L'LGRAR Se
DRE EEE
, CE , rot
. : DE R NEL
Vos TE N NME : ss
‘ Û , , CRC
tr . “+ da
ÿ, D ina CNE
LR de “ nn
ü CRT ve ALU «
, ; , .
! NET we HER
” . Vus [RER ‘ el
: : : se» ASH
Le f : S jenex 1%. Gt » .…
ts “1 Û ‘
1 pus
RAR PT
. s:
CRT A \e
* * L ‘ : :
8 A , i
à , Ÿ° $ ÿ Us .
+ , » Pl .
LR] D ne
‘ ose y N es.
& 4 vou CRETE FE 4
0 . # .* .
, s
# 1. CARO
: ,
ù À . :
. n \
:
‘ i
. .
’ : CP
n * . . ’ F VARIE)
' " #4. : CET '. TE, 6 pu rber
’ à +
!
. , :
0
’ S Fe =.
, . : , < L ARR POR ES ns
, ù manresrd ja joie de:
n : 2 4 PAL A EEE
û ir es LE
, A <
i , , CRC ITR EEE
, pe hrs ect
, ’ ‘
‘
u 5 ban | Han M He RO
CR \» D ja, MN LE Br étr sN
11 Û CATEE air d çat
“. f” Û 0 sr
, #u=-"e »*
i ' '
, is ù
A 24 004 ,
‘
.
’ ts : CE +
rare 0
! CEE PRET
5: ‘, ‘ 11%
trs CICR ES ,
He" draens d à À
ASUS Sa 8 “7 HA
Lpdu = i 6.6
0 AE < ; ‘
srl des à LE] s , SES RON 0m ut
"1 " Le ? PORC NUE x
vi ts CR AE ,43 . CARCET EEE DE EN EN
SN on Vipue CR AE
1 A 1 6 “pins
1: pue u: : tu p
ù 1% iv PAT
i : a “4
1: Lu " Cu FA
. ! , A
“4 té:
Doup, Ve: à '
: on + "i ie '
»3 Est in NE IE
RL : pe , ALL EE ,
si past CRE CO
‘… OM: \'
SUN ï + : it! y CHE Atos $:}
"4, Un: 016 dnsdie pin pire
tue : i 1 n URLS bn te à
' ‘ ; \ 4 ON LRU EL OX ILES }
“à “1? à toi : tot iuet
FOR THE PEOPLE
FOR EDVCATION
FOR SCIENCE
LIBRARY
OF
THE AMERICAN MUSEUM
OF
NATURAL HISTORY
ui
rt
(1
on
He
L/
nn «
T'NRA | f :
RAS L'ut
l'AE ; / LL
NA RICE
4
(| ; à |
LAON AG " LL
| ACTE ji A! LRO
AU CRUEL
et
4
— 2
_
= f
L
\
L]
[s
!
REVUE SUISSE
ZOOLOGIE
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE
ANNALES
De LA (ua y) Q
SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE SUISSE |
MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE
Maurice BEDOT
DIREGTEUR DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE
AVEC LA COLLABORATION DE
MM. les Professeurs H. BLanc (Lausanne), O. FunrMaxx (Neuchâtel),
E. Guxénor (Genève) et F. ZscnokkEe (Bâle).
TOME 55
Avec 7 planches
GENÈVE
IMPRIMERIE ALBERT KUNDIG
1926
ALT
11%
r
TT] =
_ me
F
E.
R
M.
H
A.
TABLE DES MATIÈRES
du Volume 33
Fascicule 1. Janvier 1926.
. SCHOTTÉ. Système nerveux et régénération chez le Triton.
Avec 75 figures dans le texte .
. GUYÉNOT et K. Ponse. Une Microsporidie, | Plistophora
bufonis, parasite de l’organe de Bidder du Crapaud. Avec
6 figures dans le texte et la planche 1
Fascicule 2. Mai 1926.
NavizLe. Notes sur les Eohdiens. Un Eoldien d’eau
saumâtre. Origine des nématocystes, Zooxanthelles et
homochromie. Avec 9 figures dans le texte
Roux. Notes d’Erpétologie sud-américeine .
ScHENKEL. Beitrag zur Kenntnis der Schweizerischion
Spinnenfauna. Mit 2 Textfiguren
. MATTHEY. La greffe de l’œil. Avec les D ndhes 2, 3, Æ et
3 figures dans le texte . .
DE LESSERT. Araignées du Kilimandiaro et du Mérou.
VI. Avec 13 figures dans le texte .
Fascicule 3. Juin 1926.
. BALTZER. Ueber die Vermännlichung indifferenter Bonellia-
Extrakte. Mit 6 Textfiguren
Haxpscix. Uber Born temcollembolos. Ein Boire Zur
ôkologischen Tiergeographie
. MENZEL. Die Thee-Capside Helopeltis ‘antonii Sign. und
ihre Parasiten
THiéBauD. Sur les Entomostracés de la ro de Bienne
. STAUFFACHER. Pocken und Guarnierische Kôrperchen.
Picrer. Localisation dans une région du Pare national
suisse, d’une race constante de Papillons exclusivemerit
composée d’hybrides. Avec une carte
La proportion sexuelle dans la descendance de races croisées.
. PÉzarp. La greffe des glandes sexuelles et les problèmes
de la Biologie générale. Avec 13 figures dans le texte.
. Moxarp. Note sur la Morphologie générale des Harpacticides.
Pages
VI
Nos
ND
[Ds
N2
CO
V.
G.
C.
E.
TABLE DES MATIÈRES
Fascicule 4. Juillet 1926.
BiscaLer. L'influence du squelette dans la régénération et
les potentialités des divers territoires du membre chez Triton
cristatus. Avec 5 figures dans le texte et les planches 5 à 7.
MErMop. Notes malacologiques. Avec 14 figures dans le texte
Ferrière. Note sur un (Chalcidien à développement
polvembryonique. Avec 9 figures dans le texte
. SANTsCHI. Nouvelles notes sur les Camponotus. Avec 3 ours
dans le texte .
. MoxaRD. Description de quelques espèces nouvelles d’ Har-
pacticides marins de la région de ne Avec 46 figures
dans le texte. | <
Me Un cas de de ce un Hs ve nee
> figures dans le texte .
Fascicule 5. Décembre 1926.
MonTeT. Les types d’'Hyménoptères de Tourrier, du
Muséum d'Histoire Naturelle de ee IT. Avec 14 figures
dans le texte .
ANDRÉ. Influence de l'alimentation sur 1 pigmentation
cutanée des Salmonides
SE.
629
633
659
TABLE DES AUTEURS
PAR
ORDRE ALPHABÉTIQUE
ANDRÉ, E. Influence de l'alimentation sur la La cutanée
des Salmonides
BarTzer, F. Ueber die Vermännlichung aidiferentos Bonellia-
Extrakte.
BiscaLer, V. L'influence du squelette dans là en et es
potentialités des divers territoires du membre chez Triton
Cristatus.
| FERRIÈRE, C. Note sur un Chalcidien à | développement poly-
embryonique.
GuYÉNoT, E. et PONsE, K. Une Micros poridie, Phstophora bufonis.
parasite de l'organe de Bidder du Crapaud. x
Haxpscxin, E. Uber Bernsteincollembolen. Ein Beitrag zur bo:
logischen Tiergeographie
JAQUET, M. Un cas de monstruosité he un Poule ne
LESSERT (DE), R. Araignées du Kilimandjaro et du Mérou. VI.
MaTrTHey, R. La greffe de l’oil. se
MENZEL, R. Die Thee-Capside Helpe antonii Sign. ‘und ihre
Parasiten . de PPS EE RS
MErMmop, G. Notes malacologiques -
Moxarp, À. Note sur la Morphologie générale des. Harpacheides
— Description da quelques espèces nouvelles d’Harpacti-
cides marins de la région de Banyuls . : Cr ETEr
Monret, G. Les types d'Hyménoptères de Tournier, du Muséum
d'Histoire Naturelle de Genève, Il Pete VA
NaviLLe, A. Notes sur les Eolidiens. Un Eolidien d’ eau nue
Origine des nématocystes, Zooxanthelles et homochromie .
PÉZARD, A. La greffe des Ésape sexuelles et les Res de la
Biologie générale .
Picrer, A. Localisation, dans une région ‘du Pare national suisse,
| d’une race constante de Papillons exclusivement composée
d’hybrides
— La proportion Re dans Ja descendance de. races
croisées .
Roux, J. Notes d’ Erpétologie sud- -américaine .
SANTSCHI, F. Nouvelles notes sur les Camponotus.
SCHENKEL. Beitrag zur Kenntnis der schweizerischen Spiinentauna.
_SCHOTTÉ, O. Système nerveux et régénération chez le Triton
STAUFFACHER, H. Pocken und Guarnierische Kürperchen.
TaiéBgaup, M. Sur les Entomostracés de la région de Bienne.
CS
BULLETIN-ANNEXE
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE
Procès-verbal de l’Assemblée générale
de la
Société zoologique suisse
tenue à Neuchâtel
les samedi 10 et dimanche 11 avril 1926
sous la présidence de
M. le Prof. D' O0. FUHRMANN
Samedi 10 avril
SÉANCE ADMINISTRATIVE
à l’Auditoire des Lettres de l'Université.
La séance est ouverte à 16 h. 15. 32 membres sont présents.
1. RAPPORT ANNUEL.
Le président donne lecture du
RAPPORT ANNUEL SUR L'ACTIVITÉ
DE LA
SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE SUISSE
pendant l’année 1925.
Chers collègues, Mesdames, Messieurs,
En ouvrant cette séance, nous souhaitons une cordiale bienvenue
à tous les membres qui sont venus de près et de loin, assister à
notre assemblée annuelle. Nous éprouvons un plaisir tout particulier
à voir parmi nous M. Albert PEZARD, de Paris, directeur-adjoint
du Laboratoire de biologie générale, à l’école des Hautes-Etudes,
qui a bien voulu faire un long voyage pour venir nous entretenir
de ses intéressantes et importantes recherches sur la greffe des
glandes sexuelles chez les Oiseaux.
MM. les professeurs A. FOREL, HESCHELER, STRASSER, STROHL,
MM. Maraey-Dupraz, MuRisiEr et Mile DAIBER se sont excusés
et regrettent de ne pouvoir assister à notre réunion.
Si nous voulons résumer l’activité de notre société, nous devons
en première ligne mentionner le fait que M. M. Bepor, directeur
de la Revue suisse de Zoologie, a publié le 32M€ volume de cet organe
ainsi que les numéros 1 et 2 du 33e, Le 32me volume est augmenté
d’un supplément de plus de 600 pages sorti de la plume de M. M.
Bepor. Dans ce travail de Bénédictin, éminemment utile pour tous
les spécialistes, M. BEenor publie la 7M€ période des Matériaux pour
sereir à l’Etude des Hydroides.
Le volume 32 contient les 21 mémoires suivants:
BAER, J. G. Sur quelques Cestodes du Congo belge.
BALTZER, F. Ueber die Giftwirkung der weiblichen Bonellia und
ihre Beziehung zur Geschlechtsbestimmung der Larve.
BiGLer, W. Zur Verbreitung der Diplopoden des Schweizerischen
Nationalparks.
CHATTON, E. et CHATTOoN, Mme. [L'action des facteurs externes.
sur les Infusoires. Le déterminisme de la formation des chaînes.
(distomie) chez les Colpidium.
EmErYy, C. Revision des espèces paléarctiques du genre T'apinoma.
FANKHAUSER, G. Ueber die physiologische Polyspermie des
Triton-Eier.
FuUHRMANN, O. Le phénomène des mutations chez les Cestodes.
GE1GY, R. Anomalies de l’appareil génital chez Hélix pomatia.
HanpscuiN, E. Ziele und Probleme der zoologischen Erforschung
der Hochalpen.
HorMÂNxER, B. Beiträge zur Kenntnis der Oekologie und Biologie
der schweizerischen Hemipteren.
Keiser, F. Die spezifische Bedeutung der Ionen für das Wachs-
tum.
LESSERT (DE), R. Aroignées du Sud de l’Afrique.
Montrer, G. Les types d’'Hyménoptères de Tournier du Museum
d'Histoire naturelle de Genève.
RO PE
NaviLzLe, A. Recherches sur le cycle sporogonique des À ggregata.
Nozz-To8Ler, H. Das Brüten der Kolbenente, Vetta rufina Pall.,
am Untersee.
Roux, J. Notes sur une collection de Reptiles et d’Amphibiens
de l’île Nias.
SCHENKEL, E. Beiträge zur Kenntnis der Schweizerischen Spin-
_nenfauna.
SCHNEIDER, G. Ueber eine Schnabeldeformität bei Gecinus vtridis
L., adult. — Ein interessanter Fall von Albinismus ber Glos-
sophaga soricina Pall., © adulte.
SÜFFERT, F. Geheime Gesetzmässigkeiten in der Zeichnung der
Schmetterlinge.
WEISSFEILER, J. Régénération du cerveau et du nerf olfactif
chez les Batraciens urodèles.
Wirscxi. E. Genetische Untersuchungen an Farbenschlägen des
Kaninchens.
Le premier fascicule du volume 33 renferme:
O. ScHoTTÉ Système nerveux et régénération chez le Triton.
E. Guyénoret K. Poxse. Une Microsporidie, Plistophora bufonis,
parasite de l’organe de Bidder du Crapaud.
Nous sommes heureux de pouvoir annoncer que la Confédération
a accordé de nouveau à la Revue Suisse de Zoologie, par l’intermé-
diaire de S. H.S. N., la subvention de fr. 2500.
M. M. Bepor a fait également paraître le 16e fascicule du Cata-
logue des Invertébrés de la Suisse, qui comprend: les Hirudinées,
avec un appendice sur les Branchiobdelles et les Polychètes, par
M. le professeur E. ANDRÉ.
A la 106me Assemblée de la S.H.S.N. à Aarau, à laquelle votre
président n’a malheureusement pas pu assister, étant avec ses
élèves en voyage d’étude en Afrique, M. le D' HormÂNNER a bien
voulu présider les séances. Exceptionnellement et conformément
aux décisions de l’Assemblée de Bâle, une séance administrative
a eu lieu. L'Assemblée a entendu et approuvé à l’unanimité le
rapport du Jury sur les deux travaux de concours traitant de l’étude
expérimentale des caractères sexuels secondaires chez un Batracien.
Le secrétaire a envoyé aux deux lauréats, Mile K. Poxse et M.
Wirsci, les sommes de 400 et 200 francs. MM. le Professeur
SEE
D' Ad. Narr et le D' F. KEiser ont reçu des subventions de 400
et 200 francs pour leurs recherches scientifiques.
L’Assemblée, en outre, a adopté, sans discussion et à l’unani-
mité des voix, le nouveau règlement pour les concours et les sub-
ventions, dont 1l a été imprimé 250 exemplaires. Un exemplaire
a été envoyé à chaque membre et, dans la suite, chaque nouveau
membre en recevra un.
Dans la séance scientifique, MM. K BRETSCHER, VON ARX,
M. DiEeTHELM, E. LEHMANN, Th. STauB, W. ScHMASSMANN,
H. SCHOPFER et P. STEINMANN ont présenté des communications
dont un résumé a paru dans les actes de la S.H.S.N.
Notre collègue, M. P. STEINMANN, président annuel de la S.H.S.N.
a parlé, dans son discours d'ouverture, sur «den Ideengehalt und die
Erkenntniskritik der experimentellen Morphologie ».
L'innovation que nous avons décidée à Bâle, de développer les
comptes-rendus de notre société et que notre ancien président, feu
M. Th. STuDER avait du reste déjà proposée en 1911, a été fort
heureuse. Elle à permis d'envoyer à nos membres, outre le procès-
verbal habituel de l’Assemblée générale, un fascicule de 60 pages
contenant le résumé des 13 travaux présentés à l’assemblée de
Bâle. Là encore, nous devons des remerciements spéciaux à M.
M. Bepor, pour les grandes facilités qu’il a accordées pour la publi-
cation.
L’exploration et l’étude de La faune de notre Parc national avance
à grands pas, quoiqu'elle ait été quelque peu entravée par le mauvais
temps de l’été passé et par la mise à ban due à la fièvre aphteuse.
Plusieurs collaborateurs durent, en effet, changer leur programme
ou abréger leur séjour. 10 collaborateurs ont travaillé au Parc.
Ce sont: M. F. DonarTscH, qui a continué à s’occuper des Oligo-
chètes; M. Ad. Nap16, des Fourmis; MM. Ch. FERRIERE et J. CARL,
étudiant les Hyménoptères, ont exploré pour la dernière fois les
différentes régions du parc. M. A. PrcTer, le zélé lépidoptérologiste,
continue à collectionner des Papillons; il a découvert des différences
notables entre le versant sud et nord du Spültal. Certains maté-
rlaux récoltés ont donné lieu à des expériences fort intéressantes,
dont M. PicTET nous entretiendra demain. M. H. THoMANN a
commencé l’étude des Microlépidoptères et M. A. BARBEY à établi
un programme fort intéressant pour inventorier périodiquement
certaines parcelles de forêts, en ce qui concerne les Insectes nui-
Di ——-
sibles et leurs influences sur les arbres. Enfin, M. HOFFMANN 3
étudié le gibier qui est en augmentation continuelle, et M. H.
Kxoprii les Oiseaux du Parc.
En ce qui concerne les publications sur la faune du Parc national,
M. B. HorMÂNNER a fait paraître, dans la Revue suisse de Zoologie,
la partie œcclogique de sa monographie des Hémiptères, qui avait
été imprimée en 1924 dans les mémoires de la S.H.S.N. IT est
regrettable que cette grande publication ait tent de difficultés à
publier en entier les résultats des études relatives au Parc national.
M. J. CarL a publié un travail sur un Orthoptère nouveau pour
la Susse et sur un nouvel babitat du Scorpion en Suisse.
M. E. Hanpsouin a fait paraître une étude fort intéressante sur
les subterrane Collembolengesellschaften.
Il a paru également la 15e livraison des Oiseaux de la Suisse,
publiée par G. vox Burc.
La revue d’Hydrobiologie suisse rédigée par notre collègue
M. H. BACHMANN, a fait paraître le 1er et le 2mMe fascicules du volume
3 qui contient une monographie de M. Ch. E. PERRET sur le lac
des Taillières.
Le Concilium Bibliographicum a publié le volume 35. Cebte
œuvre, sous la direction énergique de M. SrrouL, devient double-
ment précieuse pour les Zoologistes, par le fait que le Catalogue
de Londres a malheureusement cessé de paraître.
La commission pour la Bourse fédérale de voyage d’études
d'histoire naturelle à choisi à l’unanimité, parmi 14 candidats,
M. J. CarL qui va faire un voyage d’exploration dans les massifs
montagneux de l’Inde méridionale. Nous le félicitons pour ce succès
mérité et nous sommes certain qu’il rapportera une riche moisson
de son voyage.
La table suisse à la station zoologique de Naples a été occupée
par M. A. NaEFr, F. BALTZER et P. STEINMANN, tandis que la table
suisse à la station de Roscoff a été utilisée par MM. L. Baupin et
Progsr. Ajoutons que le Département fédéral de l’intérieur a bien
voulu autoriser la commission de la table suisse de Naples et de
Roscoff, dont M. H. Banc est le président, à acheter chez Zeiss
un microscope stéréoscopique à préparer, pour la station de Naples.
Espérons qu’un pareil instrument pourra être aussi acquis pour la
station de Roscoff.
LE ER
Notre Société compte aujourd’hui 135 membres. Nous avons à
enregistrer une démission.
Malheureusement, un des membres les plus zélés et les plus
réguliers à nos assemblées, M. FIscHER-SIGwART, de Zofingue,
n’est plus des nôtres. Né en 1842, il est mort le 23 juillet 1925,
après une vie laborieuse en grande partie vouée à l’étude de la
nature. C'était un naturaliste de vieille roche, s’occupant avec
succès des branches les plus diverses des sciences naturelles de
notre pays. Sa vie nous est contée en termes charmants dans les
Actes de la S.H.S.N. par son ami M. le professeur F. ZSCHOKKE.
Un jeune zooclogiste, plein de promesses, M. H. OBERMAYER (de
Bâle), est également mort l’année dernière.
Je termine mon rapport en vous souhaitant encore une fois une
cordiale bienvenue et en vous remerciant d’être venus si nombreux
à notre Assemblée. J’espère que vous remporterez tous de cette
réunion un agréable souvenir.
2. RAPPORT DU TRÉSORIER ET DES COMMISSAIRES-VÉRIFICATEURS.
M. R. pe LEsserT donne lecture du rapport financier pour
l'exercice 1925:
Recettes Dépenses
Solde caisse-trésorier 192%: 5 22 0Pr: 720909
Solde. chez MM: Pictet :& C0: . 7» P608
Cotations UMR RL REUTERS CES 758,95
Intérets sur Hire: 22 JUS TRES 243,40
Subvention fédérale à la Revue suisse de
Zoologie par l'intermédiaire de la
SC SUN. Re RE RE EX ER ARE
Hrais généraux ER R REREREEREEE Fr. . 283,695
SUDvVÉRTIONS:. 252 PTE ARE » _1.200,—
Solde à nouveau caisse trésorier . . . » 224,79
Solde à nouveau chez MM. Pictet & C9 » 1.224,—
Subvention fédérale remise au Directeur
de la Revue suisse de Zoologie . . . » _2.500,—
Somme égale . . : . . Fr.5.432,44 Fr.5.432,44
Il reste donc un solde de Fr. 1.448,79 dont l’Assemblée aura à
décider l'emploi.
Lee del hist at net ete ->adr dd
ve ms biner 3 EE D al er to 0e ot
on di rie Hé miiirns” 4 arlniniatn af à date ad tél unten denrAtR ES dns D Sd à
Gti. dec then. Az té :
tite sims mit dsl tnstntihes à à» LES ef
til toile à dit. td
Per CAE
Le dossier de la Société chez MM. Pictet & C9 se compose actuel-
lement de:
8 obl. 414 % Ville de Genève,
10 obl. 3% Chemins de fer Danube-Save-Adriatique,
1 Bon de Dépôt de la Banque de Dépôts et de Crédit 6%
à 5 ans de Fr. 100.—.
M. Funrmanx lie le rapport des commissaires-vérificoteurs.
Mis aux voix, ces deux rapports sont adoptés par l’Assemblée.
3. RÉCEPTION DE NOUVEAUX MEMBRES.
Mile Anne-Marie DuBorïs, lic. ès sciences, présentée par MM.
Guyénor et PrcrerT; M. le Dr Rob. Wiesmann, de Horgen, présenté
par MM. HESCHELER et SrronL; MM. Félix BÉGuIN, directeur de
l'Ecole Normale de Neuchâtel, Georges DuBoïs et Max RurTrTi-
MANN, présentés par MM. FuHRMANN et DELACHAUX, sont reçus
membres de la Société.
4, SUBVENTIONS.
M. Fuxrmanx donne lecture de la lettre que M. le Dr J. CarL
de Genève adresse au Comité de la Société zoologique suisse, pour
demander une subvention qui l’aidera dans le voyage qu'il va
entreprendre. M. FuHRMANN donne ensuite un aperçu du plan de
travail élaboré par M. Carr, dont voici le thème et l’historique.
Dans la séance du 12 juillet 1925, la commission pour la Bourse
fédérale de voyages d’études a choisi à l’unanimité, parmi les 14
candidats qui se sont présentés, M. J. CaRL, auquel revient donc
la Bourse de 5200 francs.
Le programme de son voyage comporte une étude faunistique
méthodique des massifs montagneux de l’Inde méridionale. M. CaRL
a choisi cette région parce qu’elle est assez facilement accessible
et d’une structure orographique simple et claire. C’est la lecture
de l’ouvrage de M. Fritz SaRASIN « Ueber die Geschichte der Tierswvelt
von Ceylon » qui à fait naître en lui l’idée d’explorer ces régions.
Ses recherches porteront surtout sur les groupes d’Animaux in-
vertébrés, comme les Diplopodes, Arachnides, Isopodes terrestres,
Planaires terrestres, Oligochètes, etc. Tous ces groupes sont parti-
culièrement importants pour l’étude de la distribution géogra-
PS ae
phique. Ces recherches serviront à résoudre un certain nombre de
questions zoogéographiques du plus haut intérêt. En effet, le Sud
des Indes avec sa large base, le rattachant au continent asiatique,
possède un nombre fort considérable de formes endémiques. Mais,
il existe surtout des relations faunistiques intéressantes avec
Ceylan d’abord, puis avec Malacca, les Iles de la Sonde, ainsi qu'avec
l'Afrique, Madagascar, les Seychelles, et même avec l'Amérique
du Sud, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
De son voyage, M. CARL rapportera certainement des résultats
d’une très grande importance, étant donné l’expérience que possède
déjà ce savant. C’est pourquoi, sur le préavis de son caissier, le
comité annuel propose d’allouer à M.CarL la somme de 1000 francs.
Cette proposition est acceptée à l’unanimité.
5. BIBLIOGRAPHIE SUISSE.
Une circulaire a été adressée aux sociétés savantes par la Biblio-
thèque nationale, afin de créer une bibliographie nationale pouvant.
remplacer le Catalogue de littérature scientifique de Londres, qui
a dû interrompre son travail par suite de manque d’argent, et a
cessé de paraître.
Cette bibliographie comprendrait tous les ouvrages concernant
la Suisse, tous les travaux parus en Suisse, publiés par des savants.
suisses ou étrangers et tous les travaux publiés à l’étranger par des.
savants suisses.
M. Bepor nie l’utilté que peut présenter un travail de ce genre
et propose de subventionner le Concilium Bibliographicum plutôt.
que de créer un organe nouveau, coûteux et n’ayant guère qu’un
but nationaliste.
M. Picrer est de l’avis de M. BEnor. Toutefois, si l’assemblée:
se prononçait favorablement pour cette bibliographie, il propose
de demander le concours de M. FERRIERE, qui s'occupe actuellement
de la bibliographie entomologique.
M. HOFMÂNNER croit à un malentendu. Pour lui cette biblio-
graphie, proposée par la Bibliothèque nationale, ne servira qu’à
remplacer momentanément le Catalogue scientifique de Londres,
qui est supprimé actuellement, et pourra être utile lorsqu'on voudra
reprendre cette publication.
3
Av
ET
! 1
h,
à LÉ
Fe ,
cmd Lac
ans cut ot TS,
7
À ”
ns 5. ot tot À
tAdgout
6 ddl datbtat éd nt sort mt émane à di vtiat ls: < iguet d Stan DS dun
tds nt dé 0 méidtitanthess. : Le à» 4
sé dfté. mile cime éadte
st idiote. loss tel bé, ar né)
1
bonncléeét sum. ss À. rot ss d'auto à
RE T Se l
M. Srecx ne voil pas non plus l’utilité d’un travail tel que l'entend
la Bibliothèque nationale, travail qui ferait en quelque sorte double
emploi avec le Concilium Bibliographicum. Il préconise plutôt
l'établissement d’une bibliographie de la faune suisse, mais fait
remarquer que cet ouvrage ne cite que les travaux parus jusqu’en
1900, ce qui obligerait le travailleur à rechercher la bibliographie
de 25 années.
Différents orateurs prennent encore la parole et la décision est
prise de s’entendre le lendemain avec M. Srroz, directeur du
Concilium Bibliographicum, au sujet de la marche à suivre.
(M. Srrouz, n'étant pas venu le lendemain, dimanche, la ques-
tion n’est pas résolue et sera réglée par le nouveau comité annuel.)
6. ELEcTion pu COMITÉ POUR 1926.
La prochaine assemblée générale aura lieu à Berne. Le Comité
suivant est élu:
Président : F. BALTZER
Vice-Président: F. BAUMANN.
Secrétaire: G. FANKHAUSER.
M. R. pe LESsERT conserve les fonctions de Caissier et Secré-
taire général.
Comme vérificateurs des comptes, sont réélus MM. ANDRE et
MoRrTON.
7. DIvERs.
Le président lit une lettre de MM. Baupix et ProgsT, demandant
l'achat d’oculaires et d’objectifs, pour le statif de microscope que
possède la Société zoologique suisse au Laboratoire de Roscoff.
M. FuHRMANN annonce qu'une dépense de 126 fr. 90 serait
nécessaire pour l’achat de ces objets. La question est soumise à
l’assemblée.
Différents membres sont entendus, s’opposant tous à cette
dépense, alléguant que cet état de choses existe depuis 20 ans à la
Station de Naples et le fait que l’air marin détériore très facile-
ment ces objets. L’assemblée décide de n’acheter ni objectifs ni
oculaires, mais M. le professeur BLANC est prié d’avertir ceux qui
iront travailler à Roscoff qu’ils aient à se munir des accessoires
nécessaires à leurs recherches.
LOS
I. SÉANCE SCIENTIFIQUE
Le programme établi par le Comité est modifié pour permettre
à M. PÉzarp, directeur-adjoint à l'Ecole des Hautes-Etudes de
Paris, d'entretenir l’assemblée des derniers résultats qu’il a obtenus
dans ses très intéressantes recherches sur la greffe des glandes
sexuelles chez les Oiseaux et les problèmes de la Biologie générale.
Les conférenciers qui n’ont pas eu le temps de présenter leur
communication ont eu l’amabilité de nous en donner un résumé.
COMMUNICATIONS.
1. M. R. MEnzEL : Die Thee-Capside, Helopeltis antonu Sign.,
und ihre Parasiüten (avec projections et démonstrations.)
2. M. A. Picrer: La proportion sexuelle dans la descendance de
races croisées (avec projections).
À 7 h. 30, un repas plein d’entrain rassemble les participants
à l'Hôtel du Poisson à Auvernier. Prennent la parole MM. le Dr
Georges BoREL et M. GopEerT, directeur de la Station viticole d’Au-
vernier, qui nous invite à visiter l'Ecole de viticulture. L’assemblée
se lève et suit ses aimables amphitryons dans les salles et les caves
de l’école où elle goûte aux différents crus qu'offre avec cordialité
le Directeur. |
II. SÉANCE SCIENTIFIQUE.
DIMANCHE 11 AVRIL.
à l’auditoire des Lettres de l'Université.
Ouverture de la séance à 8 heures et quart. Une soixantaine de
personnes assistent à la séance.
1. M. M. TaiéBaup: Notes sur les Entomostracés des environs de
Bienne.
2. M. H. SraurracHEer: Pocken und Guarnierische Kôrperchen
(avec démonstrations).
NTSC
3. M. F. Barrzer: Neue Versuche über Geschlechtsbestimmung
bei Bonellia (avec projections).
4. M. PÉzarp: La greffe des glandes sexuelles chez les Oiseaux et
les problèmes de la Biologie générale (avec projections et dé-
monstrations).
5. M. Picrert: Localisation dans une région du Parc national
d’une race constante de Papillons exclusivement composée
dhybrides.
Le Président lève la séance à une heure, et la société va diner
à l’hôtel du Soleil. Le président remercie les conférenciers de même
que tous les membres qui sont venus à notre assemblée. M. A. BoREL.
Conseiller d'Etat, prend la parole, ainsi que M. Bar rZER qui remercie
le comité annuel et espère que les membres de la Société se rendront
nombreux à Berne en 1927.
Le Secrétaire : Le Président :
G: MAUvaAIs. O. FUHRMANN.
LISTE DES MEMBRES
DE LA
SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE SUISSE
(10 Avril 1926)
Président d'honneur :
BLaxc, H., Prof., Dr. Avenue des Alpes 36, Lausanne.
A. Membres à vie.
GanpoLr: Hornyozp (de), Prof. Dr, Museo Naval, San Sebastian
(Espagne).
JanicKi, C., Prof., Dr, Institut de Zoologie, Varsovie (Pologne).
*WiLzHELMi, J., Prof., Dr, Landesanstalt für Wasserhygiene, Berlin-
Dahlem.
B. Membres ordinaires.
ANDRÉ, E., Prof., Dr, Délices 10, Genève.
*BAER, J.-G., Dr, Rue de Hollande, 14, Genève.
BALTZER, F., Prof., Dr, Zoolog. Inst. der Universität, Bern.
BarBEy, Aug., Dr, Expert-Forestier, Bel Coster, Chemin du Levant,
Lausanne.
*Baupix, L., Dr, Villa du Mont-Tendre, Route du Mont, Lausanne.
BauManx, F., Prof., Dr, Zoolog. Institut, Bern.
2 BAUMEISTER, L., Dr, Strassburgerallee 15, Basel.
BeporT, M., Dr, Directeur du Museum d'Histoire naturelle, Genève.
BEGuix, F., Dr, Directeur de l'Ecole normale, Neuchätel.
*BicLer, W., Dr, Gundeldingerstrasse 147, Basel.
BLocx, J., Prof., Dr, Gärtnerweg 54, Solothurn.
BLocx, L., Dr, Bahnhofstrasse 15, Grenchen, Solothurn.
BLOME, A., Elsässerstrasse 44, Basel.
BozLiNGER, Dr, G., Lehrer, 132, Unt. Rheinweg, Basel.
BossHARrD, H., Prof., Dr, Weinbergstrasse 160, Zürich 6.
BRETSCHER, K., Dr, Weinbergstrasse 146, Zürich 6.
Des
*Bucnion, Ed., Prof., Dr, Villa La Luciole, Aix-en-Provence (France).
BurcKHARDT, Gottl., Dr, Hirzbodenweg 98, Basel.
BurG von, G., Bez.-Lehrer, Olten.
BüTriKoFER, John, Dr, Hallwylstrasse 32, Bern. |
CaRL, J., Priv.-Doc., Dr, Museum d'Histoire naturelle, Genève.
CHappuis, P.-A., Université, Cluj (Roumanie).
Cuony, Jean-Auguste, pharmacien, Fribourg.
DaïBer, Marie, Dr, Prof., Prosektor, Krähbühlstr. 6, Zürich 7.
DELACHAUX, Th., Dr, Prof. au Gymnase, Vieux Châtel 17, Neuchâtel.
Dour, R., Prof., Dr, 92 Via Crispi, Naples (Italie).
*DoxaTscx, Franz, St. Moritz, Graubünden.
*DuBois, Anne-Marie, Laboratoire de Zoologie, Université, Genève.
*DuBois, G., Laboratoire de Zoologie, Université, Neuchâtel.
DuersrT, J. Ulr., Prof. D', Universität, Bern.
EpER, L., Dr, Lehrer, Spalenring 67, Basel.
ENGEL, A., Champ-fleuri, Lausanne.
Escaer-Künp1iG, J., Dr, Gotthardstrasse 35, Zürich 2.
FAËS, H., Dr, Petit-Montriond, Lausanne.
*FANKHAUSER, G., Dr, Zoolog. Institut, Bern.
FAvVRE, J., Dr, Muséum d'Histoire naturelle, Genève.
FERRIÈRE, Ch., Dr, Musée d'Histoire naturelle, Berne.
ForcarT, L., cand. phil., St. Jakobstrasse 6, Basel.
Forez, Aug., Prof., Dr, Yvorne (Vaud).
Frey-SräÂmPrii, Ruth, Dr, Donnerbühlweg 12, Bern.
FüuHRMANN, O., Prof., Dr, Université, Neuchâtel.
GEIGY, R., cand. phil., Laboratoire de Zoologie, Université, Genève.
Gisi, Julie, Dr, Lehrerin a. d. Tôchterschule, Spalenring 103, Basel.
GuyÉnorT, E., Prof., Dr, Laboratoire de Zoologie, Université, Genève.
HABErBoscH, P., Dr, Bezirksschule, Baden.
Hämmerui-Bovert, Frau, Dr Victoire, Chur.
HanpscxiN Ed., Dr, Priv.-doc., Zool. Institut d. Universität, Basel.
HeiTz, A., Dr, Lehrer, Batterieweg, Basel.
HELBiNG, H., Dr, Sek.-Lehrer, Friedensgasse 33, Basel.
HESCHELER, K., Prof., Dr, Zool. Inst., Universität, Zürich.
HorMÂNNER, Barthol., Dr, Prof. au Gymnase, Parc 26, La Chaux-de-
Fonds.
*HoFFMANN. K., Dr med., Albananlage 27, Basel.
*HUBER, O., Dr, Palmenstrasse 26, Basel.
JEGEN, G., Dr, Eidgen. Versuchsanstalt, Wädenswil.
KæeisEr, Fred., Dr, Zoolog. Institut, Basel.
KELLER, H., Lehrer, Pratteln.
Kxoprii, H., Dr, Stauffacherstr. 9, Zürich.
*KuEenzi, W., Dr, Naturhistorisches Museum, Bern.
Küprer, Max, Prof., Dr, Klausstrasse 20, Zürich 8.
LAGoTALA. H., Prof., DT, Arsenal, Genève.
LanpAU, E., Prof., Dr, Universität, Kowno (Litauen).
*La Roc, R., Dr. Rheinfelden.
SAUNA 22
LeBEepinsKY, N. G., Prof., Dr, Institut de Zoologie, Alhertstrasse 10,
Université, Riga.
*LEHMANN, F., Dr, Gemeindestr. 25, Zürich 7.
LesserT (de), R., Dr, Buchillon (Vaud).
LeuziNGER, H., Dr, Châteauneuf près Sion (Valais).
Linper, C., Prof., Dr, Caroline 5, Lausanne.
Marxey-Dupraz, C.-A., Prof., Colombier.
*Mauvais, G., Lab. de Zool. de l'Université de Neuchâtel.
MEwzEL, Richard, Dr, Theeproefstation, Buitenzorg, Java.
*MEnzi, J., Dr, Wiedingstrasse 44, Zürich 5.
MErmop, G., Dr, Muséum d'Histoire naturelle, Genève.
MEYERr, Frieda, Dr Weiningerstrasse 27, Dietikon (Zürich).
MoxnarD, A., Prof., Dr, La Chaux-de-Fonds.
*MonTer, Gabrielle, Dr, La Tour-de-Peilz, Vevey (Vaud).
Morton, W., Vieux-Collonges, Lausanne.
MüzLer, R., Dr, Lehrer, Villettenstrasse 202%, Muri bei Bern.
Murisier, P., Dr, Lab. de Zool. de l’Université, Lausanne.
Musy, M., Prof., Dr, rue de Morat 245, Fribourg.
NAEr, A., Prof., Dr, Aquario, Naples.
*NaAviLLe, A., Dr, Laboratoire de Zoologie, Université, Genève.
|| NEERACHER, F., D', Unterer Rheinweg 144, Basel.
Nozz-To8Ler, H., D', Glarisegg bei Steckborn.
*PERRET, E., Dr, La Chaux-de-Fonds.
Peyer, Bernh., Dr, Steigstrasse 76, Schaffhausen.
Picrer, Arnold, D', Priv.-Doc., route de Lausanne 102, Genève.
#PIGUET, E., Prof., D', rue de la Serre, Neuchâtel.
*Pirrer, Léon, Dr méd., La Chassotte près Fribourg.
… *Poxse, Kitty, Dr, Laboratoire de Zoologie, Université, Genève.
PorTmMaAnx, Ad., Dr, Zool. Inst. Universität, Basel.
*REICHEL, M., Zool. Inst. Universität, Neuchâtel.
REICHENSPERGER, Aug., Prof., Dr, Zoolog. Institut, Universität (Pérol-
les), Freiburg.
Reverpin, L., Dr, Assistant, Labor: anthropologie Université, route de
Chêne, Genève.
REVILLIOD, Pierre, Dr, Ass., Muséum d'Histoire naturelle, Genève.
Ris, F., Dr, Direktor, Rheinau (Zürich).
RoBErT, Henri, DT, Glion (Vaud).
*RosEN, F., Dr, rue Blaise-Degoffe, 6, Paris.
ROTHENBÜHLER, H., Dr. Gymn.-Lebrer, Thunstrasse 53, Bern.
Roux, Jean, Dr, Naturhist. Museum, Basel.
RuBELI, O., Prof., Dr, Alpeneckstrasse 7, Bern.
- *RuTTIMANN, Max, Laboratoire de Zcologie, Université, Neuchâtel.
…_ SARASIN, Fritz, Dr, Spitalstrasse 22, Basel.
SARASIN, Paul, Dr, Spitalstrasse 22, Basel.
ScHÂpPi, Th., Dr, Sprensenbühlstrasse 7, Zürich.
SCHAUB, S., Dr Kleinhüningerstr. 188, Basel.
*ScHENKEL, E., Dr, Lenzgasse 24, Basel.
Mb
SCHMASSMANN, W., Dr, Bezirkslehrer, Liestal.
SCHNEIDER, Gust., Präparator, Grenzacherstrasse 67, Basel.
SCHNEIDER-ORELLI, O., Prof., Dr, Entomolog. Institut der Eidgen.
techn. Hochschule, Zürich.
SCHOPFER, W. H., Rue Muzy, 15, Genève.
SCHOTTÉ, O., Laboratoire de Zoologie, Université, Genève.
*SCHRANER, Ernst, Dr, Tillierstrasse 50, Berne.
SCHULTHESS-SCHINDLER (v.), À., Dr, Wasserwerkstr. 53, Zürich.
ScHWEIZER, J., Dr, Lehrer, Birsfelden (Baselland).
*SEILER, J., Prof., Dr, Schlederlohe b./München, Post Wolfratshausen.
*SMITH, J., Rev., Delsbergerallee 27, Basel.
*STAUFFACHER, H., Prof., Dr, Frauenfeld.
STECK, Theodor, Dr, Stadtbibliothekar, Bern.
STEHLIN, H. G., Dr, Naturhist. Museum, Basel.
STEINER-BALTZER, AÀ., Dr, Gymn.-Lehrer, Rabbentalstrasse 51, Bern.
STEINER, G., Priv.-Doc., Dr, Bureau of Plant Industry, Agricultural
Department, Washington.
STEINER, H., Dr, Universitätsstrasse 65, Zürich 6.
STEINMANN, P., Dr, Prof. a. d. Kantonsschule, Aarau.
STINGELIN, Theodor, Dr, Bez.-Lehrer, Olten.
STOHLER, R., cand. phil., Aeschenvorstadt 57, Basel.
STRASSER, H., Prof., Dr, Anat. Institut, Bern.
STROHL, J., Prof., Dr, Zool. Institut, Universität, Zürich.
SURBECK, G., Dr, Schweiz. Fischerennspektor, Wabernstr. 14, Bern.
THEILER, A., Prof., Dr, Kantonsschule, Luzern.
Taiégaup M., Prof., Dr, Faub. du Lac 142, Biel.
VonxwWiLLER, P., Dr, Prosektor a. d. Anatomie, Zürich 7.
WALTER, Ch., Dr, Lehrer, Eulerstrasse 59, Basel.
WE8Eer, Maurice, Dr, Trois Rods s. Boudry (Neuchâtel).
WETTSTEIN, E., Prof., Dr, Attenhoferstrasse 34, Zürich 7.
WIEsMANN, R., Dr, Pfarrhaus, Horgen.
Wirscxi, E., Dr, Priv.-Doc., Zool. Institut d. Universität, Basel.
*ZEHNTNER, L., Dr, Reigoldswil (Basel Land).
ZscHOKKE, F., Prof., Dr, Universität, Basel.
Les membres dont le nom est précédé d’un *,ue font pas partie de la Société
helvétique des Sciences naturelles.
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE
Vol. 33; no 1 — Janvier 1926.
—_—_—_——_—_—_——————_—————————————_—_—_—…—…—…—…—…—…—…—…—…—…—…—…—…—…— …——_—….… …"…"—"……—"…"—_"_—_—_—_—_._—_—_—_—_—— —_———— ————
———————————
TRAVAUX DU LABORATOIRE DE ZOOLOGIE ET ANATOMIE COMPARÉE
DE L'UNIVERSITÉ DE GENÈVE
Système nerveux et régénération
chez le Triton.
ACTION GLOBALE DES NERFS
PAR
Oscar SCHOTTÉ
Assistant au Laboratoire de Zsologie et Anatomie comparée
de l’Université de Genève.
Avec 75 figures dans le texte.
SOMMAIRE
AVANT-PROPOSs.
I. HISTORIQUE.
$ 1. Système nerveux et régénération, chez les Invertébrés.
$ 2. Système nerveux et régénération, chez les Batraciens:
a) Système nerveux et régénération de la queue:
b) Système nerveux et régénération chez les larves;
c) Système nerveux et régénération des membres des Batra-
ciens adultes.
d) Recherches contemporaines.
IT. MATÉRIEL ET TECHNIQUES.
SE Le choix des membres.
$ 2. Les animaux.
$ 3. L’innervation des pattes antérieures et postérieures, chez les
Tritons.
4. Les techniques opératoires (Méthode A, Méthode B).
2. Les amputations.
6. Complications par maladie.
$
$
$
Rev. Stisse pe Zooz: T. 33. 1926. 1
ÿ O. SCHOTTÉ
PREMIÈRE PARTIE
EFFETS DE LA SUPPRESSION GLOBALE DE L’'INNERVATION SUR LA MISE
EN TRAIN DES PHÉNOMÈNES RÉGÉNÉRATIFS DES PATTES ANTÉRIEURES
ET POSTÉRIEURES.
$ 1. La régénération normale des pattes de Tritons. 4
$ 2. Comportement général d’une patte amputée, privée de son
innervation. |
$ 3. Contrôle et méthodes d’observation.
CHAPITRE I.
Suppression de l’innervation et amputations simultanées des paites.
A. Opérations sur les pattes antérieures.
$ 1. Définition des niveaux de section des branches du plexus et
des niveaux d’amputation.
$ 2. Série À I. Section simple des nerfs du plexus. .
$ 3. Série À IT. Résection d’un tronçon médian du plexus, ampu-
tations à niveau invariable, chez différentes espèces de
Tritons.
$ 4. Série A IIT. Résection d’un tronçon médian du plexus, ampu-
tations à des niveaux variables.
$ 5. Série A IV. Résection d’un tronçon proximal du plexus,
amputations à des niveaux variables.
B. Opérations sur les pattes postérieures.
$ 6. Série A V. Résection d’un tronçon médian du plexus crural.
$ 7. Série À VIT. Résection d’un tronçon proximal du plexus crural.
$ 8. Récapitulation:
a) influence de la saison;
b) influence du niveau d’amputation:;
c) influence du niveau de section du plexus.
CHAPITRE II.
Le traumatisme opératoire peut-l inhiber la régénération ?
$ 1. Hypothèses de Hixes et de GOLDFARS.
$ 2. Critique de ces hypothèses.
$ 3. Vérification expérimentale de l’action des traumatismes opé-
ratoires.
$ 4. Influence des traumatismes vasculaires.
CHAPITRE III.
Suppression de l’innervation et amputation retardée des pattes.
PP P P
$ 1. Série B TI. Résection d’un tronçon médian du plexus, amputa-
tions retardées dans le zeugopode.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON - 3
Série B II. Idem, mais amputations dans le stylopode.
Série B III. Résection d’un tronçon proximal du plexus,
amputations retardées dans le zeugopode.
Série B IV. Idem, mais amputations dans le stylopode.
Récapitulation.
82.
$ 3.
$ 4.
$ 5.
CHAPITRE IV.
La suppression globale de l’innervation et la régénération des membres
chez des larves d Urodèles de 20 à 30mm,
$ 1. Matériel et techniques opératoires.
$ 2. Série L I. Opérations sur: Salamandra maculosa:
a) pattes antérieures;
b) pattes postérieures.
$ 3. Série L II. Opérations sur larves de Tritons:
a) pattes antérieures:
b) pattes postérieures.
$ 4. Conclusion.
DEUXIÈME PARTIE
DiIscussION ET VÉRIFICATIONS.
CHAPITRE V.
Influence de la cicatrice sur la perte apparente du pouvoir régénérateur.
$ 1 à $ 4. Séries R I à R IV. Réamputation des moignons n’ayant
LS été le siège d'aucune régénération.
$ D. Discussion.
CHAPITRE VI.
Vérifications physiologiques et anatomiques.
$ 1. Examen du comportement physiologique des membres primi-
tivement privés de leur innervation.
$ 2. Examen anatomique des membres dans le cas de régénéra-
tion tardive et d'absence complète de régénération.
$ 3. Relations entre la régénération des nerfs et la régénération
tardive des membres.
$ 4 Examen anatomique effectué sur des animaux après une
deuxième amputation (Série R).
CHAPITRE VII.
Analyse, par réamputations, des cas exceptionnels.
$ 1. Série R V I. L’examen anatomique révèle la présence de tous
les nerfs du plexus.
on
[Se
$ 3.
$ 4.
& 6.
O. SCHOTTÉ
. Série R V IT. L’examen anatomique révèle que l’innervation
est partiellement rétablie.
Série R V III. Réamputation des pattes postérieures après
examen anatomique.
Animaux n'ayant pas régénéré, amputés pour la troisième fois
(Séries R vérifiées anatomiquement).
. Conclusion.
CHAPITRE VIII.
Les Tritons sans nerfs qui régénèrent.
. Série R V IV. Réamputation d'individus après constatation
de l’absence complète de régénération des nerfs.
Série R R V. Deuxième réamputation d'individus après cons-
tatation de l’absence de régénération des nerfs.
. Le cas des 17 exceptions.
Vérification de l’action des nerfs collatéraux:
a) Série NC I. Résection des nerfs régénérés du plexus «
avec conservation de l’innervation collatérale;
b) Série N C II. Résection des nerfs collatéraux, le plexus
brachial régénéré étant conservé;
c) Série N'CIII. Résection des nerfs collatéraux dans les
cas où le plexus n’est pas régénéré.
Hypothèse de l’existence de nerfs régénérés mais invisibles et
vérification expérimentale de cette hypothèse. Série NS.
Récapitulation générale de la discussion.
TROISIÈME PARTIE
EFFETS DE LA SUPPRESSION GLOBALE DE L'INNERVATION SUR LA CONTI-
NUATION DE LA RÉGÉNÉRATION DES MEMBRES.
8 1.
So}
S 9.
RÉSUMÉ
Série C I. Suppression de l’innervation au stade où le régé-
nérat est macroscopiquement indécélable.
Série C IT. Suppression de l’innervation dans le cas de régé-
nérats au stade de jeune bourgeon de régénération.
Série C IIT. Idem, au stade de bourgeon de régénération âgé.
. Série C IV. Idem, au stade palette non différenciée.
. Série C V. Idem, au stade palette différenciée.
Série C VI. Idem, au stade doigts individualisés.
Récapitulation.
. Discussion.
Conclusion.
ET CONCLUSIONS.
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON S
AVANT-PROPOS
Lorsqu’en décembre 1920, Monsieur le Professeur GUYÉNOT
m’engagea à entreprendre une revision de la question de l'influence
du système nerveux sur la régénération des membres de Tritons,
il s'agissait alors, dans mon esprit, d’une simple mise au point
qui devait résoudre, dans un sens ou dans l’autre, la controverse
existant entre partisans et adversaires d’une action spécifique des
nerfs sur la régénération.
La recherche, entreprise d'emblée sur la base d’un très nombreux
matériel, m'a aussitôt révélé qu'il ne pouvait être question d’une
mise au point, mais que tout restait à faire. Contrairement aux
apparences, en effet, la controverse entre GOLDFARB et WALTER
n'avait pas reçu de solution définitive. Malgré l’erreur commise
par GOLDFARB, Ce savant avait formulé des objections d’une
valeur indiscutable, basées, en partie, sur des faits soulevant des
difficultés auxquelles personne n’avait donné de réponse satisfai-
sante. Aussi toute la question s’est-elle présentée à l'esprit des
savants les plus autorisés comme non résolue.
La lecture des travaux de mes devanciers et mes premiers résul-
tats m'ont fait comprendre qu'il ne suffisait pas de refaire sur un
grand nombre d'individus les expériences des premiers auteurs.
Tout pénétré de la valeur des objections de GOLDFARB, j'ai repris
l’étude de la question sur des bases nouvelles et j'ai essayé de
donner une véritable démonstration de l’action exercée par le
système nerveux sur la régénération. Sachant qu'un résultat
expérimental n’est pas nécessairement une réponse spécifique à
l'intervention opératoire, je me suis entouré de garanties multiples.
Mais si je pouvais ainsi espérer obtenir une solution définitive du
problème, ce dernier, en apparence fort simple, s’est révélé très
complexe.
La démonstration de l’action du système nerveux, considéré dans
son ensemble, sur la régénération des membres impliquait, comme
corollaire, la résolution du problème de l’action des nerfs mixtes
sur la réalisation de la forme du régénérat, c’est-à-dire de leur
action morphogène. L'importance de cette question et les nom-
breuses expériences entreprises pour sa solution m'’obligeront à lui
6 O. SCHOTTÉ
consacrer un mémoire spécial, tandis que dans la présente publi-
cation le problème sera simplement posé.
Ce mémoire représente une partie d’une recherche qui est pour-
suivie depuis plus de 4 ans dans le Laboratoire de Zoologie et
Anatomie comparée de l’Université de Genève, sous la savante
direction de Monsieur le Professeur Emile GUYÉNOT.
Ce maître, qui a introduit à Genève les méthodes de la Biologie
expérimentale moderne, n’a cessé d’exercer sur la formation de
mon esprit scientifique la plus heureuse des influences. Je voudrais
insister sur le fait que si ce travail a abouti à des résultats satisfai-
sants, Je le dois surtout à ses conseils et à la rigueur de sa mé-
thode expérimentale.
Je ne saurais non plus oublier le très grand honneur qu'il m’a
fait, lorsque, dans les circonstances les plus tragiques de ma vie,
il a bien voulu m’accueillir dans son Laboratoire en qualité d’as-
sistant. |
Les remerciements que l’on prodigue habituellement en pareilles
circonstances ne sauraient, dans mon cas, qu'imparfaitement
traduire tous les sentiments de gratitude et d’affection que j'éprouve
à l’égard de mon Maitre, dont je suis heureux de subir encore l’in-
fluence si exceptionnellement féconde.
Je dois des sincères remerciements également à mes camarades
les Docteurs André Navizze et Mile K. PoxsE qui m'ont souvent
adé de leurs conseils éclairés.
I. Historique.
Avant d'aborder la question de l’influence du système nerveux
sur la régénération, chez les Batraciens, il n’est pas inutile de jeter
un coup d’œil d'ensemble sur les travaux relatifs au même problème
général et qn1 ont été effectués sur les Invertébrés
L'importance de ce problème n’a pas échappé aux chercheurs qui
ont entrepris l’étude expérimentale des phénomènes régénératifs
1 Bien que les travaux faits sur les Invertébrés n’intéressent pas directement
le sujet qui nous occupe ici, j'ai cru utile d’en faire une revision, parce que
beaucoup de travaux sont tombés dans l’oubli et que d’autres ont été systéma-
tiquement, semble-t-il, omis ou ignorés. Ceci est, en particulier, le cas de cer-
. tains travaux de Gorprars, sur les Invertébrés, que je n’ai trouvés cités nulle
part dans la littérature.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 7
et, depuis la fin du 18e siècle jusqu’à nos Jours, cette question a
occupé ure part importante dans tous les traités de Biologie.
Il faut, au point de vue qui nous occupe, distinguer d’une part,
l'influence générale du système nerveux sur la régénératior. qui
semble être de nature très différente suivant les groupes zoolo-
giques, et, d'autre part, l’action morphogène, spécifique, que les
centres nerveux peuvent exercer sur les phénomènes de différen-
ciation et qui se manifeste, avant tout, par la production d’hétéro-
morphoses.
D'une façon générale, en ce qui concerne le premier problème,
il semble que la présence du système nerveux soit nécessaire pour
la régénération chez les Echinodermes et les Vers; cette relation
reste douteuse, jusqu’à preuve du contraire, chez les Mollusques,
tandis que les Tuniciers paraissent capables de régénération étendue
en l’absence du ganglion nerveux.
Il paraîtrait superflu d’envisager le rôle du système nerveux,
chez les Protozoaires, où 1l n’existe aucun appareil de ce genre
morphologiquement différencié, si certains auteurs n’avaient tiré
argument de la capacité régénérative de ces organismes pour nier
toute influence du système nerveux sur la régénération. Il est évi-
dent que cette conclusion est abusive et, qu’à ce point de vue, les
conditions de régénération d’un Protozoaire, d’un œuf et d’un
Métazoaire, ne sont nullement comparables. On trouve, chez ce
dernier, un système d’appareils différenciés, entre lesquels existent
des corrélations qui font que le problème de la régénération se
présente d’une tout autre manière. C’est d’ailleurs dans des ques-
tions de ce genre que toute généralisation hâtive est défectueuse
et qu’il importe avant tout de ne pas conclure d’un groupe zoolo-
gique à un autre Î.
$ 1. Système nerveux et régénération chez les Invertébrés.
a) Chez les Echinodermes, des résultats positifs ont été obtenus par
Miss H. Kixc, MorGuzis et H. PRzZIBRAM.
KinG (1900) sépare, par une section du bras, perpendiculaire à
J’axe médian d’Asterias glacialis, la partie supérieure (aborale)
1 À ma connaissance, aucun travail n’a été entrepris sur l’action du système
nerveux dans la régénération des Coelentérés et aussi des Eponges.
8 O. SCHOTTÉ
de la partie inférieure (orale); seule cette dernière est apte à
régénérer la partie aborale du bras. Du fait que c’est dans la
partie orale que se trouve logé le système nerveux radiaire,
H. D. KixcG en conclut que ce dernier est indispensable à la réali-
sation des processus régénératifs des Astérides.
Parallèlement, sur les Crinoïdes, H. PrziBrAM (1901) montre
que le calice peut bien régénérer le disque, mais que l’inverse
n’est pas réalisable; or le système nerveux se trouve être localisé,
chez ces animaux, dans le calice. L’auteur ne conclut cependant
pas à une action spécifique, formative, du système nerveux sur
la régénération de ces animaux, mais admet simplement que
l’action du système nerveux se ramène à une action favorisante
de la croissance.
Dans ses recherches sur les Ophiurides, S. MorGuzis obtient
des résultats intéressants avec Ophioglypha lacertosa (1912). Il
supprime le nerf radial jusqu’à l’anneau nerveux dans une pre-
mière série d'expériences. Dans une deuxième série, 1l interrompt
simplement les connections du nerf radial avec l’anneau nerveux
se trouvant dans le disque. Les deux séries montrent que «là où
le nerf est absent à la surface d’amputation il n’y a pas de régé-
nération; là où les rapports entre le système nerveux dans son
ensemble et les nerfs radiaires ont été simplement interrompus, la
régénération a lieu, mais le régénérat se trouve être diminué ».
Contrairement aux auteurs précédents, GoLprARB adopte une
attitude négative. Il critique (1909) les résultats de H. D. Kine
et, fidèle à sa théorie des actions traumatiques intervenant comme
facteur d’inhibition de la régénération, il essaye de démontrer que
l'intervention opératoire, nécessaire pour pratiquer la destruction
du système nerveux dans le bras d’une Astéride, est suffisante,
par elle-même, pour empêcher la régénération de ce dernier.
b) Système nerveux et régénération chez les Vers.
Une première série de travaux porte sur les Turbellariés. Chez
Dendrocoelium lacteum, Lizzre (1900) montre que la présence du
cerveau semble être indispensable pour une régénération normale
de cette Planaire.
La même année, R. Monrt observe que des fragments de Poly-
clades contenant les ganglions céphaliques régénèrent avec une
vitesse plus grande que ceux qui en sont dépourvus.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON j 9
Un fait comparable fut signalé par Mile I, V. MorGan (1905),
mais avec plus de précision: chez Leptoplana littoralis, les seg-
ments renfermant les ganglions céphaliques régénèrent rapide-
ment. Par contre, les fragments privés de ces centres nerveux ne
régénèrent pas les parties enlevées ou ne le font que partiellement.
Chez la même Leptoplana et chez Cestoplana, C. M. Ci trouve
(1904-1906) que la régénération de ces animaux peut se produire
en l’absence des ganglions cérébroïdes,sauf dans la région céphalique.
Bien que des parties privées de toute communication avec Îles
ganglions cérébroïdes puissent régénérer très complètement, 1l
semble, cependant, que ces régénérats soient incapables de subsis-
ter. CHizp est ainsi amené, comme PRrzIBRAM, à l’opinion que le
système nerveux n’exerce pas d'influence « formative » sur la régé-
nération, mais seulement une influence sur le fonctionnement
général. L'action du système nerveux sur la régénération serait,
dans ce cas, beaucoup plus indirecte que spécifique et morphogène.
Plus récemment, Mlle D.-J. Lioyp (1914) trouve, au contraire,
chez Gunda ulvae, que la partie antérieure de ce Triclade marin
ne peut pas régénérer en l’absence des ganglions céphaliques.
J.-M.-D. OLmsrep (1922) s'adresse aux Polyclades (Plano-
cera californica, Phylloplana littoricola et Leptoplana saxicola) et
trouve que ces trois espèces suivent dans la régénération la loi des
Triclades; la partie antérieure, en avant du cerveau, est incapable
de régénérer complètement, de même les parties postérieures sont
incapables de régénérer si la section antérieure a enlevé le cerveau.
Contrairement à tous ces auteurs, J. GoLpFARB (1909), qui a fait
également des expériences sur Dendrocoelium lacteum, est arrivé à des
conclusions inverses. De recherches ayant consisté en sections pra-
tiquées suivant divers niveaux, au-dessus ou en-dessous des gan-
glions cérébroïdes, et dans l’ablation de tout ou partie du cerveau,
cet auteur conclut qu'il est improbable que la suppression du
système nerveux soit la cause de l’absence ou du caractère incomplet
de la régénération de la tête. En effet, dit-il, l'absence de ce même
système nerveux ne peut pas empêcher la régénération de la queue;
il estime que c’est le niveau de section et une certaine quantité
de tissu antérieur qui sont plus importants que la présence du
système nerveux.
Une autre série d’expériences fut entreprise sur les Annélides.
En 1902, Th. MorGan présenta ses remarquables expériences sur
10 O. SCHOTTÉ
la régénération du Ver de terre (Allolobophora), en rapport avec
le système nerveux de cet animal. Il serait superflu de rapporter
en détail ces expériences universellement connues et je ne fais que
mentionner les résultats ;
19 En l’absence des ganglions cérébraux, les premiers anneaux
qui normalement se reconstituent très facilement, ne régénèrent
plus;
2° La régénération des segments médians ou caudaux ne peut se
faire que là où le cordon nerveux ventral est présent ;
39 L’excision d’une partie médiane de ce cordon fait souvent
apparaître des têtes régénérant à partir des bords libres du cordon
nerveux interrompu.
Cependant, A.-J. GoLpFARB (1909), reprenant le travail de T.-H.
MorGax sur le Ver de terre, est arrivé à des conclusions bien
curieuses. Après ablation du cordon nerveux ventral (auquel il attri-
bue d’après RETZIUS une nature purement motrice(?)) et amputation
de quelques segments antérieurs, il obtient dans 50 % des cas une ré-
génération de la tête. D’autre part, des animaux qui n’avaient pas
régénéré présentaient cependant uue régénération du cordon nerveux
et, dans beaucoup de cas, celui-ci avait atteint la surface d’am-
putation. Des recherches histologiques, faites par GOLDFARB, il
ressort que le cordon nerveux régénéré se couvre d’un capuchon
entièrement clos et une formation de ce genre ne saurait, d’après
lui, influer sur la régénération de la tête. [Il considère ce fait comme
une nouvelle preuve de l’indépendance des phénomènes régéné-
ratiis vis-à-vis du système nerveux. .
Il est étonnant que cette partie de l’importart travail de GoLp-
FARB ne se trouve relatée nulle part dans la bibliographie et que
personne n'ait jugé nécessaire de vérifier les faits très curieux
qu'avance cet auteur.
J. NussBaum (1908), d'autre part, confirme les vues de MORGAN
au moyen d'expériences sur une Annélide polychète, Wereis diver-
sicolor, et constate qu'après extirpation ou cautérisation du cordon
nerveux, les anneaux amputés dans une région dépouvue de sys-
tème nerveux ne régénèrent pas, tant que le cordon n’a pas été
régénéré lui-même et n’est pas arrivé à la surface d’amputation.
Un travail de CARLGREN (1907), que je n’ai pu me procurer, mais
que je cite d’après PRzZIBRAM, portant sur Prostoma dujardint
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 11
(Tetrastemma ehrenbergi) aboutit à cette conclusion, semble-t-il,
que les ganglions cérébroïdes sont indispensables pour la régéné-
ration de ces Némertiens.
c) Système nerveux et régénération chez les Mollusques.
Contrairement à ce que l’on trouve dans nombre de comptes
rendus bibliographiques, le problème de linfluence du système
nerveux ne fut pas envisagé par SPALLANZANI dans ses célèbres
expériences sur la régénération. La lecture du Programme ou
précis d’un ouvrage sur les reprôductions animales montre que
le problème n’est même pas ébauché. Toutefois, les résultats, alors
si extraordinaires, que l’auteur obtint dans la régénération de la
tête des Escargots, devaient nécessairement poser le problème de
l'influence du système nerveux.
SPALLANZANI croyait que la tête pouvait encore être reformée
après amputation complète, y compris celle du collier œsophagien.
Ces résultats soulevèrent dans le monde entier un tel étonnement
… que beaucoup les accueillirent avec scepticisme. Il faut, en ce qui
concerne la polémique qui en est résultée, distinguer deux ordres
de faits. D’une part, l’existence, chez l’Escargot, d’une faculté régé-
nératrice; d’autre part la question de savoir si le collier œsophagien
peut ou non être impunément enlevé.
Une pléiade de chercheurs et d'amateurs s’essayèrent, avec un
succès très variable, à l’étude de ce problème qui était devenu à la
mode. Parmi eux, je citerai SCHÂFFER (1768), un officier suédois
à Paris Roos ou Rose (1768), O.-F. MüLzLzer (1768), LAvoIsIER
lui-même (1768). Les expériences de SÉNEBIER et de Charles
BoxxET, la même année, confirmèrent nettement les résultats de
SPALLANZANI. Par contre, WARTEL (1768), ScHROETER (1771),
VALMONT de BoMARE (17069), Corte (1770-1774), Murray (1776)
_ et enfin Apanson (1768) s’obstinèrent à nier toute possibilité, pour
l’Escargot, de régénérer sa tête, opinion dont le caractère erroné
_ devait être parfaitement mis en évidence dans la suite.
_ Le deuxième problème était celui de savoir si la régénération
pouvait se faire lorsque le système nerveux, représenté par le collier
œsophagien, avait été réellement extirpé.
SPALLANZANI le croyait et, sur ce point, avait tort. Les travaux
… de ScareLLa et Pusint (1769), de PrRescraAnt (1778), PRATOLONGO
(1780), Girarpi (1782), Cazpanr (1783) et enfin ABILDGAARD (1799)
12 O. SCHOTTÉ
montrerent qu'après l’extirpation réelle du collier œsophagien
les animaux meurent; de ce fait, la présence du système nerveux se
révèle indispensable pour la régénération de la tête des Escargots.
D'ailleurs, SCHWEIGGER (1820), examinant les animaux opérés par
SPALLANZANI au Musée de Pavie, constata que le collier œsophagien
de ces animaux était resté intact.
En résumé, si le pouvoir régénérateur de la tête ne fait pas de
doute, 1l est non moins certain qu'après ablation du système ner-
veux céphalique, les animaux meurent, si bien que la question de
l'influence du système nerveux sur la régénération ne pouvait même
pas être envisagée, du moins avec les méthodes qu’employaient
ces anciens chercheurs.
La question tomba dans l’oubli jusqu’à ce que, beaucoup plus
tard, Justus CARRIÈRE la reprit et publia, en 1880, un impor-
tant mémoire dans lequel il démontra quelle avait été l’erreur
de SPALLANZAN:I et des autres et constatait que, pour obtenir la
régénération de la totalité de la tête, le collier péri-æsophagien était
bien indispensable. Mais, pas plus que SPALLANZANI et les autres
chercheurs, CARRIÈRE n’envisagea le problème de l’influence du
système nerveux sur la régénération. Les indications bibliogra-
phiques qui parlent dans ce sens reposent sur une erreur mamifeste
et prouvent seulement que les auteurs n’ont pas lu le mémoire de
CARRIÈRE 1.
D’autres expériences sur les Mollusques ont porté sur la régéné-
ration de l’œil en fonction du ganglion optique et ont été faussement
généralisées sous la désignation de « régénération de l’œil en dépen-
dance du système nerveux ». D’après CARRIÈRE, celui-ci resterait
normal même après ablation du ganglion optique adjacent. HANK6,
observa les mêmes résultats, sur Nassa mutabilis. Cet auteur se
croit autorisé à en conclure que le système nerveux n’exerce, à
ce point de vue, aucune action.
N1 les travaux de HANK6 (1914), de CERNY (1907), de TErcHow
(1911), n1 ceux de KôxiG (1915) sur Arion empiricorum n’auto-
risent une pareille conclusion. Il est absolument certain que l’ab-
lation du ganglion optique adjacent à l'œil n'implique nulle-
ment la suppression de toute communication avec le système ner-
1 Le premier qui posa ce problème, et ceci d’une façon magistrale, est incon-
testablement J. T. Top (1823) sur le travail duquel je reviendrai plus loin,
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 13
veux central. Il est étonnant que le fait que ce n’est pas le ganglion
optique mais les ganglions cérébroïdes qui innervent le tentacule
optique semble être méconnu par tout le monde. Le problème de
Paction du système nerveux sur la régénération de l’œ1l des Mol-
lusques ne se posera qu’au moment où l’on aura supprimé, par voie
opératoire, les communications des ganglions cérébraux avec la
partie terminale du tentacule oculaire. Jusqu’à présent, seul TEcHOw
a tenté l’opération, mais sans succès.
d) Système nerveux et régénération chez les Tuniciers.
Tandis que les expériences sur les Echinodermes et les Vers
aboutissent, dans l’ensemble, à des résultats positifs, celles effectuées
sur des Mollusques à des résultats encore douteux, par contre les
expériences sur les Tuniciers n’ont pas mis en évidence une influence
nette du système nerveux sur la régénération.
Chez les Tuniciers, le pouvoir régénérateur est très étendu, ce qui est
en rapport, sans doute, avec la très grande facilité de reproduction
asexuée de ces animaux.
A. Grarp (1872) a observé la régénération très complète de
Morchelium argus aux dépens de la base, dépourvue de toute la
partie supérieure y compris le ganglion nerveux.
Par des sections transversales dans 3 régions du corps de Circi-
nalium concrescens, M. CauLLERY (1895) a séparé ces Synascidies
en trois parties correspondant toutes à des parties inférieures à la
branchie et, partant, dépourvues de ganglion nerveux. La dernière
section est pratiquée à la hauteur du cœur, presque dans le stolon.
Or, les parties, ainsi privées de toute connection avec le système
nerveux central, sont susceptibles de régénérer un animal complet.
H. Driescx (1902) amputant franchement dans le stolon de
Clavellina lepadiformis constate qu’il y a encore régénération
d’une Clavelline entière 1.
Comme, dans ces trois cas cités, les ganglions céphaliques se
sont trouvés éliminés avec la partie amputée, il faut en inférer
que, chez les Tuniciers, l’absence de ces ganglions n’inhibe pas la
régénération à l’échelle organo-formative.
1 On peut se demander si l’expérience faite dans ces conditions aux dépens
, . 4
d’un stolon qui, normalement, forme un nouveau système nerveux, a une valeur
au point de vue de l'influence du système nerveux d’un organisme différencié.
14 O. SCHOTTÉ
Un travail plus moderne de HirSCHLER (1914) sur Ciona intesti-
nalis, montre que, chez les Ascidies simples, la présence du sac |
viscéral est indispensable pour une régénération normale des autres
parties du corps. |
En 1920, enfin, S. MIKkHAÏïLOFF a étudié la régénération du
siphon oral et ses rapports avec le ganglion cérébroïde chez Ciona
intestinalis. Il montre que, tandis que la régénération du siphon est
normale en présence du ganglion, elle devient irrégulière, lorsque
le ganglion cérébroïde est extirpé. Ainsi les tissus auraient bien
une faculté propre de régénération, mais sans coordination les uns
avec les autres. Les coordinations de croissance, tout au moins
dans la régénération, se feraient, chez ces animaux, sous la dépen-
dance du système nerveux.
e) Système nerveux et régénération chez les Arthropodes.
Tandis que les expériences précédentes visaient à établir si le
système nerveux est nécessaire ou non pour la régénération, les
expériences faites sur les Arthropodes ont posé un autre problème,
celui de l’influence de certains centres sur la morphologie du régé-
nérat. C’est C. HERBST qui inaugura cette série de recherches par des
expériences qui ont eu un grand retentissement et sont devenues
classiques (1896-1916).
Le célèbre auteur des Formative Reize constata qu'après
simple ablation des yeux de Crustacés décapodes macroures ou
brachyoures, ceux-ci régénèrent, dans tous les cas. Si, par contre, 1l
enlève chez Palaemon, l'œil avec sa base dans laquelle se trouve
logé le ganglion optique, il se forme, à la place de l’œ1l, une antenne.
Une démonstration aussi élégante fut donnée par HERBST dans son
expérience sur un brachyoure, Porcellana, chez lequel le ganglion
optique se trouve être logé non plus dans le pédoncule optique,
mais en profondeur, dans le céphalothorax. Chez cet animal, l’ex-
tirpation complète de l’œil avec son pédoncule — qui laisse intact
le ganglion situé plus profondément — ne produit jamais une an-
tenne, mais la régénération, si elle a lieu, aboutit toujours à la for-
mation d’un oil.
Cette hétéromorphose du régénérat par suite de l’absence d’un
centre nerveux a suggéré à HErBsT l’idée d’une action spécifique
et morphogène du système nerveux sur la régénération. La nature
sensitive du ganglion optique, et le rapprochement du phénomène
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 5
observé avec certains faits tirés de la tératologie des Mammifères
supérieurs, ont fait admettre à HERBST une théorie très intéressante,
d’après laquelle les ganglions spinaux (des Vertébrés) seraient les
agents actifs, non seulement dans la régénération, mais aussi dans la
phase organo-formative de l’ontogénie. Par cette théorie, exposée
avec beaucoup de vigueur, dans ses Formative Reize (1901),
C. HERBsT est devenu le chef d’une école qui compte plusieurs
adeptes.
Toutefois, comme on l’a déjà dit plus haut, le problème de la
morphologie du régénérat n’est pas à confondre avec celui de l’in-
fluence du système nerveux sur la régénération et le fait de suppri-
mer le ganglion optique n'implique nullement la suppression de
toute l’innervation.
A la suite de HErBsT, Mile M. J. STeELE (1907) étudia la régéné-
ration de l’oœ1l de Palaemonetes, de Pagurus et de Crangon et cons-
tata soit l’absence de régénération, soit de très grandes irrégularités
dans la formation des ommatidies; elle conclut que la régénération
de ces éléments était largement influencée par la présence ou
l'absence du ganglion optique.
Un autre auteur, V. JaAnpa (1913), fait quelques expériences
sur Stylopyga orientalis et Tenebrio molitor. Les résultats obtenus
sont très peu démonstratifs, mais semblent en accord avec une
influence du système nerveux sur la production des hétéromor-
phoses chez les Arthropodes.
KRIZENECKY (1913) reprend, après JANDA, les opérations de ce
dernier et constate qu'après l’abletion de l’œil, y compris le ganglion
optique, il obtient un organe nouveau qui n’est ni un œil, ni une
antenne et que l’auteur détermine comme étant un organe du tact.
Enfin, S. KopEé rapporte, dans une publication récente (1923), des
expériences faites sur des Insectes. Il ampute des pattes de chenilles
et extirpe simultanément le ganglion correspondant du segment
intéressé. Après cette opération, il constate une régénération du
membre en tous points comparable à celle d’un membre témoin.
Il en conclut que les membres des chenilles régénèrent tout à fait
indépendamment du système nerveux.
En somme, si l’on récapitule les résultats rapportés, on voit que
les expériences concluent à la nécessité de la présence du système
nerveux pour la régénération chez les Vers et les Echinodermes.
16 O. SCHOTTÉ
Seul, GOLDFARB s’est inscrit en faux contre cette conclusion des”
expériences; certains des faits qu'il a rapportés sont, du reste,
assez troublants et on voit que, même dans ces cas favorables, la
question reste malgré tout encore indécise. |
Chez les Mollusques, toute la question est à reprendre, aucun
travail n’ayant paru qui ait posé le problème avec netteté.
La différence de comportement d’un groupe zoologique à lautre
ressort de ce qui se passe chez les Tuniciers où l’on n’a constaté
qu'une influence plus que problématique.
On voit qu'il n’est pas possible de formuler une conclusion
générale et que le problème se présente certainement d’une façon
différente, suivant le degré d’organisation et de coordination de
chaque scrte d’organisme.
$ 2. Système nerveux et régénération chez les Batractiens.
a) Système nerveux et régénération de la queue.
Pour étudier l’action du système nerveux sur les processus :
régénératifs de la queue, D. BarFurTH extirpa (1897) à des Axolotls
adultes une rondelle de la colonne vertébrale de la queue avec tout
son contenu nerveux et amputa simultanément la queue, environ
1 cm. plus distalement. Il ne faisait ainsi qu'interrompre les com-
munications du système nerveux directement adjacent à la surface
de section avec celui du reste de l’organisme. Le résultat de cette
expérience fut une régénération normale de la queue, avant même
que l’orifice creusé dans l’organe axial se soit refermé. Il en ressort
que la continuité de tout le système nerveux n’est pas indispensable
pour permettre la régénération de la queue.
Cet auteur refit, la même année, une expérience similaire en
interrompant, en deux endroits, à l’aide d’une aiguille chauffée,
les communications de l’extrémité de la queue avec le système
nerveux central de têtards de Rana fusca et obtint, dans cette
deuxième expérience, une régénération également normale.
E. GopLewski a abordé le problème de l’action du système ner-.
veux sur la régénération de la queue des Tritons adultes. Il reprend,
dans ce but, les expériences de BarFurTH, en les perfectionnant sur
plusieurs points (1904). Les expériences de GopLEwsKki sont fonda-
mentales et les auteurs qui les ont reprises depuis n’ont fait que les
répéter, sans apporter de résultats véritablement nouveaux.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 17
Ces expériences peuvent se résumer ainsi:
10 La destruction de la moelle épinière à l’aide d’une aiguille
chauffée, introduite dans le canal rachidien, entraine l’arrêt pur
et simple de toute régénération jusqu’au rétablissement de la moelle
épinière par régénération.
20 L’interruption de la continuité de la moelle épinière avec
le reste du système nerveux (BARFURTH) n’influe en rien sur la
régénération de la queue, si toutefois la moelle épinière est présente
à la surface d’amputation.
30 L’excision d’un bout médian du système axial permet la
régénération de deux queues dirigées en sens inverse (polarité
renversée).
49 La présence des ganglions spinaux intacts ayant été constatée
par l’examen histologique près de la surface d’amputation, la
régénération ne se produisant pas, par contre, en l’absence de la
moelle épinière, GopLEwWsKkI conclut que «les ganglions spinaux
ne peuvent remplacer l’action formative des centres médullaires ».
5 GODLEWSKI croit, sans l’admettre avec certitude, à l’action
formative du système nerveux central.
GoLzpFrarB (1909) reprit les expériences de GODLEWSKI, ‘sans
apporter aucun fait nouveau, et aboutit de même à ce résultat
qu’en l’absence de la moelle épinière la régénération de la queue
est impossible. Toutefois, GoLpFARB se défend de voir, dans ces
résultats, la manifestation d’une action spécifique du système
nerveux et attribue le résultat observé au fait qu'une importante
portion de tissus est détruite par l’opération et que l’on obtient
alors des conditions comparables à celles réalisées par G. TORNIER
_ (1906), en favorisant la régénération de la peau aux dépens des
autres tissus de la queue. Comme dans les expériences de TORNIER,
GozprarB voit dans l’inhibition du pouvoir régénérateur, lors de
ses opérations, une «lutte de tissus », autrement dit une action
pure et simple du traumatisme opératoire,
Mie Piera LocATELLI (1924) a complèté ses expériences sur la
régénération de la patte, en reprenant celles de GonLewsxi et de
GoLDFARB sur la queue. Comme ces auteurs, elle détruit la moelle
épuuère de la queue et introduit, en outre, dans le canal rachidien
de la gutta-perca, pour empêcher la régénération trop précoce de la
moelle. Mie LocarTeLLr montre que ce n’est pas la lésion des
vertèbres qui peut être incriminée comme cause inhibitrice de la
Rev. Suisse DE Zoo. T,. 33. 1926. 2
18 O. SCHOTTÉ
régénération de la queue, une série d’opérations ayant été faite
dans des conditions qui permettent d'éviter cette lésion. Le
résultat, cependant, est toujours le même: la moelle épinière est
indispensable à la régénération de la queue; en absence de la
moelle, les ganglions spinaux, pourtant présents, ne peuvent
assurer la mise en train des phénomènes régénératifs.
Il ressort de toutes les recherches rapportées que, pour la queue,
la moelle épinière est un facteur indispensable de la régénération,
cette dernière faisant défaut en son absence et réapparaissant
lorsque la moelle a atteint la surface d’amputation par sa régéné-
ration propre.
b) Système nerveux et régénération chez les Batraciens à l’état larvaire.
Tandis que, comme on le verra plus loin, la question de savoir
si le système nerveux est nécessaire pour permettre la régénération
d'organes chez les Batraciens à l’état adulte était fortement contro-
versée, les auteurs, ayant travaillé sur l’action du système rerveux
dans la régénération des membres des larves, sont tous d’accord
pour dénier à ce dernier toute action sur les processus régénératifs
de ces Jeunes organismes.
Cette unanimité est basée beaucoup plus sur des raisons théo-
riques que sur des faits expérimentaux convaincants.
Depuis 1895, en effet, W. Roux avait distingué dans la vie des
organismes deux périodes: {0 une période de différenciation organo-
génétique (organische Ausgestaltung) qui correspondrait à la
période larvaire, à déterminisme fonctionnel indépendant du
système nerveux; 20 une période de différenciation fonctionnelle
(funktionelle Ausgestaltung), dans laquelle le système nerveux
exercerait une action dominante (période adulte). Les auteurs qui
admettaient l’action du système nerveux dans la régénération,
chez les adultes, trouvaient ainsi tout naturel, en partageant le
point de vue de Roux, que le système nerveux n’exerçât aucune
action sur le même processus, chez les larves 1.
Quels sont les faits qui ont permis à cette opinion erronée de
s'établir ?
1 Mlle P. LocarEezLi continue, même dans ses publications de 1925, à pro-
fesser cette opinion erronée bien qu’elle connaisse ma note (1923) dans
laquelle j’ai pu démontrer expérimentalement l’inexactitude de ce point de
vue.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 19
Reprenant, en 1903, les expériences de son maître D. BARFURTH,
RuBix supprima tout le cerveau jusqu’au bulbe rachidien sur de très
jeunes larves de Rana fusca, fraîchement extraites de l’enveloppe
albumineuse. À ces larves anencéphales, il amputa simultanément
l'extrémité de la queue. Le résultat de cette opération fut, dans
tous les cas, une régénération normale de la queue, d’où RUuBIN
conclut qu’« à une certaine période précoce du développement, le
cerveau et, probablement, aussi le système nerveux tout entier,
n’exercent aucune action sur le processus de la régénération du
reste du corps de la larve. »
Ces conclusions, formulées par RUBIN, dépassent de loin la valeur
de ses expériences. En effet, comme dans les expériences de Bar-
FURTH, le système nerveux est resté intact à la surface d’amputation
de la queue et a pu parfaitement exercer son action sur la régéné-
ration de cette dernière. Il ect fort probable qu’à cette période
encore embryonnaire le système nerveux n’exerce aucune action
sur la régénération de la queue, mais ceci ne ressort pas en tout cas
des expériences de RuBin et la question reste ouverte.
La même année, P. WinNTREBERT publia ses recherches rela-
tives à l’action du système nerveux sur la régénération des membres
postérieurs et de la queue de larves d’Anoures (Alytes obstetricans).
Estimant que la méthode (la seule bonne à mon avis) consistant
dans la résection des nerfs se rendant aux membres, qui lui avait
donné d’excellents résultats pour l’étude de la formation des
membres, présentait l’inconvénient d’affaiblir par une saignée
périodique les larves soumises à l’expérimentation, WINTREBERT
opéra, pour étudier l’action du système nerveux sur la régénération,
en réséquant la moelle dorso-lombaire et sacrée de jeunes têtards.
« Cette résection, dit-1l, permet de soustraire à l’action nerveuse
les membres des Amphibiens et la queue des larves d’Anoures,
sans blesser un seul vaisseau capable de contribuer à la nutrition
_de ces organes … et permet une observation prolongée sans crainte
d'incertitude dans les résultats. » i
Les pattes postérieures amputées simultanément avec la résection
de la moelle, et qui se trouvaient au stade de formation du genou,
régénérèrent après cette opération, normalement.
La même opération ayant entraîné la disparition totale de la
motlité et de la sensibilité de la queue des têtards, l’auteur
conclut que celle-ci ne contient pas des centres propres, comme celle
20 O. SCHOTTÉ
des Urodèles, mais que les centres nerveux de la queue sont placés
plus avant, vers le sixième métamère. « De ce fait anatomique,
il résulte que, après la résection médullaire dorso-lombaire, la queue
des larves d’Anoures est assimilable à un membre dont les relations
nerveuses sont interrompues. »
La régénération se faisant dans ces deux séries d’opérations tout
à fait normalement, WINTREBERT en conclut que la régénération
de la queue et des membres de larves d’Anoures se fait en absence
du système nerveux.
Un troisième auteur, GoLDpsTEIN (1904), critique surtout les
travaux de WoLFF qui pourtant représentaient, à cette époque,
un progrès incontestable, et, comme contribution propre, 1l se
contente de rapporter un cas d’ablation de moelle épinière d’une
larve de Triton taeniatus de 30Mm, ablation suivie de l’amputation
des pattes postérieures. Comme il fallait s’y attendre, la régénération
se fit tout à fait normalement, ce qui était déjà connu depuis
les travaux de Wozrr que cet auteur attaque si vivement. Il
se croit, néanmoins, autorisé à conclure: «es scheint dement-
sprechend auch für die Regeneration der Satz zu gelten, dass dem
Zentralnervensystem wenigstens in einem gewissen frühen Stadium
kein Einfluss auf die Regeneration zukommit. »
En admettant, d’après les travaux de Rugix, l’action des nerfs
sur la régénération chez les Batraciens adultes (membres d’Axolotls
déjà âgés), GOLDSTEIN conclut en définitive: « Im Stadium der
organbildenden Entwicklung (Roux) verlaufen im allgemeinen die
normalen Entwicklungsvorgänge wie die regeneratorischen Vor-
gänge in vülliger Unabhängigkeit vom Zentralnervensystem. Im
Stadium der funktionellen Entwicklung ist für beide Vorgänge
ein deutlich ausgesprochener Einfluss von seiten des Zentral-
organs vorhanden ».
Les maigres résultats expérimentaux de GOLDSTEIN auraient
sans doute passé inaperçus s’il n'avait fait dans son travail une
remarquable étude critique de tous les faits se rapportant au
problème histogénétique dans l’ontogénie et la régénération. Et
l’on peut dire que c’est surtout depuis ce travail de GOLDSTEIN que
la croyance à l’inaction du système nerveux sur la régénération
chez les larves s’accrédita définitivement et est devenue quasiment
classique.
Aussi, n’est-il pas étonnant de lire dans ur travail récent (1921)
Met a ot ba MES et Dee A Eng CE oo
À
Fe
pa nr + L
A M re
Le
= 27:
Cd POÂG 6 LA UE D 4 TT RUN AR AELE I M ete 2 2 re Don PA AD Ed Cd ne
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 21
de ANDERS la phrase que voici, rapportée comme acquisition défi-
nitive de la science: « Diese Experimente beweisen einwandfret (!),
dass im embryonalen Leben die Regeneration . ... nicht in gleicher
Weise vom Nervensystem abhängig ist wie im erwachsenen Zu-
stand. »
Les méthodes utilisées par les trois auteurs cités sont très
critiquables: dans le cas des travaux de RuBIn, le système nerveux
directement adjacent à la surface d’amputation se trouve parfaite-
ment conservé et, partant, capable d'exercer son action. WINTRE-
BERT et GOLDSTEIN n'ont fait que supprimer la moelle épinière.
Or, il résultait déjà des travaux de Wozrr (1902) que, même chez
les adultes, l’ablation de la moelle épinière était inefficace au point
de vue de la régénération. Dans le cas des expériences des deux
dermiers auteurs cités, les ganglions spinaux et le système nerveux
sympathique setrouvaient parfaitement intacts et en communicetion
ininterrompue avec l’organe dont ils voulaient étudier la régéné-
ration. Les ablations de moelle épinière de ces deux auteurs ne
permettaient, de ce fait, en aucun cas, la conclusion que le «système
nerveux » n’exerçcait aucune action sur les processus régénératifs,
une grande partie de ce système se trouvant conservée.
Me basant sur des résultats précédemment publiés, que j'ai obte-
nus dans mes recherches analytiques sur l’action du système nerveux
dans la régénération des Tritons adultes, j’ai pu montrer expéri-
mentalement (1923) que, dans tous les cas et pendant toute la durée
de l’absence d’innervation, toute régénération des membres des
larves d’'Urodèles (larves de Salamandra maculosa, de T. cristatus
et 7. alpestris), à partir de 20m était entièrement inhibée. J’ai
obtenu ce résultat, comme je le rapporterai plus loin en détail,
en effectuant des sections des nerfs mixtes innervant les membres.
Ainsi, la régénération des larves d’Urodèles a pu être assimilée,
au point de vue de son déterminisme, à celle d’'Urodèles adultes
et le fossé artificiel, maintenu par mes devanciers et par beaucoup
d'auteurs entre la régénération à l’état larvaire et ce processus à
l’état adulte, a pu être comblé.
c) Système nerveux et régénération des membres des Batraciens
adultes.
La controverse existant entre partisans et adversaires de
. l'influence du système nerveux sur la régénération des membres des
22 O0. SCHOTTÉ
Batraciens s'explique, avant tout, par une confusion d’ordre termi-
nologique. Plusieurs auteurs ont, en effet, cherché à étudier l’ac-
tion des différents centres avant d’avoir établi si le système ner-
veux, dans son ensemble, exerce une action certaine sur la régénéra-
tion des membres. Seuls, les nerfs périphériques allant directement
aux membres représentent l’ensemble du système nerveux qui
innerve un membre donné, à part les quelques neurones sympa-
thiques qui suivent la gaine des vaisseaux.
C’est en 1823 que T. J. Ton aborda expérimentalement le pro-
blème de l'influence du système nerveux sur la régénération
des membres de la Salamandre aquatique (le Triton, sans doute).
Les différentes opérations faites peuvent être classées en trois
catégories :
19 La section du nerf sciatique avec amputation simultanée
de la patte postérieure n'empêche pas la régénération de cette
dernière de s’effectuer normalement.
20 Si, par contre, la section du nerf est faite après la cicatrisation
du moignon — je suppose une vingtaine de jours après l’amputation
— la régénération est soit retardée, soit complètement inhibée.
30 La section du nerf étant pratiquée au moment où la régéné-
ration a déjà commencé, ou même est fortement avancée, la
croissance s’arrête, tandis que le régénérat se ratatine, se déforme
ou disparaît entièrement.
= Les effets observés ne peuvent, d’après Topp, être attribués aux
troubles vasculaires consécutifs au traumatisme opératoire, mais
doivert être dus à quelque chose de particulier dans l’action des
nerfs. En effet: «This derangement cannot, in my opinion, be
fairly attributed to the vascular derangement induced in the limb
by the wound of the division, but must arise from something
peculiar in the influence of the nerve ».
On ne peut qu'admirer la remarquable justesse des vues de
Topp et la façon dont cet auteur a abordé le problème. Il a, en
effet, pratiqué d’abord des ablations des nerfs, simultanément
avec l’amputation du membre, puis quelque temps après l’ampu-
tation, enfir, il a étudié l’action des nerfs sur les différents stades de
régénération. Il a donc compris qu'il fallait distinguer l’action des
nerfs, d’une part, sur la mise en train des processus régénératils et,
d'autre part, sur leur continuation. J’attribue le résultat négatif
de sa première expérience au fait que la section des nerfs a dû être
nice.
"1
a
Ace. la à 52 ar ad ste on da St a > Rues
ÉPRPS UD à PR ln Be NE Lo Ed Creer nee
ETES Am niv = DE NS
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 23
faite à un niveau trop proche du niveau d’amputation. Les fibres
nerveuses régénérées ont pu ainsi atteindre trop rapidement la sur-
face d’amputation (nous ne connaissons pas le niveau d’amputa-
tion du membre) et assurer la mise en train normale des phéno-
mènes régénératifs. Topp n’en reste pas moins le premier auteur
qui ait établi l'existence d’une action certaine du système nerveux
sur les processus régénératifs.
Pendant presqu’un siècle, la question tomba dans l’oubli jusqu’à
ce que G. Wozrr l’ait reprise en 1902 et 1910. Dans son premier
travail, WoLFrr n'arriva pas à des résultats bien démonstratifs,
mais, en 1910, il rapporta de nouvelles expériences dont les résul-
tats sont concluants. Deux sortes d’opérations furent effectuées
par cet auteur: |
1° Le curetage du canal rachidien à l’aide d’une fine scie (des-
truction des centres physiologiques de la motilité) n’exerce aucune
influence sur la régénération des membres postérieurs.
20 L’extirpation de la colonne vertébrale lombaire avec moelle
et ganglions spinaux arrête au contraire les processus régénératifs
en train et, lorsque (deuxième série 1910) cette ablation est pro-
duite antérieurement à l’amputation des pattes, celles-ci ne peu-
vent régénérer.
Au bout d’un temps variable, l’innervation est rétablie par des
voies détournées (collatérales, dit G. Wozrr) et alors la régéné-
ration des pattes aboutit toujours à des malformations (nombre
insuffisant des doigts). L’amputation réitérée de ces malformations
reproduisant chaque fois le même nombre insuflisant de doigts,
Wozrr conclut à une action spécifique, morphogène du système
nerveux !. Wozrr est donc le premier qui ait tenté une explication
analytique du fait que, tandis que la suppression totale de l’in-
nervation inhibe les processus régénératifs, ceux-ci ne sont nulle-
ment influencés par l’absence d’une fraction importante du système
nerveux central représentée par la moelle épinière; mais, pas plus
. que ses successeurs, WoLrFr n’est parvenu à expliquer ce fait.
RuBin (1903) s'adresse à des Axolotls, Siredon pisciformis, de
10 à 30 cm. Cet auteur sectionne les nerfs mixtes innervant les
._ pattes antérieures et atteint ainsi, par ces opérations, toute l’inner-
1
1 Dans un prochain travail il sera possible d'expliquer un des modes de la
genèse de ces malformations et de montrer que la conclusion de WoLrFr ne
s'impose pas.
24 O. SCHOTTÉ
vation de ces membres. Les opérations, effectuées sur une quinzaine
d’Axolotls de tailles et d’âges différents, aboutirent à ce résultat
que tandis que les processus régénératifs se poursuivent normale-
ment, tant du côté opéré que du côté témoin, pendant 8 à 10.
jours, la régénération se ralentit sensiblement, à partir de ce
moment, du côté privé d’innervation et aboutit finalement à un
arrêt complet de toute poussée nouvelle. RUBIN a ainsi démontré
l’existence d’une action certaine du système nerveux sur la régé-
nération des membres antérieurs dè l’Axolotl.
Les travaux de WiNTREBERT (1903-1904), qui a entrepris des
expériences semblables à celles de G. Wozrr, ont abouti à des
conclusions inverses. Cet auteur résèque la moelle dorso-lombaire
de quelques Axolotls de 8 à 24 em. sans donner de détail sur sa
méthode opératoire et constate, après cette intervention, une régé-
nération, somme toute, normale des membres paralysés, d’où il
conclut que «soustraits à l’influence nerveuse, les membres posté-
rieurs des Urodèles présentent donc une régénération qui rappelle
exactement ce que-nous avons obtenu dans les mêmes conditions
pour la génération ».
En 1905, C. Ch. Hixes se propose de déterminer « si la régénéra-
tion du membre de Diemyctilus viridescens dépend de ses connec-
tions avec le système nerveux ou si le résultat prévu ne serait pas
conditionné par une blessure involontaire des vaisseaux sanguins. »
Il choisit, à cet effet, la patte postérieure comme objet d'expérience,
celle-ci étant plus grande et, partant, plus facile à opérer que-la
patte antérieure. Dans une première série, «le neri » fut sectionné
aussi près que possible de l’articulation coxo-fémorale. HINES sup-
prime donc les nerfs dans la cuisse même et pratique l’amputation
de la patte au niveau du genou, simultanément avec l’opération
nerveuse. Le résultat de cette opération est négatif, la prolifé-
ration du nouveau matériel dans la patte opérée se faisant avec la
même vitesse que sur les animaux témoins.
Des descriptions de l’auteur, il semble résulter que seul le
nerf sciatique profond avait été sectionné, le nerf sciatique latéral
et le nerf péronéal ayant été laissés intacts. Aussi, HINES recon-
nait-il que «les résultats, obtenus après section du nerf, peuvent
être dus à la présence d’une connection nerveuse latérale, suffisante
pour donner aux tissus le stimulus nécessaire » pour leur régéné-
ration.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 25
Dans une autre série, HIiNES pratique la section des nerfs sur
sept individus, plus proximalement, vers la colonne vertébrale,
sans préciser combien de nerfs ont été ainsi sectionnés. Les deux
pattes, la patte opérée et la patte témoin, sont amputées simulta-
nément. L'auteur n’observe ses sujets que 45 jours après l’amputa-
tion et la suppression de l’innervation. À ce moment, tous les indi-
vidus possèdent des régénérats des deux côtés, avec des différences
de grandeur qui se maintiennent dans la suite jusqu'au 83me
jour, époque à laquelle l’expérience prit fin.
HixEs signale enfin une dernière série d’au moins (!) 30 Sala-
mandres auxquelles il avait sectionné les nerfs près de leur origine,
tout en combinant ces opérations avec diverses sortes de traite-
ments — jeûne ou nourriture abondante, section de veines et
d’artères — dans le détail desquels je n’ai pas à entrer.
Parmi les animaux de cette dernière série, « dans nombre de cas »,
la régénération ne se produisit pas du tout du côté où les nerfs furent
sectionnés. Et c’est sur ces maigres résultats que l’auteur conclut
à une action spécifique du système nerveux sur la régénération !
On ne peut s'empêcher, en lisant le mémoire de HINEs, de
trouver ce travail extraordinairement superficiel. Les interventions
opératoires sont mal définies : on ne sait jamais ce qui a été supprimé
et ce qui a pu rester et les observations post-opératoires manquent
encore plus de précision, si c’est possible.
| Aussi, n'est-il pas étonnant que GoLprarB (1909), ait cru
devoir reprendre toute la question avec le même matériel, mais
sur une très grande échelle, bien qu'avec une idée préconçue regret-
table. GoLDFARB nie, dans tous ses travaux, l’action du système
nerveux sur les processus régénératifs. Pour démontrer sa thèse,
il à accompli un énorme travail sur des centaines de Diemyctilus
_viridescens, auxquels il a supprimé la moelle dorso-lombaire, ou
détruit des ganglions spinaux, ou enfin sectionné les nerfs.
Les résultats de GoLpFARB peuvent être classés en trois séries:
1° L’ablation de la moelle épinière n'empêche pas la régénéra-
tion de la patte paralysée (plusieurs centaines de cas);
2° La destruction des ganglions spinaux (cas très peu nombreux
et deux seulement témoignent d’une destruction complète) produit
des résultats absolument incohérents. 50 %, des individus régé-
_ nérent avec des retards plus ou moins grands, tandis que le reste
ne régénère pas du tout du côté opéré.
26 O. SCHOTTÉ
39 La section du plexus effectuée sur 12 individus donne 3 cas
de non régénération des membres du côté opéré, tous les autres
individus présentant une régénération plus ou moins tardive.
Il est regrettable que GOLDFARB, qui avait cru utile de faire des
ablations de moelle sur plusieurs centaines d'individus, n’ait pas fait
davantage de sections du plexus, car c’est cette méthode qui aurait
pu lui donner la clef du problème. Comme GoLpFArB ne donne
aucun détail sur la technique opératoire utilisée dans cette impor-
tante série, il est difficile de se faire une idée exacte de la raison pour
laquelle il a obtenu des résultats inconstants. Nous verrons, dans la
suite, combien tout dépend du niveau d’amputation et du niveau
de section des nerfs et comment on peut, en variant les conditions
expérimentales, obtenir des résultats très différents.
Du fait que parfois, 1l avait observé des absences de régénération
du côté témoin également, et en se basant sur des considérations
théoriques qui seront envisagées plus loin, GoLpFARB conclut que
l’absence ou le ralentissement des phénomènes régénératifs doit
être attribué uniquement aux troubles traumatiques, consécutifs
aux interventions opératoires. La principale raison de la manière
de voir de GOLDFARB réside dans le fait qu'il a constaté parfois
la régénération tardive d’un membre, en l’absence de nerfs régé-
nérés.
Les résultats de l’examen anatomique montreront plus lon
combien cette observation de GOLDFARB est exacte et combien 1l
est parfois difficile de concilier les résultats anatomiques avec les
faits expérimentaux.
Les observations de GoLDpFARB, faites sur un nombre important
d'individus, semblaient faire table rase des notions acquises par les
travaux de Wozrr, d'autant plus que les conclusions de ce dermer
auteur avaient été fortement attaquées dans le travail déjà signalé
de GOLDSTEIN (1904), qui du reste s’est contenté de mettre en
doute les résultats expérimentaux de Wozrr, sans apporter d’expé-
riences les controuvant.
Pour répondre à GoLprarB, WALTER (1912), un élève de
Wozrr, reprit les opérations de ce dermier d’ailleurs sans les per-
fectionner, mais en faisant suivre chaque cas d’une vérification
histologique. Il arriva ainsi à la conclusion, basée sur une disaine
d'animaux, que l’ablation totale de la colonne vertébrale dorso-
lombaire, avec la moelle épimière et les ganglions spinaux, entraine
sv ammèsinent tine-shdns
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 27
une absence complète de régénération des membres postérieurs
ainsi privés de leur innervation sensitivo-motrice. D'autre part,
si l’extirpation de la colonne vertébrale était incomplète, au point
de laisser les ganglions spinaux en communication avec la péri-
phérie, le pouvoir régénérateur des membres ne s’en trouvait pas
affecté ou seulement d’une façon très faible. D'où WALTER
_ conclut que les « ganglions spinaux permettent à eux seuls l’accom-
plissement normal des processus régénératifs ». Il ajoute d’ailleurs
que ces expériences ne permettent de tirer aucune conclusion en
ce qui concerne la question de savoir quelle serait l’action des racines
antérieures motrices envisagées seules, à l’exclusion des ganglions
spinaux.
WALTER rapporte en outre les résultats de la section du plexus
crural chez 7 Triton alpestris, qui ont tous présenté un arrêt des
processus régénératifs pendant deux mois environ, suivi de reprise
dans tous les cas, sauf un.
Dans un dernier travail (1919), WartTer conclut à une action
morphogène du système nerveux sur la régénération, action qui
s’exercerait indifféremment avec l’aide des ganglions spinaux ou
avec celle de la moelle épinière sous la forme d’un arc réflexe
très compliqué, dont la branche descendante serait constituée par
des fibres sympathiques. Cette idée intéressante ne repose d’ailleurs
pas sur les faits et ne se présente pas comme une conclusion né-
cessaire des données expérimentales rapportées dans ce dernier
travail de WALTER.
Si nous résumons les travaux précités, nous voyons que la preuve
irréfutable de l’action du système nerveux sur la régénération des
pattes du Triton est loin d’avoir été donnée:
— En effet, Topp ne constate aucune action quand la section des
… nerfs et l’amputation des pattes sont pratiquées simultanément.
- Deux, parmi les trois séries de HinEs, ont abouti à des résultats
. négatifs, la troisième ayant présenté des exceptions inexpliquées.
… Les travaux de GorpFarB ne permettent aucune conclusion pré-
. cise, le comportement des 12 individus opérés ayant révélé des
différences individuelles considérables. Les résultats de WALTER
- seuls semblent concluants, avec cette réserve cependant qu'ils ne
sont pas à l’abri des objections générales, formulées par GOLDFARB.
Si de l’ensemble de ces travaux il se dégage bien une impression
28 O. SCHOTTÉ
générale, favorable à l’hypothèse d’une action de système nerveux
sur la régénération, la certitude est cependant loin d’être acquise.
L'incertitude vient de ce que le nombre d'animaux soumis aux expé-
riences est insuffisant, et surtout du fait que personne n’a été ca-
pable d’expliquer les résultats contradictoires obtenus par GoLp-
FARB, WINTREBERT et GOLDSTEIN d’une part, par HINES, WoLFF
et Wazrer de l’autre. Toute la polémique des auteurs a porté
beaucoup plus sur les faits expérimentaux des adversaires que sur
leur explication scientifique.
Aussi les auteurs critiques comme MorGAN, DriEsc, KORSCHELT,
Moszkowsk1 et NussBAuM ont-ils dû conclure que la question de
l’action du système nerveux sur la régénération était loin d’être
tranchée. |
Dès lors, il n’est pas étonnant d’apprendre qu’actuellement trois
auteurs ont cru utile d'aborder à nouveau cette question tant
controversée et ceci tout à fait indépendamment les uns des autres.
Ce sont, d’après l’ordre chronologique de leurs publications :
O. ScHoTTÉ, P. Weiss et Mie Piera LOCATELLI.
d) Æecherches contemporaines.
Tel était l’aspect du problème, lorsqu’en janvier 1921 j'ai cherché
à résoudre, sur un matériel très nombreux, la question de savoir
si, Oui ou non, le système nerveux intervenait dans la régénéra-
tion des pattes de Tritons adultes {T. cristatus, T. alpestris et T.
palmatus).
Dans une première note du 18 mai 1922, j'ai pu, appuyé sur les
résultats de 110 expériences, conclure à la «nécessité d’une innerva-
tion normale pour que la régénération soit possible». Dans une deu-
xième note du {er juin 1922, j’ai pu montrer, sur un ensemble de 120
animaux, que le début de régénération de la patte privée de son inner-
vation coïncidait avec la régénération des fibres nerveuses résé-
quées, c’est-à-dire que ce début est « d’autant plus synchrone avec
la régénération du côté témoin, qu'il s’est écoulé un temps plus.
long entre le moment de la section nerveuse et celui des amputa-
tions ».
Le 1e7 novembre 1922, je faisais remarquer, que l’acceptation
d’une hypothèse d’action directe des nerfs sensitifs ou des nerfs «
moteurs conduisait à ce résultat paradoxal «que si les nerfs moteurs
paraissent suffire à permettre la régénération, 1l en est de même pour
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 29
les nerfs sensitifs bien que, dans les deux cas, les résultats soient
inconstants ». J’ai montré ensuite, à la même date, par des opérations
adéquates, que l’action du système nerveux ne peut être attribuée
qu’à celle du système nerveux sympathique.
En 1923, j'ai indiqué que la section tardive des nerfs, pratiquée
sur des membres à différents stades de régénération, inhibait leur
régénération ultérieure. L’arrêt complet de toute prolifération du
régénérat m'a permis d'observer des phénomènes d’involution
aboutissant à une morphologie incomplète. Cette observation,
corroborée par d’autres faits expérimentaux, m’a conduit à rejeter
toute idée d’une action morphogène du système nerveux et à attri-
buer à la masse du régénérat une part importante dans la réali-
sation définitive de la morphologie du membre régénéré.
En 1924, j'ai pu, par une nombreuse série d’expériences, mettre
en évidence que, contrairement à l’opinion de WALTER, le grand
sympathique était réellement le seul système nerveux nécessaire à
la réalisation des processus régénératifs dans les membres antérieurs
et postérieurs de Tritons.
A la fin de l’année 1922, alors que je commencçais la publication
de mes recherches, un auteur viennois, Paul WEïss, communiquait
les résultats qu'il avait obtenus à la suite de sections de neris,
pratiquées également sur les pattes antérieures de Tritons adultes.
P. Weiss arrive, comme moi-même, à la conclusion que, tant pour le
déclanchement que pour la continuation des phénomènes régéné-
ratifs, la présence de l’innervation est indispensable. Dans la
publication d’une conférence publique du 5 mai 1923, où il omet
de me citer, cet auteur donne, per exclusionem, la préférence
à l'hypothèse d’après laquelle c’est le système nerveux autonome
qui doit être la partie agissante dans l’action des nerfs mixtes sur
la régénération, mais sans apporter aucune preuve nouvelle de ce
fait dont j'avais donné la démonstration l’année précédente.
M. P. Weiss a eu l’obligeance de me faire parvenir les épreuves de
son mémoire in extenso, qui n’a pas encore paru à l’heure actuelle.
_ De la lecture de cet intéressant travail, il résulte que l’auteur a
pratiqué les sections des nerfs du plexus brachial suivant un seul
niveau, plutôt distal, et que les amputations ont porté exclusive-
ment sur le stylopode. Il a étudié, dans un nombre assez restreint
de cas, l’influence des nerfs soit sur le déclanchement des phéno-
mènes régénératifs, soit sur leur continuation. Malheureusement,
30 O. SCHOTTÉ
cet auteur ne donne aucune précision, quant au moment de la
reprise du pouvoir régénérateur après la section des nerfs, ce qui
paraîtrait pourtant essentiel. D'autre part, il n’a fait aucune
expérience démontrant l’action du système sympathique sur les
processus régénératifs qu'il admet, ainsi que je l’ai fait remarquer,
à titre de simple hypothèse.
Mie Piera LOGATELLI a refait également des San des nerfs
sur les pattes postérieures de Tritons (1Te publication, 9 avril 1923).
De crainte de voir les nerfs régénérer, elle sectionne périodique-
ment le nerf sciatique et constate, consécutivement à ces interven-
tions répétées, une absence complète de régénération des pattes
opérées.
Plusieurs séries d'expériences, faites dans des ts d’exac-
titude insuffisante, font admettre à Piera LOCATELLI que ce sont les
ganglions spinaux qui agissent sur la régénération des membres.
Ces expériences seront discutées en détail dans un prochain mémoire.
IT. Matériel et Techniques.
$ 4. Le choix des membres.
La lecture des travaux de mes devanciers m’ayant révélé le
danger d’une étude, d’emblée analytique, de l’influence du système
nerveux sur la réalisation des processus régénératifs, j’ai voulu
établir, avant tout, si la suppression de toute l’innervation inhibaït
ou non la régénération.
J'ai choisi comme objet d’études la régénération des membres
antérieurs et postérieurs des Tritons adultes et des larves d’Urodèles.
Le choix des membres, comme objet d’étude, comporte plu-
sieurs avantages par rapport aux expériences pratiquées sur la
queue. L’agencement anatomique du système nerveux dans la
queue rend d’emblée nécessaire une étude analytique du problème,
ce que Je voulais, à tout prix, éviter. On ne saurait, en effet, par
une seule opération, y atteindre à la fois les innervations motrice,
sensitive et sympathique. D’autre part, l'intervention opératoire,
pour être efficace, doit porter sur la totalité du système nerveux
de la queue et ainsi l’expérimentateur se prive d’un témoin, aide
indispensable dans toute recherche de ce genre, l’'amputation simple
pratiquée sur un autre animal témoin ne pouvant sans équivoque
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 31
servir de terme de comparaison. Enfin, la suppression de la moelle
épinière à la surface d’amputation pose le problème des corrélations
de croissance et de ce qui fut appelé par G. ToRNIER «lutte des
tissus », problème qui n’a que des rapports lointains avec celui
de l’action du système nerveux sur la régénération. J’ai ainsi
acquis la conviction que tous les auteurs qui ont abordé l'étude
de l'influence du système nerveux sur la régénération de la queue
sont restés, constamment, à côté du sujet.
Le problème se présente tout autrement pour les membres. Là,
on peut supprimer l’innervation sans, pour autant, blesser le mem-
bre lui-même, qui reste ainsi indemne de toute lésion opératoire:
l’innervation peut être atteinte dans sa totalité; enfin, la disposi-
tion symétrique des membres permet de pratiquer cette opération
d’un côté seulement, l’autre côté conservant son innervation in-
tacte et servant ainsi de témoin individuel.
$ 2. Les animaux.
Les animaux d’expérience que j'utilisais au début de mes re-
cherches provenaient des environs de Genève et appartenaient aux
3 espèces de Tritons que l’on y rencontre communément: Triton
cristatus, T. alpestris et T. palmatus. Plus tard, lorsque j’eus constaté
le comportement pratiquement identique de ces trois espèces
dans leur façon de régénérer, après suppression du système nerveux,
j'ai utilisé presque exclusivement le Triton cristatus que j'ai fait
venir soit d'Italie (Florence, Bologne et Gênes), soit d'Allemagne
(environs de Cologne). Le Triton italien, d’une race différente de
ceux de Genève ou d'Allemagne, est le plus résistant.
Je conservais ces Tritons dans de larges cristallisoirs de 30 cm.
environ de diamètre, où 10 à 20 animaux trouvaient place.
Les soins de propreté les plus méticuleux sont indispensables.
S1 l’on veut garder des animaux suffisamment longtemps pour
obtenir d'eux une réponse expérimentale concluante, il faut changer
l’eau des cristallisoirs pratiquement tous les jours, ou même deux
fois par jour, lorsqu'il s’agit d'animaux fraichement opérés, ou
simplement amputés. De cette façon, j'ai pu garder des séries
nombreuses sans perte aucune, pendant de longs mois, voire des
années.
La nourriture, consistant en viande maigre ou en foie de bœuf,
32 O. SCHOTTÉ
était distribuée, dans la règle, une fois par semaine. Il est inutile
d'essayer de gaver des individus malades ou qui, n’étant pas encore
guéris, refusent de manger. L’alimentation forcée entraine, en effet,
presque toujours la mort de l’animal en très peu de temps.
Pour les expériences sur les larves, je m’adressais de préférence
aux larves de Triton cristatus et de T. alpestris qui étaient fraîche-
ment pêchées dans l’étang de l’Institut. Les larves de Salamandra
maculosa étaient dans la règle obtenues par ouverture de l’utérus
maternel et je pouvais ainsi recueillir des animaux suffisamment
jeunes. Ceux qui ont été utilisés n’ont jamais dépassé une longueur
de 30mm,
UP NUS ra
d'a
“fr:
Fa ;
T
$ 3. L'innervation des pattes antérieures et postérieures,
chez les Tritons.
a) Pattes antérieures.
Après leur sortie de la moelle, des ganglions rachidiens et sym-
pathiques, tous les nerfs spinaux émettent, comme on sait, deux
4
g:
5: 4 5
B---- 0 2
ARR É
Fire “À,
Dessin demi-schématique de l’innervation des pattes antérieures: 3, 4, et
5, N° des nerfs rachidiens participant à la formation du plexus. PI = plexus
brachial; 1 — nerf subscapulaire; 2 — n. scapulaire dorsal; 3 — rameau su-
perficiel du nerf brachial long inférieur; 4 — rameau profond du même nerf:
5 — rameau profond dr nerf brachial long supérieur; 6 — rameau superficiel
du même nerf; 7 — branche crâniale du 5®€ nerf spinal participant à la for-
mation du plexus; 8 — branche caudale du 5e nerf ne participant pas à
la formation du plexus; 9 — nerf supracoracoïdal.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON LE
rameaux: un rameau dorsal qui innerve la musculature dorsale
et le dos de l’animal et un rameau ventral qui est profond. Dans
les régions des membres, les rameaux ventraux s’unissent pour
former des plexus. |
Les pattes antérieures sont innervées par les fibres nerveuses
venant du plexus brachial qui est constitué, chez les espèces de
Tritons que j’ai examinées, par les rameaux ventraux du IIIme,
du IVe et d’une partie du Ve nerf spinal. Exceptionnellement, le
plexus reçoit des branches très fines du IIMe nerf spinal qui s’en
détachent, du reste, précocement et vont innerver l’épaule. Après
l'union des trois nerfs en deux branches, le plexus ainsi formé
donne naissance, au niveau de la zone articulaire de la tête humé-
rale, à deux grands nerfs, le nerf brachial long supérieur, plus fin,
et le nerf brachial long inférieur, le plus considérable des deux
(fig. 1). Déjà à l’intérieur du bras, chacun des deux nerfs se divise
en un rameau profond et un rameau superficiel. L’innervation des
différentes régions du bras se fait de la façon décrite dans tous les
traités classiques.
b) Pattes postérieures.
Tous les auteurs qui ont expérimenté sur les pattes postérieures
(Wozrr, Hines, WALTER, P. Weiss, LocATELLI) sont d’accord
ÉGCET-ES- 19
Fate: 2:
Dessin demi-schématique de l’innervation des pattes postérieures. 16, 17,
18 et 19, Nos des nerfs rachidiens participant à la formation du plexus
crural. PI] = plexus crural; 1 — branche crâniale du 16e nerf ne participant
pas à la formation du plexus; 7 — idem pour la branche caudale du 19e nerf;
2 et 8 — branches du 16e et du 19€ nerfs qui contribuent à constituer le
plexus crural; 3-4 — branches crâniales du plexus; 5 — rameau médian du
sciatique; 6 — rameau latéral du sciatique.
Rev. Suisse DE Zoor, T. 33. 1926. 5
34 O. SCHOTTÉ
pour faire dériver l’innervation de ces pattes de trois paires de
nerfs rachidiens seulement.
Il n’est pas probable que les auteurs cités soient arrivés à cette
conviction par une dissection des nerfs du plexus crural. Tout
porte à croire, au contraire, que sur la foi d'indications recueillies
dans des traités, personne n’a jugé utile de vérifier ces indica-
tions. Ceci est, en particulier, le cas pour un travail récent de P.
Weiss (p. 651), dans lequel on trouve une description et une figure
de l’innervation des pattes postérieures de Tritons, empruntées au
travail déjà ancien de C. K. HoFrFMann dans « Bronn’s Tierreich »
et d’après laquelle touté l’innervation provient de trois nerfs
rachidiens seulement.
Une dissection un peu poussée du plexus crural montre que ce
dernier est formé non pas de trois, mais de quatre paires de nerfs
rachidiens qui, d’après leur ordre, sont les nerfs spinaux XVI, XVII,
XVIII et XIX (fig. 2).
Le XIXe nerf, systématiquement ignoré par tous mes devanciers
est, d’après sa grosseur et son comportement général, comparable
au 3€ nerf du plexus brachial, le Ve rachidien; comme ce dernier,
il se subdivise en deux rameaux, dont le rameau crânmial, le plus
ténu, se joint à la grande branche du plexus assez distalement,
vers l’articulation coxo-fémorale. La finesse du rameau crânial du
XIX® nerf, visible cependant à l’œil nu, ainsi que sa fusion au
plexus relativement loin de son origine, expliquent pourquoi sa
participation au plexus a passé inaperçue.
Le plexus crural, ainsi formé par les rameaux ventraux de quatre
nerfs, se divise bientôt en deux grandes branches, dont la crâniale
innerve la musculature lombaire et une partie de la musculature
de la cuisse, tandis que la branche caudale forme les rameaux
latéral et médian du sciatique, ainsi que le nerf péronéal.
Les fibres des rameaux ventraux des IIIe, IVeet Ve nerfs spinaux,
pour les pattes antérieures, ceux des XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe
nerfs spinaux, pour les pattes postérieures, fournissent ainsi toute
lJ’innervation des membres.
En effet, comme le montre le schéma (fig. 3), chaque nerf
rachidien est constitué par trois sortes de fibres nerveuses: 10, des
fibres motrices, cylindre-axes des neurones moteurs se trouvant
logés dans les cornes antérieures de la substance grise de la moelle
épinière; 20, des fibres sensitives, provenant des cellules unipolaires,
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 50
logées dans les ganglions rachidiens et qui communiquent avec la
moelle épinière par les racines postérieures; 30, des fibres sympa-
thiques, enfin, sortant des ganglions de la chaîne du grand sympa-
thique et qui, par les rameaux communiquants gris, s'engagent dans
les nerïs rachidiens, où on ne peut plus les séparer des fibres motrices
et sensitives.
Fe
Schéma de la constitution d’un nerf rachidien d’après CaJaz. M — moelle
épinière, R — ganglion spinal; S = ganglion sympathique du cordon du
Grand Sympathique; Sb — substance blanche de la moelle; Sg — substance
grise de la moelle; Rp — racine postérieure, sensitive; Ra — racine anté-
rieure, motrice; Nm — nerfs moteurs: Ns — nerfs sensitifs; Nsy = nerfs
sympathiques, NRm — nerf rachidien mixte ; Rc — rameau communiquant.
30 O. SCHOTTÉ
Le fait que les branches du plexus ont une triple origine a été
méconnu par tous mes devanciers (sauf par WALTER dans son dernier
travail de 1919) et, comme je le montrerai plus tard, explique
certainement l’incohérence des résultats de certains auteurs.
La section ou la suppression des trois ou des quatre rameaux
du plexus permet d’obtenir une patte complètement privée de
toutes communications avec le système nerveux central (moelle .
épinière et ganglions spinaux) ainsi qu'avec le système nerveux
sympathique. C’est à cette méthode, extrêmement simple, que je
me suis arrêté tout d’abord.
$ 4. Les techniques opératoires.
L'analyse de l’action des divers centres nerveux nécessite des
interventions complexes qui seront exposées en détail dans un
prochain mémoire.
Les opérations, par contre, que j’ai faites pour supprimer l’inner-
vation totale des membres, sont relativement simples, mais, suivant
le niveau auquel je sectionnais les branches du plexus, j’ai utilisé
deux méthodes.
10 Méthode A.
a) Pattes antérieures (voir fig. 11).
«
Après avoir narcotisé les sujets à opérer dans un bain d’éther
à 4 % en moyenne, les animaux sont lavés au savon et placés sur
la table d'opération. Les instruments ont été stérilisés par un séjour «
préalable dans de l’alcool à 950. A l’aide d’un fin scalpel, une inci-«
sion est pratiquée suivant le bord caudal du scapulum, puis on
oblique dorsalement et crânialement, de façon à décrire un angle“
presque droit dont un côté est parallèle à la colonne vertébrale, «
tandis que l’autre suit le bord du scapulum et arrive jusqu’à l’in-
sertion du bras dans l’épaule. En soulevant le lambeau de peau
et les muscles ainsi incisés, on découvre toute la région sous-scapu-
laire et le plexus brachial tout entier devient visible. On distingue
nettement, entre les deux fortes branches du plexus, l’artère sous-
clavière qu'il faut éviter de léser, ce qui pourrait provoquer des:
accidents fâcheux pour la vie du membre et quelquefois aussi pour
celle du sujet. L'ouverture ainsi faite, je prends soin de préparer
e
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 37
les trois branches du plexus, puis je charge séparément chacune
de ces branches sur une érigne et, à l’aide de fins ciseaux ophtal-
mologiques, les trois nerfs rachidiens sont sectionnés proximale-
ment, dans une région située à peu près à mi-chemin entre la
colonne vertébrale et l’épaule (suivant la ligne idéale ab), puis le
bout distal est saisi avec une pince et réséqué dans la région de
l'épaule. De cette manière, un segment du plexus, long de 4mm à
5mm, peut être extrait! .Quant à la branche crâniale du Ve nerf spinal
qui, seule, participe à la formation du plexus brachial, il suffit de
la sectionner proximalement, sa résection distale se faisant simul-
tanément avec celle du IV® nerf spinal avec lequel, une fois réunie,
elle se confond entièrement. Cette opération effectuée, le lambeau
musculo-cutané est remis en place sans suture et l’animal, encore
narcotisé, est placé dans un vase simplement humecté d’eau jus-
qu’à son réveil complet. Après deux ou trois heures de séjour dans
ce premier récipient, l’animal est remis dans l’eau.
L’ablation des trois nerfs du plexus n’est pratiquée que d’un
côté seulement. J’ai fait toutes les opérations nerveuses invaria-
blement du côté gauche, le côté droit gardant son innervation
intacte et servant de côté témoin.
La section ou résection des nerfs du plexus n’est faite qu’une seule
fois. Sauf exceptions, J'ai évité des interventions répétées, pour
que les objections de GoLpFARP, relatives à l’action du trauma-
tisme, ne puissent nuire à l'interprétation des résultats obtenus.
Le but de la présente recherche n’est pas seulement de soustraire
un membre donné à toute influence nerveuse, mais de déterminer
les rapports entre l’innervation et la régénération. Aussi ne crai-
gnais-je pas de voir l’innervation se rétablir par la régénération
des nerfs eux-mêmes.
b) Pattes postérieures (voir fig. 27).
La méthode est pratiquement la même que celle utilisée pour les
pattes antérieures; cependant, l’ouverture nécessitée par la mise
. à nu des quatre nerfs du plexus crural étant assez grande et la
plaie profonde, j'ai jugé préférable d’opérer aseptiquement sui-
1 Il ne s’agit donc pas d’une simple section des branches du plexus (opération
pratiquée seulement dans la série A I), mais d’une véritable extraction sur une
certaine longueur des éléments de ce plexus.
38 O. SCHOTTÉ
vant la technique que je décrirai tout à l’heure. La résection des
branches du plexus fut également pratiquée suivant un premier
niveau proximal ab, situé idéalement à mi-chemin entre la
colonne vertébrale et l’articulation coxe-fémorale, le niveau distal
de résection (a'b') étant situé vers l’articulation sus-mentionnée.
20 Méthode B.
Bien que l’ablation du plexus suivant la méthode précédente .
fut complète, j’ai pratiqué, dans un certain nombre de séries, des
suppressions plus radicales de l’innervation des membres, espérant,
par cette méthode, soustraire ces derniers, pour un temps plus long,
à toute influence nerveuse. |
Dans ce but, la section proximale des nerfs fut faite au niveau
. cd qui correspond très exactement à l’origine des nerfs rachidiens,
c’est-à-dire au lieu d’union des racines antérieures et postérieures
avec les rami communicantes. Pour réaliser cette condition, la
méthode opératoire À est insuffisante, celle-ci ne permettant la
mise à nu du plexus que bien plus distalement.
Dans quelques rares séries, j’ai atteint ce but par traction des
nerfs, mais cette méthode est si grossière que j'y ai renoncé
rapidement. Dans tous les autres cas, j’ai atteint ce niveau de sec-
tion des nerfs par une ouverture adéquate. L'animal narcotisé, très
soigneusement lavé au savon, est séché avec du coton stérilisé à
l’autoclave; puis la région à opérer est encore frottée avec du
coton stérile, imbibé d’une solution d’eau oxygénée dans de l’eau
également stérilisée. Ceci fait, l’animal est placé sur un champ opéra-
toire aseptique et recouvert d’un deuxième champ portant au centre
un orifice rectangulaire de 2 à 3 cm. de long sur 1 em de large.
Les instruments sont préalablement stérilisés par un séjour pro-
longé dans de l’alcool à 95 9, puis séchés et essuyés avec du coton
stérilisé. Il va sans dire que les mains de l’opérateur sont égale-
ment désinfectées par lavage à l’alcool.
Ces préparatifs étant terminés, une seule incision au bistour:
est pratiquée le long de la ligne médio-dorsale, mais légèrement
({mm à peu près) du côté gauche, et qui doit trancher les muscles
dorso-vertébraux jusqu'aux vertèbres de la région intéressée. On
voit alors à nu les apophyses traverses des vertèbres et il s’agit
L
er de UE à PNR ee TDR al EE RES 0 RE
0 HET à :
." «]
2. <: Le”
? ù
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 39
de les sectionner, ainsi que les côtes, sans léser les branches du plexus
qui se trouvent directement en-dessous.
La section de ces deux pièces osseuses se fait avec des ciseaux
fins à fermeture Collin qui m'ont rendu de très grands services.
Pour réussir cette section, il faut cependant beaucoup de pratique
et l’opération, sans lésion involontaire des nerfs, nécessite une cer-
taine habileté. Si l'ouverture est bien faite, on voit immédiatement
le ganglion spinal mis à découvert et le nerf spinal s’étale sous les
yeux de l’opérateur depuis son origine.
Pour les pattes antérieures, cette opération doit être pratiquée
trois fois; pour les pattes postérieures, il faut la réussir quatre fois
pour découvrir toutes les branches du plexus.
Ceci fait, on écarte la masse des muscles et des pièces
osseuses détachées des vertèbres, qui sont adhérentes aux muscles
intercostaux et inter-vertébraux, et l’on sépare le tout de la
colonne vertébrale. La grande blessure devient béante et est main-
tenue ouverte à l’aide d’écarteurs spécialement fabriqués à cet
usage avec des épingles à cheveux. La section des parapophyses
et des côtes, et toute la suite de l’opération sont effectuées sous
le contrôle de la loupe binoculaire Zeiss, grossissement linéaire 27,
ce qui permet d'opérer en toute connaissance de cause et
avec une visibilité parfaite. Un éclairage adéquat est indispen-
sable, aussi ai-je utilisé en dehors d’une lampe de 100 bougies,
placée directement contre le binoculaire, un projecteur spécial,
la lampe Mignoter de la maison Leitz qui permet l’obtention
d’un faisceau lumineux petit et très puissant. Ainsi, le champ
opératoire est véritablement inondé de lumière et l’on peut per-
cevoir les moindres détails.
Par cette ouverture, et grâce à l’écartement des deux lèvres
de la blessure, la préparation des branches du plexus est virtuelle-
ment terminée, 1l ne reste alors qu’à sectionner les nerfs, très déli-
catement, à l’aide de fins ciseaux à ressorts. Cette section est pra-
_ tiquée suivant le niveau cd qui correspond assez exactement à
un niveau situé à {mm des ganglions spinaux, qui sont alors très
visibles (voir fig. 11).
Les nerfs rachidiens, branches du plexus maintenant détachées
de leur origine, sont saisis avec une pince et réséqués plus distale-
ment. De cette manière, on peut extraire des parties du plexus
—
correspondant à une longueur de 6mm à 8mm environ.
40 O. SCHOTTÉ
Après la section des nerfs rachidiens, l’écarteur est enlevé et
les deux lèvres de la plaie suturées avec de la soie très ténue, enfilée
dans une aiguille très fine, le tout préalablement stérilisé dans
des petits tubes. Pour les pattes antérieures, 5 points de suture
suffisent; pour les pattes postérieures, il en faut souvent huit. Les
points de suture doivent être à une distance maximum de 3m Jes
uns des autres, sans quoi les masses musculaires, très puissantes
à ces niveaux, sortent par les lèvres de la plaie et l’infection est
quasiment certaine. Ceci fait, l’animal est placé dans des sacs
stérilisés, en usage à la Station de Zoologie expérimentale de l’Uni-
versité de Genève et qui ont été décrits dans un travail récent
(1924) par Mlle K. Poxsel. Sans ces sacs, toutes les précautions
d’asepsie sont vaines et l’infection gagne la blessure dans 90 %
des cas. Les premières séries d'opérations de ce genre, où les ani-
maux étaient replacés dans l’eau, accusaient réellement une mor-
talité de 90 % ! Après les perfectionnements de ma méthode, et
grâce à l’emploi de ces sacs, j’ai pu ramener la mortalité à 3 à 5 %,
y compris les accidents de narcose.
Les opérés séjournent dans ces sacs une dizaine de Jours. Au
bout de 5 jours environ, j’enlève la moitié des fils et le reste
3 Jours après; 10 jours après l’opération, la guérison est généra-
lement complète et les animaux peuvent être remis dans l’eau.
$ 5. Les amputations.
Comme je l’ai déjà indiqué, l’opération sur les nerfs portait
uniquement sur le côté gauche; le côté droit gardait, dans tous les
cas, son innervation intacte et servait ainsi de témoin. Cette con-
dition est importante, en raison des différences individuelles que
présentent souvent les animaux, suivant l’âge, l’état de santé, ou
la saison.
Les amputations ont été, par contre, pratiquées toujours des deux
côtés simultanément et au même niveau de part et d'autre. En ce
qui concerne les hauteurs d’amputations des pattes, quatre niveaux
ont été considérés (fig. 4):
19 Deux dans l’avant-bras (zeugopode):
a) niveau A-B situé dans une région distale du zeugopode,
1 K. Ponse. L’organe de Bidder et le déterminisme des caractères sexuels
secondaires du Crapaud ((Bufo vulgaris). Rev. suisse Zool. Vol, 31 (1924).
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON A
directement au-dessus des os carpiens ou tarsiens, de façon à
n’atteindre que les deux têtes articulaires des os radius et cubitus
ou tibia et péroné;
b) niveau C-D situé dans une région proximale du zeugopode.
20 Deux niveaux dans le bras (stylopode):
c) niveau E-F situé dans une région distale du stylopode.
d) niveau G-H situé dans une région proximale de ce dernier,
pratiquement au ras de l’épaule.
Fies:£:
Schéma montrant les 4 niveaux d’amputations utilisés
pour les pattes antérieures.
Les niveaux b, c et d n’ont été utilisés que pour les pattes anté-
rieures ; les pattes postérieures ont été amputées seulement suivant
A-B.
La date de l’amputation par rapport à celle de la suppression de
l’innervation variait suivant le problème à résoudre. L’amputation
pouvait être simultanée avec l’opération sur les nerfs, ou posté-
rieure à cette opération, ou précéder la suppression de l’innerva-
tion.
L’amputation des membres est une opération simple en elle-
même, mais qui doit être pratiquée avec une certaine circonspec-
tion si l’on veut éviter des accidents dans la régénération. En
définitive, je me suis arrêté au procédé suivant. Une première
amputation est effectuée par un coup de ciseau net à un niveau
42 O. SCHOTTÉ
situé légèrement en avant de celui que l’on veut obtenir. Les muscles
sectionnés entraînent la rétraction des parties molles et, par suite,
l’os ou les os font saillie hors de la surface d’amputation. Par un
deuxième coup de ciseau, l’os saïllant est tranché et la surface
d’amputation devient ainsi parfaitement plane.
Avec cette méthode, on obtient une régénération très régulière
et pratiquement simultanée pour les individus d’une même série; de
plus, le régénérat est volumineux et présente une morphologie
normale. Nous verrons plus loin combien ceci est important pour
une interprétation saine des phénomènes observés. J’attribue les
théories erronnées de Wozrr et de son élève WALTER à un défaut
dans la méthode d’amputation, qui leur a fait obtenir des régéné-
rats déformés, indépendamment de toute action du système
nerveux.
$ 6. Complications par maladie.
La guérison totale des individus opérés suivant la méthode A
ou B se fait normalement dans les 8 à 10 jours et les animaux ne
semblent pas souffrir de cet état. La patte gauche est invariable-
ment paralysée; lorsque l’amputation n’a pas suivi immédiate-
ment l’opération sur les nerfs, j’ai pu observer, comme KRuBin,
une torsion caractéristique du bras: lorsque l’animal est au
repos, la main paralysée s’appuie par sa face dorsale sur le fond
du récipient. Parfois, malheureusement, des complications se pré-
sentent. Un ou deux jours après l’opération, la patte dépourvue
de nerfs prend un aspect gangreneux; elle est gonflée, fortement
dépigmentée et finalement se couvre de moisissures ! Quelques
jours après, la peau et les muscles se détachent en lambeaux et,
si l’on laisse persister cet état de choses, la patte toute entière se
trouve envahie par la moisissure et l'infection gagne l'épaule.
Dans ce dernier cas, l’animal est irrémédiablement perdu. Le seul
moyen de le sauver avant l'infection de l’épaule, est de réamputer
le membre atteint, en ayant soin de reporter le deuxième niveau
d’amputation à une distance suffisamment grande du foyer d’in-
fection, ce qui, naturellement, fait passer les animaux d’une série
1 Ces moisissures ont été également observées par P. We:tss, qui les considère
comme des Saprolegnia.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 43
dans une autre. J’ai pu, par ces réamputations, sauver un grand
nombre d'individus, surtout pendant la première année de mes
recherches. Plus tard, avec les progrès de ma technique, ces cas
d'infection sont devenus très rares relativement au grand nombre
d'animaux utilisés.
D’autres accidents, suivis des mêmes conséquences, proviennent
de morsures que se font les Tritons entre eux. Les pattes sans
innervation sont particulièrement sensibles à ces morsures et à
l'infection consécutive. Le traitement à appliquer est identique
au précédent.
Aux animaux (3 à 4 %,) morts de suites opératoires, 1l convient
d'ajouter environ 5 % de cas mortels survenus pendant les pre-
miers six mois qui suivent l'opération. Souvent, cependant, j'ai pu
conserver des séries de 15 à 20 individus jusqu’à la fin de l’expé-
rience, sans une seule perte.
Dans l’exposé de mes recherches, je ne parlerai que d’indivi-
dus ayant vécu jusqu’à la fin de l’expérience. l n’est jamais
question d'animaux opérés et morts avant d’avoir donné des résultats
certains.
44 O. SCHOTTÉ
PREMIÈRE PARTIE
Effets de la suppression globale de l'innervation
sur la mise en train des phénomènes régénératiis des
pattes antérieures et postérieures.
La méthode utilisée dans ce travail et qui consiste à supprimer
complètement l’innervation d’une seule patte, tandis que la patte
opposée sert d’organe témoin pour chaque individu, nécessite une
comparaison exacte des stades de régénération des pattes des deux
côtés. J’emploierai pour cela une nomenclature que je définirai
d’abord, en exposant rapidement la marche normale de la régéné-
ration des pattes de Tritons.
D'autre part, pour éviter des répétitions, j'indiquerai ce qu’il y
a de commun dans le comportement des pattes privées d’innerva-
tion, dans les diverses séries d’expériences que je rapporterai.
$ 1. La régénération normale des pattes de Tritons.
Peu de jours après l’amputation, la surface de section se trouve
déjà recouverte d’une mince couche épidermique. Sa teinte, d’abord
rouge vif, devient alors rose pâle. Vers le 10-20me jour après l’ampu-
tation (suivant la saison), la peau environnante commence à envahir
la surface de section et forme un bourrelet qui en rétrécit graduelle-
ment l’étendue. Ce stade que je nommais, dans mes procès-verbaux,
«cicatrisation caractéristique du début de régénération » peut
persister à l’état stationnaire, pendant des semaines encore (jus-
qu’à 50, voire 60 jours après l’amputation). C’est, en effet, dans cet
étroit espace circulaire, délimité par le bourrelet tégumentaire, que
vont apparaître les matériaux du bourgeon de régénération.
Ce dernier se présente sous forme d’une petite saillie, encadrée
par le tissu cicatriciel ancien; c’est cette masse de tissu encore
indifférent, faisant hernie sur la cicatrice d’amputation, que je
désignerai sous le nom de « bourgeon de régénération ». La figure 5
montre quelques-uns des aspects les plus caractéristiques que pré-
sentent ces bourgeons.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 45
L'apparition du bourgeon de régénération est un stade très
important, puisqu'il rend macroscopiquement décélables les pro-
cessus régénératifs, et c’est ce stade qui m’a surtout servi de terme
AN AA
Différents stades d'évolution de « bourgeons de régénération » de Triton
cristatus. Grossissement environ x 3.
| de comparaison entre la patte opérée et la patte témoin. Aussi me
suis-je toujours efforcé d’en répérer très exactement l’apparition.
La date d'apparition du bourgeon de régénération varie suivant
l’âge de l'individu et surtout suivant la saison; il peut, en effet,
| être macroscopiquement décelable, en été, déjà au bout de 15 jours,
| tandis qu’en hiver ce stade peut n’apparaître que vers le 40me ou
| le 50me jour, quelquefois même seulement 60 jours après l’ampu-
tation des pattes.
15 à 20 jours après l’apparition du bourgeon de régénération,
encore plus tôt en plein été, le régénérat change d’aspect et de
forme. Le petit monticule aplati du début devient plus saillant et
prend une forme correspondant à ce que j’appellerai le « cône de
régénération » (fig. 6).
animale
Fr: 6.
Différents stades d’évolution de « cônes de régénération » de T. cristatus.
Gross. environ x 3.
Puis le cône s’aplatit dorso-ventralement à son bout distal et
change de couleur. Quelques jours plus tard, commencent à se
dessiner les premières incisures des doigts, tandis que le régénérat
prend une coloration variant du rose sombre au rouge violacé.
46 O0. SCHOTTÉ
La fig. 7 montre quelques aspects de ce stade que les auteurs alle-
mands ont nommé « Schaufelstadium » et que j’appellerai «palette
de régénération ».
AS ABËA
Fe":
Différents stades d'évolution de « palettes de régénération» de T. cristatus.
Gross. environ x 3.
15 à 20 jours plus tard, les doigts, d’abord simplement indiqués,
commencent à se différencier davantage. J’appelle ce stade « diffé-
renciation des doigts » et, à la fig. 8, on trouve quelques aspects
de ce stade. On voit, d’après cette figure, comment les doigts
A À À FAC
F1G. 8.
Palettes pluridigitées, stades dits « différenciation des doigts »
chez T. cristatus. Gross. environ X 3.
commencent à sortir de la masse commune du régénérat, mais tout
en présentant des différences individuelles très considérables.
On remarquera, en particulier, que très souvent, deux doigts
encore réunis sortent ensemble de la masse basale commune et
ne se séparent que très tardivement.
Ÿ7 >
| | 2
Ebauches de mains à « doigts individualisés » chez T. cristatus.
FiG. 9.
Gross. environ x 3.
\l
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 47
Lorsque le processus de différenciation des doigts est terminé,
on peut distinguer un autre stade de régénération déjà très avancé
que j'appelle « doigts individualisés » (fig. 9). C’est à ce stade que la
régénération peut être considérée comme terminée; il correspond,
en effet, à un régénérat âgé de deux à trois mois, en été.
Dans la suite, le régénérat se pigmente très fortement, s’étend
en largeur surtout du côté de la base, perd définitivement sa dispo-
sition pédonculée et, quelques mois après (car les changements
ultérieurs sont très lents), on ne reconnaît plus que difficilement
que l’on a affaire à une patte régénérée. La fig. 10 montre des
_ aspects de régénérats âgés de plusieurs mois. On voit l’individuali-
sation définitive des doigts qui présentent cependant fréquemment
des aspects plus ou moins monstrueux.
Fx
F1G. 10.
Quelques dessins de régénérats de pattes antérieures âgés de plusieurs mois,
à régénération terminée. Gross. environ x 3.
Telle est la marche générale des phénomènes régénératifs d’une
patte de Triton amputée sans autre intervention opératoire; il
en est tout autrement lorsqu'il s’agit d’une patte privée de son
innervation par ablation des nerfs.
$ 2. — Comportement général d’une patte amputée, privée de son
innervation.
Pendant les premiers jours qui suivent l’amputation, rien ne
permet, au premier abord, d’observer une différence dans le com-
portement des deux membres du même individu, de la patte
gauche, opérée, et de la patte droite, témoin. De plus près, on remar-
que, cependant, bien des particularités. En effet, tandis que la patte
. saine, témoin, cesse de perdre du sang au maximum une ou deux
| heures après l’amputation, on enregistre des hémorragies, du côté
48 O. SCHOTTÉ
opéré, survenant parfois encore deux ou trois jours après l’ampu-
tation. Ces hémorragies, sans doute occasionnées par morsure ou
par un choc, sont certainement à mettre sur le compte d’une
congestion paralytique. En relation avec cette congestion, la couleur
rouge sang, que présente pendant longtemps la surface d’amputa-
tion d’une patte opérée, contraste très vivement avec celle de la
patte témoin qui est devenue rose pâle, déjà 2 ou 3 jours après l’am-
putation. Là cependant s’arrêtent les différences dans le comporte-
ment des deux membres pendant les premiers temps. Dix jours
après l’amputation, si la première n’était pas paralysée, rien ne
permettrait de distinguer la patte opérée de la patte témoin.
Comme RuBIin, j'ai également observé que la patte sans nerfs
ne reste pas inerte au point de vue de son activité cellulaire !.
Elle est, en effet, au début tout au moins, le siège d’une prolifé-
ration active qui aboutit non seulement à un recouvrement épider-
mique de la surface d’amputation, mais aussi à la formation d’un
véritable amas cellulaire qui se place en dessous de la couche
épidermique de recouvrement. RUBIN, qui a fait une étude histolo-
gique assez poussée de ce soi-disant début de régénération, constate
que, chez l’Axolotl, parmi tous les tissus, seuls les muscles ne sem-
blent pas participer à la formation de ce blastème. Ce dernier ne
possède cependant aucune possibilité d’évolution ultérieure.
Lorsqu'on examine des coupes de pattes privées de leur innervation
pendant un temps très long, on peut encore reconnaître, sous la
peau cicatricielle, cet amas cellulaire indifférent, mais qui est
incapable de se différencier en tissus définis. Cette poussée s’arrête
assez précocement et ne se manifeste jamais, chez le Triton, sous la
forme d’un amas cellulaire macroscopiquement décelable. Par contre,
l’épiderme de recouvrement provient, d’une part, d’une prohfé-
ration propre de la surface d’amputation et, d’autre part, d’un
envahissement progressif par l’ancien épiderme.
Tandis que du côté témoin on aboutit, vers le 15-20me jour (en
été), au stade assez stable de «cicatrisation caractéristique du
début de régénération », du côté opéré, ce stade, au lieu de rester
stationnaire, évolue dans le sens d’un envahissement continu par
1 P. Weiss parle également de cette activité cellulaire à la surface d’amputa-
tion, mais qui, cependant, ne serait pas capable de donner naissance à une
ébauche organisée de régénérat.
I. a NIMES TON OR CA PORR NES SLR 7 RS 'ptet ,
LE TE s“ su: nn Er 25 à L . : +72
re 4 + —# # + - » 4 ” h -
+ vs. _
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 49
le vieux tissu épidermique. La plage rose du mieu devient de
plus en plus petite, prend un aspect opaque et finit par dispa-
raître complètement. Ce processus d’involution de la plage cen-
trale du blastème de prolifération dure plus ou moins longtemps,
suivant les individus et la saison de l’année. Quelquefois, 30 jours
déjà après l’opération, la patte dépourvue d’innervation présente
une surface -d’amputation parfaitement plane, recouverte d’un
tissu cicatriciel à aspect vieux et parfaitement pigmenté; d’autres
fois, ce processus n’est complet qu’au bout de 40 à 50 jours,
rarement davantage.
A partir de ce moment, deux cas peuvent se présenter. Dans un
premier cas, la surface d’amputation se cicatrise, se pigmente de
plus en plus et reste invariablement plane, ceci pendant des
années. Chez les autres individus, la surface d’amputation pré-
sente au bout d’un temps — variable pour les différentes séries
d'opérations, parfaitement défini pour une intervention donnée
— des modifications profondes, qui se traduisent par la disparition
de la cicatrice dure et pigmentée et qui aboutissent finalement à
une régénération normale, quoique tardive, de la patte. Cette
reprise tardive du pouvoir régénérateur du côté opéré est un
phénomène important qui sera envisagé plus loin.
Je voudrais faire une réserve en ce qui concerne la morphologie
des régénérats. Lorsque je dirai, dans la suite, que tel ou tel individu
a été le siège d’une régénération précoce ou tardive, mais normale,
cela ne voudra pas nécessairement dire que le régénérat possède une
morphologie normale. Le mot « normale » sera relatif à la taille du
régénérat, sans préjuger en rien de sa forme. La question de la
morphologie du régénérat sera ébauchée dans la troisième partie
de ce travail, mais traitée plus en détail dans un mémoire ultérieur.
$ 3. — Contrôle et méthodes d'observation.
Pour éviter des erreurs, seuls des individus d’une même série
ont été placés dans un même cristallisoir. Mais, en raison des diffé-
rences sensibles qui s’observent dans le comportement d'individus
d’une même série, je les ai suivis individuellement. Pour cela,
chaque individu fut marqué par l’amputation d’un ou de plusieurs
doigts des pattes non utilisées pour l’expérience. Ainsi, le numéro
Rev. Suisse pe Zoo. T, 33. 1926. ne
50 O. SCHOTTÉ
127 a le premier doigt de la patte antérieure droite, le n° 128, le
deuxième, le n° 137, le troisième doigt de la patte postérieure
droite et le quatrième doigt de la patte postérieure gauche coupés.
De cette façon, chaque individu est aisément reconnaissable et
peut être suivi pendant toute la durée de l’expérience. A mesure
que les doigts amputés sont régénérés, ils sont naturellement ré-
amputés.
Un registre d’expériences est tenu, dans lequel les observations
à faire sont rapportées tous les 10 ou 15 jours, pour la patte opérée
et pour la patte témoin, séparément. |
Je ne me suis cependant pas contenté de cet enregistrement
verbal, et, tous les 20 à 30 jours, les deux pattes en observation de
chaque individu ont été dessinées à la chambre claire avec un gros-
sissement de 15 diamètres pour les pattes des T. cristatus et T. alpes-
tris, de 27 diamètres pour les pattes des T. palmatus et celles des
larves. Ces dessins ont été très utiles et m'ont souvent permis de faire
d'importantes observations après coup, qui, certainement, m’au-
raient échappées par la méthode du simple enregistrement verbal.
Dans certaines séries, comme on le verra plus loin, l’emploi de
cette méthode s’est trouvé être particulièrement indiqué.
CHAPITRE I
Suppression de linnervation et amputations simultanées des pattes.
A. OPÉRATIONS SUR LES PATTES ANTÉRIEURES.
$ 1. Définition des niveaux de section des branches du plexus brachial
et des niveaux d’amputation.
Les 246 individus de ce groupe d’opérations peuvent être classés
en séries, suivant que les branches du plexus ont été simplement
sectionnées (une seule série) ou au contraire réséquées sur une
certaine étendue (toutes les séries suivantes). Ces dernières séries
sont groupées d’après les niveaux des sections proximales du plexus,
qui passent soit suivant le niveau a b (méthode opératoire A), soit
suivant le niveau cd (méthode opératoire B), le niveau distal de
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON ET |
résection a'b' étant dans les deux cas le même. Ces grandes séries
se divisent en sous-séries d’après le niveau d’amputation des pattes
(4 niveaux différents: AB, CD, EF, GH, voir fig. 11).
Brés Aie
Schéma général de toutes les variantes opératoires des séries A I à A IV.
Lettres majuscules — niveaux d’amputation ; lettres minuscules — niveaux
de section et de résection des nerfs.
:$ 2. Série À I. Section simple des branches du plexus brachial,
amputations dans le zeugopode (suivant AB).
Les 21 Triton cristatus de cette série subissent, suivant la
méthode A, la simple section des 3 branches (IIIe, IVe et Ve nerfs
rachidiens) du plexus brachial gauche au niveau ab (fig. 12). Le
Prec 12°
Schéma des données opératoires de la série A I.
52 O. SCHOTTÉ
niveau ab correspond à peu près à l’endroit de la naissance des
nerfs du plexus, en dessous de la masse des muscles interverté-
braux, et coïncide assez exactement avec l’extrémité des côtes de
cette région. L’amputation des deux pattes, de la patte gauche à
innervation interrompue et de la patte droite témoin, est prati-
quée suivant le niveau indiqué sur le schéma, au moment même
de l’opération, le 18 janvier 1921.
40 jours après l’amputation, un début de régénération, macros-
copiquement décélable sous forme d’un bourgeon de régénération,
se manifeste du côté des pattes témoins chez deux individus. 10
jours plus tard — 50 jours après l’amputation — le bourgeon de
régénération est visible du côté témoin chez tous les individus. A
ce moment, toutes les pattes gauches, sans innervation, présentent
une surface d’amputation parfaitement plane, cicatrisée et pig-
mentée. Dix individus, en particulier, possèdent sur le moignon
d’amputation un revêtement cutané qui ne se distingue en rien
du reste de la peau. Chez les autres individus, par contre, la
cicatrice est plus mince, lisse et légèrement brillante.
Vers la fin du mois de mars, 75 à 80 jours après l’amputation,
les pattes droites témoins de tous les individus ont formé des mains à
doigts individualisés, encore délicates, mais qui, à partir de ce mo-
ment, vont devenir plus consistantes et se pigmenter rapidement. Du
côté privé de nerfs, aucun signe de régénération ne se manifeste
encore.
100 jours, cependant, après l’amputation, quelques individus
présentent, au milieu du moignon cicatriciel gauche, une zone plus
claire, rouge sombre, qui contraste singulièrement avec la teinte
noire du reste du corps. À l’examen suivant, 110 jours après l’ampu-
tation et la section des nerfs, 14 de ces individus possèdent, du côté
opéré, des bourgeons de régénération qui continuent à se développer
normalement et finissent par donner des mains de taille normale.
Les 7 autres individus n’ont, par contre, été le siège d’aucune
poussée régénérative jusqu’au 15 septembre 1921 (8 mois après
l’amputation), date à laquelle j’ai terminé l’expérience. A cette
époque, les mains droites des côtés témoins sont aussi noires et
consistantes que des mains normales. Les 14 individus, qui ont
régénéré tardivement du côté opéré, continuent à montrer, dans la
taille de leur régénérat gauche, un retard assez considérable par
rapport au développement des pattes du côté témoin.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON | 93
En résumé, les 21 individus ayant subi la simple section des
nerfs, en hiver, commencent à régénérer visiblement, du côté
témoin, 40 à 50 jours après l’amputation, tandis que du côté
opéré, la régénération n’a débuté au plus tôt que vers le 110m:
jour et seulement dans 14 cas; 7 individus ne présentèrent aucune
régénération pendant 8 mois. |
L'écart minimum dans l’apparition de la régénération entre le
côté opéré et le côté témoin a été de 70 jours. |
$ 3. Série À II. —- Résection d’un tronçon médian du plexus suivant
ab-a'b", amputations à un niveau invariable À B, chez différentes
espèces de Tritons.
Comme le schéma (fig. 13) le montre, le plexus brachial est
sectionné en deux fois suivant ab et a'b', ce qui revient à réséquer
un tronçon médian de 4 à 5 mm. de longueur (méthode opératoire A).
L’amputation porte invariablement sur le niveau AB, situé direc-
oc: :13:
Schéma des données opératoires de toutes les séries A IT, sauf pour
les'sous-séries A II a, et A IT à.
. tement au-dessus du carpe, dans le zeugopode. Par contre, Je me suis
L. efforcé, dans cette série, d'étudier l’effet de cette opération chez
…— 3 espèces de Tritons, T. cristatus, T. alpestris et T. palmatus, et.
+ ceci pendant diverses saisons de l’année. Suivant les espèces
- considérées et suivant les dates des opérations, je distingue les sous-
4
_ séries suivantes :
54 O. SCHOTTÉ
10 Série A IT] a.
Opérations sur Triton cristatus à différentes saisons de l’année.
a) Série À ÎTa,. — 8 Triton cristatus. Ablation du plexus brachial
gauche et amputations bilatérales, le 15 avril 1921.
25 jours après l’opération, un très jeune individu; vers le 30me
jour, 5 autres; enfin seulement 40 jours après l’amputation, les 2
derniers individus commencent à montrer des bourgeons de régé-
nération du côté témoin. A cette époque, on ne peut encore déceler,
du côté gauche privé d’innervation, aucune trace de régénération,
les surfaces des moignons étant de ce côté parfaitement planes.
Ce n’est que 85 jours après l’amputation, alors que du côté témoin
tous les individus ont déjà dépassé le stade « doigts individualisés »
et que les jeunes mains commencent à se pigmenter fortement, ce
n’est qu’à ce moment que » individus présentent du côté opéré
un très jeune bourgeon de régénération. Les trois autres individus
conservèrent un moignon cicatriciel invariablement plan, cicatrisé
et pigmenté, pendant les 5 mois que dura l’observation.
En résumé, les 8 individus, opérés et amputés en avril, commencè-
rent à régénérer du côté témoin, 30 jours après l’amputation, en
moyenne, tandis que le début de régénération ne devint apparent,
du côté opéré, que 85 jours après l’amputation, chez 5 individus, les
3 autres n’ayant pas encore régénéré au bout de 150 jours.
L'écart entre l’apparition du bourgeon de régénération des 2 côtés
est de 55 jours (printemps-été).
b) Série À IT à,. — 13 Triton cristatus.Ablation du plexus et am-
putations bilatérales, le 14 juin 1922.
Dans cette série, je me suis efforcé de perfectionner la technique
opératoire, en évitant tout tiraillement des nerfs et en pratiquant
des sections aussi exactement définies que possible, suivant les
lignes idéales ab et a’b’. Le niveau d’amputation, lui aussi, fut spé-
cialement précisé et correspondait très exactement au niveau AB
passant par les deux têtes articulaires du radius et du cubitus.
20 jours plus tard, toutes les pattes, gauches et droites, se
trouvent au stade de «cicatrisation caractéristique». 30 à 35 jours
après l’amputation, toutes les pattes témoins possédent des bour-
geons de régénération ; les pattes opérées, par contre, manifestent
une tendance certaine à la cicatrisation complète. 60 jours
cn td th M LAS À LD CET La
> F È
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 55
après l’opération, toutes les pattes témoins ont des doigts parfaite-
ment différenciés, tandis que, chez 8 individus, je note pour le côté
opéré, dans le procès-verbal, «incertain » ou «encore fermé » ou
enfin « début certain de régénération ». 75 jours après l’amputation,
les 8 individus dont le comportement était encore douteux, présen-
tent maintenant, du côté gauche opéré, des bourgeons de régéné-
ration parfaitement nets; les 5 autres, par contre, conservent une
surface d’amputation définitivement cicatrisée et pigmentée pen-
dant toute la durée de l’observation (6 mois). Dans la fig. 14, on voit
D
Doaos
S- ’ s
E E G H
Fic: T4.
Dessins des pattes gauches et droites de 8 individus de la série AITa,
(T. cristatus). 75 jours après l’amputation et la résection du plexus.
les stades de régénération des deux pattes d’un certain nombre de
ces individus, 75 jours après l’amputation. On remarquera la sur-
face d’amputation parfaitement plane des pattes gauches n’ayant
pas régénéré, et l’étonnante similitude dans le degré d’évolution de
9 pattes gauches qui ont été le siège d’une poussée régénérative tar-
dive.
En résumé, les individus, opérés au mois de juin, présentèrent un
bourgeon de régénération très net, 30 à 35 jours après l’amputation,
du côté témoin, tandis que ce n’est que 75 jours après l'amputation
56 O. SCHOTTÉ
que ce même stade est visible, du côté opéré, chez 8 animaux, 5
n'ayant montré aucune trace de régénération pendant les 6 mois
que dura l’expérience.
L'écart minimum entre l’apparition des deux bourgeons de régé-
nération fut de 45 jours.
c) Série À IT à,. — 6 Triton cristatus. Ablation du plexus brachial
et amputations bilatérales, le 12 août 1921.
Le mois d’août est l’époque de l’année où la régénération est la
plus rapide. Déjà 20 jours après l’amputation, toutes les pattes
témoins montrent un bourgeon de régénération très net. 15 jours
après, un certain nombre d’entre elles présentent des «palettes ». 50
jours après l’amputation, toutes les pattes témoins possèdent
des petites mains régénérées, avec des doigts plus ou moins com-
plètement formés.
Or, ce n’est que 20 jours plus tard — 70 jours après l’amputation
— que, parmi les 6 individus, 3 commencent à régénérer du côté
gauche ; 10 jours plus tard, deux autres individus, et enfin, seulement
100 jours après l’amputation, le 6Me individu commencèrent à régé-
nérer de ce côté.
d) Série À IT a,. — 13 Triton cristatus. Ablation plus complète
du plexus brachial et amputations bilatérales, le 12 août 1921.
Les 13 individus de cette série subissent une première section des
nerfs suivant ab, puis le bout proximal des trois branches du plexus
est saisi avec une pince et, par traction, le plexus est arraché sur une
plus grande longueur que dans les séries précédentes.1
Je pouvais ainsi espérer soustraire, pour une durée plus longue, le
membre à toute influence nerveuse, malgré la brutalité de cette
technique à laquelle je n’ai eu recours que tout à fait exception-
nellement.
La régénération des pattes témoins commença dans les mêmes con-
ditions que dans la sous-série précédente. Du côté opéré, par contre,
le comportement des pattes fut tout différent. Ce fut seulement 100
jours après l’amputation que se manifesta le premier indice de régé-
nération macroscopiquement décelable chez 4 individus; un 5e
individu commença à régénérer 120 jours après l’amputation. Les
1 Les animaux de cette série ont subi en outre une complication traumatique
constituée par la résection de l’artère sous-clavière, afin d’étudier les effets
des troubles vasculaires (voir Chapitre II $ 4).
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 57
8 derniers Tritons, enfin, ne furent le siège d’aucune poussée régé-
nérative pendant les 5 mois que dura l’expérience.
Résumé pour les sous-séries À IT a, et À IT a,. Lorsque l’amputa-
tion est pratiquée au mois d'août, le bourgeon de régénération
devient apparent du côté témoin 20 jours après l’amputation. Le
même stade n’apparaît, dans les pattes opérées, que 70 jours après
l’amputation si la section des nerfs est faite au niveau habituel ab,
cent jours au moins après l’amputation, lorsque le plexus est sup-
primé sur une plus grande longueur.
Dans 11 cas où 1l y eut une régénération tardive, celle-ci ne devint
manifeste que lorsque la régénération du côté témoin avait déjà
abouti à la formation d’une main virtuellement régénérée.
Sur 19 individus, 8 n’ont présenté aucune trace de régénération
pendant 5 mois.
L'écart dans la date d'apparition du bourgeon de régénération a
été respectivement, les conditions opératoires étant légèrement
variables, de 50 et de 80 jours (mois d’août).
20 Série À IT b.
Opérations sur Triton alpestris à différentes saisons de l’année.
a) Série À IT b,. — 10 T. alpestris. Ablation du plexus et am-
putations bilatérales, le 13 avril 1921.
Au bout de 30 jours, la régénération devient visible du côté témoin,
se poursuit normalement et est pratiquement effectuée 3 mois après
P’amputation. À ce moment seulement, on peut déceler un début de
régénération du côté des pattes privées de nerfs chez 3 individus.
Les 7 autres n’ont présenté aucune trace de régénération jusqu’à la
fin du mois de septembre, c’est-à-dire 5 mois et demi après l’ampu-
tation.
b) Série À II b,. —- 11 T. alpestris. Résection du plexus brachial
gauche exactement suivant les lignes idéales ab et a’b° et amputa-
tions bilatérales suivant AB, le 2 acût 1921.
Les pattes témoins sont le siège d’une régénération très précoce,
car c’est 15 jours après l’amputation qu’un certain nombre d’entre
elles montrent déjà de jeunes bourgeons de régénération, tandis que
| 5 jours plus tard ce bourgeon est apparent chez tous les individus.
65 jours après l’amputation, alors que, du côté témoin, tous les
doigts sont déjà fortement individualisés, 5 individus seulement
nc 'rt
# 47
+4
58 O. SCHOTTÉ
présentent un début de régénération du côté gauche opéré. Les
6 autres, par contre, présentent une surface de recouvrement cica-
triciel parfaitement plane et ne manifestent aucune régénération
5 GTA NE
.
RICA CA G
F BE H J J
10 d'etes LS
Dessins des deux pattes de 10 individus de la série A IT b, (T. alpestris),
75 jours après l’amputation et la résection des nerfs du plexus.
pendant toute la durée de l’expérience (5 mois). Les dessins de la
fig. 15, effectués 75 jours après l’opération, mettent bien en évidence
la différence dans les stades de régénération des pattes droites té-
moins et des pattes gauches, privées d’innervation.
c) Série À IT b3. — 15 T. alpestris. Après une première section
des nerfs du plexus suivant ab, le bout proximal de ces nerfs
est repris avec une pince et fortement tirallé. Ainsi des segments
plus longs du plexus ont pu être extraits. Dans beaucoup de cas,
l’examen du bout ainsi extirpé a montré que la rupture devait s’être
faite à l’origine même des paires rachidiennes. Le procédé employé
ici est donc celui de la série À IT a,, où l’on avait constaté le maxi-
mum de retard dans l’apparition des régénérats du côté privé
d’innervation !. L’opération, suivie d’amputations bilatérales sui-
vant AB, fut faite le 12 août 1921.
1 J'ai classé les séries A IT a, et A IT b4 parmi les opérations ordinaires
parce que des interventions de ce genre présentent un caractère trop aléatoire
quant à leur réussite pour que l’on puisse parler avec certitude d’ablation de
nerfs suivant un niveau supérieur. Dans cette série l’artère sous-clavière fut
également réséquée, comme dans la série A IT a, (voir Chap. II, $ 4).
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 59
Pour ce qui concerne la régénération des pattes témoins, les re-
marques faites à propos de la série A IT &, s’appliquent également
ici : début général de la régénération 15 à 20 jours après l’amputation:;
40 jours après, les doigts régénérés sont individualisés et sortis de la
masse générale du régénérat. À ce moment — 65 jours après l’am-
putation — les surfaces de section de toutes les pattes gauches sont
recouvertes d’un tissu cicatriciel plus ou moins jeune, sans aucune
trace de régénération. Ce n’est que plus tard, 90 jours après l’am-
putation, que la régénération devient apparente chez deux indi-
vidus, les 13 autres ayant des moignons cicatriciels fermés et défini-
tivement cicatrisés.
Résumé pour les séries À IT D, et À TI b,. Les pattes de T. alpestris:
amputées en août, régénèrent avec une très grande rapidité et
montrent un début de régénération déjà 15 jours après l’amputation.
Du côté où le plexus brachial a été extrait par résection, la régé-
nération devient apparente 65 jours après l’amputation, mais seule-
ment au bout de 90 jours si l’extraction des nerfs du plexus a été
pratiquée par la méthode de l’arrachement. Si le retard est de 45
à 90 jours dans le premier cas, 1l monte à 70-75 jours dans le
deuxième.
Sur 26 individus, 19 ne manifestèrent aucune régénération appa-
rente pendant au moins 6 mois.
30 Série À IT c.
Opérations sur Triton palmatus.
12T. palmatus. Résection du plexus suivant ab-a'b'et amputations
bilatérales suivant AB, le 11 avril 1921.
25 ou 30 jours après l’amputation, toutes les pattes témoins sont
en train de régénérer visiblement et, 100 jours après, on peut consi-
dérer la régénération de ces pattes comme virtuellement terminée.
À ce moment, aucune des pattes opérées ne présente la moindre
trace de régénération: les moignons cicatriciels sont complètement
fermés et pigmentés et ne se distinguent en rien de la peau environ-
nante. Cet état persiste jusqu’à la fin du mois d’octobre, 200 jours
après l’amputation.
La fig. 16 montre l’état de régénération des pattes témoins, 100
- jours après l’amputation, et, en même temps, l’absence complète
de toute poussée régénérative du côté opéré.
60 O. SCHOTTÉ
Il ressort de l’ensemble des résultats de la série A IT, comprenant
88 individus, opérés à toutes les époques de l’année et appartenant
à 3 espèces différentes de Tritons, que, dans tous les cas, l’ablation
des branches du plexus se fait sentir d’une façon certaine et que le
ra La
CHER C rA
Dessins des deux pattes de 8 individus de la série A IIc (T. palmatus),
100 jours après l’amputation et la résection des nerfs du plexus. (Gross. en-
viron x 5,5.)
résultat, parfois très variable, ne dépend pas, en tout cas, des espèces
utilisées. Dans la suite de cette recherche, les différentes espèces de
Tritons ont pu être ainsi employées d’une façor indifférente, leur
comportement étant sensiblement identique.
$ 4 Série À III. Résection d’un tronçon médian du plexus brachial,
amputations à niveaux variables.
19 Série À TI] a.
Résection du plexus brachial suivant ab-a'b”,
amputation suivant une région proximale du zeugopode (C 1)).
La fig. 17 montre que, tandis que le niveau de section des nerfs
reste toujours le même (méthode opératoire A), le niveau d’amputa-
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON | 61
tion intéresse maintenant une région CD, située directement au-
_ dessous du coude.
_ 12 T. alpestris. Les deux opérations sont pratiquées simultané-
_ ment, le 4 août 1921.
db this
fn ré artasié As
” te
PTUER
ra
ri si
es
Magiutt
Lo nèu
Fi1c. 17.
Schéma des données opératoires de la série A III a.
| Comme après toutes les interventions faites en août, la régéné-
ration est très rapide : 15 jours après l’amputation, la moitié;
5 jours plus tard, la totalité des individus présentent des Dane:
EF + H I J
F1G. 18.
Dessins des deux pattes de 10 individus de la série A III a.
62 O. SCHOTTÉ
geons de régénération macroscopiquement décelables du côté témcin.
95 jours après l’amputation, les pattes témoins montrent des doigts
indiqués, mais qui ne sont cependant pas encore entièrement indi-
vidualisés. C’est à ce moment seulement que 3 individus montrent,
du côté opéré, un très jeune, mais indiscutable bourgeon de régé-
nération qui continue à s’accroitre très rapidement, comme le mon-
trent les dessins de la fig. 18, faits 65 jours après l’opération. La
comparaison avec les pattes de la série A IT b, (fig. 15), dessinées
10 jours plus tard, montre que les régénérats gauches de la série
présente sont plus avancés dans leur évolution que ceux de la
série À II b,, où le niveau de section des nerfs est le même, mais
le niveau d’amputation plus distal. Les 9 autres individus de la
série n’ont présenté, pendant les 6 mois de l’expérience, que des
moignons cicatriciels parfaitement plans.
En résumé, lorsque l’amputation porte sur une région plus proxi-
male du bras, le niveau de section des nerfs étant le même, l’écart
entre le moment d’apparition de la régénération des deux côtés consi-
dérés n’est plus que de 40 jours (en été) et devient ainsi plus petit
que dans le cas d’une amputation plus distale.
20 Série À III b.
Résection du plexus brachial suivant le niveau ab-a'b,
amputation dans une région distale du stylopode (niveau E F).
Comme le montre le schéma (fig. 19), le niveau d’amputation a
été reporté cette fois dans le bras. En réalité, les niveaux réels
E
Fire, 19.
Schéma des données opératoires de la série A III b.
oo.
ES mt mit trie ttttmntitttiettttneane —
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 63
d’amputation ont dû être quelques fois plus proximaux que ne
l'indique la ligne EF. Dans ces amputations, en effet, l’humérus,
par suite de la rétraction des muscles, fait souvent saillie et il est
alors indispensable de réamputer, si l’on veut éviter une infection
certaine. Je puis cependant ajouter que, dans aucun cas, les
amputations de ces séries n’ont porté sur un niveau plus proximal
que la première moitié du stylopode.
a) Série À IIT b,.— 10 T. cristatus. Résection du plexus et ampu-
tations bilatérales, les 10 et 12 août 19211.
La régénération, très rapide en cette saison, débute macrosco-
piquement, du côté témoin, 15 à 20 jours après l’amputation. Du
côté opéré, 1 des individus commença à régénérer 35 jours après
la résection des nerfs, 4 individus, au bout de 45 jours, 3 individus,
enfin, 59 jours après l’opération nerveuse. Les deux derniers indi-
vidus n’ont présenté aucune régénération jusqu’à la fin de l’expé-
rience (7 mois).
Le retard moyen de l’apparition du bourgeon de régénération
du côté opéré, par rapport au côté témoin, est ainsi, dans cette
série, de 20 à 25 jours.
b) Série À 111b,. — 17 T. alpestris. Résection du plexus, et
amputations bilatérales vers le milieu du bres, le 15 août 1922.
Du côté témoin, la régénération débute entre le 15me et le 20me
jour après l’amputation. Rien n’est encore visible en ce moment
du côté opéré. 40 jours après l’amputation, les pattes témoins
montrent généralement des régénérats volumineux avec, très fré-
- quemment, des indications des futurs doigts, et ce n’est qu’à ce
moment que le bourgeon de régénération devient apparent, du
côté opéré, chez 4 individus. 10 jours plus tard, 10 autres individus
montrèrent aussi un début de régénération à gauche. 2 individus ne
commencèrent à régénérer que vers le 60e et le 65Me jour; un
individu, enfin, était en ce moment complètement cicatrisé et pig-
menté et ne régénéra pas pendant toute la durée de l’expérience
(4 mois et demi).
1 Comme dans deux séries déjà signalées, les animaux de la série A III b, ont
subi, outre la résection des nerfs du plexus, la résection de l’artère sous-clavière
afin d'établir le rôle possible des troubles vasculaires. (Voir Chap. II, $ 4.)
64 O0. SCHOTTÉ
La fig. 20 montre la différence dans la régénération des deux
pattes considérées, pour un certain nombre de ces individus, 55
jours après l’amputation.
Résumé pour les séries À III b, et À III b,. -- Lorsque l’ampu-
tation des membres porte non plus sur le zeugopode, mais sur la
région inférieure ou médiane du stylopode, le résultat change
Fre::20
Dessins des deux pattes de 9 individus de la série A IIT b,, 55-jours après
l’amputation et la résection du plexus.
d'aspect. La régénération du côté opéré devient plus précoce et,
pour un individu parmi 27, elle commence déjà 35 jours après l’am-
putation et n’est ainsi en retard, par rapport au côté témoin, que de
20 jours. 21 individus commencent à régénérer 40 et 50 jours après
l’amputation, 2 encore plus tard ; enfin 3 seulement sur 27 n’ont pré-
senté aucune régénération pendant toute la durée de l’expérience
du côté où l’innervation avait été supprimée, et gardèrent pendant
plus de 6 mois des moignons complètement fermés et pigmentés.
Le retard moyen d’apparition du bourgeon de régénération sur …
la patte opérée est 1c1 de 25 jours. |
.… NOR agite PA sie è = Che
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 65
30 Série. À TITI c.
Résection du plexus brachial suivant les niveaux ab-a'b”,
amputation dans une région proximale du stylopode (G H).
Le schéma (fig. 21) montre l’invariabilité du niveau de section
des nerfs, tandis que l’amputation des pattes est pratiquée,
cette fois, presque au ras de l’épaule. Comme j'avais, l’année pré-
Fic. 21.
: Schéma des données opératoires de la série A III c.
cédente, remarqué la variabilité de la vitesse d'apparition du bour-
geon de régénération du côté opéré, en fonction du niveau d’ampu-
tation, j'ai refait cette opération en 1922, à la même époque de
l’année, et sur un nombreux matériel.
30 T. alpestris subissent la résection du plexus et l’amputation
bilatérale, le 2 et le 10 août 1922.
Du côté témoin, la régénération, toujours précoce au mois d’août,
débute, sous forme d’un bourgeon de régénération chez nombre d’in-
dividus, 15 jours après l’amputation. 20 jours plus tard, toutes les
pattes témoins montrent, soit un gros cône de régénération, soit une
«palette», avec un faible début de différenciation des doigts. A cette
époque — 35 jours après l’amputation — 15 individus présentent
du côté où l’innervation avait été interrompue, un bourgeon de régé-
nération macroscopiquement décelable. 10 jours plus tard, — 45
jours après l’amputation — 7 autres individus commencent à régé-
Rev. Suisse pe Zoo. T. 33. 1926. 9
66 O.. SCHOTTÉ
nérer du côté opéré; le 55€ jour, la régénération devient visible
chez 3 animaux, enfin, vers le 65m jour, le bourgeon apparaît chez 3
autres individus. 2 Tritons seulement n’ont été le siège d'aucune
poussée régénérative, pendant les 6 mois d’observation.
Il résulte de cette série que lorsque l’amputation est pratiquée au
ras de l’épaule, l’opération nerveuse étant la même, l’écart dans le
g EE g- d 8 d 8: d.
A B e D
5 7 e d g d. LR
7 F G Fe
Fe. 22.
Dessins des deux pattes de 8 individus de la série A III c, 75 jours après
l’amputation et la résection du plexus.
moment d’apparition de la régénération du côté gauche, par
rapport au côté témoin des mêmes individus, n’est plus que de
20 jours environ. Le pourcentage d'individus n’ayant pas du tout
régénéré du côté témoin est extrêmement faible. La fig. 22 illustre
l’état des pattes opérées et des pattes témoins, 75 jours après l’am-
putation.
Si l’on remarque, du côté opéré, une reprise du pouvoir régénéra-
teur plus précoce lorsque l’on déplace dans le sens proximal les ni-
veaux d’amputation, que se passera-t-il si, pour un même niveau
d’amputation, celui de la section des nerfs diffère ? C’est à cette ques-
tion que tend à répondre la série suivante:
; “té den Z: Ch à
ot sh re
Séhon dépit
à
Le
Hd
ùs
ir dns sie do
(a
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 67
$ 5. Série À IV. Résection d’un tronçon proximal du plexus,
amputations à des niveaux variables.
19 Série À IV a.
Résection des branches du plexus suivant cd-a'b”,
amputations bilatérales dans le zeugopode (suivant A B).
La méthode opératoire, utilisée dans toutes les séries précédentes
(méthode A), et qui consistait en une simple ouverture au scalpel de
la région sous-scapulaire, est insuffisante ici. D’après le but proposé
Fic. 23.
Schéma des données opératoires des séries A IV a.
slid &
il s’agit d'atteindre les 3 branches du plexus depuis leur origine,
- à la sortie même des ganglions spinaux (niveau cd) (fig. 23). Aussi,
| = dans toutes les sous-séries suivantes, la méthode B, décrite plus haut
a-t-elle été employée exclusivement: asepsie rigoureuse et soins post-
- opératoires spéciaux. Pour éviter un trop grand traumatisme (l’ou-
3 verture le long de la colonne vertébrale porte sur un secteur de 1 et
… demi à 2 centimètres et toutes les côtes et apophyses transverses
| = Dont être sectionnées), j’ai amputé, dans la règle, les animaux
_ { ou 2 jours avant l’opération sur les nerfs.
Normalement, j’extrayais pour chaque branche du plexus un
Fe
| $ segment de 5 à 8 mm., quelquefois davantage. En principe, le plexus
tout entier était extirpé. Cette résection a été pratiquée méthodi-
quement, sans traction inutile et sans lésion de l’artère sous-clavière.
68 O. SCHOTTÉ
J’ai toujours eu soin de sectionner non seulement les deux branches
du plexus, mais aussi le Ve nerf spinal, de façon à pratiquer des
ablations véritablement complètes.!
a) Série À IV a,.—28 T. cristatus. Résection du plexus brachial
suivie d'amputations bilatérales (AB) le 14 mai (9 individus), le
14 juin (4 individus), et le 21 juillet 1922 (15 individus).
Du côté témoin, le bourgeon de régénération commence à être
visible au bout de 30 jours pour la série du mois de mai, de 25 jours
pour la série de juin et de 20 jours pour la série de juillet.
35 à 50 jours après l’amputation, les surfaces de section du côté
gauche sont pour la plupart entièrement recouvertes par la peau et
se pigmentent d’une façon définitive. 105 jours après l’amputation,
1 des individus opérés au mois de mai; 100 jours après l’opération,
2 des individus amputés en juillet, présentent du côté gauche des
jeunes bourgeons de régénération qui évoluent dans la suite nor-
ECC
d.
A B G D
LR /
Qu LS | - | \\
B d £ d.
É F G
Fte 24!
Dessins des deux pattes de 7 individus de la série A IV à,, 105 jours
après l’amputation et la résection du plexus.
LIl va sans dire que dans les séries A [ à A III la suppression du V®e nerf |
a été également touiours effectuée.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 69
La fig. 24, dessinée 105 jours après l’amputation, montre, pour
un même stade de régénération du côté opéré, dans les trois cas,
(E, F et G) des régénérats infiniment plus évolués, du côté témoin,
que cela n’est le cas, par exemple, pour les séries A IT a, et A IT b,
(fig. 14 et 15). |
L'écart dans l’apparition du bourgeon de régénération du côté
opéré, par rapport au côté témoin, s’élève dans cette série à 75-80
jours.
b) Série À IV à. — 12 T. alpestris. Même opération et ampu-
tations, effectuées le 5 août 1922. |
Du côté témoin, la régénération devient décelable vers le 15me
jour après l’amputation et se poursuit normalement jusqu’au
85me jour, époque à laquelle les mains se trouvent être parfaite-
ment reconstituées, avec des doigts différenciés et bien individua-
lisés. À ce moment seulement, le bourgeon de régénération devient
visible du côté opéré chez l’un des individus et chez un autre
10 jours plus tard — 95 jours après l’amputation. Tous les autres
individus n’ont présenté aucune régénération du côté gauche
pendant plus de cinq mois. L’écart minimum dans l’apparition de
la régénération des deux côtés du même individu est ici de 70
Jours.
En résumé, la résection du plexus brachial dès son origine,
l’amputation étant pratiquée dans une portion distale du zeug0-
pode, ne permet la reprise du pouvoir régénérateur, du côté opéré,
que chez 5 individus sur 40, cette reprise se faisant avec un retard
_ minimum de 70 jours.
20 Série À IV b.
Résection des branches du plexus suivant cd-a'b”,
amputations bilatérales dans le stylopode (suivant G H).
La méthode opératoire utilisée ici est identique à la précédente
en ce qui concerne le niveau de section des nerfs. Un coup d’œil
jeté sur la fig. 25 montre qu’elle diffère cependant quant au niveau
d’amputation choisi, qui passe presque au ras de l’épaule.
70 O. SCHOTTÉ
Fie725;
Schéma des données opératoires des séries A IV b.
a) Série À IV b,. — 13 T. alpestris. Ablation du plexus depuis
son origine sur une longueur de 6 à 8m et amputations bilatérales
(GH) le 7 août 1922.
Du côté témoin, la régénération est précoce; on note des bour-
geons de régénération bien conformés, déjà 15 jours après l’ampu-
tation. Du côté opéré, rien n’est visible avant le 50 ou 55e jour,
date à laquelle des bourgeons parfaitement nets apparaissent
chez six individus. À ce moment, les pattes témoins montrent
déjà de longs régénérats avec des doigts bien différenciés. 65 jours
après l’amputation, deux autres individus commencent à régénérer,
tandis que les cinq individus qui restent présentent une cicatrisation
de leurs moignons gauches qui sera définitive. La peau a si bien
recouvert la cicatrice d’amputation que, dans quelques cas, plus rien
n'indique maintenant l’emplacement du bras qui s’y trouvait
antérieurement. |
La fig. 26 montre des dessins de cette série faits 75 jours après
l’amputation, et la comparaison avec la fig. 22 illustrera mieux que
toute explication verbale la différence d'évolution des régénérats
pour des individus de même espèce, amputés à la même époque
de l’année, dessinés le même nombre de jours après l’amputation «
et qui n’ont entre eux d’autre différence que celle consistant
dans le niveau plus ou moins proximal de résection du plexus.
13, M L-.wite DRE “dé ho AT Re ON! De SR _ = en © —
Re VE rnb mi AE RME ADS A) SR Re TE, PL |
| Laon eg N'Arht De 2, £ - "
RE TR PM DE À
ET Rr 7 € : - : . -
o : 3 . -
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 71
DONNER
oO,
re]
À B € D SRE E
g- d. g: d. 2 d. g- d.
F G H I
Fc. 26.
Dessins des deux pattes de 9 individus de la série A IV b,, 75 jours après
l’amputation et la résection du plexus.
_ b) Série A IV b,. — 15 T. cristatus. Ablation du plexus près de
son origine, amputations à ras de l’épaule, le 17 juillet 1923.
20 jours après l’amputation, l’épaule du côté témoin présente
un bourgeon bien visible; 30 jours après, une petite main ayant déjà
les doigts bien indiqués apparaît au bout d’un régénérat long de
quelques millimètres, chez tous les individus. C’est à ce moment
seulement, 50 jours après l’amputation, qu’un bourgeon de régé-
nération est visible à gauche chez 3 Tritons; 10 jours plus tard,
la régénération débute chez deux autres individus; les 10 indi-
vidus restants ne présentèrent, dans la suite, aucune trace de régé-
nération du côté opéré. A l’heure actuelle, trois ans après l’am-
putation, l’emplacement de l’ancien bras est entièrement cicatrisé
et pigmenté chez les six individus qui vivent encore.
En résumé, sur 28 individus qui avaient subi l’extraction complète
du plexus brachial, mais dont les pattes antérieures avaient été
._ amputées de façon à ne laisser subsister que la tête articulaire de
l’humérus, quatre individus commencèrent à régénérer du côté
opéré, 50 jours après l’amputation, présentant ainsi un retard
minimum de 30 à 35 jours par rapport au côté témoin; puis du
. o0me au 60e jour, le phénomène apparut chez cinq autres indi-
vidus; enfin, 60 à 65 jours après l’amputation, quatre autres
individus régénérèrent à leur tour. 15 individus sur 28 se sont
rh] O. SCHOTTÉ
révélés incapables de toute poussée régénérative du côté où le
plexus brachial avait été si radicalement supprimé.
B. OPÉRATIONS SUR LES PATTES POSTÉRIEURES.
Bien que les travaux de Hines et de WALTER aient porté unique-
ment sur les pattes postérieures, et que ces deux auteurs aient
conclu à une action du système nerveux sur la régénération de ces
membres, j’ai cru néanmoins utile de refaire les expériences de
mes devanciers avec une méthode opératoire précise, dans le but
surtout de constituer une expérience préliminaire devant servir de
base pour des recherches ultérieures plus approfondies.
Deux séries d’expériences seulement ont été faites sur les pattes
postérieures, le niveau de section des nerfs étant, soit a b, soit cd,
tandis que le niveau d’amputation, lui, était invariable et portait
sur la région À B du zeugopode. Dans les deux cas, l’asepsie
a été nécessaire pour éviter les infections, qui, sans cela, sont
particulièrement fréquentes après les opérations portant sur le
plexus crural.
$ 6. Série À V. Résection d’un tronçon médian du plexus crural,
amputations dans le zeugopode (A B).
La fig. 27 montre que le niveau de section des nerfs du plexus
crural est situé approximativement à mi-chemin entre la colonne
vertébrale et la naissance de la cuisse. Quant au niveau d’ampu-
tation, 1l correspond très exactement au niveau similaire des pattes
antérieures, c’est-à-dire qu’il est situé directement au-dessus du
tarse et l’amputation enlève seulement les deux têtes articulaires
du tibia et du péroné.
La méthode opératoire employée ici, bien que n’étant pas stricte-
ment la méthode B, s’en rapproche beaucoup. Les 16 T. cristatus,
de cette série subissent l’opération et les amputations, le 9 sep-
tembre 1922.
La régénération des pattes postérieures se fait un peu plus lente-
ment que celle des pattes antérieures: 30 jours après l’amputation,
six individus seulement témoignent d’une régénération macrosco-
piquement visible du côté des pattes témoins et ce n’est que 10 jours
après que tous les individus possèdent un bourgeon de régénération,
du côté où les pattes ont été simplement sectionnées. La comparai-
EE EP ee Re Le ee TT ein PILES
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 7
son avec d’autres individus amputés des pattes antérieures montre
que ce n’est pas la saison seule qui agit comme facteur de ralentis-
sement de la régénération, celle-ci étant encore très rapide pen-
Fre..27:
Schéma des données opératoires de la série A V.
dant les mois de septembre et d’octobre, mais qu'il y a là une
différence essentielle entre les membres antérieurs et postérieurs.
59 jours après l’amputation, les régénérats des pattes témoins
montrent des sillons plus ou moins prononcés qui indiquent l’em-
placement des futurs doigts; 20 jours plus tard, les doigts sont très
bien différenciés et commencent à s’isoler en sortant de la masse
commune du régénérat. Trois mois après l’amputation, la régéné-’
ration peut être considérée comme pratiquement terminée, les
quatre ou cinq doigts sont bien formés et déjà fortement pig-
mentés.
Du côté des pattes gauches, privées d’innervation, on remarque
les mêmes phénomènes que ceux qui ont été décrits pour les pattes
antérieures. Bien que l’épaiseur de la patte postérieure soit beau-
coup plus considérable que celle de la patte antérieure, l’établis-
sement de la cicatrice ne prend guère plus de temps. 35 à 40 jours
après l’amputation, toutes les pattes opérées de cette série présen-
74 O. SCHOTTÉ
tent une surface d’amputation, recouverte d’un tissu cicatriciel,
qui ne diffère de celui de la patte antérieure que par quelques rides
disposées radiairement et convergeant toutes vers le centre. A
partir de ce moment, le comportement ultérieur des pattes opérées
diffère d’un individu à l’autre. Chez les uns (10 individus), la
petite zone centrale de tissu cicatriciel encore jeune se transforme
peu à peu en un épiderme d’aspect normal; deux mois après l’opé-
ration, la surface d’amputation est absolument plane et recouverte
d’un tissu dur et entièrement pigmenté. Chez les autres (6 indi-
vidus) la petite zone centrale ne disparaît pas; elle perd son carac-
tère presque embryonnaire, acquiert une pigmentation plus
sombre, mais reste mince, lisse et brillante.
65 jours après l’amputation, un premier individu, 10 jours après,
trois autres, enfin, 80 jours après l’amputation, les deux derniers
individus présentent, du côté opéré, des bourgeons de régénération
qui finissent par évoluer normalement.
$ 7. Série À VI. Résection d’un tronçon proximal du plexus
crural, amputations dans le zeugopode (AB).
La fig. 28 montre que le niveau c d de la section proximale des
branches du plexus passe, comme pour les séries correspondantes
des pattes antérieures, au ras des quatre ganglions spinaux, dont la
recherche est particulièrement délicate surtout pour le 1er et le
4me, I] va sans dire qu'ici la méthode B est de rigueur, l’ouverture
atteignant facilement 2 cm. de longueur. L’extraction du plexus se
fait alors sur une longueur de 5 à 8mm., Les amputations sont les
mêmes que dans la série précédente.
L’ablation du plexus des 14 T. cristatus, de cette série, ainsi que
l’amputation bilatérale, sont pratiquées le 13 septembre 1922.
Le comportement des pattes témoins est identique à celui des
pattes droites de la série précédente: 30 à 40 jours après l’amputa-
tion, apparaît le bourgeon de régénération qui continue à évoluer
normalement.
Les pattes opérées sont, en ce moment, recouvertes d’un tissu
cicatriciel qui n’a, cependant, encore rien de définitif. Cet état de
cicatrice pigmentée, mais à aspect jeune et poli, persiste chez trois
individus. Les 11 autres individus présentent, deux mois après
l’amputation, des surfaces cicatricielles définitivement fermées et
s]
(A
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON
Fic. 28.
Schéma des données opératoires de la série A VI.
complètement noires. 85 jours après l’amputation, un jeune bour-
geon de régénération devient visible chez l’un des individus à
cicatrice lisse et polie, 10 jours plus tard, chez les deux autres.
La suite des phénomènes régénératifs dans ces individus ne pré-
sente désormais plus rien de particulier.
Des résultats des deux séries précédentes, 1l ressort d’emblée
qu'il n’y a aucune différence essentielle dans le comportement des
pattes postérieures par comparaison avec ce qui se passe pour les
pattes antérieures. Sur les 16 individus de la VMe série, à niveau
de section a b, six ont commencé à régénérer après un retard
moyen de 75 jours (minimum 65 jours), par rapport à la patte
témoin.
Sur 14 individus de la VIme série, où les pattes ont été amputées
au même niveau, mais dans lesquels les nerfs ont été sectionnés
suivant la ligne plus proximale cd, le retard dans le début de la
régénération du côté opéré s’accroit et atteint un minimum de
85 à 95 jours. Dans les deux séries, 21 individus sur 30 n’ont été
le siège d’aucune régénération pendant toute la durée de l’expé-
rience, c’est-à-dire pendant quatre mois.
O. SCHOTTÉ
O
LC
Panda Snx9o[d | "194804 soJ}ed
2 sanol G9-Gç € G6—68 0€ 4,D--P)9 4-V VA &&6r ‘d9$ IA V 919$
[Rando Snx9;jd | agJs0d s9ed
OF SINO[ Gy-Ge (4 GL—G9 06 4D-Q0 ENVI 97 &è6r ‘1d9s ” A V 949$
07 € 0€ £ 0G 0ù "PI "PI GT 6364 Jorrmf OATV «
G SAnOl 0-06 9 GG—0G 0ù-SY «4 D—pP) HS £r &G&6F JNOV TQAI V 919$
OF & 08-02 ro (G6) 68 (a "PI "pI &} T&6F 700 DAIV «
6} € 08 to OO (ra "pt pt GT &&6Gt Jalinf
y Te ET RE Gè "I "PI HE / ra umf DAT V 919$
8 sanol GL L GOT 0€ 4M-p) a-V 6 rad! TEN ?
ra sinof 088 GT CF GE 0-6} «4D—Qn à air 9) 0€ G&6r NOV 2III V 9211S
} TOC 7ÛS y (0G) 07 OCT "PI "PI LT &&6I & OTIIV c«
ra Sinol 0£—-08 F Ge Oè—GT 4,D-Q0 LC l (I F&GF 00V | III V 21419S
6 sanof 0y-G€ (a GG OST 4 D—-Q0 9 è} Yè6F J0O0V | DIII V 919$
è] = Er a O6—CR «4 D—Qq0 AV &I FGGY IMAV | “OII V 914$
JUIUAIIECAT]
€T « GLSO0Z ra 06 0ë-G} Ied UOIÿ981/X9 "PI GT Fè6r L #QII V «
9 ar 0907 G G9 0&-GF "PI "PI [A F&6r J00Y TI Voie
L sinol (09 £ 06 0€ «4D-Q VI OF FGGT IHAV II V 919$
JUOUUOTTIEA
8 « 08 ÿ O0T 08 Jed uUO0rJ9817x9 "PI 6} FèGr q MIIV <
0 « 0G te OL 08 "PI "PI 9 F&GF 00 SDIIV «
G « cy 8 GL 0€ "PI "PI £T TèG} umf WII V
6 sanof GG G G8 0€ «4D—-Qn SEL 8 F&Gr IHAVY III V 919$
L sInol OL Va OFE G7—07 Q D dv Fè F&GF JOIAUE "" IV 921$
SNPIAIPUI, PI Ssanof 9p sanof 9p = *È
SNPIAIPUI, D Ss91J84 % s9p 921ŒUON JIQUON J1AQUON snx9[d
JIŒUIO N UOTJPIQU9GYA UIO 9) np SJIU Sap SaJJed Ssop SNDIA suo1/2194d0
UOIFBIQUY3IDU EI 9P 91940 909 910€ UOTJ99$ 9p uoryjendue,p | -Ipui,p Sp ATI9S
9p 92)9[duw09 uoryriedde,f XNPOAIN XNPOAIN JIQUON ae
JOU9S{Y SUBP J1P95 aJuo1edde UOrRI9U959Y
"V SAIUAS SHQ NOILV'INLIAVOAU — ‘I AVAIAVIL
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON ; 1wl
$ 8. Récapitulation.
De l’ensemble des expériences rapportées dans ce chapitre, dans
lesquelles il était pratiqué d’un côté, et simultanément, l’amputa-
tion et la résection du plexus nerveux correspondant, tandis que
l’autre côté subissait une amputation simple et symétrique et
servait de témoin, 1l se dégage un premier fait extrêmement impor-
tant et net, celui d’une inhtbition temporaire ou définitive du pouvoir
régénérateur du côté privé d’innervation.
Il suffit de jeter un coup d’œ1l sur le tableau récapitulatif pour
constater que les 276 individus en expérience ont présenté, sans
exception, une régénération normale du côté témoin, tandis que la
régénération n’a commencé, du côté privé d’innervation, qu'avec
un retard variable, mais toujours net par rapport au côté témoin.
Il y a donc, sous l’influence de la suppression des branches du
plexus innervant les pattes antérieures ou postérieures, un arrêt
du pouvoir régénérateur. Cet arrêt se montre définitif dans 146 in-
dividus, soit 52,9 %, tandis que les autres mamifestent plus ou
moins tardivement une reprise du pouvoir régénérateur. L’écart
entre la patte témoin et la patte opérée est toujours tel que la pre-
mière présente un régénérat avancé, avec des doigts déjà différen-
ciés ou en voie de formation, lorsque la patte opérée montre les
premiers indices d’un début de régénération. Il est donc évident que
l'interruption globale de l’innervation supprime, au moins tempo-
rarement, une des conditions essentielles de la régénération nor-
male.
Lorsque, d’autre part, on compare d’une série à l’autre, la valeur
du retard manifesté par la patte opérée dans la reprise de son
pouvoir régénérateur, on voit que celui-ci est très variable, allant
depuis un minimum de 15 à 20 jours jusqu’à un maximum de 80.
De même, le pourcentage des animaux qui, du côté privé d’inner-
vation, manifestent une perte définitive du pouvoir régénérateur,
est très variable d’une série à l’autre.
Pour comprendre ces différences, il faut tenir compte de trois
éléments: la saison, le niveau d’amputation de la patte et le niveau
de résection du plexus nerveux.
u) Influence de la saison. Il est bien connu que la vitesse de régé-
nération et, par suite, le temps nécessaire à l’apparition du bourgeon
78 O. SCHOTTÉ
de régénération, varient avec la saison. C’est au mois de juillet-
août, que cette vitesse est la plus grande, en janvier, qu’elle est la
plus réduite. L'examen du temps que mettent les pattes témoins à
présenter un début visible de régénération, suivant les mois de
l’année, mettra en évidence, dars toute sa simplicité, cette relation.
Amputation Nombre Début de la
en d'animaux régénération
Janviér:: 1e 21 40 à 50 jours
Avril-juin . . . . 56 30 jours
Juillet-août . . . 154 15 à 20 jours
Si maintenant l’on examine, dans des séries comparables — par
exemple, amputations suivant A B et résection du plexus suivant
a b et a’ b’, — les résultats obtenus du côté opéré, en fonction
de la saison, on voit qu’en valeur absolue la reprise du pouvoir
régénérateur se fait plus tôt en été qu’en hiver, mais l’écart entre les
dates où la régénération débute du côté témoin et du côté privé
d’innervation varie aussi, bien que faiblement, dans le même sens.
Ainsi en jänvier (série À I), les pattes privées d’inneryation ne
commencent à régénérer qu’au bout de 110 jours, les pattes témoins
ayant présenté les débuts des phénomènes régénératifs au bout de
40 à 50 jours. Par contre, en août, le côté opéré régénère déjà au
bout de 60 à 65 jours; mais il faut tenir compte du fait que le côté
témoin a commencé à régénérer déjà au bout de 15 à 20 jours.
L'écart entre le début du processus dars la patte témoin et dans
la patte opérée, se montre être de 70 jours en janvier, de 50 à 60
Jours en août.
Il y a donc une légère diminution de la durée d’inhibition de la
régénération du côté privé d’innervation pendant l’été, mais, à
toutes les époques de l’année, le phénomène essentiel, celui d’une
action inhibitrice par suppression d’innervation, se montre constant.
b) Influence du niveau d’amputation. J'ai indiqué que les am-
putations ont été faites, suivant les séries, à 4 niveaux diffé-
rents qui, en allant du plus distal au plus proximal, ont été désignés
par les lettres À B (au-dessus du carpe), C D (au-dessous du coude),
E F (au-dessus du coude) et G H (auras de l’épaule). (Voir fig. 4, p.41).
Or, il se trouve que si l’on compare les résultats de ces difté-
rentes catégories d’amputations, pour une même saison et un
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 79
même niveau de résection du plexus, on constate que la durée
d’inhibition de la régénération du côté sans nerfs est d’autant plus
grande que le niveau d’amputation est plus distal, c’est-à-dire plus
éloigné du point où les nerïfs ont été interrompus.
Nombre Valeur Nombre d’absences
Saison d'individus du définitives
retard de régénération
19 Amputations suivant À B:
- LUE SONT 21 70 jours 7 individus
FEU à SPAS CARRE 8 27 3 »
» PIRE a 10 60 » 4 »
MR er Pa 12 60 » 12 )
Re EE LE. 2 Sun D
ROME See ! 6 50 à 60 jours 0 »
» AMOR 2 re 11 4 50: 6 »
20 Amputations suivant C D:
LIT 7 NAT MARNE 12 Aa 40») 9 )
30 Amputations suivant E F:
M ES. . 97 SO > 3 5
4 Amputations suivant G H:
TS er he 39 Pan y» 2 »
Si, pour éviter toute action perturbatrice de la saison, on ne
compare que des séries pratiquées en août, on voit nettement que
| le retard décroît, à mesure que les amputations se rapprochent
de l’épaule.
Niveau AB 2.2... .: retard de 45 à 60 jours
) A un » CH SA fe)
) (ir 80e MST ET EE D: 0e AD AU}
) MN RER ANS, MATE PAU Lee LE TIR
c) Influence du niveau de résection du plexus. Ainsi que je l’ai
indiqué, le plexus a été réséqué suivant deux longueurs: l’une com-
prise entre le niveau a’ b’ et a b, l’autre qui enlève plus complète-
ment le plexus, du côté proximal, entre a’ b’ et c d.
80 O. SCHOTTÉ
Or, il se trouve que, pour un même niveau d’amputation, le retard
à la régénération est d’autant plus grand que le plexus a été coupé
plus loin de la surface qui doit régénérer.
Examinons d’abord les résultats des amputations faites suivant
le niveau constant A B, accompagnées d’une résection du plexus
suivant a b ou cd.
10 Résection du plexus suivant a b:
Saison Nombre -_ Retard Absences de
d'individus régénération
Janviéiw SET 21 70 jours 7 individus
Pi" 4 21 PAS EC. à 8 ee 2 »
PA RE ES 10 60 » 7 »
» MES DRE TS 12 . ; 12 »
MU GES RUE 13 45 s »
AOL USE 6 50 à 60 » 0 »
RAS EE 11 45 à 50 » 6 »
20 Résection du plexus suivant c d.
Saison Nombre Retard Absences de
d'individus régénération
MSI, EE RAE PPS 9 Fi 8 »
ER ee 4 — 4 »
Janet ER 15 80 » 132572
AOÛ NL NS CONS 12 70 à 80 » 10 »
EL 1 80 » 8 »
D AN ic de EN CCR 45 10 RS 13 )
On voit qu’à une même saison, en août, par exemple, pour une
même surface d’amputation À B, la régénération réapparaît au
bout de 45 à 60 jours si le plexus a été coupé distalement suivant
a b, au bout de 70 à 80 jours si le plexus a été sectionné plus proxi-
malement, suivant c d. |
De même, à l’époque moyenne avri!-juin, le retard est de 45 à
60 jours après la section a b et de 75 jours après la section suivant
€ d.
Cette relation se vérifie si l’on examine les opérations où les
amputations ont été faites plus proximalement, suivant les niveaux
E F ou G H.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 81
Saison Nombre Retard Absences de
d'individus régénération
10 Résection du plexus suivant à b.
Aout{E.F} .. 27 20 à 30 jours 3 individus
ARE EN. . 30 15 à 20 » à »
20 Réseclion du plexus suivant c d.
5 SRE 13 30 à 40 » D »
LES Se 15 30 à 40 » 10 »
En une même saison, pour une amputatiou proximale, le retard
est de 15 à 30 jours si les nerfs ont été réséqués à partir du niveau
a b, de 30 à 40 jours s'ils ont été sectionnés à partir du niveau plus
éloigné c d.
On voit, en groupant les résultats obtenus suivant le niveau
d’amputation pour une même section nerveuse, et suivant le niveau
de section nerveuse pour un même plan d’amputation, que le
temps que la patte opérée met à récupérer son pouvoir régénéra-
teur est d'autant plus grand que l’amputation a été faite plus
distalement et la section nerveuse plus proximalement. Autrement
dit, la valeur de ce retard augmente avec la distance entre le
niveau de régénération de la patte et celui à partir duquel l’inner-
vation a été interrompue. |
L'hypothèse la plus simple pour expliquer cette relation consiste
à supposer que le pouvoir régénérateur n’est récupéré qu'après
que les rerfs sectionnés ont réussi, par la régénération propre de
leurs axones, à atteindre la surface qui doit régénérer.
Or, il est évident que ce rétablissement de l’innervation se Îera
d'autant plus vite que la distance entre les bouts coupés du plexus
et la surface d’amputation sera plus petite. La vitesse de régénéra-
tion des axones devant elle-même varier avec la saison, le retour
à l’état de l’innervation devra se faire un peu plus vite — toutes
choses égales d’ailleurs — en été qu’en hiver.
C'est l’hypothèse que j’adopterai provisoirement, me réservant
de la discuter plus à fond lorsque je parlerai des vérifications anato-
miques effectuées sur les animaux ayant, ou non, récupéré leur
pouvoir régénérateur. C’est à ce moment également que j'indi-
querai comment on peut interpréter les pourcentages, si variables,
des animaux chez lesquels la régénération a été définitivement
inhibée du côté privé d’innervation.
Rev, Suisse pe Zooz. T, 33. 1926. 6
82 O. SCHOTTÉ
CHAPITRE Il.
Le traumatisme opératoire peut-il inhiber la régénération ?
Le résultat observé dans les expériences précédentes (inhibition
au moins temporaire de la régénération après résection du plexus)
est si constant, et si nettement en relation avec les niveaux où les
nerfs ont été sectionnés, qu'il ne peut guère y avoir de doute que
c’est bien l’interruption de l’innervation qui a supprimé la mise
en train de la régénération. Cependant, comme, à la suite d’expé-
riences similaires, GOLDFARB a été conduit à mettre les résultats
de ce genre sur le compte du traumatisme opératoire, et comme
cette interprétation de GOLDFARB n’a Jamais été soumise à une
vérification expérimentale ni même à une critique systématique,
il m’a paru nécessaire, au moyen d'expériences de contrôle, de re-
chercher si le traumatisme opératoire peut, à lui seul, influer d’une
façon sensible sur la régénération.
Les arguments invoqués er faveur d’une action inhibitrice du
traumatisme sont de deux ordres.
$ 1. Hypothèses de GoLbrFARB et de HiNES.
10 L'intervention chirurgicale trouble l’organisme du Triton à
un tel point que les phénomènes régénératifs ne peuvent avoir lieu
ou ne commencent que lorsque l’organisme est complètement
rétabli de la perturbation déterminée dans l’économie générale.
(Hypothèse définitive de GOLDFARB).
20 Les troubles vasculaires directs, dûs à des sections inévitables
de vaisseaux sanguins pendant l’opération, empêchent le membre
ainsi atteint de régénérer (Hypothèse de travail de HINES).
I. GoLpFARB a observé sur Diemyctilus viridescens, après section
des nerfs, des cas de non régénération. Pour lui, ils ne sont pas dus
à ure suppression de l’innervation, mais constituent des manifes-
tations secondaires de troubles généraux de l’organisme, consécutifs
à l’intervention opératoire. Go1DFARB pour étayer sa thèse qui,
il faut bien le dire, ne découle pas directement des faits expéri-
mentaux qu'il a observés, fait appel aux travaux de MorGax et
Dawis sur la régénération de la queue du têtard, ainsi qu’à ceux
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 83
de TORNIER sur la patte du Triton. Ces auteurs ont pu, comme on
le sait, empêcher la régénération de la queue ou des membres en
pratiquant des amputations compliquées (TORNIER), ou en sup-
primant d’autres parties que du tissu nerveux (corde dorsale de
la queue des têtards, MorGan et Dawis).
Dans son deuxième travail, GozpFrarB (1911) conclut qu’un
animal qui régénère rapidement et complètement peut en être
empêché par les procédés suivants:
a) par amputation à un niveau spécial (en dessous du genou
pour le Triton américain);
b) par une opération qui occasionne un conflit des tissus (corde
dorsale de la queue du têtard, moelle épinière de la queue du
Triton, etc.);
c) par établissement d’un traumatisme suffisamment grave pour
amoindrir la vitalité de l’organisme. La blessure peut atteindre la
région amputée ou toute autre région du corps. Dans ce cas,
la régénération peut être complètement ou partiellement inhibée
ou, au contraire, se faire normalement.
Il en résulte « qu’un organe ne peut être amené à régénérer par
le seul stimulus nerveux et qu'il ne peut en être empêché si ce sti-
mulus fait défaut; d’autre part il n’existe pas de rapport immédiat
entre la régénération insuffisante et l’innervation inadéquate ». Kt
enfin «ce qui met ur organe en état de faire proliférer ses cellules
et force ces dernières à se différencier en organes et complexes
d’organes est indépendant d’un stimulus venant du système ner-
veux central ou transmis par ce dernier ».
Si J'ai fait cette citation un peu longue, c'était pour montrer
combien peu précise est la théorie de GoLpFARB, malgré certains
points fondamentaux, certainement exacts, à propos de l’inner-
vation inadéquate et de la régénération insuffisante que je relèverai
encore dans la suite. Des trois catégories de faits avancés par
GOLDFARB, on peut éliminer d'emblée les points a et b.
a) Il est malheureux pour le travail de GozpFar8 que le Triton
américain ne présente pas de régénération si on l’ampute au-dessous
du genou. Cette complication, fâcheuse en effet, n’existe pas chez
les Tritons d'Europe et les milliers d'individus que j'ai observés
en plus de 4 ans ont toujours, et sans aucune exception, régénéré
leurs membres antérieurs ou postérieurs, quel que soit le niveau
84 O. SCHOTTÉ
d’amputation choisi, si je ne les en empêchais pas par un artifice
expérimental défini.
b) Les traumatismes infligés directement aux membres que l’on
désire faire régénérer, et qui sont pratiqués aux niveaux mêmes
d’amputation des membres («conflit de tissus »), comme cela avait
été fait par ToRNIER et d’autres, ne peuvent être pris en considé-
ration ici, parce qu'ils ont trait à un tout autre ordre de phéno-
mènes.
Je ne retiendrai pour la discussion ultérieure que le point c où
GoLpFARB prétend qu’une blessure infligée à une région quelconque
du corps peut être une cause suffisante pour inhiber partiellement
ou complètement la régénération d’un membre.
IT. Il nous reste à examiner une deuxième question soulevée et,
du reste, pratiquement résolue par HiNES qui voulait rechercher
si ce n’était pas aux vaisseaux sanguins, involontairement blessés
pendant l’opération, que devaient être attribués les effets observés
après section des nerfs. En fait, l'hypothèse de H1Nes se confond
avec celle de GOLDFARB, la section des vaisseaux rentrant dans la
catégorie des traumatismes opératoires. Les conclusions qui seront
à tirer de la discussion qui suit s’appliqueront ainsi directement
à l'hypothèse de HINes.
$ 2. Critique de ces hypothèses.
Le problème, tel que GoLpFARB l’a posé,se présente sous une forme
beaucoup trop complexe. Dans un travail qui doit établir l’action
du système nerveux sur les processus régénératifs, il n'importe
pas de connaître les différentes façons par lesquelles on peut em-
pêcher ces processus de se produire. Ce qui est important, c’est
d'établir si les phénomènes, observés consécutivement à la sup-
pression de telle ou telle partie du système nerveux, sont imputables
à cette intervention ou si, au contraire, il faut les attribuer aux
traumatismes opératoires inévitables.
Pour répondre par l’affirmative à l'hypothèse d’une action du
traumatisme sur la régénération, il faudrait que les résultats obser-
vés après les opérations en question satisfassent à deux conditions :
1° L'action du traumatisme doit se manifester sur l’ensemble
de l’organisme.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 85
2° Le traumatisme étant toujours le même, les effets obser-
vés doivent être du même ordre d'intensité, c’est-à-dire uniformes.
19 En ce qui concerne la première condition, on ne saurait, en
effet, concevoir une action du traumatisme que dans le cas où
celui-ci se mamifesterait par des troubles généraux de tout l’orga-
nisme. [l serait vraiment par trop simpliste d'admettre que le fait
d’avoir pratiqué une incision dans la région sous-scapulaire gauche
ne manifeste son action, s’il y en a une, que sur le bras gauche et
non en même temps sur le côté témoin. Si ces troubles devaient
inhiber ou fortement retarder les phénomènes régénératifs, les
effets devraient certainement retentir sur la régénération des deux
membres amputés.
Les troubles post-opératoires sont un fait que j’ai observé maintes
fois à la suite d’opérations dont 1l sera question dans un autre
travail. Dans ces cas (ablations de l’encéphale ou de la moelle
épinière sur de larges étendues), la diminution de vitalité de
l'organisme est telle que toutes les fonctions se trouvent ralenties.
Mais, même dans ces cas, les troubles post-opératoires se
manifestent seulement sous forme d’un simple ralentissement
général des phénomènes régénératifs et, dans aucun cas, le
traumatisme à lui seul n’est suffisant pour inhiber complètement
la régénération.
Un semblable ralentissement général des phénomènes régénéra-
tifs, d’ailleurs toujours très faible, ne saurait être incriminé comme
cause d’erreur à l’occasion de mes recherches, en raison du fait que
j'ai toujours eu, pour chaque individu, une expérience témoin cons-
tituée par la régénération de la patte droite dont l’innervation avait
été laissée intacte. Ceci m’a toujours permis d’observer les différences
de régénération entre les deux côtés et d'établir, dans chaque cas
pris isolément, la part des troubles généraux post-opératoires et la
part directement attribuable à l’action du système nerveux. La
question se ramène à un facteur de même ordre que le facteur
«saison » dont il avait été possible, dans le précédent chapitre, de
discriminer l’action perturbante.
Les opérations des séries A I à A IIT sont cependant des inter-
ventions si banales, la guérison des blessures est si rapide, que, dans
1 A condition toutefois que l’expérimentateur soit réellement maître de
l’opération qu’il veut effectuer.
RL FPT. Let pe 2 Di Sn D. _.
FE RS
86 O. SCHOTTÉ
tous les cas, les troubles traumatiques sont absolument insigni-
fiants et indécelables quant à leur action sur la régénération.
Des séries d'animaux utilisés pour d’autres buts, chez lesquels
les amputations furent pratiquées sans autre intervention,
ont toujours, pour les mêmes saisons de l’année, montré une
vitesse de régénération parfaitement identique à celle des côtés
témoins des individus auxquels les nerfs avaient été réséqués.
Pour les séries À IV à A VI, la question se présente déjà diffé-
remment et l'intervention chirurgicale offre un caractère de gravité
qui ne permet pas d’éliminer, a priori, l’hypothèse d’une action
possible du traumatisme opératoire. Le comportement aberrant
des individus de ces séries semble confirmer à première vue cette
manière de voir. |
Une série d'opérations ayant pour seul but d’étudier l’influence
du traumatisme sur la régénération des pattes a été entreprise.
$ 3. Série T. Vérification expérimentale de l’action des traumatismes
opératoires.
17 Triton cristatus. Opération témoin et amputations bilatérales
des pattes antérieures, dans le zeugopode, suivant A B, en juillet
et août 1922. |
La méthode opératoire utilisée ici est identique à celle pratiquée
dans les séries À IV à A VI (méthode B). Seulement l’ouverture
est plus large, toute la région des vertèbres cervico-dorsales, corres-
pondant aux nerfs rachidiens I à VI, étant mise à nu. Le plexus
brachial gauche est préparé dans toute son étendue, ainsi que les
trois ganglions spinaux et le cordon gauche du grand sympathique;
J'ai cependant eu soin de ne léser aucune de ces parties.
La lésion opératoire infligée ici est donc incomparablement plus
étendue que celle nécessitée par la simple résection du plexus
brachial. Cependant, malgré cette très grave intervention, compor-
tant la section de trois côtes, d’apophyses traverses et de nombreux
muscles, l’apparition du bourgeon de régénération se trouve être
retardée de 5 jours à peine pour 4 individus, dont la guérison avait
été un peu plus longue, et ceci pour les deux pattes identique-
ment, tandis que la majorité des individus (13) présentent déjà,
20 jours après l’amputation, des bourgeons de rÉSÉR ARE très
nets des deux côtés.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 87
La fig. 29 montre l’état de régénération des deux pattes anté-
rieures de 8 de ces individus, 105 jours après l’amputation, et l’on
peut constater la parfaite similitude dans la vitesse de régénération
des deux pattes de chaque animal.
ren
MILAN
E
E F G H
Fic. 29.
Dessins des deux pattes de 8 individus de la série T, 105 jours après l’opération
de contrôle et l’amputation.
Il ressort de cette série d'expériences et de ce qui vient d’être
dit plus haut, que l’intervention chirurgicale, même grave, n’a
pratiquement aucune action sur la vitesse de régénération.
2° GoLzpFARB qui s’est efforcé de déterminer, par voie expérimen-
tale, l’action des différents traumatismes sur la régénération, et
cela avec un succès très douteux, n’a même pas songé à la deuxième
condition, énoncée plus haut, à mon avis la plus importante, d’après
laquelle un même traumatisme, s’il était efficace, devrait exercer
une action définie, mesurable et pratiquement uniforme.
Or, ce n’est pas ce que l’on constate dans les expériences que j'ai
rapportées. Pour les séries A TI à AIIT, le traumatisme très banal
est toujours le même et cependant nous remarquons des variations
88 O. SCHOTTÉ
dans l’époque du début de régénération du côté opéré, allant de
35 à 110 jours.
Le traumatisme plus grave, réalisé dans les séries A IV à A VI,
n’est pas corrélatif d’une action uniforme sur le processus régéné-
ratif des deux pattes, la patte témoin commençant toujours à régé-
nérer dans le temps requis, tandis que la patte opérée présente des
retards, dans le début de régénération, qui varient de 45 à 105
Jours.
L'’incompatibilité des résultats observés avec les exigences de la
théorie, ainsi que la constatation directe de l’action négligeable
des traumatismes effectués dans mes opérations, m’autorisent à
écarter d’une façon définitive l’hypothèse de GOLDFARB. |
$ 4. Influence des traumatismes vasculaires.
Hixes a fait des expériences pour rechercher si la section de
l’artère fémorale avait une influence sur la régénération de la patte
postérieure. Toujours, la régénération de la patte opérée s’est faite
normalement et avec la même vitesse que chez les animaux témoins.
HixEs conclut lui-même que la section de l’artère fémorale n’est
pas de nature à résoudre le problème de l'influence de la vasculari-
sation sur les membres en régénération, la circulation pouvant
être assurée par des vaisseaux collatéraux.
J’ai également recherché si les lésions d’artères importantes
pouvaient inhiber ou retarder la régénération et, dans ce but,
j'ai non seulement sectionné, mais encore réséqué, sur une longueur
de 3 à 5mMm l'artère sous-clavière qui fournit presque toute la
vascularisation du membre antérieur. C’était dans les séries A IT «,
A IT 6, et A TIIT b, que cette intervention fut pratiquée en plus de
l'opération nerveuse ordinaire.
Après cette intervention, deux cas se sont présentés: ou bien, le
membre privé à la fois de son innervation et de sa vascularisation
était envahi par des moisissures et subissait une transformation
nécrotique que seule une amputation proximale permettait d'éviter;
ou bien, le membre supportait parfaitement cette très grave inter-
vention et ne montrait rien de particulier. Quant à l'influence de
ces résections d’artères sur la régénération, elle s’est révélée dans
les deux cas inexistante ou tout à fait insignifiante. Je dois en
conclure, comme HINESs, que la vascularisation collatérale suffit
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 89
pour amener à la surface d’amputation les matériaux indispen-
sables à l’édification de la partie amputée.
En soi, la question présente peu d'intérêt; 1l est évident qu'un
membre complètement privé de toute vascularisation ne peut
continuer à vivre et, partant, ne peut régénérer. Le problème
change d’aspect si l’on envisage l'hypothèse de troubles vasculaires
consécutifs à la suppression de l’innervation. Mais cette question ne
pourra être discutée avec fruit que lorsqu'on aura établi quel est
le mécanisme de l’action des nerfs sur la régénération.
En tous cas, l’inhibition de la régénération des pattes apres
résection du plexus, ne peut être mise sur le compte ni d’une modhifi-
cation générale consécutive au traumatisme, ni d’une lésion locale
des muscles ou des vaisseaux de la région. Cette conclusion n'est
naturellement valable que pour les cas d’opérations — et c’est celui
dans lequel je me suis toujours tenu, — faites proprement, sinon
toujours aseptiquement, et aboutissant à une bonne cicatrisation.
CHAPITRE III.
Suppression de l’innervation et amputation retardée des pattes.
J’ai montré, dans les conclusions du premier chapitre, comment le
temps plus ou moins long, au bout duquel la patte privée d’inner-
vation pouvait récupérer son pouvoir régénérateur, dépendait de la
distance entre le niveau d’amputation et celui de la section des nerfs.
J’ai été conduit à formuler l'hypothèse que la reprise de la régéné-
ration était alors conditionnée par la régénération propre des nerfs,
celle-c1 nécessitant un temps d’autant plus long que la distance à
parcourir était plus grande.
On peut penser que, si l’on ne pratique l’amputation qu’un certain
temps après la section nerveuse, les nerfs ont dû, entre temps,
commencer à régénérer, de telle sorte que la récupération du pouvoir
régénérateur doit être d'autant plus rapide que l’amputation est
pratiquée plus longtemps après la résection du plexus.
C’est à la vérification de cette hypothèse qu'ont été consacrées les
expériences que je vais exposer. Celles-ci ont consisté à amputer les
pattes à des intervalles variés après l’opération effectuée sur les
nerfs. C’est là une méthode nouvelle qui, je crois, n’a encore été
90 O. SCHOTTÉ
utilisée par personne. Elle a l’avantage de laisser à l’action hypothé-
tique du traumatisme le temps de disparaître et permet de saisir,
avec plus de précision encore, la relation entre la présence des
nerfs et la régénération des pattes.
La méthode opératoire fut la même que celle déjà décrite pour
les séries À ! (méthodes À ou B); le niveau proximal de section des
nerfs était soit a b, soit c det, dans les deux cas, les trois nerfs du
plexus brachial étaient toujours réséqués plus distalement encore en
a’ b’. L’amputation bilatérale a porté soit sur la région distale du
zeugopode (niveau À B), soit sur la région médiane ou proximale du
stylopode (niveau G H). Mais, tandis que dans les expériences
relatées jusqu'ici l’amputation des pattes avait été simultanée
avec la section ou la résection des nerfs, dans les séries qui vont
suivre l’amputation bilatérale n’est pratiquée qu’à des intervalles
variant entre 10 et 100 jours après l’opération nerveuse.
Le groupement des nombreuses séries opératoires qui suivent
est fait de façon à ce que, pour des niveaux constants d’amputation
des pattes et de résection des nerfs, les dates d’amputation soient
variables. À ce point de vue, je distingue quatre grandes séries:
a) Série B I. Résection du plexus brachial suivant ab-a'b”,
amputations suivant AB retardées de N jours
b) » B II. Résection du plexus brachial suivant ab-a'b'
amputations suivant GH retardées de N jours
€) » BIIT. Résection du plexus brachial suivant cd-a'b'
amputations suivant AB retardées de N jours
d) » B IV. Résection du plexus brachial suivant cd-a'b'
_amputations suivant GH retardées de N jours
$ 1. Série B I. Résection du plexus brachial suivant ab-a'b’,
amputations suivant AB un nombre variable de jours après la
suppression de l’innervation.
La fig. 13 (p. 53) représente les niveaux d’amputations et de
sections du plexus pour toutes les séries B I. Les amputations, par
contre, se font 20 jours (série B I a), 30 (série B I b), 40 (série
B T c), 60 (série B I d) et enfin 100 (série B I e) jours après la résec-
tion du plexus.
1 Seules les pattes antérieures sont prises en considération dans les séries
qui suivent.
ï | 1. Ke . J EAST . k +
nm z =
B «
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 91
19 Série B I a.
Résection des nerfs suivant ab-a'b", amputations dans le zeugopode (AB)
(fig. 13) 20 jours après la suppression de l’innervation.
a) Série B I a,. — 14 T. alpestris. Ablation du plexus le 17 mai,
amputations bilatérales le 6 juin 1921 (à ce moment la plaie de
la région sous-scapulaire est déjà complètement guérie et la cica-
trice pigmentée).
Du côté témoin, la régénération est générale 25 jours après l’am-
putation et, 10 jours plus tard, quelques jeunes individus montrent
déjà de larges palettes, avec un très faible début de différenciation
des doigts.
Du côté privé d’innervation, on constate, au bout de 35 jours,
un « début de régénération douteux » pour deux jeunes individus;
45 jours après l’amputation, sept individus présentent à gauche
des bourgeons de régénération indiscutables comme cela se voit
sur six individus de la rangée supérieure de la fig. 30, tandis que
les régénérats de toutes les pattes témoins présentent déjà des
doigts en voie de différenciation.
A cette époque, les sept autres individus, tel l'individu E, ont,
_ A TANANATATARS
LE AUTARS
Fre. 30.
. Dessins des deux pattes de 7 T. alpestris de la série B I a,. 17° rangée: 45
jours après l’amputation, 65 jours après la résection du plexus; 2€ rangée:
+ Em individus 75 jours après l’amputation, 95 jours après la résection du
plexus.
92 O. SCHOTTÉ
à gauche, une surface d’amputation parfaitement plane, cica-
trisée et pigmentée; ces animaux ne régénérèrent pas dans la
suite.
La régénération des sept premiers individus se poursuit inégale-
ment, comme le montrent les dessins faits 75 jours après l’amputa-
tion (rangée inférieure de la fig. 30). La numérotation permet de
suivre aisément chaque individu. Dans un premier cas, indi-
vidus D, B, C et G, la régénération de la patte primitivement
privée de son innervation se poursuit normalement et, semble-t-il,
avec une vitesse plus grande, de sorte que la différence de gran-
deur des deux régénérats est à peine sensible. Dans un deuxième
cas, non représenté sur le dessin et le cas À, la différence de
grandeur des régénérats reste constante. Dans un troisième cas,
tel le Triton F, enfin, le régénérat est comme entravé dans son déve-
loppement par le tissu cicatriciel de la base qui entoure le pédon-
cule de régénération et qui tend à l’étrangler en quelque sorte.
Dans ce cas, le bourgeon de régénération ne peut plus se déve-
lopper; 1l s’allonge seulement et donne finalement un régénérat à
un doigt sans morphologie bien définie. Dans un travail ultérieur,
des formations de ce genre seront discutées et étudiées plus à
fond.
Quatre mois et demi après l’amputation, aucun changement
sensible ne peut être constaté dans le comportement des individus
de cette série, si ce n’est le développement définitif des régénérats
considérés.
b) Série B I à. — 6 Triton cristatus. Résection des nerfs le
19 mai, amputations bilatérales le 8 juin 1921.
La régénération du côté des pattes témoins est générale 25 jours
après l’amputation; 15 jours plus tard (40 jours après l’amputation),
les pattes témoins montrent des palettes où des sillons indiquent
la différenciation des doigts (fig. 31). À ce moment seulement, on
commence à observer, chez tous les individus, un bourgeon de
régénération du côté opéré.
Un mois après, la différence dans la grandeur.et le développement
des régénérats des deux côtés se maintient très nettement comme
cela ressort de la deuxième rangée de la fig. 31.
c) Série B I ag. — 9 Triton cristatus. Résection des nerfs le
10 août, amputations bilatérales le 30 août 1921.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 93
+ JARSAASA
MAAAGANRE
A B C D E
F1G. 31,
Dessins des deux pattes de 5 T. cristatus de la série B I a,. 17e rangée hori-
zontale: 40 jours après l’amputation, 60 jours après la résection du plexus;
2me rangée: mêmes individus 70 jours après l’amputation, 90 jours après la
résection du plexus.
La régénération des pattes témoins débute (été) 20 jours après
l’amputation. Le développement ultérieur du bourgeon, du cône et
enfin de la « palette » de régénération se poursuit cependant, avec
une lenteur déjà plus grande que lors des amputations pratiquées
au début d’août. 50 jours après l’amputation, à peu près toutes les
pattes témoins présentent des doigts indiqués ou même nettement
individualisés.
C’est à ce moment que la régénération devient visible du côté
gauche opéré, chez six individus. 10 jours plus tard, deux autres
individus se mettent à régénérer de ce côté, le dernier individu
n'ayant présenté aucune régénération pendant plusieurs mois.
CP QSQA CP
ESS g-
A B E D
F1G. 32.
Dessins des deux pattes de 4 T. cristatus de la série B I a,, 50 jours après
l’amputation, 70 jours après la résection du plexus.
ncgii rt das
94 O. SCHOTTÉ
La fig. 32 montre l’état des régénérats de quatre parmi les neuf
individus de cette série. Les dessins ayant été faits 50 jours après
l’amputation, c’est-à-dire 10 jours plus tard que pour la sous-série
précédente, les pattes témoins présentent, pour un stade d'évolution
identique des régénérats gauches, des «palettes» plus grandes
et à différenciation plus avancée que précédemment. La régéné-
ration un peu plus tardive du côté gauche, opéré, est sans doute
en rapport avec la régénération déjà plus lente à cette époque de
l’année.
Résumé: Parmi les 29 individus des trois sous-séries B I a,,
BI a& et BT a,, tous ont présenté, du côté droit témoin, un bourgeon
de régénération au bout de 30 jours au maximum. Du côté gauche,
où l’innervation avait été supprimée 20 jours avant l’amputation,
13 ont commencé à régénérer 40 à 45 jours après l’amputation.
Cette durée s’est élevée à 50 jours pour six animaux et à 60 jours
pour deux autres Tritons. Par contre, huit seulement n’ont présenté,
dans la suite, aucune régénération du côté opéré. L'écart moyen
entre le côté témoin et le côté opéré est de 15 à 25 jours.
20 Série B I b.
Résection des nerfs suivant ab-a’b',amputations dans le zeugopode (AB)
(fig. 13) 30 jours après la suppression de l’innervation.
10 Triton cristatus subissent la résection du plexus brachial le
24 avril et, un mois plus tard, le 24 mai 1921, l’amputation bila-
térale dans la région distale du zeugopode.
Les pattes témoins montrent toutes un bourgeon de régénération
bien visible, 25 à 30 jours après l’amputation. Du côté opéré, rien
n’est encore perceptible, en ce moment, dans la généralité des cas;
le Triton E, cependant, montre un bourgeon très net. 45 jours après
l’amputation, les régénérats des pattes témoins sont soit au stade
de «palette» avec des faibles sillons interdigitaux, soit déjà
à un stade de différenciation plus avancée. À ce moment, on
remarque, du côté opéré, de grands bourgeons chez sept autres
individus. Les deux derniers individus ne révèlent alors aucune
trace de régénération, mais, tandis que chez l’un d’eux, cas C, la sur-
face d’amputation est lisse et brillante, présage d’une très prochaine
reprise de la poussée régénératrice, l’autre individu, J, présente,
pan nd ns
CROSS
DT
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 95
par contre, une surface d’amputation parfaitement plane, cica-
trisée et pigmentée.
La fig. 33 montre l’état de ces pattes 10 jours plus tard — 55 jours
après l’amputation. Le dernier individu n’est le siège d’aucune
régénération jusqu’à la fin de l’expérience. On remarquera combien,
une fois commencée, la régénération tardive chez les opérés peut
HE
ON
8:
A B œ D F
8: “d, Ar -d' es. d- g-. /d. a de
EF G H Î J
Ste de Lau. Où EP N A &=.,2 08 8: d.
F G FRA [ J
Nic 33.
Dessins des deux pattes de tous les individus de la série BI. 1re et IIIme
rangées: 55 Jours après l’amputation, 85 jours après la résection des nerfs du
plexus; IIme et IVme rangées : 85 jours après l’amputation, 115 jours après
la résection du plexus.
96 O. SCHOTTÉ
devenir rapide, au point que les différences entre les deux côtés
vont en s’atténuant rapidement.
Un mois après, un dernier dessin de cette série montre à nouveau
pour chaque individu (fig. 33, 2e et 4me rangées) le degré d’évolu-
tion des pattes en régénération. Le Triton C possède à présent un
bourgeon nettement visible. Les individus D, E et G présentent
des évolutions anormales dues au rétrécissement des régénérats du
côté des pattes opérées par suite de la cicatrice qui a eu le temps
de s’établir.
En résumé, les individus de cette sous-série ont présenté des
débuts de régénération déjà visibles 45 jours (dans un cas excep-
tionnel, 35 jours) après l’amputation et, ainsi, l'écart entre l’appa-
rition du bourgeon de régénération du côté opéré et du côté
témoin n’est plus que de 10 à 20 jours. Un seul individu, parmi
10, n’a été le siège d'aucune régénération pendant toute la durée
de l’expérience (plusieurs mois).
30 Série BI c.
Résection des nerfs suivant ab-a'b", amputations dans le zeugopode (AB)
(fig. 13) 40 jours après la suppression de l’innervation.
J’ai distingué, pour cette série d’opérations, trois sous-séries
différentes non seulement parce qu'il s’agit là d'animaux appar-
tenant à trois espèces différentes, mais surtout parce que les dates
des opérations diffèrent.
a) Série B I c,. — 11 T. cristatus. Résection du plexus le 18 mai,
amputations bilatérales le 27 juin 1922.
Toutes les pattes témoins (il s’agit d’une série composée presque
exclusivement de jeunes individus), présentent, 20 jours après
l’amputation, des bourgeons de régénération bien visibles qui,
10 jours plus tard, atteignent le stade palette chez quelques-uns
seulement des 11 individus; d’autres ne montrent alors qu’un grand
cône applati au sommet et où les sillons des doigts vont prochaine-
ment apparaître. C’est à ce momert, 30 jours après l’amputation,
que la régénération devient visible du côté opéré, chez 6 individus
et 10 jours plus tard chez les 5 autres. La suite des phénomènes
ne présente plus rien de particulier. |
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 97
b) Série B I c,. — 13 T. alpestris. Résection des nerfs le 15 mai,
amputations bilatérales le 24 juin 1921.
La fig. 34, dont les rangées 1 et 3 permettent de suivre l’état de
régénération de 12 individus de cette série, montre que, 27 jours
après l’amputation, les pattes antérieures droites se trouvent, soit
au stade de bourgeon de régénération, un peu tardif dans quelques
cas, soit au stade de cône, ou présentent, enfin, un début de diffé-
renciation des doigts. Du côté opéré, on remarque en ce moment
un bourgeon de régénération dont l’apparition est absolument
MANARANONNC
ANANAAANA
SOON
Dia ménaQA ne
Œ e
Le)
G H Ï J K É
FiG. 34.
Dessins des deux pattes de 12 individus de la série BIc, (T. alpestris)
1re et III1me rangées: 27 jours après l’amputation, 67 jours après la résection
des nerfs du plexus; IIme et IVme rangées: 60 jours après l’amputation.
Rev. Suisse DE Zoo. T. 33. 1926. 7
98 O. SCHOTTÉ
simultanée par rapport au côté témoin dans 3 cas, tandis que,
dans les 3 autres, il est légèrement en retard dans son développe-
ment par rapport à celui du côté témoin. 33 Jours plus tard, c’est-
à-dire 60 jours après l’amputation, on constate que 6 individus
continuent à ne pas régénérer du côté opéré; parmi les 7 autres,
il y a, à gauche, 2 cas de régénération insuffisante. Le reste des
régénérats évolue tout à fait normalement par rapport au côté
témoin et quelquefois même avec une vitesse accélérée. Comme
toujours, chez T. alpestris, la régénération présente, au point de
vue de la morphologie dés régénérats, des accidents fréquents,
mais qui ne touchent pas à la question qui nous occupe ici, ces
accidents se rencontrant également du côté normalement innervé.
c) Série B I c3. —- 11 T. palmatus. Résection du plexus brachial
le 18 avril, amputations bilatérales le 28 mai 1921.
Par omission, aucune observation n’a pu être faite avant le
40me jour après l’amputation. À ce moment, toutes les pattes
témoins présentent le stade de différenciation en ébauches digitales,
dans un cas seulement on note un cône de régénération aplati.
Du côté des pattes opérées, 2 individus possèdent, en ce mo-
ment, des régénérats absolument identiques à ceux des côtés
Rorananaqnes
8
AA AAnCR
F1G.:95.
Dessins des deux pattes de 6 individus de la série BIc, (T. palmatus).
Gross. lin. environ x 5,5. 17e rangée: 50 jours après l’amputation, 90 jours
après la suppression de l’innervation: I11M€ rangée: mêmes individus 80 jours
après l’amputation.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 99
témoins correspondants; 2 individus montrent le même stade de
régénération, mais un peu plus petit que du côté témoin; 2 autres
individus, enfin, ne révèlent qu’un faible début de régénération
du côté où l’innervation avait été supprimée, 80 jours auparavant.
5 individus n’ont présenté aucune trace de régénération pendant
plusieurs mois. La fig. 35 montre, mieux que toute explication
verbale, les différentes phases de la régénération, 50 jours et 80 jours
après l’amputation.
En résumé, les 35 individus de la série B I c, chez lesquels l’ampu-
tation avait été pratiquée 40 jours après la résection des branches
du plexus, peuvent être groupés de la façon suivante:
10 Dans 7 cas, l’apparition du bourgeon de régénération du côté
opéré est absolument simultanée avec celle du côté témoin (indi-
vidus amputés en mai et juin), les bourgeons étant identiques des
deux côtés du même individu, 30 jours après l’amputation.
20 Dans le cas de 6 individus amputés en août (série BIc,), le
bourgeon de régénération apparaît du côté opéré également 30
jours après l’amputation, mais se trouve être retardé de 10 jours,
par comparaison avec le côté témoin.
39 Dans 10 cas, l’apparition du bourgeon de régénération est en
retard d’une vingtaine de jours par rapport au côté témoin.
49 12 individus enfin n’ont été le siège d’aucune régénération
pendant de nombreux mois.
40 Série B I d.
Résection des nerfs suivant ab-a'b", amputations dans le zeugopode (AB)
(fig. 13) 60 jours après la suppression de l’innervation.
Les animaux opérés de cette façon doivent être étudiés en trois
sous-séries séparées, les amputations ayant été effectuées à des
dates variables.
a) Série B I d,. —9T. cristatus. Opération nerveuse le 22 mars,
amputations bilatérales le 22 mai 1921.
Les individus de ce groupe étant d'âge très variable, de grandes
différences s’observent dans la vitesse de régénération du côté
_ témoin: la fig. 36, faite 55 jours après l’amputation, montre, pour
4 animaux, ces différents degrés d'évolution des régénérats du côté
100 O. SCHOTTÉ
8: dd: g- d. S- d. 8° de |
A B E D L |
MOMIE
g- d. gr HAE" d. g d: » |
A B G D
F1G. 36.
. Dessins des deux pattes de 4 individus de la série BI d,. 17e rangée: 55
jours après l’amputation, 115 jours après la résection du plexus; II"e rangée:
mêmes individus, 85 jours après l’amputation.
témoin: tandis que les uns se trouvent encore au stade de bourgeon
de régérération, d’autres ont déjà des doigts parfaitement diffé-
renciés. Du côté opéré, la régénération débute simultanément avec
le côté témoin, 30 jours après l’amputation, dans 2 cas: A et
B; 5 autres cas présentent un simple retard de 10 jours par rapport
au côté témoin, tel le cas C; 1 individu n’a commencé à régénérer
qu’au bout de 90 jours; enfin, un dernier animal ne régénéra pas
du côté privé de nerfs.
Les dessins de la deuxième rangée, faits un mois plus tard mon-
trent un état de choses tout à fait comparable et, dans quelques
cas même, un état plus avancé de régénération du côté opéré que
du côté témoin.
b) Série B I d,. — 14 T. alpestris. Résection du plexus le 16 mau,
amputations bilatérales le 15 juillet 1921.
La régénération est très rapide chez tous les individus de cette
série: 15 à 20 jours après l’amputation, le bourgeon de régénéra-
tion devient visible sur toutes les pattes témoins et aussi sur 12
pattes opérées, d’ure façon absolument simultanée. Un des indi-
vidus se met à régénérer 30 jours après l’amputation ; un enfin,
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 101
cas H, ne régénère pas du tout, pendant toute la durée de
l'expérience.
Les dessins de la fig. 37 montrent des régénérats déjà très avancés,
40 jours après l’amputation, et l’état d’évolution extrêmement
voisin des régénérats des deux côtés du même individu. Il est
intéressant de noter que, dans la majorité des cas, la taille des
RAR RAOAN AAA
AAAAPAAARAAA A
H ] J K L M N
Fre:47
Dessins des deux pattes de tous les individus de la série B I 4, (T. alpes-
tris). 17e et 2me rangées: dessins effectués 40 jours après l’amputation, 100
jours après la résection des nerfs.
régénérats du côté opéré varie dans le même sens que celle des
régénérats du côté témoin. On remarquera également que les acei-
dents de la régénération sont aussi fréquents d’un côté que de
l’autre.
c) Série B I ds. — 11 T. palmatus. Résection des nerfs du plexus
le 25 avril, amputations bilatérales le 24 juin 1921.
15 jours après l’amputation, toutes les pattes témoins présentent
des bourgeons de régénération bien visibles, et 1l en est de même,
à gauche, pour 9 individus. 25 jours après l’amputation, le dixième
individu se met à régénérer; { seulement s’est révélé absolument
réfractaire à toute régénération du côté opéré.
La fig. 38 montre l’état d'évolution des régénérats des deux côtés
de sept individus, 1 mois après l’amputation (3 mois après la
résection du plexus). On constatera que, dans bien des cas, la régé-
102 O. SCHOTTÉ
nération est plus avancée du côté opéré, bien que ces différences
semblent s’effacer et même changer de sens, comme le montrent
les dessins effectués un mois plus tard (60 jours après l’amputation).
AAA BAR
A LL
Le
Le
d
A B Eee D 5 F
Fc. 38.
Dessins des deux pattes de 7 individus de la série BId, (T. palmatus)
(gross. lin. environ X 5,5). 17e rangée: 30 jours après l’amputation, 90 jours
après la résection des nerfs; 2€ rangée: dessins de 6 individus (le Triton G
est mort après le premier dessin) 60 jours après l’amputation.
En résumé, les 34 individus de la Série B I d, chez lesquels l’am-
putation des pattes a été retardée de 60 jours par rapport à la sup-
pression de l’innervation, ont montré, dans leur régénération, un
comportement assez uniforme:
19 24 individus régénérèrent simultanément des deux côtés dans
le temps requis pour la saison de l’année.
20 6 individus présentèrent du côté opéré un retard de 10 jours
sur celui du côté témoin; 1 Triton régénéra encore plus tardive-
ment.
30 3 individus seulement sur 34 n'avaient pas régénéré au bout
de plusieurs mois.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 103
50 Série BTe.
Section simple des nerfs suivant ab, amputations dans le zeugopode (AB)
(fig. 12) 100 jours après la suppression de l’innervation.
6 T. cristatus. Section des nerfs le 16 janvier, amputations
le 24 avril 1921. |
L'intérêt de cette série réside dans le fait que l’opération sur les
nerfs a été pratiquée en plein hiver. La comparaison avec les
résultats de la série À I montre combien, en cette saison, la reprise
du pouvoir régénérateur est tardive.
30 jours après l’amputation, les pattes gauches et les pattes
témoins se mettent à régénérer simultanément, dans 5 cas; le dernier
individu présenta un léger retard de 15 jours par rapport au côté
témoin.
Résumé pour les Séries B Ta à Be. Tous les 114 individus
de la série B I ont subi la même intervention sur les nerfs (niveau
ab-a’b’) et ont tous été amputés au même niveau distal (AB) du
zeugopode. Par contre, les dates d’amputation ont varié dans les
limites de 20 à 100 jours après la section nerveuse.
Cette série, uniforme quant aux données opératoires, variable
quant au temps écoulé entre le moment de la section nerveuse et
celui de l’amputation, présente en ce qui concerne le moment
d'apparition du pouvoir régénérateur du côté opéré, comparati-
vement au côté témoin, une sériation remarquable et qui se tra-
duit par une diminution continue de l’écart existant entre les
dates d’apparition du bourgeon de régénération des deux côtés
d’un même individu:
10 Après l’amputation pratiquée 20 jours après l’ablation du
plexus, cet écart moyen est de 25 jours.
20 Après l’amputation retardée de 30 jours, l’écart moyen est
de 15 à 20 jours.
30 Après l’amputation retardée de 40 jours, l’écart moyen
descend à 5 jours.
49 Il disparaît complètement si l’on ampute 60 jours (en été)
ou 100 jours (en hiver) après la résection du plexus.
Si l’on porte en abscisses le nombre de jours qui s’écoulent entre
la suppression de l’innervation et les amputations, en ordonnées
104 O. SCHOTTÉ
l'écart moyen dans l’apparition du bourgeon de régénération des
deux côtés des individus d’une même sous-série, on obtient une
courbe décroissante d’allure régulière (fig. 39).
20 n' 1:12 60
Fire. 39.
Diagramme représentant graphiquement les principaux résultats des séries B I.
$ 2. Série B II. Résection du plexus brachial suivant ab-a'b',
amputations dans le stylopode (GH) un nombre variable de jours
après la suppression de l’innervation.
Dans les deux sous-séries qui suivent, l’opération sur les nerfs
ainsi que le niveau d’amputation sont identiques (Fig. 21, p. 65),
mais, tandis que dans l’une des sous-séries (B II a) l’amputation
fut pratiquée 10 jours après la résection du plexus, l’amputation,
dans l’autre série (B IT b), fut faite 20 jours après la première
opération.
19 Série B II a.
Résection des nerfs suivant ab-a'b', amputations dans le stylopode (GH)
(fig. 21) 10 jours après.
8 T. alpestris. Ablation du plexus le 4 et 6 août, amputations
bilatérales le 14 et 16 août 1922.
Toutes les pattes droites présentent un bourgeon de régénéra-
tion, perceptible déjà au bout de 15 jours, mais parfaitement net
List
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 105
|
F- 20 jours après l’amputation. Du côté gauche, on observe un
…— début de régénération nettement décelable 25 jours après l’'ampu-
_ tation, chez 4 individus. 10 jours après, 2 autres individus régénèe-
nm rent également; les 2 derniers ne mamifestent une régénération
É- visible que respectivement 45 et 55 jours après l’amputation.
4
= |
ë È ]
Ë
ri ed. OR: g d. 8- d-. g d.
É A B C D E
Ë Fic. 40.
E Dessins des deux pattes de 5 individus de la série B Il a (T- alpestris).
Î 35 jours après l’amputation, 45 jours après la résection du plexus.
Ë La fig. 40 montre que les différences de grandeur des régénérats
—. des deux côtés d’un même individu, 35 jours après l'’amputation,
: assez minimes dans quelques cas, sont toutefois sensibles. L'écart
_ moyen dans l’apparition du bourgeon de régénération entre le
côté opéré et le côté témoin est 1c1 de 10 à 15 jours.
Sur 8 individus, tous ont présenté, du côté opéré, une régénéra-
tion normale, bien que tardive.
|
FE
20 Série B II b.
Résection des nerfs suivant ab-a'b", amputations dans le stylopode (GH)
(fig. 21) 20 jours après la destruction du plexus.
9 T. cristatus et T. alpestris. Opération sur les nerfs le 7 août,
amputations bilatérales le 27 août 1922.
Il n’y a rien de spécial à dire de la régénération des membres
témoins sauf qu'elle apparaît au bout de 20 jours et que, 30 jours
après l’amputation, des pattes de dimensions assez considérables
se trouvent être déjà régénérées. Quant à la régénération des pattes
opérées, elle est, chez 6 individus, absolument simultanée avec celle
des pattes témoins. Chez 2 individus la régénération commence 10
jours plus tard que dans les pattes témoins (30 jours après l'ampu-
106 O. SCHOTTÉ
tation); le dernier individu était entièrement cicatrisé et pigmenté au
bout de 50 jours. La figure 41, très intéressante, montre les états de
régénération des deux côtés de chacun des 9 individus de cette série,
50 jours après l’amputation; 1l sera utile de la comparer soit avec
la fig. 40, soit avec les fig. 22 et 26, relatives aux opérations simi-
laires des séries À.
LR E TA
g- d. g- de g- Œ g-. d. pr sad
A 28 o D E |
a fé re |
DRE BE. 2 Sa0r g d. g- d. E |
F G H ! ‘|
Fic. 41.
Dessins des deux pattes de tous les individus de la série B IT b (T. alpestris
et T'. cristatus), 50 jours après l’amputation, 70 jours après la résection des
nerfs.
Il ressort des résultats de cette série qu’après l’ablation des nerfs
à mi-chemin entre la colonne vertébrale et l'insertion du bras,
et amputation de la patte au ras de l’épaule, pratiquée 20 jours
plus tard, la suppression de l’innervation n’exerce pratiquement
plus d’action sur la régénération du membre, dans l’immense majo-
rité des cas.
Ce résultat, en apparence surprenant, se comprend aisément si
l’on réfléchit qu'après une amputation au ras de l’épaule, la régé-
nération réapparaît, même dans les séries où l’amputation et la
résection des nerfs ont été pratiquées simultanément (série A LIT c),
toujours très rapidement du côté opéré (environ au bout de 35 à
40 jours). Or, c’est précisément le temps qui s’est écoulé entre le
moment de la section nerveuse et celui de l’apparition du bourgeon
de régénération.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 107
Résumé de la Série B II. Les 17 individus de cette série, dans
laquelle le niveau proximal de section des branches du plexus
était le même que dans la série précédente (B I), mais où le niveau
d’amputation portait sur une région voisine de l’épaule, ont montré
un comportement qui cadre admirablement avec les prévisions for-
mulées au début du présent chapitre:
19 Les individus de la série B IT a, amputés 10 jours après la
résection du plexus, ont présenté un retard minimum de 10 jours
par rapport à la régénération du côté témoin.
20 Chez les individus de la série B IT b, amputés 10 jours plus
tardivement que dans la sous-série précédente, l’écart minimum dans
l'apparition du bourgeon de régénération disparaît complètement
et la régénération se fait des deux côtés simultanément.
30 Sur les 27 individus de la série B II, un seulement n’a pas
régénéré d’une façon définitive, du côté privé d’innervation.
Si nous portons, comme précédemment, aux abscisses le temps
écoulé entre la suppression de l’innervation et les amputations, aux
ordonnées l’écart dans l’apparition du bourgeon de régénération
entre les deux côtés du même individu, on remarque que nous ob-
tenons à nouveau une courbe régulièrement descendante (fig. 42).
10 20 30
Frier22.
Diagramme représentant graphiquement les principaux résultats des séries
B II. Le trait en pointillé représente l’extrapolation de la courbe obtenue jus-
qu’à l'intersection de cette dernière avec l’axe des ordonnées. (Amputations
et résection des nerfs simultanés.)
Les résultats prennent toute leur valeur si on les compare à ceux qui
sont obtenus après les mêmes interventions opératoires pratiquées
non plus successivement, mais simultanément (Série À IIT c).
108 O. SCHOTTÉ
La simultanéité dans l’apparition des bourgeons de régénéra-
tion des deux côtés de chaque individu ayant déjà été obtenue dans
la série où les amputations sont retardées de 20 jours seulement,
des séries à amputations encore plus tardives deviennent parfai-
tement inutiles et n’ont pas été exécutées.
$ 3. Série B III. Résection du plexus brachial suivant cd-a'b,
amputations suivant AB un nombre variable de jours après la
suppression de l’innervation.
Comme dans la série B I, le niveau d’amputation porte sur une
région distale du zeugopode (AB). Mais maintenant le niveau pro-
ximal de section n’est plus ab, mais passe tout près de l’origine
du plexus suivant cd, le niveau de résection étant comme toujours
a’b’ (fig. 23, p. 67)
Ces conditions opératoires étant invariables, je distinguerai 3
sous-séries, suivant que l’amputation a été pratiquée 20 jours
(série B III a), 40 (série B III b) ou 75 jours (série B III c) après la
suppression de l’innervation.
10 Série B III a.
Résection des nerfs suivant cd-a'b', amputation dans le zeugopode (AB)
(fig. 23), 20 jours après l’extirpation du plexus.
a) Série B III a,.6 T. cristatus. Opération nerveuse le 10 août,
amputations bilatérales le 30 août 1921.
Les conditions opératoires de cette série ne sont pas tout à fait
celles énoncées plus haut. En effet, ici, après la section des 3
nerfs du plexus brachial, le bout proximal des nerfs a été saisi
avec une pince et très fortement tiré jusqu’à ce que l’on obtienne
l’arrachement d’un segment plus long allant souvent jusqu’à l’ori-
gine des nerfs rachidiens.
Les pattes témoins régénèrent au bout de 20 jours. Pour les
pattes opérées, au contraire, le comportement est sensiblement diffé-
rent. 50 jours après l’amputation, les surfaces de section sont encore
tout à fait planes. 20 jours plus tard seulement, 70 jours après
l’amputation, la régénération débute chez 3 individus. Un autre
commence à régénérer 80 jours après l’amputation. Deux individus
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 109
n’ont été le siège d’aucune régénération pendant les 6 mois que dura
cette expérience.
Les dessins de la fig. 43 ont été faits 30 jours plus tard que ceux
de la série B I a, (fig. 32). La comparaison des deux figures montre
RCE
A PE E D
F1G. 48.
Dessins des deux pattes de 4 individus de la série B III a,, 80 jours après
l’amputation, 100 jours après la résection des nerfs.
comment, malgré cette différence de 30 jours, rendue bien mani-
feste par la dissemblance des pattes témoins des deux séries, les
pattes opérées sont, dans les deux cas, au même stade de début
de régénération. Celle-ci s’est donc produite, en somme, 30 jours
plus tard que dans la série mentionnée, ce qui est à mettre sur le
compte d’une section plus proximale du plexus nerveux, extrait
par arrachement. |
Dans cette série, l’écart entre les deux pattes en régénération est
de 55 à 60 jours, tandis que 2 individus sur 6 ne régénèrent pas du
tout.
b) Série B III à. — 12 T. cristatus. Ablation du plexus depuis
son origine le 31 juillet, amputations bilatérales le 20 août 1922.
Les conditions opératoires énoncées plus haut sont ici exécutées
rigoureusement (méthode opératoire B) et correspondent exacte-
ment au schéma de la fig. 23.
Du côté témoin, la régénération débute visiblement 20 jours
après l’amputation et aboutit 30 jours plus tard à une main
pratiquement achevée. Du côté opéré, ce n’est que 75 jours
après l’amputation que l’on aperçoit, chez 3 individus, des bour-
geons de régénération. 10 jours plus tard, 3 autres régénèrent éga-
lement, tandis que les 6 derniers individus n’ont présenté aucune
régénération pendant plus de 4 mois.
110 O. SCHOTTÉ
La fig. 44, faite 85 jours après l’amputation, montre des régéné-
rats très avancés du côté des pattes témoins, tandis que de jeunes
bourgeons de régénération commencent seulement à apparaître
chez quelques individus.
L'écart minimum dans l’apparition du bourgeon de régénération
est ici de 55 à 65 Jours.
[av
(8j)
Q.
(ee!
rot
(Q
[eu
ee
Q
A B é D E
F1G. 44.
Dessins des deux pattes de 5 individus de la série B III a, 85 jours après
l’amputation, 105 jours après la résection des nerfs.
20 Série B III b.
Résection des nerfs suivant cd-a'b', amputations suivant AB (fig. 23)
40 jours après l’extirpation du plexus.
14. T. cristatus. Résection du plexus le 21 juillet, amputations
bilatérales le 30 août 1922.
Du côté témoin, la régénération est générale 20 à 25 jours après
lamputation. À ce moment, rien n’est encore visible du côté
opéré. 35 jours après l’amputation, cependant, un bourgeon de
régénération devient visible, de ce côté, chez un très jeune individu,
alors que le régénérat de la patte témoin de ce dernier présente
des doigts assez bien individualisés. 10 jours plus tard, 45 jours
après l’amputation, la régénération devient macroscopiquement
décelable chez 2 autres individus et chez 4 autres enfin, au bout
d’une nouvelle période de 10 jours. Les 7 individus restant se sont
montrés réfractaires à toute poussée régénérative.
11] s’agit de l'individu A, sur la fig. 45, qui s'était métamorphosé au la-
boratoire et qui était de ce fait à peine âgé d’une demi-année. La comparaison
des dessins des pattes de cet individu, avec ceux des autres individus de cette
série explique du reste suffisamment le comportement aberrant de ce jeune
Triton.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON FIL
Les dessins des pattes de 5 des individus de cette série, effectués
60 jours après l’amputation (fig. 45), montrent ces états des régé-
nérats; 1l sera utile de les comparer d’une part avec les dessins
de la série précédente (fig. 43 et 44) et d’autre part avec les dessins
AAFACLQINE
A B & D E
Fire Æb
Dessins des deux pattes de 5 individus de la série B III b, 60 jours après
l’amputation, 100 jours après la suppression de l’innervation.
de la série BI c (fig. 33, 34 et 35), relatifs à des cas où la date d’ampu-
tation après la suppression de l’innervation avait été la même, mais
où le niveau de section des nerfs était plus distal.
En résumé, le retard dans l’apparition du bourgeon de régénéra-
tion du côté opéré chez des individus qui avaient été amputés
40 jours après la suppression du plexus depuis son origine, est de 15
jours, dans un cas exceptionnel, de 25 jours en moyenne. 7 individus
parmi 14 n’ont présenté aucune régénération pendant toute la durée
de l’expérience.
30 Série B III c.
Résection des nerfs suivant cd-a'’b", amputations dans le zeugopode (AB)
(fig. 23) 75 jours après l’extirpation du plexus.
-9T. cristatus. Résection du plexus brachial le 25 juillet, ampu-
tations bilatérales le 8 octobre 1922.
. Du côté témoin, les bourgeons de régénération deviennent visibles
30 jours après l’amputation chez presque tous les individus et 5 jours
plus tard dans la totalité des cas. Du côté opéré, des bourgeons
deviennent manifestes, chez 4 individus, à la même date; un autre
individu se met à régénérer un peu plus tardivement; 4 Tritons,
enfin, n’ont été le siège d’aucune poussée régénérative pendant plus
de 5 mois, jusqu’à ce que l’expérience prenne fin.
112 O. SCHOTTÉ
La fig. 46 représente les résultats 50 jours après l’amputation. On
voit qu’elle est en tous points comparable avec les fig. 36 et 37 des :
séries B /d, et B Jd,, où les nerfs du plexus avaient été réséqués
suivant ab-a'b' et où l’amputation avait été pratiquée 60 jours
après la suppression de l’innervation. À ce point de vue, cette
série méritait d’être relevée.
d. 8.
A B E D E
F1G. 46.
Dessins des deux pattes de 5 individus de la série B IIT c, 50 jours après
l’amputation, 125 jours après la suppression de l’innervation.
Il résulte des 9 cas envisagés, qu'après l’ablation du plexus dans
sa totalité, et une amputation retardée de 75 jours, l’apparition du
pouvoir régénérateur se fait du côté opéré simultanément avec
le côté témoin. 4 individus sur 9 n’ont présenté aucune régénération
du côté où leur innervation avait été si radicalement supprimée.
Résumé de la série B III. Pour la discussion, il sera utile de faire
abstraction des 6 cas de la série B 77]a dans laquelle les conditions
opératoires ne sont pas tout à fait celles qui avaient été annoncées.
Les séries B ITTa,, B III et B ITIc dans lesquelles, pour une même
intervention opératoire et un même niveau de section des pattes,
l’amputation avait été retardée respectivement de 20, 40 ou de 75
jours, présentent au contraire des écarts décroissants dans les dates
d’apparition du bourgeon de régénération entre les deux côtés du
même individu:
19 L’amputation suivant AB étant pratiquée 20 jours après la
suppression du plexus, l’écart est de 55 jours.
2° Pour la même opération, cet écart devient égal à 25-35 jours
lorsque l’amputation a été pratiquée 40 jours après la suppression
de l’innervation. Il faut excepter un très jeune individu qui n’est
guère comparable aux autres. |
39 L'écart devient nul quand, toujours pour la même opération,
les amputations sont effectuées 75 jours après la section nerveuse.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 113
En construisant un graphique (fig. 47) sur le même principe que
pour les deux séries précédentes, on obtient une courbe de même
allure (fig. 39 et 42).
Dans la série A IV a qui correspond aux mêmes données expéri-
mentales que la série B IIT, nous avons constaté un retard de 75 jours
dans l'apparition du bourgeon de régénération du côté opéré, par
rapport au côté témoin. Or, c’est précisément le point atteint par
la courbe si on la prolonge par extrapolation vers la gauche jus-
qu’au moment où il n’y a plus d'intervalle entre les 2 interventions.
(Trait en pointillé de la fig. 47.)
0 20 40 60 75
re: 27:
Diagramme représentant graphiquement les principaux résultats des sésies
B III. Le trait en pointillé représente l’extrapolation de la courbe obtenue jus-
qu’à l'intersection de cette dernière avec l’axe des ordonnées (amputations et
résection des nerfs simultanées).
$4. Série B IV. Résection du plexus brachial suivant cd-a'b',
ampütations suivant GH, un nombre de jours variable après la sup-
pression de l’innervation.
Comme dans la série B IT, le niveau d’amputation porte sur une
région proximale du stylopode (GH), mais le niveau de section
proximal du plexus est ici cd (fig. 25, p. 70), le niveau de résection
étant toujours a'b’.
Je distinguerai deux sous-séries suivant que l’amputation a été
pratiquée 10 jours (série B IV a) ou 20 jours (série B IV b) après
l’extirpation du plexus.
Rev. Suisse DE Zoo. TL. 33. 1926. 8
114 O. SCHOTTÉ
10 Série B IV a.
Résection des nerfs suivant cd-a'b", amputations dans le stylopode (GH}
(fig. 25) 10 jours après la résection du plexus.
Il résulte des conditions opératoires de cette série qu’elle est
comparable avec la série B IT a, tant au point de vue du niveau
d’amputation qu'à celui du retard apporté à l’amputation. Elle en
diffère, cependant, par le niveau de section des nerfs qui cor-
respond ici à l’origine même du plexus.
Pour obtenir des résultats comparables avec ceux de la série : IT a,
j'ai opéré exactement à la même époque de l’année.
7 T. alpestris. Ablation du plexus le 3 août, amputations bilaté-
rales le 13 août 1922.
Les pattes témoins régénèrent très rapidement et présentent,
dans tous les cas, des bourgeons de régénération, une vingtaine de
jours après l’amputation.
Les pattes opérées, par contre, régénèrent plus tardivement. Dans
quatre cas, la régénération devient apparente 45 jours après l’am-
putation: 2 individus commencent à régénérer respectivement 5 et
10 jours plus tard; 1 individu, enfin, n’a présenté aucune régéné-
ration pendant tout le temps où il a été observé (6 mois).
La fig. 48 montre l’état de régénération des deux pattes de cinq
individus de cette série, 55 jours après l’amputation. Il sera très inté-
ressant de la comparer d’une part avec la fig. 40 de la série B II a
déjà mentionnée et d’autre part avec la fig. 26 de la série A IV b, où
l’intervention opératoire et le niveau d’amputation sont les mêmes,
mais où les deux opérations ont été effectuées simultanément.
Il ressort des résultats de la série B IV a que l’écart minimum
dans l’apparition des bourgeons de régénération des deux côtés
est de 25 à 30 jours (un seul individu sur 7 n’a pas régénéré).
Fic. 48.
Dessins des deux pattes de 5 individus de la série B IV a, 5 Jours après
Pamputation, 65 jours après la résection du plexus.
7, nt + -
da À " | - Te =
Res + —
Æ-
É..
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 145
20 Série B IV b.
Résection des nerfs suivant cd-a'b', amputations suivant G H
(fig. 25) 20 jours après la résection du plexus.
10 T. cristatus. Ablation du plexus le 1er août, amputations
bilatérales le 21 août 1922.
Cette série peut être comparée avec la série B IT b, où la date
et. le niveau d’amputation sont les mêmes, mais où le plexus avait
été réséqué suivant le niveau proximal ab, tandis qu’iciil est extrait
depuis son origine.
Du côté témoin, la régénération rapide et commençant au bout
de 20 jours, aboutit à une petite patte avec début de différen-
ciation des doigts, 50 jours après l’amputation.
Du côté opéré, 5 individus commencent à régénérer au bout de
35 jours. Les dessins effectués (fig. 49) 50 jours, après l’ampu-
DAT AA
F1G. 49.
Dessins des deux pattes de 5 individus de la série B IV b, 50 jours après
l’amputation, 70 jours après la résection du plexus.
g. d.
tation, montrent nettement la différence de taille des deux sortes
de régénérats. Cet écart de taille contraste singulièrement avec celui
de la fig. 41 de la série B II b. On verra, sur la même figure, que
3 autres individus présentent, à ce moment (50 jours après l’ampu-
tation), un gros bourgeon. Enfin, 4 individus ne montrent aucune
régénération du côté privé d’innervation.
L'écart minimum entre les dates d'apparition des régénérats des
deux côtés fut, dans cette expérience, de 15 jours.
Il résulte de ces deux sous-séries B IV a et B IV b que si, pour
un même niveau proximal (cd) de section des nerfs et un même
miveau d’amputation (GH) des pattes, les dates d’amputation
_ varient, on obtient des écarts variables de la façon suivante:
1° L’amputation étant retardée de 10 jours, l’écart dans l’appa-
116 O. SCHOTTÉ
rition du bourgeon de régénération entre le côté témoin et le côté
opéré présente une valeur minimum de 25 jours.
20 L’amputation étant retardée de 20 jours, les conditions opé-
ratoires étant les mêmes, on obtient, comme valeur minimum des
écarts, 15 jours. R
30 La différence des retards dans les dates d'apparition des bour-
geons de régénération du côté opéré, 25 —- 15 — 10 jours, corres-
pond ainsi exactement à la différence (10 jours), que présentent
les retards dans les dates d’amputation.
49 Sur 17 individus de cette série, 5 ne présentèrent aucune régé-
nération pendant plusieurs mois.
En reportant comme précédemment les données de cette série
dans un graphique (fig. 50), on obtient une courbe qui, poursuivie,
par extrapolation, au-delà des résultats obtenus, indique que l’on
obtiendrait la simultanéité dans l’apparition du bourgeon de régé-
nération en pratiquant l’amputation 35 jours après la suppression
de l’innervation. Cette prolongation est d’autant plus admissible
que, lorsque l’amputation est pratiquée simultanément avec la
résection du plexus suivant cd (série A IV b), on obtient réelle-
ment cette valeur pour le retard dans l’apparition du bourgeon de
régénération, qui est, en effet, égal à 35 jours.
F1G. 50.
Diagramme représentant graphiquement les principaux résultats des séries
B IV. Trait plein — courbe obtenue; trait en pointillé — extrapolation des
données de la courbe,
117
CHEZ LE TRITON
RÉGÉNÉRATION
"AIPUI % sanof CI sanol : 08 sanof G£ H-1 4D-p9 sanof 0% 100 T& 100 O0 Q{ AI
*‘AIDUI I sanol c% san of. 08 sanof Gy H-» Q4,D-p9 | sanof 0} 1008 97 jnoe £ 1 D AI
"ATPUI & 0 sImol 06 SsImof 0€ «a LA «4,D-P9 sinof GL ‘90 $& JoITal 68 ) 24 IIT
"ATPUT L SInof G£-G& | Sanof 08 sanol GG-Gy ENT 4 D-P) SINOT 0€ JU0t Fè Jorrenl Fè VA’ Q4 III
« 9 € cG « 08 « CZ "PI "PI "PI JQot 08 Jon l 76 ra! 304 ITI
"ATPUT à sanof 06 sanof 0% Sanof OL CEA. «4 D-P)9 sinol 08 J008 0€ Juo0t 07 9 0€ III
"ATPUT F (] Ssanol Où sanof 08 ETAT RE) 4 D-Q0 | sinof 08 00e Lè 00e L 5 qa II
"AIDUT sanol OI sanol CI sanof Gà Hi =) «4 D-Q0 | Ssanof O7 3006 9T-YT JGOE 9-7 8 D4II
‘AIPUT (} ( sanof 0£ san of 0€ - V AD-qn0 Ssanol O0! IHAR 8 ‘AUCI 97 9 I
RE v np 0 « (ES « 0€ “pl “I ‘PI unf à IMAB GR A Pal
L | 0 « Cy « GT "PI "PI “DI JIM G7 CU 9} Va! pa I
‘"ATPUI | 70 sanol O£ sanof 06€ HV 4 0-49 | smol 09 [eu [à SIPUI 88 j PaI
t G © /07-0 En a "PI "PI "Pl [EU 88 [HAE 81 [2 sa I
« 9 C OF-0 "pl CAD SAUG "PI "pl "PI uni %% BU GI 17 IG
*AIDUL () sanof (] SInof 08 sinof O(£ &-v 4.9-Q9 | sinol 0% uini Là Ie 8} LI 14 I
AIPUI F SinOÏ GF-07 | SAnof 06-68 | SINOÏ Gy-GE a-v 4,n-qQ0 | Sanof 08 IUT %% | THJAB 8 OF qa I
& Û « 0€ ( Où “ O6 "PI "PI ‘pl 00e 06€ NO OT 6 SD I
(ù 6} & Gè « 07 "PI "PI "pi urul & IEU 6} 9 "Da I
"AIPUI Z | Sanof GZ-G] SINOÏ C3-0% | SAnoi Gy-Ge &a-vV A0-QqQ9 sanol 6% un! 9 IEU LI | 4 I
JJUISAR | SUOIJRIOUYS UOWYJ 9109 | 94940 97109 u01J] SJHOU S9pD 9P 929pP UOT 4 syaou SNPIA
uote -91 XN9pP SA] UOT PA -Ndue,p U017998 -16J94 UT) -vndue | Sa ans -[DUI,P 119$
-DJUYTIU O1JU9 JAP ST -JU959i E] &P UOr}HeddY NEOAIN 9P NPAAIN | -UINdUY Ssu01/219d0 JIŒUON
|
"4 SAIUAS SHQ NOILV'INLIdVOAXH —- II AVAIAVL
118 O. SCHOTTÉ
$S 5. Récapitulation.
Si l’on considère séparément chacune des 4 séries qui précèdent,
on voit que, dans tous les cas, pour un même niveau de section
nerveuse et d’amputation, le retard que met — par rapport à la
patte témoin — la patte opérée à entrer en régénération est d’au-
tant plus petit que l’amputation a été faite plus longtemps après
la section nerveuse (voir tableau Il).
Aïnsi, dans la première série B I (ab-AB) on obtient les chiffres
suivants:
Début de régénération
Amputation | de la patte opérée; Retard de la patte
retardée Nombre de jours après opérée |
de l’amputation sur la patte témoin
20 jours 40 à 50 jours 15 à 25 jours
30.55» ASS LD 15522
ADS | RES 19:52
60:20 30770 LR
A partir de 40 à 50 jours, le retard devient nul et la patte opérée
se trouve avoir déjà récupéré son pouvoir régénérateur au moment
de l’amputation, si bien que sa régénération est simultanée avec
celle de la patte témoin.
Dans la 2Me série (B IT), où les conditions opératoires sont ab-GH,
on observe la même décroissance du retard à mesure que le moment
de l’amputation est plus éloigné de celui de la section nerveuse:
Amputation Régénération Retard de la patte
retardée de la patte opérée, opérée
de après l’amputation sur la patte témoin
10 jours | 25 jours _ 10 Jours
20 » 20 » 0 »
Pour la 5me série (B III), à conditions opératoires cd-AB, on
obtient les chiffres suivants:
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 119
Amputation Régénération Retard de la patte
retardée de la patte opérée, opérée
de après l’amputation sur la patte témoin
ee —— |" ——_——— ———— —# | _——_) “0%
20 jours 70 jours 50 jours
30 ) Ra 55 ) 257.2 35 )
HE 209 (1: PE
Pour la 4me série (B IV), à conditions opératoires cd-GH, les
mêmes rapports s'expriment par les chiffres suivants:
Retard de la patte
opérée
sur la patte témoin
Amputation
retardée
de
Régénération
de la patte opérée,
après l’amputation
25 jours
45 ») }
10 jours
D} He
45 jours
S 6 ER
Nous avons vu que,dans le cas de sections nerveuses et d’ampu-
tations simultanées, la patte opérée ne récupère jamais son pouvoir
régénérateur qu'après un certain temps. Ici aussi, cette récupéra-
tion ne se fait qu'après un certain délai. Mais si l’on attend pour
amputer que ce temps se soit écoulé, tout se passe comme si les
neris n'avaient pas été sectionnés et la régénération du côté témoin
devient alors synchrone de celle de la patte témoin, amputée
en même temps. Si l’on ampute plus tôt, le temps déjà écoulé entre
le moment de la section nerveuse et celui de l’amputation a pu être
utilisé par les processus qui permettent à nouveau la régénération.
Il en résulte que celle-c1 apparaît d’autant plus tôt après l’ampu-
tation qu'il y a déjà eu plus de temps disponible entre le jour de
la section nerveuse et celui de cette amputation.
Le temps nécessaire pour la manifestation du pouvoir régéné-
rateur et que l’on pourrait appeler temps total se trouve dans les
dernières expériences décomposé en deux fractions: le délai
écoulé entre la section nerveuse et l’amputation; celui écoulé entre
l’amputation et le début de la régénération. Or, il se trouve que
ce temps total, pour une même série et dans des conditions de saison
comparables, est une constante. De plus, comme il était à prévoir,
il est sensiblement égal au temps nécessaire à la manifestation du
ÿ rot
Wet» “ Mes Ce ec MX
ane mu ns EU del
berge eus éd
CLS
ait in das
120 O. SCHOTTÉ
pouvoir régénérateur lorsque les deux opérations, section nerveuse
et amputation, sont pratiquées simultanément. C’est ce que mon-
tre le tableau suivant:
17 Temps| 2me Temps
De la |Del’amputation
sect. nerv. à la
à l’amput.| régénération
Séries Temps total
1re Séri (ab-AB)
Opérat. simultanées (A) . . 0 jours 60-75 jours
Amput. retardées de 20 jours | 20 » 40-50 » 60-65
» » » 30 » 30 » 45 » 75
» » » 40 » 40 DE SU ER 70
» » » 60 » 60 » 30 » 90%
2me Série (ab-GH)
Opérat. simultanées (A) . . 0 jours 35 jours 35 jours
Amput. retardées de 10 jours | 10 » 25 » 35 »
» » 7205 20 » 20 » 40% »
3me Série (cd-AB)
Opérat. simultanées (A) . . 0 » 80-90 » 80-90 »
Amput. retardées de 20 jours | 20 » 70-75 » 90-95 »
» » » 30 » 2061: 90 » 80 »
) » ». 751» PDU 30 » 405% »
4me Série (cd-GH)
Opérat. simultanées (A) . . 0 59 » 55 »
| Amput. retardées de 10 jours | 10 » 45 » 59 »
| » » »:20.ÿ 20 SX 39 » 59 »
Il faut, pour la compréhension de ce tableau, tenir compte du
fait que dans le temps total, il y a en réalité deux éléments: a) celui
qui s'écoule déjà avant que la régénération apparaisse dans la
patte témoin; b) celui que met la patte opérée à récupérer son
pouvoir régénérateur.
Il en résulte que si l’amputation est faite après que le temps de
récupération de la régénération est écoulé, 1l faut y ajouter le temps
que met la patte témoin à entrer en régénération.
Ainsi, dans la première série, le temps total est, dans le cas d’opé-
rations simultanées, de 60 à 65 jours, tandis que le temps nécessaire
à l’apparition de la régénération de la patte témoin est de 25 jours.
La différence, 35 à 40 jours, représente le temps réel nécessaire au
retour du pouvoir régénérateur. Si l’on ampute au bout de 40 jours,
ce retour est pratiquement effectué et la patte régénère presque
en même temps que la patte témoin, au bout de 30 jours. Si l’on a
attendu 60 jours avant d’amputer, le retour au pouvoir régénérateur
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 121
est depuis longtemps effectué, la patte régénérera 30 jours après
lamputation comme la patte témoin, c’est-à-dire 90 jours après
la section nerveuse. C’est parce que l’on a laissé écouler un temps
supplémentaire entre le moment du retour à l’état normal et celui de
l’amputation que l’on voit, dans les trois premières séries, le temps
total se relever à la fin (cas marqués d’un astérisque).
La comparaison des chiffres relatifs aux opérations simultanées,
et aux cas dans lesquels l’amputation a été retardée (sans dépasser
le temps nécessaire au retour à l’état normal), montre qu'il y a, pour
chaque série, un temps minimum, nécessaire à la reprise du pouvoir
régénérateur. Ce temps de récupération est une constante pour une
même série. :
Par contre, ce temps varie d’une série à l’autre et nous pouvons
faire ici les mêmes constatations que dans les cas d’opérations
simultanées. Ici aussi, le temps nécessaire au retour à la capacité de
régénération est fonction de la distance entre le niveau de section
nerveuse et celui de l’amputation. |
Entre ab et AB, le temps total nécessaire est de 60 à 75 jours,
moins le temps nécessaire (25 jours) à la régénération de la patte
témoin, soit 35 à 40 jours comme valeur moyenne pour le temps de
récupération.
Entre ab et GH ce temps de récupération (30 à 40 — 15 à 20)
s’abaisse à 20 jours.
Entre cd et AB cette durée (80 à 90 — 20 à 30) est de 60 jours.
Entre cd et GH elle s’abaisse (55 — 20) à 35 jours.
Jci encore, l’explication la plus vraisemblable est que le retour
à la capacité de régénération est dû à la reconstitution des axones
sectionnés ; la durée de celle-ci est évidemment d’autant plus longue
que la distance à parcourir est plus grande. Si l’on coupe les nerfs plus
proximalement, le point de départ de la régénération est plus éloigné.
Si on rapproche du corps le niveau d’amputation, on va au devant
des axones régénérés. Pour une distance constante, la régénération
des axones se fait suivant une durée constante, mais variant avec la
saison.
Toutefois, cette explication, qui rend compte du rétablissement
du pouvoir régénérateur, que la section des nerfs avait inhibé, reste
une hypothèse que j’examinerai de plus près à propos des vérifi-
cations physiologiques et anatomiques que j’ai effectuées.
122 O. SCHOTTÉ
CHAPITRE IV.
La suppression globale de l’innervation et la régénération des membres
chez des larves d’Urodèles de 20 à 30 mm.
Les résultats des séries À et B ont démontré l’étroite dépendance
de la régénération des membres des Tritons vis-à-vis du système
nerveux. La présence d’une innervation intacte s’est révélée une
condition indispensable, la régénération faisant défaut en son
absence et apparaissant de nouveau lorsque, semble-t-il, les nerfs
ont été eux-mêmes reconstitués, par régénération. Les artifices
expérimentaux précédemmert utilisés ont montré la très grande
précision de cette dépendance entre le système nerveux et la régé-
nération des pattes.
Jusqu'ici, cependant, mes expériences n’avaient porté que sur
des organismes adultes, âgés de plusieurs années. Il était dès lors
tout indiqué de vérifier la généralité du phénomène observé et
d'établir si la régénération des membres de larves d’Urodèles
obéissait aux mêmes lois que celles des Urodèles adultes.
Le chapitre consacré à l’historique a montré que, dans l’esprit
de tous mes devanciers, la question s’est présentée d’une facon très
simple, puisque les trois auteurs (RUBIN, WiNTREBERT et GOLD-
STEIN) qui ont publié des travaux sur cette question, sont tous
d'accord pour n’accorder au système nerveux aucune action dans
la régénération de ces jeunes organismes.
Par une curieuse inconséquence, les savants qui ont critiqué les
travaux d’après lesquels le système nerveux n’avait pas d'influence
sur la régénération des animaux adultes, ont accepté, sans réserves,
les résultats expérimentaux de RUBIN, GOLDSTEIN et WINTREBERT
qui sont ainsi devenus classiques.
J’ai déjà dit plus haut combien la méthode employée par les
auteurs cités était critiquable, toutes les expériences ayant porté
uniquement sur le cerveau ou la moelle épinière, les ganglions
rachidiens et le système nerveux sympathique étant restés, après
l'intervention opératoire, absolument intacts et en communication
ininterrompue avec les membres.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 123
J'ai repris ces expériences en appliquant aux larves la méthode
qui consiste à réséquer les branches du plexus qui fournissent toute
l’innervation des membres.
Pour donner aux expériences plus de valeur démonstrative, je
me suis efforcé de travailler sur un matériel aussi jeune que pos-
sible, et les larves les plus grandes que j'aie opérées dans ce but
ne dépassaient pas 30mMM, Ainsi, me suis-je tenu constamment
en-dessous de la grandeur des sujets opérés par GOLDSTEIN, le
seul qui ait travaillé sur des larves de Tritons (T. taeniatus).
$ 1. Matériel et techniques opératoires.
J’ai utilisé pour cette recherche des larves de Salamandra macu-
losa, nées le jour même au Laboratoire ou extraites de l'utérus
maternel, et des larves de Triton cristatus et de T. alpestris, fraiche-
ment capturées dans l'étang de l’Institut.
La méthode opératoire est évidemment très délicate, mais j'ai
réussi à extraire toutes les branches des deux plexus avec une
certitude suffisante.
Les larves étaient narcotisées, comme les adultes, dans une solu-
tion d’éther, spécialement préparée à cet usage, quelques gouttes
d’anesthésique suffisant pour 20 cmÿ. La principale condition de
réussite est la rapidité avec laquelle l’opération est effectuée, toute
recherche un peu prolongée des nerfs étant généralement mortelle
pour les larves. Pour l’opération, la larve endormie est placée sur la
table d'opération humectée d’eau pour éviter le dessèchement, puis
toute l’opération est effectuée sous le champ d’une loupe binoculaire,
permettant un grossissement de 27 diamètres. La recherche et la
section des nerfs ne sauraient, en effet, être pratiquées autrement,
les branches du plexus étant, à cet âge, d’une extrême finesse et
presque entièrement transparentes. Pour l'éclairage, il est indis-
pensable de se servir de la lampe Mignoter (Leitz) qui permet d’obte-
nir un faisceau lumineux très puissant et susceptible d’être orienté
à volonté. La résection des nerfs du plexus est pratiquée comme chez
les Tritons adultes. Pour ce qui concerne le niveau de section des
nerfs, je ne saurais donner des indications précises, les branches
du plexus étant réséquées dans des conditions qui ne permettent
pas, à ce point de vue, une précision constante. Je puis cependant
être affirmatif quant au fait de la suppression totale de l’innervation,
124 O. SCHOTTÉ
toute opération douteuse, sauf dans deux cas qui seront signalés
tout spécialement, étant éliminée. La durée de l’opération consistant
dans l’ouverture de la région sous-scapulaire ou sacrée, ainsi que
dans la résection des trois ou quatre branches du plexus, ne doit pas
dépasser cinq minutes. Après l’opération, la larve, dont la plaie ne
peut pas être suturée, est placée dans une solution physiologique
que j’ai composée en modifiant le liquide de Locke, en abaissant
à 0,01 % la teneur en chlorure de chaux, mais en relevant, par
contre, à 0,02 % la teneur en chlorure de potassium. Le liquide
que j'ai utilisé était, en définitive, le suivant:
1. Chlorure de chaux: RSR ESS ER PS
2. » de potassium "5 Ar RE Ee
d: » de sodium, 5" 60e ne ee UE
4, Bicarbonate desoude: 2 22 ER Une
D]
Cette solution est iscmoléculaire à une solution de 0,665 % de
chlorure de sodium.
Ce milieu physiologique à 6,7 /, m'a donné d’excellents
résultats, et, avec cette solution, je n’ai pour ainsi dire pas eu de
décès parmi les larves opérées. La solution saline était préalable-
ment stérilisée, puis très fortement agitée pendant un quart d’heure
au moins avant l’emploi, afin de l’aérer. Faute de prendre cette
dernière précaution, on est certain de retrouver le lendemain les
larves mortes, asphyxiées.
Les individus opérés étaient tenus séparément dans des cylindres
en verre et, 5 à 6 jours après l’opération, le milieu physiologique
était remplacé par de l’eau ordinaire. L'observation et l’enregis-
trement des progrès de la régénération se faisaient tous les trois
jours, ces jeunes organismes régénérant avec une vitesse considé-
rable. La patte opérée et la patte témoin furent dessinées, dans la
règle, tous les dix jours, quelquefois même à des intervalles de cinq
jours seulement. Les dessins furent effectués, comme pour les séries
des Tritons adultes, à l’aide de la chambre claire avec un grossis-
sement linéaire de 27 diamètres. Pour rendre les dessins possibles,
les larves ont été très légèrement narcotisées à l’éther; je n’ai perdu
aucun des individus, malgré ces narcoses répétées, très légères, il
est vrai, contrairement à ce que l’on trouve rapporté par beau-
coup d’auteurs.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 425
$ 2. Série L I. Opérations sur Salamandra maculosa.
a) Pattes antérieures :
19 Série L I à. — 5 larves de S. maculosa, de 25 à 30mm de
longueur, venant d’être extraites de l’utérus maternel, sont opérées,
le 1er mai 1923. |
Comme les conditions opératoires,et consécutivement les résultats,
variaient légèrement, je rapporte ici les résultats de cette série
sous forme d’un tableau:
Début d’apparition du
Niveaux bourgeon de Régén.
d’amputat. A Ecart entre
des Côté témoin Côté opéré les deux
deux LATTES CREER Et FOR ARTE SERRE régénérats
pattes
Nombre de jours
après l’amputation
23 jours
C - D 12 jours 35 jours
A - B 15 jours 60 jours 45 jours
|
G-H 12 jours 30 jours 18 jours
A -B 18 jours 60 jours 42 jours
E-F 12 jours 65 jours 53 jours
Les dessins de la fig. 51, qui ont été effectués 35 jours après l’am-
putation et la suppression de l’innervation, montrent bien l’absence
complète de toute régénération des pattes gauches dans trois cas
(les individus A, D et E visibles sur la figure). Cependant, les deux
autres individus B et C montrent à ce moment, un début de régé-
nération nettement visible du côté gauche. Par contre, la régéné-
ration des pattes droites témoins est partout très avancée.
Il résulte de cette série où les amputations avaient été pratiquées
à des niveaux comparables à ceux utilisés pour les Tritons adultes
que, somme toute, le comportement des larves de Salamandres,
126 O. SCHOTTÉ
QUNSQES
©.
e)
À B GC D E
Fire 54
Dessins des deux pattes de toutes les larves de la série LI a (Salamandra
maculosa) effectués 35 jours après ÉTNURSNES et la résection des nerfs.
(Gross. environ X 5,5.)
au point de vue de l’action du système nerveux, est le même que
celui des Tritons adultes. On observe un retard minimum de 18 jours
dans l’apparition du bourgeon de régénération, puis la régénération
du côté opéré devient également manifeste, consécutivement au
retour nettement observé de la sensibilité et de la motricité de 1
patte primitivement paralysée.
b) Pattes postérieures :
20 Série L I p. — 4 larves de Salamandra maculosa, nées au
Laboratoire le jour précédant l'opération, longues respective-
ment de 25, 28, 29,5 et 30m, sont opérées le 1€ septembre
1923. L’extraction des quatre branches du plexus crural est complète.
Les amputations ont porté sur différents niveaux, comme il ressort
de la fig. 52.
10 jours après l’amputation, deux individus présentent, du côté
témoin, un début douteux de régénération; 17 jours après l’ampu-
AURA
8’ d. g-
A B C D
PrG: 532.
Dessins des deux pattes des 4 larves de la série L I p (S. maculosa) 24 jours
après l’amputation et la résection des nerfs. (Gross. environ X 5,5.)
ty
à
VITRE
É, gl
ca À
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 127
tation, ces deux individus montrent des bourgeons de régénération
bien formés, qui existent aussi chez les deux autres larves, mais
qui y sont plus petits. Du côté opéré, les surfaces d’amputation
semblent être cicatrisées et pigmentées. 24 jours après l’opéra-
tion, les dessins de la fig. 52 montrent, du côté témoin, de larges
palettes avec début de différenciation des doigts, tandis que, du
côté opéré, tous les individus présentent, en ce moment, des surfa-
ces d’amputation parfaitement planes, recouvertes d’un tissu
épithélial normal et pigmenté, comme le reste du corps.
30 jours plus tard — 54 jours après l’amputation — une des larves
a présenté du côté opéré un bourgeon de régénération, alors que du
côté témoin les pattes étaient régénérées, au point de ne plus pouvoir
être distinguées de pattes normales. Les 3 autres individus n’ont
été le siège d’aucune régénération, du côté opéré, pendant plus de
4 mois.
Les résultats obtenus avec les larves de Salamandres, opérées dans
les mêmes conditions que les Tritons adultes, montrent donc très
nettement que la régénération des pattes antérieures et posté-
rieures dépend aussi de leur innervation.
L'apparition du bourgeon de régénération, du côté opéré, ne se
fait, en aucun cas, avant un minimum de 35 jours, alors que du côté
témoin les pattes présentent déjà, à ce moment, des doigts bien
différenciés. L'écart dans l’apparition des deux bourgeons de régé-
nération des mêmes individus est de 18 à 53 jours. 3 individus sur
9 n’ont présenté aucune régénération du côté opéré.
Etant donné l'impossibilité de préciser avec une exactitude sufïi-
sante le niveau de section des branches du plexus, il ne peut être
question 1ci de rechercher les relations existant entre la valeur du
retard de la patte opérée et la distance entre le niveau de section des
nerfs et celui d’amputation.
$ 3. Série L II. Opérations sur larves de Tritons.
a) Pattes antérieures :
Le matériel utilisé ici est indifféremment constitué par des
larves de T. cristatus ou T. alpestris; toutefois il convient de dire
que, pour une même grandeur (dépassant 20 mm), une larve de
Triton cristatus est beaucoup plus jeune qu’une larve de T. alpestris,
les premiers présentant une croissance initiale beaucoup plus forte
que les seconds.
128 O. SCHOTTÉ
30 Série L II a. — 6 larves de T. cristatus de 24 à 28,5 mm et 10
larves de T. alpestris de 22 à 30 mm ont été opérées les 12 et 13
juillet 1923.
Quelques individus ont dû être réamputés, 3 ou 4 jours après
l’opération, par suite du développement de moisissures sur le
moignon.
State
Fre.-58.
Dessins des pattes de 5 premiers individus de la série L II a. 1'° rangée:
12 jours après l’opération; 2Me rangée: 33 jours après l’opération. (Gross. lin.
environ x 5,5.)
La vitesse de régénération est extraordinairement grande chez
les individus de cette série. 4 à 5 jours après l’amputation, le bour-
geon de régénération est déjà macroscopiquement visible du côté
témoin. 5 jours plus tard, les palettes montrent des sillons, indica-
teurs des futurs doigts; 15 jours après l’amputation, les doigts sont
individualisés; 5 jours plus tard encore, la régénération peut être
considérée comme virtuellement terminée.
Les dessins des fig. 53 et 54 (rangées impaires), effectués 11 ou
12 jours après l’amputation, rendent visibles cette rapidité dans la
régénération des pattes témoins. Une comparaison avec les figures
du premier et du troisième chapitres de ce travail (séries A et B)
montrera que ces régénérats de 10 à 12 jours correspondent à des
formations de 2 mois environ, chez les Tritons adultes.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON | 129
EE 8: 4: LR g- LT 5,0 ARE g- d.
$ F G H I J
E
3
F1 ne
É
£ g d. HEAR: À BE. D: ae d.
Er. °F G H I J
# M N O
Pré de
_ Dessins des deux pattes de 10 larves de la série L II a. 17e et 3m rangées:
12 jours après l’opération; 2me et 4me rangées: 33 jours après l’amputation et
_ la suppression de l’innervation. (Gross. environ X 5,5).
Rev. Suisse pe Zooz. T. 33, 1926. 9
130 O. SCHOTTÉ
Ces mêmes figures montrent aussi qu'aucune régénération, ma-
croscopiquement visible, n’est décelable du côté opéré, les surfaces
d’amputation étant en ce moment à peu près planes, contraire-
ment à ce qui avait été observé par RuBin sur des Axolotls
de 12 à 30 cm. Dans quelques cas, si l’on y regarde de plus près,
on voit bien, à la loupe, 3 ou 4 jours après l’amputation, un petit
monticule blanc ressemblant à un bourgeon de régénération, mais
plus tard ce monticule semble se réduire et aboutit ainsi à une
surface d’amputation plane.
20 à 25 jours après l’amputation, les bourgeons de régénération
apparurent également, du côté opéré, chez tous les individus. Les
rangées paires des mêmes fig. 53 et 54 montrent des dessins faits
33 jours après l’amputation et d’après lesquels on voit, du côté
opéré, un stade de régénération identique à celui qui s’observait,
20 jours auparavant, du côté témoin. Il y a, dans l’ensemble de
ces 14 individus, un écart dans l’apparition du bourgeon de régé-
nération allant de 20 à 25 jours.
Deux larves de T. alpestris eurent, cependant, un comportement
aberrant. Ces individus avaient été opérés suivant la même méthode
que tous les autres, mais, pendant la mise à nu du plexus, l’artère
sous-clavière fut atteinte et une violente hémorragie empêcha la
continuation de l’opération. Ces individus régénérèrent des deux
côtés (voir fig. 53 A et fig. 54 F) avec la même vitesse, bien que la
guérison de la blessure ait nécessité plus d’une semaine. Il m’a
semblé utile de rapporter ces deux cas — qui sont en somme des
expériences témoins — pour démontrer à nouveau l’impossibilité
d’une influence sérieuse du traumatisme opératoire sur la régé-
nération, même chez des organismes aussi délicats que le sont des
larves de 23 et 25 mm,
Il résulte des 14 cas, où l’opération avait réussi, que toujours,
chez les larves de Tritons de 22 à 30 mm, on observe, du côté opéré,
une absence du pouvoir régénérateur pendant un minimum de
20 jours. À ce moment, les pattes témoins présentent des régénérats
âgés de 15 jours au moins. L’apparition du bourgeon de régéné-
ration se faisant normalement déjà 5 jours après l’opération,
l'écart dans le début manifeste du pouvoir régénérateur est de 15 à
20 jours. | |
Le comportement exceptionnel des deux individus ayant subi
les mêmes interventions opératoires, mais sans section certaine
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 131
du plexus, démontre une fois de plus l’inexactitude de la théorie
de GoLpFARB, même si l’on cherche à l’appliquer à ces très jeunes
organismes.
b) Pattes postérieures :
49 Série L II p. — Ablation du plexus crural et amputations
bilatérales chez 10 larves de T. alpestris, de 20 à 26 mm, le 31 août
et le 1er septembre 1923.
5 jours après l’amputation, rien n’est encore visible des deux
côtés, chez tous les individus; 3 jours après, cependant, toutes les
pattes témoins présentent des bourgeons de régénération parfaite-
ment nets. 15 jours après l’amputation, les pattes témoins sont
déjà au stade «palette», avec ou sans indications des futurs
doigts.
MAR ATN
A B E D E
anna
£- d. 8: d. g- d. g. d. g: d.
F G H I J
Fic. 55.
Dessins des deux pattes de toutes les larves de la série LIIp {T.. alpestris),
23 jours après l’amputation et la suppression de l’innervation. (Gross. linéaire
environ x 5,5.)
Les dessins de la fig. 55 montrent l’état comparatif des deux
pattes, 23 jours après l’amputation, et il en ressort qu'aucun des
individus n’est encore, en ce moment, le siège de la moindre régé-
nération macroscopiquement décélable du côté opéré, tandis que,
à RP O. SCHOTTÉ
du côté témoin, les doigts sont toujours très bien différenciés,
parfois même parfaitement individualisés.
Un mois après l’opération, un seul individu présente, du côté
opéré, un bourgeon de régénération; 5 jours plus tard, 2 autres
individus montrent le même stade du même côté; encore 5 jours
plus tard — 40 jours après l’amputation — 9 individus sur 10
régénèrent, le dixième n’ayant montré aucune régénération du côté
opéré jusqu’à sa mort, survenue deux mois et demi après l’opération.
Il résulte de cette série que toutes les larves de Tritons de 20 à
26 mm, dont le plexus crural avait été réséqué, montrent, sans
exception, une absence temporaire de régénération pendant 35 à
40 jours en moyenne, sauf pour un individu, où cette durée ne fut
que de 30 jours. La régénération visible apparaissant, à cette
époque, pour les pattes postérieures témoins, 8 jours après l’ampu-
tation, l’écart minimum dans l’apparition du pouvoir régénérateur
est ainsi de 27 à 32 jours en moyenne, exceptionnellement de 22.
Un individu sur 10 n’a présenté aucune régénération jusqu’à sa
mort (75 jours après l’amputation).
$ 4. Conclusion.
10 Chez les larves d’'Urodèles ayant au moins 20mm, comme
chez les Tritons adultes, la suppression complète de l’innervation,
par section des nerfs, inhibe la régénération des pattes antérieures
et postérieures (33 cas).
20 Cette inhibition de la régénération des pattes est temporaire
dans l’immense majorité des cas (29 sur 33), et l’on assiste alors à la
reprise d’une régénération tardive. Celle-c1 débute, pour les larves
des Tritons, en été, déjà 20 à 25 jours après l’amputation (pattes
antérieures), en automne, 35 à 40 jours après l’amputation (pattes
postérieures). Dans le cas des larves de Salamandra maculosa, cette
reprise de la régénération s’est faite 33 à 65 jours après l’ampu-
tation, pour les pattes antérieures, et au bout de 54 jours, pour les
pattes postérieures.
39 Deux cas, où il avait été infligé involontairement un trauma-
tisme du côté opéré encore plus grave que normalement (section
de l’artère, mais vraisemblablement sans destruction du plexus)
et dans lesquels la régénération avait été simultanée avec celle du
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 133
côté témoin, prouvent que les retards observés ne sauraient être
«
attribués à une simple action du traumatisme.
49 La régénération tardive des pattes opérées, débutant après que
les pattes témoins ont déjà formé des régénérats avec doigts dif-
férenciés, coïncide avec le retour de la motricité et de la sensi-
bilité.
50 La parfaite similitude des résultats observés avec ceux précé-
demment constatés chez les Tritons adultes montre que les larves
d’'Urodèles se comportent exactement comme les Tritons adultes,
en ce qui concerne la relation existant entre le système nerveux et
la régénération des membres.
60 La rareté relative des cas d’absence complète de régénéra-
tion (4 cas seulement sur 33) ne pourra être discutée que lorsque
nous aurons examiné de plus près ces mêmes faits chez les Tritons
adultes.
Il ressort des résultats obtenus que le fossé maintenu entre
la régénération à l’état larvaire et ce phénomène à l’état adulte est
artificiel, le comportement des larves, au point de vue de leur
déterminisme fonctionnel, étant identique à celui des adultes.
W. Roux avait séparé les étapes du développement des orga-
nismes en deux périodes: a) une période larvaire à fonctionnement
cellulaire indépendant du système nerveux et b) une période adulte
où le système nerveux règle les échanges et le fonctionnement géné-
ral. Dans l’esprit de mes devanciers et d’un auteur critique récent
(ANDERS), les larves d’'Urodèles de 30mm appartiendraient à la
première catégorie. D’après ce qui précède, nous pouvons conclure,
au contraire, que les larves d’'Urodèles de 20 à 30mm se trouvent
déjà dans la deuxième période de différenciation fonctionnelle.
Si la théorie de W. Roux est exacte, il faudra probablement
distinguer entre:
a) Une période embryonnaire à corrélations fonctionnelles plus
lâches, où très probablement la régénération se ferait sans le
concours du système nerveux:
b) Une période larvaire à différenciation fonctionnelle plus
accusée qui correspondrait à la deuxième période de W. Roux, où
la régénération serait déjà dépendante du système nerveux.
LE
134 O. SCHOTTÉ
DEUXIÈME PARTIE
Discussion et vérifications.
Dans les chapitres précédents, j’ai rapporté les principaux faits
constituant, par leur ensemble, un faisceau de preuves en faveur d’une
action positive du système nerveux sur la régénération. Les résul-
tats obtenus m'ont permis de vérifier cette action, tant pour les
Tritons adultes que pour les larves d’'Urodèles. Ces résultats
semblent cadrer admirablement avec l'hypothèse d’une action
directe des nerfs mixtes sur la régénération. Malgré quelques
exceptions, ils sont d’une précision très suffisante, étant donné ce
que l’on peut attendre généralement d’une intervention dans un
phénomène biologique où, en raison de la complexité des conditions,
il paraît impossible d’obtenir des effets d’une constance absolue.
Le moment est cependant venu de soumettre l'hypothèse énoncée
plus haut à un contrôle serré. J’ai fait, dans ce but, soit l’examen
anatomo-physiologique des individus normaux ou à comportement
aberrant, soit des expériences nouvelles. C’est ici que nous rencon-
trerons les plus grandes difficultés d'interprétation, et nous verrons
combien ce problème, simple en apparence, se révèle complexe en
réalité. |
CHAPITRE V.
Influence de la cicatrice sur la perte apparente du pouvoir régénérateur.
Un des faits les plus remarquables constatés au cours des expé-
riences précédentes et sur lequel je n’ai jusqu’à présent pas insisté,
est la perte définitive — au moins en apparence — du pouvoir
régénérateur de certains animaux, du côté dont le plexus nerveux
avait été sectionné.
Je donnerai d’abord, sous forme d’un tableau, les pourcentages
de ces animaux réfractaires à la régénération, observés dans les
séries À (amputations et sections nerveuses simultanées). On verra
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 435
que ce pourcentage varie: {° avec le niveau d’amputation, 20 avec
le niveau de section nerveuse, c’est-à-dire est ici encore fonction
de la distance entre le niveau de section des nerfs et celui de l’am-
putation. Je reviendrai ultérieurement sur cette relation, voulant
prendre ici en considération surtout les chiffres globaux.
Nombre d’animaux
Niveaux réfractaires Pourcentage
DD ABC EEE: 70 indiv. sur 121 indiv. GLS
FLN RER DNA 4-02 > 8,8 %
ARE ALT 35 » 5 =: 40%: » 5,2%
FF 11 fe AR ORANE 45 » ARE le ET Rave
ÆEotal:::". 146 indiv. sur 276 indiv. 529%
Il résulte de là que, pratiquement, après section du plexus et
amputation simultanée, la moitié des animaux ne régénère pas,
même si l’on prolonge l’observation pendant plusieurs mois après
l’amputation.
Quelle peut être la cause de cette perte du pouvoir régénérateur ?
J’ai d’abord été conduit, par les observations réitérées de l’aspect
des moignons, à penser que la peau épaisse et pigmentée, recou-
vrant le moignon, devait constituer un obstacle mécanique à la
sortie du jeune bourgeon de régénération. Quand, en effet, 1l doit
y avoir régénération tardive, on observe, comme je l’ai indiqué plus
haut, une aire centrale à épiderme mince et peu pigmenté, limitée
par un bourrelet cicatriciel plus épais. C’est cette aire particulière
que le bourgeon de régénération soulève au cours de sa croissance.
Quand, au contraire, la patte ne doit pas régénérer, le bourrelet
cicatriciel progresse, finit par fermer complètement la surface pri-
mitive, et paraît reconstituer, par la texture de ses tissus, un
obstacle infranchissable à la sortie du bourgeon.
Guidé par ces constatations, j’ai d’abord cru pouvoir incriminer
cette cicatrisation avancée comme la cause essentielle de l’absence
de régénération (le premier qui ait fait cette observation est G.
Wozrr). Les expériences ultérieures m’ont montré, cependant, que
136 O. SCHOTTÉ
ce rôle de la cicatrice était certain, mais qu'il ne suffisait pas à
expliquer tous les cas de non régénération.
Je rapporterai d’abord les faits établissant le rôle inhibiteur de
la cicatrice.
$ 1. Série R I. Réamputation d'individus n'ayant pas régénéré après
la simple section des nerfs suivant ab.
10 T. cristatus, provenant de la série A I, opérés le 18 janvier
1921, et qui sont restés sans régénérer du côté opéré jusqu’au
27 septembre, c’est-à-dire pendant plus de 9 mois, sont réamputés,
à cette date, des deux côtés. Pour l’amputation du moignon cica-
triciel, 1l faut avoir soin de couper assez haut, pour sectionner
dans l’os, afin de rétablir les conditions primitives de l’expérience.
PA OO
F16:256:
Dessins de 8 pattes gauches de la série R I 30 jours après l’amputation.
Or, dans tous les 10 cas, la régénération des deux membres, le
membre anciennement privé de son innervation et le membre
témoin, s’est faite simultanément et s’est poursuivie avec la même
vitesse: les deux pattes montrent, 1 mois après l’amputation, des
grands cônes de régénération, 10 jours plus tard, les premières
ébauches digitales; au bout de 2 mois, la régénération peut être
considérée comme virtuellement terminée.
Dans la fig. 56, j’ai représenté 8 cas de cette série, seulement du
côté gauche, et l’on remarquera l’étonnante uniformité dans le
degré d'évolution de tous les régénérats de ces individus.
$ 2. Série R 11. Réamputation d'individus n'ayant pas régénéré après
résection des nerfs suivant ab-a'b' et amputations suivant AB.
a) Série R IT à. — 13 T. cristatus. Réamputation des deux côtés
le 5 octobre 1922, c’est-à-dire plus d’une année après la première
opération. Ces individus proviennent tous de la série A IT a.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 137
Sauf pour 3 cas, la régénération semble être absolument normale
des deux côtés, bien que quelquefois les pattes gauches régénèrent
dans la suite avec une vitesse moindre. La fig. 57 montre l’état
comparatif de la régénération des membres gauches et droits de
9 individus, 90 jours après l’amputation.
Names
Cana
œ
Le
1 F G H I
Pic: 57:
Dessins des deux pattes de 9 individus de la série R IT a,
3 mois après la réamputation.
Parmi les 13 individus considérés, 2 ont continué à présenter
une absence complète de régénération; un Triton n’a commencé à
régériérer que 2 mois après la nouvelle amputation, manifestant
ainsi un retard très sensible et dont nous retrouverons, dans la
suite, d’autres exemples.
b) Série R IIb. — 21 T. alpestris, provenant des séries A IT b,
ont été amputés les 10 premiers, le 25 novembre 1921, les 11 autres
individus, le 25 mars 1922.
75 jours après l’amputation, 8 individus seulement manifestent
une régénération simultanée avec le côté témoin, 2 présentent un
retard d’à peu près 20 jours par rapport au côté témoin, 4 pos-
sèdent des régénérats très tardifs et qui se sont arrêtés dans leur
138 O. SCHOTTÉ
évolution, enfin 7 individus ne présentent aucune régénération après
cette deuxième amputation. On verra (fig. 58) les aspects bizarres
de certains régénérats incomplets mais qui, du reste, peuvent
aussi se rencontrer du côté témoin. |
Ta
Fre::58.
Dessins de 13 individus de la série R IT b effectués 75 jours après
la réamputation.
c) Série R IT ce. — 9 T. palmatus, provenant de la série A IT c,
sont réamputés le 25 novembre 1921.
On constate que 7 individus régénèrent simultanément avec le
côté témoin, 2 individus par contre, n’ont présenté aucune régéné-
ration pendant plusieurs mois, du côté qui avait subi la résection
du plexus brachial.
La récapitulation des résultats de ces 3 sous-séries n’est pas très
aisée. Tandis que les T. palmatus semblent avoir un comportement
très voisin de celui des T. cristatus, les T. alpestris, par contre, pré-
sentent un comportement légèrement aberrant. Toujours est-il que,
parmi les 43 individus de cette série, 11 n’ont présenté à nouveau
aucune régénération du côté où le moignon cicatriciel avait été
supprimé, 5 présentent des retards très sensibles par rapport au
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 139
côté témoin ou forment des régénérats incapables d’évoluer nor-
malement, 27 enfin régénèrent cette fois avec une vitesse sensible-
ment identique des deux côtés.
$ 3. Série R III. Réamputation d'individus n'ayant pas régénéré
après résection des nerfs suivant cd, amputations suivant AB.
15 T. cristatus, provenant tous de la série A IV a. Réamputa-
tion des moignons cicatriciels et des pattes témoins Le 20 novembre
1922 (au minimum #4 mois après la section nerveuse).
3 individus seulement commencent à régénérer simultanément
des deux côtés. 5 individus ne se mettent à régénérer du côté
anciennement opéré que 30 jours après que le bourgeon de régé-
nération est devenu visible du côté témoin (55 jours après l’ampur-
tation). 4 individu ne commence à régénérer que 70 jours après
lamputation. 6 individus enfin n’ont présenté aucune régénération
du côté gauche, comme lors de la première amputation. La fig. 59
montre l’état de régénération des pattes des deux côtés, dessinées
le 10 février 1923, date à laquelle finit l’expérience, 80 jours après
la deuxième amputation.
Gin
5° . . 5°
A B Œ D E
A SOU
2: d: g- d>: g- d. g - d.
F G H [
Fic. 59.
Dessins des deux pattes de 9 individus de la série R III 80 jours après
la réamputation.
140 O. SCHOTTÉ
Récapitulation pour les séries RIT à R III.
Je laisse, pour le moment, en dehors de la discussion les résultats
de la série R IT b relative aux T. alpestris qui ne sont pas très
comparables à ceux de la série R IT a se rapportant au T. cristatus.
Parmi les 20 individus des séries R I et R II a qui avaient subi la
section et la résection des nerfs suivant ab, deux seulement n’ont
présenté aucune régénération du côté opéré lors de la réamputation,
un individu a régénéré avec un retard très considérable, tandis que
tous les autres individus ont virtuellement régénéré avec la même
vitesse.
Il n’en est plus du tout de même pour les individus de la série
R IIT auxquels le plexus brachial avait été réséqué tout près de son
origine. Sur 15 individus, 3 seulement régénèrent normalement,
6 individus présentent des grands retards par rapport au côté
témoin, 6 enfin n’ont pas régénéré à nouveau du côté ancienne-
ment privé de son innervation.
$ 4. Série R IV. Réamputation des moignons cicatriciels des pattes
postérieures après résection des nerfs suivant ab ou suivant cd.
10 T. cristatus, provenant des séries A V et A VI. Abrasion du
moignon cicatriciel de la patte postérieure gauche et amputation
de la patte postérieure droite régénérée, le 20 avril 1923, plus de
7 mois après la première opération.
Du côté témoin, la régénération devient apparente sous forme
d’un bourgeon 40 jours en moyenne après l’amputation. Du côté
opéré, 5 individus régénèrent simultanément avec le côté témoin,
3 avec des retards de 1 à 2 mois, 2 pas du tout.
$ 5. Discussion.
On voit, d’après ces résultats, que l’hypothèse initiale d’après
laquelle une cicatrisation précoce et avancée du moignon — rendue
facile par suite du retard consécutif à la section nerveuse — serait
la cause unique des cas de non régénération, ne se trouve pas
confirmée. En effet, malgré la réamputation pratiquée sur 75 indi-
vidus, ce n’est que dans 40 cas que cette opération, destinée à sup-
primer l’obstacle mécanique de la cicatrice, a donné des résultats
LE
RÉ QE ct dt UE eq RU SC
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 141
immédiats. On pourrait y ajouter les 16 individus qui ont fini
par régénérer plus ou moins complètement, mais avec un retard
souvent considérable !; par contre, les autres individus (19) ont
continué à ne pas régénérer après cette amputation, ce qui montre
qu'il manquait encore certaines conditions internes, nécessaires,
supprimées par la section des nerfs et qui n’avaient pas été rétablies.
Il n’en reste pas moins que 56 individus sur 75, qui n'avaient
présenté qu’une simple cicatrisation après la première amputation,
ont pu, lors de la deuxième, présenter une régénération semblable
à celle de la patte témoin ou plus tardive ou incomplète. On voit
ainsi que 74,6 % des individus ont pu mamifester un pouvoir régé-
nérateur que la cicatrice avait précédemment inhibé.
Lorsqu'on envisage le pourcentage des individus ayant régénéré
après la première amputation, on voit que, grosso modo, ce chiffre
représentait la moitié des cas (146 sur 276 individus). L’ablation
de la cicatrice par réamputation montre que 75 %, en chifires
ronds, des individus réfractaires, peuvent maintenant régénérer,
si bien qu’en définitive, abstraction faite de la cicatrice, on peut
dire que le pourcentage des individus qui récupèrent tôt ou tard
les conditions internes nécessaires à la régénération est de 50% +
37% = 87% et que celui des individus définitivement réfractaires
D est de 13 %.
È : L'influence de la cicatrice va encore ressortir de la comparaison
- du nombre des individus qui ne régénèrent pas, suivant que les
amputations ont été faites en même temps que la suppression de
l’innervation ou selon qu’elles ont été pratiquées, au contraire,
<
_ un certain temps après cette opération.
s En effet, dans le premier cas, la cicatrisation débute dès le
- premier jour et a, pour s'établir, tout le temps qui s’écoule entre le
— moment de la section nerveuse et celui de la récupération du pou-
$ voir régénérateur. Au contraire, dans le deuxième cas, plus l’ampu-
- tation est faite tardivement, c’est-à-dire plus la cicatrisation est
_ mise en train longtemps après la section nerveuse, plus on est
4 proche du moment où le pouvoir régénérateur va pouvoir se mani-
à
8 1 La cause de ces retards sera examinée plus loin et paraît, jusqu’à preuve
ge.
re
LA
du contraire, résider dans une régénération incomplète des nerfs, ce qui rend
ces cas comparables à ceux que P. Weiss et O. ScHoTTÉ ont observé, après des
sections partielles du plexus.
L'OM
CE
’ (3 2
F7
142 O0. SCHOTTÉ
fester à nouveau. La cicatrisation aura donc, dans l’ensemble,
moins de temps pour s'établir, avant qu’un bourgeon de régéné-
ration puisse apparaître.
En fait, l'examen du tableau suivant montrera que, dans tous
les cas, le pourcentage des individus réfractaires est moindre,
toutes choses égales d’ailleurs, après amputations retardées qu'après
amputations simultanées.
Pourcentage - Pourcentage Différence
Niveaux dans dans des
les séries A les séries B pourcentages
63,1 %, 133%
8,8 % 5,8 %
85,2 %, 46 %
53,2 % 29,4 %
Moyenne 529% 28,5 %
On voit ainsi que, tandis que 52,9 % des individus ne régénèrent
pas après amputation simultanée, il n’y en a que 28,5 % qui soient
réfractaires à la régénération quand l’amputation — et par suite
la cicatrisation — a été retardée.
On voit alors que, dans ces cas, 1l y a pratiquement 71,5 % des
individus qui régénèrent et 28,5 % qui ne régénèrent pas. On peut
penser que si l’on avait toujours amputé très tardivement et non
avec des retards variables (allant de 10 à 100 jours), on aurait eu
des chiffres encore plus voisins ! de ceux de 87 % et 13 % que
fournissent les expérier.ces de réamputations, en ce qui concerne
les individus réellement capables ou incapables de régénérer.
L'influence parasite de la cicatrice étant ainsi mise en évidence
et pouvant être éliminée, il reste à chercher la cause pour laquelle
1 De tels cas ont été déjà signalés. Ils se rencontrent dans des séries
(BId, Ble, BIIb et BIllle) où l'intervalle entre l’opération nerveuse
et l’amputation était rendu égal ou supérieur au temps nécessaire pour la
récupération des conditions internes de la régénération.
Sur lies 58 individus de ces séries, 8 seulement ne présentèrent aucune régé-
nération du côté opéré. Le calcul des pourcentages révèle 13,7 %, chiffre très
voisin de la valeur théorique (13 %) obtenue plus haut comme moyenne.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 143
13% environ des individus présentent une absence durable de
régénération. Bien que je ne considère pas encore la cause de cette
absence comme connue avec certitude, je raisonnerai, pour plus
de clarté, en admettant l'hypothèse formulée plus haut, d’après
laquelle la récupération de la capacité de régénération de la patte
serait liée à la régénération des nerfs eux-mêmes.
S'il en est ainsi, de même que le retard dans la régénération était
fonction de la distance entre lé niveau d’amputation et celui de
section nerveuse, de même il doit y avoir d’autant plus de chance
pour que la régénération des nerfs soit incomplète ou se heurte
à des obstacles cicatriciels qu’ils ont une route plus longue à suivre
depuis leur point de départ jusqu’à la surface d’amputation.
C’est précisément ce rapport que l’on observe aussi bien dans la
série À que dans la série B. Je dois cependant faire ici une remarque.
Les pourcentages représentent le nombre d'individus qui ne régé-
nèrent pas après la première amputation, c’est-à-dire la somme
de ceux où cette inhibition est due à la cicatrice et de ceux chez
lesquels les conditions internes de la régénération n’ont pas été
rétablies. À coup sûr, des réamputations diminueraient ces pour-
centages, mais vraisemblablement d’une façon proportionnelle. [ei,
les deux facteurs sont inséparables; la distance à franchir fait
varier le pourcentage des nerfs qui n’atteignent pas la surface, et
conséquemment le temps qu’a la cicatrice pour s’établir. Les deux
ordres de phénomènes varient dans le même sens.
Pourcentage des absences de régénération.
Niveaux Pourcentage dans Pourcentage dans
séries À séries B
ab-AB HE ES A 139%: %
ab-GH CRUE 5,8 %
cd-AB 85,2 % 46 %
cd-GH 53,2 % 29,4 %
On voit que c’est pour la distance maxima cd-AB que le nombre
d'individus réfractaires est le plus élevé (85,2 % et 46 %) et qu'in-
144 O. SCHOTTÉ
versement c’est pour la distance la plus courte ab-GH que ce nombre
(8,8 %, et 5,8%) est le plus faible. Les autres cas, correspondant
aux distances intermédiaires, présentent aussi des pourcentages
intermédiaires.
Il se vérifie ainsi que, aussi bien le retard dans la mise en train
de la régénération chez les individus qui doivent régénérer que le
nombre des individus définitivement réfractaires sont tous deux
fonction de la distance entre le niveau d’amputation et celui de
la section nerveuse. Ces relations se comprennent aisément si l’on
admet qu’elles ont pour cause la durée ou la possibilité plus ou
moins grande de reconstitution des nerfs par régénération.
On voit ainsi que toute une série de faits contribue à donner de
plus en plus de vraisemblance à l'interprétation suivante: les nerfs
coupés inhibent la régénération; celle-ci peut être rétablie quand
les nerfs ont pu régénérer jusqu’à la surface d’amputation, et ceci
dans la mesure où cette régénération n’a pas été trop incomplète
ou nulle, ou enfin ne s’est pas heurtée à des obstacles impossibles
à franchir. Pour contrôler cette hypothèse, il était nécessaire de
soumettre les individus à un examen physiologique (récupération
de la motricité et de la sensibilité) et anatomique (constatation de
la présence ou de l’absence des nerfs régénérés).
CHAPITRE VI.
Vérifications physiologiques et anatomiques.
Si l’hypothèse que j'ai formulée plus haut, d’après laquelle la
reprise du pouvoir régénérateur serait fonction du rétablissement
de l’innervation, tandis que l’absence durable de régénération serait
liée à une perte définitive de l’innervation, est exacte, il doit être
possible, soit par l'examen physiologique de l’innervation motrice
et sensitive de la patte, soit par l'examen anatomique direct
du plexus, de vérifier dans quelle mesure cette hypothèse est
fondée.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 145
$ 1. Examen du comportement physiologique des membres primitive-
ment privés de leur innervation.
Pendant 20 jours en moyenne, toutes les pattes à innervation
supprimées sont parfaitement paralysées. Elles traînent d’une
façon absolument inerte au côté de l’animal et sont insensibles à la
piqûre et au pincement.
Passée cette première période de paralysie absolue, on remarque,
au bout d’un mois, les premiers mouvements encore très faibles
de l’épaule et de l’avant-bras. Quelques jours plus tard, le bras
peut être remué plus activement. mais toujours d’une façon incom-
plète. L’examen physiologique révèle déjà les premiers signes d’un
retour de la sensibilité et de la motricité dans le zeugopode, alors
que l’articulation du coude est toujours inerte et insensible. Peu
à peu, environ deux mois après l’amputation, la sensibilité semble
être complètement revenue, tandis que la motricité est générale-
ment encore bien incomplète.
L'examen physiologique des pattes postérieures montre un réta-
blissement de la mobilité de la cuisse plus précoce dans la série À V
que dans la série À VI où le niveau de section des nerfs était plus
proximal. Pour juger du rétablissement complet de l’innervation,
l'examen physiologique ne donne que des indications insuffisantes.
On peut cependant dire que le retour à un fonctionnement normal
est certainement plus rare pour les pattes postérieures que cela
n'avait été le cas pour les pattes antérieures. Parmi les 30 indi-
vidus de ces deux séries, aucun n’aurait pu être considéré comme
normalement innervé d’après le seul examen physiologique.
Ce serait cependant une erreur de croire que le retour de la motri-
cité et de la sensibilité coïncide exactement avec la reprise du pou-
voir régénérateur. Sur ce point, je me trouve en contradiction
absolue avec de nombreux chercheurs, sauf GozpFArg. Il y a des
cas, relativement nombreux — environ 20 % — où les animaux
qui ont présenté une motricité nulle ou très réduite, ont cependant
régénéré. Dans d’autres cas — 15 % environ — la motricité et la
sensibilité semblaient être revenues et les pattes (même pas com-
plètement cicatrisées) n’ont cependant été le siège d’aucune régé-
nération. Inversément, j'ai observé des individus qui, après 2 ans
Rev. Suisse DE Zoo. T. 43. 1926. 10
2 ES PR RO CR ER COR RES ETES CT
er LUN se COTE Œ
\ o > \ à CES. ser +
" & - L A x
146 O0. SCHOTTÉ
et plus, n’avaient récupéré ni leur motricité, ni leur sensibilité et
qui cependant avaient régénéré, au bout de deux mois environ
après l’opération nerveuse.
Il ressort de cette courte mise au point que, contrairement à ce
qui a été dit et observé par les auteurs, sauf GOLDFARB et répété
récemment par P. Weiss, u n’y a pas de rapport certain entre l’état
fonctionnel des nerfs et la régénération, cette dernière pouvant faire
défaut après un rétablissement apparemment normal du fonction-
nement nerveux du membre et, par contre, se faire en l’absence
de ce fonctionnement.
La méthode basée sur l’examen PAR IOREUE est donc impropre
à résoudre le problème.
$ 2. Examen anatomique de l’innervation des membres dans les cas
de régénération tardive et d'absence complète de régénération.
De nombreux individus furent soumis à un examen anatomique
très minutieux portant sur les plexus opérés.
Ces vérifications furent faites soit sur des individus fraîchement.
morts ou tués, soit sur des individus simplement anesthésiés et
qui, après cette intervention d’ordre banal, pouvaient servir pour
d’autres expériences.
Pour les pattes postérieures, l'examen anatomique est certaine-
ment plus difficile à réaliser que pour les pattes antérieures. Ainsi,
je n’ai jamais pu statuer avec certitude sur la régénération du
4me nerf du plexus — le 19€ nerf rachidien. Mais, comme ce der-
nier est très ténu, le doute, subsistant sur sa régénération plus ou
moins complète, n’a que peu d'importance.
Voici, sous forme d’un tableau, les résultats de 135 examens
anatomiques dont beaucoup ont été faits bien des mois après la
première opération.
Il ne s’agit là que d’examens d’animaux effectués avant toute
réamputation. Cette réserve est importante, car le nombre de
Tritons n'ayant pas régénéré doit être diminué d'environ 75 %,, ce
dernier chiffre représentant le pourcentage des cas de non régéné-
ration attribuables à la seule action de la cicatrice.
RÉGÉNÉRATION. CHEZ LE TRITON 147
2 Nombre L'état Coïncidences entre
2 = d'individus de régénération À la régénération des nerfs
Séri ARE contrôlés des nerfs et celle des membres
cries S 52
examinées CES x | - or ,lt #18 S|le ©
AT LE = = LEDs | 6,2% |6._<
cs | £ | HIDE NNELE
> E Le =] Z = =! = Z El
ul alelutaul |" 2h56) 6
ed da «hs haut ch oh)
» Alla 13 TES 4 4 4 = == 2 2 Se
AR D 46h 4| 41 1-4! 1 RS
nee ghz). 4f 3129 /)<-
MB 2h46) 2! 1) 5! 4| 1
mie epehslot | 2,3) —
or ah cluhsl. | 4) 4l°6k 1
Série AIlc|12/ —| 3|/ 31 3| —|—| — | 3| —
À À, _ ee Don | 0e || ue". || un
ÉCRIRE 4 2 Dh AE 4! 21/1 1
D ph slot) 3, 2|
D Gi 0h42) 5l 51) 3
Série AIIc | 30 É 2 6 3 2 4| A { A | —
ho itbal 4, 3) 3! 51 2).4
RENE AG MO E. 3 3| 4l—| 6| —| 4
Série AIV D, 13] —| 5 0 { 22 { { {
ee AO tr 4 31. at 3).2r 2} 3
Série À V oo Æ TOR TN RES Ole | —
pattes post.
Série À VI es: 2h 22h 2 5 { Il
pattes post.
Total 0140269. 135:E/72:5 3412292 50 |.53 | 14 | 48 |
a CARE Pa Ÿ HOTTE De FEAT
v= ni TA + RATÉ vY 6
\ Lee,”
148 | O. SCHOTTÉ
Une récapitulation des données de ce tableau montre que, sur
135 individus, 72 seulement ont montré un rétablissement com-
plet des nerfs régénérés, 34 ont présenté une régénération in-
complète (une seule branche par exemple du plexus paraissant
régénérée), 29 individus, enfin, n’ont révélé, après un examen très
minutieux, aucune régénération apparente des nerfs.
Si nous examinons les colonnes horizontales, c’est-à-dire si nous
envisageons les résultats d’après les séries d’expériences, nous re-
marquons tout d’abord que, dans la série A I, à simple section
des nerfs, sur 11 individus examinés, tous ont fait montre d’une
régénération parfaitement normale des nerfs. Ceci provient sans
doute du fait que les deux bouts des nerfs sectionnés étant restés
très près l’un de l’autre, les conditions les plus favorables pour
la régénération des nerfs se trouvèrent ainsi réalisées.
C’est dans les séries où le plexus brachial a été réséqué que les
cas de non régénération absolue des nerfs se rencontrent, mais
tandis que dans les séries A IT a,, A IT a, A IT b,, AIT c, À TIT 6,
et À Vil n’y a, sur 31 individus, aucun cas de non régénération des
neris, que dans les séries AÏTa, AIT, ATIITa, A IT 6, et
A IIT c on n’en observe que 7 cas sur 31 individus, on compte,
sur les 19 individus des 2 séries A IT a, et A IT b,, 8 cas d’absence
complète de régénération des nerfs. Il en est de même si l’on envi-
sage les résultats de l’examen anatomique des séries A IV a,,
A IV &, A IV b,, A IV 6, et A VI où, sur 43 individus examinés,
14 n’avaient présenté aucune trace de régénération des nerfs.
Là encore, ces irrégularités peuvent s'expliquer par les données
mêmes des interventions opératoires. Si nous faisons abstraction
de la série A IIT 8, dans laquelle rien, en apparence, ne justifie la
très forte proportion de 3 cas sur 8, tous les autres cas peuvent
recevoir une explication satisfaisante.
On se rappelle, en effet, que dans les 2 sous-séries AIT a et À IT b,
je ne m'étais pas contenté de réséquer suivant ab-a’b’ les nerfs
du plexus, mais que j'avais saisi les bouts proximaux des nerfs
encore attachés à la colonne vertébrale et les avais extirpés par
arrachement. Or, on sait qu'après arrachement les nerfs régénèrent
beaucoup plus difficilement qu'après simple section. J’ajouterai
que, lors de cet arrachement, j’ai pu constater bien des fois que
les nerfs avaient été réellement extirpés jusqu'aux racines, ce qui
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 149
rend l’absence fréquente de régénération des nerfs plus compré-
hensible.
Les raisons de la fréquence des cas de non régénération après
_ section des nerfs suivant cd, c’est-à-dire tout près des racines, sont
un peu différentes. Là, l’obstacle à la régénération des nerfs doit être
cherché, non plus dans l’état même du nerf, puisque dans ces opéra-
tions (séries A IV et A VI), les nerfs avaient été sectionnés au
ciseau, mais très probablement dans l’établissement d’un tissu
cicatriciel s’opposant à une régénération normale des nerfs. L’inter-
vention nécessaire, pour sectionner ces nerfs si près de la colonne
vertébrale, est en effet, assez grave et nécessite, comme cela
a été dit plus haut, la section des côtes et des apophyses transverses
des vertèbres. Lorsque les lèvres épaisses de cette plaie très pro-
‘fonde sont recousues, il est probable que ces parties osseuses et les
lambeaux musculaires viennent se placer directement devant les
troncs nerveux sectionnés, réalisant ainsi un obstacle mécanique
difficile à franchir.
$ 3. Relations existant entre la régénération des nerfs constatée
par un examen anatomique et la régénération tardive des membres.
L'examen de la dernière grande colonne verticale du tableau de
la page 147 permet de faire d'emblée quelques constatations:
1° Dans 68 cas sur 135, il y a coïncidence entre les résultats de
< l’examen anatomique et ceux obtenus par l’expérimentation;
a) Dans 50 cas, il y a à la fois récupération tardive du pouvoir
régénérateur et reconstitution de l’innervation;
b) Dans 18 cas, les nerfs n’avaient pas été régénérés et, corréla-
tivement, la régénération ne s’est pas produite.
20 Par contre, il y a discordance dans 67 cas sur 135, soit dans la
moitié des cas:
a) Dans 53 cas, bien que les nerfs aient été reconstitués, la
régénération ne s’est pas produite. Toutefois, il ne faut pas perdre
de vue que ces résultats représentent la suite d’une première et
… - unique amputation et que, comme nous l’avons vu au chapitre V,
_ il faut attribuer environ 75 9% de ces cas de non-régénération à
l'influence de la cicatrice. Il ne resterait, théoriquement parlant,
que 13 cas, dans lesquels l’absence de régénération doit être due
$ à d’autres causes. D'ailleurs, ceux parmi les animaux examinés qui
150 O. SCHOTTÉ
étaient encore vivants et qui ont subi une simple revision opéra-
toire ont été, comme on le verra plus loin, soumis, après ces consta-
tations anatomiques, à de nouvelles réamputations. Celles-ci ont
confirmé que l’absence de régénération dépend, dans un certain
nombre de cas, de la cicatrice, mais que cette explication n’est pas
toujours satisfaisante. |
b) Dans 14 cas, il y a eu régénération des pattes alors que l’exa-
men anatomique n'avait pas révélé une reconstitution des nerfs.
Ces derniers cas sont indiscutablement en opposition avec l’hypo-
thèse formulée, d’après laquelle, ce serait le rétablissement des nerfs
qui permettrait la récupération du pouvoir régénérateur. Toutefois,
on pourrait invoquer, pour expliquer cette divergence, soit l’action
d’une innervation collatérale, soit la régénération de fibres — prin-
cipalement de fibres sympathiques — sous une forme qui échappe-
rait au simple examen anatomique. GoLDFARB est le seul auteur
qui ait observé des cas semblables et ce sont des exceptions de ce
genre qui ont fait adopter à ce savant une attitude si résolue de
négation. Parmi les auteurs actuels, n1 P. WEïss, ni Piera Loca-
TELLI n’ont fait d'examens anatomiques; ils ne se sont donc pas
heurtés aux mêmes difficultés avant de conclure à une action cer-
taine des nerfs sur la régénération des membres de Tritons.
Ces premières constatations ne peuvent manquer de donner une
impression d’incohérence et d'incertitude qui semblerait confirmer
la manière de voir de GoLDFARB, d’après lequel «il n’existe pas de
rapport immédiat entre la régénération et l’innervation imadéquate».
Il faut considérer, cependant, qu’il s’agit 11 d’un premier examen
fait, au hasard, sur des animaux qui, après la première opération,
avaient ou n’avaient pas présenté de régénération tardive. Les expé-
riences relatées au chapitre V nous ont révélé que la perte du pou-
voir régénérateur, après une première amputation, ne devenait
définitive que dans 25 % de ces cas (13 %, des cas globaux).
Il était dès lors tout indiqué de faire une autre série d’examens
anatomiques sur des animaux qui avaient été soumis à la réampu-
tation, que ceux-ci aient alors régénéré leur patte d’une façon
normale ou tardive, ou que cette régénération ait fait défaut.
Si hypothèse qui guide ce travail est exacte, le nombre de coïnei-
dences entre l’état des nerfs et la présence ou l’absence de la régé-
nération doit être plus grand qu’en ce qui concerne les examens
faits avant toute réamputation.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 151
$ 4. Examen anatomique effectué sur des animaux après une
deuxième amputation.
Ces vérifications ont porté sur 38 animaux, dont 10 avaient
régénéré normalement lors de la réamputation, dont 13 avaient
présenté une régénération tardive et dont 15 enfin n'avaient pas
régénéré à nouveau lors de la nouvelle amputation.
a) Examen d'individus ayant régénéré normalement.
J'ai examiné 10 individus pris au hasard parmi les séries R TI à III
qui avaient présenté une régénération simultanée avec les côtés
témoins. Le résultat de l’examen anatomique montre qu’à quelques
détails près on peut considérer que les nerfs de ces animaux avaient
normalement régénéré.
b) Examen d'animaux ayant régénéré tardivement.
Ce sont également des animaux des séries R:
19 Un des individus de la série R IT a (N°0 533) montre une régé-
nération partielle du plexus; le IVMe nerf spinal étant seul régénéré,
à l’exclusion des deux autres;
_ 20 Chez six individus de la série R III (N° 566, 569, 570, 573,
579 et 579) la régénération des nerfs paraît normale dans deux cas,
la reconstitution du plexus n’est que partielle chez les quatre
autres.
30 Six T. alpestris de la série R II b (N° 535, 536, 545, 548, 551
et 554). Deux des individus présentent une régénération des nerîs
en apparence normale; deux individus ont montré une régénération
partielle portant sur ur seul nerf, et deux une régénération complète,
mais faible, de toutes les branches du plexus.
En résumé, sur 13 individus, la régénération tardive, après une
première réamputation, a coincidé, dans sept cas, avec une régénéra-
tion partielle du plexus ; dans deux cas, avec une régénération
complète, mais faible, et dans quatre cas avec une régénération
complète, paraissant normale.
c) Examen anatomique d'animaux n'ayant pas régénéré.
Les examens ont porté sur:
1° 2 individus de la série R. IIa (N° 525 et 534). Le N° 525 pré-
sente une absence complète de régénération des nerfs, le N° 534 une
LE.
492 O. SCHOTTÉ
régénération partielle du plexus, en ce sens que la Ire branche du
plexus est présente, tandis que les 2 autres nerfs, IV et V, sont
à peine indiqués.
20 6 animaux de la série R III (N° 565, 567, 562, 507, 572 et 574).
Le N° 567 présente une régénération en apparence normale de tous
les nerfs. Les N0S 562 et 572 ne possèdent qu’une régénération par-
tielle (une seule branche du plexus sur trois), le N° 565 offre une régé-
nération partielle et faible portant sur 2 nerfs du plexus seule-
ment, enfin les N°S 574'et 567 n’offrent aucune trace de régénération
nerveuse.
30 7 T. alpestris de la série R [1 (No 537, 540, 542, 546, 549, 550
et 552). Trois individus ne présentent aucune régénération des
nerfs; un montre une régénération de toutes les branches du plexus.
mais celles-ci sont grèles et faiblement développées; chez les trois
autres la régénération est partielle, portant sur une seule branche
du plexus.
En somme, sur les 15 individus examinés, et qui lors de la réam-
putation n’avaient à nouveau pas régénéré, 6 ne montrent aucun
nerf régénéré, 7 n’offrent que la régénération partielle d’une ou
parfois de deux branches du plexus, 1 a régénéré les trois branches,
mais celles-ci sont grèles et n’ont pas le volume normal. Il ne reste
qu'un seul cas, dans lequel la régénération du plexus est en appa-
rence complète et normale.
Il résulte de l'examen anatomique effectué sur des animaux, après
une première réamputation, que les prévisions émises tout à l’heure
ont été en partie vérifiées : le nombre de concordances a considérable-
ment augmenté, celui des discordances entre l’état des nerfs et la
régénération des membres a diminué dans les mêmes proportions.
En effet :
a) sur 10 animaux qui, lors de la réamputation, avaient régénéré
simultanément avec le côté témoin, l’état somme toute normal
des nerfs régénérés est en accord avec les prévisions (10 coïncei-
dences).
b) sur 13 individus qui, lors de la réamputation, avaient régé-
néré avec retard par rapport aux côtés témoins, les constata-
tions anatomiques aboutissent à 9 concordances et à 4 discor-
dances. J’appelle ici concordances des cas où l’examen anatomique
revèle une inervation partiellement rétablie concurremment avec
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 153
une régénération tardive des membres, des retards semblables ayant
été observés, lors des suppressions partielles de l’innervation, par
P. Weiss et par O. SCHOTTÉ.
c) Sur 15 individus qui, lors de la réamputation, n’avaient à nou-
veau pas régénéré, on enregistre 6 concordances absolues (absence des
nerfs, absence des membres), 8 concordances partielles! (nerfs par-
tiellement rétablis, absence de membres régénérés) et enfin une
discordance (présence des nerfs, absence de membres).
En résumé, sur 38 individus examinés après une première réampu-
tation, le nombre de discordances n’est plus que de 13,29 (5 discor-
dances sur 38) alors que le pourcertage en était de 50%, lorsque
les examens étaient faits préalablement à toute réamputation.
Si, ainsi,le nombre des disccrdances s’abaisse sensiblement, on n’en
est pas moins frappé par les exceptions et l’on serait facilement porté
à croire que la méthode anatomique est impropre à résoudre le pro-
blème pesé. Comme lors de l’examen physiologique, on se heurte ici
aussi à des cas exceptionnels et paradoxaux qui ne cadrent pas avec
la théorie.
D’autres expériences et d’autres vérifications s’imposent.
CHAPITRE VII.
LA - & -
Analyse, par réamputationS, des cas exceptionnels.
Dans le chapitre V, j'ai rapporté les effets consécutifs à la réam-
putation des moignons cicatriciels d'individus dont l’état de régé-
nération des nerfs du plexus était inconnu. Dans les séries qui
suivent, il s’agit au contraire d'individus ayant été préalablement
examinés.
Suivant l’état de régénération des nerfs du plexus ou selon qu’il
s’agissait des pattes antérieures ou postérieures, j'ai réparti les
27 individus dont il est question dans ce chapitre en 3 séries.
1Ces concordances peuvent également s’expliquer par des cas expérimen-
talement obtenus par O. ScnorrTé et signalés dans une note précédente (1923)
. Où, après l’ablation partielle du plexus j'ai observé un certain nombre d’ab-
sences de régénération.
, LE RSR O. SCHOTTÉ
$ 1. Série R V I. Réamputation d'individus n'ayant pas régénéré et
dont l’examen anatomique révèle la présence de tous
les nerfs du plexus.
10 T. cristatus ou T..alpestris, choisis dans les différentes séries A,
dont les pattes antérieures gauches n’avaient présenté aucune régé-
nération, et dont l’examen anatomique avait montré la régénéra-
tion en apparence complète du plexus, sont réamputés quelques
jours après l’examen, le 8 juillet 1922.
Un seul des individus ne présente aucune régénération de sa
patte, celle-c1 étant à nouveau entièrement pigmentée et cicatrisée;
L individu régénère avec un retard d’un mois par rapport au côté
témoin; les 8 autres, par contre, régénèrent simultanément avec
le côté témoin.
Ainsi, sur 10 individus n’ayant pas régénéré une première fois mal-
gré le rétablissement des nerfs, la réamputation montre que 9 cas
étaient attribuables au seul obstacle cicatriciel et qu’il n’y a qu’un
seul individu qui soit réellement réfractaire à la régénération.
$ 2. Série R V II. Réamputation d'individus n'ayant pas régénéré
et dont l’examen anatomigue révèle que l’innervation
est partiellement rétablie.
8 individus (7. cristatus ou T. alpestris), choisis dans les mêmes
conditions que précédemment, mais dont l’examen anatomique a
révélé que le plexus était partiellement rétabli, sont réamputés des
deux côtés, le 10 juillet 1922.
Ils ont présenté, dans leur comportement, des différences indivi-
duelles notables: 3 ont régénéré simultanément avec le côté témoin;
2 ont commencé à régénérer après un retard de 5 mois; 1 après un
retard de 65 jours; les 2 derniers individus se sont cicatrisés très
rapidement et définitivement.
Abstraction faite des retards, il ne reste donc plus que 2 réfrac-
taires sur 8 individus ayant le plexus partiellement régénéré.
Î J
| Sn
RU COPAIN sfr) ÿ 4 V de
hoommébañsÿ
cz
ce"
PTS
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 155
$ 3. Série R V III. Réamputation des moignons cicatriciels des pattes
postérieures après examen anatomique.
9 T. cristatus des séries V et VI qui n'avaient pas régénéré, lors
de la première opération, ont été réamputés 5 à 10 jours après
l’examen anatomique, le 30 avril 1923.
_ Les résultats de l’examen ainsi que ceux de la réamputation
sont groupés sous forme d’un tableau.
Etat des nerfs du plexus Régénération des pattes opérées
No crural normale retardée de absente
I IT III IV
608 + + 0 ds — 40 jours —
609 —— — — ? normale — —
610 0 +- + ? normale — —
611 — + + — — 20 jours —
612 0 Ô — ? normale — —
613 + L 0 ? — L= absente
614 0 OURE ? ce 50 jours ss
615 0 — + + — 20 jours —
616 + + 0 — — absente
On voit que, sur 9 individus ayant présenté des régénérations plus
ou moins complètes de leurs nerfs, 3 ont régénéré simultanément par
rapport aux côtés témoins, 4 avec des retards variables de 20 à 50
jours, 2 enfin n’ont présenté aucune régénération du côté opéré qui,
cependant avait montré la présence des deux premiers neris du
plexus.
Résumé. On voit en somme que, sur 10 cas n’ayant pas régénéré
malgré reconstitution complète du plexus brachial, un seul s’est
montré de nouveau réfractaire à la régénération à la suite d’une
nouvelle amputation.
Sur 8 animaux ayant régénéré partiellement le plexus brachial,
2 seulement ont continué, pour la deuxième fois, à ne pas régénérer
leurs pattes.
De même, sur 9 animaux, ayant régénéré plus ou moins partielle-
ment leur plexus crural, il n’y en a que 2 qui aient à nouveau pré-
senté une absence de régénération.
156 O. SCHOTTÉ
Ces expériences qui n’ont porté que sur une partie (27 sur 53) des
cas soumis à la révision opératoire, les autres étant morts, montrent
que le nombre des discordances se trouve être considérablement dimi-
nué par les résultats d’une nouvelle amputation. Celle-ci peut inter-
venir soit en supprimant l’obstacle mécanique de la cicatrice, soit
en réalisant à nouveau les conditions nécessaires pour qu’une régé-
nération se produise chez les animaux qui n’ont pu régénérer que
très tardivement leurs nerfs.
Sur ces 27 cas, 1l reste en somme 4 cas exceptionnels d'absence
de régénération, malgré la reconstitution complète ou partielle du
plexus. Il est intéressant de comparer cette diminution des dis-
cordances avec ce que nous avons obtenu à la fin du chapitre
précédent, lors de l’examen anatomique d'individus ayant déjà
subi la première réamputation (5 discordances sur 38).
On voit que, dans les deux cas, la réamputation agit en diminuant
le nombre des cas exceptionnels.
En ce qui concerne les 9 cas de non régénération de la Taie
(4 +5), malgré reconstitution des nerfs, ceux-ci ne me paraissent
pas être en opposition irréductible avec mon hypothèse de travail.
Il a été, en effet, fréquemment constaté, à la suite d'interventions
diverses, n’ayant aucun rapport avec le système nerveux, des cas
d'absence définitive de régénération chez le Triton. Il faut songer
que la suppression, souvent prolongée, de l’innervation, à pu entrai-
ner des dégénérescences des tissus, qui ne sont plus dans un état
adéquat à la néo-formation des membres et l’on conçoit que l’arrivée
de nouveaux nerfs ne soit plus suffisante pour provoquer la régéné-
ration aux dépens des tissus dégénérés. Il y aura toujours, dans des
expériences de ce genre, un certain pourcentage de cas excep-
tionnels dont la cause pourra être recherchée, mais n’est actuelle-
ment pas connue.
$ 4 Animaux n'ayant pas régénéré, amputés pour la 3m fous.
Il s’agit d’animaux provenant des séries R (I à III) n’ayant pas
régénéré une première et une deuxième fois. Ces animaux furent
à nouveau réamputés après examen anatomique; la réamputation
était fréquemment effectuée deux ans après la résection primitive
des nerfs.
Lin, Léo ét a EAU TS ESS SES GRR RS ETES
, x r F - nn D t L
éd & -
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 1459]
10 Troisième amputation d'animaux dont tous les nerfs du plexus
sont présents (deux individus).
Les animaux 567 (série III R) et 546 (série R IT b) sont dans les
conditions requises pour cette expérience. Le N° 567 qui, lors de la
première réamputation, n’avait fait montre d'aucune régénération,
régénère maintenant avec une vitesse un peu moins grande que du
côté témoin, mais le N° 546 continue à ne pas régénérer.
20 Troisième amputation d'animaux dont l’innervation est partielle-
ment rétablie (trois individus).
Nos 534 (série IT Ra), 562 et 572 (série IIT R). Le N° 534 qui,
lors de la première amputation, n'avait pas régénéré, régénère :
maintenant avec un retard de 30 jours, tandis que les individus
962 et 572 continuent à ne pas régénérer pendant des mois.
En résumé, sur cinq animaux n’ayant pas régénéré deux fois de
suite, deux régénèrent à la troisième amputation (2M€ réamputa-
tion).
30 Troisième amputation d'animaux n'ayant pas régénéré une
première fois et ayant régénéré tardivement lors de la première
réamputation.
a) Animaux ayant révélé une innervation complètement réta-
blie (4 individus): N° 569, 573 (série III R), 541 et 543 (IT R b).
Après la 3Me amputation, ces quatre individus régénèrent
maintenant à nouveau, mais avec le même retard que lors de la
deuxième amputation.
b) Animaux ayant révélé une innervation partiellement rétablie
(5 individus). N° 533 (série IT Ra), 566, 570, 575 et 579 (série III R).
Après cette réamputation, tous régénèrent avec le même retard que
précédemment, sauf le N° 566, pour lequel ce retard se trouve
diminué.
On voit ainsi que la régénération tardive reste une caractéristique
de ces animaux, sans que l’on puisse savoir avec certitude si elle
est liée à queique anomalie dans la reconstitution des nerfs.
$ 5. Conclusion.
L'examen anatomique effectué sur des individus des séries A,
avant une première réamputation, a montré 50 % de discordances,
158 O. SCHOTTÉ
soit: a) 53 cas sur 135, où l’on notait la régénération des nerfs sans
régénération des membres; b) 14 cas sur 135, où l’on notait la régé-
nération des membres sans régénération des nerfs.
Les expériences de réamputation (première réamputation) ont
montré que sur les animaux réfractaires (non examinés au point de
vue anatomique), 75 % régénèrent après ablation de la cicatrice, si
bien qu’il ne reste plus que 25 % d'animaux réfractaires.
Lorsqu'on pratique l’examen anatomique sur des animaux n’ayant
pas régénéré après une réamputation, on constate que le nombre
des cas exceptionnels (régénération des nerfs sans régénération de
la patte) n’est que de 5 sur 38, soit 13,2 %,, ce qui confirme l’ap-
proximation calculée plus haut, en ce qui concerne le pourcentage
d'individus définitivement réfractaires à la régénération, l’action
de la cicatrice étant expérimentalement déterminée.
Enfin, après une deuxième réamputation, on trouve que sur
11 animaux deux fois réfractaires, quatre deviennent à la deuxième
réamputation (troisième amputation) capables de régénération.
Encore faut-il tenir compte des régénérations partielles des neris
qui peuvent, pour un niveau d'amputation donné, équivaloir à
une absence de nerfs dans cette zone. Il ne m'est pas possible
actuellement d’apporter sur ce point plus de précision, me réservant
d'analyser la relation entre les différentes branches du plexus et le
niveau d’amputation dans un travail spécial consacré à des abla-
tions volontairement partielles du plexus.
CHAPITRE VIII.
Les Tritons sans nerfs qui régénèrent.
Si l’absence de régénération de la patte, malgré un rétablissement
complet ou partiel de l’innervation, constitue une exception diffi-
cile à expliquer, l'apparition de la régénération chez des Tritons
n’ayant pas reconstitué leur plexus est encore plus paradoxale.
Sans doute, toute une série de faits montrent la coïncidence, dans
de nombreux cas, entre l’absence des nerfs et l’absence de la régé-
nération de la patte. Pour la vérifier, j'ai réamputé jusqu’à cinq
fois 10 individus qui n’avaient régénéré ni nerfs, ni membres.
: kg DEN = LUE
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 159
Malgré ces réamputations, qui ont été faites deux et trois ans après
la section des nerfs, les animaux ont tous continué à se révéler
définitivement réfractaires à la régénération. Par contre, le mo-
ment est venu de récapituler les cas contradictoires dans lequels
la régénération apparaît, malgré l’absence de nerfs.
En effet, l'examen anatomique de 135 cas a montré que, chez 14
individus, la régénération de la patte s’était effectuée, malgré
l’absence de reconstitution visible des nerfs du plexus. A ces indi-
vidus viennent s’ajouter d’autres provenant de séries de réamputa-
tions du moignon cicatriciel après examen anatomique préalable.
Deux séries ont été examinées à cet effet.
$ 1. Série R V IV. Réamputation de moignons cicatriciels après
constatation de l'absence complète de régénération des nerfs.
Sept individus, choisis dans les mêmes conditions que les individus
des séries R V I à R V III, ont été réamputés le 10 août 1922,
quelques jours après la guérison de la plaie nécessitée par la revision
opératoire.
Un des individus a présenté une régénération un peu tardive
(un mois environ par rapport au côté témoin), mais normale. Les
six autres individus se sont cicatrisés définitivement 30 à 40 jours
après l’amputation et n’ont été le siège d’aucune régénération.
L'individu ayant régénéré, en l’absence de toute innervation, à
été sacrifié et soumis à un examen anatomique extrêmement minu-
tieux. Ce dernier examen n’a cependant pas eu plus de succès que le
précédent, aucune trace d’innervation n’ayant pu être découverte.
$ 2. Série RR V. Deuxième réamputation après constatation de
absence de régénération des nerfs.
Il s’agit de six individus sans nerfs régénérés qui, lors d’une
première réamputation, se sont révélés réfractaires à toute poussée
régénérative. Ce sont les N°S 525 (série R IT a), 567 (série R IIT),
574 (série R III), puis les Nos 538, 544, 547 et 553 de la série R IT b.
Parmi ces six individus, quatre se sont cicatrisés très rapide-
ment et définitivement; deux individus, par contre, les N°S 538 et
547, ont régénéré du côté opéré avec un léger retard d’un mois
environ par rapport au côté témoin. Comme l'individu précédent,
ANT» HR 1 FR _ ARR FE JC ri À D mi» l EL ie Te ES 2 LPO Te! répne ESS TR Pres ù
F3 . | ss ete “+ Ta) AE ER SA, PRO DERE LES
4 » à s FOR PESTE IR ES TRES 4
=
160 O. SCHOTTÉ
ces deux Tritons ont été également sacrifiés et soumis à un examen
anatomique très complet, mais sans succès.
En définitive, aux 14 individus qui, lors de examen anatomique,
ont montré une régénération de la patte gauche, bien que l’examen
anatomique ait conclu à une absence complète de toute innervation,
il convient d’ajouter trois nouveaux cas exceptionnels.
Au chapitre VI, j'avais signalé 135 vérifications anatomiques;
à ces vérifications, il s’en ajoute maintenant des nouvelles (en tout :
207).
$ 3. Le cas des 17 exceptions.
Sur ces 207 vérifications anatomiques, j'ai obtenu 17 cas qui ne
correspondent pas du tout aux prévisions de l'hypothèse formulée
plus haut et qui constituent ainsi des exceptions très embarras-
santes.
Ce n’est qu'après avoir donné une explication satisfaisante de ces
cas exceptionnels, que l’action du système nerveux sur la régéné-
ration pourrait être considérée comme définitivement démontré.
On peut faire deux hypothèses:
19 L’innervation collatérale provenant des nerfs rachidiens voisins
du plexus brachial permet la régénération du membre amputé.
20 L’examen anatomique ne permet de constater que la régéné-
ration des fibres nerveuses sensitives et motrices, myélinisées; les
fibres sympathiques, sans myéline, n’étant pas visibles à un examen
anatomique ordinaire, jouent peut-être un rôle fondamental.
Les expériences qui suivent doivent résoudre le problème, ainsi
posé dans un sens ou dans l’autre.
$ 4. Rôle des nerfs collatéraux dans la régénération tardive des membres
primiivement privés de leur innervation normale.
Le problème de l’innervation collatérale peut être abordé de
trois façons différentes.
a) En rétablissant, par section du plexus régénéré, les conditions
primitives de l’expérience, sans toucher aux nerfs collatéraux.
b) En établissant, par voie opératoire, quel sera le comporte-
ment du membre, une première fois régénéré, après la suppression
des nerfs collatéraux.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 161
c) En supprimant les nerfs collatéraux dans les cas où le plexus
brachial n’est pas régénéré, mais où la régénération des membres
est normale.
a) Série N CI. Résection des nerfs régénérés du plexus avec conser-
vation de l’innervation collatérale.
12 T. alpestris, à membres gauches régénérés, pris au hasard
parmi les individus des séries A II à A IV, dont l’examen ana-
tomique avait montré une régénération du plexus, subissent la
résection de ce dernier, tandis que les nerfs collatéraux sont laissés
intacts. La fig. 60, un peu schématisée, rend compte des conditions
opératoires de cette série. |
F1G. 60.
Schéma des données opératoires de la série N'CT. a’ b'cd — région d’extrac-
tion du plexus brachial régénéré. R R — niveau de réamputation des pattes
régénérées.
L'opération revient donc à rétablir les conditions primitives
de l’expérience, avec cette différence qu'entre temps les nerfs
collatéraux, si l'hypothèse formulée plus haut est exacte, auraient
pu, à défaut de l’innervation normale, fournir à la patte une inner-
vation nouvelle, suffisante pour permettre la régénération de cette
dernière.
Les résultats obtenus ont été très concluants: aucun des 12
Rev. Suisse De Zoo. T. 33. 1926. 11
162 O. SCHOTTÉ
individus opérés n’a présenté trace de régénération du membre
gauche pendant un temps très long.
Cette expérience mérite d’être mise en évidence; elle est, en effet,
une expérience cruciale démontrant l’action des nerfs sur la régé-
nération. Après une première ablation du plexus, la régénération
fait défaut, pendant un certain temps tout au moins. Pendant ce
temps, le plexus se reconstitue par régénération des nerfs, et le
pouvoir régénérateur de la patte réapparaît. On supprime une
deuxième fois le plexus, et le pouvoir régénérateur fait à nouveau
défaut. Il est difficile, semble-t-il, de mettre mieux en évidence un
rapport de causalité entre la régénération du membre et son inner-
vation.
b) Série N CII. Résection des nerfs collatéraux, le plexus brachial
régénéré étant conservé.
16 T. cristatus, pris au hasard parmi les individus des séries
A I à IV et dont les membres gauches avaient régénéré, après la
première ou la deuxième amputation.
La méthode opératoire est un peu plus compliquée que normale-
ment. Une incision le long de la colonne vertébrale découvre les
5 vertèbres dont sortent les 5 paires (II à VI) de nerfs rachidiens.
Après la mise à nu de chaque nerf, par section des côtes.-et des
apophyses transverses des vertèbres correspondantes, on découvre
toute la région du plexus brachial et des nerfs rachidiens IT et VI
(méthode opératoire B). Avec la branche caudale du nerf V, qui
ne prend pas part à la formation du plexus, les nerfs IT et VI
constituent les seuls éléments susceptibles d’entrer en ligne de
compte comme fournissant peut-être des nerfs à la patte. Suivant
la méthode que j'ai utilisée, les nerfs IT et VI sont d’abord sec-
tionnés suivant le niveau cd, la branche caudale du nerf V suivant
ab, puis les bouts distaux de ces trois nerfs, séparés de leur origine,
sont encore réséqués quelques millimètres plus bas (fig. 61). Il va
sans dire que l’opération doit être effectuée dans des conditions
aseptiques.
L’amputation des deux pattes est pratiquée simultanément
avec l’opération nerveuse, les 13 à 15 août 1923.
Les résultats de cette expérience montrent que l’innervation
collatérale ne peut intervenir comme facteur de régénération des
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 163
pattes opérées, ayant récupéré plus ou moins tardivement leur
pouvoir régénérateur. Sur 16 individus opérés, 3 seulement régé-
nèrent avec une vitesse moindre du côté régénéré que du côté
témoin (écarts de 20 à 30 jours seulement), tous les autres individus
FTr6::61:
Schéma des données opératoires de la série NCITI. aca’ — région d’extrac-
tion des nerfs collatéraux situés en arrière du plexus brachial régénéré;
bd — région d’extraction des nerfs collatéraux situés en avant du plexus
brachial régénéré. R R = niveau de réamputation.
régénérant du côté gauche aussi rapidement et complètement que
du côté témoin.
Il résulte de cette expérience que la suppression de l’innerva-
tion collatérale! n’exerce pratiquement aucune influence sur la
récupération du pouvoir régénérateur.
c) Série N C ITI. Résection des nerfs collatéraux dans les cas à plexus
brachial absent et à régénération normale des membres.
Dans les cas où le plexus brachial fait défaut et où les membres
ont quand même régénéré (les 17 cas exceptionnels), on pourrait
1 Il serait peut-être prudent de faire une réserve et d’ajouter que ceci n’est
démontré que pour le niveau d’amputation utilisé dans cette expérience. Les
individus opérés de cette façon provenant exclusivement des séries à ampu-
tations dans le zeugopode (niveau d’amputations A B et C D), il ne serait pas
impossible que lors d’amputations plus proximales, dans le stylopode, l’inner-
vation collatérale exercât, au contraire, une action décisive.
164 O. SCHOTTÉ
penser à une action vicariante des nerfs collatéraux. Si la suppres-
sion de l’innervation collatérale supprimait simultanément la
régénération des membres, alors les cas exceptionnels se trouveraient
expliqués sans réserve.
Cette série porte sur 5 Tritons qui subsistaient encore, en été
1923, parmi les 17 exceptions signalées.
L'opération, consistant en la suppression de l’innervation colla-
térale, d’après la même méthode que pour la série précédente, a em
même temps permis de vérifier à nouveau l’état anatomique du
plexus deux ans après la première opération. Cet examen n’a pu
que confirmer les examens précédents, aucun changement n’étant
survenu dans l’innervation du membre.
Après résection des nerfs collatéraux IT et VI ainsi que de la
branche caudale du nerf V et amputations bilatérales, le résultat
fut négatif, comme dans la série précédente. Les membres gauches
complètement privés de toute innervation visible, paralysés et
insensibles à la piqûre et au pincement, régénérèrent simultané-
ment avec le côté témoin.
Si cette expérience n’a rien apporté de définitif, elle a cependant
une certaine valeur parce que, même dans les cas où l’innervation
normale fait apparemment défaut, les nerfs collatéraux se montrent
impuissants à apporter au membre l’influx nerveux indispensable à
la rise en train des phénomènes régénératifs, leur suppression ne
produisant aucun effet.
Conclusion. — Les trois séries destinées à établir l’action des
neris collatéraux ont toutes abouti à un résultat négatif et 1l faut en
inférer que c’est bien à l’innervation propre de la patte qu’incombe
l’action des nerfs constatée dans la régénération de cette dernière.
Les nerfs collatéraux ne peuvent, en aucun cas, intervenir d’une
façon sensible dans les phénomènes régénératifs de la patte privée
de son innervation normale.
Les 17 exceptions signalées ne se trouvent pas expliquées.
$ ©. ÆHypothèse de l'existence de nerfs régénérés, mais invisibles et
vérification expérimentale de cette hypothèse.
Il faut donc faire appel à la deuxième interprétation, toute
négative, d’après laquelle l'examen anatomique serait un critère
insuffisant pour juger de l’absence complète de l’innervation.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 165
Comme il a été dit plus haut, les nerfs rachidiens sont non seule-
ment mixtes, parce qu'ils contiennent des nerfs sensitifs et moteurs
(tous deux myélinisés et seuls susceptibles d’être vus), mais encore
parce qu’ils contiennent des fibres sympathiques, sans myéline et
invisibles à un examen ordinaire.
Or, j'ai montré (1922 et 1924) que l’action du système nerveux
sur la régénération était imputable exclusivement aux nerfs sym-
pathiques. On peut donc se demander si, dans les 17 cas excep-
tionnels, les nerfs myélinisés n’ont pas été empêchés, pour une
raison ou pour une autre, de régénérer, tandis que seules auraient
pu régénérer les fibres sympathiques.
Pour vérifier ce point de vue, on peut raisonner ainsi: s’il y a
des fibres nerveuses régénérées mais invisibles, on doit cependant
pouvoir les couper. Si après cette opération la régénération dispa-
rait, il y aura beaucoup de vraisemblance pour que la nouvelle
hypothèse soit exacte. J’ai fait dans ce but la série suivante:
Série N S. — 8 animaux, dont l’examen anatomique avait révélé
l’absence de toute innervation, malgré la régénération tardive du
membre gauche, ont pu être opérés de la manière suivante. Après
l’ouverture de la région du plexus comme pour les séries précé-
dentes, toute la région de l’ancien plexus est soigneusement net-
toyée de tout ce qui n’est pas muscles ou vaisseaux. Ainsi, toute
bride d’aspect conjonctif, tout filament suspect est extirpé. Par
ce nettoyage, je pouvais espérer avoir éliminé à nouveau les fibres
nerveuses invisibles qui auraient, d’après ma supposition, suffi à
innerver les membres ou permis leur régénération. Les nerfs colla-
téraux, par contre, ont été laissés en place afin que le résultat
obtenu restât sans équivoque.
L’issue de l’expérience répondit pleinement aux prévisions:
aucun des individus ne montra trace de régénération du côté où
l’innervation invisible, bien que vraisemblablement présente, avait
été si radicalement supprimée. |
Si cette expérience parait assez probante, il n’en reste pas moins
dans l’esprit un certain doute, étant donné que tout le raisonne-
ment repose sur l’existence des nerfs invisibles qui seuls auraient
été régénérés. Il manque à cette démonstration la constatation
directe de la présence de fibres nerveuses amyéliniques, recherche
que je n’ai pas eu le temps — en raison des séries en cours —
d'effectuer jusqu’à présent.
166 O. SCHOTTÉ
Si d'autre part, on devrait renoncer à cette hypothèse, il faudrait
mettre au moins un certain nombre des cas exceptionnels sur le
compte de changements intrinsèques dans les tissus de la patte,
dont la nature nous échappe entièrement. Il se pourrait, en effet,
dans des cas de non régénération, malgré la néoformation du plexus,
que nous ayons affaire à des phénomènes de vieillissement cellu-
laire, peut-être consécutifs à une dégénérescence primitive, qui
auraient entraîné la perte du pouvoir régénérateur. Inversement, si
mes expériences ont mis hors de doute que, pour une patte normale,
la suppression brusque des corrélations nerveuses inhibe tempo-
rairement la régénération, on peut se demander si la reprise du
pouvoir régénérateur, souvent très tardive, ne survenant qu'après
une première ou une deuxième réamputation (2 ans et plus), alors
que les nerfs n’ont pas été reconstitués d’une façon visible, est bien
liée à une nouvelle innervation sympathique. Cette reprise pourrait,
en effet, dépendre de l’établissement d’une certaine indépendance
des tissus de la patte vis-à-vis de leur corrélation ancienne. Cette
question nécessitera de nouvelles recherches.
$ 6. Récapitulation générale de la discussion.
Par la critique et par l’expérience (série T), J'ai pu montrer
Pimpossibilité d’une action des traumatismes opératoires, et con-
clure que seule l’hypothèse d’une action directe des nerfs était
admissible pour expliquer l’absence du pouvoir régénérateur du
côté opéré, ainsi que les écarts très variables, pour les différentes
séries, dans la réapparition du pouvoir régénérateur, du côté dont
l’innervation a été primitivement interrompue.
Pour expliquer la variabilité de ces écarts, j’ai fait appel à l’hypo-
thèse d’une reconstitution de l’innervation des membres par régé-
nération des nerfs, et, en prêtant à cette dernière une régularité |
toute théorique, il a été possible de donner, des phénomènes obser-
vés, une interprétation satisfaisante.
Cependant, lorsque j’ai soumis cette hypothèse à des vérifica-
tions, l'examen anatomique a apporté un certain nombre de résul-
tats discordants, qui ne peuvent s'expliquer par l’action d’une
innervation collatérale et dont, seule, la présence de fibres sympa-
thiques invisibles paraît pouvoir rendre compte.
a CR 27e CS
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 167
Maintenant qu'il est établi, pour les pattes antérieures et
postérieures, que le retour du pouvoir régénérateur, absent aussi
longtemps que l’innervation manque, coïncide, dans la majorité
des cas, avec le retour de cette dernière; que les effets des trauma-
tismes ne peuvent être invoqués; qu’il semble être démontré que
l’absence durable de régénération est due soit à l’obstacle purement
matériel d’une cicatrice d’amputation trop dure, soit à une régé-
nération nulle ou insuffisante des nerfs; que l’innervation collaté-
rale s’est révélée absolument inopérante et qu’enfin les cas de régé-
nération en absence de toute innervation visible se trouvent vrai-
semblablement expliqués par la présence de fibres sympathiques,
il semble bien que toutes les conditions requises, pour une expé-
rience vraiment concluante, se trouvent remplies et qu’il est pos-
sible désormais de parler d’une action certaine et indiscutable du
système nerveux sur la régénération des pattes antérieures et posté-
rieures de Tritons adultes et de larves d’Urodèles.
Toutefois, si cette action n’est pas douteuse, en ce qui concerne
la patte normale, la question n’est pas encore entièrement résolue
en ce qui concerne la récupération tardive du pouvoir régénérateur
dans certains cas exceptionnels.
168 O. SCHOTTÉ
TROISIÈME PARTIE.
Effets de la suppression globale de l’innervation
sur la continuation de la régénération
des membres.
Dans la première partie de ce travail, destinée à étudier les effets
de la suppression de l’innervation sur la mise en train des phéno-
mènes régénératifs, J’ai pu obtenir des résultats d’une précision
très grande, montrant le rapport existant entre la présence ou le
rétablissement de l’innervation et le déclanchement de la régéné-
ration.
Il était dès lors intéressant de savoir si la nécessité de l’innerva-
tion se ferait sentir de la même manière, non plus sur la mise en
train de la régénération, mais sur la continuation de ce processus.
Il fallait établir si la suppression de l’innervation de pattes, dont
la régénération était plus ou moins avancée, permettait la conti-
nuation du phénomène et dans quelle mesure. Il était également
intéressant de rechercher si les différents stades d’évolution des
régénérats se comporteraient identiquement après la suppression
de . l’innervation.
La seule méthode utilisée a été la méthode A, consistant en une
mise à nu du plexus par ouverture de la région sous-scapulaire et
résection du plexus brachial gauche suivant ab-a'b".
Pour suivre efficacement les résultats de l’opération, 1l était
indispensable, cette fois, de faire des dessins des pattes au moment
même de l’ablation du plexus et ceci tant pour la patte à opérer
que pour la patte témoin. Je ne me suis jamais départi de cette
règle. Les dessins furent répétés tous les 15 jours et naturellement
exécutés, comme toujours, à la chambre claire. Il va sans dire que
la position des pattes pendant les dessins n’était pas toujours
identiquement la même et c’est ainsi que s'expliquent quelques cas
…
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 169
où il est malaisé de reconnaitre, dans deux dessins successifs, qu’il
s’agit vraiment des pattes d’un même individu.
Le choix du moment de la suppression de l’innervation pouvait être
fait de deux manières: on pouvait opérer un nombre défini de jours
après l’amputation, ou, au contraire, choisir des stades définis du
régénérat. Dans mes opérations, qui toutes ont été effectuées en
1921, j'ai adopté la première méthode, c’est-à-dire que j'ai sup-
primé l’innervation à des pattes qui avaient subi une amputation
10, 20, 40, 60 ou 80 jours auparavant.
Le comportement des divers individus privés de leur innervation
le même nombre de jours après l’amputation s’est cependant
montré, en raison des différences individuelles dans l’état d’évolu-
tion du régénérat au moment de l’opération nerveuse, assez variable
au sein d’une même série.
Aussi, m’a-t-1l semblé préférable de choisir, pour l’exposé des
résultats des séries qui vont suivre, la deuxième méthode. Je
distinguerai ainsi les séries suivantes, classées d’après l’état des
régénérats au moment de la résection des nerfs 1:
Opérations sur a) régénérats indiscernables macroscopiquement ;
série C I.
» » b) jeunes bourgeons de régénération; série C IT.
c) bourgeons de régénération âgés; série C III.
» » d) palette de régénération non différenciée;
série C IV.
» » _e) palette de régénération différenciée; série C V.
» » f) régénérats à doigts individualisés; série CG VI.
Dans chaque cas, l’âge du régénérat sera naturellement indiqué
aussi, car en dehors de l’état de régénération de la patte opérée,
l’âge du régénérat est un facteur qui influe sensiblement sur la
marche ultérieure des phénomènes.
$ 1. Série CI. Suppression de l’innervation au stade où le régénérat
; est macroscopiquement indécelable.
8 Triton cristatus, amputés le 14 juillet des pattes antérieures
- suivant AB, subissent la résection du plexus brachial gauche
1 La variabilité dans la vitesse de régénération des deux côtés d’un même
individu m’a obligé à ne prendre en considération, pour le choix du stade du
régénérat, que l’état de celui du côté gauche.
170 O. SCHOTTÉ
suivant ab et a'b' (voir fig. 13), le 24 juillet, c’est-à-dire dix jours
après l’amputation. Au moment de l’ablation du plexus, les deux
pattes, bien que recouvertes d’un jeune épithélium cicatriciel,
ne présentent pas encore de bourgeon de régénération discernable
à l’œil nu, ni à la loupe binoculaire. Cependant, les recherches
histologiques (FRAISSE) ont montré que, dix jours après l’ampu-
tation, la prolifération du nouveau matériel a déjà débuté. En
supprimant l’innervation à cette époque, 1l s’agit donc bien d’une
interruption de l’innervation sur une régénération déjà commencée.
Dix jours après la résection du plexus gauche (20 jours après
l’amputation), les pattes témoins à innervation intacte présentent,
dans presque tous les cas, des jeunes bourgeons de régénération;
ceux-C1 s’observent, sans exception, chez tous les individus cinq
jours plus tard.
Du côté opéré, par contre, on observe les mêmes phénomènes
précédemment décrits de cicatrisation progressive avec étrangle-
ment de la zone centrale, restée jeune. Tandis que, 20 jours plus
tard (40 jours après l’amputation), les pattes témoins montrent
l’apparition des ébauches digitales, les pattes opérées sont en ce
moment entièrement cicatrisées.
Parmi les huit individus, aucun n’a été, du côté opéré, le siège
d’une régénération tardive pendant les trois mois que dura l’expé-
rience, tandis que du côté témoin, la régénération normale suivit
son chemin.
Les phénomènes primaires de régénération étant déjà en train
dix jours après l’amputation, cette expérience prouve que ceux-e1
se trouvent inhibés par la suppression de l’innervation.
$ 2. Série C II. Suppression de l’innervation dans le cas de régénérats
au stade de jeune bourgeon de régénération.
8 Triton cristatus, amputés le 24 mai, et 2 T. alpestris, amputés
le 4 mai, sont opérés le 14 juin 1921. Les régénérats sont done
âgés de 20 jours dans le cas des Triton cristatus, de 40 jours dans
le cas des T. alpestris. J'ai rangé ces derniers dans la catégorie
«jeunes bourgeons », en raison de l’apparition, en effet très tardive,
du bourgeon dans ces deux cas. Les amputations ont porté sur le
niveau AB, dans le zeugopode, la résection du plexus est effectuée
suivant ab et a'b'.
À
“Ai
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 171
AANANAQ an
FATANNAE
an añai
aRInn AAA
ANA AQA RA
TERRE
Dessins des deux pattes de tous les individus de la série C II. 1e et 4me ran-
gées horizontales: au moment de la résection du plexus; 2me et 5me rangées:
20 jours après la suppression de l’innervation; 3me et 6me rangées: 70 jours
après la suppression de l’innervation (les individus A et B sont morts 50 jours
après l’opération).
172 O. SCHOTTÉ
Les résultats de la suppression de l’innervation peuvent être
suivis plus aisément sur les dessins qui remplacent avantageusement
de longues explications.
La première rangée horizontale de la fig. 62 représente l’état de
régénération des pattes gauches et droites de 5 individus (de
gauche à droite, À à E) le jour de la résection du plexus brachial.
La IVme rangée horizontale de la même figure représente l’état
de régénération des individus F à J au même moment.
Les deux rangées suivantes représentent l’état de régénération
des pattes 20 et 70 jours après la résection du plexus. L’examen
des 2mMe et 5Me rangées montre que, dans tous les cas, les régénérats
du côté gauche sont fortement diminués, sauf chez le Triton E, qui
présente de ce côté un aspect stationnaire. Les autres individus
présentent aussi des différences de couleur avec le côté témoin qui,
ainsi qu'il ressort des dessins, n'a cessé de s’accroître normalement.
20 jours plus tard, 40 jours après la résection du plexus, l’exa-
men des individus B, C, G, I et J révèle la disparition com-
plète des bourgeons de régénération, sans qu'il soit cependant
encore possible de conclure à une cicatrisation complète. Chez les
Tritons E, F et H, les régénérats restent cependant stationnaires
et les bourgeons sont encore parfaitement discernables.
90 jours après l’amputation, D qui représente un très jeune
individu, montre une réelle augmentation dans la masse de son
régénérat qui continue à évoluer très rapidement.
Les 3mMe et 6me rangées de dessins représentent l’état des deux
pattes, 70 jours après la résection du plexus. Il résulte de l’examen
de ces dessins que le cas D présente du côté gauche un régénérat
assez avancé, que le cas H à augmenté le volume de son régénérat
qui était resté stationnaire pendant le mois précédent, que l’indi-
vidu F montre un régénérat difforme, pédiculé, emprisonné par
une zone cicatricielle concentrique et qu’enfin le Triton E pré-
sente, en ce moment, une nouvelle poussée régénérative.
Les 6 autres individus sont à cette époque complètement cica-
trisés et pigmentés du côté où l’innervation avait été supprimée
70 jours auparavant. Dans la suite, seuls, E et H ont donné du
côté gauche des régénérats normaux, F restant dans l’état repré-
senté par le dernier dessin pendant deux mois encore. Les 6 autres
individus n’ont été le siège d’aucune nouvelle poussée régénérative
durant les cinq mois et demi que dura l’expérience.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 13
En résumé, la suppression de l’innervation sur des régénérats
peu évolués, se trouvant au stade de bourgeon de régénération à
peine ébauché, a pour effet immédiat non seulement la cessation
de tout accroissement nouveau, mais aussi une diminution de la taille
du régénérat (tous les individus sauf un).
Cette diminution de la taille peut aller, par ratatinement succes-
sif et envahissement épidermique, jusqu’à la disparition complète
du régénérat (6 cas sur 10).
Dans les autres cas l’arrêt de croissance dure aussi longtemps
que l’absence de l’innervation est effective (deux mois environ) et
correspond ainsi très exactement avec les observations recueillies 1
dans les précédentes expériences.
Passé ce délai, lorsque les fibres nerveuses sont arrivées en con-
tact avec un tissu précédemment en régénération, le bourgeon de
régénération récupère immédiatement sa potentialité de croissance
et la régénération reprend normalement ?.
$ 3. Série C III. Suppression de l’innervation dans le cas de régénérats
au stade de bourgeon de régénération âgé.
9 Triton cristatus, amputés des deux pattes antérieures, suivant
le niveau AB, le 24 mai, présentent, le 4 juillet 1921, de gros bour-
geons de régénération sans aucune trace de différenciation. A cette
date, 40 jours après l’amputation, on pratique la résection du plexus
brachial gauche suivant ab et a’b’.
Ces bourgeons étant, comme le montre la fig. 63, Ire rangée, très
volumineux, on peut très bien apercevoir les troubles de la cireu-
lation qui se manifestent pendant les premiers jours, du côté opéré.
Ces troubles se traduisent par un changement de la couleur du
régénérat qui, de rouge clair, devient rouge sombre et passe au
violet dans quelques cas. Le volume du régénérat augmente de
ce fait, mais il ne peut s’agir que d’une congestion paralytique,
cette augmentation de volume ne durant qu’un jour ou deux
au plus.
Du côté témoin, la régénération se poursuit normalement.
1 Pour le niveau d’amputntion A B et les niveaux de résection ab-a’b° des
nerfs du plexus (séries A et B).
? On verra dans la suite que cette interprétation comporte certaines réserves
quant à la «reprise » du pouvoir régénérateur.
174 O. SCHOTTÉ
La fig. 63 représente, dans sa première rangée horizontale, l’état
des régénérats gauches et droits des individus À à E, le 4 juillet,
jour de la suppression de l’innervation. La deuxième rangée de
cette figure montre l’état de régénération des pattes 50 jours
plus tard, le 24 août. On voit que, dans tous les cas, les régénérats
du côté gauche ont diminué de taille, tandis que du côté témoin
la régénération a abouti à la formation de mains formées. La
diminution de taille des régénérats privés de leur innervation est
particulièrement visible dans les cas D et E.
RAA ANTE
cHOtAË nAQË
A B e | D E
Frc. 68.
Dessins des deux pattes de tous les individus de la série GIII. 17e rangée
au moment de l’opération; 2mMe rangée: 50 jours après la suppression de l’in-
nervation.
20 jours plus tard, 70 jours après l’opération sur les nerfs, tous les
individus présentent une reprise indiscutable de la poussée régéné-
rative, la taille des bourgeons s’accroissant désormais régulière-
ment.
En résumé, la suppression de l’innervation, pratiquée au stade de
bourgeon de régénération âgé produit, comme précédemment, l’ar-
rêt de tout accroissement nouveau accompagné d’une diminution
de taille et d’un vieillissement du régénérat. Les effets de cette
suppression de l’innervation durent aussi longtemps que l’absence
des nerfs est effective, 2 mois au minimum. |
a
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 175
Nota. Le choix des stades qui vont suivre, bien que ne ressor-
tant pas d'emblée de l’examen superficiel des dessins, n’est cepen-
dant pas arbitraire. Il résulte d’un examen attentif de l’état du
régénérat, de sa consistance, de sa couleur, de la présence ou
de l’absence de moindres indications des futures ébauches digi-
tales, ne pouvant figurer sur les dessins. C’est ainsi que l’on verra
classés dans les prochaines séries sous le nom de «palette de régé-
nération » des stades qui, en prenant seulement en considération
la taille, auraient dû certainement être rangés parmi les bour-
geons de régénération.
$ 4. Série C IV. Suppression de l’innervation dans le cas de régénérats
au stade « palette » non différenciée.
10 Série C'IV à. 5 Triton cristatus subissent l’amputation des
deux pattes antérieures, suivant AB, le 24 mai, et la résection
du plexus suivant ab et a’b’, le 4 juillet 1921, 40 jours après l’am-
putation. À ce moment, les 5 individus possèdent tous de larges
et volumineuses palettes de régénération, mais sans qu'il soit
possible d’apercevoir les moindres sillons interdigitaux.
La première rangée de la fig. 64 montre les régénérats le jour
de l’ablation du plexus. 20 jours plus tard, tandis que du côté
témoin les sillons délimitant les futurs doigts sont bien marqués.
aucun progrès n’est visible du côté opéré. Cependant, en ce moment
déjà, la palette gauche, privée d’innervation et qui était primitive-
ment sans différenciation morphologique, commence à vieillir
comme aspect extérieur, à se déformer et à montrer des sillons
digitaux, chez tous les individus, mais sans s’accroître. 40 jours
après l’opération, l’individu B présente un accroissement marqué
de la taille de son bourgeon.
Les dessins de la deuxième rangée de la fig. 64 montrent l’état
des régénérats des 5 individus, 50 jours après la section des nerfs.
De la comparaison de l’état d'évolution des régénérats des pattes
gauches, il résulte que, chez les individus A et D, les régénérats
ont diminué de taille pendant les 50 jours écoulés depuis la résec-
tion du plexus, que chez l’individu C le volume est resté station-
naire, tandis que chez les individus B et E il y a eu certainement
augmentation de taille. Chez B, cette augmentation date de 10 à
15 jours, chez le Triton E, elle est toute récente.
176 O. SCHOTTÉ
RANARA AAA)
DCE
A B e D E
FiG. 64.
Dessins des deux pattes de tous les individus de la série C IV a,. 1re rangée
horizontale: état des régénérats au moment de l’opération; 2me rangée: des-
sins des régénérats 50 jours après la suppression de l’innervation.
Dans tous les cas, la différenciation morphologique des régé-
nérats gauches a progressé. Cette différenciation correspond,
cependant, à une réalisation morphologique incomplète dans 4 cas
sur 5 et n’a subi dans la suite de l’observation aucun change-
ment. En effet, 3 des individus ont présenté deux doigts, un trois
doigts, et un seul individu (C) montre le nombre normal de doigts.
20 Série C IV b,. 5 T. cristatus. Amputation bilatérale des deux |
pattes le 24 mai, résection du plexus avec complication trauma- 4
tique du côté témoin le 3 juillet 1921.
L'intervention opératoire troublant nécessairement la vascu-
larisation du régénérat, 1l n’était pas superflu, a priori, d’admet-
tre que c'était le traumatisme qui produisait l’arrêt dans la crois-
sance du régénérat. Bien que les considérations théoriques et
les expériences relatées au chapitre IT aient déjà permis d’éli-
miner l’hypothèse de GoLpFARB, il est utile, semble-t-il, de rapporter
ici tous les détails des opérations réellement effectuées à un moment |
(1921) où l’expérience ne m'avait pas encore montré l’impossi-
bilité d’une action du traumatisme opératoire. Dans ce but, j'ai
effectué les mêmes interventions chirurgicales également du côté
témoin; celles-ci consistaient en l’ouverture de la région sous-
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 477
scapulaire, avec la mise à nu et la préparation du plexus brachial
droit, sans toutefois sectionner aucune des branches de ce plexus.
Comme :1l était à prévoir, cette intervention n'a eu aucun effet
sur la régénération en cours des pattes témoins, qui ont continué
à évoluer sans accident.
La première rangée de la fig. 65 montre l’état de régénération
des pattes antérieures au moment de la suppression de l’inner-
vation, et l’on voit que le stade d’évolution des régénérats est, en
tous points, comparable à celui de la sous-série précédente. 20 jours
| ARRANEARR
LAN AA AAIRR
À B GE D E
Free: 65:
Dessins des deux pattes de tous les individus de la série C IV b,. 1re rangée
horizontale: état des régénérats au moment de l’opération; 2me rangée: des-
sins des régénérats 60 jours après la suppression de l’innervation.
plus tard, les pattes gauches présentent un régénérat diminué de
volume. 30 jours cependant après l’opération, les pattes gauches
privées d’innervation, bien que n’ayant pas augmenté de taille,
commencent à présenter les sillons interdigitaux. 50 jours après
l'opération, on remarque, dans deux cas, B et D, une légère reprise
de la régénération, tandis que les cas A et C évoluent dans le sens
d’une morphologie incomplète.
Les dessins de la deuxième rangée de la fig. 65 montrent l’état
de régénération des pattes, deux mois après la suppression de
l’innervation. Le Triton A présente un seul doigt différencié, C
Rev. Suisse De Zooc. T. 33. 1926. 12
178 O0. SCHOTTÉ
montre un régénérat complètement pigmenté à 3 doigts incomplets,
les individus B et D, seuls, continuent à évoluer normalement,
tout en présentant un nombre réduit de doigts. Le dernier individu
enfin, E, présente un bourgeon de régénération considérablement
diminué de taille, mais à aspect vieux et pigmenté, et qui, pendant
deux mois encore, n’a produit qu'un régénérat à morphologie
monstrueuse, à un doigt, dans le genre de celui que présente le
Triton A.
Du côté témoin, malgré le traumatisme infligé, la régénération
est restée à tous points de vue normale.
30 Série C IV as. 12 T. alpestris; amputation bilatérale le 2 mai,
résection du plexus brachial le 12 juin 1921 (40 jours après l’am-
putation).
Au moment de la suppression de l’innervation, tous les individus
possèdent du côté gauche de larges et volumineux régénérats,
mais sans aucune différenciation en ébauches digitales.
La première et la quatrième rangées de la fig. 66 représentent
l’état des régénérats, le jour même de l’opération. 15 jours après,
on constate une diminution certaine de la taille des régénérats
gauches, chez tous les individus, sans exception.
La deuxième et la cinquième rangées représentent l’état de la
régénération chez ces 12 individus, 25 jours après l’opération. Du
côté témoin, on voit que la régénération a progressé normalement;
du côté opéré, les régénérats ont certainement augmenté de longueur
dans les cas A, B, D, E, G, et K, mais ceci sans aucun doute aux
dépens de la largeur, de sorte que, dans tous ces cas, le volume
général dés régénérats a plutôt diminué ou est resté stationnaire.
Par contre, dans les cas F, H, I, J et L, il a diminution
marquée du volume. Mais, bien que leur volume soit resté
stationnaire ou même ait diminué, les régénérats ont évolué dans
le sens de la différenciation morphologique, dans 8 cas. On voit,
en eflet, apparaître, comme le montrent les dessins, les sillons
interdigitaux et, dans quelques cas même (A, B, D, E, G et K), les
doigts commencent à s’isoler de la masse commune du régénérat.
Cet état reste stationnaire pendant une vingtaine de jours
encore, puis la poussée régénérative reprend vigoureusement. La
troisième et la sixième rangées de la même fig. 66 montrent l’état
des régénérats 70 jours après la section du plexus. On constate
7
_LN
|
di
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 179
MANN
ARAQA AA Mn
CAE
‘ Î
Li
me
uns
B :
Le
CCE
AIAR AA rl
Le
é H SA J
F1G. 66.
Dessins des deux pattes de tous les individus de la série CIV a,. 1re et 4me
rangées: état des régénérats au moment de l’opération; 2me et 5me rangées:
25 jours après; 3me et 6me rangées: 70 jours après la suppression de l’inner-
vation.
180 O. SCHOTTÉ
que les régénérats ont partout augmenté, par rapport à l’état
précédent !. Mais, si cette augmentation est sensible pour pres-
que tous les individus de la troisième rangée (sauf pour l’indi-
vidu D où il s’agit plutôt d’un allongement excessif que d’une
augmentation notable du volume et pour le Triton J où il y a
diminution certaine par rapport à l’état initial du régénérat), cette
augmentation de taille des régénérats est incapable de leur per-
mettre de réaliser une morphologie complète, car, dans les 10 cas
qui restent, il y a eu réduction du nombre des doigts.
Comme, en ce moment, 70 jours après la suppression de l’inner-
vation, les régénérats du côté gauche sont très avancés en âge et
déjà fortement pigmentés, aucun changement ultérieur dans
leur morphologie n’est possible; un mois plus tard, les régénérats
ont bien un peu augmenté de taille, mais sans beaucoup changer
de forme. Aucun individu, même 100 jours après la suppression
de l’innervation n’est arrivé à reformer un nombre normal de
doigts (4). Il est vrai que ces restitutions insuffisantes sont assez
fréquentes aussi du côté témoin, où finalement 3 individus sur 10
n’ont également régénéré que trois doigts.
40 Série C IV b,. 10 T. alpestris, amputés le 1€7 mai, subissent,
40 jours plus tard, la résection du plexus brachial, le 11 juin 1921.
Cette opération est compliquée, comme dans le cas de la série
CIV b,, par une intervention chirurgicale similaire, sans section
des nerfs, du côté droit témoin.
Au moment de l’opération, les pattes gauches et droites des
10 individus se trouvent posséder de volumineux régénérats, sans
différenciation, comme le montrent les dessins de la première et
de la quatrième rangée de la fig. 67.
15 jours après l’opération, on remarque une diminution générale
de la masse des régénérats dans tous les cas, sauf dans le cas C,
chez lequel j’enregistre une certaine augmentation de volume.
Les dessins des deuxième et cinquième rangées de la fig. 67
montrent que, 30 jours après l’opération, trois individus témoi-
gnent déjà d’une certaine augmentation du volume de leur régé-
nérat gauche, privé d’innervation (cas C, G et I). Chez tous les
autres individus, cependant, la diminution est certaine et, dans le
1 Les individus K et L sont morts quelques jours après le deuxième dessin.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 181
ATEN
FA AE AA fa
Det à AN AA rad
Lancon ce
AA 28 AA D
An ra Ae
3 G HA |
Pic: 67:
Dessins des deux pattes de tous les individus de la série G IV b,. 1re et zme
rangées: états des régénérats au moment de l’opération; 2Me et 5me rangées:
30 jours après; 3Me et 6me rangées: 75 jours après la suppression de l’inner-
vation.
182 _ ©. SCHOTTÉ
cas J 1, cette régression du régénérat va même jusqu’à sa dispa-
rition complète. Partout cependant la régression de volume est
accompagnée d’une différenciation marquée des ébauches digitales,
qui correspond déjà à une morphologie incomplète. La morphologie
apparente à cette époque — 30 jours après la suppression d’inner-
vation — ne subit plus aucun changement et, seul, le volume
des régénérats se modifie. En général, la reprise de l’accroissement
de taille des régénérats se produit déjà vers le quarantième jour,
mais la croissance est lente, entravée par un vieillissement précoce
des régénérats privés d’innervation. |
Les dessins des troisième et sixième rangées montrent l’état des
régénérats, 70 jours après l’opération. On y voit: 1° deux cas de
régénération d’un seul doigt (D et E); 20 trois cas de régénération
de deux doigts seulement (A, B et G); 3 trois cas de régénéra-
tion de trois doigts du côté opéré (C, F et 1).
Les cas D et H sont intéressants, mais ont subi une certaine
modification des conditions expérimentales, au cours de l’observa-
tion. Pendant l’exécution d’un des dessins, les animaux, en se
tortillant très fortement, ont subi une lésion du régénérat gauche
et c’est ainsi que j’ai obtenu de nouvelles réductions de la morpho-
logie et de la taille du régénérat: dans le cas D, un régénérat à
un seul doigt; dans le cas H, une réduction jusqu’au stade de
bourgeon de régénération.
Résumé des observations de la Série C IV. — Les 32 individus
considérés présentaient tous, au moment de l'interruption du
plexus, du côté gauche, une large palette, mais sans différencia-
tion visible dés ébauches digitales. RE
Dans tous les cas sauf un, l’observation a montré un arrêt 1immé-
diat de la croissance pendant au moins 30 jours et cet arrêt de crois-
sance s’est même traduit par une diminution certaine du volume.
Si le voiume des régénérats diminue ou reste stationnaire, les trans-
formations internes continuent cependant leur marche et semblent
même être accélérées. On assiste à des phénomènes de vieillissement
précoce, qui se traduisent par une pigmentation du régénérat, plus
rapide du côté opéré que du côté témoin, et par l’acquisition d'une
consistance plus grande des parties en régénération.
La différenciation morphologique progresse avant que le régéné-
1 Animal mort, sans avoir régénéré, au bout de 32 jours.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 183
rat ait repris sa potentialité de croissance. Mais, dans tous les cas
(31), la différenciation, aux dépens du régénérat n’ayant pas aug-
menté de volume, aboutit à une morphologie incomplète. Cette
différenciation en mains ectrodactyles est toujours visible une
trentaine de jours après la suppression de l’innervation; une fois
les sillons interdigitaux établis, on peut considérer qu’un change-
ment ultérieur dans la morphologie du régénérat est pratiquement
exclu, à moins de lésions traumatiques intervenant tardivement.
La reprise du pouvoir régénérateur des régénérats, momen-
tanément arrêtés dans leur croissance, se produit parfois précoce-
ment, 30 à 40 jours après la suppression de l’innervation, mais
normalement seulement 50 jours après l’opération.
Un cas exceptionnel s’est présenté, qui montrait une augmenta-
tion du volume du régénérat déjà 15 jours après la suppression
de l’innervation. Un examen anatomique de l’animal, effectué
40 jours après l’opération, a permis de constater que l’ablation du
plexus avait été exécutée correctement, le plexus brachial ne
montrant à cette époque qu’un très faible début de régénération.
La signification de ce cas reste obscure.
$ 5. Série C V. Suppression de l’innervation dans le cas de régénérats
au stade « palette » différenciée.
Les 15 individus de cette série sont de provenance différente et
possèdent des régénérats d’âge variable.
Aussi, sera-t-1l indiqué de les discuter par séries de cinq individus
à l’aide de dessins.
a) La fig. 68 représente l’état des régénérats des individus
A à E, qui ont subi des amputations à des dates différentes:
A. T.cristatus amputéle 4/IV opéré le 23 /VI, 80 jours
après l’amputation
Br .) » PR EV nn - VI: 60 jours
après l’amputation
ETS » » » 4JIV » » 3/VI, 60 jours
après l’amputation
D. T. alpestris » » D/IV » » 24/VI, 80 jours
après l’amputation
E. » » » »_ D [IV » » 24 [VI 80 Jours
après l’amputation.
184 O. SCHOTTÉ :
La première rangée de la fig. 68 montre l’état des régénérats
considérés, présentant des sillons indicateurs des futurs doigts,
ainsi que l’état monstrueux des régénérats gauches dans le cas de
deux Triton alpestris (D et E). 20 à 30 jours après l'opération,
la taille des régénérats gauches, privés d’innervation, n'a pas aug-
menté, dans les trois premiers cas, bien que la différenciation
continuât sans arrêt. Dans les cas des Triton alpestris, par contre,
on remarque une diminution certaine des régénérats.
FFSA AAA
A7 syst Rte AR ne
g- d. 8: d. 8: de. |
EX, B C D E
|
Fi1G. 68.
Dessins des deux pattes des 5 premiers individus de la série C V. 1re ran-
gée: au moment de l’opération; 2me rangée: 60 jours après la suppression de
l’innervation.
Les dessins de la deuxième rangée de la même fig. 68, faits 60 jours
après l'opération nerveuse, montrent une faible reprise de la crois- |
sance dans le cas des trois Triton cristatus et, simultanément, une
différenciation très poussée des pattes gauches. Dans les deux |
derniers cas, la diminution de la taille des régénérats reste sensible
et a abouti à des malformations incapables d’évoluer normalement.
[l'est à remarquer que, dans les cas considérés, la différenciation
morphologique n’a pas été modifiée par l’intervention opératoire | |
contrairement à ce qui a pu être observé dans tous les cas de la
série précédente.
b) La fig. 69 représente cinq autres individus (cas À à E) de
la même série, dont la première rangée indique l’état des régéné-
rats le jour de la suppression de l’innervation. Les individus A, B,
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 185
C et D sont des Triton cristatus amputés le 3 avril, le plexus
brachial ayant été réséqué suivant ab-a’b’, le 2 juin 1921, 60 jours
après l’amputation. E est un Triton alpestris dont le régénérat
déjà bien différencié est âgé seulement de 40 jours. Dans les cinq
cas, le côté droit avait également subi l’intervention trauma-
tique déjà décrite plus haut. Cependant, chez le Triton C, un
des nerfs du plexus fut atteint à cette occasion. J’ai alors réséqué
aussi les deux autres nerfs du plexus et laissé par contre l’innervation
du côté gauche intacte. Un coup d’œil sur les trois dessins successifs
du cas C montre que, cette fois-ci, c’est le côté droit qui a eu un
comportement aberrant.
La deuxième rangée des dessins de la fig. 69 montre une dimi-
nution certaine de la masse des régénérats de tous les individus, du
côté opéré, 25 jours après la suppression de l’innervation. Cette
diminution est telle, dans les cas B et E, que les régénérats se
RAS OPA
g .
PRG AAA ns
COR
F1G. 69.
Dessins des deux pattes de 5 autres individus de la série CV. 1fe rangée:
dessins au moment de l’opération; 2Me rangée: 30 jours après; 3%e rangée:
80 jours après la suppression de l’innervation.
186 O. SCHOTTÉ
trouvent ramenés, en ce moment, au stade « bourgeon de régénéra-
tion » 1. |
La troisième rangée montre l’état de ces régénérats, 80 jours
après la suppression de l’innervation. Si, en ce moment, la reprise
de la croissance des régénérats est générale (sauf dans le cas E,
complètement pigmenté, à aspect vieux et dont l’évolution paraît
terminée), la taille est encore inférieure à l’état initial dans le
cas B qui, du reste, aboutit à une morphologie incomplète,
ne le dépasse pas de beaucoup dans deux cas (A et C), mais
atteint un très grand développement dans le cas D. Ce dernier
Triton avait, du reste, présenté une reprise de la poussée régéné-
rative, déjà vers le 35M€ jour après la suppression de l’innervation.
c) La fig. 70 représente trois états successifs des cinq derniers
individus de cette série, qui sont également d’âges très différents.
Tandis que les trois premiers individus (T7. cristatus) ont des
régénérats âgés de 60 jours au moment de l'opération (A, B,
et C), D est un T. alpestris en régénération depuis 40 jours seule-
ment, de même que le T. cristatus suivant (E).
20 jours après la résection des nerfs du plexus, on remarque,
dans les cas B et E, une diminution certaine du volume du côté
opéré, dans les cas À et D, cependant, une augmentation indis-
cutable de la longueur du régénérat qui ne saurait être expliquée
par un remaniement de la masse dans le sens de la longueur, mais
qui correspond certainement à une augmentation générale du
volume. |
Les dessins de la deuxième rangée, faits 30 jours après l’opération,
illustrent cet état de choses qui s’accentue. Dans le cas E, le dessin
correspond à un stade plus tardif, 80 jours après l’amputation.
La troisième rangée de la fig. 70, dessins faits 80 jours après la
suppression de l’innervation (individus B, A, C et D), montre la
très forte reprise de la régénération dans les cas À et C. Par
contre, le T. alpestris D montre une diminution dans la taille de
son régénérat, résultant d’une blessure qui lui avait été infligée
par morsure.
1 Je n’ai pas noté dans mes procès-verbaux une lésion du régénérat au
moment de l’opération ou du dessin, mais ceci me semble très probable, les
régénérats étant trop avancés pour présenter des phénomènes d’involution
aussi marqués.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 187
En résumé, les 15 individus de la série ont montré, sauf dans deux
cas, un comportement assez uniforme pour ce qui concerne l’arrêt
de croissance pendant le premier mois qui suit la suppression de
l’innervation. Dans 13 cas, en effet, on constate partout sinon une
diminution, du moins un arrêt de croissance des régénérats privés
d’innervation.
LAS An AAAR À
para Mia
CSC
B À Le D
Bac: 70.
Dessins des deux pattes des 5 derniers individus de la série C V. 1'° rangée:
au moment de l’opération; 2me rangée: 30 jours après; 3Me rangée: 80 jours
après la suppression de l’innervation.
E
Dans deux cas, cependant, il y eut une augmentation indiscutable
du volume du régénérat; celle-ci ne peut être attribuée à une sup-
pression incomplète du plexus, car une révision anatomique à
montré que l'opération avait été correctement effectuée.
La série C V diffère de la précédente en ce qui concerne la mor-
phologie des régénérats. Nous avons vu, en effet, que précédemment,
sur 31 individus tous avaient subi des modifications profondes
dans leur structure, qui les ont fait aboutir à des mains ectrodac-
188 O. SCHOTTÉ
tyles. Ici, sur 15 individus, 6 seulement ont subi des changements
dans l’édifice structural de l’ébauche de la main qui, au moment
de la suppression de l’innervation, semblait déjà déterminé. Dans
deux cas cependant (B et E, fig. 69), il est certain que cette modifi-
cation de la morphologie est due à une lésion du régénérat au
moment de l’opération ou lors d’un dessin, ce qui a entraîné un
remaniement de l’ébauche et a abouti à une formation morpholo-
giquement incomplète.
$ 6. Série C VI. Suppression de l’innervation dans le cas de régénérats
au stade « doigts individualisés ».
1 Série CV TA.
a) 4 Triton cristatus à régénérats âgés de 60 jours. Au moment
(3 juin 1921) de l’opération sur le plexus, tous les individus pos-
sèdent des mains régénérées avec des doigts bien individualisés,
comme le montrent les dessins de la première rangée de la fig. 71.
A 2 lp A
pri ENS pan AA
MAP rt PI
Le
8
A B C D
Prod:
Dessins des deux pattes des 4 premiers individus de la série C VI a. 1re
rangée: au moment de l’opération; 2Me rangée: 30 jours après; 3Me rangée:
80 jours après la suppression de l’innervation.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 189
La deuxième rangée des dessins montre l’état des pattes, 30 jours
après la suppression de l’innervation. S'il est aisé de reconnaitre
sur ces figures que la différenciation des régénérats gauches a fait
des progrès incontestables, 1l est malaisé, par contre, de se prononcer
avec certitude sur la question de savoir si les régénérats ont aug-
menté de taille ou non. Ceci semble être le cas pour les cas A et
D, tandis que, chez les deux autres individus, on peut parler d’une
utilisation du matériel primitif, mais non d’une augmentation du
volume des régénérats.
40 jours après l’opération, les deux individus extrêmes continuent
à présenter une nouvelle augmentation, certaine cette fois-ci, du
volume des régénérats gauches, et cet accroissement se poursuit
désormais jusqu’à la fin de l’expérience (80 jours après l’opération),
comme le montre la troisième rangée de la figure. Les deux autres
individus moyens n’ont que peu progressé dans la taille de leurs
régénérats, par contre les doigts se sont dessinés davantage et se
sont considérablement allongés.
b) 4 Triton cristatus à régénérats âgés de 80 jours. Au moment
de l’opération, 23 mai 1921, les individus possèdent, comme le
montre la première rangée de la fig. 72, des régénérats volumi-
neux mais qui, somme toute, ne sont pas plus évolués que dans
PT PARA PNA FT
ALI AP
T°
D
A B C D
16:72:
Dessins des deux pattes des 4 derniers individus de la série C VI a. 1'e ran-
gée horizontale: état des régénérats au moment de l’opération; 2Me rangée:
dessins effectués 35 jours après la résection du plexus.
190 O. SCHOTTÉ 1
le cas précédent. Ceci n’est pas surprenant, si l’on songe que les
amputations ont été pratiquées en hiver, le 4 mars.
Les dessins de la deuxième rangée, effectués 35 jours après l’ab-
lation du plexus, montrent une diminution considérable de la taille
du régénérat gauche du cas B, ce qui est peut-être à mettre sur
le compte d’une morsure; par contre, dans les cas A et D, on
constate une légère, mais indéniable augmentation des régénérats
gauches.
En tout cas, sur 8 individus de cette sous-série, 5 ont montré
une augmentation sensible de leur volume à un moment qui, au
premier abord, semblerait un peu précoce.
20 Série C VI b. 5 Triton cristatus, à régénérats âgés de 80 jours
(amputation le 4 mars), subissent la résection du plexus le 23 mai
1921. Ces individus diffèrent cependant de la sous-série précédente
par le fait qu’un traumatisme supplémentaire est infligé au côté
droit comme dans certaines des séries déjà signalées.
PARA AAA ÉAN
B-
AAA A Arf
£- d: g-
A B C D E
Pre, 293.
Dessins des deux pattes de tous les individus de la série G VI. 1re rangée
horizontale: état des régénérats au moment de l’opération; 2"e rangée: dessins .
effectués 35 jours après la résection du plexus.
La première rangée de la fig. 73 montre l’état des régénérats de
ces 5 individus, tandis que la deuxième rangée montre les mêmes
pattes dessinées 35 jours après l’opération.
On voit qu’en dehors des deux premiers individus, chez lesquels
a
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 191
n1 la grandeur, n1 la forme du régénérat n’ont varié, les trois autres
présentent une augmentation assez marquée du volume du régé-
nérat, la différenciation en doigts continuant à s’effectuer normale-
ment.
Les pattes droites ont évolué sans qu’il soit possible de décéler
la moindre action de traumatisme.
30 Série C VI c. 6 Triton alpestris, amputés le 4 avril, subissent
la résection du plexus brachial gauche le 23 juin 1921. A ce mo-
ment, 80 jours après l’amputation, comme le montre la première
rangée de la fig. 74, les régénérats sont volumineux et les doigts
parfaitement définis. La deuxième rangée de la figure montre
nf
D HAOË ann
ge
A B Œ
ed, g- d: ed: g. d g. d g. d
A B e D E KR
F1G. 74.
Dessins des deux pattes de tous les individus de la série GC VI c. 17° rangée:
au moment de l’opération; 2me rangée: 35 jours après la résection du plexus.
l’état de ces régénérats, 35 jours après la suppression de l’inner-
vation et l’on assiste ici à une diminution du volume des régéné-
rats privés d’innervation, qui semble être certaine et générale.
Il n’y a guère que le cas F qui prête à équivoque. Par contre,
la différenciation des régénérats a beaucoup progressé et l’on
remarquera que partout les doigts se sont individualisés. La ré-
duction dans la taille des deux régénérats monstrueux (C et
D) est particulièrement intéressante. Dans un cas, cependant, la
morphologie du régénérat, qui correspondait à une patte normale
au moment de l’opération (B), subit une modification aboutis-
sant à une main à trois doigts seulement.
192 O. SCHOTTÉ
30 Série C VI d. 6 Triton alpestris, à régénérats âgés également
de 80 jours, sont opérés à la même date que précédemment et
subissent du côté droit le même traumatisme opératoire. L'état
des régénérats à ce moment est visible dans la première rangée
de la fig. 75. La deuxième rangée montre, 35 jours après l’opé-
A AA
8 £ D £ - £- è g-
A B G D FE F
g d. pe. dl: D té à CADRES 2 1 g- de g- af
À B e D E F
Pré: #75
Dessins des deux pattes de tous les individus de la série C VI d. 1re rangée:
au moment de l’opération; 2mMe rangée: 35 jours après la suppression de l’in-
nervation.
ration, une diminution certaine du volume des régénérats opérés,
dans deux cas (C et D), un état stationnaire dans un cas (A),
une augmentation indiscutable chez l'individu E, et enfin, des
remaniements de forme qui ne permettent pas de préciser s’il y a
eu augmentation, dans deux cas (B et F). Si, en effet, dans
ces deux derniers cas, on constate un allongement certain du régé-
nérat, son rétrécissement à la base n’en est pas moins indiscutable,
de sorte qu’il est possible que le volume soit resté constant. Pour
ce qui concerne les pattes droites, elles n’ont pas été plus affectées
par le traumatisme opératoire que dans la sous-série C VI b.
En résumé, sur les 25 individus de cette série on observe:
1° une diminution du volume ou un état stationnaire pendant
un mois au moins, dans 16 cas;
2° une augmentation indéniable de ce volume pendant les pre-
PROG
CRE
PT NA PU DELL VALERIE Ce:
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 193
miers 39 Jours après l’amputation dans 9 cas, alors qu'il ne peut
être question d’un rétablissement de l’innervation;
30 les doigts étant déjà parfaitement formés au moment de la
suppression de l’innervation. ou les anomalies de forme déjà déter-
minées, les modifications morphologiques produites par la sup-
pression de l’innervation, sont nulles ou peu profondes. Deux
cas seulement témoignent d’un changement survenu dans la mor-
phologie du régénérat, et encore ces modifications sont-elles peu
marquées. Dans tous les autres cas, les régénérats gauches ont
continué à évoluer tout à fait normalement.
$ 7. Récapitulation des résultats des séries C!.
Si l’on récapitule l’ensemble des résultats obtenus dans les
séries C, sur les 93 individus observés, on constate:
a) Au point de vue du volume du régénérat sans préoccupation de
la forme :
1° L’interruption de l’innervation sur un régénérat non encore
constitué macroscopiquement interrompt immédiatement toute
régénération et l’ébauche du régénérat sous forme d’un bour-
geon n’est même pas constituée, tous les individus (8 cas) se cica-
trisant comme lors des amputations faites simultanément avec la
suppression de l’innervation.
20 La suppression de l’innervation sur des régénérats macros-
copiquement visibles, mais jeunes et mous, entraine, dans tous
les cas, un arrêt de croissance. La majorité des cas (6 sur 10)
montre même une diminution de volume du régénérat, qui se
traduit par une disparition complète et définitive du bourgeon
de régénération. Les 4 autres individus reprennent leur poussée
régénérative à partir du 50€ jour qui suit la suppression de l’in-
nervation.
30 La suppression de l’innervation sur des bourgeons de régéné-
ration âgés entraîne également un arrêt de croissance marqué,
accompagné, dans tous les cas (5), d’une diminution de taille.
Deux mois après, la poussée régénérative reprend.
49 La suppression de l’innervation sur des régénérats au stade
de palette de régénération, sans différenciation morphologique, dé-
termine l’arrêt de toute poussée nouvelle pendant 30 jours au
Rev. Suisse pe Zoo., T. 33. 1926. 13
194 O. SCHOTTÉ
minimum. Cet arrêt est également accompagné d’une diminution
de taille dans tous les cas (51).
La reprise du pouvoir régénérateur se fait normalement au bout
de 40 à 50 jours (30 à 35 jours après l’amputation dans des cas
exceptionnels).
50 La suppression de l’innervation, sur des régénérats déjà âgés
et présentant une différenciation morphologique visible, montre
un arrêt de croissance dans 13 cas sur 15, pendant 30 jours au moins.
Dans deux cas cependant, 1l y a eu une augmentation indiscutable
du volume du régénérat à une époque (20 jours après l’amputation)
où la régénération des nerfs du plexus réséqué (et contrôlés par
un examen anatomique adéquat) ne saurait être invoquée comme
cause de cet accroissement. |
Dans les autres cas, la reprise de croissance se fait plus tardive-
ment que dans les deux cas mentionnés, mais plus précocement
que dans les séries précédentes, et a lieu en moyenne 35 à 40 jours
après la suppression de l’innervation.
60 La suppression de l’innervation sur des régénérats âgés et
morphologiquement très bien déterminés (doigts formés et en
train de s’individualiser) ne produit un arrêt certain de la crois-
sance que dans 16 cas sur 25 pendant les 30 à 35 premiers jours.
Dans 9 cas, il y eut une augmentation certaine du volume des
régénérats pendant ce temps, bien que les conditions expéri-
mentales aient été partout identiques et vérifiées par un examen
anatomique. |
La reprise de croissance dans les 16 autres cas est générale, 30
à Jo jours après la suppression de l’innervation.
b) Si nous envisageons les résultats au point de vue de la réalisa-
tion de la forme des régénérats opérés, on observe que:
19 Les régénérats étant parfaitement indéterminés dans les 3
premières séries, aucune conclusion ne peut étre tirée de la réali-
sation d’une morphologie s’établissant après la reconstitution de
l’innervation. Ces séries rentrent purement et simplement dans les
cas de régénération tardive, signalés à propos des séries A et B.
20 Dans les cas où le régénérat forme déjà une ébauche aplatie
dorso-ventralement (stade palette), mais où les sillons des doigts
ne sont pas encore indiqués, les processus ultérieurs ont été, par
contre, profondément troublés par la suppression de l’innervation.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 195
Tandis que le régénérat cesse de s’accroître, son évolution normale
suit son cours; il se pigmente, vieillit rapidement et surtout la
différenciation morphologique apparaît. Cette différenciation, faite
sur un territoire incapable de s’accroitre, aboutit alors à des forma-
tions monstrueuses (mains à nombre de doigts réduits dans 31 cas
eur ab}:
30 La même intervention opératoire, faite sur un régénérat mor-
phologiquement plus âgé et où les ébauches digitales ont déjà
apparu, ne modifie plus la forme du régénérat que dans 4 cas sur
15 (avec certitude). Dans deux cas, l’évolution morphologique
aberrante semble être due à quelque lésion du régénérat.
49 La suppression de l’innervation, pratiquée sur des régénérats
déjà âgés et morphologiquement très avancés, ne change la morpho-
logie déjà acquise au moment de l’opération que dans 2 cas sur 25,
et ceci d’une façon seulement très légère.
c) Les interventions opératoires, faites sur le côté témoin, sans
lésion du plexus, en vue d’étudier l'effet du traumatisme sur des
stades jeunes, n’ont donné aucun résultat perceptible, les côtés
droits continuant à régénérer dans tous les cas (26), tout à fait
normalement.
$ 8. Discussion.
a) Discussion des faits relatifs à la reprise du pouvoir régénérateur
dans les séries C.
La récapitulation des faits montre que dans les séries C IT et
C III la reprise du pouvoir régénérateur s’effectue 50 à 60 jours
après la résection du plexus. Cette reprise se manifeste exception-
nellement déjà 25 jours après la suppression de l’innervation, dans
le cas de la série C IV, tandis que dans les séries C V et C VI,
cette durée devient la règle.
Or, les faits relatés dans le chapitre [ (séries A) nous ont appris
que la reprise du pouvoir régénérateur, pour le niveau de résection
du plexus a b-a’ b’ et le niveau d’amputation A B, s’effectue après
un arrêt de 60 à 75 jours en movenne. Le niveau de résection du
piexus brachial dans les séries C étant aussi a b-a’ b’ et le niveau
_d’amputation AB, il semble, au premier abord, troublant d’ap-
prendre que la poussée régénérative peut reprendre, dans ce cas,
Rev. Suisse DE Zoo. T. 33. 1926. 13 *
196 O. SCHOTTÉ
après un simple arrêt de 30 à 35 jours. D’autre part, on ne s’ex-
plique pas la différence entre les délais d'apparition du pouvoir
régénérateur, d’une part dans les 3 premières séries (60 jours en
moyenne) et, d'autre part, dans les 3 dernières (30 à 35 jours).
Si, cependant, nous nous reportons à la discussion relative au
résultat des séries A et B, on voit que J’ai dû alors faire appel à la
notion du temps total nécessaire pour la manifestation de la régé-
nération, pour un niveau donné de section des nerfs et un niveau
donné d’amputation des pattes. Dans le cas des séries à niveaux
a b-A B ce temps est égal à 60 à 65 jours.
J’ai été amené à décomposer ce temps total en 2 fractions:
19 Le temps de latence, nécessité par l’élaboration du matériel
nécessaire à la régénération normale et que l’on peut mesurer du
côté témoin par l'intervalle entre le moment de l’amputation et
celui de la première mamifestation extérieurement visible du pou-
voir régénérateur;
20 le temps de récupération du pouvoir régénérateur qui est égal
au temps total moins le temps de latence et qui paraît bien corres-
pondre à la durée de la régénération des nerfs eux-mêmes.
Dans les séries C, effectuées soit au printemps, soit en été, le
temps de latence étant de 25 jours, le temps de récupération doit
être de 35 à 40 jours (60 à 65 moins 25).
Or, le temps de latence n’a pas à intervenir dans les séries C IV
à VI, puisque, au moment dela section des nerfs, le matériel forma-
teur est déjà réalisé et la régénération en train. Le retard doit cor-
respondre uniquement au temps de récupération et l’on constate,
en effet, que c’est au bout de 35 jours que la régénération reprend
sa poussée primitive.
En ce qui concerne les autres séries C I, C IT, C ITT, et une partie
de la série C IV, dans lesquelles la récupération de la régénération
est plus tardive, bien que celle-ci ait été déjà en train, 1l faut pour
comprendre ce qui a dû se passer, tenir compte des phénomènes
de régression présentés par les bourgeons de régénération. Ceux-c1
diminuent de taille, de consistance, de couleur et subissent une
involution qui, dans 6 cas sur 10, amène la disparition du bourgeon
de régénération.
Lorsqu’au bout du temps requis pour le rétablissement de
l’innervation (35 à 40 jours), les nerfs sont arrivés dans le terri-
toire du bourgeon, tout est à recommencer. Pour qu’une régéné-
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 197
ration devienne à nouveau macroscopiquement visible, 1l doit y
avoir élaboration d’un tissu nouveau. De tels cas sont, somme
toute, identiques à ce que l’on observe lors d’une interruption de
l’innervation avec amputation simultanée.
Sans doute, cette explication est en partie hypothétique. Pour
la vérifier 1l faudrait entreprendre une étude histologique. Toute-
fois, une longue habitude du matériel étudié, l'examen journalier
de toutes sortes de phases de la régénération chez le Triton, m'ont
persuadé que l’explication précédente est vraisemblable. La nou-
velle régénération n'utilise plus les tissus précédemment formés,
mais représente les effets d’une nouvelle poussée régénérative,
indépendante de la première.
S'il est encore relativement facile de rendre compte des écarts
observés dans la reprise du pouvoir régénérateur, il est très malaisé
d'expliquer les cas exceptionnels qui ont été rencontrés. Dans 11
cas, en effet, une augmentation certaine du volume du régénérat
a été observée avant même le délai minimum de 35 jours.
Le fait que le nombre des cas exceptionnels augmente avec l’âge
et l’état d'évolution des régénérats, semble indiquer que la cause
de ce phénomène paradoxal est à rechercher plutôt dans l’état du
régénérat que dans une question d’innervation.
Il est hors de doute que, même sans innervation, les régénérats
avancés continuent à évoluer, subissent des remaniements,
changent de forme et, peut-être même, augmentent de masse.
Comme pour les cas exceptionnels signalés dans la deuxième
partie de ce mémoire, dans lesquels j’ai observé une reprise du
pouvoir régénérateur malgré une absence de l’innervation ana-
tomiquement constatable, on pourrait ici aussi invoquer des
changements intrinsèques dans les tissus de la patte dont la nature
nous échappe encore entièrement.
b) Discussion des faits relatifs à la morphologie des régénérats obtenus.
Un premier fait se dégage de l’observation de presque toutes les
séries C envisagées. Les régénérats sans innervation ne sont pas
des masses de cellules inertes, mais continuent à être le siège d’un
métabolisme interne intense, qui les fait vieillir, changer de forme
et de couleur et passer ainsi par toutes les phases qui caractérisent
l’évolution d’un régénérat normal. Il semble certain que les change-
ments en question sont précipités, plus rapides que normalement,
198 O. SCHOTTÉ
et que, de ce fait, ils sont liés à l’état dans lequel se trouvait le
régénérat au moment de la suppression de l’innervation, puisque,
dans la règle, ce régénérat est incapable de s’accroître. En d’autres
mots, la différenciation morphologique se produit ici a
ment de l’innervation.
Suivant l’état du régénérat au moment de la suppression de
l’innervation, 3 cas peuvent se présenter:
19 Lorsqu'on supprime l’innervation à un stade trop jeune
(bourgeon de régénération), qui n’est alors qu’une simple masse
cellulaire non différenciée, l’absence de l’innervation se traduit
par un arrêt de croissance accompagné de phénomènes regressiis
qui rendent impossible toute différenciation morpholgique. Cette
absence de différenciation se prolonge jusqu’à ce que le rétablisse-
ment de l’innervation ait permis la formation de nouvelles masses
cellulaires, aux dépens desquelles la différenciation ultérieure
s’opère (séries C IT et C IIT).
20 L’innervation supprimée à des stades plus avancés, constitués
par des régénérats aplatis dorso-ventralement, mais sans que la
future morphologie soit encore indiquée (palette non différenciée),
entraine des modifications profondes dans ces jeunes ébauches.
Dans tous les cas, la différenciation en ébauches digitales se dessine
plus précocement que du côté témoin, mais, dans tous les cas égale-
ment, cette différenciation prématurée aboutit à une main ectro-
dactyle, à 1, 2 ou 3 doigts.
Cette différenciation aux dépens d’ébauches restées petites sug-
gère l’idée que la morphologie dépend en partie de la masse du
régénérat. Cette idée fut clairement exprimée par E. GUYÉNOT
et O. ScHoTTÉ en 1923: « Toutes les fois que, par divers artifices
expérimentaux, un bourgeon de régénération est condamné à
évoluer sans pouvoir atteindre sa masse normale, 1l aboutit à une
morphologie incomplète. Tout se passe comme si une quantité
définie de tissus formateurs ne pouvait donner naissance qu'à un
nombre défini de parties digitales.
«On ne voit pas apparaître de mécanisme régulateur, par lequel
le nombre normal des parties aurait été conservé, grâce à une
réduction générale des dimensions, ce qui serait le cas si le bour-
geon réduit aboutissait à la production d’une main en miniature,
mais complète. La différenciation du régénérat ne résulte pas
d’une sorte de tendance interne et fatale vers une morphologie
pu.
diiau sb
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 199
équilibrée, mais est fonction directe de la quantité de matériel
disponible. »
30 L’innervation supprimée, lors de régénérats plus avancés,
déjà morphologiquement déterminés, conduit à des résultats bien
différents. Sur un ensemble de 40 cas (séries GC V et C VI), 6 seule-
ment ont témoigné d’un remaniement structural qui a fait aboutir
le régénérat à une forme différente de celle à laquelle la diffé-
renciation, visible au moment de la suppression de l’innervation,
semblait le destiner. Cette difficulté de remaniement d’une struc-
ture établie avant la suppression de l’innervation va grandissant
avec l’âge du régénérat et, lorsque ce remaniement se produit sur
des régénérats âgés de plus de 2 mois, par exemple, les transforma-
tions ultérieures qui se produisent sont peu importantes.
A ce point de vue, certains cas similaires, rapportés par P. Weiss,
témoignant d’un remaniement survenu à des stades morpholo-
giquement très avancés, semblent bien être dus plutôt à des rema-
miements post-traumatiques, tels qu’on les rencontre dans les
3 cas que j'ai signalés, qu’à des remaniements réguliers, semblables
à Ceux qui se rencontrent après suppression de l’innervation de
régénérats plus jeunes et non lésés.
$ 9. Conclusion.
Il résulte des faits, et de la discussion dont ils ont été l’objet, que
la suppression de l’innervation pratiquée sur les pattes antérieures,
amputées dans le zeugopode 10, 20, 40, 60 et 80 jours avant la
résection du plexus, produit les effets suivants:
1° Il se produit un arrêt de toute croissance dans 82 cas sur 93.
Cet arrêt de croissance des régénérats est accompagné, dans la
règle, d’une diminution de volume et de phénomènes régressifs
qui peuvent entraîner la disparition totale des régénérats déjà
formés lorsque ceux-ci sont encore jeunes.
20 11 cas sur 93 font exception au comportement général et ont
présenté soit une augmentation immédiate du volume, soit une
reprise de la poussée régénérative précoce, avant que le rétablisse-
ment de l’innervation par régénération des nerfs réséqués ait pu
se produire.
30 Après un arrêt de croissance de 60 jours en moyenne pour les
séries C I à C ITT, de 35 jours en moyenne pour les 3 séries suivantes,
200 O. SCHOTTÉ
une reprise de la poussée régénérative a pu être observée dans la
grande majorité des cas.
40 Dans les 3 premières séries, l’interruption de l’innervation a
pu entrainer la disparition du régénérat primitif, indiquée par les
phénomènes visibles de régression; lors du retour de l’innervation,
il se produit une nouvelle poussée régénérative, si bien que ces cas
se ramènent à ce qui se passe lorsque l’amputation et la suppression
de l’innervation ont été pratiquées simultanément (séries A).
90 Dans les séries C IV à C VI par contre, les régénérats étant
présents et déjà trop grands pour être résorbés, la reprise du pou-
voir régénérateur coïncide réellement avec la fin de la régénération
des nerfs. Les observations des séries À et B nous ayant appris
que cette régénération nécessitait, pour les distances considérées,
une durée moyenne de 35 à 40 jours, ce temps se trouve représenter
le temps réel de la reprise du pouvoir régénérateur dans les cas où
le temps de latence est supprimé. Les observations des séries C
constituent ainsi une nouvelle confirmation des faits rapportés
dans les séries A et B.
6° Les faits de remaniements de la forme primitive des régénérats,
et qui aboutissent à la réalisation d’une morphologie anormale et
insuffisante, suggèrent l’idée que la différenciation morphologique
des régénérats est indépendante de leur innervation.
70 C’est la masse des régénérats, arrêtés dans leur croissance
par la suppression de l’innervation, qui semble être le facteur
essentiel dans la morphogénèse ultérieure des régénérats (E. GUYÉ-
NOT et O. SCHOTTÉ).
8° Le fait de l’indépendance de l’évolution morphologique du
régénérat vis-à-vis de son innervation semble constituer un argu-
ment excluant l’idée d’une action morphogène du système nerveux
sur la régénération. Cette constatation n’a cependant qu’une valeur
temporaire et sera envisagée à nouveau, à l’aide d'expériences adé-
quates, dans un prochain mémoire.
9 Les faits exceptionnels d'augmentation de volume des régé-
nérats dans la période où ceux-ci sont certainement privés d’inner-
vation, les faits de changements de volume, de forme, ceux de
différenciation et de vieillissement accompagné de pigmentation,
constituent autant de preuves que la suppression de linner-
vation des régénérats déjà avancés ne paralyse pas nécessairement
leur évolution interne. Bien au contraire, ils semblent être le siège
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 201
_ d’activités précipitées se traduisant par des réalisations morpholo-
_ giques trop hâtives et, de ce fait, souvent incomplètes et mons-
D trueuses. ,
F2 100 L'influence générale du système nerveux sur la régénération
_ s’est manifestée dans 82 cas sur 93, les 11 autres cas présentant des
_ exceptions qui doivent être mises sur le compte de possibilités de
| régulation résidant dans les tissus des régénérats eux-mêmes et qui,
_ actuellement, ne sauraient être expliquées d’une facon satisfaisante.
4 ? P Ç
[Se
©
[De
O. SCHOTTÉ
Résumé et Conclusions.
A. ACTION GLOBALE DES NERFS SUR LA RÉGÉNÉRATION NORMALE.
I. Laissant de côté, dans ce travail, l’action de telle ou telle sorte
de nerfs dans la régénération, j’ai cherché à établir quelle influence
exerce la suppression globale de l’innervation (motrice, sensitive
et sympathique) sur la régénération des pattes de Tritons.
La méthode a consisté dans la section ou la résection du plexus
brachial ou du plexus crural, dans leur totalité. Cette opération
nécessitait une intervention aseptique et des soins post-opératoires
dont le détail est indiqué dans le chapitre correspondant.
IT. Dans une première série, 1l a été pratiqué simultanément
sur 276 animaux (246 pattes antérieures et 30 pattes postérieures)
la résection du plexus du côté gauche et l’amputation à un même
niveau des deux pattes, celle de droite servant de témoin individuel.
Tandis que, dans tous les cas sans exception, la patte témoin a
régénéré normalement, la patte gauche privée d’innervation a
toujours présenté soit une absence durable de la régénération, soit
un retard considérable par rapport à la patte témoin.
III. Les opérations faites sur 33 larves jeunes (20 à 30mm) de
Tritons et de Salamandres, consistant dans l’amputation des pattes
avec résection simultanée du plexus d’un côté, ont fourni des résul-
tats identiques. Ces résultats ont permis de conclure que la régéné-
ration à l’état larvaire et à l’état adulte relève d’un même détermi-
nisme et la croyance générale, d’après laquelle il existerait une
différence fondamentale dans la régénération dans ces deux phases
de la vie d’un organisme s’est révélée erronnée.
Simultanément, ces résultats m'ont permis d'admettre que la
période de « différenciation organogénétique » de W. Roux, où la
régénération serait indépendante du système nerveux, ne pouvait
être la période «larvaire », mais devait correspondre à un stade
«embryonnaire », dont le degré d’évolution ontogénétique resterait
à déterminer.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 203
IV. Cette action des nerfs sur la régénération ressort encore des
expériences (189 cas) dans lesquelles les amputations n’ont été
faites qu'un certain temps (10, 20, 30, 40, 60, 75 et 100 jours)
après la résection du plexus.
V. Cette action se dégage de même des expériences (93 cas) dans
lesquelles, inversement, la résection du plexus n’a été effectuée qu’un
certain temps (10, 20, 40, 60 et 80 jours) après les amputations. Il
en ressort que le système nerveux intervient non seulement dans
la mise en train des processus régénératifs, mais aussi dans leur
continuation.
»,
VI. Globalement, en faisant la sommation de toutes ces expé-
riences, on voit que, dans l’ensemble de ces cas, se montant à 591
individus, l'influence du système nerveux sur la régénération a été
mise hors de doute.
VII. L'absence durable ou temporaire de régénération ne peut
être mise que sur le compte de la suppression de l’innervation, car
une série d'expériences de contrôle ont montré que le traumatisme
seul, si grave soit-1l, n’exerce aucune action comparable, tant que
les nerfs sont conservés dans leur intégrité. L'hypothèse de l’action
des traumatismes, émise par GOLDFARB, se trouve ainsi éliminée,
des résections d'importants vaisseaux n'ayant également exercé
aucune action sur la marche normale de la régénération.
B. REPRISE DU POUVOIR RÉGÉNÉRATEUR APRÈS SECTION DES NERFS.
VIII. Il faut distinguer, dans les phénomènes consécutifs à la
suppression de l’innervation, deux sortes de cas: a) la perte défini-
tive du pouvoir régénérateur qui sera envisagée plus loin; b) la
reprise de ce pouvoir après un retard variable, mais constant pour
des conditions données.
IX. Ce retard dépend, en premier lieu, de la saison, la vitesse de
régénération et la vitesse de récupération du pouvoir régénérateur
étant, toutes choses égales d’ailleurs, maximum en été, minimum
en hiver.
X. À une même saison et pour un même miveau d'amputation
de la patte, la récupération du pouvoir régénérateur est d’autant
204 O. SCHOTTÉ
plus rapide que les nerfs ont été sectionnés plus proximalement.
Inversement, à une même saison et pour un même niveau de section
nerveuse, ce pouvoir régénérateur réapparait d'autant plus pré-
cocement que l’amputation est plus proximale. Autrement dit, la
vitesse de retour à la régénération est fonction de la distance entre le
niveau de section nerveuse et le niveau d’amputation.
XI. Cette relation suggère l'hypothèse que le retour à la régéné-
ration coïncide avec la restauration, par régénération propre des
axones, des nerfs sectionnés ou réséqués. La vitesse de ce retour,
comme celle de la régénération des axones, est fonction de la saison.
XIT. Si la récupération du pouvoir régénérateur dépend de la
régénération des nerfs réséqués, il s’en suit que le résultat doit être
différent, suivant que l’amputation est pratiquée avec un retard
faible ou grand par rapport au moment de la section nerveuse.
Les expériences montrent en effet (séries A) que, lors d’amputa-
tions simultanées, il faut, dans les conditions données, un temps
égal à N jours pour que la régénération réapparaisse. Dans le cas
d’amputations retardées (séries B), la régénération s’observe après
un temps qui est égal à N—10, N—20, ..., N—100 jours, selon que
l’amputation a été pratiquée 10, 20, .., 100 jours après la section
nerveuse. Quand on ampute postérieurement au temps N, les
nerfs ont eu le temps de régénérer et tout se passe comme s'ils
n'avaient pas été sectionnés.
XIII. Ce temps N est lui-même formé de deux éléments: 1° un
temps de latence existant également du côté témoin et qui s’écoule
entre le moment de l’amputation et celui où commence la première
manifestation visible de la régénération; 20 un temps de récupéra-
tion qui est, comme nous avons pu le voir, fonction de la distance
entre le niveau d’amputation et celui de section nerveuse et qui
correspond vraisemblablement à celui nécessité pour la régénération
des nerfs eux-mêmes.
Si l’on pratique d’abord l’amputation, puis la section nerveuse,
on obtient les résultats suivants:
a) Dans le cas où la section nerveuse est faite peu après l’ampu-
tation (10, 20 et éventuellement 40 jours), la régénération étant
encore invisible ou à peine ébauchée, le bourgeon élaboré paraît
se résorber ou disparaître. Il faut qu'après reconstitution des nerfs
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 205
une nouvelle poussée régénérative se fasse, et le temps nécessité
est alors le temps N (temps de latence, plus temps de récupération).
b) Dans le cas où la section nerveuse est faite plus tardivement,
alors que le régénérat est déjà fortement différencié, le temps de
latence n’est plus à prendre en considération, parce que le régénérat
déjà formé subsiste, et 1l faut attendre seulement que se soit
écoulé le temps de récupération, pour que la poussée régénérative
reprenne.
I y a là un faisceau de faits qui concourent tous à mettre en
relief l’hypothèse d’après laquelle la récupération du pouvoir
régénérateur, après section des nerfs, dépend de la néoformation
des axones et de leur arrivée au niveau qui doit régénérer.
C. VÉRIFICATIONS PHYSIOLOGIQUES ET ANATOMIQUES.
XIV. Contrairement aux prévisions, n1 les vérifications physio-
logiques, d’ailleurs difficiles et peu adéquates, ni les vérifications
anatomiques n’ont paru d’abord apporter une confirmation de la
relation constituant l'hypothèse précédente. L’examen anatomique
effectué au hasard sur 135 animaux a montré, pratiquement, autant
de coïncidences (absence de nerfs régénérés, absence de régénéra-
tion; reconstitution de l’innervation et régénération de la patte)
que de discordances correspondant aux deux cas inverses.
XV. Si l’on examine d’abord la première discordance dans la-
quelle il y a régénération des nerfs sans régénération de la patte,
on constate:
a) Qu’une notable partie de ces cas s'explique par l’obstacle
mécanique, créé par une cicatrice résistante s’opposant à la sortie
tardive du bourgeon de régénération. En effet, dans les cas où
l’amputation a été retardée, le pourcentage d’animaux réfractaires
à la régénération est d’autant plus petit que l’amputation à été
faite plus tardivement, c’est-à-dire qu’il s’est écoulé moins de temps
pendant lequel, par suite de l’absence d’innervation, la cicatrice
a eu la possibilité de s’établir. D’autre part, les nouvelles amputa-
tions (réamputations), en enlevant la cicatrice, permettent la régéné-
ration d’un fort pourcentage (75 %) des animaux qui primitive-
ment n'avaient pas régénéré. Ainsi s'explique le fait que si l’on
ne pratique la vérification anatomique qu'après les résultats de
206 O. SCHOTTÉ
cette nouvelle amputation, le nombre des discordances se trouve
très diminué.
b) Une autre catégorie de cas parait liée à une reconstitution
très tardive des conditions nécessaires d’innervation, comme le
montre le pourcentage croissant des coïncidences après une, deux
ou plusieurs réamputations.
c) Il reste enfin quelques cas exceptionnels (9 sur 207 examinés}
dans lesquels, malgré la présence d’un plexus régénéré, en tout ou
en partie, la régénération continue à ne pas se manifester. On
peut penser soit à une innervation inadéquate (absence de certaines
catégories de fibres, terminaisons anormales, etc.), soit à un vieil-
lissement définitif des tissus, consécutif lui-même aux transformations
(dégénérescence, phagocytose) ayant suivi la perte de l’inner-
vation.
XVI. Si l’on examine les discordances de la deuxième catégorie,
dans lesquelles 1l y a régénération, malgré l’absence de régénération
du plexus, on constate d’abord que ce sont des cas exceptionnels
peu nombreux (17 en tout sur 207 examinés). Pour les expliquer,
on peut songer à une régénération élective de fibres amyéliniques
sympathiques, invisibles à la dissection, et qui sont, comme je l’ai
montré dans un autre travail, l’élément nerveux essentiel pour la
régénération. Ce qui confirme cette interprétation est le fait que
le nettoyage de la région du plexus, bien que n’intéressant pas de
fibres visibles, entraîne à nouveau l’inhibition de la régénération
(série N S p. 165). Par ailleurs, on pourrait aussi invoquer une
évolutior: propre des tissus échappant à la longue à leur corréla-
tion primitive et devenant, de ce fait, imdépendants du système
nerveux. En tous cas, les expériences de contrôle ont montré
qu'on ne pouvait attribuer ces résultats à l’action d’une innerva-
tion collatérale.
De ces exceptions, il faut rapprocher celles observées dans les
séries C (section nerveuse retardée) chez lesquelles dans 11 animaux
sur 95 la régénération commencée et déjà avancée a continué,
comme si les nerfs n’avaient pas été sectionnés.
XVII. Ces faits contradictoires montrent que si les corrélations
nerveuses sont indispensables pour la mise en train de la régéné-
ration dans les conditions normales, cette relation peut présenter
des exceptions, soit lorsque la régénération est déjà commencée
A SUP D nsT DE A RA R SA
3
Reg sovras
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 207
et fort avancée, soit lors de la reprise tardive du pouvoir régénéra-
teur inhibé par une première suppression de l’innervation. Il est
probable que ces deux problèmes ne sont pas identiques et que
leurs données diffèrent en ce qui concerne les conditions internes.
Ceci ne saurait diminuer, par contre, la valeur des résultats établis
en ce qui concerne la nécessité de la présence de l’innervation
pour la régénération initiale, normale.
D. MORPHOLOGIE DES RÉGÉNÉRATS.
XVIII. Bien que j'aie effectué une étude de la relation entre
cette morphologie et l’innervation au moyen de sections partielles
des nerfs et dont les résultats ont été précédemment publiés en
partie, je n’envisage ici que les anomalies observées dans le cas
où la section nerveuse était retardée par rapport à l’amputation.
Les deux sortes d'interventions conduisent d’ailleurs aux mêmes
conclusions. |
Lorsque la section nerveuse est pratiquée sur un animal dont le
régénérat est déjà en voie de différenciation, il se fait, pourvu que
son évolution ne soit pas trop avancée et irréversible, un remanie-
ment du régénérat traduit par des modifications de sa forme, des
rapports de ses axes, de sa coloration, tandis que la croissance est
complètement inhibée. Le régénérat continuant à se différencier
sans s’accroître, le remaniement aboutit à une morphologie incom-
plète, caractérisée par l’absence d’un ou de plusieurs doigts. Il y
a là un nouvel exemple de a loi de l'indépendance entre la crois-
sance et la différenciation établie par P. de GiorGi. D'autre part,
tout se passe comme si la masse du régénérat cessant de s’accroître,
la réalisation morphologique était fonction de cette masse restée
insuffisante. Ces faits sont en accord avec la relation entre la masse
du régénérat et sa différenciation morphologique, signalée par E.
GUYÉNOT et O. SCHOTTÉ.
XIX. Ces faits sont, par contre, en opposition avec l’idée que
le système nerveux exercerait sur la différenciation des régénérats
une action morphogène spécifique.
208 O. SCHOTTÉ
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
Nota. — Pour lés travaux des auteurs du XVIIIe siècle, à savoir
SCHÆFFER, Roos ou ROSE, LAVoOISIER, VOLTAIRE, MüLLer O.-F.
ScARELLA et Pusini, TRoILo, Charles BONNET, ADANSON, SÉNEBIER,
WARTEL, SCHRŒTER, VALMONT DE BOMARE, COTTE, PRESCIANI,
ABILDGAARD, PRATOLONGO, GIRARDI, SCHWEIGGER, Cités à propos de
la célèbre querelle sur la régénération de la tête de l’Escargot, je renvoie
au mémoire de Justus CARRIÈRE (1880), n'ayant pas fait moi-même
une étude bibliographique spéciale sur ce sujet qui, aujourd’hui, ne
présente plus qu’un intérêt historique.
A. Système nerveux et régénération chez les Invertébrés.
1907. CARLGREN, O.Zur Regeneration von Prostoma duj. (Tetrastemma
chrenbergi). Zoologische Studien Tullberg.
1880. CARRIÈRE, J. Studien über die Regenerationserscheinungen bei den
Wirbellosen. 1. Die Regeneration bei den Pulmonaten. Würzburg.
1875. CAuLLERY, M. Contribution à l’étude des Ascidiens composés. Bull.
scient. France et Belgique. Vol. 27.
1907. CERNY, A. Versuche über Regeneration bei Süsswasser- und
Nachtschnecken: Arch. f. Entw.-Mech. Vol. 25.
1902. Drrescx, H. Studien über das Regulationsvermügen der Organismen.
VI. Die Restitution der Clavellina lepadiformis. Arch. f. Entw.-
Mech. Vol. 14.
1904. Caizp, Ch.-M. The relation between the central Nervous System and
Regulation in Leptoplana. Journ. experim. Zool. Vol. 1.
1905. — The positions and proportions of Parts during Regulation in
Cestoplana in the Absence of the Cephalic Ganglia. Arch. i.
Entw.-Mech. Vol. 20.
1906. — The Relation between Functional Regulation and Formregulation.
Journ. experim. Zool. Vol. 3.
1872. Grarp. A. Recherches sur les Ascidies composés ou synascidies.
Arch. Zool. expérim. Vol. 1.
1909. GoLrprFraRB, A.-J. The influence of the nervous System in Regeneration.
Journ. experim. Zool. Vol. 7.
1914. Haxk6, B. Ueber das Regenerationsvermügen und die Regeneration
verschiedener Organe von Nassa mutabilis. Arch. Î. Entw.-
Mech. Vol. 38.
4896 à 1916. Hergsr, C. Ueber die Regeneration von antennenähnlichen
Organen an Stelle von Augen. Arch. f. Entw.-Mech. Vol. 2
(1896); Vol. 9 (1899); Vol. 13 (1901); Vol. 30 (1910); Vol. 42
(1916). :
PAT TA D Viest i
»
[ES
s]
[ep]
Q0
HS COTES DLEENLE
A
an
ee
1901:
1914.
1915.
1898.
1900.
1915.
1923.
1913.
1900.
1914.
1920.
1900.
1900.
1905.
1902.
1912.
1909.
1922.
1901.
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 209
— Formative Reize in der tierischen Ontogenese. Leipzig.
HirScHLER, J. Ueber die Restitutions- und Involutionsvorgänge bei
operterten Exemplaren von Ciona intestinalis. Flem., nebst Bemer-
kungen über den Wert des Negativen für das Potenzproblem.
Arch. f. mikrosk. Anatomie Vol. 85.
JanDA, V. Fühlerähnliche Heteromorphosen an Stelle von Augen
bei Stylopyga orientalis und Tenebrio molitor. Arch. f. Entw.-
Mech. Vol. 36.
KixG, Mie H. D. Regeneration in Asterias vulgaris. Arch. f.
Entw.-Mech. Vol. 7 et 8.
— Further Studies on Regeneration in Asterias vulgaris. Arch. f.
Entw.-Mech. Vol. 9.
KôxiG, E. Die Regeneration des Auges bei Arion empiricorum.
Arch. f. mikrosk. Anatomie. Vol. 86.
Kopec, S. The influence of the nervous system on the development
and regeneration of muscles and integument in insects. Journ.
experim. Zool. Vol. 37.
KriZENECKY, J. Ueber Restitutionserscheinungen an Stelle von
Augen bei Tenebrio-Larven nach Zerstürung der optischen
Ganglien. Arch. f. Entw.-Mech. Vol. 37.
Lie, F. R. Notes on Regeneration and Regulation in Planarians.
Americ. Journ. Phys. Vol. 6.
LLioyp, D. J. The influence of the Position of the cut open regenera-
ion in Gunda ulvae. Proc. R. Soc. London. Ser. B. Vol. 87.
MikHAÏïEOFF, S. {nfluence de l’ablation des centres nerveux sur la
régénération des organes innervés par les centres. Bull. Inst.
océan. Monaco. N° 376.
Mori, R. La rigenerazione nelle Planarie marine. Mem. Inst.
Lomb. Milano. Vol. 19.
— Studir sperimentali sulla rigenerazione net Rhabdocelt marint
(Plagiostoma girardii). Rend. Inst. Lomb. Scienza. Milano.
Vok:35.
MorGaAN, Lilian V. /Zncomplete Anterior Regeneration in the Absence
of the Brain in Leptoplana litoralis.. Biol. Bull. Vol. 9.
MorGAN, Th. H. Experimental studies of the internal factors of
Regeneration in the Earthworm. Arch. Entw.-Mech. Vol. 14.
MorGuLis, S. Beiträge zur Regenerationsphysiologie. Pflügers
Arch. ges. Phys. Vol. 143.
NussBauM, J. Beiträge zur Frage über die Abhängigkeit der Regene-
raiion vom Nervensysiem bei Nereis diversicolor. Arch. Î.
Entw.-Mech. Vol. 25.
OLmsTEp, J. M. D. The role of the nervous system 1n the regene-
ration of polyclad Turbellaria. Journ. exper. Zool. Vol. 36.
PrziBRAM, H. Experimentelle Studien über Regeneration. Arch. Î.
Entw.-Mech. Vol. 11.
. SPALLANZANI. Programme ou précis d’un ouvrage sur les reproduc-
tions animales. Genève.
210
1907.
1911.
1901.
1921.
O. SCHOTTÉ
STEELE, M. J. Regeneration in Compound Eyes of Crustacea.
Journ. exper. Zool. Vol. 5.
TEcHoWw, G. Regeneration der Augenfühler bei Wasser- und Landpul-
monaten. Arch. f. Entw.-Mech. Vol. 31.
B. Régénération et système nerveux chez les Batraciens.
BARFURTH, D. st die Regeneration vom Nervensystem abhängig ?
(Nach eigenen und nach Versuchen von RuBin). Sitz. Ber.
naturf. Ges. Rostock und Verh, anat. Gesellschaft.
ANDERS, H. E. Die entwicklungsmechanische Bedeutung der Dop-
pelbildungen nebst Untersuchungen über den Einfluss des Zentral-
nervensystems auf die quergestreifte Muskulatur des Embryo.
Arch. f. Entw. Mech. Vol. 47.
24. DE GiorGi. Les potentialités des régénérats chez Salamandra
maculosa. Rev. suisss Zool. Vol. 31.
. GopLEWSKi, E. Der Eïinfluss des Zentralnervensystems auf die
Regeneration bei Tritonen.C. R. 6mMe Congrès intern. Zool. Berne.
. GOLDFARB, A. J. The influence of the nervous System in Regeneration.
Journ. of Exper. Zool. Vol. 7.
. — The Central nervous System in its relation to the phenomenon
of Regeneration. Arch. f. Entw.-Mech. Vol. 32.
4. GOLDSTEIN, K. Xritische und experimentelle Beiträge zur Frage nach
dem ÆEinfluss des Zentralnervensystems auf die embryonale
Entwicklung und die Regeneration. Arch. f. Entw.-Mech.
Vol. 18.
. GuYÉNOT, E.et ScHoTTÉ, O. Relation entre la masse du bourgeon de
régénération et la morphologie du régénérat. C. R. Soc. Biol.
France. Vol. 89.
. Hixes, C. S. H. The influence of the nerve on the regeneration of the
leg of Diemyctilus. Biol. Bull. Vol. 10.
. LocaTELLI, Mlle, Piera. L’influenza del sistema nervoso sut pro-
cessi rigenerativi. Giorn. di Biol. e Medic. Sperim. Fasc. 4.
. — L'influenza del sistema nervoso sui processi di rigenerazione.
Arch. di Scienze biolog. Vol. 5.
. MorGAN Th.-H. and Davis, S. E. The internal Factors in the
Regeneration of the Tail of the Se Arch. f. Entw.-Mech.
Vol'i5 ;
5. Roux, Wilm. Gesammelte Abhandlungen über Entwicklungs-
mechanik. Leipzig.
. RuBix, R. Versuche über die Beziehung des Nervensystems zur
Regeneration bei Amphibien. Arch. f. Entw.-Mech. Vol. 16.
. SCHOTTÉ, O. a) /nfluence des nerfs sur la régénération des pattes
antérieures de Tritons adultes. C. R. Soc. Phys. et Hist. nat.
Genève. Vol. 39, No 2.
— b) À quel moment les pattes de Tritons récupèrent- -elles leur
pouvoir régénérateur après section de leurs nerfs ? Ibid.
PL
à
2 = à à :
VAR IS TER EUR
* 1
RP TT Lt à PRET ESS se à
,
CM tt 2 La té Os t Chats DOS UT CR Le ” À "ai ET —-
L AT NORME TARA. 72 Li SRE + ES ” :
RER 2 0S Pulse it À Et
RÉGÉNÉRATION CHEZ LE TRITON 211
1922. — a) La régénération est-elle liée à l’innervation motrice ou à l’in-
1902.
1910.
nervation sensible ? C. R. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève.
Vol. 39: Na.
. — b) Le Grand Sympathique- élément essentiel de l'influence du
système nerveux sur la régénération des pattes de Tritons. Ibid.
. — à) Influence de la section tardive des nerfs sur les pattes de
Tritons en régénération. C. R. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève.
Vol. 40, No 3.
. — b) Régénération et système nerveux chez les larves de Batraciens
urodèles. Ibid.
. — La suppression partielle de l’innervation et la régénération des
pattes chez les Tritons. C. R. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève.
Vol. 40, No 3.
. — Le Grand Sympathique est le seul facteur nerveux dans la régé-
nération des membres de Tritons. C. R. Soc. Phys. et Hist. nat.
Genève. Vol. 41, No 1.
. Topp, J.T. On the process of reproduction of the members of the
acquatic Salamander. Quarterly Journ. Se. Vol. 16.
. Torxter, G. Kampf der Gewebe im Regenerat bei Begünstigung der
Hautregeneration. Arch. f. Entw.-Mech. Vol. 22.
. WALTER, F. K. Welche Bedeutung hat das Nervensystem für die Rege-
neration der Triton-Extremitäten. Arch. ft. Entw.-Mech. Vol. 33.
Berichte Naturf. Ges. Rostock.
. — Experimentelle Untersuchungen über die morphogenetische Be-
deutung des Nervensystems. Anat. Hefte. I Abt. Vol. 57. —
: Weiss, Paul. À bhängigkeït der Regeneration entwickelter Amphibien-
extremitäten vom Nervensystem. Mitt. N°0 82 aus der Biol. Ver-
suchsanst. der Akad. Wiss. Wien. Anzeiger N° 22-25.
— Die Regeneration der Urodelenextremität als Selbstdifferenzierung
des Organrestes, Naturwissenschaften. Jahrgang 11.
. — Abhängigkeit der Regeneration entwickelter Amphibienextre-
mitäten vom Nervensystem (Der Begriff des « Gestaltungstonus »).
Arch. f. Mikrosk. Anat. und Entw-.Mech. Vol. 104.
. WINTREBERT, P. a) /nfluence du système nerveux sur l’ontogénie des
membres.
— b) La régénération chez les Amphibiens des membres postérieurs
et de la queue, en l'absence du système nerveux. C. R. Acad.
Sciences, Paris. Vol. 137.
— Sur la régénération des membres postérieurs, chez l’Axolotl
adulte, après ablation de la moelle lombo-sacrée. C. R. Soc. Biol.
France. Vol. 56.
Wozrr, G. Die physiologische Grundlage der Lehre von den Dege-
nerationszeichen. Virchov’s Arch. f. path. Anat. u. Phys. Vol. 169.
— Regeneration und Nervensystem. Festschrift für Richard
Hertwig.
REVUBLSUISSE" DE ZOOLOGIE 213
Vol. 33, no 2. —_ Janvier 1926.
ÉS
5 TRAVAUX DU LABORATOIRE DE ZOOLOGIE ET ANATOMIE COMPARÉE
». DE L'UNIYERSITÉ DE GENÈVE
=
—
$
Une Microsporidie, Plistophora bufonis,
i parasite de l'organe de Bidder du Crapaud.
PAR
4 Emile GUYÉNOT et K. PONSE
| 1 | avec 6 figures dans le texte et la planche 1.
SOMMAIRE :
INTRODUCTION.
L'ORGANE PARASITÉ.
EVOLUTION ABOUTISSANT A LA MACROSPORE.
A. Schizogonie.
B. Sporogonie.
C. Les macrospores.
D. Sporulation aberrante.
EVOLUTION ABOUTISSANT A LA MICROSPORE.
- A. Schizogonie, formes mycéliennes.
B. Sporogonie.
C. Nombre des chromosomes.
D. Les microspores.
EVOLUTION DANS LES CELLULES MIGRATRICES.
A. Développement dans le cytoplasme.
B. Développement dans le noyau.
C. Comparaison avec les faits signalés par Stempell.
D. Infiltration diffuse dans le tissu conjonctif.
SIGNIFICATION DES DEUX TYPES D ÉVOLUTION.
SYSTÉMATIQUE. COMPARAISON AVEC Bertramia bufonis King.
RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS.
Rev. Suisse pe Zooz. T. 33. 1926. AE
214 E. GUYÉNOT ET K. PONSE
INTRODUCTION.
Parmi les nombreux Crapauds (Bufo vulgaris), dont nous avons
examiné les organes de Bidder, nous avons rencontré un jeune
mâle dans lequel ces deux organes, en grande partie détruits,
montraient, dans leurs ovocytes et dans le stroma conjonctif, les
diverses phases de la schizogonie et de la sporogonie d’une Micros-
poridie. Le seul fait que nous puissions rapprocher de ce cas est
celui de la présence, dans l’organe de Bidder de Bufo lentiginosus,
d’un Sporozoaire étudié par H. D. Kinc (1907), que celle-ci a
rapporté au groupe des Haplosporidies et décrit sous le nom de
Bertramia bufonis. Nous examinerons plus loin les relations pou-
vant exister entre ce parasite et celui que nous allons étudier.
Le développement d’une Microsporidie à l’intérieur de cellules
d’une aussi grande taille que les ovocytes de l’organe de Bidder,
pouvant atteindre un diamètre de 80 à 200 u, présente, pour
l’étude, plusieurs avantages. Les éléments y sont en effet isolés,
dispersés à l’intérieur d’un cytoplasme homogène, sans être tassés
les uns contre les autres, n1 déformés; l’aspect qu'ils présentent
n’est pas sans analogie, semble-t-il, avec ce que pourrait donner
une culture du Sporozoaire dans un milieu approprié. Grâce à
cette particularité, nous avons pu observer, sur les coupes, un
nombre considérable de figures extrêmement claires et qui ne le
cèdent en rien, comme netteté, aux frottis les mieux réussis. Une
excellente fixation et une coloration adéquate nous ont permis
d'examiner des centaines de caryocinèses, avec une telle précision
qu'il nous à été possible d'effectuer incidemment une étude de
la constance numérique des grains chromatiques dans cette Micros-
poridie, malgré les très faibles dimensions du parasite.
Le fait, d’autre part, que chaque ovocyte représente un milieu
isolé et défini, nous a permis d'établir, d’une façon indiscutable,
l'existence de deux types de schizogonie et de sporogonie, sembla-
bles à ceux que l’un de nous (1922) a précédemment décrits chez
Plistophora (Glugea) danilewskyi. Certains ovocytes ne renferment,
en effet, que des microspores avec les stades correspondants de ce
type de sporogonie. D’autres renferment, au contraire, à l’état pur,
‘
rs
Li
…
PLISTOPHORA BUFONIS 215
les phases d’un deuxième type de sporogonie aboutissant à la
formation de macrospores. Il existe, par ailleurs, d’autres ovocytes,
dans lesquels les deux processus se trouvent réunis; il est alors
possible de les reconnaître aisément lorsqu'on a appris à les distin-
guer par l’étude préalable des ovocytes ne renfermant que l’un ou
l’autre type d'évolution.
Nous signalerons enfin, parmi les résultats de cette étude qui
nous paraissent de quelque intérêt, le fait que le Sporozoaire peat
aussi évoluer dans des cellules folliculaires ayant pénétré dans les
ovocytes et spécialement à l’intérieur du noyau de ces cellules. La
connaissance d’un semblable développement intranucléaire de la
Microsporidie est de nature, semble-t-1l, à jeter quelque lumière
sur la signification des observations si contestées de STEMPELL
(1904) et de AWERINZEW et FERMOR (1911).
Le matériél que nous avons étudié avait été fixé au sublimé
acétique; les coupes ont été colorées à l’hématoxyline ferrique et
cette coloration nucléaire a été suivie d’une coloration plasmatique
à l’éosine ou au rouge Bordeaux. Les examens ont été faits,en grande
partie, avec le microscope binoculaire Leitz AABM (immersion 1/.,,
oc. périplan. 10) qui nous a donné, pour des objets aussi petits,
une netteté de vision tellement supérieure à celle que permet le
microscope monoculaire ordinaire que nous n’hésitons pas à recom-
mander son emploi pour des travaux de ce genre. Tous les dessins
ont été faits à la chambre claire, avec un grossissement de 2500
diamètres.
Avant de décrire les phases de l’évolution de la Microsporidie,
parasite de l’organe de Bidder, nous croyons nécessaire de préciser
quelques-uns des termes dont nous nous servirons au cours de cette
étude. Cette Microsporidie formant des spores ovoides, réunies en
amas pansporoblastiques plus ou moins volumineux, nous aurons,
pour la déterminer, à choisir entre les genres Glugea, Stempellia
et Plistophora. Dans ces trois genres, les spores étaient autrefois
décrites comme renfermées à l’intérieur de pansporoblestes, consi-
dérés comme dérivant eux-mêmes du sporonte initial à l’intérieur
duquel se sont différenciés les sporoblastes, puis les spores. Cette
interprétation reste valable pour les Stempellia, et les Plistophora.
Dans le premier genre, le sporonte peut, ou bien donner directe-
ment une seule spore géante, ou se diviser en deux sporoblastes
et 2 spores, ou 4 sporoblastes et 4 spores, ou enfin 8 sporoblastes
D E. GUYÉNOT ET K. PONSE
et 8 spores. Dans le genre Plistophora, le sporonte se divise en un
nombre variable et élevé de sporoblastes qui donnent autant de
spores. Dans les genres voisins, Thelohania et Duboscqia, les spo-
rontes forment réciproquement, et avec régularité, 8 ou 16 spores.
Les spores restent réunies à l’intérieur de l’ancien sporonte, dont la
membrane externe devient ainsi la coque pansporoblastique.
L'existence de cette coque a parfois été niée; nous l’avons, en tout
cas, toujours nettement rencontrée et vue colorée dans les Micros-
poridies que nous avons étudiées.
Dans le cas de Glugea, le mot sporonte est pris dans un sens
différent, à la suite principalement des travaux de DEBAISIEUX
(1919-20). D’après ce dernier auteur, des plasmodies plurinucléées
se divisent en un nombre variable d’éléments à deux noyaux qui,
par copulation des noyaux, formeraient des zygotes et, par suite,
autant de sporontes. Ce sont ces sporontes qui se diviseraient en
deux sporoblastes et donneraient chacun deux spores. S'il y a eu,
par exemple, formation, dans la plasmodie, de 12 sporontes et de
24 spores, celles-c1 se trouvent non disséminées, mais réunies en
un amas pansporoblastique, le kyste sporal, qui correspond non
plus à la paroi d’un sporonte initial, mais à celle de la plasmodie
plarinucléée.
Autrement dit, tandis que, dans la plupart des cas, le mot spo-
ronte s’applique à l’élément chef de file de la sporogonie, dont les
termes d’évolution ou spores sont réunis en amas pansporoblas-
tiques, dans le cas de la Glugea, l’amas pansporoblastique corres-
pond à une plasmodie, sorte de sporonte primaire, à l’intérieur de
laquelle naissent les sporontes proprement dits qui ont ici une valeur
bien déterminée, celle d’un zygote.
Au cours de recherches effectuées par l’un de nous sur un para-
site de la Couleuvre (1922) qui paraît correspondre très exactement
à Glugea danilewskyt, étudiée par DEBAISIEUX (1919), nous avons
été incapables de retrouver l’évolution décrite par ce dernier
auteur. Malgré des examens d’un nombre considérable de frottis
et de coupes portant sur des centaines de kystes, nous n’avons
jamais rencontré ni les stades de copulation autogamique, ni la
division des sporontes en sporoblastes. Nous avons exclusivement
constaté une division multiple d’un élément plurinucléé en un
nombre variable de sporoblastes donnant chacun une seule spore.
Ces spores se trouvent renfermées à l’intérieur de coques pansporo-
photo
PLISTOPHORA BUFONIS pe hi
blastiques extrêmement nettes et qui apparaissent parfois sur les
frottis, plus ou moins vidées de leur contenu et électivement
colorées, si bien que leur existence n’est pas douteuse. DEBAISIEUX,
de son côté, décrit pour G. aromala, les spores comme renfermées
dans la grande vacuole, précédemment occupée par la plasmodie,
sans pouvoir affirmer si cet espace possède une membrane propre
(coque pansporoblastique). À propos de G. danilewskyi, DEBAI-
SIEUX décrit les « amas de spores » qui s’échappent des kystes, sans
préciser, en aucune façon, la nature de la liaison qui réunit ces
spores en amas. En présence de ces observations contradictoires,
nous en sommes venus à nous demander si le caractère de sporu-
lation indiqué par DEBAISIEUX est général pour les Glugea ou si,
malgré toutes les apparences, résultant du développement dans le
même hôte, en formant les mêmes tumeurs, de Microsporidies
aboutissant à des spores identiques, les parasites étudiés par
DEBAISIEUX et par nous-mêmes correspondent bien à un seul et
même Sporozoaire.
Ces difficultés nous ont fait porter notre attention d’une façon
toute spéciale, au cours de notre nouvelle étude, sur l’allure de la
sporogomie. [ci non plus, nous n’avons pu reconnaitre de sporontes,
résultant d’une copulation autogamique, se divisant en deux
sporoblastes. L'évolution est tout à fait comparable à celle décrite
pour les Plistophora, avec, pour un certain type d'évolution, une
plus grande régularité, rappelant ce que l’on observe dans les
Stempellia. Aussi serons-nous amenés à classer le parasite dans le
genre Plistophora, bien que par l’ensemble de son évolution, par la
dimension de ses spores, il ne diffère presque en rien de G. dant-
lewskyt, qui, autant qu’on le sait, a été rencontrée non seulement
chez les Reptiles, mais aussi chez Rana temporaria (PFEIFFER, 1895).
Nous ne pouvons nous empêcher ici de signaler l’indiscutable
parenté entre le parasite de l’organe de Bidder du Crapaud, que
nous avons provisoirement dénommé Plistophora bufonis, et G.
danilewskyti, pour la position systématique de laquelle nous avons
d’ailleurs fait des réserves, en la cataloguant sous le nom de Plisto-
phora (Glugea) danilewskyi, dans un précédent mémone (1925).
L'ORGANE PARASITÉ.
Normalement, l’organe de Bidder se montre formé d’ovocytes,
pouvant atteindre chez des Crapauds de cette taille (2°°,5), un
218 E. GUYÉNOT ET K. PONSE
diamètre de 200 4, entourés de cellules folliculaires aplaties et séparés
les uns des autres par des tractus de tissu conjonctif, dans lesquels
serpentent de nombreux capillaires. Les ovocytes ne dépassent
jamais an certain stade d'évolution, en particulier — hors des cas
tout à fait exceptionnels — n'élaborent pas de plaquettes vitel-
lines; ils dégénèrent après avoir atteint leur taille maximum et
sont, au fur et à mesure, remplacés par de nouveaux éléments en
voie de croissance.
Dans les ovocytes en voie de dégénérescence, que l’on rencontre
çà et là dans l’organe, on observe, le plus souvent, l’envahissement
du cytoplasme par des cellules folliculaires et des leucocytes, par-
fois accompagnés d’hématies. Les phagocytes englobent des frag-
ments de cytoplasme que l’on retrouve à leur intérieur et détruisent
peu à peu l'élément ovarien dont le noyau n’est altéré qu’en dernier
lieu. Souvent, ces cellules phagocytaires se disposent ensuite assez
régulièrement, en formant une masse pleine qui n’est pas sans une
certaine analogie superficielle avec un corps jaune de Mammifère.
Nous ne décrivons là que l’un des processus les plus habituels de
la dégénérescence des ovocytes, celui qui à des rapports avec
notre étude actuelle.
Les organes de Bidder parasités par la Microsporidie présentaient,
comme trait caractéristique, une dégénérescence étendue de toute
leur partie centrale (PI. 1, fig. C). A la périphérie se trouvent des
ovocytes plus ou moins âgés, dont les uns sont indemnes, tandis
que d’autres montrent, dans leur cytoplasme, diverses phases de
multiplication et de sporulation du parasite. Certains, dont l’in-
festation est plus ancienne, sont littéralement bourrés de pans-
poroblastes qui remplissent le cytoplasme, tandis que leur noyau
est encore reconnaissable, au centre de la cellule. Plus ou moins
précocement, ces ovocytes parasités sont envahis par des cellules
migratrices, paraissant constituées principalement par des cellules
folliculaires et en partie par des leucocytes. Le protoplasme, ou ce
qu’il en reste, est phagocyté, le noyau disparaît et l’on ne trouve
plus, à la place de l’ovocyte, qu’un amas souvent inextricable de
cellules migratrices, de pansporoblastes, de spores isolées et de
débris cytoplasmiques encore non englobés. Tout cet ensemble
reste souvent limité par la couche conjonctive qui entourait l’ovo-
cyte, si bien que le contour primitif de celui-ci est encore recon-
naissable. Finalement, par suite du remaniement de ces ovocytes
PS PRET D VS Car 3 Sn L Tu) 0
Che Cal we be = “ e L :
PLISTOPHORA BUFONIS 219
détruits, s’est trouvée constituée une vaste aire axiale, bourrée de
cellules et de spores, plus ou moins disséminées, qui occupe le centre
de l’organe de Bidder.
L’envahissement des ovocytes par des cellules migratrices peut
être plus précoce, se faisant avant l’infestation ou dès le début
de celle-ci. Mais la pénétration de ces cellules paraît alors avoir
un rapport direct avec l’évolution du Sporozaire lui-même; c’est
là un cas particulier que nous envisagerons séparément et qui n’est
nullement comparable au processus de dégénérescence que nous
venons de décrire et qui aboutit à la destruction secondaire d’ovo-
cytes déjà fortement altérés’ par le développement du parasite.
Nous ajouterons que le parasite est exclusivement localisé aux
deux organes de Bidder. Les testicules, les corps jaunes et les reins,
coupés en même temps, se montrent, en effet, complètement
indemnes. Toutefois, comme la présence du parasite n’a été recon-
nue que lors de l’examen histologique de ces parties, nous ne pou-
vons pas savoir si l’animal ne présentait pas quelqu’autre locali-
sation du Sporozoaire.
EVOLUTION ABOUTISSANT A LA MACROSPORE
(PL. 1, fig. A).
Ainsi que nous l’avons précédemment indiqué, l’évolution de la
Microsporidie se présente d’une façon différente d’un ovocyte à
l’autre. Des dessins rapides, effectués par projection, des coupes
des organes de Bidder, nous ont permis de repérer plus de 50 ovo-
cytes parasités et de les suivre à travers la série des coupes. Un
certain nombre présentaient exclusivement le type d’évolution
aboutissant à la macrospore. C’est en nous basant sur les figures
fournies par ces ovocytes que nous en effectuerons la description.
A. Schizogonte.
Les formes les plus jeunes que nous ayons observées sont des
amibes, à contour arrondi ou ovoide, uninucléées, libres dans le
cytoplasme de l’ovocyte (PI. 1, fig. À, 1) (fig. I, 7). Les dimensions
de ces éléments sont de 3 u, 2 à 4 u environ. Ils se laissent remar-
quer par l’état de leur cytoplasme qui est creusé de vacuoles, clair,
220 E. GUYÉNOT ET K. PONSE
peu colorable par l’éosine, avec une grande vacuole centrale, dans
laquelle ou sur le bord de laquelle se trouve le noyau. Celui-ci
frappe par ses fortes dimensions, son contour irrégulier, sa colo-
rabilité. Ces éléments grandissent, prennent une forme ovoïde,
mesurant alors 5 ,6 sur 3 u,6 environ; leur noyau se divise en
deux noyaux qui s’isolent chacun dans une vacuole (PI. 1, fig. À, 2)
(Br De rer Déjà, à ce moment, les deux cellules ainsi formées
peuvent s’individueliser ét se séparer l’une de l’autre (fig. I, 4).
Le plus souvent, le petit plasmode s'agrandit encore; les noyaux
se divisent à nouveau. Dans ces plasmodes à 4 noyaux (P1. 1, fig.
À, 4), (fig. |, 6), qui mesurent environ 5 à 6u de diamètre, des
bosselures de la surface indiquent, d’une façon précoce, l’individua-
lisation des éléments qui ne tardent pas à se séparer (fig. [, 6). Les
4 schizontes peuvent d’ailleurs se rediviser aussitôt (fig. I, 7) et
donner ainsi 8 éléments (fig. I, 8). Nous avons vu aussi quelques
figures indiquant une dissociation des schizontes à un stade plus
avancé, à 8 noyaux, mais nous avons constaté que la décomposi-
tion en 4 schizontes est de beaucoup la plus fréquente. Pendant
Pics T
Stades de schizogonie de P. bufonis, évolution macrosporée.
I — schizontes uninucléés; 2 — schizonte dont le noyau est en division;
3 — schizonte binucléé; 4 — dissociation du stade précédent en deux schi-
zontes uninucléés; à — schizonte ayant présenté deux divisions consécutives
de son noyau; 6 — individualisation des quatre schizontes résultant du stade
tétranucléé précédent; 7 — nouvelle division des quatre schizontes résultant
de la dissociation au stade quatre; 8 — groupe de 8 schizontes, provenant
soit d’une dissociation simultanée d’un stade à 8 noyaux, soit de la nouvelle
division des 4 schizontes de la figure 7. (X 2500).
Sn
{
La
#
L
#4 A |
à
D anni
LORS
et,
PT INSECTES
221
PLISTOPHORA BUFONIS
toute cette évolution, les éléments gardent un protoplasme clair,
vacuolaire, un noyau gros, de contour irrégulier et très colorable 1.
B. Sporogonte.
Les schizontes, nés des divisions précédentes, peuvent sans doute
_s’accroître et recommencer le cycle végétatif. Dans d’autres cas,
ils doivent devenir le point de départ de la sporogonie. Celle-ci
ne peut être reconnue avec certitude que sur des stades à 4 noyaux.
Il s’agit alors de plasmodes (PI. 1, fig. A, 3) (fig. IT, 9), à contour
arrondi ou un peu irrégulier, dont le protoplasme est assez forte-
ment colorable par l’éosine et présente un aspect plus homogène,
moins vacuolaire. Les dimensions, qui correspondent à un diamètre
de 4 u à 4 u,2, sont inférieures à celles des plasmodes à même
nombre de noyaux de la schizogonie. Les noyaux sont toujours
gros, fortement colorables, mais plus compacts et situés dans des
vacuoles plus petites. Evidemment, cette description correspond
aux cas les plus typiques; toutefois, ces caractères distinctifs
peuvent se trouver plus ou moins atténués, si bien qu'il est souvent
difficile de rapporter avec certitude un stade à 4 noyaux à la schi-
zogonie ou à la sporogonie. Ces plasmodes à 4 noyaux sont de
beaucoup les figures les plus fréquentes. Ceux-ci s’accroissent un
1 Il est certain qu'il n’y a pas de eriterium absolu permettant de distinguer
à coup sûr ce qui appartient à la schizogonie de ce qui doit rentrer dans la
sporogonie. Nous avons procédé de la façon suivante. Les spores se présentent
toujours dans des pansporoblastes à l’intérieur desquels on retrouve les sporo-
blastes et les stades de leur transformation en spores. Ces sporoblastes s’indi-
vidualisent dans des plasmodes à 4, 8 ou 16 noyaux qui dérivent de plasmodes,
à protoplasme encore indivis, que l’on peut ainsi rattacher à la sporogonie.
Toutes les autres formes que l’on observe sont libres dans le cytoplasme de
Povocyte. Elles comprennent aussi des plasmodes à 4 ou 8 noyaux, mais
dont la dissociation aboutit à des formes qui sont, à leur tour, libres dans le
cytoplasme au lieu de se différencier à l’intérieur d’une masse commune.
C’est par la considération de caractères de taille, de structure du noyau, de
colorahilité du protoplasme que nous avons été amenés à placer à la base
de la schizogonie des formes à 1 et 2 noyaux. Certaines de celles-ci ont-elles
la valeur de sporontes ? C’est ce dont nous n’avons pu nous convaincre, car
à ce moment le fil conducteur qui nous a servi à séparer la schizogonie de la
sporogonie fait défaut. Il est possible que si le développement s'était fait à
l’intérieur de vacuoles toutes semblables. comme c’est le cas dans bien des
kystes à Microsporidies, nous aurions pu être tentés plus facilement d’inter-
préter certaine; formes à 2 noyaux, que nous placons dans la schizogonie,
comme ayant la valeur d’éléments autogamiques.
222 E. GUYÉNOT ET K- PONSE
peu et donnent des stades à 8 noyaux, mesurant 5 p à 5 4,5, qui
ne sont, par conséquent, pas plus grands que les plasmodes à 4
noyaux de la schizogonie. Enfin, une nouvelle division du noyaa
peut donner des plasmodes à 16 noyaux (fig. II, 74), mais ce cas est
le moins fréquent. Bien entendu, quand nous parlons de stades à
4, 8 ou 16 noyaux, il va sans dire que le nombre exact des noyaux,
présents dans le plasmode, dans une même coupe, peut être souvent
différent, 3, 5, 6, 9, 12, etc. Toutefois, les nombres typiques 4 et 8
sont les plus fréquents, les dimensions des plasmodes par rapport
à l'épaisseur des coupes (6 4), sont, en eflet, telles qu’un grand
nombre d’entre eux sont complets dans une seule coupe. Il n’est
d’ailleurs pas impossible que certaines irrégularités dans la division
des noyaux entraînent l’existence de stades ayant réellement 6,
12, 14 noyaux, par exemple.
Quoiqu'il en soit, nous avons constaté la dissociation du plas-
mode ou sporonte, en sporoblastes donnant chacun une spore, soit
au stade 4, soit au stade 8 (fig. IT, 21), soit au stade 16 (fig. IT, 74).
Fic Il.
Stades de sporogonie de P. bufonis, évolution macrosporée.
9 — sporonte transformé en un plasmode à 4 noyaux; 10 — plasmode à
8 noyaux; {1 — individualisation des sporoblastes à l’intérieur d’un plasmode
à 8 noyaux; 7/2 — individualisation achevée des sporoblastes qui ont encore
une forme arrondie; 13 — sporoblastes ayant pris une forme ovoïde et mon-
trant quelques étapes de leur transformation en spores; 14 — individualisa-
tion des sporoblastes dans un plasmode à 16 noyaux; 15 — macrospores
renfermées dans un pansporoblaste, avec reliquats du réticulum, dans les
mailles duquel les sporoblastes se sont individualisés. (X 2500).
PLISTOPHORA BUFONIS 223
Le premier imdice de cette transformation est l’apparition, dans le
plasmode — à 8 noyaux, par exemple — d’une sorte de réseau
colorable dont les mailles correspondent aux contours des futurs
sporoblastes (PI. 1, fig. A, 6) (fig. IT, 27). La périphérie du plasmode
persiste, parfaitement délimitée, souvent épaissie et fortement
colorable par l’éosine. C’est elle qui formera la coque du futur
pansporoblaste. A l’intérieur des mailles du réseau, s’individualisent
des sporoblastes, dont le protoplasme est d’abord extrêmement
pâle, presque incolorable, sauf dans une petite zone qui entoure
le noyau qui est lui-même moins gros et moins colorable. Puis
chacun de ces sporoblastes présente un contour bien délimité en
même temps que son cytoplasme devient plus éosinophile (PI. 1,
fig. À, 7) (fig. [T, 22); le réseau peut à ce moment être plus ou moins
rompu, mais 1l persiste habituellement pendant longtemps et peut
être encore reconnaissable au milieu des spores achevées, soit sous
sa forme initiale, soit sous celle d’un reliquat central fortement
éosinophile (fig. V, 35). Les sporoblastes à noyau petit, contracté,
mais bien colorable, ont, dans le cas de la formation de 8 à 16 élé-
ments aux dépens d’un même plasmode, une dimension de 2 u,5
49 HD:
Etant donné que les sporoblastes qui s’individualisent dans les
plasmodes sont d’abord arrondis et n’acquièrent que secondaire-
ment la forme ovoide qui précède immédiatement la spore, on
pourrait se demander si les éléments arrondis, que l’on observe
au début, ont bien déjà la valeur de sporoblastes ou bien s'ils ne
seraient pas des sporontes, au sens de DEBAISIEUX, c’est-à-dire
susceptibles de donner par division deux sporoblastes. En réalité
nous avons pu nous convaincre que les petites cellules arrondies
qui prennent naissance dans les plasmodes sont bien des sporo-
blastes se transformant directement et sans division nouvelle en
autant de spores.
Cette affirmation repose sur trois sortes de constatations:
19 Elle est d’abord basée sur l'existence de pansporoblastes
complets à 4, 8 ou 16 spores. Les numérations effectuées nous ont
montré que le nombre de 16 spores paraît ne Jamais être dépassé
dans l’évolution macronucléée pure. Sur 114 pansporoblastes
examinés, 28 appartenaient au type à 4 spores, 49 au type à 8
spores, et 47 au type à 16 spores.
20 Nous avons pu suivre la transformation directe des sporo-
L À GS" l'en "200 TT TR EME SA 7 on : EE Le SA à
kr, 7 be LA *e 2. = Le 10
224 E. GUYÉNOT ET K. PONSE
blastes en spores. Les éléments, primitivement arrondis ou d’aspect.
un peu amiboïde, s’allongent et prennent la forme ovoïde caracté-
ristique des sporoblastes (PI. 1, fig. À, 9) (fig. IT, Z3). Ces derniers,
que l’on retrouve au nombre de 4, 8 ou 16 environ, mesurent alors
de 4 y à 4 u,8 de long sur 2 p à 2 u,4 de large. Ces dimensions sont,
comme nous le verrons, tout à fait de l’ordre de grandeur de la
spore. Elles se rattachent à celles des formes du début qui, tant
qu'elles sont arrondies, ont un diamètre de 2 u,5 à 3 u,5. D'ailleurs,
comme la transformation n’est pas toujours synchrone dans un
même pansporoblaste, on trouve fréquemment, côte à côte, quel-
ques éléments encore arrondis, au stade de début, et des cellules
déjà allongées, ovoides, ayant la forme caractéristique des sporo-
blastes. Nous ajouterons que, pour la même raison, dans les pan-
sporoblastes plus avancés, on rencontre simultanément des spores
déjà fortement colorables et des sporoblastes encore en évolution
(PI. 1, fig. A, 8), si bien que la continuité de transformation, sans
multiplication, du sporoblaste arrondi en sporoblaste ovoide, et
de celui-e1 en spore, apparaît ainsi hors de doute.
39 Le nombre des spores étant de 4, 8 ou 16 environ, par pansporo-
blaste, correspond directement à celui des éléments initiaux. De
plus, dans nombre de cas, alors que les spores sont achevées, le
réticulum plasmatique dans les mailles duquel se sont individua-
lisés les corps arrondis est encore très reconnaissable (PI. 1, fig. A,
10) et l’on constate que chaque maille contient une seule spore
et non deux (fig. II, 15).
C. Les macrospores.
Il est, comme toujours, malaisé de sérier les innombrables aspects
que présentent les sporoblastes au moment de leur transformation
en spores. Au début, les éléments ovoiïdes que sont ces sporoblastes
renferment, dans une petite vacuole, le noyau qui a pris une struc-
ture plus compacte (fig. Il, 723), et qui se présente parfois comme
formé de deux grains ou bâtonnets chromatiques, plus ou moins
séparés l’un de l’autre. Dans d’autres cas, on voit ce noyau prendre
une forme en croissant et coiffer le fond d’une vacuole ovoïde qui
occupe l’un des bouts de la spore (PI. 1, fig. A, 8). A l’intérieur de
cette vacuole, on voit fréquemment une sorte de filament qui la
traverse obliquement: ces deux formations se laissent bien recon-
1 CP 4
PLISTOPHORA BUFONIS 225
naître dans la spore achevée. Parfois, il existe un ou deux autres
petits points chromatiques, mais trop petits pour être considérés
comme des noyaux. Dans des figures paraissant correspondre à des
stades plus avancés, le noyau, toujours à l’intérieur d’une vacuole,
est entouré d’une petite masse arrondie de cytoplasme qui s’indi-
vidualise et constitue à coup sûr le germe de la spore (PI. 1, fig. À,
9). Le germe et son noyau sont aussi reconnaissables dans les spores
achevées. Bientôt les sporoblastes dont la forme devient de plus
en plus régulière, présentent la colorabilité classique de la spore
dans laquelle on finit par ne plus distinguer que deux zones plus
claires, dont l’une paraît correspondre à la capsule polaire et l’autre
au germe, séparées par une bande transversale plus colorable,
aspect qui a été décrit par tous les auteurs (fig. IT, 75). Les dimen-
sions des macrospores sont de 4 u à 5 u,2 de long sur 1u6 à 2u
de large. Les plus grcsses se rencontrent dans le cas où le pansporo-
blaste ne renferme que 4 spores. Les plus petites s’observent dans
les pansporoblastes renfermant 16 spores.
En résumé, l’évolution aboutissant à la macrospore est caracté-
risée par la grande dimension des schizontes et de leurs noyaux,
par l’isolement de sporoblastes au nombre de 4, 8 ou 16 environ,
donnant directement autant de spores de grande taille. L nombre
relativement défini des spores rappelle ce qui se passe chez les
Stempellia, mais nous ne pensons pas qu'il y ait, dans le cas que
nous étudions, une véritable constance du nombre des spores.
Nous avons recherché avec beaucoup de soin toutes les figures qui
pourraient parler en faveur de l’existence d’un stade diplocaryon
ou d’une fusion autogamique précédant la formation des sporo-
blastes, mais nous n’avons rien rencontré de semblable. Tous les
aspects à deux noyaux correspondaient évidemment à des divisions
nucléaires et appartenaient certainement à la schizogonie, comme
le montraient la dimension des éléments, celle de leur noyau, la
structure vacuolaire de leur protoplasma et leur état de liberté
dans le cytoplasme des ovocytes. Il n’est peut-être pas impossible
que, dans de rares cas, les individus arrondis provenant de la dis-
sociation d’un plasmode à 8 noyaux par exemple, puissent, par
une ultime division, donner naissance à 16 sporoblastes et partant
à 16 spores, mais ce phénomène reste hypothétique et n’est pas,
en tout cas, précédé d’une autogamie quelconque. Toutes nos
observations nous conduisent à conserver aux éléments arrondis
226 E. GUYÉNOT ET K. PONSE
provenant de la dissociation du plasmode le nom de sporoblastes;
le terme sporonte ne peut appartenir qu’à des cellules que nous
n’avons pu distinguer des schizontes jeunes et qui, que cela soit.
précédé ou non d’un phénomène de sexualité, donnent, par deux
divisions de leur noyau, naissance aux petits plasmodes à 4 noyaux
que nous avons décrits à la base de la sporogonie.
D. Sporulation aberrante. |
On rencontre dans presque tous les ovocytes renfermant de la
macrosporogenèse !, mais avec une fréquence très variable de l’un
à l’autre, un certain nombre de figures sur l’interprétation desquel-
les nous conservons beaucoup d’hésitation et dont voici la des-
cription :
a) Certains plasmodes (fig. III, 76), présentant la dimension de
pansporoblastes, sont remplis d’éléments très allongés, ressem-
blant à des sporoblastes qui seraient fortement étirés. Ces éléments
mesurent de 4 à 7 u de long sur 1 u,5 de large. On les rencontre
au nombre de 8 environ. Ils sont presque toujours d’aspect enfumé,
conservant fortement l’hématoxyline ferrique, même dans des
préparations où tous les autres éléments sont très exactement
colorés. Leur contour a souvent — mais pas toujours — un aspect
irrégulier, granuleux, comme s’il s'agissait d’éléments en dégéné- &
rescence ou mal fixés. Dans quelques cas heureux, on peut aperce- |
voir, près d’un pôle, une petite vacuole renfermant un corps très
chromatique, correspondant au noyau.
b) Dans certains de ces groupements (fig. III, 77), on observe, à
côté de ces formes longues et enfumées, des éléments très clairs,
renfermant un petit noyau, ayant une forme amiboïde ou un con- k
tour arrondi et dont les dimensions correspondent à un diamètre
de 1u,4 à 2 u,2 environ. Ces petites amibes sont done notable-
ment plus petites que les sporoblastes décrits précédemment et
lon pourrait imaginer qu’elles dérivent de la division en deux
des formes allongées et enfumées, à côté desquelles on les rencontre
très souvent. Nous avons même vu, dans de très rares cas, des
aspects paraissant correspondre à une division par étranglement des
formes allongées.
1 Ces aspects ont été vus aussi parfois dans la microsporogenèse, mais ils
y sont 2nfiniment plus rares,
PLISTOPHORA BUFONIS Z21
c) Par ailleurs (fig. III, Z6), on rencontre de ces corps allongés et
enfumés, mélangés à d’autres qui paraissent résulter des premiers
par un phénomène de raccourcissement et de condensation, et l’on
trouve tous les passages entre ces éléments de plus en plus sombres
et des sortes de spores très noires ne présentant jamais aucune
structure visible.
La signification de ces formes reste douteuse. Voici cependant
ce que l’on peut dire de plus positif à leur égard. Tout d’abord,
les formes allongées, qu’elles soient enfumées ou qu’une différen-
Pre: TITI.
Sporogenèse aberrante de P. bufonis.
16 — éléments allongés, souvent impossibles à décolorer par différenciation,
paraissant être des sporoblastes; 717 — formes amibiennes paraissant corres-
pondre à des sporoblastes encore non allongés, figures douteuses de division;
18 — stades de transformation des sporoblastes allongés en sortes de spores
anormales. (X 2500).
ciation extrêmement poussée ait réussi à décolorer leur proto-
plasme, se rattachent étroitement aux sporoblastes normaux.
Elles ont, comme eux, un protoplasme susceptible, après enlève-
ment de l’hématoxyline, de se teindre intensément par l’éosine et
un noyau compact, à l’intérieur d’une petite vacuole. Sans doute,
elles sont dans l’ensemble plus longues, et plus grêles, mais on
trouve tous les passages entre des sporoblastes presque normaux
et les formes très étirées. 11 semble surtout que ces éléments en
diffèrent par le fait qu’on n’y voit jamais les transformations qui
précèdent habituellement la formation des spores. En particulier,
là où devrait se former la vacuole polaire, le protoplasme conserve
un aspect simplement spumeux. Un autre fait également très net
est que l’on trouve tous les intermédiaires entre ces formes allongées
228 E. GUYÉNOT ET K. PONSE
et des éléments très colorables ayant la forme et la dimension de
spores. Cependant, ici, la transformation paraît se ramener à un
simple phénomène de condensation du cytoplasme, qui reste
longtemps d'aspect grumeleux, sans être accompagnée de la diffé-
renciation habituelle. Tous ces faits nous conduisent à voir dans ces
aspects une sporogenèse aberrante aboutissant à des spores pro-
bablement dépourvues de capsule polaire et vraisemblablement
stériles. Quant aux formes amibiennes, d’ailleurs plus rares, leur
interprétation est plus difficile. Dérivent-elles des formes précé-
dentes par division ou correspondent-elles, au contraire, à un stade
plus jeune de ces mêmes formes ? C’est ce qu’il est impossible de
préciser. Nous pencherions toutefois plutôt vers la dernière hypo-
thèse.
EVOLUTION ABOUTISSANT A LA MICROSPORE
(PL 1, fig. B).
Par comparaison avec ceux qui renferment les phases d'évolution
du parasite aboutissant à la macrospore, les ovocytes qui renfer-
ment les stades de la microsporogenèse frappent immédiatement
par la plus petite dimension de leurs éléments, la taille moindre
des noyaux, le nombre plus élevé et la dimension plus faible des
spores. La schizogonie, comme la sporogonie, ont ici une allure
bien spéciale.
A. Schizogonie (fig. IV).
Les éléments les plus fréquents sont des plasmodes de forme
plutôt allongée, à protoplasme dense, renfermant de nombreux
noyaux petits et condensés, très fortement colorables (PI. 1, fig. B,
12) (fig. IV, 21,22, 23). Ces noyaux sont souvent très rapprochés
les uns des autres et l’on observe, par exemple, de petits plasmodes
à 16 noyaux ayant 8 u de long sur 2 u,5 de large, alors que les
plasmodes arrondis de la macrosporogenèse ont déjà ce diamètre
lorsqu'ils n’ont encore que 8 noyaux. Ces petits plasmodes allongés
de la microsporogenèse ont une tendance très marquée à se décom-
poser par plasmotomie (fig. IV, 26) en éléments renfermant cha-
cun 2, 3 ou 4 noyaux. On rencontre parfois de véritables amas
morulaires de petits plasmodes à 2 ou 4 noyaux (fig. IV, 27), de
PLISTOPHORA BUFONIS 229
forme ovoide ou irrégulière, qui proviennent aussi de cette disso-
ciation d’un plasmode initial. Ce qui est surtout caractéristique
de ce type de schizogonie, c’est que les éléments multinucléés ont
une tendance à s’allonger, à prendre une forme mycélienne qui,
dans quelques cas, devient tout à fait frappante. La figure IV, 24,
représente une de ces formations, dans laquelle le parasite affecte
la forme d’un long filament, renfermant de nombreux noyaux
serrés les uns contre les autres, avec parfois les derniers indices
24 27 28
Pré TV:
Stades de schizogonie de P. bufonis, évolution microsporée.
19 — forme douteuse constituant peut-être un schizonte uninucléé; 20 —
forme également douteuse à placer probablement au début de la schizogonie;
21 — plasmode à plusieurs noyaux de la schizogonie; 22 et 23 — plasmodes
tendant à prendre une forme allongée et renfermant plusieurs noyaux;
24 — forme pseudo-mycélienne, montrant des divisions nucléaires et l’indi-
vidualisation de petits éléments uninucléés ou plurinucléés, par une sorte
de bourgeonnement; 25 — petit plasmode résultant de ce bourgeonnement;
26 — groupe de plasmodes plurinucléés de la schizogonie; 27 — groupe de
plasmodes plus gros et à protoplasme plus vacuolisé; 28 — groupe d’éléments
résultant de la dissociation simultanée d’un plasmode plurinucléé et pouvant
recommencer la schizogonie ou constituer de jeunes sporontes. (X 2500).
Rev. Suisse DE Zoo. T. 33. 1926. 15
230 E. GUYÉNOT ET K. PONSE
d’une division qui vient de s’achever. Ces aspects rappellent ceux
qui ont été décrits chez G. anomala (AWERINZEW et FERMOR, 1911).
A leurs extrémités et aussi, par endroits, au milieu de leur trajet,
ces filaments produisent des schizontes qui tendent à s’isoler en
formant parfois de petits amas morulaires, qui paraissent se rat-
tacher à ceux que nous avons décrits précédemment (fig. IV, 27).
D’autres plasmodes, non mycéliens, donnent naissance, par une
division simultanée, à un nombre élevé de schizontes, 10 à 20 par
exemple, de forme arrondie ou ovoïde (fig. IV, 28), mesurant 3 u,4
à À de long et qui ressemblent, à première vue, aux sporoblastes
de la macrosporogenèse, dont ils ont à peu près les dimensions.
Néanmoins, ils s’en distinguent facilement par le fait qu'ils sont
nus dans le cytoplasme de l’ovocyte et non enfermés dans une
coque pansporoblastique. Ces schizontes, à peine individualisés,
présentent souvent une division de leur noyau qui est, pensons-
nous, le prélude d’une nouvelle schizogonie, à moins que l’on ne
veuille y voir l’origine d’éléments binucléés susceptibles de donner,
par autogamie, les sporontes initiaux. Toutefois, nous n’avons rien
vu qui indiquât l’existence d’une copulation de ces noyaux.
Dans notre description, nous sommes partis de plasmodes pluri-
nucléés, plus ou moins en forme de filaments mycéliens, dont 1l
est difficile de reconstituer avec exactitude l’origine. Cependant, dans
“
les ovocytes à microsporogenèse pure, nous avons rencontré un
certain nombre d’aspects qui n’ont pas d’équivalents dans la
macrosporogenèse et qui pourraient correspondre aux formes
végétatives initiales. Ce sont d’une part des sortes d’amibes à
contour irrégulier (fig. IV, 19), à protoplasme enfumé et renfermant
des granulations basophiles, creusé d’une grande vacuole centrale
contenant le noyau; d’autre part des formes également amiboïdes
(fig. IV, 20), à protoplasme basophile, présentant plusieurs points :
colorés par l’hématoxyline ferrique, correspondant soit à des
granulations, soit à des noyaux et probablement aux deux. Ce
sont sans doute ces petites formes qui en s’accroissant, en s’allon-
geant et en multipliant leurs noyaux, donnent naissance aux for-
mations pseudo-mycéliennes.
B. Sporogonte.
Les sporontes, isolés et uninucléés, qu’ils tirent ou non leur ori-
gine d’un phénomène autogamique que nous n’avons pas réussi
PLISTOPHORA BUFONIS 231
à constater, présentent dans leur cytoplasme en voie d’accroisse-
ment une série de divisions nucléaires qui se font suivant un mode
caryocinétique d’une admirable clarté et que nous n'avons jamais
observé, dans aucune Microsporidie, avec une pareille netteté!. Le
noyau au repos est assez volumineux, avec un caryosome central
très colorable (fig. V, 29) (PI. 1, fig. B, 15); 1l est situé à l’intérieur
33 3+ 39
Fic. V.
Stades de la sporogonie de P. bufonis, évolution microsporée.
29 — sporonte à plusieurs noyaux dont quelques-uns en caryocinèse;
30 — stades d’anaphase et de télophase de ces divisions; 31 — plasmode
renfermant un grand nombre de noyaux et montrant le début de l’individuali-
sation des sporoblastes; 32 — même stade un peu plus avancé; 33 — sporo-
blastes devenus libres dans les mailles du plasmode pansporoblastique ;
34 — transformation des sporoblastes en spores; 35 — pansporoblaste renfer-
mant les microspores avec, au centre, le reliquat du reticulum. (X 2500).
d’une vacuole. Au moment de la division, il apparaît un petit
fuseau, quelquefois un peu renflé en ellipsoiïde, sans centrosome,
à l’équateur duquel se disposent trois grains chromatiques, par-
faitement nets et individualisés. Par suite des divisions répétées
1 À côté des sporontes présentant ces divisions caryocinétiques multiples
dans une même masse cytoplasmique, on observe des divisions accompagnées
de plasmodiérèse et aboutissant à des amas de petits individus, peut-être
susceptibles de recommencer le cycle schizogonique (PI. 1, fig. B, 11).
232 E. GUYÉNOT ET K. PONSE
du noyau primitif (PI. 1, fig. B, 15, 16, 18), les sporontes en voie
d’accroissement renferment bientôt 4, 8, 16 noyaux et davantage
(fig. V, 30, 31, 32). Les figures dans lesquelles on rencontre 17, 19,
24, 30, 32, 36 noyaux sont les plus fréquentes. A ce moment, la
structure du sporonte est la suivante: sous sa membrane qui sera
la coque du futur pansporoblaste, des travées de cytoplasme déli-
mitent un réseau dont les mailles correspondent chacune à un
sporoblaste. Celui-e1 montre surtout un noyau pourvu d’un caryo-
some très chromatique, le protoplasme étant à peine colorable.
Plus tard, chaque noyau s’étale et se recourbe en croissant (PI. 1,
fig. B, 17) (fig. V, 31 à 33), en coiffant une vacuole plus ou moins
nette, tandis que le protoplasme du sporoblaste devient de plus en
plus colorable et mieux délimité. Finalement, dans chaque maille
se trouve un petit élément (fig. V, 33) à noyau en croissant, qui
prend une forme ovoïde, celle de la future spore, en laquelle 1l se
transforme directement (fig. V, 54).
Les sporontes, au moment où l’on compte, par exemple, 20 à 32
noyaux à leur intérieur, ont un diamètre de 8 y environ, corres-
pondant à celui des plasmodes de la macrosporogenèse ne renfer-
mant encore que 8 noyaux. C’est dire que les éléments qui prennent
naissance à leur intérieur sont beaucoup plus petits; en effet, les
sporoblastes de la microsporogenèse, lorsqu'ils se présentent sous
forme de petits corps arrondis ou amiboïdes, à l’intérieur des mailles
du sporonte, n’ont guère que 1 u,6 à 2 u de diamètre, tandis que
les sporoblastes de la macrosporogenèse mesurent 2 u,5 à 3 11,9.
C. Nombre des chromosomes.
Grâce à une série de préparations exceptionellement bien colo-
rées, nous avons pu examiner plusieurs centaines des cinèses que
l’on rencontre dans la sporogonie, presque toutes au stade de méta-
phase. Nous les avons fait voir à plusieurs personnalités scienti-
fiques qui ont pu constater leur extraordinaire clarté et leur régu-
larité. Nos examens ont porté sur divers ovocytes renfermant de la
microsporogenèse et partout nous avons rencontré des divisions
absolument comparables. D’autre part, bien que nous les ayons cher-
chées avec soin, nous n’avons jamais pu retrouver dans la macro-
sporogenèse de figures comparables et les seuls aspects de division
que nous y avons observés sont des figures d’anaphase et de télo-
PLISTOPHORA BUFONIS 233
phase, assez confuses, sans grains bien nettement individualisés,
tout à fait analogues à ce que d’autres auteurs ont figuré. |
Etant donnée la fréquence de ces cinèses, dont on peut observer
jusqu’à huit dans un même plasmode, et eu égard au petit nombre
des grains chromatiques, nous avons été tentés d'effectuer quelques
numérations. L’un de nous a examiné en détail, dans trois 0vo-
cytes différents, 170 de ces cinèses, qui ont montré 169 fois 3 grains
et 1 fois 2 grains. L'autre auteur de ce travail a, de son côté, étudié
190 divisions dont 185 présentaient 3 grains très nets et 5 parais-
saient, bien qu'avec doute, ne montrer que 2 granules. Toutes les
cinèses où la numération était impossible, en raison de l’empâte-
ment de la masse chromatique, ont été naturellement laissées de
côté. Il résulte de là que, sur 360 cinèses lisibles, 1l a été compté
— sans erreur possible — 354 fois 3 chromosomes et 6 fois 2 seule-
ment. Nous pensons que cette haute constance tient d’abord à ce
que le nombre peu élevé des grains rend leur numération facile,
malgré leur faibles dimensions (0 ,2) et d’autre part, à ce que la
figure, étant très petite (0 u,6 à 0 u,8), a peu de chances d’être
incomplète dans des coupes d’une épaisseur moyenne de 6 uw, et
de ne montrer qu'une partie des grains qui la constituent. Nous
réservant de revenir plus loin sur les réflexions que suggère ce
nombre impair de 3 chromosomes dans la microsporogenèse, nous
nous contenterons, ici, d'attirer l’attention sur cette confirmation
inattendue de la constance des grains chromatiques dans la figure
caryocinétique que le hasard d’une fixation et d’une coloration
adéquates nous a permis de vérifier dans un Sporozoaire d'aussi
infimes dimensions.
D. La microspore.
La transformation du sporoblaste en microspore, bien que plus
difficile à suivre, parait présenter les mêmes étapes que dans le
cas de la macrospore. Les spores nombreuses, typiquement au
nombre de 32 à 64, mesurent environ 2 4,8 à 3 u,2 dans leur plus
grand axe. Parfois on observe des spores exceptionnellement
petites, ne mesurant guère que 2 u,4 ou de plus grandes pouvant
attendre 3 u,5, c’est-à-dire à peu près la taille minimum des
macrospores. Les pansporoblastes renferment à leur intérieur un
4
LONr TS Copbt SSL ECS AIR“ d' 16. mi? ie
re CARS FES ETES
234 E. GUYÉNOT ET K. PONSE
corps éosinophile qui est le reliquat du réseau dans lequel Les spores
se sont formées (fig. V, 35).
Comme nous l’avons précédemment indiqué, les decerre
que nous venons de donner des évolutions aboutissant à la macro-
spore ou à la microspore, ont été faites uniquement d’après les
figures observées dans les ovocytes qui renfermaient exclusivement
l’un ou l’autre de ces types de sporogonie. Il est intéressant de
noter que les deux évolutions peuvent aussi se rencontrer, côte à
côte, dans un même ovocyte.
EVOLUTION DANS LES CELLULES MIGRATRICES
(fig. VI).
Lorsqu'on examine des ovocytes encore non parasités, on ren-
contre fréquemment, dans leur cytoplasme, des cellules migratrices
dont la plupart paraissent être des cellules folliculaires. Celles-e1
pénètrent activement dans l’ovocyte, comme cela se voit au cours
des phénomènes normaux de dégénérescence que présentent ces
éléments. Ce qui est remarquable, c’est que ces cellules peuvent
être infectées par la Microsporidie qui se développe dans leur pro-
toplasme ou plus fréquemment à l’intérieur de leur noyau. Elles
peuvent ainsi Jouer un rôle d'agents de dissémination du parasite,
en infestant de nouveaux ovocytes.
À. Développement dans le cytoplasme.
Nous avons observé des phases de la schizogonie du type macro-
sporé aboutissant à la formation de schizontes arrondis qui sou-
lèvent de toutes parts la paroi de la cellule, tandis que le noyau
de celle-ci, rejeté sur le côté, est encore bien reconnaissable (fig. VI,
36). Ces schizontes ne tardent pas à crever la membrane cellulaire
et à devenir libres dans le cytoplasme de l’ovocyte où ils peuvent
recommencer le cycle schizogonique.
B. Développement dans le noyau.
À l’intérieur de certains ovocytes, presque toutes les formes de
développement de la Microsporidie sont remarquables, d’abord par
la netteté et la colorabilité de la membrane qui limite les plasmodes
subir MT LARMES er actes dé Te M N /ERAER x x LE 1 L'on LA
se ‘+ TEST > " LEA D 9 +. : AL À : "4 pt
ea LE, COST SE: à : A :
PLISTOPHORA BUFONIS 235
ou les pansporoblastes et, d’autre part, par la présence, le long de
cette membrane ou au milieu du parasite — et cela à tous les
stades —, de grosses masses chromatiques pouvant atteindre le
double ou le triple de la dimension des spores (fig. VI, 40 à 44). Ces
masses ne présentent aucune structure; leur nombre, leur taille et
leur forme sont essentiellement irrégulières; ces caractères empé-
Fic. VI
Stades de développement de P. bufonis, à l’intérieur de cellules folliculaires.
36 — fin de la schizogonie, type macrosporé, dans le cytoplasme de la cel-
lule dont on voit le noyau à gauche; 37 — fin de la schizogonie avec destruc-
tion du noyau dont on voit, au centre, les reliquats chromatiques; 38 —
noyau de cellule folliculaire, encore peu altéré et renfermant le parasite;
39 = altération du noyau parasité, dont la chromatine est réduite en boules
de différentes dimensions; 40 — plasmode plurinucléé à l’intérieur du noyau
gonflé et désagrégé; 41 — individualisation des sporoblastes dans le noyau
dont la chromatine se présente sous forme de gros reliquats chromatiques;
42 — sporoblastes libres dans les mailles du plasmode intranucléaire; 43 —
formation des spores dans le pansporoblaste intranucléaire; 44 — stade plus
avancé, les débris chromatiques se sont agglomérés en masses volumineuses.
X 2500).
236 E. GUYÉNOT ET K. PONSE
chent de les confondre avec des spores et, d’ailleurs, on les observe
à tous les stades de la schizogonie et de la sporogonie.
L'examen d’un nombre considérable de figures et de quelques
stades initiaux nous a permis de reconstituer l’origine de ces masses.
Elles ne sont autre chose que des reliquats de la chromatine des
noyaux, à l’intérieur desquels la microsporidie a évolué. Ces noyaux
paraissent appartenir soit à des leucocytes, soit plus habituellement
à des cellules folliculaires ayant pénétré dans les ovocytes. On
constate, en effet, que le protoplasme de ces cellules, encore bien
reconnaissable au début, ne tarde pas à se confondre avec celui
de l’ovocyte, si bien que les noyaux sont ou paraissent nus dans
le protoplasme des éléments de l’organe de Bidder. Ces noyaux
ont encore la structure normale (fig. VI, 38), une chromatine dis-
posée en un réseau et sous Îorme de masses irrégulières. Puis ces
noyaux commencent par présenter un phénomène de gonflement ;
à ce stade, 1l peut arriver que l’on observe (fig. VI, 38), à l’intérieur
du noyau, là où l’hématoxyline a subi une forte différenciation,
un point noir très coloré, entouré d’une zone vacuolaire. Ces aspects
paraissent correspondre à un Jeune parasite, à l’intérieur du noyau.
Celui-ci subit bientôt une dégénérescence caractéristique. La chro-
matine se résoud en une série de masses arrondies ou ovoides, sans
structure, qui, à ce moment, masquent complètement le parasite.
Un nouveau gonflement du noyau amène l’écartement des boules
chromatiques et le parasite devient nettement visible. La figure
VI, 40, représente un plasmode plurmucléé (probablement un stade
4), à l’intérieur d’un noyau. Le noyau continuant à se gonfler,
une partie des masses chromatiques restent collées à la membrane
nucléaire, bien visible, très colorable; le reste des reliquats chroma-
tiques forme des boules qui ont une tendance à s’agglomérer en
masses de plus en plus volumineuses. À partir de ce stade, les
figures sont très faciles à interpréter. La schizogonie aboutit à
la production de schizontes qui font autant de saillies soulevant la
membrane nucléaire, tandis que les boules chromatiques restent
rassemblées au centre (fig. VI, 37). Finalement, la membrane nuclé-
aire crève et les schizontes deviennent libres dans le cytoplasme
de l’ovocyte. Dans d’autres cas, il s’agit d’une sporogonie, avec
formation et individualisation des sporontes (fig. VI, 47, 42), leur
transformation en sporoblastes, puis en spores (fig. VI, 43, 44),
toujours à l’intérieur de la membrane nucléaire, qui double alors
PLISTOPHORA BUFONIS 237
la coque pansporoblastique proprement dite. Dans les pansporo-
blastes, qui peuvent appartenir au type macrosporé ou microsporé,
suivant les cas, on voit des spores, quelques boules chromatiques
et souvent une masse rose éosinophile qui représente le reliquat
du réticulum dans les mailles duquel s'étaient individualisés les
sporoblastes.
C. Comparaison avec les faits signalés par Stempell.
Il est difficile de savoir si les cellules migratrices ont été infectées
après leur pénétration dans l’ovocyte ou si, au contraire, ce sont
elles qui ont contaminé les ovocytes dans lesquels elles ont pénétré.
Nous pencherions plutôt vers la deuxième hypothèse. Il est inté-
ressant, pensons-nous, de constater le développement d’une Micros-
poridie à l’intérieur d’un noyau, dans lequel le germe initial du
Sporozoaire est complètement invisible.
Cette évolution suggère une interprétation possible des faits
singuliers constatés par STEMPELL (1904) chez Glugea anomala et
revus par AWERINZEW et FERMOR (1911). Pour ces auteurs, le
kyste dans lequel se développent les nombreux stades de sch1zo-
gonie et de sporogonie aurait une paroi propre qui serait la couche
la plus superficielle du parasite lui-même. Au-dessous de cette
couche limitante, se trouvent de gros noyaux qui, autant que l’on
puisse juger par les figures publiées, ont tout à fait la taille, la
forme et la structure de noyaux de Métazoaires et n’ont aucun
rapport avec les noyaux du parasite. Cependant, tandis que cer-
tains de ces noyaux, considérés comme des noyaux végétatifs de la
Glugea par STEMPELL, dégénèrent par suite, dit l’auteur, d’une
rupture d’équilibre entre la substance nucléaire et le cytoplasme
du parasite, les autres seraient le siège de phénomènes extraordi-
naires de bourgeonnement ou de division multiple. C’est de cette
multiplication que résulteraient les futurs sporontes qui tireraient
du noyau végétatif leurs noyaux et même leur cytoplasme. Bien
que des faits de ce genre aïent été revus par AWERINZEW et FERMOR,
l'interprétation qui en a été fournie s’est heurtée à une incrédulité
générale. DoFLEIN (1916), WEeissENBERG (1911), MRazEeKx (1910),
ont considéré ces gros noyaux comme des noyaux de l'hôte. L'un
de nous (1922) dans son étude sur Glugea danilewskyt, a donné
de nouveaux arguments en faveur de cette dernière interprétation.
238 E. GUYÉNOT ET K. PONSE
Mais, s'il est admis que les noyaux décrits par STEMPELL sont bien
des noyaux des cellules de l’hôte qui ont pénétré dans la masse
du kyste, comment concevoir que ces noyaux aient pu paraitre
être le siège de phénomènes de multiplication et de prolifération
ayant abouti à la production de sporontes ? Nous basant sur ce
que nous avons observé du développement intranucléaire de la
Plistophora de l’organe de Bidder, nous nous demandons si STEM-
PELL n'aurait pas été en présence de phénomènes analogues et si
la seule erreur qu’il ait commise ne serait pas d’avoir méconnu la
nature des gros noyaux en les prenant pour des noyaux végétatifs
du parasite lui-même, alors qu’il s’agissait peut-être de noyaux de
l’hôte parasités et à l’intérieur desquels le Sporozoaire présentait
les stades préliminaires de son évolution.
D. {nfiltration diffuse dans le tissu conjonctif.
Nous ne dirons que quelques mots de cette évolution qui ne
présente rien de bien caractéristique. Ainsi que nous l’avons fait
remarquer, lorsqu'un ovocyte a été détruit par l’action conjuguée
du parasite et des phagocytes, il persiste à sa place une sorte de
cicatrice, dans laquelle on observe de très nombreuses cellules
folliculaires, des leucocytes, des débris du cytoplasme de l’ovocyte
avec, parfois encore, à l’intérieur de ces plages cytoplasmiques, des
parasites à divers stades d'évolution. On y rencontre aussi des pan-
sporoblastes libres, renfermant des sporoblastes en transformation
ou plus fréquemment des spores achevées. Parfois la sporogonie
paraît se faire à l’intérieur de cellules folliculaires. Ces zones cica-
tricielles sont peu à peu remaniées, les pansporoblastes se trouvent
rompus pour la plupart et les spores disséminées, dans le tissu
conjonctif qui occupe le centre de l’organe de Bidder (PI 1,
fig. D). Peut-être est-ce de cette zone que partent les cellules mi-
gratrices infectées qui vont ensuite disséminer le parasite en péné-
trant dans de nouveaux ovocytes ?
SIGNIFICATION DES DEUX TYPES D'ÉVOLUTION.
Le principal intérêt du travail que nous présentons aujourd’hui
nous parait résider dans le fait que, grâce à leur distribution dans
des ovocytes différents, noas avons pu mettre hors de doute l’exis-
PLISTOPHORA BUFONIS 239
tence de deux types d'évolution de la Microsporidie, caractérisés
non seulement par la dimension des spores, mais aussi par l’allure
dissemblable des deux sortes de schizogonie et de sporogonie 1.
Certes, ce n’est pas la première fois que l’on signale, dans ce groupe
de Sporozoaires, l’existence de deux sortes de spores plus ou moins
nettement séparables. HESssE (1903) distingua, dans Thelohania
Janus, deux sortes de pansporoblastes, les uns à 4 spores de grande
taille, réniformes, mesurant 6 & de long sur 2 y de large, les autres
à 8 spores, plus petites, ovoides, n’ayant que 3 à de long sur 2 p
de large. Le même auteur (1904), dans 7. legeri, reconnut l’exis-
tence de macrospores de 12 u et de microspores de 6 à 8 u. ScHRÔ-
DER (1909) signale aussi, daus 7. chaetogastris, des macrospores de
6 u sur 4 u et des microspores plus nombreuses de 4 p sur 3 uw. Des
faits de même ordre ont été décrits par STriICKLAND (1913) chez
T. fibrata et par DuNKERLEY (1912) chez T. ovata. Kuno (1922-
1924) a retrouvé, chez T. opacita, l'existence de sporontes tétras-
porés et octosporés donnant réciproquement de grandes et de
petites spores. Déjà LÉGER (1897) avait noté, chez T. varians, des
macrospores mesurant 8 x de long et des microspores n’ayant que
4 à 5 u. Un semblable dimorphisme des spores a été constaté dans
Gurleya legeri par Hesse (1903) et par Macrinnon (1911) et,
dans G. richardi, par CÉPÈDE (1911). Cette distinction entre
macrospores et microspores a été retrouvée par GUYÉNOT et
Navizze (1922) dans Plistophora (Glugea) danilewskyi, où les
spores mesurent réciproquement 4 et 3 u de long. DEBAISIEUX
a aussi constaté une différence de taille entre les spores de cette
espèce, mais sans y attacher d'importance fondamentale, consi-
dérant qu'il n’y a pas de limite tranchée entre les deux sortes de
spores. Le même auteur a observé une différence de même ordre
et de même signification dans les spores de G. mulleri. Cette dis-
tinction entre macrospores et microspores se retrouve fréquem-
ment chez les Plistophora. D’après ScHUBERG (1910), les macros-
1 Des observateurs qui auraient vu séparément les deux types d'évolution
en auraient fait, à coup sür, des espèces différentes. Il est toutefois impossible
de s’arrêter à une hypothèse de ce genre, considérant les deux évolutions
comme appartenant à deux parasites; il serait plus qu’invraisemblable qu’aussi
bien chez la Couleuvre que chez le Crapaud, deux Microsporidies puissent se
développer parallèlement, toujours ensemble, dans les mêmes organes et les :
mêmes cellules.
240 E. GUYÉNOT ET K. PONSE
pores de P. longifilis mesurent 12 4 sur 6 u, tandis que les micro-
spores n’ont que 3 sur 2 u. Les kystes de P. mirandellae sont,
d’après VANEY et ConTE (1901), de deux sortes. Les plus petits
renferment des microspores de 7 u,5 sur 4 u et les plus grands des
macrospores ayant 12 u sur 6 AuErBAcH (1910) a noté chez
P. elegans des macrospores de 10 y sur 4 x et des microspores dont
les dimensions ne sont pas indiquées. Chez P. simuli, LuTz et
SPLENDORE (1904) distinguent des grandes spores (forme «)
ayant 5 u,5 à 8 u.,5 et des spores plus petites (forme 5) mesurant
4 u,5 à 5 1,5. En présence de ces faits, la question s’est naturelle-
ment posée de savoir s’il fallait attacher une importance considé-
rable à ces différences de taille des spores ou si l’on n’avait affaire
qu’à des variations secondaires, tenant à la nature des conditions
de développement. C’est un fait bien connu de tous ceux qui ont.
travaillé sur ces organismes que la taille des spores présente une
certaine échelle de variabilité. Chez Vosema marionis, on a observé
des spores variant comme longueur de 1,5 à 7 um; cette variation
est de 2,5 à 5 u, chez Nosema pulicis, de 2 à 6 un chez Stempellia
mutabilis et de 12 u,5 à 16,9 chez S. magna. Aussi plusieurs
auteurs, et notamment Kubpo (1924), dans sa très belle monographie
des Microsporidies, sont-ils portés à ne voir dans ces différences
que le résultat de variations dans la rapidité de développement
et l’intensité des divisions précédant la sporogenèse, dues sans
doute à des conditions dissemblables de multiplication du para-
site. Les écarts maximum n’auraient guère que la valeur d’anoma-
lies. Ce serait le cas, d’après KuDbo, au moins chez les Thelohania.
Par contre, d’autres auteurs ont cru reconnaître entre les deux
sortes de spores des différences de structure, ou ont cru pouvoir
leur attribuer des significations différentes au point de vue du
cycle évolutif. Ainsi, d’après HESssE (1903), les microspores de
T. Janus et de Gurleya legeri pourraient dévaginer un filament,
tandis que les macrospores de ces espèces ne réagiraient pas de la
même façon aux réactifs. Par contre, KuDpo a constaté la présence
des filaments dans les deux sortes de spores de 7. opacita. Dans
leur étude de Plistophora (Glugea) danilewskyt, GUYÉNOT et
NAviLLE ont maintes fois constaté que les frottis de spores pro-
venant de kystes différents se comportaient d’une façon dissem-
blable, vis-à-vis des réactifs permettant l’expulsion du filament
polaire. Tandis que, dans certains cas, presque toutes les spores
PLISTOPHORA BUFONIS 241
traitées par l’acide chlorhydrique dilué émettaient des filaments,
dans d’autres cas ce traitement n’était suivi d'aucun effet. Ces
auteurs n'avaient pas alors attribué grande importance à cette
dissemblance de comportement, la mettant sur le compte de diffé-
rences dans la maturité des spores. Il est possible que les deux
sortes de spores ne réagissent pas de la même façon aux réactifs,
sans que, pour autant, leur structure soit fondamentalement
différente.
Une autre conception à été émise par VANEY et CONTE (1901),
à propos des deux formes de spores de P. mirandellae. Les macro-
spores serviraient à l’autoinfection, tandis que les microspores
constitueraient les véritables formes de dissémination du parasite
d’un hôte à l’autre. Toutefois, cette vue parait n’avoir reçu,
depuis, aucune confirmation.
Il est bien évident que l’appréciation de la valeur des deux
sortes de spores se heurte à d'énormes difficultés, tant que l’on ne
considère que la seule dimension des spores. Un progrès important
dans l’étude de cette question a été réalisé lorsque GUYÉNOT et
NAVviLLE (1922) ont montré que les deux sortes de spores de Plis-
tophora (Glugea) danilewsky1, bien que peu différentes l’une de
l’autre au point de vue de la taille (dimensions moyennes 4 u et
3 u), étaient l’aboutissement de deux types distincts de sporu-
lation. Ceux-ci ne sauraient être considérés, comme c’est probable-
ment le cas pour d’autres espèces, comme se ramenant à une
différence dans le nombre des divisions du sporonte; dans la ma-
crosporogenèse, les sporontes sont plus volumineux, à protoplasme
plus colorable et à noyaux plus gros, tandis que la microsporo-
genèse se fait dans des sporontes à protoplasme presqu'incolorable,
à noyaux petits et plus nombreux. Aussi les auteurs ont-ils surtout
distingué une évolution macronucléée et une évolution micronucléée.
Cette distinction qui ne s’était imposée à leur esprit que peu à peu,
et par l’examen prolongé d’un matériel exceptionnellement abon-
dant, pouvait être encore considérée comme douteuse du fait que
presque toujours les deux types de sporogonie se trouvaient réunis
dans les mêmes formations kystiques. L'étude que nous venons
de faire de Plistophora bufonis met cette différence hors de doute,
puisque les deux types d'évolution ont pu être suivis dans des
ovocytes différents et que les dissemblances portent, non seulement
sur la sporogonie, mais aussi sur la schizogonie.
242 E. GUYÉNOT ET K. PONSE
. Si l’existence de ces deux types de développement est ainsi ren-
due certaine, au moins dans les deux espèces que nous avons
étudiées, leur signification relative reste beaucoup plus douteuse.
GUuYÉNOT et NAVILLE avaient suggéré, à titre de simple hypothèse,
que le cycle micronucléé pourrait correspondre à un développe-
ment parthénogénétique et le cycle macronucléé à l’évolution
sexuée normale. Ce qui donnait un certain poids à cette hypothèse,
c'était l’existence, observée dans de rares cas, de formes en vir-
gules, faisant penser à des gamètes. Mais, outre que la fécondation
n'avait pas été observée, nous n’avons depuis rien retrouvé qui
correspondit à ces aspects énigmatiques. La présence, dans le cycle
microsporé de P. bufonis, de cinèses montrant un nombre impair,
c’est-à-dire un nombre vraisemblablement haploide de chromo-
somes, nous était d’abord apparue comme pouvant donner un
appui solide à cette hypothèse. Mais, il est évident que cette consta-
tation n'aurait eu toute sa valeur que si nous avions pu compter
les granules chromatiques dans les formes, à plus gros noyau,
aboutissant aux macrospores. Malheureusement, les cinèses de
cette partie du cycle étaient beaucoup plus rares; elles ne montraient
que des figures d’anaphase ou de télophase où toute numération
était impossible, en raison de l’empâtement des éléments chroma-
tiques. Aucune preuve décisive n’a donc pu être tirée de cette
étude.
Nous tenons, à ce sujet, à insister sur la différence que pré-
sentent les deux cycles, non seulement au point de vue des aspects
nucléaires, mais aussi en ce qui concerne la fréquence des divisions.
Cette dissemblance ne peut être vraisemblablement attribuée à
des conditions de milieu, puisque fréquemment les deux évolutions
se rencontrent, côte à côte, avec tous leurs caractères distinctifs,
dans un même ovocyte. Cette constatation montre aussi qu’il
serait vain d’attribuer à des circonstances externes la différence
existant entre les deux types de schizogonie et de sporogonie.
Bien que nous soyons fortement portés à voir un rapport entre
les deux cycles d'évolution et le développement sexué du parasite,
nous estimons qu'il règne encore trop d'incertitude sur le mode et
le moment exact de la fécondation, pour qu'il soit prudent d’ajouter
à celles qui existent une hypothèse nouvelle. Tantôt, en effet, on a
placé la fécondation dans le germe sortant de la spore, comme chez
les Myxosporidies, tantôt on a décrit une hétérogamie ou une
PLISTOPHORA BUFONIS 243
autogamie précédant la formation des sporoblastes. Quand il y a
tant d’opinions, il est difficile, en l’absence de confirmations nom-
breuses, de dire quelle peut être la bonne.
Nous voulons encore faire une remarque relative à l’état haploide
des sporontes de la microsporogenèse. Cette condition, qui paraît,
à première vue, être un argument en faveur d’un développement
parthénogénétique de ces éléments, perd beaucoup de sa valeur
si l’on tient compte des découvertes qui ont été faites, à ce point
de vue, chez d’autres Sporozoaires. Chez les À ggregata, en effet,
les recherches de DoBELL (1915), confirmées et étendues par
NaAviLLe (1925), celles de JAMESON (1915) sur la Grégarine Diplo-
cystis schneideri, ont montré que presque tout le développement
du parasite se fait à l’état haploïde; la phase diploïde se trouve
réduite à la courte période qui sépare la fécondation de la première
division du zygote. On peut dès lors se demander si la schizogonie
et la sporogonie des Microsporidies ne se passent pas toutes entières
pendant la phase haploïde. Si notre étude aboutit à poser plus de
questions qu'elle ne permet d’en résoudre, elle montre du moins
que la connaissance du cycle évolutif des Microsporidies est peut-
être moins complète que ne le pensent certains auteurs.
SYSTÉMATIQUE.
COMPARAISON AVEC Bertramia bufonis King.
Le parasite que nous avons étudié paraît rentrer, d’après son
mode de sporulation, dans le genre Plistophora. Bien que, surtout
dans la macrosporogenèse, les pansporoblastes renferment le plus
souvent 4, 8 ou 16 spores, ce nombre ne paraît pas absolument
constant; dans la microsporogenèse, le nombre des spores, compris
en général entre 32 et 64, paraît plus variable encore, ce qui tient
peut-être à la difficulté plus grande des numérations.
La Microsporidie qui parasite l’organe de Bidder présente d’autre
part d’indéniables affinités avec celle que l’un de nous a précédem-
ment étudiée (1922) dans la Couleuvre et que DEBAISIEUX a décrit
sous le nom de Glugea danilewskyi. Si nous ne connaissions ce
parasite que par les descriptions de cet auteur, nous n’hésiterions pas
à le séparer nettement de Plistophora bufonis, en raison de l’autoga-
244 E. GUYÉNOT ET K. PONSE
mie que DEBAISIEUX a constatée dans les sporontes, avant leur divi-
sion en deux sporoblastes. Par contre, dans l’étude que l’un de nous
a faite de cette Microsporidie, cé type de sporulation n’a pu être
retrouvé et les phases observées étaient, à tous points de vue,
comparables à celles présentées par le nouveau parasite. Les deux
formes ne diffèrent guère que par la dimension des spores et encore
cette dissemblance est-elle peu significative. Les spores de la Micro-
sporidie de la Couleuvre mesurent de 3 à 4 a tandis que celles du
parasite du Crapaud ont de 4 à 5 u,5 pour les macrospores et de
2,8 à 3 u,2 pour les microspores. Ce qui contribue à rendre incer-
taine la détermination des deux espèces, c’est que Glugea danilewskyi
a été signalée non seulement dans divers Reptiles, mais aussi chez
Rana temporaria (PFrEIFFER, 1895). Bien que nous ayons quelque
arrière pensée au sujet de la séparation des deux espèces, toutefois,
pour ne pas tomber dans l’excès inverse et pour ne pas paraître
confirmer par une synonymie prématurée une assimilation encore
incertaine, nous décrivons le parasite de l’organe de Bidder du
Crapaud sous le nom de Plistophora bufonis.
Reste la question de savoir quels sont les rapports entre ce
parasite et Bertramia bufonis, décrite par H. D. Kina (1907) dans
les ovocytes de l’organe de Bidder de Bufo lentiginosus. N'ayant
pas vu les coupes étudiées par KinG et les figures publiées par cet
auteur étant assez sommaires, il nous est difficile de nous faire une
opinion précise. Nous dirons seulement que les phases de schizogonie
et de sporogonie sont tout à fait comparables à ce que nous avons
nous-mêmes observé. Les raisons pour lesquelles KING a cru devoir
classer le parasite parmi les Haplosporidies ne ressortent d’ailleurs
pas clairement de son étude, et cette assimilation a donné lieu à
des critiques que nous croyons justifiées. La seule différence impor-
tante entre les deux Sporozoaires, qui se développent tous deux
dans les organes de Bidder d’espèces voisines, réside dans la taille
et la structure des spores. A l’intérieur de pansporoblastes, KING
a vu se former une trentaine d’éléments allongés, pouvant attein-
dre 8 u de long qu’elle considère comme des spores. Dans un cas,
ces spores ont une seule vacuole renfermant un, puis deux noyaux,
dans l’autre, deux vacuoles renfermant chacune un noyau. Ces
noyaux paraissent disparaitre, puis l’élément se colore d’une façon
intense et uniforme, sans qu'aucune structure ait pu être précisée
à son intérieur. Il est certain que si c’étaient là de véritables spores,
»%
PLISTOPHORA BUFONIS 245
le parasite serait très différent de celui que nous venons d’étudier.
Par contre, les figures données par KinG offrent de frappantes
analogies avec l’aspect que présentent les sporoblastes et spéciale-
ment ces formes enfumées, très longues, avec un ou parfois deux
noyaux dans une vacuole, que nous avons considérées comme des
sporoblastes présentant une évolution aberrante. Il est donc fort
possible que KING n’ait pas observé dans ses préparations la véri-
table formation des spores normales (d'autant que dans un ovocyte
à cytoplasme paraissant altéré nous n’avons rencontré, en fait de
spores, que ces éléments anormaux) et que Bertramia bufonis doive
être un Jour considérée comme synonyme de Plistophora bufonis.
RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS.
I. Plistophora bufonis n. sp. se développe à l’intérieur des ovo-
cytes de l’organe de Bidder de Bufo vulgaris, dont elle entraîne
la destruction progressive. Le parasite présente deux types d’évo-
lution, superposables à ceux décrits par GUYÉNOT et NAVILLE
(1922) chez Plistophora ( Glugea) danilewskyr. Ces deux formes de
développement peuvent être observées séparément dans des 0vo-
cytes différents ou se trouver réunies dans un même élément.
\
II. L'évolution aboutissant à la production de macrospores
comprend une schizogonie à éléments gros, à protoplasme vacuo-
lare et à noyaux volumineux, et une sporogonie dans laquelle les
sporontes forment, par division multiple, des plasmodes pluri-
nucléés se décomposant en un nombre assez défini (4, 8, 16 environ)
de sporoblastes donnant chacun une grosse spore (4 u à 5 u,5).
III. L'évolution aboutissant à la production de microspores pré-
sente une schizogonie dans laquelle les formes végétatives sont
petites, à nombreux noyaux et parfois en forme de filaments
mycéliens. Les sporontes forment des plasmodes dans lesquels
leurs noyaux se multiplient par une série de caryocinèses typiques,
montrant, avec une constance presque absolue, trois grains chro-
matiques. À l’intérieur de ces plasmodes s’individualisent un nombre
élevé de petits sporoblastes (32 à 64 environ) donnant autant de
microspores (2 u,8 à 3 u,2).
Rev. Suisse DE Zoo. T. 33. 1926. 16
246 : E. GUYÉNOT ET K. PONSE
IV. Les rapports entre ces deux formes de développement, dont
l'existence est mise hors de doute, sont discutés en tenant compte
de l’état haploïde des individus de la microsporogenèse. Toutefois,
aucune conclusion précise n’a pu être formulée touchant leur
véritable signification.
V. Le parasite peut aussi se développer à l’intérieur de cellules
folliculaires qui pénètrent dans les ovocytes; la schizogonie et
surtout la sporogonie se passent soit dans le cytoplasme de ces
cellules, soit, ce qui est plus remarquable, à l’intérieur de leurs
noyaux. Ces cellules parasitées, que l’on retrouve dans le stroma
conjonctif, jouent probablement un rôle dans la dissémination du
parasite à l’intérieur de l’organe.
VI. Les affinités de Plistophora bufonis et de Plistophora ( Glugea)
danilewskyi qui parasite non seulement des Reptiles, mais aussi des
Batraciens, sont discutées. Il est probable que Bertramia bufonis,
parasite de l’organe de Bidder d’une autre espèce de Crapaud et
que KinNG a classé parmi les Haplosporidies, est identique à P.
bufonis.
sn nu r bi: de sh | Mad ga A ht
DRE EE 2 time 6er re
FAN EG mp À à Hu) +
à REIN +
1 | PORTA LT TORRES
SR er M re LE éerd le air 4 RE nr À nd me dpt e
_— ‘ r 4 .
1910.
1911.
S3ÈE
1919.
1920.
1915.
1912.
1922.
1925.
1996.
1905.
: 4903.
1907.
1922.
PLISTOPHORA BUFONIS 247
AUTEURS CITÉS
AUERBACH (M.). Zwez neue Cnidosporidien aus Cyprinoiden
Fische. Zool. Anz., Bd. 35, p. 440-441.
AWERINZEW (S.) et FERMOR (K.). Studien über parasitischen Pro-
tozoen. Zur Frage über die Sporenbildung bei Glugeaæ anomala.
Arch. f. Protist., Bd. 23, p. 1-6.
CÉPÈDE (C.). Sur la présence de Diaptomus castor Jurine dans les
mares des dunes de Wimereux-Ambleteuse et description de
Gurleya richardi n. sp., Microsporidie nouvelle parasite de ce
Copépode d'eau douce. Ann. Biol. lacust., Tome 5, p. 27-32.
DEBAISIEUX (P.). Etudes sur les Microsporidies. 11. Glugea dant-
lewskyr L. Pfr. III. Glugea mullerit L. Pfr. La Cellule, Tome
30, p. 193-183.
— Etudes sur les Microsporidies. IV. Glugea anomala Monz. La
Cellule, Tome 30, p. 217-243.
Do8ELL (C.) et JAMEsON (A. P.). The chromosome cycle in Coccidia
and Gregarinas. Proc. R. Soc., Vol. 89, p. 83.
DunKkERLEY (J. S.). On the occurence of Thelohania and Prowazekia
in anthomyid flies. Centralb. Bak., Bd. 62, p. 136-137.
GuyÉNorT (E.) et Navize (A.). Recherches sur le parasitisme et
l’évolution d’une Microsporidie, Glugea danilewskyr (?). Rev.
suisse Zool., Tome 30, p. 1-61.
GUuYÉNOT (E.), Navizee (A.) et PoxsE (K.). Deux Microsporidies
parasites de Trématodes. Rev. suisse Zool., Tome 31, p. 399-421.
Guyéxnor (E.) et Pose (K.). Constance numérique des chromo-
- somes chez une Microsporidie, Plistophora bufonis n. sp. G. R.
Soc. Biol., Tome 94, p. 3.
HEssEe (E.). Sur une Microsporidie tetrasporée du genre Gurleya.
GC. R. Soc. Biol., Tome 55, p. 495-496.
— Sur la présence de Microsporidies du genre Thelohania chez les
Insectes. C. R. Acad. Sc., Tome 137, p. 418-419.
Kixc (H. D.). Bertramia bufonis, a new Sporozoan parasite of
Bufo lengitinosus. Proc. Acad. nat. Sc. Philadelphia, Vol. 59,
p. 273. |
Kupo (R.). Studies on Microsporidia parasilic in mosquitoes.
Trans. amer. micr. Soc., Tome 40, p. 70-77.
LA
AOC
1904.
1913:
1901.
MRSENS < + >} ff dire" e CNT TRE EE AMD RE ré ner TD SE = Pat ct
- F_ RES ; SLT - _ Æ* e = Fr ; à Fa 5 D.
: À
E. GUYÉNOT ET K. PONSE
A biologic and taxinomic study of the M icrosporidia. Iinois
Biol. Monog., Vol. 9, p. 1-268. |
. LEGER (L.). Sur une nouvelle Myxosporidie de la famille des Glu-
geidées. C. R. Acad. Sc., Tome 125, p. 260-262.
. LurTz (A.) et SPLENDORE (A.). Ueber Pebrine und vervandte Mikro-
sporidien. Nachtrag zur ersten Mitteilung. Centralb. Bak.,
Bd. 36, p. 645-650.
. MACkINNON (D. L.). On some more protozoan parasites from Tri-
choptera. Parasit., Vol. 4, p. 28-38,
. NAwiLLE (A.). Recherches sur le cycle sporogonique des À ggregata.
Rev. suisse Zool., Vol. 32, p. 125-179.
. SCHRÔDER (0O.). Thelohania chaetogastris, eine neue in Chaetogaster
diaphanus Gruith schmarotzende Microsporidienari. Arch. Prot.,
Bd. 14, p. 119-133. |
SCHUBERG (A.). Ueber Mikrosporidien aus dem Hoden der Barbe
und durch sie verursachte Hypertrophie der Kerne. Arb. kais.
Gesundh., Bd. 33, p. 401-434. |
SremPELL (W.). Ueber Nosema anomalum Moniez. Zool. Jahrb.
Anat., Bd. 16, p. 235-272.
STRICKLAND (E. H.). Further observations on the parasites of
Simulium larvae. Jour. Morph., Vol. 24, p. 43-102.
VANEY (C.) et CONTE (A.). Sur une nouvelle Microsporidie, Pleisto-
phora mirandellae, parasite de l’ovaire d’Alburnus mirandella.
Blanch. C. R. Acad. Sc., Tome 133, p. 644-646.
PLISTOPHORA BUFONIS 249
EXPLICATION DE LA PLANCHE
FiG. A. — Coupe passant à travers un ovocyte renfermant l’évolution
td h 2
11
12
13
F1G. B. — Coupe
macrosporée de P. bufonis (X 2500).
noyau de l’ovocyte.
cellules folliculaires.
schizonte à un seul noyau.
schizonte binucléé, à gauche, et schizonte initial dont
le noyau se divise, à droite.
sporonte à 4 noyaux.
schizontes uninucléés provenant de la dissociation
d’un stade quatre.
sporonte formant un plasmode à 8 noyaux.
individualisation des sporoblastes dans un plasmode
à 8 noyaux.
(à gauche) plasmode dans lequel les sporoblastes sont
individualisés et encore arrondis.
sporoblastes (4), se transformant en spores.
sporoblastes montrant l’individualisation du germe.
spores à l’intérieur du pansporoblaste, avec les reli-
quats du réseau (même figure au-dessus et à gauche).
passant à travers un ovocyte renfermant l’évolution
microsporée de P. bufonis (X 2500).
sporontes présentant des divisions caryocinétiques de
leur noyau.
plasmodes allongés de la schizogonie.
stade d'interprétation douteuse représentant peut-
être un schizonte initial.
divisions caryocinétiques dans le sporonte.
plasmode à environ 8 noyaux, dont quelques-uns au
repos montrant le caryosome, les autres en division.
figures d’anaphase et de télophase.
individualisation des sporoblastes montrant leur
noyau en croissant.
plasmode à plusieurs noyaux encore en division.
pansporoblastes renfermant les spores achevées.
individualisation, par division multiple, d'individus
paraissant être le terme de la schizogonie.
E. GUYÉNOT ET K. PONSE
_
F1G. C. — Photographie d’une coupe de l'organe de Bidder, montrant
Fr D:
les ovocytes et la masse conjonctive centrale résultant de la
destruction des éléments ovariens; cette masse est cloison-
née par une bande transversale, constituée par 3 ovocytes
bourrés de pansporoblastes et de stades d'évolution du
parasite (X 42).
Photographie d’une portion de l’organe de Bidder montrant
plus en détail trois ovocytes parasités. Dans celui de gauche,
rares pansporoblastes et plasmodes isolés dans le cytoplasme;
au milieu et à droite, on voit surtout de nombreux pansporo-
blastes; dans le tissu conjonctif, en bas, spores isolées au
milieu des cellules (x 261).
FO ANR CP 0 CE AT PAU D.
1:33: 1826
Rev. Suisse de Zool.
|
E. Guyénot et K. PM
Né DER
4 MOT | er
Sie MP
re
M", 4
<
DER à - à 4 #
\e LA ER
&- Microsporidie
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE 251
Vol. 33, no 3. — Avril 1996.
TRAVAUX DU LABORATOIRE DE ZOOLOGIE ET ANATOMIE COMPARÉE
DE L’UNIVERSITÉ DE GENÈVE
Notes sur les Folidiens
Un Eolidien d'eau saumâtre. Origine des nématocystes.
_Zooxanthelles et homochromie.
PAR
André NAVILLE
Chef des Travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de Genève.
Avec 9 figures dans le texte.
SOMMAIRE :
__ INTRODUCTION.
SUR LA PRÉSENCE D'UN ÉOLIDIEN VIVANT SUR DES CORDYLOPHORA
LACUSTRIS DANS LE CANAL DE CAEN A LA MER.
LES CONDITIONS BIOLOGIQUES DU CANAL DE CAEN A LA MER.
RAPPORTS FAUNISTIQUES ENTRE LE CANAL DE CAEN A LA MER ET LES
FAUNES DU NORD DE L'EUROPE.
L'ORIGINE DES NÉMATOCYSTES DES ÉOLIDIENS:
Historique.
Observations personnelles sur l’origine des nématocystes des
Eolidiens.
OBSERVATIONS SUR COUPES:
Genèse et dév:loppement des sacs cnidophores.
LEs ZOOXANTHELLES D'HELIACTIS BELLIS ET D’AEOLIDIELLA ALDERI:
Historique.
Description de la Zooxanthelle vivant dans les tissus de l’Æe-
lLactis bellis.
Description de la Zooxanthelle vivant dans l’hépatopancréas
d’Acolidiella alderi.
CONCLUSIONS.
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE.
Rev. Suisse DE ZooL., T. 33. 1926. 17
—
252 A. NAVILLE
INTRODUCTION
Au cours d’un séjour au Laboratoire de Luc-sur Mer, en août
1925, j'ai rencontré un petit Eolidien sur des Cordylophora lacustris,
vivant dans le canal de Caen à la mer. Le fait de l’existence, dans
une eau presque douce, d’un représentant du groupe des Nudi-
branches me sembla mériter une étude. D’autre part, depuis la
note de LABBÉ, la question de l’origine exogène des nématocystes
des Eolidiens revenant sur le tapis, 1l me sembla que ce cas parti-
culier constituait un argument de plus en faveur de la théorie
de S. WRIGHT. Ceci m’engagea à étudier à nouveau la genèse
des nématocystes d’Aeolidiella alderi Cocks, commune sur les
côtes du Calvados et qui semble s’y nourrir presque exclusive-
ment sur Âeliactis bellis El. L’étude d’Aeolidiella alderi me
révéla un autre fait que je crois intéressant: celui de sa symbiose
avec une Algue du groupe des Xanthelles. Cette Algue se retrouve
identique dans les tissus d’Æeliactis bellis et l’homochromie de
ce Nudibranche par rapport au Coelentéré dont il se nourrit
est certainement due à la présence de l’Algue dans l’hépato-
pancréas du Mollusque et dans le tissu conjonctif du Coelentéré.
Ce fait explique, dans un cas au moins, cette curieuse homochromie
que CUÉNOT a déjà signalé chez divers Eolidiens.
Je tiens à remercier ici mon maître, M. le professeur GUYÉNOT,
qui a bien voulu revoir mon travail, ainsi que M. le professeur
MERCGIER, directeur du Laboratoire de Luc-sur-Mer, qui a eu
l’obligeance de me recevoir dans son laboratoire et de m'aider
de ses conseils. À ces deux maîtres va toute ma gratitude.
Sur la présence d’un EKEolidien vivant sur des Cordylophora lacustris
dans le canal de Caen à la mer.
En examinant, au Laboratoire de Luc-sur-Mer, des Cordylophora
lacustris Allman que j'avais récoltées sur les piliers du Pont de
Bénouville, à 4 kilomètres en amont de Ouystreham, dans le canal
de Caen à la mer, mon attention fut attirée par la présence de
nombreux Eolidiens, de 3nm à 5mm de longueur en moyenne, et
qui broutaient ces Hvydraires.
Cas 2 JAN" Lé 2 Een rtna 7,9 » Et er
Ts Eee < « - e
#
EOLIDIENS 253
Ces petits Nudibranches, au corps allongé, présentent de chaque
côté du corps cinq à six touffes de papilles très allongées, mobiles,
se contractant facilement au moindre contact, et dont la taille
diminue de l’avant à l’arrière. Chaque touffe de papilles ou cerates
Fi1G. 1.
Embletonia pallida Ald. et Hanc. du Canal de Caen à la mer.
A = vue dorsale; B — vue ventrale; C — vue latérale.
est habituellement composée de deux à trois éléments dont la
taille décroit rapidement lorsque l’on s’éloigne du plan sagittal du
corps. L’extrémité des papilles présente une petite ampoule ter-
minale; l’examen histologique montre que c’est en réalité un
cnidosac tel qu’il a été étudié chez d’autres Eolidiens (fig. 2, C).
La partie postérieure du corps est allongée en forme de pointe
254 A. NAVILLE
et dépasse en arrière l'extrémité des dernières papilles de l’animal.
La sole plantaire, vue de la face ventrale, est habituellement
ornée de quelques taches orangées d’aspect ovale et d’un faible
diamètre. Quant à la tête, ia face antérieure portant la bouche,
petite fente verticale, est le plus souvent dirigée en bas (fig. 1, B).
Cette face antérieure est de forme trapézoïde comme le montre la
figure 1, B. Les deux angles supérieurs sont habituellement pro-
longés en pointes recourbées en arrière, comme l'indique la figure
1, GC. Ces appendices, toujours courts, ne représentent pas, à propre-
ment parler, des organes distincts, mais ne sont que les prolonge-
ments latéraux de la partie antérieure de la tête. Ces processus
latéraux ne sont, d’ailleurs, nettement visibles que sur des animaux
adultes. Quant à la face dorsale de la tête, elle porte deux rhino-
phores assez grands, de la même taille que ies papilles les plus
longues. Ces rhinophores ne présentent pas de striation annulaire,
mais sont entièrement lisses.
D'autre part, l’examen microscopique permet de voir, chez cer-
tains individus, l’orifice génital qui se trouve toujours sur la face
droite de la portion postérieure de la tête.
Ces caractères réunis permettent de rattacher cette forme, &vec
certitude, au genre ÆEmbletonia (Alder et Hancock, 1845-1865),
caractérisé par l’existence de deux appendices céphaliques et un
pore génital situé, ainsi que l’anus, sur le côté droit de l’animal.
Parmis les espèces d’Embletonia actuellement décrites, seule
l’'Embleionia pallida Ald. et Hanc. présente des affinités certaines
avec la forme trouvée dans le canal de Caen à la mer. La description,
d'ailleur très précise, de Meyer et Môgrus (1865-72), peut se rap-
porter en tous points à la forme trouvée: même forme allongée,
présentant des papilles très grèles, même coloris grisâtre dû à la
présence de chromatophores irrégulièrement répartis et produisant
des marbrures sur le dos et sur les papilles. Un seul caractère ana-
tomique permet de distinguer la forme d’Embletonia pallida obser-
vée par MEYER et Môgrus dans la Baie de Kiel de la forme que j'ai
eue entre les mains: c’est la constitution de la radule. MEYER et
Môgius n’ont, en effet, jamais rencontré plus de 42 éléments dans
la radule d’£. pallida provenant de Kiel. Les exemplaires d’E mble-
tonia récoltés à Benouville montrent toujours, par contre, entre
45 et 50 éléments. Cette faible différence mise à part, les deux races
sont certainement identiques et je rattacherai, provisoirement du
AE" DEAR airs
Fr é
Lisef
A)
Dal
db
2e M np M 8 A
Ce”
>" rh . \) Le
» HE F RES syst
EOLIDIENS 255
moins, l’Eolidien trouvé à Bénouville à Embletonia pallida Ald. et
Hanc., ne trouvant pas utile de crécr pour cette forme une sous-
espèce ou une variété (voir pour la forme des dents radulaires la
fig. 2, À et B).
Un autre caractère qui rapproche ces deux formes est la ponte.
Dans l’un et dans l’autre cas, la ponte à même apparence. Elle se
présente comme une petite boule gélatineuse, transparente, de
PC 2,
Embletonia pallida Ald. et Hanc.
A et B = radula; C — papille dorsale; D — nématocystes contenus dans
le sacs cnidophore; E — nématocystes de Cordylophora lacustris Allman.
{nm à 2mm de diamètre et contenant une quinzaine d’œufs blancs.
Ces pontes sont fixées par un court pédoncule sur l’hydrocaule de
l'Hydraire.
E. pallida est la seule espèce du genre qui possède une ponte
de cette forme. Ce caractère biologique me semble important pour
la spécification de l’espèce considérée.
256 A. NAVILLE
Les conditions biologiques du canal de Caen à la mer.
Les conditions biologiques très particulières du canal de Caen
à la mer ont déjà été étudiées, en 1886, par R. LE SÉNÉCHAL et plus
récemment par CUÉNOT.
Ce canal, long de 14 kilomètres, est séparé de la mer par une
écluse (à Ouystreham). L'apport d’eau a trois crigines: 1° l’eau
douce provenant du bassin de l’Orne; 20 l’eau de mer pénétrant
dans le canal lors de l’ouverture de l’écluse; 3° les mares d’eau
saumâtre dont les environs sont parsemés. |
Nous ne possédons pas d'indication précise au sujet de la salure
du canal de Caen et elle doit fortement varier suivant les endroits.
Entre Ouystreham, situé à l’embouchure du canal, et Bénouville
qui se trouve à 4 km. plus en amont, la salure varie, d’après les
indications de CuÉNoT, entre 1 et 2 gr. de sel par litre d’eau. Quant
au pourcentage précis des bases et des acides, nous ne le connais-
sons pas.
Les Cordylophora lacustris Allman, que l’on rencontre en très
grande abondance sur les piliers du Pont de Bénouville, sont en
compagnie de toute une faunule qui constitue un faciès très carac-
téristique de ce canal. Les piliers du pont sont entourés d’un
revêtement, épais de 5 à 6 cm., formé d’un tapis de Dreissensia
cochleata Kickx. de toutes tailles, entremélées aux tubes de cette
Annélide si intéressante que M. le professeur MERCIER a décou-
verte à cet endroit et que FAUVEL a décrite sous le nom de
Mercierella enigmatica Fauvel. On ne peut se faire une idée de
l’abondance de ces deux espèces qui tarissent non seulement les
pontons, mais les empierrements et les Phragmites qui bordent le
canal.
Ce sont ces deux animaux sédentaires sur lesquels les colomies
de Cordylophora lacustris sont fixées. Ces dernières sont surtout
abondantes sur les piliers même du pont, à une profondeur de
0,50 à 1 mètre au-dessous de l’eau. Ces animaux servent d’abri à
une multitude d’animaux libres dont un des plus caractéristiques
est la ÂVereis diversicolor O.-F. Müller, qui reste cependant presque
toujours de faible taille. Les Isopodes sont représentés par des
Spheroma rugicauda Leach et Anthura gracilis Mont. Tandis que
les Amphipodes, beaucoup plus nombreux, trouvent un abri dans
EOLIDIENS 257
les loges de vase construites par d'innombrables Corophium volu-
taior Pallas, ces loges dissimulent des ZLeptocheirus cornaurei So-
winsky et quelques Melita pellucida O. Sars. Ajoutons que les
Gammarus duebent Lallj. nagent autour de ces colonies. Mais les
deux animaux qui ont attiré mon attention sont principalement
l'Embletonia pallida Ald. et Hanc., toujours accompagnée sur
Cordylophora lacustris par une petite Planaire dont je n’aipu
déterminer exactement l’espèce. Ces deux animaux vivent, pendant
une partie de leur existence tout au moins, sur les colonies de
Cordylophora lacustris.
J’avais été très frappé, au premier abord, de rencontrer un Eoli-
dien dans de l’eau presque douce, et j’ai été naturellement amené
à étudier sur lui l’action de l’eau de mer et de l’eau douce. Malheu-
reusement, il aurait fallu entreprendre une étude systématique en
passant graduellement de l’eau saumâtre à l’eau douce et à l’eau
marine. Si l’on plonge un individu d’E. pallida dans de l’eau de
mer, il est tué en 1 à 2 minutes. Son passage dans l’eau douce a
une action semblable, mais plus lente. Quant aux Jeunes larves,
l’eau douce, et surtout l’eau de mer, les tuent en quelques secondes.
Ces résultats n’ont rien d’inattendu, car l’on sait fort bien que les
animaux euryhalins sont parfois sensibles aux changements
brusques de salinité. [ls présentent, cependant, un certain intérêt
si l’on envisage les moyens de propagation de ces espèces.
Cordylophora lacustris et Embletonia pallida semblent bien avoir
été importés dans le canal de Caen par les bateaux.
L’Embletonia pallida, figurée et signalée par MEYER et Môgrus
dans la Baie de Kiel, vit également dans une eau moins salée que
l’eau de la Manche. Ce n’est cependant pas dans de l’eau saumâtre,
puisque ces auteurs les ont trouvées sur des Tubulaires. VAYSSIÈRE
donne comme habitat de cette espèce les côtes de l'Angleterre et
de la Norvège. Il semble donc que cette espèce s’accomode d’eaux
de salinité variable ; on ne l’avait cependant jamais rencontrée
dans de l’eau presque douce. Paul ScHuLze (1922) signale l'existence
d’Aeolis exigua Ald. et Hanc. sur des Cordylophora de l'Allemagne
du nord. Cette espèce ne pénètre jamais dans les eaux à très faible
salinité.
Enfin, je rappelle que A. LuTHER (1902) et K. M. LEVANDER
(1914) ont rencontré l’Adleria modesta dans le golfe de Finlande,
alors qu’en 1900 DyBowskr décrivait déjà un petit Doridien
258 A. NAVILLE
(Ancylodoris baikalensis) dans le lac Baïkal. Ceci montre le carac-
tère euryhalin de quelques rares formes de Nudibranches.
Rapports faunistiques entre le canal de Caen à la mer
et les faunes du nord de l’Europe.
Une chose frappe, au premier abord,le naturaliste qui examine
la faune du canal de Caen: c’est l’existence d’un certain nombre
de formes qui ne se rencontrent ni dans la mer, ni dans les eaux
douces ou saumâtres avoisinantes. Elles ne peuvent donc pas
provenir du filtrage des éléments faunistiques euryhalins à partir
des milieux biologiques voisins. Ces quelques espèces ont une
origine beaucoup plus lointaine. La Melita pellucida O. Sars,
signalée par Mlle Lequeux dans le canal, n’était connue jusqu'alors
que dans une seule station et fut trouvée dans une grande
mare saumâtre de la Norvège. Le cas de la Mercierella enig-
matica Fauvel est analogue; les seules stations connues jusqu’à
aujourd’hui sont les Docks de Londres et le port de Gandia
(Espagne).
Enfin, Cordylophora lacustris a une répartition géographique très
étendue, puisque cet Hydraire à été rencontré dan: les cinq parties
du monde (voir la carte de répartition donnée par Roc), mais
son aire de dist:ibution est nettement discontinue. Il est vrai que
cette discontinuité est due en partie à la pauvreté de nos documents.
Abstraction faite du bassin de la Mer Noire et de la Caspienne,
presque toutes les stations connues en Europe bordent la Baltique,
quelques-unes également occupent les estuaires de la Mer du Nord
et de la Mer d’Irlande. Enfin, dans certains cas, les Cordylophora
lacustris remontent fort haut dans les rivières (en Allemagne
surtout). Cette répartition nous incite à admettre que les Cordylo-
phora du canal de Caen sont venues du nord, d’une des nombreuses
stations qui bordent la Mer du Nord ou la Baltique, et que les
chalutiers ont vraisemblablement opérés ce transport. Il existe, en
effet, un trafic intense entre Caen et les ports scandinaves et anglais.
L’Embletonia pallida présente une répartition tout à fait analogue.
Nous savons, en effet, que MEYER et Môgius l’ont trouvée dans la
Baltique (Baie de Kiel). AzDEr et Hancock, puis VAYSSIÈRE,
considèrent cette espèce comme commune sur les côtes de Nor-
vège et d'Angleterre. Il est également vraisemblable que l’Æ. pallida
EOLIDIENS 259
fut importée du nerd de l’Europe par les bateaux. Nulle part,
cependant, on n’a signalé la présence de cette espèce sur Cordylo-
phora lacustris. Le canal de Caen à la mer réalise, peut-être, des
conditions de milieu compatibles avec l’existence simultanée de
ces deux animaux. |
Quant à la Drerssensia cochleata, elle n’est point rare sur les côtes
de la Belgique et, à l’inverse de la Dreissensia polymorpha, supporte
fort bien l’eau de mer. Les autres éléments faunistiques vivant en
association avec la Cordylophora lacustris ont presque tous une
origine qui n’est point douteuse.
L'étude de la faune du canal de Caen montre donc des apports
faunistiques certains venant du nord de l’Europe; l’existence de
l’Embletonia pallida en est un nouvel exemple. Le seul point qui
reste à élucider est le mode de transport de cette espèce. Elle ne
tolère pas l’eau de mer si elle s’y trouve brusquement transportée.
Ses œufs et larves sont dans le même cas. Or, tout bateau venant
du nord et franchissant l’écluse de Ouystreham s'expose à un
changement de salure variant dans les proportions de 1 à 30 en
quelques minutes. Mais cette objection n’est cependant pas abso-
lue: Æ. pallida peut avoir été introduit en France dans l’eau des
cales d’un chalutier ou de toute autre manière.
L'origine des Nématocystes des Eolidiens.
Historique.
En 1858, T. SrRETHILL WRIGHT soutint la thèse que les némato-
cystes des Eolidiens n’ont d’autre origine que les Coelentérés dont
ces animaux se nourissent. Il cite plusieurs cas à l’appui de son
dire, cas dans lesquels il y a coïncidence parfaite entre les némato-
cystes de l’Eohidien et ceux de l’Hydraire ou de l’Actinie dont le
Mollusque se nourrit.
En 1896, HEcur signale le cas de Calma glaucoides qui, ne se
nourrissant pas de Coelentérés, ne présente pas de Nématocystes
dans ses papilles, quoique les espèces voisines, se nourrissant d’Ac-
times et d'Hydraires, possèdent toujours des nématocystes dans
leurs cérates. Ce fait, très suggestif, ne conduisit cependant pas
HECHT à admettre une origine exogène des nématocystes des
260 A. NAVILLE
Eolidiens. Toute une série de zoologistes, d’ailleurs, qui ont étudié
les Nudibranches à cette époque, ont admis implicitement l’origine
endogène des nématocystes des Eolidiens.
GRosSvENOR cependant, en 1903, dans un excellent mémoire sur
la question, remarque tout d’abord que les nématocystes coelen-
tériens se retrouvent identiques chez les Eolidiens. Tous les némato-
cystes observés chez ces derniers peuvent être identifiés aux cap-
sules urticantes de l’une ou l’autre espèce de Coelentérés. Les
Eolidiens qui possèdent un sac cnidophore appartiennent presque
tous à la famille des Aeolidiadae propriae de BERG. D’autre part,
les observations de GROSVENOR montrent que les individus d’une
même espèce d’Eolidien peuvent posséder des nématocystes diffé-
rents que l’on peut toujours rapporter à l’une ou l’autre espèce
d’Actinies ou d'Hydraires. Parfois un même individu est porteur
de plusieurs catégories de nématocystes provenant sans aucun
doute de Coelentérés divers. C’est le cas le plus fréquent lorsque
l'espèce d’Eolidien n’est pas strictement monophage. Les obser-
vations de cét auteur portent sur Rizzolia peregrina, Spurilla nea-
politana, Facelina punctata, Flabellina affinis, Coryphella lans-
burgi. Les espèces plus strictement monophages appartiennent
principalement au groupe des Aeolidiadae propriae de BERGH,
comme Aeolis papillosa, Aeolidiella alderi, vivant toutes deux sur
des Actiniaires ou des Sagartiadées, et possèdent des nématocystes
identiques à ceux de leur proie habituelle.
Toute une série d’espèces, draguées sur des Hydraires, montrent
des nématocystes semblables à ceux du Coelentéré dont ils se
nourrissent. Mais, un fait bien significatif, relevé par GosvEnoR,
est l’absence totale de nématocystes chez les Nudibranches dont
la nourriture ne consiste pas en Coelentérés. GARSTANG (1890) et
GiaArp (1888) avaient déià montré que les espèces de la sous-
famille des Janidae vivant sur des Bryozoaires ne possèdent n1
sacs cnidophores, ni nématocystes. GiARD rappelle les observations
de HEcurT sur Calma glaucoides qui, ne mangeant pas de Coelen-
térés, ne possède ni nématophores ni nématocystes. Par ailleurs,
GROSVENOR confirme les premières observations de GLASER, aflir-
mant que, dans aucun cas, il n’a rencontré de stades de formation
de nématocystes dans les sacs cnidophores d’Eolidiens et que,
d’autre part, les spirocystes des Actiniaires et Sagartiadées semblent
digérés par le Mollusque et ne pénétrent jamais dans le cnidosac.
RE OC M EC PV id Pure À
.#
EOLID IENS 261
La seule observation contraire est due à BEDpoT (1895) et a été
faite sur des Pleurophyllidia lineata L.
Enfin, ie dernier argument que propose GROSVENOR vst l’exis-
tence du canal cilié qui unit les coecums hépatiques avec le sac
cnidophore. Cet auteur rappelle que TRINCHESE a observé lui-
même le passage de nématocvystes à travers le canalicule. Cette
dernière observation a, pour l’auteur anglais, la valeur d’une preuve
directe du peuplement des cellules du cnidosac par les némato-
cystes coelentériens. GROSVENOR reprend, d’autre part, les expé-
riences de S. WRIGHT sur deux espèces d’Eolidiens du Golfe de
Naples: Aizzolia peregrina et Spurilla neapolitana, et confirme
complètement ses conclusions.
Les observations de CuÉNnoT (1907), portent principalement sur
deux espèces d’Eolidiens:
19 Berghia coerulescens Laurillard, s’attaquant à une petite
Sargatiadée Azptasia lacertata Dalgelli et s’en nourrissant. CUÉNOT
remarque la grandé ressemblance de ces deux animaux lorsqu'ils
sont dans leur milieu.
20 Spurilla neapolitana Delle Chiaje s’attaque principalement
aux Sagartiadées, mais semble plus polyphage. Outre l’Aiptasia
lacertata, cette espèce se nourrit également d’Aiptasia erythrochila
P. Fischer, de Cylista viduata Müll., d’Heliactis bellis Ellis, et d’un
Phellidé Phellia elongata Delle Chiaje.
Il semble que ces deux espèces, surtout la première, sont guidées
vers leur proie par un sens olfactif très sûr.
Chez ces deux espèces de Berghia et Spurilla, on rencontre des
nématocystes qui sont, en tous points, identiques à ceux de leurs
proies. Chez les Sagartiadées, en effet, il existe, outre les spiro-
cystes, deux catégories de nématocystes: des nématocystes barbe-
lés et des nématocystes spiralés.
Les spirocystes ne se rencontrent, dans aucun cas, à l’intérieur
des sacs cnidophores da Mollusque:; il semble qu'ils soient complète-
ment éliminés. Par contre, chez les Berghia qui se nou.rissent
exclusivement de l’Aiptasia erythrochila, on retrouve, dans les sacs
cnidophores, les très grands nématocystes barbelés qui sont carac-
téristiques de cette Actinie.
Chez les Spurilla, qui sont des animaux polyphages, la variété
des nématocystes observés dans les sacs cnidophores correspond
exactement aux nématocystes des diverses espèces de Sagartiadées
+ yf ge 7 a ie ot LÉ FPS ER De SAUCE
PPAARE 4: RS TER
7 : ee u RS Es je Le
: sf
262 À. NAVILLE
dont ces Mollusques se nourrissent. Ces deux observations confir-
ment la théorie de S. WricnrT. Ce polymorphisme des éléments
urticants de la Spurille peut même s'étendre à une seule cellule
cnidophage qui contient alors des nématocystes de formes diverses,
ainsi que l’avaient déjà décrit BepoT (1896) et Agrie (1904).
CuÉNoT pousse plus loin ses investigations: il ampute avec des
ciseaux les sacs cnidophores des diverses espèces d’Eolidiens {Ber-
ghia, Spurilia, etc.) et les élève, soit à jeun, soit en leur donnant une
Actinie dont les nématocystes sont examiués et bien reconnais:
sables. Le résultet expérimental est net. Dans le premier cas, il
n’y a pas de nématocystes dans le sac enidophore néoformé; dans
le second cas, l’auteur en trouve en abondance et ils sont de plus
semblables à ceux de l’Actinie choisie. Les expériences de CUÉNOT
sont donc très démonstratives et, depuis ses recherches, la théorie
de l’origine exogène des nématocystes d’Eolidiens semblait défini-
tivement acquise. |
Tel était l’état de cette question lorsque GLASER, en 1910, reprit
l’étude du passage des nématocystes coelentériens chez les Eoli-
diens. GLASER se base sur les faits suivants pour prouver l’origine
exogène des nématocystes chez ces Mollasques.
19 Les Eolidiens présentant des nématocystes dans leurs cnido-
sacs se nourrissent tous de Coelentérés.
20 Dans tous les cas bien observés, il y a identité entre les néma-
tocystes du prédateur et ceux de la proie.
30 Les nématocystes ne sont pas digérés dans le tube digestif
des Nudibranches.
40 Le changement de nourriture d’un Eolidien à pour résaltat
l'apparition de nématocystes d’un nouveau type dans les sacs
cnidophores (GROSVENOR, CUÉNOT).
59 Le manque de nématocystes chez une espèce d’Eolidien pro-
vient du fait que cette espèce ne se nourrit pas de Coelentérés
(observations de HEcuT sur Calma glaucoides).
60 Le passage des nématocystes à travers le canal cilié qui unit
le coecum hépatique eu sac cnidophore est un fait d'observation
(TRINCHESE, GROSVENOR). Ce canalicule peut aussi livrer passage
à des résidus de la digestion (Diatomées, etc.).
Ces six arguments principaux conduisent GLASER à admettre
la thèse de S WriGur, et l’origine coelentérienne des nématocystes
d’Eolidiens ne fait plus aucun doute pour ce naturaliste.
v:
EOLIDIENS 263
Récemment, cependant, LABBEÉ (1923), dans une note prélimi-
naire malheureusement trop brève et sans figures, croit pouvoir
démontrer qu'à côté des nématocystes d’origine exogène, les Eoli-
diens forment eux-mêmes une partie, tout au moins, de leurs néma-
tocystes. Ses observations portent sur Aeolidiella croisicensis Labbé
et À. glauca Ald. et Hanc. Chez ces deux espèces, LABBÉ constate
la présence de deux catégories principales de cnidosacs qui peuvent
être considérés comme deux stades successifs de l’évolution du
cérate. Les uns, que l’on ne rencontre guère qu’à l’extrémité des
papilles de la région antérieure du corps, ne contiennent presque
pas de nématocystes; ils présentent de grands éléments coniques,
rangés radiairement autour de la lumière de l’organe. Ces cellules
possèdent un chondriome abondant et seraient, d’après LABBÉ, le
siège de la différenciation intraplasmatique des nématocystes.
Dans les cnidosacs, à cet âge de leur évolution, on n’aperçoit que
de petits nématocystes ou des figures que l’on peut interpréter
comme des phases de la formation de ces organules. Par contre,
les cérates parvenus à l’état adulte possèdent des cnidosacs cons-
titués par des éléments beaucoup plus clairs et qui contiennent
un beaucoup plus grand nombre de nématocystes, tous de plus
grande taille. LABBÉ peat ainsi montrer deux phases successives
dans l’évolution de l’appareil cenidaire des Eolidiens et ce n’est
qu’à l’intérieur des papilles parvenues au terme de leur développe-
ment que l’on rencontre des nématocystes coelentériens.
Ces observations tendent donc à montrer que les nématocystes
observés chez les Eolidiens auraient une double origine. La simili-
tude de forme des éléments coelentériens et des nématocystes
propres des Eolidiens serait, dans ce cas, un exemple d’homo-
plasie ou de convergence, disons-même d'imitation, tout à fait
curieux et peu vraisemblable. Le travail de LABBÉ pose donc à
nouveau le problème. Existe-t-il véritablement des éléments for-
mateurs de nématocystes appartenant en propre aux Eolidiens ?
OBSERVATIONS PERSONNELLES SUR L'ORIGINE DES NÉMATOCYSTES
DES ÉOLIDIENS.
Mes observations portent sur deux espèces de Nudibranches.
En premier lieu sur Embletonia pallida qui se nourrit exclusivement
de Cordylophora lacustris; en second lieu sur Æolidiella alderi qui
broute les tentacules d’Aeliactis bellis.
264 A. NAVILLE
10 Embletonia pallida Alder et Hanc., vivant sur Cordylophora
lacustris Allman.
La culture d’un Eolidien sur un Hydraire ou un Actimiaire
unique serait un moyen de choix pour la résolution définitive du
problème de l’origine exogène de tous les nématocystes d’Eolidiens.
Pour qu'il n’y ait aucune cause d’erreur dans une semblable expé-
rience, 1l faut être sûr de ne point laisser subsister, dans les sacs
cnidophores ou dans le tube digestif du Mollusque, des némato-
cystes d’origine inconnue qui pourraient induire l’expérimentateur
en erreur. La culture ab ovo d’un Eolidien déterminé sur un Hy-
draire unique est donc un moyen très sûr pour résoudre le problème.
La découverte que j'ai faite d’une petite Embletonia, vivant sur
des Cordylophora lacustris dans le canal de Caen à la mer, me
semble réaliser complètement ces conditions expérimentales, ce
qui évite à l’expérimentateur les difficultés de l’élevage ab ovo d’un
Nudibranche. En effet, le seul Hydraire rencontré dans le canal de
Caen à la mer étant la Cordylophora lacustris, il ne peut y avoir
de doute quant à la seule origine possible des nématocystes exo-
gènes de l’Embleitonia pallida. D'autre part, la très faible salure
de l’eau du canal empèche tout Coelentéré marin de pénétrer dans
ce dernier. Les jeunes larves nageuses d’Embletonia pallida ne
supportant pas un passage rapide dans l’eau de mer, ne peuvent
pas aller se nourrir dans la mer, au port d'Ouystreham, par exemple,
pour retourner ensuite dans le canal; le courant de ce dernier s’y
opposerait d’ailleurs, de même que la distance de l’embouchure
jusqu’à Bénouville. Les jeunes Æmbletonia pallida n’ont donc pu
acquérir leurs nématocystes exogènes qu’en mangeant des Cordylo-
phora lacustris.
Existe-t-1l une similitude absolue entre les nématocystes de
Cordylophora lacustris et ceux d’Embletonia pallida ? J'ai fat
de nombreux examens de nématocystes contenus dans les sacs
cnidophores d’Embletonia pallida, récoltées au Pont de Bénouville,
et j'ai comparé les nématocystes observés avec ceux de Cordylo-
phora lacustris. Dans tous les cas, et sur des milliers de némato-
cystes observés, j'ai trouvé une identité absolue entre ces deux
catégories d'éléments. Les uns comme les autres sont piriformes
et leur pôle le plus mince, portant l’orifice de la capsule interne, est
légèrement déjeté sur le côté; quelques stries concentriques (pro-
bablement le filament du nématocyste) s’aperçoivent à son inté-
L
LA
EOLIDIENS 265
rieur (fig. 2, D et E). Ces nématocystes sont d’une taille très varia-
ble qui varie entre 31% et 10 x de long. Chez Embleionia paliida,
les nématocystes jeunes sont moins abondants, leur taille est en
moyenne plus grande et oscille entre 5 et 10 u. Nous verrons plus
tard la signification que l’on peut donner à cette différence de
taille. L’essentiel est de constater une parfaite similitude entre les
nématocystes coelentériens et ceux du Nudibranche. D’autre part,
l’examen sur coupes des sacs cnidophores d’Embletonia ne m'’a
révélé aucune figure pouvant être interprétée comme un stade de
formation d’un jeune nématocyste.
Le cas d’Embletonia pallida est donc simple : tous les némato-
cystes que cette espèce possède sont d’origine exogène et provien-
nent, dans le canal de Caen à la mer, des Cordylophora lacustris
aont elle se nourrit.
20 Aeolidiella alderi Cocks, vivant sur Heliactis bellis EI.
Tous les exemplaires d’Aeolidiella alderi récoltés dans les envi-
rons de Luc-sur-Mer (Calvados) se trouvaient à proximité immédiate
d’une Sagartiadée que je crois pouvoir rapporter à Heliactis bellis
EIl. Souvent même, ces Eolidiens furent capturés directement sur
le Coelentéré dont ils semblent faire leur noarriture exclusive. A
plusieurs reprises, en retournant une grosse pierre, j'ai rencontré,
à côté de quelques jeunes individus d’Aeliactis bellis, une colonie
d’Aeolidiella alderi. Ces Nudibranches sont, à première vue, difficiles
à distinguer des Coelentérés qui leur servent de nourriture. Il
semble donc bien établi que, dans les conditions ou je l’ai capturé,
Aeolidiella alderi se nourrissait exclusivement d’Heliactis bellis.
L'examen des nématocystes de ces deux animaux me semble donc
rentrer dans le cadre d’une étude sur l’origine des nématocystes
des Eolidiens.
Mes premières observations sur ces deux animaux portent sur
les nématocystes d’Aeolidiella alderi et d’Heliactis bellis sur le
vivant.
Observations faites sur les nématocystes vivants d’Héliactis bellis
EIL. et d’Aeolidiella alderi Cocks.
L'étude des nématocystes d’Heliactis bellis sar le vivant ne com-
porte pas de difficultés spéciales. Il suffit de dissocier, entre lame et
lamelle, soit des tentacules, soit des aconties de l’Jeliactis bellis
et d’en faire un examen à un fort grossissement. Un £rocédé utile
266 A. NAVILLE
pour étudier l’éclatement des nématocystes consiste à ajouter à
l’eau de mer une petite goutte d’un acide (acide acétique, acide
azotique, acide chlorhydrique). On voit alors le filament sortir de
la capsvle et cette dernière se dévaginer, et l’on peut suivre, par
étapes, l’éclatement da nématocyste. Chez Heliactis bellis, on ren-
contre trois catégories de capsules urticantes.
19 Des nématocystes allongés, présentant une capsule centrale
qua occupe les deux tiers de la longueur du nématocyste et qui se
Frc::3.
Nématocystes d’Heliactis bellis Ell.
A, D, I, J, K, N — nématocystes des aconties; G, H, L, M — némato-
cystes des tentacules; B, C, E, F — spirocystes des tentacules. |
EOLIDIENS 267
trouve parfois légèrement déjetée sur le côté (fig. 3, D). Ces némato-
cystes, sous l’action d’un acide, ne tardent pas à éclater: leur
orifice externe s'ouvre alors, livrant passage à un long tube d'un
diamètre inférieur à celui du nématocyste. Ce tube s’allonge et se
prolonge par un fin filament, d’abord court, puis de plus en plus
long. Ce filament peut atteindre alors jusqu'à 10 à 12 fois la lon-
gueur du nématocyste. Le cylindre basal qui lui a donné naissance
présente une striation hélicoïdale très visible (fig. 3, A, I, L). Il
semble bien que cette hélice interne ne soit autre chcse que la base
du filament terminal.
Ces nématocystes, qai mesurent de 30 à 44 u de long se rencon-
trent indifféremment soit sur les aconties, soit sur les tentacules
du Coelentéré.
20 Les nématocystes de la seconde catégorie ne diffèrent pas
beaucoup, à première vue, de la précédente, surtout lorsqu'ils ne
sont pas éclatés: même forme allongée, même capsule cylindrique
axiale occupant environ les deux tiers de l’organule. Dès que ces
nématocystes sont placés dans une solution acide, on aperçoit alors
les caractères qui les distinguent de ceux de la première catégorie.
Les cylindres qui s’en échappent sont plus gros, leur diamètre
terminal est supérieur à leur diamètre basal, et leur longueur est
parfois double de celle de la capsule interne. 1ls sont munis d’une
quantité de petites épines qui leur forment un véritable revêtement
et qui sont toujours dirigées en arrière. À l’intérieur de la portion
dévaginée, qui prend alors la forme d’une masse hérissée de minus-
cules piquants, on aperçoit parfois un mince filament hélicoïdal
(fig. 3, J). Dans d’autres cas, ce filament en hélice n’est visible
que dans la portion basale de la massue (fig. 3, N). Enfin, à l’apex
de cette massue on voit sortir le filament terminal qui semble être
le prolongement de l’hélice interne (fig. 3, J).
Ce second type de nématocystes se rencontre surtout sur les
aconties ; 1l existe également sur les tentacules de l’ÆJeliactis bellis.
30 La troisième catégorie de cellules urticantes que l’on peut
rencontrer chez l’Heliactis bellis est formée par ces éléments parti-
culiers que l’on nomme les spirocystes (fig. 3, B, C, E, F). Ces spiro-
cystes ont été très exactement décrits par BEnor (1895). Je rappelle
que leur caractéristique est de présenter un filament spiral interne
qui ne se dévagine pas; dont l'extrémité distale se détache au
moment de l’éclatement et sort ainsi de la capsule (fig. 3, F). Ces
Rev. Suisse DE Zoor. T. 33. 1926. 18
268 à: re
spirocystes sont localisés sur les tentacules de l’Heliactis bellis. En
certains points, ils se trouvent en très grande abondance.
* É *
L’étude sur le vivant des nématocystes trouvés chez Aeolidiella
alderi n’est pas difficile, il suffit de détacher le sac cnidophore avec
des ciseaux, en coupant l’extrémité distale d’une papille. L’écrase-
ment entre lame et lamelle suffit à en dissocier les éléments. Les
cellules qui composent le sac cnidophore sont de grands éléments,
souvent fusiformes, parfcis cylindriques, dont le noyau, dégénéré
dans certains cas. est toujours difficile à bien observer sur le vivant.
Ces éléments ou cellules nématophages de CuEknoT (1907) con-
tiennent habituellement plusieurs nématocystes, souvent de caté-
gories différentes. Ces nématocystes sont régulièrement orientés,
l'ouverture de la capsule étant dirigée vers la lumière du enidosac
(fig. 4, F et H). Parfois cependant, on rencontre un nématocyste
tourné à l’envers comme le représente la figure 4, D.
L'examen des nématocystes eux-mêmes, étudiés dans l’eau de
mer avec ou sans adjonction d’un acide, montre qu'ils sont de
deux catégories principales:
1° Des nématocystes très allongés qui possèdent une capsule
axiale occupant les deux tiers environ de la longueur totale de cet
organule. La capsule est parfois légèrement désaxée et repoussée
sar le côté du nématocyste (fig. 4, F et H). Lorsqu'on observe
l’éclatement de cette capsule urticante, on voit tout d’abord se
former un tube d’un diamètre inférieur au diamètre moyen du
nématocyste. Ce tube s’allonge en sortant de l’extrémité distale
du nématocyste. Il présente une striation en hélice et se termine
par un filament d’abord court et qui ne tarde pas à s’accroitre.
Ce filament est le prolongement du fil spiral interne de la capsule.
Bref, ce type de nématocyste peut être rapporté en tous points au
premier type de nématocystes décrit chez Heliactis bellis. Il en
possède également la taille (voir fig. 4, A, C).
20 La seconde catégorie de nématocystes, que l’on rencontre
également en abondance chez Aeolidiella alderi, diffère très peu de
Ja première lorsque les capsules ne sont pas éclatées. Par contre,
lors de l’éclatement du nématocyste on s’aperçoit immédiatement
de la grande différence existant entre cette forme et la précédente.
EOLIDIENS 269
Lorsque la capsule est chassée au dehors, elle n’a pas la forme d’un
fin cylindre contenant un filament hélicoïdal, mais bien l’appa-
rence d’une massue hérissée d’un très grand nombre de fines épines
toutes dirigées en arrière. C’est à l’extrémité de cette massue que
sort le filament terminal (fig. 4, B et I). La taille, la forme, le mode
d’éclatement étant identiques jusque dans leurs moindres détails
aux mêmes caractères des nématocystes de la deuxième caté-
gorie d’Aeliactis bellis, j'en conclus à une identité absolue entre
ces deux catégories de nématocystes.
30 Quant à la troisième catégorie d’éléments urticants, trouvés
à l’examen des cnidosacs d’Aeolidiella alderi, ils sont semblables
Fi1G. 4.
Nématocystes d’Aeolidiella alderi Cocks.
270 : A. NAVILLE
en tous points, pour la taille, la structure et l’aspect extérieur, aux
sptrocystes formant la troisième catégorie des nématocystes d’ÆHe-
liactis bellis. Je dois ajouter cependant que la présence de spiro-
cystes dans les sacs cnidophores d’Aeolidiella alderi est excessive-
ment rare. Je n’ai observé de spirocystes, dans les produits de la
dilacération des sacs cnidophores, qu’exceptionnellement, et ces
éléments étant toujours isolés je ne puis affirmer qu'ils soient véri-
tablement renfermés dans les cnidosacs. Il n’est pas impossible,
en effet, que des éléments, contenus dans la partie distale d’un
coecum hépatique ou dans le canalicule cilié qui le termine, puissent
être entraînés avec le sac cnidophore, au moment de son ablation.
Nous verrons plus loin que, sur coupes, je n’ai Jamais rencontré
de spirocystes en place dans les cellules nématophages.
On peut donc conclure de ces observations à la parfaite identité
des nématocystes de la proie et du prédateur.
La question de l’absence des spirocystes dans les sacs cnido-
phores soulève un point délicat. Cette absence a été confirmée
par presque tous les auteurs (CuÉNoT, BEDoT 1, etc.). CUÉNOT
remarque que les spirocystes que l’on rencontre dans le tube digestif
des Eolidiens sont en parfait état et ne semblent nullement digérés.
Mes observations confirment tout à fait l’affirmation de cet auteur.
Il est alors curieux de ne jamais les rencontrer dans les sacs cnido-
phores. On ne sait comment expliquer ce fait. Une sélection méca-
nique opérée par le canalicule cilié est peu vraisemblable, puisque
les spirocystes d’Aeliactis bellis n’ont pas un diamètre supérieur
à celui des plus gros nématocystes. Ce point de la physiologie des
Eolidiens reste encore à éclaircir.
Observations sur coupes.
L'étude sur coupes des nématocystes d’'Embletonia pallida n’ap-
prend rien de nouveau. Le groupement des nématocystes à l’inté-
rieur des éléments nématophages est analogue à ce qui a été décrit
par GROSVENOR, CUÉNOT et GLASER.
1 Benor (1896) a rencontré des spirocystes chez Pleurophyllidia lineata,
mais jamais chez les Eolidiens.
EOLIDIENS 271
Par contre, l’étude d’Aeolidiella alderi m'a montré l'existence
d'états de développement divers des sacs cnidophores appartenant
aux différents tentacules. Ces aspects histologiques différents
peuvent être sériés et représentent, sans aucun deute possible,
les diverses étapes de la croissance de ces organes. Cette observa-
tion, qui corrobore celle qu’a faite LABBÉ sur deux espèces voisines
A. croisicensis Labbé et À. glauca Ald. et Hanc., m'a paru mériter
d’être étudiée plus en détail.
GENÈSE ET DÉVELOPPEMENT DES SACS CNIDOPHORES.
Historique.
Nous sommes redevahles à DAVENPORT, HECHT et KREMBZOW
des premières descriptions du sac cnidophore des Eolidiens. C’est
à ces auteurs que nous devons également la description de leur
genèse à partir de la portion distale des diverticules de l’hépato-
pancréas. L'existence d’une zone de croissance qui s'étend du
canalicule cilié jusqu’au premier quart des sacs cnidophores a été
notée par ces auteurs. Mais l’idée qui domine ces trois travaux,
ainsi que les descriptions de BERGH et d’ALDER et HANCOCK, est
qu'il existerait des nématoblastes, appartenant en propre au Mol-
lusque et qui seraient le siège de la différenciation « in situ » des
nématocystes.
GROSVENOR montre le premier que ces prétendus nématoblastes
sont en réalité des éléments particuliers qui captent des némato-
cystes exogènes, entraînés dans les sacs cnidophores par les mouve-
ments ciliaires des canalicules qui réunissent les coecums hépatiques
aux ampoules terminales des cérates. Il montre comment le fait
de la coexistence à l’intérieur d’une même cellule ae nématocystes
divers est un argument décisif en faveur de la thèse de S. WRIGuxT.
CuÉNOT tenant à vérifier les observations et les expériences de
GROSVENOR est naturellement conduit à étudier la structure des
sacs cnidophores. Il en donne une bonne figure, mais ne pousse
pas l’examen de ce point particulier plus loin que son prédéces-
seur. GLASER, par contre, appliquant plus largement la méthode
des coupes à l’étude du sac cnidophore, montre très nettement,
par une série de figures, les étapes de la différenciation cytolo-
gique des cellules nématophages depuis la portion proximale du
272 | A. NAVILLE
sac jusqu’à son extrémité distale. Il indique le passage graduel des
éléments épithéliaux cubiques à des cellules beaucoup plus grandes
de forme cylindrique, de structure alvéolaire et contenant, outre
un noyau hypertrophié ou plus ou moins dégénéré, des groupes
de nématocystes tournés vers la lumière du sac cnidophore. Ce
sont ces grands éléments qui, lorsqu'ils se rapprochent de l’extré-
mité distale du sac, se détachent de l’enveloppe conjonctive pour
être finalement expulsés par le pore terminal.
GLASER, pas plus que les auteurs précédents, ne peut suivre, à
l’intérieur des cellules nématophages, les phases de la formation
des nématocystes. Cet auteur est d’ailleurs acquis à la théorie de
l’origine coelentérienne des nématocystes.
Le travail qui apporte le plus d’éléments nouveaux pour l’étude
de l’évolution des sacs cnidophores est assurément la note récente
de LABBÉ, malheureusement trop brève et qui n’est accompagnée
d’aucune figure. LABBÉ décrit deux stades principaux dans la
genèse du sac cnidophore. Des observations portent sur deux
espèces du genre Aeolidiella, A. glauca Ald. et Hanc. et A. croisi-
censis Labbé. Le premier stade qu’a décrit LABBÉ se rencontre
sur les papilles de la région antérieure, papilles très courtes et qui
se trouvent en arrière des rhinophores. Les sacs cnidophores sont,
à ce stade, formés de cellules étroites, fortement comprimées les
unes contre les autres, et qui vont en s’effilant vers le lumen du
cnidosac. La base du sac est occupée par des éléments plus petits
ou cellules de remplacement. Les noyaux sont toujours disposés à
la périphérie, done à la base des éléments épithéliaux. LABBEÉ
décrit, à l’intérieur de ces cellules, des vacuoles allongées présen-
tant deux éléments acidophiles et une masse centrale formée de
granules basophiles vraisemblablement mitochondriaux. La sou-
dure de ces éléments bascphiles en un filament semble correspondre
à la genèse du filament d’un futur nématocyste. Les observations
de LABBÉ montrent donc l’existence d’une nématogenèse au cours
de la première phase de la formation des cnidosacs.
La seconde phase, observable sur des papilles bien développées
de la région moyenne du dos de l’animal, correspond tout à fait
aux descriptions des auteurs précédents, principalement de GLASER.
Les nématocystes des Eolidiens auraient alors, pour LABBÉ, une
origine double, soit exogène, soit endogène. La note de LABBÉ
remet en question l’origine des nématocystes des Eolidiens; et si
lt ne
fi
TANT) Te
»
re 4
DAT DL NOUS
FE,
%
Ӯ St h
EOLIDIENS 273
ses observations étaient confirmées, une étude cytologique plus
fouillée s’impcserait. |
A priori, comme je l’ai dit plus haut, cette double origine serait
si Curieuse, si extraordinaire même, que seules les notions de con-
vergence ou d’homoplasie pourraient en rendre compte. Cette
explication serait d’ailleurs purement verbale et n’expliquerait en
rien le mécanisme intime du fait d'imitation.
Observations personnelles.
Les coupes d’Aeolidiella alderi montrent, d’une facon très nette,
l’existence de deux catégories de sacs cnidophores, ou plas exacte-
ment de deux phases distinctes dans la genèse de ces organes. Les
coupes sagittales, pratiquées sur des individus adultes d’Aeolidiella
alderi, permettent, en effet, de distinguer, principalement dans les
régions antérieure et latérales, de petites papilles qui n’ont point
encore atteint leur taille définitive. Ces papilles sont caractérisées
par la structure histologique de leurs sacs cnidophores, structure
très différente de celle des cérates plus évolués. LABBÉ est le pre-
mier à signaler cette différence et ses observations portent succes-
sivemenc sur deux espèces d’Aeolidiella assez voisines d’A. alderti.
Mes observations montrent que cette première phase dans l’évolu-
tion des cérates ne se rencontre que dans de jeunes papilles nou-
vellement formées sur les côtés de l’animal, et principalement dans
la. zone antérieure.
Les constatations que j'ai pu faire sur la disposition des papilles
d’Embletonia pallida d'âge, très divers, m'ont confirmé dans l’idée
que les cérates se forment toujours à la périphérie du corps. D’autre
part, le fait que seuls les jeunes cérates antérieurs présentent régu-
hèrement une structure embryonnaire typique, semble montrer que
c’est la partie antérieure de l’animal qui, subissant une plus forte
croissance, est le siège principal de la genèse des nouvelles papilles
qui augmentent de nombre avec l’âge de l’animal.
Mes déductions sont d’ailleurs confirmées par les observations
de GLASER sur le développement des cérates. Ce naturaliste montre,
en effet, que la croissance des papilles se fait de la marge laté-
rale vers la ligne médiane du corps. C’est donc dans la zone mé-
diane du corps que l’on rencontre les papilles complètement
évoluées.
+ sd An 0 LA ds « à. Le L'an de Lie LR 07
è "ET NET CEE L'ETAT EMILE ON EURE
x Le Te LT 2 + Le TI CA
LA - t . \
à + vs 0
*
274 | A. NAVILLE
Les sacs enidophores embryonnaires.
Les enidosacs de jeunes cérates nouvellement formés, et que l’on
rencontre principalement dans les zones marginales et antérieures
de l’animal, présentent une structure embryonnaire qui les distingue
très nettement des cnidosacs évolués.
Les éléments cellulaires dont ils sont constitués prennent forte-
ment les colorants plasmatiques (picro-indigo-carmin, par exem-
ple), ce qui donne une apparence foncée à l’organe tout: entier et
le distingue à première vue des cnidosacs plus âgés. Ces éléments,
de forme conique, ont une membrane cellulaire bien nette. Ils
EUTG, a:
Coupe transversale à travers un jeune sac cnidophore
d’Acolidiella alderi Cocks.
EOLIDIENS 279
possèdent à leur base un noyau vésiculeux très visible, contenant
habituellement un gros nucléole. Ce noyau est entouré d’un cyto-
plasme très dense et fortement coloré. La zone moyenne de la
cellule est plus pâle et contient des granules colorés en noir par
lhématoxyline au fer (fixation: Flemming, Regaud IV). Ces gra-
nules basophiles, souvent agrégés en files, sont probablement des
mitochondries. Je ne puis cependant pas affirmer leur nature
ergastoplasmique.
Quant à la portion interne de la cellule, elle est ordinairement
mal délimitée et tend à se fusionner avec les cellules voisines. La
lumière (ou canalicule axial) du cnidosac est peu visible et surtout
mal définie. Les éléments cnidophages se terminent, en effet, du
côté du canal central par une extrémité mal délimitée et qui semble
démunie de membrane propre.
Le canalicule qui unit le sac cnidophore à la cavité du diver-
ticule hépatique de la papille est fort étroit; dans aucun cas je
n’ai pu y observer de lumière bien visible. La ciliation me semble
douteuse à ce stade précoce.
Mais le point le plus intéressant de l’étude de ces jeunes cnido-
sacs est certainement la présence de nématocystes. Ceux-ci ne se
distinguent en rien des nématocystes de l’Heliactis bellis décrits
précédemment, mais ils sont tous de petite taille (16 à 22 u) (fig. 5).
Ces jeunes nématocystes sont incomplètement dévaginés sous
l'influence du fixateur et son toujours dirigés vers l’intérieur de
l’organe. Parmi les jeunes cnidosacs observés, les plus petits sont
presque dépourvus de nématocystes. Ils en possèdent cependant
quelques-uns, mais toujours de petite taille. Les cérates déjà plus
évolués en présentent davantage, jusqu’à cinq ou six par némato-
phage (voir fig. 3). Ils sont toujours disposés dans la partie interne
de la cellule.
Quant aux aspects décrits par LABBÉ, et qui correspondraient
à la formation de jeunes nématocystes, c’est en vain que je les ai
cherchés. Cependant, sur les nombreuses coupes examinées, fixées
par des liquides aussi fidèles que le Flemming ou le Regaud IV, il
serait curieux que ces figures m’aient échappé. Je n'ai donc aucune
raison de croire que les nématocystes ont été formés sur place.
Bien au contraire, leur structure et leur forme prouvent qu'ils
sont également d’origine coelentérienne. Le fait que les cenido-
sacs, durant la première phase de leur développement, ne contien-
276 A. NAVILLE
nent que des nématocystes de petite taille, s'explique fort bien
par le faible diamètre du canalicule qui les met en rapport avec
les diverticules hépatiques. Seuls les jeunes nématocystes, toujours
en abondance dans les tissus des coelentérés, peuvent passer dans
le sac cnidophore. Il y aurait donc une séléction par filtration.
Les sacs cridophores aduhes.
Plusieurs auteurs, en particulier GROSVENOR, CUÉNOT et sur-
tout GLASER, ont donné de bonnes descriptions des sacs cnido-
phores à l’état adulte. Ces auteurs ont montré comment le rem-
F1G. 6.
A — cellule nématophage d’Aeolidiella alderi Cocks montrant son chon-
driome (?); B — coupe longitudinale d’une papille d’Aeoldiella alderi Cocks,
montrant: le canalicule cilié, les cellules hépato-pancréatiques, la zone de
prolifération de GLASER, et les cellules nématophages de CUÉNOT.
must als ébé/
y LS SG 3 si
EOLIDIENS 277
placement des cellules nématophages était dû à une croissance
continue des cellules épithéliales faisant suite au canal cihé et
constituant ainsi le col de la cavité du sac. Ces naturalistes ont
également montré comment la cellule nématophage, parvenue à
l'extrémité du cnidosac, se détachait de la couche conjonctive sur
laquelle elle était insérée, puis était émise au dehors par l’orifice
externe de la papille. Les nématocystes sont toujours dirigés à
l'extérieur pendant leur expulsion. Les deux figures 6 et 7 mon-
trent très nettement, l’une (fig. 6) l’aspect de la zone de croissance
proximale encore dépourvue de nématocystes, l’autre (fig. 7), l’ex-
Pic 2%
Coupe longitudinale de l’extrémité distale d’une papille dorsale d’Aeoli-
diella alderi Cocks, montant:la gaine conjonctive du cnidosac, la migration des
cellules nématophages et leur expulsion par le pore terminal muni de son
vestibule.
278 | A. NAVILLE
pulsion des nématophages avec leur contenu. Quant au pore ter-
minal de la papille, 1l est élargi en une ampoule creusée dans l’épais-
seur de l’épiderme et que J'appellerai le vestibule (fig. 7).
* ï *
Si l’on examine les cellules nématophages appartenant à ces
cnidosacs adultes, on les distingue de suite des mêmes éléments à
l’état embryonnaire. Leur cytoplasme est très pâle, peu colorable,
seules quelques fines granulations basophiles sont visibles dans
l’extrémité interne de ces éléments, préalablement fixés au Re-
gaud IV et colorés à l’hématoxyline au fer. Les noyaux eux-mêmes
semblent parfois dégénérés. Mais ce qui distingue le mieux ces néma-
tophages des éléments correspondants, au stade embryonnaire,
c’est la taille des nématocystes qu'ils contiennent. Ces némato-
cystes, en effet, sont, en moyenne, deux fois plus longs et plus
larges que ceux que l’on rencontre à l’intérieur des jeunes cérates
latéraux. Ce n’est que dans la zone proximale des sacs cnidophores,
au niveau de contact des nématophages proprement dits avec la
zone de prolifération signalée par GLASER, que l’on observe des
nématocystes d’une taille plus réduite, souvent même de très
petits éléments. En moyenne, on peut affirmer que la taille des
nématocystes s’accroit à mesure que l’on s’approche de l’extrémité
distale du sac cnidophore.
*
* *
x
Quelle interprétation donner à cette variation si remarquable
de la taille des nématocystes: 10 entre des cnidosacs d’âges divers;
20 entre les diverses zones d’un même cnidosac.
La première explication qui vient à l’esprit est celle d’une sélec-
tion entre les nématocystes coelentériens, sélection due à un triage
mécanique opéré par les canalicules ciliés de diamètres croissants.
Cette hypothèse rend compte du fait que les nématocystes des
papilles plus âgées sont plus grands que ceux des Jeunes cérates.
Mais, par contre, elle n’explique pas pourquoi à l’intérieur d’un
même sac cnidophore, parvenu à l’âge adulte, les éléments situés
le plus près de la zone de croissance sont très généralement plus
petits que les nématocystes contenus dans les nématophages
EOLIDIENS 279
voisins du pore terminal. Il faut faire appel, pour expliquer ce fait,
à une hypothèse auxiliaire. Si l’on admet que les nématocystes,
mis à nu dans le tube digestif de l’Eolidien, une fois captés par la
cellule nématophage, sont encore susceptibles äe s’accroitre, tout
s'explique aisément. C’est à cette double hypothèse que je me suis
arrêté pour rendre compte des faits observés.
Les jeunes cnidosacs possèdant un canalicule de faible diamètre
ne peuvent laisser passer que les jeunes nématocystes coelentériens.
Les papilles passant progressivement à l’état adulte, les némato-
cystes, de petite taille tout d’abord, finissent par acquérir leurs
dimensions maximum. À ce moment, le pore terminal devient fonc-
tionnel et les cnidosacs expulsent de temps à autre les cellules
nématophages situées distalement. Le remplacement de ces élé-
ments se fait par la prolifération de la zone de croissance décrite
par GLASER, et les nématocystes eux-mêmes sont remplacés par
de nouveaux éléments coelentériens amenés par l'intermédiaire du
canalicule cilié alors suffisamment large pour les laisser tous passer.
Ce glissement des nématophages explique la diversité de taille
des nématocystes à l’intériear du même cnidosac. D’autre part,
les nématocystes étant vraisemblablement captés à leur arrivée
par les premières cellules nématophages qu'ils rencontrent, et ces
dernières émigrant lentement vers le pôle distal au fur et à mesure
de leur remplacement par de plus jeunes éléments, on s'explique
clairement la légère différence de taille que l’on observe entre les
nématocystes de la base et ceux de l’extrémité distale du cnidosac.
Il n’est donc nullement nécessaire d'admettre l’idée d’une origine
double, exogène et endogène, des nématocystes des Eolidiens pour
rendre compte des faits. Je n’ai pas observé de figures montrant
la formation «in situ» de nématocystes dans les cellules némato-
phages. LABBÉ ayant décrit cette genèse chez des espèces voisines,
je ne puis la nier, mais je ne puis pas confirmer sa théorie, en ce qui
concerne Aeolidiella alderi tout au moins.
Il semble d’ailleurs bien extraordinaire que l’Eolidien puisse
copier les nématocystes exogènes au point de tromper le naturaliste.
Pour conclure, tout me porte à reconnaître la justesse absolue de la
thèse de S. WrIGur, si l’on admet que les nématocystes coelentériens
sont encore capables de s’accroître à l’intérieur des cellules némato-
phages des Eolidiens. Ce fait même me semble fort intéressant, et
conduit à penser qu’il existe une certaine conformité physiologique
280 A. NAVILLE
entre le milieu cellulaire des Coelentérés et celui des Eolidiens. Nous
verrons par la suite que cette hypothèse trouve sa confirmation
dans l’existence de symbiotes endocellulaires communs, vraisem-
blablement inoculés par la proie au prédateur.
Les Zooxanthelles d’Heliactis bellis EI et d’Aeolidiella alderi Ald.
et Hanc.
L'examen des tentacules de l’Aeliactis bellis EI. m’a montré que,
dans le mésoderme, on rencontre toujours des éléments cellulaires
particuliers, arrondis et présentant de grosses granulations pig-
mentaires d’un jaune brunâtre, tirant parfois sur le vert olive. Les
frottis de cérates d’Aeolidiella alderi Ald. et Hanc. révèlent l’exis-
tence des mêmes éléments munis de formations pigmentaires tout
à fait identiques. À première vue, J'ai rapporté ces cellules à des
Xanthelles symbiotiques.
L'examen de la bibliographie m’a montré que je ne m'étais pas
mépris sur la nature de ces formations. Restait à établir leurs
rapports avec les hôtes et leur constitution cytologique. Cette étude
ne pouvait être faite qu’à l’aide de coupes fines.
Historique.
Plusieurs zoologistes qui se sont occupés de Coelentérés ont cons-
tatés la présence à l’intérieur des tissus de ces animaux d’éléments
particuliers contenant de nombreuses granulations d’un jaune
brunâtre tirant sur le vert.
KRoOHN (1848), Vocr (1854), HazckeL (1862), décrivirent de
semblables formations chez Velella spirans. De même BEnor (1884)
retrouva ces éléments dans les cellules hépatiques de la Velelle.
AGAssiz (1883) rencontra des corps figurés analogues qu’il appella
«yellow cells» chez Velella mutica. Des observations semblables
relatives à la Porpita ont été faites par Lacaze-Duruiers (1861),
HAECKEL (1862), Sruarr (1870) et Acassiz (1883). BRANDT (1883)
et GEDDES (1882), montrèrent que ces « yellow cells» n’étaient
autre chose que des Algues symbiotiques. Enfin Kuskop (1921)
donna une description plus exacte de ces parasites et put montrer
par la réaction de l’iode la présence de grains d’amidon. Deux ans
plus tard, Hovasse décrivit sous le nom de Zooxanthella chattoni
LA"
Li
Le Tu re à ie M
EOLIDIENS 281 .
(— Endodinum chattoni) les symbiotes de la Velelle et s’attacha à
l'étude cytologique de ces organismes.
BRANDT (1883) décrit des Algues brunes ou Xanthelles à l’inté-
rieur des tissus d’une série d'espèces d’Anthozoaires: Anthea cereus
var. plumosa, À. smaragdina; Aiptasia diaphana Rapp, À. turgida,
Heliactis bellis KIl., Gorgonia verrucosa, Cladocora caespitosa.
Toutes ces petites Algues monocellulaires ont un caractère com-
mun. Elles présentent toutes une forme sphérique ou ovoïde, un
corpuscule homogène habituellement excentrique, et des granula-
tions d’amidon qui, chose curieuse, ne présentent pas de biréfrin-
gence.
DESCRIPTION DE LA ZOOXANTHELLE VIVANT DANS LES
TISSUS DE L'HELIACTIS BELLIS.
L'examen soit de coupes, soit de simples frottis obtenus par
l’écrasement des tissus de l’Æeliactis bellis, montre dans le tissas
conjJonctif la présence de cellules, souvent très abondantes, conte-
nant un pigment jaune-brunâtre. J’ai identifié ces formations à
celles décrites par BRANDT (1883).
Après un examen sur le vivant, j'ai passé à l’étude de coupes de
l’Actiniare préalablement fixé au Bouin-Hollande, au liquide de
Flemming ou au Regaud IV. Mes coupes m'ont permis de pousser
plus loin l’étude de ces éléments.
Ces cellules jaunes sont habituellement sphériques, et ont un
diamètre variant entre 7 et 10w1/,. La description donnée par
Hovasse de Zooxanthella chatton: peut s'appliquer dans ses grandes
lignes au parasite que j'ai observé. C’est donc certainement une
forme très voisine de celles qu'avait signalées BRANDT, en 1885,
chez Heliactis bellis et d’autres Actiniaires.
Le parasite se trouve principalement localisé dans le conjonctif
qui se trouve au-dessous du cercle perioral, de même que dans
les tentacules. La couleur brunâtre formant le dessin de cette
espèce semble due, pour une part importante, à cette Algue. C’est
probablement la raison pour laquelle la coloration de cet animal
est si variable.
Le noyau de la Xanthelle occupe la zone centrale du cytoplasme;
il est souvent désaxé et poussé vers la périphérie. On y distingue
un grand nombre de granules chromatiques plus ou moins arrondis,
282 A. NAVILLE
pressés les uns contre les autres. Là encore, mes observations
vérifient la description d’'Hovasse. Le cytoplasme présente des
granulations d’un jaune brunâtre, tirant souvent sur le vert-olive,
et qui remplissent entièrement la masse de la cellule. Par endroits,
ces granules colorés forment des amas de plus grande taille, d’aspect
sphérique, et prennent l’allure d’un véritable chloroplaste.
Il existe habituellement, à l’intérieur de ces petites Algues, une
vacuole dont la taille varie d’un individu à l’autre; cette vacuole
contient un corps sphérique souvent fortement sidérophile. Dans
F6. 8:
À et B — Zooxanthelles d’Heliactis bellis Ell.; C et D — Zooxanthelles
des cellules hépatiques d’Aeolidiella alderi Cocks.
d’autres cas, ce corps sphérique prend une teinte grisâtre lorsque
les coupes sont colorées à l’hématoxyline de Heidenhain. Il semble
que ce corps soit l'équivalent d’un pyrénoïde. Cependant, cette
homologie est encore bien hypothétique (fig. 8, A et B).
L'étude d’un grand nombre de Xanthelles m’a fourni quelques
figures de division. Ces figures correspondent à la description qu’en
EOLIDIENS 283
a donné Hovasse et présentent évidemment une analogie non
douteuse avec un dinocaryon.
Le parasite prolifère et se multiplie donc à l’intérieur des tissus
de l’hôte.
DESCRIPTION DE LA ZOOXANTHELLE VIVANT DANS
L'HÉPATOPANCRÉAS D’AEOLIDIELLA ALDERI.
J’ai signalé plus haut le fait qu’à Luc-sur-Mer du moins, À. alderi
semble se nourrir presque exclusivement de l’ÆHeliactis bellis.
L'examen sur le frais des papilles de cet Eolidien me montra la
présence en très grande abondance d’éléments jaunes tout à fait
semblables à ceux rencontrés chez AH. bellis. Restait à savoir si
ces parasites se trouvaient à l’état libre dans les coecums hépa-
tiques, comme résidus de la digestion du Mollusque, ou bien s'ils
parasitaient effectivement les cellules du pancréas de cet animal.
L'étude des coupes montre qu'il s’agit ici encore d’un véritable
cas de symbiose et que les Xanthelles vivant dans les tissus du
Coelentéré, vivent également dans les grandes cellules de l’hépato-
pancréas du Mollusque.
Ces Xanthelles pullulent souvent dans les cellules du foie d’Aeoli-
diella alderi, et envahissent toute la portion interne du cytoplasme
de ces éléments (voir fig. 9). Elles donnent ainsi, aux diverticules
hépatiques du Nudibranche, une coloration d’un brun parfois ver-
dâtre qui se voit fort bien par transparence. Ceci montre que la
couleur brune d’Aeolidiella alderi, pas plus que celle d’Æeliactis
bellis n’est propre à l’animal.
La structure des Xanthelles est, en tous points, comparable à
celle que je viens de décrire chez le parasite d'A. bellis. La taille
de ces éléments est la même. D’autre part, on rencontre, 1c1 encore,
des formes de division dont l’une est représentée sur la figure 8,
CG et D.
On peut donc admettre que ces parasites sont vraisemblable-
ment inoculés au prédateur par l’absorption d’un aliment contenant
des Xanthelles. On rencontre, en effet, dans le tube digestif, des
amas de Zooxanthelles qui, pas plus que les nématocystes, ne sem-
blent atteints par la digestion.
Ce fait est intéressant car il donne une explication très simple
de l’homochromie que l’on constate entre la proie et le prédateur.
Rev. Suisse DE Zooz. T. 33. 1926. 19
284 A. NAVILLE
En effet, il est souvent difficile, lorsqu'on examine une pierre sup-
portant à la fois Heliactis bellis et Aeolidiella alderi, de distinguer
à première vue ces deux espèces l’une de l’autre. Les papilles du
Mollusque ont une ressemblance frappante avec les tentacules du
Coelentéré.
D'autre part, le fait qu’un même organisme, la Zooxanthelle,
Pre: 9:
Coupe à travers un cérate d’Aeolidiella alderi Cocks, montrant les Zooxan-
thelles à l’intérieur des cellules hépatiques.
EOLIDIENS 285
puisse vivre indifféremment dans le mésenchyme d’une Actinie ou
dans certaines cellules d’un Mollusque, nous conduit à penser qu’il
existe une grande analogie entre les milieux intracellulaires de ces
deux animaux. Ce fait expliquerait également la croissance et le
développement des nématocystes coelentériens à l’intérieur des
nématophages du Mollusque.
CONCLUSIONS
10 L’Eolidien rencontré dans le canal de Caen à la mer et vivant
sur des Cordylophora lacustris Allman peut être classé dans le
genre Émbletonia (Ald. et Hanc.) et se trouve être très voisin sinon
identique à Æ. pallida Cocks, espèce répandue sur les côtes de la
Mer du Nord et de la Baltique.
20 Cette espèce, de même que d’autres animaux qui vivent dans
le canal de Caen (Melia pellucida O. Sars, Mercierella enigmatica
Fauvel, etc.) a été importée du nord de l’Europe (Angleterre, Pays
scandinaves) probablement par l’intermédiaire des chalutiers.
30 Embletonia pallida vivant sur Cordylophora lacustris y dépose
ses œufs. Les œufs, les larves et l’adalte de cette espèce ne tolèrent
pas un passage brusque dans l’eau de mer ou dans l’eau douce.
49 Les nématocystes trouvés dans les sacs cnidophores de l’Em-
bletonia pallida sont toujours identiques à ceux de Cordylophora
lacustris.
59 Les nématocystes trouvés dans les sacs cnidophores d’Aeoli-
diella alderi Cocks sont identiques à ceux d’ÆHeliactis bellis EIL. qui
constitue, semble-t-il, son unique nourriture.
60 Les spirocystes d’Heliactis bellis ne pénètrent pas dans les
sacs cnidophores d’Aeolidiella alderi, ils ne sont pas tous digérés
par le Mollusque.
70 Les jeunes cérates (— papilles dorsales), situés dans la portion
marginale et antérieure du corps d’Aeolidiella alderi, ne présentent
que de petits nématocystes.
8 Je n’ai pu observer, dans aucun cas, des figures indiquant
une nématogenèse se produisant dans les cellules mêmes de l’Eoli-
dien (Aeolidiella alderi).
90 Les faits exposés dans ce mémoire sont une confirmation
complète de la théorie de S. WriGxT. Pour expliquer les différences
286 A. NAVILLE
de tailles entre les nématocystes de cérates d’âges divers, d’une
part, et les différentes zones de cellules nématophages d’an même
sac cnidophore, d’autre part, on est obligé d'admettre que la crois-
sance des nématocystes coelentériens continue à l’intérieur des
cellules du Mollusque (cellules nématophages de CUÉNoOT).
100 Il existe dans les tissus de l’Æeliactis bellis et dans les cellules
de l’hépatopancréas de l’Aelidiella alderi une Zooxanthelle iden-
tique, vraisemblablement inoculée par la proie à son prédateur.
119 Le fait de la croissance des nématocystes coelentériens à
l’intérieur des cellules nématophages des Eolidiens, ainsi que
l’existence d’un symbionte commun à ces deux animaux (une
Zooxanthelle) semble montrer une grande analogie dans la consti-
tution des milieux physiologiques internes de ces deux animaux.
EOLIDIENS 287
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
14904a. ABric. Sur les nématoblastes et les nématocystes des Eolidiens.
C. R. Soc. Biol. Paris, tome 57, p. 7.
4904b. — Les cellules agglutinantes des Eolidiens. C. R. Acad. Sc.
Paris, tome 139, p. 611.
1883. Agassiz, À. Exploration of the surface fauna of the Gulf Stream
under the auspices of the coast survey III, 1. The Porpi-
tidae and Velellidae. Mem. Mus. Harvard College, vol. &.
1845-55. Azner et Hancock. À Monograph of the Nudibranchiate
Mollusca. Parts I-VIT.
4896. BEenoT, M. {Note sur les cellules urticantes. Rev. suisse Zool.
tome 3, p. 533.
1862. BEerGx, R. On the existence of urticating filaments in the Mollusca.
Microscop. Journ. (N. S.) vol. 2.
1883. BranDT, K. Ueber die morphologische und physiologische Bedeu-
tung des Chlorophylls bez Tieren. Ar.h. Anat. Physiol.,
Abt. Physiol. 1883. Et: Mitt. Zool. Station Neapel, vol. 4.
1906. Cuénor, L. Les Eolidiens empruntent leurs nématocystes aux
Coelentérés dont uls se nourissent. C. R. Soc. Biol. Paris,
tome 61, p. 541.
1907. — L'origine des nématocystes des Eolidiens. Arch. Zool. exper.
et génér. (4me série), tome 6, p. 73.
1925. — L’'Adaptation. Paris.
1893. DavenporTt. Studies in Morphogenesis. I. On the development
of the cerata in Aeolis. Bull. Mus. compar. Zool. Har-
vard Collège, vol. 24, p. 141.
1900. DyBowsxr, W. Beschreibung einer Hinterkiemer-Schnecke aus
dem Baikal-See. Nachrichtbl. deutsch. malakozool. Ges.,
Jahrg. 32, p. 143.
1890. GARSTANG. À complete list of the Opisthobranchiate Mollusca
found at Plymouth. Journ. mar. biol. Assoc., vol. 1,
p. 139.
1882. GEDDES, P. On the nature and function of the « Yellow Cells » of
Radiolarians and Coelenterates. Proc. R. Soc. Edinburgh,
volt.
1888. GrarD, A. Le laboratoire de Wimereux en 1888. Recherches fau-
nistiques. Bull. scient. France et Belgique. tome 19 p. 492.
288 A. NAVILLE
1903. GLaser, O.-C. Nematocysts of Nudibranch Mollusca. J. Hop-
kins Univ. Circ., tome 22, p. 22.
1910. — The nematocysts of Eolids. Journ. exper. Zool., vol. 9,
PTT:
1903. GroSvENOR, G.-H. On the nematocysts of Aeolids. Proc. R. Soc.
London, vol. 72, p. 462.
1862. HaEckEeL, E. Die Radiolarien. Berlin.
1895. Hecur, H. Contribution à l'étude des Nudibranches. Mém. Soc.
zool. France, tome 8, p. 539.
1923. Hovasse, R. ÆEndodinium chattont parasite des Velelles, …
Bull. biol. France et Belgique, tome 57, p. 107.
4924. — Zooxanthella chattoni. Bull. biol. France et Belgique, tome
58,.p:. 98:
1902. KrEemMBzow, E. Ueber den Bau und die Entwicklung der Rücken-
anhänge bei Aeolidiern. Arch. f. mikrosk. Anat., Bd. 59,
D Lo
1921. KusxoPr, M. Ueber die Symbiose von Siphonophoren und Zooxan-
thellen. Zool. Anz., vol. 52, p. 257.
1923. LaBBé, A. La genèse des nématocystes des Nudibranches. C. R.
Acad. Sc. Paris, tome 176, p. 1508.
1861. Lacaze-Durniers, H. de. Embryogénie des Rayonnés. Repro-
duction genéagénétique des Porpites. GC. R. Acad. Sc. Paris,
VOL 58 |
1924. LEcueux Mlle M. Sur deux espèces de Gammarides (Crustacés.
amphipodes) du canal de Caen à la mer. Bull. Soc. linn.
Norm. (7m série), vol. 7, séance du 7 avril 1924.
1897. LENDENFELD (von). Die Nesselzellen der Cnidaria. Biol. Central-
bl., vol. 17, pp. 465 et 513.
4904 — Die Nesseleinrichtungen der Aeoliden. Bicl. Centralbl.,
vol. 24, p. 415.
1886-87. LE SÉNÉCHAL, R. Note sur quelques animaux recueillis dans
le canal de Caen à la mer. Bull. Soc. linn. Normandie
(4me série), vol. 1, p. 87.
1914. LEevanper, K. M. Om ferkomsten af Alderia modesta hoven 1
Finska viken. Meddel. Soc. Fauna Flora fennica, Häft
40," Hi: 048
1902. Lurner, A. Ueber das Vorkommen von Alderia modesta bei
Helsingfors. Meddel. Soc. Fauna Flora fennica, Häft 28B,
p. 41.
1865-72. Meyer et Môgius. Fauna der Kieler Bucht, tome 1 et 2.
*
É4
2
EOLIDIENS 289
NaAviLLe, A. Sur la présence d’une Embletonia dans le Canal
de Caen à la mer; origine exogène de ses nématocystes.
C. R. Acad. Sc.; Paris, tome 181, p. 812.
Rocx, F. ÆExperimentelle Untersuchungen an Cordylophora
caspia (Pallas) (— lacustris Allman). Z°itschr. f. Morphol.
und Oekol. d. Tiere, vol. 2, p. 350.
SCHULZE, P. Biologie der Tiere Deutschlands. Berlin.
TRINCHESE. Anatomia e fisiologia della Spurilla neapolitana.
Mem. Acad. Sc. Istit. Bologna (3e série), vol. 9, p. 405.
— Aeolididae e famiglie affint del porto di Genova. Atti Reale
Accad. dei Lincei (3€ série), vol. 10. p. 5.
VAYSsSIiÈRE, À. ARecherches zoologiques et anatomiques sur les
Mollusques opistobranches du golfe de Marseille, 2Me partie.
Ann. Mus. Hist. nat. Marseille, vol. 3, mem. n° 4.
— Mollusques de la France et des régions voisines. Tome 1,
Amphineures, Gastéropodes, Opisthobranches, Hétéropodes,
Marséniadés et Oncidiidés. Paris.
VocrT, C. Recherches sur les animaux inférieurs de la Méditer-
ranée. Mém. Inst. nat. genevois, vol. 1.
WRIGHT, T.-St. On the cnidae or thread-cells of the Eolidae. Proc.
R. Phys. Soc. Edinburgh, Sessions 1858-59; 1859-60;
1860-61.
— Onthe urticaling filaments of the Eolidae. Quart. Journ.
Micr. Soc., vol. 3.
de 5 te
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE 291
Vol. 33, n° 4. — Avril 1926.
Notes d’'erpétologie sud-américaine.
PAR
Jean ROUX
Muséum, Bâle.
1. Sur une collection de Reptiles et d'Amphibiens
de l'île de la Trinité.
Grâce aux envois erpétologiques faits à plusieurs reprises par
MM. les Dr H. G. Kuczer et E. LEHNER, géologues bâlois établis
temporairement à l’île de la Trinité, le Museum de Bâle possède
une collection intéressante provenant de cette île et qui comprend
35 Reptiles dont 18 espèces d’Ophidiens, 14 espèces de Lézards,
2 Tortues, 1 Crocodilien et, en outre, 10 espèces d’Amphibiens.
Bien que ces chiffres ne représentent qu’une partie relativement
faible de la faune erpétologique de l’ile, la collection présente
cependant un certain intérêt, étant donné qu’elle me permet de
fournir, pour quelques-unes des espèces, des renseignements com-
plémentaires; j’ai donc pensé qu'il était utile de lui consacrer les
lignes qui suivent.
Mais je tiens tout d’abord à exprimer de sincères remerciements
à mes obligeants collègues: Th. Barsour (Cambridge, Mass.),
R. MERTENSs (Francfort s. /M.), H. W. Parker (Londres), Fr. WER-
NER et O. WETTSTEIN (Vienne), qui ont bien voulu soit me fournir
divers renseignements au sujet de certaines espèces, soit me pro-
curer des travaux erpétologiques contenus dans des périodiques peu
répandus dans les bibliothèques.
Voici, tout d’abord, la liste des espèces reçues; les noms précédés
d’un astérisque (*) sont ceux auxquels se rapportent les notes
qui suivront.
OPHipienxs: Glauconia albifrons Wagl., Epicrates cenchris (L.),
Streptophorus atratus Hall., Drymobius boddaerti Sentz., Phrynonax
fasciatus Ptrs, Herpetodryas carinatus (L.), Liophis melanurus Shaw,
Rev. Suisse De Zoo. T. 33. 1926. 20
292 J. ROUX
Liophis reginae L., Rhadinea cobella (L.), Atractus trilineatus Wage,
Himantodes cenchoa D. B., Oxyrhopus neuwiedi Blgr., Oxybelis
acuminatus Wied, Homalocranium melanocephalum L., Elaps coral-
linus Wied, Elaps marcgravi Wied, Lachesis mutus L., Lachesis
atrox L.
LACERTILIENS: *Gonatodes ocellatus Gray, *Gonatodes vittatus
Licht., * Gonatodes humeralis Blgr, Thecadactylus rapicaudus Houtt.,
*Sphaerodactylus moler Bttgr, Anolis chrysolepis D. B., Polychrus
marmoratus (L.), /guana tuberculata Laur., Ameiva surinamensis
(Laur.), Cnemidophorus lemniscatus (Daud.), *Scolecosaurus trint-
tatis Barb., Amphisbaena fuliginosa L., Amphisbaena alba L.,
Mabuia aurata (Schn.).
CHÉLONIENS: Cinosternum scorpioides L., Nicoria punctularia
Daud.,
CROCODILIEN: Caiman sclerops Schn.
AMPHIBIENS: *Rana palmipes Spix, Phyllobates trinitatis Garm.,
Hylodes urichi Bttgr., Leptodactylus typhonius Daud., Leptodactylus
caliginosus Gir., Bufo marinus L., Hyla crepitans Wied, Hyla
maxima (Laur.), *Hyla venulosa (Laur.), Phyllomedusa burmeis-
tert Blgr.
À propos de la faune erpétologique de l’île de la Trinité, disons
que, récemment, R. R. Moze! a publié un travail sur les Serpents
dans lequel il mentionne 38 espèces.
Gonotades ocellatus Gray.
Cette espèce est représentée par 2 & et 2 ©.
Les mâles sont facilement reconnaissables, grâce à leur colora-
tion. Celle de nos exemplaires diffère quelque peu de celle indiquée
par BOuLENGER 2. Outre les marbrures foncées supracéphaliques,
on remarque sur les côtés de la tête et à la gorge des taches en
forme d’ocelles, dont le centre doit probablement être, sur l’animal
LR. R. Moze. The Trinidad Snakes, in Proc. Zool. Soc. London, 1924,
D2956278/SPL'SS
; * Catalogue of the Lizards in the British Museum, I, p. 60, PI V, fig. 1.
885.
\
REPTILES ET AMPHIBIENS 293
vivant, de la même teinte que la barre verticale située de chaque
côté du corps dans la région scapulaire (bleu clair d’après BOULEN-
GER, blanc sur l’animal conservé). Le pourtour de ces ocelles et
de ces barres est d’un brun foncé. Sur les côtés du tronc, on remar-
que, chez nos exemplaires, plusieurs taches en ocelles, moins dis-
tinctes que celles de la région gulaire. Le plus grand de nos mâles
mesure 45mm de l’extrémité du museau à l’anus; la queue a 42mm,
Ces dimensions coïncident absolument à celles que donne BOULEN-
GER.
La plus grande des femelles est de même taille que ie mâle men-
tionné ci-dessus (45m tête et tronc), mais la queue est plus longue
(52mm). |
Comme chez d’autres espèces de Gonatodes, les femelles ont une
coloration différente des mâles. Le fait que la coloration des indi-
vidus femelles de plusieurs espèces de Gonatodes est à peu près la
même, ou calquée sur un modèle assez semblable, rend la détermi-
nation exacte de ces individus souvent fort difficile, surtout pour
les sujets jeunes. Il m’a semblé, après examen de quelques espèces,
qu’on peut tirer du caractère et du nombre des lamelles subdigi-
tales du 4e orteil, un meilleur parti qu’on ne l’a fait jusqu'ici
(voir BOULENGER, Loc. cit., p. 57). Chez cette espèce, les lamelles
basales subdigitales ne sont pas aussi déprimées et aussi larges
que chez G. humeralis par exemple; on en compte de 8 à 11 sur
la phalange basale, dont les inférieures sont plus étroites que les
suivantes. Du sommet de cette phalange à la base de l’ongle, on
compte 15 à 17 lamelles étroites et assez serrées. On verra que ce
nombre est un peu plus faible chez l’espèce suivante.
Le corps des femelles est d’une teinte brun clair sur le dos, avec
quelques marbrures plus foncées assez indistinctes sur la tête et
les côtés du corps. Les barres verticales claires de la région scapu-
laire sont bien visibles. Elles sont précédées de deux taches ovales
d’un brun foncé, une de chaque côté de la ligne médio-dorsale.
Deux taches sombres analogues se remarquent à la base de la queue
qui est pourvue, surtout dans sa moitié postérieure, de taches en
forme d’anneaux, alternativement brun foncé et blanc grisâtre, les
bruns étant un peu plus larges que les autres. La face inférieure
est d’un gris clair; dans la région gulaire, on remarque une réticu-
lation indistincte d’un gris un peu plus foncé. Les membres pré-
sentent également des marbrures claires et foncées.
294 J. ROUX
Gonatodes vittatus (Wiegm.) Laicht.
Cette espèce est représentée également par 2 Get 2 ©.
Les mâles ont respectivement 75 et 63 mm de longueur totale.
Leur coloration typique rend, comme pour l’espèce précédente,
leur détermination aisée. Une strie blanche (sur l’animal conservé)
part du museau et se continue sur toute la longueur du corps et
de la queue. Sur la tête et le tronc, cette bande claire est bordée
de noir. Comme WERNER ! l’a déjà fait remarquer, cette bordure
noire diminue d'intensité dans la partie postérieure du corps et
cesse tout-à-fait sur la queue. La face supérieure est d’un gris brun.
Les membres sont d’un brun clair, les doigts et les orteils avec
anneaux brun foncé. La face inférieure est grise, les côtés de la
région ventrale gris noirâtre. La gorge est pourvue de lignes obli-
ques noires, convergeant en arrière ou irrégulièrement anastomo-
sées. Les écailles du museau sont un peu plus grandes que celles
du corps. Celles qui recouvrent le dos sont granuleuses, celles des
flancs un peu plus grandes. La face inférieure est recouverte d’écail-
les lisses, imbriquées, disposées en 20-22 rangées au milieu du
corps. Les écailles de la face supérieure de la queue sont plus grandes
que les dorsales; les sub-caudales sont grandes, irrégulières, plus
larges que longues.
Les doigts et orteils sont pourvus à leur face inférieure de la-
melles lisses. Au 4e orteil, sur la phalange basale, on en compte
8; elles sont modérément larges, légèrement déprimées. La phalange
suivante porte, jusqu’à la base de l’ongle, 12 lamelles, plus petites
que les basales.
Je rattache à cette espèce deux exemplaires © qui ont respec-
tivement une longueur totale de 65mm et de 60mm, à cause de la
similitude complète, avec les mâles, de l’écaillure du corps et de
la conformation et du nombre des lamelles sub-digitales. La colo-
ration de ces spécimens est, du reste, la même que celle indiquée
par GArMaAn 1. La teinte générale est d’un gris jaunâtre en dessus;
on aperçoit sur la partie médio-dorsale une bande longitudinale
d’une teinte un peu plus claire, de chaque côté de laquelle sont
1 Verhandl. Zool.-bot. Gesell. Wien. Vol. 50, p. 264, 1900.
1 Bull. of Essex Instit. Vol. XIX, p. 17, 1887.
REPTILES ET AMPHIBIENS 295
disposées des taches plus foncées, plus ou moins symétriques et
des macules irréguliers, plus petits. Parmi ces taches, les plus appa-
rentes sont celles qui se trouvent sur la partie postérieure de la
tête, en avant et au dessus de la naissance des membres antérieurs,
puis dans la région lombaire et à la face supérieure de la queue.
La face inférieure est d’un blanc jaunâtre uniforme. Parfois, sur
les côtés de la région gulaire, quelques petites taches foncées isolées.
Gonatodes humeralis Boulenger.
Cette espèce est représentée par 1 4, 3 © et 2 jeunes.
Le & ne mesure que 60m de longueur totale, dont 30m pour la
tête et le corps et 30mm pour la queue; BOULENGER ! indique une
longueur totale de 73mm, dont la moitié pour la queue.
Nos exemplaires concordent bien, quant à la conformation des
écailles et à la coloration, avec la description de BouLenGER. Les
écailles du dos sont très fines et serrées, celles du museau plus
grandes. Sur l’exemplaire 4 de notre collection, on remarque, en
plus des lignes verticales claires de la région scapulaire, une tache
blanche arrondie occupant le dessus du museau et, en arrière des
orbites, deux étroites bandes blanchâtres en arc de cercle qui se
rejoignent dans la région occipitale.
Couleur générale brune, avec fines ponctuations plus foncées.
Queue avec taches claires en dessus, chaque tache étant précédée
de macules noirâtres.
Les © se distinguent des & par la zône médiodorsale plus claire
que le reste du corps et de chaque côté de laquelle des taches plus
foncées se succèdent, dessinant plus ou moins distinctement une
ligne sinueuse. Les raies verticales blanches de la région scapulaire
sont faiblement marquées. Au devant d’elles, sur le milieu du dos,
deux taches d’un brun foncé. Des taches analogues se retrouvent
dans la région lombaire et sur la queue. La face ventrale est d’un
gris uniforme. Les labiales, surtout les inférieures, sont fortement
pigmentées de noir dans leur région antérieure. |
Dans son Catalogue, BouLENGER a déjà fait remarquer la diffé-
rence qui existe entre cette espèce et les deux précédentes en ce
qui regarde la conformation des lamelles sub-digitales. En effet,
1 Catalogue, p. 62. PI. V, fig. 3.
296 J. ROUX
chez G. humeralis les lamelles transverses des phalanges basales
sont plus aplaties et déprimées, plus larges aussi que chez G. ocel-
latus et G. vittatus. En outre, leur nombre est plus faible; on n’en
compte que 5 ou 6 sur la phalange basale. Elles augmentent de
largeur de la base au sommet de la phalange. A la phalange sui-
vante, on compte 12 lamelles transverses jusqu’à la base de l’ongle.
Ces lamelles sont lisses, moins déprimées et beaucoup plus petites
que les précédentes.
Sphaerodactylus moler Bttgr.
Notre collection renferme 3 & et 1 © provenant de l'ile de la
Trinité qui concordent parfaitement avec la description qu’en a
donnée BoETTGER !. Chez nos exemplaires S, les bandes longitudi-
nales blanches sont visibles sur la tête, diminuent d'intensité dans
la région du cou, puis se perdent plus loin en arrière. BARBOUR ? a
déjà signalé cette coloration chez un individu de la collection de
Cambridge. Chez d’autres spécimens de sa collection, les stries
dorso-latérales se continuent Jusqu'à la partie postérieure du tronc.
La femelle présente une coloration uniforme d’un brun clair.
Avec BarBouRr ÿ, je penche à croire que l’espèce décrite par WER-
NER 4 sous le nom de S. buergeri, qui provient également de la
Trinité, doit être regardée comme synonyme de celle de BOETTGER.
Dans une lettre qu’il m’a adressée à ce sujet, R. MERTEXS, du Musée
Senckenberg à Francfort s./M., exprime le même avis.
J'aurais aimé pouvoir comparer mes exemplaires au type de
WERNER et me suis adressé pour cela aux Musées de Güttingue et
de Vienne, mais ce spécimen ne se trouve pas dans les collections
de ces deux instituts.
D'après BarBouR 5, cette espèce se trouve aussi en Guyane.
Scolecosaurus trinitatis Barbour.
Cette espèce est représentée par 16 spécimens, jeunes et adultes.
Le nombre des séries d’écailles varie chez nos individus de 26 à
1 Journal Trinidad field Nat. Club. Vol. II, p. 80, 1894.
? Mem. of the Mus. Comp. Zoülogy at Harward College. Vol. XLVII, p.
238, 1921.
8 Loc. cit., p. 249!
+ Verhandl. Zool. botan. Gesellsch. Wien. Vol. 50, p. 263. 1900.
5 Memoirs of the Museum of Compar. Zoëlogy. Vol. XLVII, p. 238, 1921.
REPTILES ET AMPHIBIENS 297
28. D’après Barsour !, la différence que l’on peut noter entre
cette espèce et l’espèce très voisine S. cuvzert Dum. et Bibr. de
Colombie est celle relative aux plaques préfrontales. Tandis que
chez S. cuvieri ces plaques forment une suture médiane, elles
sont, dit-il, invariablement séparées chez l’espèce de la Trinité.
Parmi nos 16 spécimens, 14 ont les plaques préfrontales séparées;
chez les 2 autres, elles se touchent en un point sur la ligne médiane.
Couleur générale brune. La plupart des exemplaires portent, de
chaque côté du corps, une ligne latérale claire bordée d’une teinte
plus foncée.
Rana palmipes Spix.
Cette espèce est la seule du genre qui soit répandue dans l’Amé-
rique du Sud. Je n’ai pas trouvé mention de sa présence dans l'ile
de la Trinité, dans les ouvrages que j'ai pu consulter. Klle est repré-
sentée par un seul individu © dont la longueur du bout du museau
à l’anus est de 72mm, Le membre postérieur mesure 121mm,
Cet exemplaire répond à la description donnée par BOULENGER ?.
Sa tête est aussi large que longue. L’articulation tibio-tarsienne
atteint le bout du museau. Les cordons glandulaires dorsaux sont
bien marqués et séparés l’un de l’autre par une distance qui est,
sur le dos, le quart de la longueur séparant le museau de l’anus.
La coloration est d’un brun foncé uniforme sur le dos. La face
ventrale est grise, garnie de nombreuses taches plus foncées dont
l'intensité augmente d’avant en arrière. Partie inférieure des mem-
bres garnie également de grosses taches noires.
Notre exemplaire provient de Guayaguayare, au S. de lile.
Hyla venulosa (Laur.).
Nous avons recu plusieurs spécimens de cette espèce fort com-
mune dans le N.-E. du continent sud-américain et qu'il fallait
s'attendre à trouver dans l’ile de la Trinité.
1 Memoirs of the Museum of Compar. Zoëlogy. Vol. XLIV, p. 316, 1914.
? Ann. and Mag. of Nat. Hist. (9), III, p. 412, 415 et 416, 1919.
298 J ROUX
2. Sur une nouvelle espèce de Typhlops
T. lehnerti n. sp. du Vénézuéla.
Le Musée de Bâle a reçu dernièrement de M. le Dr E. LEHNER
quelques espèces de Reptiles provenant du Vénézuéla.
Nous avons trouvé dans cet envoi une nouvelle espèce de Typhlops
pour laquelle nous proposons le nom de T. lehneri et que nous allons
décrire:
Diagnose. Tête déprimée, museau arrondi, fortement saillant.
Rostrale mesurant un peu plus que le 1/3 de la largeur de la tête.
Ses bords peu échancrés sur le devant du museau. Elle s’étend en
arrière Jusqu'au niveau des yeux. Yeux visibles, situés sous la
suture entre la préoculaire et l’oculaire. Narines latérales situées
entre 2 nasales. Nasales supérieures très faiblement séparées sur
le dessus de la tête par la préfrontale. Nasale antéro-inférieure en
contact avec la {re et la 2me Jabiales. La suture entre les deux
nasales prend naissance sur le bord de la 2Me Jabiale; de la narine
à la rostrale la suture est courte, mais bien distincte. Préoculaire
aussi large que l’oculaire, en contact avec la 2me et 3me ]abiale.
Oculaire en contact avec la 3Me et la 4me Jabiales. 4 supralabiales,
les 3me et Ame beaucoup plus grandes que les précédentes.
Ecailles de la tête un peu plus grandes que celles du corps. On
compte 20 écailles autour du corps dans la partie médiane. Dia-
mètre du corps contenu 37 fois dans la longueur totale. Queue un
peu plus large que longue, terminée en épine.
Coloration: D’un brun clair en dessus, tête de teinte un peu plus
claire, grisâtre en dessous. Ecailles dorsales plus foncées en leur
milieu qu'aux bords. Les parties foncées dessinant 8-10 stries
longitudinales sur le corps. Examinées à la loupe, les écailles dor-
sales présentent en leur milieu une mince raie transversale de
couleur plus foncée que les parties voisines, disposition que nous
avons trouvée aussi chez T. tenuis Salv.
Cette espèce est voisine de T. lumbricalis (L.) qui habite plusieurs
îles des Antilles et qui possède aussi une nasale complètement
divisée. Chez cette dernière espèce, la préoculaire n’est en contact
CENT ET
REPTILES ET AMPHIBIENS
299
qu'avec la 3e Jabiale, tandis que chez l’espèce que nous décrivons
la préoculaire touche aux 2e et 3me Jabiales. De T. tenuis Salv.,
| de l'Amérique centrale, notre espèce diffère par les yeux plus visi-
bles, le nombre plus grand des écailles du corps et par les propor-
D Lions. Le |
__ L’unique exemplaire que nous possédons provient de El Pozon,
district de Falcon, Vénézuéla.
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE 301
Vol. 33, n° 5. — Avril 1926.
Beitrag zur Kenntnis der Schweizerischen
Spinnenfauna.
LP Faite:
VON
E. SCHENKEL
Mit 2 Textfiguren.
Die Sommerferien des Jahres 1925 gestatteten mir, in der Um-
gebung von Fiesch (Oberwallis) eine bescheidene Nachlese zu
halten.
Im nachfolgenden Verzeichnis sollen erstens die Arten Platz
finden, die ich in den beiden vorangegangenen Jahren nicht er-
beutete; es sind ihrer 32, darunter 4 für die Schweiz neue, sowie
3 Varietäten. Arten, die in der frühern Liste schon figurierten,
wurden nur erwähnt, wenn neue Fundstellen ermittelt worden
waren. Anschliessend môûügen noch Fanglisten von 2 Lokalitäten
der Nordschweiz Erwähnung finden, weil an jeder eine bisher noch
nicht aus unserm Lande gemeldete Art sich vorfand. Den Schluss
soll die Beschreibung einer mir neu scheinenden, hôüblenbewoh-
nenden Varietät des bekannten Obrsium simile L. Koch bilden.
Die 6 für die Schweiz neuen, im Verzeichnis mit 2 Sternen (**)
bezeichneten Arten, sind folgende:
Drassodes dalmatensis (L. Koch). Vorkommen: Mittelmeergebiet,
Atlant. Inseln.
Berlandia nubivaga (Simon). Vorkommen: Hautes-Alpes.
Cineta gradata (Simon). Vorkommen: Frankreich, Deutschland.
Centromerus electus (Simon). Vorkommen: Frankreich, Holland.
Trichoncus scrofa Simon. Vorkommer” : Südfrankreich, Nieder-
üsterreich, Ungarn.
1 I. Teil in: Rev. Suisse Zool. Vol. 32, p. 253. 1925.
Rev. Suisse DE Zoo. T. 33. 1926. 21
302 E. SCHENKEL
Trochosa spinipalpis (F. Cambridge). Vorkommen: England,
Deutschland, Niederüsterreich.
Durch 1 Stern (*} wurden die für Fiesch neuen Arten hervor-
gehoben.
Die genaueren Fundorte sind in der Liste durch nachfolgende
Chiffren angegeben:
FUNDORTS-VERZEICHNIS.
Âa: Alter Alpwesg von Nieder-Ernen bis Binnachern (1061-
1258 m).
Âb: Galgenhügel bei Ernen (1100 m).
Âc: Alter Talweg von Mühlebach nach Steinhaus.
Âd: Alpweg von « Zu Moos » im Rappental nach « Beim Schären »
auf Erner Galen (1900-2264 m).
Âe: Eggerhorn (2500 m).
Âf: Ernerwald von der Gnadenkapelle bis zur Alp « Auf dem
Fritt » (1500-1900 m).
Bw: Abstieg von Bellwald nach Fürgangen (1500-1200 m).
Bs: Umgebung des Bettmersees (2000 m).
Bla: Binnentalweg zwischen Grengiols und Hockmatt (1000-
1200 m).
BIb: Landzunge zwischen Binna und Rhone, von Binneggen über
Binnachern bis zur Binnamündung (1350-1000 m).
BIb’: Binneggen, Weide ob dem Strässchen (1360 m).
BIc: Fussweg von Binnachern über die Binna nach Hockmatt
(1200 m).
Bd: Binnentaler Breithorn (Gipfel, 2587 m, und Flanken).
Ble: Tschampigen-Albrun (1880-2400 m).
BIf: Pass über Furggelti (2310 m) von Marienbiel bis Fleschen.
Blg: Geisspfadsee (2400 m).
Ea: Hotel Jungfrau-Märjelensee (2190-2390m).
Ea’: Geisshboden (1900 m).
Eb: Hotel Jungfrau-Eggishorn (2190-2934 m).
Ec:. Ostgrat des Eggishorns bis Thälligrat (2600 m).
Ed: Nordgrat des Eggishorns bis zum Märjelensee (2934-2350 m)
Fa: Furkastrasse zwischen Naters und Grengiols (690-880 m).
Fb: Felsenheide zwischen Fiesch und Rhone (1100 m).
Fc: Abkürzungen der Furkastrasse ob Fiesch (1100 m).
née).
SPINNENFAUNA 303
Fd: Weg von der Lammenbrücke nach Fürgangen (1100 m).
Fd’: Trockener Abhang über der Furkabahn oberhalb Fürgangen
(P. 1214).
Fe: Giebelegg (1100-1200 m).
Fe’: Waldrand am Giebelegg bei Fürgangen (1200 m).
FT: Wasserleitung am N. W. Fuss des Giebeleggs (1100 m).
Fg: Ufergebüsch am Weisswasser unterhalb Wichel, Fieschertal.
Fh: Rechtseitige alte Moräne des Fieschergletschers bei Stock
(1900 m).
Fi: Rafgarten-Ober Titer (1500-1600 m).
Fk: Eggishornweg bei Birchi (1100 m).
F1: Waldrand ob Birchi und Wiler (1200 m).
Fm: Altbachgraben auf der Grenze der Gemeinden Fiesch und
Lax (1200 m).
Lx: Alpweg ob Lax (1200-1300 m).
A. Spinnen aus der Umgebung von Fiesch.
Atypus affinis (Eichwald). Fe’, 25. vri: 7 99 und juv.
Beim Abheben der Steine eines mit Kleinsträuchern (Heide,
Preissel-, Heidelbeeren, etc.) überwachsenen Lesesteinhaufens
kamen die Enden der Wohnschläuche zum Vorschein. Hinsichtlich
Anlage der Wohnung stimmt die Art mit Atypus muralis Bertkau
überein. An der freien Oberfläche offen zu Tage tretende Schlauch-
enden, wie Aiypus piceus (Sulzer) sie verfertigt, konnten keine
beobachtet werden.
Die Männchen scheinen auch bei dieser Art selten zu sein.
*Eresus niger (Petagna). Fb, 18. vir: 5 G, 6 9; Fe, 14. vu:
14, 19 juv., 1 © ad. mit Made am Hinterleib; Fd’, 20. vrr: 1 &,
ne 200 2 Pl:6: ir: À &, 2-0: Fm. 15. und26.
D 00 Murs AD T4 vir: 5, 7.9, 3 juv.; BEb,: 13: vit:
0 av b1ib022.:vr: t 5, 1 ©, 2 juv.
Die Art kann als eine der häufigsten bezeichnet werden; dass
ich sie früher nicht gefunden babe, verdankt sie wohl ibrem
Aufenthalt. In der Regel stecken die Tiere tagsüber in 1brem
Bou, einer 8-10 em tief in die Erde führenden Rühre von ovalem
Querschnitt, die sehr zart mit Gewebe austapeziert ist. Etwa 1 em
über der Mündung ist ein horizontales Schutzdach ausgespannt,
304 | E. SCHENKEL
das eigentümlich schmutzigweiss, wie verwaschen und verwittert
aussieht; es erweckte in mir zuerst den Eindruck eines zerstôrten,
alten Tuches von Agelena labyrinthica und ist wohl deshalb von mir
früher nicht beachtet worden. An gut besonnten, trockenen, spär-
ch und niedrig bewachsenen Stellen kônnen solche Bauten äusserst
zahlreich sein. Auf der Felsenheide über der Rhone habe ich auf
3 Stellen von etwa je 1 m? Oberfläche 10, 12 und 15 derselben
sezählt. Quantitatives Sammeln war ausgeschlossen; einzig am
Althbachgraben wurde etwas mehr Zeit daran gewendet, um die
relative Häufigkeit der Geschlechter zu ermitteln; die Männchen
sind nämlich seltener, die Weibchen doppelt so zahlreich. So
extrem wie bei den Atypus-Artenist der Unterschied in der Häufig-
keit also nicht. Nur selten fanden sich frei herumschweifende
Exemplare (4 & und 1 © unter 126). 2 S und 1 © kamen beim
Aufdecken von Steinen zum Vorschein.
*Titanoeca nivalis Simon. BId, Gipfelplateau, 1. virr: 5 9, 1 juwv.
Dictyna latens (Fabricius). Bb, 13. vi: 1 G, 2 ©.
Dictyna arundinacea (Linné). Af, 17. vu: 2 4,19; Fi, 15. vu:
1 Q (Hinterleib sehr hell, Epigyne klein).
Drassodes heert (Pavesi). Bld, 1. virr: 2 © (grosse Exemplare).
Drassodes pubescens (Thorell). Fe’, 28. vu: À ©.
Drassodes troglodytes (C. L. Koch). Fe’, 28. vii: À ©; Fi, 15. vrr:
3.9; Fr, 15. Vi und 8. vin: 2 0: Fo, 25 va: DOI 2e
Te
**Drassodes dalmatensis (L. Koch). Bb, 13. vrr: 1 ©.
Drassodes ? minor (Cambridge). Fe’, 25. vrr: 2 ©.
Das früher als Dr. microps (Menge) bestimmte Exemplar von
Binnachern hatte eine durch verhärtetes Exsudat verunstaltete
Epigyne. Die vorliegenden Exemplare sind besser erhalten; sie
entsprechen eher dem Dr. minor (C. Cayzer et V. KuLczYNsKki,
Araneae Hungariae, Tab. VIII, Fig. 65). Die vordern Enden des
hufeisenfürmigen Grubenrandes der Epigyne sind aussen nicht
abgeschrägt, nicht schlank zugespitzt, sondern nach innen gerundet.
Dagegen besitzt der Grund der Epigynengrube einen stumpfen
Längskiel, der nach CHvyzEer und Kuzczynski nicht vorhanden
sein soll.
Prosthesima subterranea (C. L. Koch). Âd, 30. vrr: 2 9; Fd’,
20. vi: 1 9; Fe’, 24. ni: 105 Fe 28 wnt210!
SPINNENFAUNA 305
Prosthesima apricorum L. Koch. Fi, 15. vir: 1 @; Ble, 27. vu:
: JEOA
Prosthesima petrensis (GC. L. Koch). Fe, 3. virr: 1 G'; Fe’, 25.
Wars 2:9:-BTb; 22. vis: 2 ©,
Prosthesima praefica (L. Koch). Fe’, 25. vrr: 2 9; Aa, 24. vi:
+ MAR
* Prosthesima longipes (L. Koch). BIb, 5. vin: À &.
Gnaphosa montana (L. Koch). Àf, 17. vi: 1 ©.
* Gnaphosa muscorum (L. Koch). BId, Gipfelplateau, 1. vir1:8 9,
D Juv.
_ Gnaphosa badia (L. Koch). Âe, 17. vu: 1 &, 7 9; BId, 1. vi:
Pen SO Fh; 22: vir: 1.0.
*Callilepis nocturna (Linné). Ad, 30. vis: 1 9; Fd, 23. vur: 1 ©.
**Berlandia nubivaga (Simon, 1878 sub Pythonissa). BIb, 13.
L'a Eee RACE
Farbe und Behaarung sind annähernd so, wie in der Original-
beschreibung angegeben. Die vordern Mittelaugen sind beträcht-
hch kleiner als die entsprechenden Seitenaugen (nicht « à peine »).
Der Zwischenraum der erstern ist fast gleich dem Durchmesser, der
Abstand vom benachbarten Seitenauge aber kaum ein Drittel. Die
hintern Mittelaugen sind schmale, lang gestreckte, etwas schief
quer gestellte Eiformen; die drei Intervalle der Hinteraugen
entsprechen dem längern Durchmesser der Mittelaugen; diese sind
um eine Spur kleiner als die Seitenaugen.
Das Brustschild ist lehmfarben und ebenso behaart. Die Färbung
des Hinterleibs, sowie diejenige der Beine, entsprechen annähernd
. der Originalschilderung, nur dominiert bei ersterem die dunkle,
schwarzhbraune Farbe: Von der medianen Fleckenreihe auf der
Hinterhälfte des Abdomens sind die drei vordern Winkel hell auf
dunkelm Grunde, weiter hinten bildet dann allmählich das Helle
die Grundfarbe, und die zwei letzten Winkelflecke sind schwarz.
Auf der Vorderhälfte des Hinterleibs ist die eben geschilderte
Winkelfleckenreihe ersetzt durch drei Paare weitgetrennter, heller
Punkte, deren letzte, grôsste, kommafôrmig sind und nach hinten
etwas divergieren. Bestachelung: Die Unterseiten der Tibien I
und II haben zwei Stacheln am distalen Ende; die untere Aussen-
kante zeigt an Tibia [ 1 Stachel etwas jenseits der Mitte, an Tibia
IT einen in der Mitte und einen im distalen Viertel. Die Meta-
tarsen der beiden vordern Beine haben zwei Stacheln etwas vor
306 E. SCHENKEL
der Mitte und zwei am Ende der Unterseite. An den Patellen III
und IV steht ein Stachel etwas jenseits der Mitte auf der hintern-
obern Kante. Die dorsale Reïhe der überreichlich bewehrten
Tibia IV besteht aus 4 Stacheln, deren mittlere nahe beisammen,
mehr neben als hintereinander liegen.
Pholcus opilionides (Schrank). Bb, 13. vrr: 2 &.
Therid'on lineatum (Clerck). Fi, 15. vrr: 1 ©.
Theridion sisyphium (Clerck). Fi, 15. vrr: 2 ©.
Theridion impressum L. Koch. Af, 17. vu: 1 &, 3 9.
Theridion petraeum L. Koch. Ble, 27. vrr: 1°; Blg, 10. vrrr: 1 ©.
Theridion tinctum (Walckenaer). Bb, 13. vis: 1 ©. ;
Theridion denticulatum (Walckenaer). Âb, 14. vis: 1 9; BIb, 13.
Vis: 4 0: "DID 22x00
Theridion formosum (Clerck). BIb, 13. vir: 1 ©.
*Dipoena braccata (CG. L. Koch). Bb, 13. vrr: 1 ©.
Lithyphantes corollatus (L) var. infuscata Schenkel. Fi, 15. vrr:
2 4, 23 9; BED, LME ODA Ne
Die beiden Männchen stimmen im Bau der Taster überein. Die
Unterschiede von einem Männchen aus der Umgebung Basels
sind sehr gering. Die weit abstehende Apophyse des Bulbs ist
bei den Walliser Exemplaren
schlanker, fast gerade und an
der basalen Partie mit einigen
groben, kôrnchenartigen Rau-
higkeiten versehen; beim Ver-
gleichsexemplar aus dem Basler
Jura ist sie S-formig gebogen,
und die Unebenheiten an der
B Basis sind eher als Querfältchen
zu bezeichnen. Die Mandibeln
haben bei beiden Formen im
untern Dnittel der Vorderseite
einen Buckel; dieser ist bei
Frei 1 den Walliser Exemplaren aus-
À — Tarsus des rechten Palps von gedehnter, aber stumpier,
Lithyphantes corollatus, var. infuscata darum weniger auffällig als
Schkl. | beim Basler Exemplar, wo
B — Tarsus des rechten Palps, innere seine Spitze fast kürnchenartig
Apophyse, von L. corollatus (Linne), .
Exemplar vom Basler Jura. hervortritt.
SPINNENFAUNA 307
Asagena phalerata (Panzer). Âa, 24. vi: 1 ©.
**Cineta gradata (Simon). Fe’, 25. vrr: 1 9.
Brachycentrum de lesserti Schenkel. Fi, 15. vir, aus Moos
gesiebt: 1 &, 3 ©.
*Brachycentrum elongatum (Wider). Fe’, 25. vrr: 1 ©.
*Tiso morosus Simon. Ed, 21. vri: À G.
Das Exemplar ist kleiner als eines vom Albristhorn bei Adel-
boden ; die hintern Mittelaugen stehen etwas näher beisammen
als bei diesem, sonst stimmen beide überein.
Diplocephalus helleri (L. Koch). Big, 10. vrrr: 1 ©.
*Diplocephalus cristatus (Blackwall). Fm, 8. vrrr: 1 ©.
*Caracladus avicula (L. Koch). Fi, 15. vir, aus Moos gesiebt:
2 &, 2 G juv.
Styloctetor brocchus (L. Koch). Bd, 1. vrrr: 1 &.
Scotinotylus antennatus (Cambridge). Ble, 27. vrr: 2 ©.
Typhochraestus paetulus (Cambridge). Blg, 10. vin: 1 &, 5 ©.
*Trichoncus saxicola (Cambridge). F1, 15. vu: 1 &, 1 ©; BIb,
À 2 PR 1 SP QE A |
*Gongylidiellum paganum Simon. Fi, 15. vrr: 3 ©.
Erigone remota L. Koch. Big, 10. vus: 6 &, 5 ©.
Erigone cristatopalpus Simon. Bs, 7. vin: 1 G.
*Maso sundevall: (Westring). Fe’, 25. vi: 1 ©.
Centromerus affinis (Wider). Ble, 27. vrr: 1 ©.
**Centromerus electus (Simon). Bb, 13. vri: 1 ©.
Leptorhoptrum huthwaithi (Cambridge). Ble, 27. vrr: 1 ©.
Microneta subtilis (Cambridge). Fg, 23. vi: 1 ©.
Micryphantes gulosus (L. Koch). Bs, 7. vu: 1 ©; BIb, 22. vur,
unter Stein: { Pärchen; Blg, 10. vrrr: 1 ©.
*Micryphantes nigripes (Simon). Fi, 15. var: 1 ©.
* Micryphantes rurestris C. L. Koch. Ff, 12. vis: 1 SG; FKk, 6.
à di PE
Bathyphantes concolor (Wider). Fg, 23. vir: 1 ©.
Lephthyphantes handschini Schenkel. Ed, 21. vrr: 1 &, 1 ©.
Lephthyphantes flavipes (Blackwall). Fm, 8. vin: 2 9.
Lephthyphantes mengei Kulczynski. Fe’, 24. vu: 1 G; Fm, 8.
vin: 1 CBI; 48 vins 1.0. |
*Lephthyphantes kochi Kulczynski. BIb, 22. vu: 2 ©.
*Lephthyphantes obscurus (Blackwall). Fi, 15. vir, aus Moos
gesiebt: 1 ©.
308 E. SCHENKEL
Lephthyphantes keyserlingi (Ausserer). Fe’, 25. vu: 1 &.
Linyphia fruteiorum C. L. Koch. Fd, 23. va: 1 $; BIb, 13. vrr:
20.
Linyphia pusilla Sundevall. Fd’, 25. vi: 1 9; Fi, 15. vi: 3 ©.
*Linyphia clathrata Sundevall. Âa, 24. vrr: À & juv.
* Tapinopa longidens (Wider). Fm, 8. vis: 1 © juv.; BIb, 13. vx,
unter Calluna: 2 & juv., 4 Qjuv.
*Drapetisca socialis (Sundevall). Fm, 8 vis: 1 © (klein, aber
geschlechtsreif).
Tetragnatha extensa (Linné). Ad, 30. vu: 1 9; Ble, 31. vin: 1 ©.
Tetragnatha obtusa C. L. Koch. Bb, 13. vrr: 1 &, 1 © juw.
Araneus (Epeira) diadematus Clerck. BIf, 10. vrrr: 1 © (dunkel,
mit lebhaîfter Zeichnung, im Aussehen an Æ. carbonaria erinnernd).
Araneus (Epeira) cucurbitinus Clerck. Bd, 1. virr: 1 ©.
Araneus (Epeira) cucurbitinus subsp. opisthographa Kulezynski.
Ab, 14. vi 0: Theo
Araneus (Epeira) carbonarius (L. Koch). BIf, 10 vrr1: 2 © (eines
ohne Scapus); Blg, 10. vrrr: À ©.
Araneus (Z'lla) montanus (C. L. Koch). Fi, 15. vir: À ©.
Misumena vatia (Clerck). . Âa, 5. vins: 1 ©. ;
Oxyptila trux (Blackwell). Big, 10. vis: 1 ©.
Xysticus gallicus Simon. Ff, 12. vis: 1 G'; Fo, 23. vis: 1 9; Fi,
1 RS Pb à
Xysticus kochi Thorell. Fm, 15. vi: 1 ©; 8. vrxr: 1 ©; Bld, 1.
it le Or
Xysticus pini (Hahn). Àf, 17. vus: À G; BIb, 43. vu: 1 4,19.
Xysticus glacialis L. Koch. Bf, 10. vrrr: 1 ©.
Xysticus erraticus (Blackwall). Fe, 23. vir: 1 ©.
* Xysticus luctuosus (Blackwall). Bb, 18. vi: 2 9; 3. van: À Q.
Xysticus robustus (Hahn). Fe’, 25. vrr: 4 ©.
Synaema globosum (Fabricius). Àb, 14. vis: 1 ©.
Philodromus emarginatus (Schrank). Fe, 12. vir: 1 9; Fe’, 25.
Vi: 1 ©; Fi, 15; vi: 40: BIb Sym RO BIC ST EUR
Philodromus alpestris L. Koch. Bd, 1. vrrr: 1 9; Ec, 4. vin: 29.
Philodromus collinus C. L. Koch. Bb, 13. vir: 1 & 1 ©.
* Philodromus aureolus var. variegata Kulezynski. Fe, 18. vu:19;
Fm, 15. vu: 29. Der Stammform sehr ähnlich, aber mit deutlich
geringelten Beinen, an den Kopfbrustseiten nur mit Spuren dreier
heller Flecke.
SPINNENFAUNA 309
Philodromus aureolus var. similis Kulczynski. Bw, 28. vrr: 1 9;
Patayi: 0 05m, S2-vrrr: 1 ©:
* Philodromus aureolus var. rufolimbatus Kulezynski. F1, 15. vu:
se
* Philodromus aureolus var. caespiticola (Walckenaer). Aa, 24. vit:
PE Ab 14 -vu:.30- Bb; 13; vrr: 4 0 :-Fo: 23.:vu:.4 ©:-Mi, {5.
mi: 1 ©.
Thanatus alpinus Kulezynski. Âe, 17. vi: viele juv.; Bd,
Gipfelplateau, 1. vis: 1 juv.
Tibellus oblongus (Walckenaer). Weg nach Blg, 10. vrrr: 1 © juv.
Clubiona reclusa Cambridge. Aa, 24. vis: 2 Q: ÀAf, 17. vi: 7 9;
Bb; 13xu:49; Bic, 31. va: 2 9; Bw, 28. vai: 2 ©; Fe, 23. vrr:
1 ©.
Clubiona hilaris Simon. Ad, 30. vir: 1 Q; Blg, 10. vurr: À €.
*Clubiona pallidula (Clerck). Aa, 24. vir: À © (gross und dunkel);
BIb, 13. vu: 1 © (dunkel); Fi, 15. vi: 1 ©, 1 juv.
*Chiracanthium erraticum (Walckenaer). ÀAb, 14. vu: 1 ©.
Chiracanthium punctorium (Villers). Aa, 24. vrr: 1 ©; Bla, 6. vini:
nur ivr DO Fe-25. vir: 2,4, 3 ©.
*Laocranum rupicola (Walckenaer). BIb, 13. vir: 1 © juv.
Phrurolithus festivus (C. L. Koch). BIb, 13. vir: 1 9; 18. vrr: 1 9;
Per iv: +
Micaria chalybeia Kulczynski. BIb, 13. vi: 2 S; Fa, 1l vu: 19,
Babes Pan do ve: À
Micaria formicaria (Sundevall). BIb, 22. vrr: 2 9; 5. vin: 1 9;
1 POSE LE PE 4 € MO AR
Micaria scenica Simon. Ed, 21. vrr: 1 ©.
Micaria breviuscula Simon. Bd, 1. vins: 1 ©; Blg, 10. vurr: 1 &.
*Anyphaena accentuata (Walck.) var. obscura Lebert. BI, 18.
vue Pal vyrr L°0::Fd,.28. vir: 1 ©.
Amaurobius rudolfi Schenkel. Ble, 27. vir: 1 ©, 1 juv.
Lycosa (Tarentula) inquilina (Clerck). BIb, 22. vu: 1 Q juv.;
Lo er D VIH: 2 © juv.
Lycosa (Tarentula) cuneata (Clerck). Bw, 28. vu: 1 ©.
Lycosa (Tarentula) aculeata (Clerck). BId, 1. vu: 1 4, 1 Q, 2 Juv.
Lycosa (Trochosa) terricola (Thorell). BIf, 10. vrrr: 1 Q; Ka’, 4. var:
+ SH vd 0 Fe :23. vir: 1 ©.
Pardosa mixta (Kulczynski). Ble, 27. vu: 1 Q.
Pardosa saltuaria (L. Koch). ÂÀe, 17. vu: À ©.
310 E. SCHENKEL
Pardosa tarsalis (Thorell). Fm, 14. vir: À &.
Pardosa blanda (C. L. Koch). ÂÀc, 23. vu: 1 &.
Pardosa ferruginea (L. Koch). Àe,17. vir: 1 4; BId, {. var: 1 &.
Pardosa giebeli (Pavesi). Âe, 17. vis: 1 &, 3 ©.
Pardosa bifasciata.(C. L. Koch). Fb, 18. vrr: 1 ©.
Evophrys pétrensis GC. L: Koch. F1, 15-«ir: 19.
*Dendryphantes rudis (Sundevall). BIb, 13. vrr: 1 &, 2 ©.
Sitticus muralis Schenkel. Ble, Fundort des Typusexemplares,
21: Vi: 70 6
Die Exemplare sind weniger abgerieben als das typische. Die
Behaarung des Cephalothorax ist vorzugsweise weiss, wenig mit
braun untermischt, nur auf der Kopfplatte etwas ausgeprägter
schwarz. Ein weisser Winkel- oder Pfeilfleck reicht nach vorn
bis fast in die Mitte der Kopfplatte; von seiner Spitze nach hinten
zieht sich eine schmale, undeutlichere mediane Winkelhalbierende,
die bei einem Exemplar reinweiss, bei einem andern mit rostfarbenen
Haaren untermischt ist.
«Augsbrauen» und «Barthaare» sind reinweiss, die letztern
sehr lang und reichlich.
Die Behaarung des Abdomens ist vorwiegend hell; rein schwarze
Stellen sind spärlich, reiner weisse finden sich in folgender Ordnung:
drei direkt am Vorderrand; den beiden äussern derselben folgen
nach hinten zwei weitere Paare in regelmässigen Abständen; die
des hintersten Paares sind die grüssten und rundlich; sie befinden $
sich etwas hinter der Mitte; diese Flecken sind mehr oder weniger, .
aber nicht regelmässig, schwarz umrandet; zwischen ihnen, längs
der Mitte, zieht sich eine helle Binde hin, aus weissen, gelbweissen
und wenig rostfarbenen Haaren gemischt; hinter dieser Längsbinde
folgen zwei bis drei weisse Chevrons auf hellrostfarbenem Grunde; #
seitlich von diesen finden sich als ausgedehnteste der schwarz-
behaarten Stellen ein Paar unregelmässig begrenzter Flecke. Die
hintere Umrandung der Oberseite ist ziemlich breit, weiss, nach ;
innen festonniert. Ausserhalb der weissen Fleckenpaare der Vor-
derhälfte erstreckt sich die helle Mischfarbe bis auf die Hinter-
leibsseiten ; das Weiss ist auf den Seiten undeutlich in Schrägbinden
angeordnet.
*Sutticus saxicola (CG. L. Koch). Fe’, 25. vrr: 1 ©.
Attulus histrio (Simon). Fm, 8. var: À &.
S'alticus scenicus (Clerck). ÀAb, 14. vir: 1 9; Fe’, 25. vrr: 1 Q.
SPINNENFAUNA 311
Aelurillus insignitus (Olivier). Fi, 15. vu: 3 &, 2 9.
Phlegra fasciata (Hahn). Fi, 15. vu: 1 G'; Fm, 8. var: 1 © juv.
Dicranopalpus gasteinensis Doleschal. Ec, 4. virr: 1 9; Ed, 21.
Vire 484 -0
Mitopus morio (Fabricius). Ble, 27. vu: 1 © (kurzbeinige Berg-
form).
Parodiellus obliquus (C. L. Koch), (— Strandibunus glacialis (C.
RAS Did var LE O0: juv.; Ble, 27. va:.3:9,
Megabunus rhinoceros (Canestrini). Âe, 17. vu: 1 4,29.
Nemastoma dentipalpe (Ausserer). Fe, 12. vir: 1 9; Fe’, 25. vrr:
1 &
Obisium muscorum Leach. Fi, 15. vrr: 1 ©.
*Chthonius tenuis L. Koch. Fg, 23. vi: 3 G.
Die Exemplare sind grôüsser als diejenigen aus der Umgebung
Basels; die Kürperringe sind oben dunkler, olivfarben.
B. Spinnen vom Raimeux bei Moutiers, Berner Jura.
1. AUFSTIEG AN DER SüDSEITE; AUS DüRREM LAUB UND Aus Moos
GESIEBT, 16. X. 1925.
Harpactes lepidus (C. L. Koch): 1 Q, 1 juv.
Drassodes hispanus (L. Koch): 1 ©.
Gnaphosa bicolor (Hahn): 1 ©.
Theridion denticulatum (Walckenaer): 1 juv.
Tiso vagans (Blackwall): 1 &, 2 ©.
Minyriolus pusillus (Wider): 3 4, 3 ©.
Diplocephalus fuscipes (Blackwall): 4 Q.
Tapinocyba pallens (Cambridge): 2 ©.
Walckenaera (Prosopotheca) corniculans (Cambridge): 1 &.
**Trichoncus scrofa Simon: 1 &, 1 ©.
Centromerus similis Kulczynski: 1 ©.
Centromerus serratus (Cambridge): 1 ©.
Macrargus rufus (Wider): 2 ©.
Microneta viaria (Blackwall): 4 &, 4 ©.
Micryphantes dilutus (Cambridge): 1 ©.
312 E. SCHENKEL
Lephthyphantes mansuetus (Thorell): 1 &.
Lephthyphantes flavipes (Blackwall): 1 ©.
Lephthyphantes mengei Kulezynski: 1 ©.
Araneus (Epeira) dromedarius Walckenaer: 2 juv.
Araneus (Eperra) umbraticus Clerck: 1 © (31. X unter Stein).
Oxyptila horticola (GC. L. Koch): 1 ©.
Xysticus robustus (Hahn): 1 & juv.
Xysticus pini (Hahn): 1 G juv.
Clubiona compta C. L. Koch: 1 ©.
Zora nemoralis (Blackwall): 1 ©.
Phrurolithus festivus (C. L. Koch): 1 juv.
Hahnia menger Kulezynski: 1 &, 3 ©.
Pardosa lugubris (Walckenaer): 1 juv.
Marpissa muscosa (Clerck): 1 ©.
Oligolophus tridens (C. L. Koch): 2 ©.
Trogulus tricarinatus (Linné): 1 St.
Anmerkung zu Trichoncus scrofa Sim.: Das & ist nicht sehr
typisch, sondern zeigt Anklänge an Tr. sordidus Simon. Der innere
Fortsatz der Palpentibia ist etwas stärker gebogen als SrmMons
Abbildung von 77. scrofa es darstellt, doch lange nicht so stark
als bei der andern Art; die Spitze der Lamina tarsalis ist schmäler
als die von Tr. sordidus, aber kürzer und plumper als bei 77. scrofa.
Anmerkung zu Centromerus similis Kulez.: Das früher unter
diesem Namen aufgeführte Exemplar (Verh. Nat. Ges. Basel,
Bd. XXXIV, p. 98) ist ein kleines © von C. affinis (Wider), also
zu streichen !
2. SÜDKANTE DER HOCHFLÂCHE, SONNIG UND TROCKEN; AUS LAUB
UND Moos GEsIEBT, 31. X. 1925.
Harpactes lepidus (C. L. Koch): 1 ©.
Gnaphosa bicolor (Hahn): 2 © juv.
Robertus lividus (Blackwall): 1 ©.
Tiso vagans (Blackwall): 1 &.
Minyriolus pusillus (Wider): 1 &, 3 ©.
Diplocephalus fuscipes (Blackwall): 1 &, 2 9.
Tapinocyba pallens (Cambridge): 1 Q.
Lophomma her bigradum (Blackwall): 1 & (sehr blass und klein).
Walckenaera (Wideria) antica (Wider): 1 ® (zwerghaft).
‘+
Ÿ
:
MEN REs Ps FANS M ER
TE 42
+1.
pee PÉV re EN per SV
SPINNENFAUNA 313
Microneta viara (Blackwall): 8 &, 12 ©.
Lephthyphantes kochi Kulezynski: 1 9.
Ozxyptila horticola (C. L. Koch): 1 ©.
Xysticus robustus (Hahn): 2 ® juv.
Xysticus erraticus (Blackwall): 1 © juv.
Clubiona compta C. L. Koch: 1 9.
Zora nemoralis (Blackwall): 1 © juv.
Cryphoeca sylvicola (C. L. Koch): 8 &, 5 9, 2 juv.
Astrobunus ? laevipes (Canestrini): 1 St.
Oligolophus tridens (C. L. Koch): 1 St.
Nemastoma lugubre (Müller): 1 ©.
Obisium muscorum Leach: 1 St.
Chthonius tetrachelatus (Preyssler): 1 St.
Anmerkung zu Astrobunus ? laevipes (Can.): Hinsichthich der
Farbe der Oberseite, sowie der Bedornung der Coxen und Tro-
chanter passt die Beschreibung in Rôwer, Die Weberknechte der
Erde, p. 710, auf das vorliegende Exemplar; dagegen hat der
Augenhügel nur 4-5 kurze, stumpfe Tuberkel (keine Paare), was
mit À. meadi (Thorell) übereinstimmen würde (cf. Z. c. p. 707 und
709).
3. SCHATTIGE, FEUCHTE LAGEN DER HOCHFLÂCHE, AUS Moos
GESIEBT, 31. X 1925.
Robertus lividus (Blackwall): 1 4.
Robertus truncorum (L. Koch): 1 ©.
Minyriolus pusillus (Wider): 1 ©.
Diplocephalus latifrons (Cambridge): 4 &, 9 ©.
Tapinocyba pallens (Cambridge): 1 ©.
Lophomma herbigradum (Blackwall): 14, 1 ©.
Centromerus silvaticus (Blackwall): 3 ©.
Macrargus rufus (Wider): 1 ©.
Microneta viaria (Blackwall): 1 &, 5 ©.
Lephthyphantes nodifer Simon: 1 &, 2 ©.
Lephthyphantes tenebricola (Wider): 3 ©.
Labulla thoracica (Wider): 1 juv.
Pachygnatha degeeri Sundevall: 1 ©.
Cybaeus tetricus (C. L. Koch): 2 juv.
Cryphoeca sylvicola (G. L. Koch): 13 &, 16 9, 5 juv.
314 E. SCHENKEL
Platybunus pinetorum (C. L. Koch): 2 juv.
Nemasioma lugubre (Müller): 5 &, 4 $.
Obisium simont L. Koch: 2 St.
Obisium muscorum Leach: 11 St.
Obisium simile L. Koch: 9 St.
C. Spinnen aus dem Niederterrassenwald, vom Rheinfelder Stauwehr
bis zum Unterforst von Moehlin, 16 V. 1925.
Dictyna pusilla Thorell: 1 &
Theridion sisyphium (Clerck): 1 &.
Theridion varians Hahn: 1 &.
Theridion tinctum (Walckenaer): È © (Sternum ganz schwarz).
Dicyphus cornutus (Blackwall): 1 &.
Dismodicus elevatus (C. L. ne 274.
Dismodicus bifrons (Blackwall): 1 &!
Oedothorax agrestis (Blackwall): 1 &, 4 ©.
Trematocephalus cristatus (Wider): 2 &!.
Erigone graminicola (Sundevall): 5 &, 1 ©.
Bathyphantes dorsalis (Wider): 2 ©.
Lephthyphantes flavipes (Blackwall): 2 &.
Lephthyphantes mengei: Kulezynski: 1 &.
Linyphia hortensis Sundevall: 2 Q.
Pachygnatha clercki Sundevall: 1 Q.
Tetragnatha solandri (Scopoli): 3 &, 2 ©.
Tetragnatha obtusa C. L. Koch, forma intermedia Kulezynski:
2°:
Meta segmentata (Clerck), var. menger (Blackwall): 1 &, 1 9.
Araneus (Epeira) omoedus (Thorell): 1 ©.
Araneus (Epeira) patagiatus Clerck): 4 G, 8 ©.
Araneus (Singa) nitidulus (C. L. Koch): 1 &.
Araneus (Cercidia) prominens (Westring): 1 G.
Tmarus piger (Walckenaer): 2 &, 1 ©.
Misumena vatia (Clerck): 2 &, 1 ©.
Oxyptila trux (Blackwall): 1 &.
Xysticus cristatus (Clerck): 1 9.
Xysticus pini (Hahn): 1 & immat.
Xysticus lateralis (Hahn): 2 ©.
Philodromus dispar Walckenaer: 3 &, 1 ©.
VE ARTE)
SPINNENFAUNA 315
Clubiona caerulescens L. Koch: 1 ©.
Clubiona germanica Thorell: 1 ©.
Clubiona pallidula (Clerck): 1 &!.
Anyphaena accentuata (Walckenaer): 1 9.
Pisaura mirabilis (Clerck): 1 ©.
Lycosa (Tarentula) pulverulenta (Clerck): 1 ©.
**Lycosa (Trochosa) spinipalpis F. Cambridge: 1 &.
Lycosa (Pirata) knorri (Scopoli): 1 &, 1 ©.
Pardosa lugubris (Walckenser) : 1 &.
Pardosa amentata (Clerck): 2 &, 3 ©.
Heliophanus dubius C. L. Koch: 1 &.
Heliophanus flavipes (Hahn): 1 &.
Salticus scenicus (Clerck): 1 ©.
Dendryphantes rudis (Sundevall): 1 &.
Carrhotus bicolor (Walckenaer): 1 &.
- Evarcha arcuata (Clerck): 3 &, 2 ©.
Platybunus pinetorum (C. L. Koch): 2 ©.
Platybunus triangularis (Herbst): 2 ©.
Anmerkung zu Trochosa spinipalpis: Im durchsuchten Gebiet
des Mübliner Forstes feblen Sümpfe oder Moore, die sonst als
Aufenthalt dieser Art gelten; hôüchstens finden sich hie und da
feuchte, mit Binsen bewachsene Gräben neben den Waldwegen.
D. Obisium simile L. Koch, var. cavicola nov. var. ?
Fundort: Ingelsteinfluh bei Dornach, 6. X. 1925; an der Wand
des Portals einer kleinen Grotte.
Die vermutlich neue Varietät unterscheidet sich durch beträcht-
liche Grüsse, blasse Farbe und schlankere Palpen von der Stamm-
form.
Totallänge, inclusive Mandibeln: 3MmM,7 (ohne Mandibeln:
3mm 4), .
Länge des Cephalothorax: Omm,9,
vor dem Hinterrand: Omm,85,
Breite der Kopfbrust | im Niveau der Vorderaugen: Omm 7,
am Stirnrand: Omm,55,
Länge der Palpentibia, incl. Stiel: 0mm8 (ohne Stiel c. Omm,6).
Grôsste Breite: c. Omm,25 bis Omm3,
Länge der Scheere mit Einschluss der Finger: 2mMm,4,.
Länge der Palma (Petiolus inbegriffen): {mm
316 E. SCHENKEL
Grüsste Breite der Palma: reichlich Omms,
Der Cephalothorax ist sehr blass graulich-olivenfarbig, kaum
länger als breit, bis zum Niveau der Vorderaugen nur wenig, von
da bis zum Stirnrand beträchtlich verschmälert; letzterer ist
bogenfürmig recurv; seine Seitenecken erscheinen etwas zahn-
formig. Das Epistom ist wohl entwickelt, aber am Ende
unscharf. Die Augenstellung ist normal, nur ist das Vorderauge
etwas weniger als um seinen Durchmesser vom Stirnrand entfernt.
Der bewegliche Finger der
Mandibeln hat so gut wie gar
kein Tuberkel.
Die Palpen sind sehr blass,
fast weiss, nur die Finger
rôtlichbraun.
[a Der Vorderrand des Tro-
| chanters ist mindestens doppelt
so lang els das distale Ende
breit, schwach convex; der
2) SK Hinterrand ist vor dem Ende
4 fe etwas gewülbt. Der Femur ist
N eue
ere N nabezu parallelseitig, fast ge-
pue rade, an der Basis etwas stiel-
PASSER fürmig eingeschnürt, glatt,
Eee olänzend, aber etwas uneben.
ee = |
TR. Die Tibia ist schlanker als bei
Fic. 2. der Stammform, mit Einschluss
Obisium simile L. Koch, var. cavicola, des Stiels fast dreimal so lang
nov. var. wie breit; der Stiel geht viel
unmerklicher in den Hauptteil
über; die Aussenseite des Stammes ist schwächer convex; doch
ist sein Innenrand gerade, und die distale, mit weicher Haut
bedeckte Einbuchtung reicht annähernd bis zu seiner Mitte.
Auch die Tibia ist glatt und glänzend. Die Palma ist etwas
länger als die Tibia, schmäler, innen schwächer convex als die der
Stammform. Die Finger sind fast 1%, mal so lang als die Palma.
Die Beine sind sehr hell, fast weisslich.
Die Oberseite des Hinterleibs ist etwas dunkler als der Cephalo-
thorax, aber mit ähnlichem Farbton.
RENE RSUESSE DE" ZOOLOGIE SL
Vor. 33, n9 6.:— Avril 1926.
on |
TRAVAUX DU LABORATOIRE DE ZOOLOGIE ET ANATOMIE COMPARÉE
DE L’UNIVERSITÉ DE GENÈVE
La Grefte de l'œil.
I. Etude histologique sur la greffe de l’œil chez la larve
de Salamandre {Salamandra maculosa).
PAR
Robert MATTHEY
Docteur ès Sciences
Avec les planches 2, 3, 4 et 3 figures dans le texte.
SOMMAIRE
INTRODUCTION.
MATÉRIEL ET TECHNIQUE.
L’AUTOGREFFE GAUCHE.
a) Constatations histologiques et histoire clinique de l’œil greffé.
Comportement de la rétine.
Régénération du nerf.
Dégénérescence du tronçon proximal.
b) Discussion.
L’ŒIL GREFFÉ SUR LE SOMMET DU CRANE.
ÂBERRATION.
CONCLUSIONS.
BIBLIOGRAPHIE.
INTRODUCTION.
Quelques mots d'introduction suffiront: l'historique de la greffe
de l’œil trouvera en effet mieux sa place dans un travail ultérieur
où les questions touchant le rétablissement fonctionnel du bulbe
oculaire après implantation seront examinées. Il ne s’agit ici que
d’une étude histologique entreprise dans le but de mieux comprendre
Rev. Suisse pe Zoo. T. 33. 1926. 22
318 R. MATTHEY
le mécanisme de ces phénomènes. Renvoyant donc à plus tard
l'examen critique des travaux parus sur la question (ceci pour la
simple raison que la presque totalité de ces travaux ne s’est occupée
que du côté physiologique du problème), je donne ici les résultats
obtenus au point de vue histologique et anatomo-pathologique.
Avant d'aborder mon sujet, je tiens à exprimer ici ma reconnais-
sance à M. le Professeur GUYÉNOT, mon cher maître, qui bien plus
que moi à été l’animateur de ces recherches et à l'hospitalité duquel
je suis redevable de travailler au Laboratoire de zoologie de l’Uni-
versité de Genève. Merci aussi à MM. les D'S A. Navizre et
O. SCHoTTÉ, dont les conseils m’ont été un appui précieux,et à mon
ami M. J. DE BEAUMONT, dont les connaissances en matière de pho-
tographie m'ont puissamment aidé à illustrer ce mémoire.
MATÉRIEL ET TECHNIQUE.
Matériel. Mes investigations ont porté exclusivement sur des
larves de Salamandra maculosa très jeunes, obtenues au printemps
par parturition normale, en hiver par l’ouverture des uterus de
femelles adultes. Ces larves sont conservées dans des cristallisoirs
à moitié remplis d’eau, et abondamment nourries de petits animaux
aquatiques: Oligochètes, Copépodes, larves d’Ephémérides et de
Chironomes.
Anesthésie. Elle se produit en 5 à 10 minutes dans l’eau où bar-
botte de l’air chargé de vapeurs d’éther.
Opérations. 19 Auto-implantation.
La larve est placée sur du papier filtre humide. Sous le binoculaire
je pratique une incision à l’angle postérieur de l’œil, puis je coupe la
peau tout autour de celui-ci en respectant toutefois une bande
étroite à l’angle antérieur de l’œil. Celui-ci est alors soulevé (fig. 1),
Fic. 1.
Schéma représentant la marche d’une auto-implantation.
À gauche, la première incision à l’angle postérieur de l’œil;
À droite, Pœil est complètement rabattu hors de l'orbite mais retenu encore
par une bandelette cutanée,
|
GREFFE DE L’'ŒIL 319
les muscles et les nerfs coupés, et l’œil est enfin rabattu complète-
ment en dehors. Après avoir vérifié la section du nerf optique et
des muscles, je remets l’œil en place et l’opération est terminée.
La bandelette cutanée que je respecte assure la vascularisation de
la cornée et l’orientation parfaite du bulbe.
20 Implantation de l’œ1l sur le sommet du crâne.
Les schémas (fig. 2) me paraissent expliquer suffisamment
Fi: 2.
Schéma montrant l’implantation de l’œil sur le sommet de la tête.
À gauche, incisions en croix ; au milieu, les 4 lobes triangulaires sont rabattus,
et le crâne ouvert; à droite, l’œil prélevé sur un autre sujet est maintenu
en place par les mêmes lobes et fixé solidement.
cette opération: la peau est incisée en croix, les quatre lobes trian-
gulaires ainsi délimités, rabattus, la voûte membraneuse du crâne
ouverte. Je prélève alors un œil sur un autre sujet et le dépose au
milieu de ce calice donc je rabats les 4 lobes qui sertissent l’œil et le
maintiennent en place.
Soins post opératoires. Ils sont très simples. La larve opérée est
placée pour quelques heures sur du coton humide: elle peut ensuite,
sans inconvénients, être reportée dans l’eau. En général, elle recom-
mence à manger 24 heures après l’intervention.
Technique. Les larves ont été examinées sur coupes au moyen
des méthodes suivantes:
Sublimé acétique. Hémalun. Eosine (ou Eosine Orange)
Zenker. » » » »
Zenker. Hématoxyline au fer. VAN GIESON.
Zenker. » » _» trichromique de P. Masson.
Zenker. Safranine. Picro-indigo-carmin.
Zenker. Magenta, Picro-indigo-carmin.
320 R. MATTHEY
Cette dernière méthode, due à CAJAL, m’a donné des résultats
si supérieurs à toutes les autres, que j’ai tenu à refaire une série
complète à l’aide de ce procédé. J’ai modifié la méthode de différen-
ciation en ce sens que je remplace l’eau acétifiée, par l’alcool à 95°
ou mieux encore par l’alcool aiguisé d’une à deux gouttes d’acide
acétique pour 60 à 70 cmÿ. La différenciation est alors très rapide
et les conjonctifs deviennent d’un bleu parfait. J’ai coupé à 8 ou 10u.
L’AUTOGREFFE GAUCHE.
J’ai pratiqué cette opération sur deux séries de larves. La première
comprend des animaux opérés fin avril 1925 et fixés 14, 16, 20, 26,
33, 45, 00, 62, 72 jours après l’opération.
La seconde se compose de larves extraites en janvier 1926 de
l'utérus maternel et examinées 3, 5, 7, 10, 12, 29, 43, 52 jours après
le greffe.
Cette deuxième série, traitée par la méthode unique du Trichro-
mique de CAJAL, m'a donné des résultats meilleurs et plus homo-
gènes que la première. Celle-ci a compté de nombreux cas patholo-
giques, souvent très intéressants, car ils mettent particulièrement
en évidence certains écueils auxquels peuvent se heurter la régéné-
ration du nerf optique et la conservation de la rétine après implan-
tation.
Au point de vue macroscopique, les résultats de l’implantation
sont toujours parfaits. Après 3 à 4 jours, l’œil, même examiné au
binoculaire, ne diffère en rien d’un œil normal. C’est dire que je n’ai
jamais constaté ce trouble de la cornée et des milieux optiques si
général lorsqu'on s’adresse à des Tritons adultes ou à des Mammi-
fères.
La régénération du nerf optique paraît, d’autre part, moins gênée
par des obstacles mécaniques (sur la grande importance desquels
j'aurai à revenir) que chez les Urodèles adultes. Les méninges, en
particulier, sont toujours facilement traversées par les fibres du
nerf optique en régénération.
Constatations histologiques et histoire clinique de l'œil greffé.
Nous allons étudier successivement :
a) le comportement de la rétine;
GREFFE DE L'ŒIL 321
b) la régénération du nerf;
c) la dégénérescence du tronçon nerveux proximal séparé de
l’œ1l, son centre trophique.
a) Rappelons brièvement quelle est, d’après OPPEL et CAJAL, la
constitution de la rétine normale. Chez la larve de Salamandre
on y distingue facilement les couches suivantes:
19 Couche des fibres nerveuses. Ce sont les cylindre-axes issus
des cellules ganglionnaires.
20 Couche des cellules ganglionnaires. Ce sont les cellules du
ganglion optique à ramifications dendritiques diffuses ou bistra-
tifiées.
30 Couche réticulée interne. Cette couche est une zone complexe
d’articulations entre cellules ganglionnaires, bipolaires et ama-
crines.
40 Couche granuleuse interne. Ses nombreux noyaux appar-
tiennent essentiellement à des cellules bipolaires et à des cellules
ganglhionnaires horizontales.
59 Couche réticulée externe. Zone d’articulation de la couche
précédente avec les arborisations des éléments visuels.
6. Couche des corps de cônes et bâtonnets.
70 Couche des cônes et bâtonnets. Ils sont ici de différentes
sortes: bâtonnets rouges et verts, cônes, doubles cônes et doubles
bâtonnets.
Examinons maintenant, stade par stade, les modifications que
présente un œil réimplanté. Nous distinguerons parmi celles-ci
certains changements, en quelque sorte normaux et qui se produi-
sent toujours, puis d’autres modifications qui représentent autant
de cas pathologiques et de tendances à l’insuccès. Après 3 Jours
(PI. 4, fig. 6), l’œil paraît quelque peu déprimé antéro-postérieu-
rement et présente entre les deux couches écartées de sa choroïde
de nombreuses hématies représentant un foyer hémorragique
diffus.
La rétine frappe immédiatement par son aspect. Toute sa portion
centrale, représentant environ les 2 /3 de sa surface, montre la plus
grande partie de ses noyaux contractés et réduits à l’état d’un
granule chromatique fortement coloré, mais privé de toute structure
visible. Toutes les couches rétiniennes ne sont d’ailleurs pas égale-
ment affectées de ce phénomène. La couche ganglionnaire présente
un nombre relativement petit de noyaux anormaux, tandis que la
322 R. MATTHEY
couche granuleuse en est presque uniquement composée. Les corps
des cônes et des bâtonnets ne sont très contractés que dans la région
immédiatement péri-papillaire; de même les éléments visuels eux-
mêmes ont disparu dans cette région mais paraissent normaux
dans la zone périphérique. Ce qui frappe encore, c’est la périphérie
de la rétine, environ un tiers de la surface, qui, dans tous les cas
examinés et à tous les stades, persiste absolument normale dans
toutes ses couches, et ne cessant jamais de présenter, preuve de sa
bonne conservation, de nombreuses mitoses. Cette résistance a de
quoi surprendre. En effet, si la cause de la dégénérescence des
noyaux est un trouble trophique dû à la rupture des rameaux de
l’artère ophtalmique, comment expliquer l’action inégale de cette
dénutrition sur les éléments rétiniens ? Je reviendrai plus loin sur
le rôle de la zone périphérique.
Après à jours. L'amélioration peut être remarquable. Un léger
aplatissement de l’œil persiste. Dans l’organe même, il n’y a plus
trace de foyer hémorragique, quoiqu'il y en ait de volumineux
dans le tissu conjonctif sous-jacent. La rétine est quasi normale,
excepté cependant dans la zone papillaire où elle manifeste un léger
décollement sur une faible étendue. La même région paraît égale-
ment dépourvue d’éléments visuels. Les noyaux sont en général
normaux, et ce n’est que dans la couche granuleuse et celle des corps
des cônes que l’on trouve encore des éléments nucléaires réduits
à un granule chromatique; ces noyaux sont distribués dans la
région tout à fait centrale. La couche ganglionnaire paraît absolu-
ment normale, et il en est de même pour la zone périphérique et les
couches plexiformes. Ainsi, il n’y a guère à signaler, comme appa-
rence pathologique, que de petits aésordres ne portant que sur une
faible partie des couches qui en sont affectées.
Après 7 jours. (PI. 4, fig. 7 et 8). L’aspect a peu changé, et est,
à peu de chose près, celui d’un œil normal. Il y a cependant un point
tout près de Ja papille où la rétine est quelque peu décollée de sa
choroïde et forme un pli. Ce n’est qu’au niveau de ce pli que nous
observons deux faits anormaux: dans la couche ganglionnaire
quelques noyaux contractés et, dans la couche des cônes et bâton-
nets, une forte dégénérescence et la disparition presque complète
de ces éléments.
Après 10 jours. L’œæil est absolument normal dans toutes ses
couches, mais il n’y a encore aucune régénération du nerf optique.
GREFFE DE L'ŒIL 323
A près 12 jours. La rétine est alors guérie et c’est à ce moment que
débute en général la régénération du nerf. Dans les cas favorables,
cette guérison est durable. Cependant, je n’ai jamais vu de cas où
ne persistât pas un léger décollement portant soit sur la région
papillaire elle-même, soit sur une zone immédiatement concentrique
à cette région. Ces observations trouveront mieux leur place
dans ce qui suit.
Cas pathologiques.
La guérison de la rétine ne suit pas toujours un cours aussi favo-
rable. On observe fréquemment des cas où les processus d’assainisse-
ment n’arrivent pas à restituer à l’œ1l opéré un aspect normal. De
l’examen de ces cas, 1l ressort immédiatement que les échecs sont
à attribuer, avant tout, au décollement de la rétine. Les causes de ce
décollement sont assez difficiles à élucider. Il faut évidemment les
rechercher dans le traumatisme opératoire agissant directement ou
indirectement, par exemple par l’intermédiaire d’une hémorragie.
Quoi qu'il en soit, ce décollement de la rétine a toujours pour effet,
dès qu’il en intéresse une portion un peu étendue, le désordre des
éléments cellulaires situés au-dessus de lui. L’on peut donc toujours
ramener les cas pathologiques observés: 10 à un décollement de la
rétine; 20 au désordre des couches qui la composent.
Chez la larve de Salamandre, je n’ai jamais observé, en effet, les
lésions si fréquentes chez le Triton: rétinite pigmentaire, cataracte,
fonte de l’oœil.
Je répète encore ici que la région périphérique de la rétine n’est
jamais touchée par les phénomènes morbides; je vais concrétiser
ces données générales au moyen de quelques exemples.
S. E., opérée le 30 janvier 1926, est fixée aprés 12 jours: la rétine
est histologiquement normale, mais la poussée du nerf hors de l’oeil
paraît avoir provoqué, comme par un phénomène de réaction, le
décollement de la rétine dans la zone péri-papillaire. Le résultat est
une sorte d’évagination rétinienne vers l’intérieur de l’oœil.
S. IV (PI. 3, fig. 4). Opérée le 2 mai 1925 et fixée après 20 jours.
La régénération a commencé de façon très nette. Les modifications
générales sont l’amincissement extraordinaire de la rétine dans la
région péri-papillaire, et le décollement de la même région, corrélatif
du désordre des couches qui la composent. La couche ganglionnaire
324 R. MATTHEY
et la couche granuleuse sont particulièrement atteintes, et contien-
nent passablement de pigment. La couche granuleuse compte, dans
sa région la plus dégénérée, deux ee de noyaux seulement
(normalement 5 à 6).
S. X. Opérée le 4 mai 1925 et fixée 50 jours après. La Pétine est
quasi normale, mais toujours amincie et décollée dans la zone péri-
papillaire où se confondent la couche ganglionnaire et la couche
cranuleuse; la première de ces couches est amincie et réduite à un
rang de noyaux (normalement 2 à 3). |
Ces trois cas nous montrent trois aspects pathologiques différents.
L’amincissement de la rétine dans ses portions décollées s'explique
aisément en admettant que la choroïde constitue son centre tro-
phique.
Régénération du nerf.
Normale. La régénération du nerf commence à être perceptible
vers le douzième jour. Lorsqu'elle suit un cours normal, elle peut
s’achever assez rapidement. Le temps le plus court que j’ai observé
l’a été chez l’animal S. V. qui, sacrifié 26 jours après opération —
celle-ci ayant eu lieu le 2 mai 1925 — présentait un nerf d’aspect
très normal et simplement un peu plus étroit sur les coupes que le
nerf témoin (du tiers au quart). Trois individus fixés 43 (5.G.) et
52 jours (S.H., S.1.) après la greffe (celle-ci du 13 janvier 1926)
avaient également reconstitué des nerfs optiques complets. D’autres
fois, la régénération est plus longue: après 33 jours, le nerf optique
de S. V7 avait tout juste franchi le trou optique et S. VIII, après
45 jours, montre un nerf qui n’a pas dépassé la moitié de la distance
séparant l’œ1l du cerveau.
Comme temps moyens, je crois que l’on peut proposer les chifires
suivants :
Début de la régénération . . . . . . . . . 10 jours
Mi-distance . . . Vs Far OT SRE ER NES RENE
Régénération re AR OPITE 2e ARRET TROIE
Ceci pour des larves largement en Ces chiffres montrent
également que la régénération se poursuit d'autant plus vite qu’elle
est plus avancée, ce qui peut comporter plusieurs explications.
Histologiquement, voici les constatations que l’on peut faire:
les cylindraxes issus des cellules ganglionnaires croissent avec
(A
GREFFE DE. L'ŒIL Sp.
exubérance, mais ne conservent pas l’ordonnance exacte de l’onto-
génie. À l’échelle embryologique, on le sait, les fibres issues d’un
secteur donné de la rétine occupent, sur une coupe du nerf optique,
le secteur correspondant; le résultat visible de cette disposition est,
sur une coupe transversale de l’œil passant au niveau de la papille,
un aspect d’Y parfaitement symétrique (le jambage vertical
représentant le nerf, et les branches obliques l’arrivée des cylin-
draxes qui le constituent).
La pl. 2, fig. { montre l’aspect beaucoup moins régulier que pré-
sente la papille d’un nerf en régénération. Nous constatons facile-
ment la présence de plusieurs faisceaux qui ne présentent pas la belle
régularité et la symétrie irréprochable des papilles normales.
La même figure montre, à sa partie inférieure, de grands noyaux
allongés qui, vraisemblablement, représentent les noyaux des
futures gaines. Les caryocinèses sont toujours assez nombreuses
dans la couche granuleuse, au voisinage immédiat du nerf en régéné-
ration: elles intéressent vraisemblablement des éléments indiffé-
renciés qui émigrent avec les fibres nerveuses, dont elles constituent
les gaines. Après la sortie du nerf hors de l’œil, ces cellules conti-
nuent à se diviser et les mitoses sont toujours très nombreuses
à la surface du nerf en régénération. Peut-être n’est-1l pas impossible
que des éléments émigrés du conjonctif environnant contribuent
à cette formation des gaines.
La direction de l’optique est bien, grosso modo, celle qu'avait
le nerf ancien, mais son trajet n’est souvent pas aussi net. Il a
tendance à former des bulbes, à pousser des prolongements qui vont
se perdre dans le tissu conjonctif. La section brutale des nerfs, des
vaisseaux et des muscles provoque souvent, à la faveur de la dégéné-
rescence qui suit l’opération, la formation d’espaces vides que le nerf
néo-formé paraît avoir tendance à remplir. C’est en général vers la
moitié de son parcours, et peu avant qu’il ne pénètre à l’intérieur
du crâne, que l’on voit le plus souvent le nerf se renfler et marquer
en quelque sorte une hésitation Je reviendrai tout à l’heure sur la
cause que je crois avoir élucidée de ces «essais et erreurs ».
La pénétration dans le cerveau, dans tous les cas examinés, se
fait à l’endroit même d’où émergeait l’ancien nerf: elle paraît être
beaucoup plus facile que chez les Urodèles adultes où le nerf optique
régénéré ne parvient souvent pas à entrer dans l’encéphale, dont les
méninges constituent un obstacle alors insurmontable.
326 R. MATTHEY
Pathologique, Le nerf en régénération peut exagérer la tendance
qu’il a à former des bulbes et à pousser des ramifications perdues
dans les tissus environnants. J’ai représenté (fig. 3) un cas particu-
lièrement instructif, parce qu’il nous donne la clef du mécanisme
probable de ces malformations. Nous voyons le nerf optique
(N. O.) qui a commencé à régénérer en formant tout d’abord un
gros tronçon nerveux; arrivé au voisinage de la branche ophtal-
mique de la 5e paire (N. T.), le nerf optique vient s’accoler étroite-
ment à elle, se mouler sur elle, mais sans cependant confondre ses
fibres avec celles de cette branche. En même temps, il change de
direction et s’infléchit vers l’arrière parallèlement au trijumeau,
puis brusquement se perd. Un autre prolongement très mince se
perd également dans le conjonctif et les éléments des muscles en
régénération. Enfin, un autre rameau (N. ©.) très grêle, mais très
régulier d’aspect, se détache dans la région d’accollement avec le
trijumeau, traverse le trou optique du sphénoïde (S) et rejoint
l’encéphale (E). |
Ce cas (et plusieurs autres moins caractéristiques) montre claire-
ment que toute masse nerveuse un peu importante exerce une
attraction sur le nerf en régénération. Ici, l’ophtalmique agit comme
un centre primaire d’attraction sur l’optique qui a alors tendance à
se souder avec lui. Le centre secondaire beaucoup plus volumineux
est représenté par l’encéphale avec lequel le nerf néo-formé finit
par entrer en rapport.
Dégénérescence du tronçon proximal.
Peu après l’opération, la partie proximale du nerf optique séparée
de son centre trophique — l’œil — commence à dégénérer.
Après 3 jours. Le tronçon nerveux paraît encore normal et ne
diffère pas du nerf témoin.
À près à jours. Par contre, après 5 jours, le nerf coupé paraît envahi
par des noyaux qui se sont subitement multipliés. L'origine de ces
noyaux n’est pas très facile à élucider. L’hypothèse la plus simple
est de l’attribuer à la prolifération des noyaux des gaines qui se
multiplient et pénètrent dans la profondeur du nerf dont ils disso-
cient les faisceaux. D’autre part, on observe relativement peu de
caryocinèses dans ce nerf dégénéré, alors que le grand nombre
des éléments nucléaires devrait, semble-t-il, avoir pour corrolaire
327
H16.3.
Figure demi-schématique résultant de la superposition de 5 coupes, distantes
entre elles de 56 x.
N. O. — Nerf optique. N. T. — Nerf trijumeau (branche ophtalmique).
S. — Sphénoïde. E. — Encéphale.
328 R. MATTHEY
un grand nombre de mitoses (à moins que celles-ci ne s'effectuent
avec une très grande rapidité). Je suis donc enclin à admettre: soit
une migration d'éléments conjonctifs à partir du tissu avoisinant,
soit un certain glissement, le long du nerf, d'éléments névrogliques
émigrés du cerveau, ce que l’examen des coupes paraît souvent
montrer.
L'aspect du tronçon proximal ne varie plus beaucoup, sinon en
dimensions linéaires.
Après 16 jours. La fig. 2 de la PI. 2, nous montre que le nerf
est complètement envahi dans toute son épaisseur par des noyaux,
souvent pycnotiques, parmi lesquels on remarque, en outre, quel-
ques mitoses. |
Après 20 jours, le nerf a beaucoup diminué et les noyaux ont pris
une forme très allongée, alors qu’au début ils sont plutôt ovoïdes.
Après 45 jours (PI. 3, fig. 3), la dégénérescence est extrême et
facile à constater. Ce stade est le dernier que l’on puisse examiner.
Lorsque la régénération du nerf à partir de l’œil est lente, on peut
encore observer des cas (par exemple S. X. et S. X7. après 50 et
62 jours) où 1l n’y a plus trace de tronçon proximal.
Je me suis demandé si, en l’absence de l’œ1il, les processus dégéné-
ratifs suivaient exactement la même marche. Des coupes prati-
quées à intervalles de 3, 5 et 7 jours après simple énucléation de
l’œ1l montrent une régression du tronçon proximal identique à celle
observée après auto-implantation.
Discussion.
Lorsque la rétine présente, après la greffe, des phénomènes de
dégénérescence puis guérit, l’on peut se demander si les éléments
atteints disparaissent complètement pour être ensuite remplacés
par d’autres, ou bien si, au contraire, les cellules normales que l’on
observe quelques semaines après l’implantation sont les mêmes que
celles dont nous avons vu les noyaux à l’état contracté. L’examen
de la zone périphérique donne, à première vue, une certaine force
à la première hypothèse.
J’ai déjà signalé la grande quantité de cinèses que l’on découvre
dans cette région (qui englobe la pars caeca et la partie tout à fait
externe du territoire rétinien visuel). Les mitoses manquent, au
contraire, absolument dans tout le reste de la rétine, si ce n’est
=
GREFFE DE L’ŒIL 329
toutefois aux environs immédiats de la papille (formation des
gaines). Il est donc tentant de voir dans ce tissu à grande activité
caryocinétique une sorte de réservoir où se formeraient des cellules
nouvelles, capables ensuite de remplacer les éléments dégénérés.
Il n’en est probablement rien. Une première raison d’ordre
théorique milite contre cette interprétation: à l’échelle organo-
génétique, la rétine se différencie du centre à la périphérie (HERT-
W1G). Il serait donc étonnant que, dans la régénération, on ait affaire
à une spécialisation des éléments allant de la périphérie au centre.
Une deuxième objection est plus grave: l’œil témoin possède une
quantité de cinèses qui, à première vue,ne paraît pas inférieure à
celle de l’œ1il implanté. La numération des mitoses tranchera la
question: il est en effet bien évident que si l’on trouve dans l’œil
greffé un grand excès de divisions par rapport à l’œil normal, on
pourra conclure en faveur de l’hypothèse énoncée ci-dessus. Ces
numérations, voici comment je les ai exécutées: je détermine les
deux coupes qui, pour un même animal, contiennent le point d’émer-
gence du nerf hors de la choroïde: ces sections sont en général très
rapprochées l’une de l’autre sur des coupes rigoureusement trans-
versales. Supposons alors que trois tranches les séparent; je choisis
la deuxième et dénombre les mitoses 15 coupes avant et 15 coupes
après. Je n’ai pas jugé nécessaire de reconstituer exactement les
cinèses : jé puis avoir compté deux fois une même division; mais les
chances d’erreur étant les mêmes pour les deux yeux, le résultat
final doit être tout au moins approché. Voici les résultats:
Nombre de Nombre de Pourcentage
Animal cinèses cinèses par rapport
Œïùl normal Œiül grefté à l’œil normal
S. À. (3 jours) 110 67 6peSe
S. B. (5 jours) 144 105 729
S. C. (7 jours) 130 80 (SE HAN
S. E. (12 jours) 102 92 90%
S. F. (29 jours) 50 86 IAE
S. G. (43 jours) 88 109 123 %
S. H. (52 jours) 63 64 4108:%
(dans ce dernier
cas, l’examen
porte sur 20
coupes) | |
330 R. MATTHEY
Ces chiffres permettent les constatations suivantes. Après la
greffe, le nombre de divisions cellulaires dans l’œ1l implanté est
inférieur à celui de l’œil témoin. Plus tard, les connexions vasculaires
étant bien rétablies, ce nombre est au contraire supérieur. Il y a là
un processus de régulation tel que finalement l’examen global des
nombres montre leur égalité approximative dans les deux mois qui
suivent l’opération.
On peut en conclure que les cinèses de la partie rétinienne péri-
phérique représentent uniquement des divisions d’accroissement.
Il n’y à pas remplacement des éléments dégénérés, mais guérison
sur place de ceux-ci.
Pour ce qui concerne le nerf, je remarquerai que sa régénération
trouve une explication (tout au moins verbale) dans les cadres des
théories neurotropique de CAJAL et neurobiotactique de KAPPERS.
L’Œ&IL GREFFÉ SUR LE SOMMET DU CRANE.
L'idée de cette opération est la même que celle qui a inspiré
UHLENHUT, et l’opération elle-même a été décrite au chapitre IT.
Résultats. Après 43 jours, la Salamandre S. VII montre une
régénération complète de l’optique et la pénétration de ce nerf dans
le cerveau moyen (PI. 4, fig. 11 et 12).
La rétine présente un aspect très analogue à celui que j'ai figuré
dans la PI. 3, fig. 2. Là encore, nous retrouvons une zone péri-
papillaire décollée très amincie, aux couches partiellement confon-
dues. Là encore, la régénération du nerf manifeste une exubérance,
génératrice de désordres. Le trajet de ce nerf montre sa pénétration
à travers le conjonctif et sa fusion avec l’encéphale qui semble
s’exhausser vers lui. Ce cas montre, avec une netteté particulière,
la tendance neurobiotactique du nerf en régénération, alors que
l'œil est implanté dans une situation complètement différente de
celle qu’il occupe normalement.
La PJ]. 4, fig. 10, représente une coupe sagittale obtenue chez
un autre animal 49 jours après l’opération. Ici la rétine est bien
mieux conservée, mais le nerf ne manifeste aucune tendance à
Joindre le cerveau, probablement parce que la cicatrisation de la
voûte membraneuse du crâne est intervenue de façon très précoce.
Un autre cas, examiné après 18 jours, présente un état absolument
comparable à celui d’une autogreffe du même âge.
CO
O9
>
GREFFE DE L'ŒIL
ABERRATION.
La PI. 4, fig. 13 est la photographie d’un œil normal dont la
rétine présente une malformation (?) que j'ai rencontrée chez 1 /4
environ des jeunes larves de Salamandres.
La rétine présente une invagination curieuse à laquelle participent
au moins quatre couches (couche des fibres nerveuses, couche
ganglionnaire, couche plexiforme interne, couche granuleuse). J’ai
rencontré cette disposition, dont je n’ai pas trouvé mention dans la
littérature, tantôt dans un œil, tantôt dans les deux yeux des
individus examinés. |
CONCLUSIONS.
L'étude de la greffe de l’œ1l chez la larve de Salamandre permet
d’établir les conclusions suivantes:
19 La rétine présente, peu après l’implantation, des phénomènes
de dégénérescence qui ensuite s’amendent rapidement en évoluant
vers une guérison plus ou moins complète.
20 Cette guérison paraît bien porter sur les éléments qui avaient
dégénéré et qui ne sont pas remplacés par d’autres.
30 L’aspect final, dans le cas d’une greffe bien réussie, est identique
à celui que montre un œil normal.
49 La régénération du nerf optique s’explique par les théories
de CayaL et KapPers. Elle peut être influencée par des centres
nerveux d'importance secondaire (Trijumeau).
50 Les phénomènes sont identiques lorsque l’œil est transplanté
hors de sa position normale.
332
1925.
F9T7.
1924.
1897:
191%
LOT:
1924.
1913.
1923.
1906.
1923.
1921.
1923.
1923.
1923.
1923.
R. MATTHEY
BIBLIOGRAPHIE
ABDERHALDEN, E. Bettrag zur Frage der Re- und Transplantation
von Augen. Pflügers Arch. f. d. ges. Physiol. Bd. 207.
ALTSCHULER, À. Zur Kenninis der Entwicklung des Gehirns bei
den Amphibien. Inaug. Dissert. Bern.
Barr, N. Das Problem der partiellen und totalen Augentrans-
plantation. V. Graefes Arch. f. Ophtalm. Bd. 114.
BurckHarDT, R. Untersuchungen am Hirn und Geruchsorgan
von Triton un Ichtyopis. Zeitschr. f. wiss. Zool. Bd. 52.
BürscaLi, O. Vorlesungen über vergleichende Anatomie, Leipzig.
CaJAL, S. R. Histologie du système nerveux de l’homme et des
vertébrés. (Trad. franc. L. AzouLAY). Paris.
CARLSON, À. J. Transplanting of the eye. Journ. of the americ.
med. Assoc. Vol. 83.
FRANZ, V. Sehorgan, in: OPPEL, A. Lehrbuch der vergleichenden
mikroskopischen Anatomie. Ilena,
GROLL, O. Ueber Transplantation von Rückenhaut an Stelle der
Conjuntiva bei Larven von Rana fusca. Arch. f. Entw.-Mech.
Vol. 100.
HErRTwIG, O. Handbuch der vergleichenden und experimentellen
Entwicklungslehre der Wirbeltiere. Lena.
JELLINCK, A. Die Replantation von Augen, Dressurversuche
an Raiten optisch verschiedenen Dressurgefässen. Arch. f.
Entw.-Mech. Vol. 99.
KAPPERs, C. U. A. Die vergleichende Anatomie des Nervensystems
der Wirbeltiere und des Menschen. Haarlem.
KozmMEr, W. Die Replantation von Augen. Histologische Unter-
suchungen an transplantierten Augen. Arch. f. Entw.-Mech.
Vol: 99:
KoppaANYI, T. Die Replantation von Augen- Haltbarkeit und
Funktionsprüfung bei verschiedenen Wirbeltierklassen. Arch. f.
Entw.-Mech. Vol. 99.
— Ueber das Wachstum von replantierten Augen. Arch. f.
Entw.-Mech. Vol. 99.
— Die Physiologie der replantierten ed Arch.
f. Entw.-Mech. Vol. 99.
GREFFE DE L'ŒIL 333
Koppany1, T. Wechsel der Augen und Kéôrperfarbe. Arch. f.
Entw. Mech. Vol. 99.
LauRENs, H. and Wizcrams, J. W. Photomechanical changes in
the retina of normal and transplanted Eyes of Amblystoma
Larvae. Journ. exp. Zool. Vol. 23.
LEewis-WaARREN, H. Experiments of the origin and differentiation
of the optic vesicle in Amphibia. Amer. Journ. Anat. Vol. 7.
McK:B88EN, P. S. The Eye-mucle Nerves in Necturus. Journ. of
comp. Neurol. Vol. 25.
MATTHESs, E. Die Rolle des Gesichts-, Geruchs-, und Erschütterungs-
sinnes für den Nahrungserwerb von Triton. Biol. Zentralbl.
Bd. 44. j
MaTrHey, R. Récupération de la vue après résection des nerfs
optiques chez le Triton. C. R. Soc. Biol. Tome 93.
— Récupération de la vue après greffe de l’œxl chez le Triton
adulte. C. R. Soc. Biol., Tome 94.
May, R. M. and DETWILER, S. R. The relation of transplanted
eyes to developing nerve centers. Journ. exp. Zool. Vol. 435.
Parpo, R. Enucleazione ed 1innesto del bulbo oculare ner tritoni.
Atti Accad. Linceiï, (5) Vol. 15.
PrziBraM, H. Die Methode autophorer Transplantation, zugleich
die Replantation von Augen I. Arch. f. Entw.-Mech. Bd. 99.
ULzenauT, E. Die Transplantation des Amphibienauges. Arch.
f. Entw.-Mech. Bd. 33.
WEISSFEILER, J. Régénération du cerveau et du nerf olfactif chez
les Batraciens modèles. Rev. suisse Zool. Vol. 32.
WIEsNER, B. P. Die Replantation der Kristallinse entwickelter
Tiere. Arch. f. Entw.-Mech. Vol. 99.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
D
10.
12:
12.
13.
R. MATTHEY
EXPLICATION DES PLANCHES.
Planche 2.
Papille montrant le nerf optique en voie de régénération,
29 jours après la greffe. Coupe transversale.
Zenker. Trichromique de Cajal ( X 800).
Dégénérescence du tronçon proximal après 16 jours. Coupe
transversale. Sublimé acétique. Hémalun. Eosine-Orange
( x 180).
Planche 3.
Rapports normaux de l’œil avec le cerveau. Coupe transversale
légèrement oblique.
mir — muscle droit latéral.
nt. — branche ophtalmique du nerf trijumeau.
Sublimé acétique. Hémalun. Eosine-Orange ( X 90).
Etat de l’œ1il après 18 jours, dans un cas défavorable, coupe
transversale. Sublimé acétique. Hémalun. Eosine-Orange.
( x 90)
Dégénérescence du tronçon proximal après 45 jours. Coupe
transversale.
n.d. — nerf dégénéré.
nt. — nerf témoin.
Zenker. Hémalun. Eosine-Orange ( X 90).
Planche 4.
Etat de l’œil après 3 jours. Coupe transversale.
Zenker. Trichromique de Cajal ( X 80).
Etat de l’œil après 7 jours. Coupe transversale.
Zenker. Trichromique de Cajal ( X 80).
In. Région papillaire vue à un plus fort grossissement
( x 280).
Dégénérescence du tronçon proximal après 12 jours. Le nerf
du côté opéré est en bas. Coupe transversale.
Zenker. Trichromique de Cajal ( X60).
Oeil greffé sur le sommet de la tête après 49 jours. Coupe sagit-
tale.
Zenker. Hémalun. Eosine-Orange ( X 20).
Oeil greffé sur le sommet de la tête, après 43 jours. Coupe
transversale. |
Zenker. Hématoxyline au fer, van Gieson ( X 40).
Ip. Le nerf régénéré vu à un plus fort grossissement ( x 130).
Anomalie de la rétine. Coupe transversale.
Zenker. Hématoxyline au fer. Trichromique de P. Masson
( x 80).
=
Rev. Suisse de Zool. T. 33. 1926
2x
VS
&
a s
ere
70
S
Vo
Ç
CZ)
R. Matthey __ Greffe
«
Me
“ + SU
_
-.
FT: 33:418926
Rev. Suisse de Zool.
EL
te
one
5
AO Te ES ES
__ Greffe
DR TS
RL, : }
Re que
ne ms
ji b :
CS
&
TANT RE
VAINCU mu ar F4. 9 CC ON PECERESS
rh te TULERES } TT TE .
CR. n
Æ/= LA et
a
n L oi L
é
Ca à
# :
DAULEU
“!
ne
De
T:33: 1926
LOT ee pre TS Ts
TS ne Pre Le.
ae Pen ES LR a RS A SRE
. k 42 mn _*
Rev. Suisse de Zool.
11
10
R. Matthe
__ Greffe
4e
J 1.4 ti 7 PE ne
« de, * =
PEL 7%
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE | 339
Vol. 33, n° 7. — Mai 1926.
RÉSULTATS SCIENTIFIQUES DE LA MISSION ZOOLOGIQUE SUÉDOISE
AU KILIMANDJARO, AU MÉROU, ETC. (1905-1906)
SOUS LA DIRECTION DU PROF. Dr YNGVE SJÔSTEDT
Araignées du Kilimandjaro et du Mérou
(Suite et fint)
par
R. de LESSERT
Avec 13 figures dans le texte.
VI
Lycosidae.
Genre Hippasa Simon 1885.
1. Hippasa foveifera Strand 1913.
H. foveifera (S9). StTrAND 1913, p. 424; de LEssErT 1915, p. 54,
pl. 2, fig. 34 à 36.
Signalé de la région N.-0. du Ruanda, des bords des lacs Kiwu
et Albert (STRAND), des bords du Lac Victoria (Bukoba) et de
Njarugenje (de LESSERT).
Habitat: Kibonoto, steppe et zone des cultures (3 4, 4 9Q,
VIII-XT).
Genre OcyaALE Audouin 1825.
à | 1. Ocyale atalanta Audouin 1825 (?)
O. atalanta (©). de LESSERT 1925, p. 335, fig. 7 A, B.
Espèce répandue dans presque toute l'Afrique (Simon).
Habitat: Kibonoto, zone des cultures (1 ©, 3 juv., IT).
1 Cf. Rev. suisse Zool., Vol. 23, pp. 439-533, 1915; Vol. 2%, pp. 565-620,
1916; Vol. 27, pp. 99-234, 1919; Vol. 28, pp. 381-442, 1921 ; Vol. 31, pp. 429-528,
4925.
Rev. Suisse DE Zoo. T. 33. 1926. 23
336 R. DE LESSERT
Genre LycosA Latreille 1804.
1. Lycosa raffrayi Simon 1876.
(Fig. 1.)
L. Rajfrayi (@). Simox 1876, p. 76, pl. 3, fig. 23; de Lesserr 1915,
p. 55 (? non SrRAND 1906, p. 94).
L. raffrayr se différencie des nombreuses espèces africaines du
genre Lycosa par sa région épigastrique testacée, couverte de pubes-
cence blanche, contrastant avec la région ventrale qui est noire.
Cette espèce, dont la taille est variable, est décrite de Zanzibar
et signalée de la Somalie anglaise !, du Pays Galla (Sheikh Husein}?,
de l’Ouganda et du Mt Loroghi (Afr. or. angl.) 5.
Les yeux antérieurs, presque équidistants, en ligne procurvée
(une ligne tangente au sommet des latéraux passerait près du
centre des médiars) forment une ligne rettement plus étroite que la
deuxième. Yeux médians antérieurs d’1 /4 plus gros que les latéraux,
séparés par un intervalle quatre fois plus petit que leur diamètre.
Yeux médians postérieurs séparés l’un de l’autre par un intervalle
égal à leur rayon et du bord inférieur du bandeau par un intervalle
égal à leur diamètre. Yeux postérieurs disposés en trapèze aussi
large en avant que long, d’1/5 plus large en arrière qu’en avant.
Yeux de la 3M€ ligne séparés par un intervalle
un peu plus de deux fois plus grand que leur
diamètre.
Bandeau presqu’aussi long que le diamètre
des yeux médians antérieurs.
La forme du septum de l’épigyne est un peu
variable ; chez un exemplaire de grande taille de
FIG. 1. Ngare na nyuki, la branche longitudinale est
Lycosa raffrayt large comme chez le type (Simon 1876, pl. 3,
. fig. 23). Chez un plus petit individu de la même
ET localité (fig. 1) 4, la pisaque de l’épigyne, plus
longue que large, atténuée et arrondie en avant,
1 Cf. Pococx 1896, p. 183.
2 CI. SIMON 1897, p. 390.
3 Cf. BERLAND 1922, p. 81.
* Chez cet individu, la pubescence de la base des chélicères est d’un fauve
blanchâtre, au lieu de jaune-orangé.
À (a
ARAIGNÉES 337
est creusée d’une fossette un peu plus longue que large, divisée par
un septum en L, dont la branche transversale postérieure est un peu
plus longue que la branche longitudinale, qui est légèrement renflée
vers le milieu.
Grand exemplaire, longueur totale, 16Mm,5; longueur du cépha-
lothorax, 8mMm, Patella + tibia IV — 8mmp,
Petit exemplaire, longueur totale, 12Mm;: Jongueur du céphalo-
thorax, 6m 2. Patella + tibia IV — 6mm),
Habitat : Ngare na nyuki (2 ©, XI), Kibonoto, zone des
cultures (1 ©, IX).
2. Lycosa hewitti forma minor Lessert 1915.
(Fig. 2 et 3.)
L. hewitti type et forma minor (Q). de LesserT 1915, p. 56, pl. 3, fig. 63.
L. hewuti se distingue de ZL. raffrayt par la région épigastrique
noire, la région ventrale testacée, tachetée de noir, le front, toute la
face antérieure des chélicères et la région ventrale revêtues de
pubescence rouge-orangé 1.
La forme minor se différencie du type par
sa taille plus faible et son épigyne, dont la
fossette est plus de deux fois plus longue
que large (fig. 2).
Longueur totale, 19m: ]ongueur du cépha-
lothorax, 9mm,
Patella + tibia IV — 8mm$5; protarse IV
— om P.
: Hrc:,2
g : Coloration comme chez la ©. NES
Yeux antérieurs presque équidistants, en LES de ad UE
presq q es Lessert ©.
ligne faiblement procurvée (une ligne tan- ane dire
gente au sommet des latéraux passerait dans bara). Epigyne.
la moitié supérieure des médians), formant
une ligne plus étroite que la deuxième. Yeux médians antérieurs
d’1 /4 plus gros que les latéraux, séparés par un intervalle plus petit
que leur rayon. Yeux médians postérieurs séparés l’un de l’autre
par un intervalle égal à leur rayon. Yeux postérieurs disposés en
1 La pubescence de la région ventrale est moins vive que celle des chélicères,
surtout chez le X.
338 R. DE LESSERT
trapèze aussi large en avant que iorg, d’1/5 plus large en arrière
qu’en avant. Yeux de la troisième ligne séparés par un intervalle
plus de deux fois plus grand que leur diamètre.
Bandeau presque aussi long que
le diamètre des yeux médians an-
térieurs.
Patte-mâchoire (fig. 3 A) fauve,
à pubescence blanchâtre. Tibia
cylindrique, plus long (d’1 /4) que
la patella, deux fois plus long que
large. Tarse plus long que le tibia,
plus de deux fois plus long (3"Mm)
que large, d’1/3 plus large que le
tibia dans sa moitié basale, ter-
miné en rostre conique, effilé, un
peu plus court que le bulbe et
armé d’épines à l’extrémité. La-
melle caractéristique du bulbe,
vue du côté externe (fig. 3 B),
munie d’une dent conique, aiguë.
Longueur totale, 19mm: Ion-
gueur du céphalothorax, 10mm,
Patella + tibia IV — 12mn;
protarse IV — 11mm
Habitat: Kiboncto, zone des
rec.
Lycosa hewitti minor Lessert À.
A. Patte-mâchoire gauche vue par
FRE cultures (24, 29 adultes et 2 juv.).
B. Lamelle caractéristique vue du Je possède un exemplaire d’U-
côté externe. sumbara (Aîfr. or.).
3. Lycosa sjôstedti n. sp.
(Fig. 4 A et B.)
3: Céphalothcrax brun-noirâtre, orné de lignes rayonnantes plus
foncées et coupé d’une bande médiane plus claire, assez étroite,
régulièrement élargie en avant jusqu’à la région oculaire. Yeux
situés sur des taches noires. Pubescence du corps et des pattes
formée de poils simples blancs, sauf sur la région oculaire où elle est
fauve clair, Chélicères brun-rouge foncé, garnies de longs poils blancs
en avant. Pièces buccales, sternum fauves. Pattes-mâchoires fauve
ARAIGNÉES 339
rougeâtre, avec le tarse brun-rouge. Pattes fauve-rougeâtre, rem-
brunies vers l’extrémité. Abdomen noirâtre, offrant une large zone
médiane longitudinale testacée, coupée elle-même d’une bande
médiane, formée en avant d’une tache brûnâtre et, dans la moitié
postérieure, d’une série de taches subtriangulaires accolées. Région
ventrale et filières testacées.
Yeux antérieurs subéquidistants, en ligne procurvée (une ligne
tangente au sommet des latéraux pas-
serait par le centre des médians), nette-
ment plus étroite que la deuxième.
Yeux médians antérieurs presque deux
fois plus gros que les latéraux, séparés
par un intervalle quatre fois plus petit
que leur diamètre. Yeux médians pos-
térieurs séparés par un intervalle égal à
leur rayon. Yeux postérieurs disposés
en trapèze aussi large en avant que long,
d’1/5 environ plus large en arrière qu’en
avant. Yeux de la 3e lione plus petits
que ceux de la 2e ligne, séparés par
un intervalle plus de deux fois plus
grand que leur diamètre.
Bandeau égal au rayon des yeux
médians antérieurs.
Marge postérieure des chélicères pour-
vue de trois fortes dents subégales.
Pattes-mâchoires (fig: 4 A). Tibia à FAURE OT A Eee
peine plus court en dessus que la pa- vue par dessous.
tella, légèrement arqué, un peu dilaté B. Lamelle caractéristique
en avant, plus long que large, maisnon YU® Par dessous.
deux fois. Tarse de même longueur environ que patella + tibia,
presque deux fois plus long que large, arrondi à la base, terminé
en rostre conique presque aussi long que le bulbe, pourvu de
quelques épines à l’extrémité. Le bulbe est arrondi et présente
à son bord externe, vers le milieu, une apophyse caractéristique
noire, recourbée en arrière en forme de griffe, convexe en avant,
assez brusquement rétrécie et subaiguë (fig. 4 B). Cette apophyse
prend naissance à l’extrémité d’une lame triangulaire translucide,
blanchâtre.
Pic E.
Lycosa sjôstedti n. Sp. à:
A
340 R. DE LESSERT
Tibias des pattes TI armés de 5-3 épines inférieures et de 2 laté-
rales de chaque côté. Protarses [ munis de 2-1-2 épines et de 3 laté-
rales de chaque côté. |
Longueur totale, 10Mm5;: longueur du céphalothorax, 5mm,7,
Largeur du céphalothorax, 4mm3, Patella + tibia IV — 6mm5,
Habitat: Ngare na nyuki (4 &, types, I).
Lycosa sjüstedti se distingue aisément de ses congénères africains
par la forme de la lamelle caractéristique du bulbe.
4. Lycosa hoggt n. sp. 1
(Fig. 5.)
2: Céphalothorax brun-rouge, orné d’une bande marginale et
d’une bande médiane élargie en avant plus claires, revêtues de
pubescence blarchâtre, passant au fauve clair sur la région oculaire.
Chélicères brun foncé, leur base munie en avant de poils serrés
fauve-blarchâtre. Pièces buccales brun-noirâtre, Sternum brun-
noir. Pattes fauve clair, rembrunies vers l’extrémité; hanches assez
fortement teintées de noirâtre, fémurs et tibias vaguement rayés de
noirâtre. Pubescence des pattes blanche. Abdomen testacé, tacheté
de noirâtre: dans la moitié antérieure, une tache médiane noire,
dilatée et tronquée en arrière; dans la moitié postérieure, deux séries
longitudinales écartées de tachettes noires, soulignées de blane,
reliées par des lignes transversales arquées, effacées. Pubescence
de l’abdomen fauve et noire. Régions ventrale et épigastrique
noires. Flancs blancs, revêtus de pubescence blanche ?.
Yeux antérieurs subéquidistants, en ligne procurvée (une ligne
tangente au sommet des latéraux passerait par le centre des médiars)
nettement plus étroite que la deuxième. Yeux médians antérieurs
presque deux fois plus gros que les latéraux, séparés par un inter-
valle quatre fois plus petit que leur diamètre. Yeux médians posté-
rieurs séparés par un intervalle égal à leur rayon. Yeux postérieurs
disposés en trapèze aussi large en avant que long, d’1/5 environ
plus large en arrière qu’en avant. Yeux de la 3€ ligne plus petits
que ceux de la 2e ligne, séparés par un intervalle deux fois environ
1 Dédié à la mémoire de mon regretté collègue H. R. Hocc.
? La pubescence du corps et des pattes est formée de poils simples.
ARAIGNÉES 341
plus grand que leur diamètre. Bandeau égal au rayon des yeux
médians antérieurs.
Marge postérieure des chélicères pourvue de trois dents robustes,
subégales, subcontiguës.
Tibias des pattes I armés de 3-3 épines inférieures et de 2 latérales
antérieures ; protarses 1 munis en dessous de 3-1-3 épines et de 2 la-
térales antérieures.
Epigyne (fig. 5) en plaque subrectangulaire d’1/3 plus large que
longue, creusée d’une profonde fossette aussi
longue que large en avant, formée d’une région
antérieure étroite, à bords latéraux parallèles,
divisée par une fine carène et d’une région
postérieure plus large, limitée en arrière par un
fin rebord marginal peu visible, dilaté et recourbé
en avant de chaque côté. La fossette est limitée Fe
en avant par un rebord brun-rcuge, bombé, (sous liquide).
lisse, recourbé en arrière de chaque côté.
Longueur totale, 14Mm: Jongueur du céphalothorax, 6mm8,
Largeur du céphalothorax, 5Mm, Patella + tibia IV — 6mm,9,.
Habitat: Ngare na nyuki (29, dont le type, XI).
L. hoggr présente beaucoup d’affinités avec L. cecili Pocock
1901 1, dont l’épigyne r'’est pas décrit et dont les tibias IV sont
tachés de noir en dessous.
Lycosa hoggin.sp.Q.
5. Lycosa urbana (0.-P. Cambridge) 1876 ?.
Cette espèce, très variable, est représentée dans la région du Kili-
mandjaro par deux sous-espèces:
L. urbana subsp. meruensis n. subsp.
(Fig. 6 B et 7B.)
2: Diffère de L. urbana* dont elle présente Je faciès par le
sternum orné d’une large tache noire dans la moitié postérieure.
1Cf. Pococr 1901, p. 338.
2? Pour la synonymie Cf. de LESSERT 1915, p. 61.
3 Du moins du cotype que M. le Rev. O.-P. CamBripGE eût l’obligeance de
me communiquer et que j'ai décrit et figuré en 1915 (p. 61, pl. 3, fig: 69, 70,
71, 76, 77, 78). J’ai donné dans ce mémoire la liste des sous-espèces et variétés
africaines de L. urbana.
RTE DEN EDR PERS Es 2
TE MÈRE STATE ae RÉ T AS a Ce
+ 47 a AL IErS Le S
342 R. DE LESSERT
Bande médiane claire du céphalothorax resserrée [comme chez
L. ruricola (de Geer)] en avant de la strie thoracique, puis élargie,
formant une tache subrectangulaire, marquée de deux traits
noirâtres parallèles, plus ou moins distincts !. Bandes submarginales
claires moins larges et moins nettes que chez L. urbana gofensis
(fig. 8), parfois imnterrompues.
Fémurs annelés de noirâtre ?.
Epines et yeux comme chez le type.
Marge postérieure des chélicères munie de trois dents, dont l’anté-
rieure beaucoup plus petite que les deux autres, à peine visible (ces
dents sont subégales chez le coytpe).
A B
Fic..:6.
A. L. urbana gofensis ©. Epigyne (sous liquide).
Bb.» » meruensis ©. Epigyne (sous liquide).
Fossette de l’épigyne (fig. 6 B) environ aussi large que longue,
limitée en avant et sur les côtés par deux rebords incurvés noirs;
branche longitudinale du septum plus courte que la branche trans-
versale postérieure qui est droite et obtusément terminée.
L. urbana meruensis diffère du type (de LEsserT 1915, pl. 3,
fig. 69) par la forme de la branche postérieure du septum qui est
légèrement atténuée aux deux extrémités et procurvée chez
L. urbana.
Longueur totale, 9m: longueur du céphalothorax, 4mm 5,
Patella + tibia IV = 4mm 9, Protarse IV — 3mm5,
S': Diffère du type par le tibia des pattes-mâchoires un peu moins
1 Ces traits sont variables dans le groupe de L. urbana : parfois ils sont presque
effacés, d’autres fois, comme chez le cotype, ils occupent la plus grande partie
de la tache subrectangulaire claire qui n’est plus représentée que par une
étroite bande médiane et 2 bandes, également étroites, en arrière des yeux
latéraux postérieurs.
2? Il faut sans doute attribuer l’absence d’anneaux chez notre cotype de
L. urbana à un séjour prolongé (plus de 50 ans) dans l’alcool.
ARAIGNÉES 343
allongé, le tarse relativement plus large, le rostre un peu plus
court. Tibia (fig. 7 B) un peu plus long que la patella, deux fois plus
long que haut. Tarse (1m) environ 1/3 plus leng que le tibia,
presque deux fois plus long que large, terminé en rostre triangulaire
trois fois plus court que l’article. Extrémité du tarse pourvue (comme
chez le type) d’une forte griffe recourbée en bas.
Longueur totale, 7MmM: Jongueur du céphalothorax, 4mm,
Patella + tibia IV — 3"Mm,7, Protarse IV — 3mm 1,
Habitat: Mérou, forêt des pluies (3000-3500 m.) un très grand
nombre d’exemplaires des deux sexes (février).
L. urbana meruensis est très voisin de L. umtalica Purcell ! sur-
tout par la forme de l’épigyne. Il en diffère par le sternum taché
de noir. L’épigyne de L. urbana meruensis est également de forme
très semblable à celui de Z. entebbensis ? mais la disposition des
yeux, les taches du céphalothorax sont différentes chez ces deux
espèces.
L. urbana subsp. gofensis (Strand) 1906 (?).
(Fig. 6A, 7A 8.)
(?)Tarentula urbana gofensis (9). SrranDp 1906*, p. 685; 1908, p. 50,
pl 2,.fig: 20: 1913, p: 432.
©: Coloration et dessins comme chez urbana, mais bande médiane
du céphalothorax (fig. 8) comme chez L. urbana meruensis et fémurs
légèrement annelés de roirâtre.
Epines et yeux comme chez L. urbana, sauf la hgne antérieure
des yeux qui est aussi large environ que celle des yeux médians
postérieurs. Marge postérieure des chélicères munie de trois dents
subégales.
Diffère de L. urbana par la fossette de l’épigyne plus longue que
large, à bords latéraux droits et parallèles et par la branche transver-
sale postérieure du septum qui est plus longue que la branche longi-
tudinale, légèrement procurvée et découpée en avant de chaque
côté (fig. 6 A).
Longueur totale, 11Mm: Jongueur du céphalothorax, 5m,
Patella + tibia IV — 5mm, Protarse IV — 4mm),
Ma Purcéesr 1903; p: 121, pl. 8, fig. 14.
2 Cf. DE LEssERT 1915, p. 66, pl. 3, fig. 68, 75.
344 R. DE LESSERT
&: Tibia des pattes-mâchoires un peu plus long que la patella,
deux fois plus long que haut. Tarse (1MM,4) d’1/3 environ plus long
FC:
À. L. urbana gofensis 4. Patte-mâchoire gauche vue par dessous.
B. » » meruensis À. Patte-mâchoire gauche vue par dessous.
que le tibia, deux fois plus long que large, terminé en rostre longu-
ment atténué, presque aussi long que la moitié du tarse. Extrémité
du tarse pourvue d’une griffe peu visible (fig. 7 A).
Longueur totale, 8mm5: longueur du cé-
phalothorax, 4mm 5,
Patella + tibia IV = 5mn, Protarse IV —
Amm 8,
Habitat: Kibonoto, zone des cultures.
Très nombreux & et ? (VIII-X).
L. urbana gofensis paraît très voisin (? sy-
nonyme) de L. o’neili Purcell!. L’épigyne de
Fic. 8. nos exemplaires est également très semblable
L. urbana gofensis à celui de Z. parviguttata (Strand) ?.
(Strand) ®.
Céphalothorax. 1 Cf. Ponte 1903, p.122; 6 8 Rg AR
2 Cf.STRAND 19062, p.676; 1907, p. 335, pl. 8, fig. 30.
ARAIGNÉES : 345
6. Lycosa brevispina (Kulczynski) 1908 (?).
(Fig. 9.)
(?) Tarentula brevispina (©). Kurczynskt 1908, p. 80, pl. 2, fig. 24; Ly-
cosa brevispina. de LESSERT 1915, p. 67, pl. 3, fig. 61.
g: Céphalothorax, chélicères brun-noirâtre. Sternum testacé,
teinté de noirâtre. Abdomen noirâtre, avec une tache antérieure
claire indistincte. Région ventrale testacée, ornée d’une large bande
noirâtre effacée. Pattes fauves, annelées de noirâtre (sauf chez un
exemplaire). Pubescence du corps fauve et blanche.
Yeux antérieurs en ligne à peine procurvée, à peine plus étroite
que la deuxième, les médians à peine plus gros que les latéraux, plus
écartés l’un de l’autre que des latéraux, séparés par un intervalle
d’1/3 plus petit que leur diamètre. Yeux de la 2m ligne séparés
l’un de l’autre par un intervalle un peu plus petit que leur diamètre.
Yeux postérieurs disposés en trapèze environ aussi large en avant
que long, d’1 /4 plus large en arrière qu’en avant. Yeux de la 3me
ligne plus petits que ceux de la 2Me séparés par
un intervalle plus de deux fois plus grand que
leur diamètre.
Bandeau aussi long que le diamètre des yeux
médians antérieurs.
Marge postérieure des chélicères munie de
trois dents.
Patte-mâchoire (fig. 9) brun-rouge. Tibia, vu
de profil, un peu plus court en dessus que la
patella, d’1/5 plus long que haut. Tarse deux
fois plus long que le tibia et deux fois plus long
que large à la base, terminé en rostre subtrian-
gulaire obtus, un peu plus court que le bulbe et
armé de quelques épines à l’extrémité. Bulbe
présentant, vers son milieu, une lamelle carac-
téristique noire, dirigée un peu obliquement en
dehors, détachant à son extrémité une branche
triangulaire dirigée obliquement en arrière et
FC: 9:
Lycosa brevispina
en dehors et qui donne à la lamelle caracté- (Kulez.) &.
ristique l’apparence d’une botte pointue, dont Patte-mâchoire
la tige est ornée d’un groupe de spinules peu gauche vue par
dessous.
visibles.
346 R. DE LESSERT
Tibias IT pourvus de 2-2 épines inférieures et de deux épines
antérieures apicales.
Longueur totale, 6Mm5; longueur du céphalothorax, 3mm5,.
Patella-tibia IV = 3mm, Protarse IV — 2mmp,
Habitat: Kibonoto, zone des cultures (3 &, 2 9, X).
Le S de L. brevispina diffère de L. soror Simon 1 par la région
vertrale non ponctuée de noir, le tarse de ia patte-mâchoire d’1/5
plus large que le tibia. Z. brevispina doit être très voisin (sinon
synonyme) de Z. annulipes L. Koch ?.
Genre SR Simon 1876.
1. Trabaea heteroculata Strand 1913.
(Fig. 10.)
T. heteroculata (Q). STRAND 1913, p. 456.
2: Les chélicères sont rayées de noirâtre en avant, le sternum est
jaune, orné de taches marginales noirâtres, parfois confluentes.
Hanches marquées d’une tachette noire antérieure; fémurs rayés
de brun-noir; protarses et tarses IV généralement rembrunis.
Région ventrale ornée de deux lignes noires latérales convergeant
en arrière. Pubescence formée de poils simples blancs et fauves.
Tibias I pourvus de 3-3 longues épines inférieures couchées et d’une
épine latérale de chaque côté; protarses I armés de 4-4 longues
épines en dessous et d’une épine latérale apicale de chaque côté.
Epigyne (sous liquide, fig. 10 B) en plaque fauve-rouge deux fois
environ plus longue que large, arrondie en avant, son bord posté-
rieur échancré, avec l’échancrure marquée de deux traits bruns
longitudinaux parallèles ; la moitié antérieure de la plaque est ornée
de deux réceptacles séminaux écartés, brun-noir.
Longueur totale, 5Mm: ]Jongueur du céphalothorax, 2mMm,8,
Patella + tibia IV — 2mm,8. Protarse — 2mMm,), ee
g: Céphalothorax comme chez la 9, c’est-à-dire, jaune avec une
ligne marginale noire et deux bandes médianes brun foncé en
arrière des yeux postérieurs. Adbomen brun, orné de deux bandes
1 Cf Simon 1889, p. 377. KuLczyNski (1908, p. . 83) se demande Si L. brevi-
spina ne serait peut- -ôtre pas la © de L. soror.
3 Cf. Kocu, L. 1875, p. 77, pl. 7, fig. 4; STRAND 1907, p. 321.
w
+
D
te PP A LA A pe
A A ei TA
CDR PU PE EE EE A Le RE et
PRET ITA TS ét ter, Ar : SAAES DE FH 39: At
nt PE de PC VE ec ee v r É
ARAIGNÉES 347
latérales noires et d’une tache lancéolée antérieure à peine indiquée.
Pattes jaunes, concolores, sauf les hanches, qui sont pourvues,
comme chez la ©, d’une tachette noire.
Yeux antérieurs en ligne beaucoup plus étroite que la deuxième,
très fortement procurvée (une ïigne tangente au bord supérieur
des latéraux serait loin d’atteindre la base des médians), les médians
un peu plus petits que les latéraux, plus rapprochés (d’1 /3) l’un de
l’autre que des latéraux, séparés par un intervalle égal à leur dia-
mètre. Yeux de la deuxième ligne séparés par un intervalle un peu
plus grand que leur diamètre. Yeux de la 3m ligne un peu plus
petits que les yeux de la 2m ligne, séparés par un intervalle quatre
fois plus large que leur diamètre. Yeux postérieurs formant un
trapèze un peu plus large en arrière
qu’en avant, environ aussi large en
avant que long, aussi large que la
région céphalique en arrière. Ban-
deau incliné en arrière, aussi long
que le diamètre des veux latéraux
antérieurs.
Epines comme chez la ©.
Pattes-mâchoires (fig. 10 A) noi-
râtres. Tibia un peu plus long en
dessus que la patella, deux fois plus
long que haut; tarse plus long que
le tibia, ovale allongé, deux fois plus
long que large, arrondi et muni de
crins spiniformes serrés à l’extré-
mité. Rostre deux fois plus court B
que le bulbe. Ce dernier organe est
muni en avant, du côté externe, de
trois apophyses très rapprochées;
l’interne brun-rouge, coudée en bas, k Ne nr ee
obtuse, la médiane (? stylus) noire, she PR Ne
un peu arquée, dirigée en avant, B.Q. Epigyne (sous liquide).
très effilée à l’extrémité, l’externe
(? conducteur) testacée, arrondie en avant.
Longueur totale, 5Mm2: longueur du céphalothorax, 2,6.
Patella + tibia — 2mm,6. Protarse IV — 2mm 1.
Habitat: Kiboscho, 3000 m. (1 &, 59, Il).
Fac. 20:
Trabaea heteroculata Sirand.
348 R. DE LESSERT
On connaît actuellement sept espèces africaines du genre Tra-
baea: T. bidentigera Strand 1906 (Ethiopie), T. heteroculata Strand
1913 (Ruanda), T. lineata Purcell 1903 (Colonie du Cap}, T. nigri-
ceps Purcell (Afr. austr.), T. paradoxa Simon 1876 (Algérie), T. uni-
color Purcell (Afr. austr.), T. varia Purcell 1903 (Afr. austr.).
T. heteroculata (assez voisine de T. varia Purc.), présente une
livrée différente de celle de T. paradoxa Simon, lineata, nigriceps
unicolor Purcell.
Il diffère de T. bidentigera par le nombre des dents de la marge
inférieure des chélicères.
Genre Parposa C. L. Koch 1848.
1. Pardosa injucunda (0.-P. Cambridge) 1876.
Lycosa injucunda (49). CamBriGE 1876, p. 605, pl. 60, fig. 15; Pardosa
injucunda. de LESSERT 1915, p. 69, pl. 3, fig. 86, 87, 89.
Basse-Egypte, Soudan égyptien, région du lac Victoria.
Habitat: Kibonoto, zone des cultures (17 ©, V-VIIT).
2. Pardosa proximella (Strand) 1906.
Lycosa proximella (49). StraAND 1906°, p. 678; 1907, p. 359, pl. 8,
fig. 4, 5; Pardosa proximella. de LEsserT 1915, p. 72, pl. 3, fig. 90, 91.
Abyssinie, Afrique centrale.
Habitat: Kibonoto, zone des cultures (1 &, 9 ©, V, VIII, X).
Les Pardosa injucunda (O.-P. Cambridge) 1876, micheli et pottert
Simon 1901 1, naevioides (Strand) 1916 ?, proximella (Strand) 1906,
lycosina Purcell 1903 3 ne sont peut-être que des sous-espèces de
P. naevia (L. Koch) 1875.
3. Pardosa karagonis (Strand) 1915.
(Fig. 11.)
Lycosa karagonis (4). STrAND 1913, p. 459.
?: Trois caractères sont assez variables chez cette espèce: la
coloration du sternum 4, celle de l’abdomen et la forme de la tache
1S1MON 1901, p. 25 (Ethiopie).
2 STRAND 1916, p. 104 (Afr. S.-Occ.).
3 PurcELL 1903, p. 134, pl. 8, fig. 21 (Colonie du Cap).
+ La coloration du sternum n’a pas, chez les Pardosa, l'importance que lui
ont attribuée certains auteurs. Elle est en tout cas trop variable pour permettre
à elle seule de distinguer les espèces, dont les meilleurs caractères sont la forme
des organes génitaux externes.
ARAIGNÉES 349
brune qui orne la région antérieure, élargie, de la bande médiane
claire du céphalothorax.
Le sternum est jaune, orné d’une tache noire médiane et, de
chaque côté, de trois points noirs plus ou moins distincts. La tache
médiane, de forme et de grandeur variables, envahit, chez la plupart
des individus, la surface totale du sternum, qui est alors entière-
ment noire. |
L’abdomen présente souvent une bande médiane claire ornée
d’une tache lancéolée brun-rouge, liserée de noir, effilée en arrière
comme chez Pardosa rugegensis (Cf. de LEssERrT 1915, pl. 3, fig. 74).
Chez d’autres exemplaires, la tache lancéolée est moins dis-
tincte, tronquée en arrière et suivie de trois on quatre accents
récurvés clairs, marqués d’un point blanc à chaque extrémité
(fig. 11 A).
La région antérieure de la bande médiane jaune du céphalo-
thorax présente généralement deux petites taches rapprochées et
&) 2
Fic. 11.
Pardosa karagonis (Strand).
Corps vu par dessus.
Epigyne (sous liquide).
Patte-mâchoire gauche vue par dessous.
Lamelle caractéristique du bulbe vue du côté externe.
ee
a.
a.
Tous
350 R, DE LESSERT
reliées chacune à la strie thoracique par une ligne brune, mais ce
n’est pas toujours le cas, car ces taches peuvent être isolées ou frac-
tionnées. ù ;
Epigyne (sous liquide, fig. 11 B) en forme de plaque irrégulière-
ment hexagonale, environ aussi longue que large, presque entière-
ment divisée par une fossette longitudinale, étroite et arrondie en
avant, dilatée en arrière et divisée dans le 1/3 postérieur par un
large septum en deux fossettes ovales ou presque rondes. La fossette
est d’1 /3 environ plus longue (0mm,33) que large en arrière (0mm,23).
Longueur totale, 5 à 6Mm5; Jongueur du céphalothorax, 3mMm,
4: Sternum très généralement entièrement noir. Les fémur et
tibia des pattes-mâchoires sont généralement jaunes, plus ou moins
tachés de noir; les tibia et tarse sont noirs, mais le tibia est souvent
un peu éclairei. Tibia à peine plus long en dessus que la patella,
cylindrique, presque deux fois plus long que large, revêtu en avant,
de chaque côté, de crins noirs serrés et divergents. Tarse muni de
crins noirs plus longs sur le bord interne que sur l’externe, à peine
plus long que patella + tibia, presque deux fois aussi long que large,
ovale, régulièrement atténué en avant en rostre triangulaire, deux
fois plus court que le bulbe, pourvu d’une griffe à l’extrémité
(fig. 11 C). Le bulbe qui est du même type que chez P. injucunda
(Cb.) et proximella (Strand) (Cf. de LesserT 1915, pl. 3, fig. 86,
90, 91), présente un lobe antérieur légèrement convexe. Ce lobe
offre à son bord externe un processus noir, arqué (? conducteur),
muni d’un petit crochet à sa base. La lamelle caractéristique noire,
qui est située près de l’extrémité libre d’un stylus en lanière, est
dirigée en dehors, recourbée perpendiculairement en arrière, puis
en bas en crochet subaigu (fig. 11 C et D).
Longueur totale, 4,5 à 5Mm; longueur du céphalothorax, 2Mm8,
Habitat: Un très grand nombre d’exemplaires des deux
sexes de Kiboscho, 3000 à 4000 m. (IT).
Cette espèce est signalée par STRAND (1913, p. 461) de nombreuses
localités du Ruanda, où elle fut capturée pendant l’expédition du .
Duc de Mecklembourg.
J’ai moi-même reçu de cette région, en même temps que P. kara-
gonis, des exemplaires que je rattache à P. pseudokaragonis (Strand)
1913. Les femelles diffèrent de P. karagonis par le sternum divisé
par une bande longitudinale noire plus étroite et par la fossette de
l’épigyne plus longue, atteignant le bord antérieur de la plaque,
té: RÉ,
ELITE
|
#
ÿ*
ARAIGNÉES 351
plus de deux fois plus longue que large en arrière. Le 4'est remar-
quable par le tarse des pattes-mâchoires noir, tranchant sur les
autres articles qui sont Jaunes.
Pardosa karagonis (Strand) var. nivicola n. var.
Diffère du type par sa taille un peu plus grande et sa coloration
plus obscure.
Q: Céphalothorax brun foncé, les parties claires réduites à une
tache allongée autour de la strie thoracique et deux lignes submar-
ginales jaune foncé atteignant le bandeau qui est également jaune
foncé. Abdomen brun foncé avec des vestiges d’une bande lancéolée
antérieure. Chélicères noires, tachées de jaune, sternum noir. Pattes
brun-noir, les hanches éclaircies, les fémurs ornés de taches claires
indistinctes, les protarses et tarses brun-rouge. Pubescence frottée.
La longueur de la fossette de l’épigyne est de 0mm,42, sa largeur
au bord postérieur de Omm 32,
Longueur totale, 7Mm: longueur du céphalothorax, 3mm,8,
Patella + tibia IV — 4mms5,
Habitat: Kiboscho, 5500 m. près de la neige (2 S subad,
1 ©, type de la variété, 17. II. 1906).
Cette variété de P. karagonis présente un intérêt tout particulier
par l’altitude à laquelle elle a été capturée (5500 m.) et qui paraît
former la limite supérieure de la faune aptère du Kilimandjaro t.
4. Pardosa rugegensis (Strand) 1913.
Lycosa rugegensis (Q). SrrAND 1913, p. 462; Pardosa rugegensis. de
LESsERT 1915, p. 76, pl. 3, fig. 67, 74.
Afrique orientale.
Habitat: Kibonoto, zone des cultures (1 ®, X).
9. Pardosa inopina (Cb.) subsp. clavrpalpis Purcell 1903.
(Fig. 12 B))
Lycosa inopina (49). CAMBRIDGE 1876, p. 607, pl. 60, fig. 16.
Pardosa clavipalpis (49). PurceLz 1903, p. 137, pl. 8, fig. 25.
®: Le céphalothorax brun-noirâtre, est orné d’une bande médiane
assez large et de deux bandes submarginales jaunes, indistinctes.
1M. le Prof. SsôsrepTtr m'écrit n’avoir capturé à cette altitude que deux
espèces d’Invertébrés: Pardosa karagonis nivicola et Mesira annulicornis
(Collembole).
Rev. Suisse DE Zoo. T. 33, 1926. 2%
392 R. DE LESSERT
Sternum noirâtre, fémurs et tibias des pattes vaguement annelés
de noirâtre en dessus. Région ventrale testacée.
La plaque de l’épigyne est mal définie, ainsi que la région anté-
rieure de la fossette; celle-ci est d’1/3 moins large en avant que lon-
oue, fortement rétrécie en arrière, limitée de chaque côté par un
trait brun en forme de ? donnant à la fossette une apparence cordi-
forme. Le septum longitudinal est peu visible en avant, mieux mar-
qué dans la partie rétrécie de la fossette (qu'il remplit presque
entièrement), puis brusquement dilaté en L au bord postérieur
(fig. 12 B). |
FC L2:
A. P. inopina (CGb.) ©. Epigyne d’un cotype (sous liquide).
B. P, inopina clavipalpis Purc. Epigyne (sous liquide). =
L’épigyne de P. clavipalpis diffère de celui de P. inopina (Cb.)
(fig. 12 A) ! par sa fossette un peu plus allongée, les bords latéraux
plus arqués, la forme du septum.
Longueur totale, 5m; longueur du céphalothorax, 2Mm5,
Habitat: Kibonoto, zone des cultures (2 9, IX).
P. inopina est connu de Palestine et d'Egypte, P. clavipalpis
de la Colonie du Cap.
Genre Proevippa Purcell 1905.
Genre très voisin d’Evippa Simon 1882, dont 1l diffère principale-
ment par la pubescence formée de poils plumeux.
1. Proevippa strandi n. sp.
(Fig. 13.)
?: Céphalothorax (fig. 13 A) brun foncé, orné d’une bande
médiane claire, renflée au niveau de la strie thoracique et, de chaque
1M.le Rev. O. P. CAMBRIDGE avait bien voulu, il y a quelques années, me
donner un cotype Set ® de P. inopina d'Egypte. C’est l’épigyne de la ® que je
figure jci.
Fa
ARAIGNÉES 399
côté, de quatre tachettes submarginales claires, indistinctes.
Chélicères brun foncé. Pièces buccales, sternum jaunes, teintés de
noirâtre. Pattes-mâchoires jaunes, annelées de noir. Hanches des
pattes jaunes, fémurs jaunes, tachés de noir, patellas, tibias et
protarses noirâtres, tarses Jaunes. Abdomen noir, orné de dessins
testacés; dans la moitié antérieure, une tache en AN; vers le milieu,
deux taches submarginales largement écartées; dans la moitié
postérieure, trois taches transversales plus ou moins procurvées,
dont l’antérieure la plus large. Région ventrale testacée.
La pubescence est formée de poils plumeux, sauf sur le sternum
et la région ventrale où ces poils sont simples et épais 1. Pubescence
du céphalothorax et de l’abdomen blanche et fauve, celle du ster-
num, des pattes et de la région ventrale blanche. Quelques poils
blancs plus longs, dirigés en avant, au-dessus des yeux de la 2€ ligne.
Front et face antérieure des chélicères garmis de longs crins noirs
dirigés en avant.
Région thoracique du céphalothorax, vue de profil (fig. 13 C),
convexe, divisée en deux parties par un sillon longitudinal parallèle
à la strie thoracique. Région céphalique légèrement inclinée en
avant, un peu surélevée et presque plane sur l’aire oculaire ?.
Labium plus large que long, n’atteignant pas le milieu des lames
maxillaires. |
Yeux antérieurs en ligne procurvée (une ligne tangente au bord
supérieur des latéraux passerait par le centre des médians), les
médians deux fois plus gros que les latéraux, plus écartés (d’1 /3)
l’un de l’autre que des latéraux, séparés par un intervalle un peu
plus petit (d’1/4) que leur diamètre. Yeux de la 2€ ligne occupant
un espace transversal plus large que la ligne des yeux antérieurs,
séparés par un intervalle égal à leur diamètre. Yeux postérieurs à
peine plus petits que les yeux de la 2Me ligne, séparés par un inter-
valle deux fcis plus grand que leur diamètre, formant, avec les
yeux de la 2€ ligne un trapèze à peine plus large er arrière qu’en
avant et aussi long que large en avant.
Bandeau incliné en arrière, un peu plus long que le diamètre des
yeux médians antérieurs.
1 Comme chez Æ. africana Strand.
? Le genre Evippa Simon m'est inconnu en nature, mais à en juger par la
figure de CAMBRIDGE (1870, pl. 50, fig. 3e) qui représente Æ. praelongipes, la
partie céphalique est un peu plus convexe chez cette espèce que chez P. strandi.
354 R. DE LESSERT
Marge postérieure des chélicères armée de deux dents triangulaires
subégales.
Tibias I des pattes pourvus de 6-6 épines inférieures inclinées,
assez longues: protarses Î munis de 4-1-4 épines en dessous. Tarses
garnis en dessous de deux séries de spinules et coupés à l’extrémité
d’une fausse articulation: les deux griffes supérieures présentent
six dents.
A
Fic. 13.
Proecippa strandi n. Sp. ©.
Corps vu par dessus.
Epigyne (sous liquide).
Céphalothorax vu de profil.
owy
Epigyne (sous liquide, fig. 13 B) en plaque fauve-rouge ovoïde
à peine plus longue que large, creusée d’une dépression arrondie et
lisse. La moitié postérieure de la plaque est munie de deux fossettes
étroites, divergeant en avant, séparées par un septum mal défini,
beaucoup plus large que les fossettes, un peu dilaté en arrière. Les
fossettes sont tachées de brun-noir.
Longueur totale, 7MmM5: longueur du céphalothorax, 3Mm,8,
Patella + tibia IV = 5mm3 — protarse IV.
Habitat: Ngare na nyuki (9 9, dont le type, XI).
P. strandi diffère de P. lightfooti Purcell 1903 de la Colonie du
Cap 1, seule espèce connue du genre, par sa coloration, le nombre
des épines des pattes; il présente beaucoup d’affinités avec Evippa
1 Cf. PurcELL 1903, p. 111, pl. 8, fig. 3.
En
cs EDS EL TE
ARAIGNÉES 355
africana, dont STAND ! ne décrit pas la forme des poils qui recou-
vrent la région supérieure du corps et dont l’épigyne paraît assez
différent.
Le genre Ævippa Simon 1882 est représenté en Afrique par les
espèces suivantes: £. africana Strand 1906 (Ethiopie), £. arenaria
(Audouin) 1825 (N. de l’Afrique), £. brevipes Strand 1906 (Tunisie),
E. cristata Simon 1910 (Petit Namaqualand), Æ. praelongipes
(Cambridge) 1870 (Sinaï), Æ. squamulata Simon 1898 (Afr. austr.),
E. ungulata (Cambridge) 1876 (Egypte, Yemen, Somalie).
On connaît deux genres voisins d’Evippa: Evipella Strand 1906
(type et seule espèce £. typica Strand) dont les tarses ne présentent
pas de fausses articulatiors et Pseudevippa Simon 1910 (P. cana
Simon 1910), qui diffère d’Evippa par la marge postérieure des
chélicères munie de trois dents, les ER antérieurs pourvus de
3-3 épines inférieures.
1 STRAND 1907, p. 365, pl. 8, fig. 10.
1915.
1898.
1901.
1903.
1876.
R. DE LESSERT
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
. BERLAND, L. Araignées. Ex: Voyage de M. le Baron Maurice de
Rothschild en Ethiopie et en À frique orientale anglaise (1904-1905),
pp. 43-90, 27 fig. et 5 pls. Paris.
70. CAMBRIDGE, O. P. Notes on a Collection of Arachnida made by
J. K. Lord, Esq., in the Peninsula of Sinat and on the African
borders of the Red Sea. Proc. zool. Soc. London, 1870, pp. 818-
823, :pl=50:
. — Catalogue of a Collection of S piders made in Egypt, with Des-
criptions of new Species and Characters of a new Genus. Proc.
zool. Soc. London, 1876, pp. 541-630, pl. 58-60.
. Kocx, L. Aegyptische und Abyssinische Arachniden, gesammelt
von Herrn C. Jickeli, beschrieben und abgebildet von Dr. L.
Koch. Nürnberg.
. Kuüzczyxski, VI. Fragmenta arachnologica (VI). X. Araneae
nonnullae in Cypro insulé et in Palaestiné a Cel. Prof. Dre G.
Ceccont lectae. Bull. Acad. Se. Cracovie, CI. Sc. math. et nat.,
1908, pp. 49-86, pl. 2.
LESSERT (de), R. Arachnides de l’Ouganda et de l'Afrique orien-
tale allemande. Ex: Voyage du DY J. Carl dans la région des
Lacs de l'Afrique centrale. Rev. suisse Zool., Vol. 23, pp. 1-89,
pl. 1-3, 1 fig.
. — Araignées du Sud de P Afrique (suite). Rev. suisse Zool., Vol. 32,
pp. 323-365, 18 fig.
. Pococx, R. I. Report upon the Scorpions, Spiders, Centipedes,
and Millipedes obtained by Mr. and Mrs E. Lort Phillips in
the Goolis Mountains inland of Berbera, N. Somaliland. Ann.
Mag. nat. Hist., (6) Vol. 18, pp. 178-189, pl. 11.
— The Arachnida from the Regions of Lakes Nyasa and Tan-
ganyika contained in the Collection of the British Museum.
Ann. Mag. nat. Hist., (7) Vol. 2, pp. 429-448, pl. 15.
— Diagnoses of some new Species of Spiders from Mashonaland.
Ann. Mag. nat. Hist., (7) Vol. 7, pp. 337-340.
PurcELL, W. F. New South African Spiders of the Families Migi-
dae, Ctenizidae, Barychelidae, Dipluridae and Lycosidae. Ann.,
South African Museum, Vol. 3, P. 4, pp. 69-142, pl. 8 et figg.
SIMON, E. Etudes arachnologiques, 4me mém. VII. Revision des
espèces européennes du groupe de la Lycosa tarentula Rossi.
Ann. Soc. ent. France (5), Vol. 6, pp. 57-91, pl. 8.
41889.
1897.
1901.
1906.
1906*.
1907.
1908.
+115.
1916.
ARAIGNÉES 397
— Arachnidae transcaspicae ab ill. Dr. G. Radde, Dr. À. Walter
et À. Conchin inventae (annis 1886-1887). Verh. K. K. Zool.-
bot. Ges. Wien, Bd. 39, pp. 373-386.
Araneae (Appendix B.) Ex: Donazpson Suirx, A., Through
unknown African countries, the first expedition from Somaliland
to lake Rudolf, pp. 386-391. London, New-York.
— Etude sur les Arachnides recueillis au cours de la mission de
Bonchamps à travers l'Ethiopie, de Djibouti au Nil Blanc (1897-
1898). Ann. Soc. ent. France, Vol. 70 (1901-1902), pp. 18-26.
STRAND, E. Tropisch-afrikanische Spinnen des Kgl. Naturalien-
Kabinetts in Stuttgart. Jahresh. Ver. Naturk. Württemberg,
Jhg. 62, pp. 13-103, 3 figg. «
— Diagnosen nordafrikanischer, hauptsächlich von Carlo Frerherr
von Erlanger gesammelter Spinnen. Zool. Anz., Bd. 30, pp. 604-
637, 655-690 (p. 680, Anhang I. Diagnosen neuer, von Oscar
Neumann in Süd-Aethiopien gesammelter Spinnen; p. 687,
. Anhang Il, Diagnosen fünf neuer tropisch-afrikanischer S pinnen.)
— Nordafrikanische, hauptsächlich von Carlo Freiherr von Erlanger
gesammelte Lycosiden. Arch. Naturg., Jhg. 73, Bd. 1, Hft. 3,
pp. 291-376, pl. 8.
— Verzeichnis der von Oscar Neumann in Süd-Aethiopien ge-
sammelten Spinnen. Arch. Naturg., Jhg. 74, Bd. 1, Hft. 1,
pp. 13-66, pl. 2, fig. 1 à 27.
— Arachnida. 1. Ex: Wissenschaftliche Ergebnisse der Deutschen
Zentral-Afrika-Expedition 1907-1908 unter Führung Adolf
Friedrichs, Herzogs zu Mecklenburg, Bd. 4, Zoologie I,
Lief. 11, pp. 325-474. Leipzig.
— Zehn neue aethiopische Lycosiden nebst Bemerkungen tiber
einige weilere exotische Araneae. Jahrb. Nass. Ver. Naturk.,
Jhg. 69, pp. 98-118.
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE 359
Vol. 33, n° 8. — Juin 1926.
COMMUNICATION FAITE A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA
SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE SUISSE, TENUE A NEUCHATEL LES 10 ET 11 AVRIL 1926.
Ueber die Vermännlichung indifferenter
Bonellia-Larven durch Bonellia-Extrakte
von
F. BALTZER
Bern.
Hiezu 6 Textfiguren.
(Mit Unterstützung der Theodor-Kocherstiftung in Bern und der
zoologischen Station zu Neapel).
An unseren beiden letzten Jahresversammlungen hatte ich Ge-
legenheit, Ihnen einige Ergebnisse aus Untersuchungen über
Bonellia mitzuteilen !, die nach zwei Richtungen gingen. Einmal
waren es Beobachtungen über die Entwicklung des Bonellia-
Männchens, zweitens Versuche über die Wirkung von Extrakt-
stoffen aus Bonellia-Geweben auf verschiedene Tierarten. In der
ersten Richtung hatte sich ergeben, dass wir das Bonellia-Männchen
als eine neotenische Form, als geschlechtsreif gewordenes Ent-
wicklungsstadium betrachten müssen, in der zweiten, dass die
äusseren Hautschichten des weiblichen Bonellia-Kürpers und seines
Rüssels «giftige » Substanzen enthalten, die müglicherweise bei der
Geschlechtsbestimmung der Bonellienlarve eine Rolle spielen.
In den letzten Herbstferien konnte ich die Untersuchungen in
Neapel fortsetzen und einige entscheidende Extraktversuche an-
stellen.
Die indifferenten schwärmenden Larven der Bonellia viridis
kônnen bekanntlich zwei Wege der Entwicklung einschlagen.
1 Vergl. BALTZER, 1925, Revue Suisse de Zo2l. Vol. 32, S. 87-93 und
{ausführlicher) 1925 a, Pubbl. staz. Napoli, 6, S. 223-286.
Rav. Suisse'pe Zooz. T. 33. 1926.
Le
Qt
360 F. BALTZER
Entweder: sie setzen sich an den Rüssel eines erwachsenen Weib-
chens ihrer Art an, parasitieren hier während etwa drei Tagen (« fest-.
sitzendes parasitisches Rüsselstadium »), werden dann wieder
beweglich, kriechen am Rüssel hin und differenzieren sich nun in
wenigen Tagen zu fertigen Männchen aus. Gleichzeitig wandern
sie nach einem vorübergehenden Aufenthalt in der Pharynxgegend
in den Uterus ihrer Wirtin hinein, zu dauerndem Aufenthalt.
Die parasitische Periode am Rüssel eines Weïibchens! ist ent-
scheidend für die Bestimmung der Larve in männlicher Richtung.
Sie ist, wenn sie ihren Parasitismus vollendet hat und wieder be-
weglich geworden ist, männlich bestimmt.
Oder : Die Larven leben verschieden lange Zeit frei und indiffe-
rent, sinken dann zu Boden und werden weïiblich, was schon mit
der Lupe an der Vergrôüsserung des Vorderabschnitts des Larven-
kôrpers zum Rüsselchen und an der Bildung einer geräumigen
Leibeshôhle und damit verbundener Blähung des Rumpifes zu
erkennen 1st.
1. DIE VERMAÂNNLICHENDE WIRKUNG VON EXTRAKTEN AUS
WEIBLICHEN RÜSSELGEWEBEN BEI INDIFFERENTEN LARVEN.
(Bonellia viridis)
Es war die Frage, wie wirkt der männlich bestimmende Parasitis-
mus am weiblhichen Rüssel ? Nimmt die festsitzende Larve, wie
zu vermuten ist, Stoffe aus der Rüsselunterlage auf ? Diese Frage
muss dann bejaht werden, wenn Rüsselextrakte indifferente Larven
zu männlicher Differenzierung anregen kônnen. Dass dies der Fall
ist, zeigen die folgenden Resultate.
Es wurden Rüsselstücke während 24 Stunden vollständig ge-
trocknet. Dann wurde zu diesem natürlich toten Material reines
Seewasser zugesetzt, einige Zeit (meistens etwa eine Stunde) stehen
gelassen und darauf das Wasser mit einer feinen Pipette abgehoben.
Dass bei diesem Vorgehen Gewebsstoffe im Wasser gelüst werden,
kann man schon daran erkennen, dass der grüne Rüsselfarbstoff
teilweise in Lüsung geht. In dieses Extraktwasser wurden indiffe-
1 Embryonale Weibchen wirken nicht männlich bestimmend. Die indif-
ferenten Larven setzen sich an ihren Rüsseln nicht fest.
n
#
»
.:
=
BONELLIA 361
rente Larven eingesetzt. Als Kontrolle dienten gleich viele Larven
ogleicher Herkunft in einer gleichen Menge reinen Seewassers. Diese
Kontrolltiere — sei gleich vorweg genommen, wurden während der
Dauer der Extraktversuche nicht oder nur in verschwindendem
Prozentsatz vermännhcht.
Die männliche Differenzierung, die bei den «Rüsselextrakt-
Larven » zu beobachten ist, geht wesentlich langsamer vor sich
als am lebenden Rüssel. Ausserdem ist sie zwar typisch, aber nicht
VA
Feu t
Bonellia viridis. Indifferente Larve. Vergr. X 70. (Nach SPENGEL 1879);
Mitteil. Zool. Stat. Neapel. Bd. 1.
vollständig. Sie führt nicht bis zu fertigen Männchen, sondern
macht vorher Halt. Wir müssen, um sie beurteilen zu künnen,
zunächst die normale männliche Differenzierung der am lebenden
Rüssel parasitierenden Larve betrachten !.
Am auffallendsten und äusserlich leicht ichtbar verändert sich
der Vorderabschnitt (das Prostomium) der Larve. Er ist (Fig. 1,
V A) bei der indifferenten Larve nur wenig kürzer als der Rumpf (AR),
von dem ihn der präorale Wimperkranz (Ptr) abgrenzt. Wesentlich
1 Vergl, dazu die schematische Darstellung der männlichen Differenzierung
in 1925 a, S. 239, Fig. F.
302 F. BALTZER
ist die Pigmentierung. Der Vorderabschnitt der indifferenten Larve
ist wie der übrige Kürper dorsal und ventral durch sehr zahlreiche
grüne, in der Epidermis liegende Trôpfchen pigmentiert. Er be-
sitzt ausserdem zwei Augenflecke (Au) von bräunlichem Pigment.
Textfigur 1 (nach SPENGEL) lässt das Gesagte erkennen. |
Bei weiblicher Entwicklung wird dieser Vorderabschnitt ver-
grôüssert. Bei männhcher Differenzierung aber, und zwar während
der parasitischen Periode am Rüssel des Wirtsweibchens, erleidet
er eine hôchst auffallende Verkürzung und Veränderung: Fig. 2
Fre 2:
Männliche Differenzierung der am Rüssel parasitierenden Larve. Erste Stufe.
a — dorsal; b = ventral. Vergr. X 70 (Reprod. 3/4 verkleinert).
nach 1-2 Tagen, Fig. 3 nach 2-3 Tagen Rüsselparasitismus. Die
Augenflecke werden resorbiert, das grüne Pigment wird in das
Innere des Kôürpers aufgenommen, wobei die Entpigmentierung
auf der Bauchseite rascher vor sich geht als auf der Rückenseite
und auch auf die Bauchfläche des Rumpfes übergreift (Fig. 3 b).
Dorsal bleibt der Rumpfabschnitt zunächst normal pigmentiert. —
Auch die Form der Larve wird verändert, indem sich der Rumpf
in die Länge streckt. Gleich zu Anfang aller dieser Prozesse werden
auch die beiden Wimperkränze zurückgebildet. — So ist am
Schluss der parasitischen Periode aus der gedrungenen Larve mit
ihrem grossen grünen Vorderabschnitt und mit den zwei Augen-
BONELLIA 563
- flecken ein kriechendes, gestrecktes männliches Würmchen (Fig.
3 a und b) mit einer kleinen, weissen, augenflecklosen Vorderkappe
(VA) geworden. Das resorbierte grüne Pigment ist zuerst noch
im Inneren des Kopflappens angehäuft (Fig. 2 a, Pbr). Spâäter ist
es in Form grüner, grober Schollen durch das ganze Coelom nach-
weisbar (Fig. 5 b, Pbr).
FRE 2.d:
Männliche Differenzierung der am Rüssel parasitierenden Larve. Zweite Stufe.
a — dorsal; b — ventral. Vergr. X 70 {Reprod. °/: verkleinert).
Während der parasitischen Periode kommen ausserdem Verän-
derungen im Innern des Tieres zu Stande. Es entsteht eine enge
Leibeshôühle. Die Spermatogenese beginnt, indem sich die Ursamen-
zellen vermehren und zu Morula-artigen, runden Zellhaufen werden,
deren Einzelzellen später die Spermien lhefern. Verhältnismässig
spät lassen die Vorderdarmanlagen (unter anderem das Urmund-
bläschen !), aus denen der Samenschlauch des reifen Männchens
hervorgeht, die männliche Entwicklungsrichtung erkennen. Das
1 Vergl. 1925 a, Abschnitt I.
364 F. BALTZER
Urmundbläschen ist am Ende der parasitischen Periode zwar
etwas vergrôssert, aber, soweit die Beobachtungen reichen, noch
ohne Verbindung nach aussen und ohne Trichter nach innen. Die
Ausbildung des Samenschlauchs, ebenso diejenige reifer Spermien,
fällt also erst in das Stadium der kriechenden Rüssellarve.
Die Extraktversuche zeigten folgendes: Alle hier für die normale
männliche Differenzierung der festsitzenden Larve geschilderten
Rückbildungsvorgänge werden auch durch Rüsselextrakt und
durch Darwandextrakt ausgelôst. Zuerst verschwinden die Wimper-
kränze. Dann werden die Augenflecke rückgebildet; allmählich
verliert der Vorderabschnitt sein Pigment und verkleinert sich,
in vielen Fällen, bis zur typischen weissen Kappe. Zugleich ver-
längert sich der Rumpf; die Larve wird zum kriechenden Würm-
chen. Auch die Einzelheiten der Entpigmentierung sind bei den
Extraktlarven «normal». Sie ergreift, obgleich natürlich der
Extrakt die Larve allseitig umgibt, in erster Linie die Ventral-
seite und dehnt sich auch auf die Bauchfläche des Rumpfes aus.
Wie bei den typischen Rüssellarven finden wir die grünen Pigment-
schollen zuerst im Innern des Vorderabschnittes und später im
Coelom des ganzen Rumpfes.
Die inneren Vorgänge spielen sich, soweit sie bis jetzt untersucht
wurden, ähnlich ab wie bei normaler männlicher Entwicklung am
F1G. 4.
Rüsselextraktlarve nach 10 Tagen Extraktleben. Dorsalansicht. Nach dem
lebenden Zustand gez.
VA — Vorderabschnitt ohne Pigment, mit kleiner rundlicher Samenschlauch-
anlage (Urmundbläschen). Der Rumpf beginnt mit der pigmentierten Zone
und ist bis zum Hinterende pigmentiert, auch wo die Zeichnung dies nicht
angibt. Vergr. X 54.
|
«|
ge
È
$
=
4: {
À É
+|
FA
ÿ.
*
;
5
BONELLIA 365
lebenden Rüssel. Die Spermatogenese setzt ein; das Urmund-
bläschen vergrüssert sich. Für die anderen Organe müssen noch
weitere Beobachtungen gesammelt werden.
In den beiden Textfiguren 4 und 5 ist die männliche Differen-
zerung indifferenter Larven im Rüsselextrakt abgebildet. Fig. 4
gibt eine stark vermännhchte Larve wieder, mit kleinem pigment-
losen Vorderabschnitt (VA) in seiner gegenüber dem pigmentierten
Rumpf sehr deutlichen Kleinheit. Fig. 5 stellt nur das Vorderende
eines anderen Tieres dar. Ausser dem pigmentlosen und verklei-
nerten Vorderabschnitt (VA) ist noch der vorderste Bereich des
normal pigmentierten Rumpfes (R) gezeichnet. Dieses Tier besitzt
neben den männlichen Charakteren des Vorderendes auch einen
gewissen weiblichen Einschlag, nämlich im Rumpf die Anlagen
zweier Borsten (Bo), eines weiblichen Organs.
Recht oft gehen, auch ohne dass direkt weibliche Organe
ausgebildet würden, die männlichen Differenzierungsprozesse nicht
so weit wie in Fig. 4 und reichen nur bis zu einem schwach
männlichen Zustand mit Verlust der Wimperkränze und Augen-
flecke, aber mit geringerer Verklemerung und schwächerer
Entpigmentierung des Vorderendes. Ausserdem entstehen, wie
im folgenden Abschnitt noch betrachtet werden soll, in den
Rüsselextraktzuchten auch noch weiblichere Tiere. — [m ganzen
wurden in mehreren Rüsselextraktzuchten 38 vermännlichte
Tiere hergestellt. |
In Fig. 6 ist schliesshch eine Larve abgebildet, die 9 Tage in
Rüsselextraktlarve nach 8 Tagen Extraktleben. Vorderende männlich
mit kaum vergrôüssertem Urmundbläschen (Sa).
Sa — Samenschlauch-Anlage; Borsten, Bo, weiblich. Ventralansicht nach
dem Leben. Vergr. X 520; (*/: verklein).
366 F. BALTZER
Darmwandextrakt lebte (1 Gewichtsteil getrocknete Darmwand-
substanz in 2000 Gewichtsteilen Seewasser 1 Stunde lang extrahiert).
Auch hier ist die Vermännlichung typisch.
Nach diesen Beobachtungen wird man sagen müssen: der Ver-
such mit Rüsselextrakt hat positiven Erfolg. Die Wirkung ist
zwWar nicht so rasch wie am lebenden Rüssel, sondern braucht wohl
mindestens die doppelte Zeit. Sie geht auch nicht so weit wie
diejenige des lebenden Rüssels. Aber der wässerige Extrakt aus
getrocknetem Rüsselgewebe verändert in der Tat indifferente
Larven in spezifisch männlicher Richtung. — Damit ist vor allem
der direkte Beweis gegeben, dass wenigstens die erste Hälfte der
männlichen Differenzierung auch am lebenden Rüssel durch Sub-
stanzen seines Gewebes — und zwar durch wasserlôsliche Sub-
stanzen — hervorgerufen wird.
Leider gelang es bisher nicht, den Rüsselextrakt-Versuch
genau quantitativ durchzuführen.
Zugleich mit diesem Ergebnis müssen wir aber hervorheben,
dass die Vermännhchung bei den bisherigen Versuchen micht bis
zu reifen Männchen führte. Sie ging, obgleich die Larve langen Zeit
im Rüsselextrakt weiter lebten, nicht über jene Stufe hinaus, die
am lebenden Rüssel zu Ende der festsistzenden Periode erreicht
wird. Dieser Stillstand zeigt sich sehr deutlich in der Ausbildung
des Samenschlauchs, des Speicherorgans für die Spermien: so
charakteristisch dieser Schlauch für das fertige Männchen ist, bei
den Extraktlarven bleibt er in den ersten Anfängen stehen. Es
entsteht kein typischer Sack, kein Trichter, wohl auch kein Aus-
führungsgang nach aussen!. Auch die Spermatogenese geht nicht
bis zu fertigen Spermien. — Es ist noch unklar, worauf der Still-
stand beruht; ob in dem Extrakt Stoffe fehlen, die zur vollen
männlichen Ausbildung notwendig sind, oder ob bei der Extraktion
auch Substanzen ins Wasser übergehen und von den Larven auf-
genommen werden, die eine vollkommene Differenzierung verhin-
dern, von der Larve am lebenden Rüssel aber nicht aufgenommen
werden.
1 Wesentlich später kônnen kleine Samenschläuche gebildet werden. Aber
sie sind wohl nicht auf Rechnung des Extrakts zu setzen. In alten Zuchten
kônnen nämlich auch ohne Parasitiimus Männchen und Zwitter entstehen
(vergl. BALTzER, 1925 a, $. 254). Es sei dagegen betont, dass sich die oben
beschriebene erste Stufe der männlichen Differenzierung in kurzer Zeit aus-
bildet, so dass ein männlicher Einschlag durch lange Kultivierung zu ihrer
Erklärung nicht in Frage kommt.
BONELLIA 367
F1: 6.
Vermännlichte Darmwandextraktlarve nach 9 Tagen Extraktleben.
a — dorsal; b — ventral. In die Dorsalansicht ist nur das Epidermispigment
(Pi), in die Ventralansicht sind ausserdem die Pigmentbrocken (Pbr) des Larven-
innern eingezeichnet. Vergr. X 170 (?/s verkleinert)
2. DIE VERSCHIEDEN STARKE VERMÂNNLICHUNG GLEICHER
INDIFFERENTER LARVEN DURCH RÜSSELEXTRAKT.
Im vorangegangenen Abschnitt wurde der Rüsselextraktversuch
in seinem positiven Erfolg beschrieben. Die genauere Betrachtung
zeigt Weiter, dass diese Wirkung bei gleichem Ausgangsmaterial
in auffäligem Masse auseinandergeht. Um dies zu zeigen, sind die
Resultate aller gelungenen Rüsselextraktversuche zusammenge-
stellt (Tab. 1).
Tabelle I. Rüsselextraktversuche.
Die vermännlichten Tiere sind als (4 S) bezeichnet. Die Klam-
mern môügen darauf hinweisen, dass die Extraktvermännlichung
nicht reife Männchen hervorbrachte.
365 F. BALTZER
Zucht-N° und | Gestorben Nach | Extraktwirkung
Zuchtbeginn LE
IT k | 2 6 Tagen 2 PO mit kleinem Vorderab-
15 Larven 42: VITI schnitt.
6. VIII 9 (SS) mit kleinem Vorder-
abschnitt und mit begin-
nender Entpigmentierung.
2 indifferent.
% 9 Tagen 4 ©. Vorderabschnitt stark
15. VTIT verkürzt, halb entpigmen-
tiert.
1 ©, noch halb indifferent.
5 (SA). Vorderabschnitt stark
verkürzt, halb entpigmen-
tiert.
4 (44), weniger vermänn-
licht als vorige.
III h 9 5-11 Tagen | 2 ©. Vorderabschnitt klein,
32 Larven bis 16. VIII entpigmentiert.
5. VIII 21 (SG). einige etw. € .Vorderab-
schnitt klein, entpigmentiert.
TTL ic 0 5-12 Tagen | 2 typische 9.
8 Larven bis 16. VIII 3 JIntersexe (Fig. D}:
4. VIII 3 (SG) Vorderabschnitt
klein, entpigmentiert
(Fig. 4).
ITS 6 0 6 Tagen 1 typisches %.
8 Larven 16. VIIT |1 ©. Vorderabschnitt etwas
10. VIII vermännlicht.
3(4G). Vorderabschnitt
stark verkürzt und ent-
pigmentiert,
3 indiff. (SS), weniger ver-
| männlicht als vorige.
Aus dieser Zusammenstellung geht folgendes hervor: Von den
09 in vier Versuchen (III 4, III À, IIT c und III S 6) aufgezogenen
Rüsselextraktlarven wurden in den ersten 10 Zuchttagen drei
Tiere typisch weiblich, fünf Tiere überwiegend weiblich (mit auf-
geblähtem Coelom, aber mit männlichem Vorderende) und drei
Individuen stärker intersexuell. Sieben Tiere wurden in geringerem
Grade vermännlicht, 32 Stück wurden stark männlich (in den Gren-
zen der oben gegebenen Schilderung). Die einen Tiere waren also
gegen Rüsselwirkung widerstandsfähig oder unempfindlich, andere
aber reagierten leichter und erreichten verschieden starke Männlich-
keitsgrade. Dabei ist zu betonen, dass diese verschiedene Diffe-
BONELLIA 309
renzierung bei gleich alten Larven, die von der nämlichen Mutter!
stammen und sich im gleichen Extraktwasser befinden, zu Stande
kommt.
Dieser verschiedenen Wirkung des gleichen Extrakts steht eine
andere Versuchsreihe, die auch an sich grosses Interesse verdient,
merkwürdig schroff gegenüber. Es wurden Wasserauszüge nicht
nur aus Rüsselgewebe, sondern auch aus getrockneter Darmwand ?
hergestellt. In solchem Extrakt von einer Concentration 1 : 2-3000
wurden alle eingesetzten Larven (90 Stück) vermännhcht, keine
entwickelten sich weiblich. Hier ist also die Wirkung auf alle
Larven gleich oder wenigstens sehr ähnlich. Fig .6 gab ein Bild der
Vermännhchung durch Darmwandextrakt.
Bevor wir zur Deutung dieser verschiedenen Ergebnisse über-
gehen, müge die Schilderung zweier weiterer Versuche folgen, die
wiederum eine verschiedene Reaktion der indifferenten Larven auf
die vermännlichende Wirkung des Rüssels zeigen. Bekanntlich
kann man bei Bonellia auf leichte Weise Intersexe erzeugen, indem
man indifferente Larven am Rüssel eines Weibchens für kurze
Zeit parasitieren und die vermännlichenden Stoffe aufnehmen
lässt, dann aber den Parasitismus vor seinem normalen Abschluss
unterbricht und die Larven zu dauernd freier Lebensweise zwingt,
indem man sie von ihrer « Wirtin » getrennt aufzieht. Unter solchen
vorzeitig abgelüsten Rüssellarven entstehen zahlreiche Tiere mit
männlichen und weiblichen Organen. Es war schon seinerzeit auf-
gefallen *, dass diese Tiere sich auch innerhalb des gleichen Experi-
ments sehr verschieden weiter entwickelten.
Ich suchte nun den Versuch genauer zu wiederholen und zu er-
1 Ueber die Vaterschaft lässt sich nichts sicheres aussagen. Meistens sind
_ mehrere Männchen im Uterus: wie sie sich an der Befruchtung der Eier einer
Eiablage beteiligen, ist unbekannt.
? Ausserdem wurde eine Versuchsreihe mit dem Extrakt aus reiner Bonellia-
Muskelsubstanz (Muskelgewebe des Hautmuskelschlauchs nach Abkratzen der
Epidermis) durchgeführt. Hier kam keine Vermännlichung zu Stande. Eine
Anzahl dieser Larven entwickelte sich, wie in allen reinen Seewasserkontrollen,
die zu der Extraktversuchen geführt wurden, weiblich. Die anderen blieben,
soweit bisher untersucht, typisch indifferent. Es sei daran erinnert,
(diese Zeitschr., 1925, Vol. 32), dass manche Gewebe des weiblichen
Bonellia-Kôürpers gegenüber anderen Tieren schädlich, «giftig » wirken, und dass
diese Giftwirkung dem Resultat der Vermännlichung teilweise parallel geht:
Muskulatur ist ungiftig, Rüsselgewebe ist «giftig », die Wirkung der Darm-
wand ist noch nicht genügend untersucht. Es sind weitere Versuche notwendig.
3 Vergl. BALTZER, 1914, Mitteil. Stat. Neapel, Bd. 22.
370 F. BALTZER
reichen, dass die Larven alle genau gleich lang am gleichen Rüssel
parasitierten. Leider gelang mir das Experiment bisher nur in
beschränktem Mass, einmal mit 17 Larven (Versuch III g 7) und
eimmal mit 8 Larven (Versuch XVI bbx).
Die Larven des Versuchs III g Z macht eneinen Rüsselparasitis-
mus von 31-41, Stunden durch, wurden dann abgelôst und frei-
lebend weiter gezüchtet. Nach fünf Tagen freien Lebens hatten
alle Tiere bis auf eines mehr oder minder weiblichen Typus 1.
Fünf Individuen wurden nun konserviert und später genau unter-
sucht. Unter ihnen fanden sich: ein ganz typisches Weïbchen,
drei Tiere mit weiblichem bis intermediärem Bau (geräumiges
weibliches (Coelom,; gut ausgebildeter weiblicher Hinterdarm,
keine Spermatogenese, aber Kopflappen etwas männlich rückge-
bildet, keine Borsten, kein Vorderdarm); endlich ein stärker
männliches Tier von intermediärem Habitus, im Innern mit etwa
einem Dutzend Spermatogenese-Zellballen. — Die übrigen 11 Tiere
(eines ging während der Lebenduntersuchung zu Grunde) wurden
erst nach 19 Tagen freien Lebens konserviert. Bei ihnen ergab
die spätere Untersuchung der gefärbten Totalpräparate 1 Tier von
intermediärem Habitus, aber ohne Spermatogenese, zwei weibliche
Tiere, aber ohne Vorderdarm (— männlicher Einschlag), endhch
acht typische Weïbchen.
In unserem Zusammenhang ist die Tatsache bemerkenswert,
dass neben rein weiblichen Tieren auch Tiere mit deutlich männ-
lichem Einschlag, wenn auch nicht vollkommener Männhchkeit
entstehen. Als môgliche Fehlerquelle ist zu erwähnen, dass die
Larven aus IIT g Z nicht an einem, sondern an drei Rüsselstücken
parasitiert hatten. |
Im zweiten Versuch (XVI bbx) mit acht Individuen parasitierten
die Larven länger als bei III g7. Die Zeit konnte infolge eines
Unglücksfalles nicht mehr festgestellt werden, war aber für alle
acht Tiere bis auf eine Stunde gleich lang. Die Larven wurden
* Die Entstehung rein weiblicher Tiere trotz Rüsselparasitismus scheint
zunächst paradox, wird aber verständlich, wenn man bedenkt, dass sich die
indifferente Larve zunächst in männlicher und weiblicher Richtung gleich
weiterentwickelt. Die vierstündige Rüsselwirkung genügte offenbar, um die
indifferente Larve zu dieser Weiterentwicklung anzuregen, aber nicht, um
sie in männliche Bahn zu lenken. — Unter den rein freilebend aufgezogenen
Larvenbeständen der gleichen Eiablage waren zu gleicher Zeit erst 32 %
weiblich differenziert.
BONELLIA 371
pleichzeitig abgelüst, zusammen weiter gezüchtet und nach 10
Tagen genau untersucht. Auch hier sind die Larven unter sich
verschieden: ein Stück hatte stark weiblichen, ein anderes sehr
stark männlichen Charakter (Samenschlauch). Die übrigen standen
zwischen beiden Extremen, aber näher dem männlichen Typus.
Aus den beiden Experimenten folgt also wiederum die Tatsache,
zu der schon die Rüsselextraktversuche geführt hatten, dass Larven
aus der nämhichen Eiablage mit fast gleich lang dauerndem Rüssel-
parasitismus verschieden stark vermännlicht werden. Sie gehen
trotz gleicher Behandlung bald mehr nach männlicher, bald mehr
nach weiblicher Richtung. Gegenüber den Experimenten mit
Parasitismus am lebenden Rüssel sind begreiflicherweise die Ex-
traktversuche wesentlich durchsichtiger, denn bei ihnen entwickeln
sich die Larven jeder Zucht alle unter identischen Aussenbedin-
gungen. Bei den Intersexualitätsexperimenten am lebenden Rüssel
aber bleiben gewisse Schwankungen in der Dauer des Festsitzens
unvermeidlich und ausserdem bleibt unkontrollierbar, ob die
parasitierenden Larven auch wirklich während gleicher Zeit gleiche
Substanzmengen aus dem Rüsselgewebe aufnehmen.
Deutung.— Angesichts der Notwendigkeit weiterer Versuche habe
ich mich auf eine Gegenüberstellung von Môüglichkeiten beschränkt.
a) Es ist wohl denkbar, dass die geschilderten Verschiedenheiten
im Vermännlichungseffekt einfach als Schwankungen infolge nicht
vüllig identischer Versuchsbehandlung oder auch infolge zufällig
nicht ganz konstanter Reaktionsfähigkeit der Larven gegenüber
der experimentellen Behandlung angesehen werden müssen. Dann
verdienen sie keine w'itere Beachtung. Zur Beurteilung dieser
Môglichkeit muss durch weitere Versuche vor allem festgestellt
werden, innerhalb welcher Zeitspanne die Determinierung bei der
normal parasitierenden Larve verläuft. [st sie sehr kurz, so gewinnt
diese Erklärung an Boden. Andererseits scheinen mir die Verschie-
denheiten im Vermännlichungseffekt für diese Deutung etwas
gross und auch zu konstant bei wechselnder Versuchsmethodik.
S0 ist wohl der Betrachtung wert, ob nicht doch tiefere Ursachen
zu Grunde liegen. Dabei wäre zu fragen, ob die geschilderten
Tatsachen der Annahme abgestufter genotypischer Geschlechts-
tendenzen günstig sind, also: ob sie annehmen lassen, dass es unter
den äusserlich indifferenten Larven Individuen mit weiblicher, mit
Re LE at ET de
x 1 » F cr d'u. F
#
372 F. BALTZER
männlicher und vielleicht mit intermediärer erblicher Geschlechts-
konstitution gibt. |
b) Wir kôünnen auf die Annahme solcher Tendenzen verzichten
und kônnen alle indifferenten Larven als genotypisch gleichartig
betrachten. Dann sind die mehr oder minder weiblichen Tiere der
Rüsselextraktversuche (und ähnlich auch die weiblichsten Tiere
von Versuchen wie XVI bbx aus indifferenten Larven hervorgegan-
gen, die schon vor Versuchsbeginn eine vollständige oder teilweise
Determinierung in weiblicher Richtung erfahren hatten. Nur
wäre sie noch nicht in morphologischen Abänderungen sichtbar
sgeworden. Es wären nach dieser Auffassung eimfach einige äusserlich
noch indifferente, in Wirkhichkeit aber schon weiblich determinierte
Tiere in den Versuch gekommen, die nun nicht mehr umstimmbar
waren. — Diese an sich einleuchtende Erklärung findet eine Schwie-
rigkeit in der Tatsache, dass sich diese schon weiblich bestimmten
Tiere doch noch an den Rüssel ansetzen, eine zweite wohl auch
darin, dass diese weiblichsten Tiere (z. B. der Extraktzuchten)
gerade in denjenigen Organen vermännlicht sind, die nach allem
Anschein zuerst determiniert werden, also weiblich sein sollten.
c) Mehrere gewichtige Tatsachen weisen darauf hin, dass das
Geschlecht der Bonellia ausser durch den männlich bestimmenden
Rüsselparasitismus auch durch Erbfaktoren bedingt wird (vergl.
1925 a, S. 268 ff.). Jedenfalls muss die weibliche Entwicklungs-
richtung durch Erbfaktoren bestimmt werden, was dadurch ge-
zeigt wird, dass zahlreiche indifferente Larven sehr rasch nach dem
Ausschwärmen, sozusagen «unbeirrt » die weibliche Differenzierung
beginnen, auch wenn zahlreiche Rüssel alter Weibchen in ihrer
nächsten Umgebung «zu haben » wären. Diese Beobachtung konnte
in den Versuchen von 1925 mehrfach gemacht werden. Damit
gibt es unter den indifferenten jungen Larven mit ziemhich grosser
Sicherheit schon einen gewissen Prozéntsatz weiblich determinierter
Individuen, die als «genotypisch überwiegend weibliche Tiere » be-
zeichnet seien. Schwieriger ist die Frage zu beantworten, ob
ähnlich auch «genotypisch überwiegend männliche Tiere» vor-
handen sind. In diese Gruppe gehôren vielleicht ! die Larven, die
1 Hier ist die Interpretation schwieriger, weil der Zusammenhang, der
zwischen dem Larvenalter und der Geschlechtstendenz zu bestehen scheint,
noch nicht genügend klar liegt. Alte Larven, die eine lange Indifferenzzeit
hinter sich haben, zeigen eine stärker männliche Geschlechtstendenz als junge
ar into à + den dr
27 a,
BONELLIA 373
auch ohne Rüsselparasitismus, dann aber auffallend spät (nach
langer Indifferenzzeit) zu Männchen werden.
Wenn wir nach dem Gesagten im äusserlich indifferenten Larven-
bestand genotypisch weibliche und vielleicht auch genotypisch
männliche Tiere zu unterscheiden haben, so liegt es nahe, diese
erblich bedingten verschiedenen Geschlechtstendenzen auch zur
Erklärung der divergenten Entwicklung gleich behandelter Rüssel-
oder Rüsselextraktlarven heranzuziehen. Mit andern Worten, zu
vermuten, dass gerade die erblich überwiegend weiblichen Larven
durch den Rüsselextrakt nur wenig verändert und trotz des Rüssel-
extrakts weiblich werden; andererseits, dass die überwiegend
männlichen Larven im Rüsselextrakt (oder bei verkürztem Para-
sitismus) besonders stark männlich werden. Endlich kônnten
genotypisch intermediäre Tiere bei der Vermännlichung durch
Rüsselwirkung die Mitte halten und mittlere Grade der männlichen
Differenzierung geben.
Unter solchen Voraussetzungen wäre die Beobachtung der gra-
duell verschiedenen Vermännlichung der Larven im Rüsselextrakt
und im Intersexualitätsversuch erklärt. Jedoch will zu dieser
Deutung das Ergebnis der Darmextraktversuche nicht passen.
Mit der Annahme verschiedener Geschlechtstypen würden wir
uns zu eimem Teil den Erklärungsprinzipien nähern, wie sie
GozLpscaMipT für die Schwammspinner, Wirscai für die Frôsche
annehmen. Freilich handelt es sich bei diesen Formen um erblich
verschieden konstituierte Rassen, deren jede, wenigstens beim
Schwammspinner, rein zweigeschlechtig ist. Hier bei Bonellia
würden die abgestuften Geschlechtsgenotypen (weibliche, inter-
mediäre, männliche Typen) innerhalb der Population eines eng
Larven. Ich suchte dies (1925 a, S. 269) mit der allgemeinen Degeneration
_in alten Zuchten in Zusammenhang zu bringen in dem Sinn, dass die Verküm-
merung infolge Alterns (die Larven leben nur von ihrem Dotter) zu Entwick-
lungshemmung, damit zu Neotenie und mit ihr verbunden zu männlicher
Differenzierung führt. Wenn jedoch das Geschlecht — abgesehen vom männ-
lich bestimmenden Parasitismus — in gewissem Grade auch schon erblich
bestimmt ist, so künnte man daran denken, dass sich im Verlauf der Zucht
zuerst die genotypisch weiblichen Tiere weiter entwickeln und metamorpho-
sieren, während die genotypisch männlicheren Tiere länger indifferent bleiben
und erst zuletzt und ohne Verwandlung zu neotenischen Männchen werden.
So käme im Lauf der Zucht eine Auslese der männlicheren Tiere zu Stande,
und darin kônnte die stärkere männliche Tendenz und auch der stärkere
männliche Einschlag der gealterten Zucht begründet sein. — Hier sind neue
Experimente notwendig.
374 F. BALTZER
begrenzten und ziemlich isolierten Fundortes angenommen werden
müssen, und überdies wäre damit nur die eine Seite des
Geschlechtsbestimmungsvorgänge der Bonellia erfasst. Auf der
anderen Seite steht die klarer herausgearbeitete in männlicher
Richtung gehende Wirkung der Rüsselsubstanzen, des Rüsselpa-
rasitismus, die sich auch neuerdings (1925) bestätigen liess.
Gegenüber so verwickelten Geschlechtszuständen ist vielleicht
eine Ueberlegung von Interesse, die uns durch die Fortpflanzungs-
verhältnisse der Entenmuscheln nahe gelegt wird. Wir finden in
dieser Gruppe ! innerhalb einzelner Gattungen (Scalpellum, Tbla)
Arten mit typischen, normal befruchtungsfähigen Zwergmännchen,
dann aber auch Formen mit stärkerer Rückbildung der Männchen,
«deren Dienste kaum noch benôtigt und wohl auch nur noch in
ganz untergeordnetem Masse herangezogen werden». Und nun
das für uns wesentliche: « Mit der sich unter Reduktionsersche1i-
nungen vollziehenden Ausschaltung des männlichen Geschlechts
läuft parallel zum Ausgleich dieses Verlustes die Herausbildung
von Zwitterlormen, ein Prozess, der unter Ausprägung konstanter
Zwitterorganisation seinen endgültigen Abschluss gefunden hat »
(MEISENHEIMER, loc. cit.). Eine solche stammesgeschichtliche Ver-
schiebung der Geschlechtsverhältnisse ist, wie schon die CORRENS-
schen « Untersuchungen über Geschlechtsbestimmung bei Distel-
arten » zeigten ?, nicht denkbar ohne tiefgreifende Aenderungen im
System der geschlechtsbestimmenden Erbfaktoren, und es ist wohl
môglich, dass dabei Sexualtypen verschiedenen Grades entstehen.
Bonellia wird uns bei weiterer Untersuchung vielleicht etwas
derartiges erkennen lassen, und es müchte dann kein Zufall sein,
dass auch sie Zwergmännchen besitzt.
1 Vergl. J. MEISENHEIMER. Geschlecht und Geschlechter. 1921. Bd. 1, $. 670.
2 Sitz.-Ber. Preuss. Akad. Wiss. Berlin, 1916. S. 448-477.
M nf
b:
1"
6:
E
D”
: Le
L .
FA
+
| >
à
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE 375
Vol..33, no 9. —- Juin 1926.
COMMUNICATION FAITE A L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA
SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE SUISSE, TENUE A NEUCHATEL LES 10 ET 11 Avriz 1926.
Über Bernsteincollembolen.
Ein Beitrag zur üôkologischen Tiergeographie
von
Eduard HANDSCHIN
Basel.
Mebhr und mehr dringen bei der Beurteilung zoogeographischer
Fragen ükologische und biologische Anschauungen in den Vorder-
grund, indem die Faunenzusammensetzung durchaus als abhängig
von der Beschaffenheit der Umwelt angesprochen wird, mit andern
Worten, dass sie unter Umständen zum Indikator für eine bestimmte
Umweltsbeschaffenheit werden kann. An recentem Materiale wird
durch bestimmte Sammelmethoden leicht eine Probe aufs Exempel
zur Beweisführung dieses Satzes gemacht werden künnen. Quan-
titative Analysen von Tierbeständen, soweit solche unternommen
worden sind, zeigen Schritt auf Schritt die Richtigkeit der An-
nahme |.
An fossilem Materiale scheint nun aber zum vorneherein eine
Anwendbarkeit der gleichen Methoden ausgeschlossen zu sein —
eine eigentliche quantitative Analyse unmüglich. Eine Ausnahme
von der Regel dürften wir aber dennoch in den im Bernsteine ein-
geschlossenen Tierresten vor uns haben. Diese sind zum grossen
Teile als Angehôrige einer eng umschriebenen Tiergesellschaît, der
Rindenfauna anzusprechen. Wenn auch alle môüglichen Insekten-
klassen im Harze der Bernsteinfichten ihr Grab gefunden haben,
indem sie bei ihrem Fluge sich auf dem ausstrôomenden Harze
fingen, so werden wir doch sicher den vielen ungeflügelten Tieren
den Charakter eigentlicher Rindentiere zuerkennen müssen. Sie
1 HanpscuiN, E. Beiträge zur Kenntnis der Collembolenfauna der Hochmoore
Estlands. Beitr. z. Kunde Estlands, vol. X, 1924.
HanpscHiN, E. Beiträge zur Kenntnis der Tierwelt norddeutscher Quell-
gebiete. Deutsche Ent. Ztschr., 1925.
Rev. Suisse DE Zoo. T. 33. 1926. 26
376 E. HANDSCHIN
lebten an und unter der Rinde genau wie die heutigen corticolen
Tiere und rekrutieren sich wie diese aus den Apterygoten, Acarinen,
Araneen, und den zahlreichen pterygoten Insektengruppen, die
heute allgemein unter der Rinde ganz oder teilweise ihr Leben
fristen.
Die im Bernsteine festgestellten Collembolen verteilen sich auf
8 recente Gattungen. Spezifisch fossile Gattungen
konnten keine festgestellt werden, im Gegensatz
zu v. OLFERS, dessen Material der Untersuchung zu Grunde lag. Auf
ein Aufspalten der Genera wurde, soweit es nicht aus praktischen
Gründen notwendig wurde, verzichtet, da in der Regel zu viele
Details, die heute zu einer richtigen Beurteilung herbeigezogen
werden müssen, nicht mehr genau festzustellen sind !.
Ohne Berücksichtigung der Species fanden sich die Genera in
folgender Individuenzahl vor:
Hypogastrura . . . . 2 Leptidocyrtus -: ==> 8
Tsotomi see 7 Orcheselli. se 18
Tomocus SP 32 S'TRLURUTUS "+ 0e 16
Eniomobrya. . . . . 228 AAC EE SRE 43
Auffallend ist das starke Auftreten von ÆEntomobrya, die auch
unter den heutigen Rindentieren weitaus das grüsste Kontingent.
stellt. Zsotoma und Lepidocyrtus treten ungefähr in gleicher Stärke
auf, desgleichen Orchesella und Sminthurus. Hingegen zeigt sich
eine starke Verschiebung in der Individuenstärke von Tomocerus
und den Symphypleonen. Beide sind Anzeiger ausserordentlichez
Feuchtigkeitsgrade des Lebensraumes. Tomocerus charakterisiert.
geradezu die Quellfaunen und tritt am Ufer der Gewässer noch
auf, wenn alle andern Formen verschwunden sind. Die Symphy-
pleonen Allacma und Sminthurus finden sich ebenfalls nur im
Bereiche des Wassers, wenn schon von ihnen besondere Vorliebe
für algenbewachsenes Holz bekundet wird. An trokenen Stand-
orten wird man beide vergebens suchen. Wenn wir uns deshalb
die Frage vorlegen, unter welchen Bedingungen die Bernstein-
Collembolen lebten, so gibt uns die Zusammensetzung
1 HaxpscHiN, E. Revision der Collembolen des baltischen Bernsteins. Ento-
mol. Mitt., Bd. XV, p. 161, 1926.
v. OLFERS, E. W. M. Die Urinsekten. Schr. phys.-oekonom. Ges. Künigsberg,
Bd. 48, 1907.
\
9
BERNSTEINCOLLENBOLEN 371
der Tiere nachihrer Häufigkeit unbedingt den Hin-
weis auf eine sehr grosse Feuchtigkeit der
Bernsteinfichtenwaldungen. Entomobrya bleibt an allen
Lokalitäten, wo Rinden auch der Kleinsträu-
cher zur Verfügung stehen, in ungefähr gleicher
Stärke. Tomocerus schwindet mit zunehmender
Trockenheit. Wenn wir deshalb das neuere, nach ükolo-
gischen Methoden gesammelte Material zu einem Vergleiche heran-
zaehen, Materialien die uns nicht nur über die Fundortbeschaffen-
heit einer Gegend, sondern auch über Bevorzugung von Biotopen
und Lebensweise Aufschluss zu geben im Stande sind, so müssen
sie die oben erwähnten Abhängigkeiten illustrieren.
| Be Estland | Zehlaubruch Holstein
Hochmoor | Waldmoor Quellen
Genus | base
NEA RUE ie ;
; | RER ; % - | 0
| | |
Hypogastrura . nent l'or 190 1232212 | 4,13
Isotoma. 7 ME — 68 | 8,32 25 |16,45
Tomocerus . . 82 | 10,85 2 | 0,49 60 7,34 | 105 | 69,09
Entomobrya . . | 228 | 7729 | 283 591 | 397 | 48/52 Sig CURE
Lepidocyrtus 2 2744" 47 + 416 2 | 0,25 7 | 46
Orchesella 18 6,1 106 92 12:39 13 8.99
0
Orchesella in Estland verdankt seine Zahl der Blüte von Epilo-
bium, Hypogastrura in Zehlau der Anwesenheit von Pilzen. Die
drei Stufen, Estland-Zehlau-Holstein repräsentieren drei gesteigerte
Feuchtigkeitskategorien der Fundstellen. Wenn uns so ein Faktor
der Umgebung der oligocaenen Collembolenfauna des Samlandes,
die Feuchtigkeit der Wälder erklärt werden kann (vergl. auch
ULMER !), so gibt uns die Zusammensetzung und geo-
graphische Verbreitung der Genera Anhalts-
punkte über die klimatischen Bedingungen.
Aus bestimmten Gründen ? betrachten wir nur die in der obigen
Tabelle aufgeführten Formen. Da scheint uns auf den ersten Blick
eine geographische Analyse von sehr geringem Werte. Wir kennen
ja fossile Formen nur aus dem Samlande, künnen also von ihre-
weitern Verbreitung nichts aussagen, besonders da noch in syster
1 ULMER, G. Die T'richopteren des baltischen Bernsteins. Beïtr. z. Natk. Preus-
_ sens, Bd. 10, 1912.
2 Siehe 2.
318 E. HANDSCHIN
matischer Hinsicht der Unwert der specfischen Aufspaltung betont
wurde. Auch die Verbreitung der recenten Genera bietet noch
keine Anhaltspunkte. Mit Ausnahme von Tomocerus und Orchesella
sind die Gattungen kosmopolitisch und von Pol zu Pol über alle
Weltteile und Gebirgsketten verbreitet, bis ihnen die oberste
Grenze des Lebens überhaupt Halt gebietet. Tomocerus und Orche-
sella allein beschränken sich auf die nôürdliche gemässigte Hemis-
phäre. Dieser negative Befund im Verein mit der Oekologie ist
allein im Stande, uns näheres über die kliimatischen Bedingungen
und die geographische Verbreitung der ganzen Gesellschaft
anzugeben. Zur Beurteilung greifen wir deshalb
nicht die Verbreitung der einzelnen Gesell-
schafter heraus; wir müssen die Verbreitung
der charakterististvhéen--hinden aus
folgen und zwar in der oben angegebenen
Zusammensetzung. Soweit wir nun Rinden- und Baum-
faunen aus den Tropen kennen, sind die dort fehlenden Orchesellen
und Tomocerus-arten durch Cremastocephalus, Paronella, Dicrano-
centrus und Campylothorax ersetzt worden. Wenn Cremastoce-
phalus in Californien und Japan auch in die gemässigten Zonen
hineinreichen kann, so ist ihre Anwesenheit im Bernstein doch auf
Irrtum zurückzuführen. Wir finden also in der süd-
lichen Grenze der: Verbreitungvone0rrrete
und Tomocerus gerade klimatisch die Lebens-
bedingungen der Bernsteincollembolen um-
crenzt. Das Klima des Bernsteinwaldes muss
in den günstigsten Fällen dem nôrdlich ge-
mässigten-subtropischen der Jetztzeit ent-
sprochen haben. Damit stimmen auch die Untersuchungen
der andern Autoren überien, welche sich mit der Bernsteinfauna
auseinander gesetzt haben. In diesen Gegenden findet heute eine
analog zusammengesetzte Tierwelt ihre Südgrenze, dort treflen
wir eine corticole Collembolengesellschaft an, die sich noch durch
Anwesenheit von Orchesella und Tomocerus auszeichnet und in
welcher die Symphypleonen eine grosse Rolle spielent.
1 HanpscHiN, E. Collembolen aus Algerien. Zeïtsch. wiss. Insektenbiol.,
vol. 21, 1926.
HanpscHiN, E. Note sur les Collemboles du Maroc. Bulletin Soc. Sc. du Maroc.
Rabat, 1926.
nt the a RUE 41 2 CUT ELLES)
Au ue
pra
Z hp
Re PL NP EE COTES TN
PR SUP ARRET,
L
REMTESSUISSE DE ZOOEOGIE 319
Vol. 33, n° 10, — Juin 1926.
COMMUNICATION FAITE A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA
SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE SUISSE, TENUE A NEUCHATEL LES 10 ET 11 Avrir 1926.
Die Thee-Capside Helopeltis antonii Sign.
und 1hre Parasiten.
VON
R. MENZEL,
Buitenzorg-Basel.
Während Capsiden im gemässigten Klima kaum von praktischer
Bedeutung sind, spielen sie in den Tropen eine bedeutende Rolle
als Pflanzenschädlinge, und zwar besonders Arten der Gattung
Helopeltis Sign.; in Afrika werden sie schädlhich für Cacao, Thee,
Baumwolle, etc.!,-in Vorderindien und auf Ceylon richten die
beiden Arten antonu und theivora einigen Schaden auf Theeplan-
tagen an, und auf Java gehôrt vor allem antonu zu den Haupt-
schädlingen der Thee-, Cinchona- und Cacaokultur.
Trotzdem elopeltis antonu seit über 50 Jahren auf Java als
Theeschädlhing bekannt ist und gewaltige Mittel für die Bekämpfung
dieser Capside aufgewendet wurden, spielt das Helopeltisproblem
immer noch eine grosse Rolle, wenn auch die Wege einer erfolg-
reichen Bekämpfung nun in den Hauptzügen vorgezeichnet sind.
Neben dem Fangen des Schädlings durch Kinder und Frauen oder
etwaigem Bespritzen der frisch geschnittenen Theesträucher mit
einer 2 % igen Seifenlüsung, werden nun vor allem indirekte, sog.
Kulturmethoden mit Erfolg angewendet, die den Zweck haben,
die Theepflanze kräftig und widerstandsfähig zu machen (sorgfäl-
tiges Pflücken und Schneiden, künstliche Düngung, Gründünger-
pflanzen, ete.) ?.
Eine biologische Bekämpfung von Helopeltis kam bis vor kurzer
1J. GHESQUIÈRE. Notice monographique sur les Helopeltis Sign. (Miridae)
éthiopiens. Rev. zool. afric., Vol. 10, 1922.
2R. MENZEL. Schädlingsbekämpfung auf Java und Sumatra. Schweizer
Landw. Monatshefte, Mai 1926.
Rev. Suisse pe Zooc: T, 33. 1926. 27
380 R. MENZEL
Zeit nicht in Frage, da man keine wirksamen Feinde oder Parasiten
dieser Capside kannte. Spinnen, Mantiden, Reduviiden, denen
ab und zu einige Exemplare zum Opfer fallen môügen, sind von
keiner praktischen Bedeutung, ebensowenig Vôügel, sowie zwei Mer-
mithidenarten, Hexamermis microamphidis Steiner und À gamermis
paradecaudata Steiner, die als Parasiten von Helopeltis antonu
bekannt wurden t.
Vor ungefähr zwei Jahren jJedoch konnte die Anwesenheit einer
Braconide Æuphorus helopeltidis Ferrière festgestellt werden, die
als wirksamer Helopeltis-Parasit anzusehen ist. In gewissen
Fällen waren bis 50 % und mehr der jungen ungeflügelten Æelopel-
tis-Exemplare parasitiert.
Das Euphorus-Weïibchen legt je ein Ki in das jüngste Æelopeltis-
Stadium; die Larve entwickelt sich im Abdomen des Wirtes, bis
dieser als Nymphe zu Grunde geht. Dann verlässt die ausgewach-
sene Larve ihren Gast und spinnt am Boden, zwischen Erdpartikel-
chen, einen Cocon, aus dem nach 16-17 Tagen das fertige Insekt
schlüpft. Ueber die Biologie und Larvenentwicklung dieser Bra-
conide wird an anderer Stelle noch ausführlicher berichtet werden.
Sie konnte auch in der Cacao-Helopeltis auf Java nachgewiesen
werden und Larven wahrscheinlich derselben Art wurden auf Suma-
tra in einer anderen Capside, Pachypeltis vittiscutis Bergr., die
dort ab und zu Theeblätter ansticht, festgestellt. Es handelt sich
demnach wohl um einen Capsidenparasiten, während alle bis jetzt
bekannten Æuphorus-arten und Euphorinen überhaupt nur als
Käferparasiten bekannt waren.
Bei Euphorus helopeltidis dürfte es sich um die erste Braconide,
die in Capsiden schmarotzt, handeln, während von Waterston eine
Chalcidide, Encyrtus cotterelli, beschrieben wurde, die in Afrika als
Parasit der für Cacao schädlichen Capside Sahlbergella theobromae
auftritt.
Euphorus helopeltidis ist die erste Euphorus-art aus dem indo-
australhischen Gebiet, während zwei Arten aus Afrika bekannt
wurden. Es wäre interessant zu untersuchen, ob diese afrikanischen
Arten dort ebenfalls als Æelopeltis-Parasiten auftreten, was man
nach den Befunden auf Java eigentlhich erwarten künnte.
1 R. MEnzEL und G. SreiNERr. Helopeltis-Parasieten, 1. Meded. Proefstation
voor Thee, No XCIV, 1925.
:
:
:
1
à
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE 381
Vol. 33, no 11. — Juin 1926.
COMMUNICATION FAITE A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA
SocIÉTÉ ZOOLOGIQUE SUISSE, TENUE A NEUCHATEL LES 10 ET 11 A vriz 1926.
Sur les Entomostracés de la région de Bienne
par le
D' M. THIÉBAUD
Etudiant depuis de nombreuses années la faune entomostra-
céenne des environs de Bienne, j'estime qu'il est utile, pour la con-
naissance de la faune suisse, de résumer les résultats auxquels je
suis arrivé, réservant à une étude ultérieure le détail des observations
systématiques et biologiques concernant les espèces intéressantes.
ÏJ. FAUNE LITTORALE DU LAC DE BIENNE.
A son extrémité nord-est, vers Bienne, le lac est peu profond.
Fond sablonneux recouvert d’un feutrage de débris organiques.
Flore très pauvre, représentée surtout en été par des toufles de
Potamogeton. Température de l’eau très variable, de 09 à 26°.
Cladocères.
. Sida crystallina O. F. M.
. Diaphanosoma brachyurum Liévin.
. Ceriodaphnia quadrangula O. F. M.
. Bosmina longirostris typica O. F. M.
»_ coregoni longispina Leydig.
. Ilyocryptus sordidus Liévin.
. Camptocercus rectirostris Schoedler.
. Acroperus harpae Baird.
84. » » angustatus Sars.
9. Alonopsis elongata Sars.
10. Alona quadrangularis O. F. M.
11. » affinis Leydig.
Rev. Suisse DE Zoo. T. 33. 1926. | 28
DIODES D
382 M. THIÉBAUD
12. Alona costata Sars.
13. » guttala Sars,
14 » rectangula Sars.
15. Rhynchotalona rostrata Koch.
16. » falcata Sars.
17. Leydigia quadrangularis Leydig.
18. Graptoleberis testudinaria Fish.
19. Pleuroxus uncinatus Baird.
20. Chydorus sphaericus 0. F. M.
21. » piger Sars.
22. Monospilus dispar Sars.
Copépodes.
Cyclops serrulatus Fischer.
» macruroides Lall;.
» macrurus Sars.
» leuckarti Claus.
Canthocamptus staphylinus Jurine.
) CTASSUS Sars.
» zschokker Schmeil.
» schmeili Mrazek f. breviseta Thiébaud.
» pygmaeus.
minutus Claus.
11. Moraria popper Mrazek.
ONDAHONRSRE
>
(=
Ostracodes.
1. Darwinula stevensont Brad. et Rob.
2. Limnicythere sancti-patricu Brad. et Rob.
A signaler, la présence des espèces rares Alonopsis elongala Sars
et Rhynchotalona falcata Sars, que STINGELIN ! avait constatées
en 1901 dans le lac de Neuchâtel, près d’Yverdon, donc à l’autre
extrémité du bassin lacustre subjurassien. Moraria poppei Mrazek
n’est connu en Suisse que d’une vallée latérale de la Birse où HABER-
BOSCH ? l’avait trouvée dans des Mousses.
1 Th. STINGELIN. Bemerkungen über die Fauna des Neuenburgersees. Rex.
suisse Zool., vol. 9, 1901.
? P. HaBErBoscH. Ueber arktische Süsswassercrustaceen. Zool. Anz., Bd.
47, N° 5, 1916.
Mérr sara: + “:
ENTOMOSTRACÉS 383
TE CANAT DE L'AAR PRÈS! DE, NIDAU.
Jusqu’aux écluses de Nidau, le canal de lAar ne forme qu’une
prolongation du lac de Bienne et plusieurs des espèces caractéris-
tiques du lac s’y retrouvent.
D 1 D OT W D
CO
1.
ND
Cladocères.
. Sida crystallina ©. F. M.
. Diaphanosoma brachyurum Liévin.
Daphnia longispina var. hyalina . lucernensis Burckhard.
» longispina var. hyalina Ï. rectifrons Stingelin.
» longispina var. cucullata f. cucullata Sars.
. Scapholeberis mucronata O. F. M.
. Simocephalus vetulus O. F. M.
. Ilyocryptus sordidus Liévin.
. Macrothrix laticornis Jurine.
» hirsuticornis Norm.
. Eurycercus lamellatus O. F. M.
. Camptocercus rectirostris Schoedler.
. Acroperus harpae Baird.
. Alonopsis elongata Sars.
. Alona quadrangularis O.F. M.
» affinis Leydig.
» costata Sars.
» gutltata Sars.
» » var. tuberculata Sars.
» rectangula Sars.
. Rhynchotalona rostrata Koch.
. Leydigia quadrangularis Leydig.
. Graptoleberis testudinaria Fish.
. Pleuroxus laevis Sars.
» uncinatus Baird.
. Chydorus globosus Baird.
» sphaericus O. F. M.
. Monospilus dispar Sars.
Copépodes.
Diaptomus gracilis Sars.
Cyclops macrurus Sars.
384 M. THIÉBAUD
3. Cyclops leuckarti Claus.
4. » strenuus Fischer.
5. Canthocamptus crassus Sars.
Les espèces limnicoles: Camptocercus rectirostris, Alonopsis elon-
cata, Leydigia quadrangularis, Pleuroxus uncinatus, Monospulus
dispar, Ilyocryptus sordidus proviennent de la faune littorale du lac
de Bienne, tandis que /lyocryptus hirsuticornis, espèce sténotherme
d’eau froide, dont je n’ai du reste trouvé qu’un exemplaire, doit
provenir de la faune profonde.
III. Marais DE BRÜGG (Brüggermoos).
Riches en mares, en fossés d'exploitation de la tourbe, ces marais
constituaient une station très intéressante, non seulement au point
de vue zoologique, mais aussi botanique. On y trouvait en effet
des plantes aquatiques rares, telles que Hottonia palustris L.,
Hydrocharis morsus ranae L., des Utriculaires, Lemna trisulca L. et
la rarissime Stellaria palustris Ehrb. Malheureusement, par suite
de nécessités économiques, ces marais ont été drainés, transformés
en terrains de culture, et 1l ne reste plus, actuellement, que quelques
vestiges de cette riche station:
Cladocères.
1. Daphnia pulex De Geer.
2 » longispina Î. rosea Sars.
3. » » f. typica O. F. M.
4. Simocephalus vetulus O. F. M.
D. » expinosus Koch var. congener.
6. Ceriodaphnia reticulata Jurine var. kurzt Stingelin.
F » megops Sars.
8 » quadrangula O. F. M. var. hamata.
2 » setosa Matile.
10. Lathonura rectirostris O. F. M.
11. Acroperus harpae Baird.
12. Alona costata Sars.
13. » rectangula Sars.
14. Alonella nana Baird.
15. Peracantha truncata O. F. M.
; LIL CLP EE FIN van LT
ENTOMOSTRACÉS
16. Pleuroxus trigonellus O. F. M.
» aduncus Juirne.
18. Chydorus globosus Baird.
1% » sphaericus O.F. M.
Copépodes.
1. Diaptomus vulgaris Schmeil.
2. Cyclops fuscus Jurine.
3 » albidus Jurine.
4. » serrulatus Fischer.
3 À » affinis Sars.
6 » phaleratus Koch.
7 » leuckarti Claus.
8 » erridis Jurine.
SP » languidus Sars.
10. » bicolor Sars.
Lt: » dybowsku Lande.
12. Canthocamptus staphilinus Jurine.
LEE À » vejdowskyt Mrazeck.
14. » northumbricus Brady.
15. » graculis Sars.
16. » pigmaeus Sars.
17. ) minutus Claus.
Ostracodes.
. Notodromas monacha O. F. M.
. Cypridopsis vidua O.F. M.
. Cyclocypris laevis O.F. M.
. Cypria ophtalmica Jurine.
. Candona candida ©. F. M.
» studeri Kaufm.
. Ilyodromus olivaceus Br. et Nord.
INOXWRORD
Deux espèces de Cladocères sont nouvelles pour la Suisse: Cerioda-
phnia quadrangula var. hamata et Ceriodaphnia setosa Matile,
espèce habitant des mares riches en végétation, et toujours très
rare. Les marais de Brugg étaient la station la plus méridionale
de cette espèce.
Les Canthocamptus vejdowskyr et C. gracilis Sars, signalés pour
3806 M. THIÉBAUD
la première fois en Suisse par THIÉBAUD et FAVRE, dans les marais
de Pouillerel, n’ont été retrouvés depuis que par DELACHAUX, dans
un fossé près d’Interlaken. J’ai, en outre, constaté la présence de
C. vejdowskyi dans les marais du Valavron (leg. PENARD, 1916).
Ces deux espèces semblent donc typiques pour la faune des marais,
ainsi que Cyclops languidus.
Parmi les Ostracodes, /lyodromus olivaceus est l’espèce la moins
fréquente. KAUFMANN l’a aussi trouvée dans des fossés à végé-
tation abondante. |
IV. ETANG DE MEIENRIED.
Situé près de Büren, 1l occupe le lit de l’ancienne Thielle, très
près de son embouchure dans l’ancienne Aar. C’est un étang assez
étendu, riche en végétation, poissonneux et bien connu des
chasseurs qui viennent y surprendre les Oiseaux aquatiques. Le
niveau de l’eau est fort variable et en relation avec celui du canal
de l’Aar, dans lequel les eaux se déversent.
Cladocères.
Sida crystallina O. F. M.
. Diaphanosoma brachyurum Liévin.
. Scapholeberis mucronata ©. F. M.
. Simocephalus vetulus O. F. M.
. Ceriodaphnia reticulata Jurine.
» megops Sars.
» pulchella Sars.
» quadrangula O. F. M.
» quadrangula Var. hamata.
10. » laticaudata O. F. M.
11. Bosmina longirostris O. F. M. f. cornuta.
12. Ilyocryptus sordidus Liévin.
43. Lathonura rectirostris O. F. M.
14. Eurycercus lamellatus O. F. M.
15. Acroperus harpae Baird.
HHDUBNEX RE
16. ) angustatus Sars.
17. Aiona quadrangularis O. K. M.
18. » affinis Leydig.
x
L
J
PUS va
ENTOMOSTRACÉS 397
49. Alona costata Sars.
20. » gultata Sars.
Al » guttata, Var. tuberculata.
22. » tenuicaudis Sars.
9: » rectangula Sars.
24. Graptoleberis testudinaria Fish.
25. Alonella exigua Lell].
26. ) nana Baird.
27. Peracantha truncata O. F. M.
27. Pleuroxus laevis Sars.
29. » trigonellus O. F. M.
30. Chydorus globosus Baird.
31. » sphaericus O. FM.
32. Polyphemns pediculus Liévin.
Copépodes.
1. Diaptomus graciis Sars.
2. Cyciops fuscus Jurine.
À) » albidus Jurine.
4 » serrulatus Fischer.
GE » affinis Sars.
6. » phaleratus Koch.
7 ) leuckarti Claus.
8 ) dybowskir Lande.
D: ) strenuus Fischer.
10. ) etridis Jurine.
12: » vernalis Fischer.
42. » bicolor Sars.
$ 1 » varicans Satrs.
14. ) fimbriatus Fischer.
15. Canthocamptus staphylinus Jurine.
La faune est riche en Cladocères et, parmi des espèces communes
se rencontrent les rares espèces: Ceriodaphnia laticaudata O. F. M,.,
Pleuroxus laevis Sars, Lathonura rectirostris O. F. M. et Alona
tenuicaudis Sars. Parmi les Copépodes, à signaler l’abondance des
espèces de Cyclops et la rareté des Canthocamptus. Cyclops varicans
est une petite espèce plus rare en Suisse que Cyclops bicolor, d’à
peu près mêmes dimensions.
388 M. THIÉBAUD
Je me propose d’étudier la faune de l’ancienne Aar, dans la
boucle qu’elle forme entre Meienried et Büren, pour pouvoir établir
une comparaison avec la faune de l’étang de Meienried.
Les autres stations étudiées étant moins intéressantes, Je ne
donnerai pas ici la liste complète des espèces trouvées, mais ne
mentionnerai que: |
1. Cyclops bicuspidatus Claus, dans un étang près du port de
Bienne.
2. Cyclops bisetosus Rehberg, dont le réceptacle séminal est si
typique et qui est une espèce de Cyclops rare en Suisse où GRAETER
l’a constatée, entre autre, dans des étangs temporaires du Jura
neuchâtelois. Près de Bienne, il n’a qu’une unique station, fossé
au bord du lac, où il n'apparaissait qu’à l’époque des hautes eaux
pour y remplacer Cyclops vernalis, assez abondant auparavant. Par
suite de l’aménagement du terrain du port de Bienne, ces fossés
ont été comblés.
3. Dans des Mousses humides, prises aux abords de sources dans
la forêt, J'ai constaté la présence de Canthocamptus zschokker
Schmeil et Canthocamptus pygmaeus Sars. Ce dernier se trouve
aussi dans le Twannbach, dans les gorges que cette petite rivière
forme avant d’aller se jeter dans le lac de Bienne.
Enfin, dans un petit marais près de la métairie de Jobert, à
1300 m. d'altitude, j’aitrouvé quelques exemplaires de Canthocamptus
CTASSUS Sars.
Mes recherches m'ont permis jusqu’à présent de constater, dans
les environs de Bienne, 94 espèces d’Entomostracés, se répartissant
comme suit:
Cladocères . . .°. .'. . 53 espèces
Copépodesz::. RARE »
Ostracodes =. 7272720 »
Plusieurs autres espèces sont encore à déterminer.
Sans être aussi riche que les environs de Neuchâtel, la région
biennoise renferme, cependant, un ensemble intéressant d’Entomos-
tracés, et nulle doute que des recherches ultérieures n’augmentent
sensiblement la liste des espèces.
Cherchons à voir si le principe faunistique établi par MonaARp,
de la tendance à l’unité spécifique, se vérifie ici et prenons, comme
cell di din des dé) dis dr ASS LES ESS
ENTOMOSTRACÉS 389
exemple les Cladocères, en établissant les coefficients génériques,
c’est-à-dire le rapport des genres aux espèces pour des faunes de
plus en plus localisées:
Genres Espèces Coefficient
Pme Suisse. . . . | 34 73 0,46
Région biennoise. . . . . 27 33 0,51
Marais de Brügg . . . . . 10 19 0,52
Etang de Meienried . . . 17 32 0,53
ne More. 18 28 0,57
Littoral du lac près du port
HéEABRRE. 5 75 23 0,69
Mare près du port . . . . 5 D 1
Fossé dans la forêt, alimenté
par des eaux de ruissel-
CET} FRRCESNC RSR 2 2 1
Le coefficient va en augmentant à mesure que le milieu considéré
est plus restreint et, dans un milieu très uniforme, ne subsiste qu’une
espèce par genre.
Sexualité des Cladocères. Les mâles des espèces suivantes
ont été constatés:
. Sida crystallina.
. Daphnia pulez.
. Simocephalus vetulus.
. Ceriodaphnia reticulata.
» » var. kurzu.
megops.
» laticaudata.
» quadrangula.
» quadrangula var. hamata.
. Acroperus augustatus.
» harpae Î. neglectus.
. Camptocercus rectirostris.
13. Alonopsis elongata.
>
SomAImwERwRE
jee pui
D
. Rhynchotalona rostrata.
. Graptoleberis testudinaria.
14. Alona costata.
4 3 AE guttata.
16. » rectangula.
17
18
390 M. THIÉBAUD
19. Alonella exigua.
20. Pleuroxus trigonellus.
1 ) uncinatus.
22. ) aduncus.
23. Chydorus globosus.
23. ) sphaericus.
24. ) piger.
25. Monospilus dispar.
Les & de Ceriodaphnia reticulata, Cerodaphnia laticaudata et
Alona guttata var. kurzi sont nouveaux pour la Suisse. Sont dicy-
cliques: Daphnia pulex (4 22 juin, 22 octobre), Ceriodaphnia rett-
culata, laticaudata et quadrangula var. hamata. Les autres espèces
sont monocycliques.
dd + nl
REVUE SUISSE" DE: ZOOLOGIE 391
Vol: 33, n09 12. — Juin 1926.
COMMUNICATION FAITE A l’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA
SOCIÈTÉ ZOO LOGIQUE. SUISSE, TENUE À NEUCHATEL LES 10 Er 11 Avriz 1926.
Pocken und Guarnierische Kürperchen
von
Dr. H. STAUFFACHER
Das Pockenblut stammt aus dem thurgauischen Kantonsspital
in Münsterlingen. Die Coagulation des Blutes ist sehr bemerkens-
wert ! Ausstriche der coagulirten, dunkelroten Brocken liess ich
nicht trocken werden ?, sondern fixierte sie sofort (also nass !) in
Alkoho!l (75 %). Gefärbt wurde in verdünntem Säure-Fuchsin
(0,2 %) oder in Ehrlichs Fuchsin-Methylenblau, oder in Giemsa.
Die Färbung in Säure-Fuchsin lieferte sehr instruktive Bilder.
Als charakteristisch für Pocken wurden bisher fast allgemein die
sog. « Guarnierischen Kürperchen » angesehen, Kürperchen, wie sie
GUARNIERI 1892 nach der Verimpfung von Vaccine-Lymphe auf
die Kaninchen-Hornhaut im Epithel der letzteren nachgewiesen
hat und als identisch mit protoplasmatischen Gebilden bezeichnete,
die zuerst WEIGERT 1874, dann L. PFEIFFER und VAN DER LOEFF
1886 und 1887 in Pockenpusteln aufgefunden hatten. Ihre kurze
Charakteristik lautet : « Runde oder ovale, sphärische (also kugelige)
oder halbmondfürmige Gebilde, welche in frischem Zustande
amôboide Bewegungen zeigen. Die stark hchtbrechenden Kôürper-
chen sind von einem bhellen Hof umgeben ». Die amôüboide Be-
weglichkeit dieser Gebilde veranlasste ihre Entdecker, sie zu den
Protozoen (Sporozoen) zu zählen und GUARNIERI taufte sie « Cytor-
rhyctes variolæ » Auch im Blute Pockenkranker sollen sie
nach verschiedenen Autoren vorkommen.
Die Guarmierischen Kôrperchen kommen nach der Literatur
1 Auf Details kann erst bei der Publikation der Arbeit eingetreten werden.
? Vergl. auch: STAUFFACHER, H. Ueber einige alte Probleme der modernen
Biologie. II. Teil. Frauenfeld, 1921.
Rev. Suisse pe Zoo. T. 33. 1926. 29
392 H. STAUFFACHER
entweder einzeln vor, oder zwei (die event. verschieden gross sind)
hängen zusammen, oder sie sind getrennt, liegen aber noch im
gemeinsamen Hofe. Ihre Grôsse ist sehr verschieden ; neben solchen,
die einen Durchmesser von ca. 24 aufweisen, gibt es kleinste
Kügelchen von vielleicht nicht mehr wie 0,5u, die sog. « Initial-
kôürperchen ». Allgemein wird angenommen, dass diese Initialkôr-
perchen die Vorstadien der definitiven Guarnierischen Kürperchen
seien. Einige Forscher wollen auch die Initialkôrperchen aus noch
kleineren und zahlreicheren Einheiten (Granulationen), den sog.
Paschen’schen Pockenkôrperchen (PRoWAZEKS « Elementarkürper-
chen ») entstehen lassen.
Auf die Literatur kann hier nicht eingetreten werden; erwähnen
aber môüchte ich doch die Ansicht DomBrowsxrs, das Pockenvirus
gehôre zu den Blastomyceten («Hefepilzen ») und seine Vermehrung
geschehe ausschliesslich durch Knospung; ferner die Meldung
Carinr’s, das Virus der Kuhpocken sei in Zellen enthalten. Sicheren
Aufschluss über die Natur der Guarnierischen Kôrperchen und
ihre Rolle bei Pocken konnte man bis jetzt nicht geben.
In meinen Präparaten fallen sofort und vor allem auf: glänzende,
runde oder ovale, sphærische (also kugelige) oder halbmondfürmige
Kôürperchen, die sich in Säure-Fuchsin intensiv rot färben. Umgeben
sind sie meistens von einem hellen Hof. In schwereren Pockenfällen
ist der Objektträger von ihnen übersät; sie beherrschen unbedingt
das Gesichtsfeld. Die Kürperchen zeigen, in Säure Fuchsin gefärbt,
eine dicke, schwarzrote Randlinie, die als Haut (Membran) gedeutet
werden muss.
Ist die Färbung nicht zu intensiv, so erkennt man im Innern
des Kürperchens eine hellere Partie, in der wieder ein stärker ge-
färbtes, rundliches oder längliches Gebilde liegt: der Kern (eigent-
lich ein Nucleolus).
Aber diese sphärischen Kürperchen nehmen auch andere oo
an und zwar ändern sie ihre Gestalt manigfach; sie sind ausge-
sprochen amüboid. Man sieht sie oval, eiformig, birnformig, halb-
kugelig, polyedrisch, sehr häufig halbmond- oder sichelfrmig. In
andern Fällen erzeugen sie lappenfôrmige Fortsätze, wie wir es
bei Amôben zu sehen gewohnt sind, oder sie strecken sich derart,
dass man gewisse Sporozoen vor sich zu haben glaubt. Oder das
Kügelchen treibt Knospen, die sich früher oder später ablôsen und
ebenfalls Bewegung und Formveränderung zeigen.
.,
»
.
GUARNIERISCHE KOÔRPERCHEN 393
Es kann keinem Zweifel unterliegen: Wir haben es hier mit den
« Guarnierischen Kôrperchen » zu tun, mit denen sie auch in der
Grôsse gut übereinstimmen. Aber diese Gebilde liegen ursprüng-
ich nicht frei im Blut, sondern sind in Zellen eingeschlossen. In
diesen Zellen entstehen sie, hier kônnen sie sich auch vermehren,
und aus diesen Zellen kriechen sie früher oder später aus (das
dokumentiert 1hren amôüboiden Charakter besonders deutlich) und
. kommen dadurch frei ins Blut zu liegen.
Im mikroskopischen Gesichtsfeld fällt indes noch etwas anderes
auf: Die Zellen, in denen die Guarn. Kôrperchen entstehen und
zunächst liegen, sind nicht vereinzelt; sie gehôren vielmehr einem
flächenhaften Zellverbande an, und dieser Zellverband ist nichts
anderes als das zarte überaus schleimige, hyaline Mycelium eines
hôüheren Pilzes (Fadenpilz), der im. Blute des Kranken als Sapro-
phyt lebt und den eigentlichen Pockenerreger repräsentiert. Lässt
man die Objektträger mit den Blutausstrichen vor der Fixation
trocken werden, so wird das zarte Pilzgewebe zerstôrt und unnach-
weisbar, ganz so wie beim Grippepilz und beim Pilz der perniciôsen
Anämie der Pferde {. |
Das Wachstum des Pilzes geschieht durch Knospung (Sprossung):
Eine ausgewachsene Zelle von länglicher oder auch rundlicher
Form treibt eine 1hr mit schmaler oder auch breiterer Basis auf-
sitzende Ausstülpung oder Knospe, welche die gleichen Eigen-
schaften, also auch einen Kern, erhält wie die Mutterzelle; sie
trennt sich von dieser durch eine Querwand ab, bevor sie ihre
definitive Grôsse erreicht hat. An der Tochterzelle kann sich diese
Sprossung wiederholen und dasselbe gilt für alle folgenden — bei
ausreichender Ernährung unbegrenzt zahlreichen — Sprossgene-
rationen. Der Kern der Mutterzelle streckt sich hiebei in die
Knospe hinein und schnürt alsdann den Tochterkern ab. Die
Zahl der Sprossungen und die Orte, wo sie auftreten, scheinen
nicht fest bestimmt zu sein. Diese Sprossgenerationen bleiben im
vorlegenden Falle mit eimander verbunden, und ihr Verband stellt
daher nichts weiter dar, als einen unregelmässig verzweigten Pilz-
faden (Hyphe). Man bezeichnet das in der Mykologie als Spross-
pilzwachstum. Es soll damit eine Wuchsform bezeichnet werden.
Sie kommt manchen Pilzspezies ausschliesslich zu, z. B. den als
1 Siehe STAUFFACHER, loc. cit.
394 H. STAUFFACHER
Hefepilze bekannten Arten der Gattung Saccharomyces, oder sie
ist bestimmten Zuständen anderer Spezies eigen, welche sonst in
Faden- oder Kürperform auftreten (A. pE Bary). Da die durch
Sprosspilzwachstum entstandenen Zellen vereinigt bleiben, so
nennt man nach dem Vorschlag von BERKELEY derartige Spross-
verbände auch «confervenartig ». In der Tat erinnern die faden-
und flächenartig festen Zellverbände unseres Pockenpilzes beson-
ders an die Chroolepus-Formen (etwa an Trentepohlia oder an
Coleochæte, z. B. Coleochæte pulvinata) in der Ordnung der Con-
fervoideae. (Weitere Vergleiche in der Hauptarbeit.) Da die con-
fervoiden Sprossverbände durch terminale und seithiche Sprossung
immer weiter wachsen und die verschiedenen Sprosse mit einander
auch wieder verwachsen kônnen, verflechten sich die Hyphen all-
mählig und erzeugen schliesslich verlängerte, ästige Stränge oder
auch häutige pseudoparenchymatische Bildungen. Im Prinzip
dieselben Verhältnisse traf ich beim Pilz der perniciôsen Pferde-
anämie und der menschlichen Grippe; dagegen ist das Wachstum
des Grippepilzes ein viel rascheres als das des Pockenpilzes, daher
die Incubationszeit bei Grippe kürzer als bei Pocken.
Die Wirkungen des im menschlichen Blute oft mächtig wuchern-
den Pockenpilzes sind manigfacher Art:
1. Mechanische: Verstopfung der Kapillaren, also Hemmung
resp. Unterbrechung des peripheren Kreislaufes mit allen 1hren
Konsequenzen, wozu ich besonders die Tendenz zu Blutungen und
die Disposition zu Komplikationen etc. rechne.
2. Physiologische: a) Entzug von Eiweisssubstanzen und
Salzen aus dem Blut; b) Lieferung von Stoffwechselprodukten bezw.
spezifischen Fermenten in das Blut; c) Direkte Giftwirkung durch
die absterbenden Mycelien.
3. Chemische: Entzug von Sauerstoff aus dem Blut und Intoxi-
kation des letzteren mit Kohlensäure.
In gewühnlichen Mycelzellen dieses Pilzes entstehen nun die
Guarnierischen Kôürperchen. Aber ihre Mutterzellen runden sich
bald ab — obwohl sie im Zellverbande bleiben — und nehmen an
Volumen zu; sie liegen entweder intercalar, oder stehen am Ende
seitlicher Sprossen.
Das Guarnierische Kürperchen entsteht aus dem Kern der be-
treffenden Zelle. Dieser kontrahirt sich stark, kugelt sich ab und
ra
GUARNIERISCHE KOÔRPERCHEN 395
umgibt sich mit einer Membran. Die Beobachtung, dass die Guar-
nierischen Kôrperchen Zellkerne sind, erklärt ihr färberisches Ver-
halten ; das « Chromatin » (Basichromatin) tritt zurück; sie bestehen
zum grôssten Teil aus oxychromatischer also protoplasmatischer
_Substanz. Das Kôürperchen im Innern ist daher ein als « Kern »
funktionierender Nucleolus. Die amôboide Beweglichkeit von
Zellkernen ist längst bekannt.
Diejenigen Guarnierischen Kôürperchen, die nicht sofort aus der
Mutterzelle auskriechen, vermehren sich hier und zwar ausschliess-
lich durch Knospung: Am ursprünglichen Kôürperchen entsteht
eine wWinzige Knospe, die, an jenem hängen bleibend, bis zur Grüsse
des Mutterkügelchens auswächst und erst nachträglich sich ab-
trennt. Oder die kleine Knospe lüst sich frühzeitig ab, wird also
selbständig und wächst — neben dem Mutterkügelchen legend —
zur Grôsse des letzteren heran: Es ist dies ein « Initialkôrperchen ».
Im Maximum liegen schliesslich in einer Zelle 4 Kügelchen, die
nach und nach alle auskriechen. Jedes dieser Kürperchen repräsen-
tiert also ein Guarnierisches Kôürperchen. Die Initialkürperchen
sind also tatsächlich Vorstadien der Guarnierischen Kôrperchen;
denn sie sind nichts anderes als frühzeitig abgelôste Knospen des
primären Kôrperchens. Die Entstehung der Guarnierischen Kôür-
perchen aus Initialkôrperchen ist aber nur ein Spezialfall. Dagegen
kann die Bildung der Initialkôrperchen aus Granulationen (PRro-
WAZEKS (« Elementarkürperchen ») nicht bestätigt werden.
Die Guarnierischen Kôrperchen sind Pilzsporen und zwar
Tetrasporen oder Ascensporen. Sie wachsen im menschlichen
Blut sehr leicht zu schônen Keimschläuchen aus. Meine Präparate
enthalten viele solcher Keimschläuche. Die letzteren erzeugen bald
wieder Sporen, die aber keine Guarnierischen Kürperchen mehr sind,
sondern als Conidien gedeutet werden müssen. Das Auswachsen
der Guarnierischen Kürperchen zu Keimschläuchen beweist ein-
wandirei 1hre Sporennatur. Da aber diese Ascensporen fructificativ
auswachsen, muss ich sie als Chlamydosporen ansprechen: Die
Guarnierischen Kürperchen sind unmittelbar zu Chlamydosporen
umgewandelte Ascensporen.
Die Frage nach der Rolle, welche die Guarnierischen Kürperchen
bei Variola spielen, hat also zu folgenden Resultaten geführt:
1. Die Guarnierischen Kôrperchen sind spezifisch für Pocken.
2. Sie sind jedoch nicht die eigentlichen Erreger der Krankheit.
396 H. STAUFFACHER
3. Der Erreger der menschlichen Pocken ist ein Sprosspilz, ein
hôüherer Pilz aus der Gruppe der Ascomyceten, der im Blute
Pockenkranker schmarotzt und nach meinen Erfahrungen identisch
ist mit dem Erreger der Kuhpocken.
4. Die Guarnierischen Kôrperchen sind Entwicklungs -(Frukti-
fikations-) stadien, Sporen, dieses Pilzes.
5. Sie spielen die Rolle von Dauersporen. Dazu befähigt sie
in erster Linie 1hr dichtes Protoplasma, dann ihre relativ dicke
Membran. Eingetrocknetes Blut, getrockneter Eiter, Epithelzellen,
Borke, etc., von denen die Kürperchen häufig eingehüllt sein wer-
den, müssen die Widerstandsfähigkeit dieser Sporen noch wesent-
lich erhühen. Daher die Tenazität des Pockenvirus.
6. Die Guarnierischen Kôrperchen übertragen als Sporen die
Krankheit. Es geschieht dies von Person zu Person, durch Wäsche,
Bettstücke, Kleider, etc., event. auch durch die Luft.
7. Die Initialkôrperchen sind Vorstadien der Guarnierischen
Kôürperchen; sie gehen nicht aus Granulationen hervor.
Nun aber treten die Pocken nicht nur epidemisch, sondern auch
pandemisch auf. Dazu reichen die Guarnierischen Kôrperchen
nicht aus: {. sind sie zu wenig zahlreich und 2. für einen längeren
Lufttransport spezifisch wohl zu schwer. Das Mycelium des Pocken-
pilzes erzeugt nämlich noch eine andere Art von Sporen, nämlich
Conidien, die gelegentlichin ungeheurer Zah]l aus allen Mycelzellen
hervorwachsen (ganz wie beim Grippepilz). Und in der über-
wältigend raschen pandemischen Verbreitung einer Krankheiït 1st
das Conidienmaterial konkurrenzlos; es kann leicht auf dem Luft-
weg auf grosse Entfernung transportiert werden |.
Das Heimatland der Pocken ist nicht sicher bekannt; doch ver-
mutet man es in den Zentralländern Asiens (China incl. Indien).
Auch im Zentralgebiet Afrikas scheint ein Urherd zu liegen. Ich
vermute daher, dass die Pocken beim Kameel heimisch sind. Im
Pendschab ist diese Krankheït tatsächlich unter den Kameelen so
‘Die Pocken-Erzeuger (Guarnerische Kôrper und Conidien) dringen wohl aus-
nahmslos (wie die Grippe-Erreger) durch die Luftwege in den menschichen
Kôrper ein. Auf den Schleimhäuten der Trachea werden die aufgeflogenen
Sporen haften und vermittelst Keimschläuchen in die Blutbahn durchwachsen.
Daher die häufigen katarrhalischen Vorläufer bei Pocken und Grippe.
nid Yang Le 44) !'
OR PTS me TE |
* À
de PO LIR LES La
7
she Cf die, Es:
"
à
ui
397
GUARNIERISCHE KORPERCHEN
häufig, dass die meisten Tiere 1m ersten oder zweiten Lebensjahre
davon betroffen werden. |
Vom Kameel wurde die Seuche auf den Menschen übertragen und
dieser infiziert gelegenthich die Kuh. Variola und Vaccine haben
denselben Erreger. Dagegen erleidet (nach EBsTEIN und SCHWALBE)
«das Contagium der Menschenpocken durch den Eintritt in den
Organismus des Rindes sehr wesentliche und tiefgreifende Verän-
derungen: Das flüchtige, durch die Luft sich verbreitende Conta-
gium der Variola wird zu dem fixen, an den Pustelinhalt gebundenen
und daher nicht mehr gemeingefährlichen Virus der Vaccine ». In
unsere Sprache übersetzt würde das nun folgendermassen lauten:
Variola und Vaccine besitzen Guarnierische Kürperchen, aber nur
die Variola kennt die Conidiengeneration.
Ein ganz ähnliches Krankheitspaar habe ich kennen gelernt bei
Pferdegrippe (perniciôse Anämie der Pferde) und menschlicher
Grippe.
Pa «Æ
A
; #
A
NE
RE VUBRSUISSE-DE -ZOOLOGIE 399
Vol. 33.00.13. — Juin 1926.
COMMUNICATION FAITE A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA
SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE SUISSE, TENUE À NeucHaTEL LES 10 Er 11 Avris 1926.
I. Localisation dans une région
du Parc national suisse, d'une race constante
de Papillons exclusivement composée
d'hybrides.
par
Arnold PICTET
(Avec une carte.)
Lorsqu'une espèce, végétale ou animale, quitte son centre d’ori-
gine pour se répartir le long de son aire de dispersion, elle se trouve
localisée en stations, continues ou discontinues, et si ces stations
possèdent. un climat différent de celui du centre de dispersion,
l'espèce s’y trouve représentée par une ou plusieurs variétés (races
géographiques). On en conclut que c’est le chimat qui est propice
à la production de ces variétés. Cela est vrai dans un certain nombre
de cas; mais alors, les caractères distinctifs de ces formes ainsi
créées par le milieu ne sont pas héréditaires et s'ils restent constants
c’est que le climat renouvelle son action à chaque génération. C’est
en effet ce que nous avons pu montrer pour quelques races géo-
graphiques de Lépidoptères: en élevant ces races dans un autre
chmat que celui de leur station, on constate que leur descendance
perd la caractéristique raciale. Ce sont en conséquence de fausses
races, c’est-à-dire des somations.
Mais, à côté de ces stations, on en trouve d’autres où l’espèce
est représentée par des races dont les caractères sont héréditaires.
Quelques-unes de nos expériences avec des Lépidoptères ont montré
que si l’on élève ces races dans un autre climat, leur descendance,
même au bout de plusieurs générations, ne se modifie pas. Ce sont
Rev. Suisse DE Zoo. T. 33. 1926. 30
400 A. PICTET
alors des mutations, qui ne sont nullement créées par le climat,
mais qui ne s’en trouvent pas moins localisées dans une station
se faisant remarquer par un chmat particulier.
On nomme génécologie la science, inaugurée par le botaniste
Turessox 1, qui s'occupe de l’étude de la localisation de ces races
héréditaires dans des stations en relation avec le chmat. Le Pare
national suisse, dont nous étudions les Lépidoptères depuis 6 ans,
se Munk
Kuffla Pass
pole Le ?
Jaunes TS
Stations de Nemeophila plantaginis au Parc National Suisse.
AA — Race de 1700 m (Praspôl et Cierfs);
aa — Race de 2700 m:;
Aa — Race hybride de 2200.
(de Praspôl à Cierfs, à vol d’oiseau — 18 km.)
comporte passablement de ces stations génécologiques, dans les-
quelles une race est localisée et représentée seulement par l’un ou
l’autre de ses phénotypes et de ses génotypes à l’exclusion des
autres. |
Nous avons observé, et contrôlé expérimentalement, plusieurs
fois ces phénomènes de localisation, en particulier de trois races
de Nemeophila plantaginis, et nous RRBARROES comme suit le résultat
de nos recherches. :
1 Hereditas, VI, 1925, p. 147-236.
dis ES AS
‘Al LAETSe"
hi
DSP,
LOCALISATION D'UNE RACE
Localisation d'une race AA à Praspôl et à Cierfs (1700 m..)
A Praspôl (consulter la carte), sur le versant suisse du Parc
national, dans la vallée de l’Ofen, se trouve une station de VNemeo-
phila plantaginis composée d'individus de taille moyenne (enver-
gure, 4 39, ® 32) se faisant principalement remarquer par une
augmentation de l’amplitude des dessins noirs. A Cüierfs, sur le
versant tyrolien, dans la vallée de Munster, se trouve une autre
station de cette espèce, composée d'individus semblables à ceux
de Praspôl et de même taille. Cette race, aux deux stations, est
constante, ainsi qu'en témoignent l'observation sur le terrain et
plusieurs élevages en captivité. Les stations de Praspôl et de Cierfs,
situées à 18 kilomètres l’une de l’autre, sont séparées par une
barrière, l’Ofenpass, à 2200 m., que les individus AA, localisés à
l'altitude maximum de 1700 m., ne peuvent par conséquent pas
franchir.
Localisation d'une race aa au sommet des vallées
transversales (2700 m.).
Un certain nombre de vallées transversales, orientées du nord au
sud (val del Botsch, Stavelchod, val Nughia, val Foraz, Munt della
Bescha, Starlex, Urtiolaspitze), coupent les vallées de l’Ofen et de
Munster. Ces vallées transversales, absolument séparées les unes
des autres, sont fermées par des culs de sac, à 2700 m., où la flore
est pauvre, et dans lesquels se trouve une petite race de plantaginis,
dont les individus, d’aspect chétif, se font remarquer par une dimi-
nution de l’amplitude des dessins noirs (envergure, 4 29, © 30).
Cette race aa est constante, ainsi qu'en témoignent l’observation
sur le terrain et les élevages en captivité. Localisés au fond de ces
culs de sac, les individus de cette race ne peuvent avoir aucune
communication régulière avec ceux de Cierfs et de Praspôül.
Localisation d’une race Aa sur les plateaux médians, à 2200 m.
Une série de plateaux herbeux se succèdent à l’altitude de 2200 m.
et relient le versant suisse au versant tyrolien. Sur ces plateaux
existe une belle race de Nemeophila plantaginis, richement colorée,
forte (envergure, 4 38, © 35), se distinguant facilement des deux
402 A. PICTET
autres. L'observation sur le terrain, pendant 6 années, montre
que cette race est absolument constante sur ces plateaux et qu'elle
est seule à y représenter l’espèce pendant tout le mois d'août. Mais,
si l’on élève, en captivité, des pontes complètes d'individus pris
sur place, on constate que ces individus sont des hybrides provenant
du croisement entre À et a et qu'ils répondent à la définition Aa.
En effet, la seconde génération provenant de ces hybrides, en cap-
tivité, donne manifestement lieu à une ségrégation en AA, aa et
Aaïl. Pourquoi cette ségrégation, constatée en captivité, ne se
réalise-t-elle pas en place sur les plateaux ?
Les résultats suivants de nos expériences donnent la clé de ce
problème:
1. La race AA se développe en une année, c’est-à-dire ne subit
qu'une diapause hibernale et ne tisse qu’une fois le cocon d’hiber-
nation.
2. La race aa se développe en 2 années et tisse 2 fois le cocon
d’hibernation.
3. Les chenilles Aa se développent en une année et acquièrent
en outre, du fait du croisement, une accélération de développement.
Parmi les chenilles de la F,, on constate qu’il y en a une certaine
quantité subissant la simple diapause et une autre quantité, moins
nombreuse, subissant la double diapause. Le développement en
deux années est donc récessif du développement en une année.
4. D'autre part, l’accélération de développement acquise par les
chenilles Aa permet seulement aux individus hybrides de se déve-
lopper à l’altitude de 2200 m.
Dans ces conditions, si l’on admet qu’à la suite d’un phénomène
météorologique facile à concevoir, des individus a et des individus À
aient été transportés sur un même point des plateaux, nous avons
ainsi la formation d’un organisme Aa. Quelques observations parti-
culières, dans le détail desquelles nous ne pouvons entrer ici,
semblent montrer que ce transport à pu s’effectuer et que la ren-
contre s’est opérée au dessus de Cierfs, entre l’Ofenpass et l’Alp da
Munt. D’après nos expériences, nous savons que l’hybride Aa porte
1 Les proportions mendéliennes n’ont pas pu être controlées exactement
par le fait de la mortalité résultant d’un élevage au laboratoire de Genève,
c’est-à-dire dans des conditions de milieu totalement différentes des condi-
tions normales. Nous avons cependant constaté que la forme Aa était plus
nombreuse que les deux autres.
|
|
,
|
|
|
|
CO
LOCALISATION D’UNE RACE A0
en lui les facteurs des deux autres races. Sur ces plateaux, 1l don-
nera donc lieu à une seconde génération composée d'individus
AA qui ne sont pas viables à 2200 m.
aa qui ne sont pas viables à 2200 m.
Aa qui sont seuls viables à cette altitude.
Il est certain que c’est à l’état de chenille que les deux types
homozygotes sont éliminés. À chaque génération se renouvellera
l'élimination des deux types homozygotes par le fait de la non
viabilité de leurs chenilles à 2200 m., les hétérozygotes étant seuls
à subsister et de cette facon s’explique la localisation d’une race
de Nemeophila plantaginis exclusivement composée d’hybrides.
Passage de la race AA de la station de Cierfs à celle de Praspüôl.
Nous avons vu que les individus AA ne peuvent franchir directe-
ment la barrière qui sépare Cierfs de Praspôl. Mais nous avons
constaté que l’hybride se déplaçait, le long des plateaux, du côté
suisse, pour se rapprocher de Praspôül; nous en avons constaté une
station dans le voisinage. Cet acheminement a vraisemblablement
dû s’opérer en plusieurs générations. Tant que l’hybride se trouvait
à 2200 m., il donnait naissance à des chenilles AA non-viables à
cette altitude. Mais, en se rapprochant de 1700 m., ce qui a été
constaté, 1l est arrivé que les chenilles AA de la F,, ayant rencontré
leurs conditions de viabilité, ont fait souche. Le passage de la forme
AA de Cierfs à Praspôl, par dessus la barrière infranchissable de
l’Ofenpass, ne se fait donc pas directement, mais par le moyen de
l’hybride, qui est le seul à pouvoir franchir cette barrière et qui
transporte, jusque dans une station propice, son génotype, dont 1l
porte en lui les facteurs d’hérédité.
: Passage de la race aa d’une vallée à l’autre.
Nous avons constaté que l’hybride montait parfois le long des
vallées transversales. Il est donc probable que la localisation des
individus aa au fond des culs de sac de ces vallées et leur transport
d’une vallée à l’autre ait, pour origine, un phénomène analogue à
celui qui a opéré le transport de la forme AA.
Ds
(e2)
Te
A. PICTET
II. La proportion sexuelle
dans la descendance de races croisées.
Dans un précédent travailt, nous avons montré que la propor- .
tion sexuelle n’est de 1 : { que dans les lignées provenant d’un
couple initial de parents et dans certains cas de parthénogénèse
(Orgya antiqua et gonostigma). Dans les lignées, cet étalon se
maintient au cours des générations. Dans les populations animales,
la proportion sexuelle oscille entre 108-110 %,, avec excès numé-
rique des mâles ou des femelles suivant les espèces considérées. Les
lignées et les pontes d’Orgya sont donc les seuls cas où la sex-ratio
corresponde à la théorie mendélienne du sexe.
Nous avons étudié la proportion sexuelle dans la descendance
d'un certain nombre de races croisées de Lépidoptères et de Co-
bayes et voici, en résumé, les premiers résultats que nous avions
publiés:
P X P donne une génération F, composée de 1 & : 1 9.
F, x F, donne une génération F, où l’un des sexes est en excé-
dent numérique sur l’autre sexe. Dans le croisement Cavia aperea
X C. cobaya, la F, à donné exactement 2 mâles pour 1 femelle;
cet étalon a été éalisé, exactement ou avec une légère variante,
à la F, du croisement de quelques races de Lépidoptères. Mais,
dans le croisement de trois autres races de Papillons (Lasiocampa
quercus X spartu, Lymantria dispar X japonica, Nemeophila plan-
taginis de provenance suisse X race de provenance tyrolienne),
la F, se composait de 3 mâles pour 1 femelle.
D'autre part, lors de nos anciennes recherches avec Lymantria
dispar, nous avions vu qu’en changeant la nourriture des chenilles
(Noyer au lieu de Chêne) pendant 4 générations consécutives, le
nombre des femelles, proportionnellement à celui des mâles, dimi-
nuait à la seconde et à la troisième génération et nous avions
établi que cette diminution du nombre des femelles avait son ori-
1 GC. R. du 3° Congrès internat. d’Entomologie. Zurich, 1925.
med ddc ic hair ee A6 Entp di are ar à Oro ou 1 té
PANET RItIN rR NORAR T
* , À [l
CRT Ver Eee Le De
nn te
BE sé Là
PROPORTION SEXUELLE 405
gine dans les gonades des individus de la génération précédente,
par destruction de groupes d’ovules déterminant le sexe femelle.
Dans le cas où la proportion sexuelle, à la génération F,, est
de 2 : 1, on peut expliquer le déchet de la moitié des individus
d’un sexe par l’action d’un facteur léthal récessif qui élimine tous
les spermatozoïdes déterminant le sexe mâle, dans le cas où c’est
le mâle qui est digamétique (donc la moitié), ou tous les ovules
déterminant le sexe femelle dans le cas contraire. Si ce facteur
léthal n’agissait pas, la sex-ratio, à la seconde génération serait,
comme à la première, de 1 : 1, c’est-à-dire conforme à la proportion
sexuelle dans les lignées et conforme à la théorie mendélienne
du sexe.
Depuis la publication de ces premiers résultats, nous avons
pratiqué, dans le but de vérifier cette sex-ratio de 3 : 1, de nouveaux
croisements avec les mêmes races de Vemeophila plantaginis qui,
précédemment, avaient donné une F, composée de 34:19 et
voici les nouveaux chiffres qui résultent de ces croisements:
PP un couplé.)
A
O
Ô =
P x P donne une F, composée de 95 individus . dont 47 48
Nous obtenons 7 pontes provenant de couples
pris parmi ces 95 individus:
Ponte I, F, X F, donne une F, nn de 122
vid PdéCéS) =: 4 2 A » RU Lre
Ponte II, F, X F, donne une F, composée “ 130
te (8 décès) a: 122 (
Ponte III, F, x F, donne AR composée e de 110
hd (10 décès) RE TRE MR EDS: ) 78 22
(Proportion, 3,5 : {)
Pontes IV-VIII, F, X F, accouplements constatés, tous œufs non
viables.
Ainsi, voici trois sortes de couples de la même F,, c’est-à-dire
- trois couples de frères et sœurs qui, chacun, ont donné une F, ayant
une sex-ratio différente. Il semble à première vue qu’on puisse en
déduire que ces six individus F, appartiennent à deux types hybri-
des de constitution chromosomique différente, ce qui d’ailleurs
serait assez conforme à un schéma d’hérédité alternative semblable
à celui-là, où, à la première génération, les deux caractères en jeu
apparaissent numériquement égaux et, à la seconde génération,
406 A. PICTET
dans la proportion de 3:1. Les proportions sexuelles obtenues rendent
admissibles cette interprétation.
Ces proportions peuvent être aussi le résultat de phénomènes
d’intersexualité. Ce qui autorise cette conception, c’est le fait que
4 femelles F, X F, (pontes IV-VIT), dont l’accouplement s’est fait
normalement, ont donné des pontes non fécondées, ce qui signifie-
rait que leurs mâles étaient incomplets.
Mais, si l’on compare le nombre des œufs pondus par les femelles
I à IIT avec celui des pontes normales de Nemeophila plantaginis,
on arrive à une autre interprétation des résultats obtenus. En effet,
les pontes normales que nous avons comptées se composent de 230,
250, 265, 332, 396, etc. œufs, c’est-à-dire le double au moins du
nombre pondu par les femelles F,. Ainsi la ponte IT, de 130 œufs,
n’a donné que des mâles; complète, cette ponte eut pu être de 260,
ce qui montre une élimination de la moitié des gamètes, qui, dans
le cas particulier, auraient pu être des femelles, ce qui aurait rétabli
l’égalité. Cela parle bien en faveur de l’action d’un facteur léthal
récessif.
Cependant, dans le cas de la ponte I, ce sont les ovules déter-
minant le sexe mâle et dans la ponte IT, ceux déterminant le
sexe femelle, qui ont été détruits. Il faudrait donc en déduire
que le même facteur léthal agirait, chez une femelle pour détruire
une des catégories d’ovules et chez sa sœur pour détruire l’autre
catégorie ? Et ce phénomène ne semble possible qu’au cas où ces
deux sœurs seraient de constitution chromosomique différente.
En sorte que la question de savoir d’où provient l'inégalité
numérique dans la proportion sexuelle à la seconde génération de
la descendance de races croisées n’est pas encore résolue et de nou-
velles recherches devront être tentées.
Le
1
HAN UE 2SUrFSSE:DE ZOOLOGIE A0
Vol... 33, no 14. — Juin 1926.
COMMUNICATION FAITE À L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA
SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE SUISSE, TENUE À NEUCHATEL LES 10 ET 11 Avriz 1926
La greffe des glandes sexuelles
et les problèmes de la biologie générale.
par
A. PÉZARD
Directeur-adjoint à l’Ecole des Hautes-Etudes, Paris.
Avec 13 figures dans le texte.
Le déterminisme des caractères sexuels secondaires chez les Ver-
tébrés a provoqué, depuis une vingtaine d’années, une foule de
recherches dont les résultats rigoureux et précis ont profondément
modifié nos conceptions biologiques. Personnellement, soit seul, soit
avec SAND et CARIDROIT, nous avons exploré ce domaine et consacré
une quinzaine d’années à l’étude des Gallinacés: matériel de choix
en raison de la richesse de leur sexualité secondaire. Dans notre
investigation, nous avons eu recours à deux techniques simples,
complémentaires l’une de l’autre: la castration et la greffe des
glandes sexuelles. Nulle part, les résultats expérimentaux n’ont
offert une convergence plus étroite. Ils nous permettent actuelle-
ment d'affirmer: 1° la nature endocrinienne de ce déterminisme;
20 l’existence de certaines hormones frénatrices ; 30 la réalité d’une
forme neutre ou mieux «spécifique », ainsi que l’équipotentialité
du soma; 4° la cause humorale des cas de gynandromorphisme;
59 le non-antagonisme morphogène et hormonique des glandes
sexuelles ; 60 la labilité de l’ovaire chez les Oiseaux et la possibilité
de l’inversion sexuelle autonome de la Poule. Tels sont les princi-
paux points dont nous voulons apporter ici la démonstration con-
crète. Aussi bien, les brillants résultats obtenus depuis quelques
années sur les Batraciens par GuyÉNor et ses élèves, justifient-ils
Rev. Suisse DE Zoo. T. 33. 1926. Fi & À
408 A. PÉZARD
l'intérêt et l’opportunité de cette rapide synthèse. L'œuvre com-
mune, que nous poursuivons tous 1C1 avec passion, n’aura jamais
trop de bons ouvriers.
I. LES CARACTÈRES SEXUELS SECONDAIRES DU COQ DOMESTIQUE.
La plupart de nos races gallines offrent l’exemple le plus remar-
quable du dimorphisme sexuel, dimorphisme qui s'établit pleine-
ment lors de la crise de puberté et intéresse à la fois la forme et le
comportement. Chez le Coq adulte, nous observons une crête
F1G- 1.
En haut, à gauche: Coq normal, er — crête, b — barbillons, or — oreillons
développés, ca — camail, la — lancettes, gf — grandes faucilles, pf —
petites faucilles. — A droite: Poule normale. — En bas: forme commune au
chapon et à la Poule ovariectomisée ou chaponne (crête petite, plumage et
ergots du Coq).
GREFFE DES GLANDES SEXUELLES 409
épaisse, rouge, turgescente, beaucoup plus développée que chez la
Poule; de même, des barbillons et des oreillons très grands; un
plumage brillant où se distinguent notamment le camail, les lan-
cettes et les faucilles; à la base des tarses, des éperons osseux, les
ergots, qui servent pour le combat. Enfin, le chant spécial, l’ardeur
belliqueuse, l’instinct sexuel, bien connus de tous, complètent et
aecentuent la physionomie sexuelle du Coq (fig. 1).
Signalons que dans certaines races: Leghorn brun, Dorking,
Ardennaise, Faverolles, des différences pigmentaires s'ajoutent
aux dissemblances morphologiques du plumage et renforcent le
dimorphisme; par contre, dans la race Sebright, et aussi chez cer-
tains sujets des races Campine et Hambourg, le Coq présente le
plumage de la Poule. Aussi bien, si l’on suit le développement
dans les races normales, on observe que le plumage adulte du Coq
remplace un plumage infantile analogue à celui de Ia Poule (fig. 2)
et l’on peut en conclure éventuellement qu'il s’est produit, chez
celle-ci, un arrêt de développement: arrêt définitif ou bien simple
inhibition ? nous en déciderons plus loin.
IT. LA CASTRATION DU COQ DOMESTIQUE.
Malgré la pratique du chaponnage, usitée dès la plus haute anti-
quité, le chapon demeurait assez mystérieux. C’est que l’arrache-
ment des testicules offrait l’inconvénient de laisser subsister dans
la cavité abdominale de menus fragments de la glande, fragments
qui s’implantaient dans le péritoine, poussaient «comme de la
mauvaise herbe » et annihilaient les effets de la castration. Tel est,
en tout cas, l’obstacle auquel nous nous sommes heurté, dès nos
premières expériences, obstacle très heureux puisqu'il nous ensei-
gnait clairement la possibilité et la haute valeur biologique des
greffes.
Le chapon, massif, indolent, silencieux, conserve une crête petite,
pâle, exsangue. Par contre, il prend intégralement le plumage du
Coq, forme et pigmentation et les ergots croissent avec la vitesse
normale (fig. 1). Il ne manifeste n1 ardeur sexuelle, ni humeur com-
bative. Si la castration est effectuée après la puberté, elle en-
traîne immédiatement la régression de la crête, régression d’une
régularité telle que si l’on figure en fonction du temps les longueurs
de la crête, la courbe de régression dessine un segment de parabole.
410 A. PÉZARD
Enfin, si l’on castre un Coq en évolution pubérale, c’est-à-dire
durant le développement sexué de la crête, on observe également
une régression et la courbe fournit encore un segment de parabole
semblable au précédent.
De cette investigation de base résulte une classification dyna-
mique des caractères sexuels secondaires du Coq. Les uns: pluamge
FIG 2:
Jeunes Poulets, âgés de deux mois et demi. Caractères sexuels secondaires
non développés. Le plumage ressemble à celui d’une Poule. Crête minuscule.
mâle et ergots, ne sont nullement liés au testicule et apparaissent
d'ores et déjà comme des caractères neutres, si paradoxal que cela
puisse paraître. Par contre, la turgescence et le grand développe-
ment de la crête, l’instinct sexuel et combatif et le chant sont
conditionnés par le testicule. Enfin, l’action du testicule doit être
continue pour que se maintiennent ces caractères vraiment mâles
(action de maintien ou loi de continuité).
III. LA NATURE HUMORALE DE LA CORRÉLATION.
[Il s’agit maintenant d'analyser le mécanisme de la corrélation
qui existe entre le testicule et les caractères qu'il dirige. Faut-il
y voir une régulation de nature nerveuse ou une liaison d'ordre
humoral ? Deux séries d'expériences vont trancher la question:
déplacement des récepteurs et greffes de testicules.
GREFFE DES GLANDES SEXUELLES 411
a) Déplacement des récepteurs. Notre collaborateur KF. Cani-
DROIT sectionne un crétillon chez un Coq adulte et le greffe dans
une incision de la peau, sur le dos, sans point de suture. Le crétillon
reprend immédiatement et maintient sa forme, sa vascularisation
et son volume. Or, si la corrélation qui existe entre la crête et le
testicule empruntait la voie nerveuse, elle ne pourrait subsister et
nous verrions le crétillon présenter les signes de la régression. Il faut
donc qu'il trouve immédiatement, dans le sang, la condition néces-
saire à son maintien et cela suffit pour affirmer le caractère hormo-
nique de son dynamisme.
D'ailleurs, nous avons récemment, CARIDROIT et nous, complété
cette expérience. Nous la répétons sur un autre sujet adulte, mais
nous effectuons aussitôt la castration. Le crétillon greffé sur le dos
régresse cette fois et suit fidèlement l’évolution des crétillons
laissés en place. Ainsi, la propriété morphogène que possède le
testicule se transmet par le milieu intérieur, sans être aucunement
liée à une localisation topographique.
b) Greffes testiculaires. Le principe de l’opération consiste à
prélever aseptiquement la glande et à en implanter les fragments.
Chose assez inattendue, le lieu d'implantation semble assez indif-
férent. Personnellement, nous avons principalement utilisé le
péritoine, mais la greffe sous-cutanée nous a aussi donné récem-
ment d'excellents résultats.
La réussite dépend de conditions bien diverses: 1° Le greffon
reprend d'autant mieux que la parenté est plus étroite entre le
donneur et le receveur: les greffes autoplastiques reprennent avec
la plus grande facilité, la greffe bomoplastique réussit moins sou-
vent; quant aux greffes hétéroplastiques, elles semblent vouées à
une régression plus ou moins rapide. 2° Le greffon doit se vascula-
riser rapidement ou mieux aboucher ses vaisseaux avec ceux du
receveur. 30 La réussite est mieux assurée si on neutralise préa-
lablement le receveur ou si on réduit simplement sa masse glandu-
laire. |
En ce qui concerne la structure, CARIDROIT a constaté que les
greffons testiculaires prélevés sur des Coqs après une année de
survie pouvaient présenter une lignée séminale intacte, mais non
souvent sans quelques désordres mécaniques, dûs à l’occlusion des
canaux (fig. 3). Parfois, il se produit une transformation syncy-
SC Rr : bre rade 1 ART Le 1er VE. 2 - "4 TX
22
412 . A. PÉZARD
CREED
2
‘e Ed
ira, "à
sin" à 6 Lo ”
F6 0:
Greffon testiculaire, prélevé sur un Coq une année après la transplantation.
Lignée séminale normale; tissu interstitiel réduit (normal).
tiale; enfin, il est des cas où le conjonctif du canal séminifère
bourgeonne très activement et cloisonne l’intérieur des tubes.
Quant à l’effet des greffes testiculaires, il éclate, chez le Coq,
avec une remarquable précision. Après un certain délai, auquel
nous avons donné le nom de «temps de latence », le Chapon change
de physionomie, retrouve le chant, l’instinct combatif, l’ardeur
sexuelle, tandis que la crête grandit et récupère toutes les carac-
téristiques mâles.
À vrai dire, dès nos premières recherches, nous nous trouvions
en présence d’une relation pondérale assez curieuse. Cette restau-
SN LOS De se - 2435 à CR Ten » ”
RE PTS MTL Le "
GREFFE DES GLANDES SEXUELLES 413
ration fonctionnelle ne se produit en réalité que si la masse totale
des greffons bien structurés est supérieure à 0,4; par contre,
aucun effet ne se produit si la masse est inférieure à 0,4. D’autre
part, il suffit que cette masse soit atteinte pour que la crête effectue
son complet développement; ce qui nous a conduit à énoncer la
loi du «tout ou rien » (1918).
«À partir d’un minimum au dessous duquel l'effet est nul, un
accroissement très petit de la masse testiculaire suffit pour assurer le
développement intégral des caractères vraiment mâles. »
Ce minimum, que nous avons désigné sous le nom de minimum
efficace, objective en réalité un seuil hormonique. Il représente une
fraction très petite de la masse testiculaire normale: 1/50 environ
et ses propriétés s'inscrivent formellement contre la loi de propor-
tionnalité, qui était unanimement admise avant nos travaux. Dans
la suite, LirscHÜTZ (1922) a montré que la notion devait s’étendre
aux Mammifères. D'autre part, nous avons complété la Loi du
«tout ou rien » par la notion des «seuils différentiels » à laquelle
nous ont conduit des dissociations stables du complexe sexuel
secondaire. Par cette notion, nous voulons exprimer que le seuil n’est
pas exactement le même pour les différents caractères qui dépendent
du testicule, bien que les divers seuils soient, chez le Coq, très proches
les uns des autres. En définitive, si l’on considère les réactions
somatiques du Coq sous l’influence de masses testiculaires crois-
santes, on voit qu'il existe des zones dans lesquelles une variation
minuscule du tissu glandulaire entraine un effet considérable, et
d’autres zones ou des variations très étendues ne produisent aucun
effet. La méthode des greffes glandulaires, en faisant surgir ce
résultat, s’est montrée ici d’une extraordinaire fécondité.
IV. L'ACTION FRÉNATRICE DE L’OVAIRE CHEZ LES OISEAUX.
Il s’agit maintenant de revenir au déterminisme du plumage et
des ergots.
Les faits d’arrhénoïdie nous ouvrent la voie. Les zoologistes
connaissent bien ce curieux phénomène qui consiste dans l’acqui-
sition du plumage mâle par les femelles dont l’ovaire s’atrophie,
soit par sénilité, soit pour toute cause pathologique (ex.: Faisane
de DEBREUIL). Le phénomène permet de postuler éventuellement
une influence ovarienne qui empêcherait, chez la Poule, l’appari-
414 |A. PÉZARD
tion du plumage mâle et des ergots et conduit naturellement à
l’ovariectomie, opération que d’aucuns spécialistes déclaraient
impossible, pour des raisons anatomiques !
Nous l’avons tentée et réussie en 1913, en même temps que
GoopaLE et indépendamment l’un de l’autre. Jamais résultat ne
s’est montré plus conforme aux prévisions. La poussée des ergots
suit immédiatement l’opération: elle s’effectue alors avec la même
vitesse que chez le mâle. Quant au plumage présent au moment de
iç(fl
Ér. Coq normal ….p
Hu tucts 07
“ Poule normale ->
g'
SR UR
ES Nÿ
NS es
SE)
“
S
FrG:
ES
Tableau des réactions somatiques que produisent, chez la Poule et chez le
Coq, les différentes masses pondérales d’ovaire et de testicule. Les ordonnées
verticales désignent à gauche, les masses décroissantes d’ovaire, à droite les
masses croissantes de testicule. Les trois lignes inférieures figurent l’état de
l’ergot, du plumage, de la crête, pour l’ordonnée verticale correspondante.
L’espèce présente, non pas deux aspect opposés, l’un mâle, l’autre femelle,
mais sept états différents, que nous avons obtenus expérimentalement.
l’opération, 1l subsiste sans doute jusqu’à la mue suivante, mais
le nouveau plumage prend, jusque dans ses moindres détails, les
caractéristiques du plumage du Coq (fig. 1). De cette expérience
nous concluons: 1° que le plumage et les ergots du Coq existent à
l’état potentiel chez la Poule. 20 Que leur développement se trouve
bloqué par l'ovaire qui exerce une action empêchante. 39 Que le chapon
GREFFE DES GLANDES SEXUELLES 415
et la chaponne prennent, après castration, une forme neutre commune
(à la tailie près). 4° Que les caractères sexuels secondaires doivent
être interprétés comme des « épiphénomènes » (1915).
Naturellement, il convenait de soumettre la fonction ovarienne
à la même analyse biologique que la fonction testiculaire. Ici
encore, la greffe glandulaire, accidentelle ou systématique, nous a
apporté de précieux renseignements. La notion de seuil hormonique
n'offre pas moins de clarté que chez les Coqs et, d’autre part, la
dissociation sexuelle secondaire s'obtient avec facilité, en opérant
des réductions ovariennes de plus en plus étendues. CARIDROIT a
montré que le seuil de l’ergot était, 1c1, assez éloigné de celui du
plumage. Enfin, les seuils des différentes régions du plumage ne
sont pas tous absolument égaux et le fait de maintenir au seuil,
durant la mue, un reliquat ovarien entraine, chez le sujet, l’appa-
rition d’un plumage en mosaïque (mélange de plumes S et de
plumes 9).
Cela dit, 1l nous est maintenant possible de dresser le tableau
des réactions somatiques que produisent, chez la Poule et chez le
Coq, les masses glandulaires les plus variées (fig. 4).
V. L’INVERSION SEXUELLE EXPÉRIMENTALE.
La possibilité de produire, par voie expérimentale, l’inversion
sexuelle secondaire d’un Vertébré supérieur aurait semblé, il y a
quelques années, une chimère ou une absurdité. Telle est la solidité
des déterminismes, surgis de l’étude précédente, qu'ils ont conduit
naturellement, comme par déduction, à la solution précise du
problème: résultat du plus haut intérêt, dont l’importance n’a pas
échappé aux biologistes ou aux philosophes.
L'opération consiste à castrer un animal et à introduire par voie
de greffe, la glande du sexe opposé. De brillants résultats ont été
obtenus chez les Mammifères par STEINACH, ATHIAS, Knud Sanp,
LipscHÜTz, etc.; chez les Batraciens, par K. Pose, Mme WEzri:
chez les Oiseaux par GoopaLe, ZAawaApowsky. Personnellement,
avec SAND et CARIDROIT, nous avons porté notre recherche, non
sur des sujets jeunes, mais sur des sujets adultes: le résultat ne
s’est montré ni moins étendu, ni moins précis. |
La Poule masculinisée ressemble en tous.points au Coq (à la
taille près): crête développée et turgescente, plumage du Coq,
416 A. PÉZARD
ergots, ardeur belliqueuse, instincts sexuels, chant. Quant au Coq
féminisé, il prend une crête de Poule, féminise son plumage et
arrête la croissance de ses éperons (fig. 5). Enfin, de même que le
creffon testiculaire, introduit chez une Poule, peut conserver
intacte sa lignée séminale et continuer à élaborer des spermato-
4 |
|
=
2 E
; £
A on
LE
FT1G: "5.
Coq féminisé par greffe d’ovaire. Crête moyenne, légèrement inclinée. Plu-
mage de Poule Dorking.
zoïdes, les follicules ovariens introduits chez le Coq peuvent évoluer
et présenter les signes caractéristiques de la vitellogenèse.
Ces faits nous conduisent à de nouvelles propositions: 19 L’apti-
tude réactionnelle du soma neutralisé ne semble pas influencée par la
sexualité antérieure, ce qui plaide en faveur de l’équipotentialité.
20 Il n'existe, dans un soma neutre, aucune condition humorale qui
empêche l’implantation d’une glande dont le sexe est opposé au sexe
primitif.
VI. LE PROBLÈME DU GYNANDROMORPHISME.
a) Gynandromorphisme biparti.
La clarté de ces résultats n’a pas été sans provoquer, dans quel-
ques milieux, une réaction artificielle sans doute, mais salutaire.
D'aucuns opposèrent, à notre théorie de l’équipotentialité, l’obser-
vation de quelques Oiseaux exceptionnels: Pinson de Max WEBER,
…
, 4
« ET A7
UNE ON PP RIT sn et Me
ic!
GREFFE DES GLANDES SEXUELLES 417
Bouvreuil de Por. Ces deux Passereaux possédaient un plumage
mixte, mâle à droite et femelle à gauche. A l’autopsie, on constatait
à droite un testicule petit et à gauche un ovaire; en somme une
disposition glandulaire exactement ajustée au plumage (fig. 6). Or,
le sang apporte à chaque moitié les mêmes hormones: si les deux
moitiés réagissent dans des sens opposés, c’est parce qu'elles possé-
deraient chacune leur propre polarité sexuelle secondaire; il n’y
aurait donc pas équipotentialité.
En réalité, la question est mal posée, non seulement parce que
le testicule n’a aucune action sur le plumage et sort du champ des
explications, mais aussi parce qu'il existe des bipartis « discordants ».
Ex.: Faisane de Boxp qui possède à droite le plumage femelle, à
gauche le plumage mâle, et, comme glande, un ovariotesticule à
gauche (fig. 6).
Nous avons fourni, en 1922, une explication, basée sur la notion
nouvelle des seuils différentiels, après quoi 1l nous restait à produire
Fre- 6:
Schéma représentant à gauche, le Pinson de Max Weber; à droite, la
Faisane de Bond.
418 A. PÉZARD
expérimentalement des sujets «bipartis ». [ci encore, l’expérience
a répondu à notre attente (PÉZARD, SAND et CARIDROIT).
Chez la Poule, nous pratiquons une ovariectomie complète et
nous effectuons, en même temps, un demi-déplumage portant sur
l’une ou l’autre moitié (fig. 7). Chez le chapon, nous effectuons une
Pre
Poule gynandromorphe bipartite, de race Leghorn dorée. Parties gauches du
dos et de la gorge masculinisées. Parties droites à plumage femelle. Zone
masculinisée après déplumage local sur l'aile droite.
greffe d’ovaire immédiatement suivie du même demi-déplumage.
Le plumage qui pousse sous la nouvelle condition prend le sexe
opposé et nous obtenons de la sorte, jusqu’à la mue suivante, le
curieux ajustement. Ainsi, le gynandromorphisme biparti n’est nulle-
ment incompatible avec la théorie des hormones. En réalité, il exté-
riorise quelques fluctuations des seuils, coïincidant avec une régres-
sion de l’ovaire.
b) Gynandromorphisme élémentaire (PÉzZARD, SAND et CARIDROIT).
Voici maintenant l’argument décisif, d’une impressionnante pré-
GREFFE DES GLANDES SEXUELLES 419
cision. Il fixe d’une façon rigide l’étendue et la réalité des actions
hormoniques. Il s’agit de l’inversion sexuelle de la plume, imposée
à notre surprise par quelques négligences de déplumage.
Au moment où nous inversons un sujet, observons les plumes qui
sortent de leur étui: les barbes éjectées possèdent leur sexualité
normale et la conservent dans la nouvelle condition. Par contre
la partie qui sortira désormais de l’étui subit la condition nouvelle
et prend tous les caractères du sexe opposé: forme comme pigment
(fig. 8). La séparation des deux zones, nettement transversale,
Yu nouDiomont hiprae Bisasfi £ag must
Che L og (Guf à ovaiu)
À ATILE lé dan). FCardieit
. 1914.
F1G. 8.
Bipartition transversale des plumes d’un Coq sous l'influence d’une greffe
ovarienne. Séparation transversale très nette.
incite à considérer l’intérieur de l’étui comme influençable par les
hormones et cette possibilité est confirmée par l’anatomie. En
effet, la papille de l’étui est richement irriguée et elle imprègne
les barbes naissantes qui sont coincées latéralement contre l’étui.
Même une expérience vient de confirmer notre explication de
1922, relative à l’influence des seuils dans le gynandromorphisme
biparti. Nous avons pu obtenir, lors de la mue de septembre 1925,
420 A. PÉZARD
sur une Poule à reliquat ovarien passant au seuil, des plumes dor-
sales qui présentent d’un côté le pigment mâle, de l’autre le pigment
femelle (fig. 9). Ces plumes succèdent à des plumes mâles normales
Fic. 9.
Gynandromorphisme biparti élémentaire par différence de seuil. L’inversion
sexuelle ne s’est pas produite au même niveau dans les deux moitiés des
- plumes n°5 3 et 4. 1 — Plumes mâles, poussées avant la mue. 2, 3, 4 — Plumes
bisexuées, poussées durant la mue. 5 — Plume femelle, poussée après la mue.
et elles sont maintenant remplacées par des plumes femelles nor-
males. Nous devons admettre que chaque moitié de la plume
possédait son seuil propre et qu’au moment de la mue le reliquat
ovarien se trouvait exactement entre les deux seuils.
VIT. HERMAPHRODISME EXPÉRIMENTAL. (PÉZARD, SAND
et CARIDROIT.)
Peut-on réaliser des complexes biglandulaires ? Dès nos premières
expériences, en 1912, nous avions obtenu la croissance de la crête,
chez la Poule à ovaire réduit, mais les greffes testiculaires introduites
entraient bientôt en régression. STEINACH, mais surtout Knud
SAND, obtenaient, dans la suite, de brillants résultats chez les Mam-
GREFFE DES GLANDES SEXUELLES 421
mifères. Nous avons repris la question chez les Oiseaux et obtenu,
durant ces dernières années, des résultats décisifs. À vrai dire, il
faut, pour réussir, soit neutraliser le sujet et réintroduire, sous forme
de greffe, l’une et l’autre glande; ou encore, comme pour la greffe
simple, opérer préalablement une large réduction de la masse glan-
TE 10.
Greffe testiculaire coexistant, chez une Poule hermaphrodite, avec un reste
ovarien producteur d’œufs mürs. L’organe à été prélevé 19 mois après la greffe.
Tubes séminifères fertiles. Nombreuses pycnoses. Greffon bien vascularisé.
Tissu interstitiel réduit.
dulaire du sujet et introduire la glande inverse. Sous cette condi-
tion de réduction, qui n’est pas absolue, on peut obtenir un bon
pourcentage de réussites.
Cogqs et Poules hermaphrodites présentent les mêmes caractères :
tête de Coq, plumage de Poule. Le plus souvent, les ergots croissent
en raison de la valeur élevée du seuil de l’ergot. Les Coqs conservent
les instincts mâles; les Poules peuvent l’acquérir, mais le fait est
moins constant. CARIDROIT, qui vient de faire une étude minu-
422 A. PÉZARD
tieuse du phénomène, pense qu’il se produit en la circonstance
une variation du seuil qui retarderait l’action du tissu testiculaire.
En tout cas, ul ressort de ces faits qu'il n’y a aucun antagonisme
absolu entre les gonades de sexe opposé, et, d'autre part, que chacune
d'elles se montre capable, en présence de l’autre, de développer son
effet hormonique. Même, les gonades présentes continuent à märir,
chacune pour son propre compte, leurs éléments sexuels (fig. 10 et 11).
Greffe testiculaire sous la peau d’un Coq entier chez lequel s’est développé
le plumage femelle. Etat du greffon deux ans après la greffe: follicules normaux.
VIIT. LE PROBLÈME DE L’'INTERSEXUALITÉ (CARIDROIT et PÉZARD).
Au cours de nos expériences, nous avons été conduit à des résul-
tats dont CariproirT vient d’achever l’étude histologique. Il s’agit
d’inversions sexuelles autonomes affectant les reliquats ou les
greffons ovariens, au milieu desquels peuvent apparaître, à un
moment donné, des canaux séminifères embryonnaires (fig. 12).
Déjà en 1922, nous avions fait connaître le cas de Poules Faverolles
chez lesquelles des restes ovariens étaient flanqués de nodules
blancs et durs, à fonction testiculaire vicariante; ces nodules
étaient formés de cordons à lumière réduite. P. MuRisiER, dans
nat
GREFFE DES GLANDES SEXUELLES 423
d'excellentes études, a publié des cas de même genre. Depuis,
l'expérience a pleinement confirmé le fait qui relève de l’inter-
sexualité.
Ces canaux séminifères, séparés par un tissu interstitiel très
FrGr-42:
Coupes dans différentes régions de l’ovaire chez une Poule intersexuée. A
gauche, ovaire en involution. On aperçoit un ovule normal avec vésicule
germinative Vg et croissant vitellogène Ce. Au milieu, coupe d’un nodule
atéral émis par l’ovaire, constitué par des cordons pleins. A droite, coupe
dans un second nodule, de même origine, constitué par des canaux séminifères
embryonnaires. Le sujet possède la crête et l’instinct combatif du Coq; le
plumage est celui d’une Poule.
réduit, assurent le développement de la crête et donnent à la Poule
l’aspect d’une hermaphrodite (fig. 13). Selon CARIDROIT, ces canaux
relèvent d’une origine double; les uns paraissent dériver de l’épi-
* thélium ovarique; d’autres, plus profonds, seraient issus des cordons
médullaires de première prolifération dont quelques restes peuvent
demeurer inclus dans les thèques folhiculaires. Nous attribuons le
départ de ces formations inattendues à la réduction du nombre
des follicules, lesquels exerceraient normalement une action inhi-
424 A. PÉZARD
bitrice sur les éléments générateurs des canaux. Il nous est agréable
de rapprocher ces résultats de ceux que K. PoxsE a observés chez
les Crapauds mâles, où des ovules ont pu se développer, soit dans
l’organe de Bidder, soit dans les greffes testiculaires ; ici, l’inversion
sexuelle autonome apparaît comme une propriété du testicule.
FEc La:
Deux Poules intersexuées. En haut, Poule chez laquelle l’ovaire est envahi
par des canaux séminifères, concurremment avec le développement de l’ébau-
che droite en testicule. En bas, Poule chez laquelle la réduction de l’ovaire
a été suivie d’un développement des canaux séminifères. Dans les deux cas,
l’animal possède la tête d’un Coq et le plumage d’une Poule.
ch Sonltats : tint a iinténhali-lnte ti épés
GREFFE DES GLANDES SEXUELLES 425
CONCLUSION.
Tels sont les résultats expérimentaux sur lesquels repose notre
théorie des caractères sexuels secondaires chez les Oiseaux. Les
différents aspects ont reçu un vigoureux appui du fait que des
confirmations intéressantes ont été apportées soit chez les Mammi-
fères, soit chez les Batraciens et ont vérifié la valeur logique des
notions du «tout ou rien» et des «seuils différentiels ». — Au demeu-
rant, un chapitre nouveau, peut-être plein de promesses, s’ouvre
en ce moment. Au fond, l’action empêchante de l’ovaire chez les
Oiseaux apparaît comme une action de réglage factoriel, capable
d’assurer la récessivité du plumage mâle. Transportée dans certains
croisements ovins, cette action de réglage par les hormones nous
a permis d'introduire un peu de clarté au milieu de faits touffus.
D'autre part, dans nos expériences d’inversion sexuelle, il nous est
arrivé de constater que le nouveau plumage pouvait présenter, par
rapport à l’ancien, des différences raciales et nous pensons que ce
fait mérite d’être pris en considération pour les théories génétiques.
Ainsi, partant d'expériences simples et banales, le fil biologique
nous a conduit peu à peu vers les questions les plus intéressantes
et les plus générales. Puissions-nous continuer à recueillir des
réponses claires et des résultats dont l’objectivité ne laisse rien
à désirert.
1 Nous remercions bien cordialement nos collègues suisses du bienveillant
accueil qu’il nous ont fait et dont nous conservons le bien vif souvenir.
REVUE SUISSE DE’ ZOOLOGIE
Vol. 33, no 14% bis. —_ Juillet 1926.
ERRATA
au mémoire sur
La greffe des glandes sexuelles
et les problèmes de la biologie générale
par
A. PÉZARD
Deux erreurs graves se sont glissées dans l’explication des figures
de ce mémoire. Il convient de les corriger comme suit:
Page 408, lire:
F1G. 1. A gauche en haut: Coq normal. — En bas: Poule normale. — A
droite en haut: Forme commune au chapon et à la Poule ovariectomisée ou
chaponne.
Page 422, lire:
F1G. 11. Greffe d’ovaire sous la peau d’un coq entier chez lequel s’est dé-
veloppé le plumage femelle. Etat du greffon deux ans après la geeffe: folli-
cules normaux.
2"
RENUELSUISSE" DE ZOOLOGIHIE | HT
NOT 29, ne 415: — Juin 1926:
COMMUNICATION FAITE A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA
SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE SUISSE, TENUE A NEUCHATEL LES 10 ET 11 Avriz 1926.
Note sur la Morphologie générale des
Harpacticides
par le
D' A. MONARD
Privat-docent.
Les Harpacticides, qui comptent actuellement plus de 900 espèces
réparties en 180 genres, sont certainement les plus variés des Copé-
podes libres. Du côté des Cyclopides et des Calanides, ils se déli-
mitent franchement par des caractères importants; par contre, ils
passent, par des transitions ménagées et nombreuses, aux Copé-
podes semi-parasites. La difficulté de leur examen, qui exige dans
presque tous les cas la dissection complète d’un animal minuscule,
explique le nombre restreint d’études qui leur ont été consacrées.
C'est O.F. MuLzer (1785) et JURINE (1820) qui paraissent avoir men-
tionné les premières espèces. Le nom d’Æarpacticus fut créé par
Mizxe-Ewarps en 1838; dès lors les travaux se sont multipliés,
d’abord sur les Harpacticides marins, par une belle série de
publications de CLaus, BRADY, T. ScoTrT, G. O. Sars, qui prennent
fin vers 1910; puis sur les Harpacticides dulcicoles dont l’étude
fut surtout faite par les zoologistes allemands et suisses, série
inaugurée vers 1890 par les travaux de MRAZEK.
G. O. Sars divise les Harpacticoïdes en 19 familles, auxquelles
il faut en ajouter encore 4; nos fiches systématiques — qui ne sont
probablement pas encore complètes — mentionnent 906 espèces
et 178 genres, synonymes non compris. Les espèces marines ont
été étudiées principalement dans les pays suivants: Méditerranée,
Iles britanniques, Norvège, quelques îles boréales, Mer Rouge,
Ceylan, le golfe de Guinée, quelques îles australes (Kerguelen,
archipel malais, etc.), côtes de l'Amérique du Nord. Ces connais-
Rev. Suisse DE Zoo. T. 33 1926. 22
428 A. MONARD
sances sont très fragmentaires, on le voit. A l’exception de la
Grande-Bretagne et de la Norvège, aucun pays n’a pu être étudié
largement.
Le corps des Harpacticides est divisible en trois tronçons: le
céphalosome, qui porte les antennules, les antennes, les mandibules,
les maxilles et les deux paires de maxillipèdes; le métasome qui
porte les 5 paires de pattes, dont les 4 premières sont natatoires
et la cinquième ordinairement réduite; enfin l’urosome, composé
de 5 segments apodes, les deux premiers ordinairement soudés,
en tout ou partie, chez la femelle.
La forme primitive des Harpacticides paraït être cylindrique, un
peu renflée en avant; cette forme se retrouve notamment dans les
espèces que l’on peut considérer comme primitives, les Longipedia,
Canuella, Ectinosoma; répandue dans presque toutes les familles,
elle est de règle chez les Diosaccidae et Canthocamptidae. Mais
elle est susceptible de plusieurs modifications: la première,
très proche encore de la forme primitive, consiste en un allonge-
ment considérable du corps, constaté dans les Cylindropsillidae; les
seements deviennent alors aussi ou plus longs que larges et l’aspect
vermiforme est notamment renforcé. L’urosome, qui normalement
est plus court que la partie antérieure du corps, devient ici aussi
long ou plus long; le diamètre transversal du corps ne varie pas
d’un segment à l’autre et la dilatation légère de la partie antérieure
est complètement effacée.
Une deuxième modification de cette forme primitive, présentée
surtout par les Laophontidae et Cletodidae, consiste en des stric-
tions plus ou moins profondes, affectant particulièrement les seg-
ments du métasome et de l’urosome. L’aspect devient scalari-
forme; les téguments ont souvent tendance à s’épaissir et à se
calcifier. Le corps reste cependant cylindrique, ou présente une
tendance à l’aplatissement dorso-ventral. (Quelques ZLaophonte,
Laophontodes, Asellopsis.)
La modification la plus répandue de la forme cylindrique primi-
tive est l’aplatissement dorso-ventral accompagné d’un élargisse-
ment. Il est peu de familles où ne se trouvent quelques espèces
manifestant cette tendance, à des degrés très divers. C’est ainsi
que la partie antérieure du corps (céphalosome et métasome 1-4)
peut s’élargir seule, l’urosome restant étroit; l’aspect devient alors
cyclopoiïde et caractérise nettement les Zdyaea (Thisbe). La res-
HARPACTICIDES 429
semblance avec les Cyclops est encore augmentée dans les espèces
qui, comme /. longicornis Sc., ont des antennes très allongées. Cet
‘aplatissement peut encore être exagéré par les épipleures segmen-
taires qui, normalement dirigées en bas et parallèlement l’une à
l’autre (l’animal étant placé sur la face ventrale), peuvent parfois
se développer horizontalement. D’ordinaire, les segments de l’uro-
some prennent part à ces modifications et l’aspect de l’animal
devient celui d’un [sopode. Le cas est loin d’être rare. Il est réalisé
chez les Harpacticidae (sensu stricto) par le genre Zaus, chez les
Idyaeidae par le genre Aspidiscus, chez les Thalestridae par le genre
Amenophia, chez les Laophontidae par le genre Asellopsis, chez les
Canthocamptidae par le genre Stenocopia. Il devient la règle chez
les Peltidae et les Porcellidae. Chez les premiers, les épipleures de
l’urosome (1 et 2) sont si développées qu’elles atteignent le niveau
des épipleures du métasome; la forme générale devient ovalaire,
la furca ne dépassant pas le niveau des dernières épipleures (g.
Peltidium). Chez les Porcellidae, l'urosome se réduit à 2 segments
apparents, dont le premier seul est dilaté. Les branches de la furca
sont courtes et larges; il existe, entre les épipleures du métasome
4 et l’urosome, une lacune qui est comblée par la cinquième patte,
elle-même élargie en palette quadrangulaire. L'animal, très aplati
a une forme ovalaire ou discoïde, bien adaptée à sa vie, car il habite
les rochers, les pierres battues par les vagues; il est susceptible de
s’appliquer à son support avec tant de force que le courant d’aspi-
ration d’une grosse pipette est impuissant à le détacher d’une
lame de verre.
L’épaississement dorso-ventral est moins fréquent. Il est réalisé
chez les Westwoodia dont la partie antérieure du corps est extrême-
ment renflée, et chez le curieux genre Metis (— Zlyopsyllus) qui
présente exactement l’aspect extérieur d’une Westwoodia, mais qui
en diffère par la structure aberrante des appendices.
Les Tegastidae présentent une modification extrêmement rare
de la forme générale du corps. Celui-ci est comprimé latéralement;
les épipleures du céphalosome et du métasome I sont très allongées,
celles du Métasome 2-5 réduites; les segments génitaux sont très
profonds, les autres segments de l’urosome très réduits. L’animal
peut se rouler en boule; même dans le genre Syngastes, l’espace entre
les deux saillies décrites est comblé par l’énorme patte V, en volet.
L’animal possède alors un aspect amphipodoïde très particulier.
430 A. MONARD
Le rostre, qui précède le métasome, est très variable aussi: nul
ou presque nul chez les Canthocamptus, en forme de dôme chez
Canuella, il est articulé à sa base et mobile chez les Diosaccidae
et chez Rhynchothalestris. Dans les espèces aplaties, il s’élargit
beaucoup et devient trapézoïde (Peltidium, Porcellidium). Il est
parfois échancré à son extrémité (Laophonte brevirostris CI.).
La furca est beaucoup plus variable que le rostre. Sa structure
primitive semble être celle qu’on observe un peu partout: cylin-
drique, de longueur égale à celle du dernier segment. Mais chez les
Diosaccidae, notamment, elle se réduit beaucoup. Elle s’allonge
au contraire considérablement dans un grand nombre de formes,
au premier rang desquelles 1l faut citer quelques Canthocamptidae
(Stenocopia), quelques Laophonte (elongata, longicaudata, etc.),
quelques Cletodes (longicaudatus, irrasus, ete.). Les Aegisthus et
Pontostratiotes sont caractérisés par l’énorme développement des
soies furcales qui sont soudées l’une à l’autre. Enfin, la furca s’aplatit
considérablement chez les Porcellidae, modification accompagnée
d’une forte réduction des soies. |
La structure des appendices, fort variables, excède les limites
de cette note; leur étude est renvoyée à plus tard.
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE 431
Vol. 33, n° 16.-- juillet 1926.
TrRAvAuUx DU LABORATOIRE DE ZOOLOGIE ET ANATOMIE COMPARÉE
DE L'UNIVERSITÉ DE GENEVE
L'influence du squelette dans la régénération,
et les potentialités des divers territoires
du membre chez Zriton cristatus.
PAR
M'° Vera BISCHLER
Avec 25 figures dans le texte et les planches 5 à 7.
SOMMAIRE
INTRODUCTION.
[re Partie. Rôle du squelette dans la régénération.
Chapitre I. HISTORIQUE ET TECHNIQUE.
Chapitre IT. La RÉGÉNÉRATION EN L’ABSENCE DU SQUELETTE.
A. Amputations dans le stylopode (cuisse ou bras).
I. Extraction du fémur.
IT. Extraction de l’humérus.
IIT. Extraction de la ceinture scapulaire et de l’humérus.
B. Amputations dans le zeugopode (jambe ou avant-bras).
I. Extraction du tibia et du péroné.
IT. Extraction du radius et du cubitus.
ITT. Extraction du fémur, du tibia et du péroné.
IV. Extraction de l’humérus, du radius et du cubitus.
V. Extraction de la ceinture scapulaire, de l’humérus, du
radius et du cubitus..
C. Amputations dans l’autopode (pied ou main).
I. Extraction du tibia, du péroné et des os du tarse.
IT. Extraction du radius, du cubitus et des os du carpe.
IIT. Extraction du radius ou du cubitus, et des os du carpe.
IV. Extraction du fémur, du tibia, du péroné et des os du
tarse.
Rev. Suisse pe Zoo. T. 33. 1926. 33
932 V. BISCHLER
ds
V. Extraction de l’humérus, du radius, du cubitus et des os
du carpe.
VI. Extraction de la ceinture scapulaire, de l’humérus, du
radius, du cubitus et des os du carpe.
D. Extraction de la ceinture scapulaire et amputation au ras de
l'épaule.
Conclusions.
JIme ParrTie. Les potentialités formatives des divers segments
du membre.
Chapitre III. AMPUTATIONS DANS LE STYLOPODE DÉPOURVU D’0S
(SÉRIE À).
Série À I. Extraction du fémur et amputation dans la cuisse.
Série À II. Extraction de l’humérus et amputation dans le bras.
Série À III. Extraction de la ceinture scapulaire et de l’humérus
et amputation dans le bras.
Résumé des séries À (amputations dans le styiopode).
Chapitre IV. AMPUTATIONS DANS LE ZEUGOPODE DÉPOURVU DOS
(SÉRIE B). |
Série B I. Extraction du tibia et du péroné avec amputation dans
la jambe. |
Série B II. Extraction du radius et du cubitus avec amputation
dans l’avant-bras.
Série B III. Extraction des os fémur, tibia, péroné et amputation
dans la jambe.
Série B IV. Extraction de l’humérus, du radius et du cubitus et
amputation dans l’avant-bras.
Série B V. Extraction de la ceinture scapulaire, de lhumérus, du
radius, du cubitus avec amputation dans l’avant-bras.
Résumé des séries B (amputations dans le zeugopode).
Chapitre V. AMPUTATIONS DANS L’AUTOPODE DÉPOURVU D'OS
(SÉRIES C).
Série C I. Extraction des os tibia, péroné et du tarse, avec ampu-
tation dans la base du pied.
Série CII. Extraction des os radius, cubitus et du carpe, avec
amputation dans la main.
Série C III. Extraction du radius (ou du cubitus) et des os du
carpe, avec amputation dans la main.
Série C IV. Extraction des os fémur, tibia, péroné et du tarse avec
amputation dans le pied.
Série CV. Extraction des os humérus, radius, cubitus et du carpe
et amputation dans la main.
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 433
Série € VI. Extraction du scapulum, des os humérus, radius, cubi-
tus et du carpe, avec amputation dans la main.
Résumé des séries C (amputations dans l’autopode).
Chapitre VI. DiscussioN DES RÉSULTATS: les potentialités régénéra-
tives des segments du membre.
IIIme Parrie. Greffes d’os et de territoires.
Chapitre VII. GREFFES D’OS EN SITUATION HÉTÉROTOPIQUE.
Série I. Greffe de fémur à la place de l’humérus.
Série II. Greffe d’humérus à la place du fémur.
Série III. Greffe du tibia et du péroné à la place du fémur.
Série IV. Greffe du radius et du cubitus à la place du fémur.
Série V. Greffe des os de la région du genou à la place du fémur.
Série VI. Greffe de fémur à la place du tibia et du péroné.
Série VII. Greffe d’un morceau de fémur à la place du radius et
du cubitus.
Série VIII. Greffe d’un fémur à la place de la région du genou.
Série IX. Greffe d’une côte à la place du fémur.
Série X. Greffe d’un fragment d’omoplate à la place du fémur.
Série XI. Greffe d’un fragment de fémur retourné en place.
Série XII. Extraction de la partie proximale du fémur.
Conclusions.
Chapitre VIII. GREFFES DE TERRITOIRES.
I. Greffe du tarse entier à la place du fémur.
IT. Greffe d’un territoire de la queue à la place du fémur.
JIT. Greffe de segment stylopodique désossé sur le dos.
Conclusions.
Mes recherches ont été effectuées à la Station de Zoologie expé-
rimmentale de l’Université de Genève. J’ai eu le grand privilège de
travailler sous la conduite de M. le professeur E. GUYÉNoOT, dont
les conseils suggestifs, les indications précieuses et les arguments
d’une logique rigoureuse et d’une clarté absolue, m'ont singu-
lièrement facilité la solution des problèmes posés, tant au point
de vue expérimental qu’en ce qui concerne l'interprétation et la
mise en valeur des faits observés. Je lui exprime ici ma profonde
reconnaissance.
Je tiens aussi à remercier vivement les D'S Mlle K. PoxsE et
M. O. SCHOTTÉ, premiers assistants, ainsi que Me J. PIQUET, pour
l’aide qu’ils m'ont apportée en diverses circonstances.
V. BISCHLER
Es
(af
Se
INTRODUCTION
La question du rôle du squelette dans la régénération des mem-
bres se rattache directement au problème plus général de l’origine
des divers tissus néoformés. D’une façon générale, les études his-
tologiques entreprises sur la régénération de la queue ou des mem-
bres, chez les Batraciens, tendent à montrer que chaque catégorie
de tissu néoformé dérive des tissus équivalents restés dans le
moignon. Dans la régénération de la queue du têtard, par exemple,
la chorde néoforée provient de la chorde ancienne ou d’un massif
cellulaire produit aux dépens de sa gaine; les nouveaux muscles
se forment par différenciation de myoblastes provenant des cellules
musculaires préexistantes (A. NaAviLe, 1924). En généralisant ces
constatations, il semble que l’on pourrait dire qu’au cours de la
régénération d’un organe, tel que la patte, le squelette nouveau
doit provenir de l’ancien squelette, la musculature des anciens
muscles comme les vaisseaux, les nerfs et la peau sont le résultat
de la croissance des parties équivalentes restées dans le moignon.
Les simples constatations histologiques paraissent en harmonie
avec cette idée directrice. Si, par exemple, on a amputé dans le
bras, on voit bientôt l’humérus être coiffé, au niveau de sa section,
par un massif cellulaire qui se différencie sur place en cellules
cartilagineuses formant l’ébauche de la partie diaphysaire et de
l’épiphyse distale enlevées. De cette ébauche, des trainées de cel-
lules se séparent, constituant les rudiments des futurs radius et
cubitus. Les relations topographiques précoces entre l’os ancien et
ce blastème formateur du nouveau squelette paraissent indiquer
que celui-ci dérive de celui-là. C’est, en effet, par une prohifération
du périoste que se formeraient, d’après WENDELSTADT (1904), les
cellules qui viennent entourer l’extrémité de l’os sectionné. C’est
également du tibia sectionné que proviendraient, d’après M. A.
ReEDp (1903), les cellules cartilagineuses qui complètent cet os et
peuvent même, par prolifération latérale, reformer en partie le
péroné préalablement extrait.
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 435
Mes expériences ont eu pour but de vérifier s’il était bien exact
que le squelette néoformé dérivait du squelette ancien. De plus,
en supposant qu'il en soit ainsi, on peut se demander si l’os, à
partir duquel se ferait la prolifération cellulaire, ne posséderait pas
des potentialités formatives propres, et s’il ne jouerait pas un rôle
important dans la détermination de la forme et de la structure de
la partie régénérée. Pour répondre à cette double question, J'ai
institué deux catégories d’expériences. Dans celles de la première
catégorie, J'ai pratiqué l’extirpation des os des divers segments,
par exemple celle de l’humérus ou du fémur, ou des os de la jambe
ou de l’avant-bras, ou bien encore j'ai supprimé la totalité du
squelette d’un membre. Malgré l’absence de ce squelette, supposé
être le centre de prolifération du squelette nouveau, j’ai constaté
que ce dernier se formait quand même avec une très grande régu-
larité, et aux dépens d’un blastème de nouvelle formation se dif-
férenciant sur place, et n’ayant, par conséquent, aucun rapport
génétique avec le squelette ancien. Dans les expériences de la seconde
catégorie, j'ai transplanté le fémur à la place de l’humérus ou
vice-versa, les os de la jambe à la place de ceux de la cuisse, etc.
Ces substitutions n’ont exercé aucun effet sur la morphogénie des
régénérats. Dans le cas d’une section faite dans le bras, par exemple,
le nouveau membre se reforme toujours de la même manière, que
l’humérus soit présent ou absent, ou remplacé par un os d’une
autre nature, tel qu’une côte ou un tibia.
Ces deux séries d’expériences apportent ainsi la preuve expéri-
mentale que l’os ne joue aucun rôle dans la détermination de la
morphologie du régénérat, et qu’il n’est pas non plus l’origine des
nouveaux éléments squelettogènes.
En étudiant de près, par la méthode des coupes histologiques
ou à l’aide de radiographies, les parties squelettiques régénérées
après extraction des os anciens, j'ai été amenée à constater que
cette technique de suppression du squelette constituait une méthode
excellente pour étudier les potentialités régénératives des divers
segments du membre. En principe, chaque segment ne possède que
la capacité de régénérer les parties squelettiques des segments
situés plus distalement par rapport à lui. Ces constatations ont pu
être vérifiées, dans quelques cas, par la greffe, en situation anor-
male, de certains territoires tels que le tarse. Lorsque la régénération
se fait à partir du territoire greffé, celui-ci, comprenant non seule-
436 Y. BISCHLER
ment le squelette, dont l’inaction a été démontrée, mais les parties
molles dont l’importance est beaucoup plus grande, manifeste ses
potentialités formatives propres dans le régénérat produit.
Ces expériences contribuent ainsi à mettre en relief cette notion
de potentialités localisées dont on sait l’importance dans la méca-
nique du développement embryonnaire, et que l’on retrouve, sous
une forme analogue, dans cette nouvelle HR qui est à la
base de la régénération des membres.
Ce travail comprendra trois parties. La première partie sera
consacrée à démontrer la possibilité d’une régénération en l’absence
du squelette. J’y étudierai la régénération à partir des divers
segments dépourvus de leur squelette.
Dans la deuxième partie, j’étudierai la question des potentialités
des différents territoires du membre, telle qu’elle se présente d’après
les résultats de la régénération à partir des divers segments privés
de squelette.
Dans la troisième partie, jJ’examinerai les résultats obtenus après
oreffes, soit d’os seuls, soit d’os avec leurs parties molles, c’est-à-
dire de territoires complets. Dans le premier cas, on constatera que
les os greffés suivant diverses combinaisons n’interviennent pas
dans la morphogénie du régénérat, sinon parfois d’une façon pure-
ment mécanique. Dans le cas de greffes de territoires en situation
hétérotopique, ceux-c1 sont le point de départ d’une régénération,
mettant en évidence leurs potentialités propres.
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 437
PREMIÈRE PARTIE
Rôle du squelette dans la régénération.
CHAPITRE PREMIER
HISTORIQUE ET TECHNIQUE
Il est de tradition d’attribuer à PHiciPEAUX (1866-1876) les
premières expériences montrant l'importance du squelette dans la
régénération. En réalité, l’idée directrice de PHILIPEAUX est d’un
caractère différent. Ayant constaté, après ablation partielle de la
rate, que l’organe n’était régénéré que s’il en persistait un fragment,
PHILIPEAUX, se basant également sur ce que l’on savait de la régé-
nération de l’œ1l, avait émis comme principe qu'il n’y a jamais
régénération d’un organe à proprement parler — c’est-à-dire au
sens d’une formation réellement nouvelle — mais plutôt un simple
complétement de cet organe. Ceci avait comme corollaire qu’un
organe ne doit plus régénérer s’il est totalement extirpé, et c’est
ce que l’auteur s’est appliqué à démontrer.
Dans un premier travail, PHiILIPEAUX (1866) annonça que des
Salamandres aquatiques (Triton cristatus) auxquelles il avait
extirpé «non seulement le membre antérieur, y compris l’humérus
tout entier, mais encore le scapulum, c’est-à-dire la portion basi-
laire du membre », s'étaient simplement cicatrisées, sans présenter,
au bout de huit mois, aucun indice de régénération. Dans la suite,
l’attention des expérimentateurs s’est surtout attachée au fait que
PaiziPEAUx enlevait l’omoplate, et c’est à l’absence de cette pièce
squelettique que l’on a attribué le défaut de régénération. Toute-
fois, en l’absence d’aucune indication technique, 1l est difficile de
savoir si l’auteur enlevait simplement l’omoplate ou n’extirpait pas
en même temps la plus grande partie des muscles et tissus de la
région. Cette réserve permet peut-être de Haine les résultats
contradictoires obtenus dans la suite.
438 V. BISCHLER
De ses expériences, PHILIPEAUX concluait que «chez les Sala-
mandres, les parties enlevées et en particulier les membres, ne se
régénèrent que lorsqu'il en reste une portion sur place...» que
«…. c’est là sans doute un fait général, au moins chez les Vertébrés,
qu'aucun organe ne peut se régénérer qu’à la condition qu'il en
reste une partie sur place ».
L'année suivante, PHiLiPEAUX (1867) communiquait à l’Aca-
démie des Sciences les résultats de recherches similaires entreprises
sur l’Axolotl. À cinq de ces animaux, il avait extirpé le membre
antérieur, y compris le scapulum, et aucun d’eux ne présenta de
régénération; à cinq autres individus, il avait simplement amputé
le bras au ras de l’épaule, laissant en place «non seulement le
scapulum, mais encore la tête de l’humérus ». Tous régénérèrent.
Il est significatif qu'ici encore PHiLIPEAUX parle de scapulum et
d’humérus pour désigner l’ensemble des parties constituées par
l’épaule et la partie proximale du bras.
Peu après, PHILIPEAUX rapportait les résultats d’expériences
semblables faites sur les nageoires abdominales de Goujons (Gobio).
Comme l’avait déjà indiqué BROUSSENET, il n’y a régénération de
l’organe que si l’on a laissé en place la partie basilaire; l’extirpation
de cette partie «avec tous les osselets qui la supportent » entraîne
l’absence de régénération. Aussi PHILIPEAUX renouvelle-t-il ses
conclusions: 10 C’est un fait général, au moins chez les animaux
Vertébrés, qu’un organe enlevé complètement ne peut Jamais se
régénérer. 20 La régénération d’un organe ne peut se faire qu’à
la condition qu’une partie de cet organe ait été laissée sur place.
Cependant, un autre expérimentateur, LEGros 1, ayant effectué
des expériences semblables, était, au contraire, arrivé à la conclu-
sion qu'après ablation de l’omoplate les Tritons sont encore capa-
bles de régénérer complètement le membre extirpé. En 1874, peu
après la mort de cet auteur, OnIMus présentait à la Société de
Biologie des animaux auxquels LEGROS avait extirpé l’omoplate
et qui cependant avaient régénéré leur patte.
1 Dans son travail de 1876, PniripeAux dit que « Monsieur le Professeur
RoziN a communiqué les expériences de Lecros à l’Académie des Sciences »;
cette communication a dû avoir lieu postérieurement au premier travail de
PHiLiPEAUX (1866), car ce dernier déclare que « LEGRos, après avoir répété
mes expériences, avait été conduit à dire que ma conclusion était trop abso-
lue... », Cependant, il n’y a aucune communication de LEGros sur ce sujet
à l’Académie des Sciences dans la période comprise entre 1866 et 1876.
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 439
En présence de ce résultat contraire à ses précédentes conclu-
sions, et qu'il attribuait au fait que LEGROS aurait fait une extir-
pation incomplète de la ceinture, PHILIPEAUX (1876) entreprit une
nouvelle série d’expériences. Il extirpa complètement le membre
antérieur et les os basilaires à vingt Salamandres aquatiques. Dans
18 cas, 1l n’y eut aucune régénération, mais deux animaux firent
exception. Six mois après l'opération, l’un présentait un membre
entièrement régénéré, l’autre un rudiment de reproduction de ce
membre. PHILIPEAUX mit ces deux résultats sur le compte d’une
extirpation incomplète du scapulum. Dans une deuxième série de
vingt Salamandres, opérées en janvier 1875 et ayant subi une
extirpation absolument totale, le membre enlevé ne se trouva
reproduit chez aucune d’entre elles, même d’une façon rudimentaire,
plus d’un an après l’opération.
Inversement, en juillet 1875, PHiLiPEAUX pratiqua à nouveau
lextirpation du membre sur vingt animaux, en laissant intention-
nellement un très petit fragment du scapulum en place. Il y a eu
régénération, sauf dans quatre cas, ce que l’auteur explique en
admettant que, dans les quatre cas exceptionnels, la petite partie
du scapulum laissée a dû être détruite ou éliminée pendant le tra-
vail de cicatrisation de la plaie. De cette série, PHILIPEAUX conclut
«qu’il suffit de laisser en place une parcelle de scapulum pour qu’il
puisse se faire une régénération complète du membre extirpé ».
Cette dernière conclusion paraît mettre en jeu, d’une façon plus
directe, le rôle de l’os dans la régénération et c’est ainsi que, par
déduction, il est resté entendu pendant longtemps, et sur la foi
des expériences de PHILIPEAUX, que la présence d’un morceau d’os
était nécessaire à la régénération de la patte, et par voie de consé-
quence, que le nouveau squelette devait vraisemblablement dériver
de l’ancien.
Le désaccord entre PHiLIPEAUXx et LEGROS s'explique peut-être
par une différence de technique, mais, comme il n’a été donné
aucun renseignement sur les méthodes utilisées, 1l est difficile de se
faire une opinion. Il est cependant vraisemblable que PHILIPEAUX
n’opérant certainement pas aseptiquement (eu égard à l’époque) et
ne faisant pas de suture — cemme cela paraît résulter d’une phrase
- où il indique que dans certains cas la partie de scapulum laissée
en place a été «détruite ou éliminée pendant le travail de cicatri-
sation » — la plaie a dû être l’objet d'infection et de nécrose consé-
440 V. BISCHLER
cutive, amenant l’élimination des parties molles de l’épaule, c’est-
à-dire en fait l’élimination complète de la partie basilaire du terri-
toire patte. Ces expériences se rattacheraient directement à l’idée
développée récemment par GUYÉNOT (1926), que des organes, tels
que la queue ou le membre, ne sont susceptibles d’être régénérés
que dans la mesure où il reste un fragment de ce territoire, l’orga-
nisme étant, à ce point de vue, une mosaïque de territoires à poten-
tialités différentes. C’est ce fait que GUYÉNOT et VALLETTE (1926)
ont établi expérimentalement pour la régénération du nez et
du museau.
Les recherches beaucoup plus récentes de WenDELsraADT (1901)
portent directement sur la régénération des os et sur le rôle du
squelette primitif dans la formation du squelette nouveau. Ses
expériences, effectuées sur l’Axolotl, ont consisté à rechercher
dans quelles conditions un os extrait pouvait être reconstitué, par
véritable régénération interne, à l’intérieur d’un membre non
amputé. L'auteur ne pense pas que ces conditions soient fonda-
mentalement différentes de celles réalisées par la simple amputa-
tion. Il admet, en effet, que l’animal ne pouvant plus se servir de
sa patte, il résulte de l’extraction des pièces squelettiques un trouble
fonctionnel équivalent à celui provoqué par l’amputation et que,
par suite, en théorie, 1l devrait y avoir, dans les deux cas, régéné-
ration. IÎl est bien certain que ce raisonnement nous apparaît
aujourd’hui paradoxal. L’extraction d’un os, à l’intérieur d’un
segment de membre dont toutes les parties molles sont restées
intactes et dans leurs rapports normaux avec les segments adja-
cents, ne réalise nullement les mêmes conditions qu’une amputa-
tion. À ce point de vue, la distinction établie par A. NaviLLe (1922)
est d’un intérêt primordial. La réparation d’un os à l’intérieur
d’un membre, par ailleurs intact, est un simple phénomène de
régénération histologique et n’a que de lointains rapports avec
l’ensemble des processus de régénération organogénétique qui abou-
tissent à la reconstitution d’une patte amputée. Rien ne prouve
à priori que, pour le rétablissement du squelette, le mécanisme
soit le même dans les deux cas, et c’est ce qui explique que les
conclusions que WENDELSTADT à pu tirer de ses recherches et qu’il
a cru pouvoir généraliser, nous apparaissent aujourd’hui entachées
d’inexactitude.
Les expériences de WENDELSTADT ont consisté dans la résection
FO ?
Le
w
PME PE RE E TEE PEER
4 . à U A
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 441
des deux os de l’avant-bras, sans lésion de l’humérus ou du carpe.
Chez quatre animaux, l’avant-bras dépourvu d’os se raccourcit,
mais au bout de 15 à 18 mois 1l n’y avait pas trace de régénération
des os extraits. De même, dans un cas où seul le cubitus avait été
extrait, cet os ne fut nullement reformé. Par contre, chez un
Axolotl, où un fragment de cubitus était resté en place, cet os fut
partiellement réparé, tandis que le radius, dont l’extirpation avait
été complète, ne fut en aucune manière reconstitué.
Dans les conditions où WENDELSTADT s’est placé, la régénération
d’un os n’est donc possible que s’il est resté en place un fragment
de l’os primitif. C’est ce que l’auteur montre en enlevant à trois
animaux le radius et le cubitus, mais en laissant intentionnellement
les extrémités épiphysaires distales. Dans ces conditions, il se fait
un complétement, toujours partiel 1l est vrai, des deux fragments
osseux, par une régénération en direction centripète. Un cas, dans
lequel l’humérus avait été lésé au cours de l’opération, met aussi
en évidence cette relation entre l’ancien et le nouveau squelette:
1l y eut, en effet, régénération d’un deuxième avant-bras et d’une
deuxième main. M
De ces quelques expériences, WENDELSTADT a conclu que les
tissus restés en place, autres que l’os et le cartilage primitifs, sont
incapables de produire du cartilage ou de l’os, que ces parties ne
peuvent être régénérées qu’à partir de cellules osseuses et cartilagi-
neuses. Il y aurait là un nouvel exemple de la loi de régénération -
similaire d’un tissu par le tissu de même nature. WENDELSTADT
(1904), qui a considéré ses conclusions comme s’appliquant aussi
au cas de la régénération organogénétique, a cherché à les vérifier
par l’étude histologique de la régénération normale après ampu-
tation du membre.
Ayant amputé des Tritons et des Axolotls, il procéda à des
fixations successives de 8 heures en 8 heures, jusqu’à 264 heures.
Voici ce qu'il a constaté. Il se produit, après amputation, une
cicatrisation épithéliale mais, par suite de la rétraction des parties
molles, l’os fait saillie au centre de la plaie. L'auteur observe
ensuite une infiltration de petites cellules de provenance indéter-
minée qui se multiplient rapidement. A ce moment, il se produit
une forte résorption des parties terminales périphériques de l'os
blessé, due à ces cellules immigrées qui le rongent, plusieurs d’entre
elles se fusionnant parfois en cellules géantes. Puis le périoste
442 V. BISCHLER
s’épaissit, il s’en détache des cellules cartilagineuses en grand nom-
bre qui sont poussées en avant et entourent l’extrémité d’un revête-
ment en forme de massue. C’est dans ce blastème que se passeront
les phénomènes de groupement et d’orientation qui aboutiront à
la formation d’os distincts (Triton). La régénération du cartilage,
par contre, se fait directement par prolifération des cellules carti-
lagineuses (Axolotl), alors que, dans l’os, c’est le périoste et non
l’os lui-même qui intervient.
Peu après les recherches de WENDELSTADT, qu’elle vérifia et
confirma en partie, M. A. REED (1903) reprit l’étude du problème
par une méthode un peu différente. Ses expériences les plus impor-
tantes ont consisté à pratiquer l’extraction du péroné, suivie d’une
amputation de la jambe à travers le tibia. Dans 4 cas, l’expérience,
faite sur Spelerpes ruber, a abouti à la régénération d’un pied com-
plet; de plus, le tibia sectionné aurait proliféré des cellules cartila-
gineuses qui ont non seulement constitué sa partie terminale, mais
encore reformé l’extrémité distale du péroné. L’auteur ne met pas
un instant en doute que le squelette nouveau ne dérive, dans ce
cas de régénération vraie, de la prolifération de l’os sectionné
resté en place.
Il faut arriver aux recherches de C. Frirscx (1911), qui ne sont
d’ailleurs parvenues à ma connaissance qu’alors que mon travail
était déjà commencé, pour se trouver en présence d’expériences
ayant placé le problème sur son terrain véritable. Le travail de
FriTscx est à ce point de vue fondamental; sa méthode a consisté
à supprimer entièrement le squelette et à faire suivre cette opéra-
tion de l’amputation, condition essentielle à la mise en train de la
régénération organogénétique. Les expériences ont été faites sur
des larves de Salamandres et de Tritons auxquelles l’auteur extrayait
toute la ceinture scapulaire, après quoi il amputait le membre au
ras de l’épaule. Dans ces conditions, 1l obtint la formation d’un
bras complet, pourvu de pièces squelettiques. Ceci montre que le
nouveau squelette ne dérive pas de l’ancien, mais se constitue sur
place, aux dépens d’un matériel de cellules embryonnaires dont
l’origine est incertaine et qui constituent la plus grande partie du
bourgeon de régénération qui apparaît rapidement après l’ampu-
tation. Ces conclusions sont donc inverses de celles des auteurs
précédents; elles sont conformes à celles que Cozucer (1886) avait
tirées de simples observations histologiques. Le désaccord entre les
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 443
résultats de FriTscH et ceux de ses prédécesseurs tiendrait, selon
lui, à ce que ces derniers ont travaillé sur des animaux trop âgés.
Bien que les recherches de FrITscH aient résolu le problème au
point de vue théorique, il restait donc intéressant de rechercher
si, même chez les animaux adultes, tels que le Triton, un nouveau
squelette pourrait aussi se former dans un membre privé de ses
pièces osseuses.
Mes recherches, commencées en 1922-1923, me permirent d’an-
noncer une partie des premiers résultats dans une note publiée en
décembre 1923. Je constatais alors qu'après ablation du fémur ou
de l’humérus (11 cas) 1l y a encore régénération, aux dépens du
bras ou de la cuisse sectionné, d’un avant-bras et d’une main, ou
d’une jambe et d’un pied avec un squelette complet et de nouvelle
formation. Pour éliminer l’objection d’après laquelle les éléments
squelettogènes pourraient provenir de la ceinture, J’ai refait une
deuxième série d’essais (4 cas) dans lesquels j’extrayais à la fois
l’humérus et la ceinture scapulaire; ici encore, je constatais la
régénération d’une patte aux dépens du bras amputé, avec un sque-
lette complet. Toutefois, je notais déjà que le squelette régénéré
ne comprenait que les os des segments zeugopodique et autopo-
dique, ce qui permettait de poser la question des potentialités
propres aux divers segments du membre.
Ce n’est qu'après la publication de ces premiers résultats que
J'ai eu connaissance d’une note faite sur le même sujet à l’Aca-
démie des Sciences de Vienne par P. Weiss, et parue le 30 novembre
1922. Dans ce travail préliminaire, l’auteur annonçait qu'ayant
pratiqué sur Triton cristatus l’ablation du scapulum et de l’humérus
et l’amputation dans le bras, il avait observé aussi la régénération
de la patte avec un squelette nouveau. Bien que l’auteur n’ait pas
alors indiqué le nombre de ses opérations, il semble résulter de la
lecture d’un travail ultérieur qu'il avait fait seulement 4 essais,
au cours desquels le bras avait été amputé une fois distalement,
deux fois au tiers moyen, une fois proximalement. Il a obtenu des
résultats semblables, dans une deuxième série, après extraction
de l’humérus seul.
Il est certain que P. Weiss a sur moi une indiscutable priorité
de publication. J’ai été personnellement très satisfaite de voir,
après coup, que les recherches que j'avais entreprises m’avaient
conduite aux mêmes résultats que ceux obtenus par FRITSCH en
er
AAA V. BISCHLER
1911 et par P. Weiss, l’année précédente. C’est surtout lorsque
des faits ont été l’objet d’opinions contradictoires que la similitude
des résultats obtenus, d’une façon indépendante, par trois cher-
cheurs différents est une bonne preuve de leur valeur véritable.
Dans les Berichte für die gesamte Physiologie, P. Weïss a rendu
compte de ma note préliminaire d’une façon plus que succincte,
en déclarant que je n’avais fait que confirmer ses résultats. Je
n'avais pas à confirmer des résultats que je ne connaissais pas;
ceux-ci étaient, d’ailleurs, basés sur un nombre si faible d’expé-
riences qu'il n’apparait pas superflu aujourd’hui de les avoir soumis
à une sérieuse vérification.
Il ne faut d’ailleurs pas perdre de vue que si l’on ne tient compte
que de l’ordre chronologique des publications, les recherches de
P. Weiss, comme les miennes, ne font que confirmer les résultats.
du travail fondamental de FriTscH, que Weiss omet soigneuse-
ment de citer !. J’aurai, lors de la discussion relative à la question
des potentialités des divers segments du membre, à revenir sur les
publications ultérieures de P. Weiss.
A la question générale du rôle joué par le squelette dans la for-
mation des os nouveaux, se rattachent aussi les observations faites
par MorriLz (1918) sur Diemyctylus viridescens. Cet auteur, qui a
fait diverses expériences ayant trait à la néoformation histologique
de parties squelettiques, a fait une bonne description des phéno-
mènes histologiques au cours de cette régénération. Il constate que
l’on peut distinguer deux ordres de faits. D’une part, le fémur,
après section du membre au niveau du genou par désarticulation,
présente des phénomènes de résorption de la matière du cartilage
épiphysaire, tandis que les cellules cartilagineuses de cette extré-
mité contribuent à former une masse cartilagineuse axiale du côté
de la diaphyse. De plus, le périoste diaphysaire prolifère des cel-
lules qui constituent un manchon autour de l’extrémité de la dia-
physe. Tandis que se forme, aux dépens de l’os ancien, un tissu
qui servira à le compléter, un nouveau squelette qui donnera le
pied et la jambe s’ébauche à l’intérieur d’un blastème formé d’élé-
1 Dans son mémoire de 1925, P. Weiss omet de citer mon travail de 1923,
qu'il connaît cependant puisqu'il en a fait un compte-rendu. De même, en
ce qui concerne les potentialités des régénérats, cet auteur cite le travail de
Micoysevic (1923), mais passe sous silence celui de P. pE Gi1oRGI (1923), paru
la même année et qu’il connaît. Le lecteur appréciera.
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 445
ments embryonnaires qui n’ont pas de lien génétique avec l’os
resté dans le moignon. Il y a donc coexistence de deux processus:
un processus de complétement de l’os primitif, qui se fait aux dépens
d'éléments provenant de cet os lui-même, et un processus, compa-
rable à un véritable développement embryonnaire nouveau, qui
aboutit à la régénération des parties squelettiques plus distales.
C’est évidemment ce dernier mécanisme qui doit seul intervenir
dans mes expériences où la régénération se fait à partir d’un membre
dépourvu de son squelette primitif. On voit aussi que la contra-
diction entre les recherches de WENDELSTADT et celles de FrirscH
n’est probablement qu’apparente. Dans la régénération à l’échelle
histologique, l’os sectionné a régénéré par lui-même plus ou moins
totalement. Dans la régénération après amputation, à l’échelle
organogénét que, les parties squelettiques nouvelles proviennent
d’une différenciation à l’intérieur d’un blastème formateur, et sont
engendrées de toutes pièces, que le squelette proximal soit présent
ou non. |
Les autres expériences de MorRiLz ont trait surtout aux phéno-
mènes de régénération histologique de l’os, tels que les avait étud és
WENDELSTADT. Il arrive aux résultats suivants. Si un seul os de
la jambe, le péroné, est entièrement extrait, 1l n’est pas reformé,
ni par prolifération du tibia, n1 aux dépens des éléments squelet-
tiques proximaux ou distaux, même si l’un de ceux-c1 a été blessé
(l’épiphyse fémorale par exemple).
Par contre, si les deux os de la jambe ont été totalement
extraits, 1ls sont remplacés par de nouveaux éléments, qui sont
cependant toujours irréguliers et incomplets. L'origine de ces
nouvelles parties n’a pas été définitivement déterminée. Quand
un os (péroné) et le pied ont été enlevés (amputation), sans qu'aucun
des autres éléments du squelette ait été blessé, un nouveau pied
complet est régénéré à partir de l’extrémité distale de l’os de la
jambe conservé (tibia), puis il se produit une régénération centri-
pète, lente et souvent partielle, de l’os qui avait été extirpé.
D’après MorRiLz, WENDELSTADT généraliserait trop en affirmant.
Ja nécessité d’éléments osseux pour qu'il y ait régénération. Il est
vrai que si un seul os de la jambe est extrait, ou encore les parties
proximales des deux os zeugopodiques (radius, cubitus, WENDEL-.
STADT), il ne se produit pas de régénération de ces os à partir de
l’épiphyse du fémur restée intacte. Dans le premier cas, la pression
446 V. BISCHLER
exercée par l’os conservé sur les surfaces articulaires du fémur et
des os tarsiens pourrait empêcher une régénération à partir de ces
points. Dans le deuxième cas, la nouvelle croissance centripète à
partir des os blessés conservés, qui est toujours plus rapide qu’à
partir d’os intacts, peut remédier assez vite à l’absence d’os pour
arrêter toute tendance régénérative à partir de l’épiphyse humé-
rale. L'auteur a soin de déclarer que ceci n’est d’ailleurs qu’une
tentative. d'explication.
MATÉRIEL ET TECHNIQUE.
Pour effectuer mes expériences, Je me suis servie principalement
de Triton cristatus de race italienne. Les T. cristatus originaires
d'Allemagne s’accommodent moins facilement de la vie en cap-
tivité et demandent à être nourris individuellement, faute de quoi
ils ne s’alimentent pas et maigrissent rapidement. Le Triton alpes-
tris est facile à élever, mais semble un matériel moins favorable à
l'opération en raison de sa taille plus petite et de la minceur de
sa peau. Le Triton italien, par contre, supporte très bien la capti-
vité ainsi que les interventions opératoires. Il mange très volon-
tiers la viande qui lui est jetée en petits morceaux au fond du
cristallisoir, de sorte que son élevage ne présente aucune diffi-
culté.
Les animaux sont narcotisés dans une solution d’éther à 5 %.
Ils s’endorment au bout de peu de minutes et sont alors lavés à
l’eau stérilisée à laquelle on ajoute un peu d’eau oxygénée. Puis
ils sont placés sur un champ d’opération qui a été stérilisé à l’auto-
clave. L'opération se fait aseptiquement et sous la loupe binocu-
laire. La méthode générale consiste à pratiquer au bistouri une
incision sur la face dorsale du membre. Les lèvres de la plaie écar-
tées, l’os est dépouillé des muscles adhérents laissés en place, et
ses épiphyses soigneusement extraites des capsules articulaires à
l’aide d’un instrument non tranchant, de façon à ne pas léser les
os conservés. Les tissus environnants sont respectés autant que
possible, surtout les nerfs et les grands vaisseaux, et, si l’animal
est bien endormi, les hémorragies sont très rares et l’opération ne
présente aucune difficulté. La plaie est refermée par quelques points
A he BRIE
ie
&
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 447
de suture (aiguille et soie stériles), et l’animal est introduit dans un
des sacs stérilisés qui ont été décrits en détail par Mlle K. Poxse 1.
Les points de suture peuvent être enlevés au bout de peu de jours,
et l’animal, complètement guéri, est remis dans l’eau après une
semaine environ. Malgré toutes les précautions, j’ai eu parfois des
infections du membre opéré, surtout si l’extraction avait intéressé
le membre tout entier (fémur, tibia, péroné, tarse), la plaie étant
alors très longue et le traumatisme considérable. Ceci est spéciale-
ment vrai pour la patte postérieure désossée qui, molle et paralysée,
traine en arrière, passe sous le corps de l’animal et est facilement
souillée. Si l’amputation du membre infecté est faite à temps,
l’animal s’en tire sans dommage; au contraire, si on s’efforce de
sauver le membre opéré (applications de dermatol, etc.), 1l se
déclare en général une gangrène pouvant entraîner la mort du
Triton. Les amputations se font aux ciseaux, sauf dans les cas où
elles suivent de près la guérison de la plaie; il faut alors se servir
du scalpel sous peine de voir la plaie se rouvrir. L’amputation ne
nécessite pas de précautions spéciales, les animaux peuvent être
remis directement à l’eau et l’hémorragie s’arrête très rapidement.
Les Tritons remis en cristallisoir après une opération doivent,
pendant quelque temps, être étroitement surveillés au moment des
repas, car dans leur excitation ils se mordent fréquemment, ce qui
peut être funeste à un membre opéré.
A côté des extirpations soigneuses décrites plus haut, j'ai effec-
tué quelques opérations par simple arrachement de l’os. Ceci
s'applique à certaines extractions d’humérus et de fémur. Le
membre était amputé au-dessus du coude ou du genou, puis l’os
faisant saillie au centre de la section était saisi avec les pinces et
arraché par traction. L’os sort très bien ainsi, avec son épiphyse
intacte. L’inconvénient de ce procédé brutal consiste en ce qu’il
pourrait provoquer une lésion de la capsule articulaire, pouvant
devenir le point de départ d’une prolifération. Aussi ne m’en suis-je
servie qu'exceptionnellement, et seulement après avoir acquis la
certitude que les os régénérés ne provenaient pas d’éléments osseux
11924. PonsEe (K.). L’organe de Bidder et le déterminisme des caractères
sexuels secondaires du Crapaud (Bufo vulgaris L.). Revue Suisse de Zoologie,
Vol.:91;p: 177-936.
Rev. Suisse DE Zooz. T. 33. 1926. 34
448 V. BISCHLER
anciens. Du reste, les résultats obtenus de cette manière n’ont
différé en aucune façon de ceux que Jj’ai obtenus par la méthode
décrite précédemment.
CHAPITRE Il.
LA RÉGÉNÉRATION EN L’ABSENCE DU SQUELETTE.
Ainsi que je l’ai indiqué dans la partie historique, la question
de savoir si une patte peut encore être régénérée à partir d’un
segment dépourvu de squelette a été pratiquement résolue par
Frirscx, dont les résultats ont été confirmés par Weiss.
Dans le but de vérifier les résultats de Frirscx et de les étendre,
j'ai entrepris une série d’expériences dans lesquelles j’ai enlevé
diverses pièces osseuses et étudié les possibilités de régénération
des segments ainsi privés de leur squelette. Dans cette première
partie, je me contenterai de noter s’il y a eu régénération ou non,
et d'indiquer l’aspect extérieur du régénérat ; Les détails du squelette
régénéré seront ultérieurement précisés.
Pour plus de commodité, j’userai des termes suivants pour
désigner les divers segments du membre:
Segment basilaire . . . Epaule ou bassin
SÉVIOpOde ER ELU Bras ou cuisse
Zéusopode: eee Avant-bras ou jambe
Autopode: air MINCE Main ou pied
Bien que ces termes servent habituellement à dénommer les
pièces squelettiques du membre, je les emploierai ici pour désigner
l'ensemble du segment. Par voie de conséquence, je considérerai
los du segment stylopode, par exemple, comme étant l’os stylo-
podique (humérus ou fémur).
J’ai effectué les séries d’expériences suivantes:
A. Amputations dans le Stylopode (cuisse ou bras).
I. Extraction du fémur.
IT. Extraction de l’humérus.
III. Extraction de la ceinture scapulaire et de l’humérus.
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 449
B. Amputations dans le Zeugopode (jambe ou avant-bras).
I. Extraction du tibia et du péroné.
IT. Extraction du radius et du cubitus.
III. Extraction du fémur, du tibia et du péroné.
IV. Extraction de l’humérus, du radius et du cubitus.
V. Extraction de la ceinture scapulaire, de l’humérus, du
radius et du cubitus.
C. Amputations dans l’Autopode (pied ou main).
I. Extraction du tibia, du péroné et des os du tarse.
IT. Extraction du radius, du cubitus et des os du carpe.
IIT. Extraction du radius ou du cubitus, et des os du carpe.
IV. Extraction du fémur, du tibia, du péroné et des os du
tarse. |
V. Extraction de l’humérus, du radius, du cubitus et des
os du carpe.
VI. Extraction de la ceinture scapulaire, de l’humérus, du
radius, du cubitus et des os du carpe.
D. Extraction de la ceinture scapulaire et amputation au ras de
l’épaule.
SÉRIE À. AMPUTATIONS DANS LE STYLOPODE (CUISSE OU BRAS).
Série À I. Extraction du fémur et amputation dans la
cuisse désossée (fig. I A).
17e série. — 5 Tritons ont été opérés le 6 février 1923 et amputés
le même jour. Tous ont régénéré la jambe et le pied; l’un d’eux
présente trois doigts supplémentaires, alors que deux autres n’ont,
formé que quatre doigts. Le segment zeugopodique, bien que pré-
sent effectivement, ainsi que cela ressortira plus tard de l’examen
des radiographies, est pratiquement indistinct du moignon !, chez
deux des animaux. Chez tous les animaux, la patte témoin (patte
postérieure droite dont le squelette est intact), amputée dans la
cuisse, a régénéré normalement. Le membre opéré est très raccourci
par rapport au membre témoin, ce raccourcissement pouvant at-
tendre la moitié de la longueur totale.
1 Dans tous les cas de ce genre, je signalerai cette disposition en indiquant
que ce segment est inclus dans le moignon.
450 V. BISCHLER
2me série. — 6 Tritons subissent l’extraction du fémur le 15 mai
1923 et l’amputation 8 jours plus tard, lorsque la plaie est prati-
quement guérie. Trois d’entre eux ont régénéré la jambe et le pied t;
le régénérat témoin est normal. Deux autres, très amaigris, n’ont
B
Fre: 4.
Contours de 3 pattes en régénération après extirpation du fémur et ampu-
tation dans la cuisse (A); contours de 3 pattes en régénération après extraction
des os fémur, tibia et péroné et amputation dans la jambe (B).
régénéré que le pied, qui paraît directement attaché au corps par
le fait d’une résorption presque complète du moiïgnon. Chez l’un
de ces animaux, le membre régénéré témoin est également très
grêle. Le sixième enfin n’a pas régénéré, le moignon s’est complète-
1 Dans le cours de ce chapitre, l’indication des segments régénérés est celle
qui résulte de la seule morphologie externe du régénérat. Des précisions plus
rigoureuses seront apportées dans la deuxième partie.
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 451
ment résorbé, l’animal est squelettique et le membre témoin, bien
qu'ayant régénéré, n’a produit qu’un régénérat mince et grêle.
3me série. — 4 Tritons, opérés le 8 octobre 1923 et amputés immé-
diatement après guérison, ont régénéré la jambe et le pied. Trois
d’entre eux ne présentent que 4 doigts. Chez deux animaux, le
segment zeugopodique régénéré est inclus dans le moignon.
4me série. — 10 Tritons subissent, le 22 mars 1924, l’extraction
de l’os fémur et en même temps celle d’une partie des muscles de
la cuisse, dans le but de voir si cette perte de substance aurait une
influence sur la morphologie du régénérat. Ils ont été amputés
immédiatement après guérison. Huit animaux ont régénéré la
jambe et le pied; l’un d’eux a régénéré 6 doigts. Chez deux autres,
le segment zeugopodique est inclus dans le stylopode désossé. Un
animal est mort trois mois après l’opération, n’ayant encore reformé
qu’un bourgeon. Le dixième Triton n’a pas régénéré; le moignon
a été complètement résorbé.
ome série. — 7 Tritons, opérés en décembre 1923, subissent une
greffe de muscles du bras à la place du fémur extrait par arrache-
ment (sans incision). Le but de cette intervention était d’étudier
l’action éventuelle de ces parties molles greffées, et d’examiner si
elles ne posséderaient pas une potentialité régénérative propre. (Les
muscles de la cuisse ont été soigneusement respectés.) Il ne semble
pas que ces tissus aient influé en aucune façon sur la morphogénie
du régénérat, sauf peut-être dans un cas, et ces animaux peuvent
être considérés comme ayant simplement subi l’extraction du fémur.
Tous les animaux ont régénéré la jambe et le pied. Chez un animal,
amputé haut, le segment stylopodique a été en outre régénéré, le
moignon ne se distinguant plus du régénérat. Chez deux autres
Tritons, la base, bien qu’encore distincte, est très réduite, et une
partie du segment stylopodique a été reformée. Quatre Tritons
n’ont régénéré que 4 doigts. Enfin, chez deux Tritons, le segment
zeugopodique régénéré est inclus dans le moignon. L’un de ceux-ci
est précisément l’animal exceptionnel mentionné plus haut; à côté
du pied régénéré, il a formé un deuxième bourgeon qui ne s’est
pas développé par la suite. On ne saurait tirer de conclusions de
ce cas isolé.
6me série. — 8 Tritons subissent, le 8 juin 1924, la même opéra-
tion que les animaux de la 5€ série. Ils sont tous amputés quelques
jours après l’opération. Tous les animaux ont régénéré la jambe
452 V. BISCHLER
et le pied. L’un d’eux, qui n’avait pas encore régénéré le 5 octobre,
a été réamputé à cette date et a régénéré normalement par la suite.
En résumé, sur 40 animaux opérés, 38 ont régénéré. L’un des
deux animaux faisant exception était squelettique et le moignon
désossé avait complètement disparu. L’autre, qui avait subi l’ex-
traction des muscles de la cuisse, était en bon état, mais ici encore
le moignon a été complètement résorbé. Un animal a régénéré le
stylopode, tous les autres n’ayant reformé que le zeugopode et
l’autopode. Chez 9 d’entre eux, le segment zeugopodique régénéré
était indistinct, pratiquement contenu à l’intérieur même du
moignon.
Série À II. Extraction de l’humérus et amputation dans
le bras désossé (figure ITT A).
re série. — 14 Tritons, opérés le 28 juin et le 1er juillet 1924,
ont été amputés au milieu du bras désossé. Treize d’entre eux ont
régénéré, dix reformant une partie du bras, l’avant-bras et la main,
deux régénérant l’avant-bras et la main seulement; le 13me est
mort alors qu’il n’avait encore régénéré qu’un simple bourgeon.
Le 14Me animal n’avait pas encore régénéré trois mois après l’opé-
ration, quand il mourut. La base a été résorbée. Chez cet animal,
le côté témoin n’avait encore formé qu’un bourgeon, tandis que
tous les autres animaux avaient déjà complètement régénéré à
ce moment. 3
2me série. — 15 Tritons ont été opérés le 28 juin et le 1er juillet
1924. L’humérus a été extrait par simple arrachement (sans inci-
sion), l’amputation ayant été pratiquée au milieu du bras. Sept
Tritons ont régénéré une partie du bras, l’avant-bras et la main;
six n’ont régénéré que l’avant-bras et la main; un animal est mort
n’ayant régénéré qu’un bourgeon; deux animaux enfin n’ont pas
régénéré (les membres témoins avaient été régénérés normalement).
3me série. — 5 Tritons subissent, le 10 juillet 1924, l’extraction
de l’humérus. L’amputation a été pratiquée immédiatement après
guérison. Ils ont tous régénéré, trois d’entre eux une partie du stylo-
pode, le zeugopode et l’autopode, les deux autres le zeugopode et
lautopode.
4me série. — En janvier 1925, 75 Tritons subissent l’extraction
très soigneuse de l’humérus. L’amputation a été pratiquée, après
SES 7 sh CIS 0
> « : “
12
+
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 453
guérison, au bas du moignon désossé. Il y eut 74 cas de régénération
du zeugopode et de l’autopode. Un seul Triton n’a pas régénéré
(le membre témoin a régénéré).
En résumé: Sur 109 animaux opérés, il y a eu 105 régénérations.
Certains animaux ont régénéré tardivement. Dans les cas où l’am-
putation a été pratiquée vers le haut du segment stylopodique, la
plus grande partie de ce segment ainsi que le zeugopode et l’auto-
pode ont été reformés. Un grand nombre d’animaux ont été ampu-
tés à mi-hauteur du segment désossé (séries 1 et 2), et ont alors
A sS
4
ARE
B
Ficeil
A, Pattes postérieures en régénération après extraction des os tibia,
péroné et du tarse, avec amputation dans le pied. — B, Pattes postérieures
en régénération, après extraction des os fémur, tibia, péroné et du tarse,
avec amputation dans le pied.
RC TARN TS
1 > Nr -- ER - }
454 © V. BISCHLER
régénéré une partie plus ou moins grande de ce segment ainsi que
les deux segments distaux. Tous les animaux de la 4me série,
amputés à l’extrémité distale du bras désossé, ainsi que neuf
animaux appartenant aux autres séries, n’ont régénéré que l’avant-
bras et la main.
Enfin quatre Tritons n’ont pas régénéré. Dans deux cas, le côté
témoin a présenté une régénération tardive, chez les deux autres
elle fut normale. Chez deux de ces individus, l’humérus avait été
extrait par arrachement.
Série À III. Extraction de la ceinture scapulaire et de l’humérus avec
amputation dans le bras désossé (fig. III E). |
17e série. — 3 Tritons subissent, le 6 juin 1923, l’extraction de
l’humérus et de la ceinture scapulaire. L’amputation a été pra-
tiquée quelques jours après à mi-hauteur du stylopode désossé.
Ils ont tous trois régénéré l’avant-bras et la main.
2m série. — 3 Tritons, opérés le 8 octobre 1923 et ner dans
le bras immédiatement après guérison, ont régénéré l’avant-bras
et la main. L’un d’eux a en outre reformé une partie du stylopode.
game série. — 10 Tritons, opérés entre le 19 janvier et le 9 février
1924, ont tous été amputés le 19 mars 1924 dans le bras désossé.
Tous ces animaux ont régénéré l’avant-bras et la main. L’un d’eux,
qui avait été amputé vers le haut du segment désossé, a régénéré
en outre un bras complet, la base n’étant plus distincte. Deux
autres ont relormé une partie du bras.
Ame série. — 12 Tritons subissent, le 17 mars 1924, l’extraction
de la ceinture scapulaire et de l’humérus. Ils sont amputés dans
le bras désossé dès que la plaie est guérie. Le 22 septembre, neuf
Tritons ont régénéré l’avant-bras et la main, deux d’entre eux
ayant en outre reformé une partie du bras. Les trois autres, qui
n'avaient pas régénéré, ont été réamputés à cette date. L’un d’eux
régénéra par la suite les segments zeugopodique et autopodique;
un autre mourut, n’ayant encore reformé qu’un bourgeon. Le
troisième animal ne régénéra pas (le côté témoin ayant régénéré).
En résumé: Sur 28 animaux opérés, un seul ne régénéra pas,
malgré une réamputation. 2 autres Tritons ne présentèrent de régé-
nération qu'après avoir été réamputés 6 mois après l’opération.
20 Tritons ont régénéré le zeugpode et l’autopode; 5 animaux
relormèrent une partie du stylopode en plus des deux segments
LC
TEXTENES
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 455
distaux; un animal, amputé au haut du segment désossé, a régé-
néré les trois segments.
Résumé de la série À.
Sur 177 animaux ayant subi l’extraction de l’os du stylopode
avec amputation dans ce segment désossé, 170 ont régénéré (7
3
Pre. LEE,
Pattes antérieures en régénération: A, après extraction de l’humérus et
amputation dans le bras; E, après extirpation des os humérus et scapulum
et amputation dans le bras.
456 Y. BISCHLER
exceptions). 2 animaux ont régénéré l’autopode, le zeugopode et
le stylopode, ayant été amputés au haut de ce segment. 26 Tritons,
chez lesquels le niveau de section passait à mi-hauteur du moignon
désossé, ont reformé une partie du stylopode, le zeugopode et l’auto-
pode. 140 animaux enfin ont régénéré le zeugopode et l’autopode
seuls.
SÉRIE B. AMPUTATIONS DANS LE ZEUGOPODE (JAMBE OU AVANT-
BRAS).
Série B I. Extraction du tibia et du péroné avec amputation
dans la jambe désossée.
1re série. 10 Tritons, opérés le 18 décembre 1923, ont été
amputés le même jour dans le zeugopode désossé. Tous les animaux
ont régénéré le pied. Le segment zeugopodique, déjà court par
lui-même, a été raccourci encore par la rétraction consécutive au
désossement et à l’amputation; quelque temps après l’opération
il n’est plus possible de distinguer la partie ancienne de la partie
régénérée, de sorte qu'il est malaisé d’établir si une partie du zeugo-
pode n’a pas été également régénérée (on verra plus loin que si
le moignon n’est plus reconnaissable, c’est qu’il contient des os
normaux régénérés qui, lui rendant sa rigidité, l’ont effectivement
déplissé).
2me série. — 10 Tritons subissent, le 17 janvier 1924, l’extraction
du tibia et du péroné. Ils sont amputés le 18 mars dans le segment
désossé. Ils ont tous régénéré un pied. Dans la plupart des cas, la
limite entre les parties anciennes et nouvelles est difficile à établir
(moins cependant que dans la première série); chez un animal,
au contraire, le moignon zeugopodique est net et plissé.
En résumé, les 20 animaux opérés ont tous régénéré. La partie
désossée étant très courte, elle ne se distingue plus, en général,
au bout de peu de temps.
Série B 11. Extraction du radius et du cubitus avec amputation dans
l’avant-bras désossé (fig. IV A).
16 Tritons ont été opérés entre le 17 et le 27 juin 1924 (1 animal
a été opéré en février) et amputés le 10 juillet. Ils ont tous régénéré.
Quatorze d’entre eux ont reformé une partie de l’avant-bras et
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 457
la main (dans un cas cette main ne possédait que trois doigts). Les
deux autres, chez lesquels l’amputation avait été pratiquée tout
au bas du moignon désossé, n’ont régénéré que la main. Ici encore,
le segment désossé étant très court, il est parfois difficile de préciser
le niveau exact d’amputation.
Série B III. Extraction des os fémur, tibia, péroné et amputation
dans la jambe désossée (fig. I B).
1re série. — 6 Tritons ont été opérés le 14 janvier 1924 (l’un
d’eux a été opéré le 26 janvier) et amputés le 25 mars. Ils ont tous
régénéré. Quatre d’entre eux n’ont reformé que le pied qui, dans
un cas, ne présentait que quatre doigts; chez ces animaux, le moi-
gnon désossé était très long et fortement plissé. Un Triton a reformé
en outre une petite zone zeugopodique, le moignon étant de taille
considérable. Le 6Me animal, amputé vers le haut du segment
zeugopodique, a régénéré la jambe et le pied. Le moignon, plissé,
était relativement court.
2m série. — 4 animaux, dont l’un opéré le 18 mars 1924, 2 autres
le 23 avril et le 4me le 31 mai de la même année, ont été amputés,
dans chaque cas, quelques jours après l’opération, la guérison de
la plaie étant achevée. Un de ces animaux, amputé assez haut, a
régénéré la jambe et le pied; dans ce cas, le moignon était court
et peu plissé; un autre a reformé une partie de la jambe et le pied;
les deux derniers n’ont régénéré que le pied. L’un d’eux ne présente
que 4 doigts; le moignon est très fortement plissé.
En résumé: Les 10 animaux opérés ont tous régénéré le pied;
3 d’entre eux, amputés vers le haut du segment zeugopodique,
ont régénéré en outre une partie plus ou moins grande de ce seg-
ment; dans ces cas le moignon était évidemment beaucoup moins
long. L’extraction des os des segments stylopodique et zeugopo-
dique, intéressant une grande partie du membre, provoque, par la
contraction et le plissement du moignon désossé, un très grand
raccourcissement de la patte.
Série B IV. Extraction des os humérus, radius, cubitus et amputation
dans l’avant-bras désossé (fig. IV B).
17e série. — 10 Tritons ont été opérés du 8 au 12 février 1924 et
amputés le 18 mars; neuf d’entre eux ont régénéré, alors que le
458 V. BISCHLER
10me s’est simplement cicatrisé et n’a pas produit de régénérat.
Des neuf animaux ayant régénéré, trois, amputés vers le haut du
segment zeugopodique, ont reformé l’avant-bras et la main, un
autre a régénéré la main et une partie de l’avant-bras seulement.
Fic. IV.
Pattes antérieures en régénération: A, après extraction des os radius et
cubitus et amputation dans l’avant-bras; B, après extraction des os humérus
radius et cubitus, amputation dans l’avant-bras; C, après extraction des
os scapulum, humérus, radius et cubitus, amputation dans l’avant-bras.
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 459
Cinq Tritons, amputés vers le bas du moignon désossé, ont régénéré
la main; ce moignon est relativement long et très plissé.
2me série. — 10 animaux, opérés le 25 avril 1924, ont été amputés
immédiatement après guérison, le 2 mai (l’un d’eux a été opéré
et amputé au mois de juin). Le 22 septembre, six seulement avaient
régénéré. Des quatre autres, qui furent réamputés à cette date,
deux seulement régénérèrent par la suite, les deux autres se cica-
trisant à nouveau. Deux animaux moururent, n’ayant pu encore
reformer qu’un bourgeon (un et deux mois après l’amputation).
Un Triton régénéra une partie de l’avant-bras et la main, les cinq
autres ne reformèrent qu’une main.
En résumé: Sur vingt animaux opérés, 17 ont régénéré (2 d’entre
eux seulement après réamputation). 2 moururent à un stade trop
Jeune pour que l’on puisse reconnaître la différenciation en seg-
ments. 5 Tritons reformèrent une partie plus ou moins grande de
lP’avant-bras et la main, les 10 autres ne reformèrent que la main.
Comme dans la série précédente, B III, le moignon est très plissé
et le membre considérablement raccourci. Enfin 3 Tritons font
exception et n’ont pas régénéré, malgré une nouvelle amputation.
Série B V. Extraction de la ceinture scapulaire, des os humérus,
radius, cubitus et amputation dans l’avant-bras désossé (fig. IV C).
9 Tritons, opérés entre le 21 janvier et le 8 février 1924, ont été
amputés le 15 mai (l’un d’eux, opéré le 8 février, fut amputé le 26
du même mois). Tous les animaux ont régénéré. Chez l’un d’entre
eux, le régénérat est resté au stade de bourgeon pendant plus de
9 mois; tous les autres ont reformé la main (un d’eux, amputé plus
haut, à régénéré en outre une grande partie du zeugopode). Le
moignon est toujours relativement volumineux, très plissé, et le
membre très raccourci.
Résumé de La série BP.
Sur 75 animaux ayant été amputés dans le zeugopode désossé,
72 ont régénéré. 6 Tritons, chez lesquels le niveau de section inté-
ressait le haut de ce segment, ont reformé tout le zeugopode et
l’autopode. 38 Tritons ont reformé une partie du zeugopode et
l’autopode. 24 Tritons ont régénéré uniquement l’autopode.
Es
(ep
©
V. BISCHLER
SÉRIE C. AMPUTATIONS DANS L'AUTOPODE (PIED OU MAIN)
Série C I. Extraction des os tibia, péroné et des os du tarse avec
amputation dans le pied désossé (fig. II A).
7 Tritons subissent cette opération, cinq le 16 janvier et deux
le 23 février 1924. Tous ont été amputés le 18 mars, et tous ont
régénéré. L'un d’entre eux, pour lequel le niveau de section se
trouvait au haut du segment autopodique, a reformé ce segment
tout entier et présente 5 doigts. Deux animaux ont régénéré une
partie de l’autopode, l’un formant 4, l’autre 5 doigts. Quatre
Tritons n’ont régénéré que des doigts (au nombre de 4, dans trois
cas, au nombre de 3 dans le quatrième cas).
Dans ces opérations, le segment stylopodique a conservé son
squelette. Le moignon désossé est toujours plissé et se distingue
facilement de la partie régénérée.
Série C II. Extraction des os radius, cubitus et des os du carpe avec
amputation dans la main désossée (fig. V A).
{re série. — 7 Tritons ont été opérés entre le 30 janvier et le
13 février 1924. Ils ont été amputés le 18 mars. Ils ont tous régénéré.
Un animal, amputé vers le haut du segment autopodique, a reformé
une main à 4 doigts. Dans deux cas, la section ayant passé vers
le milieu de ce segment, il y a eu formation respectivement de 3 et
de 4 doigts, ainsi que d’une petite zone autopodique. Quatre Tritons,
amputés tout au bas de la main désossée, n’ont régénéré que les
doigts: l’un d’entre eux en présente quatre, deux autres trois, et
le dernier deux petits doigts tout à fait rudimentaires.
2me série. — 2 Tritons, opérés le 18 mars et le 23 avril 1924, ont
été amputés immédiatement après guérison. Ils ont régénéré quatre
doigts, l’un d’eux reformant en outre une partie de la main.
En résumé, les 9 Tritons opérés ont tous régénéré. L’un d’eux,
amputé au haut de l’autopode, a reformé complètement ce seg-
ment ; 3 Tritons ont régénéré une partie de l’autopode, les 5 autres
n'ont reproduit que les doigts (2 à 4).
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 461
Série C III. Extraction du radius ou du cubitus et des os du carpe,
avec amputation dans la main désossée.
1re série. —- 7 Tritons ont été opérés le 8 février et le 18 mars
et amputés le 15 mai 1924. Un seul n’a pas régénéré. Il y a eu,
Uu
E |
é |
| Re
]
Fic. V.
Pattes antérieures en régénération après amputation dans le carpe, précédée
de l’extirpation des os radius, cubitus et du carpe (A), ou humérus, radius,
cubitus et du carpe (E), ou des mêmes os avec le scapulum en plus {I).
462 Y. BISCHLER
dans trois cas, reformation d’une partie de l’autopode et de quetre
doigts; dans les trois autres cas, l’animal ne régénéra que trois
{1 cas) ou quatre doigts.
2me série. 3 animaux subissent l’opération le 8 février et sont
amputés quelques jours après (22 février 1924). L’un d’entre eux
a régénéré une partie de l’autopode et trois doigts. Les deux autres
ont respectivement reformé quatre et trois doigts.
En résumé: Sur 10 animaux opérés, 5 n’ont régénéré que les
doigts, 4 ont reformé en outre une partie de la main. Le 10e est
mort trois mois après l’amputation sans avoir présenté trace de
régénération. Au mois d'octobre (1° examen au mois de juillet),
lorsque la régénération est terminée, la limite du moignon désossé
(qui se réduit ici au segment autopodique, le zeugopode contenant
un de ses deux os) est malaisée à préciser.
Série C IV. Extraction des os fémur, tibia, péroné et des os du tarse
avec amputation dans le pied désossé (fig. IT B).
Les 6 Tritons ayant subi cette opération ont tous régénéré. L’un
d’eux, opéré le 6 février 1924, amputé le 15 avril, est mort le 21 juin
alors que le régénérat n’était qu’au stade de bourgeon. Deux Tri-
tons, opérés le 26 janvier et le 14 février, amputés environ 15 jours
après l’opération, ont régénéré un pied complet, le niveau de sec-
tion ayant intéressé le haut du segment autopodique. Un animal,
opéré le 18 janvier, amputé Le 10 février, a reformé une partie de
l’autopode et les doigts, alors qu’un autre, opéré le 14 février et
amputé 15 jours plus tard, n’a régénéré que 4 doigts. Le 6me Triton
enfin, qui n’avait pas encore régénéré le 26 septembre, environ
7 mois après amputation (opéré le 14 février, amputé le 127 mars),
a subi une nouvelle amputation à cette date et a régénéré par la
suite, ne reformant qu’un seul doigt.
Chez tous ces animaux, le moignon est grand et très plissé, ce
qui provoque un très fort raccourcissement du membre.
Série C V. Extraction des os humérus, radius, cubitus et des os du
carpe, avec amputation dans la main désossée (fig. V E).
Les 7 Tritons soumis à cette expérience ont tous régénéré. L'un
d’entre eux, opéré le 18 mars et amputé le 26 mars dans le zeugo-
CE Le re,, MS il 4
4 * 4
Li …n
4
14
À
+
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 463
pode, a reformé une partie de ce segment ainsi que la main. Il
s’agit d’une régénération à point de départ stylopodique. Un autre
animal, opéré aux mêmes dates, a régénéré un autopode complet,
l’amputation ayant intéressé le haut de ce segment. Les autres
Tritons, opérés en février, mars et mai 1924 et amputés 1, 2 et 3
mois après l’opération, n’ont régénéré que 4, 3 et même un seul
doigt. Le moignon désossé est très volumineux et fortement plissé.
Série C VI. Extraction de la ceinture scapulaire, des os humérus,
radius, cubitus et des os du carpe, avec amputation dans la main
désossée (fig. VI).
9 Tritons subissent cette opération entre le 22 janvier et le 9
février 1924. Ils sont amputés le 15 mai, soit environ 3 mois plus
tard. Deux animaux, opérés respectivement le 22 janvier et le
23 avril, sont amputés un mois après l’opération, alors qu’un animal
opéré le 2 février subit l’amputation au bout de 15 jours. Ces
9 Tritons ont tous régénéré. L’un d’eux a reformé outre les doigts
une partie de l’autopode. Trois animaux ont régénéré une très
petite zone autopodique (l’un d’eux présente 5 doigts). Les six
autres Tritons ont tous reformé trois doigts.
Ayant été complètement désossé, c’est le membre tout entier,
à l’exception des doigts, qui représente ici le moignon. Celui-ci
est donc très volumineux, fortement plissé et considérablement
raccourci par rapport au membre normal témoin.
Résumé de La série C.
Sur 48 animaux opérés, il n’y a eu qu’un seul cas de non régénéra-
tion. En ne tenant pas compte de la Série C III, dans laquelle l’exi-
guité du moignon porterait peut-être préjudice à l'exactitude des ré-
sultats (c’est du reste dans cette série que s’est produit le cas unique
où 1l n’y a pas eu de régénération), on voit que sur 38 Tritons, un
animal, amputé trop haut, a régénéré le zeugopode et l’autopode,
6 animaux ont régénéré l’autopode entier, le niveau de section se
trouvant au haut de ce segment, 21 ont régénéré la partie distale
de l’autopode et les doigts, 28 enfin n’ont reformé qu’un nombre
variable de doigts.
Rev. Suisse DE Zoo. T. 33. 1926. 39
464 V. BISCHLER
SÉRIE D. EXTRACTION DE LA CEINTURE SCAPULAIRE ET
AMPUTATION AU RAS DE L’ÉPAULE.
Toutes mes expériences ayant prouvé que la régénération se
fait très bien en l’absence du squelette, il me parut intéressant de
répéter les opérations de PHILIPEAUX qui avaient abouti à un
résultat contraire.
1re série. — 17 Tritons subissent, le 10 novembre 1923, l’extraction
de la ceinture scapulaire. Ils sont amputés immédiatement. Le
19 mars 1924, ils ne présentaient encore aucun phénomène de
régénération, et J'ai pratiqué une nouvelle incision au ras de l’épaule
à cette date. Le 8 juillet 1924, 16 de ces animaux étaient entrés
en régénération, certains d’entre eux ayant déjà reformé le membre,
d’autres ne se trouvant encore qu’au stade de bourgeon. Un seul
Triton n’a pas régénéré.
2me série. — 6 Tritons ont été opérés le 15 novembre 1923. Ils
ont été amputés au ras de l’épaule et la ceinture scapulaire a été
extraite sans incision, par le surface de section. N’ayant pas encore
régénéré le 19 mars 1924, ils furent réamputés à cette date et pré-
sentèrent tous, le 8 juillet, des régénérats plus ou moins avancés.
3me série. --- 4 Tritons, opérés le 7 novembre 1923 et amputés de
site, durent être réamputés le 19 mars 1924. En même temps
que la ceinture scapulaire, je leur avais extrait la plus grande
partie des muscles de l’épaule. Trois d’entre eux régénérèrent par la
suite, le 4Me se cicatrisa à chaque nouvelle réamputation.
4me série. — 10 Tritons ont été opérés sans incision entre le 10
et le 13 mars 1924. Deux d’entre eux ne régénérèrent pas malgré
réamputation (l’un d’eux n’a pas non plus régénéré le membre
postérieur qui avait subi une extraction d’os). Les huit autres
régénérèrent normalement, la plupart d’entre eux ayant déjà
ceformé un membre complet dès le 5 juillet.
me série. —-— 12 Tritons ont été opérés le 17 mars 1924 et amputés.
de suite. Un seul d’entre eux n’a pas régénéré.
6me série. — 8 animaux, opérés le 9 et le 10 juin 1924, subissent.
l’extraction de la ceinture scapulaire et d’une partie des muscles.
de l’épaule. Cinq d’entre eux ont régénéré, les trois autres se sont.
simplement cicatrisés.
7me série. — 9 Tritons, opérés en décembre 1923, subissent une
l'a OR ER, Ce ue By LA ME LT
267
728 de
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 465
greffe de muscles dans l’épaule désossée. Cette greffe n’a joué aucun
rôle et a probablement été résorbée. Sept d’entre eux ont régénéré.
Les deux autres, qui furent réamputés le 10 FR 1924, ne régé-
nérèrent pas à nouveau.
8me série, — 4 animaux ont été opérés le 22 mars sans incision.
Trois d’entre eux ont régénéré.
J’ai refait également douze extractions partielles de la ceinture
scapulaire et j’ai obtenu huit régénérations seulement, alors que
PHILIPEAUX accusait dans cette série 100 % de régénération.
En résumé: Sur 70 Tritons ayant subi l’extraction totale de la
ceinture scapulaire, 59 ont régénéré. Les 11 autres, bien que réam-
putés à diverses reprises, se cicatrisèrent chaque fois. Ceci donne
environ 15 %, de non régénération, alors que dans les autres séries,
ce pourcentage n’atteint pas 4 %
CONCLUSIONS.
Abstraction faite de la série D, les expériences que je viens de
rapporter montrent que sur 300 Tritons ayant subi des extrac-
tions de diverses parties du squelette des membres, suivies d’ampu-
tations à travers la région dépourvue d’os, 289 ont régénéré. Ces
faits permettent de conclure que, ainsi que FriTscx l’avait établi
pour les larves d’'Urodèles, chez les Tritons adultes l’absence du
squelette n’entraîne en aucune manière la suppression de la régé-
nération. Le détail des parties squelettiques régénérées, qu'il est
difficile de préciser d’après le seul examen extérieur du membre,
sera envisagé dans les chapitres qui suivent.
La régénération n’a fait défaut que dans 11 cas, ce qui représente
une proportion de moins de 4 %. Il est difficile de préciser les
causes pour lesquelles, dans ces rares cas, la régénération n’a pas
eu lieu. D’une part, dans toutes les expériences de ce genre, on
peut observer quelques résultats négatifs, alors même que la patte
n’a subi aucune autre intervention que la simple amputation.
D'autre part, 1l est possible que, dans certains cas, les nerfs aient
été lésés au cours de l’extraction des os et que la cicatrisation se
soit opposée à leur régénération propre. On sait que dans ses
recherches sur l’influence du système nerveux dans la régénération
des pattes, O. ScHoTTÉ (1926) a observé quelques cas comparables.
Cette intervention partielle du système nerveux, supposé lésé,
466 V. BISCHLER
paraît confirmée par le fait qu'après une nouvelle amputation la
régénération, qui avait fait primitivement défaut, a pu apparaître.
Il est probable alors que le temps écoulé entre les deux sections
a été suffisant pour permettre la régénération des nerfs.
Il faut, en effet, ne pas perdre de vue que les segments privés
de leur squelette subissent une rétraction considérable et que leurs
limites sont alors difficiles à préciser; de plus, les parties régénérées
peuvent se trouver plus ou moins incluses dans le moignon, si bien
que certains segments, cependant présents, ainsi que le montre
une étude plus précise, paraissent absents si l’on ne fait appel qu’à
la morphologie externe. Il convient d’envisager séparément les
résultats de la série D, parce qu’à la question de l’absence de sque-
lette s’ajoute celle de la nécessité d’une certaine quantité de terri-
toire spécifique pour que la régénération du membre puisse avoir
lieu. C’est précisément ce problème que PHILIPEAUX avait soulevé.
Dans ses expériences, cet auteur était arrivé à la conclusion
qu'après extirpation du scapulum la régénération fait défaut dans
100 % des cas. La proportion des résultats négatifs que j’ai obtenue
est beaucoup plus faible (11 sur 70), ne dépassant pas 15%. Cepen-
dant elle est manifestement plus élevée que dans toutes les autres
séries, Ce qui montre que ce n’est pas seulement l’extraction du
scapulum qui est en cause.
J’ai, dans l’historique, rapporté les faits qui conduisent à penser
que la régénération de la patte doit faire défaut si le territoire
correspondant a été enlevé dans sa totalité. C'est en ce sens que,
comme le faisait remarquer PHILIPEAUX, il n’y a régénération d’un
organe que s’il en reste une partie.
Bien que nous n’ayons aucune indication sur la technique utilisée
par PHILIPEAUX, il est plus que probable que cet auteur, opérant
certainement sans asepsie, et laissant ses animaux se cicatriser
dans l’eau, toutes les parties molles de l’épaule qu'il avait pu laisser
en place ont été éliminées par nécrose et infection. C’est donc
bien d’une extirpation complète du territoire épaule, et non seule-
ment du scapulum, qu’il s’agit dans les expériences qu'il a rap-
portées.
En ce qui concerne les cas de non régénération que j'ai moi-
même constatés, je ne puis envisager une semblable explication.
Abstraction faite de la 3me et de la 6me série, l’ablation portait
sur l’os de la ceinture à l’exclusion de la plus grande partie des
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 407
muscles, la plaie étant suturée s’il y avait eu incision et l’animal
n'étant remis à l’eau, dans tous les cas, qu'après guérison.
Il est possible que les nerfs aient été sectionnés trop haut au
cours de l’opération, et que la cicatrisation se soit opposée à leur
régénération propre. Cette influence des nerfs paraît d'autant plus
probable que, dans certain cas, la régénération qui avait fait primi-
tivement défaut est apparue lors d’une deuxième amputation. Il
se peut aussi que les phénomènes de cicatrisation et de désorgani-
sation des parties molles consécutifs à l’extraction du scapulum
soient responsables de l’absence de régénération. Quoi qu'il en soit,
si les expériences montrent que l’extraction de l’os de la ceinture
est une opération donnant un pourcentage plus élevé de non régé-
nération que les opérations similaires faites sur d’autres segments,
il n’en reste pas moins que dans 85 % des cas cette ablation n’a
pas empêché la régénération du membre. Par suite, ce cas rentre
également dans la catégorie générale des faits montrant que la
régénération se fait même en l’absence du squelette.
| q
468 V. BISCHLER
JIme PARTIE
Les potentialités formatives des divers segments du membre.
J’ai montré, dans la première partie de ce travail; que la sup-
pression du squelette dans le segment qui est le siège de l’ampu-
tation — et souvent en outre dans les segments plus proximaux —
n’inhibe en aucune façon la régénération du membre. Toutefois,
en raison des phénomènes de rétraction que j'ai signalés, il est
souvent difficile de définir exactement, d’après le seul aspect exté-
rieur, quelles sont, dans chaque cas, les parties régénérées. Que
celles-ci renferment un squelette de nouvelle formation, c’est ce
que montrent déjà la consistance du membre régénéré et l’exis-
tence d’articulations. Encore est-il nécessaire de préciser la nature
des pièces squelettiques qui ont été reconstituées.
Dans ce but, j’ai utilisé dès le début de mon travail la méthode
radiographique !. A condition d’attendre un temps suffisant (au
moins 6 mois) pour que les parties squelettiques régénérées aient
subi une ossification au moins partielle, les radiographies donnent
des renseignements précis. Elles ont l’avantage de pouvoir être
renouvelées à diverses périodes sur le même animal, si bien qu'il
est possible de suivre les progrès de l’ossification et de la différen-
ciation des parties. La méthode a, par contre, cet inconvénient
que les cartilages sont pratiquement invisibles. C’est en particulier
le cas, dans l’immense majorité des animaux, pour les pièces du
carpe et du tarse.
Par contre les os des segments proximaux du membre, les méta-
carpiens et les os des phalanges, sont toujours bien apparents. Cette
absence d’individualité du cartilage fait qu’il est impossible de
reconnaître avec précision les contours exacts des extrémités épi-
1 Toutes ces radiographies ont pu être effectuées au Laboratoire, grâce à
la belle installation dont il est pourvu.
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 469
physaires, ainsi que leurs rapports au niveau des articulations.
L'expérience m’a en outre appris que si, après une section à travers
une cuisse dépourvue de fémur, la radiographie ne montre que la
néoformation du tibia et du péroné, il peut cependant exister, en
arrière de ces os, un petit cartilage, tenant la place de l’extrémité
distale du fémur absent, et qui n’est pas visible sur la radiographie.
C’est pourquoi, au cours de mes recherches, j'ai été amenée à
utiliser, après obtention d'épreuves radiographiques, la méthode
histologique, plus laborieuse, mais qui fournit des résultats plus
précis.
Les membres régénérés ont été fixés dans le liquide de Bouin
contenant 7 % d’acide acétique, de façon à obtenir une décalcifi-
cation plus rapide. Celle-ci a été parfois obtenue par la méthode
classique de l’acide nitrique. Les coupes, assez épaisses (10 à 12 u),
ont été colorées à l’hémalun-éosine.
Lorsqu’en 1923 j’examinai les radiographies de mes premières
séries d'expériences, je fus immédiatement frappée par le problème
que soulevait la nature des parties squelettiques régénérées. En
effet, dans les cas où la régénération s’était faite à partir de la
cuisse privée de fémur, il y avait eu néoformation du squelette
du pied et de la jambe, mais le fémur n’avait été en aucune manière
reconstitué. Il semblait que le segment cuisse, point de départ de
la régénération, ait eu la potentialité de régénérer le squelette des
segments plus distaux, mais non son propre squelette. Par contre,
dans trois cas où c’était le bras dépourvu d’humérus qui avait été
amputé, la régénération avait abouti non seulement à la formation
des os de la main et de l’avant-bras, mais aussi à celle d’un petit
osselet situé plus en arrière, et correspondant à une partie de l’'humé-
rus enlevé.
On verra, dans l’étude analytique qui va suivre, que les cas sont
loin d’être toujours comparables et qu'il est difficile de dégager,
à ce point de vue, une règle générale. Si, par exemple, il s’agit d’une
régénération à partir d’un stylopode dépourvu d'os, il y a bien
généralement régénération de l’autopode et du zeugopode, mais les
résultats varient en ce qui concerne le squelette du stylopode lui-
même. Tantôt l’os de ce segment n’est en aucune manière reconsti-
tué; tantôt on n’observe qu’un épaississement de l’une ou des deux
extrémités proximales des os du zeugopode; tantôt il existe, en
arrière de cet os, un nodule cartilagineux ou un peu ossifié; parfois
470 V. BISCHLER
il y à eu reconstitution d’une véritable portion distale d’humérus
ou de fémur terminée en pointe, ou par une section nette, du côté
proximal. Dans certains cas enfin, l’os du stylopode est entièrement
reformé et s'articule avec le bassin ou le scapulum.
Il est nécessaire, pour comprendre cette inconstance des résul-
tats et chercher à dégager, malgré cette variabilité, une loi générale,
de jeter un coup d’œ1l préalable sur les processus histologiques de
la régénération du squelette. Je ne referai pas en détail l’exposé
de ces phénomènes que l’on trouve bien décrits dans le travail de
Frirscx et dans celui de Morrizc. Le squelette du segment amputé
ayant été enlevé, il ne peut être question ici d’une origine, même
partielle, du nouveau squelette aux dépens de l’ancien. Ce qui est
régénéré se fait à partir d’un blastème de nouvelle formation, cons-
titué au début par un amas de cellules indifférenciées, dont l’ori-
gine est restée, Jusqu'à présent, incertaine. Dans cet amas cellu-
laire, formé par exemple à la surface d’une cuisse amputée, se
différencient d’abord deux traïnées de cellules cartilagineuses qui
correspondent aux premières ébauches du tibia et du péroné. Dis-
talement, ces parties se bifurquent, donnant les ébauches de méta-
tarsiens et de doigts; le tarse s’individualise peu à peu et se diffé-
rencie dans le sens proximal.
Dans le cas où la régénération se fait à partir d’un segment
pourvu de son squelette, une partie du blastème formateur vient
se souder à la surface de section de l’os resté en place et contribue,
en corrélation avec les phénomènes de prolifération propre de l’os,
à reconstituer la partie distale de l’os intéressé par la section.
Lorsqu’au contraire la régénération se fait en l’absence du sque-
lette ancien, la partie la plus proximale du blastème, située en
arrière des ébauches des os du segment suivant régénéré, peut être
d'importance variable, formant une ébauche squelettique partielle,
indépendante ou soudée aux os qui suivent. C’est ainsi que dans la
régénération à partir du stylopode, ce reliquat du blastème forma-
teur peut, lorsqu'il existe, constituer une extrémité distale de fémur
ou d’humérus, ou ‘un simple nodule sans morphologie définie, ou
une portion soudée à la tête des os tibia et péroné, ou radius et
cubitus.
Il résulte de ces considérations que la quantité de squelette
régénéré dépendra avant tout de la masse du blastème formateur
et de ce qui reste disponible en arrière, après que la différenciation
ra
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 474
des parties plus périphériques a commencé. Cette relation entre la
morphologie du régénérat et la masse du blastème formateur ap-
paraîtra nettement dans certains cas particuliers.
Il y a, d’autre part, une relation certaine entre la masse du
blastème formateur et le niveau qui sert de point de départ à la
régénération. L'idée directrice qui servira, dans ce travail, à inter-
préter les divers cas, est que le point de départ réel de la régéné-
ration ne coïncide pas toujours avec celui de l’amputation (Biscx-
LER ef GUYÉNOT, 1925). Il faut, en effet, noter avec soin que, les
amputations étant généralement faites plusieurs jours après l’ex-
traction de l’os, le segment à travers lequel sera pratiquée l’ampu-
tation est alors plissé et ratatiné sur lui-même par suite de la rétrac-
tion des muscles, et il est difficile et parfois impossible de préciser
exactement, dans ce segment raccourci, à quel niveau a lieu l’am-
putation. De plus, les parties situées immédiatement en arrière
de la surface d’amputation sont souvent mortifiées et éliminées sur
une plus ou moins grande étendue, surtout si, comme cela arrive
parfois, la blessure est infectée par des microbes ou des moisissures.
Dans tous ces cas, le point de départ de la régénération, correspon-
dant au niveau de formation du blastème squelettogène, est tou-
jours situé en arrière de la surface d'amputation, plus proximale-
ment; ceci permet de comprendre que les os régénérés, bien qu’ap-
partenant au segment suivant, se trouvent si fréquemment inclus
totalement ou partiellement à l’intérieur du moignon, c’est-à-dire
à l’intérieur du segment qui a été amputé. On comprend ainsi que,
dans bien des cas, une amputation, faite dans le bras, est suivie
d’une régénération ayant son point de départ dans le segment
plus proximal, c’est-à-dire dans l’épaule. Ceci deviendra presque la
règle dans les cas où les segments amputés sont naturellement très
courts (avant-bras, jambe), et souvent réduits virtuellement à rien
par la rétraction des parties molles.
Ces deux sortes de considérations: relation entre la masse du
blastème formateur et le nombre des pièces squelettiques formées ;
relation entre la masse du blastème et le niveau effectif de régéné-
ration, serviront de lignes directrices pour l'interprétation des
résultats que je vais exposer.
472 V. BISCHLER
CHAPITRE III.
AMPUTATIONS DANS LE STYLOPODE DÉPOURVU D’0S
(CUISSE OÙ BRAS) (SÉRIE A)
SÉRIE À I. EXTRACTION DU FÉMUR ET AMPUTATION
DANS LA CUISSE.
{re série. — 4 Tritons, opérés le 6 février 1923 et amputés quelques
jours après, ont été radiographiés le 31 novembre 1923 (pas d’exa-
men histologique). Chez trois Tritons, il semble, d’après l’aspect
extérieur, qu'il n’y ait eu régénération que de l’autopode, le seg-
ment zeugopodique n’étant pas distinct et se confondant avec le
moignon. La radiographie montre qu’il n’y a pas de fémur. L'animal
(PL. 5, fig. 1) possède par contre un tibia et un péroné, qui ne se
trouvent pas dans la partie régénérée du membre, mais à l’intérieur
du moignon stylopodique qui avait été désossé. Le moignon se
distingue facilement du régénérat, 1l est plus large et fortement
plissé. Ce moignon est assez long et les deux os se trouvent à sa
base, fort éloignés du bassin. Il semble donc que le segment zeugo-
podique a été régénéré à l’intérieur du stylopode, ce qui explique son
absence apparente à un simple examen extérieur. Le tarse, n’étant
encore que cartilagineux, n’est pas visible sur les radiographies. La
radiographie du 4mM€ Triton (PI. 5, fig. 2), qui a reformé les os du
zeugopode et l’autopode, montre qu’il y a eu en outre régénération
d’un petit fémur, contenu dans le moignon, très court et paraissant
soudé au bassin. Peut-être y a-t-il eu, au cours de l’opération,
une lésion du bassin ayant pu être le siège d’une prolifération ayant
joué un rôle dans la formation de ce fémur incomplet. Il est aussi
très probable que, dans ce cas, le point de départ de la régénération
s’est trouvé situé dans un niveau plus proximal que dans les cas
précédents. Il est à remarquer — et cette observation se répétera —
que l’ossification de ce fragment de fémur est moins avancée que
celle du tibia et du péroné.
On voit, par comparaison, les résultats de la régénération du
côté témoin; on aperçoit l’ancien fémur amputé, complété et en
partie entouré par son extrémité distale régénérée.
ur
DA D nd A ET rc tt à
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 473
2me série. —- 4 animaux, opérés le 15 mai 1923, amputés le 23 mai,
ont été radiographiés le 23 septembre (pas d'examen histologique).
a) Deux d’entre eux n’ont, d’après l’aspect extérieur, régénéré
que le pied; il s’agit de Tritons très amaigris. Le membre régénéré
est excessivement grêle (1l en est du reste de même pour la patte
témoin). Il n’y a pratiquement plus de moignon, de sorte qu'il y a
suppression effective du segment stylopodique. Chez un animal
(PL 5, fig. 3), la radiographie montre la présence de deux petits os,
tibia et péroné, situés tout au haut du régénérat, à la limite entre
celui-c1 et le corps lui-même; il n’y a pas trace de fémur. Chez
l’autre Triton, le pied paraît directement attaché au tronc; on ne
distingue pas de partie zeugopodique. Il y a peut-être un centre
_ d’ossification au haut du pied, mais ceci est peu net.
b) Un Triton, ayant régénéré le zeugopode et l’autopode, pré-
sente à la radiographie un moignon assez volumineux, dépourvu
de fémur. À sa base, et pénétrant en partie dans le régénérat, se
trouvent un tibia et un péroné régénérés, leur portion la plus ossi-
fiée (la plus sombre sur la radiographie) étant contenue en partie
dans le moignon.
c) Le quatrième animal a régénéré le zeugopode et l’autopode.
On distingue facilement le moignon désossé; à la limite entre
celui-c1 et le régénérat, on aperçoit un petit centre d’ossification
représentant le péroné. Le tibia n’est pas encore visible (sa calci-
fication n’est pas assez avancée). Il n’y a pas de fémur; le pied a
quatre doigts. |
3me série. — 4 Tritons, opérés le 8 octobre 1923, ont été radio-
graphiés le 18 juin 1924 (pas d’examen histologique). L’un d’entre
eux a régénéré nettement la jambe et le pied. L’ossification n'étant
pas encore très avancée, 1l est difficile de se prononcer sur la pré-
sence ou non d’os dans la radiographie. On aperçoit cependant des
ombres correspondant au tibia et au péroné, placées dans le moignon.
Trois Tritons (PI. 5, fig. 4) ont un moignon net mais dépourvu
de fémur; il y a eu régénération d’un tibia et d’un péroné contenus
en partie dans le moignon désossé.
4me série. — 6 Tritons ont subi, le 22 mars 1924, l’extraction
du fémur et d’une partie des muscles de la cuisse. Ils ont été radio-
graphiés le 15 octobre, puis examinés histologiquement.
a) Chez un animal, la radiographie montre un tibia et un péroné
contenus dans le moignon. Il n’y a pas de fémur. L’examen histo-
474 V. BISCHLER
logique (fig. VI, 1) confirme ces faits. Le tibia et le péroné sont
soudés au niveau de leurs extrémités proximales.
b) Les radiographies de deux Tritons (PI. 5, fig. 5) ayant régénéré
une partie de la jambe et le pied montrent qu’il y a eu régénéra-
tion d’un tibia et d’un péroné, situés en partie dans le moignon,
en partie dans le régénérat.
c) Trois Tritons (P1.5, fig. 6) ayant régénéré le zeugopode et l’auto-
pode ont reformé un fémur partant du bassin. Les autres segments
sont normaux. Ceci est confirmé par l’examen histologique, qui
nous apprend en outre que, dans un cas, la partie tout à fait distale
du fémur a été reproduite sous forme d’un gros nodule coiffant le
tibia et le péroné, et présentant deux concavités correspondant à
leurs têtes articulaires. Ce nodule n’était pas visible sur la radio-
graphie, n’étant pas encore ossifié. Chez l’autre animal, il existe
une bande osseuse en croissant réunissant les deux épiphyses pro-
ximales, qui sont régulières et arrondies.
Dome série. — 6 Tritons, opérés en décembre 1923, ont subi une
greffe des muscles du bras à la place du fémur extrait par arrache-
ment. Ces muscles ne semblent pas avoir exercé d'influence sur le
résultat de la régénération (un cas exceptionnel). Les animaux ont
été radiographiés le 15 novembre, puis les membres intéressants
ont été fixés et coupés.
a) Chez deux animaux (PI. 5, fig. 7) ayant régénéré le zeugopode
et l’autopode, la radiographie montre qu’il n’y a pas eu néoforma-
Ws | 1e \A ii A
1 À a E NN fe
6 7 S 9 10
Fic. VI.
Dessins de la région du genou, montrant divers types de régénération du
squelette du zeugopode, avec ou sans nodule fémoral.
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 475
tion du fémur; par contre il y a un tibia et un péroné contenus
en partie dans le moignon court et épais. Ceci est confirmé par
l'examen histologique (fig. VI, 2 et 3). Un Triton a régénéré la
jambe et le pied. La radiographie montre qu’il y a un tibia et un
péroné situés dans le régénérat, mais pas de fémur. On ne distingue
plus de moignon, de sorte que le segment zeugopodique, avec ses
os régénérés, semble partir directement du corps. Un Triton, chez
lequel la greffe de muscles du bras dans l’axe de la cuisse a peut-
être Joué un rôle, a régénéré un pied à quatre doigts et un deuxième
bourgeon, qui ne s’est pas développé. On ne distingue pas le seg-
ment zeugopodique; il n’y a pas trace de fémur. La radiographie
montre trois os parallèles, situés dans le moignon, soit le tibia, le
péroné et un troisième os servant d’axe au bourgeon supplémentaire.
Tout ceci est confirmé par l’examen histologique (fig. VI, 5).
b) Un Triton qui a régénéré le zeugopode et l’autopode ne pré-
sentait pas de fémur à la radiographie, mais un tibia et un péroné
contenus presque entièrement dans le moignon. L'examen histo-
logique, qui confirme les observations faites sur la radiographie,
nous révèle en outre l’existence d’un tout petit nodule fémoral
(fig. VI, 4). |
c) Un des animaux a régénéré le stylopode, le zeugopode et l’auto-
pode. Il n’y a plus de moignon distinct. La radiographie montre
qu'il y a eu formation d’un fémur court, articulé au bassin (PI. 5,
fig. 8). Il y a un tibia et un péroné dans le zeugopode régénéré.
Gme série. —- 7 Tritons, opérés le 10 juin 1924, amputés le même
jour, ont été radiographiés le 15 octobre, puis fixés. Ils avaient subi
une greffe de muscles du bras à la place du fémur extrait. Ils ont
tous régénéré le zeugopode et l’autopode. Le moignon est plissé
et relativement volumineux.
a) Chez trois Tritons, il n’y a pas d’os visibles sur la radiographie,
l’ossification n’étant pas assez avancée. L’examen histologique nous
apprend qu'il y a eu régénération d’un tibia et d’un péroné, en
partie engagés dans le moignon. Chez l’un des animaux (fig. VI, 10),
il n’y à pas trace de fémur, tandis que chez les deux autres on note
la présence d’un petit nodule cartilagineux (fig. VI, 8 et 9), en
arrière du tibia et du péroné. |
b) Dans 4 cas, la radiographie (PI. 5, fig. 9) montre un tibia et
un péroné contenus en grande partie dans le zeugopode régénéré.
L'examen histologique nous apprend qu'il y a eu, en outre,
470 V. BISCHLER
régénération d’un nodule représentant la tête distale du fémur et
contenu dans le moignon. Chez l’un des animaux (fig. VI, 6), ce
nodule est assez grand; chez un autre (fig. VI, 7), il y en a deux
placés côte à côte.
SÉRIE À II. EXTRACTION DE E’HUMÉRUS ET AMPUTATION DANS.
LE BRAS.
17e série. — 15 Tritons subissent cette opération entre le 28 juin
et le 10 juillet 1924. Ils sont amputés, immédiatement après gué-
rison, dans le bras désossé. Ils sont radiographiés le 28 octobre, soit.
environ trois mois après l’amputation, puis examinés histologique-
ment.
Un des animaux (PI. 5, fig. 10), amputé très haut, a régénéré une
grande partie du bras, l’avant-bras et la main; le moignon est
très court et la radiographie montre qu’il y a eu régénération d’un
humérus.
Tous les autres ont été amputés entre le coude et le milieu du
segment désossé. Six Tritons ont régénéré, ainsi que le montre la
morphologie externe, une partie du stylopode, le zeugopode et.
l’autopode. Cinq d’entre eux ont reformé un humérus incomplet,
le sixième un nodule huméral, contenus en partie dans le moignon.
Les os radius et cubitus sont normaux. Dans quatre cas, il n’y a
eu régénération apparente que des segments zeugopodique et auto-
podique, mais le moignon stylopodique contient un humérus
régénéré et incomplet. Deux animaux, ayant régénéré le zeugopode
et l’autopode, ont aussi reformé dans le moignon un nodule huméral
qui n’est pas visible sur la radiographie. Les deux derniers Tritons.
enfin, qui ne paraissent pas non plus avoir formé d’humérus sur la
radiographie, n’ont pas été examinés histologiquement. Un seizième
animal, opéré au mois de mai, a reformé un humérus contenu en
partie dans le moignon.
2me série. — 7 Tritons ont été opérés par arrachement de
Phumérus entre le 28 juin et le 1er juillet (amputation à mi-hauteur).
Ils ont été radiographiés le 28 octobre (4 mois après). Voici les
résultats de cette série:
a) 4 animaux n’ont pas reformé d’humérus, ainsi que cela résulte
des radiographies et des examens histologiques. Chez l’un d’eux
(fig. VIT, 1), la tête du radius est arrondie et recourbée en crosse
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 477
au-dessus du cubitus, qui est plus petit et dépourvu de tête arti-
culaire. |
b) Chez un Triton, il existe un nodule humérsl contenu dans le
moignon (fig. VII, 2).
c) Chez 4 animaux qui ont extérieurement régénéré une partie
du stylopode, le zeugopode et l’autopode, on observe un humérus
qui paraît complet (fig. VII, 3).
3me série. — En janvier 1925, 75 Tritons subissent l’extraction
soigneuse de l’humérus, l’amputation étant pratiquée au bout de
R dE W mr
PRES
Bd 2 AT
Fire. VII.
Dessins de la région du coude, montrant divers types de régénération du
squelette du zeugopode avec ou sans nodule huméral.
quelques jours tout au bas du stylopode désossé. Au mois d’octobre,
ils avaient régénéré l’avant-bras et la main et les membres intéres-
sants ont été fixés pour être examinés histologiquement.
a) Chez 19 animaux, il n’y a eu aucune régénération du squelette
du stylopode, mais seulement formation d’un radius, d’un cubitus
et de la main (fig. VII, 4). Dans certains cas, la tête de l’un des os
de l’avant-bras est anormalement développée et recourbée en crosse
(fie >WEE,:5):
b) Dans 28 cas, l’examen histologique montre la présence, en
arrière du radius et du cubitus, d’un tout petit nodule cartilagi-
neux (fig. VII, 6).
478 V. BISCHLER
c) Dans 25 cas, il y a eu formation d’un nodule huméral un peu
plus gros, mais de volume très variable (fig. VII, 7, 8 et 9).
d) Dans trois cas enfin, il y a eu régénération d’un humérus plus
ou moins complet (fig. VII, 10).
Résumé des séries À I et À II.
Je résumerai les résultats des deux séries précédentes, où l’am-
putation a été pratiquée à travers le segment proximal du membre,
sous forme d’un tableau indiquant ce qui a été reconstitué du
fémur ou de l’humérus extirpé.
Membres postérieurs.
Fémur.
Complet Partiel Représenté par Absent Total
un nodule des cas
3 2 8 18 31
Membres antérieurs.
Humérus.
Complet Partiel Représenté par Absent Total
un nodule des cas
9 9 «57 23 98
On voit que sur 129 animaux examinés, l’os stylopodique n’a
été reformé en aucune manière dans un nombre assez élevé de cas
(41). Ces cas négatifs traduisent bien l’incapacité du segment stylo-
podique, quand il est le siège effectif de la régénération, à recons-
tituer son os propre. Dans 65 cas, le fémur ou l’humérus n’ont
également pas été reconstitués, mais on observe, en arrière des os
tibia et péroné ou radius et cubitus, un nodule cartilagineux, sou-
vent très petit, quelquefois plus volumineux, coiffant l’un des os
du zeugopode ou les deux, de forme très variable, qui tient la place
qu’occuperait normalement l’épiphyse, ou une partie de l’épiphyse,
de l’os stylopodique. Ces nodules représentent évidemment un
reliquat postérieur du blastème squelettogène. Ce qui le montre
nettement, c’est que parfois ce reliquat de tissu ne prend pas la
forme d’un nodule indépendant mais reste soudé à la tête de l’un
des os du zeugopode, lui formant ainsi une extrémité élargie et
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 479
recourbée. Parfois aussi il se partage en deux nodules. Tout donne
l'impression qu'il n’y a pas eu, dans son évolution, tendance à
une morphologie bien définie, comme c’est au contraire le cas
pour les os du zeugopode et de l’extrémité distale du membre.
Ce n’est que dans 11 cas que ce reliquat prend une forme plus définie,
sans doute en raison de son plus grand volume initial. Enfin dans
12 animaux seulement, soit un peu moins de 10 % des cas, il
y a eu reconstitution d’un os stylopodique complet, ou à peu
près tel, dont l’existence correspond sans doute à une régénération
ayant eu un point de départ situé très en arrière, à la limite de
l’épaule ou du bassin ou dans le territoire basilaire. Ce qui le montre,
c’est que cet os est généralement articulé avec le bassin ou le scapu-
lum, se trouve donc situé en grande partie dans le territoire de la
ceinture.
SÉRIE À III. EXTRACTION DE LA CEINTURE SCAPULAIRE ET DE
L'HUMÉRUS, AVEC AMPUTATION DANS LE BRAS.
1re série. — 3 Tritons subissent cette opération le 6 juillet 1923.
Ils sont radiographiés à deux reprises, 6 mois et une année après
l’opération. Les radiographies montrent que la ceinture scapulaire
n’a pas été reformée. Le moignon stylopodique, très raccourei,
contient un petit humérus tout à fait incomplet, beaucoup plus
court que le radius et le cubitus contenus dans le régénérat (PI. 5,
fig. 11 et 12).
2M* série. — 2 Tritons ont été opérés Le 8 octobre 1923 et amputés
quelques jours après. Les radiographies, faites 6 mois plus tard, mon-
trent, dans un seul cas, la présence d’un petit humérus incomplet
situé dans le moignon; le régénérat renferme un radius et un cubitus.
L'autre animal à RE un radius et un cubitus contenus dans
le moignon, mais 1l n’y a pas d’humérus visible sur la CROSS
La ceinture scapulaire n’a pas été reformée.
game série. —- 9 Tritons, opérés entre le 19 janvier et le 9 février
1924, ont été amputés le 19 mars et radiographiés le 15 octobre
(7 mois après) L’un d’eux 2 reformé une partie du bras, l’avant-
bras et la main. La radiographie montre qu’il y 2 eu régénération
d’un humérus court et épais, situé dans le moignon et dans le
régénérat. Il n’y a pas de ceinture scapulaire. Les autres segments
sont normaux (PI. 5, fig 13).
Rev. Suisse DE Zoo. T. 33. 1926. 36
4£0 V. BISCHLER
Un Triton a régénéré extérieurement l’avant-bras et la main.
La radiographie montre qu’outre un radius et un cubitus régénérés,
il existe un grand humérus, situé dans le moignon. Ceci est confirmé
par l'examen histologique.
Quatre Tritons ayant reformé l’avant-bras et la main présentent,
sur la radiographie, un radius et un cubitus dont les parties proxi-
males se trouvent engagées dans le moignon; l’examen histologique
révèle, en outre, l’existence d’un très petit nodule huméral (fig. VIII,
1, 2, 3, 4), qui n’est pas visible sur la radiographie (PI. 5, fig. 14),
sauf dans un cas (PL 5, fig. 15).
Les radiographies de deux animaux ayant régénéré l’avant-bras
et la main montrent un radius et un cubitus situés en partie dans
le moignon, en partie dans le régénérat. Il n’y a ni ceinture, n1
humérus. L'examen histologique montre que, dans un cas, les os
zeugopodiques sont en partie soudés entre eux (fig. VIII, 5); dans
l’autre cas (fig. VIII, 6), lépiphyse proximale du radius est renflée
en boule. Il n’y a pas de nodule huméral.
Le dernier Triton, enfin, ne présente à la radiographie qu’un
seul os (radius ou cubitus), en partie dans le moignon, en partie
dans le régénérat (PI. 5, fig. 16). Il n’y a ni ceinture scapulaire, ni
humérus. L’examen histologique montre qu’il y a un radius bien
développé et un cubitus incomplet (fig. VIII, 7).
F7 0) Am
A À \ W
Fic. VIII.
Dessins de la région du coude montrant divers types de régénération du
squelette après extraction du scapulum et de l’humérus et amputation dans.
le bras.
1
Ve
+
mr pp } î We "NS" pverS
LA,
LR ss tue MTS
Fe A PR RS + N'a 21 vds 7e
D A PS PEU VS C2 AN”
REP TR TS Ta De me 4
La ni _ ui = >-#
7 fi d S
c 4
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 481
4me série. — 9 Tritons ont été opérés le 17 mars et amputés
quelques jours après. Ils ont été radiographiés 7 mois plus tard.
Deux d’entre eux ont régénéré la moitié du stylopode, le zeugopode
et l’autopode. Il y a eu formation d’un humérus, contenu en partie
dans le moignon. Chez l’un d’eux, cet os est incomplet et se termine
dans le moignon par une pointe effilée (fig. VIII, 8), ainsi que le
montre l’examen histologique.
Deux animaux ont régénéré l’avant-bras et la main. La radio-
graphie montre que le moignon contient un humérus régénéré
assez long, mais incomplet et comme coupé carrément (fig. VIII, 9).
Chez un cinquième animal, n’ayant reformé apparemment que
l’avant-bras et la main, la radiographie montre que le radius et le
cubitus pénètrent en partie dans le moignon qui contient en outre
un humérus incomplet. L’examen histologique nous apprend que
cet humérus s’arrête nettement à l’intérieur du moignon, sans pré-
senter d’épiphyse proximale, comme sl avait été sectionné en
cet endroit.
Un sixième Triton, avant régénéré l’avant-bras et la main, pré-
sente un nodule huméral étiré en largeur. Le radius et le cuhitus
sont de forme bizarre et raccourcis.
Dans un septième cas, la radiographie montre qu'il y a eu régé-
nération d’un radius et d’un cubitus dont les extrémités proximales
pénètrent dans le moignon. Celui-ci contient en outre un tout petit
nodule huméral.
Un huitième animal, n’ayant pas régénéré, a dû être réamputé
le 22 septembre. Il a été examiné histologiquement au stade de
bourgeon: celui-ci contient un radius et un cubitus; il n’y a pas
de nodule huméral. Le moignon est volumineux.
Le 9me Triton enfin, ayant régénéré l’avant-bras et la main,
a relormé un radius et un cubitus contenus presqu’entièrement
dans le moignon. Il n’y a pas trace d’humérus, Ceci est confirmé
par l’examen histologique (fig. VIII, 10).
Résumé de la série A III.
23 animaux ayant subi l’extraction de la ceinture scapulaire et
de l’humérus et amputés dans le bras désossé, ont été examinés
au point de vue de la régénération des os. Il y a eu 11 cas de régé-
nération de l’humérus; chez deux d’entre eux, cet os est bien déve-
482 V. BISCHLER
loppé, contenu en partie dans le moignon, en partie dans le régé-
nérat ; dans les neuf autres cas, 1l ne s’agit que d’un os incomplet et
contenu entièrement dans le moignon. Il y a eu 6 cas de formation
d’un simple nodule huméral, très petit chez quatre de ces animaux.
Enfin, dans 6 cas, il n’y a eu aucune formation, même réduite à un
nodule, représentative de l’humérus. Le radius et le cubitus régé-
nérés sont en partie engagés dans le moignon.
Dans aucun cas la ceinture scapulaire n’a été reformée.
RÉSUMÉ DES SÉRIES À (AMPUTATIONS DANS LE STYLOPODE).
Si l’on examine maintenant l’ensemble des résultats fournis par
les amputations faites à travers le stylopode désossé, sur 152 ani-
maux, dont 23 ont subi l’ablation de l’humérus et de la ceinture
scapulaire, 98 l’ablation de l’humérus et 31 l’ablation du fémur,
on voit nettement que l’os du stylopode n’a été vraiment régénéré
que dans un faible pourcentage des cas (14, soit un peu moins de
10 %,). Dans 20 cas, la régénération de cet os est restée très par-
tielle, celui-c1 étant constitué par l’épiphyse distale et un morceau
plus ou moins grand de diaphyse, terminé en pointe et plus rare-
ment par une surface plane, comme si l’os avait été coupé carré-
ment. Dans 71 cas,1l n’y a pas d’humérus ou de fémur à proprement
parler, mais seulement un nodule cartilagineux, reste de l’ébauche
squelettique primitive, et dont la forme et les dimensions sont
très variables. Enfin, dans 47 cas, ce rudiment manque et la régé-
nération n’a abouti qu’à la formation exclusive des os du zeugo-
pode et de l’autopode. Dans aucun cas, la ceinture scapulaire
(enlevée dans 23 essais) n’a été régénérée.
Ces expériences montrent bien que, en principe, le segment
proximal du membre (bras ou cuisse) dépourvu d’os est capable
de régénérer très régulièrement le squelette des segments plus
distaux, mais non son propre squelette. Cependant, au cours de la
différenciation des os du zeugopode aux dépens du blastème de
régénération initial, il est resté souvent, en arrière, une petite partie
inutilisée qui peut, soit rester soudée à l’un des os zeugopodiques,
soit devenir indépendante ou même se partager en deux fragments.
L'ensemble de ces cas, absence complète de régénération ou simple
nodule tenant plus ou moins la place de l’épiphyse sans en avoir
la morphologie, représente la grande majorité des résultats (77 %).
bar ti Le bs,
Par, A4
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 483
Les cas où s’observe la régénération de l’os stylopodique, toujours
situé très proximalement, à l’intérieur d’un court moignon et en
partie dans la ceinture, correspondent aux résultats d’une régéné-
ration ayant eu son point de départ dans le territoire du bassin
ou de l’épaule et non plus dans la cuisse ou le bras. Ils expriment
les potentialités propres au segment basilaire du membre.
CHAPITRE IV.
AMPUTATIONS DANS LE ZEUGOPODE DÉPOURVU D'0S
(JAMBE OÙ AVANT-BRAS) (SÉRIE B)
SÉRIE B I. EXTRACTION DU TIBIA ET DU PÉRONÉ AVEC
AMPUTATION DANS LA JAMBE.
Cette série comprend 20 animaux, dont 14 ont été examinés au
moyen des radiographies ou des coupes histologiques.
1re série. — 6 Tritons, opérés le 17 janvier 1924, amputés le
18 mars, ont été radiographiés le 15 octobre (7 mois après). Chez
cinq de ces animaux ayant régénéré un pied, la radiographie montre
la présence d’un tibia et d’un péroné régénérés, contenus dans le
moignon; dans trois cas, ce dernier est très net, alors que dans les
deux autres 1l est plus difficile de distinguer la partie ancienne de
la partie régénérée (PI. 5, fig. 17). La vérification histologique a été
faite sur deux animaux; dans un cas, le péroné est plus ou moins
soudé au fémur (fig. IX, 1).
Le sixième animal paraït également n’avoir régénéré que le pied,
mais l’examen radiographique montre la présence, à l’intérieur du
moignon, de deux centres d’ossification dont l’un est beaucoup
plus petit que l’autre. L'examen histologique (fig. IX, 2) nous
apprend que l’un d’eux représente le tibia régénéré, alors que l’autre
n’est qu’un tout petit nodule osseux situé près de la tête humérale,
et provenant peut-être d’une lésion de la capsule articulaire.
Il y a un grand espace entre ce nodule et le tarse, ce qui semble
montrer qu'il ne s’est pas formé à partir du blastème de régénéra-
tion. L’absence du péroné a entrainé la déviation du pied vers
l’arrière par rapport à l’axe du membre.
484 V. BISCHLER
2me série. — 8 Tritons, opérés le 18 décembre 1923 et amputés
le même jour, ont été radiographiés 10 mois après l’opération
(15 octobre 1924). À ce moment, il n’est plus possible de distinguer
la partie ancienne de la partie régénérée; chez 7 animaux, en effet,
Fire: IX:
Reconstruction, d’après les coupes, du squelette régénéré dans 3 cas après
extraction du tibia et du péroné et amputation dans la jambe (série B I).
le tibia et le péroné ont été régénérés à l’intérieur du moignon, de
sorte que celui-ci est à nouveau pourvu d’un axe rigide (PI. 5, fig. 18).
Le pied est normal. |
Le 8me Triton a régénéré un pied qui n’est pas dans le prolonge-
ment direct de l’axe de la jambe, mais dévié vers l’avant (fig. IX, 3).
Ceci est dû à ce que, comme nous le montrent la radiographie (PI. 5,
fig. 19) aussi bien que l’examen histologique, le péroné seul a été
régénéré. La tête fémorale semble en outre avoir proliféré.
SÉRIE B II. EXTRACTION DU RADIUS ET DU CUBITUS AVEC
AMPUTATION DANS L’'AVANT-BRAS.
17 animaux de cette série, opérés le 27 juin 1924, amputés le
10 juillet, ont été radiographiés le 15 octobre (3 mois et demi après
amputation), puis examinés histologiquement.
a) 10 Tritons ont été amputés à mi-hauteur du moignon désossé,
et ont, d’après l’aspect extérieur, reformé une partie de l’avant-
PAUSE
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 485
bras et la main. Sept d’entre eux ont régénéré le radius et le cubitus
qui se trouvent en général contenus en partie dans le moignon
(fig. X, 1); le carpe est normal. Ces os ont été révélés soit par la
méthode radiographique, soit par la méthode histologique dans les
cas où l’ossification n’était pas assez avancée pour permettre de les
distinguer sur la radiographie.
Un Triton a régénéré un seul os de l’avant-bras, le cubitus, grand
et bien formé, ainsi qu’un carpe présentant un petit os supplémen-
taire (fig. X, 2). Un autre a reformé une sorte de cubitus repré-
senté par deux morceaux distincts; en outre l’os carpien radial est
prolongé en arrière et remonte à côté de ce cubitus (fig. X, 5). Un
Triton ? régénéré deux os qui se suivent dans le moignon (fig. X, 4).
b) 4 Tritons, amputés vers le haut du segment désossé, ont
FIG X
Reconstruction, d’après les coupes, de 5 cas de régénération du squelette
après extraction des os radius et cubitus et amputation dans l’avant-bras
(série B IT).
486 V. BISCHLER
régénéré une partie de l’avant-bras et la main. Ils ont tous reformé
le radius et le cubitus, engagés en partie dans le moignon. Dans
un cas, ce moignon ne se distingue plus de la partie régénérée.
c) 3 animaux, amputés au bas du zeugopode désossé, n’ont
apparemment régénéré que la main. Dans un cas, il y a eu néo-
formation d’un radius et d’un cubitus contenus dans le moignon;
dans un autre, la radiographie montre deux os situés dans le moi-
gnon, tandis que l’examen histologique nous apprend l’existence
d’un os unique, assez large, et situé dans l’axe du moignon, qui se
partage plus bas de façon à former deux os occupant la partie
distale du moignon (fig. X, 3); le carpe est normal. Le 3Me animal
n’a pas reformé les os de l’avant-bras; entre l’humérus et le carpe,
qui est irrégulie., se trouve un petit nodule osseux qui n’est pas
visible sur la radiographie.
. Résumé des séries B I et B II.
31 animaux ayant subi l’extraction des os du zeugopode, avec
amputation dans ce segment, ont été examinés au point de vue
de la régénération osseuse. Remarquons tout de suite que ce seg-
ment, naturellement court, est très réduit par suite de la rétraction
consécutive à l’extraction des os, et se trouve encore diminué par
l’amputation. Le moignon zeugopodique ne dépasse que de fort peu
la tête articulaire de l’os stylopodique. Comme la régénération
débute en outre en arrière du niveau extérieur d’amputation, le
cône régénératif doit partir en réalité de l’extrémité tout à fait
proximale de la cuisse ou du bras. On ne sera donc pas étonné de
trouver que, dans presque tous les cas (24 sur 31), il y ait eu régé-
nération des os zeugopodiques. Il y a eu 7 exceptions: dans 6 cas,
régénération d’un seul des os, dans 1 cas, absence de régénération
de ces os, mais par contre présence d’un nodule dans le moignon.
Au bout de quelque temps, il devient généralement impossible de
distinguer ce qui a été le moignon désossé, car, grâce à la régéné-
ration de ses os, 1l a repris toute sa rigidité.
L’autopode est normal.
SÉRIE B III. EXTRACTION DES OS FÉMUR, TIBIA, PÉRONÉ, El
AMPUTATION DANS LA JAMBE.
Cette série comprend 10 animaux dont 9 ont été examinés au
point de vue de la régénération des os.
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 487
10 4 Tritons ont été opérés le 14 janvier 1924 et amputés le 25
mars. L’un d’eux étant mort, sa patte a été fixée le 14 juillet 1924.
Il a régénéré un petit pied à quatre doigts. Le moignon, constitué
par le stylopode et le zeugopode désossés, avait la longueur du
stylopode de la patte témoin. Les coupes histologiques montrent
un moignon très plissé, complètement dépourvu d’os. Le pied
régénéré contient un tarse régulier, mais réduit, composé de 6 os.
L’extrémité supérieure du péronéal, assez allongé, pénètre dans le
moignon et se termine par une sorte de renflement (fig. XI, 1).
Un deuxième animal est mort le 21 juillet, et sa patte a été
fixée à cette date. Il a régénéré un pied à cinq doigts; le moignon
1 Ca TE PE.
Reconstruction, d’après les coupes, de 6 cas de régénération du squelette
après extraction des os fémur, tibia et péroné et amputation dans la jambe
(série B IIÏ). |
488 V. BISCHLER
est très plissé. Il y a un tarse complet, formé de 7 os. En outre, il
y à eu régénération d’un péroné complet, placé dans le moignon,
et de l’extrémité distale du tibia (fig. XI, 2). |
Un autre Triton est mort le 22 août (régénérat de 5 mois). Il y a
un tarse complet, formé de 7 os. Il existe un tout petit nodule
osseux, sans signification spéciale, dans le moignon (fig. XI, 3).
Le quatrième animal a été radiographié le 10 octobre, soit 7 mois
après l’amputation. Extérieurement il a régénéré un pied; le moi-
gnon est très grand, et la radiographie révèle la présence, à son
intérieur, d’un tibia et d’un péroné. Les coupes montrent qu’il
s’agit là de deux petits os très incomplets et irréguliers. Ils sont
entourés de muscles régénérés, partant en tourbillon d'un point
central placé entre eux, dans le moignon, et montrant nettement
le point de départ du processus régénératif. En outre, il existe
encore un tout petit nodule situé au-dessous du péroné. Le tarse
est d’aspect régulier et formé de 7 os (fig. XI, 4).
20 Trois Tritons, opérés le 26 janvier, le 18 mars et le 31 mai,
ont été amputés vers le milieu du segment zeugopodique (l’un d’eux
2 mois, les autres quelques jours après l’opération) au haut du
moignon, qui est relativement court. Une partie de la jambe a été
régénérée. Les radiographies du 10 octobre révèlent la présence
d’un tibia et d’un péroné régénérés (PI. 5, fig. 20). L’examen histo-
logique confirme ces faits. Dans un cas, le tibia et le péroné sont
bien développés et situés en partie dans le moignon (fig. XI, 5);
Fire. XII.
Reconstruction, d’après les coupes, de 3 cas de régénération du squelette
de Re des os fémur, tibia, péroné et amputation dans la jambe
série ).
SQUELETTE £T RÉGÉNÉRATION 489
le tarse est irrégulier, formé de 9 os. Dans le deuxième cas, ces os
sont contenus presque totalement dans le moignon, leurs épiphyses
distales se trouvant seules dans la partie régénérée (fig. XI, 6).
Chez le 3M€ animal, le tibia et le péroné sont bien développés et
il y a, en outre, à leur sommet, un petit pont osseux réunissant
leurs têtes proximales, ces têtes étant placées dans le moignon alors
que le reste des deux os fait partie du régénérat (fig. XII, 1).
30 Deux Tritons, opérés le 23 avril, amputés le 10 mai, ont été
radiographiés 5 mois après l’amputation (10 octobre). Le moignon
est grand, il y a eu régénération d’un pied. Chez l’un deux, la radio-
graphie montre de petits os, tibia et péroné, au bas du moignon.
L'examen histologique confirme ces faits: le tibia et le péroné,
entièrement contenus dans le moignon, sont très incomplets, de
la taille des os du tarse qui est bien formé mais ne comprend que
6 os (fig. XIT, 2).
Chez l’autre animal, la radiographie nous révèle un tibia et un
péroné situés en haut du moignon. L’examen histologique nous
apprend que le tibia est entier, alors que le péroné se réduit à un
petit os d’aspect comparable à un os du tarse, qui est ici tout à
fait complet (8 os). Les deux os zeugopodiques sont entièrement
contenus dans le moignon, ainsi que la partie tout à fait proximale
du tarse (fig. XIT, 3).
SÉRIE B IV. EXTRACTION DE L’HUMÉRUS., DU RADIUS ET DU
2
CUBITUS, ET AMPUTATION DANS L'AVANT-BRAS.
Cette série comprend 20 animaux dont 14 ont été examinés au
point de vue de la régénération des os.
17e série — 9 Tritons ont été opérés entre le 8 et le 12 février
1924, amputés le 18 mars et radiographiés le 15 octobre (7 mois
après l’amputation); les membres intéressants ont été fixés et exa-
minés bistologiquement
10 4 animaux, chez lesquels l’amputation avait été pratiquée vers
le haut du segment zeugopodique, ont régénéré l’avant-bras et la
main. Chez deux d’entre eux, la radiographie montre un radius et
un cubitus situés en partie dans le régénérat, en partie dans le
moignon. Chez un troisième, le cubitus est complet, un peu recourbé,
le radius est un simple nodule (fig XIII, 1). Le quatrième animal
est mort le 23 septembre et sa patte a été fixée à cette date. Il y
490 V. BISCHLER
avait régénération du radius et du cubitus, ainsi que d’un nodule
huméral
20 5 Tritons n’ont apparemment régénéré que la main, le moignon
étant très volumineux Chez l’un d’eux, la radiographie montre la
présence d’un os régénéré dans le moignon. L’examen histologique
nous apprend qu'il y à eu régénération d’un cubitus incomplet, du
sommet duquel part un faisceau de muscles régénérés, et d’un petit
nodule radial. Le carpe est complet (fig XIIT, 2). Le radius et le
cubitus, ainsi que la partie supérieure du carpe, se trouvent dans
le moignon qui est très plissé.
Chez un deuxième animal, la radiographie montre un cubitus
situé au milieu du moignon. L’examen histologique confirme qu’il
y a eu régénération d’un cubitus assez allongé, entièrement contenu
Fic. XIIT.
Reconstruction, d’après les coupes, du squelette régénéré dans 6 cas, après
extraction des os humérus, radius, cubitus et amputation dans l’avant-bras
(série B IV).
LL,
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 491
dans le moignon. IL y a encore un très petit nodule radial. Le carpe
ne comprend que 5 os, mais il est d’apparence régulière.
Un troisième animal a été fixé le 23 juillet. Il à régénéré un
radius incomplet et un petit nodule cubital; le carpe est irrégulier
(fig. XIII, 3).
Enfin, deux animaux (PI. 5, fig. 21) n’ont régénéré n1 le radius,
ni le cubitus; le carpe seul a été reformé (fig. XIII, 4).
2me série. — 4 Tritons ont été opérés le 25 avril, amputés le
2 mai et radiographiés 5 mois plus tard (15 octobre).
Chez trois de ces animaux, le moignon est long et la main paraît
avoir été seule régénérée. Dans deux cas, il n’v a pas d’os visibles
sur la radiographie et l'examen histologique de l’un de ces animaux
nous apprend qu'il n’y a eu régénération que d’un carpe irrégulier,
présentant un tout petit nodule supplémentaire (fig. XIII, 5). Le
3me Triton présente un petit point d’ossification sur la radiogra-
phie. L’examen histologique montre qu’il y a eu régénération d’un
petit radius incomplet, et d’un tout petit nodule cubital, contenus
dans le moignon.
Le quatrième animal a régénéré une partie du zeugopode et
l’autopode. Le moignon est assez long, mais le régénérat y pénètre
en coin. Sur la radiographie, on voit un radius bien marqué et une
ombre légère que l’on pourrait prendre pour un cubitus; la vérifi-
cation histologique nous apprend qu'il s’agit en réalité de l’os
cubital qui se prolonge en arrière dans le moignon, à côté de la
base du radius, qui est complet et présente une partie ossifiée
(fe: XII, 6).
Enfin 1 Triton a été opéré le 7 juin et amputé le 25 juin; exté-
rieurement, il n’a régénéré que la main. La radiographie du 15 oc-
tobre montre qu’il y a eu formation d’un cubitus dans le moignon.
L'examen histologique confirme ce fait; il y a un eubitus complet
mais pas de radius. Le carpe est très irrégulier. Il semble que l’am-
putation a été un peu oblique.
Résumé des séries B III et B IV.
22 animaux ayant subi l’extraction des os du stylopode et du
Zzeugopode, avec amputation dans le segment zeugopodique désossé,
ont été examinés au point de vue de la régénération osseuse.
6 animaux, ayant été amputés un peu haut, ont régénéré une
492 V. BISCHLER
partie du zeugopode. Ils présentent des os zeugopodiques complets,
situés en partie dans le moignon, en partie dans le régénérat; deux
d’entre eux présentent même un tout petit nodule stylopodique.
Quatre animaux ont régénéré un os zeugopodique bien développé,
situé dans le moignon, et un petit nodule osseux représentant ce
qui a été formé du deuxième os. Deux animaux présentent un seul Ÿ
os zeugopodique bien développé qui se trouve placé dans le moignon; +
chez l’un d’eux, un des os de l’autopode se prolonge en arrière dans *
le moignon, tenant le place du rudiment d’un deuxième os zeugo- '
podique. 5 animaux n’ont formé que deux petits nodules dans le
zeugopode. Enfin 6 animaux n’ont pas régénéré d’os zeugopodiques, 4
mais seulement le squelette de l’autopode. | $
SÉRIE B V. EXTRACTION DE LA CEINTURE SCAPULAIRE, DE L
L'HUMÉRUS, DU RADIUS ET DU CUBITUS, AVEC AMPUTATION
DANS L’AVANT-BRAS. $
Cette série comprend 7 animaux examinés au point de vue de
la régénération des os. Ils ont tous été opérés en janvier et en fé-
vrier 1924, amputés le 15 mai et radiographiés le 15 octobre, soit
> mois après l’amputation.
Deux Tritons, amputés vers le haut du segment zeugopodique,
ont régénéré l’avant-bras et la main. Le moignon est court. Il y a
un radius et un cubitus dans le régénérat. L’examen histologique
révèle, en outre, l’existence d’un nodule huméral.
Free: XV
Reconstruction, d’après les coupes, du squelette régénéré dans 3 cas, après
extraction des os scapulum, humérus, radius et cubitus et amputation dans
l’avant-bras (série B V).
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 493
Les cinq autres Tritons, chez lesquels le moignon était très grand,
n’ont, d’après l’aspect extérieur, régénéré que la main. Chez l’un
d’eux, la radiographie montre un cubitus à la base du moignon.
A l’examen histologique, nous voyons un carpe irrégulier, un petit
cubitus allongé, ossifié, et un nodule cartilagineux arrondi jouant
le rôle d’une épiphyse radiale (fig. XIV, 1).
Chez un deuxième animal (fig. XIV, 2), il y a eu régénération
d’un carpe et de deux petits nodules situés dans le moignon et qui
représentent tout ce qui a été reconstitué du radius et du cubitus
(radiographie et examen histologique).
La radiographie du 3€ Triton (PI. 5, fig. 22) présente deux points
d’ossification dans le moignon que la vérification histologique nous
apprend être l’os radial et le cubital-intermédiaire déjà partielle-
ment ossifiés. Il n’y a ni ceinture scapulaire, ni humérus, ni radius,
ni cubitus. Le carpe est formé de 6 os (fig. XIV, 3).
Chez le quatrième animal, la radiographie révèle la présence, à
l’intérieur du moignon, d’un tout petit radius et d’un assez grand
cubitus; 1l n’y à ni scapulum, ni humérus. L’examen histologique
montre que ce cubitus est assez complet et se trouve entièrement
contenu dans le moignon. Par contre, 11 n°y a pas de radius à propre-
ment parler, et c’est à un prolongement de l’os radial, remontant
vers l’arrière, qu’il faut attribuer le deuxième point d’ossification
visible sur la radiographie. Le carpe est complet (fig. XV, 1).
Pic: Xe
Reconstruction, d’après les coupes, de 2 cas de regénération du squelette,
après extraction des os scapulum, humérus, radius, cubitus et amputation
dans l’avant-bras (série B V).
494 V. BISCHLER
Les coupes histologiques de la patte du cinquième animal mon-
trent qu'il n’y a eu régénération que du carpe; il n’y a ni humérus,
ni radius, ni cubitus (fig. XV, 2).
Résumé de la série B V.
Sur 7 animaux examinés et ayant tous régénéré l’autopode, 2,
amputés assez haut dans le segment autopodique, ont régénéré le
radius, le cubitus et un petit nodule huméral. Un animal a reformé
un petit cubitus et un nodule radial; un autre a également régénéré
un petit cubitus, et l’os radial pénètre dans le moignon, remontant
à côté de ce cubitus. Un animal a régénéré deux petits nodules
zeugopodiques; enfin, dans deux cas, il n’y a eu régénération que
du carpe.
La ceinture scapulaire n’a jamais été reformée et l’humérus n’est
représenté que dans un cas, par un petit nodule.
RÉSUMÉ DES SÉRIES B (AMPUTATIONS DANS LE ZEUGOPODE).
Il convient de considérer à part les séries B I et B IT dans les-
quelles le moignon se réduisait au segment zeugopodique, déjà
court par lui-même, raccourci encore par l’amputation et la rétrac-
tion consécutive. Le cône de régénération débutant toujours un
peu en arrière de la surface d’amputation, i! est compréhensible
que, dans presque tous les cas, il y ait eu régénération des os du
zeugopode. Ceci s’est produit en effet chez 24 Tritons sur 31, chez
lesquels on observe les deux os complets ou incomplets. Il y a eu
régénération d’un seul os du zeugopode dans 6 cas et, dans un
dernier, le squelette de ce segment n’est représenté que par un
petit nodule.
Si, par contre, on examine en bloc les séries B IIT, IV et V, où
l’extraction d’os a porté non seulement sur le zeugopode, mais
encore sur le stylopode, ce qui permet d’obtenir un moignon beau-
coup plus long, on constate que c’est avec une plus grande fré-
quence que le zeugopode a pu être le point de départ effectif de la
régénération et manifester ainsi ses potentialités propres. En effet,
sur 30 cas, les os du zeugopode n’ont été en aucune manière régé-
nérés chez 8 animaux, et on peut ajouter à cette série 2 cas où 1l
n'existe, en arrière de l’autopode, que de très petits nodules sque-
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 495
lettiques. Dans 19 cas, il n’y a eu régénération véritable que d’un
seul os du zeugopode, souvent accompagné d’un petit nodule
tenant la place de l’os absent. Enfin, dans 8 cas, les deux os ont
été reformés d’une façon plus ou moins totale.
CHAPITRE V.
AMPUTATIONS DANS L’AUTOPODE. (PIED OÙ MAIN)
(SÉRIES C)
SÉRIE C I. EXTRACTION DES OS TIBIA, PÉRONÉ ET DU TARSE,
AVEC AMPUTATION DANS LA BASE DU PIED.
7 animaux subissent cette opération. 4 d’entre eux, dont 3 opérés
le 16 janvier et un le 3 février, tous amputés le 18 mars 1924, ont
été radiographiés le 15 octobre (soit 7 mois après l’amputation),
puis examinés bistologiquement.
19 Un Triton a été amputé un peu trop haut, c’est-à-dire que la
section passait non plus par l’autopode, mais dans la base du
segment zeugopodique. Il a régénéré un pied. Le moignon est court.
La radiographie montre qu’il y a eu régénération d’un tibia et d’un
péroné très courts, qui semblent contenus dans le moignon. Celui-ci,
qui contient donc un axe squelettique normal, n’est ni plissé, ni
raccourci, et ne se distingue pas très facilement de la partie régé-
rérée. Les coupes histologiques (fig. XVI, 1) montrent que ce tibia
et ce péroné sont des os d'apparence irrégulière, et soudés au fémur.
Le tarse est normal. La régénération est partie du segment stylo-
podique, ayant la potentialité de régénérer le zeugopode.
20 Un animal a régénéré une partie de l’autopode et les doigts;
le moignon est long. La radiographie (PI. 5, fig. 23) montre la pré-
sence d’un petit os dans le moignon. A l’examen bistologique
(fig. XVI, 2), on constate quil y a eu régénération d’un tarse très
irrégulier dont un des os (le péronéal) se prolonge bizarrement en
arrière dans le moignon (c’est cet os que l’on voit sur la radiographie).
Il n’y a ni tibia, ni péroné, et le pied présente 4 doigts.
30 Un animal n’a extérieurement régénéré que des doigts. Le
Rev. Suisse DE Zoo. T. 33. 1926. 37
496 V. BISCHLER
Fic. XVI.
Reconstruction, d’après les coupes, de 3 cas de régénération du squelette
après extirpation des os tibia, péroné et du tarse et amputation dans le pied
(série C I).
moignon est relativement long et la radiographie montre un os
(tibia) à son intérieur. Il y a quatre doigts.
49 Un Triton a régénéré quatre doigts, le moignon est long et
il n’y a pas d’os régénérés visibles sur la radiographie. L’examen
histologique (fig. XVI, 3) prouve qu'il n’y a pas de tibia n1 de
péroné régénérés; le tarse est irrégulier et incomplet. Le fémur a
dû être blessé, car il s’en détache une traînée osseuse qui contourne
sa base. Il y a encore un petit nodule osseux, d’origine incertaine,
au haut du moignon, juste au-dessous du fémur.
SÉRIE C II. EXTRACTION DES OS RADIUS, CUBITUS ET DU CARPE
AVEC AMPUTATION DANS LA MAIN.
Cette série comprend 9 animaux, opérés aux mois de janvier et
février 1924, amputés le 18 mars et radiographiés le 15 octobre,
soit 7 mois après l’amputation, sauf le n° 8, opéré le 23 avril,
amputé le 5 mai et qui n’avait ainsi qu’un régénérat de 4 mois au
moment de lexamen radiographique.
N9 1. — Le moignon est grand et l’animal n’a régénéré extérieu-
rement que trois doigts. Il n’y a pas d’os régénérés visibles sur la
radiographie (PI. 5, fig. 24). L’examen histologique (fig. XVII, 1}
CS
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 497
nous apprend qu'il y a eu régénération d’un carpe très incomplet
(3 os). Il n’y a pas de radius n1 de cubitus régénérés, mais un nodule
arrondi, situé au haut du moignon, tout près de l’humérus.
No 2, — Cet animal n’a apparemment régénéré que la main
(niveau d’amputation au haut de l’autopode). La radiographie
montre un cubitus régénéré dans le moignon. A côté de ce cubitus
(fig. XVII, 7), il existe encore un petit nodule représentant l’extré-
mité distale du radius, révélé par la méthode histologique.
No 3. — Le régénérat ne montre extérieurement que des doigts.
Il n’y a pas d’os visibles sur la radiographie. L’examen histologique
(fig. XVII. 2) nous montre un carpe très irrégulier et un os de forme
bizarre, jouant le rôle de radius ou de cubitus. |
9 6 7
Fic. XVII.
Reconstruction, d’après les coupes, de 6 cas de régénération du squelette
après extraction des os radius, cubitus et du carpe, et amputation dans la
main (série C II).
498 V. BISCHLER
No 4. — Le moignon est long, et l’animal a régénéré trois doigts.
Il n’y a pas d’os régénérés visibles sur la radiographie. L’examen
histologique (fig. XVII, 4) nous montre un moignon long et plissé.
Tout à sa base se trouvent deux petits os du carpe. Il y a trois
doigts. Tout en haut du moignon on trouve une zone ossifiée, pro-
venant sans doute d’une prolifération de la capsule articulaire
blessée.
No 5. — Le moignon est long. La radiographie ne montre pas
d'os régénérés, tandis que l’examen histologique (fig. XVII, 5)
nous révèle l’existence d’un seul os difforme dans le moignon, et
d’un carpe rudimentaire. Il n’y a que trois doigts.
N° 6. — L'animal a extérieurement régénéré une main; le moignon
est court et contient un cubitus très net sur la radiographie. L’exa-
men histologique nous montre cet os, ainsi qu’un carpe à os supplé-
mentaires.
N° 7. — Le moignon est relativement long; il y a eu régénération
d’une sorte de doigt unique. La radiographie ne montre pas d’os.
L'examen histologique (fig. XVII, 3) nous fait voir un assez gros
nodule au milieu du moignon, et un tout petit os à la base du doigt.
No 8. — L'animal n’a apparemment régénéré que la main. Le
moignon est court, et la radiographie montre un os situé en partie
dans le régénérat. L'examen histologique (fig. XVII, 6) confirme
qu'il s’agit bien d’un os unique, dont la tête proximale se prolonge
en une sorte de coupe entourant la base de l’humérus. Le carpe
est irrégulier, les os sont soudés entre eux. Il y a quatre doigts.
N0 9. —— L'animal a régénéré des doigts. Il n’y a pas eu régénéra-
tion du radius et du cubitus, mais seulement d’un carpe incomplet;
il y a eu, en outre, une prolifération de la capsule humérale, produi-
sant une traînée osseuse qui l’entoure à sa base et qui est visible,
sous forme d’une ombre légère, sur la radiographie.
Résumé des séries C I et C IT (Extraction des os du zeugopode et de
l’autopode, avec amputation dans l’autopode).
On doit s’attendre, théoriquement, à ce que, dans ces séries, où
la partie basipodique de l’autopode a été le siège de l’amputation,
il n°y ait régénération que des portions métapodique et acropodique
des extrémités. En réalité, presque toujours, le point de départ
effectif de la régénération est situé plus haut, soit à la limite des
RE RE on RAS
FR
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 499
segments stylopodique et zeugopodique (ce dernier toujours très
fortement rétracté et réduit à peu de chose), soit dans le segment
zeugopodique.
Dans le premier cas, il y a régénération non seulement du pied
et de la main, mais encore des deux os zeugopodiques (1 cas). Par
contre, dans le deuxième cas, où la régénération part du zeugopode,
il n’y a régénération que d’un seul os (4 cas) ou de l’autopode seul
(5 cas), ou bien le squelette zeugopodique n’est représenté que par
un ou deux nodules informes, reliquats du blastème squelettogène
(3 cas). En tout, pratiquement, sur 13 animaux, 12 ont régénéré
à partir du zeugopode. On observe en outre une réduction des os
du carpe ou du tarse, ainsi que des doigts, lorsque la régénération
a eu son point de départ à la limite du zeugopode et de l’autopode.
SÉRIE C III. EXTRACTION DU RADIUS (OU DU CUBITUS) ET DES OS
DU CARPE, AVEC AMPUTATION DANS LA MAIN.
Nous avons vu, dans les séries précédentes que, même après
amputation dans la base de la main ou du pied, le point de départ
de la régénération ne se faisait pas toujours dans le segment zeugo-
podique également privé de squelette, mais parfois plus haut, à la
limite du stylopode. Ceci avait pour conséquence la régénération
des os du segment zeugopodique, et pour cause la rétraction extrême
de ce segment. Dans la série suivante, il a été laissé intentionnel-
lement en place l’un des os de l’avant-bras, de manière à conserver
à ce segment sa rigidité et ses dimensions. Dans ces conditions, en
amputant à travers l’autopode désossé, on doit s’attendre à ce que
la régénération ait son point de départ immédiatement en arrière,
c'est-à-dire dans la partie la plus distale du zeugopode. S'il en est
ainsi, 1] ne doit y avoir régénération que des os de la main, à l’ex-
clusion de l’os de l’avant-bras extirpé. C’est, en effet, ce que l’on
constate. :
6 animaux de cette série, qui en comptait dix (dont un n’ayant
pas régénéré), ont été examinés au point de vue de la régénération
du squelette.
2 Tritons ont été opérés le 8 février, amputés le 22 février et
radiographiés le 15 octobre 1924. L’os conservé (radius) est venu
se placer dans l’axe de l’avant-bras; il s’articule à l’humérus sous
un angle de 90 degrés. Chez un animal (PI. 5, fig. 25), il y a eu régé-
500 V. BISCHLER
nération d’un carpe dont la partie proximale est formée de deux os
situés côte à côte dans le prolongement de l’axe du radius. En tout,
ce carpe est formé de 8 os d’apparence régulière (fig. XVIII, 1).
L'un d’eux est ossifié et seul visible sur la radiographie. Comme
l’ossification des os du carpe régénéré est toujours extrêmement
tardive, il est plus que vraisemblable que cet osselet a été laissé
au moment de l’extirpation du squelette et appartient ainsi à
l’ancien carpe. Le fait qu’il se trouve sur le même plan que l’un
des os carpiens régénérés montre que le point de départ effectif
de la régénération se trouvait bien situé en arrière de la zone d’am-
putation. Les doigts 3 et 4 sont plus ou moins soudés. Il y à eu
une légère prolifération de la capsule articulaire humérale.
L'autre animal, qui a régénéré trois doigts, présente un gros os
situé dans le prolongement du radius (fig. XVIII, 2). Cet os est en
forme de croissant et, dans sa concavité, se trouve logé un carpe
complet (6 os).
4 Tritons ont été opérés le 8 février, amputés le 15 mai et radio-
graphiés le 15 octobre 1924 (5 mois après l’amputation), puis
examinés histologiquement. Chez trois animaux, l’os conservé
(cubitus) est resté à sa place et ne se trouve pas dans l’axe de
Fic. XVIII
Reconstruction, d’après les coupes, de 5 cas de régénération du squelette,
après extraction du radius ou du cubitus et des os du carpe; amputation
dans le carpe (série C IIT\.
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 201
l’avant-bras. Dans un cas (fig. XVIII, 3), 1l y a eu régénération
de deux gros os du carpe, dont le deuxième, étiré en travers, occupe
l’axe de la main et sert de base aux quatre métacarpiens, alors que
le premier, placé obliquement, effectue une liaison entre cet os
et le cubitus.
Les deux autres ont reformé l’un, un carpe complet, l’autre, un
carpe incomplet, occupant leur position normale (fig. XVIII, 4).
Chez le 4me Triton, l’os conservé (radius) est situé dans l’axe
de l’avant-bras. Il y a eu régénération d’un carpe presque complet
et de 4 doigts (fig. XVIII, 5).
En résumé: Aucun des animaux n’a régénéré l’os de l’avant-bras
extrait. Dans tous les cas, il y a eu régénération d’un carpe plus
ou moins complet et plus ou moins régulier.
SÉRIE C IV. EXTRACTION DES OS FÉMUR, TIBIA, PÉRONÉ, ET DU
: TARSE, AVEC AMPUTATION DANS LE PIED.
Cette série comprend 6 animaux, dont 4 ont été examinés au
point de vue de Ia régénération du squelette.
Un animal, opéré le 18 janvier 1924, amputé le 10 février, a été
radiographié le 15 octobre (régénéret de 8 mois). Il y a eu une très
forte rétraction du moignon qui est très plissé. Une partie de l’auto-
pode a été reformée (PI. 5, fig. 26). Il n’y a pas d’os régénérés sur la
radiographie. L’examen histologique montre un tarse régénéré,
très irrégulier, et un petit osselet supplémentaire, représentant un
reliquat proximal du blastème (fig. XIX, 1).
Deux Tritons, opérés l’un le 28 janvier, l’autre le 14 janvier,
amputés le 15 février et le 17 mars, ont été radiographiés le 15
octobre 1924 (environ 7 mois après l’amputation). Ils ont régénéré
tout l’autopode. Sur la radiographie, on voit que le moignon con-
tient deux os (PL. 5, fig. 27). L'examen histologique (fig. XIX, 2)
montre que l’un d’eux est un péroné assez réduit, tandis que l’autre
est en réalité l’os intermédiaire du tarse, qui s’allonge vers l’arrière,
parallèlement au péroné. Le tarse est complet.
Le 4me Triton a été opéré le 6 février, amputé le 15 avril et radio-
graphié le 15 octobre (régénérat de 6 mois). Le moignon est très
plissé et 1l y a eu régénération de 4 doigts. L’examen histologique
apprend qu'il n’y à eu régénération que d’un tarse réduit et irré-
gulier.
502 : V. BISCHLER
Fac XX
Reconstruction, d’après les coupes, de 5 cas de régénération du squelette
après extraction des os fémur, tibia, péroné et du tarse et amputation dans le
tarse (série C IV) pour les n°5 1 et 2; après extraction des os humérus, radius,
cubitus et du carpe et amputation dans le carpe (série C V) pour les n°5 3 à 5.
SÉRIE C V. EXTRACTION DES OS HUMÉRUS, RADIUS, CUBITUS ET
DU CARPE, ET AMPUTATION DANS LA MAIN.
6 animaux de cette série ont été examinés au point de vue de
la régénération osseuse.
19 2 Tritons, opérés le 18 mars, amputés le 26 mars, ont été
radiographiés le 15 octobre 1924 (7 mois après). Ils ont reformé
l’avant-bras et la main. Par suite d’une amputation effectuée trop
haut, le moignon s’est trouvé réduit au segment stylopodique. Il
y à eu régénération d’un nodule huméral, situé dans le moignon,
ainsi que du radius et du cubitus. La main a un carpe irrégulier.
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 903
Par suite du niveau d’amputation, ces cas seraient à rattacher à
la série A II.
20 4 Tritons n’ont extérieurement régénéré que les doigts. Le
moignon est long et plissé. Il n’y a pas d’os visibles sur la radio-
graphie, sauf les métacarpiens (PI. 5, fig. 28). L’examen histologique
montre que deux de ces animaux, opérés le 9 février 1924, amputés
le 15 mai et radiographiés 5 mois plus tard, ont reformé un carpe
incomplet; chez l’un d’eux (fig. XIX, 3) en particulier, qui avait
régénéré trois doigts, ce carpe est formé de trois os irréguliers dont
deux sont très volumineux. Un Triton, opéré le 31 avril et amputé
le 5 juin (radiographié 4 mois plus tard), a régénéré deux os car-
piens (fig. XIX, 4). Le 4me Triton, opéré le 9 février, amputé le
2 mars et radiographié 7 mois après, n’a reformé qu’un seul os
carpien (fig. XIX, 5); cet animal n’a régénéré qu’un seul doigt.
Il n'y a eu aucune régénération des os du zeugopode.
Résumé des séries C IV et C V (Extraction des os du stylopode, du
zeugopode et de l’autopode, avec amputation dans l’autopode).
10 animaux ayant subi cette opération ont été examinés au point
de vue des os régénérés.
2 Tritons ont été amputés dans le zeugopode, et la régénération
a eu comme point de départ le segment stylopodique (nodule
huméral, radius, cubitus).
2 animaux, amputés au haut de l’autopode, ont régénéré un petit
péroné, et l’os intermédiaire se prolonge en arrière dans le moignon.
Tous les autres Tritons (6) ont régénéré un nombre plus ou moins
grand d’os carpiens (ou tarsiens), de forme irrégulière, 2 à 4 os en
général, mais n’ont pas reformé les os du zeugopode. Il n’y a donc
eu, dans la majorité des cas, régénération que de la main ou du
pied, à l’exclusion des autres pièces osseuses.
SÉRIE C VI. EXTRACTION DU SCAPULUM, DES OS HUMÉRUS, RADIUS,
CUBITUS, ET DU CARPE, AVEC AMPUTATION DANS LA MAIN
DÉSOSSÉE.
Cette série comprend 9 animaux qui ont tous été examinés au
point de vue de la régénération des os.
19 3 Tritons ont été opérés le 21 janvier 1924, amputés le 15 mai
504 V. BISCHLER
et radiographiés le 15 octobre (5 mois après l’amputation). Dans
les trois cas, le moignon est très long, plissé, et l’animal a régénéré
trois doigts. Il n’y à ni ceinture scapulaire, ni humérus, ni radius,
ni cubitus visibles sur la radiographie (PI. 5, fig. 29). Quant aux os
carpiens, 1ls ne sont pas encore suffisamment ossifiés. A l’examen
histologique (fig. XX, 1), on voit qu’il y a eu néoformation d’un
carpe irrégulier contenu en partie dans le moignon.
20 Un animal, opéré le 2 février, amputé le 20 février 1924, a été
radiographié 8 mois après (15 octobre). Cet animal a régénéré un
demi-autopode. Le moignon est long. [1 n’y a pas d’os visibles sur
la radiographie. Les coupes nous font voir qu’il y a eu régénération
d’un carpe entier, situé en partie dans le moignon (fig. XX, 2).
30 Un Triton, opéré le 22 janvier, amputé le 2 mai, a été radio-
6
Fic. XX.
Reconstruction, d’après les coupes, du squelette régénéré, dans 6 cas, après
extraction de tous les os de la patte antérieure, y compris le scapulum et
amputation dans le carpe (série C VI).
D
: VRS
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 905
graphié le 15 octobre. La radiographie montre la présence d’un
petit os, paraissant représenter un cubitus, dans le moignon. Sur
les coupes, on constate que ce cubitus est incomplet et qu’il n’y a
pas de radius (fig. XX, 3). Le carpe est régulier, composé de 5 os.
Le cubitus, ainsi qu’une partie du carpe, sont contenus dans le
moignon. |
49 2 animaux, opérés le 9 février, amputés le 15 mai et radiogra-
phiés le 15 octobre, n’ont extérieurement régénéré que des doigts.
Le moignon est très long. L’un d’eux montre à la radiographie un
petit nodule osseux, contenu dans le moignon, qui paraît être une
esquille laissée en place au moment de l’opération. Il y à eu régé-
nération d’un carpe incomplet, mais volumineux (fig. XX, 4).
En ce qui concerne l’autre animal, la radiographie (PI. 5, fig. 30)
montre que le moignon contient quelques os carpiens, dont l’état
d’ossification avancé permet de présumer qu'il s’agit en réalité
d'os du carpe primitif, qui n’aurait pas été bien extrait. L’exa-
men histologique (fig. XX, 5) révèle ia présence de 4 os car-
piens ossifiés et de 7 autres os du carpe beaucoup plus petits et
cartilagineux qui semblent régénérés, alors que les autres auraient
été conservés à la suite d’une extraction incompiète. Il existe, en
outre, au milieu du moignon, un nodule cartilagineux irrégulier,
assez éloigné du carpe.
59 Un Triton a été opéré le 23 avril, amputé le 17 mai et radio-
graphié le 15 octobre. Il n’a régénéré extérieurement que des doigts ;
le moignon est très long. On ne voit pas d’os sur la radiographie.
L'examen histologique (fig. XX, 6) montre un carpe déformé et
incomplet. Il y a, en outre, un petit os cartilagineux ne faisant pas
partie de ce carpe et situé sur le côté et non en arrière de celu:-c1.
Il s’agit évidemment d’un reliquat du blastème squelettogène.
En résumé: En ne tenant pas compte du cas douteux dans lequel
une partie de l’ancien carpe semble avoir été conservée, sur 7
animaux, un seul a régénéré un carpe complet d’aspect normal.
3 autres ont régénéré un carpe irrégulier, plus ou moins incomplet,
et deux de ceux-c1 présentent un petit os cartilagineux qui n’est
pas un os carpien, mais un reliquat du matériel osseux. Les 3 autres
Tritons n’ont régénéré qu’un ou deux os du carpe.
En outre, trois animaux présentent un nodule cartilagineux à
l’intérieur du moignon, assez éloigné des os régénérés pour qu’il
semble possible d’affirmer que ces nodules sont situés en arrière
506 V. BISCHLER
du point de départ du bourgeon régénératif, qu'ils n’en ont donc
point fait partie, et qu'ils sont probablement dus à un remanie-
ment, accompagné de prolifération, de quelque esquille détachée
au cours de l’opération. Il est à noter que ces nodules n’ont à aucun
moment contracté de relations avec la partie squelettique régénérée.
Dans aucun cas, sauf chez un animal où il y a un osselet analogue
au cubitus, les os du zeugopode n’ont été régénérés, même à l’état
rudimentaire.
RÉSUMÉ DES SÉRIES C (AMPUTATIONS DANS L'AUTOPODE).
Il convient de mettre à part la série C IIT (extraction d’un seul
os du zeugopode et du carpe entier), dans laquelle le moignon
désossé ne comprenait au fond que le segment autopodique exces-
sivement court, raccourci encore par la rétraction; le cône de régé-
nération, qui débute toujours à une certaine distance en arrière
du niveau de section, a eu comme point de départ la partie tout à
fait proximale du segment autopodique. Il n’est donc pas étonnant
qu'il y ait eu, dans tous les cas, formation d’un carpe complet
(comparer avec les séries B I et B IT).
Dans les séries C IV, V et VI, portant sur 18 animaux qui Ge
été amputés à travers l’autopode désossé, et dont le zeugopode,
le stylopode et, dans la dernière série, le segment basilaire étaient
eux-mêmes privés de squelette, on peut dire que, dans presque
tous les cas, la régénération s’est faite à partir de l’extrémité dis-
tale du zeugopode ou à partir de l’autopode, et a abouti à la recons-
titution des pièces squelettiques de la main ou du pied (12 sur 18).
Il n’y a eu formation d’une partie du squelette zeugopodique que
dans trois cas (un seul os). Dans un cas, ce squelette n’était repré-
senté que par un simple nodule. Il faut mettre à part deux autres
cas où les os du zeugopode avaient été entièrement régénérés, mais
dans lesquels l’amputation avait été faite beaucoup trop haut,
dans le stylopode.
Dans les séries C TI et C IT, où l’extraction des os avait porté sur
le zeugopode et l’autopode, il y a eu 8 cas de régénération de l’auto-
pode seul (3 avec nodule résiduel en arrière), 3 cas où le zeugopode
a été partiellement reconstitué et 1 cas où les 2 os zeugopodiques
ont été tous deux régénérés.
En tout, sur 31 animaux, les potentialités propres au zeugopode
-
"
2
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 507
(régénération du squelette de l’autopode) ont été seules manifes-
tées dans 21 cas (dans 4 d’entre eux, 1l y a eu un petit reliquat du
massif squelettogène, qui a formé en arrière un petit nodule carti-
lagineux). Dans 7 cas, la régénération, partie d’un point plus proxi-
mal, a abouti à la reconstitution d’un seul os, plus ou moins complet,
du zeugopode. Enfin, parmi les 3 cas où la régénération est partie
du stylopode et a abouti à la reconstition des deux os zeugopodi-
ques, deux sont certainement dus à une en faite directe-
ment dans le stylopode.
La fréquence des cas où l’autopode régénéré est incomplet, en
ce qui concerne les os du carpe ou du tarse et parfois le nombre
des doigts, tend à montrer que souvent la régénération est, en fait,
partie de la limite entre le zeugopode et l’autopode, ou de la base
de l’autopode lui-même. Cette série montre donc bien, en ce qui
concerne la partie distale du membre, la diminution progressive
des potentialités régénératives le long de l’axe du membre.
CHAPITRE VI.
DISCUSSION DES RÉSULTATS: LES POTENTIALITÉS
RÉGÉNÉRATIVES DES SEGMENTS DU MEMBRE
Les faits rapportés dans la première partie de ce travail ont
établi, d’une façon indiscutable, que la régénération se fait très
régulièrement à partir d’un segment de membre privé de son sque-
lette. Déjà Frirscx (1911) avait montré que, chez les larves de
Salamandres et de Tritons, la patte peut être régénérée à partir
de l’épaule dont on a extrait le scapulum. Travaillant sur le Triton,
Weiss (1922) avait constaté des faits analogues après extraction
de l’humérus, ou de l’humérus et du scapulum. Mes recherches,
qui ont porté sur un nombreux matériel, m’ont permis de montrer
que ce qui est vrai de la patte antérieure s'applique également au
cas du membre postérieur, que, de plus, la capacité de régénération,
en l’absence de squelette, s’observe non seulement dans le cas de
l’épaule ou du segment stylopodique du membre, mais aussi, dans
le cas où la régénération se fait à partir de segments plus distaux,
de l’avant-bras ou de la jambe (zeugopode), de la main ou du
508 V. BISCHLER
pied (autopode). Même lorsqu'on a complètement enlevé le sque-
lette d’une patte antérieure (scapulum, humérus, radius et cubitus,
carpe), une amputation, faite à travers la partie basilaire de la
main est encore suivie de régénération.
L'ensemble des faits montre indiscutablement que le squelette
qui se forme dans la partie régénérée est un squelette de nouvelle
formation se différenciant sur place, aux dépens d’un blastème
squelettogène qui n’a aucun lien génétique avec le squelette ancien.
La différenciation de ce squelette donne ainsi directement la mesure
des capacités de régénération propres à chaque segment du membre.
La méthode de l’extraction préalable du squelette ancien se pré-
sente ainsi comm? un procédé particulièrement fécond pour l’ana-
lyse de ces potentialités.
Il est, en effet, un fait très général qui se dégage de l’ensemble
de mes recherches, c’est qu'il existe une différence certaine, pour
un même niveau d’amputation, entre le squelette régénéré en pré-
sence de l’os du segment et le squelette néoformé en l’absence de
cet os. Dans le premier cas, la régénération est, dans l’ensemble,
plus totale, en ce sens que le segment amputé est toujours complété
avec régénération de sa propre pièce squelettique. Si, par exemple,
on a amputé à travers le bras, renfermant l’humérus, il y à non
seulement régénération de l’avant-bras et de la main, avec leur
squelette caractéristique, mais le bras est lui-même reconstitué,
ainsi que la portion d’humérus emportée par la section. Dans la
majorité des cas, la même opération, effectuée sur un bras privé
d’humérus, entraîne la régénération de l’avant-bras et de la main
avec leurs pièces squelettiques, mais l’humérus n’est pas reformé,
la partie manquante du bras n’est pas régénérée et la patte reste
ainsi toujours plus courte que dans le cas précédent.
Cela revient à dire qu’en l’absence de son squelette, le bras
manifeste ses potentialités régénératives propres; lorsqu’au con-
traire l’'humérus est conservé, la présence de sa surface de section,
en avant de laquelle se différencie le blastème squelettogène,
entraine, par une action mécanique que je chercherai plus loin à
préciser, en tenant compte des résultats fournis par les greffes d'os,
une modification de la différenciation du blastème de régénération.
Tout se passe, en effet, comme s’il se faisait alors un partage entre
la tendance du blastème à former uniquement le squelette des
segments plus distaux, et une attraction des éléments de ce blastème
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 209
par la surface osseuse située plus en arrière et qui accapare une
certaine partie de la masse en évolution.
Cette différence, que je préciserai plus loin dans une discussion
analytique des résultats fournis par chaque segment du membre,
n’a pas été observée par P. Weiss (1925), le seul auteur qui se
soit occupé de cette question. D’après lui, si l’on ampute les deux
pattes au même niveau, l’une sans os, l’autre avec os, il y aurait,
des deux côtés, régénération exactement des mêmes parties sque-
lettiques. Si l’humérus, du côté ayant conservé son squelette, a
été amputé dans sa partie moyenne, il y a régénération non seule-
ment de l’avant-bras et de la main, mais de la moitié distale de
l’humérus. Parallèlement, du côté privé de squelette, 1l y a régéné-
ration en arrière de l’avant-bras, d’une moitié distale d’humérus.
Cela revient à dire qu’en l’absence comme en la présence du
squelette, chaque niveau d’amputation régénérerait exactement
les parties manquantes. À vrai dire, le cas observé par P. Weiss
se rencontre parfois, mais je ne puis le considérer comme gé-
néral.
De mon côté, l’étude du squelette régénéré, faite d’abord unique-
ment sur des radiographies, m'avait conduite (V. BIscHLer et
E. GuyÉxor, 1925) à des conclusions qui me paraissent aujourd’hui
trop absolues. Cela tient à ce que la radiographie ne permet d’obser-
ver que les parties déjà ossifiées du squelette régénéré. L’étude,
faite par la méthode histologique, des mêmes pièces, m’a montré
que souvent, en arrière, par exemple, d’un radius et d’un cubitus
seuls visibles sur la radiographie, se trouve une petite pièce carti-
lagineuse représentant, par sa situation topographique, sinon par
sa forme, une portion d’humérus. Ces constatations nouvelles,
exposées en détail dans les chapitres qui précèdent, m’amènent à
introduire une légère modification dans mes conclusions premières
trop absolues. Ces faits nouveaux paraissent d’ailleurs de nature
à fournir une base précieuse pour l'interprétation du mécanisme
de différenciation du blastème squelettogène.
L'intérêt principal des résultats fournis par l’examen histolo-
gique est d’enlever aux segments de membre, considérés en tant
que territoires de régénération, la valeur d2 parties présentant une
différence d’essence, ayant une constitution spécifique et des limites
strictement définies. Il ne semble pas que l’on puisse considérer le
territoire bras comme manifestant toujours, où qu’on le coupe, les
510 V. BISCHLER
mêmes potentialités régénératives définies. Tantôt il ne produit
que le squelette de l’avant-bras et de la main, tantôt on observe
un reliquat squelettique représentant une portion plus ou moins
étendue d’humérus. Il existe, par rapport à ces potentialités de
régénération, une certaine possibilité de régulation dont nous
chercherons à comprendre le mécanisme.
Si, en introduisant la notion de potentialité de régénération des
divers segments des membres, je ne faisais allusion qu’au fait
qu'après amputation chaque segment régénère seulement les parties
enlevées par l’amputation, cela ne nous apprendrait rien de plus
que la simple et banale observation de ce qui se passe lorsqu'on
empute une patte renfermant son squelette normal. Personne ne
peut s'attendre à ce qu'après amputation dans la base de la main,
désossée ou non, le régénérat donne naissance, à ce niveau, à une
patte complète avec son humérus, son radius, son cubitus et le
squelette de la main. Sans doute, cette limitation de la régénération
est une première expression des potentialités des segments, mais
qui est depuis longtemps familière à tous les biologistes. Le fait
précis qui m’a frappée est que — dans les conditions typiques —
l’amputation pratiquée à travers un segment désossé entraîne la
régénération du squelette des segments suivants, mais non celle
du squelette du segment opéré lui-même. Toutefois, cette relation
n'apparaît que si le niveau réel de régénération coïncide, ou à peu
près, avec le niveau d’amputation. Il ne faut pas, en effet, perdre .
de vue que, ainsi que Je l’ai déjà fait remarquer à plusieurs reprises,
le segment de membre privé de squelette subit, non seulement un
raccourcissement considérable par suite de la rétraction de ses
muscles désinsérés, mais aussi souvent des remaniements étendus.
Nombre de fibres musculaires sectionnées peuvent dégénérer, ce
qui entraine une désorganisation partielle de la musculature; des
nerfs peuvent être blessés au cours de l’opération ou subir une
forte rétraction après l’amputation. Par suite du raccourcissement
général, des étages successifs du segment peuvent se trouver pra-
tiquement ramenés, et d’une façon inégale pour chacun, sur un
même plan. Il faut en outre songer qu'après amputation dans ce
membre en partie désorganisé, il se fait une nouvelle dégénéres-
cence d'éléments intéressés par la section. Toutes ces conditions
font que souvent le point de départ de la régénération, c’est-à-dire
le lieu où se forme le blastème squelettogène, peut se trouver
U * ” a "
DORE ue de AE ne Lalre DER 8e
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 211
reporté très en arrière de la surface d’amputation, au point d’appar-
tenir au segment situé plus proximalement.
Ces considérations ne sont pas une simple vue de l'esprit; elles
résultent notamment de deux sortes d'observations. C’est, d’une
part, un fait très général que les pièces squelettiques régénérées
se trouvent en grande partie, sinon totalement, à l’intérieur du
moignon, c’est-à-dire à l’intérieur du segment amputé. Sans doute,
on peut penser que dès que des muscles s’insèrent sur les nouvelles
ébauches squelettiques, leur contraction peut en amener le déplace-
ment dans le sens proximal, mais cette explication est certaine-
ment insuffisante. Une semblable action, qui doit se rencontrer
dans certains cas, ne peut entrer en Jeu que très tardivement,
lorsque les pièces squelettiques sont déjà complètement différen-
ciées et qu’un début d’état fonctionnel a fait son apparition. D’ail-
leurs, les examens pratiqués sur nombre de régénérats très jeunes,
alors qu'il ne peut être question d'insertion des anciens muscles
sur des ébauches encore en pleine voie de différenciation, montrent ,
nettement que c’est bien à l’intérieur du moignon, et souvent très
li |!2 //4 "1 3,77 L'1f "19
; “4 tr 11/7. /
|: L47 LH SMILE
ati 1, 1; f'/ » LT,
[\\N Î / LEA ( CP (2
\ \ 1 VATIPL / 11; /
I; FL LAMEZ /
tj 1/ LE PAZ |
n
11.4 / 1
/
ff? |
ù
Q
Re Lure \t
Rd 2 PA ||
4 s ACRE tu À : \ |
SR RS SSY ET \ È À
\
\|
\ \
Fic. XXI.
Dessin demi-schématique d’une coupe montrant l'inclusion des parties
régénérées à l’intérieur du moiïignon stylopodique : Ma, muscles anciens;
Mr, muscles régénérés; S, squelette néoformé.
Re v. Suisse DE Zoo. T. 33. 1926. | 38
512 V. BISCHLER
en arrière de la surface d'amputation, que s’est trouvé constitué le
blastème squelettogène. Certains cas sont, à ce point de vue, parti-
culièrement démonstratifs (fig. XXI). À l’intérieur du moignon,
on aperçoit les anciens muscles désinsérés et rétractés, tandis que
toute la zone de nouvelle formation, comprenant l’ébauche du
squelette et des muscles nouveaux, dessine, par son ensemble, une
sorte de cône, à sommet proximal, occupant l’axe du moignon,
dont les parties périphériques sont seules conservées.
C’est une règle pratiquement absolue qu'après extraction du
squelette, le point de départ effectif de la régénération se fait.
toujours plus ou moins en arrière de la surface d’amputation.
On comprend alors que si le segment siège de l’amputation est
très court, c’est pratiquement le segment antécédent qui sera le
siège effectif de la régénération. Aussi, après amputation dans la
main, c’est l’avant-bras, surtout dans les cas où il a conservé son
squelette et par suite ses dimensions, qui fournira le matériel de
régénération. Si, au contraire, l’avant-bras a été lui-même désossé,
il subit un raccourcissement parallèle à celui de l’autopode et,
dans certains cas favorables, c’est ce segment autopodique lui-
même qui servira de point de départ à la régénération.
Ces remarques indispensables pour la compréhension de ce qui
suivra étant faites, je passerai à l’examen des résultats observés
dans les différentes séries. |
A. Régénération après amputation dans le stylopode
(bras ou cuisse).
Nous devons envisager que la régénération partira, suivant les
cas, soit du stylopode, soit du segment plus proximal (épaule ou
bassin). Etant donnée la longueur du segment, nous devons nous.
attendre à une forte proportion de régénérations à point de départ.
stylopodique. Les faits sont les suivants:
19 Sur 152 expériences, dans 47 cas il n’y a eu régénération que
des os du zeugopode et de l’autopode. Il n’y a pas trace de régéné-
ration du fémur ou de l’humérus. Ce résultat négatif, bien que:
n'ayant été observé que dans 30 % des cas, n’en est pas moins
très suggestif. [Il montre que le stylopode, point de départ de la
régénération, à régénéré le squelette des segments plus distaux,
mais non son propre squelette. On pourrait objecter que cela est
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 513
dû à ce que l’amputation aurait été pratiquée à l’extrémité tout
à fait distale du bras; mais cette interprétation est contredite par
les registres d’expériences et aussi par le fait que le radius et le
cubibus, ou le tibia et le péroné néoformés se trouvent toujours,
en partie au moins, dans le moignon, c’est-à-dire ont été formés
à partir d’un blastème localisé dans la portion moyenne du stylo-
pode.
20 Dans 71 cas, 1l n’y a eu également régénération que des os
du zeugopode et de l’autopode, mais en arrière du tibia et du
péroné, ou du radius et du cubitus, se trouve un petit nodule carti-
lagineux, invisible sur la radiographie, dont la forme, les dimensions,
les rapports sont très variables. Par sa situation topographique, ce
nodule mériterait le nom de nodule huméral ou fémoral, bien qu’il
n’ait pour ainsi dire Jamais une forme rappelant celle de l’épiphyse
distale de l’os stylopodique. Comment l’interpréter ? On pourrait
penser que sa présence est due à ce que l’amputation a été faite
un peu plus haut que dans le cas précédent, mais toujours dans la
partie distale du stylopode, et que ce nodule représente juste la
petite portion d’humérus ou de fémur qui aurait été enlevée par la
même section sur un membre témoin. Cette interprétation est
formellement contredite par le fait que ce nodule, ainsi d’ailleurs
que la plus grande partie des os zeugopodiques, se trouve à l’inté-
rieur du moignon, dans la zone moyenne et même proximale du
styvlopode.
L'interprétation la plus satisfaisante me parait être la suivante:
pour un niveau donné servant de point de départ à la régénération,
le blastème squelettogène a, en moyenne, une certaine masse
définie. Dans cette masse se différencient, en direction centrifuge,
d’abord les os du zeugopode, puis ceux de la main et du pied; si
la masse est juste suffisante pour la formation de ces parties, elles
seront seules réalisées et le stylopode manifestera ainsi directe-
ment ses potentialités régénératives. Si la masse est un peu plus
considérable, il restera, en arrière de la zone en différenciation, un
reliquat de matériel formatif, dont l’évolution sera assez variable.
Tantôt ce matériel reste soudé à l’un des os zeugopodiques (fig.
VII, 1 et 5) qui aura ainsi une extrémité proximale anormalement
grosse, renflée ou recourbée; tantôt 1l reste uni aux deux ©s zeugo-
podiques qui sont ainsi soudés à la masse résiduelle (fig. VI, 1 et
VIII, 5); tantôt, enfin, il se sépare des os du zeugopode sous la
514 Y. BISCHLER
forme d’un nodule indépendant, se mettant en relation avec l’un
des os du zeugopode ou avec les deux; parfois ce reliquat, de volume
variable, peut même former deux petites masses cartilagineuses
indépendantes (fig. VI, 7).
On voit comment, de l’analyse de ces cas, 1l semble se dégager
cette notion que les potentialités régénératives d’un segment sont
fonction de la masse du blastème squelettogène qui se forme sur
place. Le résultat ne sera pas toujours un tout ou rien, comme ce
serait le cas si les segments avaient chacun une constitution spéci-
fique propre, mais présentera une certaine échelle de variabilité,
comme la masse du blastème lui-même. |
Me basant sur ces données, je considère que les deux premières
catégories de faits que je viens d’examiner correspondent également
à une régénération à point de départ stylopodique, sans reconsti-
tution de l’os de ce segment. Ce résultat à été obtenu dans 118
(47 + 71) cas sur 152, c’est-à-dire dans 77 %, des essais.
30 Dans 14 animaux, l’os stylopodique a été entièrement recons-
titué; c’est un os normal, s’articulant avec le bassin, c’est-à-dire
appartenant non seulement au stylopode, mais à la partie basilaire
du membre. Sa localisation indique que sa régénération, qui se fait
par différenciation centrifuge, a eu son point de départ dans un
blastème élaboré par le territoire de la ceinture. Ces cas s’observent
lorsque le stylopode à été amputé très haut, près du bassin ou de
l'épaule, soit primitivement. soit à la suite d’une deuxième ampu-
tation, nécessitée par une infection de la première surface de sec-
tion. Le membre est entièrement régénéré, exprimant ainsi les
potentialités régénératives des territoires pelvien ou scapulaire.
49 Enfin, dans 20 cas, 1l y a eu une régénération partielle de l’os
stylopodique, portant sur la partie distale de cet os. La signifi-
cation de cette régénération est plus incertaine. On peut cependant
indiquer que la quantité d’os régénéré (le tiers, le quart, la moitié)
n’est nécessairement fonction ni du niveau d’amputation, ni de la
situation de l’os dans le moignon; ce dernier occupe, en effet, tou-
jours dans le stylopode une situation plus proximale que celle qu’il
devrait présenter, cette partie distale se trouvant dans la por-
tion moyenne ou proximale du segment. La morphologie de cet
os donne quelques indications; dans la plupart des cas, sa portion
épiphysaire est bien développée, de forme normale, mais sa partie
diaphysaire se termine en pointe plus ou moins effilée; ce n’est
DEUST ALES ET
à y PRES
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 515
que dans des cas exceptionnels que la diaphyse est limitée, en
arrière, par une surface nette, comme si l’os avait été sectionné.
L'interprétation qui me paraït la plus convenable est de considérer
la formation de cet os partiel comme représentant le développement
limite des nodules stylopodiques observés dans la deuxième caté-
gorie de résultats. On conçoit, en effet, que, si la masse du blastème
formateur a été plus grande que normalement, il reste en arrière
des ébauches des os zeugopodiques une masse assez considérable
qui se différencie secondairement, vraisemblablement en direction
centripète, formant d’un humérus ou d’un fémur tout ce qui peut
en être constitué, et se terminant, par épuisement du matériel
formateur, par une extrémité proximale effilée. Cette interpréta-
tion est encore confirmée par cette remarque importante que les
nodules résiduels des os stylopodiques partiels subissent une diffé-
renciation et notamment une ossification plus tardives que celles
des os zeugopodiques, régénérés en direction centrifuge.
Ainsi envisagés, ces cas où le reliquat a incontestablement pris
les caractères d’un os stylopodique, apparaissent comme une nou-
velle preuve de ce fait que les potentialités différentielles des seg-
ments ne doivent pas être considérées comme résultant de différences
spécifiques absolues, mais s'expriment par la formation d’une cer-
taine masse moyenne de blastème squelettogène, donnant un
nombre limité et approximativement défini de pièces squelettiques.
B. Régénération après amputations au ras de la
ceinture scapulaire.
Je n’ai effectué l’extirpation de l’os de la ceinture que sur l’épaule.
Ic1 le point de départ de la régénération est toujours nécessaire-
ment le territoire scapulaire. Dans tous les cas, la patte est entière-
ment régénérée ; 11 y a formation d’un humérus complet, du radius,
du cubitus et des os de la main.
Je dois 1c1 distinguer deux cas. Dans le premier (série A III,
23 Tritons), l’amputation ayant été faite dars le milieu du bras,
la régénération a son point de départ habituel dans le stylopode
et aboutit soit à une régénération du zeugopode sans trace d'os
stylopodique (6 cas), soit à la formation d’un petit nodule huméral
cartilagineux (6 cas), soit à la formation d’un humérus partiel
(9 cas). Parfois, cependant, l’amputation ayant été faite très haut,
516 V. BISCHLER
la régénération est partie de l’épaule et a reproduit entièrement
l’humérus (2 cas). Dans toute cette série, l’os de la ceinture n’a
naturellement pas été régénéré.
Dans une deuxième série, dont je n’ai encore parlé que dans la
première partie (série D), j'ai fait l’extraction du scapulum et de
l’humérus et amputé, non plus dans le bras, mais au ras de l’épaule.
Ici la régénération est toujours à point de départ scapulaire. Le
squelette de la patte est entièrement reconstitué, à l’exclusion de
l’os du segment régénérateur, c’est-à-dire du scapulum (fig. XXII,3).
Cependant, 1c1 encore, on doit s'attendre, si l'interprétation pré-
sentée de la relation entre le niveau de régénération et la masse
du blastème formateur est exacte, à ce que, dans certains cas, une
partie de la masse inutilisée pour la différenciation centrifuge des
os de la patte constitue un reliquat, pouvant évoluer en un scapu-
lum partiel. C’est, en effet, ce qui s’est produit dans 10 cas sur 20.
(fig. XXII, 1 et 2) où, en arrière de l’humérus, se trouve une petite
portion de scapulum. Le contraste entre le résultat de cette série
et celui de la série A IIT met bien en valeur les potentialités diffé-
rentielles du stylopode et du territoire scapulaire.
Fic. XXII.
Radiographies de 3 Tritons ayant subi l’extraction du scapulum et de
l’humérus et amputés au ras de l’épaule : 1, régénération d’un morceau
d’omoplate ; 2, régénération d’un nodule scapulaire : 3, absence de régé-
nération de lomoplate.
#
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 517
C. Régénération après amputation dans le zeugopode
(avant-bras ou jambe).
Le segment zeugopodique est naturellement court; après extrac-
tion des os, il subit une rétraction considérable qui le réduit au
point de le rendre absolument indistinct. On doit s’attendre à ce
que, dans la majorité des cas, l’amputation faite dans ce segment
rétracté ne laisse en arrière d’elle qu’une très mince zone zeugo-
podique, de telle manière que le point de départ de la régénération
sera, en réalité, dans le stylopode. Ceci sera d’autant plus vrai que
le stylopode aura, par rapport au zeugopode ratatiné, conservé son
squelette et par suite sa rigidité et tous ses rapports.
Si, en effet, on envisage les séries (B I, B II) rentrant dans cette
dernière catégorie, où seuls les os zeugopodiques ont été extraits,
tandis que le stylopode est resté intact, on constate que la régéné-
ration a, dans 24 cas sur 31, un point de départ stylopodique; il
y a alors régénération, non seulement du squelette de la main ou
du pied, mais encore des deux os radius et cubitus ou tibia et péroné.
Toutefois, dans 7 cas, la régénération a un point de départ plus
distal; elle aboutit à la formation du squelette de la main, tandis
que la partie résiduelle du blastème forme soit un simple nodule
cartilagineux (avec un grand espace entre la main et l’humérus,
correspondant au reste du segment zeugopodique), soit un os
unique ressemblant à l’un des os du zeugopode, parfois fragmenté
en deux pièces situées bout à bout et pouvant être accompagné
d’un petit nodule latéral. Il est très remarquable que, dans ces
derniers cas, la masse résiduelle a été utilisée pour la formation
d’une seule pièce osseuse. Si, au contraire, cette régénération par-
tielle des os zeugopodiques était fonction du niveau d’amputation
dans le segment désossé, on devrait avoir toujours côte à côte les .
deux extrémités distales du tibia et du péroné, ou du radius et
du cubitus. Il est également remarquable que, dans un cas, la masse
résiduelle est restée soudée à l’un des os carpiens, qui se prolonge
eu arrière sur une certaine longueur, parallèlement au cubitus
régénéré.
Dans les autres séries (B III, IV et V), l’os stylopodique ayant
été extirpé en même temps, le segment du bras ou de la cuisse a
subi une rétraction qui a, en quelque sorte, contribué au maintien
du volume relatif du zeugopode désossé. Dans ces conditions, sur
518 Ÿ. BISCHLER :
30 cas, il y a 22 régénérations ayant leur point de départ dans le
zeugopode. Ici encore, 1l y a une certaine variabilité dans l’étendue
des pièces osseuses régénérées. Dans 8 cas, seuls les os de l’autopode
ont été reformés, à l’exclusion absolue de ceux du zeugopode. Ces
résultats traduisent directement les potentialités régénératives du
seement zeugopodique: régénération des os de la main ou du pied
seulement. Dans 14 cas, la masse du blastème étant plus grande
que ce qui était strictement nécessaire, 1l reste, en arrière, une
certaine quantité de tissu formateur qui est utilisée de façons varia-
bles: dans deux cas, il ne s’agit que d’un petit nodule situé en
arrière de l’autopode; dans 12 cas la quantité de blastème résiduel
a été suffisante pour former l’un des os du zeugopode, en partie
ou en totalité, avec parfois l’indication de l’autre os sous l’aspect
d’un petit nodule latéral. Dans aucun cas, on ne constate une restau-
ration symétrique des extrémités distales des deux os, comme cela
aurait lieu si la conception de P. Weiss était exacte.
Enfin, dans 8 animaux, la régénération a débuté dans le stylo-
pode même, et a abouti à la régénération complète des deux os
de la jambe ou de l’avant-bras.
D. Régénération après amputation dans la base de l’autopode
(main ou pied).
Il faut distinguer deux catégories d’expériences, selon qu’au
cours de l’extirpation du carpe ou du tarse on a enlevé ou non les
os du zeugopode.
Dans le cas (série C III) où l’avant-bras a conservé un de ses
os, ce qui est suffisant pour maintenir les rapports de ses parties
molles et lui assurer sa rigidité normale, le segment autopodique
extrêmement court est virtuellement réduit à rien et la régénéra-
tion se fait à partir de la portion distale du zeugopode. Il y a alors,
dans tous les cas, reconstitution du squelette complet du carpe,
mais 1l est très intéressant de noter que l’os zeugopodique absent
n’est en aucune manière régénéré. C’est une nouvelle preuve que
le zeugopode ne régénère pas son propre squelette.
Dans les autres séries (C. I, II, IV, V et VI), en même temps
que le squelette du carpe et du tarse, celui du zeugopode et parfois
des segments situés plus en arrière, a été extrait. Ici encore, dans
la plupart des cas, eu égard à l’extrême brièveté de la portion auto-
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 519
podique conservée, la régénération se fait à partir du zeugopode.
Celui-ci manifeste ses potentialités propres en ne régénérant que
lautopode. Cependant, dans 11 cas, 1l y a un reliquat de tissu for-
mateur, qui aboutit soit à la formation d’un os zeugopodique
unique, plus ou moins complet (7 cas), soit à un simple nodule
cartilagineux supplémentaire, situé en arrière du tarse ou du
carpe (4 cas).
Parmi les 21 cas où la régénération n’a reconstitué que l’auto-
pode, 19 ont leur point de départ réel dans l’autopode lui-même.
On constate alors que le carpe ou le tarse régénérés sont incomplets,
avec parfois, corrélativement, un nombre de doigts inférieur à la
normale. Il est à remarquer que ces cas, où les os de la main ou
du pied sont incomplets, ne s’observent que lorsqu'il n’y a eu
aucun indice de régénération des os situés plus proximalement. La
régénération à point de départ autopodique s’est donc faite aux
dépens d’un blastème de masse réduite, généralement insuffisante
pour la reconstitution complète de l’extrémité terminale du membre.
De l’ensemble des faits que je viens d’analyser, 1l résulte qu'il
est bien exact, en principe, que chaque segment du membre est
capable de régénérer le squelette des parties plus distales, mais
non son propre squelette. Cette relation s’observe avec une fré-
quence d’autant plus grande que le segment amputé est plus long
ou a été mieux conservé, c’est-à-dire qu'il y a plus de chances que
le niveau effectif de régénération se trouve dans le même segment
que celui qui a été le siège de l’amputation.
Cette loi peut être masquée par deux sortes de phénomènes:
a) Dans une première série de cas, le niveau réel de régénération
se trouve reporté dans le segment plus proximal et il y a alors
régénération des os correspondant au segment amputé; mais ceci
est dû à ce que la régénération vient du segment antécédent et
nous avons là une confirmation indirecte de la loi précédente.
b) Dans une deuxième série de cas, la masse du blastème qui doit
se différencier en donnant le squelette du ou des segments situés
plus distalement se trouve plus considérable qu'il n’est nécessaire,
et cela à des degrés très variables. Il reste alors, après utilisation
du blastème par la régénération proprement dite, une certaine
quantité de tissu formateur qui peut se souder aux os régénérés
en leur donnant un aspect anormal, ou évoluer en formant un ou
520 V. BISCHLER
plusieurs nodules cartilagineux ou osseux, ou enfin former une
portion du squelette appartenant au segment siège de la régéné-
ration. Dans tous les cas, ces portions squelettiques résiduelles,
dont la présence correspond à une sorte de régulation partielle,
per rapport aux potentialités exprimées par les divers segments,
se différencient en direction centripète, s’ossifient plus lentement
et plus tardivement que les os qui ont été directement produits
par l’évolution primitive et directe du blastème squelettogène.
Cette régulation, qui fait très souvent défaut, n’est jamais que
partielle et reste strictement limitée au segment qui est le siège
de la régénération. Même si les autres segments plus distaux sont.
privés de squelette, celui-ci n’est jamais reconstitué. Après extrac-
tion des os de tout le membre antérieur, il peut y avoir, outre la
formation du squelette de la main, reconstitution partielle, par
régulation, du squelette de l’avant-bras, mais jamais l’humérus n1
le scapulum ne sont régénérés. Ceci montre bien encore qu'il n’y a
régénération que des segments enlevés par l’amputation et que la
formation inconstante et partielle de parties osseuses dans le seg-
ment amputé n’est qu’un phénomène secondaire.
Il faut, d’ailleurs, noter que la masse du blastème régénérateur
du squelette peut être, dans de rares cas, inférieure à la normale, si
bien que la régénération non seulement ne porte que sur le segment
distal, mais encore y est incomplète. C’est, par exemple, le cas
d’un Triton dont l’humérus et le scapulum ont été extraits et qui
a été amputé dans le bras (A III, série 3). La régénération du
squelette n’a porté que sur le zeugopode, mais seul le radius est
complet, le cubitus n’étant représenté que par une portion réduite
(fig. XXIIT). Voir aussi, à ce sujet, les cas rapportés dans les
séries B IV (fig. XIII, 1 et 3) et CII (fig. XVII, 7).
Il résulte de l’analyse des faits mettant en évidence la relation
entre la masse du blastème formateur et le nombre des pièces
squelettiques régénérées que chaque segment forme typiquement
une masse déterminée de tissu formateur, qui est pour l’épaule
plus grande que pour le bras, pour le bras plus grande que pour
l’avant-bras, pour ce dernier plus grande que pour la main. À la
vérité, pour un même segment servant de point de départ à la
régénération, cette masse n’est pas absolument constante. Il serait
évidemment séduisant d'imaginer que, dans un même segment,
cette masse va en décroissant de l’extrémité proximale du segment
' n LL
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION D 24
à son extrémité distale, si bien que l’on pourrait admettre que les
variations de masse observées dépendent des niveaux plus ou
moins proximaux du segment qui constitue, dans chaque cas,
le niveau effectif de régénération. Toutefois, cette relation ne parait
pas ressortir directement des faits; l’emplacement des os dans le
moignon correspond souvent, pour une même morphologie, à des
niveaux apparents très différents. Il est vrai que l’état de rétraction
et de désorganisation des parties molles ne permet presque jamais
Fic. XXIII.
Reconstitution, d’après les coupes, du squelette régénéré après amputation
dans le stylopode désossé, montrant une régénération déficitaire du radius.
522 Y. BISCHLER
de préciser exactement la situation relative de ces niveaux de régé-
nération. |
Quoi qu'il en soit, je ne pense pas que les faits soient de nature
à établir l’existence, dans les divers segments morphologiques du
membre, de localisations précises de potentialités très strictement
définies. Les limites morphologiques ne seraient d’ailleurs pas
nécessairement les mêmes que celles des territoires à potentialités
régénératives différentes. Il paraît plus simple de se représenter
qu'il existe, le long du membre, de sa portion basilaire à son extré-
mité distale, un gradient dans l’activité métabolique et dans l’in-
tensité de la prolifération cellulaire aboutissant à la production du
blastème squelettogène. Ces différences dans l’activité morpho-
génétique se traduisent par des variations dans la masse du blas-
tème, qui s'expriment elles-mêmes par le nombre et l’étendue des
parties squelettiques régénérées.
Cette dernière relation est un nouvel exemple de la loi (E. GuYé-
NOT et O. SCHOTTÉ, 1924) du rapport entre la masse du régénérat
et la morphologie de la partie régénérée. Il est, en effet, très curieux
qu'un blastème plus gros ou plus petit que normalement n’aboutisse
pas, par un système de compensation, lors de la différenciation,
à la production des mêmes ébauches squelettiques, mais géantes,
ou miniature. Il semble que chaque partie squelettique ne puisse
se former qu'aux dépens d’une masse déterminée de tissu forma-
teur. Si ce dernier est en excès, il persiste sous forme d’un reliquat,
mais n’est pas assimilé par le système en formation; si le blastème
est insuffisant, il se forme ce qui peut être réalisé des parties en
formation, le reste manquant ou n'étant représenté que par une
portion fragmentaire. ;
Le
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 523
Eine, PARTIE
Greffes d’os et greffes de territoires.
CHAPITRE VII.
GREFFES D’OS EN SITUATION HÉTÉROTOPIQUE
Cette série d'expériences compte parmi celles que j'ai entre-
prises dès le début de mes recherches, alors que je ne savais pas
encore dans quelle mesure l’os intervenait dans l’établissement des
potentialités régénératives du membre. Dans l’hypothèse, alors
généralement admise, où le squelette nouveau dériverait de l’ancien,
il était logique de penser que la nature de l’os présent dans la
surface de section pourrait intervenir, non seulement en tant que
producteur du nouveau matériel squelettogène, mais encore en lui
imprimant une certaine direction au cours de sa différenciation.
Les expériences de P. DE GiorGt et E. GUYÉNOT (1923) ont, en
effet, montré que le régénérat ne possède pas de potentialités
évolutives propres ou du moins ne les extériorise pas, tant qu’il
est séparé de sa base constituée par les anciens tissus. Comme le
blastème squelettogène apparaît et se différencie d’une façon très
précoce, semblant conditionner, dans une large mesure, la diffé-
renciation des parties molles du régénérat, il était intéressant de
préciser la nature de la relation existant entre l’ancien squelette
de la base et le squelette nouveau régénéré.
Pour cette étude, la méthode des greffes croisées d’os paraissait
tout indiquée. En greffant, par exemple, un fémur à la place d’un
humérus et réciproquement, ADR modifier l’évolution du
régénérat, de telle manière qu’une patte antérieure TE une
patte postérieure et vice-versa ?
En réalité, les idées directrices qui m’avaient conduite à effec-
tuer ces transplantations de pièces squelettiques, perdent aujour-
d'hui presque tout leur intérêt, puisque d’autres expériences,
relatées dans les chapitres précédents, ont montré que le nouveau
524 V. BISCHLER
squelette ne dérive pas de l’ancien et se différencie indépendam-
ment de lui. Que le fémur soit remplacé par un humérus, où par
les os radius ou cubitus, ou par une côte, les potentialités régéné-
ratives propres à la cuisse ne sont nullement modifiées. Ces résultats
sont conformes à ceux que P. Weiss (1922) avait d’ailleurs obtenus,
de son côté, par la même méthode.
Ces expériences me paraissent cependant dignes d’être relatées,
parce que leurs résultats se rattachent à une autre face du pro-
blème, celle de l’action mécanique exercée par un os, présent dans
la surface d’amputation, sur la différenciation du blastème squelet-
togène. J’ai constaté, à ce point de vue, un certain nombre de faits
qui ne reçoivent pas tous une explication satisfaisante, mais qui
sont de nature à permettre de préciser ce qui se passe dans la régé-
nération normale, en présence du squelette ancien.
Dans le cas des greffes d’os, comme d’ailleurs dans la régénération
normale, 1l y aura, dans le complétement de l’os sectionné, à dis-
tinguer deux processus. D’une part, les phénomènes de prolifération
et de cicatrisation de l’os lui-même, qui apparaîtront particulière-
ment nets dans les cas où seule l’extrémité proximale d’un os a
été réséquée (série XII). D’autre part, le fait que, pour une bonne
part, l’os est complété par assimilation d’une partie du blastème
squelettogène, c’est-à-dire par une véritable régénération.
SÉRIE Ï. GREFFE DE FÉMUR A LA PLACE DE L'HUMÉRUS.
Cette série comprend 8 animaux ayant subi, en janvier 1923,
la greffe d’un fémur dans le bras gauche désossé et amputés à
travers la greffe, un mois après l’opération. Ils ont été radiogra-
phiés une première fois en décembre 1923 et une deuxième fois
en juin 1924. |
Dans tous les cas, la patte antérieure droite témoin, amputée
dans le stylopode, a régénéré normalement.
Triton No1 (PI. 6, fig. 31).— Le fémur greffé a été conservé presque
totalement. Il a été greffé de profil et ne s’articule pas à l’omoplate.
L’extrémité distale, amputée en biseau, est coiffée d’une calotte
de tissu squelettique jeune, reconstituant un os entier qui est aussi
long que l’humérus du côté témoin. Pour le reste, la régénération
a donné un avant-bras à radius et cubitus normaux, et une mai
à quatre doigts dont les phalanges et les métacarpiens sont très.
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 925
nets sur la deuxième radiographie, alors que le carpe n’est pas
encore suffisamment ossifié pour être visible.
Triton N° 2 (PI. 6, fig. 32). — Le fému greffé, dont un tiers seule-
ment a été conservé, a été amputé en biseau, de façon à constituer
un triangle rectangle dont l’hypothénuse sert de base à la partie
reconstituée de l’os. Il en résulte un os excessivement large, mais
plus court que le témoin. L’animal a régénéré un avant-bras et
une main qui présente 5 doigts; ceci s’expliquerait peut-être par
le fait que tout le bras gauche est beaucoup plus épais que le bras
droit témoin.
Tritons NS 3 et 4. — La moitié conservée du fémur greffé est
très distincte; 1l y a eu néoformation d’une partie distale, le tout
donnant un os plus ou moins tordu, plus court que le témoin, équi-
valant à un humérus. L’avant-bras et la main régénérés sont nor-
maux, le radius et le cubitus très nets.
Triton N°05 (PI. 6, fig. 33 et 34). — La régénération et le remanie-
ment à partir de la greffe ont donné un os composite, tout à fait
extraordinaire, à trois extrémités, dont la première, s’articulant à
l’omoplate, est formée par la greffe elle-même (ceci est bien visible
sur la fig. 33), dont la seconde correspond à l’articulation du coude,
constituée par la partie proximale du squelette régénéré, alors
que la troisième forme une apophyse transversale. L’avant-bras
régénéré contient un radius et un cubitus, la main est normale et
présente quatre doigts.
Trüon N°6 (PI. 6, fig. 35). — Toute la partie médiane de la greffe
a été conservée. La comparaison des deux radiographies, faites à
six mois d'intervalle, montre qu'il y a eu une légère réparation de
l’extrémité proximale, alors que l’extrémité distale a été très bien
complétée. L’os ne s’articule pas avec l’omoplate, mais semble
plus ou moins soudé au cubitus. Le radius, plus court, est libre.
La main présente quatre doigts. |
Triüon N° 7 (PL. 6, fig. 36). — Le fémur grefté, disposé de profil,
a été entièrement conservé. Il ne présente pas de partie régénérée.
Ayant été mal orienté, il n’a pu s’articuler à l’omoplate, mais s’y
est pratiquement soudé, car la patte est raide, immobile, dirigée
en arrière. La présence de la grosse extrémité distale du fémur..
disposée latéralement, fait que la régénération a été troublée: il
n'existe qu’un petit radius (pas de cubitus), et la main ne possède
que trois doigts. Il semble que l’os greffé a tenu la place d’un cubitus.
526 V. BISCHLER
et que la régénération a été, de ce fait, partielle (faits de même
genre dans la série C IIT).
Triton N° 8 (PI. 6, fig. 37). — Les trois quarts environ du fémur
greffé (toujours de profil) ont été conservés. La régénération a
reconstitué le quart manquant, mais l’os stylopodique est légère-
ment plus court que l’humérus témoin. Le zeugopode et l’autopode
régénérés sont normaux.
SÉRIE II. GREFFE D'HUMÉRUS A LA PLACE DU FÉMUR.
Cette série comprend 8 animaux ayant subi une greffe d’humérus
dans la cuisse gauche privée de son fémur. Ils ont été opérés en
janvier 1923 et amputés un mois après à travers la greffe. Ils ont
été radiographiés à deux reprises, en décembre 1923 et en juin 1924.
La patte postérieure droite, amputée dans le stylopode, a servi
de témoin; elle a toujours régénéré normalement.
Triton N°01 (PI. 6, fig. 38). — Il n’y a guère qu’un quart de l’humé-
rus greffé qui ait été conservé par l’amputation. Il s’articule au
bassin et forme la tête d’un pseudo-fémur, qui est bien complété,
tout en restant plus court cependant que le fémur du côté témoin.
L'animal a régénéré une jambe à tibia et péroné très nets, et un
pied à cinq doigts dont le tarse n’est pas encore visible. |
Triton N° 2 (PI. 6, fig. 39). — La radiographie montre une forma-
tion curieuse: un os extraordinairement épaissi, occupant presque
tout le diamètre de la cuisse très élargie, et qui paraît posséder une
double origine dans sa partie proximale. La partie antérieure
semble provenir d’une prolifération d’un très petit reliquat de l’os
greffé, la partie postérieure, d’une prolifération du bassin blessé;
ces deux centres de régénération, en se rencontrant, ont pu donner
naissance à cet os extraordinaire. On pourrait aussi penser que
l’ébauche squelettique nouvelle aurait trouvé deux points d'appui,
l’un sur le fragment d’os greffé, l’autre sur le bassin, ce qui expli-
querait également cet élargissement.
Cet animal a du reste présenté une anomalie comparable de la
patte antérieure (voir série I, N° 2). Pour le reste, la jambe et le
pied ont été régénérés normalement. |
Triton N° 3. — Le fragment d’humérus greffé est très petit et
a dû être très activement phagocyté. Ce fragment constitue le
sommet d’un os régénéré de bonne taille, seulement très légère-
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 527
ment plus court que le fémur de la patte témoin (qui n’a pas été
amputée), bien qu’un peu plus épais. Il ne s’articule pas au bassin.
Le tibia et le péroné du zeugopode régénéré sont nets et le pied
normal.
Tritons N°S 4 et 5 (PI. 6, fig. 40). — La moitié de l’humérus greffé
a-été conservée et a été complétée par néoformation de la partie
manquante. Cet os est quelque peu plus gros et plus court que le
fémur complété témoin. Le zeugopode régénéré contient un tibia
et un péroné. Dans un cas, l’autopode ne présente que quatre doigts.
Triton N° 6. — Les deux tiers de l’humérus greffé ont été con-
servés et se distinguent nettement du tiers néoformé. Cet os parait
s'être mal mis en relation avec le bassin, de sorte que la patte
n’est pas bien articulée. Pour le reste, la régénération est normale,
bien que le pied ne possède que quatre doigts.
Triton N°0 7 (PL. 6, fig. 41). — La moitié d’humérus greffée a été
complétée. L’os qui en résulte est plus court que le fémur témoin,
et semble légèrement enfoncé sous le bassin. Le tibia, fort petit,
est soudé au péroné; le pied a cinq doigts.
Triton N° 8. — Il semble n’être resté de l’humérus greffé qu'une
esquille longitudinale qui se trouve englobée dans le tissu osseux
néoformé qui l’entoure en avant et des deux côtés. Le tout constitue
un os épais, plus court que le fémur témoin. L’animal a régénéré
une jambe à tibia et péroné bien constitués, et un pied normal à
cinq doigts.
Résumé des séries I et II.
Les faits montrent que l’os greffé (humérus à la place du fémur
ou fémur à la place de l’humérus), ayant été sectionné lors de
l’amputation, se comporte comme l’os normal en place. Par suite
de sa propre prolifération et surtout par le fait qu’une partie du
blastème squelettogène est venue se souder à la surface de section
osseuse, 1l y a réparation plus ou moins complète de l’os sectionné.
Celui-e1 reste toutefois toujours inférieur en longueur à celle de la
partie régénérée du côté témoin. Il y a là un fait absolument général,
dont il est difficile de préciser la cause. Les autres segments régéné-
rés, zeugopode et autopode, sont semblables aux mêmes parties
du côté témoin.
La morphologie externe du régénérat n’a, comme on pouvait s’y
Rev. Suisse DE Zoo. T. 33. 1926. 39
528 V. BISCHLER
attendre, pas été modifiée. Il ne faut, en effet, pas attacher trop
d'importance aux rares cas dans lesquels la main a présenté cinq
doigts au lieu de quatre, ou le pied quatre doigts au lieu de cinq.
On sait que déjà dans la régénération normale de telles anomalies
se rencontrent. D'ailleurs, l’unique animal qui a présenté une main
à cinq doigts avait régénéré un os stylopodique très court, mais
très large, ce qui paraît en relation avec le fait que l’os greffé,
orienté obliquement, avait été coupé en biseau et présentait ainsi
une base plus large pour l’assise du blastème squelettogène. Tout
le reste du bras était plus large que normalement. Dans un autre
cas, où la régénération avait eu un point de départ situé en arrière
de la surface de section et s’était développée parallèlement à l’extré-
mité distale de l’os greffé, il n’y a eu régénération que d’un seul
os zeugopodique, l’extrémité de l’os greffé tenant la place du deu-
xième os de ce segment. En relation avec ce fait, la main n’était
formée que de trois doigts.
Ces faits montrent l’existence de relations entre la dimension et
l’emplacement de la surface osseuse d’une part et la différenciation
du régénérat, mais 1l est malaisé d’en préciser la nature exacte.
SÉRIE III. GREFFE DU TIBIA ET DU PÉRONÉ A LA PLACE DU FÉMUR.
Cette série comprend neuf animaux opérés en février 1923,
amputés dans la greffe le 17 mai 1923. Ils ont été radiographiés
deux fois, en décembre 1923 et en juin 1924.
Triton N° ? (PI. 6, fig. 42). — Le tibia et le péroné greftés se sont
soudés (on voit encore très bien la ligne de soudure) en formant
une sorte d’os court, n'ayant subi qu’un faible complétement, et.
en avant duquel ont été régénérés les os de la jambe et du pied.
Le tibia régénéré est complètement soudé à l’os mixte stylopo-
dique, le péroné régénéré est en partie soudé au nouveau tibia. Il
y a eu néoformation d’un pied à cinq doigts. Le tibia et le péroné
greffés sont restés de la taille d’os zeugopodiques normaux; la
régénération ne les a allongés en aucune façon, de sorte que, bien
que jouant le rôle d’un fémur, ils n’en ont pas du tout l’aspect.
Triton N°2 (PI. 6, fig. 43). — L’animal a perdu les greffes de tibia
et de péroné. Il a cependant régénéré un pied à cinq doigts. Sur la
première radiographie, aucun os n’est apparent, ni dans le moignon,
ni dans le régénérat. La deuxième radiographie nous révèle de
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 529
grands changements: il y a eu apparition de trois os dans le moi-
gnon. 10 Il s’est formé, tout en haut du moignon, un os de forme
presque carrée, qui joue le rôle de fémur; il est en connexions
étroites avec le bassin, et proviendrait peut-être d’une prolifé-
ration osseuse à partir d’une lésion de ce dernier. Il se pourrait,
d'autre part, que de petits fragments aient subsisté et soient
responsables de cet os de forme étrange. 20 et 30 Indépendemment
de ce fémur, un peu plus bas, à sa droite et à sa gauche, se sont
formés deux petits os qui pourraient correspondre à un tibia et
à un péroné. Ce qui est essentiel, c’est que ces deux os se trouvent
totalement contenus dans le moignon et non pas dans le régénérat.
Il est possible que ces phénomènes soient la conséquence d’une
perturbation apportée au développement normal du blastème par
des reliquats de la greffe formant un obstacle mécanique. L’animal
a encore régénéré un pied à cinq doigts.
Triton N° 3. — L'animal, ayant perdu sa greffe, a régénéré une
patte dépourvue de fémur. C’est un cas de régénération à partir
d’un stylopode sans os (voir séries A).
Triton N° 4. — Le tibia et le péroné greffés se sont complètement
soudés, mais il semble que la ligne de soudure ne se trouve pas
absolument dans l’axe de la patte, et que les deux os sont placés
un peu transversalement. Il y a eu une légère réparation en deux
points de cet os double, ce qui se traduit par une ombre plus claire
sur la radiographie. Cet animal se présente comme un cas tout à
fait exceptionnel en ce qu'il n’y a pas eu régénération du zeugopode.
Il n’y a pas trace de tibia ou de péroné. Le tarse, qui commence à
s’ossifier, est placé immédiatement au-dessous du stylopode.
L’autopode est élargi en palette et présente 7 doigts.
Triton N° 5 (PI. 6, fig. 44). — Sur la première radiographie, on
voit que les os zeugopodiques greffés se sont soudés. Il y a eu
formation d’un nouveau tibia et d’un nouveau péroné dans le
zeugopode régénéré. Sur la deuxième radiographie, on distingue
nettement la partie complétée de l’os provenant de la fusion du
tibia et du péroné greffés; cette partie est double, tordue, la partie
réparée du péroné suit la torsion de celle du tibia en lui restant
intimement accolée; la ligne de soudure est cependant tout à fait
nette. Les os greffés et leur partie réparée sont restés indépendants
du tibia et du péroné régénérés qui ne présentent rien d’anormal.
L’autopode a cinq doigts.
530 V. BISCHLER
Triton N° 6 (PI. 6, fig. 46). — Le tibia et le péroné sont très nets.
Tous deux ont été complétés de façon à former des os arrondis,
boursouflés. En outre, le péroné s’est mis en connexion avec le
bassin et se trouve, pour cette raison, placé légèrement plus haut
que le tibia. Les deux os ne se sont pas fusionnés. Les os zeugo-
podiques régénérés sont parfaitement distincts et bien séparés des
os greffés. On remarque cependant que, contrairement à ce qui se
passe d'habitude, le péroné se trouve placé un peu plus haut que
le tibia. Ceci serait peut-être en relation avec la même différence de
position des os greffés. La patte droite, amputée dans la cuisse et
servant de témoin, a régénéré normalement.
Triton N° 7 (PI. 6, fig. 47). — Les os zeugopodiques greffés se sont
soudés en un os unique, dont la nature double est apparente seule-
ment à son extrémité proximale qui forme une sorte de tête arti-
culaire, qui s’est mise en relation avec le bassin. La partie distale,
par contre, est simple et formée par de l’os régénéré, ce qui est
très facilement reconnaissable à son aspect plus clair. Le tout est
cependant resté de dimensions exiguës, l’os entier étant à peu près
de la même longueur que le tibia et le péroné du zeugopode régénéré.
Le pied ne présente rien d’intéressant à signaler. Du côté témoin
droit, 1l y à eu régénération normale après amputation dans la
cuisse.
Triton N08 (PI. 6, fig. 48). — Il est difficile de distinguer la partie
greffée du bassin. Le tibia greffé est net, mais le péroné est douteux;
le tout paraît plus ou moins fusionné. Le tibia régénéré est soudé
au tibia greffé. La soudure du péroné nouveau au péroné ancien
semble également réalisée, mais l’ossification est moins avancée. La
patte droite, amputée dans la cuisse, a régénéré normalement et
sert de témoin.
Triton N° 9 (PI. 6, fig. 49). — Les os greffés sont très nets; 1ls sont
restés indépendants et le péroné s’est mis secondairement en rap-
port avec le bassin. Il s’est produit un complétement très faible
du tibia. Le péroné, également, a été un peu réparé, et cette partie
régénérée est nettement soudée au tibia et au péroné néoformés.
On voit le bord noir, mieux ossifié, de la partie complétée du péroné
se prolonger par le bord du péroné régénéré d’un côté, du tibia
régénéré de l’autre. L’extrémité supérieure du tibia se trouve
presque au contact de l’os greffé qui lui fait vis-à-vis, et lui est
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 231
peut-être rattachée par un mince cartilage invisible sur la radio-
graphie. La patte droite, qui avait été amputée dans la cuisse pour
servir de témoin, a normalement régénéré.
SÉRIE IV. (GREFFE DU RADIUS ET DU CUBITUS A LA PLACE DU
FÉMUR.
Cette série comprend 5 animaux, opérés en février 1923 et ampu-
tés le 17 mai 1923. Ils ont été radiographiés à deux reprises, en
décembre 1923 et en juin 1924.
Triton No 1 (PI. 6, fig. 50). — Le radius et le cubitus greffés sont
nets, partiellement soudés entre eux. Le cubitus s’est mis en con-
nexion avec le bassin. Les os zeugopodiques régénérés sont par-
faitement distincts des os greffés (qui ont tous deux subi un léger
complétement), mais ils sont également soudés entre eux. Le pied
présente 6 doigts.
Triton N° 2 (P1., fig. 51). — Les os zeugopodiques greffés se sonb
soudés, constituant un os court, unique, par un remaniement presque
complet. La double origine de cet os est bien visible dans sa partie
proximale. Le zeugopode régénéré contient un tibia et un péroné
normaux et indépendants. Le pied est normal.
Triton N°9 3. — Le radius et le cubitus greffés ont disparu ou
ont été si profondément remaniés qu’on ne peut plus les recon-
naître. Cependant l’os formé, qui paraît correspondre à un fémur,
n’en a guère l’allure et ressemble plutôt, par sa forme trapue, au
radius et au cubitus soudés du N° 2, par exemple, le remaniement
ayant été poussé plus loin. Les os zeugopodiques sont normaux.
Triton N° 4. — Dans le moignon se trouve un petit os unique,
d’aspect très clair, mais dont l’extrémité proximale arrondie, indé-
pendante du bassin, semble pourtant indiquer un remaniement d’un
des deux os greffés (le radius et le cubitus sont moins massifs que
le tibia et le péroné et peut-être d’un remaniement plus facile). Le
zeugopode et l’autopode régénérés sont normaux.
Triton N° 5. — Sur la première radiographie on voit nettement
un os greffé qui s’est mis en rapport avec le bassin et qui est en
train de subir des remaniements. Sur la deuxième radiographie ces
remaniements sont terminés et l’on pourrait se croire en présence
d’un petit fémur régénéré. Notons cependant que cet os est exacte-
ment de la même longueur et seulement très légèrement plus épais
532 Y. BISCHLER
que le radius normal en place du même animal (il est plus mince
sur la première radiographie). Le zeugopode et l’autopode régénérés
sont normaux.
SÉRIE V. (GREFFE DES OS DE LA RÉGION DU GENOU A LA PLACE
DU FÉMUR.
Trois animaux subissent, le 28 janvier 1923, la greffe de la moitié
distale du fémur droit rattachée par son articulation du genou
aux moitiés proximales du tibia et du péroné, à la place du fémur
gauche. Le tout a été greffé d’une pièce, avec la capsule articulaire,
qui n’a pas été touchée.
Triton N° 1 (PI. 6, fig. 52). — Les deux os greffés sont très nets,
mais ont été remaniés. On a ainsi un fémur, un tibia et un péroné
tout aussi bien constitués que dans maints autres cas de régéné-
ration, mais (ceci est intéressant pour les question de potentialité
de la base) leur ensemble n’a que la valeur d’un squelette stylo-
podique et l’animal a régénéré un zeugopode contenant un tibia et
un péroné très nets, ainsi qu'un pied à cinq doigts. Le péroné néo-
formé est soudé secondairement au péroné greffé.
Triton N°2 (PI. 6, fig. 53). — Les trois os greffés sont très distincts.
Il y a eu régénération d’un tibia et d’un péroné qui sont plus ou
moins soudés ou rattachés aux tibia et péroné greffés.
Triton N0 3. — Seul le fragment de fémur greffé a été conservé.
Il a été complété et l’animal a régénéré un zeugopode et un auto-
pode normaux.
Résumé des séries III, IV et V.
Lorsque le fémur a été remplacé par les os du segment zeugo-
podique (tibia, péroné, ou radius-cubitus) et que l’amputation
dans la cuisse a été faite de manière à décapiter légèrement les os
transplantés, on constate que, contrairement aux cas des séries
précédentes, il n’y a qu’une régénération insignifiante de la portion
stylopodique du squelette. Les os greffés subissent bien un très
léger complétement, mais ne dépassent guère les dimensions qu'ils
ont normalement lorsqu'ils sont en place. Il en résulte que la cuisse
est toujours beaucoup plus courte que du côté témoin.
Il semble que la présence d’une double surface osseuse, au niveau
«“ .
du segment amputé, soit de nature à induire une différenciation
pd 0 6
LR DES PES Te L'édbdes
RS
Aie TE
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 533
plus directe du blastème en tibia et en péroné. Ce fait explique
peut-être qu’assez fréquemment les os zeugopodiques nouveaux
soient soudés en partie ou totalement aux anciens os zeugopo-
diques greffés dans le stylopode. Il semble même que, dans un cas,
les os greffés aient joué le rôle d’os zeugopodiques, si bien que le
zeugopode n’a pas été du tout régénéré.
Par ailleurs, les os greffés subissent fréquemment des phéno-
mènes secondaires de soudure et de remaniement.
Dans les cas où le fémur a été remplacé par le squelette du genou
(extrémité distale du fémur et partie proximale des os tibia et
péroné), les os greffés ne subissent aussi qu’un complétement insi-
gnifiant et même se soudent purement et simplement aux os zeugo-
podiques néoformés.
SÉRIE VI. GREFFE DE FÉMUR A LA PLACE DU TIBIA ET DU PÉRONÉ.
Cette série comprend 5 animaux opérés en février 1923 et amputés
dans la greffe Le 1€ mai 1923. Ils ont été radiographiés en décembre
1923, puis en juin 1924. La greffe se trouve toujours du côté droit.
Triton N° 1 (PI. 6, fig. 42, à droite). — Le fémur a été greffé trop
haut. Sur un certain parcours, 1l est parallèle au fémur normal
auquel 1l s’est soudé, et ne le dépasse que de fort peu. Cette extré-
. mité inférieure est entourée d’une matière osseuse diffuse régénérée
qui la réunit au tibia et au péroné formés plus bas. Le pied est
normal et possède 5 doigts. Il résulte de cette disposition un allonge-
ment du segment stylopodique, puisque le fémur en place et le
morceau de fémur greffé ne forment pratiquement qu’un os, plus
long que ne l'était le fémur primitif.
Triton N°2 (PI. 6, fig. 43).— En comparant les deux radiographies,
on est amené aux constatations suivantes: le fragment de fémur
grefté, très net sur la première radiographie, apparaît soudé au
fémur normal sur la seconde. Il y a eu une certaine réparation
régénérative de cet os qui s’est produite dans la direction de l’axe
de la patte; le fragment de fémur lui-même est placé en travers de la
patte. Un peu plus bas, on voit le tibia et le péroné du zeugopode
régénéré. Il y a six métatarsiens. Ici encore, comme dans le cas
envisagé plus haut (N° 1), il y a eu allongement du stylopode,
dont l’os d’origine triple (os ancien, os greffé, os régénéré), n’est
cependant pas soudé au tibia et au péroné.
534 V. BISCHLER
Triton N°03 (PI. 6, fig. 54). — Un fragment du fémur greffé a été
conservé. L'animal a en outre régénéré un zeugopode contenant
des os normaux et un pied à cinq doigts. Comme il ne s’est pas
produit ici de soudure entre le fémur et la greffe, il en résulte que
l’animal possède un segment supplémentaire. Toutefoisl a partie
régénérée du fragment de fémur greffé paraît soudée aux extrémités
proximales du tibia et du péroné, qui n’en ont pas moins la longueur
normale.
Triton N° 4 (PI. 6, fig. 44). — Le fémur est normal. Un fragment
du fémur greffé a subsisté sous forme d’une partie d’os plus sombre
visible sur les deux radiographies. Ce fémur a été remanié de facon
à constituer un pseudo-péroné. En comparant les deux radiogra-
phies, on voit nettement les progrès de ce remaniement; sur la
première, l’os est informe; sur la deuxième, il a pris l’aspect d’un
péroné assez normal. Il s’est en outre formé un tibia, plus ou moins
soudé au péroné en question. À droite comme à gauche (série IIT,
N9 4), l’animal a régénéré 7 doigts.
Triton N° 5 (PI.6, fig. 45). —- Le morceau de fémur greffé est placé
en travers, à peu près perpendiculairement au fémur normal, au-
dessous de lui, et ne le touchant pas. Le fémur en place a subi un
certain épassissement, probablement à la suite d’une petite lésion.
Le fémur greffé a été complété par régénération d’une façon curieuse.
Son extrémité régénérée va en se bifurquant: l’une des bifurca-
tions représente le tibia, l’autre le péroné. Il s’agit bien ici d’un
seul os de signification triple; l’ébauche qui devait donner naissance
au tibia et au péroné s’est évidemment soudée au fragment de
fémur régénéré, suivant l’orientation spéciale de ce fragment, si
bien que toute la patte se trouve orientée d’une façon anormale.
SÉRIE VII. (GREFFE D'UN MORCEAU DE FÉMUR A LA PLACE DU
RADIUS ET DU CUBITUS.
Deux animaux subissent cette opération en février 1923. Ils ont
été amputés le 1€T mai et radiographiés à deux reprises, en décembre
1923 et en juin 1924.
Triton N° 1 (PI. 6, fig. 55). — L’humérus est normal. Le fémur
greffé a été remanié et considérablement épaissi; il a presque l’allure
de deux os soudés et occupe, dans l’avant-bras, l’espace nécessaire
à deux os. Plus bas, et indépendamment de la greffe, il y a eu
CAP EST. €):
SONT PONS PTE
|
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 535
régénération d’un radius et d’un cubitus. Le radius n’est encore
qu’à peine indiqué, alors que le cubitus est déjà bien développé.
Le bras possède donc ainsi un segment supplémentaire.
Triton N° 2 (PI. 6, fig. 56). — Le fémur greffé est très net. Dans
la première radiographie, il semble s’être soudé à l’humérus, mais
ce n’est là qu’une apparence due à la position du bras et la deuxième
radiographie montre nettement qu'il n’y a aucune connexion entre
ces deux os. L’animal a régénéré un avant-bras contenant un
radius et un cubitus parfaitement distincts du fémur greffé, de
sorte que la patte présente un segment supplémentaire.
Résumé des séries VI et VII.
Dans ces expériences où les os du zeugopode (jambe ou bras)
ont été remplacés par un morceau de fémur, on constate que l’am-
putation pratiquée dans le zeugopode à, sans exception, été suivie
non pas seulement de la régénération d’un autopode, mais de celle
de nouveaux os zeugopodiques. Le fémur greffé s’est tantôt soudé
au fémur en place, tantôt est resté libre. Son extrémité sectionnée
présente des phénomènes variables de complétement et se trouve
souvent soudée par sa partie reconstituée aux nouveaux os du
zeugopode.
Dans un cas, le fémur greffé occupait la place du péroné et il
n’y a eu régénération que d’un tibia situé parallèlement à lui.
SÉRIE VIII (GREFFE D'UN FÉMUR A LA PLACE DE LA RÉGION
DU GENOU.
Trois animaux ont subi, le 28 janvier 1923, une greffe du fémur
gauche dans la région de la patte droite correspondant à la moitié
distale du stylopode et à la moitié proximale du zeugopode (c’est
Popération inverse de celle effectuée dans la série V sur les mêmes
animaux du reste).
Triton N0 1. — Le fémur gauche greffé s’est soudé à la moitié
proximale conservée du fémur droit, donnant un os remanié, ayant
proliféré, épaissi dans tous les sens et plus long qu’un fémur normal.
L'animal a régénéré le squelette du zeugopode, bien qu’une partie
de ce segment ait été conservée et soit occupée par le fémur. Le
tibia et le péroné de ce zeugopode régénéré sont de la même taille
536 IV 'BISCHLER
que ceux qui ont été reformés à gauche. L’extrémité du fémur
greffé est soudée au péroné. La patte droite est ainsi beaucoup
plus longue que la patte gauche.
Triton N°0 2. — Le fémur s’est soudé au fémur normal sous un
angle presque droit, ce qui a empêché un allongement du premier
segment. La régénération du zeugopode et de l’autopode s’est faite
normalement.
Triton N°0 3. — Les deux fémurs se sont soudés bout à bout,
donnant un os unique excessivement long. Le segment stylopo-
dique se trouve ainsi rallongé de façon très appréciable. Pour le
reste, la régénération a été normale.
En résumé, la soudure de la partie fémorale greffée au fémur
normal entraine un allongement de l’os stylopodique. Bien que,
comme dans les deux séries précédentes, on ait eu une régénération
à point de départ zeugopodique. les os du zeugopode ont toujours
été régénérés. On voit ainsi comment la présence d’un squelette
ancien, même anormal, modifie la différenciation du blastème et
par suite les potentialités apparentes du segment.
SÉRIE IX. GREFFE D’UNE CÔTE A LA PLACE DU FÉMUR.
Cette série comprend 5 animaux, opérés le 23 mai 1923, amputés
à travers la greffe deux mois après et radiographiés en décembre
1923. Ils ont tous régénéré la jambe et le pied.
Triton N° 1. — La côte greffée est très nette, on ne voit pas de
complétement de cet os. Quant au régénérat, il est si Jeune que
c’est à peine si on peut deviner les os du zeugopode.
Triton N°0 2 (PI. 6, fig. 57). —- La côte greffée a été complétée et a
subi de ce fait un certain allongement, mais ne s’est guère épaissie.
Le tibia et le péroné du zeugopode régénéré sont déjà indiqués;
le pied a 4 doigts.
Triton N° 3. — La côte greffée ressort nettement sur la radio-
graphie. Les métatarsiens et les phalanges sont déjà bien ossifiés,
mais aucun autre os n’est visible. Il est difficile de dire, vu le jeune
âge du régénérat, s’il y a eu réellement suppression du segment
zeugopodique, ce qui serait admissible d’après l’aspect général de
la partie régénérée.
Triton N0 4. — ['animal a régénéré un zeugopode à tibia et
péroné commençant à se calcifier et un pied à 5 doigts. La côte
RS OR Met RE AR De A ET a À LOU RU TE ie A DE
ST RE TES def L 5
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 937
greffée est extrêmement nette: elle est placée légèrement de travers
et ne montre aucun signe de complétement. Du reste, les os du
zeugopode remontent en partie parallèlement à la côte, ce qui
indique que la régénération s’est faite latéralement par rapport à
la partie greffée.
Triton N° 5. — Cet animal n’a été amputé que le 15 septembre.
[1 a régénéré une patte à 5 doigts, mais aucun os n’est encore visible,
sauf la côte greftée.
SÉRIE X. (GREFFE D’UN FRAGMENT D’OMOPLATE A LA PLACE DU
FÉMUR.
4 animaux, opérés le 17 janvier 1923, amputés le 17 mai, ont
été radiographiés en décembre 1923. Ils ont tous régénéré une patte
normale.
Tritons NS 1,2 et 3 (PL. 6, fig. 58). — Il y a eu régénération de la
moitié distale du stylopode, du zeugopode (à tibia et péroné nou-
veaux) et de l’autopode. Cette moitié de stylopode contient un
petit os nouveau, tout à fait comparable à la partie régénérée du
fémur de la patte témoin. On ne peut distinguer la greffe dont la
présence a certainement déterminé l'emplacement de ce fémur qui,
contrairement à ce que l’on observe après simple extraction com-
plète de l’os, ne pénètre pour ainsi dire pas dans le moignon et
reste ainsi très éloigné du bassin. La greffe, probablement décal-
cifiée, est invisible et a peut-être même été résorbée.
Triton N° 4. — Cet animal a régénéré un zeugopode et un auto-
pode normaux, alors que dans le moignon on peut distinguer une
ombre qui représente peut-être ce qui reste de la greffe remaniée,
ou encore une petite ébauche de fémur.
Résumé des séries IX et X.
Dans un cas, la greffe de côte placée obliquement n’a en rien
modifié la différenciation du blastème qui a manifesté seulement
les potentialités formatives du segment stylopodique: régénération
du zeugopode et de l’autopode. Lorsque la côte est placée dans
l’axe du membre, elle subit, par utilisation d’une partie du blastème,
un léger accroissement. On constate le même phénomène lorsque
la greffe est constituée par un fragment d’omoplate.
538 V. BISCHLER
SÉRIE XI. (GREFFE D'UN FRAGMENT DE FÉMUR RETOURNÉ
EN PLACE.
Cette série comprend 8 animaux opérés le 22 janvier 1923,
amputés à travers la greffe le 1€ mai. Ils ont été radiographiés en
décembre 1923, puis à nouveau en juin 1924. L'intérêt de cette
expérience résidait dans la question de la polarité de l'os.
Truüon N° 1 (PI. 6, fig. 59). — Le fémur greffé, assez épais, s’est
placé transversalement par rapport à l’axe. Par suite de cette
orientation, 1l n’a présenté aucun complétement, si bien qu’il ne
ressemble en rien à un fémur normal, mais a l’air de s’être simple-
ment épaissi irrégulièrement et peut être un peu allongé, mais sans
tendre à reprendre sa place normale dans l’axe du stylopode. Le
segment stylopodique a pratiquement été supprimé (la greffe se
trouvant presque entièrement dans le corps même), et l’animal n’a
directement régénéré qu’un zeugopode à tibia et péroné normale-
ment placés, très rapprochés de l’extrémité distale de la greffe et
lui enlevant par là toute chance d’accroissement. Le pied n’a que
quatre doigts.
Tritons NS 2 et 3 (PL. 6, fig. 60). — I] y a eu production d’une
ébauche de nouvelle formation qui a englobé le fragment de fémur
creffé qui est fort petit et a dû subir une phagocytose intense. Ce
qui en reste se trouve à l’intérieur de l’os reformé qui est articulé
au bassin. Le zeugopode et l’autopode régénérés sont normaux.
Triton N0 4. — Le fragment de fémur greffé était enfoncé assez
profondément pour se mettre en connexion avec le bassin. Il a été
complété de manière à reformer un fémur d’aspect presque normal,
et s’est épaissi en arrière. Le zeugopode néoformé contient un tibia
et un péroné; l’autopode n’a que 4 doigts.
Tritons N° 5 et 6 (PI. 7, fig. 61). — Le morceau d'os greffé est
englobé dans une ébauche de fémur qui le déborde de tous côtés.
À part son manque de connexion avec le bassin, ce fémur nouveau
est tout à fait semblable au fémur régénéré témoin. Le zeugopode
régénéré contient un tibia et un péroné, le pied présente 5 doigts.
Triton No 6 (PI. 7, fig. 62). — Le fragment de fémur greffé sert de
base à une ébauche distale, si bien que l’ensemble présente l’aspect
d’un fémur régénéré normal, mais n’est pas articulé au bassin. Les
deux segments distaux régénérés sont normaux.
39
Q\
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION
Triton N° 8. — Cet animal à perdu la greffe de fémur qu lui
avait été faite (cette perte avait été notée). Il a régénéré un zeugo-
pode, contenant un tibia et un péroné, et un pied à cinq doigts. Le
fémur n’a pas été régénéré, mais dans la deuxième radiographie
les os zeugopodiques semblent avoir pénétré dans le moignon, de
sorte qu'il y a eu suppression effective d’un segment (voir série A I).
En résumé, on constate dans la série XI des faits parallèles à
ceux qui ont été indiqués dans les deux séries précédentes. Lorsque
la greffe a été perdue ou lorsque l’os greffé est orienté obliquement
par rapport à l’axe du membre, le stylopode amputé ne manifeste
que ses potentialités régénératives propres: néoformation du
squelette du zeugopode et de l’autopode.
Lorsqu’au contraire le fémur greffé en position renversée occupe
l’axe du membre, la présence de l’os sectionné lors de l’amputation
entraine une modification de la formation et de la différenciation
du blastème, s1 bien qu'une partie du matériel formateur sert à
compléter l’os sectionné. Il est remarquable que, dans ce cas, l’os
est complété par une régénération presqu’aussi développée que dans
la régénération normale. Cette régénération est beaucoup plus
complète que lorsque les parties squelettiques greffées sont consti-
tuées par les os du zeugopode, par une côte ou une omoplate. Elle
est comparable à ce qui se passe dans les greffes croisées d’os stylo-
podiques (fémur à la place de l’humérus et vice-versa). IL y a là
une sorte d'action spécifique des os stylopodiques qui est peut-être
en rapport avec les dimensions et la forme de la surface osseuse
sectionnée. Peut-être aussi faut-il faire intervenir les phénomènes
de rétraction et de réorganisation des parties molles (par insertion
de muscles sur l’os greffé) qui doivent varier suivant la longueur
et le volume des parties squelettiques greffées. Il n’est pas impos-
sible que ces remaniements des parties molles soient directement
en rapport avec la masse du blastème squelettique formé, mais
cette relation reste obscure.
SÉRIE XII. EXTRACTION DE LA PARTIE PROXIMALE DU
FÉMUR.
Dans toutes les expériences sur la régénération de l’os lui-même,
1l est toujours difficile de faire la part de ce qui revient à une régé-
nération véritable ou à une simple prolifération. 1] paraissait inté-
RS EE QE em le cet
540 V. BISCHLER
ressant d’étudier ce que l’os lui-même est capable de former en
l’absence de tout blastème régénérateur, et 1l semble que l’obser-
vation de la régénération centripète doit fournir de bonnes indi-
cations sur ce point. Dans une régénération centrifuge d’un membre
même non amputé, 1l y aurait toujours, en effet, la possibilité d’une
intervention d’un petit blastème.
Cette série comprend 7 animaux, opérés en novembre 1922, qui
ne subirent pas d’amputation. Ils ont été radiographiés une première
fois en décembre 1923 et une deuxième fois en juin 1924.
Tritons N°S 1,2 (PI.7, fig. 63) et 3. — Une partie assez importante
du fémur a été conservée et a donné lieu à une régénération cen-
tripète. On voit que l'extrémité sectionnée (proximale) est
revêtue d’une calotte de tissu osseux proliféré qui descend tout
autour de l’os sur une certaine longueur. On peut noter que l’épais-
seur de cette calotte est environ la même en avant et sur les côtés
où elle va en s’amincissant, et qu’il n’y à pas à proprement parler
de régénération centripète tendant à reconstituer un fémur normal,
mais simplement une cicatrisation par prolifération de l’os blessé.
Après l’opération, la cuisse s’est fortement rétractée et l'extrémité
supérieure du fémur sectionné s’est rapprochée du bassin jusqu’à
le toucher. Aussi la patte est-elle d’aspect normal, mais raccourcie
de la longueur d’un demi fémur environ. On peut noter encore que,
dans les trois cas, si l’articulation coxale est quelque peu anormale,
la mobilité de la patte est parfaite, ce qui ressort nettement des
différences de position du membre dans les deux radiographies du
même animal. Il n’y a donc pas eu soudure du fémur blessé au
bassin.
Triton N9 4 (PI. 7, fig. 64). — Le morceau de fémur est 1c1 assez
petit (2Mm5, 3mm avec la calotte régénérative), représentant peut-
être le tiers de la longueur d’un os normal. Il s’est fait une proli-
fération autour de l’extrémité blessée de l’os, l’entourant d’une
calotte ovoïde. Il s’est produit une forte rétraction du segment
stylopodique et le petit fémur s’est mis en relation avec le bassin.
Sur la première radiographie, il ne touche pas encore tout à fait
le bassin, mais est à son contact sur la deuxième, quoique sa taille
n’ait absolument pas changé et que la position de la patte soit la
même. [Il s’en suit un notable raccourcissement du membre.
Tritons N9S 5,6 et 7 (PI. 7, fig. 65). — Une très petite partie seule-
ment du fémur a été conservée (1mm_{mm 5); il ne s’est produit
DT. à A PS &"2
;
AVES, nd
BP AT ALI TENN Cal
Da, TT PRET ge TE. SE rot is re: Ma 7 PE FETES
d'il CRT RS NE £ : Je" -
02
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 41
ni régénération centripète ni prolifération cicatricielle. La patte
a subi un très grand raccourcissement. On peut très bien suivre
cette rétraction progressive chez l’un des animaux en compa-
rant les deux radiographies. Sur la première, l’os est encore assez
éloigné du bassin, alors que, six mois plus tard, les connexions se
sont établies et la cuisse (qui ne mesure plus que 2m au lieu de
7mm dans la patte témoin) se trouve extrêmement raccourcie.
En résumé, cette série montre qu'il faut tenir compte des phéno-
mènes propres de prolifération de l’os, qu’il est, dans la régéné-
ration, difficile de distinguer des processus de néoformation pro-
prement dits. L’étendue de la prolifération de l’os est d’ailleurs
assez variable.
CONCLUSIONS.
De l’ensemble des faits rapportés dans ce chapitre, on peut
dégager les résultats généraux suivants:
19 La transplantation d’os en situation anormale ne modifie en
rien la morphologie générale du régénérat. Que le fémur soit rem-
placé par un humérus, par l’ensemble des os radius et cubitus ou
tibia et péroné, ou par une côte ou un fragment d’omoplate, la
cuisse amputée donne toujours naissance, par régénération, à une
patte postérieure. De même, la greffe de fémur à la place de l’humé-
rus ne modifie en rien les potentialités régénératives du bras qui
continue à produire, par régénération, un membre antérieur. Cette
conclusion est en accord avec celle qui se dégageait de la première
partie de ces recherches: le squelette de nouvelle formation, présent
dans le régénérat, ne dérive pas de l’ancien; ce sont les parties
molles du membre qui conditionnent la morphogénie du régénérat.
20 Un des faits les plus remarquables est le contraste que l’on
observe, dans la régénération, entre les cas où la greffe se trouve
avoir été éliminée ou placée en dehors de l’axe du membre et ceux
où la greffe occupe réellement une situation axiale. Dans le premier
cas, tout se passe comme si le squelette avait été purement et
simplement extrait; le stylopode donne alors naissance unique-
ment aux os du zeugopode et de l’autopode, et nous trouvons là
une confirmation remarquable de la loi formulée dans la deuxième
partie de ce mémoire, concernant les potentialités des divers.
segments.
542 V. BISCHLER
Lorsqu’au contraire une surface osseuse, même étrangère, se
trouve intéressée par l’amputation, elle intervient, par une action
de présence, en accaparant une partie du blastème formateur qui
sert à compléter l’os sectionné. Nous retrouvons là la différence,
sur laquelle j’ai insisté, qui sépare la régénération normale du même
processus se produisant sur un membre dépourvu de squelette. On
comprend ainsi que si, dans le cas normal, la régénération est plus
complète que dans le cas où l’os est absent, cela tient à ce que l’os
sectionné présent dans la surface d’amputation exerce une action
d’ordre mécanique sur la formation etla différenciation du régénérat.
Cette action, la surface osseuse ne l’exerce qu’à la condition
d’être assez rapprochée de la surface d’amputation. J’ai indiqué
plus haut que, lorsque la greffe a basculé et se trouve en dehors
de l’axe du membre, tout se passe comme s’il n’y avait pas d’os
du tout. Cette relation se trouve confirmée par des expériences dont
je n’ai pas encore parlé et dans lesquelles j’extrayais la partie
distale du fémur et amputais la patte au niveau du genou. Dans
deux cas il n’est resté qu’une petite extrémité proximale du fémur
si bien que la surface osseuse se trouve très en arrière du niveau
d’amputation. La régénération s’est alors produite comme s'il n’y
avait pas d’os du tout; elle a donné naissance seulement aux os
du zeugopode et de l’autopode, manifestant une fois de plus les
potentialités propres au segment stylopodique. Dans un autre cas
(PI. 7, fig. 75), la portion proximale de fémur était beaucoup plus
orande (1/, environ de l’os total), mais, par suite sans doute de la
désinsertion des muscles antagonistes s’insérant sur la partie
réséquée, l’os avait basculé et se présentait en position oblique,
hors de l’axe du membre. Ici encore le stylopode n’a régénéré que
les os du zeugopode et du pied.
Toutes les fois, au contraire, que l’os sectionné, que ce soit celui
du segment ou un os étranger greffé, se trouve dans l’axe du membre
et assez près du niveau d’amputation, il est plus ou moins complété
grâce à une assimilation d’une partie du blastème squelettogène
qui, au lieu de donner seulement le squelette des segments plus
distaux par une différenciation effectuée en direction centrifuge,
se trouve ainsi amené à reconstituer, au moins en partie, l’os du
segment antécédent.
39 La comparaison des portions d’os stylopodique régénérées
par ce mécanisme, suivant qu'il s’agit de l’os propre au segment
28
or
“
Je t 4
£
#
À:
4
“
&
%
=
J
ë
1
i L
:
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 543
ou de divers os étrangers, fournit des résultats assez curieux qu’il
est difficile d'expliquer. Si, en effet, dans une cuisse amputée, se
trouve présent le fémur normal, celui-ci, dont la longueur atteint,
en moyenne, 0,70 à 0,75 cem., se trouve complété assez exactement
et l’ensemble de l’os ancien et de la partie reconstituée est égale-
ment de 0,70 à 0,75 cm. Si le fémur a été remplacé par un humérus
dont la longueur normale est égale ou légèrement supérieure
à celle du fémur, l'os mixte reconstitué par régénération n’atteint
en moyenne que 0,60 à 0,65 cm. Si enfin le fémur a été remplacé
par les systèmes tibia péroné ou radius cubitus, la régénération
de ces os est très faible et la longueur totale ne dépasse guère
0,35 em. Il y a là une relation difficile à comprendre et qui doit
correspondre à ce que, dans chaque cas, la masse du blastème
formateur (pour un niveau sensiblement identique d’amputation)
a été quelque peu différente. Si la nature, la dimension, la forme
des surfaces osseuses peuvent intervenir dans la différenciation
du blastème squelettogène — et nous avons vu que cette action
mécanique est certaine — on comprend moins aisément que les
mêmes particularités puissent influer sur la masse de ce blastème
qui est engendré par les parties molles du segment. Il semble que
l’on puisse envisager un essai d'explication basé sur les phénomènes
de rétraction et de remaniements que subissent, suivant les cas,
ces parties molles. Si, par exemple, on a laissé en place l’os (régé-
nération normale), la plupart des muscles conservent, après ampu-
tation, leur situation réciproque et l’on aurait ainsi la condition
favorable à la production de la plus grande masse possible de blas-
tème squelettogène. Si, à la place d’un fémur, on a greffé un humé-
rus où un fémur en position retournée, les muscles désinsérés
peuvent, dans ‘intervalle entre l’opération et l’amputation consé-
cutive, s’insérer à nouveau sur le squelette étranger et garder, à
peu de chose près, leurs rapports primitifs. On aura alors une
masse de blastème à peu près équivalente ou un peu inférieure
à celle qui est produite normalement. Si enfin le fémur extrait a
été remplacé par les os beaucoup plus courts du zeugopode, le
remaniement des parties molles doit être beaucoup plus considé-
rable et par suite la masse du blastème plus réduite. Ainsi s’expli-
querait la régénération très faible de ces os occupant l’axe du
stylopode. Ces considérations conduiraient ainsi à rattacher la
masse du blastème squelettogène à l'architecture des parties
Rev. Suisse DE Zoo. T. 33. 1926. 40
544 V. BISCHLER
molles; c’est peut-être aux modifications variables de cette archi-
tecture, consécutives aux lésions occasionnées par la simple extrac-
tion de l’os, qu'il faut attribuer les résultats variables constatés
dans la masse du blastème formé par un segment désossé et, par
suite, dans l’étendue et le nombre des parties squelettiques régénérés.
49 C’est aussi un fait intéressant, au point de vue de la méca-
nique de la différenciation du blastème, que s' l’os blessé se trouve
en dehors de l’axe du membre, la régénération peut avoir un point
de départ situé plus proximalement et la différenciation du blastème
se fait alors tangentiellement à l’extrémité distale de l’os grefté.
C’est ainsi que l’extrémité de l’os greffé a pu jouer le rôle d’un des
os du zeugopode, si bien qu'il n’y a eu formation que de los zeu-
gopodique complémentaire. Dans ce cas, l’autopode est lui-même
incomplètement régénéré, comme cela aurait pu être produit
par une hémisection du pied ou de la jambe.
59 L’action mécanique de la présence d’un os, agissant soit par
sa surface osseuse, soit par le maintien des rapports des parties
molles, ressort encore des résultats fournis par les greffes de fémur
à la place du tibia et du péroné. Que l’os greffé soit soudé ou non
au fémur en place, 1l y a allongement du segment stylopodique.
L’amputation, faite à l'extrémité distale du zeugopode, devrait, s’il
n’y avait pas d’os greffé, donner naissance à un simple autopode.
Or, il y a, par cette extrémité de la jambe, régénération d’une
nouvelle jambe à squelette complet, si bien que tout le membre
se trouve réellement allongé.
Tous ces faits montrent que s’il n'intervient pas dans la genèse
du blastème squelettogène, l’os de la partie basale exerce une action
indiscutable sur la différenciation du régénérat. Ceci montre
combien la méthode de l’extraction d’os est précieuse pour l’analyse
des potentialités régénératives propres aux divers segments,
abstraction faite des actions secondaires exercées par les surfaces
osseuses avec lesquelles le blastème formateur contracte des
rapports étroits.
CHAPITRE VIII
GREFFES DE TERRITOIRES
Les résultats exposés dans les chapitres précédents montrent
qu’il faut indiscutablement rapporter aux parties molles de la base
TE RE ENT IS A NS PR à
ren to d L 3 ‘% =
+
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION | D45
d’un régénéret les potentialités qui se manifestent dans la mor-
phogénèse de ce dernier. L’os n'intervient dans ce phénomène que
d’une façon secondaire, propre d’ailleurs à masquer en partie,
par une sorte de régulation mécanique, les potentialités réelles du
segment.
J’ai cherché à vérifier ces idées directrices en effectuant non plus
des greffes de pièces osseuses, mais des greffes de territoires, ce que
j'ai réalisé par trois méthodes. Dans un cas, après extraction du
fémur, j'ai greffé l’ensemble du territoire tarse, à l'exclusion de la
peau. La greffe comprenait non seulement les osselets du tarse,
mais les muscles, les ligaments, le tissu conjonctif, les nerfs et les
vaisseaux. Dans une deuxième série d’essais, j'ai transplanté,
sur le dos, des segments de bras, auxquels j'ai secondairement
extirpé l’humérus. Il s’agit, dans ce cas, de régénération à partir
de segments désossés, transplantés dans une région tout à fait
étrangère au territoire général de la patte, recevant par conséquent
une innervation tout à fait différente.
Dans une troisième série, j'ai transplanté, dans la cuisse, à la
place du fémur, des segments de l’axe de la queue, comprenant
outre la portion vertébrale et médullaire une partie importante des
tissus mous adjacents.
I. GREFFE DU TARSE ENTIER A LA PLACE DU FÉMUR.
Cette série comprend huit animaux auxquels j’ai greffé, le 15
février 1923, le tarse, d’une seule pièce, à la place du fémur. Ils ont
été amputés le 15 mai et radiographiés, d’abord en décembre 1923
puis en juin 1924.
Triton N0 1. — L'animal n’a pas régénéré de zeugopode, mais
directement un pied à quatre doigts. Les os du tarse greffé sont
très nets; 1l en est resté 5, après amputation dans la greffe. Dans la
première radiographie (PI. 7, fig. 66), le tarse régénéré n’est pas
encore visible; sur la seconde, l’ossification est plus avancée,
mais tous les os ne sont pas encore distincts. Cependant, rien qu’à
considérer l’aspect du régénérat, il est évident qu’il y a eu régéné-
ration de plus d’os du tarse qu'il n’en faudrait pour simplement
compléter le tarse greffé. Il y aurait plutôt tendance à reformer
un tarse complet. Ceci est confirmé par l’examen histologique.
Celui-ci prête peut-être matière à discussion par le fait que l’ampu-
546 V. BISCHLER
tation de la patte, en vue de la fixation, a été faite à ras le corps,
et que certains des os de la greffe se trouvaient plus haut, dans le
corps même de l’animal. Mais ce qui ne fait aucun doute, c’est le
nombre supérieur d’os à celui d’un tarse normal. D’après mon
interprétation, qui semble correcte, le tarse régénéré est tout à
fait complet quoiqu’un peu irrégulier (8 os) et la coupe contient
encore trois os de la greffe.
En somme 1l est résulté un raccourcissement extrême de la
patte qui se résume pratiquement à un pied.
Triton N° 2. — L'animal n’a pas régénéré de zeugopode mais
seulement un autopode à quatre doigts. Les os du tarse ne sont pas
visibles, mais l’autopode est tout à fait de même taille que l’auto-
pode régénéré témoin, et paraît donc être complet. La greffe paraît
avoir été fortement remaniée. On ne peut même plus y reconnaitre
d’os du tarse du tout. On y distingue principalement deux petits
os, réunis par un pont, et qu’au premier abord on pourrait prendre
pour un tibia et un péroné excessivement mal formés, mais la
formation d’un tibia et d’un péroné soudés au bassin serait tout à
fait incompréhensible. Il faut donc admettre un remaniement
des os du tarse, facilité peut-être par le jeune âge de l’animal;
il y a certainement eu prolifération, mais en tout cas il ne s’agit pas
là d’une régénération d’os. En outre, quant au point essentiel
(absence du zeugopode), l’animal se conforme tout à fait au type
de la série.
Triton N° 3 (PI. 7; fig. 67). — L’animal n’a pas régénéré de zeu-
gopode mais un autopode à quatre doigts; 4 à 5 os du carpe greffé
ont été conservés. Comme le moignon du stylopode est excessive-
ment court (la greffe est presque totalement contenue dans le corps
même), il n’y a pratiquement qu’un seul segment, l’autopode,
soit un pied rattaché directement au corps.
Triton N° 4. — Il n’y a pas eu régénération d’un zeugopode,
mais seulement d’un autopode à cinq doigts. Trois os de la greffe
ont été conservés. Celle-ci est nettement dans le moignon (non dans
le corps) et ne touchant donc pas au bassin comme chez les animaux
Nos 1, 2 et 3.
Triton N° 5 (PI. 7; fig. 69). — On voit nettement 5 os du tarse
greffé qui sont en partie dans le corps, touchant au bassin, en partie
dans le moignon stylopodique. Il n’y a pas de zeugopode. L’auto-
tab, Dot Lis À! ;
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 047
pode régénéré est rétréci. Il n’a que 4 doigts et se distingue nette-
ment du moignon stylopodique, beaucoup plus large.
Triton No 6. — Cet animal n’a été radiographié qu’une fois.
Il n’a pas régénéré de zeugopode, alors que l’autopode est grand et
bien formé. Quant à la greffe, les os sont très clairs, ce qui indique
un remaniement.
Triton No 7. — Cet animal a régénéré un zeugopode et un auto-
pode normaux (PI. 7, fig. 70). Ceci est en contradiction avec ce
qui a été dit plus haut, mais s’explique aisément par le fait qu’un
seul et unique os du tarse a été conservé après amputation. La greffe
a été trop peu importante pour exercer une action quelconque et
les tissus du moignon ont pu exercer leur influence en dépit d’elle
et produire une régénération normale.
Triton N° 8 (PI. 7, fig. 71). — L'animal à régénéré un zeugopode
et un autopode. Ici l'explication est l’inverse de celle fournie pour
le N° 7. La greffe du tarse tout entière se trouve contenue dans la
cuisse, Ce qui prouve que l’amputation a été pratiquée au-dessous
de la greffe, de sorte que celle-c1 a été isolée dans le moignon et
n’a pu intervenir dans la régénération qui a été dirigée par les tissus
de la base.
II. GREFFE D'UN TERRITOIRE DE LA QUEUE À LA PLACE DU FÉMUR.
Je possède les radiographies de 5 animaux ayant subi une greffe
d’un fragment d’axe de la queue (1 vertèbre avec les parties molles)
à la place du fémur et ayant été amputés dans la greffe. Un de ces
animaux n’a pas régénéré; son moignon s’est simplement refermé.
Les 4 autres Tritons ont tous régénéré une petite pointe courte,
dépourvue d’axe, et assimilable à un essai de régénération de queue
plus ou moins avorté. Sur le vivant, la ligne jaune était très nette.
La greffe de vertèbre est bien visible dans le moignon (toujours
orientée horizontalement, ce qui explique que la petite pointe soit
aplatie dans le sens horizontal) (PI. 7, fig. 72 à 74).
La potentialité propre de la greffe l’emporte donc sur la poten-
tialité du manchon stylopodique entourant cette greffe. Le blas-
tème régénératif était différent, par suite de la présence des tissus
de la greffe, de ce qu'il aurait été sans elle; et ces cellules, en
apparence indifférentes, ont subi une évolution déterminée par
la nature des tissus servant de base.
548 Y. BISCHLER
III. GREFFE DE SEGMENT STYLOPODIQUE DÉSOSSÉ SUR LE DOS.
En avril 1923, j’entrepris, sur des larves âgées de Tritons, une série
de greffes de segment stylopodique désossé sur le dos. Deux de ces
animaux purent être conservés et donnèrent des résultats intéres-
sants.
19 — Une larve (fig. XXIV), qui avait subi la greffe de la patte
Fic. XXIV.
Reconstitution, d’après les coupes, du squelette régénéré à partir dre
stylopode désossé, grefté sur le dos.
tédabhins nf mé jé ati D
LE ER
: SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 549
antérieure sur le dos, a été amputée quelques jours après à l’extré-
mité distale du stylopode et l’humérus a été extrait. Il y eut régé-
nération de l’avant-bras et de la main. Cette patte ne suivit pas
l'accroissement subséquent de l’animal et resta de la taille qu’elle
avait au moment d’être greffée. Elle a été fixée en octobre 1925.
L'examen histologique montre qu’il y a eu régénération d’un
radius et d’un cubitus dont les extrémités distales sont complète-
ment soudées, formant un seul os assez gros. Il n’y a pas trace
d’humérus; le moignon est très net. La main est normale.
20 —— La deuxième larve (fig. XXV) ne subit l’amputation
et l’extraction de l’humérus que deux mois après reprise de la
greffe. Elle a également régénéré l’avant-bras et la main, ce membre
restant fort petit. L’examen histologique montre, 18 mois après
l’opération, la présence d’un radius et d’un cubitus régénéré, tout
à fait cartilagineux. Il n’y a pas d’humérus. Le carpe est représenté
Fic. X XV.
Reconstitution, d’après les coupes, du squelette régénéré à partir d’un
stylopode {bras) désossé, greffé sur le dos.
550 V. BISCHLER
par une seule masse cartilagineuse où l’on distingue cependant les
centres de différenciation en os distincts. Les métacarpiens et
les phalanges sont cartilagineux, peu développés, la main ayant
gardé un aspect de palette.
Ceci prouve encore une fois, et de façon particulièrement nette,
que le squelette ancien n’est pour rien dans la régénération du
squelette nouveau et que la présence d’une base formée de tissus
mous, même tout à fait en dehors de sa situation et de ses connexions
normales, est capable de régénérer un membre complet.
CONCLUSIONS.
L’ensemble des faits fournis par la greffe de territoires en situa-
tion anormale confirme, en ce qui concerne leurs potentialités régé-
nératives propres, les résultats obtenus dans l’étude de la régéné-
ration à partir des divers segments dépourvus de squelette.
Un tarse greffé dans la cuisse détermine la régénération du
pied seulement, une greffe de la portion axiale de la queue entraîne
la régénération d’un organe caudal. La transplantation sur le dos,
tout à fait en dehors de son territoire naturel, du stylopode désossé
est suivie de la régénération de la main et de l’avant-bras. Trans-
planté ou en place, le stylopode manifeste les mêmes potentialités:
reconstitution du squelette des segments plus distaux.
Le contraste entre ces résultats positifs et les observations
négatives faites après greffe de pièces squelettiques isolées, montre
d’une façon péremptoire que c’est dans les parties molles du seg-
ment amputé qu'il faut localiser les potentialités régénératives
dont la différenciation du segment est l’expression morphologique.
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 554
CONCLUSIONS
1. — Des expériences effectuées sur 370 Tritons auxquels J'ai
extirpé les os de divers segments des membres antérieurs et posté-
rieurs, il résulte que la régénération se fait régulièrement avec
constitution d’un squelette de nouvelle formation, en l’absence
du squelette ancien. Ces résultats, que j’ai obtenus à partir du seg-
ment basilaire du stylopode, du zeugopode et de l’autopode,
confirment et complètent ceux que Frirscx (1911) a observés, chez
les larves de Salamandres et de Tritons, après extraction du sca-
pulum et qui ont été revus plus récemment par P. Weiss (1922)
chez le Triton, après extraction de l’humérus ou du scapulum et de
l’humérus.
IT. — Ces expériences ont porté, en ce qui concerne le membre
antérieur, sur la régénération: a) à partir du segment basilaire,
après extraction du scapulum; b) à partir du stylopode, après extrac-
tion de l’humérus, ou du scapulum et de l’humérus; €) à partir du
zeugopode, après extraction du radius et du cubitus, ou des os radius,
cubitus et humérus, ou après extraction en plus du scapulum;
d) à parür de la portion basilaire de l’autopode, après extraction
du carpe, ou du carpe, du radius et du cubitus, ou après extraction
de tout le squelette du bras, y compris ou non le scapulum.
IIT. — Les mêmes expériences ont été effectuées sur le membre
postérieur, avec extraction du fémur, ou des os tibia et péroné,
ou de ces deux os et du fémur, ou enfin après ablation du tarse, com-
binée ou non avec l’extraction des os du zeugopode ou de ceux-ci
et du fémur.
IV. — Sur les 370 animaux ayant subi l’une ou l’autre de ces
interventions, 348 ont régénéré. Les 22 cas exceptionnels se répar-
tissent de la façon suivante: 11 sur 300 animaux amputés dans le
stylopode, le zeugopode ou l’autopode (3,6%); 11 sur 70 animaux
amputés au ras de l’épaule (15%). Il est possible que la plupart
de ces cas de non-régénération soient à mettre sur le compte de
552 V. BISCHLER
sections de nerfs et de phénomènes de cicatrisation s’opposant
à une nouvelle croissance des axones.
V. — Les faits observés par PHILIPEAUX, concernant la non-
régénération de la patte après extraction de l’omoplate, sont dus
non à la suppression de la pièce squelettique basilaire, mais à l’extir-
pation et à l’éhmination de tout le territoire basal de la patte. Ces
expériences se rattachent donc à une autre face du problème, celle
des territoires de régénération, sur laquelle GuyYÉNnoT (1926) a
récemment attiré l’attention et que M. VALLETTE (1926) a mise
en évidence dans le cas de la régénération du museau.
VI. — Après ablation du squelette, il se forme dans le régénérat
un blastème squelettogène de nouvelle formation, n’ayant aucun
rapport génétique avec l’ancien squelette et dont l’origine doit
être placée dans les parties molles situées en arrière de la surface
d’amputation.
VII. — L'étude, par le moyen de radiographies, effectuées à
divers intervalles, et par la méthode histologique, des parties régéné-
rées, montre qu'il y a une différence certaine, au point de vue des
pièces squelettiques néoformées, entre la régénération normale,en
présence d’os, et la régénération en l’absence du squelette ancien,
celle-ci étant moins complète.
VIII. La méthode de l'extraction du squelette permet d’analyser :
les potentialités régénératives propres à chaque segment. Celles-ci
peuvent être exprimées, d’une façon générale, en disant que chaque
segment (segment basilaire, stylopode, zeugopode, partie basale de
l’autopode) a, en principe, la potentialité de régénérer le squelette
des segments plus distaux, mais non son propre squelette. La
régénération, quand elle se fait à partir de l’épaule, reconstitue le
squelette du bras, de l’avant-bras et de la main; à partir du bras,
elle reforme le radius, le cubitus et les os de la main; à partir de
l’avant-bras, elle n’engendre que le squelette de la main; à partir
de la zone carpienne, il n’y a reconstitution que des os du reste
de la main.
IX. Toutefois, cette expression des potentialités propres à chaque
segment peut être masquée par deux ordres de processus: a) par
suite des phénomènes de rétraction, de désorganisation et de cica-
EN 1 . he En nl
ph PE EP ue
>
À Æ
r
\
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 553
trisation des parties molles, consécutifs à l’extraction de l’os et
à l’amputation, le niveau effectif de régénération peut être reporté
très en arrière du niveau d’amputation, jusqu’à se trouver placé
dans le segment antécédent. La régénération, après une amputation
dans l’avant-bras, par exemple, peut alors avoir son point de départ
dans le bras, qui manifeste ses potentialités propres, plus étendues;
b) lorsque le blastème squelettogène a subi, en direction centrifuge,
la différenciation des parties squelettiques des segments distaux,
il reste souvent, en arrière, un reliquat de matériel formateur qui
peut être utilisé de différentes manières. Tantôt 1l se soude aux os
distaux régénérés, leur constituant une extrémité proximale, anor-
malement développée; tantôt 1l devient indépendant sous forme
d’un nodule irrégulier; tantôt enfin 1l peut prendre la forme de la
portion distale de l’os du segment qui a été le siège de l’amputation.
C’est ainsi qu'après amputation dans le bras, il peut y avoir, outre
la formation du radius et du cubitus et des os de la main, différen-
ciation, en arrière, plus tardive et en direction centripète, d’un
morceau d’humérus, par une utilisation du matériel formateur rési-
“
duel qui aboutit ainsi à une sorte de régulation.
X. L'analyse de ces faits permet de préciser le sens qu'il faut
donner au mot de potentialité appliqué aux capacités de régéné-
rations des divers segments du membre. Ces potentialités diffé-
rentielles ne résultent pas d’une dissemblance de constitution spé-
aifique des tissus, conditionnant, d’une façon absolue, la régéné-
ration de telles ou telles parties squelettiques. Elles s’expriment
directement par la masse moyenne du blastème squelettogène au-
quel chaque segment donne naissance et c’est cette masse qui condi-
tionne le nombre de pièces squelettiques régénérées (V. BIscHLER et
E. GuyÉxor, 1926). Pour un même segment, cette masse présente
une certaine variabilité qui paraît être fonction, ainsi que cela résulte
de certaines considérations portant sur les résultats des greffes
osseuses, des phénomènes de rétraction ou de désorganisation des
parties molles. Corrélativement, le nombre des pièces squelettiques
peut être inférieur ou plus fréquemment supérieur à ce qui devrait,
en principe, être reconstitué. D'une façon générale, la masse du
blastème squelettogène paraît être fonction des dimensions de la
surface de régénération et de l’architecture des parties molles à ce
niveau.
554 V. BISCHLER
XI. Cette notion de potentialités propres aux divers segments du
membre, s'exprimant par la masse du blastème formateur auquel
ils donnent naissance, ne doit pas être confondue avec la notion
de territoires généraux de régénération, tels que le territoire patte,
dont la suppression complète entraîne la disparition de la possi-
bilité de régénérer l’organe totalement extrait.
XIT. La relation entre la masse du blastème squelettogène et le
nombre des pièces squelettiques régénérées est un cas particulier
de la loi formulée par E. GUYÉNOT et O. SCHOTTÉ (1923) du rapport
existant entre la masse et la morphologie du régénérat. Elle peut
ici s'exprimer en disant qu'un excès ou une insuffisance de matériel
formateur ne se traduit pas par la néoformation de parties iden-
tiques qui seraient proportionnellement plus grandes dans un cas,
plus petites dans l’autre. Le squelette néoformé n’est pas géant
ni reconstitué en miniature. Tout se passe comme s’il fallait une
masse donnée de matériel pour chaque ébauche devant être régé-
nérée. S'il y a plus de matériel qu'il n’est nécessaire, 1l en persiste
un reliquat ; si le matériel est insuffisant, une des pièces squelettiques
manque ou est incomplètement reconstituée.
XIII. Le remplacement d’un os par un os étranger greffé à sa
place (humérus remplacé par un fémur et vice-versa; fémur rem-
placé par les os radius et cubitus, ou tibia et péroné, et vice-versa;
fémur remplacé par une côte ou un morceau de scapulum) ne
change rien, ainsi que P. Weiss (1922) l’avait constaté dans quel-
ques essais, aux capacités propres de régénération du membre. Le
bras continue à régénérer une patte antérieure, quelle que soit la
pièce squelettique qui ait été greffée à la place de l’humérus. Ces
résultats confirment ceux qui ont été obtenus par la simple extrac-
tion des os, montrant que ceux-c1 n’interviennent pas dans la
genèse du régénérat.
XIV. Les expériences de greffes d’os, effectuées dans 53 cas,
permettent de préciser la raison pour laquelle la régénération
normale (en présence d’os) est toujours plus complète que la régé-
nération à partir d’un segment désossé. La surface de section
osseuse, se trouvant au niveau de la zone d’amputation, sert de
base au blastème formateur en voie de différenciation, et accapare,
par une action d’ordre mécanique, une partie de ce blastème qui
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 555
est utilisée en complétant l’os sectionné. C’est ainsi que l’os présent
— que ce soit l’os du segment lui-même, ou cet os greffé en position
retournée, ou un os étranger transplanté — se trouve complété
d’une façon plus ou moins totale, par utilisation d’une partie du
blastème squelettogène. Toutes les fois, par contre, que l’os normal
ou greffé se trouve, soit très en arrière de la surface de régénération,
soit déplacé par rapport à l’axe du membre, tout se passe comme
si le squelette manquait entièrement et le segment intéressé mani-
feste alors ses potentialités propres, comme dans les cas où le
squelette a été simplement extrait. Ces faits soulignent la nature
des relations d’ordre mécanique qui s’établissent, dans la régéné-
tion normale, entre l’os sectionné et le blastème de régénération.
XV. La comparaison de l’étendue de la partie de l’os, présent
dans la surface d’amputation, qui a été complétée par régénération
— suivant la nature des os présents — montre que celle-c1 est
d'autant moindre que les os sont plus courts ou plus différents de
l’os normal. L'analyse des faits conduit à penser que l’extraction
de l’os suivie de greffe d’un os étranger entraîne une rétraction
et un remaniement d’autant plus grand des parties molles que l’os
transplanté est plus dissemblable de l’os normal. Corrélativement,
la masse du blastème est d’autant plus faible, si bien qu'il y a de
moins en moins de matériel formateur utilisable pour la reconsti-
tution de l’os du segment amputé. Il paraît donc y avoir une rela-
tion entre l’architecture des parties molles et la masse du blastème
squelettogène.
XVI. Tandis que la greffe d’os n’est suivie d’aucune action directe
— en dehors des actions mécaniques et secondaires envisagées plus
haut — sur la morphologie du régénérat, la greffe de segments
entiers, comprenant l’os avec les parties molles ou ces dernières
seulement, apporte une vérification directe de la localisation des
potentialités de régénération dans les parties molles de chaque
segment.
19 La greffe du territoire tarse, à la base de la cuisse, privée de
fémur, entraine, chaque fois que la régénération part du fragment
grefté, la reconstitution du pied seulement; celui-ci est alors direc-
tement implanté sur la ceinture pelvienne, et la patte régénérée
est du type phocomèle. Lorsque la greffe a été perdue ou est trop
réduite et hors de l’axe du membre, il y a régénération d’une patte
556 V. BISCHLER
complète, comme dans les expériences de simple extraction des os.
20 La greffe, à la place du fémur, d’une vertèbre caudale avec les
parties molles adjacentes, a entraîné la régénération d’une petite
queue dépourvue de squelette régénéré, mais dont la morphologie
externe était très caractéristique.
30 La greffe d’un bras, sans squelette, sur le dos de l’animal, a,
dans deux cas, réussi et a été suivie de la régénération de l’avant-
bras et de la main. L’examen histologique montre que seuls les os
du zeugopode et de l’autopode ont été régénérés à partir du stylo-
pode transplanté, ce qui est une nouvelle preuve des potentialités
“
régénératives propres à chaque segment.
XVII. Ces dernières expériences confirment que c’est bien dans
les parties molles de chaque segment qu'il faut localiser les poten-
tialités régénératives caractéristiques de chaque partie du membre.
L'ensemble des faits rapportés plus haut est de nature à permettre
de préciser le lien dont l’existence a été établie par PB. DE G10RGI
et, par P. DE GiorGi et E. GUYÉNOT (1923), qui rattache la diffé-
renciation du régénérat à l’action exercée sur son évolution par
les tissus constituant sa base naturelle.
1911.
1924.
1923.
1926.
1923.
1925.
1874.
1918.
1922.
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION Db7
AUTEURS CITÉS
. BiscaLer, V. Rôle du squelette dans la régénération des membres
du Triton. C. R. Soc. Phys. Hist. nat. Genève, vol. 40, p. 158.
. —- Régénération des pattes de Triton après ablation du squelette du
zeugopode ou de l’autopode. C. R. Soc. Biol., t. 92, p. 776.
. BISCHLER, V. et GUYÉNOT, E. Régénération des pattes de Triton
après extirpation du squelette des ceintures ou du stylopode.
GR: Soc: Biol: :t: 92, p. 678.
. — Les potentialités régénératives dans les pattes privées de squelette.
CR Sn Biol; 4. 92; p. 774.
. — Les potentialités régénératives différentielles des divers segments
du membre sont une expression de la masse du blastème squelet-
togène. C. R. Soc. Biol., t. 94, p. 968.
Frirscx, C. Experimentelle Studien über Regenerationsvorgänge
des Gliedmassenskelets der Amphibien. Zool. Jahrbücher, Abt.
allg. Zool. u. Phys., Bd. 30, p. 377-472.
GiorGi, P. de. Les potentialités des régénérats chez Salamandra
maculosa. Rev. suisse de Zool., vol. 31, p. 1-52.
GiorGi, P. de et GuYÉNoT, E. Les potentialités des régénérats :
croissance et différenciation. C. R. Soc. Biol., t. 89, p. 488.
GuYÉNOT, E. La perte du pouvoir régénérateur chez les Anoures,
étudiée par la méthode des hétérogreffes. G. R. Soc. Biol., t. 94,
p. 437.
GUYÉNOT, E. et SCHOTTÉ, O. Relation entre la masse du bourgeon
de régénération et la morphologie du régénérat. C. R. Soc. Biol.,
5.269, p. 494.
GuYÉNoT, E. et VALLETTE, M. Régénération du nez et de La mâchoire
supérieure chez les Urodèles. C. R. Soc. Biol., t. 93, p. 1276.
LEGros. {Communication posthume présentée par Onimus.) G. R.
Soc. Biol., t. 26 (6me série, I), p. 28.
Mori, C. V. Some experiments on regeneration after exarticulation
« in Diemyctilus viridescens. Jour. exp. Zool., vol. 25, p. 107-126.
NAviLLe, À. Histogenèse et régénération du muscle chez les Anoures.
Arch. Biol., t. 32, p.-5-139.
558 V. BISCHLER
1924. — NaviLzLe, À. Recherches sur l’histogenèse et la régénération chez
les Batraciens anoures (Corde dorsale et téguments). Arch. Biol.,
t. 34, p. 235-344.
1866. PniriPEAUx, J. M. Expériences démontrant que les membres de la
Salamandre aquatique (Triton cristatus L.) ne se régénèrent
qu'à la condition qu’on laisse au moins sur place la partie bast-
laire de ces membres. C. R. Acad. Sc., t. 63, p. 576-578.
1867. — Sur la régénération des membres chez l'Axolotl (Siren pisci-
formis). CG. R. Acad. Sc., t. 64, p. 1204.
1869. — Expériences démontrant que les nageoires des Poissons ne se
régénèrent qu à la condition qu’on laisse au moins sur place leur
segment basilaire. C. R. Acad. Sc., t. 68, p. 669.
1876. — Les membres de la Salamandre aquatique bien extirpés ne se
régénèrent point. C. R. Acad. Sc., t. 82, p. 1162. |
1903. REED, M. A. The regeneration of a whole foot from the cut end of
a leg containing only the tibia. Arch. f. Entwmech., Bd. 17,
p. 150-154. :
1926. SCHOTTÉ, O. Système nerveux et régénération chez le Triton. Rev.
suisse Zool., vol. 33, p. 1-211.
1926. VALLETTE, M. Mécanisme de la régénération du museau chez les
Urodèles. C. R. Soc. Phys. Hist. nat., vol. 43, p. 28-32.
1922. Weiss, P. Unabhängigkeit der Extremitätenregeneration vom Ske-
lett (bei Triton cristatus). Akad. Wissen. Wien, 30 nov. 1922.
1925. — Unabhängigkeit der Extremitätenregeneration vom Skelett (ber
Triton cristatus). Arch. f. Entwmech., Bd. 104, p. 359-394.
1901. WENDELSTADT, H. Ueber Knochenregeneration. Experimentelle
Studie. Arch. mikr. Anat., Bd. 57, p. 799-822.
1904. — Experimentelle Studie über Regenerationsvorgänge am Knochen
und Knorpel. Arch. mikr. Anat., Bd. 63, p. 766-795.
SQUELETTE ET RÉGÉNÉRATION 559
EXPLICATION DES PLANCHES
Radiographies de membres antérieurs ou postérieurs de Tritons,
FIG.
FIG.
FIG.
FIG.
FIG.
Fi:
FTG:
FiG.
FIG.
Frc.
Fic.
FIG.
Frc.
après extraction ou greffe d’os.
PLANCHE 5.
1 à 9. — Du côté gauche, régénération après extraction du fémur
et amputation dans la cuisse. À droite, patte normale (5 à 9) ou
en régénération en présence de l’os (1 à 4). (Série A [.)
10. — Régénération (du côté gauche), après extraction de l’humé-
rus et amputation dans le bras. (Série A IT.)
11 à 16. — Régénération (du côté gauche) après extraction du
scapulum et de l’humérus et amputation dans le bras. (Série A IIT.)
17 à 19. — Régénération (à gauche) après extraction du tibia et
du péroné et amputation dans la jambe. (Série B T).
20. — Régénération (à gauche) après extraction des os fémur,
tibia et péroné et amputation dans la jambe. (Série B III.)
21. — Régénération (à gauche) après extraction des os humérus,
radius et cubitus et amputation dans l’avant-bras. (Série B IV.)
22. — Régénération (à gauche) après extraction des os scapulum,
humérus, radius et cubitus et amputation dans l’avant-bras.
(Série B V.)
23. — Régénération (à gauche) après extraction des os tibia, péroné
et du tarse et amputation dans la région tarsienne. (Série C I.)
24. — Régénération (à gauche) après extraction des os radius,
cubitus et du carpe et amputation dans la région carpienne. (Série
C IL.)
25. — Régénération (à gauche) après extraction du cubitus (avec
conservation du radius) et des os du carpe et amputation dans la
région carpienne. (Série C III.)
26 et 27. — Régénération (à gauche) après extraction des os fémur,
tibia, péroné et du tarse et amputation dans la région tarsienne.
(Série C IV.)
28. — Régénération (à gauche) après extraction des os humérus,
radius, cubitus et du carpe et amputation dans la région carpienne.
(Série C V.)
29 et 30. — Régénération (à gauche) après extraction des os sca-
pulum, humérus, radius, cubitus et du carpe et amputation dans
la région carpienne. (Série C VI.)
560 Y. BISCHLER
_
PLANCHES 6 et 7.
F1G. 31 à 37. — Régénération (à gauche) après greffe de fémur à la place
de l’humérus et amputation dans le bras. (Série I.)
F1G. 38 à 41. — Régénération (à gauche) après greffe de l’humérus à la
place du fémur et amputation dans la cuisse. (Série IT.)
F1G. 42 à 45. — A gauche, greffe de tibia et de péroné à la place du fémur
et amputation dans la cuisse. A droite, greffe de fémur à la place
des os tibia et péroné et amputation dans la jambe. (Séries IIT et IV.)
F1G. 46 à 49. — Régénération après greffe (à gauche) des os tibia et
péroné à la place du fémur et amputation dans la cuisse. (Série ITT.)
FrG. 50 et 51. — Régénération après greffe des os radius et cubitus à
la place du fémur et amputation dans la cuisse (à gauche). (Série IV.)
FiG. 52 et 53. — Greffe des os de la région du genou à la place du fémur
du côté gauche; greffe du fémur à la place des os de la région du
genou du côté droit. (Séries V et VIIL.)
F1G. 54. — Régénération (à droite) après greffe du fémur à la place des
os tibia et péroné. À gauche, régénération après extraction du
fémur. (Série VI.)
Fi1G. 55 et 56. — Régénération (à gauche) après greffe du fémur à la
place des os radius et cubitus et amputation dans l’avant-bras.
(Série VIL.)
F1G. 57. — Greffe de côte à la place du fémur (à gauche) et amputation
dans la cuisse. (Série IX.)
F1G. 58. — Greffe d’un fragment d’omoplate à la place du fémur et
amputation dans la cuisse (à gauche). (Série X.)
F1G. 59 à 62. — Régénération après greffe du fémur en position retournée
et amputation dans la cuisse (à gauche). (Série XI.)
Fi. 63 à 65. — Régénération après extraction de la partie proximale
du fémur. (Série XII.)
F1G. 66 à 71. — Régénération après greffe du territoire tarse à l’intérieur
de la cuisse dont le fémur a été extrait (à gauche).
F1G. 72 à 74. — Régénération après greffe, dans la cuisse désossée, d’un
territoire de la queue.
F1G. 75. — Régénération après résection de l’extrémité distale du fémur;
le fragment proximal resté en place a basculé et la régénération
s’est faite comme en l’absence complète d’os.
ss die or ds HA
PE st cb Été ass LA 2
1-:33:1826
Rev. Suisse de Zool.
V. Bischler _lR
régénération
Len TL
Rev. Suisse de Zool. T. 33. 1926
V. Bischler .
Li
Régénération
Rev. Suisse de Zool. T. 33. 1926 PE
V. Bischler ___ Régénération
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE 561
Vol, 33, n° 17. — Juillet 1926.
Notes malacologiques
par
G. MERMOD
Assistant au Muséum de Genève.
Avec 14 figures dans le texte.
I. Anatomie des organes reproducteurs de Vifrea diaphana
var. subrimata Rhein. et Viérea cristallina
var. andraei Bttg.
Grâce à l’amahiité du DT Haas, de Francfort, jJ’ai pu examiner
des cotypes de Vitrea subrimata de la collection RHEINHARDT.
La comparaison de ces échantillons avec ceux de diverses prove-
nances suisses confirme ce que certains auteurs avaient déjà pensé,
c’est-à-dire que la faune helvétique ne renferme vraisemblable-
ment pas la véritable Vitrea diaphana de SrupER, complètement
dépourvue d’ombilic. Il existe bien, en Allemagne par exemple,
une espèce de Vitrea à ombilic complètement obturé, mais personne
à ma connaissance ne l’a retrouvée en Suisse. D’autre part, RHEIN-
HARDT a décrit une Vitrea diaphana var. subrimata avec un petit
ombilic. Cette espèce est commune en Suisse et 1l est probable
que c’est cette forme que STUDER a eue sous les yeux car, à l’époque
où il créait son espèce, la présence d’une petite perforation ombilicale
masquée par le bord columellaire pouvait parfaitement passer
inaperçue, à un examen un peu superficiel.
Je pense donc que tous les échantillons de Vitrea diaphana prove-
nant de Suisse sont, en réalité, des Vitrea diaphana var. subrimata
Rh., donc faiblement, mais nettement, ombiliqués.
Cette espèce est fréquente dans les endroits boisés du Jura, au
printemps, de préférence entre les blocs moussus des anciens éboulis
et dans les troncs pourris.
Rev. Suisse DE Zoo. T, 33. 1926. A
562 __ G. MERMOD
L’anatomie des organes génitaux de la variété subrimata n’a
pas été étudiée, à ma connaissance. Celle du type a été décrite et.
figurée par Soos (1917, p. 158, fig. 84), d’après un seul exemplaire
probablement encore Jeune. Cette description ne concerne que
l’ensemble des organes reproducteurs, la structure interne du
pénis n’est pas mentionnée.
J’ai récolté en avril 1926, à Ste-Croix (Jura vaudois), à 1200 mè-
tres d’altitude environ, quelques exemplaires adultes dans le but
de vérifier leur anatomie génitale. Cet examen m’a donné les résul-
tats suivants.
La glande hermaphrodite, difficile à séparer du foie qui l’enrobe,
est composée de plusieurs faisceaux d’acinis. Le canal hermaphro-
dite, peu sinueux mais très épais, se termine par une petite vésicule.
séminale noyée dans la masse de la glande albumineuse. Cette
dernière, bien développée, est de forme oblongue. Le spermoviducte
est de longueur médiocre. La prostate, peu développée, est visible
surtout dans sa partie moyenne. L’utérus donne naissance à un
Fic. 1.
Organes reproducteurs de Vitrea diaphana var. subrimata Rhein.
atr. — atrium; c. d. — Canal déférent; c. k. — canal hermaphrodite; ép.
ext. — épines placées sur la paroi interne de la poche du pénis ;ép. m. — épines.
marginales; ép. méd — épines médianes; gl. a. — glande de l’albumine; gl.
. — glande hermaphrodite; gl. vag. — glande vaginale; m. r. — muscle rétrac-
teur; org. érec. — organe érectile; ovd. — oviducte libre; ovsp. — ovispermi-
ducte; par. pén. — paroi du pénis; p. b. — papille basale; p. b. i. — papille
basale intérieure; pr. — prostate; vag.— vagin; 1re ép. marg. — première épine
marginale.
: WU PR ,
NOTES MALACOLOGIQUES 563
petit diverticule de faible longueur, terminé par un étroit cul-de-sac,
le réceptacle séminal, d’aspect presque rudimentaire. L’oviducte
libre est allongé, subcylindrique. Le vagin, un peu renflé, est dé-
pourvu de toute trace de glande vaginale. L’atrium est assez
allongé. Extérieurement, le pénis est formé par une poche allongée
subcylindrique. L’extrémité proximale amincie se termine par
un gros muscle rétracteur en connexion avec le muscle columellaire.
Le canal déférent, très mince, se détache de l’oviducte un peu
au-dessus du point de jonction du canal du réceptacle séminal,
et aboutit à l’extrémité proximale du pénis. Le muscle rétracteur
semble, en quelque sorte, fendu en long, afin de permettre une jonc-
tion exactement terminale du canal spermatique.
En fendant la paroi du pénis dans sa longueur, à partir de sa
FIG 27
Pénis fendu montrant l’organe érectile épineux (pour l’explication des lettres,
voir fig. 1).
564 G. MERMOD
portion distale, on est surpris de trouver à l’intérieur un organe
vraisemblablement érectile, d’une complication étonnante. Cet ap-
pareil, dans sa position normale, est enroulé en spirale à la façon
d’une étoffe de parapluie; il est muni de nombreuses et fortes
épines rigides qui résistent à la pression de l’aiguille. Elles sont
disposées sur l’organe érectile (sarcobelum) en deux rangées à peu
près parallèles. La série marginale, de beaucoup la plus nombreuse,
débute à l’extrémité distale par une forte épine recourbée au bout.
Les pointes suivantes, au nombre de 16 à 19, diminuent d’impor-
tance à mesure qu’elles se rapprochent de l’extrémité proximale et
de la paroi interne de la poche du pénis. Les dernières pointes se
Fic. 3.
L’organe érectile étalé (légèrement schématisé)
(pour l’explication des lettres, voir fig. 1).
trouvent même nettement placées sur cette paroi. La rangée interne
est formée également d’une série de 9 épines dont la taille diminue
du sommet à la base de l’organe. Sur la paroi interne de la poche,
à la base du sarcobelum, se trouvent trois grosses papilles. Celle
située à l’extrémité proximale est la plus grosse et régulièrement
conique; sa base semble correspondre exactement avec le point
de jonction du canal déférent. Elle est vraisemblablement traversée
par le prolongement de ce canal.
Afin de reconnaître si l’organe érectile décrit ci-dessus se retrou-
verait identique dans une espèce voisine, J'ai disséqué également
la Virea (Crystallus) crystallina var. andraet Bttg. que l’on trouve
assez communément dans les endroits un peu marécageux et boisés.
Ces exemplaires proviennent des bords du Rhône, vers sa Jonction
avec l’Arve, à Genève. Quelques renseignements sur l'espèce type
NOTES MALACOLOGIQUES 565
sont donnés dans WaGner (1915, p. 496, pl. 12, fig. 96); ils ne
concernent que l’extérieur des organes reproducteurs.
La disposition de ces organes est semblable dans ses grandes
lignes à celle de Vitrea diaphana var. subrimata. Cependant, il y a
des différences bien nettes. Chez l’espèce précédente, la vésicule
séminale était à peine visible; dans celle-ci, par contre, elle est bien
développée et recourbée sur elle-même en forme de cornue; elle fart
une forte saillie sur la glande albumineuse. La prostate forme une
bande blanchâtre, à nombreuses circonvolutions, qui accompagne
sur toute sa longueur l’ovispermiducte. I’oviducte est gros, sub
Fic. 4.
Organes reproducteurs de Vitrea crystallina var. andraei Bttg,
(pour l’explication des lettres, voir fig. 1).
transparent, sa partie libre est courte. Le vagin est entouré par
une grosse glande vaginale d’aspect spongieux, qui faisait totale-
ment défaut dans l’espèce précédente. L’oviducte libre se bifurque à
sa base en donnant naissance au canal du réceptacle séminal. Ces
deux conduits restent intimement accolés. Le réceptacle proprement
dit est complètement rudimentaire, son extrémité proximale est
accolée à la prostate vers l’endroit où se détache le canal déférent.
Le pénis est formé d’un long cylindre atténué à son extrémité
proximale. C’est Ià que le muscle rétracteur et le canal déférent
se soudent au pénis. En ouvrant longitudinalement la poche qui
contient l’organe copulateur, on aperçoit un appareil érectile assez
RS TARA LR Er En ie RER ER AE EAU TEE à
PRE RE pe MR EE ER RE
; Ur Ds 4 = ESA Fes
566 G. MERMOD
semblable à celui de l’espèce précédemment décrite. C’est presque
la même disposition, mais le nombre et la position des épines sont
différents. Le sarcobelum n’est muni que d’une seule série d’aiguil-
lons marginaux. La rangée médiane fait défaut. La première épine
est extrêmement longue et rectiligne; les suivantes diminuent de
longueur en formant une série d’environ dix pointes jusqu’à
la papille basale. Tandis que, dans l’espèce précédente, il exis-
tait une série médiane, dans la V. crystallina var. andraei ces for-
PO RON CREER PU ER
SEP À
Pénis fendu montrant l’organe érectile épineux.
(pour l’explication des lettres, voir fig. 1).
ide
NOTES MAILACOLOGIQUES 567
mations sont reportées sur la paroi interne de la poche du pénis. Il
existe quatre grandes papilles épineuses dont l’une est particulière-
ment développée. La basale, qui est en contact avec le point d’arri-
vée du canal déférent, a une conformation spéciale. Elle est fendue
sur le côté et, dans cetie ouverture, on aperçoit nettement une
seconde petite papille enchâssée dans la première.C’est certainement
un appareil qui sert à régler l’arrivée du sperme dans le pénis.
Quelle est la fonction d’un appareil aussi compliqué ? Elle me
paraît pouvoir être de deux sortes: la première qui vient à l’esprit
est celle d’un organe copulateur érectile et évaginable, les épines
servant à une fixation plus intime ou à une excitation mutuelle
plus forte. Mais cet organe si complexe joue peut-être aussi le rôle de
« moule » à l’égard du spermatophore. Celui-ci devrait alors posséder
une forme à peu près semblable. Dans un des cas observés, le sper-
matophore s’est présenté sous forme d’un fuseau allongé, hyalin à
ses deux extrémités et à peu près lisse. [Il ne semblait donc pas avoir
épousé la forme si spéciale de son moule supposé.
Les organes génitaux des deux espèces, décrits ci-dessus, montrent
des différences assez notables; tout d’abord par la présence chez
Vitrea crystallina var. andraei Bttg. d’une forte glande vaginale
qui ressemble à celle des Hyalines proprement dites. Cette glande
faisait défaut chez les trois exemplaires de Vitrea diaphana var.
subrimata disséqués. Il semble donc bien qu'il ne s’agit pas d’un
défaut de maturité sexuelle. La disposition, le nombre et la répar-
tition des épines sur le sarcobelum des deux espèces sont suffisam-
ment différents pour qu'il soit possible d'employer ces caractères
pour leur classement. LiINDHOLM (1926, p. 87) rappelle du reste
que WESTERLUND, CLESSIN et d’autres auteurs avaient déjà, en se
basant sur les caractères conchyliologiques, réparti les deux
espèces dans des sections différentes. La Vitrea diaphana est placée
dans les Vitrea sens. strict. tandis que la Vitrea crystallina fait partie
de la section des Crystallus de Lowe. Si, d’après les observations ana-
tomiques relatées ci-dessus, il se confirme que les V. diaphana sont
toujours dépourvues de glande vaginale et que les Crystallus crys-
tallinus en sont au contraire munies, il me semble qu'il doit y avoir
une séparation systématique encore plus importante entre ces
espèces, de l’ordre du sous-genre en tout cas, et non seulement de
la section.
568 G. MERMOD
IT. Notes systématiques
sur quelques espèces arctico-alpines de Vertigo.
BourGuIGNnAT (1862, p. 40, pl. 1, figs. 11-12) décrit et figure sous le
nom de Vertigo eumicra une coquille qui se trouve dans la collection
de cet auteur (au Muséum de Genève) en un seul exemplaire (mal-
heureusement détérioré). La station type est située près de Lucerne,
dans les ruines du château de Habsbourg. La figure et la description
originales sont parfaitement conformes au type. La forme est nette-
ment celle d’un Pupilla presque cylindrique et non pas celle d’un
Vertigo, beaucoup plus cylindroconique. Le labre et le bourrelet
nuqual qui accompagnent, et que BOURGUIGNAT ne mentionne pas,
la striation de la coquille formée d’un réseau épidermique à mailles
allongées et anastomosées, tous ces caractères rapprochent l’espèce
F1G. 6.
Pupilla eumicra Bgt.
de BOURGUIGNAT du Pupilla sterri Voith. La seule différence réside
dans l’absence de dentition aperturale, mais, comme l'individu
est un peu plus petit que les exemplaires normaux, il doit être
considéré comme une simple aberration, ou comme un exemplaire
jeune muni déjà de son bourrelet mais pas encore de ses dents. Ce
qui confirme plutôt cette dernière supposition, c’est que la coquille
est mince et transparente. Je pense donc que le nom de Vertigo
eumicra de BOURGUIGNAT doit disparaître complètement de la
nomenclature, d’autant plus que le type est unique et que des
topotypes ne semblent pas avoir été retrouvés.
CLESSIN (1878, pl. 3, fig. 11, p. 85) décrit et figure sous le nom
de Pupa eumicra Bgt. une espèce provenant de Saint-Moritz (Enga-
PORN NT EN NT OR CN NE PE SU PP
2 PE ist ne TA Pro
| L> æ «
r ‘
NOTES MALACOLOGIQUES 509
dine) dont il ne possédait que cinq exemplaires, dont 1 adulte. Il
s’agirait, d’après cet auteur, de la même coquille que celle décrite
par BourGurGnarT. Mais, la figure donnée par CLESSIN ne correspond
pas du tout à celle de l’individu de Lucerne. Le galbe général
et la forme de l’ouverture diffèrent. CLESSIN (1887, p. 280, fig. 179)
reprend encore la même désignation spécifique pour son Vertigo
(Alaea) eumicra Bgt. comprenant l’exemplaire de Lucerne et les
cinq échantillons de St-Moritz. La figure publiée dans ce travail
ne ressemble plus du tout à celle qui a été donnée par BOURGUIGNAT
et diffère considérablement de celle que CLESSIN a publiée en 1878.
Malheureusement, c’est cette figure qui est reproduite par
KoBerr (1899, p. 83, fig. 1515) et par Scuresca (1919, p. 29,
fig. b.). PizsBry (vol. 26, pl. 20, figs. 11 et 21) donne la figure de
BourGUIGNAT 1862 et celle de CLEssiN 1878.
A notre demande, le Musée de Stuttgart a bien voulu nous per-
mettre d'examiner les originaux de Vertigo eumicra de la collection
CLESSIN. Au premier coup d’œil, on voit qu'il n’y a rien de commun
entre le Vertigo eumicra de BourGuIGNAT et celui de CLEssiN. Le
premier est manifestement un Pupilla et le second un Vertigo.
Comparé avec des Vertigo arctica Wallenb., de Laponie et de Fin-
lande, il n’est pas possible de trouver une différence notable entre
ces deux espèces. Le galbe et l’ornementation sont semblables.
La dentition seule fait complètement défaut dans les coquilles
de CLESSIN. Dans ce groupe de Vertiginidae, l’armature apertu-
rale est très variable; c’est ainsi qu'il existe des V. arctica à
quatre, à trois, à deux et même à une seule dent. Il n’y a donc
rien de surprenant à ce que toute dentition fasse défaut.
La figure publiée par CLEssix en 1887 est très inexacte ; elle ne
donne qu’une idée fausse de la forme de la coquille. Je pense donc
qu'il n’est pas inutile d’en redonner la description et de la figurer
à nouveau.
Coquille petite, taille 2MM23 de haut et 1mm39 de diamètre,
ovoïde conique et non pas « pupiforme cylindrique ». Tours de spire
au nombre de 6, fortement bombhés, ornés de stries d’accroisse-
ment serrées, régulières, peu accentuées et, par place, de stries spi-
rales très fines donnant alors l’aspect d’un treillissage obsolète.
Suture bien marquée. Dernier tour très grand, occupant à peu près
les = de la hauteur totale. Ouverture à plan un peu oblique,
de forme obtusément triangulaire, grâce à la légère incurvation du
La ere on “; 2 Re PNY RME La DEAD RTS. : Ù mi
ES DE ‘ SEP SFR Que
Ni NE ee
+,
= à
570 G. MERMOD
bord externe; arrondie inférieurement et vers la commissure sutu-
rale. Labre simple, droit, non tranchant, légèrement réfléchi dans
la région columellaire. Un faible callus blanchâtre réunit les deux
bords labiaux et tapisse la région pariétale, chez les individus adultes.
Fier.
Vertigo eumicra Cless.
Ouverture complètement dépourvue de dents. Ombilic nettement
ouvert. Entonnoir périombihcal large. La base du dernier tour est
arrondie et non contractée.
Un des exemplaires de CLESSIN, incomplet et en mauvais état,
possédait encore le corps de l’animal desséché. Par immersion dans
la potasse caustique, j'ai ramolli les parties charnues et suis par-
venu à extraire la radule, sans dommage pour la coquille. La for-
mule radulaire de l’exemplaire préparé est la suivante:
L 4. ARS Mass Pr 'RNroS | 105
2 TESTS Co
La centrale est très nettement tricuspide, sa plaque basale est
quadratique. Toute la lignée centrale se trouve légèrement décalée
per rapport aux autres rangées. Les latérales ont un endocône
bien développé; l’ectocône est beaucoup plus petit et le centro-
cône, très petit, a nettement l’aspect d’une cuspide supplémentaire.
Les plaques basales de toutes les latérales sont sensiblement carrées.
À mesure que l’on examine les latérales vers l’extérieur, la cuspide
externe et la centrocuspide grandissent. Dans la neuvième rangée,
que je considère comme représentant la ligne de démarcation entre
latérales et marginales, les trois cuspides sont presque égales.
Les dents marginales montrent toujours les trois cuspides prinei-
pales, avec de petites pointes intermédiaires dans chaque intervalle.
dote né fier à Dés dr, *
Lo et RE ie D TS 2 ee I" + LR. , 7 es
AE A TE MM met RS D TE à
AE € % , à %
D
NOTES MALACOLOGIQUES D71
Ces dents, à 5 cuspides beaucoup plus larges, sont nettement
pectiniformes. La plaque basale, rectangulaire, ne dépasse pas l’ex-
trémité des cuspides. La dernière dent marginale a un aspect
nettement embryonnaire.
M. le Dr BüTiIKoFER a bien voulu me permettre d'examiner ses
types de Vertigo zschokker. De son côté, le D' BozLiNGER du Musée
b
) \
5
11 1% 1H
An) ty eu
Free. 8:
Radule de V. eumicra Cless.
de Bâle m’a également prêté les échantillons que cet établissement
possède. L’auteur de l’espèce, BÜTIKOFER (1920, p. 82), dit qu'il
a trouvé deux formes distinctes de son V. zschokket, l’une grosse,
à ouverture munie d’une dent pariétale, et l’autre plus petite,
édentée, ressemblant beaucoup à un Vertigo alpestris dépourvu
de dentition aperturale.
Parmi les exemplaires provenant de Giufplan, il s’en trouvait
des deux sortes; ceux de Bâle, récoltés à Punt Périf, étaient tous les
quatre de petits individus.
J’ai envoyé des photographies de la grande forme à M. ScHLESCH
à Copenhague. II a bien voulu se charger de demander l’avis de
M. Linpaozm,de Léningrad. Ces auteurs, ainsi que M. A. LUTHER,
d’Helsingfors, m'ont tous dit qu’il s'agissait très probablement d’un
Vertigo arctica unidenté, ou plus exactement bidenté, car un des
exemplaires montre également une dent columellaire distincte.
M. ScHLescx m'a fait remarquer l’analogie très grande qui existe
entre le Vertigo zschokker Büt. et le Vertigo hoppt Müller, du Groen-
land, figuré par Soos et ScHLescH (1924, p. 99, fig. 2 A) et PiLsBRY
(1922-1926, vol. 27, p. 216).
En comparant la grande forme de V. zschokkei avec les exem-
plaires de VW. arctica de Finlande et de Laponie, qu’a bien voulu
me procurer le D' A. LuTHER, je me suis également persuadé qu’il
s’agissait bien d’une même espèce à armature aperturale plus pau-
vre. Aucun caractère important ne permet de distinguer le V.
zschokkei Büt. et le V. eumicra Cless. du V. arctica Wallenb. Le
572 G. MERMOD
Fre. 9.
Vertigo zschokkei Büt. (grosse forme).
galbe, la striation et l'apparence du réseau épidermique examiné à
un fort grossissement, tous ces caractères sont presque identiques.
Les tailles sont très voisines, ainsi que le montre le tableau compara-
tif ci-dessous:
en en
millimètres! millimètres
Vertigo arctica de Laponie (Coll. CLEssIN) N°1 2,825
» » » No°2 2,250
» » » No 3 2:32
» » (Dr OAKLAND coll.) N°1 2232
» » » No 2 2,387
» de Finlande (Dr LuTaer coll.) N°1 2,015
» » » No2 2,077
» » » N°3 2170
Vertigo eumicra Engadine (Coll. CLEssin) N°1 2,23
Hauteur | Diamètre
» » No2 2:47
» » No3 2,32
Vertigo zschokkei Büt., Engadine (grosse forme)
No1
Le plus gros exemplaire serait donc le V. zschokker avec 2Mm,76
de hauteur, tandis que les V. arctica du Nord de l’Europe auraient
environ 2nM25 de hauteur moyenne.
Il ne m'a pas été possible d'étudier la radule de V. zschokkei de
la grosse forme; je ne puis donc dire si, par ce caractère également,
cette espèce se rapproche beaucoup de V. eumicra et de V. arctica.
Il reste maintenant à examiner ce qu'est la petite forme de Y.
NOTES MALACOLOGIQUES 073
zschokkei qui, d’après BÜTIKOFER, ressemble à un V. alpestris
édenté. L’analogie de forme est en effet frappante, le galbe est
presque identique. M. le Dr J. Favre a trouvé dans plusieurs
gisements quaternaires de craie tuffeuse du Bassin de Genève
une coquille qui correspond en tous points à celle de BÜTIKOFER ;
il l’a déterminée comme Vertigo parcedentata Braun. GEYER (1917,
p. 69, pl. 2, figs. 71-73) figure cette espèce sous le nom de Vertigo
alpestris parcedentata Br. La ressemblance est tout à fait frappante
et il me semble hors de doute qu'il s’agit bien du Vertigo parcedentata,
espèce inconnue jusqu’à présent à l’état vivant.
J’ai pu extraire la radule d’un des exemplaires du Musée de Bâle,
et l’ai comparée avec celles de V. alpestris d’une part et de V. arctica
d'autre part.
Voici ce que j’ai observé. La radule de V. parcedentata se distingue
immédiatement de celle de VW. alpestris. Par contre, celles de Y.
alpestris et de V. arctica sont presque identiques. La radule de
V. parcedentata a une hauteur surprenante de la pointe terminale
des cuspides chez les dents centrales et latérales. Ce caractère
n'existe pas chez les deux autres espèces où les cuspides sont
petites et difficiles à distinguer.
Voici les figures et les formules radulaires des trois espèces
mentionnées.
1
Vertigo arctica, Finlande: = + - — : — : — -
e)
Fig 10
Radule de V. arctica Wallb.
Die ee \ RAT RCE MR 1 2 À
. : SR EL EMAO0environ.
Vertigo alpestris, Fin ande +3+ + - + F5 + envi
1 WaALLENBERG (Malak-Blätter. 1858, p. 100, pl. 1, fig. 3e) ne parle pas et
ne figure pas la centrocuspide chez les latérales; ceci provient probablement
de ce qu’il ne disposait pas d’un objectif suffisamment puissant.
574 G. MERMOD
pu FD vu vs à
Fig it:
Radule de V. alpestris Ald.
SE RE |
Vertigo parcedentaia, Punt Périt — MEN 3 +3 ee . X 90 environ.
pe Mare
Fiçg. 12.
Radule de V. parcedentata Br.
Les dimensions sont les suivantes, exprimées en u:
Demi-largeur Largeur Largeur des | Largeur des |
de la de la 2 premières | 2 dernières ||
radule centrale latérales marginales
V. arctica/, 20 71 4,75 8,55 11,40
V; aipestris CURNe 61 3 8,9 1258
V. parcedentata. . 67 9,5 11,4
La hauteur de la pointe de la centrocuspide, chez la centrale, est
de 1,9 u environ dans V. parcedentata; pour les autres espèces, cette
hauteur est si faible qu'il ne m’a pas été possible de la mesurer
avec quelque exactitude. Pour toutes les formes mentionnées, les
plaques basales sont quadratiques chez les centrales et les latérales.
Je crois que le passage des latérales aux marginales a lieu au
moment où l’endocône et l’ectocône deviennent égaux. Dans la partie
supérieure des plaques basales, chez les centrales et les latérales, on
observe des sortes d’épaississements ou de gaufrages. Cette parti-
cularité se montre symétriquement chez la centrale et à l’extérieur
seulement chez les latérales. Il se confond parfois avec l’ectocône des
latérales. Afin de permettre la comparaison entre les radules du type
at oiaatndr ob A. Dé de 2m. dl. à
2 vit
NOTES MALACOLOGIQUES 575
arctica-alpestris et parcedentata, je donne les figures de ces deux
_ groupes. Elles ont été relevées en partie à la chambre claire, en partie
sur des microphotographies. Le galbe de la coquille a été calqué sur
Facr13.
Vertigo parcedentata Br. (zschokke: Büt. petite forme).
des agrandissements photographiques. Les lignes d’ombre n’ont
pas d’autre but que d'indiquer l’allure générale des stries d’accrois-
sement.
Sur les 5 individus de V. parcedentata du Parc national (Giuf-
plan et Punt Périf) examinés, un seul montre une petite dent
pariétale, toute autre armature aperturale fait défaut. Il me paraît
inutile de donner une description du V. parcedentata de l’Engadine,
car elle est pour ainsi dire identique à celle du V. alpestris; seule
J’armature aperturale et la radule diffèrent.
Voici les dimensions comparatives des 3 formes, en millimètres.
]
Hauteur | Hauteur
Hauteur [Diamètre | dernier ouver-
tour ture
Vertigo parcedentata, Engadine,
TR TE se vo. 1,95 1,14 1,14 0,62
DO SES on. 1,89 1,14 1 14 0,68
No 3 Dr FIM EN ERRETE 1,95 1,14 1,14 0,68
Vertigo alpestris, Finlande :
A EU ei TS 1,92 1,41 LT 0,65
PP D ER mans ER sn à 1,92 1,08 4,11 0,65
No"3 A RE ME UT AE 1,95 1,08 1,08 0,65
V. parcedentata, Nernier près
Genève foss. (J. Favre leg.)
No 1 ra nc 1.76 1 14 1,02 0,62
NES 1:29 1,08 0,96 0,58
Lee 1,82 1,08 0,99 0,62
No #4 4,79 1,08 1,02 0,65
576 G. MERMOD
BÜTIKOFER pense que son VW. zschokkei se rapproche surtout de
V. eumicra et de V. genesi. J’ai montré plus haut que la grosse
forme de ce Vertigo pouvait, en effet, être considérée comme iden-
tique à celle de CLESSIN; je crois, par contre, que l’analogie avec le
V. genesi doit être écartée, même pour la petite forme (V. parce-
dentata). D'autre part, ScaLescn (1919, I, p. 5, fig. b), empruntant
à CLessix les figures de V. genesti et de V. eumicra, pense que ces
deux Mollusques ne sont probablement que deux formes de la
même espèce. Cette opinion est compréhensible si lon s’en tient
à cette figuration. Elle ne peut plus se soutenir dès qu’on a sous les
yeux le type de V. eumicra de CLESSIN. Les dimensions sont com-
plètement différentes, ainsi que le galbe et la dentition.
M. le DT Favre a récolté dans le gisement tuffeux de Nernier,
près Genève, des coquilles de Vertigo genesi. M. LiNpHoLM, consulté
par M. ScHLEescx sur cette espèce, a affirmé qu'il s'agissait de son
Vertigo genesi var. geyert (1925, p. 241). À ma connaissance, la
radule de V. genesi n’a pas encore été figurée. [l m'est donc im-
possible de dire si, par ce caractère, elle se rapproche de V. parce-
dentata de lEngadine. La forme de la coquille est sensiblement
plus trapue chez genesi; l’ornementetion et la dentition diffèrent
également.
Des observations ci-dessus, je crois pouvoir tirer les conclusions
systémauiques suivantes:
Vertigo eumicra Bgt. — Pupilla sterri Voith aber. ou juv.
Vertigo eumicra Clessin = Vertigo arctica Wall. var. ou forma.
Vertigo zschokkei Büt. (forma major) — Vertigo arctica Wall.
var.
Vertigo zschokker Büt. (forma minor) — Vertigo parcedentata Br.
Vertigo parcedentata Braun. non var. V. alpestris Alder.
Ve: Var
NOTES MALACOLOGIQUES 077
III. Remarques sur Pupa alpicola Charpentier,
Pupa halleriana Charpentier, et Pupa cupa Jan.
Le professeur H. BLAnc de Lausanne a bien voulu me permettre
d'examiner et de photographier les types des deux premières de
ces espèces conservées dans la Collection CHARPENTIER.
Beaucoup de suppositions ont été faites au sujet de ces formes
et l’opinion des différents auteurs est loin d’être concordante. Je
pense donc qu'il n’est pas inutile de les décrire à nouveau et un
peu plus en détail.
Sous le nom de Pupa alpicola, il existe dans la collection CHAR-
PENTIER trois tubes différents. Le premier contient deux exem-
plaires accompagnés de l'inscription suivante: « P. alpicola Mihi.
Cat. PI. 2, fig. 5. Küsrer, Tab. 14, f. 3-5, n° 1. Mtg. de Giédroz,
vallée de Bagnes, legi 1819.» Comme l'inscription l'indique, ce
sont ces exemplaires qui ont servi à CHARPENTIER à dessiner les
figures de son Catalogue (1837). Il s’agit donc bien des types de
l'espèce.
Le second tube contient un seul exemplaire étiqueté « P. alpi-
cola ? VENETZ (père) 1851 Antagne ». À mon avis, il s’agit certaine-
ment d’un Pupilla sterrr Voith, espèce que CHARPENTIER ne con-
naissait probablement pas. Le point d'interrogation placé à la fin
du nom indique bien, cependant, que cet auteur n’était pas certain
de sa détermination et qu'il avait remarqué certains caractères
spéciaux qui ne concordaient pas avec ceux de son P. alpicola.
Le troisième tube contient une série de seize coquilles de Pupa
avec la mention « trouvé le 25 juillet 1845 par Moussox à l’Ermitage
de Saint-Maurice ». Tous ces exemplaires sont, sans aucun doute,
des Pupilla sterri Voith.
Les véritables Pupa alpicola sont donc exclusivement les deux
exemplaires qui proviennent du Mont Giédroz (Giétroz) près
Fionnay, vallée de Bagnes, Valais.
En comparant les figures de CHARPENTIER (1837, pl. 5, fig. 5)
avec les échantillons qui ont servi de modèle, on est obligé d’ad-
mettre que le hthographe n’a su rendre qu’imparfaitement non
seulement l’ornementation mais surtout le galbe qui est trop
Rev. Suisse DE Zoo. T. 33 1926. 42
578 G. MERMOD
trapu, le labre qui paraît trop tranchant et les tours séparés par
une suture trop profonde. En examinant, d’autre part, la figure de
Küsrer (1852, pl. 14, figs. 3-5) la dissemblance est encore plus
frappante. Je pense qu'il s’agit d'exemplaires de Pupa sterri qui
auraient été envoyés à KÜSTER par CHARPENTIER sous le nom de
Pupa alpicola. Ceci n’a rien que de très vraisemblable puisque
CHARPENTIER à, Comme nous l’avons vu plus haut, confondu les
deux espèces. JEFFREYS (1855, p. 28) signale le Pupa alpicola au
Mont Tendre (Jura vaudois) à environ 1600 m. d’altitude. Cette
détermination a vraisemblablement été faite par comparaison avec
les Pupa provenant de Saint-Maurice dans la collection CHARPEN-
TIER (donc les Pupa sterri), car le P. alpicola ne se trouve proba-
blement pas dans le Jura. A cette altitude, les endroits humides ou
marécageux sont exceptionnels dans cette région. Par contre,
j'ai trouvé à 1563 mètres aux Aiguilles de Baulmes (Jura vaudois
également), sur l’arête terminale, des Pupilla sterri, mais dans une
station, nettement xérophile.
PraAGerT :(1915,p. 473, pl 14740 20 49 Rep MS Re re
p. 244; 1925, p. 93) signale Pupilla alpicola soit au Jura soit au
Valais, en disant qu'il le considère comme synonyme de Pupilla
madida et qu'il habite les stations xérothermiques. Or, tous les
auteurs qui ont mentionné cette dernière espèce l’ont toujours
indiquée comme nettement hygrophile, vivant dans les endroits
très marécageux, ou sous des objets en partie immergés. C’est le cas
pour les types de GREDLER et pour les exemplaires du Parc national
trouvés par BÜTIKorFER. Je crois donc qu'il doit y avoir, de la part
de PIAGET, confusion entre le Pupa sterri et le Pupa alpicola, tout
au moins dans une partie de ses travaux. Cependant, la figure que
donne cet auteur (1913, pl. 14, fig. 20) de son Pupa alpicola var.
saxetana se rapproche sensiblement du type de CHARPENTIER,
beaucoup plus que la figure donnée comme type de l’espèce {.
Voici la figure et la description des échantillons types de CHAR-
PENTIER. Coquille cylindrique, obtuse au sommet, assez mince et
subtransparente, de couleur cornée. Spire composée de 6 tours peu
1 D’après une communication verbale de PraGer, il semblerait qu'il existe
au Valais des intermédiaires entre Pupa sterri, Pupa muscorum et alpicola.
J'espère pouvoir, au moyen de dissections et par l'étude microscopique de
l’épiderme, élucider cette question lorsque j’aurai pu me procurer du matériel
frais.
NOTES MALACOLOGIQUES 579
élevés, bien convexes, ornés de stries régulières mais peu accentuées,
présentant un relief à peine supérieur à celui de P. muscorum. Suture
bien marquée. Ouverture à peu près semicirculaire, régulièrement
arrondie et tronquée presque en ligne droite dans sa portion perié-
tale. Labre mince, un peu réfléchi. En arrière du labre, sur le dernier
tour, se remarque un sillon peu profond et un bourrelet de couleur
plus claire. Armature aperturale formée, chez un des deux indi-
vidus, par une petite dent pariétale, l’autre échantillon en est
dépourvu. Ombilic en fente, sans perforation. Entonnoir périom-
bihcal bien formé. Base du dernier tour non contractée. La taille,
en millimètres, est la suivante.
hauteur diamètre
No 1 3,10 1,70
No 2 2.82 1,61
L’angle que fait le plan de l’ouverture avec l’axe est d'environ 150.
Afin de comparer les formes de Pupilla muscorum et ses variétés
avec le P. alpicola, j'ai examiné les échantillons types de Pupa
Fic. 14.
Pupilla alpicola Charp. (type de Giétroz).
halleriana de CHARPENTIER es de Pupa muscorum var. pratensis de
la Collection CLessiNn. Enfin, j’ai vu également des topotypes de
Pupa madida récoltés par M. GEYERr à Salten et les échantillons
de la même espèce, provenant du Parc national (Engadine), signalés
per BüriKkorEr. Je pense que toutes ces formes ne sont que des
P. muscorum plus ou moins grands et trapus et à dentition aper-
turale variable. Il est presque impossible de faire une distinction
580 G. MERMOD
précise dans une série comprenant les formes ci-dessus mentionnées;
tous les termes de passages existent. L’ornementation est presque
identique. L’armature aperturale est essentiellement variable,
parfois nulle, parfois unidentée ou bidentée. Le seul caractère
réellement distinctif donné par CHARPENTIER (in. JEFFREYS) pour
son Pupa halleriana est la présence de fines granulations visibles
sur le test, à la loupe seulement. J’ai eu de la peine à comprendre
ce que CHARPENTIER voulait dire; ce n’est qu'après un examen
attentif que j'ai vu par transparence, plutôt à l’intérieur du
test qu’à l’extérieur, et dans la région aperturale surtout, une
quantité de petites granulations brillantes qui ont dû attirer l’at-
tention de CHARPENTIER. Ces formations se retrouvent dans la
plupart des coquilles de P. muscorum, sterri et triplicata. Elles ne
sont donc pas un caractère spécifique pour P. halleriana.
Dans la collection CHARPENTIER, les P. halleriana sont contenus
dans une boîte étiquetée intérieurement Pupa cupa Jan. et exté-
rieurement P. halleriana, ce qui semble bien montrer que l’auteur
n’était pas très persuadé de la valeur de son espèce. Une première
désignation spécifique avait été faite sous le nom de P. sidonensis
pour les exemplaires provenant de Sion et de Saxon.
Voici ur tableau comparatif des P. alpicola, halleriana, madida,
muscorum var. pratensis d’une part et de Pupulla sterri d'autre part.
P. musco- |
rum Var.
P. alpicola | P. halleria- | P. madida APE P. sterri
types na types | topotypes Coll. Salève
CLESSIN
Taille,
hauteur mm
diamètremm
Ornementa-
Lation
3,23-3 70 |
3,10-2,85 2,94 8,1
1,7 1,7 1,74-2,01
0
,70-1,61 1,74 The
de P. mus- | de P. mus- de P. mus- | de P. mus-
corum corum corum corum saillantes
Ombilic presque presque presque presque bien
fermé fermé fermé fermé | visible
Dentition . . | 0-1 dent 0-1 dent édentée 0-1 dent | 0-1 par.
pariét. pariét. pariét. +1 palat.
La valeur spécifique de P. alpicola, halleriana, madida et musco-
rum var. pratensis me semble donc très douteuse. Je pense que, sans
NOTES MALACOLOGIQUES 81
risquer de faire une grosse erreur, on peut mettre toutes ces appel-
lations en synonymie et les considérer comme une simple variété
de P. muscorum 1.
Cette forme n’est donc pas spécialement montagnarde:; elle se
rencontre dans des stations très humides: marécages, prés humides,
proximité des sources, voir même sous les objets immergés.
Il resterait à élucider la synonymie établie par BoETTGER
(1884, p. 48), de P. sterri Voith et P. cupa Jan; de nombreux au-
teurs l’admettent. Cependant, GEYER, dans sa faune de 1909, n’en
est pas persuadé. |
Voici les raisons pour lesquelles j'estime cette synonymie inexacte.
19 Dans la Collection MoricanD (Muséum de Genève) se trouve
un exemplaire de Pupa cupa provenant de JAN lui-même. Or, cette
coquille ne peut pas être confondue avec un Pupa sterri; son galbe,
son ornementation se rapprochent complètement du Pupa muscorum.
20 Dans la Collection CHARPENTIER, ainsi que je l’ai dit plus
haut, les exemplaires de Pupa halleriana sont étiquetés Pupa
cupa à l’intérieur de la boîte et P. halleriana à l'extérieur. Il me
semble logique d'admettre que CHARPENTIER et JAN, étant contem-
porains, ont eu l’occasion de faire des échanges et que, par consé-
quent, CHARPENTIER savait Ce que JAN entendait par Pupa cupa,
sinon il n’aurait pas confondu les P. sterri de l’Ermitage de Saint-
Maurice avec ses Pupa alpicola.
90 Dans la Collection BOURGUIGNAT, les deux espèces sont par-
faitement séparées. Les P. cupa proviennent du Valais et de Lom-
bardie et les P. sterri de Bavière; les premiers sont lisses ou striés
sur le mode P. muscorum, les autres sont ornés de fortes stries
épidermiques souvent anastomosées ; leur bouche, excentrique, est
munie d’un fort bourrelet nuqual: l’ombilic est plus largement
ouvert.
Si l’on accepte la distinction entre Pupilla sterri et Pupilla cupa
proposée plus haut, il faudrait donc admettre que le Pupa cupa fait
partie de la série des variétés de P. muscorum énumérées ci-dessus.
L Dans son beau travail sur L’anatomie et la systématique des Maillots,
STEENBERG (1925) a décrit les organes reproducteurs de P. cupa, de P, cupa
var. sterri et de P. madida. Les différences anatomiques sont en somme si
ténues qu’elle ne me semblent pas contredire les conclusions systématiques
indiquées ci-dessus.
G. MERMON
Nous aurions donc la synonymie suivante:
Pupilla muscorum var. cupa Jan.
Synonymes: Pupa alpicola Charp.
Pupa halleriana Charp.
_ Pupa madida Gredler.
Pupa muscorum var. pratensis Clessin.
us FRS D DS
PAPE 7) TES
AY Q
1899.
1925.
1926.
Qt
D
©
NOTES MALACOLOGIQUES
INDEX DES TRAVAUX CITÉS
. BOETTGER, O. und Simon, H. MNaturwissenschaftliche Streifzüge
in den Cottischen Alpen. Nachr. Blatt d. deutsch. mal. Gesell.,
Bd. 16.
. BOURGUIGNAT, J. R. Malacologie du Lac des Quatre-Cantons.
Paris.
. BÜTIKOFER, E. Die Molluskenfauna des schweizerischen National-
parks. Denkschr. d. schweiz. naturf. Gesell., Bd. 45, Abh. 1.
. CLESSIN, S. Æinige hochalpine Mollusken. Malakozool. Blätter,
Bd. 25.
— Molluskenfauna Oesterreich-Ungarns und der Schweiz. Nürn-
berg.
. CHARPENTIER (de). J. Catalogue des Mollusques terrestres et fluvia-
tiles de la Suisse. Nouveaux Mém. Soc. helvét. Sc. nat., vol. 1.
. GEYER, D. Unsere Land und Süsswasser Mollusken. 2. Auflage,
Stuttgart.
— Die Mollusken des schwäbischen Lôüsses in Vergangenheit und
Gegenwart. Jahresheft d. Ver. f. Vaterl. Naturk. Würtemberg.
Bu.
. JEFFREYS, Gw. J. Notes on Swiss Mollusca. Ann. Mag. of Nat.
Hist., (2) vol. 15.
. KÜsTER, H. C. Die Gattungen Pupa, Megaspira, Balea und Tor-
natellima. In: MarTiINt und CHEmnirz. Syst. Conchyliencab.
BÉTFEADE T5.
KoBEeLT, W. Jconographie der Land- und Süsswasser-Mollusken.
Bd. 15 (neue Folge, Bd. 8).
LinpHozM, W. A. Studien an palaearktischen Vertigo-Arten.
Archiv f. Molluskenkunde, Bd. 57.
— Zur Nomenklatur einiger palaärktischen Landschnecken.
Archiv f. Molluskenkunde, Bd. 58.
1920-1921. PrisBry, H. A. Manual of Conchology. Ser. 2, vol. 26,
Philadelphie.
584 G. MERMOD
4922-1926. — Manual of Conchology. Ser. 2, vol. 27. Philadelphie.
1913. PIAGET, J. Malacologie alpestre. Rev. suisse Zool., vol. 21.
1914. — Note sur les Mollusques des sommets jurassiens. Feuilles jeunes
Naturalistes, vol. 44, No 525-528.
1915. — Revision de quelques Mollusques glaciaires du Musée d'His-
toire naturelle de Berne. Mitteil. d. Naturf. Gesell. Bern, aus
dem Jahre 1914.
1925. — Malacologie valaisanne. Bull. Soc. Murithienne, Fasc. 32.
1919. Scazescx, H. Notes on arctic-alpine Mollusca. Hull Museum
Publications No. 116. Et dans Naturalist London, 1919. Jan. 1.
1917. Soos, L. Anatomie der ungarischen Pulmonaten. Ann. Hist.
nat. Musei nationalis Hungarici, vol. 15, 1re partie.
1924. Soos et ScHLescH. ÂNotes on some arctic Mollusca from Green-
land. Ann. Hist. nat. Musei nationalis Hungarici, vol. 21.
1915. WAGNER, À. Anatomie und Systematik des Stylommatophoren.
Denksch. d. kaiserl. Akad. d. Wissensch. math. naturw. Klasse.,
Wien. Bd. 91.
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE 585
Vol. 33, no 18. — Juillet 1926.
Note sur un Chalcidien
à développement polyembryonique
par
Ch. FERRIÈRE
Dr ès Sciences
Avec 9 figures dans le texte.
Dans certains endroits secs de l’Engadine, sur des pentes rocail-
leuses à terrain calcaire, poussent en abondance des Ombellifères,
des Laserpitium siler, dont les grandes ombelles convexes attirent
toutes sortes d'Hyménoptères, surtout des Ichneumonides. Cette
Ombellifère semble être en rapport étroit avec la nature du terrain,
car elle est très localisée. Pendant nos recherches de plusieurs étés
sur les Hyménoptères de la Basse-Engadine et du Pare National
Suisse, nous n’avons observé cette plante que dans deux endroits:
dans les pierriers qui se trouvent au nord du village de Scanfs et
sur de petites pentes rocailleuses au-dessus de Schuls.
Lorsqu'on examine ces Laserpitium, on est frappé par le nombre
de feuilles agglomérées, formant des sortes de fourreaux dans
lesquels se trouve une chenille de Microlépidoptère. C’est celle
d’une Gelechide, la Depressaria alpigenella Frey. Découverte en
1870 par PFAFFENZELLER, dans la Haute-Engadine, près de
Samaden, elle semble très abondante dans l’Engadine, partout où
pousse le Laserpitium siler. D'autre part, le D' MüLLER-RurTz l’a
encore trouvée près de Väbtis dans les Grisons et dans les montagnes
d’Appenzell, et le D' THomann l’a observée près de Malans, aussi
dans les Grisons. Cette espèce n’a donc été signalée jusqu'ici que
dans la Suisse orientale, mais FREY-GESSNER a cependant découvert
à l’autre bout de la Suisse, sur le Salève, près de Genève, une
variété plus petite et plus foncée, vivant aussi sur le Laserpitium
Siler.
Les chenilles de la Depressaria alpigenella sont très parasitées;
chaque fois que nous avons eu l’occasion de les examiner, nous
Rev. Suisse DE Zoo. T. 33. 1926. 43
586 C. FERRIÈRE
avons trouvé une forte proportion d’entr’elles mortes, desséchées,
au corps distendu, d’où sortirent quelques jours plus tard de nom-
breux petits parasites. PFAFFENZELLER disait déjà à propos de
cette Depressaria: «J'ai élevé cette espèce depuis de nombreuses
années, aussi souvent que je venais dans l’Engadine, mais n’obte-
nais toujours que peu de Papillons, presque toutes les chenilles.
étant chaque fois parasitées. » MüLLER-RuTz dit de même: « Elle
est très attaquée par les parasites, de sorte qu’une petite partie des.
chenilles seulement donne des Papillons. »
Ces petits parasites, que nous avons obtenus en grand nombre,
sont des Chalcidiens de la sous-famille des Encyrtides; malgré leur
extrême abondance, ils sont encore peu connus, et n’avaient, sauf
erreur, Jamais été déterminés. Ils rentrent dans le genre Litomastix
et sont des L. kriechbaumeri Mayr*.
Mayer (1875) a décrit son espèce d’après des individus obtenus
de Depressaria arenella. Elle ne semble pas avoir été mentionnée
depuis lors: mais, dans la «liste des éclosions d’Insectes observées
par GIRAUD», liste publiée par LABOULBÈNE (1877), on trouve deux
Encyrtus obtenus de «Tortrix sur Laserpitium». Le premier,
l'Encyrtus longicornis Dalm. est certainement mal déterminé, car
cette espèce rentre dans le genre Ericydnus Walker, dont les repré-
sentants sont parasites de Cochenilles. La deuxième espèce, Encyrtus
truncatellus Dalm. est un Litomastix; nous avons pu la retrouver
dans la collection GiRAuUD au Museum d’histoire naturelle de Paris,
où plusieurs individus étaient piqués à côté des corps desséchés de
chenilles portant une étiquette de la main de GirauUD: «Tortrix sur
Laserpitium, Kinthal, 28 juin ». Kienthal se trouve dans l’Oberland
bernois et les chenilles ont la forme caractéristique des chenilles
parasitées de Depressaria. Quant aux parasites, la détermination de
GirauD n’est pas tout à fait exacte: ce sont des Litomastix kriech-
baumer: Mayr comme les nôtres. D’autres individus de GIRAUD
obtenus de Plusia moneta sont bien, par contre, des L. truncatellus
Dalm.
1 Cette espèce est très voisine du L. hartmanni Mayr. La structure réticulée
du scutellum est en effet plus ou moins variable chez nos individus et prend
souvent un aspect plutôt allongé, surtout vers le milieu du scutellum. Mais
M. R. G. Mercer, à Madrid, le spécialiste bien connu des Encyrtides, auquel
nous avons soumis quelques exemplaires, les identifie nettement au L. kriech-
baumert, à cause du sillon longitudinal bien marqué à la base du scutellum.
Nous le remercions ici de l’amabilité avec laquelle il nous a répondu.
L «date Van A
M, 18. À
Ÿ
y
:
»
7.
+
“
«
£
CHALCIDIEN 587
Le Liütomastix kriechbaumeri est probablement répandu dans
toutes les régions alpines, où il parasite les chenilles de diverses
espèces de Depressaria. Comme cette espèce n’a jamais été figurée,
nous en donnons ici quelques dessins. Caractéristiques pour l’espèce
sont surtout la forme du premier article du funicule des antennes,
qui est un peu plus long que large, et la structure réticulée du
scutellum avec un sillon longitudinal à la base (fig. 1-2).
e
à
Fic. 14. — Litomastix kriechbaumeri Mayr. Femelle. (Gross. X 18).
F1G. 2. — Antenne du mâle. (Gross. X 18).
Le développement de notre espèce, comme celui de toutes les
espèces connues de Litomastix, se fait par polyembryonie. Depuis
les remarquables recherches de MARCHAL et de SILVESTRI, ce mode
de développement a été constaté chez diverses espèces de Chalci-
diens Encyrtides des genres Agentaspis, Copidosoma et Litomastix.
Nous n’avons pu, faute de temps, entreprendre de nouvelles
recherches embryologiques, mais nous avons disséqué plusieurs
chenilles de Depressaria et avons pu observer des chaînes embryon-
naires, contenant déjà des jeunes larves (fig. 3). Lorsque les larves
sont plus âgées, elles se rassemblent en paquet et se trouvent
alors amoncelées à l’arrière du corps de la chenille, près de la base
des tubes de Malpighi, ou bien, plus rarement, à l’avant du corps,
juste derrière la tête. Plusieurs chenilles contenaient même deux
paquats distincts de larves, l’un dans le thorax, l’autre vers le bout
de l’abdomen; ces larves provenaient probablement de deux pontes
différentes. Elles sont, à ce moment encore, tellement unies entr’elles,
588 C. FERRIÈRE
que l’on peut facilement, en en saisissant une, extraire le paquet
entier sans en perdre une seule. Quand elles ont atteint leur taille
définitive (fig. 4) les larves sont alors tout à fait libres dans le
corps de la chenille et se répandent de tous côtés lorsqu'on ouvre
celle-c1.
Les chenilles parasitées, encore vivantes, se reconnaissent à leur
taille un peu plus grande et plus épaisse que les chenilles normales;
elles sont aussi beaucoup moins agiles que les autres. Elles ne tardent
à S
J
Litomastix kriechbaumeri Mayr.
F1G. 3. — Chaîne de jeunes larves. (Gross. X 24).
F1G. 4. — Grande larve. ( » » }).
Fr1G. 5. — Chrysalide. PE » ).
pas, du reste, à être dévorées intérieurement et il n’en reste bientôt
que la peau distendue et desséchée, sous laquelle les larves parasites
se transiorment en chrysalide (fig. 5).
Chaque chrysalide est isolée dans une petite loge aux parois
minces et droites. Ces loges nymphales sont, ici, beaucoup plus
régulières que celles que l’on observe chez l’Ageniaspis fuscicollis
parasite des Hyponomeutes ou chez le Litomastix truncatellus para-
site des Plusta. Elles sont toutes placées longitudinalement au
corps de la chenille et plus ou moins parallèles entr’elles; leur
pourtour, au lieu d’être arrondi, est nettement anguleux et la che-
CHALCIDIEN 589
nille morte est moins déformée (fig. 6). En coupe longitudinale, on
peut voir que les parois de ces loges sont formées de lamelles très.
minces, faites probablement d’une sécrétion de la larve. La chrysa-
lide ne remplit pas la loge et est orientée avec la tête dirigée tantôt
vers l’avant tantôt vers l’arrière de la chenille (fig. 7).
A mesure que les chrysalides deviennent plus foncées, le corps
desséché de la chenille devient aussi de plus en plus noir, et l’on peut.
ainsi reconnaître l’éclosion prochaine des parasites. Ceux-ci éclosent
généralement tous le même jour; rarement quelques individus.
G 7
F16. 6. — Chenille desséchée de Depressaria remplie de cocons de Litomastix
(Gross. X 2,6).
Fic. 7.— Coupe longitudinale de chenille desséchée, avec chrysalides du
parasite. (Gross. X 4,6).
paraissent le lendemain. Provenant d’un même œuf et étant placés
dans les mêmes conditions de vie, ils doivent se développer avec la
même rapidité.
Quel est le nombre des individus qui sortent d’une seule chenille ?
Nous savons que chez l’Ageniaspis fuscicollis parasite d’Hypono-
meuta, ce nombre est d’une centaine, chez l’Ageniaspis fuscicollis
praysincola parasite de Prays oleellus d’une douzaine, chez le
Copidosoma buyssoni dans le Coleophora stefanii entre 40 et 120 et
chez le Litomastix truncatellus, dans Plusia, d’un millier. Chez notre
Lütomastix kriechbaumerti, le nombre des éclosions a varié entre
590 _ GC. FERRIÈRE
21 et 120, avec une moyenne de 66. Le plus grand nombre des éclo-
sions a cependant été entre 50 et 70, ce qui est sans doute la moyenne
des individus qui se développent d’un seul œuf. Nous avons vu, en
effet, que les chenilles contenaient parfois deux paquets de larves,
et l’on peut admettre que lorsqu'il sort plus de 70 individus d’une
chenille, ceux-c1 proviennent le plus souvent de deux œufs pondus
séparément.
Tous les individus d’une même éclosion ont toujours été du
même sexe. Mais 1l faut remarquer que nos éclosions n’ont toujours
donné que des femelles. Les mâles semblent être excessivement
rares, Car, bien que nous ayons élevé ce parasite pendant 4 étés,
nous n’en avons obtenu qu’une seule fois quelques individus d’un
fragment de chenille récolté en 1916. Toutes les autres éclosions
obtenues de 1916 à 1922 — nous avons examiné plus de 2000 indi-
vidus — étaient composées uniquement de femelles. Mayer et
RATZEBURG ont aussi signalé la rareté ou l’absence de mâles chez
quelques espèces de Litomastix et de Copidosoma. Par contre,
d’autres espèces produisent les deux sexes à peu près dans les mêmes
proportions. Les recherches de BuGNIoN, MARCHAL et SILVESTRI
ont conduit à admettre que chez les Encyrtides polyembryoniques,
comme chez d’autres Chalcidiens, les œufs non fécondés donnent
naissance à des mâles. LErB y (1922), qui a fait aux Etats-Unis une
étude intéressante sur le Copidosoma gelechiae How., a de même
observé dans ses élevages que les femelles parthénogénétiques n’ont
toujours que des descendants mâles, tandis que les femelles fécon-
dées produisent des femelles et plus rarement aussi des mâles.
Faut-il admettre que chez notre Litomastix les femelles peuvent
donner naissance à d’autres femelles par parthénogénèse ? Ou bien
les quelques mâles qui paraissent, suffisent-1ls pour trouver et
féconder chacun un grand nombre de femelles ?
L’époque de l’année ne semble pas non plus avoir d'influence
sur apparition des mâles. Nous avons, en effet, obtenu des éclo-
sions à divers moments de l’été avec les mêmes résultats. La
période d’éclosion du parasite s’étend sur plusieurs semaines et
semble être en rapport avec celle de son hôte. FREY indique que
l’éclosion de la Depressaria a lieu vers le commencement d’août;
MüLLER-RuTz dit que les Papillons volent depuis le mois d’août;
nous avons obtenu des Depressaria en 1920 les 25 et 26 Juillet.
Cependant, on trouve pendant tout l’été, dans les plantes de Laser-
CHALCIDIEN 591
pitium des chenilles vivantes ou parasitées, et nos éclosions de
parasites ont eu lieu aux époques suivantes.
Année Récolte chenilles Eclosion des
parasitées parasites
1916 le 11 août début de septembre
1919 le 6 août 17-23 août
1920 le 10 juillet 28 juillet-5 août
1922 le 27-28 juin début de juillet
La période d’éclosion, variable sans doute suivant les années,
s'étend ainsi du commencement de juillet au début de septembre.
En constatant l’extrême abondance de ces parasites et la longue
période pendant laquelle ils apparaissent, on est étonné que la
Depressaria puisse subsister, se maintenir d’année en année, et se
multiplier même en si grand nombre dans les endroits restreints
où pousse le Laserpitium siler. Il est probable que beaucoup d'œufs
du Papillon échappent à la recherche des Chalcidiens et que la plu-
part des parasites périssent sans avoir pu effectuer leur ponte.
Tout d’abord, les Encyrtides semblent être plus sensibles que
leurs hôtes aux intempéries, surtout aux retours de froid si fréquents
dans l’Engadine pendant l’été dès qu’il se met à pleuvoir. En 1925,
les premiers jours d’août avaient été pluvieux et très froids; il
avait neigé très bas sur les montagnes lorsque, le 3 août, je passai à
Schuls et allai récolter, malgré la pluie, quelques chenilles parasitées.
de Depressaria alpigenella. D'une douzaine de chenilles desséchées
trouvées alors, pas un seul parasite ne sortit, mais toutes les chry-
salides étaient mortes, tuées sans doute par le froid.
Le Litomastix est de plus attaqué lui-même par des hyperpara-
sites, 1l est vrai peu fréquents, mais qui peuvent jouer un rôle dans la
hmitation de sa multiplication. Nous en avons obtenu deux espèces
différentes.
Le principal est un Tetrastichus qu’il ne nous a pas été possible
d'identifier exactement à une espèce déjà connue. Il a cependant
déjà été mentionné par GirAuUD sous le nom de Tetrastichus encyrti
dans la liste publiée par LABOULBÈNE (1877), mais n’a, je crois,
jamais été décrit. Bien que le nombre d’espèces de Tetrastichus soit
déjà très grand, nous croyons que notre espèce est assez caractéris-
592 C. FERRIÈRE
tique pour mériter une description détaillée. Nous avons pu en
observer un assez grand nombre, mâles et femelles, sortis des loges.
nymphales du Litomastix. Plusieurs larves se trouvaient encore
dans des chenilles desséchées à côté des dépouilles vides des nym-
phes de Litomastix; dans d’autres loges, on pouvait trouver les.
chrysalides de lhyperparasite. Nous en donnons ici quelques dessins
(fig. 8 et 9) et une description de l’espèce.
Tetrastichus encyrti n. sp. (GiRAUD sine descr.). Fig. 8 et 9.
©. Tête petite, vertex étroit; antennes courtes, scape n’atteignant
Fic. 8. — Tetrastichus encyrti (Giraud). Femelle. (Gross. x 17).
F1G. 9. — Antenne du mâle. (Gross. x 22).
pas l’ocelle antérieur, pédicelle court, conique, un peu plus long
que large, les articles du flagelle un peu plus allongés, surtout le
premier qui est presque deux fois plus long que large, massue ovale.
plus courte que les deux articles précédents réunis. Sillon médian
du mésonotum et les sillons longitudinaux du scutellum bien
marqués. Segment médian court, lisse. Ailes grandes, larges,
dépassant au repos le bout de l’abdomen; nervure submarginale
avec deux ou trois cils au-dessus, nervure marginale jaune, stigma ,
légèrement élargi au bout. Abdomen allongé, plus long que la tétx
et le thorax réunis, pointu, comprimé et carêné au bout, la &ariè/e
un peu proéminente.
Couleur verdâtre, légèrement cuivrée sur le dos du thordx Gt la.
base de l'abdomen, plus bleuâtre sur la tête, les côtés du thorax
et l’abdomen; antennes brunes, tegulae foncés; pattes avec hanches
_d
CHALCIDIEN 593
et fémurs bleuâtres métalliques, tibias médians et postérieurs et
bout des tarses bruns, extrémités des fémurs, base et bout des
tibias, les tibias antérieurs tout entiers et les deux premiers articles
des tarses Jaune clair.
Longueur: 1mm,8 à 2mm,
g Antennes un peu plus longues ; pédicelle court, premier article du
flagelle un peu plus long que large, les suivants environ deux fois plus
longs que larges, massue mince, de trois articles, un peu plus courte
que les deux articles précédents réunis. Les quatre articles du flagelle
et le premier article de la massue sont munis d’un anneau de longs
cils rigides, plus longs que les articles qui les portent. Abdomen
court, ovale. Couleur plus bleuâtre ; à part cela semblable à la femelle.
Longueur: 1,mm7,
Cette espèce est très voisine et pourrait être identifiée au T'etras-
dichus vinulae (Ratz.) Thoms. D’après KurpJumov (1913), le
T. vinulae Thoms. diffère du T. vinulae Ratz. par la coloration
plus foncée des tibias postérieurs et par la forme plus allongée et
plus comprimée de l’abdomen; l’auteur russe identifie l’espèce de
RATZEBURG au T.rapo Walk. et donne à l’espèce de THomson le nom
de T. tibialis Kurd]. (nom. nov.). En nous basant sur le fait que la
description de THomsox est courte et incomplète et que la coloration
des pattes postérieures et la longueur de l’abdomen sont variables
chez les T. rapo, nous avions, dans une note précédente (1925),
repoussé les conclusions de KuRDJIUMov et mis 7. tibialis en syno-
nymie de T. rapo.
Nos parasites d’Encyrtides diffèrent nettement des T. rapo
Walk., non seulement par la coloration des tibias postérieurs dont
les extrémités seules sont claires, et par la forme plus allongée et
plus pointue de l’abdomen, mais aussi par la forme des antennes:
celles-ci ont, en particulier chez la 9, les articles du flagelle plus allon-
gés, surtout le premier, et chez le S'les cils plus longs et plus réguliè-
rement arrangés.
Bien que, suivant la table de détermination de KuRDJUMow, notre
espèce puisse être le T. tibialis Kurd]. (— vinulae Thoms), nous
préférons lui laisser le nom qui lui a été donné en premier lieu par
GirAUD, le nom tibialis n’ayant été accompagné d’aucune descrip-
tion et l'identité n’étant pas absolument certaine.
Notre espèce se rapproche aussi, par sa couleur bleuâtre, du
T. pospjelovi Kurdj., qui a été obtenu en Russie des nymphes
594 C. FERRIÈRE
d’Hyponomeuta malinella et d’Anthonomus pomorum. Elle en diffère:
cependant nettement par les rapports de longueur des articles des.
antennes et par la longueur des cils des antennes du mâle.
Elle est plus voisine encore, semble-t-il, du T. brevicornis Nees,
en particulier par la forme de l’abdomen de la 9, et par la présence
de longs cils réguliers sur les antennes du &. Elle s’en distingue
surtout par l’absence de taches jaunes sur les côtés du thorax et.
par la coloration plus foncée des pattes.
L'autre parasite de notre Litomastix est un Pteromalus, dont.
nous n’avons obtenu que deux exemplaires éclos en août 1919. Il ne
nous est pas possible de déterminer exactement cette espèce, dont.
nous n’avons qu’un mâle et une femelle; cependant nous croyons
qu'il s’agit de Pteromalus variabilis Ratz. ou d’une espèce très.
voisine. Les rapports de longueur des articles des antennes et des
nervures des ailes, ainsi que la forme pointue de l’abdomen de la
femelle sont semblables; mais la taille est plus petite et la coloration
de l’abdomen un peu plus claire.
A côté de ces hyperparasites, notre Litomastix a encore des super-
parasites, c’est-à-dire d’autres parasites de la Depressaria alpi-
genella, dont le premier surtout peut arriver à empêcher son
développement.
On trouve, en effet, contre la chenille de Depressaria, dans les.
paquets de feuilles, de petites larves blanches qui la sucent extérieu--
rement. Ce sont celles d’un ectoparasite, l’Eulophus pectinicornis L..
Lorsque ces larves sont grandes, elles abandonnent l’une après.
l’autre le corps vidé et mort de la chenille et vont, près de là, se
changer en chrysalides noires, toujours fixées par le dos contre:
une feuille. Nous avons élevé plusieurs de ces larves et avons fait.
de curieuses observations sur des éclosions retardées. Des larves,
récoltées le 6 août 1919 étaient toutes chrysalidées le 11 août,
collées par le dos contre les parois des tubes de verre. Entre le 12
et le 18 août, quelques éclosions se produisirent, puis plus rien ne
bougea; je croyais les autres chrysalides mortes, car elles passèrent.
l'hiver entier dans une chambre froide, lorsque plusieurs Eulophus
en sortirent les 11 et 12 mai 1920, soit 9 mois plus tard. Il est pro-
bable que, lorsqu'une chenille est à la fois sucée extérieurement
par les larves d’Eulophus et parasitée intérieurement par celles de
Litomastix, ces dernières finissent par périr avec leur hôte.
Près d’une autre chenille morte de Depressaria, je trouvai une
CHALCIDIEN 595
fois un petit cocon blanc, ovale, d’où sortit, le 15 août, une femelle
de Pezomachus instabilis Fôrst., Ichneumonide aptère. On sait
que cette espèce, comme d’autres Pezomachus, est généralement
parasite des larves de Microgasterides; il est donc probable que
nous avons affaire 1ci à un hyperparasite et que le cocon blanc
était celui d’un Microgaster solitaire parasite de la Depressaria.
Citons encore parmi les ennemis du Microlépidoptère un Ichneu-
monide parasite dans les chrysalides, le Phaeogenes planifrons
Wesm., que nous avons aussi obtenu en août. Cette espèce attaque
diverses Tortricides, mais, étant toujours parasite des chrysalides,
elle n’a aucun rapport biologique avec le développement des Lito-
mastix.
1875.
1878.
1891.
1904.
1907.
1908.
1910.
19135.
1914.
1922.
1925.
C. FERRIÈRE
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
. RATZEBURG, J. T. Die Ichneumonen der Forstinsekten. Berlin.
(Entedon vinulae, p. 169.)
70. PFAFFENZELLER, F. Veue Tineinen, Entomolog. Zeitung, Stettin,
Jahrg. 31, p. 320.
(Depressaria sileris Pfaff. — D. alpigena Frex.)
May, G. Die europäischen Encyrtiden. Verh. k. k. zool. bot. Ges.
Wien, Bd. 25, p. 632-778.
(Liütomastix kriechbaumeri, p. 734.)
. LABOULBÈNE, A. Liste des éclosions d'Insectes observées par le
Dr J. E. Giraud. Ann. Soc. Ent. France, 5M€ Série, tome 7,
p. 397-436.
THomson, C. G. Hymenoptera scandinaviae, tome 5. Lund.
(Tetrastichus vinulae, p. 290.)
BuGnion, Ed. Recherches sur le développement postembryonnaire,
l'anatomie et les mœurs de l’'Encyrtus fuscicollis. Recueil zool.
suisse, tome 5, p. 435-534.
MarcHAL, P. Recherches sur la biologie et le développement des
Hyménoptères parasites. I. La polyembryonie spécifique ou
germinogontie. Arch. Zool.exp.et gén., (Sér. 4) tome 2, p. 257-335.
SILVESTRI F. Contribuziont alla conoscenza biologica degli Ime-
nottert parassiti. I. Biologia del Litomastix truncatellus Dalm.
Boll. Labor. Zool. gen. e agr., Portici, Vol. 1, p. 17-64.
— II. Sviluppo dell Ageniaspis fuscicollis Dalm. Ibid., Vol. 3,
p. 29-53.
— Notizie preliminari sullo sviluppo del Copidosoma buyssont
Mayr. Monit. zool. ital., Anno 21, p. 296-298.
KurpJumov, N. Notes on Tetrastichini (Hym. Chalc.) Revue russe
d’Entomologie, Vol. 13, p. 243-256.
Vor8ropT, K.et Müzer-Rurz, J. Die Schmetterlinge der Schweiz.
Band 2, Bern.
(Depressaria alpigena, p. 461.)
LeiBy, R. W. The polyembryonic development of Copidosoma
gelechiae with notes on its biology. Journ. of Morphology,
Vol. 37, p. 195-250.
FERRIÈRE, Ch. et FAURE, J. C. Contribution à l'étude des Chalci-,
diens parasites de l A panteles glomeratus L. Ann. des Epiphy-
ties, Vol. 11, p. 221-234.
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE
Vol. 33, no 19. — Juillet 1926.
QT
©
1]
Nouvelles notes sur les Camponotus
par le
D' F. SANTSCHI
Avec 3 figures dans le texte.
Dans son important catalogue des Formicinae du Genera Insec-
torum, mon regretté collègue M. le Professeur C. EMERY a établi
sous la rubrique du sous-genre Myrmamblys Forel, six groupes de
Fourmis qui méritent une revision. Non seulement 1l y a diversité
plus ou moins importante entre ces groupes, mais certains pré-
sentent individuellement des éléments si disparates que des sec-
tions nouvelles s'imposent. On met volontiers dans le sous-genre
Myrmamblys Forel tout ce qui ne peut pas se classer facilement
ailleurs. Essayons d’en sortir des groupements plus naturels.
Nous détacherons d’abord de ces six groupes le troisième, sous le
nom de s.-g. Myrmotemnus Emery, puis le s.-g. WMyrmespera Sants.
qui correspond surtout au quatrième groupe, tandis que le sixième
donne surtout le s.-2. Myrmopelta Sants. et le s.-g. Myrmacrhaphe
n.-s.-g. Enfin, plusieurs espèces du cinquième groupe se rapportent
à des sous-genres déjà connus, ce que nous verrons en détail plus
Join.
Ainsi réduit aux groupes 1, 2 et à quelques éléments des 5me et 6me
groupes, le s.-g. Myrmamblys est bien plus homogène et se
rapproche beaucoup du s.-g. Myrmentoma (Forel) Emery emend.,
avec des formes de transition. Or, c’est surtout sur un caractère
céphalique, la tronquature plus ou moins accusée de la tête du soldat
ou de l’ouvrière major, que s’est basé EMERY pour séparer ces
deux coupes. De son côté, FoREL avait donné plus de valeur aux
caractères tirés du thorax. C’est sur ceux-e1 qu'il avait créé
le s.-0. Myrmentoma, auquel EmErY a joint les Camponotus du
groupe caryae (A. Fitsch), en dépit de leur dos thoracique continu
{au lieu d’avoir la forte échancrure métanotale des autres espèces),
et parce que de part et d’autre il a une grande analogie dans la
forme de la tête.
Dans la règle, ce sont les caractères les plus importants, soit les
plus phylogénétiquement anciens, qui devraient déterminer les
Rev. Suisse DE Zoo. T. 33. 1926. | 44
598 F. SANTSCHI
grandes coupes, afin qu’elles aient le plus possible un sens familial
naturel; il serait donc utile de rechercher lequel, du caractère
céphalique ou thoracique, mérite la priorité.
Bien qu'une solution définitive ne soit pas encore permise,
j'essaierai d'en indiquer quelques éléments. C’est, je pense, la rai-
son qui a engagé ÊMERY à se contenter de caractères pratiques,
facilitant la détermination de certaines de ses coupes, au lieu
de signes phylogéniques plus naturels, mais peut-être moins sail-
lants.
Je ne sais si la cause de la structure thoracique de certains
Camponotus a été définie. Pour ma part, je ne saurais l’envisager que
fort hypothétiquement, n’ayant porté que tardivement mon atten-
tion sur ce point. Comme cette structure, plus ou moins importante,
intéresse surtout le métanotum, dont elle indique une réduction,
on peut supposer qu'il y a corrélation avec l’adjonction de l’épinotum
au thorax, ce qui indiquerait une très ancienne prédisposition dont
la déterminante biologique nous échappe actuellement. Est-elle
due à des mœurs ancestrales de l’adulte ou à un phénomène onto-
logique évoluant pendant la nymphose ? Il n’y a guère actuellement
que le Camponotus (Myrmopytia) imitator Forel, dont l’étrangle-
ment thoracique, ou plutôt son exagération, puisse être attribué
à une cause appréciable, telle que le mimétisme. Or, comme on
retrouve cette disposition chez des genres appartenant à toutes les
sous-familles des Formicides, elle parle autant pour son ancienneté
que pour un fait de convergence. Cependant, certain Myrmamblys,
sens. ÊMERY, présentent plus de caractères thoraciques communs.
avec les sous-genres de Camponotus géographiquement voisins
qu'avec d’autres Myrmamblys de régions éloignées, ce qui indique,
pour ceux-là une plus grande parenté. D'autre part, comme ce
caractère s’étend sur les ouvrières de toutes les tailles, il devient plus
précieux pour la détermination des individus isolés que lorsque
la distinction ne peut être basée que sur une seule caste d’ouvrières.
Quant au caractère céphalique il est plus aisé d’en démontrer
la valeur. Il apparaît clairement comme un fait acquis par l’adapta-
tion plus ou moins réussie de la tête des grandes ouvrières à la
fonction de portier, adaptation qui acquiert la perfection chez
certains Colobopsis et chez les Hypercolobopsis. Lorsque la femelle
fondatrice mine son nid dans le bois, elle ne peut en clore l’entrée
que par des matériaux friables, faciles à enlever et elle doit com-
she
CAMPONOTUS 599
penser cette vulnérabilité par la présentation de sa tête. Celle-ci
tend alors à épouser le plus exactement possible la forme cylin-
drique du conduit. Comme, plus tard, ce sont les plus grandes
ouvrières, les plus fortes, qui se trouvent les plus aptes à la défense
du nid, c’est sur elles que se porte l’adaptation acquise par la reine.
Il résulte de cela que ce sont les petites ouvrières qui conservent le
plus fidèlement la figure ancestrale. Ainsi se comprend ce que j'ai
dit plus haut sur la parenté des espèces géographiquement voisines.
Cela montre que le caractère céphalique, apparaissant chez des
groupes divers tels, par exemple, qu'ils sont présentés dans la clas-
sification d’'EMERY, constitue seulement un phénomène de conver-
gence. L'examen détaillé de quelques espèces de son cinquième
groupe le prouve également. La tronquature de la tête a done une
moindre importance en systématique que la forme du thorax.
Camponotus (Myrmotrema) conjfluens (Forel) Emery (1920).
Syn. C. (Myrmamblys) confluens Forel (1913) Emery (1925).
Tous les caractères de sculpture, pilosité, bande glabre sur le
gastre, couleur, forme, font de cette espèce un vrai Myrmotrema;
la tête de la grande ouvrière est seule plus tronquée que ce n’est
le cas dans ce sous-genre. A la liste des variétés de cette espèce,
donnée dans le Genera Insectorum, il faut ajouter la var. trematogaster
Sants. (1915), Ann. Soc. Ent. France, LXXXIV, p. 26, qui a été
omise.
Camponotus (Myrmotrema) aequitas Santschi.
Syn. C. (Myrmamblys) aequitas Santschi (1920) Emery (1925).
C. (Myrmosphinctus) aequitas Santschi (1921).
Ce petit Camponotus doit aussi se classer dans le s.-2. Myrmotrema.
- Les fossettes, bien que peu profondes, sont nombreuses et bien visi-
bles. L’épistome rectangulaire n’a, comme chez les autres Myrmo-
trema, pas trace d'impression au bord antérieur. Les poils de l’épi-
notum et de l’écaille sont épais et tronqués comme dans l’espèce
précédente et les autres espèces du sous-genre. Seule l’échancrure
devant l’épinotum fait penser que C. aequitas a quelque affinité
avec le sous-genre voisin Myrmisolepis.
Les Camponotus (Myrmotrema) orthodoxus et haereticus Sants.
ont la tête presque aussi nettement tronquée que les deux
espèces ci-dessus, et les relient aux autres espèces du sous-genre.
600 F. SANTSCHI
Camponotus (Myrmoturba) agonius Sants. var. chapini Wheeler.
Syn. C. (Myrmamblys) chapini Wheeler (1922).
La tête de la grande ouvrière n’est nullement subtronquée devant,
au contraire. Son épistome est plus ou moins caréné, trapézoïdal
et pourvu d’un lobe transversal net quoique court. Cette forme est
très voisine de €. roubaudi Sants. et se rapproche de natalensis Sm.
Quant à la petite ouvrière, elle rappelle certainement celle de cer-
taines espèces du cinquième groupe d'EMERY.
Le Camponotus favorabilis, que j'ai classé dans le sous-genre
Myrmosaga Forel en raison de son épinotum en selle, est considéré
comme Myrmamblys par EMERY. Pourtant, la grande ouvrière
est encore inconnue et, en attendant qu’on la connaisse, je pense
bien faire en la laissant au sous-genre Myrmosaga (réuni au Mayria
dans le catalogue des Formicinae). Il en est de même du C. klugi
Emery.
Le Camponotus (Myrmamblys) lilianae Forel a une ouvrière
minor allongée, à thorax bas, la tête rétrécie derrière, l’épistome
caréné, à bord antérieur arrondi, l’écaille épaisse, ce qui indique une
relation de cette espèce avecle s.-2. Myrmoxygenys lequel, comme
on le verra plus loin, a de réelles affinités avec les autres sous-genres
airicains Myrmopsamma, Myrmespera et Paramyrmamblys.
Le Camponotus simus Em. a une tête aussi obtuse chez la petite
ouvrière que chez la grande, pas très différenciée, et l’épistome est
de part et d'autre trapézoïdal, sans impression au bord antérieur.
Il a même un léger lobe chez la femelle, ce qui rappelle le s.-g.
Myrmoturba. Du reste, la pilosité et l’épinotum élargi en font une
forme assez aberrante au milieu des autres espèces du cinquième
groupe.
On pourrait, du reste, multiplier les exemples d’ouvrière minor
de Myrmamblys, comme de Colobopsis, portant les caractères de
Camponotus d’autres sous-genres mais des mêmes régions. C’est
ainsi que les Colobopsis du groupe conicus ont un épinotum accuminé
comme chez les Myrmogonia, etc.
Il ressort de ces faits que le sous-genre Myrmamblys (Forel)
Emery emend., basé sur la troncature plus ou moins accusée de la
tête, est loin d’être une coupe naturelle et que sa revision est dési-
ae pan ee 2 de vds Agé ù
CAMPONOTUS 601
rable. C’est comme un essai de cette revision que doit être considéré
le présent travail, le matériel nécessaire pour une mise au point
définitive n’étant pas encore disponible. Il reste donc un certain
nombre de formes dont la classification demeure douteuse. On peut,
néanmoins, les placer provisoirement dans l’un des sous-genres
suivants.
\
S.-g. Myrmamblys (Forel) Santschi (emend.).
Je restreins ce sous-genre aux espèces qui se groupent autour du
C. reticulatus Roger et correspondent au premier groupe d'ÉMERY.
L’ouvrière major, ou soldat, a la tête obtusément tronquée.
L’épistome rectangulaire, plat ou assez plat, sans carène ni lobes, est
ordinairement impressionné vers le milieu du bord antérieur. Il
est, en outre, entièrement compris dans la troncature céphalique.
Il devient trapézoïdal chez la petite ouvrière et souvent caréné.
Le thorax a le dos continu ou interrompu. L’épinotum est souvent
ensellé, non marginé, sauf dans un petit groupe.
Cette ensellure rapproche beaucoup les Myrmamblys qui la pré-
sentent des Myrmosaga Forel; 1l y a peut-être là une indication à
suivre. Mais la plupart des Myrmamblys ont de nombreuses affinités
avec le sous-genre Myrmentoma sens. EMErY. Les espèces à dos
continu avec le groupe cariae,et celles dont l’épinotum est bordé
(deuxième groupe C. greent Fer.) avec les vrais Myrmentoma Forel.
S.-g. Myrmotemnus Emery.
Je rétablis ce sous-genre, qu'EMERY avait supprimé, en le réser-
vant au troisième groupe des Myrmamblys de cet auteur et dont le
C. moeschi For. est le type. Il diffère des autres groupes par sa
forte constriction thoracique, qui le rapproche du s.-g. Karavaievia
Em., mais s’en distingue par ses yeux placés très en arrière vers les
angles postérieurs de la tête. De ce fait, le C. hypoclinoides Wheeler,
ayant ses yeux au tiers postérieur, doit se classer dans le s.-g.
Karavaievia.
Camponotus (Myrmotemnus) nutans Mayr var. cleliae n. var.
5 Long.: 3Mm5, Roux testacé. Occiput, gastre moins sa face
basale, et une étroite bande sur le devant du deuxième segment, les
deux derniers articles du funicule, ainsi que le bord distal des articles
précédents, d’un noir brunâtre. Les yeux sont placés près des angles
602 F. SANTSCHI
postérieurs de la tête. Vu de profil, le stomate métanotal fait saillie
dans l’échancrure thoracique et le stomate de l’épinotum au milieu
de la face déclive de ce segment. Pour le reste, comme la description
de C. mutans Mayr que je ne connais pas. Le C. moeschi v. lygaea
Viehm. est plus foncé et paraît s’en approcher.
N. E. de Sumatra: Labuan Bilik (D' K. SurBEcx leg.) 1 &.
Camponotus (Myrmotemnus) reichenspergeri n. sp. Fig. 1 a, b.
5 Long.: 4mm8, Noire. Bord des mandibules, condyle du scape,
Luisante. Lisse avec une très fine striure chagrinée, transversale
Fig: 1:
Camponotus (Myrmotemnus)
reichenspergerti n. Sp.
= profil du corps.
b = tête vue de face.
bout du dernier article du funicule et petits tarses roussâtres.
sur le devant du pronotum et le dessus du gastre, concentrique
autour de la bosse épinotale. Pilosité dressée, longue et assez abon-
dante partout, mais plus courte sur les appendices. La pubescence
semble manquer. $
Tête environ un sixième plus longue que large, un peu plus
étroite devant, avec les côtés et le bord postérieur très peu convexe.
Les yeux occupent le quart postérieur des côtés de la tête. Crêtes
frontales droites, peu divergentes et plus courtes que leur intervalle.
Sillon frontal effacé. Aire frontale losangique, transversale. Epistome
convexe, à peine caréné. Mandibules assez étroites, de 4 dents.
Le scape dépasse de plus d’un tiers le bord postérieur de la tête.
Thorax fortement étranglé. Pronotum plus large que long, dessinant
sur le profil, avec le mésonotum, une convexité régulière mais un
peu déprimée sur le sommet. Face basale de l’épinotum convexe,
CAMPONOTUS 603
plus courte que la déclive qui est concave sur le profil et à laquelle
elle passe par un angle très arrondi. Ecaille assez mince, plane der-
rière, le devant un peu convexe vers le sommet, qui est coupé en
biseau et légèrement échancré. Tibias cylindriques. Palpes courts.
Sumatra (Dr A. REICHENSPERGER leg.), 1 ©.
S.-g. Myrmopelta Sants.
J’ai établi ce sous-genre en 1921, mais EmErYy en a fait le prin-
cipal noyau de son sixième groupe, sous le nom de groupe vividus.
Je l’a1 rétabli dans une note qui a paru dans les Annales de la Société
entomologique de France, avec une analyse des espèces, dont
voici la liste: C. arminius Forel (et var. biconstrictus For.), kollbrun-
nert For., barbarossa For. (var. sulcatinasis Sants. micipsa Wheel.),
chrysurus Gerst. (st. apelis For., st. acutisquamis Mayr. var. dotalis
Sants., var. securifer Em., var. yvonnae For.), vividus Sm. (var. cato
For., var. meinerti For., var. reginae For., var. semidepilis Wheel.)
S.-g. Myrmespera Sants. Rev. Zool. Afr. Tome 13, fas 3-4 1925
(1926).
Cette coupe correspond au quatrième groupe, dit emarginatus,
d'EmEery, dont les quelques espèces avaient été rapportées au
s.-g. Myrmophyma For. par G. ArRNoLD (1922). Elle forme un s.-g.
très apparenté aux s.-g. Myrmopsamma Forel et Myrmoxygenys
Emery. Tous trois sud-africains, caractérisés par leur épitosme
convexe à bord antérieur arqué, leurs mandibules à bord terminal
très oblique chez les ouvrières minor et à dent apicale allongée
chez l’ouvrière major. Leur couleur est ordinairement jaune plus
ou moins roussâtre, variée de brunâtre. Le s.-g. Myrmespera diffère
de Myrmopsamma par l’absence de moustache ou frange de poils
au travers de l’épistome, et de Myrmoxygenys par ses palpes
maxillaires beaucoup moins développés, la taille moins grande et
plus variable, le bord cervical moins rétréci. En outre, quelques
formes de Myrmespera ont un lobe étroit plus ou moins denticulé
au milieu du bord arrondi de l’épistome {C. nasutus Em. et ses
variétés). Celui-e1 est d’ailleurs convexe, peu ou pas caréné et ses
angles antérieurs atteignent ceux de la tête. Donc tout à fait
différent de Myrmamblys For. En voici la liste des espèces:
1 Tome 95, 1926, p. 16-23.
Le CR
604 F. SANTSCHI
C. belligerum Sants. (subgenotype debellator Sants., havilandi
Arnold, crepusculi Arnold, cuneiscapus For, reever Arnold, trifas-
ciatus Sants., emarginatus Emery, nasutus Em. (var. pretiosus
Arnold, var. quinquedentatus For. var. subnasutus Arnold).
La forme des mandibules de ce sous-genre fait supposer des
mœurs plus ou moins parasitiques, et la couleur, une vie nocturne
ou crépusculaire, d’où son nom.
S.-g. Paramyrmamblys n.s.g.
Diffère du sous-genre Myrmamblys par l’épistome de la grande
ouvrière ordinairement trapézoïdal ou convexe, ou plus ou moins
caréné, avec le bord antérieur arqué et rarement impressionné.
Le thorax est comprimé derrière et son profil est continu, arqué
ou droit, mais sans ensellure épinotale. La face déclive de l’épino-
tum est abrupte.
Subgenotype: Camponotus ostiarius Forel.
Ce sous-genre comprend, en outre, les Camponotus bertolonit Em.,
brookei For, limbiventris, orinobates, orites, orinodromus Sants.,
relhiquat du 5€ groupe des Myrmamblys sens. EMERY,auquel on peut
ajouter les C. lilianae For., simus Em., un peu aberrants, et le C.
ferrerei For. du 6Me groupe.
Ce sous-genre paraît dériver de la même souche africaine que les
s.-0. Myrmespera Sants., Myrmopsamma For. et Myrmoxygenys Em.;
mais, tandis que ces trois derniers ont peut-être trouvé, dans leurs
mandibules fortement armées et leur robustesse, leur moyen de
défense, les Paramyrmamblys l'ont acquis par adaptation à la
fonction de portier de leurs grandes ouvrières. Le C. ({ Myrmespera)
crepusculi Arn. rapproche ces deux derniers sous-genres.
Camponotus ( Paramyrmamblys) ferrerei Forel st. cavisquamis n.st.
? Long.:9 à 10mMm, Jaune roussâtre. Mandibules plusrougeâtres,
pattes plus claires. Abdomen brunâtre. Assez luisante et lisse, avec
quelques points épars et des points-fossettes plus ou moins effacés
sur l’épistome et les joues. Pilosité dressée assez courte, assez abon-
dante sur le devant de la tête et le gastre, plus rare sur le thorax,
manquant sur les pattes qui n’ont qu'une fine pubescence. La tête
est rectangulaire, 1 /5 à 1 /4 plus longue que large derrière les yeux ;
les côtés presque parallèles en avant de ceux-ci. Le bord postérieur
droit que le scape dépasse à peine d’une demi fois son épaisseur.
APN NÉE Er ny er ART D;
Ep ee à re gun
CAMPONOTUS 605
Epistome assez caréné, sans impression vers le bord antérieur arqué.
L’écaille a le bord supérieur droit et tranchant et sa face postérieure
légèrement concave et bordée. Du reste, comme chez akka For.
Afrique Orientale anglaise: Voir (ALLAUD et JEANNEL). 1 9.
Camponotus (Paramyrmamblys) robertae n. sp.
© Long.: 10mm,5, Voisin de C. ferrerei For. D’un brun rougeâtre
terne, le gastre un peu plus foncé, avec le bord de ses segments
vaguement éclaire. Devant de la tête, côtés du thorax, une faible
bande sur le dos, les pattes et les funicules plus roussâtres. Lisse
et luisante. Quelques points sur les joues. Pilosité dressée rous-
sâtre, très courte et assez abondante sur le devant de la tête, un
peu plus longue et plus rare que chez ferrerei sur le reste du corps,
absente sur les membres qui n’ont qu’une courte pubescence.
Tête faiblement subtronquée, de 1 /5 à 1 /4 plus longue que large,
les côtés presque rectilignes convergent faiblement en avant. Le
bord postérieur droit, avec ses angles brièvement arrondis. Les yeux,
ovales, occupent un peu plus du troisième quart des côtés de la tête.
Arêtes frontales aussi écartées que leur distance aux côtés de la
tête et plus longues que cet écartement. Sillon frontal faible et un
peu plus long que les arêtes. Aire frontale très large et courte.
Partie médiane de l’épistome subrectangulaire, à peine plus large
devant que derrière, convexe et non caréné, les côtés un peu arqués
ainsi que le bord antérieur sans impression, les portions latérales
petites. Mandibules lisses, avec des points épars, luisantes, armées
de 6 dents, leur bord externe convexe. Le scape dépasse de trois fois
son épaisseur le bord postérieur de la tête. Thorax un peu plus
étroit que celle-ci. Pronotum moins abrupt devant que chez C.
ferrerei. Face basale de l’épinotum plus longue (comme les 2 /3 de la
déclive, avec laquelle elle fait un angle arrondi), le dessus peu con-
vexe, sans enfoncement devant. Ecaille conique sur le profil, plus
épaisse au sommet que chez ferrerei, avec le bord plus mousse et
arrondi. Gastre long. Tibias subcylindriques et sans piquants. Ailes
jaunâtres, à nervures et tâche jaune-brunâtre. La supérieure longue
de 9mm,
Diffère de C. ferrerei par sa sculpture, sa taille et son épinotum,
des races akka For.et cavisquamis Sants. par son épistome moins
nettement caréné.
Côte d'Ivoire: Dimbroko (Le MouLr) ©.
606 F. SANTSCHI
Camponotus (Paramyrmamblys) vulpus n. sp., fig. 2. A.B.
5 Long.: 4mm 8 à 5mm, D'un brun rougeâtre clair. Epistome, aire
frontale, devant de l’aire centrale, dessus du thorax, écaille, bord
postérieur des segments du gastre et appendices Jaune-roussâtre.
Tarses et une bande longeant le milieu du pronotum d’un roux un
peu brunâtre. Submate. Densement et très finement réticulée, le
LE LES +
A et B. — Camponotus ( Paramyrmamblys) vulpus n. sp. ÿ
Cet D. — » » )» limbiventris Sants. $
E. — » » » ostiarius Forel $
gastre très finement strié en travers. Pilosité dressée courte, clairse-
mée, plus rare sur le thorax, absente sur les appendices.
Tête d’un bon quart plus longue que large, obtusément tronquée
devant. Les côtés subparallèles presque droits et le bord posté-
rieur assez convexe. Les yeux occupent plus du troisième quart
des côtés. Arêtes frontales sigmoïdales, divergentes, atteignant le
niveau du milieu des yeux. Sillon frontal faiblement indiqué.
CAMPONOTUS | 607
Epistome trapézoïdal, avec une carène qui se bifurque dans son
cinquième postérieur autour d’une encoche triangulaire pour l’aire
frontale; le bord antérieur arqué. Mandibules finement réticulées,
avec des points pilifères, armées de 5 dents subégales, leur bord
externe, un peu concave dans le tiers moyen, devient un peu convexe
vers le bout. Palpes maxillaires assez longs, mais n’atteignant pas
l'articulation cervicale. Le scape dépasse d’environ un tiers le bord
postérieur de la tête. Thorax un peu plus étroit que celle-ci, pro-
gressivement comprimé d'avant en arrière. Son profil, faiblement
convexe du col à l’angle épinotal, fait une très légère saillie au
mésonotum. La face déclive fait un angle ouvert avec la basale,
dont le sommet s’arrondit. Le pronotum, nullement bordé, est de
un sixième plus long que large. Suture mésoépinotale distincte.
Sommet de l’écaille arqué et tranchant. Tibias subcylindriques,
sans piquants.
Congo belge: Mogendé (Dr H. ScHouTEDEN, 14 IV 1921) 1 Ÿ
«type au Musée du Congo belge à Tervuren ».
Se rapproche des C. ferrerei et ostiarius For. par sa tête allongée,
mais le profil thoracique rappelle plutôt le C. orinobates Sants.
Chez limbiventris Sants. (fig. 2 C, D) la tête est bien plus large et
le thorax plus arqué, moins cependant vers l’épinotum que chez
ostiarius For. de même taille (fig. 2 E). Cette dernière espèce a
certaines affinités avec le sous-genre Myramacrhaphe ci-après,
par exemple le thorax et les palpes maxillaires qui sont assez longs
bien que moins longs que chez ce nouveau sous-genre. La suture
mésoépinotale et la couleur l’en distinguent d’ailleurs suffisamment.
Camponotus (Myrmamblys ?) isabellae Forel.
Indochine: Saïgon (FOuQUuET) 2 ©.
La ponctuation du front paraît moins prononcée que ne l’indique
la description de ForeL. Les côtés du thorax paraissent aussi plus
sculptés et submats, du reste comme le type, lequel est de Ceylan.
La forme de l’épistome de cette espèce la rapprocherait plutôt
du sous-genre Paramyrmamblys. L’S est inconnue.
S.-g. Myrmacrhaphe n. subg. 1.
Le type de ce nouveau sous-genre est le Camponotus conradti
Forel, classé par EmErY dans son sixième groupe des Myrmam-
1 Contraction de uvoun£. uaxpo, et aën.
». RE TT Re PRET D Te Ne gt éd
Al | RON ER LE ON ES TRES EN SEE PER
3 jé.
LR nm
608 F. SANTSCHI
blys. Cette espèce, ainsi que celles dont suivent les descriptions,
présentent des caractères particuliers qui en font une coupe bien
définie quoique voisine des s.-g. Myrmotrema For. et Paramyr-
mamblys.
Ouvrières major et minor tranchées sans intermédiaires.
La petite ouvrière a le tégument en général noir, en grande partie
réticulé, avec une pilosité variable. La tête est plus longue que large,
plus ou moins rétrécie devant, avec les côtés droits et les yeux
moyens dans le tiers postérieur. L’épistome convexe est très
peu caréné, ses angles antérieurs atteignent ceux de la tête, les
postérieurs très rapprochés. Le scape dépasse beaucoup le bord pos-
térieur de la tête. Les palpes maxillaires sont trè, longs, leur dernier
article plus long que le dernier de l’antenne. Pronotum fortement.
déprimé et plus ou moins bordé. Epinotum, au contraire, très com-
primé. La suture promésonotale bien marquée, la suture mésoépino-
tale effacée dessus et de côté, parfois un peu indiquée au-dessus
du stomate, mais n’atteignant pas la face dorsale.
La grande ouvrière a la tête plutôt moins étroite devant. Epis-
tome comme chez Myrmotrema, mais sans fossettes. Le profil du
thorax forme une courbe plus ou moins régulière, mais nullement
interrompue au niveau de la suture mésoépinotale du reste effacée
comme chez l’ouvrière minor. Le scape est plus court et ne dépasse
pas le bord postérieur de la tête. Pour le reste, comme chez l’ou-
vrière minor, mais plus robuste.
La femelle a tantôt la tête et surtout l’épistome du type soldat
(C'. furvus Sants.), tantôt du type de l’ouvrière minor (C. gabonensis
Sants.).
Seule l’ouvrière minor est connue chez toutes les espèces, peut-
être parce qu’il s’agit d’un groupe floricole et que les petites ouvrières
ont été recueillies isolément sur les végétaux, tandis que les grandes
ouvrières restent au nid pour sa défense. C’est, du reste, dans celui-ci
qu'ont été trouvés les seuls soldats connus du sous-genre. (C. furvus
Sants. et conradti For.) I faut toutefois excepter le C. berthoudi For.
dont seul le soldat est décrit. Ce dernier, ainsi que le C. bayeri For.,
qui ne me sont pas connus, me paraissent devoir appartenir à ce
sous-genre.
Camponotus (Myrmacrhaphe) florius n. sp.
: Long.:5mm,5 à Gmm, Bord terminal des mandibules, condyle du
RS PR TP RO PR en te 2e 7 A ME D A Qe à et ten LU AE Pr
N/A AS: - mt, LIT, % Pete : : a PME AC E
ht 4e : Fi A 72
LR
CAMPONOTUS 609
scape, peignes des tibias ferrugineux. Pattes d’un brun plus ou
moins foncé. Mate ou submate. Dessous de la tête, faces occipitale
et déclive de l’épinotum, hanches et côtés du gastre assez luisants
et moins sculptés que le reste qui est réticulé ponctué; les côtés du
thorax plutôt obliquement réticulés. A part quelques poils bordant
l’épistome, la pilosité dressée fait complètement défaut. Une
pubescence grisâtre rare sur le corps sauf sur l’épistome, les
angles postérieurs de la tête et les bas côtés du thorax, où elle est
plus dense. La pubescence des appendices est beaucoup plus fine.
Tête un peu plus rétrécie devant que chez burgeont et moins que
chez gabonensis mais un peu plus courte. Crêtes frontales plus courtes
et aire frontale plus large que chez cette espèce, du reste voisine.
La carène de l’épistome est plus apparente, le scape un peu plus com-
primé dépasse d’environ la moitié de sa longueur le bord postérieur
de la tête. Le thorax a le même profil que chez burgeoni, avec un
épinotum un peu moins fortement comprimé. Pour le reste, comme
chez cette espèce, dont florius diffère à première vue par l’absence
de pelisse jaune grisâtre uniformément répandue partout.
Congo français: Madingu (A. Weiss) 1 &.
Camponotus (Myrmacrhaphe) burgeoni n. sp. Fig. 3 à, b.
5 Long.:6mm5, Noire. Condyle du scape, bout du dernier article
des antennes et derniers tarses brun-ferrugineux. Submate et
réticulée ponctuée, le thorax moins finement que la tête et surtout
que le gastre. Les côtés de celle-là assez luisants. Une pubescence
grise, longue et couchée, couvre d’un duvet assez uniforme
tout l’Insecte sauf les appendices. Elle est dense, sans cepen-
dant cacher la sculpture. Longitudinalement disposée sur la tête
et le gastre, elle prend une direction rayonnante à partir du milieu
de la suture promésonotale. Quelques soies blanches sur l’écaille
et la face déclive de l’épinotum, absentes ailleurs.
Tête comme chez conradti For., mais un peu plus étroite et les
crêtes frontales plus rapprochées. Le vertex est un peu plus convexe
sur le profil, l’épistome un peu plus court et légèrement plus con-
vexe; son bord antérieur forme un lobe arrondi. Mandibules plutôt
étroites, chagrinées, avec des points épars, armées de 6 dents.
Le scape dépasse le bord postérieur de la tête d’environ la moitié
de leur longueur. Les articles du funicule tous plus longs que chez
C. foraminosus For. Palpes maxillaires très allongés. Thorax un
610 F. SANTSCHI
quart plus long que la tête, faiblement convexe et légèrement
interrompu sur le profil, au niveau de la suture promésonotale. Sa
L'EG:. de
a et b. — Campotonus M MR on ss burgeoni n. sp.
cet. » » » conradti n. For.
e et f: — » )» » » longipalpis n. sp.
get h.— » ) » » fulvus Sants.
RE et SPL » » » » gabonensis n. Sp.
Le pointillé au-dessus de d indique le contour du bord occipital vu d’un
peu en arrière. Toutes les figures se rapportent à P$ minor.
|
|
CAMPONOTUS GI1
face déclive abrupte fait presque un angle droit avec le profil
dorsal. Le pronotum très déprimé, faiblement convexe devant,
un quart plus large que long, ses côtés assez régulièrement arrondis
et plus nettement bordés que chez C. foraminosus For. L’épinotum
est fortement comprimé, sa face basale réduite à une simple crête
mousse, dont le profil est presque droit, tandis que celui du méso-
notum est légèrement plus convexe. La face déclive de l’épinotum
est un tiers plus longue que la basale à laquelle elle passe par
un angle arrondi. Ecaille plane derrière, coupée en biseau arrondi
devant et à sommet mousse. Les pattes n’ont qu’une faible pubes-
cence, les tibias un peu comprimés: les scapes plutôt cylindriques.
Haut Uele; Moto (L. BurGEoN 1920) 1 Ÿ type au musée du Congo,
Kasai; Neombe, 2 5 Kamalembi, Luebo et 1 ÿ (Dr. SCHOUTEDEN).
Camponotus (Myrmacrhaphe) gabonensis n. sp. Fig. 5, 1, J.
5 Long.: 7mm, Noire. Bord terminal des mandibules, condyle
du scape, articulations distales des hanches et des trochanters
ferrugineux. Densément ponctuée comme chez C. conradti, mais
plus mate. Pilosité dressée jaunâtre plus abondante que chez
conradti, tandis qu’au contraire la pubescence est plus courte et
plus rare sur la tête et le thorax et plus abondante et dorée sur le
gastre. Les fémurs ont une rangée de poils espacés, comme chez
conradti. La tête est beaucoup plus nettement trapézoïdale que chez
cette dernière espèce, et moins large que chez longipalpis. Les yeux
un peu plus en arrière, les arêtes frontales plus espacées. Une
ébauche de carène sur l’épistome dont le bord antérieur est plus
échancré latéralement. Mandibules de 6 dents assez régulières et
pointues. Scape déprimé comme chez conradti, dépassant de plus de
la moitié le bord occipital. Les articles du funicule sont un peu plus
courts que chez conradti. Thorax moins élevé, avec le profil du dos
comme chez cette dernière espèce, mais la face déclive de l’épinotum
est moins abrupte. L’écaille est moins épaisse et plus accuminée
au sommet. Pour le reste comme chez conradti.
® Long.: 10mm, Couleur, pilosité et sculpture comme chez la 5.
La pubescence jaune dorée est cependant plus dense sur le devant
du pronotum et la métapleure. Tête de même forme, mais plus
robuste. Le scape la dépasse d’un tiers. La carène de l’épistome
est moins nettement ébauchée, le bord antérieur aussi développé
que chez l’5. (chez C. furvus © l’épistome est comme chez la grande ÿ,
612 F. SANTSCHI
donc moins avancé). Le thorax est élevé, robuste, le pronotum non
dépassé par le mésonotum. Epinotum élevé, sa face basale courte,
passant par une forte courbe à la déclive, qui est oblique. Ecaille
un peu plus épaisse. Pas de rangée de frange sur les fémurs des deux
exemplaires étudiés. |
Gabon: Sam Kita (F. FAURE), 1 Ÿ type, Congo français: Brazza-
ville, (A. Weiss) 2 Q®., ces dernières capturées à part ne sont pas
d'identification certaine.
Camponotus (Myrmacrhaphe) conradti For. var. fimbriatipes
Sants. |
Cette forme n’est pas identique au type, comme l’indique le
Catalogue du Genera Insectorum; elle a la pubescence du gastre
jaunâtre (blanche chez le type) et la tête plus étroite devant,
presque comme chez C. gabonensis Sants.
Camponotus (Myrmacrhaphe) longipalpis n. sp. Fig. 3 e, f.
5 Long.: 6mm4. Noire. Condyle du scape, bout du dernier .
article du funicule et labre roussâtres. Une partie des palpes, les
articulations coxofémorales et les derniers tarses brun-roussâtre.
Dessus de la tête et thorax finement et densement ponctués,
réticulés et mats, plus finement sculptés que conradti, avec quelques
points sur le clypéus. Dessous de la tête, bords supérieurs du thorax,
appendices, écaille et gastre lisses ou finement chagrinés et luisants.
Pubescence plus ou moins clairsemée, rare sur le gastre. Pilosité
dressée fine, blanchâtre, disposée comme chez C. conradti For.,
mais plus courte et moins fournie. Les cuisses n’ont que de rares
poils dressés.
Tête trapézoïdale, aussi large que chez conradti; mais distincte-
ment plus courte, avec les côtés rectilignes et plus convergents.
Le vertex plus convexe. L’épistome est trapézoïdal, ses angles
antérieurs atteignent ceux de la tête, dépassant nettement la fossette
clypéale qui est plus enfoncée que chez conradti, la carène est à
peine indiquée. Mandibules finement réticulées, avec de nombreux
points, mate, de 5 dents. Les palpes maxillaires atteignent le
cou. Le scape dépasse, d'environ un quart de leur longueur, le bord
postérieur de la tête. Pronotum à peine plus étroit que la tête.
Le profil du thorax fait ressortir plus nettement que chez conradti
et furvus la convexité du mésonotum. Il y a un étrariglement plus
LL au
Lénis
CAMPONOTUS 613
accusé devant l’épinotum, mais la suture est totalement effacée
dessus ; elle n’apparaît qu’un peu au-dessous du stomate. Face
basale de l’épinotum aussi large devant que longue, très convexe
transversalement, à peine plus longue que la moitié de la face déclive
à laquelle elle passe par un angle très arrondi. La face déclive est du
reste très étroite, mousse et concave de haut en bas. L’écaille est
plus mince et un peu plus mousse au sommet que chez conradti,
plus haute que chez furous. Cuisses moins comprimées que chez
conradti.
Congo belge: Basongo (D' H. ScHouTEDEN), 1921. 1 $ au Musée
du Congo, à Tervuren.
Camponotus (Myrmacrhaphe) furvus Sants. Fig. 3, g, A.
Syn.: Camponotus buchholzi Mayr var. furva Sants. Rev. Zool.
ne ctOtt;p. 213.
En revisant la description du Camponotus buchholzi Mayr, que je
ne connais pas, je m'aperçois que «beide Nähte sind gleich-
mässig ausgeprägt», caractère qui sépare cette espèce du sous-
genre Myrmacrhaphe et dont l'importance n’était pas comprise
lorsque je descrivis la variété furva. Celle-ci n’ayant que la suture
promésonotale et les palpes très allongés, doit en être séparée
pour entrer comme espèce dans le nouveau sous-genre. Chez l’ou-
vrière maJor l’épistome est moins élargi devant, les angles anté-
rieurs ne dépassent que faiblement les fossettes clypéales, qui sont
très bien marquées. Son bord antérieur a une petite impression et 1l
ne dépasse que faiblement le niveau des angles antérieurs de la tête.
Le scape ne dépasse que d’un sixième le bord postérieur de celle-e1.
Le thorax est plus robuste, et la face déclive de l’épinotum plus large
que chez la Ÿ minor, l’écaille est plus haute. Il n’y à pour ainsi
dire pas d’intermédiaire entre les deux castes d’ouvrières. Chez la9,
l’épistome est du type de celui de l’Ë major, il est encore plus rétréci
devant.
Congo français: Brazzaville (A. WEtss).
Camponotus ( Myrmosericus) zimmermanni For. var.pansus n. var.
5 Long.: 6mm5, Thorax brun-noirâtre comme le gastre et la
tête, avec le dessus du mésonotum et quelques taches sur l’épinotum
roussâtres, comme les pattes, les antennes et la bouche. Les segments
du gastre largement bordés de jaune un peu roussâtre. La pubes-
Rev. Suisse pe Zoo. T, 33. 1926. 45
614 F. SANTSCHI
cence est plus abondante que chez le type de l’espèce, surtout plus
dense sur la tête et le thorax. Celui-c1 est régulièrement arqué
d'avant en arrière. Plus robuste, la tête a la même forme que chez
le type de 4mm 5, Pour le reste semblable.
Afrique Orientale Anglaise: Taveta, 1 S type. Kerlo riv.
Camponotus (Myrmotrema) atriscapa n. sp.
76 Long: 7Mnm,5 à 8mm, Noire. Bord antérieur de la tête, mandi-
bules, condyle du scape, funicule et derniers tarses d’un brun plus
ou moins foncé. La tête est entièrement couverte de fossettes pres-
que confluentes, assez profondes sur toute la face frontale, laquelle
est assez mate (plus fortement ponctuée-réticulée que chez C. oli-
orert For.), tandis que les côtés et la face occipitale ont des fossettes
plus superficielles bien qu’aussi nombreuses et le fond plus luisant.
Le thorax est densément ponctué-réticulé et mat, mais le dessus
du pronotum l’est plus faiblement et est un peu luisant. Le gastre
est finement chagriné en travers et assez luisant, surtout les derniers
segments. Pilosité blanchâtre, assez fine et assez pointue. Elle est
moyennement abondante sur le corps, un peu plus sur le thorax et
manque sur les appendices. Ceux-ci n’ont qu’une pubescence courte
et espacée qui se retrouve plus dense sur le thorax et plus longue
sur le gastre mais ne cachant pas la sculpture.
Tête aussi longue que large, les côtés subparallèles dans leurs
deux tiers postérieurs. Le bord postérieur est faiblement convexe
avec ses angles brèvement arrondis. Yeux un peu plus grands que
chez oliviert et aussi avancés. Les arêtes frontales un peu plus espa-
cées. Aire frontale mate. Epistome et mandibules comme chez
olivieri, mais plus fortement sculptés. Le scape dépasse d’une fois et
demie son épaisseur le bord postérieur de la tête. Thorax plus robuste,
mésonotum un peu plus saillant devant sur le profil et l’angle de
l’épinotum plus arrondi que chez olivieri. La face basale de l’épi-
notum est longuement convexe d’un côté à l’autre et droite sur
le profil. La face déclive un peu concave. Le reste comme chez
oliviert.
Cette ouvrière se distingue par son scape entièrement noir (sauf
le condyle), tandis qu’il est ordinairement roussâtre, au moins à
sa base, chez les autres Myrmotrema à scapes cylindriques.
$ Long: 8mm, Noir. Condyle et bout du scape, mandibules,
derniers tarses d’un brun plus ou moins foncé. Valvules génitales
- Le - à
à
CAMPO NOTUS 615
en parties roussâtres. Mat ou submat. Milieu du vertex, devant du
scutum et gastre plus luisants. Pilosité dressée blanchâtre, assez
abondante sur la tête et le bout du gastre, rare sur le reste du corps.
Pubescence courte et clairsemée.
Tête trapézoïdale, un peu plus longue que large au bord posté-
rieur, lequel est presque droit, la face occipitale concave et les
angles distincts et arrondis. Les yeux sont un peu moins grands
que le tiers des côtés de la tête et distants de près de la moitié
de leur longueur des angles postérieurs de la tête. Ils dépas-
sent à peine, devant, le milieu des côtés de la tête d’où ceux-ci
sont assez droits et convergents. Sillon frontal luisant, atteignant
presque l’ocelle médian. Epistome convexe transversalement, fai-
blement arqué dans les deux tiers médians du bord antérieur. Les
mandibules n’ont que deux dents apicales mousses. Le scape, cylin-
drique, dépasse d’un peu moins que la moitié de sa longueur le
bord postérieur de la tête. Thorax plus large que la tête. Le devant
du mésonotum descend verticalement avec le pronotum. Le méso-
notum a un sillon médian atténué devant et qui se poursuit plus
ou moins fortement sur le devant du scutum. Celui-ci a un profil
convexe bien plus haut que le mésonotum et une face déclive très
abrupte. Face basale de l’épinotum horizontale, environ deux tiers
plus courte que la déclive, celle-ci verticale et unie à la précédente
par un angle très arrondi. L’écaille est plus large que haute, haute
comme la moitié de la face déclive précédente, fortement échancrée
au sommet, le fond de cette échancrure aminei et ses bords épais.
La face postérieure imprimée au milieu, légèrement convexe de
haut en bas. Ailes hyalines à nervures roussâtres, longues de 8mm,
Tibias cylindriques, sans canelure.
Congo belge: District de l’'Equateur (L. BuGeox) VIII, 1921, 5 &.
Camponotus (Myrmotrema) avius n. sp.
75 Long: 7mm)2. Noire. Mandibules, antennes, tibias et tarses
roux testacés; base des mandibules, bout du funicule, cuisses d’un
brun rougeâtre. Densément ponctuée et mate. Gastre finement
striolé, chagriné en travers et faiblement luisant. Dessous de la
tête, côtés des joues, écaille, devant et dessous du gastre plus lisses
et luisants. Fossettes carieuses du devant de la tête un peu plus
petites que chez C. grandidieri For. Des soies tronquées, blanches,
assez longues sur l’écaille et l’épinotum, plus courtes et plus rares
_
s
= RAR LÈr LEPRS RES ES 4
_ M
616 F. SANTSCHI
ailleurs. Pubescence couchée courte et assez clairsemée sur la tête &.
et le thorax, plus longue et plus abondante sur le gastre (mais
moins que chez grandidieri) laissant une ligne glabre nette sur le
milieu des segments.
Tête trapézoïdale, aussi large derrière que longue, les côtés assez
arqués et convergents, le bord postérieur transversal avec les
angles arrondis. Elle est fortement convexe sur le profil (bien
plus que chez grandidieri) avec les yeux plus petits que chez cette
espèce. Crêtes frontales plus longues qu'espacées derrière. Sillon
frontal bien imprimé et aussi long que les crêtes. Epistome aussi
large que long, faiblement convexe, un peu infléchi devant avec
une légère impression médiane vers le bord antérieur. Ses fossettes
sont bien moins profondes et plus petites que celles des joues.
Mandibules finement chagrinées, avec des points pilifères assez
nombreux. Scapes cylindriques dépassant d’environ un cinquième
l’angle postérieur de la tête. Thorax court et robuste, convexe du
col à la suture mésoépinotale. Pronotum subépaulé, aussi large que È
long. Suture promésonotale très accentuée. Face basale de l’épi-
notum à profil horizontal, à peine convexe et plus bas que le
mésonotum. Elle est très étroite, tectiforme et passe par une brève
courbe à la face déclive. Celle-ci, d’un tiers plus longue que la précé-
dente, est oblique et concave vers le bas. Ecaille un peu moins
convexe que chez grandidieri. Gastre plus étroit que chez cette
espèce. Tibias cylindriques et moins robustes.
8” Long: 5mm,4. Mandibules aussi rouges que les antennes.
Côtés de la tête et joues plus mates, avec la pubescence plus rare
et la ligne glabre du gastre moins distincte. Les fossettes manquent
sur la tête, qui a le même aspect que chez la grande ouvrière, mais
en plus faible proportion. L’épistome plus large et plus trapézoïdal.
Thorax, sculpture et le reste comme chez la grande ouvrière.
South Rhodesia: Saw Mills (G. ARNOLD).
Parait assez voisin de C. tauricolis For., mais celui-ci a la sculp-
ture plus luisante et le profil du thorax convexe dans toute sa
longueur.
Camponotus (Myrmotrema) tauricolis Forel st. osiris Forel var. fri-
catus n. var.
5 Long: 5mm, Noire. Mandibules, tiers basal du scape, funicule
et derniers tarses roussâtres ou roux brunâtre. Scutum mat comme
CAMPONOTUS 617
chez osiris, avec seulement la base du gastre luisant. La pubescence
blanchâtre et la pilosité dressée sont encore plus rares que chez
cette race. La tête est plus courte que chez foraminosus For. et les
côtés plus convergents. Yeux placés aux angles postérieurs de la
tête. Le pronotum est, comme chez osiris, déprimé, peu convexe,
avec une impression médiane, mais plus étroit. Du milieu du pro-
notum à l’angle de l’épinotum le profil thoracique est moins con-
vexe que chez osiris, pour le reste comme chez cette race.
Congo belge: Congo da Lemba, Mayumbe, Kiniati (R. MAYNÉ).
Bolobo (D' SCHOUTEDEN).
Dans sa description du C. osiris, FOREL compare cette forme à
C. carbo Em. et cite cette espèce de Congo da Lemba. Je suppose
qu'il y a ici une confusion et que C. carbo Forel (non Emery) de cette
localité correspond plutôt à fricatus. La partie luisante du gastre
n’occupe, chez celle-ci, que la face antérieure du premier segment,
alors que ce segment est presque entièrement luisant chez orusis.
Du reste, carbo appartient aux Myrmotrema à scapes comprimés,
ce qui n’est pas le cas de C. tauricolis et osiris For.
Camponotus (Myrmotrema) tauricolis For. st. osiris For. var. pax
Sants.
Syn.: C. (M.) olivieri For. st. tauricolis For. var. pax Sants. 1915,
Ann. Soc. ent. France, LXXXIV, p. 170-273.
Cette variété doit se rapporter à osiris For. dont elle a la sculp-
ture et la forme. Elle en diffère par sa pilosité dressée très fine,
pointue et plus abondante que chez osiris, mais au contraire plus
rare chez la var. fricatus.
Cameroun, types. Gabon (F. FAURE).
Camponotus (Myrmotrema) oliviert Forel var. nitidior n. var.
5 Long: 5mm à 6Gmm, Couleur et forme comme chez la var.
sorpta For., mais l’ouvrière minor est encore plus luisante et la
pubescence thoracique moins apparente. Elle diffère du C. tilhot
Sants. par le profil continu du pronotum à l’épinotum comme chez
olivieri. Les grandes ouvrières ne sont pas connues, peut-être sont-
elles aussi sculptées que chez sorpta et confondues avec cette
variété.
Congo belge: Ganda Sundi, Kunugu, Bolobo, Eala (Musée du
Congo).
618 F. SANTSCHI
Camponotus (Myrmisolepis) braunsi Mayr. var. candidus n. var.
5 Long: 5mm5 à 6mm, Noire. Mandibules, antennes, trochanter
et tarses rouges; hanches et fémurs presque noirs. La sculpture est
plus mate que chez transitorius Sants. La pilosité dressée est plus
abondante sur le thorax et sur le gastre, où elle est aussi épaisse,
surtout sur le premier segment (courte, plus fine et rare chez transi-
torius). La face basale de l’épinotum est transversalement plane,
un peu convexe d’avant en arrière et un peu inclinée vers la face
déclive. Elle n’est pas plus basse devant que le mésonotum, et
moins étroite devant que chez transitorius. La face déchve est
luisante, finement imprimée vers le haut.
Monts Rouvenzori, 2000 m. alt. (D' BEQUAERT).
Camponotus (Myrmisolepis) braunsi Mayr. st. erythromelus Em.
var. epinotalis Sants.
Cette forme, que j'avais décrite comme espèce, doit se rattacher
à la race erythromelus par la coloration de ses appendices. Ceux
du type de l’espèce sont plus foncés.
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE 619
Vol. 33, n9 20 — Juillet 1926.
Description de quelques espèces nouvelles
d'Harpacticides marins de la région de Banyuls.
par
A. MONARD
Dr es Sciences
Avec 46 figures dans le texte.
1. Laophonte dinocerata nov. sp.
(Fig. 1 à 10)
FEMELLE. Corps allongé, vermiforme, semblable à celui de
L. cornuta Ph., présentant,dans ies segments IT et III du métasome,
une flexion caractéristique de telle sorte que l’axe de l’animal est
coudé en ce point à angle droit. Segment céphalique égal environ
aux 4 segments suivants, pourvu d’un rostre net; segments libres
du métasome à section quadrangulaire, munis sur les côtés, à la
jonction des notums et des pleures, d’épines mousses, à peine in-
diquées sur le deuxième, très nettes et fortes sur les autres segments
(quoique ces rapports soient variables d’un individu à l’autre).
Urosome atténué en arrière, les 2 segments génitaux séparés à la
face dorsale, le dernier segment portant un opercule anal en demi-
cercle, à nombreuses dents mousses. Le bord postérieur de tous
les segments, à la face dorsale, est armé de dents mousses, espacées,
comme dans Z. cornuta, mais plus petites et sans les cils intermé-
diaires. À la face ventrale de l’urosome, les bords segmentaires
portent de fines spinules. Furca modérée, les branches 11% fois
plus longues que larges; les 2 soies apicales bien développées.
Chitine épaisse et calcaire.
Antennule de 7 articles. Le 2M€ porte une protubérance comme
dans Z. cornuta, mais plus petite. Les 3 premiers articles sont à
peu près égaux; le 4me plus court, porte une grosse bandelette
sensorielle; le fouet de l’antennule est égal au 1er article. Les lon-
gueurs relatives sont: 14, 14, 13, 7, 4, 5, 6.
Rev. Suisse DE Zoou. T. 33. 1926. 46
620 A, MONARD
Antenne. 1% article ovale, allongé; le 2me plus court, bordé de
spinules, armé de 3 ere et de 3 soies géniculées. ve s
court, large, digité, à 4 soies plumeuses.
Mandibule forte, à dents mousses; palpe uniarticulé à 4 soies.
Mazxillipède 11. Main anguleuse à sa base, ovale, ciliée en partie.
Crochet assez’ grêle, long, courbé vers sa pointe.
Patte I. Exopodite triarticulé, inséré plus bas que l’endopodite,
un peu plus court que la moitié de celui-ci; les 3 articles subégaux.
F1G. 1—10.
Laophonte dinocerata nov. sp.
Fig. 1. Femelle, vue latérale. — Fig. 2. Segment 4 du métasome, en section
transversale. — Fig. 3. Antennule. — Fig. 4. Antenne. — Fig. 5. Deuxième
maxillipède. — Fig. 6. Patte I. — Fig. 7, 8, 9. Endopodites des pattes II,
I{1, IV. — Fig. 10. Patte V.
Endopodite puissant; le 1er article cilié, le 2me ovale. Griffe forte
et régulièrement courbée; soie accessoire très fine.
Patte IT. Endopodite égalant les 2 premiers articles de l’exo-
podite. Les articles distaux portent: exopodite 6, endopodite 4
appendices.
Patte III. Endopodite plus court que dans la patte ARE
à cause de la réduction du basal. Aux distaux, il y a: exopodite 7,
endopodite 6 appendices.
Patte IV. Endopodite plus court encore, atteignant à peine la
moitié de l’exopodite. Les distaux portent: exopodite 7, endopo-
dite 5 appendices.
ibn.
QD A Le D MANN qu émet) A nd ae |
#1" 4 > sl ’ æ lt 27, 2" ue, 9 _ re sd L :
bé Diet ÊTES »$ +, . L Li #
L PTE - SPÉRAST FEU 7 < + £ ;
Ë 2 of APT Pere k ‘
CNE SNS EE MR A < : -
ii —
HARPACTICIDES MARINS 621
Patte V. Très remarquable. Lobe interne large, presque carré,
aussi long que le distal et portant, au bord externe cilié, une soie
médiocre, à son extrémité 4 soles espacées, séparées par des lobes
arqués et munis de 2 rangs superposés d’épines mousses. Distal
court, cilié, portant une longue soie apicale et 4 soies plus courtes.
Longueur: Omm,7 à Omm&. Couleur: rouge-brun.
Quelques femelles trouvées dans les graviers de la plage du
Troc, dans les boues noires du vivier, devant le cap des Abeilles.
Mae. Inconnu.
2. Laophonte roser nov. sp.!
(Fig. 11 à 19.)
FEMELLE. Corps élargi en avant, rétréci en arrière, sans stric-
tions segmentaires bien marquées, sauf à l’urosome. Rostre petit,
41
LUMLLLCELEPTR
[ll
Pr nisst rs
Fic. 11—1 CE
Laophonte rosei nov. sp.
Fig, 11. Urosome, face ventrale. — Fig. 12. Antennule — Fig. 13. Antenne.
— Fig. 14, Maxillipède — Fig. 15. Patte I. — Fig. 16. Rostre. — Fig. 17
Patte II. — Fig. 18. Patte IV.
trapézoïdal. Urosome IV muni, à sa face ventrale, de 2 rangées
latérales de fortes épines entre lesquelles existent des épines plus
fines; en avant de cette rangée, se trouve une rangée secondaire
1 Dédiée à M. M. Rose, chef de travaux pratiques de l’Université d’Alger,
à qui je dois de précieux conseil au début de mes études sur les Harpacticides
marins.
622 A. MONARD
d’épines plus petites. Urosome V égal au précédent, muni d’épines
à la base de la furca; opercule anal arqué, spinuleux. A la face
dorsale, les segments de l’urosome portent une rangée postérieure
de spinules fines et serrées. Branches de la furca un peu plus longues
que larges, avec des soles normales.
Antennule à 6 articles, remarquablement élancée et nue. Les
articles sont dans les rapports: 14, 23, 20, 6, 3, 12, le 2me étant le
plus long; le 4me article court, portant une bandelette sensorielle;
le dernier article de nouveau allongé; l’antennule est colorée en
rouge intense par des granulations internes.
Antenne: le 1°T article long, le 2Me portant 2 épines, 3 soies et
un tubercule épineux. Exopodite court, large, à 4 fortes soies.
Mandibule: sans dent au talon masticateur, palpe uniarticulé
à 4 soies. )
Maxillipède IT assez puissant; main renflée; griffe longue et
courbée. |
Patte T: extrêmement grêle et longue. Exopodite à 2 articles,
le 2Me muni de 5 soies, inséré plus bas que l’endopodite et près de
3 fois plus court que ce dernier. 17 article de l’endopodite long et
grêle, le 2m petit, la griffe longue, presque droite.
Patte IT: endopodite égal aux 2 articles basaux de l’exopodite.
Aux articles terminaux il y a 5 soies (endopodite) ou 6 soies (exo-
podite).
Patte IIT1: endopodite plus court comparativement que dans la
patte IT. Aux articles terminaux il y a 6 soies (endopodite) ou 7
soies (exopodite).
Patte IV: endopodite égal au basal de l’exopodite, muni de 5
soies dont une fortement dilatée en cône à sa base et velue. Exopo-
dite portant 7 soies à son article terminal.
Patte V: ressemblant à celle de L. typhlops G. O. Sars. Lobe
interne rectangulaire, allongé, égal au tiers ou au quart du distal,
et porteur de 2 soies apicales et 1 marginale interne. Distal long
et étroit, portant 3 soies à la marge externe, 1 à l’apex, 1 grande
à la marge interne.
Longueur: 0Mm,45, Couleur: blanc-grisâtre avec 2 taches rouges
sur le métasome et les antennules rouges.
Trouvée à 35 à 40 m de profondeur, vis-à-vis du cap des Abeilles,
parmi les cailloux ramenés par le chalut.
MALE inconnu.
HARPACTICIDES MARINS 623
Genre Tryphoema nov. gen. !
Ce nouveau genre, très caractérisé par ses exopodites biarticulés,
se place dans la famille des Cletodidae entre les genres Rhizothrix
Br. et Rob., et Juntemannia Poppe.
Corps cylindrique, à chitine molle; les segments génitaux séparés
chez la femelle. Un œil. Un rostre lamellaire. Antennule courte,
à nombre d’articles réduit. Antenne à exopodite bien développé, uni-
articulé. Palpe mandibulaire à 2 articles, unilobé (comme dans le
g. Rhizothrix). Palpe maxillaire à 2 lobes. Maxillipède I à fort
crochet et 2 lobes.
Patte I: exopodite à 3 articles; endopodite à 2 articles. Pattes
IT à IV: exopodite à 2 articles, endopodite à 1 article, comme dans
le genre Huntemannia. Patte V: lamellaire, à 2 articles; les 2 lobes
internes sont soudés sur la ligne médiane, même chez la femelle.
3. Tryphoema porca nov. sp.
(Fig. 20 à 32.)
FEMELLE. Corps vermiforme, cylindrique, à chitine molle, fine-
ment et régulièrement ponctuée sur toute sa surface. Pas de déli-
mitation nette entre le métasome et l’urosome. Céphalosome pro-
longé en rostre. Premier segment égal aux trois suivants. Ceux-ci
à peu près égaux; le diamètre des segments diminue jusqu’au
dernier. Pas d’ornementation. Furca à branches coniques, plus
larges à la base que longues, à soies rudimentaires.
Antennule à 4 articles, le dernier muni d’une énorme épine pec-
tinée, simulant un 5€ article. Des épines pectinées plus petites
aux 2me, 3me {me articles; en outre. des soies simples ou plumeuses.
Antenne à 2 articles, l’apical court portant une grosse soie pec-
tinée, une autre en scie, et 2 grosses soies géniculées. Exopodite
assez fort, à 1 article, avec 1 soie basale et 3 apicales.
Mandibule : talon masticateur fort, avec quelques dents mousses.
Palpe long, biarticulé. Mazxille faible, son palpe bilobé. Maxilli-
_ pêde T avec 2 lobes et 1 fort crochet. Maxillipède II à main ovale,
à crochet fort.
1 Du légendaire pays de Tryphème.
624 A. MONARD
HENATT RATS
Patte T: exopodite triarticulé, l’article proximal long, inerme, à
surface hérissée; le médian plus court, avec une épine; le distal
plus court encore avec une épine et 2 grosses soies molles, termi-
sé aan ai
fu v.
CR CT 0 |
NE SN inde ibn dc PAT gr tuer eee dd EL AN logis vi Lo fd Pb nc
Fic. 19.
Laophonte roset nov. sp.
Patte V.
Fic. 20-32.
Tryphoema porca n. g.n.s.
Fig. 20. Femelle ovigère. — Fig. 21. Furca. — Fig. 22. Antennule. —
Fig. 23. Antenne. — Fig. 24. Mandibule. — Fig. 25. Maxillipède I. — Fig. 26.
Maxillipède IT. — Fig. 27. Patte I. — Fig. 28 Patte II. — Fig. 29. Patte IV.
— Fig. 30. Patte V. — Fig. 31 Antennule 4. — Fig. 32. Patte V .
DAC AREAS TETE RC
«
nées en pinceau. Endopodite à 2 articles, le premier inerme, le
2me muni de 3 soies. Cette première patte ressemble à celle de
Rhizothrix curvata.
Pattes IT à IV très semblables entre elles. Exopodite à 2 articles,
armés de larges épines pectinées; les articles sont courts, le 2me
porte 2 épines et 2 soies, sauf à la patte IV où manque une épine.
Endopodite uniarticulés, portant 3 grosses soies; à la patte IT
l’une des soies est très petite.
Patte V : les 2 lobes internes soudés sur la ligne médiane, portant
4 courtes soies. Distal irrégulièrement ovale, un peu plus long que
large, armé à l’apex d’une courte et large soie plumeuse, à la marge
externe de 3 petites soies, à l’interne d’une soie minuscule.
HARPACTICIDES MARINS 625
Un sac d’œufs suspendu par un funicule.
Longueur: Omm,35 à Omm A0, Couleur: jaune-rougeâtre.
Mare. Plus petit (0mm3) que la femelle. Il n’y a de différences
que dans l’antennule et la cinquième patte.
Antennule: à 95 articles, le dernier en crochet, fortement pré-
hensile.
Patte V: lamellaire, à un article, en trapèze, muni de 6 soies.
Tryphoema porca est une espèce psammophile, fouisseuse; elle
s’est trouvée en assez grande quantité dans le sable de la plage
de Banyuls, en compagnie de Canuella perplexa Sc. et de Asellopsis
duboscqur Monard.
4. Enhydrosoma sordidum nov. sp.
(Fig. 33 et 34.)
Le genre Enhydrosoma Boeck comprenait jusqu'ici 3 espèces:
curlicaudatum Boeck; propinquum Brady; longifurcatum Sars. Il est
40.
38
TRS RE
\Z
Fic. 33 et 34.
Enhydrosoma sordidum nov sp.
Fig. 33. Urosome. — Fig. 34. Patte V.
Fic. 35-41.
Enhydrosoma migoti nov. sp.
Fig. 35. Rostre et Antennule. — Fig. 36. Antenne. — Fig. 37. Patte [. —
Fig. 38. Furca. — Fig. 39. Patte III. — Fig. 40. Patte V. — Fig. 41. Maxilli-
pède IT.
surtout caractérisé par le développement de l’exopodite de l’an-
tenne. J’ai trouvé, à Banyuls, 2 formes nouvelles de ce genre;
la première, Æ. sordidum, caractérisée par la soudure des 2 articles de
626 A. MONARD
la patte V, est très voisine de Æ. propinquum Brady; la seconde, dont.
je n’ai trouvé que le mâle, s’écarte notablement des 4 autres espèces.
FEMELLE. Forme de Æ. propinquum. Antennule et antenne
comme dans cette espèce, mais un peu plus grêles. Pièces orales
et pattes II à IV semblables à celles de Æ. propinquum. Patte I
munie de 5 soies au distal de l’exopodite (4 dans propinquum). Patte
V extrêmement caractérisée par la soudure des 2 articles. Le lobe
interne porte 2 soies larges, dentelées sur une marge, et 1 soie
fine et longue. Le lobe externe est grêle, allongé et porte 1 soie.
Le lobe moyen (distal) est allongé et porte une très longue soie.
apicale et 2 soies courtes.
Furca aussi longue que les 2 derniers segments de l’urosome,
renflée au milieu.
Ainsi, 3 caractères permettent de distinguer Æ. sordidum de E.
propinquum: la furca, plus longue; la patte V, d’une pièce; la
patte I à 5 soies au distal de l’exopodite.
Longueur: 0mm5. Sac d'œufs très volumineux.
Espèce fouisseuse, trouvée dans la vase noire du port du Labora-
toire Arago.
3. Enhydrosoma migott ! nov. sp.
(Fig. 35 à 41.)
MALE. Corps cylindrique, atténué en arrière, à segments nette-
ment séparés par des strictions ; les derniers resserrés en leur milieu.
Rostre large et plat, à côtés sinueux. Segment céphalique égal aux
3 segments suivants; tous les segments libres à peu près égaux en
longueur. Ornementation réduite à quelques dents arrondies,
espacées, disposées irrégulièrement sur la marge postérieure des
segments du métasome; à la face ventrale, des soies serrées aux
segments IT, ITT, IV de l’urosome. Opercule anal de forme carac-
téristique, arqué, muni de 2 tubercules latéraux. Furca allongée,
grêle, égale aux 2 derniers segments, à branches divergentes;
une seule soie apicale bien développée, accompagnée de 2 autres
minuscules.
Antennule fortement préhensile, à 5 articles, le dernier crochu.
Antenne : 2 articles puissants; exopodite à 1 article portant 2 soies;
distal armé de 4 épines.
1 Espèce dédiée à M, A. Micor, préparateur du laboratoire Arago, à Banyuls.
HARPACTICIDES MARINS 627
Pièces orales: le maxillipède II a un crochet très long.
Patte I : exopodite longuement spinuleux, le 3e article plus long
que les précédents, muni de 4 appendices. Endopodite plus court
que l’exopodite, à 2 articles, le 127 court et inerme, le 2Me armé
de 2 longues soies et d’une courte épine.
Patte IT: semblable à la précédente, mais 2 soies seulement à
l’endopodite.
Pattes IIT et IV : les distaux des exopodites portent 5 soies; les
endopodites 3 (Patte III) ou 2 (Patte IV) soies.
Patte V. Proximal dépourvu de lobe interne. Distal allongé,
muni à sa base d’une expansion ciliée à 2 soies, à son sommet de
2 soies, à sa marge externe, d’une courbure caractéristique.
Longueur: 0mm 4, sans les soies de la furca. Couleur: grise.
Vit dans la boue du vivier du Laboratoire; rampe et nage avec
des mouvements très caractéristiques.
6. Robertsonia diademata nov. sp.
(Fig. 42 à 46)
Espèce très voisine de À. tenuis Brady, s’en distinguant par
l’endopodite de la patte 1, qui est beaucoup plus long que l’exo-
F1G. 42-46.
Robertsonia diademata nov. sp.
Fig. 42. Urosome. — Fig. 43. Antennule. — Fig. 44. Antenne. — Fig. 45.
Patte I. — Fig. 46. Patte V.
628 A. MONARD
podite, par le distal de la patte V, qui porte 6 soies au lieu de 5,
et par l’exopodite de l’antenne qui a 3 articles.
FEMELLE. Corps assez large, à peine rétréci en arrière. 1er seg-
ment arrondi en avant, plus long que le tiers de la longueur totale.
Urosome égal aux 2/5 de la longueur totale, ses 5 segments à peu
près égaux; à la face ventrale, les segments IIT, IV, V portent des
épines irrégulières; à la face dorsale, il y a des peignes latéraux
aux segments I, Il, III. Furca très courte; les soies bien dévelop-
pées. Rostre sodi bien délimité à sa base.
Antennule: à 5 articles, densément spinuleuse; le 3€ article 1e
plus long. Rapports des longueurs: 12, 7, 13, 3, 8.
Antenne : 17 article allongé; 2Me article portant de grosses épines
et des soies géniculées. Exopodite bien développé, à 3 articles, le
2me court et inerme, le 3€ muni d’une soie latérale et de 3 apicales.
Paite I: endopodite plus long que l’exopodite, préhensile, triarti-
culé; le 1eT article le plus long, le médian le plus court. Exopodite
égal aux deux premiers articles de l’endopodite, triarticulé, forte-
ment spinuleux; au distal, il y a 5 soies ou épines.
Patte IT: endopodite plus court que l’exopodite; une seule soie
au médian; 3 soies et 1 épine au distal. Exopodite ayant 4 épines
et 3 soies (dont une très réduite) à son distal.
Patte IIT: ressemble à la précédente, mais 2 soies au médian
de l’endopodite et 6 soies à son distal. 7 soies ou épines au distal
de l’exopodite.
Patte IV : endopodite très court. Aux derniers articles il y a 5
(endopodite) et 8 (exopodite) appendices.
Patte V: à 2 articles. Lobe interne du proximal large, presque
aussi long que l’article distal, à 5 soies, l’apicale la plus longue,
l’externe courte, les 3 internes moyennes et égales entre elles.
Distal ovale, à 6 soies, les 2 apicales fines et longues, les autres
plus grosses et à peu près égales.
Champ génital : un disque large d’où partent 2 bandes courbées;
il affecte la forme d’un diadème, d’où le nom de l’espèce.
Longueur: Omm5, Couleur: pâle.
Trouvée devant Banyuls, à 35 à 40 m. de fond.
We ir We
EN
É
RENUE SUISSE .DE ZOOEOGIE 629
Vol: 33, n° 21. — Juillet 1926.
———— ——_—_—_—_— — — ————@—2—
Un cas de monstruosité chez un Poulet
par
Maurice JAQUET
Avec 3 figures dans le texte.
En mars 1925, grâce à l’obligeance de M. le professeur Fuxr-
MANN, j'obtins un petit Poulet monstrueux, laissant distinguer à
première vue, une tête, un cou, un tronc, une paire d’ailes et deux
paires de pattes. J’avais eu l’occasion de le voir vivant, trottinant
avec ses congénères légèrement plus grands que lui. Des plumes
embryonnaires recouvraient son corps dont l’extrémité postérieure
se prolongeait en deux pattes supplémentaires très rapprochées
l’une de l’autre à la base et recouvertes de plumes jusqu’au tarse.
Elles ne servaient aucunement à la marche et le Poulet les traînait,
pour ainsi dire, après lui, les extrémités ne touchant pas terre. Ces
membres pliés, l’articulation tibio-tarsienne décrivait un angle à
sommet antérieur, la paume des pattes dirigée en avant. Les deux
appendices avaient donc la position qu’auraient les pattes d’un
Poulet accolé par le croupion au croupion d’un Poulet placé devant
lui (fig. 1). |
L’enlèvement des plumes met en évidence sur la face dorsale de
la région postérieure une éminence constituée par quelques étuis
d’où partent des filaments de plumes embryonnaires. Un peu au-
dessous existe une ouverture longitudinale de trois millimètres,
dont la lèvre supérieure est plus saillante. Un orifice semblable se
retrouve de l’autre côté du corps, au même niveau. La dissection
révèla dans chacun de ces organes un rudiment d’anus consistant
en une simple dépression de la peau.
Les deux pattes postérieures, un peu plus petites que les anté-
rieures, frappent par leur maigreur; elles sont réduites au squelette
recouvert de très peu de tissu musculaire et par la peau. Les régions
pelvienne et caudale sont séparées du croupion du Poulet normal
par un étranglement formé d’une croûte couverte de plumes acco-
lées. Il semble que nous avons affaire, dans cette monstruosité, à
un parasite réduit au train de derrière soudé à l’extrêmité posté-
rieure d’un Poulet à peu près normal.
Rev. Suisse DE Zooz. T. 33, 1926. 47
030 M. JAQUET
L’enlèvement de la peau et des muscles de la paroi abdominale
met à découvert quelques-uns des viscères (fig. 2). Un jabot bien
développé (a), au devant duquel s’allongent les thyroïdes, est par-
Poulet après l’enlèvement des plumes.
tiellement encadré par les clavicules. Puis viennent les muscles ;
pectoraux (b) qui recouvrent le sternum -laissant émerger deux
lobes hépatiques (c). De chaque côté du plan médian sont disposées
trois anses intestinales se recourbant vers le dos. Latéralement
fait saillie, à droite et à gauche, une masse allongée; la dureté de celle
de gauche laisse supposer un gésier (d), tandis que celle de droite
est le rectum. La région postérieure de l’abdomen loge quelques
Le.
MONSTRUOSITÉ CHEZ UN POULET 631
méandres intestinaux (e) serrés les uns contre les autres et formant
un cône à base antérieure.
Le déroulement du tube digestif (fig. 3) ne fait apparaître aucune
anomalie jusqu’au gésier unique normalement situé (e). Le duodé-
num décrit sa courbe ordinaire entourant le pancréas. L’intestin
Fic.:2
Poulet dont la peau de la face ventrale est enlevée: a — jabot;
b — muscles pectoraux; c — foie; d — gésier; e — anses intestinales;
f — rectum.
détache un peu plus loin que le milieu de sa longueur, du sommet
d’une anse, un caecum (g) long de quatre centimètres et demi sur
cinq millimètres de large. Il se termine tellement brusquement
qu’on le croirait sectionné transversalement. Il n’en est rien, et
son intérieur renferme des substances semblables à celles qui dis-
632 M. JAQUET
tendent le rectum. L’extrémité de l’intestin s’ouvre sur la poche (k)
située du côté gauche du dessin à la même hauteur que le gésier.
Cet organe, qu’à première vue, on serait tenté de prendre pour un
cloaque, vu ses dimensions, vingt-six millimètres de long sur treize
de large à son milieu, est le rectum dilaté à l'excès par des résidus
d'aliments accumulés pendant une dizaine de jours. Il est séparé
Here.
Tube digestif déroulé: a — trachée-artère; b — jabot: c — cœur; d = foie;
e — gésier; f — intestin; g — caecum intestinal; À — rectum;
1 — Caecums s’ouvrant sur le rectum; À — œsophage.
de l’intestin par une valvule circulaire en arrière de laquelle se
détachent quatre volumineux caecums (1) accolés entre eux en décri-
vant plusieurs sinuosités. Les extrémités proximales de ces tubes
sont groupées deux à deux, une paire est ventrale, l’autre dorsale.
Chacun de ces prolongements ne mesure pas moins de quatre
centimètres et demi. Il est curieux de constater la présence de quatre
caecums, chiffre correspondant au nombre de caecums de deux
Poulets, alors qu'il n’y a qu’un intestin. Faut-il interpréter le tron-
con g comme le reste de l’intestin du parasite ? La cavité du rectum
se rétrécit brusquement en arrière et s’ouvre sur un cloaque assez
réduit, fermé en cul-de-sac.
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE 633
Vol. 33, no 22. —_ Novembre 19%6.
Les types d'Hyménoptères de Tournier,
du Muséum d'Histoire naturelle de Genève
LÉ
Genres Planiceps Latreille, Aporus Spinola
et Evagetes Lepeletier.
par
G. MONTET
avec 14 figures dans le texte.
TourNIER a décrit ?, sous le nom générique de Planiceps, une
seule espèce nouvelle: P. helveticus Tourn. qui n’est qu’une variété
de P. fulviventris Costa.
Par contre, parmi les espèces nouvelles que TourNiEer fait
rentrer dans le genre Aporus, une partie appartient au genre
Planiceps. Ce sont: A. tibialis Tourn., A. marqueti Tourn. et À.
gracilis Tourn. dont nous faisons des synonymes de P. fulviventris
Costa var. pollux Kohl.
Le vrai genre Aporus est représenté dans la collection TOURNIER
par À porus costae Tourn. (= À. unicolor Spin.) et par À. radoszkow-
ski Tourn.
Enfin TouRNIER crée quatre espèces d’Evagetes : E. niger Tourn.,
E. fiicornis Tourn. et Æ. grandis Tourn. qui sont de bonnes
espèces, et Æ. sabulosus Tourn., synonyme de Æ. bicolor Lep.
Nous avons décrit et figuré dans ce travail, comme termes de
comparaison, deux espèces qui ne sont pas de TourNIER: Planiceps
fulviventris Costa var. pollux (Kohl) et Evagetes bicolor Lep.
1 Voir: Rev. Suisse de Zool. Vol. 32, p. 215, 1925.
? L’Entomologiste genevois, 1889.
Rev. Suisse DE Zoo. T. 33. 1926. 48
634 G. MONTET
Planiceps fulviventris Costa var. helvetieus Tourn.
Syn.: Planiceps helveticus. TOURNIER, 1889, p. 139, ©.
Pompilus helveticus. DALLA ToRRE, 1897, p. 294.
- Planiceps fulviventris. FERTON, 1897, p. 120.
Planiceps pollux. Scauzz, 1911, p. 64.
Planiceps fulviventris var. helveticus. BERLAND, 1925, p. 278, ©.
4 ©, Genève, Midi de la France.
Femelle. Diagnose. Longueur totale: 9mm à 11mm: ailes
7mm |
Espèce robuste. Tête plate. Chaperon moins court que chez
P. latreillei, occupant environ le 1/, de la longueur totale de la tête.
Deuxième article du flagellum pas tout à fait deux fois plus long
que le premier. Pronotum un peu plus long que large.
Tête, thorax et pattes noirs; thorax couvert, sur les côtés, d’un
revêtement argenté, soyeux. Les trois premiers arceaux abdomi-
naux sont d’un rouge-brun, ombrés à leur bord postérieur. Le pre-
mier arceau ventral est rouge également. Extrémité de l’abdomen
foncée. Ailes brunes à extrémités sombres, nervures plus foncées.
Voici la diagnose que TOuRNIER a donnée de cette espèce:
«Chaperon très court, mais cependant un peu moins court que
chez l’espèce précédente (P. latreuller); 1l est faiblement plus long
que n’est large le premier article des antennes; celles-c1 paraissent
insérées sur le bord postérieur du chaperon. La face de la tête est
prolongée entre les antennes en une pointe plate, arrondie au bout. »
Tête aussi longue que large, très aplatie en dessus. Chaperon
mesurant environ le 1/, de la longueur totale de la tête ; il est plan,
à bord antérieur droit, largement arrondi sur les côtés (fig. 1a), et
séparé des antennes par une faible dépression. Yeux longs, paral-
lèles, à bord interne légèrement concave. Un fin sillon court entre les
antennes. Le vertex est coupé droit. Ocelles au bord du vertex; les
ocelles postérieurs sont plus écartés l’un de l’autre qu'ils ne le sont
des yeux.
De profil (fig. 1b), les yeux sont plus de trois fois plus longs que
larges; le front est plan, les tempes, assez développées, le vertex
court. Les mandibules n’ont qu’une seule dent interne; leur base
n’atteint pas tout à fait les yeux.
HYMÉNOPTÈRES 635
Les antennes (fig. 1c) sont d’épaisseur moyenne. Le scape est
quatre fois plus long que le premier article du flagellum; celui-e1 est
aussi large que long; le deuxième article n’est pas tout à fait deux
fois plus long que le premier; le troisième est légèrement plus long
que le deuxième et le quatrième, que le troisième.
Pronotum un peu plus long que large; sa partie dorsale, plane,
est mal délimitée en avant, la partie antérieure s’inclinant molle-
ment sur le cou. Côtés presque parallèles, bord postérieur droit,
mais brusquement infléchi de chaque côté où il forme un lobe latéral
assez développé (fig. 1d). Les côtés sont coupés à angle vif sur
la partie dorsale (fig. le). Le pronotum n’atteint pas le double
Frées 1:
Planiceps helveticus Tourn.
— Planiceps fulviventris Costa var. helveticus Tourn. Q.
a — tête, de face, X 9; b — tête, de profil, X 8 %; c — antenne, X 9 %;
d — pronotum, de dessus, X 8 12; e — pronotum, de profil, x 7 W%; f = patte
antérieure, X 9; g — aile antérieure, X 9 1, ; h — aile postérieure, X 9.
de la longueur du mésonotum; celui-ci est presque carré. Scutellum
large. Le segment médian est de !/, plus large que long, brusque-
ment tronqué en arrière et sur les côtés. La partie horizontale porte
un sillon médian. Abdomen largement fusiforme; premier arceau
dorsal long; son bord postérieur est échancré.
Hanches antérieures longues. La surface des hanches sur laquelle
s'applique le fémur est plane. Le fémur est deux fois plus long que
large, le tibia, long comme les #/, du fémur, le tarse, court et épais.
636 G. MONTET
Le premier article du tarse [1 n’atteint pas le 1/, de la longueur du
tibia ; les deuxième, troisième et quatrième articles des tarses, pris
ensemble, sont plus courts que le premier (fig. {f).
Les hanches moyennes et postérieures ont la surface correspondant
à celle du fémur canaliculée. La plus grande des épines des tibias
postérieurs atteint au moins la moitié de la longueur du métatarse.
A l’aile antérieure, la première cubitale transverse est très
incurvée; le bord radial de la deuxième cellule cubitale n’atteint .
pas le tiers de la longueur du bord cubital; la première récurrente
aboutit sur la cubitale avant le milieu de la cellule, la deuxième,
un peu au delà de la deuxième cubitale transverse ; le nervule
rejoint la médiane au delà de la basale (fig. 1g). A l’aile postérieure,
la cubitale prend naissance sur la médiane, bien au delà de la
transverso-anale; cette dernière veine est courte, oblique (fig. 1h).
Planiceps helveticus Tourn. est très voisin de P. pollux (Kohl).
L’habitat des deux espèces est peu différent, les exemplaires de 2.
pollux provenant du Midi de la France et de l'Espagne, ceux de
P. helveticus, du Midi de la France et de Genève. On ne peut cepen-
dant les identifier entièrement. La taille de P. helveticus est plus
forte, plus robuste, le clypeus légèrement plus long; la deuxième
veine récurrente et le nervule ne sont pas dans le prolongement de
la deuxième cubitale transverse et de la basale comme dans P. pollux
type, mais en sont un peu écartés ?.
Enfin, le deuxième article du flagellum est un peu plus long.
Planiceps pollux (Kohl) peut être considéré comme une variété
de P. fulviventris Costa (ScHuLz en fait une sous-espèce). Planiceps
helveticus serait une autre variété de P. fulviventris.
Planiceps fulviventris Costa var. pollux (Kohl).
Syn.: Pompilus pollux. KouL, 1884, p. 33, pl. IT.
» » Kouxz, 1888, p. 150, pl. 4, fig. 23, 26, 28, ©.
» » TourNIER, 1889, p. 58, 59.
Aporus tibialis. Tournier, 1889, p. 60 et 140, ©.
Aporus marqueti. TOuURNIER, 1889, p. 140, ©.
Aporus gracilis. TourRNIER, 1889, p. 61-62, ® &, p. 140, ©.
1 Les chiffres romains I, II et III désignent ici les trois paires de pattes.
2 Comparaison faite avec un exemplaire de pollux déterminé par Kouxz;
chez d’autres exemplaires, ces deux veines ont la même position que chez
helveticus.
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE
a —
Prière de remplacer dans le fascicule 5 et dernier du
volume 33, Décembre 1926, les pages 637-638 — 643-644 par
la feuille: incluse.
| <ds a Let . NE
E L ,
De — ve”
:
HYMÉNOPTÈRES j 63
Pompilus pollux. DALLA TORRE, 1897, p. 312.
Pompilus macrurus. DALLA ToRRE, 1897, p. 299.
Pompilus marqueti. DALLA ToRRE, 1897, p. 300.
Pompilus tritos. DALLA ToRRE, 1897, p. 328.
Planiceps (Aporus) pollux. SCHMIEDEKNECHT, 1907, p. 274.
Planiceps fulviventris ssp. pollux. ScauLzz, 1911, p. 64.
11 © (une © déterminée par KouL lui-même, servant de type),
Barcelone; 2 4, Catalogne et Midi de la France.
Hemele = Diagnose. Longueur totale: 8mm5s à. 11mm:
dies: omm à 7mm,
Tête plate, vertex tronqué; chaperon long comme le t/, environ
de la tête entière; yeux au moins trois fois plus longs que larges.
Fémurs antérieurs deux fois plus longs que larges; deuxième veine
récurrente et nervule presque dans le prolongement de la deuxième
cubitale transverse et de la basale; cubitale de l’aile postérieure
prenant naissance sur la médiane, bien au-delà de la transverso-
anale.
Noir, pattes noires, tarses bruns; les trois premiers arceaux dor-
saux rouge-brun en dessus et en dessous, teintés de noir dans la
partie postérieure. Le corps est revêtu d’une pubescence cendrée-
fauve, blanchâtre sur les côtés du segment médian et sur les hanches.
Ailes brunes, plus foncées à l’extrémité.
Prés 2:
Planiceps pollux Kohl
— Planiceps fuloiventris var. pollux Kohl ©.
a — tête, de face, X 9; b — tête, de profil, X 8 12; c — antenne, X 10;
d — pronotum, de dessus, X 9 %,; e — pronotum, de profil, X 9 4%; f — patte
antérieure, X 9; g — aile antérieure, X 10 1%; k — aile postérieure, X 9;
: — aile antérieure d’un autre individu, X 11.
635 G. MONTET
Tête aussi longue que large: sa partie postérieure à un contour
un peu quadrangulaire. Chaperon arrondi en avant; mandibules
avec une seule dent interne; leur base atteint presque les veux.
Yeux parallèles, prolongés jusqu’au bord du vertex (fig. 2a). Vertex
tronqué, front à peine bombé, tempes modérément développées
(fig. 2b). Le deuxième article du fouet mesure les deux tiers de la
longueur du troisième; celui-ci est plus court que les deux pre-
miers pris ensemble (fig. 2c).
Le pronoturmn est moins large que la tête, dans la proportion de
quatre à cinq; il est plan, coupé sur les côtés à angles vifs, mais
arrondi dans la partie antérieure (fig. 2e); bord postérieur droit
(fig. 2d). Le pronotum est plus long que le reste du thorax jusqu’au
segment médian; il est plus long que large, si on le mesure jusqu’à la
tête. Segment médian plus large que long, arrondi.
Fémurs antérieurs deux fois plus longs que larges (fig. 2f). Le
tibia et le métatarse atteignent ensemble à peu près la longueur du
fémur; les deuxième, troisième et quatrième articles du tarse,
pris ensemble, atteignent la longueur du métatarse; griffes fortes.
Deuxième cellule cubitale étroite sur la radiale. La deuxième
veine récurrente aboutit sur la médiane légèrement au delà de la
deuxième cubitale transverse; quant au nervule, chez l'individu
déterminé par Kouz, 1l se trouve dans le prolongement de la basale
(fig. 22); chez d’autres, 1l est légèrement au delà (fig. 24).t
La veine cubitale de l’aile postérieure prend toujours naissance
sur la médiane, bien au delà de la transverso-anale, qui est oblique,
mais courte.
Konz n’admet pas le genre Planiceps et place son espèce pollux
dans le genre Pompilus. TouRNIER en fait un À porus, à cause de sa
tête moins aplatie que chez P. latreiller et de ses antennes un peu
différentes. ScHuLz enfin, considère P. pollux comme une sous-
espèce de P. fulviventris Costa.
Les trois espèces de TourNIER, Aporus tibialis, marqueti et
gracilis appartiennent aussi au groupe de Planiceps fulviventris
Costa. Elles sont moins caractérisées que P. helveticus et, n'étant
représentées chacune que par un exemplaire en assez mauvais état,
1 Ce caractère appartient à latreillei et à helveticus; les individus de pollux
qui le possèdent ne se distinguent des autres par aucune autre différence.
L
£
HYMÉNOPTÈRES 639
la question de leur individualité, sinon comme espèces, au moins
comme variétés, est délicate à trancher. DALLA ToRRE (1897) les
a maintenues comme espèces distinctes sous les noms de Pompilus
macrurus (tibialis), marqueti et tritos (gracilis) (Tourn.). Klles
sont très voisines de P. pollux (Kohl); il semble qu’on peut,
comme ScHULZ (1911) l’a fait, les considérer comme synonymes
de pollux Kohl.
L’Aporus tibialis de ToURNIER (1 ©, Genève, longueur totale:
8mm, 5: ailes: 7m, 5.) a le bord radial de la deuxième cellule cubitale
étroit; la deuxième récurrente s’insère sur la cubitale légèrement
en dehors de cette cellule; le nervule rejoint la médiane au delà
de la basale. La transverso-anale de l’aile postérieure est oblique,
courte, rectiligne ; la cubitale est insérée sur la médiane, bien au delà
de la transverso-anale (fig. 3 a et b).
D
16253;
Aporus tibialis Tourn.
— Planiceps fuloiventris Costa var. pollux Kohl ©.
a — aile antérieure, X 11; b — aïle postérieure, X 11 12.
Comme l’observe Scxuzz, la coloration des premiers arceaux
dorsaux est uniforme, d’un rouge brun; l’extrémité de l’abdomen
est noire. Les arceaux étant en partie rentrés les uns dans les autres,
il est difficile de préciser la limite de la teinte brune: elle a l’air de
s'étendre jusqu’au quatrième segment. Le premier arceau ventral
et la partie antérieure du deuxième sont d’un rouge plus clair.
TOURNIER a donné de cette espèce une description détaillée.
Il signale sa ressemblance avec A porus bicolor Spin. À porus tibialis
s’en distingue cependant par des caractères qui appartiennent au
genre Planiceps: pronotum allongé, tête plate, fémurs antérieurs
renflés. Un peu plus petite que P. helveticus, elle a les fémurs moins
puissants. Elle est plus robuste que P. pollux, avec les antennes
légèrement plus épaisses. La coloration est celle de P. pollux.
640 G. MONTET
Aporus marqueti Tourn., (1 ®, Béziers. Longueur totale: 9mm: |
ailes: 6MmM,) représenté par un exemplaire unique, ne se distingue
guère de Planiceps pollux (Kohl) que par la coloration des premiers
arceaux dorsaux de l’abdomen, qui sont d’un rouge plus vif.
TourRNIER marque une différence dans la forme des tibias anté-
rieurs chez tibialis et marqueti d’une. part, gracilis et nigricauda
Costa, de l’autre. Ils seraient renflés en massue chez les premiers
seulement. Cette différence est peu marquée, mais P. tibialis et
P. marqueti ont, en effet, l'extrémité inférieure des tibias légèrement
plus large que P. gracuis.
Nous n’avons pu trouver de différence dans la longueur relative
des articles de l’antenne chez P. marqueti et chez P. pollux ;
le quatrième article est plus court que les deux précédents pris
ensemble et c’est par erreur que TouRNIER le déclare plus long.
Les antennes de P. marqueti semblent légèrement plus épaisses
que celles de P. pollux. |
La nervation des ailes n’est pas plus caractéristique. La deuxième
cellule cubitale est très étroite sur la radiale, la deuxième veine
récurrente presque dans le prolongement de la deuxième cubitale
transverse; nervule légèrement au delà de la basale. A l'aile posté-
rieure, la cellule anale est fermée par une nervure courte, presque
droite. La cubitale prend naissance sur la médiane à une distance
de la cellule anale égale à la longueur de la transverso-anale.
TOuRNIER n’a pas décrit cette espèce, dont 1l ne donne que
quelques caractères dans un tableau de détermination.
Aporus gracilis Tourn. 1 Q, 1 &, Genève. Femelle. Longueur
totale: 6Mm;: ailes: 5mm, Corps noir; pattes tirant un peu sur le
brun. Les trois premiers arceaux dorsaux sont d’un brun umiforme.
Comme TourNIER l’a indiqué, les tibias sont plus grêles que chez
A. tibialis et À. marqueti (fig. 4). Quant aux
légères différences dans les longueurs rela-
tives des articles du fouet, qu'il avait cru
trouver entre ces espèces, nous n’en avons
pas pu constater d’appréciables.
FIG. 4. On pourrait invoquer, en faveur de l’in-
Aporus gracilis Tourn, dividualité comme espèce de P. gracuis
Planicpe OL (Tourn.), sa taille faible et l’étroitesse de sa
Costa var. pollux KohlQ. cellule radiale. Certains exemplaires de P.
Patte antérieure x 9. pollux ne sont, cependant, guère plus grands.
=
*
Ê
HYMÉNOPTÈRES 641
TouRNIER a décrit i un mâle, sous le nom d’A. gracilis. Mais
l'identification de ce mâle étant, au dire même de l’auteur, incer-
taine et le mâle de P. fuloiventris Costa var. pollux Kohl nous
étant inconnu, il nous a paru utile de compléter la description de
l’auteur. Nous remarquerons que la forme de la tête et du pronotum,
de même que les mandibules tridentées, feraient de ce mâle un
Aporus plutôt qu’un Planiceps. ; ;
Mâle. Diagnose. Longueur totale: 4mm5;: ailes: 4mm5,
Thorax très voûté. Plaque sous-génitale étroitement triangulaire,
pourvue de longs poils raides à l’extrémité.
Complètement noir, avec une pubescence argentée. Ailes claires,
transparentes, irisées. Petite espèce, aux ailes dépassant l’extré-
mité du corps.
Tête arrondie, très convexe sur les côtés, yeux deux fois plus
longs que larges, un peu plus larges en avant qu’en arrière. Le cha-
Pret
Aporus gracilis Tourn.
— Planiceps fulviventris Costa var. pollux Kohl «. :
a — tête, de face, X 10 4 ; b — tête et pronotum, de profil, X 10; c — man-
dibule X 12 1%, ; d — pronotum, de dessus, X 10 1%; e — extrémité de l’abdo-
men, de dessous, X 44; f — aile antérieure, X 10 2; g — aile postérieure X 8.
peron est long, incliné et occupe !/; environ de la longueur totale
de la tête. Bord antérieur presque droit; côtés obliques, angles laté-
raux très arrondis. Front bombé, surélevé au-dessus du chaperon.
Vertex peu prolongé en arrière des yeux; ocelles au bord du vertex
(fig. 5a et 5b). Antennes épaisses; le deuxième article du fouet est un
peu plus long que le premier, le troisième un peu plus long que le
deuxième. Mandibules nettement tridentées (fig. 5c).
1 L’Entomologiste genevois, 1889, p. 62.
642 G. MONTET
Pronotum beaucoup plus large que long, très arrondi en avant,
fortement échancré en arrière (fig. 54).
La deuxième cellule cubitale est large sur la veine radiale: elle
est aussi haute qu’elle est large à sa base; la première veine cubitalé
transverse est rapprochée de la sous-costale. La deuxième récurrente
est dans le prolongement de la deuxrème cubitale transverse et le
nervule, dans le prolongement de la basale (fig. 5f). A l’aile posté-
rieure, la cubitale se trouve bien au delà de la transverso-anale,
qui est oblique et courte (fig. 5g).
Aporus unicolor Spin.
Syn.: Aporus unicolor. SPINOLA, 1808, p. 33, d.
» bicolor. » 1808, p. 34, ©.
» unicolor. VAN DER LINDEN, 1827, p. 348 4.
» bicolor. SCHENCK, 1857, p. 221, LG.
» » MAGRETTI, 1887, p. 315, LG.
» » CosrTa, 1887, p. 90, 9.
Pompilus castor. KouL, 1888, p. 150, pl. 4, fig. 24 et 25, ©.
A porus costæ — bicolor. V.d.L. non Spinola. TouRNIER, 1889,
p. 140, ©.
Aporus lugubris. Venir 1890, p. 327, et 382, ©.
Pompilus unicolor. DALLA TORRE, 1897, p: 329, P&.
Planiceps castor. ScHuzz, 1911, p. 64.
Aporus unicolor. BERLAND, 1925, p. 280, 94.
9 9,7 &\, Suisse: Genève et Valais.
Femelle. Diagnose. Longueur totale: 7m à 9mm: Jongueur
des ailes: 6mm,
Tête arrondie, front bombé, antennes épaisses; chaperon long
comme la moitié du scape. Pronotum plus large que long. Fémurs
antérieurs trois fois plus longs que larges.
Tête et thorax noirs, à pubescence dorée; abdomen rouge, noir
à la partie terminale, de même qu’au bord postérieur des premiers
segments. Pattes brunes, plus claires vers l’extrémité. Ailes bru-
nâtres, plus foncées au bout.
Voici la diagnose que Tournier donne de son Aporus costae:
«Taille moyenne, 6mm à 8mm, les premiers segments de l’abdo-
1 Les diagnoses et les descriptions de cette espèce se rapportent à une ®
et un Z figurant dans la collection TourNIER, sous le nom d’Aporus costae
Tourn.
‘ HYMÉNOPTÈRES 643
men d’un brun rougeâtre, parfois un peu plus foncés postérieure-
ment; cuisses antérieures passablement renflées. »
Il distingue en outre cette espèce de celles du genre Planiceps
par son pronotum, qu n'est pas plus long que large.
La tête est légèrement plus large que longue (fig. 6 a). Le front,
bombé, s'incline obliquement vers le vertex, qui est arrondi et pro-
longé au delà des yeux. Tempes assez larges. La hauteur de la tête
atteint le double de la largeur des yeux (fig. 6 d); ceux-ci sont
environ deux fois plus longs que larges, leur bord interne est
faiblement échancré. Les mandibules atteignent les yeux; elles sont
rougeâtres et portent deux dents internes (fig. 6 b).
F6; -6:
Aporus costae Tourn.
— Aporus unicolor Spin. ©.
a — bte de iace, X 9: — mandibule, X 9 1: c— antenne X 9:4 = tête
et pronotum, de profil, X 9 3, ; e — tête et pronotum, de dessus, X 9 4; f =
patte antérieure X 9; g — aile antérieure X 9; h — aile postérieure X 9.
Le chaperon, large et court, est un peu incliné; les bords latéraux
sont très obliques; le bord antérieur est largement, mais faiblement
échancré et forme deux angles latéraux arrondis (fig. 6 a).
Les antennes, plutôt épaisses, sont insérées juste en arrière du
chaperon. Le deuxième article du fouet n’a pas tout à fait le double
de la longueur du premier: le troisième est un peu plus long que
le deuxième (fig. 6 c).
Pronotum plus large que long, s’inclinant mollement vers la
tête: les côtés ne sont pas tronqués à angle droit, mais arrondis
(fig. 6 d); bord postérieur à peine arqué, presque droit (fig. 6e).
Segment médian plus large que long, arrondi, marqué d’une faible
dépression médiane.
044 G. MONTET
Les fémurs antérieurs ne sont pas aplatis, mais arrondis et trois
fois plus longs que larges (fig. 6 j). L’éperon des tibias postérieurs
atteint la moitié de la longueur du métatarse. -
A l’aile antérieure, la deuxième cellule cubitale est large sur la
veine radiale: la première récurrente débouche sur la veine cubitale
vers le tiers de cette cellule, la deuxième récurrente, à peine au
delà de la deuxième cubitale transverse ou dans son prolongement;
nervule presque dans le prolongement de la basale (fig. 6 g). A l’aile
postérieure, l& veine cubitale prend naissance sur la médiane fort
au delà de la veine transverso-anale; cette dernière est oblique et
arquée en S (fig 6).
Mâle. Diagnose. Longueur totale: 6mm à 9mm: ailes:
5mm à 7mm
Thorax peu bombé. Plaque sous-génitale étroite, carénée. For-
ceps de l’armure génitale pointus et ne dépassant pas la hauteur
des prolongements basilaires.
Noir; abdomen et pattes bruns; une tache fauve au fémur.
postérieur. Pubescence cendrée-roussâtre sur tout le corps, blan-
châtre entre les antennes et les yeux, en dessous de la tête, sur le
scutum du métathorax et sur les côtés du segment médian où les
poils sont plus longs et touffus.
Tête ronde, aussi large que longue. Chaperon en forme de tra-
pèze, pas tout à fait deux fois plus large que long: bord antérieur
légèrement concave, côtés obliques (fig. 7a). Surface ponctuée,
o
: à
P b
N + AL
Aporus costae Tourn.
Fre:7
— Aporus unicolor Spin. .
a — tête, de face, X 9; b — tête et pronotum, de profil, X 9; « = pronotum,
de dessus, X 91%: d — patte antérieure X 9 1%; e — plaque sous-génitale X 37;
f — armure copulatrice X 40; g — aile antérieure X 9 14; k = aile postérieure
” a À
HYMÉNOPTÈRES 645
couverte de poils cendrés. Labre non visible. Mandibules triden-
tées. Yeux légèrement plus rapprochés en avant qu’en arrière.
Antennes épaisses; les deuxième et troisième articles, égaux entre
eux, atteignent ensemble la longueur du scape. Sur le front bombé,
un fin sillon longitudinal n’atteignant pas les yeux. Vertex pro-
longé au delà des yeux (fig. 7 b).
Pronotum beaucoup plus large que long, plus court que le scu-
tum du mésothorax. Bord antérieur arrondi, bord postérieur large-
ment et faiblement échancré (fig. 7 c). Segment médian à peine
plus large que long, arrondi en arrière, pourvu d’une impression
longitudinale antérieure. Il est revêtu de poils cendrés roussâtres,
plus longs et franchement blanchâtres sur les côtés.
L’éperon le plus long des tibias postérieurs atteint les %/, du
métatarse. Le fémur de la patte antérieure est environ 5 fois plus
long que large (fig. 7 d).
Les derniers arceaux ventraux n’ont pas de dépression médiane.
La plaque sous-génitale allongée, étroite, porte une carène qui
s’affaisse brusquement avant le milieu de sa longueur (fig. 7e).
L’armure génitale est large de base, à appendices grêles (fig. 7 f).
Chez le plus grand individu, provenant du Valais, les angles laté-
raux sont accusés et pointus.
A l'aile antérieure (fig. 7 g), la deuxième cellule cubitale, plus
large que haute, est rectangulaire; le nervule se trouve presque
dans le prolongement de la basale; la deuxième récurrente, dans le
prolongement de la deuxième cubitale transverse. A l’aile posté-
rieure, la veine cubitale prend naissance sur la HÉUne bien
au delà de la transverso-anale (fig. 7 h).
Les caractères généraux d’Aporus costae Tourn. & sont bien
ceux d’Aporus unicolor Spin; malheureusement, aucune descrip-
tion de l’armure génitale, ou même de la plaque sous-génitale
d’Aporus unicolor, ne permet la comparaison de ces pièces avec
celles d’Aporus costae.
TourNIER considérait Aporus bicolor V. d. L. comme une espèce
différente d’A. bicolor Spin; il a baptisé à nouveau le premier sous
le nom d’A. costae Tourn., tandis qu'il faisait d’A porus fulviventris
Costa ! un synonyme du second.
1 TOURNIER écrit rufiventris, très probablement par erreur, comme ScHuLzz
l’a déjà remarqué.
646 G. MONTET
Cependant, SpiNOLA a décrit son Aporus bicolor comme ayant
seulement les trois premiers segments abdominaux rouges, ce qui
le distingue à première vue d’A. fulviventris Costa, et son espèce
est, sans doute, synonyme de celle de VAN DER LiNDEN. Il y
a quelques divergences de caractères dans les descriptions que
donnent SCcHENCK (1857), Costa (1887) et MAGrETTI (1887) de
À porus bicolor Spin. ; la deuxième nervure récurrente peut aboutir à
l’angle externe de la deuxième cellule cubitale; en outre, le dessin
de MAGRETmI montre un nervule inséré bien au delà de la basale.
ScHuULZz fait d'Aporus costae un synonyme de Pompilus castor
Kobhl, sous le nom de Planiceps castor. D’autre part, trouvant parmi
les Aporus costae de ToUuRNIER deux exemplaires envoyés à
TOURNIER par WESMAEL comme Aporus bicolor, 1l en conclut
qu'Aporus costae Tourn. est également synonyme d’A. buicolor.
Ceci semble exact, mais ne concerne pas les deux exemplaires de
Wesmaël, qui sont, en réalité, des ÆEvagetes bicolor Lep. (dubius
Vider |
Konz (1888) a identifié lui-même son Pompilus castor avec
Aporus bicolor Spin., d’après la description de ScHEncx (1857). Il
lui attribue un nom nouveau, parce qu'il existe déjà un bicolor
dans le genre Pompilus où il fait rentrer les Aporus. SCHMIEDE-
KNECHT (1907) considère de même Planiceps castor (Kohl) comme un
synonyme possible de A. bicolor Spin.
Aporus lugubris Verhoeff est reconnu par son auteur comme
synonyme de P. castor Kohl: cette espèce se trouve donc également
synonyme d’Aporus costae Tourn. et d’Aporus bicolor (unicolor)
Spin.
Aporus radoszkowskii (Tourn.).
Syn.: Aporus radoszkowskii. TourNIiERr, 1889, p. 154, ©.
Pompilus arcticus. DALLA ToRRE, 1897, p. 273.
Planiceps radoszkowsku. ScauLz, 1911, p. 64.
19. Sibérie orientale.
Femelle. Diagnose. Longueur totale: 13mm; ailes: 8mm,
Espèce grande, robuste. Mandibules portant deux dents internes.
Les antennes sont insérées au niveau du bord antérieur des yeux.
Pronotum une fois et demie plus long que le mésonotum, tronqué
HYMÉNOPTÈRES 647
sur les côtés, arrondi en avant. Fémurs antérieurs modérément
épais. A l’aile postérieure, le cubitus prend naissance bien au delà
de la transverso-anale.
Corps noir; le thorax est couvert d’un revêtement qui est brun
foncé sur la partie dorsale, plus clair, un peu doré, sur le segment
médian, les côtés du corps et les hanches. Mandibules en partie
fauves. Les trois premiers arceaux dorsaux de l’abdomen sont
fauves bordés de brun; ce bord foncé atteint la moitié de la lon-
gueur du troisième segment; le premier arceau ventral est fauve
également. Ailes jaunâtres, à peine plus foncées à l’extrémité.
Voici la diagnose de TOURNIER:
« Taille grande. Les premiers segments de l’abdomen rouges,
bordés postérieurement de brun foncé ou de noir; cuisses antérieures
peu renflées. Longueur 13mMm à 15mm, ,
Tête aussi longue que large, d’une épaisseur moyenne. Le front
brusquement surélevé derrière les antennes, est incliné jusqu’au
vertex. Un sillon prend naissance entre les antennes et se termine
par une fossette à mi-distance de l’ocelle antérieur (fig. 8a). Cha-
peron long comme le 1/; de la longueur totale de la tête; 1l est
presque plan, légèrement incliné en avant; bord antérieur droit,
angles arrondis, côtés obliques; l’extrême bord est lisse, le reste de la
surface, ponctué et eilié.
Fic. 8.
Aporus radoszkowskii Tourn. ©.
a = tête, de face, X 9; b = tête, de profil, X 9; c — antenne, X 8; d — pro-
notum, de dessus, X 9; e — pronotum, de profil, x 9 1%, ; f — patte antérieure,
X 9 1%, ; g = aile antérieure, X 7 2; k — aile postérieure, X 9.
648 G. MONTET
Yeux deux fois et demie plus longs que larges, étroits, vus de
dessus. Les ocelles postérieurs partagent la distance entre les yeux
en trois parties égales. Vertex long, oblique, brièvement prolongé
au delà des ocelles (fig. 8b). Tempes modérément développées. Les
mandibules n’atteignent pas tout à fait les yeux. Antennes assez
minces; le scape est aplati, près de quatre fois plus long que le pre-
mier article du fouet, qui est lui-même un peu plus long que large;
le deuxième article est plus du double de la longueur du premier;
le troisième. presque égal au deuxième (fig. &c).
Pronotum rectangulaire, plan, presque deux fois plus large que
long: angles antérieurs arrondis, côtés parallèles, bord postérieur à
peine échancré (fig. 8d et 8e). Mésonotum un peu plus large que long,
plus long que le scutellum. Segment médian une fois et quart plus
large que long, tronqué dans sa partie postérieure. Stigmates non
enfoncés, très ouverts. Surface ponctuée, couverte d’une pubescence
dorée. Abdomen largement ovoïde:; premier arceau dorsal légère-
ment échancré à son bord postérieur.
Hanches antérieures longues, les moyennes et postérieures,
courtes: les hanches sont canaliculées en dehors, la hanche anté-
rieure, plus faiblement que les autres. Le fémur antérieur est trois
fois plus long que large: le tibia, un peu plus court que le fémur;
le métatarse, deux fois plus court que le tibia; le deuxième article
du tarse est au moins quatre fois plus court que le métatarse et
aussi large que long (fig. 8f). Le plus grand éperon des tibias posté-
rieurs atteint la moitié de la longueur du métatarse.
A l'aile antérieure, le nervule se trouve dans le prolongement
de la basale; la deuxième cellule cubitale est plus large que haute.
La deuxième récurrente débouche sur la veine cubitale en dehors
de cette cellule (fig. 8g).
A l’aile postérieure, la veine cubitale prend naissance sur la
médiane bien au delà de la transverso-anale; celle-ci est courte, peu
arquée (figure 8h).
ScHULZ considère Aporus radoszkowski comme une espèce
du genre Planiceps, voisine de P. castor Kohl. Ce rapprochement
souligne les affinités de l’espèce avec le genre Aporus, P. castor
étant synonyme de À porus unicolor Spin. La tête épaisse d’A porus
radoszkowskii, ses mandibules tridentées, ses fémurs antérieurs
modérément renflés, en font hien un Aporus.
(@p)
NS
[d'e)
HYMÉNOPTÈRES
- Evagetes bicolor Lep.
Syn.: Aporus bicolor. LATREILLE, LEPELETIER DE SAINT-FARGEAU,
SERVILLE et GUÉRIN, 1825, p. 183.
Aporus ? dubius. VAN DER LINDEN, 1827, p. 351.
| Evagetes bicolor. LEPELETIER DE SAINT-FARGEAU, 1845, p.
; 390, © d.
D Evagetes sabulosus. TOURNIER, 1889, p. 155, ©.
Pompilus rattus. DALLA ToRRE, 1897, p. 315.
; Pompilus sabulivagus. DALLA Torre, 1897, p. 319.
Aporus dubius. Scauzz, 1911, p. 64.
Evagetes bicolor. BERLAND, 1925, p. 282, 2%.
16 9, Genève, Valais: 1 3, Genève.
Femelle. Diagnose. Longueur totale: 7mm à 8mm: ailes:
Aumm5 à 5mmps,
Tête carrée; pronotum court; antennes épaisses; pattes anté-
rieures de dimensions moyennes, tarses épineux du côté externe.
Ailes modérément longues. Cellule radiale ne dépassant pas beau-
coup la deuxième cellule cubitale. Celle-ci reçoit les deux nervures
récurrentes vers le 1/, et les ?/, de sa longueur. Nervule bien au
delà de la basale (fig. 9 2). Cubitale de l’aile postérieure dans le
prolongement de la transverso-anale (fig. 9 h).
Corps noir; les deux premiers arceaux dorsaux et la moitié du
Fire. 9.
Evagetes bicolor Lep. ©.
a — tête, de face, X 10: b — tête et pronotum, de profil, X 10; « — tête et
pronotum, de dessus, X 10 1, ; d — antenne X 12; e — patte antérieure X 10;
” f = tarse antérieur, face externe, X 10; g — aile antérieure, X 12; k — aile
postérieure X 11 14.
Rev. Suisse De Zoo. T. 33, 1926. 19
650 G. MONTET
troisième, rouges; les flancs, la partie antérieure des deuxième et
troisième segments couverts d’une pruimosité argentée. Ailes hya-
lines, jaunâtres, à extrémités brunes.
Tête plus large que longue. Yeux à peine échancrés, parallèles,
environ deux fois plus longs que larges. Chaperon large, long
comme le t/, de la longueur totale de la tête, faiblement arrondi
en avant; ses côtés sont obliques, ses angles latéraux très arrondis
(fig. Ja). Antennes assez épaisses, insérées un peu en arrière du
chaperon. Le deuxième article du fouet est deux fois et demi
plus long que le premier; le troisième, un peu plus long que le
deuxième (fig. 9d).
Vertex court, très oblique; front convexe, dominant le chaperon.
Le labre arrondi, légèrement échancré au bord antérieur, est à peine
visible de face, mais il est plus apparent de profil (fig. 9b).
Pronotum beaucoup plus large que long, mollement incliné vers
la tête (fig. 9b); bord postérieur échancré en un angle très obtus
(fig. Qc). Segment médian arrondi, marqué d’un court sillon dans
la partie antérieure.
Les tarses antérieurs, de dimensions moyennes, sont épineux
du côté externe, les épines étant disposées de façon irrégulière
(fig. Je et f). La plus grande épine des tibias postérieurs dépasse la
moitié de la longueur du métatarse.
Mâle. Diagnose. Longueur totale: 4mm5;: ailes: 4mm,
Sixième arceau ventral échancré; le cinquième a une partie
déprimée, large et peu profonde. Plaque sous-génitale allongée, un
peu triangulaire et voûtée en toit (fig. 10 d).
A
Tic. 0:
Evagetes bicolor Lep. «.
a = tête, de face, X 8 %,; b — tête et pronotum, de profil, X 10; c — pro-
notum, de dessus, X 8; d — extrémité de l’abdomen, face inférieure, X 104;
e — aile antérieure X 8.
HYMÉNOPTÈRES 651
F Noir; pattes brunes, premier arceau dorsal et base du second,
rouge-brun; le reste de l’abdomen est brun. Pubescence argentée
plus apparente que chez la femelle.
. Tête ronde, épaisse, à yeux légèrement convergents en avant.
Front bombé. Chaperon modérément large et long, en forme de
trapèze. Labre visible, un peu échancré (fig. 10a). Pronotum beau-
coup plus large que long, bord postérieur arrondi (fig. 10c).
A l'aile antérieure (fig. 10e), la deuxième récurrente aboutit
très près de l’angle de la deuxième cellule cubitale, le nervule est
bien au delà de la basale; la cubitale de l’aile postérieure débouche
sur la médiane presque dans le prolongement de la transverso-
anale, légèrement au delà.
La pubescence argentée s’étend sur la tête, les tempes, les flancs
du thorax et les hanches, sur le segment médian où les poils forment
un revêtement plus élevé et plus épais, tandis qu’il est ras à la base
de l’abdomen. Sur le thorax, la plus grande partie de l’abdomen et
les pattes, la pubescence est dorée.
Evagetes sabulosus Tourn. est représenté dans la collection
Tournier par 4 ©, provenant de Genève. Longueur totale: 5mm,5;
ailes: 4mm 5,
TourNiEr ne distingue ÆEvagetes sabulosus d’Evagetes bicolor
Lep. que par sa taille et par l’absence d’un sillon au segment
médian. C’est peu de chose pour créer une espèce nouvelle. Il
existe du reste des individus d’ÆEvagetes bicolor de taille aussi
faible.
Un examen attentif ne nous a montré que de légères différences
de structure: le pronotum est un peu plus étroit
par rapport à la tête que chez Æ. bicolor, 1l est
également un peu plus court (fig. 11). Les tarses
antérieurs portent moins d’épines; enfin, la
cubitale de l’aile postérieure rejoint la médiane
un peu au delà de la transverso-anale. Les ailes
ss ; Fic. 11.
sont transparentes, irisées, plus claires que chez
E. bicolor. Evagetes sabulosus
Tourn.
Il semble que ces différences ne sont pas assez
accentuées pour constituer une variété et qu’on
eu idér ; ; à
peut considérer Æ | sabulosus Tourn. comme ‘réte et pronotum,
synonyme de Æ. bicolor Lep. de dessus, X 10 32.
— Evagetes bicolor
Lep. ©.
652 G. MONTET
Evagetes niger Tourn.
Syn.: ÆEvagetes niger. TOuRNIER, 1889, p. 65-66, &.
Telostegus niger — Evagetes niger. TouRNIER, Ibid., p.155, &
Pompilus panormitanus. DALLA Torre, 1897, p. 308.
Aporus dubius. Scauzz, 1911; p. 59.
1 &, Sicile,
Mâle. Diagnose. Longueur totale: 7Mm5;: ailes: 5mms,
Espèce svelte, à tête aplatie et à vertex anguleux. Deuxième
cellule cubitale très longue. Plaque sous-génitale carénée; dernier
arceau ventral profondément échancré en demi-cercle. |
Tout à fait noir. Ailes jaunâtres, hyalines, plus foncées à l’extré-
mité. |
_ Il y a peu de chose à ajouter à l’excellente description de Tour-
NIER. |
Tête à peine plus large que longue (fig. 12a). Tempes presque
nulles. Le vertex est prolongé au delà des yeux; les ocelles sont situés
non loin de son bord anguleux. Yeux environ deux fois plus longs
que larges (fig. 12b). Le chaperon est bordé de clair. La lèvre supé-
rieure est visible en dessous; elle est un peu voûtée, son bord légè-
rement échancré (fig. 12c). Mandibules pointues, bidentées: leur
base atteint les yeux.
Le pronotum est beaucoup plus large que long; son bord posté-
rieur est échancré en angle (fig. 124).
Pres
Evagetes (Telostegus) niger Tourn.
a — tête, de face, X 9; b — tête et pronotum, de profil, X 10; c = labre;
— pronotum, de dessus, X 9; e — extrémité de l’abdomen, face inférieure,
X 59; f — aile antérieure; g — aile postérieure.
HYMÉNOPTÈRES 653
L’extrémité de l'abdomen ressemble à celle d’Æ. bicolor, mais on
ne distingue pas de fossette au devant de l’échancrure semi-circu-
laire du sixième arceau ventral; cette échancrure est garnie de
poils convergents (fig. 12e).
La deuxième cellule cubitale est très longue, comme ToUuRNIER
le mentionne; la deuxième récurrente aboutit près de son angle
externe; le nervule rejoint la basale, mais forme un angle avec
cette veine (fig. 12f). La cubitale de l’aile postérieure prend naissance
sur la médiane, un peu au delà de la transverso-anale; celle-ci est
longue, de direction oblique, un peu contournée en S (fig. 12g).
TourNIER à fait de son espèce d’abord un Ævagetes, ensuite un
Telostegus, mais il semble que ce dernier genre, insuffisamment
délimité, puisse être abandonné. |
SCHULZ identifie T'elostegus niger avec E. dubius V. de L. (bicolor
Lep.). Les exemplaires de ces espèces que possède le Museum
présentent cependant des différences marquées dans la forme de
la tête, la nervation, l’extrémité de l’abdomen.
Evagetes filicornis Tourn.
Syn.: Evagetes filicornis. TourniEr, 1889, p. 64-65, 9; p. 155, ©.
Pompilus filicornis. DALLA Torre, 1897, p. 289.
Aporus filicornis. ScauLzz, 1911, p. 64.
Evagetes filicornis. BERLAND, 1925, p. 282, 9%.
2 9, Genève.
Femelle. Diagnose. Longueur totale: 8mm: ailes: 6mm,
Tête carrée, assez épaisse. Antennes longues et minces. Pronotum
court. Pattes antérieures longues. Fémur trois fois et demie plus
long que large. Deuxième récurrente à l’angle de la deuxième
cellule cubitale; nervule un peu au delà de la basale; cubitale de
l'aile postérieure dans le prolongement de la transverso-anale,
Corps noir, couvert d’une pubescence brunâtre qui est argentée
sur les flancs et le segment médian. Les deux premiers segments
et la base du troisième sont rouges. Aïles enfumées, plus foncées
à l’extrémité.
Tête faiblement plus large que longue. Yeux parallèles, leur
bord interne est un peu creusé vers son tiers postérieur. Cha-
peron trois fois plus large que long; sa longueur dépasse le 1/; de
654 G. MONTET
la longueur totale de la tête. Surface ponctuée, sauf au bord; angles
arrondis, côtés obliques (fig. 134). La lèvre supérieure bilobée est
un peu visible en dessous du chaperon. Mandibules épaisses, pour-
vue d’une dent interne.
De profil, la tête est épaisse, le front bombé. Le vertex est court,
très oblique, les tempes, développées. Les yeux sont plus de deux
fois plus longs que larges (fig. 13b).
Evagetes filicornis Tourn. ©.
a — tête, de face, X 10; b = tête et pronotum, de profil, X 10; c — antenne,
X 9; d — pronotum, de dessus, X 11; e — patte antérieure, X 10 1, ; f — aïle
antérieure, X 9 1, ; g — aile postérieure, X 9 12.
Antennes insérées un peu en arrière du chaperon. Premier article
du fouet un peu plus large que long; deuxième article, quatre fois
plus long que le premier: le troisième est un peu plus court que le
deuxième (fig. 13c).
Pronotum court, incliné mollement vers la tête (fig. 13b), quatre
fois plus large que long, son bord postérieur profondément échancré
est un peu triangulaire (fig. 134). Segment médian un peu plus
large que long, tronqué dans la partie postérieure. Extrémité de
l’abdomen comprimée, parée de quelques longs poils.
Pattes antérieures longues: tarses épineux du côté externe:
fémurs trois fois et demie plus longs que larges (fig. 13e).
La deuxième cellule cubitale est étroite sur la veine radiale; la
deuxième récurrente aboutit près de l’angle externe de cette
cellule. Le nervule se trouve légèrement au delà de la basale
(fig. 13f).
La veine cubitale de l’aile postérieure prend naissance sur la
médiane un peu au delà de la transverso-anale; celle-ci est oblique,
sinueuse, de longueur moyenne.
HYMÉNOPTÈRES 655
Evagetes grandis Tourn.
Syn.: Evagetes grandis. TourNIER, 1889, p. 63 à 64, 9; ibid., p. 155, ©.
Pompilus latro. DALLA ToRRE, 1897, p. 297.
Aporus grandis. ScHULZ, 1911, p. 64.
1 9, Russie méridionale (Sarepta).
Femelle. Diagnose. Longueur totale: 13mm: ailes: 11mm,
Grande espèce. Tête large. Chaperon large, bordé, long comme
le quart de la longueur totale de la tête. Mandibules longues et
fortes. Antennes minces. Deuxième cellule cubitale presque aussi
longue que la radiale; nervule dans le prolongement de la basale.
Corps noir, couvert d’une pubescence brunâtre. Ailes foncées,
plus sombres à l’extrémité.
Tête carrée, plus large que longue. La base du chaperon atteint
le bord antérieur des yeux. Les côtés en sont obliques, les angles
arrondis, le bord antérieur légèrement excavé. Sur un tiers de la
longueur du chaperon, le bord est lisse et brillant, tandis que le
reste de la surface est couvert d’un revêtement de poils courts et
F1G. 14.
Evagetes grandis Tourn. ©.
a — tête, de face, X 9; b — tête et pronotum, de profil, X 9; c — antenne, X 9;
d — pronotum, de dessus, X 9; e — patte antérieure, X 9 , ; f — aile anté-
rieure, X 9; g — aile postérieure, X 9.
656 G. MONTET
serrés, parsemés de poils plus longs. Les mandibules touchent
presque les yeux. Elles sont rouges, brunes à l’extrémité, portant
quelques poils rudes. Yeux parallèles. Entre les antennes et l’ocelle
antérieur, il y a une ligne déprimée. Les ocelles postérieurs sont sen-
siblement plus éloignés des yeux qu'ils ne le sont entre eux, et de
plus petit diamètre que l’ocelle antérieur (fig. 14 a).
De profil, La tête est épaisse, le chaperon et le front un peu bom-
bés, le vèrtex largement arrondi en arrière ; tempes très développées,
portant de longs poils fins (fig. 14 b). Antennes minces; le deuxième
article du fouet est quatre à cinq fois plus long que le premier
(fig. 14 c); le troisième atteint à peu près les 4/, de la longueur du
second.
Pronotum beaucoup plus large que long et deux fois plus court
que le scutum; 1l est arrondi en avant et sur les côtés, régulièrement
arqué en arrière et recouvert d’une pubescence brune (fig. 14 d).
Scutum large et long; le scutellum égale les ?/, de la longueur du
scutum. Segment médian arrondi, un peu plus large que long;
il est aussi revêtu d’une pubescence d’un brun doré et marqué d’une
impression longitudinale; sa partie postérieure est concave.
L’abdomen est revêtu de la même pubescence; l’avant-dernier
arceau ventral est échancré; l’extrémité de l’abdomen porte
quelques longs poils fins.
Pattes brunes; tibias et tarses épineux; les tibias des pattes
antérieures ne portent d’épines qu’à leur extrémité, tandis que les
épines sont parsemées sur toute la longueur des tibias moyens et
postérieurs.
À l’aile antérieure, la cellule radiale dépasse peu la deuxième
cubitale; celle-ci est large et reçoit la deuxième récurrente à une
certaine distance de son angle externe (fig. 14 f). A l’aile postérieure,
la veine transverso-anale est arquée en S et débouche sur la médiane
sensiblement en deça de la cubitale (fig. 14 g).
1925.
1887.
1897.
1897.
1884.
1888.
1825.
1845.
1887.
1857.
1907.
1911.
1808.
1889.
HYMÉNOPTÈRES 657
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
BERLAND, L. Faune de France, vol. 10. Hyménoptères vespiformes.
Ft Paris:
Costa, A. Prospetio degli Imenotteri Italiant. Parte seconda.
Napoli.
DaLLa Torre, C.-G. Catalogus hymenopterorum hucusque des-
criptorum systematicus et synonymicus. Vol. 8. Fossores
(Sphegidae). Lipsiae.
FERTON, C. Nouvelles observations sur l'instinct des Pompilides.
Actes. Soc. linn. Bordeaux, vol. 52, p. 101-132.
KouLz, F.-F. Die Gattungen der Pompiliden. Verh. zool.-bot. Ges.
Wien, vol. 34, p. 33-58, pl.2.
— Neue Hymenopteren in den Sammlungen des k.-k. naturhisto-
rischen Museums. Verh. z0ol.-bot. Ges. Wien, vol. 38, p.
133-156, pl. 3 et 4.
LATREILLE, LEPELETIER DE SAINT-FARGEAU, SERVILLE et GUÉ-
RIN. Encyel. méth. Hist. nat., tome 10. Paris.
LEPELETIER DE SAINT-FARGEAU, À. Histoire naturelle des Insectes.
Hyménoptères, vol. 3. Paris.
MAGrETTI, P. Sugli Imenotteri della Lombardia. Mem. III. Pom-
pilidei. Bull. Soc. ent. ital., vol. 19, pp. 189-257, 289-317,
pl. 6 et 7.
SCHENK, À. Die Grabwespen des Herzogthums Nassau. Jahrb. Ver.
für Naturk. im Herzogthum Nassau, vol. 12, p. 1-343,
pl. 1 et 2.
SCHMIEDEKNECHT, (). Die Hymenopieren Mitteleuropas. Iena.
ScHuLz, W.-A. Grabwespen-Typen Tourniers, Brullés, Lepeletiers
und Schenks. Soc. entom., Jahrg. 26, p. 57-59, 63-64, 67-68.
SPINOLA, M. Insectorum Liguriae species novae aut rariores, tome 2.
Genuae.
TourNier, H. yménoptères. Descriptions d'espèces nouvelles et
remarques diverses. L’Entomologiste genevois, 17e année,
pp. 11-18, 35-45, 56-69, 93-96, 102-115, 125-133.
1889-1890.— Eiude de quelques Pompilides d'Europe et contrées limitrophes.
Tbid., pp. 133-140, 154-178, 194-219; (non terminé).
658
1827.
1890.
1892.
1851.
G. MONTET
VAN DER LINDEN, P.-L. Observations sur les Hyménoptères d'Eu-
rope de la famille des Fouisseurs. Nouv. Mém. Acad. Se.
Bruxelles, t. 4, P. 1, pp. 271-367.
VERHOEFF, C. Ein Beurag zur deutschen Hymenopteren-Fauna.
Entom. Nachr., Jahrg. 16, pp. 321-336.
— Ueber einige neue und seltene Fossorien. Entom. Nachr.,
Jahrg. 18, pp. 65-72.
WEsMAEL, M. Revue critique des Hyménoptères fouisseurs de Bel-
gique. Bull. Ac. Belgique, tome 18, II partie, pp. 362-
384, 451-493,
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE 659.
Vol. 33, n° 23. — Décembre 1926.
Influence de l'alimentation sur la pigmentation
cutanée des Salmonides
par
Emile ANDRÉ.
Dans le revêtement tégumentaire des Truites (7. fario L.) se
rencontrent, en plus de la guanine qui lui donne son éclat argenté,
deux pigments: la mélanine et le pigment rouge. Le premier de
ceux-C1 existe chez tous les individus des nombreuses variétés de
fario; quant au pigment rouge, il ne se développe guère, tout au
moins dans nos régions, que chez les fario habitant les petites
rivières, les ruisseaux, les torrents et quelques lacs de montagne.
Il est presque inutile de rappeler qu’il se présente sous la forme
de taches sur les flancs de l’animal et sur les nageoires, soit à l’état
diffus, soit sous la forme de taches ou de ponctuations plus ou
moins bien délimitées !. Le fait que ce pigment est l’apanage des
fario habitant certaines eaux permettrait de supposer que son
apparition est conditionnée par l’alimentation. D'autre part, il
est admis que la coloration saumonnée de la chair de certains
individus de fario est due à leur régime alimentaire riche en Gam-
marus. De plus, SCHNEIDER ? a noté que, chez les Perches qui se
nourrissent de Crustacés, la pigmentation rouge des nageoires est
plus accentuée. Ce sont ces considérations qui nous ont engagé à
instituer l’expérience dont nous donnons ci-dessous le détail et
qui, disons-le tout de suite, a eu des résultats conformes à nos
prévisions.
1 Nous avons complètement laissé de côté l’étude cytologique de ce pig-
ment. Elle a déjà été abordée par quelques auteurs et notre excellent collègue,
le Dr P. Murisier, dont on connaît les belles recherches sur le pigment méla-
nique de la Truite, a, dans ses cartons, de nombreux documents sur cette
question, documents qui, souhaitons-le, ne tarderont pas à voir le jour.
2? SCHNEIDER, G. Farbenvariationen der Flussbarsch (Perca fluviatilis).
Korrespondenzbl. d. naturforsch. Ver. zu Riga, Bd. 51, 1908.
Rev. Suisse DE Zoo, ‘T, 33. 1926. 50
660 E. ANDRÉ
L'expérience a porté sur 20 alevins de fario, dont 10 provenaient
de l’établissement de pisciculture de la Société genevoise de pêche,
à Versoix, et 10 de l’établissement de Promenthoux. Ces alevins,
nés vers le milieu de mars, ont été répartis, le 25 mai, en deux lots
de 10, placés dans deux aquariums identiques et alimentés par la
même eau, chacun des aquariums contenant 5 alevins de Versoix
et » de Promenthoux. Ces alevins, examinés au préalable, se sont
montrés dépourvus de pigment rouge; 1ls avaient été alimentés
jusqu’à cette date avec de la nourriture artificielle (pulpe de rate,
farine de poisson). À partir de ce moment, l’un des lots fut nourri
avec des Vers de terre broyés ou hâchés, puis avec de petits Oligo-
chètes terricoles de la famille des Enchytraeides; le second lot fut
alimenté d’abord avec des Gammarus hâchés, puis avec de jeunes
Gammarus, provenant de l’Aire, petit affluent de l’Arve. Le 30 ma,
soit 5 jours après le commencement de l’expérience, apparaït chez
un des alevins du second lot une coloration rouge, légère mais très
nette, de la nageoire adipeuse. Successivement, les autres nageoires
se colorent dans l’ordre suivant: bord antérieur, puis antéro-supé-
rieur de la nageoire dorsale; bord supérieur, puis inférieur de la
nageoire caudale; bord antérieur de la nageoire anale. Les nageoires
paires se sont colorées ensuite, sur leur bord antérieur, d’une légère
teinte orangé, diffuse, à peine perceptible. Le 5 juillet, soit après
41 jours, chez la plus grosse des truitelles apparaït, à peu près au
niveau de la ligne latérale, une rangée longitudinale de taches
rouges dont la couleur gagnera assez rapidement en intensité. Le
21 juillet, date à laquelle tous les alevins furent sacrifiés, la pig-
mentation rouge est à peu près égale en répartition et en intenstié
chez tous les individus, ou plutôt chez les alevins restant, car
quatre de ceux-ci ont péri au cours de l’expérience par accident
ou par la costiase.
La rapidité de la fixation du pigment rouge par les truitelles
varie passablement d’un individu à l’autre. Ce sont les plus gros
qui se colorent les premiers, tandis que chez les individus malingres
la coloration apparaît plus tardivement, simplement par le fait,
semble-t-il, qu’ils absorbent ou assimilent une quantité plus faible
de nourriture. Le pigment des Gammarus n’est d’ailleurs pas absorbé
entièrement par les truitelles. Nous en trouvons la preuve dans le
fait que leurs excréments présentent la couleur des Gammarus
rubéfiés; ces excréments, traités par le mélange alcool-éther, sont
SALMONIDES 661
décolorés, tandis que le liquide prend la teinte rouge-orange carac-
téristique.
Signalons aussi le fait que, à la fin de l’expérience, la chair des
truitelles n’était pas saumonée, n1 sur le frais, ni après coction
dans l’eau bouillante. Nous reviendrons sur cela dans un instant.
Les alevins du premier lot, nourris donc exclusivement de Vers
de terre et d’Enchytraeidae, ne présentaient à la fin de l’expérience
aucune trace de pigmentation rouge dans la peau et à plus
forte raison aucun vestige de « saumonisation » de la chair. Ce
deuxième lot fut également, dans le cours de l’élevage, réduit de
4 unités.
Pour être complet, nous ajouterons que la longueur moyenne
des truitelles du premier lot (Vers de terre) était de 41 mm., tandis
que celle du second {Gammarus) était de 46 mm.; mais de ces
moyennes, établies sur un petit nombre d'individus, nous nous
garderons bien de tirer une déduction. Le 21 juin nous avons fait
passer un individu du premier lot dans le deuxième; le 28 juin,
soit 7 jours après, apparaissait nettement la coloration rouge de
sa nageoire adipeuse.
Il semble donc bien établi par ce qui précède que les pigments
rouges des Truites sont empruntés à leur nourriture, aux Gammarus
dans le cas particulier. Une observation que nous avons faite à
l’établissement piscicole de Versoix en est une autre preuve. Des
truitelles de fario y sont élevées dans deux bassins se faisant suite;
le premier de ceux-ci est alimenté par les eaux d’un bief dérivé de
la Versoie et ses eaux passent ensuite dans le second bassin. Chez
les truitelles hébergées dans ce dernier la coloration rouge des
nageoires et de la peau a fait son apparition, ainsi que nous l’avons
constaté, d’une façon plus tardive que dans le premier bassin. Les
truitelles des deux bassins reçoivent de la nourriture artificielle
en quantité et en qualité égales, mais celles du premier se repaissent
en outre, et plus abondamment que celles du second, des petits
Arthropodes, des Gammarus en particulier, amenés par les eaux
du bief. On peut donc attribuer la différence signalée plus haut
au fait que les truitelles du deuxième bassin consomment une plus
petite quantité de Gammarus.
La conclusion à laquelle nous sommes arrivé demandait à être
confirmée par la comparaison, au point de vue de leurs réactions
chimiques, du pigment rouge des Truites avec celui des Gammarus;
662 E. ANDRÉ
nous avons donc été amené à faire une étude sommaire de ces deux
pigments !. st
Chez les Gammarus, l'hypoderme ne nous a pas montré de chro-
matophores, mais nous avons constaté, dans cette couche et surtout
dans le voisinage de l'intestin, l’existence d’amas de gouttelettes
huileuses d’un rouge vif. Celles-ci, traitées par l’acide sulfurique,
passent au bleu vif, réaction qui nous apprend que ces gouttelettes
sont composées de zooérythrine, ou plutôt qu’elles contiennent de la
zooérythrine, c’est-à-dire des composés carotinoïdes. Quant à la
carapace, elle est rubéfiée par la chaleur, la dessiccation, l’alcool,
les acides, etc.; elle contiendrait donc, comme celle des Décapodes,
ce que VERNE a appelé des carotinalbumines, c’est-à-dire des
substances carotinoïdes combinées avec de l’albumine. La carotinal-
bumine est incolore; lors de la rubéfaction des téguments par les
agents mentionnés ci-dessus et par d’autres encore, cette substance
est dissociée et les carotinoïdes sont mis en liberté, provoquant ainsi
le rougissement de la carapace. Comme VERNE, nous avons constaté
que cette carotinalbumine est soluble dans l’eau; en broyant dans
un mortier des carapaces toute fraîches de Gammarus avec de l’eau
distillée et en filtrant ensuite le tout, on obtient une solution inco-
lore qui, portée à l’ébullition, se trouble légèrement et prend une
faible teinte rosée due à la libération des substances carotinoïdes.
De plus, en traitant par le chloroforme un certain nombre de cara-
paces de Gammarus desséchées à l’étuve à une température de
40 à 50° et par conséquent rubéfiées, on obtient une solution de
la couleur caractéristique rouge-orange; en ajoutant à celle-c1 de
l’acide sulfurique, on constate l’apparition, à la surface de contact
des deux liquides, d’une coloration bleue très nette. La carapace
rubéfiée mise en contact avec de l’acide sulfurique prend également
une légère coloration bleue, assez fugace d’ailleurs et difficile à
observer à cause de l’effervescence produite par l’acide sur le cal-
caire de la carapace. Les œufs de Gammarus, qui sont brunâtres sur
le frais, sont également rubéfiés par la chaleur et ils se comportent
dans les réactions ci-dessus de la même façon que la carapace.
Nous avons fait subir les mêmes réactions aux taches rouges des
l Pour cette étude, sommaire, nous le répétons, nous nous sommes basé
principalement sur l’important travail de J. VERNE: Les pigments tégumen-
taires des Crustacés décapodes. Paris, Editions médicales, 1921.
SALMONIDES 663
téguments des truitelles, en nous adressant de préférence à la
nageoire adipeuse qui est la région la plus riche en pigment rouge.
En mettant celles-ci en contact avec de l’acide sulfurique, on
constate que les granulations ou gouttelettes rouges prennent une
coloration bleue intense. Nous avons également desséché à l’étuve
quelques nageoires adipeuses de fario; celles-ci, après dessiccation
complète, sont mises dans le chloroforme qui dissout très rapi-
dement le pigment rouge et prend la coloration rouge-orange
caractéristique. L’addition d’acide sulfurique fait apparaître la
teinte bleue dans le voisinage de la surface de contact des deux
liquides. | |
Le pigment ! que nous avons extrait de la chair du Saumon par
ce dernier procédé présente la même réaction vis-à-vis de l’acide
sulfurique. On peut donc admettre que le pigment de Gammarus,
le pigment rouge de la peau des Truites et le pigment saumoné de
la chair des Salmonides sont identiques, ou du moins que ce sont
tous les trois des composés de carotinoïdes.
A la conclusion formulée plus haut que la coloration rouge des
téguments de la Truite est sous la dépendance directe de l’alimen-
tation et qu’elle est produite par la zooérythrine des proies ingérées
par ce Poisson (les Gammarus certainement, peut-être les jeunes
Ecrevisses et peut-être aussi certains Entomostracés), à cette
conclusion on pourrait objecter ceci, c’est que parfois les alevins
de fario ont déjà, au moment de leur naissance, certains points de la
peau pigmentés en rouge, d’une façon plus ou moins nette. Pour
ces alevins on admettra alors, avec WAGNER?, que la coloration
provient des matières pigmentaires contenues dans le vitellus de
l’œuf, en faisant remarquer toutefois que la somme de ces matières
pigmentaires est certainement insuffisante pour maintenir la colo-
ration rouge de la peau au-delà des premières semaines, ou tout
au plus des premiers mois de l’existence de l’alevin.
Pourquoi alors, se demandera-t-on, tous les alevins de fario ne
possèdent-ils pas dès leur naissance des dépôts de pigment rouge
1 Voir: M. J. NewB1GiN. The pigments of the muscle and ovary of the Salmon
and their exchanges. Report of the Royal College of Physicians Edinburgh.
Vol. 7, p. 159-164. 1900.
2 K. WaGner. Beiträge zur Entstehung des jugendlichen Farbkleides der
Forelle (Salmo fario). Internat. Rev. der ges. Hydrobiologie und Hydro-
graphie. Biol. Suppl., Bd. 4, 2. Serie. 1911.
664 E. ANDRÉ
dans leurs téguments ? Pour répondre à cette question, nous rap-
pellerons le fait, connu des pisciculteurs et souligné par WAGNER,
qu'il y a deux catégories d’œuîfs de fario, catégories qui ne sont
d’ailleurs pas nettement délimitées l’une de l’autre: les œufs rouges
et les œufs incolores ou tout au moins à peine colorés. Les premiers,
ainsi que Je l’ai décelé par les réactions décrites plus haut, contien-
nent des carotinoïdes et donneront naissance à des alevins plus ou
moins pigmentés en rouge; tandis que les seconds, à vitellus dépour-
vu de ces carotinoïdes, engendreront des alevins incolores. Le
pisciculteur LINKE, cité par WAGNER, suppose que les œufs rouges
proviennent de Truites vivant dans des eaux calcaires, tandis que
les œufs incolores seraient l’apanage des Truites des régions de
roches primitives. En nous basant sur nos expériences, nous
admettrons plutôt que ce n’est pas la qualité de l’eau, mais la
qualité de la nourriture qui détermine cette différence: les œufs
colorés étant élaborés par des Truites dans l’alimentation desquelles
entrent des Crustacés et les œufs incolores provenant de Truites
dont la nourriture est dépourvue de carotinoïdes.
Deux questions se posent encore. Puisqu'il y a identité entre le
pigment des taches rouges de la peau et celui de la chair dite
saumonée, pourquoi toutes les Truites à points rouges ne sont-elles
pas saumonées ? Il est difficile de répondre à cela d’une façon
formelle; on peut supposer néanmoins que les substances caroti-
noides se localisent d’abord dans la peau et les œufs et que ce n’est
que lorsque ces tissus en sont pour ainsi dire saturés que ces matières
pigmentaires se fixent dans les muscles. Il y a d’ailleurs à tenir
compte aussi du facteur quantité, et 1l est compréhensible qu'il
faudra une somme de Gammarus infiniment plus grande pour colorer
toute la musculature d’une Truite que pour faire apparaître les
ponctuations rouges dans la peau. La «saumonisation » de la char
suppose donc une alimentation très riche en Gammarus et prolongée
pendant un certain laps de temps. Et maintenant pourquoi les
fario des lacs, des fleuves et des grandes rivières ne montrent-elles
pas de taches rouges, bien que leurs eaux soient richement peuplées
en Gammarus ? Il faut sans doute en chercher l’explication dans
le fait que, à partir d’un âge assez jeune, ces Truites se nourrissent
plus volontiers de fretin qu’elles trouvent en abondance dans les
lacs et les grands cours d’eau. Il est bon d’ajouter à cela que la
localisation des Truites à points rouges n’est pas absolue et qu’on
SALMONIDES 665
en rencontre parfois, rarement, dans les lacs et les grands tours
d’eau; l’inverse a lieu et parfois aussi, plus fréquemment, les ruisseaux
hébergent des individus non pigmentés en rouge.
Chez les Ombles [Salmo umbla L.) on constate aussi des diffé-
rences de coloration individuelles assez marquées: les nageoires
paires et les nageoires anale et caudale peuvent être jaunâtres ou
rougeâtres; la face ventrale, orangée et, dans certains lacs, ces
Poissons peuvent présenter en outre, sur les flancs et sur les nageoires,
des taches d’un rouge plus ou moins vif. [l paraît légitime d’attribuer
ces colorations au régime alimentaire riche en Crustacés, en Gam-
marus en particulier. Cela semble corroboré par le fait que les
Ombles provenant d’une région déterminée de certains lacs ! ont
leur chair saumonée et que ces Poissons sont capturés sur des fonds,
caillouteux, lesquels sont peuplés de Gammarus même à des pro-
fondeurs assez grandes. Un autre fait, qui nous à été récemment
communiqué par M. L. KREITMANN, Inspecteur des Eaux et Forêts
à Thonon, vient encore confirmer qu'il y a corrélation entre la
coloration de la chair, par conséquent le mode d’alimentation, et la
pigmentation rouge ou jaune de la peau : certains Ombles du lac”
du Bourget, qui ont la chair saumonée, présentent une coloration
générale rougeâtre ou jaunâtre, avec le ventre légèrement rosé et
des taches jaunâtres sur la moitié dorsale du corps. SIEBOLD ? fait
remarquer que, dans les lacs de montagne, les Ombles sont plus
fréquemment colorés en rouge que dans les lacs de plaine; on peut
à cela donner deux explications, qui d’ailleurs ne s’excluent pas:
certains lacs de montagne sont abondamment peuplés de Gammarus*
et d’autre part les Entomostracés des lacs alpins sont plus riches en
hpochromes rouges que leurs congénères des lacs de plaine.
On peut encore ajouter que les taches rouges de la peau des
Saumons (jeunes et mâles en livrée de noce) et des Truites de mer
(mâles en livrée de noce) ont la même origine sans doute que les
1 Voir: E. ANDRÉ. Les omblières du Léman. Bull. Soc. vaud. Sc. nat., vol. 54,
1922, et Bull. Soc. centrale d’aquiculture et de pêche, vol. 29, 1922.
2 SrepoLD (von), C. T. E. Die Süsswasserfische von Mitteleuropa. Leipzig,
1863.
3 Voir: E. AnDRÉ. Le lac Lioson et sa faune. Bull. de la Soc. vaud. des sc. nat.,
vol. 55, 1923.
666 E. ANDRÉ
points rouges des fario !; il serait cependant intéressant de recher-
cher pourquoi l’apparition de ces dépôts de pigment coïncide avec
la période de reproduction.
L'expérience qui fait l’objet de ces lignes devrait être complétée
par l’expérience inverse. Nous l’avons entreprise et nous cherchons
actuellement à provoquer la disparition des taches rouges en
supprimant les Gammarus de l’alimentation de Truites fario; mais
cet élevage doit être, semble-t-il, poursuivi pendant assez longtemps,
puisque jusqu'à présent 1l n’a donné aucun résultat.
1 D’autres Poissons d’eau douce possèdent aussi des dépôts de pigment rouge
dans leurs téguments, en particulier dans les nageoires. Ces pigments, que nous
nous proposons d'examiner, sont aussi, cela est probable, des carotinoïdes;
nous avons du reste déjà décelé l’existence de ces substances dans les nageoires
de la Perche ( Perca fluviatilis) par les mêmes réactions que nous avons utilisées
pour les Salmonides.
æ) 4
An
TT a
Volume 33. Nos 1 et 2. Janvier 1926.
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE
ANNALES
SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE SUISSE
MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE
Maurice BEDOT
DIRECTEUR DU MUSEUM D HISTOIRE NATURELLE
AVEC LA COLLABORATION DE
MM. les Professeurs H. BLaxc (Lausanne), O. Funrmaxx (Neuchâteli}
E. Guxéxor /Genève) et F. Zscnokke (Bâle).
GENEVE
IMPRIMERIE ALBERT KUNDIG
1926
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE
Vol. 33. En cours de publication.
N° 1. O. ScnortTé. Système nerveux et régénération chezle Triton.
Avec 75 figures dans le texte.
N° 2. E. Guyéxor et K. Poxse. Une Microsporidie, Plistophora
bufonis, parasite de l’organe de Bidder du Crapaud. Avec
6 figures dans le texte et la planche 1.
Prix de l'abonnement :
Suisse Fr. 50. Union postale Fr. 55.
(en francs suisses)
Les demandes d'abonnement doivent être adressées à la rédaction
de la Revue Suisse de Zoologie, Muséum d'Histoire Naturelle,
Genève.
un | rent dar dant, x
sé soma ant Sen die, Se
6h bu La
à lus
MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE
Abonnement : Suisse, fr. 50.—; Union postale, fr. 53
CATALOGUE DES INVERTÉBRÉS DE LA SUISSE
. SARCODINÉS par E. PexarD FT Fr.
Fasc. 1 8 —
Fase. 2. PHYLLOPODES par Th. SrixcELix Fr. 8 —
Fase. 3. ARAIGNÉES par R. de Lesserr Fr. 32 50
Fasc. 4. ISOPODES par J.-Carz APRES ONE
Fase. 5. PSEUDOSCORPIONS par R. de Lesserr Pr: 200
Fasc. 6. INFUSOIRES par E. ANDRE Fr. 12 —
Fasc. 7. OLIGOCHÈTES par E. Picuer et K. Brerscuer Fr. 11 —
Fase. 8. COPÉPODES par M. Tniésaun Fr. 6 50
Fasc. 9. OPILIONS par R. de Lesserr Fr.::4 100
Fasc. 10. SCORPIONS par. R. de LEessErT AUS PR PE
Fase. 11. ROTATEURS par E.-F. Weser et G. Moxter Fr. 17 50.
Fasc. 12. DÉCAPODES par J. Can Fr. 3
Fasc. 13. ACANTHOCÉPHALES par E. Axbné Fa ee
Fase. 14. GASTÉROTRICHES par G. Moxrer Fr. 4 50
Fase. 15. AMPHIPODES par J. Carz AU Fr, 228800
Fasc. 16. HIRUDINÉES, BRANCHIOBDELLES
et POLYCHÈTES par E. Axoré Fr. 4.50
CATALOGUE GÉNÉRAL DES MINÉRAUX
par E. JOUKOWSKY
Fr: =
CATALOGUE ILLUSTRE DE LA COLLECTION LAMARCK
MUSÉUM D HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE
1r6 partie. — FOSSILES |
1 vol, #o avec 117 planches : Fr. 200.—
En vente chez GEORG & Cie, libraires, GENÈVE
Volume 33. Fascicule 2 (Nes 3 à 7). Mai 1926.
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE
ANNALES
DE LA
SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE SUISSE
ET DU
MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE
Maurice BEDOT
DIRECTEUR DU MUSEUM D HISTOIRE NATURELLE
AVEC LA COLLABORATION DE
MM. les Professeurs H. Braxc (Lausanne), O. Funrmaxx (Neuchâtel}
E. GuyExor (Genève) et F. Zscaokke (Bâle).
GENEVE
IMPRIMERIE ALBERT KUNDIG
1926
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE
Vol. 33. En cours de publication.
N° 1. O0. Scuorré. Système nerveux et régénération chezle Triton.
Avec 75 figures dans le texte.
. E. Guyéxor et K. Poxse. Une Microsporidie, Plistophora
bufonis, parasite de l'organe de Bidder du Crapaud. Avec
6 figures dans le texte et la planche 1.
N° 3. A. Navizze. Notes sur les Eolidiens. Un Eolidien d'eau
saumäâtre. Origine des nématocystes, Zooxanthelles et
homochromie. Avec 9 figures dans le texte.
2
©
N° 4. J. Roux. Notes d’erpétologie sud- américaine.
N° 5. E: ScuexkeL. Beitrag zur Kenntnis der Schweizerischen
Spinnerfauna. Mit 2 Textfiguren.
N° 6. R. Marruex. Ea greffe de l'œil. Avec les planches 2, 3, 4 et
3 figures dans le texte.
N° 7. R. DE Lesserr. Araignées du Kilimandjaro et du Mérou.
VE. Avec 13 figures dans le texte.
Prix de Pabonnement :
Suisse Fr. 50. Union postale Fr. 55.
(eu francs suisses)
Les demandes d'abonnement doivent être adressées à la rédaction
de la Revue Suisse de Zoologie, Muséum d'Histoire Naturelle,
Genève.
MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE
‘Abonnement : Suisse, fr. 50.—; Union postale, fr. 53
CATALOGUE DES INVERTÉBRÉS DE LA SUISSE
_Fasc. 1. SARCODINÉS par E. Penann -. “ Fr. 8 —
Fasc.. 2. PHYELOPODES ‘par Th. Srinwesux | Fr. 8 —
Fasc. 3. ARAIGNÉES par R.de Lesserr F Fr.-32"5
Fasc. £ TISOBODES'’par J. Cank 7 | Fri. 34
Fasc. 5. PSEUDOSCORPIONS bar R. de Lesserr Fr. 2 50
Fase. 6. INFUSOIRES par E. ANDRÉ HE EE Fre 12
Fasc. 7. OLIGOCHETES par E. Picurr et K. Brerscher Fr. 11 —
Fasc. 8. COPÉPODES par M. Taiésaup Fr.°6 40
Fase. 9. OPILIONS par R. de LEssenr Fr, 450
Fase. 10. SCORPIONS par R. de Lesserr Fr. 1 —
Fase. 11. ROTATEURS par EF. Weser et G. Monter Fr. 17 50
Fase. 12. DÉCAPODES par J. Carr Fr. 3 —
Fase. 13. ACANTHOCÉPHALES par E. Axpré Fr.
Fase. 14. GASTÉROTRICHES par G. Moxrer Fr. 4 50
Fasc. 15. AMPHIPODES par J. Carz Fr...
Fase. 16. HIRUDINÉES, BRANCHIOBDELLES
et POLYCHÈTES par E. Axoré Fr. 4.50
CATALOGUE GÉNÉRAL DES MINÉRAUX
par E. JOUKOWSKY
Er. 6.—
CATALOGUE ILLUSTRÉ DE LA COLLECTION LAMARCK
APPARTENANT AU
MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE
1r6 partie. — FOSSILES
1 vol. #° avec 117 planches : Fr. 200.—
En vente chez GEORG & Cie, libraires, GENÈVE
©
Lena cms talitin me corde Clpetée 2 à
Como Ci A RS ES on me it
FAT
Volume 33. Fascicule 3 (Nes 8 à 15). Juin 1926.
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE
ANNALES
SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE SUISSE
MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE
PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE
Maurice BEDOT
DIRECTEUR DU MUSEUM D HISTOIRE NATURELLE
AVEC LA COLLABORATION DE
MM. les Professeurs H. Braxc (Lausanne), O. Funrmanx (Neuchâtel)
E. Guyxénor /Genève) et F. Zscaoxkke (Bâle).
Ce fascicule renferme les travaux présentés à l’Assemblée
générale de la Société Zoologique Suisse, tenue à Neuchâtel, les
10 et 11 avril 1926.
GENEVE
| IMPRIMERIE ALBERT KUNDIG
1926
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE
Vol. 33. En cours de publication.
N° 1. O. Scnorré. Système nerveux et régénération chezle Triton.
7° Avec 75 figures dans le texte.
N° 2. E. Guyéxor et K. Poxse. Une Microsporidie, Plistophora
bufonis, parasite de l'organe de Bidder du Crapaud. Avec
6 figures dans le texte et la planche 1.
N° 3. A. Navizze. Notes sur les Eolidiens. Un Eolidien d’eau
saumätre. Origine des nématocystes, Zooxanthelles et
homochromie. Avec 9 figures dans le texte.
N° 4. J. Roux. Notes d'Erpétologie sud- américaine.
5. E. Scaexkez. Beïitrag zur Kenntnis der schweizerischen
Spinnerfauna. Mit 2 Textfiguren.
N° 6. R. Marrxey. La greffe de l'œil. Avec les planches 2, 3 k et
3 figures dans le texte.
N° 7. R. ne LesserrT. Araignées du Kilimandjaro et du Mérou.
VI. Avec 13 figures dans le texte.
N° 8. F. Bacrzer. Ueber die Wermännlichung indifferenter
Bonellia-Extrakte. Mit 6 Textfiguren.
N° . E. Haxoscuix. Uber Bernsteincollembolen. Ein Beitrag zur
ükologischen Tiergeographie.
N° 10. R. Mexzez. Die Thee-Capside /elopeltis antonit Sign.und
ihre Parasiten.
N° 11. M. THiésaup. Sur les Entomostracés de la région de Bienne.
N° 12. H. Sraurracuer. Pocken und Guarnierische Kürperchen.
N° 13. A. Picrer. Localisation dans une région du Parc national
suisse, d’une race constante de Papillons exclusivement
composée d'Hybrides. Avec une carte.
— La proportion sexuelle dans la descendance de races
croisées.
N° 14. À. Pézarn. La greffe des glandes sexuelles et les problèmes
de la Biologie générale. Avec 13 figures dans le texte.
N° 15. A. Moxaro. Note sur la Morphologie générale des Harpac-
ticides.
Prix de l'abonnement :
Suisse Fr. 50. Union postale Fr. 58.
(en francs suisses)
Les demandes d'abonnement doivent être adressées à la rédaction
de la Revue Suisse de Zoologie, Muséum d'Histoire Naturelle,
Genève.
. MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE
Abonnement : Suisse, fr. 50.—; Union postale, fr. 53
CATALOGUE DES INVERTÉBRÉS DE LA SUISSE
Fasce. 1. SARCODINÉS par E. PEAR» FR 8
Fasc. 2. PHYLLOPODES par Th. SrTinceLiN Fr. 8 —
Fasc. 3. ARAIGNÉES par R. de LesserT Fre3250
Fasc. 4. ISOPODES par J. Car Er. - 3.50
Fase. 5. PSEUDOSCORPIONS par R. de LesserT Fr.. 2 50
Fasc. 6. INFUSOIRES par E. ANDRE Fr. 12 —
Fasc. 7. OLIGOCHÈTES par E. Picuer et K. Brerscner Fr. 11 —
Fasc. 8. COPÉPOLES par M. Tniésaun Fr. 6 50
Fasc. 9. OPILIONS par R. de Lesserr | Ke: #°7%00
Fase. 10. SCORPIONS par R. de LessEerT Fr. 1 —
Fasce. 11. ROTATEURS par E.-F. Weser et G. Moxrer Fr. 17 50
Fase. 12. DÉCAPODES par J. CarL Fr. 3 —
Fase. 13. ACANTHOCÉPHALES par E. AxprË Fr. 3 —
Fase. 14. GASTÉROTRICHES par G. Moxrer Fr. 4 50
Fasc. 15. AMPHIPODES par J. CarL Fr.-:2 50
Fase. 16. HIRUDINÉES, BRANCHIOBDELLES
et POLYCHÈTES par E. ANbRÉ © Fr. 4.50
CATALOGUE GÉNÉRAL DES MINÉRAUX
par E. JOUKOWSKY
Fr 6
CATALOGUE ILLUSTRÉ DE LA COLLECTION LAMARCK
APPARTENANT AU
MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE
jre partie. — FOSSILES
1 vol. #° avec 117 planches : Fr. 200.—
En vente chez GEORG & Cie, libraires, GENÈVE
“
ra, » Dar .” 22 L
Er | : :
20 4 à 3 . A
| ARR, x : & v (1
Sp 2
2%
Volume 33. _ Fascicule 4 (No: 16 à 21). Juillet 1926.
| REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE
©
D ANNALES
4 SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE SUISSE
MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE
Maurice BEDOT
DIRECTEUR DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE
CF ? AVEC LA COLLABORATION DE
MM. les Professeurs H. BLanc (Lausanne), O. FuHRMANN (Neuchâtel)
ce E. Guyénor /Genève) et F. Zscnoxkr (Bâle).
GENEVE
IMPRIMERIE ALBERT KUNDIG
1926
21 » . dt - “ à LR +74 Te NE M" LE MAT
\ l x . 107:
‘ é re SA {
EMA
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE
Vol. 33. En cours de publication.
N° 1. O. Scnorré. Système nerveux et régénération chezle Triton.
Avec 75 figures dans le texte. û
NP RE: RTS K. Poxse. Une Microsporidie, - Plistophora
bufonis, parasite de l'organe de Bidder du Crapaud. ‘Avec
6 figures dans le texte et la planche 1.
N° STAR Navi, Notes sur les Eolidiens. Un FEolidien d'eau
saumäâtre. Origine des nématocystes, Zooxanthelles et.
__ homochromie. Avec 9 figures dans le texte.
N°. 4. J. Roux. Notes d’ D OX sud- américaine.
b—
es
QT
Spinnenfauna. Mit 2 Textfigurén.
N° 6. R. Marruey. La greffe de l'œil. Avec les planches 2, 3.4 et
| 3 figures dans le texte.
.… R. ne LessertT. Araignées du Kilimandjaro et du Mets
VI. Avec 13 figures dans le texte.
N°8. F. Barizer. Hobe die Wermännlichung En déte ue
. Bonellia-Extrakte. Mit 6 Textfiguren.
N° 9. E. Haxpsemix. Uber Bernsteincollembolen. Ein Red ag zur
‘kologischen Tiergeographie. |
N°-10. R. Mexzez. Die Thee- COR Helopeltis tbe Sign. vod
ihre Parasiten.
N° 141. M. Tarésaup. Sur les Entomostracés de la région de Bienne.
N° 12. H. Sraurracuer. Pocken und Guar Hierieohe Kürperchen.
N° 13. À. Picrer. Localisation dans une région du Pare uational
suisse, d'une race constante de Papillons exclusivement |
* composée d'hybrides. Avec une carte.
Fe
©
1
VROTEL LEATUI + ER
E. ScnHexkeL. Beitrag zur Kenntnis der ‘schweizerischen
— La proportion sexuelle dans la descendance. de races
| croisées.
N° 14. A. Pézarn. La greffe des glandes Sexelles etles problèmes’
de la Biologie vénérale. Avec 13 figures dans le texte.
N° 15. A, Moxaro. Noté sur la FAR générale des Harpac-
ticides. | ,
(Suite page 3 de la couverture).
Prix de leRontemEnr :
Suisse Fr. 50. Union postale Fr. 58.
(en francs suisses)
Les PAR d'abonnement doivent être adressées à la rédaction
de la Revue Suisse de Zoologie, eo à d’Histoire-Naturelle,
Genève. :
N° 16. V. Biscurer. ‘L influence du squelette dans la régénération
et les potentialités des divers territoires du membre chez
Triton cr status. Avec 25 figures dans le texte et les plan-
ches 5 à 7.
texte. "Air : F
- © N°18. Ch. Ferrière. Note sur un Chalcidien à | développement
polyembryonique. Avec 9 figures dans le texte.
N° 19. F. Saxrscur. Nouvelles notes sur les Camponotus. Avec 3
figures dans le texte.
= N°20. A. Moxaro. Description de quelques espèces MORE
| d'Harpacticides marins de la région de RER Avec A6
_ figures dans le texte.
NULS M, Her. Un cas de monstruosité “has un Poulet. Avec
3 figures dans lettexter : 6° à 4,74
N° 17. G. Meruon. Notes Lt 5 Ve Avec 14 figures dans le :
MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE
“Abonnement : Suisse, fr. 50.—; Union postale, fr. 53
CATALOGUE DES INVERTÉBRÉS DE LA SUISSE
.-SARCODINÉS. par E. PexanD
SPHYE LOPODES par Th. STINGELIX
. ARAIGNÉES par R. de Lesserr
. ISOPODES par J. CarL
. PSEUDOSCORPIONS par R. de LEssErT
.…. INFUSOIRES par É. ANDRÉ " |
.… OLIGOCHÈTES par E. Picuer et K. Bnerscue
. COPÉPODES par M. Tniésaun .
. OPILIONS par R. de Lesserr
. SCORPIONS par R. de LesserrT x
. ROTATEURS:par E. EF. Wevser et G. Moxret
. DÉCAPODES par J. CarL
. ACANTHOCÉPHALES par E. ANDkË
. GASTÉROTRICHES par G. Moxrer
. AMPHIPODES par J. Carr
. HIRUDINÉES, BRANC HIOBDELL ES.
et POLYCHÈTES par E. Axoté
Fasc.
Fasc.
Fasc.
Fasc.
Fasc.
Fasce.
Fasc.
Fasc.
© OÙ “I O O1. D NN)
Fasc.
Fasc.
Fasc.
= À be
ND 2 ©
Fasc.
[eS
C9
Fasc.
>
Æ
Fasc.
Fasc.
[=
(x
>
(er)
Fasc.
Fr.
Fr.
Er:
CATALOGUE GÉNÉRAL DES MINÉRAUX
par E. JOUKOWSKY
Fr. 6.—
CATALOGUE ILLUSTRÉ DE LA COLLECTION LAMARCRK |
_ APPARTENANT AU.
MUSÉUM D HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE
4re partie. — FOSSILES
4 vol. #0 avec 117-planches : Fr. 200.—
En vente chez GEORG & Cie, libraires, GENÈVE
Poe ME à Fascicule 5 et dernier (N° 22 et 23). Décembre 1926.
REVUE SUISSE DE ZOOLOGE
ANNALES | ,
SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE SUISSE
MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE
PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE
Maurice BEDOT
‘DIRECTEUR DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE
AVEC LA COLLABORATION DE
. ”
MM. les Professeurs H. Bianc (Lausanne), O. Funkuanx (Neuchätel}
, “ * LE
E. Guyénor (Genève) et KF. Zscnokkk (Bâle).
' GENEVE
IMPRIMERIE ALBERT KUNDIG
4926
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE
Vol. 33. En cours de publication.
N°1. O. ScaorrTé. Système nerveux et régénération chezle Triton.
Avec 75 figures dans le texte.
N* 2. E. Guvéxor et K. Poxse. Une Microsporidie, Plistophora
bufonis, parasite de l'organe de Bidder du Grapous Avec
6 figures dans le texte et la planche 1.
N° 3. A. Navirze. Notes sur les Eolidiens. Un Eolidien d'eau
saumâtre. Origine des nématocystes, Zooxanthelles et
homochromie. Avec 9 figures dans le texte.
N° 4. J. Roux. Notes d’Erpétologie sud- américaine. ‘ |
5. E. Scaexkez. Beitrag zur Kenntnis der schweizerischen
Spinnenfauna. Mit 2 Textfiguren.
N° 6. R. Marruey. La greffe de l’œil. Avec les planches 2, 3,4 et
__ 3 figures dans le texte.
N° 7. R. ne Lesserr. Araignées du Kilimandjaro et du Mérou.
VI. Avec 13 figures dans le texte.
N° 8. F. Bacrzer. tive die Vermännlichung inditfferenter
Bonellia-Extrakte. Mit 6 Textfiguren.
N° 9. E. Haxoscuin. Uber Bernsteincollembolen. D nn zur
ükologischen Tiergeographie.
N° 10. R. Mexzez. Die Thee-Capside Æ/elopeltis antonit Sign.und
ihre Parasiten.
N° 11. M. T'aiésauo. Sur les Entomostracés de la région de Bienne.
N° 12. H. Sraurracner. Pocken und Guarnierische Kôrperchen.
N° 13. A. Picrer. Localisation dans une région du Parce national
suisse, d'une race constante de Papillons exclusivement
composée d'hybrides. Avec une carte.
— La proportion sexuelle dans la descendance de races
croisées.
N° 14. À. Pézarv. La greffe des glandes sexuelles et les problèmes
de la Biologie générale. Avec 13 figures dans le texte.
N° 15. A. Moxarn. Note sur la Morphologie générale des Harpac-
ticides.
(Suite page 3 de la couverture).
Prix de labonnement :
Suisse Fr. 50. Union postale Fr. 55.
(en francs suisses)
Les demandes d'abonnement doivent être adressées à la rédaction
de la Revue Suisse de Zoologie, Muséum d'Histoire Naturelle,
Genève.
“
N° 16. V. Biscurer. L'influence du squelette dans la régénération
et les potentialités des divers territoires du membre chez
Triton cristatus. Avec 25 figures dans le texte et les plan-
ches:5 a 7.
N° 17. G. Meruon. Notes malacologiques. Avec 14 figures dans le
texte.
N° 18. C. Ferrière. Note sur un Chalcidien à développement
polyembryonique. Avec 9 figures dans le texte.
N° 19. F. Saxrscni. Nouvelles notes sur les Camponotus. Avec 3
figures dans le texte.
N° 20. À. Moxarn. Description de quelques espèces nouvelles
d'Harpacticides marins de la région de Banyuls. Avec 46
’ figures dans le texte.
N° 24. M. Jaouer. Un cas de monstruosité chez un Poulet. Avec
3 figures dans le texte.
N° 22. G. Monrer. Les types d'Hyménoptères de Tournier, du
Muséum d'Histoire Naturelle de Genève, IT. Avec 14 figures
dans le texte.
N° 23. E. Anpré. Influence de l'alimentation sur la pigmentation
cutanée des Salmonides.
MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE
REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE
Abonnement : Suisse, fr. 50.—; Union postale, fr. 53
CATALOGUE DES INVERTÉBRÉS DE LA SUISSE
Fasc. 1. SARCODINÉS par E. Pexanv Fr. 8 —
Fasc. 2. PHYLLOPODES par Th. STINGELIN Fr. 8 —
Fasc. 3. ARAIGNÉES par R. de Lesserr Fr. 32 50
Hasc 4 MISOPODES ‘par J'CARE Fr. 3 50
Fasc. 5. PSEUDOSCORPIONS par R. de Lesserr Fr: 2190
Fasc. 6. INFUSOIRES par E. ANDRE Fr. 12 —
Fasc. 7. OLIGOCHÈTES par E. Pieuer et K. Brerscaer Fr. 11 —
Fasc. 8. COPÉPODES par M. Tmiéraup re Fi 56960
Fasc. 9. OPILIONS par R. de LEssErT RTE RE
Fasc. 10. SCORPIONS par R. de LESssERT Fr. 1 —
Fasc. 11. ROTATEURS par E.-F. Weser et G. Monter Fr. 17 50
Fasc. 12. DÉCAPODES par J. CarL Fr. ‘3:22
Fasc. 13. ACANTHOCÉPHALES par E. Axprë : 7 Fr: 73
Fasc. 14. GASTÉROTRICHES par G: Mowrer Fr. 4 50
Fasc. 15. AMPHIPODES par J. CarL RE, FRe
Fase. 16. HIRUDINÉES, BRANCHIOBDELLES Se
et POLYCHÈTES par E. Axoré Fr. 4.50
>
CATALOGUE GÉNÉRAL DES MINÉRAUX
par E. JOUKOWSKY | 2
JA TRES
CATALOGUE ILLUSTRE DE LA COLLECTION LAMARCK
APPARTENANT AU
MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE
1r6 partie. — FOSSILES
À vol. #0 avec 117 planches : Fr. 200.—
En vente chez GEORG & Cie, libraires, GENÈVE
AMNH LIBRARY
IL
I
100163646