,  vert  violacé  en  dessus,  vio- 
let en  dessous;  Dracæna  Knausei , à feuilles 
larges,  nombreuses,  vert  bronzé  panaché  de 
rouge  carmin  et  de  blanc  rosé. 

Dans  le  remarquable  lot  d’Orchidées  de 
M.  Sander,  de  Londres,  qui  a obtenu  le  grand 
prix  d’honneur  de  l’Exposition,  quelques  nou- 
veautés: Cypripedium  Carnianum,  fleurs  de 
dimensions  moyennes,  étendard  à fond  blanc, 
rayé-strié  de  rose  et  de  carmin  violacé,  sépales 
latéraux  roux  violacé,  labelle  violet;  un  Cat- 
tleya  non  nommé,  voisin  des  C.  dolosa  et  no- 
bilior , à pétales  non  ondulés,  non  frangés, 
violet  pâle,  labelle  carmin  vif,  très-court,  à 
extrémité  arrondie,  jaune  pâle,  très-légère- 
ment rosé  aux  extrémités,  colonne  grosse, 
blanc  pur  ; quelques  formes  très-jolies  d’O- 
dontoglossum  vexillarium , fleurs  grandes, 
quelques-unes  presque  entièrement  carmin 
foncé. 

Parmi  les  autres  nouveautés  intéressantes,  il 
convient  de  citer  les  jolis  Bégonias  hybrides 
du  Rex-Diadema  de  M.  E.  Cappe,  du  Yésinet; 
un  Agave  americana  aurea  de  M.  Simon,  à 
feuilles  vert  pâle,  marquées  longitudinalement 
de  jaune  d’or  ; YEvonymus  pulchellus  foliis 
variegatis , de  M.  Moser,  de  Versailles,  jolie 
variété  naine  et  compacte,  à feuilles  très-nom- 
breuses, longues  de  1 centimètre  et  demi,  vert 
foncé,  à liseret  blanc,  plante  précieuse  pour 
faire  des  bordures , et  Ylmpatiens  Sultani 
à feuilles  panachées,  de  M.  G.  Thénard,  de 
Bello-y. 

Cette  année  encore,  les  honneurs  de  l’Expo- 
sition ont  été  pour  les  Orchidées  : M.  Sander, 
de  Londres,  n’avait  pas  craint  de  faire  voyager 
une  collection  immense.  Citons,  pour  en  don- 
ner une  idée,  une  touffe  de  Cattleya  guttata 
Leopoldi , haute  de  1™  25,  large  de  l'n  50,  et 
comptant  plus  de  cent  tiges  ; un  Lælia  pur- 
purata  haut  de  80  centimètres,  abondamment 
fleuri;  d’innombrables  formes  d ’Odontoglos- 
sum  crispum , O.  vexillarium , de  Cattleya 
Mossiæ , Mendeli , Odontoglossum  Harrya- 
num , etc. 

Les  Orchidées  introduites  par  M.  Régnier 
lui  ont  valu  la  plus  haute  récompense  du 
premier  Concours.  Quoi  de  plus  beau,  en  effet, 
que  ces  élégantes  formes  de  Phalænopsis  ama- 


bilis , aux  inflorescences  étalées,  retombantes, 
chargées  de  larges  fleurs  aux  épais  et  larges 
pétales,  d’un  blanc  mat  ? 

Remarqué,  dans  la  collection  de  Mme  Block, 
de  Bruxelles,  un  énorme  pied  de  Cypripedium 
Lawrenceanum , avoc  trente  hampes  fleuries  ; 
un  Cymbidium  Lowii  large  de  2m  50,  en  pleine 
floraison,  de  nombreux  Cattleya  Mossiæ , Men- 
deli, etc.  Dans  le  lot  de  M.  Finet,  d’Argen- 
teuil,  le  ravissant  Odontoglossum  Roezli , dont 
la  fleur,  d’un  blanc  pur,  est  marquée  au 
centre  d’une  large  macule  carmin  et  jaune 
d’or.  MM.  Bleu,  Duval,  Chantin,  avaient  égale- 
ment des  collections  d’Orchidées  que  nous  re- 
grettons de  ne  pouvoir  décrire.  Il  nous  suffira 
de  dire  qu’elles  étaient  dignes  d’eux. 

M.  Mantin,  d’Olivet,  près  Orléans,  consacre, 
on  le  sait,  une  bonne  partie  des  soins  qu’il 
donne  aux  Orchidées  aux  espèces  pouvant 
passer  l’hiver  en  pleine  terre  sous  le  climat  de 
Paris.  Il  exposait  une  collection  de  soixante-dix 
de  ces  espèces,  toutes  en  parfaite  floraison. 
Que  de  précautions  éclairées  il  a fallu  pour  ame- 
ner toutes  ces  variétés  à épanouir  leur  floraison 
à la  même  époque  ! 

Nous  avons  indiqué  la  disposition  très-favo- 
rable donnée  au  massif  principal  d’Orchidées  ; 
l’ossature  de  ce  massif  et  les  ruisselets  qui  le 
parcouraient  en  tous  sens  avaient  été  cons- 
truits par  M.  Ghassin. 

Voici  les  représentants,  provenant  de  toutes 
les  parties  du  monde,  des  plantes  carnivores. 
MM.  Veitch,  de  Londres,  nous  montrent  des 
spécimens  excessivement  rares  de  ces  végé- 
taux, qu’à  première  vue,  par  leur  couleur 
presque  toujours  fauve  et  rouge,  leurs  formes 
toutes  spéciales,  on  devine  être  les  pieuvres  du 
règne  végétal.  Cette  plante  velue,  en  touffe 
haute  de  35  centimètres,  aux  longues  tenta- 
cules recourbées,  est  le  Drosera  dichotoma, 
de  Bornéo.  Quelle  recherche  de  singularité  la 
nature  n’a-t-elle  pas  apportée  dans  la  formation 
de  ces  Sarracenia  flava  Fildesii , aux  longs 
cornets  allongés,  vert  clair;  Sarracenia  X me- 
lanorhoda , vert  et  rouge;  S.  purpurea  nana , 
forme  arrondie,  naine,  vert  et  rouge;  Sarra- 
cenia X Courtii , plante  couchée  sur  le  sol, 
rouge  sang;  Nepenthes  Curtisii , de  Bornéo, 
au  feuillage  bronzé,  urnes  très-grandes,  rouge 
sang  taché  de  jaune;  Nepenthes  Mastersiana , 
feuilles  vert  clair,  urnes  rouge  intense. 

Les  plantes  en  collections  de  nos  habiles 
spécialistes  de  la  région  parisienne  sont  bien 
représentées.  Citons,  parmi  les  variétés  qui 
forment  la  crème  de  chaque  lot  : 

Galadiums  bulbeux  de  M.  Bleu  : Madame 
Wülaume , limbe  blanc,  presque  transparent, 
nervures  vert  noir  ; Sofia , feuilles  singulière- 
ment arrondies,  nervures  roses,  sur  limbe 
blanc  pur  ; Aurore  boréale , feuilles  très- 
grandes,  rouge  clair,  nervures  rouge  sang  ; 
Lulli,  limbe  vert,  à nervures  rouges,  mar- 
qué de  larges  taches  blanches  marbrées  de 
vert,  etc. 


EXPOSITION  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


275 


Bégonias  tuberculeux  de  M.  Robert,  du 
Vésinet  : Roi  des  rouges , fleurs  énormes, 
rouge  sang  ; Beauté  des  parterres , fleurs 
énormes,  rose  foncé,  pétales  fortement  on- 
dulés, étamines  jaune  d’or,  en  gros  paquets 
très-apparents  ; variétés  non  nommées  : fleurs 
très-grandes,  vermillon  intense,  jaune  canari 
vif,  blanc  pur,  etc. 

Bégonias  tuberculeux  à fleurs  doubles,  de 
M.  Loyson,  de  Dreux  : n°  44,  fleurs  très-dou- 
bles, grenat  intense  ; n°  37,  rose  saumoné  ; 
n°  40,  fleurs  très-grandes,  rose  lavé  de  ver- 
millon ; n°  22,  cramoisi,  très-double  ; n°  52, 
blanc  très-légèrement  lavé  de  jaune. 

Gloxinias  de  MM.  Vallerand  et  Foucard, 
formes  nombreuses,  toujours  très-belles. 

Pélargoniums  zonales  de  M.  Poirier,  de 
Versailles:  Constance , rose  vif;  Aurore  bo- 
réale, vermillon;  Avalanche,  blanc  pur  ; Secré- 
taire Cusin,  blanc  et  rose  chair  ; Mistress 
Strutt , rose  foncé,  très-légèrement  carminé. 
Lot  très-bien  disposé.  Les  variétés  que  nous 
venons  de  citer,  les  meilleures  de  la  collection, 
étaient  représentées  chacune  par  un  certain 
nombre  de  pieds  formant  corbeille,  ce  qui 
permettait  de  juger  l’effet  qu’on  peut  en  obte- 
tenir  pour  la  décoration  estivale  des  jardins. 

Cinéraires  doubles,  de  MM.  Vilmorin-An- 
drieux  et  Cie,  variétés  de  plus  en  plus  par- 
faites, fleurs  très-grosses,  boules  compactes, 
coloris  intenses  très-variés. 

Cinéraires  simples,  des  mêmes  exposants  : 
Bleu  d’azur , grande  fleur  d’un  coloris  ravis- 
sant et  tout  à fait  nouveau  ; Blanc  à centre 
violet,  énormes  fleurs  à pétales  étalés,  d’un  blanc 
laiteux,  centre  très-large,  violet  foncé. 

Calcéolaires  herbacées  de  M.  Leuret,  d’Ar- 
cueil,  très-belles  plantes,  fleurs  très-grandes, 
très-nombreuses,  coloris  nombreux  et  bien 
francs  ; Velours  pourpre,  Jaune  d’or,  ponctué 
de  grenat,  Rouge  vif,  tigré  de  jaune  d’or,  Car- 
min foncé , etc. 

Pensées  de  M.  Falaise,  de  Billancourt. 

Plantes  annuelles  : exposition  de  premier 
ordre  sous  tous  les  rapports.  Dans  l’exposition 
de  MM.  Vilmorin-Andrieux  et  Cie,  on  remar- 
quait dans  les  milliers  de  plantes  ravissantes 
composant  ce  groupe  : Lobelia  Erinus , bleu 
foncé  presque  noir  ; Agératum  blanc  nain, 
Phlox  de  Drummond  blanc  nain,  Lobelia 
Erinus  Lindleyi,  fleurs  rose  violacé.  Des 
mêmes  exposants,  de  beaux  lots  de  Calcéolaires 
hybrides  à grandes  fleurs  et  de  Calcéolaires  à 
petites  fleurs,  hybrides  du  C.  rugosa. 

Dans  la  même  section,  M.  Forgeot,  de 
Paris,  avait  un  lot  très-bien  disposé:  les  plantes 
annuelles  qui  le  composaient  indiquaient  une 
sélection  très -judicieuse  des  porte -graines. 
M.  Forgeot  avait  également  envoyé  quelques 
pieds  du  Phytolacca  decandra  albo-variegata, 
jolie  plante  à feuillage  largement  panaché, 
qui  fera  de  jolis  groupes,  l’été,  dans  les  jardins. 

Plantes  vivaces,  de  M.Yvon,  de  Malakoff 
(Seine);:  ravissante  collection  qui  rappelle  que 


les  plantes  si  variées  qui  la  composent  ne  sont 
pas  à beaucoup  près  aussi  souvent  employées 
qu’elles  devraient  l’être.  Remarqué  : Convalla- 
ria  majalis  foliis  striatis,  Muguet  à très- 
grandes  feuilles  vert  noir,  rayées  en  long  de 
blanc  pur  ; Cypripedium  parviflorum,  bourse 
jaune  d’or,  Saxifraga  granulata  flore  pleno, 
inflorescence  blanc  pur,  rappelant  de  très-près 
une  Giroflée  à fleurs  doubles. 

Rhododendrons  de  M.  Moser,  de  Versailles  : 
Madame  Carvalho,  fleurs  blanc  pur  ; Schiller, 
violet  maculé  noir,  Princess  Mary  of  Cam- 
bridge, blanc  rosé,  bordé  carmin,  Ch.  Dickens 
carmin  vif. 

Vives  félicitations  à M.  Moser,  pour  l’impor- 
tance et  le  bon  arrangement  de  son  lot  : 
d’énormes  exemplaires  à hautes  tiges  (jusqu’à 
4 mètres  de  hauteur)  rompaient  la  régularité 
que  présentent  trop  souvent  ces  belles  plantes 
lorsqu’elles  sont  disposées  en  massif. 

Rhododendrons  de  M.  Croux,  de  Sceaux  : 
John  Walter , rose  cramoisi,  H.  Hunnewell, 
très-grande  fleur  rouge  cocciné,  Lady  Rolle, 
blanc  pur, maculé  de  cramoisi , Michael  Waterer, 
rouge  laque  tigré  de  noir  ; Sir  Thomas  Se- 
bright,  violet  purpurin,  etc.  Kalmias,  du  même 
exposant,  touffes  compactes,  couvertes  de  fleurs 
blanc  rosé,  magnifiques. 

Azalées  de  pleine  terre,  de  MM.  Croux  et 
Moser  : Imperialis,  rouge  orange  éblouissant  ; 
François  Luppin,  délicieux  rose  saumoné  ; 
W.  E.  Gumbleton,  jaune  paille;  Alph.  La- 
vallée, rose  orangé  ; Ebenezer  Pyke,  vermillon 
pâle,  etc. 

Clématites  à grandes  fleurs,  de  M.  Christen, 
Madame  Furtado  Heine , nouveauté  à fleurs 
rose  vif,  pétales  étalés,  arrondis,  étamines 
blanc  pur.  Cette  belle  variété  sera  mise  cette 
année  au  commerce.  Marie  Boisselot,  fleurs 
semi-doubles,  blanc  pur;  Duchesse  de  Camba- 
cérès, fleurs  très-grandes,  pétales  étalés,  violet 
pâle  uniforme  ; Star  of  India,  pétales  larges, 
violet  foncé,  etc. 

Rosiers  grimpants,  du  même  exposant, 
collection  très-nombreuse  et  bien  choisie. 
Ma  Capucine,  simple,  rouge  capucine  ; Beauty 
of  Glazenwood,  fleurs  demi-doubles,  énormes, 
jaune  rosé  ; Robusta,  fleurs  moyennes,  carmin 
foncé,  etc.,  etc. 

Rosiers  variés.  Jamais  nous  n’avons  eu  une 
exposition  de  Rosiers  plus  belle  que  cette 
année.  Je  crois  que,  sans  exagérer,  on  peut 
évaluer  à cinq  mille  le  nombre  des  magni- 
fiques exemplaires  exposés  par  MM.  Charles 
Verdier,  Lévêque  et  fils,  Margottin  et  Roth- 
berg.  Si  l’on  voulait  donner  la  liste  dés  superbes 
variétés  que  l’on  y remarquait,  quatre  pages 
de  la  Revue  horticole  ne  suffiraient  pas. 

Les  plantes  à feuillage  ornemental  étaient 
représentées  par  les  magnifiques  exemplaires 
de  M.  Chantin,  de  Paris,  de  Mme  Block,  de 
Bruxelles,  par  la  belle  collection  de  Bromé- 
liacées et  de  plantes  diverses  de  M.  Jolibois, 
jardinier-chef  au  Palais  du  Luxembourg,  au 


276 


PÊCHE  ROUGE  DE  MAI. 


milieu  desquelles  le  magnifique  Hœmanthus 
puniceus , au  large  feuillage  ondulé,  aux  énormes 
houppes  rouge  orangé  éblouissant,  attirait  tous 
les  regards. 

A signaler  encore  une  très-intéressante 
collection  de  plantes  fleuries,  pour  les  marchés, 
présentée  par  M.  Landry,  de  Paris  : les 
Cactées  de  M.  Simon,  et,  du  même  expo- 
sant, un  groupe  d ’Aloe  spinosa  à feuilles 
vert  foncé,  à longue  hampe  de  fleurs  rouge 
vermillon  ; plantes  qui,  groupées  par  masses 
sur  un  rocher,  produisent  un  magnifique  effet  ; 
les  énormes  pieds  d’ Anthémis  Comtesse  de 
Chambord , de  M.  Gillard. 

Les  plantes  vivaces  et  à ognons  étaient  re- 
présentées par  les  magnifiques  Pivoines  en 
arbre  de  M.  Paillet,  de  Sceaux.  Citons,  parmi 
les  plus  belles  variétés  : Reine  Élisabeth , très- 
grande  fleur,  rouge  brillant  ; Jeanne  d'Arc,  fleur 
énorme,  rosé  saumon  ; Louise  Mouchelet,  fleur 
énorme,  couleur  chair;  Osiris , marron  noir; 
Lord  Marcartney , rouge  coquelicot,  etc.;  les 
collections  de  M.  Forgeot,  où  se  faisait  surtout 
remarquer  la  Tulipe  double  jaune  d’or. 

Celles  de  M.  Thiébaut,  Tulipes  superbes, 
Renoncules  Turban  blanc  pur , Turban  car- 
min; le  Muguet  Fortin,  au  feuillage,  grappes 
et  fleurs  énormes  de  M.  Paillet  ; les  Iris  de 
M.  Ch.  Verdier. 

Nous  n’avons  pas  encore  parlé  d’une  des 
parties  les  plus  intéressantes  de  l’exposition  : 
la  confection  de  bouquets  et  autres  objets  de 
décoration  florale. 

M.  Lachaume  a montré  un  réel  talent  artis- 
tique dans  ce  genre,  dont  nous  reparlerons 

PÊCHE  ROI 

Si  pour  cette  Pêche  le  qualificatif  Rouge 
de  Mai  est  toujours  forcé,  c’est  surtout 
pour  l’année  1887,  puisque  ses  premiers 
fruits,  aux  environs  de  Paris,  n’ont  pas 
mûri  avant  le  commencement  d’août.  Mais 
en  admettant  même  que  la  tardiveté  excep- 
tionnelle de  l’année  passée  ait  été  de  trois 
semaines,  cette  Pêche,  qui,  disait-on,  avait 
mûri  en  mai,  ne  pouvait  guère,  norma- 
lement, mûrir  avant  la  seconde  quinzaine 
de  juillet.  Toutefois,  ce  n’en  est  pas  moins 
une  variété  méritante  au  point  de  vue  de  la 
culture  comme  sorte  hâtive.  En  voici  une 
description  : 

*'  Arbre  d’une  bonne  vigueur  moyenne,  produc- 
tive, à scions  couverts  d’une  écorce  olivâtre  ou 
rougeâtre.  Feuilles  dépourvues  de  glandes,  gran- 
des, planes,  courtement  pétiolées,  à bords  fine- 
ment denticulés,  serrés.  Fleurs  rosacées  assez 
grandes,  d’un  beau  rose.  Fruits  subsphériques, 
légèrement  aplatis,  largement  et  irrégulière- 
ment arrondis,  sensiblement  sillonnés  d’un 
côté,  portant  au  sommet  du  fruit  un  mucron 
conique  court,  mais  relativement  fort,  attei- 


très-prochainement  ; et  Mme  Jeangirard,  dont 
l’établissement  est  situé  aux  Halles  centrales, 
a prouvé  que  là  aussi  on  sait  tirer  parti  d’une 
manière  très-heureuse  des  monceaux  de  fleurs 
qui  arrivent  chaque  nuit.  A signaler  également 
les  compositions  en  fleurs  et  Graminées  sèches 
de  M.  F.  Parent. 

En  dehors  des  publications  spéciales  pério- 
diques, l’instruction  horticole  était  peu  repré- 
sentée. 

Citons  cependant  la  collection  de  plantes  arti- 
ficielles de  M11®  Marie  Fortier,  avec  échantillons 
très-bien  imités,  comprenant,  pour  chaque  es- 
pèce, un  rameau  avec  feuilles,  fleurs  et  fruits; 
l’herbier  de  M.  Jolly,  où  tous  les  échantillons 
ont  conservé  leurs  couleurs,  pour  les  fleurs  et 
pour  le  feuillage  (M.  Jolly  nous  a dit  qu’il  ob- 
tenait ce  résultat  en  empoisonnant,  non  pas 
les  plantes  elles-mêmes,  mais  le  papier  sur 
lequel  elles  sont  appliquées.  Les  insectes  sont, 
paraît-il,  éloignés  de  la  sorte  d’une  manière 
suffisante,  et  les  coloris  ne  sont  pas  altérés)  ; 
et  les  belles  collections  d’insectes  utiles  et  nui- 
sibles de  MM.  Ramé  et  Chevalier. 

Nous  publions  plus  loin  la  liste  complète  des 
récompenses  décernées  à l’Exposition  de  la  So- 
ciété nationale  et  centrale  d’horticulture  de 
France.  Au  lieu  de  suivre  la  nomenclature  offi- 
cielle, par  concours,  avec  les  diverses  récom- 
penses décernées  dans  chacun  d’eux,  nous  avons 
pensé  qu’il  était  préférable  de  donner  par  ordre 
alphabétique  la  liste  de  tous  les  exposants  ré- 
compensés, avec  le  détail  de  toutes  les  récom- 
penses obtenues  par  chaque  lauréat  dans  les 
divers  concours.  Ch.  Thays. 

GE  DE  MAI 

gnant  6-7  centimètres  de  diamètre  sur  environ 
55  millimètres  de  hauteur.  Peau  rouge  sang 
vineux,  très-foncé,  presque  sur  toutes  les  par- 
ties, même  sur  celles  qui  sont  ombragées,  qui, 
alors,  sont  fortement  marbrées,  courtement 
velues,  se  détachant  très-facilement  de  la 
chair,  qui  est  parfois  légèrement  colorée  sur  la 
peau.  Chair  blanche  plus  ou  moins  adhérente 
au  noyau,  fine,  fondante,  extrêmement  juteuse  ; 
eau  sucrée  légèrement  acidulée,  très-abon- 
dante. Noyau  roux,  assez  courtement  rustiqué, 
renflé  sur  les  deux  faces,  courtement  mais 
sensiblement  mucroné. 

Sans  être  aussi  hâtif  que  semble  l’indi- 
quer son  nom,  le  Pêcher  Rouge  de  Mai 
fait  néanmoins  partie  de  la  première  série 
et  vient  avec  les  variétés  Cumberland, 
Waterloo,  Downing,  Musser  et  même 
Amsden  et  Alexander;  seulement,  elle 
nous  a paru  un  peu  plus  forte  et  plus  co- 
lorée, bien  faite,  en  un  mot,  pour  être  une 
excellente  variété  de  commerce,  avanta- 
geuse au  point  de  vue  de  la  spéculation. 

E.-A.  Carrière. 


GocbxrcL,  del-. 


Pêche  roiuje 


de  Mai. 


Remise  Horticole > 


Chrov  boHûo.  G-.Severeyiit . 


CHOU  DE  BRUXELLES  DEMI-NAIN  DE  LA  HALLE. 


277 


CHOU  DE  BRUXELLES  DEMI-NAIN  DE  LA  HALLE 


A mesure  que  la  culture  de  chaque  sorte 
se  perfectionne,  les  races  se  spécialisent  et 
par  suite  le  nombre  des  variétés  augmente. 
C’est  ce  que  chacun  remarque  en  voyant  les 
catalogues  des  marchands  s’allonger  d’année 
en  année,  et  de  là  vient  le  reproche  d’exa- 
gération qu’on  leur  adresse  souvent  en 
disant  que  trois  ou  quatre  bonnes  races  va- 
lent autant  que  douze  ou  quinze  médiocres. 

Ce  serait  juste  si  c’était  vrai,  mais  cette 
critique  tombe  à faux,  comme  beaucoup 
d’autres  qui,  pour  prendre  des  airs  sen- 
tencieux et  plausibles,  n’en  sont  pas  moins 
parfaitement  injus- 
tes. D’abord,  il  n’y 
a pas  de  raison  pour 
que  les  douze  ou 
quinze  variétés  soient 
moins  bonnes  que 
les  deux  ou  trois,  et 
ensuite  il  y a place 
pour  toutes,  et  pour 
d’autres  en  plus  qui 
ne  sont  pas  encore 
nées , dans  l’im  - 
mense  multiplicité 
des  conditions  où 
sont  placés  les  cul- 
tivateurs. 

Considérez,  par 
exemple,  l’approvi- 
sionnement de  Pa- 
ris. Il  se  fait,  d’une 
part,  au  moyen  des 
produits  de  la  ban- 
lieue, d’abord  forcés, 
puis  obtenus  en  sai- 
son, puis  enfin  retardés  pour  prolonger  la 
vente  ; d’autre  part,  au  moyen  des  mêmes 
produits  cultivés  dans  des  centres  plus  éloi- 
gnés de  la  capitale  et  expédiés  par  chemin  de 
fer.  A chacun  de  ces  modes  de  culture,  à 
chaque  saison  et  à chaque  localité,  corres- 
pondra une  race  spéciale  qui  y donnera  les 
meilleurs  résultats  et  qui,  si  elle  est  bien  fixe 
et  vraiment  remarquable,  a chance  de  deve- 
nir une  variété  connue,  recherchée  et  répan- 
due par  le  commerce  pour  être  cultivée  dans 
des  conditions  analogues  à celles  où  elle  a 
pris  naissance.  Multipliez  le  nombre  de  ces 
variétés  locales  par  la  diversité  des  goûts 
des  consommateurs  et  vous  serez  étonné 
qu’au  lieu  de  cinquante  Choux,  vingt  Lai- 
tues et  dix  Epinards,  les  catalogues  spé- 


ciaux ne  vous  en  offrent  pas  quatre  fois 
autant.  Toutes  auraient  leur  utilité  et  leur 
emploi,  et  c’est  seulement  le  peu  d’impor- 
tance de  la  consommation  qui  empêche 
beaucoup  de  variétés  légumières  de  figurer 
sur  les  listes  commerciales  ou  d’y  faire 
autre  chose  qu’une  apparition  passagère. 

Il  y a quelques  années,  à l’un  des  Con- 
cours agricoles  du  mois  de  février,  au  Palais 
de  l’Industrie,  un  cultivateur  des  environs 
de  Paris  n’avait  pas  présenté  moins  de  cinq 
variétés  distinctes  de  Choux  de  Bruxelles, 
différant  les  unes  des  autres  seulement  par  la 
hauteur  de  leur  tige. 
La  plus  haute  attei- 
gnait environ  lm  30, 
tandis  que  la  plus 
basse  dépassait  à 
peine  25  centimètres. 
C’est  à peu  près  vers 
le  milieu  de  cette 
série  de  Choux  de 
Bruxelles  qu’il  faut 
placer  la  race  dont 
nous  présentons  au- 
jourd’hui la  figure 
aux  lecteurs  de  la 
Revue.  Elle  s’élève, 
en  effet,  à 70  ou 
80  centimètres,  avec 
un  port  ferme  et 
dressé,  des  feuilles 
creusées  en  cuiller, 
d’un  vert  grisâtre 
et  terne,  avec  une 
teinte  lilacée  assez 
marquée  sur  les  pé- 
tioles et  aux  aisselles  des  feuilles.  Comme 
tous  les  Choux  de  Bruxelles  cultivés  aux 
environs  de  Paris  et  pour  la  consommation 
parisienne,  cette  race  a les  jets  petits  et  bien 
serrés.  Soit  par  tradition,  soit  par  bon  goût 
naturel,  nous  avons  conservé  à Paris  la  pré- 
férence qu’ont  les  Bruxellois  pour  les 
Pommes  petites,  fermes,  bien  pleines  et 
nombreuses.  Ce  n’est  pas  sur  nos  marchés, 
ni  dans  nos  expositions  que  l’on  ferait  ad- 
mirer les  races  anglaises  dont  les  Pommes 
atteignent  presque  le  volume  d’une  bille  de 
billard,  ou  s’efforcent  au  moins  de  l’at- 
teindre. Bien  loin  de  constituer  un  progrès 
véritable,  cet  accroissement  du  volume  des 
jets  fait  perdre  au  Chou  de  Bruxelles  son 
principal  mérite,  qui  est  de  donner  des  bou- 


Fig.  02.  — Chou  de  Bruxelles  demi-nain 
de  la  Halle. 


278  LES  LÉGUMES  A L’EXPOSITION  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE. 


chées  toutes  préparées,  et  il  change  les  pe- 
tites Pommes,  si  nettes  et  de  grosseur  si 
bien  mesurée,  en  de  gros  paquets  de  feuilles, 
qu’il  faut  couper  à la  fourchette  et  qui  sont 
aussi  peu  agréables  à voir  que  disgracieux 
à manger. 

Rien  de  semblable  avec  le  Chou  de 
Bruxelles  demi-nain  de  la  Halle  (fig.  62).  Les 
jets  n’en  sont  pas  plus  gros  que  l’extrémité  du 
doigt  et  ils  sont  très-fermes,  se  développent 
graduellement  de  bas  en  haut  sur  les  tiges  ; 
ils  se  succèdent  pendant  plusieurs  semaines 
sur  chaque  pied,  et,  en  échelonnant  les 


LES  LÉGUMES 

DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE 


C’est  surtout  aux  produits  maraîchers  que 
l’hiver  interminable  que  nous  avons  eu  cette 
année  a été  préjudiciable.  C’est  ce  qui  explique 
le  petit  nombre  des  exposants  qui,  cette 
fois,  ont  fait  des  envois  au  Pavillon  de  la  Ville 
de  Paris. 

Heureusement,  les  cultivateurs  de  premier 
ordre  étaient  là,  et  ce  qu’ils  soumettaient  à 
l’appréciation  du  jury,  à l’examen  des  visiteurs, 
comporte  largement  une  étude  spéciale. 

La  maison  Vilmorin,  And.rieux  et  Cie  venait 
en  première  ligne.  Ses  produits,  comme  d’ail- 
leurs la  plupart  de  ceux  des  autres  exposants, 
sont  cultivés  en  pots,  ce  qui  leur  permet  de 
rester  en  très-bonne  condition  toute  la  durée 
de  l’exposition  et  facilite  l’examen  de  leurs  di- 
verses qualités.  Nous  avons  surtout  remarqué 
une  collection  de  Laitues.  Ne  pouvant  pas  par- 
ler de  toutes,  nous  allons  citer  les  plus  inté- 
ressantes. C’est  d’abord,  pour  la  culture  forcée, 
la  Laitue  Gotte  à graine  noire;  la  Laitue 
Georges , pour  côtière,  et  la  Laitue  de  la  Pas- 
sion blanche , forme  excessivement  rustique  ; 
puis,  pour  l’été,  les  Laitues  Lorthois , Grosse 
Normande , Palatine  rousse , Merveille  des 
quatre  saisons. 

Dans  les  Romaines,  les  plus  recomman- 
dables étaient  la  Romaine  verte  maraîchère , la 
R.  grise , l’une  et  l’autre  pour  forcer,  et,  pour 
la  culture  normale,  la  R.  blonde. 

Rien  à dire  des  Radis,  si  ce  n’est  qu’il  y en  a 
maintenant  de  toutes  les  couleurs,  ce  qui  ne 
peut  être  qu’agréable  aux  maîtresses  de  mai- 
son, pour  donner  un  aspect  plus  attrayant  aux 
hors-d’œuvre  servis  sur  leurs  tables. 

Le  Navet  Marteau  est  encore  à notre  avis 
supérieur  à toutes  les  autres  variétés,  ainsi 
que,  dans  un  autre  genre,  la  Pomme  de  terre 
Rigault.  A placer  en  première  ligne  égale- 


semis pendant  les  mois  d’avril,  mai  et  juin, 
on  peut  prolonger  de  beaucoup  la  période 
de  production  de  cet  excellent  légume. 

La  variété  que  nous  décrivons  aujourd’hui 
a été  mise  au  commerce  l’hiver  dernier  par 
MM.  Vilmorin,  Andrieux  et  Cie,  qui  ont  bien 
voulu  nous  en  prêter  la  figure.  Nous  croyons 
ce  Chou  de  Bruxelles  appelé  à se  répandre, 
parce  que,  très-rustique,  productif  et  facile 
à cultiver,  il  répond  bien,  par  la  nature  de 
son  produit,  aux  goûts  du  public  français. 

Ed.  André. 


1 L’EXPOSITION 

D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 


ment,  le  Concombre  vert  long  anglais,  le  Con- 
combre blanc , le  Cornichon  fin  de  Meaux , la 
Tomate  grosse  lisse , le  Chou-Fleur  Alleaume, 
l’Aubergine  violette  longue  et  le  Piment 
Tomate. 

Dans  une  collection  assez  nombreuse  de 
Mâches,  les  deux  préférables  nous  ont  paru 
être  la  Mâche  d 'Italie  et  la  M.  ronde  à grosse 
graine. 

Les  Pois  Express  à rames  et  nain  vert  hâtif 
réunissent  toutes  les  qualités  que  l’on  peut 
demander  à ce  légume,  qui  ne  supporte  pas  la 
médiocrité.  Citons  encore  le  Haricot  Bonne- 
main  et  le  H.’  Flageolet  Beurre. 

M.  Cousin,  de  Gennevilliers,  présentait  un 
joli  lot  varié.  Ses  Fraises  Docteur  Morère , sir 
Joseph  Paxton , étaient  superbes  de  forme,  de 
parfum  et  de  maturité.  Remarqué  également 
dans  son  lot  : Tomate  Princesse  des  Tomates , 
Chou-Fleur  demi-dur , Melon  Prescott. 

La  Société  de  secours  mutuels  des  maraî- 
chers de  la  Seine  avait  envoyé  un  lot  fort  res- 
pectable caractérisé  par  une  culture  irrépro- 
chable et  une  sélection  très-entendue  des 
variétés. 

M.  Forgeot,  grainier  à Paris,  présentait 
également  un  lot  assez  important  où  nous 
avons  retrouvé  la  plupart  des  variétés  remar- 
quées chez  MM.  Vilmorin,  et  aussi  : les  Hari- 
cots Chevrier , Merveille  de  France , à la  Reli- 
gieuse ou  Saint-Esprit , les  Pois  Beck’s  Gem , et 
Alaska  à rames. 

Comme  spécimens  atteignant  des  proportions 
de  plus  en  plus  extraordinaires,  on  remarquait 
les  Asperges  de  M.  Lhérault,  d’Argenteuil  ; 
celles  de  M.  Auguste  Renard,  de  Suresnes,  et 
les  Poireaux  de  M.  Joseph  Rigault,  de  Groslay 
(Seine-et-Oise). 

A.  Duvillard. 


LA  DESTRUCTION  DES  MOUSSES  PAR  LE  SULFATE  DE  FER. 


279 


LÀ  DESTRUCTION  DES  MOUSSES  PAR  LE  SULFATE  DE  FER 


Les  usages  du  sulfate  de  fer  en  horticul- 
ture se  rapportent  à ces  deux  propriétés 
distinctes  : 1°  destruction  des  Mousses  et 
des  autres  parasites  du  sol  ; 2°  action 
comme  engrais. 

Nous  nous  occuperons  aujourd’hui  de  la 
première,  ce  point  intéressant  plus  spécia- 
lement les  lecteurs  de  la  Revue  horticole. 

Les  notes  suivantes  sont  le  résumé  des 
résultats  obtenus  par  M.  Muntz,  profes- 
seur à l’Institut  national  agronomique,  par 
M.  Lambin,  professeur  de  la  Société  d’hor- 
ticulture de  Soissons,  et  d’autres  personnes, 
qui  l’ont  également  employé  sur  nos  indi- 
cations; nous  y joindrons  les  résultats  de 
nos  expériences  personnelles. 

La  destruction  des  Mousses  par  le  sulfate 
de  fer  est  fondée  sur  ce  principe  que  ce 
corps,  engrais  à dose  modérée,  est  poison  à 
dose  élevée.  Cette  dose  correspond  à une 
absorption,  par  les  végétaux,  d’une  quantité 
d’oxyde  de  fer  telle  que  leurs  cendres  en 
contiennent  plus  de  10  p.  100  de  leur  poids. 
Ainsi  deux  plantes  dont  les  poids  sont  dans 
des  rapports  de  100  à 10  étant  traitées  par 
la  même  dose  de  sulfate  de  fer,  la  première 
se  développera  énergiquement,  la  seconde 
périra,  le  même  poids  de  fer  correspondant 
à ^ du  poids  total  pour  la  première,  et  à 
-73-  pour  la  seconde. 

Les  Mousses  étant  un  organisme  plus 
faible  que  les  herbes  des  pelouses,  la  dose 
de  sulfate  de  fer  qui  tuera  les  unes  est  infé- 
rieure à celle  qui  pourrait  nuire  aux  autres. 

Il  faut  bien  se  pénétrer  de  ce  principe  pour 
éviter  les  insuccès  ; sur  son  application  est 
fondée  toute  la  méthode  ; on  peut  la  résu- 
mer ainsi  : répandre  sur  les  gazons  assez  de 
sulfate  de  fer  pour  tuer  la  Mousse,  pas  assez 
pour  nuire  à l’herbe. 

Ceci  dit,  nous  examinerons  successive- 
ment : 1°  les  doses  à employer  ; 2°  le  mode 
d’emploi  ; 3°  l’époque  d’utilisation  ; 4°  le 
mode  d’action  ; 5°  les  résultats. 

1°  Doses  ci  employer.  — Elles  varieront 
évidemment  avec  la  force  de  l’herbe;  à un 
gazon  jeune  conviennent  des  doses  faibles, 
à un  gazon  plus  vieux,  plus  compact,  des 
doses  plus  énergiques. 

La  dose  moyenne  est  300  kilog.  par  hec- 
tare, soit  3 kilog.  par  100  mètres  carrés; 
les  limites  extrêmes  sont  généralement  200 
et  600  kilog.  Sur  un  gazon  feutré-  comme 
celui  du  jardin  de  la  Société  d’horticulture  j 


de  Soissons,  on  mettra  500  kilog.  par  hec- 
tare. Sur  d’autres  plus  vieux  encore  et  plus 
forts,  cette  dose  de  500  kilog.  a même  été 
insuffisante  ; une  nouvelle  dose  de  300  kil. 
a dû  être  répandue  sur  certaines  parties 
plus  chargées  de  Mousse  que  les  autres. 

D’ordinaire,  il  vaudra  mieux  procéder  par 
deux  applications  successives  à quinze  jours 
ou  trois  semaines  d’intervalle  en  commen- 
çant par  300  kilog.,  et  redoublant  ensuite 
par  une  dose  égale  si  l’effet  est  incomplet, 
ou  par  une  dose  plus  forte  si  les  Mousses 
reprenaient  avec  trop  de  vigueur.  Pour  de 
premiers  essais  surtout,  nous  engageons 
vivement  à procéder  ainsi  ; quand  on  se 
sera  rendu  maître  du  procédé  par  une 
petite  application  à dose  modérée,  on  abor- 
dera directement  les  doses  plus  élevées. 

Il  est  très-important  de  se  rendre  bien 
compte  de  la  surface  à traiter  : un  proprié- 
taire ayant  éprouvé  un  insuccès,  l’enquête 
faite  avec  lui  montra  qu’on  avait  employé 
en  une  seule  fois  400  kilog.  sur  une  surface 
mal  mesurée  qui  se  trouva  être  de  10  ares; 
cette  dose  correspondait  donc  à 4,000  kilog. 
à l’hectare;  c’était  plus  du  double  de  celle 
nécessaire. 

2°  Mode  d’emploi.  — Le  meilleur  mode 
d’emploi  est  l’emploi  en  dissolution  ; c’est  le 
plus  sûr  moyen  d’arriver  à l’épandage  régu- 
lier ; il  n’est  pratique  pourtant  que  sur  de 
petites  surfaces,  mais  pour  le  jardinage  il 
ne  saurait  être  trop  recommandé. 

La  dissolution  se  fera  en  ajoutant 
500  grammes  de  sel  à 10  litres  d’eau  ou 
5 kilog.  par  hectolitre.  Pour  faciliter  le  tra- 
vail, on  peut  préparer  une  liqueur  concen- 
trée avec  40  kilog.  de  sel  dans  un  hectolitre 
d’eau  pure,  prendre  un  litre  et  quart  de  la 
liqueur  ainsi  formée,  qu’on  mettra  dans 
chaque  arrosoir  de  40  litres. 

La  dissolution  doit  se  faire  dans  un  vase 
en  bois,  un  vieux  tonneau  par  exemple  ; dans 
l’arrosoir  on  mettra  l’eau  pure  d’abord,  la 
liqueur  ensuite  ; la  jauge  sera  un  petit  seau 
en  bois  ou  un  vase  en  poterie  vernissée,  le 
robinet  du  tonneau  sera  également  en  bois. 

Avec  un  arrosoir  de  40  litres  de  liquide 
ainsi  formé,  on  devra  couvrir  : 

45  m.  carrés  pour  représenter  300  kil.  parhect. 
40  m.  carrés  — — 500  kil.  — 

Autant  que  possible,  faire  cette  dissolution 
J dans  de  l’eau  de  citerne  et  au  moment  de 


280 


LA  DESTRUCTION  DES  MOUSSES  PAR  LE  SULFATE  DE  FER. 


s’en  servir,  la  dissolution  en  vieillissant 
perd  de  sa  force;  elle  perd  aussi  de  sa  qua- 
lité si  elle  est  préparée  avec  des  eaux  très- 
calcaires  ; dans  ce  cas  forcer  la  dose  de  quel- 
ques kilog.  par  hectare. 

Pourtant  cet  emploi  en  dissolution  n’est 
nullement  indispensable.  A son  défaut,  on 
fera  un  mélange  intime  du  sel  avec  six  à 
huit  fois  autant  de  terre,  de  sable,  de  ter- 
reau, de  plâtre,  etc. 

Pour  obtenir  ce  mélange  intime,  on 
mettra  d’abord  sur  le  sol  quelques  centi- 
mètres du  sable  ou  de  la  matière  servant  au 
mélange,  puis  sur  cette  terre  on  répandra 
une  première  couche  de  sulfate  de  fer,  on 
ajoutera  dessus  une  seconde  couche  de  terre, 
puis  une  seconde  partie  du  sulfate  de  fer  et 
ainsi  de  suite  jusqu’à  complet  épuisement 
des  quantités  de  terre  et  de  sulfate  ; le 
tout  sera  ensuite  réuni  en  un  tas  homogène 
et  retourné  deux  ou  trois  fois. 

L’épandage  du  mélange  ainsi  obtenu  se 
fera  à la  pelle,  en  lançant  chaque  pelletée 
presque  verticalement  pour  obtenir  un 
épandage  régulier. 

Cette  dernière  méthode  n’est  pas  plus 
indispensable  à suivre  qu’aucune  autre  pou- 
vant assurer  un  épandage  régulier.  Ainsi, 
quelques  jardiniers  préfèrent  semer  simple- 
ment le  sel  à la  main,  comme  on  sème  le 
blé  ou  toute  autre  semence. 

Il  est  bien  entendu  que  pour  obtenir  dans 
les  deux  cas  un  effet  satisfaisant,  il  faut 
employer  le  sulfate  en  poudre  ou  en  cristaux 
fins  de  la  grosseur  environ  du  sel  de  cui- 
sine. 

3°  Époque  d’utilisation.  — La  végéta- 
tion sur  les  pelouses  ayant  lieu  toute  l’an- 
née, on  peut  y employer  le  sulfate  de  fer  à 
toute  époque  de  la  végétation  presque  indif- 
féremment. 

Nous  avons  fait  des  essais  l’année  der- 
nière tous  les  mois,  depuis  février  jusqu’à 
novembre,  et  toujours  avec  succès;  nous 
étudions,  en  ce  moment,  si  une  époque  de 
l’année  est  réellement  préférable  à l’autre, 
mais  dans  l’état  actuel  de  nos  expériences 
aucun  fait  ne  milite  en  faveur  d’une  date 
plutôt  que  d’une  autre;  tout  au  plus  peut-on 
dire  qu’il  y aurait  quelque  avantage  à opé- 
rer en  mars  ou  en  avril  au  moment  des 
pluies,  surtout  quand  on  n’emploie  pas  le 
sulfate  à l’état  de  dissolution.  Dès  qu’on  est 
décidé  à faire  l’essai,  le  plus  tôt  est  le  meil- 
leur. 

Quand  on  n’a  pas  fait  l’emploi  en  mars 
ou  en  avril,  il  conviendra  généralement  d’at- 
tendre pour  les  gazons  la  première  coupe. 


4°  Mode  d’action.  — L’effet  du  sulfate 
de  fer  se  traduit  par  le  noircissement  des 
Mousses,  qui  se  desséchent  et  tombent  en 
poudre. 

Ce  point  est  intéressant  à noter  parce 
qu’il  indique  quand  on  a bien  opéré  et  sur- 
tout quand  la  dose  a été  convenable.  Si  elle 
a été  insuffisante,  la  Mousse  devient  seule- 
ment grise  ou  roussit  ; elle  renait  alors  en 
partie  au  bout  de  quelque  temps  ; il  est  né- 
cessaire, dans  ce  cas,  de  faire  une  seconde 
application  sur  les  points  ainsi  incomplète- 
ment atteints. 

Quelquefois  les  deux  traitements  de  la 
première  année  sont  insuffisants,  et  il  faut 
recommencer  l’année  suivante. 

5°  Résultats.  — M.  Heuzé,  dans  le  rap- 
port lu  par  lui  sur  ce  sujet  à la  Société  na- 
tionale d’agriculture  en  1887,  dit  qu’il  y a 
lieu  d’attendre  deux  ans  avant  de  se  pro- 
noncer. 

On  peut  déjà  tirer  quelques  conclusions 
des  résultats  de  deux  essais  faits  l’année  der- 
nière au  jardin  de  la  Société  d’horticulture 
de  Soissons;  l’essai  exécuté  en  1887  a été 
assez  satisfaisant  pour  que  cette  année  le 
traitement  ait  été  appliqué  sur  toute  la  sur- 
face des  pelouses. 

Quant  aux  pièces  traitées  par  nous,  sur 
une  partie  (plus  de  la  moitié  de  la  surface 
d’essai),  l’opération,  répétée  deux  fois  l’an- 
née dernière,  en  avril  et  en  juillet,  a pro- 
duit un  effet  absolument  complet;  cette 
partie  est  aujourd’hui  totalement  débarrassée 
de  Mousse,  et.  l’herbe  y est  remarquable- 
ment vigoureuse;  sur  l’autre  nous  avons  dû 
faire  un  second  traitement  double  aussi  cette 
année,  fin  de  mars  et  commencement  de  mai, 
et  tout  fait  espérer  qu’il  sera  suffisant.  Une 
surface  égale,  contiguë  à celle  ayant  servi  à 
ces  expériences  et  qui  n’a  reçu  aucun  trai- 
tement, reste  absolument  rongée  par  la 
Mousse. 

La  méthode  semble  donc  avoir  fait  ses 
preuves. 

Il  est  bien  entendu  que,  le  développement 
des  Mousses  indiquant  généralement  une 
terre  appauvrie,  il  sera  nécessaire,  après 
leur  destruction,  de  répandre  sur  les  pe- 
louses les  engrais  nécessaires,  plâtre,  phos- 
phate, nitrate  de  soude  ou  terreau  ; on  ne 
peut  demander  au  sulfate  de  fer  de  fournir 
aux  plantes  l’acide  phospliorique,  la  chaux 
ou  l’azote,  si  le  sol  en  est  dépourvu. 

P.  Margueritte  Delacharlonny, 

Ingénieur  des  atts  et  manufactures 
à Urcel  (Aisne). 


LES  ARTS  ET  INDUSTRIES  HORTICOLES  A L’EXPOSITION  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE.  281 


LES  ARTS  ET  INDUSTRIES  HORTICOLES 

A L’EXPOSITION  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 


Depuis  l’Exposition  internationale  de  1885, 
celle  de  cette  année  a été  la  plus  remarquable 
par  la  richesse  de  ses  produits  et  son  excellente 
disposition;  elle  a été  favorisée,  le  jour  de  l’ou- 
verture et  les  suivants,  par  les  plus  magni- 
fiques journées  de  printemps  dont  nous  ayons 
encore  joui. 

L’industrie  horticole  n’était  pas  restée  en 
arrière,  et  si  la  splendide  réunion  d’Orchidées 
formant  le  massif  central  de  la  grande  salle  a 
excité  l’admiration  des  visiteurs,  la  construc- 
tion rustique  de  M.  Ghassin  était  digne  de  la 
recevoir;  elle  représentait  un  rocher  ovale 
dont  la  partie  supérieure,  ombragée  de  grands 
Palmiers  et  de  Fougères  arborescentes,  laissait 
échapper  entre  les  roches  quatre  petits  ruis- 
seaux sinueux,  qui  étaient  les  limites  de 
quatre  magnifiques  lots  d’Orchidées,  ét  dont 
les  eaux  limpides,  courant  sous  les  feuillages  et 
les  fleurs,  faisaient  de  petites  cascades  : on 
avait  créé  là  une  ceinture  fraîche  et  pitto- 
resque à la  plus  charmante  collection  de 
plantes  rares  qui  ait  jamais  été  réunie. 

Les  statues  et  le  vase  exposés  par  le  "Val 
d’Osne,  qui  formaient  le  centre  des  magni- 
fiques corbeilles  de  l’entrée  de  la  salle,  bien 
qu’en  fonte  bronzée,  produisaient  un  effet  ar- 
tistique accompagnant  très-gracieusement  ces 
richesses  horticoles. 

Les  parois  du  Pavillon  de  la  Ville  étaient, 
cette  année,  décorées  de  jolis  treillages  de 
divers  styles  par  MM.  Simard,  Groseil  et  fils, 
qui  exposaient  aussi  de  beaux  kiosques  en  bois 
rustique;  ils  ont  obtenu  des  premiers  prix  bien 
mérités. 

Gomme  les  années  précédentes,  l’avenue  ré- 
servée à l’industrie  horticole  proprement  dite 
était  très-remplie,  mais  sans  offrir  rien  de  bien 
nouveau. 

Les  constructeurs  de  serres  et  châssis  s’ap- 
pliquent à perfectionner  leur  travail  et  surtout 
à le  produire  à bon  marché,  parce  que  les 
propriétaires  sont  souvent,  pour  ce  genre  de 
construction,  préoccupés  surtout  de  la  question 
d’économie. 

Il  y avait  beaucoup  de  grandes  et  belles  serres, 
dont  quelques-unes  en  bois;  les  expositions  de 
MM.  Cochu,  André,  Bergerot,  Grenthe,  Izam- 
bert,  Guillot-Pelletier,  Beuzelin,  étaient  dignes 
de  la  réputation  bien  établie  de  ces  maisons. 

Les  appareils  de  chauffage  de  serres  ou  ther- 
mosiphons étaient  également  nombreux  et 
très-bien  compris  ; ils  reviennent  à peu  près  tous 
au  même  principe,  appliqué  par  récipients 
horizontaux  ou  verticaux,  en  cuivre  ou  en  fer; 
aussi  de  nombreux  constructeurs,  parmi  les- 
quels MM.  Lebœuf,  Martre,  Mathieu,  Lusseau, 
ont  obtenu  des  médailles  de  vermeil  et  d’argent. 


Une  médaille  de  vermeil  a été  attribuée  à 
une  invention  nouvelle  pour  le  chauffage  des 
petites  serres,  vérandahs,  etc.  G’est  le  poêle 
thermosiphon  mobile  de  M.  Paul  Lebœuf  qui 
réalise,  pour  ces  serres  ou  salons  de  fleurs 
accompagnant  aujourd’hui  les  appartements, 
tous  les  avantages  de  mobilité  du  Ghoubersky, 
mais  avec  la  chaleur  douce  et  régulière  du 
thermosiphon  ; son  prix  peu  élevé  le  met  à la 
portée  de  tous. 

L’industrie  des  claies  et  paillassons  était  re- 
présentée par  de  nombreux  apports,  parmi 
lesquels  nous  citerons  ceux  de  MM.  Lusseau, 
Anfroy,  Dorléans,  Lebœuf. 

Les  spécimens  de  pompes  et  appareils  d’ar- 
rosage avaient  été  apportés  par  les  meilleurs 
fabricants,  tels  que  : MM.  Beaume,  Debray, 
Broquet,  Carré,  Raveneau,  etc.  ; mais,  encore 
de  ce  côté,  rien  de  bien  nouveau.  On  ne  peut 
toujours  changer;  cette  industrie  est  arrivée  à 
un  tel  degré  de  perfectionnement  que  le  mieux 
pourrait  être  quelquefois  l’ennemi  du  bien. 

Une  industrie  nouvelle,  celle  des  vaporisa- 
teurs et  pulvérisateurs,  a produit  des  appareils 
bien  remarquables,  notamment  le  tanatophore 
de  M.  Martre,  qui  a l’avantage  de  diviser  à 
l’infini  les  parties  volatiles  du  tabac,  qui  pé- 
nètrent ainsi  dans  les  moindres  interstices  des 
fleurs  et  des  feuilles,  de  permettre  de  faire 
l’allumage  et  la  combustion  en  dehors  de  la 
serre  et  de  mouvoir  facilement  l’appareil  en 
réglant  son  action,  enfin,  de  ne  pas  dessécher 
ni  altérer  les  plantes  délicates.  M.  Ricada  a 
aussi  construit  un  appareil  obtenant  les  mêmes 
résultats. 

Les  meubles  de  jardins  les  plus  jolis,  les 
plus  confortables,  étaient  exposés  par  les  meil- 
leurs fabricants  : MM.  Yisseaux,  Perret, 
Couette,  etc.  ; nous  avons  remarqué  le  petit 
tabouret  pliant  portatif  de  M.  Villain,  très-com- 
mode, léger  et  solide  ; il  applique  avantageuse- 
ment le  même  principe  à d’autres  meubles  de 
campagne  pour  l’usage  des  artistes  et  des  cam- 
pements. 

Parmi  les  plus  jolis  objets  d’ornementation 
des  jardins,  il  faut  citer  toujours  les  belles 
faïences  de  M.  Duval,  qui  reproduit  si  bien  les 
vases  vieux  Rouen  et  autres  ; les  vases  en 
fonte  émaillée  de  MM.  Pâris,  Lajourdie  et  Ni- 
colas, plus  solides,  mais  moins  élégants.  Les 
charmantes  jardinières  et  cache-pots  en  porce- 
laine et  faïences  de  M.  Lavoivre  et  les  belles 
statues  et  vases  en  béton  agglomérés  de 
M.  Dubos. 

Nous  citerons  en  passant  les  réservoirs  en 
ciment  de  M.  Monier  fils,  de  M.  Deniau,  très- 
solides  et  économiques  dans  les  jardins. 

De  très-belles  grilles  en  fer  forgé  construites 


LA  BATAILLE  DE  FLEURS  AU  BOIS  DE  BOULOGNE. 


‘282 

par  MM.  Michelin,  Bergeotte,  Louet,  étaient 
placées  à l’entrée  et  aux  principaux  points  de 
l’enceinte  de  l’Exposition.  Il  y avait  aussi  de 
jolis  kiosques  et  ponts  en  fer,  des  grilles  éco- 
nomiques pour  communs  ; ces  ouvrages,  bien 
que  ressortissant  plus  de  la  serrurerie  de  bâ- 
timent que  de  l’horticulture,  complètent  bien 
l’aménagement  d’une  belle  propriété  de  cam- 
pagne. 

Les  principaux  fabricants  de  bacs  et  caisses 
avaient  exposé  des  modèles  les  plus  variés 
pour  la  forme,  l’ornementation  et  les  prix. 

Nous  citerons  parmi  eux  MM.  Javelin,  Lau- 
rin, Figus,  Ancelin  et  MU«  Loyre. 

La  coutellerie  et  la  quincaillerie  horticoles 
étaient  au  complet;  cette  industrie  est  arrivée 
à un  grand  degré  de  perfectionnement,  sous 
les  deux  rapports  de  la  bonne  fabrication  et 
du  bon  marché.  Outre  les  expositions  de 
M.  Borel,  de  M.  Métenier,  citons  celle  de 
M.  Aubry,  dans  laquelle  nous  avons  remarqué 
les  échenilloirs  et  ébrancheurs  d’un  nouveau 
système,  ainsi  que  son  coupe-sève  pour  l’inci- 
sion annulaire.  M.  Rousseau  exposait  sa  sar- 
cleuse-bineuse  d’un  emploi  si  utile  et  si  pra- 
tique. Tous  ces  instruments  ont  été,  d’ailleurs, 
précédemment  décrits  dans  la  Revue  horticole. 

Il  y avait  à remarquer  un  assortiment  de 

petits  objets  bien  variés,  bon  marché  et  pou- 

« 

LA  BATAILLE  DE  FLEUR 

Depuis  plusieurs  années,  dans  la  semaine 
qui  précède  le  Grand  Prix,  un  comité  or- 
ganise, au  Bois  de  Boulogne,  une  fête  des 
fleurs  dans  le  genre  de  celles  qui  ont  lieu, 
chaque  hiver,  à Nice. 

Jusqu’ici,  le  mauvais  temps  était  venu 
contrecarrer  toutes  les  dispositions  prises, 
et  les  résultats  n’avaient  été  que  peu  satis- 
faisants. 

Cette  année,  au  contraire,  un  soleil  ra- 
dieux a donné  à cette  fête  un  entrain  indes- 
criptible, et  la  réussite  a été  complète. 

Pour  donner  une  idée  à peu  près  exacte 
des  proportions  qu’a  prises  le  combat,  il 
nous  suffira  de  dire  que  63  fleuristes,  qui 
avaient  installé  leurs  boutiques  provisoires 
aux  abords  de  l’endroit  où  la  bataille  avait 
lieu,  ont  vendu  chacun  environ  cent  bou- 
quets mesurant  en  moyenne  20  centimètres 
de  diamètre,  et  dont  le  prix,  fixé  à l’avance 
entre  eux  par  une  sorte  de  syndicat,  était 
de  0 fr.  50. 

Les  munitions  se  composaient  en  outre  de 
toutes  les  fleurs  apportées  dans  leurs  voi- 
tures par  les  combattants  eux -mêmes  et 
d’une  multitude  de  petits  bouquets  de 
0,10  centimes  vendus  par  des  enfants  et  des 
jeunes  filles  qui  couraient  entre  les  voitures. 


vaut  être  très-utiles,  fabriqués  par  M.  Pesclieux 
pour  tuteurs  de  Fraisiers,  Œillets,  porte-pots, 
gradins  et  étagères,  pliants  ou  tournants. 

La  cueilleuse  de  M.  Dubois  intéresse  tou- 
jours vivement  les  visiteurs. 

M.  Éon,  fabricant  d’instruments  d’optique  et 
de  météorologie,  avait  exposé  ses  thermo- 
mètres et  baromètres  perfectionnés  à minima 
et  maxima  avec  indicateurs  électriques,  et  ses 
hygromètres,  pluviomètres,  alcoomètres  et 
pèse-liquides.  Une  médaille  d’argent  lui  a été 
décernée  pour  son  thermométrographe  de 
Belloni,  qu’il  a rendu  d’une  application  plus 
facile  et  d’un  prix  plus  accessible. 

En  terminant,  mentionnons  les  insecticides 
de  M.  Remilly,  les  engrais  horticoles  de 
M.  Marguerite-Delacharlonny,  dont  les  études 
spéciales  sur  l’emploi  du  sulfate  de  fer  en  hor- 
ticulture ont  été  plusieurs  fois  relatées  dans  la 
Revue;  enfin,  le  mastic,  aujourd’hui  presque 
classique,  de  M.  Lhomme-Lefort. 

En  résumé,  l’Exposition  des  arts  et  indus- 
tries horticoles  était  dès  plus  complètes  et  des 
mieux  réussies;  elle  était  l’annexe  indispen- 
sable de  l’Exposition  horticole,  car  l’admira- 
tion des  amateurs  pour  les  belles  plantes 
entraîne  le  besoin  d’acquérir  l’outillage  néces- 
saire pour  les  produire  et  les  conserver. 

Dormois. 

I AU  BOIS  DE  BOULOGNE 

Les  bouquets-projectiles  se  composaient 
presque  uniquement  de  Pivoines,  Roses, 
Boules  - de  - neige , Bluets  et  Anthémis 
blanches. 

Après  un  défilé,  durant  lequel  les  com- 
battants s’observent,  et  où  l’on  peut  admirer 
dans  toute  leur  fraîcheur  quelques  voitures 
ornées  avec  goût,  dont  nous  reparlerons 
plus  loin,  les  premières  hostilités  com- 
mencent; on  se  jette,  de  voiture  à voiture, 
de  piéton  à voiture  et  réciproquement, 
quelques  Boses  ou  Bluets;  peu  à peu,  le 
combat  s’anime,  les  Pivoines  entrent  en 
ligne,  et  c’est  par  gros  paquets  que  l’on 
les  lance  bientôt  avec  force.  Si  quelqu’un, 
touché  un  peu  trop  fortement,  réclame,  il 
est  perdu  : Pif!  paf!  vlan!  de  tous  côtés 
les  bouquets  pleuvent  dru  sur  lui;  il  ne 
sait  plus  que  faire,  il  se  protège  à l’aide  des 
coussins  de  sa  voiture,  quelquefois  il  ri- 
poste et  sort  alors  du  passage  dangereux 
avec  les  honneurs  de  la  guerre. 

Les  mêmes  fleurs,  les  mêmes  bouquets, 
sont  jetés,  ramassés  et  renvoyés  vingt  fois. 
Ceux-là  seuls  qui  tombent  en  dehors  de  la 
chaussée,  sur  les  trottoirs  couverts  d’une 
foule  compacte,  ne  rentrent  plus  dans  la 
circulation  ; ils  grossissent  les  innombrables 


ODONTOGLOSSUM  PULCIIELLUM. 


283 


gerbes  qui  se  confectionnent  là  avec  tous 
les  projectiles  perdus.  Nous  verrons  tout  à 
l’heure  plus  de  mille  personnes  rentrer 
triomphalement  à Paris  avec  une  moisson 
lleurie  ainsi  faite. 

La  bataille,  commencée  vers  quatre 
heures,  ne  prend  fin  qu’à  sept  heures  et 
demie;  une  véritable  litière  de  fleurs  flé- 
tries, écrasées,  couvre  le  sol  sur  une  sur- 
face de  5,000  mètres  environ. 

Ce  n’est  pas  une  quantité  négligeable,  et 
les  petits  marchands  de  fleurs  voudraient 
bien  qu’il  y eût,  chaque  jour,  une  rencontre 
semblable. 

Autre  chiffre  intéressant  : la  fête  des 
fleurs  a rapporté  net,  pour  la  Caisse  des 
victimes  du  Devoir,  la  somme  de  98,303  fr. 

Les  voitures  ornées  étaient  peu  nom- 
breuses : il  convient  de  citer  entre  elles  : 

Un  cabriolet  de  haut  style,  entièrement 
garni,  ainsi  que  les  harnais  du  cheval 
noir,  de  Bluets,  de  Roses  et  de  grappes  de 
Faux-Ebéniers  ; 

Un  coupé  disparaissant  sous  les  Bluets 
et  Anthémis  Etoile-d’Or  ; 

Une  calèche  garnie,  ainsi  que  le  cheval,  de 
Heurs  d’ Anthémis  Comtesse  de  Chambord  ; 

Un  coupé  attelé  de  deux  chevaux  noirs, 


Originaire  du  Guatémala,  cette  espèce 
est  vigoureuse  et  robuste;  elle  constitue  des 
potées  assez  compactes  et  bien  garnies.  Ses 
pseudo-bulbes,  légèrement  anguleux,  com- 
primés-dressés,  d’un  vert  glaucescent,  sont 
surmontés  de  feuilles  (ordinairement  2)  iri- 
diformes,  étroites,  dressées,  puis  gracieuse- 
ment arquées,  atteignant  environ  de  30  à 
35  centimètres  de  hauteur,  et  formant  des 
touffes  régulières  d’un  aspect  ornemental 
des  plus  élégants,  surtout  lorsque,  pendant 
deux  et  même  trois  mois,  elles  sont  ornées  de 
hampes  terminées  par  une  inflorescence 
spiciforme,  dont  les  fleurs  sont  d’un  beau 
blanc.  Dans  ces  conditions,  vues  à distance, 
les  plantes  simulent  assez  bien  des  touffes 
de  Muguet.  En  voici  une  description  : 
Plante  relativement  vigoureuse,  cespi- 
teuse-gazonnante  par  le  rapprochement  des 
pseudobulbes,  qui,  nombreux  et  dressés,  se 
maintiennent  très-longtemps  sans  se  rider. 
Feuilles  iridiformes,  minces,  planes, 
étroites,  arquées,  d’un  vert  gai.  Hampes 
florales  ténues,  dressées,  un  peu  moins 
élevées  que  les  feuilles,  terminées  par  une 
inflorescence  spiciforme.  Fleurs  (6  à 7)  sub- 


ie tout  couvert,  les  raies  des  roues  com- 
prises, de  Pivoines  rouge  foncé,  de  la  même 
variété. 

Une  voiture  d’enfants , léger  panier 
traîné  par  un  poney,  et  disparaissant  sous 
une  garniture  élégamment  composée  de 
fleurs  des  champs  : Bluets,  Pâquerettes, 
Graminées,  etc. 

Autant  ces  voitures  et  d’autres  étaient 
brillantes  avant  le  combat,  autant  leur 
aspect  est  triste  au  retour.  Quelques  fleurs 
froissées,  fanées,  pendent  seules  çà  et  là; 
c’est  que,  une  fois  la  provision  épuisée, 
les  garnitures  ont  elles-mêmes  servi  de 
projectiles,  aussi  bien  pour  les  occupants 
des  voitures  que  pour  leurs  assaillants. 

Mais,  empressons  - nous  de  le  dire,  le 
combat  s’est  passé,  du  commencement  à la 
fin,  au  milieu  d’une  gaieté  générale  et  bien 
franche,  et  [d’une  camaraderie  qui  s’était, 
dès  le  principe,  établie  entre  tous  les  assis- 
tants, bien  qu’ils  appartinssent  à toutes 
les  classes  de  la  société. 

Les  batailles  de  fleurs  se  font,  à Nice, 
d’une  façon  plus  réservée;  mais  elles  ne 
procurent  peut-être  pas  la  somme  de 
plaisir  qui  s’est  dépensée  à Paris  à la  fête 
du  2 mai.  Ch.  Thays. 

I PULCHELLUM 

distiques,  sur  un  pédoncule  blanchâtre, 
arqué,  assez  gros,  d’un  blanc  pur  avec  le- 
quel le  labelle,  qui  est  d’un  très-beau  jaune 
d’or,  produit  un  charmant  contraste.  Ajou- 
tons que  ces  fleurs,  dont  la  durée  est  très- 
longue,  dégagent  une  odeur  très-suave. 

L’ Odontoglossum pulchellum,  Bateman, 
originaire  du  Guatémala,  est  une  plante  de 
serre  tempérée;  une  température  de  8 à 
15  degrés  lui  suffit;  si,  au  contraire,  la 
température  est  plus  élevée,  les  plantes 
s’allongent,  s’élancent,  fleurissent  moins,  et 
la  floraison,  toujours  moins  belle,  est  d’une 
durée  moins  grande.  On  la  cultive  dans  du 
sphagnum  auquel  on  mélange  quelques 
mottes  très-fibreuses  de  terre  de  bruyère, 
en  y ajoutant  des  tessons  de  pots,  ou  plutôt 
des  morceaux  de  brique  pilée,  qui,  en  fa- 
cilitant l’aération  des  racines  et  l’écoule- 
ment de  l’eau,  s’opposent  à sa  putréfaction, 
qu’il  faut  toujours  éviter.  Quant  à la  multi- 
plication, on  la  fait  par  la  division  des 
plantes,  à l’époque  de  la  végétation,  c’est-à- 
dire  au  moment  où  de  nouveaux  pseudo- 
bulbes vont  se  former. 

E.-A.  Carrière. 


284 


CORRESPONDANCE. 


CORRESPONDANCE 


M.  F.  de  B.  ( Udine ).  — Il  vous  faudra 
attendre  à l’automne  pour  vous  procurer  le 
Prunier  Kelsey,  que  vous  trouverez  chez 
MM.  Transon  frères,  à Orléans;  Baltet,  à 
Troyes;  Croux,  à Sceaux.  Toutes  nos  re- 
cherches pour  trouver  encore  des  sujets  ou 
des  greffes  disponibles  à cette  saison  tardive 
ont  été  infructueuses,  et  c’est  ce  qui  explique 
le  retard  de  notre  réponse. 

N°  3026  (Aisne).  — Le  Solanum  albid,um 
Poortmani  produirait  des  graines,  si  on  le  re- 
levait de  pleine  terre  à l’automne,  et  si  on 
hivernait  les  vieux  pieds  en  serre  pour  les 
faire  fleurir  et  fructifier.  Mais  ce  moyen  de  re- 
production peut  être  remplacé  par  le  boutu- 
rage, qui  se  fait,  pour  cette  espèce,  avec  la 
plus  grande  facilité. 

Nous  ne  pouvons  vous  conseiller  que  des 
aspersions  à l’eau  nicotinée  pour  combattre  la 
maladie  des  Anthémis  (ou  Chrysanthemum 
frutescens). 

N"  4346  (Haute-Vienne).  — Après  les 
études  publiées  par  la  Revue  horticole  sur  le 
chancre  des  arbres  fruitiers,  vous  avez  pu 
voir  si  vos  arbres  étaient  atteints  de  cette  ma- 
ladie. Si  vous  y avez  reconnu,  au  contraire,  les 
caractères  des  Fuscicladium , comme  nous  le 
pensons,  veuillez  nous  le  faire  savoir.  La 
question,  comme  vous  l’avez  vu,  est  d’un  in- 
térêt général,  et  nous  sommes  disposés  à con- 
tinuer les  études  sur  ce  sujet,  même  après 
l’article  publié  dans  notre  numéro  du  1er  juin. 

MM.  E.  H.  K.  (Hollande).  — Nous  avons 
reçu  et  admiré  vos  Tulipes.  La  Revue  aura 
l’occasion  d’y  revenir. 

JVo  548 7 (Russie).  — L’établissement  d’une 
aspergerie  pour  l’exploitation  commerciale 
vous  serait  grandement  facilitée  par  la  lecture 
des  ouvrages  publiés  sur  ce  sujet  par  divers 
auteurs.  Celui  que  M.  Vauvel  a écrit  récem- 
ment (1)  et  que  la  Librairie  agricole  pourrait 
vous  faire  parvenir,  sur  votre  demande,  nous 
paraît  bien  remplir  le  but  que  vous  vous  pro- 
posez. Dans  la  Toscane  et  le  sud  de  l’Italie,  on 
cultive  l’Asperge  entre  des  rangs  d’arbres 
fruitiers  à formes  basses,  et  cette  disposition 
paraît  favorable  à la  culture,  mais  on  ne  l’em- 
ploie pas  à Argenteuil,  ni,  en  général,  dans  les 
pays  du  Nord. 

M.  M.  P.  (Yonne).  — Nous  pensons  que  les 
Anomalies  végétales  peuvent  être  en  partie 
provoquées  par  une  alimentation  anormale,  et 
nous  vous  engageons  fortement  à faire  des 
expériences  à ce  sujet,  en  vous  priant  de  nous 

(1)  Culture  de  V Asperge  à la  charrue. 


rendre  compte  des  résultats  que  vous  aurez 
obtenus. 

M.  J.  S.  (Saarlouis).  — Votre  communica- 
tion est  très-intéressante,  et  nous  en  donne- 
rons la  substance  dans  la  prochaine  chronique 
de  la  Revue.  Nous  acceptons  bien  volontiers 
votre  offre  de  nous  envoyer  vos  nouvelles  obser- 
vations. L’Oranger  panaché  existe  déjà  dans 
les  cultures,  mais  si  la  variété  dont  vous  nous 
avez  envoyé  une  feuille  est  bien  franche,  nous 
vous  engageons  à la  multiplier  et  à la  ré- 
pandre. 

N°  3129  (Aude).  — Les  Chamærops  excelsa 
mâles  ne  se  distinguent  des  femelles  qu’au 
moment  de  la  floraison.  Les  fleurs  mâles  ont 
un  calyce  à trois  sépales,  une  corolle  à trois 
pétales,  six  étamines  insérées  à la  base  de  la 
corolle.  Les  fleurs  femelles  n’ont  pas  d’éta- 
mines ou  n’en  ont  que  des  rudiments  impar- 
faits ; elles  sont  pourvues  au  centre  d’un  ovaire 
ovoïde-trigone,  couronné  de  stigmates  courts 
et  recourbés.  La  forme  de  l’inflorescence  pani- 
culée  est  la  même  dans  les  deux  sexes.  La 
plante  appartient  en  réalité  au  genre  Trachy- 
carpus , de  Wendland,  tandis  que  le  Palmier 
nain  d’Afrique  est  un  vrai  Chamærops  (Ch. 
humilis). 

M.  G.  (Ain).  — Il  faudra  remettre  à l’année 
prochaine  l’examen  de  votre  nouveau  Lilas, 
qui  paraît  fort  beau,  mais  dont  les  échantil- 
lons nous  sont  arrivés  en  mauvais  état. 

M.  J.  S.  (Lyon).  — Votre  proposition  de 
planter  des  Rosiers  sarmenteux  est  très- 
bonne,  et  leur  aspect  est  charmant  quand  ils 
sont  employés  à propos.  Nous  l’avons  signalé 
il  y a déjà  longtemps,  notamment  en  recom- 
mandant la  plantation  des  Bengales  rouge 
foncé,  B.  Hermosa , B.  cramoisi  supérieur , 
Gloire  des  rosomanes , Aimée  Vibert,  etc.,  dont 
les  rameaux  couverts  de  fleurs  forment  le  plus 
heureux  contraste  avec  le  feuillage  des  ar- 
bustes. 

Toutes  nos  recherches  n’ont  pu  aboutir  à 
trouver  un  seul  Canna  liliiflora.  Cette  belle 
plante  serait-elle  perdue?  Cela  serait  très-re- 
grettable, car  les  hybridateurs  de  Cannas  ont 
enfin  réussi  à féconder  le  C.  iridiflora  avec 
d’autres  espèces  et  variétés,  et  ils  obtiendraient 
de  bien  plus  belles  choses  encore  avec  le  G. 
liliiflora  à fleurs  blanches  si  délicieusement 
parfumées. 

N°  5329  (Canada).  — Le  Catalogue  des- 
criptif des  fruits  adoptés  par  le  Congrès  po - 
mologique  est  en  vente  chez  M.  Cusin,  6 rue 
Octavio-Mey,  à Lyon  (Rhône).  Son  prix  est 
de  6 fr. 


PLUMBAGO  CAPENSIS  ALBA.  — SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE.  285 


PLUMBÀGO  CAPENSIS  ALBA 


Cett®  plante,  qui  a été  mise  récemment 
au  commerce  par  M.  B.  S.  Williams,  de 
Upper  Hollovay  (Londres),  mais  sans  dé- 
signation d’origine,  est-elle  bien  une  variété 
de  l’an  cien  type,  si  méritant  et  si  bien 
connu,  le  Plumbago  cctpensis,  ainsi  que 
son  nom  semble  l’indiquer?  On  pourrait 
presque,  en  comparant  les  deux  plantes, 
émettre  des  doutes  sur  leur  similitude.  En 
effet,  tandis  que  le  Plumbago  capensis  est 
très-volubile  et  susceptible  de  grimper  et  de 
garnir  des  espaces  considérables,  celle  qui 
nous  occupe,  très-compacte,  tend  à former 
des  buissons  épais,  très-garnis.  Déplus,  ses 
feuilles  sont  plus  larges  et  plus  courtement 
arrondies.  Yoici  ce  qu’en  dit  notre  collègue 
M.  Lemoine,  de  Nancy,  à qui  nous  devons 
les  renseignements  suivants  sur  cette  es- 
pèce : 

...  C’est  une  plante  se  formant  en  touffes 
très-compactes,  basses  (50  centimètres  environ 
de  hauteur),  se  couvrant  de  fleurs.  Celles-ci 
sont  nombreuses,  disposées  en  épis  corymbi- 
formes  ou  subhémisphériques,  d’un  magnifique 
blanc  de  neige,  ainsi  que  les  étamines. 

Cette  nouveauté  pourra  rendre  de  grands 
services  aux  horticulteurs  qui  cultivent  la  fleur 


coupée,  car  la  blancheur  transparente  de  l’om- 
belle produit  un  des  plus  jolis  effets  décora- 
tifs. 

Le  Plumbago  capensis  flore  albo  est  supé- 
rieur au  type  à fleurs  bleues,  non  seulement 
à cause  de  la  belle  couleur  blanche  de  ses 
fleurs,  mais  aussi  par  son  port  beaucoup  plus 
compact  et  son  ensemble  plus  ramassé. 

Ses  ramifications,  presque  horizontales,  sont 
aussi  beaucoup  plus  courtes  que  celles  du 
Plumbago  capensis  type,  et,  comme  consé- 
quence, les  touffes  sont  souvent  complètement 
couvertes  par  les  fleurs.  Nous  avons  actuelle- 
ment (12  octobre)  un  pied  de  cette  nouveauté 
qui  vient  d’être  rentré  dans  une  serre,  dont  il 
cache  entièrement  le  fond.  C’est  tout  simple- 
ment splendide. 

De  ce  qui  précède,  on  peut  conclure  que 
l’on  aura  dans  le  Plumbago  capensis  alba 
une  plante  doublement  précieuse  : comme 
sujet  propre  à orner  les  serres,  et,  tout  par- 
ticulièrement, pour  la  décoration  des  jardins 
pendant  l’été,  comme  le  fait  le  type  à 
fleurs  bleues,  avec  lequel  cette  espèce  for- 
mera le  plus  harmonieux  contraste.  Quant 
à la  culture  et  à la  multiplication,  elles  sont 
identiques  chez  les  deux  plantes. 

E.-A.  Carrière. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  24  MAI  1888. 


Comité  d’arboriculture  d’ornement. 

M.  Maurice  de  Vilmorin  présentait  un 
énorme  bouquet  de  Cylisus  albus  multiflorus, 
charmant  arbuste  dont  l’espèce  type  est  origi- 
naire du  Portugal,  et  qui  a les  rameaux 
littéralement  couverts  de  charmantes  fleurs 
blanc  très-légèrement  jaunâtre. 

Cette  variété  est  d’une  multiplication  d’ordi- 
naire assez  difficile.  M.  de  Vilmorin  indique  de 
quelle  manière  il  a réussi  à en  obtenir  un  assez 
grand  nombre  d’exemplaires.  Possédant  un  fort 
pied,  il  le  rabattit  très-près  du  sol.  Un  grand 
nombre  de  bourgeons  se  développèrent  au- 
dessous  du  collet,  prirent  racine,  et  quand  ils 
eurent  une  force  suffisante,  ils  furent  détachés 
du  pied  mère,  auquel  ils  n’étaient  plus  que  fai- 
blement reliés. 

MM.  Baltet,  de  Troyes,  présentaient  un  cer- 
tain nombre  de  bouquets  composés  chacun  des 
rameaux  fleuris  de  l’un  des  nombreux  et  si 


jolis  arbustes  dont  l’épanouissement  a lieu 
à cette  époque. 

On  ne  saurait  se  figurer  l’éclat,  la  délica- 
tesse des  coloris,  le  charme  de  cette  présenta- 
tion. Voici  quelques-unes  des  plantes,  bien 
connues,  qui  composaient  cet  apport  : Kerria 
japonica  flore  pleno,  Cytisus  sessiliflorus , 
Épines  doubles  : blanches,  roses,  cramoisies. 
Cytise  Faux-Ébénier,  Spirœa  Van  Houttei , 
S.  Reewesiana  flore  pleno , Rhodotypos  Ker- 
rioides , Staphylea  colchica , Chamæcerasus 
tatarica , Tamarix  tetrandra , Beutzia  gra- 
cilis , etc. 

Comité  de  culture  maraîchère. 

Par  M.  Georges  Chemin,  cultivateur  à Issy  : 
des  Concombres  vert  anglais  et  blanc  court 
énormes  et  d’une  jolie  forme,  bien  régulière. 
Ces  deux  variétés  sont  tout  à fait  recomman- 


286  LISTE  DES  RÉCOMPENSES  DE  L’EXPOSITION  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE. 


dables  pour  la  culture  forcée  ; des  Carottes 
Grelot , et  des  Choux  Coeur  de  Bœuf. 

L’examen  même  des  noms  des  variétés  que 
cultivent  les  plus  habiles  spécialistes  de  la  ré- 
gion parisienne  est  une  indication  précieuse 
pour  les  cultivateurs  moins  expérimentés. 


Par  M.  Berthault,  cultivateur  à Wissous 
(Seine-et-Oise),  des  Tomates  naine  hâtive , ve- 
nues sur  couches,  sous  châssis,  et  couvertes  de 
beaux  fruits  absolument  mûrs,  d’un  rouge  in- 
tense. 

Ch.  Thays. 


LISTE  DES  RÉCOMPENSES 

DE  L’EXPOSITION  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 


HORTICULTURE. 

Battut  (François),  18,  rue  Quincampoix,  Paris. 

— Gr.  méd.  arg.  (fruits  frais  conservés)  ; gr.  méd. 
arg.  (Asperges). 

Bleu,  48,  avenue  d’Italie,  Paris.  — Prix  d’hon- 
neur (Caladiums,  Orchidées)  ; méd.  or  (plantes  de 
serres  obtenues  de  semis)  ; méd.  or  (Orchidées 
exotiques  en  fleurs);  méd.  or  (Caladiums);  méd. 
verm.  (plantes  de  serres  obtenues  de  semis). 

Block  (Mme),  9,  place  Masui,  Bruxelles.  — Prix 
d’honneur  (Dracénas,  Palmiers)  ; méd.  or  (Dra- 
cénas)  ; méd.  or  (Palmiers)  ; gr.  méd.  verm.  (Or- 
chidées exotiques  en  fleurs);  méd.  or  (Palmiers)  ; 
gr.  méd.  verm.  (Orchidées  exotiques)  ; méd.  verm. 
(Orchidées  exotiques  en  fleurs)  ; gr.  méd.  arg.  et 
méd.  arg.  (Plantes  de  serres  d’introduction  nou- 
velle). 

Boyson  (James),  Caen  (Calvados).  — Gr.  méd. 
arg.  (Roses  coupées). 

Cappe  (E.),  au  Vésinet  (Seine-et-Oise).  — Méd. 
arg.  (Bégonias  de  semis). 

Chabrillot-Durier,  15,  avenue  Croix-Morel, 
Clermont-Ferrand  (Puy-de-Dôme).  — Méd.  br. 
(fruits  frais  conservés). 

Chantin  (A.),  32,  avenue  de  Chàtillon,  Paris. 

— Prix  d’honneur  (Palmiers,  Cycadées)  ; méd.  or 
(Palmiers)  ; gr.  méd.  verm.  (Fougères  arbores- 
centes) ; gr.  méd.  verm.  (Palmiers);  méd.  verm. 
(Orchidées  exotiques);  gr.  méd.  arg.  (Fougères 
herbacées). 

Ghristen  (Louis),  6,  rue  Saint-Jules,  Versailles* 
(Seine-et-Oise).  — Gr.  méd.  verm.  (Clématites)  ; 
gr.  méd.  arg.  (Rosiers  grimpants). 

Cogneau  (Ch.),  jardinier  chez  M.  Cavaroc, 
Bièvres  (Seine-et-Oise).  — Méd.  br.  (Bégonias  de 
semis). 

Cousin,  route  d’Asnières,  Gennevilliers  (Seine). 

— Méd.  or  (légumes  forcés  et  de  la  saison). 
Crémont  jeune,  Sarcelles  (Seine-et-Oise).  — 

Gr.  méd.  verm.  (Ananas  en  maturité). 

Croux  et  fils,  vallée  d’Aulnay,  près  Sceaux 
(Seine).  — Méd.  or  (Rhododendrons)  ; gr.  méd. 
arg.  (Kalmias). 

Dauvissat,  jardinier-chef  chez  M.  M.Chandon 
et  Cie,  à Épernay  (Marne).  — Gr.  méd.  verm.  (Ca- 
ladiums). 

Debrie,  52,  rue  de  la  Chaussée-d’Antin,  Paris. 

— Prix  d’honneur  (bouquets)  ; gr.  méd.  verm. 
(ornementation  en  fleurs);  gr.  méd.  verm.  (garni- 
ture de  table)  ; gr.  méd.  arg.  (vases  de  fleurs); 
méd.  arg.  (bouquets). 

Delahaye,  grainier,  18,  quai  de  la  Mégisserie, 
Paris.  — Gr.  méd.  arg.  (Anémones  et  Renoncules 
coupées)  ; gr.  méd.  arg.  (plantes  bulbeuses  di- 
verses). 

Duval  (Léon),  8,  rue  de  l’Ermitage,  à Ver- 
sailles (Seine-et-Oise).  — Prix  d’honneur  (Orchi- 
dées). 


Élie  (A.),  horticulteur,  93,  rue  Pelleport,  Paris. 
— Méd.  arg.  (Fougères  herbacées)  ; méd.  arg.  (Sé- 
laginelles). 

Falaise  aîné,  maraîcher,  129,  rue  du  Vieux- 
Pont-de-Sèvres,  Billancourt  (Seine).  — Gr.  méd. 
verm.  (Pensées  variées). 

Forgeot  et  Cie,  6 et  8,  quai  de  la  Mégisserie, 
Paris.  — Méd.  or  (légumes  forcés  et  de  la  saison)  ; 
gr.  méd.  verm.  (plantes  bulbeuses  coupées)  ; gr. 
méd.  verm.  (corbeille  de  plantes  fleuries);  gr. 
méd.  verm.  (Anémones  et  Renoncules  coupées)  ; 
méd.  verm.  (Caladiums);  méd.  br.  (Calcéolaires)  ; 
méd.  br.  (Pensées  variées). 

Fulconis,  horticulteur-fleurisle,  au  Cannet, 
près  Cannes  (Alpes-Maritimes).  — Gr.  méd.  arg. 
(fleurs  du  Midi  coupées). 

Gentilhomme,  146,  rue  de  la  Maladrerie, 
Vincennes.  — Méd.  verm.  (Éricas). 

Gillard,  4,  rue  Maitre-Jacques,  à Boulogne-sur- 
Seine.  — Gr.  méd.  arg.  (Chrysanthèmes). 

Girardin  (E.),  horticulteur,  3,  rue  Gaillon, 
Argenteuil  (Seine-et-Oise).  — Gr.  méd.  arg.  (As- 
perges). 

Hédiard,  21,  place  de  la  Madeleine,  Paris.  — 
Méd.  verm.  (fruits  exotiques)  ; méd.  arg.  (légumes 
exotiques). 

îsabeth  (V.),  château  de  Courcelles,  par 
Presles  (Seine-et-Oise).  — Gr.  méd.  arg.  (légumes 
forcés  et  de  la  saison). 

Jeangirard  (Mme),  72,  rue  de  Rambuteau, 
Paris,  méd.  or  (ensemble  de  son  exposition);  gr. 
méd.  arg.  (ornementation  en  fleurs);  méd.  br. 
(bouquets);  méd.  br.  (bouquets  pour  garniture 
de  table). 

Jourdain  père,  à Maurecourt,  par  Andresy 
(Seine-et-Oise).  — Gr.  méd.  verm.  (fruits  frais 
conservés). 

Landry,  92,  rue  de  la  Glacière,  Paris.  — Méd. 
verm.  (plantes  fleuries  ou  à feuillage  pour  les 
marchés)  ; méd.  arg.  (plantes  vertes  d’ornementa- 
tion). 

Lelieux,  23,  rue  Navier,  Paris.  — Gr.  méd. 
verm.  (plantes  fleuries  ou  à feuillages  pour  les 
marchés). 

Leuret,  route  d’Orléans,  à la  Croix-d’Arcueil 
Arcueil  (Seine).  — Gr.  méd.  verm.  (Calcéolaires). 

Lerosier,  jardinier  de  M.  Villard,  propriété 
des  Kermès,  Carqueiranne  (Var).  — Gr.  méd.  arg. 
(fleurs  du  Midi  coupées)  ; méd.  arg.  (légumes 'du 
Midi). 

Lévêque  et  fils,  69,  rue  du  Liégat,  Ivry-sur- 
Seine.  — Prix  d’honneur  et  gr.  méd.  verm.  (Ro- 
siers); méd.  or  (Rosiers  fleuris);  méd.  or  et  méd. 
verm.  (Rosiers  haute  tige  en  fleurs)  ; gr.  méd. 
verm.,  méd.  verm.  et  gr.  méd.  arg.  (Rosiers 
basse  tige  en  fleurs). 

Lhérault  (Louis),  29,  rue  des  Ouches,  Argen- 
teuil (Seine-et-Oise).  —Gr.  méd.  verm.  (Asperges); 
méd.  verm.  (Fraises). 


LISTE  DES  RÉCOMPENSES  DE  L’EXPOSITION  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE.  287 


Loison,  12,  rue  du  Louvet,  Dreux  (Eure-et- 
Loir).  — Méd.  verm.  (Bégonias  tubéreux  doubles). 

Mantin  (Georges),  54,  quai  de  Billy,  Paris.  — 
Méd.  verm.  (Orchidées  de  pleine  terre). 

Michel,  12,  rue  de  Sèze,  Paris.  — Gr.  méd. 
arg.  (fruits  exotiques). 

Moron  (Narcisse),  rue  de  Sèvres,  Boulogne 
(Seine).  — Méd.  arg.  (Pétunias). 

Moser,  1,  rue  Saint-Symphorien,  Versailles. 

— Prix  d’honneur  (Rhododendrons,  Azalées);  méd. 
or  (Rhododendrons)  ; gr.  méd.  verm.  (plantes  de 
serre  tempérée)  ; méd.  arg.  (Azalées)  ; méd.  br. 
(Fusains). 

Nabonnand  et  fils,  au  Golfe  Juan  (Alpes- 
Maritimes).  — Gr.  méd.  arg.  (Roses  coupées)  ; gr. 
méd.  arg.  (fleurs  du  Midi  coupées). 

Pageot,  Cannes-Éden,  Golfe  Juan  (Alpes-Mari- 
times). — Gr.  méd.  verm.  (Fraises)  ; méd.  arg. 
(fleurs  du  Midi  coupées). 

Paillet  (L.),  pépiniériste,  Châtenay,  près  Paris. 

— Gr.  méd.  verm.  (Pivoines  coupées)  ; méd.  arg. 
(Muguet). 

Piret  (E.),  39,  rue  de  Sannois,  Argenteuil 
(Seine-et-Oise).  — Méd.  or  (Cattleyas)  ; méd.  br. 
(plantes  de  serre  d’introduction  nouvelle). 

Place  (L.),  145,  rue  Saint-Antoine,  Paris.  — 
Gr.  méd.  arg.  (fruits  exotiques);  méd.  arg.  (lé- 
gumes exotiques). 

Poirier  (A.),  10,  rue  de  la  Bonne-Aventure, 
Versailles  (Seine-et-Oise).  — Méd.  arg.  ( Pélargo- 
nium zonale  et  P,  inquinans,  doubles);  méd.  arg. 
(Pélargonium). 

Régnier  (A.),  44,  avenue  de  Marigny,  Fonte- 
nay-sous-Bois  (Seine). — Gr.  méd.  verm.  (Orchi- 
dées) ; méd.  verm.  (plantes  de  serres  d’introduc- 
tion nouvelle). 

Renard  (A.),  7,  rue  du  Four,  Suresnes  (Seine). 

— Méd.  verm.  (Asperges). 

Rigault  (Joseph),  66,  rue  de  Paris,  Groslay 
(Seine-et-Oise).  — Méd.  arg.  (Poireaux). 

Robert  (D.),52,  avenue  des  Pages,  au  Vésinet 
(Seine-et-Oise).  — Méd.  or  (Bégonias  tubéreux 
simples);  méd.  verm.  (Cactées);  méd.  verm. 

( Aloe );  gr.  méd.  arg.  (Bégonias  tubéreux  doubles). 

Rothberg,  2,  rue  Saint-Denis,  Gennevilliers 
(Seine).  — Gr.  méd.  verm.  (Rosiers  en  fleurs); 
méd.  verm.  (Rosiers  Thés  haute  tige  en  fleurs)  ; gr. 
méd.  arg.  (Rosiers  basse  tige  en  fleurs)  ; gr.  méd. 
arg.  et  méd.  arg.  (Rosiers  basse  tige  en  fleurs). 

Sander,  Saint-Albans  (Angleterre).  — Grand 
prix  d’honneur  (Orchidées). 

Simon  (Ch.),  rue  Lafontaine , Saint-Ouen 
(Seine).  — Méd.  arg.  (Euphorbes  cactiformes). 

Société  de  Secours  mutuel  des  maraî- 
chers de  la  Seine.  — Méd.  or  (légumes  forcés 
et  de  la  saison). 

Thiébaut  aîné,  30,  place  de  la  Madeleine, 
Paris.  — Gr.  méd.  verm.  (Anémones  et  Renoncules 
coupées);  méd.  verm.  (plantes  bulbeuses  coupées). 

Torcy-Vannier,  Melun  (Seine-et-Marne).  — 
Gr.  méd.  arg.  (Caladiums). 

Vallerand  (J.),  29,  rue  de  la  Procession,  Bois- 
Colombes  (Seine).  — Gr.  méd.  verm.  (Gloxinias). 

Verdier  (Ch.),  Villa  des  Roses,  32  et  34,  rue 
Barbés,  Ivry  (Seine).  — Prix  d'honneur  (Rosiers); 
méd.  or  (Rosiers  en  fleurs);  gr.  méd.  verm.  (Pi- 
voines coupées);  gr.  méd.  verm.  (Rosiers  haute 
tige  en  fleurs)  ; gr.  méd.  verm.  (Rosiers  Thés 
haute  tige  en  fleurs);  2 gr.  méd.  verm.  (Rosiers 
basse  tige  en  fleurs)  ; gr.  méd.  arg.  (Rosiers  nou- 
veaux de  semis);  méd.  arg.  (belle  culture  de 
Rosiers). 


Vilmorin- Andrieux  et  Cie,  4,  quai  de  la 
Mégisserie,  Paris.  — Prix  d’honneur  (plantes  an- 
nuelles) ; 2 prix  d’honneur  (légumes  forcés  et  de 
la  saison)  ; méd.  or  (plantes  fleuries)  ; méd.  or 
(corbeille  de  plantes  fleuries):  méd.  verm.  (Cal- 
céolaires)  ; gr.  méd.  arg.  ( Calceolaria  rugosa 
hybride)  ; méd.  arg.  (Cinéraires  doubles). 

Yvon  (J. -B.),  44,  route  de  Châtillon,  Malakoff 
(Seine).  — Gr.  méd.  verm.  (plantes  vivaces). 

X...  de  Gand  (Belgique).  — Méd.  verm.  (plantes 
de  serre). 

ARTS  ET  INDUSTRIES  HORTICOLES. 

Abondance  et  Cie,  265,  rue  de  Paris,  Taver- 
ny  (Seine-et-Oise).  — Méd.  br.  (treillages  en  bois). 

André  (O.),  11,  rue  de  Sablonville,  Neuilly- 
sur-Seine  (Seine),  — Méd.  verm.  (serre  à nouveau 
système  de  vitrage). 

Aubry  (J. -J.)  et  Cie,  8,  rue  Château-Landon, 
Paris.  — Gr.  méd.  arg.  (moteur  à vent). 

Barbou  fils,  52,  rue  Montmartre,  Paris.  — 
Méd.  arg.  (porte-fruits). 

Beaume,  66,  avenue  de  la  Reine,  Boulogne- 
sur-Seine  (Seine).  — Rappel  de  gr.  méd.  arg.  (ap- 
pareils d’arrosage). 

Bergeotte  et  Dauvillier  (Ancienne  maison 
J.  Roy),  44,  avenue  de  la  Grande-Armée,  Paris.  — 
Méd.  verm.  (grilles  en  fer). 

Bergerot,  76,  boulevard  de  la  Villette,  Paris. 

— Méd.  br.  (serres). 

Blanquier,  20,  rue  de  l’Évangile,  Paris.  — 
Méd.  arg.  (chauffage  de  serres). 

Boissin,  115,  rue  de  Bagnolet,  Paris.  — Gr. 
méd.  arg.  (serres). 

Borel,  10,  quai  du  Louvre,  Paris.  — Méd.  arg. 
(quincaillerie  horticole). 

Bouet  (Georges),  30,  quai  du  Louvre,  Paris.  — 
Gr.  méd.  arg.  (kiosques,  volières)  ; méd.  br.  (outils 
horticoles);  méd.  br.  (jardinières). 

Brochard  (François-Alphonse),  5 et  7,  rue 
Sauvai,  Paris.  — Méd.  arg.  (châssis);  méd.  br. 
(colliers  pour  arbres). 

Bros  (Alphonse),  18  bis,  rue  Amélie,  Paris.  — 
Méd.  br.  (meubles  de  jardin). 

Bué  fils,  7,  rue  du  Plessis-Piquet,  Fontenay- 
aux-Roses.  — Méd.  br.  (outils  de  jardin). 

Carré  et  fils  aîné,  127,  quai  d’Orsay,  Paris. 

— Méd.  arg.  (appareils  d’arrosage). 

Chamrion,  2,  rue  Saint-Denis,  Paris.  — Méd. 

br.  (bacs  et  caisses). 

Charpentier  et  Brousse,  9,  avenue  de  la 
Défense-de-Paris,  Puteaux  (Seine).  — Méd.  br. 
(grilles  en  fer). 

Chassin  (H.),  151,  rue  de  Bagnolet,  Paris.  — 
Diplôme  d’honneur  (rocher  artificiel). 

Chevalier  (Louis),  38,  rue  de  Lisbonne,  Paris. 

— Méd.  verm.  (collection  d’histoire  naturelle  pour 
l’enseignement  horticole). 

Cochu  (Eugène),  19,  rue  d’Aubervilliers,  Saint- 
Denis  (Seine).  — Méd.  or  (serres  en  bois,  à nou- 
veau système  d’aération). 

Couette  (Armand),  119,  rue  de  Montreuil, 
Paris.  — Méd.  arg.  (meubles  de  jardin). 

Debray,  15,  rue  des  Trois-Bornes,  Paris.  — 
Méd.  br.  (appareils  d’arrosage). 

Deflers  (Alfred),  20,  rue  de  Cambrai,  Paris.  — 
Méd.  arg.  (abris  de  jardin). 

Delaunay  (H.),  60,  rue  Thiers,  Bernay  (Eure). 

— Méd.  arg.  (coutellerie  horticole). 

Demagny  (J.),  Le  Pecq  (Seine-et-Oise).  — Méd. 

arg.  (meubles  de  jardin). 


288  LISTE  DES  RÉCOMPENSES  DE  L’EXPOSITION  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE. 


Deniau,  57,  rue  Thiers,  Billancourt  (Seine).  — 
Rappel  de  méd.  verm.  (travaux  en  rustique). 
Desenne,  19,  rue  de  Paris,  Courbevoie  (Seine). 

— Méd.  arg.  (appareils  d’arrosage). 

Dreux  (Louis),  106,  rue  de  Paris,  Presles,  près 
Beaumont  (Seine-et-Oise).  — Méd.  br.  (kiosques 
en  fer). 

Dubos  (Paul)  et  Cie,  92,  rue  Miromesnil, 
Paris.  — Méd.  or  (ornements  de  jardin  polychromes 
en  béton  aggloméré). 

Dumand,  14,  quai  du  Halage,  Billancourt 
(Seine).  — Gr.  méd.  verm.  (treillages). 

Duval  fils,  43,  rue  de  Paradis-Poissonnière, 
Paris.  — Gr.  méd.  arg.  (faïences  pour  jardin). 

Duydt,  128,  rue  de  Longcliamps,  Paris.  — Gr. 
méd.  arg.  (kiosques). 

Éon,  13,  rue  des  Boulangers,  Paris.  — Méd.  arg. 
(optique  horticole). 

Figus  (Ulysse),  121,  rue  de  Charonne,  Paris.  — 
Méd.  verm.  (bacs  et  caisses). 

Fortier  (Mlfo),  20,  boni.  Poissonnière,  Paris.  — 
Méd.  or  (herbiers  artificiels  pour  l’enseignement). 

Fournier  (Jean-Baptiste),  Taverny  (Seine-et- 
Oise).  — Méd.  br.  (claies,  paillassons). 

Grenthe,  Pontoise  (Seine-et-Oise).  — Méd.  br. 
(serres). 

Groseil  et  fils,  97,  avenue  d’Orléans,  Paris. 

— Méd.  or  (décoration  en  treillage  artistique). 

Hirt  (X.)  aîné,  12,  rue  de  Lancry,  Paris.  — 

Méd.  arg.  (appareils  d’arrosage). 

Izambert,  89,  boulevard  Diderot,  Paris.  — 
Gr.  méd.  verm.  (serres). 

Japy  frères,  Beauc.ourt  (Haut-Rhin  français), 
et  7,  rue  du  Château-d’Eau,  Paris.  — Méd.  br. 
(pulvérisateurs). 

Javelier-Laurin,  Gevrey-Chambertin  (Côte- 
d’Or).  — Gr.  méd.  verm.  (bacs  coniques). 

Jollivet,  Saint-Prix  (Seine-et-Oise).  — Gr. 
méd.  arg.  (porte-fruits  mobiles). 

Jolly  (A.),  5,  boulevard  de  Port-Royal,  Paris. 

— Gr.  méd.  arg.  (herbiers). 

Jubelin,  12  bis,  boulevard  Poissonnière,  Paris. 

— Méd.  arg.  (grilles  de  jardin). 

Laj  ourdie  et  Nicolas,  89,  boulevard  Ri- 
chard-Lenoir,  Paris.  — Rappel  de  gr.  méd.  arg. 
(décoration  de  jardins). 

Lavoivre  (E.),  71,  rue  du  Bac,  Paris.  — Méd. 
br.  (jardinières  et  cache-pots). 

Leblond  fils,  rue  Le  Laboureur,  Montmo- 
rency (Seine-et-Oise).  — Gr.  méd.  arg.  (serres). 

Lebœuf  (Paul),  7,  rue  Vésale,  Paris.  — Gr. 
méd.  verm.  (chauffage  de  serres). 

Lebœuf  frères,  7,  rue  Vésale,  Paris.  — Gr. 
méd.  arg.  (claies,  paillassons). 

Le  Tellier,  8,  rue  du  Débarcadère,  Paris.  — 
Gr.  méd.  arg.  (grilles  en  fer). 

Louet  (Casimir),  Issoudun  (Indre).  — Gr.  méd. 
arg.  (châssis,  ponts). 

Lusseau  (Pascal),  57,  Grande-Rue,  Bourg-la- 
Reine  (Seine).  — Méd.  arg.  (chauffage  de  serres)  ; 
méd.  arg.  (claies,  paillassons);  méd.  arg.  (colliers 
pour  arbres). 

Mansion-Tessier,  19,  rue  de  Versailles, 
Bougival  (Seine-et-Oise).  — Gr.  méd.  arg.  (claies, 
paillassons). 

Marceau  et  Bertrand,  32,  rue  Duret,  Paris. 

— Ment.  hon.  (brouettes).  | 


Martin,  16,  rue  de  Jessaint,  Paris.  — Ment, 
hon.  (quincaillerie  horticole). 

Martre  et  ses  fils,  15,  rue  du  Jura,  Paris.  — 
Rappel  de  gr.  méd.  verm.  (pulvérisateurs)  ; gr. 
méd.  verm.  (chauffage  de  serres). 

Mathian  (C.),  123,  avenue  de  Saint-Ouen,  Pa- 
ris. — Gr.  méd.  arg.  (chauffage  de  serres). 

Mathieu,  16,  rue  de  la  Tour-des-Dames,  Paris. 

— Ment.  hon.  (poterie  de  jardins). 

Maurice  (Alfred),  Château-du-Loir  (Sarthe).  — 
Méd.  br.  (bacs  et  caisses). 

Merle,  7,  rue  Chariot,  Paris.  — Méd.  br.  (jar- 
dinières). 

Michelin,  174,  avenue  de  la  République,  Pa- 
ris. — Gr.  méd.  verm.  (grilles  en  fer). 

Monier  fils,  126  et  151,  avenue  de  Paris,  La 
Plaine  Saint-Denis  (Seine).  — Méd.  verm.  (ci- 
ments moulurés). 

Moreau,  à Courtenay  (Loiret).  — Méd.  arg. 
(collection  d’bistoire  naturelle  pour  l’enseignement 
horticole). 

Mottet  (S.),  16,  quai  d’Orléans,  Paris.  — Méd. 
br.  (herbier). 

Moutier,  13,  rue  des  Coches,  Saint-Germain- 
en-Laye  (Seine-et-Oise).  — Méd.  arg.  (serres). 

Nègre  et  Cie,  57,  avenue  du  Maine,  Paris.  — 
Méd.  arg.  (appareils  d’arrosage). 

Ozanne,  11,  rue  Marqfoy,  Paris.  — Méd.  arg. 
(serres);  méd.  arg.  (kiosques  enfer). 

Parent,  13,  avenue  de  l’Opéra,  Paris.  — Méd. 
br.  (jardinières). 

Perret  (Alfred),  33,  rue  du  Quatre-Septembre, 
Paris.  — Rappel  de  gr.  méd.  arg.  (meubles  de 
jardin). 

Perrier  fils,  164,  rue  Michel-Bizot,  Paris.  — 
Méd.  verm.  (chauffage  de  serres);  gr.  méd.  arg. 
(châssis). 

Personne,  8,  rue  Royale,  Paris.  — Méd.  br. 
(faïences  d’ornement). 

Poiré,  16,  rue  Pierre-Levée,  Paris.  — Méd. 
arg.  (jardinières). 

Prudon  et  Dubost,  208,  boulevard  Voltaire, 
Paris.  — Méd.  arg.  (appareils  d’arrosage). 

Ramé  (A.),  19,  rue  Berlioz,  Paris.  — Gr.  méd. 
arg.  (collection  d’histoire  naturelle  pour  l’ensei- 
gnement horticole). 

Ricada,  26,  rue  du  Vieux-Versailles,  Versailles. 

— Méd.  arg.  (chauffage  de  serres);  méd.  arg  (pul- 
vérisateurs). 

Rivière  (Albert),  36,  rue  de  la  Roquette,  Paris. 

— Méd.  br.  (poterie  de  jardin). 

Simard,  4 bis,  avenue  Mélanie,  Bellevue 
(Seine-et-Oise).  — Diplôme  d'honneur  (décoration 
en  treillage  artistique). 

Stœckel  frères,  17,  rue  du  Buisson-Saint- 
Louis,  Paris.  — Méd.  arg.  (serres). 

Thiriot,  92,  rue  Amelot,  Paris.  — Gr.  méd. 
arg.  (décoration  de  jardins). 

Vayriot  et  Farny,  Lunéville  (Meurthe-et- 
Moselle).  — Méd.  arg.  (châssis). 

Visseaux,  43,  rue  de  la  Roquette,  Paris.  — 
Gr.  méd.  verm.  (terres  cuites). 

Wiriot  fils,  29,  boulevard  Saint-Jacques,  Pa- 
ris. — Méd.  arg.  (poterie  de  jardins). 

Yvert,  Mareil-Marly,  par  Saint-Germain-en- 
Laye  (Seine-et-Oise).  — Méd.  arg.  (pulvérisa- 
| teurs). 


U Administrateur-Gérant  ; L.  Bourguignon. 


Imp.  Georges  Jaoob, — Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


289 


CHRONIQUE  HORTICOLE 

Académie  des  sciences.  — Institut  de  France.  — Floraison  des  Vignes  en  1888.  — Ligue  des  hor- 
ticulteurs hollandais  contre  la  vente  des  fleurs  de  Jacinthes,  Tulipes,  etc.  — Les  arbres  fruitiers 
en  bordure  de  routes  en  Alsace.  — La  culture  des  Azalées  de  l’Inde  sans  pincement  ni  taille. 
— Heliconia  choconiana.  — Myosotis  dissitiflora  alba.  — Nouveaux  Rhododendrons  de  serre.  — 
La  vente  des  produits  du  Potager  de  Versailles.  — Récompenses  décernées  par  la  Société  des 
Agriculteurs  de  France.  — Distinction  à l’horticulture.  — La  culture  du  Noisetier  dans  la  province 
d’Avellino.  — Le  Tyleuclius  putrefaciens.  — Les  vers  blancs  en  Seine-et-Marne.  — Les  Asperges 
comme  culture  de  grand  rapport.  — Empoisonnement  des  volailles  par  le  Muguet.  — VOtiorhyn- 
chus  sulcatus.  — Le  nouveau  Todea  du  Muséum.  — L’horticulture  au  Trocadéro.  — Le  pain  de 
Soya.  — Le  parc  public  de  Lisbonne.  — Exposition  internationale  de  géographie  botanique.  — 
Expositions  annoncées.  — Memento  des  expositions. 


Académie  des  Sciences.  — M.  Millar- 
det,  professeur  à la  Faculté  des  sciences  de 
Bordeaux,  et  dont  les  fructueuses  recherches 
sur  les  moyens  de  combattre  les  maladies  de 
la  Vigne  sont  connues  de  tout  le  monde, 
vient  d’ètre  nommé  membre  correspondant 
de  l’Académie  des  sciences,  pour  la  section 
debotanique,  en  remplacement  de  M.  Bois- 
sier,  décédé. 

Institut  de  France.  — Nous  avons  le 
plaisir  d’annoncer  la  nomination  du  docteur 
Masters  comme  membre  correspondant  de 
l’Institut  de  France,  à la  place  de  M.  le  pro- 
fesseur Asa  Gray.  M.  Masters  est  directeur 
du  Gardeners’  Chronicle , un  des  princi- 
paux journaux  d’horticulture  d’Angleterre, 
et  l’auteur  de  travaux  remarquables  en  bo- 
tanique physiologique  et  descriptive.  Nous 
sommes  heureux  du  choix  que  vient  de 
faire  l’Institut,  et  nous  sommes  certains 
que  la  place  de  l’illustre  et  regretté  sa- 
vant américain  sera  dignement  occupée. 

Floraison  des  Vignes  en  1888.  — Bien 
que  l’on  ait  gagné  quelque  peu  sur  le  retard 
de  la  saison  du  printemps,  l’écart  est  néan- 
moins encore  très  - sensible.  Au  15  juin, 
c’est  à peine  si  quelques  Vignes  hâtives 
et  bien  exposées  montraient  quelques  fleurs 
épanouies  ; des  pieds  de  Précoce  Mcdingre, 
placés  le  long  d’un  mur,  à bonne  exposi- 
tion, n’ont  ouvert  leurs  premières  fleurs 
que  le  14  juin  dernier,  et  des  Chasselas, 
diverses  Madeleines , regardés  comme 
hâtifs,  étaient  encore  en  boutons.  Nous 
devons  toutefois  signaler  une  exception, 
mais  il  est  vrai  de  dire  qu’elle  s’est  montrée 
sur  des  Vignes  encore  inédites,  découvertes 
récemment  par  le  R.  P.  Armand  David 
dans  des  parties  de  la  Chine  très-éloignées 
et  peu  connues.  Cette  fois  la  différence  est 

1er  Juillet  1888. 


énorme  en  faveur  de  ces  dernières.  En 
effet,  sur  un  certain  nombre  de  variétés,  il 
en  est  deux  dont  les  grappes,  déjà  très- 
développées,  portent  des  Raisins.  En  atten- 
dant que  nous  puissions  nous  prononcer, 
nous  croyons  devoir  en  dire  quelques  mots 
au  point  de  vue  de  leurs  caractères  de  végé- 
tation, mais  tout  particulièrement  de  la 
forme  de  leurs  feuilles,  qui  rappellent  assez 
exactement  celles  des  Ampélopsis  ou  Cissus. 
Il  y a là,  nous  en  avons  la  presque  certitude, 
des  avantages  considérables  et  qui  serviront 
à la  fois  la  science  et  la  pratique.  Nous  nous 
bornons  pour  aujourd’hui  à ces  quelques 
détails,  notre  but  étant  de  signaler  le  fait 
de  hâtiveté  qui,  certainement,  sera  apprécié 
comme  étant  de  premier  ordre  : des  types 
nouveaux  de  Vignes  extraordinaires  par  leur 
végétation  rustique  et  très-productive,  et,  de 
plus,  présentant  sur  nos  Vignes  cultivées 
une  avance  de  plus  de  quinze  jours  pour  la 
maturité  des  Raisins,  tels  sont,  en  perspec- 
tive, les  principaux  avantages  que  les  Vignes 
en  question  font  pressentir. 

Ligue  des  horticulteurs  hollandais 
contre  la  vente  des  fleurs  de  Jacinthes, 
Tulipes,  etc.  — Les  horticulteurs  hollan- 
dais, estimant  que  la  vente  des  fleurs  cou- 
pées des  plantes  bulbeuses  est  préjudi- 
ciable au  commerce  des  bulbes,  ont  formé 
entre  eux  une  sorte  de  Ligue  et  signé  un 
contrat  par  lequel  ils  s’engagent  mutuel- 
lement à ne  plus  livrer  au  commerce  de 
fleurs  coupées.  Presque  tous  les  horticulteurs 
de  Hollande  ont  adhéré  à cette  Ligue  et  une 
sorte  de  quarantaine  est  édictée  contre  les 
récalcitrants.  Quels  avantages  le  commerce 
de  la  Hollande  retirera-t-il  de  cette  prohi- 
bition ? Ils  nous  semblent  assez  incertains. 
Néanmoins,  une  mesure  prise  avec  autant 
d’ensemble  produira  sans  doute  les  résultats 
qu’on  en  attend. 


13 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


290 

Les  arbres  fruitiers  en  bordure  des 
routes  en  Alsace.  — D’après  des  rensei- 
gnements officiels,  le  nombre  des  arbres 
fruitiers  cultivés  en  Alsace,  sur  les  routes, 
s’élevait  en  1883  à 306,597  ; le  nombre  des 
arbres  fruitiers  sauvages  se  trouvant  dans 
les  mêmes  conditions  était  de  458,270. 
Il  paraît  que  depuis  cette  époque,  ces  quan- 
tités n’ont  que  peu  augmenté,  par  suite 
d’hivers  rigoureux  qui  ont  détruit  bon 
nombre  d’exemplaires,  et  rendu  plus  élevé 
le  prix  des  jeunes  plants. 

La  culture  des  Azalées  de  l’Inde  sans 
pincement  ni  taille.  — Le  Garden publie 
à ce  sujet  une  note  très-intéressante,  accom- 
pagnée d’un  dessin  qui  représente  une  Aza- 
lée à fleurs  blanches  qui  s’est  librement  dé- 
veloppée. L’aspect  en  est  charmant,  bien 
plus  élégant  que  celui  des  mêmes  plantes, 
lorsqu’elles  sont  taillées  en  boules  régu- 
lières, et  les  fleurs,  entre  lesquelles  l’air  cir- 
cule, et  qui  laissent  passer  par-ci  par-là  un 
rameau  de  verdure,  en  paraissent  plus  jolies. 

Le  port  naturel  de  ces  Azalées  est  d’ail- 
leurs très-gracieux  ; leur  rameaux  légers  et 
retombant  légèrement  leur  donnent  une 
élégance  toute  spéciale,  bien  préférable  à la 
forme  régulière  et  lourde  qu’on  leur  impose 
habituellement. 

Heliconia  choconiana.  — Jolie  plante- 
nouvelle,  qui  vient  de  fleurir  à Cambridge, 
et  sera  certainement  remarquée  parmi  le 
genre  si  décoratif  des  Heliconia.  L’es- 
pèce a reçu  le  nom  de  choconiana,  parce 
qu’elle  orne  avec  beaucoup  de  ses  congé- 
nères les  rives  des  cours  d’eau  dans  la  pro- 
vince du  Choco  (Colombie).  C’est  une  plante 
atteignant  environ  1 mètre  de  hauteur,  à 
feuilles  sessiles,  assez  grandes  et  à fleurs 
longues,  jaune  pâle,  en  fascicules  à l’aisselle 
de  grandes  bractées  écarlates. 

Myosotis  dissitiflora  alba.  — On  si- 
gnale, en  Angleterre,  l’obtention  d’un 
Myosotis  dissitiflora  à fleurs  blanches. 
Cette  variété  se  reproduit,  dit-on,  de 
graines.  Ce  sera  un  appoint  de  plus  pour  la 
formation  des  corbeilles  printanières. 

Nouveaux  Rhododendrons  de  serre. 

• — MM.  Veitch,  de  Londres,  ont  obtenu  par 
hybridation  quelques  nouvelles  et  fort  jolies 
variétés  de  Rhododendrons,  dont  voici  la 
description  sommaire  : n°  31,  provenant 
des  R.  Tcysmani  et  multicolor,  fleurs  cha- 
mois et  rose;  n°  32,  issu  des  R.  Princcss 


Royal  et  multicolor ; n°  35,  issu  des 
R.  jasminiflorum  et  Curtisii  ; n°  348,  des 
R.  javanicum  et  multicolor,  orange-écar- 
late, feuillage  du  javanicum;  n°  55,  jaune, 
d’une  nuance  charmante,  feuillage  large, 
joli  port. 

Ces  nouvelles  formes  sont  certainement 
destinées  à jouer  un  rôle  important  dans 
les  collections  de  plantes  de  serre  froide. 

La  vente  des  produits  du  Potager  de 
Versailles.  — Le  Ministre  de  l’Agriculture 
a décidé  que  les  produits  de  l’École  natio- 
nale d’horticulture,  établie  au  potager  de 
Versailles,  seraient  vendus  directement  au 
public. 

On  pourra  se  procurer  ces  produits,  con- 
sistant en  fruits  de  primeur  et  de  saison, 
légumes,  plantes  variées  de  plein  air  et  de 
serres,  fleurs,  etc.,  en  s’adressant  verba- 
ment,  ou  par  lettre  affranchie,  au  directeur 
de  l’École,  qui  fera  connaître  les  conditions 
de  la  vente. 

Cette  mesure  donnera  certainement  de 
meilleurs  résultats  que  le  système  des  adju- 
dications qui  avait  été  jusqu’ici  appliqué,  et 
on  ne  peut  qu’approuver  le  Ministre  de 
l’Agriculture  de  laisser  à l’honorable  Direc- 
teur du  potager  de  Versailles  le  soin  de  tirer 
de  ses  produits  le  meilleur  parti  possible. 

Récompenses  décernées  par  la  So- 
ciété nationale  d'Agriculture  de  France. 

— Dans  sa  séance  publique  annuelle,  la 
Société  nationale  d’Agriculture  de  France, 
présidée  par  M.  Duchartre,  vice-président, 
remplaçant  M.  Chevreul  retenu  par  une  in- 
disposition, a attribué  un  certain  nombre 
de  récompenses,  parmi  lesquelles  nous  indi- 
querons les  suivantes,  qui  intéressent  plus 
particulièrement  l’horticulture  : 

Section  des  cultures  spéciales. 

Grande  médaille  d'or  à M.  Truelle,  phar- 
macien àTrouville-sur-Mer  (Calvados),  pour  ses 
recherches  analytiques  sur  les  fruits  à cidre. 

Médaille  d'or  à l’effigie  d’Olivier  de  Serres 
à M.  Goudère,  propriétaire  à Aubenas  (Ar- 
dèche), pour  son  étude  sur  l’hybridation  artifi- 
cielle de  la  Vigne. 

Médaille  d’argent  à M.  Félix  Sahut,  vice- 
président  de  la  Société  d’horticulture  de  l’Hé- 
rault, pour  son  ouvrage  sur  les  Eucalyptus  ; à 
M.  Eug.  Grignon,  pharmacien  à Paris,  pour 
son  ouvrage  intitulé  : Le  Cidre. 

Section  de  sylviculture. 

Médaille  d’argent  à M.  Émile  Mer,  attaché 
à la  station  des  recherches  de  l’École  nationale 
forestière,  pour  deux  études  sur  l’élagage  et 
‘ sur  la  formation  du  bois  parfait. 


CHRONIQUE 

Distinction  à l'horticulture.  — M.  F. 

Bergman  vient  de  recevoir  de  l’empereur 
d’Autriche  l’ordre  de  François-Joseph.  Le 
haut  mérite  du  chef  de  culture  de  Ferrières 
le  rend,  en  tous  points,  digne  de  cette  haute 
distinction. 

La  culture  du  Noisetier  dans  la  pro- 
vince d’Avellino  (Italie).  — Le  Bulletin 
de  la  Société  toscane  d’horticulture  évalue 
à 700  hectares  la  surface  de  terrain  qui, 
dans  le  territoire  de  la  ville  d’Avellino,  est 
consacrée  à la  culture  des  Noisetiers. 

La  production  totale  de  la  province  est  de 
80,000  hectolitres,  dont  65,000  sont  ex- 
portés. 

L’Aveline,  représentée  par  diverses  va- 
riétés, compose  presque  uniquement  ces 
importantes  plantations. 

Les  Noisettes  destinées  à l’exportation 
sont  séchées,  soit  au  soleil,  soit  à la  fumée. 
Les  premières  sont  plus  recherchées,  parce 
qu’elles  se  conservent  mieux,  et  aussi 
parce  que  leur  péricarpe  ne  perd  rien  des 
propriétés  qui  la  font  rechercher  pour  la 
teinture  en  marron.  Les  Noisettes  sont 
exportées  en  France,  en  Autriche,  en  Amé- 
rique ; en  1880,  leur  prix  s’est  élevé  jusqu’à 
106  fr.  les  100  kilog.  à l’état  vert.  La  ré- 
colte de  1887,  très-abondante,  s’est  vendue 
à raison  de  50  fr.  les  100  kilog.  environ. 

Le  Tyleuchus  putrefaciens.  — Ce  nom 

et  l’animalcule  qui  le  porte  ne  sont  pas  une 
nouveauté  pour  la  science.  Depuis  longtemps 
le  Tyleuchus  putrefaciens  était  signalé 
comme  un  ennemi  terrible  de  nos  Ognons 
pour  lesquels  ses  morsures  sont  une  cause 
de  pourriture  immédiate.  On  avait  pensé 
que  le  parasite  était  aidé  dans  sa  tâcbe  dé- 
vastatrice par  des  vers  appartenant  aux 
groupes  des  Leptoptères  et  des  Pélodères, 
que  l’on  trouve  souvent  en  sa  compagnie. 
Dans  une  récente  communication  faite  à 
l’Académie  des  sciences,  M.  Chatin  dégage 
la  responsabilité  de  ces  derniers,  qui  n’ont 
que  le  tort  de  fréquenter  une  mauvaise 
société,  et  établit  que  les  ravages  exercés 
sur  les  Ognons  doivent  être  attribués  au 
seul  Tyleuchus  putrefaciens. 

Les  vers  blancs  en  Seine-et-Marne. 

— L’an  passé,  les  vers  blancs  ont  fait  dans 
la  Brie  des  dégâts  considérables  : les  Avoines 
et  les  Betteraves  ont  surtout  été  atteintes  ; 
mais,  sous  leur  forme  ailée,  c’est-à-dire 
comme  hannetons,  ces  coléoptères  se  dépla- 
cent facilement,  et  les  jardins,  les  forêts  et 


horticole.  291 

les  pépinières  ne  tarderont  pas,  dans  cette 
région,  à être  attaqués. 

Émus  de  cet  état  de  choses,  les  membres 
du  Syndicat  agricole  de  l’arrondissement 
de  Meaux  viennent,  en  assemblée  générale, 
d’émettre  le  vœu  que  des  mesures  sérieuses 
soient  prises  pour  combattre  les  ravages  de 
cet  insecte,  qu’on  peut  appeler,  avec  juste 
raison,  le  phylloxéra  du  nord  de  la 
France.  — Ils  demandent  : 

1°  Que  la  Société  nationale  d’agriculture  de 
France,  qui  comprend,  parmi  ses  membres, 
les  naturalistes  les  plus  distingués,  veuille  bien 
s’occuper  de  la  recherche  des  moyens  de  des- 
truction de  cet  animai,  soit  à l’état  de  hanne- 
tons, soit  à l’état  de  larves,  pour  les  indiquer  aux 
cultivateurs. 

2°  Que  le  département  de  Seine-et-Marne 
veuille  bien  augmenter,  l’année  prochaine,  la 
prime  accordée  pour  la  destruction  des  hanne- 
tons ; 

3°  Que  l’État  intervienne  dans  l’augmentation 
de  cette  prime,  pour  donner  des  subventions 
aux  départements  qui  font  des  sacrifices  à ce 
sujet. 

Les  Asperges  comme  culture  de  grand 
rapport.  — D’un  article  publié  parM.  Van 
Huile  dans  le  Bulletin  d’arboriculture, 
de  floriculture  et  de  culture  potagère,  il 
semble  ressortir  que  le  rapport  de  l’Asperge 
cultivée  en  grand  a été  singulièrement  exa- 
géré dans  les  brochures  ou  articles  publiés, 
sur  ce  sujet,  dans  les  dernières  années. 
D’après  certains  publicistes,  la  culture  de 
l’Asperge  rapporterait  environ  cinquante  et 
une  fois  celle  du  Froment.  Voici  comment 
le  rédacteur  du  Bulletin  cité  plus  haut 
établit,  pour  la  Belgique,  le  prix  de  revient 
et  de  rendement  : 

Prix  de  revient  par  hectare. 

1°  Frais  de  premier  établissement  : 


Loyer  du  terrain  pendant  trois  ans . 540  f. 

Contribution  foncière 00 

Achat  de  griffes  à 25  fr.  le  mille  en 

moyenne. 250 

Ouverture  des  rayons  et  préparation 

de  la  terre 45 

Plantation  50 

Fumure 750 

Entretien 300 


Ensemble 1.985  f. 

Soit  2,000  fr.  à amortir  en  dix  ans,  ce  qui 
donne,  par  an,  la  somme  de  200  fr. 


2°  Frais  d’entretien  : 

Coût  du  fumier 250  f. 

Contributions 20 

Travaux  de  fumure 125 

Travaux  de  buttage 125 

Ensèmble 520  f. 


292 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Ces  520  fr.  ajoutés  au  200  fr.  de  l’annuité 
pour  l’amortissement  du  capital  de  premier 
établissement,  donnent  une  dépense  totale  de 
720  fr. 

Prix  de  rendement. 

Moyenne  de  la  récolte  des  Asperges,  par 
hectare,  2,000  kilos,  qu’il  faut  compter,  au 
plus,  à 75  centimes  le  kil. , ce  qui  donne  un 
total  de  1,500  fr.  Si  de  ces  1,500  fr.  on  re- 
tranche le  prix  de  revient,  il  restera  un  béné- 
fice de  780  fr.,  qui  ne  laisse  pas  d’être  rému- 
nérateur, mais  qui  est  loin  d’atteindre  le 
chiffre  exorbitant  qu’on  a fait  espérer  dans 
certaines  publications.  Les  chiffres  que  nous 
donnons,  établis  pour  la  Belgique,  subissent 
nécessairement  chez  nous  quelques  variations, 
mais  sont  cependant  assez  près  de  la  vérité 
pour  qu’il  y ait  intérêt  à les  connaître. 

Empoisonnement  des  volailles  par 
le  Muguet.  — M.  Roullier,  directeur  de 
l’école  d’aviculture  de  Gambais,  en  re- 
commandant aux  éleveurs  de  bien  choisir, 
pour  le  pâturage  des  volailles,  des  champs 
où  la  Ciguë  et  d’autres  plantes  vénéneuses 
n’existent  pas,  cite  le  cas  d’empoisonnement 
suivant: 

La  semaine  dernière,  la  femme  d’un  cultiva- 
teur jetait  au  fumier  un  bouquet  de  Muguet, 
qui  avait  déjà  séjourné  dans  un  verre  d’eau  ; 
le  bouquet  fut  aussitôt  dévoré  par  un  troupeau 
de  dix  petits  oisons,  plus  le  père  et  la  mère  ; 
quelques  minutes  après,  neuf  des  oisons  étaient 
morts,  et  le  père  et  la  mère  très-malades  ; 
ceux-ci  ont  été  sauvés,  ainsi  que  le  dixième 
oison,  par  l’absorption  forcée  de  lait  trait  sur- 
le-champ.  Ce  remède  réussit  presque  toujours, 
s’il  est  administré  à temps. 

Avis  aux  ménagères,  elles  se  souvien- 
dront de  ce  conseil  l’année  prochaine,  au 
moment  de  la  floraison  du  Muguet. 

L’Otiorhynchus  sulcatus.  — Nousavons, 
à différentes  reprises  (1),  présenté  à nos  lec- 
teurs cet  ennemi  de  nos  jardins  et  de  nos 
serres.  Moins  terrible  que  beaucoup  d’autres, 
ce  coléoptère  s’attaque  surtout  à notre  luxe. 
C’est  en  effet  sur  les  plantes  de  serre  qu’il 
exerce  principalement  ses  déprédations. 
Larve,  il  dévore  les  racines  des  Primevères, 
des  Cyclamens,  des  Fougères,  etc.  ; insecte 
parfait,  il  ronge  les  parties  vertes  des  mêmes 
végétaux.  Vous  vous  apercevez  que  les 
feuilles  de  vos  plantes,  au  lieu  de  prendre 
du  développement,  se  rétrécissent  de  jour 
en  jour,  ravagées  par  des  dents  invisibles; 
vous  fouillez  les  recoins  de  votre  serre,  vous 

(t)  Voir  Revue  horticole,  1881,  p.  311  et  1884, 

p.  92. 


ne  voyez  pas  ombre  de  malfaiteur.  Cepen~ 
dant  le  lendemain  vous  constatez  de  nou- 
velles déprédations.  C’est  que  l’Otiorhynque 
est  prudent  ; il  sait  le  châtiment  qui  l’at- 
tend s’il  tombe  entre  vos  mains,  aussi  ne 
sort-il  que  la  nuit.  Si  vous  arrivez  de  grand 
matin  dans  votre  serre,  à l’heure  où  le  jour 
commence  à poindre,  vous  le  trouverez 
encore  occupé  à sa  sinistre  besogne.  C’est  le 
moment  de  l’attaquer,  et  voici  le  procédé 
qu’indique  pour  cela  le  Garden. 

Étendez  sous  la  plante  sur  laquelle  vous 
soupçonnez  sa  présence  une  feuille  de  papier 
blanc,  et  donnez  brusquement  une  vive 
lumière  : l’Otiorhynque,  pris  en  flagrant 
délit,  se  laissera  tomber  d’effroi,  et  vous 
l’écraserez  à votre  aise. 

Contre  la  larve  de  l’insecte,  nous  ne 
connaissons  qu’un  moyen  efficace  : le  rem- 
potage des  plantes  précédé  du  nettoyage  des 
racines. 

Le  nouveau  Todea  du  Muséum.  — Le 

Muséum  vient  de  recevoir  une  énorme 
touffe  de  Todea  rivularis.  M.  le  baron  von 
Mueller,  de  Melbourne  (Australie),  bota- 
niste officiel  ( state  Botanist ),  a fait  re- 
cueillir cette  plante  à 322  kilomètres  dans 
l’intérieur,  et  l’a  fait  conduire  à ses  frais 
jusqu’à  la  côte. 

C’est  un  cadeau  magnifique  : la  plante 
mesure  lm  50  de  diamètre  et  1 mètre  de 
hauteur.  Elle  est  arrivée  en  parfait  état  de 
vie  et  de  santé. 

M.  le  baron  von  Mueller  envoie  depuis 
de  longues  années  des  grandes  plantes  aus- 
traliennes à tous  ses  correspondants.  Il  est 
l’auteur  d’un  grand  nombre  de  publications 
de  botanique  pure  et  appliquée;  c’est  un 
ardent  propagateur  de  végétaux  de  la  nou- 
velle Hollande  et  un  botaniste  de  haute 
valeur. 

Il  a enrichi  l’herbier  du  Muséum  d’un 
nombre  énorme  de  plantes  d’Australie.  Ce 
sont  des  faits  trop  peu  connus  et  qui  mé- 
ritent d’être  signalés. 

L’horticulture  au  Trocadéro.  — L’ins- 
tallation des  produits  horticoles,  en  vue  de 
l’Exposition  universelle  de  1889,  est  déjà 
commencée  sur  plusieurs  points  des  jardins 
du  Trocadéro.  Citons  d’importantes  col- 
lections d’arbres  d’ornement  à haute  tige, 
d’arbres  à rameaux  retombants  (pleureurs), 
d’arbustes  en  touffes  à feuilles  caduques, 
d’arbustes  à feuilles  persistantes  taillés  en 
boule  ou  en  pyramide  sur  tiges  hautes  de 
1 à 2 mètres,  On  remarque  des  massifs  de 


293 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Hêtres  pourpres  et  de  Négundos  panachés, 
de  Prunus  Pisscirdi,  de  plantes  aqua- 
tiques, etc.  Le  tout  est  bien  repris  et  en 
bonne  état  de  végétation.  Ces  végétaux  sont 
tous  plantés  dans  les  parties  du  parc 
paysager  qui  avoisinent  la  rue  Le  Nôtre, 
du  côté  de  Passy. 

Dans  les  parterres  qui  sont  dans  l’axe, 
entre  le  Palais  et  la  Seine,  on  a déjà  placé 
de  belles  pyramides  de  Magnolia  gy'andi- 
flora,  hautes  de  4 mètres.  On  les  a proté- 
gées contre  les  ardeurs  du  soleil  par  des 
abris  en  toile  d’emballage. 

Les  horticulteurs  qui  ont  ainsi  pris  les 
devants  en  recueilleront  de  signalés  avan- 
tages. L’année  prochaine,  leurs  plantes  ne 
se  ressentiront  plus  de  la  transplantation  ; 
leur  végétation,  leur  floraison  soront  par- 
faites, et.  elles  pourront  ainsi  prendre  part  à 
la  lutte  dans  toute  leur  beauté. 

Le  pain  de  Soya.  — Nous  avons  parlé 
dernièrement  dans  la  Revue  horticole  de  la 
fécule  de  Soya  et  de  son  emploi  pour  la 
fabrication  des  fromages.  La  farine  de  cette 
légumineuse  vient  de  recevoir  une  nouvelle 
application.  Par  suite  de  sa  composition  chi- 
mique, le  Soya  peut  être  utilisé  avec  succès 
dans  le  traitement  des  diabétiques.  Malheu- 
reusement, sa  farine  présente  un  goût  âcre 
qui  plaît  peu  au  palais  des  malades  et  qui 
jusqu’ici  avait  été  un  obstacle  à sa  vulga- 
risation. M.  Lecerf  vient  de  réussir  à débar- 
rasser le  Soya  de  ce  goût  désagréable  et 
fabrique  avec  sa  fécule  un  pain  excellent, 
dont  il  a présenté  des  spécimens  à l’Acadé- 
mie des  sciences. 

Le  parc  public  de  Lisbonne.  — Le 

succès  que  nos  compatriotes  ont  remporté 
au  concours  de  Lisbonne,  s’accentue  de  jour 
en  jour.  La  Chambre  municipale  de  cette 
ville  vient  de  décider  l’acquisition  du  projet 
de  M.  F.  Morel,  de  Lyon,  à qui  la  première 
mention  avait  été  décernée. 

Il  paraît  que  la  non  observation  d’un  des 
points  du  programme  : l’emploi  d’une 

échelle  un  peu  trop  réduite,  avait  placé  lors 
du  concours,  M.  Morel  en  état  d’infériorité 
vis-à-vis  de  ses  concurrents. 

Exposition  internationale  de  géogra- 
phie botanique.  — Le  Cercle  floral  d'An- 
vers a décidé,  en  principe,  sur  la  proposi- 
tion de  M.  Charles  de  Bosschere,  d’organi- 
ser, dans  le  courant  de  1890,  une  exposition 
internationale  de  géographie  botanique.  Le 


programme  sera  conçu  d’après  les  idées 
émises  dans  le  rapport  sur  le  mode  et  Futi- 
lité d’une  exposition  de  ce  genre,  présenté 
par  M.  Ch.  de  Bosschere  au  Congrès  horti- 
cole de  Paris,  en  1886. 

Toutes  nos  sympathies  sont  acquises  à 
une  œuvre  qui  rendra  les  plus  grands  ser- 
vices à la  botanique  et  à la  science  horti- 
cole. Les  explorateurs  enverront  à cette 
exposition  les  plantes  qu’ils  ont  découvertes, 
les  études  qu’ils  ont  faites,  les  résultats  di- 
rects de  leurs  travaux  ; et  le  public,  éclairé, 
pourra  ainsi  juger  de  leur  valeur  réelle. 

A ce  titre  seul,  sans  compter  tous  les 
avantages  que  l’horticulture  en  retirera,  la 
science  qui  nous  est  chère  à tous  devrait 
des  remercîments  aux  instigateurs  de  l’Ex- 
position internationale  de  géographie  bota- 
nique d’Anvers,  en  1890.  Nous  souhaitons 
à cette  entreprise  tout  le  succès  qu’elle  mé- 
rite. 

EXPOSITION  ANNONCÉE 

Bourges,  2 au  5 août.  — Une  exposition  de 
tous  les  produits  de  l’horticulture  et  viticulture 
et  des  industries  qui  s’y  rattachent  aura  lieu  à 
Bourges,  du  2 au  5 août. 

Adresser  les  demandes  d’admission  àM.  An- 
cillon,  président  de  la  Société  d’horticulture 
du  Cher,  à Bourges,  avant  le  20  juillet. 

Memento  des  Expositions. 

Voici  la  liste  des  Expositions  précédemment 
^annoncées  : 

Bar-sur-Aube.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  12),  6 au 
10  juillet. 

Bordeaux.  — Fruits,  légumes,  fleurs  (Chr.  n°  5), 
15  au  26  septembre. 

Bougival.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  9),  29  août  au 
3 septembre. 

Lyon.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  11),  13  au  17  septembre. 
Meaux.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  5),  7 au  9 septembre. 
Mézidon.  — Exp.  gén.  (Chr.  n»  10),  16  septembre. 
Moulins. — Exp.  gén.  (Chr.  n°  6),  31  juillet  au  5 août. 
Périgueux. — Exp.  horticole  et  viticole  (Chr.  n°ll), 
3 au  5 août. 

Roubaix.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n°  5) , 17  novembre, 
Saint-Germain-en-Laye.  Exp.  gén.  (Chr.  n°  10), 
26  au  29  août. 

Saint-Mandé.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  12),  16  au 
23  septembre. 

Toulouse.  — Exp.  de  culture  maraîchère,  culture 
ornementale  e t arboricul  ture  fruitière 
(Chr.  no  11),  27  au  30  septembre. 

— Même  Exp.  et  spécialement  Exp.  de 

Chrysanthèmes  (Chr.  n°  11),  15  au 
18  novembre. 

Valognes.  — Exp.  locale  (Chr.  n°  8),  lor  au  4 sep- 
tembre. 

Anvers.  — Roses  (Chr.  no  8),  fin  juin. 

Gand.  — Exp.  de  lloriculture  (Chr.  n°  11)  2 au  3 sep- 
tembre. 

— Chrysanthèmes  (Chr.  n°  11),  18  au  22  no- 
vembre. 

Lausanne.  — Exp.  gén.  (Chr.  no  8),  20  au  25  sep- 
tembre. 

E-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


294 


UN  PLÉBISCITE  POUR  LES  PLUS  BELLES  ROSES. 


UN  PLÉBISCITE  POUR  LES  PLUS  BELLES  ROSES 


A plusieurs  reprises  la  presse  anglaise,  et 
principalement  le  Journal  of  horticulture, 
a organisé  des  consultations  populaires, 
de  véritables  plébiscites,  à l’effet  de  faire 
connaître  les  Roses  qui  réunissent  les  plus 
nombreux  suffrages. 

La  même  idée  a été  reprise  en  France 
par  le  Journal  des  Roses,  et  avec  un  grand 
succès.  Nos  confrères  étaient  là  sur  leur 
propre  terrain,  et  les  opinions  exprimées 
avaient  une  grande  valeur. 

Voici  que  la  Rosen  Zeitung,  à son  tour, 
soumet  les  Roses  au  suffrage  universel  des 
amateurs.  Comme  pour  les  précédentes  ten- 
tatives, nous  en  faisons  connaître  les  résul- 
tats à nos  lecteurs,  en  indiquant  seulement 
les  plus  belles  variétés  pour  chaque  caté- 
gorie. 

Roses  Thé  jaunes. 

Maréchal  Niel.  — Perle  des  jardins.  — Ma- 
dame Eugène  Verdier.  — Étoile  de  Lyon.  — Belle 
Lyonnaise. 

Roses  Thé  blanches. 

Niphëtos.  — Grande-duchesse  Mathilde.  — Ma- 
dame Bravy.  — Étendard  de  Jeanne  d’ Arc.  — 
Marie  Guiltot. 

Roses  Thé  jaune  lavé  de  rouge. 

Madame  Bérard.  — Marie  Van  Houtte  — Gloire 
de  Dijon.  — Francisca  Krüger.  — Aclrienne  Chris - 
tophle. 

Roses  Thé  blanc  lavé  de  rose. 

Marie  Van  Houtte.  — Souvenir  de  Paul  Neyron. 

— Grâce  Darling.  — Madame  Bravy. — Madame 
de  Watteville. 

Roses  Thé  rouges. 

Reine  Marie -Henriette.  — André  Schwartz.  — 
Souvenir  de  Thérèse  Levet.  — Alphonse  Karr.  — 
Madame  Lombard. 

Roses  Thé  recommandables  pour  leur 
maintien,  leur  aspect. 

Maréchal  Niel.  — Catherine  Mermet.  — Perle 
des  jardins.  — Marie  Van  Houtte.  — Gloire  de 
Dijon.  — Madame  Bérard.  — Belle  Lyonnaise. 

— Grande-duchesse  Mathilde.  — Souvenir  d'un 
ami.  — Sombreuil. 

Roses  Thé  recommandables  pour  leur 
parfum. 

Maréchal  Niel.  — Gloire  de  Dijon.  — Perle  des 
jardins.  — Souvenir  d'un  ami.  — Devoniensis.  — 
Madame  Eugène  Verdier.  — Belle  Lyonnaise.  — 
Comtesse  Riza  du  Parc.  — Adam.  — Reine  Na- 
thalie de  Serbie. 

Roses  Thé  les  meilleures  pour  forcer. 

Perle  des  jardins.  — Maréchal  Niel.  — Niphè - 
ios.  — Madame  Falcot.  — Gloire  de  Dijon.  — 
Safrano.  — Souvenir  d'un  ami.  — Grande-du- 
chesse Mathilde.  — Marie  Van  Houtte.— Madame 
Chédane  Guinoiseau. 

Roses  Thé  les  plus  florifères. 

Gloire  de  Dijon.  — Belle  Lyonnaise.  — Niphë- 
tos. — Perle  des  jardins.  — Madame  Bérard.  — 


Homère.  — Madame  Falcot.  — Madame  Chédane 
Guinoiseau.  — Madame  Lombard.  — Safrano . 

Roses  Thé  les  plus  rustiques. 

Gloire  de  Dijon.  — Madame  Bérard.  — Belle 
Lyonnaise.  — Homère.  — Reine  Marie-Henriette. 

— Sombreuil . — Francisca  Krüger.  — Beauté  de 
l'Europe.  — Madame  Lombard. — Madame  Émile 
Dupuis. 

Roses  Thé  pour  forcer  avant  l’hiver. 

Safrano.  — Niphëtos.  — Madame  Falcot.  — 
Gloire  de  Dijon.  — Madame  Chédane  Guinoi- 
seau. — Devoniensis.  — Grande-duc hesse  Ma- 
thilde. — Coquette  de  Lyon.  — Perle  des  jardins. 

— Souvenir  d'un  ami. 

Roses  Thé  pour  forcer  après  l’hiver. 

Maréchal  Niel.  — Perle  des  jardins.  — Marie 
Van  Houtte.  — Grande-duchesse  Mathilde.  — Ni- 
pliétos.  — Perle  de  Lyon.  — Catherine  Mermet. 

— B elle  Lyonnaise. — Francisca  Krüger.  — Gloire 
de  Dijon. 

Hybrides  remontants  pour  forcer  avant 
l’hiver. 

Anna  Alexieff.  — Triomphe  de  l'Exposition.  — 
Jules  Margottin.  — John  Hopper.  — Horace  Ver- 
net.  — Captain  Chris ty.  — Général  Jacqueminot. 

— Louise  Odier.  — Fisher  Holmes.  — Victor 
Verdier. 

Hybrides  remontants  pour  forcer  après 
l’hiver. 

Baronne  de  Rothschild.  — Marie  Baumann.  — 
Captain  Christy.  — Louis  Van  Houtte.  — Alfred 
Colomb.  — Merveille  de  Lyon.  — John  Hopper. 

— Magna  Cliarta.  — Horace  Vernet.  — Madame 
Victor  Verdier. 

Les  meilleurs  hybrides  remontants 
pour  floraison  d’automne. 

Général  Jacqueminot.  — Jules  Margottin.  — 
Alfred  Colomb.  — Boule  de  neige.  — Pierre  Not- 
ting.  — Marie  Baumann.  — Madame  Victor  Ver- 
dier. — Prince  Camille  de  Rohan.  — Victor  Ver- 
dier. — ' Sénateur  Vaïsse. 

Les  plus  florifères  et  d’un  port  nain. 

Souvenir  de  la  Malmaison.  — La  France.  — 
Hermosa.  — Cratnoisi  supérieur.  — Marie  Bau- 
mann. — Crimson  Bedder , — Ducher.  — Lady 
Marie  Fitz  William.  — Mignonnette.  — Captain 
Christy. 

Les  cinq  plus  beaux  hybrides 
remontants  blancs. 

Merveille  de  Lyon.  — Boule  de  neige.  — Mabel 
Morrison.  — Élise  Boclle.  — Impératrice  Eugénie. 

Les  plus  beaux  hybrides  remontants 
à fleurs  roses. 

Baronne  de  Rothschild.  — John  Hopper.  — 
Eugénie  Verdier.  — Paul  Neyron.  — Magna 
Cliarta. — Anna  de  Diesbach.  — Madame  Marie 
Finger.  — Victor  Verdier.  — Madame  Gabriel 
Luizet.  — Queen  of  Queens. 

Les  plus  beaux  hybrides  remontants 
blanc  teinté  de  rose. 

Captain  Christy.  — Julius  Finger.  — Merveille 
de  Lyon.  — Élisa  Boëlle.  — Catherine  Soupert. 

Les  plus  beaux  hybrides  remontants 
rouges. 

Marie  Baumann.  — Alfred  Colomb.  — Madame 
Victor  Verdier.  — Fisher  Holmes.  — Sénateur 


TRITOMA  CANARI. 


295 


Vaïsse. — Souvenir  de  Spa.  — Charles  Lefebvre. 
Général  J acqueminot.  — Alfred  K.  Williams. 
Ulrich  Brunner  fils. 

Les  plus  beaux  hybrides  remontants 
rouge  foncé. 

Prince  Camille  de  Rohan.  — Van  Houtte. 
Souvenir  de  William  Wood.  — Jean  Liabaud.  — 
Empereur  du  Maroc.  — Monsieur  Boncenne.  — 
Pierre  Notting.  — Xavier  Olibe.  — Abel  Carrière. 

— Eugène  Fürst. 

Les  plus  belles  Roses  Thé  hybrides, 

Lady  Mary  Fitz  William.  — La  France.  — Duke 
of  Connaught  — Cheshunt  liybrid.  — Madame 
Julie  Weidmann. 

Les  plus  belles  Roses  Ile-Bourbon. 

Souvenir  de  la  Malmaison.  — Baron  Gonella. 

— Louise  Odier.  — Madame  Pierre  Oger.  — Mis- 
tress  Bosanquet . 

Les  plus  belles  Roses  Noisette. 

William  Allen  Richardson. — Céline  Forestier. 

— Aimée  V'ibert.  — Rêve  d'or.  — Bouquet  d'or. 

Les  plus  belles  Roses  mousseuses. 

Centifolia  muscosa.  — Cristata.  — Eugène 
Verdier.  — Reine  Blanche.  — Little  Gem. 

Les  plus  belles  mousseuses  remon- 
tantes. 

Soupert  et  Notting.  — Blanche  Moreau.  — Eu- 
génie Guinoiseau.  — Salet.  — Deuil  de  Paul 
Fontaine. 

Les  plus  belles  panachées. 

Belle  des  jardins.  — Perle  des  panachées.  — 
Tricolore  de  Flandres.  — Panachée  d'Orléans. 

— Panachée  du  Luxembourg . 

Les  Roses  grimpantes  les  plus 
vigoureuses. 

Beauty  of  the  prairies.  — Belle  de  Baltimore. 

— Félicité- Perpétue.  — Duc  de  Constantin.  — 
Alba. 


Les  Roses  grimpantes  les  plus 
florifères. 

Belle  de  Baltimore.  — Fëlicitè-Perpètue.  — Po - 
lyantha.  — Madame  Viviand  Morel.  — Madame 
de  Sancy  Parabère. 

Gomme  il  faut  une  sanction  à toute  opi- 
nion, nous  croyons  utile  de  conseiller  à nos 
lecteurs  l’examen  attentif  de  l’énumération 
qui  précède,  et  de  se  rendre  compte  des 
changements  que  les  amateurs  français  de 
Pmses  pourraient  y apporter  s’ils  étaient 
consultés.  Sans  aucun  doute,  ces  change- 
ments seraient  considérables.  Nous  n’en 
voulons  pour  preuve  que  cette  exquise  Rose  : 
La  France , qui  réunit  tous  les  mérites  : 
nuance,  parfum,  floraison  perpétuelle,  et 
que  les  plébiscites  des  rosistes  anglais  ont 
toujours  placée  au  premier  rang.  Dans  les 
listes  données  par  la  Rosen  Zeitung,  elle 
est  nommée  parmi  les  Rosiers  florifères  et 
d’un  port  nain,  ainsi  que  dans  les  thés 
hybrides,  mais  en  compagnie  d’autres  va- 
riétés qui  auraient  pu  être  mieux  choi- 
sies. 

Quoi  qu’il  en  soit,  il  est  intéressant  de 
connaître  les  divers  jugements  des  amateurs 
de  Roses,  suivant  les  latitudes  et  les  « cir- 
constances »,  et,  à ce  titre,  il  n’était  pas 
inutile  de  porter  devant  notre  public  les 
listes  qui  précèdent. 

Ed.  André. 


TRITOMA.  CANARI 


Cette  plante,  que  nous  ne  savons  trop  à 
quelle  espèce  rapporter,  et  dont  le  qualifi- 
catif Canari  peut  donner  une  idée  quant  à 
la  couleur  des  fleurs,  vient  faire  une  heu- 
reuse diversion  dans  le  groupe  des  Tritoma 
en  y introduisant  la  nuance  jaune,  qui  y 
manquait  jusqu’ici.  Elle  est  encore  rare 
dans  les  cultures,  et,  comme  nous  l’avons 
vue  récemment  en  fleurs  chez  M.  Godefroy- 
Lebœuf,  horticulteur  à Argenteuil,  nous 
croyons  devoir  la  faire  connaître  et  en  don- 
ner la  description  que  voici  : 

Plante  d’une  bonne  vigueur,  touffue  par 
les  nombreux  bourgeons  qu’elle  émet.  Feuilles 
d’un  vert  clair,  triquètres,  relativement  courtes, 
souvent  un  peu  contournées.  Hampe  glabre, 
vert  roux,  parfois  çà  et  là  courtement  feuillue 
ou  munie  de  bractées.  Inflorescence  forte,  en 
large  pompon.  Corolle  penchée,  d’abord  légè- 
rement rougeâtre,  bientôt  jaune,  et  alors  à 
tube  corollaire  gros,  parcouru  de  quelques 
lignes  légèrement  colorées.  Étamines  longue- 
ment saillantes  à filet  rougeâtre. 


Par  sa  couleur  particulière,  le  Tritoma 
Canari  vient  apporter  un  élément  nou- 
veau d’ornementation,  en  le  plantant  al- 
ternativement avec  des  variétés  de  nuances 
et  de  coloris  différents. 

D’autre  part,  il  est  probable  que  ses 
graines  produiront  des  variétés;  et,  ce  qui 
est  également  probable,  c’est  que  des  fécon- 
dations faites  entre  cette  forme  à fleurs  jaunes 
et  d’autres  de  couleurs  différentes  donne- 
ront naissance  à des  intermédiaires,  peut- 
être  même  à une  série  qui  embrassera 
toutes  les  couleurs  intermédiaires  entre  le 
blanc  et  le  jaune  d’or. 

On  peut  aussi  espérer  que,  outre  les 
couleurs,  la  variation  portera  sur  les  formes 
de  l’inflorescence,  et  qu’alors,  au  lieu  de 
l’uniformité  constatée  jusqu’ici,  on  obtien- 
drait également  de  ce  côté  des  variations 
plus  ou  moins  grandes. 

E.-A.  Carrière. 


296 


l’ornementation  florale  a l’exposition  de  paris. 


L’ORNEMENTATION  FLORALE  A L’EXPOSITION  DE  PARIS 


« La  fleur  n’est  réellement  belle  que 
lorsqu’ elle  est  portée  par  la  plante  qui 
l’a  produite.  » Cet  axiome  a évidemment 
inspiré  ce  conseil  sentimental  bien  connu  : 
Laissons  les  Roses  aux  Rosiers  ! 

Mais  il  n’en  est  pas  moins,  à notre  avis, 
absolument  faux. 


Il  serait  plus  juste  de  dire  que  les  fleurs 
ne  possèdent  toute  leur  élégance  et  la  pléni- 
tude du  charme  particulier  à chacune  d’elles, 
que  lorsqu’on  les  observe  sur  les  plantes  qui 
les  ont  produites,  et  surtout  si  ces  plantes  se 
sont  développées  dans  leurs  conditions  na- 
turelles. 


Fig.  63.  — Jardinière  avec  support  en  bambou,  forme  croissant. 


Mais  il  n’est  pas  donné  à tout  le  monde 
de  pouvoir  aller  dans  les  Andes  de  Co- 
lombie, par  exemple,  pour  admirer,  au  mi- 
lieu des  forêts  vierges,  se  balançant  légère- 
ment au-dessous  des  arbres  entrecroisés  et 
couverts  de  Mousses  épaisses,  ces  ravissants 
Odontoglossum  crispum  aux  longues 
hampes  florales  élégamment  recourbées,  ou 
bien  d’explorer  les  montagnes  desséchées 
du  Mexique  pour  y surprendre,  au  mo- 
ment de  l’épanouissement  de  leur  florai- 


son, certains  Cactus  aux  couleurs  éblouis- 
santes. 

Il  est  beaucoup  plus  pratique,  puisque 
nous  le  pouvons,  de  profiter  de  tout  ce  qui 
a été  fait  avant  nous,  pour  rassembler 
presque  côte  à côte  les  floraisons  du  monde 
entier.  Ceci  étant  posé,  il  ne  reste  plus  qu’à 
tirer,  par  des  dispositions  artistiques,  le 
meilleur  parti  possible  des  nombreux  élé- 
ments que  la  nature  et  l’homme  ont  mis, 
sous  ce  rapport,  à notre  disposition. 


L ORNEMENTATION  FLORALE  A L EXPOSITION  DE  PARIS. 


297 


Nous  n’avons  pas 
l’intention  de  parler, 
aujourd’hui,  de  la 
confection  des  bou- 
quets. Cette  question 
a récemment  été  trai- 
tée, d’une  manière 
complète,  par  une 
personne  dont  le 
sentiment  artistique 
et  les  connaissances 
horticoles  se  sont 
ainsi  hautement  ma- 
nifestés (1).  Nous 
allons  examiner  ce 
qui  se  fait  actuelle- 
ment à Paris,  pour 
l’emploi  des  plantes 
et  fleurs  en  jardiniè- 
res, corbeilles,  etc., 
en  laissant  à nos 
lecteurs  le  soin  d’ap- 
précier le  goût  de 
nos  fleuristes. 

Lorsque,  dans  une 

(1)  Voir  Revue  horti- 
cole, 1888,  p.  237. 


• r <1 — j 

1 

ITo 

Fig.  64.  — Jardinière  avec  support  en  bambou, 
forme  cadre. 


promenade  dont  la 
durée  n’est  pas  bien 
longue,  on  contem- 
ple successivement 
les  vitrines  des  La- 
brousse, des  Nils- 
son,  des  Debrie-La- 
chaume,  des  Ber- 
nard, et  de  quelques 
autres  fleuristes,  on 
constate  immédiate- 
ment qu’ils  n’ont 
fait  que  peu  de  con- 
cessions à cette  mode 
absurde  d’ensevelir 
les  fleurs  sous  des 
paquets  de  rubans 
énormes,  aux  cou- 
leurs éclatantes.  La 
pénurie  de  fleurs, 
en  plein  cœur  de 
l’hiver,  autorise 
seule  à employer 
quelques  rubans  peu 
larges,  aux  tons  effa- 
cés, pour  donner 
plus  d’importance 
aux  compositions 


298 


CONGRÈS  HORTIGOLE  DE  PARIS. 


préparées,  sans  nuire  aux  coloris  des  co- 
rolles et  feuillages. 

Quant  à la  forme  des  corbeilles,  jardi- 
nières, et  autres  ustensiles  destinés  à rece7 
voir  où  à supporter  les  plantes  et  les  ra- 
meaux fleuris,  elle  est  des  plus  variées,  et 
Ton  en  fait  actuellement  en  osier  et  en  jonc 
tressé,  d’autant  plus  jolis  qu’ils  sont  plus 
simples. 

Les  figures  63  et  64  reproduisent  deux 
types  de  décoration  florale,  présentés  par 
M.  Debrie-Lachaume  à la  récente  exposi- 
tion de  la  Société  nationale  d’horticulture. 

La  première  (fîg.  63)  se  compose  d’une 
petite  jardinière,  au  centre  de  laquelle  est 
dressé  un  support  en  Bambou  noir,  d’une 
forme  très-gracieuse.  La  jardinière  ren- 
ferme quelques  Anthurium  Scherzeria- 
num,  Lycaste  Skinneri,  au  milieu  des 
feuilles  jonciformes  de  Y Iris  Xyphium.  Sur 
le  Bambou  ont  été  fixées  des  inflorescences 
de  Lælia  purpurata , Selenipedium  cau- 
datum,  Cypripedium  variés,  Masdevcillia 
Harryana,  Odotonglossum  crispum  va- 
riés, etc.,  le  tout  entremêlé  de  brindilles 
A Asparagus  plumosus  et  d 'Adiantum 
cuneatum. 

La  seconde  jardinière  (fig.  64),  établie 
d’après  le  même  principe,  présente  une 
disposition,  en  cadre,  bien  différente. 

Composée  avec  les  mêmes  fleurs,  à peu 
près,  elle  est  surtout  destinée  à être  placée 
devant  une  glace,  une  fenêtre,  une  che- 
minée non  employée,  et  est  également 
d’une  grande  élégance. 

La  ligure  65  représente  une  petite  jardi- 
nière remarquée  chez  M.  Nilsson. 

Le  panier,  en  forme  de  losange,  avec 
arêtes  bien  nettes,  est  fait  de  joncs  tressés 
ayant  conservé  leur  couleur  gris-verdâtre.  B 


est  destiné  à être  placé  soit  sur  un  guéridon, 
soit  au  milieu  d’une  table  de  repas. 

Bans  le  bas,  et  au  centre,  un  Bégonia 
Rex  au  large  feuillage;  au-dessus,  un  Cat- 
tleya  Mossiæ  formant  la  masse  principale 
montre  ses  belles  fleurs  blanc  et  rose  vif  ; 
à droite  et  à gauche,  des  Odontoglossum 
crispum,  de  diverses  variétés,  élancent  leurs 
panicules  tigrées  ; quelques  Anthurium 
Scherzerianum  et  Cypripedium  Law- 
renceanum,  mêlent  çà  et  là  leur  floraison 
brillante  et  singulière. 

Des  rameaux  ou  feuilles  A Asparagus 
pluynosus  et  A Adiantum  Farleyense  com- 
plètent cette  gerbe  sans  lui  donner  la 
moindre  apparence  de  lourdeur. 

Dans  cette  jardinière,  le  Cattleya,  le  Bé- 
gonia, le  Cypripedium  et  Y Anthurium, 
sont  des  plantes  en  pots,  dont  la  floraison, 
dans  un  appartement,  peut  se  prolonger 
plus  d’un  mois.  Les  fleurs  et  feuillages  cou- 
pés sont  renouvelés  une  ou  plusieurs  fois, 
et  c’est  un  moyen  de  faire  varier  légèrement 
l’aspect  obtenu. 

Les  Orchidées,  on  le  voit,  jouent  le 
rôle  principal  dans  les  types  de  décoration 
florale  que  nous  venons  de  citer.  C’est 
qu’elles  sont  très  en  faveur  actuellement  à 
Paris,  où  on  les  emploie  jusque  dans  la 
coiffure  des  femmes,  et  aussi  pour  la  garni- 
ture du  corsage. 

Les  fleuristes  parisiens  ont  une  réputa- 
tion universelle,  bien  justifiée.  B nous  a paru 
intéressant  de  choisir,  parmi  leurs  compo- 
sitions les  plus  récentes,  quelques  types 
bien  caractérisés,  permettant  d’apprécier  le 
talent  qu’ils  apportent  dans  leurs  compo- 
sitions florales,  pour  l’arrangement  harmo- 
nieux des  formes  et  des  couleurs. 

Ch.  Thays. 


CONGRÈS  HORTICOLE  DE  PARIS 


Le  Congrès  a été  ouvert  le  lundi  28  mai, 
sous  la  présidence  de  M.  Léon  Say,  qui  offre 
la  présidence  d’honneur  à M.  Georges  Berger, 
l’un  des  directeurs  de  l’Exposition  univer- 
selle. 

Prennent  place  au  bureau  MM.  Hardy,  Bleu, 
Ch.  Joly,  Jamin,  Ch.  Verdier,  Dybowski,  Le- 
bœuf  et  E.  Bergman,  secrétaire. 

La  séance  commence  par  un  remarquable 
discours  de  M.  Georges  Berger,  dans  lequel  il 
s’étonne,  lui  « profane  »,  de  se  voir  porté  à la 
présidence  de  l’assemblée  par  les  maîtres  de 
l’horticulture.  Il  les  en  remercie  chaudement 
et  il  n’oubliera  pas  l’honneur  qui  lui  est  fait.  II 


s’efforcera  de  donner  à l’horticulture,  dans 
l’Exposition  de  1889,  la  large  place  qu’elle  mé- 
rite, et  il  convie  tous  les  horticulteurs  au  Con- 
grès de  1889. 

La  question  des  transports  par  chemin  de 
fer  des  végétaux  et  des  denrées  horticoles  est 
la  première  à l’ordre  du  jour.  MM.  Desbordes, 
Simon,  Nardy,  Muller,  Vitry,  Millet,  Duval, 
Verdier,  Jamin,  Forgeot,  prennent  successive- 
ment la  parole.  II  y a deux  ans,  nous  nous 
souvenons  d’avoir  entendu,  sur  la  même  ques- 
tion, les  plaintes  et  les  revendications  d’un 
nombre  d’orateurs  au  moins  égal. 

M.  Dybowski  communique  ensuite  le  résultat 


CONGRÈS  HORTICOLE  DE  PARIS. 


299 


d’expériences  qu’il  a faites  sur  l’arrosage  des 
plantes  et  desquelles  il  résulte  que  l’aération 
de  l’eau  servant  à l’arrosage  est  indifférente  à 
la  végétation. 

Ce  ne  sont  pas  les  seuls  faits  intéressants 
que  M.  Dybowski  ait  recueilis  de  ses  observa- 
tions. Dans  une  étude  sur  le  bouturage  des 
plantes  qu’il  a publiée  dans  les  Mémoires  pré- 
liminaires du  Congrès,  il  posait  en  principe 
que  le  bouturage  des  plantes  vivaces  peut  ré- 
duire la  dimension  des  individus  et  en  retar- 
der la  floraison,  et  que  ce  double  effet  de  ré- 
duction et  de  retard  est  d’autant  plus  accentué 
que  le  bouturage  est  fait  plus  tardivement. 
De  ce  fait  découlent  un  grand  nombre  d’ap- 
plications pratiques  que  tout  le  monde  saisit 
facilement. 

La  séance  du  lendemain  a été  est  ouverte  à 
deux  heures,  sous  la  présidence  de  M.  Hardy. 

La  question  de  l’enseignement  de  l’horti- 
culture dans  les  écoles  ne  cesse  pas  de  préoc- 
cuper ceux  qui  s’intéressent  à ses  progrès. 

M.  Bellair  demande  que  l’on  donne  aux 
jeunes  filles  une  instruction  horticole  qui  leur 
permette,  plus  tard,  d’aider  leurs  maris  dans 
les  travaux  du  jardinage. 

M.  Chevallier  voudrait  que  l’instruction 
commençât  par  le  maître  ; à cet  effet,  il  renou- 
velle la  proposition  de  création,  dans  chaque 
canton,  de  jardins  modèles  dans  lesquels  les 
professeurs  d’horticulture  auront  sous  la  main 
les  éléments  nécessaires  pour  faire  aux  institu- 
teurs des  cours  pratiques. 

M.  Thirion  se! plaint  de  l’insuffisance  des  ma- 
nuels élémentaires  d’horticulture,  et  l’assem- 
blée renvoie  à la  Société  centrale  d’horticul- 
ture un  vœu  tendant  à ce  qu’il  soit  institué 
un  prix  pour  engager  les  auteurs  à publier  un 
manuel  répondant  aux  besoins  existants. 

Le  Congrès  appelle  de  tous  ses  vœux  la  ré- 
vision de  la  convention  pliylloxérique,  et,  sur 
la  proposition  de  M.  Leroy,  appuie  une  pro- 
position tendant  à ce  que  le  gouvernement 
français  soit  invité  à laisser  les  végétaux  fran- 
çais, sauf  la  Vigne,  pénétrer  librement  en 
Algérie. 

M.  Nardy  nous  apporte  de  bonnes  nouvelles 
du  Midi.  De  grands  espaces  de  Vignes  détruites 
ont  été  replantés  et  sont  en  pleine  production. 
Les  porte-greffes  américains  auxquels  les  viti- 
culteurs du  Midi  s’adressent  de  préférence 
sont  le  Riparia  et  le  York-Madeira.  Le  Ri- 
paria  donne  aux  greffons  une  vigueur  consi- 
dérable, mais  il  faut  avoir  soin  de  ne  pas 
greffer  sur  le  Riparia  des  espèces  françaises  à 
trop  gros  bois,  car  autrement  l’assimilation 
complète  entre  le  sujet  français  et  le  sujet  amé- 
ricain est  compromise.  Cette  Vigne  ne  s’ac- 
commoderait pas  d’un  sol  absolument  calcaire 
ou  très-humide.  C’est  sur  le  York-Madeira 
que  sont  greffés  presque  tous  les  Chasselas.  Le 
Jacquez , que  l’on  a beaucoup  vanté,  résiste 
moins  bien  que  les  autres  porte-greffes  aux 
attaques  du  phylloxéra.  On  plante  encore 


dautres  espèces;  on  plante  beaucoup;  la  re- 
constitution des  vignobles  va  très-vite,  et, 
d’après  M.  Nardy,  on  pourra  encore  dire,  dans 
quelques  années,  que  la  France  est  « la  cave 
de  l’Europe  ». 

Après  quelques  aperçus  sur  la  question  des 
engrais  chimiques,  les  plantations  fruitières  et 
la  brûlure  du  Poirier,  M.  le  Président  ajourne 
le  Congrès  à l’année  prochaine. 

Voici,  en  résumé,  les  vœux  émis  par  le  Con- 
grès horticole  de  1888  : 

1°  Que  les  Compagnies  du  Nord,  de  Paris-Lyon- 
Méditerranée  et  Ouest,  veuillent  bien  faire  passer 
les  arbres  vivants  et  les  plantes  de  la  première  à la 
deuxième  série  par  expédition  de  1,000  à 4,000  ki- 
los, soit  avec  un  rabais  de  12  p.  100  environ. 

2°  Que  la  Compagnie  d’Orléans  accorde  le  même 
classement  que  ci-dessus,  et  de  plus  étende  le  bé- 
néfice du  wagon  complet  de  4,000  kilos  à tout  son 
réseau. 

3°  Que  les  Compagnies  de  l’Est  et  du  Midi  : sup- 
priment la  majoration;  classent  à la  deuxième 
série  des  expéditions  de  1,000  à 4,000  kilos;  et  le 
wagon  complet  de  4,000  kilos  à la  troisième  série, 
comme  le  font  les  autres  Compagnies. 

4°  Que  les  délais  ne  soient  pas  allongés  en  raison 
de  ces  réductions  de  prix. 

Il  est  bien  entendu  que  pour  jouir  du  bénéfice  de 
ces  tarifs  réduits,  il  en  faut  faire  la  demande  sur  la 
déclaration  d’expédition. 

5°  Que  la  différence  du  prix  de  transport  entre  les 
légumes  et  les  fruits  venant  du  Midi  disparaisse 
des  tarifs  de  la  Compagnie  P.-L.-M. 

6°  Que  les  Compagnies  de  chemins  de  fer  fran- 
çais créent  des  colis-postaux  de  5 kilos. 

7°  Que  les  maisons  étrangères  ne  soient  plus 
admises  à soumissionner  pour  les  fournitures  de 
graines  dans  les  adjudications  françaises. 

8°  Que  l’enseignement  du  jardinage  soit  organisé 
sérieusement  et  rendu  obligatoire  dans  les  écoles 
rurales  des  deux  sexes. 

9°  Que  cet  enseignement  soit  au  moins  facultatif 
dans  les  établissements  de  l’enseignement  secon- 
daire des  jeunes  filles. 

10°  Qu’au  lieu  d’enseigner  les  sciences  pures,  on 
donne  aux  jeunes  filles  des  notions  d’histoire  natu- 
relle, de  physique,  de  chimie  appliquées  au  jardi- 
nage, à l’économie  domestique,  à l’hygiène,  etc. 

11°  Que  quant  à présent,  il  soit  créé  dans  chaque 
canton  rural  un  jardin  type,  qui  servira  de  modèle 
à tous  les  jardins  d’école  de  ce  canton,  et  que  dans 
ce  jardin  soient  organisés  des  cours  spéciaux  d’hor- 
ticulture pour  les  instituteurs  des  environs,  et  que 
l’enseignement  en  soit  surtout  pratique. 

12°  Que  des  carrés  d’expériences  comparatives 
soient  organisés  dans  le  but  de  connaître  les  prin- 
cipes fertilisants  les  plus  indispensables  pour  pro- 
duire des  récoltes  plus  élevées  en  légumes,  en 
fleurs  et  en  fruits. 

13p  Que  l’analyse  comparative  de  ces  diverses 
sortes  de  végétaux  soit  faite  dans  le  but  de  préciser 
les  éléments  fertilisants  nécessaires  pour  obtenir 
une  croissaftce  normale  de  chacune  de  ces  plantes. 

14°  Que  le  gouvernement  français  ne  prohibe 
pas,  sans  nécessité,  l’entrée  de  nos  propres  pro- 
duits en  Algérie. 

15°  Que  les  porte-greffes  applicables  aux  arbres 
fruitiers  soient  recherchés  et  cultivés  avec  un  soin 


300 


NYMPHÆA  CASPARYI  ALBA. 


ROSE  GLOIRE  DE  MARGOTTIN. 


tout  particulier,  afin  d’obtenir  une  production  à la 
fois  plus  rapide  et  plus  belle. 

16°  Que  le  gouvernement  français  fasse  faire  la 
plantation  d’arbres  fruitiers  sur  les  routes  départe- 
mentales. 

Voilà  bien  des  vœux,  mais  combien  seront 
exaucés  ? 


Il  nous  semble  que  le  Congrès  horticole 
aurait  d’autant  plus  de  chances  d’arriver  à un 
résultat  pratique  que  le  nombre  des  questions 
posées  serait  moins  considérable,  le  nombre 
des  vœux  émis  plus  restreint  et  leur  réalisation 
poursuivie  avec  plus  de  persévérance. 

P.  CORNUAULT. 


NYMPHÆA  CASPARYI  ALBA 


Cette  haute  nouveauté,  tout  récemment 
obtenue,  se  rapproche  beaucoup  du  type 
(Nympkæa  Caspavyi ),  dont,  à vrai  dire, 
elle  ne  diffère  que  par  la  couleur  des  fleurs, 
qui  est  d’un  très-beau  blanc  pur,  rappelant 
celle  du  Nénuphar  commun  ( Nymphæa 
alba].  C’est  à M.  Fournier,  horticulteur, 
49,  rue  Basse-Saint-Pierre,  à Montreuil, 
qu’on  doit  l’obtention  de  cette  variété.  Elle 
provient  de  graines  qu’il  avait  récoltées  et 
qu’il  a semées  en  1883.  Sa  première  florai- 
son a eu  lieu  en  1887,  mais  le  pied,  alors 
encore  faible,  n’a  produit  que  deux  fleurs; 
cette  année,  au  contraire,  les  fleurs  se  suc- 
cèdent, ainsi,  du  reste,  que  cela  a lieu  pour 
les  Nymphæa  en  général. 

A quoi  est  due  la  production  spontanée 
de  cette  variété?  Est-ce  « un  pas  en  avant  », 
c’est-à-dire  une  évolution  directe,  diver- 
gente, progressive,  qui  est  la  loi  générale 
en  vertu  de  laquelle  se  forment  les  nou- 
veaux types  par  l’extension  des  anciens?  Ou 


bien  faut-il  voir  là  un  fait  d’atavisme,  c’est- 
à-dire  le  retour  d’une  variété  au  type  dont 
elle  était  sortie?  Ces  deux  hypothèses  peuvent 
être  admises,  et  nous  ne  voyons  pas  qu’il 
y ait  lieu  de  se  prononcer  plutôt  pour  l’une 
que  pour  l’autre.  Aussi,  sous  ce  rapport, 
nous  bornons-nous  à signaler  le  fait,  lais- 
sant à chacun  le  soin  d’en  tirer  les  consé- 
quences. L’essentiel  ici,  et  quelle  que  soit 
la  cause,  c’est  la  production  d’une  plante 
aquatique  d’ornement,  rustique,  qui  viendra 
prendre  place  dans  les  bassins  ou  cours 
d’eau,  à côté  des  autres  espèces  à fleurs 
blanches  qui,  par  l’opposition  des  couleurs, 
produiront  un  charmant  contraste.  Les  ca- 
ractères du  Nymphæa  Caspavyi  alba  sont 
exactement  ceux  du  type  ; la  fleur  est  d’un 
rouge  vineux,  les  pétales,  d’un  blanc  pur, 
ont  les  étamines  jaunes.  Quant  à la  culture 
et  à la  multiplication,  ils  sont  absolument 
les  mêmes  que  pour  toutes  les  autres  es- 
pèces du  genre.  E.-A.  Carrière. 


ROSE  GLOIRE  DE  MARGOTTIN 


Les  amateurs  de  Roses  qui  ont  visité  l’ex- 
position d’horticulture  de  1887  ont  déjà 
reconnu,  à la  seule  vue  de  la  planche  colo- 
riée que  nous  donnons  ci-contre,  une  des 
beautés  de  cette  exposition.  La  Rose  Gloire 
de  Margottin  eut  alors  un  succès  très-vif 
dû  à la  finesse  de  sa  fleur  et  à son  coloris 
rouge  clair  des  plus  brillants  (1). 

Cette  variété  a été  obtenue  en  1882  par  la 
fécondation  de  la  Rose  Gloire  des  Roso- 
mancs  avec  plusieurs  sortes  de  Roses  Thés , 

(1)  C’est  par  erreur  que  la  plante  coloriée  porte 
le  nom  Triomphe  de  Margottin  au  lieu  de  Gloire 
de  Margottin.  Afin  d’éviter  des  erreurs  de  nomen- 
clature qui  pourraient  se  produire  plus  tard,  nos 
abonnés  pourront  faire  sur  la  planche  la  rectifica- 
tion nécessaire.  Nous  n’avons  malheureusement 
constaté  cette  erreur  qu’au  moment  de  l’expédi- 
tion du  journal,  et  nous  n’avons  pu  par  consé- 
quent faire  faire  nous-mêmes  cette  rectification. 

{Note  de  la  rédaction .) 


parmi  lesquelles  le  Thé  G oubault  a joué  le 
principal  rôle. 

Voici  les  caractères  de  cette  superbe 
variété,  qui  fait  grand  honnneur  à M.  Mar- 
gottin père,  ce  vétéran  des  rosiéristes  qui 
a déjà  paré  nos  jardins  de  tant  de  mer- 
veilles. 

Arbuste  très-vigoureux,  à rameaux  vert 
clair  ; aiguillons  courts  assez  nombreux  ; 
feuilles  à 5 ou  rarement  7 folioles  ; pédon- 
cules ordinairement  réunis  par  3-7,  longs  ; 
boutons  très-allon'gés,  s’ouvrant  bien,  en- 
tourés par  les  sépales  lâches  ; fleurs  de 
9 à 12  centimètres  de  diamètre,  pleines, 
globuleuses;  pétales  arrondis  d’un  rouge 
clair  éblouissant. 

Par  la  vigueur  de  sa  végétation,  la  forme 
de  son  bouton,  la  précocité  de  sa  floraison, 
la  Rose  Gloire  de  Margottin  tient  sa  place 
pqrmi  nos  meilleures  variétés.  La  beauté  de 


Reuiw  Horticoles. 


'Oodarci,  del. 


Rose  Triomphe  de,  Mcircjotiui 


DESTRUCTION  DU  CHANCRE  DES  ARBRES  PAR  LE  SULFATE  DE  FER. 


sa  fleur,  la  rareté  et  l’éclat  de  son  coloris, 
en  font  une  plante  précieuse  pour  le  com- 
merce des  fleurs  coupées.  Elle  offre  à l’ama- 
teur ce  caractère  spécial  et  bien  rare  de  ne 
pas  tourner  au  violacé  en  vieillissant,  de 
sorte  que  cette  fleur  charmante  conserve 


301 

son  éclat  exceptionnel  jusqu’au  moment  où 
elle  s’effeuille. 

Tous  les  amateurs  de  Roses  devront  une 
fois  de  plus,  à M.  Margottin  père,  l’habile 
et  fortuné  semeur,  de  chaleureux  remercî- 
ments.  Ed.  André. 


DESTRUCTION  DU  CHANCRE  DES  ARRRES 

ET  DES  AUTRES  PARASITES  DES  PLANTES  PAR  LE  SULFATE  DE  FER 


Dans  le  dernier  numéro  de  la  Revue  hor- 
ticole, nous  avons  parlé  de  l’emploi  du  sul- 
fate de  fer  pour  la  destruction  des  Mousses  ; 
mais  la  destruction  des  Mousses  n’est  pas  le 
seul  effet  du  sulfate  de  fer  : il  peut  être  aussi 
utilisé  contre  la  maladie  des  Pommes  de 
terre,  les  chancres  des  arbres  fruitiers,  la 
tavelure  des  Poiriers,  la  gomme  des  Pruniers 
et  des  Cerisiers,  la  cloque  des  Pêchers,  la 
cuscute,  les  pucerons  des  Rosiers,  etc. 

L’action  du  sulfate  de  fer  sur  ces  autres 
parasites  n’est  pas,  au  point  de  vue  des 
dosages,  aussi  bien  étudiée  ; elle  demandera 
donc  quelques  essais  préliminaires  ; il  serait 
par  suite  fort  intéressant  que  sur  les  indi- 
cations suivantes,  quelques-uns  des  lecteurs 
de  ce  journal,  se  trouvant  en  présence  de 
l’un  de  ces  parasites,  voulussent  bien  y pro- 
céder, et  personnellement  nous  serons  re- 
connaissant à ceux  qui,  les  ayant  exécutés, 
voudraient  bien  nous  en  communiquer  les 
résultats. 

L’action  du  sulfate  de  fer  contre  la  mala- 
die de  la  Pomme  de  terre  (. Peronospora  in- 
festais) a été  signalée  déjà  par  M.  Bouquet 
à M.  Ponsard,  président  du  Comice  agricole 
de  Châlons-sur-Marne;  elle  a été  à nouveau 
indiquée  par  M.  le  docteur  Griffiths.  Nous 
pensons,  à défaut  d’indications  précises, 
qu’une  dose  de  100  à 200  kilog.  par  hectare 
doit  être  suffisante;  il  y aurait  intérêt  à 
essayer  des  doses  variables,  surtout  si  les 
attaques  de  la  maladie  sont  violentes,  ou 
plutôt  l’application  de  doses  répétées  de 
100  kilog. 

La  destruction  des  chancres  des  arbres, 
dont  nous  nous  occupons  plus  spécialement 
aujourd’hui,  parait  pouvoir  s’obtenir  par 
l’épandage  au  pied  des  arbres  d’une  cer- 
taine quantité  de  sulfate  de  fer  par  mètre 
carré  présumé  occupé  par  les  racines. 

La  question  vient  de  prendre  un  très- 
grand  intérêt,  puisque  l’honorable  M.  Pril- 
lieux,  si  connu  par  ses  travaux  sur  les  or- 
ganismes microscopiques,  pense  qu’il  y a 


peut-être  dans  le  sulfate  de  fer  un  moyen 
de  combattre  les  chancres  des  arbres;  il  en 
a fait  la  déclaration  à l’une  des  dernières 
séances  de  la  Société  nationale  d’agriculture 
de  France. 

Voici  d-’ abord  les  faits  : 

1°  Dans  le  jardin  de  l’une  des  fermes  de 
Clermont  (Aisne),  des  Poiriers  étaient  dé- 
vorés par  des  chancres;  la  peau  crevassée  et 
rongée  indiquait  que  le  mal  était  ancien  ; 
après  deux  ans  de  traitement  par  le  sulfate 
de  fer,  ils  ont  repris  une  peau  lisse  et  bril- 
lante, et  une  grande  partie  des  plaies  an- 
ciennes faites  par  les  chancres  a déjà  dis- 
paru. 

A côté  d’eux,  des  Pruniers  ayant  environ 
15  centimètres  de  diamètre,  traités  de  la 
même  manière  depuis  deux  ans,  se  débar- 
rassent aussi  très-visiblement,  de  leurs  pa- 
rasites; l’épiderme  se  transforme  d’une 
manière  très-nette.  Pourtant,  ces  arbres 
déjà  vieux  végétaient  mal  depuis  long- 
temps. 

Ces  faits,  je  les  ai  vus,  et  quiconque 
voudrait  les  contrôler  peut  s’adresser  à 
M.  Chavée-Leroy,  qui  exploite  cette  ferme. 

2°  Dans  un  jardin  situé  à Urcel  (Aisne), 
le  même  résultat  a été  obtenu  sur  des  Poi- 
riers. 

Ici,  la  maladie  était  moins  invétérée; 
l’action  a été  immédiate  et  très-sensible  dès 
la  première  année . 

3°  Des  Peupliers,  dont  le  tronc  était  cou- 
vert de  chancres,  transportés  dans  un  ter- 
rain recevant  des  infiltrations  d’eaux  légè- 
rement chargées  de  sulfate  de  fer,  en  ont 
été  débarrassés  complètement  au  bout  de 
deux  ou  trois  ans. 

L’explication  de  cette  action  du  sulfate  de 
fer  est  donnée  par  M.  Prillieux  dans  sa 
communication  à la  Société  nationale  d’a- 
griculture. D’après  ce  savant,  le  chancre  du 
bois  est  causé  par  le  Nectria  ditissima, 
dont  le  genre  de  vie  est  analogue  à celui  du 
Champignon  de  l’anthracnose,  le  Sphace - 


302 


DESTRUCTION  DU  CHANCRE  DES  ARBRES  PAR  LE  SULFATE  DE  FER. 


loma  ampelinum  ; or,  ce  dernier  ne  résiste 
pas  à l’action  du  sulfate  de  fer;  aussi 
M.  Prillieux  propose-t-il  d’entailler  les 
chancres  de  façon  à enlever  la  partie  né- 
crosée et  de  frotter  la  plaie  avec  un  pinceau 
ou  un  chiffon  imbibé  de  la  solution  con- 
centrée de  sulfate  de  fer. 

Le  mode  d’emploi  que  je  conseille  est 
différent,  mais  je  pense  qu’il  est  aussi  sûr  : 
c’est  un  traitement  interne  au  lieu  d’un 
traitement  externe  ; il  a de  plus  pour  effet 
de  donner  à la  végétation  de  l’arbre  un  dé- 
veloppement remarquable;  il  a d’ailleurs 
déjà  des  preuves  à son  actif. 

Quant  à son  mode  d’action,  il  est  dû, 
suivant  moi,  à l’absorption  du  sulfate  de 
fer  en  nature.  M.  le  docteur  Griffiths  dit 
l’avoir  constatée  sous  le  microscope.  Elle  a 
été  reconnue  ici  d’une  autre  manière.  Une 
Fougère  commune  ayant  été  arrosée  avec 
une  dissolution  de  sulfate  de  fer  en  quantité 
un  peu  forte,  le  sel  est  venu  effleurir  à la 
surface  des  feuilles;  il  avait  donc  été  aspiré 
en  dissolution  par  les  racines  et  s’était  ré- 
pandu dans  tout  l’organisme  végétal. 

Sous  cette  action,  les  feuilles  finirent  par 
périr;  il  est  évident  qu’il  ne  faut  pas  em- 
ployer une  dose  à ce  point  exagérée,  mais 
pour  des  végétaux  ayant  un  développement 
aussi  important  que  les  arbres,  les  doses  de 
sulfate  de  fer,  pour  être  nuisibles,  doivent 
être  très-grandes. 

D’une  façon  générale,  on  peut  dire  que  la 
quantité  employée  doit  être  suffisante  pour 
faire  périr  le  parasite  qui  végète  à ses 
dépens  sans  nuire  à l’arbre.  C’est  le  même 
principe  que  pour  la  destruction  de  la 
Mousse  dans  les  prairies. 

On  emploie  généralement  la  solution  de 
sulfate,  sans  inconvénient,  au  dosage  de 
100  grammes  par  10  litres,  mais  la  quan- 
tité de  dissolution  pour  les  petits  végétaux 
doit  être  seulement  de  60  à 100  centimètres 
cubes  par  plante  et  par  application  : on  la 
renouvelle  trois  ou  quatre  fois  à huit  jours 
d’intervalle.  Pour  les  arbres  fruitiers,  elle 
doit  être  proportionnelle  à leur  force  ; mais, 
n’ayant  pas  vu  d’expérience  faite  avec  la  so- 
lution, je  m’abstiens  de  donner  des  chiffres. 

Je  me  permettrai  d’ajouter  à ces  explica- 
tions une  observation  : le  sulfate  de  fer  ainsi 
employé  doit  contrebalancer  l’action  des 
matières  organiquès  en  excès,  qui  jouent 
un  rôle  si  important  dans  cette  question. 

Il  suffit  de  rappeler  que  les  organismes 
inférieurs  se  développent  dans  l’eau  chargée 
de  matières  organiques  beaucoup  plus  ra- 
pidement que  dans  les  autres. 


N’est-ce  pas  de  même  dans  les  terres  for- 
tement chargées  de  matières  organiques 
que  se  rencontrent  les  arbres  atteints  par 
les 'maladies  cryptogamiques?  Il  suffit  de 
citer,  comme  exemple,  les  Peupliers  dans 
les  vallées  marécageuses,  les  Pommiers 
dans  les  prairies  où  les  matières  organiques 
dominent,  les  Poiriers  et  autres  arbres 
fruitiers  dans  les  jardins  largement  amendés 
par  le  fumier,  et  peu  par  les  substances  mi- 
nérales. 

J’ai  relevé,  à l’appui  de  cette  action  des 
matières  organiques,  deux  observations  di- 
rectes : une  Vigne,  dont  les  feuilles  étaient, 
depuis  longtemps,  absolument  saines,  a été 
attaquée  par  l’érinose  dès  qu’on  a appliqué 
à ses  racines  du  fumier  en  abondance,  et 
l’attaque  a été  d’autant  plus  énergique  que 
la  dose  de  fumier  employée  a augmenté; 
deux  Vignes  voisines,  qui  n’ont  jamais  reçu 
de  fumier,  en  ont  été  et  en  sont  toujours 
absolument  dépourvues. 

Dans  le  jardin  de  M.  Chavée-Leroy,  une 
Vigne,  dont  les  racines  puisaient  leur  nour- 
riture dans  une  terre  de  couche,  a été 
atteinte  de  maladies  cryptogamiques;  on  en 
a guéri  une  partie  en  l’empêchant,  par  une 
tranchée,  d’y  puiser  des  aliments  de  cette 
sorte  en  trop  grande  abondance. 

Le  sulfate  de  fer,  par  son  action  assimi- 
latrice de  l’acide  phosphorique  et  par  lui- 
même,  tend  à accroître  la  minéralisation  de 
la  plante,  et  par  suite  à combattre  l’absorp- 
tion trop  considérable  des  matières  orga- 
niques. 

La  sève,  moins  riche  en  ces  substances, 
n’offre  plus  aux  organismes  inférieurs  un 
champ  aussi  bien  préparé  pour  leur  déve- 
loppement. 

Ces  observations  n’expliqueraient-elles 
pas  aussi  pourquoi  les  maladies  cryptoga- 
miques se  développent  actuellement  avec 
une  bien  plus  grande  énergie  qu’autrefois, 
pourquoi  aussi  leur  nombre  est  plus  grand? 
Quand  on  obtenait  des  récoltes  moins  abon- 
dantes sur  des  plantes  moins  gorgées  d’en- 
grais, celles-ci  n’offraient-elles  pas  aux 
organismes  inférieurs  un  terrain  moins 
favorable  à leur  développement?  L’équilibre 
de  la  végétation  n’était-il  pas  aussi  plus  fa- 
cilement atteint?  Aujourd’hui,  l’emploi 
souvent  insuffisamment  calculé  des  engrais 
ne  donne-t-il  pas  alors  des  plantes  déséquili- 
brées, qui  sont  une  proie  facile  pour  leurs 
parasites  ? 

Dans  les  climats  insalubres  où  régnent 
les  organismes  de  ce  genre,  les  hommes 
anémiques  ou  trop  sanguins  périssent  éga- 


303 


DESTRUCTION  DU  CHANCRE  DES  ARBRES  PAR  LE  SULFATE  DE  FER. 


lement,  ceux  qui  sont  doués  d’une  constitu- 
tion bien  pondérée  résistent  seuls;  tout 
excès  y livre  leurs  auteurs  aux  microbes  qui 
pullulent.  N’en  est-il  pas  ainsi  des  plantes, 
vis-à-vis  des  végétaux  cryptogamiques  qui 
les  menacent? 

Mais,  laissant  ce  grave  sujet  d’études 
pour  revenir  à la  question  présente,  je  ter- 
minerai en  indiquant  le  mode  de  procéder, 
afin  que  des  essais  multipliés  permettent  de 
contrôler  les  premiers  résultats  que  j’ai  cités  : 

1°  L’épandage  doit  être  fait  au  pied  des 
arbres  à la  dose  de  1 kilogr.  environ  par 
arbre,  c’est-à-dire  de  100  à 150  grammes 
par  mètre  carré  présumé  occupé  par  les  ra- 
cines. 

L’indication  que  nous  donnons  par  rap- 
port à la  surface  présumée  des  racines  a 
pour  but  de  montrer  que  les  doses  doivent 
varier  avec  la  force  et  l’âge  des  arbres. 

La  dose  de  1 kilogr.  par  arbre  est  un 
maximum  qu’il  ne  faut  pas  dépasser,  du 
moins  jusqu’à  nouvelles  expériences  ; elle 
correspond,  dans  les  expériences  qui  ont 
servi  de  base  aux  conclusions  que  nous 
avons  données,  à des  Poiriers  en  quenouille 
ayant  environ  3 mètres  de  haut.,  et  dont  les 
bra:p£hes  couvrent  une  surface  d’environ 
lm  50  de  diamètre. 

On  diminuera  la  dose  proportionnellement 
à l’âge  des  arbres  d’après  ces  données. 

Il  est  bien  entendu,  et  nous  croyons  utile 
de  le  rappeler,  que  le  sel,  dans  ce  cas,  ne 
doit  pas  être  employé  en  dissolution , mais 
en  poudre  et  répandu  à la  surface  du  sol. 

2°  Le  sulfate  de  fer  doit  être  simplement 
répandu  à la  surface  du  sol  et  enfoui  par 
un  léger  binage. 

3°  L’emploi  doit  être  fait  au  moins  pen- 
dant deux  ans  ; ce  n’est  souvent  qu’à  la  se- 
conde année  que  l’effet  est  bien  nettement 
constaté. 

4°  On  doit  appliquer  ce  traitement,  si 
possible,  en  avril,  en  tous  cas,  avant  ou 
après  une  pluie,  par  un  temps  doux.  Rien 
n’empêche,  je  pense,  de  faire  un  essai,  même 
au  mois  de  juin,  surtout  si  la  végétation  est 
en  retard. 

5°  L’emploi  en  deux  fois  à quinze  jours 
ou  un  mois  d’intervalle  est  préférable  à 
celui  en  une  seule  fois. 

Il  est  bien  entendu  qu’il  ne  s’agit  pas  de 
répéter  deux  fois  le  même  traitement  à la 
même  dose , mais  d’employer  cette  dose  de 
1 kilogr.  par  arbre  en  deux  fois,  soit  500  gr. 
par  chacune  des  deux  applications. 

6°  On  peut  employer  aussi  le  sel  en  dis- 
solution ; celle-ci  ne  devra  pas  contenir  plus 


de  40  grammes  de  sulfate  de  fer  par  litre; 
les  quantités  à répandre  au  pied  des  arbres 
devront  être  modérées  et  proportionnelles 
à leur  force.  Pour  les  petites  plantes,  les 
doses  à appliquer  sont  de  60  à 100  centi- 
mètres cubes  de  la  liqueur  ainsi  formée, 
ces  applications  étant  renouvelées  trois  ou 
quatre  fois.  On  se  servira  de  ces  indica- 
tions pour  faire  des  essais  en  prenant  ces 
doses  pour  les  arbres  de  quatre  à cinq  ans 
et  en  les  augmentant  ensuite  suivant  l’âge 
des  arbres. 

Mêmes  doses  et  même  mode  d’application 
au  pied  des  arbres  pour  la  tavelure  des  Poi- 
riers, la  gomme  des  Pruniers  et  des  Cerisiers 
et  la  cloque  des  Pêchers. 

La  guérison  de  l’anthracnose  de  la  Vigne 
s’obtient  par  des  badigeonnages  avec  une 
solution  à 50  p.  100  de  sulfate  de  fer  sur  les 
sarments  de  Vigne. 

Pour  la  destruction  de  la  cuscute,  on  pro- 
cède ainsi  : on  fauche  la  Luzerne  et  on  ar- 
rose avec  une  dissolution  à 15  ou  20  gram- 
mes par  litre,  en  répétant  les  arrosages  deux 
ou  trois  fois  jusqu’au  résultat  complet. 

Au  sujet  des  pucerons  des  Rosiers, 
M.  Griffiths  cite  ce  fait,  que  les  Rosiers 
arrosés  avec  une  dissolution  de  sulfate  de  fer 
n’ont  pas  souffert  de  l’attaque  de  ces  insectes, 
mais  les  doses  ne  sont  pas  indiquées  ; on 
peut,  à titre  d’essai,  employer  une  dissolu- 
tion de  15  ou  20  grammes  par  litre  et  répé- 
ter deux  à trois  fois  l’arrosage. 

M.  Prillieux,  ayant  remarqué  les  ana- 
logies existant  entre  la  maladie  de  l’an- 
thracnose  de  la  Vigne  et  celle  des  chancres 
des  Pommiers,  s’appuye  sur  les  heureux 
effets  du  sulfate  de  fer  contre  l’anthracnose 
pour  indiquer  l’emploi  du  sulfate  de  fer 
contre  les  seconds  ; de  même  sans  doute  ce 
sel  pourra  encore  servir  à combattre  plu- 
sieurs autres  maladies  dues  à des  parasites 
analogues  à ceux  précédemment  cités. 

Nous  rappelons  de  nouveau  en  terminant 
que  nous  n’avons  pas  la  prétention  d’indi- 
quer des  chiffres  définitifs.  L’emploi  du 
sulfate  de  fer  est  encore  à l’étude;  il  donne 
des  résultats  variables  suivant  la  nature  des 
sols  ; on  ne  sera  fixé  qu’à  la  suite  d’expé- 
riences comparatives,  que  nous  engageons 
vivement  nos  lecteurs  à exécuter. 

Dans  un  prochain  numéro,  nous  ren- 
drons compte  des  résultats  obtenus  par  le 
sulfate  de  fer  sur  les  légumes,  Carottes,  Pois, 
Haricots, etc.,  et  sur  les  plantes  d’ornement, 

P.  Marguerite-Delagharlonny, 

Ingénieur  des  arts  et  manufactures 
à Urcel  (Aisne). 


304 


ÉCHELLE  DOUBLE  ET  DENDROSCOPE  POUR  LA  TAILLE  DES  GRANDS  ARBRES. 


ÉCHELLE  DOUBLE  ET  DENDROSCOPE 

POUR  LA  TAILLE  DES  GRANDS  ARBRES  SUR  LES  BOULEVARDS 


L’échelle  double,  de  9 mètres  de  hauteur, 
représentée  par  la  figure  66,  a été  cons- 
truite pour  élaguer  les  grands  arbres  des 
boulevards  et  avenues  de  la  quatrième  sec- 
tion de  la  ville  de  Paris.  Elle  offre  de  nom- 
breux avantages  sur  les  échelles  ordi- 
naires. 

Description.  — Elle  se  compose  de  trois 
parties  : un 
chariot,  une 
échelle  pro- 
prement dite 
et  une  plate- 
forme. 

Le  chariot, 
formé  par 
quatre  ma- 
driers en  sa- 
pin, assem- 
blés à tenons 
et  mortaises, 
est  supporté 
par  deux  es- 
sieux en  fer 
munis  de 
quatre  petites 
roues. 

Un  bran- 
card peut  être 
adapté  à vo- 
lonté à l’avant 
ou  à l’arrière, 
afin  de  pou- 
voir avancer 
ou  reculer 
l’échelle  sans 
être  obligé  de 
lui  faire  faire 
demi-tour , 
mouvement  qui  s’exécuterait  assez  difficile- 
ment, le  chariot  n’étant  pas  monté  sur 
avant- train.  Un  avant-train  aurait  rendu 
l’échelle  trop  mobile  et  susceptible  de  verser. 

A la  face  supérieure  des  quatre  angles 
du  chariot  se  trouvent  des  armures  mobiles 
qui  servent  à fixer,  au  moyen  d’écrous,  les 
pieds  des  montants  de  l’échelle.  Cette  dis- 
position permet  de  remplacer  l’échelle  par 
une  autre,  plus  longue  ou  plus  courte,  sui- 
vant. la  hauteur  des  arbres  à tailler. 

L’échelle  proprement  dite  est-  formée  par 
deux  échelles  simples  de  forme  trapézoïdale, 


fixées  en  haut  à une  plate-forme  et  posées 
en  bas  sur  le  chariot. 

Les  montants  sont  en  bois  de  Sapin  ; des 
perches  de  Frêne,  d’une  aussi  grande  lon- 
gueur, auraient  été  trop  flexibles.  Les 
échelons  sont  en  bois  de  Cornouiller. 

La  plate-forme  se  compose  d’un  plancher 
entouré  d’un  rebord  de  10  centimètres  pour 

empêcher  les 
hommes  de 
glisser,  et 
d’une  galerie 
de  1 mètre 
de  hauteur, 
en  fer  cor- 
nière, pour 
que  les  éla- 
gueurs  soient 
libres  de  leurs 
mouvements 
et  puissent  se 
pencher  sans 
être  exposés 
à tomber. 
Dessous  le 
plancher  se 
trouvent 
deux  axes 
parallèles,  en 
fer,  qui  re- 
présentent les 
échelons  su- 
périeurs des 
échelles  sim- 
ples; ce  sont 
eux  qui  main- 
tiennent la 
plate-forme 
au  sommet 

de  l’échelle. 

Avantages.  — Cette  échelle  procure  une 
grande  économie  de  main-d’œuvre,  permet 
de  faire  un  bon  travail,  diminue  les  causes 
d’accidents,  et  fatigue  beaucoup  moins  les 
ouvriers  que  l’échelle  ordinaire. 

1°  La  main-d’œuvre  est  sensiblement  di- 
minuée ; en  effet,  l’élagueur  ne  perd  pas  la 
moitié  de  son  temps  à descendre  ou  à mon- 
ter chaque  fois  qu’il  a besoin  de  changer 
son  échelle  de  place.  Un  homme  qui  reste  à 
terre,  en  faisant  rouler  le  chariot,  transporte 
l’élagueur  et  l’échelle  près  de  l’arbre  voisin. 


Fig.  66.  — Échelle  double  et  dendroscope, 
pour  la  taille  des  grands  arbres  sur  les  boulevards. 


ÉCHELLE  DOUBLE  ET  DENDROSCOPE  POUR  LA  TAILLE  DES  GRANDS  ARBRES.  305 


Pour  transporter  une  échelle  non  montée 
sur  chariot  de  8 mètres  de  hauteur,  il 
faut  quatre  hommes. 

Pour  amener  notre  échelle  sur  le  chan- 
tier et  pour  la  rentrer  au  dépôt,  il  n’est  pas 
nécessaire  de  la  démonter  et  de  la  charger 
sur  une  petite  voiture,  deux  hommes  attelés 
au  brancard  la  roulent  très-facilement. 

L’ouvrier,  étant  beaucoup  plus  à son 
aise  sur  la  plate-forme  qu’à  cheval  sur 
l’échelon  supérieur  des  autres  échelles, 
travaille  beaucoup  plus  rapidement.  Dans 
beaucoup  de  cas,  deux  hommes  peuvent 
travailler  en  même  temps,  comme  sur  la 
figure  66. 

2°  Le  travail  est  mieux  fait;  l’élagueur, 
ne  dépensant  pas  la  plus  grande  partie  de 
ses  forces  à se  tenir  sur  son  échelle  et  étant 
plus  libre  de  ses  mouvements,  taille  mieux 
les  branches  et  fait  des  coupes  planes  et 
non  contuses  ou  déchirées;  il  atteint  une 
plus  grande  hauteur,  car  il  peut  se  pencher 
et  se  dresser  sur  les  pieds,  grâce  à la  gale- 
rie qui  lui  sert  de  point  d’appui. 

Sur  notre  échelle  de  9 mètres,  un  ouvrier 
coupe  la  tête  d’un  jeune  arbre,  avec  son 
croissant  ou  son  échenilloir,  à 11  mètres 
de  hauteur.  Cette  facilité  de  tailler  les 
branches  à une  grande  hauteur  n’ohlige 
pas  les  hommes  à grimper  dans  les  arbres 
avec  les  griffes  d’élagueur,  instruments 
qui  déchirent  l’écorce  et  engendrent  des 
plaies. 

3°  Les  causes  d’accidents  sont  aussi  dimi- 
nuées. L’échelle,  fixée  au  chariot  assez  lourd, 
est  presque  inversable.  Les  ouvriers,  retenus 
par  la  galerie  de  la  plate-forme,  sont  très- 
peu  exposés  à tomber.  Ils  ne  se  blessent  pas 
les  organes  sexuels,  comme  quand  ils  sont  à 
cheval  sur  les  échelles  ordinaires. 

4°  Enfin,  les  ouvriers  se  fatiguent  beau- 
coup moins.  On  comprend  facilement  qu’il 
est  moins  pénible  de  faire  rouler  cette  échelle 
que  de  la  transporter  sur  son  dos.  Les  éla- 
gueurs  ne  dépensent  pas  une  grande  partie 
de  leurs  forces  à se  maintenir  en  équilibre 
sur  l’échelle,  et  enfin  ils  ne  sont  pas  obligés 
de  monter  et  de  descendre  constamment. 

Pour  tailler  les  grosses  branches  latérales 
des  arbres  déformés,  lorsque  nos  ouvriers 
sont  inexpérimentés,  nous  employons  le 
Dendroscope  du  comte  Des  Cars. 

Le  raccourcissement  des  branches  laté- 
rales est  utile  pour  donner  à la  tête  une 
forme  à peu  près  régulière  et  un  aplomb 
qui  permettent  aux  arbres  de  résister  aux 
grands  vents  ; pour  équilibrer  les  diverses  | 


branches,  afin  de  ne  pas  avoir,  comme  disent 
les  arboriculteurs,  un  arbre  épaulé , c’est-à- 
dire  dont  une  partie  latérale  est  presque 
avortée,  lorsque  l’autre,  au  contraire,  est 
très-développée  ; pour  raccourcir  les  bran- 
ches qui  s’avancent  trop  près  des  maisons 
ou  qui  viennent,  sur  la  chaussée,  gêner  la 
circulation  des  grands  attelages  ; et  enfin 
cette  opération  de  raccourcissement  est 
utile  pour  développer,  en  abondance,  des 
organes  feuillus,  qui  constituent  une  cime 
compacte,  projetant  beaucoup  d’ombre. 

Le  dendroscope  se  compose  d’une  feuille 
de  zinc,  dans  laquelle  on  a découpé  un 
ovoïde  semblable  à celui  que  doit  repré- 
senter la  tête  de  l’arbre  après  la  taille.  Deux 
ouvriers,  travaillant  ensemble,  sont  néces- 
saires pour  élaguer  avec  le  dendroscope.  Le 
premier,  qui  est  sur  le  trottoir,  et  qui  tient 
l’instrument  de  la  main  gauche  (fig.  66),  se 
place  à 8 à 10  mètres  de  l’arbre,  de  manière 
à avoir  devant  lui  la  branche  à tailler,  dans 
un  plan  parallèle  à celui  représenté  par  son 
instrument;  ensuite,  il  élève  ou  abaisse  et 
rapproche  ou  éloigne  le  dendroscope,  de 
manière  à ce  que  deux  rayons  visuels,  par- 
tant de  son  œil,  passent,  l’un  par  le  haut,  et 
l’autre  par  le  bas  de  l’ovoïde  de  son  instru- 
ment, et  par  le  haut  et  le  bas  de  la  tète  de 
l’arbre.  Dans  cette  position,  il  indique,  avec 
la  main  droite,  au  deuxième  ouvrier  perché 
sur  l’arbre  ou  sur  une  échelle,  le  point  où  la 
branche  doit  être  coupée. 

On  comprend  facilement  que  le  porte- 
dendroscope  est  obligé  de  se  déplacer  cons- 
tamment, de  faire  le  tour  de  l’arbre,  pour 
avoir  toujours  les  branches  à couper  dans 
un  plan  parallèle  à celui  représenté  par  son 
instrument. 

Avec  un  dendroscope,  sur  les  boulevards 
de  Paris,  deux  hommes  taillent  8 à 12 
grands  arbres  par  jour,  suivant  leur  gros- 
seur. Le  dendroscope  n’est  employé  que 
pour  couper  les  grosses  branches  de  la  tète; 
les  petites  ramifications  doivent  être  taillées, 
si  elles  en  ont  besoin,  à vue  d’œil,  et  sans 
chercher  à les  couper  à la  périphérie  de 
l’ovoïde;  en  effet,  si  tous  les  arbres  d’une 
avenue  étaient  tondus  régidi'erement,  ils 
formeraient  un  ensemble  monotone  et 
disgracieux.  La  forme  ovoïdale,  obtenue 
par  l’emploi  du  dendroscope,  est  quelque- 
fois un  peu  trop  régulière,  mais  elle  dispa- 
raît après  deux  ou  trois  ans. 

J.  Nanot, 

Chef  du  service  des  plantations  d’alignement 
de  la  Ville  de  Paris. 


306 


UNE  HERBORISATION  A MALESHERBES. 


UNE  HERBORISATION  A MALESHERBES 


Lecteur,  j’ignore  si  vous  êtes  botaniste, 
mais,  si  vous  ne  l’êtes  pas,  tâchez  de  le  de- 
venir; vous  ouvrirez  votre  vie  à une  foule 
de  douces  émotions  dont  vous  ne  soupçon- 
nez pas  l’existence  ; vous  vous  créerez  une 
charmante  compagne  de  voyage  qui  vous 
suivra  partout,  sans  jamais  vous  importu- 
ner. Demandez  aux  personnes  qui  assis- 
taient, ces  jours  derniers,  à l’herborisation 
organisée  par  M.  Bureau,  le  savant  profes- 
seur de  botanique  du  Muséum,  quels  plai- 
sirs elles  échangeraient  contre  les  suaves 
jouissances  qu’elles  ont  goûtées  pendant  la 
journée  consacrée  à l’étude  de  la  végétation 
de  la  riche  localité  de  Malesherhes!  Toutes 
les  herborisations  des  environs  de  Paris 
sont  suivies  avec  intérêt,  mais  celle  de  Ma- 
lesherhes est  une  fête.  C’est,  avec  Fontai- 
nebleau, une  localité  unique,  le  rêve  de  tous 
les  botanistes  parisiens.  Parmi  ces  derniers, 
plus  d’un,  sans  doute,  a résolu  d’y  planter 
sa  tente,  si  jamais  la  fortune  lui  est  favo- 
rable. Comment,  en  effet,  trouverait-on  un 
pays  semblable?  Plus  de  cent  raretés  s’y 
sont  donné  rendez-vous,  et,  tous  les  ans,  de 
nouvelles  découvertes  viennent  s’ajouter  aux 
anciennes  ; toutes  les  espérances  y sont 
permises,  même  celle  de  rencontrer,  comme 
le  poète  américain,  la  mystérieuse  petite 
fleur  bleue  qui  tourne  sans  cesse  et  res- 
semble au  cœur  humain,  qui  tourne  tou- 
jours ! 

Cette  année,  l’herborisation  favorite  avait, 
comme  par  le  passé,  attire  un  grand 
nombre  d’amateurs.  Le  départ  est  fixé  à 
sept  heures  du  matin,  mais,  dès  six  heures 
et  demie,  les  impatients  sont  déjà  au  ren- 
dez-vous, et  bientôt  nous  comptons  40  boites 
parmi  les  plus...  fines  et  les  plus  voyageuses 
de  Paris. 

Le  train  qui  doit  nous  emporter  longe  le 
quai  ; nous  nous  précipitons  à l’assaut  des 
portières.  Pour  le  botaniste  en  voyage,  la 
portière  est  tout  ; s’il  ne  peut  avoir  un  œil 
pour  le  talus,  l’autre  œil  pleure. 

Charenton,  Maisons- Alfort,  sont  déjà  loin  ; 
le  train  roule  entre  des  haies  garnies  de 
Liserons,  de  Sauges,  de  Composées  variées, 
de  Coquelicots  éclatants.  Les  prairies  étalent 
leur  tapis  bigarré,  que  la  Seine  raye  d’une 
écharpe  ondoyante  ; les  bois  détachent, 
dans  le  lointain,  sur  le  vert  de  l’herbe, 
leurs  masses  plus  sombres.  Pour  animer  le 
paysage,  de  nombreux  pêcheurs,  échelonnés 


au  bord  de  l’eau,  nous  font,  vus  du  train, 
l’effet  de  gros  hérons  avec  leur  bois  de  ligne 
qui  se  recourbe  comme  un  long  cou  au 
bout  de  leur  corps  immobile.  Dans  le 
wagon,  on  rit,  on  déjeune,  on  escompte  les 
découvertes  de  la  journée.  Nous  avons 
passé  Juvisy,  Corbeil;  de  gros  rochers 
de  grès  nous  rappellent  le  voisinage 
de  la  forêt  de  Fontainebleau;  un  arrêt: 
nous  sommes  à Malesherbes. 

Notre  première  visite  est  pour  la  butte 
classique  de  « la  Justice  »,  distante  d’envi- 
ron 1 kilomètre  de  la  gare.  Sur  le  bord  de 
la  route,  les  moissons  sont  émaillées  du 
peu  rare  mais  admirable  Specularia  Spé- 
culum ; les  Adonis , les  Caucalis  dau- 
coides  et  Turgenia  latifolia  mêlés  à de 
nombreux  Coquelicots  ( Papaver  Rliœas), 
forment,  sous  les  épis  barbus,  des  groupes 
charmants.  Voici  la  butte  qui  commence  ; le 
Linum  Lionii  nous  souhaite  la  bienvenue  ; 
le  Cytisus  supinus  s’étale  paresseusement 
sur  le  sol  calcaire  brûlant;  de  nombreux 
Orobanche  Epithymum  paraissent  vivre 
grassement  aux  dépens  des  maigres  Serpo- 
lets. On  entend  crier  : « Par  ici  ! YAlthæa 
hirsuta!  » Une  voix  de  stentor  jette  dans 
les  airs  le  nom  du  rare  Inula  hirta,  tandis 
qu’en  même  temps,  de  la  trompette  qui 
nous  rallie  à chaque  découverte  nouvelle, 
sortent,  sous  bois,  des  sons  retentissants. 
On  n’y  tient  plus  ; on  court  dans  toutes  les 
directions,  on  a peur  d’arriver  trop  tard;  on 
entasse  fiévreusement  les  échantillons  dans 
les  boites  ; on  arrache  les  plantes  sans  s’ar- 
rêter. « Où  est  Y Inula  hirta  ? — Par  ici, 
monsieur!  — Tenez,  sous  vos  pieds,  Car- 
duncellus  mitissimus  ! — Avez-vous  YAl- 
thæa hirsuta?  — Non.  Il  était  là  ! — 
Trop  tard!!!  » Tout  cela  est  dit  d’une  voix 
essoufflée,  tandis-  que  les  regards  anxieux 
fouillent  le  gazon. 

Le  pillage  est  terminé;  les  boîtes  sont 
déjà  bondées.  Chez  le  botaniste,  la  boite 
arrive  rarement  à la  grandeur  des  désirs. 
Maintenant,  pour  recevoir  les  plantes  nou- 
velles, on  est  obligé  de  se  débarrasser  d’une 
partie  de  l’ancienne  cargaison  ; on  herborise 
en  jetant  du  lest. 

Nous  montons  toujours;  nous  voici  sur 
le  haut  de  la  butte.  Là  nous  attend  une 
charmante  surprise.  Des  Sauges  des  prés  se 
sont  réunies  pour  former  une  corbeille  na- 
turelle où  nous  comptons  plus  de  dix  va- 


UNE  HERBORISATION  A MALESHERBES. 


307 


riétés.  On  ne  voit  rien,  dans  les  parterres, 
de  plus  joli  que  ce  groupe,  et  j’aurais  voulu 
tenir  ici  beaucoup  d’horticulteurs  dédai- 
gneux de  cette  plante  superbe  qui  arrache 
aux  étrangers  des  cris  d’admiration.  Nous  en 
distinguons  une  variété  absolument  remar- 
quable, à lèvre  inférieure  blanche,  légère- 
ment lavée  de  pourpre,  et,  sur  la  proposi- 
tion de  M.  Duval,  chef  de  l’École  de  bota- 
nique au  Jardin-des-Plantes,  elle  est  dédiée 
à M.  Loury,  chef  des  serres  du  Muséum. 
Cette  Sauge  sera  désormais  cultivée  au 
Jardin-des-Plantes  sous  le  nom  de  Salvia 
pratensis  Loury ana.  Avant  de  descendre 
de  la  colline,  une  autre  surprise  nous 
attend  encore.  La  butte  de  la  Justice  était, 
autrefois,  un  lieu  de  supplice;  or,  sur  l’em- 
placement où  se  dressaient  les  potences, 
s’est  établie  une  colonie  d’Orchis-homme- 
pendu  ( Aceras  anthropophora).  Voilà  ce 
qu’on  peut  appeler  de  l’à-propos. 

Nos  estomacs  commencent  à s’apercevoir 
que  le  temps  coule.  Nous  retournons  à 
Malesberbes,  où  le  déjeûner  nous  attend. 

Bien  restaurés,  notre  après-midi  nous  con- 
sacrons à l’exploration  de  marais  tourbeux 
formés  par  l’Essonne.  Jardiniers,  qui  distri- 
buez aux  plantes  la  terre  et  l’eau,  allez  dans 
les  champs  prendre  des  leçons  de  la  nature. 
Vous  y verrez  combien  les  mœurs  de  vos 
délicates  pensionnaires  sont  variables,  et 
combien  il  importe  de  connaître  leurs  tem- 
péraments. Les  habitudes  des  fleurs  sau- 
vages, que  vous  dédaignez  trop,  ne  vous 
apprendront  pas  les  besoins  des  plantes 
exotiques  dont  vous  entreprenez  l’acclima- 
tation, mais  elles  vous  convaincront  de  la 
nécessité  d’étudier  les  exigences  des  végé- 
taux avant  de  les  nourrir,  et,  à défaut  de 
savoir,  dans  certains  cas,  vous  agirez  avec 
plus  de  circonspection. 

Des  plantes  que  le  matin  nous  ren- 
contrions abondamment  sur  les  coteaux  cal- 
caires, presque  aucune  ne  nous  a suivis. 
C’est  que  là-haut  elles  sont  à leur  aise, 
le  terrain  est  sec,  il  fait  chaud,  et  ici 
l’on  se  mouille  continuellement  les  pieds  ; 
nous  nous  en  apercevons  par  intervalles. 
Nous  n’avançons  qu’avec  précaution  sur  ce 
sol  qui  garde  l’empreinte  profonde  de  nos 
pas,  à travers  les  hautes  herbes  dont  les 
dessous  obscurs  nous  inquiètent.  Ouf! 
c’est  quelqu’un  qui  vient  de  sentir  une 
de  ses  jambes  engloutie;  il  veut  en  opérer 
le  sauvetage,  il  noie  la  seconde.  Nous 
rions,  tout  à l’heure  nous  serons  dans  le 
même  cas. 

En  présence  de  la  riche  flore  qui  s’épa- 


nouit sous  nos  yeux,  chacun  prend  brave- 
ment son  parti  de  ces  petites  mésaven- 
tures. Les  exclamations  de  la  matinée  se 
reproduisent.  Quelques  éclaireurs  rappor- 
tent le  Trifolium  elegans.  Le  gros  de  la 
troupe,  les  mains  pleines  de  Carex,  entoure 
le  professeur,  qui  donne  obligeamment  aux 
heureux  possesseurs  d’espèces  de  ce  genre 
difficile  le  nom  des  plantes  qu’ils  ont  ré- 
coltées. Dans  la  même  prairie,  nous  ren- 
controns : Pinguicula  vulgaris,  Utricu- 
laria  vulgaris  et  intermedia,  Folygala 
austriaca,  Anagallis  tenella,  Sparganium 
minimum , etc.  Plus  loin,  l’Essonne  se 
montre  à nous  couverte  d’une  nappe 
blanche  de  Ranunculus  fluitans  et  cirei- 
nalis.  Plusieurs  enragés  veulent  se  jeter  à 
la  nage  ; on  a beau  leur  rappeler  qu’Alexan- 
dre-le-Grand  est  mort  pour  avoir  pris  un 
bain  dans  l’Indus,  ils  vont  accomplir  leur 
funeste  dessein,  quand  heureusement  le 
bruit  se  répand  qu’on  vient  de  trouver  un 
Liparis  Lœselii.  Renoncules,  Alexandre, 
Indus,  tout  s’évanouit;  les  lèvres  ne  ré- 
pètent plus  qu’un  mot,  les  esprits  ne  re- 
muent plus  qu’une  pensée  : Liparis 
Lœselii.  Cette  plante  est  une  Orchidée  à 
peine  haute  comme  le  doigt,  ; à fleurs  ver- 
dâtres, petites,  peu  brillantes;  mais  elle 
est  très-rare;  son  exiguité  et  son  manque 
d’éclat  sont  pour  elle  une  sauvegarde,  et 
bien  des  chercheurs  dont  elle  hante  les 
songes  ne  l’ont  jamais  récoltée. 

Si  vous  n’êtes  pas  botaniste,  si  vous  n’avez 
jamais  senti  l’émoi  qui  vous  saisit  en  face 
d’une  fleur  que  vous  voyez  pour  la  première 
fois,  vous  ne  comprendrez  pas  qu’une  plante 
comme  celle  que  je  viens  de  vous  décrire 
puisse  passionner  à ce  point  des  hommes 
intelligents.  Cependant,  lecteur,  il  en  est 
ainsi,  je  vous  l’assure;  voilà  pourquoi  je 
vous  ai  dit  que  si  vous  vouliez  éprouver  des 
sensations  ignorées,  il  fallait  apprendre  la 
botanique. 

Pendant  que  nous  nous  absorbons  dans 
la  recherche  à peu  près  stérile  de  spécimens 
plus  nombreux  de  la  rarissime  Orchidée,  le 
soleil  a peu  à peu  décliné.  On  sent  que 
l’heure  du  départ  approche,  on  explore  les 
profondeurs  de  l’herbe  avec  une  activité 
fébrile.  Victoire!  un  heureux  chercheur 
met  la  main  sur  une  touffe  de  Carex 
dioica ; c’est  un  pied  femelle.  Une,  deux, 
trois,  quatre,  cinq,  six  touffes,  sont  décou- 
vertes presque  au  même  instant;  ce  sont 
toujours  des  femelles.  « Cherchons  des 
pieds  mâles  ! » On  cherche,  on  cherche 
encore,  les  yeux  ne  quittent  pas  la  terre,  en 


308 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


voilà  trois  touffes,  on  continue  à regarder... 
c’est  tout.  Alors  les  possesseurs  de  femelles 
.s’adressent  aux  possesseurs  de  mâles;  les - 
échanges  s’établissent  sur  le  pré.  « Qui 
veut  une  femelle  pour  un  mâle?  » On 
trouve  preneur;  mais  bientôt  les  mâles  di- 
minuent sur  le  marché.  Dernière  cote  : 
deux  femelles  pour  un  mâle. 

L’heure  du  départ  est  arrivée  ; nous  re- 
venons à Malesherbes.  Nous  avons  marché 


presque  tout  le  jour,  sans  nous  arrêter, 
mais  la  science  a fait  oublier  la  fatigue. 
Après  dîner,  M.  Bureau  nous  retrace,  en 
quelques  paroles,  les  incidents  de  la 
journée,  et,  dans  un  étude  remarquable, 
nous  fait  sentir  l’influence  du  terrain  sur  la 
végétation  ; puis  nous  revenons  à Paris,  en- 
chantés de  notre  excursion,  rapportant  de 
l’air  pur  pour  huit  jours,  et  des  souvenirs 
pour  longtemps.  P.  Cornuault. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  ERANCE 

SÉANCE  DU  14  JUIN  1888. 


Comité  de  flo  ri  culture. 

M.  Piret,  d’Argenteuil,  cultive  un  grand 
nombre  de  formes  de  Cattleya  Mossiæ , qu’il  a 
rapportées  de  l’Amérique  centrale,  et  dont  une 
bonne  partie  sont  de  la  plus  grande  beauté.  11 
présentait  à cette  réunion  le  C.  Mossiæ , var. 
Piret,  ravissante  variété  nouvelle,  entièrement 
blanc  pur,  sauf  le  labelle,  qui  est  largement 
maculé  de  jaune  d’or.  Les  pétales,  très-larges, 
ondulés,  ont  le  bord  très-élégamment  frisé. 

M.  Régnier,  de  Fontenay-sous-Bois  (Seine), 
avait  envoyé  une  gerbe  d’inflorescences  de 
Phalœnopsis  amabilis , provenant  d’une  se- 
conde floraison  de  cette  ravissante  Orchidée. 

De  M.  Paillet,  de  Châtenay,  près  Sceaux, 
une  fort  belle  collection  de  Pivoines  herbacées. 

M.  Dallé,  horticulteur,  rue  Pierre-Charron, 
à Paris  : quelques  Orchidées  fleuries,  Cypri- 
pedium  Lawrenceanum,  Odontoglossum  vexil- 
Larium  roseum , Oncidium  Krameri  ( Papilio ), 
Cattleya  Mossiæ , C.  M.  bogotensis. 

M.  David  (Émile),  jardinier  à Savigny-sur- 
Orge  : deux  jolies  variétés  nouvelles  de  Pélar- 
goniums,  l’une  blanc  très-légèrement  lavé  de 
carmin  pâle,  petites  macules  carmin  vif;  l’autre 
rose  carné  vif,  très -largement  maculé  de 
pourpre  noir. 

Comité  d’arboriculture  d’ornement. 

M.  Pavard,  à qui,  on  le  sait,  sont  confiées 
les  remarquables  collections  dendrologiques  de 
Trianon,  présentait  : 1°  des  rameaux  fleuris 
des  beaux  Magnolia  macrophylla  et  Thom- 
psoni;  2°  un  Kalmia  à fleurs  très-grandes, 
carmin  foncé,  variété  magnifique  et  de  grand 
avenir,  obtenue  de  semis  successifs  par  le  pré- 
sentateur ; 3U  des  rameaux  fleuris  de  Syringa 
(Lilas)  Josikea , espèce  originaire  de  Pologne, 
et  devenue  rare  dans  les  collections. 

M.  Vauvel,  jardinier-chef  à l’École  Saint- 
Philippe,  à Fleury-Meudon  (Seine),  y a créé 
une  remarquable  collection  de  Rosiers  grim- 
pants, qui  comprend  actuellement  230  variétés. 
M.  Vauvel  avait  apporté  à cette  réunion  un 
certain  nombre  de  paquets  de  fleurs,  des  plus 
belles  et  plus  floribondes  de  ces  variétés.  Nous 


avons  remarqué  entre  elles  : Reine  Olga  de 
Wurtemberg , Climbing  Ed.  Morren , Caly- 
pso, Waltham  Climber  (3  variétés) , Max 
Singer , Madame  Sancy  de  Par  obère , etc. 

Auprès  des  fleurs  de  cette  dernière  variété, 
M.  Vauvel  avait  placé  celles  du  R.  Morletii 
inermis,  mis  postérieurement  au  commerce, 
afin  de  démontrer  que  ces  deux  plantes  n’en 
sont  réellement  qu’une  seule,  qui  doit  porter 
son  premier  nom,  c’est-à-dire  Madame  Sancy 
de  Parabère.  Les  rosiéristes  présents,  entre 
autres  MM.  Lévêque  et  Verdier,  ont  été  éga- 
lement de  cet  avis. 

Comité  de  culture  potagère. 

De  M.  Lefort,  de  Meaux,  deux  assiettées  de 
Fraises  énormes  et  de  goût  délicieux,  apparte- 
nant aux  variétés  Sharpless  et  R.eine-Marie- 
Henriette , toutes  deux  très-recommandables 
pour  leurs  nombreuses  qualités  et  leur  préco- 
cité. 

Comité  d’arboriculture  fruitière. 

De  M.  Battut,  primeuriste,  rue  Quincampoix, 
avait  envoyé  une  collection  nombreuse  de 
fruits  provenant  du  Var  : Abricots,  Prunes, 
Figues,  Cerises,  Bigarreaux,  etc.,  et  quelques 
Pommes  de  Calville  blanc,  magnifiquement  con- 
servées. Voici  le  procédé  employé  par  M.  Battut 
pour  la  conservation  des  Pommes  et  Poires  ; il 
les  enveloppe  d’abord  dans  un  papier  de  soie, 
puis  il  les  place  côte  à côte  dans  une  boîte  de 
sapin  remplie  de  fins  copeaux  de  sapin,  en 
ayant  soin  que  les  copeaux  enveloppent  com- 
plètement chaque  fruit. 

M.  Charles  Margottin  fils  présentait  des 
Pêches  des  variétés  Alexander , Amsden , 
Wilder,  Waterloo , obtenues  sous  vitrages, 
aussi  mûres,  aussi  colorées  que  celles  récol- 
tées en  pleine  saison. 

Comité  de  l’art  des  jardins. 

M.  Henry  Lusseau,  architecte-paysagiste, 
fait  une  intéressante  communication  sur  la 
Junqueira,  jolie  propriété  située  dans  les  fau- 
bourgs de  Lisbonne.  Nous  y relevons  les  quel- 


LA  VENTE  DES  FLEURS  AUX  HALLES  CENTRALES  DE  PARIS. 


309 


ques  indications  suivantes,  au  sujet  des  res- 
sources que  la  végétation  ardente  de  cette 
région  offre  aux  amateurs  de  belles  plantes  et 
aux  architectes-paysagistes. 

Des  Eucalyptus  globulus , semés  en  1882, 
ont  actuellement  15  mètres  de  hauteur;  des 
Araucaria  excelsa , semés  en  1884,  mesurent 
3m  15  de  hauteur  et  ont  14  couronnes  de 
branches,  ce  qui  établit  d’une  façon  certaine 
que  cette  espèce  peut  développer  plusieurs 
couronnes  chaque  année  ; des  Pritchardia  fi- 
lifera , semés  en  1882,  ont  3m  45  de  hauteur, 
et  comptent  35  feuilles  par  exemplaire,  etc.,  etc. 

Citons  également,  parmi  les  transplanta- 
tions ayant  parfaitement  réussi  : un  Casuarina 


equisetifolia,  mesurant  12  mètres  de  hauteur 
et  lm  12  de  circonférence  de  tronc  à la  base; 
un  Phoenix  dactylifera  haut  de  16m  50,  et 
amené,  à l’aide  d’un  chariot  traîné  par 
16  bœufs,  d’une  distance  de  trois  kilo- 
mètres, etc. 

M.  Ed.  André  cite  les  principales  observa- 
tions qu’il  a pu  faire,  au  point  de  vue  de  l’art 
des  jardins,  dans  un  récent  voyage  en  Italie. 

L’espace  dont  nous  pouvons  disposer  ici  ne 
nous  permet  pas  de  rendre  compte  de  cet 
exposé,  que  la  Revue  horticole  publiera,  d’ail- 
leurs, avec  le  développement  qu’il  comporte. 

Ch.  Thays. 


LA  VENTE  DES  FLEURS  AUX  HALLES  CENTRALES  DE  PARIS 


Paris  est  vraiment  la  ville  des  merveilles. 
Il  n’a  pas  une  industrie,  et  c’est  chez  lui 
que  viennent  s’approvisionner  tous  les 
commerçants  du  monde  ; la  mer  bat  loin  de 
ses  murs  et  c’est  sur  ses  marchés  que  l’on 
trouve  les  poissons  les  plus  rares  et  les  plus 
exquis  ; il  n’a  que  quelques  arbres  d’agré- 
ment sur  ses  promenades  et  à chaque  coin 
vous  rencontrez  les  fruits  de  tous  les  cli- 
mats ; son  sol  ne  nourrit  que  quelques 
herbes  insignifiantes,  qu’en  un  jour  de  fan- 
taisie un  botaniste  a décrites,  et  chaque 
jour  il  étale  dans  ses  magasins  et  dans  ses 
rues  des  montagnes  de  fleurs.  Paris  est 
certainement  le  coin  du  monde  où  s’ef- 
feuillent le  plus  de  corolles,  où  s’exhalent  le 
plus  de  parfums.  Hiver  ou  été,  chaque 
matin  la  grande  cité  s’éveille  fleurie. 

A qui  n’est-il  pas  arrivé,  en  voyant  cir- 
culer dans  Paris,  chargées  sur  des  hottes  ou 
dans  des  voitures  à bras,  ces  innombrables 
bottes  de  fleurs,  aussi  fraîches,  aussi  bril- 
lantes que  sur  pied,  de  se  demander  de 
quelle  manière  on  pouvait  arriver  à un  sem- 
blable résultat?  Cette  question  est  particu- 
lièrement intéressante  et  nous  allons  y ré- 
pondre, pour  ce  qui  concerne  la  vente 
actuelle,  c’est-à-dire  les  fleurs  provenant 
de  la  région  parisienne. 

Ces  fleurs  sont  coupées  le  soir,  et  aussi- 
tôt placées,  par  bottes  compactes  et  serrées, 
dans  des  paniers  ou  mannes  d’osier,  longs 
de  80  centimètres,  larges  de  60,  hauts  de  45. 
Ces  paniers,  dont  le  transport  se  fait  par 
voiture,  arrivent  aux  Halles  centrales  avant 
trois  heures  du  matin  ; les  vendeurs  les 
disposent  par  longues  fdes,  sur  le  carreau 
c’est-à-dire  dans  les  larges  avenues  cou- 
vertes qui  séparent  les  uns  des  autres  les 
divers  pavillons  des  Halles,  et  où  l’Admi- 


nistration leur  fait  payer  un  droit  de  40  cen- 
times par  jour  pour  une  surface  mesurant 
1 mètre  de  façade  et  2 mètres  de  profon- 
deur. 

Dans  une  promenade  que  nous  avons 
faite  aux  Halles,  un  de  ces  derniers  ma- 
tins, nous  avons  pu  compter  386  de  ces 
mannes,  ce  qui,  à raison  de  50  bottes  de 
fleurs  par  manne  en  moyenne,  fait  un  total 
de  19,300  bottes. 

Ce  jour-là,  les  Roses  représentaient  à peu 
près  la  moitié  des  fleurs  apportées. 

Vers  quatre  heures,  la  vente  commence; 
à cinq  heures,  les  grandes  fleuristes  arri- 
vent et  choisissent  de  ci,  de  là,  les  plus 
belles  fleurs,  qu’elles  payent  relativement 
très-cher.  Puis,  la  vente  moyenne  s’établit, 
pour  les  fleuristes  de  second  ordre  et  les 
revendeurs.  Les  prix  varient  chaque  jour, 
suivant  l’importance  des  apports  et  celle  des 
demandes. 

Le  jour  de  notre  visite,  voici  quels  étaient 
les  prix  moyens  : 


24  Roses  Paul  Neyron 4f  » 

— La  Reine.  1 25 

— Général  Jacqueminot  ....  1 » 

— Madame  Falco t 1 » 

— Souvenir  de  la  Malmaison  . . 1 » 

— Mousseuses » 60 

Héliotrope,  botte  de  30  centimètres  de 

diamètre 1 » 

Myosotis,  botte  de  20  cent,  de  diam.  . » 60 

Gypsophylle,  botte  de  40  cent,  de  diam.  » 50 
Œillet  Mignardise  blanc,  botte  de  40  cent. 

de  diam » 25 

Réséda,  botte  de  25  cent,  de  diam.  . . » 75 

Œillets  de  poète,  botte  de  40  cent,  de 

diam » 40 

Hoteya,  botte  de  60  cent,  de  diam  ...  » 40 

Campanules  bleues,  botte  de  50  cent, 
de  diam » 40 


310 


BIBLIOGRAPHIE. 


Seringat  odorant,  botte  de  50  cent,  de 


diam » 75 

Pensée,  bleu  foncé,  botte  de  30  cent. 

de  diam » 30 

Giroflée  grecque  rouge,  24  têtes.  ...  2 » 

Giroflée  quarantaine,  naine  double, 

24  têtes » 75 

Iris  anglais,  12  fleurs » 10 

Lilas  blanc,  25  rameaux 2 50 

Marguerite  des  champs,  botte  de  15  cent. 

de  diam » 06 

Bluet  des  champs,  botte  de  15  cent. 

de  diam » 20 

Coquelicot  des  champs,  botte  de  15  c. 

de  diam » 15 

Œillets  (venant  de  Nice  et  d’Ollioules) 

12  fleurs » 12 

Fleurs  d’Oranger  non  montées,  le  cent.  4 » 


Mais,  voici  qu’il  est  bientôt  huit  heures  ; 
la  cloche  va  donner  l’ordre  de  débarrasser 
immédiatement  l’espace  occupé  par  les 
mannes,  qui  débordent  jusque  sur  les  voies 
non-couvertes.  C’est  alors  qu’apparaissent 
les  revendeurs  de  la  dernière  catégorie  qui 
traitent  avec  les  marchands  à des  conditions 
les  plus  variables. 


Certes,  ils  n’ont  pas  le  premier  choix, 
tant  s’en  faut;  mais  ils  profitent  d’occa- 
sions quelquefois  surprenantes.  Nous  avons 
vu  vendre,  ainsi,  de  magnifiques  Roses 
Général  Jacqueminot,  sur  rameaux  longs 
de  40  centimètres,  à raison  de  10  centimes 
la  botte  de  24  Roses  ! 

A huit  heures  dix,  tout  est  parti.  Quel- 
ques fleuristes,  locataires  des  stalles,  res- 
tent seules  installées  à l’intérieur  des  pavil- 
lons, et,  en  attendant  la  clientèle,  confec- 
tionnent des  bouquets  avec  les  fleurs  qu’elles 
viennent  d’acheter. 

Pendant  ce  temps,  les  marchands  des 
Quatre-Saisons  promènent  dans  Paris  leurs 
voitures  odorantes  ; les  revendeurs  au  pa- 
nier étalent  au  coin  des  rues  leur  marchan- 
dise et  attirent  les  passants  par  leur  éternel 
« fleurissez-vous  » ; le  gamin  accoste  les 
promeneurs  et  leur  offre  ses.  petits  bouquets 
de  deux  sous.  Tout  ce  monde  vit  de  ce  petit 
commerce  et  remercie  la  Providence  d’avoir 
donné  à la  Parisienne  le  culte  des  plantes 
et  d’avoir  fait  que  les  fleurs  se  fanent. 

Ed.  André. 


BIBLIOGRAPHIE 


Manuel  pratique  pour  le  traitement  des 
maladies  de  la  Vigne,  par  Pierre  Viala  et 
Paul  Ferrouillat,  professeurs  à l’École  d’agri- 
culture de  Montpellier.  Chez  Delahaye  et 
Lucrosnier,  libraires,  23,  place  de  l’École- 
de-Médecine,  Paris.  1 volume,  135  pages, 
prix  : 2 fr. 

Depuis  que  la  Vigne  est  attaquée  par  des 
parasites  dont  le  nombre  et  les  terribles  ra- 
vages vont  en  augmentant  sans  cesse,  il  devient 
indispensable  à tous  ceux  que  la  culture  du 
précieux  arbuste  intéresse  à un  titre  quel- 
conque, de  connaître  ces  maladies  et  les 
moyens  de  les  combattre.  Nul  ne  doit  s’affran- 
chir du  besoin  d’acquérir  ces  connaissances  ; et 
la  raison  que,  sous  notre  climat  de  Paris,  plus 
d’un  de  ces  fléaux  sont  encore  épargnés  à la 
Vigne,  ne  nous  donne  pas  le  droit  d’espérer 
que  nous  n’aurons  pas  à lutter  bientôt  contre 
leurs  effets. 

Cependant,  les  cultivateurs  de  profession 
n’ont  pas  toujours  le  temps  de  lire  les  gros 
traités  spéciaux  publiés  le  plus  souvent  dans 
un  but  purement  scientifique. 

C’est  ce  qu’ont  bien  compris  MM.  Viala  et  Fer- 
rouillat, professeurs  à l’École  d’agriculture  de 
Montpellier,  et  le  manuel  qu’ils  offrent  aujour- 
d’hui au  public  vient  combler  une  véritable 
lacune. 

Un  texte  clair,  rendu  plus  clair  encore  par 
de  nombreuses  illustrations,  des  indications 
précises  sur  le  traitement  de  toutes  les  mala- 


dies, la  description  scrupuleuse  de  leurs  ca- 
ractères extérieurs  permettent,  même  aux 
moins  expérimentés,  de  se  rendre  un  compte 
exact  des  parasites  auxquels  ils  auront  affaire, 
et  leur  donneront,  par  suite,  le  moyen  de  les 
combattre  avec  succès.  L’ouvrage  se  termine 
par  un  calendrier  indiquant,  mois  par  mois, 
quels  sont  les  travaux  de  traitement  qu’il  con- 
vient d’appliquer  à la  Vigne. 

C’est  donc  un  ouvrage  complet  et  en  même 
temps  peu  volumineux  : cette  double  qualité  le 
recommande  à la  lecture  de  tous. 

J.  Dybowski. 

Les  plantes  d’appartement,  par  Rivoiron.  Li- 
brairie Le  Bailly,  15,  rue  de  Tournon,  Paris. 

Sous  ce  titre,  un  collaborateur  de  la  Revue 
horticole , M.  Rivoiron,  ancien  élève  de  l’École 
d’horticulture  de  Versailles,  vient  de  publier  un 
opuscule  qui,  malgré  son  exiguité,  est  appelé 
à rendre  de  réels  services  dans  cette  culture 
toute  spéciale  dont  on  parle  souvent,  mais  pour 
laquelle,  en  général,  on  manque  de  renseigne- 
ments pratiques.  L’opuscule  en  question  vient 
précisément  combler  cette  lacune. 

L’ouvrage  comprend  deux  parties.  La  pre- 
mière traite  de  la  décoration  florale  des  ha- 
bitations et  du  choix  des  meilleures  plantes 
d’appartement  à feuillage  ou  à fleurs. 

La  deuxième  partie  s’occupe  des  vases  d’ap- 
partements, jardinières,  suspensions,  etc., 
ainsi  que  des  traitements  et  des  soins  qu’il 


BIBLIOGRAPHIE. 


311 


convient  de  donner  aux  plantes,  suivant  la 
nature  des  espèces  et  le  milieu  où  elles  sont 
placées.  On  trouve  là,  en  un  petit  nombre  de 
pages,  toutes  les  indications  nécessaires  pour 
cultiver  les  plantes  et  orner  soi-même  les 
appartements.  E.-A.  Carrière. 

Les  Amaryllidées,  par  M.  J. -G.  Baker. 
( Handbook  of  the  Amaryllideæ , by  J. -G. 
Baker.)  1 vol.  in-8°,  chez  George  Bell  et 
Sons,  London. 

Depuis  vingt-trois  ans,  M.  Baker,  le  savant 
botaniste  qui  a tant  publié  de  travaux  de  bota- 
nique descriptive,  étudie  à Kew  toutes  les 
Amaryllidées  qui  ont  pu  lui  passer  par  les 
mains.  A ce  labeur  ininterrompu,  il  est  devenu 
le  monographe  tout  indiqué  pour  cette  admi- 
rable famille.  Aussi  a-t-il  mis  au  jour  récem- 
ment, sous  le  titre  trop  modeste  de  Manuel 
(Handbook),  un  excellent  traité  de  toutes  les 
plantes  connues  dans  les  Amaryllidées.  Nous 
ne  pouvons  donner,  aujourd’hui,  qu’une  indi- 
cation sommaire  de  l’apparition  de  ce  bon 
livre.,  auquel  la  Revue  horticole  aura  souvent 
l’occasion  de  faire  d’utiles  emprunts. 

Ed.  André. 

Le  Parc  de  la  Liberté  a Lisbonne,  par 
M.  Ch.  Joly.  Typographie  Georges  Cha- 
merot,  19,  rue  des  Saints-Pères,  Paris,  1888. 

L’honorable  vice-président  de  la  Société 
d’horticulture  de  France  a eu  l’heureuse  idée 
de  rassembler  dans  une  charmante  petite  bro- 
chure, éditée  à ses  frais,  quelques  notes  sur 
les  divers  projets  soumis  par  les  lauréats  fran- 
çais au  jury  de  Lisbonne  pour  la  création  du 
Parc  de  la  Liberté.  Outre  les  plans  d’ensemble 
de  MM.  Lusseau,  Duchêne,  Deny  et  Durand, 
l’ouvrage  de  M.  Joly  contient  plusieurs  vi- 
gnettes intéressantes  représentant  les  parties 
les  plus  importantes  ou  les  plus  pittoresques 
de  chaque  projet.  Cet  opuscule  sera  certai- 
nement fort  bien  reçu  de  ceux  que  l’architec- 
ture paysagère  intéresse.  Ed.  André. 

Flore  illustrée  des  îles  de  l’Océan  Paci- 
fique. Librairie  G.  Masson,  120,  boulevard 
Saint-Germain,  Paris. 

Le  quatrième  fascicule  de  la  remarquable 
publication  de  M.  Drake  del  Castillo  vient  de 
paraître.  Il  contient  la  description  de  neuf 
plantes  originaires  des  îles  Sandwich,  dont 
quatre  espèces  nouvelles  : Lipochæta  Apreval- 
liana , L.  peduncularis , L.  flexuosa,  Bidens 
Remyi  ; cinq  espèces  anciennes  : Erigeron  Re- 
myi,  E.  tenerrimus,  Lipochæta  labuta , L.  suc - 
culenta , Bidens  Micrantha  ; et  d’une  espèce  de 
l’île  de  Taïti  : Bidens  paniculata. 

Ed.  André. 


Conduite  du  rucher  ou  Calendrier  de  l’api- 
culteur mobiliste,  par  Ed.  Bertrand.  Prix  : 
2 fr.  50.  Librairie  agricole  de  la  Maison 
rustique,  26,  rue  Jacob,  Paris. 

Dans  la  première  partie  de  cet  ouvrage, 
le  savant  rédacteur  de  la  Revue  internationale 
d’apiculture  a réuni  et  classé  par  mois  tous 
les  renseignements  utiles  aux  apiculteurs  pour 
la  bonne  conduite  d’un  rucher.  Aucun  détail 
ne  lui  a échappé,  sa  longue  pratique  et  son 
expérience  sont  les  meilleurs  garants  de  l’excel- 
lence de  ses  conseils  et  l’apiculteur  commen- 
çant qui  consultera  ce  livre  ne  pourrait  avoir 
un  meilleur  guide. 

La  seconde  partie  traite  des  différentes  races 
d’abeilles,  des  reines,  des  mâles,  des  ouvrières, 
des  rayons  et  cellules  diverses.  L’outillage  de 
l’apiculteur,  les  machines  à fabriquer  les  cires 
gaufrées,  les  extracteurs,  les  purificateurs  à 
cire,  les  cadres  des  meilleurs  systèmes  de 
ruches  y sont  décrits  et  figurés  avec  leurs 
dimensions  exactes.  Viennent  ensuite  les  diffé- 
rents types  de  ruches  avec  trois  planches 
donnant  les  plans  et  dimensions  des  ruches 
Dadant,  Layens  et  Burki-Jeker,  qui  permettront 
aux  amateurs  familiarisés  avec  l’usage  de  la 
scie  et  du  rabot  de  construire  eux-mêmes  leur 
matériel. 

L’ouvrage  se  termine  par  une  instruction 
sur  la  fabrication  de  l’hydromel,  de  l’eau-de- 
vie  de  miel  et  du  vinaigre,  ressources  impor- 
tantes offertes  aux  apiculteurs  dans  les  régions 
où  la  Vigne  n’est  pas  cultivée  et  quand  le  miel 
se  vend  mal. 

Aucune  occupation  rurale,  dit  l’auteur, 
n’est  mieux  à la  portée  de  tous  que  la  culture 
des  abeilles  et  ne  demande  une  mise  de  fonds 
plus  modique. 

L’amateur  trouve  dans  cette  culture  un 
intéressant  objet  d’étude,  la  satisfaction  de  ses 
goûts  pour  l’abeille  si  industrieuse  ; l’habitant 
des  campagnes,  riche  ou  pauvre,  sans  négliger 
ses  autres  occupations,  y trouvera  une  agréable 
distraction  de  ses  travaux  ordinaires  et  s’in- 
téressera de  plus  en  fplus  à la  prospérité  de 
ses  colonies.  Sans  qu’il  y songe,  sans  s’en 
douter,  le  cultivateur  peu  fortuné  suivra 
l’exemple  que  lui  donnent  ses  abeilles,  il  sera 
actif,  industrieux,  il  ne  se  laissera  pas  abattre, 
il  ne  se  plaindra  pas  de  la  mauvaise  fortune, 
il  ne  songera  pas,  en  un  mot,  à déserter  les 
champs  pour  la  ville.  Ce  n’est  pas  là,  on  en 
conviendra,  le  moindre  des  avantages  que 
procure  l’éducation  des  abeilles. 

A.  Leblond. 


312 


CORRESPONDANCE. 


CORRESPONDANCE 


N°  3185  {Cantal).  — Les  demandes  de  sels 
dénaturés  pour  le  bétail  et  comme  engrais 

ne  se  font  pas  à moins  de  500  kilos.  La  de- 
mande doit  être  accompagnée  d’un  certificat  du 
maire  de  la  commune,  constatant  que  M.  X., 
agriculteur  de  sa  commune,  exploite  tant  d’hec- 
tares de  terres,  tant  d’hectare  de  pré,  qu’il 
nourrit  tant  de  têtes  de  bétail  et  que,  par  con- 
séquent, telle  quantité  de  sel  (en  quintaux)  lui 
est  nécessaire  pour  ses  bestiaux,  la  préparation 
des  engrais  et  l’amendement  de  ses  terres. 
— Les  usines  de  Saint-Nicolas,  à Yarangeville, 
par  Saint-Nicolas-du-Port  (Meurthe-et-Moselle), 
vendent  les  sels  dénaturés  à l’absinthe  à raison 
de  3 fr.  75  les  100  kilos  et  ceux  dénaturés  aux 
tourteaux  oléagineux  à 4 fr.  75,  emballage 
compris.  Les  frais  de  port  sont,  bien  entendu, 
à la  charge  de  l’acheteur.  Envoyer  mandat  de 
poste  en  faisant  la  commande.  — L’acquit  à 
caution  qui  accompagnera  la  marchandise  devra 
être  remis  au  bureau  de  la  régie  exerçant 
dans  votre  localité. 

N°  3380  {Indre).  — Désireux  d’essayer  le 
sulfate  de  fer  pour  détruire  la  Mousse  de  vos 

pelouses,  vous  nous  aviez  demandé  quelques 
renseignements  pratiques  sur  son  emploi. 
L’article  de  M.  Marguerite  - Delacharlonny , 
publié  dans  le  dernier  numéro,  vous  aura 
donné  pleine  et  entière  satisfaction. 

Mme  jv.  c.  {Moscou).  — Les  taches  blanches 
de  vos  Rosiers  sont  produites  par  un  Cham- 
pignon microscopique  du  genre  Erysiphe;  il 
peut  être  détruit  par  des  aspersions  d’eau  ni- 
cotinée. 

Les  excroissances  couleur  orangée  sont  for- 
mées par  les  conceptables  d’un  autre  Champi- 
gnon : YÆlcidium  grossulariæ.  Pour  s’en  dé- 
faire, il  faut  couper  les  feuilles  qui  en  sont 
atteintes  et  les  brûler,  afin  d’empêcher  les 
spores  de  se  répandre. 

Nous  étudions  les  autres  altérations  que  vous 
nous  avez  soumises  et  nous  pourrons  peut-être 
vous  renseigner  bientôt  à leur  sujet. 

N°  3191  {Charente).  — La  question  de  la 
toile  dans  les  serres  offre  toujours  un  grand 
intérêt.  Nous  insérerons  prochainement  notre 
communication,  et  nous  vous  prions  de  conti- 
nuer les  observations  sur  ce  sujet,  en  n’ou- 


bliant pas  de  nous  informer  des  résultats  que 
vous  aurez  obtenus,  surtout  si  votre  procédé 
vous  réussit  toujours. 

No 3301  {Finistère).  — Le  criocère  de  l’As- 
perge est  un  insecte  dont  on  ne  peut  se  débar- 
rasser, suivant  l’opinion  de  M.  Lhérault  et 
d’autres  spécialistes  d’Argenteuil,  qu’en  re- 
cueillant les  insectes  et  les  détruisant.  On  se 
sert  pour  cela  d’un  parapluie  renversé,  dans 
lequel  on  secoue  les  tiges  d’Asperges  au 
mois  de  juin.  Le  docteur  Boisduval,  dans  son 
Entomologie  horticole , n’a  pu  indiquer  de 
meilleur  remède.  La  chaux  en  poudre  pourrait 
détruire  une  partie  des  larves,  mais  dès  que 
l’insecte  est  devenu  adulte,  il  échappe  à son 
action. 

M.  S.  H.  L.  (Brésil).  — Nous  acceptons  bien 
volontiers  votre  proposition,  et  les  renseigne- 
ments que  vous  nous  annoncez  seront  bien 
accueillis  des  lecteurs  de  la  Revue  horticole. 
Sans  aucun  doute,  la  création  de  ces  deux  jar- 
dins d’expériences  exercera  la  plus  heureuse 
influence  sur  la  science  botanique  et  sur  l’hor- 
ticulture pratique  dans  nos  contrées. 

N°  40 74  {Somme).  — Nous  pensons  que 
vous  avez  affaire  au  mildiou  ( Peronospora  vi- 
ticola ),  mais  l’état  de  vos  feuilles,  amollies 
par  la  végétation  en  serre  et  par  l’obscurité  où 
elles  sont  restées  pendant  le  voyage,  ne  nous 
permet  pas  de  l’affirmer  avec  exactitude. 
Essayez  toujours  l’arrosage  avec  l’eau  céleste 
ou  avec  la  bouillie  bordelaise  additionnée 
d’eau,  les  tissus  de  ces  feuilles  étant  plus 
mous  que  si  elles  avaient  poussé  dehors.  Vous 
trouverez  d’ailleurs  les  renseignements  néces- 
saires dans  l’étude  très-complète  que  la  Revue 
horticole  a publiée  l’an  dernier  sur  le  mildiou. 

N°  5412  {Italie).  — Nous  n’avons  pas  reçu 
les  dessins  dont  vous  nous  parlez.  Ils  peuvent 
avoir  été  égarés  à la  poste.  Si  vous  pouvez 
nous  en  envoyer  une  copie,  nous  nous  mettrons 
volontiers  à votre  disposition  pour  vous  donner 
les  renseignements  que  vous  désirez. 

N°  4626  {Algérie).  — Votre  plante  bulbeuse 
est  un  Ornithogalum , difficile  à déterminer 
avec  de  simples  fragments  de  fleurs,  mais  qui 
semble  bien  être  l’O.  narbonense. 


U Administrateur- Gérant  : L.  Bourguignon. 


Imp.  Gtoorges  Jacob,  — Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


313 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


École  d’arboriculture  de  la  Ville  de  Paris.  — Le  retard  dans  la  végétation.  — Les  sauterelles  en 
Algérie.  — Récompenses  à l’horticulture  dans  les  concours  régionaux.  — Raisin  Gros-Colmar.  — 
Traitement  de  l’érinose.  — Pêches  et  Brugnons.  — Les  Eucalyptus  les  plus  rustiques.  — Todea 
rivularis.  — Lourya  paniculata.  — La  plantation  des  corbeilles  de  plantes  à fleurs.  — Rosier  des 
Quatre-Saisons.  — Les  hybrides  bigénériques  d’Orchidées.  — Un  singulier  remède  contre  le 
phylloxéra.  — Une  statue  au  professeur  Planchon.  — Les  expéditions  de  légumes  de  Roscoff  en 
Angleterre.  — Expositions  annoncées.  — Mémento  des  expositions.  — Rectification. 


École  d’arboriculture  de  la  Ville  de 
Paris.  — Conformément  au  réglement  de 
l’École  municipale  et  départementale  d’ar- 
boriculture, dirigée  par  M.  Chargueraud, 
les  examens  dê  fin  d’année  des  élèves  qui 
ont  suivi  le  cours  pendant  la  période  de 
1887-88  ont  eu  lieu  les  25  et  26  juin. 

Le  Jury,  nommé  parM.  le  Préfet  de  la  Seine, 
sur  la  proposition  de  M.  le  Directeur  des  Tra- 
vaux de  Paris,  était  composé  de  : 

MM. 

Hardy,  directeur  de  l’École  d’horticulture  de  Ver- 
sailles, président. 

Allard,  directeur  de  la  Voie  publique  et  des  Pro- 
menades. 

Carrière,  rédacteur  en  chef  de  la  Revue  horticole. 
Cornu,  professeur  de  culture  au  Muséum. 

Hétier,  ingénieur  en  chef  du  département  de  la 
Seine. 

Jamin,  pépiniériste. 

Laforcade,  jardinier  en  chef  de  la  Ville  de  Paris. 
Rivet,  professeur  de  sylviculture  à l’Institut  agro- 
nomique. 

Verlot,  ex-chef  des  cultures  au  Muséum. 


Voici,  par  ordre  de  mérite,  les  onze  élèves 
qui  ont  obtenu  le  certificat  d’aptitude  : 


1.  Cornier  (Joseph). 

2.  Morignat  (J.-B.). 

3.  Bussienne  (Octave). 

4.  Dufresne  (Jean). 

5.  Schœpfer  (Pierre). 

6.  Sellier  (Paulin). 


7.  Coron  (Antoine). 

8.  Samier  (Ernest). 

9.  Cosset  (Alphonse). 

10.  Buffetville. 

11.  Sanson (Guillaume). 


Le  retard  dans  la  végétation.  — L’hi- 
ver a été  long,  rigoureux  et  maussade  ; il  a 
présenté  une  succession  d’intempéries  défa- 
vorables à la  végétation.  Mais  à part  ce  fait, 
qui  a été  préjudiciable  à certaines  cultures, 
ces  contre-temps  ont  produit  un  retard  qui, 
contrairement  aux  prévisions,  n’a  pas  encore 
été  regagné.  La  floraison  de  la  Vigne,  même 
dans  les  variétés  très-hâtives  et  placées  à 
bonne  exposition,  c’est-à-dire  le  long  des 
murs,  n’a  guère  commencé  à Paris  que  vers 
le  15  juin.  Les  Vignes  à vin,  dans  le  bassin 
de  Paris,  ont  commencé  à peine  à entrer  en 
floraison  le  20  juin,  et,  comme  ce  fait  est 
général,  il  en  résulte  que  dans  beaucoup  de 

16  Juillet  1888. 


vignobles  on  est  inquiet  pour  la  maturité 
des  Raisins,  ce  qui  est  d’autant  plus  regret- 
table que  cette  année  les  grappes  sont 
généralement  d’une  abondance  extrême.  Il 
faut  attribuer  ce  retard  à la  température, 
qui,  actuellement,  est  encore  relativement 
peu  élevée.  On  nous  a même  assuré  que  les 
17  et  18  juin  des  Tomates  ont  eu  leurs 
feuilles  « frisées  » par  suite  de  l’abaissement 
du  thermomètre  à près  de  zéro. 

Les  sauterelles'  en  Algérie.  — C’est 
surtout  dans  la  province  de  Constantine 
que  les  ravages  causés  par  les  sauterelles 
ont  pris  cette  année  des  proportions  inu- 
sitées. On  ne  peut  encore  évaluer  l’impor- 
tance du  désastre,  mais  il  est  immense. 

Le  gouvernement  a voté  une  somme  de 
500,000  fr.  destinée  principalement  à sub- 
ventionner les  cultivateurs  les  plus  éprou- 
vés. Cela  est  très-bien,  mais  ce  qui  sera 
également  très-utile,  c’est  la  nomination 
d’une  commission  composée  d’entomolo- 
gistes distingués  et  d’agriculteurs,  qui  étu- 
dieront ce  fléau  dès  son  origine,  et  cherche- 
ront le  moyen,  s’il  existe,  d’empêcher  le 
retour  de  ces  invasions. 

Récompenses  à l’horticulture  dans 
les  Concours  régionaux. 

Concours  régional  de  Laon. 

HORTICULTURE. 

Prime  d'honneur:  M.  Lefèvre  (Antoine- 
Paul),  horticulteur  à Ardon-Laon. 

Médaille  d'or  et  500  fr.  : M.  Gosse  (Léon), 
horticulteur  à Château-Thierry. 

ARBORICULTURE. 

Prime  d'honneur  : M.  Fouquet,  aboriculteur 
à Sinceny. 

Médaille  d'or  et  400  fr.  : M.  E.  Godin,  ar- 
boriculteur à Guise. 

Médailles  d'argent:  M.  Roger,  chef  de  cul- 
ture chez  M.  Fouquet  ; M.  Moroy,  chef  de  cul- 
ture chez  M.  Godin. 

Médaille  de  bronze  et  i 00  fr.  : MM.  Lemaire 
et  fils,  pépiniéristes  à Suzy. 


14 


314 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Concours  régional  d’Autun. 

ARBORICULTURE. 

Prime  d'honneur  : Un  objet  d’art  et  200  fr.  : 
M.  Béraud-Massard,  pépiniériste  à Montceau- 
les-Mines. 

Prime  de  300  fr.  : M.  Martin-Gilbert,  pépi- 
niériste à Vindecy. 

Concours  régional  de  Châteauroux. 

Aucune  récompense  n’a  été  décernée,  ni  à 
l’horticulture,  nï  à l’arboriculture,  faute  de 
concurrents. 

Concours  régional  d’Épinal. 

ARBORICULTURE. 

Prime  d’honneur  : Un  objet  d’art  : M.  J.  F. 
Vaudray-Evrard,  horticulteur  à Mirecourt. 

Médaille  d’or  grand  module  : M.  A.  Étienne, 
à Épinal. 

Médaille  d'or  : M.  Léon  Millot,  à Mandres- 
sur-Vair. 

Médaille  d’argent  grandmodule  : M.  Blandel, 
instituteur,  à Chamagne. 

Médaille  d’argent  : M.  Louis  Antoine,  insti- 
tuteur à Moyemont. 

Médaille  de  bronze  : M.  Augustin  Colin,  à 
Saint-Dié. 

HORTICULTURE. 

Prime  d’honneur  : Un  objet  d’art  : M.  Jean- 
Baptiste  Couchoux,  à Épinal. 

Concours  régional  de  Nîmes. 

HORTICULTURE. 

Prime  d’honneur:  M.  César  (Joseph),  à Alais. 

Médaille  de  bronze  et  350  fr.  : M.  Dupret, 
à Saint-Laurent-d’Aigouze. 

Médaille  de  bronze  et  200  fr.  : M.  Prades,  à 
Bagnols-sur-Cèze. 

Médailles  de  bronze  et  iOO  fr.  : M.  Cadière, 
à Nîmes  ; M.  Bourdon,  à Calvisson. 

ARBORICULTURE. 

Prime  d'honneur  : M.  Gourdin  (Albert),  à 
Saint-Hippolyte-du-Fort. 

Médaille  de  bronze  et  300  fr.  : M.  Fabre,  à 
Aym  argues. 

Médailles  de  bronze  et  200  fr.  : M.  Michel 
(Charles),  à Nîmes  ; M.  Tabus,  à Alais. 

Médaille  de  bronze  et  150  fr.  : M.  Broche, 
à Bagnols. 

Concours  régional  d’Alençon. 

HORTICULTURE. 

Prime  d'honneur  : M.  Caplat  (Victor),  au 
Printemps,  commune  de  Damigny. 

Médaille  d’argent  et  300  fr.  : M.  Lemée- 
Rocheron,  à Alençon. 

ARBORICULTURE. 

Prime  d’honneur  : M.  David,  à La  Charpen- 
terie. 

Médaille  d'or  et  250  fr.  : M.  Chappey,  à 
Alençon. 

Médaille  d’argent  et  500  fr.  : M.  Demende, 
à Alençon. 


Raisin  Gros-Colmar.  — A propos  de 
ce  Raisin,  M.  Ernest  Bergman  nous  a fait 
remarquer  qu’il  se  perpétue  en  France, 
dans  le  monde  horticole,  une  erreur  qu’il 
voudrait  arrêter  s’il  en  est  temps  encore. 

Certains  auteurs,  nous  écrit  M.  Bergman, 
appellent  ce  Raisin  Colman , et  donnent  pour 
raison  que  c’est  un  Raisin  d’origine  allemande 
et  appelé  Grosse  Kôlner , d’où  la  traduction  de 
Gros  Colman.  Nous  nous  permettrons  à notre 
tour  de  leur  dire  que  la  traduction,  pour  être 
exacte,  devrait  être  Gros  Colonais , Kôln  étant 
le  nom  allemand  de  la  ville  de  Cologne. 

Cette  variété  a été  envoyée  par  M.  Vibert, 
d’Angers,  à M.  Thomas  Rivers,  le  grand  arbo- 
riculteur anglais,  et  cela  dès  1847.  M.  Rivers 
est  lui-même  persuadé  que  c’est  un  commis  qui, 
peu  familiarisé  avec  la  langue  française,  a,  en 
transcrivant  le  nom,  mis  un  n au  lieu  r,  et  cela 
d’autant  plus  facilement  que  Colman  est  un 
nom  anglais,  ce  qui  explique  son  retour  en 
France  sous  le  nom  de  Colman  au  lieu  de  Col- 
mar. Nos  voisins,  du  reste,  semblent  avoir 
maintenant  reconnu  leur  erreur,  et  nous  le 
trouvons  toujours,  à bien  peu  d’exceptions 
près,  écrit  Colmar,  dans  les  catalogues  ou 
journaux  anglais. 

Ma  conclusion  est  donc  que  nous  devrions 
nous  servir  du  nom  qui  paraît  être  le  plus  lo- 
gique. Il  me  semble  d’autant  plus  utile  de  le 
faire  que  c’est  un  Raisin  que  l’on  commence  à 
trouver  assez  fréquemment  en  France  chez  les 
amateurs  et  chez  les  horticulteurs.  C’est  un  des 
plus  gros  Raisins  noirs  ; sa  qualité  n’est  pas,  il 
est  vrai,  à la  hauteur  de  sa  beauté,  c’est  du 
reste  ce  qui  arrive  avec  tous  les  gros  fruits  en 
général  ; mais  c’est  cependant  une  variété  que 
nous  engageons  nos  amateurs  à avoir  dans 
leurs  serres,  ne  serait-ce  qu’un  pied  ou  deux. 
La  grappe  n’est  pas  fort  grosse  (une  moyenne 
de  2 kilos  environ),  mais  les  grains  en  sont 
énormes,  de  vraies  Prunes;  quelquefois  ils  attei- 
gnent jusqu’à  10  centimètres  de  circonférence; 
ils  sont  ronds,  d’un  beau  noir  bleu  pruineux. 

M.  Bergman  ajoute  que  le  Raisin  Gros 
Colmar  est  une  variété  tardive,  dont  la  chair 
est  très-ferme  et  la  peau  épaisse,  bonne 
quand  le  grain  est  bien  mur.  Elle  est  vigou- 
reuse et  prolifique,  et  d’une  culture  facile  ; 
mais  si  l’on  veut  avoir  de  grosses  et  bonnes 
grappes,  elle  demande  longtemps  à mûrir, 
et  beaucoup  de  chaleur,  dans  le  genre  des 
Muscats  dont  elle  demande  en  partie  le 
traitement.  Il  ne  faut  laisser  qu’une  certaine 
quantité  de  grappes  sur  le  pied,  et  cela  selon 
sa  vigueur,  naturellement  ; le  ciselage  de- 
mande aussi  un  certain  soin.  Mais  un  bon 
cultivateur  de  Vignes  arrive  bien  vite  à 
traiter  le  Gros  Colmar  selon  sa  végétation, 
et  à avoir  une  récolte  aussi  belle  que  celles 
que  l’on  constate  en  Angleterre. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


315 


Traitement  de  l’érinose.  — Nous  avons 
publié,  l’année  dernière,  les  expériences 
couronnées  de  succès  auxquelles  s’était 
livré  notre  collaborateur,  M.  Glaret,  de 
Semur,  sur  YErineum  vitis.  Voici  la  nou- 
velle lettre  qu’il  veut  bien  nous  adresser 
sur  le  même  sujet  : 

Dans  la  Revue  horticole  de  1887,  vous  avez 
bien  voulu  publier  une  communication  que  je 
vous  avais  faite  au  sujet  du  traitement  de 
l’érinose. 

Cette  maladie,  qui,  l’année  dernière,  faisait 
peu  de  ravages,  s’est  montrée  cette  année  — 
au  moins  dans  ces  pays-ci  — avec  un  redou- 
blement de  vigueur  inattendu  autant  que  dé- 
plorable. 

Je  continue  à la  combattre  avec  le  plus  com- 
plet succès,  mais  je  crois  utile  de  faire  con- 
naître à vos  lecteurs  que,  par  suite  d’essais 
nouveaux,  j’ai  pu  simplifier  le  traitement  que  je 
vous  indiquais  en  1887.  J’ai  supprimé,  dans  la 
formule  que  je  vous  ai  envoyée,  l’alcool  amy- 
lique,  et  j’emploie  simplement,  avec  un  pulvé- 
risateur, une  solution  de  35  grammes  de  savon 
noir  pour  un  litre  d’eau. 

La  destruction  de  l’érinose  est  un  peu  moins 
rapide  et  n’est  complète  qu’en  quarante-huit 
heures  à peu  près,  au  lieu  d’être  presque 
immédiate,  comme  par  ma  première  formule. 

La  pulvérisation  doit  se  faire  par  un  temps 
couvert,  ou  le  soir  en  évitant  le  grand  soleil,  et 
le  jet  du  pulvérisateur  doit  être  dirigé  en  des- 
sous des  feuilles , les  boursouflures  de  ces  der- 
nières indiquant  de  suite  quelles  sont  celles  qui 
doivent  être  traitées.  J.  Claret, 

Propriétaire  à Semur. 

Tous  nos  remercîments  sont  adressés  à 
M.  Claret.  Il  est  déjà  un  peu  tard  cette 
année  pour  que  nos  lecteurs  fassent  leur 
profit  de  sa  communication,  mais  nous  leur 
conseillons  fortement  de  la  mettre  en  réserve 
pour  l’année  prochaine. 

Pêches  et  Brugnons.  — Si  nous  par- 
lons ici  des  Pêches  et  des  Brugnons,  ce  n’est 
pas  pour  discuter  la  valeur  de  ces  deux 
genres,  mais  seulement  pour  constater  un 
fait  qui,  affirmé  par  les  uns,  a été  nié  par 
d’autres.  Certains  ont  affirmé  que  les  Bru- 
gnonniers  se  reproduisaient  de  noyaux  ; 
d’autres,  qui  ont  soutenu  le  contraire,  invo- 
quaient à l’appui  de  leurs  dires  que  les 
Brugnonniers,  étant  sortis  des  Pêchers,  ten- 
daient constamment  à revenir  à ceux-ci.  Si 
nous  étions  appelé  à nous  prononcer,  nous 
hésiterions  d’autant  plus  que  les  deux  opi- 
nions peuvent  être  soutenues.  En  effet,  quand 
on  a semé  pendant  longtemps  des  noyaux 
de  Pêches  et  des  noyaux  de  Brugnons,  on 
est  en  position  de  répondre  à la  question. 


Voici  ce  que  nous  avons  vu  encore  cette 
année  : des  noyaux  de  Brugnons  nous  ont 
donné  des  Pêchers,  tandis  que  des  noyaux 
de  Pêchers  nous  ont  donné  des  Brugnon- 
niers. Toutefois  il  faut  reconnaître  que  ce 
dernier  fait  est  infiniment  plus  rare. 

Les  Eucalyptus  les  plus  rustiques.  — 

On  sait  avec  quelle  persévérance  M.  Ch. 
Naudin  poursuit,  depuis  de  nombreuses 
années,  l’étude  et  la  classification  des  diffé- 
rentes espèces  à’ Eucalyptus  découvertes  et 
introduites  jusqu’à  ce  jour. 

Un  des  résultats  les  plus  utiles  de  cette 
culture  comparative  a été  de  déterminer  les 
espèces  les  plus  rustiques.  M.  Naudin  vient 
de  les  faire  connaître  : ce  sont  les  Euca- 
lyptus coccifera,  urnigera  et  cordata. 

Ces  indications,  assez  peu  connues,  sont 
cependant  très -précieuses.  Elles  permet- 
tront d’accomplir  avec  plus  de  chances  de 
succès  les  essais  d’acclimatation,  dans  le 
midi  et  l’ouest  de  la  France  et  dans  beau- 
coup de  nos  colonies,  de  ces  arbres,  dont  la 
végétation  est  si  rapide  et  dont  le  pouvoir 
de  désinfection  a été  si  souvent  constaté. 

Todea  rivularis.  — Voici  quelques 
détails  complémentaires  sur  cette  plante, 
dont  nous  avons  annoncé  l’arrivée  à Paris, 
au  Muséum  dans  notre  dernier  numéro. 

Son  poids  est  d’environ  1,000  kilogr. 
L’ensemble  constitue  une  masse  homogène, 
d’au  moins  2 mètres  de  longueur  sur  lm20 
de  largeur  et  lm30  de  hauteur,  le  tout  sur- 
monté de  60  bourgeons  produisant  chacun 
un  grand  nombre  de  frondes,  à divisions 
ténues,  d’un  très-beau  vert.  Comme  il  n’est 
pas  rare  que  des  bourgeons  se  développent 
sur  les  côtés,  il  en  résulte  une  masse  qui 
rappelle  un  peu  un  tombeau  antique,  dété- 
rioré par  le  temps,  que  des  végétaux  tendent 
à envahir. 

Cet  exemplaire  de  Fougère  est  proba- 
blement le  plus  fort  de  tous  ceux  qui  existent 
en  Europe  ou  qui  y aient  jamais  été  intro- 
duits. 

Lourya  paniculata.  — Établi  par  M.  le 
professeur  H.  Bâillon,  ce  nouveau  genre  est 
dédié  à M.  Loury,  l’habile  chef  des  serres 
du  Muséum.  L’unique  plante  de  ce  genre 
que  possède  cet  établissement  est  originaire 
du  Cambodge.  Sans  être  d’un  grand  mé- 
rite ornemental,  les  fleurs  de  cette  espèce 
n’en  sont  pas  rfioins  remarquables  par 
leurs  caractères,  qui  sont  intermédiaires 
entre  ceux  des  Amaryllidées  et  des  Lilia- 


316 


CHRONIQUE  HORTICOLE, 


cées.  Elle  paraît  se  placer  entre  les  Helio- 
santhes  et  les  Tupistra. 

La  plantation  des  corbeilles  de 
plantes  à fleurs.  — Tout  récemment 
encore,  les  jardiniers  français,  au  moment 
de  garnir  une  corbeille  de  plein  air,  tra- 
çaient, au  moyen  d’une  tringle  quelconque, 
des  lignes  régulières,  laissant  entre  les  ran- 
gées de  plantes  un  intervalle  de  largeur 
uniforme. 

Ce  procédé  est  aujourd’hui  abandonné, 
et  avec  raison.  Après  avoir  tracé  le  seul 
rang  extérieur  et  aussi,  dans  les  corbeilles 
à compartiments,  les  lignes  de  plantes  qui 
doivent  former  les  séparations,  on  dispose 
aujourd’hui  le  remplissage  d’une  façon  ir- 
régulière, de  manière  à ne  pas  former  de 
lignes,  tout  en  distançant  à peu  près  éga- 
lement les  plantes  les  unes  des  autres. 

On  évite  ainsi  l’effet  désagréable,  que  tout 
le  monde  a souvent  constaté,  de  ces  lignes 
concentriques  qui  ne  disparaissent  qu’à 
l’arrière-saison. 

Cette  année,  la  presque  totalité  des  cor- 
beilles, dans  les  promenades  de  Paris,  ont 
été  plantées  d’après  cette  méthode. 

Rosier  des  Quatre-Saisons.  — On  a 

dit  que  cette  plante  était  originaire  « d’O- 
rient  »,  ce  qui  n’est  pas  démontré.  Au 
point  de  vue  de  sa  valeur  spécifique,  le 
doute  est  permis.  Le  Rosier  des  Quatre- 
Saisons  n’a  jamais  été  soumis  à l’expérience 
du  semis,  ce  qui,  du  reste,  eût  été  difficile, 
la  plante  ne  donnant  pas  de  graines.  Sa 
qualité  de  « toujours  fleuri  »,  qui  pourrait 
être  considéré  comme  le  véritable  crité- 
rium, le  seul  qui  ait  quelque  valeur,  est 
presque  toujours  négative,  si  les  plantes  sont 
abandonnées  à elles-mêmes,  puisque  alors 
elles  ne  fleurissent  plus.  Au  lieu  d’un  sem- 
perflor&ns , c’est-à-dire  une  plante  qui  est 
toujours  en  fleurs,  on  a une  plante  qui  ne 
fleurit  plus.  Pour  avoir  un  Rosier  des 
Quatre-Saisons,  il  faut  le  soumettre  à 
un  traitement  particulier,  qui  consiste  à 
laisser  souffrir  les  plantes,  puis  à les  tailler 
aussitôt  qu’elles  ont  fleuri,  de  manière  à 
obtenir  de  jeunes  pousses,  sur  lesquelles 
apparaîtront  les  fleurs. 

Les  hybrides  bigénériques  d’Orchi- 
dées.  — M.  Seden,  l’habile  semeur  de  la 
maison  Veitch,  de  Londres,  a réussi,  parmi 
tant  d’autres  succès,  à hybrider  ensemble  le 
Zygopetalum  crinitum  et  le  Colax  ju - 
gosus. 


On  sait  que  ces  deux  Orchidées  ont  cha- 
cune un  aspect  bien  différent  de  l’autre. 
L’hybride  obtenu,  nommé  Zygocolax  Veit- 
chii,  par  M.  Rolfe,  tient  le  milieu,  par  la 
forme  de  sa  fleur,  entre  les  deux  parents; 
la  coloration  de  cette  fleur  se  rapproche 
davantage  de  celle  du  porte-graine,  tandis 
que  l’androcée  a surtout  de  l’analogie  avec 
la  plante  porte-pollen. 

On  remarquera  que  M.  Rolfe  a créé  pour 
cette  plante  un  nom  générique  dont  les 
deux  premières  syllabes  appartiennent  au 
Zygopetalum,  et  les  deux  dernières  au 
Colax.  C’est  un  moyen  ingénieux  pour  rap- 
peler l’origine  de  cet  intéressant  hybride. 

Partant  de  ce  principe,  M.  Rolfe  propose 
de  nommer,  de  la  manière  suivante,  les 
hybrides  bigénériques  d’Orchidées  précé- 
demment obtenus  : Phajocalanthe  (. Phajus 
X Calanthe),  Læliocattleya(LæliaX  Cat- 
tleya),  Sophrocattleya  ( Cattleya  X So- 
phronitis),  Anæctomaria  ( Anætochilus 
X Hæmaria),  Macomaria  ( Macodes  X Hæ - 
maria),  Bossinimaria  ( Dossimia  X Hæ- 
maria). 

Ce  système  de  dénomination  a précédem- 
ment été  appliqué  par  le  docteur  Maxwell 
T.  Masters,  lorsqu’il  a appelé  Philageria 
l’hybride  résultant  du  croisement  du  La- 
pageria  rosea  par  le  Philesia  buxifolia,  et 
par  M.  Ed.  André,  pour  le  genre  Serico- 
bonia,  dont  les  parents  étaient  le  Serico- 
graphis  Ghiesbreghtii  et  un  Lïbonia  Penh- 
rosiensis. 

Un  singulier  remède  contre  le  phyl- 
loxéra. — M.  P.  Joigneaux  signale,  dans 
la  Gazette  du  Village,  le  procédé  qu’a  em- 
ployé un  cultivateur  des  Hautes-Alpes, 
M.  Joseph  Ronnafoux,  pour  redonner  de  la 
vigueur  à ses  Vignes,  très-atteintes  par  le 
phylloxéra. 

M.  Bonnafoux  a fait  bouillir  ensemble 
des  feuilles  de  Noyer,  d’Hellébore,  des 
bulbes  de  Colchique,  de  la  Digitale  et  de  la 
Ciguë  ; puis,  avec  ce  bouillon  « infernal  », 
il  a arrosé  un  compost  formé  de  chaux 
grasse,  de  cendres  de  bois,  de  crottes  de 
mouton,  de  goudron,  de  sel  de  cuisine,  de 
boues  de  rivière,  de  soufre,  d’huile  de  pé- 
trole, de  sulfate  de  cuivre  et  de  savon  noir 
(excusez  du  peu  !),  en  ayant  soin  de  bien 
mélanger  le  tout,  et  en  arrosant  de  temps 
en  temps,  toujours  avec  le  même  liquide, 
jusqu’à  ce  que  le  tas  ne  s’échauffât  plus. 

M.  Bonnafoux  a fumé  au  printemps  der- 
nier ses  Vignes  à l’aide  du  compost  ainsi 
préparé,  et,  par  surcroît  de  précaution,  il  a 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


317 


versé  au  pied  de  chaque  cep,  4 litres  d’urine 
de  porc.  La  réussite  a été  complète,  les 
Vignes  ont  poussé  avec  vigueur,  et  sont 
actuellement  couvertes  de  Raisins. 

Tout  en  reconnaissant  que  la  préparation 
de  M.  Bonnafoux  n’est  pas  d’une  simplicité 
extrême  (!),  M.  Joigneaux  pense  qu’il  y au- 
rait peut-être  quelque  chose  à prendre  dans 
cette  idée,  et  qu’un  compost  dans  lequel 
entreraient  du  fumier,  de  la  terre  de  bonne 
qualité,  des  boues,  et  que  l’on  arroserait 
avec  des  décoctions  de  plantes  vénéneuses, 
rendrait  peut-être  leur  vigueur  aux  Vignes 
phylloxérées,  en  éloignant  le  terrible  in- 
secte. 

Une  statue  au  professeur  Planchon. 

Nous  apprenons  que  l’on  doit  élever,  à 
Ganges  (Hérault),  une  statue  de  bronze  à la 
mémoire  de  J.-E.  Planchon. 

C’est  un  juste  tribut  de  reconnaissance 
qui  sera  payé  à la  mémoire  de  ce  savant 
désintéressé  ; il  y a tout  lieu  de  féliciter  les 
auteurs  de  cette  idée,  qui  perpétuera  le  sou- 
venir de  ce  travailleur  opiniâtre,  au  milieu 
même  de  la  région  la  plus  attaquée  jadis  par 
le  Phylloxéra  vastatrix , que  M.  J.-E.  Plan- 
chon a découvert  le  premier  en  compagnie 
de  MM.  F.  Sahut  et  G.  Bazille.  Chacun 
connaît  les  travaux  de  M.  Planchon  pour  ar- 
river à la  connaissance  précise  de  cet  insecte 
et  pour  guérir  son  pays  des  ravages  qui  ont 
mis  notre  viticulture  à deux  doigts  de  sa 
perte. 

Les  expéditions  de  légumes  de  Roscoff 
en  Angleterre.  — Dans  un  rapport  que  le 
consul  d’Angleterre  à Brest  a présenté  à 
son  gouvernement,  l’agent  britannique  fait 
ressortir  l’activité  que  les  cultivateurs  bre- 
tons déploient  pour  faire  pénétrer  leurs 
produits  dans  l’intérieur  du  Royaume- 
Uni. 

A Roscoff  seulement,  il  existe  22  compa- 
gnies, composées  de  406  membres,  qui 
s’occupent  tout  spécialement  du  commerce 
d’exportation. 

Le  Journal  of  horticulture , où  nous 
trouvons  ces  indications,  ajoute  que,  pour 
l’année  1885,  les  exportations  du  seul  port 
de  Roscoff  pour  l’Angleterre  ont  compris  : 
11.107  tonnes  de  Pommes  de  terre,  4.060 
tonnes  d’Oignons,  4.000  tonnes  de  Choux- 
fleurs,  et  1.800  tonnes  d’Artichauts. 

En  même  temps  que  ces  légumes,  les 
envois  de  Roscoff  comprennent  des  œufs, 
dont  le  prix  total  annuel  de  vente  dépasse 
400.000  fr. 


EXPOSITIONS  ANNONCÉES. 

Paris,  22  au  25  novembre.  — Un  concours 
de  Chrysanthèmes  d’automne  s’ouvrira,  dans  la 
grande  salle  de  l’Hôtel  de  la  Société  d’horti- 
culture, rue  de  Grenelle,  84,  à Paris,  le 
22  novembre,  jour  de  la  distribution  solennelle 
des  récompenses  décernées  à la  suite  de  l’Ex- 
position générale  horticole  qui  a eu  lieu  du  25 
au  31  mai  dernier.  — La  même  Société  orga- 
nise pour  le  23  novembre  et  dans  le  même  local 
un  concours  de  fruits,  qui  resteront  exposés, 
ainsi  que  les  Chrysanthèmes,  jusqu’au  25  no- 
vembre. 

Fontainebleau,  25  au  27  août.  — La  So- 
ciété d’horticulture  de  Melun  et  Fontainebleau 
tiendra  sa  34e  exposition  générale,  à Fontaine- 
bleau, du  25  au  27  août.  Adresser  les  déclara- 
tions, quinze  jours  au  moins  avant  l’exposition, 
à M.  Bourges,  secrétaire  général  de  la  Société, 
30,  rue  de  F Arbre-Sec,  à Fontainebleau. 

Memento  des  Expositions. 

Voici  la  liste  des  Expositions  précédemment 
annoncées  : 

Bar-sur-Aube.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  12),  6 au 
10  juillet. 

Bougival.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  9),  29  août  au 
3 septembre. 

Bourges.  — Exp.  gén.  (Chr.  n»  13),  2 au  5 août. 
Lyon.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  11),  13  au  17  septembre. 
Meaux.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  5),  7 au  9 septembre. 
Mézidon.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  10),  16  septembre. 
Moulins.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  6),  31  juillet  au  5 août. 
Périgueux. — Exp.  horticole  et  viticole  (Chr.n°ll), 
3 au  5 août. 

Roubaix.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n°  5) , 17  novembre. 
Saint-Germain-en-Laye.  Exp.  gén.  (Chr.  n°  10), 
26  au  29  août. 

Saint-Mandé.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  12),  16  au 
23  septembre. 

Toulouse.  — Exp.  de  culture  maraîchère,  culture 
ornementale  et  arboriculture  fruitière  (Chr. 
n°  11),  27  au  30  septembre. 

— Même  Exp.  et  spécialement  Exp.  de  Chrysan- 
thèmes (Chr.  n°  11),  15  au  18  novembre. 
Valognes.  — Exp.  locale  (Chr.  n°  8),  lor  au  4 sept. 
Gand.  — Floriculture  (Chr.n0 11),  2 au  3 septembre. 

— Chrysanthèmes  (Chr.  n°  11),  18  au  22  nov. 
Lausanne.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  8),  20  au  25  sept. 

Rectification.  — Dans  la  liste  officielle 

des  récompenses  décernées  à la  dernière 
exposition  de  Paris,  une  erreur  a été  com- 
mise au  préjudice  de  M.  Simon,  horticul- 
teur, rue  Lafontaine,  à Saint-Ouen  (Seine), 
et  cette  erreur  s’est  trouvée  tout  naturelle- 
ment reproduite  dans  la  liste  publiée  par 
la  Revue  horticole.  C’est  M.  Simon  qui  a 
obtenu  la  médaille  de  vermeil  attribuée  au 
60e  concours,  pour  la  plus  belle  collection  de 
soixante  Cactées , et  la  médaille  de  vermeil 
attribuée  au  99e  concours  pour  le  plus  beau 
lot  d ’Aloe  en  fleurs. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


TRANSPLANTATION  DSS  GROS  ARBRES. 


818 

TRANSPLANTATION  DES  GROS  ARBRES 


Les  avantages  offerts  par  la  transplanta- 
tion des  gros  arbres,  au  point  de  vue  de 
la  création  ou  de  rembellissement  des  jar- 
dins publics,  des  parcs,  des  avenues,  sont 
si  évidents  que  la  plupart  des  nations  l’ad- 
mettent aujourd’hui.  Cependant,  si  tous  les 
peuples  civilisés  sont  d’accord  sur  l’utilité 
du  procédé,  ils  apportent  certaines  variantes 
dans  les  méthodes  d’emploi. 

La  transplantation  donne  lieu  à diverses 
opérations  qui  sont  : l’arrachage  de  l’arbre, 
son  transport  et  sa  replantation.  En  exami- 
nant les  procédés  employés  par  la  Ville  de 
Paris,  nous  ferons  connaître  les  différences 
qui  existent  entre  eux  et  les  divers  systèmes 
adoptés  à l’étranger. 

La  première  opération,  pour  enlever  un 
gros  arbre  en  motte,  consiste  à lier  ses 
branches  si  elles  sont  basses,  puis  à faire 
une  tranchée  circulaire  creusée  de  façon  à 
laisser,  autour  des  racines,  une  motte  de 
terre  variant  de  1 mètre  àlm  50,  et  de  1 mètre 
à lm  30  de  profondeur,  suivant  la  grosseur 
de  l’arbre  et  la  force  du  chariot  qui  est  des- 
tiné à le  recevoir.  En  Amérique,  avec  un 
chariot  employé  à Brooklyn  Park,  près  de 
New-York,  on  a transporté  des  mottes  ayant 
de  12  à 14  pieds  de  diamètre,  et  pesant,  avec 
l’arbre,  de  12  à 14  tonnes.  L’habileté  du 
terrassier  consiste  à maintenir,  autant  que 
possible,  les  côtés  de  la  motte  verticaux. 
Les  grosses  racines  sont  coupées  rez  de  terre  ; 
le  chevelu  est  conservé  avec  soin.  Quand  la 
tranchée  est  arrivée  à profondeur,  on  mine 
au-dessous  de  la  motte  pour  la  dégager,  et 
l’on  glisse  deux  madriers  sous  les  racines. 
Le  contour  de  la  masse  est  alors  consolidé 
avec  des  fascines  autour  desquelles  on  fixe 
des  cordages. 

Dans  la  transplantation  des  Conifères  *, 
on  remplace  avantageusement  les  fascines 
par  des  voliges  que  l’on  glisse  entre  la 
motte  et  une  ficelle  lâche  passée  autour  du 
sommet  de  ces  dernières.  Ces  voliges  sont 
serrées  au  moyen  d’une  presse  de  tonnelier, 
puis  consolidées  par  un  cercle  de  Châtai- 
gnier ou  de  feuillard  (forte  tôle)  qui  les 
embrasse  et  est  cloué  sur  chacune  d’elles. 
On  passe  ensuite  une  ficelle  au-dessus  de 
la  base,  on  la  serre  de  la  meme  façon  que  la 
supérieure,  et,  sur  les  voliges,  on  cloue  de 
nouveau  un  cercle.  Sous  la  motte,  préala- 

1 Voir  Ed.  André,  Art  des  jardins,  p.  644. 


blement  minée  et  inclinée,  on  adapte  un 
fond  préparé  d’aA^ance,  fait  de  planches 
assemblées,  et  on  le  fixe  sur  le  voligage 
vertical  au  moyen  de  deux  agrafes  de  tôle. 

Dans  un  système  empl©yé  par  M.  F. 
Bergmann,  en  1849  *,  les  fascines  étaient 
remplacées  par  une  caisse  quadrangulaire, 
composée  de  plusieurs  pièces  de  menui- 
serie s’emboîtant  les  unes  dans  les  autres, 
et  s’ajustant  sur  la  motte,  taillée  en  pyra- 
mide quadrangulaire  renversée. 

En  Angleterre,  quand  la  terre  est  molle, 
on  ajoute  souvent  aux  madriers  passés  sous 
les  racines  un  fond  de  sapin  ; les  fascines 
sont  presque  toujours  remplacées  par  une 
toile  grossière  ; entre  les  cordes  et  la  toile, 
on  glisse  des  douves  en  bois,  analogues  à 
celles  qui  sont  employées  par  la  Ville  de 
Paris  pour  la  transplantation  des  Conifères. 

Aux  États-Unis,  dans  les  plantations  qui 
furent  pratiquées  en  1868,  au  parc  de 
Brooklyn,  on  transporta  les  arbres  avec  les 
mottes  complètement,  nues,  et  cela  n’em- 
pêcha pas  les  plantations  faites  ainsi  de 
donner  de  bons  résultats.  Il  est  vrai  que  le 
sol  argileux  était  dur  et  compact,  et  que  les 
distances  de  transport  étaient  assez  petites. 

En  Bavière,  pour  éviter  la  main-d’œuvre 
nécessitée  par  le  garnissage  des  mottes,  et 
les  frais  de  traction  occasionnés  par  les 
chariots,  on  a quelquefois  recours  à un 
expédient  assez  bizarre,  qui  est  exposé  par 
Y lllustrierte  Monastshefte  2 de  Munich  : 

Au  commencement  des  grands  froids,  on 
creuse  une  tranchée  autour  des  mottes  que 
l’on  veut  transplanter,  et  on  mine  aussi 
loin  que  l’on  peut,  au-dessous  des  racines, 
pour  rendre  à peu  près  nulle  l’adhérence  de 
l’arbre  au  sol.  On  taille  ensuite,  dans  la 
berge,  un  chemin  destiné  à faciliter  la 
sortie  de  l’arbre  du  trou;  puis  on  aban- 
donne la  motte  à l’action  du  froid,  jusqu’à 
ce  qu’elle  soit  complètement  gelée.  Gela  de- 
mande souvent  de  quatre  à six  semaines. 
On  revient  alors,  et,  plaçant  sous  la  motte 
de  fortes  poutrelles  munies  de  crochets,  on 
la  traine  avec  des  chevaux  ou  des  bœufs, 
ou  bien  on  la  fait  avancer  graduellement 
sur  des  madriers  avec  des  crics.  Des  Châ- 
taigniers transportés  par  ce  système  ont, 
paraît-il,  parfaitement  réussi.  Les  Érables, 

1 L.  c.,  p.  646. 

2 1888,  p.  87. 


TRANSPLANTATION  LES  GROS  ARBRES. 


les  Tilleuls,  les  Ormes  et  les  Conifères  aux- 
quels ce  procédé  a été  appliqué  ne  s’en  sont 
pas  montrés  incommodés. 

Une  fois  la  préparation  de  la  motte  ter- 
minée, il  faut  aviser  aux  moyens  de  la 
sortir  du  trou  et  de  la  transporter.  Voici 
comment  on  procède  à cette  opération  : on 
continue  à miner  en  dessous  des  racines  du 
côté  opposé  à celui  où  les  madriers  ont  été 
placés,  et  l’on  glisse  de  ce  côté  deux  nou- 
veaux madriers.  Ces  madriers,  ainsi  que 
ceux  déjà  placés,  sont  maintenus  par  les 
chaînes  ou  les  câbles  destinés  à soulever  la 
motte.  On  ajoute  souvent,  sous  ces  ma- 
driers, un  rang  de  fascines  destinées  à 
maintenir  la  terre  ; ces  fascines  remplacent, 
chez  nous,  le  fond  de  sapin  que  les  Anglais 
emploient  dans  le  même  but;  la  seule  diffé- 
rence qui  existe  entre  les  deux  systèmes, 
c’est  qu’en  Angleterre  on  place  le  fond  de 
sapin  entre  les  madriers  et  la  motte.  On 
doit  ainsi  obtenir  un  meilleur  résultat  que 
nous  avec  des  fascines  qui  ne  sont  pas  im- 
médiatement en  contact  avec  la  terre. 

Quand  l’arbre  est  destiné  à être  trans- 
porté au  chariot,  on  fait  reculer  celui-ci, 
soit  sur  de  forts  madriers,  soit  sur  le  sol,  si 
la  largeur  des  roues  dépasse  la  largeur  du 
trou.  Ces  chariots  ont  généralement  une  ou 
plusieurs  traverses  postérieures  mobiles  ; 
tel  est  le  chariot  adopté  par  la  Ville  de 
Paris;  tels  également  ceux  inventés  par 
M.  W.  Barron,  de  Borrowash  (Angleterre), 
ou  par  feu  M.  Mac  Nab,  d’Edimbourg. 
Quelquefois,  l’avant  et  l’arrière  se  séparent 
en  deux  parties,  comme  dans  la  machine  em- 
ployée à Brooklyn.  Dans  l’un  ou  l’autre  cas, 
les  roues  doivent  être  amenées  de  façon  à ce 
que  le  tronc  de  l’arbre  occupe  à peu  près 
le  centre  du  chariot.  Les  parties  séparées 
sont  ensuite  remises  en  place;  prenant  les 
câbles  ou  les  chaînes  passées  sous  la  base  de 
la  motte  sur  des  cylindres,  on  les  enroule 
au  moyen  de  leviers  ou  de  manivelles,  et 
l’on  soulève  doucement  la  plante. 

En  Angleterre,  on  emploie  plusieurs 
sortes  de  chariots  très-bas  et  qui  n’ont  pas 
d’appareils  destinés  à soulever  la  plante. 
Dans  ce  cas,  pour  sortir  l’arbre  du  trou,  on 
crée  dans  la  berge  une  banquette  suffisante 
pour  recevoir  la  motte  ; on  attache  les 
cordes  passées  sous  la  base  à deux  forts  le- 
viers qui  forment  une  sorte  de  brancard  au- 
dessus  de  la  motte.  Celle-ci,  suivant  sa 
grosseur,  est  hissée,  d’abord  sur  la  ban- 
quette, par  deux,  quatre  ou  six  hommes, 
puis  de  là  sur  la  berge.  Là,  cette  motte  est 
chargée  à plat  sur  un  chariot  bas,  ou  bien, 


319 

si  l’endroit  où  doit  avoir  lieu  la  replantation 
n’est  pas  éloigné,  elle  est  portée  au  moyen  du 
brancard  avec  lequel  on  l’a  sortie.  Quand  la 
motte  est  trop  lourde  pour  que  ce  système 
puisse  être  employé  avec  succès,  on  crée  un 
chemin  dans  la  berge  et  l’on  amène  le 
chariot  jusqu’à  la  motte.  On  la  charge 
au  moyen  de  rouleaux  et  de  leviers,  ce  qui 
est  relativement  facile,  la  hauteur  de  ces 
chariots  ne  dépassant  pas  50  centimètres. 

Bien  qu’il  y en  ait  une  grande  variété, 
comme  force  et  grandeur,  leur  forme  est 
presque  toujours  la  même.  Bs  se  composent 
tous  d’une  forte  charpente  en  bois  ou  en  fer 
reposant  sur  des  roues  très-basses  soigneu- 
sement ferrées.  Quelques-uns  même,  comme 
ceux  que  les  Anglais  nomment  « Frame- 
rollers  »,  ont  des  roues  formées  par  des 
cylindres  en  bois  cerclés  de  fer  et  traversés 
par  des  essieux  en  fer. 

Parmi  les  chariots  économiques  et  de 
faibles  dimensions,  la  Revue  horticole  a 
décrit  et  figuré  un  ingénieux  appareil  de 
ce  genre  imaginé  par  M.  Marcel  L Ces  cha- 
riots bas  sont  très-employés  quand  on  peut 
rouler  les  arbres  verticalement  sur  des  ma- 
driers ; ils  ne  seraient  donc  pas  bons  pour 
de  longs  trajets.  Bs  ne  présentent  pas  égale- 
ment les  avantages  des  chariots  de  la  Ville 
de  Paris,  de  M.  Mac  Nab  et  de  ceux  du  parc 
de  Brooklyn,  au  point  de  vue  de  la  facilité  de 
déchargement  de  la  plante  dans  le  trou  qui 
lui  a été  préparé.  Avec  les  chariots  bas,  en 
effet,  pour  peu  que  l’arbre  soit  un  peu 
lourd,  on  est  obligé  de  créer  un  chemin 
d’accès  pour  la  décharge,  comme  il  en  a 
été  préparé  un  pour  la  charge;  tandis 
qu’avec  les  trois  chariots  précités,  on  n’a 
qu’à  amener  le  chariot  au-dessus  du  trou 
destiné  à la  replantation  et  à laisser  douce- 
ment reposer,  en  desserrant,  les  câbles,  la 
motte  à la  place  qu’elle  doit  occuper. 

Pour  dégager  la  motte  des  madriers 
qu’elle  porte  en  dessous,  on  peut  la  laisser 
reposer  sur  une  grosse  pierre  ou  sur  un 
petit  monticule  de  terre  qu’on  fait  dispa- 
raître ensuite.  Cette  opération  terminée,  il 
ne  reste  plus  qu’à  enlever  les  fascines,  à re- 
mettre les  racines  en  place,  à remplir  le 
trou  de  terre  meuble  et  à arroser. 

Tels  sont  les  procédés  principaux  usités 
pour  la  transplantation  des  gros  arbres  à 
notre  époque.  Ceux  employés  dans  les  temps 
anciens  ont  aussi  leur  intérêt  et  seront 
l’objet  d’une  étude  ultérieure. 

Ed.  André. 

1 Voir  Revue  Horticole,  1884,  p.  66. 


320 


STYRAX  JAPONICUM. 


STYRAX  JAPONICUM 


Bien  que  très-méritant  et  introduit  en 
France  depuis  un  certain  nombre  d’années, 
le  Styrax  japonicum  (fig.  67),  Siebold  et 
Zuccarini,  est  encore  très-rare  dans  les  cul- 
tures. En  voici  une  description  : 

Arbuste  buissonneux,  pouvant  atteindre  de 
2 à 4 mètres  de  hauteur.  Branches  courtes, 
très-ramifiées,  à ramifications  ténues.  Feuil- 
les caduques,  alternes,  entières  ou  très-lé- 
gèrement dentées, 
ovales -elliptiques, 
longuement  acumi- 
nées  au  sommet  et 
comme  cuspidées, 
minces  , glabres , 
luisantes.  Écorce 
furfuracée  , gris- 
roux,  parfois  un  peu 
brunâtre.  Fleurs 
nombreuses,  fine- 
ment et  agréable- 
ment odorantes, 
pendantes,  sur  un 
long  pédoncule  très 
ténu.  Boutons  légè- 
rement ovales,  très- 
ornementaux,  mê- 
me pendant  long- 
temps , rappelant 
un  peu  ceux  des 
fleurs  d’Oranger, 
s’épanouissant  en 
mai -juin.  Fruits 
nombreux,  ovoïdes,  • 
d’un  vert  glauces- 
cent,  longs  d’envi- 
ron 15  millimètres 
sur  une  largeur  un 
peu  moindre,  en- 
tourés d’une  pelli- 
cule mince,  de  na- 
ture coriace,  sèche, 
non  déhiscente. 

Galyce  à divisions 
fortement  appliquées.  Graine  unique,  osseuse, 
ovoïde,  roux  brunâtre.  Fruits  mûrissant  en 
septembre-octobre. 

Voici  ce  qu’en  disent  Siebold  et  Zucca- 
rini  dans  leur  Flora  japonica , p.  58  : 

Le  Styrax  japonicum  porte  au  Japon  le  nom 
de  Tsisjano-ki , en  Chine,  celui  de  Sei-ton - 
Kwa.  C’est  un  des  plus  beaux  arbrisseaux  du 
Japon,  qui  se  trouve  fréquemment  sauvage 
dans  les  contrées  méridionales  de  ce  pays,  où  il 
prospère,  surtout  sur  les  collines,  dans  des 
broussailles  et  au  bord  des  bois,  à une  éléva- 
tion de  3 à 1,200  pieds  au-dessus  du  niveau  de 
la  mer.  Il  y atteint  à peu  près  4 à 6 pieds  de 


hauteur,  fleurit  en  mai  et  ses  fruits  mûrissent 
en  automne.  C’est  pour  ses  fleurs  blanches, 
abondantes,  odoriférantes,  qu’on  le  plante  or- 
dinairement dans  les  bois  qui  entourent  les 
temples  et  dans  les  jardins  de  plaisance,  où  il 
devient  alors  beaucoup  plus  haut  et  plus  vigou- 
reux qu’à  l’état  sauvage. 

Le  bois  de  cet  arbrisseau,  dur  et  blanc 
comme  il  est,  sert  à faire  des  sortes  de  sculp- 
tures. Sur  les  jeunes  branches  se  développe 
souvent  une  espèce 
de  Noix  de  Galle. 

Culture  et  mul- 
tiplication. — Le 
Styrax  japoni- 
cum redoute  les 
terrains  calcaires, 
dans  lesquels 
même,  lorsqu’il 
pousse,  il  est  tou- 
jours chétif  et 
jaune.  A défaut  de 
terre  de  bruyère, 
il  s’accommode  de 
terre  franche  sili- 
ceuse, plutôt  fraî- 
che que  sèche  ; 
les  sols  humides 
mêmes  ne  lui  dé- 
plaisent pas,  lors- 
qu’ils sont  sains 
et  drainés  et  que 
l’humidité  n’est 
pas  stagnante.  Si 
l’on  manque  de 
graines,  on  le 
multiplie  par  bou- 
tures, que  l’on  fait 
à l’aide  de  jeu- 
nes pousses  semi- 
aoûtées  et  qu’on 
place  sous  cloche  à froid , si  elles  ont  été 
coupées  à V air,  dans  la  serre  à multipli- 
cation si,  au  contraire,  elles  ont  poussé  en 
serre.  Quant  aux  graines,  elles  doivent  être 
semées,  aussitôt  qu’elles  sont  mûres,  en 
terre  de  bruyère  que  l’on  tient  constam- 
ment et  légèrement  humide.  Les  jeunes 
plants  sont  repiqués  en  terre  de  bruyère  et 
soignés  à peu  près  comme  on  le  fait  pour 
ceux  des  Azalées  de  plein  air. 

On  peut  se  procurer  le  Styrax  japoni- 
cum chez  MM.  Thibaut  et  Keteleer,  horti- 
culteurs à Sceaux. 

E.-A.  Carrière. 


Fig.  67.  — Styrax  japonicum. 
Rameau  fructifère. 


LE  FIGUIER  EN  MÉSOPOTAMIE. 


321 


LE  FIGUIER  EN  MÉSOPOTAMIE 


Le  Figuier  abonde  en  Orient,  grâce  à 
sa  culture  facile  et  à cause  de  ses  fruits, 
qui,  pendant  une  époque  de  l’année, 
nourrissent  une  grande  partie  de  la  popu- 
lation. Il  est  vénéré  par  les  musulmans 
avec  l’Olivier,  et  il  est  cité  dans  le  Coran 
comme  un  des  principaux  arbres  du  paradis 
islamique.  L’arbre  et  le  fruit  s’appellent 
en  arabe  tinn,  nom  qui  leur  vient  de  l’hé- 
breu ancien  teenah,  qui  désigne  la  Figue 
dans  l’Ancien-Testament.  Il  paraît  que  cet 
arbre  fut  introduit  de  la  Grèce  ou  de  la 
Palestine  en  Mésopotamie,  puisque  d’Hé- 
rodote et  de  Xénophon,  qui  visitèrent 
cette  contrée,  le  premier  dit  qu’il  n’exis- 
tait pas  et  le  second  ne  le  mentionne  nulle 
part.  Les  rois  de  Perse,  du  reste,  es- 
timaient et  recherchaient  beaucoup  les 
Figues  grecques,  au  dire  d’ Athénée,  ce 
qui  prouve  la  rareté  de  ce  fruit  dans  leur 
vaste  royaume. 

Cet  arbre,  cependant,  devait  exister  en 
Syrie  et  en  Palestine,  depuis  les  temps  les 
plus  reculés,  ainsi  que  l’attestent  les  cita- 
tions et  les  paraboles  de  la  Bible  ; et  nous 
pensons  que  les  Figues  des  bords  de  la 
Syrie,  de  l’Asie-Mineure,  des  Iles  de  l’Ar- 
chipel et  de  tout  le  littoral  méditerranéen 
fournissaient  un  article  très-important  au 
commerce  d’alors,  comme  cela  a lieu  encore 
de  nos  jours. 

En  Mésopotamie,  quoique  le  Figuier  soit 
cultivé  partout  où  il  y a des  irrigations,  il  ne 
suffit  pourtant  qu’à  la  consommation  locale 
et  se  réduit  à peu  de  variétés;  ce  qui 
prouve  que  les  pays  décrits  par  Pline,  qui 
désigne  vingt-neuf  variétés  de  Figues, 
étaient  plus  favorisés  que  la  Mésopotamie. 
Voici  une  description  sommaire  des  six 
variétés  que  l’on  distingue  dans  le  pays  : 

1.  Fahâl  (mâle).  — Arbre  dont  les  Figues 
paraissent  en  même  temps  que  les  feuilles  et 
qui  ne  porte  que  des  Figues-Fleurs.  Ce  sont 
les  Erineos  de  Théophraste,  lesquels,  de  son 
temps,  étaient  employés  pour  la  fécondation 
des  autres  variétés.  De  nos  jours,  dans  plu- 
sieurs pays  orientaux,  on  les  suspend  sur  les 
branches  des  Figuiers,  pour  assurer  ainsi  une 
récolte  abondante  de  fruits.  En  Mésopotamie, 
cet  arbre  n’est  guère  cultivé  que  pour  sa  pré- 
cocité , car,  dans  certaines  conditions,  il  retient 
le  quart  de  ses  fruits,  qui,  toutefois,  ne  sont 
pas  de  bonne  qualité.  On  donne  à ces  fruits  le 
nom  de  lâche. 

2.  Abiadh  (blanc).  — L’arbre  atteint  de  5 à 


6 mètres;  c’est  une  variété  quelquefois  bifère 
à fruit  moyen,  rond,  blanc,  à chair  jaunâtre. 
Mûrit  en  juillet-août.  Rassemble  à la  Figue 
blanche  d’Argenteuil.  Sous-variété  : Veziri  (de 
Vizir),  deux  fois  plus  grosse  et  plus  mielleuse; 
la  plus  estimée  de  toutes  les  Figues  dans  la 
contrée. 

3.  Hamri  (violet).  — Variété  médiocre; 
fruit  moyen,  à chair  rouge  sang,  mûrissant  en 
juillet-août  : la  plus  hâtive  des  Figues  colorées. 
La  moitié  de  ses  fruits  tombent  avant  leur  ma- 
turité. Ces  figues  sont  appelées  Tinn  hava 
(Figues  de  Vent,  Figues-Fleurs). 

4.  Adjemi  (de  Perse).  — Sous -variété  de  la 
précédente,  mais  à fruit  parfois  rayé  et  un  peu 
supérieur  en  goût. 

5.  Eswed  (noir).  — Arbre  bifère,  plus  élevé 
et  plus  fort  que  le  précédent;  fruit  de  grosseur 
moyenne,  de  couleur  noir  bleuâtre  extérieu- 
rement, rose  en  dedans.  Mûrit  ses  fruits  en 
août.  Se  rapproche  de  la  Bourjassotte  de 
France. 

6.  Bouhrouzi  (de  Bouhrouz).  — Le  plus 
beau  des  Figuiers  du  pays.  Arbre  très-haut, 
très-large,  très-fort.  Donne  quatre  fois  par  an 
des  fruits  ; la  première  en  juin-juillet,  la  se- 
conde en  août-septembre,  la  troisième  en 
octobre  et  la  quatrième  en  novembre  jusqu’en 
plein  hiver.  On  peut  dire  qu’il  est  d’une  fructi- 
fication perpétuelle.  C’est  surtout  la  dernière 
récolte  qui  donne  les  plus  grosses  et  les  meil- 
leures Figues.  Fruit  très-gros,  sphérique,  d’un 
noir  bleu  foncé,  délicieux  à manger. 

Le  Figuier  est  d’une  culture  facile  dans 
tous  les  districts  de  la  Mésopotamie.  A 
Bagdad  et  ses  environs,  il  est  cultivé  dans 
les  jardins  irrigués  par  les  fleuves,  et,  aus- 
sitôt planté,  on  lui  donne  la  forme  de  fais- 
ceau ; de  même  tout  le  long  du  Chott-el- 
Arab  jusqu’à  Bassorah.  Au  Kurdistan, 
pays  montagneux,  il  doit  aussi  abonder, 
puisque  sur  les  marchés  de  Kerkouk  et  de 
Souleymanié,  les  Figues  fraîches  se  vendent 
à un  sou  le  kilo.  Il  exige  des  arrosements 
copieux  et  fréquents,  ce  qui  prouve  la  véra- 
cité du  proverbe  : le  Figuier  veut  avoir  le 
pied  dans  l’eau  et  la  tête  au  soleil;  autre- 
ment, sa  végétation  s’arrête,  ses  feuilles 
sèchent  et  ses  fruits  tombent  avant  de 
mûrir.  Après  la  cueillette  des  fruits,  on  le 
taille  et  on  enlève  une  partie  de  ses  branches 
pour  lui  donner  plus  de  vigueur.  On  lui 
administre  des  fumures  et  des  engrais  et  on 
entoure  ses  racines  de  cendres  de  lessive, 
qui  sont  très-nutritives  et  le  tiennent 
constamment  humide.  Cet  engrais  est  em- 


322 


LE  PUCERON  LANIGÈRE. 


ployé  dans  la  plupart  des  pays  orientaux  où 
le  Figuier  réussit  le  mieux. 

Les  Figues,  en  Mésopotamie,  se  vendent 
fraîches  sur  place.  On  ne  les  dessèche  pas 
comme  en  Asie-Mineure  et  en  Grèce.  Mais 
ce  mode  de  conservation  et  de  transport  est 
employé  dans  les  pays  méridionaux  de  la 
Perse  d’où  l’on  exporte  une  grande  quantité 


de  Figues  desséchées  et  passées  dans  un 
jonc  arrondi  en  cercle. 

On  multiplie  facilement  le  Figuier  de  re- 
jetons et  de  boutures.  Le  marcottage  est 
inconnu  dans  ce  pays,  et,  quant  à la  greffe, 
elle  n’est  pas  usitée,  les  boutures  fructifiant 
la  seconde  année,  de  leur  plantation. 

G. -G.  Métaxas, 

Directeur  du  domaine  de  Belledirouz,  à Bagdad. 


LE  PUCERON  LANIGÈRE 


Avant  de  résumer  l’histoire  de  l’un  des 
plus  dangereux  ennemis  du  Pommier,  le  pu- 
ceron lanigère,  nous  ne  croyons  pas  inutile 
de  tracer  largement  les  caractères  des  puce- 
rons. 

On  enveloppe  sous  le  nom  général  de  pu- 
cerons ou  aphidiens  un  groupe  d’insectes 
hémiptères  ou  rhynchotes  du  sous-ordre 
des  Phytophthires. 

Les  pucerons  sont  des  insectes  de  taille 
toujours  petite,  souvent  minuscule  : leur 
corps  mou,  à abdomen  comme  vésiculeux 
et  soufflé,  se  montre  avec  ses  segments 
boursouflés  comme  quelque  saucisson  ficelé 
trop  serré.  L’aspect  général  du  corps  de  ces 
bestioles  nous  représente  quelque  chose  de 
malsain  et  de  pustuleux.  La  facilité  avec 
laquelle  ils  s’écrasent  entre  les  doigts  en  les 
tachant  de  rouge  ou  de  vert  indique  la 
mollesse  extrême  de  leurs  téguments. 
Groupés  en  familles  innombrables  sur  les 
tiges  des  plantes  qu’ils  épuisent  par  leurs  pi- 
qûres, ils  forment  à la  surface  de  l’écorce  des 
taches  qui  semblent  formées  par  des  mousses 
ou  des  lichens.  La  plupart  de  ces  êtres 
exsudent  des  miellats  sucrés  dont  les  'four- 
mis se  montrent  avides,  et  il  est  curieux  de 
voir  celles-ci  occupées  attentivement  à lécher 
le  suc  suintant  de  tubercules  situés  à l’ex- 
trémité du  corps  de  ces  pucerons,  dont  le 
ventre  tronqué  carrément  en  arrière  semble 
quelque  fontaine  ambulante  terminée  par 
deux  robinets  verticaux. 

L’existence  de  ces  êtres  nuisibles  est  d’ail- 
leurs loin  d’être  dépourvue  de  soucis  : les 
fourmis  les  entraînent  dans  leurs  fourmi- 
lières, où  elles  les  enferment  dans  des  étables 
souterraines;  les  coccinelles  ou  bêtes  à bon 
Dieu  vivent  de  pucerons  aussi  bien  à l’état 
de  larve  qu’à  celui  d’insecte  parfait;  les 
larves  de  mouches  du  genre  Syrphe  rampent 
comme  des  sangsues  diaphanes  parmi  ce 
peuple  et  dévorent  les  aphidiens  par  cen- 
taines. Ce  sont  encore  les  larves  des  héme- 
robes  dont  le  corps  en  forme  de  bourse  se 


termine  par  des  mandibules  recourbées  hap- 
pant les  hémiptères  misérables  et  inermes, 
dont  elles  sucent  les  liquides  nourriciers  et 
rejettent  sur  leurs  dos  les  dépouilles,  se  fai- 
sant encore  un  vêtement  des  tristes  restes 
des  phytophthires  vidés.  Ainsi  les  sauvages 
indiens  ou  les  Dayaks  de  Bornéo  s’ornent 
des  chevelures  de  leurs  ennemis  tués. 

De  petits  ichneumons  font  aussi  la  guerre 
aux  aphidiens;  ils  appartiennent  notam- 
ment au  genre  Aphidius,  et  leurs  larves 
se  développent  dans  le  corps  des  puce- 
rons. 

Une  des  particularités  les  plus  remar- 
quables que  présente  la  vie  des  pucerons 
est  cette  série  de  phénomènes  que  l’on 
observe  dans  leur  reproduction. 

En  automne  apparaît  le  plus  souvent  une 
génération  de  femelles  ailées,  ou  aptères, 
c’est-à-dire  non  ailées,  en  même  temps  que 
des  mâles  ailés  ; ces  femelles  après  accouple- 
ment pondent  des  œufs  fécondés.  Mais  il 
existe  aussi  des  générations  vivipares,  géné- 
ralement ailées,  apparaissant  au  printemps 
et  en  été,  et  dont  les  femelles  vierges  pro- 
duisent de  petits  pucerons  sans  avoir  été 
fécondées.  C’est  ainsi  que  Bonnet  avait  pu, 
au  siècle  dernier,  observer  neuf  générations 
successives  d’aphidiens  vivipares  issues  sans 
interruption  les  unes  des  autres1. 

Les  générations  des  pucerons  ovipares  et 
vivipares  alternent  ordinairement  d’une 
façon  régulière.  Il  existe  des  œufs  d’hiver, 
c’est-à-dire  des  œufs  pondus  en  automne  et 
qui,  après  un  hivernage,  éclosent  au  prin- 
temps, donnant  le  jour  à des  pucerons  vivi- 
pares produisant  des  formes  également  vivi- 
pares qui  se  reproduisent  ainsi  pendant 
toute  la  belle  saison.  C’est  seulement  à 
l’automne  qu’apparaissent  des  mâles  et  des 
femelles  ovipares  qui  s’accouplent.  Il  est 
cependant  des  femelles  vivipares  qui  passent 
l’hiver  et  qui  sembleraient  produire  au 

1 Claus,  Traité  de  Zoologie,  Paris,  1883. 


LE  PUCERON  LANIGÈRE. 


323 


printemps  des  individus  sexués,  mais  sans 
ailes  ni  trompe. 

Ainsi  peut  être  ramené  à sa  formule  la 
plus  simple  le  cycle  de  développement  de  la 
plupart  des  pucerons. 

I 

C*est  un  travers  de  l’esprit  humain  de 
toujours  chercher  chez  les  autres  l’origine 
de  ses  malheurs  ou  de  ses  fautes.  Il  y a déjà 
longtemps  que  c’est  la  mode  d’accuser  l’Amé- 
rique de  nous  avoir  dotés  de  beaucoup  des 
fléaux  dont  nous  souffrons.  On  lui  reproche 
de  nous  avoir  fait  le  funeste  cadeau  du  phyl- 
loxéra ; et  voici  que  bien  des  savants  sou- 
tiennent que  le  puceron  lanigère  nous  vient 
du  Canada. 

Dans  un  travail  récent,  fait  avec  le  soin 
scrupuleux  qu’apportent  les  Suisses  en  leurs 
publications  4,  MM.  Mühlberg,  professeur 
à Aarau,  et  Kraft,  horticulteur  à Schaf- 
fhouse,  ont  donné,  sur  le  puceron  lanigère, 
les  renseignements  les  plus  complets.  Parti- 
san de  l’origine  américaine  du  puceron, 
M.  Mühlberg  nous  montre  le  funeste  insecte 
introduit  en  Europe,  à la  fin  du  siècle  der- 
nier, « à l’insu  et  sans  la  volonté  de 
l’homme,  mais  cependant  en  suite  de  l’im- 
portation intentionnelle  d’arbres  fruitiers 
étrangers  ».  On  savait  déjà  qu’au  début  de 
notre  siècle  il  avait  apparu  en  Angleterre  ; 
en  1810  on  le  signale  à Jersey,  en  1814  il 
existe  en  Normandie  et  en  Bretagne  ; on  en 
parle  aussi  èn  Belgique,  et  en  1820  il  appa- 
raît dans  les  environs  de  Paris.  Il  continua 
à se  répandre  ainsi  du  nord  au  sud  et  vers 
l’est.  De  l’Allemagne  du  Nord  il  passa  dans 
le  reste  de  la  terre  germanique.  Son  appa- 
rition en  Suisse  est  toute  récente.  Certains 
auteurs  avancent  qu’on  le  connaît  en  cette 
région  depuis  une  dizaine  d’années  ; d’après 
M.  Kraft,  le  fléau  n’aurait  commencé  à 
sévir  d’une  manière  certaine  qu’en  1880. 
M.  Mühlberg  nous  apprend  encore  que  le 
puceron  lanigère  a fait  plus  récemment 
invasion  en  d’autres  pays  ; c’est  ainsi  que 
des  greffes  de  Pommier  de  France  ont 
répandu  le  dangereux  insecte  en  Crimée,  où 
il  fait  de  grands  dégâts.  La  facilité,  mainte- 
nant exagérée  et  dépourvue  de  tout  contrôle, 
de  communications  entre  divers  pays,  nous 
fait  craindre  que,  dans  un  avenir  plus  ou 
moins  rapproché,  tous  les  pays  à Pommiers 
ne  soient  infestés  du  pernicieux  puceron. 

1 Le  puceron  lanigère,  sa  nature,  les  moyens 
de  le  découvrir  et  de  le  combattre,  par  Mühlberg 
et  Kraft.  Paris,  1885  Librairie  agricole  de  la  Mai- 
son rustique ; prix  : 2 fr. 


II 

Par  son  aspect  général,  par  sa  petite 
taille,  le  puceron  lanigère  peut  se  confondre 
facilement  avec  bien  d’autres  pucerons  ou 
avec  des  mites  de  la  division  des  acariens 
présentant  également  un  duvet  cotonneux 
blanchâtre.  Ainsi  se  présente  un  puceron 
du  Pommier  ( Lecanium  mali ),  qui  cepen- 
dant est  plus  grand  et  moins  saupoudré  de 
blanc,  etc.  Il  convient  donc  de  donner  les 
caractères  nets  et  précis  du  puceron  lani- 
gère dans  une  complète  et  succincte  des- 
cription. La  planche  ci-contre,  bien  exécutée 
par  M.  Clément,  d’après  les  meilleurs  ou- 
vrages ou  d’après  nature,  nous  aidera  dans 
cette  partie  du  travail. 

Sous  le  nom  de  Schizoneura  (du  grec 
skizos,  fendu,  et  neuron,  nerf  ou  nervure), 
Hartig  a différencié  un  genre  de  pucerons 
que  Blot  a nommé  Mizoxylus  (du  grec  mi- 
sos , ennemi,  et  xulon,  bois),  et  que  d’autres 
auteurs  ont  désigné  sous  le  nom  d ’Erio- 
soma  (du  grec  erion,  laine,  et  soma,  corps). 

Les  pucerons  du  genre  Schizoneura  sont 
représentés  par  plusieurs  espèces,  ainsi  le 
Schizoneura  lanuginosa  qui  vit  sur  les 
Ormes.  Les  caractères  du  genre  sont  : 
Antennes  à sept  ou  six  articles;  ailes  à 
nervure  costale  partant  du  milieu  du 
stigmate  ou  point  épais  de  V aile,  nervure 
sous-costale  bifide ; abdomen  sans  corni- 
cules. 

Nous  savons  qu’il  existe  chez  les  puce- 
rons diverses  formes  dans  une  même 
espèce  ; examinons  donc  les  divers  indi- 
vidus du  puceron  lanigère  ( Schizoneura 
lanigera,  Hausman,  ou  Eriosoma  pyri , 
Fitch). 

Pour  cette  étude  nous  prendrons,  en 
l’abrégeant  toutefois,  l’excellente  descrip- 
tion de  M.  Mühlberg. 

La  forme  aptère  et  asexuée,  celle  que 
l’on  trouvé  pendant  toute  l’année  sur  les 
diverses  parties  des  Pommiers,  excepté  sur 
les  feuilles,  atteint  une  longueur  maximum 
de  2 millimètres  1/4  à 2 millimètres  1/2, 
sur  une  largeur  de  1 millimètre  1/2  (fig.  1, 
2,  3,  4 et  6 de  la  pl.  col.).  Pendant  l’hiver, 
elle  est  recouverte  d’un  duvet  d’un  blanc 
bleuâtre  dont  les  touffes  augmentent  de 
beaucoup  sa  taille.  Lorsque  le  duvet  manque, 
l’insecte  est  d’un  brun  foncé  variant  ou  jau- 
nâtre; plus  les  pucerons  sont  jeunes,  plus 
ils  sont  de  couleur  claire.  Quand  on  les 
écrase,  ils  teignent  les  doigts  en  rouge  va- 
riant du  brun  gris  au  rouge  carmin. 

D’aspect  piriforme,  le  corps  se  divise  en 


324 


LE  PUCERON  LANIGÈRE. 


treize  anneaux  plus  ou  moins  distincts,  sui- 
vant que  le  corps  est  ou  non  gonflé  par  les 
œufs.  La  tête  forme  le  premier  de  ces  an- 
neaux ; elle  est  munie  en  avant  de  deux 
antennes  courtes  et  à cinq  articles  chez  les 
jeunes,  à six  chez  les  adultes.  Le  dernier 
article  des  antennes  (fig.  10  de  la  pl.  col.) 
est  atténué  à l’extrémité  et  muni  de  poils. 
Les  yeux,  situés  derrière  les  antennes, 
sont  noirs  ou  rouges,  suivant  l’âge  ; ils  se 
composent  chacun 
de  trois  facettes 
bombées.  Les  pièces 
de  la  bouche  sont 
construites  pour  la 
succion.  Sans  entrer 
dans  la  description 
détaillée  des  organes 
qui  la  constituent, 
disons  qu’elle  se 
compose  essentielle- 
ment de  suçoirs 
situés  dans  le  sillon 
d’une  autre  pièce,  le 
rostre , qui  semble 
se  raccourcir  à me- 
sure que  les  puce- 
rons deviennent  plus 
vieux.  Le  dernier 
article  est  muni, 
surtout  chez  les  jeu- 
nes, de  poils  courts, 
rigides  et  divergents. 

« Gela  prouve,  dit 
M.  Mühlberg,  que  le 
rostre  ne  peut  pas, 
comme  le  prétendent 
certains  auteurs , 
servir  à pénétrer 
dans  l’écorce  en 
même  temps  que  les 
suçoirs.  Cette  pro- 
priété appartient  ex- 
clusivement à ces  derniers  organes,  qui, 
pendant  la  perforation  et  la  succion,  sont 
placés  dans  le  sillon  du  rostre,  dont  les  bords 


libres  se  referment  alors  sur  eux,  évidem- 
ment pour  qu’ils  se  tiennent  plus  fermes  et 
ne  puissent  pas  s’écarter.  En  outre,  ils  sont 
comprimés  dans  le  sillon,  à leur  base,  par  la 
pointe  du  labre,  qui  s’y  appuie  fermement 
(fig.  68).  L’extrémité  du  rostre  se  trouve 
alors,  grâce  à une  articulation,  tournée  du 
côté  de  la  plante  nourricière  afin  de  donner 
aux  suçoirs  une  position  convenable.  Ceux- 
ci,  réunis  à leur  sommet  en  un  tube  droit 
et  pointu,  font  une 
saillie  assez  pronon- 
cée, chez  les  vieux 
insectes,  de  toute  la 
longueur  du  rostre, 
toutefois  jamais  de 
plus  d’un  millimètre. 
Lorsque  l’insecte  est 
occupé  à sucer,  c’est 
seulement  ce  stylet 
qui  pénètre  dans 
l’écorce  de  la  plante 
nourricière  (fig.  69). 
Ce  fait  est  très-im- 
portant, car  il  dé- 
montre que  les  ani- 
maux ne  peuvent 
arriver  qu’à  travers 
une  écorce  très- 
mince  jusqu’à  la 
couche  où  se  trouve 
la  sève,  et  s’y  établir 
à demeure.  » 

Les  trois  anneaux 
suivants  forment  le 
thorax  : le  premier 
est  le  prothorax,  le 
second  le  mésotho- 
rax, le  troisième  le 
métathorax.  Chacun 
porte  une  paire  de 
pattes  dont  la  fig.  7 
de  la  planche  colo- 
riée montre  la  structure. 

L’abdomen  est  composé  par  les  neuf  au- 
tres anneaux.  Au  sixième  existe,  de  chaque 


Fig.  G9.  — Tête  et  rostre 
vus  de  face,  grossis 
trente  fois.  — Les  sty- 
lets pénètrent  dans 
l’écorce  de  la  plante 
nourricière. 


Fig.  68.  — Puceron  la- 
nigère. Tète  et  rostre 
vus  de  côté,  avec  les 
stylets  sortis  du  rostre 
ouvert. 


Fig.  70.  — Coupe  transversale  d’un  insecte  à duvet 
montrant  la  disposition  des  touffes. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  COLORIÉE 


1.  Jeune  insecte  asexué  vu  par  la  face  ventrale,  grossi 

10  fois. 

2.  Insecte  à duvet  avec  une  gouttelette  miellée,  grossi 

18  fois. 

3.  Insecte  adultç  asexué  vu  par  la  face  dorsale,  grossi 

10  fois. 

4.  Insecte  adulte  asexué  commençant  à produise  son 

duvet,  grossi  18  fois. 

5.  Ramuscule  de  Pommier  attaqué. 

6.  Insecte  adulte  asexué  vu  de  côté,  ayant  dans  son 

corps  des  petits  visibles  par  transparence  au  mo- 
ment de  la  ponte  ; un  des  petits  sort. 

7.  Patte  postérieure  gauche. 


8.  Insecte  sexué  mâle,  très-grossi. 

9.  Insecte  sexué  femelle,  très-grossi,  avec  œuf  unique. 

10.  Antenne. 

11.  Nymphe  avec  les  étuis  des  ailes. 

12.  Insecte  ailé. 

13.  Insecte  asexué,  de  forme  large  et  aplatie,  vu  par  des- 

sous. 

N.  B.  — Les  insectes  au  trait,  au-dessous  ou  au-dessus 
des  insectes  en  couleur,  représentent  la  grandeur  natu- 
relle. — Une  erreur  a été  commise  par  l’imprimeur  dans 
le  nom  du  dessinateur  de  la  planche  coloriée,  il  faut 
y substituer  le  nom  de  M.  Clément,  l’artiste  bien  connu 
et  si  apprécié  des  entomologistes. 


Revue  Horticoles . 


Chrorruoüuh/.  (r.Seoereuns . 


Lrodara,  oua. 


Le  puceron  lama  ère . 


LE  PUCERON  LANIGÈRE. 


325 


côté,  en  dessus,  un  mamelon  obtus  muni 
d’une  ouverture  par  laquelle  exsudent  des 
gouttelettes  d’un  liquide  mielleux.  Ces  ma- 
melons correspondent  aux  cornicules  des 
autres  pucerons. 

Les  jeunes  individus  sont  couverts  de 
poils  qui,  chez  les  adultes,  se  localisent  sur 
la  tête  et  l’extrémité  du  corps.  Des  glandes 
existent  sur  le  dos  et  les  flancs  ; ce  sont 
elles  qui  exsudent  ces  houppes  cireuses 
donnant  au  puceron  lanigère  son  aspect 
cotonneux.  La  fig.  70  est  la  coupe  transver- 
sale d’un  insecte  grossi,  montrant  la  dis- 
position de  ces  houppes  sur  un  segment.  Les 
espaces  du  dos  entre  ces  houppes  sont  pou- 
drés de  blanc. 

L’utilité  de  ce  duvet  cireux  est  grande 
pour  ces  pucerons;  grâce  à ce  revêtement 
dont  les  fils  s’enchevêtrent  pour  former  un 
tissu  feutré  ; ils  sont  protégés  contre  la  pluie 
et  ne  peuvent  être  pénétrés  par  l’eau.  Aussi 
ce  duvet  se  développe-t-il  plus  abondam- 
ment quand  on  humecte  les  colonies  de 
pucerons,  et,  toujours  d’après  Mühlbergj 
il  protège  les  funestes  insectes  contre  le  bec 
des  oiseaux  insectivores;  il  est  vrai  qu’il 
permet  à l’homme  de  les  découvrir  de  loin. 

Les  jeunes  individus  sont  beaucoup  plus 
agiles  que  les  vieux.  Tandis  que  ces  der- 
niers restent  fixés  sur  la  branche  nourri- 
cière, autour  des  plaies  et  des  gerçures  de 
l’écorce  où  ils  s’accumulent,  grimpant  les 
uns  sur  les  autres  de  telle  sorte  que  les  plus 
haut  perchés  dardent  leur  suçoir  à travers 
la  foule  jusqu’à  l’écorce,  les  jeunes  circulent 
avec  plus  ou  moins  d’agilité  et  vont  pro- 
pager au  loin  le  fléau. 

Nous  ne  nous  appesantirons  pas  sur  les 
mues.  On  sait  que  les  larves  d’insectes 
changent  de  peau,  à des  époques  pério- 
diques, au  fur  et  à mesure  de  leur  grossis- 
sement. Le  puceron  lanigère  présente  quatre 
mues,  et  les  peaux  desséchées  restent  dans 
les  colonies. 

Tous  ces  pucerons  aptères  et  asexués  re- 
produisent leur  espèce  sans  fécondation, 
et  les  jeunes,  ainsi  produits,  pondent  à leur 
tour,  au  bout  de  quinze  jours,  des  petits. 
Et  cette  série  de  générations  se  succède 
ainsi  de  huit  à douze  fois  dans  le  courant 
d’un  été. 

« Admettons,  dit  M.  Mühlberg,  qu’au 
printemps  un  insecte  portant  (fécond)  soit 
arrivé  à un  endroit  favorable  et  ait  pu  se 
propager  sans  encombre,  ainsi  que  sa  pro- 
géniture, et  former  huit  générations  de 
trente  petits  chacune,  on  aurait  ainsi,  à la 
fin  de  l’été,  une  colonie  de  656  milliards 


d’individus.  Pour  indiquer  en  quelle  masse 
ces  insectes  se  rencontrent  à côté  et  au-dessus 
les  uns  des  autres  (au-dessous  des  individus 
adultes,  les  jeunes  fourmillent  littéralement), 
il  me  suffira  de  dire  que  j’ai  retiré,  dès  le 
milieu  d’avril,  d’une  plaie  d’un  demi-centi- 
mètre carré  de  surface  au  maximum, 
84  individus  qui  se  sont  encore  augmentés 
de  quelques-uns  nés  pendant  la  préparation. 
En  tout  cas,  il  n’y  en  a pas  par  milliers, 
ainsi  qu’on  l’entend  dire  quelquefois.  » 

Les  individus  ailés  naissent  vers  la  fin  de 
l’hiver  et  en  automne;  ils  procèdent  d’indi- 
vidus aptères  qui  ont  subi  le  cycle  complet 
des  métamorphoses,  c’est-à-dire  qui  ont 
passé  par  les  phases  de  larve  et  de  nymphe. 
Les  pucerons  ailés  sont  moins  lourds  de 
forme  (fig.  12  de  la  planche).  La  fig.  11 
montre  une  nymphe  présentant  les  ailes 
renfermées  dans  leurs  fourreaux.  L’abdo- 
men de  l’insecte  ailé  porte  également  des 
houppes  cireuses. 

Nous  avons  vu  les  insectes  asexués  pro- 
duisant des  petits  (fig.  6).  Les  insectes 
sexués  peuvent  aussi  reproduire  leur  espèce 
sans  avoir  été  fécondés,  et  donner  le  jour  à 
cinq  ou  six  petits  aptères  de  deux  formes 
différentes,  qui  sont  déposés  sur  la  face 
inférieure  des  feuilles  (Goethe,  Mühlberg). 
D’après  ce  dernier  auteur,  ces  petits  sont 
enveloppés  à l’origine  d’une  mince  pellicule 
dont  ils  sortent  au  bout  de  peu  de  temps. 
Ces  petits  sont  de  deux  sortes  : les  uns 
(fig.  8),  de  couleur  verdâtre,  sont  mâles  ; 
les  autres  (fig.  9),  plus  arrondis,  d’un  jaune 
de  miel,  sont  des  femelles  et  contiennent  un 
gros  œuf  unique.  On  doit  au  Dr  C.  Keller, 
de  Zurich,  d’intéressants  travaux  sur  ces 
formes  sexuées  et  sur  leur  œuf  unique  ou 
œuf  d’hiver,  qu’il  serait,  paraît-il,  plus 
logique  de  nommer  œuf  d’automne,  car  il 
n’hivernerait  pas,  mais  ce  serait  bien  la 
progéniture  qui,  éclose  en  automne,  passe- 
rait l’hiver  à l’état  de  larve.  Cet  hivernage  a 
lieu  dans  les  fentes  et  les  crevasses  du  tronc, 
au  voisinage  du  collet  de  la  racine,  le  plus 
souvent  à quelques  pouces  du  sol.  Ce  n’est 
que  lorsque  l’insecte  ne  peut  trouver  de 
semblables  retraites  qu’il  monte  plus  haut, 
le  long  du  tronc  ou  même  sur  les  grosses 
branches,  pour  s’abriter  dans  quelque  an- 
fractuosité. Ces  pucerons  hivernés  pondent 
pour  la  première  fois  en  mai,  et  leur  pro- 
géniture se  meut  alors  dans  les  plaies  de 
l’année  précédente  ou  sur  les  jeunes 
pousses. 

C’est  donc,  au  point  de  vue  pratique,  de  la 
fm-mars  à la  mi-avril  que  se  trouve  l’époque 


326 


LE  PUCERON  LANIGÈRE. 


désignée  pour  combattre  le  plus  utilement  le 
puceron  lanigère.  « A ce  moment,  la  jeune 
progéniture  n’est  pas  encore  là,  et  l’insecte 
n’a  pas  encore  quitté  ses  quartiers  d’hi- 
ver, qui  ne  sont  pas  difficiles  à décou- 
vrir. » (Keller.) 

M.  Mühlberg,  d’après  ses  propres  obser- 
vations, avance  que  les  insectes  aptères, 
asexués  ou  aériens,  passent  l’hiver  dans 
toutes  les  plaies,  même  des  rameaux  les 
plus  minces,  où  ils  ont  vécu  pendant  l’hiver 
précédent.  Ils  recommencent  au  premier 
printemps  à se  multiplier  par  voie  asexuelle. 
Une  faible  partie  de  ces  pucerons,  après  un 
cycle  complet  de  métamorphoses,  devient 
ailée,  et  ainsi  les  individus  privilégiés  vont 
porter  au  loin,  au  gré  de  leur  vol,  les 
germes  de  nouvelles  colonies. 

III 

Les  dégâts  causés  par  le  puceron  lanigère 
sur  les  Pommiers  sont  souvent  d’une  grande 
importance.  Sa  présence  sur  les  troncs  et 
les  branches  produit  des  galles,  des  plaies 
et  des  chancres  ; le  bois  des  arbres  attaqués 
devient  sec  et  cassant  ; plus  l’arbre  est 
faible,  plus  il  demeure  exposé  aux  attaques 
du  Schizoneura.  Les  Pommiers  vigoureux, 
croissant  dans  un  bon  terrain,  redoutent 
moins  ses  atteintes  et  y résistent  aussi  plus 
longtemps.  On  a remarqué  que  souvent  un 
arbre  portant  deux  sortes  de  fruits  présente 
sur  une  de  ses  deux  variétés  un  grand 
nombre  de  pucerons,  tandis  qu’une  autre 
pousse  demeure  entièrement  indemne. 
((  C’est  le  cas,  dit  M.  Kraft,  pour  de  vieux 
arbres  greffés , lorsque  les  branches  ne 
croissent  pas  à l’endroit  de  la  greffe  et  que 
la  variété  primitive  reprend  sa  croissance, 
ou  bien  lorsqu’on  a laissé  pousser  les  bran- 
ches gourmandes...  La  cause  de  ce  phéno- 
mène doit  être  certainement  cherchée  dans 
la  nature  de  la  sève  particulière  à chaque 
sorte  et  aussi  dans  le  tissu  de  l’écorce,  dont 
la  dureté  varie  beaucoup,  suivant  les  sortes.  » 
D’après  le  même  auteur,  un  semblable  phé- 
nomène s’observe  dans  la  formation  du 
chancre,  qui  se  produit  presque  exclusi- 
vement sur  les  arbres  à tissu  lâche. 

On  sait  depuis  longtemps  que  le  puceron 
lanigère  n’attaque  pas  indifféremment  tous 
les  Pommiers.  « Les  races  dont  les  fruits 
contiennent  le  plus  de  principes  sucrés  sont 
les  plus  exposées  à ses  attaques  ; celles  dont 
les  fruits  sont  insipides,  âcres,  et  surtout 
amers,  sont  moins  atteints.  » (M.  Girard). 
Les  variétés  de  Pommiers  auxquelles  il 


s’attaque  de  préférence  sont  : Calville 
rouge  d’hiver,  Rambour  d’hiver,  Rei- 
nette de  Cassel,  Reinette  de  Bâle-Cam- 
pagne, etc.  On  a remarqué  qu’en  Suisse 
la  Reinette  grise,  la  Calville  de  Dantzig 
et  la  Pomme  à longue  queue  sont  res- 
tées indemnes.  Il  attaque  surtout  les  ra- 
cines des  races  dites  Pommes  de  Paradis 
et  Doucin. 

Souhaitons,  avec  le  professeur  d’horticul- 
ture de  Schaffhouse,  qu’il  soit  dressé  une 
liste  des  races  attaquées  et  de  celles  qui 
restent  indemnes;  ainsi  pourrait-on  dis- 
tinguer et  propager  celles  qui  sont  le  plus 
difficilement  frappées  par  le  fléau. 

Les  pucerons  attaquent  l’écorce  mince  des 
jeunes  rameaux  et  se  réunissent  de  préfé- 
rence autour  des  plaies  amenées  par  une 
cause  quelconque.  Leurs  piqûres  intéressent 
le  tissu  ligneux,  et  bientôt  apparaissent  des 
boursouflures,  tandis  que  le  bois  se  modifie 
profondément  et  jusqu’à  la  moelle.  Le  bois, 
se  boursouflant  de  plus  en  plus,  s’élève  en 
loupe  faisant  saillie  au  dehors,  et  sous  cette 
poussée  se  fend  l’écorce  dont  les  bords  en- 
tourent des  sortes  de  lèvres  ces  poussées 
d’exostoses.  Les  déchirures  ont  lieu  dans  la 
direction  de  la  longueur  du  rameau.  C’est 
alors  que  les  bords  de  la  blessure  offrent 
des  abris  aux  pucerons  qui  s’y  entassent  en 
foule  pressée  ; et  sur  ces  tissus  malades, 
leurs  piqûres  réitérées  produisent  de  nou- 
velles formations  morbides  se  multipliant  et 
bossuant  la  surface  de  la  branche.  Alors  se 
produisent  les  chancres  caractéristiques  qui, 
« selon  les  circonstances,  occupent  au  bout 
de  quelques  années  le  quart,  la  moitié,  les 
trois  quarts,  et  même  la  totalité  de  la  cir- 
conférence de  rameaux  de  l’épaisseur  du 
pouce  et  peuvent  atteindre  la  grosseur 
d’une  noisette,  plus  tard  d’une  noix  ou 
même  d’un  poing  d’enfant  ; ils  ont  une 
grande  ressemblance  avec  le  chancre  an- 
ciennement connu  du  Pommier,  sans  tou- 
tefois lui  être  absolument  identiques.  » 

Le  sort  de  la  branche  ainsi  attaquée  est 
facile  à prévoir  ; se  flétrissant  plus  ou 
moins  complètement,  elle  devient  en  tous 
cas  incapable  de  produire.  La  facilité 
avec  laquelle  les  chancres  gèlent  ou  se 
fendent  souvent  jusqu’à  la  moelle  est  en- 
core une  cause  de  mort,  tandis  qu’à  ces 
accidents  vient  s’ajouter  la  pourriture  ré- 
sultant de  l’humidité  résidant  dans  ces 
cavités. 

Il  est  évident  que  les  pucerons  épuisent 
également  l’arbre  en  aspirant  constamment 
sa  sève,  en  même  temps  que  par  les  exsuda. 


LE  PUCERON  LANIÔÈRE. 


327 


tions  morbides  et  la  formation  de  plaies  et 
de  chancres,  l’affaiblissement  ne  fait  qu’aug- 
menter. Les  attaques  du  Schizoneura  ne 
sont  pas  moins  funestes  aux  racines  ; elles 
le  sont  même  davantage,  à cause  de  la  plus 
grande  délicatesse  des  tissus. 

Les  pucerons  se  tiennent  généralement 
abrités,  et  cependant  ils  recherchent  l’expo- 
sition au  midi.  Se  tenant  généralement  à la 
face  inférieure  des  branches,  ils  fréquentent 
le  plus  volontiers  les  parties  les  moins 
exposées  à l’action  du  vent  et  du  soleil. 

L’infection  se  reconnaît  aisément  lorsque 
l’on  examine  avec  soin  les  parties  de  l’arbre 
ainsi  disposées.  Les  taches  blanches  for- 
mées par  les  agglomérations  d’individus 
duveteux  sont  également  aisées  à distinguer, 
même  à de  grandes  distances.  Mais  une 
quantité  d’insectes  échappent  au  premier 
examen,  dissimulés  qu’ils  sont  dans  les 
crevasses,  les  fissures  produites  par  la 
gelée.  Si  l’on  ajoute  à cela  que  les  insectes 
hivernants  sont  presque  entièrement  dénués 
de  duvet,  si  l’on  tient  compte  de  leur  cou- 
leur jaunâtre  ou  brunâtre,  on  comprendra 
les  difficultés  de  leur  recherche. 

Nous  avons  vu  qu’il  existe  chez  le  puce- 
ron lanigère  des  formes  ailées  pouvant  se 
transporter  au  loin  et  par  conséquent  fonder 
de  nouvelles  colonies  sur  des  arbres  éloi- 
gnés. Les  insectes  aptères  peuvent  égale- 
ment faire  de  petits  voyages  et  parcourir  de 
courtes  distances.  Mais  un  des  agënts  de 
dissémination  le  plus  actif  est  assurément 
le  vent,  qui  emporte  au  loin  les  frêles 
insectes  à travers  l’espace  et  les  dépose  sur 
des  arbres  dans  [des  régions  très  reculées. 
C’est  ainsi  que  les  horticulteurs  suisses  ont 
remarqué  que,  dans  leur  patrie,  l’infection 
avait  lieu  de  'préférence  dans  la  direction 
du  vent  dominant  et  dans  la  vallée  prin- 
cipale. De  ces  vallées  principales,  le  puce- 
ron a pénétré  dans  les  parties  inférieures 
de  quelques  vallées  latérales. 

IY 

Les  moyens  de  combattre  le  puceron  lani- 
gère sont  nombreux.  Chacun  a proposé  le 
sien,  et  beaucoup  ont  donné  de  bons  résul- 
tats. Des  mesures  prophylactiques  ont  été 
proposées,  et  partout  l’on  fait  de  son  mieux 
pour  s’isoler  de  cette  pernicieuse  épidémie. 
On  recommande  d’examiner  avec  soin  les 
fruits  ou  les  greffes  qu’on  achète,  et  de 
s’assurer,  dans  la  mesure  du  possible,  que 
les  pépinières  d’où  ils  sortent  sont  exemptes 
de  pucerons.  D’après  les  auteurs  suisses,  il 


y aurait  même  des  pépiniéristes  « étran- 
gers » qui  proposeraient  des  arbres  garantis 
(ou  non)  exempts  de  Schizoneura,  et  cela 
avec  une  forte  différence  de  prix.  En  1885, 
M.  Kraft  se  plaignait  de  recevoir,  du  canton 
d’Obwalden,  « une  branche  de  Pommier 
complètement  couverte  de  pucerons  lani- 
gères, qui  travaillent  déjà  activement  à leur 
œuvre  de  destruction.  L’arbre  vient  de 
France  ». 

Au  lieu  de  reprocher  à l’Amérique  ou  à 
l’Angleterre  l’introduction  du  fâcheux  phy- 
thophthire,  avisons  aux  moyens  de  le  com- 
battre. 

Avant  toute  chose,  les  Suisses  recom- 
mandent : 1°  d’empêcher  le  transport  des 
individus  ailés  en  détruisant  les  puce- 
rons sur  tous  les  Pommiers  des  environs  ; 
— 2°  de  prendre  bien  soin,  en  détruisant 
les  insectes  sur  les  vieux  arbres,  de  ne  pas 
secouer  les  branches.  Il  sera  bon,  ajou- 
tons-nous, de  ne  pas  opérer  les  jours  de 
grand  vent  ; — 3°  d’examiner  avec  soin  les 
vêtements  des  ouvriers  une  fois  la  tâche 
faite,  afin  que  ceux-ci,  en  allant  dans 
d’autres  vergers,  n’y  colportent  pas  quelque 
insecte. 

Il  ne  manque  pas  de  substances  chimi- 
ques propres  à tuer  le  Schizoneura  ; il  im- 
porte seulement  qu’elles  soient  liquides, 
les  poudres  n’ayant,  jamais  donné  de  bons 
résultats. 

Huiles  lourdes  et  décoctions  de  substances 
amères  ou  fétides,  sels  de  mercure,  infu- 
sions de  tabac,  acide  phénique  et  térében- 
thine, alcool  et  ses  dérivés,  essences  et 
huiles  essentielles,  dissolutions  de  savon, 
ont  été  tour  à tour  proposés,  et  toutes  ces 
substances  tuent  les  pucerons.  Mais  il  faut 
tenir  compte  de  la  difficulté  d’opérer  avec 
la  plupart  de  ces  matières  et  l’eau  en  un  mé- 
lange homogène.  D’une  légèreté  générale- 
ment plus  grande,  elles  se  séparent  de  leur 
véhicule  aqueux  suivant  leur  densité,  et 
presque  aucune  d’entre  elles,  au  reste, 
n’est  soluble.  Beaucoup  d”ailleurs  sont  nui- 
sibles au  végétal,  et  certaines  sont  d’un  prix 
élevé. 

Le  docteur  Cramoisy  a recommandé  le 
mélange  suivant  : 

Acide  pyroligneux  rectifié  à 7 ou  8°.  1,000  gr. 


Acide  salicylique 2 » 

Oxyde  rouge  de  mercure 1 » 

Fuchsine 0 25 


Cette  solution  doit  s’employer  diluée  au 
trentième,  lorsque  la  végétation  est  active  ; 
ce  liquide  s’emploiera  pur  en  hiver.  « Un 


328 


A PROPOS  DE  LA  TOILE. 


mois  ou  deux  après  l’application  de  ce  caus- 
tique, dit  M.  Künckel  d’Herculais,  les  vieux 
épidermes,  au  milieu  desquels  se  trouvaient 
les  œufs,  tombent  en  poussière  au  moindre 
frottement,  et  l’écorce  devient  lisse,  luisante 
et  d’une  belle  couleur  acajou.  L’addition  de 
la  fuchsine  n’a  qu’un  but,  celui  de  permettre 
de  contrôler  l’exécution  des  opérations  ; les 
autres  substances  sont  de  véritables  agents 
actifs.  » 

On  recommande  généralement  de  badi- 
geonner, en  hiver,  la  surface  de  l’arbre 
avec  du  lait  de  chaux  ; on  gratte  avec  soin 
toutes  les  croûtes,  et  l’on  baigne  soigneuse- 
ment les  crevasses,  puis  on  arrose  le  sol  au 
pied  de  l’arbre  et  tout  autour.  Disons,  à ce 
propos,  que,  quelle  que  soit  la  substance 
employée,  il  convient  de  visiter  avec  soin 
les  plaies.  On  en  taillera  les  bords  élevés  de 
manière  à les  rendre  plats,  et  on  remplira 
les  fissures,  après  les  avoir  baignées  de 
l’enduit  toxique,  avec  un  mastic  composé 
de  cire  à greffer,  de  la  résine  ou  du  gou- 
dron mélangé  d’un  peu  d’essence  de  téré- 
benthine, environ  3 p.  100. 

Sans  entrer  dans  le  détail  des  nombreuses 
compositions  huileuses  ou  alcooliques  re- 

A PROPOS 

Beaucoup  de  personnes  se  plaignent  des 
ravages  de  ce  champignon. 

J’ignore  si,  parmi  tous  les  procédés  em- 
ployés pour  le  détruire,  on  a essayé  le  sulfate 
de  cuivre  en  dissolution,  comme  nettoyage 
des  châssis  à multiplication  et  trempage 
des  pots  à boutures.  Si  l’expérience  en  a 
été  faite,  il  serait  bon  que  l’on  en  connût 
les  résultats,  ce  qui  éviterait  aux  praticiens 
bien  des  essais  inutiles. 

Mes  plantes  furent  prises  de  cette  ma- 
ladie. il  y a quelques  années  déjà.  Après 
avoir  essayé  vainement  divers  moyens  plus 
ou  moins  pratiques,  qui  ne  me  réussissaient 
qu’à  demi  en  me  prenant  beaucoup  de 
temps,  l’idée  me  vint,  cet  hiver,  de  conser- 
ver l’eau  de  sulfate  de  cuivre  qui  avait  servi 
à faire  tremper  des  paillassons  neufs,  et 
dont  tous  les  jardiniers  connaissent  la  for- 
mule. 

Voulant  commencer  mes  multiplications 
de  plantes  molles  pour  décoration  estivale, 
j’arrosai  fortement  le  fond  et  les  parois  du 
coffre  qui  me  sert  à bouturer.  Je  mis  trem- 
per pendant  quelque  temps  mes  pots  dans 
ladite  solution,  et,  après  les  avoir  laissé 
égoutter,  je  bouturai,  croyant  que  ce  pro- 


commandées par  les  divers  auteurs,  nous 
renvoyons  au  travail  précité  des  horticul- 
teurs suisses.  On  y trouvera  des  renseigne- 
ments sur  une  substance,  la  knodaline , 
préparée  par  M.  Kraft,  et  qui  est  souveraine 
contre  le  Schizoneura  du  Pommier.  L’au- 
teur se  borne  à nous  dire  que  la  maison 
Frey  et  Cie,  à Aarau,  est  dépositaire  de 
cette  matière  insecticide,  qui  s’emploie 
étendue  de  dix  à quarante  fois  son  volume 
d’eau. 

Pour  terminer,  disons  que  les  désinfec- 
tants doivent  être  appliqués  au  moyen  d’un 
gros  pinceau  ou  d’une  poupée  de  linge  fixée 
au  bout  d’un  bâton.  Le  liquide  sera  projeté 
dans  les  fentes  et  les  excavations  au  moyen 
d’une  seringue.  Si  l’on  opère  sur  de  vieux 
arbres,  il  sera  bon  d’élaguer  quelque  peu 
la  couronne  de  l’arbre.  Que  l’on  n’oublie  pas 
surtout  de  brûler  aussitôt  les  rameaux  cou- 
pés ; autrement,  les  insectes  qui  y sont  lo- 
gés émigreraient  ailleurs  et  multiplieraient 
l’infection. 

Enfin,  dans  les  cas  graves  et  désespérés, 
il  conviendra  de  couper  et  d’arracher  les 
arbres  contaminés  et  de  les  livrer  au  feu. 

Maurice  Maindron. 

E LA  TOILE 

cédé  ne  serait  pas  beaucoup  meilleur  que 
les  autres. 

Je  constatai  avec  plaisir  que  mes  bou- 
tures s’enracinèrent  toutes  sans  montrer 
aucune  trace  de  toile;  au  fur  et  à mesure 
du  rempotage,  les  pots  furent  de  nouveau 
jetés  dans  le  bain  de  sulfate  de  cuivre. 

Aujourd’hui,  après  plusieurs  bouturages 
successifs,  je  n’en  n’ai  encore  vu  aucune 
trace. 

Pour  essayer  si  mon  procédé  était  bon, 
j’ai  bouturé  dans  de  petits  godets  non  pré- 
parés avec  la  solution  ; des  boutures  d’Œillets 
Souvenir  de  la  Malmaison  furent  placées 
dans  le  même  coffre.  Quelques  jours  après, 
la  toile  s’empara  des  boutures,  sans  toute- 
fois atteindre  les  autres  pots  trempés. 

Un  de  mes  collègues,  à qui  j’ai  soumis 
mon  idée,  s’en  est  trouvé  très-bien  après 
l’avoir  mise  en  pratique. 

Ceci  revient  à dire  que  le  remède  que  vous 
avez  indiqué  dans  la  Revue,  le  1er  avrill883, 
d’après  M.  Louis  Jules,  jardinier  chez  M.  le 
comte  de  Clermont-Tonnerre,  à Ancy-le- 
Franc,  doit  probablement  son  succès  au  sel 
de  cuivre  en  dissolution.  paul  Moreau, 

Jardinier  au  château  de  Saint-Brice,  par  Cognac. 


CULTURE  DES  NÉPENTHÈS. 


329 


CULTURE  DES  NÉPENTHÈS 


La  culture  spéciale  des  Népenthes , dont 
je  vais  donner  la  description,  est  celle  que 
j’ai  vu  pratiquer  dans  les  premiers  établis- 
sements de  l’Angleterre,  où  l’on  ne  néglige 
aucun  des  soins  qu’exigent  ces  plantes  pour 
acquérir  leur  maximum  de  beauté. 

Gomme  préliminaire,  je  rapporterai  ici 
les  observations  d’un  voyageur,  qui  ont  été 
consignées  dans  le  Gardeners’ Clironicle  : 

« Les  Népenthes  sont,  dit-il,  des  plantes 
grimpantes  à grand  développement,  émet- 
tant des  feuilles  lancéolées,  mais  presque 
jamais  terminées  par  ces  ascidies  curieuses 
qui  en  font  la  beauté  ; ce  n’est  que  lorsque, 
accidentellement,  la 
tige  a été  coupée, 
comme,  par  exem- 
ple, lorsque  les  in- 
digènes allument  du 
feu  dans  les  forêts, 
que,  sur  la  partie 
qui  reste  adhérente 
à la  souche,  les 
urnes  se  développent 
en  grand  nombre.  » 

C’est  donc,  ainsi 
qu’on  le  voit,  une 
taille  qu’il  faut  faire 
subir  à ces  plantes, 
si  on  veut  leur  voir 
produire  des  urnes, 
taille  qui,  ainsi  qu’on 
va  le  voir,  pourrait 
être  comparée  à la 
théorie  du  bourgeon 
de  remplacement  du  Pêcher. 

Les  Népenthes  se  multiplient  de  boutures 
qui  mettent  environ  trois  mois  à s’enraciner; 
on  les  fait  quelquefois  avec  des  tronçons  de 
tige  portant  deux  yeux,  et  auxquels  on  laisse 
la  feuille  supérieure  entière.  On  les  plante 
dans  un  sol  formé  de  sable  et  de  tessons, 
et  on  les  place  sous  cloche  dans  la  serre 
à multiplication  ; mais  on  peut  activer  le 
développement  des  racines  en  passant  la 
bouture  par  le  trou  d’un  petit  godet  ren- 
versé qui  la  maintient  suspendue,  l’extré- 
mité inférieure  étant  à 1 centimètre  environ 
au  - dessus  du  sol  (figure  63).  C’est  donc 
dans  l’air  humide  qu’elle  s’enracine.  Pour 
empoter  cette  bouture,  il  faut  procéder  avec 
grand  soin,  afin  de  ne  pas  rompre  les  raci- 
nes, qui  sont  d’une  extrême  fragilité.  Le 
compost  à employer  est  le  même  que  celui 


qui  sert  pour  la  majorité  des  plantes  épi- 
phytes,  soit  : terre  de  bruyère  fibreuse  en 
morceaux,  tessons,  sphagnum  et  charbon 
de  bois.  Quant  aux  pots,  ils  doivent  tou- 
jours être  très-petits  relativement  à la  taille 
des  plantes,  et  bien  propres.  Les  plantes 
doivent  en  tout  temps  être  tenues  très- 
humides,  aussi  bien  à la  tête  qu’aux  ra- 
cines, ce  qu’on  obtient  par  de  fréquents 
bassinages  et  des  immersions  du  pot  dans 
l’eau  tiède  ; on  les  soumet  à une  tempéra- 
ture moyenne  de  15  degrés  centigrades  en 
hiver  et  20  degrés  en  été,  sans  préjudice  de 
la  surélévation  de  température  déterminée 
par  la  chaleur  du 
soleil. 

Les  Népenthes 
doivent  être  suspen- 
dus tout  contre  le 
vitrage  et  recevoir  le 
plus  de  lumière  pos- 
sible, mais  jamais 
pourtant  de  soleil 
direct  ; par  consé- 
quent, on  ne  doit 
pas  les  couvrir  de 
châssis  blanchis  à la 
chaux,  mais  plutôt 
d’une  claie  ou  d’une 
toile  placée  à 30  cen- 
timètres du  vitrage 
pendant  que  le  soleil 
luit. 

Après  ces  obser- 
vations, qui  peuvent 
être  prises  comme  des  considérations  géné- 
rales, suivons  le  développement  de  la  bou- 
ture : 

A l’aisselle  de  la  feuille  supérieure,  il  se 
forme  un  bourgeon  dont  les  premières 
feuilles  sont  généralement  très-petites, 
mais  la  troisième  a déjà  une  tendance  à se 
prolonger  en  une  ascidie  de  belle  grosseur, 
et  dont  on  favorise  le  développement  à 
l’aide  d’un  pincement  du  bourgeon.  Prati- 
qué sur  la  sixième  feuille,  ou  à peu  près,  ce 
pincement  fait  ordinairement  développer 
six  urnes. 

Si  les  autres  soins  dont  j’ai  parlé,  relatifs 
à la  température,  aux  arrosages,  à l’éclai- 
rage et  au  rapprochement  des  plantes  près 
du  verre,  ont  été  bien  observés,  les  feuilles 
seront  bien  colorées  et  les  urnes  richement 
veinées  de  rouge  ou  de  toute  autre  couleur, 


Fig.  71.  — Bouture  de  Népenthes. 


330 


LE  SEQUOIA  SEMPERVIRENS. 


suivant  les  caractères  des  espèces.  Mais 
comme  tout  pincement  a pour  résultat  de 
faire  développer  les  yeux  situés  à l’aisselle 
des  feuilles  supérieures,  ces  yeux  vont  pro- 
duire des  bourgeons  très-vigoureux  qui  au- 
ront une  tendance  à s’allonger  au  détriment 
de  la  base,  laquelle  ira  toujours  en  se  dégar- 
nissant, ce  qu’il  faut  éviter  ; pour  cela  il  faut 
provoquer  la  formation  de  bourgeons  de  rem- 
placement, surtout  de  ceux  qui  sont  placés 
le  plus  près  possible  du  sol.  Pour  obtenir  ce 
résultat,  on  enlèvera  avec  soin,  à l’aide  de 
la  pointe  du  greffoir  ou  de  la  lame  d’un  ca- 
nif, au  fur  et  à mesure  qu’ils  commenceront 
à se  développer,  les  yeux  situés  à l’aisselle 
des  feuilles  ; c’est  alors  celui  du  haut  qui 
part  le  premier,  et  on  l’arrête  quand  les 
deux  plus  inférieurs  se  développent  à leur 
tour.  De  cette  façon  l’on  a,  à ce  moment, 
une  tige  assez  courte,  portant  six  feuilles 
complètes  et  deux  bourgeons  à sa  base,  bour- 
geons qui,  à leur  tour,  seront  traités  exacte- 
ment comme  il  vient  d’être  dit,  sauf  que,  si  la 
plante  est  plus  vigoureuse,  on  pincera  une 
ou  deux  feuilles  plus  haut,  afin  d’avoir  à la 
fin  de  la  saison  douze  ou  quatorze  urnes. 
Dès  que  les  feuilles  de  la  première  tige  jau- 
nissent, on  les  enlève  et  on  la  fait  dispa- 
raître elle-même  avec  la  dernière  feuille 
qu’elle  porte. 

Les  deux  tiges  de  la  seconde  [génération 
seront  ébourgeonnées  à leur  tour,  de  ma- 
nière à obtenir  par  la  suite  trois  ou  quatre 

SEQUOIA  SE 

Quand  une  plante  n’est  connue  que  d’une 
manière  indirecte,  sur  des  « ouï-dire  »,  on 
comprend,  même  lorsque  sa  réputation  est 
bonne,  qu’il  y ait  néanmoins  de  l’hésitation 
à en  faire  l’acquisition  ou  à en  faire  des 
plantations,  parce  que  cette  réputation  peut 
avoir  été  surfaite  ou  avoir  été  plus  ou 
moins  le  résultat  de  l’engouement,  ou  bien 
encore  d’un  examen  insuffisant  et  fait  à un 
point  de  vue  spécial. 

Mais  quand,  au  contraire,  l’expérience  a 
prouvé  que  le  mérite  dépasse  même  la  ré- 
putation qu’on  avait  faite  à la  plante,  il  en 
doit  être  tout  autrement,  et,  dans  ce  cas, 
l’on  ne  comprend  plus  cette  sorte  d’aban- 
don dans  lequel  on  la  laisse  parfois.  Tel 
est,  pourtant,  le  sort  qu’a  subi  et  que  subit 
encore  l’espèce  la  plus  précieuse,  peut-être, 
de  toutes  les  Conifères  connues  : le  Séquoia 
sempcrvirens.  En  effet,  cette  espèce  réunit 
les  deux  qualités  générales  essentielles  : 


tiges  ; c’est  par  ce  traitement  que  la  plante 
s’accroît  tout  en  restant  basse.  Comme 
chaque  période  végétative  dure  à peu  près 
une  année,  on  fait  généralement  concorder 
le  départ  des  bourgeons  de  remplacement 
avec  le  retour  du  printemps,  de  manière 
que  les  plantes  atteignent  leur  entière 
beauté  en  septembre  et  octobre,  époque 
où  les  serres  de  Népenthès  sont  dans  toute 
leur  splendeur. 

Rempotage  des  Népenthès.  — Cette 
opération  est  délicate  et  toujours  difficile  à 
cause  de  l’extrême  fragilité  des  racines,  aussi 
ne  saurait-on  y porter  trop  d’attention.  Pour 
obtenir  de  bons  résultats,  certains  prati- 
ciens conseillent  de  cultiver  en  paniers;  en 
employant  chaque  année  des  récipients  de 
plus  en  plus  grands  et  sans  enlever  celui 
ou  ceux  des  années  précédentes  ; d’autres, 
comme  M.  Baines,  dans  son  ouvrage  sur  les 
plantes  de  serre  i,  recommandent  la  cul- 
ture en  pots,  tout  en  débarrassant  à chaque 
rempotage  les  racines  de  leur  ancien  sol  en 
secouant  doucement  la  motte  dans  un  seau 
d’eau  tiède,  et  en  remplaçant  le  sol  enlèvé 
sans  déranger  les  racines. 

Il  va  sans  dire  que,  si  on  adopte  la  cul- 
ture en  pots,  on  peut,  pour  l’ornementation 
au  point  de  vue  pittoresque,  placer  les  pots 
dans  des  paniers. 

Em.  Rivoiron, 

Jardinier  en  chef  à l'École  d’Agricullure 
de  Berthonval  (Pas-de-Calais). 

[PERV1RENS 

celle  d’être  ornementale  au  premier  chef, 
et  en  même  temps  de  pouvoir  servir  à l’é- 
tablissement des  forêts.  Dans  le  premier 
emploi,  son  joli  feuillage,  abondant  et  per- 
sistant et  qui  n’est  jamais  attaqué  par  les 
insectes,  la  recommande  tout  particulière- 
ment pour  l’ornementation  des  grands  jar- 
dins, et  même  des  petits,  car  cette  espèce 
se  prête  à tous  les  traitements  et  à toutes 
les  formes.  Comme  essence  forestière,  aux 
avantages  que  nous  venons  d’énumérer  et 
qui  ne  sont  certainement  pas  à dédaigner, 
le  Séquoia  sempcrvirens  présente  presque 
tous  les  autres  : vigueur  extrême,  tige 
élancée,  droite,  pouvant  atteindre  des  di- 
mensions bien  supérieures  à toutes  les  es- 
sences ordinairement  employées.  En  effet, 
dans  son  pays,  l’Amérique  Nord-Ouest,  il 

1 Greenhouse  and  stove  plants.  London,  John 
Murray. 


INCISION  ANNULAIRE  DE  LA  VIGNE. 


331 


n’est  pas  rare  de  voir  des  individus  de 
50  à 60  mètres  de  hauteur  et  même  plus. 
Ajoutons  que  son  bois,  très -beau,  très-so- 
lide, est  d’une  longue  durée,  et  qu’en  vieil- 
lissant il  devient  d’un  très-beau  rouge,  d’où 
le  nom  de  Red  Wood  sous  lequel  cette  es- 
pèce est  connue  dans  toute  l’Amérique.  Ce 
bois,  qui  est  aussi  très-flexible  et  dont  le 
grain  est  d’une  extrême  régularité,  est 
très-propre  à diverses  industries.  Disons 
encore  que  l’arbre  n’est  pas  délicat,  qu’il 
s’accommode  de  tous  les  sols  et  de  toutes 
les  expositions.  Sous  ce  rapport  il  présente 
même  un  très-grand  avantage  : celui  de 
pousser  parfaitement  sur  le  bord  de  la  mer 
et  de  résister  aux  vents  salés.  Ainsi,  sur 
des  centaines  de  lieues  de  longueur  et  sur 
une  grande  largeur,  l’Océan  Pacifique  est 
bordé  d’une  zone  composée  presque  exclu- 
sivement de  Red  Wood. 

D’autre  part,  cette  espèce  présente  cette 
particularité  assez  singulière,  de  produire 
une  écorce  spongieuse-fibreuse,  excessive- 
ment légère,  d’un  beau  rouge  brillant,  que 
l’on  peut  utiliser  dans  diverses  industries. 
Cette  écorce,  dont  il  est  difficile  de  se  faire 
une  idée,  atteint  jusqu’à  30  et  même 
40  centimètres  d’épaisseur,  et  peut  se  déta- 
cher de  l’aubier,  ainsi  que  cela  se  voit  chez 
certains  Chênes  verts,  le  Chêne-Liège,  par 
exemple. 

Le  Séquoia  sempervirens  présente  aussi 
cette  propriété  vraiment  exceptionnelle  chez 
les  végétaux  Conifères  : de  repousser  par- 
faitement du  pied  lorsqu’il  a été  coupé, 
ce  qui  permet  d’en  faire  des  taillis.  Il  offre 
également  cette  particularité  de  croître  sur 
le  bord  de  l’eau,  par  conséquent  de  pou- 
voir border  les  étangs  et  les  rivières  et 
de  s’accommoder  parfaitement  aussi  des 
endroits  secs,  absolument  comme  le  Taxo- 

INCISION  ANNU U 

Chaque  année,  à pareille  époque,  il  est 
publié  dans  les  journaux  agricoles  ou  hor- 
ticoles un  assez  grand  nombre  d’articles  re- 
latifs à l’efficacité  de  l 'incision  annulaire 
de  la  Vigne,  très-vraisemblablement  afin 
d’en  propager  l’usage. 

Quoique  la  découverte  de  l’incision  annu- 
laire, appelée  aussi  baguage , ait  déjà  une 
centaine  d’années  d’existence,  son  emploi, 
en  tant  que  pratique  courante,  s’est  très- 
peu  généralisé. 

J’espère  que  les  quelques  lignes  qui  vont 
suivre  seront  de  nature  à éclairer  encore 


dium  distichum  ou  Cyprès  chauve,  dont 
il  a le  tempérament,  avec  cette  différence, 
toutefois,  qu’il  est  un  peu  moins  rus- 
tique. En  effet,  la  région  de  Paris  paraît 
être  la  dernière  limite  où  il  pourrait  être 
cultivé  avec  avantage.  Les  parties  chaudes 
de  la  France,  le  sud-ouest  surtout,  et  même 
toute  la  région  méditerranéenne  de  l’Eu- 
rope ou  son  équivalent  comme  climat, 
conviennent  tout  particulièrement  au  Sé- 
quoia sempervirens,  qui,  dans  ces  condi- 
tions et  à tous  les  points  de  vue,  pourrait 
rendre  de  très-importants  services.  Les 
lieux  arides,  de  même  que  les  terrains  secs 
et  pierreux,  pourvu  qu’ils  soient  chauds, 
pourraient  donc  être  plantés  très-avanta- 
geusement avec  cette  espèce,  qui  donnerait 
là  des  produits  abondants,  et  par  consé- 
quent une  grande  valeur  à des  terrains  qui, 
parfois,  en  sont  presque  complètement  dé- 
pourvus. 

Comment  donc  se  fait-il  qu’un  arbre  qui 
présente  tant  d’avantages  soit  encore  si  rare 
et  surtout  qu’on  n’en  ait  pas  fait  quelques 
plantations  spéciales  au  point  de  vue  fores- 
tier? La  seule  raison  qu’on  pourrait  donner 
de  ce  fait,  c’est  peut-être  le  prix  relative- 
ment élevé  des  plants.  En  effet,  la  rareté 
des  graines  et  souvent  aussi  leur  mauvaise 
qualité  font  que  jusqu’ici  les  plants  ont  tou- 
jours été  relativement  rares.  Actuellement, 
sans  être  abondants,  il  est  pourtant  assez 
facile  de  s’en  procurer,  et  bien  qu’un  peu 
chers  encore,  il  serait  bon  d’en  faire  des  plan- 
tations, ne  serait-ce  que  comme  essai,  car 
c’est,  nous  le  répétons,  probablement  l’es- 
pèce la  plus  intéressante  de  toutes  les  Co- 
nifères et  qui  se  prête  à toutes  les  cultures, 
s’accommode  de  toutes  les  formes  et  de 
tous  les  traitements. 

E.-A.  Carrière. 

RE  DE  LA  YIGNE 

davantage  cette  intéressante  question  et  à 
décider  à l’essayer  ceux  qui  n’ont  pas  cou- 
tume de  la  pratiquer. 

Comme  chacun  sait,  cette  opération,  qu’on 
devrait  plutôt  appeler  décortication  annu- 
laire, consiste  tout  simplement  à enlever 
un  anneau  d'écorce  de  3 à 5 millimètres  de 
large  environ  1 sur  un  bourgeon  ou  sur 
un  rameau,  quelques  jours  avant,  ou  pen- 
dant, ou  immédiatement  après  la  floraison. 

1 II  existe  également  une  autre  façon  de  faire 
qui  consiste  à n’effectuer  qu’une  incision  simple. 


332 


INCISION  ANNULAIRE  DE  LA  VIGNE. 


Elle  a pour  but  d’accroître  le  volume  des 
grains  de  Raisin  d’un  tiers  environ,  et  de 
hâter  leur  maturité  d’une  douzaine  de 
jours,  et,  d’autre  part,  de  parer  à la  coulure , 
quand  toutefois  elle  est  exécutée  quelques 
jours  avant  l’épanouissement  des  fleurs. 

Effectuée  pendant  la  floraison  ou  seule- 
ment quelques  jours  après  que  celle-ci  est 
terminée,  on  n’a  en  vue  que  l’accroissement 
du  volume  des  fruits  et  une  plus  grande 
précocité  dans  leur  maturité. 

Si,  comme  c’est  le  cas  le  plus  général, 
c’est  sur  un  bourgeon  de  l’année  qu’on 
opère,  c’est  à deux  ou  trois  centimètres  au- 
dessous  du  point  d’insertion  de  la  grappe 
la  plus  inférieure  qu’il  faut  faire  l’incision  ; 
jamais  au-dessus,  Comme  le  croient  encore 
quelques  personnes.  Le  résultat  serait  d’ail- 
leurs le  contraire  de  celui  qu’on  attend. 

Si  c’est  sur  un  sarment  de  l’année  précé- 
dente que  l’on  a l’intention  de  faire  une  in- 
cision « sur  un  long  bois  notamment  »,  il 
suffit  de  la  pratiquer  à l’endroit  que  l’on 
juge  le  plus  convenable,  car  tous  les  bour- 
geons qui  se  trouveront  au-dessus  d’elle  sur 
le  sarment  se  ressentiront  de  son  influence, 
et  cela  à un  tel  point  que  leurs  fruits  devien- 
dront plus  gros  et  que  leur  maturité  en  sera 
notablement  avancée. 

L’action  de  l’incision  annulaire  « sur  les 
fruits  » s’exerce  donc  directement  ou  indi- 
rectement, suivant  qu’on  l’exécute  sur  les 
bourgeons  et  alors  immédiatement  au-des- 
sous des  grappes  sur  lesquelles  on  veut 
agir,  ou  selon  qu’on  la  pratique  sur  un  sar- 
ment (long  bois)  qui  porte  lui-même  plu- 
sieurs bourgeons  fructifères. 

Dans  ce  dernier  cas,  il  y a en  quelque 
sorte  une  transmission  d’influence  à dis- 
tance qui  n’est  pas  sans  importance. 

J’ajoute  que,  quand  on  pratique  l’incision 
annulaire  sur  une  branche  coursonne,  in- 
termédiairement  aux  deux  bourgeons  qu’elle 
supporte,  le  bourgeon  supérieur  seul  subit 
l’effet  de  l’incision,  l’inférieur  n’en  est  nul- 
lement influencé. 

Par  conséquent,  qu’il  me  soit  permis  de 
dire  ici,  sans  y insister  outre  mesure,  qu’on 
n’a  absolument  rien  à redouter  relative- 
ment à la  vigueur  du  sarment  inférieur  sur 
lequel  on  doit  asseoir  la  taille  suivante. 

Les  détracteurs  de  l’incision  annulaire  ont 
dit  qu’elle  abaissait  la  qualité  du  Raisin  et 
que  celui-ci  était  moins  riche  en  sucre  quand 
il  était  récolté  sur  des  bourgeons  incisés 
que  lorsqu’il  était  cueilli  sur  des  sarments 
n’ayant  point  été  opérés. 

Les  expériences  que  j’ai  entreprises  il  y a 


déjà  plusieurs  années,  et  que  je  poursuis 
encore  actuellement  à la  station  agrono- 
mique de  Seine-et-Oise,  m’ont  démontré 
l’inexactitude  de  cette  assertion,  qui  n’est 
d’ailleurs  basée  sur  aucun  fait  précis.  Voici 
ces  expériences  : 


Tableau  n°  I. 


NATURE 
de  la 
VARIÉTÉ 

RICHESSE  EN  SUCRE 

PAR  LITRE  DE  JUS. 

Long  bois 
incisé. 

Long  bois 
non  incisé. 

Différence 
en  faveur 
du  long 
bois  incisé. 

Chasselas.  . . 

17931*  10 

1353--  22 

433  r 88 

Meunier  noir  . 

189oi-  25 

1(513  r 50 

273 r 75 

Meslier  blanc  . 

18431-  00 

15631-  oo 

283r  00 

D’après  ce  tableau,  il  est  facile  de  se  con- 
vaincre que  l’incision  annulaire,  au  lieu 
d’agir  défavorablement,  a provoqué  tout  au 
contraire  une  amélioration  notable  de  la 
qualité  du  jus  du  Raisin. 

En  ce  qui  concerne  le  Chasselas,  la  pro- 
portion de  sucre  par  litre  s’est  élevée  de 
135  gr.  22  à 179  gr.  10,  soit  une  différence 
de  près  de  44  grammes  de  sucre  par  litre 
de  jus  par  suite  de  l’exécution  de  cette 
simple  opération. 

Les  deux  variétés  de  Vignes  à vin,  le 
Meunier  noir  et  le  Meslier  blanc , ont  fourni 
des  résultats  analogues.'  Elles  se  sont  égale- 
ment bien  trouvées  de  l’opération  qui  nous 
occupe. 

En  effet,  de  161  gr.  50,  la  proportion  de 
sucre  est  passée  à 189  gr.  25  par  litre  dans 
le  jus  du  Raisin  de  Meunier,  et  de  156  gr., 
elle  s’est  élevée  à 184  grammes  dans  le  jus 
du  Raisin  de  Meslier  blanc. 

Soit  par  litre  de  moût  une  différence  de  : 
27  gr.  75  de  sucre  en  faveur  de  la  première 
variété,  et  de  28  grammes  en  faveur  de  la 
seconde,  provoquée  exclusivement  par  l’in- 
cision annulaire. 

Cette  méthode  ne  peut  évidemment  s’ap- 
pliquer qu’aux  Vignes  à vin  conduites  à 
long  bois,  parce  qu’il  serait  impossible  d’in- 
ciser économiquement  tous  les  bourgeons 
supérieurs  des  coursonnes  des  Vignes  cul- 
tivées suivant  le  procédé  dit  à broches.  Quoi 
qu’il  en  soit,  les  avantages  du  principe  de  la 
méthode  n’en  demeurent  pas  moins  bien 
établis.  Il  suffit  alors  de  planter  de  telle 
façon  qu’il  soit  possible  de  cultiver  la  Vigne 
à long  bois. 

Je  ne  veux  pas  insister  davantage  à cette 
place  sur  ce  mode  de  taille,  qui  peut  parfai- 


PARCS  SCOLAIRES. 


333 


tement  s’appliquer,  quoi  qu’on  en  ait  dit,  à 
tous  les  cépages  indistinctement,  à la  con- 
dition toutefois  de  savoir  se  limiter  dans  la 
longueur  à donner  au  long  bois. 

Dans  le  but  de  démontrer  encore  plus 
péremptoirement  l’efficacité  de  l’incision 
annulaire,  au  lieu  de  prendre  des  grappes 
récoltées  sur  des  ceps  différents  dont  les 
longs  bois  avaient  été  incisés  à leur  base , 
j’avais,  dans  d’autres  expériences,  prélevé 
des  grappes  sur  des  ceps  dont  l’incision 
annulaire  avait  été  exécutée  au  milieu  du 
long  bois. 

Dans  cette  deuxième  série  d’expériences, 
pas  d’équivoque,  pas  d’erreur  possible  sur 
l’influence  de  l’opération. 

L’analyse  chimique  a révélé,  comme  les 
chiffres  inscrits  dans  le  tableau  n°  II  en 
témoignent,  que  le  jus  des  Raisins  récoltés 
au-dessus  de  l’incision  était  plus  riche  en 
sucre  que  celui  contenu  dans  les  grappes 
cueillies  au-dessous  de  l’incision  annulaire. 

Tableau  n°  II. 


NATURE 
de  la 
VARIÉTÉ. 

RICHESSE  EN  SUCRE 

PAR  LITRE  DE  JUS. 

Dans  le 
Raisin 
récolté  sur 
la  partie  du 
long  bois 
située 
au-dessus 
de 

l’incision. 

Dans  le 
Raisin 
récolté  sur 
la  partie  du 
long  bois 
située 
au-dessous 
de 

l’incision. 

Différence 
en  faveur 
de 

l’incision. 

Chasselas.  . . 

182o  r H 

143oi-  26 

3^0  r 85 

Meunier  noir  . 

187or  85 

165oi-  30 

22or  55 

Meslier  blanc  . 

185oi-  30 

160or  05 

25o  r 25 

Gamay  petit.  . 

187or  50 

162o«-  50 

25or  00 

Nous  constatons,  en  effet,  pour  le  Chas- 
selas, que  le  jus  des  grappes  récoltées  au- 
dessous  de  l’incision  annulaire  ne  renfer- 
mait que  143  gr.  26  de  sucre,  tandis  que  le 
jus  exprimé  des  grappes  de  Raisin  situées 
au-dessus  de  l’incision  en  révélait  482  gr.  11 


par  litre  : soit  38  gr.  85  de  sucre  en  plus 
par  litre  en  faveur  du  jus  des  grappes  qui 
avaient  subi  l’influence  de  l’incision  annu- 
laire. 

Pour  le  Meunier , le  Meslier  et  le  Ga - 
may,  nous  observons  des  écarts  également 
notables,  si  nous  comparons  la  proportion  de 
sucre  contenue  dans  le  jus  des  grappes  si- 
tuées au-dessus  de  l’incision  annulaire  et 
celles  situées  au-dessous.  C’est  22  gr.  55 
d’excédant  que  nous  constatons  dans  le  jus 
du  Meunier  noir,  c’est  25  gr.  25  en  plus 
dans  le  jus  du  Meslier  blanc;  enfin,  c’est 
25  grammes  en  plus  de  sucre  par  litre  que 
l’analyse  chimique  nous  révèle  dans  le  jus 
du  Gamay  (petit). 

D’après  les  enseignements  qui  se  dé- 
gagent des  chiffres  inscrits  dans  ces  deux 
tableaux,  il  est  hors  de  doute  que  l’incision 
annulaire  exerce  une  influence  améliorante 
incontestable  sur  la  production  du  sucre 
dans  le  jus  du  Raisin. 

D’aucuns  ont  avancé  que  si  l’incision 
annulaire  favorisait  la  hâtiveté  de  la  matu- 
rité des  Raisins  et  augmentait  leur  volume, 
elle  avait  en  retour  un  inconvénient  grave  : 
celui  d’anéantir  les  ceps  opérés.  Comme 
cette  opinion,  jusqu’à  l’heure  actuelle,  n’a 
pas  été  basée  sur  une  expérience  pratique, 
il  nous  sera  permis  de  faire  des  réserves. 

D’abord,  si  l’abus  même  des  bonnes 
choses  nuit,  sachons  tout  au  moins  en  user, 
alors  il  n’y  aura  que  profit. 

En  matière  de  conclusion,  je  ne  saurais 
trop  insister  auprès  des  viticulteurs  pour  les 
engager  à mettre  en  pratique  l’incision 
annulaire,  car  s’ils  suivent  ce  conseil,  ils 
pourront  livrer  leurs  Raisins  au  marché, 
quelle  que  soit  la  variété  cultivée,  une 
douzaine  de  jours  avant  leurs  collègues  qui 
se  refuseront  à la  pratiquer. 

Gustave  Rivière, 

Professeur  départemental, 
Directeur  de  la  station  agronomique 
de  Seine-et-Oise. 


PARCS  SCOLAIRES 


Depuis  quelques  années,  on  a beaucoup 
crié  contre  le  surmenage  intellectuel  dont 
la  jeunesse  est  l’objet;  mais  jusqu’ici  les 
plaintes  formulées  contre  notre  système 
d’éducation  étaient  restées  dans  le  domaine 
du  sentiment  platonique  et  n’avaient  ins- 
piré ancune  réaction.  Las  de  se  dépenser 
en  attaques  stériles  contre  la  masse  iné- 
branlable des  programmes  universitaires, 
certains  éducateurs  avaient  déjà  vu  dans  les 


exercices  du  corps  un  dérivatif  aux  fatigues 
de  l’esprit.  L’École  Monge  a la  première 
pris  l’initiative  du  mouvement  et  cherché 
dans  le  développement  des  forces  muscu- 
laires un  palliatif  à la  lassitude  intellec- 
tuelle. Elle  s’est  mise  en  rapport  avec  le 
Jardin  d’ Acclimatation  et  le  concessionnaire 
des  lacs  du  Rois  de  Roulogne  et  elle  a orga- 
nisé pour  ses  élèves,  au  Jardin,  des  exer- 
cices équestres,  au  pré  Catelan,  des  jeux 


334 


EFFETS  DU  SULFATE  DE  FER  COMME  ENGRAIS  EN  HORTICULTURE. 


variés,  et,  sur  les  lacs,  une  installation  de 
bateaux. 

Prenant  en  considération  les  succès  ob- 
tenus par  l’École  Monge  et  le  système 
d’éducation  de  nos  voisins  d’Outre-Manche, 
un  Comité  vient  de  se  former  dans  le 
but  de  faire  participer  toute  la  jeunesse 
des  écoles  parisiennes  aux  bienfaits  des 
exercices  corporels.  A peine  organisé,  ce 
Comité  a décidé  la  création  de  trois  grands 
parcs  scolaires,  immenses  prairies  de  jeux 
aménagées  pratiquement  pour  que  tous  les 
exercices  puissent  y trouver  place  et  où  ne 
manquera  pas,  nous  en  sommes  assurés,  une 
certaine  élégance  artistisque  (la  composition 
du  Comité,  qui  compte  les  noms  les  plus  auto- 
risés et  les  plus  célèbres,  et  a placé  M.  Jules 
Simon  à sa  tête,  nous  en  est  un  garant). 

Aux  parties  découvertes,  où  les  foot-ball , 
les  croquet , les  lawn-tennis  seront  installés, 
se  marieront  agréablement  des  parties  om- 
bragées où  les  écoliers  viendront  se  reposer 
de  leurs  jeux.  Les  pelouses  seront  sillon- 
nées d’allées  sablées  où  les  jeunes  cavaliers 

EFFETS  DU  SULFATE  DE  FER  CO 

Dans  les  deux  derniers  numéros  de  la 
Revue  horticole , nous  avons  parlé  de  l’emploi 
du  sulfate  de  fer  pour  la  destruction  de  la 
Mousse,  pour  la  destruction  des  chancres 
des  arbres,  et  nous  avons  en  même  temps 
rendu  compte  de  quelques  résultats  obtenus 
contre  certains  autres  parasites.  Il  nous 
reste  à mentionner  les  effets  du  sulfate  de 
fer  comme  engrais. 

Les  résultats  ci-dessous  se  rapportent  à 
des  emplois  faits  dans  les  potagers  et  sur 
les  plantes  d’ornement. 

Nous  citerons  d’abord  ceux  des  essais  exé- 
cutés à la  ferme-école  de  Yincennes  sous  la  di- 
rection de  M.  Muntz,  professeur  à l’Institut 
agronomique,  résultats  encore  inédits. 

Le  7 juin  1887,  on  a arrosé  un  rang  de 
diverses  plantes  avec  une  dissolution  à 
1 p.  100  de  sulfate  de  fer;  la  dose  employée 
correspondait  à 65  kilog.  par  hectare  ; on  a 
obtenu  : 

Sans  sulfate  Avec  sulfate  Accroisse- 
de  fer.  de  fer.  ment 

Haricots  nains  . . 2k200  2k400  10  °/0 

Carottes  cuivrées  . 5 100  5 600  9.8  °/© 

Les  résultats  constatés  dans  d’autres  essais 
semblent  faire  croire  que  la  dose  a été 
faible,  oift,  mieux,  qu’un  second  arrosage  eût 
produit  un  effet  plus  complet. 

En  effet,  une  expérience  faite  à Chaille- 


pourront,  sans  danger,  se  livrer  à l’exer- 
cice de  l’équitation.  On  créera  une  pièce 
d’eau  pour  les  baigneurs  ; et,  qui  sait?  peut- 
être  aura-t-elle  des  dimensions  assez  consi- 
dérables pour  que  les  amateurs  de  cano- 
tage puissent  y installer  leur  flottille. 

Quel  rêve  pour  les  écoliers  parisiens  qui 
jusqu’ici,  les  jours  de  promenade,  égrenaient 
dans  cet  étroit  Paris  leurs  fdes  sans  en- 
train ! Ils  vont  avoir  de  l’air,  de  l’espace, 
des  gazons  pour  se  rouler  et  s’étendre,  des 
jeux  intéressants  qui  les  divertiront  et  déve- 
lopperont leurs  membres.  Et  cela,  ils  l’au- 
ront dès  la  rentrée  prochaine;  à cette 
époque,  les  trois  grands  parcs  dont  la  créa- 
tion a été  décidée,  et  qui  seront  installés, 
l’un  à Saint-Cloud,  l’autre  sur  la  ligne  de 
Montparnasse  et  le  troisième  sur  la  ligne 
d’Orléans,  devront  être  terminés.  La  jeu- 
nesse des  institutions  parisiennes  va  faire 
bien  des  envieux  et  nous-mêmes  qui,  depuis 
longtemps,  avons  doublé  le  cap  des  retenues 
et  des  pensums,  nous  regretterons,  parfois, 
de  ne  plus  être  écoliers.  Ed.  André. 

ME  ENGRAIS  EN  HORTICULTURE 

vois  (Aisne),  chez  M.  Fischer,  président  de 
la  section  d’horticulture  d’Auzy-le-Château, 
a donné  les  résultats  suivants  : 

1 are  60,  additionné  d’une  dose  corres- 
pondant à 300  kilog.  par  hectare,  a produit 
une  récolte  de  540  kilog. 

Soit  par  hectare 34.000kil. 

2 ares,  sans  aucune  addition,  ont 

donné  500  kil.,  soit,  par  hectare  25.000  — 

Différence 9. 000  kil. 

Augmentation  : 36  p.  100. 

Indépendamment  de  ces  deux  essais,  où 
les  quantités  récoltées  ont  été  pesées,  voici 
quelques  résultats  seulement  approximatifs. 

A Anizy,  chez  M.  Galimant,  géomètre- 
expert,  on  a mis  une  dose  correspondant  à 
1.500  kilog.  de  sulfate  de  fer  par  hectare, 
sur  une  planche  plantée  en  Pois  et  autres 
légumes  ; les  premiers  ont  poussé  avec  une 
vigueur  extraordinaire;  ils  présentaient,  dit 
cet  expérimentateur,  une  taille  gigantesque, 
et  la  récolte  a été  des  plus  abondantes  ; les 
autres  légumes  y ont  pris  également  un  dé- 
veloppement absolument  remarquable. 

A Clermont-les-Fermes,  chez  M.  Chavée- 
Leroy,  nous  avons  vu  des  salades  de  Laitue 
ayant  reçu  une  dose  équivalant,  suivant  lui, 
à 900  kil.  par  hectare,  très-belles  et  surtout 
à feuilles  très  serrées. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


335 


M.  Chapelle,  jardinier  chez  Mme  la  vi- 
comtesse de  Courval,  au  château  de  Pinon 
(Aisne),  dit  se  bien  trouver  d’un  arrosage 
fait  avec  une  dissolution  de  sulfate  de  fer 
sur  les  Fraisiers. 

Sur  la  Vigne,  les  résultats  ne  sont  pas 
moins  remarquables  ; nous  les  avons  constatés 
chez  M.  Chavée-Leroy,  chez  M.  Méry,  à 
Châteaurenard.  M.  A.  Clissey  a publié  ceux 
tout  à fait  extraordinaires  qu’il  a obtenus 
dans  sa  propriété,  où  les  sarments  d’une 
Vigne,  considérée  comme  perdue,  ont 
atteint,  sous  l’action  du  sulfate  de  fer, 
3 mètres  de  longueur;  M.  A.  Bernard,  di- 
recteur du  laboratoire  départemental  de 
Cluny,  nous  a communiqué  un  résultat  inédit, 
obtenu  par  M.  Bassy,  ingénieur  à Mont- 
ceau-les-Mines  : une  Vigne,  appartenant  à 
ce  propriétaire,  et  située  à Mercurey,  a été 
transformée  par  l’arrosage  au  sulfate  de  fer  ; 
des  plants  souffreteux,  un  mois  après  le 
traitement,  étaient  devenus  parfaitement 
verts. 

Pour  les  arbres  fruitiers,  nous  avons  cons- 
taté , à Urcel  même,  ses  bons  effets  sur  des  Poi- 
riers qui  s’étiolaient.  D’autre  part,  M.  Chavée- 
Leroy  a publié  les  résultats  qu’il  a obtenus 
dans  son  jardin,  dont  les  fruits,  primitive- 
ment durs  et  pierreux,  se  sont  transformés 
sous  son  action. 

Les  plantes  d’ornement  ont.  ressenti  aussi 
les  effets  favorables  du  traitement  au  sul- 
fate de  fer. 

Bappelons  d’abord  les  effets  signalés  par 
M.  Griffith  sur  les  Rosiers,  dont  les  tiges 
prirent,  sous  l’action  du  sulfate  de  fer,  un 
développement  remarquable.  Ceux  qu’il  ob- 
tint sur  des  Caoutchoucs  (Ficus)  sont  éga- 
lement fort  intéressants  ; l’arbre  non  traité 
perdit  presque  toutes  ses  feuilles,  l’autre  se 
couvrit  de  nombreuses  feuilles  vertes. 

M.  Griffith  ne  donne  pas  les  doses  em- 

SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’H! 

SÉANCE  DU 

Comité  de  floriculture. 

MUe  Perrin,  d’Écouché  (Orne),  a obtenu  de 
semis  des  Bégonias  tuberculeux  à fleurs 
doubles,  dépassant  considérablement  en  dia- 
mètre et  en  duplicature  tout  ce  qui  a été  vu 
jusqu’ici.  Les  trois  fleurs  présentées  par 
Mlle  Perrin  étaient  respectivement  : rose  sau- 
moné, blanc  très  largement  carminé,  jaune 
soufre  pâle.  Ces  fleurs,  dont  le  diamètre  attei- 
gnait 13  centimètres,  formées  en  boules  arron- 
dies, étaient  d’une  compacité,  d’une  dureté 


ployées  ; nous  pensons  que  la  dissolution  doit 
être  toujours  faite  à 1 ou  1.5  p.  100 
(10  grammes  par  litre),  chaque  plante  était 
arrosée  avec  50  ou  100  centimètres  cubes,  et 
les  arrosages  répétés  au  plus  trois  ou  quatre 
fois. 

M.  Lainé,  propriétaire  à Vigneux  (Seine- 
et-Oise),  nous  a écrit  avoir  employé  le  sulfate 
de  fer  sur  des  corbeilles  de  Géraniums  et 
en  avoir  constaté  le  développement  excep- 
tionnel. 

Enfin  M.  Fischer  cite  l’emploi,  sur  une 
corbeille  de  Violettes,  d’un  mélange  de 
800  kilog.  de  sulfate  de  fer  et  3.000  kilog. 
de  plâtre  par  hectare;  les  feuilles  furent 
noircies  par  ce  mélange  et  tombèrent  ; le 
plan  était  considéré  comme  perdu,  quand 
une  végétation  extraordinaire  se  produisit, 
et  à la  fin  de  novembre,  on  obtint  des  Vio- 
lettes d’une  beauté  remarquable  comme 
feuilles  et  comme  fleurs. 

Si  nous  résumons  ces  expériences,  nous 
voyons  que,  pour  les  potagers  et  les  jardins, 
la  dose  minima  semble  être  300  kilog.  par 
hectare,  avec  une  limite  de  1.000  kilog., 
surtout  pour  les  carrés  à plantes  serrées  et 
à végétation  rapide. 

L’épandage  peut  se  faire  à l’état  de  sel, 
mais  mieux,  sans  doute,  en  solution  à 1 ou 
1.5  pour  100,  en  employant  pour  chaque 
plante  50  à 100  centimètres  cubes  de  la  dis- 
solution, et  répétant  cet  emploi  trois  ou 
quatre  fois. 

On  peut,  pour  cet  emploi  en  dissolution, 
comme  nous  l’avons  indiqué  pour  les 
Mousses,  préparer  une  liqueur  plus  con- 
centrée dont  on  prendra,  suivant  les  be- 
soins, une  quantité  déterminée,  avec  la- 
quelle on  constituera  le  liquide  d’arrosage. 

P.  Marguerite-Delacharlonny, 

Ingénieur  des  arts  et  manufactures 
à Urcel  (Aisne). 

RTICULTURE  DE  FRANCE 

28  JUIN  1888. 

surprenantes.  Il  reste  à savoir  si  ces  fleurs  se 
tiennent  bien,  c’est-à-dire  si  leur  poids  consi- 
dérable n’obligera  pas  à les  soutenir  à l’aide 
d’une  baguette.  Nous  serons  prochainement 
fixés  à ce  sujet. 

MM.  Vilmorin-Andrieux  et  Cie  avaient  en- 
voyé une  remarquable  collection  de  Giroflées 
Quarantaine  à rameaux , à fleurs  blanches, 
violettes,  et  rouge  vif.  Ges  formes,  dont  les 
hampes  sont  très-longues,  sont  précieuses  pour 
la  confection  des  bouquets,  la  vente  des  mar- 
chés, etc.  Ils  avaient  aussi  une  série  de  Pétunias 


336 


CORRESPONDANCE. 


à grandes  fleurs,  mesurant  40  centimètres  de 
circonférence  au  bord  du  limbe,  et  de  coloris 
fort  beaux. 

M.  Dugourd,  de  Fontainebleau,  consacre,  on 
le  sait,  une  grande  partie  de  ses  soins  aux 
plantes  vivaces,  dont  on  devrait  recommander 
davantage  la  culture.  Il  présentait  à cette  réu- 
nion une  jolie  collection  d’espèces  variées  parmi 
lesquelles  on  remarquait  de  très-jolis  Lychnis 
rouge  foncé,  de  diverses  nuances,  obtenus  de 
semis  par  le  présentateur,  des  Viola  cornuta 
violet  foncé,  etc. 

M.  Dybowski  se  livre  à des  expériences 
suivies  pour  obtenir  la  floraison  nuancée  des 
Chrysanthèmes.  Voici  de  quelle  manière  il 
a réussi  à en  avoir  cette  année  une  certaine 
quantité  d’exemplaires  en  floraison  dans  le 
courant  de  juin.  L’année  dernière,  il  a rentré 
en  serre  chaude,  dans  le  courant  de  décembre, 
un  certain  nombre  de  pieds  défleuris.  Rabat- 
tues rez-terre,  ces  plantes  ont  aussitôt  déve- 
loppé des  bourgeons  dont  on  a fait  des  bou- 
tures. En  continuant  de  cultiver  ces  boutures  à 
une  température  élevée,  en  pinçant  leurs  bour- 
geons latéraux,  elles  ont  pour  la  plupart  com- 
mencé à fleurir  vers  le  commencement  de  juin, 
bien  qu’elles  appartinssent  toutes  à des  variétés 
dont  la  floraison  a lieu  d’habitude  à l’automne. 
M.  Dybowski  avait  apporté  un  exemplaire  bien 
fleuri. 

Comité  d’arboriculture  d’ornement. 

Par  MM.  Baltet,  un  rameau  fleuri  du  Catalpa 
speciosa , espèce  encore  assez  rare,  et  qui  a été 
plantée  pour  la  première  fois  en  Europe,  à 
Segrez,  dans  la  collection  de  feu  M.  Alph.  La- 


N° 4143  (Vosges).  — Aucune  monographie 
des  Sempervivum  n’ayant  été  faite,  que  nous 
sachions,  nous  ne  pouvons  que  vous  renvoyer 
aux  ouvrages  d’horticulture  où  il  en  a été 
parlé,  et  tout  particulièrement  à la  Revue  hor- 
ticolet,  où  vous  trouverez,  année  1867,  p.  53, 
77  et  114,  les  renseignements  nécessaires.  — 
Vous  pourriez  aussi,  dans  les  Icônes  de  Jordan, 
trouver  plusieurs  espèces  de  Sempervivum 
que  cet  auteur  y a décrites  et  figurées.  Dans  le 
cas  où  vous  désireriez  augmenter  votre  collec- 
tion de  Sempervivum , vous  pourriez  vous 
adresser  à M.  Carrelet,  51,  rue  de  Vincennes, 
à Montreuil,  qui  en  possède  une  collection 
assez  complète,  et  surtout  bien  déterminée.  — 
Quant  à l’autre  plante  dont  vous  désirez  savoir 
le  nom,  nous  n’avons  pu,  à cause  de  la  peti- 
tesse de  votre  échantillon,  parvenir  à le  déter- 
miner avec  certitude. 

P.  F.  (Seine-et-Oise) . — Nous  avons  reçu 
vos  graines  et  nous  vous  en  remercions. 


vallée.  Le  C.  speciosa , dont  le  feuillage  diffère 
peu  du  C.  syringæflora , a les  fleurs  très- 
grandes,  à corolle  élégamment  frisée-ondulée, 
blanc  légèrement  réticulé  de  violet  foncé,  ma- 
culé de  jaune  d’or. 

Comité  de  culture  potagère. 

M.  Lapierre  fils,  pépiniériste,  rue  de  Fon- 
tenay, à Montrouge  (Seine),  a obtenu  de  semis 
une  fort  belle  Fraise  à gros  fruits  qu’il  a 
nommée  la  France.  Assez  voisine  des  Fraises 
Docteur  Morère  et  Napoléon  III , cette  variété 
est  très-recommandable.  Le  fruit  est  gros,  par- 
fumé, bien  fait,  quoique  polymorphe,  à chair 
blanche.  La  plante  est,  paraît-il,  vigoureuse 
et  très-productive. 

M.  Cottereau,  qui  avait  soumis  en  septembre 
dernier  au  comité  quelques  têtes  de  Chou- 
Fleur  Scheidecker , en  avait  apporté  cette  fois 
plusieurs  très-beaux  exemplaires,  pesant  cha- 
cun jusqu’à  3 kilogrammes,  pour  démontrer 
que  cette  variété  est  aussi  recommandable  pour 
la  culture  d’automne  que  pour  celle  de  prin- 
temps. 

Comité  des  industries  diverses. 

M.  Maître,  d’Auvers  (Seine-et-Oise),  a ajouté 
aux  sacs  à Raisins,  que  l’on  fait  avec  du  crin, 
une  légère  armature  en  fil  de  laiton,  qui  a pour 
effet  d’empêcher  le  sac  de  toucher  aux  grains. 
C’est  une  idée  très-ingénieuse  qui  sera  ap- 
préciée par  les  cultivateurs.  Cette  adjonction 
n’augmente  que  de  1 fr.  par  cent  le  prix  ordi- 
naire des  sacs. 

Ch.  Thays. 


N°  4603  ( Maine-et-Loire ).  — Adressez-vous 
à M.  Lange,  horticulteur  au  golfe  Juan  (Alpes- 
Maritimes)  ; il  pourra  vous  fournir  cette  plante 
suivant  les  forces  que  vous  désirez. 

N°  5364  (Espagne).  — Adressez-vous  à 
MM.  Chantrier  frères,  à Mortefontaine,  par 
Plailly  (Oise). 

X.  P.  (Belfort).  — Ne  plantez  qu’au  mois 
d’octobre  les  ognons  d’Ixia  et  de  Sparadis.  On 
achète  les  bulbes  du  Nerine  Sarniensis  à Guer- 
nesey  et  à Jersey;  mais  on  conseille,  avec 
raison,  de  ne  les  faire  venir,  emballés  dans  du 
sable,  qu’au  commencement  de  septembre, 
quand  ils  montrent  leurs  boutons. 

N°  2534  (Oise)  et  divers  abonnés.  — Vous 
trouverez,  chez  M.  Ed.  Pynaert  Van  Geert, 
horticulteur  à Gand  (Belgique),  le  Bégonia 
Lubbersii  et  le  Dichorisandra  tæniensis,  nou- 
veautés décrites  et  figurées  dans  la  Revue  hor- 
ticole, numéros  du  16  mai  et  du  1er  juin  de 
cette  année. 


L’Administrateur-Gérant  : L.  Bourguignon. 


lmp.  Georges  Jacob,  — Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


337 


CHRONIQUE  HORTICOLE 

Légion-d’Honneur.  — Le  Ministère  de  l’Agriculture  et  la  Légion-d’Honneur.  — Mérite  agricole.  — 
Congrès  international  d’horticulture  à l’Exposition  de  1889.  — Iris  pabularia.  — Dimensions  sur- 
prenantes d’un  Œillet.  — Les  « Fêtes  des  fleurs  » dans  l’antiquité.  — Les  Allium  de  l’Asie  centrale. 

— Phalœnopsis  Harriettœ.  — Importations  d’Orchidées  japonaises.  — La  coloration  du  Prunus 
Pissardi.  — Floraison  hâtive  des  Palmiers  cultivés  en  pleine  terre.  — Du  palissage.  — Les  Hottentots 
au  Jardin  d’ Acclimatation.  — Les  fabriques  de  confitures  dans  le  Vaucluse.  — Les  notes  et  dessins  du 
docteur  Engelmann.  — Le  calendrier  des  moissons  dans  le  monde  entier.  — Les  plantes  du  Congo. 

— Expositions  annoncées.  — Memento  des  Expositions. 


Légion-d’Honneur.  — C’est  avec  un 
vif  plaisir  que  nous  avons  trouvé,  parmi  les 
promotions  dans  l’ordre  de  la  Légion- 
d’Honneur  faites  par  le  Ministre  de  l’Ins- 
truction publique,  celle  de  M.  le  docteur 
H.  Bâillon,  professeur  à la  Faculté  de  méde- 
cine de  Paris,  qui  a été  promu  au  grade 
d’officier.  M.  le  docteur  Bâillon  était  cheva- 
lier depuis  le  14  août  1867. 

Le  Ministère  de  l’Agriculture  et  la 
Légion-d’Honneur.  — L’an  dernier,  à pa- 
reille époque,  nous  faisions  remarquer 
combien  l’horticulture  était  peu  représentée 
parmi  les  nominations  faites  dans  l’ordre  de 
la  Légion-d’Honneur,  et  nous  avions  le  re- 
gret de  constater  que  le  jour  où  un  décret 
venait  de  récompenser  des  services  horti- 
coles, on  se  trouvait  en  face  d’une  erreur 
qui  dépassait  véritablement  la  mesure. 

Cette  année,  non  seulement  il  n’est  pas 
question  d’horticulture  dans  les  nomina- 
tions faites  à l’occasion  du  14  juillet,  mais 
c’est  l’agriculture  elle-même  qui  a quelques 
droits  de  se  plaindre. 

Notre  ami  M.  de  Céris  fait  remarquer 
dans  le  Journal  d’ Agriculture  pratique 
que  la  part  du  Ministère  de  l’Agriculture 
dans  la  distribution  des  croix  de  la  Légion- 
d’Honneur  a été  cette  année  bien  maigre. 

Une  promotion  au  grade  d’officier,  dit-il,  et 
quatre  nominations  au  grade  de  chevalier,  soit 
au  total  cinq  nominations  réparties  entre  un 
agriculteur  et  quatre  fonctionnaires,  tel  est  le 
contingent  du  Ministère  de  l’agriculture  dans 
l’attribution  des  croix  de  la  Légion-d’Honneur 
conférées  à l’occasion  de  la  fête  nationale. 
Jamais  la  part  faite  à l’agriculture  n’avait  été 
aussi  exiguë,  et  il  est  désormais  impossible  de 
la  réduire  davantage,  à moins  de  la  supprimer 
tout  à fait.  Lorsque,  le  7 juillet  1883,  l’ordre 
du  Mérite  agricole  a été  fondé,  nous  écrivions  : 

« Souhaitons  que  la  création  de  cet  ordre  ne 
devienne  pas  plus  tard  le  prétexte  sur  lequel 
on  s’appuiera  pour  diminuer  le  nombre  déjà 
restreint  des  décorations  de  la  Légion-d’Hon- 


neur qu’on  accorde  à l’agriculture,  et  qui  re- 
présente à peine  un  vingt-cinquième  des  déco- 
rations civiles  disponibles.  » Nos  prévisions  se 
réaliseraient-elles  plus  tôt  et  plus  complètement 
encore  que  nous  le  craignions? 

On  ne  saurait  mieux  dire  des  choses  plus 
justes. 

Ne  parlons  pas  de  l’horticulture  : il  est 
entendu  qu’elle  est  modeste,  et  qu’on  peut 
sans  inconvénient  la  négliger.  Mais  l’agri- 
culture, qui  représente  plus  de  la  moitié  de 
la  France,  l’agriculture,  que  tous  les  dis- 
cours officiels  traitent  comme  la  première  de 
nos  industries  nationales,  l’agriculture,  pour 
laquelle  il  n’y  a pas  assez  de  belles  phrases 
et  de  mots  ronflants,  la  voici  qui  reçoit  à 
peine  un  vingt-cinquième  des  décorations 
civiles  disponibles  ! 

Mérite  agricole.  — Le  Journal  officiel 
vient  de  publier  une  liste  de  17  promotions 
au  grade  d’officier  et  417  nominations  au 
grade  de  chevalier  du  Mérite  agricole. 
Aucune  des  17  croix  d’officier  n’a  été  réser- 
vée à l’horticulture  ; parmi  les  117  nomina- 
tions au  grade  de  chevalier,  nous  y trou- 
vons les  suivantes  : 

MM. 

Blachère  (Augustin-Claude),  jardinier,  à Marseille 
(Bouches-du-Rhône),  gérant  du  journal  horticole 
de  Marseille  depuis  sa  fondation  (1882).  Nom- 
breuses récompenses  dans  les  concours;  trente 
ans  de  services. 

Boulanger-Bernet,  conseiller  général  du  Pas-de- 
Calais,  président  de  la  Société  agricole  et  horti- 
cole de  Boulogne  ; vingt-cinq  ans  de  services. 
Briant  (Guillaume-Gustave),  jardinier  en  chef  de 
l’École  normale  de  Cluny  (Saône-et-Loire), 
membre  du  Comité  départemental  du  phylloxéra 
depuis  sa  fondation  (1879).  Création  d’une  pépi- 
nière de  plants  américains.  Membre  fondateur  et 
administrateur  de  la  Société  d’agriculture  de 
Mâcon  ; vingt-neuf  ans  de  services. 

Brun  (Joseph),  horticulteur  à la  Seyne  (Var).  Fon- 
dateur de  la  Société  d’horticulture  du  Var.  Nom- 
breuses récompenses  dans  les  concours  ; qua- 
rante-quatre ans  de  services. 

Chevalier  (Gustave-Louis-Félix),  arboriculteur  à 
Montreuil  (Seine).  Cours  d’arboriculture  profes- 


1er  Août  1888. 


15 


338 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


sés  gratuitement  aux  Sociétés  d’arboriculture  de 
Coulommiers,  de  Melun,  de  Fontainebleau  et  de 
Neuilly-Plaisance.  Correspondant  de  divers  jour- 
naux horticoles.  Quinze  médailles  d’or,  vingt  mé- 
dailles de  vermeil,  etc.,  etc. 

Christen  (Louis),  horticulteur  à Versailles  (Seine- 
et-Oise).  Vingt-deux  médailles  d’or,  un  grand 
nombre  de  médailles  de  vermeil,  d’argent,  etc.; 
plus  de  quarante  ans  de  services. 

Desjardins  (Louis-Édouard),  jardinier  en  chef  du 
Jardin  botanique  à l’École  vétérinaire  de  Tou- 
louse. Membre  des  jurys  d’horticulture  depuis 
vingt-cinq  ans  ; trente-un  ans  de  services. 
Flamenq  (Paul),  à la  Carde  (Var),  président  de  la 
Société  d’agriculture,  d’horticulture  et  d’acclima- 
tation du  Var.  Agriculteur  distingué  ; trente  ans 
de  services. 

Gagnaire,  horticulteur  à Bergerac  (Dordogne). 
Horticulteur  distingué.  Auteur  de  nombreuses 
publications  sur  la  reconstitution  des  vignobles. 
Hugues,  président  de  l’Association  horticole  mar- 
seillaise, à Marseille  (Bouches-du-Rhône).  Depuis 
1883,  n’a  cessé  de  prodiguer  son  temps  et  ses 
soins  pour  mener  à bonne  fin  les  expositions  et 
concours  organisés  par  la  Société  qu’il  préside. 
Bonne  tenue  de  son  exploitation. 

Laurent  (André),  horticulteur  à Limoges  (Haute- 
Vienne),  vice-président  de  la  Société  d’horticul- 
ture de  Limoges.  A dirigé  pendant  près  de  vingt 
ans  des  cours  spéciaux  d’horticulture.  Nom- 
breuses récompenses  ; quarante-deux  ans  de 
services. 

Leeonte  (Jean-Placide),  agriculteur  et  horticulteur, 
maire  de  Bornel  (Oise).  Agriculteur  distingué. 
Nombreuses  récompenses  ; vingt-cinq  ans  de 
services. 

Mariani  (Pierre-Toussaint),  à Ajaccio  (Corse).  Cul- 
ture des  arbres  fruitiers. 

Michaud  (Joseph),  à Paris.  Services  rendus  à l’agri- 
culture et  à l’horticulture  au  point  de  vue  com- 
mercial avec  l’étranger.  Création  de  plusieurs 
musées  agricoles  dans  le  Jura. 

Nivet  (François),  horticulteur  à Limoges  (Haute- 
Vienne).  Membre  fondateur  de  la  Société  d’hor- 
ticulture. Nombreuses  récompenses  ; plus  de 
quarante  ans  de  services. 

Poiret-Delaon  (Louis-Alfred),  jardinier  à Puteaux 
(Seine).  Lauréat  des  concours  généraux  et  régio- 
naux. Membre  fondateur  de  la  Société  d’horticul- 
ture et  de  petite  culture  de  Soissons  ; trente-cinq 
ans  de  services. 

Robin  (Étienne),  jardinier  à Bléneau  (Yonne),  pro- 
fesseur d’horticulture  à l’École  supérieure  de 
Bléneau.  Introduction  dans  la  région  qu’il  habite 
d’un  grand  nombre  de  plantes  nouvelles. 

Rozay  (Robert),  horticulteur-pépiniériste  à Sens 
(Yonne),  membre  de  plusieurs  Sociétés  d’horti- 
culture. Création  d’une  vaste  pépinière.  Nom- 
breuses récompenses. 

Congrès  international  d’horticulture 
à l’Exposition  de  1889.  — Par  arrêté  en 
date  du  16  juillet  1888,  le  Ministre  du  com- 
merce et  de  l’industrie,  commissaire  général 
de  l’Exposition  universelle  de  1889,  a 
nommé  membres  du  Comité  d’organisation 
du  Congrès  international  d’horticulture  : 


MM. 

Bergman  (Ernest),  secrétaire  de  la  Société  na- 
tionale d’horticulture  de  France,  secrétaire  des 
Congrès  horticoles  de  Paris  en  1885,  1886,  1887 
et  1888. 

Bleu  (A.),  horticulteur,  secrétaire  général  de  la 
Société  nationale  d’horticulture. 

Duchartre  (P.),  membre  de  l’Institut,  secrétaire- 
rédacteur  de  la  Société  nationale  d’horticulture. 
Dybowski  (J.),  maître  de  conférences  à l’École 
de  Grignon,  membre  de  la  Société  nationale 
d’horticulture. 

Forgeot  (E.),  marchand  grainier,  membre  de  la 
Société  nationale  d’horticulture. 

Hardy,  directeur  de  l’École  nationale  d’horti- 
culture de  Versailles,  vice-président  de  la  So- 
ciété nationale  d’horticulture,  président  des 
Congrès  horticoles  de  Paris  en  1886,  1887  et 
1888. 

Huard,  trésorier  de  la  Société  nationale  d’horti- 
culture. 

Leroy  (Louis-Anatole),  horticulteur-pépiniériste, 
membre  de  la  Société  nationale  d’horticulture. 
Truffaut  (Albert),  horticulteur,  membre  de  la  So- 
ciété nationale  d’horticulture. 

Verdier(Charles),  horticulteur,  président  de  l’Union 
commerciale  des  horticulteurs  et  marchands 
grainiers,  membre  de  la  Société  nationale  d’hor- 
ticulture. 

Vilmorin  (Henry  de),  marchand  grainier,  vice-pré- 
sident de  la  Société  nationale  d’horticulture. 

Iris  pabularia.  — Dans  une  récente 
réunion  de  la  Société  d’ Acclimatation , 
M.  Ermens,  ancien  chef  des  cultures  du 
Maharadjah  de  Kashmyr,  a présenté  quel- 
ques pieds  à’ Iris  pabularia,  Ndn.,  plante, 
paraît-il,  destinée  à rendre  de  grands  ser- 
vices pour  la  mise  en  culture  des  terrains 
chauds  et  secs. 

« Lorsque,  au  Kashmyr,  a dit  M.  Er- 
mens, on  interroge  un  indigène  sur  la  va- 
leur nutritive  de  cette  plante,  il  répond,  en 
vous  montrant  les  magnifiques  fourrages 
des  montagnes  : « Ceci,  c’est  de  Yherbe  ; mais 
« le  Krisham  (1.  pabularia ),  c’est  de  la 
« viande.  » Cette  réponse  est  expressive,  et 
définit  bien  le  fond  de  sa  pensée.  » 

Comme  fourrage,  cette  Iridée  peut  se 
consommer  à l’état  vert  ; on  la  fauche  lors- 
qu’elle a atteint  30  ou  40  centimètres  de 
hauteur,  et  elle  peut  alors  donner  une  se- 
conde coupe  au  moins  égale  à la  première 
à l’état  sec  ; les  feuilles  atteignent  de  60  à 
70  centimètres  de  hauteur  et  se  fauchent 
avant  qu’elles  ne  perdent  leur  végétation. 

M.  Naudin  a dit  de  1’/.  pabularia  qu’il 
ést  indélogeable  dès  qu’il  a pris  possession 
du  sol.  On  doit  le  semer  la  première  année 
en  pépinière  et  le  repiquer  l’année  suivante, 
au  moment  où  la  végétation  commence  à se 
manifester  : février,  pour  le  midi  de  la 
France  et  l’Algérie*  mars  ou  avril  sous  le 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


339 


climat  de  Paris,  où  il  se  plaira  d’ailleurs 
moins  que  dans  le  Midi. 

Dans  un  sol  pauvre,  sec  et  aride,  les 
jeunes  plantes  doivent  être  placées  à 25  cen- 
timètres en  tous  sens  ; dans  un  sol  plus 
riche,  il  faut  les  distancer  davantage  en  les 
écartant  de  40  et  même  50  centimètres  les 
unes  des  autres  ; si  le  temps  est  sec,  on 
donnera  un  arrosage,  un  seul,  pour  assurer 
la  reprise. 

La  maison  Vilmorin  met  des  graines  de 
cette  plante  au  commerce  ; on  doit  les  lais- 
ser tremper  pendant  quelque  temps  dans 
l’eau  avant  de  les  employer. 

Dimensions  surprenantes  d’un  Œillet. 

— Il  existe  actuellement,  dans  les  cultures 
de  M.  H.  Holdsworth,  à Wilton  (Angle- 
terre), un  pied  d’Œillet  Souvenir  de  la 
Malmaison , provenant  d’une  bouture  faite 
il  y a deux  ans,  et  qui,  cette  année,  a pro- 
duit des  fleurs  mesurant  45  centimètres  de 
diamètre,  soit  45  centimètres  de  circonfé- 
rence. 

Nous  ne  nous  souvenons  pas  d’avoir  ja- 
mais vu  une  fleur  d’Œillet  atteignant  ces 
dimensions. 

Les  a Fêtes  des  fleurs  » dans  l’anti- 
quité. — Un  amateur  érudit,  M.  A.  Bel- 
mont,  poursuit,  dans  le  Journal  des  Roses, 
une  charmante  étude  sur  le  rôle  que  jouaient 
les  Roses  dans  les  fêtes  antiques.  Il  rap- 
pelle qu’à  Rome,  aux  fêtes  des  Saturnales, 
de  même  qu’à  celles  de  Flore,  on  répandait 
dans  les  rues  une  couche  de  Roses  ; mais  le 
fait  le  plus  important  de  ce  genre  qui  soit 
parvenu  jusqu’à  nous,  et  qui  a été  enre- 
gistré par  Suétone,  se  rapporte  à une  fête 
qui  fut  donnée  par  Néron  sur  le  lac  Lucrin, 
près  de  la  ville  de  Raia,  dans  la  Campanie. 

En  effet,  l’auteur  rapporte  que  pour  cette 
fête,  Néron  fit  effeuiller  sur  le  lac  une  quan- 
tité prodigieuse  de  Roses,  ce  qui  occasionna 
une  dépense  de  quatre  millions  de  sesterces, 
ce  qui  représente  700,000  fr.  de  notre  mon- 
naie actuelle  environ,  mais  beaucoup  plus 
si  on  tient  compte  de  la  différence  de  valeur 
de  l’or. 

A côté  de  ces  chiffres,  dont  nous  ne  pou- 
vons discuter  l’exactitude,  nos  fêtes  mo- 
dernes, nos  batailles  de  fleurs,  ne  seraient 
que  jeux  d’enfants. 

Les  Allium  de  l’Asie  centrale.  — 

L’inauguration  récente  du  chemin  de  fer 
transcaspien  qui  va  aujourd’hui  jusqu’à  Sa- 
markand, et  qui  marque  d’une  façon  défi- 


nitive l’installation  des  Russes  dans  l’Asie 
centrale,  donne  un  intérêt  nouveau  à la 
flore  de  ce  pays,  que  les  collecteurs  russes, 
avant-coureurs  du  général  Annenkoff,  ont 
parcouru  depuis  un  certain  nombre  d’an- 
nées. 

M.  Ed.  Regel,  en  étudiant,  pour  sa  mo- 
nographie du  genre  Allium , les  spécimens 
recueillis  par  Rudde  dans  la  Turcomanie, 
de  Krasnow  et  de  Potamin,  dans  la  Mon- 
golie boréale,  de  Przéwalski  dans  la  Mongolie 
occidentale  et  l’ouest  de  la  Chine,  etc.,  vient 
d’en  fixer  le  nombre  à 138  espèces  distinctes. 

C’est  là  un  chiffre  considérable  et  surtout 
étonnant  en  ce  qu’il  s’applique  à un  genre 
dans  lequel  les  différences  de  formes  ne  sont 
pas  nombreuses. 

Sur  les  138  espèces  étudiées,  22  sont  nou- 
velles et  décrites  pour  la  première  fois  par 
M.  Regel. 

Phalœnopsis  Harriettæ.  — L’Orchido- 
phile  donne  la  description  d’un  charmant 
Phalœnopsis  hybride,  le  P.  Harriettæ, 
qui  vient  d’être  obtenu  par  M.  Seden,  chez 
MM.  Veitch,  en  fécondant  le  P.  amabilis 
type  par  le  P.  violacea. 

La  fleur  de  cet  hybride , qui  mesure 
6 centimètres  de  diamètre,  est  bien  inter- 
médiaire entre  celles  des  parents;  les  sé- 
pales et  les  pétales  sont  d’un  blanc  soufre 
pâle,  ou  blanc  rosé  très-pâle,  leurs  bases 
étant  couvertes  de  fines  macules  rose  pour- 
pré; le  labelle,  en  forme  de  fer  de  lance 
élargi,  est  charnu  et  pourvu  d’un  support 
distinct,  comme  dans  le  P.  grandi  flor a ; 
d’autres  caractères  rendent  le  nouvel  hy- 
bride bien  distinct  et  très-intéressant  au 
point  de  vue  des  résultats  obtenus  par  la 
fécondation  artificielle. 

Importation  d’Orchidées  japonaises. 

— Un  des  correspondants  de  la  Revue  hor- 
ticole, M.  Fouché,  jardinier-chef  chez  M.  A. 
Massé,  propriétaire  du  château  de  Kerber- 
nès  et  fondateur  d’un  orphelinat  agricole, 
nons  adresse  l’intéressante  communication 
suivante  : 

...  Nous  venons  d’importer  directement  du 
Japon  une  collection  d’Orchidées.  Ces  plantes 
nous  sont  parvenues  les  unes  portant  à la  fois 
leurs  noms  botaniques  et  japonais,  les  autres 
avec  ces  derniers  seulement. 

Voici  la  liste  des  plantes  que  nous  avons 
reçues  : 

NOMS  JAPONAIS.  NOMS  BOTANIQUES. 

Magoran Aer ides  jap onicum. 

Furan Angræcum  falcatum. 


340 

CHRONIQUE 

NOMS  JAPONAIS. 

NOMS  BOTANIQUES. 

Likokuran 

Dendrobium  japoni- 
cum. 

Keinkeirran 

Calanthe  Sieboldi  va- 
riegata . 

Keinkeioran 

Calanthe  Sieboldi  va- 
riegata  (variété). 

Jubineran  Aki 

Calanthe  Sieboldi  va- 
riegata  (variété). 

Kakoran  

Phajus  species  (?) 

Kagnomeran 

Goodyera  japonica. 

Birodoran 

G.  japonica  velutina. 

Shiajobokama 

Acrinopsis  grandiflo- 
ra , var. 

Jelimaran 

Calanthe  discolor. 

Fagero 

Platanthera  radiata , 
var. 

Kumagnogeran 

Cypripedium  japoni- 
cum. 

Benukarcm  

? 

Benneran 

? 

Hacuclikuran 

? 

Shirdikuran 

? 

Boran 

? 

Je  vous  tiendrai  au  courant  des  diverses 
phases  de  végétation  et  de  floraison  de  ces 
plantes,  et  j’en  ferai  de  même  pour  une  collec- 
tion de  vingt-sept  espèces  ou  variétés  de  Lis  du 
Japon  qui  les  accompagnaient. 

Nous  remercions  M.  Fouché  des  utiles 
indications  qu’il  nous  a envoyées,  et  nous 
acceptons  avec  empressement  son  offre  de 
faire  connaître  par  la  Revue  horticole  les 
résultats  de  sa  culture. 

La  coloration  du  Prunus  Pissardi.  — 

Tous  les  pépiniéristes  et  amateurs  d’arbres 
d’ornement  savent  que  le  Prunus  Pissardi 
offre,  dans  les  cultures,  deux  variétés  : 
l’une  à feuilles  bien  pourpres,  introduite 
directement  en  France  par  M.  Pissard,  et 
mise  en  vente  par  M.  Paillet  ; l’autre,  ve- 
nant d’Allemagne  on  ne  sait  comment,  et  qui 
montre  des  feuilles  vert-rougeâtre  absolu- 
ment laides.  Il  faut  rejeter  absolument  cette 
dernière. 

Or,  nous  venons  de  recevoir  de  notre 
collaborateur,  M.  G.  Baltet,  une  lettre  dans 
laquelle  il  nous  dit  : 

Sur  un  de  ces  sujets  venus  d’Allemagne, 
l’étiquette,  par  son  fil  métallique,  a produit  un 
étranglement  sur  une  forte  branche.  Depuis 
cela,  toute  la  partie  supérieure  à la  strangu- 
lation est  du  plus  beau  pourpre  foncé,  tran- 
chant ainsi  sur  le  vert  bronzé  des  autres  parties 
de  l’arbre.  Nous  grefferons  ces  rameaux  ou  les 
bouturerons.  Ce  sera  curieux  de  voir  si  le 
coloris  pourpre  se  reproduit.  Voilà  un  intéres- 
sant sujet  d’étude  pour  les  physiologistes. 

La  communication  de  notre  collaborateur 


HORTICOLE. 

est  intéressante,  mais  elle  ne  nous  surprend 
pas.  Sans  rechercher  les  causes  qui  ont 
amené  la  transformation  du  type  sauvage 
du  Prunier  de  Pissard  à feuilles  vertes  en 
une  variété  à feuilles  pourpres  fixée  par  la 
greffe  ou  le  bouturage,  nous  pouvons  bien 
penser  que  ce  fait  a pu  se  produire  acciden- 
tellement même  en  Perse,  où  le  Prunier 
Myrobolan  dont  il  provient,  doit  être  indi- 
gène, car  c’est  à tort  que  certains  amateurs 
l’ont  cru  originaire  des  États-Unis. 

Quoi  qu’il  en  soit,  ce  fait  de  transforma- 
tion brusque  méritait  d’être  signalé,  et  nous 
apprendrons  bien  volontiers  de  M.  Baltet 
quelles  en  auront  été  les  conséquences. 

Floraison  hâtive  des  Palmiers  culti- 
vés en  pleine  terre.  — M.  Barnsby  a 
constaté  que,  cette  année,  la  floraison  du 
Chamærops  excelsa , planté  en  pleine  terre 
dans  le  Jardin  botanique  de  Tours,  s’était 
trouvée  en  avance  de  près  d’un  mois. 

M.  Barnsby  attribue  cette  floraison  avan- 
cée à ce  que  les  Palmiers  ont  souffert,  du 
froid  l’hiver  dernier,  ce  qui  a amené  la  chute 
d’un  bon  nombre  de  feuilles.  Dans  les  ob- 
servations qu’il  a pu  faire,  les  plantes  qui 
ont  le  plus  souffert  sont  celles  qui  ont  le 
plus  de  fleurs. 

Nous  avons  constaté  la  même  particula- 
rité dans  notre  jardin  de  Lacroix  sur  de 
gros  exemplaires  laissés  en  plein  air  sans 
aucune  couverture  depuis  l’hiver  1879-80, 
et  qui  n’avaient  pas  été  depuis  lors  endom- 
magés par  le  froid. 

Il  serait  intéressant  de  savoir  si  le  même 
fait  s’est  produit  ailleurs  qu’en  Touraine, 
soit  pour  des  Palmiers,  soit  pour  d’autres 
plantes. 

Du  palissage.  — Beaucoup  de  gens, 
« d’amateurs  surtout  »,  croyant  que  la  ré- 
gularité est  le  maximum  de  la  beauté  que 
doit  présenter  un  espalier,  s’attachent  à ce 
que  les  murs  soient  bien  garnis,  bien  plats, 
afin  qu’aucune  saillie  ne  se  montre,  et  que 
tous  les  rameaux  soient  bien  appliqués  le 
long  du  mur.  Pour  cela,  il  attachent  les 
bourgeons  au  fur  et  à mesure  qu’ils  pous- 
sent. C’est  là  une  erreur  déplorable,  nuisible 
à la  durée  des  arbres  et  surtout  à leur  fruc- 
tification. Ce  qu’il  faut,  c’est  procéder  suc- 
cessivement, au  fur  et  à mesure  du  besoin, 
ce  que  la  Revue  démontrera  dans  un  pro- 
chain article. 

Les  Hottentots  au  Jardin  d’Acclima- 
tation.  — Le  Jardin  Zoologique  d’Acclima- 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


341 


tation  de  Paris,  continuant  la  série  de  ses 
exhibitions  anthropologiques  et  ethnogra- 
phiques, présente  actuellement  à ses  visi- 
teurs une  caravane  du  plus  haut  intérêt,  com- 
posée de  quatorze  Hottentots  (sept  hommes, 
cinq  femmes  et  deux  enfants). 

Après  les  Nubiens,  nous  avons  successi- 
vement vu  défiler,  au  Jardin  d’ Acclimata- 
tion, les  Esquimaux  du  Pôle,  les  Fuégiens 
de  la  Terre  de  Feu,  les  Gauchos  des  Pam- 
pas, les  Araucans  de  l’Amérique  occiden- 
tale, les  Galibis  des  grands  bois  de  la 
Guyane,  les  Kalmoucks  des  steppes  Cas- 
piennes,  les  Peaux-Rouges  des  Prairies  du 
Missouri,  les  Lapons  des  régions  glacées  de 
l’Europe  septentrionale,  les  Cynghalais  de 
l’ile  féerique  de  Geylan,  les  Achantis  de 
l’Afrique  équatoriale. 

Les  nouveaux  venus  sont  originaires  de 
l’Afrique  australe. 

Le  nom  de  Hottentots  est  donné  à tous 
les  indigènes  de  la  partie  méridionale  de 
l’Afrique,  située  à l’est  et  dans  le  nord  de 
la  Gafrerie. 

Le  territoire  occupé  par  la  colonie  anglaise 
du  Gap  a été,  pied  à pied,  enlevé  aux  Hot- 
tentots. Le  nombre  de  ces  naturels  diminue 
de  jour  en  jour,  et  les  quelques  familles 
qui  ont  su  conserver  encore  leur  indépen- 
dance vivent  réfugiées  aux  environs  de 
Graaf-Reynet.  Elles  sont  pauvres  et  misé- 
rables. 

Le  type  des  Hottentots  est  un  des  plus 
dégradés  de  l’espèce  humaine.  Les  traits 
du  visage  sont  très-marqués.  La  face  est 
large  en  haut,  presque  pointue  en  bas,  les 
pommettes  très-saillantes,  les  mâchoires 
étroites.  Le  nez  est  aplati,  la  bouche  déme- 
surément grande,  la  chevelure  laineuse  et 
courte.  La  couleur  de  la  peau  est  d’un  jaune 
caractéristique. 

Les  Hottentots  camperont  au  Jardin 
zoologique  d’Acclimatation  jusqu’au  30  sep- 
tembre 1888.  Ils  ne  peuvent  manquer 
d’exciter,  au  plus  haut  point,  la  curiosité 
des  Parisiens. 

Les  fabriques  de  confitures  dans  le 
Vaucluse.  — La  ville  d’Apt,  dans  le  Vau- 
cluse, est  le  centre  d’une  production  très 
importante  de  confitures.  Pour  en  donner 
une  idée,  citons  un  chiffre  : les  fabriques 
d’Apt  ont  employé  cette  année,  à elles 
seules,  cent  cinquante  mille  kilogrammes 
de  Cerises. 

Les  industries  locales  de  certaines  parties 
de  la  France  mériteraient  d’être  mieux 
connues  et  appréciées,  et  parmi  elles,  on 


trouverait  que  l’horticulture  joue  un  rôle 
beaucoup  plus  important  qu’on  ne  le  sup- 
pose généralement. 

Les  notes  et  dessins  du  docteur 
Engelmann.  — Grâce  à la  générosité  de 
M.  H.  Shaw,  le  Mécène  de  l’horticulture 
et  de  la  botanique  de  l’Amérique  du  Nord, 
surtout  dans  la  ville  de  Saint-Louis  du 
Missouri,  les  nombreuses  notes  détachées 
et  les  dessins  laissés  par  le  docteur  Engel- 
mann ont  été  réunis  dans  un  seul  volume. 
Ge  nouveau  recueil  contient  de  précieux 
renseignements  sur  certaines  familles  de 
la  flore  Nord  américaine,  notamment  les 
Cactées , les  Conifères,  les  Chênes,  les  Yuc- 
cas, les  Agaves,  les  Vignes,  etc.  Les  bota- 
nistes pourront  ainsi  revoir  d’un  coup  d’œil 
l’œuvre  entière  d’un  savant  qui  a grande- 
ment contribué  au  progrès  de  la  science 
des  plantes. 

Le  calendrier  des  moissons  dans  le 
monde  entier.  — L’époque  à laquelle  se 
fait  la  moisson,  dans  une  région,  peut  servir 
de  base  pour  indiquer  d’assez  près  le  mo- 
ment où  ont  lieu  l’épanouissement  de  cer- 
taines fleurs,  la  maturation  des  fruits,  etc. 

Nous  donnons,  ci-dessous,  un  calendrier 
de  l’époque  des  moissons  dans  le  monde 
entier,  dressé  par  les  soins  du  Ministre  de 
l’Agriculture.  Ge  document  peut  rendre  des 
services  aux  arboriculteurs,  en  leur  faisant 
connaître  sous  ce  rapport  la  relation  d’un 
pays  quelconque  avec  le  nôtre  : 

La  moisson  se  fait  en  : 

Janvier.  — Australie,  Nouvelle-Zélande, 
Chili,  République  Argentine. 

Février  et  Mars.  — Indes  britanniques, 
Haute  Égypte. 

Avril.  — Mexique,  Égypte,  Turquie  d’Asie, 
Perse,  Syrie,  Asie  mineure,  Cuba. 

Mai.  — Afrique  septentrionale,  Asie  cen- 
trale, Chine,  Japon,  Texas  et  Floride. 

Juin.  — Californie,  Espagne,  Portugal,  Ita- 
lie, Grèce,  Orégon,  Louisiane,  Alabama, 
Géorgie,  Kansas,  Colorado,  Missouri. 

Juillet.  — Roumanie,  Bulgarie,  Hongrie, 
Autriche,  France,  Russie  méridionale,  Né- 
braska,  Minnesota,  Nouvelle  Angleterre,  Haut- 
Canada. 

Août.  — Angleterre,  Belgique,  Hollande, 
Allemagne,  Danemark,  Pologne,  Bas-Canada, 
Manitoba,  Colombie  anglaise. 

Septembre.  — Canada  septentrional,  Écosse, 
Suède,  Norwège. 

Octobre.  — Russie  septentrionale. 

Novembre.  — Pérou  et  Afrique  méridio- 
nale. 

Décembre.  — Birmanie. 


342 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Les  plantes  du  Congo.  — Le  Bul- 
letin du  cercle  floral  d’Anvers  nous 
apporte,  sur  la  végétation  du  Congo,  de 
nouveaux  renseignements  qui  nous  per- 
mettent d’ajouter  quelques  notes  à notre  ar- 
ticle du  1er  avril.  Ces  renseignements  vien- 
nent en  droite  ligne  de  Loulouabourg, 
station  fondée  par  l’Association  internatio- 
nale du  Congo,  d’où  M.  de  Macar,  agent  de 
l’Etat  indépendant,  les  a envoyés. 

Quant  à présent,  l’horticulture  de  ces 
régions  peut  être  classée  en  deux  sections  : 
la  culture  des  plantes  européennes,  que  les 
colons  ont  acclimatées  avec  des  succès  plus 
ou  moins  grands  et  dont,  nous  avons  entre- 
tenu nos  lecteurs  ; la  culture  des  plantes 
indigènes,  dont  les  naturels  tirent  leur  prin- 
cipale nourriture  et  leur  boisson.  Comme 
végétaux  alimentaires,  les  nègres  cultivent 
le  Manioc,  le  Riz,  le  Maïs,  divers  Millets, 
les  Patates,  les  Arachidens,  l’Igame,  les 
Haricots  indigènes,  la  Cane  à sucre,  les 
Tomates,  les  Ognons  du  pays. 

M.  de  Macar  cite  plusieurs  plantes  for- 
mant la  base  de  l’industrie  et  de  la  mé- 
decine des  naturels.  Ceux-ci  emploient 
avec  succès  une  certaine  racine , dite 
Kisassi , contre  les  blessures;  l’écorce  du 
Mutachi  contre  la  dyssenterie  ; le  Kan- 
gouse  et  le  Kapapa  Muchi  contre  les 
maux  de  tète.  Les  feuilles  d’un  certain 
Kanga  Bakicki  sont,  paraît-il,  souveraines 
contre  les  convulsions.  Une  plante  nommée 
Musonge  ferait  fureur  chez  nous,  si  ses 
propriétés  étaient  reconnues  ; elle  jouit  chez 
les  sauvages  de  la  réputation  d’arrêter  la 
pluie.  Pour  que  le  ciel  le  plus  noir  de- 
vienne incontinent  radieux,  il  suffît,  c’est 
bien  simple,  d’attacher  le  Musonge  à une 
corne  de  chèvre  et  de  lui  faire  décrire  des 
cercles  dans  l’air  ! 

Qu’est-ce  que  le  Kisassi,  le  Mutachi , 
le  Kangouse,  etc.,  noms  sous  lesquels  se 
cachent  probablement  des  plantes  pré- 
cieuses? Nous  n’en  savons  encore  rien; 
mais  nous  l’apprendrons  probablement 
bientôt,  car  M.  de  Makar  vient  d’envoyer 
en  Belgique  un  herbier  composé  de  végé- 
taux qui  jouent  des  rôles  importants  dans  la 
vie  des  naturels  du  Congo. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 

EXPOSITIONS  ANNONCÉES. 

Paris,  25  juillet  au  5 novembre.  — La 
commission  de  l’exposition  de  sauvetage, 
d’hygiène  et  des  industries  qui  s’y  rattachent, 
ouvre  aux  Champs-Élysées  une  section  spéciale 


consacrée  aux  végétaux  d’ornements.  Des  salles, 
un  premier  étage  du  Palais  de  l’Industrie, 
aménagées  en  serres,  sont  mises  à la  disposi- 
tion des  exposants.  Huit  concours  auront  lieu 
de  quinzaine  en  quinzaine. 

S’adresser  à M.  Nicole,  administrateur  de 
l’exposition  de  sauvetage,  28,  boulevard  des 
Italiens,  Paris. 

Vienne,  29  septembre  au  7 octobre.  — A 
l’occasion  du  jubilé  du  règne  de  l’empereur 
François-Joseph,  une  grande  exposition  de 
fruits  et  un  concours  international  d’appareils 
à sécher  les  fruits  aura  lieu  à Vienne  du 
29  septembre  au  7 octobre. 

Les  sections  I™  des  fruits  et  II  des  produits 
de  l’industrie  fruitière,  ainsi  que  la  section  IV 
(pépinières),  sont  réservées  aux  seuls  exposants 
autrichiens. 

Les  sections  III  et  V,  appareils  à sécher  les 
fruits  et  machines  et  instruments  pour  la  cul- 
ture des  arbres  fruitiers  et  l’art  de  faire  valoir 
les  fruits,  sont  internationales. 

Des  prix  importants  seront  décernés  dans 
ces  deux  sections.  Le  premier  prix  des  grands 
appareils  à sécher  consiste  eh  une  médaille 
d’or  et  1,000  florins. 

Un  congrès  de  pomologues  se  réunira  pen- 
dant l’exposition. 

Adresser  les  demandes  pour  exposer  à M.  le 
comte  Henri  Attems,  à Leichwald,  Graz 
(Styrie). 

Memento  des  Expositions. 

Voici  la  liste  des  Expositions  précédemment 
annoncées  : 

Bougival.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  9),  29  août  au 
3 septembre. 

Bourges.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  13),  2 au  5 août. 
Fontainebleau.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  14)  25  au 
au  27  août. 

Lyon.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  11),  13  au  17  septembre. 
Meaux.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  5),  7 au  9 septembre. 
Mézidon.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  10),  16  septembre. 
Moulins. — Exp.  gén.  (Chr.  n°  6),  31  juillet  au  5août. 
Paris.  — Chrysanthèmes  (Ch.  n°  14),  22  au  25  no- 
vembre. 

Périgueux. — Exp.  horticole  et  viticole  (Chr.n°ll), 
3 au  5 août. 

Roubaix.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n°  5) , 17  novembre. 
Saint-Germain-en-Laye.  Exp.  gén.  (Chr.  n°  10), 
26  au  29  août. 

Saint-Mandé.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  12),  16  au 
23  septembre. 

Toulouse.  — Exp.  de  culture  maraîchère,  culture 
ornementale  et  arboriculture  fruitière  (Chr. 
n°  11),  27  au  30  septembre. 

— Même  Exp.  et  spécialement  Exp.  de  Chrysan- 
thèmes (Chr.  n°  11),  15  au  18  novembre. 
Valognes.  — Exp.  locale  (Chr.  n<>  8),  1er  au  4 sept. 
Gand.  — Floriculture  (Chr.no  11),  2 au  3 septembre. 

— Chrysanthèmes  (Chr.  n°  11),  18  au  22  nov. 
Lausanne.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  8),  20  au  25  sept. 


DES  PORTE- GREFFES. 


343 


DES  PORTE-GREFFES 


La  question  des  porte-greffes  est  devenue 
si  grave,  par  suite  de  la  nécessité  de  greffer 
nos  excellentes  Vignes  françaises  sur  ra- 
cines américaines,  dans  toutes  les  régions 
envahies  par  le  phylloxéra,  que  je  crois 
devoir  appeler  l’attention  des  lecteurs  de  la 
Revue  horticole  sur  la  note  de  M.  Boisselot, 
insérée  dans  ce  même  journal,  numéro  du 
1er  juin  dernier  (p.  243). 

La  compétence  de  M.  Boisselot,  ainsi  que 
sa  longue  expérience  des  choses  horticoles, 
sont  bien  connues;  aussi  mon  but,  ici, 
n’est-il  pas  de  contester  ses  assertions. 

Dans  sa  région,  les  Poiriers  greffés  sur 
franc  ou  affranchis  par  leurs  racines 
donnent  des  fruits  moins  nombreux,  moins 
gros,  moins  bons,  que  ceux  greffés  sur  Coi- 
gnassier,  et,  après  peu  d’années,  dans  de 
bonnes  terres  argileuses,  les  arbres  ne  sont 
bons  qu’à  mettre  au  feu.  Des  sauvageons 
greffés  avec  de  bonnes  variétés  n’ont  donné 
que  des  fruits  âcres,  pierreux  et  petits,  d’où 
résulte  la  nécessité  de  ne  cultiver,  chez  lui, 
que  des  Poiriers  greffés  sur  Coignassier 
pour  avoir  des  arbres  durables , produisant 
des  fruits  abondants  et  bons. 

Dans  notre  Midi,  les  Poiriers  greffés  sur 
Coignassier  se  développent  bien  les  trois 
premières  années;  ils  donnent  des  fruits 
abondants,  ayant  toute  la  bonté  que  com- 
porte la  variété,  mais  dès  la  quatrième, 
quelquefois  la  cinquième  année,  la  végéta- 
tion diminue,  la  chlorose  se  montre  et 
l’arbre  ne  mérite  plus  la  culture.  Ce  n’est 
pas  seulement  en  Provence  que  ce  fait  se 
produit.  M.  Sahut,  pépiniériste  à Montpel- 
lier, dont  les  lecteurs  de  la  Revue  connais- 
sent le  mérite  et  l’esprit  d’observation,  et 
qui  est  en  même  temps  l’auteur  de  plu- 
sieurs ouvrages  très-estimés,  a fait  ressortir 
ce  fait  du  défaut  d’adaptation  du  Poirier 
et  du  Coignassier  après  des  débuts  heu- 
reux. 

Ce  ne  sont  pas  nos  terrains  qui  sont  ré- 
fractaires au  Coignassier,  puisque,  franc  de 
piéd,  il  nous  donne  de  beaux  arbres  qui  se 
chargent  de  fruits  ; c’est  le  Poirier  qui  ne 
peut  pas  vivre  longtemps  et  utilement  sur 
le  Coignassier.  Il  n’y  trouve  probablement 
pas  une  nourriture  suffisante  ; il  lui  manque 
aussi  une  adaptation  convenable,  puisqu’il 
se  forme,  à l’insertion  de  la  greffe,  des 
bourrelets  qui  s’accroissent  jusqu’à  la  mort 
de  l’arbre.  Ce  défaut  d’adaptation  est  géné- 


ral, mais  à des  degrés  différents  : les  Beurré 
d’Hardcnpont,  Clapp’s  favorite,  les  Beur- 
rés Hardy  et  superfin,  sont  les  variétés  qui 
se  comportent  le  moins  mal  greffées  sur 
Coignassier. 

J’ai  pu,  l’automne  dernier,  déguster  di- 
vers fruits  venus  sur  des  arbres  greffés  sur 
Coignassier,  à Paris,  à Thomery,  à Troyes, 
à Bâle,  à Zurich,  à Lyon,  dans  l’Ardèche. 
Je  n’ai  trouvé  nulle  part  des  fruits  dépas- 
sant en  saveur  ceux  que  je  cueille  sur  des 
Poiriers  greffés  sur  franc  dans  la  banlieue 
de  Marseille,  et,  pour  un  certain  nombre, 
qui  pussent  rivaliser  avec  eux. 

J’engage  M.  Boisselot,  s’il  vient  jamais 
dans  notre  ville,  à venir  déguster  nos 
fruits;  il  appréciera  ce  que  produit  dans 
nos  terres  légères  et  calcaires,  avec  l’aide 
de  notre  brillant  soleil,  le  Poirier  greffé  sur 
franc.  Il  sera  obligé  de  convenir  qu’à  quan- 
tité égale  de  fruits,  ils  sont  aussi  beaux  et 
aussi  bons  que  ceux  greffés  sur  Coignassier, 
cultivés  dans  le  même  terrain. 

Nos  Poiriers  craignent  la  marne,  ils  y 
jaunissent  et  n’y  font  jamais  de  bons  arbres. 
C’est  probablement  dans  un  terrain  mar- 
neux que  M.  Boisselot  a vu  les  sujets  francs 
dépérir.  Les  Poiriers  centenaires  ne  sont 
pas  rares  dans  nos  campagnes,  lorsqu’ils 
sont  plantés  dans  des  terrains  profonds. 

Le  Pêcher  greffé  sur  Amandier  réussit 
dans  des  terrains  marneux  et  y prospère 
longtemps.  Il  y a là  une  question  d’appro- 
priation : on  doit  réserver  les  terres  légères, 
profondes,  au  Poirier,  et  consacrer  au  Pê- 
cher, à l’Abricotier  et  même  au  Cerisier,  les 
autres  terrains. 

Puisque  je  parle  des  Pêchers,  je  ne  sau- 
rais trop  répéter  que  le  Pêcher  greffé  sur 
lui-même  est  destiné  à être  mis  au  feu  à la 
cinquième  ou  sixième  année;  il  donne  à 
peine  deux  récoltes,  et  il  dépérit  dans  tous 
nos  terrains  : arrosés,  secs,  humides,  en 
plaine  et  sur  coteau. 

Pourquoi  le  Pêcher  greffé  sur  franc,  très- 
beau,  très-vert,  très-vigoureux,  se  chlorose- 
t-il  dès  la  quatrième  année  et  ne  fructifie- 
t-il  plus?  Ne  semblerait-il  pas  naturel  que 
ce  fût  pour  lui  le  meilleur  porte-greffe?  Je 
laisse  à de  plus  savants  à expliquer  cette 
anomalie.  Ce  manque  d’affinité  d’un  arbre 
pour  « lui -même  » est  étrange,  mais  il  est 
réel.  Comme  pour  le  Poirier  sur  Coignas- 
sier, j’ai  fait  de  nombreux  essais  dans  les 


344 


OSTROWSKYA  MAGNIFICA. 


terrains  les  plus  différents  ; toujours  et  par- 
tout le  résultat  a été  le  même. 

Le  Pêcher  réussit  très-bien  greffé  sur 
Damas , sur  Saint-Julien  et  d’autres  va- 
riétés de  Pruniers  ; il  donne  les  plus  mau- 
vais résultats  greffé  sur  Myrobolan,  et 
cependant  celui-ci  est  un  excellent  porte- 
greffe  pour  l’Abricotier. 

Il  résulte  de  ces  faits  certains,  incontes- 
tables, d’affinité  et  de  non  affinité,  que, 
dans  la  question  relativement  nouvelle  des 
porte-greffes  américains,  il  faut  demander  à 
l’observation  de  plusieurs  années  le  sujet 


américain  que  doit  choisir  le  viticulteur 
pour  les  variétés  françaises  qu’il  veut  cul- 
tiver en  terrain  phylloxéré  ; que  le  débutant 
doit  vérifier  avec  soin  les  résultats  obtenus 
dans  les  terrains  analogues  au  sien,  par  des 
voisins  qui  cultivent  depuis  longtemps  dans 
cette  même  localité;  qu’il  doit  essayer  sur 
une  petite  échelle  les  nouveautés  recom- 
mandées et  ne  les  planter  sur  de  grandes 
étendues  que  lorsqu’elles  auront  fait  leurs 
preuves  dans  ces  nouvelles  conditions. 

Paul  Giraud. 


OSTROWSKYA  MAGNIFICA 


C’est  une  plante  « à sensation  » que  nous 
avons  la  bonne  fortune  de  présenter  aujour- 


d’hui à nos  lecteurs,  et  non  pas  une  plante  de 
luxe,  de  serre  chaude  ou  même  tempérée, 


Fig.  72.  — Ostrowskya  magnifica. 
(Demi-grandeur  naturelle,  d’après  le  Gardeners’  Chronicle .) 


inaccessible  aux  modestes  amateurs  ; c’est 
une  plante  vivace,  rustique,  de  plein  air,  qui 
va  grossir  heureusement  la  liste  des  commen- 


sales de  nos  parterres,  et  qui,  bientôt,  sera 
partout  répandue. 

L 'Ostrowskya  magnifica  est  une  Campa- 


DE  LA  POSSIBILITÉ  DE  PROVOQUER  DES  ANOMALIES  VÉGÉTALES. 


345 


nulacée  découverte  par  M.  Albert  Régel, 
dans  les  montagnes  du  canton  de  Darvâz, 
dans  la  Boukharie  orientale,  au  cours  de 
ces  explorations  célèbres  qui  ont  donné  aux 
Russes  Samarkand  et  la  plus  grande  partie 
de  l’extrême  Asie.  En  décrivant,  en  1884, 
dans  une  publication  peu  connue  de  la  plu- 
part des  horticulteurs,  le  nouveau  végétal 
importé  par  son  fils,  et  qui  a motivé  la  for- 
mation d’un  nouveau  genre,  le  docteur 
Régel,  de  Saint-Pétersbourg,  s’est  écrié  : 
« Planta  speciosa,  florïbus  maximis  1.  » 
Et  en  effet,  c’est  une  merveilleuse  espèce, 
avec  ses  larges  fleurs  de  plus  de  15  centi- 
mètres de  diamètre,  et  d’une  couleur  lilas 
tendre.  La  figure  que  nous  donnons  aujour- 
d’hui, réduite  de  moitié,  d’après  celle  que 
vient  de  publier  le  Gardeners’  Chronicle, 
ne  saurait  en  donner  qu’une  idée  approxi- 
mative. 

Voici  d’ailleurs  la  description  de  l’Os- 
trowskya  magnifica,  d’après  la  même  pu- 
blication : 

Plante  vivace,  à racines  tubéreuses.  Tige 
d’environ  1 mètre  de  hauteur,  vert  ponctué 
de  rouge,  à verticilles  de  feuilles  assez  dis- 
tants les  uns  des  autres.  Feuilles  glabres, 


DE  LA  POSSIBILITÉ  DE  PROVOQ 

Depuis  quelques  années,  je  m’occupe  à 
martyriser  de  pauvres  plantes,  spécialement 
des  Tulipes,  en  leur  donnant  une  alimenta- 
tion qu’elles  n’ont  pas  l’habitude  d’absor- 
ber, composée  de  produits  chimiques  dis- 
sous dans  de  l’eau,  et  choisis  le  plus  souvent 
parmi  les  plus  insolites. 

Mon  but  était  d’arriver  à provoquer  quel- 
ques-unes de  ces  anomalies  végétales  qu’on 
nomme  des  « monstruosités  ». 

Partant  de  ce  principe  que  les  mons- 
truosités sont  vraisemblablement  le  résul- 
tat d’une  perturbation  inconnue  survenue 
dans  la  végétation,  il  m’a  semblé  probable 
qu’en  troublant  avec  opiniâtreté  la  végé- 
tation par  une  alimentation  anormale, 
on  aurait  bien  des  chances  d’obtenir,  à 
la  longue,  diverses  espèces  d’anomalies 
provoquées,  qui  s’ajouteraient  à celles  que 
la  nature  produit  spontanément. 

Mon  inexpérience  en  chimie  et  en  horti- 
culture m’a  fait  subir  un  nombre  considé- 
rable d’échecs  et  de  mortalités.  A la  suite  de 

1 Descript.  Plant,  nov.  et  minus  cogn fasc.  IX, 
Saint-Pétersbourg,  1884. 


un  peu  charnues,  brièvement  pétiolées, 
oblongues  - aiguës,  grossièrement  dentées. 
Inflorescence  en  cime.  Fleurs  longuement 
pédonculées,  d’abord  penchées,  puis  redres- 
sées, mesurant  environ  15  centimètres  de 
diamètre.  Sépales  linéaires-lancéolés,  non 
appendiculés,  plus  courts  que  la  corolle, 
qui  est  campanulée,  à huit  lobes,  d’un  lilas 
pâle  veiné  de  lilas  bleuâtre  plus  foncé.  Huit 
étamines  à fdets  dilatés  à la  base  ; style 
conique  et  ovaires  velus. 

Nous  voici  donc  en  possession  d’une  très- 
belle  plante  nouvelle  de  plus.  Le  premier 
exemplaire  vient  d’être  exhibé  par 
MM.  Veitch,  à la  Société  royale  d’horti- 
culture de  Londres,  et  le  succès  qu’elle  a 
obtenu  est  un  sûr  garant  de  la  faveur  qui 
va  l’accueillir  en  France,  dès  qu’elle  y pa- 
raîtra. Cela  ne  saurait  tarder,  surtout  si  la 
plante  donne  des  graines,  hypothèse  qui 
devra  constituer  très-prochainement  une 
réalité,  à en  juger  par  sa  station  géogra- 
phique, l’altitude  à laquelle  elle  croît,  et 
la  facilité  avec  laquelle  la  plupart  de  ses 
autres  congénères  se  multiplient  par  cette 
voie. 

Ed.  André. 


JER  DES  ANOMALIES  VÉGÉTALES 

quelques  résultats  bien  ou  mal  observés,  j’ai 
cru  devoir  réclamer  les  conseils  d’une  per- 
sonne des  plus  compétentes,  en  lui  posant 
la  question  suivante  : 

« Pensez-vous  qu’en  donnant  aux  végé- 
taux une  nourriture  anormale , on  puisse 
provoquer  des  anomalies ; par  exemple, 
rendre  pluriflores  des  sujets  n’ayant  habi- 
tuellement qu’une  fleur?  — doubler  des 
fleurs  simples?  — modifier  la  forme  ou  la 
couleur  des  feuilles  ? — panacher  celles  qui 
sont  vertes,  etc.?  » 

Croyant  donner  une  preuve  à l’appui  de 
cette  possibilité,  je  disais  que  l’année  der- 
nière j’avais  obtenu  une  Tulipe,  faible  il  est 
vrai,  mais  dont  les  feuilles  étaient  suffisam- 
ment panachées  pour  mériter  d’être  prises 
en  sérieuse  considération  ; j’ajoutais  encore 
que,  cette  année,  je  ne  désespérais  pas 
d’obtenir  quelques  exemplaires  convenable- 
ment panachés. 

Le  savant  praticien  dont  je  réclamais  les 
conseils  m’a  fait  l’honneur  de  me  ré- 
pondre ce  qui  suit  : 

« Nous  ne  savons  rien  des  causes  qui 
font  varier  les  plantes  cultivées,  sous  le 


346 


DE  LA  POSSIBILITÉ  DE  PROVOQUER  DES  ANOMALIES  VÉGÉTALES. 


rapport  du  coloris,  du  nombre  des  fleurs, 
de  la  duplicature,  des  panachures  blanches, 
jaunes,  rouges,  etc. 

« Jusqu’à  présent,  nous  n’avons  pu  faire 
varier  sûrement  que  la  forme,  la  grandeur, 
l’épaisseur  et  la  structure  des  organes  végé- 
tatifs, tiges,  racines  et  feuilles. 

« Il  est  très-bon  d’essayer  tous  les  moyens 
imaginables,  même  ceux  qui  paraissent,  au 
premier  abord,  irrationnels  ; ceux  que  vous 
avez  mis  en  œuvre  sont  de  ce  nombre;  je 
ne  suis  pas  surpris  de  vos  insuccès.  Le 
succès  unique  que  vous  avez  enregistré  ne 
prouve  rien,  d’abord  parce  qu’il  est  unique 
au  milieu  d’un  grand  nombre,  ensuite  parce 
que  les  causes  qui  peuvent  agir  sont  fort 
complexes  et  échappent  le  plus  souvent  à 
notre  appréciation. 

cc  Avez-vous,  au  moins,  pris  la  précau- 
tion de  travailler  avec  des  plantes  élevées  de 
graines?  L’embryon  est  bien  autrement  va- 
riable et  malléable  que  le  bulbe,  qui  n’est, 
au  fond,  qu’une  bouture,  et  retient,  avec 
une  grande  énergie,  les  qualités  ancestrales. 

« Je  dois  vous  avouer  que  je  ne  compte 
pas  sur  l’effet  désiré  tant  que  vous  vous  ser- 
virez de  matières  qui  ne  sont  pas  des  ali- 
ments. Ces  substances  sont,  en  général, 
très-peu  absorbées,  et  peuvent,  en  outre, 
agir  comme  poisons. 

« Il  y a cependant  quelques  substitutions 
possibles,  etc.  » 

Les  renseignements  ci-dessus,  contenus 
dans  la  réponse  de  l’honorable  savant,  sont 
très-précis  et  très-précieux  pour  moi.  Bien 
qu’à  première  vue  ils  semblent  peu  encou- 
rageants et  paraissent  m’accuser  d’hérésie 
scientifique  (ce  dont  je  ne  prétends  pas  me 
disculper,  n’ayant  absolument  aucune  pré- 
tention de  ce  chef),  ils  offrent  néanmoins 
quelques  arguments  qui  me  permettent  de 
ne  pas  perdre  toute  espérance. 

4er  ARGUMENT  — OBJECTION 

Le  succès  unique  obtenu  ne  prouve  rien , 
d’abord  parce  qu’il  est  unique  au  mi- 
lieu d’un  grand  nombre. 

Réponse.  — Le  sujet  bien  panaché, 
mais  faible,  que  j’ai  obtenu  en  1887,  était 
unique,  il  est  vrai,  autant  que  bien  pa- 
naché ; mais  il  était  accompagné  de  4 ou 
5 autres  plus  vigoureux  et  aussi  panachés, 
quoique  d’une  façon  beaucoup  moins  appa- 
rente. 

Cette  année,  il  y a progrès,  et  j’ai  aperçu, 
dans  la  deuxième  semaine  d’avril  dernier, 
une  dizaine  d’exemplaires  d’une  vigueur  con- 
venable, toujours  au-dessous  de  la  moyenne, 


ayant  des  panachures  un  peu  sombres,  mais 
néanmoins  assez  bien  tranchées.  Il  s’est 
encore  produit  un  certain  nombre  d’exem- 
plaires plus  ou  moins  vigoureux,  ayant,  sur 
la  face  externe  des  feuilles,  une  coloration 
rougeâtre  et  lavée,  qui  a persisté  jusqu’à  ce 
jour,  et  qui  se  fixera  peut-être  plus  tard. 

2e  argument  — objection 

Le  succès  unique  ne  prouve  rien , parce 
que  les  causes  qui  peuvent  agir  sont 
fort  complexes  et  échappent  le  plus 
souvent  à notre  appréciation. 

Cette  objection  est  des  plus  sérieuses.  Je 
puis  toutefois  y répondre,  d’abord  que  le  suc- 
cès « unique  » s’est  multiplié  cette  année  ; 
ensuite  que,  sur  les  Tulipes  élevées  dans  les 
conditions  ordinaires,  je  n’ai  pas  souvenir 
d’avoir  remarqué  le  remue-ménage  des  co- 
loris qui  se  montre  sur  les  feuilles  d’un 
grand  nombre  de  celles  qui  sont  soumises  à 
une  alimentation  anormale.  Ces  coloris 
insolites  paraissent  même  augmenter  un 
peu  chaque  année  en  nombre,  en  intensité 
et  en  durée. 

Je  ne  puis,  sans  doute,  affirmer  qu’ils 
soient  dus  exclusivement  à cette  alimenta- 
tion anormale.  On  pourra  toujours  dire, 
sans  qu’il  soit  facile  de  prouver  le  con- 
traire, que  bien  d’autres  causes  ont  pu  y 
contribuer;  mais  il  est  très-vraisemblable 
que  ces  nombreuses  anomalies  sont  dues 
surtout  à la  nourriture  anormale  absorbée 
par  les  sujets  modifiés. 

3e  argument  — observation 

L’embryon  est  bien  autrement  variable  et 
malléable  que  le  bulbe , qui  retient , 
avec  une  grande  énergie , les  qualités 
ancestrales. 

Les  modifications  de  couleurs  ci-dessus 
signalées  se  sont  toutes  produites  sur  des 
bulbes,  c’est-à-dire  sur  des  sujets  qui  ré- 
sistent à la  nouveauté  ; il  est  donc  rationnel 
de  conclure  qu’en  agissant  sur  des  em- 
bryons venus  de  graines,  — puisqu’ils  sont 
bien  autrement  variables  et  malléables,  — 
on  aura  bien  plus  de  chances  de  mieux 
réussir,  en  admettant  toutefois  qu’il  y ait 
eu  déjà  réussite. 

4e  ARGUMENT  — OBJECTION 

Ne  pas  compter  sur  l’effet  désiré  tant 
qu’on  se  servira  de  matières  qui  ne  sont 
pas  des  aliments. 

Cette  formidable  négative  n’implique  pas 
qu’il  faille  désespérer  d’obtenir  l’effet,  dé- 


DE  LA  POSSIBILITÉ  DE  PROVOQUER  DES  ANOMALIES  VÉGÉTALES. 


347 


siré  si  Ton  emploie  des  produits  alimen- 
taires. Si,  jusqu’à  ce  jour,  on  n’a  rien 
obtenu  de  sérieux  comme  variation  de  cou- 
leurs, cela  tient  peut-être  à ce  que  les  pro- 
duits employés  ne  l’avaient  pas  été  dans  des 
proportions  ou  des  combinaisons  anormales. 
Vraisemblablement,  il  faut  faire  des  choses 
anormales  pour  obtenir  des  anomalies. 

Le  terme  dont  je  me  suis  servi,  d’alimen- 
tation insolite,  anormale,  s’applique  aux 
proportions  normales  des  produits  alimen- 
taires, aussi  bien  qu’à  l’emploi  de  subs- 
tances non  alimentaires,  que  l’on  pourrait, 
néanmoins,  faire  absorber. 

5e  ARGUMENT  OBJECTION 

Les  substances  non  alimentaires  sont , en 

général,  très-peu  absorbées  et  peuvent, 

en  outre,  agir  comme  poisons. 

Si  elles  sont,  en  général,  très-peu  absor- 
bées, cela  prouve  qu’elles  le  sont  quelque- 
fois. 

Si  elles  peuvent  agir  comme  poison,  cela 
prouve  qu’elles  peuvent  aussi,  quelquefois, 
ne  pas  agir  ainsi,  et,  dès  lors,  il  est  probable 
qu’elles  doivent  modifier  la  plante  d’une 
façon  quelconque. 

Pourquoi,  dans  ce  cas,  ne  deviendraient- 
elles  pas  des  agents  provocateurs  de  pana- 
chures  sur  feuilles  vertes  ou  d’autres  ano- 
malies imprévues?  Ce  n’est  que  par  de 
nombreuses  expériences  qu’on  dégagera 
cette  inconnue. 

6e  ARGUMENT  — OBSERVATION 

Il  y a cependant  des  substitutions  pos- 
sibles, etc. 

S’il  y a des  substitutions  possibles,  — s’il 
y a des  véhicules  pouvant  faciliter  l’ab- 
sorption de  certains  produits,  il  faut  espérer 
encore  davantage  qu’on  pourra  faire  absor- 
ber simultanément  ou  alternativement,  non 
seulement  des  substances  alimentaires  en 
doses  anormales,  mais  encore  quelques-unes 
des  substances  inoffensives  qui  figurent 
parmi  celles  qui  sont  réputées  n’être  pas 
alimentaires  aujourd’hui. 

Il  existe  des  milliers  de  plantes  diverse- 
ment organisées.  Il  existe  aussi  des  quan- 
tités de  produits  chimiques,  parmi  lesquels 
un  certain  nombre  seulement  sont  consi- 
dérés comme  alimentaires  pour  les  végé- 
taux. 

A ne  spéculer  que  sur  ces  derniers  pro- 
duits, on  arrivera  facilement,  au  moyen  de 
doses  et  de  combinaisons  variées,  à mettre 
des  centaines  d’aliments  différents  à la  dispo- 


sition de  chacune  de  ces  plantes.  Si  l’on  peut, 
en  outre,  utiliser  quelques-unes  des  subs- 
tances non  alimentaires,  ce  sont  des  mil- 
liers d’expériences  que  l’on  pourra  tenter 
avec  plus  ou  moins  de  chances  de  succès. 

Dans  son  numéro  du  16  mars  dernier,  la 
Revue  horticole  disait  que,  dans  certaines 
localités,  des  plantes  à feuilles  panachées 
redevenaient  vertes  ; tandis  que,  dans 
d’autres  localités,  ces  mêmes  plantes  vertes, 
abandonnées  à elles-mêmes,  sans  recevoir 
aucun  traitement,  devenaient  spontanément 
panachées.  Ne  serait-ce  point  parce  que  les 
terrains  où  ces  plantes  se  nourrissent  con- 
tiennent — ou  ne  contiennent  pas  — natu- 
rellement, en  doses  convenables,  les  agents 
chimiques  qui  conviennent  à la  fois  à la 
plante  et  au  terrain  pour  devenir  provoca- 
teurs de  ces  anomalies? 

Si,  en  cherchant  bien,  nous  parvenions  à 
découvrir,  pour  chaque  sorte  de  terrain  et 
de  plantes,  les  agents  modificateurs  qui  leur 
conviennent  et  à les  leur  fournir,  quels  ré- 
sultats imprévus  et  remplis  d’intérêt  ne 
pourrions-nous  espérer  ! 

CONCLUSION. 

Dans  ces  conditions,  il  me  paraît  difficile 
d’admettre  qu’un  chimiste  ou  un  horticul- 
teur, à la  fois  opiniâtre  et  expérimenté, 
n’arrive  pas  quelque  jour  à faire  surgir, 
d’abord  par  l’effet  du  hasard,  des  formes 
nouvelles,  que,  plus  tard,  il  reproduira  à sa 
volonté.  Ces  formes  seront  fixées  par  les 
procédés  connus  des  spécialistes.  Les  excep- 
tions, les  anomalies  primitives,  deviendront 
ainsi  la  règle  générale;  elles  augmenteront 
de  variétés  nouvelles  la  jouissance  et  la  ri- 
chesse des  amis  de  l’horticulture. 

C’est  pourquoi,  afin  d’engager  les  per- 
sonnes compétentes  à faire  le  plus  grand 
nombre  possible  d’expériences  dans  cet 
ordre  d’idées,  je  crois  utile  de  soumettre 
aux  lecteurs  de  la  Revue  la  question  sui- 
vante : 

« Est-il  possible,  — soit  au  moyen  de 
substances  chimiques  alimentaires  offertes 
en  doses  ou  combinaisons  anormales,  — 
soit  au  moyen  de  substances  chimiques  non 
alimentaires,  mais  pouvant  être  néanmoins 
absorbées,  — de  provoquer  sur  les  plantes 
des  anomalies  diverses,  sous  le  rapport  du 
coloris,  du  nombre  des  fleurs,  de  la  dupli- 
cature,  des  panachures  sur  les  pétales,  les 
feuilles,  les  écorces,  etc.  ? 

« En  termes  plus  généraux,  est-il  pos- 
sible, au  moyen  d’une  alimentation  anor- 
male, de  provoquer  des  anomalies  affec- 


348 


CLEMATIS  COCCINEA  ET  SES  VARIÉTÉS. 


tant  la  forme,  la  couleur,  l’odeur,  la  saveur 
des  végétaux?  » 

J’adresse  aux  rédacteurs  en  chef  de  la 
Revue  quatre  fragments  de  feuilles  de  Tu- 
lipes offrant  des  panachures  dont  quelques- 
unes  paraissent  assez  bien  accentuées,  mais 
que  le  transport  et  la  flétrissure  feront  peut- 
être  en  grande  partie  disparaître.  Malgré 
les  procédés  irrationnels  que  j’ai  employés 
pour  les  obtenir,  je  serai  heureux  de  savoir 
s’ils  sont  trouvés  suffisamment  probants 
pour  mériter  d’être  pris  en  bonne  considé- 
ration b 

On  peut  prévoir,  si  elles  peuvent  se  re- 
produire, qu’elles  offriront,  plus  tard,  une 


grande  diversité.  Dans  tous  les  cas,  le  fai 
seul  de  leur  existence  semble  indiquer  que 
nous  ne  devons  pas  désespérer  de  pouvoir 
agir  utilement  sur  les  coloris  des  végé- 
taux. 

Je  conserve  la  croyance  que,  si  des 
causes  diverses  ont  pu  concourir  à la  for- 
mation de  ces  anomalies,  elles  sont  dues 
surtout  à une  alimentation  anormale,  et  si 
de  nouvelles  expériences  sont  faites  à cet 
égard,  elles  résoudront,  je  l’espère,  cette 
intéressante  question  et  les  autres. 

Marcel  Poulin, 

à Coulanges  (Yonne). 


CLEMATIS  COCCINEA  ET  SES  VARIÉTÉS 


La  plante  dont  nous  donnons  ci-contre 
une  figure  coloriée  a été  longtemps  consi- 
dérée comme  identique  avec  le  Clematis  Pit- 
cheri,  de  Torrey  et  Gray.  Nombre  d’horti- 
culteurs ont  cru  pendant  quelque  temps 
que  ses  caractères  ne  permettaient  guère 
de  la  séparer  de  cette  dernière  espèce  ; et 
au  Muséum,  on  a cultivé  longtemps,  sous  le 
nom  de  la  plante  de  Torrey  et  Gray,  une 
variété  du  C.  coccinea  dont  la  Revue  hor- 
ticole a donné  une  figure  5.  Ce  n’est  pas 
d’ailleurs  la  seule  erreur  qui  ait  été  commise 
sur  l’identité  de  ces  deux  espèces,  même  dans 
leur  pays  d’origine.  Les  deux  auteurs  pré- 
cités confondirent  le  C.  Pitcheri  aux  fleurs 
grandes,  violet  noir  intérieurement,  lila- 
cées  extérieurement,  avec  le  C.  reticulata, 
à sépales  d’un  jaune  verdâtre  extérieure- 
ment et  rosés  à l’intérieur.  Le  C.  coccinea, 
Engelmann  (C.  texensis , Buckley),  fut  tour 
à tour  décrit  sous  les  noms  de  C.  Pitcheri 
et  de  C.  Viorna , var.  coccinea.  Quoi  qu’il 
en  soit  de  ces  confusions,  les  C.  coccinea 
et  Pitcheri  forment  deux  espèces  bien  dis- 
tinctes. Le  premier  diffère  du  second  par 
ses  folioles  le  plus  souvent  entières,  moins 
grandes,  à sommet  obtus  ; par  ses  fleurs  coc- 
cinées,  verdâtres  ou  jaunâtres  à l’intérieur, 
à segments  très-épais,  et  ses  carpelles  à arêtes 
contournées.  Le  C.  coccinea  se  reconnaîtra, 
parmi  toutes  les  espèces  du  groupe  à fleurs 
urcéolées,  à ses  feuilles  à folioles  arrondies 

1 Les  échantillons  en  question  nous  sont  bien 
parvenus;  ils  montrent  qu’une  perturbation  déjà 
accentuée  s’est  produite  sous  le  coloris  des  feuilles; 
mais,  comme  il  s’agit  là  d’une  simple  chlorose, 
l’expérience  n’est  pas  encore  assez  concluante. 

( Rédaction .) 

2 Voir  Revue  horticole,  1878,  p.  10. 


et  surtout  à la  couleur  de  ses  sépales, 
uniques  dans  le  genre.  En  voici  d’ailleurs 
une  courte  description  : 

Plante  herbacée,  glabre,  à tige  grêle, 
volubile,  presque  simple.  Pétiole  grêle, 
s’amincissant  parfois  en  vrille  au  sommet, 
portant  5 à 10  folioles  pétiolulées,  arrondies, 
ovales-cordiformes  ou  obliquement  tron- 
quées à la  base,  parfois  échancrées  et  briè- 
vement apiculées  au  sommet,  d’un  vert  gai 
en  dessus,  brunissant  ensuite  et  prenant 
une  teinte  métallique,  très  glauques  en 
dessous.  Fleurs  solitaires  à l’extrémité  des 
rameaux,  longuement  pédonculées,  légère- 
ment inclinées.  Périanthe  urcéolé,  à seg- 
ments épais  de  4 à 6 millimètres  à la  base, 
légèrement  amincis,  apiculés  au  sommet, 
coccinés  entièrement,  verdâtres  intérieure- 
ment. Étamines  de  moitié  plus  courtes  que  le 
périanthe,  à filets  jaune  clair,  pointus  supé- 
rieurement, à anthères  blanches,  linéaires, 
appendiculées.  Carpelles  plus  longs  que  les 
étamines,  s’allongeant  après  l’anthèse  en 
une  longue  arête  contournée  et  plumeuse. 

La  fleur  coupée  n°  2 de  notre  planche 
coloriée  représente  une  variété  à fleur  jaune 
intérieurement.  Nous  l’avons  désignée  sous 
le  nom  de  C.  coccinea  var.  luteola. 

La  plante  déjà  figurée  dans  la  Revue 
horticole  est  une  variété  à fleurs  plus 
petites,  rouges  intérieurement.  M.  Lavallée 
a proposé  pour  elle  le  nom  de  C.  coccinea 
var.  'parviflora  b 

Gomme  la  plupart  de  ses  congénères  à 
fleurs  urcéolées,  le  Clematis  coccinea  épa- 
nouit ses  curieuses  fleurs  au  bord  des  ri- 
vières de  l’Amérique  septentrionale.  Il  fut 

1 Lavall.,  Clémat.  à grandes  fleurs , p.  65. 


j Remu’y  Horticole, . 


ChromoUxh/.  G-.Severeyns. 


m bdard.d/'Z. 


Clemutis  cocaïua. 

f Fleur  driarhee,  var  hiteolcu .) 


LES  PRÉPARATIFS  DE  L’HORTICULTURE  A L’EXPOSITION  UNIVERSELLE. 


349 


découvert  au  Texas  par  le  professeur 
Buckley,  qui  le  nomma  C.  texensis.  Depuis, 
la  plante  fut  publiée  par  le  docteur  Engel- 
mann,  qui  changea  son  nom  en  celui  de 
C.  coccinea.  C’est  sous  cette  dernière  déno- 
mination qu’elle  a été  répandue  dans  les 
cultures. 

Nous  n’avons  pas  cru  devoir  lui  restituer 
son  premier  nom,  afin  de  ne  pas  augmenter 
la  confusion  déjà  trop  considérable  qui  s’est 
faite  autour  de  cette  plante. 

Malgré  sa  rusticité,  le  C.  coccinea  est 
encore  peu  répandu  dans  les  cultures.  La 
figure  que  nous  publions  donnera  peut-être  à 


quelques  amateurs  le  désir  de  posséder  cette 
Clématite  et  à des  horticulteurs  l’idée  d’en- 
treprendre avec  elle  des  croisements.  Nous  la 
recommandons  aux  premiers  : par  ses  fleurs 
curieuses,  semblables  à de  petites  Tulipes  à 
demi  fermées,  elle  jettera  une  note  origi- 
nale dans  leur  collection  ; et  nous  laissons 
à penser  aux  seconds  quels  succès  ils  ob- 
tiendraient s’ils  parvenaient  à infuser  à nos 
vieilles  espèces,  dont,  les  variétés  sortent  peu 
d’un  même  genre  de  couleurs,  un  peu  de  la 
vivacité  de  ton  qui  éclate  dans  cette  plante 
singulière. 

Ed.  André. 


LES  PRÉPARATIFS  DE  L’HORTICULTURE  A L’EXPOSITION  UNIVERSELLE 


Le  jardin  du  Trocadéro  étant  tout  parti- 
culièrement affecté  à l’exposition  horticole 
pour  1889,  nous  allons  indiquer,  au  moins 
d’une  manière  sommaire,  la  marche  suivie, 
c’est-à-dire  les  modifications  qui  ont  été 
faites  en  vue  de  l’approprier  à cette  desti- 
nation. 

Mais,  d’autre  part,  comme  il  y avait  là 
un  magnifique  jardin  paysager  admirable- 
ment dessiné  et  qu’il  fallait  conserver,  au- 
tant que  possible,  on  a ménagé  le  vieux  plan, 
en  conservant  toutes  les  grandes  lignes,  de 
manière  que,  l’Exposition  terminée,  il  suffise 
de  quelques  jours  pour  rétablir  les  choses 
comme  elles  étaient  auparavant.  Pour  cela, 
que  fallait-il  faire  ? Déplacer  les  massifs  et 
laisser  les  grands  arbres,  ce  qu’on  a fait. 
De  cette  manière,  on  a gagné  près  de 
50,000  mètres  de  surface,  qui  seront  affec- 
tés à l’horticulture,  et  cela  tout  en  conser- 
vant au  Trocadéro  tout  son  aspect  boisé, 
ce  qui  donnera  à l’Exposition  un  aspect  qui 
s’harmonisera  parfaitement  avec  le  sujet,  et 
permettra  de  placer  les  objets  exposés  dans 
le  milieu  qui  leur  convient. 

Une  bonne  précaution  qui  avait  été  prise 
par  l’administration,  et  dont  malheureuse- 
ment on  n’a  pas  assez  profité,  c’est  d’avoir 
permis  aux  exposants  de  planter  un  an 
avant  l’ouverture  de  l’exposition,  c’est-à- 
dire  dès  1888.  De  cette  manière,  l’année 
de  l’Exposition,  toutes  les  plantes  auraient 
été  reprises,  ce  qui  eût  été  favorable  à 
l’examen,  agréable  pour  les  visiteurs  et 
avantageux  pour  les  exposants,  de  sorte 
que  chacun  y eût  trouvé  son  compte.  Mal- 
heureusement, on  n’a  pas  compris  l’avan- 
tage qu’il  y avait  d’agir  ainsi,  sauf  deux 
horticulteurs  seulement.  M.  Groux,  horti- 
culteur à Ghâtenay-les-Sceaux,  et  M.  La- 


lande, horticulteur  à Oullins  (Rhône),  qui 
ont  profité  de  l’avantage  fait  aux  exposants  ; 
le  premier  a planté  plusieurs  massifs  d’arbres 
et  d’arbustes  de  diverses  espèces  et  de  formes 
variées,  à feuilles  persistantes,  à feuilles 
caduques  et  à feuilles  panachées.  Quant  à 
M.  Lalande,  il  a planté  des  plantes  aquati- 
ques diverses,  et  entre  autres  un  groupe  de 
Nelumbium  speciosum,  le  Lotus  des  an- 
ciens Égyptiens.  C’est  la  première  fois,  à 
Paris,  croyons-nous,  que  l’on  aura  pu  voir 
pousser  à l’air  libre  le  Lotus  sacré.  Si  l’ex- 
périence réussit,  c’est  à M.  Lalande  qu’on 
le  devra.  Ajoutons  que  les  terres  qu’il  a de- 
mandées lui  ont  été  remises  par  l’adminis- 
tration ; alors  cet  habile  horticulteur  a fait 
ses  composts,  ses  plantations,  comme  il  a 
l’habitude  de  le  faire  dans  ses  cultures 
courantes,  et  il  regarde  la  réussite  comme 
certaine.  Nous  le  souhaitons,  sans  trop  oser 
y croire,  connaissant  le  climat  de  Paris, 
qui  ne  peut  être  comparé  à celui  du  Rhône, 
sous  lequel  M.  Lalande  cultive  ordinaire- 
ment ses  Lotus  ou  Nelumbium. 

Bien  que  le  Trocadéro  soit  tout  particu- 
lièrement affecté  à l’exposition  horticole, 
le  Champ  de  Mars  ne  sera  pas  com- 
plètement dépourvu  de  végétaux.  Outre 
plusieurs  grandes  lignes  de  gros  arbres 
qui,  sur  plusieurs  points,  ont  été  plantées 
longeant  diverses  galeries  de  l’industrie, 
il  y aura,  presqu’à  partir  du  pont  d’Iéna 
jusqu’à  plusieurs  centaines  de  mètres  au- 
delà  de  la  tour  Eiffel,  une  surface  de  terrain 
d’environ  5 hectares,  dans  lequel  seront 
faites  quelques  plantations  spéciales  de  vé- 
gétaux de  terre  de  bruyère.  On  y verra  aussi 
le  jardin  dit  de  la  Ville  de  Paris,  où,  déjà, 
dans  des  plates-bandes  rectilignes,  sont  plan- 
tés des  Magnolia  grandiflora.  Ces  arbres, 


350 


UNE  EXCELLENTE  PLANTE  DE  SERRE  FROIDE. 


déjà  repris,  seront  très-beaux  l’année  pro- 
chaine. 

En  outre  de  cette  partie  « à la. française  », 
particulièrement  destinée  à l’ornementa- 
tion, on  formera  une  sorte  d’école,  où  il 
y aura  de  nombreux  massifs  d’arbres  et 
d’arbustes,  comprenant  des  collections  d’or- 
nement et  forestières,  apportées  là  des  pé- 


pinières de  la  Ville  de  Paris,  ce  qui  offrira 
un  grand  attrait. 

On  peut  déjà  être  assuré  du  succès,  lors- 
qu’on sait  que  l’arrangement  et  les  diverses 
dispositions  des  parties  sont  sous  la  surveil- 
lance de  M.  Laforcade,  l’habile  jardinier  en 
chef  de  la  Ville  de  Paris. 

E.-A.  Carrière. 


ANOPLOPHYTUM  STRICTUM,  VAR.  KRAMERI 


On  a très-justement  nommé  « fleur  de 
l’air  » ( Flor  del  aire)  un  groupe  de  char- 
mantes petites  Broméliacées  que  l’on  peut 
bien  dire  aériennes,  puisqu’on  les  voit  sou- 
vent suspendues,  soit  dans  les  forêts 
vierges,  soit  dans  les  serres,  n’ayant  d’autre 
nourriture  que  celle  qui  leur  est  fournie 
par  l’atmosphère.  Elles  y poussent  et  fleu- 
rissent facilement. 

Presque  toutes  ces  plantes  sont  jolies. 
Leurs  bractées  sont  généralement  colorées 
de  tons  vifs,  roses  ou  rouges,  et  leurs  co- 
rolles bleues,  blanches,  roses  ou  jaunes, 
pressées  en  épis  compacts  sur  des  hampes 
courtes  sortant  d’une  petite  rosette  de 
feuilles  dures  et  recourbées,  produisent  un 
très-agréable  effet. 

Parmi  les  espèces  les  plus  connues  se 
trouve  F Anoplophytum  strictum 1 . Il  est 
bien  connu  des  collectionneurs,  et  il  a 
fourni  quelques  variétés.  L’une  de  celles-ci, 
la  plus  gracieuse  de  toutes  peut-être,  vient 
de  fleurir  chez  MM.  Chantrier  frères,  à Mor- 
tefontaine. 

Elle  porte  le  nom  d’A.  strictum  Krameri. 
En  voici  la  description  : feuilles  radicales 
nombreuses,  arquées,  en  gouttière,  li- 
néaires-lancéolées,  insensiblement  atténuées 
de  la  base  au  sommet,  terminées  en  pointe 
très-allongée,  longues  de  15  centimètres, 
larges  de  10  millimètres  à la  base,  cou- 


vertes de  fines  écailles  blanches  sur  les  deux 
faces.  Hampe  courbée,  longue  de  15  à 20  cen- 
timètres, garnie  de  feuilles  bractéales  dont 
les  inférieures  ressemblent  aux  feuilles  ra- 
dicales, les  intermédiaires  étroitement 
embrassantes , oblongues , terminées  en 
pointes  beaucoup  plus  longues  qu’elles,  les 
supérieures  lâchement  embrassantes,  éta- 
lées ou  subdressées,  roses,  terminées  en 
longue  pointe  blanchâtre.  Inflorescence 
penchée,  en  épi  simple  cylindracé  ou  co- 
nique, assez  laxiflore,  long  de  7 à 8 centi- 
mètres. Bractées  ovales,  les  inférieures  plus 
ou  moins  longuement  acuminées,  les  autres 
simplement  aiguës,  d’un  joli  rose  foncé  de- 
venant plus  pâle  en  vieillissant.  Calyce 
beaucoup  plus  court  que  les  bractées,  à 
lobes-oblongs-aigus  imbriqués,  blanc  rosé. 
Corolle  de  moitié  plus  longue  que  le  calyce, 
à lobes  dressés,  arrondis  au  sommet,  blancs 
dans  leur  moitié  inférieure,  violet  clair  su- 
périeurement. Étamines  et  style  inclus. 

Les  dimensions  peu  communes  de  cette 
belle  variété,  la  coloration  des  fleurs,  font 
de  VA.  s.  Krameri  une  plante  qui  sera  re- 
cherchée des  amateurs.  Elle  est  encore 
rare,  et  il  est  à désirer  que  MM.  Chantrier 
puissent  la  multiplier  assez  rapidement 
pour  la  répandre  chez  les  broméliophiles. 

Ed.  André. 


UNE  EXCELLENTE  PLANTE  DE  SERRE  FROIDE 

(SCHINDS  MOLLE) 


Supposez  un  amateur,  à bout  de  décep- 
tions, venant  vous  dire  : « Je  voudrais  une 
plante  qui  pût,  en  hiver,  égayer  l’orangerie, 
et  en  été  orner  le  jardin;  qui  eût  une  vé- 
gétation active  et  régulière,  qui  joignît  à un 
beau  feuillage  le  mérite  de  jolies  fleurs,  qui 

1 Suivant  quelques  auteurs,  M.  J.-G.  Baker 
entre  autres,  les  Anoplophytum  ne  forment  qu'un 
sous-genre,  ou  section  du  genre  Tillandsia. 


fût  d’une  reproduction  aisée  et  partant  ne 
coûtât  pas  cher,  et  qui,  enfin,  présentât 
pour  les  sens  comme  pour  l’intelligence  un 
phénomène  à la  fois  curieux  et  instructif.  » 
— Ces  qualités  de  merle  blanc  ne  seraient 
pas  complètement  énumérées  que  déjà  vous 
auriez  répliqué  : « Cherchez  vous-même, 
ou  plutôt  ne  cherchez  pas.  La  nature  est 
prodigue,  c’est  vrai  ; mais  dans  ses  prodi- 


UNE  EXCELLENTE  PLANTE  DE  SERRE  FROIDE. 


351 


galités  elle  reste  toujours  économe.  Si  elle 
ouvre  une  main,  elle  sait  fermer  l’autre  en 
même  temps.  Son  budget  est  fixe  et  elle 
l’administre  avec  la  loi  du  balancement  or- 
ganique ou  des  compensations.  » — C’est 
effectivement  la  réponse  que  j’aurais  faite 
moi -même.  Pourtant  à la  règle  il  y a excep- 
tion ; toute  bonne  mère  qu’elle  est,  la  nature 
n’en  a pas  moins  ses  enfants  gâtés. 

Passionné  pour  les  végétaux  dits  « de 
serre  froide  » et  cherchant  chaque  jour  à 
grossir  leur  nombre,  j’en  ai  remarqué  un 
surtout  qui  me  semble  répondre  au  pro- 
gramme tracé. 

Je  ne  vais  pas  présenter  une  nouveauté 
inédite;  c’est  une  espèce  ancienne,  tout 
simplement  peu  connue  et  peu  répandue. 
D’ailleurs,  la  voici  : 

1°  Ses  feuilles,  qui  rappellent  celles  d’un 
Xanlhoceras  ou  d’un  Sorbier  en  miniature, 
sont  d’un  vert  gai,  lustré,  à teinte  légè- 
rement cuivrée  dans  leur  jeunesse.  Elles 
sont  composées  de  10  à 15  paires  de  folioles 
lancéolées  et  dentelées  qui  leur  donnent 
une  forme  d’aile.  Par  leur  ensemble,  l’ar- 
buste peut  rivaliser  d’élégance  et  de  légè- 
reté avec  certains  Mimosas.  Au  moindre  con- 
tact, des  effluves  aromatiques  s’échappent 
de  leurs  pores  et  l’odorat  perçoit  alors  une 
sensation  stimulante,  tonique,  comme  celle 
des  feuilles  des  Zingibéracées.  C’est  peut- 
être  à ces  émanations  balsamiques  qu’elles 
doivent  de  ne  pas  se  laisser  attaquer  par  les 
insectes. 

La  tige  est  droite,  bien  solide  et  se  moque 
des  tuteurs.  Sans  pincement,  elle  se  ramifie 
à J 5 ou  20  centimètres  du  sol.  Quelle  grâce 
dans  ses  branches  effilées  et  pendantes  ! De 
son  épiderme  suinte  un  baume,  une  résine 
qui  prend  à l’air  une  forme  concrète  et  sert 
aux  Péruviens  à raffermir  leurs  gencives  ; 
mais  alors  les  papilles  de  la  langue  éprou- 
vent une  saveur  poivrée,  à laquelle  l’habitude 
enlève  tout  désagrément. 

Le  dernier  caractère  du  feuillage,  et  il 
est  à noter,  c’est  d’être  persistant.  De  cette 
façon,  la  plante  est  toujours  décemment  et 
élégamment  vêtue.  Vienne  le  mois  d’août, 
elle  prendra  sa  toilette  de  luxe  et  vous  la 
verrez  alors  couverte  de  jolies  panicules  de 
fleurettes  blanchâtres.  Elle  pourra  ainsi 
faire  partie  du  cortège  des  rares  arbustes 
à fleurs  blanches,  à cette  époque  où  les 
jardiniers  sont  souvent  à court  pour  les 
fêtes  des  « Couturières  » et  de  la  « Sainte- 
Marie  » . 

En  outre,  ces  fleurs  sont  dioïques,  c’est- 
à-dire  que  sur  certains  pieds  elles  sont 


mâles  et  sur  d’autres  femelles.  Il  s’ensuit 
que  le  rapprochement  d’individus  de  sexe 
différent  sera  nécessaire  pour  la  production 
de  graines. 

Quant  aux  fruits,  ce  sont  des  drupes  glo- 
buleuses, qui,  lorsqu’elles  se  montrent, 
ajoutent  à l’individu  un  ornement  de  plus. 
Il  est  bon  de  remarquer  qu’autour  des 
noyaux  se  trouve  une  pulpe  acide  qui  peut 
être  utilisée  comme  succédané  du  vinaigre. 
Naturellement,  cette  propriété  n’est  bien 
accusée  que  dans  le  pays  natal,  au  Pérou. 

Et  la  culture?  Elle  est  d’une  simplicité 
étonnante.  Nous  ne  proposons  pas  le  mar- 
cottage ni  le  bouturage,  qui  sont  déjà  des 
opérations  horticoles;  nous  employons  un 
moyen  plus  simple,  le  semis.  De  chaque 
graine  naît  rapidement  un  sujet  qui  se 
mettra  moins  vite  à fleurs,  mais  qui  sera 
plus  vigoureux.  Recommander  cette  sorte 
de  multiplication,  c’est  mettre  encore  en 
relief  une  qualité  de  notre  plante,  le  bon 
marché,  puisque  les  semences  valent  6 fr. 
le  kilo,  et  qu’il  y a environ  13,000  de 
celles-ci  dans  un  kilo,  ce  qui  met  chaque 
plant  à un  prix  de  revient  tout  à fait  déri- 
soire. Probablement  les  personnes  qui  re- 
gardent leurs  acquisitions  au  travers  de 
l’argent  qu’elles  ont  dépensé  apprécieront 
peu  cette  qualité. 

La  terre  de  bruyère,  quoiqu’elle  ne  soit 
pas  absolument  nécessaire,  offre  encore  le 
milieu  le  plus  convenable  pour  la  culture 
en  pot  ou  en  caisse. 

Voilà  le  végétal  tel  que  le  souhaite  un 
véritable  horticulteur  ; rusticité  passable  % 
bonne  végétation,  port  distingué,  luxueux 
feuillage,  floraison  généreuse. 

Pour  couronner  tout  cela,  un  beau  nom, 
facile  à retenir  : c’est  le  Schinus  Molle , 
Linn.,  ou  Faux-Poivrier.  Il  appartient  à la 
famille  des  Térébinthacées  de  Jussieu  ou 
des  Anacardiers  de  R.  Brown.  C’est  un 
cousin  germain  du  Pistachier. 

Est-ce  tout?  — Non.  Détachez  une  fo- 
liole et  faites -en  deux,  trois  morceaux, 
puis  jetez-les  à la  surface  d’une  eau  claire  et 
dormante.  Séance  tenante,  ces  fragments 
vont  effectuer  des  mouvements  saccadés. 
Que  ce  phénomène  se  produise  devant  des 
intelligences  jeunes  et  éveillées,  sûrement 
il  provoquera  de  leur  part  la  demande  d’un 

1 Dans  le  midi  de  la  France  l’arbuste  devient 
arbre  et  passe  l’hiver  dehors.  Cette  année,  malgré 
la  rigueur  de  la  saison,  M.  Ed.  André  a remarqué 
que  ceux  de  la  gare  de  Saint-Raphaël  n’avaient 
perdu  que  leurs  feuilles.  (Voir  Revue  horticole , 
1888,  1er  mars,  no  5.) 


352 


DELPHINIUM  CASHMERIANUM. 


pourquoi.  Or,  l'interrogation,  c’est  le  pre- 
mier pas  dans  la  science  ; et,  une  fois  entré, 
on  ne  veut  plus  retourner  sur  ses  pas.  La 
botanique  nous  révèle  que  ces  feuilles  sont 
formées  de  cellules;  celles-ci  contiennent 
une  huile  volatile  qui  s’échappe  en  goutte- 
lettes intermittentes,  quand  les  parois  cel- 
lulaires sont  rompues  ou  déchirées.  Cette 
sortie  est  si  brusque  contre  la  surface  de 
l’eau,  que  les  cellules,  et,  par  suite,  la  foliole 
qui  les  contient,  subissent  une  série  de  reculs 
d’autant  mieux  accentués  que  de  plus  nom- 
breuses cellules  se  trouvent  endommagées. 
Cette  huile  doit  se  rapprocher  beaucoup  du 
camphre,  car  un  grumeau  de  cette  subs- 
tance se  comporte  à peu  près  de  même  sur 
l’eau  distillée.  Presque  insoluble  dans  ce 
liquide,  elle  resterait  inerte  si  elle  n’émet- 
tait continuellement  des  vapeurs  qui,  par 
leur  choc  contre  l’eau,  engendrent  une  gi- 
ration très  curieuse.  Le  fait  n’a  plus  lieu 
quand  on  a projeté  des  matières  grasses 
sur  l’eau. 

Les  Térébinthacées  contiennent,  et  leur 
nom  le  rappelle,  de  la  Térébenthine.  Le 
camphre,  d’autre  part,  paraît  n’être  qu’un 
chlorhydrate  de  térébenthène , qu’on  ob- 
tient en  traitant  l’essence  de  térébenthine 
par  l’acide  chlorhydrique,  motifs  qui  ex- 
pliquent le  rapprochement  des  deux  phéno- 
mènes. 

Il  ne  fallut  pas  un  spectacle  si  attrayant 
pour  mettre  en  germination  les  hautes  fa- 


cultés de  Humboldt,  le  célèbre  auteur  du 
Cosmos.  La  simple  vue  d’un  Dragonnier 
colossal  et  d’un  Palmier  éventail,  dans 
la  vieille  tour  d’un  jardin  botanique,  lui 
inspira  de  bonne  heure  le  désir  de  visiter 
les  régions  tropicales  et  d’en  rapporter 
une  foule  d’observations  qui  honorent  l’es- 
prit humain  et  ont  fait  à ce  savant  une  ré- 
putation universelle. 

Qu’on  cultive  donc  le  Schinus  Molle.  Il 
sera  le  compagnon  de  la  Dionée  tue-mou- 
ches,  du  Piléa  « feu  d’artifice  »,  de  YEro- 
dium  « hygromètre  »,  de  la  Fraxinelle  in- 
flammable, du  Nelumbium  bouillant,  du 
Physianthus  « attrape-papillons  »,  du  Mi- 
mosa c(  sensitive  »,  etc. 

Une  serre  bien  comprise  ne  doit*  pas  hé- 
berger que  des  feuillages  majestueux  ou 
des  fleurs  élégantes.  Un  sujet  « d’expé- 
rience » pique  autant,  mais  d’une  autre 
façon,  la  curiosité,  et  peut  porter  parfois 
beaucoup  mieux  vers  l’étude  des  beautés 
de  la  création,  surtout  quand  ce  sujet  est 
déjà  recommandable  par  son  port,  ses 
feuilles,  sa  floraison  et  son  utilité  pratique. 
Les  horticulteurs,  soit  marchands  soit  ama- 
teurs, lui  réserveront  maintenant  une  petite 
place  dans  leurs  cultures,  et  l’arbuste,  pour 
ne  plus  être  oublié  ni  délaissé,  saura  bien 
en  trouver  une  dans  leur  souvenir  et  peut- 
être  dans  leur  reconnaissance. 

Fernand  Lequet  fils, 

Horticulteur  à Amiens. 


DELPHINIUM  CASHMERIANUM 


Plante  vivace,  cespiteuse,  très-rustique, 
formant  des  touffes  largement  arrondies. 
Tige  florale 
de  30  à 40 
centimètres 
de  hauteur, 
ramifiée. 

Feuilles  de  la 
base  (radica- 
les) digitées 
ou  suborbi- 
culaires  ; les 
caulinaires 
profondé- 
ment inci- 
sées-lobées,  à 

divisions  ai-  „ . . _ 7 

Fig.  73.  — Delphinium  Cahsmer 
gues-acumi-  'de  la  plante. 

nées,  d’au- 
tant plus  profondément  incisées  qu’elles 
s’élèvent  davantage  sur  la  tige.  Ramifica- 


tions florales  nues,  portant  au  sommet  une 
sorte  d’ombelle  irrégulière  d’où  partent  les 

pédicelles  flo- 
raux. Fleurs 
en  casque  par 
suite  de  l’in- 

rclinaison  des 
pièces  flora- 
les qui  se 
rapprochent 
pour  former 
une  sorte  de 
gueule  qui 
simule  assez 
exactement 
Fig.  74.  — Fleur  dé-  1 fleur  d Aco- 
tachée  du  Delphi-  nit,d’unbeau 
ianum,  port  nium  Cashmeria-  V-Q]ej.  fonc£ 

Chaque  pièce 

florale,  y compris  celle  qui  forme  l’éperon, 
porte  à son  extrémité  une  macule  verte. 


LES  EUCALYPTUS  DANS  L’OUEST  DE  LA  FRANCE. 


353 


Le  Delphinium  Cashmerianum,  Roxb. 
(fig.  72),  a déjà  donné  quelques  variétés 
distinctes  par  la  diversité  des  nuances, 
entre  autres  une  tout-à-fait  blanche,  et 
d’autres,  d’un  lilas  plus  ou  moins  cendré, 
parfois  comme  transparentes  veinées-réti- 
culées.  La  floraison  est  printanière  (com- 
mençant en  avril)  et  se  prolonge  assez  long- 
temps, presque  toute  l’année,  si  l’on  a soin 
de  couper  les  tiges  florales  au  fur  et  à 
mesure  que  les  fleurs  se  passent,  parce 
qu’alors  la  plante  en  émet  constamment 
d’autres. 

Multiplication , culture . — Tous  les  ter- 
rains un  peu  consistants  et  légers,  sur- 
tout s’ils  sont  sableux  (argilo-siliceux)  et 
humides,  conviennent  à cette  espèce,  qui, 
du  reste,  n’est  pas  plus  délicate  que  la  plu- 
part de  ses  congénères.  Elle  se  multiplie 
facilement  d’éclats,  c’est-à-dire  par  la  divi- 
sion des  pieds,  travail  qui  se  fait  au  prin- 


temps au  moment  où  la  végétation  va  com- 
mencer. Quant  aux  semis,  on  les  fait  en 
terre  préparée,  légèrement  humide,  mais 
jamais  en  excès  ; car,  dans  ce  cas,  il  vau- 
drait mieux  un  excès  de  sécheresse  que 
l’excès  contraire.  Il  convient  de  repiquer, 
la  première  année,  si  toutefois  le  plant  est 
assez  fort.  Dans  le  cas  contraire,  on  procède 
pour  lui  comme  on  le  ferait  pour  d’autres. 
Les  semis  produisant  toujours  des  variétés, 
il  ne  faut  en  faire  qu’autant  que  l’on  re- 
cherche celles-ci.  Dans  ce  cas,  il  va  sans 
dire  que  toutes  les  fois  que  l’on  fait  des  se- 
mis, on  devra  toujours  prendre  ses  graines 
sur  les  sujets  que  l’on  considère  comme  les 
plus  parfaits,  qui  réunissent  les  caractères 
que  l’on  désire  voir  se  reproduire. 

On  peut  se  procurer  le  D.  Cashmeria- 
num chez  MM.  Vilmorin  et  Cic,  à Paris. 

E.-A.  Carrière. 


LES  EUCALYPTUS  DANS  L’OUEST  DE  LA  FRANCE 


Bien  que  les  Eucalyptus  soient  intro- 
duits dans  l’ouest  de  la  France  depuis  long- 
temps, ces  plantes  y sont  encore  peu  con- 
nues, et,  jusqu’à  présent,  on  n’a  aucune 
donnée  certaine  sur  ces  végétaux,  tant  au 
point  de  vue  industriel  qu’à  celui  de  l’orne- 
mentation générale. 

Et  cependant,  dans  ce  groupe  si  nom- 
breux en  espèces,  il  s’en  trouve  probable- 
ment quelques-unes  qui,  par  leur  nature, 
leur  végétation,  leur  rusticité,  etc.,  pour- 
raient rendre  d’importants  services,  même 
à l’économie  domestique. 

Il  nous  a paru  utile  d’appeler  l’attention 
des  amateurs  sur  ce  sujet,  en  les  engageant 
à multiplier  les  expériences  et  à faire  des 
semis  avec  des  graines  récoltées  sur  des 
individus  robustes. 

Pour  les  guider  dans  ce  sens,  nous  avons 
cru  bon  de  leur  signaler  quelques-unes  des 
principales  espèces,  qui,  par  l’ensemble  de 
leurs  caractères,  pourraient  se  prêter  aux  di- 
verses expériences  à faire,  c’est-à-dire  être 
prises  comme  point  de  départ. 

Eucalyptus  viminalis,  Labill.  — Originaire 
du  sud-est  de  l’Australie.  — Arbre  biforme  et 
très-variable  à tous  les  âges;  à l’état  jeune,  les 
rameaux  sont  grêles,  allongés;  les  feuilles, 
opposées -décussées,  sont  sessiles,  quelquefois 
embrassantes  à la  base,  ovales  ou  oblongues, 
souvent  allongées,  linéaires-aiguës  ou  obtuses, 
d’un  vert  glauque  ou  rougeâtre  ; à l’état  adulte, 
elles  deviennent  toutes  alternes,  courtement 


pétiolées,  lancéolées,  coriaces,  pendantes,  quel- 
quefois falciformes,  d’un  vert  plus  ou  moins 
foncé.  L’inflorescence  est  disposée  en  ombelle 
axillaire,  triflore,  à court  pédoncule  au  sommet 
duquel  les  fleurs  sont  presque  sessiles.  Les 
boutons  sont  ovoïdes,  de  la  grosseur  d’un  Pois, 
lisses,  recouverts  d’un  opercule  conique  de  la 
longueur  de  la  capsule.  Les  fleurs  sont 
blanches,  légèrement  odorantes.  Le  fruit,  qui 
est  de  la  grosseur  du  bouton,  nous  est  inconnu 
à Brest. 

D’après  MM.  Naudin  et  Ferd.  Mueller,  cette 
espèce  atteint  jusqu’à  100  mètres  et  plus  de 
hauteur  dans  sa  patrie,  où  elle  est  connue 
sous  le  nom  de  White  gum  Tree  et  de  Manna 
gum  Tree.  Son  tronc  se  dépouille  annuellement 
des  couches  extérieures  de  son  écorce  et  laisse 
voir  une  tige  lisse,  presque  blanche,  légèrement 
rougeâtre. 

En  Europe,  c’est  dans  le  midi  de  la  France 
et  de  l’Italie,  sur  les  bords  de  la  Méditerranée, 
que  se  rencontrent  les  plus  beaux  exemplaires 
de  cette  espèce.  M.  Naudin  dit  qu’au  jardin  de 
la  villa  Thuret,  à Antibes,  il  en  existe  plusieurs 
exemplaires  âgés  de  vingt  ans,  mesurant  20  à 
25  mètres  de  hauteur,  sur  lm  50  à 2 mètres  de 
circonférence  {Annales  des  sciences  naturelles , 
6e  série,  n°  16,  p.  385).  M.  Ch.  Joly,  dans  un 
mémoire  qu’il  a publié  sur  les  Eucalyptus 
d’Australie,  cite  un  exemplaire  de  cette  es- 
pèce provenant  d’un  semis  fait,  en  1870,  par 
le  prince  Troubetzkoï,  dans  sa  propriété  d’In- 
tra,  sur  le  Lac-Majeur,  qui  atteignait,  en  1885, 
25  mètres  de  hauteur  et  2m  40  de  circonférence 
à 1 mètre  au-dessus  du  sol.  Cet  exemplaire 
| avait  supporté  10  degrés  de  froid  en  1879-1880. 


LES  EUCALYPTUS  DANS  L’OUEST  DE  LA  FRANCE. 


354 

En  1886,  nous  en  avons  remarqué  aussi  un 
exemplaire  âgé  de  six  ans,  planté  dans  la  pro- 
priété de  M.  Jaille,  à Gatros,  près  Bordeaux, 
qui  mesurait  déjà  plus  de  5 mètres  de  hauteur 
et  paraissait  parfaitement  s’accommoder  du  sol 
et  du  climat  girondins.  M.  Boisselot, horticul- 
teur à Nantes,  en  citait  également  un  exemplaire, 
en  1885,  âgé  de  cinq  ans,  planté  dans  le  jardin 
de  son  frère,  et  qui  mesurait  10  mètres  de 
hauteur  sur  58  centimètres  de  circonférence  à 
1 mètre  au-dessus  du  sol.  Enfin,  le  professeur 
Balfour  en  cite  également  un  autre  exemplaire, 
planté  à quelques  lieues  d’Édimbourg  (Écosse), 
qui  avait  atteint,  en  dix-huit  ou  dix-neuf  ans, 
15  mètres  de  hauteur  sur  2m50  de  circonfé- 
rence à la  base. 

Le  premier  exemplaire  de  cette  espèce  qui 
fut  livré  à la  pleine  terre  à Brest  a été  planté 
sur  l’esplanade  de  l’hôpital  maritime,  en  1867  ; 

11  supporta,  sans  souffrir,  9 degrés  de  froid  en 
1870-1871,  et  atteignit  promptement  10  mètres 
de  hauteur.  En  1872,  il  fut  cassé  par  le  milieu 
du  tronc  par  une  tempête,  ce  qui  le  força  à se 
ramifier.  Ces  ramifications  présentèrent,  pen- 
dant les  premières  années,  des  feuilles  opposées 
et  sessiles,  comme  celles  de  l’état  juvénile,  en 
même  temps  que  d’autres  semblables  à celles 
de  l’état  adulte,  phénomène  observé  et  signalé 
depuis  longtemps  par  les  Eucalyptographes.  Il 
résista  de  nouveau  à l’hiver  1879-1880,  et  fut 
complètement  détruit  en  novembre  1885,  dans 
une  autre  tempüte,  qui  le  rasa  au  niveau  du 
sol,  au  moment  où  ses  premières  fleurs  com- 
mençaient à paraître.  Son  tronc,  qui  mesurait, 
avec  les  branches,  7 mètres  de  hauteur  sur 
lm  20  de  circonférence,  est  encore  conservé  au 
Musée  de  l’École  de  médecine  navale. 

D’autres  exemplaires  furent  plantés  en  même 
temps  que  lui  dans  des  endroits  plus  abrités, 
mais  alors  ils  se  sont  étiolés  et  ont  été  cassés 
ou  déracinés  par  la  violence  des  vents  dès  qu’ils 
atteignaient  7 à 8 mètres  de  hauteur. 

E.  pauciflora,  Sieb.  (E.  coriacea,  Cunn.).  — 
Originaire  de  la  Tasmanie,  cette  espèce  atteint, 
dit-on,  25  à 30  mètres  de  hauteur.  Dans  nos 
cultures,  elle  forme  un  petit  arbre  de  10  à 

12  mètres,  à écorce  d’un  jaune  roussâtre, 
épaisse,  spongieuse,  se  détachant  par  lambeaux 
à l’âge  adulte.  Alors  il  est  rameux,  à branches 
étalées,  à rameaux  lisses,  rougeâtres,  flexibles 
et  pendants.  Les  feuilles,  longues,  coriaces, 
linéaires-lancéolées,  un  peu  falciformes,  sont 
remarquables  par  leur  nervation  longitudinale. 
Inflorescence  en  ombelles  axillaires,  composées 
de  3 à 10  fleurs  portées  par  un  pédoncule  à 
peu  près  de  même  longueur  que  le  pétiole. 
Boutons  ovoïdes  un  peu  plus  gros  que  dans 
l’espèce  précédente,  recouverts  par  un  opercule 
arrondi  plus  court  que  la  cupule.  Fruit  encore 
inconnu  à Brest. 

Issus  de  graines  semées  en  1874,  les  jeunes 
sujets  livrés  à la  pleine  terre  en  1876  au 
jardin  botanique  de  Brest,  en  terre  forte  et 
franche,  périrent  tous  en  1879-1880,  après 


avoir’ atteint  la  taille  de  1 mètre  à 1®  50 
de  hauteur.  Un  seul  exemplaire,  planté  par 
hasard  en  terrain  léger  et  sablonneux,  dans  la 
propriété  de  M.  Coutances,  à la  Croix-Rouge, 
en  Lambezellec,  a parfaitement  réussi  ; il  me- 
sure actuellement  10  mètres  de  hauteur  sur 
lm  50  de  circonférence,  et  se  couvre  abondam- 
ment de  fleurs  depuis  quelques  années,  mais 
sans  produire  de  fruits. 

Deux  autres  exemplaires,  plantés  par  le 
génie  militaire  sur  les  remparts  de  Brest,  à la 
porte  Fov,  près  de  la  gare,  où  ils  sont  exposés 
à tous  les  vents,  mesurent  environ  7 mètres  de 
hauteur  sur  60  centimètres  de  circonférence. 
Bien  que  plus  âgés  que  le  premier,  puis- 
qu’ils ont  été  plantés  en  1871,  ils  n’ont  pas 
encore  fleuri.  Ils  ont  parfaitement  supporté 
les  rigueurs  de  l’hiver  1879  sans  souffrir. 
MM.  Trottier  et  Naudin  considèrent  cette  es- 
pèce comme  l’une  des  plus  rustiques  du 
genre. 

E.  urnigera,  Hort.  — Espèce  originaire  de 
la  Tasmanie,  excessivement  polymorphe,  et 
une  des  mieux  caractérisées,  dit  M.  Naudin, 
malgré  sa  variabilité.  Dans  sa  jeunesse,  elle  se 
reconnaît  facilement  à ses  feuilles  rondes, 
opposées  et  presque  sessiles,  comme  celles 
d’un  Chèvrefeuille,  d’un  vert  foncé  et  non 
glauques.  A l’âge  de  trois  à quatre  ans,  cer- 
tains sujets  présentent,  en  même  temps  que 
ces  feuilles  primordiales,  d’autres  feuilles  con- 
servant cette  même  forme,  mais  devenant 
alternes  et  pétiolées,  et  des  feuilles  normales. 
Ce  polymorphisme  se  conserve  longtemps,  car 
nous  en  avons  un  sujet,  âgé  de  douze  ans,  qui 
est  encore  dans  ce  cas.  Enfin,  le  plus  grand 
nombre  se  caractérise  la  troisième  ou  qua- 
trième année. 

A l’âge  adulte,  VE.  urnigera  peut  atteindre 
8 à 10  mètres  en  Basse-Bretagne.  Le  Garde- 
ners ’ Chronicle  écrit  même  qu’un  exemplaire, 
planté  dans  le  canton  de  Preston,  près  Wittin- 
gham  (Angleterre),  a déjà  atteint  une  hauteur 
de  20  mètres.  C’est  un  arbre  droit,  rameux,  à 
écorce  grise  se  détachant  par  petites  plaques 
au  printemps,  à rameaux  horizontaux  dans 
certains  sujets,  dressés-fastigiés  dans  d’autres, 
mais  généralement  à cimes  plus  allongées  que 
larges.  Feuilles  horizontales  ou  obliques,  toutes 
alternes  et  plus  ou  moins  longuement  pétio- 
lées, ovales  ou  lancéolées,  aiguës  ou  obtuses, 
coriaces,  obscurément  nervées,  d’un  vert  plus 
ou  moins  foncé,  luisantes.  Inflorescence  dis- 
posée en  ombelle  axillaire,  triflore,  rarement 
biflore,  à court  pédoncule  au  sommet  duquel 
sont  les  fleurs  sessiles.  Boutons  ovoïdes,  de  la 
grosseur  de  ceux  de  VE.  pauciflora , à opercule 
mucroné  plus  court  et  moins  large  que  la 
cupule.  Cette  espèce  a montré  ses  fleurs  pour 
la  première  fois  à Brest  en  1887,  mais  n’a 
donné  aucun  fruit. 

UE.  urnigera  est  représenté,  à Brest,  par 
trois  beaux  exemplaires  mesurant  environ 
7 mètres  de  hauteur  sur  50  centimètres  de  cir- 


GUIGNE  RAMON  OLIYA.  — LES  CHAMBRES  D’iNTERRUPTION  POUR  THERMOSIPHONS.  355 


conférence,  plantés  en  1871,  par  le  génie  mili- 
taire, sur  les  fortifications  de  la  ville,  en 
même  temps  que  VE.  pauciflora , dont  nous 
avons  parlé  plus  haut,  et  plusieurs  autres  es- 
pèces qui  ont  succombé  pendant  Fhiver  1879- 
1880. 

D’autres  exemplaires,  provenant  de  semis 
faits  par  nous,  en  1874,  et  livrés  à la  pleine 
terre  en  1876,  se  rencontrent  aussi  à l’hôpital 
de  la  marine.  L’un  d’eux,  planté  sur  l’espla- 
nade, où  l’air  et  la  lumière  ne  lui  font  point 
défaut,  mesure  actuellement  7 mètres  de  hau- 
teur sur  45  centimètres  de  circonférence;  c’est 
l’exemplaire  qui  a fleuri  en  1887  ; il  est  garni 


de  branches  sur  les  deux  tiers  de  sa  hauteur  et 
ressemble,  par  son  port,  à un  beau  Peuplier 
d’Italie.  Les  autres  sont  plantés  au  jardin  bo- 
tanique ; quoique  étant  du  même  âge,  ils  n’ont 
encore  montré  aucune  fleur. 

Nous  terminerons  cette  étude  dans  le  pro- 
chain numéro  par  la  description  des  trois 
autres  espèces  d’ Eucalyptus  : E.  coccifera , 
E.  Gunnii,  E.  Globiilus,  qui  croissent  sous 
le  climat  de  Brest,  et  nous  ajouterons  quel 
ques  considérations  sur  leur  acclimatation. 

J.  Blanchard. 


GUIGNE  RAMON  OLIYA 


De  meme  que  la  plupart  des  arbres  frui- 
tiers, celui  dont  nous  allons  parler  est  dû 
au  hasard,  c’est-à-dire  qu’il  ne  provient  pas 
d’un  semis  en  règle  et  qu’il  n’a  pas  été  en- 
registré. Remarqué  dans  un  carré  de  sujets 
destinés  à la  greffe,  l’arbre  fut  conservé  et 
soigné  pour  en  voir  la  fructification,  qui  eut 
lieu  pour  la . première  fois  il  y a quelques 
années.  C’est  alors  que  M.  Charozé,  horti- 
culteur à la  Pyramide,  près  d’Angers,  le  re- 
marqua par  la  beauté  de  ses  fruits,  mais 
surtout  par  leur  précocité.  Depuis,  non 
seulement  ces  caractères  se  sont  maintenus, 
mais  ils  se  sont  même  accentués,  de  sorte 
qu’aujourd’hui  l’on  peut  affirmer  que  l’ar- 
boriculture fruitière  s’est  enrichie  d’une 
nouvelle  variété  méritante  dont  voici  les 
principaux  caractères  : 

Arbre  d’une  bonne  vigueur,  très-fertile  même 
sur  les  jeunes  sujets.  Bois  plutôt  relativement 
grêle  que  gros,  ce  qui,  en  général,  est  un 
signe  de  fertilité.  Feuilles  longues,  très-étroi- 
tement  saliciformes,  fortement  dentées  en,  scie, 
acuminées-cuspidées  au  sommet,  très-minces, 
molles,  d’un  vert  foncé  en  dessus,  glauces- 
centes  et  comme  velues  en  dessous,  à nervures 
peu  saillantes,  même  les  principales.  Fruits 
gros,  cordiformes,  légèrement  comprimés,  à 
peine  sillonnés,  très-largement  arrondis  à la 
base,  comme  tronqués  au  sommet,  ordinaire- 
ment plus  larges  que  hauts,  d’environ  3 cen- 
timètres de  diamètre  sur  une  hauteur  un  peu 
moindre,  épais  d’environ  25  millimètres.  Queue 
ténue,  de  40  à 45  millimètres  de  longueur.  Peau 
très-brillante,  luisante  et  comme  vernie,  d’un 


rouge  noir  à la  maturité  du  fruit.  Chair  légè- 
rement adhérente,  ferme,  non  croquante  pour- 
tant. Eau  très-abondante,  d’un  rouge  foncé, 
presque  noir,  d’une  saveur  fine,  sucrée,  agréa- 
blement parfumée.  Noyau  largement  et  cour- 
tement  ovale,  arrondi  aux  deux  bouts,  lisse, 
uni,  blanc  jaunâtre. 

La  Guigne  Ramon  Oliva  paraît  avoir 
toutes  les  qualités  que  doit  présenter  un 
bon  fruit  ; l’arbre,  d’une  vigueur  moyenne, 
est  très-productif,  et  ses  fruits  beaux,  gros 
et  bons,  mûrissent  même  avant  ceux  de 
Y anglaise  hâtive.  Voici  à ce  sujet  ce  que 
nous  écrivait  l’obtenteur,  M.  A.  Charozé, 
en  nous  envoyant  des  fruits  mûrs  le 
31  mai  : 

« ...  Les  Cerises  que  je  vous  adresse  ont 
été  cueillies  en  pleine  pépinière  sur  un 
sujet  de  semis  ; elles  étaient  déjà  parfai- 
tement mûres  alors  que  les  variétés  pré- 
coces, dans  notre  contrée,  sont  à peine 
rouges.  » 

De  tout  ceci  et  de  l’étude  particulière  que 
nous  avons  faite  de  la  Guigne  en  question, 
nous  concluons  que  c’est  une  variété  de 
premier  mérite,  qui  sera  très-avantageu- 
sement cultivée  au  point  de  vue  de  la  spécu- 
lation. En  effet,  non  seulement  l’arbre  .est 
« très-généreux  »,  mais  ses  fruits  sont 
gros,  beaux  et  bons  ; comme,  d’autre 
part,  la  forme  et  l’aspect  sont  jolis,  c’est 
une  variété  que  tout  le  monde  voudra  pos- 
séder. 

E.-A.  Carrière. 


LES  CHAMBRES  D’INTERRUPTION  POUR  THERMOSIPHONS 


La  question  du  chauffage  doit  préoc- 
cuper en  premier  lieu  les  cultivateurs  qui 
créent  un  ensemble  de  serres,  de  bâches 
ou  de  châssis,  appareils  destinés,  dans  un 


but  de  rapport  ou  d’agrément,  à l’élevage, 
à la  conservation  et  au  forçage  des  plantes 
de  toute  nature. 

A ce  point  de  vue,  et  pour  simplifier  la 


356 


LES  CHAMBRES  D’iNTERRUPTION  POUR  THERMOSIPHONS. 


main-d’œuvre  quotidienne  tout  en  assu- 
rant une  répartition  voulue  de  la  chaleur,  il 
est  indispensable  de  grouper  les  divers 
locaux  vitrés  de  manière  qu’une  seule  chau- 
dière puisse  produire  et  mettre  en  mouve- 
ment la  somme  de  calorique  nécessaire. 

Ici,  un  point  important  se  présente: 
étant  donné  que  l’on  doit  chauffer  en  même 
temps,  et  avec  des  tuyaux  de  diamètre  égal, 
des  parties  où  une  température  chaude, 
moyenne  ou  basse,  est  demandée,  comment 
régler  à volonté  et  d’une  manière  précise  le 
fonctionnement  des  conduites?  Gomment 


aussi  supprimer  complètement  la  circula- 
tion d’eau  chaude  dans  un  compartiment 
qui  n’est  pas  employé,  ou  dans  une  série  de 
conduites  où  des  réparations  doivent  être 
faites  ? 

Voici  comment  on  procède  ordinaire- 
ment : on  augmente,  dans  les  parties  où  la 
température  doit  être  élevée,  le  nombre  des 
conduites  et  des  robinets  d’arrêt  placés  à 
l’intérieur  des  tuyaux,  en  empêchant  la  cir- 
culation d’eau  chaude  dans  telle  ou  telle 
partie  de  serre. 

Ces  deux  manières  d’opérer  sont  très- 


Fig.  75.  — Chambre  d’interruption  simple 
vue  fermée. 


A r.Chambve  ; 

B Couvercle  ; 

CC  Collets; 

D Cadre  en  caoutchouc; 


Fig.  76.  — Chambre  d’interruption  simple 
vue  ouverte. 


E Écrou  à branches  servant  à 
fermer  la  chambre  ; 

F Orifice  d’écoulement. 


Fig.  77.  — Obturateur  vu  de  face  et  de  côté. 

O Plaque  en  fonte  où  se  loge  le  tampon  ; 

T Tampon  en  fer  recouvert  de  caoutchouc  ; 

V Tige  du  tampon  portant  un  pas  de  vis  ; 

S Tourniquet  qui  fait  avancer  ou  reculer  le  tampon. 


Fig.  78.  — Vanne  fixable  simple. 


imparfaites.  On  conçoit  qu’avec  un  certain 
nombre  de  conduites,  il  est  très-difficile  de 
régler  la  température,  à moins  d’ouvrir  les 
vasistas,  ce  qui  occasionne  des  courants 
d’air,  et  les  robinets  d’arrêt,  cachés  à l’inté- 
rieur des  tuyaux,  sont  d’un  fonctionnement 
douteux  et  bientôt  très-imparfait,  à cause 
des  dépôts  de  natures  diverses  qui  se 
forment  à l’intérieur  des  conduites. 

Frappé  de  ces  inconvénients,  un  cultiva- 
teur d’Angers,  M.  E.  Laroche,  est  arrivé, 
après  des  tâtonnements  assez  nombreux  et 
des  expériences  qu’il  a faites  dans  sa  propre 


culture,  à inventer  les  appareils  que  nous 
allons  décrire,  appareils  qu’une  commission 
déléguée  par  la  Société  d’horticulture  de 
Maine-et-Loire  a approuvés  dans  tous  leurs 
détails,  après  en  avoir  suivi  minutieuse- 
ment le  fonctionnement. 

La  figure  75  représente  la  chambre  d’in- 
terruption fermée,  l’obturateur  (fig.  77)  étant 
ou  non  en  place. 

La  figure  76  montre,  en  coupe,  la  même 
chambre  ouverte,  et  permet  de  voir  en  A 
le  vide  que  l’obturateur  occupe  lorsqu’il  est 
mis  en  place. 


LES  CHAMBRES  D’iNTERRUPTION  POUR  TIIERMOSIPIIONS. 


L’obturateur  (fig.  77),  composé  d’une 
plaque  de  fonte  dans  laquelle  est  placé  un 
tampon  en  fer,  est  garni  de  caoutchouc, 
de  manière  qu’il  s’applique  exactement  à 
l’intérieur  des  conduites,  et  ne  laisse  pas 
passer  une  seule  goutte  d’eau. 

L’arrêt  complet  de  la  circulation  est  donc 
établi  de  la  sorte,  et  une  serre  entière  peut 
être  immédiatement  isolée;  mais  ce  système 
ne  permet  pas  de  régler  progressivement  le 
chauffage,  et  c’est  pour  compléter,  quand 
besoin  est,  cette  disposition,  que  M.  E.  La- 
roche a été  amené,  en  perfectionnant  son 


857 

invention,  à construire  la  chambre  d’inter- 
ruption avec  vanne  fixable,  que  nous  repré- 
sentons vue  en  dessus,  et  en  coupe,  dans 
les  figures  79  et  80. 

Cette  dernière  disposition  permet  de  ré- 
gler, suivant  le  besoin,  la  circulation  de 
l’eau  chaude,  au  moyen  de  la  vanne  ou  pa- 
pillon H,  dont  on  peut  toujours  surveiller  le 
bon  fonctionnement  par  l’orifice  de  la 
chambre  d’interruption,  et,  au  moyen  de 
cette  chambre,  d’isoler  complètement  une 
partie  de  conduite. 

Enfin,  la  figure  78  nous  montre  le  dessin 


Fig.  79.  — Chambre  d’interruption  avec  vanne 
fixable  vue  en  dessus. 

H Vanne  ou  papillon  ; 

G Tige  de  la  vanne  ; 

I Secteur  d’arrêt  mobile  qui  fait  tourner  la  tige  de  la  vanne  ; 

d’une  vanne  fixable  simple,  en  tout  sem- 
blable à celle  qui  est  mise  à la  chambre 
d’interruption  et  que,  selon  les  circonstances, 
on  place  à quelque  distance  des  chambres 
d’interruption. 

Une  objection  se  présente  naturellement 
à l’esprit.  La  chaudière  et  les  conduites 
étant  remplies  d’eau,  comment  peut-on 
lever  le  couvercle  de  la  chambre  d’arrêt 
sans  que  l’eau  jaillisse  en  l’air?  Tout  sim- 
plement en  fermant  avec  des  petits  bou- 
chons les  tubes  de  plomb  qui  sont  placés 
sur  la  partie  supérieure  des  conduites,  et 
qui  servent  soit  au  dégagement  de  l’air, 
lorsque  l’on  emplit  d’eau  la  chaudière  et  les 
conduites,  soit  «à  la  sortie  de  la  vapeur  lors- 
que celle-ci  se  dégage  de  l’eau  surchauffée. 
La  pression  atmosphérique  ne  se  fait  plus, 
alors,  dans  l’ensemble  du  chauffage,  qui  se 
trouve  transformé  en  un  vaste  tube  baro- 
métrique. Il  est  cependant  nécessaire,  après 
que  l’on  a mis  les  bouchons  en  place,  de 
laisser  sortir  quelques  litres  d’eau  de  l’ap- 
pareil, au  moyen  du  robinet-purgeur,  sans 
quoi  il  y aurait  un  léger  jaillissement. 

Nous  n’insisterons  pas  sur  les  avantages 
que  présentent  les  inventions  de  M.  Laroche. 
Citons  seulement,  pour  terminer,  les  conclu- 


Fig. 80.  — Chambre  d’interruption  avec  vanne 
fixable,  coupe  suivant  a b de  la  figure. 

J Écrou  à branches  qui  fixe  le  secteur  d’arrêt,  et  par  suite 
la  vanne,  dans  la  position  que  l’on  désire. 


sions  de  la  commission  de  la  Société  d’hor- 
ticulture du  Maine-et-Loire  qui  a été  char- 
gée d’examiner  les  appareils  : 

Les  chambres  d’interruption  de  M.  Laroche 
nous  ont  semblé  utiles,  pratiques  et  remplis- 
sant parfaitement  leur  but. 

Elles  présentent  comme  grands  avantages  : 
la  solidité,  la  simplicité  du  mécanisme,  la 
facilité  du  fonctionnement. 

Elles  permettent  de  vider  à volonté  et  de 
garder  vides  les  tuyaux  dont  on  ne  se  sert  pas. 

Avec  elles,  point  d’apparences  trompeuses  ; 
lorsqu’on  a placé  l’obturateur  pour  fermer  un 
tuyau,  on  peut,  par  la  chambre  ouverte,  consta- 
ter tout  de  suite  si  l’eau  passe  ou  ne  passe  pas. 

S’il  s’est  formé  des  dépôts  dans  les  tuyaux 
et  dans  les  chambres  qui,  depuis  longtemps, 
n’ont  pas  servi,  on  enlève  ces  dépôts  lorsqu’on 
ouvre  les  chambres,  et  ils  ne  peuvent  créer 
d’obstacle  à une  fermeture  hermétique.  Cela 
est  à considérer,  car  avec  les  systèmes  qui 
fonctionnent  à l’intérieur  des  tuyaux  sans  qu’on 
puisse  y regarder,  on  ne  sait  pas,  en  somme, 
ce  qui  se  passe.  Il  y a lieu  de  supposer  que 
souvent  on  croit  à une  fermeture  hermétique 
qui  n’existe  pas,  et  que  des  appareils  qui  pré- 
sentent à l’atelier  et  au  moment  de  leur  pose 
un  ajustage  parfait,  sont,  au  bout  de  quelques 
mois,  loin  de  fermer  exactement. 

Ajoutons  que,  si  une  pièce  des  chambres 


358 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


venait  par  hasard  à se  détériorer,  on  pourrait 
la  remplacer  sans  démonter  les  tuyaux. 

La  mobilité  des  obturateurs  procure  aussi  de 
grands  avantages.  Il  résulte  de  cette  mobilité 
que,  lorsqu’on  n’a  pas  besoin  d’interrompre  le 
chauffage  des  tuyaux,  les  chambres  placées  sur 
ces  tuyaux  restent  absolument  vides,  et  qu’il 
n’existe  alors  aucun  obstacle  à la  libre  circula- 
tion de  l’eau,  et  aussi  qu’il  n’est  pas  néces- 
saire d’avoir  autant  d’obturateurs  que  de 
chambres,  puisqu’on  n’interrompt  jamais  par- 


tout en  même  temps.  La  pose  des  chambres 
qui  sont  munies  de  collets  est  facile  et  très 
peu  dispendieuse. 

Votre  commission  est  donc  unanimement 
d’avis  que  les  chambres  d’interruption  sont 
appelées  à rendre  de  réels  services  à l’horti- 
culture, et  qu’il  est  à désirer  qu’elles  soient 
connues  et  répandues. 

L’expérience  ratifiera  sans  doute  ces  conclu- 
sions de  la  Commission  angevine. 

Ed.  André. 


ARROSAGE  DES  ARRRES  D’ALIGNEMENT 


Quel  que  soit  le  mode  de  plantation  et 
l’emplacement  qu’occupent  les  arbres  sur 
les  voies  ou  places  publiques,  avenues, 
squares,  etc.,  le  mode  d’arrosage,  quelle 
que  soit  la  force  des  arbres,  est  géné- 
ralement le  même  : on  verse  l’eau  dans  une 
sorte  de  cuvette  pratiquée  au  pied  des  su- 
jets, ce  qui  produit  là  une  sorte  de  limon 
vaseux  qui  peut  même  être  préjudiciable  à 
l’arbre  en  s’opposant  aux  fonctions  de  son 
collet. 

Si  l’arbre  est  petit,  le  mal  est  faible  et  peut 
même  ne  pas  se  produire,  parce  qu’alors  les 
racines  peu  développées  se  trouvent  toujours 
dans  le  voisinage  du  tronc.  Mais,  si  au  con- 
traire il  s’agit  de  très-gros  arbres,  le  mode 
d’arrosage,  étant  toujours  le  même,  devient 
insuffisant,  lors  même  qu’il  n’est  pas  perni- 
cieux. Dans  ce  cas,  en  effet,  l’eau  s’arrête  à 
la  tige  ou  au  collet  de  l’arbre,  là  précisé- 
ment où  il  n’y  a pas  de  racines  ; celles-ci, 
qui  sont  à plusieurs  mètres  du  tronc,  ne 
reçoivent  pas  d’eau,  tandis  que  ce  dernier 
est  entouré  d’une  couche  de  liquide  qui  cause 
là  une  sorte  d’asphyxie. 

Un  tel  procédé  est-il  rationnel  ? Evidem- 


ment non  ; néanmoins  c’est,  nous  le  croyons, 
le  seul  employé  à peu  près  partout.  Aussi, 
tout  récemment,  avons -nous  été  très- 
agréablement  surpris  en  constatant  une 
exception  à cette  malheureuse  règle.  C’est 
en  effet  M.  Chargueraud,  professeur  d’ar- 
boriculture de  la  Ville  de  Paris,  qui  a em- 
ployé le  système  que,  avec  raison,  l’on  va 
appliquer  aux  plantations  d’alignement  ou 
autres  de  la  Ville  de  Paris.  Voici  en  quoi  il 
consiste  : au  lieu  de  faire  les  cuvettes  au- 
tour et  au  contact  de  la  tige,  on  les  fait  à 
une  distance  plus  ou  moins  grande  et  dans 
la  direction  que  l’ensemble  de  l’arbre,  c’est- 
à-dire  branches  et  côtes  (saillies  de  la  tige), 
semblent  indiquer  comme  très-racineuse. 
Ces  cuvettes,  qui  doivent  occuper  une  su- 
perficie plus  ou  moins  grande,  peuvent  pen- 
dant l’opération  être  reliées  entre  elles  par 
une  rigole  qui  conduit  l’eau  de  l’une  à 
l’autre.  En  procédant  ainsi,  l’eau  est  tou- 
jours employée  à propos  et,  quelle  que  soit 
la  quantité  que  l’on  mette,  elle  est  toujours 
favorable  à la  végétation  et  jamais  nuisible 
à la  santé  de  l’arbre. 

E.-A.  Carrière. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  12  JUILLET  1888. 


Comité  de  floriculture. 

M.  G.  Mallet,  du  Plessis-Piquet,  avait  envoyé 
trois  Bégonias  nouveaux,  non  encore  mis  au 
commerce  : l’un,  trapu,  vigoureux,  très-ra- 
mifié,  issu  d’un  semis  de  B.  Lucie  Lemoine  et 
portant  de  nombreuses  fleurs  blanches  doubles, 
assez  grandes,  bien  formées,  le  tout  représen- 
tant une  belle  touffe  d’un  bon  aspect  et  se 
tenant  bien;  un  second,  plus  élancé,  un  peu 
moins  florifère,  à fleurs  doubles  rouge  minium, 
et  provenant  d’un  semis  en  mélange;  puis  une 
autre  variété  à feuilles  plus  grandes  et  arron- 
dies, et  garnie  de  fleurs  saumon  foncé. 


L’exposant  avait,  en  outre,  apporté  un  pé- 
doncule floral  du  B.  Madame  Godefroy , mis 
au  commerce  cette  année,  et  dont  les  fleurs 
énormes,  réunies  au  sommet  du  pédoncule  au 
nombre  de  10  à 12,  forment  une  boule  immense 
ressemblant  à une  monstrueuse  inflorescence 
de  Boule-de-neige.  Cette  variété,  provenant 
encore  d’un  semis  de  Lucie  Lemoine,  pousse 
peu  et  ne  forme  pas  de  belles  plantes,  toute  la 
force  de  la  sève  étant  concentrée  vers  l’unique 
bouquet  de  fleurs. 

M.  Ch.  Launay,  horticulteur  à Sceaux,  expo- 
sait un  énorme  bouquet  d’Œillets  de  semis  dans 
lesquels,  par  sélection,  il  a obtenu  50  p.  100 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


359 


de  doubles,  de  couleurs  très-variées,  offrant 
tous  les  tons  rouges,  roses,  violacés,  unicolores 
et  striés.  C’est  un  procédé,  dit-il,  des  plus  fa- 
ciles, et  qui  évite  les  ennuis  du  marcottage. 

. MM.  Chantrier  frères,  horticulteurs  à Mor- 
tefontaine , présentaient  un  Anoplophytum 
strictum , variété  Krameri , jolie  petite  Bro- 
méliacée de  serre  tempérée  à feuilles  recour- 
bées, arquées,  gris  verdâtre,  portant  une 
hampe  florale  à bractées  rose  carminé  très-vif 
et  des  fleurs  violacées.  C’est  une  forme  rare 
et  peu  cultivée. 

M.  Dallé,  rue  Pierre-Charron,  à Paris,  nous 
a montré  quelques  jolies  Orchidées  : 

Anguloa  Ruckeri  media , à fleur  arrondie 
brun-rouge  violacé  intérieurement,  et  jaune  à 
l’extérieur  ; 

A.  purpurea  ; 

Un  Pescatorea  Klabochorum  alba  portant 
deux  fleurs  acaules  blanc  bordé  de  violet  bru- 
nâtre, et  un  Oncidium  divaricatum. 

Mlle  Marie  Perrin,  à Écouché  (Orne),  avait 
adressé  à la  Société  une  caissette  de  fleurs 
coupées  de  Bégonias  à fleurs  doubles  très- 
grandes  et  très-belles,  roses  et  saumon,  dont 
elle  avait  déjà,  à la  dernière  séance,  envoyé 
des  échantillons.  Les  plantes  étant  en  pleine 
terre,  elle  ne  pouvait  en  envoyer  des  pieds  en 
pot,  mais  elle  se  propose  d’en  soumettre  à la 
Société  l’année  prochaine. 

M.  Garden,  avenue  de  Bellevue,  à Bois-Co- 
lombes, soumettait  au  comité  deux  Lycaste 
candida , type  sauvage,  plante  de  serre  froide, 
introduite  de  Costa-Rica,  déjà  connue,  mais 
rare  dans  les  cultures  ; 

Deux  Cypripedium  bellatulum , introduits 
de  l’Indo-Ghine  l’hiver  dernier,  et  récemment 
mis  au  commerce.  Les  fleurs  sont  grandes, 
arrondies’,  blanchâtres,  parsemées  de  nom- 
breuses macules  violet  noirâtre  ; c’est  une 
plante  vigoureuse  de  serre  chaude,  probable- 
ment hybride  des  C.  concolor  et  niveum. 

M.  Ed.  André  avait  envoyé  de  ses  serres  de 
Lacroix,  en  Touraine,  une  nouvelle  Bromé- 
liacée, YÆchmea  Drakeana , qu’il  a reçue  de 
graines  en  1882,  venant  de  l’Écuador,  où  elle 
avait  été  découverte  par  M.  H.  Poortman. 
Cette  charmante  nouveauté  est  de  taille 
moyenne,  ce  qui  la  rendra  précieuse  pour  les 
appartements.  Elle  porte  une  tige  dressée,  ne 
dépassant  pas  50  centimètres  de  hauteur,  et 
un  épi  simple  de  fleurs  à long  tube  du  plus 
beau  bleu  céleste,  qui  contraste  de  la  manière 
la  plus  heureuse  avec  le  ton  de  laque  rose  du 
calyce,  de  l’ovaire  et  du  rachis. 

M.  Driger,  chef  des  cultures  au  pensionnat 
des  frères  de  Passy,  exposait  un  Cattleya 
Warneri  garni  de  nombreuses  et  grandes 
fleurs  lilas  carminé  très-vif;  la  plante  était  fort 
belle,  bien  développée,  et  témoignait  des  bons 
soins  et  des  connaissances  du  jardinier. 

Au  moment  de  clore  la  séance,  on  a reçu  de 
M.  Augis,  horticulteur,  rue  de  Fontenay,  au 
Grand-Montrouge,  une  collection  de  fleurs 


coupées  de  Balsamines  doubles  de  toute  beauté, 
qu’on  eût  prises  à première  vue  pour  des  fleurs 
de  Camellia.  M.  Augis  cultive  depuis  douze 
ans,  et  sème  en  mars,  cette  race  à pied  court, 
trapue  et  très-florifère. 

Comité  de  culture  maraîchère. 

Les  envois  de  M.  Georges  Chemin,  à Issy, 
se  composaient  de  quatre  fort  beaux  Melons 
Cantaloup  à fond  gris.  Ces  produits,  obtenus 
d’après  la  culture  des  maraîchers  de  Paris, 
sous  cloche,  étaient  bien  venus,  grands,  bien 
arrondis.  Puis  six  Concombres  blancs  longs  de 
Belœil,  fort  beaux  et  paraissant  bien  tendres. 

De  M.  Cottereau,  189,  rue  de  Javel,  à Paris, 
des  Artichauts  récoltés  sur  des  œilletons 
plantés  en  août  1887,  sous  l’ombrage  de  Choux- 
Fleurs.  L’hiver,  il  les  protège  avec  quelques 
cloches  ou  un  abri  quelconque,  et  il  en  obtient 
assez  tôt  une  belle  récolte. 

Ce  même  exposant  avait,  en  outre,  un  se- 
mis du  Fraisier  des  Quatre-Saisons  amélioré , 
Fraises  très-belles,  très-savoureuses  et  bien 
formées.  Il  a semé  les  graines  en  1887,  et  mis 
les  plants  en  place  fin  juillet  de  la  même 
année. 

M.  Millet,  horticulteur  à Bourg-la-Reine, 
avait  envoyé  une  corbeille  de  Fraises  de  la  va- 
riété Éléonore , race  tardive,  très-productive,  à 
fruits  volumineux,  carrés,  très-beaux,  d’un 
rouge  vif,  d’un  bon  goût  et  d’un  grand  ren- 
dement. 

Une  autre  boîte  de  Fraises  avait  encore  été 
envoyée  par  M.  Lefort,  secrétaire  de  la  Société 
horticole  de  Meaux  ; c’était  un  semis  de 
Fraises  Madame  Béraud.  Les  fruits  étaient 
assez  beaux,  bien  colorés,  de  grosseur  moyenne 
et  d’un  goût  agréable. 

Comité  de  pomologie. 

Il  n’y  avait  qu’un  envoi  de  M.  Sautel,  horti- 
culteur à Salon  (Bouches-du-Rhône)  ; il  com- 
prenait : 

Deux  Pommes  Early  Hartwerts , rondes, 
jaune  verdâtre,  assez  bonnes. 

Deux  Pommes  Soflahalm , petites,  arrondies, 
blanc  verdâtre,  marquées  de  raies  rouges, 
d’un  bon  goût  et  rappelant  un  peu  les  Pigeon- 
net  d'été. 

Des  Abricots  Commun  de  Provence  et 
Pommeau  de  Roquevain , tous  deux  assez  mé- 
diocres. 

Des  Prunes  Monsieur  hâtif  et  des  Reines- 
Claudes  Précoce  de  Bazaimbaud}  rondes, 
jaune  verdâtre. 

Deux  Poires  Beurré  de  Montécat,  assez 
grosses,  fort  belles. 

Ces  fruits  étaient  médiocres,  peu  savoureux, 
fades,  et  n’avaient  pas  atteint  leur  maturité,  ni 
même  leur  complet  développement. 

Quelques  Figues  violettes  étaient  meilleures. 

Ch.  Thays* 


360 


CORRESPONDANCE. 


CORRESPONDANCE 


N°  5412  {Italie).  — Le  noyau  dont  vous 
nous  avez  envoyé  le  dessin  appartient  au  fruit 
du  Manguier  ( Mangifera  indica).  Ce  fruit 
n’est  bon  que  sous  les  tropiques,  surtout  lors- 
qu’il est  représenté  par  de  bonnes  variétés 
greffées,  qui  ont  infiniment  plus  de  saveur  et 
de  valeur  que  le  type  sauvage. 

Nous  n’avons  pas  entendu  dire  jusqu’ici  que 
l’on  ait  obtenu  des  fruits  mûrs  de  Manguier  en 
serre.  Un  amateur  bordelais,  M.  Ed.  Lafon, 
en  avait  autrefois  qui  fleurissaient  chaque 
année,  mais  ne  produisaient  pas  de  fruits. 

N°  34 i 3 {Jura).  — Vous  pourrez  vous  pro- 
curer l’abri  vitré  mobile  pour  espalier  en  vous 
adressant  directement  à l’inventeur-construc- 
teur,  M.  Brochard,  rue  Sauvai,  nos  5 et  7,  à 
Paris. 

N°  4079  (Somme).  — L’appareil  le  plus 
pratique  que  nous  ayons  vu  jusqu’ici  pour 
le  transport  et  l’emploi  des  matières  fécales 
liquides  est  celui  qui  a été  décrit  dans  le  Livre 
de  la  Ferme  et  des  Maisons  de  Campagne , 
p.  74.  Dans  les  contrées  où  l’engrais  humain 
est  utilisé  sous  cette  forme  dans  des  propor- 
tions importantes,  en  Hollande,  notamment,  on 
le  transporte  simplement  dans  des  baquets 
assez  grands,  où  l’on  puise  à l’aide  d’une  sorte 
d’écope  ou  pot  fixée  à l’extrémité  d’une  perche. 
Au  moyen  du  sulfate  de  fer,  on  peut  d’ailleurs 
diminuer  considérablement  les  émanations  désa- 
gréables et  aussi  l’évaporation  de  certains  prin- 
cipes fertilisants. 

Nous  nous  conformerons  prochainement  à 
votre  désir  au  sujet  des  théories  arboricoles 
de  l’abbé  Lefèvre. 

M.  J.-L.,  Joinville-le-Pont  {Seine).  — Le 
bureau  central  de  la  chambre  syndicale  des 
ouvriers  jardiniers  de  la  Seine  a son  siège  à 
Paris,  rue  Aumaire,  n°  13.  Le  président  se 
nomme  M.  Lorgniet,  et  le  secrétaire,  M.  Gué- 
rin, qui  demeure  78,  faubourg  Saint-Martin, 
vous  donnera  les  renseignements  dont  vous 
pouvez  avoir  besoin. 

M.  G. -R.,  Vendôme  {Loir-et-Cher).  — L’ou- 
vrage qui  aurait  pu  répondre  à peu  près  exac- 


tement à ce  que  vous  désirez  avoir  est  le  Ver- 
ger, par  M.  A.  Mas,  mais  il  est  épuisé. 

N°  3338  {Indre-et-Loire).  — De  tous  les 
moyens  recommandés  pour  détruire  les  vers 
blancs,  outre  la  chasse  directe  qui,  lorsqu’on 
peut  la  faire,  est  toujours  préférable,  le  meil- 
leur moyen  est  l’emploi  du  sulfure  de  carbone; 
mais  comme  c’est  une  substance  très-éner- 
gique, il  faut  procéder  avec  beaucoup  de  ré- 
serve, autrement  on  pourrait  brûler  les  plantes. 

Quelques  personnes  ignorant  les  propriétés 
ou  plutôt  la  nature  du  sulfure  de  carbone,  ont 
recommandé  de  l’étendre  d’eau,  afin  d’en  atté- 
nuer l’effet  corrosif.  C’est  là  une  grande  er- 
reur, le  sulfure  de  carbone,  infiniment  plus 
dense  que  l’eau,  ne  se  mélange  pas  avec 
celle-ci.  Lorsqu’on  veut  imprégner  un  sol  avec 
le  sulfure  de  carbone,  il  faut  employer  un  pal 
injecteur,  ce  qui  demande  une  certaine  habi- 
tude qu’on  n’acquiert  que  par  la  pratique, 
mais  qui,  manié  par  des  mains  inhabiles,  pour- 
rait entraîner  des  inconvénients  qu’il  faut 
éviter.  D’autre  part,  le  sulfure  de  carbone 
étant  très-inflammable  et  très-volatil,  son  em- 
ploi présente  toujours  du  danger  et  exige  une 
grande  prudence.  Donc,  le  mieux  est  d’avoir 
recours  aux  capsules  Étienbled  au  sulfure  de 
carbone;  elles  sont  fabriquées  par  M.  Remilly, 
chimiste,  fabricant  à Versailles,  à qui  vous 
pouvez  vous  adresser  et  qui  vous  donnera  les 
renseignements  nécessaires  pour  leur  emploi. 

M.  F. -R.,  Joigny  (Yonne).  — L’incision 
annulaire  donne  toujours  de  bons  résultats 
quand  elle  est  bien  pratiquée.  Au  lieu  d’attri- 
buer à l’usage  de  ce  procédé  l’affaiblissement 
et  la  stérilité  des  Vignes  qui  y ont  été  sou- 
mises, il  faudrait  rechercher  quelles  autres 
causes  ont  pu  produire  les  mauvais  résultats 
dont  vous  avez  eu  à vous  plaindre.  Il  n’y  a 
de  vraiment  efficace  et  convaincant,  que  les 
expériences  comparatives. 

En  ce  qui  concerne  l’incision  annulaire, 
quoi  de  plus  facile,  pour  en  expérimenter  la 
valeur,  que  de  l’appliquer  alternativement,  par 
exemple,  à un  cep  sur  deux  ? Vous  auriez 
ainsi  un  sérieux  moyen  de  comparaison. 


L'Administrateur- Gérant  : L.  Bourguignon. 


Imp.  Georges  Jacob, 


Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


361 


CHRONIQUE  HORTICOLE 

Le  temps.  — Lorage  du  25  juillet  dernier.  — Le  mildiou.  — Les  premières  Pêches  à Montreuil,  en  1888. 
— Conditions  de  transport  des  produits  de  l’horticulture  pour  l’Exposition  universelle.  — Choisya 
ternata.  — Les  variations  de  forme  des  grains  et  pépins  chez  les  Vignes  cultivées  de  l’ancien 
monde.  — Les  Rosiers  croissant  naturellement  dans  le  département  d’Indre-et-Loire.  — Heuchera 
sançjuinea.  — Le  parfum  des  Orchidées.  — Question  de  priorité.  — Recherche  d’individus  femelles 
d’igname  de  Chine.  — Le  forçage  des  Lauriers-Tins.  — Le  trisulfure  de  carbone.  — Moyens  de 
remédier  aux  altérations  du  cidre.  — L’engrais  humain  en  horticulture.  — Distinction  à l’horticul- 
ture. — Erratum.  — Congrès  pomologique  de  France.  — Memento  des  expositions. 


Le  temps.  — La  saison  avance,  mais 
sans  qu’il  y ait  jusqu’ici  beaucoup  de  change- 
ment dans  l’état  de  l’atmosphère.  On  avait 
toujours  espéré  que  le  mois  de  juin  qui,  en 
général,  exerce  une  influence  si  salutaire  sur 
les  cultures  ayant  souffert  des  intempéries, 
remettrait  les  choses  à leur  état  normal,  ou  à 
peu  près.  Malheureusement  il  n’en  est  rien. 
Juin-juillet  sont  passés  sans  amélioration 
sensible,  et  les  perturbations  atmosphé- 
riques continuent.  La  température,  généra- 
lement très-variable  et  peu  élevée,  présente 
des  écarts  importants  et  instantanés  : des 
courants  chauds  qui  amènent  des  orages  ou 
même  des  sortes  de  giboulées  froides  comme 
à l’automne.  On  pourrait,  d’une  manière  gé- 
nérale, se  faire  une  idée  de  l’ensemble  des 
faits  atmosphériques  auxquels  nous  assis- 
tons, par  cet  exposé  : Température  basse  et 
irrégulière  ; pluies  fréquentes  (il  est  même 
très-rare  que  depuis  deux  mois  il  se  passe 
un  jour  sans  eau)  ; le  mois  de  juillet,  surtout, 
a été  tout  particulièrement  « maussade  »,  et 
dans  la  dernière  quinzaine,  on  a même  été 
plusieurs  jours  de  suite  sans  voir  le  soleil  ; en 
revanche  un  grand  vent  froid,  accompagné 
de  pluie,  rappelait  assez  ce  qu’on  observe  sou- 
vent en  septembre.  Voilà  généralement  ce 
qu’ont  été  les  choses  jusqu’au  31  juillet. 

Malheureusement  ces  faits  ne  sont  pas  une 
exception  ; ils  semblent  même  s’étendre  dans 
un  rayon  assez  grand,  ce  que  démontre  la 
lettre  suivante  que  nous  adresse  M.  Jouin, 
chef  de  culture  de  MM.  Simon-Louis  frères  : 

Plantières-les-Metz  (Alsace-Lorraine), 
26  juillet. 

Que  penser  d’un  temps  pareil  à celui  que 
nous  avons!  Je  ne  sais  si,  à Paris,  on  est 
plus  favorisé  que  nous,  mais  ici,  c’est  déplo- 
rable, et  même  sans  exemple.  Depuis  deux 
mois  il  tombe  de  l’eau  tous  les  jours,  de  sorte 
que  nous  ne  pouvons  entrer  dans  nos  pépi- 
nières, où  l’on  enfonce  jusqu’aux  genoux.  Nous 
ne  pouvons  greffer,  et  il  fait  relativement  froid. 
Malgré  cela  les  arbres  poussent  très-bien. 

D’autre  part  les  Vignes,  partout,  étaient 


très-belles  et  tellement  chargées  de  Raisins  que 
tout  faisait  espérer  une  récolte  exceptionnelle 
qui  malheureusement  aujourd’hui  esttrès-com- 
promise.  Il  y a même  plus,  chez  certaines  va- 
riétés, les  Raisins  sont  tous  tombés.  Qu’allons 
nous  devenir? 

Cette  phrase,  par  laquelle  notre  collabo- 
rateur termine  sa  lettre,  est  à peu  près  celle 
par  laquelle  chacun  s’aborde,  ce  qui  n’avance 
guère  la  question.  Au  lieu  de  se  décourager 
et  de  récriminer  contre  des  faits  auxquels 
nous  ne  pouvons  rien,  tâchons,  à l’aide  d’opé- 
rations en  rapport  avec  les  circonstances, 
de  remédier  au  mal  et  même  de  l’atténuer 
par  des  pratiques  spéciales,  là  où  la  chose 
est  possible.  Ainsi,  pour  ce  qui  est  de 
la  Vigne,  pratiquons  l’épamprage,  le  ro- 
gnage de  manière  que  la  sève  soit  em- 
ployée à la  nourriture  des  fruits,  que 
ceux-ci  reçoivent  plus  de  chaleur  et  surtout 
plus  de  lumière,  de  manière  à ce  que,  bien 
éclairés,  les  Raisins  puissent  mieux  mûrir. 
Ajoutons,  du  reste,  que  pour  les  Vignes  le 
mal  n’est  pas  si  grand  qu’on  semble  le 
croire,  car  malgré  les  intempéries  dont  nous 
avons  parlé,  les  Raisins  ont  grossi  et  sont 
relativement  beaux.  Il  y a bien  aussi  la  cou- 
lure, mais,  outre  que  celle-ci  n’est  pas  gé- 
nérale, la  quantité  de  grappes  est  telle,  que, 
si  le  temps  redevenait  propice,  on  aurait 
encore  une  récolte  au-dessus  de  la  moyenne. 
Espérons  qu’il  en  sera  ainsi. 

L’orage  du  25  juillet  dernier.  — Jus- 
qu’à ce  jour,  les  orages  qui  s’étaient  dé- 
chaînés sur  nous  étaient  nombreux  ; aucun, 
toutefois,  n’avait  été  désastreux.  Mais  le 
mercredi  25  juillet,  il  en  fut  autrement,  au 
moins  pour  celui  qui  s’abattit  sur  diverses 
localités  du  département  de  l’Yonne.  Par 
exemple,  à Montereau,  on  a ramassé  des 
grêlons  du  poids  de  35  à 150  grammes.  On 
nous  informe  qu’à  la  fabrique  de  faïence,  il 
n’est  pas  resté  une  seule  vitre.  Les  maraî- 
chers ont  également  éprouvé  de  très- 
grandes  pertes  : châssis  et  cloches  sont 

16 


16  Août  1888. 


362 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


brisés.  On  nous  assure  que,  depuis  Monte- 
reau,  en  allant  dans  la  direction  de  Provins, 
toutes  les  récoltes  sont  très-endommagées. 
La  grêle  tombait  avec  une  telle  violence  que 
les  récoltes  sont  hachées;  on  n’a  encore 
aucune  appréciation  sur  l’ensemble  des  dé- 
gâts, qui  sont  considérables. 

Le  mildiou.  — Malgré  la  température 
froide  et  l’humidité  à peu  près  constante 
qu’il  fait,  le  mildiou  se  montre  sur  divers 
points,  même  aux  environs  de  Paris,  no- 
tamment à Argenteuil.  Cette  fois,  les  cul- 
tivateurs paraissent  disposés  à combattre 
sérieusement  l’ennemi;  plusieurs  ont  déjà 
mis  en  pratique  les  remèdes  préconisés.  On 
reconnaît  aujourd’hui  qu’il  ne  faut  plus 
compter,  comme  on  le  faisait  autrefois,  sur 
une  immunité  due  au  climat,  et  que  succes- 
sivement tous  seront  envahis.  Toutefois,  il 
ne  faut  pas  être  trop  pessimiste  et  s’alarmer 
outre  mesure,  car  le  mal  paraît  se  montrer 
avec  infiniment  moins  d’intensité  que  l’an- 
née dernière  ; on  semble  même  autorisé  à 
croire  qu’il  a une  tendance  à s’affaiblir.  En 
attendant,  il  ne  faut  pas  se  reposer  sur  une 
quiétude  qui  pourrait  devenir  fatale.  Au 
contraire,  tout  en  espérant  un  avenir  meil- 
leur, il  faut  se  tenir  sur  la  réserve,  et  au 
lieu  de  se  croiser  les  bras  et  d’attendre  le 
salut  des  circonstances,  il  faut  mettre  en 
pratique  ce  dicton,  fils  de  la  prudence  : 
Aide-toi , le  ciel  t’aidera. 

Les  premières  Pêches  à Montreuil  en 

1888.  — Les  qualificatifs  « Pêches  de 
mai  » et  même  « de  juin  »,  que  l’on  donne 
parfois  à certaines  variétés  américaines,  ne 
se  sont  pas  justifiés  cette  année  : loin  de  là. 
Ainsi  le  30  juillet  nous  cueillions  la  variété 
Wellder ; le  23,  Amsden ; le  25,  Précoce 
Alexander.  Enfin,  la  Pêche  Early  Béa- 
trice, qui  ne  venait  que  la  quatrième,  mû- 
rissait seulement  le  28  juillet.  Ajoutons 
que,  loin  d’être  de  première  qualité,  tous 
ces  fruits  étaient  médiocres,  dépourvus  de 
sucre,  fait  dû  à la  température  froide  et  hu- 
mide qu’il  a fait  cette  année. 

Conditions  de  transport  des  produits 
de  l’horticulture  pour  l’Exposition  uni- 
verselle. — Ces  conditions  de  transports 
ont  été  définitivement  fixées  par  un  règle- 
ment : les  produits  de  toute  nature  seront 
transportés  par  les  compagnies  à moitié  prix 
des  tarifs  généraux  et  spéciaux  autres  que 
ceux  des  expositions  et  concours  ordinaires. 
Les  exposants  recevront,  en  temps  utile, 


leur  certificat  d’admission,  et  en  même 
temps  les  étiquettes,  de  couleur  vert  clair, 
qui  devront  accompagner  leurs  envois. 

Choisya  ternata.  — Si  cet  arbuste 

n’est  pas  suffisamment  rustique  pour  pas- 
ser l’hiver  en  plein  air  dans  le  nord  et 
même  dans  certaines  parties  du  centre  de 
la  France,  il  est  cependant  tellement  ro- 
buste, qu’il  suffit  de  l’abriter  légèrement 
pendant  les  plus  grands  froids  pour  qu’il  ré- 
siste et  puisse  fleurir  parfaitement.  Ajoutons 
que  c’est  probablement  l’arbuste  printanier* 
le  plus  méritant  qu’il  soit  possible  de  voir. 
Outre  qu’il  est  très-vigoureux  et  que  son 
magnifique  et  persistant  feuillage,  luisant  et 
d’un  très-beau  vert  foncé,  n’est  jamais  atta- 
qué par  les  insectes,  ses  abondantes  fleurs 
réunies  en  élégants  corymbes , grandes, 
d’un  blanc  pur,  à odeur  délicieuse,  se  suc- 
cèdent pendant  presque  deux  mois  (avril- 
mai).  Elles  se  conservent  très-longtemps 
dans  l’eau  et  sont  très-propres  à la  confec- 
tion des  bouquets.  Longtemps  avant  d’être 
épanouis,  les  boutons  simulent  parfaitement 
les  fleurs  d’Orangers,  qu’ils  surpassent 
même  en  légèreté.  Pour  l’Ouest,  l’Est  et 
surtout  le  Midi  de  la  France,  c’est  l’un  des 
plus  beaux  arbustes  d’ornement.  On  ne 
comprend  même  pas  que  les  Niçois  ne 
l’aient  pas  déjà  exploité  pour  en  couper  et 
en  expédier  les  fleurs. 

Les  variations  de  forme  des  grains  et 
pépins  chez  les  Vignes  cultivées  de 
l'ancien  monde.  — Dans  une  étude  pu- 
bliée dans  le  Bulletin  de  la  Société  d’hor- 
ticulture de  la  Seine  - Inférieure,  M.  H. 
Gadeau  de  Kerville  a examiné  cette  très- 
intéressante  question,  et  rappelé  les  faits 
principaux  qui  permettent  aujourd’hui 
d’affirmer  que  toutes  les  Vignes  cultivées 
de  l’ancien  monde  proviennent  d’une  seule 
espèce,  le  Vitis  vinifera,  déjà  nettement 
caractérisée  à l’époque  quaternaire. 

A l’aide  d’un  certain  nombre  de  dessins 
qui  accompagnent  cette  étude,  M.  Godeau 
de  Kerville  indique  les  différentes  formes 
que  prennent  les  grains  : les  uns  sont  sphé- 
riques, d’autres  ovoïdes  ou  ellipsoïdes, 
d’autres  très-allongés  comme  des  corni- 
chons, etc.  L’allongement  des  pépins  suit 
celui  des  grains. 

Les  Rosiers  croissant  naturellement 
dans  le  département  dlndre-et-Loire. 

— Nous  remarquons,  dans  le  dernier  Bul- 
letin, de  la  Société  botanique  de  France 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


363 


l’énumération  de  54  espèces  de  Rosiers 
croissant  à l’état  sauvage  dans  le  départe- 
ment d’Indre-et-Loire,  où  elles  ont  été  ren- 
contrées et  collectées  par  M.  Tourlet,  de 
1864  à 1886,  et  par  M.  G.  Chastaingt,  de 
1877  à 4887. 

La  plupart  de  ces  espèces  ont  été  com- 
parées avec  les  types  authentiques  conservés 
dans  l’herbier  du  Muséum,  à Paris,  ce  qui 
a permis  aux  botanistes  précités  de  ne  con- 
server aucun  doute  sur  l’identité  des  spéci- 
mens recueillis. 

Heuchera  sanguinea.  — Cette  char- 
mante petite  plante  vivace,  de  pleine  terre, 
encore  très-peu  répandue,  est  destinée  à 
rendre  de  très-grands  services,  surtout 
pour  la  décoration  des  rochers  ou  dans 
d’autres  situations  analogues. 

Elle  forme  de  charmantes  rosettes  de 
feuilles  tachetées  ^e  blanc  et  de  rouge,  et 
ses  inflorescences  écarlates,  sur  des  hampes 
légères,  ondulent  comme  des  plumes  sous 
l’effort  de  la  brise  la  plus  légère. 

L 'Heuchera  sanguinea  est  originaire 
du  Mexique.  Il  a été  découvert  dans  la  ré- 
gion montagneuse  de  La  Bufa,  émergeant 
de  crevasses  ou  fissures  de  roches.  C’est  une 
addition  très  précieuse  à la  série  des  plantes 
alpines,  déjà  si  intéressante.  On  en  a parlé 
pour  la  première  fois  il  y a quelques  années  ; 
la  plante  commence  à se  répandre,  on  ne 
saurait  trop  la  recommander.  On  la  cultive 
en  terre  légère  et  à une  exposition  demi- 
ombragée  ; la  terre  de  bruyère  lui  convient 
particulièrement. 

Le  parfum  des  Orchidées.  — Tout  a été 
dit  sur  la  bizarrerie  des  Orchidées,  sur  leurs 
formes  capricieuses,  sur  la  façon,  bien  sou- 
vent anormale,  dont  elles  se  développent 
dans  leurs  positions  aériennes  ; voici  main- 
tenant un  amateur  anglais  qui  a patiemment 
analysé  le  parfum  dégagé  par  un  grand 
nombre  d’espèces,  et  nous  reproduisons  le 
résultat  de  ses  recherches  olfactives  : 

Cattleya  citrina  : odeur  de  fleurs  d’oranger. 

Cattleya  Mossiæ:  les  deux  pétales  ont  le 
parfum  du  miel,  labelle  sans  odeur. 

Cœlogyne  cristata : Muguet. 

Cœlogyne  flaccida  : odeur  ammoniacale  assez 
prononcée. 

Dendrobium  crystallinum  : parfum  du  miel 
de  bruyère. 

Dendrobium  fimbriatum  : odeur  de  créosote. 

Dendrobium  heterocarpum  : odeur  du  sa- 
von de  Windsor  (?). 

Dendrobium  primulinum  : Lilas  et  miel. 

Dendrobium  Wardianum:  Églantine. 


Epidendrum  fragrans:  odeur  de  noyaux. 

Epidendrum  virens  : Foin  et  Bergamote. 

Galeandra  Devoniana  : Bruyère. 

Lælia  albida  : miel  et  fleurs  de  Tilleul. 

Mormodes  pardinum  : bois  de  Santal. 

Odontoglossum  blandum  : faux  parfum  de 
Jasmin. 

Odontoglossum  Halli  : rappelle  l’odeur  qui 
s’exhale  d’un  champ  de  Fèvres  (!). 

Odontoglossum  maculatum  : Daphné. 

Odontoglossum  pulchellum  majus  : Mu- 
guet. 

Phalœnopsis  Schilleriana  : Daphné  des 
Indes  et  Violette. 

Stanhopea  tigrina  : Vanille. 

Zygopetcilum  Mackayi  : Lilas. 

Il  y a en  a,  on  le  voit,  pour  tous  les 
goûts.  Cette  liste  pourrait  être  allongée,  car 
plusieurs  espèces  à parfum  très-caractéris- 
tique n’y  sont  pas  mentionnées.  Nous  avons 
autrefois  donné  nous-mème,  dans  V Illus- 
tration horticole , une  liste  très-étendue 
de  ces  Orchidées  odorantes,  dont  M.  A. 
Piivière  s’était  aussi  occupée;  mais,  telle 
qu’elle  est,  la  liste  précédente  suffit  pour 
donner  une  idée  de  l’extrême  variété  que 
résente  le  parfum  des  Orchidées. 

Question  de  priorité.  — Dans  le  der- 
nier numéro  de  la  Revue  horticole , 
page  317,  il  est  dit,  en  parlant  du  monu- 
ment qui  va  être  élevé  à M.  J.-E.  Planchon, 
que  ce  savant  découvrit  le  premier  le  phyl- 
loxéra en  compagnie  de  MM.  F.  Sahut  et 
G.  Bazille. 

M.  F.  Sahut  nous  écrit  pour  nous  faire 
observer  que  c’est  lui  qui,  le  premier  de  ses 
deux  collègues,  vit  les  points  jaunes  sur  les 
racines  qu’ils  examinaient  ensemble,  qui 
les  montra  à M.  Planchon  et  qui  reconnut 
que  ces  points  jaunes  étaient  des  pucerons. 
Nous  donnons  bien  volontiers  acte  à M.  F. 
Sahut  de  sa  revendication  de  priorité,  qui 
n’enlève  rien  aux  mérites  de  celui  dont  la 
ville  natale  se  prépare  à reconnaître  par  un 
témoignage  public  les  vastes  connaissances 
scientifiques  et  les  services  rendus  au  pays. 

Recherche  d’individus  femelles  d’i- 
gname de  Chine.  — L’Igname  de  Chine, 
dont  les  qualités  alimentaires  sont  depuis 
fort  longtemps  bien  établies,  se  répand  fort 
peu  dans  les  cultures  à cause  des  difficultés 
qu’en  présente  l’arrachage.  En  effet,  les  tu- 
bercules de  cette  plante  pénètrent  dans  le 
sol  jusqu’à  une  profondeur  de  80  centi- 
mètres, ce  qui  oblige  à faire  de  véritables 
terrassements  pour  obtenir  une  récolte  peu 
importante. 


364 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


On  cherche  depuis  quelques  années  à 
obtenir,  par  le  semis,  des  variétés  nouvelles 
dont  la  racine,  en  se  développant,  prendrait 
une  forme  différente  ; mais  ici  une  grosse 
difficulté  se  présente  : les  individus  fe- 
melles, tant  en  France  qu’en  Algérie,  font 
presque  partout  défaut,  et  c’est  aux  pays 
d’origine,  c’est-à-dire  à la  Chine  et  au  Japon, 
qu’il  faudra  avoir  recours  pour  se  procurer 
en  quantité  les  individus  de  ce  sexe. 

Le  forçage  des  Lauriers-Tins.  — Le 

Garden  recommande  la  culture  forcée  du 
Laurier-Tin  ( Viburnum  Tinus)  qui,  effec- 
tivement, lorsqu’il  est  ainsi  traité,  produit 
pendant  tout  l’hiver  de  jolis  paquets  de 
fleurs,  plus  légers,  et,  par  suite,  plus  élé- 
gants que  ceux  qu’il  donne  en  plein  air. 

Le  feuillage  persistant  de  cette  espèce 
augmente  encore  ses  qualités  décoratives 
en  donnant  aux  fleurs  un  fond  sombre  sur 
lequel  elles  se  détachent  d’une  manière 
charmante. 

Le  trisulfure  de  carbone.  — Des  ex- 
périences ont  été  faites,  depuis  un  certain 
temps  déjà,  dans  l’Hérault,  par  M.  Rohart, 
poui’  le  traitement  des  Vignes  pliylloxérées 
par  le  trisulfure  de  carbone. 

Il  parait  que  ces  esssais  ont  donné  des 
résultats  tout  à fait  satisfaisants.  Une  com- 
mission composée  de  viticulteurs  expéri- 
mentés, parmi  lesquels  se  trouvaient 
M.  F.  Sahut,  vice-président  de  la  société 
d’horticulture  de  l’Hérault,  et  M.  Bouschet 
de  Bernard,  a récemment  examiné  l’état  du 
vignoble  traité.  La  végétation  de  la  Vigne  a 
été  reconnue  superbe  et  supérieure  à celle 
d’une  vigne  voisine,  traitée  au  sulfocarbo- 
nate.  Aucune  souche  n’a  été  endommagée 
par  le  traitement.  Une  constatation  très- 
importante  qui  a été  faite,  c’est  que  le 
traitement  au  trisulfure  a une  régularité 
d’action  parfaite,  ce  qui  lui  donne  une 
grande  supériorité  sur  l’emploi  du  sulfure 
de  carbone. 

Dans  le  vignoble  de  M.  Delpon,  à Rieutort, 
50,000  souches  ont  été  également  traitées  au 
trisulfure,  et  les  résultats  ont  été  les  mêmes. 

Moyens  de  remédier  aux  altérations 
du  cidre.  — Le  syndicat  de  Pont-Audemer 
indique  les  procédés  suivants,  qu’il  sera  in- 
téressant de  connaître,  principalement  pour 
nos  lecteurs  du  Nord-Ouest  : 

1°  Cidre  trouble.  — Lorsque  le  cidre  ne  se 
clarifie  pas,  il  doit  ce  défaut  à des  pommes 
trop  peu  mûres,  ou  à des  pommes  mal  conser- 


vées, ou  à un  arrêt  de  fermentation  causé  par 
un  brusque  refroidissement  de  température. 
Pour  y remédier,  on  ajoutera  250  grammes  de 
sucre,  dissous  dans  du  cidre  tiède  ou  chaud, 
pour  un  hectolitre.  La  fermentation  reprendra 
et  le  cidre  deviendra  limpide  ; ne  pas  attendre 
que  le  cidre  soit  aigri.  On  soutirera  ensuite. 

2°  Cidre  acide,  pousse.  — Cet  accident  est 
dû  à un  ferment  vicieux.  Il  faut  coller  le  cidre 
avec  du  cachou,  60  grammes  par  hectolitre, 
puis  le  transvaser  dans  un  fût  préalablement 
soufré. 

3°  Cidre  gras  de  consistance  visqueuse.  — 
C’est  encore  l’effet  d’un  ferment  vicieux  qui 
s’observe  aussi  dans  le  vin  blanc.  On  y remédie 
en  ajoutant  300  grammes  d’alcool,  avec  5 à 6 
grammes  de  tannin  par  hectolitre.  La  matière 
visqueuse  se  dépose  au  fond.  Alors  il  faut  sou- 
tirer. 

4°  Cidre  qui  noircit,  qui  se  tue,  et  devient 
plat.  — On  attribue  cette  maladie  aux  eaux 
malpropres  des  mares  ou  aux  eaux  calcaires  et 
séléniteuses  mêlées  au  cic[re.  On  y remédie  en 
introduisant  20  grammes  d’acide  tartrique  ou 
20  grammes  de  tannin  par  hectolitre;  on  peut 
remplacer  le  tannin  par  de  l’écorce  de  Chêne 
râpée  ou  des  fruits  du  Sorbier,  qui  sont  riches 
en  acide  tannique. 

5°  Cidre  moisi,  qui  se  couvre  de  petites 
moisissures  blanchâtres,  nommées  fleurs.  — 
Il  perd  son  alcool  et  devient  plat.  Il  faut  sou- 
tirer en  laissant  la  surface  chargée  de  moisis- 
sures, puis  faire  le  plein  dans  le  nouveau  fût 
préalablement  soufré. 

6°  Cidre  aigre,  dont  Valcool  se  transforme 
en  vinaigre.  — C’est  la  maladie  la  plus  com- 
mune et  celle  qui  empêche  la  propagation  du 
cidre  ; elle  est  due  à l’introduction  de  l’air  dans 
le  tonneau  en  vidange.  On  y obvie  en  couvrant 
la  masse  liquide  d’une  couche  d’huile  d’olive 
ou  d’œillette. 

Les  cidres  altérés  doivent  être  consom- 
més le  plus  vite  possible  après  le  traite- 
ment. 

L’engrais  humain  en  horticulture. 

— M.  Hardy  expérimente  actuellement 
et  avec  succès,  à l’École  nationale  d’horti- 
culture de  Versailles,  un  engrais  dont  on 
n’a  guère  l’habitude  de  déterminer  la  com- 
position, et  dont  la  qualité  cependant  ne 
laisse  rien  à désirer.  Il  doit,  du  moins, 
être  ainsi,  à en  juger  par  le  superlatif  dont 
on  l’a  baptisé  : Engrais  Excelsior. 

Les  Chinois  et  les  Flamands,  auxquels  le 
directeur  de  l’École  de  Versailles  n’entend 
pas  que  ses  élèves  restent  inférieurs  au 
point  de  vue  cultural,  emploient  déjà  depuis 
longtemps  cet  engrais  humain  dont  les  ré- 
sultats sont  très-satisfaisants. 

Quelle  magnifique  végétation  l’on  obtient 
avec  Y Excelsior  ! Sans  aller  en  Chine  ni  en 


CHRONIQUE  RORTICOLE. 


365 


Flandre,  on  peut  facilement  se  rendre 
compte  des  résultats  obtenus.  Il  ne  convient 
guère  ici  d’exprimer  des  répugnances  qui  ne 
sauraient  être  de  mise  dans  une  question 
aussi  importante  que  celle  des  engrais. 

Que  de  fois  n’a-t-on  pas  reproché  aux 
instituteurs  de  campagne  de  ne  pas  faire  de 
leur  école,  au  moyen  des  jardins  qu’on  leur 
concède,  de  petites  écoles  d’horticulture  ? 
La  question  de  l’engrais  a toujours  été  la 
pierre  d’achoppement  où  sont  venues  se 
heurter  les  bonnes  volontés  : les  instituteurs 
manquent  d’engrais. 

Quelques-uns,  cependant,  pleins  de  con- 
fiance et  de  courage,  ont  eu  recours  à VEx- 
celsior,  mais  c’est  le  petit  nombre. 

Il  faudrait,  pour  généraliser  cet  usage 
dans  les  écoles,  que  les  <c  privés  » — c’est 
le  mot  officiel  — fussent  tous  munis  de 
fosses  mobiles  de  petite  dimension,  facile- 
ment transportables. 

Mais,  la  fosse  mobile  n’existe  presque 
nulle  part.  Partout,  dans  les  nouvelles 
constructions  scolaires,  se  voient  des  fosses 
fixes  plutôt  de  grande  que  de  petite  dimen- 
sion ; et  l’on  peut  dire  que  nulle  part  l’en- 
grais de  l’école  n’est  utilisé  « pour  le  jardin 
de  l’école  ». 

L’engrais  humain  donne  cependant  des 
résultats  excellents,  l’économie  qu’on  réalise 
en  l’employant  est  importante  et  nous  sou- 
haitons que  l’exemple  de  l’École  d’horticul- 
ture de  Versailles  soit  suivi  partout. 

Distinction  à l’horticulture.  — Nous 
apprenons  avec  plaisir  que  notre  excellent 
collaborateur,  M.  Ch.  Baltet,  vient  de  rece- 
voir la  Couronne  de  chêne,  des  Pays-Bas. 
Tous  les  amis  de  l’horticulture  applaudiront 
à cette  nouvelle  récompense. 

Erratum.  — Parmi  les  horticulteurs 
qui  ont  déjà  commencé  leurs  plantations 
pour  l’Expostiion  de  1889  et  dont  nous 
avons  parlé  dans  le  dernier  numéro  de  la 
Revue  horticole , c’est  M.  Lagrange,  horti- 
culteur, à Oullins  (Bhône),  qu’il  faut  lire  et 
non  M.  Lalande,  comme  il  a été  imprimé 
par  erreur. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 

Congrès  pomologique  de  France.  — La 

30e  session  de  la  Société  pomologique  de 
France  se  tiendra  cette  année  à Bordeaux.  La 
séance  d’ouverture  aura  lieu  le  lundi  17  sep- 
tembre. 

La  Société  s’occupera  pendant  cette  session  : 

1°  De  l’appréciation  des  fruits  admis  à l’étude  ; 


2"  Des  fruits  spécialement  étudiés  et  présentés  ; 
3°  De  l’étude  et  de  la  dégustation  des  fruits  dé- 
posés sur  le  bureau  ; 

4°  De  la  situation  financière  de  la  Société  ; 

5°  De  la  médaille  à décerner  à la  personne  qui  a 
rendu  le  plus  de  service  à la  pomologie  française; 
6°  Du  lieu  ovi  se  tiendra  la  session  suivante. 

Les  questions  suivantes  seront  ensuite  dis- 
cutées : 

1°  Meilleures  variétés  de  Poires  et  de  Pommes 
pour  les  plantations  commerciales,  en  plein  champ  ; 

2°  Taille  d’hiver  des  ramifications  fruitières  du 
Poirier  et  du  Pommier  ; opérations  d’été  à appli- 
quer aux  bourgeons  de  ces  arbres  ; 

3°  Chlorose  des  arbres  fruitiers,  moyens  de  la 
combattré  ; 

4°  Tavelure  des  fruits, moyens  de  la  prévenir; 

5°  Terrains  favorables  aux  cépages  américains  ; 
6°  Greffage  aérien  de  la  Vigne,  au  bouchon; 

7°  Hybridation  des  cépages,  procédés  à employer, 
avantages  qui  en  résultent  ; 

8°  Greffage  du  Pommier  à cidre  sur  Doucin, 
forme  et  place  des  arbres,  distances  de  plan- 
tation ; 

9°  Élevage  du  Pommier  à cidre  de  pépinière  ; 

10°  Meilleur  modèle  de  sécateur,  les  divers  mo- 
dèles en  usage  devront  être  présentés. 

Envoyer  les  adhésions  à M.  le  Président  de 
la  Société  pomologique  de  France,  palais  des 
Arts,  à Lyon. 

La  Société  a demandé  aux  Compagnies  de 
chemins  de  fer  la  faveur  du  demi-tarif  pour  les 
délégués  au  Congrès,  et  elle  espère  que  sa  dé- 
marche recevra  de  toutes  les  Compagnies  un 
accueil  favorable. 

Mémento  des  Expositions. 

Voici  la  liste  des  Expositions  précédemment 
annoncées  : 

Bougival.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  9),  29  août  au 
3 septembre. 

Fontainebleau.  — Exp.  gén.  (Chr.  n«  14)  25  au 
au  27  août. 

Lyon.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  11),  13  au  17  septembre. 
Meaux.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  5),  7 au  9 septembre. 
Mézidon.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  10),  16  septembre. 
Paris.  — Chrysanthèmes  (Ch.no  14),  22  au  25  no- 
vembre. 

Paris.  — Végétaux  d’ornements  (Chr.  no  15), 

25  juillet  au  5 novembre. 

Roubaix.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n°  5) , 17  novembre. 
Saint-Germain-en-Laye.  Exp.  gén.  (Chr.  n°  10), 

26  au  29  août. 

Saint-Mandé.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  12),  16  au 
23  septembre. 

Toulouse.  — Exp.  de  culture  maraîchère,  culture 
ornementale  et  arboriculture  fruitière  (Chr. 
n°  11),  27  au  30  septembre. 

— Même  Exp.  et  spécialement  Exp.  de  Chrysan- 
thèmes (Chr.  n°  11),  15  au  18  novembre. 
Valognes.  — Exp.  locale  (Chr.  n°  8),  1er  au  4 sept. 
Gand.  — Floriculture  (Chr.n0 11),  2 au  3 septembre. 

— Chrysanthèmes  (Chr.  n°  11),  18  au  22  nov. 
Lausanne.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  8),  20  au  25  sept. 

Vienne.  — Fruits  (Ch.  n»  15),  29  septembre  au 
7 octobre. 


366 


UN  NOUVEAU  PHŒNIX  HYBRIDE. 


UN  NOUVEAU  PHŒNIX  HYBRIDE 


Les  Dattiers  cultivés  dans  le  midi  de  la 
France  sont  d’une  grande  valeur  commer- 
ciale ; mais  en  dehors  de  leurs  qualités  dé- 
coratives, ils  ne  sont  d’aucune  utilité.  Les 
fruits  qu’ils  produisent  n’arrivent  qu’à  une 
maturité  incomplète  et  sont  à peine  comes- 
tibles. Le  Phoenix  dactylifera  lui-même 
qui,  dans  les  oasis  des  grands  déserts  afri- 
cains, se  charge  de  Dattes  succulentes  comme 
celles  connues  dans  le  commerce  sous  le 
nom  de  Dattes  de  Biskra,  ne  donne  que  des 
récoltes  médiocres,  même  à Alger.  En  Pro- 
vence, les  fruits  mûrissent  assez  pour  que 
les  graines  soient  pourvues  d’embryon  et 
puissent  germer,  mais  leur  pulpe  n’est  pas 
comestible.  Il  y aurait  donc  un  grand  inté- 
rêt à trouver  un  Palmier  qui,  tout  en  offrant 
les  qualités  décoratives  des  Phoenix  cul- 


Fig.  81.  — Fruit  et  noyau  du  Phoenix  dactylifera. 

tivés  dans  le  midi,  réunit  les  avantages  des 
Dattiers  africains.  Ce  problème,  qui  intéresse 
au  plus  haut  degré  l’horticulture  provençale 
et  du  nord  de  l’Algérie,  vient  d’être  résolu, 
en  partie  du  moins,  par  l’apparition  d’un 
Palmier  hybride  obtenu  à Cannes. 

Cette]  plante  a actuellement  six  ou  sept 
ans,  et,  si  l’on  en  juge  par  son  aspect,  elle 
est  probablement  issue  d’un  croisement 
entre  le  Phoenix  canariensis  fécondé  par  le 
Ph.  dactylifera. 

Du  premier,  elle  se  distingue  par  son  port 
moins  robuste,  ses  feuilles  plus  molles,  son 
fruit  plus  long,  aplati  aux  deux  bouts  (et  non 
elliptique  ou  presque  globuleux),  à noyau 
profondément  écbancré  aux  deux  extrémités. 

Elle  a,  avec  le  Ph.  dactylifera , des  ca- 
ractères de  dissemblance  plus  nombreux 
encore,  résidant  dans  le  port,  les  feuilles  et 
les  fruits.  Voici  les  principales  différences 
que  nous  avons  notées  entre  le  Ph.  dac- 
tylifera et  le  Phoenix  hybrida. 

Dans  ce  dernier,  le  pétiole  est  arrondi, 


anguleux  en  dessus  (et  non  aplati);  les  di- 
visions spinescentes  du  tiers  inférieur  de 
l'a  feuille  sont  allongées,  renflées,  ainsi  que 
le  rachis  à leur  point  d’insertion,  insérées 
à des  intervalles  inégaux  et  le  plus  souvent 
par  deux,  l’une  étant  placée  immédiatement 
au-dessus  de  l’autre.  Les  divisions  des  deux 
tiers  supérieurs  de  la  feuille  sont  plus  lon- 
gues, plus  molles,  étalées  horizontalement 
et  non  redressées  et  se  recouvrant  mu- 
tuellement. La  couleur  jaunâtre  des  feuilles 
donne,  en  outre,  à cet  hybride  un  aspect 
tout  différent  du  glauque  Ph.  dactylifera. 

Dans  la  forme  et  le  noyau  des  fruits,  on 
trouve  également  des  caractères  différentiels 
très-importants. 

Il  nous  parait  inutile  de  décrire  le  fruit 
du  Ph.  dactylifera  que  tout  le  monde 
connaît  ; il  suffira  de  rappeler  sa  forme 
oblongue  et  son  noyau  aigu  (fig.  81)  aux 
deux  bouts,  pour  que  l’on  saisisse  tout  de 


Fig.  82.  — Fruit  et  noyau  du  Phoenix  hybrida. 

suite  les  différences  qui  existent  entre  ce 
fruit  et  celui  de  notre  Palmier  hybride,  dont 
nous  avons  donné  plus  haut  les  caractères 
dans  la  comparaison  faite  entre  lui  et  le 
Ph.  canariensis.  Comme  grosseur,  les 
fruits  du  nouveau  Dattier  tiennent  le  mi- 
lieu entre  ceux  du  Ph.  dactylifera  et  du 
Ph.  canariensis  (fig.  82). 

Nous  avons  dû  à l’obligeance  de  M.  Rif- 
fault  de  pouvoir  goûter  de  ces  fruits.  Ils  sont 
savoureux,  parfumés  et  rappellent  les  bonnes 
Dattes  africaines,  mais  leur  pulpe  est  encore 
trop  peu  abondante.  Le  noyau  est  peu  déve- 
loppé en  comparaison  du  sarcocarpe.  Tous 
les  efforts  de  nos  horticulteurs  devront  donc 
tendre  à augmenter  la  grosseur  du  fruit  par 
l’obtention  de  nouvelles  variétés.  Ces  fruits 
mûrissent  abondamment  en  novembre. 

Les  premiers  succès  obtenus  nous  don- 
nent pleine  confiance  dans  l’avenir  et  nous 
avons  l’espérance  que  bientôt  le  « pays  des 
Dattes  » étendra  ses  frontières  jusqu’aux 
confins  de  notre  Provence.  Ed.  André. 


RENSEIGNEMENTS  PRATIQUES  SUR  LES  DOSES  DE  SULFATE  DE  FER. 


367 


RENSEIGNEMENTS  PRATIQUES 

SUR  LES  DOSES  DE  SULFATE  DE  FER  A EMPLOYER  EN  HORTICULTURE 

DOSES  DIVERSES  A APPLIQUER  A DIFFÉRENTES  PLANTES 


Nous  avons  dit  précédemment  combien 
les  doses  de  sulfate  de  fer  devaient  varier 
suivant  la  nature  des  plantes  et  celle  des 
terrains,  mais  ces  indications  vagues  ne 
peuvent  suffire  aux  expérimentateurs.  Voici 
quelques  renseignements  qui  leur  fourni- 
ront des  points  de  repère  pour  leurs  essais. 

On  distinguera  d’abord  les  terrains  en 
trois  catégories  : 1°  les  sols  siliceux  ; 2°  les 
sols  compacts  ou  légèrement  calcaires  ; 3°  les 
sols  calcaires  ou  fortement  fumés. 

Pour  les  premiers,  dont  le  type  en  horti- 
culture est  représenté  par  la  terre  de  bruyère, 
les  doses  devront  être  faibles  : les  dissolu- 
tions contiendront  de  1 à 5 grammes  par 
litre  et  les  quantités  à employer  de  ces  so- 
lutions varieront  de  1/8  à 1/2  litre  par 
plante. 

Pour  les  seconds  sols  plus  compacts,  alu- 
mino-siliceux  ou  alumino-calcaires,  on  em- 
ploiera des  doses  plus  élevées,  soit  de  5 à 
15  grammes  par  litre  et  les  quantités  varie- 
ront de  1/8  de  litre  à 3/4  par  plante. 

Enfin  les  derniers,  sols  calcaires  ou  for- 
tement fumés,  admettent  des  doses  plus 
énergiques,  de  15  à 25  grammes  par  litre 
et  l’emploi  par  plante  de  1/4  à 3/4  de  litre. 

Dans  tous  les  cas  les  arrosages  devront 
être  répétés  trois  ou  quatre  fois  à 4,  6 ou 
8 jours  d’intervalle. 

Ces  doses  correspondent  toutes  à des 
plantes  adultes  et  non  à des  plantes  de 
semis  ou  encore  jeunes.  Sur  des  plantes  de 
cette  nature  on  procédera  par  arrosage  éva- 
lué au  mètre  carré,  en  employant  1,  5,  10, 
15  ou  20  grammes  par  mètre,  suivant  la 
nature  du  sol,  en  tenant  compte  des  obser- 
vations précédentes,  le  tout  dissous  dans 
une  quantité  d’eau  suffisante  pour  obtenir 
un  arrosage  convenable,  soit  de  1 à 2 litres, 
suivant  le  besoin  des  plantes  en  eau. 

Quant  aux  variations  à observer  suivant 
les  différentes  plantes,  elles  sont  de  même 
ordre. 

Une  grande  division  doit  d’abord  être 
établie  entre  les  plantes  ligneuses  et  les 
plantes  herbacées. 

Aux  premières,  telles  que  les  Rosiers, 
les  Rhododendrons,  les  Hortensias,  Fuch- 
sias, Spiræa,  Polygala , le  Jasmin,  la  Gly- 
cine, conviennent  les  doses  élevées;  aux 


autres,  telles  que  Pensées,  Pélargonium , 
Gineraria,  Heliotr opium,  Lychnis,  Ascle- 
pias , Chrysantliemum , Matricaria,  Ipo- 
mæa,  Salvia,  Lupinus,  Cynoglossum,  etc. , 
les  doses  réduites. 

Les  plantes  que  nous  venons  de  citer  no- 
minativement sont  celles  sur  lesquelles  des 
essais  ont  été  faits,  essais  tous  couronnés 
de  succès. 

Parmi  les  plantes  à tige  ligneuse,  la 
Rruyère  fait  exception  au  point  de  vue  des 
dosages,  elle  ne  réclame  que  des  quantités 
très  faibles  d’une  dissolution  très  étendue  ; 
c’est  une  conséquence  d’ailleurs  de  la  na- 
ture du  terrain  dans  lequel  elle  végète.  On 
considère  comme  dose  légère  1/10  de  litre 
d’une  dissolution  à 1 ou  2 grammes  par 
litre. 

L’Hortensia,  au  contraire,  supporte  des 
doses  très  élevées.  En  arrosage  on  a mis 
sur  certaine  de  ces  plantes,  en  une  seule 
fois,  3/4  de  litre  d’une  solution  àl8  grammes 
par  litre  et  on  a complété  le  fraitementhuit 
à dix  jours  après  par  une  application  sur  la 
surface  du  pot,  de  20  grammes  de  sulfate 
de  fer  en  cristaux,  le  tout  avec  un  plein 
succès.  On  a pu  même  mêler  à la  terre 
d’un  pot  d’Hortensia  de  grande  taille, 
500  grammes  de  sulfate  de  fer,  sans  obtenir 
autre  chose  qu’un  développement  extraor- 
dinaire de  la  plante. 

Pour  la  Vigné,  on  emploie  de  100  à 
200  grammes  par  pied  ; on  répand  le  sulfate 
sur  le  sol  et  on  le  mélange  à la  terre  par  un 
léger  binage  ; la  dose  de  100  grammes  a été 
appliquée  avec  succès  sur  une  vigne  en  cor- 
don de  1 mètre  30  de  haut  avec  des  sarments 
de  2 mètres  environ  ; celle  de  200  grammes 
est  donnée  par  M.  Rith  et  par  M.  Paul 
Serres  ; elle  correspond  dans  le  premier  cas 
à une  vigne  chlorosée  et  dans  le  second  à 
une  vigne  atteinte  par  le  phylloxéra. 

Les  arbustes  et,  en  particulier,  les  Oran- 
gers, demandent  aussi  des  doses  plus 
fortes  que  celle  des  plantes  à tige  ligneuse; 
il  a été  appliqué  sur  un  Oranger  moyen 
20  grammes  de  chlorure  de  fer  en  dissolu- 
tion dans  un  litre  d’eau,  ce  qui  correspond 
à 20  grammes  de  sulfate  de  fer. 

On  a constaté  d’excellents  résultats  sur 
les  Gamellias,  mais  il  ne  faut  pas  appliquer 


36‘8 


RENSEIGNEMENTS  PRATIQUES  SUR  LES  DOSES  DE  SULFATE  DE  FER. 


le  sulfate  de  fer  à ces  plantes  quand  elles 
émettent  de  jeunes  pousses,  c’est-à-dire  au 
printemps;  il  est  préférable  d’attendre  la 
lin  de  l’été. 

Les  résultats  favorables  obtenus  sur  les 
Lauriers-Roses  n’ont  pas  donné  lieu  à la 
même  observation  ; les  arrosages  ont  été 
faits  au  printemps. 

C’est  à cette  époque  également  qu’ont  été 
exécutés  les  essais  sur  les  Poiriers,  Pom- 
miers, etc.,  tous  avec  le  plus  grand  succès. 
On  peut  dire  ici  que  les  doses  doivent  va- 
rier de  5 et  10  grammes  à 1 kilog.  par 
arbuste,  les  premières  correspondant  aux 
arbres  jeunes  et  se  rapprochent  des  plantes 
d’ornement  précédemment  citées,  la  der- 
nière à de  vieux  arbres  en  quenouille  ayant 
3 mètres  de  haut  et  dont  la  circonférence 
occupée  par  les  branches  était  de  1 m 50  de 
diamètre. 

Les  plantes  herbacées  ne  supportent,  au 
contraire,  que  des  doses  réduites. 

Pour  les  Calcéolaires  on  a employé  seule- 
ment 40  à 60  centimètres  cubes  d’une  dis- 
solution à 8 grammes  par  litre,  pour  la 
Commeline  tubéreuse  1/8  de  litre  d’une  so- 
lution à 18  grammes  par  litre. 

Même  observation  pour  les  Pélargonium , 
les  Pensées,  Cineraria  King,  Cheiranthus 
annuus  , Heliotr opium  peruvianum , 
Lychnis  grandiflora,  Asclepias  fruti- 
cosa,  Pÿrethrum  indicum , Matricaria 
parthenioides , Epiphyllum , Ipomæa  Nil , 
Salvia  patens,  S.  coccinea , sur  lesquels 
on  a opéré  avec  environ  50  centimètres 
cubes  d’une  dissolution  à 10  grammes  par 
litre. 

Dans  tous  les  cas,  ces  arrosages  ont  été 
répétés  à 4,  6 ou  8 jours  d’intervalle  et  jus- 
qu’à trois  et  quatre  fois  ; pour  les  Pélargo- 
nium il  a suffi  de  deux  arrosements.  Ces 
arrosages  doivent  toujours  être  précédés 
d’un  copieux  mouillage  à l’eau  pure  ; il  faut 
que  la  terre  soit  uniformément  humide 
avant  l’application  du  sel  de  fer. 

Les  plantes  exotiques  qui  végètent  géné- 
ralement mal  dans  notre  climat  se  trouvent 
très-bien  des  arrosages  ferrugineux,  notam- 
ment les  Orchidées,  le  Cypripedium  Cal- 
ceolus  (sabot  de  Vénus).  Cette  observation 
est  bonne  à noter  au  moment  où  ces  plantes 
sont  si  recherchées  des  amateurs.  Pour  ces 
plantes  délicates,  les  arrosements  doivent 
être  faits  à dose  très  modérée;  on  devra 
toujours  commencer  par  des  solutions  de 
1 gramme  à 45  par  litre. 

Il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  également 
que  les  arbrisseaux  cultivés  en  terre  de 


bruyère  demandent  des  doses  faibles;  de  ce 
nombre,  les  Mimosas,  Éricas,  etc. 

Certaines  plantes  herbacées  admettent 
pourtant  des  arrosages  avec  des  solutions 
assez  concentrées,  notamment  : les  Prime- 
vères, les  Polemonium.  Les  plantes  bul- 
beuses (Liliacées,  Narcisses)  ont  paru  un 
peu  réfractaires  aux  doses  de  15  à 20 
grammes  par  litre  ; peut-être  ces  quantités 
étaient-elles  insuffisantes  ? 

Quand  les  feuilles  des  plantes  ont  pris  un 
aspect  vert  foncé  bien  caractérisé,  il  est  inu- 
tile, il  pourrait  être  dangereux  de  continuer 
les  arrosages.  Si  les  arrosages  ont  été  faits 
tous  les  trois  ou  quatre  jours,  l’effet  peut- 
être  manifeste  au  bout  d’une  dizaine  de 
jours;  il  est  généralement  obtenu  pour  les 
plantes  herbacées  au  bout  d’un  mois  ; pour 
les  arbustes  il  est  d’autant  plus  long  à se 
manifester  que  l’arbuste  est  plus  âgé.  Pour 
les  arbres  fruitiers  un  peu  vieux,  il  faut  quel- 
quefois n’espérer  de  résultat  que  pour  l’an- 
née suivante  et  toujours  redoubler  le  traite- 
ment. 

On  ne  doit  pas  manquer  d’ajouter  que  le 
sulfate  de  fer  a eu  généralement  pour  effet 
non  seulement  de  développer  la  couleur  des 
feuilles  mais  aussi  celle  des  fleurs.  Cette 
augmentation  de  la  richesse  de  leur  coloris 
a été  constaté  sur  des  Pensées,  sur  des 
Commelines,  sur  des  Pelargoniums,  etc., 
Employé  à haute  dose  sur  les  Hortensias,  il 
fait  virer  leur  couleur  du  rose  au  bleu. 

Comme  complément  à ce  que  nous  avons 
dit  sur  son  action  contre  les  parasites  des 
plantes,  nous  citerons  le  fait  suivant  : 

Un  Acacia  paradoxa , cultivé  en  serre 
tempérée,  était  couvert  de  granulations 
cryptogamiques  blanchâtres,  les  rameaux 
étaient  jaunes  et  chlorosés;  après  quelques 
arrosements,  il  a pris  un  développement 
magnifique  et  les  végétations  parasites  ont 
disparu.  Des  Cinéraires,  couvertes  de  puce- 
rons, qui  étaient  expirantes,  sont  reve- 
nues en  pleine  végétation.  Un  Cheiranthus 
Cheiri , atteint  d’un  commencement  de  ma- 
ladie analogue  à la  rouille,  a repris  les  ap- 
parences les  plus  complètes  de  la  santé. 

Pour  résumer  ce  qui  précède,  nous  di- 
rons : 

1°  Les  doses  de  sulfate  de  fer  doivent  va- 
rier suivant  les  terrains  de  1 gramme  à 25 
par  litre,  1 gramme  à 5 pour  les  terrains 
légers  et  siliceux  tels  que  la  terre  de  bruyère, 

5 à 10  grammes  pour  les  terrains  plus  com- 
pacts, alumino-siliceux  ou  alumino-cal- 
caires,  15  à 25  grammes  pour  les  sols  cal- 
caires ou  fortement  fumés  ; 


UNE  EXPOSITION  D’ORCHIDÉES. 


369 


2°  On  emploiera  depuis  1/10  de  litre  jus- 
qu’à 3/4  de  litre  de  ces  solutions  suivant  les 
différentes  plantes,  en  tenant  compte  de  ce 
fait  que  les  végétaux  ligneux  supportent  des 
quantités  plus  élevées  que  les  végétaux  her- 
bacés et  sous  des  quantités  proportionnées 
à leur  âge  et  à leur  développement  ; 

3°  Les  arrosements  devront  être  précédés 
d’un  mouillage  suffisant  de  la  terre  envi- 
ronnant la  plante,  la  terre  devant  être  uni- 
formément humide  avant  l’emploi  de  la 
dissolution  du  sel  de  fer  ; 

4°  Les  arrosages  sont  répétés  trois  ou 
quatre  fois  à 4,  6 ou  8 jours  d’intervalle  ; 

5°  On  les  arrêtera  quand  la  plante  aura 
pris  une  teinte  vert  foncé  uniforme.  Sur  les 
plantes  herbacées,  l’effet  se  produit  quinze 


jours  ou  un  mois  après  le  commencement 
du  traitement.  Même  délai  à peu  près  pour 
les  arbustes  d’ornement;  il  atteint  quelque- 
fois une  année  et  plus  pour  les  arbres  frui- 
tiers déjà  âgés  ; 

5°  L’époque  où  doit  être  effectué  le  trai- 
tement semble  à peu  près  indifférente  sauf 
pour  les  Camellias,  sur  lesquels  il  convient 
de  n’opérer  qu’à  la  fin  de  l’été.  Pour  les 
autres  plantes,  le  printemps  est  pourtant 
l’époque  qu’on  doit  choisir  de  préférence. 
Si  l’on  opère  pendant  l’été,  il  conviendra 
d’abriter  les  plantes  traitées  des  rayons  trop 
ardents  du  soleil,  en  les  maintenant  autant 
que  possible  à l’ombre. 

P.  Marguerite-Delacharlonny, 

Ingénieur  des  Arts  et  Manufactures. 


UNE  EXPOSITION  D’ORCHIDÉES 


Les  expositions  d’horticulture  présentent 
généralement,  aux  yeux  des  amateurs,  le 
grand  inconvénient  d’être  trop  vite  termi- 
nées. Quelques  jours  à peine,  et  les  riches 
collections,  les  magnifiques  plantes  tant 
admirées,  ont  repris  leur  place  dans  les  serres 
et  les  jardins. 

Il  n’en  est  pas  de  même  pour  l’exposition 
d’Orchidées  que  M.  William  Bull,  l’horti- 
culteur anglais  bien  connu,  organise  chaque 
année  pendant  les  mois  de  mai,  juin  et 
juillet,  dans  une  belle  et  grande  serre  des- 
tinée presque  uniquement  à cet  usage,  et 
située  dans  son  grand  établissement  de 
Kings’  road,  Ghelsea,  à Londres. 

Il  est  impossible  d’imaginer  un  spectacle 
plus  ravissant  que  celui  offert  par  cette 
collection  artistement  combinée  d’Orchidées 
en  fleurs,  répandant,  pour  la  plupart  des 
parfums  délicieux,  et  dont  l’effet  est  encore 
augmenté  par  une  pseudo -perspective  ob- 
tenue au  moyen  de  glaces  recouvrant  les 
deux  extrémités  de  la  serre. 

Outre  son  attraction,  considérée  au  point 
de  vue  simplement  ornemental,  cette  expo- 
sition a,  de  plus,  l’avantage  de  réunir,  à 
côté  d’espèces  répandues  et  anciennes,  des 
raretés  et  des  nouveautés  dont  les  spécimens 
atteignent  souvent  des  prix  considérables. 

C’est  surtout  de  ces  espèces  peu  répandues 
que  nous  voulons  parler  aujourd’hui. 

Parmi  ces  plantes  de  mérite,  dont  nous 
nous  bornerons  à citer  les  principales,  on 
peut  remarquer,  comme  nous  venons  de  le 
faire  tout  récemment  : 

Masdevallia  Shutleworthii  xantlioco- 
rys>  récemment  introduit  de  la  Colombie  et 


présentant  des  fleurs  plus  petites  et  plus 
foncées  que  celles  du  M.  Shutleworthii. 

M.  Harryana  regalis,  pouvant  être  placé, 
à cause  de  ses  magnifiques  fleurs  cramoi- 
sies, jaune  orangé  à la  gorge,  au  premier 
rang  parmi  les  variétés  du  même  groupe. 

Dans  les  Cypripedium,  le  C.  caudatum 
giganteum,  dont  les  pétales  atteignent  0m  60 
de  longueur;  le  C.  Druryi , plutôt  rare  que 
nouveau,  et  le  C.  Lawrenceanum  colora- 
tum,  sont  certainement  avec  les  C.  Argus , 
C.  niveum,  C.  superbiens  ( Veitchii ],  les 
espèces  et  variétés  les  plus  intéressantes. 

Les  collections  de  Lælia  et  de  Cattleya, 
des  plus  complètes,  ne  contribuent  pas  peu 
à l’ornementation  de  la  serre,  et  l’on  ne  se 
lasse  pas  d’admirer  les  splendides  fleurs  des 
Lælia  purpur ata  atropurpurea,  L.  pur- 
purata  Brysiana,  L.  purpurata  alba  glo- 
riosa,  L.  elegans  Master siana,  ce  dernier 
d’introduction  récente;  Cattleya  Mendelii 
Alexandræ,  C.  Mendelii  Victoriæ , C» 
Mossiæ  aurantiaca,  C.  Mossiæ  gigantea , 
C.  Schrœderæ  albescens , C.  Skinneri  ocu- 
lata,  etc. 

Parmi  les  Odontoglossum , qui  sont  re- 
présentés par  un  grand  nombre  de  sujets  re- 
marquables, nous  citerons  : Y O.  citrosmum 
roseum,  différant  del’O.  citrosmum  album 
par  ses  fleurs  rose  tendre,  presque  de  cou- 
leur crème,  l’O.  cordatum  Kienastianum, 
Y O.  décorum  et  l’O.  vexillarium  gigan- 
teum. 

Un  Oncidium  crispum  muni  d’une 
inflorescence  de  lra30  de  long,  produit, 
dans  la  partie  de  la  serre  où  il  a été  placé, 
un  effet  très-pittoresque.  Il  en  est  de  même 


370 


CHEVALLIER  A GIGANTEA. 


pour  un  groupe  d’Oncidium  superbiens 
æmulum,  nouveauté  dont  les  fleurs  soli- 
taires, de  forme  extrêmement  bizarre,  sont 
portées  par  des  hampes  de  80  centimètres  à 
1 mètre  de  longueur. 

Il  serait  trop  long  d’énumérer  toutes  les 
plantes  de  mérite;  cependant  il  est  impos- 
sible d’oublier  le  Thrixspevmum  Berck- 
leyii,  peu  répandu  dans  les  cultures,  le  mi- 
nuscule Ornithocephalus  grandiflorus  et 
le  Scuticaria  Dodgsoni. 


C’est  à regret  que  l’on  se  décide  à quitter 
cette  ravissante  exposition,  qui  présente  une 
grande  attraction  pour  le  monde  horticole, 
et  que  la  haute  société  londonnienne,  de 
même  que  les  étrangers,  amateurs  d’Orchi- 
dées,  ne  manquent  jamais,  chaque  année, 
de  venir  visiter.  C’est  là  un  exemple  que  nos 
horticulteurs  parisiens  devraient  bien 
suivre;  nous  leur  prédisons  d’avance  un 
grand  succès.  H.  Martinet, 

Stagiaire  de  l’École  d’horticulture  de  Versailles. 


CHEVALLIERA  GIGANTEA 


Le  genre  Chevalliera  a été  établi  par  Gau- 
dichaud  pour  des  plantes  qu’il  trouva  au 
Brésil  lors 
du  voyage 
autour  du 
monde  qu’il 
fit  en  1836- 
1837  sur  la 
corvette  La 
Bonite.Uen 
figura  2 es- 
pèces qu’il 
nomma 
Chevalliera 
ornata  et 
Ch.  sphœ- 
rocephala. 

Mal  heureu- 
sement, non 
seulement 
Gaudichaud 
ne  donna 
aucune  des- 
cription de 
ces  deux  es- 
pèces, mais 
il  ne  fit 
même  pas 
connaître 
les  caractè- 
res qu’il 
assignait  au 
genre  Che- 
valliera, qu’il  avait  dédié  au  botaniste 
Chevallier,  auteur  de  la  Flore  économique 
des  environs  de  Paris. 

Depuis,  et  à diverses  reprises,  le  com- 
merce a introduit  quelques  espèces  de  bro- 
méliacées que  l’on  a rapportées  au  genre 
Chevalliera.  Le  savanthotaniste  Ed.  Morren, 
dans  la  Belgique  horticole , en  1878,  fit 
une  étude  approfondie  du  genre  Cheval- 
liera en  s’appuyant  sur  l’espèce  la  plus 


Fig.  83.  — Chevalliera  gigantea. 
Au  1/20  de  grandeur  naturelle. 


répandue  dans  les  cultures,  le  Chevalliera 
Veitchi  b 

Tout  ré- 
cemment, le 
Muséum  a 
reçu  du 
Brésil,  des 
environs  de 
Bio-de-Ja- 
neiro,  par 
M.  Glaziou, 
plusieurs 
espèces  de 
Bromélia- 
cées parmi 
lesquelles 
s’en  trou- 
vait une 
très-remar- 
quable et 
vrai  ment  gi- 
gantesque, 
à laquelle  M. 
P.  Mauny, 
préparateur 
au  Muséum, 
a donné  le 
nom  spéci- 
fique gigan- 
tea, et  dont 
il  a donné 
u ne  descrip- 
tion dans 

le  journal  Le.  Jardin,  en  1888.  C’est  cette 
plante  que  nous  avons  fait  dessiner  au 
Muséum,  et  que  représente  la  figure  83. 

Cette  espèce  est  complètement  différente 
de  celle  que  Morren  a décrite.  En  admettant 
que  par  ses  caractères  organiques,  elle  se 
place  dans  le  genre  établi  par  Gaudichaud, 
nous  croyons  qu’il  y aurait  probablement  lieu 

1 Voir  Revue  horticole , 1880,  p.  150. 


CHEVALLIERA  GIGANTEA. 


371 


d’en  faire  une  section  particulière,  ainsi 
que  nous  le  dirons  plus  loin. 

Quoi  qu’il  en  soit,  nous  allons  donner 
une  description  du  Chevalliera  gigantea, 
P.  Mauny. 

Souche  grosse,  drageonnante,  suffrutes- 
cente  à la  base  qui  est  formée  par  la  per- 
sistance des  feuilles,  atteignant  jusque  2 
à 3 mètres  de  hauteur.  Feuilles  appliquées, 
épaisses,  coriaces,  très-larges,  surtout  à la 
base,  un  peu  pliées,  d’un  vert  glauque,  mu- 
nies de  dents  courtes,  noires,  aiguës,  très- 
raides.  Inflorescence  rappelant  un  peu  celle 
d’un  Zamia,  sur  une  hampe  haute  de  50  cen- 
timètres, grosse  et  dressée,  garnie  dans 
toute  sa  longueur  de  feuilles  bractéales  lon- 
guement acuminées-aiguës,  dressées-appli- 
quées,  d’un  beau  rose  de  même  que  la 
hampe  qui  les  porte  et  qui,  à son  sommet, 


est  couronnée  par  de  très-nombreux  fruits 
qui  persistent  pendant  plusieurs  années. 

Une  observation  qui  ne  manque  pas  d’im- 
portance et  que  nous  croyons  devoir  faire 
porte  sur  les  inflorescences  du  Ch.  gigantea. 
Sur  la  souche  énorme  qui  est  arrivée  au 
Muséum  et  que  représente  notre  gravure, 
il  y avait,  ainsi  qu’on  le  voit,  du  reste,  deux 
inflorescences  dissemblables,  une  allongée- 
fusiforme  ; l’autre,  au  contraire,  très- 
grosse,  d’environ  12  centimètres  de  dia- 
* mètre,  complètement  et  régulièrement  sphé- 
rique. 

Ces  deux  inflorescences,  qui  étaient  sur 
la  même  plante,  mais  sur  deux  bourgeons 
différents,  constituent-elles  une  sorte  de  di- 
morphisme floral?  Les  caractères  de  végé- 
tation sont  identiques  dans  les  deux  cas. 
Ou  bien  cette  différence  si  grande,  dans  la 


Fig.  84.  — Chevalliera  Germinyana. 


Au  1/10  de  grandeur  naturelle. 


forme  des  inflorescences,  serait-elle  due  à 
ce  que  l’une  (la  sphérocéphale)  était  plus 
jeune  que  l’autre  ? Nous  ne  nous  prononçons 
pas,  et  nous  nous  bornons  à appeler  l’at- 
tention sur  ce  sujet. 

D’après  ceci  et  bien  que  beaucoup  de 
points  restent  encore  obscurs,  nous  croyons 
que  dès  à présent  il  y a lieu  de  faire  deux 
divisions  dans  les  Chevalliera  : l’une,  dans 
laquelle  rentreront  le  Ch.  gigantea  et  très- 


probablement  les  deux  espèces  figurées  par 
Gaudichaud;  l’autre  comprenant  les  Ch. 
Veitchi,  Ch.  Germinyana , Carr.  % fi- 
gure 84,  ainsi  que  les  diverses  variétés  ou 
formes  du  Ch.  Veitchi,  telles  que  le  Ch.  V. 
superha,  par  exemple  2. 

Cette  sorte  de  classification,  outre  qu’elle 

1 Voir  Revue  horticole , 1881,  p.  230. 

2 Voir  Revue  horticole,  1880,  p.  450  et  1881, 

p.  206. 


372 


HYBRIDE  DU  MELON  A RAMES. 


servirait  la  pratique  en  séparant  des  plantes 
différentes  au  point  de  vue  du  traitement 
qu’il  convient  de  leur  appliquer,  servirait 
également  la  science  par  la  séparation 
qu’elle  ferait  d’espèces  ayant  des  caractères 
physiques  et  même  organiques  dissem- 
blables. De  pluSy  elle  présenterait  cet  autre 
avantage  de  rappeler  le  nom  de  Gaudichaud 
et  celui  de  Morren,  deux  savants,  qui  se  sont 
surtout  occupés  des  Chevalliera  ; le  premier, 
en  créant  le  genre;  le  deuxième,  en  le  pré- 
cisant, c’est-à-dire  en  en  faisant  connaître  ■ 
les  caractères. 

Sectionnement  du  genre  Chevalliera. 

A.  Gaudiciiaudia. 

Chevalliera  gigantea , P.  Maury. 

(?)  Ch.  ornata , Gaudich. 

(?)  Ch.  sphœrocephala , Gaudich. 

B.  Morrenja. 

Chevalliera  Veitchi,  Morr. 

Ch.  Germinyana , Carr. 

Ch.  Veitchi  superba , Hort. 

Les  plantes  de  ces  deux  sections  sont 

HYBRIDE  DU  S 

En  4875,  en  parcourant  le  catalogue  de  la 
maison  Vilmorin  et  Cie,  mon  attention  fut 
attirée  par  la  description  d’un  nouveau 
Melon,  qu’ils  avaient  mis  au  commerce  sous 
le  nom  de  Melon  à rames.  En  ayant  acheté 
un  paquet  de  graines  que  je  semai  'au  mois 
d’avril,  je  ne  tardai  pas  après  avoir  mis  les 
plantes  en  place,  à m’apercevoir  que  cette 
variété  était  extrêmement  vigoureuse  et 
extraordinairement  fertile.  (J’en  avais  ré- 
colté jusqu’à  dix  fruits  sur  le  même  pied.) 

Seulement  leur  chair,  quoique  fine  et 
sucrée,  était  musquée  et  verte,  ce  que,  en 
général,  les  amateurs  n’aiment  pas.  Sur 
l’observation  que  m’en  firent  plusieurs  per- 
sonnes, j’eus  l’idée,  l’année  suivante,  d’amé- 
liorer ce  type  en  l’hybridant  par  des  Melons 
Cantaloup  fond  blanc.  Dans  ce  but,  j’avais 
planté  côte  à côte,  sous  cloche,  une  rangée 
de  Melons  à rames,  et  une  autre  de  Melon 
Cantaloup  fond  blanc.  Tous  les  jours,  en 
passant,  je  fécondais  avec  du  pollen  de  ceux- 
ci,  les  fleurs  femelles  de  ceux-là. 

Quelque  temps  après,  je  m’aperçus  que 
ces  fécondations  avaient  confirmé  et  même 
dépassé  mes  espérances,  car,  les  jeunes 
fruits  en  grossissant,  prenaient  diverses 
formes,  les  uns  étaient  oblongs,  d’autres 
ovoïdes  ou  sphériques;  il  y en  avait  qui 
avaient  la  peau  lisse,  noire  ou  blanche,  ru- 


non  seulement  d’aspect  différent,  mais  leur 
végétation  est  également  dissemblable. 
Ainsi,  celles  de  la  section  Gaudiciiaudia 
sont  bourgeonneuses  - drageonnantes  et 
ont  un  faciès  bromelioïde , que  leurs 
feuilles,  longues  et  larges,  épineuses  sur 
les  bords,  se  sèchent  toujours  à l’extré- 
mité, et,  longuement  appliquées,  elles 
constituent,  en  se  séchant  par  suite  de 
leur  consistance,  des  souches  d’un  aspect 
peu  ornemental  et  en  général  très-encom- 
brantes. Au  contraire,  les  plantes  de  la 
section  Morrenia  ont  une  tige  unique, 
dressée,  suffrutescente  au  moins,  à port 
yuccoide  ; leurs  feuilles  inermes,  ou  très- 
finement  denticulées-serrées,  d’un  vert 
glauque,  sont  ondulées,  plus  ou  moins 
larges,  suivant  les  espèces.  De  plus,  elles 
sont  très-longtemps  persistantes,  sans  pour 
cela  qu’aucune  de  leurs  parties  se  sèche.  En 
somme,  ce  sont  des  plantes  très-ornemen- 
tales, complètement  différentes  de  celles  de 
la  première  section.  Les  unes  comme  les 
autres  exigent  la  serre  chaude. 

E.-A.  Carrière. 

ELON  À RAMES 

gueuse  ou  brodée.  La  chair  de  ces  nou- 
veaux hybrides  était  également  différente  ; 
blanche  chez  les  uns,  elle  était  verte  ou 
jaune  plus  ou  moins  foncé,  quelquefois 
même  presque  rouge  ; en  un  mot,  malgré 
l’énorme  quantité  de  ces  fruits,  je  crois  qu’il 
aurait  été  difficile,  sinon  impossible,  d’en 
trouver  deux  exactement  semblables.  Mais, 
ce  qui  fixa  surtout  mon  attention,  c’est  la 
qualité. 

Je  ne  m’arrêtai  pas  là,  et  poursuivant 
mes  expériences,  je  pris  pour  porte-graine 
le  fruit  qui  dans  son  ensemble  me  parut  le 
plus  méritant.  Mais,  ainsi  qu’on  le  sait, 
toutes  lesCucurbitacées  se  croisenten  semble 
et  jouent  avec  la  plus  grande  facilité, 
et  il  est  difficile  d’en  fixer  les  hybrides. 
Aussi  ce  ne  fut  qu’après  bien  des  efforts 
que  je  parvins  à fixer,  plus  ou  moins  bien, 
la  forme  que  M.  Carrière  publiait  dans  la 
Revue  horticole  en  4882,  et  dont  on  trouve 
à la  page  468,  un  dessin  de  la  forme  que 
j’avais  adoptée. 

Depuis,  j’ai  cherché  à modifier  cette 
forme  et  à la  ramener  à celle  des  Melons  à 
rames,  et  cette  année,  sur  vingt-quatre 
pieds  que  j’ai  plantés  et  cultivés,  quatre  seu- 
lement ont  encore  donné  des  fruits  rappe- 
lant les  Melons  Cantaloup  fond  blanc , 
dont  quelques-uns  pesaient  5 à 6 kil.  Les 


Hybrides  amélioré  du  Melon  a r âmes 


373 


FRAISIER  DES  QUATRE-SAISONS  MADAME  RÉRAUD. 


vingt  autres  pieds  ont  produit  des  fruits 
absolument  uniformes,  dont  voici  les  carac- 
tères généraux. 

Plantes  vigoureuses  et  très-robustes,  à 
fruits  oblongs  de  moyenne  grosseur  (3  à 
4 kil.),  non  ou  à peine  côtelés,  lisses,  à 
peau  fond  blanc,  qui  devient  jaune  en 
mûrissant,  parsemée  quelquefois  de  taches 
rugueuses  et  verdâtres,  peu  saillantes. 
Écorce  excessivement  mince.  Chair  jaune 
foncée,  presque  rouge,  fondante,  juteuse, 
très-sucrée  et  non  musquée  comme  chez  le 
type. 

Ce  nouvel  hybride,  qui  présente  de  grands 
avantages,  me  parait  à peu  près  fixé.  Sa 
grande  rusticité,  son  extrême  fécondité  et  la 
qualité  exquise  de  ses  fruits,  en  font  une 
variété  de  premier  mérite. 

Culture.  — Nous  plantons  la  première 
saison  sous  cloche  aussitôt  que  le  temps  le 
permet,  et  alternons  nos  saisons  tous  les 
quinze  jours,  jusqu’au  10  juin.  A cet  effet, 
nous  ouvrons  une  tranchée  de  80  centi- 
mètres ou  1 mètre  de  largeur  et  30  centi- 
mètres de  profondeur.  Cette  tranchée  rem- 
plie de  détritus  de  jardin,  de  vieilles  feuilles 
ou  de  fumier,  nous  recouvrons  le  tout  avec 
la  terre  du  sol  en  la  disposant  en  ados  très- 
élevé,  de  manière  à éloigner  l’excès  d’humi- 
dité. Les  choses  ainsi  préparées,  nous  pla- 
çons nos  plants  à 80  centimètres  sur  le  som- 


met de  cet  ados,  et  recouvrons  chaque  pied 
d’une  cloche  que  nous  enlevons  plus  tard. 

Pendant  la  végétation,  nous  traitons  ces 
plantes  absolument  comme  s’il  s’agissait  de 
Concombres  ou  de  Cornichons.  Nous  étètons 
quelquefois  à la  troisième  feuille,  sans  y 
attacher  une  grande  importance,  l’expé- 
rience nous  ayant  démontré  que  cette  opé- 
ration est  presque  inutile. 

La  plantation  faite,  nous  ne  faisons  subir 
aucune  taille  aux  plantes,  nous  bornant  à 
couper  les  branches  qui  envahissent  les  sen- 
tiers et  qui  gênent  le  service.  De  cette  ma- 
nière, nous  obtenons  une  végétation  abon- 
dante qui  ne  tarde  pas  à couvrir  le  sol.  Les 
fleurs  femelles,  qui  sont  très-nombreuses, 
nouent  facilement,  et  il  est  absolument  inu- 
tile de  les  « arrêter  »,  c’est-à-dire  de  pincer 
la  branche  qui  porte  le  fruit,  ainsi  qu’on  le 
fait  pour  les  autres  espèces. 

Cette  variété,  nous  le  répétons,  est  très- 
rustique,  facile  à cultiver,  et  n’exige  pas 
plus  de  soins  ni  de  connaissances  pra- 
tiques que  les  plus  vulgaires  légumes  que 
l’on  rencontre  dans  tous  les  potagers.  La 
récolte  est  abondante  et  rémunératrice, 
aussi,  engageons-nous  les  amateurs  de  cul- 
tures potagères  à en  faire  l’essai,  en  suivant 
nos  instructions,  et  nous  pouvons  leur  pré- 
dire des  résultats  certains  et  avantageux. 

Eug.  Vallerand. 


FRAISIER  DES  QUATRE-SAISONS  MADAME  RÉRAUD 


Pour  être  réputée  bonne , une  Fraise  des 
quatre  saisons  doit  produire  des  fruits, 
non  quatre  fois  par  an  comme  semble 
l’indiquer  le  qualificatif,  mais  continuelle- 
ment, depuis  mai  jusqu’aux  gelées.  De 
plus,  elle  doit  être  vigoureuse,  robuste, 
donner  de  nombreux,  beaux  et  bons  fruits 
toute  la  saison,  c’est-à-dire  jusqu’aux  ge- 
lées, sans  s’épuiser.  Telle  est  la  variété 
Madame  Béraud,  qui  fait  le  sujet  de 
cette  note  et  dont  voici  la  description  : 
Plante  d’une  grande  vigueur,  excessivement 
productive,  se  tenant  bien  et  formant  des 
touffes  énormes,  de  véritables  buissons.  Feuilles 
nombreuses,  sur  un  pétiole  robuste,  dressé,  à 
limbe  d’une  bonne  grandeur,  qui,  en  s’élevant 
au-dessus  des  touffes,  ombrage  et  garantit 
les  fruits.  Fruits  extrêmement  abondants,  sur 
des  hampes  robustes,  nouant  bien  et  ne  cou- 
lant pas,  subsphériques,  gros,  bien  faits,  d’un 
rouge  très-foncé.  Chair  ferme,  rouge  rosé, 
fondante,  très-agréablement  parfumée. 

La  Fraise  Madame  Béraud  est,  nous  ne 
craignons  pas  de  le  dire,  ce  que  nous  avons 
vu  de  mieux  en  Fraise  des  quatre  saisons; 


outre  qu’elle  est  parfaite  sous  le  rapport  de 
la  fructification,  elle  ne  laisse  rien  à désirer 
comme  végétation.  Elle  vient  à peu  près 
partout,  supporte  la  sécheresse,  la  chaleur, 
les  intempéries  de  toutes  sortes,  et,  après 
avoir  donné  toute  l’année,  les  plantes  sont 
encore  très-vivaces,  bien  garnies  de  feuilles 
qui  ont  même  conservé  la  couleur  verte 
quand  arrive  l’hiver.  Ajoutons  que,  comme 
beaucoup  de  Fraises  des  quatre  saisons,  du 
reste,  la  variété  Madame  Béraud  se  repro- 
duit parfaitement  par  graines,  ce  que  nous 
avons  pu  constater  récemment  dans  un 
semis  de  deux  années,  contenant  plusieurs 
milliers  de  plantes  tellement  belles  et  uni- 
formes qu’il  était  impossible  de  découvrir 
une  mauvaise  plante;  toutes  étaient  méri- 
tantes, ce  qui  se  voit  rarement. 

On  peut  se  procurer  la  Fraise  Madame 
Béraud  chez  M.  Forgeot,  marchand  grai- 
nier,  quai  de  la  Mégisserie,  8,  Paris,  et 
chez  M.  Dupanloup,  également  marchand 
grainier,  même  quai,  n°  14,  Paris. 

E.-A.  Carrière. 


374 


LES  PRODUITS  VÉGÉTAUX  DE  L’AFRIQUE  CENTRALE. 


LES  PRODUITS  VÉGÉTAUX 

Depuis  quelques  années,  nos  possessions 
coloniales  se  sont  accrues  dans  des  propor- 
tions importantes.  Il  s’est  ainsi  créé,  pour 
notre  commerce  et  notre  industrie,  des 
débouchés  nouveaux  dont  le  commerce  d’ex- 
portation se  ressent  déjà  d’une  façon  très- 
appréciable. 

Mais  l’exemple  que  nous  donne  le  gou- 
vernement anglais  avec  les  puissants  moyens 
dont  il  dispose,  les  particuliers,  les  simples 
colons  par  leur  initiative  opiniâtre,  par  leurs 
essais  continuels,  pour  arriver  à augmenter 
la  production  végétale  de  chaque  contrée, 
et  tirer  partie  des  espèces  autochtones, 
devrait  être  au  moins  suivi  par  nous. 

Il  faut  que  des  expériences  de  culture  et 
d’acclimatation  soient  faites  de  tous  côtés; 
il  faut  qu’aucune  connaissance  acquise, 
qu’aucune  constatation  sérieuse  ne  passe 
inaperçue  de  la  majorité  des  intéressés. 

C’est  pour  nous  conformer  à cette  manière 
de  faire  qui  devrait  devenir  générale,  que 
nous  donnons  aujourd’hui  quelques  extraits 
d’un  rapport  que  le  Ministère  des  affaires 
étrangères  ( Foreign  Office ),  en  Angleterre, 
vient  de  publier  sur  les  productions  végé- 
tales dans  l’Afrique  centrale. 

Le  Caoutchouc,  est-il  dit  dans  ce  rapport, 
ne  se  rencontre  maintenant  qu’en  très- 
petites  quantités,  et  est  en  vérité  rarement 
digne  d’être  mentionné.  Cela  provient  bien 
certainement  de  la  méthode  destructive  que 
les  indigènes  emploient  pour  extraire  le 
jus  des  arbres  qui  le  produisent.  Avec  un 
bon  système  d’exploitation,  le  Caoutchouc 
aurait  pu  devenir  l’objet  d’un  commerce 
important. 

Aux  environs  du  Mont  Zomba,  le  Lan- 
dolphia  flovida  existait  en  très-grandes 
quantités,  mais  cette  espèce  était  vendue 
l’année  dernière,  en  Afrique,  1 fr.  85  la 
livre  anglaise  L 

La  culture  des  plantes  qui  produisent  le 
caoutchouc  doit  donc  être  prise  en  sérieuse 
considération  par  les  Européens  colonisa- 
teurs. Il  est  établi  qu’un  exemplaire  de 
Ficus  elastica,  qui  avait  été  planté  en  ces 
régions  dans  un  jardin  privé,  s’est  déve- 
loppé avec  une  vigueur  extrême,  ce  qui  a 
permis  de  le  multiplier  abondamment. 

L’Indigo  se  développe  à l’état  sauvage, 
sur  les  croupes  du  Mont  Zomba.  Il  forme  de 

1 La  livre  anglaise  ou  pouncl  équivaut  à 453  gr. 


DE  L’AFRIQUE  CENTRALE 

gros  buissons  et  est  vivace.  Sa  végétation 
est  luxuriante,  et  par  la  culture  et  la  mise 
en  état  de  vente,  on  en  retirerait  probable- 
ment de  sérieux  produits. 

Quant  au  Café,  les  résultats  obtenus  jus- 
qu’ici n’ont  pas  justifié  les  espérances  des 
planteurs,  et  les  essais  doivent  être  conti- 
nués, avant  que  l’on  puisse  établir  avec  cer- 
titude si  la  culture  du  Café  peut  être  faite 
avec  avantage  dans  ces  régions  africaines, 
ou  bien  s’il  faut  y renoncer. 

La  récolte  de  l’année  dernière,  qui  devait 
avoir  lieu  dans  les  districts  de  Mandala  et 
de  Zomba,  sur  des  cultures  assez  impor- 
tantes, a été  rendue  invendable  par  suite 
d’une  maladie  qui  a envahi  tous  les  grains, 
juste  au  moment  où  leur  maturité  allait  se 
produire. 

La  même  maladie  menace,  dit-on,  de 
se  représenter  cette  année,  et  elle  est  en 
partie  attribuée  à ce  que  l’on  a laissé 
les  arbustes  porter  un  trop  grand  nombre 
de  fruits. 

Dans  la  culture  du  Café,  le  principal 
obstacle  consiste  dans  la  difficulté  que  l’on 
éprouve  à se  procurer  des  ouvriers  lorsqu’ils 
seraient  nécessaires  ; à l’époque  où  l’on  doit 
effectuer  les  nouvelles  plantations  et  culti- 
ver le  sol,  les  naturels  travaillent  pour  leur 
propre  compte  et  ne  veulent  pas  se  déran- 
ger. Les  propriétaires  de  petites  exploita- 
tions peuvent,  avec  leur  personnel  perma- 
nent, faire  le  plus  pressé,  en  attendant  que 
des  travailleurs  supplémentaires  puissent 
être  trouvés  ; mais  cette  pénurie  d’ouvriers 
aux  moments  utiles  sera  un  obstacle  très- 
grand  pour  l’installation  d’entreprises  étran- 
gères importantes  dans  cette  contrée. 

Un  autre  inconvénient  qui  retardera 
l’établissement  de  plantations  de  Cafés  dans 
de  grandes  proportions,  est  le  coût  élevé  des 
transports  jusqu’à  la  côte.  En  attendant  que 
la  concurrence  fasse  abaisser  le  taux  de  ce 
transit,  il  y aura  encore  là  un  sérieux 
obstacle  à l’établissement  d’exploitations 
européennes. 

En  faveur  de  la  culture  du  Café  dans  ces 
parages,  il  doit  être  dit  que  l’acquisition  de 
terrains  favorables  peut  être  faite  à très-bas 
prix. 

La  Canne  à sucre  croît  vigoureusement 
dans  le  district  de  Zomba,  et  cette  plante  y 
est  très-riche  en  matière  saccharine.  Des 
manufacturiers  ont  établi  sur  place  une 


LES  PRODUITS  VÉGÉTAUX  DE  L’AFRIQUE  CENTRALE. 


375 


usine  à sucre,  et  ils  réussissent  parfaite- 
ment, dans  leur  exploitation,  culture  de  la 
Canne  et  extraction  du  sucre.  Il  convient 
cependant  d’ajouter  que  jusqu’ici  ils  se  sont 
contentés  de  créer,  pour  la  vente  de  leurs 
produits,  un  marché  ou  viennent  s’approvi- 
sionner les  Européens  installés  dans  ces  ré- 
gions. Les  frais  de  transit  ne  leur  ont  pas 
encore  permis  de  faire  des  expéditions  loin- 
taines. Les  naturels,  bien  que  très-friands 
de  sucre,  n’ont  encore  manifesté  aucun 
désir  d’en  acheter  sous  sa  forme  manufac- 
turée. 

Quelques  plants  de  Thé  ont  été  intro- 
duits et  végètent  très  bien  ; mais,  jus- 
qu’ici, rien  de  définitif  ne  peut  être  dit  sur 
l’avenir  des  plantations  de  ce  genre.  Sur  les 
terres  élevées,  il  est  probable  qu’elles  ne 
réussiront  pas,  et  la  rareté  de  la  main- 
d’œuvre  rendra  ces  entreprises  bien  pré- 
caires. 

Le  Quinquina  a été  introduit,  et  montre 
tous  les  présages  d’une  réussite  complète. 
De  jeunes  plants  qui  ont  seulement  trois  ans 
mesurent  déjà  2 mètres  de  hauteur.  Il  reste 
à savoir  si  la  qualité  de  l’écorce  répondra  à 
ces  espérances  en  justifiant  les  essais  des 
planteurs,  et  si  le  prix  qu’obtiendront  ces 
écorces  les  indemnisera  suffisamment  de 
leurs  avances. 

Pour  ce  qui  est  du  Kombé  ( Strophanthus ), 
dont  on  s’est  récemment  beaucoup  occupé 
en  Europe,  il  est  établi  que,  l’année  der- 
nière, plus  de  1,000  kilos,  exportés  des  dis- 
tricts qui  avoisinent  Zomba,  ont  été  vendus 
à Londres  à raison  de  20  fr.  le  kilo. 

Le  Strophanthus  est  considéré  comme 
le  poison  le  plus  puissant  de  ces  ré- 
gions. Il  croit  à une  altitude  assez  basse 
et  n’a  jamais  été  rencontré  dans  les 
régions  élevées.  Les  récoltes  que  l’on  en 
a faites  jusqu’ici  provenaient  de  la  rive 
droite  de  la  rivière  Spire,  au-dessous 
des  « rapides  de  Murchison  ».  Il  y a 
probablement  plus  d’une  espèce,  ou  il 
existe  tout  au  moins  une  variété,  dont  le 
caractère  distinctif  consiste  en  ce  que  la 
capsule  est  plus  petite,  et  les  graines  moins 
nombreuses. 

Le  Strophanthus  est  une  plante  grimpante 
très-vigoureuse,  qui  se  trouve  toujours  dans 
le  voisinage  de  grands  arbres  sur  lesquels 
elle  s’appuie.  La  tige  a un  diamètre  assez 
variable,  mais  ne  s’écartant  pas  beaucoup 
d’une  dizaine  de  centimètres.  Elle  rampe 
sur  le  sol,  repliée  sur  elle-même,  jusqu’à  ce 
qu’elle  rencontre  un  arbre  pouvant  la  sup- 
porter. Les  rameaux  ont  la  forme  de  ba- 


guettes, et  ressemblent  un  peu  à des  bour- 
geons développés  de  Sureau.  Les  fruits  se 
développent  par  paires,  et  ont  un  aspect 
tout  particulier  ; ils  ressemblent  à d’im- 
menses cornes,  portées  sur  un  scion  élancé. 
Ces  fruits  commencent  à mûrir  en  juillet, 
et  cette  maturation  ne  se  termine  qu’à  la  fin 
de  septembre.  Les  indigènes  ignorent  com- 
plètement l’âge  auquel  ces  plantes  com- 
mencent à produire  des  fruits.  Leur  mé- 
thode pour  la  préparation  du  poison  est 
très-simple.  Ils  débarrassent  en  premier 
lieu  les  graines  de  leurs  appendices  velus, 
puis  ils  les  pilent  dans  un  mortier  jusqu’à 
ce  qu’ils  en  aient  obtenu  une  sorte  de 
bouillie.  Ils  y ajoutent  alors  un  peu  d’eau. 
A l’aide  d’une  substance  gommeuse,  qui 
provient  de  l’écorce  d’un  arbre,  les  indi- 
gènes rendent  cette  pâte  adhérente,  ce  qui 
facilite  son  application  durable  sur  les 
pointes  de  flèches,  où  la  dessiccation  ne  dimi- 
nue pas  son  effet. 

Le  gibier  atteint  par  ces  flèches  empoi- 
sonnées meurt  tout  de  suite  ; la  viande  en 
peut  être  mangée-,  sans  que  l’on  en  ressente 
le  moindre  inconvénient.  La  seule  précau- 
tion à prendre  consiste  à comprimer  le 
jus  de  l’écorce  du  Baobab,  et  à le  faire 
pénétrer  dans  les  plaies  produites  par  ces 
flèches  ; cette  opération  combat  et  annihile 
immédiatement  les  effets  du  poison. 

C’est  au  moyen  de  ces  flèches  que  l’on 
chasse  dans  ces  régions  le  buffle  et  tous  les 
animaux  de  moindre  dimension. 

Bien  que  les  matières  fibreuses  soient 
employées  dans  des  proportions  assez  im- 
portantes pour  les  indigènes,  il  parait  que 
l’on  ne  peut  encore  indiquer  quelle  est  celle 
des  préparations  locales  qui  assurerait  une 
vente  rémunératrice  sur  les  marchés  du 
pays.  Dans  les  régions  élevées  du  pays  de 
Zomba,  le  Sanseviera  longiflora  croît 
abondamment  et  produit  la  fibre  de  Li- 
kanga  ; à une  altitude  moins  haute,  comme 
au  lac  Shirwa,  le  Livingstonia  et  une  autre 
espèce  sont  établis.  La  fibre  que  l’on  extrait 
des  feuilles  de  ces  plantes  sert  à faire  des 
étoffes  grossières,  mais  des  machines  spé- 
ciales seraient  nécessaires  pour  briser  com- 
plètement les  feuilles  et  en  obtenir  tout  le 
rendement  possible  de  fibre.  La  fibre  de 
Buaze,  qui  provient  du  Securidaca  longipe - 
dunculata,  est  employée  par  les  naturels 
pour  fabriquer  une  sorte  de  ficelle.  Une 
autre  fibre,  connue  sous  le  nom  de  « Ntingo  », 
et  qui  provient,  parait-il,  d’une  Tiliacée,  est 
surtout  utilisée  par  les  pêcheurs  du  lac 
Nyassa  pour  tresser  des  filets. 


376 


CONSERVATION  DES  SUBSTANCES  ALIMENTAIRES. 


Tels  sont  les  principaux  produits  végé- 
taux de  ces  régions  sur  lesquels  on  peut 
aujourd’hui  appeler  l’attention  des  bota- 
nistes, des  industriels,  des  commerçants  et 
aussi  des  horticulteurs.  L’ouverture  de  ces 
pays  à la  conquête,  à l’émigration  euro- 
péenne se  fait  de  jour  en  jour,  et  le 
XIXe  siècle  ne  se  fermera  pas  sans  que  les 


grandes  « taches  blanches  » de  la  caçte 
d’Afrique  aient  disparu.  L’humanité  tout 
entière  y gagnera,  et  nous  considérons 
comme  un  devoir  de  signaler  les  travaux 
de  tous  ceux  qui  plantent  courageusement 
dans  ces  contrées  lointaines  le  drapeau  de  la 
civilisation. 

Ed.  André. 


CONSERVATION  DES  SUBSTANCES  ALIMENTAIRES 


La  Revue  horticole  ne  doit  s’occuper  et 
ne  s’occupe  en  général  que  d’horticulture. 
Il  y a cependant  certaines  questions  qui 
présentent  un  intérêt  si  universel  cpi’il 
n’est  permis  à aucun  journal  de  les  négli- 
ger, lorsqu’il  s’agit  bien  entendu  d’appli- 
cations à la  portée  de  tout  le  monde. 

La  récente  découverte  de  M.  Schribaux 
nous  paraît  mériter  d’être  connue  partout  ; 
elle  a fait  l’objet  d’un  très-intéressant  rap- 
port de  M.  Bardy  à la  Société  d’encoura- 
gement pour  l’industrie  nationale;  elle  y 
est  décrite  d’une  façon  si  claire  et  si  com- 
plète que  nous  ne  saurions  mieux  faire  que 


Fig.  85.  — Ballon  à col  sinueux.  (Expériences 
de  M.  Pasteur.) 

de  donner  ici  l’exposé  du  savant  rap- 
porteur : 

La  conservation  des  substances  alimentaires, 
dit  M.  Bardy,  est  un  problème  intéressant  à 
bien  des  titres;  il  existe  des  méthodes  indus- 
trielles offrant  des  garanties  certaines  et  qui 
donnent  lieu  à des  fabrications  très-impor- 
tantes, mais  jusqu’à  présent  on  ne  possédait 
aucun  moyen  pratique  d’empêcher  dans  les 
ménages  la  détérioration  rapide  des  aliments 
usuels  pris  sous  la  forme  où  nous  sommes  ha- 
bitués à les  consommer  journellement.  C’est 
ce  problème  que  M.  Schribaux,  directeur  de  la 
station  d’essais  de  semences  à l’Institut  natio- 
nal agronomique,  a poursuivi  depuis  plusieurs 
années  et  auquel  il  vient  de  donner  une  solu- 
tion aussi  complète  qu’élégante. 

M.  Schribaux  s’est  inspiré  des  expériences 
classiques  de  M.  Pasteur  que  je  rappelle  en 
deux  mots  : si  l’on  enferme  une  substance 


putrescible  (eau  de  levure,  décoction  de  foin, 
urine,  etc.)  dans  un  ballon  dont  le  col  étiré  et 
recourbé  plusieurs  fois  demeure  ouvert,  puis, 
si  l’on  porte  le  liquide  pendant  quelque  temps 
à l’ébullition  de  façon  à remplir  complètement 
de  vapeur  d’eau  l’atmosphère  du  ballon,  l’air 
est  chassé,  en  même  temps  que  les  germes  de 
ferments  que  contenait  le  liquide  se  trouvent 
détruits. 


Fig.  86.  — Marmite  en  fer  battu  de  M.  Schribaux, 
pour  la  conservation  des  substances  alimentaires. 
(La  déchirure  du  couvercle  montre  comment  ce 
couvercle  s’emboîte  sur  la  marmite.) 

Pendant  le  refroidissement,  la  vapeur  d’eau 
se  condense  et  l’air  pénètre  peu  à peu  dans  le 
ballon  en  abandonnant  dans  les  sinuosités  du 
col  tous  les  ferments  qu’il  tient  en  suspension, 
en  sorte  que  le  liquide,  se  trouvant  en  contact 
avec  une  atmosphère  pure,  peut  se  conserver 
intact  pendant  un  temps  indéfini  (fig.  85). 

Cette  expérience  curieuse  offre  la  solution 
absolue  du  problème  cherché,  mais  il  fallait 
réaliser  un  dispositif  qui  se  prêtât  aux  usages 
domestiques;  M.  Schribaux  imagina  d’abord  un 
vase  cylindrique  en  métal  qui,  au  lieu  de  se 
terminer  par  un  tube  abducteur  contourné,  a 
sa  partie  supérieure  formée  par  un  rebord  con- 
tinu assez  large,  à surface  ondulée,  lequel 
rebord  se  trouve  recouvert  par  un  couvercle 
présentant  exactement  les  mêmes  ondulations, 
en  sorte  que  lorsque  l’appareil  est  fermé,  il 
existe  entre  le  vase  et  le  couvercle  un  espace 


LES  EUCALYPTUS  DANS  L’OUEST  DE  LA  FRANCE. 


377 


libre  de  très-petite  section  dans  lequel  l’air  peut 
circuler.  Mais  en  rencontrant  tous  les  obstacles 
du  tube  sinueux  du  ballon  Pasteur,  l’air  ne 
peut  rentrer  en  conséquence  dans  le  vase 
sans  se  dépouiller  de  ses  germes  et  les  aliments 
que  l’on  y a placés  se  cônservent  sans  altéra- 
tion. 

Mes  premiers  essais  ont  été  faits  avec  un 
appareil  de  cette  forme  ; j’ai  pu  ainsi  conserver, 
pendant  plus  de  trois  semaines,  — en  été,  — 
du  bouillon  sans  qu’au  bout  de  ce  temps  ce 
liquide  ait  perdu  aucune  de  ses  propriétés  ; il 
était  aussi  limpide,  aussi  savoureux,  aussi 
frais,  qu’on  me  permette  l’expression,  qu’au 
début  de  l’expérience. 

Ce  résultat  était  on  ne  peut  plus  satisfaisant, 
mais  tel  qu’il  était  construit,  l’appareil  était 
d’un  maniement  assez  difficile;  la  moindre  dé- 
formation de  la  surface  ondulée  mettait  la  mar- 
mite hors  d’usage  et  d’ailleurs  les  dimensions 
exagérées  du  rebord  et  sa  forte  taille  consti- 
tuaient un  ustensile  peu  apte  aux  usages  do- 
mestiques. 

M.  Schribaux  s’est  remis  au  travail  et  l’appa- 
reil qu’il  m’a  soumis  en  dernier  lieu  réalise 
le  véritable  vase  pratique  par  excellence 
(%-  86). 

La  marmite  actuelle  est  formée,  comme 
l’autre,  de  deux  parties  : la  marmite  pro- 
prement dite  et  le  couvercle.  La  marmite 
affecte  la  forme  d’un  cône  tronqué  posant  sur 
sa  large  base  ; elle  peut  être  en  cuivre  argenté, 
en  fer-blanc,  en  tôle  émaillée,  en  porcelaine, 
en  grès,  etc.;  le  couvercle,  en  métal  mince, 
cuivre,  fer-blanc,  etc.,  est  également  de  forme 
tronconique,  et  vient  s’emboîter  sur  la  mar- 
mite, qu’il  recouvre  jusqu’à  moitié  de  sa  hau- 
teur environ.  L’espace  libre  laissé  entre  les 
deux  surfaces  de  fermeture  est  excessivement 
faible  ; il  n’est  plus  sinueux  comme  dans  l’an- 
cien appareil;  il  est  entièrement  droit,  et  mal- 
gré cettte  forme  il  retient  d’une  manière  com- 
plète les  germes  atmosphériques.  L’appareil 
ainsi  construit  possède  une  grande  stabilité  ; il 


est  facilement  nettoyable  et  les  surfaces  de  fer- 
meture, étant  rectilignes,  ne  craignent  plus 
d’être  facilement  déformées,  ou,  si  elles  le  sont 
accidentellement,  peuvent  être  redressées  avec 
la  plus  grande  facilité. 

Avec  ces  vases,  on  peut  conserver  sans  la 
moindre  altération,  pendant  un  temps  plus  que 
suffisant  pour  les  usages  domestiques,  tous  les 
aliments  ou  liquides  susceptibles  d’être  bouillis  : 
lait,  bouillon,  ragoûts,  etc.  Il  va  sans  dire  que 
l’ébullition  doit  se  faire  dans  le  vase  même  sur 
lequel  on  a préalablement  adapté  le  couvercle, 
et  que  l’on  doit  laisser  le  vase  sur  le  feu  assez 
longtemps  pour  qu’un  mince  filet  de  vapeur 
s’échappe  autour  du  couvercle. 

On  peut  ouvrir  ces  vases,  en  retirer  une 
partie  du  contenu,  les  refermer  et  soumettre 
de  nouveau  le  produit  à l’ébullition;  mais  il 
est  préférable  de  faire  usage  d’appareils  d’une 
dimension  telle  que  l’on  puisse  utiliser  en  une 
fois  l’aliment  conservé. 

L’appareil  que  je  viens  de  décrire  est  une 
réalisation  pratique  très-intéressante  des  beaux 
travaux  de  M.  Pasteur;  il  est  appelé  à rendre 
des  services  signalés  dans  l’économie  domes- 
tique, non  seulement  dans  une  foule  de  cas  où 
il  est  peu  facile  de  renouveler  les  provisions 
du  ménage,  mais  encore  dans  la  pratique 
journalière,  car  chacun  sait  par  expérience 
combien  il  est  difficile,  sous  certaines  condi- 
tions atmosphériques,  d’empêcher  le  lait  de  se 
cailler  ou  le  bouillon  d’aigrir;  enfin,  il  est  cer- 
tain que  l’industrie  des  conserves  pourra  l’uti- 
liser dans  certains  cas  avec  avantage. 

L’invention  si  ingénieuse  et  si  simple  de 
M.  Schribaux  est  bien  en  effet  recomman- 
dable à tous  égards,  et  les  services  qu’elle 
peut  rendre  sont  considérables. 

Ajoutons,  en  terminant,  que  la  marmite 
représentée  par  la  fig.  86  est  aujourd’hui 
dans  le  commerce,  et  qu’elle  est  fabriquée 
par  M.  Amail,  7,  avenue  Ledru-Rollin,  à 
Paris.  A.  Lesne. 


LES  EUCALYPTUS  DANS  L’OUEST  DE  LA  FRANCE 


Nous  avons  donné  dans  le  dernier  nu- 
méro de  la  Revue  horticole , la  description 
de  trois  espèces  d’Eucalyptus  : E.  amygda- 
lina,  E.  pauciflora,  E.  urnigera,  qui 
croissent  sous  le  climat  de  Brest.  Nous  con- 
tinuons aujourd’hui  cette  étude  par  la  des- 
cription des  trois  espèces  suivantes  : 

E.  coccifera,  J.-D.  Hook.  — Originaire  de 
la  Tasmanie,  ou  il  s’élève  sur  les  montagnes  à 
une  altitude  de  1,000  à 1,200  mètres,  malgré 
la  gelée  et  la  neige  qui  y couvrent  le  sol  pen- 
dant plusieurs  mois  de  l’année,  et  où  il  atteint, 
paraît-il,  20  à 25  mètres  de  hauteur.  Dans  nos 
pays  maritimes,  il  ne  sera  jamais  qu’un  arbris- 


seau de  2 à 5 mètres  d’élévation,  servant  à la 
décoration  des  jardins  paysagers  plutôt  qu’à 
l’industrie.  En  voici  les  principaux  carac- 
tères : 

Arbuste  biforme,  à liges  et  à rameaux  cou- 
verts d’aspérités  dans  leur  jeunesse.  Alors,  les 
feuilles  sont  petites,  sessiles,  un  peu  embras- 
santes, ovales  ou  suborbiculaires,  aiguës  ou 
courtement  mucronées,  coriaces,  raides  et 
glauques,  longues  de  15  à 25  millimètres  sur 
9 à 12  de  large.  Vers  la  troisième  ou  la  qua- 
trième année,  l’arbre  commence  à se  caracté- 
riser et  devient  rameux  supérieurement,  à 
rameaux  dressés,  très-blancs,  comme  pulvé- 
rulents dans  leur  jeune  âge.  Les  feuilles  de- 


378 


LES  EUCALYPTUS  DANS  L’OUEST  DE  LA  FRANCE. 


viennent  alternes,  pétiolées,  lancéolées,  ter- 
minées en  pointe  au  sommet,  toutes  plus  ou 
moins  falciformes  et  toujours  les  plus  petites 
du  genre,  glauques  ou  glaucescentes.  D’après 
M.  Ch.  Naudin,  le  sfleurs  sont  disposées  en  om- 
belles axillaires,  pédonculées,  quelquefois  rap- 
prochées au  sommet  des  rameaux  et  relative- 
ment petites,  au  nombre  de  7,  assez  souvent 
réduites  à celui  de  3 par  ombelle,  presque 
sessiles  ou  courtement  pédicellées,  et  d’un 
jaune  pâle  lorsqu’elles  sont  épanouies. 

Cette  espèce  est  la  plus  rustique  du  genre. 
Elle  peut  se  cultiver  sans  difficulté  dans  toutes 
les  terres  et  à toutes  les  expositions  ; elle  paraît 
être  insensible  à toutes  les  intempéries.  Nous 
en  avons  remarqué  un  exemplaire  mesurant 
environ  lm  50  de  hauteur,  planté  au  domaine 
de  Catros,  près  Bordeaux,  poussant  vigoureu- 
sement dans  les  landes  de  cette  localité.  Le 
seul  exemplaire  que  nous  possédons  provient 
d’un  semis  qui  fut  fait  en  1874,  et  mis  en 
pleine  terre  en  1876.  Planté  dans  de  très-mau- 
vaises conditions,  il  supporta  les  rigueurs  de 
l’hiver  1879-1880  et  la  sécheresse  de  1887,  cela 
sans  abri  et  sans  en  souffrir.  Il  mesure  actuel- 
lement 2m  50  de  hauteur,  n’a  pas  encore  fleuri 
et  produit  un  très-bel  effet  par  son  feuillage  au 
milieu  des  arbustes  qui  l’entourent. 

Le  plus  fort  exemplaire  qui  existe  en  Europe 
se  trouve  en  Angleterre,  à Powderham-Castle, 
près  d’Exeter,  dans  la  propriété  du  comte  de 
Devon.  D’après  le  Gardeners’  Chronicle,  sa 
hauteur  actuelle  est  évaluée  à 18  mètres,  et  sa 
circonférence  a un  peu  plus  de  2 mètres  à 
1 mètre  au-dessus  du  sol.  Ce  bel  arbre,  dont 
l’âge  nous  est  inconnu,  a supporté  plusieurs 
fois  des  hivers  où  le  thermomètre  varia  entre 
8 et  10  degrés  au-dessous  de  zéro,  et  n’en  a 
aucunement  souffert.  Il  se  couvre  de  fleurs 
tous  les  ans,  mais  ne  mûrit  pas  ses  graines. 

Une  particularité  à noter  chez  VE.  coccifera , 
ce  sont  les  jeunes  pousses  qu’il  produit  chaque 
année  à l’automne,  qui  passent  parfaitement 
l’hiver  sans  se  détériorer,  comme  le  font  les 
autres  espèces  sous  le  climat  de  Brest,  ce  qui 
est  encore  un  indice  de  sa  rusticité  survie  lit- 
toral breton. 

E.  Gunnii,  Hook.  — Espèce  biforme,  très-va- 
riable, atteignant  jusqu’à  70  à 80  mètres  de 
hauteur,  et  d’autres  fois  ne  formant  qu’un 
simple  arbrisseau  de  10  à 12  mètres.  Originaire 
de  la  Tasmanie,  où  il  est  connu  sous  les  noms 
vulgaires  de  Swamp  Gum  tree  et  de  Cider  Eu- 
calypt. 

Dans  sa  jeunesse,  ses  feuilles  sont  opposées, 
sessiles,  ovales  ou  courtement  lancéolées  dans 
quelques  sujets,  elliptiques  ou  oblongues  dans 
d’autres,  ce  qui  les  fait  facilement  confondre 
avec  d’autres  espèces  biformes.  A l’âge  adulte, 
les  variations  se  modifient,  l’arbre  s’élève  ra- 
pidement jusqu’à  une  certaine  hauteur  sans 
beaucoup  se  ramifier;  alors  il  forme  une  cime 
assez  fournie  qui  devient  lourde  et  pesante  et 
le  force  à se  courber  ou  à se  rompre  par  les 


grands  coups  de  vent,  s’il  n’est  pas  abrité.  Ses 
feuilles  sont  alternes,  pétiolées,  plus  ou  moins 
larges  ou  plus  moins  étroites,  aiguës,  pen- 
dantes, vertes  et  luisantes  sur  les  deux  faces, 
presque  toujours  droites  ou  très-peu  falci- 
formes. L’inflorescence  nous  est  inconnue. 

Les  quelques  exemplaires  que  nous  avons 
essayé  de  cultiver  ont  été  plantés  en  1868,  en 
terre  un  peu  forte  et  profonde  ; ils  se  dévelop- 
pèrent avec  une  rapidité  extraordinaire  et  ne 
tardèrent  pas  à atteindre  7 à 8 mètres  de  hau- 
teur. Arrivés  à cette  taille,  les  branches  laté- 
rales commencèrent  à se  développer  et  à 
s’étendre;  alors  le  poids  déterminé  par  les 
pluies  et  la  neige,  ajouté  à celui  des  feuilles, 
les  forcèrent  à se  coucher  ou  à se  casser.  Ne 
pouvant  nous  procurer  des  tuteurs  assez  longs 
et  assez  forts  pour  les  redresser,  on  fut  obligé 
de  les  arracher.  Les  sujets  cassés  ne  repous- 
sant que  très-difficilement  du  pied,  il  est  impos- 
sible de  les  cultiver  en  touffe  ou  en  buisson,  et, 
pour  cette  raison,  nous  avons  dû  en  abandonner 
la  culture. 

C’est  cependant  l’une  des  espèces  les’  plus 
rustiques,  qui  a supporté  9 degrés  de  froid 
pendant  l’hiver  1870-1871,  qui  pourrait  être 
cultivée  en  Basse-Bretagne,  tant  au  point  de 
vue  économique  qu’au  point  de  vue  ornemen- 
tal, à la  condition,  pourtant,  qu’elle  soit  abritée 
des  vents,  qu’elle  redoute  au-dessus  de  tout. 

E.  Globulus,  Labill.  — Cette  espèce,  qui  a 
joui  d’une  si  grande  réputation  il  y a une 
trentaine  d’années,  n’est  pas  très-rustique  sous 
le  climat  armoricain  ; elle  est  cependant  assez 
communément  cultivée  comme  ornement  dans 
les  jardins  que  borde  la  rade  de  Brest,  depuis 
Landernau  jusqu’au  Trez-hir. 

Elle  paraît  avoir  été  apportée  à Brest  un  peu 
après  1860,  et  s’être  répandue  assez  rapidement 
dans  les  environs,  d’où  elle  disparut  presque 
totalement  dans  la  nuit  du  25  décembre  1870. 
Depuis,  elle  se  répandit  de  nouveau,  mais  plus 
lentement,  et  les  quelques  forts  exemplaires 
qui,  du  reste,  sont  assez  rares,  et  que  nous 
connaissons,  ne  sont  que  les  premiers  sujets 
plantés  après  cet  hiver  rigoureux.  Comme  l’es- 
pèce est  très-vigoureuse,  on  en  remarque  déjà 
quelques-uns  qui  fleurissent  depuis  quelques 
années,  mais  aucun  ne  donne  de  fruits.  L’hiver 
1879-1880,  qui  fut  ici  plus  long  et  moins 
froid  que  celui  de  1870,  détruisit  aussi  une 
partie  des  sujets  plantés  pendant  cet  intervalle 
de  temps;  quelques  forts  sujets,  pourtant, 
furent  épargnés  en  totalité  ou  en  partie,  et  re- 
poussèrent vigoureusement  ; actuellement,  ils 
forment  d’assez  forts  exemplaires.  En  1887,  la 
sécheresse  était  tellement  grande,  à Brest,  que 
plusieurs  de  ces  Eucalyptus  Globulus  perdi- 
rent leurs  boutons  avant  de  s’épanouir. 

Les  6 espèces  d’ Eucalyptus  que  nous 
venons  de  décrire  sont  celles  qui  nous  ont 
donné  les  meilleurs  résultats,  mais  ce  serait 
pourtant  une  erreur  de  croire  qu’elles  réus- 


LES  EUCALYPTUS  DANS  L’OUEST  DE  LA  FRANCE. 


379 


siront  dans  toute  la  région  de  l’Ouest,  et 
qu’elles  s’acclimateront  toutes  dans  la  pé- 
ninsule bretonne.  L’expérience  a déjà  été 
tentée  par  un  propriétaire  des  environs 
de  Garhaix,  M.  Dupont,  qui  essaya  de  cul- 
tiver, parmi  des  bois  de  Pins  et  de  Sapins, 
toutes  les  espèces  d 'Eucalyptus  qu’il  avait 
pu  se  procurer  dans  le  midi  de  la  France  et 
en  Algérie.  Toutes  ces  espèces,  même  les 
plus  rustiques,  ne  purent  supporter  la  tem- 
pérature de  9 degrés  de  froid,  qui  était  la 
même  qu’à  Brest,  en  1870,  ce  qui  démontre 
que  le  froid  n’est  pas  toujours  la  cause  de 
la  perte  de  ces  végétaux  dans  certaines  lo- 
calités, quoique  étant  cultivés  dans  des 
conditions  à peu  près  semblables.  La  ville 
de  Carhaix  est  bien  placée  dans  l’ouest  de 
la  France,  mais  elle  est  située  dans  l’est  du 
Finistère,  au  milieu  des  trois  départements 
bretons  ; elle  est  entourée  de  montagnes  de 
tous  côtés,  et  son  niveau  au-dessus  de  la 
mer  est  plus  élevé  que  celui  de  Brest,  qui 
est  située  dans  la  région  maritime,  où 
les  changements  brusques  sont  moins 
communs  et  la  température  plus  égale. 
L’air  salin,  qui  manque  à Carhaix,  est 
peut-être  aussi  un  des  éléments  particuliers 
que  recherchent  certaines  espèces  d’ Euca- 
lyptus, car  il  en  est  qui  ne  vivent  que  sur 
les  bords  de  la  mer  dans  leur  patrie,  ce  qui 
les  rend  moins  frileuses  que  d’autres  qui  ne 
vivent  qu’à  l’intérieur  des  terres.  B y aurait 
donc  un  choix  à faire  pour  reconnaître  les 
espèces  qui  sont  susceptibles  de  s’acclimater 
sur  notre  littoral.  Ce  choix  doit  se  porter  de 
préférence  sur  des  végétaux  provenant  de 
localités  semblables  ou  au  moins  analogues 
à celles  où  nous  désirons  établir  la  planta- 
tion. Si  c’est  sur  le  littoral  proprement  dit, 
il  faut,  autant  que  possible,  que  ce  soient  des 
espèces  qui  croissent  dans  les  localités  ma- 
ritimes. Si  ce  sont  des  montagnes  qu’on 
désire  boiser,  les  espèces  buissonnantes 
croissant  à des  altitudes  plus  ou  moins 
élevées  auront  chance  de  donner  d’assez 
bons  résultats.  Les  espèces  géantes  sont 
préférables  pour  les  marécages,  les  plaines 
et  tous  les  endroits  abrités  des  vents. 

Dans  le  Journal  du  Sud-Ouest  (numéro 
du  31  mars  1883),  M.  Guillaud,  professeur 
à la  Faculté  de  médecine  de  Bordeaux,  dit 
aussi  que  toutes  les  espèces  d 'Eucalyptus 
cultivées  à Pau,  par  M.  Tourasse,  succom- 
bèrent par  une  température  de  8 à 10  de- 
grés de  froid  en  1877-1878;  VE.  pauciflora 
fut  seul  épargné.  C’est  une  nouvelle  preuve 


que  toutes  les  espèces  de  ce  genre  ne  peuvent 
supporter  10  degrés  de  froid,  car  les  phé- 
nomènes météorologiques  qui  se  sont  pro- 
duits à Pau  sont  les  mêmes  que  ceux  qui  se 
sont  produits  à Carhaix,  tandis  qu’à  Brest, 
ils  étaient  tout  différents.  C’est  probable- 
ment de  cette  sorte  de  sélection  naturelle 
que  sont  sorties  les  six  espèces  que  nous 
venons  d’énumérer,  qui  paraissent  toutes 
rechercher  le  climat  de  la  région  maritime 
de  préférence  à celui  de  l’intérieur  des 
terres.  Toutes  peuvent  se  cultiver  sur  le 
littoral,  à condition  que  les  plus  grandes 
espèces  soient  garanties  des  vents  par  des 
bois,  montagnes,  abris  artificiels,  etc. 

En  résumé,  depuis  son  introduction  en 
Europe,  le  genre  Eucalyptus  n’a  pas  fait 
beaucoup  de  chemin  sur  notre  littoral 
océanien;  c’est  à peine  si  l’on  en  rencontre 
quelques  exemplaires  isolés  autour  des 
villes  qui  le  bordent  depuis  Pau  jusqu’à 
Brest.  Ces  exemplaires,  qui  ne  datent  que 
des  années  qui  suivirent  1870,  appartien- 
nent tous  à la  Tasmanie  et  montrent  que  les 
espèces  de  cette  localité  sont  les  plus  aptes  à 
supporter  la  température  de  nos  climats 
maritimes.  Malgré  que  le  climat  de  l’Aus- 
tralie méridionale  soit  aussi  froid  que  celui 
de  l’Europe  tempérée,  ils  trouvent  chez 
eux  des  éléments  nécessaires  à leur  exis- 
tence que  nous  ne  pouvons  leur  procurer 
chez  nous.  Chacun  sait  qu’en  Europe  les 
Eucalyptus  ne  commencent  à pousser  qu’à 
l’automne,  qui  est  le  printemps  des  anti- 
podes; à cette  époque,  leurs  tissus  sont 
remplis  de  sève,  et  leurs  jeunes  bourgeons 
n’ont  pas  le  temps  qui  leur  est  nécessaire 
pour  s’aoûter  complètement,  de  manière  à 
pouvoir  résister  aux  froids  et  à passer  l’hiver 
en  plein  air. 

L’acclimatation  des  Eucalyptus  dans 
l’Ouest  sera  toujours  difficile,  ce  qui  ne 
doit  pas  empêcher  de  la  tenter  ; si  nous  n’en 
possédons  que  quelques  espèces  à moitié 
rustiques,  il  ne  faut  pas  se  décourager, 
mais  les  multiplier  le  plus  possible.  C’est 
par  la  multiplication  qu’on  arrive  à obtenir 
des  sujets  plus  rustiques  que  leurs  parents, 
et  à former  des  plantations  utiles  ou 
agréables,  qui  sont  le  but  principal  que  tout 
acclimateur  doit  chercher  à atteindre. 

Pour  la  multiplication  et  la  culture,  nous 
ne  pouvons  mieux  faire  que  d’engager  le 
lecteur  à consulter  l’intéressant  mémoire 
qu’a  publié  M.  Ch.  Naudin  à ce  sujet. 

J.  Blanchard. 


ASPHODELUS  AC  AU  LIS.  — PÉLARGONIUMS  ET  HÉLIOTROPES  A TIGE. 


380 

ASPHODELUS  ACAULIS 


Cette  espèce,  l’une  des  plus  jolies  du 
genre,  est  pourtant  peu  répandue,  et  même 
à peine  connue,  bien  qu’elle  soit  origi- 
naire d’un  pays  autrefois  étranger  à la 
France,  mais  qui,  depuis  bien  longtemps 
déjà,  est  tout  à fait  nôtre.  En  effet,  indi- 
gène de  l’Algérie,  YAsphodelus  acaulis  se 
rencontre  surtout,  dans  l’ouest  de  la  pro- 
vince d’Oran,  dans  le  voisinage  de  la  fron- 
tière du  Maroc,  pays  qui,  sans  être  précisé- 
ment insoumis,  n’est,  pas  sans  présenter 
quelques  dangers  pour  les  excursionnistes. 
Cela  est  probablement  la  cause  de  la  grande 
rareté  de  cette  plante  dans  les  cultures,  où, 
pourtant,  elle  pourrait  certainement  être 
employée  avec  avantage  pour  l’ornementa- 
tion. En  voici  une  description  : 

Plante  d’une  bonne  vigueur,  gazonnante  et 
formant  de  fortes  touffes.  Souche  à racines  fi- 
breuses, fasciculées,  rappelant  un  peu  celle  des 
Asperges,  mais  plus  charnues.  Feuilles  subli- 
néaires, nombreuses,  atteignant  50  centimètres 
et  plus  de  longueur,  bientôt  tombantes  et  re- 
couvrant le  sol.  Hampes  sortant  de  la  souche, 
courtes.  Fleurs  nombreuses  d’un  joli  rose 
nuancé,  grandes,  portant  sur  chacune  des  di- 
visions pétaloïdes  une  bande  roux  foncé  ou 
brunâtre  qui  produit  un  charmant  effet.  Ces 
fleurs,  qui  se  succèdent  d’octobre-novembre  à 
mars,  inégalement  pédiculées,  sont  faiblement 
mais  agréablement  odorantes;  elles  durent 
plusieurs  jours,  s’ouvrent  le  matin  et  se  fer- 
ment le  soir. 


Bien  que  relativement  rustique,  YAspho- 
delus acaidis  ne  supporterait  probablement 
pas  sans  souffrir  les  froids  du  nord  de  la 
France  ; même  dans  le  centre  il  faut  proté- 
ger les  plantes,  moins  toutefois  parce  qu’elles 
pourraient  périr  que  pour  profiter  de  leur 
floraison,  qui  se  succède  sans  interruption 
pendant  une  grande  partie  de  l’hiver.  Sous 
ce  rapport  et  pour  jouir  de  la  beauté  de  cette 
espèce,  là  où  l’hiver  est  quelque  peu  rigou- 
reux, il  faut  la  considérer  comme  une  plante 
d’orangerie  et  la  cultiver  en  pots.  Il  lui  faut 
donner  un  sol  léger  bien  que  très-substan- 
tiel, composé  de  terre  franche  et  de  terreau. 
Les  rempotages  doivent  se  faire  pendant  la 
période  de  repos.  Quant  aux  arrosements, 
ils  doivent  être  en  rapport  avec  la  végétation 
et  avec  les  conditions  dans  lesquelles  les 
plantes  sont  placées,  abondants  à partir 
de  la  foliaison  jusqu’au  moment  où  la  flo- 
raison est  terminée  ; après  quoi,  les  plantes 
entrant  dans  la  période  de  repos,  il  faut 
ralentir,  puis  cesser  à peu  près  les  arro- 
sements. 

Convenablement  traité,  YAsphodelus 
acaulis  peut  devenir  une  belle  plante  d’or- 
nement, pouvant  même  être  soumise  au 
forçage  et  alors  fleurir  un  peu  plus  tôt  ou 
un  peu  plus  tard,  suivant  les  conditions  dans 
lesquelles  on  place  les  plantes. 

E.-A.  Carrière. 


PÉLARGONIUMS  ET  HÉLIOTROPES  A TIGE 


Une  ornementation  des  plus  ingénieuses 
vient  d’être  employée  dans  le  parc  des 
Touches,  la  belle  propriété  de  M.  Alfred 
Marne,  en  Touraine.  Il  s’agit  de  corbeilles 
de  fleurs  composées,  soit  de  Pélargoniums 
zonales  élevés  à haute  tige,  soit  d’Hélio- 
tropes  disposés  de  la  même  manière. 

Cette  décoration  florale,  dont  l’idée  est 
due  au  fils  du  jardinier  en  chef,  M.  Edmond 
Pacreau,  offre  cet  avantage  de  pouvoir  être 


variée  de  diverses  manières,  toujours  avec 
un  égal  succès. 

Voici  comment  on  procède  : 

On  élève  des  Pélargoniums  zonales  en 
pots,  en  ne  leur  laissant  qu’une  seule  tige, 
que  l’on  étête  à des  hauteurs  variables,  sui- 
vant la  dimension  des  plantes  que  l’on  dé- 
sire préparer,  par  exemple,  de  50  centi- 
mètres à 1m20.  Le  but  est  d’obtenir  ainsi 
le  moyen  de  former  des  corbeilles  élevées, 


CONGRÈS  DES  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


étagées  en  amphithéâtre  sur  toutes  leurs 
faces.  Ainsi  taillées,  les  plantes  forment  une 
tête  soit  sphérique,  soit  conique  ou  fusi- 
forme, selon  la  disposition  que  l’on  préfère. 
On  soutient  la  tige  avec  un  tuteur. 

En  deux  années,  les-  plantes  ont  une  force 
suffisante  pour  produire  l’effet  désiré. 

On  les  met  alors  en  pleine  terre  dehors, 
distancées  d’environ  1 mètre  les  unes  des 
autres,  régulièrement  étagées  en  ellipse  à 
centre  plus  élevé.  Le  dessous  de  la  corbeille 
est  alors  planté,  soit  avec  d’autres  Pélargo- 
niums  zonales  nains,  soit,  mieux  encore, 
en  plantes  gazonnantes  ou  courtes  : Com- 
meline,  Zebrina,  Nierembergia,  Bégonias 
nains,  etc.,  étalées  en  tapis  uniforme,  ou 
bordées  d’espèces  variées. 

Avec  cette  disposition,  l’air  circule  abon- 
damment autour  des  plantes  à tige  qui  se 
couvrent  d’une  abondance  de  fleurs  tout  à 
fait  inusitée. 

Les  variétés  à fleurs  doubles  se  trouvent 
particulièrement  bien  de  ce  traitement. 
Dans  les  années  humides,  où  elles  ont  tant 
de  difficulté  à épanouir  leurs  ombelles,  on 
les  voit  fleurir  comme  s’il  faisait  un  clair 
soleil,  et  cette  année  spécialement  on  a 
constaté  ce  fait  avec  une  grande  satisfaction. 

L’automne  venu,  on  taille  les  rameaux  de 
l’année  au  ras  de  la  tige,  on  rempote  les 
plantes  dans  des  vases  plutôt  étroits  que 
trop  grands,  et  on  les  hiverne  en  serre  tem- 
pérée, en  les  tenant  un  peu  au  sec  ou  en 
demi  végétation. 


381 

Au  premier  printemps  elles  sont  rem- 
potées avec  un  compost  un  peu  substantiel 
pour  faciliter  un  bon  départ  de  la  végéta- 
tion ; on  les  arrose  très-modérément,  et  l’on 
se  trouve,  au  moment  de  la  mise  en  place, 
en  possession  de  plantes  fortes,  trapues,  à 
fortes  tiges,  capables  de  produire  de  nou- 
veau une  tète  vigoureuse  avec  de  nombreux 
scions,  qui  se  couvriront  de  fleurs  sans  in- 
terruption pendant  tout  l’été. 

Toutes  les  variétés  à grande  végétation 
sont  propres  à cette  culture. 

On  doit  nuancer  les  coloris,  de  manière 
à former  d’harmonieux  mélanges  ; les  ré- 
sultats obtenus  aux  Touches  à cet  égard 
sont  absolument  de  premier  ordre.  On  a 
ainsi  rompu  très-heureusement  l’unifor- 
mité des  corbeilles  unicolores  ou  multico- 
lores qui  sont  toujours  basses,  plaquées  sur 
le  sol,  et  cette  disposition  « aérienne  » pro- 
duit un  effet  charmant. 

Les  Héliotropes  de  diverses  variétés  se 
traitent  de  la  même  manière  ; ils  produisent 
ainsi  une  abondance  de  fleurs  dont  on  se 
fait  difficilement  une  idée. 

Sans  nul  doute  le  même  procédé  peut 
s’appliquer  aux  Fuchsias,  aux  Lantanas,  à 
de  nombreux  genres  de  plantes.  On  l’a 
déjà  employé  ailleurs,  mais  timidement,  et 
jamais,  à notre  connaissance,  avec  le  succès 
que  M.  Edmond  Pacreau  a obtenu  et  dont 
nous  le  félicitons. 

Ed.  André. 


CONGRÈS  DES  SOCIÉTÉS  SAVANTES 


Au  récent  Congrès  tenu  à Paris  par  les 
Sociétés  savantes,  les  diverses  questions 
suivantes,  se  rapportant  à la  botanique 
paléontologique,  ont  été  examinées  et  dis- 
cutées : 

1°  Recherches  sur  la  végétation  tertiaire  de 
la  Malaisie . 

M.  Crié , professeur  à la  Faculté  des  sciences 
de  Rennes,  esquisse  à grands  traits  la  consti- 
tution géologique  des  îles  de  la  Sonde.  Après 
avoir  fait  remarquer  que  les  végétaux  fossiles 
de  Java,  de  Sumatra  et  de  Bornéo,  qui  ont  été 
considérés  par  Gœppert,  Heer  et  Geyler, 
comme  éocènes,  doivent  être  rapportés  au 
genre  miocène,  M.  Crié  expose  les  résultats  de 
ses  recherches  sur  les  plantes  pliocènes  de 


Java.  Ces  végétaux,  qui  appartiennent  au 
Musée  géologique  de  Leyde,  sont  des  em- 
preintes de  Palmiers,  de  Glumacées,  d’Arto- 
carpées,  de  Rhamnées,  de  Lauriers,  de  Dipté- 
rocarpées,  de  Rubiacées.  Elles  paraissent  dé- 
noter des  formes  très-analogues  à celles  que 
renferme  actuellement  la  flore  de  Java l. 

M.  Crié  signale  encore  à l’attention  des  pa- 
léontologues des  bois  transformés  en  opale, 
qui  proviennent  des  couches  pliocènes  de  l’île 
de  Luçon  (Philippines). 

Ces  bois,  dont  la  structure  anatomique  est 
admirablement  conservée,  appartiennent  aux 
genres  fossiles  Rhoidium , Tænioxylon  et  He - 
lictoxylon. 

1 Ces  plantes  pliocènes  seront  prochainement  fi- 
gurées et  décrites  dans  les  annales  du  musée  géo- 
logique de  Leyde. 


382 


CONGRÈS  DES  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


2°  Recherches  sur  les  gisements  de  plantes 
fossiles  d’Esnost. 

M.  B.  Renault , président  de  la  Société 
d’histoire  naturelle  d’Autun,  appelle  l’attention 
du  bureau  et  des  membres  de  la  Section,  au 
point  de  vue  de  la  botanique  fossile,  sur  les 
gisements  de  plantes  conservées,  soit  à l’état 
d’empreinte,  soit  à l’état  silicifié,  près  Ernost, 
petit  hameau  situé  au  nord-nord-ouest,  à 10  ki- 
lomètres environ  d’Autun. 

Il  y a quelque  trente  ans,  des  puits  assez 
nombreux  y furent  creusés  dans  le  but  d’ex- 
ploiter des  couches  d’anthracite  qui  venaient 
en  affleurement  : mais  ces  couches,  ne  se  pré- 
sentant que  par  lambeaux,  ne  purent  donner 
lieu  à une  exploitation  sérieuse. 

A la  suite  de  nombreuses  recherches,  faites 
autour  des  anciens  puits,  M.  Renault  a re- 
cueilli, à l’état  d’empreintes,  des  fragments 
d’écorce  de  Lépidodendrons  et  de  Sigillaires, 
une  tige  de  Bornia  et  de  nombreuses  feuilles 
de  Cardiopteris  polymorpha.  Ces  deux  der- 
niers genres  étant  caractéristiques  du  Culm, 
l’âge  géologique  des  couches  anthracifères 
d’Ernost  était  donc  fixé. 

Mais  un  autre  intérêt-  s’attachait  à l’étude 
spéciale  de  ce  gisement,  c’était  la  présence  de 
fragments  silicifiés  renfermant  des  plantes  à 
structure  conservée  (on  sait,  en  effet,  que  les 
fragments  ayant  conservé  les  plantes  à l’état 
silicifié  sont  beaucoup  plus  rares  que  ceux  qui 
les  présentent  sous  forme  d’empreinte)  ; aussi 
M.  Crié  croit-il  utile  de  signaler  quelques-uns 
des  débris  qu’il  a reconnus. 

La  classe  des  Fougères  est  représentée  : 
1°  par  plusieurs  espèces  de  Rachiopteris  qui 
n’ont  pu  être  identifiées  à des  espèces  déjà 
connues  et  qui  en  constitueront  de  nouvelles  ; 
2°  par  des  sporanges  munis  d’un  anneau  élas- 
tique, ce  qui  fait  descendre  jusque  dans  le 
Culm  la  présence  des  Fougères  offrant  cette 
particularité  dans  leurs  fructifications. 

Les  Lépidodendrons  ont  laissé  des  écorces, 
des  rameaux,  des  racines  et  des  fructifications. 
Les  rameaux  possèdent  un  cylindre  ligneux 
formé  de  bois  uniquement  centripète,  entou- 
rant une  moelle  interne.  Les  racines  ont  un 
bois  centripète,  triangulaire,  monocentre,  sans 
bois  secondaire  extérieur. 

Les  macrosporanges  renferment  des  ma- 
crospores munies,  comme  celles  du  L.  Rlio- 
dunense,  d’une  pointe  micropilaire;  le  pro- 
thalle femelle  inclus  ne  présentait  qu’un  seul 
archégone;  après  la  fécondation,  une  cloison 
sous-micropilaire  se  complétait  pour  isoler 
l’œuf  dans  la  macrospore. 

Les  différents  organes  appartenant  à des  Si- 
gillaires et  qui  ont  été  rencontrés  sont  des 
écorces,  des  feuilles,  des  racines.  Les  feuilles 
sont  petites,  cylindriques  à leur  extrémité  et 
offrent,  sur  une  coupe  transversale,  les  carac- 
tères qui  ont  été  signalés  dans  la  séance  du 
Congrès,  le  1er  juin  1887,  entre  autres  deux 


bois  distincts,  l’un  cryptogamique,  et  l’autre 
phanérogamique,  entourant  le  premier.  Les 
racines  ont  un  bois  centripète,  centrifuge, 
rayonnant,  extérieur;  les  radicelles  possèdent 
un  faisceau  ligneux  triangulaire,  sans  trace  de 
bois  secondaire. 

Ce  sont  les  gisements  d’Ernost  qui  % ont 
fourni  les  premiers  renseignements  sur  l’or- 
ganisation interne  des  Bornia  et  ont  permis  de 
ranger  ces  plantes  remarquables  dans  la  famille 
des  Calamodendrées,  constituée  actuellement 
par  les  trois  genres  Orthropitus , Calamoden- 
dron  et  Bornia  ; des  racines  nombreuses,  sou- 
vent dichotomes,  trouvées  dans  le  voisinage 
des  tiges  de  Bornia , quelquefois  même  en 
continuité,  ont  fait  voir  que  ces  organes, 
comme  ceux  des  genres  Arthopitus  et  Cala- 
modendron , possédaient  du  bois  secondaire 
rayonnant  et  pouvaient  atteindre  de  grandes 
dimensions. 

Mais  l’un  des  faits  les  plus  importants  à si- 
gnaler, c’est  la  présence,  dans  un  fragment  re- 
cueilli par  le  savant  chercheur  M.  Roche,  d’un 
certain  nombre  de  graines,  rentrant  dans  le 
groupe  familial  des  Gnetopsis , et  qui  ne  peuvent 
être  attribuées  qu’aux  Bornia. 

3°  Origines  palêontologiques  des  arbres  cul- 
tivés ou  utilisés  par  l’homme. 

M.  de  Saporta  dépose  sur  le  bureau  un 
exemplaire  de  son  ouvrage,  et  ajoute  quelques 
mots  sur  de  très-récentes  découvertes  dues  à 
des  explorations  du  gisement  aquitanien  de 
Manosque  (Basses-Alpes).  A la  suite  de  re- 
cherches répétées,  on  a recueilli  des  empreintes 
végétales  d’un  grand  intérêt  ; c’est  d’abord  un 
Palmier  du  type  des  Phœnix , et  comparable  au 
P.  sylvestris , Roxb.,  des  Indes-Orientales. 

Une  partie  notable  de  fronde  de  ce  Phœni- 
ticites  a été  rencontrée,  mais  les  débris  les  plus 
remarquables  se  rapportent  à des  fragments 
d’inflorescence  qui  ont  pu  être  rapprochés  de 
celle  des  Sabal  et  ont  dû  appartenir  au  Sabal 
major , Heer,  dont  les  frondes  existent  dans 
les  mêmes  gisements. 

Il  est  à remarquer  que  ces  fragments  d’in- 
florescence avaient  été  décrits,  par  les  auteurs 
allemands  qui  les  avaient  rencontrés,  sous  le 
nom  de  Septomeria  et  rangés  par  eux  dans 
les  Santalacéés. 

On  saura  maintenant  que  les  prétendus 
Septomeria  ne  sont  autre  chose  que  des  inflo- 
rescences à l’état  de  débris  des  Palmiers  euro- 
péens tertiaires. 

Enfin  d’autres  empreintes,  également  cu- 
rieuses, dénotent  l’existence,  dans  ce  même 
gisement  de  Manosque,  d’un  Nymphæa  de 
petite  taille,  d’un  Villarsia  et  même  d’un 
Prunex , types  herbacés  qu’on  n’avait  pas  en- 
core signalés  à l’état  fossile  dans  les  couches 
tertiaires. 

A.  Ramé, 

Délégué  au  Congrès  des  Sociétés  savantes. 


PLANTES  NOUVELLE^  DÉCRITES  QU  FIGURÉES  DANS  LES  PUBLICATIONS  ÉTRANGÈRES.  383 


REVUE  DES  PLANTES  NOUVELLES 

DÉCRITES  OU  FIGURÉES  DANS  LES  PURLICATIONS  ÉTRANGÈRES 


Anemone  Fanninii , Harv.  Renonculacées. 
(Bot.  Mag.,  tab.  6958.)  Natal.  — Belle  plante 
qui  atteint  des  proportions  considérables  pour 
une  Anémone.  Les  feuilles  presque  orbicu- 
laires,  coriaces,  à 5-7  lobes,  ont  un  diamètre 
variant  entre  20  et  60  centimètres,  et  sont  por- 
tées par  des  pétioles  de  30  à 60  centimètres. 
La  hampe  robuste,  parfois  de  lm50,  porte  deux 
ou  trois  fleurs  odorantes  de  8 à 10  centimètres 
de  diamètre,  d’un  blanc  pur. 

Statice  Suworowi , Regel.  Plumbaginées. 
(Bot.  Mag.,  tab.  6959.)  Turkestan.  — Un  des 
plus  beaux  Statice  introduits  dans  les  cultures. 
Feuilles  toutes  radicales,  oblongues,  oblan- 
céolées,  obtuses-mucronées.  Hampe  à épis  en 
panicules  très-allongés,  à rachis  disparaissant 
sous  les  fleurs  roses  charmantes. 

Iris  Sari , var.  lurida , Boiss.  I ridées.  (Bot. 
Mag.,  tab.  6960.)  Asie-Mineure.  — Plante  à 
fleurs  superbes,  très-grandes,  solitaires,  au 
sommet  d’une  hampe  courte  ; périanthe  à di- 
visions orbiculaires,  les  extérieures  réfléchies, 
tachées  de  brun  noir  sur  fond  paille,  les  inté- 
rieures violet  pâle,  maculé  de  pourpre  clair. 

Primula  sapphirina,  Hooker,  et  Primula 
Beidii,  Duthie.  Primulacées.  (Bot.  Mag., 
tab.  6961 .)  Himalaya.  — Deux  Primevères  de  peu 
d’intérêt  horticole.  La  première  est  une  plante 
cespiteuse,  à hampe  terminée  par  de  charmantes 
petites  fleurs  penchées  d’un  bleu  saphir.  La  se- 
conde, découverte  en  1884,  est  remarquable  par 
ses  fleurs  blanc  d’ivoire,  son  calyce  très-large 
et  le  limbe  de  la  corolle  presque  globuleux  par 
l’effet  de  ses  larges  lobes  courbés  en  dedans. 

Dendrobium,  sulcatum,  Lindl.  Orchidées. 
(Bot.  Mag.,  tab.  6962  ) Assam  ou  montagnes 
de  Khasia.  — Plante  ancienne,  figurée  dans  le 
Botanical  Register  en  1838.  Tiges  fastigiées,  en 
massue,  profondément  sillonnées  ; feuilles  lar- 
gement ovales-aiguës,  grappes  latérales,  briève- 
ment pédonculées,  multiflores;  fleurs  fastigiées, 
assez  grandes,  jaunes  ; sépales  oblongs  ou  li- 
néaires-oblongs,  obtus  ; pétales  de  la  môme 
longueur  que  les  sépales,  obovales,  arrondis  au 
sommet  ; labelle  largement  cunéiforme  obovale 
ou  obcordé,  jaune,  strié  de  rouge  sang  à l’in- 
térieur. 

Landolphia  florida,  Bentli.  Apocynées.  (Bot. 
Mag.,  tab.  6963.)  — Espèce  de  tous  points 
intéressante.  Elle  est  commune  dans  toute 
V Afrique  tropicale  où  les  indigènes  font  avec  le 
suc  visqueux  qui  enduit  son  écorce,  des  boules 
d’une  glu  très-adhésive.  Suivant  le  récit  des 
voyageurs,  son  tronc  rampe  sur  le  sol,  sem- 
blable au  corps  d’un  boa  conslrictor,  et  quand 


il  rencontre  un  arbre,  il  l’enlace  et  grimpe 
jusqu’au  sommet  des  branches  les  plus  hautes 
d’où  il  laisse  pendre  des  guirlandes  de  grandes 
feuilles  ovales,  oblongues,  obtuses,  arrondies  à 
la  base,  semées  de  gros  bouquets  de  fleurs 
blanches,  ressemblant  de  loin  à de  grandes 
fleurs  de  Jasmin  officinal,  délicieusement  odo- 
rantes. Un  exemplaire  vient  de  fleurir  dans  les 
serres  de  Kew. 

Phalœnopsis  Mariæ,  Burbidge.  Orchidées. 
(Bot.  Mag.,  tab.  6964.)  Archipel  de  Sulu.  — 
Espèce  voisine  du  Ph.  sumatrana.  Tige  très- 
courte,  feuilles  oblongues  ou  largement  li- 
néaires-oblongues.  Panicule  grêle,  à pétales  et 
à sépales  à peu  près  égaux,  blancs,  rayés  de 
bandes  transversales  rouge,  pourpre.  Labelle 
petit,  plus  court  que  les  sépales  à lobes  laté- 
raux étroits,  presque  recourbés,  à lobe  inter- 
médiaire oblong  pourpre,  blanc  sur  les  bords, 
pourvu  de  deux  éperons  à la  base,  couvert  sur 
le  disque  de  longs  poils  dressés. 

Polemonium  flavum , Linn.  Polémoniacées. 
(Bot.  Mag.,  tab.  6965.)  Nouveau  Mexique.  — 
Plante  assez  jolie,  à feuilles  composées  for- 
mées de  petites  folioles  sessiles  et  à fleurs  en 
cymes  corymbiformes.  Cette  espèce  est  surtout 
remarquable  par  sa  corolle  en  entonnoir,  d’un 
jaune  rouge,  ce  qui  est  très-rare,  presque 
unique,  dans  le  genre  Polemonium. 

Morina  betonicoides,  Benth.  Dipsacées.  (Bot. 
Mag.,  tab.  6966.)  Sikkim  Himalaya.  — Char- 
mante plante  à fleurs  d’un  rose  rouge  brillant, 
cramoisi  à la  base  des  lobes  de  la  corolle.  Les 
épis  courts  et  les  fleurs  assez  semblables  à de 
grandes  corolles  de  Bétoine,  lui  ont  valu  son 
nom.  Les  feuilles  bordées  de  longues  épines  lui 
donnent  un  aspect  très-curieux. 

Vicia  Denessiana,  Watson.  Légumineuses. 
(Bot.  Mag.,  tab.  6967.)  Iles  Açores.  — La 
plante  figurée  dans  le  Botanical  Magazine  est 
peut  être  le  dernier  survivant  d’une  espèce 
éteinte.  Cette  espèce  n’a  jusqu’ici  été  trouvée 
qu’aux  Açores,  dans  une  localité  restreinte  d’où 
elle  a disparu  par  suite  d’un  glissement  de 
terre.  On  l’a  vainement  cherchée  ailleurs.  C’est 
une  Vesce  appartenant  à la  section  du  V.  Cracca, 
à fleurs  serrées,  assez  grandes,  pourpre  dans  le 
bouton  et  passant  successivement  à l’ardoisé, 
au  fauve  foncé  et  au  brun  rousseâtre. 

Anthurium  Veitchii,  Masters.  Aroidées. 
(Bot.  Mag.,  tab.  6968.)  Colombie.  — La  planche 
du  Botanical  Magazine  représente  un  superbe 
échantillon  de  cette  magnifique  espèce  qui  a 
fleuri  à Kew  l’année  dernière. 

Ed.  André. 


384 


CATALPA  SPECIOSA, 


CATALPA 

Par  sa  floraison  hâtive,  par  la  grandeur 
et  la  magnificence  de  ses  fleurs,  ce  Catalpa, 
naguère  encore  peu  connu,  est  en  train  de 
conquérir  sur  l’ancienne  espèce  ( Catalpa 
Bignonioides)  le  premier  rang  auquel  il  a 
vraiment  droit. 

La  Revue  horticole  a parlé,  à diverses 
reprises,  de  cette  belle  plante 1 ; mainte- 
nant que  le  succès  de  cette  superbe  Bi- 
gnoniacée  s’accentue  de  plus  en  plus,  il 
nous  a semblé  opportun  d’ajouter  quelques 
notes  aux  renseignements  qui  ont  déjà  été 
publiés  à son  sujet.  Bien  que  commun  dans 
l’ouest  des  États-Unis,  où  il  se  plaît  aux 
bords  des  grands  fleuves,  l’Ohio,  le  Missis- 
sipi,  le  Yermilion  river,  cet  arbre  fut  long- 
temps sans  y être  distingué.  Les  botanistes 
le  confondaient  avec  le  Catalpa  Bigno- 
nioides. Jaume  Saint-Hilaire2,  et,  après  lui, 
Nuttall3 4,  le  décrivirent  avec  cette  dernière 
espèce  sous  le  nom  de  Catalpa  cordifolia. 
Lesquereux,  Gray,  Vasey,  Broadhead,  ne  se 
doutèrent  point  que  le  Catalpa  de  l’ Ouest 
( C . speciosa ),  au  port  un  peu  différent  du 
Catalpa  de  l’Est  ( C . Bignonioides ),  sous  les- 
quels on  les  désigna  parfois  depuis,  recélait 
des  caractères  assez  importants  pour  per- 
mettre de  le  distinguer  de  son  congénère. 
Le  docteur  Warder,  le  premier,  signala  les 
différences  existant  entre  les  deux  espèces 
dans  le  Western  horticultural  Review. 
Engelmann Sargent 5,  Bidgway 6,  Barnes7, 
confirmèrent  la  justesse  des  vues  du  docteur 
Warder,  et  conservèrent  à la  plante  le  nom 
de  Catalpa  speciosa , que  celui-ci  lui  avait 
donné. 

En  réalité,  en  dehors  de  sa  floraison,  qui  a 
lieu  quinze  jours  plus  tôt,  de  la  grandeur 
de  ses  fleurs,  la  nouvelle  espèce  se  distingue 
encore  de  l’ancienne  par  ses  feuilles  moins 
brusquement  aiguës,  ses  gousses  plus 
longues,  qui  atteignent  parfois  plus  de 
50  centimètres,  plus  aplaties,  arrondies  aux 
extrémités,  à parois  plus  épaisses. 

Beaucoup  plus  robuste  que  le  C.  Bi- 

1 Voir  Revue  horticole.  1882,  p.  73,  etc. 

2 Nouveau  Duhamel , II,  13,  in  part.  t.  IV. 

3 Trans.  anc.  Phil.  soc.,  2°  sér.,  v.  183. 

4 Goutter' s bot.  Gazette,  V,  1. 

5 Gardeners ’ Chronicle , 1879,  784. 

« Proc . U.  S.  Nat.  Mus.,  1882,  70. 

7 Coulter’s  bot.  Gazette,  IX,  74. 


SPECIOSA 

gnonioides,  le  C.  speciosa  atteint  parfois 
des  dimensions  fort  remarquables.  C’est 
dans  la  vallée  basse  du  Wasbash  river 
qu’il  offre  la  plus  belle  végétation.  On  y 
trouve,  d’après  Bidgway,  des  spécimens 
atteignant  45  mètres  de  hauteur,  et  les 
troncs  mesurant  4 à 2 mètres  de  diamètre 
n’y  sont  pas  rares.  Au  point  de  vue  de  la 
rusticité,  le  G.  speciosa  jouit  sur  le  C.  Bi- 
gnonioides du  bénéfice  de  sa  station  indi- 
gène plus  septentrionale;  il  s’accommode 
parfaitement  de  notre  climat.  Les  berges 
des  rivières,  les  lieux  marécageux,  les  terres 
riches  en  humus,  sont  Yhabitat  qui  con- 
vient le  mieux  à son  tempérament. 

En  dehors  de  ses  qualités  ornemen- 
tales de  premier  ordre,  le  C.  speciosa  nous 
offre  encore  la  ressource  précieuse  de  son 
bois.  Il  partage  de  ce  côté,  avec  le  C.  Bi- 
gnonioides,, une  renommée  d’incorrupti- 
bilité bien  méritée.  Il  n’y  a d’ailleurs  que 
des  différences  peu.  appréciables  entre  le 
bois  des  deux  espèces  voisines  et  les  carac- 
tères qu’il  présente  peuvent  se  résumer 
ainsi  : 

Bois  clair,  tendre,  à grain  serré,  très- 
résistant  au  contact  du  sol  ; anneaux  indi- 
quant la  croissance  annuelle  très-marqués  ; 
rayons  médullaires  bruns,  aubier  très- 
mince,  blanc. 

La  densité  du  C.  Bignonioides  est 
de  0,4474; 

Celle  du  C.  speciosa  n’est  que  de  0,4165. 
La  cendre  du  premier  rend  0,38,  celle  du 
second  0,39. 

Élégance  des  formes,  beauté  du  feuillage, 
magnificence  des  fleurs,  utilité  de  son  bois , 
le  Catalpa  speciosa  a un  ensemble  trop  re- 
marquable de  qualités  pour  ne  pas  s’imposer 
à notre  attention.  Bans  les  États-Unis,  on 
l’a  déjà  planté  partout  le  long  des  avenues 
et  le  long  des  lignes  de  chemins  de  fer. 
Nous  avons  eu  déjà  l’occasion  de  le  planter 
dans  plusieurs  parcs  où  sa  floraison  hâtive 
est  fort  appréciée.  Dans  quelques  établisse- 
ments horticoles  de  France,  de  même  que 
dans  Y Arboretum  de  Segrez,  il  fleurit  abon- 
damment chaque  année.  Chez  nous,  on  le 
recherche  donc  de  plus  en  plus,  et  constater 
son  succès  qui  va  grandissant  est  la  meil- 
leure recommandation  qu’on  puisse  lui 
donner.  Éd.  André. 


L’Administrateur-Gérant  ; L.  Bourguignon. 


Imp.  üeorgea  Jacob,  — Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


385 


CHRONIQUE  HORTICOLE 

Rosa  Watsoniana.  — Philadelphus  Coulteri.  — Floraison,  à Hyères,  d’un  Agave  applanata.  — L’état 
phylloxérique  actuel  en  Europe.  — Le  Voandzou.  — Kunzea  pomifera.  — La  Pomme  de  terre  au 
siècle  dernier.  — Les  plantes  tropicales  dans  les  parcs  publics.  — Le  hannetonnage  dans  la  Sarthe.  — 
Les  expéditions  de  Cranberry  en  France.  — Le  commerce  des  panaches  de  Gynérium.  — La  fête 
des  arbres  ( Arbor  Day)  en  Amérique.  — Les  Pommiers  au  cap  de  Bonne-Espérance.  — Le  dévelop- 
pement des  Orobanches.  — Tomates  et  Aubergines.  — La  question  des  porte-greffes.  — Memento 
des  expositions. 


Rosa  Watsoniana.  --  M.  F.  Crépin 
vient  de  donner  ce  nom  à une  Rose  d’ori- 
gine japonaise,  dont  les  échantillons  secs 
lui  avaient  été  envoyés  par  M.  S.  Watson, 
le  savant  botaniste  américain. 

Le  R.  Watsoniana  est  une  espèce  très- 
distincte,  dont  les  fleurs,  à 5 pétales  rouge 
pourpre,  n’ont  guère  plus  de  1 centimètre 
de  diamètre. 

Le  feuillage  en  est  également  très-origi- 
nal. Chaque  feuille  est  composée  de  trois 
folioles  entières  étroites,  très  - allongées, 
mesurant  3 à 4 centimètres  de  longueur 
sur  4 millimètres  de  largeur. 

Cette  espèce,  qui  appartient  à la  s^ction  des 
Rosæ  systyslæ,  groupe  à tiges  sarmenteuses, 
se  distingue  du  R.  anemoneftora,  de  For- 
tune, par  la  réduction  extraordinaire  de 
tous  ses  organes,  par  ses  folioles  à bords 
entiers,  ses  bractées  basilaires,  ses  styles 
glabres,  sa  corolle  purpurine,  etc.  Elle  for- 
mera une  heureuse  addition  à nos  collec- 
tions et  mérite  l’intérêt  des  horticulteurs, 
des  semeurs  surtout. 

Le  Philadelphus  Coulteri.  — Depuis  la 
mort  du  regretté  Alph.  Lavallée,  on  n’entend 
plus  guère  parler  de  cet  Arboretum  de  Se- 
grez,  où  il  avait  rassemblé  de  belles  collections 
dendrologiques,  et  où,  chaque  année,  il  doit 
se  produire  de  nombreux  faits  d’un  grand 
intérêt  botanique  et  horticole.  En  Amérique, 
le  professeur  Ch.  Sargent,  de  l’Université 
de  Cambridge,  dirige  Y Arnold  Arboretum 
avec  une  grande  science  et  un  soin  jaloux  ; 
aussi  les  richesses  de  ce  bel  établissement 
se  sont-elles  considérablement  accrues  dans 
les  dernières  années.  Les  espèces  nouvelles 
sont  assemblées  là,  cultivées  et  attentive- 
ment surveillées,  et  les  observations  sont  au 
fur  et  à mesure  publiées  dans  le  Garden 
and  Forest,  dont  le  professeur  Sargent  est 
directeur. 

Nous  aurons  maintes  fois  à faire  des 
Emprunts  à cette  intéressante  publiea- 
ion. 


Signalons  aujourd’hui  la  première  florai- 
son, en  culture,  du  Philadelphus  Coulteri , 
espèce  originaire  du  Mexique  septentrional, 
où  elle  fut  pour  la  première  fois  découverte 
par  Coulter.  La  plante  a de  nouveau  été 
trouvée  en  1887,  sur  les  collines  près  de 
Monterey,  par  le  professeur  Sargent,  qui 
l’a  introduite  vivante  dans  Y Arnold  Arbo- 
retum. 

Les  dimensions  de  cet  arbuste  se  rap- 
prochent de  celles  du  Seringat  commun 
( Philadelphus  coronarius). 

Il  développe  des  rameaux  élancés,  retom- 
bants, et  des  feuilles  dont  la  face  inférieure 
est  couverte  d’une  pubescence  blanche,  très- 
dense.  Les  fleurs,  qui  mesurent  de  3 à 
4 centimètres  de  diamètre,  sont  très-odo- 
rantes, et,  le  plus  souvent,  solitaires  le  long 
des  branches. 

Le  P.  Coulteri  sera  une  intéressante  re- 
crue pour  la  décoration  des  jardins. 

Floraison,  à Hyères,  d’un  Agave  ap- 
planata.  — Cette  belle  espèce,  aux  feuilles 
d’un  blanc  bleuâtre  à reflets  nacrés,  qui  est 
ornementale  au  premier  chef,  et  qui  se  dé- 
tache avec  vigueur  sur  le  fond  vert  de  la 
végétation,  vient  de  fleurir  dans  les  cultures 
du  Jardin  d’Acclimatation,  à Hyères. 

Voici  les  remarques  faites  par  M.  Da- 
vrillon,  directeur  de  ce  jardin  : 

Le  sujet  qui  a fleuri  a été  mis  en  place 
en  juillet  1883;  il  a actuellement  quatre- 
vingt-dix  feuilles  d’une  longueur  de 
lm  20  à lm  50.  La  hampe  florale  a com- 
mencé son  développement  le  2 mai  de  cette 
année,  et,  le  30  juin,  elle  atteignait  8m  25 
de  hautaur,  avec  une  circonférence  de 
50  centimètres  à lm  50  de  la  base.  Cette 
hampe  porte  soixante-six  rameaux  florifères, 
formant  une  panicule  gigantesque. 

La  relation  existant  entre  le  dévelop- 
pement de  cette  hampe  et  le  temps  qu’il  a 
duré,  représente  un  allongement  moyen 
de  14  centimètres  par  vingt- quatre  heures. 
Ce  chiffre  a d’ailleurs  été  de  beaucoup  dé- 

17 


1er  Septembre  1888. 


386 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


passé  dans  les  premiers  jours,  où  la  végé- 
tation était  plus  active. 

L’état  phylloxérique  actuel  en  Eu- 
rope. — On  sait  que  chaque  année  la 
commission  supérieure  du  phylloxéra  pu- 
blie un  compte-rendu  très-complet  de  tout 
ce  qui  s’est  passé  depuis  la  publication  de 
son  précédent  rapport,  en  résumant  chaque 
fois  l’extension  prise  par  le  parasite. 

Nous  avons  relevé,  parmi  les  très-nom- 
breux documents  que  contient  cet  ouvrage, 
l’indication  de  la  marche  du  phylloxéra  en 
Europe. 

En  Allemagne,  le  phylloxéra  existe  en 
Saxe,  dans  le  Wurtemberg,  en  Alsace-Lor- 
raine, dans  la  vallée  de  l’Ahr  et  sur  les 
bords  du  Rhin. 

En  Hongrie,  l’insecte  a fait  des  pro- 
grès considérables;  en  1886,  les  parties 
atteintes  étaient  de  48,000  hectares  ; en 
1887,  cette  surface  s’est  élevée  à 160, 000  hec- 
tares, ce  qui  représente  plus  du  tiers  des 
vignobles  hongrois  (425,500  hectares). 

En  Espagne,  la  province  de  Malaga  est 
complètement  envahie  ; celles  d’Alméria  et 
de  Grenade  sont  attaquées. 

En  Italie,  le  phylloxéra  se  développe  de 
tous  côtés  et  semble  prendre  les  allures 
qu’il  avait  au  début  de  l’invasion  chez  nous. 
La  Lombardie  compte  de  nombreuses  com- 
munes infestées  ; les  provinces  de  Milan,  de 
Corne,  de  Bergame,  sont  envahies;  en  Sar- 
daigne, la  lutte  n’est  plus  possible,  ainsi 
d’ailleurs  que  dans  la  région  qui  avoisine 
Vintimille. 

En  Suisse,  les  progrès  du  fléau  sont  no- 
tables; jusqu’à  ce  jour  circonscrit  dans  le 
canton  de  Genève,  le  phylloxéra  s’est  étendu 
dans  les  cantons  de  Yaud,  de  Neufchâtel  et 
de  Zurich. 

En  Russie,  en  Portugal,  en  Californie, 
au  cap  de  Bonne-Espérance,  le  phylloxéra 
prend  possession  des  vignobles  et  les  dé- 
truit, ce  qui  permet  de  supposer  qu’il  por- 
tera successivement  ses  ravages  sur  tout  le 
globe. 

Ce§,  constatations  ne  sont  pas  rassu- 
rantes; cependant,  la  France  est  entrée 
largement  dans  la  voie  de  la  reconstitution 
de  ses  vignobles;  les  résultats  sont  déjà  en 
partie  acquis,  et  l’extension  que  commen- 
cent à prendre  le  cidre  et  la  bière  dans 
la  consommation  permettra  d’attendre  que 
notre  production  de  vin  atteigne  de  nou- 
veau sa  proportion  normale. 

Le  Voandzou.  — La  France  à Madagas- 


car a,  dans  la  personne  du  R.  P.  Camboué, 
missionnaire  apostolique,  un  observateur 
éclairé,  un  explorateur  infatigable.  Il  re- 
cherche constamment,  dans  la  flore  et  la 
faune  de  cette  île,  les  espèces  dont  la  cul- 
ture ou  l’élevage  devraient  être  encouragés 
soit  à Madagascar  même,  soit  dans  nos  co- 
lonies à climat  analogue.  Les  envois  qu’il  a 
faits  en  France  sont  déjà  nombreux,  et  la 
Revue  horticole  a eu  maintes  fois  l’occasion 
d’en  parler. 

A une  récente  réunion  de  la  Société  na- 
tionale d’Agriculture  de  France,  M.  Max. 
Cornu  a déposé,  sur  le  bureau  des  graines 
envoyées  par  le  R.  P.  Camboué,  et  a fait 
une  communication  fort  intéressante  sur 
la  plante  à laquelle  ces  graines  appar- 
tiennent, le  Voandzou  ( Voandzeia  sub- 
terranea). 

Le  Voandzou  croît  spontanément  dans 
l’Afrique,  à Madagascar,  au  Congo,  au  Ga- 
bon; il  constitue,  paraît-il,  un  aliment  ex- 
cellent, comparable  aux  Pois  et  aux  Hari- 
cots. 

Une  particularité  présentée  par  cette 
plante  consiste  en  ce  qu’elle  enfonce  ses 
fruits  en  terre,  ainsi,  d’ailleurs,  que  les 
Arachides  {Avachis  hypogæa).  Elle  est 
représentée  par  un  assez  grand  nombre  de 
variétés,  à grains  rouges,  noirs,  violacés, 
panachés,  entre  lesquelles  on  devra,  pour 
les  essais  d’introduction  et  d’acclimatation, 
choisir  les  meilleures. 

M.  Cornu  a ajouté  que  les  terres  dans 
lesquelles  les  Hovas  cultivent  le  Voandzou 
sont  situées  aux  portes  de  Tananarive,  à 
une  altitude  de  1,300  mètres  ; le  climat  de 
cette  région  correspond  à peu  près  à celui 
d’Alger.  Il  y a donc  tout  lieu  d’espérer  que 
cette  plante  réussira  en  Algérie  ; des  essais 
de  culture  établiront  si  elle  peut  résister  à 
une  sécheresse  un  peu  forte  et  prolongée. 

Si  une  certaine  humidité  du  sol  ne  lui  est 
pas  nécessaire,  peut-être  cette  plante  ali- 
mentaire pourrait  être  cultivée  avantageuse- 
ment dans  certaines  régions  du  midi  de  la 
France. 

Kunzea  pomifera.  — M.  le  baron  F. 
von  Mueller,  directeur  du  musée  phytolo- 
gique  de  Melbourne  (Australie),  vient  d’en- 
voyer, à la  Société  nationale  d’ Acclimatation 
de  Paris,  des  graines  fraîches  de  Kunzea 
pomifera,  Muell.,  plante  qui  pourrait  être 
employée  avec  avantage  sur  le  littoral  mé- 
diterranéen, dans  les  terrains  siliceux  ou 
calcaires,  un  peu  mouillés. 

En  Australie,  cette  plante  croît  en  abon- 


CHRONIQUE 

dance  dans  le  voisinage  des  bords  sablon- 
neux de  la  mer.  Les  colons  en  recueillent  avec 
soin  les  fruits,  et  en  font  des  conserves  et 
des  confitures  très-recherchées.  La  récolte 
de  ces  fruits  se  fait  en  février. 

Il  paraît  que  la  plante  est  assez  jolie, 
et  si,  au  point  de  vue  utilitaire,  elle  ne 
présente  pas  une  importance  bien  grande, 
cette  particularité  pourrait  la  faire  employer 
en  horticulture. 

La  Pomme  de  terre  au  siècle  dernier. 

— L’inauguration  de  la  statue  de  Parmentier 
a remis  en  lumière  les  obstacles  que  ce  sa- 
vant eut  à vaincre  pour  la  vulgarisation  de 
la  Pomme  de  terre.  M.  Paul  Zeiller,  dans  le 
Bulletin  de  la  Société  d’ Acclimatation, 
insiste  sur  le  rôle  de  Parmentier  et  cite  à 
ce  propos  un  curieux  article  de  Y Encyclo- 
pédie, de  Diderot,  qui  montre  combien  peu 
était  apprécié,  il  y a un  siècle,  le  légume 
qui  entre  actuellement  pour  une  si  large 
part  dans  l’alimentation  de  toutes  les  classes 
de  la  société.  Nous  ne  pouvons  nous  empê- 
cher de  citer  ce  curieux  document. 

Pomme  de  terre.  — Cette  plante,  qui  nous  a 
été  apportée  de  la  Virginie,  est  cultivée  en 
beaucoup  de  contrées  de  l’Europe,  et  notam- 
ment dans  plusieurs  provinces  du  royaume, 
comme  en  Lorraine,  en  Alsace,  dans  le  Lyon- 
nais, le  Vivarais,  le  Dauphiné,  etc.  Le  peuple 
de  ces  pays  et  surtout  les  paysans  font  leur 
nourriture  la  plus  ordinaire  de  la  racine  de 
cette  plante  pendant  une  bonne  partie  de  l’an- 
née. Ils  la  font  cuire  à l’eau,  au  four,  sous  la 
cendre,  et  ils  en  préparent  plusieurs  ragoûts 
grossiers  ou  champêtres.  Les  personnes  un  peu 
aisées  l’accommodent  avec  du  beurre,  la  man- 
gent avec  de  la  viande,  en  font  des  espèces  de 
beignets,  etc.  Cette  racine,  de  quelque  manière 
qu’on  l’apprête,  est  fade  et  farineuse.  Elle  ne 
saurait  être  comptée  parmi  les  aliments  agréa- 
bles, mais  elle  fournit  un  aliment  abondant  et 
assez  salutaire  aux  hommes  qui  ne  demandent 
qu’à  se  sustenter.  On  reproche  avec  raison  à la 
Pomme  de  terre  d’être  venteuse;  mais  qu’est-ce 
que  des  vents  pour  les  organes  vigoureux  des 
paysans  et  des  manœuvres  ? 

Les  plantes  tropicales  dans  les  parcs 
publics.  — Les  végétaux  exotiques  à feuil- 
lage ornemental  sont  d’un  précieux  secours 
pour  la  décoration  estivale  des  jardins. 

Ils  permettent  de  créer,  çà  et  là,  des 
points  attractifs  se  détachant  en  vigueur 
sur  le  fond  un  peu  uniforme  de  nos  arbres 
et  arbustes  de  pleine  terre,  lorsqu’ils  sont 
vus  d’une  certaine  distance. 

Malheureusement,  l’emploi  que  l’on  fait 
de  ces  plantes,  le  plus  souvent  avec  une  ré- 


HORTICOLE.  387 

gularité  trop  grande,  diminue  beaucoup 
l’effet  qu’on  pourrait  en  obtenir. 

Prenons  pour  exemple  le  Bananier,  qui 
est  le  plus  souvent  représenté  maintenant 
par  la  belle  espèce  abyssinienne,  le  Musa 
Ensete. 

Comment  le  plante-t-on  habituellement? 
Isolément  ou  par  trois  ensemble,  disposés  en 
triangle  parfait,  sur  une  petite  corbeille  cir- 
culaire en  mosaïculture.  Certes,  la  plante 
ainsi  disposée  est  jolie  et  ne  perd  pas  ses 
qualités  ornementales  ; mais  on  sent  fort 
bien  qu’elle  a été  placée  là  pour  une  déco- 
ration momentanée  ; elle  ne  s’harmonise 
aucunement  avec  les  parties  voisines,  et 
l’effet  qu’elle  produit  est  anti-naturel  au  plus 
haut  point. 

Nous  pourrions  cependant  citer  de  nom- 
breux cas  où  une  disposition  plus  pitto- 
resque a été  prise,  soit  dans  nos  promenades 
publiques,  soit  dans  des  propriétés  privées  ; 
M.  Lesueur,  jardinier-chef  chez  feue  Mme  la 
baronne  James  de  Rothschild,  à Boulogne- 
sur-Seine,  a été  l’un  des  premiers  partisans, 
en  France,  de  cette  méthode  artistique. 

En  Angleterre,  une  semblable  tendance 
a été  souvent  constatée,  et  nombre  de  nos 
confrères  se  rappellent  le  Subtropical  Gar- 
den  queM.  Gibson  avait  créé  sur  ces  bases, 
dans  le  Parc  de  Battersea,  à Londres. 

Cette  année,  dans  la  même  ville , un 
paysage  tropical  a été  formé  dans  la  par- 
tie du  Hyde  Park  nommée  le  « Dell  »,  et 
l’effet  en  est  complètement  réussi  : sur  les 
bords  d’un  ruisseau  sinueux,  large  en 
moyenne  de  3 mètres,  de  nombreux  Bana- 
niers de  plusieurs  espèces  et  de  grandeurs 
très-différentes  ont  été  irrégulièrement 
plantés  au  milieu  de  plantes  semi-aquati- 
ques et  d’arbustes  divers.  Pour  relier  aux 
massifs  voisins  ces  larges  feuillages  exoti- 
ques, des  Palmiers,  Cycadées,  de  grands 
Dracénas  à tiges  élevées  émergent,  çà  et  là, 
des  massifs  plantés  à demeure.  L’effet  de 
cette  scène  est  charmant;  il  donne  une 
idée,  aussi  rapprochée  que  possible,  d’une 
partie  de  paysage  des  pays  chauds. 

Le  Hannetonnage  dans  la  Sarthe.  — 

Lors  de  la  dernière  séance  de  la  Société  na- 
tionale de  France,  M.  Louis  Passy  a com- 
muniqué les  résultats  obtenus  par  le  syndi- 
cat de  hannetonnage  de  Gorron  (Sarthe). 

Il  a été,  parait-il,  recueilli  92  millions  1/2 
de  hannetons,  qui  auraient  rempli  229  tom- 
bereaux de  1 mètre  cube.  En  admettant 
qu’une  femelle  produise  quarante  œufs,  et 
que  le  nombre  des  mâles  soit  égal  à celui 


388 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


des  femelles,  il  s’ensuit  que  l’on  a ainsi 
évité  la  reproduction  de  1,848  millions  de 
vers  blancs,  ce  qui  représente  une  économie 
de  1,850,000  fr.  sur  les  dégâts  que  ceux-ci 
auraient  occasionné. 

Quel  exemple  pour  ceux  qui  s’endorment 
dans  une  regrettable  indifférence  pour  ce 
terrible  ennemi  de  nos  cultures  ! 

Les  expéditions  de  Cranberry  en 
France.  — La  Revue  horticole  a consacré 1 
une  étude  à ce  joli  fruit,  qui  est,  aux  États- 
Unis,  l’objet  de  cultures  importantes. 

La  production  augmentant  toujours,  un 
syndicat  de  cultivateurs  vient  de  se  former 
dans  la  ville  de  Sandwich,  pour  étudier  les 
moyens  de  faire  parvenir  en  grande  quantité 
le  Cranberry  ( Oxycoccus  macrocar  pus)  sur 
les  marchés  européens. 

On  en  vend  déjà  les  fruits  à Paris,  chez 
quelques  marchands  de  fruits  exotiques, 
surtout  à la  colonie  américaine,  mais  c’est 
en  petite  quantité. 

Attendons-nous  donc,  puisque  des  essais 
de  culture  de  ce  genre  ne  se  font  pas  en 
France,  à être  une  fois  de  plus  tributaires  de 
l’Amérique,  quand  il  serait  très-facile,  pen- 
sons-nous, de  l’éviter. 

Le  commerce  des  panaches  de  Gyné- 
riums.  — N’est-il  venu  encore  à personne 
l’idée  de  cultiver  les  Gynériums  en  grand, 
pour  la  vente  des  inflorescences  ? 

Il  y aurait  peut-être  là  une  opération 
lucrative.  En  Amérique,  c’est  une  véritable 
industrie.  En  effet,  le  Santa  Barbara  He- 
rald annonce  que  cette  année,  bien  que  la 
production  des  inflorescences  {Pampas  Plu- 
mas) s’annonce  comme  devant  être  très-abon- 
dante, les  demandes  des  acquéreurs  sont 
nombreuses,  et  s’appuient  sur  des  prix 
assez  élevés  ; il  n’est  pas  rare,  nous  apprend 
le  Garden  and  Forest,  de  voir  un  acre  de 
Gynériums  rapporter  5,000  francs. 

La  fête  des  arbres  (Arbor  Day)  en 
Amérique.  — Les  Américains  ont  institué 
un  jour  de  fête  qui  fera,  certes,  la  joie  de 
tous  les  écoliers  de  France  s’il  plaît  jamais 
à notre  ministre  de  l’instruction  publique 
de  suivre  l’exemple  du  gouvernement  des 
des  États-Unis. 

Cette  fête,  instituée  depuis  une  douzaine 
d’ahnées,  est  complètement  passée  dans  les 
coutumes  américaines,  et  a reçu  le  nom 
à’ Arbor  Day  (la  fête  des  arbres).  Ce  jour- 
là,  toutes  les  écoles  ont  congé,  et  les  élèves 

1 Voir  Revue  horticole,  1885,  p.  43. 


plantent  des  arbres  forestiers  sur  les  ter- 
rains appartenant  à l’école. 

Les  Pommiers  au  cap  de  Bonne-Es- 
pérance. — Un  journal  de  Cape-Town  an- 
nonce qu’un  envoi  d’environ  10,000  Pommes 
vient  d’être  fait  de  cette  ville  en  Angleterre, 
pour  y être  vendu  aux  enchères.  C’est  un 
essai  que  font  certains  propriétaires  qui  ont 
créé  là-bas  des  cultures  de  Pommiers,  assez 
importantes,  on  le  voit. 

Le  climat  tempéré  de  l’Afrique  méridio- 
nale explique  que  les  Pommiers  y réussis- 
sent; mais  on  se  figure  peu  aisément,  de 
prime  abord,  les  Bossemans  ou  les  Zoulous 
cultivant  leurs  Pommiers  comme  nos  paysans 
normands. 

Les  fruits  expédiés  proviennent  des  dis- 
tricts de  Stellenbosch,  Tulbagh  et  Queen’s- 
Town,  qui  se  trouvent  près  du  littoral. 

Le  développement  des  Orobanches. 

— On  sait  que  les  Orobanches,  ces  plantes 
parasites  singulières  qui  se  composent  uni- 
quement d’une  hampe  florale  le  plus  sou- 
vent unicolore,  croissent  sur  les  racines  de 
certains  végétaux.  Chaque  espèce  d’Oro- 
banche  préfère  une  essence  particulière,  et 
sur  celle-là  seule  elle  peut  végéter. 

Un  point  intéressant  était  de  savoir  com- 
ment les  graines  de  l’Orobanche  peuvent 
parvenir  aux  racines  de  la  plante  qui  lui 
convient. 

Un  botaniste  de  Heidelberg,  M.  L.  Kock, 
a observé  minutieusement  ces  plantes  dans 
l’accomplissement  de  leurs  fonctions  repro- 
ductrices, et  voilà  ce  qu’il  a constaté  : la 
graine  répandue  sur  le  sol  ayant  germé,  il 
sort  alors  des  téguments  un  petit  cylindre 
parenchymateux,  qui  ressemble  à une  radi- 
cule. Ce  petit  cylindre  s’allonge  en  s’enfon- 
çant en  terre,  jusqu’à  ce  qu’il  rencontre 
une  racine  favorable,  à condition,  bien  en- 
tendu, qu’elle  ne  soit  pas  trop  éloignée. 
Dès  que  le  contact  s’est  produit,  cette  radi- 
cule s’enfonce  dans  l’écorce,  pénètre  dans 
les  faisceaux  ligneux,  et  c’est  ainsi  que  se 
trouve  formé  le  premier  suçoir  de  l’Oro- 
banche. Aussitôt  que  ce  suçoir  a commencé 
à absorber  des  sucs  nutritifs,  il  se  forme  à 
la  partie  extérieure  de  la  racine  un  petit 
tubercule,  à l’intérieur  duquel  prend  nais- 
sance un  bourgeon  adventif  qui,  en  se  dé- 
veloppant, devient  la  tige  de  l’Orobanche. 
A la  base  de  cette  tige  se  développent  de 
nouvelles  racines,  qui  peuvent  se  ramifier, 
et  qui  pénètrent  dans  la  souche  sur  laquelle 
le  parasite  s’est  implanté  et  se  développe. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


389 


Tomates  et  Aubergines.  — Jusqu’ici, 
malgré  les  intempéries  à peu  près  conti- 
nuelles qui  se  manifestent  cette  année,  les 
Tomates  sont  peu  atteintes  de  maladies,  et 
avec  une  quantité  considérable  de  jolis 
fruits,  les  plantes  ont  une  végétation  luxu- 
riante, sans  aucune  trace  d’altération.  Mal- 
heureusement, il  n’en  est  pas  de  même  des 
Aubergines  ; déjà,  malgré  les  traitements 
faits  avec  des  sels  de  cuivre  qui  ont  été 
appliqués  aussitôt  l’apparition  du  mal,  cer- 
taines plantations  ont  succombé,  et,  de  plus, 
au  lieu  de  se  restreindre,  le  mal  semble 
gagner  du  terrain.  Néanmoins,  au  lieu  de 
se  décourager,  il  faut  redoubler  de  zèle, 
multiplier  et  varier  les  essais.  Rappelons 
toutefois  que,  dans  l’emploi  des  remèdes, 
surtout  lorsqu’ils  sont  énergiques,  il  faut 
être  prudent  sur  les  doses,  et,  dans  ce  cas 
même,  qu’il  vaut  mieux  pécher  par  excès 
en  moins,  que  par  l’excès  contraire. 

La  question  des  porte-greffes.  — 

Nous  extrayons  d’une  communication  que 
vient  de  nous  adresser  notre  collaborateur, 
M.  Boisselot,  de  Nantes,  relativement  à la 
question,  si  complexe,  des  porte-greffes  : 

Je  viens  répondre  deux  mots  au  sujet  de 
l’article  de  M.  Paul  Giraud,  sur  les  porte- 
greffes  L 

Il  est  à remarquer  tout  d’abord  que  notre 
but  est  le  même  : conseiller  aux  novices  en 
horticulture  de  bien  examiner,  dans  leurs  lo- 
calités respectives,  les  résultats  obtenus. 

Il  est  évident,  qu’en  horticulture,  il  ne  peut 
pas  y avoir  de  règles  générales.  Non  seulement 
on  ne  doit  pas  pratiquer  semblablement  dans 
le  Midi  et  dans  le  Nord  ; mais  même  quelque- 
fois d’un  canton  à un  autre. 

Ainsi,  quoique  généralement  (comme  je  l’ai 
dit)  ici  les  Poiriers  greffés  sur  franc  ne  vaillent 
pas  ceux  qui  sont  greffés  sur  Goignassier,  il  y 
a cependant  quelques  terres  légères  où  le  franc 
réussit* 

Je  ferai  remarquer  que  j’ai  dit  que  des  Poi- 
riers à couteau  greffés  sur  sauvageons  (dans 
les  haies,  sans  culture),  et  non  pas  dans  les 
jardins , n’avaient  nullement  réussi , tandis 
qu’au  contraire,  dans  les  mêmes  conditions, 
les  Poiriers  à cidre  venaient  parfaitement. 

Ainsi,  il  n’est  pas  rare  de  voir  des  Poiriers 
à cidre  sur  franc  âgés  de  plus  d’un  siècle. 
Le  Poirier  est  infiniment  plus  vivace  que  le 
Pommier  ; si  le  jus  de  la  Poire  n’est  pas  aussi 
agréable  que  celui  de  la  Pomme,  en  revanche 
il  est  plus  fortifiant  et  se  vend  plus  cher. 

De  même,  j’ai  dit  quelque  part  que  j’avais 
fait  arracher,  dans  le  jardin  de  mon  père,  des 

1 Voir  Revue  horticole , 1er  août  1888. 


Poiriers  à couteau,  greffés  sur  Goignassier, 
âgés  d’un  siècle  et  demi  et  encore  pleins  de 
vigueur.  Ces  arbres  avaient  été  primitivement 
formés  en  buissons  (selon  la  mauvaise  coutume 
de  l’époque)  ; puis,  laissés  libres,  ils  avaient 
acquis  une  taille  gigantesque  ; ils  ne  mesu- 
raient pas  moins  de  lin  50  à la  base. 

Si  les  Goignassiers  viennent  bien  dans  le 
Midi,  je  crois  que  ceux  de  nos  cantons  ne  leur 
cèdent  en  rien. 

J’ai  parlé,  dans  la.  Revue  horticole , d’un 
Goignassier  géant  planté  dans  la  cour  de  mon 
frère,  à Nantes.  L’année  dernière,  cet  arbre  a 
rapporté  mille  fruits  et  plus,  bien  comptés,  de 
la  plus  grosse  variété  de  Coings  de  Portugal, 

chaque  fruit  pesant  500  grammes  environ 

A.  Boisselot. 

Nous  sommes  absolument  du  même  avis 
que  notre  collaborateur  sur  la  variabilité 
des  résultats  que  l’on  obtient  dans  des  lo- 
calités distinctes,  en  employant  les  mêmes 
méthodes  de  greffage. 

Ainsi  que  le  recommande  M.  Boisselot, 
il  faut,  dans  chaque  région,  lorsque  l’on 
veut  exécuter  une  plantation  importante,  se 
renseigner  sur  les  procédés  qui  réussissent 
le  mieux,  et,  à défaut  de  données  suffi- 
santes, procéder  par  la  voie  d’essai,  en  s’ap- 
puyant sur  les  observations  précédemment 
faites  et  publiées  par  des  praticiens  aussi 
expérimentés  que  MM.  Boisselot  et  Giraud. 

E.-A.  Carrière  et  Éd.  André. 


Memento  des  Expositions. 

Voici  la  liste  des  Expositions  précédemment 
annoncées  : 

Bougival.  — Exp.  gén.  (Ghr.  n°  9),  29  août  au 
3 septembre. 

Lyon.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  11),  13  au  17  septembre. 
Meaux.  — Exp.  gén.  (Ghr.  n°  5),  7 au  9 septembre. 
Mézidon.  — Exp.  gén.  (Ghr.  n°  10),  16  septembre. 
Paris.  — Chrysanthèmes  (Gh.  n°  14),  22  au  25  no- 
vembre. 

Paris.  — Végétaux  d’ornements  (Ghr.  n°  15), 
25  juillet  au  5 novembre. 

Roubaix.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n°5),  17  novembre. 
Saint-Mandé.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  12),  16  au 
23  septembre. 

Toulouse.  — Exp.  de  culture  maraîchère,  culture 
ornementale  et  arboriculture  fruitière  (Ghr. 
n°  11),  27  au  30  septembre. 

— Même  Exp.  et  spécialement  Exp.  de  Chrysan- 
thèmes (Ghr.  n°  11),  15  au  18  novembre. 
Valognes.  — Exp.  locale  (Chr.  n°  8),  1er  au  4 sept. 
Gand.  — Floriculture  (Ghr.n°ll),  2 au  3 septembre. 

— Chrysanthèmes  (Chr.  n°  11),  18  au  22  nov. 
Lausanne.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  8),  20  au  25  sept. 

Vienne.  — Fruits  (Ch.  n°  15),  29  septembre  au 
7 octobre. 


390 


CONDITIONS  DE  BONNE  CONSTRUCTION  DES  SERRES. 


CONDITIONS  DE  BONNE  CONSTRUCTION  DES  SERRES 


Dans  le  Congrès  horticole  organisé  Tan 
dernier  par  la  Société  nationale  d’horti- 
culture de  France,  deux  importantes  ques- 
tions relatives  à certains  détails  de  cons- 
truction des  serres  avaient  été  posées  : 

1°  Des  principes  qui  doivent  régir  la 
construction  des  serres  en  fer  et  en  bois  et 
leur  vitrerie  ; 

2°  Des  moyens  pratiques  d’éviter  la 
chute  de  la  huée  dans  la  construction  des 
serres. 

Dans  une  étude  détaillée,  nous  avons 
cherché  à résoudre  ces  deux  questions. 


hi  y 

Fig.  87.  — Fer  spécial  à double  vitrage  pour 
pignons. 

Les  serres  doivent-elles  être  en  fer  ou  en 
bois  ? 

Incontestablement,  le  fer  possède  des 
qualités  supérieures  au  bois  pour  la  durée, 
l’économie,  l’aération  facile,  l’abondance  de 
lumière,  l’herméticité,  et  aussi  l’élégance, 
qualité  importante  lorsqu’il  s’agit  de  gran- 
des serres , des  jardins  d’hiver  ou  des 
vérandahs  annexées  à des  habitations.  Mais 
il  faut  admettre  que  la  grande  conduc- 
tibilité de  ce  métal  lui  fait  subir  rapide- 
ment l’influence  de  la  température  exté- 
rieure, et  occasionne  une  plus  grande  pro- 
duction de  buée  que  le  bois  ; c’est  un  re- 
proche fondé,  surtout  pour  les  serres 
chaudes  de  petites  dimensions,  à forcer  et  à 
multiplier. 

On  fait  de  bonnes  serres  chaudes  en 


bois,  mais  je  suis  d’avis  que  des  spécia- 
listes soigneux  en  construisent  d’excellentes 
en  fer  ; la  preuve  en  est  que  l’usage  de  ces 
dernières  se  généralise  de  plus  en  plus  et 
que  des  horticulteurs-marchands,  français 
et  étrangers,  des  plus  renommés  pour  l’im- 
portance de  leur  production  en  font  con- 


Fig.  88.  — Carneau  d’aération  dans  les 
soubassements  de  serres. 


struire  de  nouvelles  qui  joignent  au  bon 
usage  l’avantage  de  l’économie  résultant  de 
leur  longue  durée. 

Si  l’emploi  du  fer  ou  du  bois  est  discu- 
table lorsqu’il  s’agit  de  petites  serres 
chaudes,  la  comparaison  n’est  plus  possible 
dans  la  construction  de  serres  moyennes  ou 


Fig.  89.  — Fer  à gouttière  pour  pannes  de  serres. 

grandes.  En  effet,  le  bon  marché  du  métal, 
dont  la  résistance  est  plus  grande  sous  un 
volume  cinq  fois  moindre,  la  facilité  avec 
laquelle  on  lui  donne  toutes  les  formes,  la 
variété  et  le  perfectionnement  des  modes 
d’ouverture,  la  plus  grande  quantité  de  lu- 
mière, contribuent  à rendre  le  fer  bien 
supérieur  au  bois  pour  l’économie,  la  soli- 
dité et  l’élégance. 

Les  conditions  spéciales  qui  président  à 
la  construction  des  serres  en  fer  doivent 
tendre  aux  résultats  suivants  : 


CONDITIONS  DE  BONNE  CONSTRUCTION  DES  SERRES. 


391 


Fig.  90.  — Vue  intérieure  d’une  travée  de  serre.  Assemblage  des  fers  spéciaux  pour  la  circulation  de  la  buée. 


1° Conserver  la  chaleur  intérieure; 

2° Procurer  une  aération  rationnelle; 

3°  Produire  le  moins 
de  huée  possible  et  en 
éviter  la  chute. 

Pour  atteindre  ce 
triple  but,  on  assurera 
l’herméticité  complète 
par  l’établissement  de 
feuillures  et  de  contre- 
feuillures  à tous  les 
châssis  ; on  pourra  en 
outre,  lorsqu’il  y aura 
des  pignons  vitrés  ou 
d’autres  parties  de  la  serre  exposées  au 
nord,  protéger  celle-ci  par  un  double  vitrage 


établi  sur  des  fers  spécialement  laminés  à 
cet  effet  (fig.  87).  On  devra,  comme  cela  se 
fait  généralement,  évi- 
ter que  l’entrée  des 
serres  soit  exposée  au 
nord  et  les  munir, 
autant  que  possible, 
de  doubles  portes. 
Voilà  pour  la  conser- 
vation de  la  chaleur. 

Quant  à l’aération 
rationnelle,  on  l’ob- 
tiendra au  moyen  de 
plaques  à coulisse, 
appelées  carneaux,  dans  les  soubassements 
en  maçonnerie  (fig.  88),  de  façon  à ce  que, 


Fig.  91.  — Fer  spécial  recueillant  la  buée  à la 
base  du  comble  et  la  faisant  écouler  au 
dehors  sans  perte  de  calorique. 


Fig.  92.  — Coupe  sur  une  travée  de  serre  sans  traverses  intérieures,  et  à minimum  de  surface  métallique. 


392 


CONDITIONS  DE  BONNE  CONSTRUCTION  DES  SERRES. 


sans  produire  de  courants  d’air  sur  la 
Lâche,  l’air  extérieur  vienne  se  substituer  à 
l’air  intérieur,  qui  s’échappera  par  des  châs- 
sis ou  autres  ouvertures  mobiles  et  graduées, 
établies  à la  partie  la  plus  élevée,  suivant  la 
destination  de  la  serre.  D’autres  Châssis  ou 
ouvertures,  de  systèmes  simples  et  solides, 
pourront,  à la  condition  de  ne  pas  gêner  les 
plantes,  être  ménagés  aux  pieds-droits  et 
sur  les  versants. 

Le  troisième  point  est  plus  délicat.  Nous 
avons  fait  breveter,  en  1861,  un  système  de 
gouttières  en  fer  (fig.  89),  qui  recueillait  la 
buée  sous  les  pannes  ou  traverses  et  sous  les 
fermes  de  la  serre  (fig.  90),  pour  la  conduire 
jusqu’au  pied-droit,  où  un  chenal  en  fer  la- 
miné, d’un  modèle  particulier  (fig.  91),  l’é- 
coulait à l’extérieur.  Nous  ne  nous  étendrons 
pas  sur  les  nombreuses  qualités  de  ce  sys- 
tème bien  connu  et  que  nous  avons  nous- 
mêmes  employé  avec  succès  pendant  20  ans  ; 
l’expérience  nous  a conduit  à de  nouveaux 
perfectionnements  que  nous  allons  indiquer. 

La  production  de  la  buée  étant  en  raison 
directe  des  surfaces  métalliques  intérieures, 
et  les  pannes  ou  traverses  où  elle  se  pro- 
duit et  s’accumule  en  déterminant  la  chute 
toujours  sur  les  mêmes  lignes  horizon- 
tales, nous  avons  donc  cherché  à réduire 
d’ahord  au  minimum  les  surfaces  métal- 
liques apparentes  à l’intérieur,  et  à sup- 
primer les  pannes  également  au  dedans. 

Dans  ce  but,  nous  avons  fait,  il  y a quelques 
années,  laminer  spécialement  des  fers  of- 
frant moins  de  surface  à l’intérieur  de  la 
serre.  Les  chevrons  ont  une  nervure  supé- 
rieure A en  forme  de  petit  rail  (fig.  92)  pour 
être  fixés  à une  traverse  extérieure;  le 
corps  des  fermes  se  trouve  de  toute  sa 
hauteur  en  saillie  au  dehors,  encadrant 
mieux  les  claies  à ombrer  et  les  empê- 
chant de  se  recouvrir  les  unes  les  autres  ; 
enfin,  les  traverses  extérieures  sont  en  fer 
demi-rond,  ne  formant  ainsi  aucun  obstacle 
au  déroulement  des  claies  et  des  paillas- 
sons, et  empêchant  le  frottement  des  cor- 
deaux sur  les  joints  du  vitrage. 

Dans  des  serres  chaudes  à Orchidées, 
nous  sommes  arrivés  à éviter  la  production 
de  la  buée  en  recouvrant,  par  des  tringles 
de  sapin,  les  fers  à l’intérieur  ; nous  avions 
ainsi  les  avantages  du  fer  sans  encourir  les 
effets  de  la  condensation. 

En  ce  qui  touche  la  vitrerie,  elle  se  faisait 
généralement  à recouvrement  et  à contre- 
mastiquage.  Ce  moyen  présente  l’inconvé- 
nient de  laisser  perdre  une  partie  du  calo- 
rique, et,  les  poussières  s’accumulant  à 


chaque  recouvrement,  forment  une  bande 
noire  qui  diminue  l’action  de  la  lumière  et 
fait  obstacle  à l’écoulement  de  la  buée,  qui 
tombe  alors  à l’intérieur. 

Pour  obvier  à ces  inconvénients,  divers 
systèmes  de  joints  en  zinc,  étain,  plomb  et 
autres  matières  ont  été  mis  en  pratique. 
Ces  joints,  curvilignes  pour  la  plupart,  sont, 
à leur  milieu,  c’est-à-dire  à leur  partie  la 
plus  basse,  percés  d’une  petite  ouverture 
par  laquelle  la  buée  provenant  de  la  vitre 
supérieure  s’échappe  à l’extérieur.  Ces  sys- 
tèmes ingénieux  mais  coûteux  remplissaient, 
de  prime  abord,  le  but  auquel  ils  étaient 
destinés,  mais  bientôt  l’orifice  se  bouchait 
et  le  résultat  était  nul. 

Un  mode  de  vitrage,  d’un  bel  aspect 
extérieur  et  remplissant  toutes  les  conditions 
désirables  d’herméticité,  a été  imaginé  par 
M.  Célard.  C’est  le  vitrage  à joints  vifs, 
recouverts  extérieurement  de  couvre-j oints 
doubles  préparés  à l’avance;  ces  couvre- 
j oints,  composés  de  matières  convenables  et 
posés  par  un  temps  sec,  sont  d’une  grande 
durée  et  d’un  remplacement  facile.  Les  joints, 
bien  mis  en  rapport,  par  un  ouvrier  soi- 
gneux, déterminent  le  glissement  de  la  buée 
d’une  vitre  sous  l’autre  jusqu’au  pied-droit.; 
néamoins,  l’emploi  de  nos  gouttières  est 
dans  ce  cas,  sinon  indispensable,  du  moins 
de  bonne  précaution.  Nous  avons  employé 
pendant  vingt  ans  ce  système  avec  succès 
et  notre  successeur  en  continua  l’usage. 

Signalons  encore  un  perfectionnement.  Il 
arrive  souvent,  dans  les  serres,  que  les  dalles 
de  pierre  qui  recouvrent  les  soubassements 
en  maçonnerie  verdissent,  s’effritent  ou  se 
délitent  et  causent  des  dégâts  regrettables. 
On  évitera  de  semblables  inconvénients  en 
se  servant  des  dalles  en  fonte  semblables  à 
celles  que  nous  avons  établies  à l’Ecole 
de  Pharmacie  et  à l’une  des  serres  du 
Luxembourg;  d’une  pose  prompte  et  facile, 
ces  dalles  sont  assemblées  avec  la  serre,  dont 
elles  augmentent  ainsi  la  solidité  ; leur  prix 
n’est  pas  plus  élevé  que  celui  de  la  pierre  ; 
de  plus,  leur  parfaite  régularité  et  la  teinte 
qu’on  leur  donne  pour  leur  faire  figurer  la 
pierre  les  rendent  agréables  à l’œil. 

Voilà  donc  la  serre  susceptible  d’être  con- 
sidérablement améliorée  et  construite  dans 
des  conditions  dont  les  principes  généraux 
que  nous  venons  d’esquisser  ne  sauraient  être 
mis  en  doute.  Sur  ces  bases  rationnelles,  elle 
peut  être  encore  l’objet  de  nombreux  perfec- 
tionnements qui  ne  manqueront  pas  de  se 
développer  successivement. 

Dormois. 


UN  NOUVEAU  KŒLREUTERIA  DE  LA  CHINE  OCCIDENTALE. 


393 


UN  NOUVEAU  KŒLREUTERIA  DE  LA  CHINE  OCCIDENTALE 


Les  grands  massifs  montagneux  qui 
occupent  le  centre  de  l’Asie  réservent  encore 
bien  des  surprises  aux  botanistes  et  aux 
horticulteurs.  Après  les  nombreuses  explo- 
rations faites  dans  toute  la  chaîne  liima- 
layenne  et  dans  les  régions  adjacentes,  on 
pouvait  considérer  le  sujet  comme  épuisé  ; 
il  n’en  est 
rien,  et  la 
fécondité  de 
ces  mysté- 
rieuses con- 
trées ne  pa- 
raît nulle- 
ment dimi- 
nuée. N’a- 
t-il  pas  suffi 
des  recher- 
ches d’un 
seul  hom- 
me, d’un 
pauvre  mis- 
sionnaire 
perdu  dans 
la  plus  re- 
culée des 

provinces 
de  l’empire 

chinois, 
pour  dou- 
bler, en  qua- 
tre années, 
le  chiffre 
des  espèces 
de  certains 
genres  de  la 
Flore  asia- 
tique, tels 
queles  Rho- 
dodendron, 
les  Gentia- 
na,  les  Pri- 
mula,  etc.  1 ? 

Parmi  les  nombreuses  plantes  ornemen- 
tales découvertes  dans  les  montagnes  du 
Yunnam  par  M.  Delavay,  on  peut  citer,  en 
première  ligne,  un  superbe  Kœlreuteria. 
On  sait  que  jusqu’ici  ce  genre  n’était  repré- 
senté que  par  une  seule  espèce,  le  K.  pa- 

1 Sur  un  territoire  qui  n’est  pas  beaucoup  plus 
considérable  en  étendue  que  celui  du  département 
de  la  Seine.  M.  Delavay,  prêtre  des  Missions  étran- 
gères a découvert  32  Rhododendrons  nouveaux  et 
autant  de  Gentianes  et  de  Primevères. 


niculcita,  originaire  des  provinces  septen- 
trionales de  la  Chine,  souvent  cultivé  et 
résistant  bien  aux  hivers  sous  le  climat  de 
Paris.  Siebold  a fait  connaître  sous  le  nom 
de  K.  japonica  un  Kœlreuteria  qu’il  disait 
provenir  du  Japon;  mais  ce  n’est,  de  l’avis 
de  tous,  qu’une  simple  forme  du  K.  pani- 

culata. 

Ce  n’est 
point  ici  le 
lieu  de  faire 
la  descrip- 
tion de  cette 
anciennees- 
pèce  que 
tout  le  mon- 
de connaît; 
je  rappelle- 
rai seule- 
ment que 
c’est  un  ar- 
bre qui  ne 
dépasse 
guèrelOmè- 
tres , dont 
les  feuilles 
assez  molles 
et  un  peu 
grisâtres 
sont  for- 
mées de  six 
à dix  paires 
de  folioles 
largement 
ovales,  inci- 
sées - lobées 
à la  base, 
seulement 
crénelées  au 
sommet. 
Quelquefois 
les  deux  lo- 
bes basilaires  opposés,  dans  chaque  foliole, 
sont  complètement  distincts  ; la  feuille  peut, 
dans  ce  cas,  être  considérée  comme  incom- 
plètement bipennée. 

Le  nouveau  Kœlreuteria , dont  il  est  ici 
question,  est  absolument  distinct  du  K.  pa- 
niculata,  on  en  pourra  juger  par  la  des- 
cription qui  suit  : 

Kœlreuteria  bipinnata , Franch.,  Bulletin 
de  la  Société  botanique  de  France , t.  NXX1II 
(1886),  p.  463  (fig.  93). 

Arbre  de  20  mètres,  très-robuste  ; feuilles 


Fig.  93.  — Kœlreuteria  bipinnata. 
Rameau  florifère,  au  1/3  de  grandeur  naturelle. 
Ramille  florale  détachée  de  grandeur  naturelle. 


394 


l’origine  paléontologique  des  arbres 


grandes,  atteignant  70  centimètres  de  longueur 
sur  60  centimètres  de  largeur  à leur  base, 
régulièrement  bipennées  ; folioles  d’une  con- 
sistance coriace,  alternes,  distinctement  pétio- 
lulées,  glabres  ou  à peu  près,  d’un  vert  sombre 
en  dessus,  pâles  en  dessous,  ovales-lancéolées, 
avec  les  côtés  sensiblement  asymétriques,  bor- 
dées de  dents  fines  incombantes  et  brusque- 
ment acuminées.  Les  fleurs  ressemblent  beau- 
coup à celles  du  K.  paniculata  et  sont  d’un 
jaune  assez  vif,  avec  l’onglet  des  pétales  pur- 
purin ; elles  forment  de  larges  panicules  sou- 
vent assez  compactes.  Les  capsules,  largement 
ovales,  toujours  très-obtuses,  parfois  presque 
arrondies,  atteignent  jusqu’à  6 centimètres  de 
longueur,  et  prennent  avec  l’âge  une  coloration 
purpurine  assez  accentuée  ; les  graines  sont 
noires,  à peu  près  de  la  grosseur  d’un  petit 
Pois. 

Le  K.  bipinnata  croît  dans  les  bois  de 
Ta-long-tan,  au-dessus  du  Tapin-tza  (Yun- 
nam  central),  à une  altitude  de  1,800  mètres 
environ  ; il  fleurit  à la  fin  de  juillet  et  ses 
fruits  sont  mûrs  en  automne. 

C’est  un  arbre  très-remarquable  par 
l’ampleur  de  ses  feuilles  et  l’abondance  de 


ses  fleurs.  A l’automne,  il  prend  un  port 
particulier,  à cause  de  la  coloration  purpu- 
rine de  ses  grandes  capsules  vésiculeuses 
qui  forment  des  panicules  de  30  à 40  centi- 
mètres de  long  et  de  large.  Il  est  à pré- 
sumer qu’il  se  comportera  dans  les  cultures 
de  la  même  façon  que  son  congénère  le 
K.  paniculata.  Celui-ci  est,  à la  vérité, 
originaire  des  provinces  septentrionales  du 
nord  de  la  Chine.  Mais  il  ne  faut  pas 
oublier  que  si  le  K.  bipinnata  a été  trouvé 
dans  une  station  sensiblement  plus  méri- 
dionale, il  ne  croît  là  qu’à  une  altitude 
de  2,000  mètres,  ce  qui  compense  bien  la 
latitude.  Quoi  qu’il  en  soit,  la  culture  de  cet 
arbre  est  une  expérience  à faire  ; ses 
graines  germent  avec  la  plus  grande  faci- 
lité et  les  jeunes  plantes  se  développent 
rapidement.  En  admettant  même  que  le 
climat  de  Paris  ne  lui  soit  pas  favorable,  il 
est  à peu  près  certain  qu’il  s’accommodera 
très-bien  de  celui  de  nos  provinces  de 
l’ouest  ou  du  midi  de  la  France. 

A.  Franchet. 


L’ORIGINE  PALÉONTOLOGIQUE  DES  ARBRES 


Connaît-on  une  étude  plus  intéressante 
que  la  recherche  de  l’origine  préhistorique 
des  choses,  lorsque  surtout  des  preuves 
matérielles  sont  apportées  à l’appui  de  dé- 
couvertes faites  dans  le  passé  ? 

Quoi  de  plus  attachant  que  de  voir  succes- 
sivement apparaître  les  formes  ancestrales 
des  plantes  qui  existent  aujourd’hui,  de  les 
suivre  géologiquement  d’ère  en  ère,  de 
constater  les  modifications,  les  « affine- 
ments » qu’elles  ont  progressivement  subis, 
et  les  émigrations  qu’elles  ont  lentement 
faites  ? 

Nous  venons  de  lire  le  remarquable  ou- 
vrage que  M.  le  marquis  G.  de  Saporta  a 
récemment  publié  sur  ce  sujet.  Ses  longues 
et  laborieuses  recherches  et  études  l’ont  inti- 
mement initié  à cette  science,  et  nous  avons 
trouvé,  dans  le  traité  populaire  qu’il  vient 
de  mettre  au  jour,  un  grand  nombre  de 
constatations  et  de  déductions  du  plus  haut 
intérêt  pour  le  public  non  habitué  à ces 
hautes  spéculations  scientifiques  L 

Les  empreintes  trouvées  dans  les  diffé- 
rentes couches  de  la  surface  du  globe 

1 Origine  paléontologique  des  arbres  cultivés 
par  l’homme,  in  8°  de  360  pages,  avec  44  gravures 
intercalées  dans  le  texte.  — Librairie  J. -B.  Bail- 
lière, 19,  rue  Hautefeuille,  Paris. 


terrestre  ont  permis  de  reconstituer  l’his- 
toire de  l’apparition  successive  des  végétaux. 

Dans  la  période  géologique  primaire,  les 
terrains  dévoniens,  carbonifères  et  permiens 
révèlent  les  indices  de  l’existence  des  Cyca- 
dées,  des  Salisburiées  et  des  Dammarées, 
qui  sont  les  premiers  arbres  dont  l’existence 
a été  constatée.  Le  terrain  permien  rouge  de 
l’Oural,  de  cette  époque,  nous  montre  les 
empreintes  des  Gingkos,  ancêtres*’ de  celui 
qui  est  représenté  aujourd’hui  au  Japon  par 
une  seule  espèce,  le  G.  biloba  ( Salisburia 
adianti  folia). 

La  période  secondaire  ajoute  à ces  végé- 
taux, dans  les  terrains  jurassiques,  quelques 
Taxodinées,  Abiétinées,  Cupressinées,  des 
représentants  des  genres  Araucaria,  Wrid- 
dingtonia,  Pinus,  Abies,  Cedrus , et  dans 
les  terrains  crétacés,  d’assez  nombreux  pré- 
curseurs des  espèces  ligneuses  actuelles,  à 
feuillage  persistant  ou  caduc. 

Nous  voyons  alors  apparaître  des  Quer- 
cinées,  Laurinées,  Gastaninées  ; les  pre- 
mières Légumineuses  et  Sapindacées  ; les 
genres  Fagus , Platanus,  Magnolia , Lirio- 
dendron,  Aralia,  Hedera,  Comptonia, 
Nerium,  Dewalquea  ; puis  des  genres  au- 
jourd’hui disparus  : Credneria  et  Aspido- 
phyllum,  etc. 


POIS  A COSSE  JAUNE  D’OR. 


395 


L’époque  tertiaire  nous  dévoile  les  an- 
cêtres des  Châtaigniers,  des  Chênes  de  la  sec- 
tion Cerris ; des  Laurus,  Persea,  Cinna- 
monum , Sassafras  ; des  Chênes  verts , 
du  Lierre  d’Europe,  des  Saules.  Aux  formes 
déjà  existantes  viennent  s’ajouter  des  Phoe- 
nix et  Sabal,  des  Myrica,  Zizyphus, 
Acacia  ; les  premières  Bétulacées  et  Ulma- 
cées  européennes,  les  genres  Fraxinus, 
Catalpa,  Acer,  Ailantus,  Cercis,  Alnus, 
Carpinus , Populus,  Tilia. 

Enfin,  lors  de  l’époque  quaternaire  ou 
diluvienne,  les  forêts  actuelles  se  trouvent 
constituées. 

Mais,  dans  ces  forêts,  les  espèces  étaient- 
elles  à peu  près  réparties  comme  elles  le 
sont  aujourd’hui  ? Cette  grosse  question  est 
résolue  dans  le  sens  négatif. 

L’abaissement  graduel  de  la  tempéra- 
ture a peu  à peu  forcé  les  espèces  végétales 
à émigrer  vers  le  Sud. 

Pendant  la  période  secondaire,  sur  la 
couche  crétacée,  les  végétaux  alors  exis- 
tants, et  qui  sont  répartis  de  nos  jours  dans 
les  régions  tempérées  chaudes,  se  dévelop- 
paient à l’intérieur  du  cercle  polaire.  C’est 
pour  cette  raison  que  l’on  a retrouvé  au 
Groenland  les  traces  fossiles  d’un  Cycas , 
le  C.  Steenstrupi,  dont  les  caractères  sont 
intermédiaires  entre  ceux  du  C.  revoluta 
du  Japon  et  du  C.  siamensis , ce  qui  per- 
met de  dire  que  le  Japon  méridional,  auprès 


POIS  A 


Très-vigoureux  et  très-productif,  le  Pois  à 
cosse  jaune  d'or  atteint  1 mètre  et  plus  de 
hauteur,  et,  par  conséquent,  il  doit  être 
ramé,  quoique  ses  tiges,  bien  résistantes, 
se  tiennent  relativement  très-fermes.  En 
voici  la  description  : 

Tiges  d’un  vert  blond  ou  blanchâtre  dans 
toutes  leurs  parties,  lisses,  luisantes.  Cosses 
arquées,  parfois  géminées,  d’un  beau  jaune 
d’or  qui  ressort  parfaitement  sur  le  vert 
des  autres  parties  de  la  plante,  portées  sur 
un  pédoncule  de  même  couleur,  longues  de 
10  centimètres,  bien  pleines,  renfermant  de 
7 à 8 graines  très-rapprochées,  d’une  forme 
régulière.  Grains  bien  renflés,  non  ridés, 
à peau  unie,  lisse,  d’un  beau  vert  jaunâtre, 
tendres,  fondants,  sucrés  et  d’une  saveur 
très -agréable. 

Cette  variété  inédite  n’a  pas  seulement  le 
mérite  de  la  nouveauté,  elle  a tous  ceux  qui 


de  Nangasaki,  représente  à peu  près  ce  que 
devait  être,  lors  de  la  craie  récente,  le 
climat  de  la  région  arctique  groënlan- 
daise. 

En  même  temps  que  les  espèces  émi- 
graient du  Nord  vers  le  Sud,  celles  qui 
croissaient  sur  les  montagnes  suivaient  une 
marche  analogue,  en  s’abaissant  du  sommet 
vers  la  base,  obligées  qu’elles  étaient  de  se 
déplacer  ainsi  pour  se  trouver  toujours  dans 
les  mêmes  conditions  thermales. 

Nous  voudrions  pouvoir  suivre  M.  de 
Saporta  dans  les  chapitres  consacrés  au 
groupement  social  des  végétaux,  à l’origine 
et  à la  filiation  des  types  arborescents,  etc.  Il 
y aurait  là  des  enseignements  précieux  don- 
nant en  partie  la  clef  de  la  distribution  géo- 
graphique des  plantes  et  de  l’origine  des  es- 
pèces ; mais  il  est  impossible  de  résumer, 
de  condenser  une  œuvre  où  les  indications 
sont  aussi  nombreuses  et  toutes  de  grande 
valeur  scientifique.  Il  nous  sera  toutefois 
permis  de  remercier  l’auteur  d’avoir  mis 
ainsi  à la  portée  de  tous,  dans  un  ouvrage 
peu  volumineux  et  bien  écrit,  cette  science 
encore  nouvelle  de  la  phytopaléontologie 
dont  Ad.  Brongniart  a codifié  les  premières 
lois,  et  que  tant  de  nos  compatriotes,  comme 
MM.  B.  Renault,  Zeiller,  Grand’Eury  et 
l’auteur  lui-même  ont  contribué  à déve- 
lopper et  à illustrer. 

Éd.  André. 


JAUNE  D’OR 


constituent  une  variété  hors  ligne.  Elle  ap- 
partient à la  section  des  mange-tout , c’est- 
à-dire  que  ses  cosses,  bien  cassantes,  sont 
dépourvues  de  parchemin,  même  lorsqu’elles 
sont  déjà  très-développées.  D’autre  part,  la 
fixité  de  la  belle  couleur  jaune  des  cosses 
est  un  attrait  de  plus,  qui  prépare  ce  que 
la  saveur  ne  tarde  pas  à confirmer. 

Le  Pois  à cosse  jaune  d'or  sera  mis  au 
commerce,  cette  année,  par  MM.  Forgeot 
et  Cie,  6,  quai  de  la  Mégisserie,  à Paris.  Ce 
sera  une  des  plus  intéressantes  nouveautés 
de  l’année  ; nous  avons  la  certitude  qu’elle 
restera  au  commerce  et  fera  un  jour  par- 
tie des  légumes  courants,  c’est-à-dire  de 
ceux  qui  approvisionnent  les  marchés.  On 
est  même  en  droit  d’espérer  qu’elle  formera 
une  race , qui,  par  sa  descendance,  de- 
viendra la  souche  d’une  série  de  variétés 
méritantes.  E.-A.  Carrière. 


390 


HABEN ARI A MILITARIS. 


HABENARIA 

Dans  les  cultures  d’Orchidées  de  serres, 
les  espèces  épiphytes  ont  eu,  jusqu’à  pré- 
sent, le  pas  sur  les  espèces  terrestres.  C’est 
une  préférence  bien  explicable,  d’une  part 
à cause  de  la  beauté  des  fleurs  de  la  plu- 
part de  ces  plantes,  de  l’autre,  en  raison  de 
leur  étrangeté.  Nous  sommes  ainsi  faits, 
que  nous  préférons  toujours  ce  qui  sort  de 
l’ordinaire  et  que,  souvent,  la  bizarrerie 
constitue  un  attrait  supérieur  à celui  de  la 
beauté. 

Cependant,  combien  d’Orchidées  magni- 
fiques ou  simplement  gracieuses  appar- 
tiennent à la  tribu  de  celles  qui  prennent 
leur  point  d’appui  et  leur  nourriture  dans  le 
sol  même,  au  lieu  de  se  présenter  comme 
des  plantes  aériennes,  suspendues  aux  bran- 
ches des  arbres  ! 

Seul,  le  genre  Habenaria , l’un  des  plus 
vastes  de  la  famille  des  Orchidées,  et  dont 
les  400  espèces  sont  répandues  largement 
sur  toutes  les  régions  de  l’Ancien  et  du 
Nouveau  Monde,  suffirait  à doter  nos  cultu- 
res de  plantes  charmantes  que  l’on  n’a 
guère  songé  à y introduire  jusqu’ici.  Dans 
les  parties  tempérées  de  l’Amérique  du 
Sud  qu’il  m’a  été  donné  de  parcourir,  le 
Vénézuéla,  la  Colombie,  l’Ecuador  et  le 
Pérou,  j’ai  bien  souvent  rencontré  de 
beaux  Habenaria , qu’il  me  serait  agréa- 
ble de  voir  aujourd’hui  dans  nos  jardins 
et  dans  nos  serres,  et  qui  sont  encore 
intacts  dans  leurs  solitudes  presque  inex- 
plorées. 

L’espèce  qui  fait  l’objet  de  la  présente 
note  et  d’une  plante  coloriée  très-fidèle, 

Y Habenaria  militaris , est  originaire  des 
îles  Philippines,  où  M.  A.  Régnier  nous  dit 
l’avoir  découverte  en  décembre  1885.  La 
température  moyenne  du  fieu  était  d’envi- 
ron 20  degrés  centigrades.  C’est  une  pré- 
cieuse indication  pour  la  culture,  qui  devra 
se  faire  en  serre  chaude.  « La  montagne 
sur  laquelle  croissaient  ces  plantes,  nous 
écrit  M.  Régnier,  avait  plusieurs  petites 
sources  qui  se  réunissaient  en  une  seule  et 
formaient  une  cascade.  J’ai  recueilli  mes 
plantes  dans  les  fentes  des  rochers  remplies 
de  détritus  végétaux,  le  long  des  sources. 
Au  moment  des  grandes  pluies,  ces  sources 
se  trouvent  grossies  et  débordent  sur  les 
roches  environnantes,  ce  qui  rend  la  végé- 
tation de  Y Habenaria  militaris  admira- 
ble. » 


MILITARIS 

Description.  — Orchidée  terrestre,  à 
tiges  hautes  de  50  centimètres  et  plus. 
Feuilles  longues  de  15  à 25  centimètres, 
linéaires,  lancéolées,  aiguës,  embrassantes 
à la  base  rétrécie,  d’un  vert  glaucescent. 
Inflorescences  en  épi  dressé,  portant  de 
20  à 30  fleurs,  à bractées  inférieures  oblon- 
gues,  accuminées  aiguës,  égalant  l’ovaire  et 
son  pédicelle.  Fleurs  à sépale  dorsal  navi- 
culaire  ; sépales  latéraux  oblongs,  aigus, 
défléchis,  révolutés  ; pétales  apiculés,  li- 
néaires ; labelle  trifide  à lobes  latéraux 
oblongs,  dolabriformes,  divariqués,  à lobe 
médian  brièvement  onguiculé , oblong , 
bifide,  à divisions  triangulaires  ; éperon 
filiforme  comprimé  aigu,  plus  long  que 
l’ovaire  avec  son  pédicelle;  division  mé- 
diane du  rostellum  cornue  triangulaire. 

En  décrivant  cette  nouveauté,  M.  Rei- 
chenbach  ajoute  1 que  « jamais  soldat  an- 
glais n’a  porté  une  tunique  d’un  plus  bel 
écarlate  que  le  labelle  de  cette  plante.  » 
C’est,  en  effet,  une  couleur  superbe  qui 
rappelle,  en  plus  clair,  les  beaux  périantlies 
de  YEpidendrum  vitellinum  et  qui  est 
digne  des  épithètes  laudatives  de  tout  or- 
chidophile  digne  de  ce  nom. 

Ici  nous  nous  trouvons  en  présence  d’une 
question  délicate,  celle  de  la  patrie  de  la 
plante.  A l’article  du  Gardeners’  Chro- 
nicle  se  trouve  ajoutée  la  mention  que 
cette  patrie  est  la  Cochinchine,  où  M.  Go- 
defroy-Lebeuf  a découvert  la  forme  naine. 
M.  Reichenbach  ajoute  même  qu’il  a Vu  les 
exemplaires  séchés  sur  place,  et  il  les  déter- 
mina, à cause  de  leur  petite  taille,  sous  le  nom 
à’ Habenaria  pusilla  2.  Ce  n’est  qu’après 
avoir  vu  les  échantillons  de  M.  Régnier 
atteignant  près  de  deux  pieds  de  haut,  que 
l’auteur  ne  crut  pas  devoir  conserver  la 
première  appellation  et  changea  ce  qualifi- 
catif en  militaris. 

La  plante  serait-elle  à la  fois  originaire 
des  Philippines  et  de  Cochinchine  ? Les 
deux  régions  ne  sont  pas  très  près  l’une  de 
l’autre.  Nous  n’avons  pas  qualité  pour  ju- 
ger ce  point  litigieux  et  nous  nous  conten- 
tenterons,  en  terminant,  de  citer  le  mode 
de  culture  que  M.  A.  Régnier  recommande 
à très-juste  titre. 

Culture.  — Terre  chaude,  température 

1 Gard.  Chron.,  1886,  vol.  26,  p.  518.  — Will., 
Orchid  Album , v.  6,  pl.  281. 

2 Orch.  bot.  hamb.,  1878,  p.  33. 


Revu  e Horticole  . 


ChronwlaJv.  G-.S&oere* 


eyns. 


Habenana  mihtans. 


soàard , a 


CERISIER  COMMUN  PLEUREUR. 


397 


de  15  à 20  degrés  centigrades.  Compost  de 
Sphagnum  et  de  débris  de  P oly podium  vul- 
gare , avec  un  fort  drainage  de  tessons  et 
charbon  de  bois.  La  floraison  a lieu  de  sep- 
tembre à octobre,  et  la  plante  peut  donner' 
un  bon  rapport  pour  la  fleur  coupée  et  l’or- 
nementation des  serres  par  son  coloris 
écarlate.  En  ne  la  divisant  pas,  elle  formera 
de  belles  touffes  pouvant  produire  de 
10  à 15  hampes  florales.  Après  la  déflorai- 


son, on  doit  cesser  complètement  les  arro- 
sages pour  les  reprendre  aux  mois  d’avril- 
mai.  Il  faut  alors  tenir  les  plantes  toujours 
humides  et  ne  les  laisser  recevoir  le  soleil 
qu’indirectement. 

Avec  ce  traitement,  YHabenaria  mili- 
taris  constituera  pour  les  serres  chaudes 
un  élément  décoratif  de  premier  ordre. 

Éd.  André. 


CERISIER  COMMUN  PLEUREUR 


Trouvée  dans  un  semis  de  Cerise  aigre, 
cette  variété,  cultivée  franche  de  pied 
dans  les  environs  de  Paris,  a conservé  tous 
les  caractères  généraux  du  type.  En  voici 
une  description  sommaire  : 

Arbuste  buissonneux,  relativement  nain. 
Branches  rapprochées,  grêles,  longuement 
étalées,  pendantes.  Rameaux  à écorce  lisse, 
luisante,  gris  cendré.  Bourgeons  grêles, 
flexueux,  à écorce  vert  roux.  Feuilles  régu- 
lièrement dentées,  à dents  courtes,  généra- 
lement petites,  celles  des  bourgeons  un  peu 
plus  grandes,  ordinairement  glanduleuses, 
courtement  pétiolées  ; limbe  largement 
ovale,  à glandes  peu  nombreuses,  globu- 
leuses, placées  à la  base  du  limbe,  vers 
l’extrémité  du  pétiole.  Pétiole  petit,  coloré 
à la  base.  Fleurs  blanches,  s’épanouissant 
de  bonne  heure  au  printemps,  assez  résis- 
tantes. Fruits  très-nombreux,  pendants, 
oblongs,  plus  longs  que  larges,  de  22  à 
24  millimètres  de  longueur,  sur  16  de  dia- 
mètre, arrondis  au  sommet,  tronqués  à la 
base,  où  se  trouve  une  grande  cavité  régu- 
lière, dans  laquelle  est  insérée  une  queue 
ténue  d’environ  5 centimètres  de  longueur. 
Peau  d’un  beau  rouge  sombre  brillant. 
Chair  adhérente  au  noyau,  diaphane,  légè- 
rement rosée,  douce,  non  aigrelette.  Eau 
assez  abondante,  de  saveur  agréable.  Noyau 
longuement  ovale,  à testa  blanc  jaunâtre, 
très-uni,  long  d’environ  1 centimètre,  dé- 
pourvu de  carène,  rétréci  régulièrement 
aux  deux  extrémités. 

Cette  variété,  qui  mûrit  ses  fruits  dans  la 
première  quinzaine  de  juin,  est  triplement 
précieuse,  par  sa  fertilité,  sa  hâtiveté  et  la 
beauté  de  ses  fruits,  qui,  très-nombreux, 
font  pencher  toutes  les  parties  vers  le  sol  et 
donnent  à l’ensemble  de  l’arbre  un  cachet 
tout  particulier  de  beauté.  Au  point  de 


vue  ornemental,  c’est  à plusieurs  titres  que 
cette  variété  peut  être  employée,  d’abord 
pour  décorer  les  massifs  dans  les  parterres 
de  petites  dimensions.  Dans  ces  conditions, 
l’arbre  est  d’abord  joli  par  son  port  et  son 
feuillage  abondant,  d’un  beau  vert,  auquel 
bientôt  viennent  s’ajouter  une  grande  quan- 
tité de  fleurs  d’un  joli  blanc,  bientôt  rem- 
placées par  des  fruits,  qui,  pendant  plus 
d’un  mois,  produisent,  par  leur  belle  cou- 
leur rouge,  un  effet  splendide.  D’autre  part, 
les  dimensions  relativement  naines  qu’ac- 
quièrent les  arbres  font  qu’on  peut  les 
cultiver  en  pots  ou  en  caisses,  pour  être 
employés  à diverses  ornementations , et 
finalement  être  placés  sur  la  table  quand 
l’époque  de  la  maturité  des  fruits  est  arri- 
vée. Dans  ces  conditions,  ces  plantes  seront 
doublement  bien  accueillies  : d’abord  par 
les  yeux,  qu’elles  auront  réjouis  pendant 
tout  le  repas,  ensuite  par  le  palais,  qui  en 
sera  rafraîchi. 

On  pourrait  aussi  traiter  les  arbres  en 
petites  boules  qu’on  élèverait  sur  une  tige 
plus  ou  moins  élevée  ; ou  bien  à l’aide 
d’une  taille  appropriée,  leur  donner  telle  ou 
telle  forme  que  l’on  jugerait  convenable.  Le 
tout,  ici,  se  réduirait  donc  à une  question 
de  traitement  qui  dépend  de  l’horticulture 
et  est  du  domaine  de  la  pratique. 

Outre  les  avantages  que  nous  venons  de 
faire  connaître,  qui  sont  propres  à l’écono- 
mie domestique  (ornement  ou  spéculation), 
le  Cerisier  dont  nous  parlons  forme  un 
intermédiaire  entre  la  Cerise  aigre  (type  de 
Montmorency  et  la  Merise  des  bois  (type 
de  la  Guigne).  Avec  le  port  et  la  végétation 
du  premier,  il  se  relie  au  second  par  la 
nature  de  sa  chair,  qui,  douce  et  sucrée, 
rappelle  celle  de  la  Guigne. 

E.-A.  Carrière. 


398 


LE  CAFÉIER,  DESCRIPTION  ET  HISTOIRE. 


LE  CAFÉIER 

DESCRIPTION  ET  HISTOIRE 


Le  Caféier  est  un  arbrisseau  apparte- 
nant à la  famille  des  Rubiacées.  On  le 
regarde  généralement  comme  originaire 
des  provinces  méridionales  de  la  Haute- 
Abyssinie,  d’où  il  aurait  été  transporté 
dans  l’Arabie-Heureuse  ou  Yémen,  vers 
la  fin  du  XVe  siècle.  Cependant,  comme 
il  croît  en  abondance  dans  cette  partie 
du  globe,  quelques  botanistes  le  croient 
originaire  de  l’Yémen.  On  l’a  rencontré 
aussi  à l’état  sauvage  ou  subspontané  à 
Rio  Nunez  (Sénégal),  à la  RAunion  et  au 
Brésil.  Ce  furent  les  Hollandais  qui  im- 
portèrent les  premiers  le  Caféier  en  Eu- 
rope. En  1690,  Van  Horn  parvint  à se 
procurer  quelques  pieds  à Moka  et  les 
introduisit  à Batavia,  où  ils  réussirent 
parfaitement.  Il  envoya  à Amsterdam  un 
plant  que  l’on  parvint  à multiplier  par 
graines.  En  1712,  un  pied  fut  remis  à 
Louis  XIV  qui  le  üt  placer  dans  les  serres 
du  Jardin-des-Plantes  où  il  fructifia  fort 
bien.  Peu  de  temps  après,  on  en  expé- 
dia trois  pieds  aux  Antilles  ; ils  furent 
remis  à Desclieux,  gentilhomme  normand, 
enseigne  de  vaisseau,  qui  ne  parvint,  dit-on, 
à en  conserver  un  qu’en  partageant  avec 
lui  sa  ration  d’eau.  C’est  de  ce  pied  que 
sont  sorties  les  plantations  de  la  Guade- 
loupe, de  la  Martinique,  de  la  Guyane,  de 
Saint-Domingue  et  de  toutes  les  autres  co- 
lonies européennes,  excepté,  toutefois,  les 
colonies  hollandaises. 

Le  Caféier  est  un  arbrisseau  pouvant 
atteindre  de  5 à 6 mètres  et  à forme  pyra- 
midale. Sa  tige  est  cylindrique,  ses  bran- 
ches sont  opposées,  un  peu  nerveuses, 
flexibles  et  grisâtres.  Les  feuilles  sont  oppo- 
sées, persistantes,  presque  sessiles,  sim- 
ples, entières  et  accompagnées  à leur  base 
de  stipules  intrapétiolaires,  acuminées  et 
réunies  en  gaîne  dans  une  étendue  va- 
riable. Ces  feuilles  sont  ovales-allongées, 
pointues,  un  peu  sinueuses  sur  les  bords, 
glabres,  d’un  vert  foncé,  à nervures  sail- 
lantes. Les  fleurs,  d’un  blanc  très-légère- 
ment rosé  et  d’une  odeur  suave,  sont  dis- 
posées en  cymes  composées,  à l’aisselle  des 
feuilles  supérieures.  Elles  sont  régulières  et 
bisexuées,  ont  un  réceptacle  concave  dans 
lequel  est  logé  un  ovaire  tout  à fait  in- 
fère, tandis  que  sur  ses  bords  s’insèrent 


un  calyce  à quatre  ou  cinq  lobes,  une  co- 
rolle gamopétale,  hypocratérimorplie  ou 
infundibuliforme,  à cinq  divisions  con- 
tournées, à tube  plus  ou  moins  long,  glabre 
ou  velu  à la  gorge,  des  étamines  alternes 
avec  les  divisions  de  la  corolle,  à filet  court 
paraissant  inséré  sur  son  tube  et  à an- 
thères incluses  ou  exsertes,  biloculaires, 
introrses  et  déhiscentes  par  deux  fentes 
longitudinales.  L’ovaire,  couronné  d’un 
disque  épigyne,  est  surmonté  d’un  style 
filiforme,  à deux  branches  stigmatiques  su- 
bulées;  il  renferme  deux  loges  contenant, 
sur  la  cloison  qui  les  sépare,  un  ovule  as- 
cendant, anatrope  avec  le  micropyle  en  bas, 
et  coiffé  d’un  large  obturateur  qui  dispa- 
rait après  la  fécondation.  Le  fruit  est  une 
drupe  charnue,  globuleuse  ou  oblongue, 
à deux  noyaux  coriaces  ou  chartacées,  con- 
vexes sur  le  dos  et  plans  sur  leur  face  ven- 
trale. Ils  contiennent  chacun  une  graine  de 
même  forme,  présentant  à sa  face  ventrale 
une  fente  longitudinale,  due  à l’enroulement 
de  la  graine  sur  elle-même.  Celle-ci  ren- 
ferme sous  ses  téguments  un  albumen 
corné,  à la  base  duquel  est  un  embryon 
quelquefois  courbe,  à radicule  infère  et  à 
cotylédons  foliacés  et  cordiformes.  Quel- 
quefois l’une  des  deux  loges  de  l’ovaire 
avorte  ; le  fruit  est  alors  plus  petit,  n’a 
qu’un  noyau,  et  la  graine,  toujours  convexe 
sur  le  dos,  présente,  sur  la  face  ventrale, 
deux  bourrelets  arrondis  séparés  par  la  fente 
longitudinale.  La  partie  employée  est  la 
graine,  qui  nous  arrive  très-rarement  en- 
tourée de  son  fruit,  quelquefois  enveloppée 
du  noyau  et  plus  souvent  nue  ; l’albumen 
corné  qu’elle  renferme  est  la  partie  la 
plus  importante  et  c’est  elle  qu’on  uti- 
lise. 

On  connaît  un  grand  nombre  d’analyses 
du  Café,  variant  dans  de  certaines  limites 
selon  les  espèces  examinées.  L’analyse  sui- 
vante du  café  Moka,  faite  par  Payen,  in- 
dique suffisamment  quels  sont  les  consti- 
tuants de  cette  graine  : 

Cellulose 34,000 

Eau  hygroscopique 12,000 

Matières  grasses 10,000  à 13,000 

Glucose,  dextrine,  acide  indéterminé.  15,500 

Légumine,  caféine 10,000 

Substance  azotée  albuminoïde  ....  3,000 


399 


LE  CAFÉIER,  DESCRIPTION  ET  HISTOIRE. 


Chloroginate  de  potasse  et  de  ca- 


féine   3,500  à 5,000 

Caféine  libre 0,800 

Huile  essentielle  solide 0,001 

Huile  essentielle  liquide 0,002 

Matières  minérales 6,697 


D’après  MM.  Bentham  et  Hooker,  on 
connaîtrait  une  vingtaine  d’espèces  de  Ca- 
féiers originaires  de  l’Asie,  de  l’Afrique  et 
des  îles  Mascareignes  ; mais  la  plus  célèbre 
de  toutes,  celle  qui  intéresse  à la  fois  la 
médecine,  l’hygiène,  l’économie  domes- 
tique et  même  politique,  est  le  Caféier 
d’Arabie  (Coffea  arabica).  Ce  Caféier  pré- 
sente, comme  presque  toutes  les  plantes 
cultivées  en  grand,  un  grand  nombre  de 
variétés  dues  soit  à la  forme  et  à la  grosseur 
des  graines,  soit  à leur  lieu  d’origine. 

Il  y a quelques  années,  il  a été  découvert 
par  M.  Humblot,  dans  la  Grande-Comore, 
deux  Caféiers  qui  paraissent  nouveaux.  Ces 
végétaux  croissent  dans  cette  île  à l’état 
sauvage  ; d’après  ce  voyageur,  leur  graine 
possède  toutes  les  qualités  du  bon  Café. 
Le  premier,  Coffea  Humblotiana,  H.  Bn., 
est  un  grand  arbre  qui  s’élève  à la  hauteur 
de  25  mètres  et  dont  le  tronc  atteint  la  gros- 
seur du  corps  humain  (1).  Ses  organes  de 
végétation  rappellent  ceux  du  C.  mauvi- 
tiana  ; son  écorce  est  grise  et  rugueuse.  Ses 
feuilles  très-glabres,  lancéolées,  sont  mem- 
braneuses, acuminées  et  tellement  atténuées 
à leur  base  que  c’est  à peine  si,  dans  une 
longueur  d’un  centimètre,  leur  pétiole  est 
totalement  dépourvu  de  l’extrémité  de  la 
décurrence  limbaire.  Ses  fruits  secs  sont 
noirs,  glabres,  obovoïdes  (longs  d’environ 
1 centimètre  1/2).  Mais  les  dimensions  de 
ses  fleurs  (2  centimètres  1/2  de  long  et  de 
large)  le  distinguent  des  espèces  qui  lui 
sont,  d’ailleurs,  analogues  ; elles  ne  sont 
pas  non  plus  sessiles  comme  celles  du 
C.  macrocarpa,  A.  Ri  ch.  ; leur  pédicelle 
atteint  environ  1 centimètre.  Le  calyce 
présente  un  petit  bourrelet  glanduleux  ver- 
ruqueux.  Les  divisions  de  la  corolle  sont 
largement  lancéolées  ; les  anthères  sont 
très-allongées;  les  divisions  du  style  semi- 
cylindriques  sont  un  peu  élargies,  vers  leur 
sommet  obtus.  La  coque,  pâle,  subréguière, 
avec  une  fente  à peu  près  médiane,  ren- 
ferme une  graine  tout  à fait  plane  en  de- 
dans, longue  de  plus  d’un  centimètre. 

L’autre  espèce,  le  C.  rachiformis , 

(1)  Un  tronc  rapporté  par  M.  Humblot  se  trouve 
à la  Galerie  de  Botanique  du  Muséum  d’Histoire 
naturelle  de  Paris.  * 


H.  Bn.,  ainsi  nommé  à cause  de  l’appa- 
rence de  ses  branches,  est  plus  petit,  plus 
trapu.  Ses  axes  sont  gris,  glabres,  mais 
tout  fendus  en  travers  et  comme  articulés 
en  rachis  ; ils  se  dilatent  beaucoup  au  ni- 
veau de  l’insertion  des  feuilles,  et  celles-ci 
sont  à peu  près  elliptiques,  seulement  deux 
fois  plus  longues  (environ  6 centimètres) 
que  larges.  Les  fleurs  sont  petites  (environ 
1 centimètre)  et  à peu  près  sessiles.  Le  fruit 
doit  être  bien  plus  court  que  celui  du 
C.  Humblotiana,  car  il  renferme  une 
seule  coque  fertile  qui  n’a  guère  que 
2/3  de  centimètre  de  long  ; elle  est 
courtement  ellipsoïde-obovée,  comme  la 
graine  qui,  étant  solitaire  dans  le  fruit, 
a une  section  transversale  circulaire  et 
constituerait,  d’après  ce  que  M.  Humblot, 
rapporte  de  ses  qualités,  une  excellente 
sorte,  de  celles  que  le  commerce  appelle 
Mokas.  Cette  espèce  atteint  4 à 5 mètres  de 
hauteur. 

Le  Coffea  libevica , Hiern,  est  une  espèce 
nouvelle  connue  depuis  quelques  années  ; il 
existe  à l’état  sauvage  sur  la  côte  de  Libéria 
qui  s’étend  du  cap  des  Palmes  à Sierra 
Leone  et  dans  plusieurs  localités  de  l’Afrique 
tropicale  occidentale.  La  qualité,  le  volume 
de  ses  graines,  sa  croissance  vigoureuse  et 
la  facilité  avec  laquelle  elle  résiste  aux 
parasites  qui  déciment  les  plantations  de 
Café  d’Arabie,  rendent  cette  plante  pré- 
cieuse pour  l’avenir  de  nos  colonies,  et  déjà 
elle  est  cultivée  avec  succès  dans  l’Inde  an- 
glaise, à Java  et  au  Brésil.  Ce  Caféier  est 
un  arbre  qui  peut  acquérir  de  20  à 30  pieds 
de  hauteur.  Les  feuilles  sont  grandes,  à 
pétiole  canaliculé  et  petit.  Le  fruit  varie 
dans  ses  dimensions  suivant  la  variété 
du  Caféier,  et  surtout  suivant  le  terrain 
dans  lequel  on  le  cultive.  C’est  ainsi  qu’on 
connaît  une  variété  à petites  baies  ; mais, 
la  variété  à grosses  baies  est  généralement 
préférée,  car  elle  donne  une  plus  grande 
quantité  de  graines  dont  la  qualité  paraît 
également  supérieure;  elle  peut,  dans  les 
terrains  secs,  se  modifier  et  donner  des 
baies  dont  le  volume  est  beaucoup  moin- 
dre. Il  semble  donc  facile  de  modifier  les 
dimensions  des  graines  suivant  le  mode 
de  culture  et  le  terrain  choisi.  Cette  es- 
pèce prospère  dans  les  pays  où  la  tempé- 
rature se  maintient  entre  22  et  30  degrés, 
aussi  bien  sur  les  côtes  que  sur  les  lieux 
élevés.  Il  lui  faut  un  terrain  humide,  mais 
à la  condition  que  les  racines  ne  soient  pas 
en  contact  avec  l’eau.  Sur  les  terrains  en 
pente,  sur  les  coteaux,  les  racines  doivent 


400 


CHRYSANTHEMUM  ÉTOILE  ü’OR  JAUNE  PALE. 


être  toujours  recouvertes  de  terre,  car  elles 
affleurent  le  sol  et  se  dessécheraient  vite 
au  soleil.  Aussi,  dans  la  saison  sèche,  con- 
vient-il de  les  recouvrir  de  gazon  desséché 
ou  de  paille.  Le  plant  lui-même  ne  redoute 
pas  trop  les  rayons  solaires,  et,  s’il  est  bon 
de  l’abriter,  on  peut  employer  dans  ce  but 
des  plantes  annuelles.  Ce  Caféier  se  repro- 
duit de  semis  que  l’on  repique  quand  les 
jeunes  plants  ont  trois  ou  quatre  mois,  en 
les  espaçant  l’un  de  l’autre  de  4 mètres  en- 
viron, car  il  est  nécessaire  que  l’air  et  la 
lumière  puissent  les  frapper  directement 
pour  obtenir  une  végétation  vigoureuse. 
Bien  que  cet  arbre  résiste  aux  organismes 
inférieurs  qui  dévastent  les  plantations, 
tels  que  YHemileia  vastatrix,  il  est  ur- 
gent de  couper  les  arbres  ou  leurs  parties 
qui  en  sont  atteintes,  et  de  les  brûler  loin 
des  plants  de  Caféier.  Quand  l’arbre  est  en 
pleine  végétation,  on  peut  l’étèter  comme 
on  le  fait  pour  le  Caféier  ordinaire,  ou 
l’abandonner  à toute  sa  croissance.  D’après 
certains  rapports,  le  rendement  en  graines 
serait  tel  que  20  acres  de  terrain  plantés  de 

CHRYSANTHEMUM  ÉT( 

Il  y a déjà  quelques  années,  on  obtenait 
au  parc  de  la  Tète-d’Or,  à Lyon,  une  va- 
riété de  Chrysanthème  qui,  par  l’ensemble 
de  ses  caractères  généraux , sortait  du 
Chrysanthemum  frutescens,  dont,  toute- 
fois, elle  différait  un  peu  par  sa  nature,  son 
feuillage  plus  maigre,  ses  rameaux  plus 
grêles  et  plus  allongés,  mais  surtout  par 
ses  fleurs  beaucoup  plus  grandes  et  d’un 
très-beau  jaune.  Cette  variété,  qui  reçut  le 
nom  à’ Étoile  d'or,  s’est  multipliée  par  bou- 
ture, ainsi  du  reste  qu’on  le  fait  du  Chry- 
santhemum frutescens , et  servait  aux 
mêmes  usages  décoratifs  que  ce  dernier. 
Toutefois,  dans  les  semis  que  l’on  faisait  de 
la  variété  Étoile  d'or,  se  trouvaient  tou- 
jours quelques  individus  qui  différaient  du 
type,  mais  pas  assez,  pourtant,  pour  attirer 
l’attention  et  constituer  des  variétés  dis- 
tinctes. Plus  récemment,  on  a été  plus  heu- 
reux ; dans  un  semis,  on  en  remarqua  une 
à grandes  fleurs  bien  faites,  mais  de  cou- 
leur jaune  paille  ; nous  allons  la  décrire. 

Plante  robuste,  très-ramifiée,  à ramifica- 
tions dressées,  relativement  grêles.  Feuilles 
pennées,  épaisses,  sessiles,  semi-amplexi- 
caules,  à divisions  larges,  glabres,  d’un 
beau  vert  foncé.  Fleurs  de  6 centimètres  et 


Coffea  liberica  fourniraient  autant  de  pro- 
duits que  200  acres  plantés  en  Caféier 
d’Arabie  ou  de  Ceylan.  La  graine  possède 
un  parfum  des  plus  agréables,  et  l’on  espère 
modifier  le  plant  de  telle  façon  que  ses 
fruits  puissent  lutter  sans  désavantage  avec 
ceux  de  Moka.  Le  C.  liberica  a fleuri,  pour 
la  première  fois  en  France,  de  1881  à 1882, 
dans  les  serres  du  Jardin  botanique  de 
l’École  de  médecine  de  Paris. 

On  a aussi  découvert,  au  Brésil,  une 
nouvelle  variété  de  Caféier  qui  porte  le  nom 
de  Maragogipe,  et  qui  se  distingue  par  les 
dimensions  de  ses  feuilles,  deux  fois  plus 
grandes  que  celles  du  Caféier  d’Arabie,  et 
par  la  grosseur  de  sa  graine,  dont  le  parfum 
ne  le  cède  en  rien  à celui  des  meilleures 
sortes.  Son  rapport  paraît  être  considé- 
rable. A trois  ans,  il  atteint  une  hauteur  de 
3 à 4 mètres,  et  la  récolte  est  déjà  des  plus 
rémunératrices.  Sa  culture  paraît  déjà 
s’étendre  dans  le  Brésil. 

Henri  Joret, 

Ancien  jardinier  en  chef  du  gouvernement 
au  Sénégal. 


LE  I)’0R  JAUNE  PÂLE 

plus  de  diamètre,  portant  à la  circonférence 
une  rangée  de  ligules  (demi-fleurons)  très 
rapprochées,  se  recouvrant  par  leurs  bords, 
parfois  même  comme  superposées  et  pré- 
sentant un  commencement  de  duplicature. 
Ligules  très  longuement  et  étroitement 
elliptiques,  arrondies  au  sommet,  qui  est  lé- 
gèrement échancré  au  centre,  d’un  jaune 
paille,  portant  vers  le  centre  deux  carènes 
très-saillantes  en  dessus.  Involucre  peu  dé- 
veloppé, relativement  plat.  Fleurs  centrales 
(fleurons)  tubuleuses,  courtes,  d’un  jaune 
foncé,  formant  une  saillie  conique  assez 
sensiblement  bombée.  Écailles  de  l’invo- 
lucre  petites,  courtes,  fortement  appliquées. 

De  même  que  le  Chrysanthemum  fru- 
tescens type,  la  plante  dont  nous  parlons 
se  multiplie  par  graines  et  par  boutures. 
On  sème  à partir  de  janvier  et  février 
jusqu’en  mai,  d’abord  sous  châssis,  puis 
en  pleine  terre,  quand  les  froids  ne  sont 
plus  à craindre;  on  repique  les  plants  en 
leur  donnant  des  soins  appropriés  à leur 
force  et  surtout  à l’époque  et  aux  condi- 
tions dans  lesquelles  on  opère  ; les  repi- 
quages d’été  se  font  en  pleine  terre,  en 
pépinière  ou  en  place.  Les  premiers  repi- 
quages se  font  en  pots  qu’on  place  sous 


ÆCHMEA  DRAKEANA. 


m 


châssis  jusqu’à  ce  que  la  saison  permette 
de  les  livrer  à la  pleine  terre.  Ces  semis, 
qui  fleurissent  sans  interruption  jusqu’à 
l’arrivée  des  gelées,  outre  qu’ils  ornent  par- 
faitement les  massifs  et  les  plates-bandes, 
ont  cet  autre  avantage  de  fournir  une 


grande  ressource  pour  couper  des  fleurs 
servant  à la  décoration  des  tables.  Pour 
cela  on  en  fait  des  massifs  spéciaux,  dans 
un  lieu  particulier,  c’est-à-dire  non  consa- 
cré à l’ornementation. 

E.-A.  Carrière. 


ÆCHMEA  DRAKEANA 


La  plante  nouvelle  dont  nous  donnons 
aujourd’hui  une  description  a été  dé- 
couverte, en  1882,  par  M.  Poortman,  dans 
l’Ecuador,  près  de  Zaraguro,  au  cours  du 
voyage  d’exploration  qu’il  fit  dans  l’Amé- 
rique du  Sud  sous  ma  direction,  aux  frais 
de  MM.  A.  Marne,  E.  Drake  et  Ed.  André.  Nos 
lecteurs  ont  déjà  pu  admirer  quelques  plantes 
remarquables  rapportées  de  cette  explora- 
tion. Nous  citerons  les  Philodendron  Ma- 
mei,  Solanum  albidum  Poortmani , Ono- 
seris  Drakeana,  VerbesinaMameana,eie., 
dont  la  Revue  horticole  a publié  des  des- 
criptions et  des  figures.  Il  reste  d’autres  es- 
pèces qui  paraîtront  successivement,  au  fur 
et  à mesure  de  leur  floraison. 

L ’Æchmea  Drakeana  ne  le  cède  pas  en 
beauté  à ses  devancières  et  n’excitera  pas 
un  moindre  intérêt.  Par  ses  feuilles  gra- 
cieusement arquées,  son  calyce  et  son  ovaire 
d’un  beau  ton  de  laque  rose,  sa  longue  co- 
rolle d’un  bleu  de  ciel  qui  semble  empruntée 
à quelque  charmant  Billbergia,  la  plante 
peut  lutter  avec  succès  contre  les  autres 
jEchmea ; par  sa  rareté,  elle  les  éclipse 
tous.  On  ne  possède,  en  effet,  qu’un  seul 
pied  de  cette  plante  inconnue  jusqu’ici  dans 
les  cultures.  Ce  pied  vient  de  fleurir,  pour 
la  première  fois,  dans  mes  serres  de  Lacroix, 
en  Touraine.  En  attendant  que  la  Revue 
publie,  en  planche  coloriée,  l’inflorescence 
que  nous  avons  fait  peindre,  voici  la  descrip- 
tion de  la  plante  1 : 

Æchmea  Drakeana,  Ed.  André,  nov.  spec.  — 
Feuilles  au  nombre  de  12  en  rosette,  étalées- 
décurves,  de  texture  parcheminée,  vert  tendre 
teinté  de  violâtre  en  dessous  par  transparence, 
finement  squammeuses- blanchâtres  sur  les 
deux  faces  (lépidotès),  longues  de  50  centi- 
mètres, larges  de  5 à 6 centimètres,  canali- 
culées,  à bords  longuement  ondulés,  à base  peu 
dilatée,  à sommet  obtus  pourvu  d’un  mucron 
court  spinescentnon  réfléchi,  brun  comme  les 

1 L’exemplaire  observé  étant  unique,  on  pourrait 
peut-être  constater  sur  d’autres,  ultérieurement, 
quelques  différences  dans  les  dimensions,  le  nombre 
des  feuilles  et  des  fleurs,  etc.  Ed.  A. 


dents  marginales  distantes,  courtes,  droites, 
triangulaires-aiguës.  Hampe  atteignant  (avec 
l’inflorescence)  45  centimètres,  dressée,  rigide, 
de  7 millimètres  de  diamètre,  cylindracée,  vio- 
lacée à la  base,  rouge  au  sommet,  sillonnée, 
couverte  d’un  tomentum  blanc  saillant  sur  les 
bractées  apprimées  ou  semi-embrassantes, 
étroitement  lancéolées-afguës,  pâles,  longues 
de  4 à 6 centimètres.  Inflorescence  longue  de 
15  centimètres,  en  épi  simple,  érigé,  oblong, 
laxiflore.  Fleurs  au  nombre  de  26,  sessiles, 
distantes  à la  base,  plus  rapprochées  au  som- 
met, d’abord  assurgentes,  puis  s’abattant  à 
angle  droit  sur  le  rachis  au  moment  de  l’an- 
thèse,  chacune  sous-tendue  d’une  bractée 
linéaire  subulée  incurvée,  diminuant  graduel- 
lement vers  les  fleurs  du  sommet.  Calyce  adné 
à l’ovaire,  obscurément  trigone  verruqueux, 
tous  deux  d’un  beau  rose  laque  brillant,  longs 
ensemble  de  2 centimètres  ; sépales  glabres, 
imbriqués,  obtus,  à pointe  apicale  courte  re- 
dressée. Corolle  longue  de  4 centimètres,  d’un 
charmant  bleu  de  ciel  ; pétales  trois  fois  plus 
longs  que  les  sépales,  en  lanière,  rassemblés 
en  tube,  pâles  à la  base,  à sommet  étalé  ar- 
rondi acutiuscule,  à bord  supérieur  ponctué  de 
saillies  indigo.  Étamines  à filets  blancs,  rap- 
prochés, cylindracés,  insérés  un  peu  au-dessus 
de  la  base  des  pétales,  à anthères  oblongues 
blanches.  Style  dépassant  à peine  les  étamines, 
d’un  beau  bleu  de  lapis-lazuli,  à trois  branches 
obtuses-spiralées. 

Nous  ignorons  quel  avenir  horticole  est 
réservé  à cette  plante  nouvelle  ; mais  l’accueil 
sympathique  qu’elle  a reçu  à ses  débuts 
de  la  Société  nationale  d’horticulture  de 
France,  et  où  elle  a reçu  une  haute  dis- 
tinction, une  prime  de  première  classe, 
dans  la  séance  du  42  juillet  dernier,  est 
un  sûr  garant  que  son  mérite  n’a  pas 
été  exagéré.  Quand  d’heureuses  fructifi- 
cations auront  permis  de  la  multiplier, 
elle  sera  certainement  fort  recherchée  des 
amateurs,  que  sa  rareté  et  sa  beauté 
tenteront,  et  des  horticulteurs,  qui  trouve- 
ront en  elle  les  qualités  d’une  plante 
agréable,  très -florifère  et  peu  encom- 
brante. 

En  attendant,  YÆchmea  Drakeana , que 


MOSAÏCULTURE  HUMORISTIQUE. 


402 

je  dédie  à M.  Emm.  Drake  del  Castillo, 
en  souvenir  de  ses  travaux  botaniques  et  de 
son  patronage'  effectif  dans  le  voyage  de 
M.  H.  Poortman,  reste  le  type  précieux 
d’une  forme  rare  dans  ce  genre  de  Bromé- 


liacées et  le  spécimen  unique  et  intéressant 
d’une  espèce  restée  jusqu’à  ce  jour  dans  une 
forêt  vierge  du  versant  oriental  des  Andes, 
au  sud  de  la  République  de  l’Équateur. 

Ed.  André. 


MOSAÏCULTURE  HUMORISTIQUE 


La  plupart  des  jardiniers  américains  se 
sont  livrés  avec  enthousiasme  à la  décoration 
florale  la  plus  recherchée.  Le  génie  yankee 
s’est  donné  libre  cours  en  ce  sens,  et  les 


dessins  d’ornementation  florale  ont  pris,  aux 
États-Unis,  les  formes  les  plus  compliquées, 
quelquefois  aussi  les  plus  bizarres. 

Les  portraits  des  grands  hommes  ont  été 


Fig.  94.  — Une  aimable  surprise. 

Pendant  Vabsence  de  son  mari , en  voyage  d’affaires,  la  charmante  Mme  Childers  a employé  un 
jardinier -paysagiste  qui  lui  avait  été  recommandé  comme  un  « parfait  artiste  ».  Ce  dernier  a 
presque  terminé  son  travail  au  moment  où  a lieu  le  retour  de  M.  Childers. 


reproduits,  quarante  fois  plus  grand  que  na- 
ture, avec  imitation  aussi  rapprochée  que 
possible  des  couleurs,  au  moyen  des  plantes 
habituellement  employées  pour  ce  genre  de 
décoration  : divers  instruments,  quelques- 
uns  utiles,  furent  construits  de  la  même 
manière. 

Il  est  probable  que  certaines  exagérations 
se  sont  produites  en  ce  sens,  et  qu’elles  ont 
motivé  le  dessin  qu’a  publié  un  journal 
américain,  The  American  Florist,  et  dont 


nous  avons  fait  faire  la  copie  ci-dessus, 
(fig.  94)  accompagnée  de  la  légende  origi- 
nale. 

L’  « artiste  »,  on  le  voit,  n’a  pas  perdu 
son  temps,  et  M.  Childers,  consterné,  semble 
se  demander  comment  il  va  pouvoir  faire 
culbuter  les  décorations  florales  très  variées  : 
chats,  chiens,  paire  de  souliers,  oiseaux  et 
« gentlemen  »,  qui  ornent  ses  pelouses.  Ce 
qui  lui  sera  plus  difficile,  ce  sera  de  rendre 
une  forme  naturelle  aux  malheureux  arbres 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’iIORTICULTURE  DE  FRANCE. 


403 


que  le  Landscape-gardener  a convertis  en 
arrosoirs,  en  paire  de  gants,  etc.,  rappelant 
de  très-loin  les  anciens  jardins  du  moyen 
âge. 

Si  de  pareilles  plaisanteries  pouvaient 


tuer  le  mauvais  goût  chez  certains  jardi- 
niers bien  peu  dignes  de  ce  nom,  nous  nous 
applaudirions  d’avoir  reproduit  cette  fan- 
taisie humoristique  de  notre  confrère  amé- 
ricain. P.  Cornuault. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  9 AOUT  1888. 


Comité  de  floriculture. 

M.  Alexandre  Régnier,  horticulteur  à Fon- 
tenay-sous-Bois,  présentait  un  énorme  et  très- 
joli  bouquet  de  Phalænopsis  Esmeralda , gra- 
cieuse Orchidée  à fleurs  rouge  violacé  très-vif, 
de  serre  tempérée,  excellente  nouveauté  trop 
peu  répandue,  se  tenant  fort  bien  dans  les 
appartements  et  dont  la  floraison  avait  com- 
mencé il  y a trois  mois. 

Par  M.  Rousseau,  jardinier  chez  M.  le  comte 
H.  de  Ghoiseul,  à Viry-Ghâtillon  (Seine-et-Oise)  : 
un  Catasetum  Bungerothi , Orchidée  vigou- 
reuse, à feuilles  plissées,  allongées,  garnie 
d’une  grande  et  grosse  grappe  retombante  de 
fleurs  charnues,  blanc  un  peu  jaunâtre,  d’une 
forme  triangulaire  très-originale.  Cette  espèce, 
découverte  en  1885  dans  la  vallée  de  l’Oré- 
noque,  est  d’une  culture  très-simple;  on  met 
les  plantes  aussi  près  que  possible  du  verre, 
on  les  tient  à sec  pendant  quatre  mois,  et 
vers  l’époque  de  leur  floraison,  on  commence 
à les  arroser. 

Du  même  présentateur,  un  bouquet  de 
Glaïeuls  fort  beaux,  vigoureux,  jaune  pâle 
légèrement  saumoné,  teinté  de  rose  sur  les 
bords  et  marqué  d’une  large  macule  carmin 
sur  les  deux  pétales  inférieurs. 

Ce  semis  a été  reconnu  comme  provenant 
de  la  variété  Lafayette , récemment  mise  au 
commerce. 

Par  M.  Émile  David,  jardinier  à Savigny-sur- 
Orge  : 9 variétés  de  Gladiolus  gandavensis , 
semés  en  1886  ; les  fleurs  en  étaient  très-belles, 
très-amples,  de  tons  variés,  rose,  rouge  écar- 
late, d’autres  carminées,  saumon,  unies  ou  à 
bords  rouge. 

Par  M.  Lequin,  horticulteur  à Glamart  : un 
lot  de  4 variétés  de  Glaïeuls  rustiques  à larges 
macules,  rose,  rose  lilacé  et  rose  saumoné. 
Ges  Glaïeuls  rustiques,  outre  qu’ils  ont  l’avan- 
tage de  passer  l’hiver  en  pleine  terre,  sont 
beaucoup  plus  hâtifs  que  les  G.  gandavensis. 

Par  M.  Dupanloup  et  Cie,  à Paris  : une 
collection  très-variée  de  fleurs  coupées  de 
Reines-Marguerites  pyramidales,  très-grandes, 
mais  un  peu  plates. 

MM.  Miot  père  et  fils,  horticulteurs  à Langres, 
avaient  envoyé  des  Œillets  de  Chine,  dont  les 
fleurs  n’offraient  pas  un  grand  intérêt. 

Comité  de  culture  maraîchère. 

Par  M.  Georges  Chemin,  maraîcher  à Issy  : 


des  rameaux  chargés  de  fruits  d’une  variété 
très-productive  de  Tomates,  non  dénommée  et 
mise  au  commerce  en  1884.  Les  plantes  culti- 
vées en  plein  champ,  palissées  à des  échalas, 
rapportent  abondamment. 

Par  M.  Vaternelle,  jardinier  chez  M.  Falan- 
son,  à Villers-Cotterets  (Aisne)  : une  corbeille 
de  Cerfeuil  bulbeux  très-volumineux,  d’un  bon 
aspect. 

Par  M.  Hédiard , place  de  la  Madeleine  à Paris  : 
des  Haricots  Hédiard  Saint-Ciboire , genre 
H.  Beurre , sans  parchemin,  variété  naine,  très- 
productive,  venue  des  Indes,  à grains  moyens, 
blancs,  tachetés  de  violet,  excellents,  de  très- 
bon  goût  ; des  Piments  forts  rouges  de  Mar- 
seille, et  des  Piments  forts  jaunes  de  Marseille , 
assez  petits,  coniques,  mais  d’une  saveur  fort 
agréable  ; des  fruits  de  Gornbo  ( Hibiscus  escu- 
lentus)  et  de  Maïs  sucré  d’Amérique , à grains 
ridés  ; ces  derniers  spécimens  avaient  été  ré- 
coltés dans  le  midi  de  la  France. 

Comité  d’arboriculture  fruitière. 

MM.  Baltet  frères  avaient  envoyé  une  collec- 
tion de  belles  Pommes  peu  répandues  : Rose 
de  Bohême , Astrakan  rouge , Titowka , Saint- 
Germain,  Borowitsky , etc.  ; des  fruits  de 
Malus  fastigiata , dans  le  genre  d’un  gros  Api 
à longue  queue,  verdâtre,  strié  de  rouge,  à 
calyce  longuement  feuillu,  et  des  fruits,  de 
même  grosseur  que  ces  derniers,  d’un  M.  mi- 
crocarpa  baccata , à fruits  arrondis,  jaune  ver- 
dâtre d’un  côté  et  rouge  légèrement  vergeté 
du  côté  exposé  au  soleil,  à queue  moyenne. 

M.  Chevalier  fils,  de  Montreuil-sous-bois, 
exposait  une  corbeille  de  Pêches  Early  Rivers , 
Early  Victoria , Alexander , se  ressentant  un 
peu  de  l’été  pluvieux. 

Par  M.  Girardin,  horticulteur  à Argenteuil  : 
diverses  Figues  de  plein  vent. 

Comité  d’arboriculture  d’ornement. 

M.  Max.  Cornu  avait  apporté  du  Muséum  : 
1°  un  rameau  de  Rubus phœnicolasius,  Maxim., 
espèce  du  Japon,  très-ornementale  ; la  tige 
souple,  couverte  ainsi  que  les  pédicelles  et  le 
dessous  du  calyce  de  poils  moux,  rouge  bru- 
nâtre, est  garnie  de  feuilles  d’un  vert  foncé 
bleuté  en  dessus,  à face  inférieure  glauque, 
légèrement  duveteuse,  et  terminée  par  une 
I grappe  de  fruits  rouge  écarlate  foncé  ; cet  en- 


404 


GRAND  CONCOURS  HORTICOLE  DE  BRUXELLES. 


semble  présentait  un  aspect  charmant;  2°  un 
bouquet  de  Ronces  à gros  fruits  de  Colliger, 
variété  reçue  d’Angleterre,  à fruits  assez  gros, 
savoureux,  noirs,  luisants,  et  employés  en 
Angleterre  pour  faire  d’excellentes  confitures. 

L’École  d’horticulture  de  Saint-Philippe,  à 
Meudon,  exposait  une  collection  de  Roses  peu 
connues  qui,  par  la  vigueur  de  leur  tige  plus 
ou  moins  sarmenteuse,  seraient  employées 
avec  succès  dans  le  mélange  des  massifs,  entre 
autres,  R.  rugosa  rubrifolia  à feuilles  pour- 
pres, très-ornementales  ; R.  microphylla , es- 
pèce originale,  à palisser  contre  un  mur,  se 
couvrant  de  fleurs  rose-carminé  et  de  fruits 
ressemblant  à une  Châtaigne  ; les  feuilles  ont 
10  à 12  folioles,  et  la  plante  pousse  vigou- 
reusement ; R.  clinophylla , espèce  vigoureuse 
très-florifère  ; R.  moschata , espèce  africaine, 
se  garnissant  abondamment  de  nombreuses 
fleurs  blanches  très  parfumées,  formant  de  gros 
bouquets  à l’extrémité  des  rameaux. 

GRAND  CONCOURS  ROI 

Bruxelles  est  en  fête  depuis  le  commen- 
cement de  la  saison  d’été.  L’emplacement 
affecté  au  « Grand  Concours  des  Sciences 
et  de  l’Industrie  » comprend  un  vaste  pa- 
lais qui  offrait  à des  expositions  horticoles 
variées  un  local  grandiose.  Les  deux  asso- 
ciations horticoles  bruxelloises,  la  Société 
royale  de  Flore  et  la  Société  royale  Linnéenne 
de  Bruxelles,  ont  fusionné  à cette  occasion 
pour  la  première  fois.  Elles  ont  mis  une 
fois  de  plus  en  vigueur  la  noble  devise  des 
Belges  : L’union  fait  la  force.  Du  5 mai 
au  31  octobre,  des  exhibitions  horticoles 
variées,  comprenant  successivement  les 
arbres  et  arbustes  d’ornement  de  pleine 
terre,  les  plantes  herbacées,  les  Ruses,  les 
fleurs  sèches,  les  produits  maraîchers,  les 
plantes  de  serre,  les  fruits,  ont  été  ou  se- 
ront organisées  par  leurs  soins. 

Convié  comme  membre  du  jury  à la  plus 
importante  de  ces  expositions,  celle  qui 
s’appliquait  aux  plantes  de  serres  et  où 
nous  avons  eu  l’honneur  de  remplir  les 
fonctions  de  secrétaire-général,  il  nous  a été 
donné  de  voir  une  fois  de  plus  l’horticul- 
ture belge  affirmer  ses  progrès  et  de  pouvoir 
constater  ses  succès. 

L’exposition  a été  ouverte  le  19  août.  Des 
points  les  plus  divers  de  la  Belgique  : 
Bruxelles,  Gand,  Anvers,  Liège,  etc.,  les 
spécialistes  ont  envoyé  de  nombreuses  et 
riches  collections,  toutes  en  parfait  état  de 
culture,  et  l’effet  produit,  par  ce  rare  as- 
semblage de  belles  fleurs  et  de  riches  feuil- 
lages, dans  la  grande  salle  des  fêtes  du  pa- 


Par  MM.  Baltet,  de  Troyes,  une  collection 
d’Érables  en  fruits,  d’Althéas  en  fleurs  et 
autres  essences  dignes  d’intérêt:  un  Evonymus 
linifolius , à feuilles  petites,  étroites,  garni  de 
jolis  fruits  rose  carminé,  longuement  pédicel- 
lés  ; les  Fusain  d’Europe  à feuilles  pourpres , 
Prunus  Pissardi  de  race  allemande,  dont  les 
feuilles  redevenues  vertes  ne  se  montraient 
colorées  que  sur  les  branches  étranglées  par 
l’étiquette;  Cratægus  de  Korolkow,  espèce  du 
Turkestan,  à fruits  jaunes;  Érable  de  Colchide , 
à feuilles  tricolores , jolie  nouveauté  à belle 
panachure  blanche,  teinté  de  rose  à l’extrémité 
des  rameaux  ; Acer  Ginnala,  variété  de  VA. 
tataricum , à feuilles  arquées  lancéolées  ; 
Érable  Griffe  de  Procureur , à feuilles  très- 
laciniées,  déchirées  jusqu’au  pétiole  ; Érable 
plane  cucullë , à feuilles  triangulaires  laci- 
niées  ; É.  de  Léopold , le  plus  beau  des  Éra- 
bles panachés,  etc. 

Ch.  Tiiays. 

FICOLE  DE  BRUXELLES 

lais  de  l’exposition,  était  vraiment  remar- 
quable. 

La  disposition  générale,  sous  l’inspiration 
des  dignes  présidents  des  deux  Sociétés, 
M.  le  comte  L.  de  Grunne  et  M.  de  Midde- 
leer,  et  grâce  au  concours  dévoué  des  deux 
secrétaires,  MM.  L.  Lubbers  et  T.  Ver- 
nieuwe,  était  excellente  ; le  groupement 
des  plantes  était  des  plus  heureux.  Ce  n’é- 
tait pas  une  tâche  facile  à remplir  que  d’at- 
tirer l’attention  du  public  et  d’emporter  le 
suffrage  du  jury,  après  les  grandes  floralies 
qui  avaient  émerveillé  les  visiteurs  en  avril 
dernier,  à l’Exposition  quinquennale  de 
Gand. 

Malgré  l’état  avancé  de  la  saison,  les 
Orchidées  ont  encore  brillé  du  plus  vif 
éclat.  Parmi  les  concurrents,  deux  surtout 
se  sont  fait  remarquer. 

M.  Peeters,  de  Bruxelles,  se  présentait 
avec  une  collection  comprenant  de  très- 
nombreuses  espèces  et  variétés  admirable- 
ment fleuries,  et  offrant  cette  rare  qua- 
lité d’être  exempte  de  répétitions.  Malgré 
l’aridité  d’une  semblable  nomenclature,  il 
peut  paraître  utile  à bon  nombre  de  nos 
lecteurs  de  lire  les  noms  de  quelques-unes 
de  ces  plantes.  En  effet,  si  les  Orchidées 
brillent  généralement  de  leur  plus  vif  éclat 
aux  exhibitions  printanières,  il  en  résulte 
aussi  un  inconvénient  : c’est  que  la  plupart 
des  propriétaires  qui  ne  viennent  que  tard 
en  saison  s’installer  à la  campagne  ne  peu- 
vent plus  en  jouir,  et  qu’ils  ne  voient  alors 
de  leurs  plantes  que  des  pseudo-bulbes 


GRAND  CONCOURS  HORTICOLE  DE  BRUXELLES. 


405 


peu  séduisants  lorsqu’ils  sont  dépouillés  de 
leurs  fleurs.  Il  est  donc  intéressant  de  leur 
démontrer  qu’en  choisissant  de  préférence 
les  espèces  suivantes,  ils  peuvent  avoir  des 
Orchidées  en  fleurs  pendant  l’été.  Voici 
quelques-unes  de  celles  qu’exposait  M.  Pee- 
ters  : Cattleya  Gigas,  C.  Harissoni,  C.  bi- 
color  Wallaerti,  C.  Dowiana,  C.  superba 
splendens,  C . Leopoldi,  C.  Wavneri,  C. 
citvina,  C.  velutina,  C.  xanthina ; Milto- 
nia  Moreliana , M.  vexillaria ; Lælia 
crispa , L.  cinnabarina , Cœlogyne  Mas- 
sangeana,  Odonloglossum  crispum  variés, 
O.  grande,  O.  Schlieperianum,  O.  bicto- 
niense  album.  O.  Harryanum,  Oncidium 
crispum,  O.  prætextum,  O.  Forbesii , O. 
varicosum  Rogersii , dasystyle,  incurvum, 
ornithorhynchum,  Epidendrum  vitelli- 
num , Anguloa  Clowesii,  Aerides  cornu- 
tum,  Cypripedium  Leeanum,  C.  Harri- 
sianum  nigrum,  le  rare  C.  Sanderia- 
num,  etc.,  etc. 

La  collection  voisine,  également  fort 
belle,  portait  l’étiquette  d’une  dame  dont 
nous  avions  déjà  apprécié  les  belles  cul- 
tures à Gand  et  à Paris,  Mme  Block, 
de  Bruxelles.  Une  certaine  quantité  des 
espèces  et  variétés  précédentes  se  trou- 
vaient dans  les  lots  qu’elle  exposait,  et 
où  nous  avons  encore  remarqué  : Onci- 
dium sarcodes  superbum,  O.  Krameri, 
O.  Blockæ,  Catasetum  Bungerothi,  Sta- 
nhopea  Jenischiana,  S.  graveolens,  An- 
guloa uniflora,  Aerides  suavissimum, 
Cattleya  Randi,  C.  Gigas  variés,  C.  Gas- 
kelliana,  Phalænopsis  Esmeralda,  Aga- 
nisia  cyanea,  Odontoglossum  latimacu- 
latum,  O.  Lindleyanum,  O.  mirandum, 
O.  Pescatorei,  O.  brevifolium,  O.  Jenning- 
sianum,  Dendrochilum  filiforme,  Acineta 
Humboldti , Vanda  suavis,  V.  tricolor, 
Aerides  affine,  Saccolabium  Blumei  ma- 
jus,  S.  guttatum,  Cypripedium  bellatu- 
lum,  C.  Sedeni,  C.  Stonei,  C.  Dominya- 
num,  C.  supercïliare,  C.  Laver enceanum, 
C.  Crossianum,  C.  Ashburtoniæ,  C.  java- 
nicum,  etc. 

Les  Palmiers  de  la  même  exposante 
étaient  beaux,  de  même  qu’un  joli  lot  de 
Dracénas  et  quelques  autres  plantes. 

Mais  c’est  dans  le  lot  de  M.  Tasson  que 
nous  avons  remarqué  les  plus  beaux  Rha- 
pis  flabelliformis,  Kentia  Forsteriana, 
Scibal  Palmetto,  Phoenix  canariensis, 
Areca  sapida,  A.  Baueri,  Cocos  Bon- 
neti,  etc.,  toutes  espèces  fort  connues, 
mais  en  grands  exemplaires.  M.  Halkin  et 
M.  Moens  se  présentaient  également  avec  de 


beaux  apports  de  Palmiers,  et  nous  avons 
salué  au  passage  le  Cocos  Yatai  deM.  Spae 
fils. 

Les  Pandanées  de  M.  Spae  Vandermeu- 
len,  de  M.  d’Haene,  de  MM.  Jacob-Makoy 
formaient  aussi  de  précieux  ornements  de 
l’exposition. 

Décoratives  au  premier  chef  par  leurs 
formes  majestueuses  ou  élégantes,  les  Fou- 
gères arborescentes  de  M.  Vervaet,  de 
Gand,  de  MM.  L.  de  Smet,  Wallem  et  fils, 
Massaert,  ne  le  cédaient  en  délicatesse  de 
formes  qu’aux  collections  de  Fougères  her- 
bacées de  MM.  Jacob-Makoy,  de  Liège, 
Massaert,  L.  de  Smet,  et  aux  Sélaginelles 
de  M.  Berckelaers. 

Les  Aroïdées  sont  toujours  les  préférées 
des  amateurs,  parce  qu’elles  joignent  sou- 
vent aux  feuillages  décoratifs  la  séduction 
des  spathes  colorées.  Parmi  les  espèces  aux 
belles  couleurs  sorties  de  l’hybridation  de 
Y Anthurium  Andreanum , il  faut  citer  au 
premier  rang  MM.  Jacob-Makoy,  que  nous 
voyons  d’ailleurs  triompher  dans  beaucoup 
d’autres  genres  à cette  exhibition. 

Parmi  les  hybrides  d’A.  Andreanum  de 
MM.  Jacob-Makoy,  nous  devons  noter  prin- 
cipalement : 

A.  A.  Prof.  C.  A.  Gillinet,  grandes 
spathes  d’un  beau  rouge  foncé. 

A.  A.  Dv  JSieprasck,  spathes  saumon 
foncé,  nuance  délicate. 

A.  A.  giganteum,  très-grandes  spathes. 

A.  A.  Madame  Grisar,  petites  spathes 
cordiformes,  courtes,  rouge  foncé. 

A.  A.  leodiense,  spathes  rouge  vif. 

A.  A.  Krameri,  grandes  spathes  sau- 
mon léger,  d’nn  ton  délicat. 

A.  A.  ferrierense,  rose  violacé,  bien 
connu,  le  premier  hybride  de  VA.  Andrea- 
num. 

A.  A.  Hooibrenckii,  grandes  spathes  en 
coupe,  couleur  magenta  comme  le  spadice. 

A.  A.  album,  spathes  blanches,  grandes. 

A.  A.  Makoyanum,  spathes  étalées,  san- 
guines, spadice  d’un  beau  jaune. 

A.  A.  Dv.  Jorisssenne,  spathe  dressée, 
rose  tendre,  spadice  gros,  blanc. 

Dans  le  même  envoi  on  remarquait  une 
nouvelle  Aroïdée  portant  le  nom  K An- 
thurium Enderianum.  C’était  une  forme 
de  VA.  magnificum  à feuilles  peltées,  or- 
biculaires  aiguës,  à nervures  entourées 
d’une  zone  argyrée.  Tout  auprès  se  voyaient 
encore  deux  plantes,  l’une  sous  lenomd’A. 
ornatum  grandiflorum  (on  avait  sans 
doute  voulu  dire  grandifolium,  car  les 
feuilles  étaient  grandes  et  les  fleurs  beau- 


406 


GRAND  CONCOURS  HORTICOLE  DE  BRUXELLES. 


coup  plus  petites  que  dans  le  type),  et  une 
forme  nommée  A.  Max  Kolb.  plante  sortie 
del’A.  Veitchii,  à fleurs  blanches,  à longs 
pétioles  et  à limbe  plus  court  que  l’espèce. 

Si  nous  passons  des  Aroïdées  fleuries  aux 
plantes  de  cette  famille  se  distinguant  par 
leur  beau  feuillage,  que  dirons-nous  des  su- 
perbes exemplaires  envoyés  par  la  maison 
^an  Houtte,  de  Gand  ? Les  Philodendron 
gloriosum,  Pli.  Sodiroi,  Anthurium  Lin- 
digii,  A.  Gustavi,  A.  Brownii,  Alocasia 
Van  Houttei,  A.  Sedeni,  Phyllotænium 
Lindeni,  s’ajoutaient  à d’autres  belles 
plantes  à feuilles  ornementales  : Dracæna 
neo-caledonica,  Todea  superba,  Cochlios- 
tema  Jacobianum  variegatum,  Tillandsia 
Pastuchoffiana  portant  une  hampe  à fleur 
de  lm  60  de  haut,  etc. 

Non  loin  de  là  nous  trouvons  M.  Dallière, 
de  Gand,  avec  : Schismatoglottis  Rœbelini, 
Maranta  Oppenlieimiana , Philodendron 
Andreanum , Cissus  porpliyrophyllum , 
Tillandsia  tessellata,  Croton  magnoliæ- 
folius , etc.,  tous  de  grandes  dimensions  et 
de  haute  culture. 

Admirables  aussi  étaient  les  plantes  des 
mêmes  concours  apportées  par  M.  Pauwels, 
d’Anvers  : Pandanus  ( Barrotia ) Pan- 
cheri , Dracæna  Youngii,  Zama  Vroomii , 
Dieffenbachia  Bowmanni,  Araucaria  ele- 
gans , Vriesea  imperialis  de  2m  50  de  dia- 
mètre, Philodendron  Sodiroi  sous  le  nom 
de  Pli.  imperialis,  etc. 

Les  plantes  nouvelles,  peu  nombreuses, 
comptaient  cependant  : 

1°  De  MM.  Jacob-Makoy  : Amomum 
vittatum , des  Indes  orientales;  Inga  Gla- 
ziouana,  du  Brésil  ; Dieffenbachia  Wend- 
landi,  de  Colombie;  Aralia  monstrosa 
aurea , du  Brésil  ; Inga  ferruginea  argen- 
tea , du  Brésil;  Curmeria  Leopoldi,  de 
Colombie,  etc.  ; 

2p  Le  Maranta  iconifera  de  M.  Dallière, 
voisin  du  M.  Makoyana , mais  à taches  oli- 
viformes  plus  marquées,  à feuilles  plus 
grandes,  brièvement  pétiolées,  étalées  et 
non  érigées  ; 

3°  Un  beau  Dicksonia  de  M.  d’Haene, 
de  Gand  ; 

4°  U Eremurus  Olgæ , de  M.  Krelage, 
de  Haarlem,  qui  avait  aussi  envoyé  la  cu- 
rieuse Orchidée  terrestre  nommée  Saty- 
rium  carneum  et  de  jolis  Montbretia ; 

5°  Le  Diclmrisandra  tæniensis  varie- 
gata  de  M.  Pynaert  Van  Geert,  et  quelques 
Fougères,  Olivia , Anthurium , etc. 

Une  courte  diversion  nous  amène  en  pré- 
sence d’un  lot  charmant,  des  Bégonias  tu- 


béreux  de  M.  Michiels,  de  Berchem-Sainte- 
Agathe.  Nous  avons  rencontré  de  plus 
grandes  fleurs,  à Paris  notamment.  Nulle 
part  nous  n’avons  vu  ces  plantes  plus  gra- 
cieuses, de  coloris  plus  frais,  plus  tendres, 
plus  variées,  roses,  blancs,  carnés,  soufre, 
orangés,  d’un  port  élégant  et  parfait. 

Une  famille  de  plantes  qui  a toutes  nos 
prédilections,  les  Broméliacées,  attire  nos 
regards  et  nous  conduit  droit  aux  lots  de 
MM.  Jacob-Makoy.  Nous  y retrouvons  en 
grande  partie  les  jolies  raretés  ou  nouveau- 
tés que  déjà  nous  avions  signalées  à Gand, 
et  parmi  lesquelles  nous  citerons  : Vriesea 
Makoyi,  V.  Ba7'illeti  guttata,  curieux  hy- 
bride; F.  Moensiana,  V.  Marechaliana, 
V.  psittacina  Morreni,  V.  retroflexa, 
Caraguata  Peacoki,  Tillandsia  macrope- 
tala,  Hoplophytum  spectabile,  H.  robus- 
tum  varieg.,  Nidularium  carcharhodon, 
Ganistrum  leopardinum,  Chevalliera  cro- 
cophylla , etc.  Toutes  ces  curiosités  étaient 
parfaitement  cultivées  et  la  plupart  fleuries. 

Les  Nepenthes  des  mêmes  exposants 
étaient  nombreux.  Leur  N.  Henry ana  por- 
tait 50  ascidies.  Mais  de  ces  plantes  à ur- 
nes, aucunes  ne  nous  ont  plus  intéressé 
que  les  nombreuses  formes  de  Sarracenia 
de  MM.  J.  Makoy.  Nous  y avons  noté  : les 
Sarracenia  exculpta , Swaniana,  Popei 
elegans,  Mitcheliana , Chelsoni,  Wilso- 
niana , W.  viridis , Tolliana , Moorei  su- 
perba, illustrata,  Maddisoniana , sans  ou- 
blier l’étrange  Darlingtonia  californica , 
aux  têtes  de  dauphin,  et  le  Drosera  capen- 
sis,  aux  feuilles  oblongues,  glanduleuses. 

C’est  un  véritable  sourire  au  milieu  de  la 
rigidité  des  feuillages  que  le  lot  de  plantes 
fleuries  en  mélange,  de  M.  Van  Ried,  de 
Bruxelles.  Plein  air,  serre  froide,  serre 
chaude,  avaient  contribué  à former  ce  bel 
ensemble,  aux  couleurs  éclatantes,  aux 
parfums  pénétrants. 

Enfin,  un  souvenir  est  dû  en  passant  aux 
Cocos  insignis  de  M.  Spae  ; au  Vriesea 
tessellata  fleuri  (avec  7 rameaux  sur  la 
hampe)  de  M.  J.  Makoy;  au  magnifique 
Anthurium  Andreanum  superbum  de 
M.  Boelens  ; à YÆchmea  Mariæ  reginæ 
du  même  exposant  (épis  cylindriques 
blancs  et  azurés,  grandes  bractées  ponceau, 
défléchies)  ; aux  Fougères  d’amateur  de 
M.  de  Ghellinck  ; aux  Araucaria  variés  de 
MM.  J.  M*akoy;  aux  Bertolonia  et  Sonerila 
si  gracieux  de  M.  Ed.  Pynaert  ; aux  Pélar- 
goniums  zonales  de  M.  F.  Pauwels  ; enfin, 
aux  charmants  Gloxinias  d’un  amateur 
aimable  et  distingué,  M.  Kegeljan,  de  Na- 


407 


LES  PÊCHERS  DANS  LA 

mur,  que  nous  gardons  pour  la  dernière 
citation,  mais  non  pour  la  moins  digne 
d’éloges,  au  contraire. 

Ainsi  esquissé  à grands  traits,  le  compte- 
rendu de  cette  exposition  donnera,  nous 
l’espérons,  l’impression  que  l’horticulture 
belge  possède  une  richesse  toujours  crois- 


DORDOGNE,  EN  1888. 

santé.  Cette  faculté  lui  permet  de  prendre 
des  formes  bien  diverses  et  de  se  présenter 
dans  la  capitale  du  royaume  sous  un  jour 
séduisant , meme  après  le  grand  effort 
qu’elle  avait  fait  à Gand  et  qui,  on  le  voit, 
est  loin  d’avoir  affaibli  ses  ressources  ni 
compromis  ses  succès.  Éd.  André. 


LES  PÊCHERS  DANS  LA  DORDOGNE,  EN  1888 


Par  suite  d’un  hiver  des  plus  accidentés 
sous  le  rapport  de  la  température  qui,  on 
s’en  souvient,  a passé  alternativement  et 
sans  transition  de  la  pluie  aux  fortes  gelées 
et  des  fortes  gelées  à la  neige,  nos  Pêchers 
de  plein  vent  présentaient,  au  moment  de 
la  végétation,  l’aspect  le  plus  délabré.  La 
désorganisation  cellulaire  provoquée  par  les 
gelées  et,  notamment,  par  le  séjour  des 
neiges  sur  les  branches,  était  si  complète, 
que  des  Pêchers  de  douze  à quinze  ans 
n’ont  même  pas  donné,  au  printemps,  le 
plus  petit  signe  de  vie. 

Je  n’ignore  pas  que  quelques  arboricul- 
teurs distingués  n’ont  vu,  dans  cette  mor- 
talité, que  l’effet  de  la  cloque  provoquée  par 
un  insecte,  le  Taphrina  deformans;  mais 
ayant  suivi  la  marche  de  cette  désorganisa- 
tion qui  s’est  généralisée  bien  au  loin  dans 
nos  campagnes,  je  ne  partage  pas  cette  opi- 
nion, voici  pourquoi  : 

On  sait  que  le  genre  Pêcher  proprement 
dit  constitue,  pomologiquement  parlant, 
cinq  groupes  bien  distincts,  que  l’on  peut 
déterminer  ainsi  : 

1°  Groupe  des  Pêchers  à chair  non  adhé- 
rente au  noyau,  dits  « femelles  » ; 

2°  Groupe  des  Pêchers  donnant  des  fruits  à 
chair  adhérente  au  noyau,  plus  désigné  sous  le 
nom  de  Pêchers  « mâles  » dans  le  Midi  ; 

3°  Le  groupe  des  Brugnoniers  à chair  adhé- 
rente et  non  adhérente  au  noyau  ; 

4°  Le  groupe  des  Pêchers  donnant  des  fruits 
à chair  pourpre  vineuse,  adhérente  et  non 
adhérente  au  noyau  ; 

5°  Et  enfin  le  groupe  des  Pêches  américaines 
à chair  adhérente  et  non  adhérente  au  noyau, 
avec  lequel  groupe  il  faut  aujourd’hui  compter. 

Or,  en  suivant  l’ordre  de  ces  groupes, 
j’ai  constaté  que  les  Pêchers  appartenant 
au  premier  groupe  avaient  été  bien  plus 
sensibles  au  froid  que  ceux  des  autres 
groupes,  notamment  dans  les  variétés  : 
Pourprée  hâtive , Belle  de  Vitry,  Belle- 
Bausse,  Belle  de  Douay,  Grosse-Mignonne 
hâtive,  Beine  des  Vergers,  Téton  de  Vé- 
nus, Belle  Conquête,  Bon-Ouvrier,  etc., 


tandis  que  notre  Madeleine  à chair  jaune, 
la  Boyale  hâtive  de  Bordeaux , notre 
Pêche  Vig'ene , ces  deux  variétés  à chair 
jaune  également,  plus  localisées  sans  doute, 
ont  été  bien  moins  éprouvées. 

Le  groupe  des  Pêchers  à chair  adhérente 
au  noyau,  ou  « mâles  »,  composé  en  partie 
des  variétés  : Pavie  de  Pomponne,  Pavie 
blanc,  Pavie  rouge,  Pavie  royal,  Pavie 
jaune,  Persèque  ou  Mirlicoton,  Pavie 
précoce , de  la  Saint-Martin , etc.,  peut  être 
considéré  ici  comme  le  groupe  le  plus  ré- 
sistant aux  froids,  aux  neiges  et  à toutes 
les  intempéries,  car  c’est  à peine  si  les  su- 
jets des  variétés  que  je  signale  se  sont  res- 
senties de  ces  variations  atmosphériques. 

Dans  le  groupe  des  Brugnons,  les  varié- 
tés Brugnon  jaune  femelle , Brugnon  rouge 
femelle,  Brugnon  blanc  femelle,  ont  été 
plus  éprouvées  et  plus  atteintes  dans  leur 
organisme  par  les  froids  que  les  variétés  à 
chair  adhérente,  mais  pas  au  point  cepen- 
dant de  compromettre  leur  existence.  On 
peut  même  considérer  ce  groupe  comme 
assez  résistant. 

Mais  il  n’en  est  pas  ainsi  du  groupe  des 
Pêchers  vineux,  qui  a été  fortement  atteint, 
notamment  les  variétés  à chair  non  adhé- 
rente au  noyau. 

Si  maintenant  nous  passons  au  groupe 
américain  proprement  dit,  il  faut  recon- 
naître que  si  la  variété  Amsden’s  est  la 
plus  rustique  du  groupe,  pas  un  sujet  de 
ma  collection  n’ayant  été  atteint 1 , il  n’en  a 
pas  été  ainsi  des  variétés  Baron  Dufour, 
Saint- Assicle,  Précoce  Victoria,  Précoce 
argentée,  qui  ont  été  assez  éprouvées,  tan- 
dis que  Précoce  de  Halle,  Précoce  de  Di- 
vers, ne  l’ont  été  qu’insensiblement. 

On  voit  par  ce  qui  précède  que  la  morta- 
lité des  Pêchers,  étant  en  rapport  avec  la 
constitution  plus  ou  moins  robuste  de  tel 
ou  tel  groupe,  ne  peut  pas  être  attribuée  à 
une  autre  cause  qu’aux  effets  de  la  gelée, 

1 Les  Pêches  Amsden’s,  toutes  à chair  adhé- 
rente au  noyau,  n’ont  mûri  cette  année  à Bergerac 
que  du  16  au  30  juillet. 


408 


CORRESPONDANCE. 


car  la  cloque  a d’autant  moins  contribué  à 
cette  mortalité,  qu’elle  ne  sévit  jamais  que 
sur  les  parties  herbacées  des  Pêchers.  Or, 
tous  nos  Pêchers  étaient  morts  et  bien 
morts  avant  la  pousse. 


A mon  point  de  vue,  nous  ne  possédons, 
en  arboriculture,  que  des  données  vagues  et 
incertaines  sur  les  causes  et  les  effets  de  la 
cloque.  Gagnaire, 

Horticulteur  à Bergerac. 


CORRESPONDANCE 


N°  4183  (Marné).  — Nous  vous  remercions 
de  votre  communication  intéressante,  au  sujet 
du  Pommier  Api  noir.  La  Revue  horticole  ne 
figure  en  couleur,  aussi  bien  pour  les  fruits 
que  pour  les  fleurs  et  plantes,  que  les  espèces 
ou  variétés  nouvelles  ou  rares;  et  la  plante 
dont  vous  parlez  n’appartient  pas  positivement 
à l’une  de  ces  deux  catégories,  bien  qu’elle 
soit  des  plus  recommandables. 

N°  4084  (Tarn).  — Le  Champignon  dont 
vous  nous  avez  envoyé  le  dessin  est  le  Phallus 
impudiçus , L.  Si  les  Éléments  de  botanique 
que  contient  le  Bon  Jardinier  (nous  supposons 
que  vous  avez  ce  recueil)  ne  vous  paraissent 
pas  suffisants  pour  le  garçon-jardinier  dont 
vous  voulez  augmenter  l’instruction  horticole, 
nous  vous  conseillons  de  vous  procurer  les 
Fleurs  de  pleine  terre  et  Les  plantes  po- 
tagères de  Vilmorin,  le  Manuel  des  plantes 
de  Jacques,  les  traités  spéciaux  que  publie  la 
Librairie  agricole  sur  diverses  cultures  et  dont 
le  catalogue  peut  vous  être  envoyé. 

Les  bons  effets  que  vous  avez  constatés  à 
la  suite  de  l’emploi,  contre  les  courtilières,  de 
capsules  de  sulfure  de  carbone  ne  nous  sur- 
prennent pas.  Nous  avons  obtenu  nous-mêmes 
des  résultats  identiques,  et,  de  nombreux  cor- 
respondants nous  ont  tous  témoigné  de  leur 
satisfaction,  dans  les  mêmes  circonstances. 

N°  3343  (Gironde).  — Vos  observations,  au 
sujet  des  porte-greffes,  sont  fort  justes.  Vous 
trouverez,  dans  la  chronique  du  présent  nu- 
méro, des  réflexions  sur  ce  sujet,  qui  répon- 
dent d’une  façon  générale  à vos  diverses 
remarques. 

N°  3482  (Loiret).  — Vous  pourrez,  croyons- 
nous,  vous  procurer  YHeuchera  sanguinea  chez 
M.  O.  Frœbel,  horticulteur,  à Zurich  (Suisse). 

M.  H.  de  R.  (Loiret).  — Nous  vous  remer- 
cions de  votre  utile  communication  au  sujet  de 
l’effet  constaté  par  vous  de  la  Capucine  pour 
éloigner  le  puceron  lanigère , bien  que  l’as- 
sertion paraisse  hasardée  à première  vue.  N’y 
a-t-il  pas  eu  là  une  simple  coïncidence?  Ce 
moyen,  s’il  était  reconnu  efficace,  pourrait  être 
employé  dans  des  cas  assez  nombreux.  Nous 
vous  engageons  à continuer  vos  expériences 


dans  le  même  sens  et  à vous  informer  des 
résultats. 

M.  C.  H.  (Erfurt).  — Pour  vous  procurer 
le  Passiflora  Weberiana,  adressez-vous  à la 
maison  Vilmorin-Andrieux  et  Cie.  Vous  pour- 
riez aussi  vous  adresser  à l’introducteur  des 
plantes,  M.  Schlumberger,  château  des  Au- 
thieux,  près  Rouen. 

M.  D.  Elgin  Terrace  (Angleterre).  — Le 
moyen  de  perfectionner  vos  connaissances,  en 
ce  qui  concerne  l’arboriculture  fruitière,  dans 
le  court  espace  de  temps  que  vous  pouvez  y 
consacrer,  serait  d’entrer,  si  possible,  chez  un 
bon  pépiniériste. 

N°  3121  (Aude),  — L’exemplaire  A Agave 
americana  dont  vous  nous  avez  donné  la  des- 
cription doit  être,  en  effet,  de  toute  beauté  ; 
mais  il  ne  dépasse  pas  les  dimensions  que  l’on 
rencontre  très-fréquemment  dans  les  nom- 
breux exemplaires  qui  se  développent  presque 
à l’état  sauvage  sur  le  littoral  méditerranéen. 

N°  5543 , Tokio  (Japon).  — Nous  vous  remer- 
cions des  notes  que  vous  nous  avez  adressées 
au  sujet  du  Lycium  et  du  Wisteria.  Elles 
paraîtront  très-prochainement  dans  la  Revue 
horticole.  Nous  acceptons  de  grand  cœur  votre 
proposition  de  collaboration  et  vos  communi- 
cations sur  tout  ce  qui  a rapport  à l’horticul- 
ture japonaise  seront  très-appréciées  de  nos 
lecteurs. 

N°  3311.  — Le  « blanc  » peut  être  produit 
par  diverses  causes,  et  il  n’est  pas  possible  de 
déterminer  autrement  que  sur  place  celle  qui 
a causé  le  mal  dont  vos  plantes  de  serre  ont  à 
souffrir. 

M.  V.  H.  (Saint- Br ieuc) . — Vous  avez 
constaté,  comme  MM.  Barnsby  et  André,  que 
les  Chamærops  excelsa , dans  les  Côtes-du- 
Nord,  avaient  eu  cette  année  leur  floraison 
avancée  de  trois  semaines  environ,  comme 
cela  a lieu  en  Touraine.  La  simultanéité  du 
phénomème  doit  exciter  nos  correspondants  à 
rechercher  si  d’autres  végétaux  n’auraient  pas 
été  influencés  d’une  manière  analogue  par  les 
froids  prolongés  de  l’hiver  1887-88. 


U Administrateur-Gérant  : L.  Bourguignon. 


Lmp.  Georgoa  Jacob , — Oil<£am>. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


409 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Mérite  agricole.  — Distinction  à l’horticulture.  — Le  laboratoire  de  pathologie  végétale.  — Fructification 
de  YAberia  caffra.  — Platycodon  à grandes  fleurs  blanches.  — Floraison  en  plein  air  de  la  Victoria 
regia,  à New-York.  — Crocus  Haussknectii.  — Hybrides  de  Rosa  rugosa.  — Styrax  Obassia.  — 
Fabrication  des  cannes  en  bois  d’Oranger.  — Flore  et  plantes  industrielles  du  Tonkin.  — Enracine- 
ment de  l’albumen  d’un  Cycas  sans  développement  de  bourgeons.  — Singulier  cas  de  prolification  d’une 
Fraise.  — Le  Soja  hispida  au  Japon.  — Nouvelle  recette  contre  la  maladie  des  Pommes  de  terre.  — 
La  consommation  du  cidre  à Paris.  — La  production  des  Pêches  en  Amérique.  — Les  destructions 
d’insectes  nuisibles.  — L’enseignement  de  l'architecture-paysagère  en  Angleterre.  — La  métallisation 
des  fleurs.  — Confitures  de  Tomates.  — Nécrologie  : MM.  Ch.  Leirens,  J.-E.  Charon.  — Expositions 
annoncées.  — Memento  des  expositions. 


Mérite  agricole.  — Le  Journal  officiel 
vient  de  publier  une  liste  de  nominations 
au  grade  de  chevalier  du  Mérite  agricole; 
nous  y relevons  les  suivantes,  qui  inté- 
ressent l’horticulture  : 

MM. 

Rivière  (Paul),  professeur  de  jardinage  à 
l’Institution  nationale  des  sourds-muets,  à Pa- 
ris : dirige  avec  compétence,  depuis  dix-huit 
ans,  l’enseignement  professionnel  horticole  de 
l’Institution  ; auteur  d’un  manuel  de  jardinage 
et  d’agriculture; 

Viala,  professeur  à l’école  nationale  d’agri- 
culture de  Montpellier  (Hérault)  : travaux  sur 
l’ampélographie  et  les  maladies  cryptogamiques 
de  la  Vigne  ; missions,  etc.  ; 

Bazille  (Gaston),  services  exceptionnels  ren- 
dus à la  viticulture  ; 

Barnsby  (Robert-David),  directeur  du  Jardin 
botanique  et  d’acclimatation  de  Tours  (Indre- 
et-Loire),  fondateur  du  Jardin  botanique  de 
Tours;  nombreux  travaux  sur  l’arboriculture, 
la  viticulture  et  la  pisciculture  en  Touraine; 
38  ans  de  services; 

Tézier  (Auguste),  horticulteur  et  agricul- 
teur, à Valence  (Drôme)  : création  d’un 
champ  d’expériences;  nombreuses  récompenses 
dans  les  concours  ; lauréat  du  prix  cultural 
en  1885;  23  ans  de  services; 

Jaussan  (Auguste-Prosper),  horticulteur  à 
Béziers  (Hérault)  : membre  fondateur  du  Co- 
mice agricole  de  Béziers;  leçons  gratuites  d’a- 
griculture; reconstitution  de  plus  de  100  hec- 
tares de  Vignes. 

Distinction  à l’horticulture.  — Après 
toutes  les  décorations  françaises  et  étran- 
gères qu’a  reçues  notre  collaborateur  M.  Ch. 
Baltet,  voici  maintenant  l’ordre  royal  du 
Cambodge  qui  vient  de  lui  être  décerné 
pour  son  ouvrage,  aujourd’hui  classique, 
sur  Y Art  de  greffer.  Cela  prouve  que  « l’art 
de  greffer  » est  de  tous  les  pays. 

Le  laboratoire  de  pathologie  végétale. 

— Il  vient  d’ètre  créé,  à l’Institut  national 

16  Septembre  1888. 


agronomique,  un  laboratoire  de  pathologie 
végétale,  pour  l’étude  des  maladies  des 
plantes  et  la  recherche  des  moyens  de  com- 
battre ces  maladies.  M.  Prillieux,  inspecteur 
général  de  l’enseignement  agricole,  profes- 
seur du  cours  des  maladies  des  plantes  à 
l’Institut  national  agronomique,  est  nommé 
directeur  de  ce  laboratoire. 

Fructification  de  l’Aberia  caffra.  — 

Cette  intéressante  Biximée  vient  de  fructi- 
fier dans  les  jardins  de  M.  Hanbury  à 
la  Mortola;  la  maturation  des  graines  s’est 
accomplie  dans  des  conditions  parfaites. 
Le  fruit  est  de  la  grosseur  d’une  petite 
Prune,  sphérique,  charnu,  d’une  couleur 
jaune-abricot,  extérieurement,  à pulpe  blan- 
châtre et  contenant  de  nombreuses  graines, 
ressemblant  beaucoup  à des  pépins  de 
Poires,  mais  un  peu  plus  gros.  Le  parfum 
en  est  fort,  et  le  goût  est  acide,  comme  celui 
du  Citron. 

Cet  arbuste,  originaire  du  Cap  et  de  la 
Cafrerie,  y est  employé  surtout  pour  la 
création  de  haies,  très-défensives  à cause  des 
épines  acérées  qu’il  développe.  Il  est  déjà 
planté  dans  diverses  parties  de  la  Provence; 
mais  il  y fructifie  rarement,  parce  que  ses 
fleurs  sont  unisexuées. 

Platycodon  à grandes  fleurs  blan- 
ches. — Une  des  plantes  qui,  actuellement, 
sont  en  Amérique  le  plus  en  vogue  pour  la 
vente  en  fleurs  coupées,  est  la  variété  à fleurs 
blanches  du  Platycodon  grandiflorum. 

Cela  ne  nous  surprend  pas  ; mais  ce  dont 
nous  avons  lieu  de  nous  étonner,  c’est  de 
ne  pas  voir  cette  belle  Campanule  cul- 
tivée aux  environs  de  Paris. 

En  effet,  elle  produit  de  beaux  bouquets 
de  larges  fleurs,  aux  pétales  épais,  d’un  blanc 
mat  ; et  ses  inflorescences,  précieuses  pour 
la  confection  des  bouquets,  restent  très- 

18 


410 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


longtemps  en  fleurs  après  qu’elles  ont  été 
coupées;  elles  continuent  même  à s’épa- 
nouir lorsqu’elles  sont  mises  dans  l’eau. 

Nous  la  recommandons  aux  amateurs  de 
plantes  vivaces  rustiques. 

Floraison  en  plein  air  de  la  Victoria 
regia,  à New-York.  — C’est  la  première 
fois  que  nous  voyons  signaler  un  semblable 
fait  dans  l’Amérique  du  Nord,  et  il  con- 
vient de  faire  savoir  dans  quelles  condi- 
tions il  a pu  se  produire.  C’est  tout  simple- 
ment par  l’emploi  de  tuyaux  d’eau  chaude, 
placés  sous  le  bassin  non  abrité  où  cette 
belle  plante  était  placée,  et  qui  entretenaient 
une  température  régulière  de  25  degrés  cen- 
tigrades. Il  paraît  que  tout  New-York  s’est 
empressé  de  visiter  ces  fleurs  magnifiques, 
mesurant  jusqu’à  35  centimètres  de  dia- 
mètre. 

Crocus  Haussknechtii.  — De  tous 
côtés,  en  France,  on  s’occupe  de  trouver 
des  cultures  industrielles  qui  puissent  rem- 
placer la  Vigne,  dans  les  endroits  où  ses 
parasites  l’ont  détruite,  et  surtout  dans  les 
terrains  où  les  Vignes  américaines  ne  réus- 
sissent pas. 

La  Société  nationale  d’Acclimatation  re- 
commande, dans  cet  ordre  d’idées,  d’expéri- 
menter une  espèce  de  Safran  originaire  de 
Perse,  le  Crocus  Haussknechtii,  qui  est, 
paraît-il,  bien  supérieur  par  l’ensemble  de 
ses  qualités  au  C.  sativus,  cultivé  sur  une 
grande  échelle  dans  le  Gâtinais,  pour  la 
production  du  Safran. 

Sans  doute,  en  augmentant  considérable- 
ment la  récolte  annuelle  du  Safran,  on  ris- 
querait de  faire  baisser  les  cours  ; mais  il 
resterait  cependant  une  latitude  assez  grande, 
pour  que  cette  culture  fût  rémunératrice. 

Hybrides  de  Rosa  rugosa.  — Nos  lec- 
teurs se  souviennent  de  la  jolie  Rose  Ma- 
dame Georges  Bruant , issue  du  Rosa 
rugosa  et  du  R.  Thé  Sombreuil.  D’autres 
essais  se  continuent  avec  cette  espèce.  Un 
cultivateur  américain,  M.  E.-S.  Garman,  a 
réussi  à obtenir  plusieurs  hybrides  du  Rosa 
rugosa,  la  belle  espèce  japonaise  à fleurs 
simples,  en  la  fertilisant  par  des  variétés 
hybrides  remontantes  et  des  Thés.  Un  de 
ces  hybrides,  dont  le  père  était  la  variété 
Harrisson’s  Yellow  (à  fleurs  jaunes),  a 
épanoui  ses  fleurs  cette  année,  avant  toutes 
les  autres  variétés,  et,  à la  fin  de  juillet, 
sa  floraison  ne  s’était  pas  encore  ralentie  un 
seul  instant.  Ses  fleurs  ont  de  trente  à trente- 


cinq  pétales,  et  leur  couleur  se  rapproche  de 
celle  de  la  variété  Général  Jacqueminot. 
Leur  parfum  est  d’une  délicatesse  ex- 
trême. 

Styrax  Obassia.  — A l’une  des  ré- 
centes séances  de  la  Société  royale  d’horti- 
culture de  Londres,  MM.  Veitch  ont  pré- 
senté des  rameaux  fleuris  d’un  magnifique 
arbuste  entièrement  rustique,  introduit  du 
Japon  par  leurs  soins,  le  Styrax  Obassia. 
Cette  espèce,  dont  les  feuilles  arrondies 
mesurent  jusqu’à  20  centimètres  de  dia- 
mètre, produit  de  superbes  et  lourdes 
grappes  retombantes  de  larges  fleurs 
blanches,  répandant  un  parfum  très- 
agréable. 

Dans  quelques  années,  le  Styrax  Obassia 
sera  un  des  arbustes  les  plus  recherchés 
pour  la  décoration  des  jardins. 

Fabrication  des  cannes  en  bois  d’Oran- 
ger.  — Dans  une  très-intéressante  confé- 
rence que  M.  Mussat  a récemment  faite, 
à la  Société  nationale  d’Horticulture  de 
France,  sur  la  culture  et  l’exploitation 
des  Orangers  et  Citronniers  en  Algérie, 
nous  avons  relevé  un  fait  que  beaucoup 
de  personnes  ignorent  et  qui  a trait  à 
la  production  de  ces  baguettes  noueuses 
d’Oranger  qui  sont  très-demandées,  en 
Angleterre,  pour  la  fabrication  des  cannes, 
manches  de  parapluies,  ombrelles,  etc. 

On  emploie,  pour  cela,  l’Oranger  sauvage 
et  épineux  ; on  le  plante  très  serré  en  haies 
vives,  et,  deux  ans  après,  on  recèpe  les 
jeunes  plantes  très-près  du  sol;  les  jets  qui 
en  partent  sont  très-droits  et  de  grosseur  à 
peu  près  uniforme.  On  les  coupe  quand  ils 
ont  deux  ans,  et  on  les  vend  en  moyenne 
25  francs  le  cent.  C’est  là  une  culture  facile 
et,  en  somme,  très  rémunératrice. 

Flore  et  plantes  industrielles  du 
Tonkin.  — M.  Ralansa,  l’intrépide  explo- 
rateur et  l’habile  collectionneur,  a commu- 
niqué récemment  à la  Société  de  géogra- 
phie commerciale  le  résultat  de  ses  herbo- 
risations et  de  ses  cultures  expérimentales 
dans  notre  nouvelles  colonie.  Au  point  de 
vue  de  la  variété  des  plantes,  le  Tonkin  est 
une  des  régions  les  plus  favorisées  du  globe. 
Dans  une  seule  localité,  le  mont  Ravi,  qui 
a été  le  centre  d’une  série  d’exploitations 
entreprises  par  l’éminent  voyageur,  plus 
de  2,000  Phanérogames  ont  été  récoltées.  Les 
Chênes  sont  l’essence  dominante  des  forêts 
et  les  espèces  en  sont  très-nombreuses. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


411 


Les  essais  de  culture  tentés  dans  la  ré- 
gion du  Bavi  ont  donné  des  résultats  très- 
satisfaisants.  Les  Quinquinas  plantés  à 
600  mètres  d’altitude  sur  les  pentes  de  la 
montagne  et  appartenant  aux  meilleures 
espèces,  Cinchona  Ledgeriana  et  succi- 
rubra,  se  sont  parfaitement  acclimatés  et 
on  va  en  faire  de  nouvelles  plantations 
comprenant  plus  de  400.000  pieds. 

M.  Balansa  s’occupe  en  ce  moment  de  la 
recherche  des  meilleurs  Bœhmeria,  dont 
les  espèces  indigènes  sont  nombreuses,  pou- 
vant donner  des  fibres  textiles. 

Espérons  qu’éclairés  par  les  études  expé- 
rimentales de  cet  habile  explorateur,  nos 
colons  trouveront  enfin,  dans  des  planta- 
tions rémunératrices,  la  récompense  de 
leurs  longs  et  pénibles  labeurs. 

Enracinement  de  l’albumen  d’un  Cy- 
cas  sans  développement  de  bourgeons. 

— Un  fait  intéressant,  dont  M.  P.  Du- 
chartre  a fait  l’exposé  à l’une  des  dernières 
réunions  de  la  Société  botanique  de  France, 
s’est  produit  sur  un  nombre  considérable 
de  graines  de  Cycas  Thouarsii  qui  avaient 
été  stratifiées  et  semées,  en  mai  1885,  par 
un  horticulteur  parisien,  M.  Landry.  Ces 
graines  ont  d’abord  augmenté  de  volume, 
au  point  de  déterminer  une  large  rupture 
de  trois  zones  du  tégument  séminal  ; puis 
des  racines  se  sont  développées,  souvent 
jusqu’au  nombre  de  20  sur  une  seule 
graine. 

Mais,  dans  les  trois  années  qui  ont  suivi 
le  semis,  aucune  apparence  de  bourgeon- 
nement ne  s’est  produite,  et,  malgré  les 
soins  continus  qui  ont  été  donnés,  toutes 
les  graines  se  sont  successivement  dessé- 
chées, les  racines  disparaissant  et  ne  lais- 
sant aucun  vestige. 

Ce  fait  singulier  ne  s’est  pas  produit  sur 
quelques  individus  seulement,  puisque  les 
graines  semées  par  M.  Landry  recou- 
vraient, en  se  touchant,  une  surface  de  plus 
de  45  mètres. 

Un  certain  nombre  de  graines,  surveil- 
lées par  M.  P.  Duchartre  dans  ses  propres 
serres,  ont  produit  un  résultat  identique. 

Singulier  cas  de  prolification  d’une 
Fraise.  — Le  Gardeners’  Chronicle  donne 
la  description  et  la  figure  d’une  Fraise,  va- 
riété à gros  fruits,  qui  vient  de  produire  de 
jeunes  plants  feuillus,  à sa  surface  externe 
l’un  d’eux  portait,  même,  une  fleur  bien 
développpée.  Les  graines  du  Fraisier  se 
trouvent,  on  le  sait,  à la  partie  extérieure 


de  la  pulpe  du  fruit.  Est-on  en  présence 
d’un  cas  de  germination  anticipée?  C’est 
ce  qu’il  serait  intéressant  de  savoir.  Le  cor- 
respondant du  journal  anglais  pense  que  c’est 
le  pédoncule  de  la  fleur  primordiale  qui  s’est 
allongé,  a traversé  le  fruit  de  part  en  part, 
et  est  venu  former  à divers  points  de  sa  sur- 
face les  organes  constituants  de  nouvelles 
plantes. 

Le  Soja  hispida  au  Japon.  — Cette 
légumineuse,  qui  se  répand  assez  lente- 
ment dans  nos  cultures,  est  cultivée  au 
Japon  dans  de  grandes  proportions,  la  ré- 
colté annuelle  s’élevant  à environ  470.000 
hectolitres. 

Le  prix  moyen  en  étant,  au  Japon,  de 
12  fr.  l’hectolitre  environ,  la  récolte  brute 
représente  donc  une  valeur  de  5.640.000  fr., 
ce  qui  est  un  chiffre  fort  respectable,  d’au- 
tant plus  que  la  récolte,  par  hectare,  peut 
s’élever  à 40  hectolitres. 

Nouvelle  recette  contre  la  maladie 
des  Pommes  de  terre.  — Voici  une  re- 
cette que  les  cultivateurs  devront  conserver 
avec  soin,  pour  s’en  servir  l’année  pro- 
chaine : 

M.  Prillieux  a reconnu  les  bons  effets 
d’un  mélange  dont  la  formula  lui  est  due, 
et  qui  se  compose  ainsi  : dans  1 hectolitre 
d’eau,  mettre  6 kilogrammes  de  sulfate  de 
cuivre  et  6 kilogrammes  de  chaux. 

On  doit  arroser  les  Pommes  de  terre,  avec 
cette  solution,  aussitôt  que  la  maladie  pa- 
raît, c’est-à-dire  aussitôt  que  l’on  remarque 
quelques  taches  noires  sur  les  feuilles. 

Les  expériences  de  M.  Prillieux  lui  ont 
donné  les  résultats  suivants  : 32  p.  100  de 
perte  dans  les  plants  non  traités  ; aucune 
perte  dans  ceux  qui  l’avaient  été. 

La  consommation  du  cidre,  à Paris. 

— Malgré  les  conditions  assez  défectueuses 
dans  lesquelles  se  font  le  transport  et  la 
vente  du  cidre,  à Paris,  la  consommation 
en  augmente,  chaque  année,  dans  des  pro- 
portions considérables. 

En  1881,  la  quantité  de  cidre  consommée 
à Paris  était  de  51.000  hectolitres.  En  1887, 
ce  chiffre  s’est  élevé  à 300,000  hectolitres, 
et  l’on  peut,  dès  aujourd’hui,  évaluer  à un 
chiffre  bien  supérieur  la  consommation 
pour  1888. 

D’après  un  rapport  récemment  publié 
par  la  préfecture  de  la  Seine,  voici  qu’elles 
ont  été  les  différences  constatées  entre  1881 
et  1887,  pour  la  consommation  moyenne 


412 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


annuelle,  par  habitant,  des  trois  boissons 
principales,  à Paris  : 

1881  1886 
Litres  Litres 


Vin 224,00  186,00 

Cidre 2,48  42,78 

Bière 13,27  41,61 


Ces  chiffres  sont  éloquents  ; ils  établissent 
que,  pendant  cette  période,  la  consomma- 
tion du  cidre  a quintuplé,  en  s’élevant  de 
2,48  litres  à 12,78  litres,  en  moyenne,  par 
habitant  ; que  celle  de  la  bière  a diminué 
dans  la  proportion  de  l/8e  et  le  vin  dans 
celle  de  1 /6e. 

On  sait  d’ailleurs  qu’il  s’est  fondé  à Paris 
des  cidreries  qui  emploient  sur  place  les 
Pommes  expédiées  directement  des  pays  de 
production. 

La  production  des  Pêches  en  Amé- 
rique. — Il  n’est  pas  étonnant  que  les  mar- 
chés européens  soient  abondamment  fournis 
des  conserves  américaines  de  fruits,  lorsque 
l’on  considère  l’importance  des  récoltes  de 
fruits  dans  certains  des  États-Unis. 

Cette  année,  le  Maryland  et  le  Delaware 
pourront  exporter  environ  8.000.000  de 
paniers  de  Pêches,  d’après  des  évaluations 
assez  précises,  U y a là  une  augmentation 
formidable  dp  production  qui  doit  donner  à 
réfléchir  aux  cultivateurs  français. 

En  effet,  l’année  dernière,  la  récolte 
totale  des  Pêches,  pour  les  États  du  Ma- 
ryland, de  Delaware,  du  New-Jersey  et  de 
l’Hudson  Valley,  n’était  que  de  4.500.000 
paniers. 

Ces  Pêches  sont  expédiées  dans  de  légers 
paniers  contenant  chacun  douze  douzaines 
de  fruits,  tous  isolés  les  uns  des  autres  par 
des  compartiments  de  carton. 

Une  semblable  production  et  les  expé- 
riences auxquelles  on  se  livre  en  maints 
endroits  pour  prolonger  la  conservation  des 
fruits  frais  font  craindre  que  bientôt  ces 
derniers,  récoltés  en  Amérique,  ne  viennent 
entrer  en  concurrence  avec  les  nôtres  sur 
les  marchés  européens. 

Les  destructions  d’insectes  nuisibles. 

— M.  H. -J.  Van  Huile  développe,  dans  les 
Bulletins  d’arboriculture,  de  Gand,  une 
idée  fort  pratique,  et  qui  consiste  à pro- 
poser la  création  d’emplois  de  destructeurs 
d’insectes  nuisibles,  comme  existent  déjà 
les  destructeurs  de  taupes. 

Il  est  évident  que  l’exécution  de  cette 
mesure  aurait  ses  avantages  appréciables, 
car  les  divers  procédés  utilisables  contre  les 


nombreux  ennemis  des  végétaux  sont  en 
général  très-peu  connus  de  ceux  qui,  pour- 
tant, en  souffrent  le  plus. 

La  question  étant  posée,  il  reste  à la 
rendre  praticable  et  à en  tirer  le  plus  grand 
parti  possible,  tant  pour  la  destruction  im- 
médiate des  insectes  que  pour  l’instruction 
qui  en  résultera  peu  à peu  pour  ceux  qui  la 
verront  pratiquer. 

L’enseignement  de  l’architecture - 
paysagère  en  Angleterre.  — L’École 
d’art,  de  science  et  de  littérature  du  Palais 
de  Cristal,  à Londres,  contient  une  division 
consacrée  à l’architecture  - paysagère,  et 
dont  la  direction  est  confiée  à M.  Milner. 
Les  élèves  reçoivent  en  même  temps  une 
instruction  théorique  et  un  enseignement 
pratique,  donné  sur  le  terrain,  au  milieu 
des  nombreux  exemples  que  renferme  l’An- 
gleterre. 

Les  études  comprennent  deux  sections 
principales  : 

1°  Création  et  arrangement  des  beautés 
du  paysage,  dans  un  but  ornemental  ou 
récréatif,  dans  les  parcs  et  jardins,  publics 
ou  privés,  y compris  les  travaux  acces- 
soires se  rapportant  aux  constructions  archi- 
tecturales, au  jardinage,  aux  machines  hor- 
ticoles, instruments,  etc  ; 

2°  Le  traitement  des  études  profession- 
nelles, dirigées  dans  un  but  rénumératif, 
tels  que  examen  préliminaire  du  terrain, 
préparation  des  plans  et  détails,  accessoires 
pour  exécution  de  travaux,  constructions, 
terrassements,  etc. 

On  voit  que  le  champ  embrassé  par  ce 
programme  est  vaste.  Il  serait  désirable 
qu’une  semblable  institution  existât  en 
Érance.  Outre  les  principes  sérieux  et  le 
sentiment  artistique  que  l’on  y donnerait, 
elle  permettrait  de  délivrer  aux  élèves  sor- 
tants des  diplômes,  sans  lesquels  aucun 
praticien  ne  pourrait  s’intituler  architecte- 
paysagiste.  „ 

La  métallisation  des  fleurs.  — On 

vient  de  découvrir  un  nouveau  procédé  de 
galvanoplastie  appliqué  aux  fleurs.  On  avait 
depuis  longtemps  essayé  de  donner  aux 
fleurs  la  rigidité  métallique  par  l’électricité. 
Malheureusement,  on  n’était  pas  parvenu  à 
donner  aux  plantes  traitées  par  la  galvano- 
plastie une  résistance  convenable.  Le  pro- 
cédé suivant,  d’après  le  journal  la  Lu- 
mière électrique,  donne  des  résultats  excel- 
lents : 

On  prépare  une  solution  albumineuse  en 


CHRONIQUE 

faisant  tremper  dans  un  vase  plein  d’eau 
distillée  des  limaçons  lavés  au  préalable  et 
débarrassés  de  toute  matière  calcaire.  Quand 
les  limaçons  ont  abandonné  l’albumine 
qu’ils  contiennent,  on  les  enlève  ; on  filtre 
le  liquide  et  on  le  maintient  en  ébullition 
pendant  une  heure.  Après  refroidissement, 
on  ajoute  la  quantité  d’eau  nécessaire  pour 
remplacer  le  liquide  évaporé,  et  on  y joint 
1 p.  100  de  nitrate  d’argent.  Le  liquide  est 
renfermé  dans  des  vases  bouchés  herméti- 
quement. 

Pour  opérer  la  métallisation  des  plantes, 
on  fait  dissoudre  30  grammes  de  la  prépa- 
ration ci-dessus  indiquée  dans  100  grammes 
d’eau,  et  on  plonge  quelques  instants  le  vé- 
gétal dans  la  solution.  On  le  soumet  ensuite 
à l’action  d’un  bain  d’eau  distillée  renfer- 
mant 20  p.  100  de  nitrate  d’argent,  et  l’on 
réduit  par  l’hydrogène  sulfuré  le  sel  métal- 
lique adhérent  à la  couche  albumineuse. 
Les  plantes,  après  cette  préparation,  sont 
traitées  par  les  procédés  ordinaires  de  la 
galvanoplastie. 

Confitures  de  Tomates.  — Certes,  il 
existe  déjà  un  nombre  considérable  de 
sortes  de  confitures  préparées  avec  les 
fruits  indigènes  ou  exotiques  ; mais  on  sait 
aussi  quel  attrait  particulier  présente  tou- 
jours une  nouveauté,  dans  l’art  culinaire 
plus  encore  que  partout  ailleurs. 

Signalons  donc  le  procédé  suivant,  qui 
permet  de  préparer,  avec  des  Tomates,  une 
confiture  excellente. 

Les  fruits  étant  cuits,  il  faut  les  écraser, 
en  ôter  la  peau  et  les  pépins,  faire  réduire  la 
pulpe  à petit  feu  pour  la  rendre  plus  consis- 
tante, ajouter  du  rhum,  de  la  vanille,  et 
quelques  amandes  ; on  a ainsi  un  dessert 
d’un  goût  très-agréable  et  bien  particulier. 

Nécrologie  : M.  Ch.  Leirens.  — L’hor- 
ticulture belge  vient  de  perdre  un  de  ses 
vétérans  les  plus  zélés,  les  plus  sympathi- 
ques, M.  Charles  Leirens,  secrétaire  de  la 
Société  d’agriculture  et  de  botanique  de 
Gand,  ancien  échevin  de  cette  ville. 

Depuis  janvier  1836,  M.  Ch.  Leirens 
était  secrétaire  de  la  Société  horticole  gan- 
toise, et  son  dévoûment,  son  ardeur  féconde 
pour  l’horticulture,  ne  s’étaient  pas  ralenties 
un  moment. 

Bien  qu’âgé  de  soixante-dix  ans,  ce  tra- 
vailleur infatigable  avait  organisé,  pour  la 
large  part  qui  lui  incombait,  la  récente  ex- 
position quinquennale  de  Gand,  en  avril 
dernier  ; et,  lorsque  les  fonctions  de  secré- 


horticole.  413 

taire  général  du  jury,  que  l’un  de  nous  a eu 
l’honneur  de  remplir  à cette  exposition,  le 
mirent  en  relations  avec  cet  homme  esti- 
mable à tous  les  points  de  vue,  il  était  loin 
de  penser  qu’une  séparation  définitive  serait 
aussi  prochaine. 

M.  J.-E.  Char  on.  — Nous  avons  le  re- 
gret d’annoncer  le  décès  de  Charon,  horti- 
culteur à Angers,  Président  du  Syndicat 
des  jardiniers  d’Angers,  vice-secrétaire  de 
la  Société  d’Horticulture  d’Angers  et  de 
Maine-et-Loire.  M.  Charon  a rendu  à l’hor- 
ticulture des  services  dont  ses  collègues  et 
compatriotes  garderont  la  mémoire. 

EXPOSITIONS  ANNONCÉES  : 

Rive  de  Gier,  29  et  30  septembre.  — A l’oc- 
casion du  Concours  agricole  organisé  dans  cette 
ville  par  la  Société  d’agriculture,  industrie, 
science,  arts  et  belles-lettres  du  departement  de 
la  Loire,  les  horticulteurs  et  amateurs  de  l’ar- 
rondissement de  Saint-Étienne  sont  invités  à 
prendre  part  à une  exposition  d’arbres  et  ar- 
bustes, de  plantes  d’ornement,  fleurs  coupées, 
fruits  de  table,  raisins  et  produits  maraîchers. 

Adresser  les  déclarations  à M.  A.  Gabert, 
Secrétaire  de  la  Société,  32,  rue  d’Arcole,  à 
Saint-Étienne. 

Paris,  9 au  25  novembre.  — Une  exposition 
spéciale  de  cidres,  Pommes  et  appareils  de  fa- 
brication, aura  lieu  au  Palais  de  l’Industrie,  à 
Paris,  durera  du  15  septembre  au  25  novembre 
pour  les  appareils  et  du  9 novembre  au  25  no- 
vembre, pour  les  cidres  et  les  Pommes. 

Memento  des  Expositions. 

Voici  la  liste  des  Expositions  précédemment 
annoncées  : 

Lyon.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  11),  13  au  17  septembre. 
Mézidon.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  10),  16  septembre. 
Paris.  — Chrysanthèmes  (Ch.n°  14),  22  au  25  no- 
vembre. 

Paris.  — Végétaux  d’ornement  (Chr.  n°  15), 
25  juillet  au  5 novembre. 

Roubaix.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n°  5),  17  novembre. 
Saint-Mandé.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  12),  16  au 
23  septembre. 

Toulouse.  — Exp.  de  culture  maraîchère,  culture 
ornementale  et  arboriculture  fruitière  (Chr. 
n°  11),  27  au  30  septembre. 

— Même  Exp.  et  spécialement  Exp.  de  Chrysan- 
thèmes (Chr.  n°  11),  15  au  18  novembre. 

Gand.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n°  11),  18  au  22  nov. 
Lausanne.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  8),  20  au  25  sept. 

Vienne.  — Fruits  (Ch.  no  15;,  29  septembre  au 
7 octobre. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


414 


RECONSTITUTION  DES  VIGNOBLES  PHYLLOXÉRÉS. 


RECONSTITUTION  DES  VIGNOBLES  PHYLLOXÉRÉS 


La  question  de  la  reconstitution  des  vi- 
gnobles ravagés  par  le  phylloxéra,  qui, 
depuis  quelques  années,  passionne  les  agri- 
culteurs d’une  grande  partie  Je  la  France, 
présente  également  un  haut  intérêt  pour 
les  horticulteurs,  appelés  à livrer  à la  cul- 
ture une  quantité  considérable  de  plants,  et 
qui  ont  aussi  à se  préoccuper  de  la  conser- 
vation de  leurs  Vignes. 

Le  problème  n’est  pas  encore  résolu, 
malgré  les  immenses  efforts  qui  ont  été 
tentés  depuis  une  vingtaine  d’années.  Ce- 
pendant, des  résultats  très-sérieux  ont  été 
obtenus  dans  des  sens  différents. 

Ainsi  que  chacun  le  sait,  les  procédés  les 
plus  divers  furent  employés  pour  détruire 
le  terrible  insecte;  mais,  dans  la  majeure 
partie  des  cas,  l’expérience,  qui  avait  réussi 
sur  une  petite  échelle,  devenait  imprati- 
cable lorsqu’il  s’agissait  d’opérer  sur  de 
grandes  surfaces.  Il  arriva  même  que 
l’existence  de  la  Vigne  fut  compromise  par 
l’emploi  de  l’agent  destructeur.  Par  la  sub- 
mersion, les  vignobles  de  la  vallée  du 
Rhône  furent  bien  conservés;  mais  il  est 
inutile  de  faire  remarquer  que  ce  procédé 
ne  peut  être  employé  qu’exceptionnelle- 
ment.  Cependant,  depuis  deux  ou  trois  ans, 
on  a fondé,  dans  le  Bordelais,  de  grandes 
espérances  sur  le  sulfure  de  carbone,  d’a- 
bord très-employé  dans  le  Lyonnais  et  le 
Dauphiné,  puis  quelque  peu  délaissé.  Intro- 
duit dans  le  sol  au  moyen  d’un  pal  injec- 
teur,  ou,  mieux  encore,  par  des  charrues 
dites  « sulfureuses  »,  dans  des  conditions 
indiquées  par  des  ouvrages  spéciaux,  ce 
procédé  a donné  de  bons  résultats.  Il  est  à 
désirer  que  l’on  continue  à progresser  dans 
ce  sefts,  afin  de  pouvoir  mettre  nos  vigno- 
bles si  justement  renommés  à l’abri  des 
attaques  du  fléau. 

Les  résultats  trop  négatifs  obtenus  par 
les  divers  traitements  sur  les  Vignes  atta- 
quées provoquèrent  naturellement  des  re- 
cherches d’un  autre  côté,  et  c’est  alors  que 
l’on  commença  à greffer  nos  cépages  fran- 
çais sur  des  espèces  américaines.  Depuis 
1875,  époque  où  l’on  se  mit  à greffer  sur 
une  assez  grande  échelle,  ce  mode  d’opérer 
a toujours  été  en  progressant,  grâce  aux 
efforts  et  à la  persévérance  d’un  grand 
nombre  de  viticulteurs  du  Midi.  On  peut 
évaluer  la  surface  occupée  en  France,  en 
4887,  par  les  Vignes  américaines  greffées, 


à près  de  60,000  hectares,  sur  lesquels 
45,000  sont  compris  dans  le  seul  départe- 
ment de  l’Hérault.  Ces  chiffres  fort  respec- 
tables font  donc  ressortir  toute  l’importance 
de  la  question , et  prouvent  combien  les 
cultivateurs  ont  fondé  d’espérances  sur  ce 
mode  de  reconstitution  de  leurs  vignobles. 
Ces  60,000  hectares,  naturellement,  ne  sont 
pas  en  pleine  production,  la  majeure  par- 
tie des  plantations  ne  datant  que  de  ces 
dernières  années;  cependant  nous  pensons 
qu’il  est  possible  d’apprécier,  dès  mainte- 
nant, les  résultats  qui  pourront  être  obtenus 
par  la  suite. 

En  considérant  la  surface  relativement 
importante  occupée  par  les  Vignes  greffées, 
on  pourrait  croire  que  toutes  sont  en  pleine 
prospérité;  malheureusement  on  est  forcé 
de  reconnaître  qu’il  n’en  est  pas  ainsi,  car, 
si  des  propriétaires  font  aujourd’hui  d’abon- 
dantes récoltes,  il  en  est  d’autres,  à côté, 
dont  les  plantations  dépérissent  ; aussi 
l’enthousiasme  avec  lequel  on  avait  com- 
mencé à planter  s’est-il  quelque  peu  refroidi 
depuis  ces  dernières  années,  beaucoup  de 
cultivateurs  se  demandant,  avec  raison,  si 
les  énormes  sacrifices  qu’ils  ont  faits  n’au- 
ront pas  été  inutiles. 

A quoi  peut  être  attribué  cet  état  de 
choses  ? Selon  nous,  à peu  près  uniquement 
au  mauvais  choix  des  porte-greffes. 

Au  moment  où  l’on  commença  à greffer, 
il  y eut  un  engouement  général,  et  chacun 
s’empressa  de  planter,  sans  beaucoup  s’in- 
quiéter du  choix  de  la  variété  américaine  et 
de  son  adaptation  au  sol.  Naturellement,  il 
est  arrivé  que,  dans  les  terrains  qui  lui 
convenaient,  la  Vigne  a donné  de  brillants 
résultats,  tandis  que,  dans  les  autres,  l’effet 
contraire  se  produisit.  Le  Vitis  riparia, 
par  exemple,  qui  fut  le  porte-greffe  presque 
exclusivement  employé  pendant  ces  der- 
nières années  et  tend  maintenant  à être 
remplacé  par  le  V.  æstivalis,  ne  peut  réus- 
sir dans  le  même  sol  que  celui-ci. 

Il  est  donc  absolument  nécessaire  de 
faire,  avant  de  greffer,  le  choix  de  la  variété 
américaine  d’après  la  nature  du  terrain 
auquel  on  a affaire,  sans  perdre  de  vue  pour 
cela  toutes  les  qualités  que  l’on  doit  exiger 
d’un  bon  porte-greffe,  et  il  est  probable 
que,  dans  ces  conditions,  la  réussite  sera 
presque  toujours  assurée. 

Le  mode  de  greffage  à employer  est  aussi 


NEILLIA  THYRSIFLOHA. 


415 


d’une  grande  importance  pour  la  produc- 
tion des  plants.  Bien  que  tous  les  viticul- 
teurs ne  soient  pas  d’accord  en  ce  qui 
concerne  les  détails  de  l’opération,  ils  ad- 
mettent d’une  façon  générale  que  la  greffe 
doit  présenter  le  moins  de  surface  possible. 
Nous  n’entreprendrons  pas  de  décrire  les 
différentes  greffes  employées,  indiquées  de- 
puis longtemps  par  les  personnes  les  plus 
autorisées;  mais  ayant  été  à même  d’ap- 
précier les  magnifiques  résultats  obtenus 
par  un  horticulteur  de  Poitiers  bien  connu, 
M.  Fortuné  Pasquier,  nous  ne  croyons  pas 
inutile  de  donner  quelques  détails  sur  sa 
manière  d’opérer.  Il  s’agit  de  la  greffe  dite 
à l’abri  ou  sur  table , sur  plants  enracinés, 
la  greffe-bouture  ne  donnant  que  des  résul- 
tats incomplets  au  point  de  vue  de  la  sou- 
dure et  de  la  reprise.  Ici,  c’est  à la  greffe 
anglaise  compliquée,  ou  avec  entaille,  que 
que  l’on  a affaire,  mais  M.  Pasquier  ayant 
remarqué  que  l’extrémité  du  biseau  formé 
par  la  partie  externe  de  l’écorce  où  la  sève 
n’arrive  pas  se  desséchait  fréquemment  et 
empêchait  ainsi  la  soudure  complète,  ima- 
gina de  couper  ces  languettes  sur  une  lon- 
gueur de  2 ou  3 millimètres.  Il  eut  alors, 
de  chaque  côté  de  la  greffe,  une  petite 
entaille,  promptement  remplie  par  les  sé- 
' crétions  des  zones  génératrices  du  sujet  et 
du  greffon,  et  il  évita  ainsi  le  dessèche- 
ment. 

La  réussite,  ainsi  que  nous  avons  pu  le 
constater,  est  dans  la  proportion  de  80  à 90 
pour  100  en  moyenne.  Ce  magnifique  ré- 
sultat dispense  de  tout  commentaire. 

NEILLIA  TJ 

Voici  une  bien  vieille  plante,  décrite  par 
Don  dans  la  Flore  du  Népaul,  et  recensée 
dans  le  vaste  Prodrome  de  de  Candolle,  dès 
le  deuxième  volume.  Rustique  et  facile  à 
vivre,  elle  résiste  aux  grands  froids,  fleurit 
abondamment  pendant  l’été  et  se  multiplie 
par  ses  stolons  drageonnants. 

Cependant  le  Neillia  thyrsiflora  est 
presque  partout  inconnu  des  horticulteurs 
de  profession,  aussi  bien  que  des  amateurs 
de  jardins.  Ses  jolies  fleurs  blanches  en 
thyrses  feuillus  ne  lui  ont  pas  fait  trouver 
grâce  devant  l’indifférence  de  ceux  qui 
l’avaient,  çà  et  là,  rencontrée  dans  quelque 
jardin  botanique. 

L’année  dernière  nous  l’avons  vue  se  cou- 
vrir de  fleurs  dans  Y Arboretum  de  Segrez 
et  nous  l’avons  fait  dessiner,  nous  proposant 


Une  feuille  de  papier  de  plomb,  de  4 cen- 
timètres et  demi  de  côté  environ,  sert 
ensuite  à entourer  la  greffe  pour  éviter 
toute  déperdition  de  sève,  et  aussi,  ce  qui 
est  très-important,  pour  éviter  l’affranchis- 
sement du  greffon.  M.  Pasquier  lie  ensuite 
le  tout  avec  du  Raphia  sulfaté  ou  du  fil  à 
voiles  goudronné,  substances  qui  résistent 
à la  décomposition  jusqu’au  mois  de  juilllet. 

La  reconstitution  des  vignobles  par  le 
greffage  des  Vignes  françaises  sur  des 
espèces  et  variétés  américaines  est  donc,  à 
notre  avis,  très-possible,  en  se  conformant 
aux  exigences  voulues,  mais  on  est  forcé 
d’avouer  que  les  frais  occasionnés  par  la 
greffe  augmentent  considérablement  le  prix 
des  plants;  aussi  serait-il  beaucoup  à dé- 
sirer que  l’on  pût  les  éviter.  C’est  dans  ce  but 
que  des  expériences  nombreuses  et  très- 
intéressantes  ont  été  faites  afin  d’obtenir 
des  cépages  connus  sous  le  nom  de  produc- 
teurs directs , résistant  au  phylloxéra  et 
produisant  des  vins  de  bonne  qualité.  Jus- 
qu’à présent,  bien  que  de  grands  progrès 
aient  été  faits,  on  n’a  guère  pu  obtenir  que 
des  vins  de  qualité  inférieure  présentant,  à 
un  plus  ou  moins  grand  degré,  le  goût 
« foxé  » particulier  au  produit  des  Vignes 
américaines,  mais  il  faut  espérer  que,  par 
des  sélections  rigoureuses  et  des  croise- 
ments heureusement  combinés,  les  Vignes 
tant  désirées  seront  enfin  obtenues.  Celui 
qui  réussira  à donner  aux  viticulteurs  un 
hybride  réunissant  toutes  les  qualités  indis- 
pensables aura  rendu  un  immense  service 
à son  pays.  H.  Martinet. 

YRSIFLORÀ 

de  montrer  à nos  lecteurs  une  figure  exacte 
et  une  description  de  cette  espèce. 

Description.  — Le  Neillia  thyrsiflora 
(fig.  95)  forme  un  arbuste  haut  d’environ 
1 mètre,  peu  rameux,  drageonnant,  à tiges 
dressées,  peu  ligneuses,  vert  teinté  de  rose 
violacé;  feuilles  alternes,  courtement  pétio- 
lées,  cordiformes  à la  base,  profondément 
trilobées-dentées,  accompagnées  de  deux 
stipules  dentées  en  scie  ; inflorescence  en 
grappes  terminales  thyrsoïdes,  dressées  ou 
un  peu  penchées,  à ramilles  distinctes  ac- 
compagnées d’une  feuille  à la  base  (fig.  96); 
fleurs  blanches  bisexuées  ; calyce  soyeux, 
persistant,  turbiné,  à 5 lobes  ovales-cus- 
pidés;  corolle  à cinq  pétales  arrondis,  à 
peine  onguiculés,  insérés  sur  la  gorge  du 
calyce  ; étamines  au  nombre  de  10  à 20  et 


416 


POIRE  LE  LECTIER. 


plus,  bisériées,  exsertes  dès  la  gorge  du 
calyce;  1 à 5 carpelles  couronnés  par  les 
styles  courts  et  les  stigmates  ; capsule  po- 


Fig.  95.  — Neillia  thyrsïflora. 
Rameau  florifère,  au  1/3  de  grandeur  naturelle. 


lysperme  ; graines  obovoïdes  à albumen 
charnu . 

C’est  ce  dernier  caractère  qui  distingue  le 
genre  Neillia  des  Spiræa,  dont  ils  rap- 
pellent le  port. 


Le  N.  thyrsiflora , Don  *,  est  originaire 
des  montagnes  du  Népaul.  Trois  ou 
quatre  autres  espèces  se  trouvent  dans  la 
Mandchourie,  l’Amérique  boréale  et  les 
parties  élevées  de  Java  ; elles  ne  paraissent 
pas  avoir  encore  été  introduites  dans  les 
cultures. 

Rien  de  plus  facile  à conserver  que  cet 


Fig.  96.  — Neillia  thyrsiflora. 
Partie  d’inflorescence,  de  grandeur  naturelle. 


arbuste,  pourvu  qu’on  lui  donne  une  si-  „ 
tuation  légèrement  ombragée  et  un  sol 
frais  et  léger.  Les  drageons  qu’il  fournit 
en  abondance  permettent  de  le  multiplier. 
Ainsi  traité,  il  développera  ses  extrémi- 
tés fleuries  à la  fin  de  l’été  et  au  com- 
mencement de  l’automne,  ce  qui  le  rend 
précieux  parmi  les  espèces  ligneuses,  dont 
la  grande  majorité  épanouit  ses  fleurs  au 
printemps. 

Ed.  André. 


POIRE  LE  LECTIER 


Des  nombreux  jardiniers  d’Orléans  qui 
se  livrent  tout  particulièrement  à la  culture 
des  arbres  fruitiers,  il  en  est  un,  ancien 
chef  de  culture,  vieux  et  habile  praticien, 
M.  Auguste  Lesueur,  qui,  indépendamment 
de  ses  cultures  commerciales,  avait  consa- 
cré un  petit  espace  à ses  expériences  horti- 
coles. Dans  un  carré  spécial,  il  avait  réuni 
des  arbres  fruitiers  de  semis  qu’il  avait  ob- 
tenus de  diverses  hybridations.  Parmi  ces 
gains,  un  surtout  semblait  digne  d’atten- 
tion : c’était  une  Poire  d’hiver  obtenue  de 
l’hybridation  du  Bon-Chrétien  Williams 
et  de  la  Bergamote  Fortunée,  et  remar- 


quable par  la  vigueur  de  l’arbre,  sa  belle 
forme  érigée,  sa  production  commençant 
dès  les  premières  années,  enfin,  par  sa 
constante  fertilité.  Le  fruit  l’était  également 
par  sa  bonne  grosseur,  sa  forte  attache  à 
la  branche.  Enfin,  la  finesse  du  goût,  la 
qualité  de  sa  chair,  ainsi  que  la  tardive 
époque  de  la  maturité,  sont  des  qualités 
trop  précieuses  et  que  l’on  trouve  trop  rare- 
ment réunies  pour  laisser  dans  l’oubli  un 
gain  aussi  méritant. 

1 Don,  in  Prodr.,  Flor.  Nep.,  228.  — DC., 
Prod.,  II,  p.  546. 


POLYGONUM  SAGHALINENSE. 


417 


Ajoutons  encore  que  toutes  ses  qualités 
ont  été  plusieurs  fois  constatées,  et  que  ce 
n’est  qu’après  une  étude  de  cinq  ou  six 
récoltes  consécutives  que  nous  nous  per- 
mettons de  recommander  cette  variété, 
comme  une  des  meilleures  Poires  d’hiver. 
En  voici  la  description  : 

Fruit  gros,  pyriforme  ; peau  d’un  jaune  d’or 
piquetée  de  points  fauves.  Le  pédicelle,  assez 
court,  est  gros  et  charnu,  placé  obliquement 
sur  le  sommet  du  fruit.  L’œil  est  moyen,  ou- 
vert, dans  une  dépression  peu  profonde  et  ré- 
gulière. La  chair  est  blanche,  fine,  fondante, 
très-juteuse,  sucrée  et  très-parfumée.  Le  cœur 
est  sans  aucune  concrétion  ni  granulation.  La 
maturité  a lieu  de  janvier  jusqu’à  fin  mars. 

Les  variétés  d’hiver  sont,  en  général, 
moins  productives  que  celles  d’automne, 
tandis  que  la  variété  dont  nous  parlons  est, 
au  contraire,  très-fertile. 

En  ce  moment,  il  existe  dans  le  jardin 
de  l’obtenteur  15  sujets  de  cette  variété  qui 
sont  âgés  de  quatre  ans  ; ils  portent  chacun 
de  12  à 20  beaux  fruits. 

La  dédicace  de  ce  fruit  est  faite  à une 
illustration  orléanaise  : au  vieux  pomologue 

POLYGONUM 

Il  est  vraiment  difficile  de  s’expliquer  la 
routine,  l’indifférence  dont  font  bien  sou- 
vent preuve  les  amateurs  de  plantes.  En 
voici  un  exemple  : depuis  plusieurs  années, 
les  publications  horticoles  ont  recommandé 
la  culture  de  la  Renouée  de  l’ile  Sachalin 
{Polygonum,  sachalinense ),  qui,  pour  l’or- 
nementation des  grands  jardins  et  des  parcs, 
présente  sur  les  autres  espèces  du  genre 
une  supériorité  très-marquée,  que  nous 
allons  faire  ressortir.  Malgré  cela,  cette 
plante  ne  se  rencontre  presque  nulle  part. 

Il  faudrait  donc,  pour  la  faire  connaître 
et  apprécier  comme  un  ornement  de  pre- 
mier ordre  pour  les  grands  parcs,  la  col- 
porter pour  ainsi  dire  sous  les  yeux  du 
public,  et,  pour  cela,  en  cultiver  de  forts 
exemplaires  en  bacs,  et  les  faire  figurer 
dans  les  expositions?  Le  P.  sachalinense 
mériterait  certainement  que  l’on  prît  cette 
peine. 

Un  exemplaire  que  nous  avons  en  ce 
moment  sous  les  yeux  et  qui  a été  mis  en 
pleine  terre,  il  y a quatre  ans,  forme  une 
touffe  haute  de  4 mètres,  et  dont  la  tête,  gra- 
cieusement étalée,  est  un  diamètre  égal.  Ses 
feuilles  cordiformes  - allongées  sont  énor- 
mes j elles  ont  40  centimètres  de  longueur 


Le  Lectier , procureur  du  Roi  à Orléans, 
qui,  de  l’année  1598  à l’année  1628,  avait 
réuni  chez  lui  une  collection  de  252  variétés 
de  Poires. 

Passionné  pour  l’horticulture,  ce  remar- 
quable et  intelligent  amateur  répandit  ses 
gains  chez  les  jardiniers  de  la  ville,  qui, 
dès  çette  époque,  étaient  déjà  nombreux  et 
commençaient  à prendre  une  certaine  im- 
portance. En  1628,  le  catalogue  complet  de 
toutes  les  variétés  de  fruits  que  possédait 
Le  Lectier  fut  imprimé  et  envoyé  à tous  les 
amateurs  de  fruits.  A la  fin  de  son  opus- 
cule, le  magistrat-pépiniériste  écrivait  à ses 
correspondants  : 

« Je  prie  tous  ceulx  qui  auront  des  fruicts 
exquis,  non  contenus  au  présent  catalogue, 
lorsqu’il  tombera  entre  leurs  mains,  de  m’en 
donner  advis,  afin  que  j’en  puisse  avoir  des 
greffes  pour  eschange  de  celles  qu’ils  n’auront 
pas,  lesquelles  ils  désireront  de  mov  et  que  je 
leur  fourniray.  » 

La  Poire  Le  Lectier  sera  prochainement 
mise  au  commerce  par  MM.  Transon  frères, 
pépiniéristes  à Orléans. 

E.-A.  Carrière. 


sur  30  de  largeur.  Leur  couleur  est  vert 
foncé,  largement  maculée,  par  places,  de 
pourpre  foncé. 

De  l’aisselle  de  ces  feuilles  partent  des 
épis  légers,  chargés  d’inflorescences  blan- 
ches en  épis  dressés. 

Pour  que  cette  plante  atteigne  son  maxi- 
mum de  beauté,  il  faut,  ainsi  que  cela  a été 
fait  pour  le  sujet  que  nous  décrivons,  pincer 
l’extrémité  des  tiges  sorties  de  terre  alors 
qu’elles  ont  environ  1 mètre  de  hauteur. 
Ces  tiges,  relativement  peu  nombreuses 
et  très-peu  serrées  les  unes  auprès  des 
autres,  se  partagent  alors  en  plusieurs 
ramifications  qui  donnent  à la  plante  une 
tête  large,  arrondie  et  très  gracieuse. 

Une  des  qualités  maîtresses  du  P.  sacha- 
linense est  que  cette  espèce  ne  drageonne 
pas  avec  la  même  abondance  que  la  plupart 
de  ses  congénères , le  P.  cuspidatum 
(Sieboldi)  surtout,  qui  ne  tarde  pas  à en- 
vahir les  pelouses  où  on  le  plante,  en  ap- 
pauvrissant peu  à peu  la  vigueur  de  sa  vé- 
gétation. 

La  plante  dont  nous  avons  indiqué  plus 
haut  les  dimensions  ne  possède  cependant 
que  6 tiges  sortant  du  sol,  ce  qui  donne 
une  grande  légèreté  à son  ensemble. 


418 


SOUVENIRS  D’iL  Y A CENT  ANS. 


Auprès  d’elle  est  planté,  exactement  dans 
les  mêmes  conditions,  c’ést-à-dire  à côté 
d’une  pièce  d’eau,  un  pied  de  P.  cuspida- 
tum.  Nous  pouvons  affirmer  qu’il  suffit 
d’avoir  comparé  ainsi  les  deux  espèces, 
pour  que  celle  dont  nous  parlons  soit  pré- 
férée à l’autre. 

Le  P.  sachalinense  est  entièrement  rus- 
tique. Il  s’accommode  surtout  d’une  terre 
un  peu  forte,  substantielle  et  fraîche.  Le 
manque  d’humidité  amène  la  chute  des 
feuilles  de  la  base  des  tiges  ; aussi,  dans 
une  exposition  un  peu  sèche,  est-il  bon  de 
lui  donner  de  temps  en  temps  des  arro- 
sages. Ce  sont  les  seuls  soins,  avec  le  pin- 
cement que  nous  avons  recommandé,  que 
réclame  cette  intéressante  plante.  On  la 

SOUVENIRS  D’IL 

Le  24  juillet  1789,  la  Chambre  des  com- 
munes, en  Angleterre,  délibérait  sur  l’ou- 
verture d’un  crédit  dont  je  vous  donnerais 
en  mille  à deviner  le  sujet.  Il  s’agissait  de 
récompenser  un  jardinier  qui  avait  trouvé 
le  moyen  de  rétablir  les  arbres  atteints  de 
nécrose.  Il  venait  à bout  de  cicatriser  des 
plaies  énormes  et  d’assurer,  pour  ainsi  dire, 
l’immortalité  des  grands  végétaux.  L’allo- 
cation fut  notable  : elle  s’élevait  à 50,000  li- 
vres en  argent  de  France. 

Chez  nous,  s’il  se  rencontre  encore  un  de 
ces  Chênes  dont  l’âge  se  compte  par  mil- 
liers d’années,  et  dont  la  base  s’est  profon- 
dément excavée,  on  le  convertit  en  chapelle. 
Témoin  celui  du  cimetière  d’Allouville,  qui 
ombrage  une  surface  de  deux  cent  trente- 
six  mètres  carrés,  et  dont  la  cavité  est  assez 
grande  pour  abriter  quarante  enfants.  On 
peut  discuter  la  convenance  d’une  pareille 
affectation.  Je  crois  pour  ma  part  que  c’est 
un  cas  d’atavisme.  Nous  sommes  les  des- 
cendants des  ^druides.  Les  Anglais  ont 
d’autres  idées  : ils  aiment  les  vieux  arbres 
et  cherchent  le  moyen  de  les  conserver. 
Forsyth  leur  apportait  ce  moyen  dont  il 
montrait  l’efficacité  par  les  résultats  obtenus 
dans  le  parc  de  Kensington.  Le  Parlement 
se  montra  généreux  ; ce  fut  fort  bien  fait. 

En  France,  à cette  époque,  parallèlement 
aux  choses  de  la  politique,  l’air  portait  les 
germes  d’une  théorie  d’un  intérêt  puissant, 
et  qui  ouvrait  un  champ  illimité  aux  dis- 
putes des  hommes.  Darwin  n’était  pas  né, 
Lamarck  lui-même  n’avait  encore  rien 
écrit,  lorsqu’un  savant  modeste,  dont  le  nom 
a été  exhumé  récemment  par  notre  Acadé- 


multiplie  très-rapidement  par  éclats  de  dra- 
geons replantés  à l’automne  ; nous  ne  lui 
avons  pas  encore  vu  porter  de  graines. 

Le  premier  exemplaire  de  cette  belle 
plante  nous  a été  montré  en  juin  1869  par 
M.  Desmurs , au  jardin  zoologique  de 
Moscou,  où  il  venait  d’être  reçu  de  la  côte 
orientale  de  Russie,  près  de  la  grande  île 
de  Sachalin  (ou  Saghalien).  Nous  ne  nous 
doutions  pas  alors  de  l’avenir  réservé  à 
cette  plante  vivace,  qui  depuis  a été  mise 
au  commerce  par  MM.  Bull.  Elle  ne  man- 
quera pas  d’être  de  plus  en  plus  appréciée 
à mesure  qu’on  l’emploiera  davantage  pour 
l’ornementation  des  parties  fraîches  des 
grands  jardins  et  des  parcs. 

Ed.  André. 

Y A CENT  ANS 

mie  des  sciences,  fut  conduit,  en  cultivant 
ses  Fraisiers,  « à différentes  réflexions  sur 
la  vraie  définition  des  mots  genre,  espèce, 
race,  variété,  et  sur  les  caractères  naturels 
des  espèces  ». 

Son  livre  est  intitulé  Histoire  naturelle 
des  Fraisiers,  contenant  les  vues  d’écono- 
mie réunies  à la  botanique  et  suivie  de  re- 
marques particulières,  etc.,  etc.,  par  M.  Du- 
chesne  fils,  in-18;  Paris,  chez  Didot  et  chez 
Panckoucke,  1766.  Il  parait  être  assez  rare. 
Je  ne  l’ai  trouvé  qu’une  seule  fois  sur  les 
parapets  des  quais  de  la  rive  gauche.  Du- 
chesne  possédait  à Versailles,  rue  Saint- 
Honoré,  au  coin  de  la  rue  Saint-Louis,  un 
petit  jardin  acheté  spécialement  pour  des 
expériences  sur  le  Fraisier.  On  y cultivait 
toutes  les  variétés  connues  que  l’on  tirait 
du  potager  du  château,  et  on  y semait  des 
graines  récoltées  dans  les  bois  de  Satory. 

Un  jour...  — mais  il  faut  rappeler  que  la 
feuille  du  Fraisier  est  à folioles,  tri-digitée, 
palmée,  palmiséquée,  comme  on  voudra,  — 
un  jour  donc,  le  7 juillet  1763,  les  Duchesne, 
père  et  fds,  découvrirent  dans  les  sujets 
provenus  de  leurs  semis  « un  Fraisier  dont 
toutes  les  feuilles  étaient  simples  au  lieu 
d’être  palmées  à trois  divisions  ».  Ce  fut  un 
évènement  dans  la  science.  M.  Von  Liné 
(comme  on  écrivait  alors)  n’en  pouvait 
revenir  : « Je  ne  saurais  dépeindre  mon 
étonnement  {non  satis  mirari  queo),  écri- 
vait-il à Duchesne,  de  voir  un  pareil  pro- 
duit du  Fraisier  des  bois.  » Et  l’obtenteur 
lui-même,  il  faut  l’entendre  quand  il  dé- 
couvre ce  nouveau  Fraisier:  «Comment 
, faut-il  le  regarder?  me  suis-je  dit  alors.  Est- 


SOUVENIRS  D’iL  Y A CENT  ANS. 


419 


ce  une  espèce  ? Il  s’en  forme  donc  de  nou- 
velles? N’est-ce  qu’une  variété?  Combien, 
dans  les  autres  genres,  y a-t-il  donc  de 
variétés  qu’on  regarde  comme  des  espèces  ? » 

Le  Fraisier  monophylle,  comme  on  l’ap- 
pela, se  reproduisit  de  coulants  aussi  bien 
que  de  graines  en  conservant  toujours  des 
feuilles  entières.  Il  se  voit  encore  avec  ce 
caractère  distinctif  dans  tous  les  jardins 
botaniques.  C’est  cette  pérennité  qui  fait  le 
mérite  de  la  découverte  et  la  met  si  fort  au- 
dessus  des  précédentes  observations.  Vingt 
ans  auparavant,  un  botaniste  suédois  avait 
trouvé  des  Linaires  « dont  la  fleur  était  si 
différente  de  celle  des  Linaires  communes, 
qu’elles  ne  pouvaient  se  ranger  ni  dans  le 
même  genre,  ni  dans  la  même  classe.  » 
Linné  leur  donna  le  nom  de  Peloria  (mons- 
trueuse), les  considérant  comme  le  produit 
hybride  de  la  Linaire  et  d’une  plante  in- 
connue. « Il  ne  reste  plus  qu’à  éprouver,  dit 
un  Mémoire  du  temps,  s’il  naît  quelquefois 
des  Linaires  des  graines  de  la  Peloire  ; si 
l’expérience  confirme  qu’elle  soit  ainsi  cons- 
tante, il  s’en  suivra  cette  thèse  qui  tient 
vraiment  du  prodige,  savoir  : que  dans  le 
règne  végétal  il  est  possible  qu’il  se  forme 
de  nouvelles  espèces.  » Les  expériences 
poursuivies  par  Linné  lui  apprirent  que  la 
Peloire,  loin  de  reproduire  des  Linaires,  ne 
donnait  que  des  graines  avortées. 

Un  autre  phénomène  observé  pour  la  pre- 
mière fois  par  Duchesne  est  la  séparation 
des  sexes  chez  certains  Fraisiers,  causée, 
non  par  l’absence  des  étamines,  mais  par 
leur  oblitération.  La  même  plante  lui  avait 
permis  de  prendre  sur  le  fait  le  tranfor- 
misme  brusque  de  la  feuille,  et  de  pressen- 
tir, par  la  fleur,  la  théorie  de  l’évolution 
lente.  Mais  Duchesne  était  un  sage;  il  ne  se 
hâta  pas  de  conclure  et  resta  dans  le  doute. 

Il  y avait,  autour  de  Paris,  deux  grands 
centres  de  production  de  la  Fraise  mar- 
chande : la  Ville-du-Bois  et  Montreuil.  De 
cette  dernière  localité,  la  culture  s’en  est 
étendue  vers  l’est  en  un  large  segment  qui 
maintenant  atteint  le  département  de  Seine- 
et-Màrne.  Ce  n’était  toutefois  qu’un  faible 
appoint  de  la  culture  montreuillaise.  Ce 
bourg  de  quatre  mille  habitants,  jouissait, 
il  y a cent  ans,  d’une  prospérité  inouïe. 
Il  la  devait  à deux  hommes  1 qui,  après 

1 Tous  deux  étaient  officiers  : le  chevalier  de 
Girardot,  l’ainé  des  fils  du  baron,  était  officier  du 
roi;  Nicolas  Pépin  était  ancien  officier  chez  le 
roi.  La  Quintinye  avait  été  officier  de  la  maison 
du  roi.  Il  y a pïus  que  des  nuances  dans  ces  di- 
verses qualités. 


avoir  acquis  dans  la  lecture  de  la  Quintinye 
et  surtout  dans  les  leçons  de  Lenormand, 
son  successeur  au  potager,  l’art  encore  in- 
décis de  l’arboriculture,  vinrent  le  mettre 
en  pratique  sur  le  coteau  de  Bagnolet-Mon- 
treuil.  Ils  y cultivèrent  à peu  près  tous  les 
arbres  fruitiers,  sauf  le  Figuier,  qui  s’était 
déjà  confiné  à Argenteuil.  Les  succès  pro- 
digieux qu’ils  obtinrent  d’abord,  et  qui  se 
continuèrent  en  s’amplifiant  pendant  de 
longues  années,  paraissent  dus  à trois 
causes  : la  multiplicité  des  murs,  dont 
Arnaud  d’Andilly  avait  eu  la  première  idée 
et  dont  la  Quintinye  fît  la  première  appli- 
cation ; les  abris  contre  les  changements 
brusques  de  température,  qui  sont  une  in- 
vention de  Girardot,  et  la  taille  rationnelle  du 
Pêcher.  La  véritable  école  d’horticulture, 
dans  la  seconde  moitié  du  XVIIIe  siècle,  eut 
son  siège  à Montreuil  ; l’essaim  sorti  de 
Versailles  avait  détrôné  la  ruche  éducatrice. 
L’argent  y affluait,  gagné  par  un  labeur 
énorme  ; la  terre  y prit  une  valeur  considé- 
rable, et  le  fisc  s’en  donna  à cœur  joie  dans 
ce  bourg  « le  plus  imposé  de  France  ».  Qui 
voudrait  écrire  l’histoire  de  Montreuil  trou- 
verait dans  les  livres  du  temps  des  docu- 
ments nombreux  et  précis.  Je  citerai  seule- 
ment ici  Y Encyclopédie  de  Diderot  et  le 
Tableau  de  Paris  de  Mercier. 

N’oublions  pas  les  Géorgiques  françaises  : 

Quand  tu  verras  un  mont  près  du  bois  du  Vincenne 
Qui  domine  la  Marne,  et  Paris  et  la  Seine, 

Dont  les  lianes  sillonnés  par  d’immenses  appuis 
Offrent  mille  rideaux  de  verdure  et  de  fruits. 

Où  les  agriculteurs,  sous  un  habit  rustique, 
Chacuns  dans  leurs  jardins  vivent  en  république, 
Aborde  avec  respect  l’humble  toit  de  Pépin, 

Et  celui  plus  antique  où  demeura  Bourdin  i. 

On  y venait  de  toutes  parts  ; les  carrosses 
des  grands  s’y  croisaient  avec  les  élèves 
curieux. 

Ferme  tes  livres,  viens  pour  t’instruire  à Montreuil. 

((  Vous  croyez  savoir  beaucoup,  disait 
quelqu’un  à l’abbé  Roger,  et  vous  ne  savez 
rien.  Allez  voir  ces  manants  de  Montreuil, 
et  vous  conviendrez  avec  moi  que  vous 
n’ètes  qu’un  ignorant.  » Comme  il  avait 
raison,  ce  personnage  que  l’abbé  ne  nomme 
pas  ! 

De  là  se  répandaient  dans  tous  les  envi- 
rons les  bonnes  variétés  de  Pèches.  De 
Combles,  qui  écrivait  en  1744  et  avait  connu 
le  vieux  Pépin,  lequel  mourut  en  1761  à 
l’âge  de  soixante-dix-sept  ans,  de  Combles, 

1 II  n’est  connu  que  comme  obtenteur  de  la 
Pêche  Bourdine. 


EUCALYPTUS  CALOPHYLLA. 


420 

à propos  des  greffes,  dit  ceci  : « Rien  de  plus 
aisé  que  d’aller  se  promener  dans  les  jardins 
de  Montreuil,  et  de  marquer  les  arbres  dont 
les  fruits  nous  font  plaisir.  Vous  y revenez 
ensuite  lorsqu’il  est  temps  de  greffer.  » 
L’abbé  Roger  fut  aussi  contemporain  de 
Girardot  et  de  Nicolas  Pépin  dont  il  n’était 
l’aîné  que  de  six  ans  ; mais  il  vint  à Mon- 
treuil plutôt  en  professeur  qu’en  élève,  et  il 
s’y  fit  bafouer  sans  miséricorde.  R paraît 
cependant  que  Girardot  consentit  à essayer 
son  système  de  courbure  des  branches,  mais 
on  y renonça  bientôt. 

Le  plus  célèbre  parmi  « ces  manants  de 
Montreuil  » fut  Pierre  Pépin,  fils  de  Nicolas. 
Après  avoir  vendu  les  jardins  de  son  père, 
il  se  livra  à « la  direction  des  jardins  des 
grands  » et  au  professorat  bénévole.  R 
n’écrivit  point.  « Les  citoyens  honnêtes,  dit 
la  Correspondance  rurale , font  part  de 
leurs  observations  au  public,  M.  de  Sutières 
par  écrit,  M.  Pépin  de  vive  voix.  Ce  zélé 
citoyen  a toujours  fait  ses  efforts  pour  for- 
mer de  bons  ouvriers,  et  ne  s’occupe  géné- 
reusement que  du  plaisir  d’obliger  sans 
réserve  tout  amateur  qui  s’adresse  à lui  ». 
Les  plus  connus  de  ces  élèves  furent  le 
baron  de  Rutret  et  Jean  Mozard.  R est  à 
noter  que  le  livre  du  premier,  qui  est  de 
1793,  vaut  infiniment  mieux  que  celui  du 
second,  qui  est  de  1814.  R y a cent  ans, 
beaucoup  moins  de  personnes  qu’aujour- 
d’hui  savaient  cultiver  et  tailler  le  Pêcher, 
mais  elles  le  savaient  aussi  bien.  Aussi  les 
Pêches  de  Montreuil  étaient-elles  hors  de 


prix.  « Quand  un  prince  donne  une  fête  un 
peu  brillante,  dit  l’auteur  du  Tableau  de 
Paris,  on  en  mange  pour  trois  cents  louis 
d’or.  » 

Mercier  nous  renseigne  aussi  sur  ces  deux 
autres  fruits  : « J’ai  vu,  dit-il,  4,000  pots 
d’ Ananas  chez  le  duc  de  Rouillon,  il  y en 
aura  bientôt  6,000.  Le  duc  en  a tous  les 
jours  8 à 10  sur  sa  table.  » Et,  en  profane 
naïf  qu’il  est,  il  s’étonne  qu’on  néglige  cette 
culture,  « qui  dépend  d’une  serre  chaude 
peu  coûteuse.  » Quant  au  Melon,  les  maraî- 
chers ou,  comme  on  disait,  les  «maragers» 
de  Paris  étaient  bien  en  retard  sur  ceux 
de  Hollande,  qui  cultivaient  déjà  l’excel- 
lent Cantalupo  ; le  Melon  de  Paris  est,  à 
l’époque,  « une  mauvaise  drogue  qui  usurpe 
le  nom  d’un  des  meilleurs  fruits  de  l’uni- 
vers. » R paraît  qu’il  était  malsain,  au  point 
que  la  vente  en  était  interdite  vers  le  15  sep- 
tembre. « Mais,  ajoute  Mercier,  les  serres 
nouvellement  établies,  avec  des  vitrages 
exhaussés  et  qui  concentrent  les  rayons  du 
soleil,  leur  donneront  sans  doute  une  matu- 
rité qui  les  rendra  moins  insalubres.  » 

R est  heureux  pour  moi  qu’il  n’y  ait  rien 
à dire  de  la  floriculture  d’il  y a cent  ans.  R 
me  faudrait  plaider  l’incompétence.  C’est  un 
art  né  d’hier.  A cette  époque  on  ne  s’occu- 
pait guère  que  des  fleurs  à Oignons.  Le 
Rosetum,  lui-même,  était  pauvre,  et  les 
Orchidées  n’étaient  connues  que  de  nom. 
Du  Petit-Thouars  n’avait  pas  encore  visité 
Madagascar. 

Al.  Messager. 


EUCALYPTUS  CALOPHYLLA 


Cette  superbe  espèce,  originaire  du  sud- 
ouest  de  l’Australie,  près  de  King-George- 
Sound,  où  elle  porte  le  nom  de  « Gommier 
rouge  » (Red  Gum)(1),  a été  découverte  par 
Allan  Cunningham.  Elle  est  remarquable 
par  la  régularité  de  son  port  touffu  autant 
que  par  la  beauté  de  ses  tiges  et  de  ses  pé- 
tioles rouges  et  de  ses  grandes  fleurs  blan- 
ches. 

D’une  croissance  rapide,  sans  égaler 
l’extrême  vigueur  de  Y Eue.  Globulus , nous 
avons  vu  de  jeunes  exemplaires  à’ Eue.  ca- 
lophylla  grandir  de  quatre  mètres  dans 
une  seule  année.  R forme  alors  un  arbre  à 
rameaux  disposés  en  tête  pyramidale,  por- 
tant de  belles  feuilles  à peu  près  régulière- 

1 Ce  nom  de  Red  Gum  s’applique  aussi  aux 
E.  odorata,  melliodora , amygdalina,  Stuartiana, 
tereticornis . 


ment  ovales-aiguës,  lauriformes  et  non  fal- 
ciformes  comme  dans  beaucoup  d’autres 
espèces.  Leur  surface  est  d’un  beau  vert 
brillant,  sur  lequel  la  nervure  médiane  d’un 
beau  rouge  se  détache  très  agréablement. 
Les  fleurs  naissent  à la  fin  de  l’hiver,  dans 
le  midi  de  la  France,  et  forment  de  magni- 
fiques bouquets  blancs  à l’extrémité  des  ra- 
meaux, qu’elles  chargent  souvent  au  point 
de  les  faire  incliner  fortement. 

Chaque  année  nous  voyons  plusieurs  de 
ces  arbres,  hauts  de  J 5 mètres,  plantés  de- 
puis six  ans  seulement,  dans  notre  jardin 
de  la  villa  Colombia,  au  golfe  Juan,  se  cou- 
vrir de  ces  belles  fleurs  pendant  plusieurs 
semaines;  l’un  d’eux  a servi  à faire  la, 
planche  coloriée  que  nous  publions  aujour- 
d’hui. Rs  portent  également  de  curieux 
fruits  en  forme  d’urnes  allongées. 


Revue  Horticole. 


Eucalyptus  calophiflla 


Chrovwlù/v.  CSeverei/ns. 


ïroacu'ct,  cûu  . 


. 


' 


ARBRES  PARASOLS. 


421 


L 'Eue.  calophylla , décrit  et  nommé  par 
Robert  Brown  l,  ne  s’est  révélé  dans  toute 
sa  beauté  que  depuis  qu’on  le  plante  dehors 
dans  le  midi  de  l’Europe,  surtout  dans  la 
région  de  Cannes  et  de  Nice,  où  il  n’est  pas 
encore  très  commun.  Il  y prospère  cepen- 
dant très-bien.  Sans  atteindre  la  hauteur 
de  30  mètres,  avec  un  tronc  mesurant  2 mè- 
tres de  diamètre,  comme  en  Australie,  il 
présente  un  si  beau  port  et  un  aspect  si  or- 
nemental qu’il  doit  être  employé  dans  tous 
les  jardins.  Il  n’y  a pas  jusqu’à  ses  fruits 
ligneux,  en  forme  de  gourde,  qui  ne  cons- 
tituent encore  un  ornement. 

Mais  cet  intérêt  s’augmente  encore  de  la 
valeur  industrielle  de  cet  arbre.  Son  bois 
léger  se  conserve  bien  s’il  est  à l’abri  de 
l’humidité  ; on  l’emploie  généralement  à la 
fabrication  des  instruments  agricoles.  Son 
écorce,  mêlée  à celle  de  certains  Acacias, 
sert  au  tannage  des  cuirs;  ses  grosses 
graines  également.  Il  fournit  aussi  une  ré- 
sine connue  sous  le  nom  de  « résine kino  ». 
Cette  substance  est  d’abord  fluide,  mais  elle 


se  durcit  à l’air.  Elle  se  dissout  dans  l’eau 
froide,  dans  la  proportion  des  deux  tiers  de 
son  volume. 

Enfin,  il  faut  faire  ressortir  que  l 'Eue. 
calophylla  est  une  des  rares  espèces  qui  se 
contentent  des  terrains  secs  sur  le  littoral  de 
la  Méditerranée,  pourvu  qu’ils  soient  suffi- 
samment « défoncés  ».  Sa  rusticité  n’égale 
pas  tout  à fait  celle  des  plus  robustes  es- 
pèces, comme  les  Eue.  amygdalina,  Glo- 
bulus,  etc.,  et  nous  avons  vu  quelquefois  les 
feuilles  un  peu  rôties  par  des  hivers  excep- 
tionnels, mais  ce  n’est  là  qu’un  accident  qui 
se  répare  facilement,  étant  donnés  la  rapide 
croissance  et  l’étonnant  pouvoir  de  recons- 
titution de  ces  beaux  arbres. 

Nous  n’hésitons  donc  pas  à recommander 
à nos  lecteurs  du  Midi  la  plantation  de  Y Eue. 
calophylla , au  point  de  vue  décoratif  sur- 
tout, avant  toutes  les  autres  espèces  de  ce 
genre  qui  se  sont  répandues  depuis  quel- 
ques années  sur  les  bords  de  la  « mer 
bleue  ». 

Ed.  André. 


ARBRES  PARASOLS 


On  donne  le  nom  d q parasol  à tout  arbre 
dont  la  tête  compacte,  et  plus  ou  moins 
sphérique,  légèrement  déprimée,  est  sup- 
portée par  une  tige  droite  de  2 à 3 mètres 
de  hauteur.  Les  espèces  qui  tout  naturelle- 
ment forment  bien  le  parasol  sont  peu  nom- 
breuses, d’aspect  et  de  valeur  différente. 
L’une  des  plus  fréquemment  élevées  pour  cet 
usage  est  le  Robinia  pseudo-Acacia  um- 
braculifera,  vulgairement  Acacia  boule  ou 
Acacia  parasol.  Bien  que  cette  variété  soit 
tout  particulièrement  employée  pour  cet 
usage,  ce  n’est  pas  la  seule  qui  puisse  con- 
venir ; elle  offre  même  le  sérieux  inconvé- 
nient de  se  dégarnir  en  vieillissant,  ce  qui 
oblige  de  la  soumettre  à la  taille  ou  à un 
rajeunissement  annuel.  Une  autre  forme 
également  des  plus  propres  à être  conduites 
en  parasol  est  le  Catalpa  Bungei,  origi- 
naire du  Japon.  Ses  branches  courtes,  très- 
nombreuses  et  très-ramifiées,  font  une  masse 
compacte  qui  n’est  jamais  pénétrée  par  les 
rayons  solaires,  quelque  intenses  qu’ils 
soient. 

Parmi  les  autres  espèces  qui  pourraient 
être  soumises  à ce  traitement,  je  puis  citer 
plusieurs  espèces  d’Érable,  le  Cerasus  sem- 

1 L’espèce  a été  décrite  aussi  par  W.  Hooker 
sous  le  nom  de  splachnicarpon. 


perflorens  ou  « Cerisier  de  la  Toussaint  », 
certains  Ormes , quelques  Frênes,  etc.  Il 
suffirait  au  besoin  pour  quelques-unes  de 
leur  faire  prendre  telle  ou  telle  direction, 
en  rapport  avec  l’usage  auquel  on  les  des- 
tine. 

Taille.  — Suivant  les  plantes  avec  les- 
quelles on  veut  faire  des  parasols,  on  devra 
procéder  diversement  en  tenant  compte  de 
la  nature  des  arbres.  Ainsi,  tandis  qu’il  en 
est  qui  tout  naturellement  prennent  cette 
forme  globuleuse,  il  en  est  d’autres  qui  ne 
prennent  cette  direction  qu’autant  qu’on  les 
y contraint  par  une  taille  raisonnée  et  plus 
ou  moins  sèvère,  en  raison  de  la  nature  et 
surtout  de  la  disposition  des  branches.  Le 
travail,  dans  ce  cas,  consiste  à pincer  pen- 
dant l’été  les  bourgeons  pour  les  faire  ra- 
mifier, et,  à l’automne  ou  pendant  l’hiver, 
de  faire  les  suppressions  nécessaires  de  ma- 
nière à donner  à l’ensemble  une  forme  gra- 
cieuse qui,  en  la  circonstance,  doit  être  une 
sorte  de  boule  méplate,  de  dimension  en 
rapport  avec  les  conditions  où  l’on  se  trouve 
et  le  but  que  l’on  cherche  à atteindre. 

Multiplication.  — Toutes  les  espèces  et 
variétés  propres  à former  des  arbres  parasols 
ayant  les  branches  nombreuses,  ramifiées, 
relativement  ténues,  sont  impropres  à former 
des  tiges;  il  faut  donc  les  greffer  sur  des 


422 


SAINT  FIACRE,  PATRON  DES  JARDINIERS. 


sortes  appropriées  pouvant  former  de  beaux 
jets.  Les  conditions  de  réussite  pour  la 
greffe,  ici  comme  toujours,  se  trouvent  dans 
l’analogie  organique  qui  doit  exister  entre 
le  sujet  et  le  greffon.  Lorsque  le  sujet-tige 
est  suffisamment  élevé  et  assez  gros,  on 
procède  à la  greffe,  que  l’on  fait  en  fente  ou 
en  écusson,  suivant  les  espèces  ; mais 
comme  d’autre  part  on  doit  viser  à ob- 


tenir une  tête  le  plus  vite  possible,  on 
doit,  autant  qu’on  le  peut,  mettre  plusieurs 
greffons.  Au  fur  et  à mesure  que  ceux-ci 
poussent,  on  les  maintient  à l’aide  d’un 
tuteur  ; puis  on  les  pince  pendant  l’été  si 
la  chose  est  nécessaire  afin  de  les  faire  ra- 
mifier, de  liàter  la  formation  du  parasol 
en  le  régularisant.  Clausen, 

Professeur  d’arboricullure 
à l’École  impériale  de  Nikita  (Crimée). 


SAINT  FIACRE,  PATRON  DES  JARDINIERS 


C’est  le  30  août  que,  chaque  année,  les 
jardiniers,  les  maraîchers,  les  pépiniéristes, 
célèbrent  la  fête  de  saint  Fiacre,  leur  pa- 
tron. Ce  jour-là,  dans  les  villes  comme 
dans  les  petites  bourgades,  les  églises  des 
confréries  sont  ornées  de  fleurs  et  la  mu- 
sique retentit  sous  les  voûtes.  Ces  fêtes  se 
terminent  généralement  par  des  banquets 
et  des  danses. 

Saint  Fiacre  1 n’est  pas  né  dans  le  dé- 
partement de  Seine-et-Marne,  mais  c’est  à 
10  kilomètres  de  Meaux,  dans  le  canton  de 
Crécy,  qu’il  avait  son  ermitage. 

Le  patron  des  jardiniers  naquit,  au  VIe 
siècle,  en  Irlande  ; il  était  fils  aîné  d’un  roi 
d’Ecosse  qui  fut  contemporain  de  Clo- 
taire IL  A peine  eut-il  atteint  sa  vingtième 
année,  qu’effrayé  des  dangers  qu’offrent  les 
séductions  du  monde,  il  quitta  son  pays  et 
vint  chercher  en  France  une  retraite  pai- 
sible. Il  trouva  dans  la  Brie  un  petit  bois 
appelé  Le  Breuil.  Ce  lieu  lui  plut  telle- 
ment qu’il  s’adressa  à saint  Faron,  évêque 
de  Meaux,  lui  disant  qu’il  avait  foulé  aux 
pieds  sa  noblesse  et  sa  fortune  pour  vivre 
dans  la  retraite,  et  le  pria  de  l’autoriser 
à s’établir  dans  ce  lieu  solitaire.  L’évêque 
de  Meaux  lui  permit  de  prendre  autant  de 
terre  qu’il  pourrait  en  entourer  d’un  fossé 
en  fouillant  la  terre  avec  sa  bêche  pendant 
un  jour.  Saint  Fiacre  accepta  avec  empres- 
sement cette  condition  et  se  mit  aussitôt 
à l’œuvre.  Il  ouvrit  un  long  fossé  qui  lui 
permit  d’enclore  une  très-grande  surface 
couverte  de  bois.  Pendant  son  travail,  rap- 
portent les  premiers  historiens,  sa  bêche 
sautait  en  quelque  sorte  et  le  fossé  se  cons- 
truisait de  lui-même. 

Une  femme,  appelée  Becnaude,  voyant 
ce  miracle,  accusa  saint  Fiacre  auprès  de 
l’évêque  de  Meaux  d’avoir  fait  un  pacte 
avec  le  démon.  Étant  venu  un  jour  visiter 
le  solitaire  du  Breuil,  saint  Faron  recon- 

1  Son  nom  primitif  était  Fi-fre. 


nut  qu’il  avait  eu  tort  de  s’être  laissé  un 
instant  égarer,  et  il  prit  l’ermitage  de  saint 
Fiacre  sous  sa  tutelle.  Cette  visite  de  saint 
Faron  ranima  le  courage  de  saint  Fiacre, 
qui  put  donner,  à partir  de  ce  moment,  un 
libre  cours  à sa  pensée  pieuse  et  charitable. 
C’est  alors  qu’il  entreprit  le  défrichement 
de  l’enclos  qu’il  possédait.  Le  jour,  il  ma- 
niait la  bêche  et  le  rateau  ; la  nuit,  il  priait 
dans  son  oratoire. 

Saint  Fiacre,  si  dur  pour  lui-même,  était 
généreux  envers  ceux  qui  venaient  implo- 
rer ses  conseils  et  ses  prières,  ou  lui  de- 
mander de  partager  le  fruit  de  son  travail. 
Dans  son  hôpital,  il  recevait  les  infirmes, 
les  malades,  qu’il  soignait  et  servait  lui- 
même.  Sa  vie  était  austère  et  ascétique. 

Saint  Fiacre  mourut  le  30  août  670 1 ; 
son  oratoire  lui  servit  de  tombeau.  Au 
XVe  siècle,  on  couvrit  sa  châsse  d’argent  et 
d’or.  En  1565,  époque  où  elle  était  d’une 
richesse  inouïe,  on  la  cacha  dans  le  château 
de  Villemareuil  pour  la  soustraire  aux  cal- 
vinistes. C’est  en  1568  qu’on  la  transporta 
dans  le  prieuré  de  Meaux,  et,  plus  tard,  en 
1572,  dans  la  cathédrale  de  cette  ville.  Une 
partie  de  ses  reliques  a été  déposée  en  1627 
et  1695  dans  la  chapelle  de  Loppaia,  que 
les  grands-ducs  de  Florence  firent  cons- 
truire à cet  effet  en  Toscane. 

Le  monastère,  qui  avait  été  détruit  pen- 
dant les  guerres  religieuses,  fut  rétabli  en 
1675,  mais  en  1766,  il  fut  réuni  à l’abbaye 
de  Saint-Faron,  qui  appartenait  à l’ordre 
de  Saint-Benoît. 

Le  terrain  cultivé  par  saint  Fiacre  est 
encore  bien  connu.  L’église  où  se  trouvait 
son  tombeau  a été  détruite  ; mais  l’enclos, 
qui  contient  de  12  à 13  hectares,  a con- 
servé son  enceinte.  Il  a été  acheté  il  y a 

1 Saint  Fiacre  fit  des  prédications  fructueuses 
dans  le  nord  de  la  France.  Le  diocèse  d’Arras 
honore  sa  mémoire  le  13  novembre  de  chaque 
année. 


423 


ANTHURIUM  ET  CROTON  NOUVEAUX. 


quelques  années  par  le  curé  du  lieu  pour  y 
créer  un  orphelinat  agricole. 

Le  nom  primitif  de  Breuil,  m’écrivait 
M.  Denis,  chanoine  de  Meaux,  a été  rem- 
placé par  celui  de  Saint-Fiacre  à l’époque  la 


— CULTURE  DU  PIIYTOLACCA. 

plus  reculée.  Le  village  de  Saint-Fiacre  est 
attenant  à l’enclos  du  prieuré  bénédictin,  qui 
remonte  aux  disciples  du  pieux  anachorète. 

Gustave  Heuzé. 


ANTHURIUM  ET  CROTON  NOUVEAUX 


Anthurium  isarense. 

Après  toutes  les  choses  curieuses  et  hau- 
tement ornementales  que  la  famille  des 
Aroïdées  nous  a déjà  données,  on  se  de- 
mande ce  que  l’on  peut  encore  attendre. 
Cependant,  de  temps  à autre,  quelques 
nouveautés  intéressantes  viennent  nous  aver- 
tir que  la  série  des  surprises  que  certains 
genres  d 'Anthurium  nous  ménagent  n’est 
pas  encore  épuisée.  Nous  venons  de  voir 
à Mortefontaine,  chez  MM.  Chantrier  frères, 
qui  poursuivent  sur  l’hybridation  de  ces 
plantes  le  cours  de  leurs  travaux,  un  hy- 
bride nouveau  issu  de  Y Anthurium  Veitcliii 
et  de  TA.  ornatum,  qui  prendra  un  rang 
distingué  parmi  les  plus  belles  formes  obte- 
nues. Voici  la  description  sommaire  de  cette 
nouveauté  : 

Plante  d’une  grande  vigueur,  à longs  pétioles 
cylindriques,  verts,  courtement  renflés  à la  base 
garnie  de  gaines  lancéolées  ; limbe  très-grand, 
déjeté  verticalement,  cordiforme,  oblong,  vert 
tendre,  nuancé  en  dessus  de  reflets  métalliques 
comme  1\A.  Veitchii,  dont  il  est  issu  par  croi- 
sement avec  VA.  ornatum.  Hampe  de  la  hau- 
teur des  feuilles,  cylindracée,  verte  ; spathe 
horizontale,  oblongue-lancéolée,  blanc  pur  ver- 
nissé, longuement  cuspidée,  à pointe  décurve  ; 
spadice  gros,  érigé,  cylindro-conique,  blanc 
rosé. 

MM.  Chantrier  possèdent  encore  une 
grande  quantité  de  semis  provenant  d’hy- 
bridations différentes  et  qui  nous  font  pré- 
sager de  nouveaux  succès  pour  ces  habiles 
horticulteurs.  Mais  la  « veine  » pourrait 
bientôt  s’épuiser.  On  a usé,  presque  jusqu’à 
l’arbre,  des  Anthurium  Andreanum,  orna- 
tum, Veitchii , magnificum,  etc.  ; il  serait 
bon  d’infuser  une  sève  nouvelle  à tous  ces 


métis  ou  hybrides.  C’est  là  que  le  succès 
pourrait  attendre  les  chercheurs. 

Croton  picturatum. 

Parmi  les  dernières  plantes  obtenues 
de  semis  par  MM.  Chantrier,  nous  devons 
signaler,  comme  une  des  meilleures,  un 
Croton  nouveau  à ajouter  au  grand  nombre 
qu’ils  ont  déjà  mis  au  commerce.  Voici  une 
courte  description  de  cette  nouveauté  : 

Plante  vigoureuse  et  trapue  rappelant  le  port 
du  C.  musaicus.  Feuilles  rapprochées,  dres- 
sées-étalées,  à court  pétiole  brusquement  gé- 
niculé,  rouge-violacé,  blanc  à la  base  et  au 
sommet  ; limbe  brusquement  acuminé  à pointe 
peu  aiguë  ; nervure  médiane  carmin  foncé  sur 
les  deux  faces  des  feuilles  adultes;  page  supé- 
rieure fond  vert  olive  régulièrement  zébré 
caissonné  et  nervé  de  beau  rouge  carmin  après 
avoir  été  jaune  clair  orangé  sur  les  jeunes 
feuilles. 

Plus  ramassée  que  le  C.  musaicus,  dont 
elle  a toutes  les  beautés,  cette  plante  comp- 
tera parmi  nos  Crotons  les  plus  intéressants 
et  fait  le  plus  grand  honneur  à ses  obten- 
teurs. 

Les  nouveautés  de  Crotons  s’améliorent 
de  plus  en  plus  sous  le  rapport  de  la  bonne 
tenue  et  de  la  netteté  des  coloris.  Mais  il 
faut  bien  convenir  que  les  obtentions  vont 
tourner  bientôt  dans  un  cercle  fermé.  Il  est 
temps,  semble-t-il,  de  chercher  autre  chose. 
Du  Codiæum  pictum  est  sortie  un  nombre 
tout  à fait  inespéré  de  formes  et  de  couleurs. 
Ne  pourrait -on  chercher  maintenant  les 
hybridations  dans  les  espèces  voisines,  et 
même  dans  les  Croton  propremants  dits, 
qui  sont  botaniquement  d’un  autre  genre 
que  les  Codiæum  ? Nous  livrons  cette  idée 
aux  méditations  des  semeurs.  Ed.  André. 


CULTURE  DU  PHYTOLACCA  DECANDRA  ALRO  YARIEGATA 


Cette  espèce,  dont  la  Revue  horticole  a 
donné  une  description  et  une  figure  1 est 
certainement  l’une  des  plus  jolies  plantes  à 
feuilles  panachées  qui  ait  été  récemment 

1 Voir  Revue  horticole , 1887,  p.  16. 


mises  au  commerce.  Malheureusement  la 
fixité  de  la  panachure  laisse  à désirer  ; la 
plante  tend  à donner  des  bourgeons  verts, 
qui,  toujours  plus  vigoureux  que  les  autres, 
ne  tarderaient  pas  à devenir  envahissants 
si  on  ne  les  supprimait  pas  au  fur  et  à me- 


424 


GREFFAGE  DES  RHODODENDRONS. 


sure  qu’il  s’en  produit.  Toutefois,  c’est  là 
u/i  inconvénient  qui  disparaît  facilement  et 
ne  se  montre  guère,  du  reste,  que  dans  le 
commencement  de  la  mise  en  pleine  terre 
des  plantes;  un  peu  plus  tard,  lorsque  les 
parties  panachées  ont  « pris  le  dessus  », 
toutes  les  autres  se  développent,  et,  comme 
la  sélection  que  l’on  a opérée  a fait  dispa- 
raître les  parties  vertes,  il  en  résulte  que 
celles  qui  poussent  avec  cette  couleur  ne 
sont  toujours  qu’une  rare  exception,  qui 
ajoute  à la  beauté  des  plantes,  et  la  font  res- 
sortir. 

Cependant,  il  faut  bien  reconnaître  que 
cette  espèce  nécessite,  pour  la  multiplica- 
tion, certaines  précautions  sans  lesquelles 
le  résultat  est  nul  ou  mauvais  ; nul,  si  pour 
boutures  on  prend  des  bourgeons  dépourvus 
de  matière  verte,  car  alors  ils  ne  s’enra- 
cinent pas  et  « fondent  »,  comme  l’on  dit. 
Il  faut  prendre  des  bourgeons  de  grosseur 
moyenne,  franchement  panachés,  et  plus 
ou  moins  marqués  de  vert.  Pourtant,  ici 
encore,  il  est  une  chose  presque  indis- 
pensable pour  obtenir  une  bonne  réussite, 
c’est  de  prendre  des  bourgeons  longs  et 
gros,  mais  suffisamment  aoûtés,  et  les  en- 
lever avec  un  peu  de  talon;  de  cette  façon, 
la  réussite  est  à peu  près  certaine.  Ainsi, 
cette  année,  nous  avons  vu  le  chef  de  cul- 
tures de  M.  Forgeot,  à Yincennes,  M.  Ber- 
taud,  faire  des  boutures  de  cette  manière, 
hautes  de  40  centimètres  et  plus,  et  placées 
sous  cloche  dans  la  serre  à multiplication  ; 
à une  température  de  15  à 20  degrés,  elles 
s’enracinent  facilement.  Mais  si,  au  lieu  de 
bourgeons  longs  et  semi-aoûtés,  on  fait  des 
boutures  avec  l’extrémité  de  bourgeons  her- 
bacés tendres,  ils  fondent,  quels  que  soient 
les  soins  qu’on  ait  pris  pour  les  faire  enra- 
ciner. 

Outre  le  bouturage,  on  peut  aussi  mul- 
tiplier le  Phytolacca  decandra  albo-varie- 
gata  par  semis.  Les  plantes  ainsi  obtenues 
sont  ou  totalement  blanches  ou  jaunâtres; 
toutefois,  ces  dernières  sont  de  beaucoup  les 
plus  communes;  seulement  elles  présentent 
un  inconvénient  déterminé  par  la  couleur 


qu’affectent  les  plantes.  Ainsi,  tous  les  su- 
jets blancs  ou  jaunâtres,  dépourvus  de  chlo- 
rophylle ou  matière  verte,  fondent  lorsqu’on 
en  fait  le  repiquage  ; tandis  que  ceux  qui 
sont  complètement  verts  poussent  très-vi- 
goureusement, mais  ne  se  panachent  jamais. 

Pour  arriver  à obtenir  des  plantes  bien 
vivantes  panachées,  voici  comment  il  faut 
opérer  : Choisir  dans  les  plantes  de  semis 
et  parmi  celles  qui  montrent  du  vert,  les 
pieds  où  l’on  remarque  des  liserés  blancs 
ou  blanchâtres,  les  repiquer  à part  ; ce  qui 
fait  des  plantes  bonnes  et  bien  établies,  qui 
durent  très-longtemps.  Quant  aux  sujets 
chez  lesquels  il  n’y  a pas  de  vert,  il  est 
inutile  de  s’en  occuper,  car  aucun  ne 
vivra.  De  même  que  chez  les  Houx,  les 
Negundo , les  Phormium  tenax,  etc.,  tout 
sujet  qui  lève  complètement  blanc  ne  pourra 
vivre.  Quel  rôle  joue  la  chlorophylle?  Si 
scientifiquement  on  ne  peut  le  dire,  la  pra- 
tique démontre  formellement  que  chez  les 
végétaux  cotylédonés,  sa  présence  est  indis- 
pensable au  développement  des  plantes. 

Terminons  cet  article  par  une  récapitu- 
lation sommaire  des  soins  nécessaires  à la 
multiplication  du  Phytolacca  decandra 
alba.  Voici,  en  ce  qui  concerne  le  boutu- 
rage : prendre  des  bourgeons  semi-aoûtés, 
de  grosseur  moyenne,  d’environ  30  centi- 
mètres de  longueur,  munis  à la  base  d’un 
petit  empattement  (talon),  les  planter  dans 
un  mélange  de  terre  de  bruyère  et  de  ter- 
reau. 

Pour  le  semis,  semer  dans  des  petits 
pots  un  certain  nombre  de  graines,  en- 
terrer ces  pots  sur  couche  et  sous  châssis, 
de  manière  à activer  la  végétation,  puis 
choisir  parmi  les  pieds  verts  ceux  qui  pré- 
sentent des  stries  ou  liserés  blancs  qui 
formeront  des  sujets  vigoureux,  où  le  vert 
et  le  blanc  des  feuilles  s’allieront  au  rouge 
de  l’écorce,  pour  former  de  nombreux  et 
charmants  contrastes. 

Il  va  sans  dire  que  les  graines  employées 
pour  faire  les  semis  devront  avoir  été  récol- 
tées sur  des  parties  bien  panachées. 

E.-A.  Carrière. 


GREFFAGE  DES  RHODODENDRONS 


Pour  la  multiplication,  le  Rhododendron 
ponticum  est  le  sujet  employé  le  plus  fré- 
quemment. On  peut  également  se  servir  du 
R.  catawbiense  de  semis. 

Au  mois  d’avril-mai,  on  rempote  les 
sujets  propres  à être  greffés  ; on  les  place 


dans  une  plate-bande,  le  pot  enterré 
presque  entièrement,  toutefois  en  ayant 
soin  de  recouvrir  le  dessus  d’une  bonne 
couche  de  paillis  qui  maintiendra  une 
certaine  fraîcheur  pendant  le  courant  de 
l’été. 


GREFFAGE  DES  RHODODENDRONS. 


425 


Les  greffons  sont  coupés  au  mois  de  fé- 
vrier-mars, ou  dans  les  derniers  jours  de 
janvier  ; ils  sont  fournis  par  les  pousses 
qui  partent  aussitôt  après  la  floraisen  et  qui 
proviennent  des  yeux  placés  autour  de  la 
tige  qui  a supporté  la  fleur. 

A cet  effet, 
pour  favoriser 
la  pousse  qui 
servira  de  gref- 
fon, aussitôt  la 
floraison  ter- 
minée on  en- 
lève les  fleurs 
passées  et  des- 
séchées qui 
pourraient  gê- 
ner le  dévelop- 
pement des 
pousses  de 
l’année. 

On  choisit 
un  greffon  vi- 
goureux, ter- 
miné, autant 
que  possible, 
par  le  bouton 
floral,  le  bois, 
dans  ces  con- 
ditions, étant 
tout  à fait  mûr. 

On  peut  sup- 
primer ou  gar- 
der ce  bouton 
floral.  En  le 
laissant,  on 
prétend  qu’on 
obtient  un  su- 
jet qui  fleurit 
presque  im- 
médiatement ; 
toutefois,  ayant 
été  à même  de 
voir  multiplier 
les  Rhodo- 
dendrons dans 
plusieurs  en- 
droits en  An- 
gleterre, j’ai 
toujours  vu 
supprimer  le 


Fig.  97,  98,  99.  — Greffage  des  Rhododendrons. 
Greffon  préparé.  — Sujet  vu  de  face.  — Sujet  vu  de  profil. 


bouton  floral, 

dans  l’intention  de  fatiguer  le  moins  pos- 
sible et  la  greffe  et  le  sujet. 

Pour  procéder  au  greffage,  on  coupe 
entièrement  le  sujet  à une  hauteur  de  4 à 
5 centimètres  environ  au-dessus  du  pot  et 
on  le  taille  en  double  biseau  (fig.  98,  99). 


On  taille  intérieurement  le  greffon  en 
biseau  également,  de  façon  à ce  qu’il  puisse 
exactement  recouvrir  la  section  du  sujet 
(fig.  97).  Pour  cela  on  a eu  soin,  en  faisant 
l’incision,  d’enlever  une  certaine  quantité 
de  bois  dans  le  milieu  du  greffon  ; sans 

cette  opéra- 
tion, on  ne 
pourrait  ob- 
tenir qu’un 
recouvrement 
imparfait. 

Quand  la 
greffe  est  ap- 
pliquée exac- 
tement sur  le 
sujet,  on  y fait 
une  ligature 
(en  natte  de 
préférence)  et 
on  enduit  les 
parties  inci- 
sées du  greffon 
et  du  sujet 
avec  une  bouil- 
lie composée 
de  terre  fran- 
che délayée 
dans  de  l’eau. 

Les  greffes 
ainsi  faites 
(fig.  100)  sont 
placées  sous 
châssis,  dans 
une  serre  à 
multiplication. 
De  temps  à 
autre,  on  pra- 
tique l’ébour- 
geonnement, 
et,  au  prin- 
temps, après 
les  avoir  pro- 
gressivement 
changées  de 
température  et 
habituées  à 
l’air,  elles  sont 
bonnes  à met- 
tre en  place 
en  pépinière. 
Il  ne  faut  pas 
tuteur,  qui  em- 
temps  encore, 
qui  servira  à 


100.  — Greffage  des  Rhododendrons. 
Sujet  greffé  et  ligaturé. 


oublier  de  leur  mettre  un 
pêchera,  pendant  quelque 
le  décollement  de  la  greffe  et 
attacher  les  jeunes  pousses. 

On  peut  également  greffer  les  Rhodo- 
dendrons en  fente  ou  en  placage  ; toutefois, 


426 


STEPHANOPHYSUM  LONGIFOLIUM.  — LE  CAFÉIER. 


la  manière  que  j’indique  est  très-pratiquée 
en  Angleterre,  et,  en  ayant  vu  la  réussite, 
je  suis  à même  d’affirmer,  bien  que  cette 
manière  de  greffer  demande  un  peu  plus  de 


temps,  que  c’est  un  moyen  des  plus  prati- 
ques et  des  plus  sûrs  pour  obtenir  un  bon 

succès. 

L.  Paillet,  fils. 


STEPHANOPHYSUM  LONGIFOLIUM 


Cette  plante,  qui  appartient  à la  famille 
des  Acanthacées,  et  que  l’on  trouve  rarement 
dans  les  cultures,  nous  paraît  pourtant 
digne  à plusieurs  titres  d’y  entrer. 

C’est  une  plante  décorative  d’été  pouvant, 
dès  les  premiers  beaux  jours,  être  mise  en 
pleine  terre,  où,  pendant  tout  l’été  et  même 
jusqu’aux  gelées,  elle  se  couvrira  de  fleurs 
d’un  très-beau  rouge  cocciné,  qui,  par  le 
nombre  et  la  couleur,  produisent  un  très- 
bel  effet  décoratif. 

Voici  une  description  sommaire  de  cette 
plante  intéressante  : 

Plante  ramifiée,  excessivement  floribonde. 
Tige  dressée,  raide,  quadrangulaire.  Feuilles 
opposées,  ovales-elliptiques,  atténuées  à la 
base,  longuement  acuminées  -en  pointe  au 
sommet,  entières  ou  à peine  courtement  den- 
tées, glabres,  luisantes* en  dessus,  d’un  vert 
plus  pâle  en  dessous,  à nervures  simples  ou  à 
peines  ramifiées,  en  forme  de  demi-cercle. 
Ramilles  florales  axillaires,  longues,  terminées 
par  des  ramifications  florales  axilles,  lisses, 
luisantes,  très-ténues.  Fleur  monopétales  tu- 
buleuses, à tube  gibbeux,  ventru,  d’un  rouge 
cocciné  ou  vermillon,  renfermant  les  organes 


sexuels,  qui  sont  inclus  ou  légèrement  sail- 
lants. Calyce  à divisions  persistantes,  longue- 
ment linéaires,  aiguës,  appliquées. 

Originaire  du  Brésil,  le  Stephanophy- 
sum  longi  folium,  Pohl.,  réclame  la  serre 
chaude  ou  au  moins  une  bonne  serre  tem- 
pérée. 

Il  vient  très-bien  en  pot  et  peut  y fleurir 
abondamment  pendant  tout  l’hiver,  si  la 
chaleur  est  suffisante. 

La  multiplication  se  fait  par  boutures, 
à l’aide  de  bourgeons  herbacés,  non  « à 
fleurs  »,  que  l’on  coupe  et  que  l’on  plante 
en  terre  de  bruyère  dans  des  pots  qu’on 
place  sous  cloche  dans  la  serre  à multipli- 
cation. 

Pour  se  procurer  du  bois  propre  au  bou- 
turage, on  rabat  des  plantes  vigoureuses, 
qui,  alors,  donnent  naissance  à des  bour- 
geons, qu’on  enlève  au  fur  et  à mesure  du 
besoin. 

Si,  au  lieu  de  renouveler  les  plantes, 
on  les  laisse  pousser,  elles  s’élèvent  et 
deviennent  suffrutescentes , presque  li- 
gneuses. E.-A.  Carrière. 


LE  CAFÉIER 

CULTURE,  TERRAIN,  EXPOSITION,  RÉCOLTE.  — ESPÈCES  CULTIVÉES. 
LE  COMMERCE  DU  CAFÉ. 


La  culture  du  Caféier  varie  fort  peu  ; elle 
réussit  dans  les  terres  qui  ne  sont  pas  trop 
humides,  sur  le  penchant  des  coteaux  un 
peu  ombragés  et  à une  température  variant 
du  minimum  de  12°  au  maximum  de 
+ 31°  à 32°. 

Le  meilleur  terrain  de  plantation  est 
une  terre  vierge,  meuble,  légère,  qui  peut 
suffire  pendant  trois  ou  quatre  ans. 

Au  bout  de  cemps,  il  sera  nécessaire  de 
recourir  aux  engrais. 

On  peut  employer  la  pulpe  qui  entoure 
le  grain,  le  fumier  des  bestiaux,  les  ma- 
tières végétales  en  décomposition  ; qui  sont 
d’excellents  engrais  ; quant  aux  engrais  azo- 
tés, il  est  nécessaire  qu’ils  soient  répandus 
sur  le  sol. 


Lorsque  l’on  doit  semer  les  graines  de  Ca- 
féier, il  est  nécessaire  de  les  faire  séjourner 
dans  l’eau  pendant  un  jour  ou  deux,  pour 
que  leur  endosperme  corné  se  ramollisse, 
puis  elles  sont  déposées  ensuite  dans  une 
terre  légère,  riche  et  un  peu  humide.  On  con- 
tinue à maintehir  l’humidité  à l’aide  d’arro- 
sages ménagés,  ce  qui  facilite  la  germination 
des  graines  ; quand  les  tigelles  et  les  cotylé- 
dons sortent,  il  faut  avoir  soin  de  les  abriter 
contre  les  rayons  trop  ardents,  du  soleil  qui 
les  feraient  périr,  s’ils  étaient  privés  de 
l’ombrage  naturel  d’arbres  voisins.  Après 
un  an,  les  pieds  de  Caféiers  sont  assez  forts 
pour  pouvoir  être  replantés  et  repiqués.  Us 
commencent  à produire  quand  ils  ont 
atteint  l’âge  de  trois  ou  quatre  ans  ; à cette 


LE  CAFÉIER. 


427 


époque,  il  faut  les  étèter  pour  arrêter 
l’accroissement  en  hauteur,  les  faire  s’élar- 
gir et  permettre  de  récolter  plus  facilement 
leurs  graines. 

Pendant  mon  séjour  au  Brésil,  en  1878, 
j’ai  remarqué  que  l’on  cultive,  entre  les 
lignes  de  Caféiers,  du  Maïs  et  des  Haricots 
nains.  Le  but  de  ces  cultures  est  de  ne  pas 
perdre  de  terrain,  et  elles  viennent  en  dé- 
dommagement de  la  main  d’œuvre  exigée 
pour  l’entretien  des  plantations  de  Caféiers, 
qui  couvrent  d’immenses  superficies  de  ter- 
rain dans  cet  empire. 

Le  Caféier  redoute  les  vents  de  la  mer  ; 
ce  sont  eux  qui  ont  détruit  une  partie  des 
Caféiers  de  la  Réunion;  c’est  encore  pour 
lui  éviter  d’être  exposé  à ces  causes,  qu’on 
cherche  à l’abriter  derrière  des  plantations 
qui  l’ombragent  et  arrêtent  l’effort  des 
vents. 

L’arbre  est  sujet  à quelques  maladies  ; 
il  en  est  une  qui  est  produite  par  un 
insecte  qui  s’attaque  aux  racines  et  les  dé- 
truit; c’est  pour  cette  cause  qu’on  ne  peut 
cultiver  le  Café  à Mayotte.  Sa  longévité 
varie  beaucoup,  suivant  qu’il  rencontre  ou 
non  un  terrain  qui  lui  convient  et  des  cir- 
constances favorables.  C’est  ainsi  qu’on  voit 
le  plant  de  Moka,  à File  de  la  Réunion, 
mourir  après  la  première  récolte,  c’est-à-dire 
vers  la  quatrième  année.  La  durée  moyenne 
du  Caféier  est  de  dix-sept  ans,  cependant  on 
le  voit  quelquefois  atteindre  jusqu’à  trente 
ans.  Il  y a des  variétés  de  plants  plus  ro- 
bustes, et  tel  sol  qui  plaît  aux  uns,  peut  être 
défavorable  aux  autres;  c’est  ainsi  qu’à  la 
Réunion,  le  plant  Leroy  vit  parfaitement  où 
dépérissait  le  plant  de  Mokct.  Le  Caféier  se 
plaît  surtout  sur  les  collines  et  sur  les  mon- 
tagnes ombragées,  à l’exposition  du  levant. 
Celui  qui  vient  sur  les  lieux  élevés  est  plus 
petit,  plus  rabougri  et  donne  des  fruits 
moins  gros;  ce  sont  ces  fruits-là  qui  sont 
cependant  les  plus  recherchés. 

Les  Caféiers  ont  deux  principales  époques 
de  floraison,  à six  mois  d’intervalle  l’une 
de  l’autre,  mais  ils  portent  presque  cons- 
tamment des  fleurs  et  des  baies.  Cependant 
l’époque  de  la  floraison  n’est  pas  régulière; 
on  le  voit  parfois  donner  des  fleurs  toute 
l’année,  d’autres  fois,  il  ne  fleurit  qu’au 
printemps  ; dans  d’autres  cas,  il  y a deux 
époques,  le  printemps  et  l’automne.  Ces 
différences  tiennent  au  climat  qu’il  habite 
et  au  moment  de  la  saison  des  pluies.  Ainsi, 
à Tahiti,  il  fleurit  vers  le  mois  de  décembre 
et  donne  ses  fruits  vers  le  mois  de  mai  ; à 
Nossi-Bé,  on  a deux  récoltes,  l’une  en  fé- 


vrier et  mars,  l’autre  en  juin  et  juillet.  Les 
fruits  mettent  environ  quatre  mois  à mûrir. 

La  récolte  du  Café  se  fait  de  trois  façons 
différentes.  Dans  les  Antilles,  en  Égypte  et 
en  Arabie,  on  laisse  le  fruit  sécher  et  tom- 
ber naturellement,  ou  à la  suite  de  se- 
cousses légères  imprimées  aux  branches. 
On  sépare  le  grain  de  son  enveloppe  soit 
dans  un  mortier,  soit  par  le  battage  au  fléau, 
soit  plus  simplement  encore  en  froissant 
les  baies  dans  les  mains.  D’autres  fois,  les 
baies  sont  récoltées  mûres,  mais  non  dessé- 
chées, puis  étendues  sur  le  sol,  battues  par 
couches  de  10  à 15  centimètres  d’épaisseur, 
exposées  au  soleil  pendant  trois  ou  quatre 
semaines,  et  remuées  fréquemment.  Il  suffit 
ensuite  de  triturer  légèrement  le  fruit  pour 
en  séparer  complètement  le  grain.  Ce  pro- 
cédé communique  parfois  au  café  une  odeur 
et.  une  saveur  désagréables,  par  suite  du 
commencement  de  fermentation  putride 
que  peut  éprouver  la  pulpe  du  fruit.  Pour 
éviter  cet  inconvénient,  dans  certaines  con- 
trées, ce  procédé  est  remplacé  par  la  dessi- 
cation rapide  dans  des  séchoirs  artificiels. 

Le  troisième  procédé  consiste  à faire  pas- 
ser les  baies  mûres,  mais  non  desséchées, 
entre  deux  cylindres  suffisamment  rappro- 
chés, nommés  grageurs.  On  fait  ensuite  ma- 
cérer les  fruits  dans  l’eau  pendant  quelques 
heures,  et,  par  une  agitation  répétée,  on  sé- 
pare facilement  1a.  pulpe  du  grain,  qui  après 
est  séché  au  soleil  ou  dans  les  séchoirs.  On 
reconnaît  que  le  grain  est  bien  sec  lorsqu’il 
croque  sous  la  dent.  On  vanne  ces  graines 
à l’aide  d’un  ventilateur  pour  en  séparer  les 
menus  débris  et  les  pellicules.  Le  Café 
qu’on  obtient  ainsi  est  désigné  sous  le  nom 
de  « grager  » (Cafés  de  l’Amérique  cen- 
trale), « lavé  » (Brésil),  « plantation  » 
(Ceylan,  Indes). 

La  culture  du  Café  a été  importée  depuis 
près  d’un  siècle  et  demi  dans  les  colo- 
nies; ce  fut  M.  de  la  Boissière,  en  1718, 
qui  l’introduisit  à File  de  la  Réunion,  à 
l’aide  de  plants  importés  de  Moka.  Le  Ca- 
féier existe  cependant  à l’état  spontané  dans 
File,  mais  ses  graines  ne  sont  pas  livrées 
au  commerce  et  sont  consommées  sur  place  ; 
elles  donnent  une  infusion  très-amère  et 
légèrement  purgative.  On  trouve  à Bourbon 
cinq  sortes  de  Cafés  : 1°  le  Café  Bourbon 
ou  Moka  ( C . arabica ),  le  premier  importé, 
dont  la  croissance  rapide  se  fiait  surtout  à 
l’ombre,  et  dont  la  récolte  est  précoce;  2°  le 
Café  marron  (C.  mauritiana , Lamk.),  qui 
croît  spontanément  dans  les  hautes  forêts 
de  File  ; il  a un  goût  fort  peu  aromatique  et 


428 


LE  CAFÉIER. 


n’est  guère  employé  que  mélangé  aux  autres 
variétés.  Il  pourrait  être  exploité  avec 
succès,  car  son  arôme  et  sa  saveur  ont  une 
très-grande  force.  Infusé  seul  il  aurait,  dit- 
on,  des  propriétés  enivrantes.  3°  Le  Café 
Leroy  ( C . laurina ),  ainsi  nommé  à cause 
du  capitaine  qui  l’importa  à la  Réunion  et 
l’y  naturalisa  ; il  est  robuste  et  se  plaît  dans 
le  sol  de  ce  pays;  il  demande  moins  d’abris 
et  supporte  la  température  froide  des  ré- 
gions élevées  ; mais,  à côté  de  cet  avantage 
fort  grand,  il  a l’inconvénient  de  donner 
des  produits  de  qualité  inférieure.  4°  Le 
Café  myrte  serait  une  variété  du  Moka  ; il 
est  surtout  très-remarquable  par  sa  longé- 
vité; il  donne  d’excellents  produits.  5®  Le 
Café  Aden  (C.  microcarpa ),  rapporté  de 
Hès  (Yémen)  et  introduit  dans  l’ile  par 
l’amiral  Jehenne. 

A la  Guadeloupe,  la  culture  du  Caféier  a 
été  introduite,  en  1724,  à la  suite  des  essais 
qui  avaient  été  faits  à la  Martinique.  La  ré- 
colte se  fait  en  octobre  et  se  prolonge  jus- 
qu’en janvier.  Quand  le  Café  de  cette  co- 
lonie est  de  récolte  récente,  il  possède  une 
légère  amertume,  aussi  convient-il  de  le 
laisser  vieillir  pendant  trois  ou  quatre  ans, 
de  façon  qu’il  ne  conserve  qu’un  arôme 
agréable.  Presque  tous  les  Cafés  de  la  Gua- 
deloupe sont  vendus  sous  le  nom  de  Café 
Martinique,  et  la  variété  à petits  grains 
passe  sous  le  nom  de  Moka. 

A la  Martinique,  le  Café  fut  introduit  en 
1723  par  Desclieux,  comme  nous  l’avons 
dit.  En  1726,  cette  colonie  possédait  déjà 
2,000  plants  environ,  dont  200  portaient  des 
fleurs  et  des  fruits.  Cette  culture  devint 
prospère  jusqu’à  nos  jours,  mais,  depuis 
quelques  années,  elle  a été  remplacée  par 
celle  de  la  Canne  à sucre.  On  peut  dire 
qu’en  réalité,,  aujourd’hui,  le  Café  Marti- 
nique n’existe  plus  au  point  de  vue  com- 
mercial. Il  e^t  remplacé  sous  ce  nom  par 
celui  de  la  Guadeloupe  et  celui  de  Porto- 
Rico,  quand  ces  derniers  revêtent  une 
teinte  vert  pâle.  C’est  qu’en  effet,  le  Café 
de  la  Martinique,  de  récolte  récente,  pré- 
sente une  teinte  verte  assez  vive  qui  passe 
au  vert  pâle,  presque  grisâtre  en  vieillissant. 
On  recherchait  surtout  le  Café  des  Arlets, 
du  Caubet,  du  Yavelin,  du  Saint-Esprit. 
Il  paraît  cependant  que,  dans  quelques 
communes,  on  a replanté  le  Caféier  dans  les 
terres  vierges  de  l’ile. 

A la  Guyane,  le  Caféier  n’est  cultivé,  en 
dehors  des  grandes  plantations  du  gouver- 
nement, que  comme  annexe  des  plantations 
de  Rocouyers  et  de  Cacaotiers;  cependant 


le  sol  est  très-favorable  à la  culture  de  cet 
arbuste.  Le  grain  de  Caféier  paraît  y avoir 
plus  de  finesse  et  moins  de  verdeur  que 
celui  de  la  Guadeloupe,  et  ceux  qu’on  ré- 
colte à la  côte  Zémire,  sur  la  montagne 
d’Argent,  dans  les  quartiers  de  Kawe  et 
d’Ogre,  ont  acquis  une  certaine  réputation. 
Ce  Café  n’est  pas  coté  sur  les  places  de 
commerce. 

Le  Sénégal  fournit  le  Café  dit  Rio 
Nunez.  Cet  arbuste  a été  trouvé  à l’état 
sauvage  sur  le  versant  méridional  des  mon- 
tagnes du  Fouta-Djallon.  On  nomme  ce 
Café  Rio  Nunez,  du  nom  d’une  petite  ri- 
vière qui  débouche  sur  l’Océan  Atlantique, 
un  peu  au  nord  du  10e  parallèle,  entre  les 
îles  Rissagos  et  le  comptoir  anglais  de 
Free-Town.  La  graine  de  ce  Caféier  est 
petite,  lenticulaire,  à base  ronde,  à dos 
bombé.  La  pellicule  est  fortement  adhérente 
à l’amande,  qui  est  très-dure.  Ce  type  pré- 
sente deux  nuances  distinctes,  l’une  d’un 
brun  foncé  tirant  sur  le  noir,  l’autre  isa- 
belle  ou  havane  clair.  Il  est  généralement 
très-poussiéreux  et  son  odeur  est  terreuse; 
cependant,  quand  il  est  bien  nettoyé,  il  a 
un  léger  parfum  qui  rappelle  celui  du  Thé. 
La  récolte  faite  par  les  indigènes  était  de 
nature  à supprimer  rapidement  les  pieds 
de  Caféier,  car  ils  les  abattaient  au  moment 
de  la  maturité  des  fruits.  Il  résulte,  en 
effet,  d’un  rapport  de  1883,  du  commandant 
du  cercle  de  Rio  Nunez,  que  le  véritable 
Café  de  Rio  Nunez  n’existe  plus  sur  la  ri- 
vière, et  que  les  plantations  qui  avaient  été 
tentées  par  les  Européens  ont  été  aban- 
données. Il  est  généralement  remplacé  par 
les  graines  qu’exportent  les  comptoirs  por- 
tugais de  la  côte  occidentale  d’Afrique,  San 
Thomé  et  surtout  Loanda,  qui  recueillent 
les  produits  de  la  vallée  du  Congo  et  celle 
de  Koanza,  sur  laquelle  est  situé  Cazengo, 
localité  qui  donne  son  nom  au  produit. 

On  récolte  aussi  au  Gabon  quatre  sortes 
de  Café  : 1°  le  Café  de  Rio-Nunez;  2°  le 
Gabon,  originaire  de  Moka  et  de  file  Prince  ; 
ses  grains  sont  irréguliers,  inégaux  et  possè- 
dent un  goût  excellent;  3°  le  Café  du  Congo, 
ou  Renguéla  à grains  petits,  ronds,  fort 
estimé;  4°  le  Mouronvia,  qui  semble  appar- 
tenir à une  espèce  particulière  et  non  dé- 
crite de  Coffea.  L’arbre  qui  le  produit  atteint 
jusqu’à  15  mètres  de  hauteur  ; il  a le  port 
et  l’aspect  de  nos  Peupliers.  Les  fruits  res- 
semblent assez  pour  leurs  formes  et  leurs 
dimensions  à nos  Fèves  de  marais;  leur 
arôme  est,  dit-on,  très-délicat  et  très-re- 
cherché. 


LE  CAFÉIER. 


429 


A Nossi-Bé,  des  essais  de  culture  ont  été 
faits  avec  diverses  variétés  de  Caféier  de 
Bourbon,  qui  croissent  avec  vigueur  même 
sans  abri  et  donnent  un  grain  fort  estimé 
dans  le  pays.  On  trouve  aussi  dans  l’ile,  à 
l’état  sauvage,  une  variété  de  Caféier  (C. 
zangucbariæ ),  dont  le  grain  possède  une 
saveur  très-délicate.  A Mayotte,  cette  cul- 
ture a été  aussi  essayée,  mais  sans  succès, 
à cause  d’un  insecte  qui  attaque  les  racines 
de  cet  arbuste  qui,  après  avoir  végété  pen- 
dant quatre  années,  dépérit  ensuite  et 
donne  des  fruits  qui  n’ont  aucune  valeur. 

A la  Nouvelle-Calédonie,  la  production 
est  encore  très-limitée  ; cette  culture  pour- 
rait prendre  une  grande  extension  si  elle 
était  assurée  d’un  débouché. 

Les  îles  de  la  Société  sont  des  terres  bé- 
nies pour  la  culture  du  Café  et  sont  appe- 
lées à en  fournir  un  jour  des  quantités  con- 
sidérables. 

Le  Café  est  rarement  employé  à l’état 
vert,  et  ce  n’est  que  comme  agent  théra- 
peutique et  succédané  du  Quinquina  qu’on 
a utilisé  son  extrait,  sa  poudre  ou  sa  dé- 
coction. On  lui  fait  toujours  subir  une  tor- 
réfaction ménagée  qui  a pour  but  de  déve- 
lopper une  huile  empyreumatique,  amère 
et  aromatique,  à laquelle  il  doit  ses  pro- 
priétés excitantes.  Cette  substance  a reçu 
de  Bout.ron  et  de  Frémy  le  nom  de  Caféine 
et  se  présente  sous  forme  d’une  huile 
brune,  plus  dense  que  l’eau,  légèrement, 
soluble  dans  l’eau  bouillante,  et  très-soluble 
dans  l’éther.  La  plus  faible  quantité  suffit 
pour  communiquer  à 1 litre  d’eau  l’arome 
si  recherché. 

La  torréfaction  exige  certains  soins  sans 
lesquels  le  Café  peut  perdre  toute  sa  va- 
leur. Aussi  Payen  a constaté  que  la  perte 
des  principes  solides  est  d’autant  plus 
grande  que  la  chaleur  est  plus  élevée,  et 
que  le§  principes  aromatiques  sont  éga- 
lement éliminés.  Cent  grammes  de  Café 
torréfié  au  roux  donnent  25  grammes  de 
substances  extractives.  S’il  a pris  une  cou- 
leur marron,  on  n’en  retrouve  plus  que 
19  grammes.  Dans  le  premier  cas,  1 litre 
d’infusion  faite  avec  100  grammes  de  Café 
renferme  5 à 6 grammes  de  matière  azotée 
et  4 gr.  50  seulement  dans  le  second  cas. 
D’après  Dausse,  les  Cafés  des  Antilles,  de 
Porto-Bico,  d’Haïti,  doivent  perdre  à la 
torréfaction  12  p.  100  de  leur  poids  ; celui 
de  Bourbon,  du  Malabar  et  de  la  côte 
d’Afrique,  16  à 18  p.  100  ; ceux  de  Moka  et 
de  Java,  15  à 16  p.  100  au  plus. 

Dans  une  torréfaction  bien  conduite,  la 


température  à laquelle  sont  portés  les  grains 
de  Café  ne  doit  pas  dépasser  300°.  Elle 
doit  être,  d’après  J.  Personne,  au  plus 
de  275°  pour  le  Café  vert  et  de  250°  pour 
celui  de  Java.  Pendant  cette  opération, 
la  caféine  est  en  partie  décomposée  et  la 
perte  s’élève  à peu  près  à la  moitié.  Elle 
forme  de  la  méthylamine,  dont  la  plus 
grande  partie  reste  dans  le  grain.  On  ajoute 
parfois,  pendant  la  torréfaction,  une  cer- 
taine quantité  de  sucre  qui,  sous  l’influence 
de  la  chaleur,  donne  du  caramel  ou  des 
produits  de  décomposition  plus  ultime. 
Cette  addition  est  au  moins  inutile  dans  le 
commerce  de  Paris.  Le  Café  convenablement 
torréfié  présente  des  propriétés  organolep- 
tiques tout  autres  que  celles  du  grain  non 
torréfié.  L’amertume  de  ce  dernier  a dis- 
paru en  partie,  des  produits  nouveaux  ont 
pris  naissance,  dont  les  uns  se  sont  vola- 
tilisés et  les  autres  se  sont  fixés  sur  le 
Café. 

En  France,  l’importation  et  la  consom- 
mation vont  sans  cesse  en  croissant;  en 
1881,  il  fut  importé  1.363.349  quintaux 
métriques  et  consommé  649.959  quintaux 
métriques.  Le  marché  français  reçoit  les 
Cafés  du  monde  entier.  Chacun  de  nos 
ports  s’alimente  à une  zone  déterminée. 
Ainsi,  Marseille  reçoit  les  Cafés  arabes  des 
Indes  anglaises  et  espagnoles;  Bordeaux, 
ceux  de  la  côte  occidentale  d’Afrique,  du 
Brésil  et  de  l’Amérique  du  Sud;  Nantes, 
ceux  de  Bourbon  ; le  Havre  importe  les 
Cafés  de  tous  les  lieux  de  production.  A 
l’étranger,  Londres  s’adresse  surtout  aux 
Indes  anglaises,  à Ceylan,  à l’Indo-Chine 
et  au  Comptoir  d’Aden.  La  Hollande  im- 
porte les  Cafés  de  Java;  Hambourg,  ceux 
du  Brésil  et  de  Haïti.  A Anvers  arrivent 
tous  les  Cafés  comme  au  Havre,  mais  en 
plus  grande  quantité. 

Sous  le  rapport  de  la  production,  nos 
colonies  françaises,  à part  la  Guadeloupe, 
sont  en  décadence.  En  France,  les  différents 
Cafés  ne  jouissent  pas  tous  d’une  même 
renommée.  Dans  les  départements  du  Nord, 
celui  du  Brésil  jouit  d’une  très-grande 
vogue.  En  général,  on  demande  un  mélange 
de  Moka,  Martinique  et  Bourbon,  et  ce 
mélange  se  trouve  partout  et  est  partout 
vendu.  Or,  le  Martinique  n’existe  pas,  le 
Moka  et  le  Bourbon  n’entrent  dans  l’impor- 
tation que  pour  une  quantité  relativement 
minime.  On  assortit  des  Cafés  clairs  jouant 
le  Moka,  des  Cafés  gris  ardoise  donnés 
comme  Martinique,  et  des  Cafés  verts  rem- 
plaçant le  Bourbon. 


430 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


A Paris,  on  débite  surtout  les  Guade- 
loupe, Porto-Rico,  Bourbon,  Haïti , les 
Cafés  des  Indes  anglaises,  hollandaises  et 
espagnoles.  La  clientèle  inférieure  con- 
somme surtout  les  Haïti  médiocres  et  les 
Rio.  Dans  les  Cafés,  ce  sont  surtout  les 
Haïti,  les  Malabar  et  les  Manille.  Du  côté  de 


Bordeaux  passent  les  Cafés  du  Centre  Amé- 
rique, ceux  de  la  Colombie  et  du  Vénézuela. 
A Marseille,  ce  sont  les  Cafés  des  Indes 
anglaises  et  hollandaises. 

Henri  Joret, 

Ancien  jardinier  en  chef  du  gouvernement 
au  Sénégal. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  23  AOUT  1888. 


Comité  de  floriculture. 

Les  amateurs  de  Glaïeuls  ont  pu  admirer 
une  superbe  collection  exposée  par  MM.  Vil- 
morin-Andrieux  et  Gifî.  Les  énormes  fleurs  de 
leurs  hybrides  du  Gladiolus  gandavensis  mesu- 
rant jusqu’à  12  centimètres  de  diamètre,  et  au 
nombre  de  8 à 10  sur  chaque  hampe,  favori- 
sées par  la  température  moyenne  et  fraîche  de 
cette  année,  offraient  des  tons  éblouissants  et 
très- varié  s. 

De  l’avis  général,  cet  envoi  était  le  plus  beau 
qui  ait  jamais  été  présenté. 

M.  Tréfoux,  horticulteur,  12,  rue  Coulange, 
à Auxerre  (Yonne),  avait  envoyé  une  collec- 
tion très-intéressante  de  124  variétés  de 
Glaïeuls  rustiques  de  semis;  une  variété  sur- 
tout était  très-curieuse.  La  fleur  rouge  cramoisi 
portait,  dans  le  bas,  deux  pétales  violet  bleuâtre 
fortement  prononcé,  coloris  singulier  que  l’on 
n’avait  guère  observé  dans  ce  genre  de  plantes. 

Par  M.  Driger,  jardinier  en  chef  à l’école 
des  frères  de  Passy,  un  beau  Miltonia  specta- 
bilis , Orchidée  du  Brésil,  garnie  de  plusieurs 
grandes  fleurs  blanches,  à labelle  teinté  de 
pourpre,  et  un  M.  Moreliana , également  du 
Brésil,  à fleurs  rouge  violacé  foncé. 

M.  Gappe,  horticulteur  au  Yésinet,  présen- 
tait un  fort  pied  d 'Aerides  quinquevulnerum  ; 
cette  espèce,  introduite  des  Philippines  en 
1885,  était  pleine  de  vigueur  et  garnie  de 
grandes  grappes  de  fleurs  jaune  verdâtre  pâle, 
cerclé  de  rouge  amarante. 

Par  M.  J.  Moser,  1,  rue  Saint-Sympho- 
rien,  à Versailles,  des  tiges  fleuries  d’une 
belle  espèce  vivace  très-rustique  : le  Lysima- 
chia  clethroides.  La  plante  est  très-vigoureuse 
et  atteint  1 mètre  d’élévation;  chaque  branche, 
garnie  de  feuilles  épaisses,  lancéolées,  d’un 
vert  foncé,  est  terminée  par  un  long  épi  de 
fleurs  blanches.  C’est  une  belle  plante  pour 
les  endroits  accidentés,  pittoresques. 

L’envoi  de  M.  Hip.  Gautier,  11,  rue  Bossuet, 
à Meaux,  se  composait  de  16  fleurs  coupées  de 
Dahlia  gracilis , semis  de  1888,  bien  nuancées, 
mais  de  tons  déjà  connus. 

Les  Pentstemon  de  semis  de-  M.  le  docteur 
Rousseau,  de  Joinville-le-Pont  (Seine),  ne  pré- 
sentaient également  rien  de  particulier. 

M.  Frédéric  Bardet,  de  Moscou,  avait  envoyé 
des  photographies  du  Pitcairnia  Bardetiana , 


Broméliacée  nouvelle  ; mais  ces  photographies 
ne  pouvaient  donner  qu’une  idée  vague  du  mé- 
rite de  la  plante. 

Comité  d’arboriculture  fruitière. 

Par  M.  Delaville,  grainier,  2,  quai  de  la  Mé- 
gisserie, à Paris,  des  Prunes  rondes,  jaune 
foncé,  très-parfumées  et  très-grosses,  prove- 
nant d’un  semis  de  la  variété  Monsieur  Desse , 
d’Orléans. 

Par  M.  Alexis  Lepère  fils,  à Montreuil,  une 
corbeille  de  Poires  Clapp’s  favorite , grandes, 
bien  colorées,  de  toute  beauté,  obtenues  en 
contre-espalier.  Cette  variété,  trop  peu  ré- 
pandue, est  très-fertile,  pousse  vigoureusement 
et  donne  des  fruits  ovales,  fondants,  de  toute 
première  qualité. 

Par  M.  E.  Girardin,  horticulteur  à Argen- 
teuil,  des  Figues  allongées  d’un  semis  inconnu, 
et  une  corbeille  de  la  variété  Violette  Dau- 
phine d’Argenteuil , la  meilleure  et  la  plus  fer- 
tile du  genre,  à fruits  énormes,  arrondis, 
violacés. 

Comité  de  culture  potagère. 

Par  M.  Poitevin,  jardinier  à Bonneuil,  des 
Haricots  à rame  de  la  variété  Cerisette  du 
Japon , donnant  des  gousses  côtelées,  sans  par- 
chemin, vieille  et  bonne  variété,  et  des  Hari- 
cots nains  Saint-Ciboire , variété  à parchemin, 
excessivement  fertile,  à cultiver  pour  les 
graines. 

Par  M.  Cousin,  à Gennevilliers,  un  semis  de 
Fraises  des  Quatre-Saisons , quatre  beaux  Me- 
lons : Cantaloup  des  Maraîchers , C.  à fond 
gris , C.  à fond  blanc  hâtif  Prescot  et  un  Noir 
des  Carmes , d’un  bon  poids;  de  belles  Ca- 
rottes demi-longues  de  Guérande , courte  et 
demi-courte  de  Hollande , et  6 Choux-Fleurs 
de  la  variété  d’été.  Ces  derniers  spécimens 
hors  saison  étaient  de  toute  beauté. 

Comité  d’arboriculture  d’ornement. 

MM.  Baltet,  de  Troyes,  avaient  envoyé  une 
collection  de  16  variétés  de  Pommiers  bacci- 
fères  intéressante.  Cette  race,  d’origine  sibé- 
rienne, doit  être  greffée  sur  franc  pour  qu’on 
obtienne  une  plus  belle  végétation. 

Nous  avons  surtout  remarqué  les  variétés  : 

M.  b.  fastigiata , fruits  gros,  striés  de  rouge. 


L’INDUSTRIE  DES  riPES  EN  RACINE  DE  BRUYÈRE. 


431 


M.  b.  ampla,  fruits  gros,  jaune  vif  orangé. 

M.  b.  lutescens , fruits  moyens,  allongés,  res- 
semblant à une  Nèfle  du  Japon. 

M.  b.  atropurpurea , fruits  moyens,  vert 
violacé. 

M.  b.  intermedia,  fruits  moyens,  jaune  ver- 
dâtre et  rosés  d’un  côté,  un  autre  côtelé  jaune 
d’or. 

M.  b.  Cerise,  fruits  rouges,  ressemblant  à 
une  Azerole. 

M.  b.  serotina,  fruits  petits,  orange  vif 
comme  ceux  de  l’Aubépine. 

M.  b.  cœrulescens,  fruits  petits,  semblables 
au  précédent,  mais  rouge  vif  et  en  trochet. 

Il  avait  aussi  une  belle  collection  très-variée 
d’Althéas,  de  Géanothes  Gloire  de  Versailles 
et  Lucie  Simon,  cette  dernière  variété  trapue  à 
fleurs  d’un  bleu  pur. 

M.  J.  Moser,  de  Versailles,  présentait  YHype- 
ricum  Moserianum,  hybride  à grandes  fleurs 
vigoureuses,  d’un  beau  jaune  d’or,  et  à anthères 
rougeâtres,  dont  quelques-unes  mesuraient 
8 centimètres  de  diamètre,  produit  qu’il  vient 
d’obtenir  en  fécondant  VH.  patulum  par  VH. 
calycinum.  La  plante  forme  un  arbuste  et 
atteint  1 mètre  à lm50de  hauteur;  — puis  une 
collection  d’arbres  à feuillage  coloré  : Quercus 
Concordia  et  Q.  nigra;  le  feuillage  doré  du 
premier  tranche  vigoureusement  sur  la  teinte 
pourpre  noire  du  second  ; Sambucus  nigra 
albo-punctata,  variété  vigoureuse,  tachetée  de 
blanc,  mais  qui,  dans  les  terres  sablonneuses, 

L’INDUSTRIE  DES  PIPES 

Bien  que  relativement  importante  par  ses 
produits,  qui,  aujourd’hui,  se  répandent 
dans  presque  toutes  les  parties  du  monde, 
l’industrie  dont  il  va  être  question  est  peu 
connue,  même  dans  les  pays  où  on  l’exerce. 
Elle  est,  du  reste,  peu  variable,  et  ne  porte 
que  sur  un  seul  objet  : la  fabrication  des 
pipes  en  racine  de  Bruyère,  fait  qui 
semble  donner  un  côté  presque  horticole 
à cette  exploitation  et,  par  conséquent,  la 
faire  rentrer  dans  la  catégorie  des  sujets 
que  traite  notre  journal. 

Non  seulement  cette  industrie  est  peu 
connue,  mais  elle  est  même  presque  niée  à 
cause  de  la  nature  de  l’objet  qui  la  consti- 
tue, et  cela  souvent  même  par  des  gens 
dont  la  compétence  semble  consacrer  cette 
négation.  En  effet,  en  s’appuyant  sur  leurs 
connaissances  pratiques  du  sujet,  celle  des 
Bruyères,  les  gens  de  métier  (botanistes, 
horticulteurs,  etc.),  n’ayant  jamais  remar- 
qué chez  ces  plantes  que  des  racines  d’une 
extrême  ténuité,  ne  peuvent  admettre  que 
l’on  puisse  en  confectionner  des  Pipes  aussi 
volumineuses  et  d’un  bois  aussi  dense  que 


languit  et  prend  un  port  tout  différent  ; Sam- 
bucus racemosa  plumosa , dont  les  feuilles 
ressemblent  à celles  de  YAlnus  imperialis  ; 
Fraxinus  americana  arbutifolia , variété  vi- 
goureuse à grand  feuillage,  prenant,  à l’au- 
tomne, une  teinte  rougeâtre,  puis  d’autres  plus 
répandus  ; Ulmus  Dampierrei  aurea,  et  un 
Tulipier  à feuilles  bordées  de  jaune. 

MM.  Croux  et  fds,  du  Val  d’Aulnay,  près 
Sceaux,  avaient  envoyé  des  rameaux  fleuris 
de  Clematis  lanuginosa  Belle  Nantaise,  à 
fleurs  amples,  lilas,  fort  belles;  C.  integri- 
folia  Durandi,  à fleurs  d’un  bleu  d’azur 
cendré,  espèce  ligneuse,  pouvant  atteindre 
lm  50  de  haut;  C.  viticella  rubra,  variété  très- 
vigoureuse,  se  couvrant  de  nombreuses  fleurs 
moyennes,  d’un  rouge  vineux;  Spiræa  Bu- 
malda,  à fleurs  en  corymbe  rouge  carminé, 
très-jolies;  Sp.  Fortunei  alba,  Hypericum  ca- 
lycinum et  H.  patulum,  Cassia  marylandica,  à 
tige  raide,  poilue,  portant,  dans  l’aisselle  des 
feuilles,  des  grappes  de  fleurs  jaunes  un  peu 
plus  petites  que  les  autres  espèces  de  ce  genre. 
Cette  plante  ancienne,  trop  peu  répandue,  est 
traçante  et  convient  donc  parfaitement  aux  talus 
et  terrains  fortement  inclinés  ; des  rameaux  de 
Robinia  semperflorens  et  d’un  Catalpa  du 
Japon  inconnu,  dont  les  fleurs,  petites,  ver- 
dâtres, tardives,  ont  beaucoup  de  ressemblance 
avec  celles  du  C.  Kœmpferi,  qui  est  défleuri 
depuis  longtemps. 

Ch.  Tiiays. 

!N  RACINE  DE  BRUYÈRE 

celles  que  l’on  vend  sous  ce  nom.  Ce  fait  est 
pourtant  absolument  vrai,  ainsi  que  nous 
avons  pu  le  constater  récemment,  lors  d’un 
voyage  que  nous  avons  fait  à Amélie-les- 
Bains  (Pyrénées-Orientales). 

L’espèce  de  Bruyère  employée  pour  la 
fabrication  des  pipes  est  YErica  mediter- 
ranea,  ainsi  que  sa  variété  à fleurs  blan- 
ches, qui,  toutes  deux,  croissent  à l’état 
sauvage  dans  presque  toutes  les  parties 
montagneuses  de  la  France  méridionale, 
où  elles  constituent  un  arbuste  buissonneux, 
dressé,  atteignant  de  lm30  à 2 mètres  de 
hauteur. 

En  général,  cette  espèce  de  Bruyère  croit 
dans  les  lieux  pierreux  ; ses  racines,  ténues, 
pénètrent  dans  le  sol,  tandis  qu’au  contact 
de  celui-ci  se  forment  des  renflements 
solides  qui  atteignent  des  dimensions  et 
un  poids  assez  considérables  : 20  kilo- 
grammes et  même  beaucoup  plus.  Le  tissu, 
parfaitement  homogène,  est  excessivement 
dense,  blanchâtre,  d’une  dureté  extrême, 
que  l’on  pourrait  comparer  à celui  des 
graines  de  certains  Palmiers  ( Phytele - 


432 


CORRESPONDANCE. 


plias),  avec  lesquelles  on  fait  différents 
objets,  et  que  l’on  a nommé  ivoire  végétal. 

L’industrie  des  pipes  en  racine  de 
Bruyère,  dont  nous  parlons,  bien  que  lo- 
cale et  presque  restreinte  de  ce  côté  à 
Amélie-les-Bains,  n’a  pourtant  pris  que 
peu  d’extension  ; elle  n’est  pas  non  plus 
propre  à l’endroit  et  paraît  y avoir  été  im- 
portée de  la  Hollande  il  y a une  quaran- 
taines d’années.  11  n’y  a guère,  à Amélie, 
qu’une  maison-mère,  c’est-à-dire  une  sorte 
d’usine  placée  tout  près  du  pont  Pereire, 
où  arrivent  les  souches  de  Bruyère,  qui, 
après  avoir  été  nettoyées  des  quelques 
brindilles  qui  les  accompagnent,  sont  en- 


suite sciées  en  morceaux  plus  ou  moins 
gros,  suivant  l’usage  que  l’on  veut  en  faire, 
puis  envoyées  dans  des  maisons  spéciales  où 
on  les  finit  pour  les  livrer  ensuite  au  com- 
merce de  détail. 

Il  y a pourtant,  à Amélie-les-Bains,  quel- 
ques boutiques  où  l’on  finit  les  pipes  en 
racine  de  Bruyère,  mais  alors  ce  travail, 
qui  se  pratique  toujours  sur  une  très-petite 
échelle,  ne  sert  guère  que  pour  l’usage 
local,  c’est-à-dire  pour  le  besoin  des  per- 
sonnes qui,  de  passage  à Amélie-les-Bains, 
rapportent  une  pipe  comme  objet  de  curio- 
sité ou  comme  souvenir. 

E.-A.  Carrière. 


CORRESPONDANCE 


N°  5619  {Russie).  — Votre  variété  de  Chœ- 
nomeles  japonica  est  intéressante  et  sera  pro- 
chainement décrite  dans  la  Revue  horticole. 
Nous  vous  conseillons  en  effet  d’en  confier 
l’édition  à un  établissement  horticole. 

N°  5336  ( Angleterre ).  — La  relation  du 
voyage  de  M.  Ed.  André  dans  l’Amérique  du 
Sud,  publiée  par  lui  dans  le  journal  de  voyage 
intitulé  le  Tour  du  Monde , n’a  pas  été  tirée  à 
part.  On  peut  se  procurer  les  livraisons  en  les 
demandant  à MM.  Hachette  et  Cie,  éditeurs, 
boulevard  Saint-Germain,  79,  à Paris.  Le  prix 
de  chaque  livraison  est  de  50  centimes. 

JV°  3001  (Ain).  — Vous  pourrez  vous  pro- 
curer les  capsules  au  sulfure  de  carbone  en 
vous  adressant  à M.  Rémilly,  75,  rue  des 
Chantiers,  à Versailles  (Seine-et-Oise).  Vous 
avez  vu  à plusieurs  reprises  que  les  abonnés 
de  la  Revue  horticole  ont  déclaré  s’être  très- 
bien  trouvés  de  leur  emploi. 

Vous  pourriez  les  essayer  sur  les  racines  des 
Pommiers,  comme  agent  destructeur  de  puce- 
rons lanigères.  Nous  ne  connaissons  encore  au- 
cune expérience  et  n’avons  pas  encore  d’opinion 
à ce  sujet. 

N°  41.02  ( Var ).  — L’installation  d’une 
pompe  dans  les  conditions  que  vous  indiquez 
n’est  pas  encore  passée  dans  le  domaine  de  la 
pratique.  Jusqu’ici  on  ne  peut  se  passer  d’un 
moteur  sérieux,  puissant,  et  celui-là  ne  paraît 
pas  atteindre  ce  but.  Nous  vous  conseillons 
plutôt  d’employer  la  « turbine  éolienne  » de 
M.  Bollée,  qui  utilise  le  moindre  souffle  de 
vent  et  se  règle  d’elle-même.  C’est  un  bon 
moteur  qui  a l’inconvénient  d’être  coûteux. 

N°  4 191  ( Seine-et-Oise ).  — M.  Délaux  est 
horticulteur  et  vend  les  Chrysanthèmes  dont 
nous  avons  parlé.  Vous  pouvez  vous  adresser 
à lui. 

Le  Platycaria  strobilacea  et  la  Clematis 
coccinea  sont  très-peu  répandus.  Cependant 


vous  pourriez  vous  adresser  pour  les  obtenir, 
à MM.  Transon  frères,  horticulteurs  à Orléans. 

Le  Cydonia  sinensis  est  cultivé  chez  beau- 
coup de  pépiniéristes.  Nous  en  avons  vu  de 
beaux  sujets  chez  M.  Chatenay-Durand  fils, 
horticulteur  à Tours. 

N°  3018  (Alpes-Maritimes) . — Vous  pourrez 
vous  adresser,  pour  obtenir  l’Asphodelus  acau- 
lis,  soit  à!  M.  Otto  Frœbel,  à Zurich  (Suisse), 
soit  à M.  Backhouse,  à York  (Angleterre). 

Le  Choisya  ternata  se  trouve  chez  la  plupart 
des  horticulteurs  du  midi  de  la  France. 

L’adresse  du  journal  Y Art-  est  : cité  d’An- 
tin,  29,  à Paris. 

M.  R.  M.  (Calvados).  — Les  plus  beaux 
Cannas  que  nous  connaissions  se  trouvent  chez 
M.  Crozy,  horticulteur  à Lyon. 

L.  M.  (Seine-et-Oise).  — La  question  de 
savoir  à quelle  distance  des  propriétés  voi- 
sines peuvent  être  faites  les  plantations  dans 
la  banlieue  de  Paris  vous  intéresse  tout  parti- 
culièrement, et  les  renseignements  que  vous 
avez  recueillis  sont  contradictoires.  La  Revue 
a déjà  parlé  de  cette  question;  mais,  afin  de 
l’élucider  complètement,  nous  avons  prié  un 
jurisconsulte  de  nous  formuler  son  avis.  Vous 
aurez  donc  satisfaction  dans  le  prochain  nu- 
méro. — Nous  pouvons  toujours  vous  dire  dès 
maintenant  que  les  racines  n’ont  rien  à voir 
dans  cette  affaire  ; le  voisin,  étant  maître  chez 
lui,  n’a  qu’à  les  couper. 

N.  B.  (Rhône).  — La  Revue  a annoncé  la 
publication  de  la  13e  édition  de  la  Maison  rus- 
tique des  Dames  ; vous  n’avez  qu’à  demander 
cet  ouvrage  à la  Librairie  agricole,  26,  rue 
Jacob  ; son  prix  est  de  7 fr.  75. 

A tous  nos  abonnés.  — Nous  prions  instam- 
ment tous  nos  abonnés  de  bien  vouloir  joindre 
une  bande  d’adresse  à toutes  les  lettres  qu  ils 
adressent  soit  à la  rédaction,  soit  à l’adminis- 
tration de  la  Revue. 


L’ Administrateur-Gérant  : L.  Bourguignon. 


Imp.  Goorgea  Jacob,  — Orléana. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


433 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Concours  général  et  congrès  pomologique  de  Saint-Brieuc.  — Plantations  commerciales  d’arbres 
fruitiers.  — Rosa  gigantea.  — Phalœnopsis  Buyssoniana.  — Massifs  pour  la  culture  des  ognons  à 
lleurs.  — Glaïeuls  hybrides  de  Frœbel.  — Reine-Marguerite  Comète.  — L’efnploi  des  plantes  à 
feuillage  coloré  dans  les  jardins.  — La  Capucine  contre  le  puceron  lanigère.  — Culture  d’arbres 
fruitiers  retour  d’Amérique.  — Pensée  à lleurs  semi-doubles  blanches.  — La  neige  en  Belgique.  — 
Vente  d’Orchidées  à Paris.  — La  vente  des  produits  du  potager  de  Versailles.  — Les  ventes  publiques 
de  plantes  à New-York.  — Les  conférences  horticoles  en  Belgique.  — Les  concours  horticoles  scolaires 
en  France.  — Expositions  annoncées.  — Memento  des  expositions. 


Concours  général  et  Congrès  pomolo- 
gique de  Saint-Brieuc.  — Le  sixième 
concours  général  et  congrès  pomologique 
organisés  par  l’Association  pomologique  de 
l’Ouest  aura  lieu  à Saint-Brieuc,  du  22  au 
28  octobre,  sous  la  présidence  de  M.  Le- 
chartier. 

Le  programme  du  concours  comprend 
trois  grandes  divisions  : 1°  Pommes  et  Poi- 
res de  pressoir,  réparties  en  huit  catégo- 
ries selon  leur  provenance  ; 2°  cidres,  poirés 
et  eaux-de-vie  de  cidre,  répartis  également 
en  plusieurs  subdivisions  ; 3°  instruments, 
avec  des  catégories  spéciales  pour  les  con- 
casseurs de  Pommes,  les  pressoirs,  les 
appareils  de  distillation,  etc. 

Les  personnes  qui  désirent  prendre  part 
au  concours  doivent  en  faire  la  déclaration 
écrite  à la  mairie  de  Saint-Brieuc,  au  plus 
tard  le  15  octobre. 

Voici  la  nomenclature  des  questions  ins- 
crites à l’ordre  du  jour  du  congrès  : 

1°  Du  choix  des  porte-greffes  ou  intermé- 
diaires dans  l’élevage  du  Pommier  ; 

2°  De  l’extraction  des  moûts  par  diffusion  ; 

3°  De  la  fermentation  du  cidre,  du  nettoyage 
des  tonneaux,  de  la  conservation  du  cidre,  de 
ses  maladies; 

4°  Conventions  à intervenir  entre  le  proprié- 
taire et  le  fermier  lors  d’une  plantation  d’ar- 
bres à fruits  à cidre  en  terres  affermées,  afin 
de  sauvegarder  équitablement  tous  les  inté- 
rêts ; 

5°  Rôle  des  syndicats  dans  la  vente  et  l’a- 
chat des  fruits  à cidre  ; 

6°  Des  moyens  pratiques  pour  déterminer 
rapidement  la  valeur  réelle  des  fruits  à cidre  ; 

7°  Des  moyens  pratiques  pour  caractériser 
et  contrôler  la  valeur  du  cidre  lors  de  son 
achat  et  de  sa  réception  ; 

8°  De  la  destruction  du  puceron  lanigère, 
des  divers  parasites  du  Pommier  et  en  par- 
ticulier de  l’anthonome  des  fleurs  du  Pom- 
mier ; 

9°  Adaptation  au  sol  et  au  climat  des  meil- 
leures variétés  de  fruits. 

Les  séances  du  congrès  auront  lieu  cha- 
1er  Octobre  1888. 


que  jour  de  quatre  heures  à six  heures  du 
soir.  Toutes  les  personnnes  qui  s’occupent 
des  questions  relatives  à la  culture  du  Pom- 
mier et  à la  fabrication  du  cidre  sont  ins- 
tamment priées  d’y  assister. 

Plantations  commerciales  d’arbres 
fruitiers.  — Malgré  les  résultats  impor- 
tants qui  sont  désormais  acquis  dans  la 
lutte  contre  les  ennemis  de  la  Vigne,  nom- 
bre de  propriétaires  sont  encore  inquiets 
de  l’avenir,  et  se  préoccupent  de  la  possi- 
bilité de  remplacer,  le  cas  échéant,  la  Vigne 
par  une  autre  culture. 

Certaines  substitutions  ont  déjà  été  faites, 
et,  suivant  le  climat,  les  arbres  fruitiers  à 
cidre,  le  Houblon,  le  Tabac,  etc.,  ont  pris 
la  place  des  Vignes  phylloxérées. 

Il  est  une  autre  culture  à recommander 
en  ce  sens,  c’est  celle  des  arbres  fruitiers 
à couteau,  faite  sur  une  grande  échelle. 
Un  exemple  existe  : c’est  celui  de  M.  Lé- 
vrier, président  de  la  Société  d’horticulture 
des  Deux-Sèvres,  qui  a planté,  depuis  trois 
ans,  18.000  Poiriers  et  Pommiers,  dans  des 
vignobles  détruits. 

Tous  les  arbres  plantés  par  M.  Lévrier 
sont  taillés  en  forme  de  buisson  ou  gobelet. 
Le  rendement  en  fruits  commence  ainsi  plus 
tôt,  la  cueillette  est  plus  facile,  et  les  bour- 
rasques de  vent  ont  moins  de  prise  sur  ces 
arbres  que  sur  ceux  dirigés  à haute  tige. 

Notre  collaborateur,  M.  Nanot,  maître  de 
conférences  à l’Institut  national  agrono- 
mique, vient  de  publier,  sur  ces  planta- 
tions, dans  le  Journal  d’ Agriculture  pra- 
tique l,  un  intéressant  article,  qui  n’aura 
pas  manqué  d’être  lu  avec  utilité  par  les  cul- 
tivateurs qui  se  trouvent  dans  le  cas  précité. 

Rosa  gigantea.  — Un  Rosier  très-re- 
marquable vient  d’être  signalé  dans  les 
Shan-Hills,  collines  qui  se  trouvent  entre 
le  Burmah  et  le  royaume  de  Siam. 

1 Journal  d’agr.  pr.,  13  septembre  1887,  p.  387. 

19 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


434 

Cette  espèce,  qui  portera|le  nom" déposa 
gigantea,  'est  sarmenteuse,  c’est-à-dire 
grimpante.  Sa  vigueur  est  exceptionnelle. 
Elle  produit  des  fleurs  simples,  d’un  blanc 
pur,  et  mesurant  12  centimètres  de  dia- 
mètre. Aucune  Rose  à fleurs  simples  n’a 
encore,  que  nou*s  sachions  du  moins,  at- 
teint cette  dimension  surprenante. 

Il  est  à désirer  que  cette  espèce  soit  in- 
troduite dans  les  cultures.  Elle  serait  pré- 
cieuse par  ses  qualités  propres,  et,  en  outre, 
elle  pourrait  devenir,  par  l’hybridation,  la 
souche  de  formes  de  haut  intérêt. 

Phalœnopsis  Buyssoniana.  — Cette 
espèce  nouvelle,  dont  l’introduction  est  due 
à M.  A.  Régnier,  de  Fontenay-sous-Bois,  a 
été  dédiée  à M.  le  comte  du  Buysson,  l’ama- 
teur distingué  à qui  les  Orchidopliiles  sont 
redevables  d’un  très-bon  livre. 

Les  sépales  et  pétales  du  P.  Buyssoniana 
sont  d’une  brillante  couleur  pourpre;  les 
sépales  latéraux  sont  intérieurement  bordés 
de  blanc;  le  labelle  a sa  partie  antérieure 
divisée  en  trois  segments  égaux,  lancéolés- 
oblongs,  émoussés,  acuminés.  Ces  segments 
sont  d’une  vive  couleur  écarlate  à l’inté- 
rieur, jaune  d’ocre  à l’extérieur,  qui  est 
marqué  de  nombreuses  lignes  écarlates. 

Cette  magnifique  espèce  sera  très-appré- 
ciée  de  tous  les  amateurs. 

Massifs  pour  la  culture  des  ognons 
à fleurs.  — MM.  Forgeot  et  Cie,  mar- 
chands grainiers,  quai  de  la  Mégisserie,  à 
Paris,  viennent  de  publier  un  prospectus 
nouveau,  relatif  aux  ognons  à fleurs,  d’a- 
près une  idée  qui  nous  semble  tout  à la 
fois  ingénieuse  et  pratique. 

Au  lieu  de  donner  les  prix  de  vente  de 
chaque  espèce  d’ognons,  ils  ont  composé 
eux-mêmes  un  certain  nombre  de  massifs, 
varies  de  formes,  de  dimensions  et  de 
nuances.  Chacun  de  ces  dix-sept  massifs, 
qu’ils  ont  représentés  sommairement  en 
chromo-lithographie,  a un  numéro  d’ordre 
correspondant  à une  légende  où  se  trouvent, 
avec  les  dimensions  exactes  du  massif  ou  de 
la  corbeille,  la  liste  des  plantes  dont  il  se 
compose,  leur  nombre  et  leur  couleur  ; la 
comparaison  de  la  légende  et  du  petit  plan 
colorié  suffit  à indiquer  la  place  que  les 
plantes  doivent  occuper  dans  le  massif.  Le 
prix  spécial  des  plantes  est  indiqué  pour 
chaque  massif. 

De  cette  façon,  l’amateur  peut  se  rendre 
compte,  approximativement,  de  l’effet  que 
produira  dans  son  jardin  le  massif  de  son 


choix,  et  il  est  fixé  d’avance  sur  la  dé- 
pense à encourir. 

Il  y a,  dans  cette  manière  de  présenter  les 
devis  de  ce  genre  d’ornementation,  une  in- 
novation qui  méritait  d’être  signalée. 

Glaïeuls  hybrides  de  Frœbel.  — 

MM.  Frœbel  et  Cie,  horticulteurs  à Zurich, 
ont  pratiqué  depuis  plusieurs  années  des  croi- 
I sements  entre  les  Gladiolus  Saundersii  su- 
perbus et  G.  Gandavensis.  Ils  en  ont  ob- 
tenu des  plantes  très-vigoureuses,  de  50  à 
70  centimètres  de  longueur,  à grandes  et 
belles  fleurs  variées.  Leur  haute  taille,  leurs 
feuilles  glauques,  de  nombreux  rameaux 
floraux,  et  surtout  la  tardiveté  de  la  florai- 
son, qui  commence  alors  que  les  autres 
Glaïeuls  se  défleurissent,  sont  les  traits 
principaux  de  cette  race,  selon  la  note  que 
nous  avons  reçue  des  obtenteurs,  en  même 
temps  que  quelques  tiges  fleuries.  Ces 
fleurs  sont  belles,  en  effet,  mais  il  faudrait 
pouvoir  les  juger  comparativement  avec 
d’autres  variétés  plantées  à côté.  C’est  ce 
qui  aura  lieu  l’année  prochaine  et  nous 
permettra  d’exprimer  une  opinion  dûment 
motivée  sur  cette  matière  intéressante. 

Reine-Marguerite  Comète.  — Nous 
venons  de  recevoir  quelques  fleurs  de  la 
Reine-Marguerite  Comète , et  nous  consta- 
tons que  c’est  une  variété  admirable. 

La  plante  atteint  35  à 40  centimètres  de 
hauteur  et  forme  des  pyramides  compactes 
et  régulières.  Ses  fleurs,  à ligules  rose  pâle 
marginées  de  blanc,  ressemblent,  à s’y  mé- 
prendre, à celles  d’un  Chrysanthème  japo- 
nais à grandes  fleurs,  ce  qui  les  distingue 
complètement  des  Reines-Marguerites  pré- 
cédemment connues. 

Les  plantes  portent,  lorsqu’elles  sont  en 
bon  état  de  culture,  jusqu’à  25  ou  30  fleurs 
à la  fois,  ce  qui  en  ferait  une  plante  déco- 
rative de  premier  ordre. 

Nous  venons  d’en  voir  récemment  une 
plantation  entière  dans  le  parc  de  M.  P.  Dar- 
blay,  près  Corbeil,  et  nous  avons  été  heu- 
reusement surpris  de  la  beauté  de  cette  va- 
riété, que  nous  recommandons  tout  spécia- 
lement. 

L’emploi  des  plantes  à feuillage  co- 
loré dans  les  jardins.  — Quel  que  soit  le 
degré  d’intensité  de  la  coloration  d’un  feuil- 
lage, il  ne  jouera  jamais,  dans  la  décoration 
estivale  d’un  jardin,  le  même  rôle  que  les 
fleurs.  Une  masse  de  Coleus , d ’Achyran- 

I tlics,  une  corbeille  ou  guirlande  quelconque, 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


435 


une  mosaïculture,  pourront  être  employées 
utilement  dans  un  ensemble  décoratif  d’une 
certaine  importance;  mais  elles  ne  pro- 
duisent pas  les  mêmes  effets  attrayants  et 
gais  que  les  plantes  à fleurs  employées  en 
mélange,  ou  par  groupes  distincts. 

Nous  avons  récemment  vu,  dans  cet  ordre 
d’idées,  un  exemple  poussé  à l’extrême. 
Une  corbeille  entièrement  composée  de 
Coleus  Negro,  en  feuillage  violet  pourpre 
foncé,  presque  noir,  et  bordée  à’Achy- 
ranthes  à feuilles  réticulées  de  vert  et  de 
jaune. 

L’impression  qui  résultait  de  l’examen 
de  cette  corbeille  était  une  tristesse  non 
justifiée.  On  supposait  vaguement  l’exis- 
tence d’un  tumulus , sous  cet  amas  de 
plantes  sans  fleurs,  et  une  urne  funéraire 
quelconque  n’aurait  pas  semblé  disparate 
en  s’élevant  dans  son  milieu. 

Ce  n’est  pas,  certes,  là  l’effet  que  l’on 
avait  voulu  obtenir,  et  nous  pourrions  citer 
des  cas  assez  nombreux  où  un  mauvais 
emploi  de  plantes  à feuillage  coloré  a pro- 
duit des  résultats  négatifs  ou  fâcheux. 

Les  règles  générales  qu’il  convient  de 
suivre  peuvent  se  résumer  à grands  traits 
en  ceci  : 

Préserver  les  feuillages  colorés  pour  les 
parties  vues  de  loin,  par  masses,  et  planter 
auprès  de  l’habitation  ou  de  tous  autres 
endroits  très-fréquentés  des  fleurs,  qui, 
outre  leur  élégance  èt  leur  floraison  variée, 
répandent,  pour  la  plupart,  un  parfum  si 
agréable. 

La  Capucine  contre  le  puceron  lani- 
gère. — Un  de  nos  abonnés  du  Loiret, 
M.  H.  de  Kancourt  de  Mimerand,  nous  si- 
gnalait, dernièrement,  l’effet  de  la  Capu- 
cine contre  le  puceron  lanigère.  Il  avait  à 
plusieurs  reprises  constaté  que  des  Pom- 
miers, fortement  attaqués  par  leur  redou- 
table ennemi,  avaient  été  complètement 
débarrassés  du  puceron  à la  suite  d’une 
plantation  de  Capucines. 

Nous  avions  pensé  qu’il  pouvait  y avoir 
là  une  simple  coïncidence,  tout  en  enga- 
geant vivement  notre  estimable  correspon- 
dant à continuer  ses  expériences. 

Voici  de  nouveaux  renseignements  qui 
nous  arrivent  sur  cette  question,  et  qui 
semblent,  démontrer  que  l’emploi  de  la  Ca- 
pucine contre  le  puceron  lanigère  donne  de 
bons  résultats.  Ils  sont  dus  à M.  Imschoot, 
de  Gand,  qui  nous  écrit  en  ces  termes  : 

Je  puis  vous  confirmer,  par  une  expérience 
de  plusieurs  années,  l’efficacité  de  la  Capucine 


pour  la  destruction  du  puceron  lanigère.  Le 
procédé,  d’ailleurs,  n’est  pas  nouveau;  je  l’ai 
trouvé,  il  y a quelques  années,  dans  le  Bulle- 
tin d’ Arboriculture  de  Gand. 

Ce  qui  peut  avoir  découragé  les  expérimen- 
tateurs (s’il  y en  a eu,  ce  qui  n’est  pas  certain, 
le  remède  étant  trop  simple  !),  c’est  que  le  pu- 
ceron n’est  pas  complètement  détruit  la  pre- 
mière année.  Après  avoir  semé  les  graines  de 
Capucine  au  pied  du  tronc,  on  s’aperçoit,  la 
première  année,  que  le  puceron  est  moins 
abondant;  son  apparence  n’est  pas  la  même 
non  plus  ; il  n’envahit  plus  ; l’année  suivante  il 
disparaît. 

M.  Van  Imschoot  termine  son  intéres- 
sante communication  par  l’idée  que  ce  pro- 
cédé pourrait  aussi  être  essayé  contre  le 
phylloxéra. 

En  nous  bornant  à la  question  du  puce- 
ron lanigère,  il  est  évident  que  si  les  expé- 
riences de  MM.  de  Raucourt  et  Van  Ims- 
choot  se  confirment,  il  y a là  un  moyen  bien 
simple  et  bien  pratique  de  se  débarrasser 
de  ce  redoutable  ennemi  des  Pommiers. 
Nous  engageons  vivement  nos  abonnés  à 
en  faire  l’essai,  et  nous  serons  reconnais- 
sants à ceux  qui  voudront  bien  nous  infor- 
mer des  résultats  obtenus. 

Culture  d’arbres  fruitiers  retour 
d’Amérique.  — Un  amateur  éclairé  d’hor- 
ticulture, M.  G.  Reer,  propriétaire  à Lou- 
veciennes  (Seine-et-Oise),  et  fils  du  fonda- 
teur de  l’Orphelinat  horticole  de  cette  loca- 
lité, vient  de  créer,  auprès  de  cet  orphelinat, 
un  jardin  d’essai  d’arhoriculture  fruitière, 
qui  compte  déjà  4,000  exemplaires  de 
Poiriers  et  Pommiers. 

Le  but  que  se  propose  M.  G.  Reer  est  de 
produire  uniquement  des  fruits  de  choix, 
comme  grosseur  et  qualité,  non  seulement 
destinés  à la  vente  pour  Paris,  mais  devant 
constituer  un  important  article  d’exportation 
pour  l’Angleterre,  l’Allemagne,  le  Dane- 
mark, la  Russie,  etc.  Il  a l’intention  de 
se  tenir  sans  cesse,  pour  ses  procédés  de 
culture,  au  courant  des  progrès  de  la  science 
et  de  l’enseignement  des  écoles  spéciales. 

Un  des  côtés  les  plus  intéressants  des 
plantations  exécutées  par  M.  Reer,  c’est 
qu’en  même  temps  qu’il  faisait  venir  d’A- 
mérique un  grand  nombre  de  variétés  de 
Pommes  et  Poires  encore  peu  connues  en 
France,  il  recevait,  de  la  même  source,  des 
représentants  de  nos  meilleures  et  plus  an- 
ciennes variétés  européennes,  transplantées 
en  Amérique  il  y a déjà  un  certain  nombre 
d’années,  et  qui  auront  peut-être  gagné, 
par  suite  de  cette  expatriation,  certaines 


436 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


qualités  de  vigueur,  de  productivité  et  de 
goût. 

Il  sera  intéressant  de  suivre  le  dévelop- 
pement de  ce  jardin  d’essai. 

Pensée  à fleurs  semi-doubles  blan- 
ches. — Il  a été  présenté,  à une  récente 
séance  de  la  Société  horticole  du  Massachu- 
setts (États-Unis),  une  Pensée  blanche  dont 
les  fleurs  sont  devenues  semi-doubles  par 
suite  de  la  transformation  des  étamines  en 
pétales.  La  plante  est  très-florifère.  C’est  une 
bonne  recrue  pour  les  fleuristes. 

La  neige  en  Belgique.  — La  fin  d’août 
et  le  mois  de  septembre  ont  été  plus  favo- 
rables à la  culture  que  le  printemps  et  la 
première  moitié  de  l’été. 

Chacun  connaît  les  pluies  interminables 
et  le  froid  dont  nous  avons  été  gratifiés 
pendant  la  saison  qui  aurait  du  être  belle; 
et  si  nous  en  parlons  aujourd’hui,  c’est  uni- 
quement pour  signaler  un  fait  singulier  qui 
s’est  passé  à Gand,  le  5 août  : la  neige  est 
tombée  en  abondance  pendant  plus  d’une 
minute,  et  les  flocons  serrés  ont  obscurci 
l’atmosphère  d’une  façon  très- appréciable. 

Voilà  un  phénomène  bien  anormal,  et 
l’on  eût  pu  voir,  probablement  pour  la  pre- 
mière fois,  des  paquets  de  Cerises  mûres 
disparaissant  en  partie  sous  de  légers  amas 
de  neige  ! 

Vente  d’Orchidées  à Paris.  — Nous  ve- 
nons d’apprendre  que  la  collection  d’Orchi- 
dées de  M.  Rougier-Chauvière  va  être  mise 
en  vente.  La  date  est  fixée  au  10  octobre 
prochain.  La  vente  publique  sera  dirigée 
par  M.  Godefroy-Lebeuf.  Nous  engageons 
les  Orchidophiles  à ne  pas  laisser  passer, 
sans  y assister,  cette  dispersion  d’une  col- 
lection où  se  trouvent  de  nombreux  exem- 
plaires de  plantes  rares  et  intéressantes. 

La  vente  des  produits  du  potager  de 
Versailles.  — Le  Ministre  de  l’Agriculture 
a décidé  que  les  produits  du  potager  de 
Versailles  pourraient  être  à l’avenir  vendus 
directement  au  public.  Ces  produits  con- 
sistent en  fruits  de  primeur  et  de  saison, 
légumes,  plantes  variées  de  plein  air  et  de 
serre,  fleurs,  etc. 

Les  ventes  se  font  à prix  fixe,  sans  remise 
ni  escompte,  et  au  comptant.  Les  payements 
sont  effectués  à la  caisse  du  receveur  des  do- 
maines, à Versailles. 

Les  livraisons  s’effectuent  sur  place.  Les 
acheteurs  doivent  donc  se  munir  des  paniers, 


caisses,  etc.,  nécessaires  pour  l’emballage. 
Toutefois,  ces  divers  objets  peuvent  être  four- 
nis par  l’établissement,  contre  remboursement 
de  leur  valeur.  Les  paniers  sont  repris  pour 
leur  prix,  sous  déduction  d’un  cinquième, 
quand  ils  sont  rendus  en  bon  état  et  dans  le 
délai  de  trois  jours. 

Les  marchandises  qu’il  y a lieu  de  livrer 
exceptionnellement  au  dehors  de  Versailles 
voyagent  aux  frais,  risques  et  périls  de  l’ache- 
teur. Elles  sont  rendues  franco  à l’une  des 
gares  du  chemin  de  fer  de  l’Ouest,  à Ver- 
sailles, ou  remises  en  ville  à un  commission- 
naire qui  les  transportera  à destination  aux 
frais  de  l’acquéreur. 

L’emballage  dû  par  l’acheteur  est  coté  au 
prix  de  revient. 

Aussitôt  après  l’expédition  des  marchandises, 
une  lettre  d’avis  annonçant  le  jour  du  départ, 
le  nombre  de  colis,  la  gare  expéditrice  ou  le 
nom  du  commissionnaire,  est  adressée  au  des- 
tinataire. 

L’établissement  décline,  par  avance,  toute 
responsabilité  pour  retards,  avaries,  gelées, 
non  réussite  des  végétaux,  etc. 

Toute  demande  de  marchandises  à expédier 
doit  être  accompagnée  d’un  mandat  de  poste 
au  nom  du  receveur  des  domaines,  à Ver- 
sailles. 

Les  ventes  publiques  de  plantes,  à 
New-York.  — Nous  avons  précédemment 
parlé  des  ventes  aux  enchères  qui  se  font, 
en  Angleterre,  pour  les  végétaux,  et  qui 
ont  pour  avantage  principal  de  permettre 
à un  horticulteur  de  se  débarrasser,  dans 
un  court  délai,  d’un  stock  encombrant  de 
plantes  d’une  catégorie  quelconque. 

En  Amérique,  les  mêmes  procédés  sont 
employés,  et  l’on  a vu  récemment,  ainsi  que 
le  rapporte  le  Journal  des  Roses , sept  culti- 
vateurs présenter  ensemble  31.370  Rosiers 
en  pots,  dans  une  seule  vente  publique. 

Dans  ce  nombre,  la  variété  Niphétos 
comptait  7,000  sujets. 

Ces  Rosiers  étaient  tous  de  jeunes  bou- 
tures, en  godets  de  4 à 6 centimètres,  et 
2,000  d’entre  eux  ont  été  vendus,  dans 
cette  adjudication,  à des  prix  variant  de 
15  à 25  francs  le  cent. 

Les  conférences  horticoles  en  Bel- 
gique. — L’horticulture  est,  on  le  sait, 
très  avancée  en  Belgique,  et,  malgré  cela, 
le  gouvernement  de  ce  pays  ne  ralentit  pas 
ses  efforts  pour  faire  pénétrer  partout  la 
connaissance  des  meilleurs  procédés  cultu- 
raux. 

En  1887,  il  a été  donné  dans  les  diverses 
provinces  belges  : 1,140  conférences  pu- 
bliques sur  l’arboriculture  fruitière  et  la 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


437 


culture  maraîchère,  12  sur  la  culture  fo- 
restière et  6 sur  la  culture  du  Tabac. 

Le  nombre  relativement  restreint  des 
conférences  sylvicoles  s’explique  en  ce 
qu’elles  ne  s’adressent  qu’à  un  petit  nombre 
d’intéressés,  et  que  d’ailleurs  des  écoles 
spéciales  sont  réservées  pour  l’instruction 
des  agents  forestiers  proprement  dits. 

Les  concours  horticoles  scolaires  en 
France.  — La  Société  d’horticulture  et  de 
viticulture  des  Vosges  a organisé,  cette  an- 
née, dans  les  cantons  de  Neufchâteau, 
Plombières,  Xertigny  et  Senones,  un  con- 
cours entre  les  élèves  des  écoles  primaires, 
sur  toutes  les  questions  se  rapportant  à 
l’horticulture,  en  général.  Un  programme 
circulaire  avait  été  publié  le  6 mai,  indi- 
quant les  sujets  principaux  sur  lesquels  les 
concurrents  devaient  se  préparer. 

Le  concours  eut  lieu  le  9 août  dernier.  Le 
sujet  choisi  était  Greffage  : greffe  en  fente 
ordinaire , greffe  en  couronne , greffe  en 
écusson  ; conditions  de  réussite. 

La  commission  d’examen  a constaté  avec 
satisfaction  que  la  question  avait  été  bien 
traitée  par  un  grand  nombre  d'élèves. 
Trente-six  prix  ont  été  décernés,  consistant 
en  sommes  d’argent  et  ouvrages  publiés  sur 
l’horticulture,  le  tout  accompagné  de  di- 
plômes. 

On  ne  saurait  trop  approuver  la  très- 
utile  mesure  prise  ainsi  par  la  Société  des 
Vosges.  Il  en  résulte,  pour  les  enfants  pre- 
nant part  aux  concours,  une  émulation  très- 
favorable  à leur  instruction  horticole,  et 
l’appât  de  récompenses,  décernées  en  dehors 
des  prix  universitaires,  ne  peut  que  diriger 
particulièrement  leur  désir  d’apprendre 
vers  les  choses  du  jardinage. 

Expositions  annoncées  : 

Marseille,  du  4er  au  4 novembre.  — La 
Société  d’horticulture  et  de  botanique  de  Mar- 
seille fera  une  exposition  spéciale  de  Chrysan- 
thèmes du  1er  au  4 novembre  prochain. 

Le  programme  sera  envoyé  à toute  personne 
qui  en  adressera  la  demande  au  Secrétaire 
de  la  Société,  rue  Thubaneau,  52,  à Mar- 
seille. 

Lille,  du  4 au  5 novembre.  — La  Société 
régionale  d’horticulture  du  nord  de  la  France 
organise,  avec  le  concours  du  Ministère  de 
l’Agriculture  et  du  Conseil  général  du  dépar- 
tement du  Nord,  une  exposition  internationale 
des  produits  de  l’horticulture  et  du  matériel 
horticole,  qui  aura  lieu  au  palais  Rameau  les 
4 et  5 novembre. 


Le  programme  comporte  22  concours  : 15pour 
pour  la  première  section,  qui  comprend  les 
plantes  de  serre  de  plein  air  et  les  fleurs  cou- 
pées ; 7 pour  la  deuxième  section,  qui  com- 
prend les  fruits  et  légumes,  ainsi  que  le  maté- 
riel horticole. 

Tous  les  amateurs,  horticulteurs,  jardiniers, 
instituteurs,  directeurs  de  jardins  publics,  etc., 
soit  français,  soit  étrangers,  sont  admis  à ex- 
poser leurs  produits  et  à prendre  part  aux 
concours. 

Les  exposants  doivent  faire  remettre  à M.  le 
Secrétaire  général  de  la  Société,  84,  rue 
d’Arras,  à Lille,  avant  le  25  octobre  prochain, 
leur  demande  d’admission  en  se  conformant  à 
la  formule  annexée  au  programme,  qui  leur 
sera  adressé  sur  demande. 

Paris,  du  Ie?  novembre  au  iO  décembre.  — 
Ainsi  que  nous  l’avons  annoncé  dans  le  précé- 
dent numéro,  une  exposition  de  fruits  à cidre, 
de  cidres  et  poirés  et  d’eaux-de-vie  de  cidre, 
aura  lieu  au  Palais  de  l’Industrie  des  Champs- 
Élysées,  du  9 au  25  novembre,  sous  le  patro- 
nage d’un  comité  composé  de  MM.  Lechartier, 
Ilauchecorne,  Michelin,  Baltet,  Pol  Fondeur, 
Delaville,  Lacaille,  Nanot  et  Vivien. 

De  son  côté,  M.  Ghessé,  ancien  gouverneur 
de  Tahiti  et  de  la  Guyane,  organise  une  exposi- 
tion de  cidres  et  poirés,  avec  section  annexe 
d’alimentation  générale,  qui  se  tiendra  du 
1er  novembre  au  10  décembre  dans  le  pavillon 
central  du  quai  d’Orsay,  édifié  pour  l’exposi- 
tion agricole  universelle  de  1889. 

Ce  n’est  pas  une  idée  heureuse  que  d’ins- 
taller simultanément  dans  la  même  ville  deux 
expositions  de  même  nature.  En  pareil  cas,  la 
concurrence  ne  peut  donner  que  de  mauvais 
résultats. 

Memento  des  Expositions. 

Voici  la  liste  des  Expositions  précédemment 
annoncées  : 

Paris.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n°  14),  22  au  25  no* 
vembre. 

Paris.  — Végétaux  d’ornement  (Chr.  no  15), 
25  juillet  au  5 novembre.  (Annexe  de  l’Exposition 
d’hygiène  et  de  sauvetage.) 

Paris.  — Cidres,  Pommes  et  appareils  (Chr.)  no  18, 
9 au  25  novembre. 

Roubaix.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n°  5),  17  no- 
vembre. 

Toulouse.  — Exp.  de  culture  maraîchère,  culture 
ornementale  et  arboriculture  fruitière  et  spécia- 
lement Exp.  de  Chrysanthèmes  (Chr.  n«  il), 
15  au  18  novembre. 

Gand.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n°  11),  18  au  22  no- 
vembre. 

Vienne.  — Fruits  (Chr.  no  15),  29  septembre  au 
7 octobre. 

Saint-Mandé.  — Exp.  gén.  (Chr.  n°  12),  16  au 
23  septembre. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André; 


438 


LES  PALMIERS  DANS  LA  FLORIDE  CENTRALE. 


LES  PALMIERS  DANS  LA  FLORIDE  CENTRALE 


Le  climat  de  la  Floride  a beaucoup  d’ana- 
logie avec  celui  de  notre  littoral  méditerra- 
néen, bien  qu’il  soit  un  peu  plus  humide. 
Les  cultures  qui  réussissent  là-bas  pro- 
duiront évidemment  le  même  effet  chez 
nous,  si  on  a soin  de  leur  donner  l’humi- 
dité suffisante,  qui  leur  ferait  souvent  dé- 
faut. 

Les  cultures  du  midi  de  la  France  sont 
certainement  bien  intéressantes,  mais  elles 
ne  contiennent  pas,  à beaucoup  près,  toutes 
les  espèces  ornementales  que  l’on  devrait  y 
voir,  malgré  les  efforts  faits  par  M.  Ch.  Nau- 
din  et  quelques  autres  dans  ce  sens.  Les 
essais  d’acclimatation  y sont  encore  trop 
peu  nombreux.  On  plante  généralement  les 
essences  qui,  depuis  longtemps,  ont  fait  leurs 
preuves,  sans  chercher  à en  augmenter  le 
nombre. 

Pour  aider  les  propriétaires  à sortir  de 
cet  état  peu  progressif,  pour  leur  éviter  des 
tâtonnements  longs  et  coûteux,  nous  avons 
extrait,  d’un  fort  bon  article  que  vient  de 
publier  le  journal  américain  Garden  and 
Forest,  les  précieuses  indications  qui  sui- 
vent, au  sujet  des  Palmiers  qui  sont  cultivés 
avec  succès,  en  plein  air,  dans  une  des  plus 
belles  propriétés  de  la  Floride,  chez  M.  E.- 
H.  Hart,  à Fédéral-Point. 

Les  abords  de  cette  résidence  sont  occu- 
pés par  des  cultures  d’Orangers  renommées 
pour  la  quantité  et  l’excellence  des  variétés 
employées , et  au  milieu  desquelles  se 
trouvent  intercalés  environ  trois  cents  spé- 
cimens d’arbres  fruitiers  exotiques  choisis. 

Auprès  de  massifs  de  Magnolia  fuscata, 
de  Rhinchospevmum  jasminoides , à’Olea 
fragrans,  d ' Azalea,  Tabernæmontana, 
AUàmanda  et  d’autres  belles  plantes,  on 
remarque,  au  premier  abord,  un  groupe  de 
différentes  espèces  de  Phœnix,  qui  sont 
plantés  auprès  de  l’habitation.  Le  plus 
élevé  de  ces  arbres  est  un  magnifique 
exemplaire  du  P.  sylvestris,  le  Dattier  de 
l’Inde,  qui  atteint  la  hauteur  totale  de 
7 mètres.  Il  convient  de  faire  remarquer  ici 
qu’aucune  des  plantations  dont  il  est  ques- 
tion ne  remonte  à plus  de  quinze  années, 
la  majeure  partie  n’ayant  même  que  dix 
ans.  Ce  bel  arbre  a déjà  fleuri,  et  un  épi  de 
fruits  était  développé  lors  du  grand  froid 
de  1886,  qui  l’a  détruit.  Depuis,  les  fleurs 
ne  se  sont  pas  montrées.  Tout  auprès  se 
trouve  un  Phœnix  canariensis,  encore 


plus  élégant  que  l’espèce  précédente,  la  jux- 
taposition des  segments  donnant  aux  feuilles 
une  ampleur  très-ornementale.  Un  spécimen 
moins  dévèloppé  de  Pli.  vinifera  a un  peu 
souffert  du  froid  de  1886.  C’est  néanmoins 
une  très-belle  plante.  Au  milieu  des  Oran- 
gers, on  remarque  deux  élégants  Ph.  rupi- 
cola,  dont  les  feuilles  recourbées  ont  une 
riche  couleur  dorée,  très-rare  dans  les 
Palmiers  ; puis  des  Ph.  pumila,  fari- 
nifera,  senegalensis,  spinosa,  reclinata, 
dactylifcra  et  encore  d’autres.  Tout  auprès 
de  ces  Palmiers  à végétation  vigoureuse  se 
trouve  un  exemplaire  de  Copernicia  ma- 
çroglossa,  âgé  de  10  ans,  et  qui  n’a  encore 
qu’une  seule  feuille.  Sa  hauteur  est  d’envi- 
ron 30  centimètres. 

En  face  l’habitation  se  trouve  une  forte 
touffe  de  Rhapis  flabelliformis,  qui,  d’ordi- 
naire assez  rustique,  a cependant  un  peu 
souffert  du  froid  de  1886. 

Dispersés  sur  les  pelouses,  de  nombreux 
Cliamærops  développent  leur  vigoureux 
feuillage  ; là  se  trouvent  les  Ch.  spinosa, 
Humboldti,  arborca , elegans,  tomentosa , 
Martiana,  Fortunei,  humilis , sinensis , 
farinosa,  robusta,  humilis  robusta, 
excelsa,  excelsa  macrocarpa,  hystrix 
( Rhapidophyllum ),  etc.  Le  plus  fort  de  ces 
Palmiers  a le  tronc  haut  de  1 mètre  ; la  plu- 
part d’entre  eux  ont  un  joli  feuillage  ar- 
genté, tous  sont  parfaitement  rustiques 
sous  cette  latitude. 

Parmi  les  autres  Palmiers  à feuilles  en 
éventail  se  trouve  une  splendide  collection 
de  Sabal,  tous  parfaitement  rustiques.  Un 
superbe  exemplaire  de  Sabal  umbraculifera 
a atteint  la  hauteur  de  5 mètres,  avec  un 
tronc  de  2 mètres.  Il  a une  large  couronne 
étalée  de  feuilles  ressemblant  un  peu  à celles 
du  S.  Palmetto,  avec  un  pétiole  plus  long, 
plus  fort,  et  une  apparence  plus  dense. 

Un  Sabal  dealbata  a deux  mètres  de 
hauteur.  Il  a déjà  produit  des  graines  sur  un 
épi  long  de  plus  de  trois  mètres.  Voici  un 
exemplaire  du  >8.  longipedunculata,  qui 
produit  également  des  fruits.  Ses  inflo- 
rescences s’élancent  bien  au-dessus  du  feuil- 
lage, comme  cela  se  produit  chez  le  S.  Adan- 
soni.  Un  joli  spécimen  de  S.  Mocini  des 
régions  montagneuses  du  Mexique  a prouvé 
que  cette  espèce  était  moins  rustique  que 
ses  congénères.  Son  feuillage  a souffert  du 
froid  de  1886.  On  remarque  également  de 


LIGUSTRUM  CORÎÀCËUM. 


439 


jolis  S.  havanensis , Ghiesbreghtii,  cœru- 
lescens. 

M.  Hart  a obtenu  une  réussite  superbe 
avec  le  Washingtonia  robusta,  cette  belle 
espèce  californienne,  dont  il  possède  plu- 
sieurs pieds.  Le  plus  grand  d’entre  eux  a 
5 mètres  de  hauteur,  avec  un  tronc  haut  de  j 
2 mètres.  Il  développe  une  nouvelle  feuille 
tous  les  quinze  jours,  et  forme  un  exem- 
plaire vraiment  magnifique.  Ses  épines 
rouges  et  la  jolie  couleur  de  son  feuillage 
en  font  un  des  plus  jolis  Palmiers  à feuilles 
en  éventail.  Le  Washingtonia  filifera 
(. Brahea  ou  Pritchardia  filamentosa ),  es- 
pèce originaire  de  la  Californie,  est  très- 
distinct.  Bien  que  les  sujets  que  nous  avons 
vus  là  soient  très-beaux,  ils  ont  une  vigueur 
inférieure  à celle  du  beau  W.  robusta.  Les 
Brahea  edulis  et  glauca  sont  représentés 
par  de  jeunes  exemplaires. 

Le  plus  élégant  Palmier  de  cette  collec- 
tion est  un  Diplothemium  campestre  âgé 
de  dix  ans.  11  n’a  que  lm  50  à 2 mètres  de 
hauteur  ; mais  ses  élégantes  feuilles  pen- 
nées, argentées  à leur  face  inférieure,  et 
dont  les  segments  sont  gracieusement  re- 
courbés comme  les  barbes  d’une  plume 
d’autruche,  en  font  une  plante  ravissante. 

Le  genre  Cocos  est  représenté  par  ses 
espèces  les  plus  rustiques.  Un  exemplaire 
de  C.  flexuosa  atteint  déjà  4 mètres  de  hau- 
teur. Les  moins  délicats  de  tous  les  Palmiers 
à feuilles  pennées,  les  C.  australis  et  cam- 
pestris,  sont  représentés  par  de  nombreux 
et  vigoureux  jeunes  spécimens.  De  jeunes 
C.  Yatai , insignis , Romanzoffiana,  Nor - 
manbyana , Gaertneri  et  Blumenavia,  les 
accompagnent,  ainsi  qu’un  C.plumosa  déjà 
plus  développé. 


On  voit,  en  outre  des  Livistona  altissima, 
Jenkinsiana,  un  splendide  spécimen  de 
L.  Hoogendorpii,  et  un  L.  chinensis  haut 
d’environ  3 mètres,  et  qui  a déjà  un  tronc 
très-dé veloppé.  Auprès  de  ce  dernier  se 
trouve  un  Acrocomia  sclerocarpa  haut  de 
j lm  50,  et  qui  provient  d’une  graine  semée  il 
y a huit  ans,  mais  qui  n’avait  germé  que  la 
cinquième  année. 

Un  Jubæa  spectabilis  déjà  fort,  âgé  de 
douze  ans,  semble  confirmer  cette  asser- 
tion, que,  dans  son  pays  natal,  au  Chili, 
cet  arbre  ne  produit  de  fleurs  et  de  fruits 
que  lorqu’il  a dépassé  sa  centième  année. 

Des  Areca  rubra  et  sapida  et  quelques 
autres  espèces  du  même  genre  croissent 
avec  la  protection  d’un  abri  formé  d’ardoises 
éloignées  d’une  dizaine  de  centimètres  les 
unes  des  autres.  Ils  reçoivent  ainsi  une 
ombre  suffisante  et  une  garantie  contre  le 
froid. 

Un  bel  exemplaire  d ’Oreodoxa  regia, 
le  Palmier  royal  de  la  Floride  méridionale 
et  des  Indes  occidentales,  a été  protégé  plu- 
sieurs fois  contre  le  froid  au  moyen  d’un 
tonneau  dont  les  deux  fonds  avaient  été  en- 
levés, que  l’on  glissait  autour  du  feuillage 
de  manière  à le  placer  autour  du  stipe,  et 
dans  lequel  on  mettait  ensuite  de  la  terre, 
le  feuillage  émergeant  au-dessus  de  cet  ap- 
pareil . 

D’autres  Palmiers  viennent  encore  s’a- 
jouter à ceux  qui  viennent  d’être  cités.  Leur 
faible  développement  ne  permet  pas  encore 
de  parler  d’eux  avec  intérêt. 

Dans  quelques  années,  les  Palmiers  de 
«Fédéral  Point  » mériteront  que  l’on  en- 
treprenne un  grand  voyage  pour  les  exa- 
miner. Éd.  André. 


L1GUSTRUI  CORIACEUM 


Bien  que  très-méritante  et  anciennement 
connue,  cette  espèce  est  toujours  rare  ; 
c’est  même  à peine  si  on  la  rencontre  dans 
les  cultures,  où  pourtant  elle  occupa  jadis' 
une  bonne  place.  C’est  en  effet  l’horticulteur 
L.  Noisette  qui  paraît  l’avoir  possédée  le 
premier.  Pendant  de  longues  années,  on 
parait  même  avoir  ignoré  son  origine  : 
celle-ci  n’a  été  réellement  bien  connue  que 
lors  d’un  envoi  fait  du  Japon  à M.  Standish, 
par  M.  Fortune,  il  y a une  trentaine  d’an- 
nées. En  voici  une  description  : 

Arbuste  buissonneux  excessivement  com- 
pact, atteignant  lra50  environ  de  hauteur,  à ra- 
meaux gros  et  courts,  strictement  dressés,  à 


écorce  roux  brunâtre.  Feuilles  très-longtemps 
persistantes,  très-rapprochées,  opposées-décus- 
sées,  courtement  ovales-arrondies,  cordiformes 
ou  suborbiculaires,  à limbe  tourmenté  ondulé, 
épaisses,  coriaces,  très-entières,  lisses,  lui- 
santes en  dessus,  vert  glaucescent  en  dessous, 
glabres  de  toutes  parts,  portées  sur  un  court 
et  fort  pétiole  dressé.  Inflorescence  dressée  en 
épis  racémiformes.  Fleurs  blanches,  petites, 
très-nombreuses,  réunies  par  petits  groupes 
formant  un  tout  compact,  à odeur  rappelant 
celle  du  Troène  commun,  moins  pénétrante 
cependant. 

Le  Ligustrum  coriaceum , L.  Noisette 
(fig.  101),  est  très^rustique.  Par  sa  nature  et 
son  faciès  général,  non  seulement  il  est 


440 


DU  PALISSAGE  DES  ARBRES  FRUITIERS. 


propre  à garnir  le  premier  rang  dans  les  mas- 
sifs-parterres, mais  on  pourrait  même  l’em- 
ployer pour  l’ornementation  des  plates- 
bandes,  où,  distancé  sur  le  milieu,  il 
s’harmoniserait  parfaitement  avec  les  plantes 
fleuries,  pendant  l’été;  et,  tout  l’hiver,  par 
son  joli  et  abondant  feuillage,  il  romprait  la 
monotonie  que  présentent  les  jardins  lorsque 
les  froids  en  ont 
fait  disparaître  les 
plantes  à fleurs. 

A défaut  de 
graines,  que  du 
reste  la  plante 
produit  très-rare- 
ment dans  les 
cultures,  on  mul- 
tiplie cette  espèce 
par  bouture  et  par 
greffe.  Pour  bou- 
tures, on  prend 
les  jeunes  bour- 
geons semi-aoû- 
tés,  que  l’on  cou- 
pe, à partir  du 
mois  d’août,  et 
que  l’on  repique 
sous  cloche  au 
nord  en  terre  de 
bruyère.  On  peut 
aussi  les  repiquer 
dans  des  petits 
godets  que  l’on 
place  également 
sous  cloche,  mais 
dans  la  serre  à 
multiplication,  où 
il  est  possible,  au  besoin,  d’élever  un  peu 
la  température,  ce  qui  accélère  le  dévelop- 
pement des  racines.  Quant  aux  greffes,  on 
les  fait  en  fente  ou  en  placage  en  prenant 
comme  sujets  des  formes  rustiques  : si- 
nense,  Quihoui,  Ibota,  vulgare,  etc.  Pour 
greffons,  on  prend,  comme  on  le  fait  pour 
les  boutures,  des  bourgeons  aoûtés.  Une 


fois  greffées,  les  plantes  sont  placées  sous 
des  cloches  à froid,  où  on  les  prive  d’air 
jusqu’à  ce  que  la  soudure  soit  complète. 

Comme  c’est  toujours  du  jeune  bois  que 
l’on  doit  prendre,  qu’il  s’agisse  de  bou- 
tures ou  de  greffes,  et  qu’abandonnées  à 
elles-mêmes  les  plantes  n’en  produisent 
que  très-peu,  on  peut  provoquer  la  forma- 
tion de  ce  jeune 
bois  en  rabattant 
les  rameaux,  qui, 
alors,  développent 
des  bourgeons  sur 
toutes  leurs  par- 
ties. 

Outre  son  em- 
ploi comme  ar- 
buste d’ornement 
de  pleine  terre, 
le  Ligustrum  co- 
viaceum  peut 
être  employé  à la 
décoration  des  ap- 
partements. Pour 
cela,  il  suffit  de 
cultiver  les  plan- 
tes en  pots,  con- 
ditions dont,  au 
reste,  elles  s’ac- 
commodent par- 
faitement. Dans 
ce  cas,  on  les 
cultive  en  serre 
froide  comme  on 
le  fait  de  quel- 
ques plantes  à 
feuillage  que  l’on 
emploie  dans  les  mêmes  conditions.  Cette 
espèce  est  d’autant  plus  propre  à cet  usage, 
que  les  plantes  sont  toujours  très-garnies  de 
feuilles  très-robustes  qui  non  seulement 
persistent  longtemps,  mais  ne  s’altèrent 
même  que  très-rarement. 

E.-A.  Carrière. 


DU  PALISSAGE  DES  ARBRES  FRUITIERS 


En  horticulture,  on  nomme  palissage 
l’art  d’attacher  les  branches  d’un  arbre  le 
long  d’un  mur  ou  d’un  support  ad  hoc  et 
approprié,  de  manière  à lui  donner  une 
forme  déterminée,  le  plus  généralement  une 
surface  plane,  mais  qu’il  ne  faut,  toutefois, 
pas  exagérer,  parce  qu’alors  il  se  produi- 
rait certains  désordres  graves  dans  la  végé- 


tation, ce  que  je  vais  essayer  de  faire  res- 
sortir. 

Des  amateurs  ou  même  des  praticiens 
qui  ne  se  rendent  pas  compte  de  certaines 
lois  physiologiques  ne  visent  qu’à  la  régu- 
larité ; ils  palissent  ou  attachent  tous  les 
bourgeons  au  fur  et  à mesure  qu’ils  pous- 
sent, de  manière  à obtenir  une  surface  qui 


BOUGAINVILLEA  SPECTABILIS  ET  B.  BRASILIENSIS. 


441 


ne  présente  aucune  saillie.  Cela  est  un  tort, 
assurément,  car  alors  pour  flatter  l’œil, 
presque  toujours  on  se  prive  de  fruits,  les 
yeux  à fleurs,  c’est-à-dire  les  boutons , ne 
pouvant  se  former  dans  de  semblables  con- 
ditions. 

Pour  bien  pratiquer  le  palissage,  il  faut 
savoir  qu’il  comprend  deux  choses  : main- 
tenir l’équilibre  des  diverses  parties  de 
l’arbre,  afin  de  maintenir  la  forme  et  la  ré- 
gularité de  l’ensemble  ; de  plus,  déterminer 
des  transformations  et  convertir  en  produc- 
tions fruitières  des  bourgeons  qui,  aban- 
donnés à eux-mêmes,  auraient  pu  ne  pro- 
duire que  du  bois  stérile,  c’est-à-dire  des 
yeux  à bois , ou,  dans  le  cas  contraire,  des 
yeux  à fleurs,  mais  alors  mal  conformés. 

Une  règle  quelconque  pourra,  suivant  les 
circonstances,  présenter  des  exceptions  plus 
ou  moins  grandes.  Aussi  examinons  le  pa- 
lissage à chacun  des  deux  points  de  vue 
indiqués  plus  haut.  Rappelons  d’abord  ce 
fait  de  physiologie  que  la  transformation 
des  organes  foliacés  ne  s’opère  bien  que 
lorsque  ces  organes  « nagent  » dans  l’air, 
c’est-à-dire  qu’ils  sont  frappés  de  toutes 
parts  par  celui-ci.  Donc,  lorsqu’il  s’agit 
de  modification  d’yeux  pour  assurer  la  pro- 
duction des  fruits,  on  ne  doit  palisser  les 
bourgeons  que  lorsque  ces  yeux  sont  com- 
plètement formés  ; le  palissage  doit  s’opérer 
successivement  au  fur  et  à mesure  que  les 
bourgeons  sont  suffisamment  développés.  11 
en  est  de  même  quand  il  s’agit  de  mainte- 
nir l’équilibre  des  arbres  et  d’en  assurer  le 
développement,  celui-ci  ayant  toujours  lieu 
suivant  remplacement  et  la  position  des 
parties  de  l’arbre.  Par  exemple,  lorsqu’il 
s’agit  de  branches  fruitières,  on  ne  doit  les 
palisser  que  lorsque  les  yeux  ont  acquis  les 
qualités  que  l’on  recherche.  Cependant,  il 
faudra  toujours  commencer  le  palissage  par 
les  parties  supérieures,  par  cette  raison  que 
dans  cette  position  les  bourgeons  tendent 
toujours  à s’emporter  au  détriment  des 
parties  inférieures,  qui,  alors,  restent  plus 
faibles. 

Quant  à maintenir  l’équilibre  des  arbres, 
on  y parvient  en  palissant  les  branches  les 
plus  fortes  qui  menacent  de  « s’emporter  » 
et  de  rompre  l’équilibre.  Outre  ce  moyen, 


on  peut  encore,  par  le  palissage,  équilibrer 
un  arbre  par  la  disposition  des  branches  ; 
il  suffit  d’incliner  plus  ou  moins,  même 
au-dessous  de  l’horizontale,  les  parties  trop 
vigoureuses,  et,  au  contraire,  de  relever 
plus  ou  moins,  même  verticalement,  les 
parties  faibles  que  l’on  désire  renforcer. 
Enfin,  il  est  un  autre  moyen  de  modérer  ou 
d’accélérer  la  végétation  et  par  suite  d’affai- 
blir ou  de  renforcer  certains  bourgeons  ; il 
consiste,  suivant  le  cas,  à palisser  de  bonne 
heure  et  sévèrement  les  parties  très-vigou- 
reuses et  dont  on  veut  restreindre  la  végé- 
tation, et,  au  contraire,  à attirer  en  avant, 
en  les  laissant  libres,  les  bourgeons  dont  on 
veut  protéger  et  favoriser  le  développement. 

Maintenant,  je  vais  en  quelques  mots 
résumer  les  principales  règles  qui  concer- 
nent le  palissage  : 

Lorsqu’il  s’agit  de  branches  fruitières, 
ne  palisser  les  bourgeons  que  lorsqu’ils  ont 
acquis  les  conditions  nécessaires,  c’est-à- 
dire  que  leurs  yeux  sont  bien  formés,  de 
façon  à en  assurer  la  transformation  pos- 
térieure en  fleurs,  ce  qui  nécessite  des  pa- 
lissages successifs  et  toujours  partiels. 
Commencer  ce  travail  par  le  dessus  des 
branches,  qui,  toujours,  tend  à s’emporter 
au  détriment  des  parties  inférieures. 

Voilà,  d’une  manière  générale,  comment 
on  doit  opérer  lorsqu’il  s’agit  de  la  produc- 
tion des  fruits.  Si,  au  contraire,  il  s’agit 
particulièrement  de  maintenir  l’équilibre 
des  arbres,  c’est-à-dire  d’en  renforcer  ou 
d’en  affaiblir  certaines  parties,  on  y par- 
vient de  plusieurs  manières  : 1°  en  palis- 
sant sévèrement  les  plus  vigoureuses  et 
laissant,  au  contraire,  les  plus  faibles  en 
liberté  ; 2°  en  abaissant  celles-là  et  en  rele- 
vant celles-ci,  qui,  alors,  reprennent  plus 
de  vigueur.  On  peut  également  obtenir  ces 
mêmes  résultats  en  rapprochant  et  serrant 
les  plus  fortes  branches  le  long  des  murs, 
de  manière  à les  soustraire  à l’action  de 
l’air  et.de  la  lumière;  au  contraire,  on 
tirera  les  faibles  en  avant  afin  de  leur  faire 
prendre  de  la  force,  et,  au  besoin,  pour 
empêcher  la  rupture  de  ces  bourgeons,  on 
pourra  les  attacher  à un  support  ou  un  tu- 
teur placé  à cet  effet. 

Carrelet. 


BOUGAINVILLEA  SPECTABILIS  ET  B.  BRASILIENSIS 


La  première  de  ces  deux  espèces,  le  Bou- 
gainvillea  spectabilis,  sans  être  commune, 
est  cependant  bien  connue  en  horticul- 


ture, où,  pourtant,  son  mérite  est  discuté 
Pour  les  uns,  c’est  une  plante  très-fïori- 
bonde  ; pour  d’autres,  c’est  une  mauvaise 


442 


STATICE  ARBORESCENS. 


plante,  dont  on  ne  voit  presque  jamais  les 
fleurs.  Qui  a raison?  Tout  le  monde,  suivant 
les  cas.  Voici  pourquoi  : 

Le  Bougainvillea  spectabilis , Wall.,  est 
une  plante  volubile,  excessivement  vigou- 
reuse, et  qui,  en  général,  ne  fleurit  que 
lorsqu’elle  est  déjà  vieille.  De  plus,  comme 
beaucoup  de  plantes  sarmenteuses,  elle 
émet,  avec  des  rameaux  petits  ou  moyens, 
des  scions  gros  et  longs,  qui  ne  fleurissent 
plus  ou  qui  ne  donnent  que  rarement 
quelques  grappes  de  fleurs.  Un  phéno- 
mène tout  à fait  analogue  se  passe  chez 
certains  Rosiers  sarmenteux,  de  sorte  que 
si,  pour  multiplier  ces  plantes,  on  prend 
de  ces  bourgeons  stériles,  on  obtient  des 
sujets  qui  ne  fleurissent  pas  ou  qui  ne 
produisent  que  très-peu  de  fleurs,  encore 
exceptionnellement  et  lorsqu’ils  sont  vieux. 

Voilà  ce  qui  peut  expliquer  la  non 
floraison  à peu  près  complète  de  certains 
pieds  de  B.  spectabilis,  bien  qu’ils  soient 
vieux  et  très-forts.  Ainsi  nous  avons  connu 
dans  différents  endroits,  et  dans  des  condi- 
tions très-bonnes,  des  plantes  qui,  bien 
qu’âgées  de  dix  à douze  ans,  n’avaient, 
jamais  produit  de  fleurs.  Nous  croyons  bon 
de  rappeler  ces  faits,  afin  de  montrer  l’im- 
portance qu’il  y a de  bien  choisir  les  par- 
ties qui  doivent  servir  à multiplier  les 
B.  spectabilis. 

Cette  espèce,  qui  l’hiver  réclame  la  serre 
tempérée  chaude,  est  très-propre  à garnir 
les  colonnes  et  à former  des  cordons  sur  fil 
de  fer,  conditions  dans  lesquelles  elle  fleurit 
abondamment  si  l’on  a affaire  à des  pieds  de 
bonne  origine.  C’est  une  plante  vigoureuse 
pouvant  garnir  de  grandes  surfaces.  Tou- 
tefois, il  est  facile,  à l’aide  d’une  taille 
appropriée,  d’en  modérer  la  vigueur  tout 
en  lui  faisant  donner,  chaque  année,  une 
abondante  floraison  : c’est  d’enlever  tout 
ou  partie  des  rameaux  vigoureux  pour  ne 


conserver  que  ceux  qui,  plus  grêles,  se 
couvriront  de  fleurs.  Lorsque,  pour  des 
raisons  quelconques,  on  est  obligé  de  se 
servir  de  gros  rameaux  très-  vigoureux,  il 
faut  les  allonger  beaucoup  et  même  les 
laisser  entiers  si  possible. 

Les  rameaux  du  B.  spectabilis  sont  mu- 
nis de  nombreux,  longs  et  forts  aiguillons 
arqués,  raides,  aigus  ; les  feuilles,  relati- 
vement grandes,  sont  d’un  vert  roux,  to- 
menteuses  dans  toutes  leurs  parties. 

Quant  au  B.  brasiliensis , Hort.,  (B.  fas- 
tuosa,  Her.)  c’est  une  forme  de  l’espèce 
commune,  dont,  parait-il,  elle  ne  diffère 
que  par  des  bractées  d’un  joli  rose  vio- 
lacé. Cette  plante,  qui  est  peu  connue, 
n’est  probablement  qu’une  de  ces  variations 
que  l’on  observe  fréquemment,  et  qui  sont 
dues  à des  faits  particuliers  de  végétation. 
D’autre  part,  faisons  remarquer  que  l’on 
n’est  même  pas  d’accord  sur  l’identité  de 
cette  forme,  puisque  sous  ce  nom  de  brasi- 
liensis nous  avons  parfois  rencontré  une 
plante  presque  glabre. 

Culture  et  multiplication.  — Bien  peu 
par  leur  vigueur  les  Bougainvilléas  parais- 
sent surtout  être  propres  à la  pleine  terre, 
on  peut,  néanmoins,  les  cultiver  en  pots  en 
leur  faisant  subir  des  pincements  appro- 
priés et  en  les  soumettant  à une  taille  ri- 
goureuse qui  consiste  à supprimer  les  bour- 
geons très-vigoureux,  de  manière  à n’avoir 
que  du  bois  petit  ou  sortes  de  brindilles  qui 
se  mettent  facilement  à fleurs.  La  mul- 
tiplication se  fait  par  boutures  en  se 
servant  de  bourgeons  semi-aoûtés,  qu’on 
plante  dans  des  petits  pots  remplis  de  terre 
de  bruyère  siliceuse  et  qu’on  place  sous 
cloche  dans  la  serre  à multiplication.  On 
multiplie  également  par  racines,  que  l’on 
traite  comme  il  vient  d’être  dit  pour  les 
boutures  faites  avec  bourgeons. 

E.A.  Carrière. 


STATICE  ARBORESCENS 


Originaire  de  l’île  de  Téneriffe,  cette  char- 
mante plante  y croît  assez  communément  par- 
mi les  landes  et  dans  les  anfractuosités  des 
rochers  maritimes  qu’elle  décore  pendant 
presque  toute  l’année  par  ses  grandes 
panicules  de  fleurs,  d’un  bleu-violacé  et 
scarieuses,  qui  se  conservent  pendant  fort 
longtemps,  et  lui  ont  fait  donner  le  nom 
d 'Immortelle  de  Téneriffe , sous  lequel 
elle  est  connue  dans  sa  patrie.  En  voici 
la  description  : 


S.  arborescens  (Brouss.  Gat.  Hort.  monsp. 
1804,  p.  85).  Plante  glabre,  à tige  sous-fru- 
tescente, de  10  à 30  centimètres  de  hauteur, 
cylindrique,  nue,  rameuse,  à écorce  d’un  jaune 
fauve,  garnie  supérieurement  de  feuilles 
amples,  coriaces,  ovales-oblongues,  obtuses, 
mucronées,  atténuées  en  pétiole  à la  base. 
Hampe  terminale  ou  axillaire,  allongée,  ra- 
meuse, ample,  paniculée,  corymbiforme,  étroi- 
tement ailée,  à ailes  interrompues  au-dessous 
de  chaque  bifurcation  et  dilatées  en  oreillettes 
arrondies.  Fleurs  réunies  par  deux,  en  épillets 


STATICE  ARBORESCENS. 


443 


peu  nombreux,  rassemblés  en  épis  courts,  uni- 
latéraux, presque  fasciculés,  lâchement  im- 
briqués ; rameaux  florifères  garnis  de  trois 
ailes  dilatées  à la  base  des  épis  en  appendices 
triangulaires  falciformes,  aigus,  inégaux,  arti- 
culés; bractée  inférieure  membraneuse,  ovale, 
arrondie,  mucronée,  les  intérieures  plus 
grandes,  coriaces,  vertes,  carénées  et  relevées 
sur  la  face  inférieure  de  nervures  parallèles,  à 
carène  tronquée  vers  le  sommet,  membra- 
neuse, courte,  glabre,  dilatée  en  un  appendice 
vertical,  obtus.  Galyce  à tube  glabre,  à limbe 
scarieux,  ample,  d’un  beau  bleu-violacé,  à bords 
comme  rongés-denticulés.  Corolle  blanche, 
à cinq  pétales  soudés  seulement  vers  la  base; 
cinq  étamines  à filets  insérés  à la  base  de  la 
corolle;  cinq  styles  terminés  chacun  par  un 
stigmate.  Fruit  utriculaire,  dur  et  opaque  su- 
périeurement. Graines  très-fines,  presque  im- 
perceptibles. 

Les  Stalice  sont  généralement  peu  cul- 
tivés, quoique  la  plupart  des  espèces  com- 
prises dans  ce  grand  genre  puissent  faire 
de  très-belles  plantes  ornementales  pour 
servir  à la  décoration  des  parterres.  Les 
fleurs  de  beaucoup  d’espèces  peuvent,  avec 
un  grand  avantage,  servir  à la  confection 
des  bouquets  d’appartements,  couronnes  et 
autres  ornementations  appelées  à durer 
longtemps.  Mais  la  manière  de  vivre  de  ces 
plantes  et  les  climats  au  milieu  desquels  elles 
végètent  sont,  en  général,  bien  différents  de 
ceux  des  jardins  où  l’on  serait  tenté  de  les 
cultiver.  Il  y a cependant  des  exceptions  et 
quelques  espèces  donnent  d’assez  beaux 
résultats  dans  les  cultures,  mais  le  nombre 
en  est  restreint. 

Presque  tous  les  Statice  sont  vivaces, 
herbacés,  ou  forment  des  sous-arbrisseaux 
peu  élevés,  croissant  dans  les  régions  tem- 
pérées de  l’Europe,  de  l’Asie-Mineure  et  de 
l’Afrique  septentrionale.  Ils  forment  l’un 
des  principaux  genres  de  la  Flore  de  notre 
littoral,  où  l’on  n’en  compte  pas  moins  d’une 
vingtaine  d’espèces,  tant  sur  les  bords  de 
l’Océan  que  sur  ceux  de  la  Méditerranée. 
C’est  tout  particulièrement  dans  les  dunes, 
les  prairies  salées  et  les  marécages  mari- 
times qu’on  les  rencontre.  Cependant  cer- 
taines espèces  préfèrent  les  falaises,  les  an- 
fractuosités des  rochers  ou  les  vieilles  mu- 
railles, mais  toutes  aiment  l’air  salin  et  les 
brouillards,  avec  lesquels  elles  sont  souvent 
arrosées  pendant  les  grandes  tempêtes.  Sur 
lès  côtes  de  l’Océan,  les  espèces  indigènes 
disparaissent  graduellement  à mesure  qu’on 
avance  vers  le  Nord,  ce  qui  prouve  que  le 
climat  exigé  par  ces  plantes  doit  être  plutôt 
tempéré  que  froid.  Sur  les  sept  espèces 


françaises  décrites  par  les  botanistes  de 
l’Ouest,  le  St.  Limonium,  L.  est  la  seule 
qui  s’avance  jusqu’à  Dunkerque;  les  St. 
ovali folia,  Poir.,  et  occidentalis , Lloyd.,  ne 
s’avancent  guère  au  delà  de  Cherbourg  ; le 
St.  lychnicli folia,  Gir.,  s’arrête  au  Mont 
Saint-Michel,  le  St.  Dodartii,  Gir.,  à la 
presqu’île  de  Crozon;  enfin,  le  St.  Dabyi, 
God.,  ne  dépasse  pas  la  Gironde.  Par 
contre,  le  St.  Bahusiensis,  Fries,  qui  est 
l’espèce  la  plus  septentrionale  de  l’Europe, 
arrive  jusqu’à  Vannes.  L’Angleterre  pos- 
sède quatre  espèces  de  Statice , qui  sont  les 
S.  Limonium , L.,  £.  Bahusiensis , Fries, 
S.  binevvosa , Sm.,  et  S.  cctspia,  Willd., 
tandis  que  nos  îles  du  Finistère  et  de  la 
Manche  n’en  renferment  aucune. 

Bien  que  la  plus  grande  partie  des  es- 
pèces de  Statice  végètent  sur  les  rivages 
des  mers  où  la  température  de  leur  habi- 
tat est  presque  toujours  égale,  quelques- 
unes,  cependant,  à l’aide  de  quelques  soins 
particuliers,  peuvent  se  cultiver  dans  nos 
serres  tempérées,  et  l’espèce  qui  nous  oc- 
cupe est  de  ce  nombre.  Toutefois,  sa  multi- 
plication (chez  nous,  du  moins)  ne  peut  se 
faire  que  par  graines  que  l’on  tire  de  son 
pays  natal  et  qu’il  faut  avoir  bien  soin 
d’extraire  de  leur  enveloppe  avant  de  les 
semer.  Le  semis  doit  se  faire  dès  que  la  ré- 
colte des  graines  est  faite,  en  pot,  en  terre 
franche  légère  qu’on  recouvre  de  0,005  de 
la  même  terre  additionnée  de  terre  de 
bruyère  et  qu’on  a soin  de  tenir  constam- 
ment et  modérément  humide.  On  place  les 
pots  sous  un  châssis  bien  aéré  ou  dans  une 
serre  basse  ne  renfermant  que  très-peu  de 
chaleur  ; au  bout  de  cinq  à six  semaines, 
les  graines  commencent  à germer.  Dès  que 
les  jeunes  plants  ont  atteint  4 à 5 cen- 
timètres de  hauteur,  on  les  rempote  sépa- 
rément dans  de  petits  pots  de  10  centi- 
mètres de  diamètre  et  dans  de  la  terre 
semblable  à celle  qui  a servi  à faire  le 
semis;  on  replace  ensuite  les  pots  sous 
châssis  à froid  ou  sur  les  tablettes  du  devant 
d’une  serre  tempérée.  On  les  y laisse  pas- 
ser l’hiver,  en  ayant  soin  de  ne  les  mouiller 
que  très-modérément  et  en  évitant,  autant 
que  possible,  de  laisser  enfoncer  dans  le  sol 
les  racines,  qui  pourraient  passer  par  le 
trou  des  pots,  ce  à quoi  l’on  arrive  en  tour- 
nant ceux-ci  de  temps  à autre.  Dans  le  cas 
où  ces  racines  se  seraient  enfoncées  dans 
la  terre,  il  serait  préférable  de  laisser  les 
plantes  en  place  ou  de  casser  les  pots,  afin 
de  pouvoir  les  soulever  en  motte  pour  les 
rempoter;  car,  chez  ces  plantes,  la  rupture 


444 


LES  CORNUS  SERICEA  ET  STOLONIFERA. 


des  racines  entraîne  presque  toujours  la 
perte  du  sujet.  Si  les  plantes  sont  cultivées 
pour  l’ornement  des  serres  ou  des  appar- 
tements, on  les  rempote  une  fois  chaque 
année  dans  des  vases  plutôt  petits  que  trop 
grands,  et  on  les  place  en  mai  ou  juin  à 
une  exposition  bien  ensoleillée,  soit  dehors, 
soit  dans  une  serre  basse,  où  on  les  laisse 
jusque  vers  le  15  septembre,  époque  où  les 
nuits  fraîches  commencent  à se  faire  sentir  ; 
car,  d’après  le  Directeur  du  jardin  bota- 
nique d’Orotava,  si  cette  plante  n’aime  pas 
les  grandes  chaleurs,  elle  ne  peut  non  plus 
supporter  moins  de  deux  ou  trois  degrés 
Réaumur  au-dessus  de  zéro.  Si,  au  con- 
traire, on  la  cultive  pour  l’ornement  des 
parterres  ou  pour  la  récolte  des  fleurs,  on 
peut  livrer  les  plantes  à la  pleine  terre,  fin 
de  mai,  sur  une  plate-bande  bien  exposée 
au  soleil,  en  terre  légère,  où  elles  fieu- 

LES  CORNUS  SERIC 

Les  Cornouillers  (Cornus),  genre  si  pré- 
cieux pour  l’ornementation  des  parcs  et  jar- 
dins, ne  sont  généralement  représentés  que 
par  un  petit  nombre  d’espèces  cultivées, 
parmi  lesquelles  il  se  glisse  souvent  des 
confusions  de  nomenclature. 

La  planche  coloriée  que  nous  publions 
aujourd’hui  en  est  une  preuve. 

En  1877,  M.  A.  Lavallée  reçut,  à Segrez, 
un  pied  de  Cornus  venant  de  l’Amérique 
du  Nord  et  étiqueté  C.  sessilis.  Peu  de 
temps  après,  par  accident  sans  doute,  l’éti- 
quette fut  changée  en  C.  stolonifera.  C’est 
sous  ce  nom  que  nous  le  trouvâmes  l’année 
dernière,  en  septembre,  couvert  de  ses  jolis 
fruits  bleu  de  turquoise,  et  que  nous  en  prî- 
mes un  rameau  pour  le  faire  peindre.  Or,  il 
est  probable  que  la  plante  n’appartient  ni  à 
l’une  ni  à l’autre  de  ces  deux  espèces.  D’a- 
bord ses  fleurs  ni  ses  feuilles  ne  sont  pas 
sessiles,  et  le  C.  stolonifera , de  Michaux, 
paraît  n’ètre  qu’un  synonyme  du  C.  alba , à 
bois  rouge  et  à fruits  blancs,  commun  dans 
l’Amérique  du  Nord. 

C’est  plutôt  au  C.  sericea  qu’il  faut  rap- 
porter cette  espèce.  Quoi  qu’il  en  soit,  en 
voici  une  courte  description  : arbuste  de 
2 mètres  de  hauteur  et  plus,  à tiges  dres- 
sées, rouge  foncé  ou  vert  rougeâtre  comme 
les  rameaux,  qui  sont  opposés  ; feuilles  en- 
tières, molles  et  pendantes,  à pétiole  grêle, 
rouge,  à limbe  ovale-allongé,  atténué  aux 
deux  extrémités,  longuement  acuminé-aigu 
au  sommet,  à surface  inférieure  blanchâtre 


rissent  en  abondance.  Alors,  on  coupe  les 
hampes  lorsque  les  fleurs  sont  bien  épa- 
nouies, et  on  les  fait  sécher  dans  un  lieu 
ombragé  en  les  suspendant  la  tète  en  bas, 
puis  on  les  enveloppe  dans  du  papier  et  on 
les  place  dans  un  meuble  à l’abri  de  la 
poussière  et  de  l’humidité  pour  s’en  servir 
chaque  fois  qu’on  en  a besoin. 

Depuis  trois  ans  que  nous  cultivons  le 
St.  arborescens,  nous  le  tenons  toujours  en 
serre  tempérée,  où  il  fleurit  admirablement 
sans  toutefois  produire  de  graines.  Pour 
donner  une  idée  de  la  beauté  de  cette 
plante,  nous  dirons  que  nous  en  possé- 
dons, cette  année,  un  exemplaire  portant 
18  hampes  mesurant  chacune  de  50  à 
70  centimètres  de  hauteur,  et  formant  un 
bouquet  de  fleurs  de  70  centimètres  de 
diamètre,  d’une  élégance  et  d’une  richesse 
remarquables.  J.  Blanchard. 

;a  et  stolonifera 

soyeuse  comme  les  pétioles,  les  pédoncules 
et  les  jeunes  rameaux;  au  printemps,  fleurs 
blanches  en  cymes  longuement  pédoncu- 
lées  ; fruits  en  bouquets  subsphériques, 
courtement  pédicellées,  d’un  joli  bleu  de 
turquoise,  passant  au  cobalt  à la  maturité, 
qui  a lieu  en  septembre. 

L’ornement  que  produit  ce  Cornus  est 
charmant  dans  les  jardins  paysagers.  On 
devrait  se  préoccuper  davantage  de  ce  genre 
de  décoration,  qui  remplace  les  fleurs  de- 
venues rares  ou  absentes  et  qu’on  pourrait 
varier  indéfiniment. 

Les  différentes  espèces  de  Cornouillers  à 
fruits  blancs,  rouges  ou  jaunes,  les  Pom- 
miers microcarpes,  les  Arbousiers,  les  Houx, 
les  Cotoneasters,  les  Sorbiers,  les  Aucubas, 
les  Buissons-Ardents,  les  Rosiers  pomrni- 
fères,  les  Skimmia,  les  Viornes,  les  Sym- 
phorines,  et  bien  d’autres  espèces  encore, 
devraient  être  disposées  dans  des  ensembles 
décoratifs  qui  produiraient  de  charmants 
effets.  Si  l’on  savait  en  former  des  scènes 
combinées  à l’avance  et  se  parant  à l’au- 
tomne de  tous  leurs  attraits,  nul  doute  que 
cette  disposition  trouverait  de  nombreux 
imitateurs. 

Nous  souhaitons  fort  que  cet  appel,  déjà 
adressé  à nos  lecteurs  par  notre  excellent 
collaborateur,  M.  Chargueraud,  soit  en- 
tendu et  suivi  d’effet,  au  grand  profit  de 
ceux  qui  réaliseraient  le  programme  indi- 
qué. 

Éd.  André. 


Fteuvue  Horticole, . 


wdard,  de/,. 


Ov'ciTüoùùùv  0.  S&oereuiis. 


Cornus  stolorufercu. 

c 


l’horticulture  japonaise. 


445 


L’HORTICULTURE  JAPONAISE 


Autant  il  y a de  diversité  de  climats,  de 
sols,  de  richesses  animales,  végétales  et  mi- 
nérales sur  le  globe,  autant  il  y a de  diver- 
sité dans  les  choses  des  habitants  de  chaque 
région  ; car  la  constitution  morale  et  intel- 
lectuelle de  ces  habitants  ou  de  ces  peuples 
vient  s’ajouter  à la  constitution  physique 
dont  ils  sont  doués  par  la  nature. 

Il  nous  semble  que  l’horticulture  partage 
aussi  ce  sort,  et  c’est  ce  qui  fait  la  diffé- 
rence entre  l’horticulture  européenne  et 
celle  de  l’Extrême-Orient. 

Nous  nous  occupons  de  l’horticulture  ja- 
ponaise pour  montrer  son  caractère  géné- 
ral, tout  en  suivant  sa  marche  dans  l’his- 
toire. Nous  n’avons  nullement  l’intention 
de  la  considérer  sous  toutes  ses  faces,  mais 
seulement  d’en  offrir  une  idée  superficielle, 
générale  et  nette,  sans  essayer  de  remonter 
jusqu’à  la  plus  haute  antiquité  pour  trou- 
ver des  renseignements  qui  restent  encore 
obscurs. 

Autant  que  l’histoire  nous  permet  de  le 
croire,  le  premier  jardin  établi  au  Japon,  et 
qui  mérite  d’être  cité,  est  celui  du  palais  de 
l’empereur  Bountokon  Tenno  (851-858 
après  Jésus-Christ),  construit  sous  la  sur- 
veillance de  Foujirvarano  Yosliifonsa,  son 
premier  ministre.  Plus  tard,  l’empereur 
Ouda,  après  s’être  retiré  de  la  vie  politique, 
en  900,  fit  construire  un  autre  jardin.  Cet 
empereur,  qui  était  un  ami  des  lettres,  des 
arts  et  des  sciences,  ne  perdit  de  vue  rien 
de  tout  ce  qui  touche  au  beau  et  à l’agréa- 
ble, de  sorte  que  son  règne  tient  une  place 
importante  dans  le  sujet  dont  nous  nous 
occupons.  En  effet,  c’est  de  lui  que  datent 
les  premiers  concours  de  Chrysanthèmes, 
plantes  très-estimées  chez  nous  et  qui  sont 
maintenant  un  objet  de  culture  recherchée 
en  France  et  en  Angleterre,  où  nous  avons 
vu  des  Expositions  de  ces  fleurs,  dont  la 
beauté  nous  a surpris.  Le  prince  impérial, 
ayant  eu,  comme  son  père,  l’idée  de  déve- 
lopper les  progrès  du  jardinage,  fit  cons- 
truire, à Kiyôto,  un  jardin  dans  son  palais 
dont  nous  voyons  encore  les  vestiges  près 
du  temple  de  Honganji.  Vers  1170,  le  pre- 
mier ministre  de  l’Empire,  Taïrano  Kiyo- 
mori,  chef  de  la  famille  Taïra,  qui,  sorti 
victorieux  de  la  guerre  avec  la  famille  Mi- 
namoto,  était  alors  au  comble  de  la  gloire 
et  de  la  grandeur,  s’adonnant  à un  luxe 
extravagant,  fit  construire  un  palais  à Fou- 


kouhara,  et  son  jardin  réunissait  toutes 
les  beautés  végétales  de  l’époque.  Vers  la 
dernière  moitié  du  XIIIe  siècle,  le  prêtre 
Kiyôhen  fit  construire,  pour  le  fils  de  l’Em- 
pereur Gofoukakousa  Tenno,  un  jardin  à 
Higashima.  Environ  un  siècle  plus  tard,  les 
jardins  affectés  aux  temples  de  Tenriuji  et 
de  Saïhôji  furent  construits  sous  la  direc- 
tion du  prêtre  Mousôkokoushi. 

Quarante  ans  s’étaient  écoulés,  lorsque  le 
jardinage,  après  avoir  été  négligé  par  suite 
de  l’anarchie  politique,  trouva  un  protec- 
teur éclairé  chez  le  Shiyôgoun  Ashikaga 
Yosliimitson,  qui  fit  construire,  en  1378,  un 
palais  à Mouromatchi,  où  il  introduisit 
beaucoup  de  plantes  curieuses,  si  bien 
qu’on  donna  à ce  palais  le  nom  de  Ha- 
nanogosho  (Palais  des  fleurs).  C’est  vers 
cette  époque  qu’un  prêtre,  nommé  Sôami, 
qui  fut  le  restaurateur  de  l’ancien  art  du 
jardinage,  construisit,  entre  beaucoup  d’au- 
tres, le  jardin  de  Ghinkakouji  à Kiyôto,  qui 
reste  encore  aujourd’hui  le  meilleur  spéci- 
men de  nos  jardins  paysagers  et  qui  est 
admiré  par  les  touristes  étrangers. 

Depuis  ce  temps,  l’art  du  jardinage  est 
resté  stationnaire  par  suite  des  guerres  ci- 
viles causées  par  l’ambition  des  seigneurs 
qui  ont  déchiré  le  pays  ; ces  seigneurs  ne 
pouvaient  être  tenus  en  bride  ni  par  l’Em- 
pereur, ni  par  le  Shiyôgoun,  son  prétendu 
mandataire.  Lorsque  Toyotomi  Hidéyoshi, 
connu  sous  le  nom  de  Taïkôsama  par  les 
biographes  français,  s’est  emparé,  après 
avoir  rétabli  la  paix  vers  1580,  du  Shiyô- 
gounat,  il  sut  favoriser  les  arts  utiles  ainsi 
que  ceux  d’agrément.  L’horticulture  trouva 
en  lui  un  protecteur  généreux.  Ge  fut  vers 
cette  époque  que  le  fameux  érudit  Rikiyu, 
à qui  il  témoigna  beaucoup  de  bienveil- 
lance, introduisit  beaucoup  d’améliorations 
dans  l’art  horticole. 

Tandis  que  le  jardinage,  ou,  pour  mieux 
dire,  l’architecture  de  jardins  paysagers  se 
développe  de  plus  en  plus,  soit  en  en  res- 
taurant l’ancien  art,  soit  en  y apportant  des 
innovations  nécessaires,  la  floriculture  a 
commencé  aussi  à prendre  un  essor  con- 
sidérable. Sans  doute  les  plantes  nouvelles 
introduites  par  les  Portugais  vers  la  fin  du 
XVIe  siècle  ont  changé  sa  face.  La  culture 
en  pots  et  en  pleine  terre  ne  cessa  depuis 
de  se  développer,  et  surtout  dès  le  commen- 
cement du  XVIIe  siècle,  l’emploi  de  serres, 


446 


ROSA  PISSARDI. 


la  production  des  variétés  nouvelles  et  tou- 
tes autres  opérations  horticoles  ont  pris  un 
élan  qu’on  n’avait  jamais  vu. 

Notre  cadre  trop  restreint  d’un  article  ne 
nous  permet  pas  de  donner  la  description 
complète  des  jardins  que  nous  venons  de 
citer  ; nous  nous  contenterons  d’en  indi- 
quer le  caractère  général. 

Le  caractère  principal  du  jardin  paysa- 
ger au  Japon  est  d’imiter  les  beaux  spec- 
tacles de  la  nature,  sans  chercher  à y 
introduire  des  innovations  artificielles,  si 
humiliantes  devant  la  nature  elle-même. 
On  ne  manquera  pas  de  remarquer  chez 
nous  que,  quelle  que  soit  l’exiguité  d’un 
jardin,  les  montagnes  et  les  cours  d’eau,  qui 
sont  considérés  comme  les  deux  éléments 
indispensables  au  paysage,  y sont  toujours 
représentés.  La  montagne  peut  être  re- 
présentée sous  un  aspect  pris  de  loin  ou 
de  près.  Les  eaux  peuvent  être  la  mer, 
une  rivière,  un  lac,  etc.,  et  même  là  où 
l’eau  fait  défaut,  on  en  laisse  encore  voir 
la  place  par  un  lit  de  sable  fin. 

Imiter  la  nature  serait  une  chose  très- 
simple  et  ne  demanderait  aucun  effort  d’i- 
magination. Comment  donc  représenter 
ces  cascades,  hautes  de  quelques  dizaines 
de  mètres,  dont  la  source  est  si  mysté- 
rieuse ? et  la  haute  montagne,  couverte  de 
murailles  d’arbres  sur  des  roches  inacces- 
sibles ? Il  suit  de  là  qu’une  qualité  ou  un 
caractère  particulier  de  la  nature  doit  être 
la  hase  du  jardin  qu’on  veut  créer. 

Les  combinaisons  ne  manquent  pas  pour 
y répondre  : la  principale  est  la  distribution 
et  l’emplacement  des  roches,  qui  jouent  un 
rôle  important  dans  notre  jardinage.  En 
effet,  elles  peuvent,  selon  la  forme,  le  nom- 
bre et  la  nature  même,  représenter  le  som- 
met d’une  montagne,  un  rocher  à pic,  une 
cascade,  le  bord  d’un  lac  ou  tous  autres  ac- 
cidents du  sol.  Vient  ensuite  la  plantation 
des  arbres  suivant  la  place  qu’ils  doivent 
occuper  dans  chaque  partie  du  jardin  ; 
car  tel  arbre  qui  réussit  dans  les  champs 

ROSA  I 

Lorsqu’il  y a quelques  années  apparut 
cette  espèce,  il  se  fit  autour  d’elle  beaucoup 
de  bruit,  ainsi  du  reste  que  cela  a lieu 
pour  presque  toutes  les  nouveautés  ; puis  le 
silence  s’établit,  de  sorte  qu’aujourd’hui  non 
seulement  on  n’en  parle  plus,  mais  qu’il  est 
même  difficile  de  se  la  procurer.  Et  pourtant 
cette  plante  n’a  rien  perdu  de  son  mérite  ; 


ne  vient  pas  aussi  bien  sur  les  montagnes. 

Pour  les  espèces  de  plantes,  nous  avons 
des  variétés  infinies,  depuis  les  Fougères 
jusqu’aux  Conifères  ; car  le  Japon,  quoique 
peu  large,  possède,  parce  qu’il  est  long, 
tous  les  climats,  si  bien  que  la  Betterave 
peut  aussi  bien  réussir  dans  les  contrées 
du  Nord-Est  que  la  Canne  à sucre  dans 
celles  du  Sud-Ouest.  Nous  allons  cepen- 
dant donner  une  idée  des  plantes  les  plus 
usitées  dans  la  création  de  nos  jardins  pay- 
sagers, tout  en  faisant  remarquer  que  les 
plantes  à feuilles  persistantes  et  vertes  y 
occupent  une  place  très  importante.  Ce 
sont  : les  Pinus,  Quercus  dentata,  Acer 
\ palmatum  et  Puer  aria  Thunbergiana 
pour  les  montagnes  ; Petasites  japonicus, 
Bletia  Hyacinthina,  Aster  tartaricus,  les 
Chrysanthèmes , Funkia  Sieboldiana , 
Pæonia  albiftora,  Hemerocallis  flava 
pour  les  vallées  ; Patrinia  scabiosæfolia 
pour  les  champs  ; Nelumbium  speciosum, 
Nuphar  japonicum,  Iris  lævigata  et  Jun- 
cus  commuais  pour  les  lacs  ; Wisteria 
chinensis  et  Salix  japonica  aux  bords  des 
eaux,  puis  les  Cryptomeria  japonica , Po- 
docarpus  macropliylla,  Torreya  nucifera, 
Buxus  japonica,  Ternstrœmia  japonica, 
Enkianthus  japonicus  , Gingko  biloba , 
Prunus  Mu-me,  Gardénia  florida, 
Daphné  odora,  Hibiscus  mutabilis,  ainsi 
que  les  variétés  d’iris,  de  Lis,  de  Rhodo- 
dendrons et  de  Bambous  qui  viennent 
partout. 

Enfin,  les  temples,  les  lanternes  de  pierre, 
les  pierres  à inscriptions,  les  pavillons,  les 
haies,  etc.,  sont  disposés,  selon  le  paysage 
qu’on  veut  créer,  l’espace  et  les  ressources 
dont  on  dispose. 

Tels  sont,  esquissés  à grands  traits,  les 
caractères  principaux  de  l’art  des  jardins 
au  Japon.  Nous  nous  proposons  d’en  exa- 
miner plus  tard,  en  détail,  les  divers  élé- 
ments. 

S.  Yoshida. 

Tokio,  le  10  juillet  1888. 

SSARDI 

seulement  elle  a vieilli,  et  de  plus  elle  est  à 
fleurs  simples,  deux  raisons  qui  cependant 
ne  sont  pas  suffisantes  pour  justifier  cette 
sorte  d’abandon  dans  lequel  on  laisse  le 
Dosa  Pissardi. 

Cette  espèce,  originaire  du  Guilland,  pro- 
vince voisine  de  la  mer  Caspienne,  d’où 
elle  fut  importée  à Téhéran  par  M.  Pissard, 


CLÉMATITE  MADAME  BARON -VEILLARD. 


447 


jardinier  du  shah  de  Perse,  nous  fut  en- 
voyée en  bouture,  de  Téhéran  même,  par 
son  introducteur.  Une  description,  ainsi 
qu’un  résumé  historique  de  cette  espèce,  en 
ayant  été  faits  dans  ce  journal  (1),  nous  n’y 
reviendrons  pas,  sinon  pour  ajouter  quel- 
ques mots  comme  complément  descriptif  et 
tout  particulièrement  en  ce  qui  a rapport  à 
la  couleur  que  présentent  les  fleurs  lors  de 
leur  épanouissement.  Ainsi,  dans  la  descrip- 
tion en  question,  les  fleurs  sont  dites  d’un 
blanc  pur,  ce  qui  est  vrai  lorsqu’elles  sont 
épanouies,  mais  non  quand  elles  sont  sur 
le  point  de  s’ouvrir,  où  alors  elles  sont 
d’un  très-beau  jaune  soufre.  Comme  cette 
couleur  s’atténue  au  fur  et  à mesure  que 
les  fleurs  s’ouvrent,  il  en  résulte  que  sur 
une  même  plante  on  trouve  des  fleurs  de 
différentes  couleurs,  mais  où  pourtant  le 
blanc  pur  est  de  beaucoup  la  nuance  domi- 
nante. Cette  diversité  de  fleurs,  s’étalant  sur 
un  feuillage  d’un  très-beau  vert  luisant  et 
comme  verni,  forme  des  contrastes  admi- 
rables. Les  fleurs,  qui  sont  très-grandes, 
simples,  à 5 pétales  légèrement  échancrés, 
dégagent  une  odeur  douce  qui  rappelle  un 
peu  l’odeur  des  Roses  Thé  alliée  à celle  des 
Roses  de  Provins. 

Le  Iiosa  Pissardi,  qui  est  très-floribond, 
présente  encore  cet  avantage  de  croître  dans 
tous  les  sols,  surtout  s’ils  sont  secs  et 
chauds.  Élevée  sur  une  tige,  cette  espèce 
peut  atteindre  de  4 à 6 mètres  de  hauteur  et 
forme  des  tètes  mesurant  parfois  3 mètres 
ou  même  plus  de  diamètre,  pouvant  porter 
plusieurs  milliers  de  fleurs  dont  la  floraison 
peut  se  succéder  pendant  plus  d’un  mois. 

Toutefois  ce  n’est  pas  seulement  comme 

CLÉMATITE  MADAM 

Après  les  innombrables  variétés  de  Clé- 
matites, toutes  plus  belles  les  unes  que  les 
autres,  qui  ont  été  obtenues  dans  ces  der- 
nières années,  il  semblerait  qu’il  n’y  a plus 
rien  de  nouveau  à chercher  dans  ce  genre. 
Cependant,  quelques  habiles  semeurs  trou- 
vent encore  à glaner  dans  le  champ  exploité 
par  leurs  devanciers,  et  nous  avons  de  temps 
à autre  à enregistrer  de  nouveaux  succès. 
La  variété  que  nous  présentons  aujourd’hui  à 
nos  lecteurs  n’est  peut-être  pas  une  des 
plus  belles  du  genre,  mais  elle  a des  qualités 
florifères  extrêmement  précieuses  qui  en 
font  une  plante  des  plus  recommandables. 
Elle  a été  obtenue,  en  1885,  par  M.  Baron- 

Ci)  Revue  horticole , 1880,  p.  314. 


un  très-joli  ornement  que  nous  recomman- 
dons le  Rosa  Pissardi  ; c’est  aussi,  et 
même  surtout,  comme  sujet  pour  remplacer 
l’Églantier.  Sous  ce  rapport,  il  serait  pré- 
cieux, car  il  fournirait  des  sujets  vigoureux, 
droits,  pouvant  former  des  tiges  de  2 mètres 
et  plus  de  hauteur.  Pour  obtenir  ce  résultat, 
deux  procédés  pourraient  être  employés  : 
le  semis  et  les  couchages,  mais  plutôt  ceux- 
ci,  cette  espèce,  en  général,  ne  donnant 
qu’un  nombre  de  graines  relativement  petit. 
Il  est  même  probable  que  le  bouturage 
pourrait  également  être  pratiqué  et  donner 
de  bons  résultats  ; mais  n’ayant  jamais  été 
employé,  que  nous  sachions  du  moins, 
nous  ne  pouvons  le  recommander,  sinon 
que  comme  un  essai  à faire. 

Au  point  de  vue  qui  nous  occupe,  c’est- 
à-dire  de  la  multiplication,  le  Rosa  Pis- 
sardi a encore  cet  autre  avantage  qu’il 
« prend  » très-bien  l’écusson  et  qu’il  s’ac- 
corde avec  presque  toutes  les  espèces  ou 
variétés  de  Rosiers,  ce  que  ne  fait  pas 
toujours  l’Églantier.  Il  est  donc  pro- 
bable qu’on  pourrait  l’employer  comme 
surgreffe,  ainsi  qu’on  le  fait  pour  beaucoup 
d’espèces  d’arbres  fruitiers.  Il  suffirait  alors 
de  se  procurer  des  semis  d’Églantiers  sur 
lesquels  on  grefferait  rez  terre  en  prenant 
des  yeux  vigoureux  et  bien  constitués  du 
Rosa  Pissardi.'  De  cette  façon,  on  obtien- 
drait des  tiges  uniformes  aussi  bien  en 
grosseur  qu’en  hauteur,  par  conséquent 
des  Rosiers  réguliers  avec  de  fortes  tètes  et 
dont  la  longue  durée  compenserait  large- 
ment les  frais  de  main-d’œuvre  qu’ils  au- 
raient occasionnés. 

E.-A.  Carrière. 

5 BAIION-VEILLARD 

Veillard,  pépiniériste  à Orléans,  dans  des 
semis  de  Clématites  variées,  surtout  de  C. 
viticella , patens,  Jackmani  et  lanuginosa. 
Il  est  donc  assez  difficile  de  connaître  son 
origine.  Voici  une  courte  description  de  la 
plante  : 

Tige  sarmenteuse,  très-rameuse.  Feuilles 
par  trois,  les  supérieures  simples;  folioles  de 
grandeur  moyenne,  vert  foncé,  ovales-acu- 
minées,  arrondies  ou  brièvement  atténuées  à la 
base.  Rameaux  et  pédoncules  velus  soyeux. 
Fleurs  de  10  à 12  centimètres  de  diamètre,  à 
six  divisions  obovales  brièvement  apiculées  au 
sommet,  d’un  lilas  clair  uniforme,  marquées 
au  milieu  en-dessous  de  lignes  longitudinales 
saillantes,  plus  foncées,  velues.  Styles  et  éta- 
mines verdâtres. 


448 


LES  COURGES  ORNEMENTALES. 


Cette  Clématite  se  couvre  littéralement 
de  fleurs  depuis  les  derniers  jours  d’août 
jusqu’aux  premiers  froids,  c’est-à-dire  au 
moment  où  les  autres  variétés  sont  géné- 
ralement entrées  dans  la  période  de  repos. 
Ses  fleurs,  d’un  lilas  rouge  uniforme, 
naissent  à profusion,  et  leur  teinte  pâle,  qui 
s’harmonise  avec  la  saison  qui  décline. 


n’est  pas  sans  charmes.  Cette  plante  sera 
certainement  bientôt,  avec  les  Chrysan- 
thèmes d’automne,  une  des  plus  jolies  fleurs 
de  pleine  terre  qui  nous  disent  avant  l’hiver 
un  ÎWnier  adieu.  En  attendant,  nous  lui 
souhaitons  la  bienvenue  et  envoyons  nos 
félicitations  à son  heureux  obtenteur. 

Ed.  André. 


LES  COURGES  ORNEMENTALES 


Certaines  plantes  ont  conquis  leur  popu- 
larité par  leur  utilité,  d’autres  par  leur 
beauté  ; une  partie  des  Courges  cultivées, 
en  dehors  de  celles  qui  sont  franchement 
comestibles,  se  sont  imposées  par  leur  ori- 
ginalité. Qui  ne  connaît  les  fruits  de  ces 
Cucurbitacées  bizarres,  vendus  sous  le  nom 


de  Courges,  Coloquintes,  Gourdes,  etc.  Vé- 
ritables caméléons  du  règne  végétal,  ces 
plantes  affectent  les  formes  les  plus  excen- 
triques, présentent  les  mélanges  de  cou- 
leurs les  plus  inattendus. 

On  peut  dire  que  les  Courges,  ne  pouvant 
attirer  l’attention  par  leur  beauté,  la  pro- 


Fig.  104.  — Gourge-ColoquintetoOrange. 

voquent  par  leur  étrangeté.  Leur  taille  varie 
autant  que  leurs  formes  ; on  en  trouve  qui 
ne  sont  pas  plus  grosses  que  des  Poires, 
tandis  que  certaines  espèces  atteignent  des 
proportions  énormes.  Les  premières  sont 
employées  à la  décoration  des  vieux  murs 
et  des  tonnelles  ; les  secondes  sont  bien 
connues  comme  plantes  alimentaires. 

Malgré  la  diversité  de  formes  que  les 


Fig.  103.  — Courge-Coloquinte  à anneau. 


Courges  présentent  dans  leur  fruit,  on  peut 
les  rattacher  à cinq  ou  six  types  princi- 
paux : 

1°  La  forme  globuleuse.  Nous  citerons, 
comme  appartenant  à ce  groupe,  un  cer- 
tain nombre  de  Coloquintes  à fruits  ronds 
comme  de  petites  Oranges,  blancs,  ou  d’un 
jaune  uniforme,  ou  jaune  rayé  de  bande- 
lettes longitudinales.  La  Courge-Coloquinte 


LES  COURGES  ORNEMENTALES. 


449 


Orange  (fig.  104),  la  G.  Miniature,  repré-  mun  parmi  les  Coloquintes.  On  trouve 
sentent  le  type  pur  de  la  forme  globuleuse,  dans  ce  groupe  des  variétés  à fruits  char- 
A cette  forme  se  rattachent  encore  la  rnants,  d’un  blanc  pur  dans  la  C.  blanche, 


G.  Pomme,  à fruit  sphé- 
rique un  peu  aplati  aux 
deux  bouts,  la  Courge-Co- 
loquinte galeuse  (fig.  105), 
semée  d’excroissances  ver- 
ruqueuses,  les  Coloquin- 
tes Small  Lemon  et  Egg 
shaped  des  Anglais,  à 
fruits  globuleux  allongés. 

Presque  toutes  les  es- 
pèces de  Courges  à gros 
fruits  sont  classées  dans 
ce  groupe; 

2°  La  forme  de  Poire. 
Ce  type  est  le  plus  com- 


Fig.  106.  — Courge  pèlerine.. 


d’un  vert  foncé  rayé  de 
blanc  dans  la  C.  rayée 
(fig.  102).  Comble  de  fan- 
taisie ! le  fruit  est  mi- 
jaune  et  vert  dans  la  C. 
bicolore , jaune  ceint  d’une 
bande  verte  dans  la  C. 
anneau  (fig.  103)  ; 

3°  La  forme  de  bou- 
teille. Les  fruits  qui  affec- 
tent cette  forme  ont  reçu 
le  nom  de  Gourdes  et  sont 
bien  connus  à la  cam- 
pagne où,  séchés  et  vidés, 
ils  remplacent  parfois  les 


Fig.  109.  — Pâfisson  bonnet  d'électeur. 


bouteilles.  La  plus  employée  pour  cet  usage 
est  la  C.  Pèlerine  (fig.  106),  dont  le  fruit 
étranglé  vers  le  milieu  présente  un  ren- 
flement inférieur  très-large  et  un  renfle- 
ment supérieur  petit  presque  sphérique. 
La  C.  Siphon  (fig.  107)  a également  un  ren- 
flement inférieur  très-large,  mais  la  partie 
supérieure  se  prolonge  en  col  cylindrique 
très-long  ; 


Fig.  110.  — Giraumon  turban. 


4°  La  forme  de  massue.  Sous  ce  type 
se  classent  quelques  variétés  de  Courges  à 
fruits  très-longs,  graduellement  élargis  de 
la  base  au  sommet.  La  C.  Massue  (fig.  108) 
et  laC.  Cou-tord,  dont  le  fruit  verruqueux 
se  courbe  à la  partie  supérieure  comme  le  cou 
d’un  cygne,  sont  les  plus  curieuses  de  cette 
section  ; 

5°  Les  formes  excentriques,  qui  sont 


450 


LES  LIMITES  DES  PLANTATIONS  DANS  LA  BANLIEUE  DE  PARIS 


amplement  représentées  par  les  Pâtissons 
auxquels  leur  structure  bizarre  a valu  le 
nom  de  Bonnet  de  prêtre , Bonnet  d’élec- 
teur (fig.  109),  et  par  les  Giraumons  nom- 
més Bonnet  turc , G.  Turban  (fig.  110),  de 
leur  ressemblance  avec  une  tête  de  turc 
coiffée. 

On  voit,  par  cette  rapide  revue  des  types 
les  mieux  caractérisés,  quelle  diversité  et 
quelles  bizarreries  de  formes  on  rencontre 
dans  les  fruits  des  Courges.  Nous  ne  dirons 
rien  des  espèces  et  variétés  qui  servent 
depuis  longtemps  à l’alimentation,  leurs 
qualités  étant  plus  ou  moins  appréciées  sui- 
vant le  goût  et  le  talent  déployés  dans  leur 
préparation.  Quant  aux  espèces  ornemen- 
tales, nous  n’avons  pas  l’intention  de  les 

LES  LIMITES  DES  PLANTATIONS 

Plusieurs  abonnés  nous  ont  demandé  à 
quelle  distance  des  propriétés  voisines  peu- 
vent être  faites  les  plantations  dans  la  ban- 
lieue de  Paris.  La  Bevue  horticole  a même 
traité  cette  question  à diverses  reprises  en 
faisant  ressortir  son  importance,  surtout 
pour  l’horticulture  marchande  et  l’industrie 
des  pépiniéristes. 

Cette  question  a,  en  fait,  une  importance 
considérable  ; car,  autour  de  Paris,  le  sol 
est  tellement  morcelé,  que  le  droit  de  pro- 
priété serait,  pour  ainsi  dire,  anéanti  dans 
certains  cas,  s’il  fallait  observer  la  distance 
établie  par  l’art.  671  nouveau  du  Code  civil 
(loi  du  20  août  1881).  Mais  nous  devons  re- 
connaître que  c’est  là  avant  tout  une  ques- 
tion de  droit  pour  la  solution  de  laquelle 
nous  n’avons  pas  à nous  préoccuper  des  in- 
térêts en  jeu,  quelque  légitimes  qu’ils  puis- 
sent être. 

L’art.  671  ancien  du  Code  civil  portait  : 

Il  n’est  permis  de  planter  des  arbres  de  haute 
tige  qu’à  la  distance  prescrite  par  les  règlements 
particuliers  actuellement  existants  ou  par  les 
usages  constants  et  reconnus,  et,  à défaut  de 
règlements  et  usages,  qu’à  la  distance  de  2 mè- 
tres de  la  ligne  séparative  pour  les  arbres  à 
haute  tige,  et  à la  distance  de  50  centimètres 
pour  les  autres  arbres  et  haies  vives. 

Cet  article  a été  modifié  de  la  manière 
suivante,  par  la  loi  du  20  août  1881  : 

Il  n’est  permis  d’avoir  des  arbres , arbris- 
seaux et  arbustes  près  de  la  limite  de  la  pro- 
priété voisine  qu’à  la  distance  prescrite  par  les 
règlements  particuliers  actuellement  existants, 
ou  par  des  usages  constants  et  reconnus,  et,  à 
défaut  de  règlements  et  usages,  qu’à  la  distance 


recommander  à nos  lecteurs  comme  plantes 
décoratives  de  premier  choix.  Cependant, 
comme  plantes  grimpantes,  elles  ont  de 
nombreux  mérites.  Elles  croissent  très-vite 
et  sont  très-aptes,  par  leurs  larges  feuilles, 
à donner  un  bon  ombrage.  Si,  comme 
beauté  de  fleurs,  elles  sont  inférieures  à 
d’autres  plantes  grimpantes  très  brillantes, 
elles  ont  sur  elles  l’avantage  d’avoir  un 
fruit  qui  dure  longtemps  et  qui  obtiendra 
toujours  un  succès  de  curiosité.  Ce  fruit 
peut  orner  d’une  façon  très-originale  les 
desserts  d’automne  et  d’hiver  quand  les 
fruits  frais  manquent,  et  il  y aurait  à faire, 
de  ce  chef,  toute  une  étude  spéciale  qui, 
à notre  connaissance,  n’a  pas  encore  été 
tentée.  P.  Cornuault. 

DANS  LA  BANLIEUE  DE  PARIS 

de  2 mètres  de  la  ligne  séparative  des  deux  hé- 
ritages pour  les  plantations  dont  la  hauteur 
dépasse  2 mètres , et  à la  distance  d’un  demi- 
mètre  pour  les  autres  plantations. 

Comme  on  le  voit  par  le  rapprochement 
de  ces  deux  textes,  le  législateur  a entendu 
appliquer  les  dispositions  de  l’art.  671,  non 
seulement  aux  plantations  faites  par  un 
propriétaire,  mais  encore  à celles  que  le  pro- 
priétaire laisserait  subsister,  parce  qu’elles 
auraient  crû  spontanément  ou  seraient  le 
produit  d’un  semis  naturel.  En  second  lieu, 
il  supprime  la  distinction  faite  par  le  Gode 
civil  entre  les  arbres  de  haute  tige  et  les 
autres  arbres,  et  ne  règle  plus  la  distance 
à laquelle  un  arbre  ne  peut  être  planté  ou 
maintenu  que  d’après  la  hauteur  à laquelle 
il  arrive. 

Mais  il  est  un  point  — et  c’est  précisé- 
ment celui  dont  nous  avons  plus  particuliè- 
rement à nous  occuper  ici  — qui  n’a  subi 
aucune  modification  : nous  voulons  parler 
de  l’effet  des  règlements  particuliers  actuel- 
lement existants  et  des  usages  constants  et 
reconnus. 

Le  projet  du  Gouvernement  supprimait 
tous  les  règlements  et  usages  locaux  respec- 
tés par  l’art.  671  (ancien).  Mais  cette  sup- 
pression — un  peu  trop  radicale  — a été 
repoussée  par  la  commission  de  la  Chambre 
des  Députés.  « L’abolition  des  anciens 
usages,  a dit  le  rapporteur,  était  de  nature 
à introduire  une  réelle  perturbation  dans 
les  habitudes  de  certaines  contrées...  La 
disposition  du  Code  civil  relative  aux  règle- 
ments et  usages  a été  reproduite  ; à défaut 
de  règlements  et  usages,  la  distance  à ob- 


LES  ANTISEPTIQUES  EN  HORTICULTURE  ET  LE  CARBOLINEUM  AVENARIUS. 


451 


server  sera  fixée,  non  plus  par  l’essence  de 
l’arbre,  mais  par  la  hauteur  à laquelle  il  sera 
maintenu.  » 

11  faut  donc  conclure  de  ce  qui  précède 
que  la  distance  fixée  par  la  loi  n’est  pres- 
crite qu’à  défaut  de  règlements  actuelle- 
ment existants  ou  d’usages  constants  et  re- 
connus. 

Or,  existe-t-il  des  règlements  ou  des 
usages  spéciaux  pour  la  banlieue  de  Paris  ? 

Cette  question  se  trouve  formellement 
tranchée  (fans  le  sens  de  l’affirmative  par  le 
rapporteur  de  la  commission  de  la  loi  nou- 
velle : « Dans  la  banlieue  de  Paris,  dit-il, 
des  usages  anciens  et  persistants  autorisent 
à ne  pas  s’astreindre  à garder  rigoureuse- 
ment la  distance  légale  pour  les  plantations 
d’arbres  de  basse  tige  destinés  à former 
charmilles  ou  palissades,  sous  la  condition 
d’aménager  et  tailler  les  arbres  de  manière 
que  ni  les  troncs,  ni  les  branches  ne  dépas- 
sent jamais  la  clôture.  » 

Et  ces  usages  sont,  en  outre,  constatés 
par  de  nombreux  documents. 

Ainsi,  ils  se  trouvent  visés  par  Desgodets 
( Traités  des  lois  des  bâtiments , n°  23). 

D’un  autre  côté,  la  cour  de  Paris  a dé- 
cidé, par  arrêt  du  27  août  1858,  que,  d’a- 
près les  usages,  dans  l’intérieur  de  Paris, 
aucune  distance  déterminée  n’a  jamais  été 

LES  ANTISEPTIQUES 

ET  LE  CARBOLIIS 

Les  antiseptiques  ont  une  très-grande 
importance  en  horticulture.  Ils  trouvent 
naturellement  leur  emploi  chez  les  fleu- 
ristes, pépiniéristes  et  maraîchers. 

Par  leur  séjour  constant  à l’air  et  à l’hu- 
midité, les  bois  qui  concourent  à la  cons- 
truction des  différents  abris,  des  échalas, 
des  tuteurs,  des  baguettes  pour  espaliers  ou 
contre-espaliers,  doivent,  autant  que  pos- 
sible, être  préservés  de  la  pourriture. 

Ces  différentes  choses,  qui  font  partie 
du  matériel  horticole,  sont  d’autant  plus 
sujettes  à entrer  en  décomposition  qu’elles 
sont  constamment  exposées  aux  intem- 
péries. Dans  de  semblables  milieux,  l’œuvre 
de  destruction  des  matières  organiques 
par  les  infiniment  petits,  se  fait  avec 
beaucoup  plus  d’activité. 

Comme  il  est  démontré,  dans  l’état  actuel 
de  nos  connaissances,  que  les  fermentations 
sont  d’ordre  purement  biologique,  les  an- 
tiseptiques peuvent  agir  différemment,  sui- 
vant le  but  qu’on  veut  atteindre.  Ils  peuvent 


imposée  aux  plantations  d’arbres  ; que  l’u- 
sage constant  a été,  au  contraire,  de  plan- 
ter jusqu’à  l’extrême  limite  des  jardins, 
sauf  à élaguer  ces  plantations,  si  le  voisin 
l’exige. 

Elle  a décidé  également,  par  un  arrêt  du 
2 décembre  1820,  que  l’usage  dans  les  jar- 
dins des  maisons  de  plaisance  dans  la  ban- 
lieue de  Paris  est  de  planter  des  arbres  à 
haute  tige  à moins  de  6 pieds  des  murs 
mitoyens. 

Nous  ajouterons  que  des  usages  sembla- 
bles existent  dans  plusieurs  villes  de  pro- 
vince, notamment  à Sens  et  à Bordeaux 
( Cour  de  Cassation , 28  juillet  1873,  et 
Cour  de  Bordeaux , 13  mars  1860). 

Or,  si  cela  existe  pour  des  villes  plus  ou 
moins  importantes  des  départements,  cela 
existe  nécessairement  et  à plus  forte  raison 
dans  la  banlieue  de  Paris,  où  le  terrain  est 
d’une  telle  valeur  que  la  propriété  se  subdi- 
vise à l’infini,  et  que  le  lot  de  chacun  se  ré- 
duit parfois  à bien  peu  de  chose.  Exiger 
d’observer,  pour  les  plantations,  la  dis- 
tance prescrite  par  l’art.  671  du  Code  civil, 
ce  serait,  pour  ainsi  dire,  anéantir  le  droit 
de  propriété  ; c’est  ce  que  constate  avec  rai- 
son, d’une  manière  formelle,  l’arrêt  précité 
de  la  cour  de  Paris  du  27  août  1858. 

Victor  Émion. 

EN  HORTICULTURE 

EUM  AVENARIUS 

être  appliqués  afin  de  détruire  les  germes 
existants,  dans  des  bois  déjà  altérés,  ou 
bien  préserver  ceux-ci  de  toute  altération. 

De  tout  temps,  les  substances  antisep- 
tiques ont  été  recherchées  pour  préserver 
les  bois  de  la  pourriture.  Celles  qu’on 
peut  employer  à cet  effet  sont  nom- 
breuses, mais  ne  sont  pas  toutes,  il  s’en 
faut,  d’une  application  pratique.  Les  plus 
utilisées  en  horticulture  se  réduisent  à un 
petit  nombre.  Pour  n’en  citer  que  quelques- 
unes,  ce  sont  les  peintures  à base  d’huiles, 
le  coaltar,  le  goudron  de  Norwège  et  les 
dissolutions  de  sulfate  de  cuivre. 

Cette  dernière  substance,  depuis  quelques 
années,  a pris  une  extension  considérable 
dans  la  viticulture,  où  l’on  a cherché, 
en  beaucoup  d’endroits,  à lui  faire  jouer 
un  double  rôle,  sur  lequel  je  n’ai  pas  à 
insister  ici. 

Le  sulfate  de  cuivre  en  dissolution  a été 
expérimenté,  pour  la  première  fois,  si  je  ne 
me  trompe,  par  Verrier,  jardinier  en 


452 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


chef  à la  Saulsaie,  pour  prolonger  la  durée 
des  éclialas  et  des  tuteurs.  Ses  expériences 
furent  très-concluantes  et  portèrent  sur  des 
bois  d’espèces  diverses  et  de  densité  diffé- 
rente. Depuis,  les  dissolutions  de  sulfate  de 
cuivre  sont  très-employées.  A l’École  na- 
tionale d’horticulture,  elles  le  sont  sur  une 
grande  échelle,  pour  donner  plus  de  durée 
aux  paillassons  et  aux  volets  servant  à cou- 
vrir les  serres.  Je  renvoie  les  lecteurs  de 
la  Revue  horticole  *,  pour  ceux  qui  dé- 
sireraient employer  cette  substance,  à la 
lettre  de  l’éminent  directeur  de  cette  École, 
M.  A.  Hardy,  ils  y trouveront  le  degré 
nécessaire  de  concentration  qu’il  convient 
de  donner  à cette  dissolution. 

Je  ne  dirai  rien  non  plus  du  coaltar  et  du 
goudron  de  Norwège.  Ce  sont  deux  subs- 
tances qu’il  est  facile  de  se  procurer  dans  le 
commerce  et  qui  ont  toujours  donné  de  bons 
résultats  dans  leurs  applications  au  jar- 
dinage. 

Je  désire  simplement  appeler  toute  l’at- 
tention des  horticulteurs  sur  une  substance 
trop  prônée,  peut-être,  par  un  grand 
nombre  de  journaux  et  bulletins  de  Sociétés 
d’horticulture.  Cette  substance  est  le  Car- 
bolineum  avenarius.  Il  a été,  d’ailleurs, 
signalé  par  la  Revue  horticole 2 comme 
toxique  pour  un  certain  genre  de  plantes. 
Malheureusement,  cet  article  m’était  alors 
complètement  inconnu. 

Je  m’abstiendrai  de  décrire  les  différentes 
phases  par  lesquelles  les  plantes  intoxiquées 
ont  passé.  Il  me  suffira,  je  crois,  de  donner 
les  noms  de  celles  qui  périssent  au  contact 
des  vapeurs  du  Carbolineum , puis,  en 
même  temps,  de  signaler  comment  les  faits 
se  sont  produits. 

Tout  d’abord,  les  Choux,  les  Radis,  les 
Tomates,  les  Piments,  les  Melons,  les 
Zinnias,  les  Giroflées,  les  Reines-Margue- 
rites, les  Bégonias  tubéreux,  les  Pélargo- 
niumy en  général,  les  Pétunias,  le  Tabac, 
sont  autant  de  plantes  qui  périssent  infail- 
liblement, et  sur  lesquelles  j’ai  observé  les 
effets  délétères  du  Carbolineum.  Une  seule 
plante  résiste  à son  action,  c’est  la  Carotte; 
elle  ne  semble  nullement  en  être  influencée. 


Mais  ce  qu’il  me  reste  encore  à dire  sur 
cette  substance  sera  suffisamment  édifiant 
pour  que  personne  ne  soit  tenté  de  l’utiliser 
en  culture. 

C’est  à l’automne  1885  que  M.  Thiry,  di- 
recteur de  l’École  pratique  d’agriculture 
Mathieu  de  Dombasle,  fit  construire  des 
coffres  à châssis  pour  la  culture  sur  couches 
de  quelques  plantes  potagères.  Pour  leur 
donner  plus  de  durée,  ils  furent  enduits  de 
Carbolineum  et  ce  sont  eux  qui  nous  ser- 
virent dans  nos  expériences  forcées. 

La  première  année,  en  1886,  toutes  les 
plantes,  excepté  les  Carottes,  qui  furent 
cultivées  ou  abritées  par  les  coffres,  pé- 
rirent. Voyant  ce  résultat,  nous  nous  étions 
imaginés  qu’en  les  exposant  pendant  toute 
l’année,  à toutes  les  intempéries,  en  plein 
soleil,  les  propriétés  toxiques  de  cette  subs- 
tance, concentrées  dans  les  coffres,  auraient 
complètement  disparu.  Il  n’en  fût  absolu- 
ment rien.  En  1887,  elles  se  sont  repro- 
duites identiques  à 1886.  C’est  alors  qu’on  fit 
savoir  au  directeur  qu’il  suffisait,  pour  faire 
disparaître  toute  intoxication,  d’enduire  les 
coffres  d’une  couche  d’huile  cuite.  Cette 
couche  d’huile  cuite  a été  passée  à l’au- 
tomne 1887,  ce  qui  ne  nous  a pas  empêché, 
au  printemps  de  1888,  d’être  obligé  d’en- 
lever les  coffres  de  dessus  les  Melons  et 
le  Tabac,  ainsi  que  ceux  qui  abritaient  des 
Zinnia  et  des  Pétunia. 

On  est  en  droit  de  se  demander,  mainte- 
nant, combien  cela  durera  encore  et  pen- 
dant combien  de  temps  ces  effets  se  se- 
raient manifestés  sur  les  plantes,  si,  con- 
trairement à ce  que  nous  avons  fait,  les 
coffres  avaient  été  abrités  contre  toutes  les 
intempéries. 

Je  crois  qu’il  suffit  d’avoir  signalé  à nou- 
veau, aux  horticulteurs,  l’intoxication  pro- 
duite par  ce  nouvel  antiseptique,  sur  lequel 
on  a dit  beaucoup  de  choses,  mais  dont  je 
n’ai  jamais  entendu  dire  de  bien,  pour  qu’ils 
soient  suffisamment  fixés  sur  son  emploi. 

Peut-être  aurai-je  l’occasion  d’en  reparler 
plus  tard.  J.  Foussat, 

Chef-Jardinier,  Professeur  d’horticullure 
à l’École  pratique  d’agriculture  Mathieu  de  Dombasle. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 


SÉANCE  DU  13  SEPTEMBRE  1888. 


Comité  de  floriculture. 

Présentés  par  M.  Pernel,  jardinier  à La  Va- 
renne -Saint- Hilaire  : des  fleurs  coupées  de 

1 Revue  horticole,  1880,  p.  143. 

2 Revue  horticole,  1883,  p.  341. 


Zinnia  de  semis  de  toute  beauté,  grandes, 
bien  formées,  de  9 et  10  centimètres  de  dia- 
mètre, de  toutes  nuances;  et  une  collection  de 
Z.  Pompons  très-remarquable  et  fort  admirée 
pour  la  bonne  forme  des  fleurs  et  leur  coloris 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


453 


brillant,  de  rouge  divers,  ou  jaune  canari  et 
jaune  d’or  strié,  ou  zébré  d’un  rouge  carmin 
très-vif  ; quelques-uns  avaient  la  moitié  de  la 
fleur  jaune  et  l’autre  rouge  nettement  tranché  ; 
des  Pentstemon,  également  obtenus  par  eux, 
portaient  leurs  fleurs  dressées,  moins  retom- 
bantes que  d’habitude. 

Par  MM.  Vilmorin  et  Cie,  quai  de  la  Mégis- 
serie, à Paris,  14  variétés  de  Glaïeuls  ganda- 
vensis , qu’après  de  longues  observations  on 
doit  considérer  comme  les  plus  tardives;  ce 
sont  : 

Abricoté , Atlas , Beatrix , Coquette , Docteur 
Fontan , Gallia , Médicis,  Etna , Mimos , Ros- 
sini,  E.  Souchet , Eug.  Scribe , Sceptre  de 
Flore , Ambroise  Verschaffelt , toutes  variétés 
de  nuances  très-variées,  mais  où  dominent  le 
rose  et  le  rouge  carminé. 

M.  H.  Vilmorin  fait  observer  qu’il  a re- 
marqué dans  ses  cultures  une  variété  qui, 
depuis  trois  ans,  produit  des  fleurs  semi- 
doubles,  blanc-violacé,  et  qu’il  espère  la  perfec- 
tionner. 

Par  M.  Bruant,  horticulteur  à Poitiers,  des 
fleurs  coupées  de  Pétunia  fimbriata  et  super- 
bissima,  à grande  fleur  maculée  et  à large 
gorge,  de  toute  beauté,  mesurant  jusqu’à 
12  centimètres  de  diamètre,  de  nuances  va- 
riant du  cramoisi  ou  violet  foncé  au  rose  et  au 
lilas  le  plus  tendre.  L’apport  de  M.  Bruant 
était  tout  à fait  hors  ligne. 

Par  M.  Boucher,  164,  avenue  d’Italie,  à 
Paris,  un  semis  de  Passiflora  cœrulea , mais  à 
fleurs  blanches,  odorantes,  très-vigoureux, 
aussi  rustique  que  le  P.  cœrulea , et  passant 
l’hiver  en  pleine  terre. 

Par  MM.  Thibaut  et  Keteleer,  de  Sceaux, 
un  Cypripedium  Morganæ , espèce  robuste 
très-jolie,  et  tout  récemment  obtenue  par 
M.  Veitch,  à sépales  blanc  verdâtre  rayé  de 
pourpre,  labelle  pourpre  violet  et  pétales  laté- 
raux très-allongés,  ondulés,  d’un  blanc  ver- 
dâtre tacheté  de  pourpre. 

Par  M.  Poitevin,  amateur,  à Bonneuil-sur- 
Marne  (Seine-et-Oise),  des  fleurs  coupées,  très- 
jolies  et  bien  formées,  de  Reines-Marguerites 
Empereur , imbriquées  et  à fleurs  de  Pivoine , 
de  Zinnia  et  d’Œillets  de  Chine  simples  et 
doubles,  également  fort  beaux. 

Par  M.  Raphaël  Collin,  artiste-peintre,  152, 
rue  de  Vaugirard,  à Paris,  un  Cattleya  Do- 
wiana  à fleur  jaune  d’or  et  à labelle  rouge 
amarante  veiné  de  jaune,  espèce  fort  belle  que 
l’on  n’a  pas  souvent  l’occasion  d’admirer. 

Par  Mlle  Périn,  amateur,  à Écouché  (Orne),  . 
des  fleurs  coupées  de  Bégonia  bulbeux,  prove- 
nant d’un  semis  de  cette  année,  mais  moins 
belles  que  celles  que  nous  avions  déjà  admi- 
rées de  ce  présentateur. 

Par  M.  Tabar , horticulteur  à Sarcelles 
(Seine-et-Oise),  des  fleurs  de  Pétunias  frangés 
et  à large  gorge,  et  divers  Pélargoniums  zo- 
nales  non  encore  au  commerce  et  fort  curieux  : 
l’un  avait  des  petites  fleurs  doubles,  blanc  lavé 


de  rose  carminé,  à pétales  arrondis  et  en  forme 
de  petite  Rose;  un  autre  présentait  exactement 
l’aspect  d’une  Verveine  ; les  pétales,  nombreux, 
étaient  étroits,  laciniés  à l’extrémité,  plissés, 
blanc  strié  de  rouge  vermillon. 

Comité  d’arboriculture  fruitière. 

ParM.  Jamin,  de  Bourg-la-Reine,  des  Poires 
récoltées  en  plein  vent,  bien  colorées  et  de 
toute  beauté  ; entre  autres  : 

Louise-Bonne  d’ Avr  anches  panachée , Ma- 
dame Treyve , Souvenir  du  Congrès , Bon 
Chrétien  Williams , Clapp’s  favorite , Fon- 
dante des  Bois , Doyenné  de  Mérode , Mohsal- 
lard , Grosse-Louise , et  des  Pommes  Dean’ s 
Codlin , variété  anglaise  très-bonne  et  d’un  bel 
aspect,  et  Transparente  de  Croncels , beau 
fruit  arrondi  à peau  fine. 

Ces  fruits  étaient  savoureux  et  tout  aussi 
beaux  que  s’ils  eussent  été  cueillis  à un  es- 
palier. 

Par  M.  Alexis  Lepère  fils,  une  corbeille  de 
Pêches  Alexis  Lepère , très-grosses,  bien  colo- 
rées, une  des  meilleures  que  l’on  ait  récoltées 
cet  été. 

Comité  de  culture  potagère. 

Par  M.  L.  Delaville,  2,  quai  de  la  Mégisserie, 
à Paris,  deux  Melons  moyens,  ovales,  issus  de 
la  variété  M.  grimpant , à écorce  mince,  ru- 
gueuse, gris  verdâtre,  et  à chair  orange  rou- 
geâtre foncé,  très-sucrée,  d’un  goût  excellent, 
et  se  conservant  plus  de  quinze  jours  après 
qu’il  a été  cueilli. 

Par  M.  Hédiard,  place  de  la  Madeleine,  à 
Paris,  un  fruit  de  Carabacette  cueilli  il  y a un 
an,  et  parfaitement  conservé  sur  une  planche, 
sans  la  moindre  tache. 

Par  M.  Eug.  Pasquier,  jardinier  chez  M.  Ed. 
Barre,  à Juilly  (Seine-et-Marne),  un  pied  de 
Céleri  à feuilles  de  . Carotte,  variété  vigoureuse, 
plutôt  ornementale  que  culinaire. 

Comité  d’arboriculture  d’ornement. 

Par  MM.  Croux  et  fils,  du  Val-d’Aulnay, 
près  Sceaux,  une  collection  très-intéressante 
de  rameaux  de  divers  arbres  : 

Broussonetia  papyrifera  Kæmpferi , à bois 
et  feuillage  très-foncé. 

Br.  p.  dissecta , à feuillage  lacinié,  réduit 
presque  aux  nervures,  d’un  port  léger,  très- 
original. 

Br.  p.  cucullata ; les  feuilles  sont  gaufrées 
et  à bords  recourbés  en  dessus. 

Robinia  mimosæfolia , au  feuillage  extrême- 
ment léger  et  gracieux,  et  dont  on  peut  admi- 
rer un  beau  spécimen  au  parc  Monceau. 

Juglans  ailantifolia , nouveauté  japonaise, 
remarquable  par  son  feuillage  d’une  dimen- 
sion extraordinaire  et  donnant  des  grappes  de 
15  à 20  noix. 

Un  bel  Hydrangea  paniculata  grandiflorai 


154  UNE  VISITE  AUX  ÉTABLISSEMENTS  HORTICOLES  DE  NANCY. 


variété  ancienne,  mais  trop  peu  recherchée,  se 
garnissant  de  longues  grappes  de  fleurs  blanc 
rosé,  forme  très-ornementale. 

Ulmus  campestris  Pitteursi  pendula , l’un 
des  plus  beaux  Ormes,  à feuilles  ondulées, 
dentées,  presque  laciniées,  d’un  port  léger  et 
très-gracieux. 

U.  sinensis  pyramidalis , U.  campestris 
minor  fol.  arg.  var. 


U.  campestris  aurea , de  Louis  Van  Houtte, 
espèce  dorée  fort  jolie. 

Rhus  glabra  laciniata. 

Acer  eriocarpum  laciniatum. 

A.  platanoides  cucullatum. 

Divers  Sureaux  et  Frênes  remarquables  par 
la  variété  et  la  panachure  de  leur  feuillage,  et 
qu’il  serait  trop  long  de  détailler  ici. 

Em.  Bruno. 


UNE  VISITE  AUX  ÉTABLISSEMENTS  HORTICOLES  DE  NANCY 1 Il 


A toute  époque  une  visite  à ces  établis- 
sements est  pour  l’horticulteur  une  source 
de  plaisir  instructif,  car  Nancy,  étant  le 
lieu  de  naissance  et  la  patrie  de  beaucoup 
de  nos  plus  belles  et  de  nos  meilleures 
plantes  « de  fleuristes  »,  est,  pour  ainsi 
dire,  le  lieu  de  pèlerinage,  La  Mecque 
des  jardiniers.  Mais  à l’époque  actuelle, 
où  plusieurs  genres  de  plantes  sont  arrivés 
à un  degré  de  perfection  que  l’on  aurait 
considéré  comme  impossible  à atteindre  il 
y a quelques  années,  une  semblable  visite 
présente  plus  qu’un  intérêt  ordinaire.  A ne 
s’en  tenir  qu’aux  Glaïeuls  hybrides  et  aux 
Bégonias  tubéreux,  l’amateur  peut  s’ima- 
giner quel  champ  d’études  intéressantes 
s’offre  à lui,  car  ces  deux  genres  seuls 
valent  la  peine  d’un  voyage  à Nancy. 

Le  cultivateur  de  Bégonias  tubéreux 
trouve,  chez  M.  Grousse,  une  superbe  série 
de  Bégonias  doubles  de  semis  ; les  blancs 
doubles  et  les  jaunes  doubles  de  diverses 
teintes  ne  sont  encore  égalés  dans  aucun 
autre  établissement.  La  taille,  la  forme  par- 
faite et  le  port  de  beaucoup  de  ces  magni- 
fiques fleurs,  ne  laissent  rien  à désirer. 
Quelques-uns  des  semis  de  cette  année  sont 
absolument  parfaits,  et  rendent  ceux  qui 
les  regardent  impatients  de  les  voir  figurer 
dans  le  catalogue  de  M.  Crousse.  Dans  ce 
jardin,  les  Pélargoniums  à feuilles  de  Lierre 
sont  aussi  très-dignes  d’être  mentionnés  ; 
parmi  ceux  qui  sont  destinés  à être  mis  au 
commerce,  quelques-uns  promettent  beau- 

1  Nous  avons  cru  qu’il  serait  utile  à notre 
horticulture  nationale  de  reproduire  cet  article 
dû  à la  plume  d’un  praticien  distingué  d’Outre- 
Manche,  et  accueilli  par  les  principaux  journaux 
anglais,  le  Gardeners ’ Chronicle  et  le  Garden. 

Il  est  assez  rare  que  les  étrangers  fassent  l’éloge 
des  cultures  françaises  pour  que  nous  attachions 
quelque  importance  au  jugement  que  portent  nos 
confrères  anglais  sur  notre  floriculture  française. 

{Rédaction.) 


coup.  Les  Cannas  obtenus  par  M.  Crozy,  de 
Lyon,  sont  cultivés  en  grand  dans  le  même 
jardin,  mais  sous  notre  climat  ils  seront 
plus  utiles  pour  la  culture  en  serre,  car  ils 
ne  trouveraient  pas  en  plein  air  le  soleil  et 
la  chaleur  nécessaires  à leur  développement. 
Un  exemple  de  cette  culture  peut  être  vu 
chez  Mme  Cannell,  à Swanley. 

A l’établissement  horticole  de  M.  V.  Le- 
moine, un  grand  intérêt  réside  dans  la  nou- 
velle race  de  Glaïeuls  hybrides,  magnifique 
croisement  entre  le  Gladiolus  Saundersi 
et  les  hybrides  de  M.  Lemoine , hybrides 
que  MM.  Veitch  ont  exposés  et  fait  connaître 
à la  Société  royale  d’horticulture  de  Londres. 
Il  faut  avoir  vu  ces  fleurs  splendides  pour 
se  faire  une  idée  de  ce  que  M.  Lemoine  ré- 
serve aux  cultivateurs  de  Glaïeuls,  et  pour 
longtemps.  La  forme,  la  dimension,  les 
macules,  sont  tout  à fait  surprenantes,  et  ré- 
vèlent une  beauté  inconnue  jusqu’ici  dans 
les  Glaïeuls.  Il  est  possible  qu’une  ou  deux 
variétés  de  cette  nouvelle  série  paraissent 
dans  le  prochain  catalogue  de  cet  établisse- 
ment, s’il  s’en  trouve  une  quantité  suffi- 
sante pour  les  mettre  au  commerce.  Les 
Phlox  herbacés  contiennent  un  grand  nom- 
bre de  semis  à fleurs  d’une  taille  et  d’une 
beauté  extraordinaires,  et  beaucoup  de  tein- 
tes nouvelles.  Les  Montbrétias  nouveaux, 
eux  aussi,  présentent  quelques  semis  qui 
témoignent  d’un  grand  perfectionnement,  à 
la  fois  comme  forme  et  comme  couleur,  et 
ils  se  multiplient  si  rapidement  qu’on  peut 
espérer  les  voir  bientôt  à la  portée  des 
amateurs. 

J’ai  visité  et  examiné  avec  soin  ces  deux 
établissements  dans  le  courant  de  l’au- 
tomne, et  je  dois  dire  que  je  ne  m’attendais 
pas  à trouver  un  aussi  grand  nombre  de 
nouveautés  intéressantes  cette  année. 

John  T.  Poe. 


VERONICA  GODEFRÜYANA. 


455 


VERONICA  GODEFROYANA 


L’espèce  qui  fait  le  sujet  de  cette  note  est 
excessivement  rare,  peu  connue  et  peut- 
être  inédite.  Non  seulement  nous  ne  l’avions 
jamais  rencontrée  dans  les  cultures,  mais 
elle  n’existe  même  pas  dans  l’herbier  du 
Muséum.  Ce  fait  seul,  de  la  rareté,  suffi- 
rait donc  déjà  pour  expliquer  cet  article. 
Mais  ici,  il  y a plus,  car  son  mérite 
ornemental  nous  autorise  aussi  à la  recom- 
mander. Elle  est  originaire  de  la  Nouvelle- 
Zélande  et  appartient  au  groupe  du  Vero- 
nica Traversi,  Hook.,  et  nous  a paru 
surtout  très-voisine  du  V.  carniosula, 
ainsi  que  du  V.  elliptica.  En  voici  les  carac- 
tères : 

Arbuste  très-nain,  formant  un  buisson 
subsphérique,  très-compact,  atteignant  ra- 
rement 1 mètre  de  hauteur,  restant  le  plus 
souvent  à l’état  d’une  petite  boule  d’environ 
50  centimètres  de  diamètre,  excessivement 
ramifié.  Branches  dressées-étalées,  très- 
rapprochées,  à écorce  noir-roux.  Feuilles 
persistantes,  opposées,  décussées,  buxi- 
formes,  épaisses,  d’un  vert  glauque,  légère- 
ment concaves,  sessiles,  brusquement  et 
très-régulièrement  rétrécies  au  sommet,  qui 
est  largement  arrondi,  à peine  légèrement 
mucronulé,  longues  de  12  millimètres, 
larges  d’environ  6,  atténuées  à la  base. 
Fleurs  petites,  très-nombreuses,  réunies  au 
sommet  des  ramilles,  axillaires,  mais  telle- 
ment rapprochées  qu’elles  paraissent  for- 
mer des  sortes  de  capitules  terminaux  d’un 
blanc  pur,  à 4 pétales  petits,  régulièrement 
ovales.  Etamines  saillantes,  à filets  blancs, 
très-ténus  ; anthères  d’un  beau  violet  rosé. 
Floraison  : mai,  juin. 

Si  précédemment,  en  parlant  de  l’histo- 
rique du  Veronicci  Godefvoyana,  nous 
n’avons  pu  en  faire  connaître  la  patrie,  qui 
est  la  Nouvelle-Zélande,  il  n’en  est  pas  de 
même  pour  ce  qui  en  est  de  son  introduc- 
tion, et,  sous  ce  rapport,  nous  ne  pouvons 
dire  que  ceci  : nous  avons  remarqué  cette 
espèce  chez  M.  Godefroy-Lebeuf,  à Argen- 
teuil,  où,  plantée  en  pleine  terre  depuis  une 
douzaine  d’années,  elle  a supporté,  sans 
aucun  abri,  tous  les  froids  et  toutes  les  in- 
tempéries, sans  souffrir  en  quoi  que  ce 
soit.  On  ne  peut  donc  douter  que  sa  rus- 
ticité soit  complète,  car  dans  cette  période 
se  trouve  le  grand  hiver  de  1879-1880,  où 


le  thermomètre  s’abaissa  jusqu’à  20  degrés 
et  plus  au-dessous  de  zéro. 

Cette  espèce  forme  de  charmants  arbustes 
ou  petits  buissons  subsphériques,  excessi- 
vement compacts,  qui,  par  leur  aspect, 
tiennent  des  Buis,  des  Myrtes,  même  des 
Pimelea.  De  mai  à juillet,  toutes  les  ramifi- 
cations se  terminent  par  un  ensemble  de 
fleurs,  qui  donne  aux  plantes  un  faciès  un 
peu  analogue  à certains  Diosma.  C’est  une 
véritable  miniature. 

Culture,  multiplication.  — Le  Veronica 
Godefvoyana  est  non  seulement  très-rus- 
tique, mais  robuste,  c’est-à-dire  que  la 
plante  n’est  pas  délicate,  et  qu’elle  pousse 
à peu  près  dans  tous  les  sols.  Toutefois,  il 
va  sans  dire  que  le  résultat  est  d’autant 
meilleur  que  le  sol  sera  mieux  préparé. 
Quand  les  plantes  sont  jeunes,  on  peut  les 
traiter  comme  on  le  fait  des  plantes  de  serre 
froide.  On  devra  les  planter  dans  des  lieux 
aérés.  Si  on  les  place  en  pleine  terre,  soit 
dans  les  plates-bandes  ou  dans  les  massifs, 
on  devra  les  mettre  en  première  ligne,  c’est- 
à-dire  en  bordure,  afin  qu’elles  ne  soient 
pas  gênées  par  d’autres  espèces  de  plus 
grandes  dimensions. 

Multiplication.  — A défaut  de  graines, 
que  la  plante  donne  rarement,  quand  elle 
est  jeune  surtout,  on  multiplie  par  boutures 
que  l’on  fait  avec  des  jeunes  bourgeons  vers 
la  fin  d’août,  qu’on  plante  en  terre  de 
bruyère  et  place  sous  cloche  dans  la  serre  à 
multiplication.  On  peut  également  bouturer 
de  très-bonne  heure,  au  printemps,  avant 
que  les  plantes  entrent  en  végétation,  en 
prenant,  autant  que  possible,  du  bois  « qui 
n’est  pas  à fleur  ». 

Le  port  et  le  faciès  des  plantes,  qui  ne  se 
« dépouillent  » jamais,  la  persistance  et  la 
beauté  du  feuillage,  font  un  ensemble 
propre  à la  culture  en  pots  et  à la  décoration 
hivernale  des  appartements.  Cela  est  d’au- 
tant plus  facile  à faire  que  cette  espèce 
n’exige  aucun  soin  particulier.  Il  suffit 
d’arroser  et  de  nettoyer  les  plantes  quand 
elles  en  ont  besoin,  de  les  placer  à la  lu- 
mière en  les  espaçant  un  peu  afin  de  les 
maintenir  bien  vertes,  ce  qui  est  une  con- 
dition indispensable,  que  doivent  réunir 
les  plantes  dites  d’appartement. 

E.-A.  Carrière. 


456 


ŒILLET  DE  LA  MALMAISON  COCCINÉ 


CORRESPONDANCE. 


ŒILLET  DE  LA  MALMAISON  COCCINÉ 


Il  est  difficile  non  seulement  de  dire 
quelle  est  l’origine  des  variétés  du  groupe 
d’Œillets  dit  de  Malmaison,  mais  même 
d’indiquer  d’où  le  groupe  est  originaire. 
Toutes  les  recherches  que  nous  avons  faites 
à ce  sujet  ont  été  vaines.  Nulle  part,  en  effet, 
nous  n’avons  trouvé  rien  d’écrit,  et  deux 
horticulteurs,  auxquels  nous  nous  sommes 
adressés,  et  qui,  par  leur  âge,  leur  position 
ou  leurs  connaissances,  auraient  pu  nous 
nous  renseigner  sur  cette  origine,  n’ont  pu 
nous  dire  que  ceci  : « Qu’ils  avaient  entendu 
dire  que  ces  Œillets  avaient  été  obtenus 
autrefois  à la  Malmaison,  du  temps  du  règne 
de  Napoléon  Ier.  » Mais,  en  admettant  ce 
dicton,  se  présente  cette  autre  question  : 
quelle  est  celle  des  variétés  que  comprend 
ce  groupe  qui  est  venue  la  première  dans 
les  cultures  ? Cette  fois  encore,  bien  que 
nous  n’ayons  non  plus  rien  d’absolument 
certain,  on  est  néanmoins  à peu  près  una- 
nime à reconnaître  que  la  variété  à fleurs 
blanches  est  apparue  la  première.  Mais,  de 
plus,  à part  cette  ignorance  de  l’origine 
première,  constatons  encore  que  la  même 
incertitude  règne  sur  la  provenance  des 
autres  variétés.  Celles-ci  sont  au  nombre  de 
quatre  : blanc,  type,  rose,  rouge  pâle  et 
rouge  cocciné  ; cette  dernière  est  de  beau- 
coup la  plus  jolie  variété,  nous  allons  la  dé- 


crire. Toutefois,  auparavant,  nous  croyons 
devoir  dire,  au  moins  d’une  manière  géné- 
rale, quels  sont  les  principaux  caractères 
des  Œillets  dits  de  la  Malmaison  ; nous 
croyons  la  chose  d’autant  plus  nécessaire 
qu’ils  ne  sont  décrits  nulle  part. 

Ce  sont  des  plantes  relativement  naines, 
à feuilles  larges  et  d’un  vert  blond  ou  glau- 
cescent,  à tiges  grosses,  courtes,  raides, 
ramifiées  vers  le  sommet,  à fleurs  grosses, 
d’abord  subglobuleuses,  très-pleines,  bientôt 
« crevardes  »,  défaut  qui,  du  reste,  est  com- 
mun à toutes  les  variétés  du  groupe  des 
Malmaison.  La  variété  à fleurs  rouges  coc- 
ciné foncé  présente  les  caractères  suivants  : 

Plante  naine,  très-floribonde.  Feuilles 
nombreuses,  courtes,  d’une  bonne  tenue, 
très-glauques.  Fleurs  très-pleines,  d’un 
beau  rouge  cramoisi  foncé,  parfois  comme 
striées  de  marron.  Cette  variété,  que  nous 
avons  admirée  chez  MM.  Lévêque  et  fils, 
horticulteurs,  à Ivry  (Seine),  nous  paraît 
d’autant  plus  méritante  qu’outre  sa  belle 
couleur  éclatante,  qui  en  fait  une  plante  de 
premier  ordre,  elle  est  excessivement  flori- 
bonde,  et  presque  toujours  en  fleurs.  Quant 
à sa  culture  et  à sa  multiplication,  on  la  fait 
par  boutures  ou  par  marcottes,  car,  comme 
ses  congénères,  elle  ne  donne  jamais  de 
graines.  E.-A.  Carrière. 


CORRESPONDANCE 


No  5623  (Russie).  — Le  véritable  Rosa  po- 
lyantha  n’est  pas  précisément  rustique , et  il 
n’est  pas  rare  de  le  voir  souffrir  et  même 
geler  dans  les  hivers  froids.  D’autre  part,  il  est 
loin  d’être  démontré  que  sous  ce  nom  il  n’y 
ait  pas  plusieurs  variétés  de  tempéraments 
divers  et  de  vigueurs  différentes.  Le  fait  paraît 
probable,  si  on  réfléchit  aux  différents  carac- 
tères qu’on  lui  assigne.  Le  mieux  est  de  s’a- 
dresser aux  maisons  qui  le  recommandent 
comme  sujet.  Ce  qui  semble  justifier  nos  dires, 
c’est  que  des  semis  que  nous  avons  faits,  à 
plusieurs  reprises,  nous  ont  toujours  donné 
des  plantes  de  natures  très-diverses , entre  au- 
tres beaucoup  de  plantes  très-naines,  buisson- 
neuses et  tout  à fait  impropres  à la  greffe. 

Quant  aux  taupes  dont  vous  vous  plaignez,  le 
meilleur  moyen  de  s’en  débarrasser  est  de 
poser  des  pièges  dans  leurs  galeries.  Ces  piè- 
ges, très-simples,  se  vendent  chez  tous  les 
quincailliers  horticoles.  Il  faut  avoir  bien  soin, 
quand  les  pièges  sont  placés,  que  la  galerie 
soit  bien  nette  et  ne  présente  aucun  obstacle  ; 
car  alors  il  pourrait  se  faire  qu’au  lieu  de  sui- 


vre la  galerie  où  est  le  piège,  la  taupe  ouvrît 
une  autre  galerie  afin  d’éviter  l’obstacle. 

Les  proportions  d’eau  à ajouter  à la  nicotine 
du  commerce  peuvent  varier  suivant  la  pureté 
plus  ou  moins  grande  de  celle-ci.  En  général, 
on  emploie  la  nicotine  diluée  dans  huit  ou 
douze  fois  son  volume  d’eau,  c’est-à-dire  que 
pour  un  litre  de  nicotine  on  met  de  huit  à 
douze  litres  d’eau , suivant  la  nature  des 
plantes,  l’intensité  du  mal  ou  l’espèce  d’in- 
sectes que  l’on  veut  détruire. 

N°  1054  ( Eure-et-Loir ).  — Les  expériences 
relatives  à la  culture  de  la  Morille  ne  paraissent 
pas  encore  tout  à fait  concluantes.  Il  faut  at- 
tendre. Il  est  certain  que  la  production  de  ce 
délicieux  Champignon  serait  une  précieuse  dé- 
couverte. 

N°  2594  (Lot-et-Garonne).  — Certainement 
on  n’utilise  pas  toujours  les  fruits  comme  on 
le  pourrait  faire,  et  on  en  laisse  souvent  se 
gâter  et  se  perdre  dans  les  années  d’abon- 
dance. Tous  ces  fruits  peuvent  être  utilisés 
pour  la  fabrication  de  l’eau-de-vie. 


V Administrateur-Gérant  : L.  Bourguignon. 


Imp.  Georges  Jacob,  — Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


457 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Aralia  chinensis.  — Culture  de  la  Glycine  en  palmettes.  — Les  meilleures  Fougères  pour  la  garniture 
des  jardinières,  paniers,  bouquets,  etc.  — Relation  entre  la  grosseur  acquise  par  les  graines  et  leur 
germination.  — Sophrocattleya  Batemaniana.  — Un  Tulipier  de  330  ans.  — Les  cultures  de  Pommiers 
en  Amérique.  — Les  fruits  dans  l’Afghanistan.  — La  surface  des  forêts  européennes.  — La  culture 
du  Sésame  en  Algérie.  — Un  énorme  exemplaire  de  Pinus  sylvestris.  — Lespedeza  striata.  — Culture 
en  Cochinchine  du  Café  de  Libéria.  — Le  vin  d’Orge.  — L’huile  de  pépins  de  Raisins.  — Les  châssis 
curvilignes  Van  Lierde.  — Une  exposition  de  plantes  cultivées  par  des  enfants.  — Germination  du 
Lodoicea  Sechellarum  au  Muséum.  — Memento  des  Expositions.  — Nécrologie  : M.  W.  Court. 


Aralia  chinensis.  — Dans  le  nombre, 
assez  considérable,  d’arbrisseaux  d’orne- 
ment qui,  à cette  époque  de  l’année,  pro- 
duisent leur  maximum  d’effet,  l’Angélique 
de  Chine  {Aralia  chinensis , L.) 1 est  un  de 
ceux  dont  le  port  est  le  plus  distinct,  dont 
les  qualités  décoratives  sont  les  plus  inté- 
ressantes. 

Ses  tiges,  qui  dépassent  rarement  4 ou 
5 mètres  de  hauteur,  ont  à la  fois  une  cer- 
taine raideur  et  une  grande  élégance,  qui 
provient  de  leur  direction  d’abord  verticale, 
puis  progressivement  recourbée  en  gerbe. 
Ses  grandes  feuilles  bipennées,  étalées, 
sont  disposées  par  étages  et  prennent  en  ce 
moment  une  teinte  rose  d’un  charmant 
effet.  Enfin,  également  à cette  saison,  à 
l’extrémité  de  chaque  rameau  se  développe 
un  grand  corymbe  de  fleurs  blanc  jau- 
nâtre auxquelles  succèdent  des  baies  noires, 
augmentant  encore  l’aspect  singulier  de  la 
plante. 

On  ne  saurait  trop  recommander  l’em- 
ploi de  cette  espèce,  comme  plante  isolée, 
sur  une  pelouse,  pourvu  qu’on  n’en  fasse 
pas  abus.  Dans  un  terrain  en  pente,  seule, 
ou  par  groupes  peu  nombreux,  elle  accom- 
pagnera très-bien  quelques  roches  dissémi- 
nées. Il  est  toutefois  nécessaire  de  bien 
distancer  les  exemplaires  les  uns  des  autres, 
de  manière  que  chacun  d’eux  se  développe 
librement  et  qu’ils  conservent  en  entier  leur 
port  si  caractéristique. 

Originaire  de  la  Chine  et  du  Japon, 
VA.  chinensis  est  très-rustique  en  France. 
Une  terre  franche,  légère,  lui  convient  par- 
faitement. On  le  multiplie  de  rejetons  ou 
de  tronçons  de  racines. 

Culture  de  la  Glycine  en  palmettes. 

— Dans  une  récente  promenade  que  nous 
avons  faite  en  Normandie,  nous  avons  re- 

1 Connu  aussi  en  horticulture  sous  les  noms 
A! Aralia  japonica  et  de  Bimorphanthus  mands - 
churicus. 


marqué,  dans  une  propriété  située  près  de 
Bagnoles-de-l’Orne,  un  mur  exposé  en 
plein  nord,  et  garni  sur  toute  sa  surface 
par  des  Glycines  très-bien  dirigées  en  pal- 
mettes à cordons  horizontaux,  absolument 
comme  des  Poiriers  ou  Cerisiers. 

Ce  qui  a provoqué  cette  plantation,  c’est 
que  le  mur  en  question,  placé  à faible  dis- 
tance d’un  château,  en  est  caché  par  un 
massif  d’arbustes  qui  rendait  toute  autre 
culture  impossible. 

Soumise  à cette  direction,  dont  elle  s’ac- 
commode très-bien,  la  Glycine  donne, 
comme  de  coutume,  son  abondante  floraison 
printanière,  qui,  au  lieu  de  se  trouver  allon- 
gée sur  un  fil  de  fer,  ainsi  que  cela  a lieu 
le  plus  souvent,  forme  une  palissade  toute 
couverte  de  fleurs. 

On  obtiendrait  un  effet  plus  réussi  encore 
si,  en  même  temps  que  les  Glycines,  on 
plantait  au  pied  du  mur  des  Lierres  d’Ir- 
lande. Les  grappes  odorantes  se  détache- 
raient avec  plus  de  vigueur,  sur  ce  fond 
sombre,  et  en  outre  le  mur  se  trouverait 
garni  pendant  foute  la  mauvaise  saison. 

Les  Glycines,  alors,  ne  devraient  plus  être 
disposées  en  espalier,  mais  en  contre-es- 
palier, à une  très-faible  distance  (10  centi- 
mètres environ)  du  mur. 

Les  meilleures  Fougères  pour  la  gar- 
niture des  jardinières,  paniers,  bou- 
quets, etc.  — Le  Garden  a publié  une  étude 
comparative  de  quelques  Asplénium  qui 
sont  le  plus  utilisés,  en  Angleterre,  pour 
accompagner  les  autres  plantes  et  les  fleurs, 
dans  les  mille  manières  dont  on  les  emploie. 
Voici  quelles  sont  ces  espèces  : 

Asplénium  rhizophorum , élégante  espèce 
dont  les  feuilles  atteignent  65  centimètres  de 
longueur  sur  12  à 15  de  largeur,  et  produisent, 
à leur  extrémité  effilée,  une  nouvelle  plante  qui 
augmente  encore  l’intérêt  présenté  par  l’en- 
semble. 

A.  rachirhizon , charmante  espèce  à fronde 

20 


16  Octobre  1888. 


458  CHRONIQUE 

Iripennées,  retombantes,  prolifères  comme  la 
précédente.  La  tige  et  les  branches  sont  noires. 

A.  cirrhatum.  — Frondes  longues  de  30  à 
45  centimètres,  et  à une  seule  division.  Les 
pinnules  sont  larges,  dentées  et  ornées  par  de 
singulières  lignes  obliques  de  sores  brunes. 
Prolifère. 

A.  myriophyllum . — Jolie  espèce  à frondes 
finement  découpées.  Les  tiges  sont  lisses,  les 
frondes  non  entièrement  développées,  noires  ; 
ces  frondes  sont  trifides  et  avec  segments  très- 
petits,  denses  et  d’un  vert  brillant. 

A.  caudatum.  — Espèce  à végétation  très- 
vigoureuse.  Ses  frondes  atteignent  jusqu’à  lm30 
de  longueur;  elles  sont  simplement  pennées  et 
portent  jusqu’à  40  paires  de  pinnules  coriaces, 
souvent  obliques,  finement  dentées  et  lobées 
sur  leurs  bords,  à face  supérieure  vert  foncé, 
l’inférieure  étant  marquée  de  jolies  et  longues 
sores. 

Relation  entre  la  grosseur  acquise 
par  les  graines  et  leur  germination.  — 

Le  choix  de  graines  bien  constituées,  pour 
le  semis,  est  une  des  opérations  les  plus 
importantes  du  jardinage,  et  qui,  le  plus 
souvent,  n’est  pas  faite  avec  le  soin  que  l’on 
devrait  y apporter. 

Une  nouvelle  preuve  à l’appui  de  cette 
assertion  se  dégage  d’expériences  qu’a  exé- 
cutées M.  Léon  Dufour,  et  dont  il  a exposé 
les  résultats  devant  la  Société  botanique  de 
France.  Ces  essais  ont  porté  sur  des  Fèves 
(Faba  vulgaris)  dont  les  fruits,  bien  déve- 
loppés, pèsent  jusqu’à  9 grammes. 

Il  a été  semé  12  Fèves,  dont  : 

4 pesaient  chacune  environ  . . 6 gr.  5 

4 — — — . . 4 gr.  5 

2 — — — . . 3 gr.  5 

2 — — — . . 2 gr.  5 

Les  quatre  dernières,  celles  de  3 gr.  5 et 
de  2 gr.  5,  n’ont  pas  germé.  Elles  n’étaient 
pas  arrivées  à un  degré  de  développement 
suffisant. 

Les  autres,  bien  que  semées  toutes  en- 
semble, sont  sorties  de  terre  après  un  laps 
de  temps  très-variable.  Les  quatre  Fèves 
pesant  6 gr.  5 ont  mis  respectivement  6, 
11,  13,  23  jours,  pour  montrer  leur  germi- 
cule  au-dessus  du  sol,  et  les  autres  pesant 
4 gr.  5 : 20,  22,  24  et  34  jours. 

En  suivant  le  déplacement  de  ces  plantes, 
M.  Dufour  a observé  que  celle  qui  s’était 
montrée  la  première,  c’est-à-dire  après  six 
jours  de  germination  seulement,  a atteint 
la  taille  la  plus  haute,  les  plus  larges 
feuilles,  etc. 

C’est  là  une  expérience  fort  intéressante. 
Elle  confirme  entièrement  l’observation 
placée  en  tête  de  cette  note. 


HORTICOLE. 

Sophrocattleya  Batemaniana.  — Le 

Manuel  des  Orchidées  i,  ce  très  intéres- 
sant ouvrage  que  publie  la  maison  Veitch, 
de  Londres,  donne  la  description  figurée  de 
cet  hybride  bigénérique,  qui,  pour  la  raison 
que  nous  avons  récemment  fait  connaître, 
a eu  son  nom  formé  des  deux  premières  syl- 
labes du  nom  du  père,  Sophronitis,  et  du 
nom  de  la  plante  mère,  Cattleya. 

Cette  plante  singulière  et  très-jolie  ne 
rappelle,  ni  dans  son  port,  ni  par  sa  fleur, 
aucun  des  deux  parents  ; elle  se  rapproche- 
rait plutôt,  si  on  ne  connaissait  son  origine, 
d’un  Lælia,  ce  qui  explique  que  M.  Rei- 
chenbach  l’ait  nommée  Lælia  Batema- 
niana. 

Le  Sophronitis  grandiflora  a les  pseudo- 
bulbes  courts,  terminés  par  une  feuille  soli- 
taire ; la  fleur  est  solitaire,  petite  (6  à 7 cen- 
timètres de  diamètre)  et  d’un  (rouge  écarlate 
brillant. 

Les  pseudo-bulbes  de  la  plante  nouvelle 
sont  plus  allongés  et  portent  deux  feuilles. 
Les  fleurs,  plus  grandes,  sont  ordinairement 
réunies  par  trois  sur  chaque  hampe  ; elles 
ont  le  coloris  rose  du  Cattleya  intermedia  ; 
mais  ni  leur  forme,  ni  leur  développement, 
ne  rappellent  les  fleurs  de  cette  dernière 
espèce. 

Si,  par  suite  d’une  hybridation  naturelle, 
le  Sophrocattleya  Batemaniana  eût  été 
trouvé  à l’état  sauvage,  on  aurait  certai- 
nement créé  un  genre  nouveau  pour  lui. 

Son  obtention,  sa  ressemblance  avec  les 
Lælia,  établit  une  singulière  affinité  entre 
ces  trois  genres  : Sophronitis,  Cattleya  et 
Lælia,  auxquels  viennent  s’ajouter  main- 
tenant les  Sophrocattleya. 

Un  Tulipier  de  330  ans.  — Dans  une 
exposition  qui  a récemment  eu  lieu  à Cin- 
cinnati, Y American  Forestry  Congress 
présentait  une  section  du  tronc  d’un  Tuli- 
pier ( Liriodendron  tulipifera)  dont  l’his- 
toire, déjà  fort  ancienne,  a été  conservée 
précieusement. 

Lorsque  la  reine  Élisabeth  monta  sur  le 
trône,  cet  arbre  existait  déjà  ; lors  de  la 
proclamation  de  l’indépendance  des  États- 
Unis,  il  mesurait  lm  30  de  diamètre;  enfin, 
lorsqu’il  fut  abattu,  cette  année,  un  peu 
avant  l’exposition,  où  une  partie  de  son 
tronc  figurait,  il  mesurait  lm  60  de  dia- 
mètre. 

1 A Manual  of  orchidaceous  plants  cultivated 
under  glass  in  Great  Britain.  London,  James 
Veitch  and  Sons,  544,  Kings  Road,  Ghelsea,  Lon- 
don, S.  W. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


459 


Ce  diamètre,  si  considérable  qu’il  pa- 
raisse, est  relativement  faible  pour  un  arbre 
de  330  ans  bien  sonnés  ; ce  qui  est  sur- 
tout étonnant,  c’est  qu’en  cent  années,  il 
n’ait  augmenté  que  de  30  centimètres,  ce 
qui  donne  un  accroissement  circulaire  de 
94  centimètres  seulement,  moins  d’un  cen- 
timètre de  circonférence  par  an. 

Les  cultures  de  Pommiers  en  Amé- 
rique. — Malgré  l’aridité  apparente  des  sta- 
tistiques qui  nous  viennent  d’Amérique, 
on  ne  publiera  jamais  trop  ce  qui  se  fait 
là-bas  en  matière  de  culture.  Puissent  nos 
cultivateurs  s’inspirer  de  l’esprit  entrepre- 
nant des  cultivateurs  des  États-Unis,  et 
créer,  dans  des  proportions  appropriées,  des 
plantations  importantes  qui  seules  leur  per- 
mettront de  lutter,  dans  un  avenir  pro- 
chain, contre  les  importations  qui  encom- 
breront bientôt  nos  marchés  ! 

Voici  un  nouvel  exemple  à l’appui  de  cette 
assertion  : 

Un  propriétaire  américain,  M.  J.-M. 
O’Niel,  a établi  près  de  Gainsville  (Géorgie) 
des  plantations  de  Pommiers  recouvrant 
une  surface  de  243  hectares  en  employant 
une  seule  variété  locale,  The  Shocley. 

Les  fruits  qui  proviennent  de  ces  arbres 
ne  sont  pas  destinés  à l’exportation  ; ils  sont 
distillés  sur  place  pour  la  préparation  de 
l’eau-de-vie. 

Il  serait  peut-être  intéressant,  pour  nos 
pépiniéristes,  de  se  procurer,  s’ils  ne  la  pos- 
sèdent déjà,  la  variété  de  Pomme  dont  il 
vient  d’ètre  question.  Pour  qu’on  l’emploie 
aux  États-Unis  dans  de  semblables  propor- 
tions, il  faut  qu’elle  ait  fait  preuve  de  qua- 
lités exceptionnelles  bien  établies. 

Voici  ce  qu’en  disent  les  Américains  : 
« Variété  originaire  de  Géorgie;  arbre  très- 
vigoureux  et  très-productif  ; fruit  de  gros- 
seur moyenne,  très-coloré  ; richesse  saccha- 
rine très-développée.  » 

Les  fruits  dans  l’Afghanistan.  — La 

plupart  de  nos  arbres  fruitiers  sont  repré- 
sentés dans  des  proportions  importantes 
en  Afghanistan,  où  leurs  produits  sont  l’ob- 
jet d’un  commerce  considérable.  Les  Pom- 
miers, Poiriers,  Amandiers,  Abricotiers, 
Goignassiers,  Pruniers,  Cerisiers,  Figuiers, 
Mûriers  et  la  Vigne  sont  cultivés  avec  soin 
par  les  Afghans,  et  leurs  fruits,  à l’état  frais 
ou  desséchés,  sont  principalement  dirigés 
vers  l’Hindoustan,  où  le  climat  plus  chaud 
ne  permet  pas  la  culture  de  ces  arbres. 

Il  serait  intéressant  de  connaître  les 


variétés  qui  sont  cultivées  dans  ces  régions. 
Peut-être  s’en  trouve-t-il  dont  l’introduction 
en  Europe  serait  utile. 

La  surface  des  forêts  européennes. — 

Notre  Ministère  de  l’Agriculture  vient  de 
publier  une  fort  intéressante  statistique 
relative  à la  distribution  des  forêts  en 
Europe. 

Nous  en  extrayons  les  chiffres  suivants  : 
non  compris  la  Turquie,  la  Bulgarie,  la 
Bosnie  et  l’Herzégovine,  qui  ne  sont  pas 
comprises  dans  le  rapport,  les  forêts  euro- 
péennes représentent  une  surface  de  287 
millions  d’hectares,  ce  qui  forme  une  pro- 
portion de  18,7  p.  100  de  la  surface  totale 
du  sol,  soit  à peu  près  le  cinquième. 

La  Russie,  à elle  seule,  possède  200  mil- 
lions d’hectares  de  forêts,  soit  37  p.  400  de 
sa  surface.  La  nation  où  la  proportion  de 
forêts  est  la  plus  grande  est  la  Suède,  qui 
a 17.569.000  hectares  de  forêts,  soit 
39  p.  100.  La  France  possède  9.888.000 
hectares  de  forêts,  soit  17  p.  100,  ou  bien 
un  quart  d’hectare  à peu  près  par  habitant. 

L’Angleterre  est  la  nation  relativement  la 
moins  boisée , avec  une  proportion  de 
4 p.  100;  le  Danemarck  vient  ensuite,  avec 
4,8  p.  100. 

La  culture  du  Sésame,  en  Algérie. 

— La  dernière  chronique  de  la  Société 
d’ Acclimatation  nous  apprend  que  le  port 
de  Marseille  reçoit  chaque  année  pour  en- 
viron 70  millions  de  francs  de  Sésame  pro- 
venant de  l’Inde  anglaise. 

N’y  aurait-il  donc  pas  moyen  de  faire 
produire  à l’Algérie  une  partie  de  ce  stock 
considérable  de  graines  oléagineuses? 

M.  le  Dr  Meyners  d’Estrey,  qui  a envi- 
sagé la  question  à ce  point  de  vue,  ajoute 
que  la  Société  de  Géographie  commerciale 
de  Paris  s’occupe  de  cette  importante  ques- 
tion. 

Bien  que  le  Sésame  rentre  plutôt  dans  le 
domaine  de  l’agriculture,  des  essais  doivent 
être  tentés  par  nos  correspondants  qui  se 
trouvent  dans  des  conditions  supposées  fa- 
vorables, et  qui  peuvent  contribuer  au  dé- 
veloppement cultural  de  nos  colonies. 

Un  énorme  exemplaire  de  Pinus  syl- 
vestris.  — On  vient  d’abattre,  en  Suède, 
un  Pin  sylvestre  ( Pinus  sylvestris)  dont  les 
dimensions  dépassaient,  dans  des  propor- 
tions considérables,  celles  que  nous  sommes 
habitués  à voir  pour  cette  espèce  si  répandue. 

Cet  arbre  mesurait  40  mètres  de  hauteur 


460 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


et  plus  de  4 mètres  de  diamètre  à 60  centi- 
mètres du  sol. 

L’accroissement  transversal  du  tronc 
n’est  pas,  dans  ce  cas,  en  rapport  direct 
avec  la  hauteur  de  l’arbre,  et  cette  dispro- 
portion doit,  croyons-nous,  provenir  d’un 
accident  quelconque. 

Lespedeza  striata.  — Nous  avons  pré- 
cédemment signalé  aux  essais  de  nos  culti- 
vateurs cette  plante  fourragère  qui  pourrait 
être  employée  avec  avantage  dans  certaines 
de  nos  colonies. 

Dans  le  sud  des  États-Unis,  elle  fournit 
déjà  des  récoltes  très -abondantes. 

Dans  le  dernier  Rapport  annuel  de  M. 
R.  Schomburgk,  directeur  du  Jardin  bota- 
nique d’Adélaïde  (Australie),  il  est  dit  que 
ce  Lespedeza,  désigné  aussi  sous  le  nom 
de  Luzerne  japonaise,  ne  réussit  pas  dans 
l’Australie  méridionale,  à cause  du  climat 
sec  de  cette  région. 

Nous  enregistrons  cette  déclaration,  qui 
pourra  être  utile  à nos  cultivateurs  dans 
leurs  essais. 

Culture  en  Cochinchine  du  Café  de 
Libéria.  — On  a dit  beaucoup  de  bien, 
depuis  quelque  temps,  de  cette  nouvelle 
espèce  de  Café,  qui  croit  spontanément  à 
Libéria,  à Sierra-Leone,  au  Cap  des  Palmes, 
à Porto-Novo,  et  qui,  d’après  des  essais 
comparatifs  faits  au  Jardin  botanique  de 
Ceylan,  aurait  un  rendement  dix  fois  supé- 
rieur à celui  du  Café  d’Arabie. 

M.  Ed.  Brousmiche,  pharmacien  de  la 
marine,  directeur  par  intérim  du  Jardin 
botanique  de  Saïgon,  vient  de  consacrer  à 
cette  plante,  dans  le  Bulletin  de  la  Société 
des  Études  indo-chinoises,  une  étude  où 
nous  trouvons  des  indications  intéressantes  : 

Le  Café  de  Libéria  ( Coffea  liberica, 
Hiern)  est  un  grand  arbrisseau  pouvant 
acquérir  5 à 6 mètres  de  hauteur.  Ses 
feuilles  sont  grandes,  larges,  luisantes, 
d’un  vert  foncé,  à pétiole  canaliculé  et  petit. 
Les  dimensions  du  fruit,  qui  est  trois  à 
quatre  fois  plus  gros  que  celui  des  autres 
espèces,  varient  suivant  le  terrain  dans 
lequel  la  plante  est  cultivée. 

Cette  espèce  croît  sur  les  côtes  ainsi  que 
sur  les  lieux  élevés,  à la  condition  que  la 
température  se  maintienne  entre  22  et 
30  degrés  centigrades,  et  que  le  terrain  soit 
humide,  sans  toutefois  que  les  racines  se 
trouvent  en  contact  avec  l’eau. 

Des  essais  de  culture  ont  été  faits  pour 
ce  Café,  au  Jardin  botanique  de  Saïgon, 


par  les  missionnaires  et  par  M.  Colombier. 
Ils  ont  parfaitement  réussi,  ce  qui  permet 
de  croire  que  le  Café  de  Libéria  s’accom- 
modera du  sol  et  du  climat  de  la  Cochin- 
chine. 

Il  est  grand  temps  que  nos  colonies  ré- 
centes cultivent,  lorsque  cela  est  possible, 
le  Café  dans  des  proportions  importantes. 

La  Martinique  qui,  en  1878,  produisait, 
pour  534  hectares  plantés,  140,000  hllo- 
grammes  de  Café,  n’en  a produit  en  1883 
que  60,568  kilogrammes,  la  surface  plan- 
tée se  trouvant  réduite  à 260  hectares.  Dans 
la  même  période,  la  production  de  l’Ile 
Bourbon  tombait  de  534,720  kilogrammes  à 
190,000. 

En  Nouvelle-Calédonie,  en  1884,  3,772 
hectares  étaient  nouvellement  plantés.  A 
Tahiti,  à Mayotte,  à Nossi-Bé,  à Sainte- 
Marie-de-Madagascar,  la  production  de  Café 
est  croissante. 

Le  vin  d’Orge.  — Un  fait  bien  intéres- 
sant vient  d’être  constaté  par  M.  Jacquemin, 
de  Nancy.  En  faisant  fermenter  le  malt 
d’Orge  par  le  Saccharomyces  ellipsoideus, 
qui  est  le  ferment  du  vin,  M.  Jacquemin  a 
obtenu  une  boisson  dont  le  goût,  qui  res- 
semble à celui  du  vin  blanc,  diffère  complè- 
tement de  celui  de  la  bière. 

Il  est  bien  curieux  de  se  rendre  ainsi 
compte  du  rôle  joué  par  chaque  ferment, 
qui  donne  des  propriétés  particulières  aux 
produits  dont  il  provoque  la  fermentation. 

Il  y a là  une  ressource  qui  pourra  être 
utilisée  dans  bien  des  cas,  lorsque  cette 
question  importante  sera  mieux  connue. 

L’huile  de  pépins  de  Raisins.  — Nous 
n’avons  pu  encore  utiliser,  pour  l’industrie, 
les  marcs  qui  restent  sous  le  pressoir.  Il 
paraît,  cependant,  qu’en  Italie,  en  Alle- 
magne et  dans  le  Levant,  on  extrait  des 
pépins  une  huile  d’un  beau  jaune  doré,  qui 
est  employée  pour  l’éclairage. 

Voici  de  quelle  manière  on  procède  pour 
cette  fabrication  : 

Le  marc  étant  bien  séché,  après  son  ex- 
traction de  la  cuve,  on  en  sépare  les  pépins 
au  moyen  d’un  van,  et  on  les  nettoie  au 
moyen  d’un  crible. 

On  les  moud  ensuite  et  on  les  transforme 
en  farine.  Cette  farine  est  introduite  dans 
des  chaudières  de  fonte  dans  lesquelles  un 
double  fond  permet  la  circulation  d’un  cou- 
rant de  vapeur;  on  verse  dans  la  farine  une 
quantité  d’eau  représentant  le  sixième  de 
son  poids,  et  l’on  élève  la  température  du 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


461 


mélange  à 80  degrés  centigrades  environ. 
On  remue  ce  mélange  tout  le  temps  que  la 
cuisson  a lieu,  et  on  le  porte,  encore  chaud, 
sous  une  presse  hydraulique.  100  kilos  de 
pépins  fournissent,  paraît-il,  à l’aide  de  ce 
procédé,  10  kilos  d’huile. 

Les  châssis  curvilignes  Van  Lierde. 

— Nous  trouvons,  dans  le  Bulletin  d'ar- 
boriculture, de  Gand,  la  description  d’un 
très-ingénieux  système  de  châssis  inventé 
par  M.  Van  Lierde. 

Ces  châssis  sont  courbes,  c’est-à-dire 
qu’au  lieu  d’avoir  une  seule  pente,  ils  pré- 
sentent une  surface  s’abaissant  également  en 
haut  et  en  bas,  soit  vers  chacun  des  deux 
sentiers  qui  longent  les  lignes  de  châssis. 

Avec  ce  système,  les  coffres  et  murets 
sont  supprimés  ; on  se  contente  de  creuser 
un  trou  régulier  pour  faire  la  couche  et 
enterrer,  s’il  y a lieu,  les  pots  des  plantes 
abritées  ; et  on  pose  en  haut  et  en  bas  deux 
poutrelles  ou  rails  en  fer,  dans  lesquelles 
viennent  s’emboîter  le  haut  et  le  bas  des 
châssis,  qui  rejettent  les  eaux  de  pluie  dans 
ces  deux  directions,  naturellement. 

On  saisit  facilement  l’utilité  et  l’éco- 
nomie de  ce  système,  et  la  rapidité  qui  en 
résulte  pour  la  création  des  couches,  leur 
changement  de  place,  etc. 

Le  même  procédé  s’applique  aux  serres, 
adossées  ou  non,  et  en  simplifie  considé- 
rablement la  construction. 

Une  exposition  de  plantes  cultivées 
par  des  enfants.  — Un  concours  horticole 
d’un  nouveau  genre  vient  d’avoir  lieu  en 
Angleterre.  L’idée  en  est  charmante,  et  sa 
mise  à exécution  ne  peut  que  vulgariser  la 
connaissance  des  plantes  et  de  la  culture 
qu’il  convient  de  donner  aux  espèces  les 
plus  répandues. 

Voici  comment  les  choses  ont  été  faites  : 
Dès  le  printemps  de  cette  année,  environ 
200  jeunes  exemplaires  de  Fuchsias,  Pélar- 
goniums,  Tradescantias,  Hortensias,  etc., 
avaient  été  distribués,  avec  les  recomman- 
dations nécessaires,  aux  enfants  de  l’un  des 
districts  les  plus  populeux  de  Southwark. 

Ces  plantes  devaient  être  cultivées  par  ces 
enfants  eux-mêmes,  et  venir  concourir 
entre  elles,  pour  leur  développement,  la 
perfection  de  leur  forme,  l’abondance  de 
leur  floraison,  dans  une  exposition  dont  la 
date  était  fixée  vers  la  fin  d’août. 

Les  concurrents  présentèrent  117  plantes 
à cette  exposition,  et,  outre  les  prix  qui 
furent  distribués  aux  cultivateurs  les  plus 


heureux,  une  conférence  horticole,  organi- 
sée par  la  baronne  Burdett  Coutts,  termina 
cette  réunion  originale  et  pleine  d’attrait. 

Il  serait  à désirer  que  cet  exemple  fût 
suivi  en  France;  on  pourrait,  de  temps 
à autres,  ajouter  un  concours  de  ce  genre 
aux  expositions  ordinaires. 

Il  y aurait  là,  pour  les  élèves  des  écoles 
primaires  surtout,  des  éléments  d’étude  et 
de  distraction  tout  nouveaux. 

Germination  du  Lodoicea  Sechella- 
rum  au  Muséum.  — Le  Palmier  des  Mal- 
dives ou  Coco  de  mer  (Lodoicea  Sechel- 
larum),  que  l’on  ne  trouve  presque  jamais 
vivant  dans  les  cultures  européennes,  est 
actuellement  en  pleine  germination  dans 
une  des  serres  chaudes  du  Muséum,  où  la 
jeune  plante  est  l’objet  de  soins  tout  parti- 
culiers. Nous  suivrons  attentivement  le  dé- 
veloppemenf^de  ce  remarquable  Palmier. 

Mémento  des  Expositions. 

Voici  la  liste  des  Expositions  précédemment 
annoncées  : 

Lille.  — Exp.  gén.  et  matériel  (Chr.  n°  19), 
4 au  5 novembre. 

Marseille.  — Chrysanthèmes  (Chr.  no  19),  1er  au 
4 novembre. 

Paris.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n°  14),  22  au  25 no- 
vembre. 

Paris.  — Végétaux  d’ornement  (Chr.  n°  15), 
25  juillet  au  5 novembre.  (Annexe  de  l’Exposition 
d’hygiène  et  de  sauvetage.) 

Paris.  — Cidres,  Pommes  et  appareils  (Chr.)  n°  18, 
9 au  25  novembre. 

Paris.  — 1er  novembre  au  10  décembre,  quai 
d’Orsay.  — Cidres,  Pommes  et  appareils  (Chr. 
n«  19). 

Roubaix.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n»  5),  17  no- 
vembre. 

Toulouse.  — Exp.  de  culture  maraîchère,  culture 
ornementale  et  arboriculture  fruitière  et  spécia- 
lement Exp.  de  Chrysanthèmes  (Chr.  n°  11), 
15  au  18  novembre. 

Gand.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n°  11),  18  au  22  no- 
vembre. 

Nécrologie  : M.  W.  Court.  — MM. 
Veitch,  de  Chelsea,  viennent  de  perdre  un 
de  leurs  collaborateurs,  qui  était  attaché  à 
leur  établissement  depuis  vingt-quatre  ans. 
M.  W.  Court  était  un  habile  multiplicateur 
et  s’était  particulièrement  attaché,  avec  suc- 
cès d’ailleurs,  à l’hybridation  des  Népen- 
thès  et  des  Sarracénias. 

On  lui  doit  un  grand  nombre  de  formes 
intéressantes,  parmi  lesquelles  les  Nepen- 
thes  Mastersiana,  intermedia  Courtii,  etc., 
Sarracenia  melanorhoda,  Chelsoni,  Cour- 
tii, etc. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


m 


LES  BERTOLONIAS  ET  LEUR  MULTIPLICATION . 


LES  BERTOLONIAS  ET  LEUR  MULTIPLICATION 


Ces  plantes,  au  feuillage  délicieusement 
coloré,  réclament  de  grands  soins  si  l’on  veut 
obtenir  une  végétation  satisfaisante,  et  pour 
réussir  dans  leur  multiplication,  un  bon 
traitement  et  une  attention  constante  sont 
nécessaires. 

La  culture  que  nous  leur  avons  vu  ré- 
cemment appliquer  en  Angleterre  mérite 
d’être  rapportée  à nos  lecteurs. 

Les  boutures  doivent  être  privées  d’air 
jusqu’à  ce  qu’elles  soient  enracinées,  et, 
comme  elles  sont  d’une  délicatesse  extrême, 
on  devra  leur  donner  un  compartiment  spé- 
cial où  leurs  alliés,  les  Sonerïla,  pourront 
seuls  être  admis.  En  aucun  cas,  les  parties 
du  feuillage  endommagées  d’une  manière 
quelconque  ne  doivent  être  conservées, 
parce  que  la  contamination  du  reste  se 
ferait  rapidement.  La  fragilité  du  tissu  est 
telle  qu’une  seule  goutte  d’eau,  déposée  sur 
une  partie  quelconque  du  limbe,  peut  sou- 
vent, non  seulement  amener  la  détérioration 
complète  de  cette  feuille,  mais  aussi  la  perte 
de  la  plante.  C’est  pour  cette  raison  que 
la  plupart  des  cultivateurs,  lorsqu’ils  ont 
placé  les  Bertolonias  dans  une  serre,  les 
protègent,  en  outre,  par  des  cloches  ou  des 
abris  vitrés  quelconques,  pour  les  isoler  et 
les  garantir  de  tout  contact  dangereux. 

Les  Bertolonia  Van  Houttei  et  superba 
sont  deux  formes  dont  le  feuillage  est  des 
plus  jolis,  sans  compter,  bien  entendu,  les 
obtentions  toutes  récentes  de  M.  A.  Bleu,  par 
exemple,  qui  ont  fait  sensation  aux  exposi- 
tions quinquennales  de  Ghnd  et  de  Paris, 
mais  ce  sont  aussi  ceux  qui  réclament  le 
plus  de  soins  pour  être  maintenus  en  bon 
état  de  végétation.  Les  spécimens  qui  ont 
perdu  leurs  principales  feuilles  sont  géné- 
ralement mis  de  côté  pour  la  multiplication. 
Dans  ce  cas,  la  tête  de  la  plante  peut  four- 
nir une  bonne  bouture,  et  le  reste  de  la  tige 
sera  rabattu  au-dessus  d’un  œil  de  base. 

Le  sol  qu’il  convient  de  donner  aux 
jeunes  plantes  se  compose  d’un  mélange  de 
tourbe,  de  terre  franche,  de  sable  et  de 
charbon  de  bois  pilé,  le  tout  passé  dans  un 
crible  dont  les  mailles  ont  6 millimètres 
de  côté.  Il  est  préférable  de  placer  les  bou- 
tures isolément  dans  de  petits  godets  qui 
auront  auparavant  reçu  un  fort  drainage,  et 
seront  remplis,  presque  jusqu’à  la  hauteur 
du  bord,  avec  le  compost  indiqué  plus  haut. 
Ce  compost  sera  recouvert  d’une  légère 
couche  de  sable  blanc  pur. 


Les  boutures,  qui  ont  été  faites  à une  ar- 
ticulation, seront  alors  repiquées.  Il  est  bon 
de  placer  un  peu  de  sable  tout  autour  de  la 
partie  de  la  bouture  qui  se  trouve  enterrée  ; 
cette  précaution  facilite  le  fonctionnement 
du  drainage  et  favorise  l’émission  des  jeunes 
racines.  La  partie  supérieure  de  la  bouture 
peut  être  ensuite  coupée  entre  deux  yeux, 
au  moyen  d’une  section  faite  immédiate- 
ment au-dessus  de  chaque  articulation  ; de 
cette  manière,  chaque  bouture  porte  une 
feuille  et  un  œil.  On  peut  également  laisser 
une  portion  de  tige  au-dessus  de  chaque 
œil,  ce  qui  facilite  beaucoup  l’opération  par 
laquelle  on  pique  dans  le  compost. 

On  peut  quelquefois  placer  plusieurs  bou- 
tures dans  le  même  pot,  parce  que  toutes 
ne  reprennent  pas,  ce  qui  fait  rapidement 
de  la  place  pour  celles  qui  s’enracinent.  Ce- 
pendant, avec  beaucoup  de  soins,  on  en  ob- 
tient une  bonne  proportion  de  réussite. 

Quand  les  boutures  sont  repiquées,  un 
arrosage  doit  leur  être  donné,  mais  il  faut 
autant  que  possible  ne  pas  mouiller  le  feuil- 
lage. 

Le  traitement  à partir  de  ce  moment  est 
le  même  que  celui  que  l’on  emploie  pour 
les  plantes  de  serres  les  plus  délicates,  en 
ayant  soin  d’éviter  autant  que  possible  la 
pourriture. 

Les  Sonerila  peuvent  être  traités  de  la 
même  manière  que  les  Bertolonia , mais 
ils  sont  un  peu  moins  fragiles,  et  ne  de- 
mandent pas,  par  suite,  tout  à fait  autant 
de  précautions. 

Des  graines  de  Bertolonias  sont  quelque- 
fois obtenues,  surtout  au  moyen  de  la  fécon- 
dation artificielle  ; leur  ténuité  est  extrême, 
ce  qui  oblige  à les  semer  avec  beaucoup 
de  soins.  Les  pots  ou  terrines  destinés  à 
les  recevoir  doivent  être  en  partie  remplis 
de  tessons  de  pots,  par-dessus  lesquels  on 
met  une  terre  légère  et  finement  tamisée. 

Après  qu’un  arrosage  a été  donné  à cette 
terre,  sous  la  forme  d’une  fine  rosée,  et, 
pendant  qu’elle  est  encore  tout  humide,  on 
sème  les  graines,  que  l’on  recouvre  d’une 
très-légère  couche  de  sable  firi  et  bien  sec. 

On  pose  sur  les  bords  du  pot  ou  de  la 
terrine  un  morceau  de  verre  à vitre,  ou 
bien  on  les  recouvre  d’une  cloche. 

Ces  graines  germent  rapidement,  et,  si  les 
jeunes  plants  sont  repiqués  aussitôt  qu’on 
peut  le  faire,  ils  ne  tardent  pas  à fournir 
une  bonne  végétation.  Ed.  André. 


IDESIA  POLYCARPA. 


463 


IDESIA  POLYCARPA 


Gomme  tant 
pèce,  dont  on  a 
est  aujourd’hui 
à peu  près  ou- 
bliée, à tort, 
bien  certaine- 
ment, car  elle 
réunit  tous  les 
mérites  que  l’on 
exige  d’une 
plante  vérita- 
blement orne- 
mentale. 

Depuis  1868, 
la  Revue  hor- 
ticole a enre- 
gistré presque 
tout  ce  qui  a 
paru  d’intéres- 
sant sur  cette 
espèce,  moins 
peut-être  sur 
l’inflorescence 
mâle,  que  nous 
n’avions  pas  eu 
l’occasion  d’exa- 
miner, ce  que 
nous  sommes  à 
même  de  faire 
aujourd’hui, 


d’autres,  hélas  ! cette  es- 
beaucoup  parlé  autrefois, 


Fig.  111.  — Idesia  polycarpa. 
Ramille  à fleurs  mâles,  1/3  grandeur  naturelle. 
Fleur  détachée,  grandeur  naturelle. 


grâce  à de  beaux  échantillons  flenris  qui 
nous  ont  été  envoyés  par  la  Société  d’horti- 
culture de  Beau- 
vais accompa- 
gnés des  ren- 
seignements 
suivants  : 

Le  pied  &’ Idesia 
polycarpa  planté 
dans  notre  jardin 
d’expériences 
vient  de  fleurir 
pour  la  première 
fois,  et  la  Société 
a pensé  qu’il  vous 
serait  agréable 
d’en  recevoir  des 
fleurs. 

Donné  à notre 
Société  d’horti- 
culture par  notre 
regretté  collègue 
M.  Édouard  Des- 
fossé, il  y a en- 
viron treize  ans, 
ce  sujet  n’est  déjà 
plus  un  arbuste, 
mais  un  arbris- 
seau qui  mesure 
plus  de  5 mètres 
de  hauteur,  dont 
le  tronc,  près  du 


Fig.  112.  — Idesia  polycarpa  crispa. 


464 


IDESIA  POLYGARPA. 


sol,  a 48  centimètres  de  circonférence,  et  32 
à 36  près  de  sa  base  ; sa  tête  rayonne  à 2m  50 
de  la  tige.  Les  verticilles  des  branches,  as- 
sez réguliers,  sont  environ  à 70  centimètres 
l’un  de  l’autre;  l’axe  est  toujours  plus  court 
que  la  longueur  des  branches,  ce  qui  donne 
à l’ensemble  un  aspect  très-élégant  et  une 
tête  toujours  régulièrement  arrondie.  Les 
feuilles  (fig.  111),  très-grandes,  régulièrement 
cordiformes,  parfois  légèrement  lobées,  sont 
grandes,  d’un  beau  vert  luisant  à nervures 
rougeâtres.  Bref,  c’est  un  très -bel  arbre 
d’ornement,  qui,  nous  en  avons  la  presque  cer- 
titude, pourra 
faire  un  ar- 
bre d’avenue 
d’une  grande 
valeur.  Ajou- 
tons que  ses 
fleurs,  très- 
nombreuses, 
dégagent  une 
forte  et  déli- 
cieuse odeur 
mellifère  ; aus- 
si sont-elles 
constamment 
visitées  par  les 
abeilles,  qui 
paraissent  y 
trouver  un 
riche  butin. 

Au  mérite  déjà 
si  grand  de 
VIdesia  poly- 
carpa  on  peut 
encore  ajouter 
celui  de  sa 
rusticité,  qui 
est  complète. 

En  effet,  le 
grand  hiver  de 
1879-1880  ne 
l’a  nullement 
fatigué. 

La  première 
floraison  de 
notre  arbre, 
qui  s’est  effec- 
tuée en  1887, 
en  juin-juillet,  ne  portait  que  des  fleurs 
mâles. 

Par  ce  qui  précède,  on  a pu  voir  que 
la  plante  qui  nous  occupe,  encore  peu 
connue  aujourd’hui,  mérite  mieux  que  l’ou- 
bli dans  lequel  on  la  laisse,  ce  qui  nous  a 
engagé  à appeler  sur  elle  l’attention  et  à 
compléter  ce  qui  en  a été  dit  (1). 

Cette  espèce  n’est  pas  commune  à l’état 
sauvage,  puisque  le  botaniste  Maximowicz 

(1)  Voir  Revue  horlieole,  1873,  p.  174. 


ne  l’a  trouvée  que  deux  fois  ; d’abord,  près 
du  bourg  Futsi,  dans  l’ile  de  Nippon,  cul- 
tivée en  un  seul  exemplaire.  Plus  tard,  il 
la  rencontra  dans  les  forêts  de  Kinssau,  de 
Pile  Kiusiu,  mais  toujours  en  petite  quan- 
tité. 

D’après  Maximowicz,  VIdesia  polycarpa 
peut  atteindre  « 40  pieds  de  hauteur  ». 
Nous  ne  croyons  pas,  pourtant,  que  dans 
nos  cultures  il  puisse  jamais  acquérir  ces 
dimensions,  car  cette  espèce  tend  à s’é- 
tendre considérablement  en  largeur  et,  au 

contraire , à 
s’élever  peu 
et  à former 
une  large 
tête.  Aussi , 
pour  le  faire 
monter,  faut- 
il,  dès  son 
jeune  âge,  lui 
enlever  suc- 
cessivement, 
les  verticilles 
inférieurs. 

Nous  de- 
vons aussi 
relever  une 
erreur  qui  a 
été  commise 
au  sujet  des 
fruits  de  VI- 
desia, que 
l’on  a dit  être 
comestibles. 
Ses  fruits 
(fig.  113), 
qui,  par  leur 
réunion,  for- 
ment des 
grappes  assez 
volumineu- 
ses, sont  secs, 
indéhiscents, 
rougeâtres , 
amers.  L’erreur  en  question  remonte  à 
l’époque  où  la  plante  a été  mise  au  com- 
merce; on  l’a  alors  vendue  sous  cette  ru- 
brique : « Arbre  fruitier  du  Japon.  •» 

Jusqu’à  présent  on  ne  trouve  nulle  part 
de  variétés  de  cette  espèce  ; nous  n’en  con- 
naissons qu’une,  VIdesia  crispa  (fig.  112), 
qui  s’est  développée  spontanément  sur  le 
pied-mère  que  nous  cultivions  au  Muséum, 
et  dont  voici  les  principaux  caractères  : 
Rameaux  tortueux,  très-contournés,  for- 
tement anguleux.  Feuilles  (fig.  112)  longue- 
ment pétiolées,  à limbe  tordu,  gaufré-bullé? 


Fig.  413.  — Idesia  polycarpa , femelle. 
Fruit  détaché,  de  grandeur  naturelle. 


465 


SOCIÉTÉ  POMOLOGIQUE  DE  FRANCE. 


crispé,  lacinié,  à nervure  saillante  blan- 
châtre. 

L ’ldesia  polycarpa,  Maximowicz  ( Poly - 
carpa  Maximowiczii,  Hort.  aliq.),  est  un 
arbrisseau  de  haut  ornement,  rustique,  à 
branches  horizontales  largement  étalées.  Ses 
feuilles  (flg.  114),  caduques,  très-grandes, 
largement  cordiformes,  sont  fréquemment 
plus  ou  moins  lobées.  Le  pétiole  est  gros, 
les  nervures  saillantes,  surtout  en  dessous. 

Fleurs  dioïques.  Sépales  5 (quelquefois  3 ou 
6),  tomenteux,  imbriqués,  caduques.  Pétales 
nuis.  Fleurs  mâles  (fig.  111)  à étamines  nom- 
breuses insé- 
rées sur  un 
petit  disque, 
fdets  à fila- 
ments velus  ; 
anthères  cour- 
tes, à déhis- 
cence longi- 
tudinale ; au 
centre  est  un 
petit  rudiment 

d’ovaire. 

Fleurs  femel- 
les à stamino- 
des  nombreux 

et  courts. 

Ovaires  glo- 
buleux, à 5 
(quelquefois  3 
ou  6)  placentas 
pariétaux  cou- 
verts de  nom-  . 
breux  ovules; 
styles  5 (ou 
3-6),  étalés , 
surmontés  de 

stigmates 
épais.  Baie 
(fig.  113)  po- 
lysperme,  à 
graines  enve- 
loppées d’une 
pulpe,  à testa 
crustacé,  à cotylédons  arrondis.  Arbre  étendu, 
à feuilles  presque  cordées,  à 5 nervures,  den- 
tées finement.  Inflorescence  en  grappe  com- 
posée, terminant  les  rameaux.  Fleurs  en  grand 
nombre,  jaunâtres,  les  mâles  plus  grandes  que 


les  femelles.  Les  baies  sont  d’un  jaune  orangé 
et  nombreuses,  du  diamètre  d’un  gros  Pois. 
Maxim,  in  Bull.  Acad.  Saint-Pétersbourg , 
1866. 

Culture , multiplication.  — Pendant 
leur  jeunesse  et  tant  que  les  plantes  sont 
délicates,  on  cultive  les  Idesia  en  terre  de 
bruyère,  à laquelle  on  peut  ajouter  un  peu 
de  terre  franche  siliceuse  ou  de  terreau. 
Plus  tard,  on  donne  une  terre  plus  consis- 
tante, en  rapport  avec  la  force  des  plantes 
et  de  leur  destination.  Quant  à la  multipli- 
cation, à défaut  de  graines,  on  la  fait  par 

bouture  à l’ai- 
de de  bour- 
geons semi- 
aoûtés  que 
l’on  plante 
en  terre  de 
bruyère  et 
qu’on  place 
sous  cloche. 
Les  graines 
se  sèment  en 
terre  prépa- 
rée, dans  des 
pots  ou  des 
terrines,  et 
les  plantes, 
pendant  les 
premières 
années,  sont 
traitées  com- 
me s’il  s’a- 
gissait de  su- 
jets de  serre. 
On  peut  aussi 
multiplier 
par  coucha- 
ge. Pour  cela, 
on  a des 
plantes  mè- 
res, basses, 
que  l’on  recèpe  de  manière  à en  obtenir 
des  bourgeons  que  l’on  incise  et  couche 
dans  un  sol  préparé,  où  ils  mettent  deux  ans 
à s’enraciner.  E.-A.  Carrière. 


SOCIÉTÉ  POMOLOGIQUE  DE  FRANCE 

30  SESSION  TENUE  A BORDEAUX  DU  17  AU  20  SEPTEMBRE  1888. 


La  Société  pomologique  de  France  a tenu  sa 
30e  session  à Bordeaux,  du  17  au  20  septembre. 

Elle  a été  ouverte  par  le  sympathique  et  dé- 
voué président  de  la  Société  d’horticulture  de 
la  Gironde,  M.  Daurel,  qui,  dans  un  remar- 


quable discours,  a souhaité  la  bienvenue  aux 
membres  de  l’Association  et  aux  nombreux 
délégués  des  sociétés  d’horticulture. 

Ensuite,  M.  de  la  Bastie,  président  de  la  So- 
ciété pomologique  de  France,  prend  la  prési- 


466 


SOCIÉTÉ  POMOLOGIQUE  DE  FRANCE. 


dence  et  prononce  un  discours  dans  lequel  il 
indique  les  principaux  travaux  faits  par  la  com- 
mission permanente  des  études,  depuis  la  der- 
nière session,  et  la  situation  financière  de  la 
Société. 

L’Assemblée  désigne  ensuite  le  bureau  chargé 
de  diriger  les  travaux  de  la  30e  session. 

Sont  nommés  : 

Présidents  d’honneur  : MM.  Daurel,  de  la  Bastie 
et  Darret,  adjoint  au  maire  de  Bordeaux  ; 

Président  titulaire  : M.  Jamin  ; 

Vice-présidents:  MM.  Luizet,  Bernède,  Hortolès 
et  Chevallier  ; 

Secrétaire  général  : M . Cusin  ; 

Secrétaires  : MM.  E.  Baltet,  Sahut,  Michelin  et 
Nanot  ; 

Trésorier:  M.  Varenne  ; 

MM.  Treyve  et  Lapierre  sont  nommés  présidents 
de  la  Commission  de  dégustation. 

La  Commission  des  finances  est  composée  de 
MM.  Delaville,  Chevallier,  Sahut  et  Varenne. 

L’Assemblée  ayant  réglé  définitivement  le 
cours  de  ses  travaux,  M.  le  Président  donne  la 
parole  à M.  Levrier,  de  Niort,  qui  fait  une  très- 
intéressante  communication  sur  les  plantations 
commerciales  de  Poiriers  à poiré  greffés  sur 
Cognassier  et  de  Pommiers  à cidre  greffés  sur 
doucins,  plantés  à 2 mètres  les  uns  des  autres 
et  en  espaçant  les  lignes  de  5 mètres.  MM.  delà 
Bastie  et  Varcone  pensent  que  les  Pommiers 
seront  trop  rapprochés  sur  les  lignes.  M.  Le- 
vrier répond  qu’il  engage  seulement  les  viti- 
culteurs, dont  les  Vignes  sont  détruites  par  le 
phylloxéra,  et  qui  sont  privés  de  revenus,  à 
faire  des  plantations  rapprochées  avec  des  ar- 
bres greffés  sur  sujets  peu  vigoureux,  afin  d’a- 
voir, à la  4e  ou  5e  année  de  plantation,  des  ré- 
coltes de  fruits  qui  seront  une  nouvelle  source 
de  richesses. 

Il  a donné  l’exemple,  car,  après  avoir  perdu 
la  plus  grande  partie  de  son  vignoble,  il  a 
planté  18,000  arbres  fruitiers,  qui,  après  trois 
ans,  commencent  à lui  donner,  dit-il,  de  beaux 
revenus. 

M.  Ern.  Baltet  traite  également  des  planta- 
tions commerciales  en  plein  champ  ; après 
avoir  rappelé  brièvement  les  qualités  que  doi- 
vent remplir  les  sujets,  hautes  tiges,  il  recom- 
mande les  variété  suivantes  : 

Poires  à couteau  (arbres  greffés  sur  francs)  : 
Épargne,  Beurré  d’ Amanlis,  Beurré cT Angleterre, 
Louise-Bonne  d' Avranches,  Beurré  Diel,  Curé. 

Poires  à cuire  (arbres  greffés  sur  francs)  : Cer- 
teau  d'automne,  Messire  Jean , Martin  sec,  Ca- 
tillac . 

Pommes  à couteau  : Transparente  de  Croncels, 
Rambour  d’été,  Reinette  grise  d'automne,  Belle 
fleur  rouge,  Reine  des  Reinettes,  Royale  d’Angle- 
terre, Reinettes  d'Anthézien,  de  Cusy  et  du  Ca- 
nada, Calville  d’hiver,  Orange  Pippin,  Châtai- 
gnier, plusieurs  Reinettes  grises,  Newton  pippin, 
Reinette  de  Caux. 

Une  discussion  s’engage  à propos  de  ces  va- 
riétés, et  M.  Bruant  fait  observer  qu’il  faudrait 
une  liste  spéciale  de  fruits  par  région  ; certaines 


variétés  qui  réussissent  dans  un  pays  donnent 
de  mauvais  résultats  dans  un  autre. 

A la  séance  du  18  septembre,  une  discussion 
s’engage  à propos  de  la  résistance  de  certains 
cépages.  M.  Bruant  dit  que  chez  lui  le  cépage 
Canada  végète  bien,  depuis  quatre  ans,  dans 
un  milieu  phylloxéré.  M.  Bernède  ajoute  que 
ce  cépage  résiste  au  phylloxéra  dans  les  sols 
renfermant  au  moins  50  p.  100  de  sable. 

M.  Jamin  a entendu  affirmer  que  le  cépage 
Noah  pouvait  croître  dans  les  terrains  les  plus 
mauvais  ; par  exemple,  dans  les  sols  crayeux  de 
la  Charente.  M.  Bruant  répond  qu’il  ne  pense 
pas  que  ce  cépage  ait  cette  propriété.  M.  Dau- 
rel dit  que  plusieurs  viticulteurs  lui  ont  déclaré 
que  le  Noah  croissait  bien  dans  les  terres 
fortes.  M.  Gachassin-Lafitte  déclare  qu’il  est 
très-satisfait  du  Noah , mais  que  ses  terrains 
ne  sont  pas  crayeux  comme  ceux  de  la  Cha- 
rente. Il  a vu  des  Noah  jaunis  dans  des  sols 
crayeux.  D’après  lui,  ce  cépage  résiste  aussi 
bien  au  mildiou  que  le  Canada;  mais  il  déclare 
qu’il  ne  connaît  pas  de  cépages  américains  qui 
soient  complètement  réfractaires  au  mildiou. 

M.  Laliman  déclare  qu’il  n’a  jamais  trouvé 
trace  de  cette  maladie  sur  : Elsembro , Herbe- 
mont,  Elsimburzi,  Cornucopia , Vilder , York , 
Noah,  Duchesse,  Clinton  de  semis,  Taylor  et 
ses  semis,  semis  de  Gaston  Bazille,  Sallem, 
Hybrides  de  Lesueur. 

A la  séance  du  19  septembre,  M.  Nanot 
donne  quelques  renseignements  sur  la  cons- 
truction des  sécateurs;  il  dit  que  cet  instru- 
ment, pour  être  bien  construit,  doit  avoir  : 
1°  le  levier  deux  fois  et  demie  plus  long  que 
la  lame  ; 2°  le  tranchant  de  la  lame  très 
arrondi  et  non  rectiligne,  afin  de  couper  le 
plus  obliquement  possible  ; 3°  il  doit  avoir  la 
gorge,  c’est-à-dire  l’angle  formé  par  la  lame  et 
le  crochet,  très-ouvert  ; et  enfin  4°  les  di- 
verses pièces  doivent  être  bien  ajustées  et 
faites  avec  des  matériaux  de  première  qualité. 
Quant  à la  forme  des  manches,  M.  Nanot 
est  partisan  de  celle  de  l’ancien  sécateur  Ar- 
neiter. 

M.  Delaville  apprend  à la  Société  qu’un  cou- 
telier de  Beauvais  fabrique,  sur  commande, 
des  sécateurs  de  gauchers. 

A propos  de  la  tavelure  des  fruits,  M.  Che- 
vallier rappelle  que  la  bouillie  bordelaise 
réussit  bien  contre  elle  ; M.  Levrier,  qui  avait 
de  vieux  arbres  portant  des  fruits  tavelés,  a 
rajeuni  ses  arbres  par  une  taille  sévère,  et  a 
vu  les  années  suivantes  se  développer  des 
pousses  vigoureuses  qui  ont  donné  des  fruits 
sains. 

Le  greffage  au  bouchon  appliqué  à la  Vigne, 
d’après  M.  Daurel,  n’est  pas  pratique  et  ne 
donne  pas  d’excellents  résultats.  M.  Nanot 
émet  un  avis  contraire. 

A propos  de  l’hybridation  artificielle  des 
cépages  américains,  M.  Bruant  fait  une  très- 
intéressante  communication  : il  dit  qu’il  ne  faut 
pas  attendre  que  le  capuchon  de  la  plante  soit 


SOCIÉTÉ  POMOLOGIQUE  DE  FRANCE. 


467 


ouvert  pour  faire  cette  opération,  car  à ce  mo- 
ment la  fleur  est  déjà  fécondée. 

Telles  sont  les  principales  questions  agitées 
au  Congrès  de  Bordeaux , en  dehors,  bien 
entendu,  des  discussions  relatives  aux  fruits 
eux-mêmes,  discussions  qui  sont,  comme  tout 
le  monde  le  sait,  le  principal  objet  de  la  ses- 
sion. 

Il  nous  est  impossible  d’entrer  ici  dans  le 
détail  de  ces  discussions  relatives  à chacun 
des  fruits  soumis  à l’appréciation  du  Congrès  ; 
nous  nous  bornerons  à mentionner  les  résul- 
tats, c’est-à-dire  à donner  ci-dessous  la  liste 
des  fruits  reconnus  bons  et  adoptés,  de  ceux 
qui  ont  été  reconnus  peu  méritants  et  rejetés, 
de  ceux  qui  sont  maintenus  à l’étude,  et  enfin 
des  fruits  nouveaux  admis  à l’étude. 

Fruits  adoptés. 

Nectarine  Stanwick  Elruge  (Elruge),  présentée 
en  1881  par  la  Commission  des  études  de  Lyon  ; 
mûrit  mi-août. 

Noisette  Impériale  de  Trèbizonde , présentée  il  y 
a six  ans  par  la  Commission  d’Orléans  ; fruit  très- 
beau  et  de  grosseur  remarquable. 

Pêche  Comtesse  de  Montijo  (Gauthier),  présen- 
tée en  1882  par  la  Commission  de  Paris  : mûrit  au 
commencement  de  septembre. 

Pêche  Cumberland , présentée  en  1883  par  la 
Commission  de  Lyon  ; mûrit  fin  juin  ; arbre  fertile 
et  facile  à conduire. 

Poire  Bergamote  Hérault  (Hérault)  ; mûrit  en 
novembre-décembre. 

Poire  Charles  Cognée;  mûrit  janvier-mars. 

Poire  Notaire  Lepin  (Rollet). 

Pommes  Calville  du  roi  et  Éternelle  dé  Allen. 

Fruits  rayés  de  la  liste  des  fruits  à 
l’étude. 

Figue  Concourelle  brune,  petit  fruit  mûrissant  à 
une  époque  où  l’on  a beaucoup  d’autres  bonnes 
Figues;  le  pied-mère  qui  existait  chez  M.  Besson, 
à Marseille,  a été  détruit  par  la  gelée. 

Pêche  Daun , n’a  pas  de  coloris,  et  mûrit  fin 
août. 

Poires  Abbé  Lefebvre , Professeur  Delaville , 
Joyau  de  Septembre  et  Trésorier  Levacher,  fruits 
peu  méritants. 

Pommes  Djerbi  griffe , Belle  d’ Avril,  Cerina  di 
Borna,  Napoléon  et  Reinette  d'Adenaw.  Les 
quatre  dernières  se  ressemblent  beaucoup,  c’est 
probablement  une  seule  variété  portant  quatre 
noms.  Les  fruits  sont  bons,  mais  l’Assemblée  dé-  i 
clare  ne  pouvoir  les  maintenir  à l’étude,  ne  con- 
naissant pas  leurs  vrais  noms. 

Raisin  Muscat  Reynier , ne  réussit  pas. 

Fruits  maintenus  à l’étude. 

Cerise  Noire  hâtive  de  Wardère( qui  n’est  autre  I 
que  la  Guigne  hâtive  de  P ont- Arnaud). 

Coing  Bourgeaut. 

Nectarines  Advance  et  Incomparable. 

Noix  Glady  et  Martin. 

Pêches  : Baronne  de  Brivazac , Marie  Talabot, 
et  Tardive  Béraud. 

Pêches  américaines  : Arkansas,  Downing , Go- 
vernor  Garland,  qui  d’après  M.  Luizet  ne  serait 


autre  que  la  Précoce  de  Halle,  Musser,  Précoce 
du  -Canada,  Précoce  Harper , Rouge  de  mai , 
Saunders , Waterloo  et  Wilder. 

Poires  : Baronne  Leroy , Bergamote  Liabaud, 
Beurré  Amandé,  Beurré  Fouqueray , Beurré  de 
Jonghe,  Beurré  de  Naghin,  Bon  Vicaire,  Courle- 
Queue  d'hiver , Délices  de  Huy,  Doyenné  Boisse- 
lot,  Louise  Cottineau,  Lucie  Quinquandon,  Ma- 
dame Chaudy,  Madame  Chervet , P résident  Bar- 
rabé,  René  Dunan,  Souvenir  Deschamps,  Valflore 
de  Fontenelle,  Vice-Président  Decaye. 

Poires  à poiré  : Carisi,  de  Cirol,  de  Croix- 
Mare,  de  Navet,  Sauher  blanc. 

Pommes  : Ananas,  de  Cave,  Duc  de  Devons - 
hire,  Fenouillet  long,  Gloire  de  Fauquemont , La 
Fameuse , Pearmain  de  Claygate , Reinette  de 
Bihorel,  Reinette  de  Brives,  Reinette  Chénée, 
Reinette  Desplanques , Reinette  dorée  de  Van 
Mons,  de  Salé,  Sans-pareille  de  Wilford  Park, 
William  Penn. 

Pommes  à cidre  : Amère  de  Berthecourt,  Ar- 
gile grise,  Bèdan,  Bédandes  Parts,  Blanc  Mollet, 
Bramtot,  Frequin-Audïevre,  Fr  équin  blanc , Fré- 
quin-Lacaille , Fréquin  rouge,  grise  Dieppoise , 
Marabot,  Martin  Fessard,  Médaille  d'Or , Peau 
de  vache  nouvelle,  Railé  Varin , Reine  des  hâ- 
tives, Saint-Laurent. 

Prunes  : Belsiana,  Grosse  Marange,  Monsieur 
à fruit  vert. 

Raisins  de  table  : Boisselot,  Chasselas  Tokai 
angevin.  Clairette  à gros  grains,  Commandeur , 
Diana  Hamburg,  Emily , Excelsior,  Golden  gem, 
Œillande  ambrée. 

Raisins  de  cuve  : Canada,  Noali,  Peabody, 
Pizarro,  Saint-Sauveur. 

Fruits  admis  à l’étude. 

Coing  Champion. 

Poires  Alexandre  Chaumère,  Bergamote  de 
Jodoigne,  Fondante  Fougère , Sainte- Anne. 

Pomme  Pearmain  de  Lamb,  et  trois  Pommes 
présentées  par  M.  Luizet. 

Pommes  à cidre  : Rouge  Brière  vraie,  Bonne- 
Amère,  Barbarie , Rosine  et  Pomme  à tannin , pré- 
sentées par  M.  Nanot. 

Raisins  de  cuve  : La  Société  décide  d’admettre  à 
l’étude  les  cépages  à vins  admis  autrefois,  et  qui 
avaient  été  rayés  à la  suite  de  la  décision  qu’elle 
avait  prise  de  ne  plus  étudier  les  fruits  de  pres- 
soir. On  sait  que  l’année  dernière  la  Société  a 
repris  l’étude  de  ces  fruits. 

Comme  tous  les  ans,  le  Congrès  a décerné 
des  médailles  aux  personnes  qui  ont  rendu  le 
plus  de  services  à la  pomologie  française, 
j M.  Daurel,  président  de  la  Société  d’horticul- 
ture de  la  Gironde,  et  M.  Jouhannon,  de  Lyon, 
ont  été  proclamés  lauréats.  On  ne  peut  qu’ap- 
plaudir à ces  choix  de  tous  points  justifiés. 

Le  Congrès  a en  outre  décidé  de  décerner 
une  médaille  d’or  de  100  francs  à l’obtenteur 
de  la  meilleure  Poire  d’hiver  ou  de  la  meil- 
leure Pomme,  ou  d’un  très-bon  Raisin. 

Nous  avons  le  devoir  de  ne  pas  terminer  ce 
compte-rendu  sans  rendre  hommage  à la  ma- 
! gnifique  hospitalité  que  le  Congrès  a reçue  de 
la  Société  d’horticulture  de  la  Gironde.  Sans 
parler  de  l’accueil  particulièrement  aimable 
que  les  membres  du  Congrès  ont  reçu  partout, 


408 


POIRE  CHAUMONTEL  GRAS. 


sans  parler  clu  somptueux  banquet  qui  leur  a 
été  offert,  des  excursions  les  plus  intéressantes 
avaient  été  organisées  par  le  zélé  président 
de  la  Société  d’horticulture  de  la  Gironde, 
M.  Daurel,  l’une  aux  vignobles  de  Quinzac, 
l’autre  aux  grands  vignobles  du  Médoc. 

Le  Congrès  a voté  par  acclamation  des  re- 


mercîments  à la  Société  d’horticulture  de  la 
Gironde. 

La  prochaine  session  se  tiendra  à Paris 
en  1889. 

J.  Nanot, 

Maître  de  conférences  d’arboriculture 
à l’Institut  national  agronomique. 


POIRE  CHAUMONTEL  GRAS 


Le  pied-mère  de  la  variété  dont  il  est 
ici  question  est,  dans  la  pépinière,  un  arbre 
assez  grand,  âgé  d’environ  vingt-huit  ans, 
dont  les  branches,  grosses,  longues,  lisses, 
d’un  gris  roussâtre,  bien  arrondies,  for- 
ment avec , le  tronc  un  angle  assez  ouvert  ; 
elles  sont  munies  de  lambourdes  plus  ou 
moins  épineuses  et  de  boutons  à fruit  sur 
toute  leur  longueur.  Les  rameaux,  assez 
gros,  pleins,  coudés  à chaque  œil,  obliques, 
sont  ascendants,  d’un  rouge  plus  ou  moins 
intense  selon  qu’ils  sont  exposés  ou  non  aux 
rayons  solaires,  parsemés  de  lenticelles  or- 
biculaires,  grises,  larges  et  nombreuses, 
surtout  à la  base  du  rameau.  Boutons  à 
bois  assez  gros,  coniques-aigus,  écartés  du 
rameau  ; écailles  brunes  lavées  ou  glauques; 
boutons  à fruits  moyens,  coniques-arrondis, 
écaillés,  marron  clair.  Mérithalles  courts, 
assez  égaux,  souvent  accompagnés  de  fo- 
lioles. Feuilles  assez  grandes,  ovales-lan- 
céolées,  vert  foncé,  à dents  fines  et  serrées. 
Pétiole  long  et  mince.  Stipules  rares, 
linéaires. 

Fruit  gros  ou  très-gros,  mesurant  en 
moyenne  de  10  à 12  centimètres  de  hau- 
teur sur  8 à 10  centimètres  de  diamètre,  en 
forme  de  Bon-Chrétien,  quelquefois  aussi 
large  que  haut,  ventru,  assez  régulier, 
plus  ou  moins  obtus  et  bosselé  à ses  extré- 
mités, et  terminé  à sa  partie  supérieure  en 
pointe  obtuse.  Peau  jaune  clair,  presque 
entièrement  recouverte  de  points  très-fins 
et  de  marbrures  grises,  roussâtres,  assez 
proéminentes  ; la  partie  exposée  au  soleil 
est  souvent  frappée  de  rouge  carmin  ou 
rouge  brique  plus  ou  moins  intense.  Pédon- 
cule de  longueur  moyenne,  ligneux,  im- 
planté obliquement  dans  une  cavité  sur- 
montée d’un  mamelon.  Œil  assez  grand, 
ouvert,  placé  dans  une  cavité  assez  profonde 
relevée  de  bosses.  Chair  d’un  blanc  un  peu 
jaunâtre,  mi-fine,  croquante,  bien  fondante, 
juteuse  ; eau  abondante,  richement  su- 
crée, bien  parfumée,  relevée  d’un  arôme 
agréable.  Loges  grandes;  pépins  gros,  ren- 
flés, brun  noir. 


La  maturité  de  ce  fruit  arrive  à la  fin  de 
l’hiver  et  au  printemps. 

Culture.  — De  nature  vigoureuse,  cette 
variété  prospère  aussi  bien  sur  franc  que 
sur  Cognassier  ; ses  pyramides  sont  fortes, 
mais  peu  régulières  si  on  néglige  de  leur 
donner  une  taille  courte  ; la  vraie  forme  à 
lui  appliquer  est  celle  en  fuseau,  en  co- 
lonne ou  en  haute  tige.  Inutile  de  dire  que 
l’espalier  au  midi  lui  convient  à cause  de 
ses  gros  fruits,  et  qu’il  lui  faut  une  terre 
substantielle  et  profonde. 

Histoire.  — Ce  fruit  provient  en  droite 
ligne  d’un  semis  de  Chaumontel,  effec- 
tué en  1845,  semis  qui  a produit,  en 
1859,  la  variété  dont  est  issue  cette  Poire. 
Ressemée  immédiatement,  cette  variété 
n’a  rapporté  ses  premiers  fruits  que  quinze 
ans  après,  vers  1875.  Il  est  à remarquer 
que  cette  Poire,  contrairement  à beau- 
côup  d’autres,  était  d’abord  d’une  qualité 
secondaire,  mais  qui  s’est  beaucoup  amé- 
liorée, au  point  de  devenir  un  bon  fruit 
d’hiver  et  de  printemps.  Il  faut  également 
constater  qu’elle  rappelle,  dans  toutes  ses 
parties,  la  variété  dont  elle  est  issue, 
c’est-à-dire  l’ancien  Bési  Chaumontel,  dont 
elle  a le  port,  le  bois,  et  même  le  fruit  et 
l’époque  de  maturité,  si  ce  n’est  que  le- tout 
semble  s’être  amplifié  et  amélioré  ; de  là  le 
nom  que  nous  lui  avons  donné  de  Chau- 
montel-Gras. 

Si  c’est  là  un  cas  d’atavisme,  il  ne  faut 
pas  s’en  plaindre,  puisque  cette  Poire  nous 
rappelle  une  des  meilleures  variétés  an- 
ciennes. Il  serait  donc  à désirer  que  le  cas 
se  renouvelât  plus  souvent  ; mais,  pourtant, 
il  ne  faudrait  pas  trop  compter  là-dessus, 
le  semis  dont  provient  ce  fruit  ayant  déjà 
produit  plusieurs  fruits,  les  uns  très-bons, 
les  autres  d’une  qualité  moyenne.  Je  cite- 
rai les  Poires  Baronne  Leroij,  des  Pein- 
tres, Louise-Bonne  de  printemps,  Bico- 
lore d’hiver,  etc.,  et  d’autres  encore  du 
même  semis  répété  ayant  tous  des  points 
communs  avec  la  variété  mère,  mais  pour- 
tant aussi  des  caractères  dissemblables. 


I Reviu Horticole >. 


Poire  Chaumontel  gras. 


UNE  RÉCOLTE  D’ORCHIDÉES  DANS  L’iNDE. 


Quelques  auteurs  ont  prétendu,  par  toutes 
sortes  de  raisons,  qu’il  ne  pouvait  y avoir 
dans  la  nature  deux  individus  semblables, 
ayant  le  même  faciès,  la  même  ressem- 
blance ; il  est  possible  que  le  fait  ne  se 
présente  pas  souvent,  qu’il  ait  été  mal 
observé,  ou  qu’on  n’y  ait  pas  fait  assez 
d’attention  ; cependant  il  a dû  déjà  se 
produire,  si  nous  en  croyons  les  auteurs 
de  semis  successifs,  car  c’est  le  propre  de 
ces  semis  de  donner  naissance  à des  indi- 


469 

vidus  se  reproduisant  pour  ainsi  dire  inté- 
gralement. 

Si  l’on  ne  peut  dire  encore  de  la  variété 
de  Poire  qui  nous  occupe  qu’elle  est  la  re- 
production d’une  variété  ancienne,  on  peut 
dire  qu’elle  s’en  approche  beaucoup.  Mais 
nous  aurons  à parler  d’autres  variétés  ob- 
tenues de  la  même  façon,  sur  lesquelles  l’œil 
le  plus  exercé  aurait  de  la  peine  à trouver 
une  différence  quelconque  avec  la  variété 
dont  elles  proviennent.  Boisbunel. 


UNE  RÉCOLTE  D’ORCHIDÉES  DANS  L’INDE 


Les  péripéties  d’un  voyage  d’explorations 
horticoles  sont  toujours  nombreuses  et  in- 
téressantes ; certains  récits,  trop  rarement 
publiés,  en  donnent  un  avant-goût  à ceux 
qui,  au  coin  de  leur  feu,  profitent  des  fa- 
tigues des  collecteurs,  mais  sans  partager 
leurs  émotions  quelquefois  bien  vives. 

Dans  ce  dernier  ordre  d’idées,  nous  re- 
produirons en  partie  aujourd’hui,  d’après 
le  Gardeners’ Chronicle,  le  récit  fait  par 
un  voyageur  anglais  d’une  aventure  qui  lui 
est  survenue  dans  la  région  de  l’Inde  voi- 
sine de  l’Indo-Chine. 

« A une  époque  où  je  visitais,  dit-il,  les 
bords  de  l’Iraouaddy,  j’avais  principalement 
pour  but  de  rechercher  dans  les  Jungles  un 
certain  Dendrobium , dont  les  exemplaires 
fleuris  avaient  précédemment  dépassé  en 
Europe,  le  prix  de  1,600  fr.  J’étais  installé 
à une  grande  distance  au-delà  de  la  fron- 
tière anglaise,  dans  une  région  assez  fertile 
en  Orchidées. 

ce  Mon  interprète  ayant  pu  décider  le 
chef  d’un  village  voisin  à se  rendre  auprès 
de  moi,  je  fis  comprendre  à ce  dernier  l’objet 
de  mon  voyage,  ce  qui  l’étonna  considéra- 
blement et  l’amena  à douter  de  la  sanité  de 
mon  esprit.  Il  fallut,  pour  prolonger  notre 
entretien,  que  je  prisse  le  parti  de  lui  faire 
quelques  cadeaux. 

« Pour  parvenir  à me  faire  indiquer  par 
lui,  si  possible,  l’endroit  où  croissait  le 
fameux  Dendrobium , je  montrai  à l’indi- 
gène mon  album  de  dessins,  en  ayant  soin  j 
de  lui  faire  remarquer  d’abord  les  espèces 
locales  les  plus  communes  ; il  les  reconnut 
facilement,  presque  toutes. 

« On  peut  facilement  se  figurer  mon 
anxiété  au  moment  où  j’allais  découvrir  la 
page  où  se  trouvait  figurée  la  plante  si  dé- 
sirée. Une  nouvelle  déception  m’attendait- 
elle  encore,  désastreuse  cette  fois  ? Plus  de 
cinquante  personnes  de  sa  classe  m’avaient 


précédemment  répondu  d’une  façon  néga- 
tive, et  il  aurait  été  tout  à fait  imprudent 
de  pousser  plus  loin  mes  recherches,  en 
remontant  le  cours  de  l’Iraouaddy. 

« Le  vieillard  regarda  attentivement 
l’aquarelle,  hocha  la  tête,  et  me  demanda 
si  les  couleurs  de  la  fleur  étaient  exacte- 
ment représentées  ; l’examen  d’une  autre 
figure  de  la  même  espèce  me  fit  reconnaître 
que  la  première  n’était  pas  exacte,  et  c’est 
probablement  cette  infidélité  dans  la  colo- 
ration qui  avait  empêché  que  la  plante  ne 
fût  précédemment  reconnue. 

« Mon  vieil  ami  partit,  et,  le  lendemain 
matin,  il  revint  avec  plus  de  cent  exem- 
plaires du  Dendrobium  pour  lequel  j’avais 
accompli  ce  long  voyage  ! 

« Un  grand  pas  était  fait  ; mais  il  me 
restait  à acquérir  ces  plantes,  chose  souvent 
assez  difficile  en  semblable  circonstance. 
L’argent  ne  pouvait  me  servir,  les  indigènes 
n’en  connaissant  pas  la  valeur.  Laissant  à 
mon  collecteur  improvisé  le  soin  de  faire 
lui-même  son  choix  dans  des  objets  fort 
variés  que  je  lui  offris  en  échange,  j’exhibai 
devant  lui  un  lot  d’ustensiles  de  cuivre,  dé 
vêtements  et  de  divers  objets  que  j’avais 
apportés  dans  cette  prévision. 

« Après  un  examen  minutieux,  son  œil 
s’arrêta  enfin  sur  une  bouteille  de  bière 
vide.  Là  était  la  valeur  de  ses  plantes  ! Il 
examina  cette  bouteille  avec  attention,  et 
me  demanda  si  j’étais  disposé  à faire 
I ^échange  dans  ces  conditions.  Ayant  re- 
marqué son  grand  désir  de  conclure  l’affaire, 
je  répondis  d’une  façon  négative  : l'objet 
avait  trop  de  valeur.  Alors,  que  me  fal- 
lait-il donc?  Tout  simplement  une  autre 
centaine  d’exemplaires  semblables  aux  pre- 
miers. L’Indien  réfléchit  un  moment,  ac- 
cepta ma  proposition,  et  partit  aussitôt  à la 
recherche  des  nouvelles  plantes. 

« Après  son  départ,  des  hommes  de  son 


470 


PRINCIPALES  CONDITIONS  FAVORABLES  A LA  REPRISE  DES  ARBRES. 


village  vinrent  me  trouver.  Quand  ils  surent 
quelles  herbes  je  désirais  avoir  et  ce  que 
j’offrais  en  échange,  ils  se  mirent  tous  en 
campagne  pour  collectionner  le  fameux 
Dendrobium. 

« L’idée  me  vint  alors  de  faire  l’inven- 
taire de  ma  provision  de  bouteilles.  Il  m’en 
restait  trente-trois,  toutes  pleines  de  bière. 
Il  n’y  avait  pas  à hésiter  un  moment  ; je 
les  vidai  toutes  en  versant  la  bière  qu’elles 
contenaient  dans  la  rivière.  Le  soir  du  jour 
suivant,  il  ne  me  restait  plus  une  seule  bou- 
teille, et  les  plantes  arrivaient  toujours  ! 

((  J’offris  alors  en  échange  les  autres 
objets  que  j’avais  en  ma  possession,  sans 
aucun  succès,  hélas  ! les  bouteilles  seules 
étaient  acceptées.  Il  me  restait  bien  sept 
bouteilles  de  wisky,  mais  j’aurais  voulu 
pouvoir  les  garder,  cette  boisson  étant 
presque  indispensable  dans  ces  régions 
malsaines  ; je  dus  cependant  me  résigner, 
et  le  wisky  prit  le  même  chemin  que  la  bière. 

« Je  fis  remarquer  aux  indigènes  que  ces 
bouteilles  de  verre  blanc  étaient  bien  supé- 
rieures aux  autres,  d’un  verre  grossier  et 
coloré.  Ils  s’en  étaient  bien  aperçus  eux- 
mêmes,  et  un  audacieux  n’hésita  pas  à 
m’offrir  300  plantes  pour  une  bouteille,  un 
autre  porta  ce  nombre  à 350,  et  la  bouteille 
ut  enfin  donnée  pour  400  plantes.  L’adju- 

PRINCIPALES  CONDITIONS  FAVORi 

A l’époque  de  l’année  où  commencent  les 
travaux  de  plantation  des  arbres  à feuilles 
caduques,  il  peut  être  utile  de  rappeler  en 
quelques  mots  quelles  sont  les  conditions 
favorables  qui  peuvent  assurer  la  réussite 
des  plantations,  c’est-à-dire  la  reprise  des 
arbres. 

Je  ne  veux  parler  ici  que  des  arbres 
fruitiers  ou  d’ornement,  au  moment  et 
dans  l’état  où  ils  sont  livrés  par  les  pépinié- 
ristes, c’est-à-dire  pendant  le  repos  de  la 
végétation  et  arrachés  à racines  nues. 

Les  principales  conditions  favorables  qui, 
réunies,  peuvent  assurer  de  la  reprise  de 
tous  les  arbres  plantés,  sont  les  suivantes  : 

1°  Il  faut  que  l’arbre  déplanté  soit  sain, 
qu’il  ait  eu  une  bonne  végétation  pendant 
l’année,  que  ses  jeunes  rameaux  soient 
bien  constitués,  bien  aoûtés  ; 

2°  Il  faut  que  l’arrachage  de  cet  arbre 
soit  bien  fait,  c’est-à-dire  que  cet  arbre  ait 
encore  à peu  près  toutes  ses  racines  et 
qu’elles  ne  soient  ni  cassées,  ni  meurtries  ; 

3°  Il  faut  que,  depuis  le  moment  de  l’ar- 


dication  continua  dans  ces  conditions,  et 
c’est  bien  certainement  la  première  vente 
aux  enchères  qui  ait  eu  lieu  dans  ces  ré- 
gions. 

« Enchantés  des  opérations  commerciales 
qu’ils  venaient  de  faire,  les  Indiens  m’ai- 
dèrent à placer  toutes  les  Orchidées  dans 
mon  bateau,  et  je  levai  l’ancre  par  un  ma- 
gnifique clair  de  lune. 

« Mon  voyage  ne  fut  pas  des  plus  agréa- 
bles : j’étais  forcément  devenu  un  adepte 
de  la  « ligue  de  tempérance  »,  ce  qui  n’était 
pas  sans  danger  sur  une  rivière  charriant 
des  animaux  morts  et  des  matières  orga- 
niques de  toutes  natures. 

« J’arrivai  cependant  à Rangoon  sans 
accident  et  avec  une  cargaison  de  grande 
valeur.  » 

Depuis,  le  voyageur  anglais  est  souvent 
retourné  sur  l’Iraouaddy  et  il  a retrouvé  ses 
anciens  amis.  Ces  derniers  l’ont  parfaite- 
ment accueilli  ; mais  il  lui  a été  impossible 
de  faire  de  nouveau  des  échanges  avec  eux 
en  leur  proposant  des  bouteilles  vides  ; ces 
dernières  sont  tombées  vis-à-vis  d’eux  à leur 
prix  réel,  car  ils  connaissent  parfaitement 
aujourd’hui  la  valeur  de  l’argent.  Ils  savent 
même  aussi  bien  discuter  une  affaire  et 
débattre  leurs  intérêts  que  les  commerçants 
d’une  nation  civilisée.  Ed.  André. 

ÎLES  A LA  REPRISE  DES  ARRRES 

rachage  jusqu’au  moment  de  la  plantation, 
cet  arbre,  et  particulièrement  ses  racines, 
n’aient  pas  eu  à souffrir  des  intempéries  : 
sécheresse,  humidité,  froid,  etc.  ; 

4°  Il  faut  que  la  plantation  de  cet  arbre 
soit  bien  faite  ; 

5°  Enfin,  que  les  premiers  soins  de  cul- 
ture soient  judicieusement  donnés. 

On  peut  assurer  que  tous  les  arbres 
qui  présenteront  les  conditions  énumérées 
plus  haut  seront  d’une  reprise  assurée  ; 
s’ils  sont  plantés  dans  un  bon  sol,  con- 
venablement préparé,  ils  donneront  une 
belle  végétation  dès  la  première  année  de 
plantation  et  deviendront  rapidement  de 
beaux  arbres. 

Au  contraire,  ceux  qui  s’éloigneront  le 
plus  de  ces  conditions,  c’est-à-dire  les 
arbres  malades,  mal  arrachés  ou  ayant 
souffert  depuis  leur  arrachage,  et  ceux  dont 
la  plantation  sera  mal  faite,  sont  ceux  dont 
la  reprise  ne  se  fait  pas  ou  se  fait  très-mal 
et  dont,  par  suite,  la  végétation  est  toujours 
plus  ou  moins  languissante. 


UNE  POMPE  ÉCONOMIQUE. 


471 


On  ne  devra  donc  planter  que  des  arbres 
sains,  bien  portants,  — ce  qui  ne  veut  pas 
dire  très-vigoureux,  — mais  d’une  vigueur 
moyenne,  selon  l’essence  ; leurs  racines 
devront  être  en  parfait  état,  aussi  ramifiées 
et  aussi  longues  que  possible,  et  plus  elles 
seront  nombreuses,  plus  assurée  sera  la  re- 
prise et  la  végétation  vigoureuse. 

Les  jeunes  arbres  ou  arbustes  qui  pré- 
sentent le  plus  grand  nombre  de  racines  et 
les  mieux  ramifiées  sont  ceux  qui  ont  déjà 
subi  plusieurs  transplantations  dans  la 
pépinière  et  dans  un  bon  sol  léger. 

Au  moment  de  la  plantation,  en  faisant 
l’habillage  des  racines,  on  devra  s’assurer 
qu’elles  sont  en  parfait  état,  ni  blessées, 
ni  desséchées,  ni  pourries,  etc.  Ensuite, 

UNE  POMPE 

Nous  trouvons  dans  le  Journal  d’ Agri- 
culture pratique  le  dessin  et  la  description 
d’une  pompe  de  construction  très-écono- 
mique dont  l’idée  est  due  à M.  de  Goligny, 
correspondant  de  l’Institut,  et  qui  pourra, 
assurément,  rendre  des  services. 

En  1880,  au  concours  régional  de  Laval, 
M.  Chemin,  ingénieur  des  ponts  et  chaus- 
sées, en  fit  établir  une  en  quelques  heures 
par  un  simple  éclusier  et  avec  un  vieux  tuyau 
de  gouttière  hors  d’usage. 

Mais  pour  donner  une  idée  plus  nette  de 
cet  appareil,  il  est  nécessaire  d’en  reproduire 
le  dessin  (fig.  115).  Le  corps  de  pompe  est 
formé  d’un  vieux  tuyau  de  gouttière  ayant 
0m  10  de  diamètre  régulier  sur  lm  50  de 
longueur,  puis  il  s’évase  successivement  de 
façon  à avoir  0m  18  de  diamètre  à 3 mètres 
de  sa  longueur. 

Ce  tube  est  surmonté  d’un  champignon 
évasé  destiné  à arrêter  à son  sommet  l’as- 
cension de  l’eau  dans  le  tube  creux  ; ce  der- 
nier est  suspendu  à l’aide  d’attaches  et  par 
sa  partie  supérieure  à l’extrémité  d’un  levier 
et  supporté  lui-même  par  un  point  d’appui 
et  servant  à donner  un  mouvement  de  bas 
en  haut  à l’ensemble  de  l’instrument. 

Grâce  au  mouvement  vertical  d’oscillation 
qu’on  imprime  au  tube  cylindro-conique, 
l’eau  partant  du  niveau  inférieur  du  tube 
s’élève  au  bout  de  quelques  instants  et,  après 
quelques  mouvements  alternatifs  d’ascen- 
sion et  de  descente  du  corps  de  pompe,  la 
colonne  d’eau  élevée  jaillit  à la  partie  supé- 
rieure comme  si  elle  était  poussée  par  un 
piston. 

L’eau  ainsi  élevée  vient  frapper  avec  force 


la  plantation  sera  faite  avec  tous  les  soins 
convenables,  c’est-à-dire  en  ayant  la  précau- 
tion d’étendre  convenablement  toutes  les  ra- 
cines, de  bien  les  isoler,  les  séparer  par  de 
la  terre  bien  meuble  et  plutôt  sèche  qu’hu- 
mide, de  ne  laisser  aucun  vide  entre  elles  ; 
puis,  le  tuteurage  étant  fait  s’il  en  est 
besoin,  on  peut  assurer  le  succès  de  la  plan- 
tation, c’est-à-dire  bonne  reprise  et  belle 
végétation  de  tous  les  arbres  ainsi  plantés. 

Je  me  résume  donc,  et  je  dis  : pour  être 
assuré  du  succès,  ne  planter  que  des  arbres 
sains,  bien  arrachés,  n’ayant  pas  souffert 
jusqu’au  moment  de  la  plantation,  enfin, 
exécuter  la  plantation  avec  les  précautions 
nécessaires  et  donner  les  premiers  soins 
convenables.  A.  Ch  arguer  aud. 

ÉCONOMIQUE 

le  champignon  supérieur  du  tube  et  rejaillit 
alors  au  dehors  dans  un  récipient  disposé 
pour  la  recevoir. 


Telle  est,  dans  toute  sa  simplicité,  cette 
pompe  agricole  que  le  premier  ouvrier  venu 
peut  établir,  qui  ne  contient  aucun  organe 
délicat,  très-facilement  réparable  et  qu’on 


472 


LA  LITTÉRATURE  HORTICOLE  EN  ANGLETERRE. 


peut  mettre  entre  les  mains  de  l’ouvrier  le 
moins  expérimenté. 

Dans  beaucoup  de  cas,  mais  sans  se  prê- 
ter à de  grandes  élévations  d’eau,  l’emploi 
de  ce  système  est  tout  indiqué,  surtout  pour 
l’élévation  des  purins.  Mais  il  convient  de 


faire  de  nouveaux  essais  pratiques,  afin  de 
se  rendre  compte  de  la  valeur  de  cet  instru- 
ment et  des  modifications  ou  perfectionne- 
ments à apporter  à sa  fabrication,  le  cas 
échéant. 

A.  Lesne. 


LÀ  LITTÉRATURE  HORTICOLE  EN  ANGLETERRE 


L’auteur  du  premier  ouvrage  de  jardinage, 
en  Angleterre,  fut  Watton  de  Horley,  sous  le 
règne  de  Édouard  III,  c’est-à-dire  au  XIVe  siècle. 
Avant  la  fin  du  XVIe  siècle,  plusieurs  auteurs 
apparurent,  qui  s’occupèrent  de  jardinage  et 
d’agriculture;  on  peut  citer  parmi  eux  Tusser, 
Mountain,  Mascol  et  Hill,  qui  s’appuyèrent, 
tantôt  sur  leur  propre  expérience,  tantôt  sur 
des  traductions  des  auteurs  grecs  et  latins. 

Un  des  premiers  ouvrages  de  valeur  fut  The 
Gardeners ’ Labyrinthe  publié  par  Didymus 
Mountain,  en  1571.  Ce  livre  était  ouvertement 
une  compilation  de  divers  autres  ouvrages  sur 
la  matière  horticole.  La  seconde  partie  en  fut 
publiée  en  1577,  et  les  autres  éditions  sui- 
virent. 

Durant  le  XVIIe  siècle,  la  littérature  horti- 
cole s’accrût  rapidement.  La  plupart  des  écri- 
vains de  cette  période  étaient  des  praticiens 
qui  se  servaient  pour  leurs  ouvrages  de  leur 
propre  expérience.  Parmi  les  principaux  d’entre 
eux,  il  convient  de  citer  : Plat,  Lawson,  Gar- 
dener,  Standish,  Parkinson,  Platter,  Austin, 
Tradescant,  Evelyn,  Gowley,  Blake,  Rea, 
Worledge,  Meager,  Temple,  etc.  Parkinson 
publia  un  livre  intitulé  : Parqdisus  ou  Garden 
of  Pleasant  Flowers  1,  dans  lequel  il  donne  la 
liste  des  plantes  qu’il  cultivait.  Dans  sa  liste 
des  plantes  à fleurs,  il  énumère  : 137  sortes  de 
Tulipes,  95  de  Narcisses  et  Asphodèles,  50  Ja- 
cinthes, 31  Crocus,  73  Iris,  67  Anémones, 
23  Renoncules,  9 Géraniums,  22  Auricules, 
21  Tubéreuses  et  Mufliers,  52  Œillets  et  Giro- 
flées, 20  Œillets  roses,  24  Roses  et  un  petit 
nombre  d’autres  fleurs.  En  1653,  apparaît  un 
Traité  des  arbres  à fruits , par  Ralph  Ansten, 
qui  a la  réputation  d’être  un  bon  livre  et  de  con- 
tenir un  grand  nombre  d’informations  intéres- 
santes. Un  livre,  intitulé  Adam  out  of  Eden  2, 
fut  publié  par  Adam  Speed,  en  1659.  Il  est  dit, 
dans  cet  ouvrage,  qu’il  y a des  cultivateurs, 
dans  les  environs  de  Londres  qui  peuvent  tirer 
5,000  fr.  d’un  acre  (arpent)  de  terrain  par  le 
jardinage. 

Samuel  Hartlib,  dans  son  livre  : Legacy  of 
Husbandry 3,  publié  en  1655,  dit  que  le  jar- 
dinage est  stationnaire  en  Angleterre,  et  que, 
pour  être  terrien,  il  n’est  cependant  pas  bien 
compris. 

Il  est  probable  que  le  meilleur  écrivain  de 

1 Le  jardin  des  jolies  fleurs. 

2 Adam  hors  de  l’Éden. 

. 3 Legs  d’agriculture. 


ce  siècle  fut  John  Ewelyn,  un  gentilhomme  de 
haute  éducation  et  expérience.  Ses  principaux 
ouvrages  furent  : The  French  Gardener  4,  qui 
était  une  traduction  de  l’ouvrage  publié  en 
France  sous  ce  titre,  et  Fuhsifugium , où  il 
était  question  des  inconvénients  de  l’air  vicié 
et  de  la  fumée  de  Londres.  Cet  ouvrage  était 
dédié  au  roi  Charles  II  et  publié  par  ses  ordres  ; 
Sylva  ou  A Discours  about  Forest  Trees  5, 
avec  un  appendice  sur  les  arbres  fruitiers; 
Kalendarium  Hortense  6,  recueil  indiquant  les 
opérations  à faire  chaque  mois;  Terra , un 
traité  sur  la  culture  et  la  préparation  de  la 
terre  pour  la  végétation  et  la  multiplication  des 
plantes,  et  Pomona,  ouvrage  traitant  des  Pom- 
miers à cidre. 

Les  écrivains  qui,  dans  le  XVIIIe  sièôle, 
s’occupèrent  des  choses  horticoles,  sont  très- 
nombreux;  les  plus  importants  d’entre  eux 
furent  London  et  Wise,  Collin,  Switzer, 
Fairchild,  Miller,  Abercrombie,  Forsyth,  Witt, 
Wheeler,  Piepton,  Whateley  et  Nicole. 

Celui  de  ces  auteurs  dont  les  ouvrages  furent 
le  plus  répandus  est  Abercrombie.  C’était  un 
jardinier  praticien  accompli;  il  avait  quitté  ses 
parents  vers  sa  quinzième  année,  était  allé  à 
Kew,  après  quoi  il  avait  dirigé  les  jardins  de 
plusieurs  grands  propriétaires  et  s’était  enfin 
installé  comme  pépiniériste  à Hackney.  Il 
écrivit  quinze  ou  seize  ouvrages,  dont  le  plus 
important  est  certainement  : Every  Man  his 
own  Gardener. 

Il  convient  de  ne  pas  oublier  le  nom  de 
T. -A.  Knight,  qui  fut  un  éminent  pomologiste 
et  auteur  de  nombreux  ouvrages.  Il  publia 
environ  107  traités  différents,  dont  la  plupart 
s’appliquent  à la  culture  fruitière. 

Dans  la  première  partie  de  ce  siècle,  la  litté- 
rature horticole  fait  de  grands  pas,  et  des  écri- 
vains de  talent  apparaissent,  parmi  lesquels  il 
convient  de  citer  en  première  ligne  Joseph 
Sabine,  secrétaire  de  la  Société  d’horticulture, 
qui  publia  un  grand  nombre  d’ouvrages  sur 
des  sujets  très-variés. 

William  Salisbury  écrivit  un  livre  intitulé  : 
Hints  to  Proprietors  of  Or  char  ds 7.  Henry 
Andrews,  en  1802,  publia  plusieurs  ouvrages 
utiles  comme  : Heaths  lllustrated 8,  avec 

4 Le  jardinier  français. 

s Discours  sur  les  arbres  forestiers. 

6 Calendrier  horticole. 

7 Conseils  aux  propriétaires  de  vergers. 

8 Les  Bruyères  illustrées. 


LA  LITTÉRATURE  HORTICOLE  EN  ANGLETERRE. 


473 


des  planches  coloriées.  Walter  Nicole  publia 
également  à cette  époque  une  série  d’ou- 
vrages très-suivis,  et,  après  lui,  William  Pontey, 
forestier  du  duc  de  Bedford,  fit  paraître  : The 
Rural  instructions , or  the  Gardener's  lns- 
tructor  1 (1802);  The  Forest  Pruner  2 (1808); 
The  Profitable  Planter  3 (1809)  et  The  Rural 
Improver 4 (1823),  ouvrages  qui  eurent  tous 
une  importante  circulation. 

Sir  Joseph  Banks,  président  de  la  Société 
royale,  un  des  savants  les  plus  éminents  que 
l’Angleterre  ait  produits,  publia,  dans  la  même 
période,  un  certain  nombre  de  traités  sur  des 
sujets  horticoles. 

Celui  de  tous  les  auteurs  du  commencement 
de  ce  siècle  dont  les  ouvrages  eurent  la  plus 
grande  importance  est  certainement  Loudon,  à 
qui  l’on  doit  YEncyclopædia  of  Gardening1 2 3 4  5. 
Il  était  architecte-paysagiste  ( Landscape-garde - 
ner ) et  était  né,  en  1782,  dans  le  Lanarkshire. 
Après  avoir  étudié  la  partie  pratique  de  sa 
profession,  et  avoir  aussi  fait  de  l’agriculture, 
il  fit,  vers  1815,  un  voyage  sur  le  continent, 
puis  revint  en  Angleterre,  à Bayswater 
(Londres),  où  il  s’occupa  de  direction  de  tra- 
vaux, mais  en  s’adonnant  surtout  à la  prépa- 
ration de  ses  publications.  La  première  édition 
de  son  Encyclopédie  parut  en  1822,  et  la  cin- 
quième en  1827.  C’était  un  ouvrage  énorme  de 
1,500  pages  in-8°,  et  imprimé  en  caractères 
très-fins.  Le  style,  clair  et  agréable  à lire,  était 
accompagné  de  très-nombreux  dessins  sur  bois. 
Il  publia  également  une  Encyclopædia  of 
Plants  6 7,  une  autre  traitant  de  l’agriculture,  et 
The  H,ortus  Britannicus  7 ou  catalogue  de 
toutes  les  plantes  cultivées  ou  introduites  en 
Angleterre.  Mais  la  plus  importante  de  ses 
productions  fut  Y Arboretum  et  Fruticetum 
britannicum , composé  de  huit  volumes  in-8°, 
illustrés  abondamment.  11  paraît  que  la  publica- 
tion de  cet  ouvrage  coûta  500,000  fr.  Il  écrivit 
plusieurs  traités  importants  sur  la  théorie  et 
la  pratique  de  l’architecture  paysagère  et  aussi 
sur  la  construction  des  serres.  Il  fut,  en  outre, 
l’éditeur  du  Gardener's  Magazine , et  du  Ma- 
gazine of  natural  History.  Sa  femme  était  un 
écrivain  de  talent  ; on  lui  doit  un  certain 
nombre  de  livres  spécialement  destinés  aux 
personnes  de  son  sexe,  et  parmi  lesquels  The 
Ladies ’ Flower  Garden  8 est  un  très-bel  ouvrage 
illustré,  composé  de  six  volumes  in-4°. 

Depuis  1820,  les  Transactions  9 de  la  Société 
d’horticulture  de  Londres  (qui  avait  été  créée 
en  1804)  furent  publiées  chaque  année,  et  ré- 

1  Les  instructions  rurales  ou  l'instituteur  des 
jardiniers. 

2 L'élagueur  des  forêts. 

3 Le  planteur  prévoyant. 

4 Le  campagnard  progressiste. 

5 L'encyclopédie  du  jardinage. 

Encyclopédie  des  plantes. 

7 Le  jardin  britannique. 

8 Le  jardin  fleuriste  des  dames. 

9 Bulletins. 


pandirent  un  grand  nombre  d’études  de  haute 
valeur.  Les  écrivains  horticoles  de  cette  pé- 
riode sont  : Griffin,  Haynes,  Hooker,  Curling, 
Hogg,  Lyon,  Emmerton,  Mean  et  Brookshaw. 

Robert  Sweet  fut  également  l’auteur  de 
quelques  bons  ouvrages  : The  botanical  culti- 
vator  (1820),  The  Hortus  Britannicus  (1826), 
The  Geraniaceæ  (1830),  The  Cistinæ  (1830), 
The  British  Flower  Garden , Flora  australa- 
sica  (1828)  et  The  Florists ’ Guide  (1832). 

Henry  Philips,  qui  écrivit  entre  1820  et 
1833,  publia  également  de  nombreux  ouvrages. 
The  Floricultural  Cabinet , publication  pério- 
dique mensuelle,  fut  commencée  par  Harrisson 
en  1833?et  continua  pendant  vingt-sept  années. 

Loddiges,  pépiniériste  à Hackney,  créa  le 
Botanical  Cabinet  en  1817  et  le  poursuivit 
jusqu’en  1833.  Ce  recueil  contient  les  figures 
coloriées  de  2,000  plantes.  Le  Botanical  Re- 
gister , journal  périodique  du  même  ordre, 
commença  en  1815  et  cessa  de  paraître  en 

1847,  à son  trente-troisième  volume.  Les  der- 
niers volumes  de  ce  recueil  furent  dirigés  par 
le  docteur  Lindley.  Le  Horticultural  Register , 
édité  par  Paxton  et  Harrison,  parut  en  1832  et 
forma  seulement  six  volumes.  Le  Floricultural 
Cabinet , de  Robert  Marnock,  commencé  en 
1836,  a atteint  le  même  nombre  de  volumes.  Le 
Magazine  of  Botany , édité  par  Paxton,  com- 
mença à paraître  en  1834  et  forma  quinze  vo- 
lumes. A peu  près  à la  même  époque,  Georges 
Glenny  créa  la  Gardener’s  Gazette  et  le  Hor- 
ticultural Journal.  Il  écrivit  également  un 
grand  nombre  d’ouvrages  horticoles. 

Le  Pomological  Magazine  fut  créé  en  1827. 
On  le  vend  actuellement  en  ouvrage  complet 
de  3 volumes,  et  il  contient  un  grand  nombre 
de  figures  coloriées  des  meilleurs  fruits. 

Le  Florist  and  Pomologist  commença  en 

1848,  sous  la  direction  d’Édouard  Beck,  et  il 
cessa  de  paraître  en  1882.  Il  fut,  pendant  de 
longues  années,  un  ouvrage  très-recherché  et 
très-utile,  à cause  des  figures  coloriées  qu’il 
contenait  et  qui  représentaient  les  meilleurs 
fruits  et  fleurs.  En  1829,  M.  G.-W.  Johnson 
publia  un  ouvrage  de  grande  valeur  : The 
History  of  Gardening  10,  contenant  des  in- 
formations très-nombreuses.  The  Practical 
Gardener , de  Mac  Intosh  (1828)  et  The  Book 
of  the  Garden , du  même  auteur,  sont  égale- 
ment des  œuvres  importantes.  Le  Gardener’ s 
Dictionary , de  Paxton,  publié  en  1840,  et  sur- 
tout l’édition  revue  de  cet  ouvrage,  avec  sup- 
plément, sont  des  ouvrages  encore  très-em- 
ployés. Le  Cottage  Gardener' s Dictionary , de 
M.  George- W.  Johnson,  publié  en  premier  lieu 
en  1850,  revu  et  réédité  depuis  avec  un  supplé- 
ment comprenant  toutes  les  plantes  nouvelles 
et  variétés  jusqu’à  la  fin  de  1880,  supplément 
dû  à M.  E.  Brown,  est  un  ouvrage  qui  com- 
prend tout  ce  que  l’on  peut  désirer  savoir  en 
semblable  matière.  Le  Gardener’s  Assistant , 

10  L’histoire  du  jardinage. 


474 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


de  Thompson,  ouvrage  du  même  genre,  publié 
pour  la  première  fois  en  1850,  a été,  ces  der- 
nières années,  revu  et  considérablement  aug- 
menté par  M.  Thom.  Moore,  du  Jardin  bota- 
nique de  Ghelsea.  Plusieurs  autres  ouvrages 
publiés  vers  la  même  époque  sont  : The  culture 
of  the  Apple  and  Pear i,  par  T. -A.  Knight  ; 
The  miniature  fruit  Garden , par  Thom.  Ri- 
vers  ; The  Gardeners ’ Calendar 2,  par 
T.  Marve;  A Treatise  on  the  Vine 3,  par  J.  Me- 
redith,  et  le  Hand-Book  on  Gardening  and 
Golden  Rules  for  Gardeners  4. 

Parmi  les  ouvrages  dont  les  auteurs  sont 
encore  vivants,  il  convient  de  citer  le  Fruit 
Manual , du  docteur  Robert  Hogg,  qui  est  cer- 
tainement le  meilleur  traité  sur  les  fruits  écrit 
dans  la  langue  anglaise.  M.  Shirley  Hibberd  a 
été  un  écrivain  fécond  et  varié,  à qui  on  doit 
un  grand  nombre  de  traités  très-appréciés  : 
Amateures  Flower  Garden , Amateur* s Green- 
house  and  Conservatory  5,  Amateures  Kitchen 
Garden 6,  Amateur’s  Rose  Garden,  The 
Fern  Garden 7 8,  Profitable  Gardening s,  The 
Town  Garden 9 et  Water  for  Nothing 10. 
Le  Rév.  Dean  Hole  a produit  deux  ouvrages 
extrêmement  intéressants  et  pratiques,  inti- 
tulés : A Book  about  Roses 11  et  The  Six  of 
Spades,  livres  dont  la  lecture  est  très-amusante. 

M.  William  Robinson  est  l’auteur  d’un 
grand  nombre  d’ouvrages  de  haut  intérêt  parmi 
lesquels:  Alpine  Flowers  for  English  Gar- 
den, Mushroom  Culture  12,  The  Wild  Gar- 
den13, etc. 

Un  livre  qui  se  rapporte  au  jardinage  pour 
la  vente  sur  les  marchés,  The  London  Market 
Garden,  est  rempli  d’informations  très-utiles. 

Le  traité  intitulé  Florists ’ Flowersu,  de 
M.  J.  Douglas,  est  le  plus  pratique  des  ou- 
vrages traitant  de  cette  matière,  l’auteur  étant 
bien  connu  pour  un  des  plus  habiles  cultiva- 
teurs qui  existent. 

MM.  Sutton  et  fils  sont  les  auteurs  de  deux 


publications  très-utiles  : The  Culture  of  Vege- 
tables  and  Flowers  from  Seed  and  Roots  15  et 
The  Art  ofPreparing  Vegetables  for  Tables l6. 

M.  B. -S.  Williams  est  l’auteur  de  quelques 
ouvrages  très-répandus  : The  Orchid  Grower’s 
Manual 17  (la  dernière  édition  contient  la  des- 
cription de  1,470  espèces  ou  variétés);  Choice 
of  stove  and  Greenhouse  Flowering  Plants 1S, 
Select  Ferns  and  Lycopods  British  and 
exotic 19,  Choice  stove  and  Greenhouse  orna- 
mental  leaved  Plants 20,  et  le  bel  ouvrage  inti- 
tulé : The  Orchid  Grower  Album. 

MM.  Sander,  de  Saint-Albans,  et  Veitch,  de 
Ghelsea,  publient  également  de  remarquables 
études  sur  les  Orchidées. 

M.  Lewis  Gastle,  du  Journal  of  Horticul- 
ture, est  l’auteur  de  plusieurs  petits  traités 
très-recherchés,  dont  les  principaux  sont  : 
Orcliids , their  structure , history  and  culture, 
Cactaceous  Plants,  The  Chrysanthemum  An- 
nual,  Mushroom  culture,  etc.  Il  convient  de 
citer  encore  : Rose  Growing  for  Beginners 21 , 
de  M.  Duncan  Gilmour  Junior. 

En  ce  qui  concerne  les  publications  pério- 
diques en  cours  d’existence,  nous  devons  dire 
qu’elles  sont  plus  nombreuses  que  jamais,  et 
non  en  voie  de  décadence.  Leur  succès  prouve, 
une  fois  de  plus,  le  grand  intérêt  que  pré- 
sente tout  ce  qui  se  rattache  à l’horticulture, 
et  le  développement  continuel,  dans  le  public, 
du  goût  pour  tout  ce  qui  se  rapporte  aux  vé- 
gétaux. 

On  voit  que  la  littérature  horticole  en  An- 
gleterre forme  un  contingent  très  important. 
Les  notes  qui  précèdent,  extraites  d’une  série 
d’études  bibliographiques  publiées  par  le 
Gardeners ’ Chronicle,  montrent  bien  l’état 
prospère  de  cette  bibliographie  culturale,  de- 
puis le  16e  siècle  jusqu’à  nos  jours. 

Une  semblable  revue  de  nos  publications 
horticoles  françaises  présenterait  un  intérêt 
qui  ne  serait  pas  moindre.  Gh.  Thays. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  27  SEPTEMBRE  1888. 


Comité  de  floriculture. 

Ont  été  faits  les  intéressants  apports  sui- 
vants : 

Par  M.  Louis  Jacob,  horticulteur,  avenue  du 

I La  culture  des  Pommiers  et  Poiriers. 

- Le  calendrier  des  jardiniers. 

3 Traité  sur  La  vigne. 

4 Manuel  de  jardinage,  etc. 

5 Serre  froide  et  orangerie  de  Vamateur. 

6 Le  jardin  potager  de  Vamateur. 

7 Le  jardin  des  Fougères. 

8 Le  jardinage  utile. 

9 Le  jardin  de  ville. 

10  L'eau  pour  rien. 

II  Un  livre  sur  les  Roses. 

12  Culture  des  Champignons. 


Chemin-de-Fer,  82,  à Rueil,  une  collection  de 
100  fleurs  coupées  de  Zinnia,  très-doubles,  à 
pétales  nombreux  bien  imbriqués,  formant 
une  belle  boule  bien  arrondie,  semblables  à 
un  Dahlia  de  nuances  très-variées. 

13  Le  jardin  sauvage. 

15  Les  fleurs  des  fleuristes. 

15  La  culture  des  légumes  et  fleurs  obtenues  de 
graines  et  de  racines. 

16  L'art  de  préparer  les  légumes  pour  la  table. 

17  Le  manuel  des  cultivateurs  d’ Orchidées. 

18  Choix  de  plantes  à fleurs  pour  serres  tem- 
pérées et  froides. 

19  Fougères  et  Lycopodes,  etc. 

20  Choix  de  plantes  à feuillage  ornemental 
pour  serres  tempérées  et  froides. 

21  La  Culture  des  Roses  pour  les  débutants. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


Ces  plantes  provenaient  de  graines  récoltées 
chez  l’exposant  depuis  plusieurs  années,  et 
n’avaient  subi  aucun  pincement,  autrement  les 
fleurs  eussent  été  encore  plus  belles.  Puis  une 
collection  d’immortelles  ( Helichrysum ),  mais 
de  moindre  valeur. 

Par  M.  Robert,  horticulteur,  2,  Grande-Rue 
de  Paris,  à Sarcelles,  un  beau  Bégonia  bul- 
beux, bien  trapu  et  bien  ramifié,  portant  de  15 
à 18  tiges  d’où  se  détachaient  une  quarantaine 
de  fleurs  doubles  bien  formées,  de  grosseur 
moyenne,  rouge-minium  très-vif.  La  plante, 
robuste,  très-florifère,  provenait  d’un  semis  de 
Gloire  de  Nancy  fait  en  1885;  elle  est  nommée 
Triomphe  de  Sarcelles. 

Par  M.  Laurent  Carie,  horticulteur,  route 
d’Heyrieux,  128,  à Montplaisir  (Lyon),  une 
très-jolie  collection  de  fleurs  coupées  d’Œillets 
remontants,  comprenant  plus  de  80  variétés 
de  nuances  très-variées  et  très-vives,  et  d’une 
race  excessivement  robuste  et  naine,  abondam- 
ment ramifiée.  Les  suivants  se  distinguaient 
particulièrement  : 

Roi  des  violets , variété  hors  ligne,  rouge 
Solférino  éblouissant.  — Adrien  Benoit , rouge 
brun  foncé,  très  - odorant.  — François  La 
Bruyère , vermillon  feu.  — R.  de  Bianzat , 
rose  carminé  très-vif.  ■—  Le  Florifère , rose 
vif  éblouissant,  de  toute  beauté.  — Sénateur 
Millaud , très  joli,  jaune  saumoné  strié  de  rose. 
— Jeanne  d’Arc , blanc  marqué  de  raies  rouge 
foncé  très-rapprochées.  — Drapier , rouge  car- 
miné foncé,  à odeur  très-fine.  — Marius 
Chambon , saumon  foncé  strié  de  rouge.  — 
Ant.  Mélinant , carné,  admirable.  — Albertine 
Carie , rose  carné  satiné  très-joli.  — Félicie 
Rabilloud , jaune  canari  finement  strié  de 
rouge.  — De  Maky,  beau  jaune  canari  pur. 

Par  M.  Crozy  aîné,  206,  grande-rue  de  la 
Guillotière,  à Lyon,  une  très-remarquable  col- 
lection de  fleurs  de  Canna;  les  tiges  étaient 
robustes  et  les  inflorescences  très-compactes  et 
volumineuses,  garnies  de  nombreuses  fleurs 
de  toute  beauté,  à pétales  énormes  offrant 
les  plus  vifs  coloris.  Les  nouveautés  sui- 
vantes méritent  d’être  mentionnées  spéciale- 
ment : 

Souvenir  d'Asa  Gray , plante  robuste  à brac- 
tées violet  bleuâtre,  feuillage  ample,  foncé  et 
fleurs  énormes  d’un  rouge  orangé  très-vif.  — 
Madame  Crozy , variété  hors  ligne,  à pétales 
larges,  écarlates,  bordés  d’un  liseré  jaune.  — 
Pfitzer , fleurs  allongées,  très-grandes,  écar- 
lates. — Laforcade,  tiges  robustes  violacées, 
feuilles  teintées  de  violet  et  fleurs  d’un  rouge 
sang  foncé;  variété  très-jolie.  — Godefroy-Le- 
beuf , variété  d’élite  plus  foncée  que  la  précé-  i 
dente  ; sur  la  hampe  et  le  feuillage  noir  vio- 
lacé, se  détachent  des  fleurs  d’un  rouge  feu, 
brillant.  — François  Corbin , inflorescence 
élancée,  jaune  pointillé,  maculé  de  rouge.  — 
Isaac  Casati , grandes  fleurs  rouge  vermillon 
portées  sur  des  pédoncules  violacés  ; plante 
très-ornementale.  — H.  de  Vilmorin , plante 


475 

élancée,  fort  jolie  ; les  fleurs,  orange,  ont  l’ex- 
trémité des  pétales  jaune  d’or. 

Le  même  exposant  présentait  aussi  des 
Dahlias  simples,  provenant  de  semis,  fort  jolis, 
mais  de  nuances  connues  ; puis  des  Celosia 
cristata , ou  Amarantes  Grêtes-de-Coq,  dont 
les  feuilles  étaient  panachées  de  blanc  jaunâtre 
et  de  rose  carminé.  Cette  panachure,  venue  ac- 
cidentellement, est  bien  fixée  et  le  semis  donne 
50  p.  100  de  bonnes  plantes. 

Par  MM.  Vilmorin  et  Cie,  quai  de  la  Mégis- 
serie, à Paris,  des  fleurs  de  Canna  également 
fort  belles,  très-compactes,  de  nuances  très- 
vives,  variant  du  jaune  uni,  ou  piqueté  de 
rouge,  au  rouge  sang  et  carminé  le  plus  vif; 
puis  une  magnifique  collection  de  82  fleurs 
coupées  de  Dahlias  à fleurs  doubles,  très-bom- 
bées, à pétales  régulièrement  tuyautés,  bien 
imbriqués,  de  toutes  nuances,  et  une  collection 
de  Dahlias  Pompons  et  simples  également  fort 
jolie. 

Par  M.  René  Gratien,  horticulteur,  11,  ruq 
de  la  Solidarité,  à Vincennes,  un  Pélargo- 
nium à fleurs  rouge  carné  très-vif,  obtenu  en 
1886,  et  nommé  Marie  Gratien;  la  plante  est 
jolie  et  produit  beaucoup  d’effet. 

Par  M.  Jolibois,  un  Cypripedium  euryan- 
drum , Orchidée  très-robuste,  mais  fleurissant 
difficilement,  et  dont  les  feuilles  épaisses  crai- 
gnent beaucoup  les  bassinages  l’hiver.  La 
plante  provient  d’un  croisement  du  C.  barba- 
tum  et  du  C.  Stonei ; les  fleurs  sont  grandes, 
blanc-verdâtre  strié  de  violet;  le  sabot,  brun 
pourpre,  et  les  deux  pétales  latéraux  étalés 
obliquement  et  pointillés  de  brun  rouge. 

Comité  de  culture  potagère. 

M.  Hédiard,  marchand  de  fruits  exotiques,  à 
Paris,  avait  apporté  des  Piments  doux,  rouges, 
très-grands,  allongés  ; des  Patates  blondes,  ré- 
coltées en  Algérie,  et  des  fruits  de  Gombo 
(Hibiscus  esculentus ),  cultivés  en  Provence, 
légume  très-mucilagineux,  excellent  pour  les 
soupes  et  les  potages. 

Comité  d’arboriculture  fruitière. 

Divers  beaux  fruits  de  toute  beauté  avaient 
été  envoyés  : 

Par  M.  Hippolyte  Gautier,  11  bis,  rue  Bos- 
suet, à Meaux,  des  Poires  Beurré  Hardy  ma- 
gnifiques, succulentes,  récoltées  sur  des  arbres 
en  quenouilles  ; des  Louise-Bonne  de  plein 
vent,  des  Beurré  superfin , très-volumineux  et 
bien  colorés,  cueillis  sur  un  espalier;  des 
Pommes  Grand  Alexandre , et  une  variété  très- 
grosse  , rougeâtre,  voisine  des  Rambourg , 
nommée  Cadeau  du  Général , et  cultivée  en 
plein  vent.  \ 

Par  M.  Prudhomme,  propriétaire,  rue  de 
Vincennes,  à Montreuil,  des  Poires  Fondante 
des  bois , Beurré  Lebrun,  fruits  très-gros,  al- 
longés, verdâtres;  Beurré  Sterckmans,  fruit 
très-joli,  vert  pâle,  arec  un  côté  rouge  car- 
miné strié  horizontalement,  et  des  Louise-Bonne 


476 


ACROCLINIUM  ROSEUM,  BÔUQUET  TOUT  FAIT. 


cTAvranches , tous  fruits  remarquables  par  leur 
volume  et  la  beauté  de  leur  coloris. 

Par  M.  Laplace,  jardinier  chez  M.  Glaudon, 
à Châtillon,  un  choix  de  beaux  et  excellents 
fruits,  composé  de  : Beurré  Hardy , B.  Bache- 
lier, Doyenné  du  Comice , Conseiller  à la 
Cour  et  Beurré  Clairgeau. 

Par  M.  Bertaut  de  Rosny,  une  corbeille  de 
Pêches  Blondeau  et  Belle  Beausse , excessive- 
ment belles  et  fortement  colorées. 

Par  M.  Beurdeley,  68,  rue  des  Plantes,  à 
Paris,  de  belles  Poires  Belle  de  Bruxelles  et 
Fondante  des  bois,  récoltées  en  plein  vent. 

Comité  d’arboriculture  d’ornement. 

M.  Dybowski,  répétiteur  à l’École  nationale 
de  Grignon  (Seine-et-Oise),  présentait  une  in- 
florescence de  Musa  Ensete , énorme,  parfaite- 
ment développée  sur  une  plante  de  trois  ans 
placée  en  plein  air  dans  sa  propriété  de  No- 
gent-sur-Marne. 

Pour  terminer  la  séance,  M.  Delaville,  atta- 
ché au  Service  horticole  de  la  Ville  de  Paris,  a 
exposé  les  conclusions  d’études  faites  par  lui  et 
concernant  la  défeuillaison  des  Marronniers 
dans  les  plantations  urbaines. 


Ces  arbres,  étant  très-rustiques,  et  excessi- 
vement bien  soignés,  plantés  en  bonne  terre, 
arrosés  ou  rafraîchis  suivant  leur  besoin,  doi- 
vent souffrir  de  l’abondance  d’eau  jetée  sur  la 
voie  publique  pendant  les  fortes  chaleurs,  et 
d’où  se  dégagent,  sous  l’influence  des  rayons 
ardents  du  soleil,  des  vapeurs  ammoniacales 
qui  attaquent  la  base,  puis  insensiblement  le 
haut  de  l’arbre;  les  feuilles  blanchissent,  puis 
se  dessèchent  et  tombent,  attaquées  par  une 
espèce  de  grise  qui  brûle  les  feuilles. 

Cette  maladie  apparaît  sur  les  lignes  d’ar- 
bres plantés  le  long  des  allées  macadamisées, 
près  des  stations  d’omnibus  et  des  voies  fer- 
rées, où  se  dégagent  ces  matières  ammonia- 
cales, alors  que,  partout  ailleurs,  les  arbres 
sont  d’un  beau  vert  et  en  pleine  santé. 

M.  Boizard  n’est  pas  de  cet  avis  ; il  pense 
que  les  feuilles  sont  attaquées  par  un  Acarus, 
et  cite  à ce  sujet  une  allée,  à Dreux,  où  l’on 
n’arrose  jamais  et  où  les  arbres  sont  dans  le 
même  cas. 

M.  Duchartre  dit  que  les  feuilles  malades 
ont  été  examinées  et  ne  portent  aucune  trace 
de  Champignon  ou  de  piqûres  d’insectes,  et 
il  engage  beaucoup  les  deux  orateurs  à pour- 
suivre leurs  recherches.  Em.  Bruno. 


ACROCLINIUM  ROSEUM,  ROUQUET  TOUT  FAIT 


Nous  n’avons  pas  à faire  l’éloge  de  YAcro- 
clinium  roseum  ; cette  plante,  quoique 
encore  relativement  nouvelle,  étant  connue 
à peu  près  de  tous  les  amateurs  d’horti- 
culture. Elle  'appartient  à la  famille  des 
Composées,  et  vient  se  placer  à côté  des 
Immortelles,  des  Rhodantes,  etc.,  aux- 
quelles la  nature  papyracée  de  ses  fleurs 
la  rattache  étroitement.  Ses  fleurs,  d’une 
grande  élégance,  très  nombreuses  et  d’une 
durée  presque  indéfinie,  en  font  une  plante 
de  premier  mérite  ornemental,  qui  devrait 
se  trouver  dans  tous  les  jardins. 

La  végétation  des  plantes,  la  nature,  la 
forme,  et  l’aspect  général  des  fleurs,  étant  les 
mêmes  pour  la  variété  Bouquet  tout  fait 
que  pour  le  type,  nous  allons,  sommaire- 
ment, rappeler  les  caractères  de  celui-ci  : 

Plante  annuelle,  très-rameuse  de  la 
base,  à ramifications  très-nombreuses  ascen- 
dantes, atteignant  35  à 40  centimètres  de 
hauteur.  Feuilles  sessiles,  linéaires,  lan- 
céolées, glauques.  Fleurs  en  capitules  ter- 
minaux solitaires,  d’abord  penchés,  puis 
redressés,  rappelant  assez  ceux  du  Rho- 
dante  Manglesii , de  2 centimètres  et  plus 
de  diamètre.  Involucre  formé  d’une  grande 
quantité  d’écailles  imbriquées,  scarieuses, 
d’abord  d’un  très  beau  rose  satiné  à l’inté-  \ 
rieur,  qui  se  modifie  en  vieillissant,  de  sorte  I 


! que  les  nuances  varient  constamment  suivant 
l’état  de  développement  des  fleurs,  d’où 
résulte  un  ensemble  des  plus  harmonieux. 

Originaire  du  Texas,  d’où  il  a été  intro- 
duit il  y a une  vingtaine  d’années,  YAcro- 
clinium  roseum , Pook,  est  encore  peu  ré- 
pandu, ce  qui  est  regrettable,  car  c’est  cer- 
tainement une  des  plus  jolies  plantes  d’or- 
nement, très-propre  à la  garniture  des 
plates-bandes  ou  des  parterres.  On  peut 
aussi  en  former  de  magnifiques  bordures. 
Coupées  avant  l’épanouissement  complet 
des  fleurs  qu’elles  portent,  les  tiges  fleuries 
placées  à l’ombre  et  renversées  se  sèchent 
tout  en  conservant  leur  coloris,  et  peuvent 
alors  servir  à la  confection  des  bouquets  secs 
d’hiver,  en  les  alliant  à des  Graminées  et  à 
des  inflorescences  de  Statice  qui,  vu  leur 
nature  sèche  et  papyracée,  peuvent  conser- 
ver leur  beauté  pendant  plusieurs  années. 

La  variété  Bouquet  tout  fait  est  re- 
marquable par  sa  vigueur  et  surtout  par  ses 
ramifications.  Au  lieu  d’être  simples  et  ter- 
minées par  un  seul  capitule  comme  celles  du 
type,  les  tiges  florales  de  la  nouvelle  variété 
présentent  un  grand  nombre  de  ramifica- 
tions qui,  partant  des  divers  points  de  la  tige, 
sont  dressées  et  viennent  former  des  sortes 
de  corymbes  ou  d’ombelles  qui  constituent 
des  inflorescences  très-larges  ou  sortes  de 


ARBUSTES  A FEUILLAGE  COLORÉ. 


477 


bouquets  tout  faits , d’où  le  nom  qui  lui  a 
été  donné. 

Cette  variété,  d’apparition  très-récente, 
est  — nous  en  avons  la  conviction  — ap- 
pelée à un  brillant  avenir.  Nous  avons  vu 
des  inflorescences  qui  portaient  jusqu’à  15 
et  20  ramifications.  Comme  la  nature  et  la 
propriété  des  fleurs  sont  semblables  à celles 
du  type,  cette  nouveauté  est  donc  appelée 
à être  employée  aux  mêmes  usages,  et 
même  avec  avantage,  puisque  chaque  tige 
florale  porte  un  nombre  de  fleurs  beaucoup 
plus  considérable. 

Culture  et  multiplication.  — Les  Acro- 
clinium  demandent  une  terre  légère,  con- 
sistante, et  surtout  très-saine,  assez  pro- 


fonde et  un  peu  humeuse,  mais  une  expo- 
sition chaude  et  surtout  très-aérée,  et  bien 
ensoleillée.  On  les  multiplie  par  graines 
que  l’on  sème  en  septembre  ; on  repique 
les  plantes  dans  des  pots  qu’on  place  pen- 
dant l’hiver  sous  des  châssis  à froid,  d’où 
on  les  sort  en  février  et  mars  pour  les  plan- 
ter en  place.  On  peut  aussi  semer  au  prin- 
temps à partir  de  février-mars,  soit  sur 
couche  et  sous  châssis,  pour  les  repiquer 
ensuite  là  où  l’on  veut  les  voir  fleurir.  Mais 
le  mieux,  pour  obtenir  de  belles  et  fortes 
plantes,  dont  la  floraison  plus  belle  dure 
aussi  plus  longtemps,  est  de  semer  à l’au- 
tomne et  d’hiverner  les  plants  sous  châssis. 

E.-A.  Carrière. 


ARBUSTES  A FEUILLAGE  COLORÉ 


Les  arbustes  à feuillage  coloré  ont  de 
nombreux  partisans,  mais  aussi  quelques 
adversaires.  Beaucoup  aiment  leurs  teintes 
variées,  qui  impriment  un  cachet  bizarre  à 
la  végétation,  et  jettent  dans  les  paysages 
printaniers  une  note  automnale;  d’autres, 
au  contraire,  ne  peuvent  supporter  leurs 
coloris  étranges,  qui  semblent  dus  à la  su- 
percherie de  quelque  peintre  malicieux. 

Sans  prendre  parti  ni  pour  les  uns  ni 
pour  les  autres,  nous  reconnaissons  que  les 
derniers  ont  raison  quand  ils  ont  affaire  à 
des  sujets  mal  développés,  où  une  chlorose 
trop  prononcée  déforme  quelques  organes  ; 
mais  nous  sommes,  comme  les  premiers,  des 
admirateurs  fervents  de  ces  plantes  quand 
la  décoloration,  sans'porter  atteinte  à la  vé- 
gétation, n’est  qu’une  agréable  diversité  à 
la  monotonie  des  teintes  vertes. 

Dans  une  récente  visite  que  nous  avons 
faite  aux  pépinières  de  M.  Baron-Veillard, 
à Orléans,  nous  avons  pu  admirer  un 
grand  nombre  d’arbres  ou  arbustes  pana- 
chés, vigoureux  et  fort  remarquables.  Parmi 
les  formes  rares,  récemment  obtenues  ou  sim- 
plement recommandables,  que  nous  avons 
vues,  nous  citerons  : 

Cornus  siberica  variegata  elegantis- 
sima,  obtenu  par  M.  Loymans,  pépinié- 
riste hollandais.  Bameaux  effilés,  feuilles 
bien  développées  abondamment  marginées 
de  blanc. 

Cornus  siberica  foliis  aureis , obtenu  par 
M.  Spath.  Plante  aussi  vigoureuse  que  la 
précédente,  feuilles  marginées  de  jaune  pâle. 

Acer  Negundo  foliis  variegatis  aureis , 
feuilles  vert  foncé  au  milieu,  maculées  de 
jaune  vert. 


Ptelea  trifoliata  aurea,  feuilles  d’un 
jaune  doré  uniforme. 

Nous  avons  remarqué  de  belles  formes  de 
Ligustrum  ovalifolium  robustumaureum. 

Les  Acer  Scliweidlerii  et  Reichenbachii 
sont  remarquables  par  leur  coloration  rouge, 
l’un  au  printemps,  l’autre  à l’automne. 

Plusieurs  autres  Érables  ont  attiré  notre 
attention  par  l’élégance  et  la  variété  de  leurs 
panachures.  Ce  sont  : 

Acer  Prinz  Handjeri,  sorti  des  pépi- 
nières deM.  Spath.  Feuilles  presque  trans- 
parentes à la  lumière,  vert  blanchâtre  en 
dessus,  pourpre  léger  en  dessous. 

Acer  Nizetti , vendu  par  MM.  Jacob- 
Makoy,  de  Liège,  de  tous  le  plus  étrange, 
avec  ses  feuilles  irrégulièrement  maculées 
de  vert,  de  jaune  et  de  pourpre. 

Acer  colchicum  tricolor,  feuilles  tache- 
tées de  blanc  et  de  pourpre  sur  fond  vert 
foncé. 

Acer  pseudo-platanus  atropurpureum, 
qui  porte  bien  son  nom  et  tranche  par  sa 
couleur  plus  foncée  sur  l’ancien  Sycomore 
pourpre. 

Une  des  meilleures  curiosités  est  un  Pla- 
tane d’Orient , à feuilles  abondamment 
maculées  de  blanc.  Le  pied-mère,  d’où  sont 
sortis  les  rejetons,  qui  commencent  à se  ré- 
pandre dans  les  pépinières,  croit,  paraît-il, 
aux  environs  de  Constantinople. 

Tous  les  arbustes  que  nous  venons  de 
citer  sont  d’une  belle  venue  et  ne  paraissent 
nullement  indisposés  de  l’affection  qui  dé- 
colore leur  feuillage.  Les  amateurs  de  ces 
arbres  et  arbustes  panachés  trouveront  dans 
leur  emploi  l’occasion  de  satisfaire  leurs 
goûts  les  plus  variés.  P.  Cornuault. 


478 


MÉNYANTHE  TRIFOLIÉ. 


MÉNYANTHE  TRIFOLIÉ 


Cette  espèce,  qui  est  indigène  et  que  l’on 
rencontre  fréquemment  dans  les  marais,  les 
fossés  et  même  dans  certains  lieux  bas  et 
humides  où  l’eau  séjourne,  est  souvent  dé- 
signée sous  le  nom  vulgaire  de  Trèfle  T eau, 
qu’elle  doit  à ses  feuilles  à trois  pétioles. 
C’est  une  plante  qui  peut  servir  à la  décora- 
tion des  eaux  et  qui,  outre  son  mérite  orne- 
mental, possède  des  propriétés  économiques 
et  même  médicales  relativement  nom- 
breuses. 

Au  point  de  vue  médical,  le  Ményanthe 
était  placé  parmi  les  amers  ; il  peut, 
paraît-il,  aller  de  pair  avec  beaucoup 
d’autres  qui  sont  encore  très-recommandés. 
Nous  nous  rappelons,  du  reste,  l’époque,  peu 
éloignée  encore,  où  le  Ményanthe  figurait 
en  première  ligne  par  petits  botillons  parmi 
les  attributs  des  herboristeries.  En  outre 
le  Ményanthe  était  considéré  comme  ver- 
mifuge, antiscorbutique,  etc.,  propriétés 
qui,  par  leur  importance,  suffiraient  déjà 
pour  faire  admettre  cette  espèce  dans  les 
cultures.  Mais  ce  n’est  pas  tout,  pourtant,  et 
sans  sortir  du  domaine  de  l’économie  domes- 
tique, nous  en  avons  une  autre  à signaler  : 
celle  de  pouvoir  entrer  dans  la  fabrication 
de  la  bière  comme  succédané  du  Houblon, 
ce  qui,  toutefois,  n’a  pas  lieu  d’étonner,  étant 
donnée  l’amertume  si  grande  que  possèdent 
presque  toutes  les  parties  de  la  plante. 

Après  avoir  examiné  le  Ményanthe  tri- 
folié aux  divers  points  de  vue  qui  en  font 
une  plante  économique,  il  nous  reste  à l’en- 
visager comme  plante  d’ornement.  Sous  ce 
rapport  la  chose  est  facile,  car  la  plante  est 
assez  commune  pour  qu’on  ait  pu  la  juger  à 
sa  véritable  valeur.  Néanmoins,  et  malgré 
qu’elle  soit  bien  connue,  nous  croyons 
devoir  en  rappeler  les  principaux  caractères  : 

Plante  vivace,  aquatique  ou  plutôt  am- 
phibie. Tige  épaisse,  articulée,  charnue,  di- 
variquée,  couchée,  flottante,  radicante, 
émettant  çà  et  là  des  racines.  Feuilles 
alternes,  à trois  folioles  obovales,  atténuées 
à la  base,  qui  est  réduite  à un  pétiole  lon- 
guement engainant.  Hampe  florale  simple, 
axillaire,  terminée  par  une  grappe  de  fleurs 
accompagnée  de  bractées.  Galyce  à cinq  di- 
visions réunies  à la  base  et  formant  une 
sorte  de  tube.  Corolle  ouverte,  en  enton- 
noir, charnue,  à cinq  divisions  frangées. 

A partir  de  mai-juin,  fleurs  carnées  ou 
plus  ou  moins  rosées,  à cinq  divisions  lan- 


céolées-aiguës, étalées.  Capsules  sphé- 
riques. 

Le  Ményanthe  est  monotype,  peu  sujet  aux 
variations,  même  légères.  Ainsi,  bien 
qu’on  le  rencontre  communément  et  parfois 
même  en  assez  grande  quantité  dans  beau- 
coup de  localités  de  la  France,  parfois 
dans  des  milieux  très-différents,  c’est  tou- 
jours avec  ses  caractères  typiques.  En 
serait-il  de  même  si  la  plante  était  sou- 
mise à la  culture  et  placée  dans  des  condi- 
tions spéciales  ? La  chose  est  à voir.  L’expé- 
rience mérite  d’autant  plus  d’être  tentée 
qu’il  y a là  une  plante  qui,  tout  naturelle- 
ment, possède  déjà  de  grandes  propriétés 
ornementales. 

Bien  que,  par  sa  nature,  le  Menyanthes 
trifoliata  soit  surtout  aquatique,  sa  végéta- 
tion, son  aspect  général,  ainsi  que  ses  di- 
mensions, paraissent  devoir  se  prêter  à des 
ornementations  très-diverses,  ainsi  que  le 
fait,  par  exemple,  Y Aponogeton  distachyus. 
Suivant  le  besoin,  on  peut  en  faire  une  plante 
de  pleine  terre  que,  très-probablement  même, 
l’on  pourrait  cultiver  en  pots  et  alors  la  cul- 
tiver, en  raison  des  besoins,  de  manière  à 
l’approprier  à l’usage  auquel  on  les  destine. 

On  multiplie  le  Ményanthe  avec  la  plus 
grande  facilité  par  la  division  des  pieds  ; 
les  éclats,  même  à peine  enracinés,  re- 
poussent parfaitement  et  promptement. 
Bien  que  cette  division  puisse  être  faite 
pendant  tout  le  temps  que  la  plante  est  au 
repos,  le  mieux  est  de  la  pratiquer  au 
printemps,  lorsque  la  végétation  se  met  de 
nouveau  en  mouvement. 

Le  Menyanthes  trifoliata  craint  les  sols 
calcaires,  surtout  s’ils  sont  secs  ; ce  qui 
lui  faut,  c’est  une  terre  forte,  c’est-à-dire 
argileuse.  Mais,  quel  que  soit  le  sol,  il  faut 
l’entretenir  toujours  humide,  vaseux  même. 
Lorsque  les  plantes  sont  cultivées  en  pots, 
ceux-ci  doivent  être  enterrés,  de  manière 
que  les  racines  qui  existent  au  collet  des 
plantes  soient  toujours  à l’abri  de  l’air. 

Comme  plante  aquatique,  il  faut  qu’elle 
soit  rapprochée  de  la  surface  de  l’eau  ; une 
épaisseur  de  15  à 30  centimètres  suffit.  La 
plante  n’est  pas  très-coureuse,  et  lorsqu’elle 
s’éloigne  des  bords,  cette  sorte  de  fugue  est 
due  à des  tiges  radicantes  qui  partent  de 
la  souche  et  qui,  plus  tard,  par  leurs  rami- 
fications, font  une  sorte  de  tapis  toujours 
très-irrégulier.  E.-A.  Carrière, 


PLANTES  NOUVELLES,  DÉCRITES  OU  FIGURÉES  DANS  LES  PUBLICATIONS  ÉTRANGÈRES.  479 


REVUE  DES  PLANTES  NOUVELLES 

DÉCRITES  OU  FIGURÉES  DANS  LES  PUBLICATIONS  ÉTRANGÈRES 


Helicophyllum  Alberti , Regel.  Aroïdées. 
(Bot.  Mag .,  tab.  6969.)  Bokhara.  — Cette 
plante  fut  décrite  pour  la  première  fois  en  1884 
par  le  docteur  Regel.  Feuilles  longuement  pé- 
tiolées, limbe  hasté  à la  base,  à deux  lobes 
latéraux  horizontaux  entre  lesquels  se  dressent 
deux  autres  lobes  longuement  linéaires  munis 
vers  le  milieu  d’un  appendice  en  forme  de 
corne.  Spathe  grande,  vert  pâle  en  dehors, 
pourpre  noir  en  dedans  ; spadice  grêle  à épis 
mâles  et  femelles  longuement  distants,  appen- 
dice d’un  bleu  noir.  Cette  curieuse  Aroïdée  ré- 
pand une  odeur  fétide. 

Rubus  rosæfolius , Smith.  Rosacées.  (Bot. 
Mag.,  tab.  6970.)  Himalaya,  Burmah  et  Java. 
— Cette  plante  n’a  pas  reçu  moins  de  onze 
noms  différents.  Elle  est  depuis  longtemps 
connue  dans  les  cultures,  bien  qu’elle  y soit  en- 
core assez  rare.  Feuilles  à 3-7  paires  de  folioles 
ovales-lancéolées-aiguës  ou  acuminées,  vertes 
sur  les  deux  faces.  Fleurs  solitaires  ou  en 
bouquets  pauciflores,  blanches,  très -élégantes. 

Oncidium  micropogon , Reichenb.  Orchi- 
dées. (Bot.  Mag.,  6971).  Brésil  méridional.  — 
Cette  espèce  fut  publiée  en  1854  par  M.  Rei- 
chenbach  sur  des  spécimens  importés  à Ham- 
bourg. Sa  patrie  est  encore  incertaine. 

Pseudobulbes  serrés  courts,  ovoïdes,  com- 
primés, puis  sillonnés.  Feuilles  par  deux, 
épaisses,  linéaires,  oblongues,  arrondies  au 
sommet.  Grappe  allongée,  flexueuse,  lâche- 
ment pluriflore.  Fleurs  grandes,  jaunes,  à sé- 
pales étroits  rayés  de  bandes  brunes  transver- 
sales ; à onglet  des  pétales  tachés  de  brun. 

Rhododendron  rhombicum , Miquel.  (Bot. 
Mag.,  tab.  6972.)  Japon.  — Cette  espèce  ap- 
partient au  groupe  des  Azalées,  dont  MM.  Ben- 
tham et  Hooker  ne  font  qu’un  sous-genre  du 
genre  Rhododendron.  C’est  un  arbuste  très- 
rameux  à feuilles  rhomboïdales.  Fleurs  par 
deux  à l’extrémité  des  rameaux  à calyce  petit 
velu  et  à corolle  rose,  presque  bilabiée,  à tube 
court  ; dix  étamines,  dont  cinq  à filets  moitié 
plus  longs  que  les  autres.  Style  grêle,  allongé. 

Phormium  Hookeri , Gunn.  Liliacées.  (Bot. 
Mag.,  tab.  6973.)  Nouvelle-Zélande.  — Plante 
à longues  feuilles  ensiformes  lacérées  au  som- 
met; hampe  inclinée.  Fleurs  en  panicule  à 
pédicelle  grêle  ; calyce  à sépales  dressés,  jaune 
d’or,  pétales  un  peu  plus  longs  que  le  calyce, 
dressés,  recourbés  au  sommet,  verts.  Filets  des 
étamines  rouge  sang. 

Ceratotheca  triloba , Bernhardt.  Pédalinées. 
(Bot.  Mag.  tab.  6974.)  Natal.  — Cette  superbe 
espèce  a fleuri  l’année  dernière  à Kew.  Plante 
herbacée  à tige  profondément  sillonnée. 
Feuilles  inférieures  longuement  pétiolées,  lar- 
gement ovales-cordées,  les  supérieures  briève- 


ment pétiolées,  triangulaires,  ovales,  les  flo- 
rales sessiles-ovales.  Fleurs  brièvement  pédi- 
cellées,  penchées  ; sépales  presque  égaux, 
caducs  ; corolle  comme  bilabiée,  grande,  d’un 
violet  clair  rayé  de  violet  foncé  à la  base. 

Thunbergia  affmis,  S.  Moore.  (Bot.  Mag., 
tab.  6975.)  Zanzibar.  — Espèce  voisine  du  Th. 
erecta,  Anders.,  dont  elle  n’est  peut-être  qu’une 
variété.  Elle  diffère  de  cette  dernière  espèce 
par  ses  feuilles  très-sinuées  et  plus  ovales- 
acuminées  ; ses  rameaux  inférieurs  plus  angu- 
leux et  les  lobes  du  calyce  plus  courts.  Cette 
magnifique  plante  a fleuri  à Kew  en  sep- 
tembre 1886. 

Prunus  J acquemontii,  Hook.  Rosacées, 
(Bot.  Mag.,  tab.  6976.)  Nord-ouest  del’Hima- 
laya.  — Arbuste  de  2 à 3 mètres,  à feuilles 
très-variables  et  à jolies  petites  fleurs  roses 
disposées  en  grappes  feuillées. 

Masdevallia  Chestertoni,  Rchb.  Orchidées. 
(Bot.  Mag.,  tab.  6977.)  Nouvelle-Grenade.  — 
Ce  Masdevallia  appartient  à la  section  du 
M.  Nycterina  et  bella.  Hampes  allongées, 
grêles,  pendantes,  uniflores.  Fleurs  grandes; 
sépales  très-ouverts,  ovales-arrondis,  terminés 
en  pointes  très-longues,  verdâtres,  tachés  de 
pourpre  ; pétales  petits  cucullés  dressés.  La- 
belle  à onglet  séparé  en  deux  lamelles  par  un 
sillon  profond  ; limbe  réniforme,  concave,  à 
bords  recourbés,  entiers,  disque  rayé  de  ner- 
vures sanguines  rayonnantes.  Cette  espèce,  si 
curieuse  par  la  forme  de  son  labelle,  a été  in- 
troduite en  Angleterre  dans  ces  dernières 
années. 

Amorphopliallus  virosus,  N.  E.  Brown. 
Aroïdées.  (Bot.  Mag.,  tab.  6978.)  — Cette 
remarquable  espèce  se  rapproche  de  Y Arum 
Rumphii,  Gaudichaud.  Spathe  grande,  d’un 
vert  teinté  de  pourpre  et  semé  de  larges  ma- 
cules blanches  à l’extérieur,  brunâtres  intérieu- 
rement; inflorescence  mâle  presque  égale  à 
l’inflorescence  femelle  ; appendice  conique, 
épais,  pourpre  noir. 

Cœlogyne  Massangeana,  Reichb.  Orchidées. 
(Bot.  Mag.,  tab.  6979.)  Assam.  — Espèce  voi- 
sine du  Cœlogyne  asperata,  Lindley,  dont  elle 
diffère  surtout  par  sa  grappe  glabre  et  le  lobe 
intermédiaire  de  son  labelle  qui  n’est  pas  oblong. 
Cette  plante  a été  décrile  pour  la  première  fois 
en  1878. 

Salvia  scapiformis,  Hance.  Labiées.  (Bot. 
Mag.,  tab.  6980.)  — Charmante  Sauge  à 
feuilles  presque  toutes  radicales  et  à épis 
grêles  couverts  de  petites  fleurs  d’un  joli  bleu 
améthyste  clair.  Elle  est  originaire  de  Formose. 

Aloe  Hildebrandtii,  J. -G.  Baker.  Liliacées. 
(Bot.  Mag.,  tab.  6981.)  Afrique  tropicale 
orientale.  — Ce  nouvel  Aloës,  qui  a fleuri 


480  PLANTES  NOUVELLES,  DÉCRITES  OU  FIGURÉES  DANS  LES  PUBLICATIONS  ÉTRANGÈRES. 


pour  la  première  fois  à Kew  l’année  dernière, 
est  un  des  plus  beaux  que  l’on  connaisse.  Tige 
simple,  dressée,  à entre-nœuds  courts  tachés 
de  blanc.  Feuilles  étalées,  lancéolées,  longues 
de  15  à 25  centimètres,  larges  de  4 à 5 centi- 
mètres à la  base,  vertes  avec  de  petites  taches 
blanches.  Pédoncules  partant  de  l’axe  supé- 
rieure des  feuilles.  Inflorescence  en  panicule 
lâche,  longue  de  50  centimètres.  Périanthe  à 
tube  et  à divisions  extérieures  d’un  rouge  bril- 
lant ; les  intérieures  d’un  rouge  lavé  de  jaune 
et  rayées  de  vert  sur  la  carène. 

Oncidium  Jonesianum , Reichb.  Orchidées. 
(Bot.  Mag .,  tab.  6982.)  Paraguay.  — Espèce 
décrite  pour  la  première  fois  en  1881  dans  le 
Gardener's  Chronicle.  Par  ses  belles  et  grandes 
fleurs  vert  pâle  taché  de  brun,  à labelle  blanc 
maculé  de  rouge  sang  à la  base,  elle  doit  être 
placée  au  premier  rang  parmi  les  Oncidium. 

Vanda  Sanderiana,  Reichb.  (Bot.  Mag., 
tab. 6983.)  Iles  Philippines.  — Nous  rappelle- 
rons la  figure  de  cette  superbe  espèce  que 
nous  avons  donnée  dans  la  Revue  horticole 
en  1885,  p.  372. 

Primula  geraniifolia , Hook.  Primulacées. 
(Bot.  Mag.,  tab.  6984.)  Himalaya  de  l’Est.  — 
Feuilles  toutes  radicales,  longuement  pétiolées, 
arrondies  en  cœur,  lobées,  hampe  très-grêle 
terminée  par  une  ombelle  de  fleurs  d’un 
pourpre  pâle  ; tube  de  la  corolle  renflé  puis  con- 
tracté au-dessous  de  la  gorge  ; limbe  étalé  à 
lobes  arrondis  obcordés.  Cette  espèce  a fleuri  à 
Kew  en  1887. 

Mesembrianthemum  Brownii,  Hooker.  Fi- 
coidées.  (Bot.  Mag.,  tab.  6985.)  Afrique  méri- 
dionale. — Petit  arbuste  dressé,  d’environ  30  à 
35  centimètres  de  haut,  presque  glabre,  feuilles 
arrondies,  d’un  vert  glauque  ; fleurs  solitaires 
ou  ternées  d’un  beau  pourpre  dans  leur  jeu- 
nesse, devenant  jaune  d’ocre  en  vieillissant. 

Heloniopsis  japonica,  Maxim.  Liliacées. 
(Bot.  Mag.,  tab.  6986.)  — Cette  plante,  abon- 
dante dans  les  montagnes  du  Japon  et  de  la 
Corée,  a été  introduite  depuis  quelques  années 
en  Angleterre.  Elle  a été  primitivement  rap- 
portée au  genre  Scill'a  dont  elle  diffère  par  sa 
racine  non  bulbeuse,  ses  feuilles  persistantes 
rigides,  ses  graines  caudées  à chaque  extré- 
mité. C’est  une  charmante  petite  plante  à 
feuilles  toutes  radicales  et  à hampe  terminée 
par  2-10  fleurs  rougeâtres  ressemblant  à des 
fleurs  de  Scille. 

Onosma  pyramidatis,  Hooker.  Rorraginées. 
(Bot.  Mag.,  tab.  6989.)  Himalaya  de  l’ouest.  — 
Plante  hispide  dans  toutes  ses  parties  ; feuilles 
radicales  très-nombreuses,  en  rosette,  linéaires, 
lancéolées,  acuminées  ; les  caulinaires  sessiles, 
lancéolées,  acuminées.  Fleurs  en  panicule 
pyramidale,  d’un  rouge  écarlate  brillant,  pas- 
sant au  pourpre  mauve  quand  la  corolle  se 
flétrit.  Cette  nouvelle  espèce  a fleuri  à Kew  en 


octobre  1886  ; elle  n’est  pas  rustique  et  ne 
donne  pas  de  graines. 

Nymphæa  kewensis , Hort.  Nymphéacées. 
(Bot.  Mag.,  tab.  6988.)  — La  planche  du  Bota- 
nical  Magazine  représente  un  hybride  superbe 
obtenu  à Kew  parle  croisement  du  Nymphæa 
lotus,  var.  alba  (femelle),  et  du  Nymphæa 
devoniensis  (mâle).  Les  fleurs  de  la  variété 
issue  de  ce  croisement  sont  de  la  plus  grande 
beauté.  Les  pétales  sont  d’un  rose  foncé.  La 
corolle  atteint  jusqu’à  22  centimètres  de  dia- 
mètre. Cette  admirable  plante  a fleuri  l’année 
dernière  de  mai  à novembre  ; et  l’après-midi, 
alors  que  tous  les  Nénuphars  sont  fermés,  elle 
ouvre  encore  ses  fleurs  pendant  plusieurs 
heures. 

Brodiæa  Howellii,  S.  Wats.  Liliacées. 
(Bot.  Mag.,  tab.  6989.)  — Cette  Liliacée  bul- 
beuse fut  découverte,  en  1879,  par  M.  Hoowel, 
sur  le  territoire  de  Washington  (États-Unis). 
Elle  a été  depuis  introduite  en  Angleterre. 
C’est  une  plante  à hampe  de  30  à 60  centimètres 
partant  du  milieu  de  deux  feuilles  radicales. 
Fleurs  en  ombelle,  blanchâtres  ou  lilas  pâle. 

Masdevallia  gibberosa,  Reichb.  Orchidées. 
(Bot.  Mag.,  tab.  6990.)  Nouvelle-Grenade.  — 
Cette  espèce  se  fait  remarquer  par  son  étran- 
geté au  milieu  des  Masdevallia  qui  renferment 
tant  de  formes  extraordinaires.  Ses  tiges  ver- 
ruqueuses  ont  l’air  d’être  l’œuvre  de  crustacés 
plutôt  que  le  développement  normal  d’un  vé- 
gétal; ses  fleurs  sont  tellement  bizarres  dans  la 
forme,  la  position  et  la  direction,  qu’elles 
défient  toute  description.  Elle  fleurit  presque 
toute  l’année. 

Cantleya  lutea,  Royle.  Scitaminées.  (Bot. 
Mag.,  Himalaya.)  — Cette  plante  est  curieuse 
parce  que  c’est  sur  ses  caractères  que  fut  fondé 
un  genre  contesté,  le  genre  Cantleya , rapporté 
par  certains  auteurs  au  genre  Roscœa.  C’est 
une  Scitaminée  à feuilles  lancéolées  et  à fleurs 
jaunes,  sans  grand  intérêt  horticole. 

Abies  Nordmanniana , Spach.  Conifères. 
(Bot.  Mag.,  tab.  6992.)  — La  planche  du 
Botanical  Magazine  représente  deux  cônes  de 
cette  espèce  de  l’Asie-Mineure,  bien  connue 
dans  les  cultures. 

Oncidium  Polletianum , Rchb.  f.  — (Gard. 
Chron.,  1886,  v.  2,  p.  326.)  — Cette  plante  est- 
elle  le  résultat  d’un  croisement  entre  l’O.  da- 
sytyle  et  l’O.  Gardneri,  entre  lesquels  ses 
caractères  la  placent,  c’est  ce  qu’il  n’est  pas 
encore  possible  de  dire.  C’est  une  Orchidée 
très-rare  et  très-jolie,  à sépales  latéraux  con- 
nés  bidentés,  le  supérieur  oblong  aigu,  jaunes 
rayés  de  bandes  marrons.  Pétales  oblongs- 
obtus,  marron,  avec  une  étroite  bordure  jaune  ; 
labelle  à auricules  petites,  obtuses  à la  base,  se 
continuant  par  un  isthme  étroit  et  terminé  par 
un  limbe  à quatre  petits  lobes.  Colonne  courte 
à ailes  arrondies.  Ed.  André. 


L’Administrateur-Gérant  : L.  Bourguignon. 


Imp.  Georges  Jacob,  — Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


481 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Concours  de  machines  à décortiquer  la  Ramie.  — Cours  d'arboriculture  ornementale.  — La  récolte  des 
vins.  — La  production  fruitière  en  Angleterre.  — Pseudophœnix  Sargenti.  — Appareil  désinfecteur 
pour  les  arbres  à haute  tige.  — Végétaux  envoyés  de  Cuba  à l’exposition  de  Madrid.  — Les  Algues 
parasites  des  « Paresseux  ».  — Frênes  et  frelons.  — Culture  de  la  Patate  douce.  — Culture  des 
fruits  en  sacs.  — Plantations  fruitières  sur  les  routes  nationales  de  l’Oise.  — Empoisonnement  de 
bestiaux  par  les  Renoncules  sauvages.  — Exposition  internationale  de  géographie  botanique  et  horti- 
cole à Anvers,  en  1890.  — Expositions  annoncées.  — Memento  des  expositions.  — Cours  municipal 
d’agriculture  et  d’horticulture  de  Narbonne. 


Concours  de  machines  à décortiquer 
la  Ramie.  — Ce  concours,  que  nous  avons 
annoncé  en  temps  utile,  vient  d’avoir  lieu. 
Plusieurs  machines  ont  fonctionné  en  pré- 
sence du  jury  : mais  les  résultats  n’ont  pas 
été  assez  concluants  pour  que  les  prix  pus- 
sent être  attribués.  Des  encouragements, 
sous  forme  de  sommes  d’argent,  ont  seule- 
ment été  remis  aux  concurrents. 

Ceux-ci  ont  déclaré  que  l’insuffisance  des 
échantillons  de  Ramie  mis  à leur  disposi- 
tion, était  la  cause  principale  du  fonc- 
tionnement peu  satisfaisant  de  leurs  appa- 
reils. 

Il  y a lieu  d’espérer  que  l’Exposition  uni- 
verselle mettra  en  lumière  des  machines 
pratiques  pour  la  décortication  de  la  Ramie, 
qui  pourra  alors  devenir  l’objet  d’une  pro- 
duction importante  dans  nos  colonies,  au 
Tonkin  notamment. 

On  sait  que  la  Ramie  [Urtica  tenacis- 
sima)  est  cultivée  en  Chine  dans  des  pro- 
portions importantes.  Les  Chinois  enlèvent 
à la  main  les  matières  fibreuses,  et  la 
matière  textile  qui  reste  est  expédiée  en 
Angleterre,  sous  le  nom  de  China  grass, 
pour  être  travaillée  dans  les  filatures. 

Mais  ce  procédé  de  décortication  est 
beaucoup  trop  coûteux,  et  c’est  ce  qui  a, 
jusqu’ici,  empêché  cette  culture  de  prendre 
de  l’extension  dans  les  pays  où  la  main- 
d’œuvre  est  plus  chère  qu’en  Chine. 

Cours  d’arboriculture  ornementale. 

— M.  Chargueraud,  professeur  d’arboricul- 
ture de  la  Ville  de  Paris,  commencera  son 
cours  le  vendredi  16  novembre,  à 8 heures 
du  soir,  dans  l’hôtel  de  la  Société  d’hor- 
ticulture, rue  de  Grenelle,  84,  et  le  conti- 
nuera les  vendredis  suivants,  à la  même 
heure. 

Le  professeur  traitera  des  plantations 
d’alignement  dans  les  villes  et  sur  les  routes 
départementales;  et  des  plantations  orne- 
mentales dans  les  parcs,  squares  et  jardins. 

1er  Novembre  1888. 


La  récolte  des  vins.  — D’après  les  ren- 
seignements communiqués  au  conseil  des 
ministres  par  M.  Viette,  ministre  de  l’agri- 
culture, la  récolte  des  vins  en  France  attein- 
drait, en  1888,  40  millions  d’hectolitres.  Ce 
serait  le  chiffre  le  plus  élevé  de  la  période 
décennale  1879-1888;  la  production  la  plus 
faible  correspond  aux  deux  années  précé- 
dentes, durant  lesquelles  la  récolte  s’est 
abaissée  à 25,063,000  hectolitres  en  1886  et 
à 24,333,000  hectolitres  en  1887. 

Les  départements  les  plus  favorisés  sont  : 
l’Hérault,  qui  a produit  8 millions  d’hecto- 
litres ; le  Gard,  qui  en  a obtenu  6 millions 
et  la  Gironde,  qui  a récolté  2 millions  et 
demi  d’hectolitres.  — En  ce  qui  concerne 
le  Gard,  la  récolte  atteint  la  moyenne  cons- 
tatée dans  ce  département  avant  l’invasion 
du  phylloxéra. 

La  qualité  des  vins  est  généralement  sa- 
tisfaisante, surtout  étant  données  les  condi- 
tions climatériques  défavorables  de  l’année. 

Un  de  nos  correspondants,  M.  Paul  Gi- 
raud, de  Marseille,  nous  donne,  sur  la  der- 
nière récolte,  les  renseignements  suivants  : 

...  Notre  région  a été  très  favorisée  cette 
année  et  elle  en  avait  grand  besoin.  A une 
bonne  récolte  de  Blés  a succédé  une  excellente 
récolte  de  fruits  ainsi  que  de  Raisins,  et  nous 
comptons  également  sur  beaucoup  d’huiles. 

Des  vignobles  achetés  dans  ces  dernières 
années  ont  donné,  en  produits  nets , le  tiers  de 
leur  coût. 

C’est  toujours  à la  Vigne  que  le  Midi  doit 
demander  un  produit  rémunérateur.  Nous 
avons  encore  de  la  marge,  puisque  nous  avons 
encore  payé,  en  1887,  pour  517  millions  de 
vins,  dont  300  millions  à l’Espagne. 

Si  l’estimation  faite  par  le  Ministère  de  l’a- 
griculture est  exacte,  c’est  16  millions  d’hecto- 
litres d’augmentation  sur  1887,  et,  par  consé- 
quent, 400  millions  de  francs  qui  resteront  en 
France. 

Si  la  progression  continuait,  nous  verrions 
peut-être  le  jour  où  nous  pourrions  fournir  du 
vin  à l’étranger,  au  lieu  d’en  importer  ; et  le 
résultat  désirable  sera  peut-être  atteint,  si  les 

21 


482 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


autres  départements  suivent  l’exemple  que  leur 
ont  donné  le  Gard  et  l’Hérault. 

Souhaitons  que  les  bons  pronostics  de 
notre  correspondant  se  réalisent. 

La  production  fruitière  en  Angle- 
terre. — Nos  lecteurs  trouveront  plus  loin, 
sur  cette  question,  une  très  intéressante 
étude  que  vient  de  publier,  dans  le  Journal 
d’ Agriculture  pratique,  M.  Eug.  Marie,  di- 
recteur du  commerce  extérieur  au  Minis- 
tère du  commerce.  11  faut  croire  que  l’agri- 
culture n’est,  pas,  en  Angleterre,  dans  une 
situation  meilleure  que  chez  nous,  si  on  en 
juge  par  les  essais  qui  sont  tentés  dans  ce 
pays  pour  développer  la  production  frui- 
tière. Nous  sommes,  évidemment,  encore 
loin  d’avoir  à redouter  à ce  point  de  vue  la 
concurrence  anglaise;  il  ne  faut  pas  cepen- 
dant négliger  les  avertissements,  et  c’est 
pour  cela  que  nous  avons  cru  devoir  repro- 
duire l’article  de  M.  Eug.  Marie,  en  raison 
de  la  compétence  toute  particulière  de  l’au- 
teur. 

Pseudophœnix  Sargenti.  — Ce  nou- 
veau genre  de  Palmier,  qui  a été  découvert, 
en  1886,  par  M.  Ch.  Sargent,  dans  la 
Floride,  a été  étudié,  décrit  et  nommé 
par  M.  Wendland,  l’éminent  botaniste  de 
Hanovre. 

Le  Pseudophœnix  Sargenti *,  dont  le 
port  rappelle  celui  d’un  Oreodoxa,  est  un 
Palmier  qui  atteint  une  hauteur  de  8 à 
9 mètres,  — son  stipe  ayant  environ  30  cen- 
timètres de  diamètre. 

Ses  feuilles,  abruptement  pennées,  ont 
de  lm  30  à lm  60  de  longueur  et  portent  de 
nombreux  segments  lancéolés-acuminés, 
longs  de  30  à 40  centimètres.  Le  spadice 
ramifié  se  développe  au  milieu  des  feuil- 
les ; il  mesure  (sur  l’exemplaire  étudié) 
90  centimètres  de  longueur  sur  75  de  lar- 
geur. Le  fruit,  trilobé  et  souvent  uni  ou  bi- 
lobé  par  avortement,  mesure  de  18  à 24  mil- 
limètres de  diamètre  et  acquiert  une  fort 
jolie  couleur  orange  écarlate. 

A peu  de  distance  de  l’endroit  où  le  pro- 
fesseur Ch.  Sargent  a rencontré  le  premier 
Pseudophœnix,  qui  a reçu  son  nom,  on  a 
découvert  récemment  toute  une  famille  de 
la  même  espèce,  composée  d’environ  200  in- 
dividus de  toutes  forces. 

Attendons-nous  donc  à voir  bientôt  ce 
nouveau  Palmier  faire  son  entrée  dans  les 
collections. 

1 Voir  Revue  Horticole,  1887,  p.  34. 


Appareil  désinfecteur  pour  les  arbres 
à haute  tige.  — Dans  une  étude  intéres- 
sante que  vient  de  publier  M.  Ch.  Joly, 
dans  le  Bulletin  de  la  Société  nationale 
d’horticulture  de  France2,  nous  avons  re- 
marqué un  appareil  très-pratique  qui,  dans 
la  Californie,  sert  à désinfecter  les  Orangers 
et  autres  arbres  de  plein  vent. 

C’est  un  chariot  en  fer,  dont  l’ensemble 
rappelle  d’assez  près  la  disposition  des  cha- 
riots à transplanter  de  gros  arbres,  mais 
au  milieu  duquel  est  adapté  et  dressé  verti- 
calement au  sol  un  mât  qui  a de  10  à 
12  mètres  de  hauteur.  Au  moyen  de  bras 
placés  en  potence,  ce  mât  soutient  une  toile 
formant  une  gaine  arrondie,  un  peu  comme 
l’enveloppe  d’un  ballon,  qui,  au  moyen  de 
cordages  et  de  poulies,  s’élève  et  redescend 
régulièrement  en  enveloppant  l’arbre  à côté 
duquel  le  chariot  est  placé.  La  gaine  se 
ferme  ensuite  par  le  bas  et  l’on  peut  opérer 
la  fumigation  destinée  à détruire  les  insectes 
nuisibles  aux  Orangers. 

Cet  appareil  pourrait  servir,  chez  nous, 
non  seulement  aux  Orangers,  qui,  en  Algé- 
rie, dans  les  Alpes  maritimes,  la  Corse  et  le 
Var,  sont  cultivés  en  grand,  mais  aussi 
aux  autres  arbres  fruitiers,  qui  sont  quelque- 
fois couverts  de  chenilles,  pucerons,  etc., 
sans  qu’il  soit  possible  de  les  détruire  par 
un  autre  moyen. 

Un  cheval  reste  attelé  au  chariot  en 
question  et  l’on  peut,  dans  une  journée, 
traiter  jusqu’à  une  cinquantaine  d’arbres. 

Végétaux  envoyés  de  Cuba  à l’Expo- 
sition de  Madrid.  — Voici  les  premiers 
symptômes,  croyons-nous,  d’une  invasion 
américaine  d’un  nouveau  genre  : 

A l’Exposition  d’horticulture  qui  a eu 
lieu  cette  année  à Madrid,  une  des  princi- 
pales récompenses  a été  attribuée  à notre 
compatriote,  M.  Jules  Lachaume,  direc- 
teur du  Jardin  botanique  de  Cuba,  qui 
avait  envoyé  un  lot  important  de  fort  belles 
plantes,  parmi  lesquelles  les  Palmiers  do- 
minaient. 

Malgré  une  traversée  de  trois  semaines, 
ces  plantes  étaient  en  fort  bon  état,  puis- 
qu’elles ont  pu  rivaliser  victorieusement 
contre  les  végétaux  cultivés  en  Espagne. 

Les  Algues  parasites  des  « Pares- 
seux ».  — Tout  le  monde  connaît  ces 
mammifères  Bradypodes  que  leur  lenteur  à 
se  déplacer  a fait  nommer  Paresseux  ; mais 

2 Voir  Revue  horticole,  1888,  août,  p.  463. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


483 


beaucoup  de  nos  lecteurs  savent-ils  que  les 
poils  de  ces  animaux  servent  de  terrain  de 
culture  à des  algues  parfaitement  consti- 
tuées? Ce  fait,  qui  avait  été  constaté  en 
1864  par  M.  Kuehn,  vient  d’être  étudié  plus 
à fond  par  une  dame  hollandaise,  Mme  A. 
Weber  van  Bosse,  qui  a rendu  compte  de 
ses  travaux  devant  la  Société  hollandaise 
des  Sciences. 

L’une  de  ces  Algues,  que  Mme  W.  van 
Bosse  a nommée  Trichophilus  Welcheri, 
forme  des  filaments  courts,  irrégulièrement 
articulés,  qui  se  développent  en  rampant  à 
la  surface  du  poil.  Les  autres  Algues  sont  le 
Cyanoderma  Bradypodis  et  le  C.  Cho- 
leopodis. 

Ces  deux  dernières  espèces  ont  pu  être 
cultivées,  à des  températures  diverses,  sur 
des  poils  de  Paresseux;  mais  de  semblables 
essais  ont  toujours  échoué  pour  les  Tricho - 
philus. 

Frênes  et  Frelons.  — Nous  avons  vu, 
cet  automne,  des  Frênes  complètement  dé- 
cortiqués dans  leur  partie  supérieure  par 
des  frelons,  qui,  ainsi  que  les  cantharides, 
sont  très-friands  de  la  sève  de  cet  arbre. 
Nous  avons  même  remarqué  quelques  jeunes 
arbres  dont  la  tète  est  morte  à la  suite  de 
cet  envahissement,  et  qui  ne  pourront  se 
refaire  qu’en  plusieurs  années. 

De  plusieurs  procédés  que  nous  avons 
essayés  pour  chasser  ces  frelons,  le  seul 
qui  nous  ait  entièrement  réussi  est  une  ap- 
plication, à l’aide  d’un  pinceau,  d’essence 
de  térébenthine  sur  toutes  les  branches  que 
les  frelons  commençaient  à attaquer.  Ils  ont 
immédiatement  quitté  l’arbre  pour  n’y  plus 
revenir. 

Culture  de  la  Patate  douce.  — M.  Rou- 
land, jardinier  chez  M.  Groué,  à Bourré 
(Loir-et-Cher),  nous  rend  compte  comme 
suit  de  ses  heureux  essais  de  culture  de  la 
Patate  douce  : 

Je  crois  utile  de  communiquer  au  public 
horticole,  dit  M.  Rouland,  cette  notice  au 
sujet  de  la  culture  de  la  Patate  douce. 

Ayant  vu  sur  la  Revue  horticole  un  nouveau 
procédé  de  culture  de  cette  plante,  j’ai  voulu 
l’essayer.  Grâce  à ce  moyen,  l’année  dernière 
nous  avons  eu  une  très-belle  récolte  ; car  nous 
avons  obtenu  des  tubercules  du  poids  de 
2k  750.  Gela  m’a  encouragé  à recommencer 
cette  année. 

Afin  de  bien  me  rendre  compte  s’il  y avait 
véritablement  une  différence  de  rendement, 
j’ai  planté  quelques  pieds  sur  une  ancienne 
couche-culture  qui  se  fait  habituellement,  mal- 


gré la  saison,  qui,  en  1888,  n’a  pas  été  favorable. 
J’ai  constaté  une  grande  différence  de  produit. 
Tandis  que  des  pieds  qui  étaient  plantés  sous 
châssis  avaient  les  racines  d’une  longueur  dé- 
mesurée et  à peine  renflées,  ceux  cultivés  en 
pleine  terre,  au  contraire,  avaient  les  tubercules 
très-bien  formés  et  il  y en  avait  davantage. 

Voici  comme  je  procède  : Je  choisis  une 
planche  bien  exposée;  je  la  vide,  et  je  roule 
le  fond  avec  un  rouleau  en  fonte,  de  manière 
à ce  que  cela  rende  le  terrain  comme  un  bé- 
ton. Plus  le  fond  est  dur,  meilleurs  sont  les 
résultats.  Après  cela,  je  mets  dessus  à peu 
près  25  centimètres  de  bonne  terre  mélangée 
de  terreau  de  feuilles  bien  consommé.  Après 
avoir  fait  prendre  les  boutures  et  les  avoir 
rempotées  dans  des  godets  de  6 centimètres,  je 
plante  d’avril  à mai.  Les  seuls  soins  consistent 
ensuite  à couper  les  branches  qui  envahissent 
les  sentiers  et  arroser  aussitôt  que  le  besoin 
s’en  fait  sentir. 

J’ai  tenu  à communiquer  cette  petite  note  à 
la  Revue  horticole  afin  de  faire  connaître  les 
excellents  résultats  de  cette  culture. 

Culture  des  fruits  en  sacs.  — Depuis 
quelques  années,  les  fruits  sont  sujets  à des 
maladies  nombreuses,  qui  les  détériorent 
souvent  au  point  de  les  rendre  invendables. 
Pour  les  Poires,  c’est  particulièrement  la 
tavelure  qui  arrête  leur  croissance  et  dimi- 
nue considérablement  leur  valeur.  Pour  les 
Pommes,  ce  sont  de  petits  points,  qui,  d’a- 
bord à peine  visibles,  s’entourent  bientôt 
d’une  aréole  rouge  et  ne  tardent  pas  à 
endommager  sérieusement  les  fruits.  Mais 
on  ignore  jusqu’ici  la  cause  réelle  du  mal  ; 
on  a tout  lieu  de  croire  cependant  que  les 
maladies  sont  dues  à des  piqûres  d’insectes. 
On  a recommandé,  contre  ces  fléaux,  l’em- 
ploi des  insecticides,  principalement  ceux  à 
base  cuivrique.  Nous  apprenons  que  cer- 
tains cultivateurs  ont  eu  l’idée  d’agir  pré- 
ventivement et  de  protéger  les  fruits  avec 
des  sacs  en  papier,  et  que  les  résultats  ob- 
tenus paraissent  satisfaisants.  Il  peut  y 
avoir  là  un  bon  procédé  de  protection  dont 
l’arboriculture  se  trouvera  bien  de  faire 
usage. 

Plantations  fruitières  sur  les  routes 
nationales  de  l'Oise.  — Nos  lecteurs 
n’ont  pas  oublié  les  différents  articles  que 
la  Revue  a publiés  sur  cette  intéressante 
question  des  plantations  fruitières  sur  les 
routes.  Quelques  essais  avaient  déjà  été 
faits  çà  et  là.  Depuis  plus  de  quinze  ans, 
M.  Delaville  aîné,  professeur  de  la  Société 
d’horticulture  de  Reauvais,  réclamait  l’adop- 
tion de  cette  mesure,  depuis  longtemps  en 


484 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


usage  chez  les  Allemands.  Nous  apprenons 
que  l’Administration  des  ponts  et  chaus- 
sées du  département  de  l’Oise  vient  de 
donner  satisfaction  au  vœu  de  M.  Delaville. 
On  va  faire,  cet  hiver,  l’essai  de  plantations 
fruitières  (Pommiers  à cidre  en  avenue)  sur 
l’une  des  routes  du  département. 

Nous  adressons  nos  félicitations,  pour  cet 
heureux  résultat,  à M.  Delaville,  dont  le 
zèle  persévérant  a fini  par  triompher  de 
tous  les  obstacles  ; mais  il  ne  faut  pas  ou- 
blier que  le  succès  est  dû  aussi  à l’appui 
qu’il  a trouvé  en  M.  Marthe,  agent- voyer 
principal,  et  auprès  des  ingénieurs  MM.  De- 
bauve  et  Lagout. 

La  Société  d’horticulture  de  Beauvais  a 
promis  son  concours  le  plus  actif  à la  réus- 
site de  cette  expérience,  qui  peut  être  fruc- 
tueuse. 

Empoisonnement  de  bestiaux  par  les 
Renoncules  sauvages.  — Une  sorte  de 
fléau  s’est  dernièrement  répandu  en  Angle- 
terre, dans  le  comté  de  Bedford.  Un  certain 
nombre  de  chevaux  et  d’autres  animaux 
sont  morts  empoisonnés,  après  avoir  pâturé 
dans  les  herbages. 

A la  suite  de  recherches,  on  a reconnu 
que  la  plante  cause  de  ces  empoisonnements 
est  la  Renoncule  Petite-Douve  ( R . Flam- 
mula),  qui,  par  suite  de  la  saison  pluvieuse, 
avait  pris  un  développement  inaccoutumé. 

Exposition  internationale  de  géogra- 
phie botanique  et  horticole,  à Anvers, 
en  1890.  — Bien  que  les  hases  de  cette 
très-intéressante  exposition,  pour  laquelle 
M.  de  Bosschere  déploie  une  si  louable  ac- 
tivité, ne  soient  pas  encore  entièrement 
élaborées,  les  divisions  principales  en  sont 
à peu  près  arrêtées. 

Elle  sera  divisée  en  quatre  sections  : la  pre- 
mière sera  réservée  à la  représentation  fidèle 
et  aussi  complète  que  possible  de  la  flore  de 
plusieurs  contrées,  indiquées  au  programme, 
à l’aide  de  plantes  vivantes,  échantillons  d’her- 
biers, flores,  gravures,  photographies,  spéci- 
mens paléontologiques,  etc. 

La  seconde  section  rassemblera  des  collec- 
tions similaires,  mais  représentant  la  flore  de 
contrées  non  désignées  au  programme. 

La  troisième  section  sera  réservée  aux  col- 
lections des  types  de  plantes  introduites  par 
les  principaux  explorateurs  botaniques  et  hor- 
ticoles de  l’Europe. 

La  quatrième  section  comprendra  plusieurs 
concours  : 

1°  La  collection  la  plus  complète  de  spéci- 
mens d’une  famille  ou  d'un  genre  déterminé, 
appartenant  à une  région  ou  à un  pays  désigné  ; 


2°  Les  collections  des  introductions  nou- 
velles depuis  une  dizaine  d’années,  par  exemple, 
et  qui  proviennent  d’une  région  ou  d’un  pays 
déterminé  ; 

3°  Étant  données  une  ou  deux  espèces  intro- 
duites et  qui  seront  indiquées  au  programme, 
rassembler  tous  les  hybrides  que  l’horticulture 
est  parvenue  à en  obtenir,  etc. 

Voilà  un  programme  fort  étendu,  et  il 
n’est  pas  trop  tôt  de  le  faire  connaître,  dans 
ses  dispositions  fondamentales,  pour  que 
les  intéressés  aient  le  temps  de  préparer 
leurs  intéressantes  collections. 

EXPOSITIONS  ANNONCÉES. 

Paris,  du  23  au  25  novembre.  — La 
Société  nationale  d’horticulture  de  France 
ouvrira,  du  23  au  25  novembre  prochain,  dans 
son  hôtel,  84,  rue  de  Grenelle,  à Paris,  une 
exposition  de  fruits,  divisée  en  douze  concours 
comprenant  les  fruits  frais  de  table  : Poires, 
Pommes,  Raisins  de  table  ; fruits  secs  : Noix, 
Noisettes,  Amandes,  Châtaignes,  etc;  fruits  à 
cidre. 

Memento  des  Expositions. 

Voici  la  liste  des  Expositions  précédemment 
annoncées  : 

Lille.  — Exp.  gén.  et  matériel  (Chr.  n°  19), 
4 au  5 novembre. 

Marseille.  — Chrysanthèmes  (Chr.  no  19),  l°r  au 
4 novembre. 

Paris.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n°  14),  22  au  25  no- 
vembre. 

Paris.  — Végétaux  d’ornement  (Chr.  n°  15), 
25  juillet  au  5 novembre.  (Annexe  de  l’Exposition 
d’hygiène  et  de  sauvetage.) 

Paris.  — Cidres,  Pommes  et  appareils  (Chr.)  n°  18, 
9 au  25  novembre. 

Paris.  — lor  novembre  au  10  décembre,  quai 
d’Orsay.  — Cidres,  Pommes  et  appareils  (Chr. 
n°  19). 

Roubaix.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n°  5),  17  no- 
vembre. 

Toulouse.  — Exp.  de  culture  maraîchère,  culture 
ornementale  et  arboriculture  fruitière  et  spécia- 
lement Exp.  de  Chrysanthèmes  (Chr.  n°  11), 
15  au  18  novembre. 

Gand.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n°  11),  18  au  22  no- 
vembre. 

Cours  municipal  d’agriculture  et 
d’horticulture  de  Narbonne.  — La  muni- 
cipalité de  Narbonne  vient  de  créer,  au  col- 
lège communal  de  cette  ville,  une  Chaire 
théorique  et  pratique  d’agriculture  et  d’hor- 
ticulture, confiée  à M.  Auguste  Maney, 
jardinier  chef  de  la  ville. 

Les  cours  ont  commencé  le  16  octobre,  et 
quarante-deux  élèves  avaient  commencé  à 
les  suivre  ; c’est  dire  que  la  création  que 
vient  de  faire  la  municipalité  de  Narbonne 
a été  rapidement  appréciée. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


MULTIPLICATION  DE  L ARAUCARIA  EXCELSA. 


485 


MULTIPLICATION  OE  L’ARAUCARIA  EXCELSA 


Comme  presque  toutes  les  autres  es- 
pèces du  genre,  X Araucaria  excelsa  se 
multiplie  par  graines,  par  boutures  et  par 
greffes.  Le  procédé  le  plus  prompt  est  le 
semis.  En  effet,  les  graines  lèvent  très- 
promptement  et  les  jeunes  plants  pous- 
sent très-vite.  Le  bouturage  est  moins 
prompt,  mais  il  a l’avantage  que,  ration- 
nellement fait,  il  donne  de  bons  résultats. 
La  greffe,  lorsqu’elle  est  bien  comprise,  est 
certainement  le  procédé  qui,  de  tous,  donne 
les  meilleurs  résultats.  Pourtant,  il  a un 
inconvénient,  celui  de  nécessiter  à la  fois  des 
sujets  et  des  greffons.  Toutefois  les  trois 
procédés  peuvent  être  employés  simultané- 
ment, parce  qu’ils  semblent  dériver  l’un  de 
l’autre  et  se  prêtent  un  mutuel  appui, 
pourrait-on  dire,  ce  que  nous  allons  essayer 
de  démontrer  en  passant  en  revue  les  divers 
procédés  et  en  faisant  ressortir  les  avan- 
tages et  les  inconvénients  qu’ils  peuvent 
présenter. 

Semis.  — Au  lieu  d’entrer  dans  de  longs 
et  minutieux  détails,  soit  sur  l’époque  où 
l’on  doit  pratiquer  les  semis,  soit  sur  les 
soins  à prendre,  la  terre  qu’il  faut  em- 
ployer, etc.,  toutes  choses  généralement 
connues,  nous  allons  indiquer  les  condi- 
tions dans  lesquelles  on  doit  opérer,  sui- 
vant les  circonstances,  ainsi  que  les  moyens 
de  tirer  parti  des  sujets  défectueux,  car, 
presque  toujours,  quand  ceux-ci  sont  im- 
propres à une  chose,  ils  peuvent  servir 
à une  autre. 

Les  graines  étant  semées  en  terrines  ou 
en  pots,  on  les  place  sous  des  châssis  ou  sur 
les  tablettes  d’une  serre  près  des  vitres,  en 
ayant  soin  de  donner  beaucoup  d’air,  afin 
que  les  jeunes  jeunes  plantes  ne  s’étiolent 
pas.  Il  faut  aussi  arroser  assez  fréquem- 
ment et  les  abriter  contre  le  grand  soleil, 
afin  de  les  préserver  de  la  grise,  maladie 
qui  est  très-nuisible  aux  Araucaria,  à 
laquelle  ils  sont  très-sujets  et  qu’elle  en- 
laidit en  arrêtant  leur  végétation.  On  en 
suspend  l’action  en  mettant  les  plantes  dans 
un  endroit  où  l’air  est  légèrement  humide 
et  en  les  soufrant  de  temps  à autre.  Mais, 
quoi  que  l’on  fasse,  il  est  rare  que  les  Arau- 
caria excelsa  provenant  de  graines  ne  se  dé- 
garnissent pas  de  la  base,  ou  que  celle-ci 
porte  autre  chose  que  des  branchettes  courtes 
qui  ne  prennent  jamais  qu’un  faible  déve- 
loppement et  qui  même,  bientôt,  s’épuisent 


et  meurent.  De  cette  façon  la  base  des 
plantes  est  dénudée  ou  à peu  près,  ce  qui 
retire  toute  la  valeur  de  ces  plantes  ; par  con- 
séquent, il  faut  l’éviter,  ce  qui  est  possible 
par  le  bouturage  et  par  la  greffe.  Voici 
comment  : 

Pour  le  bouturage,  on  prend  la  tête  des 
plantes,  en  ayant  bien  soin  de  couper  au- 
dessous  d’un  fort  verticille,  afin  d’avoir  le 
plus  près  possible  du  sol  des  branches  ro- 
bustes, longues  et  bien  garnies  de  ramilles. 
On  les  plante  en  terre  de  bruyère  dans 
des  petits  godets  qu’on  place  sous  cloche 
dans  la  serre  à multiplication.  Pour  faci- 
liter l’enracinement  des  boutures,  on  peut 
mettre  pendant  quelque  temps  les  plantes 
mères  à une  température  relativement 
élevée,  les  priver  d’air  et  les  bassiner  de 
temps  à autre,  afin  d’humidifier  l’air  de  la 
serre.  Une  fois  reprises,  ces  boutures  sont 
rempotées  et  placées  sous  des  châssis  et  sur 
une  petite  couche,  de  manière  à ce  qu’il  y 
ait  une  légère  chaleur  de  fond.  Les  plantes 
doivent  être  placées  près  du  verre,  garan- 
ties du  grand  soleil  et  aérées  autant  que 
possible,  afin  d’éviter  leur  étiolement. 

Voilà  pour  le  bouturage.  Quant  au  gref- 
fage, qui  se  fait  ordinairement  en  placage, 
il  ne  présente  rien  de  particulier  pour  ce 
qui  est  de  l’exécution  ; l’essentiel  consiste 
dans  un  bon  choix  des  sujets  et  des  greffons  : 
les  premiers,  qui  sont  généralement  des 
boutures  de  branches,  doivent  être  bien 
constitués. 

'La  greffe  se  pratique  le  plus  près  pos- 
sible du  sol  ; on  prend  pour  greffons  de 
belles  tètes  vigoureuses  et  bien  établies, 
c’est-à-dire  qui  portent  à leur  base,  un  peu 
au-dessus  de  l’insertion  de  la  greffe,  un 
beau  et  fort  verticille,  qui,  plus  tard,  cons- 
tituera le  premier  étage  rameux  de  l’arbre. 

Ainsi  obtenues,  au  lieu  de  se  dégarnir 
de  la  base,  les  plantes  resteront  garnies  de 
branches  à partir  du  sol,  et  les  arbres  for- 
meront des  pyramides  coniques  d’une  grande 
élégance,  ce  qui  est  le  contraire  des  plantes 
qui  proviennent  de  semis.  Celles-ci,  quoi 
que  l’on  fasse,  se  dégarnissent  toujours 
de  la  base  ; non  seulement  cette  base  est 
toujours  dénudée,  mais  les  premières  bran- 
ches sont  toujours  faibles,  de  sorte  que,  au 
lieu  d’une  pyramide  régulière  qui  com- 
mence au  sol  et  va  en  se  rétrécissant  jus- 
qu’au sommet,  qui  est  atténué  et  conique, 


486 


— LE  CHATEAU  DU  LUDE  ET  SES  PARTERRES. 


de  l’ébourgeonnage. 

on  a des  arbres  irréguliers,  élargis  vers 
le  milieu,  c’est-à-dire  ayant  une  tête  ar- 
rondie et  disproportionnée  avec  le  reste 
de  l’arbre,  ce  qui  n’a  rien  d’agréable. 

Lorsqu’au  contraire,  dès  le  début  et  le 
plus  près  possible  du  sol,  on  a fixé  un  fort 
verticille,  non  seulement  celui-ci  persiste, 
mais  il  prend  une  grande  extension;  il 


maintient  dans  cette  partie  tout  à fait  in- 
férieure comme  un  centre  de  vitalité  qui 
persiste  pendant  toute  la  durée  de  l’arbre 
et  maintient  l’équilibre  dans  toutes  ses 
parties,  conservant  cette  régularité  qui  fait 
de  Y Araucaria  excelsa  un  des  plus  beaux 
arbres  qu’il  soit  possible  de  voir. 

E.-A.  Carrière. 


DE  L’ÉBOURGEONNAGE 


Èbourgeonner , c’est  tout  simplement  en- 
lever ou  supprimer  des  bourgeons.  Mais  il 
y a une  distinction  à faire  entre  les  bour- 
geons qu’il  faut  enlever  et  ceux  qu’il  faut, 
au  contraire,  conserver. 

Y a-t-il  à cela  une  règle?  Il  n’y  en  a pas 
une,  mais  beaucoup,  suivant  les  cas,  et 
c’est  à cette  démonstration  que  je  vais  con- 
sacrer cet  article.  Quelle  que  soit  l’espèce 
dont  il  s’agisse,  on  ne  pourra  et  même  on 
ne  devra  enlever  de  bourgeons  que  là  où 
ils  sont  en  trop  grand  nombre  ou  mal  pla- 
cés; partout  ailleurs,  à moins  qu’ils  ne 
soient  par  trop  défectueux,  on  devra  cher- 
cher à utiliser  les  bourgeons  en  les  modi- 
fiant suivant  les  circonstances,  afin  de  les 
approprier  au  but  que  l’on  recherche. 

Un  principe  fondamental,  qui  peut  même 
être  pris  comme  règle,  c’est  de  bien  obser- 
ver la  position  qu’occupent  les  bourgeons, 
leur  destination.  S’ils  sont  placés  sur  le 
dessus  ou  à l’extrémité  des  branches,  il 
faut,  en  général,  supprimer  les  plus  vigou- 
reux, à moins  que  l’on  en  ait  besoin  pour 
augmenter  ou  modifier  la  charpente  de 
l’arbre.  Quand  il  s’agit  de  bourgeons  de- 
vant être  transformés  en  parties  florales, 
par  conséquent  fructifères,  au  lieu  de  les 
supprimer,  il  faut  parfois  les  pincer,  de 
manière  à en  déterminer  la  transformation, 
ce  qu’ici  je  ne  puis  indiquer  d’une  manière 
absolue,  cette  opération  étant  subordonnée 


à l’espèce  d’arbre  à laquelle  on  l’applique 
ou  bien  à la  nature  des  bourgeons,  ou  en- 
core à l’emplacement  qu’ils  occupent  sur  la 
plante. 

Une  autre  observation  que  je  crois  devoir 
faire  et  sur  laquelle  j’appelle  tout  particu- 
lièrement l’attention,  c’est  lorsqu’il  y a 
deux  ou  plusieurs  bourgeons  et  qu’il  n’en 
faut  laisser  qu’un.  Dans  l’un  ou  l’autre  cas, 
il  faut  être  prudent,  surtout  lorsqu’il  n’y  a 
que  deux  bourgeons  ; alors,  au  lieu  d’en- 
lever complètement  celui  que  l’on  regarde 
comme  inutile,  on  en  conserve  la  base  ou 
empâtement,  de  manière  à ce  qu’il  puisse 
en  sortir  d’autres  bourgeons  dans  le  cas  où 
celui  sur  lequel  on  comptait  aurait  péri  ou 
ne  se  serait  développé  qu’imparfaitement. 

D’autre  part,  il  va  de  soi  que,  suivant  la 
nature  des  arbres  et  le  but  que  l’on  cherche 
à atteindre,  l’ébourgeonnage  devra  être  plus 
ou  moins  modifié  dans  son  application.  Il 
pourrait  même  arriver  que  l’on  puisse  y 
surseoir  à l’aide  d’un  pinçage  plus  ou  moins 
sévère  des  bourgeons  dont  la  vigueur  de- 
vrait être  modifiée. 

Dans  tous  les  cas,  je  le  répète,  il  faut 
toujours  procéder  prudemment  et  n’opérer 
que  partiellement,  surtout  lorsque  des  cir- 
constances imprévues,  mais  possibles,  pour- 
raient amener  la  perte  de  bourgeons  dont 
l’utilité  est  bien  constatée. 

Carrelet. 


LE  CHATEAU  DU  LUDE  ET  SES  PARTERRES 


Parmi  les  châteaux  construits  au  moyen 
âge  et  que  la  Révolution  a laissés  debout, 
celui  du  Lude,  resserré  entre  la  petite  ville 
de  ce  nom  et  le  Loir,  charmante  rivière  aux 
eaux  toujours  abondantes  et  limpides,  est 
un  de  ceux  qui  symbolisent  le  mieux  l’épo- 
que où  ils  furent  édifiés. 

En  effet,  l’élégance  et  la  richesse  présen- 
tées par  l’édifice  s’associent  à un  système 
de  défense  très  imposant,  avec  fossés  pro- 


fonds, tours  surmontées  d’entablements  à 
mâchicoulis,  etc.,  ensemble  rappelant  les 
périodes  agitées  où  tout  seigneur  était  con- 
tinuellement menacé  de  l’attaque  de  puis- 
sants ennemis. 

Dès  les  premiers  temps  de  la  féodalité,  le 
terre-plein  qui  se  trouve  entre  le  château 
actuel  et  le  Loir,  et  à qui  sa  forme  terminée 
en  pointe  a fait  donner  le  nom  d 'Éperon, 
servait  dë  base  à une  forteresse,  nommée 


LE  CHATEAU  DU  LUDE  ET  SES  PARTERRES. 


487 


fort  Lamothe,  qui  commandait  le  barrage 
de  la  rivière,  à l’extrémité  du  comté  d’An- 
jou. Les  caves  et  voûtes  de  cette  forteresse 
existent  encore,  en  très  bon  état,  et  s’éten- 
dent sous  le  parterre  des  terrasses  supé- 
rieures. 

A ce  fort  était  annexé  l’ancien  château  du 
Lude,  qui  étendait  ses  droits  sur  vingt-quatre 
communes  et  dont  il  ne  reste  plus  aujour- 
d’hui que  quelques  vestiges  \ 

Après  avoir  successivement  appartenu  à 
un  grand  nombre  de  personnages  dont  le 
nom  et  l’histoire  ont  été  précieusement  con- 
servés, la  seigneurie  du  Lude  devint,  en 
1378,  la  propriété  de  Marguerite  de  Poitiers, 
dont  la  statue  tumulaire  a été  retrouvée. 
Cette  statue  est  actuellement  édifiée  dans 
une  crypte  faisant  partie  des  caves  de  l’an- 
cien fort  Lamothe. 

En  1419,  le  fort  fut  pris  par  les  Anglais, 
qui  l’occccupèrent  huit  ans,  en  y entrete- 
nant une  garnison  de  1,200  hommes,  et  en 
furent  délogés  par  trois  gentilshommes  qui 
faisaient  la  guerre  en  partisans  : Gilles  de 
Rais,  Ambroise  de  Loré  et  Beaumanoir. 

Peu  de  temps  après,  la  seigneurie  devint 
la  propriété  d’une  famille  originaire  du 
Poitou,  les  Daillon,  dont  les  chefs  prirent  le 
titre  de  seigneurs  du  Lude. 

C’est  l’un  d’eux,  Jacques  Daillon,  qui 
construisit  le  château  tel,  pour  sa  majeure 
partie,  qu’il  est  aujourd’hui.  Timoléon 
Daillon  transforma,  vers  1619,  l’esplanade 
de  l’ancien  fort  Lamothe,  alors  abattu,  en 
un  jardin  ou  parterre,  promenade  d’où  la 
vue  sur  le  Loir  et  sur  les  prairies  de  Mali- 
dor  est  fort  belle.  Il  fit  aussi  construire, 
pour  mettre  les  abords  du  château  à l’abri 
des  inondations,  le  grand  mur  de  terrasse 
qui  s’étend  à droite  du  château  (fig.  117),  et 
qui  laisse,  du  côté  de  la  rivière,  une  partie 
appelée  dès  lors  le  parterre  du  Loir. 

L’histoire  du  château  du  Lude  est  fertile 
en  péripéties  diverses  ; certains  de  ses  pro- 
priétaires eurent  l’honneur  d’héberger  les 
rois  Louis  XI,  Louis  XIII  et  Henri  IV,  et, 
lors  des  agrandissements  ou  modifications 
qui  furent  successivement  apportés  à l’édi- 
fice, certaines  parties  furent  conservées  dans 
leur  état  ancien,  pour  rappeler  le  passage 
de  ces  illustres  hôtes. 

En  1765,  la  terre  et  le  château  du  Lude 

1 Certaines  chroniques  rapportent  que,  dans  la 
première  moité  du  Xe  siècle,  le  diable  vint  s’éta- 
blir dans  le  château,  où  il  se  dissimula  sous  les 
traits  d’un  domestique.  Maiç  l’évêque  de  Vannes 
entreprit  le  voyage  de  Lude,  alors  assez  pénible, 
et  put  exorciser  Satan,  qui  disparut. 


devinrent  la  propriété  de  la  marquise  de 
la  Vieuville,  dont  la  fille  épousa  Louis- 
Céleste-Frédéric  de  Bonamour,  marquis  de 
Talhouët-Roy,  ancien  officier  au  régiment  du 
roi,  père  du  marquis  de  Talhouët-Roy,  ancien 
député  au  Corps  législatif,  qui  y est  mort  il 
y a quelques  années,  et  dont  la  veuve,  entou- 
rée de  ses  deux  fils,  continue  les  traditions 
d’honneur  et  d’inépuisable  bienfaisance. 

C’est  surtout  du  parc  et  des  jardins  du 
Lude  que  nous  voulons  aujourd’hui  entre- 
tenir nos  lecteurs.  Admirablement  situés 
sur  les  bords  du  Loir  et  servant  de  cadre 
à ce  beau  château,  ils  sont  une  des  attrac- 
tions de  l’ouest  de  la  France. 

La  transformation  du  parc,  notamment 
la  création  des  nouveaux  parterres,  qui  m’a 
été  confiée  par  Mme  la  marquise  de  Talhouôt 
et  qui  est  maintenant  terminée,  offre  un 
exemple  de  jardins  symétriques  assez  rare 
dans  d’aussi  grandes  dimensions,  surtout  en 
France.  A ce  titre,  et  en  raison  des  condi- 
tions particulières  dans  lesquelles  ces  tra- 
vaux ont  été  faits,  leur  étude  peut  présenter, 
pour  nos  lecteurs,  assez  d’intérêt  pour  mo- 
tiver la  description  qui  va  suivre.  Ils  y 
trouveront  peut-être  des  applications  à faire 
à d’autres  situations,  et,  dans  tous  les  cas,  il 
peut  paraître  opportun  de  fixer  la  date  des 
transformations  subies,  à diverses  époques, 
par  une  propriété  historique  de  cette  im- 
portance. 

Le  caractère  pittoresque  de  l’édifice  prin- 
cipal est  encore  augmenté,  au  Lude,  par  un 
vaste  système  de  murs  de  soutènement.  Ces 
murs  forment,  en  face  et  à côté  du  château, 
de  hautes  terrasses  destinées,  lorsqu’elles 
furent  construites,  ainsi  que  nous  l’avons 
vu  plus  haut,  à le  défendre  contre  les  attaques 
de  l’ennemi,  et  aussi  à le  protéger  contre 
les  débordements  assez  fréquents  de  la 
rivière. 

Ce  sont  ces  terrasses,  ainsi  que  les  par- 
terres du  Loir,  qui  ont  été  l’objet  d’une 
transformation  complète. 

Ces  parties  ne  pouvaient  évidemment  être 
traitées  que  dans  le  style  régulier.  Leur 
disposition  toute  spéciale,  sur  une  surface 
peu  étendue,  indiquait  clairement  que  leur 
destination  devait  être  d’égayer  les  abords 
du  château  et  de  les  relier  au  parc  propre- 
ment dit,  en  s’harmonisant  autant  que  pos- 
sible avec  l’architecture  Renaissance  des 
constructions. 

Parterres  supérieurs  (fig.  118).  — Une 
grande  simplicité  de  lignes  fut  donc  cher- 
chée, comme  on  peut  s’en  rendre  compte 
par  l’examen  du  plan  d’ensemble  et  de  la 


LE  CHATEAU  DU  LUDE  ET  SES  PARTERRES. 


488 

figure  118,  représentant  un  angle  des  par- 
terres de  la  terrasse  supérieure,  qu’un  pont 
met  en  communication,  par-dessus  les  fossés, 
avec  le  terre-plein  où  s’élève  le  château.  Une 
grande  allée  rectiligne  limite  ce  jardin  du 
côté  des  terrasses.  Toute  la  partie  centrale, 
qui  constituait  la  place  d’armes  au  moyen 
âge,  forme  aujourd’hui  une  vaste  pelouse 
ou  tapis  vert  sur  laquelle  sont  dispersés 
quelques  arhres  isolés  de  choix,  en  gros 
exemplaires  : Abies  Pmsapo,  Nordman- 
niana,  amabilis,  nobilis  glauca , Dou- 
glasii,  etc. 

Des  plates-bandes  de  fleurs,  interrom- 


pues de  distance  en  distance,  bordent  ce 
tapis  vert,  dont  les  angles,  arrondis,  enca- 
drent chacun  une  corbeille  circulaire  légè- 
rement surélevée. 

Une  large  bordure  de  gazon  (20)  sépare 
l’allée  du  sommet  du  mur  de  soutènement, 
qui,  de  ce  côté,  est  limité  par  une  balus- 
trade à profll  vigoureux,  haute  de  1 mètre. 
Ce  mur  est  élevé  de  7 mètres  au-dessus  des 
parterres  du  bas,  placés  tout  auprès  du 
Loir,  et  à la  hauteur  des  anciens  fossés  du 
château,  avec  lesquels  ils  se  confondent. 

L’allée  (22),  se  retournant  brusquement 
à droite,  traverse  les  parterres  inférieurs 


— Jardins  du  château  du  Lude  (Sarthe). 


— Vue  perspective  d’une  partie  des  parterres  du  Loir. 


Fig.  116. 


pour  atteindre  ensuite  le  parc  paysager  pro- 
prement dit. 

Ainsi  qu’on  le  remarquera  sur  notre 
dessin,  un  massif  continu  devant  lequel  sont 
placées  des  plantes  isolées  assez  nom- 
breuses cache  le  pied  de  cette  haute  mu- 
raille, qui  a été  garnie  de  colonnes  et  de 
guirlandes  faites  de  Vignes-vierges  disposées 
en  gros  pendentifs,  sortes  de  « cabochons  » 
de  verdure. 

Du  haut  de  la  terrasse,  la  vue,  passant 
au-dessus  des  parterres  du  Loir,  s’étend  au 
loin  sur  les  vastes  et  fertiles  prairies,  dites 
de  Malidor,  entrecoupées  de  maisons  et  de 


bosquets,  paysage  ravissant,  qui  est  une  des 
principales  attractions  de  la  résidence  du 
Lude. 

La  disposition  générale  des  parterres  su- 
périeurs étant  connue,  examinons  quelles 
plantations  à demeure  ont  été  faites,  en  in- 
diquant aussi  le  système  suivi  pour  la  déco- 
ration florale  annuelle. 

Il  va  sans  dire  que  chaque  année  les 
combinaisons  de  couleurs  peuvent  être 
modifiées,  le  dessin  restant  toujours  le 
même,  du  moins  dans  ses  lignes  princi- 
pales. 

Au  centre  de  la  corbeille  circulaire,  qui 


LE  CHATEAU  DU  LUDE  ET  SES  PARTERRES 


489 


Fig.  117.  — Château  du  Lude  (Sarthe).  — Vue  prise  du  côté  des  terrasses  supérieures. 


490 


LE  CHATEAU  DU  LUDE  ET  SES  PARTERRES. 


se  trouve  à chacun  des  angles  du  tapis  vert, 
on  a placé  un  Chamærops  excelsa  (n°l),  au 
feuillage  palmé,  vert  foncé.  Cette  espèce,  on 
le  sait,  peut  passer  l’hiver  en  plein  air,  dans 
les  régions  moyennes  de  la  France,  à con- 
dition qu’on  protège  un  peu  les  plantes  dans 
les  hivers  très-rigoureux,  et  que  l’on  garan- 
tisse surtout  leurs  feuilles  contre  la  neige. 

Des  Buis  en  arbre,  taillés  sous  forme  de 
pyramides,  sont  placés  isolément  dans  clia- 


Sur  notre  dessin  partiel  on  aperçoit  seu- 
lement les  arbres  suivants  : 

N°  17.  Wellingtonia  gigantea. 

N°  18.  Abies  nobilis. 

N°  19.  Abies  Parryana. 

Voici  maintenant  la  liste  des  plantes  em- 
ployées pour  la  décoration  florale  : 

N°  2.  Achyranthes  Verschaffelti  bordés  de 
Pélargonium  zonale  Bijou. 

N°  3.  Lobelia  compacta  entourés  de  Pyre- 
thrum  Parthenioides  aureum. 

N°  4.  Pélargonium  zonale  Gloire  de  Saint- 
Mandé  bordés  de  Gnaphalium  lunatum. 

N°  5.  Pélargonium  zonale  Amédée  Achard 
bordés  de  Pyrethrum  Parthenioides  aureum. 

Autour  des  Fusains  et  des  Rosiers  à 
haute  tige,  des  plantes  à joli  feuillage  ou  à 
fleurs  brillantes  ont  été  placées,  nombreuses 
et  très-variées.  Citons,  parmi  celles  qui  ont 
été  employées,  les  suivantes  : Solanum 


Fig.  118.  — Jardins  du  château  du  Lude.  — Partie  angulaire  des  terrasses  supérieures. 


cun  des  motifs  carrés  (10,  10,  10),  qui,  de 
place  en  place,  interrompent  la  longueur 
des  plates-bandes.  Celles-ci  ont  reçu  en  plus, 
à des  intervalles  réguliers,  des  touffes  de 
Fusains  du  Japon  (Evonymus  japonicus)  à 
feuillage  vert  ou  panaché  (6,  6,  6),  aux- 
quelles des  pincements  suivis  donnent  une 
forme  régulière.  Après  avoir  joué  un  rôle 
important  pendant  la  belle  saison  par  les 
festons  qu’ils  déterminent  dans  la  silhouette 
des  plates-bandes,  ces  Fusains  forment 
le  fond,  pendant  l’hiver,  d’une  décoration 
provisoire.  Des  Rosiers  à haute  tige  (7,  7, 7), 
de  hauteur  exactement  semblable  entre  eux, 
alternent  avec  les  touffes  vertes  et  pana- 
chées. Quelques  arbres  isolés  plantés  sur 
le  tapis  vert  complètent  la  garniture  per- 
manente. 


marginatum  et  S.  robustum , Erythrines, 
Fuchsias  à tige,  Hibiscus  Rosa  sinensis, 
Amarantes,  Cannas,  Dahlias,  Véroniques, 
Calcéolaires,  Héliotropes,  Lantanas,  etc. 

A la  fin  de  l’été  et  jusqu’aux  gelées, 
toutes  ces  plantes,  ayant  atteint  leur  entier 
développement,  s’entrecroisent  les  unes  dans 
les  autres  en  confondant  leurs  feuillages  et 
leurs  fleurs  ; elles  forment  alors  des  masses 
gracieuses  auxquelles  une  grande  irrégu- 
larité de  formes  et  de  couleurs  donne  un 
caractère  à la  fois  pittoresque  et  harmo- 
nieux. 

Ces  grandes  plates-bandes  en  mélange 
sont  bordées,  les  unes  (8,  8,  8)  par  une 
rangée  de  Pélargoniums  zonales  à fleurs 
rose  -vif,  les  autres  (9,  9,  9)  d ’ Agératum  cœ- 
lestinum  à fleurs  bleues. 


LE  CHATEAU  DU  LUDE  ET  SES  PARTERRES. 


491 


Les  Buis  en  arbre,  placés  dans  les  car- 
rés (10,  10, 10),  sont  entourés  par  une  large 
bordure  de  Coleus  Verschaffelti  (11),  enca- 
drée à son  tour  par  un  double  rang  de  Gna- 
phalium  lanatum  (12).  Le  dernier  carré  à 
droite,  et  celui  qui  lui  fait  pendant  sans 
qu’on  le  voie  sur  notre  dessin,  ont  reçu, 
autour  du  Buis  taillé,  une  garniture  de  Bé- 
gonia castaneæfolia  (13),  elle-même  bor- 
dée de  Cineraria  maritima  (14),  avec  un 
rang  extérieur  d’ Alternanthera  parony- 
chioides. 

Toutes  ces  plates-bandes  et  corbeilles 
sont  entourées  de  bordures  de  gazon  (0,  0, 
0,  0),  qu’un  large  filet  ou  sentier  (16)  limite 
du  côté  du  tapis  vert. 

Parterres  du  Loir.  — Les  parterres  bas 
(fig.  119)  s’étendent,  comme  nous  l’avons 


précédemment  dit,  entre  le  mur  qui  sou- 
tient la  terrasse  supérieure  et  le  Loir.  Bs 
mesurent  200  mètres  de  longueur. 

Le  milieu  en  est  occupé  par  un  massif  de 
Bhododendrons  (1),  de  15  mètres  de  lon- 
gueur sur  6 environ  de  largeur.  Aux  quatre 
angles  de  ce  massif,  d’énormes  Chamæ - 
rops  excelsa  (4,  4,  4),  hauts  de  5 mètres, 
forment  le  centre  des  parties  arrondies  ; de 
place  en  place,  des  Gynériums  (5,  5)  rom- 
pent, dans  le  grand  axe,  l’uniformité  du 
gazon , ainsi  que  des  Dasylirion  glau- 
cum  (6,  6,  6)  et  des  Biota  aurea  (7,  7). 

Un  massif  (26),  composé  surtout  de 
Lauriers- Amandes,  Troènes  de  Chine  et  à 
feuilles  ovales,  Lauriers-Tins,  Alaternes, 
Filarias,  Photinias,  Buplèvres,  Fusains  du 
Japon,  Fragons  d’Alexandrie,  Buis  va- 


riés, etc.,  garnit  et  cache  le  mur.  Sur  sa 
masse  sombre  se  détachent,  en  isolés,  des 
Pivoines  herbacées  (16),  des  Yucca  pen- 
dilla (17),  et  des  Tritoma  uvaria  (18).  De 
l’autre  côté  du  parterre,  sur  la  partie  de 
pelouse  comprise  entre  l’allée  et  le  Loir, 
des  isolés  : Yucca  pendilla  (17)  Gynérium 
à fleurs  roses  (19)  et  Heracleum  gigan- 
teum  (20),  laissent  librement  passer  entre 
eux  la  vue  des  promeneurs. 

Des  plantations  plus  compactes  forment 
les  extrémités  arrondies  des  parterres  ; les 
massifs  (21,  21,  21)  sont  composés  d’ar- 
bustes à feuilles  caduques,  choisis  dans  les 
espèces  les  plus  florifères  et  aussi  variés 
que  possible,  les  groupes  (22,  22)  sont  des 
Lauriers  - Amande  ; (23),  des  Lauriers  du 
Caucase  ; (24)  des  Lauriers-Tins,  les  uns  et 


les  autres  en  très-fortes  touffes.  Un  Abies 
polita  (25)  termine  la  liste  des  plantations 
permanentes  de  ce  parterre. 

Décoration  florale.  — Examinons 
maintenant  un  exemple  de  la  décoration 
florale  employée  au  Lude  : 

Le  centre  de  la  grande  corbeille  circu- 
laire (fig.  119)  est  occupé  par  un  fort  exem- 
plaire de  Musa  Ensete  ; chaque  petite 
corbeille  ronde  (12)  reçoit  un  Dracæna  in- 
divisa.  Autour  du  Musa  Ensete  se  trouve 
d’abord  une  triple  rangée  de  Gnaphalium 
lanatum  ; viennent  ensuite  : 

N°  8.  Coleus  Verschaffelti. 

N°  9.  Achyranthes  acuminata  séparés  des 
Coleus  par  un  cordon  de  Gnaphalium. 

N°  10.  Longue  bordure  circulaire  de  gazon, 


492 


SYRINGA  EMODI  A FLEURS  ROSES. 


accompagnée,  à l’intérieur,  de  deux  rangs  de 
Gnaphalium  lanatum. 

N°  11.  Pélargonium  zonale  Paul-Louis  Cou- 
rier entourés  de  Pyrethrum  Golden  Feather  et 
d’une  large  bordure  de  gazon. 

N°  12.  Autour  des  Dracæna , corbeille  ronde 
de  Lobelia  Erinus  nana  compacta,  entourés 
d’ Echeveria  secunda  glauca. 

N°  13.  Pélargonium  zonale  Beauté  des 
Parterres , bordés  de  Pyrethrum  Golden  Fea- 
ther. 

N°  14.  Chrysanthemum  Comtesse  de  Cham- 
bord, entourés  d 'Agératum  cœlestinum  et  de 
Gnaphalium  lanatum. 

N°  15.  Pélargonium  zonale  Crimson  Nose- 
gay  bordés  d 'Âlyssum  saxatile  foliis  varie- 
galis. 

Le  massif  de  Rliododendrons,  planté  en 
variétés  hybrides  très-choisies,  et  en  forts 
exemplaires,  a été  entouré  de  Bégonias  bul- 
beux, (2),  puis  d’une  large  bordure  de  Pé- 
largonium zonale  Christine  Nilsson,  (3), 
séparée  du  gazon  par  un  rang  d 'Alyssum 
maritimum  foliis  variegatis. 

La  corbeille  dentée  qui  se  trouve  entre  les 
quatre  Dasylirion,  (6),  a reçu  dans  son  cen- 


tre un  Ricin  géant,  qui  est  entouré  successi- 
vement, jusqu’à  son  extrême  circonférence, 
de  Solanum  marginatum,  de  Maïs  pana- 
chés et  de  Coleus  Verschaffelti  découpés 
en  festons  par  une  double  rangée  de  Pyre- 
thrum Golden  Feather. 

Un  des  caractères  distinctifs  de  ces  par- 
terres est  l’effet  brillant  qu’ils  présentent, 
pendant  la  belle  saison,  dans  leurs  lignes 
très-simples.  Sur  ces  grandes  proportions, 
en  face  d’un  paysage  très -étendu,  j’ai 
voulu  maintenir  les  ornements  dans  une 
grande  simplicité  de  lignes,  mon  impres- 
sion, comme  celle  de  la  plupart  des  visi- 
teurs, a été  que  des  dessins  compliqués, 
des  combinaisons  de  mosaïculture  eussent 
été  déplacés.  Le  cadre,  les  proportions, 
jouent  donc  un  rôle  de  première  importance 
dans  le  tracé  et  la  composition  des  jardins 
symétriques,  et  c’est  la  méconnaissance  de 
ces  conditions  qui  produit  tant  de  miè- 
vreries ridicules,  si  éloignées  de  l’art  véri- 
table, dans  la  création  des  jardins. 

Ed.  André. 


SYRINGA  EMODI  A FLEURS  ROSES 


M.  le  Dr  Bretschneider,  médecin  de  la 
légation  russe,  à Pékin,  envoya  à M.  De- 
caisne,  depuis  la  fin  de  1879  jusqu’en  1881 
(et  de  1881  à 1883,  à M.  Bureau,  profes- 
seur-administrateur intérimaire),  une  série 
de  graines  très-intéressantes.  Ces  graines 
provenaient  des  environs  dePékin et  d’autres 
régions  de  la  Chine,  et,  notamment,  des 
régions  montagneuses  où  l’altitude  s’élève 
jusqu’à  2,000  et  2,500  mètres. 

Les  fonctions  de  M.  Bretschneider  lui 
donnaient  l’occasion  de  poursuivre  des  re- 
cherches approfondies  sur  le  pays  curieux 
qu’il  habitait  ; il  a publié  une  série  d’im- 
portants ouvrages  sur  divers  sujets  relatifs 
à la  Chine,  et  il  a été,  à ce  propos,  élu 
membre  correspondant  de  l’Institut  (Aca- 
démie des  inscriptions  et  belles-lettres). 

Parmi  les  graines  qu’il  adressa  au  Mu- 
séum, un  certain  nombre  ont  germé,  mal- 
gré la  longue  durée  du  voyage  qu’elles 
avaient  dû  subir  ; plusieurs  ont  donné  des 
plantes  que  nous  conservons  encore,  malgré 
une  série  de  circonstances  défavorables. 

M.  Decaisne  partagea  ses  graines  avec  le 
regretté  M.  Lavallée  et  avec  son  collabora- 
teur et  ami,  M.  Naudin,  l’éminent  directeur 
des  Laboratoires  d’Enseignement  supérieur 
de  la  villa  Thuret,  à Antibes.  Pendant  l’in- 


térim qui  suivit  sa  mort,  on  fit  de  larges 
distributions  de  ces  curieuses  plantes  de 
Chine  (ainsi  que  de  plusieurs  autres  pays, 
également  curieuses  et  intéressantes).  C’est 
de  ces  envois  que  provient,  notamment,  le 
Houblon  du  Japon  ( Humulus  japonicus) 
cultivé  au  Muséum  depuis  1880,  présenté  à 
la  Société  nationale  d’horticulture  en  1884, 
et  qui,  depuis,  s’est  répandu  dans  tous  les 
jardins  de  l’Europe  b 

Parmi  les  graines  qu’il  envoya,  celles  des 
Rhamnus , Zizyphus , Fraxinus  et  Syringa 
se  présentèrent  à diverses  reprises  et  nous 
en  possédons  un  certain  nombre  de  pieds 
vivants. 

J’ai  présenté  à la  Société  d’horticulture, 
en  mai  1887,  des  rameaux  fleuris  du  Sy- 
ringa villosa.,  Vahl,  var.  angustifolia,  DC. 
(S.  pubescens,  Turcz) 2;  cette  espèce  a des 
fleurs  pâles,  lilacées,  à tubes  grêles,  à divi- 
sions aiguës  : les  panicules  sont  légères  ; la 
plante  est  plus  précoce  que  le  Lilas  ordi- 
naire; elle  est  très  souvent  endommagée  par 
les  gelées  printanières,  qui  altèrent  les  pa- 

1 V. Revuehort.,  1884,  p.  11;  etl885,  p.  6, 104, 456. 

2 Cette  détermination  est  due  à M.  Franchet, 
qui  a étudié  spécialement  les  Lilas  de  la  Chine  à 
propos  des  plantes  de  M.  l’abbé  David.  {Bull,  de 
la  Soc.  philomathique,  25  juillet  1885.) 


SyruwcL  Emodi  rosexju 


Chromxtliihj.  G.S'evereyns. 


SYRINGA  EMORI 

nicules  ou  grillent  les  feuilles.  Le  parfum 
des  fleurs  est  agréable  ; mais  parfois  il 
rappelle  par  trop  l’odeur  des  Heurs  du 
Troène. 

J’ai  mentionné  sommairement  alors  la 
floraison  d’un  Lilas  blanc  (8.  oblata),  à 
feuilles  très-larges,  cordiformes  : il  n’a 
fleuri  que  deux  fois;  les  pieds  en  sont  ché- 
tifs, mais  la  fleur  est  fort  belle  ; peut-être 
doit-on  les  ranger  dans  le  genre  Ligus- 
trina. 

Le  Syringa  dont  nous  possédons  le  plus 
d’exemplaires  est  une  espèce  étiquetée  par 
M.  Decaisne  : Syringa  Emodi. 

Cette  plante  provenait  d’un  mélange  de 
graines  dont  les  unes  donnèrent  le  8 . pu- 
bescens  et  les  autres  l’espèce  dont  il  est 
question  ici. 

Nous  cultivions  depuis  longtemps  le  8. 
Emodi,  qui  est  bien  connu1,  quoique  peu 
répandu  dans  les  jardins.  Ses  fleurs  blan- 
ches, peu  élégantes,  apparaissent  en  mai- 
juin,  après  les  autres  Lilas.  Le  port  est  très 
différent  des  Syringa  ordinaires,  qui  lui 
sont  bien  supérieurs  à divers  égards.  C’est 
un  buisson,  du  moins  au  Muséum,  et  un 
arbuste  très-peu  florifère. 

Les  plantes  issues  des  graines  de  M.  le 
docteur  Bretscbneider  se  distinguent  aisé- 
ment des  autres  8.  Emodi,  dont  elles  ont, 
d’ailleurs,  la  plupart  des  caractères.  Culti- 
vées côte  à côte,  elles  ont  montré  une  vi- 
gueur bien  plus  grande,  une  ampleur  de 
feuilles  plus  considérable,  une  floraison 
très-abondante,  des  panicules  fournies  et 
denses,  des  fleurs  beaucoup  plus  grandes 
et  plus  étoffées,  une  tendance  plus  caracté- 
risée à se  dresser  en  tige,  au  lieu  de  buis- 
sonner. 

Les  feuilles  sont  vertes,  assez  foncées  en 
dessus,  d’un  vert  grisâtre  en  dessous  ; elles 
sont  largement  ovales-acuminées,  longues 
de  15  à 20  centimètres,  larges  de  6 à 9 cen- 
timètres ; elles  sont  ciliées  sur  les  bords  et 
sur  les  nervures,  qui  sont  vertes,  ou  rou- 
geâtres surtout  vers  la  base.  Les  pétioles 
sont  très  courts  ; mais  ils  peuvent  avoir 
jusqu’à  3 centimètres.  Le  bois  est  brun- 
verdâtre  dans  la  jeunesse  ; puis  il  devient 
gris  et  est  marqué  çà  et  là  de  lenticelles 
saillantes.  Les  feuilles  deviennent  jauneé  et 
tombent  au  mois  d’octobre. 

La  taille  s’élève  jusqu’à  2m50  à l’age  de 
sept  ans. 

La  floraison  commence  généralement 
vers  la  seconde  quinzaine  du  mois  de  mai  ; 


FLEURS  ROSES.  493 

elle  est  de  huit  jours  au  moins  plus  tardive 
que  celle  des  Lilas  ordinaires. 

Les  fleurs  forment  des  panicules  assez 
longues,  atteignant  jusqu’à  25  et  30  centi- 
mètres ; parfois  il  y en  a deux  et  trois  réu- 
nies à l’extrémité  des  rameaux,  ce  qui  pro- 
duit un  très-bel  effet;  malheureusement 
l’odeur  rappelle  celle  des  Ligustrum  et  est 
désagréable. 

La  plupart  des  plantes  ont  la  même  appa- 
rence et  les  fleurs  ont  été  semblables  ; 
quelques-unes  cependant  ont  été  plus  pâles, 
d’un  rose  faiblement  carné,  mais  le  plus 
grand  nombre  avaient  des  fleurs  d’un  rose 
tendre  sans  teinte  bleuâtre-lilacée  ou  vio- 
lettes; elles  pâlissent  d’ailleurs  en  vieillis- 
sant. 

L’un  des  pieds  présenta  des  feuilles 
jaune  d’or,  par  places,  quoique  saines  ; 
mais  il  ne  fut  pas  noté  d’une  manière  suffi- 
sante et  n’a  pas  été  retrouvé  avec  certitude. 

Il  y a dans  le  8.  Emodi  cultivé  jusqu’ici 
une  forme  à feuilles  très  nettement  dorées, 
nous  la  possédons  au  Muséum  : il  existe 
aussi  une  forme  panachée  dorée  d’après 
M.  Lavallée  2. 

Le  8.  Emodi  des  jardins  d’Europe  peut 
se  différencier  très-aisément  du  nouveau  ; 
il  a les  feuilles  plus  allongées,  plus  étroites; 
la  végétation  est  moins  vigoureuse;  les 
fleurs  sont  d’un  blanc  crème,  et  se  mon- 
trent rarement  au  Muséum;  les  buissons 
n’atteignent  que  1 111 20  à lm50. 

Placée  dans  des  conditions  plus  favora- 
bles, dans  un  sol  plus  fertile,  cette  forme 
de  8.  Emodi  change  notablement  d’appa- 
rence ; les  feuilles  deviennent  beaucoup  plus 
larges,  beaucoup  plus  ovales,  et  les  diffé- 
rences entre  les  deux  se  comblent  de  plus 
en  plus. 

Cependant,  le  8.  Emodi  de  M.  le  Dr 
Bretscbneider,  cultivé  côte  à côte  avec  la 
forme  antérieurement  introduite,  se  couvre 
de  fleurs  chaque  année  depuis  quatre  ans, 
tandis  que  l’autre  ne  fleurit  que  très-mai- 
grement. 

Ce  sera  une  excellente  acquisition  pour 
les  jardins  un  peu  étendus,  où  l’odeur  des 
fleurs  ne  sera  pas  trop  gênante  ; ce  Sy- 
ringa se  reproduit  de  graines  fidèlement, 
et,  comme  on  l’a  vu,  les  fleurs  apparaissent 
déjà  quatre  années  après  le  semis. 

Il  existe  dans  les  jardins  une  autre  espèce 
de  Lilas,  peu  commune,  dont  les  fleurs  sont 
d’un  bleu  violacé  assez  foncé,  c’est  le 
8.  Josikœa,  Jacq.  fil.  ; l’analogie  avec  le 


1 Voir  Revue  horticole,  1876,  p.  367. 


2 Arboretum  segrezianum,  p.  169. 


494  IMPATIENS  EPISCOPI.  — LA  PRODU 

S.  Emodi  de  nos  jardins  a été  pleinement 
indiquée  par  M.  Franchet1,  mais  elle  n’avait 
pas  été  méconnue  par  Decaisne2. 

Il  serait  intéressant  de  rechercher  ce  que 
donneraient,  comme  variations,  des  semis 
un  peu  nombreux  de  cette  soi-disant  espèce. 


CTION  FRUITIÈRE  EN  ANGLETERRE. 

On  sait  qu’elle  n’a  été  rencontrée  que  dans 
une  localité  unique,  dans  un  parc,  en  Hon- 
grie. Au  Muséum,  le  S.  Josikæa  fleurit 
très-rarement  et  ne  donne  pas  de  graines. 

Maxime  Cornu. 


IMPATIENS  EPISCOPI 


Cette  espèce  est  arrivée  en  France  par 
l’Angleterre.  C’est  probablement  une  variété 
ou  forme  de  Y Impatiens  Sultani , dont,  au 
reste,  elle  a presque  tous  les  caractères. 

Quoi  qu’il  en  soit  de  son  origine,  ce  que 
l’on  peut  affirmer,  c’est  que,  au  point  de  vue 
de  l’ornementation  soit  des  serres,  soit  des 
jardins,  pendant  l’été,  Y Impatiens  Episcopi 
est  une  plante  de  premier  mérite.  Ses  ca- 
ractères généraux  sont  les  suivants  : 

Plante  naine,  excessivement  floribonde,  très- 
ramifiée,  charnue  dans  toutes  ses  parties.  Tige 
et  rameaux  succulents,  rougeâtres.  Feuilles 
petites,  ovales,  presque  entières  ou  à peine 
courtement  denticulées,  un  peu  tourmentées. 
Fleurs  grandes,  bien  ouvertes,  étalées,  d’un 
beau  rose  assez  franc,  ou  légèrement  violacé 
suivant  le  degré  de  floraison.  Éperon  relati- 
vement long,  pendant,  simple,  légèrement  rose 
carné. 

Cette  plante,  dont  la  culture  est  tout  à 
fait  analogue  à celle  de  Yl.  Sultani , dont 
elle  a le  tempérament,  est,  surtout  par  ses 


fleurs,  intermédiaire  entre  cette  dernière 
espèce  et  YI.  Luciliæ.  Comme  elles  aussi, 
elle  est  très-propre  à faire  des  massifs  en 
plein  air  pendant  l’été,  en  la  plaçant  à mi- 
ombre,  si  possible. 

On  la  multiplie  par  boutures  qui  s’enra- 
cinent très-promptement  et  avec  la  plus 
grande  facilité.  Les  jeunes  plantes  doivent 
être  mises  en  pleine  terre  aussitôt  que  les 
gelées  ne  sont  plus  à craindre. 

Si  l’on  cultive  les  plantes  en  pots  pour 
l’ornementation  des  serres  ou  des  appar- 
tements, on  leur  donne  une  terre  légère, 
humeuse  et  consistante,  ainsi  que  de  fré- 
quents arrosages.  Dans  ces  conditions  il 
arrive  parfois  que  les  plantes  s’épuisent  ou 
s’allongent  un  peu  trop  et  qu’alors  elles  se 
déforment  ; dans  ce  cas  on  les  rapproche 
plus  ou  moins,  et  on  peut  même  les  ra- 
battre à peu  près  complètement.  Elles  re- 
poussent promptement  et  ne  tardent  pas 
à se  couvrir  de  fleurs. 

E.-A.  Carrière. 


LA  PRODUCTION  FRUITIÈRE  EN  ANGLETERRE 


Sous  l’influence  de  la  dépression  qui 
pèse  sur  la  production  des  céréales  et  même 
sur  celle  du  bétail,  en  Angleterre,  l’atten- 
tion s’est  portée  sur  la  production  des  fruits 
et  sur  la  possibilité  de  la  rendre  plus  pro- 
fitable en  la  développant  en  qualité  et  en 
quantité.  Des  associations  se  sont  formées 
dans  ce  but,  et,  dans  le  courant  du  mois 
dernier,  la  question  des  fruits  a fait  l’objet 
de  conférences  à Saint-Albans  et  au  Palais 
de  Cristal. 

Dans  ces  deux  réunions,  les  orateurs  ou 
les  conférenciers  ne  se  sont  pas  fait  faute  de 
malmener  les  arboriculteurs  du  Royaume- 
Uni,  qui,  satisfaits  de  produire  des  quan- 
tités considérables  de  fruits  communs,  tels 
que  Groseilles  à grappes  et  à maquereaux, 
Cerises  et  Prunes  de  Damas,  négligent  com- 

1  Loc.  cit. 

2 Manuel  de  l’amateur  des  Jardins , III,  p.  89. 


plètement  de  porter  leur  énergie,  leur  acti- 
vité, leur  habileté  et  leur  capital  sur  la 
culture  d’espèces  d’une  plus  haute  valeur. 
Sans  compter  que  la  production  de  ces 
espèces  communes  n’est  pas  l’objet  de  soins 
plus  intelligents,  qu’aucune  attention  n’est 
apportée  au  choix  des  variétés,  de  telle  sorte 
que  tout  mûrit  et  se  récolte  dans  le  même 
temps,  et  s’expédie  sur  le  marché  aussitôt 
après  la  cueillette,  sans  que  personne  s’avise 
ou  se  donne  la  peine  de  conserver  les  fruits 
dont  la  maturité  n’est  pas  complète,  jusqu’à 
ce  qu’ils  soient  devenus  tout  à fait  présen- 
tables. 

D’un  autre  côté,  dans  la  période  de  1871- 
1882,  la  superficie  consacrée  en  Angleterre 
à l’arboriculture  fruitière  ne  s’est  accrue 
que  de  29,000  acres  (11,733  hectares). 
Ainsi,  d’après  les  relevés  officiels,  durant 
ce  laps  de  temps  de  dix  années,  elle  s’est 
élevée  de  160,000  acres  (64,736  hectares)  à 


LA  PRODUCTION  FRUITIÈRE  EN  ANGLETERRE. 


495 


190.000  acres  (76,874  hectares)  environ, 
soit  une  augmentation  d’un  peu  moins 
de  20  p.  100,  tandis  que,  dans  la  même  pé- 
riode décennale,  les  importations  de  fruits 
de  provenance  française  progressaient  de 

354.000  boisseaux  (128,643  hectolitres)  à 

1.190.000  boisseaux  (432,446  hectolitres), 
et  que  les  envois  de  la  Belgique  sur  les 
marchés  du  Royaume-Uni  se  montaient  de 

270.000  boisseaux  (98,118  hectolitres)  en 
1871  à plus  de  930,000  boisseaux  (337,962 
hectolitres).  De  telle  sorte  que  la  production 
ne  s’accroissait  pas  plus  d’un  quart  pendant 
que  l’étranger  quadruplait  le  chiffre  de  ses 
apports. 

Il  est  vrai  que  l’arboriculture  fruitière  se 
développe  dans  des  conditions  plus  favo- 
rables en  Belgique  et  en  France  qu’en  Angle- 
terre, où,  si  nous  devons  nous  en  rapporter 
à des  descriptions  peu  flatteuses,  les  ver- 
gers, plantés  d’arbres  couverts  de  Mousses  et 
de  Lichens,  sont  laissés  à l’abandon  et  peu 
ou  mal  soignés. 

Tels  sont,  du  moins,  les  griefs  des  confé- 
renciers de  Saint- Albans  ou  du  Palais  de 
Cristal  contre  les  arboriculteurs  britan- 
niques ; mais  ceux-ci,  de  leur  côté,  ont 
trouvé  dans  la  presse  agricole  des  avocats 
d’office  pour  plaider  les  circonstances  atté- 
nuantes, et  démontrer  que  si  leurs  clients 
n’étaient  pas  tout  à fait  sans  reproches,  ils 
n’étaient  pas  non  plus  sans  excuses,  et  que, 
dans  bien  des  cas,  les  circonstances  dans 
lesquelles  ils  opèrent  étaient  plus  fortes  que 
leur  volonté. 

Ne  leur  faut-il  pas  tout  d’abord  compter 
avec  le  climat,  qui  favorise  à l’étranger  la 
production,  en  pleine  terre,  des  fruits  et 
des  légumes  de  primeur,  et  la  concurrence 
du  dehors  ne  les  serre-t-elle  pas  d’autant 
plus  près  qu’elle  jouit  de  l’avantage  de 
tarifs  plus  abaissés  pour  ses  transports 
aussi  bien  par  mer  que  sur  les  voies  ferrées? 

Ensuite,  d’autres  difficultés  non  moins 
graves  ne  naissent-elles  pas  de  la  situation 
même  des  propriétaires  qui,  dans  un  grand 
nombre  de  cas,  par  le  fait  des  substitutions 
et  d’autres  dispositions  de  la  loi  anglaise, 
ne  possèdent  qu’à  titre  temporaire,  et  se 
trouvent  ainsi  dans  l’impossibilité  d’accor- 
der à leurs  fermiers  aucune  garantie  d’in- 
demnités pour  les  améliorations  ou  les 
avances  dans  lesquelles  ils  ne  seraient  pas 
rentrés  en  fin  de  bail,  et  qui  demeureraient 
acquises  au  fond? 

Tel  est  le  cas  pour  les  plantations  d’arbres 
fruitiers,  et  ainsi  s’explique  l’hésitation  des 
tenanciers  à s’engager  dans  une  opération 


dont  ils  devraient  courir  toutes  les  chances, 
au  risque  d’en  laisser  le  profit  à des  tiers. 
Sans  compter  que  l’élévation  des  tarifs  sur 
les  chemins  de  fer,  et  les  commissions  fort 
onéreuses  à payer  aux  intermédiaires,  ne 
laissent  pas  grande  marge  pour  faire  face 
au  surcroît  de  dépenses  qu’entraîneraient 
la  confection  d’emballages  plus  soignés  et 
d’autres  améliorations  de  détail  dont  les 
producteurs  ne  sont  pas  les  derniers  à 
comprendre  les  avantages,  mais  devant  les- 
quelles ils  reculent  en  raison  des  frais  qui 
en  seraient  la  conséquence. 

A ces  difficultés,  que  n’atténue  pas  la 
concurrence  des  fruits  et  des  légumes  expé- 
diés, en  si  grandes  quantités,  de  l’étranger 
sur  tous  les  marchés  du  Royaume-Uni,  un 
des  conférenciers  de  Saint- Albans  a trouvé 
une  solution  plus  simple  que  praticable  et 
qui  a eu  le  don  d’égayer  fortement  nos  plus 
sérieux  confrères  d’outre-Manche. 

Il  ne  s’agit,  en  effet,  de  rien  moins  que 
de  se  procurer  un  domaine  en  biens-fonds 
libre,  à raison  de  1,200  fi*,  environ  par 
hectare,  et  de  le  partager  en  lots  d’une 
contenance  de  deux  acres  (80  ares  92). 
Sur  chacun  de  ces  lots  serait  construit  un 
cottage  ou  une  maison  de  jardinier  avec 
45  mètres  de  serres  et  30  mètres  de  châssis. 
La  dépense  totale  de  cette  installation,  en  y 
comprenant  le  prix  d’achat  de  la  terre,  les 
frais  de  construction,  de  l’habitation  et  de 
la  serre,  le  coût  de  deux  cents  arbres  frui- 
tiers, etc.,  s’élèverait  à 125  livres  sterling 
(3,125  fr.),  de  telle  sorte  que,  moyennant 
une  redevance  assez  modique  par  semaine, 
un  million  de  travailleurs  pourraient  se 
trouver  en  possession  d’un  petit  établisse- 
ment très  confortable. 

Le  tableau  ne  manque  pas  de  séduction 
et  d’attrait,  mais  il  est  douteux  que  M.  Mor- 
gan, qui  s’est  plu  à en  tracer  les  contours  à 
Saint- Albans , puisse  citer,  dans  tout  le 
Royaume-Uni,  un  seul  exemple  d’un  indi- 
vidu qui,  au  prix  de  3,125  fr.  et  même  en 
doublant  la  somme,  ait  pu  se  rendre  acqué- 
reur de  deux  acres  de  terre,  avec  maison 
d’habitation,  serre,  châssis,  100  à 200  arbres 
fruitiers  et  le  reste.  Il  est  vrai  qu’il  a connu 
des  producteurs  qui,  bon  an  mal  an,  reti- 
raient de  leur  industrie  un  revenu  net  de 
100  livres  sterling  (2,500  fr.)  par  acre,  soit 
de  6,175  fr.  par  hectare.  Cette  assertion 
n’a  pas  trouvé  beaucoup  plus  de  crédit  que 
la  première  auprès  des  sceptiques,  qui,  par- 
tant de  ce  fait  que  les  importations  de  fruits 
du  Royaume-Uni  se  montent  annuellement 
à une  somme  de  6,000,000  de  livres  sterling 


496 


ÆSCULUS  TURBINATA. 


(150  millions  de  francs),  sont  amenés  à con- 
clure que  l’avilissement  des  prix  serait  la 
conséquence  forcée  d’une  augmentation 
aussi  considérable  du  nombre  des  produc- 
teurs, et  que  tous  ces  calculs,  dans  lesquels 
l’imagination  de  leurs  auteurs  a une  trop 
grande  part,  aboutiraient  à de  cruelles  dé- 
ceptions. 

Au  Palais  de  Cristal,  la  question  a été 
envisagée  à un  point  de  vue  plus  pratique. 
On  n’a  pas  parlé  des  immenses  bénéfices  à 
réaliser  par  la  production  de  Raisins  dont 
le  prix  de  revient  ne  dépasserait  pas  0,40 
par  livre,  quand  le  prix  de  vente  atteindrait 
1 fr.  85,  mais  on  s’est  attaché  à démontrer 
que,  si  le  climat  de  l’Angleterre  ne  se  prêtait 
pas  à la  production  lucrative  de  toutes  les 
espèces  de  fruits  et  particulièrement  des 
plus  précoces  et  des  plus  exigeantes  sous  le 
rapport  de  la  chaleur  et  de  la  lumière,  il 


était  possible  de  tirer  un  meilleur  parti  des 
conditions  actuelles,  en  donnant  plus  de 
soin  au  choix  des  variétés,  en  ne  se  hâtant 
pas  d’expédier  sur  le  marché  des  fruits  pré- 
maturément récoltés,  en  les  assortissant 
autant  que  possible,  d’après  leur  qualité,  et 
en  ne  se  contentant  pas  d’un  emballage 
trop  sommaire  qui  laisse  la  marchandise 
exposée  à tous  les  accidents  du  voyage. 

Incidemment,  on  a fait  entendre  que  les 
dîmes  et  les  autres  impôts  pesaient  lour- 
dement sur  la  production  du  pays,  et  qu’une 
taxation  modérée  des  produits  étrangers 
offrirait  le  moyen  de  rétablir  un  juste  équi- 
libre entre  les  concurrents;  et  tout  le  monde 
s’est  trouvé  d’accord  pour  demander  que 
les  tarifs  applicables  au  transport  des  pro- 
duits de  l’horticulture  sur  les  chemins  de 
fer  fussent  notamment  abaissés. 

Eugène  Marie. 


ÆSCULUS  TURBINATA 


Ce  bel  arbre,  qui  a été  envoyé  en  Europe 
sous  le  nom  erroné  d ’Æsculus  chinensis, 


qui  appartient  à une  tout  autre  espèce,  dont 
nous  aurons  occasion  de  parler  prochnine- 


Fig.  120.  — Æsculus  turbinata. 
Rameau  fructifère,  demi-grandeur  naturelle. 


ment,  vient  de  fructifier  dans  Y Arboretum 
de  Segrez.  Déjà,  l’année  dernière,  nous  en 
avions  vu  les  fruits  mûrs,  mais  le  temps 


nous  a manqué  pour  les  faire  figurer.  Il 
n’est  pas  à notre  connaissance  qu’aucune 
figure  de  ces  fruits  ait  été  jusqu’ici  publiée. 


ÆSCULUS  TURBINATA. 


497 


Cependant  ils  en  valent  la  peine,  car  leur 
aspect  et  leur  configuration  sont  très-diffé- 
rents des  autres  espèces  du  genre. 

A Segrez,  le  plus  fort  exemplaire  d’/Es- 
culus  turbinata  de  la  collection,  celui  qui 
fructifie  actuellement,  forme  une  magni- 
fique tète  arrondie.  Ses  belles  feuilles,  de 
la  grandeur  de  celles  de  YÆ.  Hippocasta- 
num,  sont  plus  longuement  pétiolées,  avec 
un  bourrelet  saillant,  teinté  de  brun  à 
l’insertion  des  folioles.  Ce  qui  les  dis- 
tingue à première  vue  des  feuilles  toutes 
vertes  des  Marronniers  blanc  et  rouge,  c’est 
le  ton  pale,  vert-cendré,  du  dessous  du  limbe, 
relevé  par  la  nuance  fauve 
léger  des  nervures  très- 
saillantes. 

Les  fleurs  viennent  en 
thyrse,  comme  celles  du 
Marronnier  blanc  ordi- 
naire (improprement  ap- 
pelé Marronnier  d’Inde, 
puisqu’il  est  originaire  de 
la  Grècè  septentrionale). 

Les  fruits,  généralement 
au  nombre  de  quatre  ou 
cinq  sur  la  même  grappe 
(fig.  120),  sont  supportés 
par  un  rachis  fortement 
verruqueux.  Ils  sont  uni- 


formément d’un  brun  fauve  clair  comme  le 
rachis  et  les  pédicelles  courts  (10  à 15  cen- 
timètres) qui  les  supportent.  Leur  forme 
est  subsphérique,  un  peu  turbinée,  dépri- 
mée au  sommet,  très-vaguement  trigone,  et 
leur  diamètre  longitudinal  est  presque  égal 
au  diamètre  transversal,  mesurant  de  35 
à 40  millim.  (fig.  121).  Leur  dépression 
ombilicale  est  surmontée  par  le  style  per- 
sistant, filiforme  et  desséché.  Le  rachis  et 
les  pédicelles,  robustes,  sont  finement  pulvé- 
rulents, comme  les  intervalles  des  rugo- 
sités tubéreuses  de  la  surface  du  fruit.  Il 
n’y  a nulle  part  trace  d’aiguillons,  même 
rudimentaires  comme  dans 
YÆ.  rubicunda.  La  dé- 
hiscence de  ce  fruit  s’o- 
père par  l’ouverture  si- 
multanée des  trois  valves 
épaisses,  s’écartant  à la 
fois  du  haut  et  du  bas, 
et  qui  ne  sont  retenues, 
avant  leur  chute,  que  par 
les  appendices  fibreux  du 
placenta.  Les  graines,  gé- 
néralement par  deux  dans 
chaque  fruit  (fig.  122, 
123,  124),  d’un  diamètre 
de  20  à 23  millimètres, 
ont  leur  surface  externe 


Fig.  121.  — Æsculus  lurbinata. 
Fruit  entier. 


Fig.  122.  — Æsculus  turbinata.  Fig.  123.  — Graine  d Æsculus 
Fruit  ouvert.  turbinata. 


Fig.  124.  — Coupe  en  travers 
d’un  fruit. 


d’un  beau  brun -roux  comme  les  « Mar- 
rons d’Inde  »,  et  la  surface  interne,  par 
laquelle  ils  sont  temporairement  soudés, 
est  plus  pâle  et  blanchâtre.  Cette  peau  est 
peu  épaisse,  et  la  cavité  intérieure  est 
remplie  d’une  fécule  blanche,  abondante  et 
compacte. 

XJÆ.  turbinata , Bunge,  est  originaire 
du  Japon,  où  il  a été  rencontré  dans  l’ile  de 
Yéso,  près  d’Hakodaté,  en  1861,  par  Maxi- 
mowicz.  Il  porte,  au  Japon,  le  nom  « d ’Idzi 
novatari  ».  On  le  trouve  aussi  indiqué  dans 
l’herbier  de  Leide  comme  recueilli  par 
Textor.  Son  introduction  à l’état  vivant 


paraît  avoir  passé  inaperçue  en  Europe,  et 
il  a fallu  sa  fructification  récente  pour  que 
nous  puissions  faire  connaître  cet  arbre 
sous  son  vrai  nom. 

Grâce  aux  semences  que  nous  venons  de 
décrire  et  que  nous  avons  eues  en  parfaite 
maturité  dès  le  1er  septembre,  c’est-à-dire 
avant  la  déhiscence  ordinaire  des  fruits  des 
autres  Æsculus,  on  pourra  bientôt  se  pro- 
curer facilement  des  exemplaires  de  YÆ. 
turbinata.  C’est  un  honneur  pour  Segrez 
d’avoir  été  le  théâtre  des  premières  fruc- 
tifications de  ce  beau  Marronnier  dans  notre 
pays.  Ed.  André. 


498  ANTHURIUM  LONGISPÀTHUM.  — SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


ANTHURIUM  LONGISPATHUM 


C’est  au  fleuriste  de  Paris,  à la  Muette, 
que  cette  intéressante  nouveauté  s’est  mon- 
trée. 

Dans  des  terres  provenant  d’un  envoi  de 
plantes  de  la  Guadeloupe,  fait  au  Fleuriste 
de  la  Ville  de  Paris,  M.  Bauer,  chef  multi- 
plicateur de  cet  établissement,  remarqua 
une  très-petite  plante,  qui,  ayant  germé, 
donna  naissance  à une  espèce  qu’il  ne  tarda 
pas  à reconnaître  pour  une  Aroïdée  ; 
l’ayant  soignée,  c’est-à-dire  repiquée,  em- 
potée, rempotée,  il  constata  qu’il  avait 
affaire  à une  espèce  d 'Anthurium  distincte 
de  tout  ce  qu’il  connaissait  jusque-là.  Mise 
en  pleine  terre,  elle  prit  des  dimensions 
inusitées,  surtout  celle  de  la  spathe,  et,  tout 
particulièrement,  du  spadice.  En  voici  une 
description  : 

Plante  très-vigoureuse,  acaule,  formant  une 
énorme  souche  de  laquelle  partent  les  organes 
foliacés.  Feuilles  longuement  pétiolées  ; limbe 
de  60  centimètres  de  longueur,  d’environ  45  cen- 
timètres de  large,  coriaces,  épais,  profondé- 
ment écliancré  à la  base,  d’un  vert  pâle,  à 
nervures  très-saillantes  à la  face  inférieure  ; 


spathe  verte,  étroite,  longue  de  38  centimètres  ; 
spadice  très-gros,  cylindrique,  long  de  60  cen- 
timètres, parfois  même  plus,  d’environ  2 centi- 
mètres de  diamètre,  d’un  gris  cendré.  Pédon- 
cule cylindrique  très-solide,  ferme  et  très-plein, 
de  15  millimètres  de  diamètre,  d’environ 
1 mètre  de  longueur,  longitudinalement  sil- 
lonné, renflé  un  peu  au-dessous  du  sommet,  à 
environ  4 centimètres  de  la  base  du  limbe. 

Comme  tous  ses  congénères,  Y Anthurium 
longispathum  exige  la  serre  chaude  ainsi 
que  la  pleine  terre  pour  atteindre  son  par- 
fait développement.  On  le  multiplie  par  les 
graines,  qui  se  trouvent  sur  le  spadice  et 
qu’on  sème  aussitôt  leur  maturité,  en  ter- 
rines qu’on  place  sous  cloche,  en  n’enter- 
rant seulement  que  la  base;  leur  végéta- 
tion est  entièrement  semblable  à celle  des 
autres  espèces  du  genre. 

On  est  en  droit  de  supposer  que  cette 
espèce  se  multipliera  facilement,  puisque 
déjà  elle  a produit  des  graines  qui,  semées 
ainsi  qu’il  a été  dit  ci-dessus,  ont  donné 
naissance  à seize  jeunes  plantes,  aujourd’hui 
bien  venantes.  E.-A.  Carrière. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  11  OCTOBRE  1888. 


Comité  de  floriculture. 

Quelques  beaux  Bertolonia , obtenus  de 
semis  par  M.  Bleu,  48,  avenue  d’Italie,  à Paris, 
sont  présentés  par  lui.  Ce  sont  : Souvenir  de 
L.  Van  Houtte  1 ; Comte  O.  de  Kerchove,  à 
fond  rouge  foncé  ; Madame  Ed.  Pynaert , 
plante  robuste,  très-jolie,  rouge  foncé  légè- 
rement lilacé  ; Monsieur  Finet,  variété  la  plus 
vigoureuse,  feuilles  rose  cerise  argenté,  à 
reflets  chatoyants  ; Rosea  punctatissima  ; Sou- 
venir de  Gand  ; Souvenir  du  Comte  de  Gomer. 
Du  même  présentateur,  un  exemplaire  fleuri 
de  Y Epidendrum  amabile , très-jolie  Orchidée 
brésilienne  dont  l’inflorescence  rose  lilacé  a 
une  très-longue  durée. 

Par  M.  Simon  Délaux,  horticulteur  à Saint- 
Martin-des-Touches , Toulouse  (Haute-Ga- 
ronne) : une  remarquable  collection  de  Chry- 
santhèmes en  fleurs  coupées,  variétés  précoces, 
dont  40  seront  mises  au  commerce  en  1889. 

Par  M.  Dethou,  propriétaire  à Bléneau 
(Yonne),  une  inflorescence  d Agave  ameri- 
cana  provenant  d’un  fort  exemplaire  cultivé 

1 Voir  la  description  : Revue  horticole , 1888, 
p.  272. 


en  pleine  terre  dans  le  parc  de  Bléneau. 
M.  Dethou  protège  cette  plante  contre  le 
froid  au  moyen  d’une  sorte  d’échafaudage 
qu’il  recouvre  de  planches  et  de  châssis  vitrés. 

Par  M.  Tréfoux,  horticulteur  à Auxerre 
(Yonne),  un  certain  nombre  de  rameaux  fleuris 
de  Glaïeuls  rustiques  obtenus  par  lui  de 
semis.  Ces  variétés,  dont  les  couleurs  sont 
jolies  et  très-variées,  ont  résisté,  en  1887,  en 
pleine  terre,  à un  froid  de  17  degrés. 

Par  M.  Pernel,  horticulteur  à La  Varenne- 
Saint-Hilaire  (Seine),  un  bouquet  d’inflores- 
cences de  Pentstemon  de  semis,  .à  fleurs 
érigées,  de  tons  intenses  et  très-variés. 

Par  M.  Chauvart,  rue  Haxo,  à Paris,  des 
Pâquerettes  à fleurs  énormes,  très-colorées. 

Par  M.  Barigny,  de  Meaux,  une  jolie  col- 
lection de  Chrysanthèmes  à grandes  fleurs. 

Et  par  M.  Werner,  jardinier  à Neuilly  (Seine), 
des  Cyclamen  de  Perse  peu  intéressants. 

Comité  de  culture  maraîchère. 

Par  M.  Joseph  Rigault,  de  Groslay  (Seine- 
et-Oise),  un  lot  de  Pommes  de  terre  Joseph- 
Rigault , énormes,  plates,  allongées,  bru- 
nâtres. Cette  variété  produit,  paraît-il,  jusqu’à 
30,000  kilog.  à l’hectare. 


MÉTHODE  SIMPLE  DE  TRANSPLANTATION  DES  GROS  ARBRES. 


499 


Par  M.  Chauvart,  cultivateur,  des  Tomates 
améliorées  Roi  Humbert , variété  très-produc- 
tive, chaque  pied  donnant  jusqu’à  30  ou  40  fruits 
de  grosseur  moyenne,  allongés,  tronqués  aux 
deux  extrémités. 

Par  M.  Poitevin,  jardinier  à Bonneuil  (Seine- 
et-Marne),  un  lot  de  Maïs  sucré  à grains  ridés. 

Comité  d’arboriculture  fruitière. 

Par  M.  Jamin,  de  Bourg-la-Reine,  une  cor- 
beille de  Poires  énormes,  de  toute  beauté, 
appartenant  aux  variétés  suivantes  : Général 
Kléber , Beurré  Dumont,  B.  superfin , B.  gris , 
B.  d’Albrecht , B.  Lebrun , B.  Hardy , Nouveau - 
Poiteau , Doyenné  blanc , Van  Marum,  Bonne 
d’Ézée , Madame  André  Lefoy. 

Par  M.  Chevallier  fils,  de  Montreuil-sous- 
Bois  (Seine),  quelques  Pêches  fort  belles, 
malgré  la  saison  assez  avancée,  et  apparte- 
nant aux  variétés  : Chevreuse  tardive , Com- 
tesse de  Montijo,  Belle  Impériale , Remâcher, 
Baltet , etc. 

Par  M.  Vaternelle,  jardinier  chez  M.  Sa- 
lanson,  à Villers-Cotterets  (Seine),  des  Poires 
Beurré  Sterckmans , B.  Six , Fondante  Thir- 
riot , joli  fruit  jaune  et  rouge,  et  de  Pommes 
Transparente  de  Croncels , vert  pâle,  allon- 
gées. 


Par  M.  de  Bonnel,  des  Poires  Bon  Roi  René , 
Napoléon  III,  Bon-Vicaire , fruits  peu  connus, 
quoique  recommandables. 

Par  M.  L.  Riard,  jardinier  à Fontenay-aux- 
Roses,  du  Chasselas  doré  de  Fontainebleau, 
assez  beau,  quoique  venu  en  plein  air. 

M.  E.  de  Mollemont,  de  Réthel  (Ardennes), 
avait  apporté  des  échantillons  d’une  matière 
qu’il  recommande  chaudement  pour  la  conser- 
vation et  l’expédition  des  fruits.  Ce  sont  de  très- 
fins  copeaux  de  sapin  qui  forment,  sous  les 
fruits,  une  couche  élastique  et  ne  leur  commu- 
niquent aucun  goût,  ainsi  qu’on  pouvait  le 
penser. 

Par  M.  de  Vilmorin,  quelques  fort  belles 
Poires  Duchesse  d’Angoulême  et  Doyenné  du 
Comice. 

Par  M.  E.  Lefort,  de  Meaux,  une  belle  col- 
lection de  Pommes  d’hiver,  variétés  nouvelles 
et  peu  répandues. 

Comité  d’arboriculture  d’ornement. 

Par  M.  Dethou,  de  Bléneau  (Yonne),  des 
rameaux  fleuris  de  Colletia  cruciata , arbuste 
bien  connu,  rustique  dans  le  midi  et  jusque 
vers  le  centre  ouest  de  la  France,  et  qui  n’est 
intéressant  que  par  la  singularité  qu’il  présente 
de  ne  pas  montrer  de  feuilles.  Ém.  Bruno. 


MÉTHODE  SIMPLE  DE  TRANSPLANTATION  DES  GROS  ARRRES 


Il  y a quelques  années  *,  M.  Ed.  André 
a indiqué  les  procédés  employés  par  les 
grandes  villes  et  les  riches  propriétaires 
pour  transporter  les  grands  arbres  et  créer 
immédiatement  des  jardins  largement  om- 
bragés. 

Ces  procédés,  coûteux  par  le  matériel 
qu’ils  demandent  et  par  suite  hors  de  la 
portée  du  plus  grand  nombre  des  proprié- 
taires, risquent  d’être  toujours  peu  appli- 
qués. Il  est  pourtant  fort  agréable,  quand 
on  a un  jardin  à planter,  de  ne  pas  attendre 
dix  ans  et  plus  pour  y jouir  de  quelque 
fraîcheur  pendant  l’été.  N’est-il  pas  fâcheux, 
en  effet,  quand  on  a voulu  se  créer  une  pro- 
priété d’agrément,  d’être  obligé,  comme 
tant  de  petits  propriétaires  des  environs  de 
Paris,  de  se  mettre  à l’ombre  de  sa  maison 
pour  fuir  les  ardeurs  du  soleil  ? 

Or,  cette  question  de  translation  des 
grands  arbres  est,  en  somme,  facile  à ré- 
soudre. Il  sera  peut-être  intéressant,  pour 
les  lecteurs  de  la  Revue,  de  savoir  que, 
sans  engins  coûteux,  on  peut,  comme  nous 
l’avons  fait  nous-même,  jouir  immédiate- 
ment d’un  jardin  qui,  dans  les  conditions 
normales,  aurait  dû  être  planté  depuis 

1 Voir  Revue  horticole,  1884,  p.  66. 


vingt  ans.  Les  architectes,  dont  l’œuvre 
reste  souvent  incomplète  faute  d’être  entourée 
immédiatement  des  massifs  de  verdure  qu’ils 
avaient  rêvés  et  dont  ils  avaient  paré  leurs 
dessins,  y trouveront  peut-être  aussi  d’utiles 
indications  pour  établir  à peu  de  frais 
les  jardins  et  plus  rapidement  encore  que 
les  maisons. 

On  procédera  d’abord  à l’acquisition  des 
arbres  à transporter.  Cette  acquisition  est 
généralement  assez  facile  quand  le  pays  pos- 
sède une  forêt,  un  bois  ou  des  plantations 
d’arbres.  On  achètera  ainsi,  au  moment 
d’une  coupe,  un  certain  nombre  d’arbres  sur 
pied,  en  s’entendant  avec  l’adjudicataire 
ou  le  propriétaire  s’il  s’agit  d’arbres  ré- 
servés. Les  arbres  en  état  d’être  trans- 
portés avec  succès  ne  coûteront  pas,  pris 
sur  pied,  plus  d’une  dizaine  de  francs  : cette 
somme  représentera  souvent  le  double  de  la 
valeur  vénale  du  bois  que  donnerait  l’arbre 
abattu,  et  même  plus.  Il  ne  peut  être  ques- 
tion, en  effet,  que  d’arbres  à bois  tendre,  la 
transplantation  des  arbres  d’essence  dure 
étant  à peu  près  impossible;  leur  reprise 
est  difficile,  même  avec  de  grandes  pré- 
cautions. Les  arbres  qu’on  achètera  ainsi 
dans  les  bois  seront  donc  des  Acacias,  des 
Merisiers,  des  Bouleaux,  des  Trembles,  des 


500 


MÉTHODE  SIMPLE  DE  TRANSPLANTATION  DES  GROS  ARBRES. 


Aulnes,  etc.  On  trouvera  aussi  sans  peine, 
dans  les  jeunes  plantations  de  Peupliers, 
espèce  qui  se  multiplie  actuellement  dans 
presque  tous  les  pays,  des  sujets  vigou- 
reux; leurs  propriétaires  les  céderont  fa- 
cilement quand  on  leur  fournira  l’occa- 
sion de  réaliser  immédiatement  un  béné- 
fice qu’ils  ne  devaient  espérer  que  beaucoup 
plus  tard. 

Pour  payer  ces  arbres  à leur  valeur 
réelle,  il  sera  bon  de  faire  estimer,  par 
un  marchand  de  bois,  leur  valeur  ac- 
tuelle, et  de  la  majorer  ensuite  suivant  la 
convenance  et  l’agrément. 

En  achetant  les  arbres,  on  mentionnera 
le  droit  d’enlèvement  avec  les  racines  et 
l’on  aura  soin  de  stipuler  que  les  trous 
faits  pour  l’arrachage  seront  rebouchés  le 
mieux  possible  sans  dommages  et  intérêts. 

On  procédera  ensuite  comme  nous  allons 
l’indiquer.  Cette  méthode  simple  nous  a 
parfaitement  réussi  pour  l’établissement 
d’un  jardin  à la  place  d’une  vaste  cour 
pavée,  c’est-à-dire  dans  des  circonstances 
éminemment  défavorables,  la  terre  nou- 
vellement amenée  étant  peu  propre  à des 
plantations  faites  ainsi  immédiatement. 
Elle  réussira  encore  mieux  et  à moins  de 
frais  entre  les  mains  de  ceux  qui  voudront 
bien  tenir  compte  des  observations  signa- 
lées plus  loin  ; ces  observations  permettront 
de  parer  aux  quelques  accidents  dus  à 
notre  inexpérience  dans  l’application  de 
procédés  que  nous  avons  créés  de  toutes 
pièces. 

Le  matériel  employé  a été  celui  qu’on 
trouve  partout  à la  campagne  : un  chariot 
ordinaire  à foin,  trois  ou  quatre  madriers 
de  3 à 4 mètres  de  long,  deux  ou  trois 
échelles , une  douzaine  de  faguettes,  quel- 
ques vieux  sacs  et  des  cordages.  Avec  ce 
matériel,  cinq  ou  six  hommes  et  un  cheval, 
nous  avons  transporté  quarante- quatre 
gros  arbres  ainsi  répartis  : 


Nombre. 

Essence. 

Hauteur. 

Circonférence  de  tronc 
à 1 mètre  de  hauteur. 

9 

Peupliers . . 

11  à 15  m. 

0«n  47  à 0m  63 

6 

— 

9 à 10  m. 

0®  35  à 0®  40 

4 

Acacias  . . . 

10  à 11  m. 

0m  30  à 0m  35 

1 

Tremble.. . 

10  m. 

0®  67 

2 

— 

8 à 10  m. 

0m  25  à 0®  30 

1 

Bouleau . . . 

13  m. 

0™  70 

2 

— 

11  à 12  m. 

0m  40  à 0ra  45 

3 

— 

8 à 10  m. 

0m  30  à 0ra  35 

3 

Merisiers.. 

8 à 10  m. 

0m  25  à 0m  30 

6 

Épicéas . . . 

8 à 10  m. 

0m  30  à 0m  35 

1 

Cerisier. . . 

5 m. 

0m  30 

2 

Pruniers  . . 

3 m. 

0™  20  à 0®  25 

4 

Pommiers. 

3 à 5 m. 

0m  20  a 0m  35 

L’opération  a été  faite,  pour  les  arbres  à 
feuilles  caduques,  en  octobre  ; pour  les  Co- 
nifères, en  avril. 

Les  terrains  d’où  provenaient  les  arbres 
étaient  généralement  peu  compacts;  les 
meilleurs  étaient  ceux  des  arbres  à fruits  ; 
les  autres  arbres  sortaient  de  bois  dont 
le  sol  était  plutôt  siliceux  qu’argileux  ; 
les  Peupliers,  de  terres  de  prairies  ; enfin, 
les  Epicéas,  de  terrains  sablonneux  presque 
formés  de  sable  pur. 

Voici  comment  on  procéda  : 

Les  arbres  étaient  d’abord  déracinés  au 
moyen  d’un  fosâé  circulaire  de  1 mètre  à 
lm50  de  diamètre  intérieur,  descendu  à 
1 mètre  environ  de  profondeur.  Pour  les 
premiers  arbres  transportés,  on  entoura  la 
motte  de  terre  laissée  autour  du  pied  avec 
quelques  brins  de  faguette , de  vieux  sacs 
et  quelques  cordages;  mais  cette  garniture 
peu  solide  tomba  rapidement  dans  les  ma- 
nœuvres suivantes,  en  sorte  que,  pour  la 
plupart  des  autres  arbres  transportés,  elle 
fut  supprimée. 

Les  racines  situées  sous  l’arbre  étaient 
ensuite  coupées  avec  la  hache  et  la  bêche, 
et,  pour  les  dégager  plus  aisément,  on  in- 
clinait successivement  l’arbre  à droite  et  à 
gauche. 

Le  chariot,  débarrassé  de  ses  parois 
latérales  (écalages)  et  présentant  par  suite 
simplement  une  surface  plane  montée  sur 
quatre  roues,  était  amené  ensuite  aussi 
près  que  possible  de  l’arbre;  on  enlevait 
alors  les  limons,  afin  de  placer  sa  partie 
antérieure  le  plus  près  possible  du  pied  de 
l’arbre. 

Creusant  ensuite  le  sol  en  pente  douce,  on 
plaçait,  appuyés  sur  le  chariot  et  sur  le  sol 
sous  les  racines,  les  trois  ou  quatre  ma- 
driers. Au  moyen  d’une  corde  amarrée  au 
haut  de  l’arbre,  celui-ci  était  rapidement 
incliné  du  côté  du  chariot  ; les  racines  qui 
pouvaient  rester  encore  au-dessous  étant 
coupées  au  fur  et  à mesure  qu’il  était  néces- 
| saire,  l’arbre  tombait  bientôt  couché  sur  le 
plan  incliné  formé  par  les  madriers. 

En  se  servant  de  cordes  attelées  au  pied 
de  l’arbre,  mais  surtout  de  leviers,  cinq  ou 
six  hommes  arrivaient  à hisser  en  une 
heure  au  plus  l’arbre  sur  le  chariot,  grâce 
au  plan  incliné  formé  par  les  madriers.  Une 
fois  montée  sur  le  chariot,  la  culée  ainsi  placée 
en  tète  derrière  le  cheval,  au  moyen  d’une 
douzaine  ou  même  d’une  demi-douzaine 
de  faguettes,  on  formait  un  chantier  sur  le- 
quel venait  s’appuyer  le  tronc.  L’arbre  ainsi 


MÉTHODE  SIMPLE  DE  TRANSPLANTATION  DES  GROS  ARBRES. 


couché  sur  le  chariot,  on  plaçait  les  ran- 
chets,  et  l’arbre  était  amarré  avec  des  cor- 
dages en  nombre  suffisant  pour  l’empêcher 
de  se  déplacer  et  de  glisser  à terre,  sous 
l’action  des  cahots  de  la  route. 

Au  commencement  du  travail,  le  fait 
s’est  présenté  deux  fois  par  suite  d’un 
amarrage  insuffisant  et.  de  l’absence  des 
ranchets  ; l’arbre,  tombé  du  chariot,  dut  y 
être  remonté.  L’opération  a été  effectuée 
avec  l’aide  des  madriers  sans  plus  de  diffi- 
cultés que  le  chargement. 

Les  cahots  des  routes  pavées  ou  les  or- 
nières des  chemins  ruraux  impriment  à la 
tête  de  l’arbre  des  mouvements  assez  grands 
qui  risquent  de  la  briser  : afin  d’éviter  cet 
accident,  il  convient  d’attacher  à l’extré- 
mité de  l’arbre  une  perche  de  trois  à quatre 
mètres  assez  forte  pour  lui  enlever  sa  flexi- 
bilité et  l’empêcher  de  battre  le  pavé. 

Le  chantier  formé  par  les  faguettes  sur 
le  chariot  doit  être  assez  élevé  pour  que 
les  petites  branches  ne  traînent  pas  à 
terre. 

L’arbre  ainsi  chargé,  on  remontait  les  li- 
mons du  chariot  et  on  l’amenait  à destination . 
Il  faut  choisir  avec  soin  les  chemins  faciles  ; 
ils  devront  être  aussi  larges  que  possible  et 
surtout  ne  pas  présenter,  dans  les  bois,  par 
exemple,  de  tournants  trop  courts,  si  l’on 
transporte  des  arbres  d’une  certaine  hau- 
teur , le  développement  nécessaire  pour 
passer  dans  les  tournants  devant  être  pro- 
portionnel à la  longueur  des  arbres  trans- 
portés. 

Pendant  le  transport,  qui  doit  être  fait 
lentement,  deux  ouvriers,  détachés  rapi- 
dement du  chantier  d’enlevage  et  dont  la 
présence  était  d’ailleurs  inutile  pour  l’ins- 
tallation de  l’arbre  et  son  amarrage,  doivent 
creuser  le  trou  qui  le  recevra  : cette  opération 
sera  en  tous  cas  faite  complètement  et  lar- 
gement avant  de  procéder  à la  descente  de 
l’arbre  le  trou  dépassant  en  dimension  ce- 
lui d’où  l’arbre  est  sorti  ; presque  toujours 
les  trous  faits  sur  simple  appréciation  sont 
trop  petits. 

On  amenait  alors  le  chariot  aussi  près 
que  possible  du  bord  du  trou,  et,  avec  l’aide 
des  madriers  ayant  servi  à hisser  l’arbre 
sur  le  chariot,  on  le  descendait  toujours  in- 
cliné dans  le  trou  : un  madrier,  qu’on  y avait 
préalablement  placé  dans  une  direction 
à peu  près  perpendiculaire  aux  autres  et 
sur  le  bord  opposé,  permettait  d’arrêter  un 
glissement  trop  complet;  ce  glissement 
aurait  porté  l’arbre  tout  à fait  sur  un  des 


501 

côtés  du  trou  au  lieu  de  le  laisser  au 
centre. 

La  descente  demande  quelques  précau- 
tions pour  éviter,  soit  à droite,  soit  à 
gauche,  le  déversement  de  l’arbre.  Ce  dé- 
versement est  empêché  au  moyen  des  le- 
viers que  manœuvrent  les  hommes  en  se 
portant  avec  rapidité  du  côté  où  les  mouve- 
ments de  dévers  se  manifestent  : deux 
hommes  suffisent  ordinairement  pour  effec- 
tuer la  descente , mais  il  est  prudent  de  dis- 
poser de  quatre  autres  pour  s’opposer  à ces 
mouvements  latéraux. 

Quand  l’arbre  était  ainsi  descendu  dans 
son  trou,  on  procédait  à son  redressement. 
Celui-ci  s’effectuait  au  moyen  de  deux  cor- 
dages disposés  en  sens  inverse,  l’un  pour 
tirer,  l’autre  pour  maintenir.  On  les  amar- 
rait suivant  la  hauteur  de  l’arbre  et  l’im- 
portance des  branches  à moitié  ou  aux  deux 
tiers,  aux  deux  tiers  si  la  tête  est  lourde. 

Dès  que  les  cordages  étaient  amarrés,  on 
enlevait  le  chariot  en  maintenant  l’arbre 
incliné  au  moyen  de  deux  échelles  placées 
au-dessous  et  dans  une  direction  inverse  : 
grâce  à cet  appui,  on  enlevait  sans  peine  le 
chariot.  C’est  avec  ces  échelles  qu’on  com- 
mençait le  levage  de  l’arbre,  les  cordages 
étant  alors  trop  inclinés  pour  en  attendre 
une  action  efficace. 

On  redressait  lentement  les  deux  échelles 
en  les  arc-boutant  l’une  par  l’autre,  de 
façon  à empêcher  l’arbre  de  tourner  dans  le 
trou.  Quand  les  échelles,  primitivement 
placées  inclinées,  étaient  arrivées  à la  ver- 
ticale, on  maintenait  l’arbre  au  moyen 
d’une  seule  et  des  cordages,  et  on  déplaçait 
l’autre  pour  saisir  l’arbre  à une  plus  grande 
distance  du  pied. 

Dès  qu’on  avait  élevé  ainsi  l’arbre  d’une 
certaine  quantité  au-dessus  du  sol,  on  fai- 
sait agir  les  cordes  en  maintenant  l’arbre 
par  l’une  d’elles  pendant  qu’on  l’élevait  par 
l’autre.  Dans  cette  opération,  les  échelles 
sont  encore  utiles  pour  éviter  des  mouve- 
ments de  déversement. 

L’arbre  était  ainsi  rapidement  mis  de- 
bout en  moins  d’une  heure. 

Nous  avons  été  assailli,  pendant  une  de 
ces  opérations,  par  un  vent  assez  violent 
pour  rejeter  à terre  un  arbre  très  branchu 
qui  était  à peu  près  élevé  : nous  ne  saurions 
donc  trop  conseiller  d’employer  dans  ce  cas 
plutôt  trois  cordages  que  deux  et  d’avoir, 
si  possible,  à sa  disposition,  trois  échelles 
au  lieu  de  deux  pour  maintenir  plus  com- 
plètement les  oscillations  de  l’arbre. 


502 


MÉTHODE  SIMPLE  DE  TRANSPLANTATION  DES  GROS  ARBRES. 


Quand  l’arbre  était  en  place  et  bien  droit, 
on  arrosait  copieusement  le  pied  et  on  tassait 
tout  autour  la  terre  avec  soin  en  l’arrosant 
fréquemment  pour  la  faire  descendre  entre 
les  racines;  on  terminait  par  un  dernier 
arrosage. 

Le  transport  et  la  mise  en  place  des  plus 
gros  arbres  n’a  pas  demandé  plus  d’une 
demi-journée;  ordinairement,  on  en  trans- 
portait trois  par  jour,  et,  pour  les  plus 
petits,  quatre,  cinq  et  six  ; on  en  chargeait 
alors  deux  ou  trois  sur  le  même  chariot  ; la 
distance  du  transport  était  d’environ  un  à 
deux  kilomètres. 

Il  est  indispensable  de  maintenir  les 
arbres  dépassant  9 mètres  de  haut  avec  des 
fils  de  fer  placés  surtout  dans  la  direction 
opposée  au  vent.  Plusieurs  de  ceux  que 
nous  avons  transplantés  ont  été  ren- 
versés et  ont  dû  être  redressés  à nou- 
veau, faute  d’avoir  été  ainsi  soutenus  dès 
l’origine;  d’autres,  sans  avoir  été  complè- 
tement renversés,  ont  été  fort  ébranlés  ; on 
a dû  les  ramener  dans  la  verticale  par  des 
amarres  quelque  temps  après  la  plantation. 

La  transplantation  de  tous  ces  arbres 
a été  effectuée  il  y a trois  ans  et  l’on  peut 
actuellement  se  rendre  un  compte  exact  du 
résultat. 

Sur  les  quarante-quatre  arbres,  neuf 
moururent  dans  les  deux  premières  années  ; 
aucun  n’est  mort  cette  année;  les  trente- 
cinq  survivants  sont  actuellements  couverts 
d’un  vigoureux  feuillage.  La  plupart  de  ces 
morts  furent  d’ailleurs  accidentelles.  Il  y 
eut,  après  la  transplantation,  des  coups  de 
vent  très-violents  qui  renversèrent  une 
partie  des  arbres  qu’on  n’avait  pas  eu  la 
précaution  de  maintenir  immédiatement 
par  des  fils  de  fer. 

Les  sept  arbres  morts  dans  la  première 
année  se  décomposent  ainsi  : 

1°  Un  Acacia  deux  fois  renversé  par  le 
vent,  une  première  fois,  faute  de  l’éta- 
blissement d’un  fil  de  fer  d’amarrage,  une 
seconde  par  suite  de  la  mauvaise  direction 
donnée  à l’amarrage  ; 

2°  Un  grand  Tremble,  qui,  une  fois  mis 
en  place,  fut  déplanté  quinze  jours  après  et 
transporté  3 mètres  plus  loin  ; 

3°  Un  gros  Bouleau,  qui,  renversé  parle 
vent  pendant  le  montage,  avait  perdu  dans 
cette  secousse  la  plus  grande  partie  de  la 
terre  qui  entourait  ses  racines  ;*  il  avait, 
d’ailleurs,  été  enlevé  avec  une  motte  trop 
faible,  qui  ne  renfermait  que  quelques 
grosses  racines  et  peu  de  chevelu  ; 


4°  Un  petit  Tremble  renversé  deux  fois  ; 

5°  Un  Bouleau  placé  dans  un  mauvais 
terrain  rapporté,  où  moururent  aussi  les 
arbustes  qu’on  y avait  plantés.  Il  y a lieu 
de  noter,  pourtant,  que  la  reprise  des  Bou- 
leaux un  peu  vieux  est  difficile  ; 

6°  et  7°  Deux  Epicéas  ; ceux-ci  prove- 
naient d’une  assez  grande  distance  du  lieu 
de  plantation  (5  kilomètres)  ; ils  avaient  été 
amenés  en  passant  sur  une  route  pavée,  en 
mauvais  état,  et  une  grande  partie  de  la 
terre  qui  entourait  leurs  racines  était 
tombée  ; enfin,  le  terrain  où  ils  avaient  été 
plantés  leur  convenait  peu. 

Les  deux  arbres  morts  la  seconde  année 
sont  : un  Bouleau  qui  avait  parfaitement 
verdi  la  première  année,  il  paraît  avoir  été 
grillé  par  un  coup  de  soleil,  et  un  Épicéa 
dont  la  mort  peut  être  attribuée  à la  même 
cause. 

Il  faut  ajouter,  de  plus,  que  le  jardin,  de 
création  complète,  était  formé  de  terres  rap- 
portées prises  dans  une  butte , froides , 
non  aérées,  très-pauvres  en  humus,  et 
présentait,  par  suite,  de  très-mauvaises 
conditions  pour  la  nourriture  des  végétaux 
qu’on  lui  confiait. 

Malgré  ces  circonstances  défavorables, 
l’opération  a été,  en  somme,  réellement 
satisfaisante,  puisqu’on  a perdu  seulement 
un  cinquième  des  arbres  transplantés  et 
presque  tous  par  circonstances  fortuites  ; 
on  éviterait,  à coup  sûr,  la  plus  grande 
partie  de  ces  accidents  si  l’on  avait  à recom- 
mencer l’opération. 

Un  détail  à noter  qui  présente  une  cer- 
taine importance  : la  première  année,  les 
arbres  furent  arrosés  quotidiennement  avec 
soin  et  copieusement  pendant  les  grandes 
chaleurs. 

Nous  croyons  donc  pouvoir  dire  que  la 
transplantation  des  gros  arbres  est  ainsi 
chose  facile  pour  tous  les  propriétaires,  et 
qu’on  ne  devrait  plus,  aujourd’hui,  cons- 
truire d’habitation  de  quelque  importance 
dans  un  terrain  dénudé,  sans  l’entourer 
aussitôt  d’un  jardin  immédiatement  ca- 
pable d’y  donner  de  l’ombrage.  Cette  obser- 
vation peut  s’appliquer,  en  particulier,  aux 
villas  qui  s’élèvent  chaque  jour  sur  le  bord 
de  la  mer  ; le  terrain  qui  les  entoure  laisse 
souvent  à désirer  et  contraste,  par  son  indi- 
gence regrettable,  avec  la  richesse  de  leur 
architecture. 

P.  Marguerite-Delacharlonny, 

Ingénieur  des  Arts  et  Manufactures. 


GRIOTTE  TARDIVE  DE  PLOMBIÈRES. 


BIBLIOGRAPHIE. 


503 


GRIOTTE  TARDIVE  DE  PLOMRIÈRES 


Arbre  vigoureux,  élancé,  très-productif. 
Branches  subdressées,  les  plus  jeunes  à 
écorce  gris-cendré  ou  blanchâtre,  légère- 
ment pruineuse.  Feuilles  minces,  longue- 
ment ovales,  sensiblement  et  inégalement 
dentées  en  scie , brusquement  atténuées, 
arrondies  à la  base,  rétrécies  au  sommet 
cuspidé.  Pétiole  coloré,  assez  long,  grêle. 
Glandes  peu  nombreuses  (4  à 3),  quelque- 
fois nulles,  placées  vers  le  sommet  du  pé- 
tiole, petites,  ovales,  légèrement  concaves, 
rougeâtres.  Fruits  longuement  et  finement 
pédonculés , ovales  - cordiformes,  un  peu 
plus  longs  que  larges,  de  18  millimètres  de 
longueur,  légèrement  atténués  arrondis  au 
sommet,  où  le  point  pistillaire  forme  par- 
fois un  très-court  mucronule,  légèrement 
déprimés  sur  les  deux  côtés,  à dépressions 
inégales,  l’une  longitudinalement  côtelée 
au  centre.  Peau  luisante,  rouge-vineux, 
passant  au  rouge  sombre  et  même  bru- 
nâtre à la  complète  maturité  du  fruit.  Chair 
adhérente  au  noyau,  ferme  et  consistante, 
blanc,  grisâtre,  très-sucrée,  relevée  d’une 
saveur  fine,  très-agréable.  Noyau  large- 


ment cordiforme,  uni,  brusquement  ar- 
rondi à la  base,  atténué  en  pointe  au 
sommet. 

La  Cerise  Tardive  de  Plombières,  qui 
appartient  à la  section  des  Griottes,  mûrit 
ses  fruits  à partir  de  la  fm  d’août,  et  ceux- 
ci  persistent  sur  l’arbre  pendant  tout  le 
mois  de  septembre,  qualité  unique  dans 
le  groupe  des  Cerises  et  qui,  certes,  n’est 
pas  à dédaigner. 

Cette  variété,  du  reste,  est  très-rare, 
même  à Plombières,  et  nous  ne  l’avons  vue 
que  dans  un  seul  jardin,  chez  M.  Gen- 
tilhomme, pharmacien  à Plombières,  ama- 
teur d’horticulture,  dont  nous  aurons  occa- 
sion de  reparler  lorsque  nous  décrirons  les 
jardins  de  cette  ville. 

Pour  aujourd’hui,  nous  nous  bornons  à 
citer  la  Cerise  en  question,  que  nous  n’hé- 
sitons pas  à recommander  comme  pouvant 
rendre  de  grands  services  à l’arboriculture 
et  certainement  digne  de  prendre  place  à 
côté  de  beaucoup  d’autres  et  d’augmenter 
encore  les  collections  fruitières  déjà  si 
riches.  E.-A.  Carrière. 


BIBLIOGRAPHIE 


La  Ramie,  par  E.  Royer,  membre  de  la  Com- 
mission de  la  Ramie  au  ministère  de  l’agricul- 
ture. Prix  l fr.,  Librairie  agricole  de  la  Maison 
rustique , 26,  rue  Jacob,  Paris. 

Depuis  dix  ans,  l’auteur  s’est  entièrement 
consacré  à l’étude  approfondie  de  la  Ramie. 

Il  y a sept  ou  huit  ans  que,  comprenant  la 
situation  et  les  difficultés  matérielles  de  la 
question,  M.  Royer  s’est  mis  résolument  à la 
recherche  de  la  solution  du  problème  indus- 
triel que  comporte  ce  sujet  intéressant,  solu- 
tion sans  laquelle  cette  fibre  ne  peut  parvenir 
à occuper  la  place  à laquelle  elle  peut  pré- 
tendre, par  ses  qualités  particulières,  d’abord, 
par  les  prix  auxquels  il  est  possible  de  la  pro- 
duire, ensuite. 

Aussi  l’auteur  traite-t-il  de  son  sujet  en  toute 
connaissance  de  cause  ; il  nous  indique  d’abord 
l’organisation  pratique  de  cette  industrie,  il 
détermine  le  rôle  de  l’industrie  intermédiaire 
du  fabricant  de  Ramie,  il  établit  le  principe  de 
la  décortication  tel  qu’il  lui  paraît  devoir  être 
résolu. 

Puis  il  aborde  la  grave  question  des  prix 
possibles  pour  les  matières  venant  de  la  cul- 
ture et  celle  du  prix  de  revient,  ce  qui  naturel- 
lement le  conduit  à une  étude  comparative  des 
cultures  de  Ramie  en  Europe  avec  les  cultures 
intertropicales. 

Il  termine  en  indiquant  les  conditions  les 


meilleures  pour  l’établissement  d’une  planta- 
tion et  les  précautions  à prendre  pour  livrer  les 
matières  fibreuses,  dans  un  état  convenable. 

Ce  livre  jette  un  jour  nouveau  sur  une  in- 
dustrie et  une  culture  nouvelles  qu’il  y aurait 
intérêt  à propager  dans  l’intérêt  national  comme 
dans  l’intérêt  des  contrées  aptes  à produire  ce 
nouveau  textile.  M.  R. 


Index  generum  phanerogamorum,  par  Th. 

Durand.  In-8°;  prix,  25  fr.  à Bruxelles,  et  à 

Paris,  chez  P.  Klincksieck,  16,  rue  de  Sèvres. 

Sous  ce  titre,  M.  Th.  Durand,  aide-naturaliste 
au  Jardin  botanique  de  Bruxelles,  vient  de  pu- 
blier un  recueil  de  la  plus  grande  utilité,  et  qui 
est  établi  en  prenant  pour  base  le  Généra  plan- 
tarum,  de  Bentham  et  Hooker,  en  y intercalant 
tous  les  genres  créés  depuis  l’achèvement  de 
cet  ouvrage. 

Cet  Index  comprend,  indépendamment  des 
Incerta , 8.349  genres  goupés  méthodiquement 
et  accompagnés  chacun  de  toutes  les  indi- 
cations nécessaires  pour  les  recherches  bota- 
niques. 

En  dehors  des  services  qu’il  rendra  aux  pos- 
sesseurs du  Généra  en  complétant  ce  recueil 
jusqu’à  la  fin  de  1887,  il  sera  surtout  utile  à 
tous  les  botanistes  qui,  n’ayant  pu  se  procurer 


504 


CORRESPONDANCE. 


l’ouvrage  de  Bentham  et  Hooker,  aujourd’hui 
épuisé  en  librairie,  trouveront  dans  YIndex 
generum  phanerogamorum  toutes  les  indi- 
cations sommaires  dont  ils  ont  sans  cesse 
besoin.  Ed.  A. 


Prairies  et  Vergers,  par  MM.  Michiels  frères, 
pépiniéristes,  1 vol.  in-18.  Paris,  G.  Masson,  édi- 
teur, 120,  boulevard  Saint-Germain. 

Sous  ce  titre,  MM.  Michiels  frères,  pépinié- 
ristes-arboriculteurs, à Montaigu  (Belgique), 
viennent  de  publier  un  volume  de  320  pages, 
orné  de  nombreuses  figures  intercalées  dans 
le  texte.  Praticiens  éclairés,  les  auteurs, 
comprenant  l’enchaînement  étroit  qui  existe 
entre  l’horticulture  et  l’agriculture,  et  l’im- 
possibilité de  les  séparer  d’une  manière  ab- 
solue, ont  mené  de  front  les  deux  choses. 
Après  avoir  traité  les  principaux  points  relatifs 
au  sol  et  au  bétail,  les  auteurs  ont  abordé  les 
questions  qui  se  rapportent  particulièrement  au 
jardin;  le  choix  des  arbres  fruitiers  dans  les 
pépinières,  la  plantation,  les  tuteurs  et  armures, 
les  engrais,  les  formes  à donner  aux  arbres, 
les  variétés  recommandées,  etc. 

Gomme  annexes,  et  pour  terminer,  nous 
trouvons  d’intéressantes  considérations  sur  les 
arbres  fruitiers  dans  les  champs  et  le  long  des 
routes,  et  les  moyens  de  combattre  les  effets 
des  gelées  au  moment  de  la  floraison. 

L’ouvrage  de  MM.  Michiels  ne  manquera  pas 
de  rendre  de  bons  services  et  sera  consulté 
avec  fruit.  E.-A.  G. 


N°  3105  ( Ariège ).  — En  l’absence  du  fruit 
et  de  l’arbre  dont  vous  nous  parlez,  nous  ne 
pouvons  vous  dire  que  ceci  : Le  Diospyros  que 
vous  avez,  vu  son  origine,  ne  peut  être  que  le 
D.  costata  ou  Mazeli,  qui,  tous  deux  origi- 
naires du  Japon,  ont  un  tempérament  tout  à 
fait  analogue.  Ges  arbres  ne  mûrissent  que 
très-tardivement  leurs  fruits  sous  notre  cli- 
mat ; si  ceux  que  porte  votre  arbre  sont  encore 
verts,  vous  pouvez  sans  inconvénient  leur  lais- 
ser supporter  les  petites  gelées  de  l’automne. 
Alors,  ils  ne  tarderont  pas  à prendre  une  belle 
couleur  rouge-orangée.  Si  vous  voulez  les 
manger,  vous  pouvez  les  laisser  sur  l’arbre 
jusqu’à  ce  qu’ils  tombent,  ce  qui  arrivera  quand 
ils  seront  tout  à fait  blets  ; mais  alors,  dans 
cet  état,  ils  ne  se  conservent  pas  longtemps.  Si 
au  contraire,  vous  tenez  à les  conserver  au 
fruitier,  et  les  voir  parer , il  faut  les  cueillir, 
lorsque,  déjà  très-colorés,  ils  sont  encore 
fermes.  Alors  ils  achèvent  de  mûrir,  mollis- 
sent, perdent  de  leur  astringence,  et  sont  alors 
bons  à manger.  En  général,  ou  pour  mieux 
dire,  toujours,  les  Kakis  (fruits  des  Diospyros) 
ne  se  consomment  que  lorsqu’ils  sont  blets  ; au 
Japon,  on  les  mange  à la  cuillère.  — Ne  vous 


Les  Leçons  de  choses  au  concours  agricole 
de  Paris,  1 vol.  in-10,  broché,  3 fr.  (Librairie 
Hachette  et  Cie,  76,  boulevard  Saint-Germain,  à 
Paris.) 

Au  concours  agricole  qui  s’est  tenu  au  Palais 
de  l’Industrie  en  février  1888,  M.  E.  Menault, 
inspecteur  général  de  l’agriculture,  qui  diri- 
geait ce  concours,  a eu  l’excellente  initiative 
d’organiser,  plusieurs  fois  par  jour,  des  entre- 
tiens familiers  sur  les  principales  parties  de 
l’exposition.  Ges  entretiens,  qui  constituaient 
des  leçons  sur  les  choses  figurant  au  concours, 
ont  été  suivis  par  une  affluence  nombreuse  qui 
y a puisé  d’excellentes  notions  ; car  ils  étaient 
faits,  sur  chaque  sujet,  par  un  spécialiste  émé- 
rite, connaissant  les  choses  dont  il  parlait. 

Ges  entretiens  ont  été  réunis,  et  la  librairie 
Hachette  vient  de  les  publier  en  un  intéressant 
volume;  à côté  d’entretiens  spécialement  agri- 
coles sur  la  production  des  Céréales,  sur  celle 
des  Pommes  de  terre,  sur  les  plantes  fourra- 
gères, sur  les  caractères  des  vaches  laitières, 
sur  les  animaux  gras,  de  nombreux  entretiens 
ont  été  consacrés  à la  production  des  légumes, 
aux  abeilles,  à la  culture  et  au  choix  des 
arbres  fruitiers,  au  lait,  aux  beurres  et  fro- 
mages, et  aux  animaux  de  basse-cour. 

Toutes  ces  leçons  sont  rédigées  avec  préci- 
sion et  clarté  ; elles  ont  conservé  la  forme  vi- 
vante de  la  conversation  ; et  de  nombreuses 
gravures,  intercalées  dans  le  texte,  achèvent 
les  démonstrations  qu’elles  accompagnent. 

M.  R.  . 


étonnez  pas  de  voir  s’effectuer  la  chute  des 
feuilles  de  votre  arbre,  avant  la  maturation  des 
fruits;  c’est  un  fait  normal,  et  c’est  même  en 
ce  moment,  que  les  Diospyros  présentent  un 
aspect  ornemental  tout  particulier,  quand,  dé- 
pourvus de  feuilles,  ils  sont  couverts  de  fruits 
d’un  très-beau  jaune  d’or. 

No  1985  ( Maine-et-Loire ).  — Les  expres- 
sions arbres , arbrisseaux  et  arbustes , très- 
usitées  dans  le  langage  ordinaire,  ne  peuvent 
pas  se  définir  d’une  manière  précise.  Dupuis 
les  distingue  de  la  manière  suivante  : on  donne 
en  général  le  nom  d 'arbres  aux  végétaux  li- 
gneux qui  s’élèvent  au  moins  à 5 mètres,  pré- 
sentent une  tige  nue  à leur  partie  inférieure  et 
ne  se  ramifient  qu’à  une  certaine  hauteur  ; les 
arbrisseaux  varient  de  1 à 5 mètres  de  hau- 
teur, se  ramifient  le  plus  souvent  dès  leur  base, 
et  leurs  rameaux  portent  des  bourgeons  écail- 
leux ; les  arbustes  ne  dépassent  guère  1 mètre  ; 
ils  se  ramifient  dès  leur  base,  mais  leurs  ra- 
meaux sont  dépourvus  de  bourgeons  écailleux. 
— Gette  division,  commode  dans  la  pratique  n’a 
évidemment  aucune  valeur  scientifique,  et  les 
limites  entre  ces  trois  groupes  de  végétaux 
sont  difficiles  à établir. 


U Administrateur- Gérant  : L.  Bourguignon. 


Imp.  Georges  Jacob,  — Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


505 


CHRONIQUE  HORTICOLE 


Mérite  agricole.  — Syndicats  obligatoires  pour  la  défense  des  Vignes  contre  le  phylloxéra.  — La  floraison 
des  Chrysanthèmes.  — Chrysanthèmes  nains  hâtifs  très-rustiques.  — Un  nouveau  Noyer  à fruits 
comestibles.  — Culture  des  Crotons  par  potées.  — Floraison  anormale  du  Magnolia  Sonlangeana, 
en  Angleterre.  — Un  superbe  exemplaire  de  Plalycerium  grande.  — Influence  de  la  lumière  sur  le 
développement  des  graines.  — Arrangement  pittoresque  des  entrées  de  serres.  — Cultures  comparées 
à diverses  altitudes.  — Le  Figuier  Ti-Koua.  — Les  qualités  forestières  du  Catalpa  speciosa . — 
Découverte  d’un  Wellingtonia  gigantesque.  — Plantes  antipathiques  aux  insectes  et  aux  animaux. 
— La  récolte  annuelle  des  fruits  en  France.  — Les  importations  de  fruits  frais  en  Angleterre.  — - 
La  longévité  des  oiseaux.  — Destruction  des  vers  blancs  par  la  benzine.  — Concours  d’appareils 
pour  le  greffage  de  la  Vigne  à Orléans.  — Exposition  de  Chrysanthèmes  à Roubaix.  — Memento  des 
expositions.  — Nécrologie  : MM.  de  Cannaert  d'Hamale , W.-H.  Crawford  et  Ch.  Serlier. 


Mérite  agricole.  — Le  Journal  Offi- 
ciel vient  de  publier  une  liste  de  promotions 
et  de  nominations  dans  l’ordre  du  Mérite 
agricole.  Nous  y trouvons  la  promotion,  au 
grade  d’officier  du  Mérite  agricole,  de  notre 
collaborateur,  M.  Jules  Ricaud,  vice-prési- 
dent de  la  Commission  des  hospices  de 
Beaune  et  administrateur  de  l’École  de  Jar- 
dinage récemment  fondée  dans  cette  ville. 

Parmi  les  nominations  au  grade  de  che- 
valier du  Mérite  agricole,  nous  relevons  les 
suivantes,  qui  intéressent  l’horticulture  : 

MM. 

Bernaix  (Alexandre),  horticulteur  à Lyon- 
Villeurbanne  (Rhône)  ; a réalisé  de  nombreux 
progrès  dans  la  culture  des  Roses,  lauréat 
dans  diverses  expositions  horticoles  ; 35  ans  de 
services. 

Chrétien  (Jules),  chef  des  cultures  florales  au 
parc  de  la  Tête-d’Or  (Lyon)  ; nombreuses  ré- 
compenses dans  diverses  expositions;  plus  de 
40  ans  de  services. 

Coulon  (Joseph-Charles),  horticulteur-pépi- 
niériste, à Dun-sur-Auron  (Cher)  ; nombreuses 
récompenses  dans  divers  concours  et  exposi- 
tions ; 40  ans  de  services. 

Guillot  (Jean-Baptiste),  horticulteur  à Lyon- 
Montplaisir  (Rhône);  a découvert  la  greffe  du 
Rosier  sur  racine.  Nombreuses  récompenses 
dans  diverses  expositions,  tant  en  France  qu’à 
l’étranger. 

Legrand  (Pierre-Michel),  horticulteur-pépi- 
niériste à Yvetot  (Seine-Inférieure)  ; a fait  les 
premiers  semis  de  Pommiers  vers  1840,  et  ob- 
tenu, pour  ces  cultures,  de  nombreuses  récom- 
penses dans  les  concours. 

Syndicats  obligatoires  pour  la  dé- 
fense des  Vignes  contre  le  phylloxéra. 

— Il  est  fort  pénible  de  constater  avec  quelle 
lenteur  l’emploi  des  procédés  ayant  fait  leurs 
preuves  contre  les  multiples  ennemis  de  la 
Vigne  est  pratiqué  par  les  vignerons. 

Nous  avons  vu  cette  année,  en  Touraine 


notamment,  des  communes  d’une  impor- 
tance moyenne  où  le  déficit  de  récolte,  par 
suite  de  la  présence  du  mildiou  sans  sulfa- 
tage, est  considérable  pour  chacune,  et,  au 
milieu  de  ces  régions  envahies,  quelques 
parcelles,  où  le  traitement  avait  été  effectué, 
ont  donné  une  bonne  production  de  fruits 
arrivant  à parfaite  maturité,  malgré  l’été 
froid  et  pluvieux  que  nous  avons  eu. 

Relativement  au  phylloxéra,  l’inertie  des 
cultivateurs  est  souvent  semblable,  et,  dans 
ce  cas,  les  effets  en  sont  encore  plus  graves. 

En  vue  de  parer  à ce  fâcheux  état  de 
choses,  la  Chambre  des  Députés,  dans  sa 
séance  du  46  octobre  dernier,  a adopté  dé- 
finitivement un  projet  de  loi  relatif  à la 
création  de  syndicats  obligatoires  pour  la 
défense  des  Vignes  contre  le  phylloxéra. 

C’est  là  une  fort  bonne  mesure  dont  il 
serait  utile  d’étudier  l’extension,  en  l’appli- 
quant aux  autres  ennemis  de  la  Vigne. 

La  floraison  des  Chrysanthèmes.  — 

Presque  chaque  année,  dans  les  environs 
de  Paris,  de  légères  gelées  blanches  se  font 
sentir,  vers  le  15  octobre,  et  en  deux  ou 
trois  jours,  toutes  les  fleurs  estivales  sont 
flétries.  C’est  le  moment  où  les  jardiniers 
prévoyants  sortent  de  leurs  abris  provisoires 
les  Chrysanthèmes  qu’ils  ont  cultivés. 

Us  obtiennent  ainsi  une  décoration  toute 
nouvelle,  une  floraison  abondante,  variée, 
tout  à fait  charmante,  qui  fait  oublier  aussi- 
tôt les  autres  fleurs  disparues. 

Chrysanthèmes  nains  hâtifs  rusti- 
ques. — Depuis  plusieurs  années,  on  cul- 
tive en  grand,  au  Fleuriste  de  la  Ville  de 
Paris,  trois  variétés  de  Chrysanthèmes 
nains,  qui  nous  semblent  présenter  toutes 
les  qualités  désirables. 

Ces  Chrysanthèmes,  dont  jusqu’à  présent 


16  Novembre  1888. 


22 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


506 

on  n’a  pu  connaître  le  nom,  s’ils  ont  jamais 
été  nommés,  forment,  à l’aide  de  quelques 
pincements,  des  plantes  hautes  de  40  centi- 
mètres environ,  compactes,  très-ram i fiées, 
se  tenant  très-bien,  et  se  couvrant,  pendant 
les  mois  de  septembre,  octobre  et  novembre, 
d’une  profusion  de  fleurs  de  moyenne  gran- 
deur, demi-pleines,  bien  faites  et  qui,  pour 
les  trois  variétés,  sont  blanc  rosé,  jaune  pâle 
et  carmin  clair. 

Ces  plantes  ont  une  rusticité  relativement 
grande,  puisque  leurs  fleurs  peuvent  suppor- 
ter un  froid  de  4 degrés  au-dessous  de  zéro, 
sans  en  souffrir  d’une  façon  appréciable. 

Comme  plantes  de  corbeilles,  elles  sont 
de  premier  ordre,  et  les  trois  couleurs  cons- 
tituent lorsqu’elles  sont  assemblées  une 
combinaison  très-harmonieuse. 

Au  Fleuriste  de  la  Ville,  elles  sont  égale- 
ment employées  comme  plantes  décoratives 
pour  les  garnitures  de -soirées. 

Un  nouveau  Noyer  à fruits  comesti- 
bles. — L’espèce  dont  nous  allons  par- 
ler est  destinée  à jouer,  dans  les  cultures 
d’ornement  et  de  production,  un  rôle  im- 
portant, par  suite  de  ses  qualités  de  pre- 
mier ordre.  Le  Noyer  de  Mandchourie 
( Juglans  mcmdshurica,  Maxim.)  est  origi- 
naire de  la  province  d’ Amour,  c’est-à-dire  de 
l’extrémité  orientale  de  l’Asie,  contiguë  à la 
Sibérie,  à la  même  latitude  que  le  nord  du 
Japon,  dont  elle  est  voisine. 

Cette  origine  indique  suffisamment  la 
rusticité  de  cet  arbre,  qui  résistera,  chez 
nous,  aux  froids  les  plus  violents.  Il  acquiert 
un  développement  de  premier  ordre,  et 
possède  un  port  très  ornemental.  Ses  feuil- 
les, divisées  un  peu  comme  celles  du  Noyer 
d’Amérique,  ont  15  folioles  et  acquièrent 
jusqu’à  80  centimètres  de  longueur. 

Les  fruits  sont  obovales,  quelquefois  en 
forme  de  Poire,  et  renferment  une  partie 
comestible  dont  le  goût,  moins  fin  que 
celui  des  Noix  ordinaires,  pourra  certai- 
nement être  amélioré  par  la  culture. 

M.  Van  Volxem,  qui  cultive  cette  espèce 
en  Belgique,  annonce  que  ses  fruits  y mû- 
rissent plusieurs  semaines  avant  ceux  du 
Noyer  commun. 

Deutzia  parviflora.  — Cette  très-jolie 
espèce,  dont  la  floraison  a eu  lieu  à Y Arnold 
Arboretum  (États-Unis  d’Amérique),  est 
originaire  du  nord  de  la  Chine.  Le  profes- 
seur C.  Sargent  dit  qu’elle  dépasse,  par  ses 
qualités  ornementales,  les  trois  ou  quatre 
espèces  actuellement  cultivées. 


Le  D.  parviflora  est  un  arbuste  trapu, 
dont  les  tiges  érigées  atteignent  de  lm  20  à 
lm70  de  hauteur,  et  sont  couvertes  de 
feuilles  elliptiques  ou  lancéolées,  vert  foncé 
en  dessus,  vert  pâle  en  dessous. 

Les  fleurs,  blanc  pur,  en  corymbe,  appa- 
raissent généralement  dans  le  commence- 
ment de  juin,  et  leurs  masses  abondantes 
recouvrent  complètement  la  partie  supé- 
rieure des  tiges. 

La  rusticité  de  cet  arbuste  est  complète, 
aussi  sera-t-il  une  très-précieuse  acquisi- 
tion pour  nos  jardins. 

Culture  des  Crotons  par  potées.  — 

On  a souvent  reproché  aux  Crotons,  ces 
plantes  dont  le  feuillage  présente  de  si 
jolies  et  si  vives  couleurs,  de  trop  s’élancer, 
malgré  les  pincements,  et  de  se  dégarnir 
rapidement  de  la  base. 

Il  existe  un  moyen  bien  simple  de  parer 
à cet  inconvénient.  Il  consiste  à réunir  dans 
des  pots  d’une  grandeur  suffisante,  non 
exagérée,  cinq  exemplaires  de  la  même 
variété,  un  au  milieu,  les  autres  autour. 

Les  Crotons,  élevés  d’abord  séparément, 
doivent  être  réunis  lorsqu’ils  ont  atteint 
40  centimètres  de  hauteur  environ. 

On  pourrait,  comme  bizarrerie,  réunir 
ensemble  cinq  variétés  différentes,  de  ma- 
nière à obtenir  une  masse  multicolore. 

Floraison  anormale  du  Magnolia 
Soulangeana,  en  Angleterre.  — Un  cor- 
respondant du  Garden  fait  connaître,  par 
ce  journal,  un  cas  intéressant  de  floraison 
anormale,  en  Angleterre,  de  ce  Magnolia, 
qui,  d’habitude,  produit,  en  mars,  de  jolies 
et  énormes  fleurs  blanches  et  rouges. 

Après  avoir  donné  leur  floraison  printa- 
nière, des  exemplaires  de  cette  espèce  ont, 
pendant  toute  la  durée  du  mois  de  sep- 
tembre, fourni  une  succession  non  inter- 
rompue de  fleurs  abondantes,  et  produisant 
un  effet  tout  nouveau  à cette  époque  de 
l’année. 

Nous  n’avons  pas  entendu  dire  que  le 
même  fait  se  soit  produit  en  France. 

Un  superbe  exemplaire  de  Platyce- 
rium  grande.  — Tout  le  monde  connaît 
cette  singulière  Fougère,  qui,  sans  souche, 
sans  tige,  sans  pétioles,  enroule  ses  feuilles 
bizarrement  découpées  autour  des  troncs 
d’arbres,  sur  lesquels  on  l’applique  habi- 
tuellement. 

Nous  en  avons  récemment  remarqué  un 
exemplaire,  au  Fleuriste  de  la  Ville  de 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


507 


Paris,  qui  dépasse  en  dimensions,  et,  on 
peut  le  dire,  en  beauté,  tout  ce  que  nous 
avions  vu  jusqu’à  ce  jour. 

Cette  plante,  qui  s’est  enroulée  d’une  façon 
régulière  au  sommet  d’un  poteau  arrondi 
qui  supporte  le  faîtage  d’une  serre,  élance 
tout  autour,  dans  des  proportions  symé- 
triques, ses  larges  frondes  élégamment 
retombantes,  et  forme  ainsi  une  sorte 
de  chapiteau  d’aspect  architectural  très- 
réussi. 

Le  diamètre  de  cette  plante  est  d’environ 
1 m 90.  L’envers  de  ses  feuilles  est  actuelle- 
ment couvert  d’un  épais  feutre  non  inter- 
rompu, brun  foncé,  qui  est  formé  par 
l’agglomération  des  spores. 

Influence  de  la  lumière  sur  le  déve- 
loppement des  graines.  — D’intéres- 
santes expériences  viennent  d’être  faites  à 
ce  sujet  par  le  professeur  norwégien  Scha- 
beler,  qui  s’occupe  particulièrement  de 
géographie  botanique.  Il  en  résulte  la  con- 
firmation de  ce  fait  que  les  graines  d’une 
même  espèce  augmentent  en  grosseur  et 
en  poids,  à mesure  que  les  plantes  qui  les 
produisent  sont  cultivées  dans  une  région 
plus  rapprochée  du  nord.  Cette  augmenta- 
tion provient  de  l’influence  prolongée  de  la 
lumière  dans  les  longues  journées  d’été  des 
régions  boréales. 

Exemples  : le  Pois  nain  cultivé  à Chris- 
tiania et  à Drontlieim,  augmente,  dans  cette 
dernière  localité,  de  60  p.  100  de  son  poids, 
bien  que  la  différence  td’altitude  entre  les 
deux  villes  ne  soit  que  de  4 degrés.  Le 
Thym,  cultivé  à Lyon  et  à Drontheim, 
donne,  dans  cette  dernière  station,  des 
graines  dont  le  poids  est  augmenté  de 
70  p.  100. 

Ces  différences  considérables  pourraient 
être,  croyons-nous,  utilisées  dans  certaines 
circonstances.  Il  serait  dans  tous  les  cas 
intéressant  de  renouveler  les  expériences 
dans  des  conditions  différentes. 

Arrangement  pittoresque  des  entrées 
de  serres.  — Les  serres,  plus  ou  moins 
enfoncées  dans  le  sol  ont  toujours  une 
entrée  d’aspect  peu  agréable.  Il  faut  des- 
cendre trois,  quatre,  cinq  marches,  entre 
des  parois  de  briques  cimentées,  et  quelque- 
fois le  chauffage  placé  là  augmente  encore 
le  côté  défectueux  de  cette  disposition. 

M.  Laforcade,  le  jardinier-chef  de  la  Ville 
de  Paris,  a adopté  pour  éviter  cet  incon- 
vénient un  arrangement  pittoresque  dont 
l’effet  est  des  plus  charmants. 


Au  moyen  de  roches  artificielles  et  de 
marches  rustiques,  il  transforme  l’entrée 
banale  en  une  sorte  d’ouverture  de  grotte 
d’une  grande  simplicité,  et,  au  moyen  d’une 
végétation  rampante  très-variée,  il  donne  à 
cet  ensemble  un  intérêt  constant. 

Voici  quelles  sont  les  plantes  qui  se  prêtent 
le  mieux  à cette  décoration  : 

Cotoneaster  microphylla. 

— liorizontalis. 

Juniperus  Sabinci. 

Lonicera  brachypoda  reticulata. 

Hypericum  calycinum. 

Bambusa  Fortunei  variegatci. 

Retinospora  variés. 

Saxifraga  cordi folia  et  crassifolia. 

Lierres  en  arbres,  etc.,  etc. 

Bégonia  semperflorens  gigantea.  — 

On  ne  saurait  trop  recommander  pour  la 
décoration  hivernale  des  serres  et  des  appar- 
tements ce  Bégonia,  issu  des  B.  lucida  et 
semperflorens  et  représenté  par  ses  deux 
meilleures  sous-variétés  : rosea  et  kerme- 
sina.  Le  feuillage  en  est  joli,  épais,  d’un 
vert  foncé,  luisant.  Les  fleurs,  très-abon- 
dantes, réunies  par  gros  paquets  que  sup- 
portent des  hampes  robustes,  rose  vif  ou 
rouge  foncé,  se  succèdent  sans  interruption 
pendant  tout  l’hiver. 

C’est  une  plante  des  plus  précieuses  et 
d’une  culture  d’une  extrême  simplicité. 

Cultures  comparées  à diverses  alti- 
tudes. — M.  Gaston  Bonnier,  membre  du 
Conseil  de  la  Société  botanique  de  France, 
vient  de  faire  sur  ce  sujet  intéressant 
des  études  suivies,  desquelles  il  semble 
résulter  que  l’acclimatation  des  végétaux 
peut  être  autre  chose  qu’un  essai  d’intro- 
duction pure  et  simple,  et  que  leur  consti- 
tution physiologique  peut  se  modifier  d’une 
manière  très-appréciable,  suivant  les  condi- 
tions climatériques  auxquelles  ils  sont 
soumis. 

Voici,  par  exemple,  ce  qui  s’est  produit 
pour  le  Teucrium  Scorodonia.  Semée  dans 
les  hautes  altitudes  des  Pyrénées,  au-dessus 
du  col  d’Aspin,  cette  espèce  a produit  des 
tiges  aériennes  très-courtes,  à feuilles  d’un 
vert  relativement  foncé,  à poils  abondants, 
à inflorescence  plus  serrée  et  n’ayant  à sa 
base  que  quelques  entre-nœuds  très-courts. 
Semée  à Paris,  dans  le  jardin  de  culture  de 
l’École  normale  supérieure,  de  graines  ré- 
coltées aux  plus  hautes  altitudes  que  la 
plante  puisse  atteindre  dans  les  Pyrénées 
(1,700  mètres),  la  même  espèce  a pro- 


508 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


duit  des  tiges  élancées,  des  feuilles  d’un 
vert  plus  clair,  à poils  moins  abondants, 
à entrenœuds  plus  allongés  et  plus  nom- 
breux. 

Ces  derniers  Teucrium  étaient  presque 
semblables  à d’autres  exemplaires  provenant 
de  semis  faits  en  même  temps  et  dans  le 
même  terrain,  avec  des  graines  récoltées 
aux  environs  de  Paris. 

Au  point  de  vue  anatomique,  des  diffé- 
rences notables  existent  entre  des  individus 
spontanés  de  cette  même  espèce,  pris- les 
uns  dans  la  plaine,  les  autres  à de  hautes 
altitudes  : la  feuille  du  Teucrium  de 
1,700  mètres,  si  on  la  compare  à une  feuille 
d’un  individu  de  plaine,  a un  épiderme  plus 
épais,  renforcé  par  l’épaississement  plus 
grand  des  cellules  hypodermiques,  un  tissu 
en  palissade  beaucoup  plus  développé  et 
plus  riche  en  chlorophylle,  un  tissu  lacre- 
neux  plus  serré. 

Les  individus  provenant,  en  plaine,  de 
semis  faits  ave,c  des  graines  de  montagnes 
présentent,  sous  ce  rapport,  des  différences 
intermédiaires,  et  les  mêmes  faits  se  re- 
produisent avec  les  individus  provenant,  en 
montagne,  de  semis  faits  avec  des  graines 
de  plaine. 

M.  Bonnier  a obtenu  les  mêmes  résultats 
avec  les  Silene  nutans,  Leontodon  autum- 
nalis,  Taraxacum  Bens  leonis,  Brunella 
vulgaris  et  Lotus  corniculatus. 

Le  Figuier  Ti-Koua.  — Parmi  les  très- 
nombreuses  et  très-intéressantes  collections 
végétales  que  M.  l’abbé  Delavay  a envoyées 
du  Yun-Nan  (Chine)  en  France,  se  trouve 
un  Figuier,  le  Ficus  Ti-Koua,  Ed.  Bureau, 
dont  les  fruits,  comestibles,  ont  à peu  près 
la  couleur  et  la  forme  d’une  Pomme  d 'Api, 
et  accomplissent  sous  terre  leur  développe- 
ment ainsi  que  leur  maturation. 

Les  tiges  de  cet  arbuste  sont  rampantes 
et  à demi  souterraines  ; ses  feuilles  sont 
obovales-elliptiques,  longues  de  15  à 30  mil- 
limètres, sur  10  à 15  de  longueur. 

Les  Chinois  mangent  ces  Figues,  aux- 
quelles ils  ont  donné  le  nom  de  Ti-Koua , 
Courges  de  Terre. 

Les  qualités  forestières  du  Catalpa 
speciosa.  — Aux  indications  que  la  Revue 
horticole  a récemment  publiées  sur  ce  bel 
arbre  1 il  convient  d’ajouter  les  suivantes, 
relatives  à ses  qualités  végétatives,  et  que 
nous  trouvons  dans  le  journal  américain 
Garden  and  Forest  : 

1 Voir  Revue  horticole,  1888,  p.  384. 


M.  H.  Douglas,  chef-forestier  dans  les 
forêts  de  l’État,  en  Californie,  prévoit  que 
cet  arbre  rendra  de  grands  services  comme 
essence  sylvestre.  Il  croît,  sans  irrigation, 
sur  les  collines  sableuses,  avec  une  telle  vi- 
gueur, qu’il  dépasse  comme  rapidité  et 
développement  les  Eucalyptus  plantés 
dans  les  mêmes  conditions. 

La  connaissance  de  ce  fait  est  très-impor- 
tante ; elle  hâtera  certainement  la  vulgari- 
sation, en  France,  de  cette  espèce  de  haut 
intérêt. 

Découverte  d’un  Wellingtonia  gigan- 
tesque. — Un  chasseur  vient,  parait-il,  de 
découvrir,  en  Californie,  dans  un  endroit 
presque  inaccessible,  auprès  des  sources 
de  la  rivière  Kameah,  un  Wellingtonia 
(Séquoia]  gigantea , dont  les  dimensions 
dépassent  celles  de  tous  les  représentants 
actuellement  connus  de  cette  espèce  colo- 
niale. En  effet,  cet  arbre  mesure,  parait-il, 
53  mètres  de  circonférence,  à environ  lin  50 
au-dessus  du  sol. 

On  pourrait,  par  conséquent,  installer 
dans  sa  base  un  cirque  avec  piste,  gra- 
dins, etc.,  tout  en  conservant  extérieure- 
ment une  épaisseur  de  bois  suffisante  pour 
supporter  l’arbre  entier. 

Plantes  antipathiques  aux  insectes  et 
aux  animaux.  — La  note  contenue  dans  la 
chronique  de  la  Revue  horticole,  le  1er  oc- 
tobre dernier,  relative  à l’éloignement  des 
pucerons  produit  par  la  Capucine,  a motivé, 
la  publication,  faite  dans  la  Gazette  du 
Village,  par  M.  P.  Joigneaux,  de  toute  une 
série  d’observations  de  même  ordre. 

Ainsi,  il  paraît  que  les  racines  de  la  Jus- 
quiame  noire  chassent  les  rats  des  greniers  ; 
le  Lepidium  ruderale  débarasse  les  lits 
des  punaises  qui  parviennent  à s’y  loger. 

La  Tanaisie  ( Tanacetum  vulgare ),  em- 
ployée comme  litière  dans  les  niches  à chien, 
met  en  fuite  les  puces  de  ces  animaux  ; la 
Grande  Marguerite  des  prés  ( Leucantlie - 
mum  vidgarc ),  mêlée  à la  litière  des  étables 
et  écuries,  produit  le  même  effet  pour  les 
vaches  et  les  chevaux. 

Les  feuilles  fraîches  du  Sureau  noir 
(Samhucus  nigra)  éloignent  les  chenilles 
des  Choux. 

Le  Ricin  ( Ricinus  communis)  éloignerait 
les  taupes.  M.  Joigneaux  rapporte  qu’en 
1845,  le  jardinier  chef  du  Jardin  bota- 
nique de  Dijon  avait  protégé  ses  collection 
de  Vignes  avec  huit  pieds  de  Ricin.  Il  en 
avait  planté  quatre  aux  angles  du  terrain,  et 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


509 


les  autres  étaient  répartis  au  milieu  à des 
distances  égales.  Les  taupes  n’avaient  pas 
reparu. 

Le  Sarrazin  ferait  disparaître  l’altise,  qui 
cause  des  ravages  considérables  aux  Choux 
et  Radis.  La  Camomille,  les  feuilles  de 
Noyer,  la  première  employée  en  simple  fric- 
tion, la  seconde  en  décoction,  empêchent 
les  taons  et  mouches  de  tourmenter  les  che- 
vaux, etc.,  etc. 

On  le  voit,  des  végétaux  peuvent  nous 
venir  en  aide  pour  nous  débarrasser  d’un 
certain  nombre  d’ennemis  plus  ou  moins 
terribles  des  jardins  et  des  animaux.  Il  suffit 
de  savoir  les  employer  en  temps  et  en  pro- 
portions utiles. 


La  récolte  annuelle  des  fruits  en 
France.  — Le  ministère  de  l’agriculture  a 
récemment  publié  la  statistique  agricole  de 
la  France  pour  la  période  décennale  s’arrê- 
tant à l’année  1882. 

On  ne  sera  pas  étonné  du  temps  qu’il 
a fallu  pour  préparer  ce  travail,  lorsque 
l’on  saura  que  la  recherche  des  rensei- 
gnements nécessaires  a fait  poser  36,096 
questionnaires  communaux  à 2,848  com- 
missions cantonales,  réparties  sur  toute  la 
France. 

Voici,  d’après  ce  document,  pour  les 
principales  sortes  d’arbres  fruitiers,  la  pro- 
duction annuelle  moyenne  : 


DÉSIGNATION  DES  CULTURES. 

PRODUCTION  TOTALE 
en  fruits. 

VALEUR  TOTALE. 

PRIX  MOYEN 
de  l’hectolitre. 

Hectolitres. 

Francs. 

Francs. 

Pommiers  et  Poiriers 

19.673.695 

91.945.667 

4,65 

Pêchers  et  Abricotiers  .... 

337.430 

3.652.074 

10,82 

Pruniers  et  Cerisiers 

1.185.812 

11.217.052 

9,46 

Châtaigniers 

4.570.930 

32.497.701 

7,10 

Orangers 

9.769 

102.985 

10,54  1 

Citronniers 

11.097 

259.132 

23,35 

Cédratiers 

17.444 

391.138 

22,42 

25,806.177 

140.047.749 

Les  importations  de  fruits  frais  en 
Angleterre.  — Le  Bulletin  de  Kew, 
recueil  mensuel  du  plus  haut  intérêt  horti- 
cole et  botanique,  fait  connaître  les  chiffres 
suivants  qui  indiquent  la  progression  crois- 
sante qu’ont  prise,  dans  les  quarante  der- 
nières années,  les  importations  de  fruits 
frais  en  Angleterre. 

Par  fruits,  on  entend  Pommes,  Raisins, 
Oranges,  Citrons,  Amandes,  Figues,  etc. 


1845 22.172.000  fr. 

1865 79.649.600  » 

1885 189.688.075  » 


Ces  chiffres  sont  éloquents  : ils  font  clai- 
rement entrevoir  que  si  la  production  frui- 
tière s’augmentait,  en  France,  dans  des 
proportions  très-importantes,  on  n’aurait 
pas  à craindre  un  abaissement  considérable 
des  prix,  un  débouché  suffisant  existant 
tout  auprès  de  nous. 

La  majeure  partie  des  fruits  frais  impor- 
tés en  Angleterre  proviennent,  actuelle- 
ment du  Canada  et  des  États-Unis. 

La  longévité  des  oiseaux.  — L’oiseau 


est  le  compagnon  et  l’auxiliaire  du  jardi- 
nier. Dès  l’aube,  il  se  trouve  près  de  lui,  au 
travail,  et  le  distrait  par  son  chant  varié. 

Les  services  que  le  rouge-gorge,  par 
exemple,  rend  au  cultivateur  sont  nom- 
breux. Dès  qu’il  le  voit  armé  de  sa  bêche, 
il  le  suit  et  surveille  de  près  ses  moindres 
mouvements.  Un  insecte,  une  larve,  appa- 
raissent-ils à la  surface  de  la  terre  fraîche- 
ment remuée,  ils  sont  immédiatement  hap- 
pés par  ce  surveillant  intéressé. 

L’oiseau  annonce  longtemps  à l’avance,  à 
qui  sait  l’observer,  le  froid,  la  pluie,  l’orage. 

Les  oiseaux  connaissent  les  habitudes 
des  hommes  auxquels  leur  existence  est 
ainsi  associée.  Us  sont  fidèles,  et  ne  chan- 
gent pas  de  canton  à moins  d’événements 
graves.  Leur  existence  est  relativement 
longue,  et  les  chiffres  suivants,  qui  nous 
sont  fournis  par  Y Aviculteur,  à qui  nous 
en  laissons  la  responsabilité,  nous  en  don- 
neront une  idée  : le  linot  vit  25  ans;  le 
chardonneret 45;  la  fauvette  à tête  noire  15; 
l’alouette  13;  le  merle  12;  la  grive  10;  le 
rouge-gorge,  10,  et  le  roitelet  seulement  3. 

D’aulres  oiseaux  vivent  beaucoup  plus 


510 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


longtemps  : le  perroquet  et  le  héron  dé- 
passent la  soixantaine;  l’épervier  et  l’oie 
atteignent  40  ans  ; le  paon  25  ; la  grue  24; 
le  pigeon  20;  le  faisan  15;  le  coq  10;  le 
serin  20  à 25,  etc. 

Les  oiseaux  doivent  être  bien  traités, 
et  leur  abondance  dans  une  propriété  sera 
toujours  appréciée  à première  vue  par  le 
plus  ou  moins  grand  nombre  d’insectes 
que  l’on  pourra  y remarquer. 

Destruction  des  vers  blancs  par  la 
benzine.  — Dans  une  des  dernières  séances 
delà  Société  nationale  d’agriculture,  M.  Bou- 
quet de  la  Grye  a exposé  les  résultats,  tout 
à fait  concluants,  obtenus  par  M.  Croizette- 
Desnoyers,  inspecteur  adjoint  dés  forêts, 
pour  la  destruction  des  vers  blancs  au 
moyen  d’un  pal  et  de  la  benzine.  La  des- 
truction sur  cinq  hectares  envahis  a été 
complète,  sans  que  la  dépense  ait  excédé 
40  fr.  par  hectare. 

La  benzine  doit  être  introduite  dans  le  sol 
un  peu  au-dessous  de  la  zone  de  stationne- 
ment des  vers  blancs.  La  dose  à employer 
est  de  3 grammes  par  mètre  carré. 

M.  Croizette-Desnoyers  a employé,  dans 
les  mêmes  conditions,  le  sulfure  de  carbone, 
mais  les  effets  en  ont  été  bien  inférieurs  à 
ceux  de  la  benzine. 

Concours  d’appareils  pour  le  greffage 
de  la  Vigne  à Orléans.  — Ce  concours, 
auquel  sera  annexée  une  exposition  de 
Vignes,  Raisins  et  vins,  aura  lieu  les  19  et 
20  novembre  courant. 

Ce  genre  d’exhibition  est  intéressant  non 
seulement  pour  les  viticulteurs,  mais  encore 
pour  toutes  les  personnes  qui  s’occupent 
d’arboriculture  fruitière.  Le  perfectionne- 
ment des  appareils  pour  le  greffage  en  grand 
des  Vignes  permettra  peut-être  d’appliquer 
ce  procédé  pour  les  arbres  fruitiers  cultivés  en 
pépinières.  On  sait  que  les  instruments  jus- 
qu’ici proposés  pour  ce  dernier  genre  d’opé- 
ration n’étaient  pas  d’un  fonctionnement  et 
d’une  simplicité  défiant  toute  critique. 

Exposition  de  Chrysanthèmes  à Rou- 
baix. — Une  nouvelle  fête  des  fleurs,  ana- 
logue à celle  que  nous  avons  visitée  l’année 
dernière,  va  avoir  lieu  a Roubaix.  L exposi- 
tion, tenue  sous  les  auspices  de  la  Société 
artistique,  à Roubaix,  s’annonce  comme 
devant  être  brillante.  Elle  s’ouvrira  le  17  no- 
vembre, et  durera  huit  jours.  On  parle  d’un 
spécimen  de  Chrysanthèmes  de  2 mètres  de 
diamètre,  boutures  de  juin  1888,  et  portant 


trois  cents  fleurs  épanouies,  sans  parler  de 
plantes  en  pots,  de  fleurs  coupées,  etc. 

Memento  des  Expositions. 

Voici  la  liste  des  Expositions  précédemment 
annoncées  : 

Paris.  — Exposition  de  la  Société  nationale  d’hor- 
ticulture de  France.  Fruits  frais  (Chr.  n°  21), 
23  au  25  novembre. 

Paris.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n°  14),  22  au  25 no- 
vembre. 

Paris.  — Cidres,  Pommes  et  appareils  (Chr.)  n°  18, 
9 au  25  novembre. 

Paris.  — 1er  nov.  au  10  déc.,  quai  d’Orsay.  — 
Cidres,  Pommes  et  appareils  (Chr.  n°  19). 
Roubaix.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n°  5),  17  no- 
vembre. 

Toulouse.  — Exp.  de  culture  maraîchère,  culture 
ornementale  et  arboriculture  fruitière  et  spécia- 
lement Exp.  de  Chrysanthèmes  (Chr.  n«  11), 
15  au  18  novembre. 

Gand.  — Chrysanthèmes  (Chr.  n°  11),  18  au  22  nov. 

Nécrologie:  M.  de  Cannaert  d’Hamale. 
— L’horticulture  belge  vient  de  perdre  l’un 
de  ses  représentants  amateurs  les  plus  dis- 
tingués, M.  de  Cannaert  d’Hamale,  ancien 
sénateur,  ancien  président  de  la  Fédération 
des  Sociétés  d’horticulture  de  Belgique, 
président  de  la  Société  d’horticulture  de 
Malines,  etc. 

On  doit  à M.  d’Hamale,  en  dehors  de  la 
contribution  permanente  qu’il  a donnée  au 
développement  de  l’horticulture,  une  inté- 
ressante monographie  des  Lis  cultivés. 

M.  W.-H.  Crawford.  — D’Angleterre, 
on  nous  apprend  la  mort  de  M.  W.-H. 
Crawford,  dont  le. parc  de  Lakelands,  près 
Cork  (Irlande),  est  un  véritable  Arboretum 
contenant  la  plupart  des  plantes  de  haut 
intérêt  horticole  actuellement  connues. 

Le  premier  Magnolia  Campbelli  ayant 
fleuri  en  plein  air,  en  Europe,  se  trouve 
dans  la  propriété  de  M.  Crawford.  B forme 
actuellement  un  arbre  vigoureux,  qui  atteint 
environ  12  mètres  de  hauteur. 

Les  végétaux  provenant  des  Andes  et  de 
l’Himalaya  avaient  la  préférence  de  cet 
amateur  éclairé  ; on  cite  notamment,  dans 
ses  cultures,  une  remarquable  collection  de 
Rhododendrons  de  serre  froide. 

M.  Sertier.  — Le  1er  novembre  est  dé- 
cédé à Melun,  dans  sa  soixante-onzième 
année,  un  horticulteur  distingué,  M.  Char- 
les-Edme  Sertier,  honorablement  connu 
parmi  les  meilleurs  pépiniéristes  praticiens 
de  Seine-et-Marne.  M.  Sertier  était  prési- 
dent de  la  Société  horticole  et  botanique 
de  l’arrondissement  de  Melun. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


NICOTIANA  COLOSSEA. 


ENKYANTH  US  HI  MAL  A IG  US . 


511 


NICOTIANA  COLOSSEA 


Les  plantes  à grand  feuillage  ornemen- 
tal, parmi  lesquelles  les  Solanées  brillent 
au  premier  rang,  ne  sont  plus  l’objet  d’une 
faveur  égale  à celle  qu’elles  obtenaient  faci- 
lement, il  y a vingt  ans.  C’est  grand  dom- 
mage, surtout  lorsqu’il  s’agit  des  grands 
jardins  et  des  parcs,  où  l’éclat  des  fleurs  et 
des  feuillages  colorés  ne  dispense  pas  de 
chercher  une  autre  note  décorative  : celle 
qui  résulte  de  la  noblesse  ou  de  l’élégance 
du  port  et  des  feuilles. 

Parmi  le  genre  Nicotiana , qui  fournit  à 
nos  cultures  non  seulement  le  tabac  indus- 
triel, mais  aussi  la  vigoureuse  forme  à 
grandes  feuilles  et  à belles  fleurs  rouges  que 
l’on  trouve  encore  dans  quelques  jardins, 
se  rencontrent  d’autres  espèces  d’un  haut 
ornement.  Le  N.  Wigandioid.es , par  exem- 
ple, joint  à son  robuste  feuillage  la  beauté 
de  sa  floraison  en  grandes  panicules  de  fleurs 
blanches.  Le  N.  glauca , tout  différent,  est 
un  petit  arbre  presque  naturalisé  dans  le 
midi  de  la  France,  où  ses  rameaux  pendants 
se  couvrent  de  feuilles  glauques  et  de  jolies 
fleurs  jaunes. 

Mais  aucune  de  ces  plantes  n’égale  en 
ampleur  la  forme  nouvelle  que  nous  décri- 
vons aujourd’hui  sous  le  nom  de  Nicotiana 
colossea. 

C’est  dans  un  semis  de  graines  venues  du 
Brésil,  sans  désignation  de  patrie,  qu’est 
sortie  cette  remarquable  plante.  Elle  a été 
reçue  et  semée  par  M.  Maron,  notre  colla- 
borateur bien  connu,  et  c’est  d’après  un 
pied  planté  cette  année  en  pleine  terre, 
chez  M.  P.  Darblay,  dans  le  parc  de  Saint- 
Germain-lès-Corbeil,  que  nous  avons  fait 
la  description  qui  va  suivre  : 


Plante  annuelle  dehors,  vivace  en  serre, 
à tige  simple,  très-robuste,  cylindrique, 
herbacée,  charnue,  verte,  atteignant  dans 
une  seule  année  deux  à trois  mètres  de 
hauteur.  Feuilles  énormes,  longues  de 
1 mètre,  larges  de  0m  55,  assurgentes  d’a- 
bord, étalées  ensuites,  teintées  de  rouge 
violacé  dans  leur  jeune  âge,  puis  passant 
au  vert  foncé  verni;  pétiole  très-robuste, 
aplati  et  rouge  dessus;  limbe  entier,  ovale- 
aigu  atténué  à la  base  et  se  prolongeant 
en  ailes  vastes,  ondulées,  jusqu’à  la  nais- 
sance de  l’autre  feuille  qui  suit  inférieu- 
rement; nervures  des  jeunes  feuilles  rouge 
foncé  se  détachant  bien  sur  la  surface 
inférieure  cendrée  et  tomenteuse.  Jeunes 
pousses  naissant  chacune  dans  l’aisselle 
d’une  feuille.  Tache  rouge  marquant  la  tige 
et  se  fondant  avec  le  vert  sous  l’insertion  de 
chaque  pétiole. 

L’ensemble  est  d’une  grande  noblesse  de 
port,  et  donne  l’impression  d’une  colossale 
plante  herbacée,  rappelant  l’aspect  des  grands 
Wigandias,  avec  quelque  chose  de  plus 
compact. 

C’est  la  deuxième  année  que  M.  Maron 
cultive  cette  plante  en  plein  air,  où  elle  se 
comporte  très-bien,  à condition  toutefois 
qu’elle  soit  abritée  des  grands  vents  d’ouest, 
et  qu’on  lui  ait  préparé  le  compost  bien 
fumé,  bien  drainé,  que  sa  nature  vorace 
demande. 

Le  N.  colossea , Ed.  André,  plante]qui  n’a 
pas  encore  fleuri,  et  que  nous  ne  détermi- 
nons que  sous  réserve  d’une  floraison  qui 
ne  peut  tarder,  va  grossir  la  liste  de  nos  plus 
belles  nouveautés  à grande  décoration  fo- 
liaire. Ed.  André. 


ENKYANTHUS  HIMALAICUS 


Établi  par  Loureiro,  le  genre  Enkyan- 
tlius  est  peu  répandu,  et  n’est,  du  reste, 
guère  connu  dans  les  cultures  que  par  une 
seule  espèce,  YE.  quinqueflorus. 

Quatre  espèces  seulement  de  ce  genre 
paraissent  avoir  été  décrites  jusqu’ici  ; ce 
sont  : les  E.  quinqueflorus  et  biflorus, 
originaires  de  la  province  de  Canton,  et 
décrites  par  Loureiro  dans  sa  flore  de  Co- 
chinchine  ; E.  reticulatus,  originaire  de  la 
Chine,  décrite  par  Lindley,  Botan.  Regist., 
figure  885  ; enfin,  une  quatrième  espèce,  | 


YE.  liimalaicus,  qui  croit  dans  les  vallées 
humides  du  Sikkim,  dans  l’Himalaya  orien- 
tal, qui  a été  décrite  par  Hooker  fils  et 
Thomson,  dans  les  Miscellaneous  of  Kew 
Gardens,  VII,  p.  125,  et  qui  fait  l’objet  de 
cette  note.  Comme  cette  espèce  est  excessi- 
vement rare  dans  les  cultures,  car,  à notre 
connaissance,  on  ne  la  rencontre  guère  en 
France  que  chez  un  grand  amateur  de 
plantes  de  Fontenay-aux-Roses,  M.  Wiese- 
ner,  dont  il  est  fréquemment  parlé  dans  la 
Revue  horticole , nous  croyons  devoir  en 


512 


ENKYANTHUS  HIMALAICUS. 


donner  un  historique,  au  moins  succinct. 
Voici,  au  sujet  de  cette  espèce,  ce  que  nous 
écrit  M.  Wiesener  : 

Je  vous  adresse,  par  la  poste,  une  branche 
d’une  plante  japonaise  que  j’ai  reçue,  il  y a 
trois  ans  (en  mars  1885),  de  M.  Louis  Boelime, 
horticulteur  à Yokohama.  Elle  était  étiquetée 
Rhododendron  Stippenbachi. 

Après  ces  quelques  détails  sur  cette  nou- 
veauté, qui  nous  ont  paru  nécessaires  parce 
qu’ils  en  constituent  l’historique  et  forment 
une  sorte  de  certificat  d’origine,  nous  allons 
décrire  la  plante  : 

Arbuste  rustique,  élancé,  peu  rameux,  pou- 
vant atteindre  lm  50  et  plus  de  hauteur. 
Branches  dressées, 
bientôt  dénudées, 
grêles,  à écorce 
gris  cendré,  bru- 
nâtre. Feuilles  ca- 
duques, peu  nom- 
breuses, groupées 
au  sommet  des 
rameaux,  se  déve- 
loppant au  premier 
printemps,  en  mê- 
me temps  que  les 
fleurs,  lancéolées- 
obovales,  minces, 
luisantes,  molles, 
longues  d’environ 
6 centimètres  sur 
2 de  largeur,  fine- 
ment et  très-cour- 
tement  denticulées, 
brusquement  ré- 
trécies au  sommet, 
longuement  atté- 
nuées à la  base  en 
un  pétiole  d’envi- 
ron 15  millimètres, 
vert  foncé  en  des- 
sus, plus  pâle  à la 
partie  inférieure,  qui  est  sensiblement  vei- 
née. Fleurs  pendantes,  groupées  au  sommet 
des  rameaux,  non  odorantes,  sur  un  pédon- 
cule velu,  grêle,  d’environ  3-4  centimètres  de 
longueur.  Galyce  à 5 divisions  linéaires-aiguës, 
d’abord  fortement  appliquées,  puis  réfléchies. 
Corolle  monopétale,  très-régulièrement  cam- 
panulée,  pendante,  à 5 divisions  très-entières, 
largement  arrondies,  obovales,  de  couleur 
blanc  rosé,  très  sensiblement  et  largement 
striées  rubanées,  rougeâtres  sur  toutes  leurs 
parties.  Étamines  incluses,  insérées  à la  base 
de  l’ovaire,  à anthères  longuement  aristées. 
Fruits  capsulaires,  anguleux,  déhiscents.  Style 
persistant,  dépassant  les  anthères,  mais  plus 
courts  que  la  corolle.  Graines  courtement  ailées, 
nombreuses. 


L’Enkyanthus  himalaicus,  Hook.  ( Rho- 
dodendron Stippenhauti,  Hort.  aliq.  (fi- 
gure 125),  fleurit  à Paris  dès  le  commence- 
ment de  mai.  G’est  un  arbuste  rustique, 
très-floribond,  fleurissant  en  même  temps 
qu’a  lieu  le  développement  des  feuilles.  Il 
appartient  à la  famille  des  Éricacées.  Sans 
être  ce  que  l’on  pourrait  dire  brillantes,  les 
fleurs  de  cette  espèce  ne  sont  pas  dépour- 
vues d’intérêt  ornemental,  tant  s’en  faut. 
La  grande  quantité  de  ces  fleurs  et  leur 
disposition  au  sommet  des  ramifications, 
d’où  elles  semblent  émerger  d’un  bouquet 
de  feuilles  vertes,  produisent  un  effet  aussi 
rare  qu’élégant. 

Culture  et  multiplication.  — Les  En - 
kyanthus  se  cul- 
tivent comme  les 
Andromeda, 
c’est-à-dire  en 
terre  de  bruyère, 
à laquelle,  suivant 
le  climat  et  la 
force  des  plantes, 
on  peut  ajouter 
soit  du  sable,  soit 
de  la  terre  fran- 
che siliceuse. 

La  multiplica- 
tion, en  l’absence 
des  graines,  se 
fait  par  l’éclat  des 
touffes,  un  peu 
avant  la  première 
évolution  de  la 
sève  ; on  peut 

aussi  la  faire  par 
couchages,  en  se 
servant  des  par- 
ties relalivement 
jeunes,  que  l’on 
incise  et  laisse  au  besoin  plusieurs  an- 
nées avant  de  les  relever  de  pleine  terre. 
Enfin,  on  peut  aussi  opérer  par  boutures, 
en  prenant,  pour  faire  celles-ci,  des  jeunes 
bourgeons  semi-aoutés,  qu’on  plante  en 
terre  de  bruyère  neuve,  dans  de  petits  pots 
qu’on  place  sous  cloche  dans  la  serre  à 
multiplication,  où,  quoique  dures,  ces 
boutures  s’enracinent  assez  facilement. 

Du  reste,  pour  la  culture  et  la  multi- 
plication des  Enkyanthus,  on  pourrait  les 
résumer  en  disant  : elles  sont  à peu  près 
identiques  à celles  que  l’on  applique  aux 
Bruyères,  Andromèdes,  etc.,  en  un  mot 
aux  plantes  de  la  famille  des  Éricacées. 

E.-A.  Carrière. 


Fig.  125.  — Enkyanthus  himalaicus. 
Rameau  florifère,  grandeur  naturelle. 


LE  SULFATE  DE  FER  ET  LES  ENGRAIS  CHIMIQUES  EN  HORTICULTURE. 


513 


LE  SULFATE  DE  FER  ET  LES  ENGRAIS  CHIMIQUES  EN  HORTICULTURE 


Depuis  la  publication  de  nos  articles  sur 
l’emploi  du  sulfate  de  fer  en  horticulture i, 
nous  avons  recueilli  un  certain  nombre  de 
résultats  qui  appuient  trop  vivement  ceux 
que  nous  avons  déjà  signalés  pour  les  passer 
sous  silence;  ce  sont  de  nouvelles  pièces 
justificatives  qui  compléteront  d’ailleurs  sur 
plusieurs  points  les  observations  que  nous 
avons  présentées. 

Nous  citerons  d’abord  les  résultats  que 
nous  avons  obtenus  cette  année  (1888) 
dans  nos  expériences  personnelles  avec  le 
sulfate  de  fer  employé  comme  engrais. 

Répandu  sur  des  Pommes  de  terre  à la 
dose  de  650  grammes  par  are,  il  a fait  pas- 
ser la  récolte  de  25  kil.  5 à 41  kil.  50,  aug- 
mentation 60  p.  100;  à la  dose  de  2 kil.  500, 
il  a donné  53  kil.,  augmentation  de  plus  de 

100  p.  100. 

Mélangé  au  plâtre  dans  une  terre  pauvre 
en  chaux,  il  a produit,  à la  dose  de  650  gr. 
73  kil.  de  Pommes  de  terre  par  are,  au  lieu 
des  67  kil.  obtenus  sur  le  terrain  amendé 
seulement  avec  le  plâtre,  augmentation 
10  p.  100;  en  portant  la  dose  de  sulfate  de 
fer  à 2 kil.  500,  on  a obtenu  80  kil.,  aug- 
mentation 20  p.  100. 

Sur  des  Carottes,  l’emploi  de  2 kil.  de 
sulfate  de  fer  par  are  a donné  530  kil.  au 
lieu  de  424  kilos  obtenus  sans  lui,  soit 
25  p.  100  d’augmentation. 

Voici  ensuite  un  extrait  d’une  note  très- 
intéressante  de  M.  le  marquis  de  Pâris,  pré- 
sident de  la  Société  d’horticulture  de  Melun 
et  Fontainebleau,  propriétaire  au  château 
de  La  Brosse,  par  Montereau  (Seine-et- 
Marne),  sur  les  résultats  obtenus  par  lui 
dans  la  culture  florale,  maraîchère  et  frui- 
tière; cet  extrait  est  tiré  du  Journal  d’agri- 
culture pratique. 

Depuis  deux  ans,  dit  M.  le  marquis  de  Pâris, 
j’ai  fait  de  la  culture  maraîchère  et  j’ai  traité 
mes  arbres  fruitiers  par  les  engrais  chimiques. 

Pour  la  culture  maraîchère,  j’ai  obtenu  des 
résultats  qui  m’ont  étonné  : les  légumes  pous- 
sent bien  plus  vite,  sont  beaucoup  plus  tendres, 
plus  savoureux  et  plus  beaux;  il  en  est  de 
même  pour  les  fruits.  Les  treilles  qui  ont  été 
traitées  par  les  engrais  chimiques  et  par  le 
sulfate  de  fer  sont  splendides;  elles  ne  sont 
pas  attaquées  par  le  phylloxéra,  qui  a envahi 
pourtant  toutes  les  Vignes  de  la  commune. 

1  Voir  Revue  horticole,  1888,  pp.  279,  301,  334 
et  367. 


Le  sulfate  de  fer  que  j’ai  employé  partout 
m’a  donné  de  très-bons  résultats  et  je  ne  com- 
prends pas  qu’on  ne  le  fasse  pas  entrer  dans 
les  compositions  d’engrais  chimiques. 

Voici  les  formules  d’engrais  chimiques 
qui  ont,  dit  M.  le  marquis  de  Pâris,  le 
mieux  réussi  chez  lui. 

I.  — Plantes  à fleurs  et  à feuillage. 

Boutures  de  Pélargonium  zonale  : 

7 kilogr.  superphosphate  de  chaux. 

1 — chlorure  de  potassium. 

750  gr.  sulfate  de  fer. 

2 kilogr.  sulfate  de  chaux. 

3  grammes  de  ce  mélange  par  kilo  de  terre, 
mêler  le  tout. 

Coleus,  Achyranthes , etc. 

1  kilogr.  500  nitrate  de  soude. 

1 — sulfate  d’ammoniaque. 

1 kilogr.  500  superphosphate  de  chaux. 

500  gr.  chlorure  de  potassium. 

2 kilogr.  sulfate  de  chaux. 

3  grammes  de  ce  mélange  par  kilo  de  terre. 

Bégonias,  etc.  : 

1 kilogr.  nitrate  de  soude. 

2 — sulfate  d’ammoniaque. 

3 — superphosphate  de  chaux. 

500  gr.  chlorure  de  potassium. 

2  kilogr.  sulfate  de  chaux. 

3  grammes  de  ce  mélange  par  kilo  de  terre. 

Plantes  à fleurs  en  massif  : 

2  kilogr.  nitrate  de  soude. 

10  — superphosphate  de  chaux. 

2 — chlorure  de  potassium. 

4 — sulfate  de  chaux. 

300  grammes  de  ce  mélange  par  mètre  carré. 

Plantes  à feuillage  en  massifs  : 

3 kilogr.  nitrate  de  soude. 

4 — superphosphate  de  chaux. 

1 — chlorure  de  potassium. 

4 — sulfate  de  chaux. 

300  grammes  de  ce  mélange  par  mètre  carré. 

Plantes  à feuillage  en  pots  : 

1 kilogr.  nitrate  de  soude. 

1 — sulfate  d’ammoniaque. 

2 — superphosphate  de  chaux. 

500  gr.  chlorure  de  potassium. 

2 — sulfate  de  chaux. 

3  grammes  de  ce  mélange  par  litre  d’eau  et 
arroser  une  fois  par  semaine. 

Plantes  à fleurs  en  pots  : 

500  gr.  nitrate  de  soude. 

500  gr.  sulfate  d’ammoniaque. 

4  kilogr.  superphosphate  de  chaux. 

500  gr.  chlorure  de  potassium. 

2 kilogr.  sulfate  de  chaux. 

3  grammes  de  ce  mélange  par  litre  d’eau  et 
arroser  une  fois  par  semaine. 


514 


LE  SULFATE  DE  FER  ET  LES  ENGRAIS  CHIMIQUES  EN  HORTICULTURE. 


II.  Arbres  fruitiers. 

Arbres  fruitiers  à pépins  greffés  sur  franc, 
de  moyenne  vigueur  : 

2  kilogr.  nitrate  de  soude. 

— superphosphate  de  chaux. 

1 — chlorure  de  potassium. 

2 — sulfate  de  chaux. 

Arbres  fruitiers  à pépins  greffés  sur  Coignassier 
ou  sur  Paradis , de  moyenne  vigueur  : 

1  kilogr.  500  sulfate  d’ammoniaque. 

4 — superphosphate  de  chaux. 

1 — chlorure  de  potassium. 

2 — sulfate  de  chaux. 

Arbres  fruitiers  à noyau  greffés  sur  Amandier  : 

2  kilogr.  nitrate  de  soude. 

8 — superphosphate  de  chaux. 

1 — chlorure  de  potassium. 

2 — sulfate  de  chaux. 

Arbres  fruitiers  à noyau  greffés  sur  Prunier  : 

1 kilogr.  500  sulfate  d’ammoniaque. 

8 kilogr.  superphosphate  de  chaux. 

1 — chlorure  de  potassium. 

2 — sulfate  de  chaux. 

Pour  les  arbres  fruitiers,  semer  le  mélange 
d’engrais  avant  l’hiver  à la  dose  de  300  grammes 
par  mètre  carré  et  couvrir  tout  l’espace  occupé 
par  les  racines.  Pour  les  arbres  qui  ne  pous- 
sent pas,  il  faudra  augmenter  la  dose  d’azote,  et 
au  contraire,  pour  ceux  qui  poussent  trop  et  qui  ne 
donnent  que  peu  de  fruits,  la  diminuer  et  aug- 
menter celle  de  l’acide  phosphorique. 

III.  — Culture  maraîchère. 

Papïlionacées  (Haricots,  Pois,  etc.) 

500  gr.  nitrate  de  soude. 

3 kilogr.  superphosphate  de  chaux. 

1 — chlorure  de  potassium. 

2 — sulfate  de  chaux. 

Solanées  (Pommes  de  terre,  Tomates,  etc.)  . 

1 kilogr.  nitrate  de  soude. 

4 — superphosphate  de  chaux. 

2 — chlorure  de  potassium. 

2 — sulfate  de  chaux. 

Crucifères  (Choux-Fleurs,  Radis,  etc.) 

2 kilogr.  nitrate  de  soude. 

1 — sulfate  d’ammoniaque. 

6 — superphosphate  de  chaux. 

3 — chlorure  de  potassium. 

2 — sulfate  de  chaux. 

Composées  (Laitues,  Chicorées,  etc.) 

1 kilogr.  sulfate  d’ammoniaque. 

2 — superphosphate  de  chaux. 

1 — chlorure  de  potassium. 

2 — sulfate  de  chaux. 

Composées  (Artichauts,  Cardons,  etc.) 

2 kilogr.  500  nitrate  de  soude. 

4 — superphosphate  de  chaux. 

600  gr.  chlorure  de  potassium. 

2 kilogr.  sulfate  de  chaux. 


Liliacées  (Asperges). 

2 kilogr.  nitrate  de  soude. 

4 — superphosphate  de  chaux. 

— chlorure  de  potassium. 

2 — sulfate  de  chaux. 

(Mettre  l’engrais  avant  l’hiver.) 

Chénopodêes  (Épinards). 
Mesembryanthèmèes  (Tétragone). 

1 kilogr.  nitrate  de  soude. 

3 — superphosphate  de  chaux. 

1 kilogr.  500  chlorure  de  potassium. 

2 — sulfate  de  chaux. 

Rosacées  (Fraisiers). 

500  gr.  nitrate  de  soude. 

500  gr.  sulfate  d’amoniaque. 

3 kilogr.  superphosphate  de  chaux. 

1 — chlorure  de  potassium. 

2 — sulfate  de  chaux. 

Pour  la  culture  maraîchère  on  devra  mettre 
300  grammes  de  mélanges  par  mètre  carré. 

Il  faut  remettre  de  l’engrais  toutes  les  fois  que 
l’on  sème  ou  que  l’on  plante,  car  les  plantes  enle- 
vées ont  absorbé  une  partie  des  éléments  du  sol 
et  il  faut  en  rendre  pour  la  culture  nouvelle. 

On  devra  mettre  30  grammes  de  sulfate  de 
fer  par  mètre  carré  pour  toutes  les  plantes  et 
surtout  pour  tous  les  arbres  fruitiers  et  les 
haricots. 

Les  doses  données  sont  des  doses  minima  ; on 
peut  sans  crainte  les  augmenter,  sauf  pour  la 
potasse,  qui  étant  un  alcali  doit  être  employée 
avec  prudence. 

M.  le  marquis  de  Paris  n’a  pas  la  pré- 
tention de  donner  des  formules  applicables 
dans  tous  les  cas.  Les  mélanges  indiqués 
ci-dessus  ont  été  employés  dans  une  terre 
argilo-calcaire,  assez  riche  et  compacte. 
Pour  une  autre  terre,  il  faudra,  dit-il,  les 
modifier  après  essais  suivant  la  nature  et  la 
composition  du  sol. 

Nous  relevons , d’autre  part , dans  le 
Bulletin  de  l’Union  départementale  des  Syn- 
dicats agricoles  du  Jura  (Dole,  Lons-le-Sau- 
nier, Poligny  [août  1888],  les  lignes  sui- 
vantes : 

Nous  avons  pu  constater  nous-même  d’une 
manière  frappante  le  pouvoir  fertilisant  du  sul- 
fate de  fer  sur  un  pré  où,  à la  dose  de  200  kil. 
à l’hectare,  il  a donné  naissance  à une  abon- 
dante végétation  de  Trèfle  et  augmenté  consi- 
dérablement le  produit  du  fourrage.  Il  est 
encore  facile  actuellement  à tous  ceux  qui  le 
désirent  d’en  voir  un  effet  très-remarquable 
dans  un  champ  de  Pommes  de  terre  apparte- 
nant à M.  Antoine  Bardoux,  et  situé  presque  en 
face  du  nouveau  cimetière  de  Dole.  La  partie 
qui  a reçu  le  sulfate  de  fer  est  au  moins  deux 
fois  plus  belle  que  la  partie  voisine,  qui  n’en  a 
pas  reçu,  et  cependant  le  fumier  et  les  soins 
ont  été  absolument  les  mêmes. 

Dans  un  numéro  précédent  (mars  1888), 


PRUNE  REINE-CLAUDE  DE  BAVAY. 


le  même  Bulletin  signalait  déjà  les  excel- 
lents résultats  obtenus  dans  ces  contrées 
soit  sur  les  arbres  fruitiers,  soit  dans  les 
fumiers  et  litières  pour  la  fixation  des  gaz 
ammoniacaux,  soit  comme  engrais  dans  les 
prairies. 

L’action  sur  les  Mousses  des  prairies  a 
surtout  été  confirmée  par  tous  ceux  qui  en 
ont  fait  usage  ; nous  trouvons  cette  confir- 
mation notamment  dans  les  notices  publiées 
par  M.  Gaillot,  directeur  de  la  Station 
agronomique  de  Béthune,  et  dans  le  Bul- 
letin de  l’Union  départementale  des  Syndi- 
cats agricoles  du  Jura  que  nous  avons  déjà 
cité.  Ce  dernier  dit  en  particulier  : 

Tous  les  cultivateurs  qui  ont  fait  fessai  du 
sulfate  de  fer  ont  constaté  la  rapidité  et  l’éner- 
gie de  son  action  sur  la  Mousse  des  prairies. 

Nous  avons  reçu  personnellement  un 
grand  nombre  de  lettres  de  l’Eure,  de  Seine- 
et-Marne,  du  Cher,  de  l’Aisne,  etc.,  qui 
sont  unanimes  pour  constater  les  succès 
obtenus.  Nous  citerons  seulement  comme  le 
plus  intéressant  de  ces  résultats  celui  si- 
gnalé dans  un  rapport  sur  les  cultures  de 
M.  Châtenay,  jardinier  en  chef  de  M.  Beer, 
au  château  de  Voisines,  à Louveciennes  ; ce 
rapport,  rédigé  par  M.  Kritter,  est  tiré  du 
Bulletin  de  la  Société  d’horticulture  de 
Saint-Germain-en-Laye  (tome  VII,  7e  li- 
vraison). Il  s’exprime  ainsi  : 

En  ce  qui  concerne  l’expérience  faite  le 
24  mars  avec  le  sulfate  de  fer,  sur  une  super- 
ficie de  500  mètres  carrés  de  pelouse  ayant  de 
8 à 10  centimètres  d’épaisseur  de  Mousse,  nous 
dirons  qu’il  a été  employé  125  kilog.  de  sulfate 
de  fer  pulvérisé  et  semé  à la  volée  sur  cette 
partie  de  500  mètres.  Votre  Commission  a eu 
la  satisfaction  de  constater  après  ce  traitement 
que  la  Mousse  était  complètement  détruite; 
mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  cette  dose  est 
de  2,000  kilog.  à l’hectare,  ce  qui  fait  140  fr. 
M.  Châtenay  a fait  une  seconde  expérience  sur 
une  surface  de  100  mètres  carrés  avec  20  kilog. 
de  sulfate  de  fer  et  le  résultat  a été  négatif,  la 
dose  étant  trop  faible.  Après  un  résultat  aussi 
certain,  M.  Châtenay  nous  a fait  savoir  qu’il 
avait  l’intention  de  continuer  ses  expériences 
sous  différentes  formes  et  de  nous  en  faire  con- 
naître les  résultats. 

Cet  essai  est  curieux  à plusieurs  points 
de  vue  ; il  montre  que  le  sulfate  de  fer 


515 

triomphe  de  la  Mousse,  meme  quand  elle  a 
atteint  une  épaisseur  considérable.  Il  en 
résulte  que  les  doses  exagérées  dans  cer- 
tains cas  sont  seulement  suffisantes  dans 
d’autres.  Un  propriétaire  ayant  employé 
1,000  kilog.  au  lieu  de  500  que  nous  avions 
indiqué,  a fait  périr  herbe  et  Mousse,  et, 
dans  le  cas  actuel,  2,000  kilog.  par  hectare 
ont  été  juste  suffisants. 

Des  autres  essais  qui  nous  ont  été  commu- 
niqués, on  peut  conclure  qu’une  quantité  de 
500  à 600  kilog.  semble  la  dose  devant  être  le 
plus  généralement  appliquée.  On  peut,  d’ail- 
leurs, établir  d’après  les  données  qui  ré- 
sultent de  tous  ces  essais,  une  échelle  de 
proportionnalité  entre  la  hauteur  de  la 
Mousse  et  la  quantité  de  sulfate  de  fer  à 
employer,  en  disant  qu’il  faut  prendre  la 
hauteur  de  la  Mousse  exprimée  en  millimè- 
tres et  la  multiplier  par  20  pour  avoir  la 
quantité  de  sulfate  de  fer  à répandre  par 
hectare.  Ainsi  on  devra  employer  par  hec- 
tare : 

Pour  20m/m  de  Mousse,  400k  sulfate  de  fer. 

— 30  — 600  — 

— 50  — 1.000  — 

— 100  — 2.000  — 

Nous  ajouterons  que  la  dépense  de  cette 
opération  sera  généralement  faible,  puisque, 
à la  dose  moyenne  de  400  à 500  kilog.  par 
hectare,  elle  représentera  seulement  28  à 
35  fr.  par  hectare  ; elle  sera  toujours,  d’ail- 
leurs, largement  compensée  par  la  plus 
grande  densité  de  l’herbe  et  par  l’éclat  plus 
grand  des  pelouses. 

Au  sujet  de  l’addition  du  sulfate  de  fer 
aux  fumiers  et  au  purin,  nous  citerons  le 
fait  signalé  par  M.  Tord,  professeur  d’agri- 
culture de  la  Charente-Inférieure.  « M.  Jou- 
bert,  directeur  de  la  Ferme-École  de  Royat 
(Ariège),  ayant  employé,  dit- il,  sur  des 
Vignes  du  purin  additionné  de  sulfate  de 
fer,  en  a obtenu  une  action  remarquable, 
le  purin  sans  sulfate  n’ayant  pas  produit  le 
même  effet.  » 

Ces  résultats,  recueillis  en  quelques  se- 
maines depuis  l’impression  de  ce  travail, 
en  forment,  pensons-nous,  la  meilleure 
conclusion  et  ne  doivent  plus  laisser  aucun 
doute  sur  ceux  que  l’on  peut  espérer. 

P.  Marguerite-Delacharlonny, 

Ingénieur  des  arts  et  manufactures. 


PRUNE  REINE-CLAUDE  DE  RÀYAY 


Bien  que  cette  Prune  ne  soit  pas  nou- 
velle, elle  n’est  pas  très-répandue,  ce 


qui  tient  sans  doute  à ce  qu’elle  n’est  pas 
bien  connue,  et  ne  nous  paraît  pas  avoir 


516 


ANGRÆCUM  S ANDERIANUM . 


été  suffisamment  décrite.  Mais,  comme  elle 
est  très-méritante  et  même  précieuse  par 
certaines  particularités,  nous  avons  jugé  à 
propos  de  consacrer  quelques  lignes  à sa 
description  : 

Scions  d’une  bonne  grosseur,  cylindri- 
ques, droits,  non  coudés,  à écorce  gris-vio- 
lacé, finement  lenticellée.  Yeux  très-rap- 
prochés.  Feuilles  très-grandes,  longuement 
et  largement  ovales,  elliptiques,  d’un  beau 
vert,  luisantes  en  dessus,  vert  clair  à la 
face  inférieure  qui  est  finement  veinée  ré- 
ticulée. Fruits  gros,  ovoïdes  cylindriques, 
largement,  arrondis  aux  deux  bouts,  d’en- 
viron 5 centimètres  de  hauteur  sur  un 
diamètre  à peu  près  égal,  légèrement  at- 
ténués, arrondis  au  sommet,  obtus  et 
comme  tronqués  à la  base,  où,  dans  une 
très-petite  cavité,  s’insère  le  pédoncule  qui 
est  long  d’environ  15  millimètres.  A peine 
sillonné,  le  fruit  est  légèrement  inéqui- 
latéral. Peau  à fond  jaune-verdâtre,  pi- 
quetée roux-violacé,  plus  rarement  striée  et 
comme  rubanée.  Chair  fortement  adhé- 
rente au  noyau,  jaunâtre,  pulpeuse,  fon- 
dante. Eau  très-abondante,  très-sucrée, 
mielleuse.  Noyau  régulièrement  elliptique, 
à surface  légèrement  rugueuse,  non  sillon- 
née, déprimé,  long  de  25  millimètres.  — 
Maturité  : septembre-octobre. 

Ce  n’est  pas  seulement  pour  ses  qualités, 
qui  pourtant  sont  très-grandes,  que  nous 


cherchons  à appeler  l’attention  sur  cette 
Prune.  C’est  aussi  à cause  de  sa  tardiveté 
et  de  sa  longue  conservation.  Ainsi  cette 
année  1888,  nous  avons  cueilli  sur  notre 
arbre  le  dernier  fruit,  le  2.6  octobre  ; il  est 
vrai  que  ces  derniers  fruits  commen- 
çaient à mollir  ; néanmoins  on  pouvait 
encore  les  conserver  cueillis  au  moins  une 
quinzaine  de  jours.  Ajoutons  qu’ils  n’a- 
vaient rien  perdu  de  leurs  qualités,  au 
contraire,  qu’ils  contenaient  beaucoup  d’eau 
et  que  celle-ci,  extrêmement  sucrée,  était 
même  sirupeuse.  Mais  lorsqu’on  tient  sur- 
tout à conserver  les  fruits  le  plus  long- 
temps possible,  il  faut  les  cueillir  un  peu 
avant  leur  complète  maturité,  lorsqu’ils 
sont  encore  un  peu  fermes,  et  alors  les 
mettre  dans  un  endroit  où  la  température 
est  peu  élevée  au-dessus  de  zéro.  Si,  en 
agissant  ainsi,  les  Prunes  sont  un  peu 
moins  bonnes,  c’est-à-dire  moins  sucrées, 
en  revanche  elles  se  conservent  beaucoup 
plus  longtemps.  Il  y a donc  compensation. 
Ajoutons  que  le  Prunier  Reine-Claude  de 
Bavay  conserve  longtemps  sa  végétation 
ainsi  que  son  feuillage  bien  vert,  et  qu’il 
pousse  même  encore,  quand  depuis  long- 
temps les  autres  variétés  sont  « arrêtées  » 
et  que  plusieurs  même  ont  déjà  perdu  une 
partie  de  leurs  feuilles. 

E.-A.  Carrière. 


ANGRÆCUM  S ANDERIANUM 


Parmi  les  nombreux  Angræcum  rap- 
portés par  M.  Léon  Humblot  de  Madagas- 
car et  des  Comores,  il  en  est  de  grands  et 
beaux,  comme  VA.  Leonis , et  de  simple- 
ment élégants  et  gracieux.  L’espèce  nou- 
velle que  nous  avons  la  bonne  fortune  d’être 
les  premiers  à figurer  en  Europe  fait  partie 
de  ceux-ci. 

La  plante  a d’abord  été  envoyée  au  Mu- 
séum de  Paris.  C’est  là  qu’elle  a fleuri, 
grâce  aux  soins  éclairés  de  M.  Loury,  et 
que  nous  l’avons  fait  peindre.  Puis  l’édi- 
tion en  a été  vendue  par  M.  Humblot  à un 
célèbre  cultivateur  anglais  d’Orchidées, 
M.  F.  Sander,  de  Saint-Albans,  qui  la 
mettra  au  commerce. 

L’A.  Sanderianum 1 est  une  petite  plante 
à tige  courte,  sur  laquelle  sont  insérées  des 
feuilles  distiques,  oblongues,  cunéiformes, 

1 Rclib.  f.  in  Gard.  Chron.  1888,  I,  p.  168. 


obliquement  et  brusquement  aiguës.  Les 
hampes  florales  sont  grêles,  arquées,  pen- 
dantes, rougeâtres,  longues  de  10  à 15  cen- 
timètres, y compris  la  grappe,  que  nous 
avons  trouvée  toujours  simple  dans  les 
exemplaires  observés.  L’ovaire  pédicellé, 
vert-rougeâtre,  est  dilaté  à la  base,  accom- 
pagné de  bractées  courtes  et  triangulaires. 
Les  fleurs,  bien  étalées  autour  du  rachis4 
sont  d’un  beau  blanc,  à pétales  et  sé- 
pales oblongs,  mucronés  de  même  que  le 
labelle  ; leur  éperon  est  trois  fois  plus  long 
que  l’ovaire  avec  son  pédicelle. 

Cette  charmante  Orchidée  de  serre 
chaude  est  appelée  à prendre  un  rang  choisi 
parmi  les  Angræcum  à petites  fleurs.  Elle 
parait  très-florifère  et  sa  culture  ne  diffère 
en  rien  de  celle  de  ses  congénères,  qui 
n’offre  plus  guère  de  difficultés  mainte- 
nant aux  orchidophiles. 

Ed.  André. 


Revue  Horticole 


PcLblongpré/.  del. 


Anqrœaun  Scuiderianum 


ürrorraMih.  G.  Seoereyrts 


* . 


TOXICOPLÆA  SPECTABILIS. 


517 


TOXICOPHLÆA  SPECTABILIS 


Bien  que  peu  nombreux  en  espèces,  le 
genre  Toxicophlæa  n’en  est  pas  moins  très- 
intéressant  au  point  de  vue  ornemental. 
Des  trois  espèces  dont  ce  genre  nous  paraît 
être  composé,  deux  au  moins,  le  T.  spec- 
tabilis  et  le  T.  Thunbergii 1 sont  remar- 
quables par  la  beauté  et  la  quantité  prodi- 
gieuse des  fleurs  qu’ils  produisent,  fleurs 
d’un  blanc  pur,  dégageant  une  odeur  d’une 
rare  suavité. 

Le  T.  specta- 
bilis  constitue  un 
arbuste  dressé,  à 
feuilles  opposées, 
persistantes,  très- 
courtement  pétio- 
lées.  Les  branches 
dressées,  très- 
obscurément  an- 
guleuses sur  l’é- 
corce d’un  vert 
roux  pointillé, 
rappellent  un  peu 
l’écorce  du  Fusain 
commun.  Limbe 
très-entier,  sec, 
dur,  très-coriace, 
d’un  vert  foncé, 
ovale  - elliptique , 
atténué  aux  deux 
bouts,  parcouru, 
dans  toute  sa  lon- 
gueur, par  une 
nervure  médiane, 
saillante  en  des- 
sous, qui,  par  sa 
couleur  blanc  jau- 
nâtre, se  détache 
du  vert  foncé  du 
limbe.  Aux  fleurs 
nombreuses  que  la  plante  donne  en  abon- 
dance succèdent  parfois  des  fruits  de  la 
grosseur  d’une  Prune  de  Reine  Claude , 
et  présentant  cet  aspect  : 

Fruits  drupacés,  indéhiscents,  axillaires, 
subsphériques,  d’environ  30  millimètres  de 
hauteur  sur  22  à 24  millimètres  de  diamètre. 
Pédoncule  très-robuste,  présentant  vers  sa 
base  des  écailles  qui  semblent  annoncer  des 
restes  ou  vestiges  de  stipules  caduques,  d’un 
rouge  foncé  à la  maturité  du  fruit.  Peau 

1 Voir  Revue  horticole , 1879,  p.  270;  — Ibid., 
1880,  p.  870. 


d’aspect  un  peu  rugueux,  dure  au  toucher, 
d’un  violet  foncé,  sombre,  ou  mieux  brun 
noirâtre. 

Le  fruit  du  Toxicophlæa  spectabilis  pa- 
raît devoir  rester  très-longtemps  sur  la 
plante  ; c’est  du  moins  ce  que  parait  démon- 
trer celui  que  représente  la  fîg.  126,  car 
noué  dès  le  commencement  de  janvier,  il 
avait  atteint  sa  grosseur  normale  dès 
la  fin  de  mars 
et  aussi  toute  sa 
couleur  normale. 
A partir  de  ce 
moment,  le  fruit 
parût  rester  sta- 
tionnaire ; il  était 
très-dur,  et  sa 
peau  d’un  noir 
intense,  comme 
légèrement  glau- 
cescent,  ne  cédait 
même  pas  à la 
pression . Il  ne 
s’est  guère  modi- 
fié jusqu’au  mois 
d’août. 

Le  fruit  du  Toxi- 
cophlæa specta- 
bilis n’a  d’ailleurs 
jamais  été  décrit 
dans  aucun  ou- 
vrage d’horticul- 
ture, que  nous  sa- 
chions du  moins  ; 
ce  fruit  n’est  donc 
pas  connu  prati- 
quement, ce  qui 
nous  a engagé  à 
en  indiquer  au 
moins  les  carac- 
tères extérieurs,  en  attendant  le  complé- 
ment, si  les  circonstances  permettent  au 
fruit  en  question  d’acquérir  tout  son 
complet  développement. 

Le  genre  Toxicophlæa  n’a  fructifié  jus- 
qu’à présent  que  dans  le  midi  de  la  France,  à 
Cannes.  Au  Muséum,  il  a donné  l’an  dernier 
deux  fruits  dont  la  cueillette,  plus  qu’antici- 
pée, n’a  pas  permis  d’étudier  la  structure 
interne  et  d’en  faire  connaître  les  carac- 
tères, ce  qui,  nous  aimons  à le  croire, 
pourra  être  fait  cette  année. 

Quant  au  T.  Thunbergii , il  est  égale- 
ment de  serre  chaude.  C’est  une  espèce 


Fig.  126.  — Toxycophlœa  spectabilis. 
Fruit  de  grandeur  naturelle. 


518 


MINA  LOBATA.  — CHÆNOMELES  JAPONICA,  VAR.  SIMIRENKIANA. 


très-méritante,  mais  de  port  et  d’aspect  dif- 
férents ; la  plante  est  très-vigoureuse, 
comme  un  peu  volubile.  Arrivée  à certain 
état  de  végétation,  elle  paraît,  dans  son  en- 


semble, moins  la  fleur  bien  entendu,  avoir 
quelque  rapport  avec  certaines  espèces  du 
genre  Hoya. 

E.-A.  Carrière. 


MINA  LOBATA 


Cette  charmante  Ipomée  répond  assuré- 
ment et  parfaitement  à tout  ce  que  l’on 
pouvait  attendre  d’une  plante  nouvelle 1 et 
de  premier  ordre.  C’est  une  espèce  très- 
vigoureuse,  atteignant  facilement  4 à 5 mè- 
tres de  hauteur  et  joignant  à cela  une  flori- 
bondité  vraiment  extraordinaire;  ses  ham- 
pes florales,  d’une  élégante  légèreté,  sortant 
de  20  à 30  centimètres  du  feuillage,  rap- 
pellent assez  par  leur  aspect  général,  mais 
beaucoup  plus  allongé,  l’inflorescence  des 
Pois  de  senteur  ; les  fleurs,  très-légèrement 
coquettes,  sont  teintées  d’un  minium  clair, 
qui  a quelque  ressemblance  avec  la  couleur 
des  fleurs  d’un  Tritoma  ; son  feuillage,  qui 
est  assez  abondant,  en  cœur,  rappelle  celui 
des  Volubilis,  bien  qu’il  diffère  de  tout  ce 
que  l’on  connaît  dans  ce  groupe. 

Le  Mina  lobata  présente  cette  particula- 
rité, que,  bien  que  très-vigoureux,  il  graine 
rarement  ; pendant  l’année  1887,  qui  a été 
très-sèche  et  chaude,  il  n’a  pas  donné  de 
graines,  tandis  qu’en  1888,  les  graines  in- 
troduites d’Allemagne  ont  donné  des  plantes 
relativement  fertiles.  Cela  pourrait  peut- 
être  faire  supposer  qu’un  climat  relative- 
ment froid  est  favorable  à la  fructification 
du  Mina  lobata , qui,  cette  année  1888,  qui 
a été  humide  et  pluvieuse,  a été  favorable  à 
sa  fructification. 

Culture.  — La  culture  du  Mina  lobata 
est  des  plus  simples  : on  sème  les  graines 
de  la  fin  de  mars  au  commencement  d’avril, 


en  terrines  ou  en  godets  bien  drainés  et 
remplis  de  terre  de  bruyère,  et  en  serre 
ou  sous  châssis,  sur  une  couche  d’environ 
20  degrés  centigrades;  les  graines  lèvent 
promptement.  On  repique  dans  des  pots- 
godets  aussitôt  que  les  cotylédons  sont  bien 
développés,  et  on  les  tient  sous  verre  jus- 
qu’au 25  mai,  époque  où  on  peut  les  plan- 
ter en  pleine  terre,  qui  doit  être  saine  et 
substantielle,  mais  non  humide;  on  évite 
l’excès  d’humidité,  en  drainant  fortement  le 
sous-sol  avant  de  faire  la  plantation,  autre- 
ment on  s’exposerait  à voir  jaunir  les 
plantes.  Aussitôt  la  plantation  terminée, 
on  couvre  le  sol  d’un  bon  paillis,  et  l’on 
arrose  pendant  les  sécheresses.  Cela  fait,  il 
ne  reste  plus  qu’à  diriger  les  tiges,  ce  qui 
est  nécessaire,  car  la  végétation  est  tellement 
rapide  que,  déjà,  vers  la  fin  de  juillet,  les 
tonnelles,  les  treillages  et  les  murs  au  pied 
desquels  on  aura  planté  des  Mina,  seront 
complètement  garnis.  Bientôt,  les  plantes 
commenceront  à fleurir,  pour  ne  s’arrêter 
que  lors  de  l’arrivée  des  premières  gelées. 
J’ajoute  que  les  fleurs,  disposées  en  longs 
épis  bifurqués,  se  conservent  très-bien 
après  avoir  été  coupées,  ce  qui  permet  d’en 
faire  des  bouquets  d’une  beauté  et  d’une 
élégance  des  plus  remarquables  par  leur 
coloris  exceptionnellement  beau. 

Vincent  Berthault, 

Jardinier  en  chef  chez  M.  Forgeot  et  C’e, 
à Vincennes. 


CHÆNOMELES  JAPONICA,  YAR.  SIMIRENKIANA 


Il  se  trouve  dans  notre  jardin,  à Goro- 
distsche  (Russie,  Gouvernement  de  Kieff), 
plusieurs  exemplaires  du  Cydonia  ( Chæno - 
meles ) japonica,  qui  forment  maintenant 
des  buissons  considérables  et  se  couvrent 
chaque  printemps  d’une  masse  de  fleurs.  Il 
y a déjà  près  de  vingt  ans  que  je  remarque, 
au  milieu  d’un  de  ces  buissons,  une  tige 
dont  les  feuilles  sont  colorées  tout  autre- 
ment que  celles  des  autres  feuilles  du  buis- 

1  Voir  Revue  horticole , 1887,  p.  18. 


son-mère.  Cette  tige  se  trouve  juste  au 
milieu  des  autres,  dont  les  feuilles  ont  la 
couleur  verte  habituelle;  elle  a atteint, 
cette  année,  la  hauteur  de  2 mètres , mais 
sa  partie  inférieure  n’est  couverte  ni  de 
branches  ni  de  rameaux  ; elle  est  toute  dé- 
pourvue de  feuilles.  C’est  justement  cette 
partie  qui  se  trouve  dans  l’ombre,  tandis 
que  la  partie  supérieure  est  exposée  aux 
rayons  du  soleil.  Ce  qui  frappe  l’obser- 
vateur, c’est  que  les  feuilles  ornant  les 
bourgeons,  tout  d’abord  roses,  prennent, 


CÉLERI  A FEUILLES  DE  FOUGÈRE. 


CORNUS  SIRERIA  GOUCHAULTI. 


519 


au  moment  de  leur  complet  développement, 
une  couleur  tout  à fait  blanche  ou  cou- 
leur crème,  en  passant  peu  à peu  d’une  de 
ces  nuances  à l’autre. 

Cette  année,  notre  branche  porta  pour  la 
première  fois  des  fleurs.  Ces  fleurs  étaient 
plus  pâles  que  sur  les  autres  branches  du 
même  buisson,  et  seulement  le  calyce  en 
différait  d’une  manière  marquée  ; elle  était 
blanche  et  passait  au  rose  dans  ses  parties 
supérieures.  Il  n’y  avait  malheureusement 
pas,  au  moment  où  l’on  fit  le  dessin,  de 
fleurs  écloses,  et  nous  n’avons  pu  prendre 
qu’un  bouton.  Le  calyce  de  la  fleur  éclose 
est  beaucoup  plus  blanc  et  plus  transparent 
que  nous  ne  pourrions  le  décrire.  L’été 
venu,  les  feuilles  plus  âgées  ont  plus  que 
doublé  de  grandeur  et  ont  pris  une  nuance 
Encore  plus  claire. 


Je  ne  crois  point  me  tromper  en  disant  que 
cette  variété  du  Chænomeles  n’a  pas  encore 
été  décrite  dans  la  littérature  horticole.  Il  me 
semble  que  les  qualités  décoratives  de  cette 
nouvelle  variété  méritent  d’être  relevées  et 
fixées  ; c’est  pourquoi  j’ai  écussonné  cette 
variété,  au  mois  de  juillet,  sur  la  forme 
typique. 

Je  ne  connais  point  de  buissons  qui  au- 
raient encore  un  si  riche  feuillage  blanc,  et 
notre  variété,  que  nous  allons  nommer 
Chænomeles  japonica  var.  Simiren- 
kiana , trouvera  à grand  peine  une  rivale. 
Il  nous  reste  maintenant  à éprouver  notre 
nouvelle  variété  en  ce  qui  concerne  l’insensi- 
bilité de  ses  feuilles  à une  grande  chaleur 
et  au  grand  soleil  ; ses  fleurs  n’ont  pas  en- 
core noué  de  fruits.  Léon  Simirenko, 

A Gorodistsche,  Gouv'.  de  KiefT  (Russie). 


CÉLERI  A FEUILLES  DE  FOUGÈRE 


Ce  Céleri  est  peu  connu  : il  est,  nous  a-t-on 
assuré,  originaire  d’Allemagne.  Nous  ne 
l’avons  vu,  jusqu’à  ce  jour,  que  chez  M.  For- 
geot,  à Paris.  C’est  une  plante  non  seulement 
potagère,  mais  aussi  très-ornementale  par  la 
ténuité  et  la  finesse  de  son  feuillage,  qui  est 
très-abondant  et  finement  découpé,  comme  le 
sont  des  feuilles  de  Fenouil  ou  de  Carotte. 
Ses  feuilles  ont  les  côtes  de  moyennne  gros- 
seur, très-rapprochées,  ce  qui  forme  des 
touffes  fortes,  compactes,  très-ornementales 
lorsqu’elles  sont  isolées.  Malheureusement, 
les  côtes  sont  creuses,  ce  qui,  au  point  de 
vue  économique,  leur  enlève  une  grande 
partie  de  leur  mérite.  La  plante  n’est  pas 
moins  utilisable  comme  plante  potagère,  car, 
si  sa  saveur  est  un  peu  moins  forte  que  celles 
des  autres  races  de  Céleri,  elle  est  très- 
agréable  au  goût  et  constitue  d’excellentes 
salades,  qu’on  prépare  en  y ajoutant  les 
feuilles  blanchies  associées  aux  Mâches. 

Bien  que  récemment  obtenu,  ce  Céleri  a 
déjà  reçu  plusieurs  noms,  qui  tous,  du  reste, 
sont  basés  sur  le  caractère  de  ses  feuilles. 


Ainsi  il  a été  nommé  : Céleri  mousse  ou 
moussu,  Céleri  ci  feuilles  de  Fenouil  ou  à 
feuilles  de  Carotte,  et  Céleri  « à feuilles 
de  Fougère  »,  par  allusion  aux  variétés  de 
ce  groupe  dont  les  feuilles  sont  extrême- 
ment divisées. 

Outre  ses  propriétés  ornementales,  le  Cé- 
leri à feuilles  de  Fougère  est  cultivé  comme 
espèce  culinaire;  sa  culture  est  d’ailleurs 
la  même  que  celle  des  autres  Céleris.  Mais 
il  va  de  soi  que,  dans  cette  circonstance,  on 
doit  le  soumettre  à l’étiolage.  Toutefois,  vu 
l’excessive  ténuité  des  feuilles,  elles  sont 
sujettes  à la  pourriture,  ce  que  l’on  l’évite  en 
se  servant  de  litière  légère  plutôt  que  de  sub- 
stances qui  engendrent  facilement  l’humi- 
dité, et  qui  la  conservent. 

Mais,  lorsque  le  blanchiment  est  opéré 
à point,  on  a alors  une  salade  très-jolie  à 
l’œil  et  agréable  au  palais. 

On  peut  se  procurer  le  Céleri  à feuilles 
de  Fougère,  chez  M.  Forgeot  et  Cie,  6 et 
8,  quai  de  la  Mégisserie,  à Paris. 

E.-A.  Carrière. 


CORNUS  SIBIRICA  GOUCHAULTI 


Cette  intéressante  nouveauté,  obtenue  par 
M.  Gouchault,  horticulteur,  19,  rue  Basse- 
Mouillère,  à Orléans,  est  remarquable  par 
sa  grande  vigueur,  et  surtout  par  la  beauté 
et  la  constance  de  sa  panachure.  En  voici 
une  description  : 

Arbuste  très-vigoureux,  à écorce  lui- 
sante, d’un  rouge  plus  ou  moins  foncé  sui- 


vant qu’il  est  frappé  ou  non  par  le  soleil. 
Feuilles  relativement  grandes,  régulière- 
ment et  largement  ovales  elliptiques.  Pétiole 
court,  rosé.  Limbe  plan,  sensiblement  nervé, 
entier,  courtement  atténué  en  une  pointe 
cuspidée,  largement  rétréci  arrondi  à la  base, 
très-élégamment  panaché  de  jaune  et  de 
rouge  diversement  nuancé,  suivant  le  degré 


520 


LE  PLAGAGE  DE  GAZON  (OU  SODDING)  EN  ANGLETERRE. 


de  vigueur  et  de  développement  des  parties, 
ce  qui  rend  l’aspect  agréable  et  constam- 
ment changeant,  de  sorte  qu’il  n’est  jamais 
le  même.  Cela,  cependant,  n’empêche  pas  la 
constance  de  la  panachure.  Ainsi  cette  pa- 
nachure,  qui  varie  constamment  de  coloris 
et  d’intensité,  est  flammée,  c’est-à-dire 
portant  alternativement  dans  l’intérieur  du 
limbe  des  bandes  irrégulières,  blanc-jau- 
nâtre ou  plus  ou  moins  rose  qui,  venant  de 
toutes  parts  aboutir  au  bord  de  la  feuille 
déterminent,  autour  de  celle-ci,  une  large 
bordure  qui , avec  les  couleurs  internes 
auxquelles  se  lient  des  bandes  d’un  beau 
vert,  forment  des  contrastes  élégamment 
harmonieux. 

Par  sa  vigueur,  la  belle  couleur  de  son 
écorce,  la  panachure  constante  et  aussi  in- 
tense que  jolie  de  son  feuillage,  le  Cornus 
sib.  Gouchaulti  constitue  un  joli  arbuste 
d’ornement,  à joindre  aux  diverses  variétés 
à feuilles  panachées  que  l’on  possède  déjà 


de  ce  genre,  telles  que  Cornus  sibirica  mar- 
ginata,  elegantissima,  aurea,  ainsi  qu’aux 
variétés  de  l’espèce  commune  Cornus  mas 
variegata,  versicolor,  etc. 

C’est,  en  un  mot,  une  riche  addition  aux 
arbustes  propres  à la  décoration  des  jardins 
d’agrément. 

Quant  à la  culture  et  à la  multiplication, 
elles  sont  identiques  à celles  des  autres  es- 
pèces ou  variétés  de  ce  genre,  par  exemple 
des  Cornus  alba,  sibirica , circinata , etc., 
c’est-à-dire  qu’on  les  multiplie  par  bou- 
tures ou  par  couchage.  On  ne  devra  em- 
ployer les  semis,  lorsqu’on  en  possédera  des 
graines,  que  si  l’on  ne  tient  pas  absoloment 
à reproduire  la  variété,  car  il  se  pourrait, 
en  effet,  que  le  semis  ne  reproduisît  pas 
identiquement  la  plante. 

On  peut  se  procurer  cette  variété  chez 
l’obtenteur,  M.  Gouchault,  horticulteur  à 
Orléans. 

E.  A.  Carrière. 


LE  PLACAGE  DE  GAZON  (OU  SODDING)  EN  ANGLETERRE 


On  emploie,  en  Angleterre,  un  mode  de 
placage  qui  est  peu  usité  et  ençore  peu 
connu  sur  le  conti- 
nent. Il  offre  cepen- 
dant de  nombreux 
avantages  qu’il  est 
utile  de  signaler  aux 
lecteurs  de  la  Revue 
horticole . 

Supposons  une 
prairie  que  l’on  veut 
niveler  pour  l’instal- 
lation d’un  jeu  de 
Lawn-Tennis,  par 
exemple,  ou  bien 
encore  que  l’on  veut 
vallonner  pour  dé- 
gager un  point  de 
vue. 

A l’aide  d’un  cor- 
deau, un  homme 
trace  d’abord  une 
ligne  bien  droite 
d’environ  10  mètres 
de  long,  et,  à l’aide 
d’un  * instrument 
ayant  la  forme  soit 
d’une  roulette  mo- 
bile, soit  d’une  demi- 
lune  (fig.  127  ou  128), 
il  découpe  le  gazon 
suivant  cette  même  ligne  droite. 

Il  change  son  cordeau  de  place  et  trace 


Fig.  127.  — Traçoir  en 
croissant  pour  décou- 
per le  gazon. 


Fig.  129.  — Truelle  à lever  le  gazon. 


une  autre  ligne  parallèle  à la  première  et 
distante  de  30  centimètres  ; il  découpe 
comme  précédem- 
ment. 

Après  avoir  tracé 
longitudinalement 
une  dizaine  de  ces 
lignes,  il  en  trace 
d’autres  qui  coupent 
les  premières  per- 
pendiculairement et 
distantes  d’environ 
1 mètre  l’une  de 
l’autre  (fig.  130). 

Il  a ainsi  fait  un 
damier  dont  chaque 
petit  carré  mesure 
1 mètre  de  long  sur 
30  centimètres  de 
large. 

Un  autre  homme, 
alors,  avec  un  ins- 
trument spécial  (fi- 
gure 129),  espèce  de 
truelle  coupante  mu- 
nie d’un  long  man- 
che, lève  le  gazon, 
en  donnant  aux  pla- 
quettes une  épais- 
seur variant  de  3 à 
4 centimètres,  sui- 
vant la  nature  du  terrain. 

Il  y a quelqu’un  derrière  lui,  qui  roule 


page  de  gazon. 


CULTURE  DES  FRUITS  EN  SACS. 


521 


les  plaquettes  à mesure  qu’il  les  lève.  Un 
homme  ramasse  les  rouleaux  de  gazon,  les 
charge  dans  une  brouette,  les  porte  et  les 
empile  dans  un  endroit  désigné. 

Ensuite,  on  commence  le  terrassement 
que  l’on  s’est  proposé  de  faire.  Ce  travail 
terminé,  on  nivelle  bien  la  surface  où  l’on 
doit  plaquer  le 
gazon,  et  l’on  y 
met,  si  possible, 
un  engrais  quel- 
conque. 

Ensuite,  et  sui- 
vant une  première 
ligne  droite,  on 
déroule  les  pla- 
quettes de  gazon, 
que  l’on  fait  join- 
dre le  mieux  que 
l’on  peut. 

Avec  un  rou- 
leau assez  pesant, 
on  achève  d’appliquer  les  plaquettes  sur  le 
sol,  sans  oublier  de  faire  un  bon  arrosage, 
que  l’on  continuera  suivant  la  saison  et  la 
nature  du  sol . 

Une  question,  maintenant,  peut  être  po- 
sée. Combien  de  temps  les  plaquettes,  ainsi 
roulées,  peuvent-elles  rester  empilées  sans 
que  le  gazon  n’ait  pas  trop  à souffrir  ? 


On  ne  peut  guère  préciser,  étant  donné 
que,  suivant  le  temps,  elles  auront  à souf- 
frir plus  ou  moins  de  la  sécheresse  ou  de 
l’humidité. 

Certes,  si  les  plaquettes  restent  trop 
longtemps  empilées,  le  gazon  jaunira  ; tou- 
tefois, j’ai  vu  faire  un  placage,  dans  une 
prairie  où  l’on 
voulait  installer 
un  emplacement 
pour  des  jeux, 
avec  des  plaquet- 
tes dont  le  gazon 
était  entièrement 
jauni.  Un  mois 
environ  après 
l’achèvement  du 
travail,  ayant  eu 
l’occasion  de  re- 
passer au  même 
endroit,  je  ne  re- 
connaissais guère 
le  gazon  que  j’avais  vu  plaquer  quelques 
semaines  auparavant  ; il  était,  en  ce  mo- 
ment, presque  vert,  et  commençait  à pous- 
ser. 

En  Angleterre,  on  opère  souvent  ainsi 
pour  le  placage  du  gazon  ; c’est  ce  qu’on 
appelle  sodding. 

L.  Paillet  fils. 


CULTURE  DES  FRUITS  EN  SACS 


Ce  procédé  de  culture,  des  plus  simples 
quant  à son  exécution  et  d’une  application 
récente,  à peine  connue,  consiste  à mettre 
des  fruits  dans  des  sacs  afin  de  les  sous- 
traire à certaines  influences  atmosphériques 
et  d’en  prolonger  la  durée,  tout  en  leur 
faisant  acquérir  des  qualités  spéciales  qui 
en  augmentent  la  valeur  vénale. 

Faisons  ^toutefois  observer  que  cette  cul- 
ture ne  constitue  pas  une  innovation  pro- 
prement dite,  mais  seulement  l’extension 
et  l’application  sur  une  grande  échelle, 
d’un  procédé  usité  depuis  très  longtemps, 
puisque  de  mémoire  d’homme,  on  l’ap- 
plique aux  Raisins,  afin  d’en  prolonger  la 
durée  et  de  les  garantir  des  intempéries, 
des  insectes  : mouches,  guêpes,  etc.,  et 
encore  de  certains  ennemis  tels  que  loirs, 
moineaux,  etc.  Dans  ce  cas,  suivant  les 
circonstances  et  suivant  aussi  les  questions 
économiques,  on  peut  employer  des  sacs 
en  crin,  en  papier,  en  calicot,  en  mousse- 
line, etc. 

Il  en  est  de  même  aujourd’hui  pour  la 


nouvelle  culture  relativement  à la  nature 
des  sacs,  bien  que  d’ordinaire  on  fasse  usage 
de  sacs  en  papier,  ce  qui  ne  veut  pas  dire 
que  l’on  ne  pourrait  en  employer  d’autres. 
Il  faut  pour  cela  du  papier  fort  résistant. 
Celui  qui  est  considéré  comme  le  meilleur 
est  le  papier  dit  de  « régie,  » provenant  des 
administrations  : ministères,  douanes,  etc., 
et  qui,  chaque  année,  est  vendu  pour  les 
divers  commerces  de  détail  : épiceries, 
fruiteries.  Ces  sacs  qui  sont  rayés  et  réglés, 
parfois  de  couleurs  diverses,  ont  l’avan- 
tage d’être  épais,  très-résistants  et  de  bien 
supporter  les  intempéries. 

Entrons  maintenant  dans  les  détails  d’ap- 
plication et  de  pratique. 

Historique.  — Bien  que  l’idée  de  pré- 
server les  fruits,  autres  que  les  R.aisins,  par 
leur  mise  en  sacs  ne  remonte  qu’à  un  très- 
petit  nombre  d’années,  il  est  pourtant  diffi- 
cile d’affirmer  comment  la  chose  s’est  passée 
au  début.  C’est  à Bagnolet  que  l’on  a com- 
mencé à mettre  les  fruits  en  sacs,  et  il  est  à 
peu  près  certain  que  l’inventeur  de  ce  pro- 


CULTURE  DES  FRUITS  EN  SACS. 


522 

cédé  est  un  cultivateur  de  cette  commune, 
M.  Chevalier  (Pascal),  bientôt  suivi  par 
MM.  Faucheux  (Arthur)  et  Ménétrier,  le 
premier  vers  1880.  Jusque-là,  on  employait 
parfois  des  serpillières  pour  garantir  les 
Pommiers,  ce  qui  ne  donnait  que  peu  de 
résultats.  D’après  M.  Panier,  cultivateur  à 
Bagnolét,  qui  nous  a donné  ces  renseigne- 
ments, la  pratique  s’est  vite  généralisée  dans 
le  pays,  et  actuellement,  il  y a des  culti- 
vateurs qui,  cette  année,  ont  employé  de 
7,000  à 8,000  sacs,  qui  tous  contenaient 
des  fruits  magnifiques.  Quant  au  mobile' 
qui  a poussé  à faire  ces  expériences,  nul 
doute  qu’il  n’est  autre  que  l’intérêt  parti- 
culier s’appuyant  sur  l’observation  des 
faits,  en  dehors  de  toute  notion  scientifique. 
Ce  sont  surtout  les  altérations  des  Pommes 
qui  ont  appelé  l’attention  des  cultivateurs  ; 
et  comme  ces  altérations  étaient  attribuées 
à des  piqûres  d’insectes,  on  a tout  d’abord 
cherché  à éloigner  ceux-ci.  On  a d’abord  uti- 
lisé les  insecticides  qui  agissent  directement 
en  faisant  périr  ces  insectes,  ou  bien  les 
éloignent  par  l’odeur  qu’ils  dégagent.  On  a 
aussi  attribué  ces  défectuosités  à des  para- 
sites qui,  en  se  répandant  sur  l’épiderme 
à la  surface  des  fruits,  occasionnaient  la 
tavelure,  le  fendillement  et  déterminaient 
des  cicatrices  ou  gerçures  suivies  bientôt  de 
pourriture.  De  là,  à l’idée  d’employer  les 
sacs  pour  garantir  les  fruits,  il  n’y  avait 
qu’un  pas.  Ce  pas,  on  semble  l’avoir  fait, 
et  les  résultats  obtenus  paraissent  justifier 
les  faits  et  confirmer  les  prévisions.  Il  reste 
à chercher  quels  sont  les  moyens  les  plus 
avantageux  pour  l’exécution. 

Choix  des  sacs.  — Jusqu’ici  les  opinions 
paraissent  encore  partagées,  bien  que  cer- 
tains, s’appuyant  sur  les  résultats  et  fai- 
sant surtout  intervenir  la  question  écono- 
mique, penchent  pour  les  sacs  en  papier; 
d’autres,  au  contraire,  s’appuyant  égale- 
ment sur  la  question  économique,  préfèrent 
les  sacs  en  tissus,  parce  que,  disent-ils,  la 
durée  en  est  beaucoup  plus  longue.  On  n’est 
donc  pas  d’accord  sur  les  avantages  des  uns 
ou  des  autres.  Mais,  indépendamment  de 
la  durée,  de  l’économie  pécuniaire,  il  faut 
tenir  un  grand  compte  des  résultats  au 
point  de  vue  de  la  beauté  et  de  la  qualité 
des  produits,  ce  qui  est  le  côté  véritable- 
ment important,  et  comme  le  résultat  ob- 
tenu avec  les  sacs  en  papier  paraît  être 
parfait,  beaucoup  de  cultivateurs  s’en  tien- 
nent à ceux-ci. 

Époque  à laquelle  il  convient  de  mettre 
les  fruits  en  sacs.  — Il  est  de  toute  impos- 


| sibilité  de  préciser  et  d’indiquer  d’une  ma- 
nière absolue  la  date  à laquelle  il  convient 
d’ensacher  les  fruits.  Tout  dépendant  de  leur 
nature,  du  milieu  dans  lequel  on  est  placé, 
de  la  nature  des  agents  contre  lesquels  il 
faut  se  garer,  ainsi  que  des  ennemis  que 
l’on  a à combattre,  toutes  circonstances 
que,  seul,  l’intéressé  peut  résoudre.  Néan- 
moins, théoriquement,  on  peut  indiquer  les 
conditions  que  doivent  présenter  les  fruits 
lors  de  leur  mise  en  sacs.  Voici  les  princi- 
pales : 

Toujours  et  quelle  que  soit  la  nature  du 
mal  il  faut  opérer  avant  qu’il  apparaisse  et 
lorsque  les  fruits  sont  déjà  suffisamment 
développés,  de  manière  à pouvoir  en  appré- 
cier la  valeur  et  préjuger  de  leur  avenir, 
afin  de  n’opérer  que  sur  ceux  qui  présentent 
déjà  les  meilleures  dispositions.  En  général, 
on  admet  que  les  fruits,  comme  dimen- 
sions moyennes  les  rendant  propres  à 
être  mis  en  sacs,  doivent  varier  entre  le 
quart  et  le  tiers  de  leur  grosseur.  Quant 
aux  espèces  sur  lesquelles  on  doit  opérer,  il 
va  de  soi  qu’en  ceci  encore,  le  choix  dépend 
d’une  foule  de  circonstances  en  rapport  avec 
les  conditions  dans  lesquelles  on  est  placé, 
Ajoutons  enfin  que,  jusqu’à  ce  jour,  l’atten- 
tion paraît  être  portée  particulièrement 
et  même  presque  exclusivement  sur  les 
Pommes,  et  beaucoup  moins  sur  les  Poires. 

Qualités  que  doivent  présenter  les  fruits 
lors  de  leur  mise  en  sacs.  — Précautions 
qu'il  convient  de  prendre  pour  faciliter 
V opération  et  en  assurer  le  succès < — 
Les  fruits  choisis  doivent  être  relative- 
ment gros,  bien  faits,  d’une  belle  appa- 
rence en  un  mot,  ils  ne  doivent  pré- 
senter aucune  défectuosité.  On  doit  aussi, 
préalablement,  les  dégager  en  enlevant  les 
obstacles  qui  gêneraient  la  mise  en  sacs 
des  fruits  choisis,  soit  en  supprimant  les 
branches  qui  les  entourent,  soit  lorsque  les 
fruits  sont  réunis  par  groupes,  en  suppri- 
mant les  plus  inférieurs  de  manière  à con- 
server le  plus  beau  et  le  mieux  placé.  Dans 
la  plupart  des  cas  même,  on  ferait  bien 
de  ne  pas  attendre  le  moment  de  la  mise  en 
sacs  pour  procéder  à cette  préparation,  et 
il  serait  bon  de  faire  successivement  cette 
sorte  de  toilette.  Alors,  de  temps  à autre, 
en  passant,  on  supprime  tout  ce  qui  pour- 
rait gêner  le  travail  ultérieur  ou  nuire  au 
développement  des  fruits  sur  lesquels  on  a 
jeté  son  dévolu.  Et  lorsqu’il  s’agit  de  l’en- 
lèvement des  fruits  trop  nombreux,  on  agit 
prudemment,  afin  d’en  avoir  toujours  plus 
qu’il  n’en  faut,  de  manière  que,  lors  de  la 


GULTURE  DES  FRUITS  EN  SACS. 


mise  en  sacs,  on  puisse  choisir  les  plus  beaux 
et  les  mieux  placés. 

Soins  à donner  pendant  la  végétation. 
— Une  fois  en  sacs  et  jusqu’à  ce  qu’on  les 
en  retire,  les  fruits,  à vrai  dire,  n’ont  be- 
soin d’aucun  soin.  Seulement,  et  ne  serait- 
ce  que  par  précaution,  il  est,  sinon  néces- 
saire, mais  au  moins  prudent,  de  temps  à 
autre,  d’asperger  les  arbres  soit  avec  de  la 
nicotine  ou  tout  autre  insecticide,  soit  pour 
éloigner  les  insectes,  soit  pour  combattre 
des  influences  cryptogamiques  ou  autres 
qui  attaquent  les  arbres.  Dans  ce  cas,  et 
quelques  soins  que  l’on  prenne,  il  arrive  fré- 
quemment que  les  fruits  laissés  à l’air  libre 
sont  frappés  et  détériorés  par  les  ingrédients 
employés,  ce  qui  n’arrive  jamais  lorsque  les 
fruits  ont  été  mis  en  sacs  en  temps  conve- 
nable. 

Des  précautions  à prendre  lorsqu’on 
retire  les  fruits  des  sacs.  — On  peut 
comparer  l’enlèvement  des  sacs  à Yeffeuil- 
lage  des  fruits  et  même  mieux,  à un  effeuil- 
lage intensif , puisque,  au  lieu  de  le  pratiquer 
successivement  comme  on  le  fait  dans  l’ef- 
feuillage, on  met  les  fruits  tout  à coup  à l’air, 
d’une  seule  fois.  Or,  tout  le  monde  sait  que, 
pour  l’effeuillage  des  fruits,  on  doit  opérer 
avec  prudence,  afin  de  ne  pas  les  fatiguer 
et  surtout  pour  éviter  les  coups  de  soleil 
ou  la  brûlure.  Aussi  ces  accidents  sont-ils 
particulièrement  à redouter,  lorsqu’il  s’agit 
de  fruits  complètement  soustraits  à l’action 
de  l’air  pendant  un  certain  temps,  et  qui 
s’y  trouvent  brusquement  livrés  de  toutes 
parts*  Il  faut  alors,  autant  que  possible, 
profiter  d’un  temps  un  peu  couvert,  et  même 
pluvieux,  et,  s’il  survenait  un  changement 
subit,  un  temps  aride  et  brûlant  par  suite 
d’un  grand  soleil,  il  serait  prudent  d’abri- 
tet*  les  fruits  avec  une  toile  légère  afin  de 
les  garantir. 

Époque  à laquelle  convient  de  pratiquer 
V enlevage  des  sacs.  Mise  des  fruits  à l’air. 
— On  ne  peut  assigner  d’époque  fixe  pour 
la  durée  des  fruits  en  sacs,  parce  que  tout 
dépend  des  conditions  de  température,  d’ex- 
position et  surtout  de  la  nature  des  fruits, 
toutes  choses  qui  peuvent  déterminer  de 
notables  différences.  Mais,  comme  ici,  il 
s’agit  de  Poires,  et  surtout  de  Pommes, 
nous  pouvons  admettre  qu’en  moyenne  il 
faut  enlever  les  sacs  une  quinzaine  de  jours 
environ  avant  d’opérer  la  cueillette.  Quel- 
ques cultivateurs  ont  l’habitude,  lorsqu’ils 
mettent  les  fruits  en  sacs,  de  déchirer  lé- 
gèrement ceux-ci  afin  qu’il  puisse  s’établir 
un  courant  d’air  ; d’autres  prétendent  que 


523 

ce  procédé  est  nuisible  aux  fruits  qui 
peuvent  même  se  trouver  piqués  par  les 
insectes  ou  détériorés  par  des  champignons. 

Conclusion.  — Pour  conclure,  résumons 
en  quelques  lignes  les  conseils  que  nous 
pouvons  donner  : 

Afin  de  faciliter  la  mise  en  sacs  des  fruits 
choisis  (Pommes  et  Poires),  on  enlève  à 
l’avance  tous  les  obstacles  qui  pourraient 
gêner  l’opération,  c’est-à-dire  l’ensacbe- 
ment,  ce  qui  doit  se  faire  lorsque  les  fruits 
ont  atteint  le  tiers  environ  de  la  grosseur 
normale  qu’ils  peuvent  acquérir;  puis  les 
sacs  placés,  et  s’il  est  nécessaire,  on  peut, 
de  temps  à autre,  donner  des  bassinages 
insecticides  afin  de  protéger  les  arbres  contre 
les  insectes  ou  contre  d’autres  causes  des- 
tructives. 

Une  quinzaine  de  jours  environ  avant 
d’opérer  la  cueillette,  il  faut  enlever  les  sacs 
afin  que  l’air  frappe  les  fruits  qui,  alors  et 
très  - promptement , prennent  une  teinte 
plus  ou  moins  rosée  qui  augmente  consi- 
dérablement la  valeur  vénale  des  produits. 
Toutefois  il  convient,  lors  de  l’enlevage  des 
sacs,  d’éviter  les  coups  de  soleil  ou  brû- 
lures, et  pour  cela  on  doit  choisir  un  temps 
sombre  ou  couvert,  car  l’action  du  soleil  est 
d’autant  plus  dangereuse  que  la  peau  des 
fruits  est  très-mince,  ce  qui  a surtout  lieu 
avec  ceux  qui  ont  été  mis  en  sacs. 

Afin  de  rassurer  les  personnes  qui,  par 
suite  de  doutes  sur  la  réussite  du  procédé 
en  question,  hésiteraient  à le  mettre  en  pra- 
tique, nous  allons  citer  des  faits  de  nature 
à faire  disparaître  leurs  craintes.  Ainsi, 
sans  citer  les  nombreux  exemples  que  l’on 
peut  voir  à Bagnolet,  nous  pouvons  rapporter 
les  expériences  qui  ont  été  faites  à Montreuil 
où,  déjà,  un  grand  nombre  de  cultivateurs 
ont  essayé  ce  nouveau  procédé.  Un,  entre 
autres,  M.  Vitry  (Désiré),  a placé  6.000  sacs 
cette  année. 

Voulant,  de  cette  expérience,  tirer  tout 
ce  qu’elle  comporte  et  avoir  un  terme  de 
comparaison  dont  on  ne  puisse  nier  la  va- 
leur, voici  ce  que  fit  M.  Vitry  : « Sur  un 
même  arbre,  par  conséquent  dans  des  con- 
ditions absolument  identiques,  il  mit  en 
sacs  tous  les  fruits  de  l’un  des  côtés  de 
l’arbre,  tandis  qu’il  abandonna  complète- 
ment l’autre.  Voici  les  résultats  : dans  la 
partie  où  les  fruits  avaient  été  mis  en  sacs, 
pas  un  n’était  piqué,  lorsqu’au  contraire, 
sur  la  partie  non  abritée,  on  voyait,  comme 
partout,  du  reste,  des  fruits  piqués  à côté 
d’autres  qui  étaient  sains.  De  plus,  les  fruits 
non  ensachés  avaient  la  peau  relativement 


524 


LA  VÉGÉTATION  AUTOUR  DE  LA  BAIE  DE  DIEGO-SUAREZ. 


dure  et  épaisse,  pendant  que,  parmi  ceux  qui 
avaient  été  mis  en  sacs,  aucun  n’était  piqué 
et  tous  avaient  la  peau  très-fine  et  comme 
transparente.  Enfin  cette  peau,  en  peu  de 


temps,  se  vermillonnait  plus  ou  moins, 
suivant  la  quantité  de  lumière  et  de  soleil 
que  les  fruits  recevaient.  » L’expérience  est 
donc  concluante.  E.-A.  Carrière. 


LA  VÉGÉTATION  AUTOUR  DE  LA  BAIE  DE  DIEGO-SUAREZ 


Le  protectorat  que  la  France  exerce  à 
Madagascar  l’entraîne  à rechercher  les 
moyens  d’augmenter  la  production  végétale 
des^  régions  où  notre  influence  est  directe. 
Cette  œuvre  est  relativement  facile,  car  le 
climat  malgache  est  généralement  sain  et  la 
fécondité  du  sol  est  grande,  ainsi  que  cela 
a été  maintes  fois  constaté  et  ainsi  que 
le  prouvent  les  extraits  suivants  d’un  rap- 
port que  M.  le  docteur  H.  Meyners  d’Estrey 
vient  de  présenter  à la  Société  nationale 
d’ Acclimatation  : 

Pendant  la  période  de  sécheresse,  la  vé- 
gétation s’arrête,  les  arhres  perdent  leurs 
feuilles,  et,  dans  les  vallées  seulement,  où 
l’on  rencontre  l’humidité  constante,  l’acti- 
vité générale  se  fait  sentir. 

Aussitôt  que  les  pluies  de  la  période 
d’hiver  sont  venues  rafraîchir  la  terre  cal- 
cinée, les  plaines  deviennent  des  pâturages 
abondants,  les  côtes  se  couvrent  d’une  vé- 
gétation luxuriante,  et  l’on  se  rend  compte 
de  la  richesse  végétale  de  ce  pays. 

L’arhre  le  plus  fort  que  l’on  rencontre  là 
est  le  Baohab  ( Adansonict  digitata ),  dont  le 
tronc  atteint  6 mètres  de  diamètre  et  qui 
envoie  jusqu’à  15  mètres  de  son  axe  des 
branches  contournées  et  horizontales. 

Les  Palmiers  les  plus  répandus  sont  le 
Cocotier , le  Raphia  et  le  Palmier  Éven- 
tail. Ils  rendent  de  nombreux  services  aux 
indigènes,  qui  se  servent  de  leurs  stipes 
pour  construire  leurs  habitations  et  des 
feuilles  pour  les  couvrir;  qui  confection- 
nent, avec  l’épiderme  de  la  face  inférieure 
de  ces  feuilles,  des  étoffes,  des  cordes,  des 
nattes,  etc.,  objets  qui  constituent  un  ar- 
ticle d’exportation  très-important.  Ils  ont 
aussi  le  Chou-Palmiste,  et  ils  retirent  éga- 
lement des  Palmiers  la  noix  de  coco,  le 
lait,  l’huile,  le  sucre,  la  farine. 

Le  Citronnier  et  le  Limonnier  réussissent 
très-bien  et  se  couvrent  de  fruits  : il  en 
serait  certainement  de  même  pour  l’Oran- 
ger, mais  la  culture  de  cet  arbre  a été 
négligée  jusqu’ici. 

Le  Bananier  constitue  la  base  importante 
de  la  nourriture  des  indigènes;  il  en  est  de 
même  du  Manguier,  qui,  cependant,  n’est 
pas  cultivé,  les  indigènes  se  bornant  à le 


laisser  se  développer  au  hasard  autour  de  la 
baie.  L’écorce  du  Manguier,  celle  de  la 
racine  surtout,  est  employée  dans  certains 
cas  de  diarrhées  et  de  flux  muqueux  ; sa 
feuille  est  recherchée  comme  pectorale. 

Les  Bananiers,  lorsqu’ils  sont  plantés  en 
terrains  frais  et  ombragés,  à 2 ou  3 mètres 
de  distance  les  uns  des  autres,  peuvent 
rapporter  en  moyenne  2,000  kilogrammes 
de  Bananes  par  hectare. 

Le  Caoutchouc  et  la  gomme  copale  sont 
l’objet  d’un  commerce  important.  La 
gomme  copale  se  recueille  d’une  manière 
bien  simple  : il  suffit  de  déchausser  les  ra- 
cines du  Copalier  et  on  l’enlève  la  gomme 
dont  elles  sont  couvertes. 

On  trouve,  dans  la  plaine  d’Anama 
Kiana,  le  Cotonnier,  qui  demande  un  sol 
sec  et  sablonneux,  le  plus  rapproché  possible 
de  la  mer. 

L’Indigotier  et  le  Curcuma  (Safran  des 
Indes)  croissent  dans  la  même  région.  La 
substance  colorante  de  l’Indigotier  se  trouve 
dans  les  feuilles.  Voici  de  quelle  manière 
les  Malgaches  l’extraient  : ils  font  tremper 
ces  feuilles  dans  l’eau  froide  pour  en  ob- 
tenir ensuite  la  fermentation;  ils  agitent 
ensuite  le  liquide  avec  un  bâton,  afin  de 
mettre  les  différentes  couches  qui  se  dé- 
posent en  contact  avec  l’air,  et  accentuer  la 
coloration,  puis  ils  laissent  déposer. 

Les  cultures  de  Café  et  de  Vanille  ont. 
donné  les  meilleurs  résultats,  et  sont  déjà 
installées  dans  des  proportions  importantes. 
La  Canne  à sucre  et  le  Tabac  font  également 
de  très-belles  promesses.  Les  bois  propres 
à l’ébénisterie  de  luxe  sont  représentés, 
autour  de  la  baie,  par  l’Ébène,  le  Palis- 
sandre, le  bois  de  rose,  le  bois  de  Teck,  et 
encore  d’autres  moins  recherchés.  L’Ébène 
est  le  Diospyros  Ehenaster,  espèce  la  plus 
jolie,  la  moins  veinée  de  blanc  ou  d’autres 
couleurs  dépréciantes.  Le  Tamarinier  croit 
aux  abords  de  la  baie,  dans  les  terrains  de 
toutes  natures.  Son  fruit  sert  à la  prépa- 
ration d’une  tisane  rafraîchissante  et  laxa- 
tive. 

Le  Palétuvier  se  trouve  en  grande  quan- 
tité dans  les  endroits  marécageux.  Il  fournit 
un  bois  très-dur,  recherché  pour  le  chauf- 


PLANTES  NOUVELLES,  DÉCRITES  OU  FIGURÉES  DANS  LES  PUBLICATIONS  ÉTRANGÈRES.  525 


fage,  et  qui,  pendant  la  campagne  de  Mada- 
gascar, a été  très-employé  pour  la  confection 
de  palissades  d’enceinte,  de  palenques,  etc. 
On  rencontre  également  la  Musacée  connue 
sous  le  nom  d ’ Arbre  du  voyageur  (Rave- 
nala  madagascariensis  ou  Urania  spe- 
ciosa).  Ce  nom  lui  vient  de  ce  qu’en  perçant 
la  base  engainante  des  feuilles,  on  laisse 
écouler  l’eau  retenue  là.  Ajoutons  le  Tanghi- 
na  veneniflora,  qui  fournit  un  violent 
poison  connu  sous  le  nom  de  Tanghin  de 
Madagascar.  Il  paraît  que  les  Hovas  em- 
ploient fréquemment  ce  poison. 

Le  Riz  est  cultivé  sur  plus  de  500  hec- 


tares; puis  viennent  le  Maïs,  le  Sorgho  et  le 
Manioc. 

Enfin,  la  plupart  des  légumes  européens 
réussissent  très-bien,  lorsqu’ils  sont  culti- 
vés sur  des  terrains  pas  trop  secs,  et  abrités 
des  fortes  brises  de  la  saison  fraîche.  Les 
Pommes  de  terre,  Patates,  Choux,  Carottes, 
Ognons,  Fèves,  Tomates,  Melons,  Con- 
combres, se  développent  aussi  en  parfaite 
condition. 

Ce  sont,  laides  faits  qui  doivent  être  portés 
à la  connaissance  du  public,  afin  d’éclairer 
les  futurs  émigrants  sur  la  valeur  du  sol  de 
cette  colonie.  Ed.  André. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  25  OCTOBRE  1888. 


Comité  de  floriculture. 

Présentés  par  M.  J.  Barigny,  de  Meaux, 
quelques  beaux  exemplaires  de  Chrysanthe- 
mum  cultivés  en  pots.  Citons,  parmi  les  varié- 
tés les  plus  intéressantes  de  ce  lot  : 

Baron  d'Avène , fleur  grande,  bombée,  rose 
lilacé. 

L.  Lévêque , fleur  grande,  très-jolie,  rose 
lilacé,  à centre  jaune. 

Madame  Hoste,  variété  charmante  blanc  li- 
lacé, centre  jaune. 

Simon  Delaux,  fleur  à pétales  étroitement 
tuyautés,  brun  fauve,  légèrement  rougeâtre. 

Jules  Barigny , grandes  fleurs  à pétales 
tuyautés  lilas,  à reflets  rougeâtres. 

Les  plantes  apportées  par  M.  Barigny,  toutes 
nouveautés  de  1887  et  1888,  étaient  d’une  vi- 
gueur extrême  et  abondamment  fleuries.  Voici 
la  culture  à laquelle  elles  avaient  été  sou- 
mises : 

Bouturage  vers  le  15  avril  1888  en  godets 
de  4 centimètres  ; mise  en  serre  et  rempotage, 
le  15  mai,  dans  des  pots  de  10  centimètres, 
avec  pincement.  Nouveaux  pincements  le  20  et 
le  30  juin,  puis  rempotage  en  pots  de  14  centi- 
mètres ; ensuite,  mise  en  pleine  terre,  au  so- 
leil, avec  arrosages  suffisants  ; nouveau  rem- 
potage en  pots  de  16  centimètres  et  rentrée  en 
serre  froide,  la  floraison  commençant  vers  le 
15  septembre. 

Le  compost  employé  par  M.  Barigny  était 
fait  de  terre  de  bruyère,  de  terreau  et  de  terre 
franche  siliceuse. 

Par  M.  Laplace,  jardinier  à Châtillon  (Seine)  : 
une  marcotte  enracinée  d 'Araucaria  excelsa 


et  un  Hoya  carnosa  en  pot  portant  une  graine 
bien  constituée.  La  fécondation  doit  en  être 
attribuée,  suivant  M.  Laplace,  à un  insecte 
qu’il  a observé  se  promenant  sur  la  fleur  de 
cette  plante. 

Par  M.  Millet,  horticulteur  à Bourg-la-Reine, 
un  Cyclamen  de  Perse  à fleurs  semi-doubles. 

Des  semis  de  Cyclamens  à fleurs  simples  ont 
donné,  en  1887,  au  présentateur,  des  plantes 
à fleurs  semi-doubles  qui  se  sont  bien  repro- 
duites de  graine  comme  le  démontrent  les 
plantes  présentées. 

Par  M.  Henry  de  Vilmorin,  une  branche  de 
Lilas  Varin  portant  des  graines  fécondées  na- 
turellement. Ce  cas  est  extrêmement  rare  sous 
le  climat  de  Paris. 

Comité  d’arboriculture  fruitière. 

Par  M.  Rémy  père,  pépiniériste  à Pontoise, 
une  Pomme  provenant  d’un  arbre  obtenu  de 
semis  de  la  variété  Rambourg.  La  nouvelle 
Pomme  est  belle,  grosse,  vert-jaunâtre,  un 
peu  pâle,  luisante. 

Par  M.  Ed.  Lefort,  amateur  à Meaux  (Seine- 
et-Marne),  40  belles  Poires  bien  colorées  ap- 
partenant aux  meilleures  variétés  : Duchesse 
d’Angoulême,  Beurré  Diel,  B.  Clair geau , B. 
d’Aremberg , etc.,  etc. 

Par  M.  Govion,  cultivateur  à Épinay,  quelques 
Pommes  et  Poires  très-volumineuses  et  bien 
colorées,  provenant  d’arbres  cultivés  en  contre- 
espalier  : Reinette  de  Canada,  Belle  du  Bois , 
Beurré  Bachelier , Baronne  de  Mello,  Beurré 
Diel , de  Curé , etc. 

Em.  Bruno. 


REVUE  DES  PLANTES  NOUVELLES 

DÉCRITES  OU  FIGURÉES  DANS  LES  PUBLICATIONS  ÉTRANGÈRES 

Miltonia  Peetersiana,  Rchb.  f.  — (Gard.  I est  probablement  un  hybride  entre  le  M.  spec - 
Chron .,  1886,  v.  2,  page  326).  — Ce  Miltonia  | tabilis  Moreliana  et  le  M.  Clovjesii.  Il  se  dis- 


526  PLANTES  NOUVELLES,  DÉCRITES  OU  FIGURÉES  DANS  LES  PUBLICATIONS  ÉTRANGÈRES. 


tingue  de  ce  dernier  par  son  pédoncule  très- 
fort,  et  plus  arrondi.  La  forme  de  l’inflorescence 
est  plutôt  flexueuse  avec  de  larges  bractées 
triangulaires,  ancipitées,  presque  égales  à 
l’ovaire  stipité.  Du  M.  Moreliana  il  se  distingue 
entre  autres  caractères  par  son  labelle,  ses  pé- 
tales et  ses  sépales  plus  étroits,  et  les  auricules 
de  la  colonne  bilobées. 

Cattleya  guttata  Leopoldi  immaculata.  — 
Orchidées  (Gard.  Chron .,  1886,  v.  2,  p.  326). 
— Cette  nouvelle  variété  a les  sépales  et  les 
pétales  d’un  mauve-brun  sans  trace  de  ma- 
cules et  le  labelle  blanc.  Elle  a été  obtenue 
par  M.  Peeters. 

Cattleya  crocata , Rchb.  f.  — Orchidées 
(Gard.  Chron.,  1886,  v.  2,  p.  360.)  — Fleurs 
grandes,  blanches,  labelle  à quatre  lobes  mar- 
qué d’une  ligne  orange  foncé,  qui  forme  sur  le 
disque  antérieur  une  large  tache  pentagonale. 
Colonne  blanche  teintée  de  vert  à la  base. 

Alocasia  grandis , N.-E.  Brown.  — Aroïdées 
(Gard.  Chron.,  1886,  v.  2,  p.  390).  — Plante 
glabre.  Feuilles  à pétiole  d’un  mètre  de  long, 
pourpre  noir,  à limbe  de  50  à 60  centimètres  de 
long  et  d’environ  30  centimètres  de  large, 
ovales,  sagittées,  ondulées,  courtement  cuspi- 
dées-aiguës,  d’un  vert  noir  brillant  uniforme 
en  dessus,  d’un  vert  noirâtre  relevé  de  pourpre 
sur  les  nervures  en  dessous.  Hampe  arrondie,  de 
25  centimètres  de  long,  d’un  rouge  pourpre 
brillant  à la  base,  devenant,  au-dessous  de  la 
spathe,  d’un  gris  pourpre  obscur.  Spathe  à tube 
vert,  mêlé  et  lavé  de  rouge  brun,  àjglimbe  inté- 
rieurement rugueux,  blanc,  plus  ou  moins  lavé 
de  carmin  très-pâle,  extérieurement  blanc 
éclatant,  couvert  de  lignes  carmin  pâle  serrées. 
Spadice  à ovaires  jaunâtres  et  styles  blancs  ; 
partie  portant  les  étamines  blanches  ; appendice 
jaune  ocreux  pâle.  Cette  magnifique  plante  est, 
d’après  le  Gardeners’  Chronicle,  comparable 
comme  beauté  à V Alocasia  Thibautii. 

Zingiber  brevifolium , N.-E.  Brown.  — Zin- 
gibéracées  (Gard.  Chron.,  1886,  vol.  2,  p.  390). 
Iles  Philippines.  — Tige  d’environ  30  centi- 
mètres, munie  à la  base  de  3 ou  4 gaines  d’un 
rouge  obscur,  feuillée  au-dessus  du  milieu. 
Feuilles  engainantes,  sessiles,  oblongues-lan- 
céolées  ou  elliptiques,  aiguës  au  sommet,  vert 
sombre  en  dessus,  vert  gris  en  dessous.  Épi 
sessile  terminal,  à bractées  jaunes  rayées  de 
rouge.  Galyce  membranacé.  Corolle  jaune  à 
tube  grêle  courbé  en  dessus,  pétales  linéaires, 
lancéolés,  acuminés. 

Gongora  flaveola,  Rchb.  f.  — Orchidées 
(Gard.  Chron.,  1886,  v.  2,  p.  456).  — Espèce  voi- 
sine de  G.  gratulabunda  et  de  G.  pleiochroma. 
Elle  porte  une  grappe  de  fleurs  distantes,  d’un 
jaune  ocreux  brillant  ; le  labelle  est  d’un  jaune 
plus  foncé  et,  la  colonne  verte.  Le  pédoncule 
est  anguleux  et  aucunement  comprimé. 

Aristolochia  Salpinx,  Masters.  — Aristolo- 
chiées  (Gard.  Chron.,  1886,  v.  2,  p.  456, 
fig.  92).  Paraguay.  — Feuilles  cordées,  ovales, 
presque  acuminées.  Périanthe  long  de  25  mil- 


limètres ou  plus,  couleur  crème  veiné  de  pour- 
pre. Tube  enflé  à la  base,  puis  étranglé,  subite- 
ment arqué  et  se  développant  en  forme  de 
trompette. 

Odontoglossum  Ilarryanum,  Rchb.  f.  — 
Orchidées  (Gard.  Chron.,  1886,  v.  2,  p.  486). 

— Cette  espèce  superbe  commence  à se  ré- 
pandre ; elle  peut  être  comparée  aux  Odonto- 
glossum luteo-purpureum  e.t  tripudians.  Sé- 
pales assez  larges,  aigus,  ondulés,  bruns,  avec  des 
lignes  transversales,  hiéroglyphiques  jaunâtres, 
qui  deviennent  en  vieillissant  d’un  jaune  in- 
tense. Pétales  un  peu  plus  étroits  que  les 
sépales  étalés  à pointe  recourbée  au  sommet, 
blancs,  avec  des  taches  mauves  à la  base, 
bruns  au  milieu,  jaunes  au  sommet.  La- 
belle jaunâtre  à la  base,  bordé  de  mauve  au 
milieu,  à partie  supérieure  oblongue-acumi- 
née  et  enroulée  au  sommet,  blanc  passant  au 
jaune.  Colonne  blanche  à la  base,  jaune  au 
sommet. 

Dendrobium  heraglossum,  Rchb.  f.  — Or- 
chidées .(Gard.  Chron.,  1886,  v.  2,  p.  487). 
Malacca.  — Plante  qui  se  place  près  des  Den- 
drobium Linguella  et  Dendrobium  aduncum. 
Elle  a un  peu  les  fleurs  de  ce  dernier,  mais 
la  nervure  est  plus  oblique  ; ses  sépales 
et  ses  pétales  bleus  sont  plus  acuminés  ; 
le  labelle  trifide  a les  lobes  latéraux  semi- 
oblongs,  formant  un  hypochile  semi-globuleux, 
couvert  intérieurement  de  petites  verrues  ; 
lobe  supérieur  (épichile)  ovale  aristé  blanc, 
bleu  améthyste  au  sommet.  Colonne  vert  bril- 
lant. 

Orchidantha  borneensis,  N.-E.  Brown.  — 
Scitaminées  (Gard.  Chron.,  1886,  v.  2,  p.  519). 

— Cette  plante  est  surtout  intéressante  par  ses 
caractères  distincts  de  toutes  les  Scitaminées 
connues  et  qui  ont  permis  de  fonder  un  genre 
nouveau.  Sans  être  très-intéressantes  au  point 
de  vue  horticole,  ses  fleurs  ne  sont  cependant 
pas  sans  éclat  et  peuvent  être  comparées  à 
celles  de  certaines  Orchidées  dont  elles  rappel- 
lent la  forme.  L’inflorescence  est  sessile  â la 
base  de  la  plante,  qui  atteint  au  plus  35  centi- 
mètres et  est  composée  de  quelques  fleurs  ses- 
siles renfermées  dans  des  bractées  pourpres. 
Sépales  jaunes,  pétales  violet  noirâtre.  Cette 
espèce  a été  envoyée  de  Bornéo. 

Dendrobium  inauditum,  Rchb.  f.  — Orchi- 
dées (Gard.  Chron.,  1886,  v.  2,  p.  552).  Poly- 
nésie. — Pseudo-bulbes  épaissis  à la  base,  fu- 
siformes sillonnés,  se  continuant  en  col  étroit 
ancipité  quatre  fois  plus  long  qu’eux,  portant 
une  seule  feuille.  Quand  cette  feuille  tombe,  il 
reste  à sa  base  une  section  circulaire.  C’est 
des  vieilles  spathes  que  sortent  les  fleurs 
se  rapprochant  de  celle  du  Dendrobium  tetra- 
gonum,  bien  que  dans  cette  espèce  les  pétales 
et  les  sépales  soient  plus  étroits. 

Esmeralda  Clarkei,  Rchb.  f.  — Orchidées 
(Gard.  Chron.,  1886,  v.  2,  p.  552).  Himalaya. 

— Espèce  voisine  du  Vanda  Cathcarti,  dont 
cette  plante  intéressante  a le  labelle  avec  des 


PLANTES  NOUVELLES,  DÉCRITES  OU  FIGURÉES  DANS  LES  PUBLICATIONS  ÉTRANGÈRES.  527 


sépales  et  des  pétales  rappelant  le  Renan- 
thera  muscifera. 

Masdevallia  astuta , Rchb.  f.  — Orchidées 
(Gard.  Chron .,  1886,  v.  2,  p.  584).  Costa-Rica. 
— Plante  voisine  du  Masdevallia  Gaskelliana, 
dont  ses  fleurs  ont  la  grandeur.  Sépales  bruns 
extérieurement,  couleur  d’ocre  au  sommet  et 
sur  la  côte,  brun  intérieurement,  avec  des 
stries  d’un  jaune  d’ocre.  Labelle,  pétales  et  co- 
lonne jaune  pâle. 

Eria  Fordii , Rolfe.  — Orchidées  (Gard. 
Chron.,  1886,  v.  2,  p.  584).  Hong-Kong.  — 
Pseudo-bulbes  ovoïdes,  comprimés.  Feuilles 
coriaces,  linéaires-lancéolées  aiguës  ; grappes 
terminant  les  jeunes  pousses.  Fleurs  éga- 
lant les  bractées.  Sépales  lancéolés  aigus, 
concaves  intérieurement,  fortement  carénés 
extérieurement;  pétales  ovales-lancéolés,  pres- 
que aigus  ; labelle  linéaire,  oblong,  obtus, 
apiculé,  trilobé.  Sépales,  pétales  et  colonne 
vert-jaunâtre  brillant;  labelle  d’un  jaune 
sombre  à la  partie  supérieure,  saumon  foncé  à 
la  base,  veiné  de  cramoisi  sur  les  lobes  laté- 
raux et  moins  distinctement  à la  base  du  lobe 
central, 

Catasetum  galeritum , Rclib.  — Orchidées 
(Gard.  Chron.,  4886,  v.  2,  p.  616).  — Espèce 
voisine  du  C.  atratum.  Grappe  pauciflore. 
Sépales  ligulés-aigus,  pétales  presque  égaux, 
connivents  avec  le  sépale  médian  d’un  vert 
clair,  taché  de  nombreuses  bandes  trans- 
versales pourpre-brun.  Sépales  latéraux  réflé- 
chis, de  la  même  couleur  que  le  sépale  médian 
et  les  pétales.  Labelle  long  et  étroit,  verdâtre, 
jaune  intérieurement  ; hypochile  pointillé  de 
brun,  épichile  d’un  jaune  d’ocre. 

Catasetum  pileatum,  Rchb.  f.  — Orchidées 
(Gard.  Chron.,  1886,  v.  2,  p.  616).  — Curieuse 
espèce  à fleurs  plus  grandes  que  le  Mormodes 
luxatum  mais  s’en  rapprochant.  Sépales  étroits, 
larges,  ligulés  aigus,  d\in  rouge  brillant  (?). 
Pétales  larges  oblongs  aigus  blancs;  labelle 
transversal  presque  triangulaire,  à angle  obtus 
très  ample,  prolongé  à la  base  en  un  cône  obtus. 
Colonne  blanche  prolongée  en  long  bec  au 
sommet. 

Dendrobium  nycteridoglossum,  Rchb.  f.  — 
Orchidées  (Gard.  Chron.  1886,  v.  2,  p.  616). — 
Voisin  du  D.  serræ,  Lindl.  Feuilles  ensifor- 
mes,  mucronées,  charnues,  sépale  impair 
oblong  aigu,  les  latéraux  triangulaires  obliques  ; 
pétales  linéaires  aigus  uninervés  ; labelle  court 
onguiculé  trifide.  Fleurs  d’un  vert  taché  de 
rouge. 

Maxillaria  fucata,  Rchb.  f.  — Orchidées  (G. 
Chron.  1886,  v.  2,  p.  616).  — Voisin  du  M. 
irrorata.  Feuilles  longuement  pétiolées,  linéai- 
res, ligulées,  acuminées.  Sépale  impair  trian- 
gulaire, sépales  pairs  largement  triangulaires, 
réfléchis  au  sommet.  Pétales  rhomboïdaux  éga- 
lement réfléchis  au  sommet  ; labelle  elliptique, 
trifide,  à lobes  latéraux  arrondis,  le  central 
petit  semi-oblong,  échancré.  Fleur  blanche  exté- 
rieurement; sépales  blanc  extérieurement  à la 


base,  pourpre  au  milieu,  jaune  taché  de  rouge 
au  sommet.  Pétales  de  la  même  couleur  que 
les  sépales,  mais  non  tachés  au  sommet;  labelle 
jaune  d’ocre. 

Passiflora  Watsoniana,  Masters.  — Passi- 
florées  (Gard.  Chron.,  1886,  v.  2,  p.  648, 
tig.  127).  — Brésil  méridional?  — Rameaux  cy- 
lindriques, grêles,  feuilles  pétiolées,  presque 
peltées,  trilobées,  à lobes  obtus,  pédoncules 
axillaires  portant  une  fleur  de  7 à 8 centimètres 
de  diamètre.  Sépales  linéaires,  oblongs,  obtus, 
munis  au-dessous  du  sommet  d’une  petite  corne, 
verts  bordés  de  blanc  violet  ; pétales  de  la  même 
longueur  que  les  sépales,  d’un  lilas  charmant. 

Vanda  De  are  i,  Rchb.  f.  — Orchidées  (Gard. 
Chron.,  1886,  v.  2,  p.  648).  Iles  de  la  Sonde. — 
Voisin  du  V.  tricolor.  Sépales  et  pétales  briè- 
vement onguiculés.  Sépale  impair  très-grand. 
Labelle  aussi  large  que  dans  le  V.  tricolor  pla- 
nilabris.  Fleurs  jaunes. 

Masdevallia  glaphyrantha,  Rchb.  f.  — Or- 
chidées (Gard.  Chron.,  1886,  v.  2,  p.  648).  — 
Hybride  dont  l’origine  est  douteuse.  Fleurs 
grandes  du  M.  Barleana,  mais  tube  plus 
court  et  plus  large.  Pétales,  labelle  et  colonne 
à peu  près  de  la  même  longueur,  renfermés 
dans  le  tube. 

Cypripedium  Tautzianum,  Rchb.  f.  — Or- 
chidées (Gard.  Chron.,  1886,  v.  2,  p.  681).  — 
Nouvel  hybride  entre  les  C.  niveum  et  barba- 
tum.  Sépale  médian  elliptique  aigu,  blanc 
varié  de  pourpre  noir.  Sépales  latéraux  connés, 
presque  aussi  longs  que  le  labelle.  Pétales 
étalés,  ligulés  aigus,  ciliés  sur  les  bords  à 
7 nervures  d’un  pourpre  noir.  Labelle  presque 
semblable  à celui  du  C.  barbatum. 

Nerine  Moorei , Max  Leichtlin.  — (Gard. 
Chron.,  1886,  v.  2,  p.  681).  — Feuilles  épaisses, 
d’un  vert  brillant  sur  les  deux  faces.  Inflores- 
cence centripète.  Fleurs  à segments  crispés,  du 
plus  bel  écarlate. 

Lastrea  lepida,  T.  Moore.  — Fougères  (Gard. 
Chron.,  1886,  v.  2,  p.  681).  On  ne  connaît  rien 
sur  les  origines  de  cette  belle  Fougère  qui  s’est 
développée  de  spores,  venues  on  ne  sait  d’où, 
dans  les  serres  deM.  Henderson,  en  Angleterre. 
Frondes  naissant  d’une  courte  souche  dressée, 
lancéolées,  bipinnatifides,  d’un  vert  brillant. 
Sores  abondants  ponctiformes  recouverts  d’une 
indusie  gonflée,  couleur  de  plomb,  hérissée. 

Odontoglossum  Lucianianum , Reich,  f.  — 
Orchidées  (Gard.  Chron.,  1886,  v.  2,  p.  712). 
Vénézuéla.  — Cette  plante  est  considérée 
comme  un  hybride  naturel  de  l’O.  nævium  et  de 
l’O.  odoratum.  Pseudo-bulbes  pyriformes lisses. 
Fleurs  en  grappes;  sépales  et  pétales  lancéolés, 
acuminés.  Labelle  à partie  basilaire  très-courte, 
à partie  supérieure  large  oblongue,  cuspidée, 
crénelée.  Sépales  et  pétales  d’un  blanc  teinté 
de  soufre  clair,  tachés  et  rayés  de  pourpre 
brun.  Labelle  blanc  avec  une  large  tache  sépia 
brun  sur  le  callus.  Colonne  blanche  marquée 
de  blanc  sous  le  stigmate. 


Ed.  André. 


528 


CORRESPONDANCE. 


CORRESPONDANCE 


N°  3270  (Drôme).  — La  plante  dont  vous 
nous  avez  envoyé  un  échantillon  est  YArbutus 
unedo , L.,  vulgairement  appelé  Arbre  aux 
Fraises , à cause  de  l’aspect  de  ses  fruits.  Sans 
être  bons,  ces  fruits  sont  cependant  comes- 
tibles. Dans  quelques  endroits,  on  les  mange 
après  les  avoir  aromatisés  avec  un  peu  de 
rhum  ou  de  kirsch,  afin  de  corriger  leur  saveur 
fade.  Ils  sont,  paraît-il,  narcotiques,  mais  si 
peu  qu’ils  n’offrent  aucun  danger.  Les  feuilles 
et  l’écorce  sont  astringentes,  et  pourraient 
même  servir  au  tannage  du  cuir.  Cette  espèce, 
qui  se  rencontre  dans  beaucoup  de  parties  de 
l’Europe  méridionale,  est  également  commune 
dans  certaines  localités  de  la  France,  surtout 
dans  les  endroits  montagneux,  légèrement  boi- 
sés. Sous  1®  climat  de  Paris,  Yarbutus  unedo , 
réclame  l’orangerie  pendant  l’hiver. 

M.  (Charente).  — Le  fait  que  vous  nous  si- 
gnalez, de  la  production,  dans  vos  cultures, 
d’amandes  dont  le  brou  épais,  sentant  légère- 
ment la  Pêche,  pourrait  être  mangé,  n’est  pas 
rare,  et  bien  des  fois  nous  en  avons  rencontré 
des  exemples  à des  degrés  divers,  tant  au  point 
de  vue  de  la  saveur  qu’au  point  de  vue  de  la 
forme  et  des  dimensions  des  fruits.  La  Revue 
horticole  en  a même  signalé  et  figuré  de  re- 
marquables exemples.  Non  seulement  le  sar- 
cocape  ou  brou  plus  ou  moins  succulent  peut 
être  mangé,  mais  il  arrive  parfois,  que  chez  cer- 
taines variétés,  la  partie  interne  qui  est  en  con- 
tact avec  le  noyau  est  légèrement  rouge-viola- 
cée, ce  qui,  sous  ce  rapport  encore,  rapproche 
l’Amandier  des  Pêchers. 

N°  i553  (Seine-et-Marne).  — Vous  trouverez 
dans  l’ouvrage  de  M.  Baltet,  Culture  fruitière , 
bourgeoise  et  commerciale  (prix  : 6 fr.  à la 
Librairie  Agricole),  tous  les  renseignements 
dont  vous  aurez  besoin.  Les  bons  pépiniéristes 
ne  manquent  pas.  Consultez  les  annonces  de  la 
Revue. 

N°  416 7 (Seine-et-Marne).  — Vous  pouvez 
planter  des  Rosiers  Bengale  cramoisi  supé- 
rieur en  bordure  d’une  corbeille  de  Rosiers 
dont  R centre  serait  occupé  par  une  masse  de 
Souvenir  de  la  Malmaison.  On  se  trouve  bien 
aussi  de  planter  cette  dernière  variété  en  bor- 
dure d’un  groupe  de  Général  Jacqueminot  ; 
ces  deux  variétés  sont  très-floribondes,  vigou- 
reuses et  remontantes . Leur  rusticité  est  grande. 
Vous  pouvez  bouturer  ces  variétés,  y compris 
le  Cramoisi  supérieur . Nous  ne  conseillons  pas 
de  les  gretfer  sur  Manetti,  qui  drageonne  désa- 
gréablement. 


N°  4635  (Calvados).  — La  « cloque  » du 
Pêcher  est  produite  par  un  Champignon  de  la 
famille  des  Discomycètes,  nommé  Exoascus 
déformons , Berk.  Tout  le  monde  connaît  cette 
affection  morbide  contournant  et  déformant  les 
feuilles  du  Pêcher,  et  qui  se  présente  souvent 
accompagnée  de  pucerons.  Le  seul  remède 
vraiment  efficace,  parmi  tous  ceux  que  l’on  a 
conseillés,  est  l’enlèvement  absolu  de  tout  le 
jeune  bois.  On  conseille  en  même  temps  de 
biner  et  d’arroser  le  sol,  de  le  fumer  avec  des 
cendres  ou  autres  engrais  potassiques,  afin 
d’activer  la  végétation  et  de  remplacer  les 
feuilles  cloquées  par  d’autres  qui  seront  saines 
et  vigoureuses. 

il/.  P.  (Rennes).  — Votre  lettre  appelle  notre 
attention  sur  les  doses  à employer  de  sulfate 
de  cuivre.  La  Revue  vous  donnera,  dans  le  pro- 
chain numéro,  les  renseignements  que  vous 
nous  demandez. 

N°  4573  (Seine-et-Oise) . — La  feuille  que 
renfermait  votre  lettre  appartient  au  Plantago 
lanceôlata , L.  C’est  la  variété  à feuilles  pana- 
chées, qui  se  présente  quelquefois  à l’état 
spontané,  surtout  lorsque  la  plante  croît  dans 
les  cultures.  On  peut  employer  cette  variété  en 
bordure  de  corbeilles  et  plates-bandes  ; nous 
en  connaissons  une,  à feuilles  plus  blanches, 
très-jolie,  que  la  Revue  décrira  prochainement 
comme  plante  nouvelle. 

M.  G.  G.  ( Orléans ) — La  maladie  qui 

affecte  les  Poiriers  dont  vous  nous  avez  envoyé 
des  feuilles  est  le  produit  d’un  Champignon 
microscopique  nommé  Sodisoma  Sabinæ.  Les 
spores  de  ce  Champignon  viennent  du  Gené- 
vrier Sabine,  d’où  elles  se  répandent  et  ger- 
ment sur  les  Poiriers,  où  elles  apparaissent 
d’abord,  en  juillet,  sous  la  forme  de  plaques 
jaunes  ou  rouges.  Ces  taches  deviennent  bientôt 
indurées,  saillantes  en  dessous,  et  prennent 
une  forme  différente  du  premier  état  de  la 
plante,  ce  qui  avait  fait  croire  à la  présence 
d’une  autre  espèce  qu’on  avait  nommée  Rœs- 
telia  cancellata.  Mais  il  y a,  en  réalité,  identité 
entre  ces  deux  formes  d’une  même  espèce  à 
différents  âges. 

Comme  remède  effectif,  on  ne  peut  guère 
conseiller,  d’abord,  que  l’enlèvement  de  tous 
les  Genévriers  du  voisinage,  puis  l’ablation  de 
toutes  les  parties  malades  et  le  brûlage  des 
feuilles,  afin  d’obtenir  la  destruction  de  toutes 
les  spores,  et  d’arrêter  la  propagation  du 
cryptogame. 


L’Administrateur-Gérant  : L.  Bourguignon. 


Imp.  Georgres  Jacob,  — Orléana. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


529 


CHRONIQUE  HORTICOLE 

Le  temps  qu’il  fait.  — Distribution  des  récompenses  à la  Société  nationale  d'horticulture  de  France.  — 
Cours  d’arboriculture  de  M.  Forney.  — Le  phylloxéra  à Grignon.  — Qualités  forestières  de  l’Aulne  à 
feuilles  en  cœur.  — Emploi  économique  du  sulfure  de  carbone  et  de  la  bouillie  bordelaise.  — Les 
Dracœna  Poubellei  et  Barteti.  — Trois  vétérans  de  la  végétation  arborescente.  — La  vaccination  des 
arbres.  — Groupes  d’Épicéas  et  Liquidambars.  — Une  nouvelle  maladie  des  Pommes  de  terre.  — 
Mesures  prises  par  la  Russie  contre  le  phylloxéra.  — Force  de  soulèvement  des  Champignons.  — 
Les  importations  de  Pommes  d’origine  étrangère  en  Normandie.  — La  première  exposition  horticole 
à Vienne.  — Le  centenaire  des  Chrysanthèmes.  — Bacillus  Carotarum.  — Nécrologie  : MM.  Sagot , 
Pacreau  et  Henriau. 


Le  temps  qu’il  fait.  — On  a rarement 
vu,  à cette  époque-ci  de  l’année,  c’est-à- 
dire  vers  la  fin  de  novembre,  une  tempéra- 
ture moyenne  aussi  douce  que  celle  qui 
a régné  depuis  le  commencement  de  no- 
vembre jusqu’au  moment  où  nous  mettons 
sous  presse.  A Paris,  dans  certains  jar- 
dins où  l’on  ne  s’est  pas  pressé  de  faire 
la  toilette  hivernale,  les  Pélargoniums, 
les  Bégonias,  les  Fuchsias,  ont  encore,  en 
pleine  terre,  leur  feuillage  aussi  vert  qu’en 
plein  été  ; quelques  fleurs  se  montrent 
même  çà  et  là. 

C’est  une  période  très -favorable  aux 
transplantations  et,  dans  les  terrains  légers 
et  chauds  surtout,  on  doit  se  hâter  d’en 
profiter. 

Quelquefois,  en  effet,  les  mauvais  temps 
se  prolongent,  au  printemps,  jusqu’au  mo- 
ment où,  la  sève  se  mettant  en  circulation 
active,  il  devient  impossible  d’opérer  les 
plantations  projetées,  que  l’on  se  voit  obligé 
alors  de  remettre  à l’automne. 

Distribution  des  récompenses  à la 
Société  nationale  d’horticulture  de 
France. — La  distribution  solennelle  des  ré- 
compenses aux  lauréats  de  la  Société  natio- 
nale d’horticulture  de  France  a eu  lieu  le 
22  novembre,  à l’assemblée  générale  an- 
nuelle. Ainsi  que  l’a  fait  remarquer  le  pré- 
sident de  la  Société,  M.  Léon  Say,  dans  le 
discours  plein  d’esprit  qu’il  a prononcé  à 
cette  occasion,  cette  distribution  manquait 
d’imprévu,  parce  que  la  liste  des  lauréats  a 
été  depuis  longtemps  publiée.  Mais,  outre 
le  plaisir  d’entendre  une  fois  de  plus  la  pa- 
role chaleureuse  de  leur  président,  les 
membres  de  la  Société  avaient  la  bonne 
fortune  de  pouvoir  admirer  la  merveilleuse 
exposition  de  Chrysanthèmes  qui  venait  de 
s’ouvrir. 

Vous  êtes  aujourd’hui  au  milieu  des  Chry- 
santhèmes, a dit  M.  Léon  Say,  et  vous  pouvez 
admirer  ces  créations  nouvelles  si  étonnantes 


par  la  diversité  de  leurs  formes  et  de  leurs 
couleurs. 

Une  exposition  analogue  a lieu  tous  les  ans 
au  Japon,  et  un  écrivain  de  grand  talent  en  a 
fait  dernièrement  une  description  charmante. 
La  fête  se  passait  dans  le  jardin  de  l’impéra- 
trice du  Japon.  On  y voyait  des  Chrysanthèmes 
de  la  plus  exquise  beauté,  mais  je  n’ai  rien 
trouvé,  dans  la  description  de  l’écrivain  fran- 
çais qui  ne  pût  s’appliquer  aux  fleurs  que  vous 
avez  sous  les  yeux. 

Vous  vous  rappelez  ce  que  notre  ami, 
M.  Bleu,  a fait  des  Caladiums  du  Brésil.  Il  les 
a embellis,  il  en  a fait  des  plantes  plus  belles 
qu’elles  ne  sont  aujourd’hui  dans  leur  pays 
d’origine,  et,  aujourd’hui,  quand  les  Brésiliens 
veulent  avoir  de  beaux  Caladiums,  c’est  à 
M.  Bleu  qu’ils  les  demandent. 

Je  prédis  à nos  horticulteurs  le  même  succès 
pour  les  Chrysanthèmes.  Le  Japon  nous  en  a 
donné  le  premier  les  plus  beaux  échantillons  ; 
nous  lui  renverrons  un  jour  d’autres  variétés 
plus  belles  que  celles  que  nous  en  avons  tirées. 

C’est  que  l’horticulture  française  n’est  ja- 
mais en  repos;  elle  marche  toujours  en  avant 
et,  tous  les  ans,  elle  nous  force  à constater  de 
nouveaux  progrès. 

Nos  lecteurs  trouveront  plus  loin  le 
compte-rendu  de  cette  exposition  de  Chry- 
santhèmes, ainsi  que  la  liste  des  lauréats. 

Cours  d’arboriculture  de  M.  Forney. 

— Le  cours  public  et  gratuit  d’arboricul- 
ture fruitière,  que  M.  Forney  fait  chaque 
année  dans  une  des  salles  de  la  mairie 
du  IXe  arrondissement,  rue  Drouot,  6,  com- 
mencera dimanche  prochain  2 décembre; 
il  continuera  le  jeudi  et  le  dimanche  de 
chaque  semaine,  à deux  heures  de  l’après- 
midi.  Dans  ce  cours,  M.  Forney  traitera  les 
questions  suivantes  : taille  pratique  des 
arbres  fruitiers,  méthodes  économiques  de 
production,  conduite  du  Poirier,  conduite 
du  Pécher  à Montreuil,  et  de  la  Vigne  à 
Thomery.  Quelques  leçons  pratiques  seront 
faites  dans  le  jardin  de  l’école  communale, 
rue  des  Martyrs. 


1er  Décembre  1888. 


23 


530 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


Le  phylloxéra  à Grignon.  — La  pré- 
sence du  phylloxéra  vient  d’être  constatée 
sur  les  treilles  de  l’École  nationale  d’agri- 
culture de  Grignon. 

Cette  nouvelle  a causé  une  vive  émotion 
dans  la  région  d’Argenteuil  où  l’on  tire  un 
grand  profit  de  la  culture  de  la  Vigne.  Une 
campagne  active  est  menée  dans  le  pays 
pour  obtenir  que  des  traitements  d’extinc- 
tion soient  immédiatement  appliqués  aux 
treilles  de  l’École  d’agriculture. 

Qualités  forestières  de  l’Aulne  à 
feuilles  en  cœur.  — M.  Maurice  de  Vil- 
morin a fait  cette  année,  devant  la  So- 
ciété des  Agriculteurs  de  France,  une  re- 
marquable communication  dont  le  compte- 
rendu vient  d’être  publié1.  Le  sujet  était 
l’examen  des  arbres  étrangers,  introduits 
ou  à introduire,  et  dont  la  culture  en  grand 
pourrait  donner  des  résultats  avantageux 
dans  la  production  des  bois  pour  l’industrie 
ou  tout  autre  emploi. 

Il  y a dans  cette  étude  de  nombreuses 
données  pouvant  intéresser  les  lecteurs  de  la 
Revue  horticole , aussi  en  donnerons-nous 
quelques  extraits. 

Prenons  aujourd’hui  l’Aulne  à feuilles  en 
cœur  ( Alnus  cordifolia,  Ten.),  ce  joli  arbre 
dont  le  feuillage  vert  foncé  ne  tombe  à terre 
qu’aux  moments  des  plus  fortes  gelées,  sans 
avoir  perdu  sa  couleur. 

On  sait  que  cette  espèce,  originaire  d’Ita- 
lie et  de  Corse,  est  précieuse  pour  la  com- 
position de  scènes  paysagères.  Eh  bien, 
c’est  en  même  temps  une  essence  forestière 
des  plus  utiles  pour  revêtir  et  améliorer 
les  terres  calcaires  pauvres.  En  Cham- 
pagne, des  expériences  ont  été  faites  depuis 
plus  de  trente  années,  et  dans  de  vastes 
proportions,  par  un  propriétaire  de  la 
Marne,  M.  Ponsard,  et,  parmi  les  nombreu- 
ses essences  employées,  il  en  est  une  seule 
qui  ait  parfaitement  réussi , c’est  l’Aulne 
à feuilles  en  cœur.  Ces  expériences  ont 
établi  que  cet  arbre  peut  se  passer  de 
fraîcheur,  réussit  dans  les  terres  les  plus 
sèches,  conserve  ses  feuilles  très-longtemps, 
et  enfin,  par  l’abondance  et  l’épaisseur 
de  ces  feuilles,  produit  un  détritus  impor- 
tant qui  bonifie  rapidement  le  sol.  A cinq 
ans,  les  coupes  sont  exploitées  et  donnent 
un  bon  bois  de  chauffage.  Ajoutons  que, 
pour  la  conservation  du  gibier , l’Aulne 
à fèuilles  en  cœur  forme  des  remises  d’une 
grande  utilité. 

1 Bulletin  de  la  Société  des  Agriculteurs  de 
France , n°  21,  lei‘  novembre  1888,  p.  899. 


Emploi  économique  du  sulfure  de 
carbone  et  de  la  bouillie  bordelaise.  — 

Effets  du  sulfatage  sur  les  limaces,  coli- 
maçons, etc.  — Le  sulfurage  et  le  sulfatage 
ont  maintenant  fait  leurs  preuves.  Le  seul 
point  qui  semble  rester  encore  à l’étude, 
c’est  la  diminution  des  frais  qu’occasionnent 
ces  opérations. 

Or,  M.  P.  Duchartre,  dans  une  récente 
communication  qu’il  a faite  à ce  sujet,  a 
établi,  avec  chiffres  à l’appui,  que  la  dépense 
de  ce  fait  est  insignifiante,  au  moins  pour 
certains  vignobles.  Le  sulfurage  se  fait  soit 
au  moyen  du  pal,  soit  avec  la  charrue  sul- 
fureuse. Le  pal  occasionne  une  dépense 
supplémentaire  ; mais,  étant  donné  que  les 
Vignes  doivent  recevoir,  pendant  la  période 
de  végétation,  un  ou  plusieurs  binages  ou 
retournages  à la  charrue,  le  sulfurage  étant 
pratiqué  lors  de  l’une  de  ces  façons,  on  ne 
doit  donc  considérer  comme  dépense  sup- 
plémentaire réelle  que  l’acquisition  du  sul- 
fure, ce  qui  est  de  peu  d’importance. 

Pour  la  bouillie  bordelaise,  M.  Duchartre 
a fait  les  remarques  suivantes  : avant  l’ap- 
parition du  mildiou,  les  propriétaires  de 
vignobles,  dans  le  Bordelais  notamment, 
dépensaient  environ  30  francs  chaque  année 
et  par  hectare  pour  faire  détruire  les  escar- 
gots et  les  limaces.  L’emploi  de  la  bouillie 
bordelaise  revient  à 35  francs  par  hectare, 
et,  en  plus  de  son  effet  contre  le  mildiou,  il 
fait  complètement  disparaître  les  limaces 
et  espèces  similaires.  Le  sulfurage  ne  re- 
vient donc  alors,  en  réalité,  qu’à  5 francs 
par  hectare. 

Cet  effet  supplémentaire  de  la  bouillie 
bordelaise  sera  utilisable  dans  bien  d’autres 
cas,  notamment  dans  les  jardins  où  des 
murs  non  jointoyés  donnent  asile  à des 
légions  d’insectes  et  de  mollusques. 

Les  Dracæna  Poubellei  et  Barteti.  — 

Nous  venons  de  recevoir  des  exemplaires  de 
ces  deux  variétés  nouvelles,  dont  la  des- 
cription a été  donnée  dans  la  Revue  horti- 
cole1 . Les  caractères  qui  alors  avaient  été 
constatés  se  sont  affirmés  d’une  manière 
constante. 

L’un,  le  D.  Poubellei,  a les  feuilles  très- 
larges,  mollement  ondulées,  épaisses,  re- 
courbées, retombantes,  grenat  foncé  longue- 
ment maculé  de  carmin  clair. 

Le  D.  Rarteti  a,  au  contraire,  les  feuilles 
lancéolées-allongées,  érigées;  elles  ont  éga- 
lement une  grande  fermeté.  Leur  couleur 

1 Voir  Revue  Horticole,  1886,  p.  178. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


531 


est  à peu  près  la  même  que  celle  de  la  va- 
riété précédente. 

En  somme,  ces  deux  Dracæna  sont  des 
plantes  de  premier  ordre,  précieuses  par 
leur  résistance,  pour  la  décoration  des  ap- 
partements, et  qui  font  honneur  à l’habile 
semeur  qui  les  a obtenues,  M.  F.  Bauer. 

Trois  vétérans  de  la  végétation  arbo- 
rescente. — M.  Ch.  Joly,  dont  l’infatigable 
activité  est  constamment  à la  recherche  de 
toutes  les  curiosités  qui  peuvent  intéresser 
les  amateurs  d’horticulture,  vient  de  consa- 
crer une  notice  à trois  arbres  plusieurs  fois 
séculaires  qui  se  trouvent  dans  la  région 
du  littoral  méditerranéen. 

Ce  sont  : l’Olivier  de  Beaulieu,  près  Vil— 
lefranche- sur-Mer,  dont  le  tronc,  à 1 mètre 
du  sol,  a plus  de  2 mètres  de  diamètre.  Cet 
arbre,  qui  est  situé  sur  le  bord  de  la 
route  de  Nice  à Monaco,  près  du  village, 
présente  une  forme  irrégulière,  n’est  pas 
isolé.  B fait  partie  d’une  ancienne  forêt 
d’Oliviers  dont  beaucoup  ont  des  dimensions 
presque  égales  à celle  que  nous  venons  de 
citer.  Dans  le  pays,  on  suppose  que  ces 
arbres,  qui  produisent  encore  des  fruits,  sont 
contemporains  des  invasions  barbaresques. 
Ce  qui  est  certain,  c’est  que,  étant  donnée 
la  végétation  très-lente  de  cette  essence,  la 
forêt  en  question  a vu  s’écouler  un  certain 
nombre  de  siècles. 

C’est,  ensuite,  un  autre  Olivier  qui  existe 
sur  le  domaine  de  Sainte-Eulalie,  à 5 kilo- 
mètres de  la  ville  d’Hyères  (Yar).  Cet  arbre, 
dont  le  tronc  n’a  que  2m  50  de  hauteur, 
mesure  11  mètres  de  circonférence,  c’est-à- 
dire  3m  50  de  diamètre  ; l’hiver  de  1820 
ayant  détruit  sa  tête,  il  a dû,  depuis,  en 
former  une  nouvelle,  ce  qui  lui  donne  l’as- 
pect d’un  arbre  taillé  en  boule. 

Le  troisième  arbre  décrit  par  M.  Joly  est 
le  Pin  de  Bertaud,  dans  la  presqu’île  de 
Saint-Tropez  (Var).  Cet  arbre,  qui  est  un 
Pin  Pignon  (Pinus  Pinea ),  a un  diamètre 
d’environ  2 mètres.  Le  diamètre  de  sa  tête 
est  de  26  mètres,  ce  qui  donne  à cette  der- 
nière un  pourtour  de  plus  de  80  mètres. 

La  vaccination  des  arbres.  — C’est  la 
première  fois,  croyons-nous,  qu’il  est  ques- 
tion d’appliquer  aux  arbres  la  pratique  de 
la  vaccine.  Voici  dans  quelles  Circonstan- 
ces ce  fait,  important  parce  qu’il  marque  le 
point  de  départ  d’une  nouvelle  branche  de 
de  la  chirurgie  végétale,  a eu  lieu. 

A la  séance  du  31  octobre  de  la  Société 
nationale  d’ Agriculture,  M.  Nurel  a pré- 


senté, de  la  part  de  M.  des  Chesnes,  ins- 
pecteur général  des  forêts,  un  mémoire  sur 
la  maladie  du  Pin  d’Alep,  dans  les  Alpes- 
Maritimes.  Cette  maladie  consiste  dans  le 
développement  anormal,  le  long  des  tiges  et 
des  branches,  de  nodosités  analogues  à des 
broussins  ou  à des  loupes  ; la  sève  ascen- 
dante est  absorbée  par  ces  excroissances,  et 
l’arbre  meurt  assez  rapidement.  M.  des 
Chesnes  pense  que  cette  affection  résulte 
d’un  état  maladif  de  l’arbre,  qui  se  trouve 
sous  un  climat  différent  de  celui  de  son  ha- 
bitat : la  sève,  circulant  mal,  se  trouverait 
arrêtée  aux  points  où  se  forment  ces  loupes. 
B propose  d’employer,  pour  détruire  cette 
maladie,  la  vaccination  pure  et  simple.  B 
croit  qu’il  suffirait  de  crever,  sur  chaque 
arbre,  une  de  ces  protubérances  et  d’intro- 
duire ensuite,  jusque  dans  l’aubier,  avec 
une  sorte  de  lancette,  une  petite  quantité 
du  liquide  que  l’on  aurait  trouvé  dans  la 
loupe. 

M.  des  Chesnes  a-t-il  fait  des  expériences 
à ce  sujet?  C’est,  ce  qu’il  serait  intéressant 
de  savoir. 

B convient  de  dire  qu’à  la  suite  de  cette 
communication,  M.  Duchartre  a manifesté 
des  doutes  sur  les  résultats  favorables  que 
l’on  pourrait  obtenir  de  cette  opération.  B 
pense  que  les  excroissances  en  question 
doivent  provenir  de  la  piqûre  d’un  insecte, 
et  que  le  liquide  qu’on  en  obtiendrait  ne 
saurait  être  qu’un  produit  altéré  de  la  végé- 
tation. 

Quoi  qu’il  en  soit,  la  question  est  inté- 
ressante, et  elle  motivera  probablement  des 
recherches  instructives. 

Groupes  d’Épicéas  et  Liquidambars. 

— La  période  de  beau  temps  qui  a presque 
généralement  régné  en  France,  cette  année, 
pendant  les  mois  de  septembre  et  d’octobre, 
a été  tout  à fait  favorable  à la  coloration 
automnale  des  feuillages. 

Dans  certains  parcs,  ceux  surtout  où  les 
essences  nord  - américaines  sont  rassem- 
blées, les  effets  étaient  d’une  intensité  re- 
marquable. Le  jaune  d’or  des  Tulipiers  et 
dés  Peupliers  de  Virginie,  le  rouge  carmin 
et  le  violet  bronzé  dé  certains  Chênes  d’A- 
mérique, l’écarlate  des  Sumacs;  le  ton 
d’ambre  des  Alisiers,  l’or  léger  des  Érables 
planes,  la  couleur  rousse  des  Taxodium 
distichüm  e t les  mille  tons  intermédiaires 
des  arbres  indigènes  ou  exotiques,  formaient 
des  ensembles  d’une  tonalité  très-puissante, 
et  que  l’on  croirait  très-exagérée  si  elle 
était  reproduite  par  la  peinture. 


532 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


La  préparation  de  ces  effets  doit  préoc- 
cuper toute  personne  qui  s’occupe  de  plan- 
tations d’ornement,  et  c’est  surtout  par 
l’observation  de  masses  d’arbres  ou  de 
groupes  isolés  vigoureux  et  bien  nuancés 
que  l’on  évitera  des  tâtonnements  longs  et 
coûteux. 

Par  exemple,  nous  avons  récemment  re- 
marqué, au  Bois  de  Boulogne,  sur  les  bords 
assez  escarpés  du  Grand  Lac,  auprès  de  la 
Pelouse  de  Passy,  un  groupe  d’un  effet  fort 
joli.  Il  se  compose  de  cinq  ou  six  Épicéas, 
irrégulièrement  placés  sur  la  pente,  et  for- 
mant un  fond  vert  foncé,  presque  noir,  sur 
lequel  se  détachait  le  feuillage,  diversement 
nuancé  de  rouge,  d’un  élégant  Liquidam- 
bar.  Ce  groupe  est  disposé  de  telle  manière 
que  l’on  ne  peut  le  voir  que  d’une  certaine 
distance,  de  l’autre  côté  du  lac,  et  il  forme  à 
lui  seul  une  scène  très-intéressante. 

Une  nouvelle  maladie  des  Pommes  de 
terre.  — On  vient  de  découvrir  en  Alle- 
magne une  maladie  qui  s’attaque  aux. 
Pommes  de  terre,  et  qu’à  première  vue  on 
pourrait  confondre  avec  la  pourriture  qu’en- 
gendre le  Peronospora  infestans. 

Cette  affection  est  caractérisée  d’abord 
par  des  taches  qui  se  forment  sur  l’épi- 
derme et  qui,  en  se  multipliant,  peuvent 
devenir  confluentes  et  donner  aux  tuber- 
cules atteints  une  teinte  gris-noirâtre.  A 
l’époque  de  l’arrachage,  on  reconnaît  qu’au- 
dessous  de  ces  taches  la  matière  farineuse 
est  modifiée  et  a une  apparence  brune. 
Cette  altération  pénètre  jusqu’à  6,  rare- 
ment 10,  et  tout  au  plus  13  millimètres  de 
profondeur,  tandis  que  la  coloration  brune 
causée  par  le  Peronospora  s’enfonce  d’ordi- 
naire plus  profondément. 

Cette  maladie  a déjà  causé  des  dégâts  sé- 
rieux en  Westphalie,  et  sur  les  bords  du 
Rhin,  en  Hollande. 

Les  cultivateurs  français  sont  maintenant 
prévenus  ; à eux  de  signaler  le  mal  et  d’en 
chercher  le  remède  aussitôt  qu’ils  le  verront 
apparaître. 

Mesures  prises  par  la  Russie  contre 
le  phylloxéra.  — Le  ministère  russe  des 
domaines  vient  Je  promulguer  une  loi 
réglementant  les  conditions  dans  lesquelles 
pourront  être  faites  les  importations,  en  ce 
pays,  des  végétaux  vivants  provenant  d’Alle- 
magne, de  Belgique,  de  Hollande,  du 
Danemarck,  d’Angleterre,  de  Suède  et  de 
Norwège. 

La  France  n’étant  pas  comprise  dans  le 


nombre  des  nations  sus-indiquées,  on  peut 
conclure  que  rien  n’est  changé  pour  nous 
à l’état  de  choses  existant. 

Force  de  soulèvement  des  Champi- 
gnons. — Qui  n’a  été  souvent  frappé  de  la 
force  fournie  par  certains  végétaux  dans 
leur  période  de  développement?  Tantôt  ce 
sont  des  graines  germées,  d’une  ténuité  ex- 
trême, parvenant  à soulever  toute  la  sur- 
face d’un  terrain,  sur  une  épaisseur  allant 
jusqu’à  1 centimètre  et  plus  ; des  Asperges 
produisant  le  même  effet  pour  des  mottes  de 
terre  et  des  pierres  d’une  certaine  grosseur, 
quelquefois  sans  se  déformer,  etc.  ? 

Un  fait  plus  surprenant  encore  est  signalé 
de  l’Amérique  du  Nord  : dans  un  village  du 
New-Hampshire , on  remarqua  que  l’as- 
phalte d’un  trottoir  se  soulevait  à un  cer- 
tain point  en  un  cône  régulier  et  très-bien 
marqué  ; on  fit  un  trou  à cet  endroit  dans 
l’asphalte,  qui  mesurait  environ  5 centimè- 
tres d’épaisseur,  et  l’on  trouva  un  Champi- 
gnon en  voie  de  formation  et  seule  cause  de 
la  boursouflure  observée.  Le  Garden  and 
Forest,  qui  rapporte  ce  fait,  ne  nous  donne 
malheureusement  pas  le  nom  de  ce  Crypto- 
game obstiné. 

Les  importations  de  Pommes  d’ori- 
gine étrangère  en  Normandie.  — Il  pa- 
raît que  la  Normandie  est  parcourue  par 
des  commissionnaires  étrangers,  qui  vien- 
nent offrir,  à des  prix  inférieurs  aux  cours 
locaux,  des  Pommes  à cidre  provenant  de 
Suisse  et  d’Allemagne.  « Des  tarifs  spé- 
ciaux, consentis  parles  grandes  Compagnies 
de  chemins  de  fer,  permettent,  dit  le  Nou- 
velliste de  Rouen , de  transporter  ces 
Pommes  à travers  toute  la  France  à raison 
de  20  francs  les  1,000  kilogrammes.  » 

Ces  Pommes,  ainsi  amenées  de  loin,  sont 
parfois  mélangées  à des  fruits  récoltés  sur 
place,  et  transformées  en  cidre. 

Une  proposition  a été  faite  à la  Chambre 
des  Députés,  par  quelques-uns  de  ses  mem- 
bres, dans  la  séance  du  27  octobre  dernier, 
pour  frapper  d’un  droit  de  1 fr.  50  par 
100  kilogr.  l’entrée  des  Pommes  et  Poires 
à cidre  en  France  ; mais  cette  proposition  a 
été  renvoyée  à la  Commission  des  douanes, 
et  la  solution  se  trouve  ajournée  pour  un 
temps  indéterminé. 

La  première  exposition  horticole  à 
Vienne.  — A l’exemple  de  ce  qui  s’est  fait 
récemment  en  Belgique,  on  vient  de  re- 
chercher à quelle  époque  ont  eu  lieu  les 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


533 


premières  expositions  d’horticulture  en  Au- 
triche. 

Il  résulte  de  ces  recherches  que  la  pre- 
mière exhibition  de  ce  genre  eut  lieu  à 
Vienne,  en  1827,  dans  le  Palais  d’été  du 
prince  de  Schwarzenberg. 

Cinq  prix  furent  attribués  aux  plantes 
suivantes  : 

1.  Diplothemium  littorale , Mart. 

2.  Erica  tubiflora , L. 

3.  Primula  longiflora , Jacq. 

4.  Azalea  pontica , L. 

5.  Campylia  carinata. 

L ’lllustrirte Garten  Zeitung,  devienne \ 
qui  publie  ces  indications  intéressantes, 
donne  en  même  temps  la  liste  de  83  plan- 
tes ayant  obtenu  des  mentions  hono- 
rables. 

Le  centenaire  des  Chrysanthèmes.  — 

L’année  1889  complétera  le  siècle  écoulé 
depuis  l’introduction , par  un  négociant 
marseillais,  M.  Blanchard,  des  Chrysan- 
thèmes japonais  en  Europe,  et  cependant 
c’est  depuis  une  dizaine  d’années  seule- 
ment que  ces  fleurs  de  l’extrême  Orient 
ont  toute  la  vogue  qu’elles  méritent. 

En  Angleterre,  où  les  Chrysanthèmes 
sont  presque  l’objet  d’un  culte,  on  se  pré- 
pare déjà  à solenniser  cet  anniversaire. 

Une  grande  réunion  a eu  lieu  à ce  su- 
jet, le  9 novembre.  Des  représentants  de 
nombreuses  Sociétés  anglaises  de  Chrysan- 
thèmes y assistaient,  et  il  a été  décidé  que 
la  Société  nationale  de  Chrysanthèmes  se- 
rait chargée  de  préparer  un  projet  pour  la 
célébration  de  cet  anniversaire. 

De  son  coté,  la  Société  royale  d’agricul- 
ture et  de  botanique  de  Gand  prépare  une 
solennité  du  même  genre,  sous  la  forme 
d’une  Exposition  internationale  qui  aura 
lieu  le  23  novembre  1889.  En  nous  infor- 
mant de  ce  fait,  le  dévoué  président  de  la 
Société,  M.  le  comte  O.  de  Kerkove,  ajoute 
que  des  prix  importants  seront  donnés  aux 
plus  beaux  spécimens  des  types  primitifs 
et  pour  les  plus  beaux  semis  non  encore 
dans  le  commerce. 

Bonne  chance  à la  nouvelle  fête  gantoise 
des  Chrysanthèmes  ! 

Bacillus  Carotarum.  — Sous  ce  nom, 
M.  A.  Koch  vient  de  décrire,  en  même 
temps  que  quelques  autres  bactéries,  une 

1 Novembre  1888,  p.  405. 


espèce  nouvelle  qui  se  développe  sur  les 
Carottes  cuites,  placées  sous  cloche  à la 
température  ordinaire. 

Après  deux  jours,  dans  ces  conditions, 
une  petite  masse  blanche  se  développe.  En 
cultivant  cette  masse  blanche  dans  une  solu- 
tion formée  de  1 p.  100  d’extrait  de  viande 
et  de  8 à 10  p.  100  de  suc  de  Raisin,  on 
peut  suivre  la  germination  des  spores  et  le 
développement  de  cette  bactérie,  développe- 
ment dont  M.  Koch  a étudié  les  diverses 
phases.  Ainsi,  les  fdaments  doublent  de 
longueur,  à une  chaleur  de  30  degrés,  en 
quarante-trois  minutes;  à 40  degrés,  en 
dix-huit  minutes  ; à 45  degrés,  en  vingt- 
deux  minutes  ; à 50  degrés,  la  bactérie  est 
tuée,  mais  les  spores  résistent,  pendant  huit 
heures,  à une  température  de  100  degrés, 
et  pendant  quatre  heures  à 120  degrés. 

Nécrologie  : M.  Sagot.  — Nous  avons 
le  regret  d’enregistrer  la  mort  de  M.  le  doc- 
teur Sagot,  ancien  médecin  de  la  marine, 
professeur  à l’Ecole  normale  spéciale  de 
Cluny.  M.  Sagot,  botaniste  distingué,  s’est 
surtout  occupé  de  la  flore  coloniale  et  de 
l’acclimatation  des  végétaux,  en  général.  Il 
a étudié  particulièrement  les  plantes  de  la 
Guyane  française,  et  il  laisse  sur  cette  ques- 
tion des  travaux  d’une  grande  utilité  scien- 
tifique et  économique. 

M.  Pacreau.  — Un  des  jardiniers  les 
plus  distingués  de  notre  pays,  M.  Pacreau, 
qui  dirigeait  avec  talent  le  beau  parc  et  les 
serres  des  Touches,  chez  M.  A.  Marne,  en 
Touraine,  est  mort  le  22  novembre,  à l’âge 
de  cinquante-huit  ans.  C’était  un  homme 
d’un  véritable  mérite,  du  caractère  le  plus 
cordial  et  le  plus  modeste.  Sa  mort  préma- 
turée est  une  perte  pour  l’horticulture  tou- 
rangelle. Quant  aux  cultures  dés  Touches, 
elles  resteront  entre  bonnes  mains,  confiées 
au  soin  du  fils  de  M.  Pacreau,  digne  à tous 
égards  de  succéder  à son  père. 

M.  Henriau.  — L’horticulture  commer- 
ciale vient  de  perdre  un  de  ses  représentants 
les  plus  travailleurs,  en  la  personne  de 
M.  Henriau,  de  Meaux.  Get  habile  praticien, 
connu  par  ses  vastes  pépinières,  et  notam- 
ment par  ses  remarquables  cultures  de  Co- 
nifères, est  regretté  de  tous  ceux  qui  ont  eu 
des  rapports  avec  lui,  et  ont  pu  apprécier 
son  mérite. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 


534  exposition  d’automne  de  la  société  nationale  d’horticulture  DE  FRANCE. 

EXPOSITION  D’AUTOMNE 

DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 


1°  Exposition  de  Chrysanthèmes. 

L’Exposition  spéciale  qui  vient  d’avoir 
lieu  marque,  pour  la  France,  un  progrès 
important  dans  la  culture  de  ces  plantes, 
aux  floraisons  si  belles  et  si  artistiques,  les 
Chrysanthèmes.  Pour  la  première  fois  nous 
avons  pu  voir  à Paris  des  collections  d’élite, 
représentées  par  des  fleurs  auxquelles  une 
culture  savante  et  assidue  avait  donné  des 
proportions  surprenantes. 

Évidemment,  les  plantes  sur  lesquelles 
ont  été  coupées  les  fleurs  énormes  que  nous 
avons  vues,  soumises  qu’elles  sont  à des  pin- 
cements qui  ne  laissent  qu’une  seule  fleur 
sur  chaque  branche,  ne  présentent  pas, 
même  au  moment  du  complet  épanouisse- 
ment de  la  floraison,  un  aspect  très-agréable  ; 
mais  il  faut  convenir  que  lorsque  ces 
fleurs  ont  été  coupées  et  qu’on  les  examine, 
soit  isolément,  soit  réunies  quelques-unes 
ensemble  (nous  ne  voulons  par  dire  en 
bouquets ),  elles  surpassent  d’une  façon 
considérable,  en  dimensions  et  en  élégance, 
tout  ce  que  la  culture  ordinaire  peut  offrir 
dans  ce  genre. 

La  vogue,  quelquefois,  s’attache  à cer- 
taines plantes  qui  ne  la  méritent  que  bien 
faiblement  : ce  n’est  pas  le  cas  pour  les 
Chrysanthèmes,  et  il  n’est  pas  trop  des 
nombreuses  qualités  qu’ils  présentent,  pour 
captiver  l’attention  à une  époque  de  l’année 
où  l’on  est  pour  ainsi  dire  rassasié  par  les 
abondantes  et  si  variées  floraisons  estivales, 
à peine  disparues. 

Les  Chrysanthèmes  viennent  de  s’affir- 
mer une  fois  de  plus  en  France  ; nous 
pourrions  maintenant,  moyennant  quelque 
effort,  rivaliser  avec  les  habiles  cultivateurs 
anglais  et  belges,  et  ce  n’est  que  justice, 
puisque  la  presque  totalité  des  superbes  va- 
riétés qui  sont  répandues  dans  le  monde 
entier  ont  été  obtenues  par  des  cultivateurs 
français,  ceux-là  mêmes  dont  nous  avons 
pu,  à l’Exposition  de  la  Société  nationale, 
admirer  les  remarquables  collections. 

Il  ne  faut  pas  oublier  cependant  qu’un 
succès  important  avait  été  tout  récemment 
obtenu  chez  nous,  et  l’Exposition  spéciale 
de  Roubaix  est  encore  présente  à la  mé- 
moire de  quelques  privilégiés  de  notre  ré- 
gion qui  ont  pu  y assister. 

Ce  sont  toujours  les  variétés  japonaises  et 


chinoises  qui  forment  la  partie  la  plus  inté- 
ressante des  collections  de  Chrysanthèmes. 
Quelles  combinaisons  surprenantes  et  tou- 
jours harmonieuses  de  couleurs  ; quelles 
dispositions  variées  dans  les  pétales  ! Il 
semblerait  qu’une  fée  s’est  plue  à friser, 
tuyauter,  onduler,  recourber  ces  pétales,  qui 
présentent,  de  quelque  manière  qu’ils 
soient  arrangés,  une  délicatesse  charmante. 

Quant  aux  coloris,  tout  le  monde  a pu  les 
admirer,  mais  personne  ne  saurait  exacte- 
ment les  définir.  La  seule  chose  que  l’on 
puisse  affirmer,  c’est  que,  parmi  les  in- 
nombrables variations  qu’ils  présentent, 
aucune  n’est  banale,  aucune  ne  présente 
une  association  désagréable  de  couleurs. 

Dans  la  collection  de  M.  Louis  Levêque, 
qui  a dignement  représenté  l’horticulture 
parisienne,  nous  avons  remarqué  quelques 
variétés  ravissantes  : 

Val  d'Andorre , rouge  mordoré; 

Sainte  Cécile , brun  Van-Dyck; 

Colonel  Rey , rouge-bronzé  ; 

Princesse  impériale , jaune-soufre  ; 

Soleil  d’ Austerlitz , jaune-canari; 

Claude  Sahut,  lilas  ; 

Rubra  striata , rose  et  jaune  ; 

Gamin,  jaune  d’or  ; 

Anatole  Cordonnier,  lilas  ; 

Némésis , jaune-brun  mordoré  ; 

Fournaise , rose-saumon  ; 

Rigobert , jaune-soufre. 

Un  horticulteur-amateur,  M.  Valter 
Crawshay,  avait  apporté  une  collection  su- 
perbe, peut-être  la  plus  belle  de  toutes  pour 
le  choix  des  variétés  et  le  développement 
des  fleurs  ; mais,  arrivées  presque  au  der- 
nier moment,  ces  fleurs,  très-nombreuses, 
n’ont  pu  être  étiquetées  ; elles  ont  été  pla- 
cées dans  un  endroit  peu  éclairé,  et  les  dé- 
cisions du  Jury  ont  pu  être  tout  autres 
qu’elles  l’eussent  été  pour  cette  collection 
dans  des  circonstances  plus  favorables. 
Parmi  les  plus  belles  de  ces  variétés,  les 
suivantes  attiraient  surtout  l’attention  : 

Princess  of  Wales,  pourpre-violet  ; 

C.  Wagstaff,  blanc  pur  ; 

Edie  Rumble , rouge  saumoné  et  vieil  or  ; 

M.  A.  Bélaux , blanc  mat; 

Comte  de  Germiny , fleur  énorme,  vieux  rose 
et  jaune  argenté  ; 

Georges  Rundell , John  Salter,  Empress  of 
India , Lady  Wallace , etc.,  etc. 


EXPOSITION  D’AUTOMNE  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE.  535 


Voici  maintenant  les  collections  des  se- 
meurs qui  ont  obtenu  la  plupart  des  varié- 
tée  d’élite  aujourd’hui  connues  : MM.  Dô- 
laux  et  de  Reydellet  ; leurs  nombreux 
apports  renferment  encore  bien  des  sur- 
prises, bien  des  formes  nouvelles  qui  perce- 
ront bientôt  et  se  répandront  partout. 

Très-bonne  culture  que  celle  de  M.  Pliat- 
zer,  de  Roubaix.  Nous  remarquons  dans  son 
lot  des  fleurs  énormes,  parfaitement  étique- 
tées, de  tout  premier  ordre  : 

Bombardier , rouge  Magenta; 

M.  Brunei , rose  ; 

Thunberg , jaune  d’or  ; 

Georges  Glenny , soufre  et  rose; 

Jardin  des  Plantes , or  et  bronze  ; 

Sulfureum  superbum , soufre  et  violet  ; 

Madame  Audiguier , lilas  ; 

Cullinford , jaune  feu; 

Madame  Yvon , lilas,  etc.,  etc. 

Nous  voudrions  citer  aussi  les  belles  va- 
riétés des  collections  de  MM.  Yvon,  Forgeot, 
Chantrier  et  autres  cultivateurs  ; mais 
l’aridité  apparente  d’une  trop  longue  liste 
fatiguerait  peut-être  nos  lecteurs,  et  nous 
préférons  terminer  en  leur  disant  une  fois 
de  plus  çe  que  la  Revue  horticole  a bien 
des  fois  répété,  à savoir  que  la  France,  pro- 
ductrice, par  ses  semeurs  méridionaux,  de 
la  grande  majorité  des  variétés  de  Chry- 
santhèmes cultivés  en  Europe,  ne  devrait 
le  céder  également  à personne  sur  aucun 
point,  pour  ces  fleurs  charmantes,  parure 
sans  égale  de  l’année  au  déclin. 

2°  Exposition  de  fruits. 

Les  fruits,  qui  d’après  le  programme  de- 
vaient faire  également  partie  de  cette  Expo- 
sition, n’ont  pu  être  mis  en  place  que  le 
vendredi,  dans  la  grande  salle  de  l’hôtel  de 
la  Société,  occupée  le  jeudi  par  le  public 
pour  la  distribution  des  «récompenses  de 
l’Exposition  de  mai  dernier. 

Des  collections  peu  nombreuses,  mais 
choisies,  ornaient  les  tables,  autour  des- 
quelles une  foule  compacte  s’est  pressée 
pendant  trois  jours. 

Que  dire  des  admirables  Raisins  Chas- 
selas doré  de  M.  Salomon,  de  Thomery,  et 
de  sa  collection  de  variétés  choisies,  d’une 
maturité  parfaite  ! C’est  un  succès  de  plus  à 
ajouter  à l’actif  de  l’habile  cultivateur. 

M.  Crapotte,  de  Conflans-Sainte-Hono- 
rine,  n’est  surpassé  par  personne  pour  la 
perfection  des  grappes  de  ce  même  Chasselas 
aux  grains  d’or,  qui  atteint  chez  nous  seu- 
lement une  perfection  absolue. 

On  peut  encore  citer  les  beaux  produits 


de  M.  F.  Jamin,  de  Bourg-la-Reine,  qui 
exposait,  en  parfaite  maturité,  les  Raisins 
Gros  Colmar,  Black  Alicante,  Treb- 
biano,  etc.,  tandis  que  MM.  Bruneau  et 
Jost  avaient  envoyé  de  beaux  Grosse  perle 
blanche,  des  Dames,  Vanderlaan,  Ru- 
monia  Transylvania,  etc. 

Aux  Poires  et  aux  Pommes  appartient, 
chaque  année,  la  palme  de  nos  expositions 
pomologiques.  Nous  venons  de  remarquer, 
en  exemplaires  parfaits  de  proportions,  de 
couleur,  de  maturité,  les  apports  suivants  : 

Dans  la  collection  de  MM.  Bruneau  et 
Jost,  de  Bourg-la-Reine,  les  Poires  Doyenné 
blanc,  Beurré  Clairgeau,  Fondante  des 
bois,  et  les  Pommes  Calville  Saint-Sauveur , 
Rambour  d’été,  Reine  des  Reinettes,  etc. 

De  M.  F.  Jamin,  les  Poires  Duchesse 
d’Angoidême , Doyenné  Pei'rault,  Beurré 
Sterkmans,  Bergamote  Esperen , Fon- 
dante du  Panisel,  Belle  des  Abrés,  Olivier 
deSerres,  Passe-Crassane,  Beurré  Bache- 
lier, Président  Mas , Figue  d’Alençon,  etc. 

M.  Colas,  d’Argenteuil , exposait  les 
Poires  Beurré  Diel,  Catillac,  Doyenné  du 
Comice , remarquables  par  leurs  énormes 
dimensions. 

M.  Bourgeois,  de  Chambourcy,  se  distin- 
guait par  les  Poires  Curé,  Soldat  Labou- 
reur, Beurré  Diel,  B.  Clairgeau , Du- 
chesse de  Mouchy,  etc. 

M.  Krasensky,  de  Montlignon,  envoyait 
les  énormes  Poires  Triomphe  de  Jodoigne, 
Duchesse  d’Angoulême,  Belle  Angevine , 
Belle  de  Noël,  etc. 

Les  Pommes  Reinette  de  Canada  de 
M.  Jamet,  de  Chambourcy,  étaient  d’une 
rare  beauté  ; ainsi  que  les  grosses  Poires 
Charles-Ernest  et  Duchesse  panachée  de 
M.  Têtard,  de  Groslay,  et  les  variétés 
Beurré  d’Aremberg,  B.  d’Anjou,  de  M.  Le 
Fort,  de  Nancy. 

MM.  Baltet  frères,  de  Troyes,  avaient 
envoyé  une  nombreuse  et  belle  collection  de 
Pommes  à cidre.  L’étiquetage  soigné  de  cet 
intéressant  apport  a été  d’une  grande  utilité 
pour  les  nombreuses  personnes  qui  s’oc- 
cupent des  fruits  de  pressoir.  On  sait  le 
désordre  qui  existe  en  général  dans  la  dé- 
nonciation des  variétés  cultivées,  et  tous  les 
efforts  des  arboriculteurs  doivent  tendre  à 
établir  une  liste  unique  des  meilleurs  fruits. 

Nous  ne  pouvons  clore  ce  compte-rendu 
sans  saluer  d’une  note  très-élogieuse  les 
superbes  Ananas  en  pots  de  M.  Crémont, 
de  Sarcelles,  un  des  triomphateurs  ordi- 
naires de  nos  expositions  parisiennes. 

Cli.  Thays. 


536 


NOUVEAUX  TYPES  DE  VIGNES  DE  L’EXTRÊME  ASIE. 


NOUVEAUX  TYPES  DE  VIGNES  DE  L’EXTRÊME  ASIE 


Les  plantes  dont  il  va  être  question  sont 
comprises  dans  l’opuscule  que  nous  avons 
publié  l’année  dernière  1 sur  les  Vignes 
découvertes  dans  certaines  provinces  de  la 
Chine  par  le  Révérend  Père  Lazariste  Ar- 
mand David. 

Examinées  même  d’une  manière  géné- 
rale, ces  plantes  sont 
si  remarquables,  tant 
au  point  de  vue 
scientifique  qu’à  ce- 
lui de  l’économie 
domestique,  et  même 
de  l’ornementation, 
que  nous  avons  cru 
devoir  les  signaler 
et  en  faire  au  moins 
une  étude  som- 
maire. 

Toutefois,  en  pré- 
sence des  caractères 
si  singuliers  que 
présentent  ces  Vi- 
gnes, nous  ne  sau- 
rions nous  maintenir 
sur  une  trop  grande 
réserve,  et  nous  ne 
voulons  parler  que 
des  sortes  dont  les 
caractères  princi- 
paux sont  à peu  près 
connus. 

Quatre  formes  sur- 
tout vont  nous  occu- 
per; ce  sont  : les 

Vitis  Romaneti,  V. 
reniformis  viola- 
cea,  puis  deux  au- 
tres que,  pour  le 
moment,  à cause  de 
l’insuffisance  des 

renseignements, 
nous  ne  pouvons 
spécifier  et  que  nous  désignerons  par  les 
numéros  sous  lesquels  elles  sont  enregis- 
trées dans  nos  cultures. 

Vitis  Romaneti  masc.  (fig.  131).  — 
Plante  dioïque,  très-vigoureuse.  Sarments 
grêles,  très-longs,  à écorce  blanchâtre  ou 
gris  cendré,  furfuracée-laineuse.  Feuilles 

1 Essai  sur  quelques  Vignes  de  la  Chine  dé- 
couvertes par  le  père  Lazariste  Armand  David 
( Bulletin  de  la  Société  nationale  d’ horticulture 
de  France,  1886,  pp.  349-361-759-761.) 


très -diverses  de  formes  (néanmoins  tou- 
jours simples),  et  de  dimensions  variables, 
suivant  la  vigueur  des  plantes.  Ainsi  l’on 
trouve  depuis  les  feuilles  cordiformes  jus- 
qu’à celles  qui  présentent  toutes  les  formes 
intermédiaires  : bilobées,  trilobées,  has- 
tées,  trifurquées,  etc.,  et  non  seulement 
sur  un  même  pied, 
mais  parfois  sur 
un  même  sarment. 
Limbe  d’un  vert  gai, 
à bords  courtement 
denticulés,  glabre  en 
dessus,  d’un  blanc 
d’argent  très-bril- 
lant et  comme  feu- 
tré-argenté  à la  face 
inférieure.  Pétiole 
charnu,  relativement 
gros,  d’une  couleur 
rouge  vineux  ou 
violacé  qui  se  pro- 
longe sur  la  base  des 
grosses  nervures  ; 
nervures  secondaires 
ramifiées,  anasto- 
mosées-réticulées . 
Grappes  de  fleurs 
mâles  très-nombreu- 
ses, compactes,  très- 
longuement  rami- 
fiées, à ramifications 
latérales  étroites, 
formant,  lors  du 
premier  développe- 
ment, une  sorte  de 
grappe  composée. 

Dans  notre  opus- 
cule sur  les  Vignes 
découvertes  par  l’ab- 
bé David,  l’espèce  en 
question  fait  partie 
du  premier  groupe  : 

Romanetiana. 

Vitis  reniformis  violacea  (fig.  132). 
— Plante  dioïque  à tiges  excessivement 
allongées,  grêles,  à écorce  gris  roux  ou 
brunâtre,  fendillée,  se  détachant  en  lames 
étroites,  longues,  sèches.  Eourgeons-sar- 
ments  à écorce  rouge  sang  ou  fortement 
violacé,  vineux,  parfois  laineuse-furfuracée. 
Feuilles  grandes,  réniformes  ou  en  bou- 
clier, largement  et  régulièrement  créne- 
lées, à crénelures  arrondies,  peu  profondes, 


Fig.  131.  — Vitis  Romaneti  mascula, 
au  1/4  de  grandeur  naturelle. 


537 


NOUVEAUX  TYPES  DE  VIGNES  DE  L’EXTRÊME  ASIE. 


sensiblement  échancrées  à la  base  vers  l’in- 
sertion du  pétiole,  d’un  vert  foncé  en  des- 
sus, plus  pâle  en  dessous,  fortement  réti- 


velues  sur  les  nervures  principales  qui 
sont  assez  saillantes  ; nervures  secondaires 
très-nombreuses,  fortement  anastomosées- 


Fig.  132.  — Vitis  remformis.  violac  a, 
au  1/3  de  grandeur  naturelle. 


Fig.  133.  — Spinovitis  Davidii,  parties  d’une  jeune 
plante,  de  grandeur  naturelle. 


Fig.  134.  — Ampelovitis,  au  1/4  de  grandeur  naturelle. 


culées.  Pétiole  d’une  couleur  rouge  vineux 
violacé  qui  se  continue  sur  les  fortes  ner- 
vures du  limbe,  portant  des  poils  lai- 
neux aranéeux  ou  pelucheux,  couchés. 


Grappes  mâles  petites,  sur  des  rachis  à vril- 
les grêles,  d’un  rouge  foncé,  très-disposées 
à l’enroulement. 

Dans  l’opuscule  en  question,  cette  variété 


538 


AQUILEGIA  STUARTI. 


fait  partie  de  la  section  rénif ormes  subor  - 
biculaires,  se  rattachant  comme  sous -sec- 
tion au  groupe  Romanetiana. 

Ampelovitis  (fîg.  134).  — Plantes  dioïques 
ou  hermaphrodites,  extrêmement  vigou- 
reuses. Tiges  longues,  relativement  grêles, 
à écorce  d’ordinaire  diversement  colorée, 
passant  du  vert  roux  au  violet  foncé,  rare- 
ment tout  à fait  glabre,  souvent  munie 
de  poils  gros,  spinescents,  variant  pour  la 
longueur  comme  pour  la  forme  et  même 
par  la  contexture.  Feuilles  très-variables 
par  la  forme  comme  par  les  dimensions, 
le  plus  généralement  lohées-digitées.  Ces 
lobes  présentent  tous  les  passages,  et  les 
feuilles  sont  bi,  tri , quadri  etmêm epentalo- 
bées,  rappelant  d’une  manière  très-sensible 
les  Ampélopsis  ou  Cissus,  mais  se  ratta- 
chant néanmoins  au  groupe  de  nos  « Vignes 
à vins  » ( Vitis  vinifera)  dans  toutes  leurs 
parties  herbacées  (vrilles,  bourgeons,  etc.), 
dont  l’acidité  est  bien  marquée. 

Toutes  les  Vignes  de  cette  section  rap- 
pellent tellement  nos  Vignes- Vierges  que, 
précédemment  *,  en  parlant  de  ces  Vignes, 
nous  disions  : 

...  Les  feuilles,  au  lieu  d’être  entières  ou  plus 
ou  moins  lobées,  sont  complètement  divisées 
et  pour  ainsi  dire  composées,  et  sont  tout  à fait 
l’analogue  de  notre  Vigne-Vierge  commune  le 
Cissus  quinquefolia. 

...  Ces  Vignes  seront-elles  fertiles?  Produi- 
ront-elles de  bons  Raisins  ? Sous  ce'rapport,  on 
ne  peut  rien  dire,  mais  ce  que  nous  pouvons 
affirmer,  c’est  que  leur  vigueur  exceptionnelle, 
jointe  à la  beauté  et  à l’abondance  de  leur 
feuillage,  en  feront  des  plantes  très-propres  à 
couvrir  les  tonnelles,  cacher  des  murs,  etc. 

Aujourd’hui,  tout  en  maintenant  nos 
dires  relativement  à la  beauté  de  ces  plantes 
et  à leur  emploi  ornemental  comme  végé- 
taux grimpants,  nous  sommes  heureux  de 
pouvoir  répondre  affirmativement  au  sujet 
de  la  production  des  Raisins,  et  peut-être 
même  de  leur  emploi.  Nous  sommes  d’autant 
plus  autorisé  à émettre  cette  opinion  que  des 
quelques  sujets  que  nous  possédons,  deux 
ont  donné  des  Raisins  cette  année,  et  qui  en 
fruits  promettent  d’assez  bons  résultats,  ainsi 
que  le  montre  la  figure  134. 


Nous  ne  pouvons  mieux  terminer,  ce 
nous  semble,  cet  article  sur  les  Vignes  de 
l’extrême  Asie,  que  par  une  description 
sommaire  de  l’espèce  qui  a le  plus  occupé 
l’opinion  publique  et  qui  a été  dédiée  à l’im- 
portateur - découvreur,  le  Révérend  Père 
David.  Pour  cette  espèce,  à cause  de  la  sin- 
gularité de  ses  caractères,  on  a proposé  la 
création  d’un  nouveau  genre,  le  Spinovitis 
Davidii,  en  se  fondant  sur  la  particularité 
qu’aurait  cette  Vigne  d’être  épineuse'  ce 
qui,  pourtant,  n’a  pas  été  nettement  dé- 
montré. Malgré  cela,  et  sans  nous  pronon- 
cer sur  la  question,  nous  avons  néanmoins 
conservé  le  sous-genre  Spinovitis,  du  moins 
jusqu’à  plus  ample  informé  ; nous  le  main- 
tenons, par  les  raisons  que  nous  avons 
données  dans  notre  Essai  sur  quelques 
Vignes  de  la  Chine.  Mais  comme  mal- 
heureusement aucune  des  plantes  que  nous 
possédons  n’a  encore  fructifié,  nous  sommes 
obligé,  comme  caractères  génériques,  d’in- 
diquer ceux  que  nous  avons  donnés  comme 
section  dans  le  travail  dont  nous  avons 
parlé. 

Section  Davidiana  : A.  vera  ( Hirsutes 
spinescentes). 

Plantes  dioïques  ou  hermaphrodites  d’une 
extrême  vigueur.  Tiges  et  pétioles  velus- 
hispides  (fig.  133)  à poils  raides,  variant 
du  vert  blond  au  rouge  foncé  et  même  bru- 
nâtre. Feuilles  généralement  très-grandes, 
épaisses,  coriaces,  cordiformes,  légèrement 
lobées,  acutangles,  dentées,  les  plus  jeunes 
ordinairement  velues-soyeuses  et  comme 
feutrées  en  dessous.  Pétioles  velus-hispides 
comme  les  tiges,  et  colorés  comme  elles. 
Vrilles  très-longues,  ramifiées,  se  contour- 
nant et  devenant  prenantes. 

C’est  afin  de  donner  une  idée  des  Vignes 
de  cette  section,  que  nous  avons  fait  exé- 
cuter la  figure  134.  Ce  sont  ces  sortes,  qui 
sont  des  plus  singulières,  sur  lesquelles  nous 
reviendrons  un  jour  en  les  particularisant, 
en  donnant  un  nom  à toutes  les  formes  qui 
présenteront  de  l’intérêt,  soit  au  point  de 
vue  ornemental,  soit  à d’autres  égards,  sui- 
vant la  nature  et  l’importance  de  leurs  ca- 
ractères. 

E.-A.  Carrière. 


AQUILEGIA  STUARTI 


Les  Ancolies  appartiennent  au  groupe 
des  plantes  à demi  - sauvages  conservant 

1 Voir  Revue  horticole,  1886,  p.  197. 


toujours,  quelles  que  soient  les  combinai- 
sons décoratives  dans  lesquelles  on  les  fait 
entrer,  un  charme  particulier,  une  élé- 
gance bien  caractéristique,  qui  leur  donnent 


GREFFE  HERBACÉE  DE  LA  CLÉMATITE. 


539 


un  attrait  de  premier  ordre  pour  les  amis 
des  plantes  sachant  observer  les  qualités 
distinctives  de  chacune  d’elles. 

Les  espèces  actuellement  cultivées  sont 
peu  nombreuses  : douze  environ  ; mais  ce 
qui  paraît  surprenant  aussitôt  que  l’on  se 
préoccupe  de  rechercher  leur  patrie,  c’est 
leur  dissémination  sur  les  points  du  globe 
terrestre  les  plus  éloignés  les  uns  des 
autres. 

En  effet,  les  quelques  espèces  que  l’on 
rencontre  dans  les  cultures  proviennent  des 
Alpes,  de  l’Hïmalaya,  de  la  Mandchourie, 
du  Guatémala,  de  la  Californie,  du  Canada, 
de  la  Grèce,  de  la  France. 

Toutes  sont  rustiques,  toutes  constituent 
un  élément  précieux  pour  la  garniture  des 
rochers,  des  plates-bandes  en  mélanges,, 
des  jardins  alpins,  etc. 

Un  reproche  un  peu  fondé  que  l’on  a 
souvent  fait  aux  Ancolies,  c’est  d’avoir,  par 
suite  d’hybridations  naturelles,  produit  une 
multitude  de  variétés  allant  du  rose  ver- 
dâtre au  violet  foncé  presque  noir,  en 
passant  par  toute  une  série  de  couleurs  où 
le  rose,  le  vert  et  le  jaune  s’allient  et  for- 
ment des  combinaisons  peu  franches. 

Il  est  très-facile  d’éviter  cet  inconvénient, 
puisque  la  multiplication  des  Ancolies  se 
fait  aisément  par  la  division  des  touffes  et 
que  les  espèces  que  nous  allons  désigner 
ont  chacune  une  couleur  bien  tranchée  : 
Aquilegia  vulgaris,  blanc-rose,  pourpre; 
A.  chrysantha , jaune  vif  ; A.  canadensis , 
rouge  cocciné  ; A.  alpina,  bleu  clair,  etc. 

Mais,  la  forme  nouvelle  que  nous  signa- 
lons aujourd’hui  aux  amateurs,  VA.  Stuarti , 

GREFFE  HERBACÉE 

Dans  les  derniers  jours  de  décembre,  on 
rempote,  dans  une  bonne  terre,  les  pieds 
des  variétés  de  Clématites  que  l’on  se  pro- 
pose de  multiplier,  et  on  les  rentre  dans  la 
serre  à multiplication. 

1°  Greffons.  — Au  bout  d’une  quizaine 
de  jours,  les  Clématites  commencent  à pous- 
ser, et  peu  de  temps  après  les  greffons  sont 
bons' à être  coupés.  On  a soin  en  coupant 
les  greffons  de  laisser  sur  chaque  tige  deux 
yeux  à la  base;  ces  deux  yeux  donneront 
naissance  à de  nouvelles  pousses,  sur  les- 
quelles on  pourra  couper  les  greffons  éga- 
lement. 

On  aura  soin  aussi  de  ne  pas  attendre 
trop  longtemps  pour  couper  les  greffons, 
afin  que  le  bois  ne  se  durcisse  pas  trop.  En 


laissera  bien  loin  derrière  elle,  au  point  de 
vue  de  la  beauté,  toutes  les  espèces  ou  va- 
riétés connues  jusqu’ici. 

Elle  provient  d’une  hybridation  faite  par 
un  amateur  anglais,  le  docteur  Stuart,  de 
Chirnside,  entre  les  A.  glandulosae t Whit- 
manni  i.  Sept  plantes,  obtenues  de  ce  croi- 
sement, ont  présenté  identiquement  les  ca- 
ractères que  nous  allons  reproduire. 

Les  fleurs  de  Y A.  Stuarti  atteignent 
12  centimètres  de  diamètre,  grandeur  tout 
à fait  surprenante,  puisque  les  fleurs  d’An- 
colie  n’ont  généralement  guère  plus  de  6 à 
8 centimètres.  Les  sépales,  étalés,  ondulés, 
sont  d’un  bleu  clair  d’une  nuance  char- 
mante, légèrement  lavé  de  violet  gorge  de 
pigeon  ; les  pétales,  bleu  pur  à la  base,  sont 
d’un  blanc  mat  dans  toute  leur  partie  arron- 
die ; enfin  les  organes  de  reproduction  sont 
compris  dans  une  sorte  d’enveloppe  jaune 
d’or  qui  complète  pour  la  fleur  un  ensemble 
ravissant. 

Cette  Ancolie  est  de  plus  très  florifère,  et 
ses  inflorescences  commencent  à s’épanouir 
environ  trois  semaines  avant  les  autres 
espèces  ou  variétés  du  même  genre. 

Il  paraît  que  VA.  Stuarti  se  reproduit 
sans  variation  de  graines,  ce  qui  est  un 
mérite  de  plus. 

C’est  donc  une  recrue  des  plus  précieuses 
pour  les  plantes  quasi-alpines.  Elle  contri- 
buera certainement  à accélérer  la  vogue  qui 
se  manifeste  depuis  quelques  années  pour 
les  plantes  vivaces,  qui  ont  été  si  injuste- 
ment délaissées  pendant  de  longues  années. 

Ed.  André. 

DE  LA  CLÉMATITE 

effet,  on  pourra  remarquer  que  les  greffons 
des  extrémités  se  souderont  et  pousseront 
bien  plus  vite  que  ceux  qui  ont  été  coupés 
en  dessous.  Cela  tient  à ce  que  le  bois  des 
premiers  était  plus  tendre. 

2°  Sujets.  — On  arrache  avec  beaucoup 
de  précaution  des  racines  de  Clématites 
(C.  viticella  de  préférence).  Je  dis  avec 
beaucoup  de  précaution , car  il  arrive 
souvent  que  l’homme  qui  est  chargé  d’arra- 
cher les  racines  n’apporte  pas  toute  l’atten- 
tion voulue.  Par  exemple,  ayant  une  racine 
assez  longue  à couper  en  morceaux,  quand 
il  réunira  ces  différents  morceaux  en  petits 
paquets,  il  aura  bien  soin  de  ne  pas  prendre 

1 The  Garden,  1888,  p.  344. 


540 


KALMIA  LATIFOLIA  PAVARTI. 


le  haut  de  la  racine  pour  le  bas  et  récipro- 
quement. 

Cette  recommandation,  qui  à première 
vue  paraît  puérile,  a une’  grande  importance 
pour  la  réussite  des  greffes  sur  racines  en  gé- 
néral (Pivoines,  Clématites,  Glycines,  etc.), 
où  souvent  on  ne  peut  distinguer  le  haut  du 
bas  des  tronçons  de  racines. 

Pour  obvier  à cet  inconvénient,  on  doit 
prendre  l’habitude,  sitôt  que  l’on  a divisé 
une  racine,  de  couper  en  biseau  le  bas  de 
chaque  tronçon,  ce  qui  permettra  à celui 
qui  prendra  les  racines  pour  les  greffes  de 
distinguer  le  bas  du  haut,  le  premier  étant 
coupé  en  hiseau,  et  le  second,  au  contraire, 
carrément. 

On  entaille  alors  la  racine  de  bas  en  haut, 
et  l’on  entaille  également  la  greffe  à mi- 
bois,  seulement  de  haut  en  bas,  et  en  con- 
servant les  deux  yeux  du  sommet. 

La  greffe,  appliquée  par  le  haut  sur  le 
sommet  de  la  racine,  sera  bien  plus  longue 
que  l’entaille  faite  sur  cette  dernière.  En 
opérant  ainsi,  on  a unè  greffe  et  une  bou- 
ture ; et  très-souvent,  et  surtout  dans  cer- 
taines variétés,  la  greffe-bouture  fait  un 
bourrelet  dans  la  partie  qui  n’est  pas  appli- 
quée sur  la  racine,  et  s’enracine  en  même 
temps  que  la  greffe  se  Soude. 

Pour  bien  appliquer  la  greffe  sur  la  ra- 
cine, on  fait  une  ligature  avec  du  fil,  ou 
une  fibre  de  Raphia  qui  pourrira  en  même 

KALMIA  LATII 

Le  Kalmia  latifolia  est  un  des  plus  vul- 
garisés parmi  les  arbustes  de  terre  de 
bruyère.  Il  est  aussi  l’un  des  plus  élégants 
et  des  plus  gracieux.  Dans  les  Étas-Unis 
d’Amérique,  sa  patrie,  on  le  trouve  depuis 
le  New-Brunswick  jusqu’aux  bords  septen- 
trionaux du  lac  Érié  ; il  s’étend,  au  sud, 
jusqu’à  la  Floride  occidentale,  et  le  long  du 
golfe  du  Mexique,  jusqu’à  la  Louisiane  de 
l’ouest  et  les  vallées  de  la  Rivière  Rouge  et 
de  l’Arkansas.  Je  ne  l’ai  vu  nulle  part  aussi 
abondant  que  sur  les  pentes  des  monts 
Alléghanys,  en  allant  de  Washington  à 
Pittsburg.  Là,  il  forme  de  vastes  sous-bois 
d’une  verdure  claire  et  brillante,  sur  la- 
quelle se  détache,  en  juin-juillet,  le  ton  rose 
vif  et  charmant  de  ses  légères  ombelles  de 
fleurs.  Sous  le  couvert  des  grands  arbres, 
Liquidambars,  Tulipiers,  Magnoliers,  Éra- 
bles, Chênes  rouges,  Frênes  et  Caryas,  il 
croît  seul,  en  taillis  impénétrables,  ou  asso- 
cié à d’énormes  massifs  de  Rhododendron 


temps  que  la  greffe  se  soudera,  et  par  con- 
séquent ne  l’étranglera  pas. 

On  empote  les  greffes  ainsi  faites  dans 
des  petits  godets  de  5 centimètres  de  dia- 
mètre sur  8 centimètres  de  haut,  et  on  les 
enterre  jusqu’à  la  naissance  des  deux  pe- 
tites feuilles  qui  cachent  les  yeux,  dans  un 
mélange  composé  de  terreau  de  feuilles, 
terre  franche  et  sable  siliceux,  le  tout  fine- 
ment criblé. 

On  mouille  peu  les  greffes  ainsi  faites, 
jusqu’au  moment  où  les  radicelles  com- 
mencent à se  former;  quand  la  racine  est  un 
peu  trop  longue,  il  n’y  a aucun  inconvénient 
à la  courber. 

Les  greffes  rempotées  sont  mises  sous 
châssis  dans  la  serre  à multiplication,  et  au 
bout  de  dix  à quinze  jours,  on  peut  voir  les 
yeux  des  greffes  débourrer  et  pousser  avec 
unê  grande  rapidité. 

On  fait  alors  un  choix  de  toutes  les  greffes 
ayant  de  nouvelles  racines,  on  les  rempote 
dans  des  pots  plus  grands  dans  une  terre 
mélangée  d’un  peu  de  fumier. 

Au  printemps,  on  peut  les  sortir  après 
les  avoir  progressivement  habituées  au  jour 
et  à l’air,  et  si  l’on  met  ces  Clématites  sur 
une  couche  de  fumier  légèrement  chaude, 
on  aura  la  même  année  des  plantes  capables 
de  fleurir,  et  sûrement  propres  à la  vente 
de  l’automne. 

L.  Paillet  fds. 

ILIA  PAVARTI 

maximum,  dont  il  constitue  l’élégante  bor- 
dure. Dans  ces  conditions,  il  atteint  de  4 à 
3 mètres  de  haut.  Mais,  dans  les  endroits 
découverts,  au  pied  des  montagnes,  dans 
l’épais  humus  formé  par  la  succession  des 
feuilles  tombées,  il  s’élance  et  constitue  un 
petit  arbre  atteignant  jusqu’à  40  à 42  mè- 
tres de  hauteur,  avec  un  tronc  de  30  à 
60  centimètres  de  diamètre. 

Quand  il  arrive  à de  semblables  dimen- 
sions, le  bois  du  K.  latifolia  acquiert  une 
véritable  valeur.  On  l’emploie  avec  avan- 
tage pour  tourner  des  objets  mobiliers,  des 
manches  d’outils.  Sa  densité  spécifique  at- 
teint 0,7460,  d’après  Sharples.  Il  est  lourd, 
dur,  fort,  cassant,  à grain  compact,  et  sa 
couleur  est  brun  teinté  de  rouge.  Il  est  éga- 
lement usité  comme  bois  de  chauffage.  Ses 
feuilles,  ses  bourgeons,  ses  fleurs  et  ses 
fruits,  sont  vénéneux  pour  le  bétail,  surtout 
pour  les  moutons.  On  s’en  sert  quelquefois 
dans  la  pharmacopée  américaine. 


- Revue  Horticole 


Pâb  Lonÿprù.  deL. 


Chrorndit/ù.  G.Seoereyns 


Kalmia  latifoluv  Paoarti. 


HUNNEMANNIA  FUMARIÆFOLIA. 


541 


La  grâce,  la  correction  du  port,  l’élégance 
du  Kalmia  latifolia,  lorsqu’il  est  couvert 
de  fleurs,  au  commencement  de  l’été,  ont 
peu  d’égales.  Dans  les  parcs  et  jardins  d’or- 
nement, on  peut  l’employer  soit  isolément, 
soit  en  groupes  homogènes,  soit,  mieux 
encore,  en  bordure  d’épais  massifs  de  Rhodo- 
dendrons. Il  y a quelque  vingt-cinq  ans, 
l’habile  jardinier-chef  des  pépinières  de 
Trianon,  M.  Briot,  avait  formé  une’ large 
plate-bande  de  terre  de  bruyère,  plantée 
d’une  rangée  de  Rhododendrons  adossés  à 
un  grand  mur  au  nord-est,  et,  au  second 
rang,  par  devant,  deux  lignes  de  gros  Kal- 
mia latifolia  alternés  avec  des  Azalées 
d’Amérique.  L’effet  était  ravissant,  lorsque 
le  tout  était  en  fleurs  : les  Azalées  un  pqu 
nues,  ayant  leurs  beaux  bouquets  multico- 
lores rehaussés  par  la  verdure  luisante  des 
Kalmias. 

La  tradition  de  ces  cultures  à Trianon  a 
été  précieusement  conservée.  C’est  à M.  Pa- 

HUNNEMANNIA 

Établi  par  le  botaniste  Sweet,  le  genre 
Hunncmannia,  qui  fait  partie  de  la  fa- 
mille des  Papavéracées,  touche  au  genre 
Eschscholtzia,  dont  il  est  très-voisin.  Dédié 
au  botaniste  anglais  Hunnemann,  il  pré- 
sente les  caractères  suivants  : 

Calyce  d’abord  monophylle,  bientôt  diphylle 
par  la  rupture  de  la  partie  externe,  qui  s’ouvre 
en  deux  parties,  très -caduques.  Réceptacle 
très-petit.  Étamines  nombreuses,  quantité  indé- 
terminée. Stigmate  sessile  ou  subsessile,  qua- 
drilobé,  à lobes  courts,  charnus,  comme 
plissés-ondulés.  Capsule  longue,  droite,  at- 
ténuée aux  deux  bouts,  déhiscente  par  sa 
base  et  portant  les  graines  attachées  sur  ses 
bords. 

Quant  à l’espèce,  elle  présente  les  carac- 
tères suivants  : 

Hunnemannia  fumciriæ folia,  Sweet.  Plante 
vivace  suffrutescente,  ramifiée,  pouvant  at- 
teindre 50  centimètres  et  plus  de  hauteur. 
Feuilles  pinnatifides  ou  multifides,  glabres, 
d’un  vert  glauque,  à segmentations  planes,  li- 
néaires, très-entières.  Boutons  renflés,  courte- 
ment  ovales.  Calyce  glabre,  vert  glaucescent, 
très-caduc.  Corolle  grande  (6  centimètres  en- 
viron de  diamètre),  à 4 pétales  largement 
obovales.  Étamines  à fdet  court.  Anthères 
longuement  ovales,  jaune  roux  ou  plutôt  rouge 
orangé.  Fruit  siliquiforme,  droit,  atténué  aux 
deux  bouts,  légèrement  et  finement  sillonné, 
atteignant  jusqu’à  10  centimètres  et  plus  de 


vart,  le  successeur  de  M.  Briot,  que  nous 
devons  la  belle  variété  dont  la  Revue  horti- 
cole publie  aujourd’hui  la  figure,  et  à la- 
quelle nous  avons  donné  le  nom  de  l’obten- 
teur. 

Tous  les  caractères  de  cette  nouveauté, 
moins  les  fleurs,  étant  semblables  à ceux 
du  type,  le  K.  latifolia  Pavarti  se  distin- 
gue par  le  coloris  beaucoup  plus  vif,  plus 
décidément  rouge  de  ses  fleurs.  Avant  leur 
épanouissement,  les  boutons  ont  un  éclat 
surprenant,  et  l’on  voit  à ce  moment  que 
la  variété  surpasse  de  beaucoup  l’ancienne 
espèce. 

La  culture  du  Kalmia  latifolia  et  de  ses 
variétés  étant  celle  de  tous  les  arbustes  rus- 
tiques de  terre  de  bruyère,  n’offrira  aucune 
difficulté.  On  multipliera  cette  variété  nou- 
velle par  greffage  en  approche  sur  le  type, 
en  août,  à l’étouffée,  sous  châssis  froid. 

Ed.  André. 


FUMARIÆFOLIA 

longueur,  glabre,  terminé  par  un  stigmate, 
lobé,  sessile. 

L’unique  espèce  que  comprend  ce  genre, 
qui  se  trouve  au  Mexique  et  en  Californie, 
est  toujours  en  fleurs,  et  celles-ci,  qui  sont 
grandes,  d’un  très-beau  jaune  clair,  sont 
très-ornementales  et  rappellent  assez  exac- 
tement celles  de  Y Eschscholtzia  californica , 
de  sorte  que  l’on  pourrait,  sans  trop  s’éloi- 
gner de  la  vérité,  dire  que  c’est  une  espèce 
particulière  sous-ligneuse  de  ce  genre. 

Ce  n’en  est  pas  moins  une  plante  inté- 
ressante et  qui,  en  horticulture,  pourrait 
rendre  des  services  : directement  par  son 
mérite  ornemental,  puis  comme  plante  à 
hybrider,  soit  avec  les  Eschscholtzia , soit 
surtout  avec  les  Dielytra. 

Culture.  — L’ Hunnemannia  est,  par  sa 
nature,  une  très-rare  exception  dans  les 
Papavéracées.  En  effet,  ses  tiges  frutes- 
centes l’éloignent  de  cette  famille,  ainsi  que 
des  Fumariacées  où  l’ont  placée  certains  au- 
teurs. Bien  que  cette  espèce  soit  relative- 
ment rustique,  il  est  prudent,  sous  le  climat 
de  Paris,  de  la  cultiver  en  serre  froide,  où 
on  doit  la  placer  près  des  verres. 

La  multiplication  se  fait  * par  graines, 
que  l’on  doit  semer  dans  des  petits  pots  en 
n’en  mettant  qu’un  petit  nombre,  afin 
d’éviter  le  repiquage,  qui,  du  reste,  donne 
de  très-mauvais  résultats  lorsqu’il  s’agit  de 


542 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


Papavéracées  en  général.  Si  l’on  veut 
conserver  les  plantes  en  pots,  on  les 
rempote  au  fur  et  à mesure  du  be- 
soin; si,  au  contraire,  on  les  livre  à la 
pleine  terre,  cette  opération  doit  se  faire  au 


printemps,  en  plaçant  les  plantes  dans  un 
lieu  très-aéré  et  fortement  insolé  si  possible, 
où,  alors,  elles  fleurissent  jusqu’à  l’arrivée 
des  froids. 

E.-A.  Carrière. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE 

SÉANCE  DU  8 NOVEMBRE  1888. 


Comité  de  floriculture. 

Les  apports  de  cette  séance  ont  été  nom- 
breux et  intéressants  : 

Par  M.  Albert  Truffaut,  horticulteur  à Ver- 
sailles, deux  très -jolies  Broméliacées,  tout 
récemment  obtenues  par  lui  de  semis,  et  qui 
seront  précieuses  comme  plantes  d’apparte- 
ments. Ces  deux  intéressants  hybrides,  nom- 
més Vriesea  Mariæ  et  V.  Alberti , seront  pro- 
chainement décrits  et  figurés  dans  la  Revue 
horticole.  M.  Truffaut  avait  réuni,  dans  un 
seul  pot,  plusieurs  pieds,  au  même  degré  de 
floraison,  du  V.  Mariæ , à large  inflorescence 
distique,  vert  et  rouge  ; l’effet  en  était  très- 
joli.  Du  même  présentateur,  un  exemplaire 
fleuri  A Amazonia  punicea , charmante  plante 
de  serre  chaude,  introduite  dans  les  cultures 
vers  1825  et  qui,  depuis,  a disparu.  On  l’a 
réintroduite  assez  récemment  en  Angleterre. 
Ce  qui  forme  le  principal  attrait  de  cette  es- 
pèce, c’est  que  les  feuilles,  ovales-acuminées, 
des  rameaux  florifères  ont  une  couleur  qui 
varie  progressivement  du  vert  foncé  au  rouge 
intense,  et  diminuent  peu  à peu  de  gran- 
deur, pour  se  transformer,  sans  transition 
brusque,  en  bractées  rouge  vif.  Les  fleurs  sont 
jaunes.  La  culture  de  cette  plante  est  des  plus 
recommandables  pour  l’ornementation  des 
serres  et  des  appartements. 

Par  M.  Driger,  jardinier  au  Pensionnat  des 
Frères  de  Passy,  une  ravissante  potée  de 
Pleione  Lagenaria , Orchidée  naine  des  Indes 
Orientales.  Cette  touffe,  mesurant  environ 
25  centimètres  de  diamètre  sur  8 centimètres 
de  hauteur  totale,  était  formée  par  la  réunion, 
régulièrement  compacte,  de  40  fleurs  assez 
grandes,  à pétales  et  sépales  rose  légèrement 
lilacé,  à labelle  blanc  à l’extérieur,  blanc  lavé 
de  jaune  à l’intérieur,  avec  de  longues  raies 
rouge  carminé.  Aucune  feuille  n’accompagne 
ces  fleurs,  qui  atteignent  toutes  exactement  la 
même  hauteur.  Puis,  de  beaux  exemplaires 
fleuris  des  Oncidium  Weltoni  et  pubescens. 

Par  M.  Jolibois,  jardinier-chef  au  Palais  du 
Luxembourg,  un  Cattleya  Pineli , espèce  naine 
très-florifère,  à fleurs  rose  vif  ayant  le  labelle 
pourpre  velouté. 

Par  M.  Garden,  horticulteur  à Bois-Colom- 
bes (Seine),  trois  Orchidées  fleuries,  jolies  et 
encore  rares  : Miltonia  vexillaria  insignis , 
Cattleya  aurea , Cœlogyne  pandurata , à 
grandes  fleurs  vert  clair,  labelle  noir. 


Par  M.  P.  Dallé,  horticulteur  à Paris  : Cypri- 
pedium  Schrœderæ  splendens , magnifique 
forme  obtenue  par  l’hybridation  des  C.  cauda- 
tum  et  Sedenij  à fleurs  vert  et  rose,  se  rap- 
prochant, par  la  longueur  de  leurs  sépales  la- 
téraux légèrement  vrillés,  d’un  Selenipedium ; 
C.  calurum  superbum,  fleurs  rose  et  jaune; 
C.  Dayanum  splendens , Lælia  Perrini,  L. 
Dayana,  Oncidium  pubes,  Odontoglossum 
Inslayi  leopardinum , O.  bictoniense. 

Par  M.  Fischer,  amateur,  à Paris,  deux  bou- 
quets de  Violettes  russes  provenant  : le  pre- 
mier, d’un  pied  cultivé  en  bon  terrain  ordi- 
naire; le  second,  d’un  piçd  ayant  reçu  un 
engrais  chimique  composé  de  phosphate,  de 
cendres  pyriteuses,  de  plâtre  et  de  sulfate  de 
fer. 

Ce  second  bouquet  était,  dans  toutes  les 
proportions  de  ses  fleurs  et  de  son  feuillage, 
d’une  vigueur  atteignant  le  double  de  celle  des 
autres  Violettes. 

Par  M.  Millet,  horticulteur  à Bourg-la-Reine 
(Seine),  des  Violettes  de  Parme,  à fleurs  roses, 
portant  des  graines  arrivées  à parfaite  matu- 
rité, fait  exceptionnellement  rare. 

Comité  d’arboriculture  fruitière. 

Par  MM.  Baltet  frères,  de  Troyes,  une  très- 
nombreuse  et  intéressante  collection  de  Pommes 
et  Poires  inédites,  de  semis.  Nous  reparlerons 
de  ces  fruits  à mesure  que  le  Comité  fera 
connaître  ses  appréciations. 

Par  M.  Cirjean , propriétaire  à Conflans- 
Sainte-Honorine  (Seine-et-Marne),  une  cor- 
beille de  Raisins  Chasselas  doré , superbes, 
aussi  dorés,  transparents  et  fins  de  peau,  que 
ceux  qui  proviennent  de  Thomery. 

Par  M.  Maître,  d’Auvers-sur-Oise  (Oise),  des 
Raisins  ayant  été  cultivés  dans  les  sacs,  dont 
il  est  l’inventeur.  Ces  Raisins  avaient  assez 
bien  mûri. 

Par  M.  Oudin,  pépiniériste  à Lisieux  (Cal- 
vados), quelques  Poires  de  la  variété  Van 
Mons  de  Léon  Leclerc.  Ce  sont  des  fruits  su- 
perbes, de  couleur  jaune  d’or,  pesant  jusqu’à 
850  grammes,  de  toute  première  qualité.  Cette 
variété  est  peu  recherchée  parce  qu’on  a sou- 
vent pris  pour  elle  la  Poire  Léon  Leclerc , de 
Van  Mons,  qui  lui  est  bien  inférieure.  Le 
Poirier  Van  Mons  de  Léon  Leclerc  a une 
écorce  qui  se  fendille  généralement.  11  con- 
vient d’employer  pour  lui  le  surgreffage  sur  le 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE  DE  FRANCE. 


Poirier  Curé  placé  lui-même  sur  Coignassier  ; 
l’exposition  en  plein  soleil  ne  lui  réussit  pas. 

Comité  de  culture  potagère. 

Par  M.  Fischer,  nommé  ci-dessus  au  Comité 
de  floriculture,  des  bottes  de  Céléris  cultivés 
comparativement  avec  emploi  de  l’engrais  chi- 
mique précité.  Les  résultats  étaient  aussi  mar- 
qués que  pour  les  Violettes. 

Par  M.  Hédiard,  une  Patate  qui,  ayant  été 
mise  en  terre  au  printemps  et  après  avoir  servi 
de  mère  à une  touffe  très-productive,  a néan- 


543 

moins  conservé  jusqu’à  présent  presque  intactes 
ses  qualités  comestibles 
Par  M.  Gougibus,  de  Vriliy,  près  Reims 
(Marne),  un  Céleri  semé  en  1887,  conservé  à 
peine  développé  jusqu’à  présent,  et  qui  ne 
fructifiera  qu’en  1889. 

L’expérience  tentée  par  M.  Gougibus  était 
basée  sur  la  privation  de  nourriture  ; elle  a 
pour  but  de  faire  durer  trois  ans  une  plante 
bisannuelle.  Sur  24  pieds  traités , 23  sont 
morts,  celui  présenté  a seul  survécu  aux  expé- 
riences. 


SÉANCE  DU  22  NOVEMBRE  1888. 


Comité  de  floriculture. 

M.  Maron,  jardinier-chef  chez  M.  Darblay,  à 
Saint-Germain-lès-Corbeil,  présentait  une  char- 
mante Orchidée,  le  Calanthe  Darblayana , ob- 
tenue par  lui  en  fécondant  le  G.  vestita  luteo- 
oculata  par  le  G.  Regnieri.  La  variété  nouvelle 
a les  fleurs  rose  pâle,  et  le  centre  rose  carminé. 
La  fécondation  a eu  lieu  le  9 décembre  1886  ; 
les  graines  mûres  en  mars  1887,  ont  été  semées 
le  17  du  même  mois,  et  la  première  floraison  a 
eu  lieu  en  octobre  1888,  soit  vingt-deux  mois 
seulement  après  l’hybridation. 

Par  M.  Lebreton,  horticulteur  à Angers,  une 
très-intéressante  Broméliacée  nouvelle,  le 
Billbergia  andegavensis , plante  de  dimensions 
au-dessous  de  la  moyenne  ; feuillage  vert  foncé, 
presque  noir;  ample  inflorescence  érigée-re- 
courbée,  garnie  de  larges  et  nombreuses  brac- 
tées rouge  sang,  au  milieu  desquelles  on  aper- 
çoit quelques  fleurs  violet  pâle.  Très-jolie  forme. 

Par  M.  Garden,  horticulteur  à Bois-Colombes 
(Seine),  un  Selenipedium  Sanderianum , ra- 
vissante Orchidée  dont  les  fleurs  possèdent 
une  distinction  charmante  ; le  sabot,  terminé 
en  pointe  à la  base,  est  rouge-brun  ; l’étendard, 
étroit,  allongé,  terminé  en  pointe,  est  vert 
pâle,  rayé  en  long  de  grenat  ; les  sépales  laté- 
raux, longs  de  50  centimètres,  sont  étroits, 
ondulés-vrillés  d’une  façon  charmante,  blanc- 
violacé,  largement  bordés  de  violet  foncé  dans 
toute  leur  longueur  ; un  Ly caste  Skinneri  San- 
deriana , jolie  variété  à fleur  très-grandes,  blanc 
mat  pur. 

Par  Mme  Spite,  à Nogent-sur-Marne  (Seine), 
un  pied  de  Chrysanthème  présentant  une  par- 
ticularité intéressante.  Cette  plante,  qui  ap- 
partient à la  variété  Vénus , à fleurs  doubles 
blanches,  présentait,  en  même  temps  que  plu- 
. sieurs  fleurs  de  cette  couleur,  un  rameau  dont 
les  fleurs,  de  la  même  forme,  avaient  une  cou- 
leur jaune  très-accentuée.  Il  paraît  que  cette 
anomalie  a déjà  été  remarquée  dans  la  même 
variété. 

Par  M.  Régnier,  horticulteur,  avenue  Mari- 
gny,  à Fontenay-sous-Bois  (Seine),  une  fort 
belle  collection  d’Œillets  flamands  remontants, 
de  semis,  à tige  de  fer,  variétés  très-nom- 
breuses, coloris  fort  beaux.  Citons  entre  autres  : 

Hector  Malot , gris  très-foncé,  presque  noir, 


reflets  ardoisés;  Eug.  David , fond  jaune,  strié 
carmin  vif;  Mme  Leroy , fond  jaune  levé  mauve 
clair;  M.  Ed.  André,  rouge  vif,  colori  extra. 

Par  M.  Eberlé,  horticulteur,  146,  avenue  de 
Saint-Ouen,  à Paris,  un  certain  nombre  de 
Cyclamens  en  pots,  floraison  assez  belle. 

Par  M.  Ghauvart,  horticulteur,  93,  rue  Haxo, 
à Paris,  une  collection  de  Pâquerettes,  formes 
nombreuses,  coloris  très-variés. 

Par  M.  Dallé,  horticulteur,  rue  Pierre 
Charron,  à Paris,  quelques  Orchidées  en 
fleurs  : Odontoglossum  grande , Masdevallia 
tovarensis , Cattleya  Perrini , Lælia  autum- 
nalis , Lælia  Perrini , Oncidium  ramosum. 

Comité  d’arboriculture  fruitière. 

Par  M.  Lepère  (Victor),  cultivateur  à Mon- 
treuil, deux  corbeilles  de  Pommes  Calville 
blanc , d’une  beauté  exceptionnelle,  comme 
grosseur,  forme  et  coloris,  et  une  corbeille  de 
Pommes  Api  rose , tout  aussi  belles  que  les 
précédentes. 

Par  M.  Ch.  Baltet,  de  Troyes,  quelques 
Pommes  de  la  variété  Ananas , C’est  un  fruit 
moyen,  plat,  très-coloré  sur  toute  sa  surface  ; 
la  chair  est  jaunâtre,  douce,  tendre,  manquant 
un  peu  de  jus  et  de  parfum;  qualité  assez  bonne. 

Par  M.  Bonnel,  propriétaire  à Palaiseau, 
une  Poire  Bon  Chrétien  Frédéric  Baudry , 
fruit  moyen,  à longue  queue,  à chair  demi- 
fine,  juteuse,  sucrée  ; une  Poire  Sainte- 
Thérèse , variété  vigoureuse,  fertile  ; fruit  gros, 
pyriforme,  obtus,  jaune  teinté  de  rouge  ; chair 
jaune,  demi-fine,  sera  probablement  un  bon 
fruit  ; une  Poire  Ferdinand  de  Lesseps , forme 
de  Bon  Chrétien,  qualité  médiocre. 

Par  M.  Jourdain,  cultivateur  à Maurecourt 
(Seine-et-Oise),  une  corbeille  de  Poires  Du- 
chesse d’Angoulême. 

Par  M.  Villard,  propriétaire  à Hyères  (Var), 
une  corbeille  contenant  plusieurs  fruits  de  trois 
variétés  de  Kakis  d’un  beau  volume. 

Comité  de  culture  potagère. 

Par  M.  Chauvart,  93,  rue  Haxo,  à Paris,  un 
Chou  monstre,  mesurant  plus  de  1 mètre  de 
diamètre,  et  dont  le  cœur  formait  une  boule 
très-compacte,  de  lm  60  de  tour. 

• Ch.  Thays. 


544 


BÉGONIA  HYBRIDE  PAUL  BRUANT. 


BÉGONIA  HYBRIDE  PAUL  BRUANT 


Plante  très-robuste,  semi-arborescente,  a 
tiges  grosses,  charnues,  érigées,  d’un  vert 
0live  nuancé  de  rouge  et  relevées  de  lenti- 


celles  oblongues,  blanches,  hérissées  de 
poils  blancs,  mous,  épars. 

Feuilles  à très-longs  pétioles  dressés, 


Fig.  135.  — Bégonia  hybride  Paul  Bruant. 


puis  étalés,  cylindracés,  charnus,  longitu- 
dinalement striés  de  rouge,  faiblement  hé- 
rissés, à limbe  subcordiforme  très-oblique, 
profondément  lobé-bidenté,  à dents  tubu- 
lées  roses  ; nuance  de  fond  vert  foncé  par- 
couru par  des  nervures  plus  pâles  proémi- 
nentes à la  base,  entourées  en  dessous  de 
l’insertion  du  pétiole  d’une  fine  collerette  de 
poils  charnus,  et  accompagnées,  à la  base 


non  dilatée  du  pétiole,  de  deux  grandes 
bractées  ovales-lancéolées  longuement  aris- 
tées,  vertes,  pellucides,  à bords  enroulés. 

Inflorescence  plus  courte  que  les  feuilles, 
à pédoncule  dressé,  soutenant  une  cyme  de 
fleurs  toutes  femelles,  à pédicelles  fins,  di- 
chotomes,  pendants,  rosés,  pourprés  aux 
articulations,  accompagnées  de  larges  brac- 
tées cordiformes,  caduques,  transparentes, 


CONGRÈS  POMOLOGIQUE  DE  L’OUEST. 


545 


d’un  blanc  rosé.  Ovaire  vert,  gros,  tri- 
quètre,  à aile  dorsale  deltoïde,  du  double 
plus  large  que  les  autres,  arrondies,  toutes 
trois  rosées  satinées  ; pétales  suborbicu- 
laires  ou  oblongs,  inégaux,  rose  tendre, 
trois  stigmates  courts,  bifurqués,  dorés. 

Fleurs  mâles  non  observées. 

Cet  hybride  (fig.  135)  a été  obtenu  par 
M.  Bruant,  horticulteur  à Poitiers,  du  B. 


longipila  fécondé  par  une  variété  horticole 
dont  le  nom  n’a  pas  été  conservé.  Nous 
avons  trouvé  que  le  beau  feuillage  et  la 
vigueur  considérable  de  cette  plante  moti- 
vaient bien  son  adoption  comme  nouveauté 
décorative,  bien  que  sa  floraison,  très-abon- 
dante, soit  moins  brillante  que  certains 
autres  gains  de  ces  dernières  années. 

Ed.  André. 


CONGRÈS  POMOLOGIQUE  DE  L’OUEST 


Le  Congrès  pomologique  de  l’Ouest,  fondé  il  | 
y a six  années,  s’est  imposé  la  mission  de  s’oc- 
cuper de  la  culture  des  arbres  fruitiers  à 
cidre,  d’établir  la  synonymie  des  nombreuses 
variétés  de  Pommes  et  de  Poires,  et  d’étudier 
les  meilleurs  procédés  pour  la  fabrication  du 
cidre  et  du  poiré.  Cette  Association  a tenu,  le 
mois  dernier,  sa  session  annuelle  à Saint- 
Brieuc  (Côtes-du-Nord),  sous  l’habile  prési- 
dence de  M.  Lechartier,  professeur  de  chimie 
à la  Faculté  de  Rennes.  Les  séances  du  Congrès 
ont  été  suivies  avec  un  vif  intérêt  par  une  nom- 
breuse assistance,  composée  de  propriétaires, 
d’agriculteurs,  de  savants  et  de  pépiniéristes. 
L’exposition  des  fruits  de  pressoir  comprenait 
un  très-grand  nombre  de  variétés,  anciennes 
ou  nouvelles,  provenant  de  la  Bretagne,  du 
Maine,  de  la  Normandie,  etc. 

La  commission  chargée  d’établir  la  syno- 
nymie des  variétés  de  Pommes  à cidre  par- 
viendra-t-elle au  but  qu’elle  s’est  proposé? 
Cela  est  douteux.  Non  seulement  la  même  va- 
riété est  connue  sous  des  noms  différents,  sui- 
vant les  contrées,  mais  on  n’est  pas  toujours 
d’accord  sur  les  caractères  typiques  qu’elle 
doit  présenter.  Chacun  prend  la  défense  de  la 
variété  propagée  dans  la  contrée  qu’il  habite. 
Pe  là  des  divergences  notables  entre  les  dires 
des  pomologistes  et  les  pépiniéristes  qui  pro- 
pagent la  variété  qu’ils  ont  multipliée.  Et  puis, 
il  ne  faut  pas  l’oublier,  ce  n’est  pas  en  quelques 
jours  qu’il  est  possible  à une  commission  de 
pouvoir  statuer,  en  connaissance  de  cause,  sur 
des  variétés  qui  affectent  des  formes  et  des  co- 
lorations diverses,  bien  qu’elles  soient  dési- 
gnées sous  le  même  nom.  Dans  les  circons- 
tances ordinaires,  toutes  les  Pommes  produites 
par  le  même  arbre,  présentent  souvent  des  co- 
lorations très-diverses,  selon  qu’elles  ont  subi 
continuellement  l’action  de  l’air  et  de  la  lu- 
mière, ou  qu’elles  se  sont  développées  à l’ombre 
ou  à l’exposition  du  nord. 

Toutes  les  variétés  de  Pommes  à cidre 
connues  appartiennent  à trois  classes  très-diffé- 
rentes les  unes  des  autres  : 

1°  Les  Pommes  douces; 

2°  Les  Pommes  amères; 

3°  Les  Pommes  acides. 

Les  premières,  suivant  les  analyses  faites  par 
MM.  Lechartier,  Truelle,  Audouard,  Nan- 


tier,  etc.,  contiennent  depuis  100  jusqu’à 
150  grammes  de  sucre  par  litre  de  moût. 

Les  secondes  renferment  jusqu’à  10  grammes 
de  tanin  dans  un  litre  de  moût. 

Les  dernières  contiennent  jusqu’à  7 grammes 
d’acidité  exprimée  en  acide  sulfurique  par  litre 
de  jus. 

Toutes  ces  Pommes  sont  utiles,  mais  dans 
quelles  proportions  doit-on  les  associer  dans 
une  contrée  déterminée,  lorsqu’on  veut  obtenir 
un  cidre  de  première  qualité  et  de  bonne 
garde?  11  y a vingt  ans,  on  ne  connaissait  pas, 
pour  ainsi  dire,  la  composition  des  Pommes  de 
pressoir,  mais  les  analyses  faites  dans  ces  der- 
niers temps,  et  dont  le  nombre  dépasse  3,000, 
vont  permettre  de  bien  se  rendre  compte  de 
l’influence  favorable  ou  nuisible  exercée  sur  le 
cidre  par  telle  ou  telle  variété.  Toutefois, 
comme  l’a  fait  remarquer  si  judicieusement 
M.  Audouard,  il  est  utile  désormais  de  récolter 
séparément  les  variétés  qu’on  possède,  si  on 
veut  les  mélanger  dans  des  proportions  déter- 
minées d’après  la  densité  de  leur  jus  et  leur 
teneur  en  sucre,  en  tanin  et  en  acidité.  Il 
n’est  pas  inutile  de  rappeler  que  les  variétés 
connues  ont  été  divisées  depuis  plus  d’un  siècle 
en  Pommes  de  première  saison , en  Pommes 
de  deuxième  saison  et  en  Pommes  de  troi- 
sième saison , classification  qui  est  basée  sur 
les  époques  de  la  floraison  et  de  la  maturité 
des  fruits. 

L’extension  qu’a  prise  depuis  quelques  années 
la  consommation  du  cidre  dans  les  villes  et  les 
bourgades  et  la  facilité  avec  laquelle  se  fait,  de 
nos  jours,  le  commerce  des  fruits  de  pressoir, 
ont  engagé  un  grand  nombre  de  propriétaires  à 
planter  des  Pommiers  et  des  Poiriers  à cidre. 
Ces  arbres  fruitiers  sont  plantés  tantôt  à l’inté- 
rieur des  terres  labourables,  tantôt  en  bor- 
dure le  long  des  chemins  d’exploitation  ; mais 
dans  beaucoup  de  cas,  ces  plantations  donnent 
peu  de  résultats,  parce  que  les  arbres  mis  en 
place  laissent  beaucoup  à désirer  sous  tous  les 
rapports.  Dans  la  généralité  des  cas,  ces  arbres 
ont  été  mal  élevés,  mal  arrachés,  ou  ont  été 
exposés  successivement  sur  plusieurs  marchés. 
La  valeur  commerciale  des  Pommes  et  du 
cidre  doit  engager  les  planteurs  à s’adresser  à 
des  pépiniéristes  spécialistes  en  leur  dési- 
gnant les  variétés  qu’ils  désirent  posséder. 


546 


PARASOLS  VÉGÉTAUX. 


Mais  doit-on  renoncer  à planter  les  Pom- 
miers ou  Poiriers  à cidre  dans  les  terres  labou- 
rables et  préférer  les  réunir  dans  un  champ 
clos  par  une  haie  vive  ou  une  palissade,  sous 
forme  de  verger?  La  plantation  dans  les  terres 
labourables  a souvent  de  grands  inconvénients. 
Dans  beaucoup  de  cas,  les  socs  des  charrues 
altèrent  les  racines  des  arbres,  ou  les  branches 
qui  s’étendent  horizontalement  sont  trop  rap- 
prochées de  la  surface  du  sol  pour  que  les 
attelages  y circulent  librement  ou  que  les  cé- 
réales y accomplissent  aisément  toutes  les 
phases  de  leur  existence.  C’est  pourquoi  la 
plantation  en  vergers  dans  des  champs  abrités 
des  vents  du  nord  et  de  l’est  par  des  planta- 
tions forestières  ou  des  haies  vives  très-élevées 
doit  être  celle  qu’il  faut  préférer. 

Les  variétés  de  Pommes  à cidre  sont  propa- 
gées à l’aide  de  la  greffe  en  fente  ou  en  écus- 
son, suivant  la  force  des  sauvageons.  Les 
arbres  qu’on  obtient  en  agissant  ainsi  sont  plus 
ou  moins  vigoureux,  selon  la  nature  et  la  fer- 
tilité du  sol  de  la  pépinière  dans  laquelle  ils 
ont  été  élevés,  et  aussi  selon  la  vitalité  de  la 
variété  que  l’on  a greffée.  On  s’est  demandé  à 
Sain t-Bri eue  si  l’on  pouvait,  dans  le  but  de 
rendre  les  sujets  aussi  vigoureux  que  possible, 
employer  une  greffe  intermédiaire,  alors  que 
celle-ci  serait  prise  sur  des  arbres  d’une  vigueur 
remarquable.  Les  faits  signalés  par  les  prati- 
ciens permettent  de  dire  que  ce  procédé  a tou- 
jours d’excellents  résultats,  en  ce  que  la  se- 
conde greffe,  celle  qui  doit  propager  la  variété 
qu’on  veut  avoir,  a développé  une  belle  tête 
plus  promptement  que  si  elle  avait  été  im- 
plantée directement  sur  le  sauvageon.  Mais 
quelle  est  la  variété  qui  doit,  dans  la  culture 
du  Pommier  à cidre,  fournir  les  greffes  inter- 
médiaires? Les  opinions  à ce  sujet  étant  très- 
contradictoires,  l’assemblée  a décidé  que  cette 
question  resterait  à l’ordre  du  jour  du  prochain 
Congrès. 

Le  Pommier  comme  le  Poirier  à cidre  ré- 
clament, comme  tous  les  arbres  fruitiers,  des 
soins  annuels.  Malheureusement,  dans  beau- 
coup de  localités,  on  néglige  encore  d’enlever 
le  Gui,  plante  parasite  qui  épuise  les  arbres, 
de  supprimer  les  branches  mortes  et  les  gour- 
mands qui  garnissent  sans  aucune  utilité  l’in- 
térieur des  Pommiers  et  empêchent  l’air  et  la 
lumière  d’agir  sur  les  principales  branches 


charpentières.  C’est  encore  très-exceptionnelle- 
ment qu’on  détache  les  Mousses,  les  Lichens  et 
les  vieilles  écorces,  et  qu’on  opère  des  badi- 
geonnages à la  chaux  dans  le  but  de  raviver 
les  écorces.  Il  ne  faut  pas  oublier  que  le  Pom- 
mier à cidre  peut  être  attaqué  par  divers  in- 
sectes et  que  le  lait  de  chaux  détruit  et  leurs 
œufs  et  leurs  larves.  Le  puceron  lanigère  est 
certainement  celui  dont  il  est  le  plus  difficile  de 
se  débarrasser,  mais  les  lecteurs  de  la  Revue 
en  connaissent  les  moyens,  après  l’étude  com- 
plète qui  a été  récemment  publiée  à son  sujet. 

On  a constaté  cette  année,  aux  environs  de 
Laval  et  de  Saint-Brieuc,  que  les  feuilles  d’un 
assez  grand  nombre  de  pommiers  à cidre 
avaient  été  détruites  par  un  Champignon  por- 
tant le  nom  d ’Osteroma  mali.  C’est  en  utili- 
sant la  bouillie  bordelaise  qu’on  a pu  arrêter 
cette  cryptogame  dans  son  développement.  Ce 
liquide  est  fabriqué  avec  100  litres  d’eau, 
2 kilogr.  de  sulfate  de  cuivre  et  1 kilogr.  de 
chaux.  On  le  répand  à l’aide  d’un  pulvérisa- 
teur. Ce  parasite  apparaîtra-t-il  de  nouveau  l’an 
prochain?  En  attendant,  c’est  avec  raison  qu’on 
a proposé  de  rassembler  et  de  brûler  les 
feuilles  de  tous  les  arbres  sur  lesquels  il  s’est 
montré  cette  année. 

Après  avoir  élucidé  tous  ces  points,  le  Con- 
grès s’est  particulièrement  occupé  de  la  conser- 
vation du  cidre  et  des  moyens  de  déterminer, 
avant  la  vente,  sa  valeur  commerciale.  Il  ré- 
sulte des  faits  constatés  qu’il  est  utile  : 1°  de 
renoncer  au  gaulage  pour  adopter  le  secouage; 
2°  qu’on  ne  doit  pas  laisser  les  Pommes  qu’on 
a récoltées  à l’action  'de  la  pluie  ; 3°  qu’il  faut 
éviter  d’employer  des  appareils  en  fonte  dans 
le  concassage  des  Pommes  ou  des  Poires; 
4»  qu’on  ne  doit  pressurer  les  pulpes  qu’après 
qu’elles  ont  fermenté  pendant  sept  à huit 
heures  ; 5°  qu’il  est  indispensable  d’opérer  un 
premier  soutirage,. dès  que  la  fermentation  du 
moût  a cessé,  pour  en  opérer  un  second  à la 
fin  de  l’hiver.  C’est  commettre  une  grande 
faute  que  de  conserver  un  cidre  sur  sa  lie.  Il 
est  sous-entendu  que  tout  cidre  ou  poiré  doit 
être  enfûté  dans  un  tonneau  d’une  parfaite 
propreté. 

Tel  est  le  résumé  des  principales  recomman- 
dations faites  au  dernier  congrès  pomologique 
de  l’Ouest. 

Gustave  Heuzé. 


PARASOLS  VÉGÉTAUX 


Nous  croyons  devoir  rappeler  qu’en  hor- 
ticulture, l’on  nomme  parasols  des  arbres 
élevés  sur  une  seule  tige  et  relativement  peu 
élevée,  supportant  une  cime  étendue,  plate 
ou  légèrement  convexe  et  formant  un  peu 
le  parapluie. 

A l’état  de  nature,  aucun  arbre  ne  cons- 
titue véritablement  un  parasol  ; même  au- 


cune des  quelques  formes  que  l’on  trouve 
ordinairement  sous  cette  forme,  telles  que 
Frêne  pleureur,  Sophora  pleureur,  n’ont 
pris  cette  disposition  que  par  suite  de  cer- 
tains traitements  qu’on  leur  a fait  subir. 
Mais  ces  quelques  espèces  ne  sont  pas  les 
seules  susceptibles  de  prendre  cette  forme 
tabulaire,  puisque,  à la  rigueur,  presque 


POIRE  FONDANTE  DE  BIIIOREL. 


547 


toutes  pourraient  y être  soumises;  l’essen- 
tiel est  qu’elles  soient  suffisamment  vigou- 
reuses et  surtout  disposées  à se  ramifier. 
Quant  au  feuillage,  il  va  sans  dire  qu’il  doit 
être  abondant,  puisque  les  parasols  sont 
faits  pour  garantir  du  soleil. 

Choix  des  espèces  et  variétés.  — Il  doit 
être  en  rapport  avec  le  climat  et  surtout 
avec  le  but  que  l’on  recherche.  Ainsi,  les 
plantes  doivent  être  relativement  vigou- 
reuses, rustiques,  avoir  un  feuillage  abon- 
dant et  pouvoir  donner  une  tige  droite, 
solide,  supportant  la  tête,  qui,  dans  certains 
cas,  pourra  prendre  d’assez  grandes  propor- 
tions. Quant  aux  feuilles,  outre  qu’elles 
devront  être  assez  abondantes  pour  inter- 
cepter les  rayons  du  soleil,  leur  nature  devra 
être  suffisamment  solide  pour  résister  aux 
vents  et  aux  intempéries.  Dans  le  cas  où  les 
parasols  devraient  garantir  du  soleil  et  en 
même  temps  servir  d’abri,  il  faudrait  choisir 
des  sortes  à feuillage  dense  et  persistant. 

On  pourrait  aussi,  au  lieu  d’arbres  d’orne- 
ment, prendre,  pour  établir  des  parasols, 
des  arbres  fruitiers.  Toutefois,  ceux  - ci 
auraient  plusieurs  inconvénients  : d’abord 
de  feuiller  tard,  ensuite,  pendant  l’été,  d’être 
couverts  de  fruits,  qui,  lors  de  leur  chute, 
pourraient  blesser  les  gens  ou.  seulement 
salir  les  vêtements. 

Fabrication  des  arbres  parasols.  — 
Le  point  principal,  le . premier  à attein- 
dre, c’est  la  formation  d’une  tige  droite  et 
solide,  ce  à quoi  l’on  arrive  en  laissant, 
dans  sa  longueur,  des  bourgeons  feuillus, 
qui,  en  « amusant  » la  sève,  donnent  un 
surcroît  de  vigueur  qui  fait  grossir  la  tige. 
Lorsque  celle-ci  est  suffisamment  élevée, 
alors  on  forme  la  table  du  parasol  soit  en 
tronquant  la  tige,  soit  en  la  pliant  de  ma- 
nière à faire  prendre  aux  branches  une 
position  horizontale,  dans  laquelle  on  les 
maintient  à l’aide  de  ligatures  que  l’on 
fixe  à une  légère  charpente,  ou  sorte  d’ar- 
mature établie  à cet  effet. 

POIRE  FONDAI 

Il  arrive  parfois  que  d’honorables  écri- 
vains pomologues,  français  ou  étrangers, 
nous  font  l’honneur  de  nous  demander  des 
renseignements  sur  l’origine  ou  la  ma- 
nière d’être  des  variétés  de  fruits  plus  ou 
moins  nouveaux  obtenus  ou  mis  au  com- 
merce par  nous.  Ces  renseignements,  la 
plupart  inédits,  s’appliquent  souvent  à des 
variétés  n’ayant  eu  qu’une  description  in- 


Ge  premier  résultat  obtenu,  la  charpente 
du  parasol  est  terminée;  il  n’y  a plus 
guère  qu’à  attacher,  au  fur  et  à mesure  du 
besoin,  les  branches  qui  se  développent  en 
les  dirigeant  latéralement,  de  manière  à 
garnir  toutes  les  parties  et  à avoir  une 
table  régulière.  S’il  arrivait  que  des  bran- 
ches vigoureuses  vinssent  à se  développer 
et  à prendre  la  direction  verticale,  on  les 
supprimerait  ou  bien  on  les  ramènerait  à 
l’horizontalité  en  les  fixant  soit  au  bâtis,  soit 
à une  branche  horizontale,  là  où  la  table  est 
trop  mince  ou  trop  claire,  de  manière  à la 
renforcer.  Si  l’arbre  est  trop  vigoureux,  on 
en  maintient  l’équilibre  en  supprimant  les 
parties  les  plus  fortes,  mal  placées  ou  qui 
font  confusion.  Quant  à la  tige,  si  elle  n’est 
pas  suffisamment  forte  pour  soutenir  la  tête 
ou  table,  on  y met  un  tuteur  afin  de  la 
maintenir  droite  et  bien  verticale. 

Outre  les  parasols  dont  il  vient  d’être  ques- 
tion, il  en  est  une  série  particulière,  qui 
diffère  des  premiers  en  ce  qu’elle  est  double 
au  lieu  d’être  simple  comme  dans  le  cas 
précédent.  Ces  parasols,  que  nous  appelons 
composés,  comprennent  deux  choses  : le 
sujet  et  la  table  (parasol).  Le  sujet  doit  être 
vigoureux,  robuste,  droit  et  raide  ; quant 
au  parasol,  peu  importe  sa  nature,  puis- 
que, devant  être  greffé  sur  le  sujet,  il  suffit 
qu’il  puisse  se  ramifier  facilement,  et  que 
ses  ramifications  aient  une  grande  ten- 
dance à s’étendre  latéralement.  Tel  est,  par 
exemple,  le  Mespilus  linearis,  qui,  pour 
cette  raison,  a été  appelé  « Néflier  parasol  ». 

Lorsque  le  sujet  a atteint  la  force  et  la 
hauteur  suffisantes,  on  le  greffe  avec  des 
rameaux  de  l’espèce  qui  doit  constituer  la 
table.  Alors  l’opération  est  terminée,  et  il 
ne  reste  plus  qu’à  veiller  à l’éducation  et 
à la  formation  de  cette  table,  ce  à quoi  l’on 
parvient  à l’aide  de  moyens  analogues  à 
ceux  que  nous  venons  de  faire  connaître. 

E.-A.  Carrière. 


E DE  BIHOREL 

complète  ou  même  n’ayant  pas  été  décrites 
du  tout.  Nous  prenons  donc  la  liberté  de 
publier  dans  ce  journal  autorisé,  en  sui- 
vant l’ordre  de  leur  maturité,  la  descrip- 
tion de  quelques  variétés  parmi  les  meil- 
leures qui  se  trouvent  dans  le  cas  précité. 
Ces  descriptions  seront  aussi  succinctes 
que  possible,  et  limitées  aux  variétés  mé- 
ritant cette  distinction. 


548 


CÉLERI  CHEMIN  ET  CÉLERI  WHITE-PLUME. 


Nous  commençons  aujourd’hui  par  la 
Poire  Fondante  de  Bihorel. 

La  Poire  Fondante  de  Bihorel  est  un 
arbre  d’une  vigueur  moyenne,  bien  fertile, 
dont  les  branches  d’un  ton  gris-noisette, 
assez  fortes,  longues  et  élancées,  forment 
avec  le  tronc  un  angle  assez  ouvert  ; elles 
sont  munies  sur  toute  leur  longueur  de 
lambourdes  courtes,  bien  garnies.  Rameaux 
assez  gros,  longs,  bien  pleins,  s’amincissant 
vers  leur  extrémité,  vert  olivâtre,  marqués 
de  rouge-sanguin  du  côté  du  soleil,  à len- 
ticelles  arrondies,  grises,  assez  nombreuses.' 
Pousses  d’été  à écorce  vert  herbacé,  recou- 
vertes d’une  légère  pubescence.  Boutons  à 
bois  moyens,  courts,  à pointe  aigüe. 
Écorce  du  rameau  d’un  brun  foncé,  nuancé 
de  vert  glauque.  Feuilles  moyennes  ou  petites, 
épaisses,  dressées,  d’un  vert  foncé,  ovales, 
élargies,  presque  planes,  finement  et  régu- 
lièrement dentées.  Pétiole  fort,  assez  long, 
d’un  vert  blanchâtre.  Stipules  rares,  presque 
milles.  Méritlialles  courts,  assez  réguliers. 
Routons  à fruits  moyens  ou  petits,  ovales- 
arrondis,  à écailles  marron  foncé.  Fleurs 
petites,  nombreuses,  à pétales  d’un  blanc 
terne.  Fruits  petits  ou  moyens,  venant  par 
trochets,  mesurant  en  moyenne  de  6 à 
7 centimètres  de  hauteur,  sur  autant  de 
diamètre,  ovales-arrondis,  déprimés.  Peau 
line  et  luisante,  d’un  vert  foncé,  passant  au 
jaune  clair  pointillé  de  gris,  parsemée  de 
marbrures  et  mouchetée  de  gris  roussâtre, 
frappée  par  l’insolation  de  rouge  carminé. 
Pédoncule  gros  et  court,  charnu,  inséré 
plus  ou  moins  obliquement  dans  une  lé- 
gère dépression.  Œil  assez  grand  ouvert, 
placé  dans  une  cavité  presque  à fleur 
du  fruit.  Chair  fine , serrée , fondante , 
beurrée,  sans  concrétions;  eau  suffisante, 
sucrée,  légèrement  acidulée,  bien  parfumée  ; 


loges  petites,  renfermant  chacune  deux  pé- 
pins brunâtres,  petits,  renflés,  accolés  l’un 
à l’autre.  Maturité  fin  juillet. 

Cette  variété,  assez  vigoureuse  sur  franc, 
forme,  sur  ce  sujet,  des  arbres  à branches 
élancées,  assez  rares  et  bien  garnies.  Quand, 
au  contraire,  elle  est  greffée  sur  Coignassier, 
l’arbre,  par  une  taille  courte,  est  nota- 
blement réduit  dans  ses  proportions,  au 
point  de  devenir  presque  nain,  et  très- 
propre  à la  culture  en  pots  ou  en  caisse. 
Son  feuillage  dressé,  très-fourni,  d’un  vert 
foncé,  et  ses  petits  fruits  souvent  forte- 
ment colorés  de  jaune  et  de  rouge,  lui 
donneront  un  joli  aspect  sous  cette  forme. 

Cette  variété  est  d’une  origine  des  plus 
vulgaires,  puisqu’elle  provient  d’un  de 
ces  fruits  locaux  si  communs  dans  notre 
contrée,  et  apportés  sur  nos  marchés  pour 
être  vendus  à la  razière  (demi-liecto- 
litre),  puis  au  kilo.  Ces  Poires,  connues 
sous  le  nom  de  Petit  Rousselet  de  ri- 
vière (ne  pas  confondre  avec  le  fruit  du 
même  nom  décrit  par  M.  de  Bavay),  sont 
probablement  nommées  ainsi  parce  que  le 
plus  souvent  ces  arbres  avoisinent  les 
mares  de  nos  cultivateurs,  qui,  du  reste,  en 
tirent  un  grand  profit,  car  ils  vivent  fort, 
longtemps  et  sont  des  plus  productifs.  C’est 
même  sur  un  de  ces  arbres,  plus  que  cen- 
tenaire, planté  jadis  par  les  moines  de 
Saint-Ouen  sur  un  terrain  leur  appartenant, 
que  nous  avons  cueilli,  en  1852,  la  graine 
qui,  vers  1866,  a produit  le  fruit  que  nous 
décrivons,  lequel  a été  mis  au  commerce 
en  1871.  Comment  ce  géant,  à fruits 
presque  acerbes,  a-t-il  pu  donner  naissance 
à cet  avorton  d’un  goût  si  raffiné?  C’est  un 
fait  que  nous  nous  bornons  à constater. 

Boisbunel. 


CÉLERI  CHEMIN  ET  CÉLERI  WHITE-PLUIE 


Les  deux  variétés  de  Céleris  qui  vont  nous 
occuper  sont  également,  bien  que  très-diffé- 
remment, remarquables.  Au  point  de  vue 
culinaire,  ce  sont  deux  plantes  très-méri- 
tantes, bien  qu’à  des  titres  divers. 

L’un,  le  Céleri  Chemin  ou  Céleri  blanc 
ou  « plein  doré  » (fig.  136),  et  dont  la  Revue 
horticole  a plusieurs  fois  parlé,  est  déjà 
bien  connu  et  aujourd’hui  généralement 
cultivé  aussi  bien  dans  les  maisons  bour- 
geoises que  par  les  maraîchers,  ce  qui  suf- 
firait déjà  pour  en  faire  ressortir  le  mérite. 

Rappelons,  en  quelques  mots,  les  princi- 


paux caractères  que  présente  le  Céleri  Che- 
min. La  plante,  qui  est  vigoureuse,  peu  ou 
pas  drageonnante,  a les  côtes  fortes,  larges 
et  bien  pleines,  cassantes  et  d’une  saveur 
très  agréable.  De  plus,  ce  Céleri  vient  très 
promptement  (c’est  le  plus  hâtif  de  tous). 
Peut-être  pourrait-on  lui  adresser  deux 
reproches  : de  n’être  pas  suffisamment  ré- 
sistant comme  variété  d’hiver,  et  d’être  un 
peu  petit,  par  conséquent  moins  productif 
que  le  Céleri  commun  plein  doré.  A ces  re- 
proches, qui  paraissent  fondés,  on  peu  ré- 
pondre qu’en  effet,  si  la  rusticité  laisse  un 


CÉLERI  CHEMIN  ET  ( 

peu  à désirer,  en  revanche,  il  est  très  hâtif 
et  que,  sous  ce  rapport,  c’est  de  tous  les 
Céleris  celui  qui  convient  le  mieux  pour 
l’été.  Quant  à produire  moins,  le  fait 
n’est  qu’apparent,  puisque,  venant  moins 
gros,  on  peut  rapprocher  davantage  les 
pieds  les  uns  des  autres,  et  alors  sur 
une  surface  égale  donnée,  la  récolte  est 
aussi  forte  que  si  l’on  avait  planté  des  variétés 
plus  grosses.  Ajoutons  que  le  Céleri  Che- 
min est  naturellement  d’un  beau  blanc 
d’ivoire,  luisant,  ce  qui  évite  de  l’enjauger 
pour  le  blanchir,  et  que  cette  qualité  est 


ÉLERI  WHITE- PLUME.  549 

aucun  soin.  Elle  est  également  très-rustique 
et,  sous  ce  rapport,  va  de  pair  avec  n’im- 
porte quelle  variété  de  Céleri  Turc.  Elle  est 
naturellement  très-tendre,  et  peut  être 
cueillie  sans  avoir  subi  aucune  préparation 
préalable.  Ajoutons  que  ses  côtes,  très 
pleines,  d’un  beau  blanc,  sont  cassantes, 
croquantes,  et  qu’elles  ont  une  saveur 
agréable  qui  plaît  à tout  le  monde  ; beau- 
coup même  préfèrent  ce  Céleri  à toute 
autre  sorte. 

Malgré  tant  de  qualités,  le  Céleri  White 
Plume  ou  Céleri  blanc  d’Amérique  est 
peu  connu.  Aux  Halles  même,  où  Mme  la 
Routine  trône  en  souveraine,  on  fait  même 
quelque  difficulté  pour  l’acheter,  parce 
que  là  aussi  on  est  habitué  à ne  voir  que 
des  Céleris  qui  sont  plus  ou  moins  jaunes, 
par  suite  de  l’étiolement  qu’on  leur  a fait 


Fig.  136.  — Céleri  Chemin  ou  plein  blanc  doré. 

d’autant  plus  développée  que  les  pieds  sont 
plus  rapprochés  les  uns  des  autres.  Une 
distance  de  30  à 35  centimètres  est  suf- 
fisante. A défaut  de  terreau  il  faut  le  cultiver 
sur  une  terre  humeuse. 

Quant  au  Céleri  White  Plume  ou  Céleri 
blanc  d’ Amérique  (fîg.  137),  il  a,  outre  le 
mérite  de  la  nouveauté,  tous  ceux  qui  cons- 
tituent ce  que  l’on  nomme  une  ((  bonne 
plante  ».  D’abord,  c’est  une  variété  très- 
robuste,  pouvant  être  plantée  sur  terre,  dru 
ou  écarté  et,  de  plus,  qui  blanchit  toute 
seule,  c’est-à-dire  naturellement,  et  sans 


Fig.  137.  — Céleri  plein[blanc  d’Amérique 
ou  White-Plume. 

subir  ; mais  il  n’est  pas  douteux  que,  pro- 
chainement, le  contraire  aura  lieu,  alors 
que  ce  Céleri  sera  mieux  connu. 

Faisons  aussi  remarquer  que,  au  point 
de  vue  de  la  culture  bourgeoise,  le  Céleri 
blanc  d’Amérique  est  préférable  à tout 
autre,  car,  outre  les  qualités  que  nous 
venons  de  faire  ressortir,  il  présente  cet 
autre  avantage  qu’on  peut  le  consommer 
dès  le  commencement  de  septembre. 
Au  lieu  de  l’enjauger,  sa  rusticité  est 
telle,  que  l’on  peut  se  borner  à l’abriter 
contre  les  très-fortes  gelées,  ce  qui  permet, 


550  EMPLOI  DU  SULFATE  DE  CUIVRE  CONTRE  LA  MALADIE  DES  POMMES  DE  TERRE. 


sans  aucun  travail,  pour  ainsi  dire,  d’en 
arracher  les  pieds  au  fur  et  à mesure  du 
besoin  pour  la  consommation  journalière. 
Aussi  cette  variété  est-elle  à recommander 
aux  propriétaires  et  aux  fermiers. 

En  terminant  rappelons  que,  bien  que 
ces  Céleris  soient  panachés  et  puissent 
être  regardés  comme  des  plantes  écono- 
miques , ornementales  et  culinaires , ils 
sont  cependant  très-différents  tant  par  leur 


aspect  que  par  leur  vigueur.  Ainsi,  tandis 
que  le  Céleri  Chemin , étroitement  dressé  et 
relativement  nain,  a les  côtes  d’un  jaune 
d’ivoire  et  les  feuilles  panachées,  striées  de 
jaune  et  de  vert,  le  White  Plume  est  très- 
vigoureux,  forme  d’énormes  touffes,  assez 
élevées,  à côtes  d’un  beau  blanc.  Cette  pa- 
nachure  des  feuilles  constitue  une  belle 
plante  ornementale  qui,  isolée,  produit  un 
joli  effet  décoratif.  E.-A.  Carrière. 


EMPLOI  DU  SULFATE  DE  CUIVRE 

CONTRE  LA  MALADIE  DES  POMMES  DE  TERRE 


Un  de  nos  abonnés  nous  a écrit  la  lettre 
suivante,  qui  mérite  toute  l’attention  de 
nos  lecteurs,  parce  qu’elle  montre  que  les 
instructions  précédemment  données  dans  la 
Revue  horticole,  pour  le  traitement  de  la 
maladie  des  Pommes  de  terre  par  le  sulfate 
de  cuivre,  ont  pu  être  mal  comprises.  Il 
importe  de  faire  cesser  toute  équivoque  à ce 
sujet,  parce  qu’il  pourrait  en  résulter  de 
grands  dommages  dans  les  récoltes. 

Voici  ce  que  nous  écrit  notre  abonné  : 

La  Revue  horticole  du  16  septembre  dernier 
(page  411)  mentionne  le  traitement  professé 
par  M.  Prillieux  contre  la  maladie  de  la  Pomme 
de  terre.  Un  des  membres  de  la  Société  d’hor- 
ticulture d’Ille-et-Vilaine  a employé  une  dose 
beaucoup  plus  petite  de  sulfate  de  cuivre 
(2  kil.  pour  100  litres  d’eau  au  lieu  de  6 kil. 
proposés)  ; il  a détruit,  dit-il,  ses  Pommes  de 
terre,  ainsi  que  les  Tomates  sur  lesquelles  il  a 
essayé  la  même  solution. 

Voudriez-vous  nous  donner  quelques  rensei- 
gnements sur  la  manière  d’opérer?  Doit-on 
arroser  les  plantes  avec  un  arrosoir,  ou  les 
mouille-t-on  seulement  avec  une  seringue  ? 
Emploie-t-on  la  solution  pure  ou  étendue 
d’eau  ? Pêche, 

Secrétaire  de  la  Société  d’horticulture 
d’Ille-et-Vilaine. 

L’erreur  commise  par  l’expérimentateur 
dont  parle  notre  correspondant  vient,  sans 
doute,  de  ce  qu’il  aura  employé  la  solution 
de  sulfate  de  cuivfe,  sans  avoir  fait  au 
préalable  le  mélange  avec  la  chaux.  Dans 
ces  conditions  il  devait  infailliblement  tuer 
ses  plaritës.  Il  faut  absolument  mélanger 
le  sulfate  de  cuivre  à la  chaux  dans  les  pro- 
portions indiquées,  soit  6 kil.  sulfate  de 
cuivre  et  6 kil.  de  chaux  dans  100  litres 
d’eau. 

Et  encore  faut-il,  pour  opérer  le  mélange, 
agir  d’une  certaine  façon.  Il  ne  faut  pas  se 


contenter,  par  exemple,  de  mettre  dans 
l’eau  le  sulfate  de  cuivre  et  la  chaux  ; on 
n’obtiendrait  ainsi  que  de  très-mauvais  ré- 
sultats. Voici,  d’après  les  instructions  pu- 
bliées par  M.  Millardet,  pour  la  fabrication 
de  la  bouillie  bordelaise,  comment  il  faut 
procéder  : 

D’une  part,  on  fait  fondre  les  6 kilogr.  de 
sulfate  de  cuivre  dans  88  litres  d’eau  envi- 
ron, en  se  servant  pour  cela  d’un  cuvier  en 
bois  ou  en  grès.  — D’autre  part,  on  place 
dans  un  autre  récipient  les  6 kilogr.  de 
chaux  vive  et  on  y verse  peu  à peu  et 
très-lentement  12  litres  d’eau.  Il  se  forme 
un  lait  de  chaux  que  l’on  remue  avec  un 
bâton,  en  ayant  soin  de  bien  écraser  les 
grumeaux  qui  ont  pu  se  former. 

La  chaux  en  fusant  dans  l’eau  dégage 
beaucoup  de  chaleur.  Lorsque  le  lait  de 
chaux  est  complètement  refroidi , on  le 
verse  tout  doucement  dans  la  solution  de 
sulfate  de  cuivre  en  ayant  soin  d’agiter  le 
mélange.  On  obtient  ainsi  une  bouillie  peu 
épaisse  qui  doit  avoir  une  belle  couleur 
bleu  de  ciel,  si  le  sulfate  de  cuivre  employé 
est  bien  pur. 

En  opérant  ainsi  le  mélange  du  sulfate 
de  cuivre  et  de  la  chaux,  il  se  forme  un 
sulfate  de  chaux  (plâtre)  et  un  hydrate 
d’oxyde  de  cuivre,  dans  des  proportions 
qui  rendent  le  mélange  sans  danger  pour 
les  plantes,  tandis  qu’il  tue  le  Champignon 
microscopique  de  la  Pomme  de  terre  (Pe- 
ronospora  infestans). 

Enfin,  il  faut  bien  se  garder  d’arroser  les 
plantes  avec  un  arrosoir  : la  solution  arri- 
verait ainsi  aux  racines  et  tuerait  les 
plantes.  Dès  qu’apparaît  la  maladie  de  la 
Pomme  de  terre,  il  faut  fout  simplement 
serin guer  légèrement  les  feuilles  avec  Un 
pulvérisateur  quelconque.  A.  Lesne. 


LISTE  DES  RÉCOMPENSES  DE  L’EXPOSITION  D’AUTOMNE  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE.  551 


LISTE  DES  RÉCOMPENSES 

DE  L’EXPOSITION  D’AUTOMNE  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D’HORTICULTURE 

DE  FRANCE 


FRUITS. 

Arthus,  23,  rue  Richer,  Paris.  — Gr.  méd. 
arg.  (corbeille  de  fruits). 

Baltet  frères,  pépiniéristes,  à Troyes  (Aube). 

— Méd.  verm.  (fruits  à cidre). 

Battut,  18,  rue  Quincampoix,  Paris.  — Méd. 
argent  (Pommes)  ; méd.  br.  (Poires). 

Berthault  (Vincent),  jardinier  chez  M.  For- 
geot,  140,  rue  de  la  Maladrerie,  à Vincennes 
(Seine).  — Gr.  méd.  verm.  (Pommes). 

Berthomié,  àÉpinay-sur-Orge  (Seine-et-Oise). 

— Méd.  arg.  (corbeille  de  fruits)  ; méd.  br. 
(Pommes). 

Bourgeois  (Amable),  19,  rue  Chaude,  à 
Chambourcy  (Seine-et-Oise).  — Méd.  verm.  (cor- 
beille de  fruits);  gr.  méd.  arg.  (Poires);  méd. 
br.  (Pommes). 

Brunau  et  Jost,  106,  Grande-Rue,  à Bourg- 
la-Reine  (Seine).  — Gr.  méd.  verm.  (fruits  de 
saison);  méd.  br.  (corbeille  de  fruits). 

Chevalier  (Georges),  arboriculteur,  16,  rue 
Pépin,  à Montreuil  (Seine).  — Deux  méd.  arg. 
(Poires,  Pommes). 

Chommet,  jardinier  au  château  de  Moignan- 
ville,  par  Gironville  (Seine-et-Oise).  — Gr.  méd. 
arg.  (Poires). 

Collas,  19,  rue  Centrale,  à Argenteuil  (Seine- 
et-Oise).  — Méd.  verm.  (corbeille  de  fruits)  ; méd. 
br.  (Poires). 

Cousin,  horticulteur  au  Gros-Orme,  à Genne- 
villiers  (Seine).  — Méd.  arg.  (Chasselas  doré). 

Crapotte,  viticulteur  à Conflans-Sainte-Hono- 
rine  (Seine-et-Oise).  — Méd.  verm.  (Chasselas 
doré). 

Gremont  aîné,  horticulteur  à Sarcelles 
(Seine-et-Oise).  — Gr.  méd.  verm.  (Ananas,  con- 
cours imprévu). 

Duchemin,  32,  rue  de  l’Asile,  à Saint-Germain- 
en-Laye.  (Seine-et-Oise).  — Gr.  méd.  arg.  (cor- 
beille de  fruits);  2 méd.  br.  (Poires,  Pommes). 

Gauthier,  horticulteur,  11,  rue  Bossuet,  à 
Meaux  (Seine-et-Marne).  — Méd.  arg.  (Poires). 

Isabeth,  jardinier,  château  de  Courcelles,  par 
Presles  (Seine-et-Oise). — Deux  méd.  arg.  (Poires, 
Pommes). 

Jamet  (Hippolyte  fils),  cultivateur  à Cham- 
bourcy (Seine-et-Oise).  — Méd.  or  (corbeille  de 
fruits)  ; méd.  verm.  (Poires). 

Jamin  (Ferd.),  pépiniériste  à Bourg-la-Reine). 

— Félications  très-vives  pour  les  cinquante-quatre 
corbeilles  de  fruits. 

Jost  (voir  Brunau). 

Jourdain  père,  cultivateur  à Maurecourt 
(Seine-et-Oise).  — Méd.  br.  (corbeille  de  fruits). 

Krasensky,  pépiniériste  à Montlignon  (Seine- 
et-Oise).  — Deux  gr.  méd.  arg.  (Poires,  Pommes); 
méd.  arg.  (corbeille  de  fruits). 

Laplace,  à Châtillon-sous-Bagneux  (Seine).  — 
Méd.  arg.  (Poires). 

Lefort  (Édouard),  à Meaux  (Seine-et-Marne). 

— Gr.  méd.  arg.  (Pommes)  ; méd.  arg.  (Poires). 


Lepère  (Alexis),  arboriculteur,  25,  rue  Alexis- 
Lepère,  à Montreuil  (Seine).  — Méd.  verm.  (cor- 
beille de  fruits). 

Lepère,  19,  rue  de  Villiers,  à Montreuil  (Seine). 
— Méd.  or  (corbeille  de  fruits). 

Maurice,  au  château  du  Loir  (Sarthe).  — 
Méd.  arg.  (fruits  à cidre). 

Mauvoisin,  14,  chaussée  du  Pont,  à Boulogne 
(Seine).  — Deux  gr.  méd.  arg.  (Poires,  corbeille  de 
fruits). 

Pol  Fondeur,  à Viry,  par  Chauny  (Aisne).  — 
Méd.  verm.  (fruits  à cidre). 

Salomon,  viticulteur,  à Thomery  (Seine-et- 
Marne).  — Méd.  or  (Raisins  de  table). 

Têtard,  arboriculteur,  15,  rue  de  Paris,  à 
Groslay  (Seine-et-Marne).  — Deux  gr.  méd.  arg. 
(Poires,  Pommes)  ; méd.  arg.  (corbeille  de  fruits). 

CHRYSANTHÈMES. 

Boutreux,  horticulteur,  85,  route  de  Paris,  à 
Montreuil  (Seine).  — Gr.  méd.  arg.  (plantes  en 
pot). 

Bridier  (Maxime),  horticulteur  à Orléans 
(Loiret).  — Méd.  br.  (fleurs  coupées). 

Crawskay  (Walter),  au  château  de  Chesnay, 
par  Fourchambault  (Nièvre).  — Gr.  méd.  arg. 
(fleurs  coupées). 

Delaville  (Léon),  marchand  grainier,  2,  quai 
de  la  Mégisserie,  Paris.  — Méd.  arg.  (fleurs 
coupées). 

Delaux  (Simon),  horticulteur,  à Saint-Martin- 
du-Touche,  près  Toulouse  (Haute-Garonne).  — 
Méd.  arg.  (fleurs  coupées)  ; 3 méd.  br.  (fleurs 
coupées  et  variétés  nouvelles). 

Dubois  (Arthur),  horticulteur  à Argenteuil 
(Seine-et-Oise).  — Méd.  br.  (fleurs  coupées). 

Dupanloup,  marchand  grainier,  14,  quai  de 
la  Mégisserie,  Paris.  — Méd  arg.  (fleurs  en  pot)  ; 
2 méd.  br.  (belle  culture  et  fleurs  coupées). 

Forgeot  et  Cie,  marchands  grainiers,  8,  quai 
de  la  Mégisserie,  Paris.  — Méd.  verm.  (fleurs 
coupées). 

Lamare,  horticulteur  à Baveux  (Calvados).  — 
Méd.  br.  (fleurs  coupées). 

Lerozier,  jardinier  chez  M.  Villard,  à Hyères 
(Var).  — Méd.  br.  (variétés  nouvelles). 

Levêque  (Louis)  fils,  horticulteur-rosiériste, 
69,  rue  du  Liégat,  à Ivry-sur-Seine  (Seine).  — Méd. 
or  (fleurs  en  pot)  ; gr.  méd.  arg.  (fleurs  coupées); 
2 méd.  br.  (fleurs  en  pot  et  fleurs  coupées). 

Fhatzer.  horticulteur  à Roubaix  (Nord).  — Gr. 
méd.  arg.  (fleurs  coupées). 

Reydellet  (de),  à Valence  (Drôme).  — Méd. 
arg.  (variétés  nouvelles). 

Sautel,  horticulteur  à Salans  (Bouches-du- 
Rhône).  — Gr.  méd.  arg.  (variétés  nouvelles). 

Vack,  jardinier  chez  Mme  Desforges,  à Fon- 
tenay-aux-Roses  (Seine).  — Méd.  br.  (bouquets). 

Vandroth,  horticulteur,  faubourg  Saint-Éloi, 
près  Douai  (Nord).  — Méd.  arg.  (fleurs  coupées). 

Yvon,  horticulteur,  route  de  Paris,  à Malakoff 
(Seine).  — Méd.  verm.  (fleurs  en  pot). 


552  PLANTES  NOUVELLES,  DÉCRITES  OU  FIGURÉES  DANS  LES  PUBLICATIONS  ÉTRANGÈRES. 


REVUE  DES  PLANTES  NOUVELLES 

DÉCRITES  Oü  FIGURÉES  DANS  LES  PUBLICATIONS  ÉTRANGÈRES 


Crassula  rhomboidea , N.  E.  Brown.  — 
Crassulacées  (Gard.  Chron .,  1886,  v.  2,  p.  712). 
Transvaal.  — Fleurs  petites  en  cime,  couleur 
chair.  Plante  sans  grand  mérite  ornemental. 

Gonioscypha  Eucomioides , Baker.  — Lilia- 
cées  (G.  C .,  1886,  v.  2,  p.  744).  — Cette  plante, 
très-rare,  vient  d’être  introduite  vivante  en  An- 
gleterre. Acaule  : feuilles  de  30  à 40  en  ro- 
sette, lancéolées,  rigides,  aiguillonnées  sur  les  • 
bords.  Fleurs  en  épis  distiques  formant  une 
panicule  ample  et  dense,  d’un  vert  sombre. 
Divisions  du  périanthe  aussi  longues  que  le 
tube,  étalées,  arrondies,  épaissies  et  tronquées 
au  sommet,  mucronées. 

Cypripedium  præstcins , Rchb.  f.  — Orchi- 
dées (G.  G.,  1886,  v.  2,  p.  776).  Papouasie.  — 
Feuilles  assez  semblables  à celles  des  C.  lævi- 
gat.um  et  C.  Robelini  ; pédoncule  très-robuste, 
couvert  de  poils  noirs  courts.  Inflorescence  de 
5 fleurs  environ  presque  aussi  grandes  que 
dans  le  C.  grande , jaunes  striées  de  brun 
foncé  sur  les  sépales. 

Anthurium  punctatum , N.  E.  Brown.  — 
Aroïdées  (G.  C.,  1886,  v.  2,  p.  809).  Ecuador.  — 
Cette  espèce  appartient  au  groupe  des  A.  Har- 
risii  et  A.  Barkeri.  Pétiole  long  de  10  à 15  cen- 
timètres, un  peu  comprimé.  Limbe  de  40  à 
50  centimètres  de  long  ordinairement,  de  9 
à 10  centimètres  de  large  dans  les  feuilles 
adultes,  allongé-oblong,  subitement  aigu  au 
sommet  ou  obtus,  mucroné,  vert  sombre  en 
dessus,  plus  pâle  en  dessous,  marqué  de  très 
nombreux  points  blancs,  d’où  son  nom.  Pédon- 
cule de  30  à 40  centimètres  de  long.  Spathe 
étalée  ou  réfléchie  del0à  !2  centimètres  de  long, 
linéaire-oblongue,  acuminée,  cuspidée,  à bords 
réfléchis  ou  enroulés,  rougeâtre  en  dessus, 
verte  en  dessous.  Spadice  de 20  à 25  centimètres 
de  long,  vert  plus  ou  moins  sombre,  suivant 
l’âge  de  la  plante. 

Dendrobium  bracteosum , Rchb.  f.  — Or- 
chidées (G.  C .,  1886,  v.  2,  p.  809).  Papouasie. 
— Grappes  densiflores  capitées,  sépales  trian- 
gulaires contractés  au-dessous  du  sommet.  Pé- 
tales ligulés-aigus.  Labelle  presque  spathulé, 
un  peu  convexe  à la  partie  supérieure,  beau- 
coup plus  épais  à la  base. 

Æclimea  fiexuosa , Baker.  — Broméliacées 
(G.  C.,  1887,  v.  1,  p.  8).  — Cette  belle  es- 
pèce est  une  des  plus  grandes  de  toutes  celles 
connues.  Elle  est  voisine  des  Æ.  Jenmani  et 
platynema  et  est  remarquable  par  ses  très 
grandes  feuilles  en  forme  de  corne,  sa  panicule 
lâche  avec  les  derniers  rameaux  en  zigzags  et 
ses  fleurs  sessiles,  rose  pâle  lustré. 

Cypripedium  obscurum , Rchb.  f.  — Orchi- 
dées {G.  C .,  1887,  v.  1,  p.  8).  — Hybride  dont 
l’origine  est  inconnue.  Il  a de  courtes  feuilles 


vertes  cartilagineuses.  Le  pédoncule  est  du 
pourpre  le  plus  noir.  Sépale  supérieur  presque 
elliptique,  blanchâtre,  veiné  de  brun.  Sépales 
latéraux  beaucoup  plus  courts  que  le  labelle, 
blanchâtres,  marqués  de  10  rangs  de  taches 
pourpres  noires.  Pétales  ligulés,  plus  larges 
au  sommet,  ciliés,  jaune  d’ocre  sur  les  bords, 
brun  au  milieu,  tachés  de  brun  à la  base.  La- 
belle du  C.  villosum , d’un  brun  pourpre  foncé, 
jaune  d’ocre  en  dessous  avec  des  taches  brunes. 

Cypripedium  planerum , Rchb.  f.  — Orchi- 
dées (G.  C.,  1887,  v.  1,  p.  40).  — Nouvel 
hybride.  Feuilles  du  C.  venustum.  Pédoncule 
rouge  brun,  avec  des  poils  courts  mauve.  Sé- 
pale supérieur  presque  triangulaire,  blanchâtre, 
avec  des  nervures  vert  foncé.  Sépales  latéraux 
blancs,  avec  7 nervures  vertes.  Pétales  plus 
larges  au  sommet,  aigus.  Labelle  du  C.  pur- 
puratum , ayant  de  chaque  côté  un  mucron  en 
forme  de  petite  corne. 

Angræcum  avicularium , Rchb.  f.  (G.  C., 
1887,  v.  1,  p.  40).  — Orchidées.  Fleurs 
blanches  en  grappe.  Les  anthères  et  le  rostel- 
lum  figurant  une  tête  d’oiseau  ont  valu  son 
nom  â cette  plante. 

A.  colliger um , Rchb.  f.  (G.  C .,  1887,  v.  2, 
p.  552).  — Ses  fleurs,  à éperon  long  et  grêle, 
à pétales  et  à sépales  aigus,  égalent  environ 
celles  de  VA.  Ellisii. 

A.  ichneumoneum , Lindl.  (C.  C.,1837,  v.  2, 
p.  681).  — Fleurs  d’un  blanc  jaunâtre  en 
longue  grappe  lâche.  Originaire  de  l’Afrique 
tropicale. 

A.  imbricatum,  Lindl.  (G.  C .,  1887,  v.  1, 
p.  15).  — Remarquable  par  ses  grappes  de 
fleurs  blanc  crème,  jaunes  sur  le  labelle,  à odeur 
suave. 

Anguloa  Ruckeri , var.  media , Rchb.  f.  (L. 
v.  2,  p.  13,  pl.  53).  — Orchidées.  Fleurs  jaunes 
tachées  de  rouge  cramoisi.  Cette  belle  variété 
est  originaire  de  Colombie. 

Anselia  confusa , N.-E.  Br.  (L.,  v.  2,  p.  36). 
Orchidées.  — Voisin  de  A.  af ricana ^ avec  le- 
quel il  a été  confondu. 

Anthurium  acutum , N.-E.  Br.  (G.  G., 

1887,  v.  2,  p.  776).  — Aroïdées.  Espèce  de 
0m30  de  haut,  à spathe  réfléchie  de  5 à 6 centi- 
mètres, à spadice  vert  sombre  de  7 à 8 centi- 
mètres. 

A.  brevilobum,  N.-E.  Br.  (G.  C.,  1887,  v.  1, 
p.  380).  — Feuilles  en  cœur  de  25  centi- 
mètres; spathe  pourpre,  étroite;  spadice  grêle, 
brun  foncé. 

A.  purpureum , N.-E.  Br.  (G.  G.,  1887, 
v.  1,  p.  575).  — Spathe  allongée,  étroite, 
pourpre  sur  les  deux  faces  ; spadice  atteignant 
15  centimètres,  d’un  beau  violet  pourpre.  Ori- 
ginaire du  Brésil.  Ed.  André. 


U Administrateur-Gérant  : L.  Bourguignon. 


Imp.  Georges  Jacob , — Orléans. 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


553 


CHRONIQUE  HORTICOLE 

Exposition  de  Chrysanthèmes  à Roubaix.  — Nouveau  mode  de  greffage  de  la  Vigne.  — Couverture 
hivernale  des  plantes  délicates.  — Conservation  des  fleurs  coupées  de  Chrysanthèmes.  — Héliotrope 
d hiver.  — Un  Brugnonnier  se  transformant  en  Pêcher.  — Chrysanthèmes  cultivés  en  boules, 
parasols,  etc.  — Le  nombre  des  variétés  de  Chrysanthèmes  actuellement  dénommées.  — Floraison  en 
plein  air  du  Dracœna  australis,  en  Irlande.  — Eriocoma  cuspidata.  — Lespedeza  striata.  — 
Tuteurage  des  arbres  nouvellement  plantés.  — Rusticité  de  Y Eucalyptus  urnigera.  — Utilisation, 
pour  la  fabrication  du  tan,  de  l’écorce  du  Tsuga  canadensis.  — Les  arbres  de  Noël.  — Les  concours 
de  vergers  en  Belgique.  — Produits  monstrueux.  — Un  catalogue  horticole  d'il  y a cent  ans.  — Céleri 
à feuille  de  Fougère.  — The  English  Apple  and  Fruit-growing  Company.  — Rectification. 


Exposition  de  Chrysanthèmes  à Rou- 
baix. — Ainsi  que  cela  était  facile  à prévoir, 
l’exposition  spéciale  de  Pioubaix  a eu  un 
grand  succès  ; presque  tous  les  cultivateurs 
dont  nous  avons  pu  admirer  les  produits  à 
Paris  avaient  envoyé  là-bas  d’aussi  beaux 
spécimens  de  leurs  collections.  Les  lauréats 
des  deux  prix  d’honneur  ont  été  M.  Anatole 
Cordonnier,  l’amateur  bien  connu,  et 
M.  Phatzer,  horticulteur  à Roubaix. 

Une  heureuse  innovation  constatée  à cette 
exposition,  c’est  que  les  fleurs,  au  lieu 
d’être  placées  dans  des  bouteilles  rangées 
elles-mêmes  sur  des  tables,  étaient  piquées 
dans  des  sortes  de  plates-bandes  de  tannée 
qui  faisaient  considérablement  ressortir  la 
beauté  des  coloris. 

On  doit  reconnaître  que  c’est  à M.  A.  Cor- 
donnier qu’est  dû  en  grande  partie  le  pro- 
grès acquis  dans  le  Nord,  pour  la  culture 
des  Chrysanthèmes.  Nous  avons  été  heureux 
de  constater,  lors  de  l’exposition  spéciale  de 
Paris,  le  22  novembre  dernier,  que  les 
membres  du  jury,  dont  faisait  partie  M.  Cor- 
donnier, lui  ont  à l’unanimité  donné  la 
présidence. 

Nouveau  mode  de  greffage  de  laVigne. 

— Dans  la  séance  du  21  novembre  de  la 
Société  nationale  d’horticulture,  M.  Pril- 
lieux  a présenté,  au  nom  de  MM.  Rouchon 
et  Vidal,  de  Sury-le-Comtal  (Loire),  une  note 
relative  à un  nouveau  système  de  greffage 
de  la  Vigne.  C’est,  en  résumé,  une  greffe 
anglaise  par  approche,  faite  au  moyen  de 
deux  sarments,  l’un  de  Vigne  française, 
l’autre  de  Vigne  américaine,  et  longs  chacun 
de  45  à 50  centimètres. 

Au-dessous  de  la  greffe  on  supprime,  sur 
les  deux  sarments,  tous  les  yeux  avant  la 
plantation;  on  enlève,  en  outre,  un  peu 
d’écorce  autour  des  nœuds  inférieurs  pour 
faciliter  l’enracinement  et  on  plante  la  greffe 
ainsi  préparée,  en  prenant  soin  que  la  par  tie 

16  Décembre  1888. 


ligaturée  soit  enfouie,  et  recouverte  de  4 ou 
5 centimètres  de  terre. 

Dans  le  cours  de  la  première  année  de 
plantation  on  pince  les  bourgeons  qui  se 
développent  sur  le  pied  américain,  pour  su- 
bordonner sa  végétation  à celle  du  pied 
français.  La  seconde  année,  la  soudure  est 
complète  et  l’on  supprime  toute  la  partie  du 
pied  américain  qui  se  trouve  au-dessus  de 
la  greffe;  l’ablation  de  la  partie  du  pied 
français  qui  se  trouve  au-dessous  de  la  greffe 
est  facultatif,  mais  non  nécessaire,  parce 
que  le  pied  américain  prend  très  rapide- 
ment le  dessus. 

R paraît  que  ce  mode  de  greffage  donne 
une  moyenne  de  réussite  bien  supérieure  à 
celle  que  l’on  obtient  par  tous  les  autres  pro- 
cédés. 

Couverture  hivernale  des  plantes  dé- 
licates. — Certaines  plantes  ne  peuvent 
passer  l’hiver  en  pleine  terre  qu’à  condi- 
tion d’être  garanties,  contre  les  gelées,  par 
un  lit  de  feuilles  sèches  ou  de  fumier.  Cette 
sorte  de  couverture  est  désagréable  à la  vue  ; 
en  outre,  si  l’on  emploie  des  feuilles,  le 
moindre  courant  d’air  en  disperse  une  par- 
tie, ce  qui  empêche  de  conserver  aux  jardins 
toute  la  propreté  désirable. 

Nous  avons  remarqué  tout  récemment  en 
Suisse,  à Râle  notamment,  un  procédé  très- 
ingénieux  pour  parer  à cet  inconvénient. 
On  sait  que,  dans  les  contrées  du  Nord  et  de 
l’Est  de  l’Europe,  à partir  de  la  Suisse,  on 
est  obligé  de  garantir  les  Rosiers,  même  les 
variétés  dites  hybrides  remontants , contre 
les  froids,  en  les  couchant  sur  le  sol  et 
quelquefois  même  en  les  enterrant. 

Dans  le  premier  cas,  apçès  que  les  plantes 
sont  appliquées  et  maintenues  sur  le  sol  à 
l’aide  de  fourches  piquées  en  terre,  on  les 
recouvre  d’une  couche  de  feuilles  ou  de  fu- 
mier, puis  on  place  régulièrement,  par- 
dessus le  tout,  un  lit  de  rameaux  de  Sapin 

24 


554 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


argenté  ( Abies  pectinata ),  dont  la  partie 
verte  est  tournée  en  dessus  et  que  l’on  fixe 
au-dessus  de  la  corbeille  ou  de  la  plate- 
bande,  au  moyen  d’osier  ou  de  fds  de  fer 
dissimulés  dans  la  verdure. 

La  garniture  employée,  fumier  ou  feuille, 
est  ainsi  maintenue,  et  le  feuillage  des  ra- 
meaux résineux  se  maintient  vert  presque 
jusqu’au  retour  du  printemps. 

En  outre,  les  rameaux  augmentent  en- 
core l’enveloppe  protectrice  de  toute  leur 
épaisseur. 

Conservation  des  fleurs  coupées  de 
Chrysanthèmes.  — On  sait  de  quelle  im- 
portance il  peut  être  souvent  de  parvenir  à 
prolonger  autant  que  possible  la  durée  des 
fleurs  coupées  de  Chrysanthèmes  ou  de 
toutes  autres  plantes.  Ce  résultat,  journelle- 
ment utile  pour  les  bouquets,  l’est  davan- 
tage encore  pour  les  fleurs  envoyées  aux 
expositions,  comités,  etc. 

En  ce  qui  concerne  les  Chrysanthèmes, 
un  amateur  anglais  bien  connu,  M.  Moly- 
neux,  vient  de  publier  sur  ce  sujet,  dans  le 
Garden,  quelques  notes  que  nous  faisons 
connaître  à nos  lecteurs. 

Les  fleurs  doivent  être  coupées  alors 
qu’elles  sont  complètement  développées,  et 
en  leur  laissant  une  pédoncule  long  au 
moins  de  30  centimètres,  de  manière 
qu’une  partie  de  ce  pédoncule  puisse  être 
coupée  chaque  jour,  sans  qu’il  en  soit  trop 
raccourci.  On  met  immédiatement  les  fleurs 
(le  pédoncule  bien  entendu)  dans  de  l’eau 
salée,  la  proportion  du  sel  devant  être  à peu 
près  d’une  petite  cuillerée  abouche  pour  un 
litre  d’eau.  Si  possible,  ces  fleurs  seront 
placées,  en  attendant  le  moment  d’expédi- 
tion, dans  une  chambre  froide,  obscure  et 
où  l’atmosphère  devra  être  tenue  fraîche. 

Les  variétés  de  Chrysanthèmes  dont  les 
fleurs  se  flétrissent  le  plus  rapidement  sont 
celles  dont  la  couleur  est  la  plus  foncée: 
rouge,  marron,  bronze,  lilas  foncé,  etc.  Les 
autres,  c’est-à-dire  celles  qui  ont  des  tons 
pâles,  blancs,  jaunes,  roses,  etc.,  se  tiennent 
fraîches  plus  longtemps. 

Héliotrope  d’hiver.  — En  jardinage 
on  peut,  bien  souvent,  avec  un  peu  de  pré- 
visions et  de  soins,  obtenir  des  résultats 
très-heureux  ; c’est  à cela,  du  reste,  que 
l’on  reconnaît  l’expérience  des  cultivateurs. 

Voilà,  par  exemple,  le  Tussilage  fràgrans, 
cette  plante  indigène  de  notre  Midi,  vulgai- 
rement appelée  « Héliotrope  d’hiver  » à 
"cause  du  délicieux  parfum  que  répandent 


ses  fleurs,  dont  l’épanouissement,  à lieu,  en 
pleine  terre,  du  commencement  de  décem- 
bre à la  fin  de  janvier.  Eh  bien,  il  suffit,  au 
commencement  de  l’hiver,  d’en  relever  quel- 
ques pieds  en  mottes  et  de  les  empoter,  pour 
pouvoir,  pendant  la  saison  froide,  embau- 
mer les  serres,  jardins  d’hiver,  orangeries, 
et  aussi  les  appartements. 

L’Héliotrope  d’hiver  est  une  plante  très- 
vigoureuse,  on  pourrait  même  lui  faire  le 
reproche  de  franchir  assez  rapidement  les 
terrains  qu’on  lui  assigne.  Il  faut  donc  le 
localiser,  et  c’est  le  moyen  que  l’un  de  nous 
a employé  dans  son  parc  de  Lacroix,  en 
plaçant  une  sorte  de  plate-bande  de  T.  fra- 
grans  entre'  une  allée  et  un  cours  d’eau, 
qui  forment  de  chaque  côté  une  barrière 
infranchissable  pour  les  rejets  de  ces 
plantes. 

Un  Brugnonnier  se  transformant  en 
Pêcher.  — Un  fait  intéressant  a été  si- 
gnalé au  Comité  d’arboriculture  fruitière  de 
la  Société  nationale  d’horticulture,  par 
M.  Lapierre,  pépiniériste  à Montrouge.  Un 
Brugnonnier,  appartenant  à la  variété  Lord 
Napier , a cessé  cette  année  de  produire 
des  Brugnons,  et  n’a  donné  que  des  Pêches. 
M.  Ferdinand  Jamin  a ajouté  à cette  obser- 
vation qu’il  y a quelques  années  un  fait 
semblable  s’est  produit  dans  ses  cultures 
pour  un  Brugnonnier  de  la  variété  Newing- 
ton  Early,  qui,  sans  cause  connue,  est 
brusquement  devenu  un  Pêcher  ordinaire. 

La  limite  entre  ces  deux  sections  est  si 
faiblement  marquée,  d’ailleurs,  qu’on  voit 
parfois  quelques  Pêches  prendre  naissance 
isolément  sur  des  Brugnonniers,  et  aussi 
en  semant  des  noyaux  de  Brugnons  l’on  ob- 
tient toujours  quelques  Pêchers. 

Chrysanthèmes  cultivés  en  boules, 
parasols,  etc. — On  remarquait  beaucoup, 
à l’exposition  de  Chrysanthèmes  qui  a eu 
lieu  à Londres  en  novembre  dernier,  des 
exemplaires  cultivés  sur  tige  unique  et 
dirigés,  au  moyen  de  fils  de  fer,  en  boules, 
parasols  et  autres  formes  à peu  près  sem- 
blables. 

Les  variétés  qui  se  prêtent  le  mieux  à 
cette  culture  sont  : Elaine,  Docteur  Sharp , 
Margot,  Source  d’or , Madame  Berthier- 
Rendatler  et  Madame  Remerier. 

C’est  une  attraction  de  plus  pour  ces 
jolies  plantes,  et  les  spécimens  ainsi  pré- 
parés seront  surtout  utiles  dans  les  exposi- 
tions spéciales  pour  faire  diversion  à la 
régularité  constante  des  plates-bandes  de 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


555 


fleurs  coupées  ainsi  que  des  massifs  de 
touffes  fleuries. 

Le  nombre  des  variétés  de  Chrysan- 
thèmes actuellement  dénommées.  — 

Un  des  résultats  de  l’extension  de  la  cul- 
ture des  Chrysanthèmes  a été  de  multiplier, 
presque  à l’infini,  le  nombre  des  variétés 
dénommées. 

Pour  en  donner  une  idée,  il  suffira  de 
citer  ce  fait  que  récemment,  à Londres, 
2,300  variétés  ont  été  soumises  à l’examen 
du  public  et  du  jury,  dans  les  jardins  de  la 
Société  royale  d’horticulture  de  Londres. 

Les  Chrysanthèmes  se  prêtent,  plus  que 
n’importe  quelle  autre  plante,  à la  multipli- 
cité des  formes  ou  variétés;  mais,  dans  un 
nombre  aussi  grand  que  celui  que  nous  ve- 
nons d’indiquer,  on  pourrait  certainement 
éliminer  au  moins  les  neuf  dixièmes,  tout 
en  conservant  les  meilleures  variétés  de 
chaque  type. 

Floraison  en  plein  air  du  Dracæna 
australis,  en  Irlande.  — Voici  un  nouveau 
fait  qui  montre  la  douceur  du  climat  dans 
le  Royaume-Uni.  Cette  température  relati- 
vement élevée,  dont  les  effets  se  font  sentir 
sur  notre  littoral  atlantique,  en  Bretagne  et 
en  Normandie,  est  due,  on  le  sait,  au  Gulf- 
Stream,  ce  courant  chaud  du  Mexique  qui 
traverse  l’Océan  dans  une  direction  con- 
tournée toujours  la  même,  et  qui  entoure 
les  Iles  Britanniques  d’une  ceinture  ré- 
chauffante. 

Le  fait  en  question  se  rapporte  à un  Dra- 
cæna australis  qui,  planté  en  pleine  terre, 
depuis  sept  ans,  dans  un  jardin  situé  près 
de  Cork  (Irlande),  atteint  maintenant  une 
hauteur  de  5 mètres,  et  a produit  der- 
nièrement une  belle  inflorescence  haute  de 
1 m 20  sur  1 mètre  de  largeur.  Cette  florai- 
son a duré  plus  de  deux  mois. 

Depuis  longtemps  déjà  on  signale  des 
floraisons  de  ce  genre  dans  les  îles  de  la 
Manche,  de  même  que  dans  notre  pres- 
qu’île normande.  Mais,  plus  au  nord,  le  fait 
est  rare,  et  ce  qui  arrive  chaque  année  sur 
le  littoral  méditerranéen,  dans  tous  les  jar- 
dins, prend  ici,  à cause  de  la  latitude,  un 
intérêt  exceptionnel. 

Eriocoma  cuspidata.  — Encore  une 
plante  fourragère  pour  terrains  secs,  dont 
l’acclimatation  est  à essayer.  Le  Lyon  hor- 
ticole nous  apprend  que  la  Chambre  de 
commerce  de  San-Francisco  (Californie)  a 
envoyé  à celle  d’Udine  (Italie)  un  stock  de 


graines  à’ Eriocoma  cuspidata , plante  qui 
croît,  paraît-il,  aussi  bien  dans  les  terres 
arides  et  sèches,  sur  les  montagnes  du  Colo- 
rado, que  dans  les  plaines  du  Wyoming. 
Elle  apparaît  à la  suite  des  pluies,  et  se 
maintient  fraîche  très-longtemps.  On  l’em- 
ploie avec  succès  à l’engraissement  de  toute 
espèce  d’animaux. 

Lespedeza  striata.  — Nous  avons  fait 
connaître  les  résultats  peu  favorables  obte- 
nus par  M.  Naudin,  à Antibes,  dans  ses 
essais  de  culture  de  cette  Légumineuse  four- 
ragère. De  bien  meilleurs  renseignements 
sont  parvenus  d’Algérie.  M.  Gagnaire,  pro- 
fesseur de  botanique  à Rouïba,  a obtenu 
un  succès  complet  dans  la  culture  de  la 
même  plante.  Les  graines  semées  à deux 
reprises  au  printemps  ont  donné  des  plantes 
vigoureuses,  dont  se  sont  montrés  fort  avides 
les  chevaux,  les  vaches  et  les  moutons. 

Ce  sont  là  des  indications  précieuses 
qu’il  convient  de  faire  connaître  à tous  les 
intéressés,  en  leur  conseillant  de  ne  pas 
conclure  par  des  faits  isolés,  et  de  continuer 
la  série  des  expériences. 

Tuteurage  des  arbres  nouvellement 
plantés.  — On  ne  saurait  trop  répéter  que  le 
tuteurage  des  arbres  à haute  tige,  nouvelle- 
ment transplantés,  doit  avoir  lieu  aussitôt 
que  cette  opération  est  faite.  Bien  des  procé- 
dés ont  été  indiqués,  et  la  Revue  horticole 
en  a décrit  plusieurs. 

M.  Em.  Rodigas  recommande,  dans  le 
Bulletin  d’arboriculture,  de  Gand,  d’em- 
ployer des  tuteurs  ne  dépassant  que  de 
60  centimètres  environ  la  surface  du  sol, 
après  leur  enfoncement. 

Chaque  piquet  ou  tuteur  étant  solidement 
attaché  à l’arbre  qu’il  doit  maintenir,  celui- 
ci  pourra,  dans  sa  partie  supérieure,  s’in- 
cliner sous  l’effort  du  vent,  sans  que  la  base 
de  l’arbre,  son  collet  et  ses  racines  se 
meuvent  d’une  manière  appréciable. 

Le  procédé  recommandé  par  notre  con- 
frère ne  nous  paraît  pas  exempt  de  dangers. 
Il  y aurait,  en  tous  cas,  de  graves  inconvé- 
nients à l’employer  pour  les  essences  d’ar- 
bres fragiles,  et  nous  avons  vu  fréquem- 
ment des  arbres  ainsi  tuteurés  trop  bas  qui 
se  brisaient  net  au  premier  coup  de  vent 
un  peu  violent. 

Rusticité  de  l’Eucalyptus  urnigera.  — 

La  Revue  horticole  a récemment  parlé  de 
la  rusticité  de  cette  espèce.  Voici  de  nou- 
velles indications  que  nous  trouvons  dans 


556 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


le  Lyon  horticole,  et  qui  confirment  ce  qui 
a été  dit  précédemment  : 

M.  Taîms,  horticulteur  à Alais  (Gard), 
sema,  en  1878,  en  pot,  des  graines  d 'Eu- 
calyptus urnigera  et  en  obtint  un  exem- 
plaire qui  fut  abandonné,  pendant  cinq  ans, 
et  toujours  en  pot,  dans  un  coin  du  jar- 
din. En  1883,  époque  où  cet  Eucalyptus 
fut  mis  en  pleine  terre,  il  n’avait  que  lm  50 
de  hauteur.  A côté  de  cet  exemplaire  étaient 
plantés,  dans  les  mêmes  conditions,  des 
Fusains,  des  Lauriers-Tins,  qui  gelèrent 
l’hiver  dernier,  en  même  temps  d’ailleurs 
que  des  Eucalyptus  Globulus,  coriacea  et 
amygdalina,  tandis  que  lui  résista  complè- 
tement au  froid. 

Cet  arbre  mesure  aujourd’hui  44  centi- 
mètres de  circonférence  à 1 mètre  du  sol, 
et  l’on  n’a  jamais  eu  besoin  de  le  tuteurer 
pour  le  maintenir  droit. 

Utilisation,  pour  la  fabrication  du 
tan,  de  l’écorce  du  Tsuga  canadensis. 

— Un  des  arbres  résineux  dont  le  port  est 
le  plus  élégant,  le  mieux  caractérisé,  est 
bien  évidemment  le  Tsuga  canadensis 
(. Hemlock  Spruce),  dont  les  rameaux  éta- 
lés-retombants  sont  abondamment  garnis  de 
petites  feuilles  vert  foncé  en  dessus,  argen- 
tées en  dessous. 

Cet  arbre  forme,  aux  États-Unis,  des  fo- 
rêts immenses,  réparties  sur  une  surface  de 
4 millions  d’hectares  et  qui  sont  exploitées 
pour  la  préparation  du  tan. 

Le  prix  de  la  tonne  d’écorce  de  Tsuga 
canadensis  est,  là-bas,  de  18  fr.  75  en 
moyenne,  tandis  que  celui  de  la  tonne  d’é- 
corce de  Chêne  est  habituellement  de 
150  francs  environ.  Le  Garden , à qui  nous 
empruntons  ces  indications,  prévoit  que  ce 
bon  marché  du  tan,  ainsi  que  l’abondance 
des  cuirs  non  préparés,  en  Amérique,  por- 
tera un  préjudice  considérable  au  commerce 
anglais  des  cuirs. 

Les  arbres  de  Noël.  — Nous  allons  bien- 
tôt voir  apparaître,  sur  nos  marchés  aux 
Heurs,  les  Épicéas  destinés  aux  fêtes  de 
Noël. 

A qui  n’est-il  pas  arrivé,  en  voyant  ces 
arbres  de  toutes  grandeurs,  choisis  parmi 
les  plus  beaux,  d’éprouver  un  sentiment  de 
regret  à la  pensée  qu’ils  sont  sacrifiés,  et 
qu’à  peine  débarrassés  des  jouets  qu’ils 
vont  recevoir,  ils  seront  convertis  en  bour- 
rées? 

Le  nombre  d’arbres  qui  sont  ainsi  dé- 
truits, chaque]  année,  est  considérable.  Là 


encore,  les  États-Unis  d’Amérique  viennent 
en  tête.  En  effet,  le  Garden  and  Forest 
nous  apprend  que  l’an  passé  un  seul  com- 
merçant du  New-England  a vendu  plus  de 
10,000  Épicéas  destinés  à être  convertis  en 
Christmas-trees ; à ce  chiffre  viennent  s’a- 
jouter, pour  ce  qui  concerne  l’horticulture, 
2,500  mètres  de  tresses  végétales  pour  con- 
fectionner des  guirlandes  et  couronnes,  et 
800  bottes  de  rameaux  de  plantes  à feuillage 
persistant. 

Les  dimensions  de  ces  Épicéas  variaient 
depuis  les  plus  minimes  jusqu’à  8 et 
10  mètres  de  hauteur.  Le  prix,  dans  ces 
dernières  conditions,  s’élevait  de  100àl50fr. 

C’est  là  un  débouché  important  pour  les 
pépiniéristes,  et,  malgré  le  regret  que  l’on 
peut  avoir  à propos  de  la  destruction  de 
jeunes  arbres  en  belle  venue,  il  serait  dési- 
rable que  nous  ayons  en  France  une  vente 
équivalente  pour  les  arbres  de  Noël. 

Les  concours  de  vergers  en  Belgique. 

— La  Société  agricole  de  la  Flandre  occi- 
dentale a institué,  pour  cette  province,  des 
concours  de  vergers,  qui  sont  certainement 
d’une  grande  utilité  pour  le  perfectionne- 
ment de  la  culture  en  grand  des  arbres 
fruitiers. 

Afin  de  stimuler  le  zèle  des  cultivateurs, 
les  organisateurs  de  ce  concours  ont  fondé 
des  prix  importants,  variant  de  50  à 500 
francs,  et  à chacun  de  ces  prix  est  adjointe 
une  médaille  de  vermeil. 

Tout  récemment,  88  vergers  ont  été  visi- 
tés par  la  Commission  d’examen  et  de  ré- 
compenses, et  quinze  des  concurrents  ont 
été  primés. 

Un  des  résultats  utiles  de  ces  concours, 
c’est  que,  dès  cette  année,  M.  F.  Burvenich 
père  rédigera  le  rapport  des  travaux  de  la 
Commission  d’examen,  et  fera  ressortir  les 
progrès  réalisés  par  certains  cultivateurs, 
ainsi  que  les  défauts  constatés  par  le  jury. 

Produits  monstrueux.  — Nos  lecteurs 
ont  pu  remarquer,  dans  le  précédent  nu- 
méro de  la  Revue  horticole,  la  dimension 
surprenante  d’un  Chou  présenté  à la  Société 
nationale  d’horticulture  de  France. 

Il  est  regrettable  que  l’on  n’ait  pu  expo- 
ser en  même  temps  deux  produits  maraî- 
chers, qui  sont  signalés  de  Belgique,  et  qui 
étaient  dignes  de  figurer  à côté  du  Chou  en 
question. 

Il  s’agit  d’abord  d’une  Carotte,  exposée  à 
Waeregcm  (Flandre  oocidentale)  et  qui  me- 
surait lm  45  de  longueur,  puis  d’un  Navet, 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


557 


récolté  à Beveren-lez-Harlebeke,  dans  la 
même  province,  et  dont  la  circontérence  dé- 
passait 1 mètre. 

Si  ces  trois  légumes  avaient  été  réunis, 
ils  auraient  suffi  à former  les  éléments  d’un 
potage  pantagruélique. 

Un  catalogue  d’il  y a cent  ans.  — 

Nous  venons  de  recevoir  une  petite  bro- 
chure intéressante.  C’est  la  réédition 
faite  par  M.  Ausseur-Sertier,  pépiniériste 
à Lieusaint,  du  « Catalogue  des  Arbres 
et  Arbrisseaux,  Arbustes  et  Plantes, 
élevés  par  Charles-Thomas  Alfroy, 
Marchand  Pépiniériste  a Lieursaint, 
route  de  Fontainebleau,  par  Melun,  a 
une  lieue  de  la  Seine.  » Ce  catalogue  date 
de  1790. 

L’énumération  des  plantes  cultivées  dans 
cette  pépinière  comprend  208  espèces  ou 
variétés  d’arbres  et  arbustes  d’alignement, 
de  rapport  et  d’ornement  ; 13  variétés  de 
Rosiers  ; 5 de  Raisins  de  table  ; 14  de  Ceri- 
siers ; 6 d’Abricotiers  ; 21  de  Pommiers  ; 
30  de  Pêchers  et  61  de  Poiriers. 

Un  point  digne  de  remarque,  c’est  que, 
pour  les  Pêchers  et  les  Pommiers,  les  va- 
riétés citées  comprennent  la  presque  tota- 
lité et  les  plus  estimées  de  celles  que  l’on 
cultive  aujourd’hui,  sauf  les  Pèches  améri- 
caines, bien  entendu. 

Le  catalogue  se  termine  par  de  très-bons 
conseils  sur  la  plantation  en  général.  Cette 
partie  commence  ainsi  : 

« Comme  plusieurs  Cultivateurs  pré- 
tendent que  l’herbe  qui  croît  au  pied  des 
arbres  et  jeunes  plants  leur  est  utile , 
qu’elle  contient  et  maintient  la  fraîcheur , 
cette  erreur  m’oblige  à donner  quelques 
détails  svr  la  manière  de  former  et  d’en- 
tretenir les  plantations...  » 

Enfin,  pour  faire  savoir  aux  amateurs 
que  la  livraison  de  leurs  commandes  ne 
souffrira  aucun  retard,  M.  Alfroy  leur  ap- 
prend que  « la  poste  arrive  à Lieursaint 
trois  fois  par  semaine.  » 

Céleri  à feuille  de  Fougère.  — Cette 
intéressante  variété,  qui  a récemment  été 
décrite  dans  la  Revue  horticole,  n’est  pas, 
paraît-il,  originaire  d’Allemagne,  comme 
on  l’avait  dit. 

Nous  recevons  à ce  propos  une  lettre  de 
MM.  Dammann  et  Cie,  marchands  grainiers 
à San  Giovanni  de  Teduccio  (Italie), 
revendiquant  l’obtention  ou  l’introduction 
de  cette  forme,  qu’ils  ont,  nous  disent-ils, 
mise  au  commerce  en  1883. 


The  English  Apple  and  Fruit-gro- 
wing  Company.  — Nous  avons  souvent 
parlé  des  cultures  immenses  qui  permettent 
aux  Américains  d’inonder  les  marchés 
d’Europe  de  leurs  fruits  conservés.  Ayant 
signalé  le  danger  qui  résulte  de  cette  con- 
currence envahissante,  nous  sommes  heu- 
reux de  constater  que  l’on  commence,  en 
France,  à soutenir  la  lutte,  et  que  des  plan- 
tations importantes  et  très-bien  comprises 
se  font  en  maints  endroits. 

Il  en  est  de  même  en  Angleterre,  où, 
sous  la  raison  sociale  que  nous  avons  placée 
en  tête  de  cette  note,  on  est  en  train  de  for- 
mer une  société  qui  s’occupera  uniquement 
de  la  culture  d’arbres  fruitiers  et  de  la 
vente  de  leurs  produits. 

Le  capital  social  est  fixé  à 1.250.000  fr. 
et  divisé  en  parts  de  25  fr  l’une.  Les  di- 
recteurs delà  Compagnie  : MM.  C.-J.  Heald, 
de  Brighton;  A. -F.  Barron,  deChiswick; 
J.  Cheal,  de  Crawley,  et  ,T.  Roberts,  de 
Gunnesbury,  ont  choisi,  pour  installer  les 
cultures,  un  terrain  de  300  acres  1 situé 
dans  le  comté  de  Kent  et  dont  le  prix 
d’acquisition  a été  de  184.375  fr. 

C’est  une  entreprise  vaste  et  intéressante, 
qui  ne  peut  donner  que  de  très-bons  résul- 
tats au  point  de  vue  financier.  Avec  les 
puissants  moyens  dont  ils  disposeront,  les 
directeurs  de  cette  Compagnie  seront  en 
outre  à même  d’étudier  les  différents  sys- 
tèmes nouveaux  de  culture  à l’air  libre  ou 
forcée  et  il  en  résultera  pour  tout  le  monde 
de  précieux  enseignements. 

Il  convient  aussi  de  ne  pas  oublier  que 
les  plantations  de  cette  société  se  feront 
probablement  dans  un  délai  peu  éloigné,  et 
nous  signalons  ce  fait  à l’attention  des  pépi- 
niéristes français. 

Rectification.  — C’est  par  suite  d’une 
erreur  que  la  liste  que  nous  avons  repro- 
duite, dans  le  numéro  du  1er  décembre, 
des  récompenses  de  l’exposition  parisienne 
de  Chrysanthèmes,  indiquait  comme  ayant 
été  attribuée  à M.  Phatzer,  horticulteur  à 
Roubaix,  une  grande  médaille  d’argent. 

C’est  une  grande  médaille  de  vermeil  qui 
lui  a été  décernée,  et  cette  haute  récom- 
pense était  bien  méritée.  L’appréciation  des 
amateurs  et  du  public  a ratifié  sans  réserves 
la  décision  du  Jury. 

E.-A.  Carrière  et  Ed.  André. 

1 L’acre  anglais  correspond  à 40  ares  46  cen- 
tiares. 


558 


A PROPOS  DES  VIGNES  CHINOISES. 


A PROPOS  DES  VIGNES  CHINOISES 


Lorsque,  en  1881,  avec  l’autorisation  de 
M.  l’abbé  Armand  David,  missionnaire  La- 
zariste, j’ai  nommé  les  Vignes  du  Ghen-Si 
(Chine),  dont  je  venais  de  recevoir  les 
graines,  je  croyais  à l’homogénéité  des 
Vignes  sauvages,  croissant,  les  unes  sur 
le  mont  de  Lao-Yu,  les  autres  sur  le  mont 
de  Ho-Chen-Miao.  Les  premières  ont  été 
appelées  Vitis  Davidi,  les  secondes  V.  Ro- 
maneti,  et  subdivisées  plus  tard  en  deux 
espèces  ou  variétés,  les  V.  Romaneti  et  Pa- 
gnucci,  cette  dernière  du  nom  de  l’évêque 
franciscain,  M»r  Pagnucci,  qui  avait  bien 
voulu  m’envoyer  les  graines. 

Les  V.  Davidi , Vignes  du  mont  Lao-Yu, 
avaient  été  vues  épineuses  par  M.  A.  David. 

Or,  aucune  des  Vignes  venues  des 
graines  expédiées  du  mont  Lao-Yu  n’a 
encore  été  épineuse.  L’échantillon  d’her- 
bier reçu  du  même  endroit  ne  l’était  pas 
non  plus. 

Au  contraire,  l’échantillon  d’herbier  reçu 
du  mont  Ho-Chen-Miao  et  les  plants 
venus  de  graines  reçues,  en  1882,  du 
même  endroit,  ont  une  tige  et  des  feuilles 
très -velues. 

Enfin,  les  plants  venus  de  graines  reçues 
du  mont  Ho-Chen-Miao  en  1883,  ont  pro- 
duit uniformément,  chez  moi,  des  sujets 
dont  la  tige  herbacée  est  couverte  de  rugo- 
sités pseudo-épineuses,  petits  aiguillons 
courts  et  peu  pointus,  et  dont  les  feuilles 
ont  la  queue  fournie  de  petites  épines 
molles,  de  forme  semblable  à celle  des 
épines  de  la  Ronce. 

Des  sujets  pareils  ont  poussé  chez  M.  Ca- 
plat,  à Doucigny,  près  Alençon. 

La  même  année  1882,  j’ai  reçu,  par  envoi 
différent,  des  graines  de  Vignes  du  mont 
Lao-Yu  (V.  Davidi)  à Raisins  rouges,  et 
d’autres,  du  même  mont  Lao-Yu,  à Raisins 
blancs. 

Les  premières  m’ont  donné  des  sujets 
semblables  au  semis  de  graines  Lao-Yu 
de  1881,  les  autres  des  sujets  à feuilles  fort 
découpées. 

Les  Vignes  Lao-Yu  (F.  Davidi),  semis 
1881  4,  m’ont  donné  des  sujets  à fleurs  her- 


(1)  D’après  M.  Planchon  (Lettres  du 
29  août  et  du  16  octobre  1886)  : « Le  semis 
Lao-Yu  (1881)  serait  le  vrai  Vitis  ficifolia,  de 
Bunge,  confondu  à tort  jusqu9 ici  avec  le  Vi- 


maphrodites  et  des  sujets  à fleurs  mâles. 
Les  sujets  fertiles  ont,  en  cette  année,  beau- 
coup de  fruits. 

Les  Vignes  Ho-Chen-Miao  ( V . Roma- 
neti, semis  1882,  et  V.  Pagnucci,  semis 
1881)  ne  m’ont  donné  que  des  sujets  mâles. 

Les  Vignes  Ho-Chen-Miao  (semis  1883), 
à épines  molles  sur  la  queue  des  feuilles  et 
à rugosités  sur  le  bois,  n’ont  pas  encore 
fleuri  ; elles  sont  très-vigoureuses  2. 

Je  crois  que  la  Vigne  épineuse  ( Spino - 
vitis)  existe  3 ; et  par  ce  que  j’ai  vu,  soit 
dans  mes  semis,  soit  dans  les  échantillons 
d’herbier  ou  dans  les  lettres  reçues  du 
Chen-Si,  je  suis  à peu  près  convaincu 
qu’elle  est  rare  sur  le  Lao-Yu,  où  M.  David 
l’a  rencontrée,  et  qu’elle  est  abondante  sur 
le  Ho-Chen-Miao. 

La  villosité  des  sujets  provenant  du  semis 


tis  Thunbergii.  (Opinion  confirmée  dans  une 
autre  lettre  du  1er  octobre  1887.) 

Lettre  de  M.  Planchon  du  7 novembre  : 
« Vos  Raisins  de  Vitis  ficifolia  sont  bien  dis- 
tincts de  ceux  du  Vitis  Thunbergii.  » 

Accidentellement  les  Raisins  de  cette  Vigne 
avaient  moisi  ; j’envoyai  alors  à M.  Planchon 
une  petite  fiole  remplie  avec  le  j us  de  ces  Raisins. 

Voici  la  réponse  du  24  janvier  1888  : « Il 
serait  injuste  de  juger  le  vin  de  V.  ficifolia 
d'après  V échantillon  envoyé.  Le  goût  de  moisi 
n'y  est  évidemment  qu'accidentel,  mais , en 
dehors  même  de  ce  défaut , il  est  à craindre 
que  le  vin  en  question  ne  soit  pauvre  en  alcool 
et  peu  agréable  au  goût.  » 

(2)  Lettre  de  M.  Planchon  du  20  sep- 
tembre 1887  : « La  Vigne  du  semis  1883  des 
graines  de  Ho-Chen-Miao  mérite  bien  le  nom 
de  Spinovitis  à cause  des  aiguillons  (non  de 
vraies  Épines)  dont  les  rameaux  sont  munis. 
Ce  même  caractère  existe  dans  une  Vigne  que 
je  viens  de  voir  vivante  du  Jardin  botanique 
de  Lyon,  qui  en  tenait  les  graines  d’un  mis- 
sionnaire. Cette  espèce  diffère  un  peu  de  la 
vôtre.  » 

(3)  Lettre  de  M.  Planchon  du  15  mars  1888  : 
« Je  tiens  enfin  le  fameux  Spinovitis,  le  vrai, 
celui  que  M.  l’abbé  Armand  David  a reconnu 
lui-même  pour  être  sa  plante.  Je  l’ai  vue  au 
Muséum  avec  d’autres  Ampélidées  curieuses 
récoltées  à I-Cliang,  sur  le  fleuve  Bleu,  par  un 
Anglais,  M.  Henry,  et  communiquées  au 
Muséum  par  l'herbier  de  Kew. 

« J'ai  vu  là  trois  Vignes  à ramuscules 

hérissés  d'aiguillons,  de  véritables  Vignes- 
Ronces • » 


DÉCORATION  FLORALE  DES  TABLES  DE  REPAS  EN  ANGLETERRE. 


559 


(1882)  de  graines  Ho-Chen-Miao  me  semble 
dérivée  des  épines  des  sujets  Ho-Chen-Miao 
du  semis  1883,  ou  même  des  épines  d’une 
Vigne  plus  réellement  épineuse  ; c’est  ainsi 
que  les  aiguilles  plus  ou  moins  molles  du 
Framboisier  dérivent  des  épines  recourbées 
de  la  Pionce1. 

Je  crois  de  même  que  la  lanuginosité  qui 
enveloppe  la  tige  de  la  Vigne  Lao-Yu  (se- 


mis 1881)  est  un  dérivé  plus  éloigné  des 
épines.  Enfin,  je  ne  sais  si  je  commets  une 
hérésie  botanique,  mais  il  me  semble  que  la 
Vigne  a du  originairement  être  épineuse. 
Je  me  fonde  sur  ce  que  la  plupart  des 
Vignes  sauvages  ont  les  nervures  de  leurs 
feuilles  terminées  par  une  légère  épine, 
comme  la  feuille  de  la  Ronce. 

Fréd.  Romanet  du  Caillaud. 


DÉCORATION  FLORALE  DES  TARLES  DE  REPAS  EN  ANGLETERRE 


De  toutes  les  créations  auxquelles  l’hu- 
manité a voué  un  culte,  les  fleurs  sont 
certainement  celles  qui , dans  tous  les 
temps  et  chez  tous  les  peuples,  ont.  réuni 
le  plus  grand  nombre  d’adorateurs.  Elles 
sont  de  toutes  les  fêtes  et  de  tous  les 
deuils  ; qu’il  y ait  des  joies  ou  des  larmes 
autour  de  lui,  l’homme  sent  le  besoin  de 
leur  éternel  sourire.  Il  ne  s’est  pas  con- 
tenté de  les  admettre  dans  ses  jardins  et  de 
faire  construire  pour  elles  des  appartements 
somptueux;  il  leur  a donné  l’hospitalité 
dans  sa  propre  demeure  et,  pour  les  con- 
soler de  leur  règne  éphémère,  il  les  a fait 
peindre  ou  graver  sur  tous  les  objets  qui 
l’entourent,  comme  des  portraits  de  per- 
sonnes chères.  Elles  sont  l’épanouissement 
de  la  grâce,  de  la  fraîcheur,  le  délassement 
des  yeux,  la  poésie  dont  on  aime  à enve- 
lopper les  réalités  de  la  vie. 

Parmi  ces  réalités,  il  n’en  est  pas  de 
plus  commune  et  qui  s’impose  davantage 


(1)  Lettre  de  M.  F.  Romanet  du  Caillaud  : 
« Lorsque  j’ai  écrit  en  septembre  dernier 
cette  espèce  de  parallèle  entre  le  genre  Vitis  et 
le  genre  Rubus , j’ignorais  que  la  Ronce  a une 
espèce  inerme,  sans  Épines  ; au  moins,  depuis, 
en  ai-je  vu  une  telle  sur  une  gravure  du 
Tour  du  Monde , le  Multer  ( Rubus  chamæmo- 
rus ),  qui  croît  à la  frontière  de  l’Europe  et  de 
la  Sibérie,  sur  les  bords  de  la  Mer  Glaciale.  » 
( Tour  du  Monde , 1882,  I,  p.  84.) 

Extrait  d’une  lettre  à M.  Planchon,  du  2 no- 
vembre 1887  : « Sur  la  Vigne  du  Lao-Yu , se- 
mis 1882 , à feuilles  découpées,  semblables  à 
celles  des  Ampélopsis.  La  feuille  de  cette  Vigne 
me  paraît  reproduite  quelquefois  sur  le  V.  Pa- 
gnucci  à fleurs  mâles  de  ma  note,  lequel  doit 
être  un  hybride. 

« Je  crois  qu’on  arrivera  à trouver  dans  les 
montagnes  Tsing-Ling  trois  maîtres  types  : la 
Vigne  épineuse,  avec  ses  dérivés  à épiderme 
de  Framboisier,  le  V.  ficifolia , la  Vigne  à 
feuilles  V Ampélopsis,  ces  différents  types  se 
pénétrant  les  uns  les  autres  par  les  hybrida- 
tions. « F.  Romanet  du  Caillaud.  » 


que  cette  nécessité  impérieuse  qui  nous 
force  à passer,  chaque  jour,  quelques 
heures  devant  une  table.  Les  Rumains,  qui, 
au  fond,  aimaient  peut-être  plus  qu’ils  ne 
subissaient  cette  violence  de  la  nature,  en- 
touraient cependant  leurs  festins  de  toutes 
les  séductions  propres  à faire  diversion  à 
l’action  vulgaire  qui  les  occupait.  A la  sen- 
teur des  mets  recherchés  et  des  vins  capi- 
teux se  mêlait  le  parfum  des  essences  pré- 
cieuses et  des  fleurs  rares.  La  table  du  festin 
était  jonchée  de  corolles  effeuillées;  et  les 
convives  eux-mêmes  ornaient  leurs  tètes  de 
couronnes  de  fleurs  et  de  feuillages  variés.  Le 
peuple  suivait  l’exemple  des  grands  et  fai- 
sait présider  les  fleurs  des  campagnes  à ses 
repas  modestes.  Les  pêcheurs  et  les  marins 
s’y  présentaient  le  front  ceint  d’herbes 
aquatiques;  les  moissonneurs  enroulaient 
des  épis  autour  de  leur  tête,  les  vendan- 
geurs des  pampres,  les  paysans  des  branches 
de  Chêne  2. 

Cet  usage  antique  d’égayer  par  des  fleurs 
la  monotonie  des  festins  s’est  non  seule- 
ment conservé  jusqu’à  nos  jours,  au  moins 
parmi  les  classes  aisées,  mais  développé 
d’une  manière  prodigieuse  depuis  quelques 
années,  en  France,  et  en  Angleterre  surtout. 
Il  n’est  actuellement  guère  de  dîner  où 
les  convives  sortent  un  peu  du  cercle  des 
habitués  de  la  maison,  sans  que  les  fleurs 
y soient  représentées;  et,  encore  aujour- 
d’hui, dans  certains  repas  de  famille,  le 
modeste  pot  de  Pélargonium  ou  de  Fuchsia 
qui  orne  la  fenêtre  du  travailleur  descend 
souvent  prendre  place  au  milieu  de  la 
table. 

Chez  les  Anglais,  peuple  passionné  pour 
les  fleurs,  la  décoration  des  tables  de  repas 
constitue  une  des  parties  les  plus  importantes 
du  service  ; elle  est  devenue  un  art  véritable, 
que  l’on  encourage  par  des  récompenses 
dans  les  expositions.  Nos  voisins  donnent  un 


2 Voir  Muret,  Traité  des  festins , p.  125. 


560 


DÉCORATION  FLORALE  DES  TABLES  DE  REPAS  EN  ANGLETERRE. 


soin  minutieux  à la  toilette  de  leurs  com- 
positions florales,  et  la  variété  des  formes 
sous  lesquelles  ils  présentent  les  plantes  est 
très-grande.  Ils  ont  une  prédilection  pour 
une  sorte  d’arche  dont  les  pieds  alourdis  par 
un  poids  reposent  à chaque  extrémité  de  la 
table,  et  dont  la  partie  aérienne,  charpentée 
en  fil  de  fer,  est  couverte  dè  Lierre,  de 
Lygodium  ou  d’autres  plantes  grimpantes. 
Les  pieds  disparaissent  sous  des  mamelons 
de  sable  argenté,  garnis  de  Mousses,  de 
Sélaginelles  dentelées,  de  Fougères  et  de 
fleurs  variées.  Sous  le  milieu  de  l’arche,  on 
place  souvent  un  petit  vase  avec  des  plantes 
variées,  des  Adiantum  à frondes  légères, 
des  Rhodanthes  blancs,  des  Œillets,  etc. 

Dans  les  réunions  nombreuses,  on  em- 
ploie souvent  un  vase  ou  plusieurs  vases  de 
grandeur  variable,  spécialement  destinés  à 
la  décoration  des  tables,  et  que  l’on  nomme 
« Marcb  stands  ».  Le  Mardi  stand,  générale- 
ment en  verre,  est  formé  par  la  réunion  de 
trois  vases  superposés  et  ne  formant  qu’un 
tout  (fig.  439).  Le  vase  inférieur  a la  forme 
d’un  plateau,  du  centre  duquel  part  une  tige. 
Cette  tige  tra- 
verse, au-des- 
sus de  son 
milieu,  un  au- 
tre plateau , 
plus  petit  que 
celui  de  la 
base,  et  se 
termine  en  une 
sorte  de  coupe 

évasée  ou 
« trompette  », 
nom  que  les 
Anglais  lui  ont 
donné. 

Les  plateaux 
sont  garnis  de 
sable  blanc,  de 
préférence  de 
sable  de  mer. 

Si  les  fleurs 
doivent  être 
conservées  lon- 
gtemps fraî- 
ches, on  rem- 
place le  sable 
par  de  la 
mousse  humide.  La  coupe  du  sommet  est 
remplie  d’eau  limpide.  Cette  opération  ter- 
minée, il  ne  reste  plus  qu’à  se  fixer  sur  le 
choix  des  fleurs  que  l’on  veut  employer  et 
qui  varient  suivant  les  saisons. 

En  été,  par  exemple,  on  garnit  le  plateau 


inférieur  de  Nénuphars,  de  Cactus  écar- 
lates, d’Œillets,  de  bouquets  de  Stepha- 
notis  et  de  Spirées.  Les  bords  sont  couverts 
de  Sélaginelles  et  de  quelques  frondes  de 
Ptevis  serrulata.  Du  plateau  supérieur 
émergent  des  Pélargonium  aux  fleurs 
pâles,  tandis  que  des  Fougères  élégantes, 
par  exemple  des  rameaux  de  Lygodium 
scandons , s’inclinent  vers  les  bords  et  re- 
tombent en  guirlandes  gracieuses.  Dans  la 
coupe,  des  Graminées  sauvages,  mêlées  à 
quelques  plantes  à coloris  vif,  forment  des 
panaches  légers  du  plus  charmant  effet. 

Parfois  trois  ou  quatre  espèces  de  fleurs 
rares  décorent  seules  le  March  stand,  avec 
quelques  Graminées  sauvages  et  des  Fou- 
gères. 

En  automne,  les  Ptevis  et  les  Adiantum 
forment  encore  le  fond  des  décorations  flo- 
rales, avec  les  quelques  plantes  d’été  dont 
le  règne  se  prolonge  au  delà  d’une  saison. 
Les  Asters,  les  Colchiques,  les  arbustes  à 
fruits  diversement  colorés,  prennent  la  place 
des  disparues  et  fournissent  de  nouveaux 
éléments  à l’ornementation  des  tables. 

Il  y a,  dans 
les  March 
stands,  d’au- 
tres modèles 
que  celui  que 
nous  avons  dé- 
crit ci-dessus; 
on  en  emploie, 
par  exemple, 
dans  lesquels 
le  plateau  su- 
périeur est 
supprimé. 
D’autres,  com- 
posés égale- 
ment d’un  seul 
plateau , ont 
trois  ou  quatre 
((  trompettes  » 
secondaires 
soudées  sur  la 
principale. 
Tous  ces  vases 
ne  sont  usités 
que  dans  les 
dîners  d’appa- 
rat; dans  les 
réunions  intimes,  on  ne  se  sert  guère  que 
des  coupes  d’argent  ou  d’autres  vases  sim- 
ples utiliséspour  le  service  de  la  table. 

Un  verre  dans  une  soucoupe  forme  un 
March  stand  improvisé  que  l’on  emploie 
quelquefois.  La  soucoupe,  dont  les  bords 


Fig.  138.  — Décoration  florale  des  tables  de  repas  en  Angleterre. 
Coupe  en  travers  d’une  table. 


DECORATION  FLORALE  DES  TABLES  DE  REPAS  EN  ANGLETERRE.  561 


sont  cachés  sous  des  frondes  de  Fougères, 
est  garnie  de  Violettes  de  Parme,  de  bou- 
tons de  Roses,  de  feuilles  parfumées  de 
Pélargoniums  ; le  verre  disparait  à demi  sous 
un  rideau  d y Adiantum  légers,  gracieuse- 
ment pendants,  tandis  que  quelques  Heurs 


recherchées  s’unissent  au-dessus  en  bou- 
quet élégant. 

Quelquefois,  on  se  contente  de  mettre  sur 
la  table  quelques  pots  de  fleurs  dans  des 
cache-pots  d’argent,  de  porcelaine  ou  de 
bois  sculpté;  mais,  le  plus  souvent,  les  pots 


Fig.  139.  — Décoration  florale  des  tables  de  repas  en  Angleterre. 
Support  à fleurs  ou  « March  stand  » en  cristal. 


sont  eux-mêmes  le  sujet  d’une  décoration 
florale.  Pour  cela,  on  les  enfonce  dans  un 
monticule  de  sable  blanc , couvert  de 
Mousses  ou  de  Sélaginelles  sur  lesquelles 
on  étend  des  frondes  de  Pteris  serrulata, 
et  l’on  y pique  des  fleurs. 


Par  suite  de  la  hauteur  du  pot  et  de 
l’extension  que  l’on  est  obligé  de  donner  à 
la  base  du  monticule  de  sable,  cet  arrange- 
ment présente  souvent  des  difficultés  pour 
des  tables  de  petites  dimensions.  On  a alors 
recours  au  procédé  suivant  : 


562 


HIBISCUS  CHRYSANTHUS. 


JLa  table,  qui  doit  être  faite  de  telle  façon 
qu’elle  se  sépare  au  milieu  en  deux  parties, 
est  spécialement  aménagée  pour  dissimuler 
le  pot.  Pour  cela,  on  dispose  au-dessous  de 
la  table  une  planchette  de  8 à 10  centimètres 
de  largeur  (fïg.  138). 

Cette  planchette,  supportée  par  deux 
brides  qui  sont  fixées  au-dessous  de  la  table, 
reçoit  le  pot  dans  lequel  la  plante  se  trouve. 
Les  deux  parties  de  la  table  sont  rapprochées 
l’une  de  l’autre,  aussi  près  que  possible,  en 
laissant  un  intervalle  de  la  largeur  du  pot  ; on 
met  ce  dernier  en  place,  on  resserre  encore 
la  table,  de  manière  à ne  laisser  entre  ses 
deux  parties  qu’un  peu  plus  que  la  largeur 
nécessaire  pour  que  la  tige  puisse  passer,  et 
on  recouvre  les  vides  qui  restent  à droite  et 
à gauche  au  moyen  de  deux  planchettes  qui 
s’adaptent  dans  des  rainures  disposées  à cet 
effet.  Le  dessin  que  nous  donnons  ci-contre 
(fig.  138)  représente  un  Dracæna  passé  à 
travers  la  table  au  moyen  de  ce  procédé.  Le 
pot  a été  recouvert  de  Mousse,  sur  laquelle 
rampent  des  frondes  de  Fougères.  Ce  tapis 
de  verdure  est  émaillé  de  fleurs  diverses. 


On  présente,  de  cette  façon,  sans  que 
le  pot,  devenu  invisible,  offre  une  saillie 
disgracieuse,  des  Palmiers,  des  Fougères, 
des  Dracénas  variés,  des  Crotons  à feuilles 
étroites,  des  Solarium  à baies,  et  tous  les 
arbustes  que  leur  taille  permet  d’employer 
à la  décoration  des  dîners. 

La  table  devient  ainsi  le  trône  où  les 
reines  des  jardins  et  des  serres  apparaissent 
tour  à tour  dans  leurs  plus  fraîches  pa-  * 
rures.  Certains  esprits  chagrins  ont  pré- 
tendu que  ces  exhibitions  étaient  une  exa- 
gération, une  dépravation  apportée  par  le 
luxe.  Nous  n’aurions  jamais  pensé  que 
de  pauvres  fleurettes  pouvaient  éveiller  de 
telles  susceptibilités.  Si  la  toilette  dans  la- 
quelle on  les  présente  n’est  pas  toujours  de 
bon  goût,  on  ne  peut  en  rendre  respon- 
sables que  ceux  qui  les  parent;  si,  sous 
leurs  frais  atours,  elles  ont  des  airs  vain- 
queurs qui  blessent  certaines  humilités,  on 
ne  peut  pas  leur  en  faire  un  reproche,  car 
elles  sont  belles  sans  le  savoir. 

P.  Cornuault. 


HIBISCUS  CHRYSANTHUS 


Cette  plante  que  nous  avons  plusieurs 
fois  admirée  chez  MM.  Thibaut  et  Keteleer, 
horticulteurs  à Sceaux,  présente  les  carac- 
tères suivants  : 

Arbrisseau  ou  arbuste  à aspect  général  de 
certains  Abutilons  ou  mieux  de  Sparmannia 
af ricana;  d’abord  suffrutescent,  puis  sous- 
ligneux-spongieux,  très-ramifié , velu  dans 
toutes  ses  parties.  Rameaux-bourgeons  courts. 
Feuilles  persistantes,  les  jeunes  subcordi- 
formes  ou  à peine  légèrement  et  irréguliè- 
rement lobées,  les  plus  vieilles  courtement 
lobées  ou  subdigitées,  à limbe  mince,  mou, 
comme  légèrement  pointillé-bullé,  d’un  vert 
herbacé  foncé.  Pétiole  atteignant  8-10  cen- 
timètres de  longueur,  courtement  velu-ru- 
gueux.  Fleurs  grandes  d’environ  7-8  centimètres 
de  diamètre,  sur  un  pédoncule  de  3-4  centi- 
mètres de  longueur,  à pétales  obovales,  d’un 
très-beau  jaune  soufre  clair  et  comme  un  peu 
verdâtre,  portant  à la  base  une  grande  macule 
rouge  brun.  Étamines  à filets  dressés  sur  le 
style  et  formant  une  colonne  d’où  se  détachent 
de  larges  étamines  jaune  d’or,  surmontées  par 
les  stigmates  pédiculés  rougeâtres,  le  tout  for- 
mant un  très-joli  contraste  avec  le  beau  jaune 
de  la  corolle  qui  est  encore  rehaussé  par  les 
macules  rouge  marron  de  la  base  des  pétales. 
Ces  fleurs  ne  durent  pas  longtemps,  mais 
elles  se  succèdent  pendantpresque  toute  l’année. 

Nous  signalons  particulièrement  cette 
plante,  qui  nous  paraît  appelée  à jouer  un 


important  rôle  dans  l’horticulture,  comme 
étant  propre  à être  plantée  en  pleine  terre 
l’été  dans  les  jardins.  Nous  croyons  qu’elle 
pourra  fleurir  comme  le  font  les  Hibiscus 
de  la  Chine  {Hibiscus  Rosa  sinensis ),  et 
acquérir  un  fort  développement,  de  sorte 
que,  relevée  avant  les  froids  et  mise  en  pots, 
elle  pourra  fleurir  pendant  tout  l’hiver  et 
être  utilisée  comme  plante  d’appartement, 
en  la  plaçant,  toutefois,  dans  des  conditions 
en  rapport  avec  sa  nature  et  son  tempéra- 
ment, et  aussi  en  tenant  compte  de  l’état 
de  sa  végétation. 

Culture  et  multiplication.  — En  raison 
de  sa  vigueur,  il  faut  à Y Hibiscus  chrysan- 
thus  une  terre  relativement  forte  et  en 
même  temps  substantielle  : terre  de  bruyère 
et  terreau  pour  les  jeunes  plantes  ; terre 
franche  mélangée  de  terreau  ou  de  vieille 
terre  de  bruyère  pour  les  sujets  âgés.  Si  on 
cultive  en  vases  (pots  ou  caisses),  ceux-ci 
devront  être  proportionnés  à la  force  des 
individus,  mais  toutefois  relativement  pe- 
tits. Quant  à la  multiplication,  on  la  fera 
par  boutures  avec  des  jeunes  pousses 
semi-aoutées  qu’on  plante  en  terre  de 
bruyère,  dans  des  pots  que  l’on  place  sous 
cloche  dans  la  serre  à multiplication,  où 
elles  s’enracineront  facilement  et  promp- 
tement. E.-A.  Carrière. 


ÉNUMÉRATION  DES  BROMÉLIACÉES  RÉCOLTÉES  PAR  ED.  ANDRÉ. 


563 


ÉNUMÉRATION  DES  BROMÉLIACÉES 

RÉCOLTÉES  EN  1875-76  PAR  ED.  ANDRÉ  DANS  L’AMÉRIQUE  DU  SUD 

(VÉNÉZUÉLA,  COLOMBIE,  ECUADOR) 

ET  DIAGNOSES  DES  ESPÈCES  NOUVELLES 


Au  cours  du  voyage  d’exploration  que 
j’ai  accompli  en  1875  et  1876  dans  l’Amé- 
rique du  Sud,  après  avoir  été  chargé  d’une 
mission  scientifique  par  le  Ministère  de 
l’Instruction  publique,  j’ai  apporté  des  soins 
particuliers  à la  famille  des  Broméliacées. 
Ces  plantes  avaient  toutes  mes  préférences. 
J’avais  eu  la  bonne  fortune  d’en  décrire 
quelques  espèces  nouvelles  recueillies  par 
les  voyageurs  qui  m’avaient  précédé  dans 
ces  régions  exceptionnellement  riches,  et  je 
pensais  que  les  solitudes  inexplorées  des 
Cordillères  recélaient  encore  bien  des  nou- 
veautés inédites. 

Cette  espérance  n’a  pas  été  trompée.  La 
collection  que  j’ai  rapportée  en  Europe 
comprend  133  espèces  et  11  variétés.  C’est 
un  total  instructif  si  on  le  rapproche  de  ce 
qu’on  connaissait  de  Broméliacées  au  temps 
de  Linné,  c’est-à-dire  15  espèces,  et  même 
du  nombre  de  celles  que  le  célèbre  voyage 
de  Humboldt  et  Bonpland  a produites,  en 
y comprenant  les  deux  Amériques,  c’est-à- 
dire  19  espèces. 

A mon  retour,  je  portai  mes  Bromélia- 
liacées  à mon  ami  Ed.  Morren,  qui  désirait 
les  étudier,  et  que  la  mort  a surpris  sans 
qu’il  ait  même  pu  déterminer  les  espèces 
connues.  J’ai  donc  entrepris  cette  tâche, 
dont  je  livre  le  résumé  aujourd’hui  à nos 
lecteurs,  en  attendant  l’apparition  prochaine 
d’un  ouvrage  plus  complet1.  La  liste  qui 
suit  comprend  l’énumération  des  espèces 
précédemment  décrites  et  les  diagnoses  suc- 
cinctes des  nouveautés,  au  nombre  de  83, 
dont  72  espèces  et  11  variétés. 

Cette  publication  a pour  objet  principal 
de  prendre  date  et  d’éviter,  aux  botanistes 
qui  auraient  à déterminer  d’autres  collec- 
tions des  mêmes  contrées,  des  confusions 
synonymiques  toujours  regrettables  dans 
la  science. 

KARATAS  Nidus  puellæ,  nova  species.  — 
Bractées  involucrantes  ovales , brusquement 
sétacées,  écarlates.  Bractées  florales  très- 

1 Ce  livre  est  actuellement  sous  presse.  Il  con- 
tient les  descriptions  latines  et  françaises,  l’his- 
toire et  la  critique  de  toutes  les  espèces  nouvelles, 
et  38  planches  lithographiées  de  format  grand  in-4° 
raisin. 


étroites.  Fleurs  longues  de  10  centimètres. 
Ovaire  tomenteux,  blanchâtre.  Sépales  très- 
étroits  ; pétales  capuchonnés,  lilacés.  — Co- 
lombie. ( Herbier  Ed.  André , n°  1836.) 

GREIGIA  vulcanica,  n.  sp.  — Feuilles  bor- 
dées d’aiguillons  droits,  espacés.  Inflorescence 
subsphérique.  Bractées  primaires  irrégulière- 
ment bordées  de  dents  épineuses  nombreuses. 
Bractées  florales  étroites,  hétéromorplies. 
Fleurs  longues  de  3 cent.  Corolle  à tube  blanc, 
un  peu  plus  longue  que  les  lobes  rouges, 
ovales-aigus.  — Colombie.  ( Herb . 2664.) 

ANANAS  sativus,  Mill.  — Colombie.  (Ilerb. 
1768.) 

A.  sp.  (?).  — Fruits  en  capitule  longue- 
ment pédonculé,  anguleux,  dorés.  — Colom- 
bie. (Herb.  1636.) 

GHEVALLIERA  Magdalenæ,  n.  sp.  — Fleurs 
en  capitule  globuleux,  de  12  cent,  de  diamètre, 
entouré  à la  base  de  feuilles  bractéales  très- 
inégales.  Bractées  primaires  carénées,  finement 
dentées  en  scie,  les  inférieures  portant  à leur 
aisselle  3 fleurs,  les  supérieures  uniflores, 
celles  du  sommet  vides.  Calyce  long  de  4 cent. 
Corolle  ?.  — Colombie.  (Herb.  692.) 

ÆCHMEA  pyramidalis,  Benth.  — Écuador. 
(Herb.  4053.) 

Æ.  penduliflora,  n.  sp.  — Hampe  grêle, 
penchée.  Panicule  longue  de  10  cent.,  à ra- 
meaux portant  5-7  fleurs  lâches.  Bractées  flo- 
rales très-courtes,  réniformes,  d’abord  entières, 
puis  fendues.  Sépales  larges,  obscurément  mu- 
cronés  ou  émarginés.  Pétales  plus  de  moitié 
moins  longs  que  le  calyce,  mucronés.  — Colom- 
bie. (Herb.  378p 

Æ.  leucocarpa,  n.  sp.  — Hampe  grêle.  Pa- 
nicule dense,  longue  de  12-15  cent.  ; rameaux 
nombreux,  quadrangulaires,  portant 6-10  fleurs. 
Bractées  florales  ovales,  cuspidées.  Ovaire  ar- 
rondi, blanc  pur  à la  maturité  ; sépales  briève- 
ment mucronés.  Pétales  linéaires-aigus,  jaune- 
chrome.  — Colombie.  {Herb.  2425.) 

Æ.  Cumingii,  Baker.  — Colombie.  (Herb. 
1036.) 

Æ.  servitensis,  n.  — Panicule  longue  de 
40  cent.,  à rameaux  très-nombreux,  dressés, 
les  inférieurs  composés.  Bractées  primaires 
roses,  les  inférieures  longues  de  10  cent.,  lar- 
ges de  35  mil.,  bordées  d’épines  crochues.  Épis 
composés  de  5-6  fleurs  lâches.  Bractées  florales 
ovales,  obscurément  mucronées,  très-sillonnées. 
Fleurs  blanc-rosé.  — Colombie.  (Herb.  1197.) 
| Æ.  columnaris,  Ed.  André.  III.  hort .,  1878, 
I p.  50 y cum  icône.  — Colombie.  (Herb.  1753.) 


564 


ÉNUMÉRATION  DES  BROMÉLIACÉES  RECOLTEES  PAR  ED.  ANDRÉ. 


/ 

Æ.  involucrata,  n.  sp.  — Feuilles  bractéales 
supérieures  serrées,  lancéolées,  involucrantes, 
spinescentes.  Épi  dense,  cylindrique,  long  de 
25  cent.,  large  de  7-9  cent.  Bractées  florales 
atteignant  le  tiers  du  calyce.  Sépales  contour- 
nés en  spirale,  longuement  mucronés.  Pétales 
lilas-rosé,  longs  de  4 cent.,  écailleux  à la  base. 

— Ecuador,  (Herfr.  4296.) 

Æ.  Drakeana,  Ed.  André.  Rev.  hort.  1888, 
p.  401.  (Poortman,  134.) 

QUESNELIABakeri,  n.  sp.  — Épi  dense,  long 
de  15  cent.  Bractées,  florales  couvertes,  ainsi 
que  le  calyce,  d’un  tomenteux  roux,  très-épais. 
Pétales  longs  de  7-8  cent.,  élargis  au  sommet. 

— Colombie.  ( Herb . 3391  bis.) 

PITCAIRNIA  heterophylla,  Beer.  — Colom- 
bie. (Herb.  1087.) 

P.  Trianæ,  n.  sp.  — Feuilles  lancéolées,  pé- 
tiolées,  spinescentes  à la  base,  longues  de 
11U  20,  larges  de  4 cent.  Hampes  de  2 mètres. 
Grappe  simple,  dense,  longue  de  30  cent. 
Bractées  linéaires  très-étroites,  beaucoup  plus 
courtes  que  les  pédicelles.  Sépales  obtus,  longs 
de  8 mil.  Pétales  blancs  ou  blanc-jaunâtre,  nus 
à la  base,  -r  Colombie.  (Herb.  2069.) 

y 

P.  reflexiflora,  n.  sp.  — Feuilles  pétiolées, 
non  spinescentes.  Hampe  robuste.  Feuilles  brac- 
téales inférieures  très-longues.  Fleurs  en  grappe 
simple,  très-dense,  étalées,  puis  réfléchies. 
Bractées  florales  scarieuses,  très-étroites,  dé- 
passant quatre  fois  le  pédicelle.  Sépales  obscu- 
rément aigus,  longs  de  1 cent.  Pétales  rouge 
cocciné,  nus  à la  base.  — Écuador.  (Herb. 
4334.)  J 

P.  camptocalyx,  n.  sp.  — Feuilles  rudimen- 
taires spinescentes,  pectinées;  feuilles  normales 
sessiles,  non  épineuses,  larges  de  1 cent.,  fur- 
furacées  en  dessous.  Grappe  simple,  lâche, 
longue  de  20  cent.  Bractées  florales  dépassant 
le  pédicelle.  Sépales  arqués,  longs  de  4 cent., 
sillonnés.  Corolle  blanche,  nue  à la  base.  — 
Colombie.  (Herb.  1934.) 

— Var.  a,  robusta.  — Beaucoup  plus  ro- 
buste que  le  type.  Feuilles  très -blanches, 
furfuracées  en  dessous.  — Colombie.  (Herb. 
1934  bis.)  j 

— Var.  b , lutea.  — Fleurs  jaunes.  — Co- 
lombie. ( Herbj  1934  bis.) 

P.  stenophÿlla,  n.  sp.  — Feuilles  normales 
graminoïdes,  très-longues.  Hampe  grêle,  éle- 
vée. Épi  simple  ; fleurs  lâches.  Bractées  florales 
linéaires,  les  inférieures  atteignant  presque  le 
sommet  du  calyce,  les  supérieures  plus  courtes 
que  le  pédicelle  court.  Fleurs  blanches.  — Co- 
lombie. (Herb.  1876.) 

P.  pungens,  H. B. K.  — Colombie  (Herb. 
2934.)  J 

P.  brachysperma,  n.  sp.  — Feuilles  rudi- 
mentaires deltoïdes-acuminées,  non  spines- 
centes ; feuilles  normales  pétiolées,  larges  de 
5 cent.,  blanches,  furfuracées  en  dessous. 
Grappe  simple,  courte.  Bractées  florales  del- 
toïdes, atteignant  au-dessus  de  la  base  des  sé- 


pales. Pédicelles  courts,  épais.  Sépales  larges, 
légèrement  sillonnés,  longs  de  25  mil.  Pétales 
écarlates,  écailleux  à la  base.  Graines  très-briè- 
vement appendiculées.  — Colombie.  (Herb. 
1088.) 

P.  guaritermæ,  n.  sp.  — Feuilles  rudimen- 
taires deltoïdes,  aiguës,  non  épineuses  ; feuilles 
normales  pétiolées,  larges  de  3 cent.,  glabres. 
Hampe  robuste.  Grappe  simple,  très-dense, 
longue  de  15  cent.  Bractées  scarieuses  très- 
étroites,  dépassant  longuement  les  pédicelles 
très-courts.  Sépales  brièvement  acuminés, 
longs  de  2 cent.  Pétales  écarlates,  écailleux  à 
la  base.  — Colombie.  (Herb.  1209.) 

P.  sp.  ?.  — Voisin  du  P.  Andreana,  mais  sa 
grappe,  encore  à l’état  rudimentaire,  ne  permet 
pas  de  le  déterminer.  — Colombie.  (Herb.  649.) 

P.  Roezlii,  n.  sp.  — Feuilles  non  distincte- 
ment pétiolées,  épineuses  à la  base  et  au  som- 
met, larges  de  15  mil.  Hampe  robuste.  Pani- 
cule  très-ample,  lâche;  rameaux  simples  ou 
courtement  branchus,  portant  1-3  grappes  assez 
denses.  Bractées  florales  moitié  plus  courtes 
que  les  pédicelles  dressés.  Sépales  longs  de 
12  mil.  Pétales  écarlates,  écailleux  à la  base. 
— Écuador.  (Herb.  4700.) 

P.  orgyalis,  Baker.  — Ecuador.  (Herb.  3747.) 

P.  dendroidea,  n.  sp.  — Feuilles  longues 
de  1 mètre,  larges  de  45  mil.,  glabres.  Hampe 
de  2 mètres.  Panicule  très-lâche,  à rameaux 
comprimés,  étalés,  ascendants,  très-longuement 
nus  à la  base,  portant  au  sommet  une  grappe 
dense  de  fleurs  penchées  avant  l’anthèse.  Ca- 
lyce rouge  terne.  — Colombie.  (Herb.  3361.) 

P.  Poortmani,  n.  sp.  — Feuilles  sessiles, 
bordées  de  dents  épineuses,  larges  de  3 centi- 
mètres, glabres.  Hampe  de  1m  50.  Panicule 
deltoïde  lâche.  Rachis,  rameaux,  pédicelles  et 
calyce  furfuracés  rufescents.  Rameaux  simples, 
canaliculés  sur  la  face  supérieure,  nus  à la 
base,  portant  au  sommet  une  grappe  lâche  de 
5-6  fleurs.  Bractées  florales  égalant  les  pédi- 
celles. Calyce  long  de  30-35  millimètres.  Pé- 
tales rouges  écailleux  à la  base.  — Écuador. 
(Poortman,  sine  numéro.) 

P.  macrobotrys,  n.  sp.  — Caulescent. 
Feuilles  atténuées  à la  base,  longues  de  80  cen- 
timètres, larges  de  7 centimètres  au  milieu, 
glabres.  Hampe  très-robuste.  Grappe  simple, 
assez  dense,  longue  de  50  centimètres.  Brac- 
tées inférieures  longues  de  3 centimètres,  éga- 
lant presque  le  calyce,  les  supérieures  plus 
courtes,  que  les  pédicelles.  Sépales  longs  de 
2 centimètres.  Pétales  rouge  cocciné,  marginés 
de  blanc.  — Colombie.  (Herb.  2892.) 

P.  Goudotiana,  n.  sp.  — Caulescent.  Feuilles 
sessiles,  longues  de  1 mètre,  larges  de  3 centi- 
mètres, épineuses  à la  base,  très-blanches,  fur- 
furacées en  dessous.  Panicule  très-ample. 
Rameaux  peu  nombreux,  divariqués,  longs  de 
30-40  centimètres,  portant  une  grappe  de  fleurs 
lâches.  Bractées  florales  deltoïdes,  sillonnées, 
un  tiers  plus  longues  que  les  pédicelles  dressés. 
Sépales  longs  de  30-35  millimètres.  Pétales 


cO 

ÉNUMÉRATION  DES  BROMÉLIACÉES  RÉCOLTÉES  PAR  ED.  ANDRÉ. 


blancs  écailleux  à la  base,  roses  au  sommet. 

— Colombie.  ( Herb . 2861.) 

P.  Brongniartiana,  n.  sp.  — Hampe  ro- 
buste. Grappe  simple,  assez  dense,  couverte 
dans  toutes  ses  parties  d’un  tomentum  épais 
ferrugineux.  Bractées  atteignant  le  sommet  des  » 
sépales,  lancéolés-aigus  longs  de  5 centimètres. 
Corolle  grande,  blanche.  Graines  longuement 
appendiculéeSj, — Colombie.  {Herb.  3394.) 

P.  macranthera,  n.  sp.  — Feuilles  en  ver- 
ticilles  éloignés,  pétiolées.  Pédicelles  courts. 
Calyce  arqué,  long  de  6 cent.,  glabre,  sépales 
légèrement  inégaux.  Corolle  blanche,  arquée, 
longue  de  12  cent.  Anthères  longues  de  2 cent. 

— Colombie.  {Herb.  2593.) 

P.  arcuata,  Ed.  André  (syn.  Neumannia 
arcuata,  Ed.  André,  Rev.  hort .,  1886,  p.  108, 
cumtab.).  — Colombie.  {Herb.  3803  ) 

? P.  sulphurea,  Wendl.  — Écuador  {Herb. 
4056.) 

P.  nigra,  Carr.  {Rev.  hort.,  1881,  p.  390, 
cum  icône).  — Colombie.  {Herb.  3360.) 

P.  sp.?  — Feuilles  longues  de  lm  70,  fur- 
furacées  en  dessous,  prolongées,  au-dessus 
d’une  base  longue  de  45  centimètres  marginée 
d’épines  noires  droites,  en  lame  pétioliforme 
enroulée  sur  les  bords,  puis  en  limbe  linéaire- 
lancéolé,  large  de  4 centimètres  au  milieu.  Les 
fleurs  manquent.  — Colombie.  {Herb.  *3335.) 

P.  sp .?  (section  Phlomostachys) . — Échan- 
tillon imparfait.  — Colombie.  {Herb.  1735.) 

PUYA  eryngioides,  n.  sp.  — Acaule.  Plante 
haute  de  30-40  centimètres.  Feuilles  très- 
étroites,  canaliculées,  épineuses,  glabres.  Ca- 
pitule serré,  ovoïde.  Bractées  primaires  ovales, 
aiguës,  épineuses.  Fleurs  bleues,  grandes.  — 
Ecuador.  {Herb.  4542.) 

P.  echinotricha,  n.  sp.  — Subarborescent. 
Feuilles  de  1 mètre  de  long  sur  3 centimètres 
de  large,  glabres  en  dessus,  très-blanches  lépi- 
dotes  en  dessous,  armées  d’aiguillons  très- 
robustes,  distants,  décurves.  Panicule  ample, 
secondiflore,  toute  couverte  de  poils  roux  étoi- 
lés. — Ecuador.  {Herb.  4019.) 

P.  Gigas,  Ed.  André,  Tour  du  Monde , 
liv.  985,  p.  332.  — Colombie.  {Herb.  3074.) 

P.  Thomasiana,  n.  sp.  — Subarborescent. 
Feuilles  linéaires  à aiguillons  robustes.  Hampe 
de  2-4  mètres.  Fleurs  paniculées.  Bractées  pri- 
maires deltoïdes.  Bractées  florales  ovales-ai- 
guës,  sillonnées;  corolle  grande,  longue  de 
5 cent.,  vert  bleuâtre.  — Colombie.  {Herb. 
3191.)  ^ 

P.  æquatorialis,  n.  sp.  — Subcaulescent. 
Feuilles  petites,  arquées,  blanchâtres  à aiguil- 
lons décurves  dorés.  Hampe  de  lm50.  Pani- 
.cule  à rameaux  longs  de  50  centimètres.  Brac- 
tées florales  triangulaires-aiguës.  Fleurs  subses- 
siles,  violet  foncé.,  — Ecuador.  {Herb.  3564.) 

— Var.  jjdbiflora.  — Ecuador.  {Herb.  3596.) 

P.  vestita,  n.  sp.  — Bractées  primaires 
ovales,  cuspidées,  grossièrement  et  mollement 
dentées,  laineuses,  rousses  ainsi  que  le  ca- 


565 

lyce.  Pétales  vert  pâle,  blancs  à la  base.  — 
Ecuador.  {Herb.  3739.) 

P.  quetaineensis,  n.  sp.  — Tige  courte. 
Feuilles  lancéolées-aiguës,  fortes,  à dents  éloi- 
gnées, épineuses,  crochues.  Panicule  pyrami- 
dale, très-tomenteuse . Bractées  primaires 
ovales-acuminées,  striées,  spinescentes.  Brac- 
tées florales  carénées,  striées.  Fleurs  bleues. 

— Colombie.  {Herb.  1217.) 

P.  sp.?  — Feuilles  striées,  glabres  en  des- 
sus, lépidotes  en  dessous,  armées  d’aiguillons 
noirs  très-crochus,  décurves.  — Ecuador. 
{Herb.  428G) 

P.  pasteiïsis  (?),  Ed.  André.  — Cultivé  sous 
ce  nom  provisoire;  n’a  pas  encore  fleuri. 

P.  sp.?  — Fleurs  subsessiles;  calyce  feutré, 
roux  foncé  ; fleurs  vertes.  — Ecuador.  {Herb. 
3564  bis.) 

P.  sp.  ? — Feuilles  de  30-50  centimètres,  à ai- 
guillons aplatis,  étalés,  noirs,  très-robustes. 
Inflorescence  très-laineuse.  Bractées  primaires 
lancéolées-acuminées.  — Colombie.  {Herb. 
3743.) 

S0DIR0A  caricifolia,  Ed.  André  {Bull.  Soc . 
bot.  Franc.,  xxiv,  p.  167). 

S.  graminifolia,  Ed.  André  (Le.,  p.  167). 

S.  dissitiflora,  n.  sp.  — Feuilles  bractéales 
lancéolées-aiguës,  étroitement  embrassantes; 
épi  très-lâche.  Bractées  florales  ovales,  embras- 
santes, égalant  presque  le  calyce  à demi 
conné.  — Colombie.  {Herb.  3339  bis.) 

S.  Sprucei,  n.  sp.  — Feuilles  bractéales 
ovales-aiguës,  invaginantes  ; épi  lâche  très- 
long.  Bractées  florales  ovales,  embrassantes, 
atteignant  la  moitié  du  calyce  très-longue- 
ment conné.  — Colombie.  {Herb.  3349.Ï 

CARAGUATA  lingulata,  Lindl.,  var.  cardi- 
nalis,  Ed.  André  {Rev.  hort.,  1883,  p.  12,  cum 
tab.).  — Ecuador.  {Herb.  4263.) 

C.  sanguinea,  Ed.  André  {Rev.  hort.,  1883, 
p.  468,  cum  tab.).  — Colombie.  {Herb.  3369.) 

— Var.  erecta,  nov.  var.  Plus  robuste, 
feuilles  dressées  brièvement  lancéolées-aiguës. 

— Colombie,  {Herb.  3369.) 

C.  conifera,  n.  sp.  — Feuilles  loriformes 
aiguës,  lisses.  Inflorescence  en  épi  conique 
allongé  serré,  à bractées  deltoïdes-aiguës,  im- 
briquées, écarlate  orangé.  Fleurs  jaunes 
grandes.  — Ecuador.  (Poortman,  n°  416.) 

C.  bracteosa, n.sp.  - Épi  courtement  pédon- 
culé,  elliptique-oblong,  à bractées  florales  as- 
cendantes-elliptiques,  violacées  comme  les 
feuilles  bractéales.  Corolle  jaune,  à lobes  six  fois 
plus  courts  «que  le  tube.  Ecuador.  {Herb.  3805.) 

C.  pulchèlla,  n.  sp.  Port  d’un  petit  Tilland- 
sia de  la  section  Anoplophytum.  Feuilles 
courtes-aiguës,  très-dilatées  à la  base;  épi 
simple  ou  fourchu,  pendant,  court.  Bractées 
naviculaires  aiguës  roses.  Fleurs  blanches  pe- 
tites. — Ecuador.  {Herb.  4502.) 

C.  gloriosa,  n.  sp.  — Très  grand,  robuste, 
dressé.  Feuilles  bractéales  inférieures  lori- 
formes-aiguës.  Bractées  primaires  très-amples, 
deltoïdes-imbriquées,  cachant  complètement  les 

** 


ÉNUMÉRATION  DES  BROMÉLIACÉES  RÉCOLTÉES  PAR  ED.  ANDRÉ. 


566 

fleurs  grandes,  jaunes,  en  panicule  spici- 
forme.  — Ecuador.  ( Herb . 3791.) 

C.  violacea,  n.  sp.  — Feuilles  molles,  lan- 
céolées-aiguës  ; hampe  penchée.  Bractées  pri- 
maires ovales,  longuement  acuminées,  rouge 
vif.  Bractées  florales  deltoïdes-carénées.  Fleurs 
violettes  en  panicule  spiciforme.  — Ecuador. 
{Herb.  2746.) 

C.Andreana,  Morren(Rer.  hort.,  1884, p.  247, 
cum  tab.).  — Colombie.  {Herb.  3448  bis.) 

C.  Van  Volxemi,  Ed.  André  {lllust.  horl ., 
1878,  p.  139,  cum  tab.).  — Colombie.  {Herb. 
2228.) 

C.  multiflora,  n.  sp.  — Feuilles  radicales, 
longues  de  70  à 80  cent.,  larges  de  5 cent.  Pa- 
nicule lâche,  longue  de  30  cent.,  à 16-17  épil- 
lets.  Bractées  florales  obtuses,  moins  longues 
que  le  calyce.  Sépales  orangés.  Fleurs  blanches. 
— Colombie.  (Herb.  2970.) 

C.  Candelabrum,  n.  sp.  — Souche  stolonifère. 
Feuilles  radicales  larges,  loriformes,  les  cauli- 
naires  étroites.  Panicule  lâche,  étroite,  longue 
de  40-50  centimètres.  Épillets  rameux.  Brac- 
tées primaires  ovales-aiguës,  embrassantes. 
Bractées  florales  plus  courtes  que  le  calyce 
arqué,  demi-conné.  Fleurs  blanches.  — Colom- 
bie. {Herb.  2£)63.) 

C.  acorifolia,  n.  sp.  — Cespiteux.  Feuilles  ca- 
riciformes.  Panicule  dressée,  rameuse;  feuilles 
bractéales  très-aiguës,  jaune  pâle,  ainsi  que  le 
calyce  et  la  corolle.  — Colombie.  {Herb.  3396.) 

C.  hygrometrica,  n.  sp.  — Feuilles  radicales 
lancéolées-aiguës,  striées-cloisonnées.  Hampe 
garnie  de  bractées  lancéolées.  Panicule  spici- 
fbrme  à fascicules  bi-triflores,  longuement  dé- 
passés par  les  bractées  primaires,  larges,  ovales, 
acuminées.  Calyce  conique  à lobes  arrondis  ; 
corolle  blanche  paraissant  tubuleuse  ? Étamines 
à filets  libres!  An  Gen.  nov.Ÿ  — Colombie. 
{Herb.  2638.) 

C.  Morreniana,  Ed.  André  {Rev.  hort.,1881, 
p.  12,  cum  tab.). 

C.  lepidotâ,  n.  sp.  — Feuilles  radicales  lon- 
gues de  30-40  cent.,  larges  de  7-8 cent.,  très-lépi- 
dotes,  coriaces.  Panicule  composée  de  capitules 
ovoïdes-subsessiles,  très-denses.  Bractées  pri- 
maires inférieures  plus  longues  que  les  capi- 
tules. Bractées  florales  obscurément  aiguës,  ri- 
dées, striées.  Corolle  blanche  moitié  plus  longue 
que  le  calyce;  filets  des  étamines  moitié  plus 
longs  que  les  anthères.  — Écuador.  {Herb.  3796.) 

C.  sphæroidea,  n.  sp.  — Feuilles  longues 
de  40-60  cent.,  larges  de  3 cent.,  presque  gla- 
bres. Panicule  composée  de  capitules  globu- 
leux, denses,  subsessiles.  Bractées  primaires 
inférieures  égalant  environ  les  capitules.  Brac- 
tées florales  obliques  au  sommet,  légèrement 
carénées,  sillonnées.  Corolle  jaune  ou  blan- 
châtre. — Colombie.  {Herb.  2068.) 

GUZMANIA  tricolor,  Ruiz  et  Pav.  — Co- 
lombie et  Écuador.  {Herb.  375.) 

G.  sp.l  — Ecuador.  — {Herb.  4260.) 

CATOPSIS  vitellina,  Baker.  — Colombie. 
{Herb.  2389.) 


C.  nutans,  Baker.  — Colombie.  {Herb.  404.) 

TILLANDSIA  usneoides,  L.  — Colombie. 
{Herb.  1860  bis.) 

T.  recurvata,  L.  — Vénézuéla,  Colombie  et 
Écuador.  {Herb.  161.) 

T.  straminea,  H.  B.  K.  — Écuador.  {Herb. 
4318.)" 

T.  pruinosa,  Swartz.—  Colombie.  (JF/erb.1970.) 

T.  rhomboidea,  n.  sp.  — Plante  haute  de 
20  cent.;  feuilles  coriaces,  lépidotes,  enroulées, 
sétacées.  Hampe  forte.  Épi  simple  légèrement 
arqué,  cylindrique,  très-dense,  long  de  12  cent. 
Bractées  florales  roses,  larges,  rhomboïdales, 
carénées.  Sépales  moitié  plus  courts  que  la 
bractée.  Pétales  violets  trois  fois  plus  longs 
que  le  calice.  — Colombie.  {Herb.  2745.) 

T.  lateritia,  n.  sp.  — Feuilles  coriaces,  lé- 
pidotes, enroulées,  sétacées.  Hampe  forte.  Épi 
court  simple,  dense,  composé  de  12-16  fleurs. 
Bractées  florales  rouge  brique,  maculées  à la 
base,  ovales-aiguës-carénées.  Sépales  égalant 
la  bractée,  mucronés.  Corolle  moitié  plus 
longue  que  le  calyce.  — Écuador.  {Herb.  4057.) 

T.  incarnata,  H.  B.  K.  — Colombie  et  Ecua- 
dor. {Herb.  604.) 

T . setacea,  Swartz.  — Colombie.  {Herb.  1613.) 

T.  disticha,  H.  B.  K.  — Ecuador.  {Herb. 4061.) 

T.  divaricata,  Benth.  — Colombie.  {Herb. 
2250.) 

T.  compressa,  Bert.,  var.  oligostachya , 
Baker.  — Colombie.  {Herb.  812.) 

T.  secunda,  H.  B.  K.  — Colombie  et  Ecua- 
dor. {Herb.  2448.) 

T.elongata,  H.  B.  K. — Colombie. {Herb.  297.) 

T.  polystachya,  L.  — Colombie.  {Herb.  1751 .) 

T.  Restrepoana,  n.sp.  — Plante  robuste,  de 
1 mètre  de  haut.  Feuilles  radicales  longue- 
ment embrassantes,  lancéolées,  sétacées,  légè- 
rement lépidotes  en  dessous,  vertes  en  dessus. 
Feuilles  bractéales  nombreuses,  semblables 
aux  feuilles  radicales,  atteignant  le  tiers  de  la 
panicule  dense,  longue  de  25-30  cent.  Bractées 
primaires  inférieures  lancéolées,  sétacées,  plus 
longues  que  les  épis.  Bractées  florales  très-im- 
briquées, fortement  carénées,  dépassant  légè- 
rement le  calyce.  Pétales  lilas  clair  à la  base, 
violet  au  sommet.  — Colombie.  {Herb.  1356.) 

T.  ropalocarpa,  n.  sp.  — Feuilles  radicales 
largement  embrassantes  à la  base,  courtes,  lan- 
céolées, sétacées,  lépidotes,  très  coriaces. 
Hampe  droite  ; feuilles  bractéales  rares,  cour- 
tes, ovales,  apiculées.  Panicule  lâche  à épis 
composés,  assez  longuement  nus  à la’  base. 
Bractées  primaires  courtes,  ovales-aiguës.  Fleurs 
très-petites,  jaunes.  Capsule  en  massue  api- 
culée,  à peine  quatre  fois  plus  longue  que  le 
calyce.  — ^Colombie.  {Herb.  2319.) 

T.  adpressa,  n.  sp.  — Feuilles  radicales 
largement  embrassantes  à la  base,  très-cour- 
tes, lancéolées,  sétacées,  coriaces,  lépidotes. 
Hampe  arquée  à écailles  rousses;  feuilles  brac- 
téales oblongues-acuminées  ; panicule  très- 
étroite,  à épis  simples  dressés.  Bractées  pri- 
maires oblongues-acuminées,  plus  longues  que 


ÉNUMÉRATION  DES  BROMÉLIACÉES  RÉCOLTÉES  PAR  ED.  ANDRÉ. 


les  épis.  Fleurs  très-petites.  Sépales  arrondis 
au  sommet,  lépidotes.  Capsule  4 fois  plus  longue 
que  le  calyce-y—  Ecuador.  ( Herb . 3792.) 

T.  decipiens,  n.  sp.  — Plante  haute  de  80 
centimètres.  Feuilles  radicales  molles,  à peine 
embrassantes,  lancéolées-sétacées , lépidotes, 
les  bractéales  nombreuses,  lancéolées-sétacées. 
Panicule  longue  de  40  cent.,  à épis  rameux, 
denses,  distiques.  Fleurs  blanches  très-petites, 
toutes  contiguës.  — Ecuador.  (Herb.  4055.) 

T.  brevispicula,  n.  sp.  — Feuilles  radicales 
très-courtes,  ovales-lancéolées.  Hampe  droite  à 
écailles  blanchâtres.  Panicule  dense,  courte, 
à épis  denses,  courts,  subsessiles,  les  inférieurs 
rameux.  Bractées  primaires  ovales-aiguës.  Brac- 
tées florales  et  calyce  lépidotes.  Fleurs  jaunes 
très-petites.  —y Colombie.  (Herb.  2496.) 

T.  homostachya,  n.  sp.  — Feuilles  radica- 
les très-largement  embrassantes  à la  base, 
lancéolées-aiguës,  coriaces,  lépidotes.  Hampe 
droite  grêle,  écailleuse.  Feuilles  bractéales 
oblongues-aiguës.  Panicule  lâche,  à épis  sim- 
ples, presque  égaux,  subsessiles,  denses.  Brac- 
tées primaires  naviculaires,  dépassant  le  milieu 
de  l’épi.  Bractées  florales  ovales-aiguës,  un 
tiers  plus  longues  que  le  calyce.  Corolle  très- 
petite,  jaunâtre.  — Ecuador.  (Herb.  3763.) 

T.  subalata,  n.  sp.  — Feuilles  radicales 
longuement  et  largement  embrassantes,  coria- 
ces, lépidotes.  Hampe  faible,  écailleuse.  Pani- 
cule lâche,  étroite,  à épis  étalés,  divariqués, 
très-rameux,  à rachis  très-comprimé,  subailé. 
Bractées  primaires  ovales-lancéolées,  striées  ; 
les  florales  égalant  les  fleurs  très -petites, 
jaunes.  — Ecuador.  (Herb.  3763  bis.) 

T.  aurantiaca,  Griseb.  — Colombie.  (Herb. 
2214.) 

— Var.  densiflora.  — Hampe  robuste,  épis 
très-denses.  — Ecuador.  (Herb.  2342.) 

— Var.  miniata.  — Feuilles  molles,  pres- 
que glabres,  calyce  mucroné.  Bractées  rouge 
minium.  — Colombie.  (Herb.  3138.) 

— Var.  scarlâtina.  — Feuilles  coriaces. 
Bractées  primaires  écarlates,  calyce  mucroné. 
— Ecuador.  (Herb.  3138  bis.) 

T.  Riocreuxii,  n.  sp.  — Feuilles  à base  lon- 
guement dilatée;  limbe  très-court,  brusquement 
aigu.  Panicule  grande,  pyramidale,  à épis  étalés, 
divariqués,  subsecondiflores.  Bractées  florales 
cucullées.  Feurs  jaunes,  grandes  à tube  court, 
à limbe  très-étalé.  — Ecuador.  (Herb.  4408.) 

T.  Valenzuelana,  Ach.  Rich.  — Colombie. 
(Herb.  492.)  y 

T.  Pereziana,  n.  sp.  — Feuilles  enroulées, 
lépidotes,  longuement  linéaires,  sétacées. 
Hampe  courte  décombante.  Fleurs  paniculées. 
Bractées  florales  oblongues  dépassant  le  calyce. 
Fleurs  vertes.  -^Colombie.  (Herb.,  1348.) 

— Var.  canescens.  — Écailles  argentées.  Brac- 
tées florales  plus  lépidotes.  — Ecuador.  (Herb. 
4392.) 

T.  narthecioides,  Presl.  — Écuador.  (Herb. 
4077.) 

T.  flexuosa,  Swartz.—  Colombie.  (Herb.  695). 


567 

— Var.  vivipara.  — Vénézuéla.  (Herb. 
695  bis.) 

T.  myriantha,  Baker.  — Colombie.  (Herb.  815.) 

T.  fragrans,  n.  sp.  — Feuilles  enroulées, 
sétacées.  Hampe  arquée.  Panicule  spiciforme, 
dense.  Bractées  primaires  ovales -sétacées. 
Bractées  florales  lancéolées-aiguës  égalant  le 
calyce  rose.  Fleurs  blanches  odorantes.  — 
Ecuador.  (Herb.  4397.) 

T.  arpof(falyx,n.  sp.—  Feuilles  courtes,  ovales, 
longuement  sétacées,  très-lépidotes.  Panicule 
très-dense,  penchée.  Bractées  primaires  roses 
égalant  presque  les  épis.  Fleurs  arquées, 
longues,  vertes,  y Ecuador.  (Herb.  4474.) 

T.  confertiflora,  n.  sp.  — Feuilles  planes, 
lancéolées-acuminées,  très-lépidotes.  Feuilles 
bractéales  aiguës  atteignant  la  base  de  la  pani- 
cule dressée,  très-dense,  à épis  courts,  com- 
primés. Fleurs  blanchâtres.  — Ecuador.  (Herb. 
Mlb  bis.)  y 

T.  heterandra,  n.  sp.  — Feuilles  radicales 
et  bractéales  enroulées,  sétacées,  égalant  la 
hampe  penchée.  Panicule  dense  à épis  pé- 
donculés,  distiques.  Bractées  primaires  del- 
toïdes, sétacées.  Bractées  florales  lépidotes 
égalant  le  calyce.  Fleurs  blanches,  petites. 
Etamines  : 3 hypogynes,  3 insérées  à la  partie 
supérieure  de  l’onglet  à l’aisselle  de  deux  pe- 
tites écailles.  — Colombie.  (Herb.  1213.) 

T.  Andreàna,  Ed.  Morren  ( Pityrophyllum 
Andreanum , Ed.  Morren,  in  schedj.  — Plante 
minuscule.  Feuilles  filiformes  argentées,  en 
rosette  épaisse,  longues  de  6 centimètres. 
Fleur  solitaire  sessile.  Sépales  courts,  obtus. 
Capsule  mucronée,  longue  de  55  millimètres. 

— Colombie.  (Herb.  1762.) 

T.  complanata,  Benth.  — Colombie  et 
Ecuador.  (Herb.  2248.) 

T.  tenuispica,  n.  sp.  — Feuilles  ldriformes, 
larges,  mucronées.  Hampe  de  1 mètre,  dressée. 
Panicule  pyramidale  très-ramifiée  ; ramules  fili- 
formes sinueux.  Fleurs  sessiles,  espacées,  mi- 
nuscules. Capsule  linéaire  très-étroite.  — Co- 
lombie. (Herb.  2414.) 

T.  rectiflora,  n.  sp.  — Feuilles  largement 
lancéolées  ou  loriformes,  glabres.  Hampe  très- 
élevée.  Panicule  dressée,  pyramidale,  rameaux 
dressés,  étalés,  épis  rameux.  Fleurs  dres- 
sées. Bractées  primaires  oblongues-aiguës. 
Bractées  florales  ovales-aiguës,.  très-sillonnées, 
glabres.  Calyce  à sépales  carénés-sillonnés.  — 
Ecuador.  (Herb.,  3201.) 

T.  pectinâta,  n.  sp.  — Feuilles  courtes, 
lancéolées-aiguës.  Hampe  élevée,  pyramidale, 
étroite,  à épis  très-rameux,  secondiflores. 
Bractées  primaires  ovales-aiguës.  Bractées  flo- 
rales et  calyce  sillonnés  lépidotes.  Fleurs  jaunes. 

— Ecuador.  (Herb.  3032.) 

T.  lajensis,  n.  sp.  — Feuilles  grandes,  lan- 
céolées-aiguës. Hampe  robuste,  arquée.  Feuilles 
bractéales  lancéolées-aiguës,  imbriquées.  Pani- 
cule lâche.  Epis  simples,  denses,  très-grands, 
aplatis.  Bractées  primaires  ovales-cucullées,  ai- 
guës. Bractées  florales  très-carénées,  aiguës, 


568 


ÉNUMÉRATION  DES  BROMÉLIACÉES  RÉCOLTÉES  PAR  ED.  ANDRÉ. 


longues  de  45  millimètres,  dépassant  le  calyce. 
Fleurs  violettes.  — Colombie.  ( Herb . 3477.) 

T.  inconspiclia,  n.  sp.  — Feuilles  très- 
larges.  Hampe  de  2-3  mètres,  écailleuse  et  à 
bractées  étroitement  appliquées.  Panicule  de 
60  cent.,  distique,  à rameaux  simples  étalés. 
Bractées  primaires  ovales-aiguës.  Epis  lâches. 
Bractées  florales  lépidotes  carénées-sillonnées, 
dépassant  le  calyce.  — Ecuador.  (Herb.  3795.) 

T.  denudata,  n.  sp.  — Feuilles  loriformes. 
Hampe  de  2-3  mètres.  Panicule  à rameaux 
distants,  longuement  dénudés  à la  base  ; au 
sommet  2-4  épis  courts,  sessiles.  Bractées  lan- 
céolées-aiguës.  — Colombie.  (Herb.  1358.) 

T.  Lindeni,  Ed.  Morren,  var.  tricolor , Ed. 
André,  in  Tour  du  Monde , XLV,  p.  114.  (Rev. 
hort.,  1885,  p.  422).  — Ecuador.  (Herb.  4040.) 

T.  umbellata,  Ed.  André  (Rev.  hort.,  1886, 
p.60 ,cum.  tab.).  — Ecuador.  (Poortman,  469.) 

T.  Dyeriana,  n.  sp.  Feuilles  courtes,  molles, 
maculées.  Hampe  grêle  dressée.  Epi  simple  ou 
composé.  Fleurs  distiques.  Bractées  florales 
molles,  grandes,  naviculaires,  aiguës,  écarlates, 
égalant  les  fleurs  blanches.  — Ecuador.|(tfeW>. 
4256.) 

T.  Deppeana,Steud. — Colombie.  (Herb.  1690.) 

T.  biflora,  Ruiz  et  Pav.  — Colombie.  (Herb. 

1210.)  y 

— Var.  cruenta,  nov.  var.  — Colombie. 
(Herb.  1210  bis.) 

T.  Turneri,  Baker.  — Colombie.  (Herb.  1248.) 

T.  Gornuaulti,  n.  sp.  — Feuilles  nom- 
breuses, lancéolées-aiguës,  lépidotes.  Hampe 
de  60  centimètres,  enveloppée  de  feuilles  brac- 
téales  lancéolées-aiguës.  Panicule  globuleuse 
très-dense.  Bractées  primaires  écarlates,  très- 
longues.  Bractées  florales  de  3 centimètres. 
Pétales  roses,  ovales,  plus  courts  que  le  calyce. 
— Colombie.  (Herb.  1764.) 

T.  nigrescens,  n.  sp.  (Bonapartea  strobi- 
lantha , Ruiz  et  Pav.?)  — Feuilles  lancéolées- 
aiguës.  Hampe  dressée,  grêle,  couverte  de 
bractées  invaginantes,  aiguës,  brunes  à la  base, 
rouges  sur  les  bords  et  au  sommet.  Epi  strobi- 
liforme  à bractées  imbriquées  noirâtres.  Fleurs 
blanches.  — Colombie.  (Herb.  3327.) 

T.  Carrierei,  n.  sp.  — Feuilles  loriformes, 
obtuses,  mucronées.  Hampe  grêle,  . inclinée. 
Panicule  étroite.  Epis  nombreux,  subsessiles, 
aplatis.  Bractées  primaires  larges,  ovales- 
aiguës;  les  florales  carénées,  aiguës,  plus 
courtes  que  les  fleurs  jaunes  petites.  — Colom- 
bie. (Herb.  2700.) 

T.  Brunonis,  n.  sp.  — Feuilles  nombreuses, 
loriformes,  courtes,  larges.  Hampe  pendante. 
Panicule  dense  écarlate.  Epis  nombreux  aplatis, 
à demi  enveloppés  par  les  bractées  primaires 
ovales-aiguës.  Bractées  florales  oblongues- 
aiguës,  très-carénées,  plus  longues  que  le  ca- 
lyce étroit,  aigu  Fleurs  petites,  violettes  au 
sommet.  — Colombie.  (Herb.  1757.) 

— Var.  mutabilis.  — Feuilles  radicales  plus 
longues.  Pétales  brun  livide  après  l’épanouis- 
sement.  — Colombie.  (Herb.  1759.) 


T.  pastensis,  n.  sp.  — Feuilles  grandes,  lan- 
céolées-aiguës, glabres.  Hampe  dressée,  de 
1 m.  et  plus.  Feuilles  bractéales  nombreuses, 
aiguës.  Panicule  dressée,  assez  dense,  à épis 
subsessiles,  aplatis.  Bractées  primaires  ovales- 
aiguës,  embrassantes,  les  inférieures  plus  lon- 
gues que  les  épis;  les  florales  carénées,  sillon- 
nées, plus  longues  que  le  calyce.  — Colombie. 
(Herb.  1747.) 

T.  tequendamæ,  n.  sp.  — Feuilles  à bords 
enroulés,  longuement  sétacées,  glabres  en  des- 
sus, lépidotes  en  dessous.  Hampe  défléchie, 
courte.  Panicule  cylindracée,  écarlate  foncé. 
■ Bractées  primaires  largement  ovales-cucul- 
lées,  appliquées;  les  florales  subaiguës,  caré- 
nées, plus  courtes  que  la  corolle  blanche,  bor- 
dée de  bleu,  écailleuse  à la  base.  — Colombie. 
(Herb . 135^.) 

T.  fastuosa,  n.  sp.  — Feuilles  longues  de 
60  centimètres,  larges  de  8 centimètres.  Hampe 
de  1 mètre.  Panicule  cylindrique,  longue  de 
50  centimètres,  formée  de  40-50  fascicules 
subsphériques,  sessiles,  enveloppés  par  les 
bractées  primaires  ovales-aiguës,  écarlates. 
Sépales  aigus  de  23-25  millimètres.  Fleurs 
blanches.  — Colombie.  (Herb.  1746.) 

T.  sp.  ? — Feuilles  loriformes,  aiguës,  ma- 
culées de  violet,  f euilles  bractéales  lancéolées- 
aiguës.  Epi  cylindrique  à bractées  imbriquées, 
ovales,  acuminées,  écarlates.  — Colombie. 
(Herb.  2343.) 

T.  rariflora,  n.  sp.  — Feuilles  grandes, 
lancéolées-aiguës,  planes.  Hampe  de  1 à 2 
mètres,  dressée.  Panicule  très-lâche,  à rameaux 
très-distants.  Bractées  primaires  longuement 
oblongues- aiguës.  Fleurs  très-espacées.  Brac- 
tées florales  ovales  carénées,  égalant  presque  le 
calyce.  — Cplombie  et  Écuador.  (Herb.  2333.) 

? T.  linèata,  n.  sp.  — Feuilles  en  rosette, 
loriformes,  brusquement  aiguës,  finement 
striées,  vertes  et  rayées  de  violet  en  dessus, 
violacées  en  dessous,  glabres.  — Colombie. 
(Herb.  1755v) 

T.  Armadæ,  n.  sp.  — Plante  robuste. 
Feuilles  longues  de  40  centimètres,  larges  de 
5-6  centimètres,  loriformes,  atténuées-acumi- 
nées  au  sommet,  violet  plus  ou  moins  lavé  de 
vert  ou  plus  pâle  au  bord,  très-glabres,  fine- 
ment striées.  — Colombie.  (Herb.  1756  bis.) 

T.  sp.  ? — Colombie.  (Herb.  1355  bis.) 

T.  sp.  ? — Colombie.  (Herb.  1522.) 

GENBS  NOVUM?  — Hampe  dressée,  simple, 
striée.  Feuilles  bractéales  inférieures  linéaires- 
acuminées,  longues  de  1 mètre,  larges  de  20- 
25  millimètres,  passant  graduellement  à des 
bractées  primaires,  dont  les  supérieures  ont 
encore  15  centimètres.  Fleurs  en  fascicules 
pluriflores  sessiles.  Bractées  florales  scarieuses, 
longues  de  7 centimètres,  obtuses.  Calyce  à 
sépales  membranacés,  libres  jusqu’à  la  base, 
linéaires-aigus,  longs  de  5 centimètres.  Fleurs 
jaunes.  — Colombie.  (Herb.  3298.) 

Ed.  André. 


JASMINUM  NUDIFLORUM.  — CULTURE  DES  PLANTES  MÉDICINALES  EN  MAINE-ET-LOIRE.  569 


JASMINUM  NUDIFLORUM 

RÉPONSE  AU  N»  3028  (AISNE) 


La  plante  dont  vous  nous  avez  adressé  un 
échantillon  est  le  Jasminum  nudiflorum, 
Lindley.  Charmante  espèce  que  l’on  ne  pour- 
rait trop  recommander,  qui  réunit  à peu 
près  tout  ce  que  l’on  peut  exiger  d’une 
plante  éminemment  ornementale.  En  effet, 
elle  est  excessivement  floribonde,  et  ses 
fleurs,  grandes,  du  jaune  le  plus  brillant, 
sont  tellement  abondantes  que,  lors  de  la 
floraison,  elles  couvrent  complètement  les 
plantes. 

Cette  espèce,  que  l’on  pourrait  appeler 
saxicole,  est  surtout  très-propre  pour  garnir 
les  rochers  avec  lesquels  elle  s’harmonise 
parfaitement.  Plantée  dans  les  interstices 
des  rochers,  entre  les  pierres,  elle  couvre 
bientôt  celles-ci.  Ses  grandes  fleurs  s’épa- 
nouissent depuis  le  mois  d’octobre  jusqu’au 
printemps,  et  comme  l’épanouissement  des 
fleurs  est  un  peu  irrégulier,  et  qu’il  pré- 
sente quelques  variations  suivant  la  position 
et  la  vigueur  des  plantes,  il  en  résulte, 
lorsque  l’hiver  n’est  pas  rigoureux,  que  les 
plantes  sont  en  fleurs  pendant  toute  cette 
saison. 

Afin  d’obtenir  de  charmants  contrastes 
et  de  jouir  de  la  beauté  exceptionnelle  de  la 
floraison,  il  faut  disséminer  les  plantes  de 
manière  qu’il  y ait  près  d’elles  un  peu  de 
verdure,  par  exemple  dans  le  voisinage  des 
Mahonias,  Genêts,  Cotonéasters,  etc.  On 
peut  également  planter  en  massifs  autres 
que  dans  des  rochers,  mais,  dans  ce  cas,  il 
faut  placer  les  plantes  en  bordures,  ou,  si 
on  les  place  dans  l’intérieur  des  massifs,  il 
faut  faire  en  sorte  qu’elles  soient  dans  des 
clairières  ou  dans  le  voisinage  de  plantes 


basses,  avec  lesquelles  elle  s’harmoni- 
sera. 

Comme  la  plante  est  rampante  et  longue- 
ment traînante,  elle  est  très-propre  à garnir 
les  déclivités  de  terrain,  et  même  en  la  pla- 
çant sur  le  bord  de  rochers  abruptes,  ses 
tiges  s’allongent  et  peuvent  couvrir  ceux-ci. 

Quant  à la  culture  et  à la  multiplication, 
elles  n’offrent  aucune  difficulté  ; il  suffit  de 
mettre  les  plantes  en  terre,  n’importe  où  et 
quelle  que  soit  celle-ci. 

Bien  que  le  Jasminum  nudiflorum 
puisse  croître  à toutes  les  expositions,  il 
convient  de  le  placer  dans  les  endroits  très- 
aérés,  et,  s’il  est  possible,  assez  ensoleillés  ; 
à l’ombre,  la  plante  pousse  bien,  mais  se 
dégarnit  et  fleurit  peu.  Pour  ce  qui  est 
de  la  multiplication,  rien  à dire,  sinon  qu’il 
suffit  que  les  rameaux  touchent  le  sol  pour 
pu’ils  se  garnissent  de  racines. 

Un  fait  peu  connu,  qui,  pour  nous,  doit 
entrer  dans  l’historique  du  Jasminum  nu - 
diflorum,  est  celui-ci  : lors  de  son  arrivée  à 
Paris,  on  soumit  un  rameau  de  cette 
espèce  à un  grand  sinologue  de  l’Institut, 
accomgagné  du  signe  chinois  sous  lequel  il 
était  arrivé.  Il  traduisit  ce  signe  unique, 
sorte  de  lettre  ou  de  caractère  chinois,  par 
cette  phrase  : Fleur  qui  devance  le  prin- 
temps, ce  qui  démontre  la  valeur  symbo- 
lique et  concise  de  l’écriture  chinoise.  En 
effet,  tous  les  caractères  pratiques  de  cette 
espèce,  son  signalement  pourrait-on  dire, 
sont  contenus  dans  cette  phrase  ; la  plante, 
en  effet,  cesse  de  fleurir  lorsqu’arrive  le 
printemps,  par  conséquent  devance  celui-ci. 

E.-A.  Carrière. 


CULTURE  DES  PLANTES  MÉDICINALES  EN  MAINE-ET-LOIRE 


La  flore  de  l’Anjou  est  riche  d’un  grand 
nombre  de  plantes  médicinales  qui  croissent 
spontanément  dans  les  sables  alluvionnaires 
de  la  vallée  de  la  Loire,  sur  le  terrain  cré- 
tacé de  l’arrondissement  de  Saumur  et  du 
Beaugeois,  sur  les  calcaires  et  les  schistes  de 
la  vallée  de  Layon,  et  sur  les  sols  granitiques 
de  l’arrondissement  de  Gholet. 

Pendant  longtemps,  les  espèces  officinales 
furent  seulement  récoltées  par  les  herboristes 

1 Communication  faite  à la  Société  des  agricul- 
teurs de  France. 


de  profession  et  encore  par  la  nombreuse 
cohorte  de  prétendus  sorciers  qui  hantent  les 
campagnes  angevines  et  mettent  à rançon  leur 
trop  crédules  habitants,  même  encore  aujour- 
d’hui, malgré  la  vulgarisation  de  l’instruction. 

Le  paysan  de  l’Anjou,  malgré  son  intelli- 
gence native,  sa  défiance  de  ce  qui  est  étranger 
à ses  habitudes  et  au  milieu  dans  lequel  il  est 
accoutumé  de  vivre,  est,  par  une  singulière 
contradiction  de  son  caractère,  essentiellement 
porté  vers  toutes  les  pratiques  surnaturelles. 
Il  a,  au  milieu  de  ses  qualités,  le  grand  défaut 
de  croire  aux  prétendus  sorciers  et  aux  mau- 


570 


CULTURE  DES  PLANTES  MÉDICINALES  EN  MAINE-ET-LOIRE. 


vais  sorts.  Les  vaches  manquent-elles  de  lait, 
les  maladies  épizootiques  s’abattent-elles  sur 
ses  étables,  on  lui  a jeté  un  mauvais  sort,  et 
lui,  si  peu  prodigue  de  son  argent  dans  les 
choses  ordinaires  de  la  vie,  n’hésitera  pas  à 
sacrifier  tout  travail  et  son  argent,  pour  se 
mettre  à la  recherche  du  sorcier  fameux  qui 
conjurera  le  mauvais  sort  qu’on  a jeté  sur  sa 
maison,  plutôt  que  de  s’enquérir  de  la  cause 
naturelle  du  mal. 

I.  — C’est  en  1842  qu’un  homme  de  bien, 
Pierre-Aimé  Godillon,  natif  de  la  commune  de 
Saint-Lambert-du-Lattay,  eut  l’idée  féconde  de 
cultiver  un  groupe  de  plantes  médicinales  ; • 
son  but  tout  philanthropique  était  d’assurer  du 
travail  aux  vieillards  et  aux  femmes  de  la 
commune  de  Saint-Lambert-du-Lattay,  dont 
les  fils  ou  les  époux  étaient  occupés  à l’extrac- 
tion de  l’anthracite  dans  les  mines  et  du  cal- 
caire marbre  pour  les  fours  à chaux  de  la 
commune  de  Beaulieu. 

Pierre-Aimé  Godillon  revenait  à son  pays 
natal  après  une  longue  vie  de  labeurs,  passée 
à la  tête  d’une  importante  maison  de  com- 
merce de  Paris. 

C’était  à coup  sûr  une  noble  pensée  à 
laquelle  obéissait  ce  vétéran  du  commerce 
parisien  : introduire  dans  son  pays  une  culture 
toute  nouvelle,  occuper  les  femmes  à la  cueil- 
lette de  la  récolte,  et  les  vieillards,  obligés  de 
renoncer  aux  travaux  usuels  du  pays,  à monder 
les  plantes.  L’un  trouvait  dans  l’accomplisse- 
ment de  son  œuvre  la  satisfaction  que  tout 
homme  trouve  à soulager  son  semblable,  les 
autres  rencontraient  dans  l’exécution  de  leur 
tâche  des  ressources  destinées  à augmenter  le 
bien-être  du  foyer  et  à rendre  moins  lourdes 
les  dernières  années  de  la  vie. 

Les  nouvelles  cultures  du  Puits-Chesnault,  à 
Saint-Lambert-du-Lattay,  furent  tout  d’abord 
de  peu  d’étendue;  chaque  espèce  était  cultivée 
de  telle  façon  qu’elle  pût  produire  des  récoltes 
mondées,  n’excédant  pas  50  à 00  kilogr. 

Mais  à partir  de  1853,  M.  Émile  Godillon, 
fils  de  Pierre-Aimé  Godillon,  donna  une  plus 
grande  extension  à la  culture  des  espèces  offi- 
cinales ; il  aborda  l’aménagement  des  plantes 
employées  par  les  distillateurs.  Si  bien  qu’ac- 
tuellement  la  production  des  plantes  médici- 
nales, cantonnées  tout  d’abord  sur  la  commune 
de  Saint-Lambert-du-Lattay,  occupe  plusieurs 
centaines  d’hectares  à Beaulieu,  Rochefort-sur- 
Loire,  Saint-Aubin-de-Luigné,  La  Jumellière, 
Ghemillé,  Chauzeaux,  Le  Champ,  Rablay. 

Les  produits  de  cette  culture  que  j’appellerai 
« spécialité  »,  qui  croissent  sur  les  meil- 
leures terres  argilo-calcaires  qui  recouvrent  le 
massif  des  schistes  des  communes  que  je  viens 
d’énumérer , sont  très-recherchés  par  les 
grandes  distilleries.  Les  plantes  à parfums  : 
Roses  dites  de  Provins,  Camomilles,  Mélisse, 
Hyssope,  acquièrent  dans  ce  milieu  des  qua- 
lités marchandes  si  marquées,  que  malgré  la 
baisse  des  prix  qui  atteint  tout  ce  qui  touche 


de  près  ou  de  loin  l’agriculture,  elles  font 
encore  prime  sur  les  marchés  et  supportent 
vaillamment  la  concurrence. 

Quoi  de  surprenant?  La  nature  du  sol,  le 
climat,  tout  s’y  prête.  Et  M.  Émile  Godillon, 
ainsi  que  ses  imitateurs,  n’étaient-ils  pas  bien 
préparés  d’ores  et  déjà  par  l’inventeur  lui- 
même  de  ces  cultures  spéciales  à soigneuse- 
ment monder,  sécher,  conserver  les  récoltes 
premières  ? 

Maintenant  ce  ne  sont  plus  seulement  les 
vieillards  et  les  femmes  auxquels  Pierre- Aimé 
Godillon  voulait  venir  en  aide,  qui  trouvent  un 
travail  assuré  et  rémunérateur  dans  la  cueil- 
lette, la  préparation  des  espèces  officinales  et 
industrielles.  La  famille  agricole  y trouve,  elle 
aussi,  une  aisance  qui  fait  contraste,  par  ce 
temps  où  l’on  voit  des  produits  de  l’agricul- 
ture proprement  dite  enveloppés  par  la  dé- 
préciation. 

La  culture  des  plantes  officinales  a grandi, 
elle  a passé  dans  la  ferme.  A côté  des  Godil- 
lon, d’autres  sont  venus  concourir  à l’extention 
de  son  rayonnement.  Elle  n’est  plus  limitée 
aux  rives  sinueuses  du  Layon  et  de  l’Hyrome, 
elle  a passé  la  Loire’,  et  aujourd’hui  on  trouve 
des  champs  de  Camomille  égayant  de  leurs 
blanches  corolles  la  vallée  de  Saint-Georges- 
sur-Loire,  jusqu’à  Ingrandes.  Cette  dernière 
localité  était  d’ailleurs,  vers  1850,  un  centre 
de  cueillaison  d’espèces  médicinales,  et  notam- 
ment de  la  Scabieuse,  croissant  adventicement 
dans  les  campagnes,  que  l’on  venait  chercher 
jusqu’au  delà  de  Bécon. 

Le  groupe  des  plantes  médicinales  cultivées 
comprend  particulièrement  : la  Rose  dite  de 
Provins,  la  Camomille,  la  Mélisse,  l’IIyssope, 
la  Belladone,  le  Datura  Stramonium. 

IL  — J’ai  fait  remarquer  que  la  culture  des 
espèces  officinales  reposait  particulièrement 
sur  la  couche  argilo-calcaire  et  parfois  siliceuse 
qui  recouvre  les  chistes,  mais  on  a bien  soin 
pour  la  plantation  de  choisir  de  préférence  les 
terres  suffisamment  profondes,  perméables, 
susceptibles  de  pouvoir  être  défoncées  soit  à la 
main,  soit  à la  charrue,  à 30  ou  40  centimètres 
de  profondeur. 

Après  un  labour  profond,  le  sol  est  repris 
pour  bien  l’ameublir,  et  diviser  la  fumure 
nécessaire  à la  réussite  de  la  plantation. 

Lorsque  le  sol  est  définitivement  préparé, 
on  le  distribue  par  planches  de  fm  50  de  lar- 
geur et  on  plante  à l’hiver  par  éclats  les  diffé- 
rentes espèces,  ou  par  œilletons,  notamment 
la  Camomille  et  les  Rosiers  de  Provins,  en 
espaçant  les  éclats  ou  œilletons  de  60  centi- 
mètres les  uns  des  autres  ; chaque  planche  est 
séparée  par  un  passe-pied  large  de  80  centi- 
mètres pour  faciliter  les  façons  de  binages  et 
de  sarclages  nécessaires,  puis  l’enlèvement  des 
fleurs  ou  des  sommités. 

En  dehors  des  avantages  de  main-d’œuvre  * 
que  la  récolte  et  la  culture  des  espèces  médi- 
cinales a procurés  aux  habitants  des  groupes 


CULTURE  DES  PLANTES  MÉDICINALES  EN  MAINE-ET-LOIRE. 


571 


agricoles  de  Saint-Lambert-du-Lattay,  il  en  est 
résulté  un  autre  non  moins  important  et  qui  a 
eu  une  influence  économique  que  je  ne  saurais 
négliger  de  signaler. 

Avec  l’extension  [de  l’industrie  des  plantes 
médicinales,  les  bonnes  terres,  étant  préférées 
pour  leur  culture,  ont  gagné  une  plus-value 
d’affermement  sur  les  autres  natures  du  sol, 
qui  n’est  pas  inférieure  à 50  p.  100. 

De  sorte  qu’en  même  temps  que  les  ouvriers 
d’abord  et  la  famille  agricole  ensuite  trou- 
vaient la  main-d’œuvre  assurée  de  ce  côté,  le 
propriétaire  du  fonds  voyait  en  même  temps 
augmenter  le  revenu  de  sa  terre,  tant  il  est 
vrai  que  tout  s’enchaîne  dans  la  vie. 

En  implantant  sur  le  sol  de  son  pays  natal 
une  culture  nouvelle,  Pierre-Aimé  Godillon, 
qui  n’avait  pensé  tout  d’abord  qu’à  faire  une 
bonne  œuvre  en  procurant  à des  vieillards  et  à 
des  femmes  un  salaire  supplémentaire,  est 
venu  par  le  fait  concourir  à l’augmentation  de 
la  fortune  territoriale  de  tout  un  district  agri- 
cole du  département  de  Maine-et-Loire. 

Que  d’enseignements  il  y aurait  à tirer  de  cet 
enchaînement  des  choses  de  la  vie,  et  combien 
plus  le  cœur  et  l’esprit  trouvent  de  satisfaction 
à explorer  le  domaine  spéculatif  agricole  qu’à 
se  laisser  captiver  par  les'  feux  follets  de  la 
politique  ! 

III.  — J’arrive  au  produit  des  plantes  médi- 
cinales cultivées  en  Anjou,  et  aux  frais  qu’en- 
traîne leur  culture.  Je  vais  établir  le  compte 
cultural  et  le  compte  rendement  de  chacune 
des  espèces  cultivées  : Rose  de  Provins,  Hys- 
sope,  Mélisse,  Camomille,  Belladone,  Stra- 
moine. 

Les  chiffres  que  je  donne,  les  rendements 
que  j’indique,  sont  empruntés  aux  livres  de 
la  famille  des  Godillon  ; ils  sont  par  consé- 
quent absolument  authentiques,  et  je  saisis 
cette  occasion  pour  remercier  M.  Émile 
Godillon  de  la  bienveillance  avec  laquelle  il 
s’est  mis  à ma  disposition  pour  me  donner 
tout  moyen  d’écrire  l’intéressante  histoire  de 
la  culture  des  plantes  médicinales  en  Maine-et- 
Loire. 

1°  Fleurs  de  Roses  de  Provins. 

Frais 

par  hectare. 


Location  du  terrain 150  francs. 

Culture  et  plantation 250  — 

Cueillette,  mondage,  etc 500  — 

Total 900  francs. 

Rendement  : 500  kilogr. 


Prix  de  vente  : 588  fr.  les  100  kilogr.  = 2,500  fr. 
Produit  net  : 1,600  fr. 

2°  Hyssope. 


Location  du  terrain 150  francs. 

Culture  et  plantation 200  — 

Cueillette,  mondage,  etc 300  — 


Total 650  francs. 


Rendement  : 1,800  kilog. 

Prix  de  vente  : 80  fr.  les  100  kilogr.  = 1,440  fr. 
Produit  net  : 790  fr. 


3°  Mélisse . 


Location  du  terrain 

Culture  et  plantation... 
Cueillette,  mondage,  etc 


Frais 

par  hectare. 

150  francs. 
250  — 

350  — 


Total 750  francs. 

Rendement  : 1,200  kilogr. 

Prix  de  vente  : 150  fr.  les  100  kilogr.  =1,800  fr. 
Produit  net  : 1,050  fr. 


4°  Camomille. 


Location  du  terrain 150  francs. 

Culture  et  plantation 250  — 

Cueillette,  mondage,  etc... 400  — 

Total 800  francs. 


Rendement  : 1,200  kilogr. 

Prix  de  vente  : 170  fr.  les  100  kilogr.  = 2,040  fr. 
Produit  net  : 1 ,240  fr. 


5°  Belladone. 

Location  du  terrain 150  francs. 

Culture  et  plantation 200  — 

Cueillette,  mondage,  etc 300  — 

Total 650  francs. 

Rendement:  1,200  kilogr. 

Prix  de  vente:  130  fr.  les  100  kilogr.  = 1,560  fr. 
Produit  net  : 910  fr. 


6°  Stramoine. 

Location  du  terrain 150  francs. 

Culture  et  plantation 100  — 

Cueillette,  mondage,  etc 200  — 

Total 450  francs. 

Rendement  : 100  kilogr. 

Prix  de  vente  : 80  fr.  les  100  kilogr.  = 800  fr. 
Produit  net  : 350  fr. 

Ainsi  voilà  six  espèces  de  plantes  dites  médi- 
cinales qui,  cultivées  industriellement,  donnent 
aux  producteurs  des  produits  nets  par  hectare 
de  1,600,  de  1,240,  de  1,050,  de  910,  de  790 
et  de  350  fr.,  et  qui  procurent  aux  ouvriers 
chargés  de  la  récolte,  du  mondage,  etc.,  une 
main-d’œuvre  variant  entre  200  et  500  fr., 
qu’ils  ne  pourraient  trouver  pour  la  plupart 
dans  aucune  autre  occupation  locale. 

Ce  n’est  ni  la  culture  du  Chanvre,  ni  celle  de 
la  Vigne,  qui  peuvent  assurer  aux  ouvriers 
agricoles  de  l’Anjou  une  main-d’œuvre  aussi 
rémunératrice  et  réalisée  dans  le  laps  de  temps 
qui  sépare  l’achèvement  de  la  moisson  du 
commencement  des  vendanges,  c’est-à-dire  à 
un  moment  où  les  bras  se  reposent  ; aucune 
autre  culture  d’assolement,  sauf  la  Vigne,  ne 
donne  également  d’aussi  importants  résultats 
aux  producteurs. 

J’ai  indiqué  que  la  culture  des  espèces  offi- 
cinales avait  eu  des  résultats  économiques, 
pour  l’un  des  districts  agricoles  de  l’Anjou, 
que  j’ai  cru  intéressant  de  signaler,  parce  qu’il 
n’en  est  fait  mention  à ce  jour  dans  aucun  do- 
cument officiel. 

Mais  au  point  de  vue  de  la  culture  ordinaire 
du  pays,  l’aménagement  des  plantes  médici- 
nales a encore  eu  cet  avantage  de  demander 
des  labours  profonds,  d’abondantes  fumures, 
des  soins  de  sarclage]  et  dej  binage!  répétés  ; 


572 


CATTLEYA  ROEZLII. 


toutes  choses  qui  contribuent  singulièrement 
bien  à nettoyer,  à améliorer  le  sol  et  à le 
mettre  en  bonnes  conditions  pour  recevoir  les 
céréales,  les  plantes  racines  ou  fourragères. 

Aussi  n’est-il  point  exceptionnel  de  voir,  sur 
les  parcelles  cultivées  en  plantes  médicinales, 
les  Blés,  quand  ils  y font  retour,  donner  28  à 
30  hectolitres  à l’hectare,  alors  que  le  rende- 
ment ordinaire  des  meilleures  terres  soumises 
à l’assolement  régulier  ne  dépasse  guère 
20  hectolitres  et  24  dans  les  années  les  plus 
fécondes. 

IV.  — Tout  d’abord,  le  seul  débouché 
qu’avaient  les  récoltes  des  plantes  médicinales 
était  Paris  ; aujourd’hui,  et  depuis  la  culture 
des  plantes  de  distillation,  les  débouchés  se 
sont  élargis. 

Avec  Paris,  Lyon,  Marseille,  Londres  sont 
les  principaux  centres  vers  lesquels  sont  diri- 
gés les  produits  de  la  culture  spéciale  dont 
Saint-Lambert-du-Lattay  est  resté  le  centre,  et, 
comme  je  le  disais  plus  haut,  les  plantes  à 
parfums  de  l’Anjou  sont  recherchées  sur  les 
grands  marchés  de  la  France  et  de  l’Angle- 
terre. 


En  évaluant  à 500  hectares  l’étendue  des 
terres  consacrées  à la  culture  des  plantes  mé- 
dicinales et  de  distillation,  je  ne  m’écarte  pas 
de  la  vérité  ; et  en  portant  à 1,000  fr.  par  hec- 
tare le  revenu  net  moyen,  on  remarquera  que 
cette  culture,  « en  dehors  » de  l’assolement 
régulier,  donne  un  produit  qui,  par  le  temps 
actuel,  ne  saurait  être  une  quantité  négli- 
geable, alors  même  que  cette  culture  est  limi- 
tée à un  groupe  de  communes. 

D’autre  part,  en  prenant  le  rapport  moyen 
de  la  main-d’œuvre  des  six  cultures  que  je 
viens  de  décrire,  on  arrive  à un  produit  moyen 
de  main-d’œuvre  qui  est  de  334  fr.  Ce  qui 
revient  à dire  que  les  vieillards,  que  les  femmes, 
occupés  pendant  la  saison  de  la  cueillette  et  du 
mondage  des  fleurs  et  des  sommités  de  plantes 
médicinales,  c’est-à-dire  à un  moment  de  l’an- 
née où  le  travail  qui  vient  de  finir  attend  le 
travail  qui  va  reprendre,  obtiennent  un  salaire 
moyen  de  334  fr.,  qui,  réparti  sur  les  trois 
cents  jours  de  l’année  de  travail,  constitue  un 
revenu  de  1 fr.  10  par  jour,  qui  n’est  autre 
chose  à vrai  dire  qu’une  véritable  prime  au 
travail  assidu.  Bouchard. 


CATTLEYA  ROEZLII 


M.  Alfred  Bleu,  qui  a,  on  peut  le  dire, 
créé  la  race  horticole  des  Caladiums  à feuil- 
lage coloré,  n’a  pas  uniquement  consacré 
ses  soins  éclairés  et  minutieux  à ce  genre 
si  intéressant  et  si  beau.  Il  cultive,  avec  la 
même  passion,  un  certain  nombre  de  plantes 
choisies,  et  les  formes  nouvelles  qu’il  a ob- 
tenues par  l’hybridation  dans  les  Orchidées, 
les  Bégonias  à beau  feuillage,  les  Bertolo- 
nias,  etc.,  sont  déjà  nombreuses. 

Cette  fois,  le  hasard  surtout  l’a  favorisé, 
et,  pour  donner  l’histoire  de  la  belle  Orchi- 
dée figurée  ci-contre,  et  qui  est  dédiée  au 
célèbre  explorateur  horticole,  Bénédict 
Boezl,  qui  l’a  découverte,  ainsi  d’ailleurs 
que  tant  d’autres  plantes  de  la  plus  grande 
beauté,  nous  n’avons  pas  cru  pouvoir  mieux 
faire  que  de  nous  adresser  au  parrain  même 
de  cette  nouveauté,  M.  Bleu. 

Avec  son  obligeance  habituelle,  le  sym- 
pathique secrétaire  de  la  Société  nationale 
d’horticulture  de  France  nous  a envoyé  la 
notice  suivante  : 

« Le  Cattleya  Roezlii , dont  la  patrie  d’origine 
est  le  Vénézuéla,  se  distingue  assez  peu  du 
C.  Mossiæ , dont  il  semble  n’être  qu’une  forme. 
Il  est  d’ailleurs  considéré  comme  une  variété 
de  ce  dernier.  Quant  à moi,  en  examinant  ses 
caractères  généraux,  je  trouve  qu’il  est  inter- 
médiaire entre  les  C.  Mossiæ  et  speciosissima. 
On  le  trouve  mélangé  à ces  deux  types,  à ce 
que  m’a  affirmé  Roezl  lui-même,  et  j’ai  pu 


constater  le  fait  dans  un  envoi  très-important 
d’Orchidées  reçu  directement  de  cette  contrée 
si  riche  en  belles  espèces  de  cette  très-intéres- 
sante famille. 

C’est,  en  effet,  dans  l’envoi  précité  que  j’ai 
trouvé,  parmi  de  nombreux  et  superbes  exem- 
plaires de  C.  Mossiæ  auxquels  se  trouvaient 
mêlés  quelques  sujets  relativement  petits  de 
C.  Lüddemanniana  et  speciosissima , le  type 
si  remarquablement  beau  qui  m’a  paru  digne 
de  figurer  dans  la  Revue  horticole.  Son  carac- 
tère intermédiaire  entre  le  C.  speciosissima 
et  le  C.  Mossiæ,  qui,  à son  arrivée,  était  beau- 
coup plus  accusé  qu’aujourd’hui,  me  frappa 
immédiatement,  et,  pour  beaucoup,  je  n’aurais 
pas  consenti  à m’en  séparer.  Le  sujet  n’avait 
que  quatre  pseudo-bulles,  dont  trois  portaient 
des  traces  d’inflorescences.  C’était  vers  la  fin 
de  juillet  1883,  je  le  plantai  de  suite,  et,  au 
mois  de  mai  1885,  j’eus  la  satifaction  de  voir 
que  la  confiance  que  j’avais  mise  en  lui  était 
bien  justifiée. 

Le  C.  Mossiæ  est  certainement,  parmi  les 
espèces  de  ce  genre,  une  des  plus  vigoureuses 
et  des  plus  faciles  à cultiver  ; c’est  également 
une  des  plus  florifères.  Ces  qualités  sont  en- 
tièrement partagées  par  le  C.  Roezlii,  et  il 
possède  en  outre  celle  de  conserver  sa  fleur  en 
parfait  état  de  fraîcheur  pendant  près  d’un 
mois.  Toutes  les  parties  du  périanthe  sont  bien 
étoffées,  et  l’ensemble  de  cette  fleur,  dont  le 
maintien  est  irréprochable,  est  absolument  sé- 
duisant. Les  sépales  et  les  pétales  sont  très- 
larges,  et  ces  derniers  fortement  arrondis  ; le 
labelle,  qui  est  également  très-large,  est  sur- 


Kevwe  rioruwie . 


PTARMICA  GRANDIFLORA  FLORE  PLENO. 


573 


tout  remarquable  par  le  rouge  vif  de  l’intérieur 
de  son  disque,  qui  va  se  fonçant  en  pénétrant 
dans  la  gorge,  à l’entrée  de  laquelle  cette  cou- 
leur est  coupée  par  une  bande  transversale 
jaune  d’or,  et  par  une  large  bande  blanc-crême 
très-régulièrement  dentelée,  qui  le  couronne. 

Le  Cattlega  Roezlii  est  maintenant  pré- 
senté ; il  parcourra  dignement  la  belle  car- 
rière qui  lui  est  réservée. 


La  seule  chose  que  nous  ajouterons  à la 
description  de  M.  Bleu,  c’est  que  nous 
sommes  heureux  que  cette  belle  plante  soit 
patronnée  par  un  horticulteur  français,  et 
qu’elle  porte  le  nom  de  l’illustre  collecteur 
qui  a consacré  sa  vie  à la  recherche  et  à 
l’introduction,  en  Europe,  des  superbes 
végétaux  des  deux  Amériques. 

Ed.  André. 


PTARMICA  GRANDIFLORA  FLORE  PLENO 


Plante  vivace,  très-  rustiqne  et  extrême- 
ment robuste,  gazonnante-traçante  ; tige  at- 
teignant environ  30  à 50  centimètres  de 
hauteur,  légèrement  anguleuse,  très-rami- 
liée.  Feuilles  sessiles,  légèrement  amplexi- 
caules,  longuement  linéaires,  acuminées  en 
pointes  au  sommet,  denticulées  sur  les 
bords,  luisantes.  Fleurs  grandes  (2  centi- 
mètres au  moins  de  diamètre),  très-pleines, 
formées  de  ligules  serrées,  nombreuses,  de 
manière  que  l’ensemble  des  fleurs  rappelle 
un  peu  celle  de  certaines  Matricaires,  d’un 
blanc  très-pur,  sans  aucune  nuance  d’autre 
couleur,  extrêmement  nombreuses,  légère- 
ment odorantes,  réunies  et  formant  de 
grandes  ombelles  ou  corymbes  par  la  réu- 
nion d’ombelles  secondaires. 

Cette  espèce,  très-propre  à l’ornementa- 
tion générale,  peut  être  employée  pour  la  dé- 
coration des  plates-bandes  et  la  création  de 
massifs.  On  peut  aussi  la  cultiver  en  pots  et 
alors,  par  un  traitement  spécial,  en  avancer 
ou  retarder  la  floraison,  de  manière  à la 
faire  coïncider  avec  une  grande  fête  parti- 
culière où  les  fleurs,  les  blanches  surtout, 
sont  très-recherchées  et  atteignent  des  prix 
relativement  élevés,  comme  à la  Sainte- 
Marie,  par  exemple.  Si  les  plantes  étaient 
en  pleine  terre,  on  pourrait  également  en 
faire  varier  l’époque  de  floraison,  en  raison 
de  certaines  circonstances,  ce  à quoi  l’on 
parvient  en  laissant  souffrir  les  plantes, 
c’est-à-dire  en  les  privant  d’eau,  puis  en  les 
arrosant  de  manière  à ce  que  la  végétation 
reparte,  et  qu’alors  les  plantes  fleurissent 
pour  l’époque  où  l’on  a besoin  des  fleurs  ; 
et  en  coupant  ou  fauchant  les  plantes  afin 
qu’elles  ne  fleurissent  que  plus  tard,  lors- 
qu’une nouvelle  végétation  aura  remplacé 
celle  qui  a été  supprimée. 

Dans  l’un  comme  dans  l’autre  cas,  c’est 
une  affaire  de  tâtonnement,  où  l’expérience 
est  le  seul  guide.  Toutefois  cette  espèce  se 
prête  d’autant  mieux  aux  expériences, 
qu’elle  remonte  facilement  et  qu’elle  donne 
une  seconde  et  même  une  troisième  florai- 


son. De  même  aussi  l’on  peut  opérer  par- 
tiellement , c’est-à-dire  ne  soumettre  à 
l’expérience  qu’un  certain  nombre  de 
plantes,  ou  bien,  si  celles-ci  sont  en  pleine 
terre,  en  planches,  n’en  rabattre  que  la 
quantité  nécessaire  pour  obtenir  les  fleurs 
dont  on  a besoin.  S’il  s’agissait,  au  con- 
traire, d’avancer  la  floraison  des  plantes,  il 
serait  bon  de  les  avoir  en  pots,  afin  d’en 
arrêter  et  faire  avancer  à volonté  la  végéta- 
tion. Dans  ce  cas,  on  prive  d’eau  les  plantes 
en  ne  leur  en  donnant  que  ce  qui  est  stric- 
tement nécessaire  pour  les  empêcher  de 
mourir;  puis  on  les  arrose  copieusement, 
de  manière  à faire  développer  les  tiges,  qui 
alors  ne  tardent  pas  à fleurir. 

Usages.  — Outre  l’ornementation  dont 
nous  venons  de  parler,  le  Ptarmica  gran- 
di flora  flore  pleno  est  surtout  propre  à la 
confection  des  bouquets  et  tout  particuliè- 
rement à celle  des  couronnes  ; la  plante  se 
prête  d’autant  mieux  à cet  usage,  qu’elle 
est  très-ramifiée  et  que  ses  inflorescences, 
qui  sont  fortes  et  larges,  peuvent  se  diviser 
en  parties  aussi  petites  que  l’on  veut,  ce  qui 
en  facilite  l’emploi  dans  les  différentes  cir- 
constances où  d’autres  ne  pourraient  trou- 
ver place. 

Culture  et  multiplication.  — Ces  choses 
ne  présentent  aucune  difficulté.  Presque 
toutes  les  terres  comviennent,  pourvu  qu’elles 
soient  aérées  et  insolées.  Quant  à la  multi- 
plication, on  la  fait  par  la  division  des 
pieds,  que  l’on  pratique  au  printemps , 
lorsqu’ils  vont  entrer  en  végétation.  On 
plante  en  pépinière,  d’où  l’on  prend,  lorsque 
les  sujets  sont  bien  établis,  pour  l’usage 
auquel  on  les  destine.  Ajoutons  que  les 
fleurs  de  Ptarmica  se  conservent  très  bien 
après  qu’elles  sont  coupées,  même  lorsqu’on 
ne  les  met  pas  dans  de  l’eau,  ce  qui  explique 
leur  emploi  dans  les  bouquets  d’hiver. 

On  peut  se  procurer  le  Ptarmica  gran- 
di flora  flore  pleno  chez  M.  Godefroy-Le- 
beuf,  horticulteur  à Argenteuil. 

E.-A.  Carrière. 


574 


PSEUDOPHŒNIX  SARGENTI. 


PSEUDOPHŒNIX  SARGENTI 


La  découverte  de  ce  beau  Palmier  nou- 
veau, que  la  Revue  horticole  a signalée 
dès  1887  i,  lors  de  la  création  du  nouveau 
genre  auquel  il  appartient,  offre  un  intérêt 
horticole  de  premier  ordre,  au  moins  pour 
notre  région  méditerranéenne.  Nous  sommes 
donc  revenus  plusieurs  fois  sur  son  compte, 
à mesure  que  les  documents  nouveaux  nous 
parvenaient 2. 

Aujourd’hui,  grâce  à l’obligeante  com- 
munication de  M.  Ch.  Sargent,  nous  pou- 
vons offrir  à nos  lecteurs  deux  clichés  qui 
leur  feront  connaître  la  plante,  on  pourrait 


dire  de  visu.  La  figure  141  donne  le  port 
du  Pseudophœnix  Sargenti,  tel  qu’il  a 
été  retrouvé  à Long’s  Key,  au  sud  de  la 
Floride,  au  printemps  de  1887,  et  photo- 
graphié par  M.  James  Codman. 

Ce  rarissime  Palmier,  découvert  par 
M.  Ch.  Sargent,  pour  la  première  fois,  le 
19  avril  1886,  à l’extrémité  orientale  d’El- 
liot’s  Key  (Floride),  n’a  pas  été  rencontré 
ailleurs  que  dans  les  deux  localités  précitées. 
A Long’s  Key,  où  il  est  le  plus  abondant,  le 
nombre  total  des  exemplaires  observés  ne 
dépasse  pas  200.  Mais  il  y a lieu  de  penser 


Fig.  140.  — Pseudophœnix  Sargenti. 
Ramule  et  fruits  détachés.  — Grains.  — Embryon. 


qu’il  existe  ailleurs,  dans  la  région  des  Reef 
Keys  de  la  Floride,  et  peut-être  même  aux 
îles  Baliama,  dont  la  flore,  encore  peu 
connue,  est  très-voisine  de  celle  de  ses  con- 
trées. 

Le  Pseudophœnix  Sargenti  a le  port 
d’un  Oreodoxa  regia,  cet  admirable  Pal- 
mier dont  on  voit  de  si  beaux  exemplaires 
à Rio-de-Janeiro  et  à la  Martinique,  et 
ses  feuilles  sont  pennées  comme  celles  des 
Dattiers,  qui  ont  motivé  le  nom  du  genre. 
Ces  caractères  lui  assurent  une  place  choisie 
parmi  les  plantations  de  la  côte  niçoise,  où 
il  sera  probablement  rustique.  Si  l’on  ajoute, 

1 Voir  Revue  horticole , 1887,  p.  34. 

2 Ibid.,  1888,  p.  482. 


à cette  haute  valeur  ornementale,  l’ap- 
point de  ses  jolis  fruits  rouges  ou  orangés 
(fîg.  140),  on  verra  que  rien  n’est  plus 
désirable  que  l’introduction  prochaine,  en 
Europe,  de  cette  belle  nouveauté.  Nos  ren- 
seignements nous  donnent  à croire  qu’elle 
ne  se  fera  pas  longtemps  attendre. 

Nous  avons  précédemment  décrit  l’espèce 
(?.  c.),  mais,  comme  elle  est  vraisemblable- 
ment destinée  à un  légitime  succès,  nous 
croyons  utile  d’en  fixer  les  caractères  bota- 
niques par  la  traduction  littérale  de  ceux 
que  M.  H.  Wendland  a publiés  1 : 

Pseudophœnix,  nov.  gen.  Herm.  Wendl.  — 
Genre  voisin  des  Gaussia.  Fruit  stipité-dru- 

1 Gard,  and  Forest,  1888,  p.  352. 


PSEUDOPHŒNIX  SARGENTI. 


575 


pacé , cérasiforme , orangé , consistant  en 
1-3  carpelles  globuleux,  à restes  stigmatiques 
persistant  à la  base,  ou  bien  latéraux  ou 
centraux  dans  les  fruits  lobés  ; épicarpe 
coriace  ; mésocarpe  grumeleux  ; endocarpe 
légèrement  vitreux  crustacé.  Graine  libre, 


dressée,  subglobuleuse,  à hile  basilaire,  à 
raphé  ascendant  portant  de  chaque  côté  deux 
ou  trois  ramifications  courbées,  à albumen 
homogène  ; embryon  basilaire.  Fleurs  femelles 
composées  d’un  calyce  petit,  ouvert  en  coupe, 
à trois  dents  fines  ; trois  pétales  obtus,  verts, 


Fig.  14t.  — Le  Pseuclophœnix  Sargenti  dans  son  site  natal,  au  sud  de  la  Floride. 
(D’après  une  photographie.) 


réfractés.  Six  staminodes  à sommet  pourpre 
foncé. 

Arbre  dressé,  de  6 à 8 mètres  de  hauteur,  à 
feuilles  pinnatiséquées,  à segments  durius- 
cules  très  pliés  à la  base. 

Jusqu’ici,  le  genre  Pseuclophœnix  est 


monotype.  L’étude  plus  approfondie  de  la 
flore  méridionale  des  États-Unis  en  révè- 
lera-t-elle  de  nouveaux  types  ? C’est  ce  que 
tous  les  palmophiles  doivent  désirer. 


Ed.  André. 


TROPÆOLUM  ADUNCUM. 


576 


TROPÆOLUM  ADUNCUM 


Parmi  les  très-bonnes  plantes  grim- 
pantes, il  en  est  une  que  nous  n’hésitons 
pas  à placer  en  première 
ligne  et  à recommander 
comme  l’une  des  plus  mé- 
ritantes, c’est  le  Tropæo- 
lum aduncum , Smith, 
appelé  improprement  « Ca- 
pucine des  Canaries  », 
puisqu’il  est  originaire  du 
Mexique.  Nous  disons  plan- 
tes des  plus  méritantes  et 
non  des  plus  belles , car 
les  expressions,  que  l’on 
confond  souvent,  sont  pour- 
tant d’une  valeur  très-diffé- 
rente, puisque  dans  certains 
cas  elles  peuvent  différer 
considérablement.  En  effet, 
beau  ou  belle  n’implique  qu’une  chose  : ce 
qui  satisfait  les  yeux  et  plaît;  pour  être 
méritante , il  faut 
plus  : qu’à  la  beauté 
se  joignent  d’autres 
qualités. 

Citons  comme 
exemple  d’opposition 
le  Cereus  grandiflo- 
rus,  dont  la  fleur  est 
évidemment  très- 
belle , même  pour 
tout  le  monde  et 
quels  que  soient  les 
goûts,  et  pourtant 
cette  plante  n’est  pas 
méritante.  D’abord 
elle  exige  une  serre 
chaude  que  peu  de 
personnes  possèdent; 
elle  est  aphylle  (sans 
feuille),  et  ne  fleurit 
que  lorsqu’elle  est 
déjà  âgée,  et,  de 
plus,  sa  fleur  ne  dure 
guère  que  deux  heu- 
res et  ne  s’épanouit 
que  la  nuit  ; de  sorte 
qu’après  avoir  cul- 
tivé la  plante  pen- 
dant plusieurs  an- 
nées il  faut  encore, 
pour  en  voir  la  fleur, 
sacrifier  une  partie 
de  son  sommeil,  la  guetter,  pourrait-on 
dire.  D’après  cela,  n’est-il  pas  évident  que 


si  le  Cereus  grandi florus  est  joli,  très- 
joli  même  par  sa  fleur,  il  est  cependant 
loin  de  constituer  une  es- 
pèce méritante? 

Maintenant , si  nous  lui 
opposons  la  plante  qui  fait 
le  sujet  de  cet  article,  le 
Tropæolum  aduncum , on 
va  tout  de  suite  reconnaître 
qu’il  y a entre  les  deux  une 
différence  considérable  qui 
justifie  nos  dires,  à propos 
des  adjectifs  beau  et  méri- 
tant. En  effet,  outre  que  le 
Tropæolum  aduncum  a de 
belles  et  très-nombreuses 
fleurs,  la  plante,  qui  est 
annuelle,  peut  être  cultivée 
par  tout  le  monde  puis- 
qu’elle croît  très-bien,  même  en  pot  ou  en 
caisse,  où  elle  fleurit  parfaitement  et  pen- 
dant toute  l’année, 
c’est-à-dire  qu’elle 
ne  cesse  qu’à  l’ar- 
rivée des  froids.  On 
le  voit,  en  compa- 
rant les  deux  plan- 
tes, on  constate  que 
si  la  première  est 
belle,  elle  est  loin 
d’être  méritante , 
tandis  qu’il  en  est 
tout  autrement  de 
la  deuxième,  puis- 
qu’elle réunit  ces 
deux  qualités. 

Après  cette  sorte 
de  digression,  qui 
nous  a paru  néces- 
saire pour  faire  res- 
sortir le  mérite  du 
Tropæolum  adun- 
cttm(fîg.l4^  et  143), 
nous  allons  en  don- 
ner une  description  : 

Plante  vigoureuse, 
grimpante  ou  mieux 
prenante,  par  le  con- 
tournement des  pétio- 
les, des  pédoncules  et 
même  des  ramifica- 
tions, très-floribonde, 
glabre  dans  toutes  ses 
parties.  Tiges  cylindriques.  Feuilles  quinquélo- 
bées,  à lobes  inégaux,  le  médian  beaucoup  plus 


Fig.  142.  — Capucine  des  Canaries. 
Rameau.et  fleur  détachés. 


Fig.  143.  — Capucine  des  Canaries. 
Port  de  la  plante. 


TILLANDSIA  (vIIIESEA)  X ALBERTI. 


grand,  largement  arrondis-obovales  profonds, 
les  deux  inférieurs  plus  petits,  presque  laté- 
raux, très-variables  quant  aux  dimensions  sui- 
vant la  vigueur  des  plantes.  Inflorescences  en 
grappes  terminales,  atteignant  40  centimètres 
environ  de  longueur.  Fleurs  axillaires,  sur  un 
pédoncule  légèrement  contourné  et  relative- 
ment long,  à divisions  très-inégales,  l’exté- 
rieure plus  grande,  terminée  en  un  éperon 
court  fortement  recourbé  au  sommet,  qui  reste 
toujours  vert;  divisions  supérieures  profondé- 
ment fendues,  atténuées  à la  base  en  une  sorte 
de  pédicule,  puis  très-largement  étendues  et 
profondément  laciniées,  à lobes  denticulés, 
d’un  beau  jaune  d’or,  excepté  à la  base  des 
divisions,  où  se  trouvent  des  liserés  rouges, 
qui  contrastent  agréablement  avec  tout  le  reste 
de  la  fleur,  qui  est  jaune.  Fruits  relativement 
gros,  fortement  côtelés,  à côtes  arrondies, 
comme  carénées. 

Cette  espèce,  que  nous  n’hésitons  pas  à 
recommander,  n’est  pas  délicate  et  fleurit 
jusqu’aux  gelées  suivant  l’époque  où  l’on  a 
semé  ses  graines.  De  même  que  toutes  les 
autres  formes  du  genre,  le  Tropæolum 
aduncum,  Smith  (T.  peregrinum,  Jacq.), 
se  cultive  très-bien  en  pot  ou  en  vase,  et  y 
acquiert  même  d’assez  grandes  proportions. 


577 

Ainsi,  à Plombières,  au  café  des  Vosges,  nous 
en  avons  vu  qui,  bien  que  plantées  dans  des 
caisses,  dépassaient  3 mètres  de  hauteur  ; 
elles  garnissaient  toute  la  devanture  d’une 
vérandah  qui  n’avait  pas  moins  de  15  mètres 
de  longueur  sur  3m  50  de  hauteur,  ce  qui 
formait  un  rideau  magnifique,  et  d’autant 
plus  beau  que  le  propriétaire  avait  eu  l’heu- 
reuse idée  de  planter,  çà  et  là,  quelques 
graines  de  Capucine  ordinaire  à fleurs 
rouges,  qui,  mélangées  avec  celles  du  Tro- 
pæolum aduncum,  qui  sont  jaunes,  pro- 
duisait de  charmants  contrastes. 

Un  sol  léger  et  consistant,  composé  de 
terre  franche  siliceuse  additionnée  d’un  peu 
de  terreau  gras,  convient  parfaitement  à 
cette  plante.  Il  va  sans  dire  que,  si  les  sujets 
sont  en  vases,  il  faudra  arroser  plus  souvent 
que  s’ils  étaient  en  pleine  terre,  quoique 
cependant  il  puisse  y avoir  des  exceptions 
suivant  la  vigueur  des  plantes,  leur  force 
et  les  conditions  dans  lesquelles  elles  sont 
placées,  etc.  Quant  aux  semis,  on  les  fait 
dès  les  premiers  beaux  jours,  comme,  en 
général,  pour  toutes  les  plantes  annuelles. 

E.-A.  Carrière. 


TILLANDSIA  (VRIESEA)  x ALBERTI 


Les  Broméliacées  ne  sont  plus  seulement 
des  fantaisies  d’amateurs,  curieuses  et  belles 
comme  plantes  d’introduction  directe.  Elles 
prennent  de  plus  en  plus  d’importance  dans 
les  cultures,  et  voici  que  les  produits  d’hy- 
bridations intelligentes  se  montrent  sur  les 
marchés  comme  des  gains  dont  la  valeur  est 
appréciée  chaque  jour  davantage.  Nous  en 
trouvons  une  preuve  nouvelle  dans  la  nou- 
veauté que  nous  décrivons  aujourd’hui  en 
ces  termes  : 

Tillandsia  (Vriesea)  Alberti , Ed.  André.  — 
Feuilles  au  nombre  de  18  à 20,  très-glabres, 
vert  pâle,  dressées-décurves,  oblongues,  ob- 
tuses, à mucron  apical  tordu,  canaliculées,  lar- 
gement et  brusquement  embrassantes  à la 
base,  longues  de  20  à 25  centimètres,  larges  de 
35  millimètres.  Hampe  haute  de  15  centimètres 
étroitement  entourée  de  bractées  imbriquées, 
ovales-obtuses,  mucronées,  vertes.  Épi  dressé, 
long  de  10  à 12  centimètres,  ovale-aigu,  com- 
primé, composé  de  10  à 15  fleurs  distiques  ; 
bractées  florales  imbriquées,  ovales,  navicu- 
laires,  aiguës,  à pointe  presque  droite,  d’un 
beau  rouge-orangé,  jaunes  et  vertes  au  bord 
supérieur.  Fleurs  égalant  ou  dépassant  à peine 
les  bractées;  calyce  large  de  35  à 40  milli-  | 


mètres,  arrondi  à la  face  externe,  comprimé  à 
la  face  interne,  à sépales  étroitement  conni- 
vents,  ovales-aigus,  membranacés;  corolle  à 
lobes  oblongs,  obtus,  cucullés,  jaunes,  à som- 
met vert;  étamines  à filets  égalant  l’anthère, 
plus  courtes  que  le  style;  stigmate  vert  à trois 
branches  étalées,  émoussées,  papilleuses. 

Hybride  obtenu  en  1886  par  M.  Albert 
Truffaut,  horticulteur  à Versailles  (à  qui  je 
la  dédie),  d’un  croisement  entre  le  T. 
( Vriesea ) incurvata,  Gaud.,  fécondé  par 
T.  Morreniana , Hort.  La  première  floraison 
a eu  lieu  en  1888.  Cette  plante  diffère  sur- 
tout du  T.  incurvata  par  ses  feuilles  plus 
obtuses,  ses  épis  plus  courts,  ses  bractées 
moins  nombreuses,  ni  sillonnées  ni  in- 
curves. Elle  est  remarquable  par  la  belle 
couleur  rouge  de  ses  bractées  formant  un 
épi  distique  très-élégant. 

Nous  prédisons  un  bel  avenir  commercial 
au  T.  Alberti  et  nous  félicitons  son  habile 
et  heureux  obtenteur  i. 

Ed.  André. 

1 Nous  disons  Tillandsia  Alberti , parce  que 
le  genre  Vriesea  ne  doit  plus  décidément  former 
qu’une  simple  section  du  genre  Tillandsia. 


578 


SUR  UNE  VARIÉTÉ  A CÔNES  LISSES  DU  SAPIN  DE  CÉPHALONIE 


SUR  UNE  VARIÉTÉ  A CONES  LISSES  DU  SAPIN  DE  CÉPHALONIE 

(ABIES  GEPHALONIGA  SUBMUTICA) 


En  examinant  attentivement,  à la  fin  de 
l’été,  les  Conifères  du  Lois  de  Boulogne,  qui 
renferme  une  soixantaine  de  représentants 
de  YAbies  cephalonica  donnant  aujour- 
d’hui des  cônes,  on  est  frappé  de  ce  fait 
que,  tandis  que  ces  fruits  ont  des  bractées 
saillantes  sur  presque  tous  les  arbres,  deux 
de  ceux-ci  portent  des  cônes  qui,  vus  du 
pied  de  l’arbre,  apparaissent  à l’œil,  seul 
ou  aidé  d’une  bonne  lunette  de  théâtre, 
comme  étant  complètement  dépourvus  de 
cette  saillie  des  bractées,  que  l’on  considère 
comme  un  des  caractères  essentiels  de  l’es- 
pèce. L’un  de  ces  arbres  est  situé  à l’extré- 
mité orientale  du  lac  de  la  Cascade  ; il  me- 
sure de  6 à 7 mètres  de  hauteur;  l’autre, 
beaucoup  plus  vigoureux  et  plus  fort,  a de 

9 à 10  mètres;  il  fait  partie  d’un  groupe 
de  Sapins  d’espèces  diverses  placé  vers 
l’allée  du  Grand^Lac,  près  de  l’angle  sud- 
est  de  l’ancien  parc  aux  daims. 

Examinés  de  près,  ces  cônes  laissent  sub- 
sister en  grande  partie  l’impression  reçue 
à distance,  c’est-à-dire  qu’on  trouve  les 
bractées  incluses  sur  la  plus  grande  partie 
de  leur  surface,  mais  que,  seulement  à la 
base  et  au  sommet  du  cône,  le  mucron  des 
bractées  fait  une  très-légère  saillie  dont  la 
longueur,  mesurée  exactement,  ne  dépasse 
pas  un  à deux  millimètres  sur  les  fruits  du 
petit  arbre,  tandis  qu’elle  est  de  3 à 4 mil- 
limètres pour  ceux  du  second  sujet.  Voici, 
du  reste,  les  caractères  que  l’on  relève  sur 
les  strobiles  de  l’arbre  de  la  Cascade  : 

Cônes  solitaires  ou  réunis  par  2 ou  3,  longs  de 

10  à 12  centimètres,  larges  de  3 à 4,  arqués,  cy- 
lindriques, atténués  à la  base,  et  plus  longue- 
ment encore  au  sommet,  entièrement  mutiques 
dans  leur  tiers  moyen,  laissant  voir,  dans  leurs 
deux  tiers  supérieur  et  inférieur,  l’extrémité 
du  mucron  de  la  bractée  sous  forme  d’un  fila- 
ment luisant,  brun,  dressé,  long  de  1 à 2 mil- 
limètres. Écailles  moyennes  cunéiformes, 
épaisses,  un  peu  plus  larges  que  hautes,  à bord 
supérieur  elliptique,  entier;  bords  latéraux 
inégalement  dentés,  minces,  scarieux;  onglet 
triangulaire,  long  de  5 à 7 millimètres.  Écailles 
inférieures  elliptiques,  courtes,  denticulées  au 
sommet.  Bractées  incluses,  adnées  à l’onglet  de 
l’écaille,  longuement  stipitées,  à pédicelle 
mince,  membraneux,  d’abord  linéaire,  puis 
rétréci  en  un  col  auquel  succède  un  limbe 
trapézoïde,  à bords  frangés,  surmonté  d’un 
mucron  sétiforme  long  de  2 à 3 millimètres.  | 


Graines  trigones,  luisantes,  longues  de  6 à 8 mil- 
limètres (toutes  stériles  cette  année),  à aile 
membraneuse,  irrégulièrement  quadrilatère, 
brusquement  élargie  au  sommet. 

Comme  on  en  peut  juger  d’après  cette 
diagnose,  ces  cônes,  rapprochés  de  ceux  du 
type,  présentent  de  notables  différences  : ils 
sont  plus  petits  (10  à 12  centimètres  de  lon- 
gueur au  lieu  de  12  à 18),  leur  forme  est 
cylindrique  plutôt  que  fusiforme,  leurs  ex- 
trémités moins  obtuses  ; enfin  ils  sont  pres- 
que lisses,  tandis  que  dans  le  type  la  surface 
du  fruit  se  montre  largement  hérissée  de 
rangées  bractéales  bien  visibles  à distance. 

J’ignore  si  d’autres  personnes  ont  ob- 
servé cette  anomalie  d’organisation  dans  le 
fruit  de  YAbies  cephalonica  ; je  ne  l’ai 
trouvée  mentionnée  dans  aucun  des  auteurs 
que  j’ai  consultés. 

Mais  les  deux  arbres  auxquels  je  con- 
sacre cette  note  sont-ils  bien  des  Sapins  de 
Céphalonie  ? Quant  à moi,  je  n’en  doutais 
pas  ; sauf  le  fruit,  on  y retrouve  les  carac- 
tères attribués  à cette  espèce  : ce  sont  bien 
le  même  port,  le  même  feuillage  dense,  d’un 
vert  foncé,  luisant  en  dessus,  glauque  fari- 
nacé  en  dessous,  acuminé  en  une  pointe 
scarieuse,  blanchâtre  et  très-aiguë;  rien 
n’y  manque  de  ce  qui  caractérise  le  cepha- 
lonica. Cependant,  me  défiant  de  mon  ap- 
préciation, et  dans  la  crainte  de  commettre 
une  erreur,  j’ai  tenu  à contrôler  mon  im- 
pression par  le  jugement  d’hommes  plus 
compétents  que  moi  en  la  matière,  et  j’ai 
fait  voir  un  rameau  de  ces  arbres  à MM.  Car- 
rière et  Henry  de  Vilmorin,  qui  n’ont  pas 
hésité  à les  considérer  comme  se  rattachant 
évidemment  à l’espèce  de  YAbies  cepha- 
lonica. 

Ainsi,  le  fait  paraît  bien  établi  : tandis 
que  le  cône  du  Sapin  de  Céphalonie  pré- 
sente très-habituellement  des  bractées  sail- 
lantes et  bien  apparentes,  des  individus  de 
cette  même  espèce,  en  petit  nombre,  portent 
des  cônes,  dont  les  bractées  plus  courtes 
sont  presque  entièrement  incluses  ; en  d’au- 
tres termes,  à côté  du  type  bien  connu, 
il  existe  une  variété  à cônes  lisses,  et  que, 
pour  ce  motif,  j’appellerai  Abies  cephalo- 
nica submutica. 

Au  point  de  vue  purement  botanique,  ce 
fait  présente  quelque  intérêt.  Nous  savons 
le  rôle  que  les  botanistes  font  jouer  au  ca- 


UNE  NOUVELLE  SÉRIE  DE  RADIS. 


579 


ractère  de  la  bractée,  saillante  ou  incluse, 
dans  la  détermination  de  certaines  espèces 
de  Sapins  ; la  distinction  des  Abies  basal- 
mea  et  Fraseri  repose  en  grande  partie 
sur  ce  caractère,  et  on  pourrait  en  dire 
autant  des  Abies  Nordmanniana  et  cili - 
cica,  qu’il  est  parfois  difficile  de  distinguer 
sans  la  vue  du  fruit.  Cet  usage,  suivi  par  la 
plupart  des  auteurs  qui  ont  traité  des  Coni- 
fères, n’implique-t-il  pas  qu’on  accorde  au 
caractère  en  question  une  importance  ma- 
jeure, sinon  une  valeur  absolue  ? Le  fait  des 
deux  arbres  dont  je  m’occupe  donnerait  à 
penser  qu’en  réalité  cette  valeur  est  moindre 
qu’on  ne  l’admet  généralement,  et  que  des 
arbres  à bractées  cachées  peuvent  naître 
d’un  individu  dont  les  bractées  sont  appa- 
rentes. Telle  est,  en  effet,  l’impression  qui 
se  dégage  de  la  lecture  du  Traité  général 


des  Conifères  de  M.  Carrière.  L’induction, 
l’analogie,  et  aussi  l’observation  que  chacun 
pourra  renouveler  au  bois  de  Boulogne, 
l’an  prochain,  donnent  un  grand  poids  à 
cette  opinion,  et  il  est  sans  doute  difficile 
d’assigner  des  limites  à l’extension  natu- 
relle des  types  dans  les  végétaux  spontanés, 
à fortiori  chez  ceux  qui  sont  cultivés.  Or, 
quelle  que  soit  la  provenance  de  ces  deux 
arbres,  il  est  bien  certain  qu’ils  ont  été 
semés  et  élevés  en  pépinière,  c’est-à-dire 
qu’ils  ont  pu  se  trouver  plus  ou  moins  mo- 
difiés par  la  culture. 

Comme  effet  décoratif,  Y Abies  cepha - 
lonica  submutica  ne  vaut  ni  plus  ni  moins 
que  le  type.  C’est  aussi  un  très-bel  arbre, 
et,  de  plus,  pour  les  amateurs  de  Conifères, 
une  variété  curieuse  à ajouter  à leurs  col- 
lections. Em.  Bailly. 


UNE  NOUVELLE  SÉRIE  DE  RADIS 


Cette  série,  nouvellement  créée  par  la 
Maison  Vilmorin  et  dont  on  possède  déjà 
trois  sous-variétés,  est,  nous  en  avons  la 
conviction,  appelée  à rendre  de  grands  ser- 
vices à l’horticulture  maraîchère. 

Outre  leurs  qualités  culinaires  de  pre- 
mier ordre,  ces  Radis,  de  forme  subsphé- 
rique très-régulière,  sont  particulièrement 
remarquables  par  le  peu  de  développement 


que  prennent  leurs  feuilles  parfois  réduites 
à quelques  petits  rudiments,  cela  au  profit 
de  la  racine  qui  vient  relativement  très- 
forte  ; la  «queue  »,  aussi,  c’est-à-dire 
l’extrémité  radiculaire  inférieure  qui  seule 
entre  dans  le  sol,  est  réduite  à un  petit  fil 
qui  part  du  renflement  tubéreux,  de  sorte 
que  toute  la  masse  est  formée  par  la  partie 
charnue. 


Fig,  144. 

Radis  rond  écarlate. 


Radis  rond  rose. 


Fig.  146. 

Radis  rond  rose  à bout  blanc. 


Les  trois  formes  dont  nous  parlons  sont 
assez  semblables  d’aspect,  et  se  distinguent 
surtout  par  la  couleur  qui  les  a fait  diffé- 
rencier nominativement  : rond  écarlate 
(fig.  144),  rond  rose  (fig.  145),  rond  rose 
à bout  blanc  (fig.  146). 

Ces  Radis,  qui  sont  extrêmement  hâtifs, 
sont  surtout  précieux  pour  primeurs  ; pour 
cette  culture,  on  les  sème  sur  terreau  ou  sur 


une  terre  très-légère,  et  surtout  fortement 
humeuse. 

Il  va  de  soi  que  le  semis  devra  se  faire  le 
plus  rapproché  possible  du  verre,  afin  d’évi- 
ter l’étiolement,  et  que  l’on  devra  aussi  don- 
ner de  l’air  toutes  les  fois  que  la  tempéra- 
ture extérieure  le  permettra. 

E.-A.  Carrière. 


580  FLORAISON  DU  VRIESEA  GRANDIS.  — CULTURE  DES  PENSÉES  EN  ANGLETERRE. 


FLORAISON  DU  VRIESEA  GRANDIS 


Pendant  l’été  1887,  lleurissait  dans  les 
serres  de  M.  P.  Darblay,  à Saint-Germain- 
lès-Gorbeil,  un  Vriesea  grandis  décrit  sous 
le  nom  de  Vriesea  gigantea.  La  florai- 
son de  cette  gigantesque  Broméliacée  étant 
très-rare,  je  viens  donner  sur  elle  quelques 
détails. 

Cette  plante,  très-forte  au  moment  de  sa 
floraison,  ne  mesurait  pas  moins  de  2rn  50 
de  diamètre  ; elle  était  d’une  hauteur  totale 
de  3m  30  prise  au-dessus  du  pot.  Les  feuilles, 
très-nombreuses,  étaient  robustes,  dressées, 
de  18  à 20  centimètres  de  largeur,  s’élar- 
gissant à la  base,  longues  de  lm  20,  se 
rétrécissant  au  sommet  et  se  terminant 
en  pointe  presque  toujours  droite-.  Hampe 
florale  très-forte,  de  18  centimètres  de  cir- 
conférence à la  base,  droite,  de  lm  75  de 
hauteur,  garnie  dans  toute  sa  longueur  de 
feuilles  bractéales  longues  de  22  à 23  cen- 
timètres, élargies  à la  base,  ouvertes  en 
entonnoir  et  arquées  ; de  ces  feuilles  brac- 
téales sortent  la  hampe  avec  les  ramilles  flo- 
rales, qui  sont  au  nombre  de  63,  dressées, 
étalées,  longues  de  40  centimètres  et  allant 


en  diminuant  jusqu’au  sommet.  Les  plus 
longues  ramilles  portaient  jusqu’à  20  fleurs 
et  les  plus  courtes  de  13  à 14,  ce  qui  donne 
un  total  de  plus  de  mille  fleurs,  qui  se  suc- 
cédèrent pendant  plus  d’un  mois.  Ces  fleurs 
ont  de  14  à 15  centimètres  de  long;  elles 
sont  d’un  blanc  jaunâtre,  à divisions  con- 
tournées subdistiques  par  l’inflexion  des 
ramilles,  garnies  à la  base  d’une  bractée 
purpurine  plus  ou  moins  teintée  de  vert 
ainsi  que  les  feuilles  bractéales  ; le  pistil  est 
de  même  longueur  que  les  pétales;  les  éta- 
mines un  peu  moins  longues. 

En  supposant  tous  les  ovaires  fécondés  et 
chacun  rapportant  300  graines  (ce  qui  se- 
rait encore  au-dessous  de  la  vérité),  on  arri- 
verait au  chiffre  énorme  de  300,000  graines 
portées  par  cette  seule  plante. 

Contrairement  à l’opinion  émise  que, 
cette  plante,  étant  monocarpique  ne  donne 
pas  de  rejetons,  j’en  ai  déjà  tiré  deux  du 
pied  de  cette  plante,  qui,  elle-même,  venait 
d’un  rejeton  et  non  pas  de  graine. 

Ch.  Maron, 

Jardinier-Clief  de  Saint-Germain-lès-Corbeil. 


CULTURE  DES  PENSÉES  EN  ANGLETERRE 


D’une  façon  générale,  on  s’accorde  à con- 
sidérer les  Pensées  comme  pouvant  servir 
tout  au  plus  à la  décoration  printanière  des 
corbeilles.  En  effet,  l’unique  préoccupation 
de  beaucoup  de  personnes  n’est-elle  pas, 
lorsque  le  mois  de  mai  est  arrivé,  d’arra- 
cher les  Pensées,  Silènes,  Myosotis,  etc., 
qui  ont  orné  leurs  corbeilles  pendant  les 
premiers  mois  de  l’année  pour  les  rempla- 
cer par  les  éternels  (toujours  beaux,  il 
est  vrai)  Pélargoniums  zonales,  et  autres 
plantes  similaires? 

Pour  nous  en  tenir  aux  Pensées  qui  font 
l’objet  de  cet  article,  il  faut  reconnaître  que 
les  variétés  ordinairement  cultivées  ne  sont 
réellement  belles  qu’au  printemps;  les  cap- 
sules succédant  aux  fleurs  n’étant  pas  faites 
pour  avantager  l’aspect  général  de  la  plante 
au  point  de  vue  ornemental. 

Aussi,  n’est-ce  pas  des  variétés  commu- 
nément cultivées  chez  nous  que  nous  vou- 
lons parler  ici,  mais  bien  d’un  groupe  de 
ces  plantes  dont  le  mode  de  croissance  est 
tout  à fait  particulier. 

Ces  Pensées,  que  les  Anglais  ont  appelées 


Pensées  touffues  ( Tufted  Pansies)  et  aux- 
quelles le  Garden  a consacré  un  article 
dans  un  de  ses  derniers  numéros,  poussent 
très-vigoureusement  en  formant  une  touffe 
très-ramifiée  et  qui  se  couvre  de  fleurs  au 
printemps.  Cette  floraison  se  prolonge  pen- 
dant la  plus  grande  partie  de  l’été,  parfois 
jusqu’à  l’automne,  et  cette  particularité  qui, 
au  point  de  vue  de  la  décoration  des  jar- 
dins, est  un  grand  avantage,  est  due  à ce  que 
ces  plantes  ne  produisent  pas  de  graines. 

Les  fleurs,  aux  coloris  les  plus  tendres  et 
les  plus  harmonieux,  peuvent  être  coupées, 
sans  le  moindre  inconvénient,  pour  êtrë 
mises  dans  des  vases  où  elles  produisent 
très-bon  effet;  il  y a même,  au  contraire, 
intérêt  à le  faire,  car  ces  suppressions  pro- 
voquent le  développement  de  nombreux 
bourgeons  qui  fleurissent  à leur  tour. 

Les  Pensées  appartenant  à cette  série 
sont  très-rustiques  et  se  multiplient  faci- 
lement de  boutures;  mais  on  obtient  un 
résultat  plus  rapide  en  divisant  les  touffes, 
de  manière  que  chaque  éclat  ait  quelques 
racines,  si  possible. 


CORRESPONDANCE. 


Le  meilleur  moment  pour  opérer  cette 
division  est  le  mois  d’octobre  ; on  peut  aussi 
la  pratiquer  au  printemps,  mais  la  végé- 
tation et  la  floraison  suivantes  sont,  l’une 
moins  vigoureuse,  l’autre  moins  abon- 
dante. 

Voici  la  description  sommaire  des  plus 
jolies  variétés  actuellement  cultivées  : 

Jackanapes,  pétales  supérieurs  rouge 
brun,  les  autres  jaune  d’or. 

Quaker  Maid,  pétales  blancs,  très-légè- 
rement lilacés,  nuance  jaune  vif  sur  le  pé- 
tale inférieur. 

Countess  of  Hopetown,  blanc  de  crème. 

Abercorn  Gem,  jaune  pâle. 

Ariel,  mauve  clair,  à reflets  blancs. 

Ardwell  Gem,  la  plus  jolie  des  va- 
riétés jaunes,  port  très-touffu,  parfum  in- 
tense très-agréable. 


581 

Skilark , pétales  blanc  lavé  de  jaune  et 
bordés  irrégulièrement  de  bleu. 

Mrs.  Gray , charmante  variété  à fleurs 
blanches  ; un  grand  nombre  de  pétales  se 
tachant  peu  à peu  de  bleu. 

Elegans , mauve,  Azurea,  bleu.  Bessie 
Clark,  mauve  Lavande.  Archie  Grant , 
rouge  prune  foncé,  etc. 

La  liste  qui  précède,  et  qui  ne  contient 
que  le  choix  des  variétés  les  plus  intéres- 
santes, indique  une  variété  de  couleurs  qui 
permet  de  combiner  les  arrangements  dé- 
coratifs, de  manières  très-diverses. 

Les  coloris  indiqués  sont  tous  francs  et 
très-simples,  qualités  essentielles  pour  les 
garnitures  florales  d’ensemble. 

Martinet, 

Stagiaire  de  l’École  nationale  d’horticulture 
de  Versailles. 


CORRESPONDANCE 


N°  3266  (Dordogne).  — Vous  pourrez  vous 
procurer  des  plants  de  Crambé  chez  M.  Chouvet, 
rnarchand-grainier,  16,  rue  Étienne  - Marcel 
(Paris). 

N°  424i  (Ariège).  — Nous  avons  reçu  les 
intéressants  rameaux  que  vous  nous  avez  en- 
voyés. Le  Tasse  est  une  Asclépiadée  du  genre 
Gonolobus  ; le  Picardilla  est  une  légumineuse 
que  nous  n’avons  pu  reconnaître  par  suite  de 
l’insuffisance  de  l’échantillon  que  vous  nous 
avez  envoyé  ; la  troisième  plante  est  un  Juga. 
Aussitôt  que  ces  plantes  auront  fleuri,  veuillez 
nous  en  envoyer  des  rameaux  avec  inflores- 
cences. Nous  pourrons  ainsi  faire  la  détermina- 
tion. Il  est  tout  à fait  inutile  de  nous  envoyer 
des  plantes  entières. 

N°  3509  ( Maine-et-Loire ).  — Le  moyen  qui 
nous  semble  le  plus  recommandable  pour  la 
destruction  du  blanc  qui  ravage  nos  Rosiers, 
est  l’aspersion  au  moyen  d’une  solution  de 
cuivre  à 2 grammes  par  litre  d’eau. 

Nous  vous  conseillons  donc  d’employer  ce 
procédé,  et  nous  vous  serons  reconnaissants  de 
nous  communiquer  les  résultats  que  vous 
aurez  obtenus. 

N°  3028  (Aisne).  — Voir  dans  le  présent 
numéro  notre  article  spécial  sur  le  Jasminum 
nudiflorum. 

M.  J.  D.  à Lisbonne.  — Vous  consulterez 
avec  profit  pour  la  conduite  d’un  rucher  soit 
l’ouvrage  de  M.  Bertrand,  2 fr.  50  ; soit  le 
Traité  d’apiculture  mobiliste,  par  T.  Sourbé, 
3 fr.  Tous  les  ouvrages  cités  dans  la  Corres- 
pondance sont  adressés  franco  aux  abonnés  de 
la  Revue  horticole  par  la  Librairie  agricole 


de  la  Maison  rustique  26,  rue  Jacob,  à Paris, 
contre  envoi  en  un  mandat  de  poste  du  prix 
indiqué. 

M.  H.  J.  K.  (Hollande).  — Vous  avez  établi, 
d’après  les  indications  fournies  dans  le  n°  20 
de  la  Revue  horticole , une  pompe  économique 
et  vous  n’avez  pu  réussir  à en  obtenir  de  l’eau. 
Mais  avez-vous  fait  plonger  le  tube  d’un  tiers 
au  moins  dans  l’eau  ? Nous  avons  dit  que  pour 
une  hauteur  de  4m  50,  il  fallait  que  le  tube 
pénétrât  dans  l’eau  de  1/3  à 1/2  de  sa  hauteur. 
Nous  n’avons  personnellement  pas  fait  d’essai, 
mais  nous  nous  sommes  appuyés  sur  des  noms 
qui  font  autorité  et  sur  une  expérience  très- 
concluante  ; les  résultats  obtenus  par  M.  Che- 
min, ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  sont 
indiscutables.  Faites  allonger  le  tube  afin  qu’il 
plonge  davantage  dans  l’eau,  pompez  vigou- 
reusement et  vous  réussirez. 

N°  3343  (Gironde).  — Les  injections  de 
benzine  en  vue  de  détruire  les  vers  blancs 
ont  été  essayées  avec  grand  succès  dans  une 
pépinière  par  M.  Groizette-Desnoyers.  On  ob- 
tiendra les  mêmes  résultats  si  on  prend  le 
soin  d’opérer  en  temps  utile  et  à profondeur 
convenable. 

On  peut  atteindre  les  vers  blancs  la  première 
année,  celle  de  la  grande  invasion,  d’août  à 
l’approche  des  froids,  c’est-à-dire  jusqu’en 
octobre  ; 

La  seconde  année,  d’avril  à octobre  ; 

La  troisième  année,  d’avril  à fin  juin,  et 
toujours  à peu  de  profondeur.  L’état  des  plantes 
attaquées  indique  d’ailleurs  sûrement  cette 
profondeur,  qu’il  s’agisse  de  jeunes  plants 
d’arbres,  de  racines,  de  végétaux  quelconques, 
les  racines  sont  coupées,  la  partie  aérienne 


582 


CORRESPONDANCE. 


se  flétrit.  Or,  en  introduisant  la  benzine  dans 
le  sol,  [un  peu  au-dessous  de  la  profondeur  à 
laquelle  se  tiennent  les  vers  blancs,  on  est 
assuré  d’une  destruction  complète. 

A l’aide  du  pal,  on  règle  la  profondeur  des 
trous  et  on  injecte  à la  dose  de  3 grammes  par 
mètre  carré,  soit  à raison  de  30  kilos  de  ben- 
zine par  hectare. 

Le  traitement  revient  à 40  fr.  au  maximum  ; 
il  n’a  aucune  influence  sur  les  végétaux,  des 
carrés  de  Laitues  traités  par  cet  insecticide  n’en 
ont  pas  souffert,  bien  que  cette  plante  soit 
d’une  extrême  fragilité. 

N°  3020  (Aisne).  — Vous  pourrez  vous  pro- 
curer des  graines  du  Melon  hybride  amélioré 
en  vous  adressant  à l’obtenteur,  M.  E.  Valle- 
rand,  horticulteur  à Bougival  (Seine-et-Oise). 

N°  332i  (Gers).  — Les  Épacris,  ces  bien 
« charmantes  » plantes,  ainsi  que  vous  dites 
avec  raison,  deviennent  chaque  jour  de  plus  en 
plus  rares,  ce  qui,  assurément,  est  très-regret- 
table. Néanmoins,  vous  en  trouverez  encore 
quelques  variétés  chez  MM.  Thibaut  etKeteleer, 
horticulteurs  à Sceaux  (Seine-et-Oise),  et  chez 
M.  Gentilhomme,  horticulteur,  rue  de  la  Ma- 
ladrerie,  à Vincennes  (Seine),  où  vous  trouve- 
rez aussi  une  belle  et  nombreuse  collection  de 
Bruyères,  dont  la  culture  est  analogue  à celle 
des  Épacris.  Quant  à vous  dire  la  cause  qui, 
l’an  dernier,  a fait  périr  vos  plantes,  nous  ne 
le  pouvons.  Toutefois,  le  fait  paraît  s’être  pro- 
duit si  brusquement  chez  vous  (presque  instan- 
tanément), qu’il  faut  probablement  l’attribuer 
à une  cause  matérielle  fortuite,  telle  qu’inso- 
lation,  manque  d’eau,  brûlure,  etc. 

M.  L.  (Calvados).  — Rien  en  fait  d’insectes 
n’est  plus  facile  à détruire  que  le  puceron  vert. 
La  fumée  de  tabac,  la  nicotine,  l’insecticide 
Fichet,  etc.,  en  ont  promptement  raison.  Mais 
le  mieux,  c’est  la  vapeur  de  nicotine,  qui 
non  seulement  fait  périr  les  pucerons,  mais 
presque  tous  les  autres  insectes,  tels  que  thrips, 
tigres,  cochenilles,  etc.,  et  qui  a cet  autre  avan- 
tage de  ne  pas  fatiguer  les  plantes,  même  les 
plus  délicates,  non  plus  que  les  fleurs.  Toute- 
fois, lorsqu’on  n’a  qu’un  petit  nombre  de 
plantes  d’attaquées,  il  suffit  de  les  injecter  lé- 


gèrement avec  d’autres  insecticides,  par  exem- 
ple de  la  nicotine  diluée  au  dixième.  Nous  vous 
rappelons,  pour  le  cas  où  vous  l’auriez  oublié, 
que  la  nicotine  se  vaporise  en  lui  ajoutant  un 
douzième  d’eau  et  en  la  faisant  évaporer  sur 
un  réchaud,  dans  un  vase  non  fermé,  ainsi,  du 
reste,  qu’on  le  fait  pour  volatiliser  un  liquide 
quelconque. 

N°  4134  (Vienne).  — Merci  de  votre  inté- 
ressante communication  au  sujet  des  Vignes  de 
l’extrême  Asie,  découvertes  par  le  Père  Laza- 
riste Armand  David.  Il  nous  paraît  douteux 
que,  telles  qu’elles  sont  aujourd’hui,  ces  Vignes 
puissent  entrer  dans  nos  vignobles  pour  la  pro- 
duction directe,  c’est-à-dire  comme  Vignes  à 
vins.  Quant  à servir  de  porte-greffes  ou  de 
sujets  pour  recevoir  nos  Vignes  et  les  soustraire 
aux  ravages  du  phylloxéra,  on  ne  peut  rien  af- 
firmer. La  chose  serait  possible  ; on  pourrait 
même  y ajouter  créance,  car,  jusqu’ici,  elles 
paraissent  résister  aux  diverses  maladies  qui 
frappent  ordinairement  nos  Vignes,  ce  qui, 
pourtant,  n’est  pas  une  preuve  de  leur  résis- 
tance au  phylloxéra. 

Quant  au  thermosiphon  se  chauffant  avec  de 
l’huile  minérale,  nous  ne  pouvons  rien  vous 
dire,  le  seul  essai  dont  nous  ayons  connais- 
sance a été  fait  au  fleuriste  de  Paris,  et  le  ré- 
sultat, que  nous  sachions,  n’a  pas  été  satisfai- 
sant. D’autres  essais  ont-ils  été  faits  ailleurs, 
qui  auraient  eu  plus  de  succès?... 

Il  en  est  tout  autrement  du  poêle-thermosi- 
phon de  M.  Paul  Lebœuf,  qui,  paraît-il,  donne 
d’excellents  résultats. 


La  bande  d’adresse.  — L’Administration  de 
la  Revue  horticole  nous  prie  d’insister  auprès 
de  nos  abonnés  pour  qu’ils  veuillent  bien 
joindre  à toute  lettre  qu’ils  nous  envoient  la 
bande  d'adresse  sous  laquelle  le  journal  leur 
est  adressé,  qu’il  s’agisse  d’un  réabonnement, 
d’une  réclamation  ou  d’une  demande  de  ren- 
seignement. Cette  bande  d’adresse,  outre 
l’avantage  qu’elle  a de  nous  donner  tout  de 
suite  l’adresse  exacte  de  l’abonné,  évite  toutes 
chance  d’erreur.  C’est  une  petite  recomman- 
dation dont  nous  prions  nos  abonnés  de  tenir 
compte  dans  notre  intérêt  commun. 


U Administrateur-Gérant  : L.  Bourguignon. 


Imp.  Georges  Jacob,  — Orléans. 


TABLE  ÀLPHAPÉTIQUE  DES  AUTEURS 

DU  VOLUME  DE  1888 


André  (Ed.):  — Æchmea  Draheana 401 

Æsculus  turbinata 496 

Afrique  centrale,  ses  produits  végétaux...  374 

Angrœcum  Sanderianum 516 

Anoplophytum  strie tum,  var.  Krameri. . . 350 

Anthurium  isarense 423 

Anthurium  Lawrenceanum 12 

Aquilegia  Stuarti 538 

Arbres  à haute  tige,  plantation  et  tuteurage.  164 
Arbres  fruitiers,  culture  forcée,  38,  104  ; 

les  Serres-vergers 38 

Bégonias  hybrides  Rex-Diadema 81. 

— — Paul  Bruant 544 

Bégonia  Lesoudsii 20 

Bégonia  Lubbersii 224 

Bertolonias,  leur  multiplication 462 


Broméliacées.  — Énumération  des  Bromé- 
liacées récoltées  en  1875-1876  par  Ed. 

André,  dans  l’Amérique  du  Sud 563 

Catalpa  speciosa 384 

Cattleya  Roezlii 572 

Chambres  d’interruption  pour  thermosi- 
phons   355 

Château  du  Lude  et  ses  parterres 486 

Chou  de  Bruxelles  demi-nain  de  la  Halle.  277 

Chrysanthèmes  nouveaux 204 

Clematis  coccinea  et  ses  variétés 348 

Clématite  Madame  Baron  Veillard 447 

Concours  horticole  de  Bruxelles 404 

Congo,  horticulture  du  Congo 157 

Contre-espalier  de  Pommiers  et  de  Rosiers.  271 

Cornus  sericea  et  stolonifera 444 

Croton  picluratum 423 

Dattier  des  Canaries 180 

Éphémérides  horticoles  de  la  ville  de  Gand.  ,214 

Eucalyptus  calophylla • 420 

Exposition  internationale  de  Gand 199 

Fleurs.  — La  vente  aux  Halles  de  Paris  . . . 309 

Fuchsias  (Le  Centenaire  des) 230 

Fuscicladium  (Les)  et  nos  vergers 216 

Glaïeuls  (Nouveaux)  hybrides 228 

Gun délia  Tourneforlii 53 

Habenaria  militaris 396 

Hellébores,  variétés  nouvelles 189 

Hiver  de  1887-1888 106 

Insectes  et  cryptogames : 208 

Jardinier.  — Ses  qualités  selon  Liger 37 

Kalmia  lati folia  Pavarti 540 

Macaranga  Porteana 175 

Madagascar.  — La  végétation  autour  de  la 

baie  de  Diégo-Suarez 524 

Manuel  de  l’acclimateur 59 

Neillia  thyrsiflora 415 

Nicotiana  colossea 511 

Odontoglossum  crispum 132 

Orchidées.  — Une  récolte  dans  l’Inde 469 

Origine  paléontologique  des  arbres 394 

Ostrowskya  magnijica 344 

Palmiers  de  la  Floride  centrale 438 

Parasol  pour  Rosiers 261 

Parcs  scolaires 333 

Pélargoniums  et  Héliotropes  à tiges 380 

Pbœnix  hybride  nouveau 366 

Plantations  le  long  des  propriétés  rive- 
raines   223 

Platycarya  strobilacea 88 

Polygonum  sachalinense 417 

Pseudophœnix  Sargenti 574 

Revue  des  plantes  nouvelles  décrites  ou 
figurées  dans  les  publications  étrangères. . 239 
262,  383,  479,  525,  552. 

Rhododendron  argenteum 197 

Roses.  — Un  plébiscite  pour  les  plus  belles 

Roses 294 

Rose  Gloire  de  Margoltin 300 

Sauges.  — Les  Sauges 254 

Sève.  — Circulation  de  la  Sève 187 

Tillandsia  x Alberti 577 

Transplantation  des  gros  arbres 318 

Villa  Valetta,  à Cannes 112 


Aurange  (Léon).  — Ébranchoir-émondoir  Mial- 
let,  61. 

Bailly.  — Sur  une  variété  à cônes  lisses  du  Sapin 
de  Céphalonie  ( Abies  Cephalonica  submutica ), 
578. 

Baltet  (Ch.).  — Pommes  Cellini  et  Antonowka, 
161.  — Les  meilleures  Cerises  à Kirsch,  178. 
— Une  bonne  Pomme  à propager,  229. 

Bercy  (L.  de).  — Le  Mussænda  borbonica,  suc- 
cédané du  café,  252. 

Bergman  (E.).  — Deux  Ananas  recommanda- 
bles, 10.  — Floraison  hivernale  des  Hélio- 
tropes, 77. 

Berthault.  — Mina  lobataSAü. 

Bideaux.  — Bibliographie,  191. 

Blanchard  (J.).  — Pittosporum  tenuifolium,  80. 
— Olearia  Forsteri,  198.  — Les  Eucalyptus 
dans  l’ouest  de  la  France,  353,  377.  — Statice 
arborescens,  442. 

Boisbunel.  — Poire  Chaumontel  Gras,  468.  — 
Poire  Fondante  de  Bihorel,  547. 

Bouchard.  — Culture  des  plantes  médicinales  en 
Maine-et-Loire,  569. 

Bruno  (Ém.).  — Rose  Madame  Georges  Bruant , 
14.  — Les  étiquettes  en  botanique  èt  en  horti- 
culture, 215.  — Société  nationale  d’horticulture 
de  France,  comptes-rendus  des  séances,  452, 
474,  498,  525. 


Carrelet.  — Du  palissage  des  arbres  fruitiers, 
440.  — De  l’ébourgeonnage,  486. 

Carrière  (E.-A.).  — Abricotier  Souvenir  de  Qué- 

tier 

Acroclinium  roseum , Bouquet  tout  fait.. . . 476 

Allium  karataviense • • 228 

Anthurium  longispathum 498 

Araucaria  excelsa,  multiplication 485 

Arbres  fruitiers,  leur  restauration 150,  177 

Arbustes  (La  taille) 54 

Arrosage  des  arbres  d’alignement 3o8 

Asphodelus  acaulis 380 

Aulne  comme  plante  d’économie  générale.  233 

Bambusa  Veitchi 90 

Bégonia  Henri  Pineau • 41 

Bibliographie 101,  503,  504 

Bougainvillea  spectabilis  B.  brasiliensis.  441 

Catasetum  Bungerothi 103 

Céleri  à feuilles  de  Fougères 519 

— Chemin  et  C.  White  plum 548 

Cerisier  commun  pleureur 397 

Chevalliera  gigantea 370 

Chrysanthemum  Etoile  dor  jaune  pale. . 400 

Cormiers  (Le  Roi  des) 10 

Cornus  sïbirica  Gouchaulti ol9 

Culture  en  pots J'j 

Culture  des  fruits  en  sacs oil 

Delphinium  cahsmerianum 3o2 

Diospyros  Wisseneri . 60 

Enkyanthus  himalaicus 511 

Evonymus  pulchellus  pour  l'ornementation 

hivernale -, • 202 

Exposition  universelle.  — Les  préparatifs 

de  l’horticulture 349 

Fraisier  des  Quatre-Saisons  Madame  Bé- 
raud   373 

Genista  hispanica 36 

Grenadier  des  Antilles 160 

Griotte  tardive  de  Plombières 503 

Guigne  Ramon  Oliva 355 

Hibiscus  chrysanthus. 562 

Hunnemania  fumariœfolian 541 

Idesia  polycarpa 463 

Impatiens  Comorensis 134 

Impatiens  Episcopi 494 

Jasminum  nudiflorum 569 

Lagerstrœmia  indica. 227 

Légumes  nouveaux 129 

Ligustrum  coriaceum.. 439 

Lilas  Lucie  Baltet • 21 

Matricaria  eximia  grand^ora 163 

Ményanthe  trifolié 478 


584 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS. 


Nympliœa  Casparyi  alba 300 

Odontoglossum  coronarium 23 

Odontoglossum  pulchellum 283 

Odontoglossum  triumphcins  volubilk 179 

Œillet  de  la  Malmaison  çocciné 456 

Orontium  aqualicum 84 

Parasols  végétaux 546 

Pêcher  hybride  Quétier 115 

Pêcher  pyramidal 43 

Pêche  Rouge  de  mai 276 

Pêche  Tondu 261 

Phytolacca  decandra  albo  variegata,  sa 

culture 423 

Pipes  en  racines  de  Bruyère  (L’industrie 

des) 43 1 

Plantes  nouvelles  d'ornement 78 

Plumbago  capensis  alba 285 

Podocarpus  neriifolia 253 

Poire  Bergamote  d'hiver 31 

Poire  Belle  Picarde 156 

Poire  Le  Lectier 416 

Pois  à cosse  jaune  d'or 395 

Prune  Reine-Claude  de  Bavay 515 

Prunus  Capuli 137 

Ptarmica  grandi flora  flore  pleno 573 

Radis.  — Nouvelle  série 579 

Rosa  Pissardi. 446 

Senecio  pulcher 42 

Séquoia  sempervirens 330 

Stephanophysum  longifolium 426 

Styrax  japonicum 320 

Taille  des  arbres  fruitiers 54 

Toxcophlœa  speclabilis 517 

Tritoma  Canari 295 

Tropœolum  aduncum 576 

Veronica  Godefroy  an  a 455 

Vigne.  — Les  nouvelles  Vignes  de  la  Chine.  247 
— Nouveaux  types  de  Vignes  de  l’Extrêmc- 

Asie 536 

Vriesea  imperialis 58 

Vriesea  pulvcrulenta  lineata 89 


Carrière  et  Ed.  André.  — Chronique  horticole. 

( Dans  tous  les  numéros.) 

Chargueraud  (A.).  — École  d’arboriculture  de  la 
Ville  de  Paris,  66.  - — Ornementation  spéciale  des 
grands  jardins,  126.  — Principales  conditions 
favorables  à la  reprise  des  arbres,  470. 

Chevallier  (Ch  ).  — Le  Pêcher  en  double  U,  226. 

Clausen.  — Arbres  parasols,  421. 

Cornu  (Maxime).  — Syringa  Emodi  rosea,  492. 

Cornuault  (P.).  — Essai  sur  la  composition  des 
bouquets,  237.  — Les  Mélastomacées,  259.  — 
Congrès  horticole  de  Paris,  298.  — Une  herbori- 
sation à Malesherbes,  306.  — Mosaïculture  humo- 
ristique, 402.  — Les  Courges  ornementales,  448. 
— Arbustes  à feuillage  coloré,  477.  — Décoration 
florale  des  tables  de  repas  en  Angleterre,  559. 

Courtois  (.1.).  — Poiriers  à qui  l’espalier  est  ne- 
cessaire, 19. 

Delabarrière.  — Nouveaux  succédanés  des  Épi- 
nards, 188.  — Moyen  d’augmenter  les  produits 
d’un  jardin,  203. 

Didier  (Victor).  — Plantations  d’arbres  fruitiers  en 
bordure  des  routes,  128.  — Les  Ceiisiers  à 
kirsch,  159. 

Dormois.  — Les  arts  et  industries  horticoles  à 
l’Exposition  de  la  Société  nationale  d’horticul- 
ture, 281.  — Conditions  de  bonne  construction 
des  serres,  390. 

Duvjllard  (A.).  — Les  légumes  à la  Société  natio- 
nale d’horticulture,  278. 

Dyboavski.  — Bibliographie,  310. 

E.mion  (V.).  — Les  limites  des  plantations  dans  la 
banlieue  de  Paris,  450. 

Fissant.  — Lettre  de  Nice,  11.  — Exposition  de  la 
Société  d’horticulture  de  Cannes,  79. 

Foussat  (J.).  — Les  antiseptiques  en  horticulture 
et  le  Carbolineum  avenarius,  451. 

Franchet  (A.).  — Un  nouveau  Kœlreuteria  de  la 
Chine  occidentale,  393. 

Frœbel.  — Les  perfectionnements  de  l'Anthu- 
rium Scherzerianum , 82. 


Gagnaire. — Les  Pêchers  dans  la  Dordoeme  en 
1888,  407.  & 

Giraud  (Paul).  — Les  arbres  fruitiers  en  1887, 
102.  — Des  porte-greffes,  343. 

Heuzé  (G.).  — Le  Henné,  22.  — Saint  Fiacre,  pa- 
tron des  jardiniers,  422.  — Congrès  pomologique 
de  l'Ouest,  545. 


Joigneaux  (P.).  — La  culture  du  Cresson,  250. 
Joly  (Ch.).  - Les  orangeries  à Blidah,  15. 

Joret  (H.).  — Les  Musacées  ornementales  et  éco- 
nomiques, 32,  68.  — Composition  chimique  et 
usages  des  Bananiers  et  de  leurs  fruits,  85.  — 
Les  Ravenala,  les  Slrelitzia,  les  Heliconia , 116. 
— Le  Caféier,  description  et  histoire,  398,  426. 


Lambin  (E.).  — Résultats  d’expériences  sur  quel- 
ques légumes  nouveaux,  55. 

Lebas.  — Cattleya  lobata,  179. 

Lesne  (A.).  — Traitement  des  maladies  cryptoga- 
miques  de  la  Vigne,  184.  — La  vente  des  jus  de 
Tabacs,  235.  — Les  sauterelles  en  Algérie,  256. 
Conservation  des  substances  alimentaires,  376. 
— Une  pompe  économique,  471.  — Emploi  du 
sulfate  de  cuivre  contre  la  maladie  des  Pommes 
de  terre,  550. 

Lequet  (Fernand),  fils.  — La  maladie  des  Pélargo- 
niums  zonale  et  inquinans  hybrides,  166.  — 
Schinus  molle , excellente  plante  de  serre  froide, 
350. 


Letellier  (A.).  — Culture  du  Pommier  à cidre,  58. 
M.  R.  — Bibliographie,  503,  504. 

Maindron  (Maurice).  — La  Courtilière,  108.  — Le 
Puceron  lanigère,  322. 

Marguerite  Delaciiarlonny.  — La  destruction 
des  Mousses  par  le  sulfate  de  fer,  279.  — Des- 
truction du  chancre  des  arbres  et  des  autres  pa- 
rasites des  plantes  par  le  sulfate  de  fer,  301.  — 
Effets  du  sulfate  de  fer  comme  engrais  en  horti- 
culture, 334.  — Renseignements  pratiques  sur 
les  doses  de  sulfate  de  ter  à employer  en  horti- 
culture, 367.  — Méthode  simple  de  transplanta- 
tion des  gros  arbres,  499.  — Le  sulfate  de  fer  et 
les  engrais  chimiques  en  horticulture,  513. 

Marie  (Eug.).  — La  production  fruitière  en  Angle- 
terre, 494. 

Maron.  — Floraison  du  Vriesea  grandis , 580. 

Martinet  (H  ).  — Une  exposition  d’Orchidées,  369. 

— Reconstitulion  des  vignobles  phylloxérés,  414. 

— Culture  anglaise  des  Pensées,  580. 

Messager  (A.).  — Les  singularités  de  la  nomen- 
clature des  Pommiers,  269.  — Souvenirs  d’il  y a 
cent  ans,  418. 

Métaxas  (C.-C  ).  — Le  Mûrier  en  Mésopotamie, 
190.  — Le  Figuier  en  Mésopotamie,  321. 

Moreau  (Paul).  — A propos  de  la  toile,  328. 

Morel  (F.).  — Nouveau  mole  d’emploi  de  l'Aca- 
cia Parasol , 138. 

N vnot  (J  ).  — Plantations  d’arbres  fruitiers  sur 
routes,  174,  205.  — Échelle  double  et  deiidroscope 
pour  la  taille  des  grands  arbres  sur  les  boulevards, 
304.  — Société  pomologique  de  France,  30"  ses- 
sion tenue  à Bordeaux,  465. 

Naudin  (Ch.).  — Conditions  générales  de  l’accli- 
matation des  plantes,  181,  212. 

Paillet  fils.  — Greffage  des  Rhododendrons,  424. 
— Le  placage  de  gazon  (ou  Sodding)  en  Angle- 
terre, 520.  — Greffe  herbacée  de  la  Clématite, 


539. 

Partie  officielle.  — Exposition  universelle  de  1889, 
programme  des  onze  époques  de  concours,  45, 
62,93, 119,  141. 

PoÉ  (John-T.).  — Une  visite  aux  établissements 
horticoles  de  Nancy,  454. 

Poulin  (Marcel).  — De  la  possibilité  de  provoquer 
des  anomalies  végétales,  345. 

Pynaert  (Ed.).  — Dichorisandra  pubescens  tœ- 
niensis , 249. 


Ramé  (Aeh.).  — Congrès  des  Sociétés  savantes, 
381. 

Rijk  (F.  de).  — Influence  de  la  culture  sur  les  or- 
ganes sexuels  des  plantes  et  sur  leur  producti- 
vité, 30. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  PLANCHES 

Rivière  (G.).  — Incision  annulaire  de  la  Vigne, 
331. 

Rivoiron.  — Primevère  de  Chine  blanche  double, 
153.  — Culture  des  Népenthès,  329. 

Romanet  du  Caillaud.  — A propos  des  Vignes 
chinoises,  558. 

Sallier  (J.).  — Centaurea  candidissima,  156. 

Sciimitt  (E.).  — Dahlia  Zarle  Aster , 140. 

Simirenko  (Léon).  — Chœnomeles  Japonica,  var. 
Simirenkiana,  518. 

Thavs  (Ch.).  — L’horticulture  au  Concours  général 
agricole  de  Paris,  90.  — Bineuse-ratisseuse  à 
cheval,  136.  — Le  Parc  de  la  Liberté  à Lisbonne, 
151.  — Abri  vitré  mobile  pour  espaliers,  234.  — 
Cypripedium  callosurn,  252.  — Exposition  de  la 
Société  nationale  d’horticulture  de  France,  271. 


COLORIÉES  ET  DES  FIGURES  NOIRES.  585 

— La  bataille  de  fleurs  au  Bois  de  Boulogne, 
282.  — L’ornementation  florale  à l’Exposition  de 
Paris,  296.  — La  littérature  horticole  en  Angle- 
terre, 472.  — Exposition  d'automne  de  la  Société 
nationale  d’horticulture  de  France,  534.  — So- 
ciété nationale  d’horticulture  de  France.  ( Dans 
tous  les  numéros.) 

Thomayer.  — Corbeilles  de  lleurs,  222.  — Déco- 
ration florale,  248. 

Vallerand  (Eug.).  — Recépage  des  Séquoia  sem- 
pervirens,  155.  — Hybride  du  Melon  à rames, 
372. 

Weber  (J. -B.).  — Orphelinat  horticole  de  Beaune, 
44. 

Yoshida  (S.).  — L’horticulture  japonaise,  445. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  PLANCHES  COLORIÉES 


Angrœcum  Sanderianum,  516. 

-Anthurium  Lawrenceanum , 12. 

Cattleya  Boezlii , 572. 
v Chrysanthèmes  nouveaux,  204. 

Clematis  coccinea , 348. 
v Cornus  stolonifera , 444. 
vCourtilière,  108. 
v Cypripedium  callosurn , 252. 

Dlospyros  Wieseneri,  60. 
v Eucalyptus  calophylla,  420. 
v Genista  hispanica , 36. 

Glaïeuls  hybrides  Boussingault , L.  Van  Iloutle, 
Oriflamme,  228. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


Abri  pour  espalier,  vu  de  face,  vu  de  profil,  234. 

Æsculus  turbinata,  rameau  fructifère,  496  ; fruit 
entier,  fruit  ouvert,  graine,  coupe  en  travers 
d’un  fruit  entier,  497. 

Ampelovitis,  537. 

Arbre  entouré  de  rameaux  épineux,  207. 

Ballon  à col  sinueux,  expérience  de  M.  Pasteur,  376. 

Bégonia  hybride  Paul  Bruant , 544. 

Bégonia  Lesoudsii, , 20. 

Bégonia  Lubbersii,  225. 

Bineuse-râtisseuse  à cheval,  136. 

Blidah.  — La  place  d’armes,  le  bois  sacré,  16; 
plantation  d’Orangers,  17. 

Brugnonnier.  — Jeune  Brugnonnier  de  quatre  ans 
cultivé  en  pot,  105. 

Capucine  des  Canaries,  rameau  et  fleur  détachés, 
576;  C.  plante  entière,  576. 

Céleri  Chemin  ou  pleinblanc  doré  ; C.  plein  blanc 
d'Amérique  ou  White  plum. 

Chambre  d'interruption  simple,  pour  thermosi- 
phons, fermée  et  ouverte,  356.  — Chambre  d'in- 
terruption avec  vanne  fixable,  vue  en  dessus  et 
vue  en  coupe,  357. 

Chateau  du  Lude.  — Vue  perspective  d’une  partie 
des  terrasses  supérieures,  489;  vue  prise  du  côté 
des  terrasses  supérieures,  489  ; — partie  angu- 
laire des  terrasses  supérieures,  490;  — partie 
des  parterres  du  Loir,  491. 

Chevalliera  Germinyana , 371. 

Chevalliera  gigantea , 370. 

Chou  de  Bruxelles  demi-nain  de  la  Halle , 277. 

Chou  de  Bruxelles  race  de  Rosny , 129. 

Collier  Durand,  206. 

Contre-espalier  de  Pommiers  et  Rosiers,  272. 

Corbeille  de  plantes  isolées,  222.  — Coupe  trans- 
versale, 222. 

Corbeille  d’été  avec  plantes  isolées,  248. 

Corbeille  à relief,  223. 

Courge  Coloquinte  à anneau ; C.  Coloquinte 
orange  ; C.  Coloquinte  galante;  C.  Poire  rayée, 
448.  — C.  pèlerine , C.  siphon , C.  massue , 449. 

Criquets.  — Toile  tendue  en  vue  d’arrêter  les  in- 
vasions, 257. 

Décoration  florale  des  tables  de  repas  en  Angleterre, 


vIIubenaria  mïlitaris,  396. 

'Hybride  amélioré  du  Melon  à rames,  372. 
vKalmia  latifolia  Pavarti,  540. 
vOdonloglossurn  crispum , 132. 

' tOrontium  aquaticum,  84. 

''Pêche  Rouge  de  Mai,  276. 
vPhœnïx  canariensis,  180. 
vPoire  Belle  Picarde , 156.  ; 

''Poire  C haumontel  Gras,  46&. 

^Puceron  lanigère,  324. 

'/Rose  Gloire  de  Margottin,  300. 

Syringa  Emodi  rosea,  492. 


DES  FIGURES  NOIRES 


coupe  en  travers.  560;  support  à fleurs  ou 
« mardi  stand  » en  cristal,  561. 

Delphinium  cashmerianum,  352. 

Dendroscope  pour  la  taille  des  grands  arbres  sua 
les  boulevards,  304. 

Dichorisandra  pubescens  tœniensis,  249. 

Ébranchoir-émondoir  Miallet,  62. 

École  d’arboriculture  de  la  Ville  de  Paris,  à Saint- 
Mandé,  plan,  67. 

Échelle  double  pour  la  taille  des  grands  arbres  sur 
les  boulevards,  304. 

Élagage  des  arbres  en  pyramide,  208. 

Enkyanthus  himalaicus,  rameau  fructifère,  512. 

Exposition  d’horticulture  de  Paris,  massif  central 
d’Orchidées,  273. 

Fraise  Souvenir  de  Bossuet,  131. 

Gazon.  — Traçoirs  à découper,  truelle  à lever  le 
gazon,  520;  tracé  des  lignes  de  gazon  à décou- 
per, 521. 

Giraumon  Turban,  449. 

Grenadier  des  Antilles,  ramille  florifère,  160. 

Gundelia  Tournefortii , 53. 

Habillage  des  racines  d’un  plant,  206. 

Idesia  polycarpa,  ramille  à fleurs  mâles  et  fleur 
détachée,  463.  — I.  polycarpa  crispa,  463.  — 
I.  polycarpa  femelle,  fruit  détaché,  464  ; ra- 
meau avec  feuilles  d 'Idesia  polycarpa , 465. 

Jardin  de  la  villa  Valetta  à Cannes,  plan,  113. 

Jardinière  avec  support  en  Bambou,  forme  crois- 
sant, 296.  — J.  forme  cadre,  297.  — J.  de  plantes 
fleuries  et  fleurs  coupées,  297. 

Kœlreuteria  bipinnata,  393. 

Ligature  ordinaire  et  lig.  rationnelle  d'osier,  165. 

Liguslrum  coriaceum , 440. 

March  stand  en  cristal,  561. 

Macaranga  Porteana,  176. 

Marmite  en  fer  battu,  de  M.  Schribaux,  pour  la 
conservation  des  substances  alimentaires,  376. 

Mosaïculture  humoristique,  402. 

Musa  Ensete , jeune  plante  de  deux  ans,  32. 

Musa  paradisiaca,  69. 

Musa  superba,  plante  fleurie,  33. 

Neillia  thyrsiflora.  — Rameau  florifère  et  partie 
d’inflorescence,  416. 


586 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES. 


Népenthès  (Bouture  de),  329. 

Obturateur  vu  de  face  et  de  côté,  35G. 

Orangers.  — Plantation  à Blidah,  Orangerie  à Los 
Angelès,  17. 

Orchidées.  — Le  massif  à l’Exposition  d'horticul- 
ture de  Paris,  273. 

Ostrowskya  magnifica,  344. 

Parasol  pour  Rosiers,  261. 

Parc  de  la  Liberté  à Lisbonne,  projet  de  M.  Lus- 
seau,  152. 

Pâtisson  Bonnet  d’électeur , 449. 

Pêcher  en  double  U,  226. 

Phœnix  dactylifera , fruit  et  noyau,  366. 

Phœnix  hybrida , fruit  et  noyau,  366. 

Plantation  et  tuteurage  des  arbres  à haute  tige,  164. 

Platycarya  strobilacea,  rameau  et  fructification, 

Poirier  en  pyramide,  208. 

Pomme  de  terre  Canada,  130. 

Pompe  agricole  économique,  471. 

Primula  sinensis  fimbriata  spectabilis  flore 
pleno,  79. 

Prunus  Capuli , rameau  fleuri,  137. 

Pseudophœnix  Sargenti,  ramule  et  fruits  détachés  : 
grain  ; embryon,  574.  — P.  dans  son  site  natal, 
au  sud  de  la  Floride,  d’après  une  photographie, 
575. 

Puceron  lanigère.  Tête  et  rostre  vus  de  côté,  avec 
les  stylets  sortis  du  rostre  ouvert,  324.  — Les 
mêmes,  vus  de  face,  324.  — Coupe  transversale 
d’un  insecte  à duvet  montrant  la  disposition  des 
touffes,  324. 

Radis  rond  rose,  rond  écarlate,  rond  écarlate  à 
bout  blanc,  579. 

Rénovateur  Albrand,  184. 


Rhododendron.  — Le  greffage,  greffon  préparé, 
sujet,  sujet  greffé  et  ligaturé,  425. 

Rhododendron  argenteum , 197. 

Serre  à forcer,  a un  seul  versant,  pour  arbres 
fruitiers  cultivés  en  pots,  104.  — La  même,  à 
double  versant,  104. 

Serre  à Framboisiers,  à Fraisiers  et  à Champi- 
gnons, 40. 

Serre  à Pêchers,  39. 

Serre  à Vignes,  à deux  versants,  38;  à un  versant,  39. 

Serres  (Construction  des).  — Fer  spécial  à double 
vitrage  pour  pignons  ; fer  à gouttière  pour  pannes 
de  serres  ; carreau  d’aération  dans  -les  soubasse- 
sements,  390.  — Vue  intérieure  d’une  travée; 
assemblage  des  fers  spéciaux  pour  la  circulation 
de  la  buée  ; fer  spécial  recueillant  la  buée  à la 
base  du  fer  du  comble  et  la  faisant  écouler  en 
dehors  sans  perte  de  calorique  ; coupe  sur  une 
travée  sans  traverses  intérieures  et  à minimum 
de  surface  métallique,  391. 

Solanum  ciliatum,  var.  macrocarpum,  78. 

Soufreuse  Phénix  à grand  travail,  185. 

Soufreuse  Simplex,  186. 

Spinovitis  Davidii,  537. 

Strelitzia  reginœ,  117. 

Styrax  japonicum,  rameau  fructifère,  320. 

Toxicophlœa  spectabilis , fruit,  517. 

Traçoir  ou  croissant  pour  découper  le  gazon,  tra- 
çoir  circulaire,  520. 

Truelle  à lever  le  gazon,  520. 

Tuteurage  d’un  arbre,  206. 

Vanne  fixable  simple,  356. 

Vitis  Romaneti  mascula,  536. 

— reniformis  violacea,  537. 

Vriesea  pulverulenta  lineata,  89. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES 


A 

Aberia  cafjra.  — Fructification,  409. 

Abies  Nordmanniana , 480. 

Abri  vitré  pour  espaliers,  234. 

Abricotier  Souvenir  de  Qaétier,  13. 

Acacia.  — L ’ Acacia  decurrens  dans  le  midi  de  la 
France,  74.  — A.  Parasol,  nouveau  mode  d’em- 
ploi, 138. 

Académie  des  sciences.  — Élection  de  M.  Millar- 
det,  289. 

Acclimatation  des  plantes.  — Conditions  générales, 
préface  du  Manuel  de  /’ acclimateur , 181,  212. 

Acroclinium  roseum , Bouquet  tout  fait,  476. 

Æchmea  Drakeana,  401.  — Æ.  myriophylla, 
262.  — Æ.  flexuosa,  552. 

Æsculus  turbinata , 496. 

Afghanistan.  — Les  fruits  de  l’Afghanistan,  459. 

Afrique.  — Les  produits  végétaux  de  l’Afrique  cen- 
trale, 374. 

Algues  parasites  des  Paresseux,  482. 

Agave  applanata , floraison  à Ilyères,  385. 

Aleuosmia  macrophylla,  268. 

Aleurites  cordata,  171. 

A Ilium  de  l’Asie  centrale,  339.  — A.  karata- 
viense,  228. 

Alocasia  grandis , 526. 

Aloe  Hildebrandii , 479. 

Alpinia  Zingiberina , 262. 

Altitude.  — Cultures  comparées  à diverses  alti- 
tudes, 507. 

Amérique.  — Les  cultures  de  Pommiers,  459. 

Amorphophallus  virosus , 479. 

Ananas  de  Cayenne  à feuille  lisse  et  A.  Charlotte 
de  Rothschild , 10. 

Anemone  Fanninii , 383. 

Angleterre.  — La  littérature  horticole,  472.  — La 
production  fruitière,  482,  494. 

Angrœcum  Sanderianum , 516.  — A . avicularium, 
552.  — A.  calligerum , 552.  — A.  ichneumo- 
neum,  552.  — A.  imbricatum,  552. 

Anguloa  Ruckeri,  var.  media , 552. 

Anomalies  végétales.  — De  la  possibilité  de  les 
provoquer,  345. 


Anoplophytum  strictum , var.  Krameri , 350. 

Anselia  confusa,  552. 

Anthistiria  australis,  243. 

Anthurium  Chamberlaini , 194.  — A.  isarense , 
423.  — A.  Lawrenceanum,  12.  — A.  longispa- 
thum,  498.  — A.  Mooreanum,  239.  — A. 
Scherzerianum , ses  perfectionnements,  82.  — 
A.  Scherzerianum  nouveaux,  146.  — A.  Veit- 
chii , 383.  — A.  punctatum , 552.  — A.  acutum, 
552.  — A.  brevilobum , 552.  — A.  purpureum, 
552. 

Antiseptiques  en  horticulture,  451. 

Antrachnose  de  la  Vigne  et  sulfate  de  fer,  303. 

Appareil  désinfecteur  pour  arbres  â haute  tige, 
482. 

Aquilegia  Stuarti,  538. 

Aralia  chinensis , 457. 

Araucaria  excelsa,  sa  multiplication,  485. 

Arbulus  unedo , 528. 

Arbres. — Exportations  et  importations  de  plants 
d’arbres  en  France,  148.  — Plantations  le  long 
des  propriétés  riveraines,  législation,  223.  — Le 
sulfate  de  fer  contre  le  chancre,  244,  301.  — Des- 
truction des  parasites  par  le  sulfate  de  fer,  301. 
— Échelle  double  et  dendroscope  pour  la  taille 
des  grands  arbres  sur  les  boulevards,  304.  — 
Transplantation  des  gros  arbres,  318,  499.  — Ar- 
rosage des  arbres  d’alignement,  358.  — Origine 
paléontologique,  394.  — Principales  conditions 
favorables  à la  reprise  des  arbres,  470.  — Arbres, 
arbrisseaux,  arbustes,  définition,  504.  — La  vac- 
cination des  arbrés,  531. 

Arbres  fruitiers  en  1887,  102.  — Culture  forcée, 
104.  — Leur  restauration,  150,  177.  — Planta- 
tions en  bordures  de  routes,  49,  73, 128, 174,  205, 
243,  290.  — Les  oiseaux  et  les  boutons  à fruits, 
170.  — Le  sulfate  de  cuivre  employé  pour  pré- 
server les  boutons  à fruits  contre  les  oiseaux  et 
les  limaçons,  220.  — Plantations  commerciales, 
433.  — Culture  d’arbres  fruitiers  retour  d’Amé- 
rique, 435.  — Palissage,  440. 

Arbres  de  Noël,  556. 

Arbres  parasols,  421. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES. 


587 


Arbre  à huile,  171. 

Arbustes.  — La  taille,  54.  — A.  à feuillage  co- 
loré, 477. 

Architecture  paysagiste,  son  enseignement  en  An- 
gleterre, 412. 

Aristolochia  Salpinx,  526.  — A.  ridicula , 239. 

Arroche,  succédané  de  l’Épinard,  189. 

Arrosage  des  arbres  d’alignement,  358. 

Asperges.  — Le  criocère,  312.  — Les  Asperges 
comme  culture  de  grand  rapport,  291.  — A. 
mâles  et  A.  femelles,  267. 

Asphodelus  acaulis,  380. 

Association  pomologique  de  l’Ouest.  — Congrès 
et  Concours,  217. 

Aubergines  et  Tomates,  389. 

Aulne  utilisé  comme  plante  d’économie  générale, 
233.  — Qualités  forestières  de  l’Aulne  à feuilles 
en  cœur,  530. 

Azalées  de  l’Inde.  — Culture  sans  pincement  ni 
taille,  290. 

B 

Bacillus  Carotarum , 533. 

Bambusa  Castilloni,  98.  — B.  Veitchi,  90. 

Baromètre  économique,  195. 

BarleHa  repens,  263. 

Bataille  de  fleurs  au  Bois  de  Boulogne,  282. 

Bégonia.  — Maladie  cryptogamique,  72.  — B.  Le- 
soudsli,  20.  — B.  Lubbersii , 224.  — B.  Henri 
Pineau , 41.  — B.  bulbeux,  les  semis,  72.  — 
B.  hybrides  Rex-Diadema , 81.  — B.  semper- 
florens  gigantea , 507.  — B.  hybride  Paul 
Bruant , 544. 

Berberis  trifoliata , 237. 

Bertolonias  (Les)  et  leur  multiplication,  462. 

Bibliographie.  — Manuel  de  l’acclimateur , par 
Naudin,  29,  59.  — Manuel  de  la  culture  forcée 
des  arbres  fruitiers,  les  Serres-vergers , par  Ed. 
Pynaert,  38.  — Orchidées  et  Colibris,  par  P.  de 
Longpré,  52. — Les  Eucalyptus,  par  F.  Sahut,  143. 
— A utour  de  mon  jardin,  par  Eug.  de  Duren,  144. 

■ — Garden  and  Forest,  149.  — Les  mélanges  de 
graines  fourragères,  par  Stebler,  191.  — Cata- 
logue descriptif  des  fruits  adoptés  par  le  Con- 
grès pomologique , 191.  — Éléments  d'arbori- 
culture fruitière,  par  L.  Henry,  192.  — L’art 
de  greffer,  par  Ch.  Baltet,  192.  — Manuel  pra- 
tique pour  le  traitement  des  maladies  de  la 
Vigne,  par  Viala  et  Ferrouillat,  310.  — Les 
plantes  d’ appartement , par  Rivoiron,  310.  — 
Conduite  du  rucher  ou  Calendrier  de  l’apicul- 
teur  mobilisle,  par  Bertrand,  311.  — Les  Ama- 
ryllidées,  par  Baker,  311.  — Le  parc  de  la 
Liberté  à Lisbonne,  par  Ch.  Joly,  311.  — Flore 
illustrée  des  îles  de  l’Océan  Pacifique,  311.  — 
Index  generum  phanerogamorum,  par  Th.  Du- 
rand, 503.  — La  Ramie,  par  E.  Royer,  503.  — 
Les  Leçons  de  choses,  au  Concours  agricole  de 
Paris,  504.  — Prairies  et  vergers,  par  Michiels 
frères,  504. 

Billbergia  décora,  240 

Bineuse-ratisseuse  à cheval,  136. 

Blidah.  — Les  Orangers  à Blidah,  15. 

Bougainvillea  spectabilis  et  B.  brasiliensis,  441. 

Bouillie  bordelaise.  — Son  emploi  contre  les  li- 
maces et  autres  insectes,  530. 

Bouquets.  — Essai  sur  leur  composition,  237. 

Brésil.  — Création  probable  de  jardins  d’expéri- 
mentation, 8. 

Brodiœa  Howellii,  480. 

Brome  de  Schrader,  23. 

Broméliacées.  — Énumération  des  Broméliacées  dé- 
couvertes en  1875-1876,  par  M.  Ed.  André,  dans 
l’Amérique  du  Sud,  563. 

Brouillard.  — Ses  effets  sur  les  plantes,  75. 

Brugnon  vineux  Henri  de  Monicourt,  49.  — Bru- 
gnons et  Pêchers,  315.  — Brugnonnier  se  trans- 
formant en  Pêcher,  554. 

C 

Caféier.  — Culture,  terrain,  exposition,  récolte  ; 
espèces  cultivées;  commerce  du  Café,  426.  — 
Description  et  histoire,  398.  — Culture  en 
Cochinchine  du  Café  de  Libéria,  460. 


Calendrier  des  moissons  pour  le  monde  entier,  341 . 

Camellia.  — Un  fort  exemplaire  de  Camellia,  147. 

Camomille  contre  les  taons  et  les  mouches,  509. 

Canna  liliiflora , 49. 

Cannes.  (Fabrication  de)  en  bois  d’Oranger,  410. 

Capucine  contre  le  Puceron  lanigère,  435. 

Carbolinum  avenarius,  451. 

Carex  scaposa,  262. 

Catalogue  horticole  d’il  y a cent  ans,  557. 

Catalpa  speciosa,  384.  — Les  qualités  forestières, 
508. 

Catasetum  Bungerothi , 103.  — C.  galeritum,  527. 

— C.  pileatum,  527. 

Cattleya  lutea , 480.  — C.  croeata,  526.  — C.  gut- 
tata  Leopoldi  immaculata,  526.  — C.  labata. 
179.  — C.  superba,  reproduction  par  semis,  24. 

— L Isosoma  Cattleyæ,  insecte  nuisible,  51,  96. 

— C.  Roezlii,  572. 

Céleri.  — Sa  culture  dans  le  Michigan,  219.  — 
C.  plein  blanc  d’ Amérique,  55.  — C.  à feuilles 
de  Fougère,  519.  — C.  Chemin  et  G.  White 
plum,  548. 

Centaurea  candidissima,  156. 

Ceratotheca  triloba,  479. 

Cerisier.  — Guigne  Ramon  Oliva,  355.  — C.  com- 
mun pleureur,  397.  — Griotte  Tardive  de  Plom- 
bières, 503.  — C.  à Kirsch,  159,  178. 

Chambres  d’interruption  pour  thermosiphons,  355. 

Chamærops,  rempotage,  240.  — C.  excelsa,  284. 

Champignons.  — Les  couches,  23.  — Leur  force  de 
soulèvement,  532. 

Chancre  des  arbres.  — Destruction  par  le  sulfate 
de  fer,  244,  301. 

Châssis  curvilignes  Van  Lierde,  461. 

Château  du  Lude  et  ses  parterres,  486. 

Chêne-Liège,  greffage  sur  Chêne  vert,  120. 

Chenilles  bagueuses,  26. 

Chevalliera  gigantea,  370. 

Chicorée  Reine  d’hiver,  129. 

Chœnomeles  japonica,  var.  Simirenkiana,  518. 

Choisya  ternata,  362. 

Chou  de  Bruxelles  demi-nain  de  la  Halle,  129, 
277.  — C.  Express,  55.  — C.  hâtif  de  Rennes,  56. 

Choux-Fleurs.  — La  production  dans  le  Finis- 
tère, 244. 

Chrysanthèmes.  — Les  Chrysanthèmes  au  Japoja, 
97.  — C.  nouveaux,  204,  268.  — L’Exposition  de 
Toulouse,  267.  — Exposition  de  Roubaix,  553.  — 
Floraison  avancée,  336.  — Leur  floraison,  505. 
— C.  nains  hâtifs  rustiques,  505.  — Chrysanthe- 
mum  Étoile  d’or  jaune  pâle,  400.  — C.  multi- 
caule,  239.  — Le  centenaire  des  Chrysanthèmes, 
533.  — Conservation  des  fleurs  coupées,  554.  — 
C.  cultivés  en  boules,  parasols,  etc.,  554.  — Le 
nombre  des  variétés  cle  Chrysanthèmes  actuelle- 
ment dénommées,  555. 

Cidres.  — Exposition  à Paris,  8.  — Production  en 
1887,  26.  — Remèdes  contre  les  altérations,  364. 
— La  consommation  à Paris,  411. 

Cinéraires  à cœur  jaune,  146. 

Clavija  Ernstii,  239. 

Clematis  coccinea  et  ses  variétés,  348.  — Cléma- 
tite Madame  Baron- Veillard,  447.  — Greffe 
herbacée  de  la  Clématite,  539. 

Cloque  des  Pêchers,  528.  — Emploi  du  sulfate  de 
fer,  303. 

Coccus  adonidum,  insecte  nuisible,  72. 

Cœlogyne  corymbosa,  263.  — C.  cristata,  144.  — 
C.  de  Waddon-House,  145.  — C.  Massangeana, 
479. 

Concombre.  — Culture  en  Amérique,  148.  — C.  à 
Cornichons  fin  de  Meaux,  56.  — C.  vert  long  de 
Cardiff,  131. 

Concours  agronomiques,  265.  — C.  d’appareils 
pour  le  greffage  de  la  Vigne,  à Orléans,  510.  — 
L’horticulture  au  concours  général  agricole  de 
Paris,  90;  liste  des  récompenses,  92  — C.  hor- 
ticole de  Bruxelles,  404.  — C.  international  des 
sciences  et  de  l’industrie  à Bruxelles,  52.  — G. 
de  Lisbonne,  99.  — C.  régionaux  de  1888,  52.  — 
Récompenses  à l’horticulture,  241,  313. 

Conférences  horticoles  en  Belgique,  436. 

Confitures.  — Fabrication  dans  le  Vaucluse,  341.  — 
C.  de  Tomates,  413. 


588 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES. 


Congo.  — L’horticulture  au  Congo,  157.  — Les 
plantes  du  Congo,  342. 

Congrès  horticole  de  Paris,  122,  298  — Règle- 
ment, questions  posées,  135.  — Réduction  de 
prix  sur  les  tarifs  de  chemins  de  fer,  172.  — C. 
pomologique  de  France,  365.  — C.  et  Concours 
de  l’Association  pomologique  de  l'Ouest,  217, 
433,  545.  — C.  des  Sociétés  savantes,  381. 
Conservation  des  substances  alimentaires,  376. 
Contre-espalier  de  Pommiers  et  Rosiers,  271. 
Convention  de  Berne.  — L’Italie  et  la  convention 
de  Berne,  28. 

Corbeilles  florales.  — Plantes  à grand  feuillage, 
144.  — C.  ornementales,  dispositions  nouvelles, 
222.  — G.  de  plan'es  à fleurs,  plantation,  316. 
Coreopsis  hybride  semi-double  varié,  79. 

Cormier.  — Le  roi  des  Cormiers,  10. 

Cornus  sericea  et  C.  stolonifera , 444.  — C.  sibi- 
rica  Gouchaulti,  519. 

Corydalis  Ledebouriana ,262. 

Coryneum  Beijerinckii,  nouvelle  maladie  des 
Pêchers,  267. 

Couverture  hivernale  des  plantes  délicates,  553. 
Cranberry.  — Les  expéditions  en  France,  388. 
Crassula  rhomboideu,  552. 

Cresson.  — Sa  culture,  250. 

Criocère  de  l’Asperge,  312. 

Crocus  Raussnecktii,  410. 

Croton.  — Culture  par  potées,  506.  — C.  piclura- 
tum , 423. 

Cryptogames  et  insectes,  208.  — Les  Fuscicladium 
et  nos  vergers,  246. 

Courges  ornementales,  448. 

Courtîlière,  108. 

Cuba.  — Végétaux  envoyés  de  Cuba  à l’Exposition 
de  Madrid,  482. 

Culture  forcée  des  arbres  fruitiers,  104. 

Culture  en  pots,  13. 

Cuscute  et  sulfate  de  fer,  303. 

Cycas.  — Enracinement  de  l’albumen  d’un  Cycas 
sans  développement  de  bourgeons,  411. 
Cypripedium  caltosum,  252.  — C.  Tautzianum, 
527,  — C.  prœstans , 552.  — C.  obscurum,  552. 
— C.  planerum , 552. 

Cytisus  albus  multiflorus,  285.  — C.  proliferus, 
146. 

D 

Dahlia  Zarle  aster , 140. 

Dattier  des  Canaries,  180. 

Décorations.  — Nominations  dans  la  Légion-d’Hon- 
neur,  25,  217.  — Dans  l’ordre  du  Mérite  agri- 
cole, 5,  25,  193,  217,  265,  337  , 409,  505.  — Ordre 
royal  du  Cambodge,  409.  — Ordre  de  François- 
Joseph,  291.  — Distinction  accordée  à M.  Ch. 
Baltet  par  la  Hollande,  365.  — Le  Ministère  de 
l’agriculture  et  la  Légion-d’Honneur,  337. 
Décoration  florale,  144,  222,  248,  316.  — Décora- 
tion florale  des  tables  de  repas  en  Angleterre, 
559. 

Delphinium  cahsmerianum , 352. 

Dendrobium  heraglossum,  526.  — D.  inauditum , 
526.  — D.  nycteridoglossum,bl21 . — D.  sulcatum, 
383.  — D.  bracteosum,  552. 

Dendroscope,  304. 

Deutzia  parviflora,  506. 

Dichroïsine.  — Dans  la  floraison  d’un  Rosier,  74. 
Dichorisandra  pubescens  tœnicasis,  249. 

Diospyros,  504.  — D.  Wieseneri,  60. 

Disporum  Leschenaultianum , 240. 

Dracœna  Poubellei  et  Barteti,  530.  — Dracœna 
australis,  floraison  en  Irlande,  555. 

E 

Eau.  — Procédé  pour  obtenir  de  l’eau  fraîche  en 
été,  264. 

Eaux  d’égoût.  — L’irrigation  à Gennevilliers,  219. 
Ébourgeonnage,  486. 

Ébranehoir-émondoir  Miallet,  61. 

Échelle  double  pour  la  taille  des  grands  arbres  sur 
les  boulevards,  304. 

Échenillage,  26. 

École  forestière  de  Nancy.  — Modification  dans  le 
mode  de  recrutement,  51. 


Ecole  d’horticulture  de  1 Etat  à Gand.  — Nomination 
de  M.  Rodigas  comme  directeur,  195. 

Engrais  chimiques  en  horticulture,  513. 
Enkyanthus  himalaicus,  511. 

Enseignement  horticole.  — Cours  de  botanique  de 
M.  Van  Tieghem,  29.  — L’enseignement  dans  les 
écoles  primaires,  51.  — École  de  jardinage  des 
hospices  de  Beaune,  44,  75.  — École  d’arbori- 
culture de  la  Ville  de  Paris,  66  ; examens  de 
fin  d’année,  313  ; cours  d’arboriculture  ornemen- 
tale, 481.  — - Cours  d’arboriculture  fruitière  de 
la  ville  de  Lille,  74.  — Une  École  d’horticulture 
de  jeunes  filles  en  Angleterre,  124.  — Cours  de 
culture  au  Muséum,  218,  — Le  laboratoire  de 
pathologie  végétale,  409.  — Concours  horticoles 
scolaires  en  France,  437.  — Une  exposition  de 
plantes  cultivées  par  des  enfants,  461.  — Cours 
d’arboriculture  de  M.  Forney,  529. 

Engelmann.  — Notes  et  dessins,  341. 

Engrais.  — Loi  concernant  la  répression  des  fraudes 
dans  le  commerce  des  engrais,  122.  — Engrais 
. humain  en  horticulture,  364. 

Éphémérides  horticoles  de  la  ville  de  Gand,  214. 
Épacris,  582. 

Épicéa.  — Judicieux  emploi,  123.  — Groupes  d’É. 

et  Liquidambars , 531.  — Les  arbres  de  Noël, 

. 556. 

Épinard.  — Nouveaux  succédanés  de  l’Épinard, 

, 188.  — E.  paresseux  de  Calillon,  131. 
Épine-vinette  et  rouille  des  céréales,  8,  219. 

Eria  Fordii,  527. 

Eriocorna  cuspidata,  555. 

Erinose  de  la  Vigne,  266.  — Traitement,  315. 
Escallonia  revoluta,  263. 

Escargots.  — Cas  d’empoisonnement,  195. 
Esmeralda  Clarkei,  526. 

Espalier.  — Abri  vitré,  234.  — Du  palissage,  340. 
Établissements  horticoles.  — Une  visite  aux  éta- 
blissements horticoles  de  Nancy,  454. 

Étiquettes.  — Les  étiquettes  en  botanique  et  en 
horticulture,  215. 

Eucalyptus,  98.  — E.  les  plus  rustiques,  315.  — Les 
Eucalyptus  dans  l’Ouest  de  la  France,  353,  377. 
— E.  coccifera , 377.  — E.  Gunnii.  E.  Globulus, 
378.  — E.  amygdalina,  183.  — E.  calophylla, 
420.  — E.  viminalis,  353.  E.  pauciflora,  E. 
urnigera,  354.  — Rusticité,  195,  555. 

Evonymus  pulchellus  pour  l’ornementation  hiver- 
nale, 202. 

Expositions  annoncées:  Amiens,  125;  Anvers,  173; 
Anvers  (Roses),  29  ; Autun,  100;  Bar-sur-Aube, 
268;  Barcelone,  52;  Bordeaux,  101;  Bougival, 
196;  Bourbonne-les-Bains,  221;  Bourges,  293; 
Cannes,  79;  Épinal,  76;  Fontainebleau,  317; 
Gand,  9,  99,  lüü,  193, 199,  245;  Laon,  125;  Lau- 
sanne, 172;  Lille,  437  ; Lyon,  245;  Marseille,  101; 
437;  Meaux,  101;  Mézidon,  221;  Moulins,  125; 
Nantes,  100;  Nimes,  196;  Orléans,  76,  221; 
Paris,  125,  217,  317,  342,  413,  437,  484;  Péri- 
gueux,  245;  Rive-de-Gier,  413;  Roubaix,  100, 
Roubaix  (Chrysanthèmes),  510;  Rouen,  76  î 
Saint-Cloud,  173;  Saint-Germain-en-Laye,  221; 
Saint-Mandé,  268  ; Sens,  172  ; — Strasbourg, 
125;  Toulouse,  245;  Tunis,  101  ; Valognes,  173  ; 
Vienne,  342;  Exposition  de  cidres  à Paris,  8; 
E.  internationale  de  géographie  botanique  en 
1890,  195,  293,  484;  E.  d’instruments  pour  la 
reconstitution  des  vignobles  à Ghâlon,  99.  — 
Exposition  d’horticulture  de  Paris,  liste  des  ré- 
compenses accordées  à l’exposition  de  la  Société 
nationale  d’horticulture,  241,  286;  Comptes-ren- 
dus, 271,  278,  281;  Ornementation  florale,  296. 
— Éxposition  d’automne  de  la  Société  nationale 
d’horticulture  de  France,  534  ; Liste  des  récom- 
penses, 551,  557  ; La  première  exposition  hor- 
ticole à Vienne,  532. 

Exposition  universelle  de  1889.  — Programme  des 
onze  époques  de  concours,  45,  62,  119,  141.  — 
L’installation  de  l’horticulture  au  Trocadéro, 
194,  211,  292.  — Congrès  international  d’horti- 
culture, 338.  — Les  préparatifs  de  l’horticulture, 
349.  — Conditions  de  transport  des  produits  de 
l’horticulture,  362. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES. 


589 


F 

Fêtes  des  Arbres  en  Amérique,  388. 

Fêtes  des  tleurs  dans  l’antiquité,  339. 

Figuier  Ti-Koua,  508.  — Le  Figuier  en  Mésopo- 
tamie, 321. 

Fleurs.  — Leurs  prix  à Nice,  73.  — La  vente  aux 
Halles  de  Paris,  309.  — La  métallisation,  412, 

Flores.  — Nouvelle  contribution  à la  Flore  de 
Madagascar,  51.  — Flore  et  plantes  industrielles 
du  Tonkin,  410. 

Forêts.  — La  surface  des  forêts  européennes,  459. 

Fougères.  — Les  semis  de  spores,  7 — Destruc- 
tion, 148.  — Les  meilleures  Fougères  pour  la 
garniture  des  jardinières,  paniers,  bouquets,  etc., 
457. 

Fraisier.  — L’Otiorhynque  de  la'livèche,  insecte 
nuisible,  240.  — Singulier  cas  de  prolification, 
411.  — Fraise  Souvenir  de  Bossuet,  131.  — 
Fraise  des  Quatre-Saisons  Madame  Béraud, 
373. 

Frelons  et  Frênes,  483. 

Fromage  de  Soja,  220. 

Fruits.  — Les  fruits  dans  l’Afghanistan,  459.  — La 
production  fruitière  en  Angleterre,  482,  495.  — 
La  récolte  annuelle  en  France,  509.  — Les  im- 
portations de  fruits  frais  en  Angleterre,  509.  — 
Culture  en  sacs,  483,  521.  — The  English  Apple 
and  Fruit  growing  Company,  557. 

Fuchsias,  268.  — Le  centenaire  des  Fuchsias,  230. 

Fuscicladium.'—  Les  Fuscicladiums  et  nos  vergers, 
246. 

G 

Gand.  — Ses  éphémérides  horticoles,  214. 

Gazon.  — Le  placage  en  Angleterre,  520. 

Genista  hispanica,  36. 

Giroflée  jaune  commune  hâtive,  124. 

Glaïeul.  — Nouveaux  Glaïeuls  hybrides,  228.  — 
G.  hybrides  de  Frœbel,  434. 

Glycine.  — Culture  en  palmettes,  457. 

Gomme  des  Pruniers  et  des  Cerisiers.  — Le  sul- 
fate de  fer,  303. 

Gongora  flaveola , 526. 

Gonioscypha  Eucomioides,  552. 

Graines.  — Catalogue  des  graines  du  jardin  bota- 
nique de  Montpellier,  99.  — Relation  entre  la 
grosseur  acquise  par  les  graines  et  leur  germi- 
nation, 458.  — Influence  de  la  lumière  sur  leur 
développement,  507. 

Greffe.  — Influence  du  sujet  sur  le  greffon,  74.  — 
Greffage  des  Poiriers,  243. 

Grenadier  des  Antilles,  160. 

Griotte  tardive  de  Plombières , 503. 

Guigne  Ramon  Oliva,  355. 

Gundelia  Tournefortii,  53. 

Gynérium.  — Le  commerce  des  panaches,  388. 

H 

Habenaria  militaris , 396. 

Halles  centrales  de  Paris.  — Vente  des  fleurs,  309. 

Hanneton.  — Les  vers  blancs  en  Seine-et-Marne, 
291.  — Destruction  du  ver  blanc,  360.  — Des- 
truction par  la  benzine,  510,  581. 

Hannetonnage  dans  la  Sarthe,  387. 

Haricot  beurre  panaché  à rames,  56.  — H.  Cerise 
du  Japon , 56.  — H.  Flageolet  beurre  à rames , 
56.  — H.  Gloire  de  Dijon , 131.  — H.  jaune  hâtif 
de  Fleuriel,  130.  — H.  nain  Mange-Tout  extra- 
hâtif, 56.  — H.  Roi  des  verts,  131. 

Hedysarum  microcalyx , 239. 

Heliconia,  118.  — H.  choconiana,  290. 

Helicophyllum  Alberti , 479. 

Héliotropes.  — Floraison  hivernale,  77.  — H.  à 
tige,  380.  — H.  d’hiver,  554. 

Hellébores. — Variétés  nouvelles,  189. — H.  Comtesse 
de  Paris,  Madame  Sertier,  Souvenir  de  Victor 
Hugo,  Pourpre  national,  Lutea  sulfurata,  Béa- 
trice de  Circourt,  190. 

Heloniopsis  japonica,  480, 

Henné,  22. 

Herbe  aux  Kangurous,  243^ 


Herbier  général  analytique,  172. 

Herborisation  à Malesherbes,  306. 

Heuchera  sanguinea,  239,  363. 

Hibiscus  chrysanthus,  562. 

Hillebrandia  sandwicensis,  263. 

Hiver.  — L’hiver  en  1888,  25,  106.  — Les  froids 
en  France,  73.  — Effets  de  l’hiver  1887-1888  dans 
le  Midi,  169.  — L’hiver  et  les  fleurs  de  Pêchers, 
169.  — Effets  de  l’hiver  1887-1888  à Marseille, 
265.  — Couverture  hivernale  des  plantes  déli- 
cates, 553. 

Horticulture  japonaise,  445. 

Hottentots  au  jardin  d’Acclimatation,  340. 

Huile  de  pépins  de  Raisins,  460. 

Hunnemannia  fumariœ folia , 541. 

Hybridation.  — Le  phylloxéra  et  les  parasites  vé- 
gétaux vaincus  par  l’hybridation,  50. 

I 

Idesia  polycarpa,  463. 

Igname  de  Chine.  — Recherche  d’individus  fe- 
melles, 363. 

Impatiens  Comorensis,  134.  — I.  Epis  copi,  494. 

Incision  annulaire  de  la  Vigne,  331. 

Insectes  et  cryptogames,  208. 

Insectes  nuisibles  — Loi  sur  leur  destruction,  121. 

— Appareil  désinfecteur  pour  les  arbres  à 
haute  tige,  482.  — Les  destructions,  412. 

Insecticides.  — La  vente  des  jus  de  tabacs,  235. 

Institut  de  France.  — Nomination  de  M.  Masters 
comme  membre  correspondant,  289. 

Ipomœa  Robertsii,  263. 

Iris  de  Florence.  — Culture,  264.  — I.  Kingiana, 
263.  — I.  pabularia,  338.  — I.  Sari , var. 
lurida,  383.  — 1 spectabilis,  dimorphisme,  124. 

— I.  Varlani,  262. 

Isosoma  Cattleyœ,  insecte  nuisible,  50,  96.  — 
I.  Orchidearum,  145. 

J 

Jacinthe.  — Nouveau  mode  d’emploi  des  fleurs, 
123.  — Les  corbeilles  de  Jacinthes  dans  les  jar- 
dins de  Paris,  194.  — Ligue  des  horticulteurs 
hollandais  contre  la  vente  des  fleurs  de  Jacin- 
thes, Tulipes,  etc.,  289. 

Jardin.  — Ornementation  spéciale  des  grands  jar- 
dins, 126.  — Moyen  d’en  augmenter  les  produits, 
203.  — J.  des  écoles  primaires,  8. 

Jardinier.  — Ses  qualités  selon  Liger,  37. 

Jardinières.  — Les  meilleures  Fougères  pour  gar- 
niture, 457. 

Jasminum  nudiflorum,  569. 

Jus  de  tabacs.  — Conditions  de  vente,  emploi,  235. 

K 

Kalmia  latifolia  Pavarti,  540. 

Kœlreuteria.  — Un  nouveau  Kœlreuteria  de  la 
Chine  occidentale,  393.  — K.  bipinnata , 9.  . 

Kermès  — Destruction  sur  les  Pêchers  et  les 
Lauriers-Roses,  7. 

Kunzea  pomifera,  386. 

L 

Laboratoire  de  pomologie  de  Trouville,  28. 

Lacharme  (Fr.).  — Hommage  à sa  mémoire,  29. 

Lagerstroemia  indica,  227. 

Landolphia  florida,  383. 

Lapins.  — Leurs  ravages  en  Californie,  171. 

Lastrea  lepida,  527. 

Lauriers-Tins.  — Le  forçage,  364. 

Leçons  de  choses,  98. 

Légumes.  — Les  expéditions  de  Roscofif  en  Angle- 
terre, 317. 

Lepidium  ruderale,  antipathique  aux  punaises, 
508. 

Lespedeza  striata,  460,  555. 

Ligustrum  co'riaceum,  439. 

Lilas  Lucie  Baltet , 21.  — L.  pleureur,  123. 

Limaçons.  — Pour  en  préserver  les  arbres  frui- 
tiers, 220. 

Liquidambars  et  Épicéas  en  groupes,  531. 


590 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES. 


Littérature  horticole  en  Angleterre,  472. 

Lobelia  Erinus,  79. 

Lodoicea  Sechellarum.  — Germination  au  Mu- 
séum, 461. 

Lonchocarpus  Barteri , 262. 

Lourya  paniculata,  315. 

Lumière.  — Son  influence  sur  le  développement 
des  graines,  507. 

Lyciet  d’Europe,  96. 

M 

Macaranga  Porteana , 175. 

Madagascar.  — La  végétation  autour  de  la  baie  de 
Diego-Suarez,  524. 

Magnolia  Soulangeana.  — Floraison  anormale  en 
Angleterre,  506. 

Maladies  cryptogamiques  de  la  Vigne.  — Traite- 
ment, 184. 

Marguerite  (Grande-)  des  prés,  dans  les  étables  et 
écuries,  contre  les  puces,  508. 

Marmite  Schribaux,  376. 

Masdevallia  astuta , 527.  — M.  Chestertoni , 479. 
— M.  gibberosa,  480.  — M.  glaphyrantha,  527. 

Massifs  à grand  feuillage.  — Plantes  qui  convien- 
nent, 144.  — M.  d’ornement,  242. 

Matricaria  eximia  grandiflora  aurea , 163. 

Maxillaria  fucata,  527. 

Meeting  international  de  Gand,  149. 

Mélastomacées,  259. 

Melon.  — Hybride  du  Melon  à rames,  372. 

Ményanthe  trifolié,  478. 

Mesembrianthemum  Brownii,  480. 

Métallisation  des  fleurs,  412. 

Mildiou,  362. 

Miltonia  Peetersiana , 525. 

Mina  lobata,  518. 

Mission  horticole  en  Orient  et  dans  l'Amérique  du 
Nord,  98.  — Missions  scientifiques  dans  l’Amé- 
rique équatoriale,  244. 

Momordica  involucrata,  239. 

Monstruosités.  — Produits  monstrueux,  556. 

Morina  betonicoides,  383. 

Morille.  — Sa  culture,  220. 

Mosaïculture  humoristique,  402. 

Mouron  des  oiseaux.  — Destruction,  27. 

Mousses.  — Destruction  par  le  sulfate  de  fer,  279. 

Muguet,  poison  pour  les  volailles,  292. 

Mûrier  en  Mésopotamie,  190. 

Musacées  ornementales  et  économiques,  32,  68, 
85,  116. 

Muséum  d’histoire  naturelle.  — Graines  et  plantes 
vivantes  offertes,  28.  — Ses  récentes  acquisi- 
tions, 29. 

Mussœnda  borbonica , succédané  du  Café,  252. 

Myosotis  dissitiflora  alba,  290. 

N 

Narcissus  cyclamineus , 263. 

Navet,  cultivé  comme  succédané  de  l’Épinard,  189. 

Nécrologie.  — MM.  le  docteur  Asa-Gray,  76; 
Briot,  149;  de  Cannaert  d'Hamale , 510;  J.-E. 
Charon,  413  ; Chauvière,  77  ; F.  Chevalier , 29  ; 
W.  Court , 461  ; W.-H.  Crawford,  510;  J.  Day, 
77;  Dupuy-Jamain,  245  ; Dur and-Claye  [Al- 
fred-Augustin), 221;  J.-M.  Gonod , 196;  Gré- 
goire-Nélis , 77;  Henriau , 533;  abbé  Lefèvre , 
268;  Ch.  Leirens , 413;  Lhérault-Salbœuf , 101; 
Martineau , 268  ; Pacreau,  533;  J ,-E.  Planchon, 
173,  317  ; Sagot , 533;  Sertier , 510. 

Negundos  panachés  et  Rosiers,  97. 

Neige.  — La  neige  en  Belgique,  436. 

Neillia  thyrsifolia,  415. 

Népenthès.  — Leur  culture,  329. 

Nerine  Moorei,  527. 

Nice.  — Lettre  de  Nice,  11. 

Nicotiana  colossea , 511. 

Noisetier.  — Culture  à Avellino,  291. 

Noyer.  — Les  feuilles  de  Noyer  contre  les  taons, 
mouches,  509.  - N.  de  Mandchourie,  506. 

Nymphœa  Casparyi  alba , 300.  — N.  Kewensis, 


O 

Odontoglossum  coronarium , 23.  — O.  crispum 
132.  — O.  Harryanum,  526.  — O.  Lucianum \ 
527.  — O.  pulchellum , 283.  — O.  triumphans 
yolubile,  179. 

Œillet.  — Dimensions  surprenantes  d’un  Œillet, 
339.  — Œ.  de  la  Malmaison  cocciné , 456. 

Ognon  blanc  petit  extra-hâtif  de  Barleta , 130.  — 
Le  Tyleuchus  putrefaciens , 291. 

Ognons  à fleurs.  — Massifs  pour  leur  culture,  434. 

Oïdium  et  Vignes  en  chaintres  de  Smyrne,  266. 

Oiseaux  et  boutons  à fruits,  170.  — Oiseaux  et 
arbres  fruitiers;  emploi  du  sulfate  de  cuivre, 
220.  — Leur  longévité,  509. 

Olearia  Forsteri,  198. 

Oncidium  Jonesianum,  480.  — O.  Mantini,  98.  — 

O.  micropogon,  479.  — O.  Polletianum , 480. 

Onosma  pyramidalis,  480. 

Orage  du  25  juillet,  361. 

Oranges  d’Australie,  220. 

Orangers  à Blidah,  15. 

Orchidantha  borneensis , 526. 

Orchidées.  — Création  en  Belgique  d’une  Société 
orchidophile,  29.  — L’album  de  Mme  de  Nadail- 
lac,  220.  — Les  hybtides  bigénériques,  316.  — 
Importation  d’O.  japonaises,  339.  — Leur  par- 
fum, 363.  — Une  exposition,  369.  — Vente  à 
Paris,  436.  — Une  récolte  dans  l’Inde,  469. 

Orge.  — Vin  d’Orge,  460. 

Ornementation  spéciale  des  grands  jardins,  126. 

Orobanches.  — Leur  développement,  388. 

Orontium  aquaticum , 84. 

Orphelinat  horticole  de  Beaune,  44. 

Ostrowskya  magnifica,  344. 

Otiorhynque  de  la  livèche,  nuisible  aux  Fraisiers, 
240.  — Otiorhxjnchus  sulcatus , ses  dégâts  dans 
les  serres,  292. 

Oxera  pulchella , 240. 

P 

Pain  de  Soya,  293, 

Palissage,  340.  — P.  des  arbres  fruitiers,  440. 

Palmier.  — Le  rempotage,  240.  — Floraison  hâ- 
tive des  P.  cultivés  en  pleine  terre,  340.  — Les 

P.  dans  la  Floride  centrale,  438. 

Panachures.  — Influence  des  milieux  sur  leur  pro- 
duction, 124. 

Parasol  pour  Rosiers,  261.  — Parasols  végétaux, 
546. 

Parc.  — Les  plantes  tropicales  dans  les  parcs  pu- 
blics, 387. 

Parc  de  la  Liberté  à Lisbonne,  7,  74,  122,  149, 
293;  plan,  151,  152. 

Parcs  scolaires,  333. 

Parmentier.  — Sa  statue,  169. 

Passiflora  Watsoniana , 527. 

Patate  douce.  — Sa  culture,  483. 

Pêche,  Pêcher.  — L'hiver  et  les  fleurs  de  Pêchers, 
169.  — P.  en  double  U,  226.  — Les  P.  sous 
châssis,  267.  — Les  Pèches  à Montreuil  en  1888, 
265,  362.  — Les  Pêchers  dans  la  Dordogne  en 
1888,  407.  — Pêches  et  Brugnons,  315.  — Le 
Coryneum  Beijerinckii,  267.  — La  production 
en  Amérique,  412.  — P.  hybride  Quêtier , 115. 

— Pêcher  pyramidal,  43.  — La  cloque,  528.  — P. 
Bouge  de  Mai , 276.  — P.  Tondu,  261. 

Pélargonium.  — La  maladie  des  P zonale  et  in - 
quinans  hybrides,  166.  — P.  à tige,  380. 

Pelouses,  218. 

Pensées  à fleurs  semi-doubles  blanches,  436.  — 
Culture  anglaise  des  Pensées,  580. 

Phalœnopsis  Buyssoniana,  434.  — P.  Harriettœ, 
339.  — P.  Mariœ,  383. 

Philadelphus  Coulteri,  385. 

Phœnix.  — Un  nouveau  Phœnix  hybride,  366. 

Phormium  Hookeri,  479. 

Phylloxéra,  266.  — Prohibition  d’importation  de 
plantes  en  Algérie,  24.  — Les  terrains  phylloxé- 
rés  nouvellement  replantés  et  l’exemption  d’im- 
pôt, 242.  — Levée  de -la  prohibition  des  plants, 
fruits  et  légumes  de  provenance  italienne,  242. 

— Singulier  remède/  316.  — Priorité  de  décou- 


591 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES. 


verte,  363.  — Reconstitution  des  vignobles  phyl- 
loxérés,  41  4.  — L’état  phylloxérique  actuel  en 
Europe,  386.  — P.  en  Russie,  171.  — Syndicats 
obligatoires  de  défense,  505.  — Le  phylloxéra  à 
Grignon,  530.  — Mesures  prises  en  Russie,  532. 

Physiologie  végétale.  — Influence  de  la  culture  sur 
les  organes  sexuels  des  plantes  et  sur  leur  pro- 
ductivité, 30. 

Phytolacca.  — Culture  du  P.  decandra,  var.  albo 
variegata , 423. 

Pin.  — Un  énorme  exemplaire  de  Pinus  sylves- 
tris , 459. 

Pin  sylvestre.  — Traitement  du  Rouge , 147. 

Pipes.  — L’industrie  des  pipes  en  racine  de 
Bruyère,  431. 

Pitch-pin.  — Son  emploi  dans  le  matériel  horti- 
cole, 28. 

Pittosporum  tenui folium,  80. 

Placage  de  gazon  en  Angleterre,  520. 

Planchon,  sa  mort,  173,  317.  — Vœu  du  Comice  de 
Narbonne,  220. 

Plantago  lanceolata,  528. 

Plantation  et  tuteurage  des  arbres  à haute  tige,  164. 
— P.  d’arbres  à cidre  en  bordures  de  routes,  49. 
— P.  d’arbres  fruitiers  en  bordure  de  routes,  73. 
— P.  fruitières  sur  les  routes  nationales  de 
l’Oise,  483.  — Les  limites  des  P.  dans  la  banlieue 
de  Paris,  450. 

Plantes  alpines.  — Les  semis,  147. 

Plantes  à feuillage  coloré,  leur  emploi  dans  les 
jardins,  434. 

Plantes  médicinales.  — Culture  en  Maine-et- 
Loire,  569. 

Plantes  tropicales  dans  les  parcs  publics,  387. 

Plantes  antipathiques  aux  insectes  et  aux  animaux, 
508. 

Platycarya  strobilacea,  88. 

Platyccerium  grande.  — Superbe  exemplaire,  506. 

Platycodon  à grandes  fleurs  blanches,  409. 

Pleurothallis  insignis , 240. 

P lumbago  capensis  alba,  285. 

Podocarpus  nerü  folia,  253. 

Poirier.  — P.  à qui  l’espalier  est  nécessaire,  29.  — 
Floraison  tardive  à Nantes,  218.  — Le  greffage, 
243.  — Singularités  de  la  nomenclature,  269.  — 
Le  Sodisoma  Sabinæ,  Champignon  nuisible,  528. 
— Poire  Belle-Picarde , 156.  — P.  Bergamote 
d'hiver,  31.  — P.  C liaumontel-Gras , 468.  — P. 
Le  Lectier,  415.  — P.  Fondante  de  Bïliorel,  547. 

Pois  à cosse  jaune  d'or , 395.  — P.  duc  d’Al- 
bany , 57. 

Polemonium  flavum,  383. 

Polygonum  sachalinense,  417. 

Pommier.  — Contre-espalier  de  P.  et  Rosiers,  271. 

— Les  P.  au  cap  de  Bonne-Espérance,  388.  — 
Cultures  en  Amérique,  459.  — Pommes  Cellini 
et  Antonowka,  161.  — P.  London  Pippin,  Pé- 
pin ou  Reinette  de  Londres , Calville  du  roi 
ou  Citron  d'hiver,  229.  — Les  importations  de 
Pommes  d’origine  étrangère,  532. 

Pommier  à cidre.  — Sa  culture,  58. 

Pomme  de  terre.  — La  Pomme  de  terre  au  siècle 
dernier,  387.  — Nouvelle  recette  contre  la  ma- 
ladie, 411.  — P.  Boursier  ou  Rickmaker,  57.  — 
P.  Canada,  130. — Nouvelle  maladie,  532. — Em- 
ploi du  sulfate  de  cuivre  contre  la  maladie,  550. 

Pompe  économique,  471,  581. 

Porte-greffes,  343.  — La  question  des  porte-greffes, 
389. 

Potager  de  Versailles.  — La  vente  des  produits, 
290,  436. 

Poudre  de  Pvrèthre.  — Qualités  insecticides,  148. 

Primevères  de  la  Chine  à fleurs  doubles,  145.  — 
P.  double  rose  ou  spectabilis,  79.  — P.  blanche 
double,  153. 

Primula  geraniifolia,  480.  — P.  obtusifolia,  263. 

— P.  sapphirina,  383. 

Prunier  Kelsey,  24,  97,  284.  — P.  Reine-Claude 
de  Bavay,  515.  — Prunus  Capuli,  137.  — P. 
Jacquemontii,  479.  — P.  Pissardi,  sa  colora- 
tion, 310.  — P.  Pissardi  (Faux),  147. 

Pseudophœnix  Sargenti,  482,  574. 

Psiadia.  — Le  Psiadia  rotundifolia  de  l’ile  de 
Sainte-Hélène,  243. 


Ptarmica  grandiflora  flore  pleno , 573. 

Pucerons  des  Rosiers  et  sulfate  de  fer,  303. 

Puceron  lanigère,  322.  — La  capucine,  408,  435. 

Puceron  vert,  destruction,  582. 

Pultenœ a rosea,  262. 

Q 

Quinquina.  — Culture  du  Quinquina  dans  l’Afrique 
centrale,  195. 

R 

Radis  noir  long  d'été,  130.  — R.  long  rose  à bout 
blanc , 57.  — Nouvelle  série,  579. 

Ramie.  — Sa  culture,  9,  74.  — Concours  de  ma- 
chines à décortiquer,  195,  481. 

Ravenala,  116. 

Reine-Marguerite  Com'ete,  434. 

Renoncules.  — Empoisonnement  de  bestiaux  par 
les  Renoncules  sauvages,  484. 

Rénovateur  Albrand,  184. 

Revue  des  plantes  nouvelles  décrites  ou  figurées 
dans  les  publications  étrangères,  239,  262,  383, 
479,  525. 

Rhododendron.  — Nouveaux  hybrides,  9.  — R.  à 
floraison  hâtive,  choix  de  24  variétés,  264.  — Le 
greffage,  424.  — R.  nouveaux  de  serre,  290.  — 
R.  argenteum , 197.  — R.  grande,  263.  — R. 
rhombicum,  479. 

Ricin  contre  les  taupes,  508. 

Rosier.  — Préservation  contre  le  froid,  27.  — Cas 
de  dichroïsme  dans  la  floraison  d’un  Rosier,  74. 
— Rosiers  et  Negundos  panachés,  97.  — Les 
Roses  forcées  en  Amérique,  194.  — Parasol  pour 
Rosiers,  261.  — Contre-espalier  de  Pommiers  et 
Rosiers,  271  — Un  plébiscite  pour  les  plus 
belles  Roses,  294.  — L 'Erisiphe  et  V Æcidium 
grossulariœ,  312.  — Les  R.  croissant  naturelle- 
ment dans  le  département  d’Indre-et-Loire,  362. 
— R.  des  Quatre-Saisons,  316.  — Rosa  gigantea, 
433.  — R.  Gloire  de  Margottin,  300  — R.  Ma- 
dame Georges  Bruant,  14.  — R.  Niphétos  pana- 
chée, 98.  — R.  Pissardi,  446.  — R.  polyantha, 
456.  — R.  rugosa,  hybrides  du  R.  rugosa , 410. 
— R.  Watsoniana,  385.  — Contre  le  blanc  des 
Rosiers,  581. 

Rouge  du  Pin  Sylvestre,  „ traitement,  147. 

Rouille  des  Céréales  et  Épine-vinette,  8,  219. 

Rubus  rosœfolius , 479. 

Russie.  — Le  phylloxéra,  171. 

S 

Saint-Fiacre,  patron  des  jardiniers,  422. 

Salvia  scapiformis , 479. 

Sapin  de  Céphalonie.  — Sur  une  variété  à cônes 
lisses,  578. 

Sarrasin  contre  l’altise,  509. 

Sauges,  254. 

Sauterelles  en  Algérie,  256,  313. 

Schinus  molle,  plante  de  serre  froide,  350.  _ 

Sels  dénaturés  pour  le  bétail  et  comme  engrais,  312. 

Semences.  — Protection  contre  les  oiseaux,  les 
insectes  et  les  rongeurs,  170. 

Senecio  pulcher , 42. 

Sensibilité  des  plantes,  267. 

Séquoia  sempervirens , 330.  — Le  recépage,  155. 

Serres.  — Conditions  de  bonne  construction,  390. 
Arrangement  pittoresque  des  entrées,  507. 

Sésame.  — Sa  cultui  e en  Algérie,  459. 

Sève.  — Circulation  de  la  sève,  187. 

Skimmia  rubella,  219. 

Société  botanique  de  France.  — Session  extraordi- 
naire, 172. 

Société  cactophile  belge,  52. 

Société  pomologique  de  France.  — Compte-rendu  de 
la  30e  session,  465. 

Société  pomologique  américaine,  98. 

Société  nationale  d'agriculture  de  France.  — Élec- 
tion de  M.  Duchartre  comme  vice-président,  26. 
— Séance  de  distribution  des  récompenses,  290, 
529. 

Société  nationale  d’horticulture  de  France.  — Com- 
position du  bureau  pour  1888,  6.  — Création  d’un 


592 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES. 


Comité  de  l’art  des  jardins,  51.  — Exposition  de 
printemps, 98.  — Exposition  générale,  271  .(V.  Ex- 
positions.)— Comptes-rendus  des  séances.  ( Dans 
tous  les  numéros.) 

Sodding  ou  placage  de  gazon,  en  Angleterre,  520. 

Sodisoma  Sabinœ,  Champignon  nuisible  au  Poi- 
rier, 528. 

Soja.  — Le  fromage  de  Soja,  220.  — Pain  de  Soja, 
293.  — Soja  hispida  au  Japon,  411. 

Solanum  ciliatum,  var.  macrocarpum , 78. 

Sophrocattleya  Batemaniana , 458. 

Soufreuse  Phénix  à grand  travail,  185.  — Soufreuse 
simplex,  186. 

Souvenirs  d’il  y a cent  ans,  418. 

Statice  arborescens , 442.  — S.  Suwarowi , 383. 

S tephanophysum  longi folium,  426. 

Strelilzia , 1 17. 

Strobilantes  flaccidifolius,  262. 

Styrax  japonicum,  320.  — S.  Obassia,  410. 

Substances  alimentaires.  — Leur  conservation,  376. 

Sulfate  de  cuivre  contre  les  oiseaux  et  les  lima- 
çons, 220. 

Sulfate  de  fer  contre  le  chancre  des  arbres,  244. 
— Son  emploi  pour  la  destruction  des  Mousses, 
279.  — Destruction  du  chancre  et  des  autres  pa- 
rasites, 301.  — Comme  engrais  en  horticulture, 
334,  367,  513. 

Sulfure  de  carbone.  — Vente  de  capsules,  432. 
— Son  emploi  contre  les  limaces  et  les  insectes, 
530. 

Sureau  noir  contre  les  chenilles,  508. 

Syndicats  obligatoires  pour  la  défense  des  Vignes 
contre  le  phylloxéra,  505. 

Syringa  Emodi  à fleurs  roses,  492. 


T 

Taille  des  arbustes,  54. 

Tanaisie  contre  les  puces  des  chiens,  508. 

Taupes,  destruction,  456. 

Température.  — Le  temps,  121,  361,  529.  ■ — Le 
retard  dans  la  végétation,  313. 

Terrains  salés.  — Leur  plantation  dans  les  régions 
tropicales,  245. 

Tétragone  étalée,  succédané  de  l’Epinard,  189. 

The  English  Apple  and  Fruit  growing  Company, 
557. 

Thermosiphons.  — Les  chambres  d’interruption, 
355.  — Chauffage  à l’huile  minérale  ; poêle- 
thermosiphon,  582. 

Thunbergia  a f finis,  479. 

Tillandsia  J onghei,  262.  — T.  X Alberli , 577. 

Todea.  — Le  nouveau  Todea  du  Muséum,  T.  rivu- 
laris , 292,  315. 

Toile  — Remède  contre  la  toile,  146,  328. 

Tomates  lisses,  28.  — T.  Jaune  grosse  lisse,  57.  — 
T.  et  Aubergines,  389.  — Confitures  de  Tomates, 
413. 

Tonkin.  — Flore  et  plantes  industrielles,  410. 

Toxicophlcea  spectabilis , 517. 

Transplantation  des  gros  arbres,  318,  499. 

Trisulfure  de  carbone,  364. 


Tritoma.  — L’hiver  de  1887-1888  et  les  Tritomas, 
242.  - T.  Canari,  295. 

Tropœolum  aduncum , 576. 

Tsuga  canadensis,  utilisation  de  son  écorce  pour 
la  fabrication  du  tan,  556. 

Tulipe.  — Ligue  des  horticulteurs  hollandais  contre 
la  vente  des  fleurs  de  Tulipes,  289. 

Tulipier.  — Un  Tulipier  de  330  ans,  458. 

Tuteurage  des  arbres  à haute  tige,  164.  — T.  des 
arbres  nouvellement  plantés,  555. 

• T y leuchus  putrefaciens , ennemi  des  Oignons,  291. 

V 

Vanda  Dearei,  527.  — V.  Sanderiana , 480. 

Végétaux.  — Trois  vétérans  de  la  végétation  ar- 
borescente, 231. 

Végétaux  nuisibles.  — Loi  sur  leur  destruction,  121. 

Vente  publique  de  plantes  à New-York,  436. 

Verger.  — Les  concours  de  vergers  en  Belgique, 
556. 

Veronica  Godefroyana , 455. 

Vicia  Denessiana,  383. 

Victoria  regia.  — Floraison  en  plein  air,  à New- 
Yoik,  41 Ô. 

Vigne.  — Pied  de  Vigne  remarquable,  27.  — 
Variétés  précoces,  72.  — Traitement  des  mala- 
dies cryptogarniques,  184.  — L’Oïdium  etles 
Vignes  en  chaintres  à Smyrne,  266.  — L’Éri- 
nose,  266,  315.  — Floraison  en  1888,  289.  — In- 
cision annulaire,  331.  — Des  porte-greffes,  343. 
— Les  variations  de  forme  des  grains  et  pépins 
chez  les  Vignes  cultivées  de  l’ancien  monde, 
362.  — Raisin  Gros-Colmar , 314.  — V.  kabyles, 
50,  124.  — V.  nouvelles  de  la  Chine,  247.  — Nou- 
veaux types  de  l’Extrême-Asie,  536,  582.  — Nou- 
veau mode  de  greffage,  553.  — A propos  des 
Vignes  chinoises,  558. 

Vignes  américaines  en  France,  122.  — V.  améri- 
caines à production  directe,  8.  — Variétés  pour 
terrains  calcaires  et  marneux,  26.  — L'Elvira, 
266.  — V.  Jacquez,  75. 

Villa  Valetta  à Cannes,  112. 

Vins.  — Production  en  1887,  26.  — La  récolte  en 
Algérie,  123.  — La  récolte  en  1888,  481.  — Nou- 
velle maladie  en  Algérie,  170. 

Vin  d’Orge,  460. 

Vriesea  impcrialis,  58.  — V.  Jonghei , 262.  — 
V.  pulverulenta  lineata,  89.  — V.  grandis , flo- 
raison, 580. 

Voandzou,  386. 

Volailles.  — Empoisonnement  par  le  Muguet,  292. 

W - Z 

Wellingtonia.  — Le  plus  fort  Wellingtonia  des 
environs  de  Paris,  124.  — Découverte  d’un 
Wellingtonia  gigantesque,  508. 

Xanthorrhea  Preissii,  239. 

Zingiber  brevifolium , 526. 

Zygopetalum  leopardinum,  239. 


FIN  DE  LA  TABLE  DU  VOLUME  DE  1888. 


. 

■